En cours au Siège de l'ONU

9638e séance – matin
CS/15710

Conseil de sécurité: « après les horreurs des sept derniers mois, Palestiniens et Israéliens ont besoin d’un horizon politique », estime le Coordonnateur spécial

« Il est clair que toutes les parties doivent, de toute urgence, changer de cap », a plaidé ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, en soulignant le besoin d’horizon politique pour les Palestiniens et les Israéliens après les horreurs de ces sept derniers mois.  « Sans cela, il n’y a pas de voie durable pour sortir de la souffrance et de la misère à laquelle nous assistons actuellement. » Cet appel a été amplifié par les membres du Conseil dont les interventions étaient souvent teintées d’exaspération face à l’offensive d’Israël à Rafah et à ses conséquences particulièrement nuisibles pour les civils.

Le Coordonnateur spécial a observé qu’alors qu’Israël déploie une opération terrestre importante dans et autour de Rafah, la dévastation ne fait que s’intensifier.  Or tout accord visant à parvenir à un cessez-le-feu et à garantir la libération des otages est bloqué, a-t-il ajouté.  Il a rappelé l’obligation des parties de protéger les civils, se désolant de l’incident de dimanche dernier au cours duquel 45 Palestiniens auraient été tués et 200 blessés quand les tentes dans lesquelles ils s’abritaient ont brûlé.

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, la Cisjordanie occupée reste une cocotte-minute avec des tendances négatives.  Le risque d’une conflagration régionale est constant et augmente chaque jour que cette guerre continue, a-t-il averti.  Il a évoqué la poursuite des échanges de tirs à travers la Ligne bleue entre Israël, le Hezbollah et d’autres forces armées non étatiques au Liban.  Sur le Golan, les tirs depuis la Syrie vers le Golan occupé par Israël et les frappes israéliennes contre des cibles en Syrie se sont également poursuivis.  Tout cela s’ajoute à l’escalade profondément inquiétante entre Israël et l’Iran. 

M. Wennesland a de nouveau appelé à la libération immédiate de tous les otages détenus à Gaza et à un cessez-le-feu humanitaire.  Il s’est vivement inquiété de la situation des Palestiniens de Gaza, confrontés à une nouvelle série de déplacements massifs avec un million de personnes fuyant Rafah, alors que « la réponse humanitaire est malheureusement insuffisante », préoccupé aussi par la centaine de milliers d’Israéliens du nord et du sud devant fuir leurs foyers. 

« Il n’y a quasiment plus rien à Gaza, Israël a tout détruit », a expliqué l’observateur de la Palestine. « S’il devait y avoir des funérailles chaque jour pour chaque Palestinien tué au cours des huit derniers mois, il nous faudrait presque 100 ans pour honorer leur mémoire.»  Comme la plupart des membres du Conseil, la République de Corée a enjoint Israël de suspendre immédiatement son offensive à Rafah, estimant que la frappe qui a tué plusieurs dizaines de civils le week-end dernier ne peut être considérée comme une « erreur tragique ».  Ces attaques aveugles violent le droit international humanitaire, a dit la Suisse.

Le représentant d’Israël a réagi en expliquant qu’il y a encore plusieurs bataillons du Hamas à Rafah où Israël n’a d’autres choix que de déraciner les dirigeants du groupe.  C’est d’ailleurs la raison d’être de la frappe de dimanche dernier qui a eu lieu loin des sites civils, a-t-il précisé avant d’assurer que les pertes de civils font l’objet d’enquête.  La communauté internationale doit demander des comptes au Hamas, a-t-il réclamé.  Le délégué israélien a accusé le Conseil de tout faire pour mettre fin à la guerre sans tenir compte de la sécurité d’Israël.  Il a affirmé que la guerre pourrait s’arrêter immédiatement si le Hamas déposait les armes et libérait les otages.  « Le fait que les combattants du Hamas se cachent parmi les civils n’exonère pas Israël de se conformer à ses obligations au titre du droit international humanitaire », ont avancé les États-Unis qui ont aussi exprimé leur effarement après la frappe de Rafah du 26 mai.  La délégation américaine a invité Israël à établir un lien entre ses opérations militaires et une stratégie politique visant à offrir un avenir aux Palestiniens. 

M. Wennesland a rappelé l’ordonnance rendue le 24 mai par la Cour internationale de Justice (CIJ), qui réaffirme les mesures conservatoires de ses ordonnances précédents (26 janvier et 28 mars 2024) et en ajoute de nouvelles.  Cette ordonnance a été rendue à la demande de l’Afrique du Sud qui, à l’instar de plusieurs membres du Conseil comme le Japon, la Suisse et la Slovénie, ont rappelé que les décisions de la CIJ sont « juridiquement contraignantes ».  L’Afrique du Sud a noté que, selon la CIJ, il existe un « risque sérieux de génocide » à Gaza, contrairement à l’interprétation qu’en fait Israël.  Sur la base d’un ensemble de preuves transmises aux membres du Conseil de sécurité, la délégation sudafricaine a demandé à celui-ci de « donner effet » aux décisions de la CIJ dans cette affaire. 

Pour sa part, l’Algérie a annoncé présenter un projet de résolution avec le soutien du Groupe des États arabes, en appelant tout le monde à prendre ses responsabilités, notamment le Conseil qui doit assumer ses responsabilités juridiques.  Le Conseil doit adopter ce texte, ont plaidé les Émirats arabes unis selon qui « l’oppression des Palestiniens ne connaît aucune limite et risque de faire imploser la région à tout moment ».  La Palestine a estimé qu’« Israël est en train de franchir la ligne rouge que le monde entier a fixée à Rafah » et que l’adoption du texte de l’Algérie serait un pas important pour le Conseil.  Il faut que le Conseil envoie un message uni, a renchéri la Fédération de Russie qui a accusé les États-Unis de bloquer les efforts visant à résoudre ce conflit.

La délégation américaine s’en est défendue et a même appelé à « revitaliser » l’Autorité palestinienne afin qu’elle puisse faire avancer les aspirations des Palestiniens.  Les États-Unis ont aussi appelé de leurs vœux l’établissement d’un cadre permettant à Israël de normaliser ses relations avec les États arabes, notamment l’Arabie saoudite, ce qui représenterait un pas vers une stabilité régionale plus importante.  La France a aussi souhaité que le Conseil s’exprime clairement sur la situation à Rafah et demande l’arrêt de cette offensive.  Le pays est également porteur d’un texte qui aborde les dimensions politiques d’une résolution du conflit, a expliqué la délégation.

Le Coordonnateur spécial a par ailleurs condamné le pillage du bureau de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Rafah il y a quelques heures.  Il a réitéré les appels du Secrétaire général à la réouverture immédiate du terminal de Rafah et à un accès humanitaire sans entrave dans tout Gaza. En plus de plaider pour la libération des otages, il a appelé à la mise en place du cadre nécessaire au redressement de « Gaza qui est et doit rester partie intégrante d’un futur État palestinien, sans aucune réduction de son territoire ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a relevé que la campagne militaire et les hostilités incessantes à Gaza ont provoqué de vastes souffrances à toutes les échelles imaginables.  Il y aurait plus de 36 000 Palestiniens et plus de 1 500 Israéliens et étrangers tués, 125 otages sont toujours détenus à Gaza et des dizaines de milliers de personnes blessées, en grande majorité palestiniennes.  De plus, près de 2 millions de Palestiniens ont été déplacés de leurs foyers à Gaza, et quelque 100 000 Israéliens ont été déplacés des communautés du nord et du sud d’Israël.  Il a constaté qu’un accord visant à parvenir à un cessez-le-feu et à garantir la libération des otages est bloqué, notant qu’alors qu’Israël déploie une opération terrestre importante dans et autour de Rafah, la dévastation ne fait que s’intensifier.  Il a rappelé l’obligation des parties de protéger les civils, se désolant de l’incident de dimanche au cours duquel 45 Palestiniens auraient été tués et 200 blessés quand les tentes dans lesquelles ils s’abritaient ont brûlé.

Dans le même temps, a poursuivi le Coordonnateur spécial, la Cisjordanie occupée reste une cocotte-minute avec des tendances négatives.  Le risque d’une conflagration régionale est constant et augmente chaque jour que cette guerre continue, a-t-il averti.  Il a appelé à la libération immédiate de tous les otages détenus à Gaza et à un cessez-le-feu humanitaire immédiat.  Il a évoqué la situation des Palestiniens de Gaza, confrontés à une nouvelle série de déplacements massifs, avec un million de personnes fuyant Rafah, beaucoup ayant été déplacées à plusieurs reprises, alors que la réponse humanitaire est malheureusement insuffisante.

M. Wennesland a rappelé que le 24 mai, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu son ordonnance à la demande de l’Afrique du Sud pour la modification de l’ordonnance du 28 mars dans l’affaire concernant l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza.  Une ordonnance qui a réaffirmé ses mesures provisoires antérieures et indiqué de nouvelles mesures.  Le Coordonnateur spécial a aussi condamné le pillage du bureau de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Rafah il y a quelques heures.  Il a réitéré les appels du Secrétaire général à la réouverture immédiate du terminal de Rafah et à un accès humanitaire sans entrave dans tout Gaza.

Au sujet de la Cisjordanie occupée, il a constaté que les opérations israéliennes à grande échelle s’y poursuivent, ce qui conduit à une recrudescence des violences (violence des colons et attaques des Palestiniens contre les Israéliens).  Le Coordonnateur spécial a averti que dans toute la région, la menace d’une grave escalade s’est intensifiée.  Il a évoqué la poursuite des échanges de tirs à travers la Ligne bleue entre Israël, le Hezbollah et d’autres forces armées non étatiques au Liban.  Sur le Golan, les tirs depuis la Syrie vers le Golan occupé par Israël et les frappes israéliennes contre des cibles en Syrie se sont également poursuivis, a-t-il encore informé en faisant remarquer que tout cela s’ajoute à l’escalade profondément inquiétante entre Israël et l’Iran.  « Il est clair que toutes les parties doivent de toute urgence changer de cap. » Selon le Coordonnateur spécial, aucune tentative visant à relever les défis humanitaires et sécuritaires ne sera durable à moins que cela ne fasse partie d’une approche plus large qui aborde l’avenir politique de Gaza. 

En plus de rechercher la libération des otages, il a appelé à mettre en place le cadre nécessaire au redressement de « Gaza qui est et doit rester partie intégrante d’un futur État palestinien », sans aucune réduction de son territoire. Gaza et la Cisjordanie doivent être unifiées politiquement, économiquement, et administrativement, a-t-il décrété en précisant qu’elles doivent être gouvernées par un gouvernement palestinien reconnu et soutenu par le peuple palestinien et la communauté internationale.  Le nouveau Gouvernement technocratique palestinien, dirigé par le Premier Ministre Mohammad Mustafa, avec huit ministres de Gaza, représente « une opportunité importante pour nous tous de soutenir des mesures concrètes allant dans la bonne direction », a-t-il argué. 

Enfin, le Coordonnateur spécial a estimé le coût des dommages sur les infrastructures de Gaza à quelque 18,5 milliards de dollars, même si le montant final sera probablement supérieur.  « Soyons clairs: le cadre politique et les structures que nous établissons maintenant joueront un rôle important dans le succès ou l’échec de ce qui suit. »  M. Wennesland a prévenu que si nous négligeons de poser les fondements d’une résolution durable au conflit israélo-palestinien et de mettre fin à la l’occupation, le prix de l’échec se répercutera sur des générations.  Pour lui, après les horreurs de ces sept derniers mois, Palestiniens et Israéliens ont besoin d’un horizon politique.  Sans cela, il n’y a pas de voie durable pour sortir de la souffrance et de la misère à laquelle nous assistons actuellement.

Le représentant des États-Unis a exprimé l’effarement de son pays après la frappe qui a provoqué des pertes tragiques parmi des civils palestiniens à Rafah le 26 mai, malgré l’ordre d’évacuation de la zone lancé par Israël. Notant qu’Israël a fait état d’une « erreur provoquée par une explosion non souhaitée », il a exhorté cet État à faire davantage pour assurer la protection des civils et pour engager des enquêtes exhaustives et transparentes.  Pour le délégué, Israël a le droit d’exercer sa légitime défense face au Hamas, mais il a aussi l’obligation de protéger la population civile. « Le fait que les combattants du Hamas se cachent parmi les civils n’exonère pas Israël de se conformer à ses obligations au titre du droit international humanitaire », a-t-il insisté, avant d’inviter Israël à établir un lien entre ses opérations militaires et une stratégie politique visant à offrir un avenir aux Palestiniens. 

S’agissant de la dernière ordonnance de la CIJ, le représentant a affirmé qu’elle reflète la position des États-Unis, « à savoir qu’Israël doit s’abstenir de mener une opération d’envergure à Rafah qui mettrait en danger la population civile ».  À ses yeux, il existe une alternative qui permettrait de mieux faire avancer les objectifs d’Israël que sont la défaite du Hamas et la libération des otages.  Le délégué s’est également dit préoccupé par l’insuffisance de l’aide entrant dans la bande de Gaza, avant de saluer la décision de l’Égypte d’ouvrir le point de passage de Kerem Shalom.  Mais il faut en faire plus pour que l’aide transite par tous les points de passage, a-t-il dit, jugeant également important d’augmenter la quantité des aliments, des médicaments et du carburant, et d’assurer la protection des convois contre tout pillage ou détournement. 

Le représentant a ensuite appelé à la reconstruction de Gaza, affirmant qu’« il ne peut y avoir aucune occupation ni réduction de territoire après le conflit ».  De même, a-t-il ajouté, il ne peut y avoir de déplacements forcés ni de tentative de blocus contre la bande de Gaza, laquelle ne doit pas non plus servir de plateforme pour des actions terroristes.  Pour le délégué, « les voix palestiniennes, leur droit à l’autodétermination et leurs aspirations doivent être au cœur de la gouvernance postconflit ».  À cette fin, Gaza doit être unifiée avec la Cisjordanie dans le cadre d’une Autorité palestinienne réformée, a-t-il précisé.  Il a ensuite dit son inquiétude face à la situation en Cisjordanie et au blocage du transfert de recettes fiscales à l’Autorité palestinienne, estimant que cela porte préjudice à des innocents et ne va pas dans l’intérêt d’Israël. Insistant sur la nécessité de « revitaliser » l’Autorité palestinienne afin qu’elle puisse faire avancer les aspirations des Palestiniens, il a aussi souligné la volonté des États-Unis de mettre sur pied un cadre permettant à Israël de normaliser ses relations avec les États arabes, notamment l’Arabie saoudite, ce qui représenterait un pas vers une dissuasion et une stabilité plus importantes au niveau régional.  Ces efforts, a-t-il affirmé, sont « cohérents » avec la position de l’Administration Biden, selon laquelle la solution des deux États est la seule façon de garantir la sécurité et la prospérité pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. 

Le représentant de la Sierra Leone a salué la reconnaissance de l’État de Palestine par certains pays de l’Union européenne.  Il s’est dit très préoccupé par la situation à Rafah et a appelé à la protection des civils en toutes circonstances, comme l’exige le DIH. Préoccupé par les actions entreprises contre l’UNRWA, il a réitéré son soutien à cette agence tant elle joue un rôle vital pour les Palestiniens.  Il a exhorté le Conseil à rester uni dans son appel à cessez-le-feu et à un règlement pacifique du conflit.  Toutes les parties doivent respecter l’ordonnance de la CIJ du 24 mai dernier, a aussi réclamé le délégué.  Enfin, il a demandé la libération de tous les otages détenus par le Hamas.

La représentante de la Suisse a rappelé que « les attaques indiscriminées constituent des violations du droit international humanitaire ». Elle a condamné fermement la frappe israélienne sur un camp de déplacés à Rafah dimanche soir, qui a fait, selon l’ONU, des dizaines de victimes civiles, dont de nombreux enfants.  Elle a réitéré son opposition à l’opération militaire en cours à Rafah ainsi que son appel à un cessez-le-feu immédiat.  Les nouvelles mesures conservatoires décidées par la CIJ le 24 mai exigent notamment qu’Israël arrête son offensive militaire à Rafah, a-t-elle fait valoir en soulignant que les ordonnances de la Cour sont contraignantes pour toutes les parties.  Elle a dit attendre qu’Israël s’y conforme et prenne les mesures nécessaires. 

La représentante a plaidé pour que l’aide humanitaire arrive par tous les points de passage et atteigne l’ensemble de la bande de Gaza, comme requis aussi par la CIJ.  Le respect du droit international signifie également la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, a-t-elle avancé.  Dans un contexte déjà très tendu, des actions telles que la visite du Ministre de la sécurité nationale d’Israël le 22 mai dernier sur le mont du Temple sont susceptibles de provoquer une escalade encore plus grave, voire une régionalisation du conflit, a-t-elle aussi averti.  Elle a également condamné la violence perpétrée par les colons israéliens, y compris contre les locaux de l’UNRWA à Jérusalem-Est et contre des convois d’aide humanitaire en Cisjordanie.  Elle a enfin réitéré son soutien ferme à la solution négociée des deux États.

La représentante de Malte s’est déclarée gravement préoccupée par la crise qui continue de se développer dans la bande de Gaza, et singulièrement à Rafah, qui a fait des morts et des blessés parmi les civils dimanche à la suite d’une frappe aérienne israélienne sur un camp de déplacés.  Elle s’est également alarmée des informations selon lesquelles environ 17 000 enfants sont actuellement non accompagnés ou séparés de leur famille dans l’enclave.  S’agissant de l’aide, elle a rappelé qu’Israël est tenu de faciliter son acheminement sans entrave vers et à travers la bande de Gaza.  Elle a appelé à la réouverture du terminal de Rafah et à une augmentation massive des livraisons aux civils.  À cet égard, la déléguée a réaffirmé le rôle vital et indispensable de l’UNRWA à Gaza et dans la région au sens large. 

Pour sortir de l’impasse actuelle, elle a appelé au plein respect des résolutions pertinentes du Conseil et de la mise en œuvre complète, immédiate et efficace des ordonnances de la CIJ, y compris celle rendue le 24 mai, qui exige l’arrêt immédiat de l’offensive israélienne contre Rafah.  Au-delà des priorités du moment, à savoir un cessez-le-feu, la libération des otages, un afflux d’aide humanitaire et un arrêt des tirs de roquettes sur les villes israéliennes, il faudra aussi aborder les priorités à long terme, a poursuivi la déléguée, pour qui cela doit inclure la revitalisation de l’Autorité palestinienne pour qu’elle ait la capacité de gouverner à la fois la Cisjordanie et Gaza. 

Le représentant de la France a appelé à un cessez-le-feu immédiat et réitéré son opposition à l’opération militaire israélienne à Rafah.  « Conformément à l’ordonnance de la CIJ, Israël doit arrêter immédiatement son offensive militaire et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah. »  Il a exigé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages encore retenus par le Hamas et d’autres groupes terroristes dans la bande de Gaza et déploré le décès de l’un des trois otages français.  Jugeant essentiel qu’une aide humanitaire massive parvienne à la population civile de Gaza, il a demandé que tous les points de passage nécessaires soient ouverts, sans délais.  La France est également très préoccupée par la situation en Cisjordanie et, plus largement, dans la région, a dit le délégué. 

Enfin, il a souhaité que le Conseil s’exprime clairement sur la situation à Rafah et demande l’arrêt de cette offensive.  « Ce Conseil doit aussi, dès aujourd’hui, œuvrer à la concrétisation d’une solution politique, celle des deux États, qui est la seule à même de donner un horizon de paix juste et durable aux Israéliens comme aux Palestiniens. »  Le projet de résolution que nous proposons aborde ces dimensions politiques et j’appelle l’ensemble des membres du Conseil de sécurité à le soutenir, a conclu le délégué français.

La représentante de la Fédération de Russie a déploré que la majorité des Palestiniens tués ces derniers jours soient des femmes et des enfants qui cherchaient une aide vitale.  Elle a dénoncé les bombardements aveugles sur le centre et le sud de Gaza, dont la ville de Rafah.  La déléguée a dénoncé également les tirs qui ont touché une voiture de l’ONU, le 13 mai, et qui ont fait des victimes parmi les membres de son personnel.  Elle a rappelé qu’il y a pourtant une nouvelle ordonnance de la CIJ prévoyant des mesures conservatoires et que la majorité de la communauté internationale a condamné l’offensive israélienne sur Gaza. La représentante a aussi noté qu’une enquête approfondie a été demandée.  La déléguée a condamné les frappes aériennes sur Gaza et appelé Israël à y mettre fin, lui demandant aussi de respecter les dispositions du DIH ainsi que les travailleurs humanitaires.  Elle a appuyé l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu immédiat et la libération des otages.  On ne peut pas s’attendre à l’arrêt prochain de l’opération israélienne, a observé la déléguée, tout en constatant que la situation humanitaire reste pratiquement bloquée.  Face à cette situation, la Russie a fait livrer 500 tonnes d’aide humanitaire par l’Égypte, a-t-elle indiqué. 

La représentante a constaté qu’avec l’escalade actuelle, le retour à un processus de règlement de la question palestinienne et l’instauration d’un cessez-le-feu sont « illusoires ».  Elle a demandé au Conseil de sécurité de faire pression sur Israël et ses alliés, dont Washington, relevant que le financement de l’aide américaine à Israël suscite un mécontentent croissant aux États-Unis, notamment dans les universités.  L’aggravation de la situation montre selon elle les conséquences tragiques auxquelles conduit la monopolisation du rôle de médiateur par Washington.  La déléguée a accusé les États-Unis de bloquer les efforts visant à résoudre ce conflit et à rectifier l’injustice faite aux Palestiniens. Elle a salué les efforts de l’Algérie visant à faire adopter une résolution par le Conseil de sécurité, jugeant nécessaire d’envoyer un message uni du Conseil en vue d’un cessez-le-feu immédiat.  La déléguée a souhaité, en conclusion, qu’aboutisse le processus visant à réaliser la formule de la solution des deux États. 

Le représentant du Japon a de nouveau condamné les actions du Hamas, tout en appelant au retour immédiat de tous les otages.  Il a appelé dans le même temps à reconnaître les horreurs à Gaza, soulignant que « nous sommes témoins de souffrances inimaginables » et que le nombre de victimes civiles et la famine et les maladies augmentent.  Il n’y a aucun endroit sûr dans la bande de Gaza, pas même pour les travailleurs humanitaires, journalistes, femmes ou enfants, a relevé le délégué qui a constaté que malgré les appels de la communauté internationale à la retenue, Israël a lancé des opérations militaires à Rafah.  Et comme l’avaient prévenu les agences humanitaires, l’impact a déjà été dévastateur, a-t-il ajouté, notant que la CIJ a émis la semaine dernière d’autres mesures provisoires ordonnant à Israël d’arrêter immédiatement son offensive militaire à Rafah.  Il a rappelé que ces ordonnances de la CIJ sont juridiquement contraignantes.  Le représentant a appelé à un cessez-le-feu immédiat afin d’établir un environnement propice à des activités humanitaires sans entrave et à la libération des otages.  Au-delà de Gaza, il a déploré la violence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est où plus de 480 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre. Enfin, il a condamné l’incendie criminel des bureaux de l’UNRWA.

La représentante de la Slovénie a rappelé que, ces dernières semaines, le Conseil a été clair dans son rejet de l’opération israélienne à Rafah, après avoir exigé dans sa résolution 2728 (2024) un cessez-le-feu immédiat à Gaza, ainsi que la libération de tous les otages et un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave.  Pourtant, malgré la nouvelle ordonnance de la CIJ qui somme Israël de mettre immédiatement fin à son offensive, celle-ci se poursuit avec plus d’intensité, s’est indignée la déléguée, condamnant la récente frappe israélienne contre des personnes déplacées à Rafah, dans ce qui était censé être une zone sûre.  Cela prouve une fois de plus qu’aucun endroit n’est sûr pour les civils à Gaza, a-t-elle constaté, avant d’insister sur l’engagement des États Membres envers le droit international qui doit se traduire par son plein respect, notamment le droit international humanitaire et les décisions des tribunaux internationaux.  Elle a rappelé que les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes. 

Revenant à la frappe contre le camp de déplacés de Rafah, la déléguée a observé qu’il ne s’agit pas d’un incident isolé et que des enquêtes ont été annoncées. Toutefois, a-t-elle relevé, le Conseil n’a reçu aucune information à ce sujet.  Elle a souhaité que les membres de l’organe en charge de la paix et de sécurité sachent ce qui se passe sur place.  « En nous contentant de constater de graves violations, nous laissons le système international que nous connaissons, celui fondé sur le respect du droit international, s’effondrer sous nos yeux. »  La représentante a conclu en invitant le Conseil à être « du bon côté de l’histoire », c’est-à-dire du côté de la protection des civils.

Le représentant de l’Équateur a de nouveau condamné les attaques du Hamas du 7 octobre, avant de dénoncer les bombardements contre les populations civiles à Rafah.  « Il est temps de mettre un terme à ce cycle de violence », a-t-il réclamé. Le délégué a appelé les parties à respecter le DIH et à reprendre les négociations.  Celles-ci doivent se dérouler de bonne foi, a ajouté le délégué, en saluant les efforts de médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. « Ce Conseil doit faire entendre sa voix devant une situation qui ne connaît plus aucune limite. »  Enfin, le délégué a redit l’appui de son pays à la solution des deux États.

La représentante du Guyana a estimé que « nous ne pouvons plus nous permettre de garder le silence » face au nombre tragique de morts.  Elle a exprimé sa solidarité avec le peuple palestinien, soulignant la richesse de sa culture, de son histoire et de sa terre.  Elle a relevé que 76 ans se sont écoulés depuis que le peuple palestinien a été privé de sa terre, se désolant de l’« existence de misère » des Palestiniens due à la main de fer qui s’impose à eux.  La déléguée a dénombré les morts et blessés à Gaza depuis le 7 octobre, s’inquiétant que les services de base soient tant limités et se désolant de l’impact de la guerre sur les enfants, notamment sur le plan psychosocial. 

Il semblait que la crise de Gaza ne pouvait empirer, jusqu’au dernier épisode à Tel al-Sultan, a-t-elle dit en appelant à une enquête indépendante rapide autour de cet incident.  La déléguée a insisté sur le respect du droit international, en particulier le DIH. Elle a demandé au Conseil d’examiner sérieusement le mépris flagrant de l’état de droit.  Elle a conclu en appelant à un cessez-le-feu immédiat, à l’ouverture des voies terrestres pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza (avec le point de passage de Rafah rouvert) ainsi qu’à des efforts sérieux pour réaliser la solution des deux États et parvenir à la paix.

Le représentant de la Chine a constaté que les hostilités se poursuivent dans la bande de Gaza dans un contexte de crise humanitaire, de désespoir et de précarité.  Cette situation plonge en outre l’ensemble de la région dans l’instabilité, a-t-il déploré, avant de rappeler que le Conseil de sécurité a envoyé des signaux clairs en faveur d’un arrêt immédiat de l’opération militaire israélienne à Rafah, ce qu’a depuis appuyé la dernière ordonnance de la CIJ.  Pourtant, malgré l’opposition claire de la communauté internationale et de ses institutions, Israël a bombardé plus d’une dizaine de camps de déplacés à Rafah, a dénoncé le délégué.  Dans ces circonstances, il a indiqué appuyer le projet de résolution présenté hier par l’Algérie, qui répond aux demandes de la communauté internationale et représente « le minimum des actions que le Conseil doit engager ». Il a formé le souhait que les membres de l’organe mettront de côté leurs « calculs politiques » pour soutenir ce texte et « sauver des vies ». 

Parmi les actions concrètes qu’il considère nécessaires pour alléger les souffrances de la population gazaouite, le représentant a cité en premier lieu l’ouverture du point de passage de Rafah, devant lequel attendent des centaines de camions chargés d’aide.  Réaffirmant l’opposition de la Chine à la politisation de l’action humanitaire, ainsi qu’au recours à la famine comme arme de guerre, il a estimé qu’Israël doit s’acquitter de ses obligations de Puissance occupante en ouvrant tous les points de passage, en garantissant l’accès de toute l’assistance et en assurant la sécurité des travailleurs humanitaires.  À cet égard, il a condamné les attaques répétées contre des installations de l’UNRWA en demandant l’ouverture d’enquêtes sur ces faits. Après avoir à nouveau appelé à la création d’un État palestinien indépendant, le représentant a indiqué que son pays propose d’organiser une conférence de paix internationale, avec un calendrier fixe et une feuille de route pour la mise en œuvre de la solution des deux États.  Enfin, rappelant que la dixième conférence sur la coopération entre la Chine et les États arabes se tient actuellement à Beijing, il a souhaité que les pays participants s’expriment d’une même voix sur la question palestinienne. 

Le représentant de la République de Corée a enjoint à Israël de suspendre immédiatement son offensive à Rafah, estimant que la frappe qui a tué plusieurs dizaines de civils le week-end dernier dans des tentes situées dans une soi-disant zone de sécurité ne peut être considérée comme une « erreur tragique ».  Pour le délégué, la situation dans la bande de Gaza est encore plus alarmante qu’auparavant, dans la mesure où l’acheminement de l’aide humanitaire est gravement entravé, voire presque bloqué.  Saluant les efforts déployés par les États-Unis et Chypre pour faire entrer l’aide par la mer, il a cependant répété que le corridor maritime ne peut remplacer les passages terrestres.  Il a donc exhorté Israël à ouvrir immédiatement tous les points de passage disponibles en coopération avec les parties concernées et à prendre toutes les mesures appropriées contre le pillage de l’aide. 

Après avoir exprimé sa grande préoccupation face à la situation en Cisjordanie, où plus de 500 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre dernier, le représentant a dénoncé la rhétorique provocatrice de hauts responsables israéliens qui appellent à des « mesures punitives sévères » contre l’Autorité palestinienne.  Il a appelé Israël à cesser immédiatement toutes ses activités de colonisation illégales et à mettre fin aux mouvements incendiaires dans les Lieux saints de Jérusalem.  Prenant note de l’ordonnance rendue par la CIJ le 24 mai concernant la demande de mesures provisoires supplémentaires formulée par l’Afrique du Sud à la lumière de la situation à Rafah, il a émis l’espoir que ces efforts contribueront à la protection des Palestiniens et à l’atténuation de la crise humanitaire sur le terrain, ainsi qu’à l’exécution de toutes les enquêtes nécessaires.  Il a enfin souhaité que les efforts diplomatiques des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte aboutiront à des résultats fructueux, à savoir un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages restants et une expansion de l’aide humanitaire dans toute la bande de Gaza. 

Le représentant du Royaume-Uni s’est dit consterné par la situation à Rafah après les dernières frappes israéliennes.  « Notre position est claire, nous sommes contre une opération militaire d’envergure à Rafah sans un plan acceptable de protection des milliers de civils qui y vivent. »  Il a condamné l’utilisation par le Hamas de civils comme boucliers humains.  Jugeant essentiel qu’une aide humanitaire parvienne à la population civile de Gaza, il a demandé que tous les points de passage soient ouverts, y compris Rafah.  Tout cela pourrait s’arrêter si le Hamas venait à déposer les armes, a conclu le délégué, en estimant qu’il est à l’origine des souffrances des Palestiniens.

Le représentant de l’Algérie a dit que faire face aux symptômes sans regarder la cause profonde, soit l’occupation des terres palestiniennes, ne peut conduire à une paix durable.  La souffrance des populations palestiniennes a commencé avec l’occupation et ne prendra fin qu’avec celle-ci, a-t-il indiqué.  Le délégué a relevé que la colonisation israélienne se poursuit, estimant que les autorités persistent dans leur volonté de judaïser Jérusalem et ses Lieux saints.  Il a annoncé que l’Algérie, avec le soutien du Groupe des États arabes, entend présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité appelant tout le monde à prendre leurs responsabilités, notamment le Conseil lui-même qui doit assumer ses responsabilités juridiques.

Le représentant du Mozambique s’est fait l’écho des appels lancés dans le monde entier pour que cesse l’opération militaire israélienne à Rafah, qui cause des souffrances humaines indicibles à la population palestinienne. Dénonçant la récente frappe israélienne contre des personnes déplacées, il a jugé que ces « actes horribles » sont perpétrés « en violation flagrante de toutes les normes humanitaires, de toutes les lois de la guerre et de toutes les normes morales ». Selon le délégué, le Conseil de sécurité a la responsabilité de prendre des mesures efficaces pour mettre un terme à l’opération à Rafah et au massacre de la population civile innocente à Gaza. Les résolutions du Conseil, combinées aux ordonnances de la CIJ, constituent « la base solide de notre action collective », a-t-il insisté, avant d’appeler à la mise en œuvre immédiate de la résolution 2730 (2024) concernant la protection du personnel humanitaire et de l’ONU, y compris celui de l’UNRWA.  Avant de conclure, le représentant a évoqué la découverte de fosses communes près des hôpitaux Nasser et Chifa de Gaza, réaffirmant la nécessité urgente d’une enquête crédible, indépendante et impartiale pour lever le voile sur ces « crimes monstrueux ». 

« S’il devait y avoir des funérailles chaque jour pour chaque Palestinien tué au cours des huit derniers mois, il nous faudrait presque 100 ans pour honorer leur mémoire », a déclaré le représentant de l’État de Palestine.  « Il n’y a quasiment plus rien à Gaza, Israël a tout détruit. »  Il a dénoncé la stratégie d’affamement suivie par Israël en dépit des mesures conservatoires de la CIJ.  Au lieu de se conformer à la dernière ordonnance de la Cour et de mettre un terme à son offensive à Rafah, Israël bombarde les populations qu’il a déplacées, a tranché le délégué.  « Le monde voit qu’il n’y a aucun endroit sûr à Gaza. »  Selon le représentant, il n’y a aucune « ligne rouge » imposée par le droit, la raison et l’humanité qu’Israël n’a pas franchie.  « Israël est en train de franchir la ligne rouge que le monde entier a fixée à Rafah et il est du devoir de ce Conseil de faire respecter cette ligne rouge et de prendre les mesures nécessaires pour qu’Israël cesse son offensive militaire », a-t-il déclaré.  Il a estimé que l’adoption du projet de résolution déposé hier par l’Algérie serait un pas important dans cette direction.

Le délégué a indiqué ne pas être étonné que le Gouvernement israélien interprète la reconnaissance de l’État de Palestine par la Norvège, l’Espagne et l’Irlande comme une attaque contre Israël.  « Peu importe que ces pays aient reconnu Israël il y a des décennies sans avoir à demander l’approbation de qui que ce soit, peu importe que ces pays soient en faveur de la solution des deux États. »  Enfin, il a estimé que chaque État peut contribuer à mettre un terme à l’occupation israélienne.  « La liberté et la paix de demain seront possibles grâce aux décisions que vous prendrez aujourd’hui », a-t-il conclu.

Le représentant d’Israël a accusé le Conseil de sécurité de tout faire pour mettre fin à la guerre sans tenir compte de la sécurité d’Israël.  Il a affirmé que la guerre pourrait s’arrêter immédiatement si le Hamas déposait les armes et libérait les otages. Affirmant qu’il y a encore plusieurs bataillons du Hamas à Rafah, il a expliqué qu’Israël n’a pas d’autre choix que de déraciner les dirigeants du Hamas.  C’est d’ailleurs la raison d’être de la frappe de dimanche dernier qui a eu lieu loin des sites civils, a-t-il précisé en assurant que les pertes de civils font l’objet d’enquête.  Si l’incident est une tragédie, la communauté internationale doit demander des comptes au Hamas, a-t-il suggéré. 

Le délégué a déclaré que l’Afrique du Sud a échoué de nouveau devant la CIJ, assurant que les actions d’Israël sont conformes au droit international. Israël ne pose pas d’acte délibéré ciblant les civils et ne livre pas de guerre contre les civils, mais contre le Hamas, a martelé le représentant.  C’est d’ailleurs pourquoi le pays permet l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il ajouté.  Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à cesser de croire aux mensonges et à cesser de choisir aveuglément un camp qui ne peut conduire à une solution. De même, il s’est dit convaincu que la reconnaissance de la Palestine par des États ne fait que conforter les terroristes dans leur position.

La représentante de l’Afrique du Sud a réitéré l’appel de son pays en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, « comme le réclament depuis des mois la majorité des membres de l’ONU et des milliers de personnes à travers le monde ».  Face à cette demande, le Conseil de sécurité « n’a pas agi en conséquence », a-t-elle déploré, constatant en outre que la résolution, pourtant « juridiquement contraignante », qui appelle à un cessez-le-feu de courte durée pendant le ramadan a été « ignorée ».  Dans ce contexte, elle a rappelé qu’en décembre dernier, l’Afrique du Sud a saisi la CIJ pour obtenir une ordonnance visant à empêcher Israël de commettre un génocide contre le peuple palestinien.  Alors qu’Israël continuait de « défier » les ordonnances de la CIJ, notamment lors de sa dernière offensive à Rafah, l’Afrique du Sud est revenue devant la Cour pour demander des mesures conservatoires supplémentaires « afin de prévenir les actes persistants de génocide commis contre le peuple palestinien à Gaza », a-t-elle indiqué. 

Pour la déléguée, les ordonnances de la CIJ indiquent clairement qu’il existe un « risque sérieux de génocide » à Gaza.  Pour éviter d’aider à la commission de ce crime, les États tiers doivent cesser de financer et de faciliter les actions militaires d’Israël, lesquelles sont « vraisemblablement génocidaires », a poursuivi la représentante.  Elle a regretté qu’en dépit des mesures conservatoires prononcées par la Cour, y compris dans sa dernière décision du 10 mai dernier, les Palestiniens continuent de souffrir « incommensurablement » du fait des opérations militaires intensifiées de la Puissance occupante. Sur la base d’un ensemble de preuves transmises aux membres du Conseil, elle a demandé à celui-ci de « donner effet » aux décisions de la Cour dans cette affaire.  À ses yeux, « la communauté internationale ne peut pas proclamer l’importance du droit international et de la Charte des Nations Unies dans certaines situations et pas dans d’autres, comme si l’état de droit ne s’appliquait qu’à quelques-uns ».  De fait, a-t-elle ajouté, « pour que le droit international soit crédible, il doit être appliqué de manière uniforme et non sélective ». 

Le représentant des Émirats arabes unis, au nom du Groupe des États arabes, a estimé qu’il n’y a pas de mots pour décrire les « horreurs » commises par Israël à Rafah deux jours après les mesures conservatoires ordonnées par la CIJ.  « Israël a délibérément et constamment franchi toutes les lignes rouges et défie de manière flagrante le droit et les résolutions de ce Conseil. »  Les yeux du monde sont braqués sur Rafah et sur ce Conseil, a observé le délégué, en exigeant une réponse ferme et claire de ce dernier.  Le représentant a invité ce Conseil à s’engager de manière constructive et positive dans des négociations autour du projet de résolution déposé par l’Algérie qui vise à faire cesser l’attaque israélienne à Rafah et demande un cessez-le-feu immédiat.  Le Conseil doit adopter ce texte, a conclu le délégué.  Il a averti que l’oppression des Palestiniens ne connaît aucune limite et qu’elle peut faire imploser la région à tout moment.

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