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Mali: le Conseil de sécurité est saisi de recommandations propres à maximiser le rôle joué par la MINUSMA à l’appui de l’Accord pour la paix

8288e séance – après-midi
CS/13382

Mali: le Conseil de sécurité est saisi de recommandations propres à maximiser le rôle joué par la MINUSMA à l’appui de l’Accord pour la paix

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a présenté, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, les recommandations du Secrétaire général concernant le renouvellement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dans un contexte marqué par la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la tenue prochaine de l’élection présidentielle et une situation sécuritaire toujours préoccupante, notamment dans le centre du pays.

Introduisant le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali, M. Jean-Pierre Lacroix a indiqué que les ajustements proposés portent notamment sur le renforcement de l’appui apporté par la MINUSMA à la mise en œuvre de l’Accord et du processus de paix.

Le Secrétaire général a tenu compte des conclusions formulées à l’issue de l’examen stratégique indépendant mené par Mme Ellen Margrethe Løj au cours du premier trimestre de 2018, et qui porte sur le recentrage, la priorisation et la mise en œuvre des tâches mandatées de la MINUSMA.  

Bien que les 12 mois qui se sont écoulés depuis l’adoption de la résolution 2364 (2017) aient été les plus encourageants en termes d’avancées dans le processus de paix, celles-ci demeurent encore insuffisantes et interviennent après trois années marquées par des retards et des obstacles persistants dans sa mise en œuvre.  M. Lacroix a déploré qu’au cours de l’année écoulée, certaines étapes importantes pour pérenniser le processus de paix et renforcer le dialogue politique n’aient pas pu aboutir, à l’instar de la charte pour la réconciliation nationale et de la réforme constitutionnelle qui a été reportée à après l’élection présidentielle.

Aussi la Mission devra-t-elle examiner son empreinte physique à la lumière des priorités politiques, en tenant compte des contraintes liées à son théâtre opérationnel et des défis liés à la mobilisation de ressources pour l’action de l’ONU au Mali.  Il conviendra également, a ajouté M. Lacroix, d’adopter une approche adaptée en matière de protection des civils.

À l’instar du Royaume-Uni et des Pays-Bas, les délégations ont été nombreuses à manifester leur impatience face à l’état d’avancement de l’Accord, dont les retards « indéniables » ont d’ailleurs été reconnus par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mali, M. Tiéman Hubert Coulibaly.  « Force est de constater qu’une large partie des engagements pris n’a toujours pas été mise en œuvre », a renchéri la France.  Son représentant a indiqué avoir commencé un travail d’identification des responsables qui nuisent à l’application de l’Accord sur le terrain, dans le cadre du régime de sanctions. 

« Il convient de se demander pendant combien temps encore il nous sera possible d’appuyer cette Mission sans effort significatif de la part des parties », a mis en garde la délégation des États-Unis pour qui « le nombre de morts et les progrès limités sur le terrain démontrent qu’il faut réfléchir avec soin à ce que l’on exige de la Mission ».

Les délégations avaient notamment à l’esprit le lourd tribut payé par les Casques bleus qui ont été 101 à trouver la mort depuis le déploiement de la MINUSMA.  La Côte d’Ivoire a d’ailleurs souhaité voir celle-ci dotée de capacités logistiques nécessaires à la prévention des attaques et à la protection des convois. 

Le Ministre du Mali a toutefois averti que la reconfiguration proposée risque de créer « un vide sécuritaire » pouvant compromettre les progrès réalisés dans le processus de paix et la stabilité régionale.  Il a d’ailleurs marqué sa préférence pour le maintien et le renforcement du dispositif actuel, notamment au vu des défis liés à l’organisation et à la sécurisation des élections présidentielle, législatives et régionales qui doivent se tenir entre juillet 2018 et août 2019.  À tour de rôle, les délégations ont reconnu de l’importance cruciale de cette étape pour le pays, se faisant l’écho des propos de M. Lacroix pour qui « l’élection présidentielle doit constituer un jalon dans la consolidation de la démocratie malienne ».

Le Secrétaire général adjoint a précisé que la MINUSMA continuera d’appuyer les autorités maliennes et les acteurs politiques, notamment à travers un soutien logistique et technique et en contribuant à la sécurisation des opérations électorales.  Il a néanmoins souligné que les Nations Unies ne sont pas en mesure de certifier les résultats de l’élection, cette activité ne faisant pas partie du mandat de la MINUSMA.

Le Ministre malien a sollicité un appui « conséquent » de la MINUSMA dans ces domaines, assurant en outre que des dispositions matérielles et logistiques ont été prises pour assurer un scrutin libre, fiable et apaisé et qu’un cadre de concertation a aussi été mis en place incluant les partis politiques de la majorité présidentielle, du centre, de l’opposition et de la société civile.

Au cours de son intervention, M. Lacroix a par ailleurs fait savoir que face à la situation préoccupante dans le centre du Mali, le Secrétaire général préconise une « mobilisation commune pour la paix » qui servirait de catalyseur en vue de renforcer le caractère inclusif du processus politique, avant et après les élections.  L’objectif premier de cette initiative, a-t-il expliqué, serait de réaffirmer la centralité de l’Accord de paix et de souligner l’attachement des Nations Unies aux mécanismes prévus par l’Accord, notamment le Comité de suivi présidé par l’Algérie.

La Suède a plaidé pour le renforcement des efforts déployés par l’ONU et les autorités maliennes, se disant favorable à un plan pleinement intégré qui prenne en compte la nature multidimensionnelle des défis dans la région.  Le représentant des Pays-Bas a toutefois estimé que le rôle joué par la MINUSMA dans le centre du Mali ne doit pas affecter sa mission première dans le nord.

Cette réunion s’est déroulée avec un ballon de football placé au centre de l’hémicycle, face au Président dont le pays, la Fédération de Russie, accueille la coupe du monde de football 2018.  « Le sport est un moyen d’unir les peuples, j’espère que ce ballon nous permettra de parler d’une seule voix pendant ce mois », a-t-il dit.

LA SITUATION AU MALI

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali (S/2018/273)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a indiqué que les 12 mois qui se sont écoulés depuis l’adoption de la résolution 2364 (2017) ont été les plus encourageants en termes d’avancées dans le processus de paix.  Parallèlement, le contexte sécuritaire est demeuré volatile, s’est-il inquiété, donnant lieu à de nombreuses pertes en vies humaines, dont 101 Casques bleus.  Parmi les avancées dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, il a cité la mise en place des autorités intérimaires dans les cinq régions du Nord-Mali, le renforcement du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Gao et sa mise en place à Kidal et à Tombouctou, ainsi que le démarrage de la phase du préenregistrement pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ainsi que l’intégration des combattants.

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que bien que ces avancées soient porteuses d’espoir pour l’avenir du processus de paix, elles demeurent encore insuffisantes et interviennent après trois années marquées par des retards et des obstacles persistants dans sa mise en œuvre.  Il a aussi déploré qu’au cours de l’année écoulée, certaines étapes importantes pour pérenniser le processus de paix et renforcer le dialogue politique n’aient pas pu aboutir.  Il a notamment parlé de la Charte pour la réconciliation nationale et de la réforme constitutionnelle qui a été reportée à après l’élection présidentielle.  En outre, l’implication des femmes dans le processus de paix demeure insuffisante, a-t-il ajouté.

M. Lacroix a aussi signalé que les deux dernières semaines ont été marquées par des tensions préoccupantes sur le plan politique, alimentées par l’approche de l’élection présidentielle.  Il a notamment regretté les violences qui ont émaillé les manifestations du 2 juin à Bamako, tout en notant que le déroulement pacifique de la marche du 8 juin augure d’un apaisement « qu’il convient de conforter ».

« L’élection présidentielle est une étape cruciale et doit constituer un jalon dans la consolidation de la démocratie malienne », a poursuivi M. Lacroix.  Il a précisé que la MINUSMA continuera d’appuyer les autorités maliennes et les acteurs politiques, notamment à travers un soutien logistique et technique et en contribuant à la sécurisation des opérations électorales.  Il a fait savoir que les missions de bons offices du Représentant spécial avaient contribué à la révision de la loi électorale, à faciliter le dialogue entre les acteurs politiques et à désamorcer les tensions au lendemain des manifestations de l’opposition du 2 juin. Il a ensuite souligné que les Nations Unies ne sont pas en mesure de certifier les résultats de l’élection, cette activité ne faisant pas partie du mandat de la MINUSMA.

Poursuivant, le Secrétaire général adjoint a indiqué qu’au lendemain de l’élection, l’attention devra être portée sur la mobilisation de tous les acteurs afin de générer de nouvelles avancées dans la mise en œuvre des réformes institutionnelles clefs.  Il s’est félicité de ce que le premier rapport de l’Observateur indépendant souligne l’importance, pour les parties, de concentrer leurs efforts sur la création d’une nouvelle architecture de gouvernance pour le Mali, la reconstitution et le redéploiement d’une armée nationale représentative et la création d’une zone de développement pour le nord.

M. Lacroix a ensuite évoqué la situation préoccupante dans le centre du Mali qui, a-t-il indiqué, « met en exergue le déficit de dialogue politique et les défis posés à la gouvernance démocratique et territoriale ».  Il a fait savoir que le Secrétaire général préconise une mobilisation commune pour la paix qui servirait de catalyseur en vue de renforcer le caractère inclusif du processus politique, avant et après l’élection.  L’objectif premier de cette initiative, a-t-il expliqué, serait de réaffirmer la centralité de l’Accord de paix et de souligner l’attachement des Nations Unies aux mécanismes prévus par l’Accord, notamment le Comité de suivi présidé par l’Algérie.  Elle pourrait aussi couvrir la question des réformes institutionnelles clefs susmentionnées.

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que pour mieux appuyer une approche stratégique intégrée au niveau politique, les Nations Unies devront améliorer l’intégration au niveau opérationnel en mettant à profit les avantages comparatifs de ses agences, fonds et programmes.  À l’issue d’un examen stratégique de la MINUSMA, il a été conseillé que l’équipe de pays prenne les devants pour ce qui est des questions humanitaires, du redressement, du développement et des efforts de consolidation de la paix, et aide par ailleurs le Gouvernement à améliorer la fourniture de services sociaux de base.  Les efforts déployés par l’ONU pour prévenir l’extrémisme violent devraient également ressortir d’une stratégie intersectorielle.

Le Secrétaire général recommande d’apporter plusieurs ajustements au mandat de la MINUSMA afin de renforcer son rôle d’appui à la mise en œuvre de l’Accord et du processus de paix, a relevé M. Lacroix.  La Mission devra également examiner son empreinte physique à la lumière des priorités politiques, en tenant compte des contraintes liées à son théâtre opérationnel et des défis liés à la mobilisation de ressources pour l’action de l’ONU au Mali.  Il conviendra également d’adopter une approche adaptée en matière de protection des civils, notamment dans le centre du pays où la situation est complexe.

Il a assuré que tout changement dans la configuration de la MINUSMA sera évalué avec soin et qu’un calendrier sera élaboré pour privilégier une approche séquencée.  L’appui de la MINUSMA doit être l’objet d’examens réguliers sur la base des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, ainsi que des réformes de gouvernance et politiques.  En outre, vu la conjoncture critique au Mali, l’ONU compte intensifier ses efforts de suivi, notamment en utilisant des points de références consolidés issus de l’Accord, de l’initiative de paix et du plan de mise en œuvre des recommandations issues de l’examen stratégique.

Enfin, M. Lacroix a fait part de son appui aux efforts du G5 Sahel, tout en dénonçant les violations éhontées des droits de l’homme qui auraient été commises le 19 mai, à Boulkessi, par des éléments des Forces de défense et de sécurité maliennes (FAMa)) opérant sous son égide.  La MINUSMA appuie les enquêtes en cours qui ont été lancées par les autorités maliennes et du G5 Sahel.

Le soutien à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali doit demeurer notre priorité à tous au Mali, a déclaré M. ANTOINE IGNACE MICHON (France).  Trois ans après sa signature, force est de constater qu’une large majorité des engagements pris n’ont toujours pas été mis en œuvre.  Or, « il ne saurait y avoir de stabilité durable au Mali et plus largement au Sahel sans une pleine mise en œuvre de l’Accord ».  Le représentant a tout de même noté avec satisfaction la mobilisation du Premier Ministre malien et les progrès réalisés au cours des derniers mois.

La responsabilité de la communauté internationale, conformément aux termes mêmes de l’Accord de paix, est de prendre les mesures nécessaires pour encourager les parties à se conformer à leurs engagements, a rappelé M. Michon.  La France, a-t-il indiqué, a commencé un travail d’identification de responsables qui nuisent à l’application de l’accord sur le terrain, dans le cadre du régime de sanctions.  « L’absence de mise en œuvre des engagements contenus dans la dernière feuille de route nous conduirait à devoir élargir le champ des personnes visées par de telles mesures », a-t-il averti.

En outre, la France partage pleinement les préoccupations estimées à l’égard de la situation dans le centre du Mali.  Le représentant s’est dit préoccupé par les allégations faisant état de divers cas de violations des droits de l'homme dans le cadre d’opérations antiterroristes menées par les forces maliennes.  C’est pourquoi les recommandations formulées par la MINUSMA dans le cadre de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme doivent être pleinement appliquées.

Quant aux cycles électoraux à venir, ils marqueront une étape importante pour la démocratie malienne, a estimé M. Michon.  Le scrutin présidentiel doit se dérouler de manière apaisée, crédible et transparente.  Les actions menées par le Gouvernement pour renforcer la crédibilité du processus électoral sur le plan technique vont dans le bon sens, a-t-il souligné.

Face à ces nombreux enjeux, le renouvellement du mandat de la MINUSMA pour 12 mois supplémentaires est, à ses yeux, « absolument essentiel ».  Il faut tout faire pour que la Mission dispose des capacités nécessaires à l’exercice de son mandat et encourager les efforts visant à réduire son exposition sécuritaire, par des mesures ciblées et coordonnées avec l’ensemble des acteurs sur place.      

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a souligné la nécessité de donner un nouvel élan au processus politique malien, qui passe par l’élaboration d’un pacte pour la paix basé sur des critères clairs.  « Notre patience s’épuise. »  Il a appelé les autorités maliennes à assurer un processus électoral et un dialogue politique inclusif, en laissant l’espace au débat et aux voix dissidentes.  La MINUSMA doit aider à la mise en œuvre des dispositions principales de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, dont la mise en place effective d’instances et de services légitimes de l’État ou bien encore la réforme du secteur de la sécurité.

Il a précisé que le rôle joué par la Mission dans le centre du Mali ne doit pas affecter sa mission première dans le nord.  Il a ensuite préconisé une réflexion critique sur la Mission afin d’améliorer l’accomplissement de son mandat et demandé l’application des recommandations du rapport du général Carlos Alberto dos Santos Cruz.  « Vu le contexte complexe dans lequel se déroule la Mission, le cloisonnement doit être évité. »

M, ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a demandé la mise en œuvre diligente des actions prioritaires définies par le Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et jugé que l’élection présidentielle en juillet sera une étape importante dans le règlement de la crise malienne.  La MINUSMA doit s’investir dans la sécurisation de cette élection, à travers notamment un appui technique et logistique aux Forces armées maliennes.

Il a souhaité que la Mission soit dotée de capacités logistiques nécessaires à la prévention des attaques et à la protection des convois.  « Le déploiement de multiplicateurs de forces renforcerait les capacités de la MINUSMA. »  Il a salué les efforts en cours pour l’opérationnalisation de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel, jugeant qu’un partenariat renforcé entre cette Force et la Mission sera un atout précieux dans la lutte contre le terrorisme. 

Enfin, le délégué s’est dit en faveur du renouvellement du mandat de la MINUSMA.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a dit que la MINUSMA devait être dotée de moyens suffisants, avant de souligner la détérioration de la situation humanitaire au Mali.  « Mon pays a fourni 67 millions de livres sterling d’aide en 2018 », a-t-il affirmé.  Il s’est félicité des mesures prises par les parties pour mettre en œuvre certaines parties de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. 

La mise en œuvre de cet accord est néanmoins encore trop lente, a-t-il déclaré.  « Notre patience s’épuise. »  Il a demandé une participation accrue des femmes aux prochaines élections, dont il a espéré qu’elles se dérouleraient sans violence.  L’efficacité de la MINUSMA doit être garantie sur le terrain, ce qui passe par l’adoption d’une stratégie de long terme, a-t-il dit.

Enfin, il a invité tous les acteurs de la région à mettre en œuvre la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel afin d’améliorer les conditions de vie de la population et d’œuvrer au retour de la stabilité.

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a dit être gravement préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire au Mali, déplorant notamment le fait que neuf Casques bleus avaient été tués ces six derniers mois et de nombreux autres blessés.  Le nombre de morts et les progrès limités sur le terrain démontrent qu’il faut réfléchir avec soin à ce que l’on exige de la Mission, a-t-elle estimé.

La représentante a souligné que le succès de l’élections présidentielle sera essentiel pour consolider les acquis au Mali et assurer l’ouverture de l’espace politique.  Elle a exhorté à résoudre les différends politiques par l’intermédiaire des mécanismes établis à cette fin.

Elle a déploré que les parties aient gâché bien trop de temps ces trois dernières années, pointant notamment le manque de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Elle a appelé la MINUSMA à accorder davantage d’attention à la situation politique du pays.

Il convient aussi de se demander pendant combien temps encore il nous sera possible d’appuyer cette mission sans effort significatif de la part des parties, a-t-elle ajouté.  Elle a reconnu que des décisions difficiles devront être prises pour minimiser les tâches qui ne permettent pas à la MINUSMA d’appuyer l’avancement du processus de paix.

La déléguée a aussi averti que tout échec à contenir la crise dans le centre du Mali aurait un impact très grave sur la cohésion sociale du pays. La MINUSMA, a-t-elle insisté, doit accorder la priorité à l’extension de l’empreinte de son action.

La représentante s’est par ailleurs préoccupée des allégations de violations des droits de l’homme commises par les Forces armées maliennes et a appelé les autorités à enquêter et à traduire les responsables en justice.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déploré l’activité de groupes terroristes au Mali qui profitent des défaillances criantes des services de l’État malien.  Il est nécessaire d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, a-t-il dit.  Le délégué a souhaité une participation massive des femmes et des jeunes aux prochaines élections. 

Il a ensuite dénoncé les violations commises par les forces maliennes, alors que celles-ci sont censées défendre la population.  Le délégué péruvien a prôné un dialogue avec les communautés locales, avant de souligner la nécessité d’améliorer l’efficacité de la Mission.

Enfin, il s’est dit en faveur du renouvellement d’un an du mandat de la MINUSMA et a noté l’environnement sécuritaire difficile dans lequel celle-ci évolue.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné la complexité et la fragilité de la situation humanitaire et sécuritaire au Mali, qui s’est étendue au-delà dans la région sahélienne, en y voyant un exemple des conséquences de l’interventionnisme et des politiques de changement de régime, après le conflit en Libye en 2011. 

Il s’est dit très préoccupé par la présence de mercenaires, de trafiquants de drogue, d’armes et de personnes dans le nord et le centre du Mali qui sapent la consolidation des accords de paix.  Il a appelé la communauté internationale et le Gouvernement malien à unir leurs forces de façon cohérente et efficace pour affiner les mesures de confiance mutuelle.  Il a invité les pays ayant promis une aide financière à la MINUSMA à tenir leurs promesses. 

La communauté internationale est le principal garant de ce processus, a-t-il dit, tout en reconnaissant les efforts importants consentis par le Mali sur le plan politique.  Le délégué a aussi salué le travail du Représentant spécial et les efforts de la Mission pour s’adapter aux menaces croissantes de l’extrémisme violent et aux menaces asymétriques, sans oublier ce que fait le Service de la lutte antimines de l’ONU.

Évoquant les conclusions de l’examen stratégique indépendant de la MINUSMA, il s’est inquiété du manque de capacités matérielles dont souffre celle-ci, avant d’approuver la recommandation de donner la priorité à ses tâches politiques et stratégiques de mise en œuvre des accords de paix.

Il a aussi jugé important de poursuivre la mise en œuvre du mémorandum d’accord avec le Gouvernement malien, qui permet d’appuyer les forces armées, sans préjudice de la responsabilité principale des autorités maliennes et toujours dans l’objectif prioritaire de la protection des civils.  Il est important, a-t-il ajouté, de renforcer le mandat de la Mission en ce qui concerne l’état de droit et le désarmement, la démobilisation et la réintégration. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) s’est félicité des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et a appelé l’ensemble des parties à s’engager à mettre en œuvre le programme de désarmement, démobilisation et réintégration, insistant notamment sur l’importance d’assurer la stabilité à long terme du pays.  Il a espéré que l’élection prévue en juillet se dérouleront sans heurt et a encouragé la MINUSMA à apaiser les tensions entre les parties avant et après le scrutin.

Le représentant s’est ensuite inquiété de la persistance d’attaques terroristes, notamment contre la MINUSMA.  Il a appelé à fournir à la Mission les ressources dont elle a besoin.  Il s’est dit très préoccupé par la mort de plus de 40 civils pendant la période à l’examen, ainsi que par l’utilisation accrue d’engins explosifs improvisés.  La MINUSMA doit renforcer ses efforts de sensibilisation pour réduire les risques que font encourir ces engins pour la population civile.  Enfin, il a appuyé la proposition de réexaminer la priorité à accorder aux différents volets de la Mission.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a souhaité que la prochaine élection se déroule de manière inclusive et pacifique.  La mise en œuvre de l’Accord de paix doit être accélérée, a-t-elle dit, en invitant la communauté internationale à accroître ses efforts d’appui au Mali.  Elle s’est dite en faveur de toute action du Conseil contre des personnes et entités entravant la mise en œuvre de l’Accord.  Elle a déploré l’absence de loi au Mali contre les violences sexuelles contre les femmes et filles, alors que ces violences sont endémiques.

La déléguée a demandé une « revitalisation » de la présence de l’ONU dans le nord du pays et un renforcement de cette présence dans le centre.  Elle a jugé nécessaire de conduire un dialogue avec les parties non signataires de l’Accord.  Enfin, si elle a encouragé le dialogue entre la MINUSMA et la Force conjointe du G5 Sahel, elle a déclaré que ce dialogue ne doit pas affecter l’exécution du mandat de la MINUSMA.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali au cours des derniers mois, notamment avec la création des mécanismes de coordination à Kidal et à Tombouctou.  Il a jugé primordial que le candidat qui remportera l’élection présidentielle continue à donner la priorité au processus de paix. 

Le délégué a insisté sur l’importance de l’inclusion si l’on veut édifier une paix durable au Mali, s’inquiétant à cet égard des faibles progrès réalisés pour assurer l’engagement des femmes dans le processus de paix. 

Il s’est aussi dit préoccupé par le déficit de confiance entre le Gouvernement et les partis d’opposition et inquiet de la détérioration de la situation dans le centre du Mali.  Les allégations de graves violations des droits de l’homme dans le contexte de la lutte antiterroriste menée par les Forces armées maliennes a aussi beaucoup inquiété la délégation qui a appelé le Gouvernement à renforcer ses efforts de protection dans la région et à mener des enquêtes.

Venant au mandat de la MINUSMA, le représentant s’est félicité des conclusions de l’examen stratégique indépendant.  L’Accord de paix est la seule voie vers la paix et la stabilité au Mali, a-t-il souligné en insistant sur l’importance de la mise en œuvre de cet Accord.  C’est pour cela, a-t-il expliqué, que la Suède soutient l’idée du renforcement du rôle politique de la MINUSMA et du développement d’un pacte pour la paix. 

Il a également été d’accord avec la volonté d’accroître la cohérence stratégique de la présence de l’ONU au Mali.  Il a plaidé pour le renforcement des efforts tant de l’ONU que des autorités maliennes s’agissant de la situation au centre du Mali, se disant favorable à un plan pleinement intégré qui prenne en compte la nature multidimensionnelle des défis dans la région. 

Il a enfin demandé de garantir la présence des composantes civiles clefs de la Mission, arguant que la surveillance et l’établissement de rapports sur ce qui se passe sont essentiels au regard de la présence sécuritaire lourde sur le territoire.

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a déploré la détérioration de la situation dans le nord et le centre du pays.  La communauté internationale doit appuyer le Mali dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et contribuer au renforcement de ses capacités, en particulier dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il affirmé.  Il a espéré que la prochaine élection sera couronnée de succès, avant de souligner la nécessité que les sanctions soient prises dans le strict respect des résolutions du Conseil. 

Le délégué de la Chine a salué les efforts de la Force conjointe du G5 Sahel, ainsi que l’aide apportée à celle-ci par la MINUSMA.  Il s’est dit en faveur du renouvellement du mandat de la MINUSMA et a salué les mesures récemment prises pour améliorer la sécurité des Casques bleus.  Plus de 400 Casques bleus chinois sont déployés au Mali, ce qui témoigne de l’attachement de la Chine au règlement de la situation au Mali, a-t-il conclu. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a noté que le processus de paix au Mali connaissait un nouvel élan, marqué par une accélération de la mise en œuvre de l’Accord.  Il a salué les succès des patrouilles mixtes à Kidal et à Tombouctou.  Il a appelé à assurer la tenue d’élection crédible, transparente et inclusive dans l’ensemble du pays.  Il a appelé les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à désamorcer les tensions politiques à l’approche de l’élection.

Il s’est inquiété de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, notamment dans le centre et la région de Ménaka.  Il a appelé à combattre la menace terroriste et à renforcer la lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Il a appuyé le mandat de la MINUSMA, insistant sur son rôle essentiel dans le pays.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a salué les progrès réalisés cette année avec le calendrier des actions prioritaires.  S’agissant des réformes en matière de sécurité et de défense, il a vu un signe positif dans le redéploiement de l’armée dans plusieurs villes du pays et la reprise de patrouilles mixtes avec les groupes armés locaux. 

Le représentant a toutefois jugé important d’avancer sur les plans économique et social.  Alors que l’Accord de paix prévoit l’établissement d’une stratégie pour le développement des régions du nord, « les dividendes de la paix, comme la fourniture de services de base, ne se sont pas matérialisés pour la population », a regretté M. Esono Mbengono.  Il a encouragé les efforts de l’observateur indépendant qui demande une plus grande participation de la société civile dans l’application de l’Accord.

À l’approche de l’élection présidentielle, il appelé les acteurs politiques au Mali à s’abstenir de tout acte susceptible d’accroître la tension et de provoquer une polarisation politique.  À ce sujet, a-t-il conclu, la MINUSMA doit continuer d’apporter un appui technique et ses bons offices pour la tenue d’élection pacifique, inclusive, juste et transparente.

Enfin, il a recommandé de promouvoir le dialogue national et « une vision commune entre les acteurs régionaux et internationaux à l’appui du processus de paix et de la stabilisation ».

Accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali demeure une priorité pour le Kazakhstan, a déclaré son représentant, M. DIDAR TEMENOV, qui, au passage, a salué la coopération croissante entre le Gouvernement malien et d’autres signataires de cet Accord.  Sa délégation encourage tous les signataires à maintenir la volonté d’aller de l’avant dans l’application de l’Accord et à ne pas perdre de vue la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, l’accès aux services de base, la résilience, le développement économique ainsi que l’inclusion des femmes et de la jeunesse dans le processus de paix.

Le représentant a également insisté sur le fait que le scrutin présidentiel de juillet devait se dérouler de manière apaisée, juste et transparente.  Il a salué les réformes électorales proposées par le Gouvernement malien et a lancé un appel à la MINUSMA et à la communauté internationale pour qu’elles prévoient un soutien financier et technique adéquat au processus électoral.

S’agissant de la détérioration de la situation humanitaire dans le nord et le centre du pays, le délégué a demandé aux partenaires internationaux de financer le plan de réponse humanitaire pour l’année 2018.

Le Kazakhstan soutient les recommandations faites dans le cadre de l’examen stratégique indépendant relatif au mandat de la MINUSMA.  Il appuie notamment la recommandation relative à une approche sur mesure du mandat concernant la protection des civils et aux tâches prioritaires de la Mission en vue d’accroître son rôle dans l’avancement du processus de paix sur le terrain.  Constatant aussi les lacunes en termes de moyens, et plus précisément d’équipements, que connaît la Mission, le représentant a estimé que le concept de « pays contributeurs d’équipements » méritait d’être étudié.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a noté l’accélération relative de la mise en œuvre de l’Accord de paix ces derniers mois et exhorté les parties maliennes à œuvrer pour que la prochaine élection présidentielle se déroule dans le calme.  Il a néanmoins déploré la présence minimale des services de l’État dans le nord et le centre du pays.  Il n’est dès lors pas étonnant que des jeunes viennent grossir les rangs des organisations terroristes, a-t-il affirmé.

Le délégué a plaidé pour une approche politique, emmenée par les Maliens eux-mêmes, tout en convenant qu’un appui international reste nécessaire.  Il a souhaité que la MINUSMA soit dotée de moyens suffisants, notamment en hélicoptères.  Les pays qui ont pris des engagements à ce titre doivent les honorer, a-t-il affirmé.

Enfin, le représentant russe a demandé l’opérationnalisation rapide de la Force conjointe du G5 Sahel.

M. TIÉMAN HUBERT COULIBALY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, s’est tout d’abord félicité de ce que le rapport du Secrétaire général souligne les récents progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, citant notamment le lancement des opérations du Mécanisme opérationnel de coordination à Kidal, Tombouctou et Gao; la poursuite du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) -Intégration; l’installation des autorités intérimaires dans les régions où elles étaient attendues; la transmission à l’Assemblée nationale du projet de loi portant création des collectivités territoriales des régions de Ménaka et de Taoudéni; ainsi que le début des travaux de la réforme du secteur de la sécurité.  Il s’est aussi réjoui de ce que le rapport souligne la détermination des parties maliennes à travailler ensemble pour poursuivre et intensifier la mise en œuvre de l’Accord, ajoutant que cet engagement avait été réaffirmé devant le Secrétaire général lors de sa rencontre avec les membres du Comité de suivi de l’Accord, le 30 mai, à Bamako.

Le Ministre a ensuite reconnu qu’il est « indéniable » que la mise en œuvre de l’Accord connaît quelques retards.  Dès lors que les facteurs de ce retard sont connus, a-t-il ajouté, il revient à l’ensemble des parties de travailler de bonne intelligence pour y remédier.  Il a indiqué que la situation dans le centre du pays constitue l’une des préoccupations majeures du Gouvernement au regard des attaques perpétrées par des groupes terroristes et le déficit de production agropastorale pour assurer la sécurité alimentaire.

Évoquant ensuite la tenue, le 29 juillet 2018, du premier tour de l’élection présidentielle, M. Coulibaly a sollicité un appui « conséquent » de la MINUSMA, notamment dans les domaines de la sécurité et de la logistique.  Il a aussi invité la MINUSMA à diligenter les mesures permettant au Mali de rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire; protéger les populations civiles; soutenir le redéploiement de l’Administration et appuyer la fourniture des services sociaux de base.  La Mission doit aussi renforcer la coopération avec les Forces de défense et de sécurité nationales, et accélérer le soutien prévu à la Force conjointe du G5 Sahel.  Le Ministre a également souhaité que les capacités de la Mission soient renforcées en termes de formation et de moyens logistiques et opérationnels, afin de lui permettre d’exécuter pleinement son mandat.

S’agissant de la reconfiguration des forces de la MINUSMA, M. Coulibaly a marqué sa préférence pour le maintien et le renforcement du dispositif actuel au vu des défis liés à l’organisation et à la sécurisation des élections présidentielle, législatives et régionales qui doivent se tenir entre juillet 2018 et août 2019.  Il a notamment averti que la reconfiguration proposée risque de créer « un vide sécuritaire » pouvant compromettre les progrès réalisés dans le processus de paix et la stabilité régionale.  De son point de vue, dans ce contexte, l’option la plus crédible serait de diligenter l’application des dispositions pertinentes des articles 21 et 54 de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui stipulent notamment, a-t-il dit, que « le redéploiement des forces armées et de sécurité reconstituées s’effectue sous la conduite du MOC avec l’appui de la MINUSMA et la communauté internationale garante de la mise en œuvre scrupuleuse dudit Accord ».

Le Ministre a ensuite tourné son attention sur l’accroissement des cas de violation des droits de l’homme dont le rapport fait état.  Il a réaffirmé l’engagement du Mali à faire aboutir les enquêtes sur chaque cas signalé, précisant que des mesures administratives et disciplinaires ont été prises concernant les unités militaires déployées dans les régions concernées.  Il n’en a pas moins appelé au respect du principe de la présomption d’innocence pour ne pas condamner d’office les Forces de défense et de sécurité maliennes.

Revenant à la tenue, le 29 juillet, de l’élection présidentielle, M. Coulibaly a indiqué qu’un cadre de concertation avait été mis en place incluant les partis politiques de la majorité présidentielle, du centre, de l’opposition et de la société civile.  Il a assuré que des dispositions matérielles et logistiques sont prises pour assurer un scrutin libre, fiable et apaisé, citant notamment l’audit du fichier électoral, « jugé fiable par les parties prenantes », la mise à disposition de nouvelles cartes d’électeurs et la relecture de la loi électorale.  En outre, plus de 11 000 membres des Forces de défense et de sécurité seront déployés pour que l’élection se tienne dans un climat de sécurité dans l’ensemble du territoire.

Enfin, le Ministre a souhaité que la Force conjointe du G5 Sahel soit dotée d’un mandat robuste sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et d’un financement prévisible et pérenne.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Présidente du Comité des sanctions concernant le Soudan fait le compte rendu de ses travaux et de sa visite sur le terrain

8287e séance – après-midi
CS/13381

Conseil de sécurité: la Présidente du Comité des sanctions concernant le Soudan fait le compte rendu de ses travaux et de sa visite sur le terrain

Cet après-midi, le Conseil de sécurité a entendu un exposé de la Présidente du Comité des sanctions concernant le Soudan –le comité créé par la résolution 1591 (2005) -pour faire le point sur les travaux de cet organe subsidiaire pour la période allant du 14 mars au 14 juin 2018. 

Mme Joanna Wronecka, de la Pologne, a commencé par rappeler que le 14 mars 2018, le Secrétaire général avait nommé quatre nouveaux membres du Groupe d’experts sur le Soudan, avant de nommer le cinquième, le 9 mai. 

S’agissant des individus inscrits sur la liste des sanctions, le Comité a pris en compte, le 14 mars, les amendements que lui avait soumis le Coordonnateur du Groupe d’expert en vue de la mise à jour des entrées relatives à Musa Hilal Abdalla Alnsiem; Adam Yacub Sharif et Jibril Abdulkarim Ibrahim Mayu.

Ledit Coordonnateur, M. Bifwoli Wanjala, lors de consultations informelles avec le Comité le 12 avril, a assuré que le Groupe d’experts continuerait à suivre la situation concernant les groupes rebelles darfourais, dont la plupart se trouvent aujourd’hui en Libye et au Soudan du Sud, ainsi que les différentes milices au Soudan.  Le Groupe d’experts a également l’intention d’identifier ceux qui empêchent l’avancement du processus de paix et qui, par conséquent, remplissent les critères d’inscription sur la liste.

Le Groupe d’experts suit également de près la campagne de collecte d’armes actuellement menée par le Gouvernement du Soudan.  Ses implications sur l’embargo sur les armes est un autre problème auquel le Groupe d’experts s’intéresse au cours de son mandat, sans oublier le suivi des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, dont la violence sexuelle et sexiste et la violence contre les enfants, et les violations des interdictions de voyage et gel des avoirs.  

Mme Wronecka a ensuite fait un compte rendu de sa mission sur le terrain, qui a eu lieu du 13 au 20 avril 2018.  Le but de cette visite était d’obtenir des éléments d’informations pertinents sur l’application des sanctions en vue de l’examen de ce régime de sanctions par le Conseil de sécurité.  Des représentants de sept États Membres -Chine, États-Unis, France, Pays-Bas, Fédération de Russie, Suède et Royaume-Uni- l’ont rejointe sur place, venus de leurs ambassades à Khartoum, ainsi que trois membres du Groupe d’experts, un membre du Secrétariat et un représentant du Koweït venu de New York.

Au cours de son séjour à Khartoum et El Fasher, Mme Wronecka a pu s’entretenir avec une vaste gamme d’interlocuteurs et s’est rendue dans deux camps où elle a pu dialoguer directement avec des personnes déplacées.  Elle a remercié le Gouvernement soudanais pour le soutien qu’il lui a apporté lors de cette visite, indiquant qu’elle allait l’encourager à continuer à poursuivre cette coopération engagée avec le Comité et le Groupe d’experts dans la lettre qu’elle adressera prochainement au Représentant permanent du Soudan à New York.

Dans son rapport de visite, qu’elle a remis au Conseil de sécurité le 6 juin, Mme Wronecka constate que même si la situation au Darfour s’est considérablement améliorée depuis l’adoption du régime de sanctions en 2004, il reste toujours des défis à relever notamment pour ce qui est de la situation humanitaire et celle des droits de l’homme ainsi que le processus politique.

Elle y a également soumis quatre recommandations dont trois s’adressent aux membres du Comité, que ceux-ci ont d’ailleurs retenues après discussion, et une au Conseil de sécurité.  Dans cette dernière, Mme Wronecka recommande au Conseil de poursuivre son intention de revoir les mesures de sanction relatives au Darfour à la lumière des informations obtenues sur le terrain.  Elle pense même que le Conseil de sécurité pourrait envisager de définir des paramètres pour arriver à supprimer, à terme, le régime de sanctions concernant le Soudan, « ce qui pourrait être un instrument de changements positifs au Soudan ».    

Pour conclure, Mme Wronecka s’est dit confiante que le prochain rapport du Groupe d’experts apportera des informations pertinentes dont les membres du Conseil de sécurité pourront tenir compte lors de la rédaction du texte de la prochaine résolution sur le régime de sanctions concernant le Soudan.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Iraq: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission des Nations Unies, en alignant sa durée sur le cycle budgétaire du maintien de la paix

8285e séance – matin
CS/13380

Iraq: le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission des Nations Unies, en alignant sa durée sur le cycle budgétaire du maintien de la paix

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, à l’unanimité, la résolution 2421 (2018) par laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) jusqu’au 31 mai 2019, soit pour 10 mois supplémentaires à compter du 31 juillet 2018, au lieu du renouvellement habituel pour 12 mois.

La délégation porte-plume pour ce texte, les États-Unis, ont justifié ce choix par le besoin de mieux aligner ce mandat sur le cycle budgétaire de l’ONU pour le financement du maintien de la paix, ce qui permettra une planification budgétaire plus souple pour la Mission.  En vertu de la précédente résolution relative au mandat de la MANUI, le mandat de la Mission se terminait le 31 juillet 2018.

Aux termes du texte adopté ce matin, le Conseil décide également que, comme le Gouvernement iraquien l’a demandé et compte tenu de la lettre adressée au Secrétaire général par le Ministre iraquien des affaires étrangères (S/2018/430), le Représentant spécial du Secrétaire général et la MANUI s’attacheront à « accorder la priorité à la fourniture de conseils, d’un appui et d’une assistance au Gouvernement et au peuple iraquiens sur la manière de favoriser un dialogue politique ouvert à tous et la réconciliation aux niveaux national et local ».

La résolution précise que la MANUI devra « continuer de conseiller, d’appuyer et d’aider le Gouvernement iraquien » sur plusieurs fronts, en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité et de la planification, du financement et de l’exécution de programmes de réintégration destinés aux anciens membres de groupes armés, selon qu’il convient, en coordination avec d’autres entités multinationales. 

La Mission aura aussi pour fonction de « promouvoir, appuyer et faciliter, en coordination avec le Gouvernement iraquien », plusieurs actions, à commencer par la coordination et l’acheminement de l’aide humanitaire et, le cas échéant, le retour en toute sécurité, en bon ordre et librement consenti des réfugiés et des personnes déplacées, notamment par l’intermédiaire de l’équipe de pays des Nations Unies.

Par ailleurs, le texte souligne que la MANUI se doit de promouvoir l’application du principe de responsabilité, la protection des droits de l’homme, et la réforme judiciaire et juridique, afin de renforcer l’état de droit en Iraq, tout en appuyant les activités de l’Équipe d’enquêteurs créée par la résolution 2379 (2017).  La Mission doit aussi tenir compte, dans tous les aspects de son mandat, de la question transversale que constitue la problématique hommes-femmes, et conseiller et aider le Gouvernement iraquien en vue de garantir la contribution, la participation et la représentation des femmes à tous les niveaux.

Le représentant de la Suède s’est félicité de l’inclusion, pour la première fois dans le dispositif de la résolution, d’un paragraphe sur les femmes, la paix et la sécurité, notant que cela permettra à la Mission de renforcer ses efforts d’appui à la pleine participation politique de ces dernières.  Le délégué a également salué l’accent porté sur le renforcement de la protection de l’enfance, notamment la réadaptation et la réinsertion des enfants, soulignant que cela est essentiel pour la réconciliation.

Le délégué des États-Unis a tenu à souligner que ce renouvellement du mandat de la MANUI marquait le premier remaniement majeur de la Mission depuis l’adoption, il y a 11 ans, de la résolution 1770 (2007) qui l’avait créée.  Il a rappelé la complexité des tâches qui attendent désormais la MANUI et le Gouvernement iraquien, rappelant qu’il est important de satisfaire les nombreux besoins des différentes communautés qui constituent la richesse de l’Iraq.

C’est pourquoi la délégation américaine a souligné la nécessité pour la Mission de se coordonner étroitement avec d’autres organismes des Nations Unies en Iraq pour assurer la continuité des efforts sur les questions humanitaires et de développement aux niveaux national et communautaire, saluant également les efforts consentis par la Banque mondiale pour soutenir la réforme économique.

Le représentant de la Suède a aussi évoqué les nombreux défis qu’aura à affronter le nouveau gouvernement, tout en insistant sur la nécessité pour la MANUI de disposer de ressources suffisantes pour apporter le soutien nécessaire à ce dernier.  Il est revenu sur les récentes élections parlementaires qui « ont marqué une étape démocratique importante pour le pays », tout en relevant que la décision de procéder au recomptage des bulletins signifie que ce processus n’a pas abouti.

En vertu de la résolution de ce matin, le Conseil de sécurité entend réexaminer le mandat de la MANUI d’ici au 31 mai 2019, ou plus tôt si le Gouvernement iraquien en fait la demande.  Le Conseil prie également le Secrétaire général de lui rendre compte tous les trois mois des progrès accomplis par la MANUI dans l’accomplissement de toutes les tâches dont elle est chargée, y compris des mesures prises en conséquence de l’évaluation externe indépendante récemment menée au sein de la Mission.

En début de séance, le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin, le Représentant permanent de la Fédération de Russie, avait tenu à rappeler que la coupe du monde de football, qui se tient dans son pays, débutait ce jour.

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ

 

Texte du projet de résolution S/2018/604

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures concernant l’Iraq, en particulier les résolutions 1500 (2003), 1546 (2004), 1557 (2004), 1619 (2005), 1700 (2006), 1770 (2007), 1830 (2008), 1883 (2009), 1936 (2010), 2001 (2011), 2061 (2012), 2110 (2013), 2169 (2014), 2233 (2015), 2299 (2016) et 2379 (2017), ainsi que la résolution 2107 (2013) sur la situation entre l’Iraq et le Koweït, et les valeurs énoncées dans la résolution 2367 (2017),

Réaffirmant l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Iraq et soulignant l’importance que revêtent la stabilité et la sécurité de l’Iraq pour le peuple iraquien, la région et la communauté internationale, en particulier compte tenu de la victoire de l’Iraq face à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), également connu sous le nom de Daech,

Apportant son appui à l’Iraq pour l’aider à faire face aux difficultés qu’il rencontre alors qu’il s’attelle à la reconstruction et à la réconciliation après le conflit, y compris l’obligation de répondre aux besoins de tous les Iraquiens, notamment les femmes, les jeunes, les enfants, les personnes déplacées et les membres des minorités ethniques et religieuses,

1.    Décide de proroger le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq jusqu’au 31 mai 2019;

2.    Décide également que, comme le Gouvernement iraquien l’a demandé et compte tenu de la lettre adressée au Secrétaire général par le Ministre iraquien des affaires étrangères (S/2018/430), le Représentant spécial du Secrétaire général et la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq s’attacheront à:

a)    Accorder la priorité à la fourniture de conseils, d’un appui et d’une assistance au Gouvernement et au peuple iraquiens sur la manière de favoriser un dialogue politique ouvert à tous et la réconciliation aux niveaux national et local;

b)    Continuer de conseiller, d’appuyer et d’aider:

i)    Le Gouvernement iraquien et la Haute Commission électorale indépendante dans le cadre de l’élaboration des procédures d’organisation d’élections et de référendums;

ii)   Le Gouvernement iraquien et la Chambre des députés dans le cadre de la révision et de l’application de la Constitution, et de l’élaboration de procédures de règlement des différends frontaliers internes acceptables pour le Gouvernement iraquien;

iii)  Le Gouvernement iraquien dans le cadre de la promotion du dialogue et de la coopération au niveau régional, notamment sur les questions relatives à la sécurité des frontières, à l’énergie, à l’environnement, à l’eau et aux réfugiés;

iv)   Le Gouvernement iraquien dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité et de la planification, du financement et de l’exécution de programmes de réintégration destinés aux anciens membres de groupes armés, selon qu’il convient, en coordination avec d’autres entités multinationales;

c)    Promouvoir, appuyer et faciliter, en coordination avec le Gouvernement iraquien:

i)    La coordination et l’acheminement de l’aide humanitaire et, le cas échéant, le retour en toute sécurité, en bon ordre et librement consenti des réfugiés et des personnes déplacées, notamment par l’intermédiaire de l’équipe de pays des Nations Unies;

ii)   La coordination et l’exécution de programmes visant à donner à l’Iraq les moyens de fournir à la population des services publics, sociaux et essentiels efficaces, et la poursuite, au niveau des donateurs, de la coordination active de programmes critiques d’aide et de reconstruction;

iii)  Les efforts déployés, notamment, par l’Iraq, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, en ce qui concerne la réforme économique, le renforcement des capacités et la création des conditions nécessaires au développement durable, notamment en coordonnant leur action avec les organisations nationales et régionales et, le cas échéant, la société civile, les bailleurs de fonds et d’autres institutions internationales;

iv)   La contribution des institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies aux objectifs décrits dans la présente résolution, sous la direction centrale du Secrétaire général agissant par l’intermédiaire de son Représentant spécial pour l’Iraq, avec l’appui du Représentant spécial adjoint qu’ils auront désigné;

d)    Promouvoir l’application du principe de responsabilité, la protection des droits de l’homme, et la réforme judiciaire et juridique, afin de renforcer l’état de droit en Iraq, tout en appuyant les activités de l’Équipe d’enquêteurs créée par la résolution 2379 (2017);

e)    Tenir compte, dans tous les aspects de son mandat, de la question transversale que constitue la problématique hommes-femmes, et conseiller et aider le Gouvernement iraquien en vue de garantir la contribution, la participation et la représentation des femmes à tous les niveaux;

f)    Aider le Gouvernement iraquien et l’équipe de pays des Nations Unies à renforcer les activités de protection de l’enfance, notamment la réadaptation et la réinsertion des enfants;

3.    Considère qu’il est indispensable que la sécurité du personnel des Nations Unies soit assurée pour que la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq puisse mener son action en faveur du peuple iraquien, et demande au Gouvernement iraquien de continuer à appuyer la présence de l’Organisation des Nations Unies en Iraq dans le domaine de la sécurité et sur le plan logistique;

4.    Entend réexaminer le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq d’ici au 31 mai 2019, ou plus tôt si le Gouvernement iraquien en fait la demande;

5.    Salue les résultats, les conclusions et les recommandations de l’évaluation externe indépendante de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq demandée dans la résolution https://undocs.org/fr/S/RES/2367(2017), et encourage la Mission, le Secrétariat et les organismes, bureaux, fonds et programmes des Nations Unies à appliquer ces recommandations;

6.    Prie le Secrétaire général de lui rendre compte tous les trois mois des progrès accomplis par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq dans l’accomplissement de toutes les tâches dont elle est chargée, y compris des mesures prises en conséquence de l’évaluation externe indépendante;

7.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afrique centrale: le Conseil de sécurité entend les inquiétudes concernant les processus électoraux en cours dans chaque pays et la situation au Cameroun

8284e séance – matin
CS/13379

Afrique centrale: le Conseil de sécurité entend les inquiétudes concernant les processus électoraux en cours dans chaque pays et la situation au Cameroun

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale a indiqué, ce matin, que la situation dans cette région reste difficile du fait d’un certain nombre de menaces pesant sur la stabilité politique, sécuritaire et socioéconomique, notamment en République centrafricaine et en République démocratique du Congo.  L’escalade de la violence et des tensions dans les régions nord-ouest et sud-ouest du Cameroun représentent aussi « une source de préoccupation majeure », a-t-il averti, nourrissant ainsi le désir de la délégation des États-Unis d’en débattre davantage au sein du Conseil de sécurité.

Venu présenter devant le Conseil de sécurité le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation dans la région, M. François Louncény Fall, qui est aussi Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a souligné que les 11 pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) sont soit au milieu, soit au début d’un cycle électoral, ce qui explique en partie les tensions qu’ils connaissent.

Parmi les 10 membres du Conseil qui se sont exprimés sur ce sujet, plusieurs ont appelé de leurs vœux le bon déroulement de ces processus électoraux.  La Pologne, par exemple, a appelé les gouvernements concernés à œuvrer en faveur de la tenue d’élections « pacifiques et crédibles ».  Son homologue du Pérou a ajouté qu’il fallait promouvoir la participation des femmes et des jeunes.

Pour le cas du Cameroun, pays qui n’est pas à l’ordre du jour du Conseil de sécurité mais qui a été mentionné dans plusieurs interventions, M. Louncény Fall a recommandé un apaisement des tensions pour permettre la bonne conduite des scrutins présidentiel, législatifs et municipaux prévus pour cette année.  Il s’est notamment inquiété de la condamnation de sept activistes anglophones à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, pour des motifs notamment de terrorisme.

Le Représentant spécial a insisté sur l’importance d’un dialogue inclusif pour trouver une solution à la crise camerounaise, répondre aux doléances des populations anglophones et garantir l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la stabilité régionale.  Il s’est aussi inquiété du nombre important de réfugiés camerounais -plus de 200 000- qui ont été enregistrés de l’autre côté de la frontière avec le Nigéria.

La situation au Cameroun a valu au représentant du Royaume-Uni de réclamer des mesures d’urgence pour apaiser les tensions tandis que les États-Unis ont axé leur intervention exclusivement sur cette situation.  Appelant à la plus haute vigilance, cette délégation a estimé que le Conseil de sécurité devait se pencher davantage sur ce pays.  Son avis est que le risque élevé de violence électorale menace de miner les efforts déployés pour stabiliser la situation dans le bassin du lac Tchad.

Le représentant de l’Éthiopie a toutefois mis en garde contre les conséquences d’une « dramatisation » de la situation au Cameroun.  Il a longuement insisté sur les mérites de la « diplomatie de velours », ou silencieuse, et a engagé le Secrétaire général à utiliser ses bons offices à cette fin. 

Le sujet des élections a aussi été l’occasion de signaler qu’au Burundi, le Président Pierre Nkurunziza a annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle de 2020.  La Guinée équatoriale a espéré voir organiser un dialogue ouvert pour permettre la sortie de crise dans ce pays.  La Côte d’Ivoire a recommandé la reprise du dialogue politique inclusif interburundais sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, dans le cadre de l’Accord d’Arusha.

Pour l’ensemble de la sous-région, la poursuite des activités de Boko Haram et de l’Armée de résistance du Seigneur a suscité des préoccupations parmi les membres du Conseil, dont le Royaume-Uni qui a estimé qu’une action militaire en même temps qu’une action non militaire s’imposent.  À l’instar de la Côte d’Ivoire et de l’Éthiopie, de nombreuses délégations ont appelé au renforcement de l’appui à la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram.

De son côté, le Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), M. Ahmad Allam-Mi, a indiqué qu’un cadre de coopération entre la CEEAC et la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO) devrait être signé par les deux chefs exécutifs avant la tenue du Sommet conjoint CEEAC-CEDEAO sur l’extrémisme violent qui est prévu le 30 juillet 2018. 

La situation en République centrafricaine et la menace qu’elle représente pour la sécurité de la sous-région ont été évoquées au cours de la séance.  Le Représentant spécial a exhorté les pays de la région à participer plus activement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation dans ce pays.  Il a également « fortement » encouragé les autorités centrafricaines et les pays voisins à accélérer le processus de mise en œuvre des commissions mixtes pour traiter de questions telles que le contrôle des frontières et la transhumance.

La Côte d’Ivoire a d’ailleurs préconisé l’adoption d’une règlementation communautaire sur le pastoralisme, encourageant aussi à la mise en place de la stratégie de lutte contre le mercenariat et la criminalité transnationale organisée en Afrique centrale.         

En la matière, le représentant équato-guinéen a recommandé la tenue d’une conférence internationale sur le mercenariat, rappelant notamment que le 28 décembre, des mercenaires étrangers avaient infiltré la Guinée équatoriale dans le but d’y changer l’ordre constitutionnel.   

S/2018/521

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et sur les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (S/2018/521)

Déclarations

M. FRANÇOIS LOUNCÉNY FALL, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale (BRENUAC), a indiqué que la situation dans cette région reste difficile, avec un certain nombre de menaces sérieuses qui pèsent sur la stabilité politique, sécuritaire et socioéconomique, notamment en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC).  De plus, l’ensemble des 11 États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) sont soit au milieu, soit au début d’un cycle électoral et par conséquent connaissent des tensions liées aux processus électoraux.

Parmi les nouveaux développements dans la sous-région, M. Louncény Fall a notamment parlé du Tchad avec la promulgation, le 4 mai, de la nouvelle Constitution, suivie, le 10 mai, de la prestation de serment du nouveau Gouvernement puis, le 24 mai, de la cérémonie d’installation du cadre national du dialogue politique.  Ce dernier, a-t-il indiqué, doit créer les conditions favorables à la tenue d’élections législatives crédibles et pacifiques en novembre 2018.

Au Gabon, le centre gabonais des élections nouvellement établi a entamé les préparatifs pour le prochain scrutin législatif, tandis qu’au Burundi, le Président Pierre Nkurunziza a promulgué une nouvelle Constitution après la validation des résultats du référendum du 17 mai par la Cour constitutionnelle.  Le Représentant spécial a toutefois signalé que plusieurs acteurs et partenaires ont exprimé leurs préoccupations selon lesquelles la réforme pourrait réduire à néant les acquis de l’Accord d’Arusha.  Il a jugé important que le Conseil de sécurité continue d’appuyer le processus de médiation au Burundi dirigé par la Communauté d’Afrique de l’Est.

M. Louncény Fall a ensuite averti que l’escalade de la violence et des tensions dans les régions nord-ouest et sud-ouest du Cameroun est une source de préoccupation majeure.  Plus de 200 000 réfugiés camerounais ont été enregistrés de l’autre côté de la frontière avec le Nigéria, et le 25 mai, sept activistes anglophones ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, pour des motifs notamment de terrorisme, s’est-il alarmé.  Il a insisté sur l’importance d’un dialogue inclusif pour trouver une solution à la crise, répondre aux doléances des populations anglophones et garantir l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la stabilité régionale.  Apaiser les tensions contribuera également à la bonne conduite des élections présidentielle, législatives et municipales prévues pour cette année, a-t-il indiqué.

Poursuivant, le Chef du BRENUAC a parlé des peines de prison imposées à plusieurs dirigeants politiques de la RDC arrêtés à la suite de l’élection présidentielle, y compris la condamnation à 20 ans de réclusion pour le général Jean-Marie Mokoko, l’ancien Chef d’état-major de l’armée et ancien candidat à la présidentielle.  Il a aussi signalé que le processus de désarmement, démobilisation et réintégration dans la région du Pool avance plus lentement que prévu.

À Sao Tomé-et-Principe, a-t-il enchaîné, des tensions ont encore éclaté à la suite d’une décision, le 4 mai, de l’Assemblée nationale de révoquer les juges de la Cour suprême de justice en raison de divergences sur la décision de cette dernière de restituer la brasserie du pays, Rosema, à un investisseur congolais.  Une résolution sur la nomination des nouveaux juges a ensuite été adoptée le 30 mai.

Poursuivant son tour d’horizon, le Représentant spécial s’est attardé sur la situation en RCA, se disant encouragé par les conclusions de la deuxième phase de consultation avec les groupes armés.  Il a exhorté les pays de la région à participer plus activement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation, encourageant par ailleurs fortement les autorités centrafricaines et les pays voisins à accélérer le processus de mise en œuvre des commissions mixtes pour traiter de questions telles que le contrôle des frontières et la transhumance.

Enfin, il s’est félicité de l’initiative du Président de la Guinée équatoriale de tenir un dialogue politique national au mois de juillet qui, a-t-il espéré, pourrait ouvrir davantage l’espace politique dans ce pays.

Poursuivant son intervention en anglais, après le début en français, M. Louncény Fall a averti que le fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent continue d’affecter les populations et de faire dévier les ressources que les gouvernements devraient consacrer aux programmes de développement pour lancer les opérations sécuritaires onéreuses.  Il a parlé de la tenue, les 8 et 9 mai au Nigéria, de la réunion inaugurale du forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad pour la coopération régionale sur la stabilisation, la consolidation de la paix et le développement durable.  De plus, la première Conférence des États parties à la Convention de Kinshasa se tient actuellement à Yaoundé pour répondre au défi de l’afflux d’armes légères et de petit calibre.  Il a aussi fait savoir que le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale avait recommandé à la CEEAC d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la non-prolifération des armes légères et de petit calibre.

Le Représentant spécial a par ailleurs salué la validation, le 24 mai, d’un plan d’action régional pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité en Afrique centrale.  Il s’est dit convaincu que la participation des femmes et des jeunes sera essentielle pour assurer le succès du Sommet conjoint de la CEEAC et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur la paix, la sécurité, la radicalisation et l’extrémisme violent qui est prévu au mois du juillet.  Il s’est aussi félicité de la décision des États membres de la CEEAC d’accélérer sa réforme institutionnelle, y voyant une bonne occasion pour l’organisation d’améliorer son fonctionnement et de mettre en œuvre des projets clefs dans les domaines de la sécurité, la consolidation de la paix et la gouvernance.

Enfin, M. Louncény Fall a appelé le Conseil de sécurité à renouveler le mandat du BRENUAC pour une période de trois ans.

M. AHMAD ALLAM-MI, Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), intervenant par visioconférence depuis Green Tree dans l’État de New York, a rappelé les priorités de la CEEAC, à savoir les infrastructures, l’environnement, et désormais les questions de paix et de sécurité « qui pourtant ne faisaient pas partie des missions de la CEEAC à sa création ».  Ces deux questions se sont imposées à la CEEAC à la sortie de la léthargie qu’a connue l’institution entre 1992 et 1998 du fait des violentes guerres qu’ont vécues 7 des 10 États membres pendant cette période.  Les objectifs de la CEEAC ont donc été renforcés en février 1999 en vue de la prévention et de la résolution des conflits par la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) avec l’appui des Nations Unies, et dans le cadre du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC).  L’architecture paix et sécurité de la CEEAC fonctionne en harmonie avec l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) avec un bilan certes encore perfectible mais encourageant, a souligné M. Allam-Mi. 

Compte tenu de la menace à la sécurité de la sous-région que représente la situation en République centrafricaine (RCA), la CEEAC est restée saisie de la situation dans le pays, a-t-il rappelé.  C’est dans ce cadre que la CEEAC participe pleinement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en RCA, une initiative qui nécessite le soutien multiforme de la communauté internationale.  

En ce qui concerne la sûreté et la sécurité maritime, la sous-région de l’Afrique centrale abrite désormais, à Yaoundé au Cameroun, le Centre interrégional de coordination pour la sécurité maritime dans le golfe de Guinée (CIC).  Cet organe est chargé de la mise en œuvre de la stratégie dont les États du golfe de Guinée se sont dotés à travers leurs institutions régionales - la CEEAC mais aussi la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée (CGG).

Dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, et en harmonie avec la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée par les Nations Unies, la CEEAC a pris des initiatives importantes.  Il a cité à cet égard l’élaboration, avec l’appui du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), d’une stratégie sous-régionale de lutte contre le terrorisme qui a été ensuite validée par les ministres et sera prochainement soumise à l’approbation des chefs d’État et de gouvernement.

Dans le même temps, le sommet conjoint CEEAC-CEDEAO sur le thème de l’extrémisme violent pourrait se tenir le 30 juillet 2018 avec l’appui technique du BRENUAC et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).  Un cadre de coopération entre la CEEAC et la CEDEAO est en cours de finalisation et devrait être signé par les deux chefs exécutifs avant la tenue de ce sommet, a affirmé le Secrétaire général de la CEEAC qui a ajouté qu’un document de stratégie de lutte contre la criminalité transfrontalière organisée et le mercenariat est également en cours d’élaboration par la CEEAC.

M. Allam-Mi a aussi indiqué que la CEEAC s’était engagée dans une réforme profonde qui devrait lui permettre de disposer de nouveaux textes fondateurs.  Dans le cadre de cette réforme, il est préconisé la transformation du Secrétariat général en une commission, ainsi que la mise en place d’un conseil de paix et de sécurité permanent au siège de la CEEAC.

Poursuivant, M. Allam-Mi a observé que l’Afrique centrale demeure une région de crises et de conflits armés ouverts ou latents.  Elle reste particulièrement affectée par les crises au Burundi, en RDC et la crise politique, sécuritaire et humanitaire en RCA, ainsi que les activités des groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad.  Il a également salué « l’excellente collaboration entre le BRENUAC et la CEEAC », précisant que les deux institutions disposent d’un cadre de coopération assorti de plans périodiques d’activités communes. 

Au sujet du dernier rapport du Secrétaire général sur la sous-région qui a été présenté ce matin, il a ajouté qu’au Burundi, le Président de la République a annoncé qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2020.  En RDC, il a relevé l’acquittement par la Cour pénale internationale (CPI) de l’ancien Vice-Président Jean-Pierre Mbemba, alors qu’en RCA, il y a un motif d’encouragement de par l’engagement des anciens chefs d’État centrafricains à appuyer l’initiative africaine, et en même temps des inquiétudes face à la reprise de la violence à Bangui et à l’intérieur du pays.  Il a enfin rappelé que la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans la sous-région sera au cœur de la réunion de concertation des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC que le Président gabonais, M. Ali Bongo Ondimba, qui préside la CEEAC, a convoqué en marge du Sommet de l’Union africaine prévu les 1er et 2 juillet prochains à Nouakchott (Mauritanie).

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) s’est préoccupé de la situation politique et sécuritaire dans la sous-région, citant notamment les activités de Boko Haram et de l’Armée de libération du Seigneur, ainsi que l’utilisation de femmes et d’enfants comme kamikazes.  Il a estimé qu’une action miliaire en même temps qu’une action non militaire s’imposent, de même que l’adoption d’une approche holistique pour prévenir toute détérioration de la situation.  Inquiet également de la situation humanitaire, le représentant s’est par ailleurs engagé à verser 300 millions de livres sterling au cours des cinq prochaines années pour financer l’octroi de l’aide.

Le représentant a ensuite fait part de ses inquiétudes au sujet de la situation au Cameroun, insistant sur le droit de chacun de manifester pacifiquement.  Il a appelé à prendre des mesures d’urgence pour apaiser les tensions et s’est félicité de l’annonce du Nouvel An du Président camerounais concernant le processus de décentralisation dans le pays.  Il a appelé le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) à contribuer aux efforts visant à désamorcer la crise, insistant par ailleurs sur son rôle crucial en matière d’appui aux processus électoraux.

Le délégué s’est aussi soucié de la menace de piraterie dans le golfe de Guinée et souhaité davantage d’information sur les efforts déployés pour la combattre.  Il a par ailleurs estimé que le BRENUAC devait mettre l’accent sur le renforcement des capacités régionales en matière de prévention.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a commencé par condamné l’attentat ayant eu lieu le 10 juin dernier contre une patrouille de la MINUSCA et qui a causé la mort d’un soldat de la paix burundais.  Il a ensuite émis le vœu que l’épidémie de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC) sera bientôt contenue. 

Il a aussi insisté sur le dialogue pour venir à bout de la crise en République centrafricaine et a suggéré des mesures autant politiques qu’économiques en faveur du pays.  Il a aussi appelé la communauté internationale à ne pas se détourner de la question de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui poursuit ses exactions contre les populations, notamment autour de la zone frontalière entre la République centrafricaine et la RDC. 

La Guinée équatoriale est également préoccupée par les activités de Boko Haram qui propage la terreur en Afrique centrale et de l’Ouest depuis bientôt huit ans.  Il a rappelé que, depuis 2015, le groupe terroriste est affaibli grâce aux actions des pays du bassin du lac Tchad.  En ce qui concerne les Grands Lacs, la Guinée équatoriale invite les pays de la région à collaborer pour lutter contre l’exploitation illicite des minerais et le braconnage.

Au vu des différentes crises dans la sous-région, le représentant a invité la communauté internationale à agir au plus vite pour une assistance humanitaire appropriée dans les pays qui en ont besoin.  La Guinée équatoriale a pris note de la décision du Président burundais Pierre Nkurunziza de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2020, et la délégation espère voir organiser un dialogue ouvert pour permettre la sortie de crise au Burundi.

Le délégué a rappelé que le 28 décembre, la Guinée équatoriale a été victime d’actions de mercenaires étrangers qui ont infiltré le pays afin d’y procéder à un changement de l’ordre constitutionnel.  Heureusement, a-t-il noté, leur action a été rejetée par le peuple de Guinée équatoriale.  Il s’est dit inquiet du phénomène de trafics d’armes légères et de petit calibre et a appelé à une conférence internationale pour discuter de la pratique du mercenariat.  

Il a déploré les activités de piraterie ayant cours dans le golfe de Guinée et a appelé au renforcement du cadre de coopération entre le BRENUAC et le Secrétariat de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour renforcer la sécurité aux frontières. 

Enfin, le représentant a annoncé la tenue d’un dialogue national en Guinée équatoriale, afin de rassembler les parties prenantes dans le pays comme à l’extérieur pour discuter de toutes les questions importantes de la vie nationale.

Mme ELAINE MARIE FRENCH (États-Unis) s’est alarmée de la détérioration de la situation au Cameroun, dénonçant notamment les violences endurées par les civils ces dernières semaines.  Elle s’est inquiétée du manque d’intérêt que suscite cette crise et a appelé le Conseil de sécurité à en débattre davantage.

Elle a notamment averti que la poursuite de la crise dans la région anglophone risque de miner les efforts déployés pour stabiliser la situation dans le bassin du lac Tchad.  Le potentiel de violence électorale est également grand et risque aussi de saper la légitimité du scrutin.  Cette situation exige la plus haute vigilance, a-t-elle estimé.

La représentante a ensuite salué l’engagement en faveur du dialogue et du multilinguisme manifesté par le Président Paul Biya camerounais, mais a déploré l’absence de progrès pour désamorcer la crise.  Il est essentiel que toutes les parties prennent des mesures immédiates dans ce sens, a–t-elle souligné.  Et le Représentant spécial et le BRENUAC ont aussi un rôle important à jouer pour trouver une issue à la crise dans ce pays.

M. GUSTAVO MEZ-CUADRA (Pérou) a souligné l’importance d’adopter des approches régionales et sous-régionales, et de s’attaquer aux causes profondes des conflits, pour relever les défis et construire une paix durable en Afrique centrale.  Ainsi a-t-il salué les alliances établies par le BRENUAC avec l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Commission du golfe de Guinée et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Évoquant les élections prévues dans cinq pays d’Afrique centrale, il a jugé essentiel de promouvoir la stabilité politique et la participation des femmes et des jeunes.

Préoccupé par les nombreuses violations des droits de l’homme dans la sous-région, et en particulier par la menace terroriste de Boko Haram, le représentant a appuyé la stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme lancée par la CEEAC, ainsi que la réforme du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).

Enfin, il a rappelé que la sous-région fait face à une grave crise humanitaire et que près de 11 millions de personnes dépendent d’une aide extérieure. 

Préoccupé par la recrudescence de la violence en République centrafricaine, M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a soutenu l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, menée sous l’égide de l’Union africaine.  Il a salué les efforts du Président de la République centrafricaine qui privilégie le dialogue et la concertation afin d’aboutir à la réconciliation nationale inclusive. 

En République démocratique du Congo (RDC), la délégation ivoirienne appelle à la mise en œuvre effective de l’Accord de la Saint-Sylvestre, en vue de la tenue effective des élections le 23 décembre prochain.  Concernant la situation au Burundi, elle invite toutes les parties prenantes à la reprise du dialogue politique inclusif interburundais, sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, dans le cadre de l’Accord d’Arusha.

La situation sécuritaire dans le bassin du lac Tchad a également inquiété M. Djédjé, en raison de la menace persistante de Boko Haram dont les activités criminelles s’étendent au Cameroun, au Tchad et au Niger.  Il a soutenu le renforcement de l’appui à la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram, en collaboration étroite avec l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad, tel que recommandé par le Secrétaire général.  

En outre, il a salué la prorogation du mandat de l’Initiative de coopération régionale pour l'élimination de l'Armée de résistance du Seigneur (ICR-LRA), par l’Union africaine, jusqu’au 22 août 2018.

Compte tenu de ces difficultés, le représentant a souligné « la nécessité de la mise en place d’une stratégie de coopération régionale afin d’apporter une réponse appropriée aux défis qui minent l’Afrique centrale ».  À cet égard, la Côte d’Ivoire soutient les efforts déployés par la Communauté des États d’Afrique centrale (CEEAC) en faveur de la paix et de la sécurité et salue l’adoption récente par le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX) de la stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme dans cette région.  

Elle encourage aussi la mise en place de la stratégie de lutte contre le mercenariat et la criminalité transnationale organisée en Afrique centrale, ainsi que l’adoption d’une règlementation communautaire sur le pastoralisme.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a fait part de sa préoccupation face aux tensions qui ont cours dans les régions anglophones du Cameroun et a invité toutes les parties à créer les conditions nécessaires pour la cessation de la violence et établir un réel dialogue ouvert.  

Il a appelé l’Union africaine, la Commission du bassin du lac Tchad et l’ONU à continuer de former et mettre en œuvre une stratégie régionale coordonnée pour faire face aux causes profondes de la crise transnationale causée par les activités de Boko Haram.  Il a invité la communauté internationale à poursuivre son soutien en faveur de la Force multinationale de lutte contre Boko Haram et à la Force régionale d’intervention de l’Union africaine en République centrafricaine. 

Pour le Kazakhstan, la question du nombre élevé de déplacés dans la sous-région mérite une attention spéciale, car elle met un fardeau supplémentaire sur les communautés et les pays d’accueil qui font déjà face à des ressources limitées.  Le soutien des donateurs internationaux est donc utile, et les gouvernements locaux se doivent également d’assurer la sécurité nécessaire au retour volontaire des réfugiés, avec le soutien du système des Nations Unies, a-t-il ajouté.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a considéré que les travaux du BRENUAC devaient se poursuivre en coopération avec les acteurs régionaux, dans le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des États concernés.  

Pour relever les défis en matière de paix et de sécurité, d’assistance humanitaire et de développement, il a préconisé une stratégie conjointe entre le BRENUAC, les équipes de pays et les organisations régionales et sous-régionales, notamment l’Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), et la Commission du golfe de Guinée.  En effet, a-t-il poursuivi, bien que la situation dans chaque pays soit distincte, les conflits de la région doivent se résoudre à travers la médiation, la diplomatie préventive et le dialogue politique.

D’après le représentant, il faudrait reproduire en Afrique centrale l’initiative des pays du G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme.  À cet égard, il a salué les efforts de la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram, en collaboration avec l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad.  Les pays de la région et la communauté internationale doivent aborder les causes profondes des défis, dont le manque de contrôle sur les ressources naturelles, dont l’exploitation illicite contribue à financer des groupes comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). 

Enfin, le représentant a exhorté la communauté internationale à prendre en compte la situation humanitaire dans la sous-région. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est inquiété de l’impact du terrorisme et du crime transnational organisé pour la région.  Il a condamné dans les termes les plus vifs les attaques répétées contre les Casques bleus qui travaillent dans des conditions difficiles dans cette région.

Le représentant s’est aussi préoccupé de la détérioration de la situation en République centrafricaine, avertissant que cela risquait de saper les progrès réalisés jusqu’à présent et de déboucher sur un nouveau cycle de violence.  Il a appelé à la tenue d’un dialogue large et inclusif pour trouver une solution, insistant par ailleurs sur la nécessité pour le Gouvernement de bénéficier du plus large appui de la part de la communauté internationale.

Abordant ensuite la violence liée aux activités de Boko Haram et de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), il a estimé qu’un effort diplomatique est nécessaire pour appuyer les efforts de lutte en la matière.  Il a aussi jugé nécessaire de renforcer le mandat de la MINUSCA pour lui permettre de réagir à l’évolution de la situation sur le terrain.

L’appui politique et la mobilisation des ressources s’imposent également pour renforcer l’action de la Force mixte multinationale contre Boko Haram, a-t-il ajouté.

Concernant la situation au Cameroun, il a appelé à désamorcer la crise par le biais d’un dialogue inclusif qui, a-t-il insisté, doit bénéficier de tout le soutien nécessaire.  La priorité doit aussi être donnée à la diplomatie silencieuse et le Secrétaire général doit utiliser ses bons offices à cette fin.  

Le représentant a averti que la dramatisation de la situation risquait de l’aggraver, insistant une nouvelle fois sur les mérites de la « diplomatie de velours ».  Il a ensuite appuyé le renouvellement du mandat du BRENUAC.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a souligné l’importance vitale du BRENUAC dans la prévention des conflits, y compris par les bons offices et le soutien à la coopération et l’intégration régionales.  Il a plaidé pour un soutien de l’ONU au renforcement des capacités des organisations régionales en Afrique centrale et a aussi jugé important que l’Organisation continue de promouvoir et soutenir la feuille de route de Libreville sur la paix en RCA.

Au sujet de la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, la Suède plaide pour l’examen des revendications de longue date, invitant aussi les parties à agir de manière responsable, à se garder de poser des actes de violence et à contribuer au respect des droits de l’homme et à l’ouverture d’un dialogue ouvert ainsi qu’à l’examen de la question de la décentralisation.  Il a jugé utile que le Conseil de sécurité continue de suivre attentivement la situation en prévision des futures élections.

Le représentant a enfin salué la dernière réunion du forum des gouverneurs du lac Tchad sur la consolidation de la paix, qui s’est tenue à Maiduguri (Nigéria) en mai dernier.  Il a noté que cette rencontre, qui fut précédée par des consultations auprès de plus de 1 000 femmes, hommes et jeunes des communautés autour du lac Tchad, a permis de souligner la nécessité de suivre une approche globale et régionale pour faire face aux causes profondes de l’instabilité dans la région.  Il a dit attendre avec impatience la prochaine rencontre du genre prévue en 2019 à Diffa (Niger).

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que l’évolution de la situation sur le terrain illustre la précarité dans laquelle se trouve la sous-région.  Elle a noté que des élections sont prévues à différents niveaux dans plusieurs pays de la sous-région et a appelé les gouvernements concernés à œuvrer en faveur de la tenue d’élections pacifiques et crédibles.

Elle s’est souciée de l’instabilité qui prévaut en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC) ainsi qu’au Cameroun, où la situation est « particulièrement inquiétante ».  Elle a insisté sur l’importance du respect de l’état de droit.

La représentante a aussi estimé que la poursuite des activités de Boko Haram et de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) démontre la nécessité de fournir un appui continu à la Force multinationale mixte.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale rejette un amendement américain et demande des recommandations sur un « mécanisme de protection international » en faveur des palestiniens

Reprise de la dixième session extraordinaire d’urgence,
38e séance plénière – après-midi
AG/12028

L’Assemblée générale rejette un amendement américain et demande des recommandations sur un « mécanisme de protection international » en faveur des palestiniens

 

Au cours de sa dixième session extraordinaire d’urgence qu’elle a reprise aujourd’hui, l’Assemblée générale a adopté, sous les applaudissements et après le rejet d’un amendement américain, une résolution dans laquelle elle prie le Secrétaire général de lui faire des recommandations sur un mécanisme de protection international en faveur des civils palestiniens.

Adoptée par 120 voix pour, 48 abstentions et 8 voix contre -Australie, États-Unis, Îles Marshall, Îles Salomon, Israël, Micronésie, Nauru et Togo-, la résolution prie le Secrétaire général de présenter des propositions sur les moyens de garantir la sécurité, la protection et le bien-être de la population civile palestinienne se trouvant sous occupation israélienne et « en particulier », des recommandations relatives à un mécanisme de protection international.  Dans ce texte, l’Assemblée générale se félicite aussi de l’engagement pris par le Secrétaire général et le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient de participer à une action visant à désamorcer immédiatement la situation entre Israéliens et Palestiniens.

L’Assemblée exige que des mesures soient prises d’urgence pour garantir l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté et demande aux parties et à la communauté internationale de redoubler d’efforts afin d’instaurer les conditions nécessaires au lancement de négociations crédibles sur toutes les questions relatives au statut final, en vue de parvenir à une paix juste, globale et durable, fondée sur l’ambition d’une région où deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues.

En attendant, l’Assemblée exige d’Israël, Puissance occupante, qu’il s’abstienne d’un recours excessif, disproportionné et indiscriminé à la force contre les civils palestiniens dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et tout particulièrement dans la bande de Gaza. 

L’Assemblée déplore également « les tirs de roquettes qui ont été effectués depuis la bande de Gaza contre des zones civiles israéliennes ».  Ce libellé n’a pas satisfait les États-Unis qui ont présenté un amendement condamnant nommément le Hamas, ses tirs, ses incitations à la violence et le détournement des ressources pour construire des infrastructures militaires.  Avant la mise aux voix de l’amendement, l’Algérie, appuyée par le Bangladesh et Cuba, a invoqué l’article 74 du règlement intérieur pour demander que l’Assemblée générale ne se prononce pas sur la proposition américaine.  « Comble de l’hypocrisie », « De quoi avez-vous peur? » ont rétorqué les États-Unis, soutenus par le Canada.  La motion algérienne a été rejetée par 78 voix contre, 59 voix pour et 26 abstentions.

Mis aux voix, l’amendement des États-Unis a recueilli 62 voix pour, 58 voix contre et 42 abstentions.  Le problème, comme l’a rappelé le Président de l’Assemblée, est que l’article 84 du règlement intérieur exige la majorité des deux tiers des membres « présents et votants.  L’appel des États-Unis, qui insistaient sur la majorité simple, a été à son tour soumis au vote, en vertu de l’article 71, et rejeté par 73 voix contre, 66 voix pour et 26 abstentions.

« Vous vous rendez complices d’une organisation terroriste, vous donnez au Hamas davantage de pouvoir », a prévenu Israël.  « Lorsque le Hamas lance des roquettes, est-ce que c’est pacifique?  Le Hamas a déclenché plus de 400 incendies en Israël.  Soutenez-vous les kamikazes?  Comment réagiriez-vous si 40 000 rebelles essayaient de franchir vos frontières? ».  L’Observateur de l’État de Palestine a dénoncé « la mauvaise foi » des tenants d’un amendement qui aurait déséquilibré « radicalement » la résolution et éloigné l’Assemblée de l’objectif « essentiel » de protéger les civils et d’appeler au respect du droit international humanitaire.

Notre décision de saisir l’Assemblée, a expliqué l’Observateur palestinien, découle directement de l’échec du Conseil de sécurité à agir, en raison du veto qu’un membre permanent a opposé le 1er juin dernier au projet de résolution présenté par le Koweït et appuyé par la majorité des États, pour envisager des mesures propres à garantir une protection. 

Maintenant que l’occupation s’intensifie dans sa brutalité et que l’impasse politique persiste « dangereusement », la nécessité de protéger notre peuple demeure « urgente et justifiée », a-t-il insisté.  L’Observateur a vu dans la résolution un effort « modeste mais responsable », compte tenu de la gravité de la situation, de la nature profonde de la crise et du cauchemar que vivent les Palestiniens depuis 70 ans. 

« La résolution ne protège ni les Palestiniens ni les Israéliens innocents », a contré Israël, arguant qu’Israël est une démocratie qui se défend et le Hamas, une organisation terroriste qui attaque les Israéliens et les Palestiniens ».  À ceux qui ont voté pour la résolution, il a lancé: « vous êtes les munitions des armes du Hamas, les ogives des missiles du Hamas ».  Israël a tout simplement décelé de « l’antisémitisme » dans le fait que la crise en Syrie n’ait jamais déclenché une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale et que le seul pays « confronté ici, comme au Conseil des droits de l’homme, à un système de deux poids, deux mesures, c’est l’État d’Israël ». 

REPRISE DE LA DIXIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE D’URGENCE SUR LES MESURES ILLÉGALES PRISES PAR LES AUTORITÉS ISRAÉLIENNES À JÉRUSALEM-EST OCCUPÉE AINSI QUE DANS LE RESTE DU TERRITOIRE 

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a présenté le projet de résolution et souligné que la situation en Palestine est une menace à la paix et à la sécurité internationales. Le bilan des événements à Gaza est « dramatique »; les femmes, les enfants et les infirmières n’étant pas épargnés.  Il a rappelé la mort d’une infirmière palestinienne bénévole lors d’une des manifestations, qui s’inscrivent dans le cadre de la « Grande marche du retour ».  Cette infirmière, qui ne faisait que défendre son pays, avait déclaré que « la voix de la Palestine, c’est la voix de la raison ».  Israël, a accusé le représentant, a abdiqué ses responsabilités de Puissance occupante et méprise le droit international.  Il a conclu en exhortant la communauté internationale à protéger la population palestinienne puisque le Conseil de sécurité n’assume pas ses responsabilités.

Présentant son projet d’amendement (A/ES-10/L.24), Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déclaré que de nombreux événements dramatiques se produisent tous les jours dans le monde.  Plus de 150 Nicaraguayens ont trouvé la mort ces deux derniers mois dans des manifestations contre leur Gouvernement et pourtant on ne parle pas du Nicaragua, pas plus qu’on ne parle pas des manifestations en Iran, au Yémen ou au Myanmar.  L’Assemblée générale, a-t-elle estimé, perd « un temps précieux » à se focaliser sur Gaza, parce qu’attaquer Israël est le « passe-temps favori » de certains pays.  Le projet de résolution, qui ne mentionne pas le Hamas, est « partial ».  Il nous éloigne de la paix, il incite à la haine et il sacrifie toute honnêteté à cause de considérations partisanes.  Aucune partie n’est irréprochable dans ce qui se passe à Gaza, a concédé la représentante, mais on ne peut faire endosser la responsabilité à une seule d’entre elles.  Elle a accusé le Hamas d’être responsable de la situation économique désastreuse à Gaza, de tirer des roquettes sur Israël, d’utiliser des boucliers humains et de refuser de s’unir à l’Autorité palestinienne.

Pour autant, a-t-elle relevé, la résolution ne mentionne pas le Hamas.  Mme Haley a donc expliqué que son amendement reflète un « minimum de vérité sur ce qui se passe à Gaza ».  Quel élément de notre amendement pose problème? a-t-elle lancé aux délégations.  Voter sur l’amendement, c’est un moyen de voir qui est en faveur de la réconciliation et qui est lié par des considérations partisanes.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a expliqué que la décision de sa délégation de saisir l’Assemblée générale découle directement de l’échec du Conseil de sécurité à agir, en raison du veto qu’un membre permanent a opposé le 1er juin dernier au projet de résolution présenté par le Koweït et appuyé par la majorité des États, pour envisager des mesures propres à garantir la sûreté, le bien-être et la protection de la population civile palestinienne sous occupation.  Après ce « vote regrettable », a poursuivi l’Observateur, nous avons marqué dans la tristesse, la semaine dernière, le cinquante et unième anniversaire de l’occupation israélienne et nous nous sommes souvenus, une nouvelle fois, des décennies d’échec à mettre fin à cette occupation, à réaliser les droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination et à la liberté, à établir une paix juste fondée sur le consensus bien établi et consacré dans les résolutions pertinentes des Nations Unies.

L’occupation militaire, illégale et agressive est la première source et la cause sous-jacente des crises récurrentes et émergentes, a souligné l’Observateur.  C’est dans le contexte frappant de nos appels incessants à une aide et à une intervention, a-t-il ajouté.  Maintenant que l’occupation s’intensifie dans sa brutalité et que l’impasse politique persiste « dangereusement », la nécessité de protéger notre peuple sous occupation demeure urgente et justifiée, a-t-il insisté.  Il est vrai, a-t-il avoué, que nous aurions clairement préféré que le Conseil de sécurité assume ses responsabilités mais l’impact négatif de son action n’a fait qu’aggraver l’impunité d’Israël, multipliant les risques pour les vies palestiniennes.  Nous avons donc été obligés, s’est résigné l’Observateur, de poursuivre nos efforts au sein du système des Nations Unies pour assurer la protection de notre peuple.  Nous ne nous tairons pas, a-t-il prévenu, devant les crimes les plus violents et les violations des droits de l’homme commis systématiquement contre notre peuple.

L’Observateur a détaillé ces crimes, citant le meurtre de 129 Palestiniens et les plus de 13 600 blessés, les punitions collectives infligées aux 2 millions de Gazaouis et les colonies de peuplement « destructives » en Cisjordanie.  C’est notre devoir, a-t-il dit, de traiter de tous les aspects de la crise et de ses graves injustices, puisque nous avons toujours voulu y parvenir par tous les moyens pacifiques et légaux.  L’Observateur a donc demandé « la précieuse solidarité et l’appui » des États Membres. 

Le projet de résolution, a-t-il expliqué, vise à désamorcer une situation volatile, à mettre fin à la violence contre les civils et à promouvoir l’examen de mesures de protection en faveur des civils palestiniens.  Le texte est ancré dans le droit international et les résolutions des Nations Unies.  Il traite des dimensions pertinentes de la crise actuelle.  C’est un projet de résolution équilibré et élaboré après des négociations élargies.  L’Observateur a donc dénoncé « la mauvaise foi » de ceux qui veulent insérer un amendement qui déséquilibrerait radicalement le texte et éloignerait l’Assemblée de l’objectif essentiel qui est de protéger les civils et d’appeler au respect du droit international humanitaire. 

L’Observateur a exhorté les délégations à rejeter toute politisation de cette « question grave ».  La réalité, a-t-il dit, est que le projet de résolution est un effort « modeste mais responsable », compte tenu de la gravité de la situation, de la nature profonde de la crise de protection et du cauchemar que vivent les Palestiniens depuis 70 ans.  Tout doit être fait, a conclu l’Observateur, pour respecter « l’obligation collective » de protéger les civils en toutes circonstances, y compris les Palestiniens, et d’empêcher une autre déstabilisation et pour sauver les perspectives de paix à laquelle les Palestiniens sont attachés et sur laquelle ils n’ont encore perdu tout espoir. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a expliqué que sa délégation a réclamé la tenue de cette session extraordinaire après l’échec du Conseil de sécurité à adopter une résolution appelant à la protection des civils palestiniens.  Il a indiqué que le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée générale, et dont la Turquie est coauteur, engage les États Membres à alléger les souffrances humaines, appuie la désescalade et veut prévenir d’autres actes de violence.  Ce projet de résolution ne prend pas parti et ne cherche à cibler personne, a-t-il souligné.

Il s’agit, a-t-il poursuivi, de prendre position en faveur d’un processus de paix crédible et de maintenir en vie l’espoir d’une coexistence pacifique.  Il est plus que temps, a-t-il souligné, que l’Assemblée générale rétablisse la crédibilité de l’ONU, en montrant que la question de Palestine est « plus que des mots ».  Le représentant a affirmé que les États Membres ont le devoir commun de prévenir toute autre érosion du droit international.  Nous devons, a-t-il dit, démontrer que nous sommes unis dans le respect des principes du droit international et de l’esprit et de la lettre de la Charte de l’ONU.

Le délégué a précisé que le texte appelle le Secrétaire général à soumettre un rapport contenant ses propositions sur la création d’un mécanisme international de protection pour prévenir et dissuader les attaques contre les civils palestiniens.  Ce n’est là qu’un modeste pas dans la bonne direction après des semaines de violence et des pertes importantes en vies humaines, a souligné le représentant pour qui l’appel à l’action de l’ONU, c’est choisir de faire triompher le multilatéralisme sur l’unilatéralisme.  Les décisions unilatérales n’apporteront pas la paix, seule une solution juste, complète et négociée le fera, a-t-il ajouté.

Il a noté qu’« un pays » a présenté un amendement « afin de semer la confusion parmi les États Membres » et a appelé les délégations à ne pas l’appuyer.  L’échec du Conseil de sécurité est la raison même de notre présence ici, a-t-il tonné.  Avec ce vote, nous devons tous nous placer du bon côté de l’histoire.  Nous devons nous prononcer en faveur de la paix et de la dignité pour tous, a conclu le représentant.

« Je suis ici pour défendre nos droits fondamentaux, le droit accordé à tous les peuples du monde de défendre ses citoyens », a déclaré M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël).  La résolution ne protège ni les Palestiniens ni les Israéliens innocents, elle ne condamne pas le Hamas.  « Si vous appuyez cette résolution, vous vous rendez complices d’une organisation terroriste, vous donnez au Hamas davantage de pouvoir. »   Le représentant a relevé que le texte a été présenté par l’Algérie et la Turquie, « qui ne sont pas précisément des champions des droits de l’homme ». 

Nous avons beaucoup entendu parler de « la Grande marche du retour » mais les manifestants n’avaient pas l’intention de défendre Gaza et la Judée, a dit avoir constaté le représentant.  « Ils veulent nous prendre notre État. »  Il s’agit en fait, a-t-il dit comprendre, d’une attaque violente du Hamas contre Israël.  Lorsque le Hamas lance des roquettes, est-ce que c’est pacifique?  Le Hamas a déclenché plus de 400 incendies en Israël.  Soutenez-vous les kamikazes? Comment réagiriez-vous si 40 000 rebelles essayaient de franchir vos frontières? Le monde aurait à compter de nombreuses victimes des deux côtés. 

Le Hamas, a poursuivi le représentant, est reconnu par plusieurs pays comme une organisation terroriste.  Or le seul pays qui est confronté ici, comme au Conseil des droits de l’homme, à un système de deux poids, deux mesures, c’est l’État d’Israël, s’est indigné le représentant.  C’est là une utilisation « abusive » du cadre des Nations Unies.  Par comparaison, la crise en Syrie n’a jamais déclenché la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale.  « Il s’agit tout simplement d’antisémitisme », a-t-il accusé. 

Israël, a-t-il affirmé, a redoublé d’efforts pour améliorer la situation humanitaire à Gaza.  C’est le Hamas qui détruit les points de passage et s’approprie l’aide humanitaire, a-t-il dénoncé.  Les gestes humanitaires doivent pourtant aller dans les deux sens.  Malheureusement, le Président palestinien lui-même a refusé de verser le salaire des employés du Gouvernement à Gaza, faisant « machine arrière ». 

« Israël est une démocratie qui se défend; le Hamas est une organisation terroriste qui attaque les Israéliens et les Palestiniens », a tranché le représentant.  « Vous êtes les munitions des armes du Hamas, les ogives des missiles du Hamas », a-t-il lancé.  « Un vote en faveur de cette résolution est un vote en faveur du Hamas. »  

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), Président du Groupe de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) auprès des Nations Unies, a exprimé sa profonde préoccupation face à la gravité de la situation que viennent de vivre les civils palestiniens, à cause des politiques et pratiques « illégales et répressives » d’Israël.  Il a condamné un usage de la force « délibéré, systématique et illégal » contre des civils, rappelant que 129 Palestiniens avaient trouvé la mort, dont 16 enfants et plus de 13 600 civils avaient été blessés.

Par conséquent, l’OCI demande que des mesures soient prises, sur la base du droit international, y compris le droit international humanitaire et les droits de l’homme, pour garantir une protection internationale « absolument nécessaire » au peuple palestinien.  Pour l’OCI, le silence face aux violations du droit international et le non-respect des résolutions pertinentes de l’ONU par Israël sont « inexcusables ».  « Nous devons agir maintenant pour soulager les souffrances du peuple palestinien et mettre un terme à cette occupation illégale et à cette injustice historique », a demandé le représentant.

L’OCI regrette aussi l’incapacité que vient d’afficher le Conseil de sécurité d’agir face à ce problème pressant, à cause du veto de l’un de ses membres permanents.  Un tel résultat a non seulement sapé les efforts sérieux pour faire face à cette crise d’une manière qui aurait permis la désescalade des tensions et la protection des Palestiniens sans défense, mais cela a également encouragé Israël à poursuivre son agression en toute impunité, s’est indigné le représentant.

À la lumière de ces derniers développements, le Conseil des ministres des affaires étrangères de l’OCI et les membres du Groupe arabe se sont engagés dans cette initiative conjointe, avec le soutien d’autres pays, et ont parrainé le projet de résolution présenté aujourd’hui à l’Assemblée générale, a expliqué M. Bin Momen avant de demander aux délégations présentes de le soutenir.  En priant le Secrétaire général d’agir, ce projet « est une initiative sérieuse », même s’il ne s’agit que d’un premier pas, pour assurer la protection nécessaire des civils palestiniens dans le territoire occupé, y compris à Jérusalem-Est, a-t-il ajouté.

Pour M. SAMUEL MONCADA (Venezuela), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, la situation dans le territoire occupé palestinien est plus que critique.  Il a accusé la Puissante occupante d’avoir intensifié les violences et les tensions, surtout à Gaza.  Face à ces violences, le Mouvement exige des mesures pour assurer la protection des civils palestiniens et répondre à la crise humanitaire qui découle, selon lui, du blocus israélien, un blocus qui « doit être levé sans plus attendre ». 

Rappelant les développements récents sur le terrain depuis le 30 mars 2018, et plus spécifiquement les 125 Palestiniens tués lors de la mobilisation pacifique de la « Grande marche du retour », le représentant s’est dit profondément préoccupé qu’Israël n’ait pas été tenu pour responsable de ces violences.  Cela entretient, selon lui, la culture de l’impunité et déstabilise la situation sur le terrain, tout en compromettant les perspectives de paix.  « Israël doit respecter ses obligations et ses responsabilités en vertu du droit international », a exigé le représentant avant de rappeler à la communauté internationale qu’elle avait la responsabilité de protéger les civils palestiniens dans la bande de Gaza et dans tout le territoire occupé, y compris à Jérusalem-Est.

Le Mouvement, a-t-il poursuivi, tient à exprimer aujourd’hui ses profonds regrets face au veto que la délégation américaine a opposé au projet de résolution soumis par le Koweït au Conseil de sécurité dont le but était de répondre à la récente escalade des violences et à l’urgence d’assurer la protection de la population civile palestinienne.  Cette incapacité du Conseil de sécurité de remplir son mandat dans cette question pressante n’est due qu’à la primauté des intérêts particuliers de l’un de ses membres permanents.

Dès lors, a dit le représentant, le Mouvement lance aujourd’hui un appel aux États Membres de l’Assemblée générale pour qu’ils soutiennent la résolution présentée par le Groupe arabe et l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), un texte qui est « en phase avec les responsabilités de la communauté internationale en vertu de la Charte des Nations Unies, du droit international, y compris le droit international humanitaire et les droits de l’homme, des résolutions pertinentes et de l’obligation collective d’assurer la protection des civils ».  Avant de conclure, il a tenu à réaffirmer la pertinence des résolutions du Conseil de sécurité sur la question de Palestine, y compris pour ce qui est du statut de Jérusalem, en précisant que ces textes sont juridiquement contraignants pour tous les États Membres des Nations Unies et doivent, par conséquent, être pleinement mis en œuvre.

Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, s’est dite préoccupée par l’escalade de la violence à Gaza, qui a causé la mort de nombreux Palestiniens.  Elle a souligné la nécessité urgente d’un règlement politique, conduisant à la solution des deux États.  « Tous les efforts crédibles pour relancer le processus de paix doivent être appuyés », a-t-elle insisté avant d’exhorter Israël à respecter le droit de manifester pacifiquement et à éviter les mesures disproportionnées pour protéger ses intérêts sécuritaires légitimes.  Les forces israéliennes doivent s’abstenir de tout recours excessif à la force contre des civils non armés, a-t-elle dit.  La force létale ne peut être utilisée qu’en dernier recours pour protéger la vie.  « Le recours à la force doit être proportionné en toutes circonstances », a insisté la représentante.  Elle a souligné la responsabilité de ceux qui dirigent ces manifestations, y compris le Hamas, les appelant à éviter toute provocation et toute violence.  L’Union européenne, a-t-elle rappelé, condamne les tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël et continuera de respecter le consensus international sur Jérusalem, y compris pour les représentations diplomatiques.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a précisé qu’il s’agit ici non pas d’un conflit mais d’une situation d’occupation illégale, où les deux parties ne sont pas à égalité. « Autrement dit, Israël est un État qui oppresse et la Palestine est le peuple opprimé. »  On ne peut ignorer la réalité historique, a-t-il ajouté.  L’une des parties est responsable des maux de l’autre, dont la construction de colonies illégales, le refus de laisser plus de six millions de réfugiés rentrer chez eux, l’arrestation de centaines d’enfants palestiniens et le blocus aérien et maritime de Gaza. 

Pendant son mandat au Conseil de sécurité, la Bolivie a constaté que cet organe avait échoué à résoudre la situation du peuple palestinien.  « Israël a en réalité un droit de veto dans la main d’un membre permanent du Conseil de sécurité », a ironisé le représentant.  Le rôle des États-Unis en faveur des États injustes n’est pas une nouveauté, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est associé à tous les efforts internationaux pour parvenir à une solution pacifique de la crise.  Il s’est dit convaincu que la seule solution à long terme est celle des deux États, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  

Le débat d’aujourd’hui est « urgent et opportun », a jugé M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud).  Que le Conseil de sécurité ait, une fois de plus, échoué à agir face à l’escalade de la violence à Gaza, est inacceptable.  Par conséquent, a-t-il déclaré, l’Assemblée générale doit maintenant assumer l’obligation morale et légale de protéger la population en Palestine et dans le territoire occupé et prendre des mesures urgentes afin de remédier à la situation.  « Il est impératif que l’Assemblée vote en faveur du projet de résolution », a-t-il insisté.  Ce texte, a rappelé le représentant, se fonde sur le droit international, y compris le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, et sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Il contient des références à la protection des civils, y compris les enfants dans les conflits armés, le personnel humanitaire et les journalistes. 

Le représentant a pleinement appuyé la demande faite au Secrétaire général de réfléchir aux moyens de garantir la protection de la population, et de faire des recommandations relatives à un mécanisme de protection international.  Il est clair, a-t-il conclu, qu’il n’y aura ni paix ni sécurité au Moyen-Orient sans paix entre Israël et la Palestine.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle appuie l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est fait l’écho de l’inquiétude du pape François concernant « l’escalade des tensions dans la Terre sainte et au Moyen-Orient », sa grande douleur pour les victimes et les blessés et sa proximité avec tous ceux qui souffrent.  Il a rappelé que la quatrième Convention de Genève met la protection des civils au cœur du droit international humanitaire.  Les Protocoles additionnels de 1977 améliorent sensiblement la protection juridique des civils et des blessés, a ajouté le prélat.  En conséquence, il est dès lors impératif d’éviter de prendre les civils et les infrastructures civiles pour cibles, dans une tactique de guerre.  Il faut aussi éviter toute politisation et toute militarisation de l’aide humanitaire.

Le Saint-Siège renouvelle donc une fois encore son « appel au courage de dire oui à se rencontrer et non au conflit: oui au dialogue et non à la violence; oui aux négociations et non aux hostilités, oui au respect des accords et non aux actes de provocation, oui à la sincérité et non à la duplicité.  Tout cela nécessite du courage, de la fermeté et de la ténacité. »  Le délégué a aussi répété son appel pour que « la sagesse et la prudence prévalent afin d’éviter de nouveaux éléments de tension dans un panorama global déjà bouleversé et marqué par de nombreux conflits cruels ».  Il a enfin réitéré « l’obligation de toutes les nations de respecter le statut historique de la Ville sainte conformément aux résolutions des Nations Unies et le fait qu’uniquement, un statut internationalement garanti peut préserver son caractère unique et garantir un dialogue de paix et la réconciliation ».

Adoption du projet de résolution sur Protection de la population civile palestinienne (A/ES-10/L.23)

Ayant voté en faveur de la résolution, le représentant de la Suisse a jugé vital que l’Assemblée générale appuie la protection des civils mais n’a pas manqué de condamner les attaques indiscriminées du Hamas.  Nous aurions souhaité, a-t-il avoué, un texte qui aurait clairement reflété la complexité de la situation sur le terrain. 

Également en faveur de la résolution, son homologue de la Norvège a rappelé l’engagement de longue date de son pays à parvenir à la solution négociée des deux États.  Selon elle, la résolution condamne dûment tous les actes de violence perpétrés contre des civils, y compris les actes de terrorisme, dont les tirs de roquettes à partir de Gaza.  Le Hamas et d’autres groupes rebelles ne sont malheureusement pas cités nommément, a-t-elle cependant relevé, en soulignant le droit légitime d’Israël de défendre son territoire.  Mais, a-t-elle concédé, « les lacunes du texte ne suffisent pas à étouffer le message constructif qu’il porte ».

Après avoir voté contre la résolution, la représentante de l’Australie s’est certes dite préoccupée par la situation humanitaire à Gaza et a souligné le droit à manifester pacifiquement mais a jugé « illégaux » les tirs de roquettes depuis Gaza.  Le rôle du Hamas n’est pas évoqué dans le texte et le rejet de l’amendement américain reflète « l’approche partisane » de cette question, a-t-elle dénoncé. 

La déléguée de la République tchèque s’est aussi déclarée tout à fait favorable à l’amendement des États-Unis.  Elle s’est donc abstenue sur la résolution car « elle ne contribue pas à la désescalade impérative de la situation sur le terrain » et contient un message « déséquilibré » qui n’évoque pas le rôle du Hamas.

La communauté internationale doit continuer de présenter un front uni pour défendre les droits des Palestiniens, a en revanche fait valoir le représentant de l’Iran, qui a voté pour la résolution.  L’occupation israélienne est au cœur des crises au Moyen-Orient, a-t-il rappelé. Israël doit être contraint de respecter ses obligations, a insisté le représentant, en accusant les États-Unis d’appuyer toutes les actions de ce dernier.

Vivement préoccupé par le grand nombre de victimes à Gaza, le représentant de la Nouvelle-Zélande a voté pour la résolution, même s’il s’est dit « déçu » qu’elle ne condamne pas explicitement le Hamas.

S’il s’est abstenu, le représentant du Mexique a tenu à souligner l’importance qu’il y a à assurer la protection de la population civile palestinienne. 

S’étant elle aussi abstenue, la représentante du Royaume-Uni a expliqué n’avoir pas été en mesure de voter en faveur du texte qui lui semble déséquilibré car il ne condamne pas le Hamas.

Le représentant de l’Argentine a partagé les préoccupations de la communauté internationale face à l’escalade des violences au Moyen-Orient et jugé indispensable que le droit international soit respecté.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, « notre abstention ne doit pas être interprétée comme une condamnation ».   Au contraire, il a réitéré que toute attaque contre des civils innocents est condamnable, quelle que soit la partie responsable.  Ainsi, la condamnation des tirs à partir de Gaza n’est-elle pas suffisamment énergique? 

À son tour, le représentant du Guatemala, respectant le droit humanitaire dans toutes les circonstances, notamment face à l’intensification des violences, a néanmoins considéré que « la résolution n’abonde pas dans le sens d’une solution globale à la crise » et s’est donc abstenu.

De même, le représentant du Canada a expliqué s’être abstenu car, même si elle intervient à un moment critique, la résolution, a-t-il dit craindre, est « inadéquate » car elle n’appelle pas explicitement le Hamas à cesser ses activités contre Israël et ne reflète pas fidèlement la situation sur le terrain.

Ayant voté pour la résolution, la déléguée de l’Islande a appelé les parties à faire preuve de retenue.  Israël a le droit de se défendre mais il doit le faire de manière proportionnée, a-t-elle dit.  Elle a souligné que les manifestations doivent rester pacifiques, avant de regretter que la résolution n’ait pas été « plus équilibrée ».

Son homologue de Singapour, qui s’est abstenu, a aussi jugé que la résolution ne reflète pas la situation sur le terrain.  Il a appelé à la retenue et exhorté les parties à l’accalmie. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale élit 18 nouveaux membres au Conseil économique et social (ECOSOC)

Soixante-douzième session,
96e séance plénière - matin
AG/12027

L’Assemblée générale élit 18 nouveaux membres au Conseil économique et social (ECOSOC)

 

L’Assemblée générale a renouvelé aujourd’hui par un vote à bulletin secret le tiers des sièges du Conseil économique et social (ECOSOC).

Les 18 États élus pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2019 sont l’Angola, l’Arabie saoudite, l’Arménie, le Brésil, le Canada, l’Égypte, les États-Unis, l’Éthiopie, l’Iran, la Jamaïque, le Kenya, le Luxembourg, le Mali, le Pakistan, le Paraguay, les Pays-Bas, le Turkménistan et l’Ukraine.

Toujours par un vote à bulletin secret, l’Assemblée a confirmé que les Émirats arabes unis, l’Espagne et le Tadjikistan, qui ont renoncé à leur siège avant la fin de leur mandat, seront respectivement remplacés par le Yémen, Malte et le Cambodge, à partir du 1er janvier 2019.

L’ECOSOC est composé de 54 États Membres, élus par l’Assemblée générale pour un mandat de trois ans.  Les sièges y sont répartis comme suit: 14 pour le Groupe des États d’Afrique, 11 pour le Groupe des États d’Asie, 6 pour le Groupe des États d’Europe orientale, 10 pour le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, et 13 pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.

Les 18 nouveaux élus rejoignent les pays suivants: Allemagne, Andorre, Azerbaïdjan, Bélarus, Bénin, Cambodge, Cameroun, Chine, Colombie, Danemark, Équateur, El Salvador, eSwatini, Fédération de Russie, France, Ghana, Inde, Irlande, Japon, Malawi, Malte, Mexique, Norvège, Philippines, République de Corée, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Soudan, Tchad, Togo, Turquie, Uruguay, Venezuela et Yémen.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale s’informe des progrès « inégaux et fragiles » dans la lutte contre le VIH/sida et proclame le 16 juin « Journée internationale des envois de fonds à la famille »

Soixante-douzième session,
94e & 95e séances plénières - matin & après-midi
AG/12025

L’Assemblée générale s’informe des progrès « inégaux et fragiles » dans la lutte contre le VIH/sida et proclame le 16 juin « Journée internationale des envois de fonds à la famille »

L’Assemblée générale a assuré aujourd’hui le suivi des 10 engagements de la Déclaration de 2016 sur le VIH/sida, proclamé le 16 juin, « Journée internationale des envois de fonds à la famille » et adopté une résolution sur les déplacés et les réfugiés géorgiens.

À mi-chemin de la période prévue pour remplir les engagements pris dans la Déclaration sur le VIH/sida, des progrès importants ont été faits pour ce qui est de mettre fin, d’ici à 2030, à l’épidémie, ont reconnu les délégations peu nombreuses, selon le Malawi, qui a espéré que « cela ne traduit pas une attitude consistant à dire, le VIH/sida, c’est votre problème ».  Les progrès sont là mais le VIH a tué en 2016 un million de personnes dans le monde, a en effet prévenu le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák. 

Seulement 63% des personnes infectées ont accès aux antirétroviraux alors que l’Objectif « 90/90/90 » d’ONUSIDA auquel tous les États ont adhéré est que d’ici à 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% des séropositifs reçoivent un traitement antirétroviral durable et 90% des personnes traitées aient une charge virale durablement supprimée.

Les progrès sont « inégaux et fragiles », a prévenu, à son tour, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Sur tous les continents, les populations à risques sont de plus en plus laissées de côté, en particulier les jeunes.  Comme beaucoup d’autres après lui, le Secrétaire général a insisté sur la prévention dont la « Feuille de route 2020 » se focalise explicitement sur les adolescentes, les jeunes femmes et les populations à risques.  Les ratés de la prévention s’expliquent d’ailleurs, a estimé la Norvège, par le fait que la santé sexuelle et reproductive est une question sensible.  Or, donner aux jeunes une éducation sexuelle est essentiel pour prévenir le VIH et les autres malades sexuellement transmissibles. 

L’accent sur les droits de l’homme, les populations clefs et l’égalité des sexes est essentiel, a ajouté le Secrétaire général qui a appelé à un plus grand leadership et à des investissements pour lever les barrières sociales et politiques qui empêchent beaucoup de gens d’accéder aux services nécessaires. 

Le Secrétaire général a rappelé que 2018 marque le quinzième anniversaire du Plan d’urgence du Président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR).  C’est la première fois, se sont réjouis les États-Unis, que la communauté mondiale est sur le point de contrôler une pandémie sans vaccin ni traitement définitif, ouvrant la voie à l’éradication du VIH.  Le mois prochain, a annoncé le Secrétaire général, les scientifiques et les militants du monde entier se réuniront à Amsterdam à la Conférence internationale sur le sida. 

Le Président de l’Assemblée générale a annoncé une autre réunion, la toute première rencontre de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose, le 26 septembre prochain, car les personnes infectées par le VIH/sida ont 20 à 30 fois plus de chances de contracter la tuberculose.  Toujours en septembre, l’Assemblée tiendra sa troisième réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles et c’est là, a estimé le Président, une autre grande occasion puisque les personnes vivant avec le VIH/sida y sont particulièrement vulnérables.

Toutes les délégations ont prôné une approche plus intégrée, la santé étant cruciale pour tous les 16 autres objectifs de développement durable.  La question de la couverture santé universelle sera d’ailleurs à l’ordre du jour de l’Assemblée générale en 2019 car elle pourrait accélérer les efforts pour éradiquer le VIH/sida, une fois pour toutes, a indiqué le Président de l’Assemblée.

Toujours aujourd’hui, l’Assemblée a proclamé le 16 juin, « Journée internationale des envois de fonds à la famille » lesquels représentaient la somme de 466 milliards de dollars en 2017, selon les Philippines, présentateur d’une résolution qui demande au Fonds international de développement agricole (FIDA) de contribuer activement à l’observance de la Journée, notamment par le canal du Forum mondial sur les transferts d’argent, l’investissement et le développement.

L’Assemblée a aussi adopté par 81 voix pour, 16 voix contre et 62 abstentions une résolution sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie, Géorgie, et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, Géorgie, par laquelle elle reconnaît le droit qu’ont tous les déplacés et les réfugiés, et leurs descendants, indépendamment de leur origine ethnique, de rentrer chez eux partout en Géorgie, y compris en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud. 

Elle réaffirme que les changements démographiques imposés sont inacceptables et qu’il faut d’urgence assurer le libre accès de tous les déplacés, réfugiés et autres habitants de toutes les zones touchées par le conflit partout en Géorgie aux activités humanitaires.  L’Assemblée invite tous les participants aux pourparlers de Genève à redoubler d’efforts en vue d’établir une paix durable, à s’engager à renforcer la confiance et à prendre immédiatement des mesures pour faire respecter les droits de l’homme et instaurer des conditions de sécurité propices au retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers, selon un calendrier défini.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Rapport du Secrétaire général intitulé « Mettre la lutte contre le sida au service de la réforme de l’Organisation des Nations Unies et de la santé mondiale » ((A/72/815)

À mi-chemin de la période prévue pour remplir les engagements pris par l’Assemblée générale en 2016 dans le cadre de la stratégie d’accélération de la riposte, des progrès importants ont été faits pour ce qui est de mettre fin, d’ici à 2030, à l’épidémie de sida.

Le Secrétaire général pointe les progrès dans la plupart des 10 engagements pris dans la Déclaration politique de 2016 sur le VIH et le sida.  La majorité des personnes vivant avec le VIH ont accès à un traitement et les décès dus au sida ont baissé d’un tiers depuis 2010.  Toutefois, afin de réaliser pleinement la cible 90–90–90 d’ici à 2020, il faut, prévient le Secrétaire général, développer des méthodes de dépistage du VIH pilotées par les collectivités et axées sur les personnes, assurer une prise en charge immédiate ainsi que la continuité des soins et favoriser l’observance thérapeutique.  Les techniques de dépistage du VIH et les combinaisons de traitements qui ont été mises au point ou améliorées récemment doivent être mises à profit dans les meilleurs délais.

Les avancées réalisées dans la lutte mondiale contre la tuberculose et le VIH ont permis de réduire de plus d’un tiers le nombre des décès liés à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH.  Il est encore possible d’éliminer la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  En effet, à l’heure actuelle, moins d’enfants contractent le VIH pendant l’accouchement. Cependant, l’élargissement de l’accès aux traitements pédiatriques n’avance pas assez rapidement pour que l’objectif mondial consistant à fournir à 1,6 million d’enfants un traitement puisse être atteint en 2018.

De plus en plus de pays et de villes montrent que l’adoption d’une approche combinée de la prévention du VIH qui respecte et protège les droits des personnes les plus vulnérables peut permettre de réduire considérablement l’incidence.  La stigmatisation, la discrimination, l’inégalité entre les sexes, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les autres inégalités sociales auxquelles sont confrontées les personnes les plus exposées au risque d’infection à VIH et les personnes vivant avec cette maladie constituent des obstacles juridiques et politiques à l’utilisation des services et entravent les efforts visant à faire reculer le nombre de nouvelles infections à VIH.  De plus, les investissements mondiaux sont insuffisants: ils sont inférieurs de presque 7 milliards de dollars à l’engagement pris dans la Déclaration politique de 2016.

L’épidémie de sida sévit encore, mais il est possible d’y mettre fin.  La lutte mondiale contre le sida a favorisé l’innovation dans les domaines de la santé mondiale, du développement durable et de la coordination au sein du système des Nations Unies pour le développement.  À l’avenir, l’approche commune des Nations Unies en matière de lutte contre le sida, le partenariat H6 et le programme de réforme plus vaste de l’ONU seront l’occasion d’accélérer les progrès sur la voie de l’élimination du sida ainsi que de la réalisation des objectifs de développement durable.

Le Secrétaire général fait alors cinq recommandations: encourager une révolution dans le domaine du dépistage du VIH et atteindre la cible 90-90-90; redoubler d’efforts pour éliminer la tuberculose et les autres coïnfections et comorbidités; utiliser la feuille de route en matière de prévention du VIH pour réduire plus rapidement le nombre de nouvelles infections; protéger les droits de l’homme et promouvoir l’égalité des sexes au moyen de dispositifs de prestation de services axés sur l’être humain et de cadres juridiques et politiques porteurs; et mettre le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et le partenariat H6 au service de l’amélioration de la santé mondiale et de la réforme de l’ONU.

Déclarations

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a insisté sur trois points et d’abord sur le fait que le VIH est toujours « un énorme défi ».  Les progrès sont là, a-t-il admis, mais nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde.  Le virus, a-t-il prévenu, a toujours un impact destructeur et meurtrier sur beaucoup de gens dans le monde.  En 2016, a rappelé le Président, un million de personnes ont perdu la vie et les nouveaux médicaments et traitements ne sont pas disponibles pour tous.  En fait, seulement 63% des gens ont accès aux antirétroviraux. 

Le Président a donc voulu que l’on saisisse l’occasion de cette réunion pour explorer les moyens d’aller de l’avant.  Il a donc rappelé la convocation de la toute première réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose, le 26 septembre prochain.  Les personnes infectées par le VIH/sida ont 20 à 30 fois plus de chances de contracter la tuberculose, a-t-il souligné, tombant dans une conjugaison mortelle.  Sans un bon traitement, presque toutes ces personnes seraient condamnées à mort.  Toujours en septembre, l’Assemblée générale tiendra sa troisième réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles et c’est là, a estimé le Président, une autre grande occasion puisque les personnes vivant avec le VIH/sida y sont particulièrement vulnérables.

Il est donc plus urgent que jamais, a souligné le Président, d’avoir une approche plus intégrée.  Nous devons profiter de toutes les manifestations et de toutes les plateformes pour faire avancer l’objectif d’éradiquer le VIH/sida d’ici à 2030.  N’oublions pas, a-t-il ajouté, que ce que nous faisons ici a un lien direct avec les autres objectifs et cibles.

Enfin le Président a souligné que l’on ne peut pas seulement parler du VIH/sida.  Nous devons regarder le contexte parce que tous les joueurs ne sont pas à égalité.  Tout le monde n’a pas les mêmes risques de contracter le VIH et tout le monde n’a pas la même chance de survivre et ce n’est pas juste, a martelé le Président.  Nous ne devons laisser personne de côté, a-t-il dit, en prônant l’accès universel à la santé.  Nous savons tous, a-t-il insisté, que la santé est « cruciale » pour le développement durable.  C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tout un objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030 lui est consacré.  La question de la couverture santé universelle sera à l’ordre du jour de l’Assemblée générale en 2019 car elle pourrait accélérer les efforts pour éradiquer le VIH/sida, une fois pour toutes.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a aussi mis l’accent sur le fait que les progrès ont inégaux et restent fragiles.  Sur tous les continents, les populations à risques sont de plus en plus laissées de côté.  Les jeunes femmes sont de manière inacceptable particulièrement vulnérables là où la prévalence est élevée.  Nous devons autonomiser les jeunes pour qu’ils puissent se protéger eux-mêmes du VIH et cela comprend, a précisé le Secrétaire général, les droits et services de santé sexuelle, la protection des consommateurs de drogue et l’accès aux traitements antirétroviraux. 

La prévention est la clef pour briser le cycle de la transmission du VIH et d’ailleurs la feuille de route 2020 de la prévention se focalise explicitement sur les adolescentes, les jeunes femmes et les populations à risques.  Cet accent mis sur les droits de l’homme, les populations clefs et l’égalité des sexes est essentiel, a souligné le Secrétaire général.  Un plus grand leadership et des investissements doivent suivre pour lever les barrières sociales et politiques qui empêchent beaucoup de gens d’accéder aux services nécessaires.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi le Secrétaire général, appelle à une approche intégrée des défis du développement.  Les efforts pour mettre fin au VIH sont liés à d’autres domaines clefs comme le paludisme, la tuberculose, l’accès aux médicaments et la menace croissante de la résistance antimicrobienne.  Le succès exige donc que l’on renforce les liens entre ces domaines et que l’on crée des systèmes de santé résilients et durables, ancrés dans les principes des droits de l’homme et de l’égalité. 

À son tour, le Secrétaire général a estimé que les réunions à venir sur la tuberculose et les maladies non transmissibles sont une importante occasion de forger une nouvelle manière de penser et de travailler qui aille au-delà des approches en silos d’hier.  La réunion de haut niveau sur la couverture santé universelle offrira aussi l’occasion d’instaurer une certaine cohérence dans le paysage de la santé mondiale, s’agissant du financement, de la planification et des responsabilités.

Les efforts pour mettre fin à l’épidémie n’auraient pas été possibles sans le plaidoyer énergique, la solidarité et le sens des responsabilités partagées.  Nous devons maintenir cet état d’esprit, a encouragé le Secrétaire général qui a rappelé que 2018 marque le quinzième anniversaire du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR).  Le mois prochain, les scientifiques et les militants du monde entier se réuniront à Amsterdam à la Conférence internationale sur le sida.  Dès le début de la riposte mondiale, la rencontre entre science et activisme a contribué à façonner les politiques et élargir l’accès aux traitements, en en faisant un droit. 

En ce moment critique, nous devons renouveler notre engagement à créer un monde débarrassé du sida.  La pandémie n’est pas vaincue mais elle peut l’être et nous devons faire notre part.  Nous devons tous jouer notre rôle, a conclu le Secrétaire général. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZARUS O. AMAYO (Kenya) a réaffirmé l’engagement de son Groupe à lutter contre l’épidémie du sida.  L’Afrique a fait des progrès significatifs mais beaucoup reste à faire puisque le VIH et le sida continuent de toucher de manière disproportionnée l’Afrique subsaharienne avec des risques de nouvelles infections particulièrement élevés chez les jeunes femmes.  L’Afrique réitère la nécessité d’une réponse globale intégrée et universelle et des investissements.

L’Union africaine, a indiqué le représentant, a adopté une feuille de route sur la responsabilité partagée et la solidarité face au sida, au paludisme et à la tuberculose.  L’engagement des pays africains à consacrer 15% de leur budget au secteur de la santé démontre clairement leur volonté politique de renforcer l’appropriation, la responsabilité et les partenariats.

M. Amayo a estimé que l’objectif « zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida » d’ici à 2030 est atteignable.  La prévention, le plaidoyer et l’éducation sont importants tout autant que les traitements et la création de nouveaux médicaments, dont des vaccins.  Le Groupe des États d’Afrique réaffirme l’importance du transfert des technologies, du renforcement des capacités, de l’accès au marché et des flexibilités prévues pour les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC /TRIPs).  Le représentant a dit attendre avec intérêt la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la lutte contre la tuberculose en septembre.

En sa capacité nationale, le représentant a indiqué que son pays compte 1,5 million de personnes vivant avec le VIH, responsable avec le sida, de 29% des morts par an.  Le Président du Kenya a donc défendu la vision des « Big Four », pour les cinq prochaines années, à savoir la sécurité alimentaire et la nutrition, le logement abordable, la production manufacturière et l’accès universel à la santé.  Après détaillé les progrès enregistrés par son pays, le représentant a exprimé la détermination de son pays à faire en sorte que 75% des gens qui vivent avec le VIH bénéficient d’une protection sociale d’ici à 2020.  Le Gouvernement a aussi l’intention de développer un mécanisme propre de financement de la lutte contre le VIH/sida.  Déjà depuis 2013, l’enveloppe gouvernementale a augmenté de 29%, passant de 20,4 milliards de shillings à 26,4 milliards en 2016.

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a souligné que depuis l’adoption de la Déclaration politique des Nations Unies en 2001, les pays de la SADC se sont efforcés, sur les plans national et régional, à renforcer leurs politiques pour répondre au mieux aux besoins de leurs populations en matière de santé.  La Déclaration de Maseru a été signée en 2003 et un fonds spécial régional a été créé peu après.  Une initiative transfrontière a été lancée en 2011 et, il y a à peine deux mois, le Secrétariat de la SADC a remis les clefs de la seconde clinique transfrontière au Ministère de la santé du Botswana.  De nombreux pays de la SADC participent à la Coalition mondiale pour la prévention de l’infection à VIH, une question qui connaît un véritablement élan dans les pays de la région, a affirmé le représentant.  Quant aux besoins particuliers des jeunes, de nombreux pays de la SADC ont modifié leurs stratégies d’accès aux préservatifs, mettant aussi en place des lois contre la violence domestique pour doter les jeunes des moyens de mieux se protéger contre le VIH et d’accéder aux services de santé sexuelle et reproductive.  Le représentant a conclu en insistant sur l’importance des partenariats tels que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le PEPFAR, le Plan d’urgence du Président américain.

M. ANTONIO PARENTI, délégué de l’Union européenne, a souligné le lien étroit entre prévention du VIH/sida et droits à la santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les femmes.  L’Union européenne contribue au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et y a versé plus de 400 millions d’euros.  Sa contribution cumulée pendant cette décennie représente 50% du total.  Le représentant a reconnu la nécessité de nouveaux investissements dans la recherche et la prise en charge des patients.  Depuis 1995, l’Union européenne a investi plus 175 millions d’euros dans la recherche. Le Fonds, a insisté le représentant, a besoin d’argent pour développer de nouveaux traitements et des outils innovants.  Mieux comprendre la maladie et améliorer l’autonomisation des patients sont les priorités de la politique de recherche de l’Union européenne. 

Mme DEBORAH L. BIRX (États-Unis) a noté que le monde est sur le point de triompher du sida.  Ce qui était jugé impossible est maintenant du domaine du possible grâce aux partenariats et à l’approche stratégique et ciblée de la communauté internationale.  Pour atteindre les cibles des trois « 90 », le Plan d’urgence du Président américain utilise les données pour pouvoir cibler les zones géographiques et les populations les plus affectées, assurant le meilleur retour sur investissement.  Pour les États-Unis, les trois « 90 » ne pourront être atteints que si l’on vise tous les sexes, tous les âges et tous les groupes à risques.

Le succès exige la mise à disposition de données fiables pour mesurer les progrès, identifier les besoins et orienter les ressources.  La représentante s’est félicitée de ce que la prochaine journée thématique du Conseil d’administration d’ONUSIDA, prévu en juin, sera consacrée à la réponse conjointe contre la tuberculose et le sida.  La tuberculose est en effet la première cause de décès parmi les gens vivant avec le VIH, a rappelé la représentante, en soulignant qu’en 2016, moins de la moitié des cas de tuberculose était identifiée et moins de 60% de patients souffrant de la tuberculose avaient fait le test du VIH.  Compte tenu du lien solide entre ces deux maladies, « nous devons mieux lier les programmes de tuberculose et ceux du VIH ». 

C’est la première fois, s’est réjouie la représentante, que la communauté mondiale est sur le point de contrôler une pandémie sans vaccin ni traitement définitif, ouvrant la voie à l’éradication du VIH.  Mais il faut voir là le fardeau est le plus lourd et veiller à ce que les hommes, les femmes et les enfants qui ne connaissent pas leur statut, dans les pays, villes et communautés les plus affectés aient accès aux services « vitaux » de prévention et de soins.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a indiqué que depuis le début 2018, son gouvernement a commencé à offrir la prophylaxie à titre préventif sur une base universelle.  Le Brésil augmente également ses investissements afin de réduire l’écart entre le dépistage et le traitement.  En la matière, le représentant a précisé que 87% des personnes vivant avec le VIH au Brésil avaient été dépistées et que 500 000 personnes suivent une thérapie antirétrovirale.  Le Brésil a d’ailleurs réussi à augmenter de plus de 90% le nombre de personnes en traitement et depuis au moins six mois à supprimer leur charge virale.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance qu’il y a de réduire le coût des traitements, soulignant que les impératifs de santé publique doivent prévaloir sur les intérêts commerciaux.  Il a appelé à la pleine mise en œuvre des flexibilités prévues pour les Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC/TRIPs).  Pour le Brésil, l’accès à des médicaments abordables est une question prioritaire des droits de l’homme, comme en témoigne la résolution qu’il a présenté en 2001 à la Commission des droits de l’homme.

Après avoir rappelé que la tuberculose est la principale cause de décès chez les personnes vivant avec le VIH, le représentant a estimé que la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose de septembre offrira à la communauté internationale l’occasion historique de mobiliser l’action politique pour non seulement mettre un terme au VIH mais aussi pour faire reculer l’épidémie du sida.  Il a appelé à un suivi « attentif » des engagements pris en 2016 lors de la Réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens pour que ce phénomène ne devienne pas un obstacle à l’élimination du sida et de la tuberculose.

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a insisté sur les « efforts tous azimuts » consentis par son pays pour atteindre la cible 90-90-90 d’ici à 2020.  Le premier « 90 » a été atteint et les deux autres sont à portée de main, grâce à une approche centrée sur la personne et menée par les communautés.  En Thaïlande, le VIH/sida n’est pas combattu de manière isolée, a poursuivi le représentant, en mettant l’accent sur l’approche intégrée qui veut que par exemple, le VIH et la tuberculose soient traités dans un même centre de soins.  Cela fait deux ans, s’est-il enorgueilli, que la Thaïlande est reconnue comme le premier pays d’Asie-Pacifique à avoir éliminé la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant.  Le délégué a néanmoins reconnu que l’objectif de réduire de 75% les nouvelles infections reste un défi.  Il a réaffirmé l’engagement de son pays à recourir aux nouvelles technologies dont la prophylaxie préventive.  Sur le front du financement, il a souligné que la situation est au beau fixe.  Le Gouvernement vient d’ailleurs d’approuver l’augmentation des fonds pour les programmes de prévention. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a mis en avant le programme national sur la prévention du VIH/sida 2017-2021 dont l’objectif est de parvenir à l’objectif des trois « 90 ».  Aujourd’hui, l’Arménie a un système intégré de services sur le VIH/sida, la tuberculose, la santé maternelle et infantile.  En 2016, l’Arménie était un des quatre pays identifiés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour avoir éliminé la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  En 2017, le Centre national de la prévention du sida a d’ailleurs reçu le Prix des Nations Unies pour le service public.  Mais, a prévenu le représentant, la baisse de l’aide internationale est un sérieux problème pour la réponse au VIH en Europe de l’Est.  Il a donc dit attendre beaucoup des partenariats avec les agences de l’ONU pour traduire en actes la Déclaration politique de 2016. 

M. LLOYD L. MULENGA, Ministère de la santé de la Zambie, a indiqué que grâce aux efforts déployés par son pays, le nombre des nouvelles infections est passé de 77 500, en 2010, à environ 46 000, en 2016.  Il a mis l’accent sur le plan national de développement 2017-2021 qui comprend des objectifs sur le VIH/sida et sur le cadre stratégique national contre le sida 2017-2021 qui met notamment l’accent sur les adolescentes et les jeunes femmes.  Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 20 ans, la question de la santé des adolescents est cruciale, a-t-il reconnu.  Aussi en août 2017, une campagne de dépistage, de traitement et de soutien a-t-elle été lancée.  La Zambie s’est également dotée d’une coalition nationale pour la prévention du VIH et d’une loi sur l’assurance-maladie adoptée en avril dernier.

M. Mulenga a aussi indiqué que son gouvernement a réussi à réduire la transmission verticale du VIH à moins de 5%.  La prophylaxie à titre préventif et l’autodépistage seront disponibles dans l’ensemble du pays cette année, alors que des programmes d’éducation sexuelle ont été introduits dans 9 000 écoles publiques.  Un autre programme sur le transfert d’argent liquide a permis d’aider 700 000 ménages vulnérables.

En Zambie, a reconnu le Ministre, la lutte contre le VIH/sida dépend encore à 85% des financements extérieurs.  Mais la nouvelle loi sur l’assurance-maladie devrait faciliter la prévisibilité des ressources.  Cela est d’autant plus important que le Gouvernement a opté pour des passerelles dans le traitement du VIH/sida et la tuberculose, les maladies non transmissibles et la santé sexuelle et reproductive, dont le cancer du col de l’utérus pour lequel 21,6% des femmes sont dépistées.  Le Gouvernement a aussi investi dans la construction d’un centre de traitement du cancer.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a indiqué que son gouvernement consacre 30% de son budget pour la lutte contre le VIH/sida à la prévention.  Parmi les stratégies élaborées en la matière, il a cité la circoncision volontaire, la distribution de préservatifs et les interventions auprès des adolescentes et des jeunes femmes.  La prophylaxie préventive est une des priorités du nouveau cadre national stratégique 2017-2022 et cible notamment les groupes à risques comme les couples discordants, les travailleuses sexuelles et les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes.  Le représentant a aussi expliqué que d’ici à 2020, le Ministère de la santé sera réorganisé afin de renforcer son efficacité et d’intégrer la question du VIH à l’ensemble du système de santé.  Des partenariats publics-privés sont également envisagés et la Namibie est en voie d’atteindre les objectifs 90-90-90 d’ONUSIDA.  En outre, d’ici à la fin 2018, le pays aura lancé la mise en œuvre de sa feuille de route pour l’élimination de la transmission de la mère à l’enfant, renforcé le financement de la lutte contre l’épidémie et consolidé les synergies avec les systèmes juridiques et de protection sociale.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a dit qu’il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.  Comme la stigmatisation entrave l’accès aux soins, les droits de l’homme doivent être au centre des stratégies afin de briser l’isolement.  Il a demandé plus de ressources pour lutter contre l’épidémie, ainsi qu’une coopération accrue entre États Membres, avant d’insister sur la vulnérabilité de certains groupes, tels que les jeunes.  Enfin, le délégué a appuyé les efforts d’ONUSIDA et redit l’engagement de son pays de mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a estimé que le succès de la lutte contre le VIH/sida dépend d’une profonde réforme de l’ordre international et de la promotion d’un vrai esprit de solidarité et de coopération.  Cuba a mis en place son programme national de prévention et de contrôle du VIH/sida, il y a plus de 30 ans.  La stratégie de réponse est basée sur le principe selon lequel la santé est un droit fondamental, ancrée dans une approche globale.  Cuba s’est aussi dotée d’un vaste programme d’éducation sexuelle couvrant tous les groupes de population et prévoyant un dépistage gratuit et anonyme, des traitements antirétroviraux tout aussi gratuits, une panoplie de services et de conseils aux patients, des interventions actives de la société civile dans la prévention et la participation de la population vivant avec le VIH à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes.  En conséquence, en 2015, l’OMS a désigné Cuba comme le premier pays à avoir éliminé la transmission de la mère à l’enfant.  Le taux de prévalence chez les 15 à 49 ans est en dessous de 1% et la population est de plus en plus sensibilisée à la lutte contre la discrimination.  L’expérience cubaine montre que la volonté d’un gouvernement couplée à une approche globale et participative peut avoir un impact positif sur la prévention du VIH, même quand un pays fait face aux effets néfastes d’un ordre international injuste, aggravés par un blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis et causant de graves pénuries dans le secteur de la santé.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a dit son attachement à la Déclaration politique de 2016 et noté avec satisfaction la généralisation des dépistages et des traitements antirétroviraux.  Il a milité pour l’accès universel aux soins et à la protection sociale et souligné la nécessité d’éliminer les entraves, notamment d’ordre culturel, aux soins.  Le représentant a exprimé ses doutes sur les traitements de substitution, tels que la méthadone pour les toxicomanes.  Ces traitements, s’est-il expliqué, ne se traduisent pas nécessairement par une diminution du nombre des nouvelles infections.  Il a souhaité que les informations soient corroborées scientifiquement.  Le remplacement d’un opioïde par un autre ne saurait être une solution, a-t-il insisté, avant de détailler la stratégie de son pays contre le VIH: 34 millions de Russes ont été dépistés et 320 000 d’entre eux ont accès aux traitements antirétroviraux.  « La transmission du virus de la mère à l’enfant a été quasiment éliminée », a aussi indiqué le représentant.

Mme LOUISE BLAIS (Canada) a souligné la nécessité d’intensifier les efforts pour protéger et promouvoir les droits de l’homme et l’égalité des sexes.  C’est la raison pour laquelle le Canada a lancé sa toute première politique féministe d’aide internationale qui se focalise sur les femmes les plus pauvres et les plus vulnérables, en particulier dans des situations fragiles et affectées par les conflits.  Mettre les droits des femmes et des filles au cœur des efforts est essentiel pour mettre fin au sida.  L’objectif est d’accéder aux plus difficiles à atteindre avec des mesures de prévention, des traitements et des soins.  Cela veut dire travailler sur plusieurs fronts pour mettre fin à la stigmatisation et la discrimination auxquelles font face les groupes vulnérables et marginalisés comme les lesbiennes, les gay, les bisexuels, les transgenres et les intersexes, les minorités ethniques, les peuples autochtones et les consommateurs de drogue par intraveineuse.

Le Canada insiste sur l’information et l’éducation pour prévenir les infections, en particulier parmi les jeunes.  Au dernier Sommet du G7, les ministres ont reconnu que leurs investissements dans les adolescentes doivent être holistiques, multisectoriels et intégrés.  Ils ont souligné la nécessité de veiller à ce que les besoins des adolescentes soient pleinement intégrés dans les politiques nationales et que ces adolescentes aient accès à des services adaptés.  Quand les jeunes ont accès aux informations sur leur santé sexuelle, ils se font tester et soigner dès le début.  La représentante a souligné, à son tour, l’occasion à saisir que représente la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose prévue en septembre.  Ici aussi, elle a plaidé pour que l’on tienne compte de la dimension « genre » et que l’on fonde les mesures et les investissements sur des preuves scientifiques.  Elle a aussi milité pour un cadre multisectoriel de responsabilité fondé sur un examen indépendant, constructif et positif des progrès, en particulier dans les pays qui portent le fardeau le plus lourd. 

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a estimé que le VIH est un enjeu sanitaire mais aussi un enjeu social et de droits de l’homme.  Il a dénoncé la stigmatisation des personnes vivant avec le virus et la pénalisation de l’homosexualité dans certains pays.  Il a appelé au renforcement de la lutte contre la transmission du virus de la mère à l’enfant, reconnaissant tout de même les progrès réels vers la cible des trois « 90 ». Le délégué a aussi reconnu l’insuffisance des financements afin de réaliser les engagements pris en 2016.  Il a aussi relevé des lacunes dans les méthodes de dépistage, avant de réaffirmer l’engagement de son pays à mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.   

Mme NATALIE COHEN (Australie) a indiqué que dans la région Asie-Pacifique, le taux de nouvelles infections avait chuté de 13% entre 2010 et 2016.  Elle a rappelé les principales lignes de la Déclaration de 2016, ajoutant qu’à l’époque l’Australie avait souligné que ce texte établissait le strict minimum.  La représentante a averti que l’on risque de perdre les acquis, le taux actuel étant trop lent pour atteindre les objectifs mondiaux.  Elle s’est par exemple alarmée du fait qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir un consensus sur les questions liées à la santé sexuelle et reproductive et à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des populations marginalisées.  Ces questions, a-t-elle souligné, sont au cœur même de la réponse à apporter au VIH/sida.  Il a été démontré, a-t-elle insisté, que la compassion, la compréhension, le respect et l’implication des populations clefs constituent l’approche la plus efficace de l’épidémie.

La représentante a voulu que l’on mette l’accent sur la prévention, la couverture sanitaire universelle et l’accès équitable à la santé.  C’est cette approche intégrée qui a permis de faire baisser le taux de mortalité lié à la tuberculose parmi les personnes vivant avec le VIH.  Les textes qui doivent être adoptés cette année sur la tuberculose, les maladies non transmissibles et la couverture sanitaire universelle sont intrinsèquement liés, a souligné la représentante.

M. DANIEL FERNAN GIMENEZ (Norvège) a souligné que la situation actuelle pointe sur la nécessité de renforcer les efforts de prévention.  Il a donc salué la création de la Coalition mondiale pour la prévention de l’infection à VIH et argué que le VIH ne doit et ne peut pas être abordé isolément.  Prônant une réponse holistique, le représentant a reconnu que le problème est que la santé sexuelle et reproductive et la réduction des risques sont des questions sensibles qui expliquent les ratés de la prévention.  La prévention, c’est donner aux populations concernées le premier rôle.  La recherche montre, s’est expliqué le représentant, que des jeunes bien informés de la sexualité ont tendance à avoir des premières relations sexuelles plus tard que les autres.  L’information, a-t-il insisté, facilite les décisions responsables et offrent aux gens un éventail plus large d’options et de choix.  En conséquence, donner aux jeunes une éducation sexuelle est essentiel pour prévenir le VIH et les autres malades sexuellement transmissibles.  L’éducation sexuelle est aussi un frein aux grossesses précoces et non désirées.  La Norvège appuie donc l’éducation sexuelle complète et félicite l’UNESCO et le FNUAP. 

Le principe de la réduction des risques est un principe éthique, a souligné le représentant.  Il faut fournir aux jeunes des préservatifs et autres mesures de protection contre les infections même si on préfèrerait qu’ils évitent les relations sexuelles.  Le représentant a donné l’exemple de son pays où le VIH a provoqué un changement de paradigme dans les politiques sociales et celles de la santé.  Le consommateur de drogue était vu comme un criminel mais personne n’a jamais voulu qu’il contracte aussi le VIH.  Des programmes de distribution gratuite de seringues ont donc été mis en place, suivis par les thérapies de substitution puis d’autres services.  La Norvège a aussi choisi d’impliquer et d’autonomiser les personnes et les groupes les plus affectés car l’on sait que les personnes marginalisées et stigmatisées ne sont pas en mesure de penser aux risques ou de se prémunir contre eux.  Seules leur implication et leur autonomisation réelles leur permettent de se protéger et de protéger les autres.  Ainsi en Norvège, la population, nombreuse, de consommateurs de drogue n’accuse que 7 à 8 nouvelles infections par an. 

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a insisté sur les lacunes de la lutte contre l’épidémie de VIH/sida, en soulignant la lenteur dans la réduction des nouvelles infections.  L’objectif de mettre fin à cette épidémie d’ici à 2030 reste néanmoins à notre portée, a estimé le délégué qui a milité pour les droits des personnes vivant avec le virus.  Il a demandé une stratégie de financement novatrice, en particulier des « arrangements avantageux » pour les pays en développement.  Nous avons encore beaucoup de travail, a-t-il conclu, en insistant sur l’engagement de son pays à mettre fin à cette épidémie d’ici à 2030.

M. MELITÓN ALEJANDRO ARROCHA RUÍZ (Panama) a dit que son pays a élaboré une feuille de route de lutte contre le sida, dans un contexte de progrès s’agissant du droit à la santé.  Le représentant a fermement appuyé l’objectif des trois « zéros » et a reconnu que d’importants efforts restent à faire pour réaliser les trois « 90 ».

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a déploré que les rangs de l’Assemblée soient clairsemés aujourd’hui alors que la mise en œuvre de la stratégie de riposte accélérée n’a pas atteint le rythme nécessaire pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.  Il est grand temps d’accélérer non seulement la prévention combinée et l’accès au dépistage et au traitement mais aussi de renforcer les droits de l’homme et l’égalité des genres, a estimé le représentant qui a ajouté que la stratégie de riposte doit être mise en œuvre de manière à réduire les inégalités existantes et à ne laisser personne de côté.  Il faut que l’information et les services atteignent les populations les plus vulnérables et que leurs droits soient respectés et protégés.  Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par le niveau du soutien dont bénéficient les partenaires de la société civile lequel diminue au lieu de progresser, alors qu’ils jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre le VIH.  Il a encouragé l’ONU à continuer à suivre une approche multisectorielle et à guider l’action de tout son système et de ses partenaires.  Il a aussi encouragé le partenariat H6 à veiller à ce que la question du VIH/sida soit systématiquement intégrée aux réflexions générales sur la santé.

Mme TYESHA O’LISA TURNER (Jamaïque) a déclaré que depuis 1982, 35 904 personnes dans son pays ont reçu un diagnostic de VIH, dont 72,6% sont encore en vie.  La représentante a fait part des progrès enregistrés dans son pays mais a reconnu les défis qui doivent encore être relevés.  La Jamaïque, a-t-elle dit, continue de mettre l’accent sur une approche impliquant tout le Gouvernement, toute la société et tous les secteurs et engageant les personnes visant le VIH, la société civile, le secteur privé, les partenaires au développement et le Gouvernement.  C’est ce qui a guidé le plan national élaboré dès 1988.  Le pays espère le renforcer tout en forgeant de nouvelles collaborations pour une mise en œuvre efficace des politiques nationales visant à stopper puis à éliminer l’épidémie du VIH.

M. SIPHELELE W. DLUDLU (eSwatini) s’est félicité des résultats « extraordinaires » d’ONUSIDA en Afrique.  Il a indiqué que son pays s’est engagé à éliminer le VIH/sida d’ici à 2022, huit ans avant la date butoir.  Entre 2011 et 2016, le taux des nouvelles infections a chuté de 44%, passant de 2,8% à 1,36%.  Le nombre de décès liés au virus est passé de 4 767 en 2010 à 3315 en 2015, puis à 3 178 en 2018.  L’eSwatini est d’ailleurs l’un des rares pays à avoir atteint le niveau de 91,9% de suppression de la charge virale chez les personnes traitées aux antirétroviraux.

M. EDGAR SISA (Botswana) a expliqué que les mesures prises par les autorités de son pays ont conduit à des progrès: les trois « 90 » étaient à « 86-84-81 » à la fin de l’année 2017.  Parmi les stratégies gagnantes, le représentant a cité la circoncision volontaire, l’usage des préservatifs, le changement des comportements et les liens entre différents services.  Les centres de santé offrent des services intégrés et accessibles aux populations clefs.  En conséquence, le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant ne s’élève plus qu’à 1,4%. 

Mais le taux de prévalence a augmenté de 4% entre 2010 et 2017 et chez les adolescentes et les jeunes femmes, le nombre des nouvelles infections est de 61 par an.  Il devient donc urgent, en matière de prévention et d’accès aux soins, de se focaliser sur cette catégorie de la population.  L’engagement politique du Botswana ne souffre d’aucune contestation.  Le 1er avril, s’est expliqué le représentant, le Président de la République a, dans son discours d’investiture, fait du VIH l’une de ses priorités.  Le Gouvernement contribue à hauteur de 57% du budget total de la lutte contre l’épidémie.  Le but est d’améliorer l’efficacité de la lutte et d’investir « sagement » dans la prévention.  Il s’agit aussi d’adopter une approche liant VIH, tuberculose et santé sexuelle et reproductive.  Parmi les défis, le représentant a cité les investissements inadéquats dans les changements sociaux et comportementaux mais aussi le manque de ressources financières et humaines dont souffrent la société civile et les organisations communautaires.

M. XU ZHONGSHENG (Chine) a redit l’engagement de son pays en vue de mettre fin à cette épidémie d’ici à 2030.  La Chine fait partie de la Coalition mondiale pour la prévention de l’infection à VIH, a-t-il dit.  Les nouvelles infections ont baissé de 3,4% en 2017 par rapport à 2016, tandis que toutes les Chinoises ont accès à des services de dépistage pour prévenir la transmission du virus à l’enfant.  Le délégué chinois a insisté sur l’aide que son pays apporte aux pays en développement.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a souligné l’importance qu’il y a à relancer la riposte au niveau national et la nécessité d’un travail cohérent et coordonné des Nations Unies pour mettre fin au VIH/sida.  Pour ce faire, a ajouté le représentant, il faut assurer l’accès aux traitements et à la prévention des personnes vivant avec le VIH.  La prévention doit être au cœur de la riposte, a-t-il dit, indiquant que son gouvernement a augmenté de 89% ses investissements dans la prévention.  Il accorde aussi une importance fondamentale à la détection car elle permet d’éviter des investissements massifs et de se rapprocher des trois « 90 ».  Mais le défi principal est la détection des femmes enceintes qui n’ont pas accès aux soins de santé.  S’agissant des LGBT, le Gouvernement a mis en place un protocole d’accès aux soins et aux traitements et élaboré par ailleurs une stratégie nationale de prévention des grossesses chez les adolescentes.  L’objectif du Gouvernement, a conclu le représentant, est de réduire de 50% le taux de grossesses chez les moins de 16 ans d’ici à 2030.

M. RY TUY (Cambodge) a dit qu’en 2017, 70 000 personnes environ vivaient avec le virus.  Le taux de prévalence est en effet passé de 1,8% en 1998 à 0,6% en 2016, tandis que les décès liés au virus sont passés de 9 000 en 2002 à 1 594 en 2017.  « Le Cambodge est l’un des sept pays au monde à avoir atteint la cible 90-90-90 en 2017. »  Les avancées ont été permises grâce à l’assistance internationale; les investissements internationaux représentant 82% de la riposte cambodgienne en 2015.  Le représentant s’est dit inquiet d’une diminution de cette aide dans les années à venir.  Le délégué a indiqué que les programmes axés sur des populations clefs ont besoin de ressources financières accrues.  Le délégué a mis en garde contre une diminution de l’assistance qui pourrait compromettre les progrès accomplis.

M. YERKIN AKHINZHANOV (Kazakhstan) a présenté les actions menées par son gouvernement pour lutter contre le VIH/sida, des actions qui sont financées à 80% par des fonds publics.  À ce titre il a expliqué que le coût des médicaments avait significativement baissé et que les tests de dépistage sont désormais gratuits.  Aujourd’hui, plus de 80% des personnes touchées par cette maladie au Kazakhstan connaissent leur statut et le taux de mortalité chez les séropositifs a baissé significativement.  Tous les citoyens ont accès à des services médicaux de qualité et tous les efforts sont faits pour éviter la stigmatisation et la discrimination des malades du sida, a encore affirmé le représentant avant d’appeler les Nations Unies à adopter une approche régionale unique dans la lutte contre le VIH/sida.

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a dit que le taux de prévalence du virus dans son pays est de 25 pour 100 000, soit la moyenne mondiale.  Il a souligné le rôle joué par les organisations religieuses et la société civile.  L’idée est que les personnes qui vivent avec cette maladie doivent pouvoir recevoir des traitements et contribuer au développent du pays.  En2016, l’OMS a identifié le Bélarus comme ayant éliminé la transmission de la mère à l’enfant.  En 2017, des kits de dépistage sont apparus dans les pharmacies et l’accès aux traitements antirétroviraux s’est élargi, si bien que le nombre de personnes vivant avec une charge virale nulle est en augmentation.  En novembre 2016, a rappelé le représentant, le Bélarus a organisé une réunion sur le renforcement de la coopération entre 12 pays de la région.

Mme NTHABISENG MONOKO (Lesotho) a souligné que le Lesotho a le deuxième taux le plus élevé de prévalence au monde avec plus de 330 000 personnes vivant avec le virus et plus de 13 000 nouvelles infections par an.  Le pays a tout de même fait de grandes avancées: 67% des gens vivant avec le VIH ont accès à des médicaments salvateurs.  Le nouveau plan stratégique national 2018-2023 s’aligne sur les engagements pris dans le cadre de la stratégie de riposte accélérée.  L’objectif est de faire en sorte que d’ici à 2020, 90% des personnes infectées aient accès au traitement.  Un programme global d’éducation sexuelle dans les écoles primaires et secondaires a aussi été lancé.  S’agissant des trois « 90 », le Lesotho est à « 77-90-88 » et espère arriver à l’objectif ultime d’ici à 2020.  Pour y parvenir, des services essentiels ciblant des segments spécifiques de la société ont été mis en place.  Des « coins pour hommes » et des « centres pour adolescents » ont été établis en 2017 et leur fréquentation est passée de 300 à 400 visites par mois en 2017 à 1 300 à 1 500 par mois.  Malgré ces succès, le Lesotho fait face à certains défis comme les barrières liées aux droits de l’homme et au genre qui prévalent au sein des populations vulnérables, y compris celles vivant avec le VIH.  En outre, les jeunes filles et femmes restent les plus vulnérables avec des taux élevés de nouvelles infections. 

M. LOT THAUZENI PANSIPADANA DZONZI (Malawi) a regretté la faible participation à cette séance de l’Assemblée générale et a espéré que « cela ne traduit pas une attitude consistant à dire que le VIH /sida, c’est votre problème ».  Rappelant que son pays connaît l’un des taux les plus élevés de VIH/sida dans le monde, avec plus d’un million de personnes infectées sur une population totale de 17 millions, il a expliqué que le plan national de lutte a été aligné avec les trois « 90 » d’ONUSIDA.  Dans la foulée plusieurs mesures importantes ont été prises et ont commencé à porter leurs fruits puisqu’en 2018, le pays est à « 88/84/86 ».  Au titre de ces mesures, le représentant a cité une politique de dépistage ciblée, la mise en place d’un personnel spécialisé pour mieux comprendre les différents groupes infectés et le dépistage de plus de sept millions de personnes en deux ans.  De plus, un régime de traitement par antirétroviraux est actuellement développé, et le pays a adopté une loi nationale sur la prévention.  Le représentant s’est dit confiant que le Malawi est sur la bonne voie, même s’il a reconnu qu’il faut encore plus d’investissements et d’efforts et qu’il faut renouveler l’engagement collectif de venir à bout du VIH/sida.

M. WILLY LOUIS (Haïti) a d’emblée rappelé les progrès réalisés depuis la réunion de haut niveau de juin 2016 notamment l’engagement du Gouvernement à éliminer la transmission de la mère à l’enfant du VIH d’ici à 2020.  Les défis, a poursuivi le représentant, sont la mobilisation des ressources domestiques, une meilleure coordination pour éviter la duplication du soutien des donateurs, le soutien du secteur privé pour un accroissement des investissements nationaux.  Il a ajouté la mise en œuvre de politiques et actions concrètes pour affronter la discrimination liée au VIH/sida, le traitement pédiatrique du VIH et la prise en charge communautaire du VIH.

M. Louis a aussi annoncé l’engagement de son gouvernement à atteindre les objectifs de 2020.  En dépit des défis multiples, Haïti, a-t-il déclaré, reste déterminé à atteindre ces objectifs et à mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici à 2030.  Pour ce faire, le Gouvernement a récemment adopté avec ses partenaires nationaux et internationaux les objectifs « 95-95-95 » d’ici à 2020 pour atteindre plus tôt les objectifs de 2030.  Dans le but d’accélérer la prévention du VIH en vue de réduire les nouvelles infections de 75%, Haïti s’est engagé à se joindre à la coalition des pays qui s’engagent à mettre en œuvre la feuille de route de la prévention du VIH pour 2020.  Cette feuille de route, a rappelé le délégué, met l’accent sur les pays ayant un nombre élevé de nouvelles infections chez les adolescents et les adultes.  Haïti, avec un taux de 65% de nouvelles infections parmi les adolescentes, s’engage à intensifier les efforts de prévention.  

Mme URUJENI BAKURAMUTSA (Rwanda) a déclaré que 3% de la population adulte au Rwanda vit avec le VIH.  Près de 88% des personnes qui vivent avec le virus connaissent leur statut, soit un chiffre proche de la cible de 90%.  Elle a indiqué que son pays suit une stratégie visant à ce que toutes les personnes ayant le virus puissent recevoir un traitement antirétroviral.  Pas moins de 90% de la population du Rwanda bénéficie d’une couverture médicale grâce à l’assurance santé universelle, a-t-elle dit.  La déléguée a précisé que, grâce à cette assurance santé, 91% des personnes sous traitement ont une charge virale nulle.  Enfin, pour mettre un terme à l’épidémie de VIH/sida, elle a notamment appelé à combler les lacunes en termes de financement et à faire un plus grand usage des approches basées sur les données statistiques afin d’identifier les nouvelles infections.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a présenté les mesures prises au Népal pour aligner ses efforts sur les objectifs mondiaux.  La stratégie nationale 2016-2021 vise à atteindre les trois « 90 » d’ONUSIDA grâce à de nouveaux investissements pour permettre à un plus grand nombre de personnes d’accéder aux traitements antirétroviraux et d’éviter de nouvelles infections.  Pour lutter contre la transmission verticale, les services prénataux ont été multipliés, ce qui a permis de réaliser une baisse de 70% des nouvelles infections de la mère à l’enfant.  Par ailleurs, le dépistage communautaire a été mis en place pour permettre à toute personne de connaître son statut d’ici à 2020.  Le représentant a précisé que différents ministères collaborent dans ces efforts visant à intégrer la lutte contre le VIH/sida et la santé publique dans les stratégies de développement. 

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a dit que son pays est l’un des plus durement touchés par le virus du VIH dans la région.  Il compte sur le secteur privé pour améliorer l’accès à la santé et reconnaît la nécessité de mettre fin à la stigmatisation des personnes vivant avec le virus.  Les services essentiels de prévention et de dépistage, ainsi que les médicaments, sont donc disponibles au Myanmar qui entend bien réaliser les trois « 90 » d’ici à «020.  Plus de 100 000 personnes ont ainsi pu connaître leur statut et recevoir un traitement antirétroviral.  La somme de 14 millions de dollars a été allouée au financement des antirétroviraux en 2017 et en 2018.  Le Myanmar peut aussi se prévaloir d’un taux de prévalence en constante diminution même s’il diffère de région en région.

M. SANDEEP KUMAR BAYYAPU (Inde) a indiqué que son pays avait réussi à réduire de 55%, depuis 2007, le taux de mortalité lié au VIH/sida, tandis que le taux des nouvelles infections a baissé de 60% depuis 2000.  Il a précisé que 1,62 million de personnes vivant avec le VIH ont été dépistées et que 1,2 million d’entre elles suivent un traitement. En outre, 20,5 millions de femmes enceintes ont été testées, ce qui a contribué considérablement à contenir la transmission de la mère à l’enfant.  L’Inde a également établi le plus important partenariat public-privé au monde pour dépister la charge virale et assurer le suivi des patients sous traitement antirétroviral.

Le représentant a aussi attiré l’attention sur le rôle des médicaments abordables.  Il a précisé que les médicaments génériques produits par l’industrie pharmaceutique indienne avaient été déterminants pour élargir l’accès au traitement, en particulier dans les pays en développement.  Plus de 80% des médicament antirétroviraux sont de fabrication indienne, et leur prix abordable a permis de sauver des millions de vies dans le monde, a-t-il souligné.

Mme ELEONORA VAN MUNSTER (Pays-Bas) a rappelé l’approche pragmatique du VIH/sida en vigueur dans son pays qui a mené à parler de la situation des populations clefs: les jeunes, les femmes et les filles, les migrants, les prisonniers, les consommateurs de drogue, les travailleurs du sexe et les homosexuels.  Leurs voix doivent être entendues.  Ainsi, les représentants de ces groupes devraient être autorisés à travailler activement avec les décideurs politiques, les scientifiques, le personnel médical, les politiciens, les bailleurs de fonds et les représentants des gouvernements.  Les Pays-Bas, a poursuivi la représentante, sont à mi-chemin de la phase de mise en œuvre de leurs engagements annoncés à la réunion de haut niveau de 2016 sur le VIH/sida.  C’est le moment de faire l’inventaire de ce qui a été fait et d’assurer que le temps qui reste est utilisé pour déployer des politiques fondées sur des preuves et efficaces afin d’atteindre nos objectifs.  Après tout, en dépit des progrès, il reste beaucoup à faire.  Le sida n’est pas encore vaincu.  C’est seulement en travaillant ensemble, en échangeant les bonnes pratiques et en apprenant des recherches scientifiques que nous atteindrons les cibles établies.  La représentante a rappelé que son pays sera l’hôte de la prochaine Conférence internationale sur le sida, du 23 au 27 juillet 2018, sur le thème « Briser les barrières et jeter des ponts. »

CONFLITS PROLONGÉS DANS LA RÉGION DU GROUPE GUAM ET LEURS INCIDENCES SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES ET SUR LE DÉVELOPPEMENT (A/72/847)

Adoption de la résolution sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie, Géorgie, et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, Géorgie (A/72/L.55)

Présentant la résolution, M. KAHA IMNADZE (Géorgie), expliqué qu’elle se fonde sur les trois principes fondamentaux que sont le droit au retour des personnes déplacées, des réfugiés et de leurs descendants ainsi que leurs droits patrimoniaux; l’interdiction d’imposer des changements démographiques à la population; et la nécessité d’assurer le libre accès aux activités humanitaires.  Il a regretté que l’engagement sincère de la Géorgie dans les discussions internationales de Genève soit resté vain jusqu’ici.  Il a en effet regretté le « de manque de respect » affiché par certaines parties prenantes pour la question du droit au retour.

Alarmé par l’évolution de la situation sécuritaire et des droits de l’homme dans les territoires occupés géorgiens, le représentant a notamment dénoncé la mise en place « d’une frontière de fil de fer » de 49 kilomètres à l’intérieur de l’Abkhazie et de 52 kilomètres à l’intérieur de la région de Tskhinvali, une réalité qui a été condamnée par le Secrétaire général des Nations Unies, a-t-il dit.  Il a également affirmé que les violations des droits de l’homme dans ces deux régions sont devenues la norme, citant à titre d’exemple les kidnappings, les détentions arbitraires et la confiscation des propriétés.  Il faut, a-t-il plaidé, ouvrir ces deux régions à la surveillance de la communauté internationale pour mettre fin à l’impunité actuelle.

Le représentant a rappelé l’initiative de paix défendue par son pays « en dépit de tous ces problèmes ».  Cette initiative, intitulée « Un pas vers un avenir meilleur », a pour objectif d’améliorer les interactions entre les sociétés et propose des mesures dans trois domaines qui sont le commerce; les nouvelles opportunités et un meilleur accès à l’éducation; et l’accès à un ensemble de services.  Le représentant a affirmé que son gouvernement poursuit sur la voie de la réconciliation et de la réintégration par la diplomatie.  Il a défendu la résolution, arguant que le principe du droit au retour ne se limite pas à la Géorgie.  Les réfugiés géorgiens sont concernés par notre objectif commun de ne laisser personne de côté.

M. VICTOR MORARU (Moldova) a aussi insisté sur le retour sûr et digne des réfugiés et des déplacés.  Il a déploré l’absence de progrès, 10 ans après la première résolution.  Il a également regretté que dans le cadre des discussions internationales de Genève, les débats sur la dimension humanitaire soient constamment sapés par « le manque de respect » concerté des participants.  La résolution, a-t-il estimé, est un moyen d’encourager ces acteurs à redoubler d’efforts pour créer les conditions propices au retour volontaire et digne.

Le représentant s’est dit gravement préoccupé par la situation des droits de l’homme en Abkhazie, à Tskhinvali et en Ossétie du Sud, pointant notamment les barbelés, les détentions illégales, les confiscations de biens et les restrictions à la liberté de mouvement et à l’accès à l’éducation.  Cette situation, a-t-il souligné, est d’autant plus alarmante, qu’aucun mécanisme de suivi international n’est autorisé à se rendre sur place.  Dans ce contexte, Moldova salue l’adoption, par le Conseil des droits de l’homme, des résolutions sur la coopération avec la Géorgie, ainsi que l’initiative de paix « Un pas vers un meilleur avenir » que vient de proposer la Géorgie.

Au nom des pays nordiques et baltes, Mme AUDRA PLEPYTÉ (Lituanie) a confirmé que la Géorgie est profondément touchée par le défi des déplacements forcés.  Dix ans après l’adoption de la première résolution, aucun progrès n’a été accompli.  Elle a accusé la Fédération de Russie de continuer de violer les accords d’août et de septembre 2008 en maintenant une présence militaire dans les régions concernées.  Elle s’est, à son tour, dite très préoccupée par le fait qu’aucun mécanisme international de surveillance des droits de l’homme n’ait accès à ces régions.  Le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme devrait avoir accès immédiatement à ces régions, a-t-elle estimé, avant de rappeler son attachement à l’intégrité territoriale de la Géorgie.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a rappelé que son pays est également confronté à une agression de la Fédération de Russie.  Il a condamné les discriminations ethniques et l’imposition d’une langue en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali et Ossétie du Sud.  Il a exhorté la Fédération de Russie à garantir un accès sans entrave du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et condamné les relations diplomatiques avec ces régions et le « régime syrien », en violation du droit international.  La Syrie veut plaire au Kremlin, a-t-il dit comprendre.

Explications de vote

Ayant pour la résolution, le représentant du Canada a salué l’initiative de paix récemment annoncée par la Géorgie en vue notamment de faciliter le commerce en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud.  Il a appuyé sans réserve la souveraineté de la Géorgie et qualifié de « violation flagrante du droit international », l’occupation par la Russie de l’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud.  Il a condamné, à son tour, les relations diplomatiques entre ces régions et la Syrie, en violation du droit international.  La résolution, a-t-il conclu, représente une étape très importante pour parvenir à une paix durable.

Expliquant son opposition à ladite résolution, le représentant de la Fédération de Russie a mis en cause la justification avancée par ses auteurs, doutant du souci d’améliorer la situation des déplacés et des réfugiés.  « Ce texte est le fruit d’une initiative profondément politisée », a-t-il estimé, accusant ses auteurs « de se moquer du bien-être des déplacés et des réfugiés géorgiens, abkhazes et ossètes ». Plutôt que de s’engager dans un vrai dialogue, Tbilissi continue à dénigrer ses opposants dans l’arène internationale, a-t-il poursuivi, et refuse de conclure un accord.  La raison mérite, a ajouté le représentant, que l’on encourage la coexistence entre les différents groupes, compte tenu de la « réalité politique ».  La résolution manque d’objectivité et répond en tout point aux intérêts politiques d’une seule partie au conflit, a-t-il tranché, s’interrogeant sur la contribution d’un tel texte à des relations de bon voisinage entre l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.

Le représentant du Royaume-Uni a voté pour le texte, comptant 250 000 déplacés en Géorgie.  L’Assemblée doit leur envoyer un signal fort et leur dire qu’elle ne les pas oubliés, a-t-il insisté, avant d’appeler la Russie à stopper la démarcation des frontières dans les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du Sud.

Son homologue du Brésil a rappelé qu’il s’est toujours abstenu sur cette résolution pour ne pas s’ingérer dans les négociations à Genève.  Il a exprimé l’espoir que cette question sera réglée par le dialogue et réitéré son soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Géorgie.

S’étant également abstenue, la représentante d’Israël s’est dite encouragée par les discussions constructives à Genève et a salué l’engagement de la Géorgie à renforcer la confiance entre les différentes communautés.  Elle a insisté sur l’intégrité territoriale de la Géorgie et souligné que toute solution durable passe par un dialogue et non pas par des actions unilatérales.

Journée internationale des envois de fonds à la famille (A/72/L.56)

Présentant la résolution, M. TEODORO L. LOCSIN (Philippines) a rappelé qu’en 2017, ces envois de fonds vers les pays en développement représentaient 466 milliards de dollars, soit trois fois le montant total de l’aide publique au développement (APD).

Explications de position

Le représentant des États-Unis, qui s’est associé au consensus, a tenu à clarifier certains points, insistant d’abord sur le caractère non contraignant du Programme d’action d’Addis Abeba sur le financement du développement et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi précisé que les envois de fonds par des canaux règlementés servent un double objectif à savoir, éviter les abus du système financier par des acteurs illicites et transférer des fonds dans des régions qui en ont besoin.  Les États-Unis, a-t-il affirmé, soutiennent la stricte application des normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme par toutes les juridictions.  Le représentant a aussi jugé « inacceptables » les mentions « migrants » et « migrations » dans la résolution, « sans aucune définition précise ».  Les Nations Unies, a-t-il argué, ne devraient pas reconnaître les migrations « irrégulières et illégales » comme une contribution positive au développement, « c’est contraire au droit ».

Le délégué du Guatemala a souligné que les envois de fonds représentent 11% du PIB de son pays et que six millions de personnes en bénéficient.  Il a parlé de la vulnérabilité de ces fonds aux chocs économiques extérieurs et estimé que la résolution est l’occasion de rappeler les efforts des migrants et leurs contributions aux pays dans lesquels ils résident.

Le représentant d’El Salvador a aussi souligné que ces fonds représentent une part importante du PIB de son pays.  Ces fonds, qui sont d’origine privée, ne peuvent être comparés à d’autres flux financiers, comme cela a été dit lors de la Conférence d’Addis Abeba sur le financement du développement.  Il a rappelé l’accord selon lequel les taxes ne devraient pas dépasser 5% de la somme envoyée.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC examine 14 rapports dont un qui propose une nouvelle catégorie de pays, entre pays les moins avancés et pays à revenu intermédiaire

Session de 2018,
34e & 35e – matin & après-midi
ECOSOC/6929

L’ECOSOC examine 14 rapports dont un qui propose une nouvelle catégorie de pays, entre pays les moins avancés et pays à revenu intermédiaire

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu, aujourd’hui, une réunion de coordination et de gestion au cours de laquelle il a examiné pas moins de 14 rapports d’organes subsidiaires et autres comités dont les travaux ont une influence sur la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Sous la houlette de Mme Inga Rhonda King, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Vice-Présidente de l’ECOSOC, celui-ci a pris note de certains de ces rapports, adopté quatre résolutions et entériné plusieurs décisions.

Le seul point qui a suscité des commentaires de plusieurs délégations est celui soulevé par le Comité des politiques de développement dont le dernier rapport mentionne la création éventuelle d’une nouvelle catégorie de pays.  Elle regrouperait les États aptes à sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), mais qui courent le risque de tomber dans le « piège du revenu intermédiaire ».

Mme Sakiko Fukuda-Parr, Vice-Présidente du Comité des politiques de développement, a rappelé que celui-ci avait à nouveau examiné le cas de la République de Kiribati et conclu, pour la troisième fois consécutive, qu’elle était admissible au retrait de la catégorie des PMA.  Raison pour laquelle le Comité a recommandé que ce pays soit reclassé, non sans proposer également de créer une catégorie de pays caractérisés par une extrême vulnérabilité aux changements climatiques et autres chocs écologiques.  Kiribati, Tuvalu et les autres États appartenant à cette catégorie pourraient ainsi recevoir un appui adapté à leurs vulnérabilités spécifiques.

Cette proposition part du principe que de nombreux PMA qui passent à la catégorie des pays à revenu intermédiaire perdent le soutien international auquel ils étaient habitués, notamment l’aide publique au développement (APD) et des prêts à des taux concessionnels.  En outre, malgré leur reclassement qui témoigne des progrès accomplis sur la voie du développement, ces pays font souvent face à des difficultés structurelles, à la faiblesse de leurs capacités productives et technologiques et au manque de diversification de leur économie.  De nombreux PMA qui s’émancipent se retrouvent donc parfois pris au piège du fait des critères pris en compte lors de l’examen des performances de leur économie.

C’est le Comité des politiques de développement qui détermine si un PMA est susceptible d’être reclassé, s’il remplit, au moins pour deux examens consécutifs, une des deux conditions suivantes: atteindre le seuil requis pour au moins deux des trois critères à l’examen (le revenu national brut par habitant, l’indice du capital humain et l’indice de vulnérabilité économique), ou parvenir à un niveau de revenu par habitant d’au moins le double de celui requis pour ce critère.  La décision de reclassement n’est cependant pas mécanique, et les circonstances spécifiques à chaque pays sont aussi prises en compte, notamment sa vulnérabilité et les conséquences probables des pertes financières liées à sa sortie de la catégorie des PMA.

C’est pourquoi « la performance du revenu intérieur brut ne veut rien dire si la capacité et les ressources nécessaires ne sont pas disponibles », a plaidé le délégué de Kiribati en faisant part des obstacles auxquels le pays fait face, notamment climatiques, non sans témoigner de son inquiétude face à cette nouvelle « catégorie encore indéfinie ».  Une inquiétude partagée par la République de Corée qui a appelé à la prudence.

Le Comité des politiques de développement a aussi noté, pour la deuxième fois consécutive, que le Bhoutan, les Îles Salomon et Sao Tomé-et-Principe réunissaient les conditions voulues pour être retirés de la liste des PMA et a donc aussi recommandé leur reclassement.  Le représentant du Bhoutan a assuré que son pays restait malgré tout « humble », étant confronté à des enjeux importants.  « Notre croissance provient essentiellement de l’énergie hydraulique et nous sommes très vulnérables aux changements climatiques, aux inondations, aux catastrophes naturelles. »

 L’ECOSOC a par ailleurs adopté une série de textes visant à renforcer la « transversalisation » de la problématique hommes-femmes dans l’ensemble des politiques et programmes du système des Nations Unies.  Dans une résolution, il demande instamment au système des Nations Unies d’accélérer cette transversalisation dans les politiques et programmes aux plans mondial, régional et national, ce qui doit notamment encourager à mettre le Programme 2030 en œuvre d’une façon qui tienne compte de la problématique femmes-hommes.  Il souligne également que le Réseau interinstitutions pour les femmes et l’égalité des sexes constitue un mécanisme essentiel pour assurer la promotion et la coordination de cette transversalisation. 

Par une autre résolution, intitulée « Vingt-quatrième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes », l’ECOSOC recommande à l’Assemblée générale de tenir une réunion de haut niveau d’une journée, en marge du débat général de la soixante-quinzième session, afin de célébrer ce vingt-cinquième anniversaire et d’accélérer les progrès sur la voie de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles. 

Enfin, un autre texte, relatif à « La situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter », a été adopté par 27 voix pour, 3 voix contre (Canada, États-Unis, Royaume-Uni) et 13 absentions.  Dans ce texte, l’ECOSOC réaffirme que l’occupation israélienne demeure le principal obstacle à l’amélioration de la condition des Palestiniennes, à leur autonomisation et à leur participation au développement de leur société.

Les réunions de coordination et de gestion de l’ECOSOC ont notamment pour fonctions d’approuver les derniers rapports de ses organes subsidiaires et des organes d’experts; d’assurer la coordination et l’examen de questions de développement spécifiques à l’échelle du système; et d’examiner des situations nationales ou des questions régionales spécifiques inscrites à l’ordre du jour du Conseil.

Les prochaines réunions de coordination et de gestion de l’ECOSOC auront lieu les 2 et 3 juillet et du 24 au 25 juillet prochains.

RÉUNION DE COORDINATION ET DE GESTION

Questions relatives à l’économie et à l’environnement: Statistiques (E/2018/24)

Présentation du rapport et débat général

M. ZACHARY MWANGI CHEGE, Directeur général du bureau national des statistiques du Kenya et Président de la Commission des statistiques, intervenant par visioconférence, a présenté les résultats les plus récents de la Commission des statistiques et les projets futurs de ce bureau.  Il a rappelé que la Commission avait organisé, du 6 au 9 mars à New York, sa quarante-neuvième session de travail, qui a réuni 680 délégués, provenant de 58 pays avec des représentants d’agences des Nations Unies et de la société civile.  Après s’être accordée sur un cadre d’indicateurs mondiaux sur les objectifs de développement durable, la Commission s’est consacrée cette année aux besoins en matière de développement méthodologique de nouveaux indicateurs.  Une des préoccupations principales de la Commission, a-t-il fait savoir, est le renforcement des capacités au niveau national pour répondre aux demandes du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030.  « Il convient de renforcer la qualité, ainsi que l’adéquation des données ventilées et des statistiques qui doivent être présentées dans des délais raisonnables », a expliqué M. Chege.  « Il faut redoubler d’efforts pour servir la mise en œuvre des objectifs de développement durable. » 

M. Chege a passé en revue quelques aspects du rapport sur les travaux de la quarante-neuvième session (E/2018/24), qui porte, entre autres, sur le cadre de financement pour les statistiques et les données, le big data et l’intégration des informations statistiques et géospatiales, des décisions sur la comptabilité nationale, environnementale, économique, des statistiques liées aux réfugiés, au handicap, entre autres.  Il a souligné l’importance des données pour le futur « pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » et a indiqué que son bureau a procédé à des négociations pour fournir des informations statistiques à ce niveau.  Dans ce cadre, il a appelé à améliorer les statistiques nationales sur les migrations, tout en se fondant sur les initiatives et les mécanismes en place.  Enfin, la Commission des statistiques a reconnu la collaboration avec le Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Elle s’est félicitée d’une discussion à venir avec les statisticiens et les parties prenantes sur les questions relatives au renforcement des capacités pour parvenir à ce développement durable.  Concernant les données dans le cadre de la réalisation du Programme 2030, M. Chege a plaidé pour un renforcement de la collaboration entre agences et pour donner plus de visibilité aux statistiques au niveau politique.  Il a expliqué que la création d’un poste de chef statisticien aux Nations Unies était envisagée dans un proche avenir. 

M. JUAN MIGUEL GONZÁLEZ PEÑA (Cuba) a souligné l’importance du respect des priorités de développement de chaque pays.  Dans le même sens, il a plaidé pour le maintien du rôle central des bureaux nationaux de statistiques dans la fourniture de données transparentes et vérifiables, et ce, afin de renforcer les possibilités qu’offrent les statistiques.  Il a cependant jugé certains indicateurs trop restrictifs, comme le 3.5.2 qui a trait à l’usage nocif d’alcool.  Cet usage est défini en fonction du contexte national et mesure la consommation d’alcool par habitant (15 ans et plus) dans une année civile en litres d’alcool pur.  De l’avis du représentant, cet indicateur n’est pas complètement adapté aux objectifs du Programme 2030. 

Décision sur la recommandation figurant dans le rapport

L’ECOSOC a pris note du rapport de la Commission de statistique sur les travaux de sa quarante-neuvième session et décidé que la cinquantième session de la Commission se tiendra à New York du 5 au 8 mars 2019.  Il a en outre approuvé l’ordre du jour provisoire et la documentation de la cinquantième session de la Commission.

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions:Transversalisation de la problématique hommes-femmes dans l’ensemble des politiques et programmes du système des Nations Unies

Questions relatives à l’économie et à l’environnement:Femmes et développement

Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme:Promotion de la femme

Présentation des rapports et débat général

Mme GERALDINE BYRNE NASON, Présidente de la soixante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme, s’est réjouie des engagements concrets des délégations et de la société civile.  Le thème de la session de la Commission, « enjeux et opportunités pour atteindre l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural », a fait ressortir que les défis des femmes sont similaires à ceux rencontrés dans tous les autres milieux sociaux.  Les conclusions consensuelles représentent des « mesures concrètes » pour réduire les inégalités et réduire le taux de pauvreté dans les campagnes, renforcer le bien-être et la résilience des femmes, s’est-elle réjouie. 

Mme Byrne Nason a présenté les trois points clefs de la feuille de route de la Commission: « renforcer les cadres normatif, juridique et stratégique » essentiels qui définissent très souvent les cadres de vie des femmes et jeunes filles en milieu rural; mettre en œuvre des politiques économiques et sociales propices à l’autonomisation des femmes et filles en milieu rural; renforcer la capacité de toutes les femmes et filles en milieu rural à se faire entendre, à exercer des fonctions de direction et à prendre des décisions.

Jugeant que les conclusions du rapport (E/2018/27-E/CN.6/2018/20) apportaient une contribution significative à l’ECOSOC, Mme Nason s’est aussi félicitée du renforcement de la visibilité des femmes et de l’appui politique qu’a pu leur offrir la Commission, surtout en ce qui concerne la société civile et des organisations de femmes au niveau rural.  Elle en a profité pour souligner le travail de fond de la Commission, sur plusieurs années, en rappelant les conclusions de la session de 2003 sur la « participation des femmes aux médias », qui sont aujourd’hui renforcées par les aspects transformateurs des métamorphoses apportées depuis par la révolution numérique.

Mme APARNA MEHROTA, Directrice de la Division de la coordination avec les organismes des Nations Unies sur l’entité pour l’égalité du genre et de l’autonomisation des femmes, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la transversalisation de la problématique femmes-hommes dans les politiques et programmes des Nations Unies (E/2018/53).  « Réaliser l’égalité femmes-hommes demeure la plus haute priorité au plus haut niveau des Nations Unies et le Secrétaire général et son administration ont montré un fort engagement pour y parvenir », a-t-il déclaré.  Mme Mehotra a signalé que 2017 marque la dernière année de la première phase d’ONU-SWAP, le Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle a tenu à montrer combien son lancement en 2012 a amélioré la performance du système.  « Ce plan a montré qu’on peut aboutir à des changements institutionnels profonds, au niveau des ressources allouées, de la performance et de résultats suivis et mesurés.  Cette année, 94% du système des Nations Unies a rendu des comptes dans le cadre du Plan d’action, ce qui montre sa large appropriation et son adoption comme cadre de travail », s’est-elle réjouie. 

Néanmoins, elle a reconnu des faiblesses structurelles qui font que les Nations Unies n’ont pas réussi à répondre à tous les exigences requises à la date butoir de la fin 2017.  Elle a pointé des manquements dans les domaines de l’architecture du genre, ainsi que dans la parité, les allocations des ressources et l’évaluation. 

Mme Mehrota a ensuite abordé la phase suivante de la mise en œuvre du Plan d’action à l’échelle du système, le programme ONU-SWAP 2.0.  Elle s’inspire des succès et des leçons apprises et se fonde sur le Programme 2030, a-t-elle fait savoir, en précisant qu’en 2016, plus de 50 entités ont été consultées et que le cadre a suivi deux séries d’orientations.  Le programme ONU-SWAP développera son propre cadre de responsabilisation pour adapter les rapports sur les résultats collectifs à l’échelle du système aux objectifs de développement durable, notamment l’objectif 5, a expliqué Mme Mehotra.  Elle a également signalé que six équipes de pays avaient piloté le tableau de bord de l’égalité des sexes en 2017, et que 17 à 20 pays feront probablement ce travail en 2018.  « Ce tableau de bord permettra de renforcer la responsabilité et la comparativité. »  Pour Mme Mehrota, ces actualisations des cadres arrivent à point nommé, alors que le Secrétaire général mène une ambitieuse réforme du système de développement des Nations Unies pour réaliser les promesses du Programme 2030. 

Mme Mehotra a indiqué que le système de développement des Nations Unies continue d’appuyer les gouvernements pour les aider à intégrer l’égalité des genres dans leurs programmes nationaux, ainsi que dans leurs efforts pour aligner les politiques et lois nationales sur les droits de l’homme.  Elle a indiqué qu’en 2017, 70% des Équipes de pays des Nations Unies avait fait une analyse commune en la matière dans le contexte du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, ce qui représente une augmentation de 9% depuis 2015.  « Ces analyses doivent maintenant inclure une analyse rigoureuse de l’aspect genre et servir de fondement pour l’action commune des Nations Unies en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes », a expliqué Mme Mehotra.

Toutefois, même si les Nations Unies ont fait des progrès cohérents en matière d’égalité des sexes, les résultats sont encore insuffisants pour atteindre les ambitions élevées du Programme 2030, a-t-elle tempéré en appelant à agir rapidement pour passer à la vitesse supérieure.

Elle a pointé six priorités.  D’abord, une direction et un soutien qui doivent venir des niveaux les plus élevés du système des Nations Unies, et notamment des coordonnateurs résidents.  « La reddition de comptes en matière d’égalité des genres fonctionne mieux lorsqu’elle cible les directeurs les plus seniors », a-t-elle expliqué.  Elle a aussi appelé à apporter des soutiens intégrés et de qualité pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, ainsi qu’à renforcer le financement de l’autonomisation des femmes dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Enfin, elle a appelé à évaluer les manquements et à donner la priorité à la production de statistiques ventilées et de données sur l’égalité des genres dans les systèmes statistiques nationaux.  Elle a conclu en insistant sur l’importance cruciale de la mise en œuvre d’une politique de tolérance zéro concernant les abus sexuels et l’exploitation sexuelle au sein du personnel des Nations Unies, applaudissant les efforts du Secrétaire général à ce niveau. 

Adoption d’une résolution

L’ECOSOC a adopté la résolution E/2018/L.11 aux termes de laquelle il demande instamment au système des Nations Unies d’accélérer la transversalisation de la problématique femmes-hommes dans les politiques et programmes aux plans mondial, régional et national, y compris à l’appui d’une mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui tienne compte de la problématique femmes-hommes.  Il souligne que le Réseau interinstitutions pour les femmes et l’égalité des sexes constitue un mécanisme essentiel pour assurer la promotion et la coordination de cette transversalisation.  Un réseau, ainsi que d’autres réseaux interinstitutions existants qui devront, précise le texte, continuer de prendre des mesures concrètes afin de continuer de promouvoir la transversalisation.

Pour accélérer la transversalisation intégrale et effective de la problématique femmes-hommes dans le système des Nations Unies aux niveaux mondial, régional et national, l’ECOSOC demande au système des Nations Unies, y compris à ses organismes, fonds et programmes, agissant dans le cadre de leurs mandats respectifs, de continuer à collaborer.  Il faut, par exemple, que les documents stratégiques institutionnels et nationaux, y compris les Plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement ou les documents équivalents, prennent en compte la problématique femmes-hommes dans le respect des priorités nationales des pays.  Il faut aussi qu’une fois établies, les politiques d’égalité des sexes des organismes des Nations Unies soient maintenues à jour et harmonisées avec les priorités des organismes en matière de stratégies et programmes.

Sur le plan du financement, l’ECOSOC prie le système des Nations Unies, et en particulier ONU-Femmes, en consultation avec les États Membres, de régler la question du financement durable de la mise en œuvre de la version mise à jour du Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies.  Il encourage les États Membres qui sont en mesure de le faire d’appuyer ONU-Femmes sur cette question.

Décision sur les recommandations figurant dans le rapport de la Commission de la condition de la femme

L’ECOSOC a adopté les trois projets de résolution qui lui étaient soumis par la Commission de la condition de la femme.

La première résolution, intitulé « Organisation des travaux et méthodes de travail futures de la Commission de la condition de la femme », prévoit que la Commission de la condition de la femme, à sa soixante-quatrième session, en 2020, entreprenne un examen et une évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration et du programme d’action de Beijing, ainsi que des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale.  De plus, par ce texte, l’ECOSOC engage tous les États à entreprendre à l’échelon national un examen d’ensemble des progrès accomplis.  Il encourage vivement les gouvernements à continuer de soutenir l’action et la participation de la société civile, des organisations de femmes ainsi que des institutions nationales des droits de l’homme. 

Dans la deuxième résolution, intitulée « Vingt-quatrième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes », l’ECOSOC recommande à l’Assemblée générale de tenir une réunion de haut niveau d’une journée, en marge du débat général de la soixante-quinzième session, afin de célébrer ce vingt-cinquième anniversaire et d’accélérer les progrès sur la voie de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles.

La troisième résolution, relative à « La situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter », a été adoptée par 27 voix pour, 3 contre (Canada, États-Unis, Royaume-Uni) et 13 absentions.  Dans ce texte, l’ECOSOC réaffirme que l’occupation israélienne demeure le principal obstacle à l’amélioration de leur condition, à leur autonomisation et à leur participation au développement de leur société.  Demandant à la communauté internationale de continuer à fournir assistance et services, et aux donateurs internationaux de s’acquitter sans retard des engagements pris lors de la conférence internationale « Reconstruire Gaza » déroulée au Caire en 2014, il exige aussi qu’Israël respecte pleinement en tant que Puissance occupante les dispositions et les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, des conventions de Genève et de La Haye.  En outre, l’ECOSOC exhorte la communauté internationale à redoubler d’efforts pour progresser plus rapidement vers la conclusion d’un traité de paix fondé sur des paramètres clairs et un calendrier précis.

Après le vote de ce texte, le représentant de l’Italie a précisé être attaché à la promotion des femmes et a partagé sa préoccupation concernant le conflit israélo-palestinien.  Il a rappelé son attachement à la solution des deux États.  Il a expliqué que son pays s’est abstenu car les questions relatives à un pays en particulier doivent, selon lui, être abordées par l’Assemblée générale.  « Nous espérons qu’on renoncera à cette résolution à l’avenir afin que nos efforts demeurent cohérents », a-t-il fait savoir.

L’ECOSOC a ensuite décidé de prendre note du rapport de la Commission de la condition de la femme sur les travaux de sa soixante-deuxième session et d’approuver l’ordre du jour provisoire et la documentation de la soixante-troisième session de la Commission.

Avant de passer au point suivant de son ordre du jour, l’ECOSOC a également décidé de prendre note du Rapport du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, tel que contenu dans le document A/73/38.

Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies

Suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement

Adoption des recommandations du Forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement

L’ECOSOC a approuvé le rapport du forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement (E/FFDF/2018/3), qui lui recommande de communiquer au Forum politique de haut niveau pour le développement durable, les conclusions et recommandations portant sur le suivi et l’examen des résultats du financement du développement et des moyens de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Dans ce rapport, les ministres et représentants de haut niveau se disent résolus à continuer à œuvrer à l’application pleine et rapide du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Ils y réaffirment leur objectif d’éliminer la pauvreté et la faim, et de réaliser le développement durable dans ses trois dimensions, à savoir la croissance économique pour tous, la protection de l’environnement et l’inclusion sociale.  Tout en notant la reprise dans certains secteurs de l’économie mondiale, ils y constatent aussi que les fruits n’en ont pas été partagés équitablement et se disent préoccupés par la vulnérabilité de l’économie mondiale. 

Ils s’y engagent à prendre notamment trois grandes mesures à l’appui de l’application du Programme d’action d’Addis-Abeba.  La première vise à faciliter l’emploi de toutes les sources de financement, notamment le financement innovant, la seconde entend œuvrer à ce que les mesures prises pour inciter les acteurs des secteurs public et privé favorisent le développement viable à long terme et la troisième vise à rendre les cadres financiers nationaux opérationnels pour les projets et filières ayant besoin d’investissement. 

Les ministres et représentants de haut niveau abordent aussi dans ce rapport une série de questions transversales concernant la promotion de l’égalité des sexes, la biodiversité, le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation, l’importance de services de protection sociale et de services publics essentiels pour tous, ainsi que la réalisation d’investissements dans une infrastructure de qualité, accessible et abordable.  Ils se penchent également, entre autres, sur la question des ressources publiques intérieures, des financements privés aux niveaux national et international, de la coopération internationale au service du développement, du commerce international ou encore de la dette. 

Le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau tenu par le Conseil lors de sa session de fond

Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies

Présentation du rapport

Le Conseil économique et social a procédé à l’examen du rapport (A/73/81–E/2018/59) du Secrétaire général sur l’« intégration des trois dimensions du développement durable dans l’ensemble du système des Nations Unies », dans le cadre de deux points de son ordre du jour.  Ce rapport donne un aperçu des actions et initiatives mises en œuvre par les entités des Nations Unies pour intégrer les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable dans l’ensemble de leurs travaux.  Il précise notamment que certaines de ces entités ont mis en place des dispositifs institutionnels novateurs, pour mieux pouvoir s’adapter à la nature évolutive des objectifs, et créé des unités de coordination à cette fin. 

Ce rapport a été commenté à la tribune par le Directeur de la division des objectifs de développement durable, M. JUWANG ZHU, qui a remarqué un changement de paradigme dans les mentalités à l’ONU.  L’accent est désormais mis sur un travail « intégré et non plus fragmenté », a-t-il ainsi noté, en mentionnant également la création de liens et de synergies.  Le rapport souligne en effet qu’une nouvelle vision institutionnelle prend progressivement forme, qui tend à abandonner la gestion cloisonnée et à privilégier les interactions, les partenariats et la recherche de synergies dans l’ensemble du plan de travail de l’Organisation.  M. Zhu a ensuite souligné l’approche ciblée qui est suivie, ainsi qu’une volonté franche d’intégration de ces trois dimensions.  Jugeant les mesures encourageantes, méritant d’être soutenues, M. Zhu a enfin souligné que ce travail d’intégration révélait la « nature transformatrice » des objectifs de développement durable. 

L’ECOSOC a ensuite décidé de prendre note du rapport du Secrétaire général sur l’intégration des trois dimensions du développement durable dans l’ensemble du système des Nations Unies (A/73/81–E/2018/59).

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions: Prévention et maîtrise des maladies non transmissibles

Présentation du rapport et débat général

Mme SVETLANA AKSELROD, Sous-Directrice générale chargée du Groupe maladies non transmissibles et santé mentale à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a présenté le rapport (E/2018/49) de l’Équipe spéciale interorganisations des Nations Unies pour la prévention et la maîtrise des maladies transmissibles.  Cette Équipe apporte une aide à l’échelle nationale aux États Membres qui en font la demande, notamment pour qu’ils intègrent dans leurs politiques et plans de développement nationaux les nouvelles cibles relatives aux maladies non transmissibles qui figurent dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme Akselrod a présenté les efforts déployés pour réaliser la cible 3.4 des objectifs de développement durable d’ici à 2030: réduire d’un tiers, par la prévention et le traitement, le taux de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles et promouvoir la santé mentale et le bien-être.  Elle a cité les cas de Bahreïn et du Bhoutan, a décrit les actions interinstitutionnelles pour promouvoir le travail de l’Équipe spéciale et a indiqué que les agences devaient renforcer leurs réponses face aux demandes des États Membres. 

Dans le rapport, il est précisé que les actions engagées pour honorer les engagements politiques pris par l’Assemblée générale en 2011 et en 2014 doivent être considérablement renforcées.  « En l’absence de réelle montée en puissance de l’effort consenti avant 2020, la diminution du nombre de morts prématurées dues à des maladies non transmissibles ne sera pas suffisante pour atteindre cet objectif d’ici à 2030 ».  En outre, l’Équipe spéciale a observé que le nombre de femmes et d’hommes qui meurent prématurément d’une maladie non transmissible continue d’augmenter de façon disproportionnée dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure) où, en 2015, 47% des décès prématurés (7 millions) étaient dus à une maladie de ce type.

Les obstacles qui empêchent les États Membres d’avancer dans la réalisation de la cible 3.4 ont été recensés par le Secrétaire général (rapport A/72/662) et ont trait aux questions suivantes: choix politique, système de santé, capacités nationales, financement internationaux, ingérence du secteur industriel.  Il note aussi une carence de la coopération technique qui s’explique principalement par le fait que les financements internationaux disponibles ne permettent pas de renforcer suffisamment les capacités de l’OMS et de l’Équipe spéciale pour leur permettre d’intensifier leurs activités dans ce domaine.

En dépit du manque de ressources, l’Équipe spéciale continue de renforcer les moyens dont elle dispose pour aider les États Membres à intégrer dans leurs initiatives nationales les cibles relatives aux maladies non transmissibles qui figurent dans le Programme 2030.  Les programmes mondiaux conjoints et les groupes de travail thématiques dirigés par l’Équipe spéciale couvrent 12 objectifs de développement durable et 30 cibles. 

L’Équipe spéciale a notamment mené des missions de programmation conjointe, facilité les initiatives multisectorielles de prévention et de maîtrise des maladies non transmissibles, mis au point le programme mondial conjoint sur la prévention et le contrôle de cette forme de cancer, apporté un soutien aux États Membres cherchant à exploiter les technologies mobiles pour renforcer leurs services de lutte contre les maladies non transmissibles.  Les autres domaines d’action de l’Équipe spéciale étaient l’usage nocif de l’alcool, la nutrition, l’activité physique, le bien-être et la santé mentale, les risques sanitaires liés à l’environnement et maladies non transmissibles, les urgences et les Maladies non transmissibles sur le lieu de travail.    

L’Équipe spéciale a défini sa stratégie pour 2018 et 2019 qui prévoit notamment la mise en place d’un mécanisme ambitieux permettant aux organismes des Nations Unies de fournir aux gouvernements un appui technique de qualité pour faciliter leur action. 

Lors de sa présentation, Mme Akselrod a appelé à un refinancement du travail de l’Équipe spéciale.  Elle a conclu son exposé en attirant l’attention sur deux rapports de l’OMS.  Le premier s’intitule « Sauver des vies en dépensant moins » et présente les avantages économiques d’interventions faciles à mettre en œuvre pour contrôler les maladies non transmissibles.  Le deuxième porte sur les maladies non transmissibles et propose des recommandations dans six domaines, dont la responsabilité au niveau politique pour intégrer la promotion de la santé, ainsi que le financement et la reddition de comptes. 

M. EVGENY Y. VARGANOV (Russie) a souligné que malgré les efforts déployés, la lutte contre les maladies non transmissibles était encore d’actualité.  Il a souligné que la Russie avait progressé en matière de prévention et de contrôle de ces maladies, ce qui constitue d’ailleurs une priorité nationale, avec l’appui de l’OMS, organisation que la Russie appuie financièrement et en moyens humains.  Le représentant a également évoqué des projets d’investissement de son pays dans le Bélarus et le Kirghizistan, ainsi que l’organisation de formations par le biais du PNUD et de l’OMS.  Enfin, il s’est félicité de la tenue, le 27 septembre prochain, de la troisième réunion de haut niveau à l’Assemblée générale sur la lutte contre les maladies non transmissibles. 

Questions économiques et environnementales: le développement durable

Présentation du rapport et débat général

Mme SAKIKO FUKUDA-PARR, Vice-présidente du Comité des politiques de développement, a présenté le rapport de la vingtième session dudit comité, qui rend compte de ses principales conclusions et recommandations.  Dans ce rapport, le Comité examine sous ses différents aspects l’engagement de ne pas faire de laissés-pour-compte qui figure dans le Programme 2030.  Il observe que les tendances actuelles n’indiquent ni un degré ni un rythme de progression compatibles avec le calendrier du Programme 2030.  Ces tendances concernent la pauvreté (en particulier dans les régions rurales et dans les pays d’Afrique subsaharienne à faible revenu), l’éducation et le logement, parmi d’autres.  Il note les déséquilibres démographiques, les inégalités extrêmes persistant à l’intérieur des pays et des villes, ainsi qu’entre les pays et observe que des facteurs comme la mondialisation, les progrès technologiques, la discrimination à l’égard des femmes, les changements climatiques et d’autres formes de dégradation de l’environnement réduisent l’accès des laissés-pour-compte à la terre, aux moyens de subsistance et à l’emploi, ce qui aggrave encore leur situation.  Il souligne également le rôle de certaines politiques et de l’économie, pointant que la croissance économique ne conduit pas nécessairement à une réduction des inégalités, de la pauvreté et des privations, ni à la création d’emplois décents. 

« L’engagement de ne pas faire de laissés-pour-compte est rarement contesté dans son principe, mais il est rare que l’on mesure à quel point il est complexe de le mettre en pratique.  Il importe de bien comprendre que la concrétisation de cet engagement suppose des arbitrages et des compromis » souligne le Comité.  Pour ne pas faire de laissés-pour-compte parmi les pays, il faut mener à l’échelle internationale une action cohérente qui favorise au lieu d’entraver la volonté des pays de définir et financer eux-mêmes leurs stratégies de développement et qui ouvre de nouvelles voies à la redistribution des richesses mondiales au lieu de les bloquer, affirme-t-il également. 

Mme Fukuda-Parr s’est longtemps attardée sur les critères qui définissent l’inclusion des pays dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Ce rapport rend en effet compte de l’examen triennal de cette catégorie, avec le reclassement du Bhoutan, des Îles Salomon et de Sao Tomé-et-Principe.  L’intervenante a expliqué que le Comité avait estimé que la République de Kiribati pouvait sortir de la catégorie, mais qu’il était préoccupé par le fait que le pays est extrêmement vulnérable.  Dès lors, il recommande que soit créée une catégorie de pays caractérisés par une extrême vulnérabilité aux changements climatiques et autres chocs écologiques, qui intègrerait Kiribati et les Tuvalu. 

Le Comité a aussi examiné les progrès réalisés en matière de développement par la Guinée équatoriale, les Maldives et Samoa, qui ont été reclassés, et par l’Angola et le Vanuatu, qui sont en voie de reclassement.  Les Maldives, Samoa et Vanuatu ont continué de progresser régulièrement sur la voie du développement mais sont demeurés vulnérables aux chocs économiques et écologiques.  Le Comité a noté le contraste entre le revenu par habitant et le niveau du capital humain en Guinée équatoriale et, malgré certains progrès, en Angola.  Ces deux pays restent fortement dépendants du secteur pétrolier, qui leur pose actuellement des problèmes macroéconomiques majeur. 

Selon le Comité, le moment est venu pour la communauté internationale de développement d’élaborer un ensemble de mesures incitatives visant à consolider le développement des pays en voie de reclassement.  Le secrétariat du Comité a mis au point une plateforme en ligne appelée « Gradjet », qui met à la disposition des pays concernés des informations et des analyses sur les conditions du reclassement ainsi que des propositions d’activités pertinentes à mener avant, pendant et après leur reclassement. 

Pour finir, ce rapport analyse les examens nationaux volontaires de la mise en œuvre du Programme 2030 présentés au Forum politique de haut niveau pour le développement durable en 2017. 

Parlant au nom du groupe des pays en développement sans littoral, dont 17 sont dans la catégorie des PMA, M. DAVID MERARDO MARTÍNEZ SUGASTTI (Paraguay) a félicité le Bhoutan d’être sorti de la catégorie des PMA mais a demandé à ce que cela se fasse à la conclusion de son plan quinquennal de développement.  Il a insisté sur l’importance d’appuyer les pays qui veulent sortir de cette catégorie et a demandé d’intégrer aux critères de sortie leurs défis particuliers, y compris le fait qu’ils n’ont pas accès au littéral. 

Reconnaissant l’importance de ce rapport, M. KOURABI NENEM (Kiribati) a mis en évidence les incidences concrètes des recommandations du Comité pour les pays mentionnés.  Il a demandé un appui pour le réexamen de sortie de son pays de la catégorie des PMA.  « Les pays doivent pouvoir prendre leur décision.  Lorsqu’ils sortent, ils doivent avoir un système d’appui pour le faire en confiance », a-t-il déclaré en plaidant aussi pour que les changements climatiques et leurs conséquences sur les îles rentrent aussi dans les critères.  Il s’est dit préoccupé de la sortie de Kiribati de la catégorie des PMA pour « la mettre dans une catégorie encore indéfinie ».  Réaffirmant la vulnérabilité extrême de son pays aux chocs climatiques, il a estimé qu’une sortie serait prématurée à l’heure où le Gouvernement vient de mettre en place un cadre robuste de développement durable.  « La performance du revenu intérieur brut ne veut rien dire si la capacité et les ressources nécessaires ne sont pas disponibles.  Il faut examiner les conditions dans lesquelles un pays sort de la catégorie pour que cela ne pose pas plus de difficultés pour ce pays », a-t-il répété. 

Mme SEOMY KANG (République de Corée) a appelé à tenir compte de la situation spécifique de chaque pays pour une sortie de la catégorie des PMA et a appuyé le Bhoutan qui s’engage à sortir de la catégorie mais demande une période de deux ans pour s’y préparer.  Elle a recommandé la prudence en ce qui concerne la création d’une nouvelle catégorie, pour éviter les doubles emplois. 

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a déclaré que son pays avait atteint les conditions nécessaires pour sortir de la catégorie des PMA durant deux cycles consécutifs et a salué le fait que le Comité ait retenu la demande de son pays de rendre cette sortie effective en 2023.  Pour le représentant, cette sortie est un jalon et représente 5 décennies et demi de développement planifié, mais elle n’est pas une finalité.  « Nous restons cependant humbles car nous sommes confrontés à des enjeux importants.  Notre croissance provient essentiellement de l’énergie hydraulique et nous sommes très vulnérables aux changements climatiques, aux inondations, aux catastrophes naturelles. » 

Pour M. ABDELLAH LARHMAID (Maroc), les partenaires commerciaux du Bhoutan devraient lui fournir le soutien nécessaire pour une transition sans heurt.  Les PMA ont consenti d’importants efforts avec la mise en place de stratégies de développement et l’amélioration des indicateurs socio-économiques, a-t-il constaté.  Mais il reste des obstacles, tels qu’une faible participation au commerce international et une vulnérabilité aux effets des changements climatiques.  Il faut établir un partenariat de développement en faveur des PMA, a-t-il conclu. 

Questions économiques et environnementales: population et développement

Présentation du rapport

Présentant le rapport (E/2018/25 E/CN.9/2018/7) de la Commission de la population et du développement sur les travaux de sa cinquante et unième session (7 avril 2017 et 9-13 avril 2018), M. ION JINGA (Roumanie) a rappelé que son objet était d’examiner les concentrations croissantes de population dans les villes.  Durant la session, les pays membres ont relaté leurs expériences nationales et détaillé les politiques d’aménagement nécessaires pour assurer un développement harmonieux.  Les problématiques migratoires et les droits humains des migrants ont également été évoqués.

Pour progresser, la Commission s’était penchée sur cinq précédents rapports du secrétariat général: le rapport sur les villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales (E/CN.9/2018/2), qui renseigne sur la manière dont la mobilité humaine détermine la répartition spatiale de la population mondiale, à l’intérieur et au-delà des frontières nationales; le rapport intitulé « Mesures pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement: suivi des programmes de population, axé en particulier sur les villes durables, la mobilité humaine et les migrations internationales » (E/CN.9/2018/3; le rapport sur les flux de ressources financières devant concourir à la poursuite de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2018/4); le rapport sur les tendances démographiques mondiales (E/CN.9/2018/5), qui renseigne sur les changements que connaît la population mondiale, y compris les projections démographiques jusqu’en 2100; et enfin, le rapport sur l’exécution du programme et le bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2017 (E/CN.9/2018/6).

Durant la session les délégations ont redit combien il importait de mettre intégralement en œuvre le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement si l’on veut atteindre les objectifs de développement durable, et de tenir compte des tendances démographiques, notamment de l’urbanisation, de la mobilité humaine et des migrations internationales, dans les plans de développement. 

Les pays participants ont souligné que la mise en œuvre intégrale du Programme d’action était essentielle pour atteindre les objectifs de développement durable et qu’il importait de tenir compte des tendances démographiques, notamment de l’évolution de l’urbanisation, de la mobilité humaine et des migrations internationales, dans leurs plans de développement. 

Les délégations ont insisté sur la nécessité de s’intéresser aux liens qui existent entre urbanisation, migration, mobilité humaine, agriculture et développement rural, et d’investir dans le capital humain, singulièrement celui que représentent les jeunes et les femmes.

Rappelant que la cinquante et unième session s’est tenue à un moment critique, reflétant la mise en place de nouvelles méthodes de travail, d’un nouveau cycle d’examen et d’adoption, M. Jinga a rappelé que les pays n’avaient pas trouvé de consensus sur toutes les questions, avec des désaccords en ce qui concerne la santé sexuelle, la reproduction, et la sécurité nationale.  M. Jinga a aussi rappelé que le Comité n’avait pu trouver un consensus sur un projet de résolution, ce qui ne s’est produit que trois fois en 4 ans, et a fait part de son inquiétude au sujet de ce blocage. 

Décision sur les recommandations figurant dans le rapport

L’ECOSOC a adopté des projets de décision inclus dans le rapport de la Commission de la population et du développement.  Il a d’abord pris note du rapport de la Commission de la population et du développement sur les travaux de sa cinquante et unième session et approuvé l’ordre du jour provisoire de la cinquante-deuxième session de la Commission.

En ce qui concerne le rapport du Secrétaire Général sur les « Flux de ressources financières devant concourir à la poursuite de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement », dont il a pris note, l’ECOSOC a fait trois recommandations au Secrétaire général pour l’avenir.

La première est d’établir le prochain rapport sur la base des données relatives à l’aide publique au développement, y rendant compte des ressources allouées par tous les donateurs, telles que constatées dans le Système de notification des pays créanciers de l’OCDE.  La deuxième est d’élargir, si possible, le suivi des ressources à des domaines directement liés au Programme d’action autres que ceux relevant de ses quatre composantes chiffrées, notamment la santé, le pouvoir d’action des femmes et l’éducation, ainsi que l’objet du thème spécial de la session annuelle de la Commission.  La troisième est de continuer de présenter le rapport tous les ans et d’y faire, tous les quatre ans à compter de 2019, le bilan des sources de données nouvelles et potentielles, y compris toutes informations sur les dépenses ne relevant pas de l’aide publique au développement.

Questions sociales et de droits de l’homme: le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies

Présentation de rapport

Mme VERA VUKOVIC, Conseillère principale pour les politiques du Haut-Commissariat aux réfugiés du Bureau de New York, a présenté un rapport oral sur les aspects de coordination du Bureau du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR).  Fin 2017, il y avait 71,4 millions de personnes concernées par les actions du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et 2017 n’a vu qu’une augmentation modeste du nombre de réfugiés rentrant chez eux, a-t-elle observé en notant que les possibilités de réinstallation dans des pays tiers ont chuté de moitié.

Avec un nombre de réfugiés sans précédent à l’échelle mondiale, les efforts pour assurer une réponse globale et prévisible aux larges mouvements de réfugiés et alléger le fardeau des pays d’accueil est plus critique que jamais, a-t-elle poursuivi.  Elle a indiqué que les efforts du HCR s’étaient appuyés sur la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, en particulier le cadre d’action global pour les réfugiés.

Mme Vukovic s’est ensuite longuement attardée sur l’importance des partenariats, citant la large constellation de partenaires dont les pays membres de l’ONU, les agences des Nations Unies, les autres acteurs du développement et de l’humanitaire, les membres de la société civile, les réfugiés….  Elle a souligné le rôle crucial des ONG qui ont pu faire avancer le cadre d’action global pour les réfugiés et s’est félicitée de l’établissement d’un Conseil consultatif des jeunes, avec 15 jeunes réfugiés du monde entier.  Le cadre d’action global pour les réfugiés est maintenant mis en œuvre dans 14 pays, dont 11 participent à des réponses régionales globales.  « Ce cadre cherche à assurer un fardeau plus prévisible et équitable, et un partage des responsabilités pour renforcer la coopération et la solidarité avec les réfugiés et les pays hôtes touchés », a-t-elle rappelé.  Elle a indiqué que le Haut-Commissaire annexera le Cadre à son rapport annuel auprès de l’Assemblée générale, fin juillet. 

Poursuivant, elle a déclaré que le HCR avait contribué de façon active aux efforts de réforme du Secrétaire général, dans le cadre du groupe de développement durable et comme membre du Comité directeur mixte pour avancer la collaboration en matière de développement et d’aide humanitaire.  Mme Vukovic a aussi souligné l’engagement de son bureau dans le travail du Comité Interagences, par rapport aux politiques de développement et aux réponses opérationnelles.  « Le Haut-Commissariat dirige le Groupe mondial de la protection et codirige la coordination des camps, avec 400 partenaires. »

En matière de partenariat, elle a aussi cité la collaboration avec le groupe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), pour s’efforcer d’assurer la cohérence entre le pacte global pour les réfugiés et le pacte global pour les migrations, ainsi que pour diriger une plateforme d’appui aux Vénézuéliens qui ont quitté leur pays.  Parmi les autres partenaires du HCR, la représentante a également cité l’OIT (Organisation internationale du Travail), pour l’analyse sur le plaidoyer, la programmation et la doctrine, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Département des opérations de maintien de la paix concernant les dispositions sur l’état de droit dans la police ainsi que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec lesquels elle a renforcé sa coopération.

Le Haut-Commissariat aux réfugiés collabore également avec la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et approfondit ses travaux avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  « Les partenaires sont au centre de notre travail, avec 1 milliard distribué à plus de 1 000 partenaires », a-t-elle précisé en signalant aussi que 524 millions de dollars avaient été distribués à 650 ONG nationales.  Tout en indiquant avoir également renforcé sa collaboration avec le secteur privé, elle a déclaré que le HCR avait modifié ses structures pour renforcer tous ces partenariats.

Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme

Présentation des rapports et débat général

Mme HUI LU, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a présenté deux rapports, l’un du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (E/2018/57) examinant le lien entre urbanisation et droits humains, tandis que l’autre provient des discussions du Comité des droits économiques, sociaux lors de sa soixantième, soixante et unième et soixante-deuxième session (20-24 février 2017, 29 mai-23 juin 2017, 18 septembre - 6 octobre 2017). 

À cette occasion, Mme Hui a rappelé que 90% de la croissance de la population mondiale aura lieu dans les villes, notamment en Afrique, en soulignant que cette croissance allait de pair avec la création de bidonvilles et l’augmentation du nombre de personnes vivant dans l’insécurité et des conditions inadéquates.

L’urbanisation spontanée fait pression sur les services de logements, creuse les inégalités et accentue les discriminations, a-t-elle souligné, avant de noter que les espaces publics urbains sont aussi utilisés pour des manifestations pacifiques et que les villes, au premier plan en matière de planification et de l’industrie des services, peuvent aussi se révéler des instruments dans la défense et la protection des droits humains, tout particulièrement les droits des migrants et des minorités. 

Le Haut-Commissaire s’est focalisé cette année sur le lien entre droits humains et urbanisation pour atteindre les objectifs du Programme 2030.  Il recommande que les autorités, quel que soit leur niveau, reconnaissent le logement et la terre comme un droit de l’homme et non pas comme une commodité et s’engagent pour la sécurité du logement pour tous; que la planification urbaine respecte et favorise les droits de l’homme et assure une participation libre et active de chacun, particulièrement les plus marginalisés, dans les processus de décisions.  Il recommande aussi que les autorités mettent fin à la criminalisation des gens vivant dans la pauvreté, garantissent l’accès à l’eau et l’assainissement même pour les plus pauvres.

Concernant les conclusions du rapport sur les soixantième, soixante et unième et soixante-deuxième session du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (E/2018/22), Mme Hu s’est réjouie du nombre plus élevé de rapports en raison du changement des méthodes de travail du Conseil, même si elle déplore que certains États n’aient pu encore fournir de rapports.  À sa soixante et unième session, le Comité a adopté son observation générale no 24 (2017) sur les obligations des États en vertu du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels dans le contexte des activités des entreprises.

Le 24 février 2017, dernier jour de la soixantième session, le Comité a adopté une déclaration sur les devoirs des États envers les réfugiés et les migrants au titre du Pacte (E/C.12/2017/1).  Dans cette déclaration, le Comité a rappelé les garanties qu’offre le Pacte, y compris dans le contexte des débats menés au niveau mondial, qui devaient conduire à l’adoption en 2018 d’un pacte mondial sur les réfugiés et d’un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. 

Le Comité a notamment insisté, une fois de plus, sur l’interdiction de la discrimination fondée sur la nationalité ou le statut juridique.  Il a souligné que la protection d’une personne contre la discrimination ne pouvait être conditionnée au fait qu’elle soit en situation régulière dans le pays qui l’accueille, et a fait observer que les demandeurs d’asile et les migrants sans papiers étaient particulièrement vulnérables.  Il a également souligné, parmi d’autres points, l’importance que revêtent la collecte de données et la coopération internationale.

Mme Hu a rappelé que le Comité avait organisé une journée de débat général, le 21 février 2017, consacrée au projet d’observation générale sur les obligations que le Pacte impose aux États dans le contexte des activités des entreprises.  La journée de débat a été l’occasion d’échanger des points de vue différents et de contribuer à préciser les obligations contraignantes que le Pacte impose aux États vis-à-vis des activités commerciales et la relation entre les obligations de l’État et le rôle du secteur des entreprises dans la mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels ainsi que son influence.  Elle a également permis de mettre en lumière l’importance de l’observation générale pour combler les lacunes en matière de protection dans les normes et principes internationaux existants et de donner aux États des orientations.  Le Comité est reconnaissant à ceux qui ont facilité la participation des intervenants venus de diverses régions.

Dans la pratique, le Comité attend des États d’origine des sociétés transnationales qu’ils mettent en place des voies de recours appropriées et garantissent un accès effectif à la justice pour les victimes d’atteintes aux droits de l’homme liées aux activités des entreprises dans un contexte transnational.  Il souligne que les États parties au Pacte devraient veiller à ce que les entreprises ne mettent pas en œuvre des stratégies qui saperaient les efforts déployés par les États dans lesquels elles opèrent pour réaliser pleinement les droits énoncés dans le Pacte.

Dans son intervention, M. STEPAN KUZMENIKOV (Russie) a remarqué au sujet du Pacte que l’algorithme d’examen des rapports nationaux devait être corrigé.  Il s’est dit préoccupé par la « confiance excessive accordée par les experts aux ONG », qui diffusent, selon lui, « des informations non vérifiées » et parfois « fausses » si l’on compare avec ce qui se passe sur le terrain.  Il a notamment évoqué les informations relatives au traitement des minorités gitanes et des minorités sexuelles vivant en fédération de Russie, des Tatars de Crimée, des Ukrainiens ethniques, et des enfants placés en institution spécialisée.  Il a enfin demandé à ce que le Comité tienne compte des intérêts nationaux.

L’ECOSOC a pris note du rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (E/2018/57) et du rapport sur les soixantième, soixante et unième et soixante-deuxième session du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (E/2018/22).

Adoption de l’ordre du jour et autres questions d’organisation

Adoption d’un projet de décision et d’un document

L’ECOSOC a adopté par consensus un projet de décision E/2018/L.12 pour préciser les modalités de la réunion du Conseil économique et social sur la question du passage de la phase des secours aux activités de développement. 

Il a ainsi décidé que le thème de la réunion s’intitulera « Le passage de la phase des secours aux activités de développement: réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les contextes de crise », et qu’elle se tiendra, en séance informelle, le 19 juin au matin.  La réunion consistera en une table ronde et ne donnera pas lieu à l’adoption d’un texte négocié, précise la décision.

L’ECOSOC a également adopté par consensus la liste, figurant au document E/2018/67, des organisations non gouvernementales souhaitant être entendues par lui lors du débat de haut niveau de sa session de 2018.  Il s’agit de huit ONG dotées du statut consultatif spécial ou général auprès de l’ECOSOC.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Darfour: Jean-Pierre Lacroix présente au Conseil de sécurité deux concepts à appliquer dans quatre domaines critiques, pour éviter une résurgence du conflit

8283e séance – après-midi
CS/13375

Darfour: Jean-Pierre Lacroix présente au Conseil de sécurité deux concepts à appliquer dans quatre domaines critiques, pour éviter une résurgence du conflit

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a présenté au Conseil de sécurité, cet après-midi, le Rapport spécial* du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies sur l’examen stratégique de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), une mission créée en 2003 qui est actuellement en cours de reconfiguration.

Le haut fonctionnaire a ainsi détaillé deux nouveaux concepts devant être mis en œuvre dans quatre domaines critiques pour éviter une résurgence du conflit dans un Darfour jugé globalement calme, en dépit de quelques affrontements isolés dans le Jebel Marra entre les forces gouvernementales et les rebelles de l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid al-Nour(ALS/AW).

L’an dernier, le 29 juin, le Conseil de sécurité avait déjà constaté cette accalmie et avait décidé, par sa résolution 2363 (2017), de reconfigurer la MINUAD, afin de l’adapter à la nouvelle donne marquée par une quasi-cessation des combats.

M. Lacroix a indiqué que la MINUAD est en train de terminer un processus de reconfiguration entamé, il y a un an, qui a conduit à la fermeture de 11 bases d’opérations et à une modification de son mandat.  Si la Mission doit viser le maintien de la paix dans le Jebel Marra, elle doit plutôt contribuer à la consolidation de la paix et au développement pour le reste du Darfour, « en vue de mieux servir les populations ».  Dans cette partie du Darfour, le système onusien entend donc renforcer la capacité de ses agences, fonds et programmes qui sont les mieux armés pour faire face aux problèmes.

« Il est donc temps de planifier l’avenir du soutien de l’ONU et de l’Union africaine au Darfour, notamment en établissant un lien étroit entre le retrait du maintien de la paix et le renforcement de la consolidation de la paix et du développement », a expliqué le Secrétaire général adjoint, appuyé en cela par la plupart des orateurs, y compris le délégué de l’Éthiopie qui a jugé « indispensable d’opérer un changement dans notre façon d’aborder la situation au Darfour ». 

Le Rapport spécial prévoit ainsi la restructuration de l’Opération, immédiatement après l’adoption du nouveau mandat par le Conseil de sécurité, première étape avant sa phase de liquidation qui s’achèverait au plus tard en décembre 2020.  La force de la Mission serait, dans un premier temps, réduite: on passerait de 8 735 à 4 050 militaires et de 2 500 à 1 870 policiers.

Comme l’a expliqué M. Lacroix, il est prévu que les activités de maintien de la paix se focalisent sur les zones les plus précaires où la protection des civils, le soutien humanitaire et la médiation dans les conflits locaux sont nécessaires pour renforcer le processus de paix.  Le second concept vise à faire le lien et la transition, avec la collaboration avec l’équipe de pays de l’ONU, entre maintien de la paix, d’un côté, et relèvement rapide et développement, de l’autre.

La mise en œuvre de ces nouvelles orientations doit se faire dans quatre domaines jugés critiques pour prévenir une résurgence du conflit.  Il s’agit de l’état de droit, y compris la police; la résilience et les moyens de subsistance - des solutions durables pour les populations déplacées et les communautés d’accueil; l’accès immédiat des populations déplacées aux services de base; et les droits de l’homme.

Pour y parvenir, la MINUAD entend soutenir l’établissement de bureaux de liaison communs avec l’équipe de pays des Nations Unies dans toutes les capitales d’États, à l’exception de Zalingei, et s’assurer que le travail de l’équipe de pays est adapté aux besoins de chaque État. 

La nécessité de disposer de ressources sur le long terme et de s’assurer de l’augmentation des contributions volontaires, pour mettre en œuvre ces deux concepts, a été soulignée par M. Lacroix.  Il faut que les fonds nécessaires à la période de transition viennent du budget ordinaire et que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix aide à la mobilisation des fonds, a-t-il précisé.

Dans cette optique, le représentant de l’Éthiopie a dit espérer que le Soudan pourra bénéficier du soutien du Fonds pour la consolidation de la paix.  « Nous avons trop investi au Darfour pour risquer aujourd’hui une reprise du conflit faute de ressources », a-t-il argué.  Le représentant du Soudan a pour sa part appelé les pays donateurs à s’acquitter de leurs engagements en soutenant les programmes de développement et en s’attaquant aux causes profondes du conflit en fonction des besoins qui vont devoir être satisfaits. 

Pour relancer le processus de paix qui se trouve dans l’impasse, une réunion entre le Gouvernement soudanais et les parties non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour a eu lieu à Berlin les 16 et 17 avril derniers, a également noté M. Lacroix.  Il s’est félicité de voir que, pour la première fois, ces mouvements rebelles ont accepté le principe de négociations sur la base dudit Document.  L’Éthiopie a proposé que le Conseil de sécurité adopte une position unifiée vis-à-vis d’Abdul Wahid « qui ne s’intéresse pas du tout au processus de paix ». 

Le représentant du Soudan a, en outre, proposé de réduire le nombre d’experts du Comité des sanctions sur le Soudan et de lever l’embargo sur les armes imposé au Darfour.  Il a aussi suggéré, de soit radier certains noms de la liste des sanctions, soit y inscrire le nom des rebelles.

Le Soudan, a conclu la délégation, a l’intention de poursuivre « toutes les activités au service d’une paix pérenne », y compris par la campagne de collecte d’armes dont le succès a été unanimement salué.  Sur cette question, le délégué de la Guinée équatoriale a souligné que le trafic des armes légères affecte directement les pays d’Afrique centrale.  Son pays, a-t-il dit, entend initier un débat au sein du Conseil de sécurité sur cette question. 

* S/2018/530

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a présenté le Rapport spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général de l’ONU sur l’examen stratégique de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Il a indiqué que la MINUAD est en train de terminer un processus de reconfiguration entamé il y a un an et qui a conduit à la fermeture de 11 bases d’opérations.  Il a aussi parlé des modifications du mandat de la MINUAD qui consiste désormais en des activités de maintien de la paix dans le Jebel Marra et de consolidation de la paix pour le reste du Darfour.

Il a indiqué que la situation sécuritaire au Darfour reste globalement calme après deux saisons sèches sans affrontements à grande échelle.  Les heurts entre forces gouvernementales et rebelles sont circonscrits aux zones montagneuses du Jebel Marra où l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) maintient une présence.  Des affrontements intermittents ont eu lieu depuis mars dernier, et les forces gouvernementales mettent la pression sur les bastions de ce groupe armé au Jebel Marra.  Les offensives rebelles se sont pour leur part limitées à des embuscades.  Il est difficile de vérifier ces incidents, a expliqué M. Lacroix, du fait des restrictions d’accès imposées à la MINUAD et à la communauté humanitaire.  De même pour les déplacements des populations causés par ces affrontements, dont l’ampleur n’a été que partiellement vérifiée.  Le Gouvernement est donc invité à accorder un accès à la MINUAD et à ses partenaires humanitaires pour qu’ils atteignent les nécessiteux.

M. Lacroix a indiqué que les affrontements intercommunautaires restent faibles, même si on note une augmentation marginale du nombre d’incidents de ce genre, des incidents qui ont causé des morts et des blessés.  Mais la violence contre les déplacés demeure une préoccupation, notamment les attaques contre les camps et les évictions forcées. 

Des efforts pour relancer le processus de paix, lequel se trouve dans l’impasse, se sont poursuivis, avec notamment une réunion entre le Gouvernement soudanais et les parties non signataires du Document de Doha à Berlin les 16 et 17 avril derniers pour des discussions portant sur un cadre de prénégociation.  Et, pour la première fois, ces mouvements rebelles ont accepté le principe de négociation sur la base du Document de Doha pour la paix au Darfour.

Le Secrétaire général adjoint au maintien de la paix a souligné que, au vu de l’évolution du conflit au Darfour et de la nécessité de mieux servir les populations, la MINUAD doit également changer.  Ainsi, sa fonction de maintien de la paix doit désormais être orientée sur des zones où elle est le plus nécessaire, notamment le Jebel Marra où le conflit se poursuit.  Dans le reste du Darfour, le système onusien doit renforcer la capacité de ses agences, fonds et programmes qui sont les plus capables de faire face aux problèmes.  « Il est donc temps de planifier l’avenir du soutien de l’ONU et de l’Union africaine au Darfour, notamment en établissant un lien étroit entre le recul du maintien de la paix et le renforcement de la consolidation de la paix et du développement. » 

Ce lien, a-t-il expliqué, est au cœur du présent rapport qui présente deux concepts pour les deux prochaines années.  D’abord le maintien de la paix qui doit se focaliser dans les zones les plus précaires où la protection des civils, le soutien humanitaire et la médiation dans les conflits locaux restent une nécessité pour renforcer le processus de paix.  Le second concept, en collaboration avec l’équipe de pays de l’ONU, vise à lier la transition du maintien de la paix au relèvement rapide et au développement.  En ce qui concerne le maintien de la paix, la MINUAD va focaliser ses activités sur trois priorités stratégiques que sont la protection des civils, la surveillance des droits de l’homme, la facilitation de l’aide humanitaire; la médiation entre le Gouvernement soudanais et les mouvements armés non signataires sur la base du Document de Doha pour la paix au Darfour; la médiation au niveau local pour régler les conflits intercommunautaires et d’autres conflits locaux.  En conséquence, la force de l’Opération sera réduite: on passera de 8 735 à 4 050 militaires et de 2 500 à 1 870 policiers. 

La mise en œuvre de ces nouvelles orientations passe par quatre domaines jugés critiques pour prévenir une résurgence du conflit et permettre au Gouvernement, à l’équipe de pays des Nations Unies, aux partenaires de la société civile et aux acteurs de la communauté internationale de préparer comme prévu le départ de la Mission.  Ces domaines sont l’état de droit, y compris la police; la résilience et les moyens de subsistance/des solutions durables pour les populations déplacées et les communautés d’accueil; l’accès immédiat des populations déplacées aux services de base; et les droits de l’homme.  Ainsi, la MINUAD va soutenir l’établissement de bureaux de liaison communs avec l’équipe de pays dans toutes les capitales d’États, à l’exception de Zalingei, sachant que le travail de l’équipe de pays sera adapté aux besoins de chaque État.

Pour mettre en œuvre ces deux concepts, il est nécessaire d’avoir des ressources sur le long terme et l’assurance de l’augmentation des contributions volontaires, a plaidé M. Lacroix.  Le Secrétaire général adjoint a souhaité que les fonds viennent du budget ordinaire de l’ONU au cours de la période de transition et que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix aide à la mobilisation des fonds.

M. Lacroix a enfin souligné que la situation au Darfour s’est considérablement améliorée, et que les besoins des populations ont dans le même temps évolué.  Au moment où l’ONU recentre son appui au Darfour, elle a besoin de l’engagement et du soutien du Gouvernement du Soudan, de l’équipe de pays des Nations Unies, des partenaires humanitaires, des pays fournissant des contingents ou des effectifs de police, ainsi que des membres du Conseil de sécurité. 

La situation au Darfour est restée généralement stable, s’est félicité M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), en évoquant le déclin de la violence intercommunautaire et l’amélioration de l’accès humanitaire.  C’est pourquoi la Commission de l’Union africaine et le Secrétaire général concluent que les conditions permettent à la MINUAD de préparer son retrait après plus de 10 ans de présence au Soudan.  Bien entendu, a-t-il relevé, les causes profondes du conflit n’ont toujours pas été résolues.  « Cependant, la MINUAD ne représente plus l’outil adéquat pour relever les défis qui subsistent. »

Le passage du maintien de la paix à sa pérennisation est indispensable, a déclaré M. Alemu.  Selon lui, « il est indispensable d’opérer un changement dans notre façon d’aborder la situation au Darfour ».  Le Gouvernement soudanais a fait montre de volonté politique pour s’attaquer aux défis dans la région, notamment le problème des déplacés internes.  « On attend de la communauté internationale qu’elle décuple ses efforts pour appuyer le Gouvernement et contribuer à alléger les souffrances du peuple du Darfour », a-t-il ajouté.

Le Soudan a besoin d’un appui financier immédiat et considérable, a insisté le représentant éthiopien, en remerciant la Suède et « l’aide modeste d’une poignée de pays ».  Les efforts du Soudan, a-t-il insisté, ont été entravés par l’absence de capacités et de ressources.  À cet égard, il a rappelé le succès de la campagne de la collecte d’armes.  « Nous avons trop investi au Darfour pour risquer aujourd’hui une reprise du conflit faute de ressources », a poursuivi M. Alemu.  Il a espéré que la demande du Soudan pour qu’il soit déclaré éligible au Fonds pour la consolidation de la paix sera acceptée.

Enfin, a dit le représentant, le Conseil de sécurité doit adopter une position unifiée vis-à-vis d’Abdul Wahid qui ne s’intéresse pas du tout au processus de paix.  « Nous devrions tout faire pour qu’il soit rendu ineffectif. »  Il a également préconisé d’adopter des mesures adéquates vis-à-vis des groupes rebelles qui ne devraient pas être autorisés à tirer partir des activités illicites qu’ils mènent en Libye et au Soudan de Sud en utilisant le processus de paix au Darfour.  Le Conseil de sécurité devrait les considérer comme des groupes criminels transnationaux organisés. 

En conclusion, il a appuyé la prorogation du mandat de la Mission pour une nouvelle période de 12 mois.

M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a salué la campagne de collecte des armes et le redéploiement progressif de l’État soudanais au Darfour qui ont permis une amélioration de la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région.  Toutefois, force est de constater, a-t-il dit, que la situation demeure préoccupante dans le Jebel Marra, où les groupes armés associés à l’Armée de libération du Soudan, de la faction Abdul Wahid al-Nour, continuent de mener des activités criminelles et de déstabilisation.  La Côte d’Ivoire appelle donc la communauté internationale à mettre tout en œuvre pour enrayer les actions de ces groupes.

Sur le plan humanitaire, M. Djédjé a noté la persistance de deux grands défis, la question des déplacés internes et les conséquences des changements climatiques sur les capacités de résilience des populations.  Il a également encouragé le Gouvernement soudanais à redoubler d’efforts en vue d’un règlement de la question relative à la gestion des terres et appelé la communauté internationale à répondre au besoin de financement du plan d’aide humanitaire pour le Soudan au titre de l’année 2018.

Au niveau politique, la délégation ivoirienne note avec regret que certains mouvements armés ne sont pas signataires du Document de Doha, qui représente « l’unique cadre viable pour la paix au Darfour ».  À la lumière de l’expérience de son pays dans le domaine de la consolidation de la paix, le représentant a souligné le rôle déterminant de l’équipe pays des Nations Unies et appelé à lui apporter le financement nécessaire à la mise en œuvre à long terme, des activités de relèvement rapide, de développement et de consolidation de la paix.  Il a appuyé la requête du Gouvernement soudanais de bénéficier d’un financement du Fonds pour la consolidation de la paix, pour l’exécution des priorités définies dans le cadre de la transition.        

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) s’est félicité de l’accalmie dans le conflit au Darfour et a noté que la MINUAD peut désormais se préparer à quitter la région après une présence de plus de 10 ans.  Il a invité toutes les parties à adhérer au Document de Doha pour la paix au Darfour et a insisté sur la nécessité de mener un dialogue politique en incluant tout le monde.  Il a salué les efforts menés par le Gouvernement soudanais en matière de protection des civils, se félicitant notamment de la collecte des armes.  Le trafic des armes légères affecte directement les pays d’Afrique centrale, a-t-il dit en donnant l’exemple de son pays qui entend initier un débat au sein du Conseil de sécurité sur cette question. 

Le représentant a plaidé pour la poursuite des mesures de stabilisation durable du Darfour, appelant à une stratégie de retrait de la MINUAD qui soit souple et consensuelle.  Il a rappelé que le conflit au Darfour a été causé, entre autres, par des différends ethniques et fonciers.  Il a donc salué les initiatives visant à régler les problèmes fonciers.  Le délégué a également fait part de sa préoccupation face à la crise humanitaire qui est exacerbée par les changements climatiques.  Il a donc demandé que la question du Darfour soit désormais inscrite au programme de travail de la Commission de consolidation de la paix.  Une demande du Gouvernement soudanais que la Guinée équatoriale promet de soutenir.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) s’est félicité de la stabilité au Darfour, soulignant la nécessité d’encourager le renforcement des capacités des forces de l’ordre et des institutions judiciaires.  Il a salué la décision du Gouvernement et des groupes rebelles de prolonger le cessez-le-feu.

Le représentant a déclaré que la seule solution au conflit du Darfour était une solution politique tenant compte des causes profondes du conflit, y compris les différends fonciers.  Il a donc appelé à agir pour aplanir les divergences relatives au Document de Doha et a dit que le Conseil de sécurité devrait envisager de prendre des mesures nécessaires pour faire pression sur ceux qui entravent la paix. 

Le délégué a déploré la situation humanitaire qui prévaut au Darfour et a invité la communauté internationale à apporter son soutien pour y remédier.  Il a aussi affirmé que parmi les nouvelles priorités de la Mission, on note le travail à faire pour le déminage, afin d’assurer un retour en toute sécurité des déplacés.    

S’il a salué les nettes améliorations au Darfour, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est toutefois dit préoccupé par les menaces que représentent certaines milices encore actives, notamment par rapport au retour des déplacés vers leurs lieux d’origine.  Selon lui, la communauté internationale devrait redoubler d’efforts pour répondre aux besoins humanitaires et protéger les droits de l'homme de ces personnes.  De plus, il faut que toutes les parties au conflit s’engagent, avec une participation plus large de la population, et que l’on s’attaque aux causes profondes du problème.  Malgré les efforts du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine, on n’a pas encore obtenu d’accord avec les groupes armés non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour, a regretté le représentant.  L’objet des conflits intercommunautaires, a-t-il par ailleurs souligné, reste la distribution des terres et des ressources naturelles, et notamment de l’eau, dans un contexte de réchauffement planétaire et de désertification.

Le délégué a constaté avec inquiétude une réduction des capacités du suivi de la situation humanitaire et des droits de l’homme au Darfour.  Le Pérou, a-t-il indiqué, appuie la proposition consistant à investir davantage dans la consolidation de la paix, le relèvement et le développement du Darfour.  Il faut évaluer les conséquences du retrait de la MINUAD sur la population et éviter toute précipitation à ce sujet, a-t-il enfin recommandé.  

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) s’est dit encouragé de constater l’amélioration de la situation sécuritaire au Darfour, à laquelle a contribué la collecte des armes.  Mais, a-t-il ajouté, les progrès restent insuffisants pour la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour.  Il a donc engagé toutes les parties à participer à un processus politique inclusif.

D’après le représentant, le Conseil de sécurité devrait envisager des mesures « pour accroître la pression sur ceux qui compromettent le processus de paix ».  Il faut également des mesures pour s’attaquer aux causes profondes du conflit, ainsi que des solutions durables pour les déplacés.  Le délégué a appuyé l’approche globale sur la question du Darfour qui est suivie à l’échelle du système des Nations Unies, et notamment le retrait prévu de la MINUAD dans un délai de deux ans.  « Le succès de ce concept exigera des investissements et une action coordonnée de la part des Nations Unies », a-t-il conclu.  

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a jugé crucial le renforcement des secteurs de la sécurité et de la justice pour parvenir à une paix durable au Darfour.  Il a souligné que le Document de Doha pour la paix au Darfour reste la base des discussions pour se mettre d’accord sur une sortie de crise, y compris avec les parties non signataires.  Le représentant a souhaité que le nouveau mandat de la MINUAD soit conforme à la réalité sur le terrain, un mandat qui tienne également compte des orientations de la Ligue des États arabes telles que rendues publiques au dernier Sommet de l’organisation en avril dernier.  Le délégué a en outre insisté sur l’appui international dont le Soudan a besoin, notamment sur le plan humanitaire et dans le cadre de la mise en œuvre de projets de développement dans le pays.

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) a rappelé que la situation au Darfour a évolué sur tous les aspects, y compris les questions sécuritaires et humanitaires, comme l’ont prouvé les derniers rapports.  Il a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur l’intention du Gouvernement soudanais de poursuivre « toutes les activités au service d’une paix pérenne », y compris la campagne de collecte des armes.  Il a réaffirmé que la question des déplacés est une priorité. 

Le Document de Doha pour la paix au Darfour demeure le seul cadre politique agréé, a poursuivi le délégué en expliquant que le Gouvernement soudanais réfléchit, avec l’aide du Qatar, à « comment assurer la mise en œuvre des éléments restants ».  Il est important, a-t-il fait valoir, d’associer les non-signataires au processus de paix.  La communauté internationale devrait, selon lui, exercer « des pressions sur les mouvements armés qui n’ont pas signé le Document de Doha ».  Le Gouvernement du Soudan continuera de coopérer avec la MINUAD et avec l’équipe de pays au Soudan qui, a-t-il espéré, bénéficiera d’un appui adéquat, tant financier qu’au niveau des ressources humaines.

La situation au Darfour se passe de commentaires, a résumé le représentant en relevant que « la paix est aujourd’hui tangible sur l’intégralité des terres ».  Il a appelé les pays donateurs à s’acquitter de leurs engagements en soutenant les programmes de développement et en s’attaquant aux causes profondes du conflit en fonction des besoins qui vont devoir être satisfaits.

Le représentant a aussi lancé « un appel en faveur de l’unité et de la cohésion de tous les mécanismes établis par le Conseil de sécurité sur le Soudan ».  Il a proposé de réduire le nombre d’experts et de lever l’embargo militaire imposé au Darfour.  De plus, il faut à son avis soit radier les noms de la liste des sanctions, soit y inscrire le nom des rebelles.  Il a conclu en soulignant l’importance de l’autonomisation des forces de sécurité soudanaises pour combler le vide qui sera laissé par le départ de la MINUAD.     

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG clôt sa session 2018 et recommande à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif à 209 organisations non gouvernementales

Reprise de la session 2018,
30e séance – matin
ECOSOC/6928-ONG/877

Le Comité des ONG clôt sa session 2018 et recommande à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif à 209 organisations non gouvernementales

Le Comité chargé des ONG, présidé par M. Jorge Dotta, de l’Uruguay, a adopté ce matin le rapport final de la deuxième reprise de session qu’il a tenue du 21 au 30 mai.  Le Comité a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif général à 4 ONG et le statut consultatif spécial à 209.

« Global Economist Forum » du Bangladesh, « The Sant Nirankari Mandal Plus ha » de l’Inde, « Universal Peace Federation » des États-Unis et « Imam Ali’s Popular Students Relief Society » de l’Iran s’attendent donc à être « reclassées » au statut le plus élevé, le statut consultatif général.  Elles seront ainsi reconnues comme de grandes ONG internationales dont le travail couvre la majorité des points contenus dans l’ordre du jour de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG seront autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le deuxième statut le plus élevé, le statut consultatif spécial, a été recommandé pour 209 ONG sur 472 demandes.  Ces organisations sont désormais reconnues comme travaillant dans un domaine spécifique lié à l’agenda de l’ECOSOC et donc habilitées à soumettre à ce dernier des communications écrites et des pétitions.  La Liste, troisième statut qui n’a fait l’objet d’aucune demande, est réservée aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

Aujourd’hui, a poursuivi le Rapporteur, M. Farid Jabrayilov, le Comité a reporté sa décision sur 233 dossiers dans l’attente des précisions demandées par ses membres.  Les États-Unis ont regretté que 55% des demandes de statut consultatif spécial aient été ainsi reportées, soulignant l’importance qu’il y a à ce que l’ONU s’ouvre aux ONG.  L’Arménie a ainsi dénoncé les abus de « deux membres connus » du Comité qui ont posé des questions répétitives aux ONG arméniennes, retardant la décision sur leur demande.  « C’est un message négatif et une attaque à la réputation du Comité. » 

Le Comité a aussi pris note de 10 demandes de changement de nom et reporté sa décision sur une onzième.  Il a également noté une demande de fusion et clos 29 dossiers, avant d’approuver les rapports quadriennaux de 196 organisations sur les 296 qui lui étaient soumis.

Le Comité, qui est un organe permanent de l’ECOSOC, est composé de 19 membres élus sur la base d’une représentation géographique équitable.  Il tiendra le 22 juin ses toutes premières consultations avec les ONG dont plus de 300 ont confirmé leur présence et 195 ont fait des contributions par écrit.  Nous parlons bien de « consultations techniques », a précisé la Chine qui a demandé au secrétariat du Comité de faire tout son possible pour traduire le rapport de la réunion dans les six langues officielles de l’ONU.  Nous comptons sur des consultations « efficaces », ont prévenu les États-Unis.  La réunion permettra au Comité d’accomplir au mieux son mandat et d’améliorer ses méthodes de travail, a commenté le Président qui achève son mandat de quatre ans.       

Le secrétariat a annoncé que d’ores et déjà 826 nouvelles demandes de statut consultatif spécial attendent, en 2019, le Comité qui tiendra sa prochaine session du 21 au 30 janvier 2019 et du 16 au 24 mai 2019.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.