En cours au Siège de l'ONU

Les délégations détaillent, devant la Sixième Commission, leur stratégie visant à éliminer les « forces obscurantistes » du terrorisme international

Soixante-treizième session
3e & 4e séances – matin & après-midi
AG/J/3567

Les délégations détaillent, devant la Sixième Commission, leur stratégie visant à éliminer les « forces obscurantistes » du terrorisme international

Présentée hier par son Président comme l’une des grandes commissions « les moins effervescentes » de l’Assemblée générale, la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a pourtant été le théâtre, aujourd’hui, de l’intervention retentissante du délégué des Philippines, l’un de la trentaine de pays à avoir présenté leurs mesures afin d’éliminer les « forces obscurantistes » du terrorisme international, selon l’expression du délégué du Mali.

« Le terrorisme est un problème de gens mauvais », a d’emblée déclaré le délégué philippin.  Il a vanté la défaite infligée par les forces de son pays, avec le concours des États-Unis et de l’Australie, aux « terroristes inspirés de Daech », qui sévissaient à Marawi, après cinq mois de combats acharnés, en pointant l’« admirable ratio » de 165 jeunes soldats tués contre plus d’un millier d’ennemis.

La solution consiste à « s’en débarrasser d’abord » et ensuite examiner les raisons pour lesquelles les terroristes ont soudainement cessé d’être de « si gentils garçons », a asséné le délégué philippin.  Il a ensuite rejeté la pauvreté comme excuse, qu’il a considérée comme « l’interprétation paresseuse des suspects habituels ».  « Notre réponse, c’est la force.  Et ça marche », a-t-il lancé. 

Cette intervention a tranché avec les appels de nombreuses délégations à remédier aux causes profondes du terrorisme, premier objectif de la lutte antiterroriste pour le délégué de l’Éthiopie.  « Les facteurs sous-jacents sont complexes mais, en dernière instance, le terrorisme est lié au déficit grave de gouvernance, de sécurité et de développement », a résumé le représentant chinois, tandis que le délégué de l’Ouganda a cité la pauvreté.

Autre pays cible d’attaques terroristes, le Kenya a, en guise de riposte, modifié son arsenal législatif et créé une unité de police spécialisée dans le contre-terrorisme, a indiqué son représentant.  Ce dernier a par ailleurs demandé un soutien financier robuste pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) contre les Chabab.

Même son de cloche du côté du délégué du Mali, qui a souligné « avec force » l’importance de la coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme, notamment à travers la force G5 Sahel.  Le Mali a mis en place un mécanisme de dialogue interreligieux et intensifié la formation des leaders religieux, a-t-il dit, tandis que le délégué de l’Égypte a insisté sur le rôle de l’Université Al-Azhar contre l’extrémisme violent.

Toujours dans la région du Sahel, l’Algérie, a indiqué son représentant, redouble d’efforts pour combattre ce fléau, notamment dans le cadre du Comité d’état-major opérationnel conjoint et de l’Unité de centralisation du renseignement et de liaison du Sahel.

« Le Maroc a développé une stratégie orientée sur la prévention et l’action, incluant la formation des jeunes prédicateurs et la promotion des valeurs de tolérance, de dialogue, de coexistence et de respect de l’autre, prônés par l’islam », a déclaré le délégué de ce pays.  Les autorités religieuses et communautaires doivent s’impliquer davantage dans la lutte contre le terrorisme, a appuyé la délégation de l’Afghanistan.

Le représentant de Sri Lanka, pays qui a longtemps souffert du « joug » du terrorisme, a appelé tous les États Membres à partager leurs informations, leur expertise et leurs bases de données.  Son homologue du Nigéria a, lui, indiqué que la stratégie nationale de lutte antiterroriste avait permis de préparer « psychologiquement » les Nigérians à gagner la guerre contre Boko-Haram.

Par ailleurs, la crise dans l’État rakhine, a fait valoir le représentant du Myanmar, a débuté par l’attaque « gratuite et préméditée » de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), un groupe terroriste qui a tué des membres du personnel de sécurité et des centaines de civils, en plus de « provoquer l’exode massif » des musulmans vers « le pays voisin ».  Le Myanmar doit faire « son examen de conscience », a rétorqué son homologue du Bangladesh.  Celui-ci a rejeté les tentatives du Myanmar consistant à ternir l’image de tous les Rohingya « sous prétexte de lutte contre un groupe terroriste des plus marginaux ».  

Enfin, après ceux de la journée d’hier, les appels pour l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international se sont faits plus insistants, afin de distinguer, comme l’a dit l’Ouganda, la lutte contre le terrorisme « des luttes légitimes ».  Le représentant de la Fédération de Russie a invité ses collègues à faire preuve, à ce titre, de flexibilité.

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 5 octobre, à 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL

Déclarations

M. ROHAN PERERA (Sri Lanka) a salué le travail du Bureau de lutte contre le terrorisme, estimant qu’il permettra de renforcer les capacités des Nations Unies et de renforcer la coordination entre les États, tout en assurant la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a exprimé l’espoir que la Conférence de haut niveau sur la lutte antiterroriste, qui s’est tenue en juin 2018, permettra aux États Membres d’intensifier les partenariats et la coopération. 

En tant que pays qui a souffert pendant 30 ans sous le « joug » du terrorisme, Sri Lanka condamne le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, et considère tout acte terroriste criminel et injustifiable.  Rappelant que le crime transnational organisé fait partie intégrante des réseaux de financement du terrorisme, le représentant a appelé tous les États Membres à partager leurs informations, leur expertise et leurs bases de données relatives au terrorisme.  Il a toutefois reconnu qu’il nous faut trouver des façons innovantes de combattre le terrorisme, y compris la menace que représentent les combattants terroristes étrangers.  Alors que le terrorisme continue de nous « déshumaniser », il a appelé à la conclusion, après 10 ans d’efforts, des négociations en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a estimé que le terrorisme constitue l’une des menaces les plus dangereuses pour la paix et la sécurité internationales, ajoutant qu’aucun pays ni civilisation n’est à l’abri.  Au Mali, les groupes terroristes ont attaqué indistinctement les forces armées, les organisations humanitaires, les femmes et le patrimoine du Mali, a-t-il déploré, fustigeant l’action destructrice des « forces obscurantistes ».  Il a salué l’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) rendu contre un terroriste impliqué dans la destruction de monuments historiques et religieux. 

Le Mali, a poursuivi M. Konfourou, a mis en place un mécanisme de dialogue interreligieux et intensifié l’éducation et la formation des leaders religieux, en plus de divers projets d’autonomisation des femmes et des jeunes.  Le Mali s’acquitte de ses obligations internationales en matière de lutte antiterroriste, notamment en s’attaquant au financement du terrorisme.  Le représentant a souligné l’importance de la coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme, notamment la force G5 Sahel, appelant les États Membres à l’appuyer.  Enfin, il a appelé les membres de la Commission à adopter une définition commune et consensuelle du terrorisme afin de favoriser une compréhension commune de ce fléau tout en favorisant une plus grande cohérence et efficacité.

Du fait de la nature transnationale du terrorisme, aucune nation ne peut traiter seule le problème.  Qui plus est, « un maillon faible affaiblit toute la chaîne de coopération », a expliqué M. THOMAS B. AMOLO, (Kenya).  Les attaques répétées depuis des années du groupe terroriste des Chabab ont endommagé les infrastructures du Kenya, son capital économique et social, sa productivité et sa croissance.  Plus grave, elles ont eu pour effet de rediriger des investissements pour la croissance vers des investissements de nature sécuritaire.

Le Kenya a mis l’accent sur la lutte contre le financement du terrorisme, et à ce titre, il soutient les efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme pour établir un réseau global de centres de contre-terrorisme pour combattre ses nouvelles formes, partager de bonnes pratiques, et trouver de nouveaux angles de collaboration.  Le Kenya a ratifié toutes les conventions internationales contre le crime transnational organisé; il a modifié son arsenal législatif et créé une unité de police spécialisée dans le contre-terrorisme; une agence de déminage; une équipe d’enquêteurs spécialisés dans la sécurité informatique. 

Le centre national de lutte contre le terrorisme kenyan a réalisé de nombreux progrès, en alertant l’opinion publique et expérimentant des stratégies de déradicalisation, s’est félicité le Ministre.  Pour renforcer la coopération avec les Nations unies, le Kenya a accueilli les dirigeants du Bureau de lutte contre le terrorisme et de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) en juillet 2018.  Le Gouvernement kenyan a réaffirmé sa volonté de collaborer en matière de sécurité aéroportuaire, de renforcement des capacités des forces de sécurité, d’autonomisation des femmes dans la lutte contre le terrorisme, de formation professionnelle des jeunes, d’élaboration de stratégies contre-narratives et d’aide aux victimes.

En tant qu’État tampon contre le terrorisme en Afrique, le Kenya a demandé à la communauté internationale de poursuivre son soutien financier dans la lutte contre le terrorisme, en particulier via la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  « Même si la Somalie est relativement stable, la guerre contre le terrorisme des Chabab n’est pas encore terminée », a averti M. Amolo.

M. DUNCAN LAKI MUHUMUZA (Ouganda) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Le terrorisme ne peut se justifier sous aucun prétexte, a-t-il dit, avant de souligner la nécessité d’une définition globale du terrorisme.  « C’est un préalable afin de distinguer le terrorisme des luttes légitimes. »  Il a exhorté la communauté internationale à remédier aux causes profondes du terrorisme, dont la pauvreté.

Le délégué a souligné l’importance de la tenue d’un sommet international sous les auspices de l’ONU en vue de formuler une réponse internationale organisée face à toutes les formes et manifestations du terrorisme.  Il a rappelé la lutte de son pays contre les groupes terroristes, en particulier l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui a été vaincue en Ouganda.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays, en tant que l’un des plus importants contributeurs de troupes à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), est en première ligne de la lutte contre les Chabab.

M. TEODORO L. LOCSIN (Philippines) s’est enorgueilli de la défaite infligée par les forces armées et la police de son pays aux « terroristes inspirés de Daech » qui sévissaient à Marawi, après cinq mois de combats acharnés, se félicitant de l’« admirable ratio » de 165 jeunes soldats tués contre plus d’un millier d’ennemis.  Il a remercié les États-Unis et l’Australie de leur assistance à cet égard.  Le terrorisme est selon lui un problème de gens, spécifiquement un problème de « gens mauvais », et la solution consiste à « s’en débarrasser d’abord », et ensuite à examiner les raisons pour lesquelles les terroristes ont soudainement cessé d’être de « si gentils garçons ». 

« Nous rejetons la pauvreté comme excuse, que nous considérons comme l’interprétation paresseuse des suspects habituels, dont les cerveaux sont frappés d’hémorragie », a martelé le représentant.  Bien entendu, les Philippines reconnaissent la nécessité de se pencher sur les causes profondes du terrorisme; il s’agit d’un « sujet d’étude prometteur d’un point de vue académique ».  Mais une fois que le terrorisme a pris racine, s’est épanoui, et commencé de porter ses fruits « militants », l’examen des causes du terrorisme doit être relégué au second plan, pour éradiquer en lieu et place l’« excroissance » avant qu’elle ne répande ses graines.  « Ceci doit être fait dans le plus strict respect des droits de l’homme, sans porter atteinte aux innocents.  Le sang des innocents fertilise le sol où s’enracine le terrorisme », a-t-il mis en garde.

Défendant l’approche « à l’échelle de toute la nation » des Philippines en matière de lutte contre l’extrémisme, M. Locsin a expliqué qu’elle consistait à « se lancer corps et âme dans sa destruction », et à refuser qu’il prenne place dans notre société, en prenant soin d’alerter au préalable les communautés concernées de l’approche des forces de l’ordre, et de les sensibiliser aux « séductions » du terrorisme.  Marawi illustre selon lui la relation symbiotique entre terrorisme et trafic illicite de stupéfiants: « Avec l’argent de la drogue, les terroristes ont réussi à fédérer un gang d’extrémistes armés jusqu’aux dents, de criminels, de mercenaires, et de combattants terroristes étrangers pour prendre le contrôle de la ville et réinstaurer dans notre région leur califat en lambeaux du Moyen-Orient », s’est-il exclamé.  « Notre réponse n’a rien à voir avec un appel à la conscience, ni avec une prière adressée aux anges supérieurs de la divinité terroriste.  Notre réponse, c’est la force.  Et ça marche », a tranché le délégué philippin. 

Mettre fin au terrorisme exige la plus large et sincère coopération possible entre les États Membres, a conclu M. Locsin, qui a apporté son soutien à l’initiative du Kazakhstan d’un Code de conduite pour présenter un front uni dans la lutte contre le terrorisme, « jusqu’à ce que tout ce qu’il reste ne soit plus qu’un souvenir douloureux, comme le fascisme par le passé ».  Dans ce contexte, l’ONU peut prendre la tête de ce combat, en s’appuyant sur sa Stratégie antiterroriste mondiale. 

Mme CARLA RIVERA (El Salvador) a réitéré l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme international.  El Salvador, a-t-elle rappelé, a ratifié puis intégré dans sa législation nationale divers traités régionaux et internationaux afin d’assurer la coopération dans la lutte contre le terrorisme.  Le pays a adopté, en 2006, une loi spéciale contre les actes terroristes qui comporte des dispositions spécifiques destinées à prévenir le terrorisme. 

En outre, le Gouvernement a renforcé les capacités du Bureau du Procureur en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme, ce qui démontre, a estimé la représentante, la détermination d’El Salvador à s’acquitter de ses responsabilités à cet égard.  Afin que la lutte contre le terrorisme se fasse dans le respect de l’état de droit, des droits de l’homme et de la Charte de l’ONU, il s’est engagé à participer activement aux débats sur l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international. 

M. MOHAMED EDREES (Égypte) a souligné la menace sans précédent posée par le terrorisme et appelé la communauté internationale à riposter par des moyens globaux.  Les mesures militaires et sécuritaires ne suffisent pas, a-t-il dit, en appelant à lutter contre la propagande terroriste.  Le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion ou un groupe ethnique, a poursuivi le délégué égyptien.  Il a mentionné le rôle important joué par les institutions égyptiennes, dont l’université Al-Azhar, dans la lutte contre l’extrémisme violent.  Il a indiqué que les actions de son pays ont permis d’éradiquer le terrorisme dans le Sinaï.  Ces actions sont dans l’intérêt du monde, a-t-il dit.

Le délégué a ensuite fustigé l’appui fourni par certains pays à des groupes terroristes et souhaité que les premiers rendent des comptes.  Enfin, il a plaidé pour un renforcement des capacités des pays afin qu’ils puissent mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et souhaité l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.

Malgré les défaites militaires de Daech au Moyen-Orient, a considéré M. MAXIM MUSIKHIN (Fédération de Russie), ses filiales continuent de se renforcer dans le monde.  Selon lui, Daech continue de recruter et préparer des actes de terreur, en s’appuyant notamment sur le retour des combattants étrangers expérimentés dans leur pays d’origine afin de créer des cellules dormantes qui agissent de façon imprévisible et autonome.  La Russie a participé activement à la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale et à la conférence de haut niveau des Nations Unies qui s’est tenue juin.  Il est indispensable, a poursuivi le représentant, que malgré leurs divergences, les États conservent un consensus sur la Stratégie et ses quatre piliers.  Il a préconisé une approche « dépolitisée », notamment pour la mise en place d’un réseau international de coordonnateurs de la lutte contre le terrorisme, dans le respect de la souveraineté des États. 

Nous devons lutter contre la propagande terroriste sur Internet, a poursuivi M. MUSIKHIN, et endiguer les sources de financement du terrorisme, notamment l’utilisation des nouvelles technologies, telles que la « chaîne de blocs ».  Il a dénoncé l’appui étranger fourni aux combattants dans les zones de conflit en Syrie, notamment la fourniture de matériel non létal à l’opposition dite modérée.  Le représentant a ensuite appelé à l’amélioration des mécanismes d’extradition, tout en exprimant l’espoir que les États Membres se conforment à la Stratégie antiterroriste mondiale.  

Poursuivant, il a critiqué la politique de deux poids, deux mesures de certains États qui établissent une distinction entre « bons et mauvais terroristes » à des fins politiques, ajoutant que tout appui au terrorisme est inacceptable.  Par ailleurs, il a invité les délégations à faire preuve de flexibilité afin de permettre l’adoption d’une convention générale contre le terrorisme.  Enfin, le représentant a dénoncé l’intervention de l’Ukraine devant la Commission, estimant qu’elle a utilisé son droit de parole pour attaquer la Russie plutôt que participer au débat en cours.  Selon lui, le plan de prévention de l’extrémisme ne pourra jamais bénéficier d’un appui universel.  Pour sa part, la Russie est prête à appuyer le Bureau de lutte contre le terrorisme en fournissant un appui technique aux États et en favorisant le renforcement des capacités. 

M. HENRY SUAREZ (Venezuela) a déclaré que le terrorisme déstabilise les gouvernements et menace l’intégrité territoriale des États, en plus de fragiliser le développement.  Il a condamné l’action des États-Unis qui appuient et financent des groupes « minoritaires » de l’opposition afin de renverser le Chef de l’État, en plus d’accueillir sur leur sol les responsables.  Il a demandé au Gouvernement américain de remplir ses obligations internationales de juger ou d’extrader ces « criminels ».  À cet effet, le représentant a annoncé son intention de présenter un projet de résolution sur la « nécessité de renforcer la coopération internationale pour la prévention et le châtiment des actes de terrorisme contre les personnes protégées au niveau international ».

M. Suarez a salué l’adoption récente du Code de conduite pour parvenir à un monde libre de terrorisme.  Pour lui, la pauvreté et les inégalités représentent la source du terrorisme.  L’action du Bureau de lutte contre le terrorisme et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies ont également permis une meilleure cohérence et complémentarité entre les États.  Il a conclu en soulignant l’importance pour les États Membres de combattre le terrorisme dans le respect de l’ensemble de leurs obligations internationales, plutôt que de façon sélective.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a estimé que le terrorisme menace la sécurité et la paix internationales, les valeurs démocratiques et le bien-être du monde.  Pour le combattre, il est nécessaire d’adopter des mesures de prévention et d’accroître la coopération régionale et internationale.  Elle a accueilli favorablement la tenue de la conférence de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme qui s’est tenue en juin de cette année, estimant qu’elle permettra d’intensifier la coopération multilatérale. 

Selon elle, il faut accroître les obligations des nations et les efforts qu’elles déploient pour vaincre le terrorisme afin de créer un « espace propice à la paix », comme le préconise la Déclaration en faveur d’une culture de la paix des Nations Unies.  Après avoir décrit les divers traités de lutte contre le terrorisme ratifiés par le Honduras, la représentante a proposé de convoquer une conférence de haut niveau afin d’adopter une convention sur le terrorisme international, sous l’égide des Nations Unies.  Elle a souligné, en terminant, les liens qui existent entre le terrorisme et les groupes armés non étatiques, notamment les bandes criminelles, estimant que ce fléau doit être combattu par une approche holistique, dans la lignée de la Stratégie antiterroriste mondiale.

M. MUHAMMAD SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a condamné tous les actes terroristes, notamment de la part de Daech, responsable de la perte de vies innocentes et de dommages aux biens et aux infrastructures publiques.  La Malaisie est d’avis que le terrorisme ne devrait être associé à aucune religion, nationalité ou groupe ethnique.  La lutte contre le terrorisme ne cessera pas tant que ses causes profondes ne seront pas traitées, a fait observer le représentant, précisant que presque tous les actes terroristes sont commis par des groupes « qui se sont sentis opprimés ».  Il a néanmoins souligné que le terrorisme ne devrait pas être assimilé à la lutte légitime pour l’auto-détermination de peuples sous occupation étrangère.

Pour sa part, la Malaisie, qui a pris des mesures pour renforcer son cadre juridique national, est partie à neuf des 14 instruments juridiques internationaux concernant l’antiterrorisme.  Elle reste par ailleurs préoccupée par les défis que peut poser le retour de combattants terroristes à l’étranger et reconnaît les difficultés à les empêcher de diffuser leur idéologie.  Sur cette question, elle a mis en place des programmes de déradicalisation, de réhabilitation et de réinsertion de ces combattants.  Elle compte aussi sur le renforcement de la coopération bilatérale, régionale et multilatérale pour l’échange d’informations et d’expertise.

Mme EUNICE PHILLIPS-UMEZURIKE (Nigéria) a déclaré que son pays n’est pas étranger au phénomène du terrorisme, depuis qu’il est confronté à Boko Haram.  Mais grâce aux mesures fortes prises par son gouvernement, grâce aussi à la coopération avec ses voisins, notamment le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin, et avec l’appui de nombreux partenaires, les activités de ce groupe ont été décimées, a affirmé la représentante, assurant par ailleurs de la détermination de son pays à continuer de coopérer avec les Nations Unies aux fins de la lutte contre le terrorisme.

Elle a ensuite indiqué que les Nigérians s’étaient « psychologiquement préparés » à gagner cette guerre, avec l’adoption de la stratégie nationale de lutte antiterroriste, qui appelle à l’unité de tous les Nigérians et encourage les leaders religieux à user de leur influence pour mettre en garde leurs ouailles contre toute forme d’extrémisme.  Le programme de radicalisation et de réinsertion des anciens combattants de Boko-Haram, le fonds de soutien apporté aux victimes, de même que l’initiative présidentielle pour le nord-est et le programme « école sûre » sont des initiatives toujours en cours.  Elles ont même facilité la stabilisation socioéconomique et la réinstallation des personnes déplacées en raison des activités de ce groupe, a encore déclaré la représentante.

M. MOHAMED ATLASSI (Maroc) a salué le rôle prépondérant des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et le soutien apporté aux États dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale et ses quatre piliers.  Il a ajouté que son pays condamne le terrorisme sous toutes ses formes.  Il estime aussi que rien ne peut le justifier, tout comme il ne faut pas l’associer à une religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique. 

Le représentant a également déclaré qu’avec la défaite militaire de Daech, le phénomène du terrorisme avait pris une nouvelle tournure, avec notamment le retour des combattants étrangers.  Ces retours sont de nature à accentuer la menace terroriste, a-t-il averti, ajoutant que cette nouvelle donne nécessite une réponse multilatérale urgente.  Il faut renforcer la sécurité des frontières, consolider la coopération internationale et l’échange d’informations, comme l’exige la Stratégie mondiale et les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.

En sa qualité de coprésident du Forum global de lutte contre le terrorisme, le Maroc accorde une importance à la coopération régionale, à l’échange d’informations et à l’utilisation des données d’Interpol, tout comme à la mise sur pied de plans de déradicalisation et de réinsertion.  Au plan national, le Maroc a développé une stratégie orientée sur la prévention et l’action, incluant la formation des jeunes prédicateurs et la promotion des valeurs de tolérance, de dialogue, de coexistence et de respect de l’autres, prônés par l’Islam, a conclu M. Atlassi. 

M. MOUSSA MOHAMED MOUSSA (Djibouti) a déclaré qu’il n’était plus besoin de démontrer à quel point le terrorisme est une menace transnationale, un phénomène complexe en perpétuelle mutation.  Contrer le terrorisme, prévenir l’extrémisme violent exige donc que la communauté internationale adopte une démarche inclusive et multidimensionnelle reposant à la fois sur une plus grande implication des populations, mais également une meilleure coopération entre les institutions nationales, régionales et internationales.  À ce titre, il s’est félicité de la convocation, par le Secrétaire général en juin dernier, de la première Conférence de haut niveau entre toutes les agences gouvernementales de lutte contre le terrorisme.  Il s’est aussi réjoui des réformes engagées ces deux dernières années sur l’architecture de lutte contre le terrorisme, ayant notamment donné lieu à la création d’un bureau spécifiquement dédié à cette question.

Alors que l’Afrique de l’Est, région à laquelle appartient Djibouti, a été l’une des premières dans les années 90 à subir les assauts du terrorisme, les États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont su développer une résilience face au phénomène.  Depuis 2017, ces pays ont mis sur pied un centre de lutte contre l’extrémisme violent, a indiqué le délégué.  Ce centre, installé à Djibouti, vise à renforcer la coordination régionale, l’analyse et l’élaboration de parades aux discours extrémistes véhiculés dans les réseaux sociaux. 

M. SHI XIAOBIN (Chine) a considéré qu’une priorité en matière de lutte antiterroriste, pour la communauté internationale, est de bâtir un consensus et de renforcer la coopération, en rejetant les deux poids, deux mesures et les intérêts géopolitiques, en adoptant une politique de tolérance zéro et non-sélective vis-à-vis du terrorisme.  En outre, il est nécessaire de se pencher sur les symptômes et les causes profondes des problèmes qui alimentent ce phénomène.  « Les facteurs sous-jacents sont complexes mais, en dernière instance, le terrorisme est lié au déficit grave de gouvernance, de sécurité et de développement », a résumé le représentant.

C’est la raison pour laquelle il a souligné le rôle directeur que pourrait jouer l’ONU dans le renforcement de la coopération contre le terrorisme, en encourageant les États Membres à scrupuleusement respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale.  Dans la continuité du point précédent, M. Xiaobin a plaidé pour le respect des règles du droit international.  Il a ajouté que sa délégation espère que la convention générale sur le terrorisme international sera bientôt finalisée et adoptée par l’Assemblée générale.

Pour M. MIN THEIN (Myanmar), aucun pays n’est à l’abri de la menace que constituent le terrorisme et les défis sécuritaires non traditionnels de notre temps.  L’émergence récente des « loups solitaires » sème la peur et l’incertitude dans nos sociétés alors que leurs attaques visent le plus souvent des cibles vulnérables.  Nous faisons face à des réseaux terroristes parallèles et interconnectés, a observé le représentant, s’inquiétant des conséquences du retour des combattants étrangers dans leur pays et ailleurs.  Il faut donc adopter une approche exhaustive de lutte contre le terrorisme, selon les dispositions de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Le représentant a réaffirmé la détermination de son pays à intensifier la coopération régionale et internationale pour vaincre le terrorisme, qu’aucune cause ne saurait justifier. 

Pour sa part, le Myanmar collabore pleinement avec ses partenaires de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et du Groupe d’action financière afin d’éradiquer le blanchiment d’argent et autres sources de financement du terrorisme.  La crise dans l’État rakhine, a fait valoir le représentant, a débuté par l’attaque « gratuite et préméditée » de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), un groupe terroriste qui a tué des membres du personnel de sécurité et des centaines de civils, en plus de « provoquer l’exode massif » des musulmans vers « le pays voisin ».  Selon lui, l’ARSA jouit du soutien d’Al-Qaida et de Daech et doit donc être défait.

Mme SANDRA PEJIC (Serbie) a affirmé que le phénomène des combattants terroristes étrangers figure au cœur des préoccupations de son pays; il s’agit d’un défi qui exige de prendre des mesures proactives de coopération régionale, ce qu’a fait la Serbie, en particulier dans les Balkans occidentaux et l’Europe du Sud-Est.  Le nombre de combattants terroristes étrangers recrutés dans cette région n’est pas négligeable, a-t-elle souligné, près d’un millier d’individus ayant combattu en Syrie et en Iraq.  « Jusqu’à présent, près de 40 individus en provenance de Serbie centrale ont pris part aux conflits dans ces deux pays », soit le plus faible pourcentage à l’échelle de la région d’après elle.

« En ce qui concerne le Kosovo et Metohija, la situation est bien différente, puisque le plus grand nombre de combattants terroristes étrangers se sont rendus sur les champs de bataille depuis cette province serbe », a-t-elle assuré.  Après avoir rappelé que la participation de citoyens serbes à de tels conflits armés est sanctionnée par la loi, la représentante a ajouté que son gouvernement avait adopté l’an dernier une Stratégie nationale pour la prévention et la lutte contre le terrorisme pour 2017-2021 et le plan d’action nécessaire à sa mise en œuvre. 

Depuis la fin des années 80, des attaques terroristes meurtrières ont été perpétrées contre mon pays en appui de revendications territoriales sans fondement et illégales, a déclaré M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan).  Il a affirmé que les conflits armés, en particulier dans des territoires placés sous occupation étrangère, forment un terreau fertile pour des groupes terroristes, séparatistes ou relevant de la criminalité organisée.  Les actes terroristes commis lors de conflits armés peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, a-t-il déclaré, en appelant à une coopération internationale robuste pour lutter contre l’impunité.  Enfin, le délégué a plaidé pour l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international et demandé que la lutte contre le terrorisme ne vise pas une religion ou une culture particulière.

M. ARMAN ISSETOV (Kazakhstan) a indiqué que le principal défi aujourd’hui est la menace posée par Daech et Al-Qaida, qu’il a qualifiée de « terrorisme low-cost, localisé », qui pourrait cependant être plus meurtrier.  Ce défi est aggravé par le retour des combattants terroristes étrangers.  Face à ce danger, le délégué a appelé à la consolidation des réseaux antiterroristes internationaux, régionaux et nationaux.

À titre national, il a précisé que son pays compte quadrupler son budget pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme d’ici les cinq prochaines années en encourageant une culture de tolérance religieuse.  Ce budget devrait être de 837 millions de dollars.  Enfin, le délégué a indiqué que plus de 70 pays ont rejoint le Code de conduite présenté par son pays en vue de renforcer la coordination internationale contre le fléau du terrorisme.  

Mme HYE MI KIM (République de Corée) a déclaré que son gouvernement, conscient que les États Membres portent la responsabilité première dans la lutte antiterroriste et contre l’extrémisme violent, a mis en place en 2016 un important cadre juridique, la Loi antiterroriste.  La même année, la Commission nationale de lutte contre le terrorisme et le Centre de lutte contre le terrorisme ont été établis pour superviser la mise en œuvre intégrale de la Loi.  La représentante a ensuite annoncé l’adoption du Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent en janvier dernier, sur la base duquel un travail de sensibilisation des communautés a été entrepris, de même que d’autonomisation des jeunes. 

Au niveau régional, Séoul déploie des efforts en vue de faciliter le dialogue interrégional et le partage de l’information autour du Plan d’action, comme en témoigne l’accueil, en avril dernier, d’une conférence à ce sujet, conjointement organisée avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que le Dialogue asiatique sur les technologies de l’information et des communications et la lutte contre le terrorisme, qui a eu lieu en partenariat avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et la Thaïlande, en janvier dernier.

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) s’est déclarée convaincue que la prévention du terrorisme, et la lutte contre ce fléau, exigent toujours une mobilisation et une coopération multidimensionnelle aux niveaux national, régional et international.  « Ayant souffert des effets dévastateurs du terrorisme au cours des années 1990,

l’Algérie a émergé comme un pays stable et sûr dans une région propice à l’instabilité et à la menace terroriste », a-t-elle dit.  Notre engagement à cet égard, a indiqué la représentante, porte principalement sur la mise en œuvre de politiques, de stratégies et de programmes de développement visant l’exclusion, la marginalisation, la stigmatisation, et l’injustice sociale, souvent exploitées à des fins de propagande terroriste et de recrutement. 

Cet effort du Gouvernement algérien s’étend aussi à la coopération bilatérale avec les pays voisins, notamment pour partager les pratiques optimales, a expliqué la représentante.  Dans la région du Sahel, l’Algérie continue de redoubler d’efforts, notamment dans le cadre du Comité d’état-major opérationnel conjoint et de l’Unité de centralisation du renseignement et de liaison du Sahel.  En outre, au niveau africain, l’Algérie accueille l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL), ainsi que le Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme, un organisme de l’Union africaine qui propose un niveau élevé d’expertise dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

M. FAIYAZ MURSHUD KAZI Bangladesh a insisté sur la détermination de son pays à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et encouragé les États Membres à surmonter leurs divergences dans le domaine antiterroriste. « Cela fait le jeu des terroristes », a-t-il dit.  Il a appuyé le travail du Bureau de lutte contre le terrorisme, tout en indiquant qu’il faudra du temps pour ce dernier pour s’acquitter de ses tâches de coordination des entités onusiennes.

Le représentant a indiqué que le Bangladesh a vaincu les réseaux terroristes nationaux présents sur son territoire et assuré que son pays n’est pas utilisé pour perpétrer des attaques contre d’autres pays.  Il a insisté sur sa vigilance à la frontière du Myanmar, théâtre d’un afflux de réfugiés Rohingya.  Il a rejeté les tentatives du Myanmar consistant à ternir l’image de tous les Rohingya « sous prétexte de lutte contre un groupe terroriste des plus marginaux ».  Le Myanmar doit faire son examen de conscience, a-t-il déclaré.  Enfin, il a souhaité l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.

Mme GRATA ENDAH WERDANINGTYAS (Indonésie) a affirmé avoir toujours mis en garde contre la vulnérabilité de tous devant le terrorisme, ajoutant que personne, y compris parmi les plus puissants, ne peut seul l’affronter.  L’Indonésie qui a récemment connu une de ces attaques à Surabaya, seconde ville du pays, constate avec horreur que « les terroristes n’hésitent plus aujourd’hui à impliquer des membres de leurs propres familles dans leurs opérations », a poursuivi la représentante, rappelant aussi que son pays condamne toute forme de terrorisme et rejette qu’il puisse être associé à une culture, un groupe d’individus, une religion.

Au plan national, pour répondre aux défis posés par ce phénomène, l’Indonésie a adopté un cadre adéquat incluant la loi antiterroriste révisée. Cette dernière, a expliqué la représentante, s’appuie sur une approche souple et répressive à la fois, en renforçant son volet prévention.  Elle vise notamment à améliorer la protection aux frontières et à faire en sorte que des combattants terroristes étrangers ne puissent quitter ou entrer sur le sol indonésien. En plus de cette loi, l’Indonésie dispose d’un plan national de lutte contre le terrorisme, axé sur la prévention, la déradicalisation, l’application des lois existantes et le renforcement des partenariats et de la coopération internationale. 

M. ENRIQUE J.M CARRILLO GOMEZ (Paraguay) a réaffirmé la détermination de son pays à mettre en œuvre les initiatives de lutte antiterroriste émanant du cadre multilatéral, dans le respect du droit international, des droits de l’homme, des droits des réfugiés et du droit international humanitaire.  Il a estimé à cet égard que le Conseil de sécurité doit se conformer aux dispositions de la Charte des Nations Unies, notamment sur l’usage de la force, afin de conserver la légitimité et la légalité de ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme.  Pour le Paraguay, l’Assemblée générale, en tant qu’organe le plus représentatif de l’ONU, devrait être le siège des discussions sur le terrorisme. 

Le représentant a plaidé pour la convocation, le plus tôt possible, d’une conférence de haut niveau sur notre réponse commune au terrorisme.  Il a souligné les liens étroits qui existent entre le Paraguay et le Comité contre le terrorisme, notamment pour l’assistance technique, afin de mettre en œuvre les politiques de prévention du terrorisme.  Par ailleurs, le Paraguay s’efforce d’adapter son cadre normatif aux impératifs de la lutte antiterroriste, en collaboration avec l’ONU et l’Organisation des États américains (OEA).  Il a toutefois suggéré que les documents relatifs à la lutte antiterroriste, disponibles en anglais, soient traduits dans toutes les langues officielles de l’ONU. 

M. SALIOU NIANG DIENG (Sénégal) a redit la ferme condamnation de son pays de tous les actes et pratiques terroristes, sous toutes leurs formes et dans toutes leurs manifestations.  Ils sont tout aussi criminels qu’injustifiables, quels qu’en soient les auteurs.  Le Sénégal condamne également l’assimilation de l’islam à la violence, de même que la stigmatisation des musulmans, considérés à tort comme étant responsables d’une violence dont ils sont eux-mêmes victimes en premier chef a-t-il dit.

Le représentant a également estimé que seul et isolé, nul ne peut venir à bout de la menace que constitue le terrorisme.  Il convient d’insister sur la nécessité d’une coopération inclusive entre tous les acteurs, car, la lutte antiterroriste ne se gagnera pas par une politique de fermeture ou d’exclusion, mais au contraire par une approche globale et holistique.  C’est dans ce contexte que le Sénégal salue l’adoption sans vote de la résolution sur le sixième examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale.

Pour sa part, a ensuite indiqué le représentant, le Sénégal continue de renforcer son dispositif juridique de lutte contre ce phénomène; il a ainsi créé une cellule de lutte antiterroriste, une délégation générale au renseignement national ainsi qu’un cadre d’intervention et de coordination interministériel des opérations de lutte antiterroristes.  Au plan régional, le pays s’inscrit dans une dynamique de coopération avec ses partenaires de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), en plus d’être membre de la Coalition internationale contre le terrorisme et de la Coalition islamique contre le terrorisme.

Pour Mme SOUMAYA BOURHIL (Tunisie), les progrès réalisés dans la lutte contre le terrorisme en Iraq et en Syrie ne représentent qu’une bataille dans une guerre de longue haleine.  Comme l’indique le rapport du Secrétaire général sur Daech, ce groupe terroriste continue de se transformer en réseau clandestin aux ramifications mondiales.  La question du retour et de la relocalisation des combattants étrangers est d’une grande complexité, a-t-elle noté, ajoutant que nos « fabriques sociétales » sont désormais atteintes.  L’utilisation par les groupes terroristes d’Internet et le recours à de nouveaux modes de financement, tels que la crypto-monnaie, représentent des défis nouveaux qui appellent le recours aux secteurs public et privé. 

Pour la représentante, la création du Bureau de lutte contre le terrorisme reflète l’évolution institutionnelle entreprise par les Nations Unies pour faire face à ces nouveaux défis, tout comme les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Il en va de même pour la sixième révision de la Stratégie antiterroriste mondiale, à laquelle la Tunisie a participé.  Selon elle, le renforcement de la coopération internationale représente la seule avenue possible pour une action efficace contre le terrorisme. 

Pour M. JERRY MIKA (Namibie), « une attaque contre un pays est une attaque contre tous », et il condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Il a passé en revue les mesures antiterroristes prises par son pays, mentionnant l’adoption en 2012 d’une loi créant une unité de lutte contre le blanchiment d’argent.  Une autre loi a été promulguée en vue de prévenir et combattre les activités terroristes.

Enfin, à l’aune de l’histoire de son pays qui s’est vu refuser pendant longtemps l’exercice de son droit à l’autodétermination lorsqu’il était placé sous l’administration du régime d’apartheid d’Afrique du Sud, le délégué a souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de la lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale. 

M. HOTAKA MACHIDA (Japon) a dit à quel point la menace du terrorisme a évolué et s’est étendue à travers le monde.  La résolution adoptée lors de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale en juin, ainsi que la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité, ont souligné l’importance de répondre à la menace des combattants terroristes étrangers, y compris celle posée par leur réinstallation.  C’est la raison pour laquelle son gouvernement a mis en œuvre la résolution précitée et s’est appuyé sur le système de renseignements préalables concernant les voyageurs et celui du dossier passager pour identifier des combattants terroristes étrangers et leurs réseaux.

Le représentant a ajouté qu’outre les mesures de lutte contre le terrorisme, les États Membres seraient inspirés de redoubler d’efforts pour prévenir l’extrémisme violent, laquelle mène au terrorisme, en mettant l’accent sur la sensibilisation de l’opinion publique.

M. MOHAMMAD YOUSSOF GHAFOORZAI (Afghanistan) a estimé que le paysage mondial est « précaire » alors que la menace terroriste continue de s’étendre dans le monde entier.  L’Afghanistan a récemment fait face avec cohésion à une nouvelle vague d’attentats visant à détruire les progrès réalisés au cours des dernières années, a-t-il rappelé.  L’existence de sanctuaires terroristes occupés par des groupes terroristes internationaux continue d’être une source de grave préoccupation, a déclaré le représentant, pour qui la coopération régionale et internationale est essentielle pour faire face à cette menace.  En outre, l’Afghanistan a adopté une stratégie nationale antiterroriste et une stratégie de développement économique pour s’attaquer aux causes sous-jacentes du terrorisme. 

Le représentant a dit espérer que la nouvelle révision de la Stratégie antiterroriste mondiale permettra de réaliser des progrès concrets et que les régimes de sanctions adoptés par le Conseil de sécurité seront appliqués de façon efficace.  Selon lui, les autorités religieuses et communautaires doivent s’impliquer davantage dans la lutte contre le terrorisme. Il a mentionné la tenue de rencontres entre les leaders religieux d’Afghanistan et ceux de l’Arabie saoudite et du Pakistan afin de discuter de ces questions.  Pour l’Afghanistan, la lutte antiterroriste demeure une priorité nationale qui permet de garantir sa sécurité nationale et celle de la communauté internationale, a conclu le représentant.

M. FAROUK YOUSIF MOSTAFA (Iraq) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, en rappelant les crimes terroristes odieux commis contre son pays. « L’Iraq a été en première ligne de la lutte livrée contre Daech, au nom du monde entier », a-t-il dit.  Il a plaidé pour le renforcement de la coopération antiterroriste, sous bannière onusienne.  Mon Gouvernement a promulgué une loi en 2015 relative à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Il a salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et l’adoption par consensus de la sixième révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Cette Stratégie doit être mise en œuvre de façon holistique et cohérente, a-t-il déclaré.  Enfin, le délégué a rappelé que le peuple iraquien a pu chasser les bandes de Daech et leur infliger une défaite cuisante, avec l’appui de la coalition internationale, grâce à son unité.

M. NGUYEN NAM DUONG (Viet Nam) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, sans égard à ses motifs, et appuyé les efforts de la communauté internationale pour y mettre fin.  Pour ce faire, le Viet Nam préconise la codification et le développement progressif du droit international, ainsi que l’adoption d’une convention internationale sur le terrorisme international. 

Le représentant a estimé que les différends devraient être résolus par des moyens pacifiques, dans le respect du droit international.  Pour sa part, le Viet Nam a enchâssé des dispositions relatives à la lutte antiterroriste dans son cadre juridique, a-t-il rappelé, et participé activement, en juin de cette année, à la première conférence de haut niveau des dirigeants d’agences de lutte contre le terrorisme.  En outre, le Viet Nam s’efforce de mettre en œuvre la Convention antiterroriste de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Mme MAYSOUN AL MATROOSHI (Émirats arabes unis) a déclaré que l’extrémisme violent et le terrorisme ne connaissent pas de frontières alors que les groupes terroristes parviennent à trouver des moyens de plus en plus sophistiqués pour mener leurs attaques.  Elle a dénoncé les actions terroristes qui servent les intérêts politiques de certains pays afin de déstabiliser le monde.  Nous devons continuer de travailler ensemble malgré les menaces émergentes telles que le retour des combattants étrangers et la création de nouvelles cellules aux quatre coins du monde, a poursuivi la représentante, pour qui la lutte contre le terrorisme doit s’appuyer sur une stratégie mondiale dotée de moyens conséquents et tenant comptes des caractéristiques de chaque pays.

Pour la représentante, la réponse au terrorisme doit être intégrée et s’attaquer tant aux modes de financement du terrorisme qu’à ses causes profondes.  Les Émirats arabes unis, a-t-elle rappelé, ont adopté des législations complètes en la matière ainsi qu’un plan d’action contre les discours haineux, en plus de mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Enfin, elle a souligné l’importance de renforcer la coopération internationale, notamment par l’échange de renseignements avec le Bureau de lutte contre le terrorisme.

M. YOUSEF SALAH (Libye) a plaidé pour une coopération internationale resserrée face au terrorisme, qui ne devrait pas être associée à une religion ou un groupe ethnique.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant de saluer le code de conduite récemment proposé par le Kazakhstan pour débarrasser le monde du terrorisme.  Il a insisté sur les grands sacrifices de son pays dans la lutte victorieuse contre les groupes terroristes.

Le délégué a déclaré que les migrations irrégulières sont source de grandes souffrances, tant pour les migrants que pour les pays de transit comme la Libye. Les pays de départ doivent veiller à des migrations ordonnées et régulières, a-t-il dit, en plaidant pour un appui renforcé à ces pays.  Il a prôné pour un dialogue accru afin de lutter contre les discriminations sur une base religieuse et promouvoir la tolérance.  Enfin, le délégué a demandé le renforcement des capacités des pays face au terrorisme.

M. PHONESAVATH PHONEKEO (République démocratique populaire lao) a condamné l’extrémisme violent et le terrorisme, qui entravent le développement socioéconomique des États et crée un climat de peur au sein des sociétés.  Le lao, a-t-elle rappelé, est partie à la convention sur le terrorisme de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et du Groupe Asie-Pacifique.  Elle a souligné l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme. 

M. EPHREM BOZUAYHUE HIDUG (Éthiopie) a souligné que la nature changeante du terrorisme exige une révision régulière des stratégies et instruments nationaux et internationaux car malgré les progrès significatifs enregistrés grâce à ces derniers, la coopération internationale n’est pas encore véritablement efficace. La lutte contre le terrorisme doit d’abord porter sur ses causes sous-jacentes, a estimé le représentant qui a précisé que la réponse de la communauté internationale doit se positionner sur le long terme et comprendre plusieurs volets, avec une attention particulière sur ceux qui distillent haine et colère dans les segments les plus désavantagés de la population.  Il faut, a-t-il dit, travailler sans relâche pour promouvoir la tolérance, la coexistence et le respect de l’autre. 

En conséquence, a poursuivi M. Hidug, les cadres juridiques doivent être sous-tendus par la culture du dialogue, de la compréhension, de la consultation et de la coopération.  La lutte contre l’exclusion sociale implique que l’on respecte les valeurs des exclus et qu’on leur garantisse l’égalité des chances.  La clef est de travailler ensemble contre le terrorisme quelles que soient l’origine et l’identité de ses auteurs.  C’est consciente de cela que l’Éthiopie s’est embarquée dans des réformes à grande échelle pour assurer le développement socioéconomique, élargir l’espace politique, garantir l’état de droit, promouvoir la liberté de la presse et le respect des droits de l’homme, a conclu le représentant d’un pays qui ratifié neuf des 19 conventions et protocoles internationaux contre le terrorisme, sans oublier les instruments régionaux, dont les accords de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission adopte son ordre du jour et approuve l’organisation de ses travaux

Soixante-treizième session,
1re séance – matin
AG/EF/3494

La Deuxième Commission adopte son ordre du jour et approuve l’organisation de ses travaux

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a approuvé, ce matin, l’ordre du jour et l'organisation des travaux* de sa soixante-treizième session, qui débutera lundi 8 octobre par le débat général et se terminera au plus tard le 29 novembre.

Le Président de la Commission, M. Jorge Skinner-Kleé Arenales, du Guatemala, a rappelé qu’après l’adoption, en mai dernier, de la résolution sur le nouveau positionnement du système des Nations Unies pour le développement, les débats liés à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement seront cruciaux.

Le débat général, qui aura lieu du lundi 8 au mercredi 10 octobre, portera sur les 15 points à l’ordre du jour**.  Il sera précédé d’une allocution du Vice-Président et directeur par intérim du programme d’économie et de développement mondial de la Brookings Institution, M. Homi Kharas. 

M. Skinner-Kleé a donné des indications sur les deux réunions parallèles organisées au cours de cette session.  La première, intitulée « Infrastructures et développement durable: faire en sorte que les investissements dans les infrastructures bénéficient aux femmes et aux filles », aura lieu le mardi 16 octobre.  La seconde, sur le thème « Facteurs de vulnérabilité à la dette dans les pays en voie de développement », le mardi 23 octobre.

Comme lors des précédentes sessions, la Deuxième Commission et le Conseil économique et social (ECOSOC) tiendront une séance conjointe le 10 octobre dans l’après-midi, qui cette année aura pour thème « L’économie circulaire dans la pratique ».

Le candidat soutenu par le Groupe des États d’Afrique, M. Mehdi Remaoun, de l’Algérie, a été élu par acclamation Vice-Président de cette session de la Deuxième Commission.  Les deux autres Vice-Présidents sont M. Cédric Braquetti, de Monaco, et Mme Hessa Muneer Mohammed Rashed Alateibi, des Émirats arabes unis, tandis que Mme Anneli Lepp, de l’Estonie, occupe le poste de Rapporteur.

Le Président a par ailleurs détaillé les méthodes de travail de cette session, assurant qu’il veillerait scrupuleusement au respect des horaires de séance et des temps de parole attribués à chaque délégation.  Il a aussi appelé, comme l’an dernier, au respect des dates limites de soumission des projets de résolution.

La Commission a également été informée de l’état de la documentation** pour la soixante-treizième session.

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu le lundi 8 octobre, à partir de 10 heures.

* A/C.2/73/L.1

** A/C.2/73/L.1/Add.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les ravages de la drogue et les liens entre criminalité organisée et terrorisme sont une nouvelle fois dénoncés à la Troisième Commission

Soixante-treizième session,
5e & 6e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4228

Les ravages de la drogue et les liens entre criminalité organisée et terrorisme sont une nouvelle fois dénoncés à la Troisième Commission

L’état de droit est en péril: « Le terrorisme, nourri par les causes profondes de la radicalisation et de l’extrémisme violent, n’a jamais été aussi étroitement lié au crime organisé, au trafic d’êtres humains, aux drogues et aux armes ainsi qu’à la corruption », a averti aujourd’hui le représentant de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) devant la Troisième Commission, à l’occasion de l’examen par celle-ci des questions relatives au contrôle international des drogues et à la prévention du crime et de la justice pénale.  Face à ce constat, dressé également par le Secrétaire général dans son rapport annuel, les délégations se sont longuement exprimées sur les ravages de la drogue et les risques que représente le crime organisé, sous toutes ses formes, pour le développement international, la protection des droits de l’homme et l’état de droit.

Le rapport du Secrétaire général le rappelle: la prévalence de l’abus de drogues dans le monde est restée pratiquement stable ces dernières années, avec un taux moyen de 5,1% parmi la population mondiale âgée de 15 à 64 ans.  Il rappelle aussi que la lutte contre la drogue au plan international repose sur trois principaux instruments: la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, la Convention sur les substances psychotropes de 1971 et la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988, ainsi que sur leurs Protocoles additionnels.

Nombre de délégations ont présenté leurs efforts pour lutter contre le fléau.  Important pays producteur, la Colombie a rappelé ses techniques de lutte contre la prolifération des cultures illégales de drogues, et notamment la destruction de plus de 60 000 hectares de cultures illicites. Les cultures alternatives, qui permettent d’assurer un revenu aux paysans qui vivaient jusqu’alors des revenus de la culture de plantes illicites, restent une solution valable, a estimé la Thaïlande et ce, malgré le rôle de plus en plus important joué par les drogues de synthèse.

L’Afghanistan, géant de la production d’opium, a quant à lui insisté sur la corrélation entre les stupéfiants et le terrorisme, qui « n’est plus à prouver » et a mis en avant son bilan: plus de 2 000 opérations menées en 2017, arrestation de plus 3 000 suspects, confiscation de plus de 300 tonnes de stupéfiants et destruction d’une cinquantaine de laboratoires chimiques et plus de 10 entrepôts de drogue, ce qui représenterait plus de 360 millions de dollars de pertes pour les trafiquants.

Le représentant des Philippines s’est pour sa part enorgueilli des méthodes musclées utilisées par son Gouvernement, y compris de la mort de quelque 4 000 trafiquants, et a invoqué la « responsabilité de protéger » des autorités envers la population, face à une « frange de hors-la-loi ».  Dénonçant comme « idiote » toute suggestion de légaliser la consommation de drogue, le représentant s’en est pris aux « amis du trafic de la drogue » qui demandent que soit mis fin à la guerre contre la drogue menée par le pays et a affirmé « qu’aucune puissance, autorité ou agence » n’était supérieure aux États et susceptible de les empêcher de remplir leurs obligations de protection des innocents ou leur indiquer comment lutter contre les crimes et les punir.

Quant à la Chine, elle a estimé que, si les droits de l’homme doivent être protégés dans le cadre de cette lutte, « il n’était toutefois pas essentiel de leur accorder une importance exagérée au regard des autres efforts à mener » et que l’abolition de la peine capitale ne devrait pas être liée au problème des stupéfiants.

À l’image de Sri Lanka, plusieurs États ont préconisé une approche fondée sur un équilibre entre la réduction de l’offre, les soins, la désintoxication et la baisse de la demande.  Enfin, tout comme l’ONUDC, de nombreuses délégations ont mis l’accent sur la prévention, notamment Singapour, qui a affirmé enregistrer aujourd’hui le plus faible taux d’abus de drogue au monde, les toxicomanes comptant pour moins de 0,1% de la population.

Outre la drogue, les intervenants ont dénoncé l’ensemble des méfaits de la criminalité transnationale, et en premier lieu les retards qu’elle entraîne en matière de développement.  Nos pays peinent à réaliser les objectifs de développement durable en raison des activités des groupes criminels organisés qui représentent une menace directe à la région et privent de financement les activités essentielles telles que l’éducation, la santé et le développement d’infrastructures, a ainsi déploré le représentant de la Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Or, il faut justement pouvoir s’attaquer à la pauvreté, à l’absence d’éducation ainsi qu’au manque d’autonomie des femmes et des filles, et à lutter contre toutes les formes de discrimination, a fait valoir le Brésil, car ce sont là des causes profondes qui facilitent le développement de la criminalité transnationale dans tous ces aspects.

Parmi les différentes activités criminelles, la traite des êtres humains a été dénoncée comme une des plus graves, notamment par le Liechtenstein, dont la représentante s’est dite bien consciente du caractère très lucratif de cette activité « qui génère environ 150 milliards de dollars par an », et a insisté sur la nécessité d’interrompre le flux financier associé à ces fléaux.  Les migrants étant particulièrement exposés à la traite, l’Union européenne a mis en avant son opération SOPHIA en Méditerranée, qui a aussi permis d’arrêter un grand nombre de trafiquants et d’arraisonner des centaines de bateaux.  Pour sa part, l’Espagne a annoncé qu’elle présenterait pour la première fois, aux côtés du Guatemala, un projet de résolution visant à lutter contre deux crimes n’ayant fait jusqu’ici l’objet que de peu d’attention de la part des États Membres: la traite des personnes à des fins de retrait d’organes et le trafic d’organes.

La Troisième Commission commencera demain, vendredi 5 octobre, à 10 heures l’examen de la question de la promotion de la femme.

PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE

CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES

Déclarations liminaires

M. JOHN BRANDOLINO, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a averti que l’état de droit est en péril.  « Le terrorisme, nourri par les causes profondes de la radicalisation et de l’extrémisme violent, n’a jamais été aussi étroitement lié au crime organisé, au trafic d’êtres humains, aux drogues et aux armes ainsi qu’à la corruption », a-t-il souligné.  De surcroît, les terroristes et les réseaux criminels utilisent à mauvais escient la technologie, notamment à des fins d’exploitation sexuelle, a ajouté le représentant, observant que ces menaces ne connaissent pas de frontières et n’épargnent aucun pays ni aucune région.

Dans ce contexte, les engagements pris en faveur de la coopération internationale, sur la base du principe de responsabilité partagée, sont absolument vitaux, d’autant plus que les terroristes et les criminels exploitent toute faille dans les capacités et la coordination et profitent de tout affaiblissement de l’état de droit.  C’est pourquoi l’ONUDC s’emploie à proposer des réponses intégrées en s’appuyant sur les conventions de lutte contre la criminalité transnationale organisée et sur le contrôle des drogues, mais aussi sur des instruments de lutte contre le terrorisme et sur les normes de l’ONU en matière de prévention du crime et de justice pénale.

La prévention est particulièrement cruciale pour faire face aux défis qu’impliquent nos mandats, qu’il s’agisse de la résilience des jeunes à l’égard de la drogue, du crime et de la violence, des réformes du système pénitentiaire pour stopper la radicalisation et réduire les risques de corruption, a poursuivi le représentant. 

Soulignant l’importance des partenariats avec des entités de l’ONU ainsi qu’avec des organisations internationales et régionales, M. Brandolino a précisé que l’ONUDC travaillait avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans plus de 30 pays à revenu faible ou intermédiaire, afin d’y promouvoir des stratégies de prévention et de traitement des drogues.  L’Office met également en œuvre une stratégie visant à aider les gouvernements à répondre à la crise des opioïdes.  Un travail est ainsi effectué en Afghanistan pour apporter des solutions aux problèmes liés à la production record d’opium dans ce pays.  En Colombie, l’ONUDC aide les autorités à consolider la paix au travers d’un développement alternatif.  Au mois d’août, a ainsi illustré le représentant, plus de 77 000 familles avaient été recrutées dans le cadre d’initiatives d’éradication volontaire de la coca. 

Parallèlement, l’ONUDC contribue aux travaux de la Commission des stupéfiants en vue de la réunion ministérielle de mars 2019, qui se tiendra comme prévu dans la Déclaration politique et le Plan d’action de 2009.  À cette occasion, l’ONUDC compte sur la participation active de tous les États Membres à ces discussions, a déclaré le représentant.  L’Office assiste également la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale dans la perspective du quatorzième Congrès sur le crime, qui se tiendra à Kyoto en 2020.

Rappelant qu’une réunion de haut niveau s’était tenue, cette année, à New York, en présence du Président de l’Assemblée générale et du Secrétaire général à l’occasion du quinzième anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption, le représentant a estimé que cet événement était tombé à point nommé, l’Union africaine ayant, elle aussi déclaré 2018, Année africaine de la lutte contre la corruption.

L’ONUDC continue aussi de fournir une assistance aux États pour prévenir et combattre la traite des êtres humains et notamment des migrants.  L’Office s’y emploie notamment dans le cadre de l’élaboration du pacte mondial pour les migrations, qui doit être adopté en décembre prochain, a indiqué le représentant, qui a fait observer que l’ONUDC publierait prochainement, à la demande de l’Assemblée générale, son rapport mondial sur le trafic des personnes, lequel sera centré cette année sur les schémas de trafic dans les conflits armés et les situations de postconflit.

En conclusion, M. Brandolino s’est félicité que le travail de l’ONUDC soit reconnu par les États Membres, comme l’attestent les contributions volontaires, dont le montant a atteint 351,3 millions de dollars en 2017, soit une progression de 17% par rapport à 2016.  Toutefois, a-t-il fait remarquer, la part de l’Office dans le budget global de l’ONU reste inférieure à 1%, ce qui implique une précarité alarmante et une dépendance accrue au soutien des États Membres.

Discussion générale

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réitéré que pour l’organisation régionale, un environnement propice à la stabilité sociale et à la croissance économique est indispensable pour la réalisation des objectifs des Nations Unies.  À cet égard, la CARICOM accorde une importance de premier plan à la mise en place de stratégies de prévention de la criminalité et de promotion à un accès effectif et efficace à un système de justice pénale, de même qu’à des politiques de contrôle rationnelles.

Nos pays peinent à réaliser les objectifs de développement durable en raison des activités des groupes criminels organisés qui représentent une menace directe à la région, a déploré le représentant.  Les trafics de drogues illicites et le commerce illégal d’armes légères et de munitions perturbent le tissu social de « nos petits États insulaires », a-t-il ajouté.  La région doit également veiller à s’assurer que le trafic d’êtres humains et le blanchiment d’argent sont combattus.

Ce faisant, ces actes privent de financement les activités essentielles telles que l’éducation, la santé et le développement d’infrastructures, a ajouté M. Rattray.  Dans ce contexte, les chefs de gouvernement de la CARICOM ont réaffirmé leur engagement à lutter contre les organisations transnationales du crime organisé.

Dans le cadre de sa stratégie 2013 sur le crime et la sécurité, la CARICOM a poursuivi ses efforts pour lutter contre ces activités illicites et réduire leur impact.  En novembre dernier, lors de l’examen de cette stratégie, le rôle de la société civile en tant que partenaire essentiel dans le maintien de la paix et de la sécurité dans la région a été souligné.

Les États des Caraïbes continuent de poursuivre le contrôle aux frontières en élargissant le système de renseignements préalables concernant les voyageurs (APIS) ainsi que celui d’information avancée sur les marchandises (ACIS) en vue d’améliorer la sécurité et la sûreté des citoyens, a précisé le représentant, ajoutant que la CARICOM mettait l’accent sur l’échange des meilleures pratiques en la matière.

Dans ce contexte, les piliers de la stratégie de la CARICOM sont la lutte contre le terrorisme ainsi que la sécurité aérienne et maritime.  Pour la CARICOM, le problème de la drogue relève d’une responsabilité partagée qui nécessite une approche multisectorielle.  Enfin, la CARICOM souhaite mettre en œuvre de façon intégrée, équilibrée et effective la stratégie de contrôle des drogues telle que reflétée dans le document de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue tenue en avril 2016.

M. OMAR HILALE (Maroc), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans sécurité.  Or, les frontières poreuses, la longueur des côtes et le manque d’infrastructures du continent ainsi que d’insuffisants moyens pour faire appliquer la loi empêchent de nombreux pays d’Afrique de combattre efficacement le crime et les activités criminelles.

Dans ce contexte, M. Hilale a salué la création de l’Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI) qui apporte au fil des ans un soutien technique à de nombreux pays et renforce leurs propres mécanismes de lutte contre le crime.

Toutefois, sa situation financière toujours précaire affecte la capacité de l’Institut à servir efficacement les pays.  Le représentant a donc réitéré l’appel du Groupe des États d’Afrique au Secrétaire général afin qu’il continue d’œuvrer pour mobiliser les ressources nécessaires.  À cette fin, le Groupe présentera un projet de résolution concernant l’UNAFRI au cours de la session, espérant que la Commission l’adoptera par consensus, a annoncé M. Hilale.

Pour le continent africain, mobiliser les ressources nationales pour renforcer la capacité des États Membres à prévenir le crime, faire appliquer la loi et réformer la justice criminelle demeure une priorité absolue.  Pourtant, malgré les progrès réalisés dans la lutte contre les cultures et la production illicites de drogue, le trafic et la distribution de substances psychotropes continuent de poser une menace majeure à la sécurité, la santé et au développement du continent, a poursuivi le représentant.

En dépit de la mise en œuvre du Plan d’action 2013-2017 de l’Union africaine sur le contrôle des drogues, la production et le trafic demeurent un défi persistant en Afrique.  Aussi le Groupe des États d’Afrique insiste sur l’urgence de s’attaquer aux liens toujours plus étroits entre trafic de drogues, corruption et autres formes de crime organisé, dont le trafic d’êtres humains, celui des armes à feu, la cybercriminalité et le blanchiment d’argent.

En conclusion, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle accentue ses efforts visant à combattre ces menaces et à adopter des mesures et politiques appropriées.

Mme JOPHIE TANG (Singapour), s’exprimant au nom des États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que la nature transfrontalière de la criminalité organisée représentait une menace qui requérait une coopération régionale et internationale accrue.  Elle a ensuite expliqué que l’ASEAN avait adopté différentes mesures telles qu’un plan d’action sur la lutte contre le terrorisme en septembre 2017 et la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme.  La prévention est également une des priorités de la région, a ajouté le représentant, qui a rappelé la Déclaration de Manille contre la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

Mme Tang a par ailleurs rappelé que, l’ASEAN faisant face à des flux transfrontaliers importants, les dirigeants des pays de la région avaient signé, en 2015, la Convention contre la traite des êtres humains (ACTIP) et travaillaient à la mise en œuvre du Plan d’action de l’ASEAN pour lutter contre le trafic des personnes.

Revenant sur le rapport mondial de l’ONUDC de 2017 consacré notamment aux « défis posés par les drogues synthétiques dans l’Asie de l’Est et du Sud-Est », le représentant a précisé que l’Asie du Sud-Est restait un marché attractif pour les métamphétamines et les opiacés.  Il a expliqué que les quantités de drogues saisies dans la région avaient chuté de 6% l’année dernière et que l’ASEAN maintenait ses efforts.  Il a ensuite listé les mesures prises régionalement pour renforcer la coopération entre les pays de la région, telle, entre autres, la réunion ministérielle biannuelle de l’ASEAN.

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a noté que, malgré la persistance de la criminalité dans la région, cette dernière était de plus en plus sous contrôle.  Bien que la traite des êtres humains des personnes soit toujours un problème majeur dans la région, le trafic de drogues représente une menace encore plus grande, surtout si les efforts pour y faire face ne sont pas coordonnés, a ajouté la représentante.  Elle a précisé que le trafic et la consommation de drogues étaient liés à d’autres crimes tels que la corruption, la criminalité violente et la violence contre les femmes et les enfants, des défis qui menacent le développement économique, la sécurité et la stabilité de la région. 

Mme Ferreira a cité le commerce illégal d’espèces sauvages comme le plus complexe des crimes de la région, dû au fait que des groupes organisés internationaux profitaient de la facilité à pratiquer le commerce transfrontalier, du manque d’harmonisation des différentes législations nationales dans la région, ainsi que des déficiences du système de partage d’information entre les organismes chargés de faire appliquer la loi dans la région.  La représentante a en outre déploré que la majorité des États de la région ne disposent pas des ressources nécessaires pour faire face à ce problème et a appelé à un plus grand engagement de la communauté internationale sur la question.

La traite des êtres humains, notamment des femmes et des enfants, cette « nouvelle forme sophistiquée et agressive d’esclavage », prend de l’ampleur dans la région, s’est alarmée Mme Ferreira, qui a jugé nécessaire de disposer d’une législation claire pour combattre le fléau.  La SADC, a-t-elle ajouté, s’est engagée à le combattre, comme le prouve, entre autres, le fait que tous les pays de la région sont parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité internationale organisée. 

Mme Ferreira a conclu son intervention en insistant sur la nécessité vitale d’une meilleure collaboration entre les pays de la région.  Elle a mentionné en ce sens le programme régional 2013-2020, qui doit « faire de la SADC une région débarrassée du crime et de la drogue ».

M. GARRETT O’BRIEN, de l’Union européenne, a rappelé que tous les Membres des Nations Unies étaient confrontés au problème mondial de la drogue et à la criminalité transnationale organisée, y compris les cyberattaques et les potentielles attaques terroristes.  Ces menaces ont des conséquences sur la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi la délégation, se félicitant du soutien du système des Nations Unies aux différentes actions prises par les États pour lutter contre ces phénomènes. 

Pour l’Union européenne, cette lutte exige de trouver un équilibre délicat entre la liberté et la sécurité, l’efficacité et la défense des droits et valeurs.  D’où l’importance de réaffirmer le rôle central de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses Protocoles pour combattre les formes existantes et émergentes de crimes transnationaux organisés.  Le représentant a, en ce sens, appelé tous les États à pleinement mettre en œuvre ces instruments.

M. O’Brien a également rappelé que la traite des êtres humains constituait une forme grave de la criminalité transnationale organisée que l’Union européenne s’efforce de combattre.  La Commission européenne a présenté en décembre dernier une série de mesures visant à prévenir ce phénomène et à lutter contre l’impunité dont jouissent les trafiquants, a expliqué le représentant.  Grâce à l’opération européenne SOPHIA, un grand nombre de ces trafiquants a pu être arrêté et des centaines de bateaux arraisonnés.  L’Union européenne a par ailleurs envoyé des missions civiles en Libye, au Mali et au Niger afin d’aider ces pays à renforcer les capacités de leurs forces de police et de sécurité afin de mieux lutter contre le trafic.  Elle participe en outre avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) au financement d’initiatives visant aux mêmes objectifs dans 13 pays.

L’Union européenne est par ailleurs engagée dans la lutte contre la criminalité organisée en mer, la piraterie maritime et la contrebande, autant de crimes de plus en plus reconnus comme constituant des menaces à la sécurité commune et à l’économie mondiale.  Elle a ainsi adopté un plan d’action sur la sécurité maritime, qui promeut une approche globale sur la sécurité maritime, appelle à une coopération entre acteurs civils et militaires, tout en soutenant les ripostes régionales.

En matière de blanchiment d’argent, l’Union européenne a adopté il y a deux mois un cadre amélioré qui harmonise la définition et les sanctions contre ce crime, en plus de lever les obstacles à la coopération judiciaire.  Enfin, en ce qui concerne la drogue, une nouvelle législation sur les substances psychoactives entrera pleinement en vigueur en novembre, donnant les outils nécessaires à la lutte contre les problèmes posés par la drogue.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a déploré le fait que, malgré la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée il y a 70 ans, on note aujourd’hui l’existence d’un « esclavage moderne » qui a une présence insidieuse dans notre vie quotidienne à travers les ordinateurs, les téléphones mobiles, les habits, le poisson, le cacao, la canne à sucre et d’autres produits dont la chaîne de production est affectée par l’esclavage.  On ne peut pas dire avec certitude que nos produits de consommation ne proviennent pas de l’esclavage moderne, a ajouté la représentante, pour qui il y a là un crime qui est invisible pour la plupart.  Même si sa prévalence est plus forte dans certaines régions, pratiquement tous les pays sont touchés, qu’ils soient développés ou pas, a-t-elle averti.

Mme Oehri a souligné que l’esclavage moderne et la traite des êtres humains étaient certes de graves violations des droits de l’homme, mais aussi qu’il s’agissait d’activités très lucratives, qui génèrent environ 150 milliards de dollars par an.  Interrompre le flux financier associé à ces fléaux est donc un élément important de la lutte contre ces crimes. 

La représentante a ensuite rappelé qu’au cours du débat général de l’Assemblée générale la semaine dernière, le Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, en collaboration avec son homologue de l’Australie, avait lancé « l’Initiative du Liechtenstein » sur l’esclavage moderne et la traite des êtres humains.  Il s’agit d’un partenariat public-privé développé avec l’Université des Nations Unies, et qui implique des acteurs de la finance et des survivants de ces fléaux, avec pour but de mettre sur pied dès 2019 des mesures pour permettre à la finance internationale de bloquer les fonds issus de ces activités. 

Enfin, le Liechtenstein plaide pour la pénalisation des infractions commises dans le cyberespace, tout en veillant à garder l’équilibre entre les exigences de sécurité et le respect des droits humains.  Même si le pays est d’avis qu’il faut renforcer le droit international qui régule les activités en ligne, il se range derrière une régulation basée sur la transparence, la coopération et les droits de l’homme, en droite ligne de la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, a conclu Mme Oehri.

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a souligné la détermination de son pays à mettre en œuvre des dispositions des conventions internationales relatives au contrôle des drogues à la base de la stratégie mondiale de contrôle des drogues ainsi que les recommandations issues de la session extraordinaire de l’Assemblée générale tenue en 2016 sur ce fléau.  « Nous sommes déterminés à prévenir l’abus, la production et le trafic des stupéfiants », a dit le représentant.

Le Kenya a ainsi élaboré une législation nationale appropriée en la matière, a expliqué le représentant, qui a néanmoins déploré que le fléau mette en péril la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a plaidé, à cet égard, pour une coopération internationale vigoureuse pour mieux rerimer cette forme de criminalité.  Pour sa part, le Kenya a notamment investi dans le système pénal pour dissuader les auteurs de ces crimes tout en faisant face au défi sécuritaire posé par la radicalisation, l’extrémisme violent et la menace terroriste.  Parmi les autres défis, le représentant a cité la progression de l’afflux de drogues arrivant de l’océan Indien pour être ensuite envoyées dans le monde entier, ainsi que la prolifération des armes légères dans la région instable de la Corne de l’Afrique.  Il a conclu en appelant à un effort accru pour assurer la traçabilité des flux monétaires qui financent ces activités illicites.

M. MAXIM V. MUSIKHIN (Fédération de Russie) a appelé au renforcement de la coopération internationale sous l’égide des Nations Unies, eu égard aux défis posés par la menace de la criminalité transnationale organisée.  Il revient aux « Nations Unies de jouer le rôle principal de coordination de la communauté internationale dans la prévention de la criminalité organisée », a-t-il insisté.

Le représentant a préconisé l’adoption d’une approche globale et équilibrée dans la lutte contre ce phénomène, ce qui inclut la nécessité de préserver les mécanismes intergouvernementaux de lutte contre la criminalité transnationale.  Il a souligné que la Fédération de Russie appuyait le renforcement des fondements juridiques de la coopération internationale, et a jugé opportun de créer un nouvel instrument juridique prenant en compte les nouveaux types de criminalité, notamment la cybercriminalité.  En ce sens, la Fédération de Russie compte soumettre un projet de résolution sur l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins criminelles.  « Nous attendons avec intérêt l’adoption » de cette résolution, a déclaré M. Musikhin, qui a conclu en appelant à augmenter le financement de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Mme MARIANGELA ZAPPIA (Italie) a souhaité que la Troisième Commission s’intéresse particulièrement aux liens entre la criminalité organisée et le terrorisme, l’impact de la criminalité transnationale organisée sur la paix et la sécurité internationales, et au lien existant entre le développement durable et la lutte contre le crime organisé et le terrorisme.  Dans ce contexte, l’Italie a souligné l’importance de tenir compte de la Convention de Palerme, encore connue comme la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, et des Protocoles s’y rapportant. 

L’Italie souhaite que cette Convention soit équipée d’un mécanisme d’examen efficace et durable.  L’Italie entend soumettre à la Troisième Commission, comme de coutume, le projet de résolution sur la prévention du crime et la justice pénale, et souhaite que le record de 120 soutiens que le texte avait rassemblé l’an dernier soit encore dépassé à l’occasion de la présente session.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a reconnu le rôle central endossé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), en tant qu’enceinte privilégiée des discussions onusiennes sur la question du trafic de stupéfiants.  Dans ce cadre, la représentante a estimé que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale et la Commission des stupéfiants (CND), qui toutes deux dépendent du Conseil économique et social (ECOSOC), devaient continuer à exercer leurs fonctions sans que d’autres forums ne « sapent leur autorité », notamment en empiétant sur leurs travaux.

La représentante s’est ensuite prononcée en faveur de la création d’un mécanisme d’examen de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, à l’instar du mécanisme déjà créé pour la Convention des Nations Unies contre la corruption.  Elle a jugé essentiel, dans cette perspective, de garantir la nature intergouvernementale du futur mécanisme, afin de ne pas générer de classement entre pays.  Selon elle, la nouvelle structure devrait fonctionner sur un mode « coopératif et non-punitif », selon le principe d’examen par les pairs.

Mme Rodríguez Camejo a en outre insisté sur l’importance que revêtent les Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime, en tant que principaux cadres intergouvernementaux pour la formulation de directives non contraignantes et l’échange d’information et de bonnes pratiques entre États Membres.  La représentante a toutefois souligné que la lutte contre la criminalité ne suffisait pas à en garantir l’éradication.  « Elle doit aller de pair avec la lutte contre le sous-développement et l’établissement d’un ordre international plus juste, démocratique et équitable », a-t-elle affirmé.

S’agissant de la lutte contre le trafic de drogue dans les nations appauvries du Sud, Mme Rodríguez Camejo a estimé qu’il sera difficile d’en venir à bout sans s’attaquer, dans le même temps, à la question de la demande des usagers dans les pays du Nord.  À ses yeux, ni la militarisation de la lutte antidrogue, ni la légalisation des substances illicites ne permettront de mettre un terme au problème.  Seule une approche respectueuse des trois conventions internationales en la matière, avec à leur centre la Commission des stupéfiants, sera selon elle susceptible de réaliser des avancées.  En ce sens, la représentante a jugé « inadmissible » la pratique consistant à produire unilatéralement des rapports établissant des classements entre États dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée et le trafic de drogue.

M. MOHAMMED ESSAM M. KHASHAAN (Arabie saoudite) a mis en exergue le rôle du service de la prévention du terrorisme de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, en particulier dans le domaine de l’assistance technique sur les aspects juridiques de la lutte antiterroriste, notamment la justice pénale.  L’Arabie saoudite s’efforce de mettre en place un système judiciaire évolutif capable de s’adapter au changement et aux questions émergentes dans le cadre de l’état de droit, a expliqué le représentant, ajoutant qu’en ce sens, le Bureau du Procureur de son pays jouissait désormais d’une pleine indépendance de l’exécutif.

Des efforts sont également déployés pour faire barrage au trafic de drogues par des organisations terroristes abritées par des pays voisins qui cherchent à entraver les efforts de développement du royaume saoudien, a déclaré le représentant.  Pour y faire face, a-t-il expliqué, l’Arabie saoudite dispose d’une stratégie solide articulée autour de quatre axes: sensibilisation et prévention; lutte au niveau local; participation au traitement et à la réinsertion des toxicomanes; et coopération régionale et internationale.  Le représentant a également signalé la création en mai 2017 à Riyad du Centre international pour la lutte contre l’idéologie extrémiste.  Enfin, dans le contexte de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, l’Arabie saoudite a fourni à l’ONUDC des bonnes pratiques relatives aux homicides ciblant des femmes et des filles.

Mme YORIKO SUZUKI (Japon) a rappelé que son pays accueillerait en 2020 le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, à Kyoto.  Relevant que ces Congrès constituent la plus grande réunion onusienne sur ce thème, la représentante a annoncé que les discussions du prochain Congrès seraient concentrées sur l’accomplissement des objectifs de développement durable tels que fixés par le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Selon elle, des travaux préparatoires sont sur le point de démarrer à l’échelle des groupes régionaux dans la perspective de ce congrès.

Mme Suzuki a ensuite dressé un tableau de la prévention du crime et du contrôle des stupéfiants.  Prenant acte de l’expansion du trafic de drogues au profit du crime organisé, de l’émergence de la cybercriminalité et des menaces que la corruption fait peser sur le développement durable, la représentante a appelé la communauté internationale à trouver des réponses collectives et coordonnées à ces problèmes.  Elle a ainsi insisté sur le soutien que son gouvernement apporte à la Commission des stupéfiants en tant qu’organe chargé d’élaborer des politiques sur le contrôle des drogues et a dit s’attendre à ce que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale discute activement de la lutte contre la cybercriminalité.  Enfin, sur le volet de la corruption, elle a rappelé que le Japon coprésiderait en 2019 le Groupe de travail contre la corruption qui se réunira pendant le G20 et qu’il comptait bien contribuer par ce biais à la lutte contre ce fléau.

M. AZIZ MOHAMED (Iraq) a déclaré que, confronté depuis plusieurs années maintenant au fléau du terrorisme, l’Iraq avait été forcé à prendre des mesures législatives, en particulier la loi de 2005 sur la lutte contre le terrorisme et celle de 2012 sur la traite des personnes.  Le pays a aussi renforcé ses capacités institutionnelles de lutte contre la corruption à travers l’établissement d’une agence de l’intégrité placée sous la tutelle du Parlement.  En outre, un texte législatif a été approuvé en 2017 pour offrir une assistance médicale aux toxicomanes et combattre les réseaux illégaux dans ce domaine.  Le représentant a également mentionné la loi d’amnistie générale de 2017 pour faciliter la participation de tous au sein de la société et offrir une possibilité d’un nouveau départ dans la vie.  Il a salué la coopération avec les agences de l’ONU dans le domaine de la sécurité transfrontalière et la fin de l’impunité pour les crimes commis par les groupes terroristes armés, en particulier Daech; ainsi que l’assistance aux victimes, y compris celles de la traite internationale des êtres humains, à laquelle ces groupes participent.

Pour M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala), la mondialisation a aussi profité aux groupes criminels transnationaux qui ont étendu leurs activités.  Les organisations criminelles traditionnelles ont évolué et partiellement cédé la place à des réseaux plus flexibles, dont les capitaux sont placés dans le monde entier. 

Le Guatemala se retrouve particulièrement affecté par le trafic des êtres humains, et ce, malgré les efforts entrepris sur les plans national et international, a déploré le représentant.  Le manque de sécurité aux frontières et l’absence de plan concerté doté d’objectifs précis ont facilité le transfert des victimes de différentes nationalités à travers la région, a-t-il regretté.

Les efforts du Guatemala dans la lutte contre les menaces transnationales sont pourtant sans précédent dans la région, de même que la lutte contre la corruption, a poursuivi M. Castañeda Solares, ajoutant que de tels efforts avaient permis au Guatemala de sortir de la liste des pays considérés comme des paradis fiscaux.  Par ailleurs, la détermination des Forces armées guatémaltèques a permis d’éradiquer ces dernières années plus de 471 millions de plants de pavot d’une valeur de 1,4 milliard de dollars, de confisquer plus de 34 tonnes de cocaïne et d’effectuer des saisies d’héroïne 400% supérieures à celles des années précédentes.

Le représentant a en outre souligné l’importance du traité tripartite signé entre le Guatemala, El Salvador et le Honduras, qui a permis de marquer des points dans la lutte contre la criminalité organisée.  Il a appelé les délégations à envisager l’adoption de politiques et d’objectifs nationaux, régionaux et internationaux pour réduire le coût social élevé lié au problème mondial de la drogue.

M. DANG SON TRUONG (Viet Nam) a rappelé que 31 millions de personnes dans le monde souffraient de l’usage des drogues et particulièrement des opioïdes.  À cet égard, a-t-il expliqué, le Viet Nam soutient les efforts des Nations Unies pour lutter contre ce fléau et considère que la Déclaration politique et le Plan d’action de 2009 abordent correctement le problème mondial de la drogue.

Conscient de la complexité et des conséquences graves de ce sujet, le Viet Nam a pris des mesures pour informer sa population, mobiliser la société civile et faire de la prévention, a affirmé le représentant.  Au rang des efforts concrets, il a souligné notamment le plan d’action national du pays, qui vise à promouvoir la justice, améliorer le système de contrôle en le positionnant à un niveau régional, ou encore à renforcer l’investigation des crimes liés au trafic de drogue.  Le Viet Nam, a-t-il ajouté, a instauré un comité national de contrôle des drogues, amendé son arsenal judiciaire, durci les mesures punitives, mais aussi travaillé avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour élaborer une approche régionale et convenir d’une vision à long terme partagée par tous les pays voisins.

Pour M. NABEEL MUNIR (Pakistan), le problème mondial de la drogue représente un défi titanesque à relever. Les drogues continuent à avoir des répercussions graves sur les sociétés et leur bien-être.  Le représentant a notamment fait part de son inquiétude devant la production et les marchés qui continuent de proliférer.  La culture d’opium a atteint un pic en 2017, s’est-il alarmé.  La prolifération de substances psychoactives renforce davantage cette inquiétude.  La production illégale en Afghanistan a augmenté, faisant du Pakistan le pays le plus touché par le transit des drogues, a-t-il fait observer. 

La communauté internationale a un long chemin à parcourir pour atteindre « nos objectifs », a poursuivi le représentant, qui a appelé au renforcement de la coopération internationale.  « Nous devons continuer à redoubler d’efforts dans ce domaine » comme évoqué lors de la conférence mondiale, a-t-il insisté avant de préconiser une approche globale intégrée qui tienne compte de l’offre et de la demande.  Pour finir, il a réaffirmé le soutien de son pays à l’ONUDC.

Mme ZEBIB GEBREKIDA (Érythrée) a noté que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaissait que la prévention de la criminalité et le développement étaient liés et que la promotion de l’état de droit était essentielle pour arriver au développement durable.  La représentante a ajouté que la nature transfrontalière et polymorphe de la criminalité transnationale en faisait un défi majeur.  Il a estimé que les criminels avaient toujours de l’avance parce qu’ils bénéficiaient de plus de ressources et ne respectaient aucun impératif moral, alors que les États avaient, eux, des ressources limitées et se devaient de respecter la loi.  Elle a donc appelé à ce qu’un mécanisme d’examen soit mis en place pour s’assurer que la Convention de Palerme reste un outil efficace de lutte contre la criminalité.

En Érythrée, le taux de criminalité est inférieur à la moyenne mondiale, grâce, entre autres, à la stratégie nationale de prévention et de protection des droits fondamentaux des personnes, a fait valoir la représentante.  Actuellement, a-t-elle ajouté, les forces de l’ordre érythréennes connaissent une modification de leur structure afin de réduire la criminalité, renforcer l’état de droit, mettre en place un système pénal efficace et favoriser l’égalité hommes-femmes au sein des organes judiciaires.

Rappelant que la traite des êtres humains constituait une entrave au progrès social et une menace envers la sécurité régionale, Mme Gebrekida a expliqué que l’Érythrée, qui assurera la présidence du Processus de Khartoum en 2019, comptait consolider ses réussites et accélérer les progrès réalisés dans la lutte contre ces fléaux.

M. TEODORO L. LOCSIN, JR (Philippines) a rappelé comment un État colonisateur s’était emparé de la Chine au XVIIIsiècle après y avoir introduit l’opium, qui a détruit la société tout entière.  Il a aussi noté que l’Asie du Sud-Est était la sous-région du monde la plus affectée par le trafic de méthamphétamines.  Cette substance a pénétré près de 60% des communautés aux Philippines et la précédente Administration avait laissé faire, créant ainsi des citoyens semblables à des « morts-vivants » et qui déambulaient sans but, « le sourire aux lèvres », a affirmé M. Locsin.

Il a rappelé que l’Administration actuelle était arrivée au pouvoir sur la promesse d’exterminer le trafic de drogue dans le pays.  À ce jour, 4 000 dealers ont été tués dans des opérations de police, même si les organisations de droits de l’homme ont décompté, de manière inexplicable, plus de 22 000 morts, a-t-il fait valoir.  Il a reconnu qu’il y avait eu « des erreurs » dans cette lutte, accusant certains policiers de complicité avec les dealers, mais a ajouté que cela ne signifiait pas qu’il faille mettre fin à la guerre contre la drogue, comme le recommandent désespérément « les amis du trafic de la drogue ».

M. Locsin a ensuite présenté un bilan chiffré des opérations de police, notant que pour la communauté internationale, la guerre contre la drogue est assimilée à un « génocide ».  Selon lui, cette lutte n’a rien à voir avec des considérations de race, car il est plutôt question d’« une même race qui se nettoie ».  On ne naît pas dealer et on ne le devient pas non plus après le sacrement du baptême, a-t-il ironisé.  Pour le représentant, il est plutôt ici question d’un « choix intelligent de carrière » quand les retombées sont importantes. 

Mais ce choix de carrière a également des conséquences fatales, a poursuivi le représentant, pour qui il ne s’agit pas là de crime contre l’humanité.  M. Locsin a invité ceux qui, comme certains rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits de l’homme, suggèrent que la méthamphétamine ne serait pas une substance si nocive, à venir en consommer dans le stock confisqué par les autorités afin d’en démontrer les effets bénéfiques.  Mais « cela doit se passer devant les caméras de télévision », a-t-il précisé, en ajoutant qu’il est hors de question que ces drogues soient revendues sur le marché. 

À ceux qui suggèrent de légaliser les drogues, les Philippines répondent qu’il s’agit d’une suggestion « idiote ».  Le représentant a accusé des acteurs présents « de l’autre côté de la mer de Chine méridionale » d’abriter les usines de fabrication de ces drogues, prévenant que les Philippines ne céderaient pas tant que leurs dirigeants auraient un souffle de vie et « des balles » pour y faire face.

M. Locsin a par ailleurs convoqué le principe de la « responsabilité de protéger » pour justifier le droit des Philippines de protéger les populations contre une « frange de hors-la-loi ».  Pour le représentant, il n’existe nulle part sur terre une puissance, une autorité, un groupe ou une agence qui soit supérieur aux États et qui pourrait les empêcher de remplir leurs obligations de protection des innocents ou leur indiquer comment lutter contre les crimes et les punir.  Selon lui, seul un État souverain a ce droit, « un point c’est tout ».

M. NADAV YESOD (Israël) a proposé de faire l’état des lieux dans le cadre de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.  « Nous devons évaluer ce qui reste à faire », a-t-il insisté.  Sur le plan national, Israël a mis en œuvre une nouvelle autorité rattachée au Ministère de la sécurité, qui est chargée de diriger les efforts en vue d’une lutte efficace contre les crimes liés aux abus de la drogue et de l’alcool, et d’améliorer ainsi la sécurité de tous les citoyens.  En Israël, « ne laisser personne de côté » n’est pas une antienne mais une véritable politique dont l’objectif est de répondre aux besoins des populations, a fait valoir le représentant.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a déclaré que tout le monde était affecté par la criminalité internationale organisée et que la communauté internationale devait améliorer sa coopération afin de lutter contre ce fléau.  Le Brésil est convaincu que, pour lutter contre la criminalité, il faut s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène, telles que la pauvreté, l’absence d’éducation ou le manque d’autonomie des femmes et des filles, et lutter contre toutes les formes de discrimination, a poursuivi le représentant.

Nous sommes convaincus que toutes les activités policières doivent respecter l’état de droit, de même que les efforts de lutte contre la corruption mènent au renforcement de ce dernier, a aussi déclaré M. de Souza Monteiro.  Le représentant a enfin insisté sur la nécessité d’une approche multidisciplinaire relative aux drogues, notamment en y incluant les perspectives sociales et sanitaires.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a déclaré qu’en dépit des mesures juridiques et de la coopération internationale dans la prévention du crime, la criminalité transnationale et les problèmes de drogue continuaient de poser de sérieux défis au développement international, à la protection des droits de l’homme et à l’état de droit.  Alors que beaucoup a été fait depuis l’adoption de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue de 2009, de nouveaux défis sont apparus, qui appellent à une réponse équilibrée et concertée de la communauté internationale.  L’Inde accorde la plus haute importance au combat contre la drogue, a affirmé la représentante.  « Nous avons accéléré les mesures pour fournir des services de santé et de réhabilitation, pour renforcer la sensibilisation dans les écoles et les mesures contre les trafiquants », a-t-elle déclaré.

En Inde, un cadre juridique fort interdit le travail des enfants et protège les femmes et les enfants contre l’exploitation sexuelle, la prostitution, la vente ou l’achat d’organes humains, a poursuivi Mme Tripathi.  Un cadre juridique est en place pour réhabiliter et réintégrer les victimes.  Nous avons lancé le processus de la formulation d’une nouvelle législation sur la traite des êtres humains et la protection des victimes, a-t-elle assuré.

Par ailleurs, la représentante a estimé que la menace du terrorisme devait être traitée très sévèrement, sous toutes ses formes et manifestations.  Les liens entre le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic de drogue, la traite des êtres humains et l’exploitation des ressources naturelles sont bien établis, a-t-elle rappelé.  Nous avons besoin de coordonner une réponse mondiale à ces questions.  L’Inde salue la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et la Conférence de haut niveau qui a réuni les chefs d’organismes antiterroristes des États Membres à la fin juin 2018.

Toutefois, il n’existe pas de stratégie commune au niveau mondial pour faire baisser les activités criminelles dans le cyberespace, a regretté la représentante, qui a rappelé que le projet de convention générale sur le terrorisme international n’avait que peu évolué durant des années, en raison de divergences sur sa définition.  Nous avons besoin de progrès urgents dans ces domaines, a déclaré Mme Tripathi, pour qui la communauté internationale ne peut se permettre de subir des barrières bureaucratiques ou politiques, alors que les réseaux criminels et terroristes sont de plus en plus connectés.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a constaté que, depuis l’adoption il y a plus de 50 ans de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, les nouvelles réalités du problème mondial de la drogue avaient considérablement changé, nécessitant aujourd’hui une réponse énergique et appropriée.  À cet égard, a fait valoir le représentant, le Mexique a favorisé, dans un souci d’efficacité, l’inclusion de points de vue pluriels venant de la société civile, d’organisations régionales et de la communauté scientifique.  Dans le cadre de la Troisième Commission, la délégation mexicaine présentera la résolution omnibus sur cette question en vue de faire progresser les instruments de l’Assemblée générale et leurs liens avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Ce n’est qu’au sein des commissions de l’Assemblée générale, en présence de l’ensemble des États Membres, que nous pourrons incorporer la vision transversale qu’exige le traitement de ce problème, a insisté M. Sandoval Mendiolea, ajoutant que son pays encourageait par ailleurs la coordination et le dialogue avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ONU-Femmes, le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et les autres entités pertinentes du système de Nations Unies.

Mme MORDICA M. SIMPSON (États-Unis) a souligné que son pays se concentrait sur la lutte contre la criminalité de la drogue.  La représentante a détaillé la crise de santé publique provoquée par l’utilisation des opioïdes dans son pays, qui ont tué des millions d’Américains.  Rien qu’en 2017, quelque 72 000 personnes sont mortes d’overdose, a-t-elle déclaré.  Elle a souligné la nature mondiale du fléau de la drogue, auquel l’accès est facilité par les technologies de l’information et de la communication.

En effet, a poursuivi Mme Simpson, le commerce des opioïdes, qui sont le plus souvent acheminés en petite quantité à travers la poste, crée d’importants revenus.  « Nous devons coordonner nos efforts pour lutter contre ce fléau », a-t-elle insisté, tout en remerciant les 130 pays qui ont signé, en septembre, l’Appel mondial à une action concertée contre la drogue, lequel permettra selon la représentante de conférer un nouvel élan à « notre engagement » de lutter contre ce phénomène.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a souligné l’importance pour son pays d’ouvrir de nouvelles voies de dialogue et de promouvoir les débats et mesures internationaux tendant à affermir les acquis de la Colombie en matière de drogue.  Il a mis l’accent à cet égard sur la responsabilité commune et partagée, le multilatéralisme, l’intégrité, l’équilibre et la coopération régionale, sous-régionale et internationale.  Il a affirmé la nécessité de combattre, avec la plus grande fermeté, les structures qui s’adonnent au trafic illégal de drogues et autres délits y afférents sur la base du droit, de la sécurité et la justice, en vue d’instaurer la paix.

M. Gonzalez a ensuite annoncé qu’en 2018, 37 081 hectares de culture illicite avaient été détruits en Colombie, où 26 219 autres hectares ont en outre été éliminés de manière volontaire et assistée.  La Colombie progresse également dans l’exécution du plan national de promotion de la santé, la prévention et le traitement de la consommation de la drogue 2014-2021, a-t-il affirmé.

Dans le contexte de la prévention de la criminalité, la lutte contre la corruption demeure une priorité car les citoyens méritent de pouvoir avoir confiance en leurs institutions et en l’application de la loi, a poursuivi le représentant.  Ainsi, la corruption, le paiement de pots de vin et la malversation de fonds constituent une menace pour la réalisation concrète du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il dit, raison pour laquelle la Colombie renforce son architecture institutionnelle visant à la lutte contre la corruption et à la « prévention de ce cancer ».

Convaincu que les progrès au niveau national ne seront durables que dans la mesure où la coopération internationale est également renforcée, M. Gonzalez a conseillé de pleinement mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Convention des Nations Unies contre la corruption et ses mécanismes de mise en œuvre, ainsi que la Convention interaméricaine contre la corruption et son mécanisme de suivi.  Il a également appuyé le rôle essentiel de l’ONU dans la lutte contre la cybercriminalité, de même que les travaux du Groupe intergouvernemental d’experts à composition non limitée chargé de préparer une étude exhaustive sur le problème de la cybercriminalité, qui dispose déjà d’un plan de travail jusqu’en 2021.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a affirmé son soutien à la déclaration du Secrétaire général sur l’état « alarmant » de la situation actuelle et sur les répercussions de la drogue, qui « détruit des vies et affecte les communautés ».  Faisant état de son inquiétude à la suite du dernier rapport en date du Secrétaire général, le représentant a déclaré que la production mondiale d’opium et de cocaïne n’avait jamais été aussi élevée.

Une centaine de millions de personnes meurent chaque année des suites de la consommation de drogues, a poursuivi M. Sukhee, et ce, alors que la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes va fêter ses 30 ans.  Se félicitant des progrès réalisés en trois décennies, il a cependant mentionné que de nouveaux défis émergeaient et a appelé la communauté internationale à se montrer unie dans la lutte contre ce fléau, notamment afin de protéger les jeunes et d’éviter qu’ils ne deviennent des consommateurs de drogues.

M. AMADEO SOLARI (Pérou) a indiqué que la lutte contre le crime organisé transnational et les délits connexes que sont le trafic illicite de drogues, la traite des personnes, le blanchiment d’argent et la corruption constituent des priorités de son gouvernement.  Rappelant que la corruption détourne chaque année 5% du PIB mondial au profit de quelques-uns, au lieu de servir aux objectifs de développement durable pour tous, il a souligné que le Pérou avait fait la preuve de son engagement contre ce fléau en soutenant l’adoption d’une résolution lors de la septième Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption.  Il a également fait état de l’Engagement de Lima adopté, en avril dernier, lors du Sommet des Amériques, lequel comporte 17 mesures concrètes pour prévenir et traiter la corruption.

Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur le danger que représente le lien entre le crime organisé transnational et le terrorisme.  Nous devons améliorer notre compréhension du phénomène pour agir efficacement, a-t-il plaidé.  Dans le même ordre d’idées, il a jugé urgent de prévenir et combattre l’utilisation des technologies de l’information par des groupes criminels, tout en protégeant les droits de l’homme et les libertés fondamentales.

Quant à la lutte contre le problème mondial de la drogue, M. Solari a rappelé que son pays participait activement à la préparation de la réunion ministérielle de la Commission des stupéfiants prévue l’an prochain à Vienne.  Il a enfin assuré que son pays entendait revoir son engagement politique contre ce fléau, en accord avec les objectifs de la Déclaration politique et Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.

M. BEKZHAN BAIZHANOV (Kazakhstan) s’est félicité que le débat d’aujourd’hui « nous donne une opportunité unique d’échanger les expériences relatives à la production et à la distribution des stupéfiants ». C’est également une occasion de réaffirmer « notre engagement pour redoubler d’effort au plan multilatéral » pour contrer ce fléau, a ajouté le représentant.  La drogue, qui représente une menace à la paix et à la stabilité et un frein au développement durable, a toujours été une priorité pour son pays, qui siège actuellement au Conseil de sécurité pour la période 2017-2018.  Il a affirmé, à cet égard, que le Kazakhstan est résolu à lutter contre les tendances de ce phénomène, comme cela figure aussi bien dans ses politiques nationales que dans sa politique étrangère.  M. Baizhanov a également rappelé que le Kazakhstan avait rejoint, en septembre dernier à New York, l’appel mondial à une action concertée contre la drogue.

Mme IRINA MORENO GONZÁLEZ (Équateur) a déclaré que la criminalité internationale organisée était une menace pour la sécurité publique et représentait une barrière au développement social, économique et politique.  Elle a réitéré l’importance vitale de la coopération internationale, de l’échange d’expériences en matière de prévention des délits et de la construction de systèmes de justice pénale toujours plus justes et efficaces.

La représentante a également estimé que le problème mondial des drogues constituait un phénomène complexe, dynamique, dont les causes étaient plurielles, un problème avec des conséquences négatives sur la santé, la coexistence sociale et démocratique ainsi que sur le développement humain.  C’est pourquoi les politiques de l’Équateur abordent le problème socioéconomique de la drogue de manière intégrale, transversale et générale, a-t-elle expliqué.

Pour M. LESETLA ANDREAS TEFFO (Afrique du Sud), au regard des conséquences néfastes causées par la consommation de drogues sur la santé et la hausse du nombre de décès liés à ce phénomène, l’unique réponse consiste à continuer de travailler avec les partenaires pour lutter contre un phénomène qui affecte négativement le développement, la paix et les droits de l’homme.

Le représentant s’est notamment intéressé à l’impact des drogues sur les jeunes.  Il a évoqué des stratégies visant à briser le cycle de vulnérabilité des jeunes à travers une prévention efficace qui permette aux jeunes d’acquérir les informations et les compétences nécessaires.  Il s’est dit encouragé, dans ce contexte, par les initiatives de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visant à promouvoir des programmes basés sur le sport, afin de prémunir les jeunes et les populations vulnérables contre le piège de la drogue et de la criminalité.

Par ailleurs, face aux cyberattaques de plus en plus sophistiquées auxquelles le monde doit faire face, M. Teffo s’est dit convaincu de la nécessité de l’adoption de mécanismes internationaux sous l’égide des Nations Unies.

Mme EKA KIPIANI (Géorgie) a déclaré que la prévention du crime, la protection des droits de l’homme, l’établissement d’un système judiciaire équitable et indépendant, la responsabilisation, l’objectivité et l’efficacité des participants au système de justice étaient les grandes priorités de la stratégie de réforme de la justice pénale et du Plan d’action 2017-2021 adopté par son gouvernement.  Celui-ci a mis en œuvre, l’an dernier, la troisième phase des réformes judiciaires pour renforcer les garanties de non-ingérence dans les décisions de la justice, créer un système impartial d’attribution des dossiers aux magistrats grâce à des outils automatiques et électroniques, garantir la transparence des critères de sélection des juges et des procédures et publier en ligne chaque décision judiciaire, a expliqué la représentante.

D’autre part, le combat contre la traite mobilise les principaux acteurs publics et des organisations non gouvernementales sous la houlette du Conseil interinstitutions de lutte contre ce fléau, a déclaré Mme Kipiani.  Préoccupée par le phénomène des enfants des rues, la Géorgie a pris des initiatives de protection, notamment l’établissement de cartes d’identité des enfants sans abri et de ceux victimes de violence, a-t-elle expliqué, faisant observer que l’Indice mondial sur l’esclavage 2018, établi par le Comité contre l’esclavage moderne, avait placé la Géorgie parmi les nations ayant pris les mesures les plus efficaces pour l’élimination de la traite des personnes.

La politique géorgienne relative à la drogue est, quant à elle, reflétée dans une stratégie nationale, qui repose sur les principes relatifs aux droits de l’homme et sur les normes internationales existantes, a poursuivi la représentante.  Enfin, la nouvelle législation antiterroriste alourdit les peines, notamment pour les combattants étrangers, conformément à la résolution 2178(2014) du Conseil de sécurité et à d’autres instruments internationaux sur diverses activités terroristes. 

M. NAZIFULLAH SALARZAI (Afghanistan) a déclaré que dans son pays, confronté à 40 années de guerre imposée, la corrélation entre les stupéfiants et le terrorisme n’était plus à prouver.  La plus grande partie des cultures de pavot est concentrée dans les provinces non sécurisées et le conflit de longue durée s’alimente de la culture et de l’utilisation du pavot, ce qui fait que les revenus issus de ce commerce illégal représentent l’une des sources alimentant l’insurrection.

Conjuguée au chômage et à la pauvreté, cette menace a intensifié ses méfaits sur la société, où beaucoup d’Afghans ordinaires sont actuellement dépendants des stupéfiants, a expliqué le représentant.  Selon une étude de 2016, environ 3,2 millions d’Afghans sont victimes de cette épidémie mondiale qui cause de graves problèmes au sein de la structure familiale et exacerbe les pressions sur les structures de traitement existantes.  Pour y faire face, le Gouvernement a mené, en 2017, 2 711 opérations qui ont conduit à l’arrestation de 3 094 suspects, dont des étrangers, et à la confiscation de 302 tonnes de stupéfiants.  Une cinquantaine de laboratoires chimiques et 12 entrepôts de drogue ont été détruits, amputant ainsi les trafiquants de 362 millions de dollars. 

Ceux qui exportent la terreur en Afghanistan créent un terreau fertile pour la production et le trafic de drogues et profitent, directement ou indirectement, de l’économie criminelle, a poursuivi M. Salarzai.  Le représentant a ensuite énuméré trois facteurs clefs qui imposent à ses yeux une amélioration de la sécurité collective: la multiplication des combattants étrangers affiliés aux réseaux terroristes transnationaux tels Daech, Al-Qaida, Lashkar-e-Tayyiba et le Mouvement islamique de l’Ouzbékistan; l’implication des Taliban dans le commerce de stupéfiants; et la distinction faite par certains États Membres entre « bons » et « mauvais terroristes », laquelle favorise la prolifération de ces éléments.

Pour remédier à ce problème, l’Afghanistan a proposé un plan dans le cadre du Processus de Kaboul pour la paix et la sécurité, recommandant la paix avec l’opposition armée, a rappelé M. Salarzai.  Pour le Gouvernement afghan en effet, cette paix favorisera la stabilité et offrira une feuille de route qui lui permettra de mieux s’attaquer au problème de la drogue.   

M. HASSAN MAHNA ALAJMI (Qatar) a mis l’accent sur le Programme mondial pour la mise en œuvre de la Déclaration de Doha, exécuté en coopération entre son pays et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, et qui contribue au renforcement de l’impartialité des systèmes judiciaires, à la lutte contre la corruption en leur sein, aux efforts de formation pour la réinsertion des ex-détenus et à la diffusion d’une culture reposant sur le respect de l’état de droit par le biais de l’éducation et du sport.  Ce Programme mondial a permis la formation de plus de 4 000 fonctionnaires, y compris des décideurs, des magistrats, des enseignants et formateurs et des entraîneurs sportifs, ainsi que des enfants et des jeunes de plus de 160 pays.  D’autre part, a poursuivi le représentant, 23 pays reçoivent une assistance technique en fonction de leurs requêtes et besoins.

Le représentant a rappelé que le Qatar avait ratifié la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole relatif à la traite des personnes, et qu’il avait intégré, dans sa deuxième stratégie nationale pour le développement, un volet sur la paix et la sécurité incluant un objectif stratégique de prévention de la drogue centré sur la formation du personnel spécialisé dans la lutte contre les stupéfiants et la sensibilisation de l’opinion publique aux risques.

M. WONG KENG HOE (Singapour) a expliqué que l’approche de son pays face au problème de la drogue reposait sur la prévention du mal.  La stratégie de contrôle de la drogue comprend la prévention, l’éducation, l’application de la loi, une législation répressive, et un accent particulier sur l’engagement et la réhabilitation. 

La drogue à Singapour a été contenue en raison des efforts du pays visant à réduire tant la demande que l’offre, a affirmé le représentant.  Le pays enregistre aujourd’hui le plus faible taux d’abus de drogue au monde.  Les toxicomanes comptent pour moins de 0,1% de la population.  Singapour a choisi d’être un pays exempt de drogue et non un pays qui tolère la drogue, a encore déclaré le représentant.  « Nous continuerons de travailler avec les États Membres pour atteindre les objectifs de la Déclaration politique de 2009, et de son Plan d’action », a assuré le représentant, qui a dit désormais attendre avec intérêt l’examen de la soixante-deuxième réunion de la Commission des stupéfiants, en 2019.

Mme AYSE INANC-ORNEKOL (Turquie) a rappelé que son pays accueillait la plus grande population de réfugiés dans le monde.  La Turquie attache la plus grande importance à protéger les droits et la dignité des migrants, des réfugiés et des victimes des trafics, a-t-elle affirmé.  Elle croit en la nécessité de traiter les questions transversales, notamment la traite de personnes, la migration forcée, le travail forcé, le développement durable et les droits de l’homme de manière holistique.

Les victimes de la traite peuvent profiter de l’appui des services publics en Turquie, a expliqué la représentante.  Elles peuvent aussi faire le choix de retourner dans leurs pays sur la base du volontariat.  La Turquie travaille étroitement avec les organisations internationales, principalement avec l’Organisation internationale pour les migrations afin de répondre aux besoins des victimes. 

La Turquie est aussi gravement préoccupée par l’expansion de la menace mondiale du terrorisme, géographiquement comme en termes de tactique, a par ailleurs déclaré la représentante.  Rappelant qu’aucun pays ne peut combattre seul ce fléau, elle a une fois de plus souligné la nécessité pour les États d’agir ensemble et de se soutenir mutuellement pour vaincre cette menace.

Exposée au flux massif de biens illégaux, la Turquie a adopté une politique de lutte contre les stupéfiants qui repose sur trois piliers, a encore déclaré ae représentante: la lutte contre les réseaux nationaux de distribution, le démantèlement des réseaux internationaux de trafic de drogue et les enquêtes sur le financement de groupes terroristes comme le PKK/PYD/YPG par le trafic de drogue. 

La Turquie est engagée dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, a poursuivi Mme Inanc-Ornekol.  Elle continue de combattre avec la même détermination toutes les organisations terroristes.  La communauté internationale doit agir avec la même détermination contre toutes les organisations terroristes.  En ce sens, l’approche sélective des organisations terroristes n’est pas acceptable et il est important que toutes les parties prenantes prennent les mesures nécessaires pour que les membres des organisations terroristes soient traduits en justice, a insisté la représentante, qui a demandé une mise en œuvre effective de l’« obligation d’extrader ou de poursuivre », jugée cruciale pour apporter une réponse collective au terrorisme. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est dit préoccupé par la croissance continue de la cybercriminalité et son évolution de simple menace à un ensemble d’entreprises florissantes qui auraient une valeur marchande plus grande encore que celles liées au trafic de drogue.  Pour Mgr Auza, il est décourageant de voir les nouvelles technologies de l’information et de la communication ouvrir la porte aux abus et aux violations des droits des enfants.  Ce mal est aggravé par le fait que les adolescents et les jeunes sont exposés au harcèlement en ligne, ainsi qu’à du matériel préjudiciable tel que la pornographie enfantine.  Il ne faut pas sous-estimer le mal que la cybercriminalité fait aux enfants et aux adolescents, a-t-il averti.  Il faut donc unir nos efforts et prendre des actions concrètes de sensibilisation sur la gravité du problème, appliquer la loi, et poursuivre en justice ceux qui sont coupables de crimes.

Le Saint-Siège est également inquiet de la consommation toujours croissante et abusive de drogues, du trafic de stupéfiants et des substances psychotropes que les opinions publiques ont semblé, un temps, accepter avec une indifférence généralisée en croyant que la dépénalisation des drogues pourrait être le meilleur moyen de combattre le commerce illégal des stupéfiants, sans toutefois accorder plus de considération aux graves conséquences pour les victimes. 

Prévenir et combattre la consommation de ces drogues est la clef pour prévenir et combattre leur production et commerce, a affirmé Mgr Auza. Il a réaffirmé l’opposition du Saint-Siège à la légalisation de l’usage de drogue comme moyen de lutter contre l’accoutumance.  Il a souligné que la famille était la pierre angulaire des stratégies de prévention, de traitement, de réhabilitation, de réintégration et de santé.  Renforcer les compétences parentales et sensibiliser collectivement les membres de la famille aux méfaits de la consommation de stupéfiants est essentiel pour prévenir les facteurs de risque de la criminalité et de l’abus de drogue chez les jeunes, a-t-il plaidé.

Mme ATIPHA VADHANAPHONG (Thaïlande) a renouvelé l’engagement de son pays à lutter contre le trafic de drogues, à commencer sous la forme d’une répression accrue à l’encontre des fournisseurs.  Au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande travaille en partenariat avec ses pays voisins et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour améliorer la coopération transfrontalière et le partage de renseignements, a-t-elle notamment indiqué. 

En outre, quoique le marché de la drogue s’oriente désormais davantage vers les substances synthétiques, Mme Vadhanaphong a estimé que le développement alternatif -les mesures économiques visant à réduire ou supprimer la production agricole de substances permettant de fabriquer la drogue- demeurait une solution pertinente pour s’attaquer aux racines du problème.

Quant à la demande de drogue, la représentante a indiqué que son pays continuait de mettre en œuvre une approche basée sur la santé publique, en offrant notamment aux usagers la possibilité de bénéficier d’un traitement.  Ce service, a-t-elle ajouté, est désormais accessible aux usagers purgeant une peine de prison.  Dans la mesure où, comme le précise l’édition 2018 du Rapport mondial sur les drogues, la proportion de femmes emprisonnées pour des infractions liées à la drogue est largement supérieure à celle des hommes, la représentante a précisé que ces traitements incorporaient une perspective de genre.

Étant donné, par ailleurs, le lien entre le trafic de drogue, la corruption et les flux financiers illicites, Mme Vadhanaphong a appelé à renforcer les politiques publiques de prévention et de détection des transferts d’argent liés au produit d’activités criminelles.  À cet effet, et en conformité avec les directives de la Convention des Nations Unies contre la corruption, la représentante a annoncé le lancement par les autorités thaïlandaises, en juillet dernier, d’un plan anti-corruption comprenant, entre autres mesures, la criminalisation des actes d’obstruction à la justice.

Mme LARYSA BELSKAYA (Bélarus) a préconisé d’agir de manière coordonnée pour lutter contre le crime organisé et le fléau de la drogue.  À cet égard, elle a suggéré d’inclure tous les partenaires, y compris la société civile, le secteur privé et les médias.  Elle a plaidé, en outre, pour des efforts intégrés et globaux de lutte contre la traite des personnes et a invité l’assistance à participer à une réunion d’information prévue demain, vendredi, à cet égard.  Elle a attiré l’attention sur le fait qu’aujourd’hui, les trafiquants ont recours à des technologies de plus en plus innovantes grâce à Internet.  Enfin, la représentante a indiqué que son pays était ouvert à la coopération et aux partenariats aux niveaux local, régional et international.

M. WANG ZHAOXUE (Chine) a noté qu’en dépit de progrès encourageants dans la lutte contre les drogues et le crime transnational organisé, d’importants défis subsistent, nécessitant une réponse collective et renforcée de la communauté internationale.  À cet égard, a-t-il dit, la Chine soutient le système international de contrôle des drogues ancré dans les trois principales conventions sur le sujet.  Elle appuie également les mandats confiés à la Commission des stupéfiants des Nations Unies, à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, à l’Organe international de contrôle des stupéfiants et à l’Organisation mondiale de la Santé.

La Chine soutient tout particulièrement la Commission des stupéfiants des Nations Unies pour son rôle directeur dans la préparation de la réunion ministérielle de haut niveau qui marquera sa soixante-deuxième session.  Pour M. Wang, la Déclaration politique et Plan d’action de 2009, la Déclaration ministérielle conjointe de 2014 et le Document final de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 se complètent les uns les autres.  Il est crucial que leur mise en œuvre soit au centre des travaux de toutes les parties, a-t-il insisté, estimant que la lutte contre la drogue devait faire l’objet d’une approche globale, intégrée et équilibrée.

Pour le représentant, les droits de l’homme doivent être protégés dans le cadre de cette lutte.  Toutefois, il est essentiel de ne pas leur accorder une importance exagérée au regard des autres efforts à mener, a-t-il souligné, plaidant pour le principe des responsabilités partagées afin de permettre aux pays de renforcer leur application du droit international et leur coopération judiciaire.  M. Wang a également estimé que les pays devaient avoir le droit de mettre en place leurs propres politiques antidrogues en fonction de leurs spécificités nationales.  À cet égard, a-t-il relevé, l’abolition de la peine capitale ne devrait pas être liée au problème des stupéfiants.

Le représentant a par ailleurs rappelé que la Chine avait adopté une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption en établissant, cette année, la Commission nationale de supervision.  Le pays, a-t-il poursuivi, accorde une grande importance à la coopération internationale contre ce fléau et appelle tous les États parties à mettre en œuvre scrupuleusement la Convention des Nations Unies sur la question.  La Chine salue d’autre part le rôle pivot de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et invite les États parties à l’utiliser comme base juridique. Enfin, elle salue les progrès réalisés par le Groupe d’experts des Nations Unies sur la cybercriminalité et l’encourage à soumettre ses recommandations à la Commission sur la prévention du crime et la justice pénale en vue de l’élaboration d’un instrument international dans le cadre de l’ONU. 

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a affirmé que l’éradication de la production et du trafic de stupéfiants était au centre des priorités de son gouvernement, lequel n’a eu de cesse d’œuvrer, au cours de la dernière décennie, à la réduction des cultures illicites de pavot, en chute libre de 25% depuis 2015.  Quant à la production d’opium au Myanmar, le représentant a estimé qu’elle avait diminué de 14% pendant la même période. 

En février dernier, le pays a lancé une nouvelle politique publique anti-drogue avec l’appui du bureau régional de l’ONUDC, conformément aux principes définis dans les trois conventions internationales sur les drogues, auxquelles le Myanmar est en outre Partie, a déclaré le représentant.  Cette politique adopte une approche exhaustive pour résoudre le problème de la drogue au Myanmar, en regroupant à la fois le Gouvernement, le secteur privé et la société civile, a-t-il expliqué.  En plus du renforcement des efforts liés à l’application de la loi et à la justice criminelle, ce plan national inclut également une dimension sociale et de santé publique, propose des alternatives viables aux cultivateurs d’opium et facilite une coopération internationale accrue.  Entre autres changements de cap majeurs, le représentant a notamment cité la prise de mesures visant à dépénaliser l’usage de la drogue, notamment pour faire éviter aux consommateurs des peines d’emprisonnement.

Par ailleurs, le représentant a appelé les pays de l’Est et du Sud-Est asiatiques à s’adapter aux nouveaux défis et problèmes de santé publique liés à la propagation de drogues synthétiques, telles que la méthamphétamine.  Il a rappelé que le Myanmar organiserait, au mois de novembre, une conférence sur la question entre les États de la région, avec le soutien de l’ONUDC.

M. KANISSON COULIBALY (Mali) a déclaré qu’outre l’impact néfaste des produits stupéfiants sur la santé et, à terme, sur la cohésion sociale, le trafic illicite des drogues constituait une source de financement de la criminalité transnationale organisée et des groupes terroristes. Il s’agit là de problématiques de grande importance pour le Mali et ses voisins du Sahel, comme pour le reste du monde, a insisté le représentant.

Sur le plan national, le Mali a adopté des mesures appropriées à la dimension de l’ampleur du phénomène des drogues.  C’est ainsi que le Mali a saisi en 2017, plus de 600 kg de cannabis, 1,5 kg d’héroïne et une quantité importante de psychotropes.

Dans le cadre de la coopération multilatérale, M. Coulibaly a salué le « partenariat fécond » existant entre son pays et le Bureau régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC); partenariat qui, a-t-il rappelé, a permis d’organiser depuis 2014, dans le cadre du Programme Sahel, 87 activités bénéficiant à 2 853 membres des institutions judiciaires et des agences d’application des lois.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a constaté qu’au-delà de son impact économique, la criminalité liée à la drogue créait des torts à la sécurité publique dans le monde et empêchait le développement socioéconomique des sociétés.  Il a assuré que son pays s’était fait le champion de la lutte contre ce fléau en prenant notamment des mesures en matière de prévention.  À cet égard, il a fait état d’une légère augmentation de la consommation de stupéfiants, en particulier d’héroïne.

Face au problème de la drogue, Sri Lanka préconise une approche fondée sur un équilibre entre la réduction de l’offre, les soins, la désintoxication et la baisse de la demande.  À cette fin, le Gouvernement a mis en place un Bureau de contrôle des drogues dangereuses, qui s’emploie à renforcer les capacités des douanes et des forces de l’ordre, à développer une démarche législative harmonisée, à proposer des traitements aux toxicomanes et à mener des campagnes d’information dans les écoles et les communautés.  Ce volet préventif, a précisé le représentant, se double d’une action policière qui a permis l’arrestation de 34 670 personnes en 2017 pour des crimes et délits liés à la drogue, soit une progression de 2% par rapport à 2016.

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a déclaré que la sécurité et la paix des peuples avaient toujours été menacées par les agents du crime organisé.  Par conséquent, a-t-il ajouté, la lutte contre les drogues doit être menée aux niveaux local, national et international pour pouvoir atteindre de concert des résultats tangibles.  Le représentant a rappelé que le trafic de drogue était à l’origine, chaque année, de la mort de milliers de personnes, notamment parmi les jeunes, et ce, en plus de « déstabiliser nos institutions, déséquilibrer nos économies, menacer nos valeurs et détruire notre société ».  La République dominicaine est particulièrement fragile face au trafic de drogue du fait de sa position géographique, qui fait du pays un pont entre les pays producteurs et les pays consommateurs, a expliqué le représentant. 

Pour M. Cortorreal, il est possible de réaliser des progrès dans la lutte contre la drogue si les efforts sont mis en commun, l’information partagée et la collaboration plus poussée.  Nous ne pouvons oublier, a-t-il ajouté, que ce sont les pays en voie de développement qui agissent comme première barrière face au narcotrafic, protégeant ainsi les pays les plus développés.  Le représentant a ensuite déploré que les milliards de dollars alloués, chaque année, par les pays en développement à la lutte contre la drogue restent malheureusement insuffisants pour faire face aux ressources déployées par le crime organisé.  Il a donc appelé les Nations Unies et les pays développés à s’investir dans le combat contre le crime organisé et le trafic de drogue, un moyen « intelligent » et frontal selon lui de combattre la pauvreté.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a estimé que relever les nombreux défis complexes du problème mondial de la drogue et ses liens avec les autres formes du crime organisé, y compris le blanchiment d’argent, la corruption et en particulier le terrorisme, exigeait une action concertée des gouvernements avec les institutions internationales pertinentes.  La drogue est en effet une source de vive préoccupation, eu égard à son impact sur la santé, le développement durable et la sécurité internationale.

L’Algérie est engagée dans une féroce bataille contre le trafic illicite de drogue et réitère sa détermination pour la pleine mise en œuvre des conventions internationales en la matière, a affirmé M. Sahraoui.  Le représentant a salué à cet égard l’action de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et appelé les États Membres à accroître leur coopération et la coordination avec le système des Nations Unies pour éradiquer le fléau de la drogue.

Acteur majeur de lutte contre le terrorisme, l’Algérie appelle en outre la communauté internationale à y faire face résolument, notamment en s’attaquant à ses sources de financement -parmi lesquelles le trafic de drogue- par une approche inclusive.  Le représentant a rappelé en ce sens l’organisation par son pays, en collaboration avec l’Union africaine, d’une réunion de haut niveau sur cette question en avril dernier.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que son pays n’était pas disposé à laisser la drogue et les crimes y relatifs saper les gains de développement, et encore moins l’avenir des jeunes.  Après avoir contenu les insurgés islamistes, le Gouvernement entend désormais sauver le pays de la menace de la drogue, notamment la question des « comprimés de Ya Ba », un mélange de méthamphétamine et de caféine venant du Myanmar et d’autres pays d’Asie du Sud-Est.  Pour le Gouvernement du Bangladesh, des groupes criminels transnationaux sont derrière ce trafic illégal, et ce commerce transfrontalier nécessite la participation de pays voisins pour être jugulé.  Le représentant a par ailleurs rappelé que son pays avait rejoint l’Action mondiale lancée par les États-Unis contre le problème mondial de la drogue.

Mme SHEILA GWENETH CAREY (Bahamas) a estimé que le lien entre la prévention de la criminalité et le problème de la drogue constituait un défi pour la communauté internationale et une menace pour la paix, la sécurité, le développement et la protection des droits humains et des libertés fondamentales.  En tant que petit État insulaire en développement situé sur une route stratégique pour les drogues, les armes et les activités criminelles transnationales, les Bahamas continuent d’affecter à la lutte contre ces fléaux des ressources humaines, techniques et financières qu’ils ne peuvent consacrer au développement socioéconomique, a-t-elle déploré. 

Au niveau national, les Bahamas ont donné la priorité à la prévention et à la réduction de la criminalité en se concentrant sur les points chauds et les récidives, en établissant un dialogue avec les communautés locales et les jeunes, en rendant plus visibles les patrouilles de police et en recourant aux technologies de police scientifique et à la collecte de renseignements, a expliqué la représentante.  L’archipel a également conclu des partenariats bilatéraux et régionaux pour répondre à la criminalité transnationale et aux activités liées à la drogue, notamment en collaborant avec les États-Unis et la CARICOM au travers de l’Initiative pour la sécurité dans le bassin des Caraïbes (CBSI), qui vise à combattre les trafics illicites, promouvoir la justice sociale et accroître la sécurité publique.

M. MUHAMMAD MUSTAPHA ABDALLAH (Nigéria) a expliqué que son pays attachait une grande importance au lien étroit unissant le système de justice pénale, l’état de droit, l’éradication de la corruption et le développement.  C’est dans cet esprit, a-t-il souligné, que le Président Muhammadu Buhari a renforcé les institutions judiciaires du pays afin de mettre en œuvre ses stratégies de lutte contre la corruption et de promotion du développement national.  Le Gouvernement a, de son côté, mis en place des programmes holistiques centrés sur la prévention de la criminalité par le biais d’un système judiciaire efficace.

Rappelant que, comme il l’avait annoncé l’an dernier devant la Troisième Commission, le Nigéria a mis sa législation nationale en conformité avec les dispositions de l’article 44 de la Convention des Nations Unies contre la corruption, M. Abdallah a signalé qu’à sa suite, l’Union africaine avait montré sa détermination sur cette question en déclarant 2018 Année africaine de la lutte contre la corruption. 

Par ailleurs, le Nigéria a créé une Commission interministérielle de lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme financier, un organe destiné à faciliter et renforcer la coordination du contrôle de ces transactions financières illicites effectuées par des organisations criminelles transnationales.  S’agissant, enfin, du lien entre la criminalité et les abus liés à la drogue, M. Abdallah a souligné les efforts déployés par son gouvernement pour combattre la prolifération et le trafic des stupéfiants.  Il s’emploie également à prévenir l’usage des drogues chez les jeunes, a précisé le représentant, faisant état d’une utilisation souvent abusive de tramadol et sirop antitussif contenant de la codéïne par des enfants et des femmes.  

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a relevé que les trois conventions sur le trafic de la drogue constituaient le socle du système international de lutte contre les stupéfiants.  Il a néanmoins estimé qu’il faudrait également établir une stratégie équilibrée et globale contre le problème de la drogue à tous les niveaux, tout en étendant la coopération régionale et internationale afin de mettre en œuvre le principe de la responsabilité collective et partagée.  Le représentant a indiqué que, depuis fort longtemps, l’Iran était engagé dans la lutte contre le trafic de drogue, même si la communauté internationale et les partenaires ne soutiennent pas le pays.  En vertu d’une nouvelle loi en vigueur depuis novembre 2017, la peine de mort n’est désormais plus requise qu’en cas de port d’armes par les trafiquants de drogue ou quand ceux-ci utilisent les enfants pour faire transporter la drogue, a précisé M. Hassani Nejad Pirkouhi.

Le représentant a aussi déploré l’implication de la criminalité transnationale organisée dans le trafic d’objets culturels, ce qui a un impact négatif sur le patrimoine culturel des nations, et partant sur leurs identités.  Pour la République islamique d’Iran, ce problème requiert une mobilisation internationale.  M. Hassani Nejad Pirkouhi en a appelé au leadership des Nations Unies dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité. 

De même, la République islamique d’Iran déplore le classement des États dans les thèmes comme la corruption, le blanchiment d’argent et le trafic d’êtres humains.  Pour M. Hassani Nejad Pirkouhi, de telles pratiques ont un effet contraire à celui escompté, puisqu’elles affectent négativement la coopération internationale.  De plus, ces classements s’appuient sur des considérations politiques et conduisent à des actions unilatérales et des sanctions, lesquelles affaiblissent les cadres de coopération internationale et les capacités des États à lutter contre les crimes, a accusé le représentant.

Mme IRMA ALEJANDRINA ROSA SUAZO (Honduras) a estimé que la question du trafic de drogues devait être abordée d’une manière globale et holistique, parallèlement aux programmes de santé publique.  Dans ce domaine, a-t-elle souligné, le Honduras est signataire de trois conventions destinées à éradiquer le crime transnational.

Grâce au renforcement des institutions gouvernementales dédiées à la lutte contre le trafic de drogue et à l’adoption de normes légales contraignantes, le pays est ainsi parvenu ces dernières années à extrader les chefs, à démanteler des structures criminelles et à réduire le niveau de violence et d’insécurité; à réduire le trafic illicite de drogue par l’établissement de pare-feu terrestres, maritimes et aériens, en identifiant et détruisant les pistes d’atterrissage clandestines; et à démanteler des laboratoires de production, a fait valoir la représentante.

Parallèlement, des efforts de sensibilisation ont été conduits en faveur de milliers d’enfants, d’enseignants et de parents pour prévenir l’usage de la drogue à l’école et des centres de traitement de désintoxication, créés, a poursuivi Mme Rosa Suazo.  Enfin, le Gouvernement du Honduras a établi un Secrétariat exécutif aux affaires anti-drogue, afin de coordonner les efforts institutionnels pour réduire l’offre et la demande de narcotiques.

Pour M. CHEIKH NIANG (Sénégal), le combat contre la criminalité nationale et transnationale ne peut être vaincu qu’à travers l’adoption d’une approche holistique et préventive dans le cadre de politiques sociales adaptées.  Celles-ci doivent notamment cibler leurs causes profondes, englobant l’emploi, l’éducation, la santé, l’accès au logement ainsi que la lutte contre la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion sociale.  De même, a ajouté le représentant, le combat contre la drogue doit passer par la création et la mise en place d’approches inclusives et innovantes capables d’intégrer les minorités et les groupes vulnérables dans la vie active et pratique.

Pour sa part, le Sénégal a érigé au rang de priorité nationale la lutte contre le trafic de drogue et les crimes connexes, a affirmé M. Niang.  Le représentant a cité la mise en place d’un cadre institutionnel à cet égard.  En tant que pays d’origine, de transit et de destination des victimes de la traite des personnes et de la traite des migrants, le Sénégal s’est engagé politiquement à lutter contre ces menaces à la fois traditionnelles et émergentes, en ratifiant l’ensemble des conventions et protocoles, a conclu le représentant.

M. MOHAMED AWADALLA SALLAM ADAM (Soudan) a expliqué que le Soudan mettait en œuvre sa stratégie nationale de lutte contre la drogue, adoptée en 2015, et qu’il avait révisé la loi sur les drogues et les précurseurs pour l’aligner avec les dispositions des instruments internationaux.  Des listes de médicaments reconnus ont aussi été élaborées et un système d’inspection mis en place.  Le Soudan a également adopté une loi sur le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme, accompagnée d’une réforme des règles des institutions financières.

Des efforts ont également été déployés pour améliorer la confiance des citoyens envers les forces de l’ordre à travers des programmes de coopération et d’échange tels celui sur la police populaire et sociale, a poursuivi le représentant.  Ces programmes ont eu un retentissement positif et ont permis une baisse du taux de criminalité dans certains quartiers urbains, a-t-il affirmé.  La loi sur la traite des personnes, qui a alourdi les peines pour les trafiquants, a aussi eu des résultats satisfaisants en raison notamment des programmes de coopération régionaux et internationaux dans le cadre de « l’opération Khartoum » lancée en 2014.  La capitale soudanaise a aussi accueilli, mi-juillet, le premier congrès des commissions nationales de lutte contre la traite et le commerce des personnes dans les pays de la Corne de l’Afrique, avec la participation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union européenne, a rappelé M. Adam.

M. LEONG WEI JIEA (Malaisie) a déclaré qu’à l’ère numérique, la criminalité organisée pouvait facilement opérer en s’appuyant sur les moyens avancés de technologie et de communication.  La Malaisie est d’avis qu’aucun pays ne peut, à lui seul, lutter avec succès contre la criminalité et le trafic illicite de drogue.  C’est pourquoi, en plus de renforcer sa législation nationale et les agences de maintien de l’ordre, le pays juge très importante la coopération internationale.  La Malaisie fait ainsi partie d’un certain nombre de mécanismes de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants, a expliqué le représentant.

Mme HANAA BOUCHIKHI (Maroc) a souligné que, dans le cadre de sa lutte contre le crime sous toutes ses formes, le Maroc avait adopté une stratégie multidimensionnelle, avec des objectifs précis.  De plus, a-t-elle ajouté, étant donné l’évolution de la menace criminelle qui transcende les frontières nationales, la coordination et l’échange d’informations entre les appareils sécuritaires des États deviennent « non pas un choix mais une nécessité! ».  À cet égard, le Maroc a intensifié sa coopération bilatérale et multilatérale avec les organisations internationales, notamment l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Mme Bouchikhi a estimé que le continent africain devait recueillir « davantage d’attention » et de soutien de la part de la communauté internationale, notamment son espace sahélo-maghrébin et sa façade atlantique, laquelle connaît une recrudescence « alarmante » des activités de la criminalité organisée, avec des connexions dangereuses entre les réseaux terroristes et les mouvements de rébellion armée et de séparatisme.

M. EMAD SAMIR MORCOS MATTAR (Égypte) a rappelé le lien existant entre le développement durable et la primauté du droit.  C’est pourquoi il a estimé que la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, la prolifération des stupéfiants et la préservation de la santé des individus constituent un impératif pour des sociétés sécurisées, saines et stables.

Le représentant a, à cet égard, attiré l’attention sur l’utilisation des avancées technologiques par les trafiquants dans leurs activités illicites, ce qui posent de nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales.  Il a évoqué, en outre, la deuxième stratégie nationale lancée par l’Égypte contre la traite des êtres humains.  S’agissant de la corruption, l’Égypte a adopté des politiques rigoureuses, encourageant la transparence et la reddition de comptes.  Le représentant a également mentionné les efforts déployés par son pays pour la protection et la préservation du patrimoine culturel national.  Enfin, il a indiqué que tous les efforts nationaux ne sauraient aboutir sans être complétés et soutenus par une coopération régionale et internationale.

Mme MAGDA LENA CRUZ (Espagne) a prôné une approche de la lutte anti-drogue combinant flexibilité et continuité sur le long terme.  Elle a ensuite annoncé que l’Espagne présenterait pour la première fois à la Troisième Commission, et aux côtés du Guatemala, un projet de résolution visant à lutter contre deux crimes n’ayant fait jusqu’ici l’objet que de peu d’attention de la part des États Membres: la traite des personnes à des fins de retrait d’organes et le trafic d’organes.  Aux yeux de la représentante, le « caractère aberrant » de ces activités délictueuses exige une action concertée de la communauté internationale dans le domaine pénal, sanitaire et des droits de l’homme.  Dans la mesure où ce trafic a recours au truchement de réseaux criminels transfrontaliers pour prospérer, lutter efficacement contre le phénomène ne sera toutefois pas chose aisée, a mis en garde la représentante, appelant tous les États Membres à prendre part aux négociations du texte.

Par ailleurs, la représentante a salué l’Italie pour son projet de résolution concernant le renforcement du programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, notamment en matière de coopération technique.  L’Espagne accordera en outre une attention particulière à l’actualisation des dispositions liées au cyberterrorisme, à la preuve électronique –jugée indispensable pour lutter contre l’impunité– à la traite des personnes et à la protection du patrimoine culturel.

M. PRIAMBUDI (Indonésie) a salué les actions de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en faveur de la coopération internationale et de l’assistance technique aux États, estimant qu’elles bénéficiaient à tous pour la mise en œuvre effective de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.  État Partie à ce texte, l’Indonésie se tient prête à travailler avec d’autres à son application intégrale dans le cadre de ses engagements nationaux et internationaux, a assuré le délégué.

S’agissant de la traite des personnes, crime qu’il a qualifié de « haineux », le représentant a indiqué que son pays jouait un rôle actif dans la lutte contre ce fléau, en particulier au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et par le biais du Processus de Bali sur la traite des personnes et la criminalité transnationale qui y est liée, instrument coprésidé par l’Indonésie et Australie.

En matière de lutte contre les stupéfiants, l’Indonésie réaffirme que les stratégies de réduction de la demande devraient s’appuyer sur une approche globale, intégrée et équilibrée afin de parvenir à l’objectif d’une société exempte de criminalité liée à la drogue.  Le représentant a cité l’exemple d’un programme national d’autonomisation de collectivités, qui prévoit le remplacement des cultures traditionnelles de marijuana par d’autres productions agricoles licites.  Le représentant a conclu son propos en plaidant pour une coopération internationale accrue en matière de police antidrogue.  

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a déclaré que la lutte contre la corruption était une des priorités de son gouvernement.  Le représentant a énuméré les mesures prises par son pays, à commencer par la création d’un cadre juridique moderne conforme aux normes internationales et la mise en œuvre de réformes institutionnelles et législatives complètes.  Il a cité l’adoption de quatre plans nationaux de lutte contre la corruption, ainsi que des progrès réalisés, sans oublier le renforcement du système chargé de combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  En mai dernier, le service de contrôle financier a été établi comme une unité indépendante afin d’améliorer le respect des exigences en matière de lutte contre la légalisation des fonds ou autres biens obtenus de manière criminelle et du financement du terrorisme, a également expliqué le représentant.  Enfin, pour ce qui concerne la traite des êtres humains, l’Azerbaïdjan met en œuvre son troisième Plan d’action national. 

M. IBRAHIMA KOMARA (République de Guinée) s’est félicité d’avoir ratifié les principaux instruments juridiques internationaux, régionaux et sous-régionaux contre la criminalité transnationale, notamment la Convention de Palerme et ses protocoles additionnels ainsi que l’Accord multilatéral de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la lutte contre la traite des personnes.  Pour le représentant, la prévention et la répression du trafic de drogue, mais aussi la prise en charge et la réinsertion des victimes, doivent être au centre des actions nationales et mondiales en vue de l’éradication du crime transnational organisé.

Sur le plan national, la création de l’École nationale de police, la réforme de la justice, la suspension de magistrats accusés de corruption ainsi que l’arrestation régulière de trafiquants d’êtres humains traduisent, selon le représentant, la volonté politique du pays en matière de lutte contre le crime organisé.  Avec le soutien de l’ONUDC, des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, « ces efforts sont en train de faire de notre pays un véritable barrage international », a assuré le représentant.  Le Gouvernement guinéen reste néanmoins confronté à des défis comme la réforme de la justice pénale et l’adoption de lois spécifiques contre la criminalité, a-t-il conclu.

Mme NELLY BANAKEN (Cameroun) a rappelé que son pays subissait depuis quelques années des attaques terroristes de la part des islamistes de Boko Haram dans la province de l’Extrême-Nord dans un premier temps et plus récemment des sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.  Pour y faire face, le Gouvernement a pris des dispositions aussi bien au plan politique que juridico-institutionnel, ainsi qu’en matière de sensibilisation, de formation, de protection, d’éducation et de répression, a ajouté la représentante.

Toutefois, a fait observer Mme Banaken, aucun pays ne peut à lui seul faire face à un terrorisme sans visage et aux motivations peu claires.  Pour la représentante, la lutte contre ce phénomène passe également par la lutte contre la consommation et le trafic de drogue.  En effet, ce dernier alimente financièrement les réseaux et groupes terroristes.  Enfin, Mme Banaken a souligné l’urgence de prendre des mesures globales pour faire face à la criminalité transnationale, y compris par la ratification de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses Protocoles additionnels.

Pour M. MOHAMED A. A. MOHAMED (Libye), le monde est en butte au défi de la consommation et du trafic de drogues, mais aussi de la corruption et de la criminalité organisée.  Ces phénomènes, a-t-il constaté, sont en augmentation et deviennent de plus en plus dangereux, en particulier quand la pauvreté et le chômage sont eux-mêmes en pleine expansion.  Le problème de la drogue est mondial et doit être abordé au travers d’une approche multilatérale, a-t-il ajouté, plaidant pour la fourniture d’une aide technique aux pays comme le sien ainsi que pour des efforts concertés pour lutter contre la criminalité transnationale et la traite des personnes.

« Mon pays, malgré toutes les difficultés qu’il traverse, fait en sorte de respecter ses engagements nationaux et internationaux », a affirmé le représentant.  À cet égard, il a précisé que la Libye avait participé à de nombreuses réunions ministérielles sur ces questions.  La dernière en date s’est tenue à Khartoum en présence du Soudan, du Niger et du Tchad et a permis l’adoption d’un plan d’action commun contre la criminalité transfrontalière et la traite des personnes, a-t-il indiqué.  M. Mohamed a par ailleurs appelé l’ONUDC à redoubler d’efforts pour lutter contre le crime transnational, la corruption et le trafic des stupéfiants.  Le succès de son action permettrait à de nombreux pays concernés par ces fléaux de recouvrer leurs avoirs et de les utiliser à des fins de développement, a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: La Première Commission adopte son programme de travail et décide de la participation de L’OPANAL

Soixante-treizième session,
1re séance – après-midi
AG/DSI/3596

Désarmement: La Première Commission adopte son programme de travail et décide de la participation de L’OPANAL

La Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale a approuvé, aujourd’hui, son programme de travail pour la soixante-treizième session de l’Assemblée générale.  Pour examiner les points à son ordre du jour cette année, la Commission prévoit la tenue de 27 réunions de fond, du 8 octobre au 9 novembre.  Elle a également décidé, à l’issue d’un vote, que le Secrétaire général de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL) pourra participer à une table ronde prévue au cours de cette session.

Comme chaque année, les travaux de la Première Commission s’organiseront selon trois phases distinctes: le débat général, les discussions thématiques et les prises de décisions sur la base des propositions de la Commission.

Le débat général se tiendra du 8 au 17 octobre, et sera notamment marqué par l’intervention de la Présidente de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, qui s’exprimera lors de la première journée.

La phase des discussions thématiques se déroulera ensuite du 17 octobre au 31 octobre.  Au cours de ces 13 séances, la Commission se penchera sur les sept grands sujets qu’elle a l’habitude de couvrir à savoir les armes nucléaires, les autres armes de destruction massive, les aspects du désarmement dans l’espace extra-atmosphérique, les armes classiques, les autres mesures de désarmement et de sécurité internationale, le désarmement régional, et enfin les mécanismes de désarmement de l’ONU.

Le Président de la Commission, M. Ion Jinga, de la Roumanie, a également indiqué que trois nouveaux points avaient été inscrits à l’ordre du jour de la Commission, portant notamment sur les mesures pratiques supplémentaires pour prévenir une course à l’armement dans l’espace, la Déclaration universelle sur l’édification d’un monde exempt d’armes nucléaires et, enfin, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  La Commission examinera par ailleurs le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

La Première Commission achèvera sa session avec une troisième phase de travaux qui se déroulera du 1er au 8 novembre et qui consistera en l’adoption des projets de résolution et de décision portés par les États Membres.

La Commission a par ailleurs décidé, à l’issue d’un vote, d’autoriser la participation, cette année, du Secrétaire général de l’OPANAL à une table ronde prévue le 17 octobre en la présence de la Haute-représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, et consacrée à « l’état actuel des affaires dans les domaines du contrôle des armes et du désarmement ».

Malgré le fervent plaidoyer du Brésil, qui était à l’origine du projet de décision, en faveur d’une adoption consensuelle, c’est finalement par la mise aux voix que la participation de l’OPANAL a été décidé.

En tout, 84 États Membres ont voté pour, les États-Unis et Israël s’y sont opposés et 27 autres États se sont abstenus.

Au cours du long débat qui a précédé le vote, le Brésil a avoué avoir été surpris d’apprendre, lors des consultations officieuses, le mois dernier, qu’il n’était pas prévu d’inviter l’OPANAL à la table ronde.

« Il s’agit d’une question de principe, alors que d’autres organisations régionales sont autorisées régulièrement à prendre la parole lors de débats de haut niveau.  Pourquoi l’OPANAL devrait-elle être traitée comme une organisation de deuxième zone dans ce débat? » a insisté la délégation, fermement appuyée par la grande majorité des délégations d’Amérique latine.

Le Président de la Commission a rappelé qu’outre Mme Nakamitsu, il avait déjà été proposé que la table ronde soit constituée des personnalités suivantes: le Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Directeur exécutif du Groupe de haut niveau sur la coopération numérique, le Secrétaire général de la Conférence du désarmement et, enfin, le Directeur de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement.

Avant la mise aux voix, les États-Unis ont indiqué avoir accepté, l’an dernier, la présence de l’OPANAL au sein de la table ronde afin d’éviter un vote sur le sujet et d’établir un précédent aux « conséquences dévastatrices » pour « l’unité de la Commission et sa capacité à parvenir à des décisions par consensus ».

« Mais si une seule région peut imposer son opinion sur la composition du panel de haut niveau en 2018, alors en 2019 il y a aura un autre groupe régional qui en fera de même et ce sera sans fin », s’est préoccupé le représentant qui a appelé à poursuivre les consultations sur cette question dans le but de dégager une solution équitable et acceptable pour tous.

À l’instar de la France, le Royaume-Uni a marqué son impatience en relevant que cette question se pose chaque année et suscite à chaque fois la polémique.  Voulant se montrer constructive, l’Australie a suggéré de formaliser les procédures de désignation des participants aux tables rondes.

L’utilité du vote de procédure a été contesté par la Bulgarie qui a appelé à décourager cette pratique.

Outre le Président, M. Ion Jinga, le Bureau de la Première Commission est constitué des Vice-Présidents M. Noël Diarra, du Mali, M. Jose Ataide Amaral, du Portugal, Mme Marissa Edwards, de la Guyane et de la Rapporteuse, Mme Muna Zawani Idris, du Brunei.

La Première Commission tiendra sa prochaine séance plénière, lundi 8 octobre, à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les Présidents de comités liés à la lutte contre le terrorisme insistent sur la persistance de la menace de Daech et Al-Qaida

8364e séance - matin
CS/13528

Conseil de sécurité: les Présidents de comités liés à la lutte contre le terrorisme insistent sur la persistance de la menace de Daech et Al-Qaida

« Le terrorisme continue de poser une grave menace à la paix et à la sécurité internationales », a prévenu en une phrase le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre qui est intervenu, ce matin, au Conseil de sécurité, en sa qualité de Président du Comité créé par la résolution 1540 (2004) sur le non accès des terroristes aux armes de destruction massive.  M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, de la Bolivie, présentait son rapport annuel aux côtés de ses homologues du Comité des sanctions contre Daech et Al-Qaida, M. Kairat Umarov du Kazakhstan, et du Comité contre le terrorisme, M. Gustavo Meza-Cuadra du Pérou. 

Selon les trois Présidents, les groupes terroristes s’adaptent, changent de méthodes, profitent de la mondialisation, des avancées rapides de la science et des technologies et exploitent l’évolution perpétuelle de l’environnement commercial.  Daech, Al-Qaida et leurs affiliés et cellules peuvent ainsi recruter, financer, inciter, planifier et exécuter des attaques contre des « cibles molles ».  Les Présidents des Comités des sanctions ont mis en garde contre la facilité avec laquelle les groupes terroristes pourraient mettre la main sur des armes de destruction massive, « d’autant plus que le tabou des armes chimiques a été brisé », a prévenu la Suède.  La Fédération de Russie en a profité pour rappeler sa proposition de négocier une « convention contre le terrorisme chimique et biologique ». 

Malgré leur défaite en Iraq ou en Syrie, la présence de Daech et d’Al-Qaida reste forte, ont alerté les Présidents des Comités des sanctions.  Les deux groupes terroristes sont encore solidement implantés en Afghanistan, contrôlent toujours des poches de territoire en Syrie, y exploitent du pétrole, lancent des attaques et se renforcent au Yémen et dans les pays d’Afrique de l’Ouest.  Daech à lui seul compte entre 20 000 et 30 000 combattants entre la Syrie et l’Iraq et entre 3 500 et 4 000 en Afghanistan.

Ces chiffres élevés mettent en lumière non seulement la question des combattants terroristes étrangers mais aussi les risques qu’ils font peser dans leur pays d’origine à leur retour ou quand ils se déversent dans d’autres théâtres de conflit.  Les membres du Conseil de sécurité ont partagé les craintes de leurs Comités.  Lors de la dernière réunion d’information, ont rappelé les Pays-Bas, nous avions souligné que la menace terroriste avait changé, mais pas diminué. Cette affirmation, ont-ils regretté, a été confirmée la semaine dernière, après une attaque majeure déjouée par les autorités néerlandaises, où sept hommes ont voulu faire un maximum de victimes lors d'un grand rassemblement populaire.  « Nous ne pouvons pas baisser la garde », ont martelé les Pays-Bas en insistant sur un contreterrorisme fondé sur une bonne mise en œuvre des résolutions du Conseil, la transparence et la fin de l’impunité des terroristes.  Sur cette dernière question, le Président du Comité contre le terrorisme a expliqué qu’il étudie la question des preuves et des défis juridictionnels qui empêche les poursuites judiciaires contre les combattants étrangers dans leur pays d’origine.

La France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont jugé nécessaire de renforcer les régimes des sanctions.  Pour que le régime des sanctions contre Daech et Al-Qaida demeure « crédible et efficace », a insisté la France, les États Membres doivent continuer à soumettre des demandes d’inscriptions sur la Liste, d’autant plus que certains pays essayent de soustraire des terroristes aux sanctions, a accusé la Fédération de Russie.  Cette dernière s’est en effet émue de la tendance à vouloir faire de la Direction exécutive contre l’accès des terroristes aux armes de destruction massive un « mécanisme de protection des droits de la personne ». Il est inacceptable, s’est emportée la Fédération de Russie, que la Direction exécutive s’intéresse à des problématiques telles que la réinsertion de terroristes, le renforcement du rôle des femmes ou l’intervention de la société civile, à savoir « des questions sans rapport direct avec son mandat ».  Les Comités doivent faire preuve de professionnalisme, d’impartialité et d’indépendance, a commenté la Chine.  Pour inscrire des individus et des entités sur la Liste, « il faut des preuves solides », a-t-elle ajouté.

EXPOSÉS DES PRÉSIDENTS DES ORGANES SUBSIDIAIRES DU CONSEIL DE  SÉCURITÉ                                                                

S’exprimant en sa qualité de Président du Comité créé par la résolution 1540 (2004) pour barrer l’accès des terroristes aux armes nucléaires, M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a commencé par faire une déclaration conjointe de son Comité et du Comité créé par les résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) sur les sanctions imposées à Daech et à Al-Qaida, et du Comité créé par la résolution 1373 (2001) sur le contreterrorisme.  Il a expliqué que ces trois organes subsidiaires du Conseil de sécurité avaient conduit, cette année, leurs travaux dans un paysage sécuritaire global de plus en plus complexe, volatile et délicat.  Le terrorisme continue de poser une grave menace à la paix internationale et à la sécurité.  Les terroristes, les organisations terroristes et leurs affidés et cellules continuent d’adapter leurs tactiques et méthodes, y compris en recourant à des moyens modernes de communication, pour recruter, financer, inciter, planifier et exécuter des attaques contre des « cibles molles », a expliqué le Président.  Les combattants terroristes étrangers de retour posent de nouvelles menaces dans les pays dont ils sont ressortissants ou dans des pays tiers.  « La mondialisation, les avancées rapides dans les sciences et technologies, et la perpétuelle évolution de l’environnement commercial présentent autant d’opportunités que de risques », a mis en garde M. Llorentty Solíz.  Les trois Comités, a-t-il ajouté, souhaiteraient souligner l’importance de garder à l’esprit les « effets potentiellement dévastateurs » des armes nucléaires, chimiques et bactériologiques si elles devaient tomber entre les mains des acteurs non étatiques, en particulier les terroristes.

Les trois Comités, a poursuivi le Président, sont conscients que les terroristes et leurs soutiens sont prêts à commettre des actes d’une violence extrême à large échelle, lesquels pourraient avoir des conséquences « catastrophiques » sur les plans humanitaire, économique, social et politique.  Le membres du Comité et leur groupe d’experts,  s’efforcent, dans la limite de leur mandat respectif, de promouvoir des mesures régulièrement mises à jour, respectueuses des droits de l’homme et de l’état de droit, et soucieuses des problématiques du genre, dans les domaines de la non-prolifération, des sanctions, de la lutte contre le financement du terrorisme, de la surveillance des frontières, de la coopération judiciaire internationale, des poursuites judiciaires, de la réinsertion, de la lutte contre l’endoctrinement et de la sensibilisation des communautés.  À la lumière de ces mesures, les trois organes subsidiaires continuent d’attacher la plus grande importance à la coordination et à la coopération entre leur groupe d’experts respectif, en promouvant le partage d’informations lors de réunions conjointes, a précisé M. Llorentty Solíz, qui s’est dit convaincu qu’il s’agit d’un moyen important de renforcer le dialogue avec les États Membres, pour les aider à mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Après avoir évoqué un certain nombre de missions et déplacements que les Comités ont fait ensemble, le Président a souligné le degré de coopération de ces Comités avec les organes de lutte antiterroriste du système des Nations Unies, de même qu’avec les organisations internationales et régionales « d’intérêt commun ».  Quant aux Présidents des trois Comités, ils continueront de se réunir régulièrement, au moins deux fois par an pour renforcer la coordination et discuter des domaines d’actions prioritaires pour d’éventuelles actions conjointes, a assuré M. Llorentty Solíz, avant d’insister sur le fait que les Présidents souhaitent recevoir des orientations supplémentaires de la part du Conseil de sécurité, à cet égard.

M. KAIRAT UMANOV (Kazakhstan) Président du Comité créé en vertu des résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) chargé des sanctions contre Daech, Al-Qaida et individus, groupes, entreprises et entités associés, a déclaré que depuis la dernière séance d’information, son Comité a continué de consacrer ses travaux à l’évolution des menaces posées à la paix et la sécurité internationales par Daech et Al-Qaida.  Il a souligné que le régime des sanctions imposées par la résolution 1267 offre un éventail d’outils que le Comité reste engagé à actionner avec les États Membres.  Selon le dernier rapport de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, la menace posée par ces groupes terroristes a évolué ces dernières années, a prévenu le Président.  En dépit de sa défaite, l’année dernière, en Iraq et en Syrie, Daech contrôle encore des poches dans le territoire syrien qui permettent de poursuivre l’exploitation du pétrole et de lancer des attaques, y compris le long de la frontière iraquienne.  Quant à Al-Qaida, il reste résilient en Syrie, grâce, entre autres, à ses affiliés du Front el-Nosra, lequel est devenu le groupe le plus puissant de la région.  En effet Al-Qaida et ses groupes affiliés sont plus puissants que Daech au Yémen, en Somalie et dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest alors que son alliance avec les Taliban et d’autres groupes en Afghanistan reste solide en dépit de quelques rivalités.  Selon les chiffres disponibles, en juin dernier 2018, Daech comptait entre 20 000 et 30 000 combattants, répartis plus ou moins équitablement entre la Syrie et l’Iraq; entre 3 500 et 4 000 en Afghanistan, ce qui fait craindre aux pays voisins une propagation du terrorisme, a indiqué le Président. 

Il a donc demandé aux États de coopérer pleinement avec son Comité et de fournir à l’Équipe d’appui analytique toutes les informations nécessaires à la mise en œuvre des résolutions pertinentes.  Dans ce contexte, a rappelé le Président, le Comité a entrepris une série de visites dans plusieurs pays, dont l’Afghanistan, la Malaisie, Singapour et les Philippines pour recueillir des informations sur Daech.  Le Comité a également mis à jour la Liste des individus et entités ciblés par les sanctions.  Depuis le mois de mai dernier, 20 individus et entités y ont été ajoutés et 5 personnes, retirées.  À ce jour, la liste compte 263 individus et 82 entités.  Le Comité a en outre tenu une séance d’information le 17 octobre 2017 et le 2 août dernier avec les États Membres concernés, a conclu le Président. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste, a prévenu, à son tour, que les groupes terroristes, y compris Daech et Al-Qaida et leurs affiliés, continuent de poser de graves menaces à la paix et la sécurité à travers les monde.  Même si Daech a souffert d’importantes pertes, il s’est transformé en un réseau mondial qui continue d’encourager ses adeptes et soutiens, dans le monde, à commettre des attaques.  La sophistication croissante des méthodes utilisées par les terroristes requiert des réactions innovantes, tout en veillant à l’efficacité et à la pérennisation des mesures existantes.

Le Président du Comité a souligné qu’en plus des problèmes nés de la présence des combattants étrangers en Iraq et en Syrie, il faut ajouter ceux découlant de leur retour dans leur pays ou de leur départ vers d’autres théâtres de conflit.  Le Président a aussi attiré l’attention sur les risques inhérents à la libération des combattants étrangers détenus en prison.  Fort de ce constat, le Comité, a indiqué son Président, entend tenir une réunion spéciale sur la mise à jour des Principes directeurs de Madrid relatifs aux combattants terroristes étrangers.  De même, la Direction exécutive du Comité collabore avec les États Membres et les organisations pertinentes telles que l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), afin de contribuer à la mise en œuvre du système de renseignements préalables concernant les voyageurs (RPCV) et de promouvoir le recours à la biométrie pour identifier les terroristes.  À ce propos, le Président a attiré l’attention sur le document que vient de publier l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF) des Nations Unies, sur les meilleures pratiques dans l’utilisation et le partage des données biométriques. 

La Direction exécutive soutient aussi le développement de stratégies globales pour les poursuites judiciaires, la réhabilitation et la réintégration d’anciens terroristes, y compris dans le bassin du lac Tchad, tout en étudiant la question des preuves et des défis juridictionnels qui empêche la poursuite en justice des combattants étrangers qui sont rentrés chez eux.  La Direction a mené 13 visites d’évaluation dans différents pays et le Comité a déjà reçu l’accord du Mali et l’Arabie saoudite pour de prochaines visites et compte se rendre en Finlande et au Royaume-Uni, en 2019. 

M. Meza-Cuadra a en outre indiqué que son Comité est inquiet de l’impact du terrorisme sur les enfants et du rôle des femmes dans les groupes terroristes, comme victimes mais aussi auteurs ou facilitatrices d’actes terroristes.  Le Président s’est attardé sur plusieurs activités de sa Direction exécutive dont une réunion au mois de mai dernier sur la lutte contre la propagande terroriste et la manipulation d’Internet.  La Direction exécutive a aussi participé à la Conférence internationale intitulée « pas d’argent pour la terreur » qui a eu lieu en avril dernier à Paris. 

En vertu de résolutions 2331 (2016) et 2388 (2017), la Direction exécutive a poursuivi ses enquêtes sur les liens possibles entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme, s’agissant en particulier de la traite des êtres humains.  En coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI), le Comité va organiser le 8 octobre une réunion publique sur le lien entre terrorisme international et criminalité transnationale organisée.  Avec le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, la Direction exécutive vient de publier un document sur le renforcement de leur coopération.  Les deux entités ont même mené des consultations conjointes en Iraq, au Kenya, au Nigéria, au Tadjikistan et au Turkménistan.

Le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1540 (2004), M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est dit gravement préoccupé par les effets potentiellement dévastateurs et les conséquences possiblement catastrophiques de l’accès des acteurs non étatiques et des groupes terroristes aux armes nucléaires, chimiques ou biologiques.  Étant donné la nature mondiale du problème, aucun État ne peut se dérober à la responsabilité de prévenir ces risques.  C’est d’ailleurs la raison d’être de la résolution 1540 (2004), a souligné le Président du Comité. 

M. Llorentty Solíz s’est félicité de ce que les États continuent d’informer son Comité des mesures qu’ils ont prises ou prévoient de prendre.  Il a noté que 181 États, soit 90% des Membres des Nations Unies, ont soumis leur rapport.  Le Président a dit avoir dépêché deux experts auprès du Mali pour aider ce dernier à préparer son premier rapport.  Pour bien évaluer avec précision l’état de mise en œuvre de la résolution 1540 (2004), le Comité a besoin d’une mise à jour régulière des informations que lui communiquent les États Membres, a insisté le Président. 

Il a donc demandé à ces derniers d’élaborer de véritables plans d’action nationaux volontaires qui permettent d’identifier les mesures prises pour combler les lacunes et les vulnérabilités des législations, des réglementations et du cadre national de contrôle.  Ils permettent aussi d’identifier les domaines dans lesquels une assistance est nécessaire. 

Le Comité a d’ailleurs développé des cours de formation pour les points de contact nationaux dont les derniers ont eu lieu à Addis-Abeba et à Rostov sur le Don.  Ces cours visent non seulement à renforcer la capacité et le rôle de coordination des points de contact mais aussi à créer un « réseau vivant » de points de contact pour renforcer la coopération et la coordination avec le Comité et parmi les points de contact, d’une région à l’autre. 

Une des priorités du Comité, a souligné le Président, est d’améliorer le système d’assistance aux États Membres, en faisant correspondre la demande et l’offre d’assistance.  Les États et les organisations qui ont les moyens d’apporter une assistance peuvent d’ailleurs consulter les demandes d’aide sur le site du Comité.  À l’heure actuelle, 21 demandes attendent toujours une réponse.  Le Comité a d’ailleurs renforcé ses relations avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), le Secrétariat de la Convention sur les armes biologiques, Interpol, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Organisation mondiale des douanes et les organes qui appuient les Comités des sanctions comme la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme. 

La transparence et la sensibilisation sont essentielles, a souligné le Président, pour une mise en œuvre efficace de la résolution.  C’est la raison pour laquelle le Comité s’efforce de rendre son site Internet plus informatif.  Il a conclu en prévenant qu’une mise en œuvre, c’est plus que voter des lois et créer des réglementations.  L’efficacité, a-t-il prévenu, exige des contacts fréquents entre États et les segments pertinents de la société dont le monde des affaires, le milieu universitaire et les associations professionnelles.  Les Conférences de Wiesbaden sont d’ailleurs là pour renforcer le dialogue entre les États et le monde des affaires, a fait observer le Président. 

Déclarations

M. JONATHAN R.  COHEN (États-Unis) a rappelé que la menace posée par Daech ne cesse d’évoluer, et que le Comité du Conseil de sécurité créé par les résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) devait inscrire sur la Liste relative aux sanctions les entités et individus « affiliés » à cette organisation terroriste. 

Il s’est élevé contre un certain nombre d’attaques perpétrées dans le monde à l’aide d’armes prohibées, comme celle utilisée lors de « l’assassinat perpétré en Malaisie ».  Le représentant a vigoureusement plaidé pour la poursuite et le renforcement des échanges d’informations entre groupes d’experts afin d’éviter les chevauchements et fournir des évaluations plus précises. 

Sa délégation a également soutenu une approche permettant un dialogue avec la société civile, pour mieux identifier des menaces en perpétuelle mutation.

M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé que lors du dernier briefing du Conseil de sécurité sur le contre-terrorisme, il avait souligné que la menace terroriste avait changé, mais pas diminué.  Cette affirmation, a-t-il regretté, a été confirmée la semaine dernière, après une attaque majeure déjouée par les autorités néerlandaises, où sept hommes ont voulu faire un maximum de victimes lors d’un grand rassemblement populaire.  « Nous ne pouvons pas baisser la garde », a prévenu le représentant.

Rappelant que les résolutions 1267 (1999), 1373 (2001) et 1540 (2004) étaient les fondements du travail du Conseil de sécurité sur le contre-terrorisme et l’accès des terroristes aux armes de destruction massive, il s’est attardé sur la plus récente, la résolution 2396 (2017) sur le retour des combattants terroristes étrangers.  Il a comparé ces quatre résolutions aux chambres d’une maison, dont les fondations devaient être solides et maintenues régulièrement en état.  « La mise en œuvre de ces résolutions est de la plus haute importance » mais « leur succès dépend de chacun des États Membres », a-t-il déclaré.  C’est dans cet élan que la semaine dernière, le Gouvernement néerlandais a remis au Secrétaire général de l’ONU son propre système de renseignements préalables concernant les voyageurs (RPCV) que les Nations Unies pourront désormais utiliser pour aider les États à honorer leurs obligations comme le demande la résolution 2396.  Le représentant a d’ailleurs appelé les autres États à se joindre à son pays pour financer le projet RPCV des Nations Unies. 

Le représentant a ensuite insisté sur la transparence dans la lutte contre le terrorisme.  Il a encouragé les Présidents des Comités et les experts à continuer de faire ensemble des réunions, des visites et des ateliers.  Nous les encourageons, a-t-il précisé, à partager davantage d’informations avec les parties de la « Maison », comme le Bureau de lutte contre le terrorisme, le Mécanisme international, indépendant et impartial sur la Syrie (IIIM) et l’Équipe d’appui analytique.  Il les a aussi encouragés à ouvrir leurs portes à des pays non membres du Conseil de sécurité, ainsi qu’à des organisations à l’extérieur des Nations Unies, comme le Forum mondial de lutte contre le terrorisme. 

La lutte contre le terrorisme est enfin une affaire de responsabilité, a conclu le représentant.  Les terroristes doivent répondre de leurs crimes, particulièrement les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les génocides.  La sécurité de nos sociétés et la dignité des victimes en dépend, a-t-il martelé.   

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué le travail fourni par les trois comités et notamment la coopération dont ils font preuve avec les organes compétents des Nations Unies, notamment INTERPOL et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), mais aussi avec les organisations comme l’Organisation pour la coopération islamique (OCI) dans le but de lutter contre les menaces terroristes.  Il a également défendu l’idée selon laquelle la lutte contre ce phénomène doit prendre en compte la situation des femmes et des enfants. 

Le représentant a également déclaré qu’alors que la Communauté internationale avait assisté récemment à l’utilisation d’armes chimiques par les acteurs étatiques et non étatiques, il est primordial qu’elle mette en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la 1540 (2004), dans le but d’empêcher que les groupes non étatiques puissent acquérir ou développer des armes chimiques et leurs vecteurs.  Il faut également que la communauté internationale travaille de conserve à cet objectif, a poursuivi le représentant, ajoutant qu’il faut parallèlement se garder d’associer le terrorisme à une culture à une religion en particulier. 

Citant les conclusions du Comité 1267 (1999) en charge des sanctions contre Daech et Al-Qaida, M. SAMER MELKI (France) a rappelé que, si Daech avait subi dernièrement d’importantes défaites militaires, le groupe terroriste n’en demeurait pas moins une menace pour la paix mondiale.  « La fin de son emprise territoriale ne signifie aucunement la fin de la menace terroriste inhérente à Daech », a-t-il insisté.  De son côté, a poursuivi M. Melki, Al-Qaida est également loin d’avoir disparu, voire demeure très actif dans certaines régions comme le Sahel et la péninsule arabique. 

Dans ce contexte, le représentant français a salué les travaux du Comité 1267 (1999) visant à analyser la menace terroriste par le biais des rapports « précieux » de son Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions.  M. Melki a encouragé tous les États Membres à coopérer avec l’équipe afin d’enrichir ses analyses.  Il a également rappelé que le Comité s’attelait à mettre en œuvre et réaliser un suivi « rigoureux » de la Liste des sanctions, dont il a rappelé qu’elle était la plus longue de tous les régimes de sanctions onusiens.  Pour que ce régime demeure « crédible et efficace », le représentant a estimé que les États Membres devaient continuer à soumettre des demandes d’inscription sur la Liste.  Dans le même temps, il a rappelé que les procédures devaient respecter les libertés fondamentales des personnes inscrites.

S’agissant du Comité contre le terrorisme 1373 (2001), le représentant a jugé qu’il permettait de sensibiliser efficacement les États Membres aux nouvelles tendances qui caractérisent une menace terroriste « sans cesse changeante », tout en examinant la façon dont ces mêmes États mettent en œuvre les principales résolutions du Conseil dans ce domaine.  M. Melki a appelé tous les États Membre à accepter les visites de la Direction exécutive afin qu’elle puisse auditer leurs systèmes de lutte contre le terrorisme et formuler des recommandations en matière d’assistance technique.  Il a également encouragé les réunions conjointes du Comité contre le terrorisme et du Comité 1267 (1999).

S’agissant enfin du Comité 1540 (2004), sous la présidence de la Bolivie, le représentant s’est dit très préoccupé par les transferts au Moyen-Orient de biens et technologies pouvant être utilisés pour « emporter des armes de destruction massive ».  Il a estimé que la résolution 2325 (2016), adoptée fin 2016 par le Conseil, avait permis d’adapter et de renforcer les outils des États Membres pour lutter contre le risque d’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques, notamment via le renforcement de la coopération transfrontalière.  À ce titre, M. Melki a indiqué que la France porterait à la Première Commission un projet de résolution sur la prévention de l’acquisition des sources radioactives par les terroristes. 

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a dit, s’agissant de la menace terroriste, qu’il était préoccupé par les nouvelles formes de menaces, amplifiées par la mondialisation, la résilience de Daesh et de ses groupes affiliés ainsi que par leur grande capacité d’adaptation sur les plans tactiques et les modes de financement de leurs activités.  En outre, le retour et la relocalisation des combattants terroristes, les tentatives d’accès aux armes de destruction massive par les acteurs non étatiques et l’utilisation de l’internet à des fins terroristes demeurent également des sources de préoccupations. 

Pour ce qui est du mandat des différents Comités, le délégué a encouragé le renforcement de la coopération entre le Comité 1540 et les organisations internationales telles que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), l’Unité de soutien à la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ainsi qu’INTERPOL.  Concernant les défis à relever, le délégué de la Côte d’Ivoire a souligné la nécessité pour l’ONU de privilégier une approche intégrée dans sa stratégie de lutte afin de mieux s’adapter aux défis actuels. 

Une attention plus accrue devrait être accordée aux mesures d’interdiction des armes biologiques, chimiques et bactériologies, aux réseaux de financement de la prolifération, ainsi qu’aux contrôles nationaux à l’exportation et au transbordement de ces armes, a avancé M. Ipo qui est aussi d’avis qu’il faut s’attaquer aux causes profondes de la radicalisation et accorder une attention particulière aux facteurs de risque, notamment les dimensions psychopathologiques pouvant conduire au terrorisme.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a rappelé que le terrorisme constitue l’une des principales menaces à la sécurité internationale, grâce à la capacité de ses organisations à s’adapter aux évolutions technologiques et scientifiques, et à trouver de nouvelles sources de financement, notamment auprès de réseaux de la criminalité organisée.  Plaidant pour une coopération accrue des Comités du Conseil de sécurité avec les organisations internationales et régionales pertinentes, la représentante a estimé que Daech continue de jouer un rôle perturbateur grâce à des modes opératoires « sophistiqués ».  En ce qui concerne le Comité créé par la résolution 1540 (2004), elle a estimé qu’il constitue une plateforme solide pour barrer l’accès des groupes terroristes aux armes de destruction massive maintenant que les progrès scientifiques et technologiques, conjugués à l’expansion du commerce mondial, leur facilitent les choses. 

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que la communauté internationale devrait renforcer son approche intégrée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  Il a estimé, à ce titre, que le Comité 1267 (1999) a un rôle important à jouer en la matière.  Il a émis l’espoir que le Comité appliquera les principes de professionnalisme, d’impartialité et d’indépendance s’agissant de l’ajout ou de la suppression de noms à la Liste des sanctions.  Il faut des preuves solides, a martelé le représentant, avant d’appeler le Comité 1540 (2004) à observer les mêmes principes et veiller à ce que les États, notamment les pays en développement, reçoivent l’assistance technique dont ils ont besoin.  Le représentant a aussi prévenu les groupes d’experts qu’ils doivent rester dans le cadre strict de leur mandat, faire preuve de professionnalisme et tenir compte de l’avis des États.  Le représentant a conclu en insistant sur la détermination de son pays à lutter contre le terrorisme, comme le montre d’ailleurs sa coopération soutenue avec les mécanismes et organes pertinents. 

M. TAYE ATSKE SELASSIE (Éthiopie) a estimé que le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive devraient continuer de s’efforcer de promouvoir la coopération régionale, avec un accent particulier sur les pays et les régions les plus affectés.  Selon lui, également, les visites de pays gagneraient à être suivies d’assistance technique et de mesures de renforcement des capacités des États Membres à chaque fois que nécessaire. 

Notant avec préoccupation la menace posée par la prolifération des armes de destruction massive et leurs vecteurs, le représentant a estimé que la résolution 1540 (2004) pourrait être mieux mise en œuvre au travers d’un contrôle et d’une réduction graduels des armes nucléaires, biologiques et chimiques, avec pour objectif ultime leur élimination et interdiction totales. 

Devant la menace posée par les combattants terroristes étrangers, M. Sélassié a estimé que la coopération entre les trois Comités contre le terrorisme était de la plus haute importance.  À cet égard, leurs Présidents devraient envisager, à l’issue de la séance d’aujourd’hui, une réunion au niveau de leurs experts respectifs pour identifier des mesures ou des mécanismes concrets pour renforcer la coopération existante. 

M. JOAKIM VAVERKA (Suède) a déclaré que la coopération et l’unité au sein du Conseil de sécurité sont les conditions requises pour une lutte efficace contre le terrorisme.  La Suède se félicite donc de l’échange d’informations entre les trois Comités.  Elle estime, a poursuivi son représentant, que le régime des sanctions créé par la résolution 1267(1999) reste un outil « vital ».  Mais, s’est-il résigné, les menaces persistent, notamment celles posées par Al-Qaida, et exigent le renforcement du régime.  Le représentant a aussi estimé que la résolution 1540 (2004) et son Comité doivent être considérés comme les outils complémentaires du régime international de non-prolifération, d’autant plus que la menace posée par les acteurs non étatiques est bien « réelle » et que le tabou des armes chimiques a été brisé, ces dernières années.  Le représentant a appelé le Comité à prendre en compte l’évolution rapide de la science et des technologiques et à bien comprendre qu’il s’agit là d’un phénomène qui aggrave les menaces potentielles. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est dite préoccupée par le fait que les progrès technologiques rapides « à double usage » ne sont pas couverts par les normes nationales et internationales en vigueur.  Elle a appelé les États Membres à mettre en œuvre intégralement la résolution 1540 (2004) en prenant des mesures pour renforcer leur capacité à barrer l’accès des organisations terroristes aux armes de destruction massive, y compris en adoptant des plans d’action nationaux, en particulier sur la surveillance des frontières, l’application des lois, la coopération judiciaire internationale, de la lutte contre l’endoctrinement et la sensibilisation des communautés.  Reconnaissant que Daech continue de poser une menace considérable, la représentante a plaidé pour une approche holistique.  Elle s’est félicitée du partage d’informations qu’a permis la dixième réunion du Groupe d’action financière (GAFI), le mois dernier en Pologne. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré qu’aucun pays ni région n’était à l’abri de la menace terroriste.  Cela souligne la nécessité de travailler ensemble à la réduction de cette menace, a dit le représentant, insistant sur le fait que le terrorisme ne cesse de changer ses méthodes.  Alors que les groupes terroristes recourent de plus en plus aux combattants étrangers, il est urgent de se pencher sur ceux qui rentrent et qui peuvent poser des menaces dans leur pays d’origine. 

Le représentant a ensuite estimé que les sanctions et l’amélioration des méthodes de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme doivent faire partie des efforts de la communauté internationale, de même que la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité. 

S’il s’est félicité de la multiplication des missions de surveillance conjointes menées par les Comités, M. VLADIMIR K.  SAFRONKOV (Fédération de Russie) a en revanche reproché à la Direction exécutive du Comité 1540 (2004) de s’intéresser à des problématiques telles que la réinsertion de terroristes, le renforcement du rôle des femmes ou l’intervention de la société civile, bref des questions sans rapport direct avec son mandat.  Le représentant s’est ému de cette tendance à vouloir faire de la Direction exécutive un « mécanisme de protection des droits de la personne », qui fragilise le cadre de la lutte antiterroriste mis en place par le Conseil de sécurité et qui a pour objectif de « soustraire » certains terroristes aux sanctions.  Il est « inacceptable », s’est emporté le représentant, que des membres du Comité tentent de limiter l’interaction de la Direction exécutive avec certains États.  M. Safronkov a, en revanche, salué le travail du Comité 1267 (1999), « un des mécanismes les plus efficaces du Conseil de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme ».  Il s’est en particulier félicité des visites qu’effectue le Comité, en particulier dans les pays qui sont en première ligne de la lutte contre le terrorisme.  À cet égard, le représentant a jugé importants les efforts déployés par les Groupes d’experts pour organiser des ateliers de formation pour les points focaux nationaux.  Il a conclu en rappelant la proposition de son pays de négocier une « convention contre le terrorisme chimique et biologique ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: les délégations appellent à lever les obstacles à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international

Soixante-treizième session,
1e & 2e séances – matin & après-midi
AG/J/3566

Sixième Commission: les délégations appellent à lever les obstacles à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international

Les délégations de la Sixième Commission, chargée des affaires juridiques, ont appelé aujourd’hui, à l’ouverture des travaux de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, à surmonter les désaccords qui subsistent afin de parvenir à un consensus sur une convention générale sur le terrorisme international.

« Notre Commission joue un rôle fondamental dans la capacité de notre Organisation à promouvoir la paix, le développement et le respect des droits de l’homme dans le monde », a déclaré à l’ouverture de la séance le Président de la Commission, M. Michel Xavier Biang, du Gabon, qui a souhaité l’émergence de consensus sur « les questions qui nourrissent de grandes attentes pour les peuples du monde ».

La Commission a donc entamé, avec une quarantaine d’intervenants, son débat sur le premier point inscrit à son programme de travail, à savoir les mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Elle était saisie d’un rapport* du Secrétaire général à ce sujet qui contient des informations communiquées par une série d’États Membres.  Il existe actuellement 52 instruments relatifs au terrorisme international, soit 19 instruments universels et 33 instruments régionaux. 

De nombreuses délégations ont souligné les progrès réalisés au cours de la dernière année dans la lutte contre le terrorisme, notamment en Iraq et en Syrie, où Daech et Al-Qaida ont vu leurs forces considérablement affaiblies.  La création du Bureau de lutte contre le terrorisme, ont considéré les membres de la Commission, a également permis d’intensifier la coopération internationale en la matière, en plus de renforcer les capacités de l’ONU et des États Membres.

De même, l’adoption par consensus de la sixième révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies a été saluée par nombre de délégations, qui ont également souligné l’importance de s’attaquer aux modes de financement des groupes terroristes et d’adapter leurs stratégies face à une menace en évolution constante.

Malgré cette embellie, plusieurs orateurs ont souligné la menace persistante que constituent les combattants étrangers, tout en appelant, comme les pays du Groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), la Turquie et les États-Unis, à renforcer la sécurité frontalière et à accroître le partage d’informations.

Afin de profiter de cet élan et d’assurer le respect du droit international, des droits de l’homme et de l’état de droit dans la lutte antiterroriste, une majorité de délégations ont plaidé pour l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  Alors que les membres de la Commission ont condamné à l’unanimité le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, certains États, représentés notamment par l’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, ou par l’Arabie saoudite, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), ont insisté sur la distinction entre terrorisme et lutte « légitime » des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale.

En l’absence d’une définition juridique précise du terrorisme et de son impact potentiel sur les droits de l’homme, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a appelé à surmonter le « fossé juridique injustifiable » afin de permettre l’adoption de la convention.  Pour l’Inde, l’absence d’une telle convention constitue l’une des lacunes les plus graves de « l’arsenal » juridique international.  Pour sa part, Israël a appuyé l’idée d’une convention sur le terrorisme qui ne reconnaîtrait aucune exception, arguant qu’aucune cause ne peut justifier le terrorisme.  « Le terrorisme est le terrorisme », a conclu sa représentante.

De son côté, le Nicaragua a appelé les États Membres à faire preuve de « flexibilité » afin de surmonter l’impasse actuelle, estimant, comme le Brésil, que l’absence d’une définition universelle du terrorisme nuit à nos efforts pour l’éliminer.

Pour mettre fin à cette impasse, plusieurs délégations ont proposé la tenue d’une conférence internationale de haut niveau chargée de régler les questions en suspens et de permettre d’atteindre un consensus sur la définition du terrorisme et l’adoption d’une convention.

Faisant écho au Groupe des pays nordiques, la Suisse s’est félicitée d’avoir contribué à la diffusion du document « Orientations aux États sur des réponses au phénomène des combattants terroristes étrangers conformes aux droits de l’homme », un travail confié au Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme par le Groupe de travail de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme. 

Par ailleurs, la Sixième Commission a approuvé ce matin son programme de travail qui prévoit l’examen, d’ici au 13 novembre, des 27 points inscrits à l’ordre du jour de la présente session**.

Outre le Président Biang, le Bureau de la Sixième Commission est constitué cette année des Vice-Présidents Mme Maria Angela Ponce (Philippines), Mme Barbara Kremžar (Slovénie) et M. Patrick Luna (Brésil), ainsi que la Rapporteuse, Mme Nadia Alexandra Kalb (Autriche).

La Commission a également décidé de créer trois groupes de travail consacrés aux thèmes suivants: la responsabilité pénale des fonctionnaires et des experts en mission des Nations Unies; la portée et l’application de la compétence universelle; le processus relatif au projet de convention générale sur le terrorisme international et la question de la convocation d’une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU.  Ces trois groupes de travail seront présidés respectivement par M. Thabo Molefe (Afrique du Sud), Mme Shara Duncan Villalobos (Costa Rica) et M. Rohan Perera (Sri Lanka).

La Commission poursuivra son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international demain, jeudi 4 octobre, à 11 h 30.

*A/73/125

**A/C.6/73/1

 

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL

Déclarations

M. ALI NASIMFAR (République islamique d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Les actes terroristes constituent une violation flagrante du droit international, y compris le droit humanitaire et les droits de l’homme, dont le droit à la vie, a-t-il dit.  Néanmoins, le terrorisme ne devrait pas être assimilé à la lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale, a poursuivi M. Nasimfar.  Il a déclaré que la « brutalisation des peuples placés sous occupation étrangère doit continuer à être dénoncée comme la forme la plus grave de terrorisme ».  Il a réaffirmé son appui à la résolution 51/2010 de l’Assemblée générale du 9 décembre 1991.  De plus, le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion ou un groupe ethnique, a-t-il dit.

Le représentant a exhorté tous les États à remplir leurs obligations en engageant des poursuites ou en extradant les auteurs d’actes terroristes; en s’abstenant d’organiser, de financer, d’appuyer ou de participer à des actes terroristes sur le territoire d’autres États ou bien encore en empêchant que leur territoire ne devienne un sanctuaire pour les terroristes.  Il a rejeté toute action ou emploi de la force, ou menace d’emploi, par un État contre un État du Mouvement sous prétexte de lutter contre le terrorisme ou de poursuivre des buts politiques, en les plaçant directement ou indirectement dans la catégorie « d’États parrains du terrorisme ».  Il a par ailleurs catégoriquement rejeté toute préparation unilatérale de listes accusant les États de censément appuyer le terrorisme, « ce qui constitue une forme de terrorisme psychologique et politique contre les États ».

M. Nasimfar a exprimé de vives préoccupations concernant la menace posée par les combattants terroristes étrangers et exhorté les États Membres à y remédier en s’acquittant de leurs obligations internationales.  Il a en outre déploré l’interprétation que font des religions les groupes terroristes, ainsi que cet extrémisme violent qui conduit au terrorisme et vise à « introduire la haine dans les cœurs et les esprits des jeunes ».  Le délégué a condamné les prises d’otages, assorties de demande de rançon et/ou de revendications politiques, de la part des groupes terroristes.  Il a souligné l’importance de la tenue d’un sommet international sous les auspices de l’ONU en vue de formuler une réponse internationale organisée face à toutes les formes et manifestations du terrorisme, y compris en identifiant ses causes profondes.  Enfin, M. Nasimfar a apporté l’appui du Mouvement au Bureau de lutte contre le terrorisme en espérant qu’il puisse mieux coordonner les activités de l’ONU dans ce domaine.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador), a réaffirmé, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes(CELAC), sa condamnation « totale » de tous les actes terroristes, qui sont des actes criminels et injustifiables, ainsi que son engagement à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.  Plus que jamais, le terrorisme représente une « menace sérieuse » aux États qui affaiblit ses structures sociales, la stabilité de régions entières et la sécurité mondiale, a prévenu le représentant, pour qui il est « impératif » de renforcer la coopération internationale afin de contenir l’expansion du terrorisme.  Estimant vitale la prévention du terrorisme, le représentant a souligné l’importance de s’attaquer à ses causes profondes, telles que les conflits non résolus, la discrimination, l’affaiblissement de l’état de droit et l’exclusion.

La Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes demeure « profondément préoccupée » par la poursuite du recrutement de nouveaux membres par les groupes terroristes et appelle à lutter sans relâche contre l’exclusion.  S’appuyant sur la Stratégie antiterroriste mondiale de l’Organisation des Nations Unies, il a déclaré que toute action entreprise en dehors du droit international est « illégale, injustifiable et inacceptable ».  À cet égard, le respect des droits de l’homme, de l’état de droit et la tenue de procès équitables sont essentiels, a-t-il relevé.  Il a rejeté les « listes noires » d’États qui soutiennent le terrorisme, estimant qu’elles contreviennent au droit international.  

Après avoir rappelé que l’Amérique latine a été victime d’actes terroristes, il a appelé les États à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international et à coopérer afin de traduire en justice les responsables.  Il a renouvelé sa confiance dans le travail de l’ombudsman chargé d’assurer la mise en œuvre du régime de sanctions contre Al-Qaida et Daech, tout en soulignant que les sanctions ne représentent pas « une fin en soi » et doivent viser à une résolution pacifique et politique des conflits.  Par ailleurs, la protection des victimes du terrorisme doit être renforcée, a dit le représentant, invitant les délégations à renouveler leurs efforts afin de lutter contre le financement du terrorisme et le crime organisé transnational. 

Enfin, M. Escalante Hasbún s’est inquiété de l’absence de définition juridique précise du terrorisme et de son impact potentiel sur les droits de l’homme, appelant à « surmonter le fossé juridique injustifiable » et à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.

M. AMADOU JAITEH (Gambie), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ajoutant que le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion, une civilisation ou un groupe ethnique.  Les actes de terrorisme sont une violation flagrante du droit humanitaire et des droits de l’homme.  Il a apporté son appui au Bureau de lutte contre le terrorisme nouvellement créé, avant d’appeler à l’élaboration d’une convention globale de lutte contre le terrorisme.  Une telle convention ne doit pas conduire à refuser qu’un peuple exerce son droit à l’auto-détermination, a-t-il dit.  M. Jaiteh a appelé à la tenue d’un sommet international sous les auspices de l’ONU en vue de formuler une réponse internationale organisée face à toutes les formes et manifestations du terrorisme.

Le délégué a déploré l’augmentation des prises d’otages, en vue de demandes de rançon et de revendications politiques, et exhorté les États Membres à coopérer en vue de remédier à ces questions de demandes de rançon.  Les États doivent également agir afin que le statut de réfugié ne fasse pas l’objet d’abus de la part d’éléments terroristes.  Par ailleurs, avant d’accorder l’asile, les États doivent faire en sorte de déterminer que le demandeur d’asile n’a pas facilité ou participé à des actes terroristes. 

Enfin, M. Jaiteh a rappelé que les États de l’Afrique, s’ils sont pleinement engagés en faveur de la lutte contre le terrorisme, demeurent entravés par des ressources et capacités inadéquates.  La communauté internationale devrait leur apporter l’assistance requise, a-t-il conclu.

M. MOHAMMED SHAKER (Arabie saoudite) a réitéré, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), que le terrorisme constitue une menace au droit international et est contraire tant au droit international qu’aux pratiques de l’Islam.  Pour lui, les actes terroristes mettent en péril la sécurité internationale et la stabilité des États et de régions entières.  Il a insisté sur la distinction entre le terrorisme et l’Islam, mettant en garde contre toute discrimination contre cette religion.  Le représentant a appelé au renfoncement de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, soulignant l’importance de combattre les groupes terroristes où qu’ils se trouvent et de traduire les responsables en justice.  Il est indispensable, a poursuivi le représentant, de renforcer la coordination et la coopération internationales afin de combattre le terrorisme sous toutes ses formes, a-t-il dit.

Insistant sur la distinction entre le terrorisme et la lutte légitime des peuples occupés et du droit des peuples à l’autodétermination, M. Shaker a rappelé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doit être mise en œuvre de façon harmonieuse.  Par ailleurs, il a souligné l’importance pour les États de ne pas verser de rançons aux groupes terroristes et d’augmenter les capacités des États dans la lutte contre le terrorisme.  Il a réitéré son engagement à travailler à l’adoption du projet de convention générale sur le terrorisme international et à adopter une définition juridique du terrorisme.  Insistant à nouveau sur la distinction entre le terrorisme et le droit des peuples sous domination étrangère et coloniale à lutter pour leur libération, il a appelé à l’organisation d’une conférence internationale à cette fin.

M. SOVANN KE (Cambodge), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a fait part de la vive inquiétude des pays membres de l’ASEAN quant à la menace permanente d’attaques terroristes dans le monde entier.  De telles pratiques sont injustifiables et les motivations qui les sous-tendent sont aussi inexcusables qu’indéfendables, a-t-il affirmé.  Aussi l’ASEAN condamne fermement le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et soutient les mesures visant à éliminer l’essence même du terrorisme international.  En ce sens, une approche globale est indispensable, guidée par les Nations Unies, a estimé le représentant, ajoutant que l’ASEAN soutient la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.

Guidée par les quatre piliers de cette Stratégie, l’ASEAN s’efforce d’en assurer la mise en œuvre aux niveaux national, régional et international.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit se garder d’une approche unique et tenir compte des spécificités culturelles, historiques et religieuses des pays, a assuré M. Ke.  Il a en outre plaidé pour un partage d’informations et d’assistance technique entre les États Membres, à toutes les étapes de la mise en place de cette Stratégie.  À ce propos, il a indiqué que l’Australie et l’ASEAN ont signé en mars 2018 un mémorandum d’accord sur la coopération contre le terrorisme international, qui comprend un renforcement de l’assistance en termes de preuves électroniques, de renseignement financier et de lutte contre la radicalisation en ligne.

L’ASEAN a toujours plaidé pour des stratégies globales dans la lutte contre le terrorisme, de même que pour des mesures coordonnées permettant d’éviter les doublons et les approches en silo, a poursuivi le délégué, saluant le rôle du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme.  L’ASEAN apprécie également les mesures prises par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), par l’Equipe spéciale de lutte contre le terrorisme et par le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, et souligne l’importance du renforcement des capacités des Etats Membres en matière de lutte antiterroriste.  Par ailleurs, les principes d’indépendance, de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats doivent être respectés, a fait valoir M. Ke, ajoutant que le terrorisme ne peut et ne doit pas être associé à une race, une religion, une nationalité ou une origine ethnique.

Mme ELEONORE VAN RIJSSEN, de l’Union européenne, a indiqué que les groupes terroristes, au sein des pays de l’Union européenne, ciblent aux fins de recrutement et de radicalisation les jeunes qui ne trouvent pas leur place dans la société aussi bien que ceux qui ne sont pas du tout marginalisés.  Cela pose la question du modèle d’intégration que nous voulons, qui puisse répondre aux besoins des individus d’une manière plus systémique, a-t-elle dit.  La déléguée a exprimé de vives préoccupations concernant la menace posée par les combattants terroristes étrangers, en insistant sur la résilience d’Al-Qaida et de Daech.  « Les pertes de territoire de Daech en Iraq et en Syrie ne doivent pas nous induire en erreur. »

Mme van Rijssen a passé en revue les éléments de la réponse antiterroriste de l’Union européenne, notamment des échanges d’informations améliorés et une action visant à empêcher que qu’Internet ne soit détourné à des fins terroristes.  « L’assistance aux victimes du terrorisme et leurs familles fait partie intégrante de nos efforts. »  À l’extérieur de ses frontières, l’Union œuvre avec des pays en Afrique et au Moyen-Orient en vue notamment d’identifier des domaines communs de coopération et de contribuer au renforcement des capacités de ces pays.

La déléguée a pleinement appuyé le rôle de l’ONU dans la prévention de l’extrémisme violent, ainsi que le travail accompli par le Bureau de lutte contre le terrorisme.  Elle a prôné une approche sociétale globale contre le terrorisme et l’extrémisme violent, les gouvernements, la société civile et le secteur privé ayant un rôle propre à jouer.  Enfin, elle a rappelé l’engagement de l’Union européenne en faveur d’un projet de convention globale sur la lutte contre le terrorisme.

Mme KATE FRANCES NEILSON (Nouvelle-Zélande), au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a noté que de réels progrès avaient été faits dans la lutte contre Daech, mais qu’à mesure que l’organisation perdait du terrain au Moyen-Orient, de nouvelles menaces émergeaient dans le reste du monde avec la planification et le financement d’attaques terroristes; avec, dans certains cas, l’exploitation d’états faibles et du mécontentement populaire à l’échelle locale, particulièrement en Asie du Sud-Est.

Ces délégations demeurent déterminées à combattre le terrorisme international, a expliqué Mme Neilson.  Elles soutiennent l’ONU et la coopération internationale dans cet effort, via le Bureau de lutte contre le terrorisme ainsi que le plan du Secrétaire général pour lutter contre l'extrémisme violent.  Sur les bases de la résolution 2396 (2017) sur le retour des combattants terroristes dans leur pays d’origine, les délégations, avec le Royaume-Uni et les États-Unis, se sont engagées à renforcer la sécurité aux frontières, à tracer les combattants terroristes et leurs réseaux, et à partager des informations sur leur retour.

Les trois pays se félicitent de l’adoption par consensus de la résolution relative au sixième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Satisfaits des modifications apportées au texte, suite au phénomène du retour des combattants terroristes, ils sont cependant déçus qu’il n’y figure pas d’éléments de langage plus forts dans le domaine des droits de la femme et des enfants, et sur leur importance dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Ils regrettent aussi le manque de reconnaissance quant au potentiel de la société civile, qui peut se révéler une force démultiplicatrice pour soutenir les efforts des gouvernements pour protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme.  « Les acteurs non gouvernementaux jouent un rôle clef dans l’édification de communautés résilientes capables de résister à l’extrémisme violent », a-t-elle souligné Mme Neilson. 

La déléguée néozélandaise a enfin insisté que les efforts dans la lutte contre le terrorisme devaient être entrepris dans le cadre de la Charte des Nations Unies, du droit international, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du droit international des réfugiés, et réclamé que les lois sur le contre-terrorisme n’empiètent pas sur l’assistance humanitaire dans les zones de conflits armés.

S’exprimant au nom du Groupe des pays nordiques, M. TORE HATTREM (Norvège) a souligné la contribution du Groupe à la coalition mondiale contre Daech en Syrie et en Iraq, notant toutefois que les causes profondes qui ont permis son émergence continuent d’exister.  Pour empêcher sa résurgence, il est crucial de mettre en place des systèmes politiques inclusifs, a estimé le représentant, avant d’ajouter que le terrorisme et l’extrémisme violent constituent une menace mondiale.  Toutefois, la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire au détriment du droit international et de l’état de droit, mais bien dans le respect des valeurs de tolérance et de pluralisme.  Selon lui, la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies a démontré l’importance de respecter le droit international et le droit international humanitaire, en collaboration avec la société civile et les communautés locales.  À cette fin, les jeunes constituent notre meilleure ressource, a estimé M. Hattrem, et ont un rôle important à jouer dans la prévention de la radicalisation.  De même, les femmes ont un rôle vital à jouer dans la mise en œuvre de politiques destinées à prévenir le terrorisme.

Alors que le terrorisme ne peut être vaincu exclusivement par des moyens militaires et sécuritaires, M. Hattrem a souligné l’importance de s’attaquer à ses causes profondes.  Pour ce faire, la Stratégie antiterroriste mondiale représente notre meilleur instrument, a poursuivi le représentant, dans le respect de l’état de droit.  À cet égard, les Nations Unies doivent assurer la coordination des activités liées à la prévention du terrorisme ainsi que le développement et l’éducation.  Le Groupe des pays nordiques fait partie du Groupe des amis de la prévention de l’extrémisme violent et appuie l’action du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU, a-t-il noté.  Comme l’a rappelé le Conseil de sécurité, la lutte contre le terrorisme doit se faire dans le respect du droit international et des droits de l’homme afin d’éviter de favoriser la radicalisation.  L’adoption d’une définition internationale du terrorisme contribuerait à la capacité de la communauté internationale de combattre le terrorisme tout en assurant le respect du droit international, a-t-il conclu.

M. JASSIM SUOUD AL-JUFAIRI (Qatar) a rappelé l’importance de la coopération internationale face au terrorisme et s’est félicité des récents revers essuyés par les groupes terroristes.  Nous devons accroître nos efforts pour que la dignité humaine l’emporte, a-t-il dit, en appelant à la résolution des causes profondes du terrorisme.  Il a souligné, à cet égard, l’importance de mettre fin aux occupations étrangères et au terrorisme d’État.  Les violations du droit international et des droits de l’homme constituent un terreau fertile pour les groupes terroristes, a-t-il déclaré.  Il a rejeté toute action ou emploi de la force par un État contre un État sous prétexte de lutter contre le terrorisme.  « Le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion ou un groupe ethnique. »

Le délégué a souhaité l’élaboration d’une convention globale contre le terrorisme, laquelle devra faire une distinction entre lutte légitime contre le terrorisme et lutte des peuples contre l’occupation étrangère. Enfin, il a indiqué que son pays a apporté une contribution de 150 000 dollars au Bureau de lutte contre le terrorisme.  Le Qatar reste en pointe de la lutte contre le terrorisme et contre le financement du terrorisme, a-t-il assuré.

M. SINA ALAVI (Liechtenstein) a fermement condamné tous les actes terroristes, quels qu’en soient la motivation, le lieu et l’auteur, et a réaffirmé l’engagement du Liechtenstein à contribuer autant que faire se peut à la lutte internationale contre le terrorisme, y compris par le biais de la coopération avec les organes pertinents des Nations Unies.  Il s’est dit convaincu que l’Assemblée générale doit continuer à jouer un rôle moteur, avec le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme.  Le Liechtenstein a ratifié tous les traités sur la lutte antiterroriste et prend toutes les mesures nécessaires pour prévenir tout abus potentiel de sa place financière à des fins terroristes. 

M. Alavi a valorisé le travail du Bureau du Médiateur du Comité des sanctions contre l’EIIL (Daech) et Al-Qaida.  Le plein respect des droits de l’homme dans la lutte antiterroriste, y compris les droits à un procès équitable, est non seulement une obligation en vertu du droit international mais aussi un élément essentiel de la lutte effective contre le terrorisme, a-t-il fait observer.  À cet égard, il a regretté que cette préoccupation n’intervienne souvent qu’après coup.  D’après lui, la prévention de l’extrémisme violent peut être renforcée et l’un de ses objectifs est de lutter contre les conditions qui favorisent la propagation du terrorisme.  Il a, à ce propos, rappelé que les jeunes sont souvent les plus vulnérables à la radicalisation.

Rappelant que son pays a longtemps souffert du terrorisme, M. ANGEL HORNA (Pérou) a réitéré son rejet énergique du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Le Pérou a fait de la lutte antiterroriste une de ses priorités au Conseil de sécurité, et appelé à une réponse équilibrée pour combattre ce fléau.  Il a estimé que Daech continue de se transformer en organisation mondiale, notant que le retour de ses combattants dans leur pays d’origine représente une nouvelle menace, qu’ils soient incarcérés ou non.  Il s’est dit préoccupé par le financement du terrorisme et par l’impunité qui règne dans les zones de conflits.

L’impossibilité de parvenir à UN consensus sur une convention antiterroriste mondiale sape l’autorité morale des Nations Unies, a jugé le représentant.  Selon lui, un tel instrument permettrait une meilleure harmonisation des législations nationales et internationales, en plus de favoriser le principe de responsabilité et la lutte contre l’impunité.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ajoutant que le terrorisme ne doit pas être associé à une religion ou un groupe ethnique.  « La lutte antiterroriste doit pleinement respecter le droit international, sous peine d’être infructueuse. »  Il a appelé à résoudre la menace posée par les combattants terroristes étrangers et à empêcher que les terroristes accèdent à des armes de destruction massive.  Enfin, le délégué colombien a invité les États Membres à approfondir leur réflexion sur le lien entre activités terroristes et activités criminelles afin d’améliorer la riposte internationale.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déclaré que le terrorisme affecte la stabilité des États.  Pour le Pakistan, la principale menace représente le terrorisme fomenté à l’extérieur de nos frontières, a-t-elle relevé, précisant que le Pakistan a orienté sa stratégie de lutte contre le terrorisme sur le contrôle de ses frontières.  Toutefois, le terrorisme ne peut pas être éradiqué que par des moyens sécuritaires et militaires, mais doit plutôt faire appel à toutes les ressources de l’État. 

Pour sa part, le Pakistan est prêt à faire part de sa vaste expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme à tous les États Membres.  La représentante a estimé que le Bureau de lutte contre le terrorisme a déjà porté ses fruits et permis de renforcer les capacités des Nations Unies et des États.  Cependant, le processus de renforcement des capacités de l’ONU continue de dépendre de la contribution des bailleurs de fonds, a-t-elle déploré, tout en rappelant l’importance de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme.  Nous ne parviendrons pas à contrer les discours faisant la promotion du terrorisme sans nous doter d’instruments tels que la Stratégie antiterroriste mondiale.  Enfin, elle a dénoncé « ceux qui manipulent les débats sur la définition du terrorisme sans établir de distinction avec le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a souhaité que la Commission suive la règle du consensus dans ses délibérations.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et demandé l’application des résolutions onusiennes pertinentes.  Le Soudan a été l’un des premiers pays à attirer l’attention de la communauté internationale sur ce fléau, a-t-il dit, ajoutant que le Soudan a ratifié tous les instruments internationaux dans ce domaine.  Le délégué a appelé à une mise en œuvre équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, cette mise en œuvre incombant au premier lieu aux États.

M. Mohamed a souligné ensuite l’importance de remédier aux causes profondes du terrorisme, de renforcer l’état de droit et de faire en sorte que tous les acteurs d’une société se retrouvent autour d’une « culture commune » de lutte contre le terrorisme, comme cela est le cas au Soudan.  Enfin, il a plaidé pour une « définition claire de l’extrémisme violent » et pour une distinction entre lutte contre cet extrémisme et lutte contre le terrorisme.  La coopération internationale est la meilleure parade face au terrorisme, a-t-il conclu.

M. AMMAR AL ARSAN (République arabe syrienne) s’est demandé si nous parlions des mesures prises par les États contre le risque que représente le retour des terroristes à l’intérieur de leurs frontières si les États avaient répondu aux appels de la Syrie qui leur demandait de mettre en place des systèmes d’alerte précoce et d’échange d’informations.  Il a rappelé les désaccords de nombreuses délégations sur cette question lors de la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  D’après lui, il est impossible d’établir des frontières « étanches » entre le terrorisme religieux et l’extrémisme violent. 

Après avoir loué les efforts du Kazakhstan en vue de mettre en place un code de conduite pour un monde délivré du fléau du terrorisme, M. Al Arsan a dénoncé le refus de certaines délégations de s’entendre sur un mécanisme international pour surveiller le discours d’incitation, de recrutement et de financement du terrorisme.  Il a appelé à l’application de critères de transparence dans les méthodes de travail du Centre international pour la lutte contre le terrorisme. 

Le représentant s’est insurgé contre la destruction des infrastructures, des installations universitaires, de la perte des revenus du pétrole et de l’embargo imposé par certains États.  En tant qu’État fondateur des Nations Unies, la Syrie est prête à se joindre aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme, mais insiste sur le respect de son indépendance et des principes de non-ingérence.  Enfin, il a dénoncé les gouvernements qui continuent de bombarder son pays et d’occuper illégalement son territoire. 

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives)a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et d’où qu’il vienne, en particulier quand il est commis au nom de l’islam.  « L’islam est une religion de miséricorde, qui dit que tuer un homme revient à tuer toute l’humanité, et sauver une vie revient à sauver le monde entier. »  Les Maldives soutiennent une approche coopérative et coordonnée de la communauté internationale pour la lutte contre le terrorisme.

Plusieurs lois en ce sens ont été votées dans le pays en 2015 pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  Elles permettent aux autorités de cibler avec précision les combattants terroristes et ceux qui leur procurent un soutien matériel et financier.  De même, un centre national du contre-terrorisme, établi en 2016, synchronise les agences nationales en une plateforme commune.  En 2017, une stratégie nationale a été adoptée, et les Maldives ont créé une loi inculpant de crime tout Maldivien participant à ou soutenant des activités terroristes et les contrôles ont été renforcés aux aéroports.

Partisan d’une approche globale, malgré sa petite taille l’archipel des Maldives a pris des mesures significatives pour la lutte contre le terrorisme et continuera dans le futur.  Le représentant a remercié l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et sa branche du contre-terrorisme pour son soutien dans cette lutte.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a rappelé que sa région avait connu des attaques récentes et qu’elle était parfois un terreau fertile pour les idéologies terroristes.  Il a soulevé le problème des combattants terroristes étrangers qui retournent dans leur pays d’origine, et celui de l’utilisation croissante de la technologie et d’Internet par les terroristes, avant d’inviter tous les pays à coordonner une stratégie aux niveaux national et international.  Sur le plan national, Singapour a une stratégie intégrale antiterroriste et s’emploie à mettre à jour ses techniques de sécurité.  La société civile s’est également impliquée davantage dans cette lutte, a-t-il indiqué, au sein du mouvement SGSecure lancé en 2016. S’ajoute à cela un solide cadre juridique qui est mis à jour régulièrement.

Au niveau international, Singapour est partie à 14 accords universels relatifs à la lutte contre le terrorisme, a poursuivi le délégué qui a aussi mentionné la signature, la semaine dernière, du Code de conduite sur cette question, sur l’initiative du Kazakhstan.  Il a ajouté que son pays participe activement à la coalition multinationale contre le terrorisme par le biais de son engagement dans l’« Operation Inherent Resolve ».  La lutte antiterroriste est également une des priorités de la présidence de Singapour de l’ASEAN cette année.  Dans quelques heures, a signalé M. Gafoor, Singapour accueillera le Symposium antiterroriste de l’Asie du Sud-Est de 2018.  Notant que les progrès sont lents sur le projet de convention sur le terrorisme international, il s’est félicité de l’initiative du coordinateur de stimuler les discussions sur le projet d’article 3(18) relatif aux relations entre le projet de texte et d’autres régimes juridiques.

Pour M. PATRICK LUNA (Brésil), la question des mesures visant à éliminer le terrorisme international souffre d’une « crise d’identité ».  Au terme d’amples consultations, la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies a permis une mise à jour équilibrée de cet instrument, a-t-il rappelé, invitant les délégations de la Sixième Commission à se pencher sur la façon d’éviter les doublons tout en améliorant l’efficacité.  « Cette Commission s’intéresse aux questions juridiques », a souligné M. Luna, et devrait donc concentrer son attention sur les questions juridiques liées au terrorisme en suspens.  L’absence d’une définition universelle du terrorisme nuit à nos efforts pour l’éliminer, a continué le représentant, appelant à surmonter l’impasse actuelle.  Considérant que seule une « volonté politique forte » permettra de progresser sur cette question, il a appelé à l’organisation d’une conférence de haut niveau sur la lutte antiterroriste sous l’égide des Nations Unies afin de générer l’élan nécessaire. 

Il faut comprendre le lien qui unit le terrorisme, l’extrémisme violent et le radicalisme afin d’adopter des mesures appropriées.  « Alors que nous sommes unis dans la lutte contre le terrorisme, l’utilisation de certaines mesures discutables nous a plutôt divisés », a noté le représentant.  Il a appelé au strict respect du droit international et des droits de l’homme afin d’éviter de trahir les valeurs que nous tentons de faire respecter.  Il a défendu en terminant les limites à l’usage de la force pour cause de légitime défense contre les groupes armés non étatiques imposées par les conventions internationales.

Mme ALINA ARGUELLO (Nicaragua) s’est dit profondément préoccupé par la multiplication des conflits sous le prétexte de la « guerre contre le terrorisme », qui mène à des victimes innocentes, à des flux importants de réfugiés et à des violations « massives » des droits de l’homme.  Tous les pays qui « aiment la paix » se doivent de combattre le terrorisme avec des actions concrètes, sans fournir d’appui financier aux terroristes ni appeler « opposition modérée armée » les groupes qui cherchent à renverser les gouvernements.

Mme Arguello a appelé les États Membres à faire preuve de flexibilité dans les débats sur l’adoption d’une convention sur le terrorisme.  Après avoir souligné la participation de son pays à la sixième révision de la Stratégie antiterroriste mondiale, elle s’est engagée à mettre en œuvre ses quatre piliers et a réitéré sa coopération avec le Bureau de lutte contre le terrorisme. 

Mme ANNETTE ONANGA (Gabon) a déclaré que le terrorisme est une négation de la civilisation et que les éléments terroristes bafouent la vie humaine.  Elle a condamné tous les actes terroristes, en ajoutant que le terrorisme ne doit pas être associé à une religion, une civilisation ou un groupe ethnique.  Elle a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale, ajoutant que le dernier examen en date de ladite Stratégie a permis d’étoffer les efforts antiterroristes, en tenant compte des causes profondes de ce phénomène.

Il faut tout mettre en œuvre pour surmonter les divergences et finaliser une convention générale sur le terrorisme, a déclaré la déléguée.  « Aucune nation n’est à l’abri de ce fléau. »  Elle a lancé un appel pour le renforcement des capacités des pays en développement et pour un échange accru de renseignements entre organismes de l’État et secteur privé.  La lutte contre le terrorisme, « odieux phénomène », est une responsabilité collective, a-t-elle conclu.

M. SOLOMON KORBIEH (Ghana) appelé à une coopération internationale renforcée dans la lutte contre le terrorisme, et à la mise en œuvre complète des résolutions 2178 (2014) et 2396 (2017), y compris le partage d’informations et l’adoption de bonnes pratiques pour combattre la radicalisation, le recrutement, le traçage des déplacements, ainsi que la surveillance du retour des combattants terroristes et leur réinsertion dans la société.

Constatant qu’il est impossible de combattre le terrorisme sans chercher l’argent qui le finance, et que le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ont des conséquences désastreuses sur les pays à l’économie fragile, le Ghana s’est engagé dans le combat via la création d’un arsenal législatif, avec l’objectif d’aligner les lois du pays sur les normes internationales.

Cet arsenal donne aux institutions de contrôle des circuits financiers les moyens d’agir et le pouvoir d’exiger des informations bancaires en cas de soupçons, a précisé le représentant du Ghana, « premier pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à opérer une analyse des risques sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ».

M. YEDLA UMASANKAR (Inde) a rappelé le rôle constructif de son pays face au terrorisme, l’Inde ayant été frappée par ce fléau.  Il a fustigé en revanche le fait que certains pays soient devenus des sanctuaires pour des groupes terroristes, permettant à ces derniers de promouvoir leurs buts politiques.  À cette aune, le délégué a défendu une véritable coopération entre États, combinée aux efforts onusiens.

Il a appelé de ses vœux l’élaboration d’une convention globale sur la lutte contre le terrorisme, jugeant que « l’absence d’un tel texte constitue l’une des plus graves lacunes de l’arsenal juridique international ».  Il a indiqué que le dernier projet de convention à avoir émergé des discussions est équilibré et a souhaité à ce titre son adoption.  Enfin, le représentant de l’Inde a appuyé le Bureau de lutte contre le terrorisme, en précisant que son pays compte apporter à son budget une contribution de 500 000 dollars.

Réaffirmant son rejet du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a estimé que ce problème doit être traité de façon holistique, incluant l’affrontement direct et la prévention.  Pour elle, il incombe en premier lieu aux États Membres de mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale.  Elle a condamné la pratique « nocive » de certains États qui fournissent un appui à des groupes terroristes avec l’objectif de favoriser un changement de régime ou qui dressent, à des fins politiques, des listes noires, en contravention de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

La représentante a fustigé les États qui commettent des actes d’agression contre des peuples souverains sous le couvert de la lutte antiterroriste.  Elle a exprimé son soutien à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme à même de combler le fossé qui subsiste dans la définition du terrorisme et à la convocation d’une conférence sur cette question, sous l’égide de l’ONU.  Cuba, a conclu la représentante, n’a jamais participé à l’organisation ou au financement d’un acte terroriste.

Face à la persistance de la menace terroriste, Mme NATHALIE SCHNEIDER RITTENER (Suisse) a estimé que la réponse des États doit être multiforme et flexible.  La Suisse renforce son arsenal législatif pour combattre les terroristes en adoptant son premier plan d’action national, sans négliger pour autant le volet préventif contre l’extrémisme violent.  Le respect du droit international reste intangible, a déclaré la représentante, car il constitue l’unique moyen pour lutter efficacement contre le terrorisme, selon elle.

La Suisse est heureuse d’avoir contribué à la diffusion du document « Orientations aux États sur des réponses au phénomène des combattants terroristes étrangers conformes aux droits de l’homme », un travail confié au Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme par le groupe de travail de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF) sur la promotion et la protection des droits de l’homme et de l’état de droit dans la lutte contre le terrorisme.  « Un tel document pourrait servir d’exemple », a ajouté la représentante.

De même, la Suisse soutient un projet de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) sur la lutte contre le terrorisme et le droit international.  Préoccupée par l’impact des mesures adoptées dans la lutte contre le terrorisme sur l’assistance humanitaire et médicale, Mme Schneider Rittener a estimé qu'il est de la responsabilité de la communauté internationale d’assurer que les mesures internationales et nationales ne fassent pas obstacle aux efforts déployés en faveur des victimes de conflits armés.  Elle continue donc à soutenir l’établissement d’une convention globale sur le terrorisme international, à condition qu’elle garantisse explicitement et efficacement le respect du droit international humanitaire.

Parallèlement à son engagement au sein de l’ONU, la Suisse copréside le groupe de travail sur la justice pénale et l’état de droit avec le Nigéria au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF). 

Pour M. PABLO ARROCHA (Mexique), les discussions sur l’élimination du terrorisme international ne peuvent être théoriques, car la menace terroriste n’est pas abstraite.  La capacité d’adaptation des groupes terroristes constitue l’un des principaux défis auxquels nous faisons face, notamment par l’utilisation des nouvelles technologies qui facilitent la diffusion de leurs messages haineux.  Pour vaincre le terrorisme, nous devons nous attaquer à ses causes profondes, y compris l’exclusion sociale.  Selon lui, l’approche préventive représente un élément essentiel de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Le Mexique collabore pleinement avec le Bureau de lutte contre le terrorisme et se félicite des pratiques adoptées à la conférence de haut niveau des agences nationales de lutte contre le terrorisme.  Toutefois, l’adoption de la convention générale sur le terrorisme international demeure en suspens, a regretté le représentant.  Il est nécessaire d’assurer l’harmonisation du cadre juridique national avec le respect des droits de l'homme et la lutte contre le terrorisme, a-t-il noté, ajoutant que l’aide humanitaire ne peut jamais être « l’otage » de la lutte contre le terrorisme. 

Mme KAREN TAN (Brunéi Darussalam) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et estimé qu’il ne devrait être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.  Elle a fait savoir que le décret antiterroriste de 2011 du Brunéi Darussalam donne effet à ses obligations internationales et prévoit la confiscation des biens appartenant aux terroristes ou à leur organisation.  Le pays applique également les réglementations internationales de lutte contre le financement du terrorisme.

Au vu de l’évolution des tactiques terroristes et de la nécessité pour les pays d’adapter leurs stratégies et leur législation pour y faire face, la représentante a estimé que la coopération gagne encore en pertinence pour neutraliser effectivement la menace que le terrorisme pose à la paix et à la sécurité.  Il est de l’intérêt de tous de partager les bonnes pratiques, a-t-elle ajouté, et Brunéi Darussalam travaille en étroite collaboration avec les autres États Membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Outre les mesures prises par les États, les citoyens ont également un rôle important à jouer en la matière, a fait observer Mme Tan, rappelant que les chefs religieux et de communauté sont souvent impliqués auprès des jeunes afin de s’assurer que l’enseignement de la religion ne souffrent pas de manipulation.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a indiqué que le cyberterrorisme est un nouveau défi à relever, le cyberespace étant la « nouvelle ligne de front ».  Il a plaidé pour une coopération internationale efficace et s’est rallié au code de conduite en la matière avancé par le Kazakhstan.  Le délégué a détaillé le plan d’action de son pays face au terrorisme international et mentionné la tenue prochaine en Mongolie d’un atelier sur le renforcement des capacités face au terrorisme.  Enfin, il a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et estimé que l’ONU est le cadre idoine de coordination des efforts internationaux dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

Mme PIRANAJ THONGNOPNUA YVARD (Thaïlande) a condamné fermement le terrorisme comme menace à la paix et à la sécurité, comme « barrage à la réalisation du développement durable ».  La Thaïlande a adopté une Stratégie antiterroriste nationale 2017-2021, qui se concentre sur la prévention, la réponse et le relèvement après des attentats terroristes.  Au niveau régional, le pays est toujours engagé dans la mise en œuvre de la Convention anti-terroriste de l’ASEAN, a ajouté Mme Yvard qui s’est dite convaincue de l’importance d’un cadre juridique international solide pour soutenir les efforts de coopération internationale.  Elle a indiqué que son pays est partie à neuf instruments juridiques internationaux relatifs à la lutte antiterroriste et est en voie de devenir partie aux 10 autres instruments.

Pour que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies soit traduite en pratique, la représentante a plaidé pour que le projet de convention générale sur le terrorisme international soit achevé dans un délai raisonnable.  La Thaïlande se félicite de la Conférence de haut niveau des agences antiterroristes tenue cette année, ainsi que du lancement du Code de conduite à l’initiative du Kazakhstan la semaine dernière.  Le pays accueille plusieurs ateliers nationaux et régionaux sur ces questions, a-t-elle ajouté.  Concluant son intervention, Mme Yvard a appelé à tout faire pour couper les vivres des groupes terroristes, éviter la propagation d’idéologies haineuses, gérer l’extrémisme violent et réduire la pauvreté.

Mme NAUREEN FINK (Royaume-Uni) a déclaré qu’alors que la menace antiterroriste évolue, nos mesures de lutte antiterroriste doivent être souples.  Elle s’est félicitée de l’accord conclu avec l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et les Pays-Bas sur le renforcement de la sécurité aéronautique.  Il faut porter la lutte antiterroriste sur Internet et retirer les contenus sensibles, a-t-elle considéré. 

La représentante a donné son appui à la Stratégie antiterroriste mondiale révisée et à une coopération resserrée avec le Comité antiterroriste afin de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent, dans le respect des droits de l’homme.  Elle a invité les États Membres à contribuer au renforcement des capacités techniques.

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a estimé que la seule manière de parvenir à des résultats durables est de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, qui sont différentes d’un pays et d’un continent à l’autre.  Par conséquent, les réponses doivent s’adapter aux circonstances et doivent aussi renforcer la résilience des individus et des communautés face à la radicalisation et à l’extrémisme.  S’agissant des jeunes, le groupe le plus susceptible de se laisser happer par les recruteurs, il est essentiel de leur donner ce qu’ils cherchent le plus: un sentiment d’appartenance.  Mme Bavdaž Kuret a aussi souligné l’influence positive des femmes dans le processus de dé-radicalisation et de réinsertion, en particulier pour les combattants terroristes de retour de l’étranger.

La Slovénie se concentre sur la coopération régionale, en particulier sur les Balkans occidentaux, et sur les tentatives de Daech d’implanter de nouvelles zones de recrutement et bases logistiques.  Plusieurs projets ont été lancés en ce sens, afin d’améliorer l’échange précoce de renseignements au niveau régional, de mettre en place des normes internationales d’enquête et de poursuites et pour assurer l’échange sécurisé et légal de données personnelles.  Evoquant l’importance de la reddition de comptes pour les crimes odieux commis par Daech, Mme Bavdaž Kuret a indiqué que la Slovénie soutient le travail du mécanisme international, impartial et indépendant sur les crimes internationaux commis en République arabe syrienne.

M. RISHY BUKOREE (Maurice) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Mon pays n’épargne aucun effort dans la lutte antiterroriste, a-t-il dit, en mentionnant les mesures préventives prises à ce titre.  En 2009, une unité antiterroriste a ainsi été créée, directement rattachée au bureau du Premier Ministre, et dont le personnel est passé de quatre à 29 employés aujourd’hui.  Il a précisé que cette unité est notamment chargée de recueillir des éléments d’information et de sensibiliser le grand public sur cette question de la lutte antiterroriste.  Des mesures draconiennes ont été aussi adoptées pour que Maurice ne devienne pas une plaque tournante du blanchiment d’argent à des fins terroristes.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays veille à respecter les droits de l’homme dans ses efforts antiterroristes.

M. JUAN AVILA CEBALLOS (République dominicaine) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes.  Mon pays, a-t-il dit, a ratifié la plupart des instruments sur le terrorisme et créé des liens de coopération avec des pays ayant une longue expérience dans le domaine de la lutte antiterroriste.  Il a, en outre, mentionné une récente loi qui fixe les peines applicables aux auteurs et complices des actes terroristes.  Il a plaidé pour le renforcement des capacités de l’État et souligné la nécessité que les mesures antiterroristes soient conformes à l’état de droit.  Enfin, le délégué a souhaité l’adoption d’une convention globale sur le terrorisme.

M. MODEST JONATHAN MERO (République Unie de Tanzanie) a déclaré que la lutte contre le terrorisme représente une responsabilité mondiale qui affecte tous les pays.  Il est vital de ne pas fournir de sanctuaire aux groupes terroristes qui exploitent les dynamiques nationales.  Il a constaté avec satisfaction que la coordination des initiatives antiterroristes constitue une priorité des Nations Unies, tout en invitant à en faire plus.  Pour sa part, la Tanzanie est déterminée à mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Le représentant a décrit les efforts de prévention déployés par son pays afin de déceler les nouvelles menaces au sein des communautés locales.  Il a réaffirmé, en terminant, son opposition au terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Il a souhaité l’adoption d’une convention globale sur le terrorisme en espérant que l’esprit de compromis finisse par prévaloir.  Le terrorisme ne devrait pas être assimilé à la lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale, a poursuivi le délégué.  Il a demandé le respect de l’état de droit dans la lutte antiterroriste et souligné l’importance de remédier aux causes profondes du terrorisme.  Les mesures antiterroristes ne doivent pas aboutir à une marginalisation accrue de certains groupes, a-t-il ajouté.  Enfin, le délégué a plaidé pour le renforcement des capacités des pays en développement.

Mme İPEK ZEYTINOĞLU ÖZKAN (Turquie) a déclaré que le terrorisme constitue une menace grave à la paix et à la sécurité internationales et affecte la stabilité des États.  La Turquie continue de lutter contre de nombreuses organisations terroristes, notamment FETO (mouvement Gülen), Daech, le Parti de l'Union démocratique (PYD) et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).  Pour elle, il est vital de mettre un frein aux déplacements des combattants terroristes étrangers et à leurs modes de financement.  La sécurisation de la frontière avec la Syrie demeure une priorité de la Turquie, a dit la représentante, rappelant que 6 800 combattants étrangers ont été interceptés. 

Appelant à une coopération internationale renforcée en matière de lutte contre le terrorisme, la représentante a estimé que toutes les organisations terroristes doivent être combattues avec la même détermination, s’insurgeant contre toute « approche sélective ».  Elle a souligné l’importance de s’attaquer aux liens entre le terrorisme et le crime transnational organisé, qui représente une source de financement essentielle pour les groupes terroristes, y compris le PKK.  Les Nations Unies constituent le cadre principal pour assurer une réponse collective cohérente.  Elle a noté en terminant la participation de son pays à la Stratégie antiterroriste mondiale et salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme avec la mise en place de nouveaux partenariats. 

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a déclaré que le terrorisme est une menace qui continue de peser sur nos vies et nos sociétés, comme son pays en a fait l’expérience.  Le Liban continue de s’acquitter de ses obligations découlant des conventions internationales et de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Il a rappelé que les forces libanaises ont démantelé des cellules de Daech et les mécanismes d’appui financiers des groupes terroristes.

Selon lui, le terrorisme n’appartient à aucune religion ni groupe ethnique spécifique.  Il faut « assécher le terreau idéologique du terrorisme », a plaidé le représentant, tout en respectant les droits fondamentaux, y compris en combattant l’exclusion sociale et économique. 

Le terrorisme et l’extrémisme violent continuent de représenter une menace existentielle pour son pays, a indiqué Mme OLENA SYROTA (Ukraine).  « Cela fait presque une décennie que la Russie a lancé une guerre hybride à grande échelle contre mon pays au mépris du droit international », a-t-elle déclaré.  La Russie ne s’est pas acquittée de son obligation de ne pas soutenir de groupes terroristes et a appuyé des attaques terroristes à Donetsk et dans d’autres villes ukrainiennes.

Loin d’éliminer la fourniture d’armes à des terroristes, la Russie a transféré des armes lourdes dans l’Est de l’Ukraine, a-t-elle déploré.  « C’est le système de tir de missile russe Buk qui est responsable du crash du vol MH17, tuant 289 vies innocentes. »  La déléguée a par ailleurs accusé la Russie de faciliter l’acheminement d’individus russes et étrangers en vue de s’enrôler dans les groupes terroristes en Ukraine et de disséminer une propagande trompeuse qui fait partie intégrante de l’agression contre l’Ukraine.  Plus généralement, elle a souhaité l’adoption d’une convention globale sur le terrorisme.

Mme SARAH GOLDIE WEISS MA’UDI (Israël) a indiqué que les groupes terroristes qui visent son pays recourent souvent, comme tactique, à des boucliers humains.  Lorsque des boucliers humains sont blessés ou tués, la communauté internationale doit s’attaquer aux actions et méthodes de ces groupes terroristes en leur faisant endosser la responsabilité plutôt que de montrer du doigt les États qui essayent de remédier à cette tactique méprisable, a-t-elle déclaré.  Dans la lutte contre le terrorisme, Israël respecte l’état de droit et la valeur de la vie, a-t-elle poursuivi.  « Cela est vrai alors que nous faisons face à un ennemi qui méprise de tels engagements et les considère même comme une faiblesse susceptible d’être manipulée pour des gains stratégiques ou en termes de relations publiques. »

Mme Weiss a mentionné les efforts d’Israël contre le financement du terrorisme, ajoutant que son pays est désireux de renforcer sa coopération avec d’autres États dans ce domaine.  La déléguée a rappelé que le financement du terrorisme peut emprunter plusieurs formes, « des fonds destinés au départ à des œuvres caritatives pouvant être transférés à une organisation détournant ces fonds en faveur d’activités terroristes. »  

Enfin, elle a appuyé une convention globale sur le terrorisme qui prônerait une approche de tolérance zéro envers toutes formes de terrorisme et rappellerait la règle ne souffrant aucune exception, selon laquelle aucune cause ne peut justifier le terrorisme.  « Ne mélangeons pas droit et politique comme nous ne le faisons souvent sur cette question du terrorisme et ne permettons pas une application sélective des principes juridiques, en tolérant qu’un acte clairement terroriste soit présenté comme une action noble sur la base d’accointances politiques plutôt que sur celle du droit », a-t-elle tranché.  « Le terrorisme est le terrorisme. »

Mme EMILY R. PIERCE (États-Unis) a réitéré sa condamnation du terrorisme et son engagement à le combattre, notamment au sein de la coalition mondiale contre Daech.  Elle a reconnu le rôle vital joué par les Nations Unies dans la mobilisation de la communauté internationale, le renforcement des capacités et l’assistance technique aux États Membres afin de favoriser la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et du Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent.  Selon elle, les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale révisée demeurent tout aussi pertinents que lors de leur adoption il y a 12 ans.  Elle s’est félicitée de l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité sur les mesures relatives au retour et à la localisation des terroristes étrangers et les groupes terroristes transnationaux.  La résolution 2396 (2017) est venue compléter la précédente en renforçant la sécurité aux frontières, le partage d’informations, et la coopération internationale afin d’assurer les poursuites judiciaires contre les responsables et leur réhabilitation.  Elle a également souligné les obligations découlant du « Passenger name record » et des listes de surveillance. 

Mme Pierce a exprimé son plein appui aux efforts déployés par les Nations Unies pour combattre le terrorisme, notamment au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et dans le cadre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Elle a salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, appelant à une plus grande collaboration des États.  Toutefois, la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire au détriment des droits de l’homme et de l’état de droit, a-t-elle prévenu, tout en appelant à assurer une plus grande résilience idéologique au terrorisme, avec la participation de tous les secteurs de la société.  S’agissant de la convention sur le terrorisme international, la représentante s’est dite disposée à écouter les déclarations des délégations tout en soulignant l’importance d’envoyer un message clair en matière de terrorisme.

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée) a indiqué que l’un des facteurs majeurs du terrorisme réside dans les attaques armées contre les « pays désobéissants » et la perpétuation de crimes odieux par « un membre permanent du Conseil de sécurité sous des prétextes fallacieux de liberté, de démocratie et de lutte antiterroriste ».  « Les attaques militaires et actes terroristes politiquement motivés ont conduit l’Afghanistan, l’Iraq et la Libye à sombrer dans un cercle vicieux terroriste qui a servi de terreau fertile pour Daech », a-t-il poursuivi, en appelant le monde à ne pas nier cette réalité.

Le délégué a rejeté tout acte visant à renverser le régime d’un État sous un prétexte antiterroriste, avant de marquer sa solidarité avec la Syrie et de condamner la récente tentative d’assassinat par drone du Président vénézuélien.  Enfin, il a fustigé les tentatives « désespérées » des États-Unis de ternir l’image internationale de son pays en l’accusant de parrainer le terrorisme.  À l’avenir, mon pays continuera d’assumer ses responsabilités en vue d’éradiquer le terrorisme et d’assurer une paix durable dans la péninsule coréenne, a assuré le délégué.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: les jeunes veulent faire entendre leur voix dans la marche du monde

Soixante-treizième session,
3e & 4e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4227

Troisième Commission: les jeunes veulent faire entendre leur voix dans la marche du monde

La Troisième Commission a achevé aujourd’hui la partie de son débat général consacrée au développement social, en se mettant à l’écoute des jeunes du monde entier venus partager leurs expériences, mais surtout à faire entendre leur voix pour être désormais associés à la prise de décision.

« Avec 1,8 milliard de personnes à travers la planète, les jeunes représentent la tranche d’âge la plus importante » ce qui signifie que le développement durable, la paix et la jouissance des droits humains ne pourront être réalisés que si les jeunes sont impliqués, ont fait valoir notamment les délégués des jeunes d’Allemagne.

De l’Océanie à l’Afrique, en passant par l’Europe, l’Amérique et l’Asie, les jeunes délégués ont formulé la même revendication: ils ont « leur mot à dire » et ne se contenteront pas d’une représentation « symbolique ». Car ils ont vécu et voyagé, ces jeunes délégués, allant à la rencontre de millions de leurs homologues pour vivre leur quotidien et se faire leur porte-parole au sein de l’Organisation mondiale.  Parmi eux, un jeune délégué d’Afghanistan a parlé de sa jeunesse comme berger dans un petit village reculé de son pays, lui qui a dit appartenir à une génération « issue de la destruction mais animée d’un esprit de reconstruction ». Ou encore la déléguée de la jeunesse d’Israël, qui, « grâce au système démocratique » de son pays, a pu réaliser les rêves que ses « parents juifs dans l’ex-URSS » ne pouvaient concevoir. 

Les Nations Unies, qui se préoccupent de plus en plus du rôle de la jeunesse, ont lancé début septembre une stratégie pour la jeunesse « grâce à laquelle nous pourrons renforcer l’action que nous menons pour et avec les jeunes », selon les mots du Secrétaire général, M. António Guterres, pour qui l’ONU attache la plus grande importance à écouter les jeunes et à leur offrir les moyens de participer activement aux décisions.

Pour y parvenir, nombre de représentants ont, comme celui du Zimbabwe, vu dans l’éducation un moyen de « renforcer la cohésion et œuvrer contre tout type d’exclusion et discrimination ».

D’autres jeunes, comme les délégués de l’Italie, ont soulevé des problématiques plus globales, notamment « l’existence persistante de discriminations basées sur l’ethnie, le genre, les croyances religieuses et l’âge », s’interrogeant sur la façon d’aider la jeunesse dans le monde à mieux les combattre.  Leurs homologues de la Norvège ont dénoncé les mariages précoces et se sont élevés contre les plus de 400 millions de jeunes qui vivent dans des zones de conflit armés, que nombre d’entre eux ont fui quand ils n’ont pas été enrôlés de force.

Des diplomates ont voulu énumérer les initiatives concrètes lancées par leur gouvernement respectif pour reprendre langue avec leur jeunesse.  Le représentant des Émirats arabes unis a ainsi rappelé que ce pays avait nommé la plus jeune Ministre d’État chargée de la jeunesse en 2016: elle avait alors 22 ans.

De nombreux intervenants ont vu dans les objectifs de développement durable une feuille de route pour les prochaines générations.

Cependant, au vu de « l’inégalité de répartition de la richesse mondiale » nous sommes encore bien loin de la réalisation » de ces objectifs », a fait observer notamment le représentant de l’Algérie, qui a demandé que soit mis en œuvre un partenariat mondial en matière de développement, centré sur le bien-être humain et la solidarité.

À l’image du représentant de la Libye, plusieurs intervenants ont mis l’accent sur les difficultés des pays en conflit.  Ainsi, pour l’heure, le Gouvernement de la République centrafricaine met-il l’accent sur le rétablissement progressif de la présence de l’État dans le pays, afin de fournir à la population les services sociaux de base dont elle a besoin.

Les pays développés ont également été invités à donner l’exemple, tout autant que les Nations Unies elles-mêmes.  La réalisation des objectifs de développement durable, parlons-en, a lancé le délégué de la jeunesse de Slovaquie, regrettant que le plastique soit partout au Siège de l’ONU, car pour lui « Quand on est digne de confiance, on l’est pour les petites et grandes choses »!

D’autres problématiques, comme la pauvreté, les personnes handicapées, le sort des populations autochtones et des personnes âgées et d’autres groupes vulnérables ont également retenu l’attention de l’assistance, qui s’est accordée pour que le droit à une vie digne soit un impératif dans le cadre de programmes de développement inclusif.  En particulier, les États membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ont appelé à l’adoption d’une convention internationale pour la protection des personnes âgées, ce que la représentante des États-Unis a rejeté. 

Demain, jeudi 4 octobre, à partir de 10 heures, la Troisième Commission examinera la question du contrôle international des drogues.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Suite de la discussion générale

Mme POLINA KEMPINSKY, déléguée de la jeunesse d’Israël, a indiqué qu’à 22 ans, elle a grandi en écoutant les histoires contées par sa famille juive originaire de l’ex-Union soviétique.  Par exemple, a-t-elle narré, ma mère n’a pas eu la chance d’apprendre à nager: étant un peu ronde, elle n’avait pas le potentiel recherché pour devenir une athlète professionnelle.  Mon père, en dépit de son grand talent, n’a quant à lui pas pu s’inscrire à l’université de ses rêves parce qu’il était juif. 

« Moi, j’ai eu les occasions que mes parents n’ont pas eues grâce au système démocratique d’Israël. »  Cette année, a-t-elle poursuivi, j’ai pu participer à un projet de jeunes femmes responsables politiques visant à permettre aux femmes de prendre leur destin en main et de décider par elles-mêmes.  Les choses que j’ai apprises de ce projet est que l’histoire de mes parents juifs dans l’ex-URSS fait partie d’un récit plus large, un récit qui touche aux questions de genre, d’égalité entre les sexes, des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) et des jeunes, a souligné Mme Kempinsky.  « J’ai appris que le monde que j’appelle de mes vœux est un monde dans lequel l’inclusion n’est pas un privilège mais un acquis », a-t-elle conclu. 

M. DRAGOS (Roumanie), représentant la jeunesse de son pays, a entrepris une analyse du quotidien des jeunes de son âge et relevé qu’ils font face aux mêmes défis que leurs aînés.  L’éducation, l’engagement civique et l’emploi demeurent les principales préoccupations des personnes approchées, a-t-il constaté.  Il a appelé les dirigeants à placer les jeunes au centre de leurs politiques avec l’objectif de développer un milieu favorable à leur développement.  Il s’est également élevé contre les stéréotypes et les stigmatisations basés sur l’ethnicité, la race, le genre, la religion, les orientations sexuelles et le handicap. 

Prenant à son tour la parole, une jeune femme, Mme ANDRADA BABA a plaidé pour un environnement économique en évolution permanente adapté aux besoins des jeunes.  Elle a encouragé toutes les générations confondues à œuvrer ensemble car « nous partageons les mêmes objectifs: alors œuvrons ensemble et ne nous écartons pas les uns des autres ».

Mme  GARCIA LOZANO (Mexique) a rappelé que le thème du développement social englobe les questions relatives à la jeunesse, la famille, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Cependant, a-t-elle regretté, nous continuons de parler de ces différents groupes de manière isolée, comme si le Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’existait pas.  Il est évident, a poursuivi la représentante, que nos discussions font écho à celles de la Deuxième Commission, du Conseil économique et social (ECOSOC), du Forum politique de haut niveau pour le développement durable et de la Commission du développement social.  « À quoi sert-il de répéter le même discours dans cinq forums distincts? » s’est-elle interrogée.

Pour sa part, a affirmé la représentante, le Mexique a mis sur pied un ensemble de stratégies, institutions et programmes nationaux destinés à améliorer la vie de l’ensemble des groupes en question simultanément, dans la lignée des objectifs de développement durable.

Mme  Garcia Lozano a en outre appelé tous les États Membres à inclure une perspective des droits de l’homme dans le cadre des sujets à l’examen de la Commission, seul moyen, à ses yeux, de garantir « un développement réellement durable pour tous ».

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a souligné que plus d’un milliard de personnes avaient émergé de la grande pauvreté entre 2006 et 2013.  Malgré ce progrès remarquable, l’écart entre les revenus les plus élevés et les plus bas continue de s’accroître dans le monde, a-t-il déploré.  Les pays les plus riches accumulent les richesses aux dépens du monde en développement.  Dans ce contexte, a estimé le représentant, les organisations internationales, les États Membres et la société civile doivent coordonner leurs efforts pour inverser la tendance. 

Les groupes les plus vulnérables souffrent particulièrement de cette grande disparité de revenus, a insisté M. de Souza Monteiro.  Parmi eux, les femmes se trouvent en première ligne: elles sont moins payées, plus susceptibles de se retrouver au chômage et font davantage de tâches dans leur foyer.  On pourrait dire la même chose s’agissant des personnes originaires d’Afrique, a poursuivi le représentant.  Plaidant pour que les efforts de la communauté internationale débouchent sur une croissance inclusive de qualité, il a jugé que l’ONU avait là une occasion unique, notamment au travers des résolutions qu’adoptera la Troisième Commission.  À ses yeux, la montée des inégalités peut mener à de graves troubles sociaux.  Il est donc plus que temps de réagir de manière collective et coordonnée.  « Unissons-nous pour garantir que nous allons vers un environnement économique et social plus inclusif », a-t-il conclu. 

Mme QUIZA (Colombie) a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était axé sur le développement des pays au sens large.  Elle a appelé les Nations Unies à identifier des synergies.  De même, elle a incité à faire converger les programmes de développement dans le contexte du repositionnement du système des Nations Unies.  La Colombie, pour sa part, œuvre contre les inégalités et pour permettre à l’ensemble l’accès à un travail, un logement décent et aux soins. 

Mme AMANDA GRAN de l’« Association of Norwegian Students Abroad » et M. BJORN-KRISTIAN SVENDSRUD « The Progres Party’s Youth », qui s’exprimaient au nom de la Norvège, ont remarqué qu’alors que le monde célèbre le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les aspirations des jeunes restaient entravées par les violations récurrentes de leurs droits fondamentaux.  Plus de 400 millions de jeunes vivent dans des zones de conflit armés, nombre d’entre eux condamnés à fuir de chez eux.  Les jeunes n’ont pas accès à la nourriture, à l’éducation et sont exposés aux dangers, tels que le risque élevé de recrutement dans les groupes armés ou les mariages d’enfants. 

« Chaque année, ce sont 12 millions de filles qui sont mariées avant leur majorité », ont déploré les deux jeunes délégués norvégiens.  Ils ont également voulu attirer l’attention sur une problématique, longtemps ignorée, à savoir que chaque année, 1,7% d’enfants naissent « intersexués » et subissent des interventions chirurgicales irréversibles, sans la possibilité de faire leur propre choix.  Ces pratiques doivent cesser, ont-ils plaidé, exhortant les États Membres à agir pour protéger l’intégrité physique de ces personnes.

M. LUKAS G. SCHLAPP et Mme ANTONIA KUHN, de l’Allemagne, se sont fait les porte-paroles des 10 millions de jeunes de leur pays.  Ils ont voulu connaître les perspectives de cette catégorie de la population dans les autres pays en matière de développement social, savoir si elle est consultée régulièrement dans la prise de décisions, si un programme spécifique lui est consacré. 

Avec 1,8 milliard de personnes à travers la planète, les jeunes représentent la tranche d’âge la plus importante, ont-ils rappelé, ce qui signifie, selon eux, que le développement durable, la paix et la jouissance des droits humains ne pourront être réalisés que si les jeunes sont impliqués.  Ils ont, en outre, applaudi l’idée de l’intégration d’un conseil consultatif de la jeunesse au sein des entités des Nations Unies, dans lequel ils ont vu la perspective d’un grand pas pour associer les jeunes dans les processus internationaux.

M. FRANCISCO CORTORREAL (République dominicaine) a déclaré que son pays avait créé plusieurs programmes aux fins d’ouvrir l’espace aux jeunes et de garantir leur développement intégral par la promotion de leur participation sociale.  Il s’agit, a-t-il expliqué, de faire des jeunes des citoyens globaux facilitant une culture novatrice ainsi que d’inclusion et d’équité. 

Le représentant a ainsi a évoqué le programme « Parlons de tout » (Hablemos de todo) qui informe les jeunes sur la question des brimades, la consommation de stupéfiants, le genre et la sexualité, les maladies sexuellement transmissibles, la violence sexiste, et la grossesse précoce.  M. Cortorreal a également souligné que l’éducation était l’un des grands piliers des politiques publiques du pays, qui s’efforcent notamment de créer les conditions propices à l’amélioration, à la garantie de l’accès et à la qualité de l’enseignement, ainsi qu’à la formation des enseignants.  

Par ailleurs, dans le domaine de la santé, une assurance nationale de santé a permis la couverture de 93% des adultes vivant dans une extrême pauvreté et un réseau de soignants à domicile pour les personnes en situation de dépendance. 

Mme KORAC (États-Unis) a assuré que son pays ne ménageait pas ses efforts en matière de développement social et considérait que les groupes dits vulnérables comme les femmes, les personnes âgées et les handicapés peuvent apporter leur contribution à la société.  Évoquant l’action des Nations Unies dans ce domaine, elle a plaidé pour davantage d’efficacité.  Le programme de réformes du Secrétaire général appelle ainsi à l’élimination des chevauchements et des doublons au sein du système de l’ONU, a fait observer la représentante, qui y a vu un signe positif. 

En matière de développement social, des instruments comme le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ou le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement existent déjà, a souligné la représentante, qui s’est interrogée de ce fait sur la « valeur ajoutée » de la Troisième Commission.  Afin d’aller plus loin dans ce processus de réformes, les États-Unis proposent que les sessions annuelles de la Troisième Commission soient désormais plus courtes et que les résolutions qui se chevauchent soient éliminées.  De surcroît, a poursuivi la représentante, la Commission devrait réduire le nombre des rapports, qui demandent beaucoup de ressources et donnent lieu à de nombreux doublons.  En effet, des rapports comportant des analyses comparables existent dans le système des Nations Unies, a-t-elle insisté.  Elle a enfin jugé que la Commission indépendante sur le développement social, dont le coût annuel s’élève à quelque 715 000 dollars, était inutile, invitant les États Membres à se pencher sur ses propositions de réformes. 

M. KARLMAN, représentant la jeunesse de la Suède, a dit s’adresser à l’assistance au nom d’un demi-million de personnes membres de quelque 82 organisations de jeunes de son pays.  Il a voulu attirer l’attention sur leur préoccupation, en particulier dans les efforts de paix et de sécurité et dans la promotion et la protection des droits des migrants et des réfugiés.  M. IBRAHIM a rappelé que les jeunes représentaient une personne sur trois dans le monde.  Il a pris l’exemple du Yémen, un pays frappé par un grave conflit, où 46% de la population a moins de 16 ans.  C’est une jeunesse comme nous, avec ses espoirs et ses rêves de développement social, malheureusement étouffés dans l’œuf en raison des guerres, a-t-il déploré.  Il a plaidé pour que les jeunes soient un moteur du changement et pour qu’on parvienne à une paix pérenne et à un développement social des sociétés.  « Nous voulons participer à la prise de décisions », a-t-il conclu.

Mme MAYRA SORTO, (El Salvador) a rappelé que son pays avait adopté, en 2017, une stratégie d’éradication de la pauvreté extrême qui conjugue une série de politiques publiques afin d’améliorer la qualité de vie des familles les plus démunies et de renforcer le tissu social et intergénérationnel.  Cette stratégie vise en priorité la petite enfance, les adolescents et les personnes âgées, ainsi que les populations autochtones et les handicapés, a-t-elle précisé.  D’importants progrès ont été réalisés concernant la prévention des grossesses chez les adolescentes et la promotion de l’éducation et des droits sexuels et reproductifs, a déclaré la représentante.

El Salvador a par ailleurs ratifié, en décembre 2017, la Convention interaméricaine pour les droits des personnes âgées, qui guide désormais les politiques publiques, a expliqué Mme Sorto.  Le Président d’El Salvador a de plus lancé une politique nationale en faveur des personnes âgées dont le contenu a fait l’objet d’une consultation publique.

La représentante a invité la Commission à avancer dans ses discussions sur un possible instrument juridique international pour la promotion et la protection des droits et des libertés fondamentales des personnes âgées.

M. ISSETOV (Kazakhstan) a rappelé la nécessité de disposer de ressources financières pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a rappelé la proposition faite par le Kazakhstan durant la soixante-dixième session de l’Assemblée générale d’allouer 1% du budget de la défense de chaque État au Fonds spécial des Nations Unies pour le développement durable.  Il a également appelé à la mise en œuvre des recommandations du Plan d’action d’Addis-Abeba concernant le financement du développement.

Revenant sur les mesures prise par son pays, le représentant a cité la stratégie nationale « Kazakhstan 2050 », ainsi que la ratification par le Kazakhstan, en 2016, de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, ainsi que l’adoption récente d’une politique gouvernementale de subventionns de la création d’emplois pour les personnes handicapées. 

M. JULIO CESAR ARRIOLA (Paraguay) a dit croire profondément que chacun mérite une vie digne.  C’est pour cette raison que le nouveau Gouvernement du Paraguay, arrivé aux affaires à la mi-août, soutient des programmes de développement inclusifs qui prévoient l’augmentation progressive des investissements sociaux.  Ces programmes s’adressent aux personnes en situation de pauvreté, en particulier les femmes, les enfants, les autochtones ainsi que les personnes âgées qui comptent parmi les plus touchées.

Pour marquer le renforcement de son action sociale, le Gouvernement du Paraguay a élevé au rang de Ministère l’ancien Secrétariat à l’action sociale, avec mission de coordonner les politiques de protection.  Le Ministère du développement social sera chargé d’articuler et de coordonner l’action des services publics en faveur des populations en situation de pauvreté et pauvreté extrême.

M. ISNOMO (Indonésie) a assuré que son pays était engagé en faveur de la promotion de la croissance, de l’éradication de la pauvreté, de la réalisation du potentiel de tous ses citoyens, ainsi que de l’autonomisation de son propre peuple.  La stratégie adoptée par le Gouvernement indonésien porte sur trois domaines spécifiques: une protection sociale globale; la fourniture et l’amélioration de l’accès aux services de base; et des moyens de subsistance viables.  « Ceci s’est traduit par une baisse de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté, de 17,75% en 2006 à 10,12% en 2017.  Nous avons l’ambition de ramener ce seuil en dessous de 7% d’ici à 2019 », a précisé le représentant. 

M. Isnomo s’est ensuite félicité de pourvoir annoncer qu’en 2018, le nombre de bénéficiaires du système de Sécurité sociale nationale avait atteint 195,2 millions d’Indonésiens, soit le nombre d’habitants le plus élevé au monde pour une assurance-santé.  Le représentant a ensuite ajouté que la création d’emplois dans le développement des infrastructures dans le pays avait permis de faire reculer la pauvreté, et a cité en exemple le programme comme Smart Indonesia, qui, a-t-il expliqué, a permis de combler les disparités sur le plan éducatif.

Les déléguées de la jeunesse de la Pologne ont estimé qu’il ne saurait être question de surestimer les difficultés auxquelles font face les jeunes, comme le chômage, des formations non adaptées au marché du travail, les stages non payés.  Le chômage des jeunes est un facteur d’instabilité, ont-elles mis en garde.  Elles ont, de même, appelé à une croissance économique inclusive et à des emplois décents tels qu’inscrit dans le Programme 2030 et dans la Stratégie des jeunes de l’ONU.  Pour ces représentants, il est urgent pour que les réformes structurelles entreprises lèvent les barrières et créent des connections effectives entre l’éducation et l’emploi.

M. ZAMBRANO (Équateur) a fait valoir la conception multidimensionnelle et alternative du développement, le sumak kawsay ou « bien vivre ».  À cette fin, l’Équateur a élaboré une feuille de route qui articule l’action de l’État au profit de tous et tout au long du cycle de vie à travers le plan national de développement 2017-2021 « Toute une vie », conçu en vue de la protection des droits des groupes nécessitant une attention prioritaire.  L’objectif avoué du plan est de jeter les bases d’un socle robuste de protection sociale à même d’améliorer la qualité de la vie grâce à une bonne articulation des biens et services sociaux de l’État, a expliqué le représentant.

Des efforts sont également en cours en vue de la promotion et la pleine réalisation de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales, a poursuivi M. Zambrano.  À cet égard, un programme, « Mes meilleures années », destiné aux personnes âgées, vise à protéger et à garantir le bien-être des plus vulnérables parmi cette catégorie de la population.  Le représentant a notamment appelé à franchir un nouveau pas dans le processus d’élaboration d’un instrument international pour la promotion et la protection des droits humains des personnes âgées.

Mme TYESHA TURNER (Jamaïque) a souligné les efforts déployés par son pays en matière de développement social.  Elle a notamment mentionné le Fonds jamaïcain d’investissement social, qui prévoit une aide à des projets en faveur des populations pauvres, des jeunes sans emploi et des petites et moyennes entreprises.  Plus de 1,4 million de Jamaïcains ont déjà profité de 1 687 projets dans les secteurs du développement agricole, de la santé et de la famille, a-t-elle précisé.

Pour le Gouvernement jamaïcain, la stratégie de protection sociale vise à l’inclusion de tous les aspects du développement social, a expliqué Mme Turner.  Dans le cadre de sa Vision 2030, le programme de réduction de la pauvreté est conforme au Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies, a-t-elle souligné.  Il vise à éliminer la pauvreté extrême d’ici à 2022 et à ramener la prévalence de la pauvreté nationale à moins de 10% en 2030.  Le pays reste par ailleurs engagé en faveur de l’inclusion des personnes handicapées dans tous les pans de la vie nationale.  Concernant les personnes âgées, il s’emploie à leur offrir une participation pleine et entière à la société.  Le Gouvernement investit par ailleurs dans l’aide aux familles dans lesquelles il voit un facteur de cohésion sociale.  Malgré ces réalisations, la Jamaïque reste préoccupée par le financement de son système de protection sociale, le pays à revenu intermédiaire comme la Jamaïque n’ayant pas la marge nécessaire pour préserver les acquis, a conclu Mme Turner. 

M. GARCIA MORITAN (Argentine) a estimé que le développement social sans exclusive et l’éradication de la pauvreté devaient figurer parmi les priorités de l’Organisation, conformément aux objectifs de développement durable (ODD).  En l’absence de l’inclusion, les politiques économiques à elles seules ne suffisent pas à entraîner un changement profond sur le long terme, a fait valoir le représentant.

Le Programme 2030 et les objectifs de développement durable indiquent la démarche à suivre, a rappelé M. Garcia Moritan.  Pour le représentant, les stratégies efficaces d’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes passent par l’innovation et l’intégration d’une politique qui rassemble les trois dimensions du développement durable: sociale, économique et environnementale.

Mme LIKA TORIKASHVILI, déléguée de la jeunesse de Géorgie, a rappelé que nous sommes tous des êtres humains, que la Terre est notre planète et qu’il est de notre responsabilité d’en prendre soin,  Elle a indiqué qu’à l’âge de 14 ans, elle avait créé une association de jeunes fournissant des services à la communauté et des thérapies artistiques dans les hôpitaux, les hospices, les foyers pour personnes âgées ou handicapées.  Le mouvement est désormais international, a-t-elle précisé.  « Si, moi, jeune fille de Tbilissi, j’ai pu faire cela avec un rêve, imaginez ce que nous pouvons faire en unissant nos ressources », a-t-elle lancé à l’assistance.

 

Cette expérience, a poursuivi la représentante, m’a permis de comprendre que les questions auxquelles sont confrontés les jeunes dans le monde sont très semblables, ayant trait à l’inclusion, à l’emploi, à la drogue et à la famille.  Avant tout, a-t-elle souligné, « j’ai vu le désespoir ».  Dans ce contexte, le fait de prendre la parole pour dire ce qui est juste permet de tenir nos gouvernements comptables de leurs actions, a-t-elle affirmé.  « Si nous voulons vraiment mettre en œuvre les objectifs de développement durable, créons une génération de personnes qui auront le courage de réaliser leurs rêves et de mettre fin aux conflits internationaux et régionaux afin de construire une civilisation qui vive en paix et dans une paix durable », a-t-elle conclu.

M. WU HAITAO (Chine) a jugé « vital dans le monde d’aujourd’hui » le développement, avant de rappeler les trois piliers qui, selon lui, le rendent possible.  D’abord la poursuite du multilatéralisme avec en son cœur les Nations Unies et l’Organisation mondiale du commerce.  Le représentant a vu dans ce système une logique de gagnant-gagnant basée sur l’ordre et le droit, qui permet de promouvoir la globalisation économique autour de valeurs d’ouverture, d’inclusion et de bénéfice partagées.  Ensuite, il a insisté sur l’importance de la mise en œuvre des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Plaidant pour une coopération globale pour le développement avec les Nations Unies comme plaque tournante, M. Wu a rapidement dessiné deux axes de collaboration: l’axe Nord-Sud comme canal principal de coopération et un axe Sud-Sud comme canal secondaire.  Enfin, il a insisté sur l’importance du développement social, considérant que tous les pays devraient bâtir un système de sécurité sociale universelle pour soutenir des objectifs de plein emploi et de travail décent, mais aussi réduire le fossé entre les pauvres et les riches.

Prenant pour exemple son propre pays, M. Wu a rappelé qu’au cours des quatre décennies écoulées, la Chine avait « tracé son propre chemin socialiste correspondant à ses caractéristiques et obtenu des résultats historiques en termes de développement social ».  Affirmant que 700 millions de personnes ont ainsi été sorties de la pauvreté et que 1,35 milliard d’habitants bénéficient désormais d’une assurance médicale, il a estimé que les Chinois étaient maintenant « heureux et satisfaits ».

Forte de ses succès, la Chine a en parallèle bâti une nouvelle plate-forme de coopération internationale pour soutenir d’autres pays en développement: la Nouvelle Route de la Soie.  « Cette initiative est un bien public que la Chine offre au monde », a insisté le représentant, pour qui elle est « ouverte, transparente, inclusive et basée sur le droit international ».  Selon M. Wu, 130 pays et organisations internationales ont déjà signé avec la Chine des accords liés à cette initiative. 

Le représentant a conclu en rappelant qu’en tant que « plus grand pays en développement » son pays s’implique aussi financièrement dans le soutien de ses pairs: 400 milliards de yuans (environ 58,2 milliards de dollars des États-Unis) ont ainsi été distribués à plus de 160 pays et organisations internationales pour soutenir le développement, a-t-il affirmé.  À ce propos, il a souligné que, lors du dernier forum de la Coopération Chine-Afrique, le Président Xi Jinping s’était engagé à travailler étroitement avec le continent africain pour l’aider à devenir prospère au travers d’actions écologiques, sanitaires et sociales.

Mme OBOULE, délégué de la jeunesse de l’Irlande, a dit s’exprimer au nom de 1,2 million de jeunes de son pays et a mis l’accent sur les défis mondiaux actuels -conflits, changements climatiques, mouvements de réfugiés de grande ampleur et instabilité politique- qui constituent une menace pour les droits de l’homme dans le monde entier, menace à laquelle les jeunes sont plus particulièrement vulnérables.  Mme Oboule a estimé que le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, le Sommet en hommage à Nelson Mandela et le vingtième anniversaire de l’Accord de paix du Vendredi saint en Irlande étaient l’occasion de réfléchir aux voies et moyens de garantir la jouissance des droits de l’homme par tous.

Les objectifs de développement durable constituent une feuille de route pour les prochaines générations, les jeunes étant des experts concernant leurs besoins et leur vécu, a poursuivi M. MOORE.  En ce sens, les gouvernements devraient investir dans des initiatives d’appui aux jeunes, ce qui implique un engagement à leurs côtés et à tous les niveaux de la politique de développement, de la prise de décisions et de la mise en œuvre.  Des millions de jeunes de par le monde font tout leur possible pour pallier aux effets des changements climatiques, a affirmé M. Moore, mais ils ne peuvent le faire à eux seuls: il faudrait que toutes les autres générations fassent également de leur mieux.

Le représentant a aussi attiré l’attention sur les pratiques et normes patriarcales discriminatoires à l’encontre des filles et des femmes, qui représentent pourtant la moitié de la population mais qui ont des difficultés d’accès à des soins de santé de qualité, à l’éducation, à un emploi décent et à un salaire égal.  Il a noté que, dans les pays développés, des enfants et des jeunes souffrent de la pauvreté, vivent dans un logement non convenable ou se trouvent sans abri.  Il est du devoir des gouvernements de fournir l’infrastructure et les services nécessaires pour briser le cycle de pauvreté et aider les jeunes à devenir des acteurs du changement, a-t-il affirmé.  

M. RAMIZ BAKHTIAR, représentant de la jeunesse de l’Afghanistan, a souligné que le développement social constituait une priorité aussi bien pour le Gouvernement de son pays que pour la jeunesse afghane.  Il s’est présenté comme appartenant à une génération issue de la destruction mais animée d’un esprit de reconstruction de la société.  Il a raconté sa vie de jeune berger dans un petit village reculé, où l’éducation n’était pas accessible.  Il a dit avoir vécu dans un pays blessé, détruit, tout en faisant observer que c’est là l’histoire de tous les Afghans qui ne cessent de se battre pour libérer leur pays du joug de la guerre.

Les jeunes ont remporté de grandes victoires ces 17 dernières années, a poursuivi M. Bakhtiar, pour qui ces victoires sont visibles dans les domaines des médias, du secteur privé et de la société civile.  En 2002, les femmes et les filles étaient pratiquement interdites d’instruction, mais aujourd’hui elles représentent 39% des plus de 9,2 millions de personnes scolarisées, et 100 000 femmes figurent parmi les 300 000 étudiants.  Aujourd’hui, des enfants de parents analphabètes sont docteurs d’État, a-t-il fait observer, avant de rappeler en conclusion que plus de 70% des Afghans avaient moins de 30 ans et de demander que leur voix soit davantage entendue

Mme FIORELLA SPIZZUOCO et M. PIETRO FOCHI (Italie) ont rappelé que les jeunes d’aujourd’hui seraient les dirigeants de demain.  Ajoutant que, pour que la transition soit positive, il fallait qu’elle soit inclusive dès maintenant.  Malgré une population vieillissante, ont-ils ajouté, l’Italie est engagée en faveur d’une meilleure inclusion et d’un renforcement des capacités de la jeunesse, comme le prouve le fait que le pays ait rejoint le programme des délégués de la jeunesse.  Considérant que ce programme permettait aux jeunes d’être directement impliqués dans le processus de prise de décisions onusien, les deux représentants ont d’ailleurs appelé tous les États Membres à joindre ce programme.

Reconnaissant l’existence persistante de discriminations basées sur l’ethnie, le genre, les croyances religieuses et l’âge, les deux jeunes délégués se sont interrogés sur la façon d’aider la jeunesse en Italie et dans le monde à mieux les combattre.  Ils ont ainsi cité le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses objectifs comme étant au cœur des objectifs de leur politique de coopération au service du développement.  Et d’ajouter que la lutte contre les discriminations commençait avec l’éducation, un domaine dans lequel l’Italie promeut la coopération, l’intégration et le travail d’équipe, dans une nation où les différences culturelles et sociales sont perçues comme une richesse.  C’est dans cet état que l’Italie est candidate à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, ont-ils conclu.

Mme JASMINE LIM (Singapour) a déclaré que la population de son pays était vieillissante, un Singapourien sur sept étant âgé de 65 ans ou plus, chiffre qui passera à un sur quatre en 2030.  Cette tendance démographique exige des efforts nationaux concertés pour répondre aux besoins des personnes âgées.  À l’instar du Secrétaire général dans son rapport sur le suivi de l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur les personnes âgées, Mme Lim a mis en exergue l’importance de la fourniture de soins de santé et d’un appui aux personnes âgées.  Singapour s’est dotée d’un plan d’action pour une vieillesse réussie, lancé en 2016, et visant à canaliser l’expérience et le savoir-faire des personnes âgées vers le développement socioéconomique, a-t-elle ensuite expliqué.

Des mesures récentes ont été également prises pour le renforcement du réseau d’appui aux personnes âgées, notamment par un soutien aux familles grâce à des services destinés à aider les membres des familles et à éviter qu’ils ne s’épuisent, compte tenu du fait que leur travail est souvent non rémunéré et permanent.  Singapour explore également de nouveaux modèles de prestations de soins en dehors du cercle familial et investit dans l’appui aux soins au sein de la communauté grâce à la formation d’un plus grand nombre d’infirmier(es).  Enfin, une loi sur les adultes vulnérables a été approuvée.  Ce texte législatif autorise une intervention de l’État, en dernier recours, dans les cas où les adultes subissent ou risquent de subir des abus, ou encore se négligent et s’avèrent dans l’incapacité de s’occuper d’eux-mêmes.  

M. SAHRAOUI (Algérie) a constaté que d’importantes disparités subsistaient dans l’accès à l’éducation, aux services de santé, à l’eau potable, à l’assainissement et à la nutrition.  L’inégalité de répartition de la richesse mondiale ne cesse de s’aggraver, a-t-il déploré, affirmant que, de ce fait, « nous sommes encore bien loin de la réalisation des objectifs de développement durable ».  Dans ces conditions, a souligné le représentant, l’Algérie appelle à la mise en œuvre d’un partenariat mondial en matière de développement, centré sur le bien-être humain et la solidarité.

Sur le plan national, les différents plans adoptés depuis 2000 ont permis à l’Algérie d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, a ajouté le représentant, faisant par ailleurs état d’une stratégie pour l’éducation fondée sur deux piliers: le plein accès gratuit de tous ses citoyens à l’éducation primaire et secondaire et la lutte contre l’analphabétisme, dont le taux est passé à 10,16% contre 22,3% en 2008.  M. Sahraoui a également précisé que son pays s’efforçait de garantir une couverture santé à tous ses citoyens, notamment aux plus vulnérables, et avait adopté un train de mesures visant à renforcer le statut des personnes âgées afin de permettre leur intégration socioéconomique.   

Mme ALTEMIMI (Qatar) est revenue sur le système de protection sociale de son pays, le jugeant efficace et apte à promouvoir les droits des populations et leur assurant la dignité et un accès aux soins sans discrimination.  La protection sociale est une priorité absolue du Qatar, a-t-elle affirmé.  L’État a ainsi mis en œuvre ses plans et programmes sociaux, tout en s’efforçant de surmonter les obstacles consécutifs à un blocus unilatéral et injuste.  Malgré cette situation imposée depuis une année, le Gouvernement a continué à remplir son rôle et à venir en aide en particulier aux familles et personnes touchées de plein fouet par ce blocus, a encore déclaré Mme Altemimi.

Des initiatives ont également été prises au profit des personnes handicapées, a poursuivi la représentante.  Les jeunes sont également pris en compte dans la politique de l’État, qui les encourage à la pratique du sport et leur offre des opportunités d’emploi.  Pour finir, la représentante a fait part de l’engagement de son pays pour la poursuite de ses efforts en matière de développement social aux plans national et international.

Mgr GRYSA, observateur du Saint-Siège, a rappelé que la pauvreté mondiale avait baissé au cours de ces trois dernières décennies, notamment l’extrême pauvreté.  Un nouveau rapport de la Banque mondiale indique que la moitié des pays ont à présent des taux de pauvreté au-dessous de 3%, ce qu’il a qualifié d’« accomplissement remarquable ».  Pourtant, mettre fin à la pauvreté « dans toutes ses formes et partout » d’ici à 2030 semble rester un objectif lointain, a ajouté Mgr Grysa.  La pauvreté et les inégalités semblent souvent réduites à la seule question du développement économique, ce qui, a-t-il estimé, ne fournit qu’une réponse partielle à un problème multidimensionnel.  Nous avons vu récemment comment les personnes réagissent lorsqu’elles sont délaissées; elles se sentent ignorées, victimes d’un système qui les ignore; elles développent de la colère et rejettent le système économique et politique.  C’est la raison pour laquelle, plus que jamais, nous devons répondre collectivement et solidairement à cette pauvreté, en apportant des réponses systémiques qui considèrent l’être humain dans son intégralité, a plaidé l’observateur.

La famille, comme le dispose l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme, est le groupe naturel et fondamental de la société, a poursuivi Mgr Grysa.  Pour le Saint-Siège, les gouvernements doivent en conséquence augmenter leurs efforts pour garantir à la famille des accès aux bénéfices sociaux, particulièrement pour les ménages à faible revenu.  « Quand la famille est vulnérable, la société devient vulnérable », a poursuivi Mgr Grysa.

Quant à la jeunesse, Mgr Grysa a estimé que l’investissement envers les plus jeunes bénéficiait à l’ensemble de la société.  « Les gouvernements doivent investir dans l’éducation de la plus jeune enfance à l’enseignement secondaire » a-t-il souligné.  Enfin, il a estimé que les personnes handicapées, ainsi que les plus âgées se sentaient souvent ignorées et laissées pour compte.  Le Pape François nous rappelle de façon continue que « pour de nombreuses personnes, dont les pauvres, de nouveaux murs ont été élevés » a-t-il fait observer, avant de proposer une voie différente: « Construire des ponts, maintenir un dialogue ouvert, et continuer à compter les uns sur les autres ».

M. MANOLOV, délégué de la jeunesse de Bulgarie, a estimé que les jeunes du monde avaient un rôle essentiel à jouer pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et participer de manière significative à la mise en place de politiques de développement.  En tant que délégué de la jeunesse, a-t-il dit, nous œuvrons sans relâche pour sensibiliser l’opinion sur les défis auxquels sont confrontés les jeunes en permettant l’élaboration de solutions durables pour un changement positif.  Dans une récente consultation menée en Bulgarie, a-t-il poursuivi, nous avons interrogé plus de 700 jeunes sur leurs priorités.  Il en ressort que le chômage est une préoccupation majeure pour les jeunes en Bulgarie comme dans le reste du monde.  En effet, a-t-il constaté, la croissance économique n’a pas mené à des emplois de qualité et les jeunes ont du mal à passer du système éducatif à des emplois décents. 

Prenant à son tour la parole, M. GALEV, lui aussi délégué de la jeunesse bulgare, a estimé que l’entrepreneuriat pourrait donner aux jeunes des compétences importantes pour relever le défi de l’emploi et ainsi « transformer les défis sociaux en solutions ».  Dans cet esprit, il a appelé la communauté internationale à appuyer activement le développement des compétences entrepreneuriales afin de permettre aux jeunes d’être des facteurs d’emplois de qualité.

M. AMOS WASHINGTON, représentant de la jeunesse de l’Australie, a fait part de sa fierté de représenter une génération diverse et multiculturelle de sa vibrante nation.  Il a expliqué être allé, cette année, à la rencontre de jeunes à travers le pays avec une seule question: « À quoi ressemblerait l’Australie si les jeunes avaient leur mot à dire? »  Des localités de l’Albany à Alice Springs et de Coober à Canberra, les jeunes m’ont parlé de leurs défis, a expliqué M. Washington.  Des défis qui, en fin de compte, affectent toutes les tranches d’âge et figurent dans le Programme 2030.  Les jeunes que le représentant a rencontrés ont plaidé aussi pour une société plus juste, loin de tout harcèlement.  À cet égard, M. Washington a appelé les dirigeants à être à l’écoute des jeunes et à les associer dans la prise de décisions, car les jeunes sont « des visionnaires ».

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) s’est réjoui que le Secrétaire général ait noté dans son rapport sur le développement social que les inégalités de revenus avaient reculé, entre 1990 et 2010, de 60% dans les pays d’Asie et du Pacifique, la plus forte baisse ayant été enregistrée aux Maldives.  Ce résultat couronne les choix du Gouvernement des Maldives qui s’assure de la distribution la plus large des bénéfices du développement économique, a-t-il souligné.

Les Maldives, a poursuivi le représentant, font en sorte que la population des 188 îles habitées de l’archipel ait accès à la protection sociale et à des services abordables.  Le pays fournit une éducation primaire et secondaire à tous les enfants, sans discrimination.  Avec 9% de son PIB consacré à l’éducation, il est le pays qui dépense le plus dans ce secteur en Asie du Sud-Est.  Les Maldives ont désormais un taux d’alphabétisation proche du niveau mondial.  Sur le plan sanitaire, le pays a atteint son taux de mortalité infantile le plus bas et éliminé des maladies comme la polio, la varicelle et le paludisme, s’est félicité M. Mohamed, qui a en outre fait état d’actions en faveur des personnes âgées et des personnes handicapées.  Il a enfin appelé la communauté internationale à faciliter le financement de la protection sociale des petits États insulaires en développement, laquelle sera toujours un défi compte tenu de la dispersion des populations.

M. CHOI EUN JAE (République de Corée) a tenu à mettre en avant, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, les trois caractéristiques qui garantissent selon lui un développement harmonieux: la place décisive de la jeunesse, l’égalité des genres et une société civile robuste.  Il s’est félicité à ce titre que la République de Corée ait pris plusieurs actions en ce sens.  Selon lui, la République de Corée « a construit une société inclusive qui prend en compte la voix de la jeunesse » et lancé des initiatives et des plans à destination des femmes et de l’égalité des genres.  Il bénéficie aussi d’une société civile active, qui a joué un rôle central ces dernières décennies dans la promotion des droits de l’homme et de la démocratie dans le pays.

M. Choi a conclu en soulignant l’espoir que représentait aux yeux de toute la péninsule la réaffirmation, par les dirigeants sud et nord-coréens, d’un désir commun d’en finir avec 70 ans d’hostilités.  S’il a reconnu que « la paix n’est jamais acquise compte tenu de notre histoire », il a réaffirmé qu’elle restait, avec la liberté et la prospérité, les éléments « fondamentaux pour construire un futur socialement, économiquement et écologiquement durable ».

M. NEJAD (République islamique d’Iran) a dénoncé l’imposition de sanctions unilatérales « inhumaines et illégales » comme des pratiques clairement destructrices et préjudiciables.  Elles ciblent ouvertement et de manière aveugle la vie quotidienne de citoyens ordinaires et sont conçues pour saper les réalisations sur le front du développement social, a-t-il accusé.

Le représentant a ensuite indiqué que son pays avait promulgué, en avril 2018, une loi globale de protection et promotion des droits des personnes handicapées qui favorise la création d’emplois, la fourniture d’une assurance-maladie et octroie une allocation mensuelle, tout en réservant à ces personnes 3% des postes vacants dans le secteur public.  La République islamique d’Iran accueillera par ailleurs la Conférence biennale régionale sur les personnes âgées, du 23 au 25 octobre prochain, a-t-il rappelé.

Mme WATTANAYAKORU (Thaïlande) a prôné une devise qu’elle a intitulée « les trois P », afin d’impulser les transformations nécessaires à l’édification de sociétés plus résilientes et durables.  Le premier P est pour « peuple » car, a-t-elle ajouté, « le peuple est le fondement de la société ».  Toute société durable doit donner à son peuple les moyens de s’autonomiser et de s’élever par le biais d’une éducation de qualité.  Le deuxième P fait référence à la planète: « Nous devons protéger les ressources naturelles et l’environnement sur la terre, sous l’eau et dans les airs pour les futures générations », a appelé la représentante.

Enfin, le troisième P a trait à la notion de partenariat.  Pour illustrer son propos, la représentante a rappelé l’opération de sauvetage très médiatisée d’une équipe thaïlandaise de football coincée dans une grotte, à la suite de brusques inondations survenues dans la province de Chiang Rai.  Selon elle, sans un partenariat étroit entre acteurs publics, privés et de la société civile, thaïlandais ou internationaux, cette opération n’aurait pas été un tel succès. 

M. DOMINIK PORVAZNIK, délégué de la jeunesse de Slovaquie, a salué l’ONU pour le lancement de sa stratégie pour les jeunes « Jeunesse 2030 », estimant qu’elle allait réellement émanciper les jeunes partout dans le monde, si elle est mise en œuvre.  Il s’est félicité qu’aujourd’hui, de plus en plus, la voix des jeunes est entendue: « la preuve, je suis ici! ».  Il a appelé à établir une confiance entre les générations pour aller de l’avant.

Une autre question qui a retenu son attention, alors qu’il se promenait dans ce bâtiment « rempli d’idéaux » est l’utilisation de sacs plastiques aussi bien dans la cafétéria que dans les boutiques.  Le plastique est partout, a-t-il regretté.  Il s’est interrogé, alors même que l’Organisation mondiale promeut les objectifs du développement durable: est-ce que les Nations Unies prennent réellement au sérieux ces ODD?  Il a cité à cet égard le Nouveau Testament: « Quand on peut faire confiance à quelqu’un pour une toute petite chose, on peut lui faire confiance aussi pour une grande.  Quand on est digne de confiance, on l’est pour les petites et grandes choses »!

Mme BARBORA ANTONOVICOVA et M. PRATIK PLAVEC (République Tchèque) ont évoqué l’histoire de leur pays et le rôle historique qu’ont joué les jeunesses tchèques et slovaques dans les mouvements de résistance et d’indépendance de la région.  Ils ont ensuite appelé à une implication massive de la jeunesse dans la vie publique et à une éducation hautement inclusive de qualité, cela étant nécessaire à une société durable et en continuelle évolution.

Abordant la question de l’éducation, les deux représentants de la jeunesse ont appelé à des changements majeurs dans ce domaine, de manière à permettre la réflexion critique et des débats honnêtes à l’école, mais également à apprendre les compétences nécessaires à leur intégration réussie dans le marché du travail.  Ils ont également insisté sur l’importance de la reconnaissance des capacités d’innovation des jeunes et ont appelé à un dialogue intergénérationnel constructif.  Ils ont conclu en mentionnant l’importance du dialogue avec la jeunesse tchèque, dialogue vital pour la construction de la société civile démocratique chère à Vaclav Havel, ancien dissident et premier Président de la République tchèque après l’indépendance du pays.

Mme ELMARMUR (Libye) a déclaré que les progrès réalisés par son pays dans le domaine du développement social étaient à la hauteur de ses ambitions.  La Libye reste toutefois confrontée à d’importantes difficultés socioéconomiques qui l’empêchent de parvenir aux objectifs de développement durable prévus par le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En dépit de ces difficultés, a-t-elle déclaré, nous avons lancé des programmes de réformes économiques destinés à améliorer les conditions de vie de nos citoyens et venir en aide aux catégories les plus vulnérables, parmi lesquelles les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes et les enfants.

S’agissant des enfants, la représentante a rappelé que la Libye avait ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant.  Elle s’est également déclarée satisfaite de la coopération entre son pays et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  D’une manière générale, a-t-elle poursuivi, nous coordonnons notre action avec les différentes entités de l’ONU afin, notamment, de jeter les fondements d’une bonne gouvernance, élaborer une stratégie d’après-conflit intégrant les femmes et les jeunes, favoriser une économie diversifiée et fournir une assistance humanitaire à ceux qui sont touchés par la crise.  En conclusion, Mme Elmarmur a souligné que le développement social supposait de s’attaquer aux inégalités de revenus entre pays développés et en développement, ces derniers ayant besoin d’une aide internationale pour mettre en œuvre leurs politiques.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a rappelé le défi majeur que représente l’éradication de la pauvreté pour de nombreux pays dans le monde, ajoutant que, dans le cas de la Zambie, le niveau de pauvreté avait baissé mais qu’il restait élevé chez les populations vulnérables telles que les femmes et les personnes handicapées.

Le représentant a ensuite précisé les différences entre la pauvreté rurale, qui touche 76,6% de la population des campagnes de son pays, et celle urbaine, qui affecte 23,4% de la population citadine zambienne, et ce, malgré une croissance économique moyenne de 5,8% par an entre 2000 et 2005 et de 6,9% entre 2006 et 2015.  Expliquant les facteurs à l’origine de la pauvreté, M. Kapambwe a mentionné l’hyperdépendance économique du pays envers ses exportations de cuivre, matière première dont la valeur sur le marché ne cesse de décliner.  Il a également fait référence au taux de natalité élevé et au VIH/sida qui affecte la population active.

Le représentant a ensuite fait mention des programmes de protection sociale mis en place par le Gouvernement à destination des personnes vulnérables et plus spécifiquement des personnes handicapées, des enfants et des personnes âgées.  Il a ajouté que le pays s’était engagé à protéger les droits des travailleurs, tels que notamment le droit d’association et le droit à la négociation collective, ainsi que le droit à l’égalité salariale à travail égal.

M. MATTHEW GRÉANT et Mme SARA COGHE, représentants de la jeunesse de Belgique, ont axé leur intervention sur la participation des jeunes comme catalyseurs de la paix durable.  Ils ont noté que, malgré Internet et les trains à grande vitesse, de nombreux jeunes se sentaient en insécurité, vulnérables et seuls.  L’éducation devrait être l’un des outils idoines pour leur autonomisation.  Elle leur permettrait, ont-ils expliqué, d’avoir un espace sûr pour échanger et apprendre les uns des autres, promouvoir la paix et ouvrir leur esprit au monde.  En d’autres termes, une bonne éducation devrait aider les jeunes à trouver leur place dans la société et empêcher qu’ils ne soient des cibles faciles en cas de conflit. 

Les deux jeunes représentants belges ont rappelé que la moitié de la population mondiale a moins de 27 ans.  Les jeunes ont donc leur mot à dire dans le processus de prise de décisions, notamment en ce qui concerne le droit de vivre en sécurité, ont-ils insisté.  Les jeunes doivent être considérés comme des acteurs clefs pour la paix durable, comme cela a été fait pour les femmes dans le cadre de la résolution 1325 2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Si les jeunes sont certes impliqués dans les conflits armés en tant que victimes, directes ou indirectes, on doit également reconnaître leur rôle d’acteurs du changement et de paix, ont-ils plaidé. 

Pour les deux représentants, autonomiser les jeunes revient à leur offrir une éducation de qualité, des services de santé de base ou encore les ouvrir à des programmes de mentoring qui les mettront au contact des problèmes de leur communauté.  Il faut aussi veiller à les consulter régulièrement afin d’être au courant de leurs besoins et priorités.  Les jeunes doivent pour leur part se lever pour défendre leurs droits et prendre leurs responsabilités.  Les jeunes ne veulent pas être représentés, ils veulent plutôt être présents, ont conclu les deux intervenants.

M. ESCALANTE HASBUN (El Salvador), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC, a exprimé sa profonde préoccupation face à l’augmentation des inégalités dans le monde, alors que 1,6 milliard de personnes vivent dans la misère et que la pauvreté extrême ne cesse de croître.  La CELAC, a-t-il indiqué, exprime son soutien déterminé à la relance d’une organisation mondiale pour le développement associant tous les pays qui contribueraient selon leurs capacités et leurs ressources, financières et technologiques.  Pour enrayer la spirale de la pauvreté et de la vulnérabilité et promouvoir le bien-être des personnes de tous âges, il faut prendre des mesures proactives au niveau national et international, a-t-il insisté.

Rappelant que de nombreux jeunes de la région, qui constituent une part importante de la société en Amérique latine, sont privés d’éducation et d’un emploi décent, le représentant a également noté que le nombre d’adultes de plus de 60 ans atteindrait 56% de la population en 2050 et que c’est dans le monde en développement que cette croissance sera la plus élevée.

Par conséquent, la CELAC appelle l’ensemble des États Membres à établir un système de protection sociale à caractère universel capable de prendre en charge les questions d’âge, de handicap et de genre.  Elle demande aussi au Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement d’envisager la possibilité d’une convention internationale pour la promotion et la protection des droits des personnes âgées.

Mme KULDMAA (Estonie) a déclaré qu’il fallait faire encore plus pour l’implication des jeunes.  Elle a mentionné le Conseil national de la jeunesse d’Estonie, qui collabore avec le Ministère de l’éducation, tout en déplorant qu’il n’y ait pas plus d’initiatives du même genre.  Elle a insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de faire de la participation des jeunes une priorité et a encouragé les États Membres à adopter des stratégies spécifiques à destination de la jeunesse.

Mme Kuldmaa a également insisté sur la nécessité de la garantie d’un enseignement inclusif pour tous.  Sur les nouvelles technologies de la communication, elle a rappelé qu’Internet mettait le savoir à portée de clic et permettait un accès à l’éducation de plus en plus large.  Enfin, la représentante a mentionné les facteurs socioéconomiques et la nécessité d’autonomiser les personnes, notamment handicapées.  Elle a précisé que l’accès à l’enseignement professionnel et au troisième cycle permettait aux jeunes de s’adapter aux changements du marché du travail et devait donc être généralisé.  Insistant sur l’importance de l’éducation, la représentante a conclu en citant Malala: « Un enfant, un enseignant, un livre, tout ça peut changer le monde ».

M. RODRIGO (Sri Lanka) a rappelé que cela fait trois ans que la communauté internationale met en œuvre le Programme 2030, qui vise à ne laisser personne sur le bord du chemin.  Pour le représentant, le développement inclusif doit être au centre des objectifs de développement durable.  C’est pourquoi Sri Lanka accorde la priorité aux groupes les plus vulnérables de sa population, à commencer par les jeunes.  Attaché au développement des compétences de la jeunesse au niveau national, Sri Lanka aligne cette action sur ses programmes d’éducation, a précisé le représentant, non sans rappeler qu’en 2014, son pays avait corédigé sur ce thème une résolution de la Troisième Commission, avec le Portugal.

Soulignant d’autre part l’importance du respect des droits des personnes handicapées, M. RODRIGO a indiqué que Sri Lanka avait ratifié la Convention pertinente des Nations Unies en 2016.  Le Gouvernement a également mis en place un cadre pour l’enseignement, la formation et l’emploi des personnes handicapées, tout en veillant aux besoins socioéconomiques de ces personnes par le biais d’un plan d’action lancé l’an dernier.  En conclusion, le représentant a réaffirmé l’importance du développement social comme pilier pour la réalisation effective des objectifs de développement durable.

Mme TIJANA CUPIC et M. NIKOLA PETROVIC (Serbie) ont insisté sur l’importance de « Jeunesse 2030 », la stratégie pour la jeunesse récemment lancée par les Nations Unies.  Ils ont notamment estimé que la jeunesse d’aujourd’hui était confrontée à des sociétés structurellement différentes de celles qu’ont connues leurs parents au même âge.

La Serbie partage des défis auxquels font face les pays développés mais également certains de ceux que connaissent les pays en développement, ont déclaré les deux représentants, qui ont mentionné diverses politiques mises en place par le Gouvernement de la Serbie pour y remédier, citant notamment le Fonds pour les jeunes talents, qui a pour but de soutenir les futurs leaders de la jeunesse qui participeront à la création d’une société prospère. 

Citant enfin le prix Nobel de littérature Ivo Andrić - « Être un homme, être né sans le savoir, sans l’avoir voulu, être jeté dans l’océan de l’existence.  Être obligé de nager, d’exister » - les deux jeunes représentants ont déclaré que le temps de la jeunesse était venu, que ses responsabilités étaient immenses, et qu’elle souhaitait agir pour un monde meilleur, en encourageant son engagement et sa participation, ainsi que le partenariat et la coopération entre nations.

MM. XAVIER BIEGMAN et EMMANUEL SANVISI, membres du Parlement des jeunes du Suriname, ont évoqué deux cas de suicide de jeunes provoqués par les médias sociaux, avant de relever que « nous vivons dans une période où les avancées technologiques et la mondialisation ont permis aux médias sociaux de devenir l’outil de communication le plus puissant de tous les temps ».  Ils ont précisé qu’au Suriname, Facebook était le média social le plus utilisé par les jeunes.  Malheureusement, les sujets tels que les violences interpersonnelles, la pornographie et le harcèlement en ligne sont aussi les plus partagés entre jeunes, ont-ils déploré.

Les deux jeunes représentants ont également parlé de la peur du FOMO (« Fear of missing out ») qui désigne la hantise de ne point être à jour des dernières nouvelles relayées dans les médias sociaux.  Cette angoisse, ont-ils expliqué, empêche les jeunes de se reposer, et on constate que « les médias sociaux ont modifié pour toujours notre manière de communiquer, de se connecter et même de percevoir la réalité ».  Les parlementaires ont souhaité que les jeunes et les adultes puissent utiliser la technologie afin de créer des communautés meilleures.

M. Biegman et M. Sanvisi ont ensuite souligné l’importance pour chaque enfant de ressentir l’amour d’un père, déplorant ainsi l’augmentation du nombre de familles monoparentales, une situation qui cause du tort aux familles et à la société toute entière, selon eux.  Ils entendent donc sensibiliser les garçons et les jeunes hommes à leurs responsabilités, tout en invitant les pères à jouer pleinement leur rôle dans la vie de leurs enfants. 

M. HENDRICKS (Afrique du Sud) a fait remarquer que cette année marquait le centième anniversaire de la naissance de feu de l’ancien Président sud-africain Nelson Mandela, dont les idéaux continuent d’orienter les efforts déployés par le pays pour améliorer le sort de sa population.  Le récent « Sommet Nelson Mandela » a été l’occasion pour les États Membres de faire le point sur les efforts qui restent à réaliser pour tendre vers un véritable développement social, a-t-il ajouté.

Depuis l’avènement de la démocratie, le Gouvernement sud-africain œuvre à faire reculer la pauvreté et à assurer une meilleure protection pour les personnes âgées, a poursuivi le représentant.  À cet égard, l’Afrique du Sud remercie le Comité sur les droits des personnes handicapées pour les débat sur la protection des droits de ces personnes en tant que citoyens à part entière.  Alors même que la situation économique s’aggrave, le Gouvernement sud-africain progresse dans la réalisation des droits des personnes handicapées au travers d’un plan d’action, a affirmé le représentant.  M. Hendricks a conclu en affirmant qu’en Afrique du Sud comme ailleurs dans le monde, le développement social ne pourra être assuré sans des investissements dans la jeunesse, laquelle continue d’être la première victime de la crise économique.

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a indiqué que le Myanmar avait lancé, en janvier dernier, la mise en œuvre de sa politique pour la jeunesse, en collaboration avec plusieurs parties prenantes, dont les agences du système des Nations Unies.  Cette politique crée des opportunités pour que les jeunes soient à jour dans le domaine de l’innovation et des technologies émergentes, qui sont en train de transformer le marché de l’emploi.  Parallèlement, la Conseillère d’État, Daw Aung San Suu Kyi, accorde une attention particulière non seulement au développement des jeunes en général mais aussi à leur participation dans la consolidation de la paix.  Elle a ainsi tenu des pourparlers de paix avec des jeunes dans plusieurs villes et États du pays, a déclaré le représentant.

Pour ce qui est des personnes âgées, le représentant a expliqué que la tradition veut que la famille prenne soin des parents, des grand-parents et des proches âgés, mais a ajouté qu’en juin 2014, le Comité national pour les personnes âgées avait adopté une politique pour mieux les protéger et promouvoir leur bien-être.  Un plan de pension sociale pour les personnes de 90 ans et plus a d’ores et déjà été lancé par ledit Comité, tandis que plus de 80 foyers et centres de soins communautaires opèrent au Myanmar au profit de plus de 3 000 personnes âgées.  Le pays s’efforce également de protéger les droits des personnes handicapées par l’application de la loi du 5 juin 2015, adoptée dans le sillage de la ratification, fin 2011, de la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées.  Un plan stratégique visant à l’amélioration de la qualité de vie des personnes handicapées est également en cours de préparation, conformément à la Stratégie d’Incheon.  Enfin, le Myanmar a signé, le 21 septembre dernier, avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Programme de pays pour un emploi décent 2018-2022. 

M. POUDYAL (Népal) a déclaré que la lutte contre la pauvreté était au centre du processus de développement.  Il a déploré que, malgré des progrès remarquables réalisés dans le monde dans le domaine du développement social, des inégalités dans et entre les pays persistent encore et que l’exclusion sociale reste une réalité.  S’attardant sur la situation des pays les moins avancés, le représentant a fait observer qu’ils étaient les plus fragiles, notamment les États enclavés ou insulaires, et qu’ils devaient donc bénéficier de davantage d’attention.

Le Népal est un pays multiethnique et pluri-religieux, a poursuivi M. Poudyal, qui a en outre précisé que tous les groupes vulnérables étaient représentés au sein des institutions publiques.  Il a expliqué qu’un système de quotas assurait la représentation des femmes lors des élections et au sein des emplois publics.  Elles sont également présentes à hauteur de 41% dans les assemblées du pays, s’est-il enorgueilli. 

Le représentant a conclu son intervention en mentionnant le fait que, malgré un modeste système de protection sociale, le Gouvernement du Népal avait mis en place des programmes visant les groupes les plus vulnérables tels que les personnes âgées, handicapées et les femmes non mariées.

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a évoqué l’ambition d’émergence du Mali, notamment grâce au lancement d’un nouveau modèle social fondé sur l’égalité, la justice sociale et la création des conditions de réussite pour tous.  S’agissant de l’emploi des jeunes, le représentant malien a rappelé l’annonce par le Chef de l’État malien de la prise de mesures nécessaires pour libérer l’initiative privée, favoriser l’emploi, l’entrepreneuriat et l’industrie. 

De même, le Mali accorde une haute priorité à la promotion des femmes et des jeunes dans la société malienne, a poursuivi le représentant.  Cet engagement est illustré par la présence de jeunes et de femmes au sein du Gouvernement nommé le 9 septembre dernier, a fait observer M. Konfourou, qui a aussi relevé que le Gouvernement malien restait soucieux de maintenir et renforcer la tradition de solidarité entre les différentes couches de la société, particulièrement au bénéfice des plus défavorisés.  Dans cette veine, le mois d’octobre est intitulé mois de la solidarité au Mali.  Les pouvoirs publics, les dirigeants traditionnels et religieux, les opérateurs économiques et la société civile intensifient alors les actions de soutien et de solidarité à l’endroit des couches les plus vulnérables du pays, notamment les personnes âgées, a également déclaré le représentant

M. SAN EZE DURUIHEOMA (Nigéria) a présenté la politique de son gouvernement pour accélérer la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le Nigéria, a-t-il indiqué, a adopté un ambitieux plan de développement à moyen terme de trois ans, le Plan de reconstruction et de croissance économique (ERGP).  Un organe spécifique, le National Social Investment Office, a été institué sous la responsabilité du Vice-Président pour garantir la coordination, la mise en œuvre et faciliter l’accès aux stratégies de développement et engager la responsabilité au plus haut niveau politique, a-t-il expliqué.  Le Plan s’accompagne d’un programme d’aide sociale qui assure une aide mensuelle à un million de foyers pauvres et en difficulté et facilite l’accès au microcrédit avec des prêts à taux zéro pour un million d’entrepreneurs.

Les politiques du Gouvernement du Nigéria visent en particulier à éradiquer les inégalités au sein de la jeunesse en favorisant la création d’emplois pour 500 000 jeunes diplômés dans le pays, a expliqué le représentant.  À ce stade, 400 000 d’entre eux ont été affectés à l’agriculture, la santé et aux secteurs technologiques, a-t-il détaillé.  Pour les non-diplômés, le programme, qui compte toucher 100 000 artisans chaque année, a déjà créé plus de 30 000 postes, a-t-il poursuivi.  En outre, en abaissant l’âge minimum à 35 ans pour se présenter à la Présidence, le Gouvernement a déjà suscité un regain d’intérêt pour le scrutin présidentiel de 2019, a souligné M. Duruiheoma.

Par ailleurs, a poursuivi le représentant, le Président a signé cette année le National Senior Citizens Act, texte de loi qui institue des centres spécialisés pour l’accueil des personnes âgées, où elles sont assurées de recevoir des soins, une attention et une orientation adaptés.  Les fonctionnaires approchant de la retraite bénéficient d’une formation leur permettant de valoriser leur revenu, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Enfin, le représentant a conclu en rappelant l’attachement du Nigéria à la notion de famille, le centre de la vie sociale qui assure le bien-être de ses membres et l’éducation des jeunes et des enfants, a-t-il insisté.  Il a donc prévenu que son pays continuerait de s’opposer à toute tentative de redéfinir le concept de famille et travaillerait avec les pays qui, comme lui, entendent sanctifier cette cellule.

M. BIN MOMEN (Bangladesh) a expliqué que son pays travaillait sans relâche pour combattre la pauvreté, ce qui lui avait permis de gagner trois places et de se hisser au cent-trente-sixième rang parmi 189 pays dans le classement en fonction de l’indice de développement humain réalisé par le Programme des Nations Unies pour le développement.  Et ce, a précisé le représentant, grâce à des investissements dans le domaine de l’assainissement, de l’eau et des jeunes ainsi qu’au soutien du secteur privé.

M. Bin Momen s’est félicité du taux de 100% d’enfants ayant accès à l’école primaire et de la réduction du taux d’alphabétisation dans son pays.  Il a également mentionné l’importance du bénévolat et de la législation de 2016 débloquant des fonds à l’attention des organisations de jeunesse, afin de soutenir le bénévolat.

M. MOLINA LINARES (Guatemala) s’est félicité de la tenue de ce débat de fond sur le développement social qui, à ses yeux, reflète l’engagement de la communauté internationale de participer activement à la réduction des inégalités et de garantir l’intégration sociale de tous les citoyens au sein de sociétés pacifiques, démocratiques et inclusives.  Le représentant s’est dit en accord avec le Secrétaire général pour reconnaître la nécessité d’avancer rapidement vers la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial pour le développement social et les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, afin de ne laisser personne pour compte.

Se disant conscient des conditions de vie difficiles des personnes âgées, tant sur le plan des revenus que de la sécurité sociale, M. Molina Linares a également relevé que la situation de dépendance de ces personnes les rendait encore plus vulnérables et les exposait à des risques de violence.  À cet égard, il s’est prononcé pour un renforcement des institutions veillant aux libertés fondamentales des personnes âgées et a appelé de ses vœux l’élaboration d’un instrument international spécifique qui tiendrait compte des besoins des aînés.

M. BARRO (Sénégal) a déclaré que le principe de l’inclusivité consistant à « ne laisser personne pour compte » exigeait des programmes ambitieux pour combler les inégalités et contribuer ainsi à la réalisation des objectifs et cibles en faveur de tous les peuples et à tous les niveaux de la société.  Rappelant que les politiques d’élimination de la pauvreté et d’autonomisation des couches vulnérables sont étroitement liées et se renforcent mutuellement, il a souligné que le Gouvernement du Sénégal s’est résolument tourné vers la promotion du capital humain à travers le Plan Sénégal Emergent (PSE), principale référence de sa politique économique et sociale.

L’accent est mis sur la promotion du développement humain durable par le renforcement et la mise en place des mécanismes pertinents visant une meilleure autonomisation des couches vulnérables et des familles démunies, a expliqué le représentant.  Il est mis également sur le renforcement des capacités productives des organisations féminines en vue de lutter contre les facteurs structurels qui engendrent et perpétuent les inégalités sociales.  Le Sénégal a lancé de nombreux programmes sociaux, notamment la Carte d’égalité des chances, qui permet aux personnes handicapées d’accéder à des avantages multisectoriels; la Couverture maladie universelle, qui a pour objectif d’assurer l’accès aux soins sanitaires à 80% de la population; ou encore les Bourses de sécurité familiale destinées à renforcer les capacités productives et à relever le niveau d’éducation dans les familles vulnérables.

Le Sénégal a également constaté que les grands défis multidimensionnels du développement social ont un rapport de plus en plus affirmé avec les changements climatiques, la sécurité hydrique et alimentaire, l’énergie, l’utilisation des sols et les catastrophes naturelles ou anthropiques. 

M. YOUSSOUF MOUSSA (Djibouti) a observé qu’en matière de développement social, et particulièrement depuis le Sommet social de Copenhague et le lancement du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le constat reste le même: les problèmes sociaux nourrissent de profondes inquiétudes qui trouvent leur origine dans la crise économique et sociale.  Malgré les efforts de la communauté internationale, beaucoup reste à faire pour sortir de cette voie sans issue, a reconnu le représentant, soulignant la nécessité de mettre en œuvre des politiques inclusives pour faire reculer la pauvreté et générer plus d’intégration sociale.

À cet égard, la poursuite des efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable est cruciale, a estimé le représentant.  « Le développement social est inextricablement lié au développement économique et constitue l’une des pierres angulaires de l’action du Gouvernement djiboutien », lequel a élaboré la « Vision Djibouti 2035 » en vue de construire l’avenir du pays, a expliqué M. Moussa.  Cette démarche de planification du développement trace le cap pour les prochains plans nationaux de développement, a-t-il précisé, ajoutant que la Stratégie de croissance accélérée et de plein emploi 2015-2019 visait, quant à elle, à assurer une transformation structurelle de l’économie et à protéger les équilibres environnementaux sur le long terme.

M. AITBAEV, délégué de la jeunesse du Kirghizistan, a indiqué que les jeunes entre 14 et 35 ans représentaient plus de la moitié de la population.  Conscient de l’importance de l’éducation et du développement de la jeunesse, le Gouvernement a approuvé le Programme de développement de politiques pour la jeunesse pour la période 2017-2020 qui, a-t-il expliqué, vise à former une nouvelle génération de citoyens responsables capables de participer au développement durable du pays.

De nombreux efforts sont également déployés pour développer les zones rurales du pays, où vit la majorité des jeunes, a poursuivi le représentant.  L’année 2018 a ainsi été consacrée Année pour le développement des régions du Kirghizistan dans le but, entre autres, de promouvoir les perspectives d’exportations régionales, d’améliorer les services de transport et d’élargir l’accès aux services de soins et d’éducation.

M. Aitbaev a également insisté sur l’importance de la coopération internationale pour assurer l’éducation et l’emploi des jeunes, combattre la toxicomanie et le crime, éliminer la pauvreté et promouvoir l’intégration sociale.  Il a aussi dit l’importance de lutter contre la propagation de l’extrémisme et du terrorisme.  Cela est très important pour le Kirghizistan, situé à la croisée de différents réseaux de trafics de drogue, a-t-il précisé.

M. Aitbaev a par ailleurs fait observer que cette année marque le quatre-vingt-dixième anniversaire de l’écrivain kirghize Chyngyz Aitmatov, chantre de la tolérance et du dialogue interculturel.  En outre, la troisième édition des Jeux nomades mondiaux a permis de manifester l’engagement des participants à l’égalité, au respect mutuel des cultures et à la coopération, a-t-il fait valoir.

Mme ALZAABI, déléguée de la jeunesse des Émirats arabes Unis, a souligné que son pays œuvrait de manière effective pour le renforcement du rôle des jeunes et leur habilitation à participer aux affaires du pays.  Elle en a voulu pour preuve la nomination en 2016 d’une Ministre d’État chargée des jeunes, elle était alors âgée de 22 ans, la plus jeune responsable jamais nommée à ce poste dans le monde, ce qui témoignait, selon elle, d’une volonté d’associer les jeunes à la prise de décision.

M. ALBRAIKI a voulu partager avec ses pairs les initiatives menées par les jeunes des Émirats arabes unis, notamment le lancement en 2016 de la « Série jeunesse » qui a donné la tribune à quelque 20 000 jeunes pour discuter dans le cadre de 84 épisodes de « nos idées et visions » avec les décideurs et responsables nationaux et mondiaux.  Pour finir, le représentant a plaidé pour que « nous les jeunes, moteurs du changement » prenions « notre avenir en main ».

Mme NURIA MOHAMMED (Éthiopie) a rappelé qu’en 1995, au Sommet mondial pour le développement social de Copenhague, les gouvernements présents avaient promis de réduire la pauvreté, avec pour objectif le plein emploi, et ce, en favorisant l’intégration sociale.  « Ces engagements restent valident aujourd’hui », a-t-elle déclaré.

L’Éthiopie estime que les questions de développement social sont cruciales pour le développement durable, afin d’éradiquer la pauvreté extrême et faire avancer l’intégration sociale basée sur l’égalité des chances dans l’éducation.  Tous ces efforts sont basés sur des mesures politiques légales et constitutionnelles et appliquées dans des cadres institutionnels établis, a déclaré la représentante.  Le Gouvernement éthiopien a ainsi adopté une Politique nationale de protection sociale qui couvre d’importantes questions comme la promotion d’opportunités dans l’emploi, la promotion de l’assurance sociale, l’augmentation des accès aux services sociaux et la protection juridique pour les plus pauvres.  En outre, l’Éthiopie attache la plus grande importance aux droits des personnes handicapées et a pris des mesures concrètes pour promouvoir leur pleine participation et l’égalité des opportunités dans toutes les sphères de la société.

Nous croyons fermement à l’importance de la famille en tant qu’agent de développement et reconnaissons que les politiques familiales font partie intégrale du développement inclusif, a poursuivi Mme Mohammed.  Nous prenons le volontarisme dont font preuve les jeunes comme un aspect important du développement social, a-t-elle ajouté.  Ainsi, le nombre de jeunes qui participent à un travail bénévole a augmenté significativement, ce qui a permis d’économiser des millions.  Pour faire face au défi du chômage des jeunes, l’Éthiopie a mis en place un Fonds spécial dédié aux jeunes.  De plus, le Gouvernement travaille pour étendre les petites et moyennes entreprises, en établissant des parcs industriels, qui sont une source majeure d’emploi, a-t-elle conclu. 

M. MOHAMED AWADALLA SALLAM ADAM (Soudan) a estimé que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constituaient les piliers de toute politique de développement social.  Dans ce cadre, a-t-il précisé, le Soudan a élaboré un plan de lutte contre la pauvreté en 17 points, dont l’emploi des jeunes, leur intégration dans le secteur législatif et exécutif, la lutte contre l’analphabétisme, la scolarisation à 100% dans le primaire et la sécurité alimentaire.

Prendre soin des personnes âgées, comme le font les familles soudanaises, est une autre priorité du Gouvernement, a poursuivi le représentant.  Nous agissons pour fournir une assistance à ces personnes en fonction du recensement de leurs besoins, a-t-il expliqué.  Pour ce qui est de l’intégration des personnes handicapées, le Soudan dispose d’une stratégie visant à leur offrir un travail décent dans les secteurs public et privé et à leur attribuer des logements sociaux.  Le représentant a conclu en reconnaissant que le Soudan n’avait pas encore réussi à atteindre les objectifs qu’il s’est fixés en matière de développement.  Selon lui, la coopération internationale doit être renforcée pour permettre aux pays en développement de faire face à cette difficulté structurelle.

Mme SENTISSI (Maroc) a déclaré que, malgré les progrès réalisés vers le développement social, la pauvreté accablait encore trop de personnes, ajoutant que les disparités restaient aussi source d’inquiétude.  C’est pourtant notre responsabilité commune de relever ces défis, a-t-elle déclaré.  Le Maroc prend son engagement envers le Programme de développement durable à l’horizon 2030 avec le plus grand sérieux, a assuré la représentante.  « Notre pays s’est engagé dans un vaste processus de réformes politiques, sociales, économiques et religieuses », a rappelé Mme Sentissi.  Le pays s’est inscrit dans une dynamique de changement pour renforcer l’état de droit et la démocratie, ainsi que l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à la protection sociale.  L’Initiative nationale pour le développement humain, lancée par le Roi Mohammed VI en 2005, a contribué à endiguer la pauvreté, l’exclusion et à réduire les disparités interrégionales, a poursuivi la représentante, qui a expliqué que la troisième phase de cette initiative, qui porte sur la période 2019-2023, venait d’être lancée, avec une enveloppe de 18 milliards de dirhams marocains (environ 1,9 milliard de dollars des États-Unis).  « Investir dans le capital humain, c’est investir dans le futur du pays », a-t-il déclaré.

Pour le Maroc, la jeunesse a toujours été un enjeu stratégique majeur, une force motrice du pays et un pilier fondamental de son développement, a poursuivi Mme Sentissi.  Le Haut-Commissariat au Plan conduit, depuis 2004, une réflexion prospective sur le Maroc 2030, laquelle est arrivée aujourd’hui à la phase d’exploration des scénarios alternatifs ou de rupture, a poursuivi la représentante.  Après débats, le Maroc pourra choisir d’inscrire l’itinéraire stratégique de son développement économique et social, a-t-elle expliqué, précisant que des forums, séminaires et études avaient porté sur l’environnement géostratégique et géoéconomique, la société, les sources de croissance, l’énergie, l’agriculture et le tourisme, le but étant de comprendre comment les jeunes marocains se projettent en 2030.

Mme DARYNA HORBACHOVA (Ukraine) a estimé que l’Ukraine connaissait une des meilleures dynamiques de croissance parmi les marchés émergents.  En dépit de dépenses lourdes en matière de défense, dues à l’agression d’un pays étranger, l’Ukraine connaît des transformations fondamentales sur les fronts économiques et sociaux, a-t-elle déclaré.  « Nous avons constamment accompli des réformes progressistes, que ce soit dans l’éducation, la santé, les retraites, l’administration publique, la décentralisation ou la lutte contre la corruption », a-t-elle affirmé.

Le Plan stratégique de réduction de pauvreté, adopté en 2016, vise à protéger les plus pauvres, a poursuivi la représentante, pour qui l’Ukraine s’est engagée à renforcer le potentiel des jeunes en lançant, en 2017, une loi intitulée « Sur l’Education », qui envisage une transformation systémique du secteur de l’éducation, afin de proposer un environnement transformationnel dans lequel les étudiants développent des compétences indépendamment et acquièrent de la connaissance.

La représentante a ensuite déclaré que, d’après les estimations des Nations Unies, 3,4 millions de personnes vivant dans le Donbass avaient besoin d’assistance humanitaire et de protection en raison de l’agression russe.  En raison des quelque 1,5 million de personnes déplacées internes depuis 2014, l’État ukrainien a multiplié par six les allocations mensuelles de ces personnes, a-t-elle affirmé.  L’Ukraine a aussi adopté une Stratégie d’intégration et de solutions durables pour les déplacés internes à l’horizon 2020, qui dresse les contours de mesures ayant pour but d’améliorer leurs capacités, d’améliorer l’accès à un logement abordable et d’assurer leurs droits à l’éducation et aux services médicaux.

Mme LEONORE ZUTTER et M. WINCKEL, délégués de la jeunesse du Luxembourg, ont regretté que les jeunes ne soient pas davantage inclus dans les prises de décisions politiques de leur pays.  S’ils ont dit avoir conscience d’appartenir à une minorité privilégiée qui a la chance d’être politiquement représentée et de participer aux décisions de leur gouvernement, ils ont dû constater que « deux pays sur trois ne disposent pas d’une structure de consultation permettant aux jeunes de s’exprimer sur les stratégies de réduction de la pauvreté ou les plans de développement ».

Pourtant, ont insisté les jeunes délégués, les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 témoignent largement de l’importance des jeunes dans le cadre du développement social.  « C’est notre génération qui portera ces responsabilités dans les années à venir et c’est également nous qui subirons les conséquences des décisions que vous prenez aujourd’hui », ont-ils fait observer, avant de plaider pour une réforme du système institutionnel et social afin d’y impliquer la jeunesse.

Se félicitant des grands axes choisis par le Plan National de développement durable du Gouvernement du Luxembourg, les deux représentants ont particulièrement insisté sur le volet éducatif.  Pour un pays qui compte, ont-ils rappelé, 48% d’étrangers sur son territoire, l’éducation est « un moyen de donner une opportunité à chacun de participer à la vie de la cité et d’avoir un accès équitable au marché de l’emploi ».  C’est pourquoi, ils ont incité tous les États Membres à faire des investissements conséquents en la matière.

Mme BANAKEN (Cameroun) a noté que le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial pour le développement social faisait état d’une augmentation des inégalités de revenus.  Elle a en outre rappelé l’urgence de mesures appropriées en matière de protection sociale.  Pour le Cameroun, la politique d’intégration de tous et la mise en action de politiques socioéconomiques axées sur l’emploi des jeunes sont au centre des dispositifs de développement.  Le Gouvernement a ainsi mis en place un vaste programme de recrutement de jeunes dans la fonction publique, qui a abouti à la création de plus de 250 000 emplois.  Il s’emploie aussi à favoriser l’aide au retour et à l’intégration des jeunes de la diaspora.

Le Gouvernement veille à améliorer de manière constante le sort des personnes âgées et des personnes handicapées, a poursuivi Mme Banaken.  Les efforts en vue de créer un « filet de sécurité sociale » et les actions visant à réduire les différences entre hommes et femmes figurent au rang des mesures additionnelles de lutte contre les inégalités au Cameroun, a-t-elle ajouté.  En conclusion, la représentante s’est félicitée que le Secrétaire général encourage à la coopération pour aider les États à prévoir des mesures de protection sociale qui tiennent compte de leur situation nationale spécifique.  

Mme HAYET ZEGGAR (France) s’est concentrée sur la question des personnes âgées, estimant que l’inclusion sociale de ces dernières représentait un enjeu fondamental pour la cohésion de nos sociétés. Dans un contexte d’allongement général de la durée de vie, être attentif à l’inclusion des personnes âgées est essentiel pour structurer et engager l’avenir, a déclaré la représentante.  Pour la France, la préservation de la dignité de nos aînés et la promotion de leur qualité de vie sont des préoccupations constantes et le pays respecte ses engagements dans le cadre du suivi du Plan d’action de Madrid.  Enfin, Mme Zeggar s’est félicitée de la proximité de vue entre le rapport de l’Experte indépendante et la position du Président français, qui a annoncé une loi visant spécifiquement les risques liés à la dépendance des personnes âgées, loi qui devrait être adoptée l’an prochain.

M. ALSHATTI (Koweït) a affirmé que, depuis sa création, son pays n’avait eu de cesse d’appuyer le développement partout dans le monde, dans les nations arabes en particulier.  Le Fonds koweïtien pour le développement économique contribue ainsi au financement de 960 projets de développement dans 106 pays, dont la moitié dans des pays arabes, soit 21,1 milliards de dollars depuis sa création.

Le Koweït a aussi établi le Fonds national de promotion et de développement de petits et moyens projets, visant à l’autonomisation économique des jeunes et à l’amélioration du rôle du secteur privé dans la réalisation du développement économique, a ensuite expliqué le représentant.  Le Koweït s’apprête en outre à mettre sur pied le conseil de la jeunesse, composé de toutes les catégories de jeunes, notamment ceux ayant des besoins spécifiques.

Le représentant a également souligné que son pays favorisait l’échange de bonnes pratiques concernant le développement des personnes handicapées, la jouissance de leurs droits, de même que leur pleine participation aux objectifs de développement durable.  Par ailleurs, considérant que la famille est le noyau de la société, le Koweït a salué les mesures prises par les États Membres qui tendent à élaborer et à mettre en œuvre des politiques en faveur de la famille, y compris par l’élimination de la pauvreté, la prévention de la violence, l’équilibre entre le travail et la famille et la solidarité intergénérationnelle.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a indiqué que la croissance économique élevée de son pays au cours de la décennie écoulée avait été convertie en bien-être pour ses citoyens.  Parmi les pays en développement, l’Azerbaïdjan occupe le troisième rang en termes de développement inclusif tandis que la pauvreté et le taux du chômage ont été réduits à 5%.  Le représentant s’est félicité de voir son pays salué dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial pour le développement social pour ses réalisations dans le domaine de la réduction des inégalités de revenus.

M. Mikayilli a également mentionné le fait que 3 000 écoles, 600 hôpitaux et centres de santé aient été bâtis et rénovés au cours des 10 années écoulées.  Parallèlement, chaque année, plus de 5 millions de personnes bénéficient de bilans médicaux entièrement financés par l’État et le Gouvernement exécute un système de protection sociale ciblée.  Enfin le pays est déterminé à réduire de 1% le taux de pauvreté d’ici à 2020.

S’agissant de la jeunesse, le représentant a fait savoir que des milliers de jeunes bénévoles ont été impliqués dans de grandes manifestations comme les Jeux européens et les Jeux de la solidarité islamique, qui se sont déroulés dans le pays.  Il a lié cette action au rapport du Secrétaire général sur le Plan d’action en vue d’intégrer le bénévolat dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme NTHABISENG MONOKO (Lesotho) a reconnu qu’il existait encore dans son pays une distribution inégale des revenus, de l’emploi, de l’éducation et de l’égalité des chances, aussi bien pour les hommes que les femmes.  Cependant, le Gouvernement du Lesotho a promulgué, en 2010, une loi sur la terre qui a octroyé aux femmes les pleins droits sur la propriété foncière.  Un autre texte législatif de 2011 réserve aux femmes un tiers des sièges aux élections locales.

D’un autre côté, le développement de la jeunesse a été identifié comme une question critique dans la Stratégie de réduction de la pauvreté, a poursuivi la représentante.  L’enseignement gratuit, lancé en 2002, se poursuit, et il est désormais obligatoire pour chaque enfant de fréquenter l’école.  Enfin, le Gouvernement épaule des centres de formation professionnelle et finance les élèves inscrits dans ces institutions par le truchement du Secrétariat national de développement de la main d’œuvre, avec pour objectif de doter les jeunes des capacités et qualifications requises pour améliorer leurs conditions de vie et le développement national. 

Mme MÉLANIE CORINE NINA GOLIATHA (République centrafricaine) a déclaré que, pour son pays, le développement durable passait par le retour de sa population déplacée, dans ou hors du pays.  Cette population, qui a la ferme volonté de travailler, n’aspire qu’à retrouver la paix et la sécurité pour relever les défis liés à son épanouissement, a affirmé la représentante. 

Mme Goliatha a souligné que les affrontements entre groupes armés et les tensions liées aux intérêts économiques continuaient d’empêcher les autorités centrafricaines de rétablir efficacement les services judiciaires et financiers dans l’ensemble du pays.  Pour l’instant, le Gouvernement œuvre au redéploiement progressif des forces armées centrafricaines et au rétablissement des services sociaux de base.  De ce fait, il doit poursuivre la restauration de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire en général et notamment, a insisté la représentante, dans la ville de Ndele, qui est sous l’autorité d’un chef rebelle de l’ex-Seleka, lequel dirige une administration parallèle. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déploré que la paix soit menacée et le développement en recul dans de nombreuses parties du monde du fait de l’attitude de domination de certains pays puissants face aux pays en développement.  Appelant à une action plus poussée et plus coordonnée des Nations Unies, le représentant a également insisté sur le rôle du dialogue et de la négociation dans la gestion des conflits.  Il a insisté sur la nécessité de se débarrasser de toute menace de recours à la force de la part des grandes puissances.

Trois ans ont passé depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le rythme de sa mise en œuvre est loin d’assurer la réalisation des objectifs de développement durable pour tous, a déploré le représentant. Pour sa part, le Gouvernement du Nicaragua est engagé depuis 20 ans en faveur de l’éradication de la pauvreté, du plein emploi et de l’intégration sociale, a affirmé le représentant, qui a cité, entre autres, une réduction de la prévalence de la pauvreté de 42,5% en 2009 à 24,9% en 2016.

Mme DANIELLE LARRABÉE, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a tout d’abord adressé ses condoléances au Gouvernement et au peuple de l’Indonésie à la suite du tsunami et des séismes qui ont frappé la région de Sulawesi le 28 septembre.  Plus de 200 volontaires de la Croix-Rouge indonésienne ont été déployés sur la zone pour mener des recherches et des opérations de secours ainsi que du soutien médical, a-t-elle précisé.

Au moment où nous parlons, a poursuivi Mme Larrabée, nos Croix-Rouge nationales et les Sociétés du Croissant-Rouge répondent à 36 situations d’urgence ou à des crises prolongées à travers le monde.  Elles fournissent une assistance à 14,5 millions de personnes et une grande partie de ces efforts se concentrent sur l’aide aux communautés et sur la prévention.  Notre approche, qui s’appuie sur la résilience et le soutien aux plus vulnérables, respectent les objectifs du Programme 2030 des Nations Unies, a souligné Mme Larrabée.

En tant que plus vaste réseau d’aide dans le monde, la Fédération des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et ses 191 antennes nationales dépendent de 12 millions de volontaires, a encore indiqué Mme Larrabée, qui a fait observer que les bénévoles, qui sont membres de leur communauté, sont souvent les premiers à répondre aux situations d’urgence et les derniers à quitter les lieux, tout en apportant surtout des services innombrables aux marginalisés.

Toutefois, le monde change et le travail des volontaires également  Les premiers intervenants font face à des besoins toujours croissants et à des défis concernant leur propre sécurité.  Trente-six d’entre eux ont ainsi trouvé la mort en 2017, a rappelé Mme Larrabée.  Soucieuse de leur offrir les moyens que nécessite leur action, la Fédération participera à l’organisation de la réunion technique sur le volontariat que les Volontaires des Nations Unies (VNU) proposent de tenir en marge du Forum politique de haut niveau qui aura lieu à New York.

Mme Larrabée a par ailleurs salué l’attention croissante portée par la Troisième Commission aux défis que doivent relever les personnes handicapées, mais aussi à leurs contributions aux communautés.  Depuis 2011, en tant que coresponsable du Global Shelter Cluster, la Fédération travaille aussi avec d’autres organisations à la mise en place de consignes pour l’inclusion des personnes âgées ou en situation de handicap dans des activités humanitaires.  Enfin, la FICR continuera de soutenir les gouvernements et les communautés en faveur de la construction de sociétés résilientes et inclusives.

M. STANLEY RALPH CHEKECHE (Zimbabwe) a expliqué que son pays était attaché à la mise en œuvre du développement social, et ce, afin d’éliminer la pauvreté et créer une harmonie sociale.  Il a présenté les mesures mises en place par son gouvernement dans ce sens, telles que la création en juin 2018 d’une banque de microfinance à destination des petites et moyennes entreprises et d’une autre à destination des jeunes.

Rappelant que le Zimbabwe possède un des plus hauts taux d’analphabétisme d’Afrique, le représentant a expliqué que le pays avait beaucoup investi dans le secteur de l’éducation depuis les années 80.  Il est également revenu sur le secteur de la santé, qui, a-t-il ajouté, est celui où les groupes les plus vulnérables reçoivent une attention accrue.

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a déploré que les Ukrainiens utilisent leur situation sociale pour accuser son pays d’en être responsable.

Le représentant de l’Ukraine a répliqué en expliquant que cela était faux, qu’en 2014 la Russie avait commis une agression militaire contre l’Ukraine et qu’après son incursion dans la péninsule de Crimée, ce pays avait continué ses activités illégales dans l’Est de l’Ukraine.  Il a ajouté que la Russie contrôlait, parrainait, finançait et approvisionnait en armements, munitions, carburants et même en instruments financiers le territoire qu’elle contrôle provisoirement.  Il a également précisé qu’en 2014, l’Ukraine avait connu deux fois des élections reconnues par la Fédération de Russie et qu’il n’y avait donc aucune raison de mentionner ni guerre civile ni coup d’État.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: pas d’avancée majeure ces trois derniers mois au Darfour, selon le Comité des sanctions

8366e séance – après-midi
CS/13530

Conseil de sécurité: pas d’avancée majeure ces trois derniers mois au Darfour, selon le Comité des sanctions

La Présidente du Comité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan a noté, cet après-midi devant le Conseil, l’absence d’avancée majeure dans le processus de paix au Darfour, ces trois derniers mois.  Face à la persistance des affrontements entre Khartoum et les rebelles darfourais dans le Jebel Marra, Mme Joanna Wronecka a appelé les autorités soudanaises à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils et accélérer le retour des personnes déplacées.

La Présidente polonaise, qui présentait son rapport trimestriel pour la période allant du 15 juin au 3 octobre, a indiqué que le Comité 1591 (2005) avait principalement travaillé à la mise en œuvre des recommandations qu’elle avait formulées, après sa visite au Soudan, du 13 au 20 avril 2018.  Le Comité 1591 (2005), a-t-elle ajouté, a également été saisi du rapport intérimaire du Groupe d’experts sur le Soudan, chargé de l’aider à faire appliquer les sanctions, y compris l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.

Selon la Présidente, le document que le Groupe d’experts a soumis à son Comité le 17 août, indique « qu’il n’y a pas eu d’avancée majeure dans le processus de paix au Darfour ».  D’après les experts, en effet, l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) refuse toujours de négocier avec le Gouvernement soudanais.

De fait, le rapport indique que des affrontements sont actuellement en cours dans le Jebel Marra entre, d’un côté, les autorités du Soudan, les milices progouvernementales, et de l’autre, des membres de l’ALS-AW.  Ces affrontements, auxquels s’ajoute la persistance de conflits intercommunautaires, ont eu, selon Mme Wronecka, des conséquences négatives sur la population civile au Darfour, où des rapatriés auraient été victimes de violations des droits de l’homme, ainsi que de violences sexuelles. 

La Présidente a par conséquent appelé le Gouvernement soudanais à prendre des mesures « plus strictes » et « immédiates » pour protéger les civils et pour encourager le retour des personnes déplacées.  Parmi ces mesures, elle a cité l’établissement d’antennes administratives locales, la constitution de forces de police et l’ouverture de tribunaux.

Le Gouvernement du Soudan, a par ailleurs indiqué Mme Wronecka, continue de transférer des armes vers le Darfour, sans l’autorisation préalable du Comité des sanctions.  Selon elle, Khartoum se justifie en brandissant des résolutions du Conseil de sécurité, qui attribuent aux autorités soudanaises la responsabilité de protéger les civils.  Aux yeux du Soudan, une telle responsabilité suppose l’accès à des équipements militaires. 

La Présidente a également attiré l’attention sur un certain nombre de violations de l’embargo sur les armes commises par les groupes armés et leurs soutiens dans la région.  Elle a toutefois relayé l’avis du Groupe d’experts, pour lequel la partition des forces militaires de l’ALS-AW dans le Jebel Marra finira par limiter l’efficacité des groupes rebelles.  Mais si la présence de groupes armés darfourais au Soudan du Sud a diminué; le soutien de Djouba ayant diminué, Mme Wronecka a toutefois souligné que la présence de ces groupes continuait d’augmenter en Libye.

La Présidente a donc appelé les Comités des sanctions du Conseil pour le Soudan du Sud et la Libye à continuer de collaborer étroitement avec son Comité pour surveiller les activités des rebelles darfourais et développer une approche commune pour les empêcher de déstabiliser la région.  Elle a également appelé le Coordonnateur du Groupe d’experts, M. Bifwoli Wanjala, à soumette au Comité 1591 (2005) une liste de nouveaux individus et entités susceptibles d’être frappés d’une interdiction de voyager et d’un gel des avoirs.

Enfin, Mme Wronecka a dit avoir reçu, le 21 septembre, la deuxième mise à jour trimestrielle du Groupe d’experts, essentiellement centrée sur les efforts politiques et les pourparlers de paix en cours.  Ce rapport, a-t-elle ajouté, indique aussi qu’un nombre significatif de personnes déplacées demeure dans des camps à travers le Darfour, y compris dans les zones où la sécurité s’est pourtant améliorée.  Les experts font également mention du manque d’accès d’un grand nombre de personnes déplacées aux opportunités économiques et aux services sociaux, alors même que l’aide humanitaire se raréfie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge pour une nouvelle période d’un an les mesures contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains en Libye

8365e séance – après-midi
CS/13529

Le Conseil de sécurité proroge pour une nouvelle période d’un an les mesures contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains en Libye

Par la résolution 2437 (2018), adoptée ce matin à l’unanimité, le Conseil de sécurité a prorogé pour une nouvelle période de 12 mois les dispositions qu’il a prises dès 2015 contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains « ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ ».

Les États Membres sont donc autorisés pour une période supplémentaire d’un an à inspecter les bateaux naviguant en haute mer au large des côtes libyennes s’ils ont des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils sont utilisés pour le trafic de migrants ou la traite d’êtres humains en provenance de la Libye.  Les États Membres peuvent saisir des navires inspectés dont ils ont la confirmation qu’ils sont utilisés à des fins de trafic ou de traite et tous les États du pavillon sont tenus de coopérer et de répondre rapidement aux demandes qui leur seraient faites. « 

La France s’est félicitée du renouvellement des autorisations sur lesquelles s’appuie l’opération « EUNAVFOR MEED Sophia ».  Ce soutien unanime du Conseil à l’engagement de l’Union européenne en faveur de la paix et de la stabilité en Libye est une reconnaissance, s’est réjouie la France, du rôle important de l’opération pour désorganiser les réseaux de passeurs et sauver des dizaines de milliers de vies chaque année.  L’autorisation donnée par le Conseil est une condition essentielle qui permet à l’opération de disposer des moyens adaptés pour lutter efficacement contre le trafic de migrants en lien avec le Gouvernement d’entente nationale mené par le Premier Ministre Sarraj.

Ce texte va à l’essentiel, s’est félicité la France, tout en regrettant qu’il ne soit pas plus explicite dans le rappel des positions du Conseil sur le grave sujet des migrants, s’agissant notamment du cadre juridique international applicable en particulier les conventions internationales sur le droit de la mer, le crime international organisé et les réfugiés.

Un trop grand nombre de migrants, s’est expliquée la France, continuent de risquer leur vie pour tenter de traverser la Méditerranée, entre les mains de passeurs qui exploitent leur détresse.  Les violations des droits de l’homme auxquelles ces personnes sont exposées heurtent la conscience mondiale et ne sont pas acceptables.  Le trafic de migrants et la traite des êtres humains, a poursuivi la France, exacerbent l’instabilité en Libye, alimentent les ressorts de la prédation économique et mettent en péril les fragiles équilibres politiques.  C’est d’ailleurs pourquoi à l’initiative de la France et des partenaires européen et américain, le Conseil a adopté en juin dernier, ses premières sanctions à l’encontre de six passeurs de migrants.  Les migrants doivent être traités avec humanité et dignité et dans le plein respect de leurs droits.  Tous les États doivent s’acquitter des obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international des droits de l’homme et celui des réfugiés.  La résolution adoptée aujourd’hui, a dit retenir le Royaume-Uni, n’ajoute aucune autre obligation juridique aux trois que le Conseil de sécurité a adoptées depuis 2015.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Texte du projet de résolution (S/2018/887)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016) et 2380 (2017) et la déclaration de son président en date du 16 décembre 2015 (S/PRST/2015/25),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général en date du 13 août 2018 (S/2018/807),

Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Réaffirmant qu’il faut mettre fin à l’expansion actuelle du trafic de migrants et de la traite des êtres humains en Méditerranée au large des côtes libyennes et au danger qu’ils représentent pour la vie humaine et, à cette fin précise, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Condamne tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ, qui fragilisent davantage le processus de stabilisation de la Libye et mettent en péril les vies de centaines de milliers de personnes;

2.    Décide de renouveler, pour une nouvelle période de douze mois à compter de la date d’adoption de la présente résolution, les autorisations visées aux paragraphes 7, 8, 9 et 10 de la résolution 2240 (2015) et réaffirme le paragraphe 11 de cette résolution ainsi que toutes les dispositions de ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2106) et 2380 (2017) et la déclaration de son président publiée sous la cote S/PRST/2015/25 ;

3.    Réitère, à compter de la date d’adoption de la présente résolution, les demandes formulées aux paragraphes 17 et 18 de sa résolution 2240 (2015);

4.    Entend suivre la situation et, le cas échéant, envisager de reconduire pour des périodes supplémentaires les autorisations découlant de la présente résolution;

5.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission ouvre ses travaux par un débat sur les moyens de réduire les inégalités sociales

Soixante-treizième session,
1re & 2e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4226

La Troisième Commission ouvre ses travaux par un débat sur les moyens de réduire les inégalités sociales

Mettre en œuvre les recommandations du Sommet mondial sur le développement social, réduire les inégalités entre pays et à l’intérieur des pays, améliorer les dispositifs d’inclusion des personnes âgées ou en situation de handicap: c’est avec ce débat consensuel qu’ont débuté aujourd’hui, sur la base de rapports du Secrétaire général et d’une Experte indépendante des Nations Unies, les travaux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.

En sa qualité de Président de la Troisième Commission, M. Mahmoud Saikal, Représentant permanent de l’Afghanistan auprès de l’ONU, a ouvert ce débat général après avoir présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes.

Le Secrétaire général adjoint pour les affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a lié l’objectif de développement social inclusif à la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a salué à cette occasion les avancées réalisées dans le domaine social ces dernières décennies, citant le chiffre d’un milliard de personnes sorties de la pauvreté depuis 1999.

Mme Daniela Bas, Directrice de la Division des politiques sociales et du développement social du Département des affaires économiques et sociales, lui a emboîté le pas en présentant les rapports du Secrétaire général soumis à la Troisième Commission au titre du développement social.  Tous, a-t-elle souligné, mettent l’accent sur la notion d’autonomisation des personnes vulnérables, l’objectif étant de leur permettre de réaliser leur plein potentiel de façon à ce que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devienne « une réalité pour tous ».

À cet égard, M. Dominic Allen, Chef du Partenariat des Nations Unies et du Bureau de New York des Volontaires des Nations Unies, est revenu sur le plan d’action concernant l’intégration des Volontaires dans le Programme 2030, précisant que 83% de ces derniers viennent de pays du Sud, ce qui, selon lui, a pour conséquences de renforcer la coopération Sud-Sud.

Dans ce débat aux larges ramifications, la question de l’impact du vieillissement sur le développement social a tenu une place importante après l’intervention de Mme Rosa Kornfeld-Matte, Experte indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme.  Celle-ci a rappelé qu’avec 900 millions d’individus, les personnes âgées représentent aujourd’hui le segment de la population mondiale ayant la plus forte croissance.  À telle enseigne qu’en 2050, pour la première fois dans l’Histoire, ce groupe dépassera en nombre celui des enfants de moins de 15 ans, a-t-elle souligné.

Mme Kornfeld-Matte a également mis en garde contre les risques d’exclusion des personnes âgées.  À ses yeux, les objectifs de développement durable, qui s’adressent aux personnes de « tous âges », ne sont pas suffisamment explicites pour garantir que le troisième âge ne sera pas laissé pour compte.  Elle a plaidé en conséquence pour que des mesures soient prises afin de combattre la discrimination à l’égard des anciens et qu’une nouvelle convention réunisse l’ensemble des textes existants.  Un projet immédiatement  rejeté par les États-Unis, qui ont fait valoir qu’aucun consensus n’existait en faveur d’une telle convention.

En écho à cet appel, la Slovénie a rappelé qu’elle était l’un des pays les plus concernés par le vieillissement parmi les États de l’Union européenne puisqu’au rythme actuel, 25% de sa population aura plus de 65 ans à l’horizon 2030.  Or, ces personnes risquent de voir leurs droits humains bafoués.  C’est pourquoi la Slovénie estime qu’il est de la responsabilité de chacun de plaider pour le renforcement et la pleine réalisation de tous les droits humains et des libertés fondamentales en faveur des personnes âgées, notamment dans le cadre du Programme 2030.

S’agissant des personnes handicapées, l’Union européenne a dit regretter que ces citoyens vulnérables continuent de rencontrer plus de difficultés sur le marché du travail et dans le système scolaire que les autres.  Signataire de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, l’Union s’emploie à réviser sa Stratégie 2010-2020 en faveur de celles-ci, afin d’y intégrer les objectifs de ladite Convention. 

Autre question récurrente lors de ce débat de fond, le thème des inégalités a été évoqué par de nombreuses délégations, à commencer par le Maroc qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, a signalé que des disparités énormes subsistaient entre pays développés et en développement, et ce, en dépit des progrès ayant permis de sortir des millions d’individus de l’extrême pauvreté ces 15 dernières années.  Une analyse partagée par le Groupe des 77 et de la Chine, lequel a estimé que les discussions à venir sur la mise en œuvre du document final du Sommet mondial pour le développement social devaient se centrer sur l’élaboration de stratégies et politiques publiques « concrètes » visant à résorber les inégalités.

La Troisième Commission a par ailleurs adopté la liste provisoire des titulaires de mandats spéciaux appelés à lui présenter leur rapport lors de la présente session, sous réserve d’un avis du Bureau des affaires juridiques concernant la venue du Président de la Commission d’enquête sur le Burundi, créée par le Conseil des droits de l'homme dans sa résolution 33/24 de 2016.  Le représentant du Burundi a en effet vigoureusement contesté la base juridique d’une telle présence, faisant valoir que la résolution adoptée la semaine dernière par le Conseil des droits de l'homme lors de sa trente-neuvième session rendait caduque la précédente et qu’en outre, si le Conseil avait demandé à la Troisième Commission de lui communiquer son rapport, cela ne signifiait pas qu’il faille le présenter devant la Commission.

Enfin, la Commission a complété son bureau en élisant par acclamation Mme Lahya Itedhimbwa Shikongo (Namibie) à la fonction de Vice-Présidente, qu’elle partagera avec MM. Martin Kováčik (Slovaquie) et Edgar Andrés Molina Linares (Guatemala).  La Rapporteuse est Mme Katharina Konzett-Stoff (Autriche).

La Troisième Commission poursuivra son débat général sur le développement social demain, mercredi 3 octobre, à partir de 10 heures.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Déclarations liminaires

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré qu’assurer un développement social inclusif était essentiel pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs universels de développement durable.  « Nos efforts collectifs doivent nous maintenir sur la bonne voie pour la réalisation des objectifs centrés sur les personnes et les cibles du développement durable » sur lesquels les dirigeants mondiaux se sont accordés en 2015, a-t-il poursuivi.

Le Secrétaire général adjoint s’est félicité des nombreuses avancées réalisées dans le domaine social ces dernières décennies, citant le chiffre d’un milliard de personnes sorties de la pauvreté depuis 1999.  Des progrès ont été également enregistrés en matière de création d’emplois, de l’égalité des genres, de l’éducation et de la santé.  Le même constat est valable en matière de mesures de protection sociale et de développement agricole et rural. 

Globalement, les gens vivent plus longtemps, sont mieux éduqués et disposent de revenus plus importants, a poursuivi M. Liu.  Il a, à cet égard, cité le cas de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie du Sud, où l’espérance de vie a augmenté de 11 années depuis 1990 et où les enfants en âge d’être scolarisés restent à l’école plus longtemps avec une moyenne de 3,4 ans, comparés à ceux de 1990.

Pour le Secrétaire général adjoint, la croissance économique a joué un rôle important dans ces progrès.  Après quelques soubresauts, l’économie mondiale a montré une embellie, s’est-il réjoui, en voulant pour preuve le renforcement depuis 2016 des taux de croissance moyens à la fois dans les économies en développement et en transition.  La croissance mondiale a atteint 3,1% en 2017 –le taux le plus rapide depuis 2001– dans un environnement favorable pour la promotion et l’amélioration du progrès social.  Cependant, a-t-il nuancé, la croissance économique mondiale n’a pas été porteuse de bénéfices sur le plan social pour tout le monde, puisqu’en 2015, quelque 736 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté, la moitié d’entre elles en Afrique subsaharienne et près du tiers en Asie du Sud.

Les pays en conflit continuent en outre d’être touchés de plein fouet par la pauvreté et les privations.  Fait inquiétant, a ajouté M. Liu, depuis quelques années le nombre de personnes souffrant de la faim a progressé dans le monde, passant de 777 millions en 2015 à 815 millions en 2016.  Les personnes dans les situations de conflit sont extrêmement vulnérables à l’insécurité alimentaire, a-t-il fait observer.

Dans ce tableau sombre, les chocs climatiques se révèlent être l’un des principaux facteurs d’insécurité alimentaire: près de 39 millions et plus de 2 milliards de personnes sont affectées par le stress hydrique, a aussi fait observer le Secrétaire général adjoint.

Les avancées technologiques rapides ne sont pas en reste, puisqu’elles posent un véritable défi au développement.  En effet, a-t-il expliqué, alors que les institutions de l’emploi et le marché du travail évoluent, les avancées ne sont pas équitables pour tous.  M. Liu a dressé un constat amer: « les inégalités croissantes ne cessent de devenir le problème majeur de notre époque! ».  Pour faire face aux inégalités et relever les défis de l’inclusion sociale, il a préconisé des politiques fiscales, des salaires et de protection sociale.  Ces problématiques constitueront la priorité de la cinquante-septième session de la Commission du développement social prévue en février prochain, a enfin rappelé M. Liu.

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division des politiques sociales et du développement social du Département des affaires économiques et sociales, a présenté plusieurs rapports soumis à la Troisième Commission au titre du développement social.  Tous mettent l’accent sur la notion d’autonomisation, qui est le thème du forum de haut niveau sur le développement social qui se tiendra l’an prochain, a-t-elle fait remarquer.  L’objectif de l’autonomisation des personnes vulnérables vise à permettre à ces dernières de réaliser leur plein potentiel de façon que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devienne une réalité pour tous.

Évoquant le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial pour le développement social et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, Mme Bas a relevé qu’il souligne la nécessité de traiter la question de l’inégalité dans ses différentes dimensions pour que toutes les personnes parviennent aux objectifs du Sommet mondial, à commencer par l’éradication de la pauvreté dans le contexte du Programme 2030.  Ce rapport fournit également des analyses sur les besoins particuliers de l’Afrique et des pays les moins avancés ainsi que sur les besoins des personnes vulnérables, qu’il s’agisse des femmes, des personnes handicapées ou des autochtones, a-t-elle précisé.  Il montre par ailleurs que les inégalités de revenus des pays ont diminué depuis 1990, même si elles restent élevées.

On assiste toutefois à une augmentation importante des inégalités à l’intérieur des pays, a toutefois nuancé Mme Bas.  Malgré l’accès à l’éducation, à l’eau potable, à l’assainissement et à la nutrition, il est indispensable d’agir.  À cet égard, les progrès enregistrés montrent qu’avec un bon mélange de politique et d’activités, les institutions peuvent aider à surmonter les inégalités, a-t-elle commenté.

Le rapport consacré au vieillissement pose les questions transversales liées à la fourniture de soins aux personnes âgées, a poursuivi Mme Bas, indiquant que seuls 41% des États Membres ont, pour cette population, une politique de soins sur le long terme.  Le nombre de personnes âgées ayant besoin de soins et d’un appui augmente en raison de la croissance démographique.  Pour que ces soins soient de qualité et abordables, a-t-elle noté, il faut un investissement des États dans des services de soins, ce qui engendre des bénéfices et crée des emplois décents.

S’agissant du rapport du Secrétaire général sur la réalisation des objectifs de l’Année internationale de la famille et des mécanismes mis en œuvre pour y donner suite, il plaide pour la création de cadres nationaux pour concevoir et superviser des politiques de la famille, a poursuivi Mme Bas.  Si de nombreux États Membres ont avancé sur cette question, notamment dans le cadre de l’Année internationale de la femme, il demeure indispensable de mettre au point des politiques au niveau national pour réaliser des objectifs de développement durable.  Promouvoir la famille signifie que l’on promeut le bien-être des personnes de tous âges, a-t-elle expliqué, rappelant que l’objectif de la protection sociale qui vise la famille doit être universel.

Le rapport du Secrétaire général sur le développement sans exclusion pour les personnes handicapées fait apparaître que 15% des sept milliards d’individus que compte le monde sont handicapés, a encore souligné Mme Bas.  Ce nombre augmente sans cesse, notamment en raison des conflits et des catastrophes mais aussi du fait de l’âge, facteur de handicaps ou de situations handicapantes.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit continuer à œuvrer pour assurer un développement de l’inclusion viable des personnes handicapées.

Comme le montre la Note du Secrétariat sur la réalisation des objectifs de développement durable par, pour et avec les personnes handicapées, la situation de ces personnes demeure grandement invisible, a déclaré Mme Bas.  Les renseignements font en effet apparaître que 73% d’entre elles sont confrontées à des difficultés d’évacuation en cas de catastrophe ou de conflit.  De même, les transports publics ne sont souvent pas accessibles à ces personnes.  Il faut donc assurer un environnement propice pour permettre à ces personnes de participer pleinement à la société.

M. DOMINIC ALLEN, Chef du Partenariat des Nations Unies et du Bureau de New York des Volontaires des Nations Unies, est revenu sur le rapport triennal sur le plan d’action concernant l’intégration des Volontaires dans le Programme 2030.  Il a rappelé que les Volontaires étaient administrés par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et que leurs activités visaient deux principaux objectifs: le développement des capacités des États et l’intégration du bénévolat dans le système des Nations Unies.

M. Allen a rappelé que 83% des Volontaires des Nations Unies dans le monde venaient des pays du Sud, ce qui a pour conséquences de renforcer la coopération Sud-Sud ainsi que la réalisation des objectifs de développement durable sur place.  Il a également insisté sur le fait que l’Assemblée générale et la Troisième Commission avaient discuté à maintes reprises du rôle du bénévolat dans la société, et ce, à travers plus de 20 résolutions sur la question.  M. Allen a également déclaré que le rapport du Secrétaire général était une réponse à la résolution 70/129, et qu’il prenait en compte de nombreuses contributions par les États Membres, la société civile et le milieu universitaire.

« Étant plus d’un milliard dans le monde, les bénévoles sont plus nombreux que les employés de toutes les grandes industries dans le monde », a encore fait observer M. Allen, et a insisté sur le rôle clef des bénévoles, notamment avant et après une catastrophe ainsi que dans le processus de paix.

M. Allen a conclu en revenant sur l’importance des ressources nécessaires au bon fonctionnement du programme des Volontaires des Nations Unies, expliquant que les contributions des États Membres pour l’année 2016-2017 s’étaient élevées à plus de 5 800 000 dollars.

Mme MARGARETE SACHS-ISRAËL, Coordinatrice en chef des Programmes à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action et l’enseignement de la démocratie ».  Elle a dressé un tableau alarmant de la situation de l’analphabétisme dans le monde, rappelant que 750 millions d’adultes, en majorité des femmes, sont touchés par ce phénomène.  Davantage encore n’ont pas les prérequis pour les exigences de la vie quotidienne, a-t-elle ajouté, précisant que plus de 617 millions d’enfants et adolescents n’avaient pas le minimum de compétences en matière de lecture et de mathématiques à l’école.

Il est, dès lors, impératif d’envisager des politiques urgentes et d’accorder à cette situation une attention particulière, a insisté Mme Sachs-Israël.  L’objectif 4.6 de développement durable reconnaît ce problème et réaffirme l’engagement des États Membres de veiller à ce que tous les jeunes et une proportion importante des adultes, aussi bien femmes qu’hommes, soient capables de lire et d’écrire à l’horizon 2030, a-t-elle rappelé.  À cet égard, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente un important levier pour les gouvernements et leurs partenaires à même de cibler, en particulier, les membres des groupes marginalisés et vulnérables, quelques soient leur âge, en vue de leur assurer leur droit à l’éducation.

La vision 2030 pour l’alphabétisation est sous-tendue par la compréhension de l’alphabétisation, en tant que continuum des niveaux des compétences, qui peut être développée tout au long d’une vie, a poursuivi Mme Sachs-Israël.  L’appel pour une approche d’alphabétisation à vie est fourni à travers une éducation formelle et informelle ainsi qu’à travers l’apprentissage informel, a-t-elle expliqué.  Cela exige également une approche intersectorielle qui lie l’apprentissage à d’autres axes du développement durable.  Cette notion élargie touche aussi bien les politiques que les programmes.  Le rapport souligne les activités de l’UNESCO, visant le développement et la promotion du programme d’alphabétisation, menées depuis la soixante et onzième session de l’Assemblée générale

Mme Sachs-Israël a, en outre, dévoilé les six axes stratégiques de soutien aux États Membres sur cette question: « Intensifier l’alphabétisation pour la femme et la fille », « la qualité des programmes et de l’innovation », « renforcer les capacités et les systèmes d’évaluation et de suivi de l’alphabétisation », la recherche, la promotion des connaissances ainsi que la création de « villes apprenantes ». Elle a tenu à rappeler que l’UNESCO apportait l’assistance technique et renforçait les capacités nationales auprès d’États Membres sélectionnés en vue d’améliorer les politiques d’éducation, les stratégies, et les programmes d’alphabétisation pour les jeunes et les adultes.

Le rapport, a encore déclaré Mme Sachs-Israël, fournit également des informations clefs sur le Comité d’organisation des objectifs de développement durable -Éducation 2030, établi en 2016, et qui est le principal mécanisme de coordination globale pour l’objectif 4 de développement durable (« éducation de qualité »).  Son objectif, a-t-elle rappelé, est d’harmoniser et de renforcer le soutien aux pays et partenaires et de mener des actions pour la réalisation des objectifs cibles liés à l’éducation dans le cadre du Programme 2030.  Pour finir, la Coordinatrice en chef a préconisé d’investir davantage sur le plan national, et jugé impératif que les initiatives et mécanismes établis à l’échelle internationale pour le financement de l’éducation ciblent également l’alphabétisation des jeunes et des adultes.

Mme ROSA KORNFELD-MATTE, Experte indépendante des Nations Unies, chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a rappelé qu’avec actuellement 900 millions d’individus, les personnes âgées représentent le segment de la population mondiale qui a la plus forte croissance, ajoutant qu’en 2050, pour la première fois dans l’Histoire, ce groupe dépassera en nombre celui des enfants de moins de 15 ans.  Toutes les régions du monde sont concernées, sans exception, a-t-elle insisté.

L’Experte indépendante a indiqué que le vieillissement de la population allait s’accompagner d’une hausse de la demande en technologies d’assistance aux personnes et en robots capables de veiller sur elles, pour effectuer des tâches que les humaines ne pourront ou ne souhaiteront pas assumer.  Or, a-t-elle relevé, en l’état, aucune référence n’est faite à ces technologies d’assistance dans les Principes des Nations Unies pour les personnes âgées, ni dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ou dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Cette situation est une source d’inquiétude car elle risque d’impacter gravement les droits fondamentaux des personnes âgées, a estimé Mme Kornfeld-Matte.  Elle a donc appelé à une révision des normes existantes, en particulier de l’article 17 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. 

Mme Kornfeld-Matte a par ailleurs évoqué le risque d’exclusion des anciens, faute de ressources, de droits, de biens et de services dont ils seraient privés.  Alors que plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine et que cette tendance s’accentuera fortement dans les prochaines décennies, l’embourgeoisement des quartiers pourrait contribuer à cette exclusion, la loi du marché se souciant peu du respect des droits, a-t-elle relevé.

Pour l’Experte indépendante, les objectifs de développement durables qui s’adressent aux personnes de « tous âges » ne sont pas suffisamment explicites pour garantir que le troisième âge ne sera pas laissé pour compte.  Elle a plaidé en conséquence pour des mesures énergiques afin de combattre la discrimination à l’égard des anciens.

Débat interactif avec l’Experte indépendante

Le Qatar a insisté sur l’impact positif des politiques prises pour protéger les familles contre la violence, la pauvreté ainsi que l’exclusion, phénomènes ayant une incidence négative sur les droits fondamentaux des personnes.  La représentante a demandé à l’Experte indépendante des détails sur ses activités et ses recommandations.  Le représentant de l’Australie a dressé une liste des dispositions de son pays mises en place afin de permettre une aide médicale concernant aussi bien la santé physique que psychologique des personnes âgées.  Il a ajouté être conscient du fait qu’il fallait faire plus pour les populations autochtones qui sont plus vulnérables.

Le Brésil a insisté sur l’exclusion sociale des populations âgées, faisant observer que certains groupes au sein de cette population étaient plus vulnérables aux mauvais traitements, notamment les femmes et les migrants.  Le représentant a estimé qu’un instrument juridiquement contraignant sur la pleine jouissance des droits des personnes âgées pourrait établir des principes sur la façon de traiter ce sujet important.  Pour sa part, le Brésil a adopté des mesures et des lois régionales dans ce domaine, mais il aimerait aller encore plus loin et, pour ce faire, souhaiterait savoir comment mieux travailler avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Le représentant de l’Union européenne a mis l’accent sur la priorité donnée par les États Membres à la sensibilisation aux droits fondamentaux, notamment sur les discriminations fondées sur l’âge.  Il a estimé nécessaire de renforcer le cadre juridique dans d’autres domaines et a demandé à l’Experte indépendante ses suggestions sur la meilleure façon de procéder afin de permettre la participation des personnes âgées à la prise de décisions sur le lieu de résidence, et notamment celles connaissant l’exclusion sociale.

Le représentant de la Slovénie a insisté sur la nécessité de partenariats entre les parties prenantes et est revenu sur la question du logement des personnes âgées.  Il a notamment expliqué vouloir trouver de nouvelles possibilités de logements acceptables pour les personnes âgées tel que par exemple la possibilité de cologement des personnes pour assurer une vie indépendante plus longue et a demandé à l’Experte indépendante ses recommandations.

Le Royaume-Uni a rappelé que le rapport présenté par l’Experte indépendante sur le vieillissement, le mois dernier au Conseil des droits de l’homme, posait le problème de l’exclusion sociale de ces personnes.  On retrouve cette problématique dans le rapport du Secrétaire général sur le caractère transversal de la fourniture des soins à ces personnes, s’est félicitée la délégation, qui a souhaité savoir comment mieux préparer les personnes âgées aux difficultés de leur vie.

L’Argentine a demandé quelles mesures efficaces pouvaient être prises pour modifier la façon dont les sociétés perçoivent les personnes âgées.  Elle a aussi souhaité savoir si les organes conventionnels étaient suffisants pour s’assurer que les traités en faveur des personnes âgées sont bien respectés.  À cet égard, les États-Unis se sont dit en désaccord avec l’Experte indépendante quand celle-ci affirme que l’on ne peut assurer le respect des droits des personnes âgées sans une nouvelle convention.  Il n’y a pas de consensus sur cette question, a fait valoir la délégation américaine, pour laquelle des instruments existants promeuvent déjà les droits de ces personnes et il n’est donc pas nécessaire d’en créer de nouveaux.  Les États-Unis ont par ailleurs demandé à l’Experte indépendante si elle connaissait des directions intéressantes, en recourant aux techniques modernes, pour remédier à l’isolement des personnes âgées.

Le Chili a demandé quelles étaient, selon l’Experte indépendante, les mesures qui devraient être prises pour favoriser les personnes âgées dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable.  La Colombie a souligné le potentiel représenté par la robotique et l’automatisation dans l’aide aux personnes âgées.  S’agissant du coût de ces technologies pour les pays à revenu moyen ou faible, elle a demandé comment ce transfert de technologies pourrait être rendu plus accessible dans le cadre de la coopération Nord-Sud. 

La Namibie a indiqué que son gouvernement avait tenu compte des recommandations de l’Experte indépendante à la suite sa visite dans le pays. L’Afrique du Sud a estimé que, pour les soins à long terme, il était indispensable de faire participer les personnes âgées aux prises de décision les concernant. A cet égard, elle a souhaité savoir quelles interventions des Etats Membres pourraient faire en sorte que les droits fondamentaux de ces personnes soient préservés en toute circonstance. 

Mme Kornfeld-Matte a, à propos du travail conjoint avec l’OIT et l’OMS, expliqué qu’en effet les questions du droit au travail, à la santé et, en particulier, aux soins devaient être perçues de façon globale.  C’est pour cette raison qu’un travail conjoint a déjà été mis en place.

Au représentant du Qatar, elle a expliqué que de nombreuses recherches montraient que les personnes âgées voulaient rester vivre chez elles auprès de leurs familles et qu’il fallait donc les aider à être indépendantes tant que cela était possible.  Pour ce faire, elle a insisté sur le fait que les États et la société civile doivent apporter leur contribution.  Elle a cité en exemple la mise à disposition de logements pour les personnes seules n’ayant nulle part ou résider.  Elle a ainsi mentionné le nécessaire accès aux transports en commun des personnes âgées, et notamment celles dans le besoin, pour se rendre par exemple chez le médecin ou encore rendre visite à leurs familles.

Aux États-Unis, elle a répondu en expliquant qu’il fallait garantir le suivi des politiques.  Or, avec seulement 0,3% des résolutions de l’ONU mentionnant les personnes âgées, comment faire si ne sont pas indiqués expressément quels sont les droits des personnes âgées?

L’Experte indépendante a conclu en revenant sur le coût des technologies et notamment sur leur accès dans les pays à faible revenu.  Toutes ces technologies ne sont pas nécessairement coûteuses, a-t-elle ajouté, et elles n’ont pas toutes à se matérialiser sous la forme de robots.  Certaines, a–t-elle cité en exemple, prennent la forme d’un bracelet que les personnes âgées peuvent porter sur elles et qui permettent de faire en sorte qu’un feu de circulation reste plus longtemps au vert, pour leur donner le temps de traverser la rue.

Discussion générale

M. MOHAMED EDREES (Égypte), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé que les discussions à venir sur la mise en œuvre du document final du Sommet mondial pour le développement social devaient se centrer sur l’élaboration de stratégies et politiques publiques « concrètes » visant à résorber les inégalités actuelles dans la réalisation des objectifs fixés.  « Nous devons prendre en compte les besoins spécifiques de l’Afrique et des pays les moins développés », a-t-il affirmé.

Dans cette perspective, M. Edrees a fait part de sa préoccupation quant aux « progrès inégaux » dans la réalisation des objectifs du Sommet mondial pour le développement social, principalement en raison, selon lui, des conflits, du ralentissement économique global, de la volatilité des marchés financiers, du taux de chômage élevé parmi les jeunes, des pandémies, des urgences humanitaires, de la corruption et des changements climatiques.

M. Edrees a également déploré la lenteur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans les pays les plus pauvres et vulnérables.  Pour le Groupe des 77 et la Chine, la coopération Nord-Sud demeure l’un des principaux facteurs du développement durable.  Les pays développés devraient ainsi assumer la responsabilité principale du financement du développement.  Partant de ce principe, M. Edrees a souligné que la coopération Sud-Sud devait compléter et non se substituer à la coopération Nord-Sud.

Par ailleurs, le représentant a invité les États Membres, au nom de son Groupe, à investir dans des politiques publiques nationales de promotion de la famille et d’autonomisation des femmes, ainsi que de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, tout en contribuant à l’intégration économique des personnes âgées et handicapées.

Enfin, M. Edrees a indiqué que son Groupe présenterait trois projets de résolutions: la première sur le Sommet mondial pour le développement social, la deuxième sur la seconde Assemblée mondiale sur le vieillissement et la troisième sur l’Année internationale de la famille.

M. OMAR HILALE (Maroc), au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé que s’attaquer aux inégalités, dans toutes leurs dimensions, était essentiel pour éradiquer la pauvreté, promouvoir le progrès social et parvenir au développement durable pour tous.  Si certains pays ont enregistré des performances économiques remarquables au cours des 15 dernières années, permettant à des millions d’individus de sortir de l’extrême pauvreté et d’accéder à l’éducation et au système de santé, d’importantes inégalités subsistent entre pays développés et pays en développement, a-t-il constaté.

M. Hilale a ainsi observé que les pays africains restaient en dernière position dans tous les classements mesurant le développement social et l’activité économique, un phénomène qu’il a attribué partiellement aux crises économiques, financières et alimentaires, aux effets des changements climatiques, aux guerres civiles, aux conflits et à la pandémie du VIH-Sida.  Dans ce contexte, le Groupe des États d’Afrique préconise un effort de financement des systèmes de santé nationaux et renouvelle son appel au soutien de la communauté internationale en faveur de l’Afrique dans les domaines de l’économie et du développement durable.

S’il n’existe aucune approche universelle pour combattre les inégalités, des stratégies générales peuvent néanmoins être mises en œuvre par la communauté internationale pour prévenir la hausse des inégalités tant au niveau national que mondial, a poursuivi M. Hilale.  Cela peut, selon lui, être fait en soutenant une croissance à la fois inclusive et durable, en appuyant l’équité sociale, en permettant l’intégration des personnes vulnérables et en créant un environnement favorable à l’entreprise et à l’entrepreneuriat.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance pour le développement inclusif et durable de la démarche tenant compte de la problématique femmes-hommes.

Qualifiant le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de jalon essentiel dans la recherche de l’égalité et de l’équité pour tous, le représentant a jugé que la mise en œuvre de l’objectif 17 (le partenariat) était d’une importance cruciale pour s’assurer que nul n’est laissé de côté.  En renforçant les moyens de mettre en œuvre le partenariat mondial pour le développement durable, cet objectif soutient les autres en rassemblant la communauté internationale, la société civile et le secteur privé, a-t-il affirmé.  M. Hilale a conclu en rappelant que l’Agenda 2063, adopté en 2013 par l’Union africaine, souligne la nécessité d’autonomiser toutes les personnes, notamment celles en situation de vulnérabilité, au travers d’une croissance inclusive qui crée des emplois décents, améliore l’accès à la protection sociale et fasse reculer la pauvreté.

M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé que les petits États insulaires en développement étaient soumis à de nombreuses vulnérabilités menaçantes.  En dépit des défis émanant desdites vulnérabilités, ces États sont déterminés à améliorer le bien-être de leurs populations et à leur permettre d’atteindre leur meilleur potentiel, de façon que, de manière collective, elles bâtissent des sociétés résilientes. 

Cet objectif est le pivot de la croissance dans les pays de la région, a poursuivi le représentant, indiquant que la CARICOM dispose d’un plan stratégique pour la résilience, couvrant la période 2015-2019.  Ce plan est axé sur trois domaines: la promotion des initiatives de santé et de bien-être; la promotion du capital humain et la promotion de la sécurité et de la justice citoyenne.

La CARICOM, qui reconnaît la corrélation entre la bonne santé et le développement économique, salue par ailleurs les conclusions du dernier Sommet de haut niveau sur la tuberculose et les maladies non transmissibles, dans le contexte où ces maladies sont un des défis auxquels la région est confrontée.  En réponse à ces défis, les pays de cette région ont lancé une initiative nommée « Caribbean Moves », dont le but est d’adopter une approche régionale dans le cadre de la lutte contre ces maladies.  Ce programme vise une coopération entre États afin de minimiser les risques de propagation de ces maladies, a expliqué le représentant.

En plus de cette approche régionale du développement social, la CARICOM a adopté une démarche transversale et multidimensionnelle, a poursuivi M. Richardson.  Un des aspects de cette approche vise à la réduction des inégalités.  À cette fin, les États membres de l’organisation régionale travaillent assidument à la mise en œuvre de la Stratégie 2030 sur les ressources humaines et le développement.  Celle-ci est principalement axée sur la réalisation de l’objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030 relatif à l’éducation de qualité pour tous, sur un pied d’égalité, a expliqué M. Richardson.

Mme LINDA SCOTT (Namibie), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a déclaré que le thème du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la SADC pour 2018-2019, « Promouvoir le développement des infrastructures et l’émancipation des jeunes pour un développement durable », reflétait la volonté de l’organisation régionale de faire des jeunes la pierre angulaire de son programme de développement. 

À cette fin, la SADC compte promouvoir l’interconnectivité de la région et assurer l’accès à l’information, notamment par le biais de l’opérationnalisation de l’Université de la transformation, une institution virtuelle destinée à soutenir le programme d’industrialisation de la région.  L’Université de la transformation s’inscrit dans la lignée des recommandations du Secrétaire général, qui a préconisé l’exploitation de la science, de la technologie et de l’innovation pour parvenir à un développement inclusif et durable.

La SADC, a poursuivi Mme Scott, demeure préoccupée par les conséquences de la crise économique et des inégalités qui affectent les personnes les plus marginalisées de nos sociétés.  Pour en combattre les effets, les États membres de la SADC ont mis en œuvre le Plan stratégique indicatif de développement régional, qui vise à éradiquer la pauvreté et à favoriser le développement économique, notamment par la lutte contre le VIH/Sida et une plus grande égalité entre les sexes.  En outre, les membres de la SADC s’attèlent à développer des plans d’urgence pour faire face aux sécheresses et autres phénomènes climatiques.  La représentante a salué à cet égard l’aide fournie aux États de la région par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

M. MUHAMMAD SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie), au nom des États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré qu’au cœur du développement social se trouve l’amélioration du bien-être de tous les individus de façon qu’ils puissent atteindre leur plein potentiel.

Dans le contexte de l’ASEAN, a-t-il ajouté, cela se traduit par la priorité donnée à la réduction de la pauvreté, à la facilitation de l’accès à l’éducation pour tous, à la promotion du bien-être des enfants et leur protection contre toutes formes d’abus ainsi que le renforcement des capacités des groupes marginalisés.  Le représentant a ensuite dressé une liste des instruments et mécanismes régionaux mis en place par l’organisation régionale, citant en particulier la Déclaration de Kuala Lumpur sur le vieillissement de 2015 ou encore la Déclaration de Brunei Darussalam sur le renforcement de l’institution de la famille de 2010.

Le représentant a également indiqué que le développement social était vital dans la promotion de la paix et de la prospérité dans la région.  À cette fin, l’ASEAN ne se limitera pas aux instruments déjà existants et continuera d’avancer vers la création d’une communauté plus inclusive et promotrice d’une qualité de vie élevée, protectrice des droits humains.  Il a conclu en mentionnant que la région poursuivrait sa collaboration avec les agences des Nations Unis et ses partenaires pour soutenir le développement social de la région vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme FITZGIBBON de l’Union européenne a déclaré que, consciente de l’importance du développement social dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Union européenne s’était félicitée de l’organisation, en novembre dernier à Gothenburg en Suède, du premier Sommet social européen de ces 20 dernières années.  Par décision conjointe du Parlement européen, du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne, les droits sociaux ont à cette occasion été proclamés Pilier européen.  Ce nouveau statut sera utilisé à l’avenir comme une boussole pour faire la promotion du développement social en Europe et améliorer les conditions de vie et de travail dans l’Union.  Ses 20 principes se divisent en trois grandes orientations: l’égalité des chances et de l’accès au marché du travail, des conditions de travail justes, ainsi qu’un mélange de protection et d’inclusion sociales.

Pour expliquer cette décision, la représentante de l’Union européenne a rappelé les difficultés rencontrées par les systèmes de protection sociaux des pays qui composent l’organisation d’intégration régionale.  Aussi bien en termes de dépenses (retraites, santé…) que de rentrées d’argent (diminution de la main-d’œuvre), nos sociétés sont confrontées à la pression démographique a-t-il expliqué, et ce, sans compter « les nouvelles formes de travail qui défient la façon dont nous finançons, organisons et distribuons cette protection sociale ».  « Conserver et faire évoluer nos modèles sociaux constituent sans doute le plus grand défi structurel auquel l’Europe aura à faire face dans la décennie à venir », a affirmé Mme Fitzgibbon.

Soulignant l’importance de l’apprentissage pour les adultes afin de répondre à l’évolution des besoins du marché du travail, la représentante a regretté que les moins qualifiés d’entre eux soient pourtant moins susceptibles que les autres à participer à ces formations.  L’objectif de la Nouvelle stratégie pour les compétences en Europe est d’offrir le cadre pour faire évoluer cette situation et accompagner les changements.  Mme Fitzgibbon s’est ensuite penchée sur la situation des jeunes travailleurs européens, pointant qu’ils sont substantiellement moins payés que leurs pairs plus âgés.  C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, l’Union européenne a introduit une garantie qui dispose que toute personne âgée de moins de 25 ans doit se voir proposer une offre d’emploi de qualité, un apprentissage ou une formation dans les quatre mois qui suivent la sortie du système scolaire ou le début d’une période de chômage.  « Chaque année depuis 2014, ce mécanisme a offert des opportunités à 3,5 millions de jeunes », s’est félicitée la représentante.  « Le chômage des jeunes a atteint son plus bas niveau depuis le début des années 2000.  Mais il faut poursuivre les efforts, en particulier à destination de ceux que nous ne parvenons pas encore à atteindre et soutenir », a-t-elle nuancé.

Mme Fitzgibbon s’est ensuite longuement étendue sur la notion d’équilibre famille-travail.  Elle a insisté sur la nécessité de trouver des solutions permettant à chacun et chacune de choisir comment il ou elle veut mener sa vie, accompagner ses enfants, s’occuper de ses aînés ou poursuivre sa carrière.  Elle a estimé que cela serait bénéfique à tous, et notamment aux femmes car cela leur permettra de participer comme elles le souhaitent au marché du travail, de ramener leur taux d’emploi au même niveau que celui des hommes et d’améliorer l’équité salariale entre les genres.  À ce propos, la représentante a rappelé que la Commission européenne avait adopté en 2014 une « Recommandation relative au renforcement du principe de l’égalité des rémunérations des femmes et des hommes grâce à la transparence » ainsi qu’un plan d’action européen sur la question.  Autant de raisons pour lesquelles le pilier européen des droits sociaux a été accompagné d’une initiative Équilibre Famille-Travail qui inclut de nouvelles normes minimales en termes de congés parentaux, une orientation politique, un meilleur soutien des hommes qui souhaiteraient prendre plus de congés et une réduction des facteurs économiques qui dissuadent les femmes de travailler.

Se penchant pour finir sur le sort des personnes handicapées, Mme Fitzgibbon a dit regretter que ces citoyens européens continuent de rencontrer plus de difficultés sur le marché du travail et dans le système scolaire que les autres.  Signataire de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, l’Union européenne, a-t-elle assuré, est en train de réviser sa Stratégie 2010-2020 en faveur des personnes handicapées afin d’y intégrer les objectifs de ladite Convention.

Concluant sur le Consensus européen pour le développement, Mme Fitzgibbon a dit y voir la preuve de l’implication de l’Union européenne dans la réalisation des 17 objectifs de développement durable définis par les Nations Unies  Ce consensus prévoit, a-t-elle rappelé, que les pays membres promeuvent l’égalité des genres et une approche du développement basée sur les droits humains.

M. SKINNER-KLEE (Guatemala), qui s’exprimait au nom du Groupe des amis des personnes âgées, a relevé la tendance à la hausse de sociétés vieillissantes et de personnes âgées, qui affecte de manière significative les structures démographiques des sociétés.  Cela impose, selon lui, de nouveaux défis et exige qu’une attention particulière soit accordée à cette problématique.  En effet, les personnes âgées peuvent contribuer de manière significative au développement durable dans leur société respective si des mesures adéquates sont mises en place.

Dès lors, il est impératif de veiller à la totale autonomisation pour qu’elles puissent contribuer effectivement, ne pas être uniquement récipiendaires de protection sociale, mais également agents actifs et bénéficiaires des changements.  Pour finir, le représentant a souligné que le Groupe insistait sur une approche fondée sur le droit des personnes âgées dans la mise en œuvre des politiques et programmes liés à la dimension sociale du développement durable.

M. JONNE JUNTURA, délégué de la jeunesse de la Finlande, a commencé son intervention par une anecdote personnelle.  « Le 13 mars 2014 est le jour qui a changé ma vie », a-t-il expliqué.  « C’est ce jour-là que je suis tombé malade.  Ce n’était pas une simple grippe, mais une maladie mentale; une anxiété suivie d’une dépression suivie par une anxiété encore plus profonde.  (…)  Ces troubles ont été suffisamment forts pour que je songe à mettre fin à mes jours.»  Chaque année, a-t-il poursuivi, près d’un million de personnes passent à l’acte et commettent un suicide.  Rappelant que moins de la moitié des personnes atteintes de troubles mentaux bénéficient du traitement adéquat et qu’une large part d’entre elles sont âgées de moins de 25 ans, il a plaidé pour qu’on prête rapidement attention à la santé mentale des jeunes.

M. Juntura a alors pointé les remparts qui barrent encore trop souvent l’accès aux services de santé mentale, la stigmatisation et les discriminations dont font l’objet ceux qui ont besoin de soins pour être des membres actifs de la société.  « Ces remparts sont encore plus hauts pour certains groupes, comme la communauté des personnes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres ou intersexuées, les femmes enceintes, les handicapés et les migrants », a même estimé le représentant.  Selon lui, agir sur ce sujet est crucial si l’on souhaite atteindre les plus hauts standards de santé physique et mentale et construire la cohésion sociale des communautés de demain.  « La maladie mentale n’est pas un échec », a-t-il conclu, « en citant l’ancienne Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé, le Dr Gro Harlem Brundtland.  Si échec il y a, il réside dans la façon dont nous accompagnons ceux qui en sont atteints ».

Mme NATALIE DANIELA HAAS (Autriche), s’exprimant au nom de la jeunesse autrichienne, a déclaré que les jeunes avaient peur d’un développement focalisé sur les différences et non les similarités, et étaient aussi préoccupés par la polarisation croissante des sociétés et par la démagogie.  Ces peurs découlent des disparités factuelles et ressenties dans les opportunités, a-t-elle expliqué.  Les jeunes sont souvent confrontés à des disparités face aux opportunités, en particulier s’ils viennent de groupes marginalisés.  En conséquence, ils font souvent face à de multiples formes de discrimination.

Les jeunes ont pourtant la volonté extraordinaire de participer et de contribuer pour relever les défis d’aujourd’hui, a poursuivi Mme Haas.  C’est dans ce contexte que l’Autriche est devenue le premier pays à autoriser le vote dès 16 ans à tous les niveaux politiques, offrant ainsi davantage de chances aux jeunes de façonner activement leur environnement.  De plus, grandir dans une Union européenne pacifique qui favorise la prospérité, la paix et la liberté et garantit que nous pouvons vivre dans un environnement sûr nous donne la possibilité de prospérer, a ajouté la représentante.

Alors que la terminologie « objectifs de développement durable » semble abstraite à beaucoup de gens, les jeunes sont déjà familiers à des problèmes et des défis que ces objectifs cherchent à atteindre, a encore déclaré Mme Haas.  Plus encore, de nombreux jeunes ont déjà trouvé des solutions novatrices pour relever ces défis.  Cinquante-trois pour cent des jeunes Autrichiens sont ainsi engagés dans des activités de volontariat, constituant un pilier fiable de la société civile autrichienne, a notamment fait observer la représentante.

M. THOMAS BURRI (Suisse) a observé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 encourageait à concevoir des politiques en ayant les besoins des générations futures à l’esprit.  Ceci s’applique aussi à l’engagement global consistant à « ne laisser personne de côté ».  Bien que ces besoins soient difficiles à appréhender, nous pouvons dégager les besoins nécessaires, a estimé le représentant.  Il est ainsi possible de ménager les caisses publiques en recourant par exemple à l’assurance pour indemniser les chômeurs ou assurer un revenu suffisant aux seniors, a-t-il fait valoir.

De telles mesures ne sont toutefois pas à la portée de tous les États, a reconnu M. Burri.  En l’absence de moyens, il faut pouvoir se concentrer sur l’aide aux plus démunis, sans pour autant se détourner des générations futures.  « Lutter contre la pauvreté répond à un devoir de justice et la prévenir représente un enjeu pour la postérité », a-t-il plaidé.

Pour le représentant, il y a intrinsèquement une dimension durable dans les politiques sociales.  C’est particulièrement vrai dans les mesures d’insertion ou de réinsertion professionnelle.  En outillant l’individu pour qu’il subvienne à ses besoins, on s’inscrit dans une perspective durable, a souligné M. Burri, précisant que l’insertion professionnelle des jeunes était une priorité publique en Suisse.  Il a d’autre part souhaité que la communauté internationale n’oublie pas de réfléchir aux causes réelles de la pauvreté, l’ONU ayant un rôle essentiel à jouer dans ce cadre, au travers notamment de la Commission du développement social.

M. Burri a ensuite donné la parole à M. TRISTAN ROBERT, délégué de la jeunesse pour la Suisse, lequel a jugé que la cohésion constituait un aspect essentiel de toute société désirant se développer de manière pacifique.  Mettre en œuvre cette cohésion nécessite d’être à l’écoute de toutes les composantes de la population, et en particulier des personnes en situation de vulnérabilité, a-t-il fait valoir.  Garantir une insertion sur le marché du travail est ainsi primordial pour les jeunes comme pour les travailleurs âgés.  Cohésion rime aussi avec tolérance, a-t-il ajouté, appelant à l’inclusion des minorités, notamment des populations migrantes, et à la mixité sociale qui favorise le « vivre ensemble ».  Il a enfin plaidé pour une éducation de qualité, ouverte et accessible à toutes et à tous afin de ne laisser personne de côté. 

Mme KARUGU (Kenya) a noté qu’aucun pays ou région n’était épargné par les inégalités sociales et économiques.  S’agissant de l’Afrique, elles se sont même aggravées, alors que les États du continent s’efforcent à améliorer la situation, a-t-elle constaté, soulignant la difficulté pour ces pays de réaliser les objectifs définis par le Sommet mondial pour le développement social à Copenhague.  Cette montée des inégalités, facteur de conflits, favorise la radicalisation et l’extrémisme violent, aux dépens d’une jeunesse vulnérable, a-t-elle déploré.

Dans ce contexte, a précisé la représentante, le Gouvernement du Kenya continue de travailler inlassablement à la réduction des inégalités au sein de sa population en faisant profiter cette dernière du développement social.  C’est ainsi que la Constitution de 2010 contient des dispositions garantissant les droits économiques, sociaux et culturels de tous les Kenyans, notamment des citoyens défavorisés et de leurs familles.  Au-delà de la sécurité sociale, le Gouvernement fournit également une assistance sociale au travers d’incitations monétaires et entrepreneuriales.  Cette aide prend notamment la forme de programmes d’allocation sous conditions, destinés aux personnes en situation de handicap, aux orphelins et aux personnes âgées.  Plus d’un million de foyers kenyans en ont déjà bénéficié, a indiqué Mme Karugu.

Le Kenya s’emploie par ailleurs à fournir une couverture santé universelle à tous ses citoyens, a poursuivi la représentante.  Le pays prévoit en outre d’accroître la sécurité alimentaire, la disponibilité de logements abordables et le secteur manufacturier.  Cet ensemble de mesures vise en particulier à permettre l’inclusion des femmes et des jeunes, catégories figurant parmi les principales victimes des inégalités sociales.  Mme Karugu a enfin réaffirmé l’engagement du Kenya en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses objectifs, au nombre desquels figurent le recul des inégalités et l’éradication de la pauvreté.

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) s’est concentrée sur les droits des personnes âgées eu égard à l’évolution démographique aussi bien dans les pays en développement que dans ceux développés.  La Slovénie est l’un des pays les plus concernés par le vieillissement parmi les États de l’Union européenne, puisque à la cadence actuelle, 25% de la population slovène aura plus de 65 ans à l’horizon 2030.

Or, ces personnes sont susceptibles de voir leurs droits humains bafoués, a estimé la représentante.  C’est pourquoi la Slovénie, qui appelle à la pleine mise en œuvre du Programme 2030 pour le développement durable, estime qu’il est de la responsabilité de chacun de plaider pour le renforcement et la pleine réalisation de tous les droits humains et des libertés fondamentales en faveur des personnes âgées.

La représentante a ensuite laissé à sa place à une représentante de la jeunesse slovène, Mme URŠA SVETELJ.  Celle-ci a réclamé une augmentation de la participation des jeunes à l’échelle mondiale, estimant que la génération actuelle prend très au sérieux la problématique de l’égalité à l’échelle mondiale.  Désormais, « nous ne nous demanderons plus quel pays dispose du PIB le plus élevé, mais nous nous interrogerons plutôt sur le point de savoir quel pays agit le mieux pour le monde », a-t-elle déclaré.  Et si « nous arrivons à promouvoir cet esprit au sein de nos sociétés, alors ce serait là, une avancée fabuleuse! », a-t-elle conclu. 

Mme JAHKINI BISSELINK (Pays-Bas) a dit vouloir parler au nom des groupes marginalisés, qui n’ont pas eu la chance, comme elle, de fréquenter l’université.  Elle a expliqué avoir elle-même été confrontée à cette impression d’exclusion, avec toutes les conséquences qui en découlent: démotivation, sentiment d’être un poids pour la société….  Ce sentiment, de nombreux jeunes aux Pays-Bas y ont été malheureusement confrontés, a ajouté la représentante.  Il s’agit en général de groupes vulnérables, marginalisés souvent à cause de leur ethnicité, croyance ou orientation sexuelle.  Cette polarisation sociale, ce sentiment de rejet, est, selon elle, un des facteurs de l’extrémisme violent.  Mme Bisselink s’est adressée directement aux pays occidentaux pour leur dire que les objectifs de développement durables relatifs aux inégalités, à la jeunesse, à la paix et à la sécurité et à l’éducation ne sont pas uniquement applicables aux pays en développement: « Nous, en tant que pays développés, avons beaucoup à faire » à cet égard, a-t-elle affirmé.

Mme NORAH ABDULAZIZ H. ELGIBREEN (Arabie saoudite) a déclaré que son pays avait mis en place une politique de promotion du volontariat afin d’encourager la population à se porter volontaire.  Concernant les handicapés, elle s’est félicitée des conclusions du rapport du Secrétaire général et a mentionné que le pays mettait l’accent sur les besoins des personnes handicapées dans leurs politiques.

Les personnes âgées occupent une place spéciale en Arabie saoudite, a affirmé la représentante, ajoutant que des programmes et des centres spécifiques, comme le Centre social du Roi Salman, leur donnaient la possibilité de contribuer à la société en partageant leurs savoirs et expériences. 

Mme Elgibreen a en outre mentionné un décret royal qui met l’accent sur l’alphabétisation des adultes et a conclu en affirmant que le développement social nécessitait la contribution de tous les pays et le partage d’expériences.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déclaré que, pour que l’espèce humaine survive, il fallait que prévalent la justice sociale, la solidarité, l’égalité et le respect des droits des peuples et de tous les êtres humains.  Quant aux mesures mises en place par Cuba à l’attention de la jeunesse, la représentante a mentionné qu’elles donnaient la priorité à la formation et à l’insertion professionnelle, à la participation dans les processus de discussion et l’adoption des décisions ainsi qu’à la représentation dans les principales instances politiques du pays.

En 2030, la population cubaine de plus de 60 ans atteindra 3,3 millions de personnes, a déclaré la représentante.  C’est pourquoi Cuba fait des personnes âgées une priorité, afin de garantir la qualité de vie de ce segment de la population.

Malgré l’embargo que subit le pays depuis six décades, embargo qui affecte directement le développement social du pays, Cuba continue de réaliser des progrès notables en direction de la réalisation des objectifs de développement durable, a affirmé Mme Rodríguez Abascal.  Cuba contribue même au développement social d’autres pays, a ajouté la représentante, qui a cité l’envoi de plus de 55 000 professionnels de la santé dans plus de 67 pays.

Mme AKANE MIYAZAKI (Japon) a souligné que son pays accordait une grande importance à l’autonomisation holistique de tous les individus, en particulier les femmes, les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, les jeunes et les personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT).  D’un point de vue de la sécurité humaine, le Japon a pris des initiatives d’abord sur le plan national pour édifier une société où chacun peut participer sans discrimination, et ce, à travers une politique de sensibilisation, traitant les disparités économiques et la pauvreté ainsi qu’en promouvant l’environnement du travail.

Au plan international, le Japon veille à ce que personne ne soit laissé de côté, notamment à travers sa contribution en soutenant les personnes handicapées et le développement social en Afrique, a poursuivi la représentante.  Elle a, à cet égard, indiqué que son pays saisirait l’opportunité des Jeux paralympiques d’été 2020 à Tokyo pour promouvoir cette catégorie de personnes dans divers domaines, y compris le sport.  Elle a rappelé, par ailleurs, que depuis 2014, le Gouvernement japonais abrite « l’Assemblée mondiale pour les femmes » (WAW) pour promouvoir une société où la femme est mise en avant et donne rendez-vous à l’assistance en mars prochain pour un symposium du « WAW ».

Pour M. RONNIE HABICH (Pérou), le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses objectifs de développement durables offrent de transformer le monde avec une approche axée sur l’individu sans laisser personne sur le bord de la route.  Le représentant a, à cet égard, appelé à autonomiser les personnes, notamment les plus vulnérables.  Il a fait part en ce sens de l’expérience de son pays, qui a fait du développement social un des axes de son programme de politique générale 2021, année du bicentenaire du Pérou.  Il a ainsi évoqué le plan multisectoriel consacré à la lutte contre l’anémie.

Le Pérou, qui préside la Conférence régionale sur la population et le développement de l’Amérique latine et des Caraïbes pour la période 2018-2020, réaffirme son engagement pour faire progresser les sujets abordés dans le cadre du Consensus de Montevideo, a affirmé M. Habich.  Au plan national, le Pérou s’est fixé comme objectif de réduire la pauvreté à 15% de la population et à assurer que les populations aient accès aux services de base.  Le Pérou veut également axer ses efforts sur la réduction de la vulnérabilité et assurer aux générations futures un avenir sûr et confiant, a ajouté le représentant.

M. FIRAS HASSAN JABBAR AL-KHAQANI (Iraq) s’est félicité de l’intérêt accordé par la communauté internationale à la problématique des personnes âgées, citant à cet égard la résolution de l’Assemblée générale qui a fait du 1er octobre de chaque année Journée internationale des personnes âgées.  Une Journée qui permet de mettre la lumière sur cette catégorie de personnes et leur permettre de bénéficier des dividendes du développement.  En Iraq, l’accent est mis en faveur des catégories les plus démunies et vulnérables -personnes en situation de handicap, âgées, jeunes, femmes…- en coordination avec la société civile, les partenaires locaux et les médias, a expliqué le représentant.

À l’endroit des jeunes, des projets au plan gouvernemental visent à répondre aux besoins des jeunes et soulignent leur rôle dans le développement, a expliqué le représentant.  À cet égard, un fonds d’aide leur a été consacré par le Ministère de la jeunesse pour le développement et le lancement de microprojets.  Par ailleurs, M. Al-Khaqani a jugé impératif de poursuivre la lutte contre le fléau persistant de l’analphabétisme dans le monde entier et de garantir un financement suffisant pour atteindre cet objectif.  Il a appelé à opter pour des approches efficaces et faire participer tous les secteurs et parties prenantes.

M. CHAUDHARY JAWAD ALI CHATHA (Pakistan) a souligné le lien inextricable entre le développement social et la croissance économique qui sont complémentaires et se renforcent mutuellement.  De fait, ce n’est pas une coïncidence si le Programme de développement durable à l’horizon 2030 met les peuples et la prospérité au centre de ses priorités, a jouté le représentant, qui a fait observer que, malgré d’énormes progrès accomplis sur le chemin de la réduction de la pauvreté globale, de grandes disparités demeuraient entre les régions et au sein des États eux-mêmes.

Au Pakistan, a poursuivi M. Ali Chatha, l’éducation est perçue comme un investissement judicieux dans le futur.  Mieux, elle constitue une priorité de premier plan pour le nouveau Gouvernement.  Pour les seules trois dernières années, 2,5 millions d’élèves ont ainsi rejoint les bancs de l’école, une illustration, pour le représentant, des initiatives innovantes prises par le Gouvernement.  Le Pakistan poursuit en outre une politique basée sur « le peuple d’abord », à travers la stratégie de développement durable sur le long terme « Pakistan Vision 2025 », a encore déclaré M. Ali Chatha.  Enfin, le représentant a évoqué la mise en œuvre de stratégies visant à permettre aux femmes, aux jeunes et aux personnes handicapées de devenir de véritables partenaires pour le développement.

M. CHERNENKO (Fédération de Russie) a déclaré que les questions d’élimination de la pauvreté, d’élimination de la faim et de garantie d’une éducation de qualité faisaient partie des priorités des Nations Unies, ajoutant que la Fédération de Russie considérait la réalisation des textes du Sommet mondial pour le Développement social comme une partie essentielle de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le représentant a ensuite exprimé son désaccord avec la conception selon laquelle les questions de développement social devraient se concentrer sur le développement durable et les droits fondamentaux, avant d’insister sur l’importance du rôle de la Commission du développement social.

M. Chernenko a ensuite insisté sur l’engagement sans faille de la Fédération de Russie envers ses concitoyens, notamment à travers le décret présidentiel du 8 mai 2018, et ce, malgré les difficultés qu’impose l’application de sanctions contre son pays.  Grâce à la politique économique menée par la Fédération de Russie, le chômage atteint dans le pays le seuil de 5,2% et le salaire minimum touche 72% de la population active, un chiffre que le pays espère mener à 100% en janvier 2019, a-t-il affirmé.

Quant aux personnes âgées, M. Chernenko a expliqué qu’elles étaient une des priorités du pays, ajoutant que la réforme des retraites en cours allait permettre d’améliorer grandement leur situation matérielle.  Il a ajouté qu’à partir du 1er janvier 2019 serait facilitée la formation des personnes en âge de préretraite.

M. PHAM ANH THI KIM (Viet Nam) a averti que les inégalités, dans toutes leurs dimensions, peuvent nuire, si elles ne sont pas prises en compte, aux progrès réalisés en matière de développement et même saper la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Face aux inégalités croissantes de revenu, les États Membres et la communauté internationale dans son ensemble se doivent d’intensifier leurs efforts pour apporter des solutions innovantes et efficaces, a-t-il plaidé.

Pour le Viet Nam, l’impact négatif des changements climatiques exacerbe les inégalités.  Le pays figurant parmi les plus vulnérables en la matière, le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par l’augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes, la montée du niveau des eaux, l’érosion terrestre et la survenue de catastrophes naturelles comme le récent typhon Mangkhut aux Philippines et le tsunami couplé à des séismes à Sulawesi en Indonésie. 

L’impact de ces catastrophes est tel qu’il faut des générations pour s’en remettre et reconstruire, a insisté le représentant.  Cette dure réalité doit inciter les États Membres à intensifier leurs efforts pour répondre aux changements climatiques et offrir une vie plus durable aux générations futures, a-t-il affirmé, appelant par ailleurs la communauté internationale à veiller à l’interrelation existant entre le fossé numérique et les inégalités, laquelle est particulièrement marquée entre les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les populations urbaines et rurales.  Le Viet Nam, qui a accueilli le Forum économique mondial de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2018, est très sensible à cette réalité et plaide pour les technologies bénéficiant au plus grand nombre. 

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a rappelé que le développement social était, avec le développement économique et la protection de l’environnement, l’un des trois piliers du plan de développement de son pays.  « Le développement social met l’accent sur les ressources humaines, l’éradication de la pauvreté et les soins de santé », a-t-il souligné.

Outre l’amélioration de l’éducation, « priorité majeure », et le soutien aux personnes âgées - une « source d’amour et d’inspiration pour la famille et la société », le représentant s’est plus spécifiquement penché sur le sujet des personnes handicapées.  Il a notamment expliqué que son pays avait mis en place un plan d’action pour une stratégie nationale centrée sur les besoins spécifiques de cette population.  Cette stratégie est, a-t-il expliqué, destinée à protéger les droits des handicapés, collecter des données, développer des politiques spécifiques, communiquer sur le sujet et encourager le grand public à aider et respecter ces personnes.

M. GIORGIO (Érythrée) a rappelé que la communauté internationale s’était engagée dans la Déclaration de Copenhague à éradiquer la pauvreté, promouvoir l’intégration sociale et réduire les inégalités.  Or, a déploré le représentant, aujourd’hui, ces maux sont encore des défis au quotidien.  Pour lui, il est inacceptable, à l’ère des progrès scientifiques et technologiques, que des millions de personnes souffrent encore de la pauvreté et meurent de maladies faciles à soigner.  Malgré les nombreuses avancées dans le domaine social, les conflits et les inégalités croissantes, le commerce mondial et les systèmes financiers entravent les aspirations de millions de personnes dans les pays en développement à réaliser leur plein potentiel sur la voie d’un développement économique et social.

Le Programme 2030 imprime un nouvel élan pour le partenariat mondial, a ensuite relevé M. Giorgio.  L’Érythrée, a-t-il affirmé, a accompli de « modestes progrès » dans le développement social et aspire à devenir un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2030.  L’Érythrée, une nation pacifique qui contribue à la paix régionale, se félicite que la réunion de la Troisième Commission de cette année coïncide avec la décision des États de la Corne de l’Afrique de clore un chapitre sombre de leur histoire et de s’embarquer dans une nouvelle ère de paix et d’intégration économique, a également assuré le représentant.

M. TEODORO L. LOCSIN JR. (Philippines) a dit que l’engagement du Gouvernement au Programme de développement durable à l’horizon 2030 avait été traduit dans le programme « Vision 2040 ».  Celui-ci, a-t-il expliqué, vise à créer une société prospère et dominée par la classe moyenne dans laquelle plus personne ne sera pauvre et dans laquelle tous les Philippins jouiront d’un style de vie stable et confortable et sauront qu’ils peuvent planifier et préparer leur avenir et celui de leurs enfants dans le cadre d’un gouvernement clair, juste et attentionné.  Le Président Rodrigo Roa Duterte veut éradiquer la corruption à tous les niveaux du Gouvernement et traduire les acquis de la bonne gouvernance en avantages directs, immédiats et substantiels qui autonomisent les pauvres et les marginalisés, a affirmé le représentant. 

En outre, a poursuivi M. Locsin, le Gouvernement met en œuvre un programme de transfert d’argent qui est le plus grand programme de protection sociale pour les pauvres de 41 620 villages et 1 627 villes et municipalités dans tout le pays.  Au 15 août 2018, ce programme a bénéficié à 4,39 millions de personnes, a précisé le représentant. 

M. Locsin a ensuite mis l’accent sur le Plan de développement de la jeunesse 2017-2022, centré sur la participation et élaboré en consultations avec diverses parties prenantes.  Ce plan encourage la participation des jeunes dans neuf directions, notamment l’éducation, l’autonomisation économique, l’inclusion sociale, la consolidation de la paix et de la sécurité, a détaillé le représentant.  Enfin, il a cité un programme de pension pour les personnes âgées qui a commencé en 2011 et a, à ce jour, bénéficié à 2,8 millions de personnes. 

Mme MARTHA A. A. POBEE (Ghana) a relevé que le rapport du Secrétaire Général sur la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial pour le développement social insistait sur la nécessité de traiter les inégalités dans toutes leurs dimensions afin d’éradiquer la pauvreté, de faire avancer le progrès social et d’atteindre le développement durable.  Elle a également déclaré que le Ghana soutenait les recommandations contenues dans ledit rapport.

Revenant sur les mesures prises par son pays en la matière, la représentante a mentionné la priorité donnée à l’accès à l’éducation pour tous les enfants jusqu’au lycée, une mesure qui a permis à 90 000 jeunes d’accéder à l’enseignement secondaire.  Par ailleurs, dans le domaine de la santé et des services de santé, le Ghana a réalisé des progrès constants depuis une décennie, notamment grâce à l’instauration de la couverture médicale universelle.

Mme Pobee a ensuite insisté sur la nécessaire reconnaissance des personnes handicapées et/ou vulnérables, afin d’atteindre un développement inclusif.  Et de mentionner que leurs besoins spécifiques étaient pris en compte dans le Code de la construction du Ghana, ainsi que dans celui du transport, en cours de révision.

Mme MASITAH JAAFAR (Brunéi Darussalam) a déclaré que le vieillissement de la population était une des transformations sociales majeures du XXIsiècle, rappelant que la population de plus de 65 ans représente aujourd’hui 6% de la population mondiale, mais que cette proportion doublera d’ici à 2035.  Afin de protéger les droits des personnes âgées, le Brunéi Darussalam a mis en place une série de mesures, et notamment une pension de vieillesse et d’incapacité, qui offre aux plus de 60 ans une allocation financière mensuelle, a expliqué la représentante.

Le Brunéi Darussalam continue de s’assurer que le pays offre des services de santé accessibles à tous, a encore déclaré Mme Jaafar.  De même, le pays s’assure que ces services soient en lien avec les jeunes, afin de partager avec eux leurs savoirs et expériences, a-t-elle assuré. 

Mme HAOKIP (Inde) a souligné que, face aux inégalités persistantes, son pays préconisait un renforcement de la dimension sociale du développement durable.  Tout en poursuivant une approche inclusive pour la réalisation des objectifs de développement durable, Mme Haokip a exhorté à relever les défis émergents inhérents à la globalisation et aux innovations technologiques qui accentuent davantage ce fossé.

Pour l’Inde, le développement social inclusif est une priorité, reflétée d’ailleurs dans la devise du Gouvernement: « des efforts collectifs, un développement inclusif ».  De fait, a poursuivi la représentante, le développement économique durable a sauvé des millions de la pauvreté.  Bien plus, a-t-elle affirmé, l’Inde a d’ores et déjà mis en œuvre des programmes pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a cité notamment l’intégration financière et la mise en place d’opportunités d’emplois décents pour tous, avec un accent particulier mis sur les femmes, les jeunes et les personnes en situation de handicap.  Ces groupes, a-t-elle conclu, sont au « cœur » de notre stratégie de développement.

Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) a mentionné les politiques de ciblage géographique menées par son pays en faveur de zones reculées en matière de développement visant notamment les personnes handicapées et âgées.  Elle est revenue sur différents programmes mis en œuvre par le Gouvernement égyptien comme l’assurance maladie universelle ainsi que, entre autres, un programme de planification limitant à deux enfants les familles bénéficiant de cette aide.  La représentante a également expliqué qu’un programme de base pour promouvoir l’accès à l’eau potable des familles les plus démunies ainsi qu’un autre visant leur autonomisation économique dans le but de leur assurer un avenir grâce à des emplois dignes.

La Convention relative aux droits des personnes handicapées n’a pas été traduite dans la législation nationale, avant 2017, a expliqué Mme Abdelkawy.  À cette date, la première loi protégeant les personnes handicapées a été adoptée au Parlement, leur allouant notamment une aide financière mensuelle.  En ce qui concerne les personnes âgées, la Constitution égyptienne garantit leurs droits sociaux, de santé et culturels.  Pour les jeunes, plus de 10 milliards de dollars ont déjà été investis à travers la mise en place de microprojets. 

En conclusion, la représentante a appelé à un effort coordonné du Gouvernement, de la société civile et du secteur privé afin de mettre un terme aux inégalités et à la pauvreté.

Mme INANC-ORNEKOL (Turquie) a décrit les mesures prises par son pays pour réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et construire une société plus résiliente.  Le Plan de développement 2019-2023 de la Turquie repose sur la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection environnementale.  La représentante a vanté les progrès réalisés par son pays dans la lutte contre la pauvreté, la création d’emploi et l’accès aux services sociaux de base, dans un cadre inclusif et fondé sur l’état de droit.  En outre, le Plan de développement national prévoit des mesures susceptibles de favoriser l’émancipation des femmes, des jeunes et des personnes handicapées, a-t-elle expliqué, notamment par le biais de l’accès à l’éducation et au marché du travail. 

Pour Mme Inanc-Ornekol, il est « impératif » de tenir compte des réalités démographiques de la Turquie, et des besoins des personnes âgées.  À cette fin, le Gouvernement a mis en place le Plan d’action national sur le vieillissement et la situation des personnes âgées, ainsi que la Commission spéciale d’expertise sur le vieillissement.  La Turquie, a continué la représentante, a également adopté une série d’initiatives afin d’assurer la pleine participation des jeunes à la vie publique et politique de leur pays, y compris des programmes de réintégration et de réhabilitation. 

En outre, principal pays d’accueil de réfugiés dans le monde, la Turquie a enrôlé des enfants syriens dans son système d’éducation publique et construit 318 centres éducatifs temporaires, a précisé la représentante.

Mme AGNE SZUDA, représentante de la jeunesse de la Hongrie, a raconté son périple de plusieurs mois à l’intérieur de son pays à la rencontre des jeunes pour établir des ponts entre cette catégorie et les Nations Unies et promouvoir les valeurs et l’action de l’Organisation mondiale.  Cela a été également, pour elle, un moyen de les écouter et constater leur immense potentiel.  Mais, a-t-elle fait observer, ce n’est pas suffisant pour changer le monde.  Les jeunes ont besoin d’être autonomisés, de recevoir une éducation de qualité et de participer à la prise de décisions.  C’est, à son avis, un outil essentiel pour faire des jeunes un « moteur du changement ».

De même, Mme Szuda a dit avoir discuté avec des jeunes handicapés et ressenti leur frustration devant les barrières qu’ils doivent surmonter, notamment l’accès à des postes de responsabilités.  Pour elle, il est indéniable qu’un long chemin reste à parcourir avant d’atteindre l’objectif de dépasser les discriminations face à ce qui n’est, après tout, que de « simples différences si nous le voulons ».  La représentante a terminé son discours en langage des signes pour encourager ces jeunes et leur dire « œuvrons ensemble pour bâtir un avenir meilleur ».

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