9912e séance – après-midi
CS/16058

RPDC: les membres du Conseil de sécurité font le bilan un an après le veto russe au renouvellement du mandat du Groupe d’experts assistant le Comité des sanctions

Le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a souligné, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que tout lien qu’un pays entretient avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) doit se faire dans le respect total des sanctions pertinentes du Conseil de sécurité, insistant en outre sur l’obligation pour tous les États Membres d’appliquer les mesures de sanctions pertinentes. 

M. Khaled Khiari a également précisé que bien que le Conseil de sécurité n’ait pas prorogé le mandat du Groupe d’experts du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1718 (2006) au-delà du 30 avril 2024, le Comité continue de superviser le régime de sanctions. 

Cette réunion, convoquée un an après le veto russe au renouvellement du mandat du Groupe d’experts assistant le Comité des sanctions, a été marquée par l’intervention du Président-Directeur général de l’Open Source Centre qui a fait état d’une tendance « persistante et préoccupante » des violations des sanctions du Conseil de sécurité par Pyongyang.

Photos à l’appui, M. James Byrne a indiqué que depuis septembre 2024, son équipe, qui enquête sur le contournement des sanctions imposées à la RPDC, a observé au moins six navires battant pavillon étranger avec à leur bord du charbon et des minerais de fer nord-coréens destinés à l’exportation. 

Une hausse significative de ces expéditions illicites a été constatée depuis octobre 2024, avec une moyenne observée d’environ trois expéditions de ce type par mois, a poursuivi M. Byrne, qui a estimé à plus de 30 millions de dollars le montant des gains illégaux réalisés par la République populaire démocratique de Corée.  Une technique courante pour échapper à la détection consiste à désactiver les transpondeurs AIS des navires ou à diffuser de fausses données de localisation. 

Ces actions contreviennent directement aux résolutions du Conseil, qui limitent le financement des programmes nucléaire et de missiles balistiques interdits de la RPDC, a noté M. Byrne. 

« Enhardie par le soutien actif de la Russie et sa première participation à une guerre moderne, la RPDC poursuit non seulement l’avancement de ses programmes nucléaire et balistique, mais aussi la revitalisation de son industrie d’armement classique, relativement stagnante et obsolète », s’est inquiétée la République de Corée.  Ces développements ont inauguré une nouvelle phase alarmante de risques sécuritaires dans la péninsule coréenne, avec de graves implications pour la stabilité régionale et mondiale, a averti le représentant.

De son côté, la France, appuyée par plusieurs délégations, a appelé la Fédération de Russie à permettre le rétablissement du Groupe d’experts du Comité 1718 qui rendait compte de façon « professionnelle et objective » de la mise en œuvre des résolutions relatives à la RPDC.  « Le Conseil de sécurité a été manipulé par un membre permanent du Conseil dans l’espoir de dissimuler sa coopération militaire illégale avec la RPDC, un comportement totalement inacceptable », a accusé le Japon.

En l’absence du Groupe d’experts, la République de Corée et le Japon ont rapporté que 11 États Membres de l’ONU se sont réunis l’année dernière pour créer l’Équipe de surveillance des sanctions multilatérales afin d’aider tous les États Membres de l’ONU à remplir leurs obligations en vertu de la Charte des Nations Unies.

Ce mécanisme a été créé en contournant le Conseil et n’a donc pas de mandat international légitime, a dénoncé en revanche la Fédération de Russie. « Par conséquent, tout produit développé dans ce format n’aura aucune légitimité et, nous n’en doutons pas, sera une fraude et une désinformation. »  De même, la délégation russe a argué que le Groupe d’experts du Comité des sanctions 1718 s’était « complétement discrédité en collectant des informations biaisées auprès des médias occidentaux ».

Le représentant russe a également dénoncé la tenue de cette séance, y voyant un abus manifeste des ressources du Conseil visant à détourner son attention des véritables causes profondes de l’escalade dans la péninsule coréenne.  « Le principal problème reste le renforcement de la présence militaire des pays de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique, qui y détruit systématiquement les perspectives de construction d’une architecture de sécurité collective non alignée », a analysé le délégué russe, en pointant « l’appétit de Washington » pour accroître sa présence militaire dans la région.

Préoccupée par les effets déstabilisateurs des manœuvres militaires effectuées en péninsule coréenne, la Chine a jugé important de mettre en place des conditions propices à la reprise du dialogue sans se concentrer sur l’application des sanctions.  Elle a également appelé toutes les parties à renforcer la confiance mutuelle, afin de permettre au processus politique d’aller de l’avant.  Les États-Unis devraient faire montre de bonne volonté à cet effet, a-t-elle ajouté.

Les États-Unis ont affirmé pour leur part disposer de preuves qui indiquent que les responsables chinois ferment les yeux sur l’importation de charbon et de minerais de fer vers leur pays en violation des résolutions du Conseil.  Invitant la délégation américaine à vérifier les faits, la Chine a regretté une attitude qui sape la coopération internationale sur la question de la péninsule coréenne. 

Les États-Unis et l’Occident tentent d’imposer un ordre unilatéral et hégémonique dans la péninsule coréenne, a dénoncé le représentant de la RPDC qui a accusé en outre Washington d’avoir réactivé et restructuré le Commandement des Nations Unies, « un organisme fantôme illégal », pour en faire un véritable commandement de guerre à l’image de l’OTAN. 

Cela signifie que les manœuvres visant à créer une version asiatique de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique battent déjà leur plein et démontrent clairement que la confrontation militaire fomentée par les États-Unis et leurs vassaux pour déclencher une guerre nucléaire sur la péninsule coréenne a atteint son stade le plus périlleux. 

Maintenir et renforcer une forte dissuasion pour préserver la dignité et la sécurité nationales et garantir son développement pacifique est un droit souverain indispensable de la RPDC, auquel il est impossible de renoncer dans une situation aussi grave, a-t-il souligné. 

En ce qui concerne la coopération militaire entre la RPDC et la Russie, le représentant a affirmé que celle-ci est entièrement conforme à l’accord de partenariat stratégique global signé par les deux pays et au droit international, y compris la Charte des Nations Unies.

Non-prolifération: République populaire démocratique de Corée

Exposé

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a rappelé que le plan quinquennal de développement militaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) touche à sa fin cette année. Ces deux dernières années, la RPDC a procédé à des lancements de missiles balistiques intercontinentaux et hypersoniques à portée intermédiaire en janvier de cette année.  Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la RPDC a continué de montrer ouvertement ses installations d’enrichissement d’uranium non déclarées situées à Yongbyon et Kangson.  Ces événements ont été accompagnés de déclarations réitérant l’intention de la RPDC de poursuivre le développement de ses capacités nucléaires et balistiques, notamment de têtes nucléaires tactiques, de satellites de reconnaissance militaire et de la construction d’un « sous-marin stratégique à propulsion nucléaire ».

Selon le Sous-Secrétaire général, la poursuite des programmes d’armement nucléaire et de missiles balistiques de la RPDC est une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, compromet le régime mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires, ainsi que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  M. Khiari a exhorté la RPDC à respecter pleinement ses obligations internationales, y compris le TNP et les garanties de l’AIEA, et à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

Poursuivant, le Sous-Secrétaire général a indiqué que bien que le Conseil de sécurité n’ait pas prorogé le mandat du Groupe d’experts du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1718 (2006) au-delà du 30 avril 2024, le Comité continue de superviser le régime de sanctions.  Tous les États Membres ont l’obligation d’appliquer les mesures de sanctions pertinentes.  Et tout lien qu’un pays entretient avec la RPDC doit se faire dans le respect total des sanctions pertinentes du Conseil de sécurité. 

La situation sécuritaire générale dans la péninsule coréenne reste tendue, marquée par une intensification des activités militaires, des possibilités limitées de dialogue intercoréen et régional, la présence de risques nucléaires et des préoccupations croissantes quant à la possibilité d’erreurs d’appréciation, a insisté le haut fonctionnaire.  Par ailleurs, le Conseil doit également rester attentif à la situation humanitaire en RPDC, a-t-il alerté avant de demander à nouveau à la RPDC de faciliter le retour de l’équipe des Nations Unies afin de soutenir la population et de faire progresser le Programme 2030.

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