L’Assemblée générale s’informe des progrès « inégaux et fragiles » dans la lutte contre le VIH/sida et proclame le 16 juin « Journée internationale des envois de fonds à la famille »
L’Assemblée générale a assuré aujourd’hui le suivi des 10 engagements de la Déclaration de 2016 sur le VIH/sida, proclamé le 16 juin, « Journée internationale des envois de fonds à la famille » et adopté une résolution sur les déplacés et les réfugiés géorgiens.
À mi-chemin de la période prévue pour remplir les engagements pris dans la Déclaration sur le VIH/sida, des progrès importants ont été faits pour ce qui est de mettre fin, d’ici à 2030, à l’épidémie, ont reconnu les délégations peu nombreuses, selon le Malawi, qui a espéré que « cela ne traduit pas une attitude consistant à dire, le VIH/sida, c’est votre problème ». Les progrès sont là mais le VIH a tué en 2016 un million de personnes dans le monde, a en effet prévenu le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák.
Seulement 63% des personnes infectées ont accès aux antirétroviraux alors que l’Objectif « 90/90/90 » d’ONUSIDA auquel tous les États ont adhéré est que d’ici à 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% des séropositifs reçoivent un traitement antirétroviral durable et 90% des personnes traitées aient une charge virale durablement supprimée.
Les progrès sont « inégaux et fragiles », a prévenu, à son tour, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres. Sur tous les continents, les populations à risques sont de plus en plus laissées de côté, en particulier les jeunes. Comme beaucoup d’autres après lui, le Secrétaire général a insisté sur la prévention dont la « Feuille de route 2020 » se focalise explicitement sur les adolescentes, les jeunes femmes et les populations à risques. Les ratés de la prévention s’expliquent d’ailleurs, a estimé la Norvège, par le fait que la santé sexuelle et reproductive est une question sensible. Or, donner aux jeunes une éducation sexuelle est essentiel pour prévenir le VIH et les autres malades sexuellement transmissibles.
L’accent sur les droits de l’homme, les populations clefs et l’égalité des sexes est essentiel, a ajouté le Secrétaire général qui a appelé à un plus grand leadership et à des investissements pour lever les barrières sociales et politiques qui empêchent beaucoup de gens d’accéder aux services nécessaires.
Le Secrétaire général a rappelé que 2018 marque le quinzième anniversaire du Plan d’urgence du Président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR). C’est la première fois, se sont réjouis les États-Unis, que la communauté mondiale est sur le point de contrôler une pandémie sans vaccin ni traitement définitif, ouvrant la voie à l’éradication du VIH. Le mois prochain, a annoncé le Secrétaire général, les scientifiques et les militants du monde entier se réuniront à Amsterdam à la Conférence internationale sur le sida.
Le Président de l’Assemblée générale a annoncé une autre réunion, la toute première rencontre de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose, le 26 septembre prochain, car les personnes infectées par le VIH/sida ont 20 à 30 fois plus de chances de contracter la tuberculose. Toujours en septembre, l’Assemblée tiendra sa troisième réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles et c’est là, a estimé le Président, une autre grande occasion puisque les personnes vivant avec le VIH/sida y sont particulièrement vulnérables.
Toutes les délégations ont prôné une approche plus intégrée, la santé étant cruciale pour tous les 16 autres objectifs de développement durable. La question de la couverture santé universelle sera d’ailleurs à l’ordre du jour de l’Assemblée générale en 2019 car elle pourrait accélérer les efforts pour éradiquer le VIH/sida, une fois pour toutes, a indiqué le Président de l’Assemblée.
Toujours aujourd’hui, l’Assemblée a proclamé le 16 juin, « Journée internationale des envois de fonds à la famille » lesquels représentaient la somme de 466 milliards de dollars en 2017, selon les Philippines, présentateur d’une résolution qui demande au Fonds international de développement agricole (FIDA) de contribuer activement à l’observance de la Journée, notamment par le canal du Forum mondial sur les transferts d’argent, l’investissement et le développement.
L’Assemblée a aussi adopté par 81 voix pour, 16 voix contre et 62 abstentions une résolution sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie, Géorgie, et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, Géorgie, par laquelle elle reconnaît le droit qu’ont tous les déplacés et les réfugiés, et leurs descendants, indépendamment de leur origine ethnique, de rentrer chez eux partout en Géorgie, y compris en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud.
Elle réaffirme que les changements démographiques imposés sont inacceptables et qu’il faut d’urgence assurer le libre accès de tous les déplacés, réfugiés et autres habitants de toutes les zones touchées par le conflit partout en Géorgie aux activités humanitaires. L’Assemblée invite tous les participants aux pourparlers de Genève à redoubler d’efforts en vue d’établir une paix durable, à s’engager à renforcer la confiance et à prendre immédiatement des mesures pour faire respecter les droits de l’homme et instaurer des conditions de sécurité propices au retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers, selon un calendrier défini.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA
Rapport du Secrétaire général intitulé « Mettre la lutte contre le sida au service de la réforme de l’Organisation des Nations Unies et de la santé mondiale » ((A/72/815)
À mi-chemin de la période prévue pour remplir les engagements pris par l’Assemblée générale en 2016 dans le cadre de la stratégie d’accélération de la riposte, des progrès importants ont été faits pour ce qui est de mettre fin, d’ici à 2030, à l’épidémie de sida.
Le Secrétaire général pointe les progrès dans la plupart des 10 engagements pris dans la Déclaration politique de 2016 sur le VIH et le sida. La majorité des personnes vivant avec le VIH ont accès à un traitement et les décès dus au sida ont baissé d’un tiers depuis 2010. Toutefois, afin de réaliser pleinement la cible 90–90–90 d’ici à 2020, il faut, prévient le Secrétaire général, développer des méthodes de dépistage du VIH pilotées par les collectivités et axées sur les personnes, assurer une prise en charge immédiate ainsi que la continuité des soins et favoriser l’observance thérapeutique. Les techniques de dépistage du VIH et les combinaisons de traitements qui ont été mises au point ou améliorées récemment doivent être mises à profit dans les meilleurs délais.
Les avancées réalisées dans la lutte mondiale contre la tuberculose et le VIH ont permis de réduire de plus d’un tiers le nombre des décès liés à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Il est encore possible d’éliminer la transmission du VIH de la mère à l’enfant. En effet, à l’heure actuelle, moins d’enfants contractent le VIH pendant l’accouchement. Cependant, l’élargissement de l’accès aux traitements pédiatriques n’avance pas assez rapidement pour que l’objectif mondial consistant à fournir à 1,6 million d’enfants un traitement puisse être atteint en 2018.
De plus en plus de pays et de villes montrent que l’adoption d’une approche combinée de la prévention du VIH qui respecte et protège les droits des personnes les plus vulnérables peut permettre de réduire considérablement l’incidence. La stigmatisation, la discrimination, l’inégalité entre les sexes, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les autres inégalités sociales auxquelles sont confrontées les personnes les plus exposées au risque d’infection à VIH et les personnes vivant avec cette maladie constituent des obstacles juridiques et politiques à l’utilisation des services et entravent les efforts visant à faire reculer le nombre de nouvelles infections à VIH. De plus, les investissements mondiaux sont insuffisants: ils sont inférieurs de presque 7 milliards de dollars à l’engagement pris dans la Déclaration politique de 2016.
L’épidémie de sida sévit encore, mais il est possible d’y mettre fin. La lutte mondiale contre le sida a favorisé l’innovation dans les domaines de la santé mondiale, du développement durable et de la coordination au sein du système des Nations Unies pour le développement. À l’avenir, l’approche commune des Nations Unies en matière de lutte contre le sida, le partenariat H6 et le programme de réforme plus vaste de l’ONU seront l’occasion d’accélérer les progrès sur la voie de l’élimination du sida ainsi que de la réalisation des objectifs de développement durable.
Le Secrétaire général fait alors cinq recommandations: encourager une révolution dans le domaine du dépistage du VIH et atteindre la cible 90-90-90; redoubler d’efforts pour éliminer la tuberculose et les autres coïnfections et comorbidités; utiliser la feuille de route en matière de prévention du VIH pour réduire plus rapidement le nombre de nouvelles infections; protéger les droits de l’homme et promouvoir l’égalité des sexes au moyen de dispositifs de prestation de services axés sur l’être humain et de cadres juridiques et politiques porteurs; et mettre le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et le partenariat H6 au service de l’amélioration de la santé mondiale et de la réforme de l’ONU.
Déclarations
M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a insisté sur trois points et d’abord sur le fait que le VIH est toujours « un énorme défi ». Les progrès sont là, a-t-il admis, mais nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde. Le virus, a-t-il prévenu, a toujours un impact destructeur et meurtrier sur beaucoup de gens dans le monde. En 2016, a rappelé le Président, un million de personnes ont perdu la vie et les nouveaux médicaments et traitements ne sont pas disponibles pour tous. En fait, seulement 63% des gens ont accès aux antirétroviraux.
Le Président a donc voulu que l’on saisisse l’occasion de cette réunion pour explorer les moyens d’aller de l’avant. Il a donc rappelé la convocation de la toute première réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose, le 26 septembre prochain. Les personnes infectées par le VIH/sida ont 20 à 30 fois plus de chances de contracter la tuberculose, a-t-il souligné, tombant dans une conjugaison mortelle. Sans un bon traitement, presque toutes ces personnes seraient condamnées à mort. Toujours en septembre, l’Assemblée générale tiendra sa troisième réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles et c’est là, a estimé le Président, une autre grande occasion puisque les personnes vivant avec le VIH/sida y sont particulièrement vulnérables.
Il est donc plus urgent que jamais, a souligné le Président, d’avoir une approche plus intégrée. Nous devons profiter de toutes les manifestations et de toutes les plateformes pour faire avancer l’objectif d’éradiquer le VIH/sida d’ici à 2030. N’oublions pas, a-t-il ajouté, que ce que nous faisons ici a un lien direct avec les autres objectifs et cibles.
Enfin le Président a souligné que l’on ne peut pas seulement parler du VIH/sida. Nous devons regarder le contexte parce que tous les joueurs ne sont pas à égalité. Tout le monde n’a pas les mêmes risques de contracter le VIH et tout le monde n’a pas la même chance de survivre et ce n’est pas juste, a martelé le Président. Nous ne devons laisser personne de côté, a-t-il dit, en prônant l’accès universel à la santé. Nous savons tous, a-t-il insisté, que la santé est « cruciale » pour le développement durable. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tout un objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030 lui est consacré. La question de la couverture santé universelle sera à l’ordre du jour de l’Assemblée générale en 2019 car elle pourrait accélérer les efforts pour éradiquer le VIH/sida, une fois pour toutes.
Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a aussi mis l’accent sur le fait que les progrès ont inégaux et restent fragiles. Sur tous les continents, les populations à risques sont de plus en plus laissées de côté. Les jeunes femmes sont de manière inacceptable particulièrement vulnérables là où la prévalence est élevée. Nous devons autonomiser les jeunes pour qu’ils puissent se protéger eux-mêmes du VIH et cela comprend, a précisé le Secrétaire général, les droits et services de santé sexuelle, la protection des consommateurs de drogue et l’accès aux traitements antirétroviraux.
La prévention est la clef pour briser le cycle de la transmission du VIH et d’ailleurs la feuille de route 2020 de la prévention se focalise explicitement sur les adolescentes, les jeunes femmes et les populations à risques. Cet accent mis sur les droits de l’homme, les populations clefs et l’égalité des sexes est essentiel, a souligné le Secrétaire général. Un plus grand leadership et des investissements doivent suivre pour lever les barrières sociales et politiques qui empêchent beaucoup de gens d’accéder aux services nécessaires.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi le Secrétaire général, appelle à une approche intégrée des défis du développement. Les efforts pour mettre fin au VIH sont liés à d’autres domaines clefs comme le paludisme, la tuberculose, l’accès aux médicaments et la menace croissante de la résistance antimicrobienne. Le succès exige donc que l’on renforce les liens entre ces domaines et que l’on crée des systèmes de santé résilients et durables, ancrés dans les principes des droits de l’homme et de l’égalité.
À son tour, le Secrétaire général a estimé que les réunions à venir sur la tuberculose et les maladies non transmissibles sont une importante occasion de forger une nouvelle manière de penser et de travailler qui aille au-delà des approches en silos d’hier. La réunion de haut niveau sur la couverture santé universelle offrira aussi l’occasion d’instaurer une certaine cohérence dans le paysage de la santé mondiale, s’agissant du financement, de la planification et des responsabilités.
Les efforts pour mettre fin à l’épidémie n’auraient pas été possibles sans le plaidoyer énergique, la solidarité et le sens des responsabilités partagées. Nous devons maintenir cet état d’esprit, a encouragé le Secrétaire général qui a rappelé que 2018 marque le quinzième anniversaire du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR). Le mois prochain, les scientifiques et les militants du monde entier se réuniront à Amsterdam à la Conférence internationale sur le sida. Dès le début de la riposte mondiale, la rencontre entre science et activisme a contribué à façonner les politiques et élargir l’accès aux traitements, en en faisant un droit.
En ce moment critique, nous devons renouveler notre engagement à créer un monde débarrassé du sida. La pandémie n’est pas vaincue mais elle peut l’être et nous devons faire notre part. Nous devons tous jouer notre rôle, a conclu le Secrétaire général.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZARUS O. AMAYO (Kenya) a réaffirmé l’engagement de son Groupe à lutter contre l’épidémie du sida. L’Afrique a fait des progrès significatifs mais beaucoup reste à faire puisque le VIH et le sida continuent de toucher de manière disproportionnée l’Afrique subsaharienne avec des risques de nouvelles infections particulièrement élevés chez les jeunes femmes. L’Afrique réitère la nécessité d’une réponse globale intégrée et universelle et des investissements.
L’Union africaine, a indiqué le représentant, a adopté une feuille de route sur la responsabilité partagée et la solidarité face au sida, au paludisme et à la tuberculose. L’engagement des pays africains à consacrer 15% de leur budget au secteur de la santé démontre clairement leur volonté politique de renforcer l’appropriation, la responsabilité et les partenariats.
M. Amayo a estimé que l’objectif « zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès lié au sida » d’ici à 2030 est atteignable. La prévention, le plaidoyer et l’éducation sont importants tout autant que les traitements et la création de nouveaux médicaments, dont des vaccins. Le Groupe des États d’Afrique réaffirme l’importance du transfert des technologies, du renforcement des capacités, de l’accès au marché et des flexibilités prévues pour les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC /TRIPs). Le représentant a dit attendre avec intérêt la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la lutte contre la tuberculose en septembre.
En sa capacité nationale, le représentant a indiqué que son pays compte 1,5 million de personnes vivant avec le VIH, responsable avec le sida, de 29% des morts par an. Le Président du Kenya a donc défendu la vision des « Big Four », pour les cinq prochaines années, à savoir la sécurité alimentaire et la nutrition, le logement abordable, la production manufacturière et l’accès universel à la santé. Après détaillé les progrès enregistrés par son pays, le représentant a exprimé la détermination de son pays à faire en sorte que 75% des gens qui vivent avec le VIH bénéficient d’une protection sociale d’ici à 2020. Le Gouvernement a aussi l’intention de développer un mécanisme propre de financement de la lutte contre le VIH/sida. Déjà depuis 2013, l’enveloppe gouvernementale a augmenté de 29%, passant de 20,4 milliards de shillings à 26,4 milliards en 2016.
Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a souligné que depuis l’adoption de la Déclaration politique des Nations Unies en 2001, les pays de la SADC se sont efforcés, sur les plans national et régional, à renforcer leurs politiques pour répondre au mieux aux besoins de leurs populations en matière de santé. La Déclaration de Maseru a été signée en 2003 et un fonds spécial régional a été créé peu après. Une initiative transfrontière a été lancée en 2011 et, il y a à peine deux mois, le Secrétariat de la SADC a remis les clefs de la seconde clinique transfrontière au Ministère de la santé du Botswana. De nombreux pays de la SADC participent à la Coalition mondiale pour la prévention de l’infection à VIH, une question qui connaît un véritablement élan dans les pays de la région, a affirmé le représentant. Quant aux besoins particuliers des jeunes, de nombreux pays de la SADC ont modifié leurs stratégies d’accès aux préservatifs, mettant aussi en place des lois contre la violence domestique pour doter les jeunes des moyens de mieux se protéger contre le VIH et d’accéder aux services de santé sexuelle et reproductive. Le représentant a conclu en insistant sur l’importance des partenariats tels que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le PEPFAR, le Plan d’urgence du Président américain.
M. ANTONIO PARENTI, délégué de l’Union européenne, a souligné le lien étroit entre prévention du VIH/sida et droits à la santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les femmes. L’Union européenne contribue au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et y a versé plus de 400 millions d’euros. Sa contribution cumulée pendant cette décennie représente 50% du total. Le représentant a reconnu la nécessité de nouveaux investissements dans la recherche et la prise en charge des patients. Depuis 1995, l’Union européenne a investi plus 175 millions d’euros dans la recherche. Le Fonds, a insisté le représentant, a besoin d’argent pour développer de nouveaux traitements et des outils innovants. Mieux comprendre la maladie et améliorer l’autonomisation des patients sont les priorités de la politique de recherche de l’Union européenne.
Mme DEBORAH L. BIRX (États-Unis) a noté que le monde est sur le point de triompher du sida. Ce qui était jugé impossible est maintenant du domaine du possible grâce aux partenariats et à l’approche stratégique et ciblée de la communauté internationale. Pour atteindre les cibles des trois « 90 », le Plan d’urgence du Président américain utilise les données pour pouvoir cibler les zones géographiques et les populations les plus affectées, assurant le meilleur retour sur investissement. Pour les États-Unis, les trois « 90 » ne pourront être atteints que si l’on vise tous les sexes, tous les âges et tous les groupes à risques.
Le succès exige la mise à disposition de données fiables pour mesurer les progrès, identifier les besoins et orienter les ressources. La représentante s’est félicitée de ce que la prochaine journée thématique du Conseil d’administration d’ONUSIDA, prévu en juin, sera consacrée à la réponse conjointe contre la tuberculose et le sida. La tuberculose est en effet la première cause de décès parmi les gens vivant avec le VIH, a rappelé la représentante, en soulignant qu’en 2016, moins de la moitié des cas de tuberculose était identifiée et moins de 60% de patients souffrant de la tuberculose avaient fait le test du VIH. Compte tenu du lien solide entre ces deux maladies, « nous devons mieux lier les programmes de tuberculose et ceux du VIH ».
C’est la première fois, s’est réjouie la représentante, que la communauté mondiale est sur le point de contrôler une pandémie sans vaccin ni traitement définitif, ouvrant la voie à l’éradication du VIH. Mais il faut voir là le fardeau est le plus lourd et veiller à ce que les hommes, les femmes et les enfants qui ne connaissent pas leur statut, dans les pays, villes et communautés les plus affectés aient accès aux services « vitaux » de prévention et de soins.
M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a indiqué que depuis le début 2018, son gouvernement a commencé à offrir la prophylaxie à titre préventif sur une base universelle. Le Brésil augmente également ses investissements afin de réduire l’écart entre le dépistage et le traitement. En la matière, le représentant a précisé que 87% des personnes vivant avec le VIH au Brésil avaient été dépistées et que 500 000 personnes suivent une thérapie antirétrovirale. Le Brésil a d’ailleurs réussi à augmenter de plus de 90% le nombre de personnes en traitement et depuis au moins six mois à supprimer leur charge virale. Le représentant a aussi insisté sur l’importance qu’il y a de réduire le coût des traitements, soulignant que les impératifs de santé publique doivent prévaloir sur les intérêts commerciaux. Il a appelé à la pleine mise en œuvre des flexibilités prévues pour les Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC/TRIPs). Pour le Brésil, l’accès à des médicaments abordables est une question prioritaire des droits de l’homme, comme en témoigne la résolution qu’il a présenté en 2001 à la Commission des droits de l’homme.
Après avoir rappelé que la tuberculose est la principale cause de décès chez les personnes vivant avec le VIH, le représentant a estimé que la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose de septembre offrira à la communauté internationale l’occasion historique de mobiliser l’action politique pour non seulement mettre un terme au VIH mais aussi pour faire reculer l’épidémie du sida. Il a appelé à un suivi « attentif » des engagements pris en 2016 lors de la Réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens pour que ce phénomène ne devienne pas un obstacle à l’élimination du sida et de la tuberculose.
M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a insisté sur les « efforts tous azimuts » consentis par son pays pour atteindre la cible 90-90-90 d’ici à 2020. Le premier « 90 » a été atteint et les deux autres sont à portée de main, grâce à une approche centrée sur la personne et menée par les communautés. En Thaïlande, le VIH/sida n’est pas combattu de manière isolée, a poursuivi le représentant, en mettant l’accent sur l’approche intégrée qui veut que par exemple, le VIH et la tuberculose soient traités dans un même centre de soins. Cela fait deux ans, s’est-il enorgueilli, que la Thaïlande est reconnue comme le premier pays d’Asie-Pacifique à avoir éliminé la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant. Le délégué a néanmoins reconnu que l’objectif de réduire de 75% les nouvelles infections reste un défi. Il a réaffirmé l’engagement de son pays à recourir aux nouvelles technologies dont la prophylaxie préventive. Sur le front du financement, il a souligné que la situation est au beau fixe. Le Gouvernement vient d’ailleurs d’approuver l’augmentation des fonds pour les programmes de prévention.
M. MHER MARGARYAN (Arménie) a mis en avant le programme national sur la prévention du VIH/sida 2017-2021 dont l’objectif est de parvenir à l’objectif des trois « 90 ». Aujourd’hui, l’Arménie a un système intégré de services sur le VIH/sida, la tuberculose, la santé maternelle et infantile. En 2016, l’Arménie était un des quatre pays identifiés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour avoir éliminé la transmission du VIH de la mère à l’enfant. En 2017, le Centre national de la prévention du sida a d’ailleurs reçu le Prix des Nations Unies pour le service public. Mais, a prévenu le représentant, la baisse de l’aide internationale est un sérieux problème pour la réponse au VIH en Europe de l’Est. Il a donc dit attendre beaucoup des partenariats avec les agences de l’ONU pour traduire en actes la Déclaration politique de 2016.
M. LLOYD L. MULENGA, Ministère de la santé de la Zambie, a indiqué que grâce aux efforts déployés par son pays, le nombre des nouvelles infections est passé de 77 500, en 2010, à environ 46 000, en 2016. Il a mis l’accent sur le plan national de développement 2017-2021 qui comprend des objectifs sur le VIH/sida et sur le cadre stratégique national contre le sida 2017-2021 qui met notamment l’accent sur les adolescentes et les jeunes femmes. Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 20 ans, la question de la santé des adolescents est cruciale, a-t-il reconnu. Aussi en août 2017, une campagne de dépistage, de traitement et de soutien a-t-elle été lancée. La Zambie s’est également dotée d’une coalition nationale pour la prévention du VIH et d’une loi sur l’assurance-maladie adoptée en avril dernier.
M. Mulenga a aussi indiqué que son gouvernement a réussi à réduire la transmission verticale du VIH à moins de 5%. La prophylaxie à titre préventif et l’autodépistage seront disponibles dans l’ensemble du pays cette année, alors que des programmes d’éducation sexuelle ont été introduits dans 9 000 écoles publiques. Un autre programme sur le transfert d’argent liquide a permis d’aider 700 000 ménages vulnérables.
En Zambie, a reconnu le Ministre, la lutte contre le VIH/sida dépend encore à 85% des financements extérieurs. Mais la nouvelle loi sur l’assurance-maladie devrait faciliter la prévisibilité des ressources. Cela est d’autant plus important que le Gouvernement a opté pour des passerelles dans le traitement du VIH/sida et la tuberculose, les maladies non transmissibles et la santé sexuelle et reproductive, dont le cancer du col de l’utérus pour lequel 21,6% des femmes sont dépistées. Le Gouvernement a aussi investi dans la construction d’un centre de traitement du cancer.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a indiqué que son gouvernement consacre 30% de son budget pour la lutte contre le VIH/sida à la prévention. Parmi les stratégies élaborées en la matière, il a cité la circoncision volontaire, la distribution de préservatifs et les interventions auprès des adolescentes et des jeunes femmes. La prophylaxie préventive est une des priorités du nouveau cadre national stratégique 2017-2022 et cible notamment les groupes à risques comme les couples discordants, les travailleuses sexuelles et les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes. Le représentant a aussi expliqué que d’ici à 2020, le Ministère de la santé sera réorganisé afin de renforcer son efficacité et d’intégrer la question du VIH à l’ensemble du système de santé. Des partenariats publics-privés sont également envisagés et la Namibie est en voie d’atteindre les objectifs 90-90-90 d’ONUSIDA. En outre, d’ici à la fin 2018, le pays aura lancé la mise en œuvre de sa feuille de route pour l’élimination de la transmission de la mère à l’enfant, renforcé le financement de la lutte contre l’épidémie et consolidé les synergies avec les systèmes juridiques et de protection sociale.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a dit qu’il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030. Comme la stigmatisation entrave l’accès aux soins, les droits de l’homme doivent être au centre des stratégies afin de briser l’isolement. Il a demandé plus de ressources pour lutter contre l’épidémie, ainsi qu’une coopération accrue entre États Membres, avant d’insister sur la vulnérabilité de certains groupes, tels que les jeunes. Enfin, le délégué a appuyé les efforts d’ONUSIDA et redit l’engagement de son pays de mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a estimé que le succès de la lutte contre le VIH/sida dépend d’une profonde réforme de l’ordre international et de la promotion d’un vrai esprit de solidarité et de coopération. Cuba a mis en place son programme national de prévention et de contrôle du VIH/sida, il y a plus de 30 ans. La stratégie de réponse est basée sur le principe selon lequel la santé est un droit fondamental, ancrée dans une approche globale. Cuba s’est aussi dotée d’un vaste programme d’éducation sexuelle couvrant tous les groupes de population et prévoyant un dépistage gratuit et anonyme, des traitements antirétroviraux tout aussi gratuits, une panoplie de services et de conseils aux patients, des interventions actives de la société civile dans la prévention et la participation de la population vivant avec le VIH à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes. En conséquence, en 2015, l’OMS a désigné Cuba comme le premier pays à avoir éliminé la transmission de la mère à l’enfant. Le taux de prévalence chez les 15 à 49 ans est en dessous de 1% et la population est de plus en plus sensibilisée à la lutte contre la discrimination. L’expérience cubaine montre que la volonté d’un gouvernement couplée à une approche globale et participative peut avoir un impact positif sur la prévention du VIH, même quand un pays fait face aux effets néfastes d’un ordre international injuste, aggravés par un blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis et causant de graves pénuries dans le secteur de la santé.
M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a dit son attachement à la Déclaration politique de 2016 et noté avec satisfaction la généralisation des dépistages et des traitements antirétroviraux. Il a milité pour l’accès universel aux soins et à la protection sociale et souligné la nécessité d’éliminer les entraves, notamment d’ordre culturel, aux soins. Le représentant a exprimé ses doutes sur les traitements de substitution, tels que la méthadone pour les toxicomanes. Ces traitements, s’est-il expliqué, ne se traduisent pas nécessairement par une diminution du nombre des nouvelles infections. Il a souhaité que les informations soient corroborées scientifiquement. Le remplacement d’un opioïde par un autre ne saurait être une solution, a-t-il insisté, avant de détailler la stratégie de son pays contre le VIH: 34 millions de Russes ont été dépistés et 320 000 d’entre eux ont accès aux traitements antirétroviraux. « La transmission du virus de la mère à l’enfant a été quasiment éliminée », a aussi indiqué le représentant.
Mme LOUISE BLAIS (Canada) a souligné la nécessité d’intensifier les efforts pour protéger et promouvoir les droits de l’homme et l’égalité des sexes. C’est la raison pour laquelle le Canada a lancé sa toute première politique féministe d’aide internationale qui se focalise sur les femmes les plus pauvres et les plus vulnérables, en particulier dans des situations fragiles et affectées par les conflits. Mettre les droits des femmes et des filles au cœur des efforts est essentiel pour mettre fin au sida. L’objectif est d’accéder aux plus difficiles à atteindre avec des mesures de prévention, des traitements et des soins. Cela veut dire travailler sur plusieurs fronts pour mettre fin à la stigmatisation et la discrimination auxquelles font face les groupes vulnérables et marginalisés comme les lesbiennes, les gay, les bisexuels, les transgenres et les intersexes, les minorités ethniques, les peuples autochtones et les consommateurs de drogue par intraveineuse.
Le Canada insiste sur l’information et l’éducation pour prévenir les infections, en particulier parmi les jeunes. Au dernier Sommet du G7, les ministres ont reconnu que leurs investissements dans les adolescentes doivent être holistiques, multisectoriels et intégrés. Ils ont souligné la nécessité de veiller à ce que les besoins des adolescentes soient pleinement intégrés dans les politiques nationales et que ces adolescentes aient accès à des services adaptés. Quand les jeunes ont accès aux informations sur leur santé sexuelle, ils se font tester et soigner dès le début. La représentante a souligné, à son tour, l’occasion à saisir que représente la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose prévue en septembre. Ici aussi, elle a plaidé pour que l’on tienne compte de la dimension « genre » et que l’on fonde les mesures et les investissements sur des preuves scientifiques. Elle a aussi milité pour un cadre multisectoriel de responsabilité fondé sur un examen indépendant, constructif et positif des progrès, en particulier dans les pays qui portent le fardeau le plus lourd.
M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a estimé que le VIH est un enjeu sanitaire mais aussi un enjeu social et de droits de l’homme. Il a dénoncé la stigmatisation des personnes vivant avec le virus et la pénalisation de l’homosexualité dans certains pays. Il a appelé au renforcement de la lutte contre la transmission du virus de la mère à l’enfant, reconnaissant tout de même les progrès réels vers la cible des trois « 90 ». Le délégué a aussi reconnu l’insuffisance des financements afin de réaliser les engagements pris en 2016. Il a aussi relevé des lacunes dans les méthodes de dépistage, avant de réaffirmer l’engagement de son pays à mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.
Mme NATALIE COHEN (Australie) a indiqué que dans la région Asie-Pacifique, le taux de nouvelles infections avait chuté de 13% entre 2010 et 2016. Elle a rappelé les principales lignes de la Déclaration de 2016, ajoutant qu’à l’époque l’Australie avait souligné que ce texte établissait le strict minimum. La représentante a averti que l’on risque de perdre les acquis, le taux actuel étant trop lent pour atteindre les objectifs mondiaux. Elle s’est par exemple alarmée du fait qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir un consensus sur les questions liées à la santé sexuelle et reproductive et à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des populations marginalisées. Ces questions, a-t-elle souligné, sont au cœur même de la réponse à apporter au VIH/sida. Il a été démontré, a-t-elle insisté, que la compassion, la compréhension, le respect et l’implication des populations clefs constituent l’approche la plus efficace de l’épidémie.
La représentante a voulu que l’on mette l’accent sur la prévention, la couverture sanitaire universelle et l’accès équitable à la santé. C’est cette approche intégrée qui a permis de faire baisser le taux de mortalité lié à la tuberculose parmi les personnes vivant avec le VIH. Les textes qui doivent être adoptés cette année sur la tuberculose, les maladies non transmissibles et la couverture sanitaire universelle sont intrinsèquement liés, a souligné la représentante.
M. DANIEL FERNAN GIMENEZ (Norvège) a souligné que la situation actuelle pointe sur la nécessité de renforcer les efforts de prévention. Il a donc salué la création de la Coalition mondiale pour la prévention de l’infection à VIH et argué que le VIH ne doit et ne peut pas être abordé isolément. Prônant une réponse holistique, le représentant a reconnu que le problème est que la santé sexuelle et reproductive et la réduction des risques sont des questions sensibles qui expliquent les ratés de la prévention. La prévention, c’est donner aux populations concernées le premier rôle. La recherche montre, s’est expliqué le représentant, que des jeunes bien informés de la sexualité ont tendance à avoir des premières relations sexuelles plus tard que les autres. L’information, a-t-il insisté, facilite les décisions responsables et offrent aux gens un éventail plus large d’options et de choix. En conséquence, donner aux jeunes une éducation sexuelle est essentiel pour prévenir le VIH et les autres malades sexuellement transmissibles. L’éducation sexuelle est aussi un frein aux grossesses précoces et non désirées. La Norvège appuie donc l’éducation sexuelle complète et félicite l’UNESCO et le FNUAP.
Le principe de la réduction des risques est un principe éthique, a souligné le représentant. Il faut fournir aux jeunes des préservatifs et autres mesures de protection contre les infections même si on préfèrerait qu’ils évitent les relations sexuelles. Le représentant a donné l’exemple de son pays où le VIH a provoqué un changement de paradigme dans les politiques sociales et celles de la santé. Le consommateur de drogue était vu comme un criminel mais personne n’a jamais voulu qu’il contracte aussi le VIH. Des programmes de distribution gratuite de seringues ont donc été mis en place, suivis par les thérapies de substitution puis d’autres services. La Norvège a aussi choisi d’impliquer et d’autonomiser les personnes et les groupes les plus affectés car l’on sait que les personnes marginalisées et stigmatisées ne sont pas en mesure de penser aux risques ou de se prémunir contre eux. Seules leur implication et leur autonomisation réelles leur permettent de se protéger et de protéger les autres. Ainsi en Norvège, la population, nombreuse, de consommateurs de drogue n’accuse que 7 à 8 nouvelles infections par an.
M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a insisté sur les lacunes de la lutte contre l’épidémie de VIH/sida, en soulignant la lenteur dans la réduction des nouvelles infections. L’objectif de mettre fin à cette épidémie d’ici à 2030 reste néanmoins à notre portée, a estimé le délégué qui a milité pour les droits des personnes vivant avec le virus. Il a demandé une stratégie de financement novatrice, en particulier des « arrangements avantageux » pour les pays en développement. Nous avons encore beaucoup de travail, a-t-il conclu, en insistant sur l’engagement de son pays à mettre fin à cette épidémie d’ici à 2030.
M. MELITÓN ALEJANDRO ARROCHA RUÍZ (Panama) a dit que son pays a élaboré une feuille de route de lutte contre le sida, dans un contexte de progrès s’agissant du droit à la santé. Le représentant a fermement appuyé l’objectif des trois « zéros » et a reconnu que d’importants efforts restent à faire pour réaliser les trois « 90 ».
M. JÜRG LAUBER (Suisse) a déploré que les rangs de l’Assemblée soient clairsemés aujourd’hui alors que la mise en œuvre de la stratégie de riposte accélérée n’a pas atteint le rythme nécessaire pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030. Il est grand temps d’accélérer non seulement la prévention combinée et l’accès au dépistage et au traitement mais aussi de renforcer les droits de l’homme et l’égalité des genres, a estimé le représentant qui a ajouté que la stratégie de riposte doit être mise en œuvre de manière à réduire les inégalités existantes et à ne laisser personne de côté. Il faut que l’information et les services atteignent les populations les plus vulnérables et que leurs droits soient respectés et protégés. Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par le niveau du soutien dont bénéficient les partenaires de la société civile lequel diminue au lieu de progresser, alors qu’ils jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre le VIH. Il a encouragé l’ONU à continuer à suivre une approche multisectorielle et à guider l’action de tout son système et de ses partenaires. Il a aussi encouragé le partenariat H6 à veiller à ce que la question du VIH/sida soit systématiquement intégrée aux réflexions générales sur la santé.
Mme TYESHA O’LISA TURNER (Jamaïque) a déclaré que depuis 1982, 35 904 personnes dans son pays ont reçu un diagnostic de VIH, dont 72,6% sont encore en vie. La représentante a fait part des progrès enregistrés dans son pays mais a reconnu les défis qui doivent encore être relevés. La Jamaïque, a-t-elle dit, continue de mettre l’accent sur une approche impliquant tout le Gouvernement, toute la société et tous les secteurs et engageant les personnes visant le VIH, la société civile, le secteur privé, les partenaires au développement et le Gouvernement. C’est ce qui a guidé le plan national élaboré dès 1988. Le pays espère le renforcer tout en forgeant de nouvelles collaborations pour une mise en œuvre efficace des politiques nationales visant à stopper puis à éliminer l’épidémie du VIH.
M. SIPHELELE W. DLUDLU (eSwatini) s’est félicité des résultats « extraordinaires » d’ONUSIDA en Afrique. Il a indiqué que son pays s’est engagé à éliminer le VIH/sida d’ici à 2022, huit ans avant la date butoir. Entre 2011 et 2016, le taux des nouvelles infections a chuté de 44%, passant de 2,8% à 1,36%. Le nombre de décès liés au virus est passé de 4 767 en 2010 à 3315 en 2015, puis à 3 178 en 2018. L’eSwatini est d’ailleurs l’un des rares pays à avoir atteint le niveau de 91,9% de suppression de la charge virale chez les personnes traitées aux antirétroviraux.
M. EDGAR SISA (Botswana) a expliqué que les mesures prises par les autorités de son pays ont conduit à des progrès: les trois « 90 » étaient à « 86-84-81 » à la fin de l’année 2017. Parmi les stratégies gagnantes, le représentant a cité la circoncision volontaire, l’usage des préservatifs, le changement des comportements et les liens entre différents services. Les centres de santé offrent des services intégrés et accessibles aux populations clefs. En conséquence, le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant ne s’élève plus qu’à 1,4%.
Mais le taux de prévalence a augmenté de 4% entre 2010 et 2017 et chez les adolescentes et les jeunes femmes, le nombre des nouvelles infections est de 61 par an. Il devient donc urgent, en matière de prévention et d’accès aux soins, de se focaliser sur cette catégorie de la population. L’engagement politique du Botswana ne souffre d’aucune contestation. Le 1er avril, s’est expliqué le représentant, le Président de la République a, dans son discours d’investiture, fait du VIH l’une de ses priorités. Le Gouvernement contribue à hauteur de 57% du budget total de la lutte contre l’épidémie. Le but est d’améliorer l’efficacité de la lutte et d’investir « sagement » dans la prévention. Il s’agit aussi d’adopter une approche liant VIH, tuberculose et santé sexuelle et reproductive. Parmi les défis, le représentant a cité les investissements inadéquats dans les changements sociaux et comportementaux mais aussi le manque de ressources financières et humaines dont souffrent la société civile et les organisations communautaires.
M. XU ZHONGSHENG (Chine) a redit l’engagement de son pays en vue de mettre fin à cette épidémie d’ici à 2030. La Chine fait partie de la Coalition mondiale pour la prévention de l’infection à VIH, a-t-il dit. Les nouvelles infections ont baissé de 3,4% en 2017 par rapport à 2016, tandis que toutes les Chinoises ont accès à des services de dépistage pour prévenir la transmission du virus à l’enfant. Le délégué chinois a insisté sur l’aide que son pays apporte aux pays en développement.
M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a souligné l’importance qu’il y a à relancer la riposte au niveau national et la nécessité d’un travail cohérent et coordonné des Nations Unies pour mettre fin au VIH/sida. Pour ce faire, a ajouté le représentant, il faut assurer l’accès aux traitements et à la prévention des personnes vivant avec le VIH. La prévention doit être au cœur de la riposte, a-t-il dit, indiquant que son gouvernement a augmenté de 89% ses investissements dans la prévention. Il accorde aussi une importance fondamentale à la détection car elle permet d’éviter des investissements massifs et de se rapprocher des trois « 90 ». Mais le défi principal est la détection des femmes enceintes qui n’ont pas accès aux soins de santé. S’agissant des LGBT, le Gouvernement a mis en place un protocole d’accès aux soins et aux traitements et élaboré par ailleurs une stratégie nationale de prévention des grossesses chez les adolescentes. L’objectif du Gouvernement, a conclu le représentant, est de réduire de 50% le taux de grossesses chez les moins de 16 ans d’ici à 2030.
M. RY TUY (Cambodge) a dit qu’en 2017, 70 000 personnes environ vivaient avec le virus. Le taux de prévalence est en effet passé de 1,8% en 1998 à 0,6% en 2016, tandis que les décès liés au virus sont passés de 9 000 en 2002 à 1 594 en 2017. « Le Cambodge est l’un des sept pays au monde à avoir atteint la cible 90-90-90 en 2017. » Les avancées ont été permises grâce à l’assistance internationale; les investissements internationaux représentant 82% de la riposte cambodgienne en 2015. Le représentant s’est dit inquiet d’une diminution de cette aide dans les années à venir. Le délégué a indiqué que les programmes axés sur des populations clefs ont besoin de ressources financières accrues. Le délégué a mis en garde contre une diminution de l’assistance qui pourrait compromettre les progrès accomplis.
M. YERKIN AKHINZHANOV (Kazakhstan) a présenté les actions menées par son gouvernement pour lutter contre le VIH/sida, des actions qui sont financées à 80% par des fonds publics. À ce titre il a expliqué que le coût des médicaments avait significativement baissé et que les tests de dépistage sont désormais gratuits. Aujourd’hui, plus de 80% des personnes touchées par cette maladie au Kazakhstan connaissent leur statut et le taux de mortalité chez les séropositifs a baissé significativement. Tous les citoyens ont accès à des services médicaux de qualité et tous les efforts sont faits pour éviter la stigmatisation et la discrimination des malades du sida, a encore affirmé le représentant avant d’appeler les Nations Unies à adopter une approche régionale unique dans la lutte contre le VIH/sida.
M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a dit que le taux de prévalence du virus dans son pays est de 25 pour 100 000, soit la moyenne mondiale. Il a souligné le rôle joué par les organisations religieuses et la société civile. L’idée est que les personnes qui vivent avec cette maladie doivent pouvoir recevoir des traitements et contribuer au développent du pays. En2016, l’OMS a identifié le Bélarus comme ayant éliminé la transmission de la mère à l’enfant. En 2017, des kits de dépistage sont apparus dans les pharmacies et l’accès aux traitements antirétroviraux s’est élargi, si bien que le nombre de personnes vivant avec une charge virale nulle est en augmentation. En novembre 2016, a rappelé le représentant, le Bélarus a organisé une réunion sur le renforcement de la coopération entre 12 pays de la région.
Mme NTHABISENG MONOKO (Lesotho) a souligné que le Lesotho a le deuxième taux le plus élevé de prévalence au monde avec plus de 330 000 personnes vivant avec le virus et plus de 13 000 nouvelles infections par an. Le pays a tout de même fait de grandes avancées: 67% des gens vivant avec le VIH ont accès à des médicaments salvateurs. Le nouveau plan stratégique national 2018-2023 s’aligne sur les engagements pris dans le cadre de la stratégie de riposte accélérée. L’objectif est de faire en sorte que d’ici à 2020, 90% des personnes infectées aient accès au traitement. Un programme global d’éducation sexuelle dans les écoles primaires et secondaires a aussi été lancé. S’agissant des trois « 90 », le Lesotho est à « 77-90-88 » et espère arriver à l’objectif ultime d’ici à 2020. Pour y parvenir, des services essentiels ciblant des segments spécifiques de la société ont été mis en place. Des « coins pour hommes » et des « centres pour adolescents » ont été établis en 2017 et leur fréquentation est passée de 300 à 400 visites par mois en 2017 à 1 300 à 1 500 par mois. Malgré ces succès, le Lesotho fait face à certains défis comme les barrières liées aux droits de l’homme et au genre qui prévalent au sein des populations vulnérables, y compris celles vivant avec le VIH. En outre, les jeunes filles et femmes restent les plus vulnérables avec des taux élevés de nouvelles infections.
M. LOT THAUZENI PANSIPADANA DZONZI (Malawi) a regretté la faible participation à cette séance de l’Assemblée générale et a espéré que « cela ne traduit pas une attitude consistant à dire que le VIH /sida, c’est votre problème ». Rappelant que son pays connaît l’un des taux les plus élevés de VIH/sida dans le monde, avec plus d’un million de personnes infectées sur une population totale de 17 millions, il a expliqué que le plan national de lutte a été aligné avec les trois « 90 » d’ONUSIDA. Dans la foulée plusieurs mesures importantes ont été prises et ont commencé à porter leurs fruits puisqu’en 2018, le pays est à « 88/84/86 ». Au titre de ces mesures, le représentant a cité une politique de dépistage ciblée, la mise en place d’un personnel spécialisé pour mieux comprendre les différents groupes infectés et le dépistage de plus de sept millions de personnes en deux ans. De plus, un régime de traitement par antirétroviraux est actuellement développé, et le pays a adopté une loi nationale sur la prévention. Le représentant s’est dit confiant que le Malawi est sur la bonne voie, même s’il a reconnu qu’il faut encore plus d’investissements et d’efforts et qu’il faut renouveler l’engagement collectif de venir à bout du VIH/sida.
M. WILLY LOUIS (Haïti) a d’emblée rappelé les progrès réalisés depuis la réunion de haut niveau de juin 2016 notamment l’engagement du Gouvernement à éliminer la transmission de la mère à l’enfant du VIH d’ici à 2020. Les défis, a poursuivi le représentant, sont la mobilisation des ressources domestiques, une meilleure coordination pour éviter la duplication du soutien des donateurs, le soutien du secteur privé pour un accroissement des investissements nationaux. Il a ajouté la mise en œuvre de politiques et actions concrètes pour affronter la discrimination liée au VIH/sida, le traitement pédiatrique du VIH et la prise en charge communautaire du VIH.
M. Louis a aussi annoncé l’engagement de son gouvernement à atteindre les objectifs de 2020. En dépit des défis multiples, Haïti, a-t-il déclaré, reste déterminé à atteindre ces objectifs et à mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici à 2030. Pour ce faire, le Gouvernement a récemment adopté avec ses partenaires nationaux et internationaux les objectifs « 95-95-95 » d’ici à 2020 pour atteindre plus tôt les objectifs de 2030. Dans le but d’accélérer la prévention du VIH en vue de réduire les nouvelles infections de 75%, Haïti s’est engagé à se joindre à la coalition des pays qui s’engagent à mettre en œuvre la feuille de route de la prévention du VIH pour 2020. Cette feuille de route, a rappelé le délégué, met l’accent sur les pays ayant un nombre élevé de nouvelles infections chez les adolescents et les adultes. Haïti, avec un taux de 65% de nouvelles infections parmi les adolescentes, s’engage à intensifier les efforts de prévention.
Mme URUJENI BAKURAMUTSA (Rwanda) a déclaré que 3% de la population adulte au Rwanda vit avec le VIH. Près de 88% des personnes qui vivent avec le virus connaissent leur statut, soit un chiffre proche de la cible de 90%. Elle a indiqué que son pays suit une stratégie visant à ce que toutes les personnes ayant le virus puissent recevoir un traitement antirétroviral. Pas moins de 90% de la population du Rwanda bénéficie d’une couverture médicale grâce à l’assurance santé universelle, a-t-elle dit. La déléguée a précisé que, grâce à cette assurance santé, 91% des personnes sous traitement ont une charge virale nulle. Enfin, pour mettre un terme à l’épidémie de VIH/sida, elle a notamment appelé à combler les lacunes en termes de financement et à faire un plus grand usage des approches basées sur les données statistiques afin d’identifier les nouvelles infections.
M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a présenté les mesures prises au Népal pour aligner ses efforts sur les objectifs mondiaux. La stratégie nationale 2016-2021 vise à atteindre les trois « 90 » d’ONUSIDA grâce à de nouveaux investissements pour permettre à un plus grand nombre de personnes d’accéder aux traitements antirétroviraux et d’éviter de nouvelles infections. Pour lutter contre la transmission verticale, les services prénataux ont été multipliés, ce qui a permis de réaliser une baisse de 70% des nouvelles infections de la mère à l’enfant. Par ailleurs, le dépistage communautaire a été mis en place pour permettre à toute personne de connaître son statut d’ici à 2020. Le représentant a précisé que différents ministères collaborent dans ces efforts visant à intégrer la lutte contre le VIH/sida et la santé publique dans les stratégies de développement.
Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a dit que son pays est l’un des plus durement touchés par le virus du VIH dans la région. Il compte sur le secteur privé pour améliorer l’accès à la santé et reconnaît la nécessité de mettre fin à la stigmatisation des personnes vivant avec le virus. Les services essentiels de prévention et de dépistage, ainsi que les médicaments, sont donc disponibles au Myanmar qui entend bien réaliser les trois « 90 » d’ici à «020. Plus de 100 000 personnes ont ainsi pu connaître leur statut et recevoir un traitement antirétroviral. La somme de 14 millions de dollars a été allouée au financement des antirétroviraux en 2017 et en 2018. Le Myanmar peut aussi se prévaloir d’un taux de prévalence en constante diminution même s’il diffère de région en région.
M. SANDEEP KUMAR BAYYAPU (Inde) a indiqué que son pays avait réussi à réduire de 55%, depuis 2007, le taux de mortalité lié au VIH/sida, tandis que le taux des nouvelles infections a baissé de 60% depuis 2000. Il a précisé que 1,62 million de personnes vivant avec le VIH ont été dépistées et que 1,2 million d’entre elles suivent un traitement. En outre, 20,5 millions de femmes enceintes ont été testées, ce qui a contribué considérablement à contenir la transmission de la mère à l’enfant. L’Inde a également établi le plus important partenariat public-privé au monde pour dépister la charge virale et assurer le suivi des patients sous traitement antirétroviral.
Le représentant a aussi attiré l’attention sur le rôle des médicaments abordables. Il a précisé que les médicaments génériques produits par l’industrie pharmaceutique indienne avaient été déterminants pour élargir l’accès au traitement, en particulier dans les pays en développement. Plus de 80% des médicament antirétroviraux sont de fabrication indienne, et leur prix abordable a permis de sauver des millions de vies dans le monde, a-t-il souligné.
Mme ELEONORA VAN MUNSTER (Pays-Bas) a rappelé l’approche pragmatique du VIH/sida en vigueur dans son pays qui a mené à parler de la situation des populations clefs: les jeunes, les femmes et les filles, les migrants, les prisonniers, les consommateurs de drogue, les travailleurs du sexe et les homosexuels. Leurs voix doivent être entendues. Ainsi, les représentants de ces groupes devraient être autorisés à travailler activement avec les décideurs politiques, les scientifiques, le personnel médical, les politiciens, les bailleurs de fonds et les représentants des gouvernements. Les Pays-Bas, a poursuivi la représentante, sont à mi-chemin de la phase de mise en œuvre de leurs engagements annoncés à la réunion de haut niveau de 2016 sur le VIH/sida. C’est le moment de faire l’inventaire de ce qui a été fait et d’assurer que le temps qui reste est utilisé pour déployer des politiques fondées sur des preuves et efficaces afin d’atteindre nos objectifs. Après tout, en dépit des progrès, il reste beaucoup à faire. Le sida n’est pas encore vaincu. C’est seulement en travaillant ensemble, en échangeant les bonnes pratiques et en apprenant des recherches scientifiques que nous atteindrons les cibles établies. La représentante a rappelé que son pays sera l’hôte de la prochaine Conférence internationale sur le sida, du 23 au 27 juillet 2018, sur le thème « Briser les barrières et jeter des ponts. »
CONFLITS PROLONGÉS DANS LA RÉGION DU GROUPE GUAM ET LEURS INCIDENCES SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES ET SUR LE DÉVELOPPEMENT (A/72/847)
Adoption de la résolution sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie, Géorgie, et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, Géorgie (A/72/L.55)
Présentant la résolution, M. KAHA IMNADZE (Géorgie), expliqué qu’elle se fonde sur les trois principes fondamentaux que sont le droit au retour des personnes déplacées, des réfugiés et de leurs descendants ainsi que leurs droits patrimoniaux; l’interdiction d’imposer des changements démographiques à la population; et la nécessité d’assurer le libre accès aux activités humanitaires. Il a regretté que l’engagement sincère de la Géorgie dans les discussions internationales de Genève soit resté vain jusqu’ici. Il a en effet regretté le « de manque de respect » affiché par certaines parties prenantes pour la question du droit au retour.
Alarmé par l’évolution de la situation sécuritaire et des droits de l’homme dans les territoires occupés géorgiens, le représentant a notamment dénoncé la mise en place « d’une frontière de fil de fer » de 49 kilomètres à l’intérieur de l’Abkhazie et de 52 kilomètres à l’intérieur de la région de Tskhinvali, une réalité qui a été condamnée par le Secrétaire général des Nations Unies, a-t-il dit. Il a également affirmé que les violations des droits de l’homme dans ces deux régions sont devenues la norme, citant à titre d’exemple les kidnappings, les détentions arbitraires et la confiscation des propriétés. Il faut, a-t-il plaidé, ouvrir ces deux régions à la surveillance de la communauté internationale pour mettre fin à l’impunité actuelle.
Le représentant a rappelé l’initiative de paix défendue par son pays « en dépit de tous ces problèmes ». Cette initiative, intitulée « Un pas vers un avenir meilleur », a pour objectif d’améliorer les interactions entre les sociétés et propose des mesures dans trois domaines qui sont le commerce; les nouvelles opportunités et un meilleur accès à l’éducation; et l’accès à un ensemble de services. Le représentant a affirmé que son gouvernement poursuit sur la voie de la réconciliation et de la réintégration par la diplomatie. Il a défendu la résolution, arguant que le principe du droit au retour ne se limite pas à la Géorgie. Les réfugiés géorgiens sont concernés par notre objectif commun de ne laisser personne de côté.
M. VICTOR MORARU (Moldova) a aussi insisté sur le retour sûr et digne des réfugiés et des déplacés. Il a déploré l’absence de progrès, 10 ans après la première résolution. Il a également regretté que dans le cadre des discussions internationales de Genève, les débats sur la dimension humanitaire soient constamment sapés par « le manque de respect » concerté des participants. La résolution, a-t-il estimé, est un moyen d’encourager ces acteurs à redoubler d’efforts pour créer les conditions propices au retour volontaire et digne.
Le représentant s’est dit gravement préoccupé par la situation des droits de l’homme en Abkhazie, à Tskhinvali et en Ossétie du Sud, pointant notamment les barbelés, les détentions illégales, les confiscations de biens et les restrictions à la liberté de mouvement et à l’accès à l’éducation. Cette situation, a-t-il souligné, est d’autant plus alarmante, qu’aucun mécanisme de suivi international n’est autorisé à se rendre sur place. Dans ce contexte, Moldova salue l’adoption, par le Conseil des droits de l’homme, des résolutions sur la coopération avec la Géorgie, ainsi que l’initiative de paix « Un pas vers un meilleur avenir » que vient de proposer la Géorgie.
Au nom des pays nordiques et baltes, Mme AUDRA PLEPYTÉ (Lituanie) a confirmé que la Géorgie est profondément touchée par le défi des déplacements forcés. Dix ans après l’adoption de la première résolution, aucun progrès n’a été accompli. Elle a accusé la Fédération de Russie de continuer de violer les accords d’août et de septembre 2008 en maintenant une présence militaire dans les régions concernées. Elle s’est, à son tour, dite très préoccupée par le fait qu’aucun mécanisme international de surveillance des droits de l’homme n’ait accès à ces régions. Le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme devrait avoir accès immédiatement à ces régions, a-t-elle estimé, avant de rappeler son attachement à l’intégrité territoriale de la Géorgie.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a rappelé que son pays est également confronté à une agression de la Fédération de Russie. Il a condamné les discriminations ethniques et l’imposition d’une langue en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali et Ossétie du Sud. Il a exhorté la Fédération de Russie à garantir un accès sans entrave du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et condamné les relations diplomatiques avec ces régions et le « régime syrien », en violation du droit international. La Syrie veut plaire au Kremlin, a-t-il dit comprendre.
Explications de vote
Ayant pour la résolution, le représentant du Canada a salué l’initiative de paix récemment annoncée par la Géorgie en vue notamment de faciliter le commerce en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud. Il a appuyé sans réserve la souveraineté de la Géorgie et qualifié de « violation flagrante du droit international », l’occupation par la Russie de l’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud. Il a condamné, à son tour, les relations diplomatiques entre ces régions et la Syrie, en violation du droit international. La résolution, a-t-il conclu, représente une étape très importante pour parvenir à une paix durable.
Expliquant son opposition à ladite résolution, le représentant de la Fédération de Russie a mis en cause la justification avancée par ses auteurs, doutant du souci d’améliorer la situation des déplacés et des réfugiés. « Ce texte est le fruit d’une initiative profondément politisée », a-t-il estimé, accusant ses auteurs « de se moquer du bien-être des déplacés et des réfugiés géorgiens, abkhazes et ossètes ». Plutôt que de s’engager dans un vrai dialogue, Tbilissi continue à dénigrer ses opposants dans l’arène internationale, a-t-il poursuivi, et refuse de conclure un accord. La raison mérite, a ajouté le représentant, que l’on encourage la coexistence entre les différents groupes, compte tenu de la « réalité politique ». La résolution manque d’objectivité et répond en tout point aux intérêts politiques d’une seule partie au conflit, a-t-il tranché, s’interrogeant sur la contribution d’un tel texte à des relations de bon voisinage entre l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.
Le représentant du Royaume-Uni a voté pour le texte, comptant 250 000 déplacés en Géorgie. L’Assemblée doit leur envoyer un signal fort et leur dire qu’elle ne les pas oubliés, a-t-il insisté, avant d’appeler la Russie à stopper la démarcation des frontières dans les régions d’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du Sud.
Son homologue du Brésil a rappelé qu’il s’est toujours abstenu sur cette résolution pour ne pas s’ingérer dans les négociations à Genève. Il a exprimé l’espoir que cette question sera réglée par le dialogue et réitéré son soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Géorgie.
S’étant également abstenue, la représentante d’Israël s’est dite encouragée par les discussions constructives à Genève et a salué l’engagement de la Géorgie à renforcer la confiance entre les différentes communautés. Elle a insisté sur l’intégrité territoriale de la Géorgie et souligné que toute solution durable passe par un dialogue et non pas par des actions unilatérales.
Journée internationale des envois de fonds à la famille (A/72/L.56)
Présentant la résolution, M. TEODORO L. LOCSIN (Philippines) a rappelé qu’en 2017, ces envois de fonds vers les pays en développement représentaient 466 milliards de dollars, soit trois fois le montant total de l’aide publique au développement (APD).
Explications de position
Le représentant des États-Unis, qui s’est associé au consensus, a tenu à clarifier certains points, insistant d’abord sur le caractère non contraignant du Programme d’action d’Addis Abeba sur le financement du développement et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a aussi précisé que les envois de fonds par des canaux règlementés servent un double objectif à savoir, éviter les abus du système financier par des acteurs illicites et transférer des fonds dans des régions qui en ont besoin. Les États-Unis, a-t-il affirmé, soutiennent la stricte application des normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme par toutes les juridictions. Le représentant a aussi jugé « inacceptables » les mentions « migrants » et « migrations » dans la résolution, « sans aucune définition précise ». Les Nations Unies, a-t-il argué, ne devraient pas reconnaître les migrations « irrégulières et illégales » comme une contribution positive au développement, « c’est contraire au droit ».
Le délégué du Guatemala a souligné que les envois de fonds représentent 11% du PIB de son pays et que six millions de personnes en bénéficient. Il a parlé de la vulnérabilité de ces fonds aux chocs économiques extérieurs et estimé que la résolution est l’occasion de rappeler les efforts des migrants et leurs contributions aux pays dans lesquels ils résident.
Le représentant d’El Salvador a aussi souligné que ces fonds représentent une part importante du PIB de son pays. Ces fonds, qui sont d’origine privée, ne peuvent être comparés à d’autres flux financiers, comme cela a été dit lors de la Conférence d’Addis Abeba sur le financement du développement. Il a rappelé l’accord selon lequel les taxes ne devraient pas dépasser 5% de la somme envoyée.