Forum des Nations Unies sur les forêts: la onzième session s’ouvre sur des appels en faveur du renforcement de l’arrangement international sur les forêts au-delà de 2015
Présidée par M. Noël Nelson Messone, du Gabon, élu pour un cycle biennal, la onzième session du Forum des Nations Unies sur les forêts s’est ouverte, aujourd’hui, au Siège de l’ONU, sur des appels en faveur du renforcement de l’arrangement international sur les forêts en vue de l’intégrer dans le programme de développement pour l’après-2015, dont l’adoption est prévue en septembre prochain à New York.
Créé en 2000 par une résolution du Conseil économique et social, le Forum est la seule enceinte intergouvernementale au sein des Nations Unies habilitée à discuter de manière globale des questions environnementales et socioéconomiques relatives aux forêts.
M. Messone a donc invité les participants de la présente session, qui se poursuivra jusqu’au 15 mai et comprendra un segment ministériel de haut niveau, à se montrer « coopératifs et audacieux », afin de « rehausser le profil des forêts dans le programme de développement pour l’après-2015 ».
Dans l’un de ses quatre rapports présentées à cette session*, le Secrétaire général a souhaité l’intégration, dans ce programme, d’un arrangement international qui soit « plus efficace, porteur et stimulant » et prévoit notamment les mesures facilitant la mise en œuvre et le financement d’une gestion durable des forêts.
« Il est temps de prendre les forêts au sérieux », a déclaré le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, à l’ouverture de la session, avant de souligner que 1,6 milliard de personnes étaient tributaires d’une manière ou d’une autre des forêts. Il a indiqué qu’un arrangement satisfaisant sur les forêts permettrait de mettre la communauté internationale sur la voie de l’économie verte et du développement durable.
Dans un autre rapport**, le Secrétaire général insiste sur la lenteur des progrès permettant de réaliser les quatre objectifs concernant les forêts, dont l’amélioration des moyens de subsistance des populations tributaires des forêts et l’accroissement de la superficie des forêts protégés dans le monde.
Prévus par l’Instrument juridiquement non contraignant sur les forêts, qui avait été approuvé par l’Assemblée générale en 2007, les deux autres objectifs visent à mettre fin à la réduction du couvert forestier et à renverser la tendance au déclin de l’aide publique au développement destinée à la gestion durable des forêts.
Parmi les difficultés rencontrées, le Secrétaire général insiste sur une insuffisance de financement découlant « du peu d’importance que les pays attachent à la gestion durable des forêts par rapport aux autres priorités gouvernementales et à la sous-évaluation des avantages économiques, sociaux et environnementaux des ressources forestières ».
Le Directeur du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, M. Manoel Sobral-Filho, qui a présenté les rapports du Secrétaire général, a souligné que 81 États Membres avaient soumis leur rapport national sur les progrès réalisés concernant la gestion durable des forêts, ce qui représente 72% des 4,1 milliards d’hectares de la couverture forestière mondiale.
L’après-midi, les États Membres ont pu avancer leurs propositions pour une meilleure gestion durable forestière, une intégration optimale dans le programme de développement pour l’après-2015 et un renforcement des moyens du Forum.
« Il faut établir un lien entre le nouvel arrangement international et le programme de développement pour l’après-2015 », a estimé le délégué de l’Union européenne. L’Instrument sur les forêts, a-t-il souhaité, doit rester au cœur du futur arrangement. « Nous ne sommes pas en faveur de la réouverture de négociations sur ce point », a-t-il dit.
Le délégué de l’Union européenne a également demandé que le futur arrangement se penche sur les causes profondes de la déforestation, tandis que son homologue de la Malaisie, appuyé par la déléguée de l’Argentine, a recommandé que le nouvel arrangement devienne un instrument clef de la lutte pour l’éradication de la pauvreté.
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la déléguée de l’Afrique du Sud a, pour sa part, demandé l’établissement d’un fonds mondial pour les forêts qui aura pour rôle de fournir des ressources financières durables aux pays en développement pour la réalisation des objectifs internationaux.
« Les pays doivent avoir accès à des ressources suffisantes pour mettre en œuvre une gestion durable des forêts », a renchéri le représentant de la Malaisie. Il faudrait clarifier cette notion de gestion durable des forêts, a estimé, pour sa part, la déléguée de la Suisse.
De son côté, le délégué de la Colombie a souhaité que le futur arrangement constitue une feuille de route claire, assortie d’objectifs précis et mesurables, qui seraient, de surcroît, cohérents avec les objectifs retenus par d’autres instruments internationaux, tels que la Convention des Nations Unies sur la biodiversité.
Plusieurs délégations, dont celles de la Turquie et du Cambodge, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ont demandé que le futur arrangement évite les doublons et recherche les synergies entre les entités concourant à la gestion durable des forêts.
« Le Forum a perdu de sa pertinence en raison de la fragmentation du cadre forestier international », a regretté le délégué de la Norvège. Le Forum, a-t-il souligné, doit rester une enceinte d’orientation politique. Son homologue des États-Unis a invité le Forum à mieux identifier ses priorités, une condition préalable, selon elle, pour augmenter tout appui financier international en faveur d’une gestion durable des forêts.
La déléguée du Gabon a appuyé la proposition visant à désigner le Forum sous le nom d’« Assemblée des Nations Unies sur les forêts », tandis que celui de l’Inde a jugé cette proposition secondaire et qu’il faudrait, au contraire, axer les efforts sur le renforcement des capacités du Forum.
Plusieurs pays ont enfin détaillé les défis auxquels ils sont confrontés dans le domaine de la gestion durable des forêts. Le délégué de la République islamique d’Iran a ainsi demandé que le Forum se penche sur le lien entre le phénomène des tempêtes de sable, qui frappent son pays, et la déforestation.
La déléguée de la Bolivie a, pour sa part, insisté sur la dépendance des peuples autochtones vis-à-vis des ressources forestières et prôné d’adopter une approche « cosmocentrique » qui concilie droits de l’homme et droits de la Terre nourricière.
Avant d’engager les discussions sur les questions de fond, le Forum a élu, outre son Président, MM. Vicente Amaral Bezerra, du Brésil, et Wu Zhimin, de la Chine, aux postes de vice-président. Il a également adopté son ordre du jour***.
Le Forum poursuivra ses travaux demain, mardi 5 mai 2015, à 10 heures.
*E/CN.18/2015/2
**E/CN.18/2015/3
***E/CN.18/2015/1