8283e séance – après-midi
CS/13375

Darfour: Jean-Pierre Lacroix présente au Conseil de sécurité deux concepts à appliquer dans quatre domaines critiques, pour éviter une résurgence du conflit

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a présenté au Conseil de sécurité, cet après-midi, le Rapport spécial* du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies sur l’examen stratégique de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), une mission créée en 2003 qui est actuellement en cours de reconfiguration.

Le haut fonctionnaire a ainsi détaillé deux nouveaux concepts devant être mis en œuvre dans quatre domaines critiques pour éviter une résurgence du conflit dans un Darfour jugé globalement calme, en dépit de quelques affrontements isolés dans le Jebel Marra entre les forces gouvernementales et les rebelles de l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid al-Nour(ALS/AW).

L’an dernier, le 29 juin, le Conseil de sécurité avait déjà constaté cette accalmie et avait décidé, par sa résolution 2363 (2017), de reconfigurer la MINUAD, afin de l’adapter à la nouvelle donne marquée par une quasi-cessation des combats.

M. Lacroix a indiqué que la MINUAD est en train de terminer un processus de reconfiguration entamé, il y a un an, qui a conduit à la fermeture de 11 bases d’opérations et à une modification de son mandat.  Si la Mission doit viser le maintien de la paix dans le Jebel Marra, elle doit plutôt contribuer à la consolidation de la paix et au développement pour le reste du Darfour, « en vue de mieux servir les populations ».  Dans cette partie du Darfour, le système onusien entend donc renforcer la capacité de ses agences, fonds et programmes qui sont les mieux armés pour faire face aux problèmes.

« Il est donc temps de planifier l’avenir du soutien de l’ONU et de l’Union africaine au Darfour, notamment en établissant un lien étroit entre le retrait du maintien de la paix et le renforcement de la consolidation de la paix et du développement », a expliqué le Secrétaire général adjoint, appuyé en cela par la plupart des orateurs, y compris le délégué de l’Éthiopie qui a jugé « indispensable d’opérer un changement dans notre façon d’aborder la situation au Darfour ». 

Le Rapport spécial prévoit ainsi la restructuration de l’Opération, immédiatement après l’adoption du nouveau mandat par le Conseil de sécurité, première étape avant sa phase de liquidation qui s’achèverait au plus tard en décembre 2020.  La force de la Mission serait, dans un premier temps, réduite: on passerait de 8 735 à 4 050 militaires et de 2 500 à 1 870 policiers.

Comme l’a expliqué M. Lacroix, il est prévu que les activités de maintien de la paix se focalisent sur les zones les plus précaires où la protection des civils, le soutien humanitaire et la médiation dans les conflits locaux sont nécessaires pour renforcer le processus de paix.  Le second concept vise à faire le lien et la transition, avec la collaboration avec l’équipe de pays de l’ONU, entre maintien de la paix, d’un côté, et relèvement rapide et développement, de l’autre.

La mise en œuvre de ces nouvelles orientations doit se faire dans quatre domaines jugés critiques pour prévenir une résurgence du conflit.  Il s’agit de l’état de droit, y compris la police; la résilience et les moyens de subsistance - des solutions durables pour les populations déplacées et les communautés d’accueil; l’accès immédiat des populations déplacées aux services de base; et les droits de l’homme.

Pour y parvenir, la MINUAD entend soutenir l’établissement de bureaux de liaison communs avec l’équipe de pays des Nations Unies dans toutes les capitales d’États, à l’exception de Zalingei, et s’assurer que le travail de l’équipe de pays est adapté aux besoins de chaque État. 

La nécessité de disposer de ressources sur le long terme et de s’assurer de l’augmentation des contributions volontaires, pour mettre en œuvre ces deux concepts, a été soulignée par M. Lacroix.  Il faut que les fonds nécessaires à la période de transition viennent du budget ordinaire et que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix aide à la mobilisation des fonds, a-t-il précisé.

Dans cette optique, le représentant de l’Éthiopie a dit espérer que le Soudan pourra bénéficier du soutien du Fonds pour la consolidation de la paix.  « Nous avons trop investi au Darfour pour risquer aujourd’hui une reprise du conflit faute de ressources », a-t-il argué.  Le représentant du Soudan a pour sa part appelé les pays donateurs à s’acquitter de leurs engagements en soutenant les programmes de développement et en s’attaquant aux causes profondes du conflit en fonction des besoins qui vont devoir être satisfaits. 

Pour relancer le processus de paix qui se trouve dans l’impasse, une réunion entre le Gouvernement soudanais et les parties non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour a eu lieu à Berlin les 16 et 17 avril derniers, a également noté M. Lacroix.  Il s’est félicité de voir que, pour la première fois, ces mouvements rebelles ont accepté le principe de négociations sur la base dudit Document.  L’Éthiopie a proposé que le Conseil de sécurité adopte une position unifiée vis-à-vis d’Abdul Wahid « qui ne s’intéresse pas du tout au processus de paix ». 

Le représentant du Soudan a, en outre, proposé de réduire le nombre d’experts du Comité des sanctions sur le Soudan et de lever l’embargo sur les armes imposé au Darfour.  Il a aussi suggéré, de soit radier certains noms de la liste des sanctions, soit y inscrire le nom des rebelles.

Le Soudan, a conclu la délégation, a l’intention de poursuivre « toutes les activités au service d’une paix pérenne », y compris par la campagne de collecte d’armes dont le succès a été unanimement salué.  Sur cette question, le délégué de la Guinée équatoriale a souligné que le trafic des armes légères affecte directement les pays d’Afrique centrale.  Son pays, a-t-il dit, entend initier un débat au sein du Conseil de sécurité sur cette question. 

* S/2018/530

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a présenté le Rapport spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général de l’ONU sur l’examen stratégique de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Il a indiqué que la MINUAD est en train de terminer un processus de reconfiguration entamé il y a un an et qui a conduit à la fermeture de 11 bases d’opérations.  Il a aussi parlé des modifications du mandat de la MINUAD qui consiste désormais en des activités de maintien de la paix dans le Jebel Marra et de consolidation de la paix pour le reste du Darfour.

Il a indiqué que la situation sécuritaire au Darfour reste globalement calme après deux saisons sèches sans affrontements à grande échelle.  Les heurts entre forces gouvernementales et rebelles sont circonscrits aux zones montagneuses du Jebel Marra où l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) maintient une présence.  Des affrontements intermittents ont eu lieu depuis mars dernier, et les forces gouvernementales mettent la pression sur les bastions de ce groupe armé au Jebel Marra.  Les offensives rebelles se sont pour leur part limitées à des embuscades.  Il est difficile de vérifier ces incidents, a expliqué M. Lacroix, du fait des restrictions d’accès imposées à la MINUAD et à la communauté humanitaire.  De même pour les déplacements des populations causés par ces affrontements, dont l’ampleur n’a été que partiellement vérifiée.  Le Gouvernement est donc invité à accorder un accès à la MINUAD et à ses partenaires humanitaires pour qu’ils atteignent les nécessiteux.

M. Lacroix a indiqué que les affrontements intercommunautaires restent faibles, même si on note une augmentation marginale du nombre d’incidents de ce genre, des incidents qui ont causé des morts et des blessés.  Mais la violence contre les déplacés demeure une préoccupation, notamment les attaques contre les camps et les évictions forcées. 

Des efforts pour relancer le processus de paix, lequel se trouve dans l’impasse, se sont poursuivis, avec notamment une réunion entre le Gouvernement soudanais et les parties non signataires du Document de Doha à Berlin les 16 et 17 avril derniers pour des discussions portant sur un cadre de prénégociation.  Et, pour la première fois, ces mouvements rebelles ont accepté le principe de négociation sur la base du Document de Doha pour la paix au Darfour.

Le Secrétaire général adjoint au maintien de la paix a souligné que, au vu de l’évolution du conflit au Darfour et de la nécessité de mieux servir les populations, la MINUAD doit également changer.  Ainsi, sa fonction de maintien de la paix doit désormais être orientée sur des zones où elle est le plus nécessaire, notamment le Jebel Marra où le conflit se poursuit.  Dans le reste du Darfour, le système onusien doit renforcer la capacité de ses agences, fonds et programmes qui sont les plus capables de faire face aux problèmes.  « Il est donc temps de planifier l’avenir du soutien de l’ONU et de l’Union africaine au Darfour, notamment en établissant un lien étroit entre le recul du maintien de la paix et le renforcement de la consolidation de la paix et du développement. » 

Ce lien, a-t-il expliqué, est au cœur du présent rapport qui présente deux concepts pour les deux prochaines années.  D’abord le maintien de la paix qui doit se focaliser dans les zones les plus précaires où la protection des civils, le soutien humanitaire et la médiation dans les conflits locaux restent une nécessité pour renforcer le processus de paix.  Le second concept, en collaboration avec l’équipe de pays de l’ONU, vise à lier la transition du maintien de la paix au relèvement rapide et au développement.  En ce qui concerne le maintien de la paix, la MINUAD va focaliser ses activités sur trois priorités stratégiques que sont la protection des civils, la surveillance des droits de l’homme, la facilitation de l’aide humanitaire; la médiation entre le Gouvernement soudanais et les mouvements armés non signataires sur la base du Document de Doha pour la paix au Darfour; la médiation au niveau local pour régler les conflits intercommunautaires et d’autres conflits locaux.  En conséquence, la force de l’Opération sera réduite: on passera de 8 735 à 4 050 militaires et de 2 500 à 1 870 policiers. 

La mise en œuvre de ces nouvelles orientations passe par quatre domaines jugés critiques pour prévenir une résurgence du conflit et permettre au Gouvernement, à l’équipe de pays des Nations Unies, aux partenaires de la société civile et aux acteurs de la communauté internationale de préparer comme prévu le départ de la Mission.  Ces domaines sont l’état de droit, y compris la police; la résilience et les moyens de subsistance/des solutions durables pour les populations déplacées et les communautés d’accueil; l’accès immédiat des populations déplacées aux services de base; et les droits de l’homme.  Ainsi, la MINUAD va soutenir l’établissement de bureaux de liaison communs avec l’équipe de pays dans toutes les capitales d’États, à l’exception de Zalingei, sachant que le travail de l’équipe de pays sera adapté aux besoins de chaque État.

Pour mettre en œuvre ces deux concepts, il est nécessaire d’avoir des ressources sur le long terme et l’assurance de l’augmentation des contributions volontaires, a plaidé M. Lacroix.  Le Secrétaire général adjoint a souhaité que les fonds viennent du budget ordinaire de l’ONU au cours de la période de transition et que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix aide à la mobilisation des fonds.

M. Lacroix a enfin souligné que la situation au Darfour s’est considérablement améliorée, et que les besoins des populations ont dans le même temps évolué.  Au moment où l’ONU recentre son appui au Darfour, elle a besoin de l’engagement et du soutien du Gouvernement du Soudan, de l’équipe de pays des Nations Unies, des partenaires humanitaires, des pays fournissant des contingents ou des effectifs de police, ainsi que des membres du Conseil de sécurité. 

La situation au Darfour est restée généralement stable, s’est félicité M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), en évoquant le déclin de la violence intercommunautaire et l’amélioration de l’accès humanitaire.  C’est pourquoi la Commission de l’Union africaine et le Secrétaire général concluent que les conditions permettent à la MINUAD de préparer son retrait après plus de 10 ans de présence au Soudan.  Bien entendu, a-t-il relevé, les causes profondes du conflit n’ont toujours pas été résolues.  « Cependant, la MINUAD ne représente plus l’outil adéquat pour relever les défis qui subsistent. »

Le passage du maintien de la paix à sa pérennisation est indispensable, a déclaré M. Alemu.  Selon lui, « il est indispensable d’opérer un changement dans notre façon d’aborder la situation au Darfour ».  Le Gouvernement soudanais a fait montre de volonté politique pour s’attaquer aux défis dans la région, notamment le problème des déplacés internes.  « On attend de la communauté internationale qu’elle décuple ses efforts pour appuyer le Gouvernement et contribuer à alléger les souffrances du peuple du Darfour », a-t-il ajouté.

Le Soudan a besoin d’un appui financier immédiat et considérable, a insisté le représentant éthiopien, en remerciant la Suède et « l’aide modeste d’une poignée de pays ».  Les efforts du Soudan, a-t-il insisté, ont été entravés par l’absence de capacités et de ressources.  À cet égard, il a rappelé le succès de la campagne de la collecte d’armes.  « Nous avons trop investi au Darfour pour risquer aujourd’hui une reprise du conflit faute de ressources », a poursuivi M. Alemu.  Il a espéré que la demande du Soudan pour qu’il soit déclaré éligible au Fonds pour la consolidation de la paix sera acceptée.

Enfin, a dit le représentant, le Conseil de sécurité doit adopter une position unifiée vis-à-vis d’Abdul Wahid qui ne s’intéresse pas du tout au processus de paix.  « Nous devrions tout faire pour qu’il soit rendu ineffectif. »  Il a également préconisé d’adopter des mesures adéquates vis-à-vis des groupes rebelles qui ne devraient pas être autorisés à tirer partir des activités illicites qu’ils mènent en Libye et au Soudan de Sud en utilisant le processus de paix au Darfour.  Le Conseil de sécurité devrait les considérer comme des groupes criminels transnationaux organisés. 

En conclusion, il a appuyé la prorogation du mandat de la Mission pour une nouvelle période de 12 mois.

M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a salué la campagne de collecte des armes et le redéploiement progressif de l’État soudanais au Darfour qui ont permis une amélioration de la situation sécuritaire dans l’ensemble de la région.  Toutefois, force est de constater, a-t-il dit, que la situation demeure préoccupante dans le Jebel Marra, où les groupes armés associés à l’Armée de libération du Soudan, de la faction Abdul Wahid al-Nour, continuent de mener des activités criminelles et de déstabilisation.  La Côte d’Ivoire appelle donc la communauté internationale à mettre tout en œuvre pour enrayer les actions de ces groupes.

Sur le plan humanitaire, M. Djédjé a noté la persistance de deux grands défis, la question des déplacés internes et les conséquences des changements climatiques sur les capacités de résilience des populations.  Il a également encouragé le Gouvernement soudanais à redoubler d’efforts en vue d’un règlement de la question relative à la gestion des terres et appelé la communauté internationale à répondre au besoin de financement du plan d’aide humanitaire pour le Soudan au titre de l’année 2018.

Au niveau politique, la délégation ivoirienne note avec regret que certains mouvements armés ne sont pas signataires du Document de Doha, qui représente « l’unique cadre viable pour la paix au Darfour ».  À la lumière de l’expérience de son pays dans le domaine de la consolidation de la paix, le représentant a souligné le rôle déterminant de l’équipe pays des Nations Unies et appelé à lui apporter le financement nécessaire à la mise en œuvre à long terme, des activités de relèvement rapide, de développement et de consolidation de la paix.  Il a appuyé la requête du Gouvernement soudanais de bénéficier d’un financement du Fonds pour la consolidation de la paix, pour l’exécution des priorités définies dans le cadre de la transition.        

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) s’est félicité de l’accalmie dans le conflit au Darfour et a noté que la MINUAD peut désormais se préparer à quitter la région après une présence de plus de 10 ans.  Il a invité toutes les parties à adhérer au Document de Doha pour la paix au Darfour et a insisté sur la nécessité de mener un dialogue politique en incluant tout le monde.  Il a salué les efforts menés par le Gouvernement soudanais en matière de protection des civils, se félicitant notamment de la collecte des armes.  Le trafic des armes légères affecte directement les pays d’Afrique centrale, a-t-il dit en donnant l’exemple de son pays qui entend initier un débat au sein du Conseil de sécurité sur cette question. 

Le représentant a plaidé pour la poursuite des mesures de stabilisation durable du Darfour, appelant à une stratégie de retrait de la MINUAD qui soit souple et consensuelle.  Il a rappelé que le conflit au Darfour a été causé, entre autres, par des différends ethniques et fonciers.  Il a donc salué les initiatives visant à régler les problèmes fonciers.  Le délégué a également fait part de sa préoccupation face à la crise humanitaire qui est exacerbée par les changements climatiques.  Il a donc demandé que la question du Darfour soit désormais inscrite au programme de travail de la Commission de consolidation de la paix.  Une demande du Gouvernement soudanais que la Guinée équatoriale promet de soutenir.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) s’est félicité de la stabilité au Darfour, soulignant la nécessité d’encourager le renforcement des capacités des forces de l’ordre et des institutions judiciaires.  Il a salué la décision du Gouvernement et des groupes rebelles de prolonger le cessez-le-feu.

Le représentant a déclaré que la seule solution au conflit du Darfour était une solution politique tenant compte des causes profondes du conflit, y compris les différends fonciers.  Il a donc appelé à agir pour aplanir les divergences relatives au Document de Doha et a dit que le Conseil de sécurité devrait envisager de prendre des mesures nécessaires pour faire pression sur ceux qui entravent la paix. 

Le délégué a déploré la situation humanitaire qui prévaut au Darfour et a invité la communauté internationale à apporter son soutien pour y remédier.  Il a aussi affirmé que parmi les nouvelles priorités de la Mission, on note le travail à faire pour le déminage, afin d’assurer un retour en toute sécurité des déplacés.    

S’il a salué les nettes améliorations au Darfour, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est toutefois dit préoccupé par les menaces que représentent certaines milices encore actives, notamment par rapport au retour des déplacés vers leurs lieux d’origine.  Selon lui, la communauté internationale devrait redoubler d’efforts pour répondre aux besoins humanitaires et protéger les droits de l'homme de ces personnes.  De plus, il faut que toutes les parties au conflit s’engagent, avec une participation plus large de la population, et que l’on s’attaque aux causes profondes du problème.  Malgré les efforts du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine, on n’a pas encore obtenu d’accord avec les groupes armés non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour, a regretté le représentant.  L’objet des conflits intercommunautaires, a-t-il par ailleurs souligné, reste la distribution des terres et des ressources naturelles, et notamment de l’eau, dans un contexte de réchauffement planétaire et de désertification.

Le délégué a constaté avec inquiétude une réduction des capacités du suivi de la situation humanitaire et des droits de l’homme au Darfour.  Le Pérou, a-t-il indiqué, appuie la proposition consistant à investir davantage dans la consolidation de la paix, le relèvement et le développement du Darfour.  Il faut évaluer les conséquences du retrait de la MINUAD sur la population et éviter toute précipitation à ce sujet, a-t-il enfin recommandé.  

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) s’est dit encouragé de constater l’amélioration de la situation sécuritaire au Darfour, à laquelle a contribué la collecte des armes.  Mais, a-t-il ajouté, les progrès restent insuffisants pour la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour.  Il a donc engagé toutes les parties à participer à un processus politique inclusif.

D’après le représentant, le Conseil de sécurité devrait envisager des mesures « pour accroître la pression sur ceux qui compromettent le processus de paix ».  Il faut également des mesures pour s’attaquer aux causes profondes du conflit, ainsi que des solutions durables pour les déplacés.  Le délégué a appuyé l’approche globale sur la question du Darfour qui est suivie à l’échelle du système des Nations Unies, et notamment le retrait prévu de la MINUAD dans un délai de deux ans.  « Le succès de ce concept exigera des investissements et une action coordonnée de la part des Nations Unies », a-t-il conclu.  

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a jugé crucial le renforcement des secteurs de la sécurité et de la justice pour parvenir à une paix durable au Darfour.  Il a souligné que le Document de Doha pour la paix au Darfour reste la base des discussions pour se mettre d’accord sur une sortie de crise, y compris avec les parties non signataires.  Le représentant a souhaité que le nouveau mandat de la MINUAD soit conforme à la réalité sur le terrain, un mandat qui tienne également compte des orientations de la Ligue des États arabes telles que rendues publiques au dernier Sommet de l’organisation en avril dernier.  Le délégué a en outre insisté sur l’appui international dont le Soudan a besoin, notamment sur le plan humanitaire et dans le cadre de la mise en œuvre de projets de développement dans le pays.

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) a rappelé que la situation au Darfour a évolué sur tous les aspects, y compris les questions sécuritaires et humanitaires, comme l’ont prouvé les derniers rapports.  Il a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur l’intention du Gouvernement soudanais de poursuivre « toutes les activités au service d’une paix pérenne », y compris la campagne de collecte des armes.  Il a réaffirmé que la question des déplacés est une priorité. 

Le Document de Doha pour la paix au Darfour demeure le seul cadre politique agréé, a poursuivi le délégué en expliquant que le Gouvernement soudanais réfléchit, avec l’aide du Qatar, à « comment assurer la mise en œuvre des éléments restants ».  Il est important, a-t-il fait valoir, d’associer les non-signataires au processus de paix.  La communauté internationale devrait, selon lui, exercer « des pressions sur les mouvements armés qui n’ont pas signé le Document de Doha ».  Le Gouvernement du Soudan continuera de coopérer avec la MINUAD et avec l’équipe de pays au Soudan qui, a-t-il espéré, bénéficiera d’un appui adéquat, tant financier qu’au niveau des ressources humaines.

La situation au Darfour se passe de commentaires, a résumé le représentant en relevant que « la paix est aujourd’hui tangible sur l’intégralité des terres ».  Il a appelé les pays donateurs à s’acquitter de leurs engagements en soutenant les programmes de développement et en s’attaquant aux causes profondes du conflit en fonction des besoins qui vont devoir être satisfaits.

Le représentant a aussi lancé « un appel en faveur de l’unité et de la cohésion de tous les mécanismes établis par le Conseil de sécurité sur le Soudan ».  Il a proposé de réduire le nombre d’experts et de lever l’embargo militaire imposé au Darfour.  De plus, il faut à son avis soit radier les noms de la liste des sanctions, soit y inscrire le nom des rebelles.  Il a conclu en soulignant l’importance de l’autonomisation des forces de sécurité soudanaises pour combler le vide qui sera laissé par le départ de la MINUAD.     

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