Devant l’Instance permanente, l’Australie et le Mali tiennent deux discours opposés sur les peuples autochtones
L’Instance permanente sur les questions autochtones, qui devrait terminer ses travaux demain, a entendu aujourd’hui deux discours opposés sur les peuples autochtones: l’ancien Premier Ministre de l’Australie est revenu sur les « excuses officielles » qu’il a présentées aux Aborigènes alors que le représentant du Mali a nié aux Touaregs le statut de peuple autochtone, les accusant d’avoir fait le choix de s’allier à des bandes narcoterroristes et djihadistes pour faire aboutir leur projet irrédentiste.
« Nous pensions qu’après 200 ans de colonisation, il était temps de reconnaître la brutalité dont avaient été victimes les Aborigènes car elle entachait notre terre », a confessé aujourd’hui l’ancien Premier Ministre de l’Australie, pour expliquer les « excuses officielles » du 13 février 2008, qui ont, selon lui, conduit à « un changement des cœurs et des attitudes ». Depuis lors, chaque jour anniversaire de ces excuses est l’occasion de publier un rapport sur les succès et les échecs des initiatives menées pour réduire l’écart entre les autochtones, « anciens citoyens de seconde zone », et les autres Australiens. La réconciliation est possible, s’est-il dit convaincu, si la volonté politique est là. « Je ne sais pas comment ce message peut s’appliquer aux autres peuples autochtones du monde, mais je vous encourage vivement à persévérer dans la lutte que vous menez », a lancé l’ancien Premier Ministre.
« Il n’y a pas de peuples autochtones au Mali », a affirmé le représentant malien, en convoquant le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité qui l’auraient également reconnu et en plongeant dans « la consternation » un membre de l’Instance permanente. Ce qui se passe au nord du Mali, a-t-il avancé, est que des individus armés, « sous le prétexte fallacieux d’être exclus et marginalisés », ont fait le choix de s’allier à des bandes narcoterroristes et djihadistes pour faire aboutir, par la terreur et la violence, leur projet irrédentiste. Le représentant a demandé aux plus radicaux de la Coordination des mouvements des groupes armés de se libérer de l’emprise des groupes terroristes et narco-djihadistes, de rompre tous les liens avec les groupes obscurantistes et de procéder à la signature de l’Accord de paix soumis par la médiation internationale.
Ces propos ont été jugés « inacceptables » par le représentant de l’Association ELLAY de Tombouctou. Il a dénoncé une campagne de désinformation orchestrée pour faire des amalgames entre les terroristes et le peuple touareg, dans le but de dénaturer et d’étouffer sa lutte d’« autogestion » conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Le représentant a dit craindre un Accord de paix qui ne comporte pas un minimum de droits fondamentaux d’« autogestion », une situation, a-t-il prévenu, qui risque de prolonger la souffrance des autochtones sur leur territoire déjà miné par divers acteurs géopolitiques et économiques en « course annoncée » pour les richesses mais aussi par des groupes narcoterroristes menaçant les libertés de culte et de croyance.
Une autre joute a eu lieu entre le représentant du Viet Nam et celle de la « Khmers Kampuchea-Krom Federation » qui a demandé la reconnaissance de son peuple comme peuple autochtone du détroit du Mékong. Le représentant vietnamien a rejeté les propos d’une Fédération « qui n’est même pas reconnue » par les autres organisations autochtones d’Asie et qui n’apporte « rien de concret ou de positif ». Les revendications des russophones de Lettonie leur ont valu une mise au point du Vice-Président de l’Instance permanente qui a souligné qu’ils ne constituent pas un peuple autochtone letton, contrairement aux Finno-ougriens. Le représentant malien a d’ailleurs appelé l’Instance permanente « à rester vigilante » afin que la notion de « peuple autochtone » ne soit pas galvaudée à des fins inavouées et contraires à l’esprit de la Charte des Nations Unies.
L’Instance permanente sur les questions autochtones tiendra sa dernière séance demain vendredi 1er mai à partir de 10 heures.
Application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
La représentante de Native Women’s of Canada a d’emblée demandé à la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones de tenir une audience dans le territoire autochtone du Dakota du Nord sur la violence physique et sexuelle contre les femmes, résultant des activités d’extraction dans la région. Elle a vu un lien clair entre l’extraction d’énergie fossile et l’« épidémie » de violence sexuelle contre les femmes des Premières nations dans les grandes plaines d’Amérique du Nord et la région des Grands Lacs. Elle a insisté sur le lien entre « boom pétrolier et boom de la traite » qu’il faut inscrire dans les processus plus larges de la colonisation et du génocide.
La représentante a mentionné une étude de 2014 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui a estimé à 21 millions par an dans le monde, le nombre des victimes de la traite vouées à l’esclavage tout court ou à l’esclavage sexuel. L’étude a montré que les violences sexuelles et la traite de personnes sont exponentiellement plus élevées près des zones d’extraction et des camps de travail, a dit la représentante en s’attardant longuement sur les exemples des champs de pétrole de Bakkenn et d’Athabasca. Il est temps que la Rapporteuse spéciale organise une audition et une mission d’établissement des faits dans les territoires mandan, hidatsan, arikara, anishinaabeg et lakota, sans oublier celui de Dene dans le Nord. Il est temps également que l’Instance permanente sur les droits des peuples autochtones prévoit des discussions sur l’impact des changements climatiques sur le bien-être des autochtones, a estimé le représentant de Coordinadora de Organizaciones Indigenas Campesians y Comunidades Interculturales de Bolivie.
« Nous souhaitons être considérés comme des peuples autochtones du détroit du Mékong et demandons la libération des deux dirigeants traditionnels détenus pour avoir exercé leur droit à la religion », a plaidé, pour sa part, la représentante de Khmers Kampuchea-Krom Federation, exhortant le Gouvernement du Viet Nam à mettre en place des programmes de formation aux droits de l’homme pour les fonctionnaires et les peuples autochtones. Le représentant du Viet Nam a rejeté les prétentions de la « Federation Krom » qui n’est pas reconnue par d’autres organisations autochtones d’Asie. Il s’est opposé à la participation future de cette organisation aux travaux de l’Instance au motif qu’elle n’apporte « rien de concret ou de positif ». Au Viet Nam, a-t-il argué, 54 groupes ethniques vivent en harmonie depuis des milliers d’années et le Gouvernement met en œuvre la Déclaration sur les droits des peuples autochtones « de bonne foi », en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour combattre les violations de ces droits, a affirmé le représentant.
Que font les Forces armées indiennes au Jammu-et-Cachemire? a dénoncé, pour sa part, le représentant de Naga Peoples Movement for human rights d’Asie qui a demandé l’abrogation de la « Armed Forces Special power Act » de 1958 permettant cette présence militaire. L’Instance permanente doit faire « de la militarisation des terres et territoires autochtones » un des thèmes de sa prochaine session, a recommandé le représentant du Caucus des peuples autochtones d’Asie. Elle doit mener une étude sur les différentes formes de militarisation; sur leur impact sur les femmes, les jeunes et les enfants; et sur la culture et l’identité autochtones. Elle doit aussi pencher sur la multiplication « alarmante » des recours aux forces paramilitaires ou groupes armés privés pour protéger les entreprises publiques et privées.
Chez nous, a affirmé la représentante de l’Association des peuples de la Cordillère, un dirigeant autochtone est tué chaque mois de façon arbitraire et en toute impunité. Soixante-six pour cent des terres autochtones font l’objet d’un permis d’exploitation accordé sans avoir consulté préalablement les peuples autochtones, a-t-elle ajouté. Aucun autochtone n’est présent dans l’administration, a accusé, à son tour, la représentante de International Work of Non-Governemental Organizations au Bangladesh. Elle a aussi dénoncé les violences, les disparitions forcées et les viols contre les militantes des droits des peuples autochtones dans un pays « où il n’y pas de justice pour les victimes ». Elle a appelé le Gouvernement à mettre en œuvre l’Accord de 1989 avec les peuples autochtones et à abroger toutes les lois qui vont à l’encontre des intérêts de ces peuples. Elle a aussi réclamé des enquêtes sur la violence contre les femmes autochtones.
Un autre appel au secours a été lancé par la représentante de l’Association of Russian language indigenous people inhabiting territory of present Latvia qui a attiré l’attention sur les 140 000 russophones de Lettonie, soit 8% de la population lettone, exclus de la gestion de l’État. La langue russe y est interdite dans les lieux publics sous peine d’amende, tout comme les manifestations. La chaîne de télévision russophone RTR a d’ailleurs été interdite d’antenne. Le Vice-Président de l’Instance a tout de même souligné que les russophones de Lettonie ne constituent pas un peuple autochtone, un statut qu’ils n’ont de toute façon jamais réclamé. En revanche, le peuple finno-ougrien de Lettonie a, à juste titre, obtenu le statut de peuple autochtone puisqu’il vit depuis des milliers d’années dans le pays. Une mise en garde est venue du représentant du Mali, un pays où « il n’y a pas de peuple autochtone ». Il a appelé l’Instance à rester vigilante afin que la notion de « peuple autochtone » ne soit galvaudée à des fins inavouées, contraires à l’esprit de la Charte des Nations Unies. Mais, a rétorqué une membre du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, « consternée » par ces propos, la Commission africaine des droits de l’homme a reconnu les Touaregs comme peuple autochtone.
Ces propos ont été jugés « inacceptables » par le représentant de l’Association ELLAY de Tombouctou. Il a regretté le refus de la délégation malienne de dialoguer et a attiré l’attention sur « l’extermination à petit feu » des peuples du Sahel, en particulier dans la région de l’Azawad dans le nord du Mali. Après plus d’un demi-siècle de massacres, de spoliations, de contraintes à l’exil, de déni des droits par les pouvoirs centraux à Bamako, aujourd’hui encore, a dit le représentant, mon peuple est pris dans un étau étouffant entre l’absence de justice, la pauvreté et l’inadaptation d’un système de gouvernance centralisé qui ne tient pas compte de nos réalités locales. Le représentant a dénoncé une campagne médiatique de désinformation orchestrée à des fins d’amalgame terroriste contre le peuple touareg dans le but de dénaturer et d’étouffer sa lutte d’autogestion conformément à ses droits prédéfinis dans la Déclaration des Nations Unies.
Qu’en est-il des peuples autochtones en Indonésie? Ils ont été reconnus par la Cour suprême de justice, a indiqué la représentante de l’Aliansi Masyarakat Adat Nusantara, regroupant 15 millions d’autochtones indonésiens et continuant de subir des arrestations arbitraires surtout dans les affaires d’acquisition de terres. Elle a invité son gouvernement à exécuter la décision de la Cour suprême de justice et réclamé une cartographie des territoires autochtones ainsi que la création d’une commission nationale qui servirait de pont entre le Gouvernement et les peuples autochtones. Le représentant du Caucus du Pacifique a confirmé la poursuite des violations des droits des peuples autochtones de la Papouasie orientale. Celle de « Shimin Gaikou Center » a exprimé la détermination de son organisation à préserver l’identité culturelle de son groupe qui fait face à une politique d’assimilation forcée. Elle a dénoncé les clichés sur son peuple et souhaité que son histoire soit reflétée dans les manuels scolaires japonais. Elle a appelé le Gouvernement du Japon à combattre les discours de haine propagés par certains politiciens à l’égard de son peuple.
C’est l’élargissement des espaces de dialogue avec les autochtones qu’il faut et c’est ce qu’a fait l’Équateur, a affirmé son représentant dont le Gouvernement favorise une politique publique adaptée à la « cosmovision ». Le Plan national pour les peuples de 2013 a conduit à la création d’une Direction de la médecine traditionnelle au sein du Ministère, au renforcement de la Direction de l’enseignement bilingue au sein du Ministère de l’éducation et à une politique de protection des territoires autochtones isolées, interdisant toute activité industrielle et toute mission religieuse. En El Salvador, c’est une Stratégie nationale de développement tenant compte des spécificités des peuples autochtones qui a été lancée, dont une politique culturelle fondée sur le principe du consentement libre, préalable et éclairé et une politique de santé publique incluant les connaissances traditionnelles et prévoyant des équipes médicales mobiles pour les peuples autochtones. Le Gouvernement a aussi lancé un programme de préservation des langues autochtones, dont des émissions de télévision. Ce qu’il faut, a tranché le représentant salvadorien, c’est la « bonne volonté » des États. Ce qu’il faut c’est la solidarité, a ajouté la représentante de la Confederacion Nacional de Mujeres Indigenas Originarias de Bolivia « Bartolina Sisa ».
Ni « bonne volonté » ni « solidarité » en Uruguay, aux dires du représentant de Consejo de la Nacio Charrua qui a parlé du « génocide » perpétré entre 1931 et 1934 contre les peuples autochtones soumis aujourd’hui encore à des inégalités criantes par rapport à la population blanche. D’après les études, 36% des besoins des autochtones ne sont pas satisfaits contre 31% chez les Blancs, a dénoncé le représentant. Il a demandé des « excuses officielles » de la part de son Président et l’a exhorté à accorder des réparations et à ratifier la Convention 169 de l’OIT sur les « populations indigènes et tribales ».
Des mesures inutiles au Mali puisqu’il n’y a pas de peuples autochtones, a asséné son représentant. Cette évidence, a-t-il argué, a été solennellement confortée par le Conseil des droits de l’homme, à deux reprises. À cette occasion, « il a été solennellement reconnu qu’il n’existe aucune discrimination entre les différentes composantes de la nation malienne qui ont toujours vécu en harmonie et en bonne intelligence ». Cette évidence a été également comprise par le Conseil de sécurité qui a adopté quatre résolutions sur le Mali, invitant l’ensemble des Maliens à un dialogue inclusif, y compris, a souligné le représentant, « nos frères du Nord », dont une infime minorité se réclamant de peuple autochtone, les armes à la main, revendique l’indépendance des deux tiers du territoire national ou une fédération avec l’État du Mali.
Ce qui se passe au nord du Mali, a estimé le représentant, est que des individus armés, « sous le prétexte fallacieux d’être exclus, marginalisés », ont fait le choix de s’allier à des bandes narcoterroristes et djihadistes pour faire aboutir, par la terreur et la violence, leur projet irrédentiste au mépris des pertinentes résolutions du Conseil de sécurité, et des décisions et recommandations de nombreuses entités sous-régionales et internationales. La présente session de l’Instance se déroule dans un contexte marqué par la mobilisation de la communauté internationale pour amener les groupes armés du nord du Mali à intégrer le processus de dialogue inclusif inter-malien à travers la signature à Bamako, le 15 mai 2015, de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Le représentant a demandé aux plus radicaux de la Coordination des mouvements des groupes armés de se libérer de l’emprise des groupes terroristes et narco-djihadistes, de rompre tous les liens avec les groupes obscurantistes, et enfin de procéder à la signature de l’Accord de paix soumis par la médiation internationale.
Les négociations politiques peinent à produire un accord consensuel, a reconnu le représentant de l’Association « ELLAY » de Tombouctou. Il a dit craindre un accord qui ne comporte pas un minimum de droits fondamentaux d’autogestion, une situation, a-t-il prévenu, qui risque de prolonger la souffrance des autochtones sur leur territoire déjà miné par divers acteurs géopolitiques et économiques en « course annoncée » pour les richesses mais aussi par des groupes narcoterroristes menaçant les libertés de culte et de croyance. Le représentant a proposé l’établissement de stratégies de contrôle indépendant qui permettront de prévenir les conséquences des infrastructures industrielles sur la santé, l’élaboration d’un cadre spécial de suivi de la situation des peuples autochtones vivant dans les zones de conflit; l’adaptation des structures autochtones à l’ONU en termes de mandat et de fonctionnement vu les acquis de la Déclaration des Nations Unies et la taille des défis liés aux recommandations de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones; la prévention d’une bureaucratisation non maîtrisée de la cause autochtone au sein du système de l’ONU qui risquerait de placer les premiers concernés en position de spectateurs et non de parties prenantes à la mise en œuvre des chantiers.
Une membre de l’Instance a rappelé aux États qu’il faut prendre au sérieux la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et la Convention 169 de l’OIT, soutenue en cela par la représentante de School Sisters of Notre Dame. Le représentant des Samis a demandé à tous les États de ratifier la Convention sur le patrimoine mondial de l’UNESCO et a exhorté l’Instance à mener une étude sur les processus de ratification dans chaque pays. Il a exhorté l’Instance à participer à la trente-neuvième session du Comité du patrimoine où des questions sur les autochtones seront abordées. C’est l’UNICEF qui a été sollicité par le représentant d’Organisme autochtone pour la planification et le développement Naleb pour mettre en place des programmes spécifiques à l’intention des enfants autochtones, en coordination avec les organisations autochtones. Il faut faciliter les moyens de communication dans les langues autochtones et saisir toutes les opportunités offertes par les technologies de l’information et des communications pour promouvoir et faire entendre les attentes légitimes des peuples autochtones. La représentante du Forum international des femmes autochtones a en effet demandé des fonds pour renforcer l’identité culturelle autochtone. En tant que femmes, nous sommes éducatrices et nous avons besoin d’aide pour transmettre notre savoir à nos enfants. Le représentant de plusieurs organisations autochtones d’Afrique a demandé « vivement » à la Suisse de continuer de financer le Centre de documentation, de recherche et d’information des peuples autochtones (DOCIP) et le Fonds suisse pour permettre aux délégués autochtones de participer aux travaux de l’ONU.
« Vous êtes les cœurs et les âmes de notre planète Terre et en tant que civilisation nous devons apprendre de vos connaissances traditionnelles », a dit Kevin Rudd, ancien Premier Ministre de l’Australie qui, le 13 février 2008, a présenté des excuses officielles aux Aborigènes pour toutes les injustices qu'ils ont subies ces deux derniers siècles. « Nous pensions qu’après 200 ans de colonisation, il était temps de reconnaître la brutalité dont avaient été victimes les Aborigènes car elle entachait notre terre », a ajouté l’ancien Premier Ministre. « Nous nous sommes posés une question très simple: allions-nous faire pencher la balance d’un côté de l’histoire ou reconnaître les énormes dégâts causés à des peuples fiers et à leur culture? ». L’ancien Premier Ministre a reconnu qu’il est toujours difficile de demander pardon et qu’il faut beaucoup d’humilité pour décider de le faire.
Il a indiqué que c’est le rapport « Bringing Them Home » qui, en 1997, a mis le scandale des « générations volées » au grand jour, avec un profond impact sur l’opinion publique. Après avoir reconnu les faits, il a fallu reconnaître que « moi, homme blanc », j’avais traité les Aborigènes comme citoyens de seconde zone. Il fallait le reconnaître pour bâtir « un socle de confiance », a dit l’ancien Premier Ministre, en ajoutant que les excuses officielles ont conduit à un changement « des cœurs et des attitudes ». La deuxième étape a consisté à se pencher sur les conséquences économiques et sociales de ces déplacements et enlèvements et à envisager des initiatives réparatrices.
L’ancien Premier Ministre a précisé qu’à chaque jour anniversaire des excuses officielles est publié un rapport sur les succès ou les échecs des initiatives menées pour réduire l’écart entre les autochtones et les autres Australiens. La réconciliation est possible, s’est-il dit convaincu, si la volonté politique est là. « Je ne sais pas comment ce message peut s’appliquer aux autres peuples autochtones du monde, mais je vous encourage vivement à persévérer dans la lutte que vous menez », a insisté l’ancien Premier Ministre australien.
Aussi, le Gouvernement somalien a été invité par le représentant de l’Organisation de la minorité à reconnaître l’existence de cette minorité, à protéger leur langue, leur culture et leur tradition, et à encourager la participation politique, sociale et économique. Au Gouvernement éthiopien, il a demandé la restitution des terres pillées, une participation égale dans l’arène politique et des dommages et intérêts pour les terres confisquées. À la communauté internationale, le représentant a réclamé une meilleure gestion du flux d’informations entre les agences de l’ONU sur le terrain et les Gabooye et une meilleure intégration de la culture de la prévention plutôt que celle de la réaction, conformément au principe de la responsabilité de protéger. La communauté internationale doit également faire plus s’agissant de la justice réparatrice.
La communauté internationale, en particulier l’Instance permanente, a été appelée par le représentant de Conselho Indigenista Missionario (CIMI) à obtenir du Gouvernement brésilien une enquête approfondie sur le meurtre, ce 26 avril dernier, du leader indien Eusebius Ka’apor qui, selon toute vraisemblance, aurait été assassiné par des bûcherons. Le Gouvernement, a poursuivi le représentant, doit assumer sa responsabilité constitutionnelle de promouvoir la démarcation et la protection des terres autochtones. La Présidente Dilma Rousseff doit opposer son veto à la loi sur la biodiversité et le savoir traditionnel adoptée par le Parlement brésilien le 28 avril dernier. Enfin, le Gouvernement brésilien doit ouvrir un large processus de consultations avec tous les peuples autochtones et autres détenteurs de droits pour élaborer une loi véritablement inclusive et respectueuse des connaissances traditionnelles et de la biodiversité du Brésil. L’Instance devrait d’ailleurs examiner la question de l’exploitation minière des fonds marins, a suggéré le représentant de l’Organisation « Land is Life » qui a aussi voulu l’instauration de dialogues entre les experts des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme et les peuples autochtones. Celui de Bunong Indegenous Community Association (BICA a demandé aux Gouvernements cambodgien et vietnamien de reconnaître, de protéger et de promouvoir « immédiatement » les droits des peuples bunong à traverser la frontière. Le Viet Nam, a-t-il poursuivi, doit inclure dans son plan de développement des mesures sur les droits des peuples autochtones à communiquer librement et sans restriction dans et au-delà des frontières. Le plan doit se débarrasser des obstacles imposés aux pratiques religieuses. Il est temps que tous les pays acceptent la pluralité des peuples autochtones, en sachant qu’en mettant en œuvre la Déclaration des Nations Unies, ils renforcent en fait leur pays, a dit le représentant, soutenu par son homologue du Consejo de la Nacion Charrua.