Conseil de sécurité: pas d’avancée majeure ces trois derniers mois au Darfour, selon le Comité des sanctions
La Présidente du Comité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan a noté, cet après-midi devant le Conseil, l’absence d’avancée majeure dans le processus de paix au Darfour, ces trois derniers mois. Face à la persistance des affrontements entre Khartoum et les rebelles darfourais dans le Jebel Marra, Mme Joanna Wronecka a appelé les autorités soudanaises à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils et accélérer le retour des personnes déplacées.
La Présidente polonaise, qui présentait son rapport trimestriel pour la période allant du 15 juin au 3 octobre, a indiqué que le Comité 1591 (2005) avait principalement travaillé à la mise en œuvre des recommandations qu’elle avait formulées, après sa visite au Soudan, du 13 au 20 avril 2018. Le Comité 1591 (2005), a-t-elle ajouté, a également été saisi du rapport intérimaire du Groupe d’experts sur le Soudan, chargé de l’aider à faire appliquer les sanctions, y compris l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.
Selon la Présidente, le document que le Groupe d’experts a soumis à son Comité le 17 août, indique « qu’il n’y a pas eu d’avancée majeure dans le processus de paix au Darfour ». D’après les experts, en effet, l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) refuse toujours de négocier avec le Gouvernement soudanais.
De fait, le rapport indique que des affrontements sont actuellement en cours dans le Jebel Marra entre, d’un côté, les autorités du Soudan, les milices progouvernementales, et de l’autre, des membres de l’ALS-AW. Ces affrontements, auxquels s’ajoute la persistance de conflits intercommunautaires, ont eu, selon Mme Wronecka, des conséquences négatives sur la population civile au Darfour, où des rapatriés auraient été victimes de violations des droits de l’homme, ainsi que de violences sexuelles.
La Présidente a par conséquent appelé le Gouvernement soudanais à prendre des mesures « plus strictes » et « immédiates » pour protéger les civils et pour encourager le retour des personnes déplacées. Parmi ces mesures, elle a cité l’établissement d’antennes administratives locales, la constitution de forces de police et l’ouverture de tribunaux.
Le Gouvernement du Soudan, a par ailleurs indiqué Mme Wronecka, continue de transférer des armes vers le Darfour, sans l’autorisation préalable du Comité des sanctions. Selon elle, Khartoum se justifie en brandissant des résolutions du Conseil de sécurité, qui attribuent aux autorités soudanaises la responsabilité de protéger les civils. Aux yeux du Soudan, une telle responsabilité suppose l’accès à des équipements militaires.
La Présidente a également attiré l’attention sur un certain nombre de violations de l’embargo sur les armes commises par les groupes armés et leurs soutiens dans la région. Elle a toutefois relayé l’avis du Groupe d’experts, pour lequel la partition des forces militaires de l’ALS-AW dans le Jebel Marra finira par limiter l’efficacité des groupes rebelles. Mais si la présence de groupes armés darfourais au Soudan du Sud a diminué; le soutien de Djouba ayant diminué, Mme Wronecka a toutefois souligné que la présence de ces groupes continuait d’augmenter en Libye.
La Présidente a donc appelé les Comités des sanctions du Conseil pour le Soudan du Sud et la Libye à continuer de collaborer étroitement avec son Comité pour surveiller les activités des rebelles darfourais et développer une approche commune pour les empêcher de déstabiliser la région. Elle a également appelé le Coordonnateur du Groupe d’experts, M. Bifwoli Wanjala, à soumette au Comité 1591 (2005) une liste de nouveaux individus et entités susceptibles d’être frappés d’une interdiction de voyager et d’un gel des avoirs.
Enfin, Mme Wronecka a dit avoir reçu, le 21 septembre, la deuxième mise à jour trimestrielle du Groupe d’experts, essentiellement centrée sur les efforts politiques et les pourparlers de paix en cours. Ce rapport, a-t-elle ajouté, indique aussi qu’un nombre significatif de personnes déplacées demeure dans des camps à travers le Darfour, y compris dans les zones où la sécurité s’est pourtant améliorée. Les experts font également mention du manque d’accès d’un grand nombre de personnes déplacées aux opportunités économiques et aux services sociaux, alors même que l’aide humanitaire se raréfie.