En cours au Siège de l'ONU

9637e séance – matin     
CS/15709

Le Conseil de sécurité débat des moyens de renforcer la participation des femmes et des jeunes à la promotion de la paix et de la sécurité mondiales

À l’initiative du Mozambique, qui préside ses travaux ce mois-ci, le Conseil de sécurité a organisé aujourd’hui un débat sur le rôle des femmes et des jeunes dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Cet événement a été l’occasion d’examiner les synergies entre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, d’une part, et le programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, d’autre part, et de réfléchir au rôle du Conseil pour assurer la participation effective des femmes et des jeunes, notamment dans les mandats des missions de l’ONU, à l’approche du Sommet de l’avenir.

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix et le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse sont venus partager les principales conclusions du troisième rapport biennal du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité, qui couvre la période allant de janvier 2022 à décembre 2023.

Au titre des défis à relever, la « méfiance croissante » des jeunes à l’égard des institutions de gouvernance et des processus électoraux, et les lois et pratiques discriminatoires fondées sur l’âge qui restent répandues dans de nombreux pays et entravent la participation véritable des jeunes.  Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 82% des jeunes de 65 pays blâment la violence électorale, une statistique jugée « affligeante » par Mme Rosemary DiCarlo et M.  Felipe Paullier qui a aussi regretté un ralentissement de la dynamique du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité au Conseil de sécurité en 2022 et 2023.  Il faut à présent traduire les politiques en actions concrètes, en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté, a plaidé M. Paullier.

De fait, ont relevé plusieurs intervenants, les femmes sont souvent doublement impactées, d’abord en raison de leur genre et ensuite en tant que jeunes. Cette situation exige des « mesures concrètes » a renchéri la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Sima Bahous, en préconisant l’adoption de quotas.  Une recommandation bienvenue pour Mme Simone Mbode Diouf, qui en tant que jeune ambassadrice pour la paix de l’Union africaine, s’est vue comme la « preuve vivante » que les institutions internationales et régionales peuvent choisir de faire confiance à l’expertise et au leadership des jeunes femmes en les plaçant au-devant de la scène mondiale. 

L’Union africaine a été la première organisation régionale à établir un cadre pour la jeunesse, la paix et la sécurité et à nommer des ambassadeurs de la jeunesse en plus de son Envoyé pour la jeunesse, a rappelé Mme DiCarlo pour qui les jeunes méritent d’avoir la possibilité de façonner leur avenir.

Plusieurs États ont présenté les mesures qu’ils ont mises en place, telles que des plans d’action nationaux, pour promouvoir la participation des jeunes, en particulier des jeunes femmes, au maintien de la paix et de la sécurité. Au Mozambique, un Conseil national de la jeunesse a été créé afin que les jeunes puissent faire part de leurs préoccupations et de leurs solutions, a ainsi informé la Ministre des affaires étrangères et de la coopération de ce pays, Mme Verónica Nataniel Macamo Dlhovo.

L’Union européenne est à l’avant-garde, a assuré son représentant, notamment grâce à son Plan d’action pour la jeunesse.  L’un des États membres de l’UE, la Finlande, a d’ailleurs été le premier pays au monde à adopter un plan d’action national.  Or si plus de 100 pays de toutes les régions ont d’ores et déjà élaboré des plans nationaux pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité, beaucoup reste à faire.  Il faut tirer parti des synergies entre les deux programmes sans lesquelles l’objectif ultime de la paix et de la sécurité ne sera pas atteint, ont insisté le Guyana et la République de Corée.

Malheureusement, a regretté la Suisse, « les portes de la consolidation de la paix sont, au mieux, entrouvertes et semblent même se fermer » pour les femmes.  Un constat partagé par la Sierra Leone qui a jugé regrettable que les femmes continuent à se heurter à des obstacles structurels pour participer aux processus de paix et politiques, avant de pointer une augmentation marquée du nombre de femmes et de filles exposées au risque de violence sexiste dans les situations de conflit. 

Pour les États-Unis, les jeunes, et en particulier les jeunes femmes, sont touchés de manière disproportionnée par les conflits.  « Des enfants et des femmes sont pris en otage dans des conditions horribles à Gaza », a reconnu leur représentante, avant d’évoquer, comme d’autres, la situation des femmes en Afghanistan.  Le Japon a insisté sur la nécessité de favoriser les opportunités économiques et des emplois inclusifs en tant que clef de l’autonomisation des jeunes dans les situations postconflit.

Selon la Fédération de Russie, l’ONU ne joue pas de véritable rôle dans le règlement des conflits.  De plus, une participation des femmes et des jeunes ne peut être imposée par les pays bailleurs de fonds, a averti la déléguée, en y voyant une « pratique coloniale ».  Pour sa part la Chine a souhaité que le débat aille « au-delà du politiquement correct et des slogans ».  Le délégué a rappelé le lourd tribut payé par les femmes au Soudan et à Gaza, en exhortant ce Conseil à s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix.

S’il n’existe « pas de solution miracle aux attitudes patriarcales ou aux structures sociales inégalitaires », a poursuivi Mme DiCarlo, des changements transformateurs reposant sur une action nationale impliquant tous les segments de la société sont porteurs d’espoirs.

À l’approche du dixième anniversaire du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et de la résolution 2250 (2015), M. Paullier a, quant à lui, plaidé pour l’organisation chaque année d’un débat public au Conseil de sécurité sur cette question et souhaité, l’inclusion d’engagements et d’actions spécifiques aux jeunes dans le Pacte du futur, en cours de négociation.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Le rôle des femmes et des jeunes S/2024/328/Rev.1

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déploré la violence subie par les femmes, sous ses formes les plus cruelles, qui est une caractéristique de pratiquement toutes les guerres.

Présentant le dernier rapport biennal du Secrétaire général de l’ONU couvrant la période allant de janvier 2022 à décembre 2023, Mme DiCarlo a évoqué sa récente visite en Afghanistan, où le sort des femmes est un exemple criant du terrain perdu en matière de droits humains.

« Les femmes et les filles afghanes sont systématiquement privées de leurs droits et de leur dignité dans de nombreux domaines de la vie, y compris l’éducation », s’est-elle emportée. Ces femmes rencontrées à Kaboul lui ont fait part de leurs aspirations et de leurs rêves: la même éducation que les hommes, l’égalité des chances en matière d’emploi et la liberté de choisir leur avenir.  Elles attendent de la communauté internationale qu’elle les aide à faire valoir leurs droits.

Mais l’Afghanistan n’est pas le seul pays où les femmes se heurtent à des obstacles qui les empêchent de participer sur un pied d’égalité avec les hommes, a regretté la haute fonctionnaire, citant de nombreuses régions où les engagements en matière d’égalité entre les hommes et les femmes sont ignorés, voire annulés.

À cet égard, elle a rappelé que dans le Nouvel Agenda pour la paix, le Secrétaire général a appelé au démantèlement des structures de pouvoir patriarcales.  « En fin de compte, il s’agit d’une vision simple, celle de surmonter les obstacles qui empêchent les femmes de contribuer pleinement à la société. »

Saluant le fait que plus de 100 pays de toutes les régions ont élaboré des plans nationaux pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, Mme DiCarlo a appelé d’autres pays à se joindre à cet appel.  Les États Membres peuvent faire la différence en s’engageant à prendre des mesures spécifiques et ciblées pour promouvoir le leadership des femmes, y compris en tant que médiatrices, a-t-elle insisté.

Les processus de paix menés par l’ONU encouragent une solide représentation des femmes.  Elle en a voulu pour preuve que les 30% des membres du Comité constitutionnel syrien, par exemple, sont des femmes.  Et les femmes représentent 43% des équipes de médiation de l’ONU.  Dans les processus de paix menés par d’autres et auxquels l’ONU apporte un certain soutien, le pourcentage n’est souvent pas aussi élevé, a-t-elle toutefois déploré.

Les jeunes méritent d’avoir la possibilité de façonner leur avenir, car ils ne sont pas des « adultes en devenir ». Ce sont des êtres humains à part entière qui ont des espoirs, des aspirations, des idées et de l’énergie à revendre, a martelé la Secrétaire générale adjointe.  À cet égard, elle est revenue sur les recommandations contenues dans le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité visant à favoriser les progrès urgents en matière d’inclusion des jeunes qui doivent pouvoir participer en toute sécurité aux processus de paix et aux activités électorales.

Cependant, a nuancé Mme DiCarlo, le rapport pointe la méfiance croissante des jeunes à l’égard des institutions de gouvernance et des processus électoraux.  Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 82% des jeunes de 65 pays déclarent que la violence électorale entrave leur participation, une « statistique affligeante » et une « occasion manquée », a-t-elle regretté.

C’est pourquoi elle a souligné l’importance d’encourager de manière concrète les jeunes à s’engager dans la politique et le rétablissement de la paix, car à travers cette voie les gouvernements peuvent renforcer la solidarité entre les différentes générations et rétablir la confiance dans les institutions.

Mme DiCarlo a également reconnu qu’institutionnaliser la participation des jeunes nécessite des ressources et des capacités spécifiques.  Son département dans le cadre de sa stratégie pour la jeunesse, la paix et la sécurité, compte allouer cette année des ressources au Fonds pour la consolidation de la paix pour soutenir les plans d’action nationaux lancés par plusieurs pays.

À cet égard, elle s’est dite convaincue que les efforts régionaux ont le potentiel de catalyser les actions nationales, citant l’Union africaine qui a été la première organisation régionale à établir un cadre pour la jeunesse, la paix et la sécurité et à nommer des ambassadeurs de la jeunesse en plus de son Envoyé pour la jeunesse.

Poursuivant, la Secrétaire générale adjointe a également mis en avant le soutien de l’ONU à la stratégie régionale arabe pour la jeunesse, la paix et la sécurité lancée par la Ligue des États arabes.  Avec l’aide de l’intelligence artificielle, de jeunes artisans de la paix de 14 pays arabes ont pu élaborer un plan d’action pour leur région.  Ce fut le cas en Libye où la Mission d’appui des Nations Unies (MANUL) travaille avec des représentants de la jeunesse pour s’assurer qu’ils jouent un rôle dans la recherche d’un consensus sur le cadre juridique des élections nationales.

Mme DiCarlo a mis en exergue le rôle des jeunes femmes et des jeunes hommes en tant que défenseurs de l’environnement, dirigeants communautaires, activistes, mobilisateurs et artisans de la paix qui doivent être reconnus et encouragés.  En conclusion, reconnaissant qu’il n’existe « pas de solution miracle aux attitudes patriarcales ou aux structures sociales inégalitaires », elle a encouragé des changements transformateurs reposant sur une action nationale impliquant tous les segments de la société.

Mme SIMA BAHOUS, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive chargée de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a indiqué que plus de 10 000 femmes ont été tuées à Gaza depuis octobre 2023, avant de dénoncer la frappe meurtrière israélienne hier à Rafah.  « Cette guerre doit cesser. »  Elle a également rappelé le lourd tribut payé par les femmes au Soudan, en Haïti ou encore en Afghanistan.  Les souffrances des femmes en temps de conflit ne sont pas de leur fait, a-t-elle plaidé, avant de mentionner certains progrès.  L’an dernier, des femmes ont participé à 79 processus de réconciliation, tandis que la mobilisation des femmes se poursuit en Afghanistan.  Elle a souligné l’importance du dialogue intergénérationnel dans les pays en proie à un conflit pour surmonter les entraves à la participation politique et sociale des jeunes femmes.  « Il faut briser les structures de pouvoir et les normes qui écartent les femmes. »

La Directrice exécutive a dévoilé trois priorités, la première étant la participation renforcée des jeunes femmes aux processus de décision.  Pour cela, nous avons besoin de mesures concrètes, comme des quotas, a précisé Mme Bahous, en appelant à ne pas se contenter de « vaines paroles ».  La lutte contre la haine et la désinformation est la seconde priorité. Le champ de bataille est Internet, a-t-elle dit, en ajoutant que cette lutte pourrait être perdue sans une action énergique.  Enfin, elle a demandé que les jeunes femmes soient mieux représentées dans les parlements, puisque moins de 1% des parlementaires dans le monde sont des jeunes femmes.  Celles-ci sont en effet les dirigeantes de demain et « notre devoir est de protéger leurs droits. »

M. FELIPE PAULLIER, Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, a présenté au Conseil de sécurité le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité.  Co-écrit par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA) et le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, ce rapport évalue de manière globale les progrès du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et de ses cinq piliers clefs, a-t-il précisé, reconnaissant que beaucoup reste à faire.  Le haut fonctionnaire a cependant fait état de progrès dans la mobilisation des jeunes pour la paix.  Ils continuent de créer leurs propres mouvements et démontrent leur capacité d’action et leur leadership croissants à travers le monde, s’est-il félicité, avant de citer des initiatives de jeunes en Syrie, au Soudan, en Somalie ou encore dans des camps de réfugiés au Tchad.  Il a également noté des avancées dans l’institutionnalisation de l’engagement significatif des jeunes à l’ONU, avec notamment la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Il faut à présent traduire les politiques en actions concrètes, en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté, a plaidé M. Paullier. 

Dans un contexte de discriminations multiples et de rétrécissement de l’espace civique, le Sous-Secrétaire général a constaté que les jeunes sont la cible privilégiée des menaces numériques, alimentées par les réseaux sociaux.  Ces menaces ont accru la propagation des discours de haine, de la désinformation et du harcèlement sexuel, a-t-il dénoncé, observant que les jeunes femmes et les filles, en particulier celles qui sont handicapées et issues de communautés marginalisées, courent un risque accru de violence.  Pour répondre à ces problèmes de protection, l’ONU et les organisations de la société civile ont pris des mesures spécifiques à chaque pays, a-t-il indiqué, évoquant par exemple le réseau d’alerte communautaire mis en place par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) avec des dirigeants de la jeunesse. 

Sur le plan institutionnel, M. Paullier a regretté que la dynamique du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité ait ralenti au Conseil de sécurité en 2022 et 2023.  Selon le rapport du Secrétaire général, seulement 34% des résolutions du Conseil ont mentionné les jeunes durant cette période, a-t-il relevé, s’alarmant également de la baisse du nombre de jeunes informant le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix entre 2022 et 2023, par rapport aux années précédentes.  De plus, seules 6 opérations de maintien de la paix sur 11 et 13 missions politiques spéciales sur 24 font référence à la jeunesse, à la paix et à la sécurité ou à l’engagement des jeunes dans leur mandat, a ajouté le haut fonctionnaire, appelant à un financement dédié, à des capacités accrues et à des partenariats stratégiques pour faire progresser l’intégration des jeunes dans les problématiques de paix.

À l’approche du dixième anniversaire du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et de la résolution 2250 (2015), M. Paullier a formulé plusieurs recommandations, à commencer par l’organisation chaque année d’un débat public au Conseil de sécurité sur cette question.  Il a ensuite demandé d’accroître les possibilités offertes aux jeunes de participer aux délibérations du Conseil et aux visites de pays, ce qui implique de revoir les méthodes de travail de l’organe et de garantir des protocoles de protection pour encadrer la participation des jeunes intervenants.  Il a également souhaité que le Conseil continue de renforcer les éléments du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité dans le cadre du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  Enfin, il a exhorté les membres du Conseil à garantir l’inclusion d’engagements et d’actions spécifiques aux jeunes dans le chapitre 2 du Pacte du futur, actuellement en cours de négociation. 

Mme SIMONE MBODE DIOUF, en tant que jeune ambassadrice pour la paix de l’Union Africaine pour la région de l’Afrique de l’Ouest, a confié être la « preuve vivante » que les institutions internationales et régionales peuvent choisir de faire confiance à l’expertise et au leadership des jeunes femmes en les plaçant au-devant de la scène mondiale.  À cet égard, elle a tenu à exprimer sa reconnaissance à l’Union africaine pour son engagement inébranlable à intégrer et à renforcer la participation significative des jeunes dans tous les aspects de la paix et de la sécurité.

Pour mettre en lumière le travail « incroyable » que les jeunes femmes artisanes de paix accomplissent chaque jour sur le continent africain, Mme Diouf a souhaité partager l’histoire inspirante de quatre jeunes Congolaises avec lesquelles elle a eu le privilège de collaborer en République démocratique du Congo (RDC).  Tout d’abord, Nora et Marie Rose ont dirigé le Secrétariat technique national, créé par le Gouvernement de la RDC pour promouvoir la mise en œuvre de la domestication de la résolution 2250 (2015).  Grâce à leur leadership, la RDC a créé son premier plan d’action national sur la jeunesse, la paix et la sécurité en août 2022.  Ensuite, Émilie et Esther, les coordinatrices des réseaux « Jeunes Femmes Leaders pour la Paix » au Nord et au Sud-Kivu, ont malgré un contexte sécuritaire difficile marqué par la guerre, veillé à ce que le plan d’action national prenne en compte les besoins spécifiques des jeunes en matière de genre. Les parcours de ces quatre jeunes femmes sont mis en lumière dans un document thématique préparé par elles-mêmes et publié par le Réseau mondial des femmes bâtisseuses de paix (GNWP) et ONU-Femmes à l’occasion de la publication du troisième rapport du Secrétaire général sur le programme pour les jeunes et la paix et la sécurité.

Nora, Marie Rose, Émilie et Esther ne sont pas seules, a assuré la représentante. Comme elles, de nombreuses jeunes femmes à travers l’Afrique se consacrent à relever les défis qui affectent leur avenir, tels que les changements climatiques, la résurgence des conflits, l’extrémisme violent, la marginalisation politique, la violence sexuelle liée aux conflits et le manque d’opportunités économiques.  Ces jeunes femmes sont essentielles au maintien de la paix et de la sécurité humaine dans leur pays.  Évoquant la résolution 2535 (2020) qui reconnaît les besoins uniques et croisés des différents groupes de jeunes, en particulier des jeunes femmes, dans les conflits, la consolidation de la paix et la réponse humanitaire, Mme Diouf a rappelé que celle-ci enjoint les États Membres et les autres acteurs de la paix à promouvoir les synergies entre les programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et pour les femmes et la paix et la sécurité et encourage la fourniture de ressources adéquates pour soutenir ces efforts.

Le cadre continental de l’Union africaine sur la jeunesse, paix et sécurité encourage les États membres à éviter les stéréotypes sur les rôles et les expériences des jeunes hommes et femmes et les invite à élaborer des stratégies pour répondre aux besoins des jeunes femmes.  Dès lors, a poursuivi la représentante, il est essentiel de mettre en lumière certaines réussites qui devraient servir de références pour poursuivre l’action en leur faveur.  Elle a cité l’initiative Femwise de l’Union africaine qui vise à renforcer le rôle des femmes dans la prévention des conflits et les efforts de médiation et l’initiative de mentorat des jeunes femmes (YWMI) - à laquelle elle a eu la chance de participer, et qui vise à promouvoir le mentorat intergénérationnel et à combler le fossé entre les sexes et les générations qui entrave le leadership des jeunes femmes africaines dans les organisations multilatérales.

Mme Diouf a cité, pour finir, l’histoire de Kristine, du Kenya, qui mène actuellement des consultations locales sur le programme pour les jeunes et la paix et la sécurité dans tous les comtés de son pays dans le cadre du processus d’élaboration du plan d’action national 2250, mais aussi celle de Nanette, la coordinatrice nationale de la coalition des jeunes au Tchad.  Par leurs actions quotidiennes, ces jeunes femmes incarnent l’intersection entre les programmes programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et pour les femmes et la paix et la sécurité. 

Mme VERÓNICA NATANIEL MACAMO DLHOVO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a détaillé les efforts de son pays pour assurer l’égalité des genres.  Elle a mentionné l’augmentation progressive du nombre de femmes siégeant dans les corps législatifs et judiciaires et la parité atteinte au sein du Gouvernement.  La Ministre a ensuite abordé la mise en œuvre du plan national pour les femmes et la paix et la sécurité: 728 fonctionnaires et membres de la société civile ont été formés afin d’apporter une aide aux victimes de violences fondées sur le genre, tandis que 17 centres ont été créés pour aider les femmes et les filles à risque.  En outre, 17 471 femmes et filles touchées par les conflits et cyclones, notamment dans la province de Cabo Delgado, ont fait l’objet d’un accompagnement socioéconomique.

La Ministre a détaillé la politique de son pays contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans son pays. « Certains jeunes ont en effet été manipulés par des semeurs de guerre, aux ambitions souvent dissimulées. »  Elle a ainsi mentionné l’offre de formation aux jeunes afin de mieux s’insérer dans le marché du travail.  Le Conseil national de la jeunesse a également été créé afin que les jeunes puissent faire part de leurs préoccupations et de leurs solutions.  En conclusion, la Ministre a appelé les États Membres à investir les ressources nécessaires afin de remédier aux conséquences indirectes des conflits.

Le représentant de la Sierra Leone a jugé regrettable que les femmes continuent à se heurter à des obstacles structurels pour participer aux processus de paix et politiques.  Il a également constaté une augmentation marquée du nombre de femmes et de filles exposées au risque de violence sexiste dans les situations de conflit.  Il a par ailleurs noté que les jeunes restent confrontés à d’importantes menaces physiques, socioculturelles, financières, juridiques et numériques, qui sont elles aussi exacerbées dans les situations de conflit.  En Afrique, a-t-il souligné, les jeunes font face à un chômage « effarant » qui entraîne un fort mécontentement à l’égard des structures de gouvernance, des tensions croissantes avec les acteurs politiques et une fuite des cerveaux, notamment de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe.  Dans ce contexte, la Sierra Leone a créé en 2021 une commission indépendante pour la paix et la cohésion nationale, avant d’adopter en 2022 une loi sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ainsi qu’une loi sur les élections publiques qui garantit une représentation minimale de 30% des femmes dans les organes de décision.  Actuellement, s’est-il enorgueilli, les femmes représentent 30% des élus du Parlement, 34,5% des ministres, 41% des maires et 34% des membres des conseils locaux.  De même, la représentation des femmes est passée à 23% dans la police et 13% au sein des forces armées.  Le délégué a d’autre part relevé que 4 femmes et 4 représentants de la jeunesse font partie de la plateforme tripartite créée pour permettre au Gouvernement et à l’opposition de préparer des réformes électorales nationales. 

La Sierra Leone collabore en outre avec des groupes de la société civile, tels que le Réseau mondial des femmes bâtisseurs de paix (GNWP) et la campagne pour la bonne gouvernance, a poursuivi le représentant, faisant également état de partenariats avec des jeunes bâtisseurs de la paix dans des initiatives de résolution et de prévention des conflits et de consolidation de la paix. En 2009, la Sierra Leone est devenue le quatrième pays d’Afrique de l’Ouest et le septième en Afrique à élaborer un plan d’action national pour la mise en œuvre complète de la résolution 1325 (2000).  Le pays donne aussi la priorité à l’investissement dans le leadership des jeunes dirigeants politiques afin de renforcer leur capacité à diriger des efforts de paix, a-t-il expliqué, avant d’appeler la communauté internationale à réagir de manière plus déterminée pour mettre à profit le potentiel inexploité des jeunes et des femmes. 

La représentante du Guyana a encouragé à tirer parti des synergies entre les programmes pour les jeunes et la paix et la sécurité et pour les femmes et la paix et la sécurité sans lesquels l’objectif ultime de la paix et de la sécurité ne sera pas atteint.  Tout en se félicitant que l’adoption de la résolution 2250 (2015) ait constitué un changement important dans l’appréhension du rôle des jeunes, qui sont passés du statut de victimes ou d’auteurs de violences à celui d’agents positifs du changement, elle a appelé à veiller à ce qu’aucune catégorie de jeunes ne soit laissée de côté.

Pour la représentante, les jeunes femmes doivent faire partie de cette vision positive.  Ainsi, a-t-elle recommandé, des mesures ciblées doivent être mises en œuvre pour garantir la pleine participation des femmes et des jeunes, y compris des jeunes femmes, à tous les aspects de la prévention des conflits, de la reconstruction après un conflit et de la construction de la paix.  Leur participation ne doit pas se limiter à la société civile, mais doit également être intégrée dans les structures gouvernementales, a-t-elle ajouté.  Enfin, le programme de prévention du Conseil doit impérativement s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs de risque des conflits, a-t-elle insisté, pointant la pauvreté, le chômage, les déplacements internes, le manque d’opportunités économiques et le désespoir qui ont poussé des millions de jeunes et d’enfants dans les bras de groupes extrémistes. 

La représentante de la Fédération de Russie a loué l’énergie innovante des femmes et des jeunes.  Ces derniers doivent être protégés, a dit la déléguée, en déplorant la situation à Gaza. Elle a accusé l’ONU de ne pas jouer de véritable rôle dans le règlement des conflits.  Les femmes et les jeunes peuvent jouer un rôle accru dans les processus de paix, même si cela ne peut être le seul critère.  Une participation des femmes et des jeunes ne peut être imposée par les pays bailleurs de fonds, a averti la déléguée, en y voyant une « pratique coloniale ».  En outre, les pays bailleurs de fonds ne font pas ce qu’ils prêchent.  Elle a appelé à lutter contre l’instrumentalisation des jeunes pour avancer les intérêts d’autres groupes, avant de louer les valeurs familiales qui sont le pilier de la société et le gage d’un avenir paisible. Enfin, la déléguée a dénoncé les conséquences négatives des sanctions.

La représentante de la Suisse a constaté que, pour les femmes, « les portes de la consolidation de la paix sont, au mieux, entrouvertes et semblent même se fermer ».  En effet, a-t-elle observé, les femmes médiatrices, négociatrices et signataires restent l’exception plutôt que la norme dans les processus de paix, tandis que les engagements financiers en faveur des bâtisseuses de paix sont toujours bien en deçà des ambitions.  Quant aux jeunes dans les processus de paix, le bilan est selon elle mitigé.  Si des initiatives louables existent, par exemple en Colombie, au Yémen ou en République centrafricaine, les jeunes subissent généralement plus de violence, sont rarement impliqués dans les négociations de paix et perdent souvent confiance dans les institutions publiques. 

À l’approche du double anniversaire des résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015), la déléguée a estimé qu’une piste prometteuse pour lever ces obstacles est la « mise en réseau ».  Il s’agit de créer des réseaux là où ils n’existent pas, de relier les réseaux de femmes et de jeunes là où ils existent, et de les élargir activement, avec l’aide des technologies numériques, a-t-elle plaidé, invitant les décideurs politiques à établir des partenariats avec ces groupes.  Ces réseaux doivent aussi agir au niveau multilatéral pour faire entendre davantage la voix des femmes et des jeunes, a ajouté la représentante en saluant l’exemple donné dans ce domaine par la Commission de la consolidation de la paix.  Elle a enfin annoncé que, lors de sa présidence du Conseil en octobre, la Suisse accordera une attention particulière à ces questions, en particulier à l’occasion du débat annuel sur les femmes et la paix et la sécurité. 

La représentante des États-Unis s’est dite convaincue de longue date de la complémentarité des deux programmes qui se renforcent mutuellement et contribuent à promouvoir des communautés entières et à créer un monde plus sûr et pacifique pour tous.  Malheureusement, a-t-elle nuancé, à l’heure actuelle, les jeunes, et en particulier les jeunes femmes, sont touchés de manière disproportionnée par les conflits. La violence perturbe leur éducation, réduit leurs perspectives d’emploi et d’avenir, et limite leur accès aux espaces civiques.

Ces jeunes, a témoigné la représentante, elle les a rencontrés et écoutés, comme cette jeune Soudanaise qui a déclaré que les horreurs qu’elle a vécues lui ont fait perdre son ambition.  Ou encore, cette enfant ukrainienne de 10 ans qui voulait simplement retourner à l’école et voir ses amis.  De même, elle a déploré que les enfants de Gaza ne soient pas en mesure de poursuivre leur éducation, « sans que ce soit leur faute ». « Des enfants et des femmes sont pris en otage dans des conditions horribles à Gaza. »  Ailleurs, en Afghanistan, les filles se voient refuser l’accès à une éducation en raison des restrictions imposées par les Taliban, a-t-elle continué.  Face à des vents contraires, la représentante a pourtant vu des jeunes du monde entier se mobiliser pour relever ces défis et devenir les architectes de leur avenir, comme les jeunes femmes de la RDC décrites par la représentante de l’Union africaine.  Intégrer des perspectives diverses, notamment intergénérationnelles, dans les processus de paix et de sécurité n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est la seule façon de garantir que les solutions soient inclusives, efficaces et durables. 

Le représentant de la Chine a souhaité que le débat de ce jour aille « au-delà du politiquement correct et des slogans. »  Il a rappelé le lourd tribut payé par les femmes au Soudan et à Gaza, en exhortant ce Conseil à s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix.  Il a plaidé pour une participation renforcée des femmes et des jeunes aux processus de paix, ainsi que pour leur autonomisation socioéconomique.  Il a détaillé les efforts de son pays à cette fin, notamment au Mali et aux Fidji.  Enfin, le délégué a appelé à une pleine mise en œuvre des programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité.  La Chine est déterminée à œuvrer afin que les jeunes et les femmes puissent vivre « dans la lumière de la paix et du développement », a conclu le délégué.

Le représentant de la France a jugé crucial de reconnaître et de promouvoir la contribution des femmes et des jeunes aux objectifs des missions et opérations de l’ONU.  Il a assuré que son pays soutient cet objectif à travers sa diplomatie féministe et son appui constant à la mise en œuvre des programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité.  La France soutient en particulier le renforcement de la participation des femmes au sein des opérations de maintien de la paix, avec par exemple la formation d’officiers féminins et de conseillers sur les questions de genre. Elle œuvre par ailleurs à la mise en œuvre du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité depuis près de 10 ans, entre autres via la création par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) d’une formation dans les Balkans occidentaux et en Asie centrale.  La France a aussi renouvelé cette année son appui à hauteur de 2 millions d’euros au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix et son initiative de promotion des jeunes et de l’égalité des genres, a-t-il ajouté. 

Le délégué a cependant noté que, malgré des avancées notables, les femmes et les jeunes restent des cibles de violence et sont souvent marginalisés dans les processus de prise de décisions.  Condamnant avec la plus grande fermeté toute mesure discriminatoire restreignant la participation des femmes dans les processus de paix et dans l’action humanitaire, comme cela est toujours le cas en Afghanistan, il a appelé tous les États à soutenir le projet de recommandation générale du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sur la participation de celles-ci aux décisions.  Enfin, après avoir dénoncé les violences fondées sur le genre, y compris les violences sexuelles en période de conflit, il a indiqué que la France soutient les initiatives visant à intégrer pleinement les femmes et les filles victimes dans les processus de rétablissement de la paix.

Le représentant du Japon a recommandé l’adoption d’une approche holistique impliquant les jeunes et les femmes en tant qu’agents de paix et garantissant leur participation significative aux processus de paix.  Il s’agit pour lui d’investir dans un capital humain adapté à leurs besoins.  À cet égard, il a rappelé que le Secrétaire général met l’accent dans son rapport sur la nécessité de favoriser les opportunités économiques et des emplois inclusifs en tant que clef de l’autonomisation des jeunes dans les situations postconflit.

Le Japon soutient pleinement ce point de vue et a apporté son aide dans ce domaine, a poursuivi le représentant.  De fait, a-t-il reconnu, les possibilités d’emploi limitées ont souvent poussé les jeunes dans des pays en conflit à devenir des proies faciles, comme en Somalie en 2012 où les jeunes sans emploi se sont livrés à la piraterie ou ont rejoint les rangs des rebelles armés.  Pour finir, il a partagé l’expérience de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) qui a soutenu les fonctionnaires somaliens jusqu’en 2022, ainsi que les entrepreneurs locaux et les petites et moyennes entreprises, afin d’aider les jeunes à devenir une force motrice pour le changement social.

Le représentant de l’Équateur a rappelé que les jeunes sont les plus exposés aux messages haineux sur Internet.  En outre, les jeunes femmes sont touchées de manière disproportionnée par les conséquences des conflits.  Il a appelé à mettre en place des cadres normatifs permettant à des femmes d’être élues à un poste de parlementaire.  La participation des jeunes femmes à la vie politique doit être renforcée.  Enfin, il a appelé à remédier au fléau de la criminalité transnationale organisée qui touche de nombreux jeunes.

La représentante de Malte a estimé que, pour répondre aux défis auxquels sont confrontés les jeunes dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales, la communauté internationale doit pouvoir s’appuyer sur les meilleures données.  Les rapports des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales devraient ainsi inclure une analyse et des données ventilées selon l’âge, le sexe et le genre, a-t-elle suggéré, avant d’appeler à un accroissement des investissements sensibles au genre dans les efforts de consolidation de la paix centrés sur les jeunes, notamment l’autonomisation des jeunes femmes, leur accès aux ressources et leur capacité d’agir sur leur propre vie.  Selon elle, cela ne peut être réalisé sans impliquer les hommes et les garçons, dont les identités sont également influencées par les normes sociales et les relations de pouvoir. 

La déléguée a d’autre part jugé que la participation pleine et significative des jeunes à la prise de décisions à tous les niveaux, y compris à la consolidation de la paix, est impérative pour rendre les sociétés plus inclusives et plus pacifiques.  Nous devons également protéger les jeunes défenseurs des droits humains et les artisans de la paix contre les menaces et les représailles, a-t-elle ajouté, avant de demander au Conseil de sécurité de permettre aux jeunes de participer en toute sécurité à ses réunions.  Notant que les inégalités fondées sur le genre et l’âge ont tendance à s’aggraver pendant et après les conflits, la représentante a estimé que l’intégration d’une perspective de genre dans les réunions sur la jeunesse, la paix et la sécurité pourrait contribuer à empêcher de reproduire les structures de pouvoir patriarcales qui limitent l’égalité des sexes. 

Le représentant de l’Algérie a estimé que les femmes et les jeunes constituent des remparts contre le déclenchement de conflits et jouent un rôle crucial dans leur règlement.  Dans l’intervalle, a-t-il déploré, les femmes et les jeunes sont confrontés à des menaces transnationales, qu’il s’agisse du terrorisme, de l’extrémisme violent, de la traite des personnes ou encore des trafics d’armes et de drogues.  Les États Membres ne peuvent s’attaquer seuls à ces défis, a-t-il affirmé, appelant au renforcement de la coopération et des partenariats entre pays, avec l’implication de la société civile et des institutions internationales.  Le soutien financier et technique est aussi indispensable pour intégrer les femmes et les jeunes dans les cadres de paix et de sécurité, a ajouté le délégué, avant de souligner l’importance des plateformes régionales comme l’Union africaine dans ce domaine.  À ses yeux, il est essentiel de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) pour permettre le recrutement de femmes dans les secteurs de la sécurité et de l’armée.  À cette fin, l’Algérie a adopté l’an dernier un plan d’action national qui prévoit un renforcement du rôle des femmes pour atteindre la paix. 

Le délégué a également souligné l’importance d’une approche favorisant le développement durable pour protéger les jeunes contre les menaces et canaliser leurs énergies.  Ce n’est que grâce à un développement durable complet que les jeunes pourront contribuer au renforcement de leurs communautés et à l’économie, notamment grâce à leurs compétences numériques, a-t-il souligné.  Avant de conclure, il a évoqué les souffrances des femmes et des jeunes des territoires palestiniens occupés.  « Parler de paix n’a aucun sens en l’absence d’une cessation immédiate de toute forme de persécution, de massacre, de marginalisation et d’injustice à leur égard », a-t-il martelé, jugeant que les Palestiniens doivent pouvoir jouir de leurs droits dans le cadre d’un État indépendant. 

Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays a lancé un programme de 900 000 dollars afin d’appuyer des femmes agentes de paix, notamment au Soudan du Sud.  Nous finançons également un groupe de 50 femmes médiatrices appelé « Médiatrices dans le Commonwealth », a-t-il indiqué.  En amplifiant les voix de celles et ceux qui sont les plus touchés par un conflit, nous pouvons mieux remédier aux conséquences des conflits, a avancé le délégué.  Le Royaume-Uni a organisé une table ronde la semaine dernière afin d’entendre les préoccupations de filles venues du Soudan du Sud, de la RDC, de l’Ukraine ou encore de la Cisjordanie.  Enfin, il a estimé que le prochain Sommet de l’avenir sera l’occasion de renforcer les efforts de prévention des conflits.

Le représentant de la République de Corée, dont le pays est membre du Groupe des jeunes champions pour la paix et la sécurité, a dit attacher une grande importance à la pleine mise en œuvre des programmes pour les femmes et la paix et la sécurité et pour les jeunes et la paix et la sécurité, car ces deux catégories d’acteurs sont souvent exclues des processus politiques et de paix.  Ces deux programmes sont complémentaires, a-t-il dit, avant d’encourager le Conseil de sécurité à inclure dans les mandats des opérations de paix et des missions politiques spéciales des mentions spécifiques sur la participation des femmes et des jeunes à tous les niveaux des processus de paix.  En tant que contributeur du Fonds pour la consolidation de la paix, la République de Corée, a ajouté le représentant, salue la priorité accordée à la promotion de ces catégories d’acteurs dans les projets retenus. 

Compte tenu de leur vulnérabilité économique, les femmes deviennent les victimes de toutes les formes d’exploitation alors que les jeunes, sans accès à l’éducation ni à un emploi, peuvent tomber dans les filets des groupes armés et des gangs.  Le représentant a conclu en rappelant que son pays a lancé plusieurs projets avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Yémen.

La représentante de la Slovénie a plaidé pour une participation accrue des femmes aux efforts de prévention et de règlement des conflits.  Abordant la question des violences sexuelles, elle a appelé à une approche centrée sur les victimes, avec notamment un accès à une contraception d’urgence et un soutien psychologique.  Elle a également souhaité que l’offre éducative intègre une forte dimension genre afin que les jeunes femmes puissent trouver toute leur place dans les sociétés postconflit.  Enfin, elle a redit la détermination de son pays à veiller à la pleine mise en œuvre des programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité.

Le représentant de l’Union européenne (UE) a jugé encourageant que l’engagement politique en faveur du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité se soit accru ces deux dernières années.  Il a relevé que l’UE est à l’avant-garde à cet égard, notamment grâce à son Plan d’action pour la jeunesse.  L’un des États membres de l’UE, la Finlande, a d’ailleurs été le premier pays au monde à adopter un Plan d’action national.  Au niveau multilatéral, a estimé le représentant, il faut veiller à ce que l’engagement des jeunes soit intégré plus systématiquement dans le travail du système des Nations Unies.  Il s’est félicité de la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, auquel l’UE contribue financièrement.  De même, il a souhaité qu’une référence forte au programme pour les jeunes et la paix et la sécurité figure dans le pacte de l’avenir. 

Le programme a poursuivi, le représentant, doit être mieux financé. Investir dans le rôle, la voix et l’action des jeunes est non seulement important pour l’inclusivité, mais aussi pour les gains que la communauté dans son ensemble peut en tirer.  Il est indispensable d’adopter une approche intersectionnelle de la paix et de la sécurité.  Les processus inclusifs de prise de décisions et de consolidation de la paix nécessitent la présence des jeunes femmes que l’on doit écouter et protéger.  Leur expérience et leur vision apportent une perspective unique sur la prévention des conflits, la reconstruction postconflit, la promotion de l’égalité des sexes et l’édification de sociétés plus inclusives et résilientes. 

Le représentant du Brésil, s’exprimant au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a mis en avant le rôle des femmes qui offrent une perspective unique sur l’ensemble du continuum de la paix - des stratégies de prévention et de la médiation aux processus postconflit et de transition.  Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les guerres, en particulier par la violence sexuelle.  Malgré cela, a reconnu le délégué, elles sont profondément engagées dans la recherche d’un chemin vers la paix.  Que ce soit en tant que leaders dans leurs communautés, médiatrices, responsables du secteur de la sécurité, membres du Parlement ou du pouvoir judiciaire, et dans bien d’autres rôles, les efforts des femmes pour vaincre la violence doivent être mis à profit pour une paix à long terme. Conscients de ce fait, les États membres de la CPLP ont donné la priorité à la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, à la fois dans le cadre de leur plan d’action pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, et par le biais du plan d’action de la composante défense de la CPLP adopté lors de la vingtième Réunion des ministres de la défense de la CPLP, le 1er juin 2021.

Le représentant du Danemark, au nom des pays nordiques, a plaidé pour une participation accrue des jeunes aux processus de paix.  Il convient de ne pas traiter les femmes et les jeunes comme ayant les mêmes difficultés et la même capacité à les surmonter, a dit le délégué.  Les programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité, sont différents et complémentaires.  En vue de l’accélération dans la mise en œuvre de ces programmes, il a préconisé un financement flexible des réseaux locaux de maintien de la paix et pour un engagement des jeunes hommes dans les discussions sur ces sujets.  « Il est crucial de remettre en question les clichés sur le genre », a déclaré le délégué.  Enfin, il a souhaité que les jeunes participent davantage aux délibérations du Conseil.

Le représentant du Luxembourg, au nom des pays du Benelux, a appelé à assurer une dynamique continue dans le domaine de la jeunesse, de la paix et de la sécurité, en particulier en ce qui concerne le groupe distinct des jeunes femmes dans la paix et la sécurité.  Au lieu de discuter des programmes sur les femmes et les jeunes et la paix et la sécurité, mieux vaudrait tirer parti des synergies entre les deux, a-t-il estimé, jugeant qu’unir les forces permettrait d’améliorer la participation et le leadership des jeunes femmes dans la consolidation de la paix et le règlement des conflits.  Il a d’autre part estimé qu’à l’approche du Sommet social mondial, il importe de permettre aux jeunes femmes de développer tout leur potentiel. Concrètement, cela implique de garantir leur accès à l’égalité des chances, à l’enseignement et à la formation techniques et professionnels et à des emplois décents, ainsi qu’à des soins de santé universels, y compris la santé sexuelle et reproductive, et d’établir des socles de protection sociale, en particulier pour les mères célibataires. 

Notant que jeunes femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les défis de sécurité posés par les changements climatiques, les conflits armés, les menaces numériques et le rétrécissement de l’espace civique, le délégué a souhaité que l’on explore plus avant la manière dont les dynamiques de genre et d’âge se manifestent en matière de paix et de sécurité. Plaidant pour un renforcement des éléments de jeunesse, de paix et de sécurité dans le cadre de la création et du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, il a également souhaité que les jeunes, à l’instar des femmes, soient davantage invités à prendre la parole devant le Conseil. Comme ils représentent le groupe démographique le plus peuplé du monde, leur place à la table des négociations doit être garantie, y compris au Conseil de sécurité, a-t-il insisté, voyant dans le dialogue intergénérationnel un moyen essentiel d’instaurer la confiance entre les jeunes et les gouvernements. 

La représentante de la Finlande, qui s’exprimait également au nom de la Jordanie en tant que Coprésidents du Groupe des jeunes champions pour la paix et la sécurité, a souligné l’importance de trouver des moyens constructifs pour la participation des jeunes afin de bâtir des sociétés plus résilientes, stables et prospères.  La représentante a souhaité mettre l’accent sur trois points importants, en appelant d’abord le Conseil à redoubler d’efforts pour écouter la voix des jeunes et tirer le meilleur parti de leurs connaissances.  Elle a donc encouragé à organiser des débats annuels ouverts sur la question comme recommandé par le rapport du Secrétaire général. 

Ensuite, la représentante a jugé important de renforcer le rôle de la Commission de consolidation de la paix dans le soutien du rôle des jeunes et des organisations dirigées par des jeunes.  Il s’agit de favoriser un dialogue sûr et mutuellement respectueux, y compris entre les générations, afin de créer la confiance entre les jeunes et les décideurs.  Enfin, la représentante a incité à investir dans la jeunesse qui représente, selon elle, un énorme potentiel financier.  Une étude menée au Kenya a montré que pour chaque dollar dépensé pour la jeunesse, le retour social global était de 5 à 10 dollars, a-t-elle fait valoir.  En conclusion, elle a souhaité une réflexion plus innovante sur la manière de financer le programme à l’étude.  Les partenariats multipartites et les partenariats public-privé pourraient fournir, selon elle, une base financière durable aux acteurs locaux.

La représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a souligné la nécessité de pleinement intégrer le multilinguisme et la diversité culturelle dans toutes les phases de l’action internationale en faveur de la paix.  « C’est ce que consacre la Déclaration de Bamako, texte de référence de la Francophonie sur les pratiques de la démocratie, des droits et des libertés. »  L’OIF a développé une approche originale pour soutenir la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-elle dit.  L’OIF et l’Université Senghor d’Alexandrie, opérateur de la Francophonie, ont ainsi lancé, en octobre 2023, une formation en ligne dédiée à l’opérationnalisation des plans nationaux d’action sur ce programme, notamment en Afrique. 

Le représentant de l’Organisation internationale de la jeunesse auprès de l’ONU, a appelé à reconnaître le rôle vital que jouent les jeunes, en particulier les jeunes femmes et les filles, dans la préservation et le renforcement de la paix.  Ce double objectif ne peut selon lui être atteint que grâce à la participation significative des jeunes, qui restent exclus des processus de consolidation de la paix.  Il est donc essentiel de veiller à ce qu’ils ne soient « pas seulement considérés comme des destinataires passifs des décisions ou des bénéficiaires des politiques, mais aussi comme des partenaires dans ces processus de paix ».  Par ailleurs, tout en notant la complémentarité des programmes liés aux résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015), il a plaidé pour une approche intersectionnelle qui tienne compte des différents contextes. En effet, le concept de paix peut varier selon les circonstances, ce qui impose d’aborder chaque situation de manière unique.  Pour le représentant, il est également crucial de noter que les jeunes femmes sont confrontées à des vulnérabilités en lien avec leur sexe et leur âge et qu’elles sont touchées par diverses formes de discrimination et de violence, notamment le manque d’accès à l’éducation, à l’emploi et à la participation politique. 

Constatant une certaine lenteur dans la mise en œuvre des plans nationaux pour la réalisation du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité, le représentant a appelé à remédier à ce problème de toute urgence.  En renforçant l’institutionnalisation de ce programme, nous veillons à ce que les politiques de jeunesse soient intégrées de manière permanente dans les structures de gouvernance, a-t-il fait valoir, ajoutant que les jeunes ne doivent pas être perçus comme une menace mais comme une opportunité.  Il a ensuite invité les États Membres à s’engager auprès des communautés de jeunes aux niveaux national et local, en promouvant des espaces de dialogue sûrs. Cela renforcera non seulement la confiance entre les jeunes et les décideurs, mais facilitera également un dialogue intergénérationnel efficace, a-t-il affirmé, avant de déplorer l’exclusion des jeunes de la gouvernance.  À ses yeux, cette marginalisation envoie un message négatif et sous-estime leur potentiel à contribuer à la paix et à la sécurité. Il a enfin jugé essentiel d’améliorer la collecte de données sur la jeunesse.

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