En cours au Siège de l'ONU

Conférence d’examen du TNP,
9e séance – après-midi
CD/3558

La Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire entend le vibrant plaidoyer d’ONG en faveur de l’élimination des armes nucléaires

                 

Les organisations non gouvernementales invitées à prendre part aux travaux de la Conférence d’examen de 2015 ont lancé aujourd’hui un vibrant appel pour l’élimination totale des armes nucléaires au cours d’une réunion inscrite à l’agenda de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dont la session quinquennale se tient au Siège des Nations Unies, à New York, jusqu’au 22 mai.

En présence de plusieurs Hibakusha, –personnes qui ont survécu aux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki- les ONG, ainsi que les maires de ces deux villes japonaises, ont notamment exhorté les États Parties au TNP à entamer sans tarder des négociations en vue de l’adoption d’un traité interdisant la fabrication, la détention et l’utilisation de ces « armes inhumaines », traité qui serait la première étape sur la voie de leur élimination.

Ce segment des travaux de la Conférence d’examen, animé par M. Akira Kawasaki, de l’organisation Peace Boat, et consacrée à la présentation des exposés des ONG, s’est ouverte sur les témoignages émouvants des survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, qui ont eu lieu il y a près de 70 ans.  

« Les souffrances endurées à Hiroshima et Nagasaki ne doivent plus jamais se répéter », a souligné M. Terumi Tanaka, qui a survécu au bombardement atomique de la ville de Nagasaki, et qui est membre de l’association Hibakusha, Nihon Hidankyo.  « Nous devons faire preuve de la plus grande sagesse humaine en interdisant ces armes inhumaines », a-t-il dit.

Ce vœu exprimé par M. Tanaka a été repris par Mme Setsuko Thurlow, survivante du bombardement d’Hiroshima, qui a indiqué qu’elle l’exprimait « au nom de toutes les victimes du nucléaire, à Hiroshima, à Nagasaki, mais aussi, à Tchernobyl, en Polynésie française, dans les Îles Marshall, ou à Fukushima ».  Elle a salué l’émergence d’un mouvement mondial en faveur de l’établissement d’un traité d’interdiction des armes nucléaires, dont l’initiative est menée par des pays tels que la Norvège et l’Autriche et par des organisations de la société civile.  « Le monde est à cet égard impatient », a affirmé la survivante d’Hiroshima.

« Les armes nucléaires sont le mal absolu », a déclaré M. Katzumi Matsui, maire d’Hiroshima, avant de rappeler que 140 000 personnes avaient trouvé la mort lors du bombardement de la ville qu’il dirige aujourd’hui il y a près de 70 ans.  Il a indiqué que l’adoption d’un traité d’interdiction des armes atomiques permettrait de combler le fossé juridique entre le droit existant d’un côté, et de l’autre l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires.  Le maire de la ville de Nagasaki a, quant à lui, demandé l’établissement d’une zone exempte de l’arme nucléaire en Asie du Nord-Est.

Ce point de vue a été partagé par Mme Daniela Verano, de l’organisation ICAN, qui a indiqué que la Conférence d’examen du TNP était l’occasion d’avancer sur la voie de l’interdiction de la fabrication, de la détention et de l’usage de l’arme atomique, « avec ou sans les pays dotés de l’arme nucléaire ».  Cette interdiction est possible, a-t-elle dit, ajoutant que ceux qui s’opposeraient à ces négociations feraient le jeu des pays dotés de l’arme nucléaire.

La représentante de l’ONG Women’s International League for Peace and Freedom a noté que 18 États étaient désormais en faveur d’une telle interdiction, tandis que son homologue de People for nuclear disarmament a rappelé que la « survie de l’humanité dépendait de la mise hors la loi de l’arme nucléaire ».  Les délégués de Peace and Planet Mobilisation et d’IALANA ont, pour leur part, demandé que cette indiction intervienne dans un délai raisonnable.

La jeune déléguée de l’organisation non gouvernementale Ban All Nukes generation (BANg) a accusé les dirigeants mondiaux d’avoir oublié leur idéalisme de jeunesse en ce qui concerne l’interdiction des armes nucléaires.  « Parce que la dernière catastrophe nucléaire s’est déroulée il y a 70 ans, la communauté internationale est comme cet individu jeté d’un gratte-ciel qui se dit, alors que les étages défilent et que sa chute se poursuit, que jusqu’ici tout va bien. »

Les intervenants, à l’instar de certaines délégations d’États Parties qui ont pris la parole, comme celle de l’Autriche, ont déploré la lenteur des progrès et des avancées dans le champ du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  « Les cinq États membres permanents du Conseil de sécurité n’ont pas honoré leurs engagements pris en vertu de l’article VI du TNP », a affirmé le parlementaire néo-zélandais, M. Phil Goff, avant de demander que le pilier du désarmement reçoive la même attention que le pilier de la non-prolifération.

Le délégué de la Suède a, pour sa part, souhaité que la Conférence d’examen du TNP renforce son interaction avec les organisations de la société civile, tandis que le représentant de l’ONG Arms Control Association a exhorté la Fédération de Russie et les États-Unis à intensifier leurs efforts en vue de poursuivre la réduction de leurs arsenaux nucléaires. 

Les États-Unis ont par ailleurs été vivement critiqués par certains intervenants, dont la représentante de l’association Solidarity for Peace and Reunification of Korean (SPARK), qui a accusé l’administration du Président Obama « d’hypocrisie et d’incompétence » sur le dossier de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Elle a estimé que les efforts de la République populaire démocratique de Corée allant en ce sens avaient été ignorés par les États-Unis.

Enfin, M. Sim Jae Tae, un survivant sud-coréen du bombardement d’Hiroshima, s’est, lui, étonné que les États-Unis n’aient pas encore présenté leurs excuses aux Hibakusha. « Les États-Unis attendent-ils que nous mourions tous pour s’excuser? » s’est-il interrogé, rappelant que l’âge moyen des survivants était de 80 ans.

Les représentants des organisations non gouvernementales dont la liste suit ont également pris la parole: Western States Legal Foundation, UNFOLD ZERO, World Council of Churches, Egyptian Council for Foreign Relations, Group of NGO Experts from New Agenda Coalition countries, et People’s Solidarity for Participatory Democracy (PSPD).

 

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