En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée rend hommage aux victimes de la guerre de 40-45 et renforce les liens entre l’ONU et les organisations régionales, « idéalement placées » pour comprendre leur région

Soixante-neuvième session,
86e, 87e & 88e séances plénières - matin & après-midi
AG/11641

L’Assemblée rend hommage aux victimes de la guerre de 40-45 et renforce les liens entre l’ONU et les organisations régionales, « idéalement placées » pour comprendre leur région

À l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Assemblée générale a tenu aujourd’hui « une séance extraordinaire solennelle » en hommage à toutes les victimes de cette Guerre.  Elle a aussi adopté une Déclaration politique sur le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, « idéalement placées » pour comprendre les problèmes de leur région. 

Le soixante-dixième anniversaire de la fin de la guerre de 40-45, qui a infligé « une peine indicible » à l’humanité, est d’une importance particulière pour les Nations Unies dont les fondations s’enfoncent dans les cendres de ce conflit féroce, a déclaré le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa.  Les Nations Unies ont été créées pour assurer unité et harmonie entre nations et pour sauver les générations futures du fléau de la guerre.  Durant les dernières sept décennies, la guerre a non seulement façonné la mission de l’Organisation mais ses enseignements continuent de guider le travail de l’ONU à travers le monde.

Même si les dernières décennies ont révélé que ce système n’est pas idéal, il a quand même sauvé le monde d’une nouvelle catastrophe mondiale, a estimé le représentant de la Fédération de Russie, en prévenant que ceux qui tentent aujourd’hui de justifier ou de glorifier les collaborateurs nazis ne peuvent rien contre « le verdict incontestable de l’histoire ».  N’oublions jamais les heures les plus sombres de l’histoire européenne, « qui virent le totalitarisme, le despotisme, la haine, l’intolérance, le racisme et l’antisémitisme conduire à une déflagration mondiale qui apporta un chagrin indicible à l’humanité pour la seconde fois en une génération, a acquiescé le représentant de l’Union européenne.

Il a rappelé que l’Europe a dû attendre novembre 1990 et la « Charte de Paris pour une nouvelle Europe » pour se proclamer de nouveau libre et unie.  Qui aurait cru que l’Europe, le champ de bataille du XXe siècle, surmonterait ses divisions et se transformerait en une communauté prospère et pacifique, promoteur de la paix et de la sécurité internationales? a demandé le représentant de l’Allemagne.  Qui aurait cru que 20 ans seulement après l’Holocauste, Israël tendrait la main à l’Allemagne, le pays des bourreaux, pour établir des relations diplomatiques?   

Mais aujourd’hui, a alerté le représentant israélien, la liberté est une nouvelle fois attaquée.  Les islamistes radicaux marchant dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont tout aussi déterminés et dangereux que les forces nazies qui ont marché sur toute l’Europe.  Le mal se porte bien et pas seulement au Moyen-Orient mais au cœur de l’Europe civilisée: des foules en colère chantent « gazez les Juifs », des bombes sont lancées contre des synagogues, des jeunes gens ont peur de marcher dans la rue avec une kipa et une épicerie kasher est attaquée. 

Ceux qui étaient considérés comme des alliés hier, a renchéri son homologue de l’Ukraine, apportent aujourd’hui le chaos et la mort, arment et financent les bandits qui cultivent la terreur dans des régions qui étaient encore en paix il y a un an.  Le représentant ukrainien a appelé le monde à ne pas fermer les yeux devant la tentative de certains leaders de créer et de maintenir de nouveaux foyers d’instabilité et de nous plonger dans les abysses d’une nouvelle guerre mondiale qui pourrait d’ailleurs être la dernière.  Il est particulièrement décevant, a ajouté le représentant de la Géorgie, qu’un membre fondateur de l’ONU et membre permanent du Conseil de sécurité, censé être un gardien de la paix, soit en violation du droit international et continue de saper les fondements même de la Charte des Nations Unies en annexant les territoires de ses voisins, dont 20% de la Géorgie.

L’échec de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, fournit quatre enseignements, a indiqué le représentant de la France, et tout d’abord qu’un traitement uniquement sécuritaire des conflits n’est pas suffisant.  Ensuite, la capacité d’action de la communauté internationale est liée à la légitimité de ses institutions, d’où la nécessaire réforme du Conseil de sécurité pour renforcer sa crédibilité.  Enfin, la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves doit rester au cœur de l’action pour rendre la paix durable.  Cette exigence de justice vaut évidemment pour la Syrie, où les responsables de crimes de masse devront être poursuivis devant la Cour pénale internationale (CPI).

Pour couronner le débat de haut niveau qu’il a tenu hier sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, en présence du Président de l’Ouganda, M. Yoweri Museveni, l’Assemblée a adopté aujourd’hui une « Déclaration politique » par laquelle les États se disent conscients que ces organisations, grâce à leur proximité géographique, culturelle et historique, sont « idéalement placées » pour comprendre les problèmes de leur région, les dynamiques et les informations.  Les États estiment qu’il est d’une « importance stratégique » de renforcer les partenariats afin de promouvoir les avantages comparatifs des unes et des autres et leur complémentarité.

Ils encouragent la mobilisation de l’appui international afin de renforcer la capacité des organisations régionales et sous-régionales et insistent sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement de celles qui entreprennent des activités de maintien de la paix au titre d’un mandat du Conseil de sécurité.  Ils encouragent l’ONU à soutenir l’action visant à lutter contre le terrorisme et contre l’extrémisme violent et encouragent la tenue régulière de consultations sur la manière de renforcer davantage la coopération, les échanges de vues, d’informations et de données d’expérience et d’améliorer la coopération, la coordination, la cohérence et la complémentarité.  Le Président de l’Assemblée générale s’est félicité de l’appui unanime à une Déclaration politique qui couvre une des questions prioritaires de cette session.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

SOIXANTE-DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE: SÉANCE PLÉNIÈRE EXTRAORDINAIRE SOLENNELLE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE

Déclarations

M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a marqué le soixante-dixième anniversaire de la fin d’un conflit qui a infligé « une peine indicible » à l’humanité.  Cet anniversaire est d’une importance particulière pour les Nations Unies dont les fondations s’enfoncent dans les cendres de cette guerre féroce qui avait fauché des millions de vies.

Nous honorons aujourd’hui les innombrables victimes et cette session extraordinaire nous offre l’occasion de rappeler la ferme détermination de l’Assemblée générale de tout faire pour prévenir et atténuer les souffrances humaines pendant les conflits.  N’oublions jamais la responsabilité de la communauté internationale de se lever contre les tyrans, les despotes et tous ceux qui essayent d’étouffer l’esprit humain.

Ayant survécu à cette catastrophe, l’humanité a cherché de nouveaux moyens de prévenir de tels événements tragiques: les Nations Unies ont été créées pour assurer unité et harmonie entre nations.  Les Nations Unies ont été créées pour sauver les générations futures du fléau de la guerre et durant les dernières sept décennies, la guerre a non seulement façonné la mission de l’Organisation mais aussi ses enseignements continuent de guider le travail de l’ONU à travers le monde.

Aujourd’hui, nous sommes solidaires des principes directeurs sur lesquels cette Organisation a été fondée, y compris la non-agression, le règlement pacifique des différends et la nécessité de protéger les droits de l’homme.

Alors que la Seconde Guerre mondiale a provoqué misère et souffrances indicibles, elle a aussi été un moment où on a pu voir des actes de bravoure extraordinaire.  Grâce aux efforts collectifs et héroïques des hommes et des femmes, la victoire a prévalu sur la tyrannie et le mal.

Aujourd’hui, nous nous remémorons et honorons ceux qui ont perdu la vie dans ce fléau cruel de la Seconde Guerre mondiale et nous rendons hommage à ceux qu’on ne devrait jamais oublier.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rendu hommage aux vétérans de la Seconde Guerre mondiale présents à la cérémonie d’aujourd’hui, en précisant que son pays en compte actuellement environ 200 000 qui, avec leurs camarades, ont écrasé les trois quarts des forces nazies sur le Front Est de la guerre, aux batailles de Moscou, de Stalingrad et de Koursk, décisives pour la victoire.  Le représentant a rappelé que l’Armée rouge a libéré l’URSS le 1er novembre 1944 mais elle a dû continuer à se battre pour libérer d’autres pays, sacrifiant de nombreuses vies.  Les corps de quelque 600 000 soldats russes reposent en Pologne, 140 000 en République tchèque et en Slovaquie, d’autres encore en Hongrie, en Roumanie et en Autriche.  La victoire n’aurait pas été possible sans l’héroïsme de ces soldats, a-t-il souligné en rendant hommage à leur courage et à leur sacrifice.

Nous commémorons aujourd’hui, a-t-il dit, la valeur des soldats de la coalition anti-hitlérienne, la fraternité d’armes et la coopération sans précédent des alliés.  Rappelant que la guerre ne s’est pas cantonnée à l’Europe, comme l’illustrent les pertes énormes en Chine et ailleurs, il s’est attardé sur les batailles qui se sont déroulées sur le continent africain.  Les hostilités ont touché 40 pays, a-t-il insisté.

M. Churkin a dénoncé l’ambition mondiale des Nazis et les moyens mis en place pour mettre en pratique leur théorie de suprématie raciale, déclarant publiquement leur objectif d’exterminer des groupes ethniques entiers comme les Roms, les Juifs et les Slaves.  Le représentant n’a pas manqué de rappeler que ce sont les soldats soviétiques qui ont libéré le camp d’Auschwitz. 

Il est évident que l’importance historique de la victoire sur le fascisme ne saurait tolérer d’agitation politique opportuniste, a souligné le représentant.  C’est l’opposition claire entre les forces du bien et celles du mal, entre la coalition anti-Hitlérienne et les puissances de l’Axe qui est à la base de la Charte des Nations Unies et des procès de Nuremberg, a-t-il souligné.

Ceux qui tentent aujourd’hui de justifier ou de glorifier les collaborateurs nazis ne peuvent rien contre « le verdict incontestable de l’histoire », a déclaré le représentant.  Il a rappelé, à cet égard, la dizaine de résolutions de l’Assemblée générale qui a condamné de telles postures.  Insistant sur le lien direct entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création des Nations Unies, le représentant a conclu: même si les décennies passées ont révélé que ce système n’est pas idéal, il a quand même sauvé le monde d’une nouvelle catastrophe mondiale.  « Notre devoir est de préserver ces acquis. »

M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne, a voulu que l’on n’oublie jamais les heures les plus sombres de l’histoire européenne, « qui virent le totalitarisme, le despotisme, la haine, l’intolérance, le racisme et l’antisémitisme conduire à une déflagration mondiale qui apporta un chagrin indicible à l’humanité pour la seconde fois en une génération ».  Il a rappelé que l’Europe a dû attendre novembre 1990 et la « Charte de Paris pour une nouvelle Europe » pour se proclamer de nouveau libre et unie.  « Certes, depuis 1990, la nouvelle Europe de la démocratie, de la paix et de l’unité a essuyé des revers très douloureux mais l’Union européenne comprend aujourd’hui 28 membres déterminés à promouvoir ces objectifs. »  Le délégué a également rappelé qu’aucune frontière internationalement reconnue ne saurait être modifiée par la force.  « La commémoration d’aujourd’hui doit nous inciter à redoubler d’efforts en vue du règlement pacifique des différends », a conclu M. Mayr-Harting.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan), au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a rendu hommage à la mémoire des dizaines de millions de ses compatriotes morts aux fronts et des travailleurs et héros qui ont contribué à une victoire également rendue possible par la participation de nombreux autres peuples.  Le sacrifice de nos compatriotes a fait de cette victoire une affaire collective. 

Les membres de l’OTSC condamnent toute tentative de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale notamment celle de glorifier le nazisme et le nationalisme excessif.  Nous condamnons aussi toute tentative d’ériger en héros nationaux ceux qui ont combattu avec Hitler.  Tous les pays doivent lutter contre le retour du chauvinisme, du nationalisme et de toute idéologie révisionniste en particulier chez les jeunes générations. 

Convaincu que le règlement pacifique des différends est le seul moyen de préserver les générations futures du fléau de la guerre, le représentant a également rappelé que le processus de Nuremberg a jeté les bases du droit international notamment dans la prévention des atrocités et des abus des droits de l’homme.  Il faut préserver cet héritage, a-t-il appelé. 

M. MARGUS KOLGA (Estonie), au nom de la Lettonie et de la Lituanie, a affirmé que l’engagement de la communauté internationale à ne pas utiliser la force contre l’intégrité territoriale et la souveraineté d’un État doit sortir renforcé de la commémoration d’aujourd’hui.  « Nous devons également redoubler d’efforts pour régler les différends de manière pacifique.  Le délégué a rappelé que pour de nombreux pays européens la fin de la Seconde Guerre mondiale n’avait pas apporté la liberté mais davantage d’oppression, d’injustice et de crimes contre l’humanité.  « Les États baltes ne figurèrent pas parmi les fondateurs des Nations Unies parce qu’ils furent occupés d’abord par les soviétiques, puis par les nazis puis, de nouveau, par les troupes soviétiques. »  Au temps de la création de l’ONU, les pays baltes avaient été illégalement annexés par l’Union soviétique avant de se libérer des décennies plus tard.  « Ceci est notre histoire, elle ne peut être niée, édulcorée au point d’en perdre sa pertinence, et elle ne peut être faire l’objet d’une réécriture de l’histoire, comme certains essayent de le faire. »  M. Kolga a déclaré que ses pensées vont à toutes les victimes des régimes d’occupation nazi et soviétique.

Mme HENRYA MOŚCICKA-DENDYS, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Pologne, a affirmé que son pays avait subi le pire de la « folie idéologique » d’Hitler et de Staline.  Le génocide, les assassinats politiquement motivés, le nettoyage ethnique et la destruction physique firent partie intégrante de la vie dans la Pologne occupée.  « C’est la région où le nazisme et le communisme soviétique sont devenus alliés avant de s’affronter et de montrer leur pire visage. »  Quelque 6 millions de Polonais, y compris 3 millions de Juifs, ont péri pendant la guerre.  « Un Polonais sur cinq a perdu la vie. »  Les soldats polonais qui ont combattu sur tous les fronts n’ont jamais pu goûter à la liberté.  En effet, « la Pologne est restée sous le joug soviétique jusqu’en 1989 ».  La moitié de l’Europe s’est libérée en réduisant pendant 50 ans l’autre moitié en esclavage, a dit la représentante en paraphrasant la journaliste Anne Applebaum.  En 2014, un autre conflit tragique a éclaté à nos portes sans que les Nations Unies ne puissent y apporter une réponse appropriée.  La déléguée a souligné la nécessité d’agir en conformité avec les principes de la Charte des Nations Unies.  « Nous le devons à tous ceux qui ont perdu la vie pour la paix et un avenir meilleur. »

Mme CARMEN BURLACU (Roumanie) a rappelé la contribution de son pays à la lutte contre les nazis.  Les idéaux et l’esprit qui ont inspiré la création des Nations Unies sont encore loin d’être traduits dans la réalité, a-t-elle dit, estimant que la résurgence de conflits dans de nombreuses parties du monde, en particulier au cours des dernières années au Moyen-Orient, et la montée en puissance des acteurs non étatiques guidés par des idéologies extrémistes mettent une pression importante sur le système de sécurité internationale.

Si l’on ne s’attaque pas aux racines des conflits, notamment ses aspects économiques, sociaux et politiques, on ne sera pas en mesure d’atteindre une paix durable, a-t-elle dit, soulignant la nécessité d’intégrer toute intervention dans des actions à long terme et citant l’ancien diplomate roumain Nicolae Titulescu, qui fut président à deux reprises de la Ligue des nations.  La Roumanie, a-t-elle affirmé, continue de plaider pour une vision de paix durable qui repose sur un sens partagé de la sécurité, en assurant la stabilité et en renforçant la confiance et la compréhension mutuelles entre les nations.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a commencé son intervention en rappelant la libération du camp de Mauthausen par les troupes américaines qui rassemblait des Juifs, des Roms, des républicains espagnols, des communistes et des membres de la brigade internationale de Tchécoslovaquie et d’autres pays.  Elle a rappelé les horreurs des chambres à gaz et cité le journal d’une fillette, Tatiana, qui a noté, jour après jour, la date de la mort de ses proches.  Pour chaque habitant de Dresde, il y avait 42,8 mètres cubes de ruines, a-t-elle aussi rappelé.

Nous devons nous souvenir de ces morts, a demandé la représentante américaine avant de rappeler que cette guerre avait pour but de redonner leur dignité aux êtres humains.  Elle a souligné que l’idée des droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine est un des éléments de base de notre ordre mondial.  Le système de justice internationale nous aide, aujourd’hui, à demander des comptes aux dictateurs.  Mais nous devons nous demander si nous en faisons assez pour défendre les principes pour lesquels ils se sont battus, a dit Mme Power.  Elle a ainsi appelé à veiller à ce que ceux qui utilisent la violence, comme en Syrie, le sachent. 

M. LIU JIEYI (Chine) s’est félicité qu’au final, les alliés dont la Chine aient vaincu le fascisme.  Le Gouvernement chinois organisera d’ailleurs des activités de grande ampleur pour commémorer cette victoire et aussi la victoire de la Chine sur le Japon.  La guerre de la Chine contre le Japon a duré plus longtemps que la Seconde Guerre mondiale.  Le peuple chinois a fait des sacrifices immenses, perdant 35 millions de personnes, sans compter des pertes économiques de 100 milliards de dollars.  Mais la guerre de résistance de la Chine a permis d’aider les autres pays sur d’autres fronts et la Chine n’oubliera jamais l’appui de ses amis contre le Japon et les martyrs de nationalités différentes qui ont perdu la vie sur le champ de bataille en Chine.  La victoire a certes constitué un lourd tribut mais le passé doit être une source d’enseignements.  Le représentant a mis en garde contre toute tentative d’oublier l’histoire, de la modifier ou de la réécrire.  Les victimes ne l’accepteront jamais car il faut se souvenir de la guerre et de ses victimes pour se souvenir du caractère sacré de la paix.  Depuis 70 ans, le monde a beaucoup changé et une ère où tous les peuples du monde veulent connaître le développement, la paix et la sécurité.  La Chine est prête à travailler avec tous ses amis, dans le respect mutuel en faveur de la coopération et de la paix.

M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a rappelé les évènements de 1945, tant sur le front qu’à San Francisco.  Il a regretté la guerre froide et le rideau de fer qui ont non seulement divisé en deux le continent européen mais aussi fait prévaloir la logique de l’affrontement comme règle de politique internationale.  Nous nous étions habitués à l’idée que le jeu des antagonismes était le seul moyen possible de coexistence, a-t-il remarqué, regrettant aujourd’hui les doutes de certains sur les acquis de la victoire après la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi faut-il commémorer le souvenir de la guerre?  Par devoir moral envers les victimes.  Aujourd’hui, a-t-il mis en garde, la tolérance et l’écoute sont toujours considérées comme des signes de faiblesse, tandis, qu’on admire le recours à la force.  Nous ne pouvons pas vraiment dire que nous avons tiré les leçons de la Seconde Guerre mondiale, a-t-il estimé, avant d’attirer l’attention sur une exposition sur les victimes de la guerre, organisée au Siège de l’ONU, pour appeler les États à faire renaître le véritable esprit des Nations Unies, « l’esprit de l’Elbe ».

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a demandé que l’on n’oublie jamais les services et le sacrifice des femmes et des hommes qui ont défait le fascisme.  Nous n’oublierons jamais non plus la bravoure de nos alliés, y compris les 8 millions de citoyens du Commonwealth qui ont combattu.  Des cendres de ce conflit s’est érigé une Organisation dédiée à la promotion du meilleur de l’humanité, engagée à défendre les droits humains fondamentaux, la dignité et l’égalité entre les femmes et les hommes, et à préserver la paix et la sécurité internationales.

Winston Churcill a dit que l’homme d’État qui recourt au conflit n’est plus maître de sa politique mais esclave d’évènements imprévisibles et incontrôlables.  Nous avons vu de tels événements inimaginables dans la brutalité de Bachar Al Assad et l’émergence de groupes comme l’État islamique en Iraq et au Levant.  Il est triste que les attaques aériennes de ce régime contre son peuple aient duré plus longtemps que le blitz de Londres.  Au milieu des nouvelles menaces, des défis à l’intégrité territoriale et à la souveraineté des États continuent comme il y a 70 ans.  Nous devons aussi reconnaître qu’aux frontières de l’Europe, un flagrant mépris de la souveraineté persiste dont un qui a amené la violence et l’instabilité dans une grande partie de l’Europe.  Il est important d’être à la hauteur des valeurs de la Charte des Nations Unies.  Au moment où nous commémorons la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie pendant la Seconde Guerre mondiale, nous devrions nous fonder sur la force, la détermination et l’unité d’objectifs pour apporter la liberté en Europe.  Ce faisant, nous nous assurerons que les Nations Unies restent le juste héritage des sacrifices.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a donné l’exemple des membres de sa famille qui se sont battus et ont quitté le Kazakhstan après la guerre.  À la fin de la guerre, a-t-il rappelé, plus de 60 millions de personnes de la société multiethnique de l’Union soviétique ont été tuées, dont 7 millions de Kazakhs.  La guerre a également coûté cher en termes d’efforts: pour chaque combattant au front, 5 à 8 personnes ont travaillé en héros inconnus.  Il a donc invité à rendre hommage à tous ces combattants et héros, en s’engageant sur la voie de la paix.  Nous ne devons pas permettre qu’éclatent de nouveaux conflits dans le monde, ni que reprenne la guerre froide, a-t-il exigé. 

Nous devons notre liberté, a déclaré M. RON PROSOR (Israël), au courage et à la détermination des armées alliées, les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Union soviétique, le Canada, la France et d’autres, qui ont combattu pour restaurer la liberté en Europe.  Les pertes étaient immenses, les Russes ont perdu 20 millions de citoyens.  Pour Israël et le peuple juif, la Seconde Guerre mondiale est synonyme d’Holocauste.  Des familles ont été déchirées, des communautés vibrantes détruites et un Juif sur trois, y compris un million d’enfants, tués.

Nous sommes hantés par la dévastation.  Les numéros tatoués sur les bras de nos parents et grands-parents sont un souvenir ineffaçable des horreurs qu’ils ont subies, à une époque où l’homme était un nombre plus qu’un père, un frère ou un fils.  Aujourd’hui, la main du temps menace d’assombrir la mémoire collective.  Chaque année, le nombre des survivants, des vétérans et des témoins diminue et il nous revient de veiller à ce que les leçons de l’histoire soient léguées aux futures générations. 

La liberté est une nouvelle fois attaquée.  Les islamistes radicaux marchant dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont tout aussi déterminés et dangereux que les forces nazies qui ont marché sur toute l’Europe.  Il y a 75 ans, des femmes, des hommes et des enfants ont été tués à cause de leur foi, de leur origine, de leur apparence et de leur amour.  Les mêmes crimes sont commis aujourd’hui au Moyen-Orient: des militants et des opposants sont réduits au silence, des homosexuels sont pendus et des chrétiens sont décapités. 

Le mal se porte bien et pas seulement au Moyen-Orient mais au cœur de l’Europe civilisée: des foules en colère chantent « gazez les Juifs », des bombes sont lancées contre des synagogues, des jeunes gens ont peur de marcher dans la rue avec une kipa et une épicerie kasher est attaquée.  L’histoire nous a appris que les vies juives ne peuvent être confiées à un autre peuple ou une autre nation.  Nous devons toujours être capables de nous défendre nous-mêmes.  L’État d’Israël est la concrétisation de cette promesse.  Jamais les Juifs ne seront plus déplacés comme du bétail vers leur mort.  Jamais le monde ne devra penser que les Juifs peuvent être pris pour cibles en toute impunité, a prévenu le représentant.   

M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie) a rappelé que les Arméniens figurent parmi les peuples qui ont connu le plus de pertes au cours de la Seconde Guerre mondiale; 500 000 ayant participé à la guerre dont près de la moitié ont payé le prix de leur vie.  Beaucoup de soldats arméniens ont atteint un rang élevé dans l’Armée rouge, a-t-il rappelé, en précisant que les soldats arméniens constituaient alors le quatrième groupe ethnique le plus représenté dans les forces soviétiques.  Les citoyens arméniens ont aussi été actifs dans la résistance, a-t-il ajouté, avant de parler également de la contribution des membres de la diaspora à l’effort de guerre d’autres pays comme les États-Unis ou la France.  Il est essentiel de préserver et de respecter la mémoire des victimes, a conclu le représentant en citant à ce propos le préambule de la Charte des Nations Unies.  Nous devons tous résister à la guerre, au génocide et autres crimes contre l’humanité.  Il a demandé aux États de se réengager, de tirer les leçons de l’histoire et d’adhérer au principe de règlement pacifique des conflits.

Les armes se sont tues en mai 1945, laissant un monde en ruines, a déclaré M. HARALD BRAUN (Allemagne).  L’Europe était dévastée, piégée entre la défaite et le recommencement, la victoire et les déplacements, la joie et le désespoir, l’indépendance et la captivité, la reconstruction et l’infinie lassitude.  Une guerre lancée par l’Allemagne nazie a apporté une souffrance indicible à ses voisins, et en conséquence, à ses propres citoyens.  « Le nom de mon pays restera à jamais lié à cette tragédie humaine. »  Aujourd’hui, nous nous inclinons « humblement » pour rendre hommage aux millions de victimes de la Seconde Guerre mondiale.  L’Allemagne a reconnu sa responsabilité pour ces crimes, une responsabilité qu’elle assumera toujours.

« La mémoire n’a pas de date d’expiration », a déclaré Noach Flug survivant d’Auschwitz.  Cette pensée devrait nous guider en Allemagne et ailleurs.  Il est de notre responsabilité de garder la mémoire vivante alors que le nombre des survivants et des témoins diminue.  Nous remercions les pays réunis aujourd’hui qui ont libéré l’Allemagne du régime national-socialiste inhumain.  Lorsque le défunt Président Richard von Weizsacker a parlé de cette « libération », il y a 30 ans, il a ouvert un nouveau chapitre pour les Allemands, les réconciliant avec leur passé: ce n’est pas en supprimant un souvenir honteux mais bien en embrassant vraiment notre histoire que nous nous construirons une nouvelle identité. 

L’année 1945 a marqué un nouveau départ.  Qui aurait cru en mai 1945 que la France, la première ennemie de l’Allemagne pendant des décennies, deviendrait l’alliée et l’amie la plus proche aujourd’hui?  Qui aurait cru que l’Europe, le champ de bataille au XXe siècle, surmonterait ses divisions et se transformerait en une communauté prospère et pacifique, promoteur de la paix et de la sécurité internationales?  Qui aurait cru que 20 ans seulement après l’Holocauste, Israël tendrait la main à l’Allemagne, le pays des bourreaux, pour établir des relations diplomatiques?  Cette année, nous célébrons le cinquantième anniversaire de ces relations diplomatiques. 

Qui aurait cru qu’en 1973, les deux Allemagnes seraient autorisées à adhérer aux Nations Unies, pour embrasser, protéger et promouvoir les principes essentiels de la Charte, des valeurs et des principes que l’Allemagne nazie avait violés allègrement.  Et qui aurait cru que la réunification de l’Allemagne en 1990 serait appuyée par ses anciens ennemis?  Nous sommes humbles et pleins de reconnaissance devant le pardon que vous nous avez accordé.  Mais la reconnaissance ne suffit pas.  La réconciliation implique des responsabilités, celle de renforcer et de défendre l’ordre international afin de maintenir la paix et la sécurité internationales, et celle d’aider à surmonter les conflits et les divisions par des moyens pacifiques. 

Lorsque nous disons avec d’autres « plus jamais ça » aujourd’hui, cela signifie « plus jamais agir dans l’isolement ».  Notre « plus jamais ça » impliquera toujours un engagement ferme aux Nations Unies qui ont été créées sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale. 

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine), s’exprimant en français puis en anglais, a fait part de son immense respect et de sa profonde reconnaissance envers tous ceux qui se sont sacrifiés lors de la Seconde Guerre mondiale.  Il a honoré la mémoire des libérateurs en assurant que le peuple ukrainien ne cesserait jamais de se souvenir des leçons de la tragédie passée.  L’Ukraine a payé un lourd tribut pour l’abolition de la dictature fasciste en Europe, a-t-il souligné, indiquant que 7 millions d’Ukrainiens ont pris part aux combats dont 29 ont reçu le titre de Héros de l’Union soviétique.  D’après l’évaluation des historiens de guerre, l’Ukraine a perdu 8 millions de personnes.  Il a aussi indiqué que plus de 2 millions d’Ukrainiens ont été envoyés dans les camps de travaux forcés en Allemagne. 

Le représentant ukrainien a cependant regretté que l’on n’ait pas tiré les leçons du passé.  Il a dénoncé le vide spirituel, la perte de la foi dans la valeur absolue de la vie humaine et les ambitions de dirigeants autoritaires qui forment la base d’un extrémisme politique exportant de nouvelles formes de conflits artificiels, d’intolérance ethnique et de radicalisme.  Il a regretté que ceux qui ont combattu le fascisme aux côtés de son pays, ceux qui étaient considérés comme des alliés, apportent aujourd’hui le chaos et la mort en Ukraine, arment et financent les bandits qui cultivent la terreur dans des régions qui étaient encore en paix il y a un an.  Il a appelé ceux qui veulent polluer la mémoire des millions de personnes mortes pour leur propre ambition, à reprendre leurs esprits.  Il a appelé le monde à ne pas fermer les yeux devant la tentative de certains leaders de créer et de maintenir de nouveaux foyers d’instabilité et de nous plonger dans les abysses d’une nouvelle guerre mondiale qui pourrait d’ailleurs être la dernière.

M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a constaté qu’en dépit des progrès de l’humanité enregistrés, la guerre était encore loin d’être éliminée.  Les estimations montrent, a-t-il dit, que la mortalité causée par les conflits avait cru de manière importante, de 1,6 million au XVIe siècle à près de 110 millions au XXe siècle.  Aujourd’hui, le terrorisme s’est imposé comme une des plus grandes menaces de l’humanité, a-t-il dit, soulignant que ce phénomène mondial ne pourrait être traité que par une action mondiale.  Le représentant indien a en outre mis l’accent sur la nécessité de réformer les institutions nées dans le sillage de la fin de la Seconde Guerre mondiale, citant à cet égard l’intervention hier du Président de l’Ouganda, M. Yoweri Museveni.  Il a exprimé l’espoir de l’Inde de voir l’Organisation prendre des mesures concrètes en vue de s’adapter aux réalités contemporaines.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré: notre action a causé des souffrances aux peuples d’Asie et nous regarderons toujours la vérité en face.  Liberté, démocratie droits de l’homme et état de droit, tels sont les parties inhérentes à l’identité du peuple japonais aujourd’hui, a affirmé le représentant.  La voie que le Japon a choisie en tant que nation éprise de paix est la fierté de son peuple et cela ne changera jamais même si les circonstances mondiales changent drastiquement.  Le Japon est déterminé à faire d’autres contributions positives à la paix en se fondant sur le principe de la coopération internationale.  Il le fera avec les Nations Unies, a promis le représentant.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a rejeté toute tentative de réécrire l’histoire de l’agression et de la tyrannie des Nazis.  Nous nous unissons aux efforts de la communauté internationale pour combattre ce genre de menace, a-t-elle dit.  Elle a rappelé que son pays avait perdu 20 millions de citoyens dans cette guerre.  Les femmes et les enfants travaillaient dans les usines et les fermes, pendant que les hommes étaient au front, a-t-elle souligné.  La représentante a rendu hommage aux alliés qui ont combattu le nazisme.  Elle s’est félicitée de ce que, le 22 novembre 2004, l’Assemblée générale ait proclamé les 8 et 9 mai Journées de la mémoire et de l’armistice.  Il faut rendre un hommage éternel aux millions de victimes du régime nazi, a-t-elle estimé en espérant que ce serait la dernière guerre.  Elle a aussi apprécié qu’on ait planté un « arbre de la paix » aujourd’hui à l’ONU. 

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a estimé que le fascisme était l’aboutissement de la pensée réactionnaire, bourgeoise et matérialiste.  Plus de 20 millions de soviétiques ont perdu la vie dans cette guerre, a-t-il souligné en rappelant aussi la persécution subie par les communistes, les Juifs, les Gitans, les homosexuels et les handicapés.  La victoire contre le fascisme n’a cependant pas constitué la panacée, a-t-il estimé, en soulignant la bipolarité qui a prévalu dans le monde pendant des décennies.  Les Nations Unies affrontent actuellement d’immenses défis et menaces, a-t-il dit en citant l’ingérence impérialiste dans les affaires souveraines des États, l’aggravation des changements climatiques, le sous-développement et la pauvreté, la faim et l’analphabétisme, les dominations hégémoniques, la remise en question de l’autodétermination des peuples, l’ordre économique et financier international injuste, sans compter l’existence de 16 000 armes nucléaires.  Il a rappelé les Nations Unies à leur devoir de réfléchir à partir des leçons tirées de la Seconde Guerre mondiale.  « Gloire éternelle aux héros de la lutte contre le fascisme et le militarisme! » a-t-il lancé en conclusion.

Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a affirmé que son pays avait enregistré en 1940 la première victoire contre le fascisme.  « En 1944, la Grèce était un pays détruit et ruiné, ayant perdu 10% de sa population, dont 86% de sa communauté juive », a-t-elle indiqué.  La Grèce était au nombre des 50 pères fondateurs des Nations Unies déterminés à créer un monde de paix et de réconciliation.  La fin de la Seconde Guerre mondiale a ainsi permis la mise en place du plus ambitieux projet de paix de l’histoire, la création des Communautés européennes qui ont réuni les anciens ennemis au sein d’une même famille européenne.  Elle a ajouté que ce n’est pas un hasard si l’Union européenne avait reçu en 2012 le prix Nobel de la paix.  La grande famille des Nations Unies, forte de 193 membres, a-t-elle conclu, doit continuer d’honorer la mémoire de tous ceux qui se sont battus si vaillamment pour la liberté.

M. MAHLATSE MMNELE (Afrique du Sud) a souligné l’engagement de son pays à œuvrer avec tous les autres membres des Nations Unies pour éliminer le fléau de guerre qui a dévasté le monde il y a 70 ans.  « La commémoration d’aujourd’hui doit nous inciter à redoubler d’efforts en vue du règlement pacifique des différends », a-t-il dit.  Il a invité la communauté internationale à faire fond sur les progrès enregistrés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en vue de promouvoir les valeurs démocratiques, les droits humains et les libertés fondamentales.  Évoquant le soixante-dixième anniversaire de la création de l’ONU qui sera célébré en septembre prochain, il a affirmé qu’il était crucial de se donner le temps de la réflexion sur le chemin qui a été parcouru depuis cette guerre.  « Prenons le temps pour nous souvenir des belles âmes qui sont tombées », a-t-il dit.

M. ANTONIO DE AGUIA PATRIOTA (Brésil) a déclaré que le rôle héroïque joué par le peuple russe et d’autres contre le fascisme ne sera jamais oublié.  Le Brésil est fier de sa contribution à la cause des alliés qui est la cause des Nations Unies durant le conflit et en temps de paix.  Le représentant a rappelé les détails de cette contribution pour souligner que le Gouvernement du Brésil a aussi pris part aux réunions régionales et internationales qui ont façonné le nouvel ordre mondial dans le but d’assurer la paix et la coopération et qui ont culminé avec la conférence de San Francisco où le Brésil était père fondateur de l’Organisation.

Le monde a connu des changements complexes et profonds depuis 1945.  De nouveaux défis ont émergé et qui n’ont pas été anticipés par les Pères fondateurs de San Francisco.  Ils menacent de dysfonctionnement notre système multilatéral.  Pour renouveler notre engagement aux principes et objectifs de l’ONU, nous devrions être aussi ambitieux que les hommes d’État qui ont conçu le nouvel ordre mondial basé sur des valeurs universelles.  Au cœur de cet effort se trouve l’impératif de renouveler le cadre pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Saisissons ce soixante-dixième anniversaire de la création des Nations Unies pour réaliser un résultat concret sur cette question décisive.  Reformer le Conseil de sécurité pour qu’il soit adapté aux nouveaux défis devrait être l’ultime hommage rendu à la génération de millions de victimes de la Seconde Guerre mondiale dont nous honorons la mémoire aujourd’hui.

M. AN MYONG HUN (République populaire démocratique de Corée) a regretté la persistance des velléités de domination et d’ingérence destinées à détruire la souveraineté et à bloquer le développement indépendant des pays.  Mon gouvernement, a-t-il dit, doit faire tout pour assurer la paix et la sécurité d’une péninsule qui a été artificiellement divisée, certes libérée du militarisme japonais, mais exposée aux tentatives constantes d’agression et aux sanctions des forces extérieures.  Aujourd’hui, la péninsule est un des « points chauds » le plus dangereux du Globe, devenant une source de grave préoccupation pour le monde.  On ne saurait dire quand la guerre va éclater, a dit craindre le représentant, compte tenu de la politique « hostile et anachronique » des États-Unis, qui ne sauraient cacher leur intention de mener une attaque surprise derrière de prétendus exercices de guerre nucléaire, en essayant de former une alliance militaire avec le Japon et la République de Corée.  Face à la menace nucléaire « cruelle » et au chantage du premier État nucléaire au monde, depuis plus d’un siècle, la RPDC n’a eu d’autres choix que de se doter de l’arme nucléaire, a expliqué le représentant.

Le Japon, a-t-il poursuivi, n’a pas encore « de manière clairement convaincante » reconnu ses crimes, présenter des excuses et offert des réparations.  Le fait que le Japon soit trop ambitieux, « trop colérique » dans son approche de la réforme du Conseil de sécurité, et trop difficile à satisfaire s’agissant de la situation des droits de l’homme en RPDC s’explique par son objectif « sinistre et impudent » d’enterrer ses crimes passés et de se débarrasser de l’image d’État ennemi par tous les moyens possibles.  Le Japon doit liquider le passé en renonçant à son ambition de revenir à un militarisme toujours vivace dans son esprit.  L’histoire criminelle du Japon ne sera jamais amoindrie ni effacée, a prévenu le représentant.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que l’échec de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, fournissait quatre enseignements.  Tout d’abord, a-t-il dit, un traitement uniquement sécuritaire des conflits n’est pas suffisant.  L’ONU dispose de puissants leviers d’action pour venir en aide aux populations démunies et marginalisées, terreau de tous les conflits.  Cet enseignement doit nous guider dans notre travail de définition du nouveau programme de développement pour l’après-2015, a-t-il estimé.  Deuxièmement, notre capacité d’action est liée à la légitimité de nos institutions.  Ainsi, la réforme du Conseil de sécurité est plus urgente et vitale, a-t-il souligné, précisant que la France était favorable à son élargissement dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents, et soutenait l’Allemagne, le Japon, le Brésil, l’Inde et une représentation africaine.

Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer la crédibilité du Conseil de sécurité, ses membres permanents ayant pour responsabilité, a-t-il par exemple insisté, de s’abstenir, volontairement et collectivement, d’avoir recours au veto dans les situations de crimes de masse.  Enfin, selon la délégation française, la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves doit rester au cœur de notre action pour rendre la paix durable et éviter le retour de la guerre.  Cette exigence de justice vaut évidemment pour la Syrie, où les responsables de crimes de masse devront être poursuivis devant la Cour pénale internationale (CPI).

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a formé le vœu que la Seconde Guerre mondiale soit la dernière.  Nées des cendres de ce fléau, les Nations Unies ont été créées notamment pour préserver la paix et la sécurité internationales, le développement et le respect des droits fondamentaux.  Le Venezuela est une terre de paix.  Il n’a jamais attaqué aucun de ses voisins ni aucun pays étranger.  Mais 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays constate le retour des idéologies fascistes, révisionnistes et racistes.  Des guerres continuent aujourd’hui dans diverses parties du monde, en faisant des millions de victimes.  C’est un défi pour l’humanité.  Le représentant s’est aussi posé des questions sur l’intérêt qui se cache derrière des arsenaux nucléaires capables de faire disparaître l’humanité tout entière.  Il a insisté sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire et aussi dénoncé l’interventionnisme et le financement du terrorisme, preuve qu’il reste beaucoup à faire pour parvenir à une paix durable.  La non-ingérence dans les affaires intérieures des États, le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, et le développement économique et social relègueront les menaces d’une autre guerre mondiale dans les pages de l’histoire.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a invité à voir cette commémoration non pas comme une rupture avec le passé mais plutôt comme un engagement vers l’avenir.  Elle a demandé d’honorer les victimes de la guerre -hommes, femmes et enfants-, tout en rendant hommage aux nombreux combattants.  Elle a appelé à s’opposer au discours totalitaire d’aujourd’hui qui promeut différentes formes d’intolérance et de racisme.  Nous devons respecter les promesses et les engagements que nous avons pris dans la Charte des Nations Unies, a-t-elle ajouté.  Mme Perceval a affirmé que la guerre ne pouvait avoir aucune justification morale ou politique.  Elle a dénoncé le fanatisme religieux qui recoure à la guerre, ainsi que la traite des êtres humains.  Nous devons agir parce qu’il y a trop de personnes qui souffrent de la faim, parce que des milliers d’êtres humains quittent leur pays pour émigrer mais finissent naufragés, a-t-elle expliqué.  Nous devons agir parce que nous sommes face à des catastrophes climatiques.  Nous devons agir maintenant, a-t-elle averti en condamnant toute indolence ou tout scepticisme.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (Iran) a rappelé l’une des tragédies oubliées de la Seconde Guerre mondiale qui sont l’invasion et l’occupation de l’Iran, avec des répercussions négatives sur le développement économique et politique, des milliers de victimes et des dégâts énormes causés aux infrastructures.  Le 4 septembre 1939, trois jours après le début de la guerre, l’Iran a déclaré sa neutralité, une position réaffirmée, une nouvelle fois, le 21 juin 1940, cinq jours après que l’armée allemande eut attaquée l’Union soviétique.  Cette position de neutralité n’a pas été respectée par les parties au conflit, a dénoncé le représentant.  Les Alliés ont envahi l’Iran le 25 août 1941 par le nord, le sud et l’ouest et ont occupé le pays.  Ils se sont grossièrement ingérés dans le système politique et provoqué des changements radicaux au plus haut niveau du Gouvernement.  Ils ont violé le droit de l’Iran à la neutralité, sa souveraineté et son droit à l’autodétermination du pays.  Utilisé comme un instrument des puissances étrangères, l’Iran a été dévasté et plongé dans la misère.  La Seconde Guerre mondiale n’aurait pas eu lieu s’il y avait de la part de toutes les parties un engagement à respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des États, à régler tous les différends par des moyens pacifiques et à s’abstenir de la menace ou de l’utilisation de la force dans les relations internationales. 

M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a rendu hommage à ceux qui ont combattu lors de la Seconde Guerre mondiale pour la paix, la liberté et la dignité humaine, commémorant aussi les nombreux millions de victimes.  Il n’y a pas une seule famille en Azerbaïdjan qui n’ait pas été touchée, a-t-il indiqué, rappelant que l’armée de son pays avait mobilisé plus de 600 000 soldats, dont la moitié avait péri.  Son pays, a-t-il ajouté, a aussi contribué à la victoire en produisant des munitions et des armes, ainsi qu’en accueillant des industries relocalisées à cause de la guerre.  En outre, le peuple de l’Azerbaïdjan a travaillé nuit et jour pour produire du pétrole à Bakou.  M. Aliyev a ensuite rappelé que l’ONU avait été créée avec l’intention de sauver l’humanité du fléau de la guerre.  L’ONU joue un rôle central, a-t-il rappelé, pour éviter le recours à la force ou à la menace de la force dans les relations internationales.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) s’est remémoré l’ère inoubliable de la Seconde Guerre mondiale qui a à la fois engendré des souffrances sans précédent et fait ressortir le meilleur des hommes – le courage, l’héroïsme et la persévérance.  Le soixante-dixième anniversaire est une occasion de se souvenir de millions d’hommes et de femmes qui ont péri sur le champ de bataille, dans les camps de concentration, chez eux, en mer ou dans les airs.  La Croatie a été durement touchée par cette guerre, a-t-il dit tout en se félicitant que l’antifascisme soit inscrit dans la Constitution du pays comme un des piliers de l’État moderne.  Il a souhaité qu’on se souvienne des atrocités infligées aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se renouvelle.  Il a en même temps reconnu que les esprits étaient focalisés sur l’avenir, en s’appuyant sur le respect du droit international et du principe de règlement pacifique des conflits, ainsi que celui de l’inviolabilité des frontières reconnues sur le plan international.  Les Nations Unies, a-t-il ajouté, devraient rester à l’avant-garde de la lutte contre le totalitarisme, le racisme, l’antisémitisme, la haine, l’intolérance, les violations des droits de l’homme, la discrimination et la xénophobie.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a dit qu’alors que nous célébrons le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et condamnons tous les crimes commis, notre humeur festive est éclipsée par des défis de sécurité sans précédent auxquels nous devons faire face dans différentes parties du monde.  Le système international continue d’être secoué par les violations continues des principes fondamentaux du droit international, y compris l’usage de la force contre la souveraineté et l’intégrité territoriale des États Membres de l’ONU.  Il est particulièrement décevant qu’un membre fondateur de l’ONU et membre permanent du Conseil de sécurité, censé être un gardien de la paix, soit en violation du droit international et continue de saper les fondements même de la Charte des Nations Unies en annexant les territoires de ses voisins, occupant 20% de la Géorgie, et menant une agression contre la souveraineté de l’Ukraine.  « L’espoir est toujours le dernier à mourir », comme on dit, et je forme le vœu, a conclu le représentant, que le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale servira de rappel à la communauté internationale pour qu’elle défende fermement les principes consacrés dans la Charte des Nations Unies, pour la paix et la stabilité dans le monde, et que les transgresseurs retourneront au droit international. 

M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a déclaré que nous ne pouvons pas oublier le prix qui a été payé pour obtenir la victoire à l’issue de la « Grande Guerre patriotique ».  Nous ne devons pas non plus oublier les victimes de la guerre et en particulier les victimes de l’Holocauste.  La Grande Guerre patriotique a vu la participation d’un enfant kirghize sur cinq et plus de 150 000 soldats tués ou blessés au front.  Nous ne devons non plus sous-estimer le rôle des millions de personnes qui ont soutenu les efforts de guerre dans les usines et dans les campagnes en particulier les femmes et les personnes âgées qui ont soutenus les combattants.  Le Gouvernement du Kirghizistan a pris des mesures en faveur de ces individus et a décidé de leur apporter un financier.  Cet anniversaire doit être aussi une occasion de se tourner vers l’avenir et de renouveler notre attachement aux principes de la Charte.  Nous le devons aux millions de personnes qui sont aujourd’hui victimes de la guerre dans le monde.  

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a estimé que ce que nous sommes de plus en plus appelés à combattre aujourd’hui sont le terrorisme endémique, la haine, la xénophobie, la violence et les exécutions insensées et brutales qui violent les valeurs que nous avons consacrées dans la Charte de notre Organisation.  Dans le même temps, nous sommes arrivés à un point où, pour la première fois dans l’histoire, l’humanité a la possibilité réelle d’éliminer les fléaux si des mesures sont prises d’urgence pour prévenir le changement climatique et créer les conditions du développement durable.  Et, comme nous marchons sur la route du nouveau siècle, nous devons renforcer notre respect des droits de l’homme et de la dignité humaine pour les hommes qui sont tués pour des raisons les plus infâmes, les enfants kidnappés et les filles et les femmes brutalisées, sans accès à l’éducation. 

Pour rendre l’ONU plus efficace et plus adaptée aux nouvelles donnes et défis du 21e siècle, nous devons la réformer et pour ce faire, rechercher l’appui sincère et sans faille de tous.  Présidente cette année de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la Serbie, a dit le représentant, saisit cette occasion et cette obligation pour examiner les défis et contribuer à leurs solutions.  La Serbie entend tirer parti de son expérience de dialogue, de compréhension et de respect des intérêts de tous.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a jugé important de se souvenir de la contribution de chaque individu affecté par les ravages de la guerre.  Les Nations Unies ont été fondées sur la base de principes auxquels de nombreux pays pouvaient s’identifier, a-t-il rappelé, affirmant que ce sont des valeurs communes à l’épreuve du temps qui restent incontestables.  Il a aussi rappelé qu’on commémorait cette année le quarantième anniversaire de l’Acte final d’Helsinki.  Constatant que, 70 ans plus tard, le monde était devenu plus complexe et plus incertain encore, M. Logar a constaté les difficultés auxquelles sont confrontées les organisations internationales pour réagir efficacement aux crises majeures.  Il a appelé les nations à rechercher ensemble des solutions, soulignant la nécessité plus grande que jamais auparavant d’établir des partenariats. 

Mme OH JOON (République de Corée) a souligné le devoir qui incombe à la communauté internationale de rester vigilante face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales, l’incitant également à renouveler ses efforts collectifs pour éviter qu’une telle guerre totale ne se reproduise.  Il est important de ne pas oublier les tragédies effrayantes infligées à l’humanité et d’examiner les causes de la guerre, a-t-elle ajouté.  La reconnaissance et le remords sont les premiers pas pour éviter que ne se renouvelle la guerre.  Alors qu’on célèbre cette année le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, elle a espéré que, dans 70 ans, on pourrait dire qu’un monde avec l’ONU a été meilleur qu’un monde sans l’ONU.

Droits de réponse

Le représentant du Japon, réagissant à la déclaration de la RPDC, a dénoncé une déclaration critique au cours d’une cérémonie qui rend hommage à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale.  Le Japon, compte tenu de son profond remord, a respecté tous les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies, a-t-il réaffirmé, insistant sur la démocratie, les droits de l’homme et la liberté. 

Le fléau de la guerre perdure en Asie, a rétorqué le représentant de la RPDC qui a pointé le doigt sur « les agissements des autorités japonaises ».  Le Japon est décrit comme un État vaincu et un État responsable de crimes inimaginables mais il ne l’a pas reconnu de manière clairement convaincante ni présenté d’excuses. 

La position de mon pays est suffisamment claire, a répondu le représentant du Japon, en dénonçant plutôt, après la Seconde Guerre mondiale, la persistance des violations des droits de l’homme et du droit humanitaire dans certains pays.

Le Japon devrait prendre des décisions politiques pour faire le solde des crimes du passé, a insisté le représentant de la RPDC en demandant, une nouvelle fois, des excuses.  Le Japon, a-t-il ajouté, devrait renoncer totalement à certaines de ses ambitions car ses crimes ne sauraient être effacés. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum des Nations Unies sur les forêts: la onzième session s’ouvre sur des appels en faveur du renforcement de l’arrangement international sur les forêts au-delà de 2015

Forum des Nations Unies sur les forêts - Onzième session.
2e & 3e séances - matin & après-midi
ENV/DEV/1513

Forum des Nations Unies sur les forêts: la onzième session s’ouvre sur des appels en faveur du renforcement de l’arrangement international sur les forêts au-delà de 2015

Présidée par M. Noël Nelson Messone, du Gabon, élu pour un cycle biennal, la onzième session du Forum des Nations Unies sur les forêts s’est ouverte, aujourd’hui, au Siège de l’ONU, sur des appels en faveur du renforcement de l’arrangement international sur les forêts en vue de l’intégrer dans le programme de développement pour l’après-2015, dont l’adoption est prévue en septembre prochain à New York.

Créé en 2000 par une résolution du Conseil économique et social, le Forum est la seule enceinte intergouvernementale au sein des Nations Unies habilitée à discuter de manière globale des questions environnementales et socioéconomiques relatives aux forêts.

M. Messone a donc invité les participants de la présente session, qui se poursuivra jusqu’au 15 mai et comprendra un segment ministériel de haut niveau, à se montrer « coopératifs et audacieux », afin de « rehausser le profil des forêts dans le programme de développement pour l’après-2015 ».

Dans l’un de ses quatre rapports présentées à cette session*, le Secrétaire général a souhaité l’intégration, dans ce programme, d’un arrangement international qui soit « plus efficace, porteur et stimulant » et prévoit notamment les mesures facilitant la mise en œuvre et le financement d’une gestion durable des forêts.

« Il est temps de prendre les forêts au sérieux », a déclaré le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, à l’ouverture de la session, avant de souligner que 1,6 milliard de personnes étaient tributaires d’une manière ou d’une autre des forêts.  Il a indiqué qu’un arrangement satisfaisant sur les forêts permettrait de mettre la communauté internationale sur la voie de l’économie verte et du développement durable.

Dans un autre rapport**, le Secrétaire général insiste sur la lenteur des progrès permettant de réaliser les quatre objectifs concernant les forêts, dont l’amélioration des moyens de subsistance des populations tributaires des forêts et l’accroissement de la superficie des forêts protégés dans le monde.

Prévus par l’Instrument juridiquement non contraignant sur les forêts, qui avait été approuvé par l’Assemblée générale en 2007, les deux autres objectifs visent à mettre fin à la réduction du couvert forestier et à renverser la tendance au déclin de l’aide publique au développement destinée à la gestion durable des forêts.

Parmi les difficultés rencontrées, le Secrétaire général insiste sur une insuffisance de financement découlant « du peu d’importance que les pays attachent à la gestion durable des forêts par rapport aux autres priorités gouvernementales et à la sous-évaluation des avantages économiques, sociaux et environnementaux des ressources forestières ».

Le Directeur du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, M. Manoel Sobral-Filho, qui a présenté les rapports du Secrétaire général, a souligné que 81 États Membres avaient soumis leur rapport national sur les progrès réalisés concernant la gestion durable des forêts, ce qui représente 72% des 4,1 milliards d’hectares de la couverture forestière mondiale.   

L’après-midi, les États Membres ont pu avancer leurs propositions pour une meilleure gestion durable forestière, une intégration optimale dans le programme de développement pour l’après-2015 et un renforcement des moyens du Forum.

« Il faut établir un lien entre le nouvel arrangement international et le programme de développement pour l’après-2015 », a estimé le délégué de l’Union européenne.  L’Instrument sur les forêts, a-t-il souhaité, doit rester au cœur du futur arrangement. « Nous ne sommes pas en faveur de la réouverture de négociations sur ce point », a-t-il dit.

Le délégué de l’Union européenne a également demandé que le futur arrangement se penche sur les causes profondes de la déforestation, tandis que son homologue de la Malaisie, appuyé par la déléguée de l’Argentine, a recommandé que le nouvel arrangement devienne un instrument clef de la lutte pour l’éradication de la pauvreté.

S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la déléguée de l’Afrique du Sud a, pour sa part, demandé l’établissement d’un fonds mondial pour les forêts qui aura pour rôle de fournir des ressources financières durables aux pays en développement pour la réalisation des objectifs internationaux.

« Les pays doivent avoir accès à des ressources suffisantes pour mettre en œuvre une gestion durable des forêts », a renchéri le représentant de la Malaisie.  Il faudrait clarifier cette notion de gestion durable des forêts, a estimé, pour sa part, la déléguée de la Suisse.

De son côté, le délégué de la Colombie a souhaité que le futur arrangement constitue une feuille de route claire, assortie d’objectifs précis et mesurables, qui seraient, de surcroît, cohérents avec les objectifs retenus par d’autres instruments internationaux, tels que la Convention des Nations Unies sur la biodiversité.

Plusieurs délégations, dont celles de la Turquie et du Cambodge, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ont demandé que le futur arrangement évite les doublons et recherche les synergies entre les entités concourant à la gestion durable des forêts. 

« Le Forum a perdu de sa pertinence en raison de la fragmentation du cadre forestier international », a regretté le délégué de la Norvège.  Le Forum, a-t-il souligné, doit rester une enceinte d’orientation politique.  Son homologue des États-Unis a invité le Forum à mieux identifier ses priorités, une condition préalable, selon elle, pour augmenter tout appui financier international en faveur d’une gestion durable des forêts.  

La déléguée du Gabon a appuyé la proposition visant à désigner le Forum sous le nom d’« Assemblée des Nations Unies sur les forêts », tandis que celui de l’Inde a jugé cette proposition secondaire et qu’il faudrait, au contraire, axer les efforts sur le renforcement des capacités du Forum.  

Plusieurs pays ont enfin détaillé les défis auxquels ils sont confrontés dans le domaine de la gestion durable des forêts.  Le délégué de la République islamique d’Iran a ainsi demandé que le Forum se penche sur le lien entre le phénomène des tempêtes de sable, qui frappent son pays, et la déforestation.

La déléguée de la Bolivie a, pour sa part, insisté sur la dépendance des peuples autochtones vis-à-vis des ressources forestières et prôné d’adopter une approche « cosmocentrique » qui concilie droits de l’homme et droits de la Terre nourricière.

Avant d’engager les discussions sur les questions de fond, le Forum a élu, outre son Président, MM. Vicente Amaral Bezerra, du Brésil, et Wu Zhimin, de la Chine, aux postes de vice-président.  Il a également adopté son ordre du jour***.

Le Forum poursuivra ses travaux demain, mardi 5 mai 2015, à 10 heures.

*E/CN.18/2015/2

**E/CN.18/2015/3

***E/CN.18/2015/1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales doit s’appuyer sur la complémentarité et les avantages comparatifs

Soixante-neuvième session, Débat thématique,
matin & après-midi
AG/11639

Assemblée générale: la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales doit s’appuyer sur la complémentarité et les avantages comparatifs

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui son débat de haut niveau sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales au cours duquel la complémentarité et les avantages comparatifs ont été présentés par les participants, dont le Président de l’Ouganda, comme les ingrédients d’une bonne coopération. 

Compte tenu de la connaissance approfondie qu’elles ont de leur région, les organisations régionales et sous-régionales, a argué le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, sont positionnées, « de manière unique », pour comprendre les dynamiques locales et les causes sous-jacentes des défis qu’il s’agisse de ceux liés à la paix et à la sécurité ou au développement.  Il m’arrive de vous demander des ressources, une action diplomatique ou collective, ou encore votre solidarité pour faire avancer nos valeurs communes, a reconnu le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui vient d’organiser le week-end dernier une retraite avec certains chefs d’organisations régionales et sous-régionales.  Nous avons, a-t-il confié, analysé sans concession les défis auxquels nous sommes confrontés et renouvelé notre détermination à trouver des solutions ensemble, a dit M. Ban qui s’est réjoui des lignes de communication ouvertes, des stratégies communes, des programmes conjoints, de la nouvelle dimension des relations et de la capacité renforcée de servir les peuples du monde. 

Il faut faire plus, a estimé le Président de l’Ouganda, M. Yoweri Museveni, dont le pays préside cette session de l’Assemblée générale.  Le point de départ d’une bonne coopération entre l’ONU et les organisations régionales, a-t-il argué, est la confirmation du principe de complémentarité contenu dans le Chapitre VIII de la Charte.  La complémentarité, a-t-il expliqué, signifie que l’ONU et les organisations régionales, qui ont leurs forces et leurs faiblesses, se complètent.  Il faut que l’ONU, a renchéri le Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. Iyade Ameen Madani, ne soit plus considérée comme « une star » autour de laquelle les autres planètes gravitent mais comme le fil qui doit se joindre aux autres pour tisser « le tapis de notre communauté mondiale ».  Mais, a-t-il mis en garde, ce fil qu’est l’ONU, cette arène importante, ne doit plus s’appuyer sur une classe privilégiée de pays élus, « le club des aristocrates ».  Il faut un mécanisme où le collectif surmonte l’unilatéral.

L’ONU devrait saluer le fait que le XXIe siècle donne naissance à des institutions régionales plus fortes et plus responsables, consolidant ainsi un monde multipolaire où le dialogue et la paix sont de plus en plus urgents, a commenté, à son tour, le représentant du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA).  Le Vice-Président de la Commission de l’Union africaine, M. Erastus Mwencha, a jugé urgent de développer une vision stratégique commune soutenue par une compréhension commune pour renforcer et mieux coordonner les actions de prévention des conflits.  La Commission de consolidation de la paix devrait devenir un véritable partenaire stratégique de l’Union africaine et des commissions économiques régionales, a-t-il suggéré. 

La complémentarité, a expliqué le Président ougandais, requiert un processus consultatif de prise de décisions, le partage du fardeau de la paix et de la sécurité internationales, une division du travail fondée sur les avantages comparatifs et le respect des processus régionaux.  Le Président a insisté sur ce respect: si les membres du Conseil de sécurité, qui ont décidé d’une action militaire contre la Libye, avaient écouté la voix de l’Afrique, le chaos actuel dans ce pays mais aussi au Nigéria, au Mali et dans la Méditerranée aurait pu être évité.

À propos du « chaos » dans la Méditerranée, le Secrétaire général du Service d’action extérieure de l’Union européenne a rappelé que depuis l’incident dramatique du 17 avril dernier, les chefs d’État et de gouvernement européens ont adopté un plan et des mesures substantielles qui devraient faire immédiatement la différence dans le problème de la traite des personnes.  C’est l’intérêt commun de tous les pays de la Méditerranée, du Sahel et de l’Afrique de l’Est.  C’est un problème humanitaire, mais aussi un problème sécuritaire et politique qui demande des efforts conjoints avec nos partenaires de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, a-t-il dit. 

La consolidation de la coopération entre les organisations régionales et sous-régionales elles-mêmes a été également soutenue par le Ministre délégué aux affaires étrangères, de la Francophonie et de l’intégration régionale du Gabon, M. Dieudonné Nzengue.  Les partenariats interrégionaux comme celui entre l’Union africaine et l’Union européenne pourraient favoriser l’allègement des tâches confiées à l’ONU, a-t-il estimé, en se félicitant de la volonté des Communautés économiques des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’Afrique centrale (CEEAC) de conjuguer leurs efforts pour lutter contre Boko Haram et en souhaitant la multiplication de tels partenariats.  L’OCI vient d’ailleurs de signer un Mémorandum d’accord avec l’Union africaine sur la mise en œuvre de projets contre le terrorisme et l’extrémisme grâce à un don saoudien de 10 millions de dollars, a annoncé son Secrétaire général.

Ce qu’il nous faut, a dit le Président de l’Ouganda, c’est en effet l’appui financier et logistique de la communauté internationale.  L’ONU a le devoir d’appuyer les organisations régionales, conformément à la Charte.  Il a soutenu l’idée de ponctionner le budget de l’ONU pour financer les opérations de maintien de la paix régionales, estimant que les fonds d’affectation spéciale sont peu fiables et imprévisibles compte tenu de leurs contributions volontaires.   

Dans l’optique de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales devrait aussi impliquer la société civile, a estimé le Sous-Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), M. Albert Ramdin.  Peut-être pourra-t-on ainsi éviter le « paradoxe du cappuccino » concernant les trois piliers du développement durable?  Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a décrit ce paradoxe comme celui dans lequel l’économie est l’élément le plus important (le café), le social venant ensuite (le lait), saupoudré d’environnemental (le chocolat). 

Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Assemblée générale a annoncé que le fruit de cette journée sera une « déclaration politique » qui devrait être adoptée demain, mardi 5 mai, par l’Assemblée générale.

DÉBAT THÉMATIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES

Déclarations 

En ouvrant le débat thématique de haut niveau, M. SAM KUTESA, Président de l’Assemblée générale de l’ONU, a salué le fait que 25 organisations régionales et sous-régionales aient désormais établi des relations officielles avec l’ONU.  Il leur a demandé comment renforcer ces partenariats stratégiques importants.  Que faut-il faire pour renforcer leurs capacités dans les domaines de la prévention et du règlement des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix, et de la promotion de l’état de droit, des droits de l’homme et du développement.  Comment faire pour que ces organisations jouent effectivement un rôle dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015? 

Compte tenu de la connaissance approfondie qu’elles ont de leur région, ces organisations, a poursuivi le Président, sont positionnées, de manière unique, pour comprendre les dynamiques locales et les causes sous-jacentes des défis.  Après avoir donné plusieurs exemples d’une coopération réussie entre l’ONU et des organisations, le Président a reconnu qu’il faut faire beaucoup plus pour renforcer ladite coopération, en tirant les enseignements de l’expérience pour créer des arrangements plus novateurs et plus souples.  Certaines de ces organisations, a–t-il souligné, continuent de souffrir d’un manque de ressources financières et logistiques et il nous revient de trouver les moyens de leur assurer un financement prévisible et durable, en particulier quand elles mènent des opérations de maintien de la paix sous le mandat de l’ONU, a tranché le Président.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que ce week-end même, il a organisé une retraite avec les chefs d’un certain nombre d’organisations régionales et sous-régionales pour renforcer la coopération dans les domaines de la paix et de la sécurité.  Nous avons analysé sans concession les défis auxquels nous sommes confrontés et nous avons renouvelé notre détermination à trouver des solutions ensemble, a-t-il révélé.  2015, a rappelé le Secrétaire général, est une étape importante, avec la fin des Objectifs du Millénaire pour le développement, l’adoption du programme de développement durable et la conclusion d’un accord neuf et universel sur le climat.

Les partenaires régionaux, a estimé le Secrétaire général, ont déjà amélioré notre efficacité mais nous devons faire plus pour répondre aux cris des millions de personnes qui méritent dignité et équité.  M. Ban a reconnu que très souvent, en temps de crise, il fait appel aux chefs des organisations régionales.  Il m’arrive, s’est-il expliqué, de vous demander des ressources, une action diplomatique ou collective, ou encore votre solidarité pour faire avancer nos valeurs communes.  Avec votre engagement, nous avons atteint de réels résultats et la collaboration entre l’ONU et ses partenaires régionaux est plus riche et plus diverse que jamais auparavant. 

Le Secrétaire général a attiré l’attention sur les lignes de communication qui ont été établies, les stratégies communes, les programmes conjoints, la nouvelle dimension des relations et la capacité renforcée de servir les peuples du monde.  Dans la prévention des conflits et la médiation, a-t-il poursuivi, nous avons montré comment le travail commun augmente notre pouvoir de persuasion pour obtenir des parties qu’elles fassent la paix.  Notre partenariat dans le maintien de la paix a renforcé l’appui des Nations Unies, en particulier aux opérations conduites par l’Afrique sur le terrain. 

Les organisations régionales, a conclu le Secrétaire général, contribuent à donner forme au programme de développement pour l’après-2015 et il faut compter sur elles pour aider le monde à réaliser les objectifs de développement durable.  Notre partenariat a aussi renforcé les efforts collectifs en faveur des droits de l’homme et des valeurs de la Charte de l’ONU.  Les citoyens du monde sont mieux connectés et mieux informés.  Nous leur devons d’être à la hauteur des défis avec une ligne de communication ouverte, une force de concentration et un engagement collectif en faveur des droits de l’homme, du progrès et d’une paix durable, a encore dit le Secrétaire général.

Alors que la Charte consacre la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, a déclaré M. YOWERI MUSEVENI, Président de l’Ouganda, elle réserve au seul Conseil de sécurité le droit d’autoriser le recours à la force.  En réalité, a dénoncé le Président, les décisions ne sont vraiment prises que par ceux qui sont dotés du droit de veto et c’est là une erreur qui a déjà causé beaucoup de mal à l’Afrique.  Il a cité l’exemple de la Libye où la voix de l’Afrique a été ignorée, conduisant à « une hémorragie massive ».  Si les membres du Conseil de sécurité, qui ont décidé d’une action militaire contre la Libye, avaient écouté la voix de l’Afrique, le chaos actuel dans ce pays mais aussi au Nigéria, au Mali et dans la Méditerranée aurait pu être évité.  Après tout Kadhafi recrutait beaucoup de main-d’œuvre africaine, a argué le Président qui a jugé « présomptueux » pour les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de se dire responsables de la sécurité mondiale, alors qu’ils ne représentent que 1,9 milliard des 7 milliards d’habitants de la planète.

Le Président ougandais a estimé que le point de départ de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales doit être la confirmation du principe de complémentarité contenu dans le Chapitre VIII de la Charte, comme étant la base.  Les Nations Unies doivent respecter les processus engagés par les organisations régionales en matière de règlement des conflits.  L’approche qui consiste « par tradition et superficialité » à mettre l’accent sur la justice au détriment d’une paix durable porte en elle les germes de l’échec, a estimé le Président.  L’ONU ne devrait pas suivre « aveuglément » l’option des sanctions et de la saisine de la Cour pénale internationale (CPI), sans consulter les régions concernées, étant donné que cette option compromet bien souvent le processus même de règlement du conflit. 

Nous devons, a estimé le Président, parvenir à une acception commune du concept de complémentarité.  Pour les Africains, il signifie que l’ONU et les organisations régionales, qui ont leurs forces et leurs faiblesses, doivent se compléter.  La complémentarité requiert le partage du fardeau de la paix et de la sécurité internationales, un processus consultatif de prises de décisions, le respect des processus régionaux et une division du travail fondée sur les avantages comparatifs.

« Des solutions africaines aux problèmes africains », a insisté le Président, fustigeant la lenteur des processus à l’ONU.  La crise au Soudan du Sud a commencé en 2013 et le Conseil de sécurité en discute toujours.  Si les pays de la région n’avaient pas agi, nous aurions un autre génocide comme celui que la région aurait pu stopper en 1994, si la communauté internationale ne lui avait pas mis des bâtons dans les roues, a affirmé le Président.  Ce qu’il nous faut, a-t-il dit, c’est l’appui financier et logistique de la communauté internationale.  Face à une crise, il faut laisser faire les nationaux, puis en cas de difficulté, les régionaux, et en tout dernier recours les internationaux, a argué le Président, en illustrant sa stratégie par le succès, « dans une certaine mesure », de la Brigade d’intervention en RDC. 

L’ONU, a insisté le Président, a le devoir d’appuyer les organisations régionales, conformément à la Charte.  Il a soutenu l’idée de ponctionner le budget de l’ONU pour financer les opérations de maintien de la paix régionales, estimant que les fonds d’affectation spéciale sont peu fiables et imprévisibles compte tenu de leurs contributions volontaires. 

Le Président a conclu sur deux points et d’abord « la désorientation idéologique » qui s’illustre par le sectarisme et le chauvinisme contre lesquels la communauté internationale doit lutter comme elle l’a fait contre l’antisémitisme.  Il a enfin appelé à « l’orientation idéologique » soit la discipline des forces locales, régionales et internationales que le système de l’ONU utilise pour maintenir ou rétablir la paix.  Si la question de la discipline n’est pas prise au sérieux, nous risquons de devenir une partie du problème plutôt que de la solution, a mis en garde le Président ougandais.

M. FREDERICK A. MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a, à la vielle de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, estimé que de nouvelles approches sont devenues nécessaires.  Il a expliqué que les pays de la CARICOM sont particulièrement affectés par leur nouveau statut de pays à revenu intermédiaire, basé sur le revenu par habitant.  Or, ce statut bloque l’accès aux dons et aux financements concessionnels, alors que les effets de la crise financière et économique mondiale résonnent toujours dans la région et que les pays sont piégés par un fardeau de la dette particulièrement lourd.  Il ne fait aucun doute, a argué le Ministre, que le revenu par habitant seul est une mesure « inadéquate » du niveau de développement, surtout dans une région vulnérable aux catastrophes naturelles et au changement climatique, y compris l’élévation du niveau de la mer. 

Nous l’avons répété et nous ne le soulignerons jamais assez: lutter contre le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer est unequestion de priorité et une question de survie pour les pays de la CARICOM.  Le Ministre a dit attendre beaucoup de la onzième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques prévue à Paris au mois de septembre et qui, a-t-il dit, doit trouver un accord contraignant sur la stabilisation de la température moyenne terrestre bien en-deçà de 1,5 degré Celsius.  

Le Ministre a appuyé la position des petits États insulaires en développement qui réclament un programme de développement pour l’après-2015 comprenant des mesures globales pour affiner le revenu par habitant comme indicateur de développement.  La coopération technique pour renforcer les capacités dans la collecte des données et l’analyse statistique sera essentielle à la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, a prévenu le Ministre. 

M. GEORGES REBELO PINTO CHIKOTI, Ministre des relations extérieures de l’Angola, au nom de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), a rappelé que la Conférence a créé un cadre de coopération avec les Nations Unies et d’autres partenaires concernés dans les domaines de la paix et de la sécurité, de la prévention des conflits et du génocide, de la lutte contre la violence sexuelle et l’exploitation illégale des ressources naturelles, des droits de l’homme et du développement.  Ce cadre a donné des résultats concrets, a estimé le Ministre qui a cité le Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs, lequel a donné naissance au Mécanisme régional de surveillance.  Le Ministre n’a pas caché sa préoccupation face à la situation actuelle au Burundi et a rappelé aux parties que tout différend relatif au processus électoral doit se régler auprès des instances juridiques existantes dans le pays.  Le Ministre a en revanche décelé des signes d’espoir en République centrafricaine, avec le Forum de Bangui pour l’organisation duquel l’Angola a débloqué une somme de 4 millions de dollars. 

Le Ministre a ensuite fait quelques suggestions et a d’abord demandé une coordination plus efficace au premier stade des crises.  Plus tôt nous parviendrons à une compréhension commune de la situation, meilleurs seront les résultats.  Il faut donc des échanges d’information plus systématiques, des visites d’évaluation conjointes et des mécanismes souples réunissant les acteurs de la prévention des conflits et de la médiation.  Il a aussi souligné que le règlement pacifique des conflits doit rester la norme même s’il a reconnu le succès de la Brigade d’intervention en RDC et la possibilité de répéter l’expérience ailleurs.  Le Ministre a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer la mobilisation des ressources pour mettre en œuvre les actions agréées.  Les organisations régionales et sous-régionales devraient pouvoir, a-t-il poursuivi, pendre la tête des efforts, compte tenu de leur expertise et de leur meilleure compréhension des défis et des dynamiques de leur région.  La formation et le renforcement des capacités sont essentiels, a-t-il aussi souligné, en parlant des institutions régionales.  Il a enfin appelé les participants à reconnaître que l’absence d’opportunités économiques et l’échec des États à assurer les services essentiels sont les ingrédients de base de l’instabilité politique partout dans le monde.  

Mme ANNIKA SODER, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, a estimé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales doit être basée sur la confiance et le respect.  L’efficacité de cette coopération dépend de la clarification des rôles des uns et des autres et de l’assignation à chaque partie des objectifs.  Le Conseil de sécurité se doit de consulter davantage les acteurs régionaux, a reconnu Mme Soder qui a aussi plaidé pour un bon financement des organisations régionales et sous-régionales pour qu’elles puissent jouer leur rôle efficacement.  Elle a établi le lien entre paix, sécurité et développement, et a invité la communauté internationale à promouvoir la participation de tous les acteurs de la société, y compris les femmes qui ont un rôle important à jouer en matière de règlement des conflits, a-t-elle affirmé.

M. DIEUDONNÉ NZENGUE, Ministre délégué aux affaires étrangères, de la Francophonie et de l’intégration régionale du Gabon, a, à son tour, estimé que le partenariat entre l’ONU et les organisations régionales doit s’appuyer sur la complémentarité et les avantages comparatifs.  Toutefois, pour tirer un meilleur parti des mécanismes régionaux, il faut les accompagner de ressources financières et techniques stables et prévisibles.  Le renforcement des capacités est essentiel, en particulier pour des opérations effectuées sous mandat de l’ONU.  La coopération doit, a poursuivi le Ministre, s’appuyer une meilleure coordination et communication.  Il faut aussi, a-t-il argué, établir des mécanismes conjoints de médiation, de gestion et de règlement des crises cohérents avec des tâches et responsabilités clairement définies.  Cette démarche pourrait permettre l’élaboration de politiques convenues entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales et faire face de manière adéquate aux situations de crise.  Ces mécanismes conjoints pourraient également permettre la pleine mise en œuvre des politiques régionales mises en place par les Nations Unies. 

Le Ministre a aussi milité pour la consolidation de la coopération entre les organisations régionales et sous-régionales elles-mêmes.  Les partenariats interrégionaux comme celui entre l’Union africaine et l’Union européenne pourraient favoriser l’allègement des tâches confiées à l’ONU.  Le Ministre s’est félicité de la volonté des Communautés économiques des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’Afrique centrale (CEEAC) de conjuguer leurs efforts pour lutter contre Boko Haram et a souhaité que de tels partenariats se multiplient.

Mme CARMEN LILIANA BURLACU, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Roumanie, a déclaré que la participation active de son pays aux activités des organisations régionales et sous-régionales en Europe et en Europe du Sud-Est a représenté et continue de représenter une priorité de la politique extérieure de son gouvernement.  Nous considérons que l’Union européenne, l’OTAN, l’OSCE, l’Organisation de la coopération économique à la mer Noire et le Processus de coopération dans l’Europe du Sud-Est ont une contribution majeure à la paix, la sécurité et au développement en Europe.  Elle a ajouté que la création d’un cadre pour assurer la complémentarité et la subsidiarité entre les actions des Nations Unies et celles des organisations régionales pourrait contribuer à leur renforcement mutuel, par la mise en commun des ressources à même de réagir vite et avec efficacité en cas de tension ou de conflit.  C’était à partir de ces arguments que la Roumanie avait proposé en 2005 un projet de résolution sur ce thème qui a été adopté par consensus par le Conseil de sécurité le 17 octobre 2005 qui dans les 10 années depuis son adoption, a confirmé sa validité.

M. NABIL EL ARABY, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a relevé que la coopération entre la Ligue et l’ONU date des années 1950 et qu’elle couvre aujourd’hui plusieurs domaines.  Il a cité en exemple le programme « Building Resources in Democracy, Governance and Elections », plus connu sous son acronyme anglais BRIDGE, et qui est un exemple de coopération entre le Département des affaires politiques de l’ONU, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les États arabes.  Il a ensuite noté que de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité portent sur les questions liées au Moyen-Orient.  Il a également fait part de l’engagement de la Ligue des États arabes en faveur du désarmement, appelant de fait au démantèlement de toutes les armes de destruction massive au Moyen-Orient.

Le Secrétaire général a par ailleurs indiqué que la coopération entre son organisation et l’ONU porte aussi sur la protection et l’essor de la femme arabe.  Il a appelé à lutter contre le fondamentalisme, ajoutant que la Ligue va organiser, en juin prochain à New York, en coopération avec l’ONU, une conférence sur le rôle des médias dans la lutte contre le terrorisme.  Il a en outre souhaité que l’ONU organise et préside régulièrement des réunions avec les organisations régionales et sous-régionales, dans le but de prévenir les conflits et maintenir la paix internationale.  Il a enfin rappelé que le 29 mars dernier, la Ligue a décidé de créer une force d’intervention pour le maintien de la paix et de la sécurité.

M. LAMBERTO ZANNIER, Secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a, lui aussi, proposé la création de mécanismes de coordination au niveau du Secrétariat de l’ONU pour rendre plus pragmatique et plus orientée vers les résultats la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Il a souhaité que les retraites comme celle que vient d’organiser le Secrétaire général de l’ONU durant ce week-end, se fassent plus régulièrement et que leurs résultats soient opérationnalisés par un suivi systématique.  Illustrant la coopération entre l’OSCE et l’ONU par les interventions en Ukraine, mais aussi par les partenariats avec les agences de l’ONU, dans le domaine du terrorisme, entre autres, le Secrétaire général a espéré que le lien entre développement et sécurité aura la place qu’il mérite dans le programme de développement pour l’après-2015.  L’OSCE, avec son approche globale de la question de la sécurité et ses nombreuses activités trans-sectorielles, est disposée à continuer de servir de plateforme pour offrir une contribution concrète, sous l’angle de la sécurité, à la mise en œuvre du programme de  développement pour l’après-2015, a conclu le Secrétaire général.

Pour que la coopération et les organisations régionales et sous-régionales fonctionnent, a estimé M. IYAD AMEEN MADANI, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), il faut que l’ONU ne soit plus considérée comme « une star » autour de laquelle les autres planètes gravitent mais comme le fil qui doit se joindre aux autres fils pour tisser « le tapis de notre communauté mondiale ».  Mais ce fil qu’est l’ONU, cette arène importante, ne doit plus s’appuyer sur cette classe privilégiée de pays élus, « le club des aristocrates ».  Personne n’ignore la réalité du pouvoir et le poids des affluences et des influences mais la communauté internationale ne saurait se laisser lier par les intérêts, la vision et l’échelle des valeurs d’une seule nation, quel que soit son pouvoir et quelle que soit sa richesse.  Il faut un mécanisme où le collectif surmonte l’unilatéral.

Le Secrétaire général a ensuite expliqué comment de telles modalités peuvent fonctionner face aux défis de la paix, de la sécurité et le règlement des conflits et comment l’OIC a approché ces défis, avec quels outils et quels réseaux.  L’OCI est consciente, a-t-il dit, que la résolution des conflits ne commence pas avec la médiation.  Aucune médiation ne pourrait produire de résultats probants si elle n’est pas appuyée par des grandes puissances qui s’intéressent au conflit.  Dans le cas de la Palestine, les efforts de négociation et de médiation ont lieu depuis plus de 20 ans sans progrès clair.  Il en va de même pour la Syrie où l’absence d’un engagement politique commun et fort de la part des grandes puissances a permis la poursuite du conflit. 

M. Madani a salué l’accent que met la « Déclaration politique » sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il a aussi salué l’initiative du Secrétaire général de l’ONU de réunir les dirigeants religieux aux Nations Unies et son intention de développer un plan d’action global pour la prévention de l’extrémisme violent qui sera présenté à la soixante-dixième session de l’Assemblée générale.  Le Secrétaire général a indiqué que l’OCI et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme organiseront aussi en juin une conférence sur les pratiques nationales contre l’incitation à l’extrémisme violent, conformément aux résolutions 1624 (2005) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité. 

L’OCI vient de signer un Mémorandum d’accord avec l’Union africaine sur la mise en œuvre de projets contre le terrorisme et l’extrémisme grâce à un don saoudien de 10 millions de dollars.  L’OCI entend aussi organiser la cinquième réunion sur le Processus d’Istanbul les 3 et 4 juin 2015 à Djeddah.  Nous estimons, a dit le Secrétaire général, que la résolution 16/18 du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme donne des lignes directrices concrètes sur la façon d’aborder et de diminuer les causes de la radicalisation et de l’extrémisme.  M. Madani a aussi parlé de la coopération entre son Organisation avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). 

M. ERASTUS MWENCHA, Vice-Président de la Commission de l’Union africaine, a déclaré qu’une étroite coopération avec les Nations Unies est une nécessité stratégique mais qu’il faut plus d’efforts pour trouver des moyens créatifs et novateurs de soutenir les opérations africaines de maintien de la paix.  Il a salué la « Déclaration politique », déplorant en effet que la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies dans la prévention des crises et la médiation porte trop largement sur « les unes du jour ».  Il est urgent de développer une vision stratégique commune soutenue par une compréhension commune pour renforcer et mieux coordonner les actions de prévention des conflits.  La Commission de consolidation de la paix devrait devenir un véritable partenaire stratégique de l’Union africaine et des commissions économiques régionales.  En dehors de la coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité, il reste encore à améliorer les choses dans d’autres domaines repris d’ailleurs dans la « Position commune africaine sur les opérations de paix » élaborée en tirant les enseignements de la collaboration étroite avec l’ONU dans la médiation, les situations postconflit, et le maintien et la consolidation de la paix. 

La Position s’appuie aussi sur le fait que 70% des missions politiques spéciales et des opérations de maintien de la paix de l’ONU sont déployées en Afrique et sur le fait que le continent est devenu le plus grand contributeur régional à ces opérations; près de 45% du personnel en uniforme étant africains.  Le Vice-Président a espéré que le Cadre pour un partenariat renouvelé entre l’ONU et l’Union africaine sur l’intégration de l’Afrique et l’agenda du développement (PAIDA) pour la période 2017-2027 aura le soutien de l’Assemblée générale.  Le projet de résolution, qui sera présenté à cette fin, cherche à assurer des ressources prévisibles, compte tenu de l’expérience dans la mise en œuvre du Programme décennal pour le renforcement des capacités qui prend fin cette année. 

M. ALBERT RAMDIN, Sous-Secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU était parmi les invités de haut rang du dernier Sommet des Amériques le mois dernier au Panama.  Il a appelé au renforcement du dialogue entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, notamment dans la promotion de la culture de la paix.  Il faut renforcer les capacités institutionnelles de l’ONU et des organisations régionales et sous-régionales, a indiqué M. Ramdin qui a aussi plaidé pour que cette coopération soit mieux structurée et qu’elle s’inscrive dans un cadre plus synergique qui évite des doublons.  Il a proposé que des consultations annuelles soient organisées entre l’ONU et ces organisations, proposant aussi que les bureaux régionaux de l’Organisation renforcent leur coopération avec les organisations de leur zone de d’intervention.  Dans l’optique de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, cette coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales devrait aussi impliquer la société civile.

M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général du Service d’action extérieure de l’Union européenne, a souligné que bien que l’Union européenne ne soit pas une organisation régionale classique, elle coopère très étroitement avec l’ONU au niveau stratégique et essaye, quand c’est possible, de faire en sorte que les deux organisations aient des mécanismes consultatifs et des arrangements pour une compatibilité opérationnelle.  Il a rappelé que l’Union est, et pour longtemps encore, le principal donateur d’aide humanitaire et au développement.  Nous sommes aussi les champions du monde de la lutte contre le changement climatique et espérons que les autres, y compris les pays émergents, viendront jouer un rôle positif et conforme à leurs ambitions politiques et économiques.  Sur le plan des droits de l’homme, l’Union européenne a noué depuis de nombreuses années un partenariat étroit avec les Nations Unies. 

S’agissant de la situation dramatique en Méditerranée, M. Le Roy a dit qu’ensemble, il faut faire plus pour traiter des causes de cette migration clandestine, en coopération avec les pays d’origine et de transit, et les organisations régionales pertinentes.  Nous devons protéger les droits des réfugiés.  Depuis l’incident dramatique du 17 avril, a-t-il indiqué, les chefs d’État et de gouvernement européens ont adopté un plan avec des mesures substantielles qui devraient faire immédiatement la différence dans le problème de la traite des personnes.  C’est l’intérêt commun de tous les pays de la Méditerranée, du Sahel et d’Afrique de l’Est.  C’est un problème humanitaire, mais aussi un problème sécuritaire et politique qui demande des efforts conjoints avec nos partenaires de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes.  « Nous avons plus que jamais besoin de coopération car le nouvel ordre mondial sera multilatéral ou ne sera pas », a conclu le Vice-Président en paraphrasant la Haut-Représentante de l’Union européenne, Mme Federica Mogherini.

Le représentant du Guatemala, au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a encouragé le Secrétariat de l’ONU à élargir sa coopération avec le SICA qui s’engage à faire en sorte que l’ONU reste le forum universel pour trouver des réponses à nos défis.  Ce qui est clair, a-t-il argué, c’est que la route loin des conflits et près de la paix durable exige un effort conjoint dans les domaines de la sécurité, de la justice, des droits de l’homme et du développement durable.  Dans chacun de ces domaines, il y a des forces diverses qui font que la complémentarité entre l’ONU et les organisations régionales crée un espace distinct et fructueux au niveau multilatéral.  L’ONU devrait saluer le fait que le XXIe siècle donne naissance à des institutions régionales plus fortes et plus responsables, consolidant ainsi un monde multipolaire où le dialogue et la paix sont de plus en plus urgents pour la protection de la planète et de la vie, le développement humain et le triomphe sur la pauvreté. 

Le représentant de l’Équateur, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné que les chefs d’État et de  gouvernement de la CELAC, qui se sont réunis à Belen, au Costa Rica, pour leur troisième Sommet les 28 et 29 janvier dernier, sur le thème « Construire ensemble », se sont engagés à mettre en place un développement durable équitable, à participer à la construction des priorités de l’agenda de développement mondial, à faire face au changement climatique, à renforcer la paix au nom du développement durable ainsi que les liens avec des parties extrarégionales.  Dans la lecture qu’il a faite des décisions prises, le représentant n’a pas oublié de mentionner que les chefs d’État et de gouvernement ont reconnu que l’appui des commissions régionales de l’ONU sera particulièrement important dans le processus actuel d’élaboration du programme de développement pour l’après-215 et celui de la troisième Conférence sur le financement du développement.

Le représentant de la Malaisie, au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé qu’il faut explorer d’autres domaines de coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  L’ASEAN est convaincue qu’elle peut faire des contributions substantielles en partageant ses meilleures pratiques et son expérience dans la prévention des conflits, et le rétablissement et la consolidation de la paix.  La tolérance, la compréhension mutuelle et le respect prônés par l’ASEAN pourraient servir de modèle à la communauté internationale.  Le représentant a attiré l’attention sur le Plan ONU-ASEAN de 2015 et la résolution biennale de l’Assemblée générale sur la coopération entre les deux organisations.  Une forte coopération entre l’ASEAN et l’ONU peut largement contribuer à la paix et à la sécurité internationales, au développement et à une croissance économique équitable, sans oublier la protection des droits de l’homme et l’édification de sociétés centrées sur l’être humain.  Ce n’est qu’en renforçant une telle coopération que l’on pourra tirer le meilleur parti des opportunités actuelles et futures et répondre efficacement aux défis régionaux et internationaux, a conclu le représentant.

Le représentant de Tadjikistan, s’exprimant au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OSTC), a souhaité que l’ONU renforce son rôle dans la lutte contre les stupéfiants en Asie centrale, notamment en Afghanistan.  Il a également appelé au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OSTC dans la lutte contre les nouvelles menaces à la paix et la sécurité internationales.

Table ronde 1: « Renforcer la coopération stratégique entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales sur les trois piliers du système de l’ONU - paix et sécurité, droits de l’homme et développement »

Animé par le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. JEFFREY FELTMAN, qui appelait à s’appuyer sur la sagesse des organisations régionales et sous-régionales, ce débat a mis en évidence l’importance de la cohérence et de l’unité entre les actions des différentes organisations.

M. ERASTUS MWENCHA, Vice-Président de la Commission de l’Union africaine, a conseillé à l’ONU de travailler « de manière horizontale » avec les organisations régionales car une bonne coopération permet une bonne cohérence entre les actions menées à tous les niveaux.  Le mécanisme de coopération établi entre le Département des affaires politiques des Nations Unies et le Secrétariat de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a été salué par son Conseiller sur la paix et la sécurité, M. DANILE YIFRU.  La coopération, a-t-il dit, est d’autant plus importante que la complexité des questions de paix et de sécurité augmente.  Il a tout de même souligné l’importance d’une coopération structurée à l’abri des procédures juridiques trop complexes.  C’est la coopération entre l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Organisation pour la démocratie et le développement économique-GUAM dans la lutte contre les opiacées et le blanchiment d’argent qui a été particulièrement saluée par le représentant de l’Ukraine qui a exprimé l’intention de renforcer la coopération avec la Communauté économique pour l’Europe (CEE) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

La coopération avec l’ONU est la clef, a renchéri le représentant du Zimbabwe, au nom de la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC).  Les organisations régionales seront particulièrement nécessaires à la mise en œuvre des objectifs 7 et 9 sur les infrastructures du programme de développement pour l’après-2015.  Les pays de la SADC, qui viennent d’adopter une Stratégie d’industrialisation et de feuille de route ancrée dans la concurrence et l’intégration régionale, espèrent que leurs aspirations seront intégrées dans le programme post-2015.  Il est important que ce programme crée des synergies entre tous les processus et renforce l’intégration des dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable, et ce, d’une manière équilibrée, a commenté la représentante de l’Uruguay, au nom de l’Union des nations d’Amérique du Sud (UNASUR).  La représentante du Timor-Leste, parlant au nom de neufs pays de la Communauté des pays lusophones, a confirmé la détermination de sa Commission à resserrer son partenariat avec les Nations Unies, en se recentrant sur les objectifs communs.

L’ONU devrait améliorer les réseaux des organisations qui ont un statut consultatif auprès de ses organes, a estimé M. MOLEFI KETE ASANTE, Professeur chargé des études afro-américaines à Temple University, qui a par ailleurs jugé que le fait de ne pas se pencher sur l’histoire de l’Afrique a fait manquer beaucoup d’occasions de maintenir la paix sur le continent.  Au nom d’une cinquantaine de réseaux régionaux, M. PETER VAN TUIJL, Directeur exécutif du Global Partnership for the Prevention of Armed Conflict, a donné l’exemple du Forum biennal avec la société civile, organisé par le Forum des îles du Pacifique, sur les questions de sécurité et qui permet à la société civile d’entrer en contact avec les décideurs.  Il a insisté sur l’importance du lien entre organisations régionales et société civile.  Il a voulu que cette coopération soit structurée et régulière, mener à la confiance nécessaire au dialogue.  L’échange d’information doit se faire facilement, a-t-il dit, prônant des synergies à tous les niveaux: entre l’ONU et les organisations régionales; entre celles-ci et la société civile.  Le fonctionnement du Forum d’Asie centrale pour les personnes handicapées, regroupant une trentaine d’organisations, a été expliqué Mme LYAZZAT KALTAYEVA, Présidente de l’Association des femmes handicapées.  Le réseau, a-t-elle dit, a travaillé avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), ce qui a entrainé la création d’un groupe de travail et l’instauration d’une Décennie pour les personnes handicapées en Asie centrale.  Les cinq pays de cette région ont une histoire commune et des cultures très similaires, d’où l’intérêt de travailler ensemble pour mettre en commun les expériences, a-t-elle expliqué.  Mais les stratégies régionales ne sont pas toujours efficaces sans l’appui des Nations Unies, a-t-elle noté.

Table ronde 2: « Stimuler le soutien des organisations régionales et sous-régionales en vue de mettre en place un programme de développement pour l’après-2015 porteur de changements »

Le modérateur de la table ronde, le Président du Centre des relations internationales et du développement durable, M. VUK JEREMIĆ, qui a précédemment occupé le siège de Président de l’Assemblée générale, a estimé que l’ONU devait « tendre la main vers l’extérieur pour tirer parti de l’expertise et de l’expérience des organisations régionales ».

L’Amérique latine est sortie de la pauvreté entre 2012 et 2014, s’est félicitée Mme ALICIA BARCENA IBARRA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC), avant de préciser qu’il ne fallait pas pour autant interrompre les efforts parce que la région regroupe des économies à revenu intermédiaire.  Pour arriver à éliminer la pauvreté extrême d’ici à 2030, ainsi que toutes les inégalités, y compris entre hommes et femmes, elle a prôné « une nouvelle équation entre l’État, les marchés et la société ».  Les fonds illicites qui sont sortis de la région représentent 150 000 millions de dollars, a-t-elle indiqué, soit 15 fois de plus que l’aide publique au développement (APD).  Elle s’est également plainte de l’évasion fiscale dont profitent beaucoup d’entreprises commerciales implantées dans la région, une question qui doit être abordée par les différents acteurs à la prochaine Conférence sur le financement du développement, prévue en juillet à Addis-Abeba.  Elle a aussi proposé de créer un mécanisme d’aménagement de la dette souveraine pour les petits pays des Caraïbes.  La CELAC travaille de plus en plus avec l’Europe ou la Chine, a-t-elle ensuite indiqué, avant de plaider en faveur du commerce intra-régional qu’il faut développer davantage.  Il faut mobiliser les structures régionales pour assurer le suivi de l’après-2015, a-t-elle ajouté.

M. CARLOS LOPES, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a conseillé de lancer une « riposte novatrice » pour répondre aux nouveaux défis en Afrique, ce qui passe, à son avis, par une coopération au niveau régional.  Les crises financières ont mis en évidence la nécessité de collaborer, a-t-il tout d’abord remarqué.  Un autre problème qui remet en question le système actuel est celui du changement climatique: il a donc conseillé d’agir à tous les niveaux pour arriver à une transformation des mentalités et des attitudes.  Sur le plan de la sécurité, il a constaté qu’il ne suffisait plus d’amener deux pays à faire la paix mais qu’il fallait développer toute une gamme d’activités pour garantir le maintien de la paix.  Il a aussi parlé des actions à mener ensemble pour faire face à une augmentation sans précédent de la population urbaine.  Quant à la hausse de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, M. Lopes a souhaité que l’on réfléchisse ensemble aux moyens de les utiliser au mieux.  Il a conclu sur la nécessité d’élaborer un cadre commun pour relever ces différents défis en Afrique, grâce à un cadre de développement africain.  Il a aussi donné des pistes pour éviter le « paradoxe du cappuccino » concernant les trois piliers du développement durable.  Alors que Rio+20 avait décidé de donner un poids égal aux trois piliers, il a en effet remarqué que, bien souvent, l’économie était l’élément le plus important des mesures prises (le café), tandis que le pilier social était moindre (le lait), le tout saupoudré d’environnemental (le chocolat).  Il faut se rendre compte que c’est l’économie qui doit changer pour être plus respectueuse de l’environnement et renforcer le pilier social, a-t-il recommandé. 

C’est une « montagne colossale » que nous avons décidé de gravir ensemble, a reconnu M. DAVID STEVEN, Directeur adjoint du Centre de la coopération internationale, en évoquant les futurs objectifs de développement durable pour l’après-2015.  Il a prédit qu’aucun pays ou institution ne pourrait se prévaloir, le 1er janvier 2016, de lancer les initiatives nécessaires pour les atteindre, mais il a conseillé à chaque partie prenante de se fixer des priorités pour les cinq premières années du futur programme.  Il a aussi recommandé de penser aux menaces transfrontalières qui exigent une réponse collective.  À son avis, les organisations régionales auront un grand rôle à jouer pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, avec l’adoption de feuilles de route pour des périodes allant de 2 à 3 ans.  Il faudra, a-t-il ajouté que chaque organisation régionale définisse ses propres priorités et soit prête à rendre des comptes sur la mise en œuvre.

M. ALI SHAHBAZ, de l’Institut de politiques sur le développement durable, a souligné que l’expertise des organisations régionales sur certaines questions devrait inciter les Nations Unies à travailler avec elles.  Il a recommandé de coopérer avec des groupes de la société civile en vue également de les autonomiser.  Les acteurs tels que les femmes ne sont pas seulement l’objet des objectifs de développement durable, mais aussi des moteurs de changement, a-t-il ajouté.  Il a voulu une stratégie de mise en œuvre pour garantir la réalisation des objectifs.  M. Shahbaz a posé les questions suivantes: quelles sont les priorités qui nous permettront de trouver les points communs à toutes les régions?  Quelle est l’organisation la plus importante dans ce processus?  Pour y répondre, il a estimé que le programme de l’après-2015 concernait tout le monde. 

Au cours du débat qui a suivi avec les délégations, les délégations, comme le représentant de la Chine, ont appelé à approfondir la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.  Celles-ci devraient être encouragées à régler les différends à l’intérieur de leur région par la médiation et les bons offices, en respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays, a estimé le délégué chinois.  À son avis, les organisations régionales ont un rôle important à jouer du fait de leur expérience particulière.  De même, le représentant de la Fédération de Russie a invité à tirer parti des connaissances spéciales des organisations régionales et sous-régionales, grâce à une « coopération mutuellement enrichissante ».

De l’avis du représentant de l’Inde, la coopération avec les organisations régionales implique l’examen du fonctionnement de l’ONU.  Faisant remarquer que le tiers des travaux du Conseil de sécurité concernait l’Afrique, il a estimé que l’efficacité de ces travaux était sapée par le fait qu’aucun membre permanent ne représente ce continent.  Il a donc invité à corriger cette injustice historique.

Le représentant du Brésil a prévenu qu’il fallait tenir compte des divergences qui existent parfois entre des États d’une même région, ou des cas dans lesquels des pays appartiennent à plusieurs régions à la fois.  En Libye, par exemple, la coopération internationale n’a pas donné lieu à la meilleure stratégie possible, a-t-il estimé.  Il a par ailleurs plaidé en faveur d’un forum pour le développement durable de sa région.

Il ne faut pas réduire le débat sur la coopération à une question d’argent, a demandé pour sa part le représentant des États-Unis après avoir mentionné l’aide de son pays à la Mission de l’Union africaine en Somalie (500 millions de dollars) et à la Mission au Mali (180 millions de dollars).  La contribution financière ne suffit pas, a-t-il en effet estimé, en mettant l’accent sur l’appui politique, militaire ou autre forme de coopération.

 

                                                     

 

 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission entame sa reprise de session du mois de mai consacrée au budget du maintien de la paix, estimé à 8,5 milliards de dollars pour l’exercice 2015/2016

Première partie de la reprise de session,
35e séance – matin
AG/AB/4152

La Cinquième Commission entame sa reprise de session du mois de mai consacrée au budget du maintien de la paix, estimé à 8,5 milliards de dollars pour l’exercice 2015/2016

Elle examine les recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur le financement de 15 missions actives et 31 missions terminées

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a entamé, ce matin, sa session du mois de mai consacrée au financement des opérations de maintien de la paix (OMP) au cours de l’exercice annuel allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016 (exercice 2015/2016). 

Alors que le projet de budget des OMP proposé par le Secrétaire général s’élève à 8,5 milliards de dollars pour l’exercice annuel 2015/2016, la représentante de l’Union européenne (UE) –qui a rappelé que les États membres de l’UE contribuent à hauteur de 38% au budget des OMP onusiennes– a appelé à la plus grande discipline budgétaire.  Alors que la représentante des États-Unis a appelé à s’assurer que les budgets adoptés correspondent aux besoins réels des OMP et soient le fruit d’une gestion prudente, le délégué de l’Équateur, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a demandé que les missions politiques spéciales cessent d’être financées par le budget ordinaire, mais qu’elles le soient plutôt par le biais de comptes distincts qui leur soient spécifiquement destinés, comme cela est déjà le cas pour les OMP. 

Outre le financement des missions de maintien de la paix1 qui ont été déployées ou le sont encore en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), au Timor-Leste (MINUT), au Soudan (MINUS), en République arabe syrienne, au Kosovo (MINUK) et au Sahara occidental pour l’organisation d’un référendum (MINURSO), la Cinquième Commission était aussi saisie des recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC) relatives au financement de 15 missions actives et de 31 missions dont les déploiements ont pris fin au 30 juin 2014. 

Elle était aussi saisie d’un rapport du Comité des commissaires aux comptes (1) mettant l’accent sur la mauvaise gestion des transports aériens et notant que 20% des heures de vol budgétisées n’ont pas été utilisées en 2013/14.  Le CCC a aussi regretté dans son rapport l’augmentation de 25% du coût des dépenses afférentes aux voyages, qui sont passées de 46,42 millions de dollars durant l’exercice 2011/12 à 65,55 millions de dollars durant l’exercice 2013/14. 

Présentant un rapport2 du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) son Président, M. Carlos Ruiz Massieu, a invité le Secrétaire général à cesser de recourir aux excédents de missions terminées pour financer des missions existantes toujours en cours.  Ce rapport montre qu’au 30 juin 2014, 20 des 25 missions considérées comme terminées présentaient un excédent de trésorerie de 59 millions de dollars, qui allait être porté à 90 millions de dollars après le remboursement d’un montant de 31 millions de dollars dû par deux missions en activité. 

Il a été précisé que l’affectation du montant des excédents de trésorerie des missions terminées utilisés pour atténuer le déficit des missions en activité s’élevait à 51 millions de dollars au 30 juin 2012, à 41 millions de dollars au 30 juin 2013, et à 31 millions de dollars au 30 juin 2014.  La MINURSO et la MINUK font partie des missions actives qui en bénéficiaient au 30 juin 2014. 

Présentant le rapport du Secrétaire général sur la question, Mme Bettina Tucci Bartsiotas, Contrôleur de l’ONU, a suggéré d’autoriser le maintien d’un solde net de trésorerie de 59 millions de dollars disponible dans les comptes de 20 missions terminées au 30 juin 2014, ceci au cas où la création d’un mécanisme de 100 millions de dollars permettant de faire face aux besoins de trésorerie des OMP en cours n’était pas approuvée. 

Dans le cadre de l’examen du budget de la MINUK, la représentante de la Serbie s’est inquiétée de la tendance à la diminution des effectifs de la MINUK qui, a-t-elle estimé, ne dispose plus des moyens d’appliquer son mandat dans les meilleures conditions.  Ceci fait que la protection des minorités serbes et non albanaises, dont les droits continuent d’être violés, et la liberté de mouvement continuent d’être menacées. 

Les rapports du CCC ont été présentés par M. Francis Kitauli, ceux du Secrétaire général par le Contrôleur des Nations Unies, Mme Bettina Tucci Bartsiotas.  Les rapports du CCQAB ont quant à eux été présentés par M. Carlos Ruiz Massieu.

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine réunion mercredi, le 6 mai, à 10 heures.

1A/69/841, A/69/851, A/69/848, A/69/847, A/69/839/Add.10, A/69/839/Add.3;

2A/69/5 (Vol. II);

3A/69/659 et A/69/827.

ORGANISATION DES TRAVAUX

Déclarations

Mme KAREN LINGENFELDER (Afrique du Sud), a pris la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et elle a regretté la soumission tardive d’un certain nombre de rapports à l’examen de la Cinquième Commission ainsi que la traduction de ces documents, qui a également connu un certain retard.  Ceci empêche les délégations de préparer aussi bien qu’elles le voudraient les discussions.  Alors que les budgets des opérations de maintien de la paix (OMP) ont fortement augmenté ces dernières années, les États Membres ont toujours moins de temps pour examiner ces budgets, ce qui nuit à leur travail, a aussi déploré Mme Lingenfelder.  Nous espérons que le Secrétariat poursuivra les efforts qu’il doit mener afin de respecter les résolutions de l’Assemblée générale sur la question des retards, a-t-elle dit.  Le Groupe des 77 et la Chine rappellent que le Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) est censé traiter un nombre croissant de rapports au cours des semaines de travail qui lui ont été accordées et dont le nombre n’a pas changé, a noté la représentante.  Elle a ensuite souligné le caractère provisoire du programme de travail de la Commission, qui sera revu au fur et à mesure des avancées accomplies dans les négociations.  Nous sommes conscients que les budgets des OMP sont assortis de calendriers et nous espérons avoir suffisamment de temps pour les examiner de manière approfondie, a-t-elle souligné.

La représentante du Groupe des 77 et de la Chine a espéré que les budgets des missions de paix dont la fermeture est effective et des OMP actives seraient dûment examinés.  Pour les questions transversales, elle a rappelé qu’un Groupe de travail examinait actuellement l’ensemble des OMP.  Les questions transversales devront donc être examinées de façon pratique, dans l’attente de la conduite d’un examen approfondi une fois que le rapport du Groupe de travail sera publié.  La représentante a ensuite expliqué qu’il fallait baser les budgets des OMP sur leurs besoins réels.  Elle a rappelé qu’il fallait explorer des options pour le financement de ces opérations et évaluer la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions du Secrétaire général, notamment le centre financier de services régionaux.  Il faudra aussi parler des questions non réglées concernant les remarques soulevées par les pays contributeurs de contingents.  En ce qui concerne le travail de la Commission, la représentante a invité à respecter le principe fondamental de l’égalité souveraine des États Membres, en plaidant en faveur de la transparence et de l’ouverture du processus de négociations.  Le Groupe des 77 et la Chine estiment que les discussions ne doivent pas être menées uniquement au niveau des ambassadeurs, a relevé Mme Lingenfelder.  Elle a aussi demandé l’amélioration des méthodes de travail de la Commission.  Nous allons soumettre notre position à ce sujet par écrit, a-t-elle annoncé en précisant que cela ne se ferait qu’après la deuxième reprise de session, afin de ne pas retarder les travaux de fond de la Commission.  Elle a donc demandé à la Commission de ne pas publier la compilation des avis sur les méthodes de travail avant la soumission de ce document.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a dit qu’il est nécessaire de veiller à ce que les opérations de maintien de la paix (OMP) disposent des moyens nécessaires pour la mise en œuvre de leur mandat.  Il a dit que la CELAC accordera une grande attention au financement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et aux prévisions de dépenses des missions politiques spéciales.  Le représentant de la CELAC a appelé les autres États Membres et Groupes d’États à adopter, au cours des travaux, une démarche qui soit la plus pragmatique possible en attendant la parution du rapport du Groupe indépendant de haut niveau sur les OMP.  La CELAC salue la reconnaissance de l’importance du cinquième rapport annuel sur la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions, et se félicite en particulier de la modification du financement du centre de services.

Le représentant de l’Équateur a indiqué que la CELAC est opposée à toute proposition visant à parvenir à un budget des OMP qui soit commun et unique.  Il a ajouté que chaque OMP est unique et doit avoir un budget autonome et distinct, qui doit être planifié et adopté conformément à ses besoins précis.  « Au moment d’élaborer les projets de budgets, le Secrétaire général doit respecter strictement les mandats qui émanent des organismes délibérants », a insisté le représentant de l’Équateur au nom de la CELAC.  Il a indiqué que ce Groupe d’États présentera ses revendications relatives à la MINUSTAH lors de la présentation du rapport concernant cette Mission.  Par ailleurs, il a jugé inadéquate la méthode actuellement en vigueur pour le financement des missions politiques spéciales avant d’estimer que le financement de ces missions spéciales pourrait être amélioré par la création d’un compte spécial et distinct pour chacune d’elles.  

M. ABDELHAKIM MIHOUBI (Algérie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a noté qu’il n’y avait pas moins de 90 documents et 20 points à l’ordre du jour sur lesquels les délégations doivent travailler pendant cette reprise de session des travaux de la Cinquième Commission.  Il a cependant regretté que la majorité de ces documents ne soient pas encore publiés ou traduits.  En ce qui concerne les propositions budgétaires avancées pour les missions de maintien de la paix, il a souhaité qu’elles soient dûment examinées, en prenant en compte la spécificité des mandats de chacune des missions et les contextes uniques dans lesquels opère chacune d’elle sur le terrain.  Rappelant que l’Assemblée générale a décidé que ces propositions doivent être examinées sur la base des mandats prévus par le Conseil de sécurité, il a dit que le Groupe des États d’Afrique ne voulait pas d’une approche qui préjugerait des mandats des opérations de maintien de la paix.

Le Groupe africain se félicite des efforts menés par le Département d’appui aux missions (DAM) et par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) pour faciliter le voyage sur le terrain accompli par la Cinquième Commission en février dernier.  Cette mission de la Commission a permis de constater les difficultés auxquelles se heurtent les missions de maintien de la paix, a dit M. Mihoubi.  Le Groupe africain, a-t-il expliqué, va donc examiner de près les propositions budgétaires en ayant à l’esprit la nécessité de résoudre les problèmes qui se posent sur le terrain.  Le Groupe des États d’Afrique suivra de près les questions à l’ordre du jour, et en particulier celles mentionnées dans les rapports du Comité des commissaires aux comptes.  Enfin, indiquant que le Groupe africain était conscient de la lourde charge de travail de la Commission, M. Mihoubi a invité ses membres à travailler de manière à conclure les travaux de la session dans les temps.  Il a souligné que le Groupe africain ne soutient pas l’organisation de négociations à huis clos mais appelle, au contraire, à la tenue de négociations ouvertes, transparentes et inclusives.

Mme CARMEL POWER, Union européenne, a rappelé que la quote-part totale des États membres de l’Union européenne s’élève à 38% du budget des OMP.  Notant que le montant total des budgets de maintien de la paix proposés par le Secrétaire général pour l’exercice annuel allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016 est estimé à 8,49 milliards de dollars, la représentante de l’Union européenne (UE) a rappelé que les pays de l’Union européenne font face à de sévères contraintes budgétaires.  L’UE appelle donc l’ONU et ses organes à faire preuve de la plus grande discipline budgétaire possible.  Elle a regretté que la Commission n’ait pas pu, au cours des deux dernières années, adopter une résolution sur les questions transversales, et elle a dit que l’UE espérait que l’examen de cette question par la Commission connaîtrait une heureuse conclusion cette année.  Nous attendons avec intérêt d’examiner la situation de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) notamment dans le souci de faciliter le transfert des fonctions de la MINUAUCE aux autorités nationales des pays qui ont été affectés, aux fonds et programmes de l’ONU, et aux autres partenaires, a dit la représentante.

M. HIROSHI MINAMI (Japon) a déclaré que le Japon espérait que la session des travaux de la Cinquième Commission se terminerait dans les temps impartis, et sans retard, malgré le nombre de questions difficiles inscrites à son ordre du jour.  Indiquant que son pays est pleinement favorable aux OMP, il a dit que le Japon était prêt à les soutenir financièrement en espérant en même temps qu’elles soient « efficaces, performantes et responsables ».  M. Minami s’est inquiété de l’augmentation continue des budgets des OMP, soulignant qu’on avait atteint le chiffre record de 8,5 milliards de dollars.  À cet égard, a-t-il dit, le Japon est prêt à trouver un accord sur des niveaux budgétaires qui ne doivent ni dépasser un certain seuil ni tomber en dessous de ce qui est nécessaire pour que chaque mission puisse accomplir son mandat.  À cet égard, il a proposé d’examiner le financement des missions en voie d’achèvement, ainsi que le niveau des dépenses concernant le personnel civil.  M. Minami a enfin indiqué que sa délégation avait des questions à poser et qu’elle le ferait lors des négociations portant sur les questions transversales.  Le Japon veut notamment obtenir des réponses concernant la création d’un deuxième centre de services partagés et la séparation du budget du centre régional de services. 

Mme ISOBEL COLEMAN (États-Unis) a dit que sa délégation voulait s’assurer que les budgets adoptés correspondent aux besoins réels des OMP et soient le résultat d’une évaluation sobre des besoins et d’une gestion prudente.  Elle a indiqué que les nouvelles menaces auxquelles le monde doit faire face rappellent que les OMP sont déployées et fonctionnent dans des environnements de plus en plus dangereux.  Mme Coleman a noté que ces nouvelles menaces ont provoqué l’ajustement des mandats de plusieurs missions, et à cet égard a notamment cité les cas de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  La représentante a noté que la MINUSCA poursuivait son déploiement en République centrafricaine, et qu’au Mali, la MINUSMA continue de se déployer dans le nord du pays.  Dans ce contexte, la représentante des États–Unis a salué les initiatives du Secrétaire général en matière de stratégie et de gestion, qu’il a lancées pour s’assurer que les moyens soient adaptés aux besoins des missions.  Mme Coleman a salué tout particulièrement les évaluations stratégiques des missions, l’examen des besoins en personnel civil, et les études menées sur leurs capacités militaires. 

Alors que la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions doit être conclue à la fin du mois de juin 2015, la représentante des États-Unis a souligné l’intérêt que porte sa délégation à la question des services partagés pour le maintien de la paix.  Elle a souligné l’importance de la contribution du Bureau du partenariat stratégique pour le maintien de la paix pour pouvoir repérer les lacunes et défauts qui nuisent à l’exécution des mandats.  Mme Coleman a souligné l’importance des conclusions du Groupe d’experts sur la technologie et l’innovation dans les OMP et indiqué que le travail accompli serait utile à condition qu’il soit intégré dans la culture de l’Organisation.  Elle a ensuite estimé qu’il est nécessaire d’adopter des mesures plus fermes pour lutter contre les risques d’abus et d’exploitation sexuelle dans les zones où opèrent des forces de maintien de la paix.. 

M. SERGEY KHALIZOV (Fédération de Russie) a remarqué que, pour l’année budgétaire en cours, le montant total des dépenses de fonctionnement des OMP est proche du chiffre record de 8,5 milliards de dollars.  Il a aussi noté que, dans certains domaines, il faudrait prendre des mesures supplémentaires pour augmenter le rendement et l’efficacité de ces opérations.  Dans le même temps, a prévenu le représentant, il ne faut pas que l’optimisation des dépenses ait une incidence négative sur l’accomplissement des mandats.  En ce qui concerne la Stratégie d’appui aux missions, il a dit que sa délégation prenait note des doutes exprimés par le Comité des commissaires aux comptes sur la fin de ce processus dans les délais prévus.  Enfin, il a demandé qu’il soit tenu compte du fait que les États Membres n’avaient reçu aucune information sur la création d’un quelconque système de prestation mondiale de services dont ils entendent cependant parler aujourd’hui.

Mme CAROLINE NALWANGA (Ouganda) a dit que son pays suivra de près les délibérations relatives aux recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC), à la mise en œuvre de la Stratégie globale d’appui aux missions, et aux efforts de réforme des activités de maintien de la paix.  La représentante de l’Ouganda a espéré que les attentes du Groupe des États d’Afrique seront prises en compte en ce qui concerne la nécessité de garantir aux missions les moyens dont elles ont besoin pour mettre en œuvre leur mandat et le mener à bon port.  Nous attendons avec intérêt de discuter de la normalisation des méthodes de paiement pour les missions de maintien de la paix de l’ONU, a insisté la représentante de l’Ouganda.  

M. GUO XUEJUN (Chine) a plaidé en faveur de la mobilisation de ressources adéquates et suffisantes pour les OMP, afin de donner à l’ONU les moyens de jouer un rôle positif en matière de paix et de sécurité internationales.  Nous attendons le renforcement des mesures visant à réduire le gaspillage et à améliorer les capacités des OMP, a-t-il ajouté.  La Chine souhaite que les OMP deviennent plus performantes, a dit le représentant.  Il a en outre demandé de prendre davantage en compte les doléances et besoins exprimés par les pays fournisseurs de contingent et d’opérer à cet égard les remboursements qui leur sont dus.  Il faut, a-t-il ajouté, prendre également en compte les vues des pays intéressés en premier par les OMP, notamment les pays africains, qui hébergent sur leur sol la plupart des missions de maintien de la paix.  Le représentant de la Chine a aussi rendu hommage aux Casques bleus.  S’agissant de la situation financière de l’ONU, il a demandé aux États Membres de verser leurs contributions budgétaires à l’Organisation intégralement et sans retard.  Enfin, il a regretté la publication tardive des documents dont la Commission est saisie et a espéré que l’obstacle ainsi créé ne retarderait pas la conduite des travaux de la présente session.

RAPPORTS FINANCIERS ET ÉTATS FINANCIERS VÉRIFIÉS ET RAPPORTS DU COMITÉ DES COMMISSAIRES AUX COMPTES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le Rapport du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur les comptes des opérations de maintien de la paix et rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du CCC concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour l’exercice allant du 1er Juillet 2013 au 30 juin 2014 (A/69/838).

Le Comité des commissaires aux comptes (CCC) a examiné les comptes des opérations de maintien de la paix (OMP), de 15 missions actives, de 31 missions closes, ainsi que des quatre comptes spéciaux, c’est-à-dire le Fonds de réserve pour les OMP, le compte d’appui aux OMP, la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie) et le Fonds d’avantages du personnel.  Il n’a toutefois pas pu vérifier, comme prévu, ceux de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), car les déplacements vers le Libéria ont été limités en raison de la crise de l’Ebola, et les conditions de sécurité dans la zone d’opérations de la FNUOD n’ont pas été favorables.  Toutefois, le CCC a pu utiliser d’autres procédures d’audit pour obtenir l’assurance raisonnable que les états financiers étaient, dans leur ensemble, exempts d’inexactitudes significatives.

Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) félicite le CCC pour la qualité de son rapport et prend acte de l’examen qu’il a entrepris, à sa demande, de deux domaines spécifiques des opérations de maintien de la paix, à savoir la gestion des voyages et les ressources en matière d’informatique et de télématique.

Le CCC confirme que, dans l’ensemble, les missions sont financièrement stables et disposent de suffisamment de trésorerie pour financer leurs activités essentielles.  Au 30 juin 2014, les opérations de maintien de la paix disposaient d’un ensemble d’actifs d’une valeur de 4,85 milliards de dollars (dont 2,47 milliards de dollars d’actifs courants) et de passifs d’une valeur totale de 3,89 milliards de dollars, soit un ratio actif/passif confortable de 1,25.  D’après le CCC, cela est dû essentiellement au fait que les immobilisations corporelles et les stocks sont comptabilisés en tant qu’actifs, conformément aux Normes IPSAS.  Le CCC indique que des immobilisations corporelles et des stocks d’un montant de 1,74 milliard de dollars ne sont pas pris en compte dans le total de l’actif, dégageant un solde de 3,10 milliards de dollars, ce qui, contre un passif total de 3,89 milliards de dollars, donne un ratio actif/passif de 0,80.  À la demande du Comité consultatif, le CCC a fourni les ratios financiers des opérations de maintien de la paix au 30 juin 2014, indiqués dans le tableau ci-dessous.

Le CCQAB félicite le CCC pour le rôle important qu’il a joué en orientant l’application des Normes IPSAS à l’échelle du système des Nations Unies, au travers des observations et recommandations qu’il a formulées, et de sa collaboration avec l’équipe chargée du projet pour traiter certains sujets de préoccupation.

S’agissant de la gestion des voyages, le CCC fait observer également que l’application de la règle relative à l’achat des billets à l’avance pouvait encore être considérablement améliorée.  Le Comité consultatif rappelle que, dans sa résolution 67/254 A, l’Assemblée générale a noté que le Secrétaire général avait pris des dispositions afin que les billets d’avion soient réservés 16 jours avant chaque déplacement et l’a prié de ne ménager aucun effort pour réduire le nombre des voyages organisés dans un court délai et faire en sorte que les réservations soient faites aussi longtemps que possible avant la date du voyage.  Le CCQAB déplore que ces dispositions soient si peu respectées et souscrit à la recommandation du CCC selon laquelle l’Administration doit s’employer effectivement à faire respecter cette règle par le personnel et les missions et assurer un suivi à ce sujet (voir A/69/5 (Vol. II), chap. II, par. 64).

Pour ce qui est de la gestion des biens, le CCQAB partage l’avis du CCC et souligne que les missions devraient renforcer leurs procédures de gestion des biens, contrôler de près le vieillissement des stocks et veiller à ce que ceux-ci soient judicieusement déployés et redistribués.  Le Comité consultatif note que les problèmes de stocks vieillissants et de biens introuvables au moment de l’inventaire physique, entre autres, avaient déjà été relevés à plusieurs reprises par le CCC par le passé.  Le CCQAB exprime à nouveau sa préoccupation face aux insuffisances continues relevées par le CCC dans le domaine de la gestion des biens.

En ce qui concerne les achats et passation de marchés, le CCQAB regrette que les retards intervenus dans l’adjudication de renouvellements de marchés d’affrètement d’aéronefs aient conduit à des dépenses évitables d’un montant de plus de 3,4 millions de dollars.  Le Comité compte qu’aucun effort ne sera épargné pour empêcher que de tels retards pouvant entraîner des pertes significatives pour l’Organisation ne se produisent à nouveau dans le renouvellement ou la nouvelle mise en adjudication de marchés d’affrètement aérien pour les opérations de maintien de la paix.  Le Comité compte également que, si de tels problèmes venaient à se répéter, on s’efforcerait davantage de fournir à l’Assemblée générale une explication détaillée, indiquant notamment les personnes responsables des pertes subies.

Dans ses observations et recommandations relatives aux transports aériens (paragraphes 174 à 195 du chapitre II) le CCC relève les dysfonctionnements suivants: une nouvelle augmentation de la part des heures de vol budgétisées qui n’ont pas été utilisées dans les missions (20% en 2013/14 contre 13% en 2012/13), les principaux cas de sous-utilisation concernant la FISNUA, la MINUAD et la MINUSS; un déséquilibre entre le nombre d’heures de vol mises à la disposition de missions et le nombre d’heures de vol effectivement nécessaires (MINUSTAH, MONUSCO et FISNUA); une sous-utilisation de la charge utile et de la capacité passagers (MINUSMA, MONUSCO et FISNUA); des écarts importants dans le coût de l’heure de vol, pour un même type d’appareil (MINUAD, UNMISS et FISNUA); et de mauvais résultats dans l’attribution des tâches et dans la planification et la coordination des opérations aériennes stratégiques.

Pour ce qui est de la suite donnée aux recommandations du CCC, le CCQAB considère que les observations et informations figurant dans le rapport du Secrétaire général sur l’état d’avancement de l’application des recommandations du CCC ne sont pas suffisamment détaillées et ne permettent pas toujours de comprendre quelles mesures l’Administration a prises ou doit prendre pour donner suite aux recommandations du CCC.  Il recommande en conséquence à nouveau à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de donner des explications détaillées complémentaires sur les mesures prises pour appliquer les recommandations du CCC, et d’expliquer, s’il y a lieu, les facteurs qui font obstacle à leur application intégrale (voir A/67/381, par. 18).

Le CCQAB note que la récurrence des recommandations du CCC concernant certains sujets relatifs à la gestion des opérations de maintien de la paix peut indiquer que certains problèmes persistent d’une année à l’autre, ou alors révéler des sujets de préoccupation plus généraux (voir par. 17, 26 et 33 du présent rapport).  En dépit du fait que le CCC formule, en matière de gestion, des recommandations sur des sujets précis qui peuvent varier d’une année à l’autre compte tenu de la particularité des volets examinés, le CCQAB considère que la récurrence de ces recommandations montre qu’il convient de renforcer les mesures de contrôle interne, de perfectionner les mécanismes de surveillance et de veiller à ce que les règles et procédures en vigueur soient suivies plus strictement.  Il ne doute pas que le Secrétaire général redoublera d’efforts pour renforcer le dispositif de contrôle interne des opérations de maintien de la paix.

Déclarations

Intervenant une deuxième fois dans le débat de la Cinquième Commission ce matin, Mme KAREN LINGENFELDER (Afrique du Sud), qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a salué le travail effectué par le Comité des commissaires aux comptes (CCC) qui, aux yeux du G77 et de la Chine, produit des rapports de grande qualité et le fait en outre dans les délais impartis.  Elle a apprécié que les états financiers examinés, ainsi que leur audit, se basent sur les Normes IPSAS.  Le CCC a formulé 63 recommandations, dont 22 sont considérées comme principales, a-t-elle noté en les comparant aux recommandations qui ont été faites pour le cycle 2012/2013 et qui étaient au nombre de 49, dont 13 principales.  Elle a pris note des observations et recommandations formulées par le CCC sur les Normes IPSAS, la question des affrètements de moyens de transport aérien pour les OMP, et d’autres sujets.

Si des améliorations ont été obtenues sur certaines de ces questions, le G77 et la Chine sont cependant préoccupés que des lacunes persistent sur des questions telles que la gestion des avoirs, la mise en œuvre des budgets, les achats, ainsi que le matériel et le logiciel de technologies de l’information et des communications (TIC), a souligné Mme Lingenfelder.  La représentante s’est aussi inquiétée des lacunes importantes qui persistent en ce qui concerne la mise en œuvre de la Stratégie globale d’appui aux missions.  Pour ce qui est de la mise en œuvre des recommandations du CCC pour 2012/2013, elle a pris note que 51% de ces recommandations avaient été appliquées pleinement et 35% partiellement, soit une augmentation de 8% en ce qui concerne la mise en œuvre des recommandations du Comité des commissaires aux comptes.  Elle a réitéré la nécessité de mettre en œuvre pleinement et sans délai ces recommandations en mettant l’accent sur la responsabilisation des fonctionnaires.

Dans sa deuxième intervention, Mme CARMEL POWER (Union européenne) a souligné l’importance que prennent les compétences des experts du Comité des commissaires aux comptes (CCC) dans le contexte de l’augmentation constatée dans les requêtes budgétaires des OMP.  Elle a noté que le CCC a signalé clairement un certain nombre de questions pressantes, dont celles de l’amélioration de l’élaboration et de la gestion du budget, notamment dans les domaines de la gestion des voyages, de la gestion des biens, des achats, de la passation des marchés, de l’affrètement des moyens de transport aérien, de la gestion des projets à impacts rapides, du choix et de l’acquisition des logiciels de technologie de l’information et des communications les mieux adaptés.  La représentante a dit que l’UE appuie les recommandations du CCC, et elle a salué les efforts menés par l’administration pour augmenter le taux de mise en œuvre des recommandations du Comité.  Elle a aussi exhorté l’ONU à renforcer son cadre de contrôle interne des opérations de maintien de la paix. 

Mme NATALIA MAHMUD (États-Unis) a estimé que le contrôle des budgets des OMP par des experts était primordial.  Elle a salué l’augmentation du taux d’application des recommandations du CCC, ainsi que la conformité des états financiers aux Normes IPSAS.  Elle s’est toutefois inquiétée des dépenses engagées pour les voyages, notant que les budgets afférant aux déplacements avaient augmenté de 25%.  La représentante a demandé au Centre stratégique des opérations aériennes de recenser les économies et les gains en efficacité qu’il serait possible de réaliser dans ce domaine.  En ce qui concerne la gestion des avoirs, elle a estimé que les missions de maintien de la paix devraient suivre de près le niveau des stocks existants de matériels.  Il faut également justifier l’utilisation des divers articles achetés, a-t-elle demandé.  Enfin, elle a souligné qu’il fallait trouver des réponses au problème que posent les retards constatés dans les procédures de passation de marchés. 

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES: MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DONT LE MANDAT EST TERMINÉ

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la situation financière des opérations de maintien de la paix au 30 juin dont le mandat est terminé (A/69/827)

Le Comité consultatif a été informé qu’au 11 février 2015 le montant net des liquidités pouvant être portées au crédit des États Membres par les 20 missions était passé à 85 765 000 dollars, et serait de 90 765 000 dollars après remboursement du montant de 5 millions de dollars dû par une mission en activité: la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo.  Le Comité prend note de l’amélioration de la situation de trésorerie des missions terminées ayant un excédent de trésorerie et rappelle à nouveau qu’il compte que le montant de l’excédent de trésorerie pouvant être porté au crédit des États Membres sera rapidement versé dans son intégralité.

Pour ce qui est des données historiques sur les avances prélevées sur les comptes de missions terminées au profit de missions en activité pour la période allant du 1er juillet 2009 au 30 novembre 2014, le CCQAB note que ces avances ont atteint leur montant le plus élevé en septembre 2011 (93 millions de dollars) et, dans les années qui ont suivi, en juillet et août 2012 (62 millions de dollars), en août 2013 (57 millions de dollars) et en août 2014 (43 millions de dollars).  Le CCQAB note que le niveau de ce plafond diminue régulièrement au fil des années et que sur les trois années écoulées, le montant maximal des avances intercomptes a été de 62 millions de dollars.

Le Comité consultatif rappelle que la proposition ayant pour objet d’autoriser le versement d’avances entre missions en activité risquait d’inciter les États Membres à payer tardivement, voire à ne pas payer du tout leurs quotes-parts, comme le montrait l’exemple de ces missions dont le mandat était terminé, mais qui étaient encore débitrices de sommes empruntées de longue date à d’autres missions.

S’agissant de la proposition du Secrétaire général de créer un fonds de roulement de 100 millions de dollars pour les opérations de maintien de la paix pour éviter le recours à des avances, le CCQAB estime que cette proposition reviendrait à faire contribuer des États Membres qui se sont déjà acquittés de la totalité de leurs quotes-parts.  Le CCQAB reste d’avis que les propositions du Secrétaire général ne tiennent pas compte des réserves qu’il n’a cessé d’émettre quant au fait d’utiliser des sommes dues aux États Membres qui ont payé intégralement et ponctuellement leurs quotes-parts pour permettre aux États Membres qui n’ont pas payé les leurs de s’acquitter rapidement de leurs obligations financières envers l’Organisation.

Le CCQAB note que, même si le montant global des avances accordées par des missions en activité est en baisse, le fait que certaines missions continuent de compter sur les avances prélevées sur les comptes de missions dont le mandat est terminé, reste préoccupant.  Le Comité invite instamment le Secrétaire général à continuer de réfléchir à des solutions possibles pour régler le problème du retard de paiement des quotes-parts, notamment à remanier les mécanismes chargés d’envoyer les avis de mise en recouvrement, à assurer le suivi des contributions non acquittées et à relancer plus activement les États concernés.

Déclaration

Intervenant de nouveau, Mme KAREN LINGENFELDER (Afrique du Sud), porte-parole des États membres du Groupe des 77 et de la Chine, a exprimé la préoccupation qu’éprouvent ces États en ce qui concerne le déficit de liquidités affectant plusieurs missions de maintien de la paix officiellement fermées, mais dont les passifs ne peuvent pas de ce fait être résorbés, ce qui crée une situation qui est due au retard de paiement de leurs contributions par certains États Membres.  Ces arriérés de versement de contributions entrainent des retards de paiement.  De ce fait, des sommes importantes sont depuis longtemps dues aux pays fournisseurs de troupes, a-t-elle regretté en soulignant que ces États Membres contributeurs de troupes et de contingents sont pour leur part à jour en ce concerne le paiement de leurs contributions aux budgets de l’ONU.  Mme Lingenfelder a rappelé à ce propos l’obligation juridique qui incombe aux États Membres, en vertu de la Charte des Nations Unies, de payer intégralement, sans condition, et dans les délais impartis leurs contributions aux budgets de l’ONU.  Elle a donc demandé aux États concernés de s’atteler à résoudre les problèmes de liquidités qui se posent aux OMP, tout en trouvant une solution viable à la question des remboursements dus aux pays contributeurs de troupes et de police pour les OMP fermées. 

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Financement de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) (A/69/596et A/69/841)

Rapport du CCQAB sur le financement de la MINURCAT (A/69/841)

Après avoir examiné le rapport du Secrétaire général sur le financement de la MINURCAT, qui rend compte de la liquidation des actifs de cette Mission, le CCQAB recommande que l’Assemblée générale en prenne note, sous réserve des commentaires et observations qu’il formule.

Le CCQAB note, par exemple, que les actifs transférés d’une mission à une autre conservent une valeur d’usage, laquelle ne peut donc pas être comptabilisée comme nulle.  Le Comité consultatif compte donc sur le Secrétaire général pour qu’il s’assure que ces actifs sont comptabilisés en fonction de leur valeur résiduelle, conformément aux principes comptables des normes IPSAS. 

Le CCQAB espère par ailleurs que l’application des normes IPSAS et du système Umoja permettra de faire en sorte que les difficultés rencontrées quant à la comptabilisation et l’enregistrement exacts des actifs soient réduites autant que faire se peut dans les liquidations futures de mission.

Financement de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) (A/69/591, A/69/729 et A/69/839/Add.10)

Rapport du CCQAB sur le financement de la MINUK (A/69/839/Add.10)

Le projet de budget de la MINUK pour l’exercice allant du 1er juillet 2015 au 30juin 2016 s’élève à 41 442 400 dollars, soit une diminution de 1 529 200 dollars (3%), en valeur brute, par rapport aux crédits ouverts pour l’exercice 2014/15 (42 971 600 dollars).  Le Comité consultatif recommande que l’Assemblée générale ouvre et mette en recouvrement un crédit de 41 505 200 dollars aux fins du fonctionnement de la Mission pendant l’exercice de 12 mois allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016.

Le Comité consultatif constate que la diminution des ressources demandées pour l’exercice 2015/16 est essentiellement imputable à la baisse des dépenses prévues au titre du personnel recruté sur le plan international et des dépenses au titre du personnel recruté sur le plan national, ainsi que la diminution des crédits demandés au titre des communications.

Le Comité consultatif constate qu’il n’est toujours pas expliqué, dans les raisons avancées pour justifier la suppression du poste P-4, comment les fonctions de prévention et de traitement des affaires relatives à la déontologie et à la discipline pourraient être assurées avec efficacité et en temps voulu pour le compte de la MINUK si le titulaire du poste n’est pas présent sur place. En conséquence, le Comité consultatif se prononce contre la suppression proposée du poste P-4 de spécialiste de la déontologie et de la discipline.

Déclarations

Mme KATARINA LALIĆ SMAJEVIĆ (Serbie) a réitéré le soutien de la Serbie à la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), jugeant cruciale la présence de cette Mission de l’ONU pour la stabilité de la province et la création de conditions propices à une solution durable à la question du Kosovo et Metohija.  Elle a jugé particulièrement important que la MINUK joue un rôle actif dans la création de la Communauté de municipalités serbes, le retour de personnes déplacées, la détermination de la confession des personnes disparues, la protection des sites d’héritage culturel et religieux, le contrôle de la situation dans les zones de protection spéciale, ainsi que pour faciliter la participation du Kosovo aux réunions internationales. 

L’accomplissement de ces objectifs requiert des fonds et un personnel suffisants, a-t-elle remarqué en s’inquiétant de la tendance à réduire la dimension de la MINUK.  Tout en étant consciente des restrictions financières qui affectent le déploiement de missions de maintien de la paix, elle a demandé de ne pas réduire les effectifs ou le mandat de la MINUK mais, au contraire, de renforcer ses activités.  Tout en constatant que le budget 2015/2016 prévu pour cette Mission n’envisage pas de réduction des postes internationaux, elle a exprimé la déception qu’éprouve sa délégation de ne pas voir leur nombre augmenter.  Elle a aussi regretté que le Secrétaire général propose de supprimer le poste de grade P-4 de fonctionnaire chargé de la déontologie et de la discipline.  La délégation serbe estime que les fonctions de déontologie et de discipline ne peuvent pas être accomplies dans un lieu situé en dehors de la Mission.  Le CCQAB est également contre la suppression de ce poste, a-t-elle fait remarquer.  Enfin, la représentante de la Serbie a apprécié que la proposition budgétaire prévoie 414 000 dollars pour la mise en œuvre sur le terrain de 20 projets à impact rapide visant à renforcer la coopération inter-municipale et interethnique et la réconciliation.

Le représentant de l’Algérie a pris la parole pour indiquer que le Groupe des États d’Afrique interviendra sur le point 130 de l’ordre du jour relatif aux rapports financiers, états financiers vérifiés et rapports du Comité des commissaires aux comptes la semaine prochaine.    

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance sur les questions autochtones brandit son droit de contribuer à l’agenda du développement post-2015 et propose la proclamation d’une année internationale des camélidés

Instance permanente sur les questions autochtones - Quatorzième session,
17e séance – après-midi
DH/5254

L’Instance sur les questions autochtones brandit son droit de contribuer à l’agenda du développement post-2015 et propose la proclamation d’une année internationale des camélidés

L’Instance permanente sur les questions autochtones a fait valoir aujourd’hui son droit de contribuer à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, avant que sa Présidente ne mette fin à la session d’un organe « né du plaidoyer des Premières Nations pour avoir leur place aux Nations Unies ».  Les travaux, qui avaient débuté le 20 avril dernier, ont aussi donné lieu à des recommandations* sur la suite à donner à la toute première Conférence mondiale sur les peuples autochtones, la proclamation d’une année internationale des camélidés et la nomination d’un rapporteur spécial sur le suicide chez les jeunes autochtones.

« Les autochtones sont chez eux aux Nations Unies », a déclaré la Présidente de l’Instance permanente, Mme Megan Davis, en paraphrasant l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan.  Chaque année, a-t-elle souligné, ces peuples viennent témoigner de terribles histoires de violations de leurs droits fondamentaux et présenter des idées novatrices pour aider les États à mettre en œuvre le droit à l’autodétermination.

Parmi ces « idées novatrices », l’Instance permanente a demandé aux États d’incorporer les engagements pris dans le Document final de la toute première Conférence mondiale sur les peuples autochtones, tenue en septembre 2014, dans le programme de développement pour l’après-2015, en particulier les mesures concrètes relatives à la ventilation des données, aux droits fonciers, à l’application du principe du consentement préalable, libre et éclairé et à l’accès à la justice, sans oublier la nécessité de disposer d’indicateurs. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales est appelé à définir une procédure propre à garantir la participation directe des représentants des peuples autochtones à la préparation du plan d’action à l’échelle du système pour la mise en œuvre du Document final de la Conférence mondiale.  Les États, les organismes et les représentants de haut niveau du système des Nations Unies, a poursuivi l’Instance, devraient veiller à ce que les peuples autochtones participent directement au Forum politique de haut niveau sur le développement durable, à la réunion de haut niveau sur les changements climatiques, à la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à la onzième Conférence des Parties au Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la  troisième Conférence internationale sur le financement du développement.

L’Instance permanente a d’ailleurs recommandé au Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) d’accorder une attention particulière à la vulnérabilité des peuples autochtones de la région du Pacifique, eu égard notamment aux effets des changements climatiques.  Elle a invité les États Membres et les institutions de protection des droits de l’homme à envisager d’examiner la question des déplacements forcés des communautés autochtones.

Les États et les organismes des Nations Unies ont aussi été invités par l’Instance à élaborer des politiques sociales permettant de promouvoir la restauration ou le rétablissement de la culture des variétés locales qui résistent à la sécheresse pour assurer la sécurité alimentaire.  Ces États devraient étudier la possibilité de promulguer une«  Année internationale des camélidés » afin d’appeler l’attention sur la gestion des terres, territoires et ressources nécessaires à l’élevage de ces camélidés.  L’Instance a, en particulier, recommandé au Mali, au Burkina Faso et au Niger ainsi qu’aux organismes pertinents des Nations Unies de mettre en place, en ayant dûment consulté les peuples autochtones, un comité ayant pour vocation de prévenir les crises alimentaires dans la région du Sahara. 

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a poursuivi l’Instance, devrait organiser des formations et d’autres actions de renforcement des capacités et établir des mécanismes de participation dans les instruments et organes de la FAO qui intéressent les peuples autochtones.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), entre autres, a été appelé à aider l’Instance à mettre au point un indice de développement. 

Sur le front des droits de l’homme, l’Instance a engagé instamment l’ensemble des organismes des Nations Unies à prendre les mesures qui s’imposent contre les allégations d’atrocités et de violations commises à l’encontre des peuples autochtones au Canada, en Finlande, en Indonésie, au Mexique, en Tanzanie, en Australie occidentale et dans d’autres régions.   Elle a aussi demandé au Secrétaire général d’envisager de nommer un rapporteur spécial chargé d’examiner le phénomène de l’automutilation et du suicide chez les enfants et les jeunes autochtones et à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) d’élaborer une stratégie pour s’attaquer à ce problème, en commençant par réunir des données concrète sur l’ampleur du phénomène et par établir un recueil des bonnes pratiques en matière de prévention.  Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) est quant à lui prié d’établir « immédiatement » une politique spéciale globale qui tienne compte de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a insisté l’Instance avant de se féliciter de ce que le Conseil des droits de l’homme engage à sa session de juin 2015 un examen du mandat du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones.

Enfin, l’Instance a recommandé au Conseil économique et social d’autoriser la tenue d’une réunion de trois jours d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Préservation et revitalisation des langues autochtones.  L’ECOSOC devrait aussi autoriser l’Instance à tenir sa prochaine session, du 9 au 20 mai 2016, dont un débat sur le thème « Les peuples autochtones: conflits, paix et règlement ».  La Présidente de l’Instance a annoncé l’ajout à l’ordre de jour d’un nouveau point sur la mise en œuvre des six domaines prioritaires de Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 

À partir de 2016, a-t-elle indiqué, la liste des orateurs sera arrêtée avant la réunion; une meilleure organisation permettant d’attirer davantage de hauts responsables de gouvernements et d’experts.  La Présidente a aussi appelé ses collègues de l’Instance à limiter à 15 leurs recommandations, pour éviter qu’on ne se retrouve devant 25 recommandations non mises en œuvre.  Tant que nous aurons un tel nombre de recommandations vaines, nous nous abstiendrons d’en adopter d’autres, a-t-elle proposé.  Il faut des recommandations conformes aux normes des droits de l'homme, qui mettent le doigt sur les bonnes pratiques et qui prennent en compte les lacunes et les défis des problèmes urgents auxquels se heurtent les autochtones.  Il faut des recommandations pertinentes, réalisables, quantifiables, claires et transparentes, a insisté la Présidente.

À l’occasion du dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, l’Instance a demandé à la Commission de la condition de la femme de faire de l’autonomisation des femmes autochtones une question prioritaire en 2017.

*E/C.19/2015/L.2 à L.10 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire entend le vibrant plaidoyer d’ONG en faveur de l’élimination des armes nucléaires

Conférence d’examen du TNP,
9e séance – après-midi
CD/3558

La Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire entend le vibrant plaidoyer d’ONG en faveur de l’élimination des armes nucléaires

                 

Les organisations non gouvernementales invitées à prendre part aux travaux de la Conférence d’examen de 2015 ont lancé aujourd’hui un vibrant appel pour l’élimination totale des armes nucléaires au cours d’une réunion inscrite à l’agenda de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dont la session quinquennale se tient au Siège des Nations Unies, à New York, jusqu’au 22 mai.

En présence de plusieurs Hibakusha, –personnes qui ont survécu aux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki- les ONG, ainsi que les maires de ces deux villes japonaises, ont notamment exhorté les États Parties au TNP à entamer sans tarder des négociations en vue de l’adoption d’un traité interdisant la fabrication, la détention et l’utilisation de ces « armes inhumaines », traité qui serait la première étape sur la voie de leur élimination.

Ce segment des travaux de la Conférence d’examen, animé par M. Akira Kawasaki, de l’organisation Peace Boat, et consacrée à la présentation des exposés des ONG, s’est ouverte sur les témoignages émouvants des survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, qui ont eu lieu il y a près de 70 ans.  

« Les souffrances endurées à Hiroshima et Nagasaki ne doivent plus jamais se répéter », a souligné M. Terumi Tanaka, qui a survécu au bombardement atomique de la ville de Nagasaki, et qui est membre de l’association Hibakusha, Nihon Hidankyo.  « Nous devons faire preuve de la plus grande sagesse humaine en interdisant ces armes inhumaines », a-t-il dit.

Ce vœu exprimé par M. Tanaka a été repris par Mme Setsuko Thurlow, survivante du bombardement d’Hiroshima, qui a indiqué qu’elle l’exprimait « au nom de toutes les victimes du nucléaire, à Hiroshima, à Nagasaki, mais aussi, à Tchernobyl, en Polynésie française, dans les Îles Marshall, ou à Fukushima ».  Elle a salué l’émergence d’un mouvement mondial en faveur de l’établissement d’un traité d’interdiction des armes nucléaires, dont l’initiative est menée par des pays tels que la Norvège et l’Autriche et par des organisations de la société civile.  « Le monde est à cet égard impatient », a affirmé la survivante d’Hiroshima.

« Les armes nucléaires sont le mal absolu », a déclaré M. Katzumi Matsui, maire d’Hiroshima, avant de rappeler que 140 000 personnes avaient trouvé la mort lors du bombardement de la ville qu’il dirige aujourd’hui il y a près de 70 ans.  Il a indiqué que l’adoption d’un traité d’interdiction des armes atomiques permettrait de combler le fossé juridique entre le droit existant d’un côté, et de l’autre l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires.  Le maire de la ville de Nagasaki a, quant à lui, demandé l’établissement d’une zone exempte de l’arme nucléaire en Asie du Nord-Est.

Ce point de vue a été partagé par Mme Daniela Verano, de l’organisation ICAN, qui a indiqué que la Conférence d’examen du TNP était l’occasion d’avancer sur la voie de l’interdiction de la fabrication, de la détention et de l’usage de l’arme atomique, « avec ou sans les pays dotés de l’arme nucléaire ».  Cette interdiction est possible, a-t-elle dit, ajoutant que ceux qui s’opposeraient à ces négociations feraient le jeu des pays dotés de l’arme nucléaire.

La représentante de l’ONG Women’s International League for Peace and Freedom a noté que 18 États étaient désormais en faveur d’une telle interdiction, tandis que son homologue de People for nuclear disarmament a rappelé que la « survie de l’humanité dépendait de la mise hors la loi de l’arme nucléaire ».  Les délégués de Peace and Planet Mobilisation et d’IALANA ont, pour leur part, demandé que cette indiction intervienne dans un délai raisonnable.

La jeune déléguée de l’organisation non gouvernementale Ban All Nukes generation (BANg) a accusé les dirigeants mondiaux d’avoir oublié leur idéalisme de jeunesse en ce qui concerne l’interdiction des armes nucléaires.  « Parce que la dernière catastrophe nucléaire s’est déroulée il y a 70 ans, la communauté internationale est comme cet individu jeté d’un gratte-ciel qui se dit, alors que les étages défilent et que sa chute se poursuit, que jusqu’ici tout va bien. »

Les intervenants, à l’instar de certaines délégations d’États Parties qui ont pris la parole, comme celle de l’Autriche, ont déploré la lenteur des progrès et des avancées dans le champ du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  « Les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité n’ont pas honoré leurs engagements pris en vertu de l’article VI du TNP », a affirmé le parlementaire néo-zélandais, M. Phil Goff, avant de demander que le pilier du désarmement reçoive la même attention que le pilier de la non-prolifération.

Le délégué de la Suède a, pour sa part, souhaité que la Conférence d’examen du TNP renforce son interaction avec les organisations de la société civile, tandis que le représentant de l’ONG Arms Control Association a exhorté la Fédération de Russie et les États-Unis à intensifier leurs efforts en vue de poursuivre la réduction de leurs arsenaux nucléaires. 

Les États-Unis ont par ailleurs été vivement critiqués par certains intervenants, dont la représentante de l’association Solidarity for Peace and Reunification of Korean (SPARK), qui a accusé l’administration du Président Obama « d’hypocrisie et d’incompétence » sur le dossier de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Elle a estimé que les efforts de la République populaire démocratique de Corée allant en ce sens avaient été ignorés par les États-Unis.

Enfin, M. Sim Jae Tae, un survivant sud-coréen du bombardement d’Hiroshima, s’est, lui, étonné que les États-Unis n’aient pas encore présenté leurs excuses aux Hibakusha. « Les États-Unis attendent-ils que nous mourions tous pour s’excuser? » s’est-il interrogé, rappelant que l’âge moyen des survivants était de 80 ans.

Les représentants des organisations non gouvernementales dont la liste suit ont également pris la parole: Western States Legal Foundation, UNFOLD ZERO, World Council of Churches, Egyptian Council for Foreign Relations, Group of NGO Experts from New Agenda Coalition countries, et People’s Solidarity for Participatory Democracy (PSPD).

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien fait le point sur ses activités

369e séance – après-midi
AG/PAL/1332

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien fait le point sur ses activités

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a fait le point, cet après-midi, sur ses activités et a entendu l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, lequel est revenu sur le débat public, organisé le 21 avril dernier, par le Conseil de sécurité sur « La situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne ». 

M. Mansour a, en particulier, salué la France, qui l’avait présidé, pour avoir « fait avancer des idées » et « pris la tête du mouvement visant à faire adopter une résolution du Conseil de sécurité ». 

Cette résolution, a précisé M. Mansour, devra fixer un calendrier indiquant la fin des négociations et un accord, ainsi que la fin de l’occupation israélienne.  Elle devra créer en outre, selon lui, un nouveau mécanisme de négociations, un processus collectif à travers lequel les membres du Conseil de sécurité et les pays arabes qui peuvent avoir une influence pourront participer.

M. Mansour a affirmé qu’il n’y avait pas d’amélioration sensible sur le terrain, que ce soit à Jérusalem-Est, dans la zone C ou concernant la situation humanitaire consécutive au blocus de Gaza.

Il a par ailleurs lancé un appel au Comité pour qu’il contacte les plus proches collaborateurs du Secrétaire général en vue d’inclure les forces armées israéliennes dans la liste figurant dans les annexes au rapport annuel du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé pour avoir commis, a-t-il dit, trois des six violations graves établies par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1612 (2005), lors de son intervention à Gaza, l’été dernier.

Auparavant, le Président du Comité, M. Fodé Seck, du Sénégal, avait rappelé que, le 1er avril dernier, M. Nikolay Mladenov avait succédé à M. Robert Serry aux fonctions de Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient et de Représentant personnel du Secrétaire général auprès de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de l’Autorité palestinienne.

Le même jour, a-t-il dit, l’État de Palestine est devenu le cent-vingt-troisième État partie au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). 

Le Directeur du Bureau de liaison de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à New York, M. Richard Wright, a ensuite dressé un bilan des préparatifs de la Conférence de haut niveau sur la promotion du développement humain et la protection des droits des réfugiés de Palestine, dite UNRWA@65, qui se tiendra le 1er juin pour marquer le soixante-cinquième anniversaire du début des activités de l’Office.

M. Seck a, du reste, annoncé qu’il représenterait le Comité à cette conférence, en invitant tous ses membres et observateurs à assister à cette importante réunion. 

Le Représentant permanent de la Namibie et Vice‑Président du Comité, M. Wilfried I. Emvula, a, pour sa part, présenté un rapport sur le Séminaire des Nations Unies sur l’assistance au peuple palestinien, auquel il a participé avec une délégation, à Vienne, les 31 mars et 1er avril 2015.

Initialement prévu les 23 et 24 février au Caire, le Séminaire avait été reporté pour des raisons logistiques.  Au total, 19 conférenciers ont pris la parole pendant les séances plénières, qui ont porté sur les besoins humanitaires immédiats et à long terme dans la bande de Gaza, sur les tâches de reconstruction prioritaires, dans les secteurs du logement ou de l'eau, la fin du blocus et le renforcement de la coopération de toutes les parties en vue de fournir des secours, de promouvoir la reconstruction et de relancer le développement économique.

Au nom du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, le Directeur général de l'Office des Nations Unies à Vienne, M. Yuri Fedotov, a, lors de la session d'ouverture, mis en garde contre une « catastrophe humanitaire » et a exhorté les Palestiniens à surmonter leurs divisions, a souligné M. Emvula.  Le Séminaire a également appelé les donateurs pour Gaza à honorer leurs engagements, afin de surmonter le cycle de construction-destruction, a-t-il dit.

Le Comité s’est par ailleurs penché sur le programme de travail de la table ronde des Nations Unies sur les aspects juridiques de la question de Palestine, qui se tiendra à La Haye du 20 au 22 mai prochain.  

Le Comité entend, grâce à cette manifestation, étudier les moyens juridiques qui pourraient être mobilisés en vue de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.  Conformément au mandat que lui a confié l’Assemblée générale, le Comité tient également à contribuer au renforcement des capacités de l’État de Palestine à l’égard des Conventions de Genève, de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de CPI, compte tenu de l’adhésion de l’État de Palestine à cette dernière le 1er avril dernier.

Enfin, le Comité a accrédité les organisations de la société civile UFree Network (Norvège), pour l’Europe, et Jerusalem Legal Aid and Human Rights Center (Palestine) et Youth Vision Society (Palestine), pour le Moyen-Orient, en tant qu’observatrices.

La prochaine séance publique du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Devant l’Instance permanente, l’Australie et le Mali tiennent deux discours opposés sur les peuples autochtones

Instance permanente sur les questions autochtones - Quatorzième session,
15e & 16e séances – matin & après-midi
DH/5253

Devant l’Instance permanente, l’Australie et le Mali tiennent deux discours opposés sur les peuples autochtones

L’Instance permanente sur les questions autochtones, qui devrait terminer ses travaux demain, a entendu aujourd’hui deux discours opposés sur les peuples autochtones: l’ancien Premier Ministre de l’Australie est revenu sur les « excuses officielles » qu’il a présentées aux Aborigènes alors que le représentant du Mali a nié aux Touaregs le statut de peuple autochtone, les accusant d’avoir fait le choix de s’allier à des bandes narcoterroristes et djihadistes pour faire aboutir leur projet irrédentiste.

« Nous pensions qu’après 200 ans de colonisation, il était temps de reconnaître la brutalité dont avaient été victimes les Aborigènes car elle entachait notre terre », a confessé aujourd’hui l’ancien Premier Ministre de l’Australie, pour expliquer les « excuses officielles » du 13 février 2008, qui ont, selon lui, conduit à « un changement des cœurs et des attitudes ».  Depuis lors, chaque jour anniversaire de ces excuses est l’occasion de publier un rapport sur les succès et les échecs des initiatives menées pour réduire l’écart entre les autochtones, « anciens citoyens de seconde zone », et les autres Australiens.  La réconciliation est possible, s’est-il dit convaincu, si la volonté politique est là.  « Je ne sais pas comment ce message peut s’appliquer aux autres peuples autochtones du monde, mais je vous encourage vivement à persévérer dans la lutte que vous menez », a lancé l’ancien Premier Ministre.

« Il n’y a pas de peuples autochtones au Mali », a affirmé le représentant malien, en convoquant le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité qui l’auraient également reconnu et en plongeant dans « la consternation » un membre de l’Instance permanente.  Ce qui se passe au nord du Mali, a-t-il avancé, est que des individus armés, « sous le prétexte fallacieux d’être exclus et marginalisés », ont fait le choix de s’allier à des bandes narcoterroristes et djihadistes pour faire aboutir, par la terreur et la violence, leur projet irrédentiste.  Le représentant a demandé aux plus radicaux de la Coordination des mouvements des groupes armés de se libérer de l’emprise des groupes terroristes et narco-djihadistes, de rompre tous les liens avec les groupes obscurantistes et de procéder à la signature de l’Accord de paix soumis par la médiation internationale.

Ces propos ont été jugés « inacceptables » par le représentant de l’Association ELLAY de Tombouctou.  Il a dénoncé une campagne de désinformation orchestrée pour faire des amalgames entre les terroristes et le peuple touareg, dans le but de dénaturer et d’étouffer sa lutte d’« autogestion » conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtonesLe représentant a dit craindre un Accord de paix qui ne comporte pas un minimum de droits fondamentaux d’« autogestion », une situation, a-t-il prévenu, qui risque de prolonger la souffrance des autochtones sur leur territoire déjà miné par divers acteurs géopolitiques et économiques en « course annoncée » pour les richesses mais aussi par des groupes narcoterroristes menaçant les libertés de culte et de croyance.   

Une autre joute a eu lieu entre le représentant du Viet Nam et celle de la « Khmers Kampuchea-Krom Federation » qui a demandé la reconnaissance de son peuple comme peuple autochtone du détroit du Mékong.  Le représentant vietnamien a rejeté les propos d’une Fédération « qui n’est même pas reconnue » par les autres organisations autochtones d’Asie et qui n’apporte « rien de concret ou de positif ».  Les revendications des russophones de Lettonie leur ont valu une mise au point du Vice-Président de l’Instance permanente qui a souligné qu’ils ne constituent pas un peuple autochtone letton, contrairement aux Finno-ougriens.  Le représentant malien a d’ailleurs appelé l’Instance permanente « à rester vigilante » afin que la notion de « peuple autochtone » ne soit pas galvaudée à des fins inavouées et contraires à l’esprit de la Charte des Nations Unies.

L’Instance permanente sur les questions autochtones tiendra sa dernière séance demain vendredi 1er mai à partir de 10 heures.

Application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones

La représentante de Native Women’s of Canada a d’emblée demandé à la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones de tenir une audience dans le territoire autochtone du Dakota du Nord sur la violence physique et sexuelle contre les femmes, résultant des activités d’extraction dans la région.  Elle a vu un lien clair entre l’extraction d’énergie fossile et l’« épidémie » de violence sexuelle contre les femmes des Premières nations dans les grandes plaines d’Amérique du Nord et la région des Grands Lacs.  Elle a insisté sur le lien entre « boom pétrolier et boom de la traite » qu’il faut inscrire dans les processus plus larges de la colonisation et du génocide. 

La représentante a mentionné une étude de 2014 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui a estimé à 21 millions par an dans le monde, le nombre des victimes de la traite vouées à l’esclavage tout court ou à l’esclavage sexuel.  L’étude a montré que les violences sexuelles et la traite de personnes sont exponentiellement plus élevées près des zones d’extraction et des camps de travail, a dit la représentante en s’attardant longuement sur les exemples des champs de pétrole de Bakkenn et d’Athabasca.  Il est temps que la Rapporteuse spéciale organise une audition et une mission d’établissement des faits dans les territoires mandan, hidatsan, arikara, anishinaabeg et lakota, sans oublier celui de Dene dans le Nord.  Il est temps également que l’Instance permanente sur les droits des peuples autochtones prévoit des discussions sur l’impact des changements climatiques sur le bien-être des autochtones, a estimé le représentant de Coordinadora de Organizaciones Indigenas Campesians y Comunidades Interculturales de Bolivie.

« Nous souhaitons être considérés comme des peuples autochtones du détroit du Mékong et demandons la libération des deux dirigeants traditionnels détenus pour avoir exercé leur droit à la religion », a plaidé, pour sa part, la représentante de Khmers Kampuchea-Krom Federation, exhortant le Gouvernement du Viet Nam à mettre en place des programmes de formation aux droits de l’homme pour les fonctionnaires et les peuples autochtones.  Le représentant du Viet Nam a rejeté les prétentions de la « Federation Krom » qui n’est pas reconnue par d’autres organisations autochtones d’Asie.  Il s’est opposé à la participation future de cette organisation aux travaux de l’Instance au motif qu’elle n’apporte « rien de concret ou de positif ».  Au Viet Nam, a-t-il argué, 54 groupes ethniques vivent en harmonie depuis des milliers d’années et le Gouvernement met en œuvre la Déclaration sur les droits des peuples autochtones « de bonne foi », en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour combattre les violations de ces droits, a affirmé le représentant.

Que font les Forces armées indiennes au Jammu-et-Cachemire? a dénoncé, pour sa part, le représentant de Naga Peoples Movement for human rights d’Asie qui a demandé l’abrogation de la « Armed Forces Special power Act » de 1958 permettant cette présence militaire.  L’Instance permanente doit faire « de la militarisation des terres et territoires autochtones » un des thèmes de sa prochaine session, a recommandé le représentant du Caucus des peuples autochtones d’Asie.  Elle doit mener une étude sur les différentes formes de militarisation; sur leur impact sur les femmes, les jeunes et les enfants; et sur la culture et l’identité autochtones.  Elle doit aussi pencher sur la multiplication « alarmante » des recours aux forces paramilitaires ou groupes armés privés pour protéger les entreprises publiques et privées. 

Chez nous, a affirmé la représentante de l’Association des peuples de la Cordillère, un dirigeant autochtone est tué chaque mois de façon arbitraire et en toute impunité.  Soixante-six pour cent des terres autochtones font l’objet d’un permis d’exploitation accordé sans avoir consulté préalablement les peuples autochtones, a-t-elle ajouté.  Aucun autochtone n’est présent dans l’administration, a accusé, à son tour, la représentante de International Work of Non-Governemental Organizations au Bangladesh.  Elle a aussi dénoncé les violences, les disparitions forcées et les viols contre les militantes des droits des peuples autochtones dans un pays « où il n’y pas de justice pour les victimes ».  Elle a appelé le Gouvernement à mettre en œuvre l’Accord de 1989 avec les peuples autochtones et à abroger toutes les lois qui vont à l’encontre des intérêts de ces peuples.  Elle a aussi réclamé des enquêtes sur la violence contre les femmes autochtones. 

Un autre appel au secours a été lancé par la représentante de l’Association of Russian language indigenous people inhabiting territory of present Latvia qui a attiré l’attention sur les 140 000 russophones de Lettonie, soit 8% de la population lettone, exclus de la gestion de l’État.  La langue russe y est interdite dans les lieux publics sous peine d’amende, tout comme les manifestations.  La chaîne de télévision russophone RTR a d’ailleurs été interdite d’antenne.  Le Vice-Président de l’Instance a tout de même souligné que les russophones de Lettonie ne constituent pas un peuple autochtone, un statut qu’ils n’ont de toute façon jamais réclamé.  En revanche, le peuple finno-ougrien de Lettonie a, à juste titre, obtenu le statut de peuple autochtone puisqu’il vit depuis des milliers d’années dans le pays.  Une mise en garde est venue du représentant du Mali, un pays où « il n’y a pas de peuple autochtone ».  Il a appelé l’Instance à rester vigilante afin que la notion de « peuple autochtone » ne soit galvaudée à des fins inavouées, contraires à l’esprit de la Charte des Nations Unies.  Mais, a rétorqué une membre du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, « consternée » par ces propos, la Commission africaine des droits de l’homme a reconnu les Touaregs comme peuple autochtone.

Ces propos ont été jugés « inacceptables » par le représentant de l’Association ELLAY de Tombouctou.  Il a regretté le refus de la délégation malienne de dialoguer et a attiré l’attention sur « l’extermination à petit feu » des peuples du Sahel, en particulier dans la région de l’Azawad dans le nord du Mali.  Après plus d’un demi-siècle de massacres, de spoliations, de contraintes à l’exil, de déni des droits par les pouvoirs centraux à Bamako, aujourd’hui encore, a dit le représentant, mon peuple est pris dans un étau étouffant entre l’absence de justice, la pauvreté et l’inadaptation d’un système de gouvernance centralisé qui ne tient pas compte de nos réalités locales.  Le représentant a dénoncé une campagne médiatique de désinformation orchestrée à des fins d’amalgame terroriste contre le peuple touareg dans le but de dénaturer et d’étouffer sa lutte d’autogestion conformément à ses droits prédéfinis dans la Déclaration des Nations Unies.  

Qu’en est-il des peuples autochtones en Indonésie?  Ils ont été reconnus par la Cour suprême de justice, a indiqué la représentante de l’Aliansi Masyarakat Adat Nusantara, regroupant 15 millions d’autochtones indonésiens et continuant de subir des arrestations arbitraires surtout dans les affaires d’acquisition de terres.  Elle a invité son gouvernement à exécuter la décision de la Cour suprême de justice et réclamé une cartographie des territoires autochtones ainsi que la création d’une commission nationale qui servirait de pont entre le Gouvernement et les peuples autochtones.  Le représentant du Caucus du Pacifique a confirmé la poursuite des violations des droits des peuples autochtones de la Papouasie orientale.  Celle de « Shimin Gaikou Center » a exprimé la détermination de son organisation à préserver l’identité culturelle de son groupe qui fait face à une politique d’assimilation forcée.  Elle a dénoncé les clichés sur son peuple et souhaité que son histoire soit reflétée dans les manuels scolaires japonais.  Elle a appelé le Gouvernement du Japon à combattre les discours de haine propagés par certains politiciens à l’égard de son peuple.

C’est l’élargissement des espaces de dialogue avec les autochtones qu’il faut et c’est ce qu’a fait l’Équateur, a affirmé son représentant dont le Gouvernement favorise une politique publique adaptée à la « cosmovision ».  Le Plan national pour les peuples de 2013 a conduit à la création d’une Direction de la médecine traditionnelle au sein du Ministère, au renforcement de la Direction de l’enseignement bilingue au sein du Ministère de l’éducation et à une politique de protection des territoires autochtones isolées, interdisant toute activité industrielle et toute mission religieuse.  En El Salvador, c’est une Stratégie nationale de développement tenant compte des spécificités des peuples autochtones qui a été lancée, dont une politique culturelle fondée sur le principe du consentement libre, préalable et éclairé et une politique de santé publique incluant les connaissances traditionnelles et prévoyant des équipes médicales mobiles pour les peuples autochtones.  Le Gouvernement a aussi lancé un programme de préservation des langues autochtones, dont des émissions de télévision.  Ce qu’il faut, a tranché le représentant salvadorien, c’est la « bonne volonté » des États.  Ce qu’il faut c’est la solidarité, a ajouté la représentante de la Confederacion Nacional de Mujeres Indigenas Originarias de Bolivia « Bartolina Sisa ».

Ni « bonne volonté » ni « solidarité » en Uruguay, aux dires du représentant de Consejo de la Nacio Charrua qui a parlé du « génocide » perpétré entre 1931 et 1934 contre les peuples autochtones soumis aujourd’hui encore à des inégalités criantes par rapport à la population blanche.  D’après les études, 36% des besoins des autochtones ne sont pas satisfaits contre 31% chez les Blancs, a dénoncé le représentant.  Il a demandé des « excuses officielles » de la part de son Président et l’a exhorté à accorder des réparations et à ratifier la Convention 169 de l’OIT sur les « populations indigènes et tribales ».

Des mesures inutiles au Mali puisqu’il n’y a pas de peuples autochtones, a asséné son représentant.  Cette évidence, a-t-il argué, a été solennellement confortée par le Conseil des droits de l’homme, à deux reprises.  À cette occasion, « il a été solennellement reconnu qu’il n’existe aucune discrimination entre les différentes composantes de la nation malienne qui ont toujours vécu en harmonie et en bonne intelligence ».  Cette évidence a été également comprise par le Conseil de sécurité qui a adopté quatre résolutions sur le Mali, invitant l’ensemble des Maliens à un dialogue inclusif, y compris, a souligné le représentant, « nos frères du Nord », dont une infime minorité se réclamant de peuple autochtone, les armes à la main, revendique l’indépendance des deux tiers du territoire national ou une fédération avec l’État du Mali. 

Ce qui se passe au nord du Mali, a estimé le représentant, est que des individus armés, « sous le prétexte fallacieux d’être exclus, marginalisés », ont fait le choix de s’allier à des bandes narcoterroristes et djihadistes pour faire aboutir, par la terreur et la violence, leur projet irrédentiste au mépris des pertinentes résolutions du Conseil de sécurité, et des décisions et recommandations de nombreuses entités sous-régionales et internationales.  La présente session de l’Instance se déroule dans un contexte marqué par la mobilisation de la communauté internationale pour amener les groupes armés du nord du Mali à intégrer le processus de dialogue inclusif inter-malien à travers la signature à Bamako, le 15 mai 2015, de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. 

Le représentant a demandé aux plus radicaux de la Coordination des mouvements des groupes armés de se libérer de l’emprise des groupes terroristes et narco-djihadistes, de rompre tous les liens avec les groupes obscurantistes, et enfin de procéder à la signature de l’Accord de paix soumis par la médiation internationale.

Les négociations politiques peinent à produire un accord consensuel, a reconnu le représentant de l’Association « ELLAY » de Tombouctou.  Il a dit craindre un accord qui ne comporte pas un minimum de droits fondamentaux d’autogestion, une situation, a-t-il prévenu, qui risque de prolonger la souffrance des autochtones sur leur territoire déjà miné par divers acteurs géopolitiques et économiques en « course annoncée » pour les richesses mais aussi par des groupes narcoterroristes menaçant les libertés de culte et de croyance. Le représentant a proposé l’établissement de stratégies de contrôle indépendant qui permettront de prévenir les conséquences des infrastructures industrielles sur la santé, l’élaboration d’un cadre spécial de suivi de la situation des peuples autochtones vivant dans les zones de conflit; l’adaptation des structures autochtones à l’ONU en termes de mandat et de fonctionnement vu les acquis de la Déclaration des Nations Unies et la taille des défis liés aux recommandations de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones; la prévention d’une bureaucratisation non maîtrisée de la cause autochtone au sein du système de l’ONU qui risquerait de placer les premiers concernés en position de spectateurs et non de parties prenantes à la mise en œuvre des chantiers. 

Une membre de l’Instance a rappelé aux États qu’il faut prendre au sérieux la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et la Convention 169 de l’OIT, soutenue en cela par la représentante de School Sisters of Notre Dame.  Le représentant des Samis a demandé à tous les États de ratifier la Convention sur le patrimoine mondial de l’UNESCO et a exhorté l’Instance à mener une étude sur les processus de ratification dans chaque pays.  Il a exhorté l’Instance à participer à la trente-neuvième session du Comité du patrimoine où des questions sur les autochtones seront abordées.  C’est l’UNICEF qui a été sollicité par le représentant d’Organisme autochtone pour la planification et le développement Naleb pour mettre en place des programmes spécifiques à l’intention des enfants autochtones, en coordination avec les organisations autochtones.  Il faut faciliter les moyens de communication dans les langues autochtones et saisir toutes les opportunités offertes par les technologies de l’information et des communications pour promouvoir et faire entendre les attentes légitimes des peuples autochtones.  La représentante du Forum international des femmes autochtones a en effet demandé des fonds pour renforcer l’identité culturelle autochtone.  En tant que femmes, nous sommes éducatrices et nous avons besoin d’aide pour transmettre notre savoir à nos enfants.  Le représentant de plusieurs organisations autochtones d’Afrique a demandé « vivement » à la Suisse de continuer de financer le Centre de documentation, de recherche et d’information des peuples autochtones (DOCIP) et le Fonds suisse pour permettre aux délégués autochtones de participer aux travaux de l’ONU.

« Vous êtes les cœurs et les âmes de notre planète Terre et en tant que civilisation nous devons apprendre de vos connaissances traditionnelles », a dit Kevin Rudd, ancien Premier Ministre de l’Australie qui, le 13 février 2008, a présenté des excuses officielles aux Aborigènes pour toutes les injustices qu'ils ont subies ces deux derniers siècles.  « Nous pensions qu’après 200 ans de colonisation, il était temps de reconnaître la brutalité dont avaient été victimes les Aborigènes car elle entachait notre terre », a ajouté l’ancien Premier Ministre.  « Nous nous sommes posés une question très simple: allions-nous faire pencher la balance d’un côté de l’histoire ou reconnaître les énormes dégâts causés à des peuples fiers et à leur culture? ».  L’ancien Premier Ministre a reconnu qu’il est toujours difficile de demander pardon et qu’il faut beaucoup d’humilité pour décider de le faire.

Il a indiqué que c’est le rapport « Bringing Them Home » qui, en 1997, a mis le scandale des « générations volées » au grand jour, avec un profond impact sur l’opinion publique.  Après avoir reconnu les faits, il a fallu reconnaître que « moi, homme blanc », j’avais traité les Aborigènes comme citoyens de seconde zone.  Il fallait le reconnaître pour bâtir « un socle de confiance », a dit l’ancien Premier Ministre, en ajoutant que les excuses officielles ont conduit à un changement « des cœurs et des attitudes ».  La deuxième étape a consisté à se pencher sur les conséquences économiques et sociales de ces déplacements et enlèvements et à envisager des initiatives réparatrices. 

L’ancien Premier Ministre a précisé qu’à chaque jour anniversaire des excuses officielles est publié un rapport sur les succès ou les échecs des initiatives menées pour réduire l’écart entre les autochtones et les autres Australiens.  La réconciliation est possible, s’est-il dit convaincu, si la volonté politique est là.  « Je ne sais pas comment ce message peut s’appliquer aux autres peuples autochtones du monde, mais je vous encourage vivement à persévérer dans la lutte que vous menez », a insisté l’ancien Premier Ministre australien.

Aussi, le Gouvernement somalien a été invité par le représentant de l’Organisation de la minorité à reconnaître l’existence de cette minorité, à protéger leur langue, leur culture et leur tradition, et à encourager la participation politique, sociale et économique.  Au Gouvernement éthiopien, il a demandé la restitution des terres pillées, une participation égale dans l’arène politique et des dommages et intérêts pour les terres confisquées.  À la communauté internationale, le représentant a réclamé une meilleure gestion du flux d’informations entre les agences de l’ONU sur le terrain et les Gabooye et une meilleure intégration de la culture de la prévention plutôt que celle de la réaction, conformément au principe de la responsabilité de protéger.  La communauté internationale doit également faire plus s’agissant de la justice réparatrice.

La communauté internationale, en particulier l’Instance permanente, a été appelée par le représentant de Conselho Indigenista Missionario (CIMI) à obtenir du Gouvernement brésilien une enquête approfondie sur le meurtre, ce 26 avril dernier, du leader indien Eusebius Ka’apor qui, selon toute vraisemblance, aurait été assassiné par des bûcherons.  Le Gouvernement, a poursuivi le représentant, doit assumer sa responsabilité constitutionnelle de promouvoir la démarcation et la protection des terres autochtones.  La Présidente Dilma Rousseff doit opposer son veto à la loi sur la biodiversité et le savoir traditionnel adoptée par le Parlement brésilien le 28 avril dernier.  Enfin, le Gouvernement brésilien doit ouvrir un large processus de consultations avec tous les peuples autochtones et autres détenteurs de droits pour élaborer une loi véritablement inclusive et respectueuse des connaissances traditionnelles et de la biodiversité du Brésil.  L’Instance devrait d’ailleurs examiner la question de l’exploitation minière des fonds marins, a suggéré le représentant de l’Organisation « Land is Life » qui a aussi voulu l’instauration de dialogues entre les experts des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme et les peuples autochtones.  Celui de Bunong Indegenous Community Association (BICA a demandé aux Gouvernements cambodgien et vietnamien de reconnaître, de protéger et de promouvoir « immédiatement » les droits des peuples bunong à traverser la frontière.  Le Viet Nam, a-t-il poursuivi, doit inclure dans son plan de développement des mesures sur les droits des peuples autochtones à communiquer librement et sans restriction dans et au-delà des frontières.  Le plan doit se débarrasser des obstacles imposés aux pratiques religieuses.  Il est temps que tous les pays acceptent la pluralité des peuples autochtones, en sachant qu’en mettant en œuvre la Déclaration des Nations Unies, ils renforcent en fait leur pays, a dit le représentant, soutenu par son homologue du Consejo de la Nacion Charrua.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence d’examen des Parties au TNP achève son débat général en lançant un appel au renforcement mutuel des trois piliers du Traité, dont notamment le désarmement nucléaire

7e & 8e séances – matin & après-midi
CD/3557

La Conférence d’examen des Parties au TNP achève son débat général en lançant un appel au renforcement mutuel des trois piliers du Traité, dont notamment le désarmement nucléaire

C’est sur un appel à renforcer simultanément et rapidement les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (désarmement nucléaire, non-prolifération des armes nucléaires et utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques) que la neuvième Conférence des Parties chargée d’examiner la mise en œuvre du TNP a achevé cet après-midi son débat général, entamé lundi dernier.

Pendant quatre jours, plus d’une centaine de délégations ont abordé une série de questions, déjà débattues lors de la Conférence d’examen de 2010, liées à ces trois piliers, dont l’universalité du TNP, le renforcement des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, ou la participation de la société civile au renforcement des normes du TNP. 

Près de 75 ans après que l’arme atomique a été utilisée par les États-Unis contre les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais d’armes nucléaires et la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles ont été réclamées par les délégations.

Aujourd’hui encore, une majorité d’intervenants au débat général de la Conférence d’examen ont fait part de leur inquiétude face à la menace que les armes nucléaires font peser sur le monde et se sont plaints de la lenteur des progrès en vue de leur élimination définitive. 

« En tant qu’États dotés de l’arme nucléaire, nous réaffirmons l’objectif partagé du désarmement nucléaire et du désarmement général et complet, pour un monde plus sûr, tel qu’il y est fait référence dans l’article VI du TNP », a cependant déclaré en fin de débat le représentant du Royaume-Uni, qui s’exprimait au nom du Groupe des cinq États nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité (P5): Chine, États-Unis, France, Fédération de Russie et Royaume-Uni.

Le représentant a affirmé l’attachement de ce Groupe d’États à la réalisation de l’objectif du désarmement nucléaire, ceci dans le cadre « d’une approche graduelle », et a estimé qu’il y avait eu des progrès substantiels dans la mise en œuvre de l’article VI du TNP.  « La course aux armements de la guerre froide est terminée.  Les stocks mondiaux sont à leur plus faible niveau depuis plus d’un demi-siècle, en raison des efforts sans précédent déployés par les États dotés de l’arme nucléaire.  Et lorsqu’il sera pleinement mis en œuvre, le Traité New START permettra de parvenir au plus faible niveau d’armes nucléaires déployées aux États-Unis et en Fédération de Russie depuis les années 50 », a déclaré le représentant du Royaume-Uni.

« En tant qu’État insulaire du Pacifique, les Palaos ont un intérêt particulier à parvenir à un monde exempt de telles armes, car la région a subi pendant 50 ans les conséquences humanitaires catastrophiques de plus de 300 essais nucléaires », a tenu à témoigner le représentant de cet État Membre.

Le représentant du Maroc a fustigé la « léthargie des mécanismes onusiens de désarmement nucléaire », après avoir évoqué un contexte international marqué par la montée du terrorisme, en particulier au Moyen-Orient et dans l’espace sahélo-saharien.

Dans la même veine, le représentant du Sri Lanka a estimé qu’il n’était plus possible de continuer, comme si de rien n’était, « à nous réunir tous les cinq ans à New York et à défaire, dans l’intervalle, tout ce qui a été agréé ».  De l’avis de son homologue de la Thaïlande, « personne n’est coupable, mais tout le monde est responsable » de cette situation.

Le représentant de la Malaisie, dont le pays préside actuellement l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué avoir soumis à l’examen de cette Conférence un mémorandum sur les activités entreprises dans le cadre du Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires d’Asie du Sud-Est.

Le Traité de Pelindaba, qui porte création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, est entré en vigueur en 2009, ont également rappelé les délégués des États de ce continent qui se sont exprimés aujourd’hui.

Par contre, le représentant du Qatar a rappelé que tous les États arabes avaient adhéré au TNP, mais que leur adhésion en 1995 à la prorogation indéfinie du Traité dépendait de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Or, la conférence qui devait avoir lieu à ce sujet en 2012 n’a toujours pas été organisée, a-t-il déploré.  Sur cette lancée, son homologue du Koweït a demandé au Secrétaire général d’organiser une conférence sur le Moyen-Orient dans les 180 jours suivant la ratification du document final de la Conférence d’examen de 2015 qui est en cours.

Sur une note plus optimiste, la Présidente de la Haute Autorité nigérienne à l’énergie atomique a estimé qu’avec l’adoption probable, en septembre prochain, d’un programme de développement pour l’après-2015, la communauté internationale trouvera une source d’inspiration pour la mise en œuvre intégrale du TNP, « dont certaines dispositions cadrent parfaitement avec le bien-être recherché par cet ordre du jour ».

Demain, à partir de 15 heures, la Conférence entendra les exposés d’organisations non gouvernementales.  Elle s’apprête également à voir ses trois grandes commissions entamer leurs travaux.  

CONFÉRENCE DES PARTIES CHARGÉE D’EXAMINER LE TRAITÉ SUR LA NON-PROLIFÉRATION DES ARMES NUCLÉAIRES EN 2015

Suite du débat général

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a déclaré, au nom de plusieurs pays, que le nouvel accent mis sur l’impact humanitaire des armes nucléaires avait ravivé l’inquiétude face aux risques posés par l’existence de l’armement nucléaire.  Pour insuffler un nouvel élan en faveur d’une adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de son application universelle, elle a exhorté en particulier les États dotés de ce type d’armes, d’œuvrer résolument pour un monde totalement exempt d’armes nucléaires.  En outre, a-t-elle déclaré, tous les États doivent s’employer à réduire les tensions et l’hostilité entre eux, en particulier ceux dotés de l’arme nucléaire, et à adopter des mesures de confiance telles que la transparence sur les arsenaux nucléaires existants et la réduction du rôle de ces armes dans les doctrines militaires.  La Conférence du désarmement est l’une des composantes clefs de l’architecture internationale de non-prolifération, d’où la nécessité de débloquer ce forum de négociation, a préconisé Mme Bird, qui a aussi réclamé un renforcement du pouvoir de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en termes d’inspection, de vérification et de documentation sur les risques de prolifération.

M. MANSOUR AYYAD AL-OTAIBI (Koweït) a réaffirmé son attachement au TNP et à tous les documents connexes.  Cette Conférence d’examen a lieu à un moment critique, a-t-il souligné, alors que doit se dérouler le dialogue sur la possibilité de réaliser un désarmement général et complet.  Les pays dotés doivent s’engager à ne pas utiliser ou menacer d’utiliser leurs armes nucléaires, a-t-il affirmé.

Le représentant a évoqué « la situation actuelle au Moyen-Orient et les difficultés qui entravent la création d’une zone exempte d’armes nucléaires ».  Il a rappelé que le Plan d’action de 2010 avait permis d’établir une feuille de route en ce sens.  Israël, a-t-il insisté, doit se soumettre aux garanties de l’AIEA.  Or, les efforts et la souplesse des États arabes n’ont pas été couronnés de succès, du fait de décisions unilatérales prises sans les consulter, a déploré M. Al-Otaibi.  Il a demandé au Secrétaire général d’organiser une conférence sur le Moyen-Orient dans les 180 jours suivant la ratification du document final de la Conférence de 2015.  Enfin, il a indiqué que son pays avait entrepris une série de projets nationaux dans le cadre de sa coopération technique avec l’AIEA.

M. ROHAN PERERA (Sri Lanka) a préconisé un changement radical dans l’approche à l’armement nucléaire qui tienne compte du nouvel ordre mondial en train de se dessiner, affirmant qu’il était dès lors essentiel de mettre en œuvre les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Cette Conférence d’examen met à l’épreuve notre détermination et bonne volonté collectives à œuvrer en vue d’un monde exempt d’armes nucléaires et d’autres formes de destruction massive, a-t-il déclaré.

Le document issu de la Conférence d’examen de 2010 n’a pas été dûment mis en œuvre, a déploré M. Perera, qui a estimé que ce sont précisément les questions les plus importantes sur lesquelles on avait convenu en 2010 qui ont enregistré des progrès mitigés ou des blocages.  Il en est ainsi à son avis du désarmement nucléaire, pièce maîtresse du régime du TNP, et de l’application du concept « d’utilisation à des fins pacifiques » qui se sont heurtées à maints obstacles dans les pays en développement.  Affirmant qu’il était urgent de sortir de cette impasse, M. Perera a estimé qu’il n’était plus possible de continuer comme si de rien n’était, avec l’approche habituelle, « à nous réunir tous les cinq ans à New York et à défaire, dans l’intervalle, tout ce qui a été agréé ».  Il a en outre mis l’accent sur l’importance  de l’éducation pour la paix et le désarmement, rappelant l’initiative de l’ancien juge et Vice-Président de la Cour internationale de Justice, M. Weeramantry (Sri Lanka), qui a établi en 2001 le Centre international pour l’éducation à la paix et la recherche (WICPER). 

M. RAMLAN IBRAHIM (Malaisie) a estimé essentiel de préserver l’intégrité du TNP pour la paix et la sécurité internationales, faisant observer qu’au cours des dernières années d’autres initiatives, en dehors du cadre du TNP, avaient été lancées dans le domaine de la non-prolifération et reçu l’aval de son pays.  Dans les deux cas de figure, a-t-il précisé, la Malaisie reproche aux puissances nucléaires de n’avoir pas fait suffisamment d’efforts.  « La vitesse à laquelle se fait le désarmement est trop lente », a-t-il affirmé, invitant les puissances nucléaires à honorer leurs obligations en vertu des dispositions du TNP, en particulier la mise en œuvre du Plan d’action de 2010.  À son avis, le désarmement et la non-prolifération nucléaires vont de pair et les déséquilibres actuels entre ces deux piliers risquent de mener prochainement au non-respect des engagements de non-prolifération provoqué par le non-respect des obligations en termes de désarmement.  Par conséquent, a ajouté le représentant, la Malaisie réitère son appel aux États Parties au TNP pour mettre en œuvre les trois piliers du Traité de manière équilibrée et non-discriminatoire.

Le représentant a également salué l’accord-cadre auquel sont parvenus le groupe des 5+1 et l’Iran, le 2 avril à Lausanne, sur le programme nucléaire iranien et dit espérer qu’il mènera à une solution à long terme.

En tant que Président actuel de l’ASEAN, la Malaisie a soumis à l’examen de cette Conférence un mémorandum sur les activités dans le cadre du Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est et espère que les puissances nucléaires signeront le Protocole sans réserves, a annoncé le représentant, avant de déplorer qu’il n’ait pas toujours été possible de créer une telle zone au Moyen-Orient, ce qui « contribuerait à améliorer la paix et la sécurité régionales ».  Il a appelé à l’application sans délais de la résolution 1995 sur le Moyen-Orient et demandé que la Conférence sur une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient se déroule dans les plus brefs délais.

M. CALEB OTTO (Palaos) a rappelé que son pays avait été le premier au monde à adopter une constitution interdisant les armes nucléaires.  En tant qu’État insulaire du Pacifique, a-t-il souligné, les Palaos ont un intérêt particulier à parvenir à un monde exempt de telles armes, car la région a subi les conséquences humanitaires catastrophiques de plus de 300 essais nucléaires, menés pendant cinq décennies.  Les Palaos, a poursuivi M. Otto, sont solidaires des Îles Marshall et des poursuites judiciaires qu’elles ont engagées à la Cour internationale de Justice en vue de forcer tous les États dotés de l’arme nucléaire à remplir leurs obligations en matière de désarmement. 

Quarante-cinq ans après l’entrée en vigueur du TNP, le représentant a jugé inacceptable qu’il y ait toujours dans le monde plus de 15 000 armes nucléaires qui menacent la survie humaine et l’écosystème de la planète.  En outre, les Palaos appuient l’engagement pris lors de la Conférence de Vienne, en décembre dernier, de lancer un processus diplomatique pour négocier et adopter un traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  D’après lui, ces négociations devraient être ouvertes à tous les États et lancées à temps pour commémorer le soixante-dixième anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.

Après avoir réaffirmé le ferme attachement de son pays au TNP, M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a souligné la menace existentielle que représentait pour toute l’humanité l’existence d’armes nucléaires.  Il s’est dit gravement préoccupé par la lenteur des progrès en matière de désarmement depuis la dernière Conférence d’examen en 2010, notamment par le fait que les « puissances nucléaires continuent à investir dans la modernisation de leurs arsenaux nucléaires avec l’intention claire de les garder pour plusieurs décennies ».

Le représentant a en revanche salué la mobilisation marquée de la communauté internationale sur la question de l’impact humanitaire des armes nucléaires et s’est associé à la déclaration conjointe faite par l’Autriche cette semaine et à l’appel lancé pour un instrument juridiquement contraignant qui interdirait tous les essais nucléaires.  C’est d’ores et déjà chose faite pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les pays voisins du Pacifique-Sud grâce à l’établissement de la zone exempte d’armes nucléaires issue du Traité de Raratonga, a précisé le représentant.  Il a encouragé la communauté internationale à faire du monde entier une zone exempte d’armes nucléaires en finalisant le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. RAFAEL DARÍO RAMIREZ CARREÑO (Venezuela) a réitéré l’attachement de son pays aux trois piliers du TNP et estimé qu’il fallait avancer de façon simultanée et intégrale dans la voie du désarmement, de la non-prolifération et de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Notant le peu de progrès accomplis depuis la Conférence d’examen de 2010, il a affirmé qu’au cours des prochaines années, les puissances nucléaires investiront des centaines de milliards de dollars dans la modernisation de leur arsenal nucléaire, indiquant notamment que le Président Obama aurait l’intention de moderniser l’arsenal nucléaire américain pour un montant de l’ordre de 336 milliards de dollars dans les 10 ans à venir. « Une telle politique de maintien de la possession des armes nucléaires est contraire à l’engagement pris par les États dotés de ces armes, en vertu du TNP. » 

M. Ramirez Carreño a par ailleurs lancé un appel aux États dotés de l’arme nucléaire pour la reprise des négociations, dans le cadre multilatéral, en vue de l’élimination rapide des armes nucléaires, affirmant qu’en dépit du Traité de Tlatelolco, les États de l’Amérique latine et des Caraïbes se sentaient encore menacés par la terreur imminente d’une attaque nucléaire.  S’agissant du Moyen-Orient, il a exhorté Israël, « seul pays de la région à ne pas être partie au TNP et n’ayant pas exprimé le désir de le faire », à renoncer à ses armes nucléaires et à accéder « immédiatement et sans conditions » à cet instrument, et à placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA.  Le représentant a par ailleurs invité la Conférence d’examen à envoyer un message clair en faveur de la convocation d’une conférence en vue de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a réitéré l’engagement de son pays en faveur du désarmement nucléaire intégral, estimant que la création de nouvelles structures ne contribuerait pas à surmonter les divergences existantes.  La représentante a par ailleurs regretté la « récurrence » récente d’« arguments nucléaires dans la rhétorique employée par une puissance nucléaire à l’appui de ses objectifs politiques ».  À son avis, les deux prochaines étapes doivent être l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le début immédiat des négociations autour d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires.

Après avoir salué l’accord préliminaire auquel sont parvenus le groupe des E3+3 et l’Iran sur le programme nucléaire de Téhéran, Mme Murmokaitė a condamné les violations répétées par la République populaire démocratique de Corée des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La Lituanie a également condamné la violation du Mémorandum de Budapest par la Fédération de Russie, au titre duquel Moscou s’était engagé, en 1994, à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine en échange de la restitution de tous les stocks d’armes nucléaires restés dans ce pays au lendemain de l’effondrement de l’Union soviétique, ainsi qu’au Bélarus et au Kazakhstan.  La délégation a invité la Fédération de Russie à respecter ses engagements et à veiller à ce que la Crimée « annexée illégalement » demeure dénucléarisée.

M. OMAR HILALE (Maroc) a rappelé le contexte international marqué par la détérioration de la sécurité internationale et la montée du terrorisme, en particulier au Moyen-Orient et dans l’espace sahélo-saharien, sans oublier la « léthargie des mécanismes onusiens de désarmement nucléaire ».  À son avis, l’efficacité de ces mécanismes restait tributaire de la volonté politique des États et du respect des engagements et obligations pris en vertu du TNP auquel son pays reste fermement attaché.  « Les armes nucléaires et les armes de destruction massive ne constituent pas une garantie de sécurité ni de stabilité effective sur les plans régional et international.  La sécurité de tous réside plutôt dans la coexistence pacifique, le dialogue et le respect mutuel », a souligné M. Hilale, pour lequel la sécurité collective exige la renonciation à la prolifération et l’engagement envers le désarmement.  Le Maroc salue le processus de conférences sur les conséquences humanitaires de ces armes et continuera à y participer, a indiqué le représentant, avant de déplorer les retards accusés dans l’entrée en vigueur du TICE et de réitérer son appel à tous les États, en particulier les puissances nucléaires, qui ne l’ont pas encore fait à ratifier ce Traité. 

M. Hilale a par ailleurs insisté sur la nécessité de respecter le droit inaliénable de tous les États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a notamment appelé au renforcement de l’AIEA pour lui permettre de soutenir efficacement les pays en développement à bénéficier des applications pacifiques des technologies nucléaires, estimant indispensable d’assurer un financement suffisant, garanti et prévisible à la coopération technique dans ce domaine.  En conclusion, M. Hilale a réaffirmé l’importance de l’adhésion au TNP et la conclusion d’accords de garanties généralisées avec l’AIEA, par tous les États, en particulier du Moyen-Orient.  Il a regretté que la Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes de destruction massive dans cette région n’ait toujours pas été convoquée.                      

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré que cette année, qui est celle du soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, était marquée par deux manifestations d’envergure, à savoir la tenue en septembre d’un sommet sur l’élimination de la pauvreté et le développement durable et les négociations d’un accord sur le changement climatique, prévues pour décembre.  Il serait par conséquent paradoxal et incohérent à son avis de rater l’occasion de résoudre la grave menace que représentent les armes nucléaires, dont les réunions d’Oslo, Nayarit et Vienna ont montré les répercussions humanitaires catastrophiques sur l’humanité, l’environnement et le développement durable.  Le représentant a dit espérer qu’à la clôture de la Conférence d’examen, le monde serait doté d’un TNP plus robuste, avec un document de consensus contenant des recommandations spécifiques favorisant sa pleine mise en œuvre.  Il a instamment invité les États dotés de l’arme nucléaire à consolider le régime du Traité par l’adoption de mesures concrètes, saluant en particulier l’application par les États-Unis et la Fédération de Russie du Traité sur la réduction et la limitation des armes stratégiques offensives (START), et exhortant les deux pays à la reprise urgente des négociations fondées sur les principes d’irréversibilité,  de vérification et de transparence.

Il s’est par ailleurs dit préoccupé du « vide normatif du TNP » pour ce qui concerne l’acquisition potentielle de la technologie nucléaire par des acteurs non étatiques, notamment l’acquisition de matières radioactives.

M. FREDERICK SHAVA (Zimbabwe) a souligné l’importance de la volonté politique pour atteindre l’objectif d’un désarmement nucléaire total.  À cet égard, il a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à remplir leurs obligations, conformément à l’article VI du TNP, et à faire preuve de transparence.  Il s’est inquiété de la modernisation des armes nucléaires existantes et a souhaité que les États qui possèdent de telles armes sans être Parties rejoignent le Traité. 

Le Zimbabwe considère que la prorogation du TNP pour une durée indéfinie n’est pas un signe de succès et qu’elle signale, au contraire, que le monde est en danger, a averti M. Shava.  Par ailleurs, il a souscrit à la position du Mouvement des pays non alignés quant au droit inaliénable de tous les États d’utiliser l’énergie atomique à des fins pacifiques, appelant l’AIEA à surveiller tous les États de la même façon, « sans parti pris ».  Il s’est félicité du fait que l’Afrique a établi une zone exempte d’armes nucléaires avec le Traité de Pelindaba, signé en 1996 et entré en vigueur en 2009. 

M. ALVARO MENDONÇA E. MOURA (Portugal) a partagé la frustration de nombreux autres États Parties devant la lenteur des progrès accomplis dans la mise en œuvre du TNP et de ses trois piliers.  Il a apporté le soutien de sa délégation à l’application des dispositions prévues par l’article VI du TNP, portant sur la réduction des arsenaux nucléaires, en particulier par les États qui possèdent les stocks les plus importants.  Préoccupé par les activités de prolifération signalées en République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant a cependant salué l’accord conclu par le groupe des E3+3 et les autorités iraniennes autour des paramètres d’un plan d’action conjoint sur le programme nucléaire de Téhéran.

M. Moura a vigoureusement plaidé pour le respect, par tous les États, des accords de sauvegarde de l’AIEA, qui permettent de rapprocher de l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  À l’instar d’autres délégations, il a regretté qu’il n’ait pas encore été possible de convoquer la Conférence d’Helsinki sur l’instauration d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Enfin, le représentant a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour parvenir à une « vision commune » du contenu de l’article X du Traité, qui prévoit le retrait d’un État Partie, sujet sur lequel le Conseil de sécurité devrait pouvoir se prononcer rapidement.

M. AHMAD HASSEN AL HAMMADI, Directeur du Département des affaires juridiques au Ministère des affaires étrangères du Qatar, s’il a estimé que l’adhésion d’une immense majorité d’États au TNP reflète la conviction de tous qu’il s’agit là du pilier du système de prolifération, a néanmoins constaté l’érosion de la confiance face à ce Traité dans différents milieux.  Le représentant s’est dit « préoccupé par la quantité d’ogives nucléaires qui peuvent faire sauter la planète plus d’une fois ».  Certains États continuent de travailler sur ces armes pour qu’elles deviennent de plus en plus efficaces à un moment où la communauté internationale rejette ce type d’armes en étant de plus en plus consciente de leur pouvoir destructeur, a-t-il déploré.

M. Al Hammadi s’est dit convaincu de la pertinence des mesures adoptées en 2010 en tant que méthodologie pour réaliser le désarmement nucléaire conformément à l’article VI du Traité.  Il a appelé de ses vœux des stratégies communes, un calendrier contraignant et des assurances de sécurité strictes pour ces armes dont l’utilisation a été jugée contraire au droit humanitaire international par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a préconisé de développer de façon responsable le programme des utilisations pacifiques de l’énergie atomique et de coopérer pleinement avec l’AIEA.

Il a également souligné que tous les États arabes avaient adhéré au TNP,  mais leur adhésion en 1995 à la prorogation indéfinie du Traité dépendait de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Or, la conférence qui devait avoir lieu à ce sujet en 2012 n’a toujours pas été organisée, a-t-il déploré, estimant qu’il fallait prendre des mesures pour appliquer la décision sur la création d’une telle zone.

S’exprimant au nom du Groupe des 10 de Vienne –qui comprend, outre son pays, l’Autriche, le Canada, le Danemark, la Finlande, la Hongrie, l’Irlande, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et la Suède–, M. RICHARD MATTHEWS (Australie) a rappelé l’attachement de ces États membres au TNP, qu’ils considèrent comme un instrument fondamental de la paix et de la sécurité internationales.  Souhaitant qu’il devienne universel, il a regretté la lenteur des progrès enregistrés dans la mise en œuvre des engagements au titre du désarmement.  Le représentant a toutefois salué les quelques avancées obtenues dans la mise en œuvre du Plan d’action en 64 points agréé au terme de la Conférence d’examen de 2010, en particulier celles liées aux questions dites de Vienne qui portent sur la sûreté et la sécurité nucléaires.  « Mais il reste encore beaucoup à faire dans les jours qui viennent », a estimé M. Matthews, avant d’encourager les États Parties à maintenir l’élan.

Il a évoqué le document de travail préparé par le Groupe des 10, qui rassemble des sensibilités diverses, puisqu’il compte des exportateurs d’uranium et des puissances non nucléaires, des membres de l’OTAN, du G20, de l’Union européenne, de l’Initiative de désarmement et de non-prolifération et de la Coalition pour un nouvel ordre du jour.  « Ce texte représente un consensus minutieusement négocié et présente des recommandations spécifiques », a expliqué le représentant, engageant les États Parties à l’examiner de près.

Mme ZEINABOU MINDAOUDOU SOULEY, Présidente de la Haute Autorité nigérienne à l’énergie atomique (HANEA), a estimé qu’avec l’adoption probable en septembre prochain d’un programme de développement pour l’après-2015 intitulé « L’avenir que nous voulons », la communauté internationale trouvera une source d’inspiration pour la mise en œuvre intégrale du TNP, « dont certaines dispositions cadrent parfaitement avec le bien-être recherché par cet ordre du jour ».  Le Niger a adhéré au TNP, signé les accords de garanties et le protocole additionnel avec l’AIEA et ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-elle indiqué, précisant que son pays participait également à l’initiative de l’Union européenne sur les centres d’excellence pour la réduction des risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques.

Le Niger, quatrième producteur mondial d’uranium, fait preuve d’un profond attachement à la promotion de la paix et de la sécurité internationales et aux objectifs du TNP, a affirmé Mme Souley.  L’HANEA, qu’elle préside, entreprend les actions qui concourent à la promotion et à l’utilisation des technologies nucléaires à des fins pacifiques, y compris l’électronucléaire et les radiations ionisantes.  Elle supervise aussi toutes les initiatives de coopération en la matière.  En conclusion, Mme Souley a recommandé plus de transparence dans le processus de négociation sur le désarmement nucléaire, des mesures de confiance claires et précises, davantage de volonté politique et des efforts dans la réalisation de l’objectif d’un monde sans armes nucléaires.

Mme IVANA PAJEVIĆ (Monténégro) a salué le récent accord de Lausanne entre le groupe P5+1 et l’Iran, qui prouve à son avis que des résultats peuvent être obtenus lorsque toutes les parties prenantes utilisent leurs outils diplomatiques.  Elle a ensuite estimé que la question de l’universalisation du TNP devait rester à l’ordre du jour.  De plus, elle a souhaité l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, et demandé un moratoire immédiat à ce sujet.

Mme Pajević a par ailleurs affirmé que la modernisation des armes nucléaires existantes était contraire aux dispositions du TNP, puis regretté le manque de progrès quant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Elle a appuyé la campagne visant à sensibiliser le public aux conséquences humanitaires catastrophiques d’une explosion nucléaire potentielle et souligné l’importance du système de garanties de l’AIEA.  Enfin, a indiqué la représentante, le Monténégro, préoccupé par le risque de voir des armes de destruction massive tomber entre les mains de terroristes, a adopté un plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité relative à la non-prolifération de ces armes.

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a regretté que les obligations incombant aux États Parties en vertu du TNP soient loin d’avoir été remplies.  À son avis, « personne n’est coupable, mais tout le monde est responsable » de cette situation.  Il a rappelé la volonté politique de son pays d’aller de l’avant, comme en témoigne l’organisation, le mois dernier à Bangkok, en coopération avec l’Institut international juridique et politique de Norvège, d’une table ronde régionale sur l’impact humanitaire des armes nucléaires et les perspectives offertes par un Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il s’agissait de la troisième du genre, a précisé le représentant, qui a également indiqué que son gouvernement avait commémoré, l’an dernier, la première Journée internationale pour l’élimination complète des armes nucléaires.

Attachée aux mesures de confiance mutuelles, la Thaïlande, a indiqué M. Bamrungphong, est partie au Traité qui a permis d’instaurer une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est, et déterminée à renforcer la mise en œuvre de tous les cadres juridiques internationaux pertinents sur la prolifération nucléaire, comme en témoigne son respect scrupuleux de la résolution 1540 du Conseil de sécurité.

M. PHILBERT JOHNSON (Ghana) a indiqué que son pays avait bénéficié des technologies nucléaires pacifiques dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’industrie, de l’environnement et des ressources humaines.  Tout en saluant à cet égard l’appui de l’AIEA, il a souhaité une assistance accrue pour le développement des capacités, notamment en matière d’énergie.  En attendant l’élimination totale des arsenaux nucléaires, il a demandé aux États dotés de l’arme nucléaire de conclure un instrument universel, inconditionnel et juridiquement contraignant qui offre des assurances de sécurité négatives aux États non dotés.

Saluant le Traité de Pelindaba qui prévoit la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, le représentant a souhaité l’établissement d’une zone semblable au Moyen-Orient.  Enfin, il a partagé les préoccupations des autres États sur les conséquences humanitaires et environnementales inacceptables de l’utilisation de telles armes et demandé à tous les participants d’adopter une approche flexible et constructive au cours de la Conférence d’examen.  

Après avoir remercié les États Parties pour leurs messages de sympathie et de solidarité adressés à son pays au lendemain du séisme qui a fait plus de 5 000 morts et 11 000 blessés, M. SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a réaffirmé l’attachement de son pays à l’élimination de toutes les armes de destruction massive –biologiques, chimiques, nucléaires et radiologiques- en vue de parvenir à une paix durable.  Pour sa délégation, la prolifération et la course aux armements détournent l’attention de la communauté internationale des problèmes de développement et de changements climatiques, qui sont à l’origine de catastrophes naturelles comme celle qui a frappé le Népal.  Aussi Mme Adhikari a-t-elle encouragé les États dotés de l’arme nucléaire à s’acquitter de leurs obligations, estimant que des « assurances négatives de sécurité sans équivoques » données aux États qui ne possèdent pas l’arme nucléaire constituent un impératif.

Par ailleurs, a poursuivi le représentant, la communauté internationale doit rejeter la politique de dissuasion nucléaire et interdire de manière définitive les essais nucléaires.  « En outre, la finalisation d’un traité d’interdiction des matières fissiles, assorti de l’opérationnalisation d’un mécanisme de surveillance, contribuerait au désarmement nucléaire », a-t-il souligné, plaidant pour des usages civils pacifiques de l’énergie nucléaire sous vérification de l’AIEA.

Mme NORAZLIANAH IBRAHIM (Brunei Darussalam) a réaffirmé l’attachement de son pays au TNP et à ses trois piliers dans le but de parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Compte tenu de l’environnement sécuritaire imprévisible, il y a un réel besoin d’intensifier et d’améliorer les efforts collectifs de la communauté internationale en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, a-t-elle estimé.  Dans cet esprit, la représentante a lancé un appel aux États Parties au TNP pour qu’ils prennent les mesures nécessaires et fassent preuve de la volonté politique requise pour assurer le respect des obligations et des engagements qui leur incombent en vertus du Traité et du Plan d’action de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  Tout en déplorant la lenteur des progrès accomplis en termes de désarmement et de non-prolifération nucléaires depuis 2010, elle a néanmoins salué l’accord politique auquel sont parvenus le groupe des 5+1 et l’Iran ainsi que la tenue des trois conférences qui ont porté sur l’impact humanitaire qu’aurai l’utilisation d’armes nucléaires.

Brunei Darussalam a pour politique d’interdire le développement, l’acquisition et la prolifération de tout type d’armes de destruction massive, de leurs vecteurs et de leurs systèmes de mise en œuvre, a expliqué la représentante.  Elle a également insisté sur l’importance de l’entrée en vigueur du TICE, qui est un Traité qui mérite de devenir universel le plus vite possible.

En tant qu’État Partie au Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires d’Asie du Sud-Est, Brunei Darussalam est d’avis que ces zones sont un moyen efficace pour maintenir la paix et la sécurité au plan régional.  Dans cet esprit, Brunei est favorable à la mise en place d’une telle zone au Moyen-Orient et souhaiterait que la conférence sur l’établissement de cette zone puisse avoir lieu sans plus tarder.  Avant de conclure, Mme Ibrahim a abordé la question des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, qui est un droit inaliénable de tous les États Parties au TNP.  À cet égard, Brunei soutient l’AIEA, son autorité et son rôle primordial en termes de vérification et de garanties, a dit Mme Ibrahim.

Mme MONICA BOLANOS PEREZ (Guatemala) a déploré que chaque année, des milliards de dollars soient encore dépensés dans l’entretien et la modernisation des arsenaux nucléaires, alors même que les puissances nucléaires clament haut et fort leur attachement à atteindre l’objectif de l’élimination complète et vérifiable de ce type d’armes.  Dans le contexte actuel, qui se révèle complexe en termes de paix et de sécurité internationales, il importe plus que jamais de poursuivre sans relâche cet objectif, a-t-elle exhorté, en invitant les États nucléaires à accélérer le rythme du désarmement nucléaire et à accroitre la transparence de ce processus.  Mme Perez a aussi indiqué que le Guatemala soutenait l’initiative sur l’impact humanitaire des armes nucléaires et fait sien l’appel lancé par l’Autriche.  Appuyé par 159 autres pays, cet appel invite les États à inclure cette dimension dans les délibérations portant sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération.  Au chapitre des avancées, Mme Perez s’est félicitée de l’accord conclu par les États du Groupe 5+1 avec la République islamique d’Iran, qui jette les bases d’une solution équilibrée à la crise du nucléaire iranien et redonne confiance en l’efficacité du pilier de la non-prolifération du TNP.   

S’exprimant au nom de la Chine, des États-Unis, de la Fédération de Russie et de la France, M. MATTHEW ROWLAND (Royaume-Uni) a réitéré l’attachement du Groupe des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Groupe P5) au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) et à la mise en œuvre de ses trois piliers, qui se renforcent mutuellement.  « En tant qu’États dotés de l’arme nucléaire, nous réaffirmons l’objectif partagé du désarmement nucléaire et du désarmement général et complet, pour un monde plus sûr tel qu’il y est fait référence dans l’article VI du TNP », a déclaré le représentant, qui a réaffirmé l’attachement du Groupe à la réalisation de cet objectif, dans le cadre d’une approche graduelle.  M. Rowland a estimé qu’il y avait eu des progrès substantiels quant à la mise en œuvre de l’article VI du TNP.  « La course aux armements de la guerre froide est terminée.  Les stocks mondiaux sont à leur plus faible niveau depuis plus d’un demi-siècle, en raison des efforts sans précédent de la part des États dotés de l’arme nucléaire.  Et lorsqu’il sera pleinement mis en œuvre, le Traité New START permettra de parvenir au plus faible niveau d’armes nucléaires déployées aux États-Unis et en Fédération de Russie depuis les années 1950 », a indiqué le délégué.

Il a toutefois reconnu la nécessité de poursuivre les efforts dans le domaine du désarmement nucléaire au titre de l’article VI et du point 3 du Plan d’action de la Conférence d’examen de 2010, tout en soulignant la nécessité de maintenir « au plus faible niveau possible » les stocks dont chaque puissance nucléaire a besoin « pour répondre à ses exigences sécuritaires ».  Pour témoigner de la bonne volonté du P5, le représentant a rappelé que depuis 2009, date à laquelle le Royaume-Uni a initié ce processus, les États membres du P5 avaient organisé pas moins de six conférences afin de promouvoir le dialogue, la transparence et les approches communes.  Cet engagement s’étend aux efforts en cours pour faire entrer en vigueur le plus rapidement possible le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), a précisé le représentant, qui s’est félicité à cet égard de la tenue, à New York, en septembre prochain, de la neuvième Conférence sur la facilitation de l’entrée en vigueur du TICE.  Le P5, a ajouté la délégation, travaille en étroite coopération avec la Commission préparatoire de l’Organisation du TICE à la mise en place du régime de vérification du Traité.

Le P5 a également réaffirmé le soutien et la disposition de ses États membres à négocier immédiatement un traité pour l’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires, ainsi que leur engagement en faveur des « assurances de sécurité existantes » concernant l’usage d’armes nucléaires.  Le représentant a également souhaité la convocation, dès que possible, de la Conférence sur l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Évoquant ensuite l’« autorité » de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), M. Rowland s’est dit préoccupé par le défi posé par le non-respect, par certains États Parties au TNP, de leurs obligations en matière de non-prolifération.  Il s’est félicité que le groupe E3+3 et l’Iran aient réussi à définir les paramètres d’un accord autour du programme nucléaire iranien, accord qui pourrait être conclu d’ici au 30 juin 2015.  Le Royaume-Uni, au nom du Groupe P5, a par ailleurs appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à répondre favorablement aux efforts diplomatiques en cours pour la reprise éventuelle des pourparlers à Six, en vue de parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a reconnu le droit des États Parties à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, dans le respect des obligations de non-prolifération.

Le Groupe P5, au nom duquel le Royaume-Uni s’est exprimé, a reconnu qu’il fallait tirer les leçons de l’incident tragique de Fukushima en matière de sûreté et de sécurité nucléaires.  Enfin, il a rappelé qu’un État se retirant du TNP reste responsable des violations qu’il a commises avant son retrait de cet instrument.  Parallèlement, le P5 est convaincu que toute décision prise lors de cette Conférence d’examen en relation avec la question du retrait ne devrait pas conduire à une révision de l’article X du TNP.  Partisan de l’universalité du Traité, le Groupe P5 a encouragé les États qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer.

M. MOHAMED AHMED AL-SHANFARI (Sultanat d’Oman) a souligné que le TNP est confronté à des nombreux problèmes dans la mise en œuvre de tous ses principes et dispositions.  Il a insisté qu’il est nécessaire, de manière urgente, de procéder à l’élimination de toutes les armes nucléaires et d’assurer l’adhésion universelle des États à cet instrument.  Israël, a-t-il noté dans ce contexte, est le seul pays de la région du Moyen-Orient n’ayant pas encore souscrit au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ce qui ne facilite nullement la tenue de la conférence destinée à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  M. Al-Shanfari a appelé tous les États à faire tout ce qui leur est possible pour avancer dans la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires.

Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a déclaré que le TNP reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires.  Compte tenu de l’intensification des tensions entre les plus grandes puissances et compte tenu des vues différentes qui sont les leurs concernant l’application du Plan d’action élaboré par la Conférence d’examen de 2010, Mme Grignon a dit que le Kenya était inquiet que ces divergences puissent représenter un défi supplémentaire à relever

par la Conférence d’examen de 2015 si elle veut obtenir des résultats probants à la fin de ses travaux.  Il faut que tous les États Parties puissent parvenir à un accord sur la marche à suivre concernant la mise en œuvre des principes du Traité et des plans d’action proposés, car il y va de la crédibilité et de l’intégrité même du TNP, a dit la représentante. 

Profondément préoccupé par le fait que les puissances nucléaires ne remplissent pas leurs obligations légales relevant de l’Article VI du TNP et qu’elles ignorent le Plan d’action de 2010, Mme Grignon a suggéré de renoncer à l’approche au cas par cas pour adopter une approche plus concrète et axée sur les résultats.  Elle a salué la mobilisation croissante autour de l’impact humanitaire que pourrait avoir l’utilisation des armes nucléaires.  Les trois conférences tenues sur ce sujet en témoignent depuis 2010.  Il faut donc lier cette initiative humanitaire à l’examen de l’application du TNP, qui est en cours dans le cadre de cette Conférence, en vue de renforcer davantage l’intégrité du régime du Traité.  Le Kenya soutient l’engagement pris par l’Autriche sur la question, a dit Mme Grignon.  L’opposition croissante de la société civile, des ONG et du grand public aux armes nucléaires et à leurs conséquences potentielles désastreuses est un indicateur clair montrant qu’il faut aujourd’hui aller vers une élimination totale, sur une base juridique, de ces armes, a estimé Mme. Grignon.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a salué l’accord conclu entre le Groupe des États 5+1 et l’Iran sur la question du programme nucléaire de ce pays, ainsi que la proclamation formelle qui a été faite le 29 janvier 2014, de donner à la région de l’Amérique latine et des Caraïbes le statut de zone de paix.  Il a également souhaité la bienvenue à l’État de Palestine, qui participe pour la première fois à la Conférence d’examen du TNP en tant que 191e Partie au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).  M. Castillo a réitéré l’appui de son pays à la proposition de Cuba visant à ce que la communauté internationale adopte un instrument international juridiquement contraignant sur l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires.  Il a également souligné que le Nicaragua soutient le principe de non-discrimination, ainsi que le droit des États non dotés de l’arme nucléaire à être juridiquement protégés contre l’usage de ces armes.  M. Castillo a profondément regretté que la conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’ait pas pu se tenir.  Il a invité toutes les parties concernées dans cette région à redoubler d’efforts en vue de sa convocation effective.   

M. JEFFREY SALIM WAHEED (Maldives) a noté qu’en 45 ans, depuis l’entrée en vigueur du TNP, il y eu quelques progrès en termes de désarmement et de non-prolifération nucléaires, « si ce n’est qu’en mots, à défaut d’être en actions ».  Alors que le monde compte officiellement seulement cinq États dotés de l’arme nucléaire reconnus comme puissances atomiques, on constate cependant qu’environ 16 300 ogives nucléaires sont officiellement présentes dans les arsenaux mondiaux, a-t-il poursuivi avant d’émettre l’espoir que la planète ne soit jamais plus victime d’une détonation nucléaire, compte tenu de l’impact humanitaire et environnemental catastrophique qu’entraine l’usage de ce type d’armement. 

Toute avancée positive est la bienvenue en matière de désarmement, et cela tant que le nombre d’armes nucléaires peut être réduit de manière significative.  À terme, ces armes devraient être éliminées, a souligné M. Waheed qui a regretté le rôle que les armes atomiques jouent toujours dans les stratégies de sécurité nationales des pays qui en détiennent.  Il a dénoncé le fait que les puissances nucléaires poursuivent leurs activités de recherche et de développement d’armes nucléaires et continuent à mener des essais assistés par l’informatique et les ordinateurs, ce qui va à l’encontre du TNP.  Il a mis en garde le risque qui existe de voir ces armes tomber entre les mains de terroristes.

M. MIRZA PASIC (Bosnie-Herzégovine) a souligné la nécessité d’adopter de nouvelles mesures concrètes afin de prévenir la prolifération des armes nucléaires.  La communauté internationale doit présenter un front uni afin de construire un monde plus sûr, a-t-il poursuivi.  Il a apporté le soutien de son pays à des négociations transparentes et ouvertes sur la question du désarmement, ajoutant que la bonne foi entre les parties était cruciale.  « Le rôle des armes nucléaires dans les doctrines militaires doit être réduit », a-t-il également souligné.

M. Pasic a ensuite appelé de ses vœux une universalisation du TNP et a précisé que son pays s’était joint au Traité en 1994.  « La Bosnie-Herzégovine ne dispose pas d’installations nucléaires et n’a pas l’intention d’en construire », a-t-il affirmé, avant d’apporter l’appui de son pays aux travaux de l’AIEA.  Il a aussi indiqué que certaines sources d’énergie à rayonnements ionisants étaient utilisées en petite quantité dans son pays, en particulier dans le domaine médical.  En 2007, la Bosnie-Herzégovine a adopté une loi relative à la sûreté nucléaire qui régule l’utilisation de telles sources dans un souci de protection des populations et de l’environnement, a conclu le délégué.

M. ERICK MNEWA (Zambie) a dit que la Zambie était déterminée à œuvrer pour « combler le vide juridique existant, afin que soit assurées l’interdiction de l’usage et l’élimination de la détention des armes nucléaires », conformément à l’engagement auquel ont souscrit les participants, à l’initiative de l’Autriche, lors de la Conférence de Vienne sur les conséquences humanitaire de l’utilisation des armes nucléaires.  La Conférence a eu lieu en décembre dernier, a rappelé le représentant.  À cet égard, il a déploré la lenteur constatée des avancées en matière de désarmement. 

Par ailleurs, le représentant a dit que la Zambie soutient le rôle de l’AIEA, seule autorité compétente pour vérifier le respect, par les États parties, des obligations découlant des accords de garantie.  Il a réitéré que la création de zones exemptes d’armes nucléaires contribue à l’élimination de ces armes. 

M. GOERGE JAFFU (Malawi) a estimé que la seule façon de garantir la prospérité et la sécurité des êtres humains, 75 ans après l’explosion des bombes atomiques à Hiroshima et à Nagasaki, était d’interdire et d’éliminer les armes nucléaires.  Il a évoqué les conférences organisées ces deux dernières années en Norvège, au Mexique et en Autriche sur l’impact humanitaire de telles armes.  Or, a-t-il constaté, « il n’y a toujours pas d’engagement ferme pour réaliser l’objectif d’un désarmement complet ».  

Le Malawi a signé le Traité de Pelindaba, qui fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires, a précisé le représentant, et l’objectif final de ce Traité est de susciter la naissance d’un monde exempt d’armes nucléaires.  La question est maintenant de savoir si la Conférence d’examen du TNP de 2015 permettra d’avancer vers un désarmement complet, mené dans le cadre d’un processus « démocratique et inclusif », a déclaré M. Jaffu. 

M. AMJAD QAID AHMED AL KUMAIM (Yémen) a estimé que la poursuite de la modernisation de l’arsenal nucléaire des États qui en disposent constitue une énorme menace pour l’humanité, pour la paix, et pour la sécurité internationales, et est contraire aux dispositions du TNP.  Il a déploré, dans la même veine, la persistance des politiques de sécurité qui reposent sur l’utilisation de l’armement nucléaire contre des États qui n’en sont pas dotés.  Au Moyen-Orient, il a dénoncé la politique nucléaire d’Israël, qui risque d’inciter la région toute entière à se lancer dans une course à l’armement nucléaire, ce qui serait gravement périlleux pour la stabilité de tous les pays.  À ce propos, le représentant du Yémen a dénoncé le « silence international » qui entoure le programme nucléaire d’Israël, alors que ce pays rechigne toujours à se joindre au TNP.  Il a exigé, en conséquence, que les installations nucléaires israéliennes soient soumises au contrôle de l’AIEA, conformément à la résolution 487 (1981) du Conseil de sécurité.  Au niveau national, M. Al-Kumaim a attiré l’attention sur la « catastrophe humanitaire » actuelle au Yémen.  Il a ajouté que son pays importait 90% des besoins alimentaires et médicaux de sa population, soit 26 millions de personnes.  Il a lancé un appel pour que la communauté internationale vienne en aide au peuple yéménite, « sous tous les aspects ».

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES, de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL), a rappelé que les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ont désigné en 2014 son organisation en tant qu’entité régionale spécialisée chargée d’élaborer des positions communes sur le désarmement nucléaire.  Il a indiqué que le processus d’examen du TNP ne devait pas être de nature circulaire, voué à constamment revenir à son point de départ.  « Nous devons éviter l’état d’esprit qui consiste à penser que le TNP est là pour durer et que le monde ne s’écroulera pas si nous échouons à le mettre totalement en application », a-t-il dit.

M. Macedo Soares a ensuite appelé de ses vœux la tenue d’une conférence visant à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, ajoutant que tous les États parties au TNP y avaient intérêt, et pas seulement les États de la région.  « Des conditions politiques peu propices ne sauraient conduire à l’abandon de cette idée », a-t-il poursuivi, ajoutant que les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes avaient réussi à surmonter beaucoup de difficultés pour signer le Traité de Tlatelolco dans les années 1960.  « Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes », a-t-il conclu.

M. AHMED FATHALLA (Ligue des États arabes) a fait le bilan des progrès accomplis depuis la dernière Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en exprimant la déception qu’éprouvent les États arabes du fait que les États dotés de ces armes n’ont pas appliqué les six mesures et procédures qu’ils étaient tenus de mettre en œuvre.  Il a estimé que cette situation portait atteinte à la crédibilité des Conférences d’examen et du TNP, car les doctrines militaires de sécurité basées sur la dissuasion nucléaire continuent à dominer la majorité des approches adoptées par les États mentionnés.  M. Fathalla a sollicité la mise en place d’un mécanisme approprié pour que les États nucléaires s’acquittent de leurs obligations en matière de désarmement nucléaire à travers la mise en œuvre des mesures convenues lors des Conférences d’examen de 2000 et de 2010 en particulier.  De son côté, la Ligue des États arabes soumet un rapport annuel sur l’application de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité au niveau régional, a dit M. Fathalla. 

Dans ce cadre, il a regretté que la Conférence du désarmement n’ait pas encore entamé les discussions visant à l’adoption de procédures internationales concrètes et juridiquement contraignantes qui fourniraient des garanties de sécurité aux États non dotés de l’armement nucléaire.  Il a également mentionné l’article IV du Traité, relatif à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, et a rejeté, d’autre part, la politique de « deux poids deux mesures » en matière de recherche, de production et d’utilisation des technologies nucléaires.  M. Fathalla a commenté par ailleurs qu’il n’était pas possible de reporter indéfiniment la mise en œuvre de la résolution adoptée en 1995 sur le Moyen-Orient, qui demande la convocation d’une conférence devant créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région.  À cet égard, il a proposé comme date butoir à la tenue de cette conférence, la tenue de la Conférence d’examen de 2020.  En dépit de la coopération et de la souplesse dont ont fait preuve les États arabes au cours des cinq années écoulées, la partie israélienne continue à insister sur l’inclusion, sur l’agenda de la conférence, des questions qui ne doivent pas figurer dans le cadre de cette rencontre.  Israël ne prend en compte que ses prétendues préoccupations sécuritaires, et refuse même que l’ONU joue un rôle dans le processus préparatoire, a fait remarquer le représentant de la Ligue des États arabes.  Il a appuyé la proposition avancée par le Secrétaire général des Nations Unies et appelant à la convocation de la conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient dans les 180 jours suivant la fin des travaux de la présente Conférence d’examen du TNP.    

M. PHILIP SPOERRI, Observateur permanent du Comité International de la Croix Rouge (CICR) auprès des Nations Unies, a salué le fait qu’il y a cinq, pour la première fois, les États Parties au TNP avaient reconnu les « conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires ».  Force est de constater pourtant, qu’en 45 ans, il y eu peu de progrès concrets sur la voie du désarmement nucléaire, a regretté l’Observateur du CICR pour qui la modernisation en cours des arsenaux nucléaires semble être une indication claire que le rôle de ces armes dans les politiques sécuritaires n’est en rien en diminution.  Pour le CICR, il est crucial que les États Parties au TNP tiennent compte des nouvelles recherches portant sur l’impact humanitaire qu’aurait l’utilisation des armes nucléaires dans leurs délibérations et en tirent les conclusions qui s’imposent pour éliminer ces armes horribles.

L’évidence dont on dispose actuellement prouve que le pouvoir de destruction des armes nucléaires est sans pareil et que la souffrance humaine qu’elles infligent est catastrophique pour la santé et l’environnement, a rappelé M. Spoerri.  Leur impact sur la santé peut durer des décennies et avoir un impact sur les enfants des survivants qui souffriront sur plusieurs générations de troubles et de modifications génétiques.  De plus, les conséquences humanitaires d’une détonation atomique iraient bien au-delà du pays concerné, et aucun pays ou organisme international ne serait aujourd’hui en mesure d’apporter l’aide nécessaire aux survivants, immédiatement après la détonation, tout en protégeant ceux chargés d’apporter l’aide humanitaire, a d’autre part averti l’observateur du CICR.  Il a également souligné que le risque d’une détonation atomique accidentelle reste bien réel.  Pour le CICR, cette évidence devrait suffire pour que les États remettent en cause les armes nucléaires à la fois d’un point de vue légal et politique.

« Les armes nucléaires sont les seules armes de destruction massive qui ne sont pas explicitement interdites par le droit international », a rappelé M. Spoerri qui a estimé qu’il est impératif de remédier à ce vide juridique.  Il a rappelé l’appel lancé par le Président du CICR en février 2015 pour faire de cette Conférence d’examen un tournant en lui permettant d’adopter des étapes concrètes au cours desquelles les États Parties au TNP devraient remplir les engagements qu’ils ont sous l’article VI du Traité et adopter un calendrier pour négocier un instrument international juridiquement contraignant bannissant les armes atomiques et explorer la forme que cet instrument pourrait prendre.  En attendant l’élimination totale des armes nucléaires, le CICR exhorte les puissances nucléaires à significativement réduire le nombre de leurs ogives nucléaires placées en état d’alerte et à faire preuve de plus de transparence dans les mesures prises pour éviter toute détonation accidentelle.

Droit de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran a exercé son droit de réponse contre les « accusations injustifiées » avancées par le Canada au sujet du programme nucléaire iranien.  « En tant que membre d’une alliance militaire bien connue », le Canada apporte son appui à certaines puissances nucléaires et notamment à des États non partie au TNP, a dit le représentant.  Il a également dénoncé « le silence meurtrier du Canada face aux armes nucléaires du régime sioniste », ce qui montre à quel point la politique canadienne est « hypocrite en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaire », a-t-il poursuivi.  La position canadienne est d’autant plus regrettable que la plupart des interventions ont salué l’accord-cadre auquel sont parvenus le Groupe des 5+1 et l’Iran à Lausanne, alors que le Canada maintient sa position erronée, qui est compatible avec celle du régime israélien, a dit le représentant. 

« Un autre pays du Golfe a accusé l’Iran de s’ingérer dans les affaires internes des pays arabes », alors même que ce pays commet des violations graves du droit international, a poursuivi le représentant de l’Iran.  Le recours à la logique de guerre est voué à l’échec, a-t-il dit en expliquant que ce « dont a besoin notre région, c’est d’une autre logique », et l’Iran poursuivra son approche constructive, marquée par le dialogue.

Pour ce qui est de la décision qui a permis la participation d’Israël en tant qu’observateur à la Conférence d’examen du TNP de 2015, le représentant tient à rappeler que cela ne signifie pas que l’Iran reconnaît le régime israélien, a ensuite dit le représentant.  L’Iran souhaiterait voir ce régime adhérer au TNP et placer l’ensemble de ses installations au régime de l’AIEA.  L’Iran ne s’oppose pas pour autant à la décision prise par la Conférence parce qu’il espère qu’Israël finira par adhérer au TNP, a conclu le représentant iranien.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: la Secrétaire générale adjointe affirme que le multilinguisme est une priorité pour le DPI

Trente-septième session,
4e séance – matin
PI/2126

Comité de l’information: la Secrétaire générale adjointe affirme que le multilinguisme est une priorité pour le DPI

La Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach, s’est attachée, ce matin, devant le Comité de l’information, à reprendre certaines des questions et des observations qui avaient été formulées par des États Membres dans le cadre de son débat général, en assurant en particulier que le multilinguisme était une priorité du Département de l’information (DPI).

Mme Gallach a ainsi souligné le rôle clair du DPI dans le travail essentiel de l’ONU, à savoir la promotion du développement, le renforcement des droits de l’homme et la lutte contre l’intolérance, le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et l’amélioration de la réponse humanitaire aux populations en crise.

La question du multilinguisme, soulevée par nombre de délégations, représente « une priorité pour le Département », a assuré la Secrétaire générale adjointe.  « Nous en tenons compte dans l'ensemble de nos planifications et prises de décision afin que nous soyons en mesure d’atteindre un public aussi large que possible », a-t-elle dit.

En ce qui concerne les sites Internet qui relèvent de sa propre compétence, le DPI « reste fermement attaché à la production de contenus dans les six langues officielles en respectant les principes de l'accessibilité pour les personnes handicapées ».

D’une manière générale, a expliqué Mme Gallach, le Département « veille à ce que l’ensemble de ses plateformes de médias d’information, qu'elles soient traditionnelles ou sociales, soient aussi multilingues que possible ». 

« Les efforts déployés par le Département pour identifier les moyens de produire des communiqués de presse dans les six langues officielles se poursuivent », a-t-elle ajouté, en précisant qu’à la suite de consultations au sein du Comité du programme et de la coordination et, conformément au texte de son cadre stratégique, « le Secrétaire général a demandé des ressources pour des communiqués de presse dans les six langues officielles ».

Cette demande s’inscrit, a-t-elle dit, dans une « proposition plus large de ressources » afin que le DPI puisse répondre, tout en restant dans un cadre de prudence et d’efficacité financière, à des demandes d’États Membres.

Le Département s’efforce en outre d’initier des partenariats en vue de développer ses capacités multilingues, a—t-elle indiqué, en faisant état des liens établis avec des universités en Chine et en Espagne pour la traduction de contenus.  Des accords semblables avec des universités et des établissements d’autres pays et d’autres langues sont activement recherchés, a-t-elle ajouté.

Au sujet des médias sociaux, le DPI travaille avec le Bureau des technologies de l’information et des communications pour lancer une base de données répertoriant les comptes de l’ONU dans toutes les langues. 

La Secrétaire générale adjointe a insisté sur l’importance du soutien apporté par les États Membres aux centres d’information des Nations Unies.  Ils sont, a-t-elle fait observer, des collaborateurs essentiels des équipes de pays, œuvrant avec un large éventail de partenaires pour lancer des rapports, promouvoir des campagnes, appuyer les visites de hauts responsables de l’ONU et entretenant des relations très étroites avec les médias locaux. 

Mme Gallach a, par ailleurs, relevé l’intérêt manifesté par plusieurs délégations, y compris celles des principaux pays fournisseurs de contingents, dans le travail important entrepris par le DPI dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales. 

Elle a ainsi cité la contribution du Département dans la planification des opérations de maintien de la paix de l’ONU et l’évaluation des activités d’information sur le terrain.  La collaboration du DPI avec le Bureau des affaires de désarmement sur plusieurs questions a également été soulignée.

Sur la question de Palestine, le DPI est pleinement engagé dans la mise en œuvre du mandat qui lui avait été confié par la résolution 69/22 de l’Assemblée générale du 25 novembre 2014, y compris à l’égard du matériel audiovisuel et enquêtes menées dans la région par des journalistes.  « Nous étudions les moyens les plus pratiques pour mettre en œuvre le mieux possible les dispositions de la résolution », a affirmé Mme Gallach.

La Secrétaire générale adjointe a, d’autre part, mis l’accent sur les références faites par des délégations à la Bibliothèque Dag Hammarskjöld, laquelle, à ce jour, a numérisé dans les six langues officielles près de 300 000 documents comprenant près de trois millions de pages.  Elle travaille en collaboration avec la Bibliothèque des Nations Unies à Genève qui, elle, a numérisé près de 100 000 documents.

Ces textes sont accessibles en ligne sur le système de documentation officielle des Nations Unies, a-t-elle dit, en précisant que l’on estimait à 17 millions le nombre de documents imprimés devant encore être numérisés dans les collections de la Bibliothèque des Nations Unies, dont environ quatre millions sont considérés comme particulièrement importants et font actuellement l’objet d’une numérisation systématique.

La prochaine séance publique du Comité de l’information sera annoncée ultérieurement dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.