En cours au Siège de l'ONU

Suite et fin du Sommet de la paix Nelson Mandela: l’Assemblée générale rend au leader sud-africain un hommage en forme d’inspiration pour agir

Soixante-treizième session,
5e séance plénière (reprise) – matin
AG/12074

Suite et fin du Sommet de la paix Nelson Mandela: l’Assemblée générale rend au leader sud-africain un hommage en forme d’inspiration pour agir

L’Assemblée générale a clos ce matin la deuxième partie du Sommet de la paix Nelson Mandela, une réunion de haut niveau ouverte lundi 24 septembre et au cours de laquelle plus de 150 orateurs auront salué le parcours exceptionnel de l’ex-Président de l’Afrique du Sud, tout en réfléchissant à la paix mondiale.

Pour rappel, l’Assemblée générale a adopté, au premier jour du Sommet, à la veille de l’ouverture de son débat général, une déclaration* politique proclamant la période 2019-2028 « Décennie Nelson Mandela pour la paix ».  Par ce texte, l’Assemblée exhorte tous les États Membres, durant les 10 prochaines années, à « redoubler d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales, du développement et des droits de l’homme ».

La réalisation du rêve démocratique de Nelson Mandela, après 27 ans de prison, et la réconciliation avec ses anciens ennemis, ont continué d’inspirer la quarantaine de représentants qui se sont exprimés aujourd’hui, dont quatre ministres et quelques organisations internationales.  Le mot « inspiration » est revenu sans relâche à la tribune.  À travers l’homme, le dirigeant, ses valeurs et son mythe, chaque nation a tiré de l’expérience de Madiba un élan pour ses propres luttes.

« Ses idéaux continueront à inspirer l’humanité » a parfaitement résumé le Ministre des affaires étrangères du Népal, M. Pradeep Kumar Gyawali.  « Le monde de paix qu’appelle Madiba est un monde où les enfants peuvent manger à leur faim et se vêtir », a insisté M. Mahamat Zene Cherif le Ministre des affaires étrangères du Tchad, pays où la paix, la sécurité, la justice sociale sont encore à conquérir comme dans l’Afrique du Sud d’avant la démocratie.

Par ailleurs, en début de séance, l’Assemblée générale a pris note (A/73/367/Add.1) du fait que la Guinée-Bissau a effectué les versements nécessaires pour ramener ses arriérés en deçà du montant calculé selon l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

Suite du sommet

Pour le Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la coopération internationale et de la diaspora du Tchad, M. Mahamat Zene Cherif, la carrure politique de Nelson Mandela, sa foi en la paix et la justice sociale sont une inspiration pour lui et son peuple.  Dans la région du lac Tchad, la paix, la sécurité, la justice sociale sont encore à conquérir, a-t-il déploré, et l’insécurité alimentaire fait des ravages.  « Le monde de paix qu’appelle Madiba est un monde où les enfants peuvent manger à leur faim et se vêtir », a-t-il soutenu.

Les idéaux de Nelson Mandela ne sont pas suivis par tous les États, a constaté le Ministre des affaires étrangères du Bélarus, M. Vladimir Makei.  Préoccupé notamment par l’absence de résultats dans le domaine du désarmement, il a regretté que des zones exemptes d’armes nucléaires n’existent pas dans toutes les régions du monde.  « Chacun d’entre nous doit se poser la question suivante: ai-je fait tout ce qui est en mon pouvoir pour assurer la paix et la sécurité internationales? » a-t-il lancé.

Le peuple du Népal a fait preuve d’une résilience sans pareille afin de parvenir à la paix par le biais du dialogue et en s’efforçant d’incarner les idéaux de Nelson Mandela, a pour sa part assuré le Ministre des affaires étrangères du Népal, M. Pradeep Kumar Gyawali.  « Il n’existe pas de recette miracle au règlement des conflits. »  Nelson Mandela a donné des leçons d’humilité et de compassion, en pardonnant même à ceux qui l’ont privé de liberté pendant de longues années.

Le Ministre et Secrétaire privé de la politique de la présidence du Nicaragua, M. Paul Oquist, a rappelé que Nelson Mandela a aussi encouragé à la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Pour le héros sud-africain, la révolution sandiniste a été « un modèle », a-t-il dit, évoquant une réunion entre M. Mandela et un haut responsable sandiniste.

« Être libre ne veut pas uniquement dire briser ses chaînes mais plutôt vivre dans la dignité », a déclaré à son tour le représentant de l’Iraq, citant Nelson Mandela.  La grande participation de la communauté internationale à ce sommet prouve, s’il le faut, que celle-ci partage les idéaux de l’ancien Président sud-africain.  Ayant éliminé les groupes terroristes sur son territoire, l’Iraq s’efforce aujourd’hui, en coopération avec le système des Nations Unies, d’inclure les objectifs de développement durable dans ses politiques. 

Ensuite, le représentant du Cambodge a évoqué la force de caractère de Nelson Mandela, « toujours prêt à combattre l’injustice ».  Son héritage montre à quel point la coopération est susceptible de favoriser la paix, a-t-il dit avant de souligner l’importance vitale que le grand homme accordait à l’éducation.  Les conflits sont générés par les humains et éclatent à la suite d’un manque de liberté, a estimé le représentant de la Thaïlande, invitant au respect mutuel, à la tolérance et à la vérité, sur la base de la réconciliation.  À son tour, le représentant du Myanmar a voulu rendre hommage à la contribution de Nelson Mandela, citant ses paroles relatives à la paix et à la réconciliation.

Le Sommet de la paix Nelson Mandela doit être l’occasion d’investir dans les valeurs héritées des grands leaders politiques internationaux, a indiqué la représentante des Émirats arabes unis.  C’est un homme qui a « fasciné » notre temps tant il a ouvert la voie vers la réconciliation de l’Afrique du Sud, a renchéri la représentante de l’Italie, qui brigue un siège au Conseil des droits de l’homme.

Pour le représentant du Burkina Faso, la Déclaration politique « confirme toute l’admiration des Nations Unies pour Nelson Mandela, non seulement dans son pays mais au-delà ».  Sa vie et son œuvre ont guidé tous les États Membres.  Elles nous enseignent que « quelle que soit la situation, il est possible de pardonner ».  « En ces temps d’inertie où l’audace nous manque parfois », qui mieux que Nelson Mandela incarne les valeurs essentielles sur lesquelles sont bâties les Nations Unies? a enchaîné son homologue du Bénin.  Alors que les inégalités au sein des pays se creusent, le plus bel hommage à lui rendre c’est de continuer à défendre ses valeurs.  « L’Afrique a une dette envers lui », a-t-il estimé.  Le représentant de l’eSwatini a vu en Nelson Mandela un « acteur révolutionnaire » et un défenseur des droits de l’homme, lauréat d’un prix Nobel de la Paix.

« La lumière de Madiba brille partout » car il reste une source d’inspiration pour le monde entier grâce à sa ténacité, a apprécié à son tour le représentant du Burundi.  Les Burundais lui sont personnellement reconnaissants pour sa médiation pour marquer la fin d’un conflit fratricide.

Nelson Mandela occupe une place spéciale dans le cœur des Éthiopiens, a souligné son homologue de l’Éthiopie.  Les trois derniers mois ont marqué un nouveau chapitre dans la réconciliation entre l’Éthiopie, l’Érythrée et Djibouti, s’est-il félicité.  C’est là un progrès majeur pour l’ensemble de la région, un vent qui permet d’espérer la fin des conflits africains.

Pendant les mouvements d’indépendance, les peuples d’Europe de l’Est n’ont cessé d’être de fervents défenseurs de la paix et de la sécurité des États, a témoigné la représentante de la Lettonie.  D’après elle, les vrais dirigeants sont ceux qui, comme Nelson Mandela, sont « prêts à se sacrifier pour la liberté de leur peuple ».  C’est son expérience en prison qui a enseigné à Nelson Mandela les stratégies qui l’ont amené à devenir Président, a relevé le représentant des Philippines.  Le représentant du Pakistan a salué en particulier la détermination de M. Mandela à défendre les plus démunis.  Toutefois, malgré les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté, les dividendes de ces efforts continuent à ne pas être équitablement répartis, a-t-il regretté.  La coopération pour le développement a été marquée par la bourse qui porte le nom de Nelson Mandela, visant à permettre à des jeunes de tous les continents de poursuivre leurs études, a noté de son côté le représentant du Chili.

Si le représentant de l’Ukraine a rappelé l’expérience unique de son pays dans ses missions de maintien de la paix en Afrique, depuis 25 ans, la représentante de la Lituanie a utilisé l’œuvre politique de Nelson Mandela comme une référence absolue.  « Avons-nous tout fait pour promouvoir ses valeurs? » s’est-elle interrogée. 

 « Nelson Mandela nous a laissé un héritage à chérir », a déclaré le représentant des États-Unis.  Il n’a pas été épargné par l’adversité et pourtant n’a jamais cessé cette quête d’égalité et de justice que tous méritent, a-t-il ajouté.  « Malgré ses années d’emprisonnement, sa foi n’a jamais failli, et il a pardonné à ses bourreaux », a-t-il déclaré.  « À travers son exemple, nous savons que le changement est possible. »

« Alors que notre ordre moral est menacé chaque jour davantage, Nelson Mandela nous inspire à appliquer ses valeurs », a quant à lui déclaré le représentant de l’Allemagne, préoccupé par une nouvelle vague de populisme et de violence. 

Par ailleurs, la représentante de la Jordanie s’est souvenue que Nelson Mandela avait qualifié le conflit israélo-palestinien de « plus grand problème moral de notre temps ».  Pour elle, la situation actuelle du peuple palestinien fait écho à sa célèbre antienne: « Aussi longtemps que la pauvreté, l’injustice et les inégalités criantes persisteront dans notre monde, personne ne connaîtra le repos. »  Pour l’observateur de l’État de Palestine, le droit à l’autodétermination des peuples inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme était valable dans l’Afrique du Sud de l’apartheid et l’est tout autant aujourd’hui pour les Palestiniens.

Prenant la parole à son tour, la déléguée de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appuyé le droit légitime du peuple palestinien à une vie digne sur son territoire.  « Ce peuple ploie sous le joug de l’occupation depuis des décennies et si l’on croit sincèrement en les idéaux de Mandela, il nous faut nous convaincre que notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens », a-t-elle voulu.  Elle a appelé à parvenir à la paix et la justice pour les peuples de Palestine, de la Syrie, du Yémen et pour la minorité rohingya au Myanmar.  Tant qu’il y aura un soutien au terrorisme, au radicalisme, aux discours de haine et de racisme, la paix demeurera un vain mot, a mis en garde le représentant de la République arabe syrienne.

Le représentant de la Pologne a mis en parallèle la fin du régime d’apartheid et la transformation pacifique du pays à deux dates phares de l’histoire polonaise: l’indépendance en 1918, et la libération du joug communiste en 1989.  Le centenaire de la naissance de Nelson Mandela nous remet en mémoire la fin de la Première Guerre mondiale et notamment le Traité de Versailles qui nous ont enseigné que la vengeance excessive contre le vaincu peut avoir des conséquences catastrophiques, a relevé l’observateur du Saint-Siège.

« Si l’on veut faire la paix avec l’ennemi, il faut travailler avec l’ennemi », a philosophé la déléguée de l’Union interparlementaire.  L’UIP commémorera dans quelques semaines le centenaire de la naissance de Madiba et le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le représentant de Centre Sud s’est focalisé sur la contribution du « géant » Mandela à la justice sociale et à la défense des convictions dans la dignité.  Comment l’ONU aurait-elle pu adopter les objectifs du Millénaire (OMD) pour le développement si l’apartheid était encore de mise?  Au moment où nous sommes engagés sur le chemin de la réalisation du Programme 2030, mais aussi au moment où les droits de l’homme sont bafoués dans tant de conflits, saurons-nous nous montrer à la hauteur de Nelson Mandela, « cet homme qui n’a jamais cessé de croire, malgré l’immensité des épreuves, que l’amour jaillit plus naturellement du cœur humain que son opposé? » a demandé en conclusion la représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Fin du débat général: la Présidente de l’Assemblée générale se félicite de la « quasi-unanimité » des États Membres autour du multilatéralisme

Soixante-treizième session,
16e séance plénière - Matin
AG/12073

Fin du débat général: la Présidente de l’Assemblée générale se félicite de la « quasi-unanimité » des États Membres autour du multilatéralisme

Plus d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement, à l’exception notable du Président américain, ont défendu haut et fort le multilatéralisme, au cours du débat général de l’Assemblée générale qui se tenait cette année sur le thème « Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables* ». 

Dans son bilan en sept points de cette dernière semaine, la Présidente de l’Assemblée, Mme María Fernanda Espinosa-Garcés, de l’Équateur, s’est félicitée de ce que les dirigeants du monde se soient accordés à « la quasi-unanimité » pour dire que le multilatéralisme est l’unique réponse aux problèmes de l’humanité. 

Au premier jour du débat général, le 25 septembre, le Président Donald Trump avait déclaré: l’Amérique choisira toujours l’indépendance plutôt que la gouvernance internationale.  Le Chef d’État avait invité chaque pays à « défendre ses propres traditions et ses propres cultures ».  Nous ne voulons pas vous imposer notre manière de vivre, mais respectez notre souveraineté, avait-t-il lancé, avant la mise au point du Président français. 

L’unilatéralisme, avait plaidé M. Emmanuel Macron, nous conduit directement au repli et au conflit, à la confrontation généralisée de tous contre tous, et nuit à chacun et même, à terme, à « celui qui se croit le plus fort ».  La loi du plus fort ne protège aucun peuple contre quelque menace que ce soit, a insisté le Président, « quand bien même elle s’habillerait d’une forme de légitimité là où elle a perdu toute forme de légalité ».

Ensemble, en tant que gardiens du bien commun, avait renchéri le Secrétaire général de l’ONU, nous avons le devoir de promouvoir et de soutenir un système multilatéral réformé, redynamisé et renforcé et renouveler notre attachement à un ordre fondé sur des règles, qui place l’Organisation des Nations Unies en « son centre et s’appuie » sur les institutions et les traités qui donnent vie à la Charte.  M. António Guterres avait en effet relevé un « déficit de confiance » à l’égard des institutions nationales mais aussi entre États ou dans l’ordre mondial fondé sur des règles.

Aujourd’hui, la Présidente de l’Assemblée générale s’est réjouie de ce que les dirigeants du monde aient profité du débat général pour insister sur le fait que « face à des défis communs, il faut des réponses communes » qu’il s’agisse des conflits, du terrorisme, de la prolifération nucléaire, des changements climatiques, de la pauvreté, des migrations ou encore de l’impact des nouvelles technologies.

Nous sommes mis au défi de traduire toutes les idées et les engagements pris en actions concrètes, marquées par une plus grande efficacité et un plus grand impact dans la vie des gens, surtout dans la vie de ceux qui ont le plus besoin de cette Organisation », a ajouté la Présidente de l’Assemblée.

Les dirigeants du monde n’ont pas oublié de célébrer le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et, à ce titre, l’observateur du Saint-Siège a rappelé que la reconnaissance de la dignité intrinsèque de tout être humain est le socle sur lequel les piliers des Nations Unies sont vissés.  Le monde doit revenir à une vision globalisante de la personne humaine, de la dignité humaine et des droits de l’homme parce que toute vision réductrice conduit inévitablement à la déshumanisation et à l’exclusion.  Il est aussi revenu sur les « notions discutables » des droits de l’homme contraires à la culture de nombreux pays et faisant courir le risque que les formes modernes de la colonisation idéologique ne gagnent en force au détriment des plus pauvres et des plus vulnérables.

Le débat général a été ponctué par quelque 400 manifestations parallèles dont les Réunions de haut niveau sur l’élimination des armes nucléaires, sur la lutte contre la tuberculose et sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles lesquelles ont abouti à l’adoption de Déclarations politiques et ministérielles.

Les rideaux étant tombés sur le débat général, les six grandes commissions entrent en scène dès demain, mardi 2 octobre.  L’Assemblée sonnera la fin de cette première partie de session, le 17 décembre 2018.  En attendant, elle reprendra demain à partir de 10 heures, sa Réunion de haut niveau intitulée « Sommet de la paix Nelson Mandela ».

*A/73/250

Suite et fin du débat général

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères de la République du Bélarus, a estimé que nous vivons une époque paradoxale, entre optimisme et pessimisme.  Il a salué les accords sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques ou encore le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Ministre a argué que tous ces Accords visent à transformer le quotidien des gens et à protéger la planète dans le cadre d’une mondialisation équitable et basée sur le principe « gagnant-gagnant ».  La recherche des réponses à nos problèmes communs ne peut être réalisée que par des actions collectives, a-t-il souligné.  L’ONU, a-t-il souligné, est l’instance désignée pour la coopération internationale.

Au cœur de l’Europe et membre de l’Union économique eurasienne, le Bélarus cherche à établir des partenariats solides avec l’Union européenne.  Mais il souffre aujourd’hui des conséquences du conflit en Ukraine, des tensions croissantes dans la région, des « sanctions et contre-sanctions » qui occasionnent des pertes économiques indirectes.  Le Ministre a milité pour une architecture commerciale « juste et non discriminatoire », soucieuse des intérêts de tous.  L’Union économique eurasienne et l’Union européenne doivent coopérer plus étroitement.  Un développement durable qui ne laisse personne de côté nécessite, a insisté le Ministre, un soutien aux pays à revenu intermédiaire car il est tout simplement injuste que le revenu par habitant soit le seul étalon-mesure du niveau de développement.

Le Ministre a poursuivi en attirant l’attention sur les efforts que fait son pays pour devenir un leader dans le domaine des technologies de l’information.  Ces technologies, s’est-il expliqué, sont un « moteur » du développement socioéconomique même s’il est vrai qu’elles représentent un danger pour le marché du travail, obligeant les pays à s’adapter.  Les Nations Unies, a estimé le Ministre, devraient établir des réseaux de coopération sur la numérisation et le développement durable.  La véritable prospérité, a reconnu le Ministre, ne se fera pas sans sécurité.  Il s’est donc félicité des efforts déployés par l’ONU pour créer un front commun contre le terrorisme.  II a indiqué que le Bélarus organisera, en octobre prochain, une réunion de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme dans l’ère numérique.

Le Ministre s’est aussi inquiété du fait que notre monde est confronté à des menaces et à des défis qui font craindre une nouvelle guerre froide et pointent vers une crise de la diplomatie.  Le Conseil de sécurité, a-t-il déploré, est devenu une arène de confrontation.  Or, stabilité veut dire fin du chaos géopolitique et respect de la souveraineté nationale, a tranché le Ministre.  Cela veut dire aussi non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Ces derniers doivent s’écouter les uns les autres et se montrer prêts au compromis, a conclu le Ministre.

M. ELDIRDIRI MOHAMED AHMED, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a rappelé que le dialogue national organisé par le Président du Soudan en 2014 a débouché sur un Gouvernement d’union nationale dont fait partie le Mouvement de libération du Soudan.  Le Ministre a remercié, une nouvelle fois, les partenaires du Soudan pour leurs contributions, se félicitant en particulier du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU au Darfour.  Si le Gouvernement s’attache à réaliser les objectifs de développement durable, il subit les conséquences des sanctions unilatérales, du fardeau de la dette et la méfiance des investisseurs étrangers.  Le Ministre s’est réjoui que son pays ait été retiré de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme mais a en revanche dénoncé la partialité de la Cour pénale internationale (CPI).  La politisation des organes des Nations Unies, a-t-il prévenu, ne peut qu’influencer négativement sur le travail et la réputation de l’Organisation.

M. Ahmed s’est attardé sur la question des réfugiés, au nombre de plus de trois millions au Soudan et dont 70% des besoins sont pris en charge par le Gouvernement.  Il a exhorté la communauté internationale à prêter main forte à son pays.  Il l’a aussi appelé à appuyer les efforts régionaux contre les changements climatiques comme la « Ligne verte » des pays riverains du Nil.  Revenant aux questions politiques, le Ministre a souligné la contribution du son Président à l’Accord de paix du 25 juin au Soudan du Sud.  Il a insisté sur les efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et son principe « problèmes africains, solutions africaines ».  La séparation entre le Soudan et le Soudan du Sud n’a pas été sans heurt mais les efforts du Président soudanais ont fait naître l’espoir, a ajouté le Ministre.  En 40 jours, s’est-il enorgueilli, nous avons résolu de nombreuses questions qui étaient en suspens depuis des années.  Toutes les conditions sont réunies pour une relation plus solide et pour résoudre d’autres problèmes dont la question d’Abyei.

M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a regretté que trois ans après l’adoption du Programme 2030, le monde soit plongé dans une crise due au capitalisme sauvage, aux ingérences, aux violations répétées du droit international et de la souveraineté des peuples, aux tentatives de coup d’État et de déstabilisation.  Le Nicaragua, a affirmé le Ministre, a résisté à de multiples coups de force mais a triomphé.  Ces coups de force ont, fruit de « l’interventionnisme », ont tout de même laissé de nombreuses séquelles, comme les morts et les dégâts économiques.  Le terrorisme qui s’est caché sous le masque des manifestations pacifiques a emporté des vies humaines, sans oublier de détruire biens publics et privés.

Pourtant, le Nicaragua est un facteur de la stabilité régionale, comme en attestent la paix et la sécurité qui y règnent, et les indicateurs politiques de la pauvreté, de l’égalité entre les sexes et de la sécurité des biens et des personnes.  Notre pays est un rempart contre la criminalité organisée, les narcotrafiquants et le terrorisme, s’est vanté le Ministre, en insistant sur les principes d’indépendance et de souveraineté, conformément à la Charte des Nations Unies, et en condamnant, une nouvelle fois, tout ingérence étrangère.  Après avoir fait le point des efforts déployés pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, le Ministre a dénoncé la politique des États-Unis qui est de freiner le développement socioéconomique du Nicaragua, en demandant aux institutions financières internationales de barrer l’accès au crédit.

Le Ministre a pris l’exemple du rapprochement dans la péninsule coréenne et l’accord sur le dossier nucléaire iranien pour illustrer l’importance du dialogue et de la diplomatie, « moyens les plus appropriés pour résoudre les problèmes et pièces essentielles de l’action multilatérale ».  Le Ministre a dénoncé le blocus imposé à Cuba, manifesté sa solidarité avec la Bolivie et le Venezuela et réitéré le soutien de son pays à tous les efforts de décolonisation dans le monde, qu’il s’agisse des Palestiniens, des Sahraouis, des Portoricains et des habitants des îles Malvinas.  La réalisation des objectifs de développement durable exige la fin des mesures coercitives unilatérales, a insisté le Ministre.

Mgr PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, a saisi l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme pour rappeler que la reconnaissance de la dignité intrinsèque de tout être humain est le socle sur lequel les piliers des Nations Unies sont vissés.  Le monde doit revenir à une vision globalisante de la personne humaine, de la dignité humaine et des droits de l’homme parce que toute vision réductrice de la personne humaine conduit inévitablement à la déshumanisation et à l’exclusion, ouvrant la voie aux inégalités, à l’injustice et aux attaques.  Ce soixante-dixième anniversaire est aussi l’occasion de renouveler notre engagement commun en faveur des droits qui découlent de la dignité inhérente.  Or, dans le monde actuel, un enfant sur 10 travaille, une personne sur trois est détenue sans procès, 29% des enfants de moins de 5 ans n’ont pas de certificat de naissance et 250 millions de femmes mariées ont moins de 15 ans.  Il est « scandaleux », s’est emporté Mgr Gallagher, que les droits de l’homme continuent ainsi d’être violés, 70 ans après la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il est aussi revenu sur les « notions discutables » de ces droits, lesquelles sont contraires à la culture de nombreux pays et constituent une tendance qui fait courir le risque, qu’au nom même des droits de l’homme, les formes modernes de la colonisation idéologique ne gagnent en force au détriment des plus pauvres et des plus vulnérables.

Mgr Gallagher a surtout dénoncé l’interprétation de plus en plus étroite du droit à la vie, une tendance très en vogue dans les discours qui refusent de reconnaître la valeur et la dignité intrinsèques de la vie humaine à tous les stages de sa conception, de son développement et de sa fin.  Cette approche semble vouloir créer une hiérarchie des droits de l’homme, en relativisant la dignité humaine, en accordant plus de valeur voire plus de droits aux forts et aux riches et en rejetant les faibles.  Malheureusement, cette idéologie prévaut dans de nombreux organes du système des Nations Unies.  Elle mène à de graves inégalités et injustices, ignore l’enfant dans le ventre de sa mère et traite la vie des personnes âgées et des personnes handicapées comme un fardeau pour la société.  Réduire la dignité d’une personne à sa faculté de s’exprimer et de s’affirmer est toujours une grave erreur et un signe que la société perd sa propre faculté à reconnaître la valeur et l’importance de chaque vie humaine quel que soit son degré de vulnérabilité.  La même déshumanisation, a poursuivi le prélat, intervient quand les gens sont réduits aux crimes qu’ils ont commis, au pays d’où ils viennent ou à leur productivité.  La qualité d’une civilisation se mesure à la manière dont elle traite les plus faibles, les indigents, les personnes âgées et les personnes handicapées, et par la place qu’elle leur offre dans la société.

Le prélat s’est félicité de l’issue des négociations sur les pactes mondiaux sur les réfugiés et pour les migrations, avant de se désoler de la situation au Moyen-Orient, en particulier en Syrie.  Il s’est aussi inquiété des conflits en Afrique, soulignant le lien entre la culture de la paix, le désarmement et la non-prolifération.  Même si le concept de « responsabilité de protéger » n’a été adopté qu’en 2005, il a toujours été à la base des Nations Unies, a estimé Mgr Gallagher qui a appelé à une mise en œuvre « pleine, impartiale et cohérente » du concept.  Il a aussi encouragé les dialogues interculturels et interconfessionnels, arguant que « le terrorisme n’est pas l’excroissance d’une religion mal comprise mais bien le fruit d’une profonde pauvreté spirituelle ».

Le prélat est ensuite passé à l’égalité entre les sexes, jugeant contradictoire de promouvoir l’autonomisation de la femme tout en voulant supprimer son potentiel unique, au nom d’intérêts particuliers ou idéologiques.  L’avancement de la femme veut dire respect absolu de sa dignité intrinsèque et reconnaissance de son rôle non seulement dans les différentes sphères de la société mais aussi dans la famille.  Le prélat a conclu en exprimant l’engagement de l’Église catholique à non seulement promouvoir la protection de l’enfant mais aussi à lui créer un environnement sûr dans ses propres institutions « pour combattre le fléau odieux des atteintes sexuelles et de la violence contre les enfants ».

M. VIRASAKADI FUTRAKUL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a exprimé sa vision du monde: « un monde volatile, incertain, complexe et ambigu », auquel l’ONU doit s’adapter pour remplir ses missions de maintien de la paix, de développement et des droits de l’homme.  La Thaïlande soutient les efforts pour réformer le Conseil de sécurité et le rendre plus représentatif, plus inclusif et plus démocratique.  Elle soutient aussi les efforts du Secrétaire général pour corréler davantage la paix et la sécurité avec le développement durable.  « Car c’est bien le développement économique et social des communautés et des peuples qui est au centre du maintien de la paix. »

Depuis 1950, plus de 27 000 policiers et militaires thaïlandais, hommes et femmes, ont participé aux opérations de l’ONU « et nous ferons davantage », a promis le Vice-Ministre, notamment au sein de la Mission au Soudan du Sud.  L’année dernière, la Thaïlande a été l’une des premières nations à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et la semaine dernière, elle travaillait à la ratification du Traité d’interdiction complète des armes nucléaires (TICE), dans la droite ligne de l’objectif de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) de faire de la région une zone exempte d’armes nucléaires.  Dans cette optique, la Thaïlande soutient totalement les efforts de dénucléarisation de la péninsule coréenne et espère que tout le bassin indo-pacifique sera un jour exempt d’armes de destruction massive.  « Un voyage de 1 000 lieues démarre avec un seul petit pas », a déclaré le Vice-Ministre.

S’agissant du développement, il a soutenu le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement face aux objectifs de développement durable et sur un modèle de partenariat public-privé.  Mais « s’engager pour ces objectifs est une chose et les réaliser localement, une autre chose », a fait remarquer M. Futrakul.  « Nous devons devenir le changement que nous souhaitons à tout le monde », a-t-il déclaré, en paraphrasant le Mahatma Gandhi. 

Les changements climatiques sont un phénomène que la Thaïlande combat de front et est particulièrement engagée dans la réalisation du quatorzième objectif de développement sur l’exploitation durable des océans, elle est la première nation asiatique à se joindre à un projet global de nettoyage des océans dans les zones à fort développement touristique, comme Bangkok, Koh Samui, Koh Tao et Phuket.

M. MAHAMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a estimé que les défis internationaux sapent les fondations mêmes du monde tel que nous le connaissons et les principes qui régissent les relations internationales.  Ils sapent les efforts de la communauté internationale pour atteindre les objectifs du Programme 2030.  En tant qu’institution universelle, les Nations Unies devraient pouvoir mener à bien leur noble mission et les États Membres devraient honorer les engagements du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

La réponse à la menace terroriste et à l’extrémisme violent doit être mondiale, avec les Nations Unies comme coordonnateur, a poursuivi le représentant.  Les efforts doivent se concentrer sur l’élimination des infrastructures terroristes, des sources de financement et des réseaux sociaux qui servent aux recrutements à et la propagande.  Les Nations Unies, a insisté le représentant, sont la plateforme le plus importante pour dégager un consensus sur les questions principales de la sécurité internationale et du développement, a-t-il déclaré.

Le Tadjikistan soutient la stratégie pour le règlement et le renforcement de la paix en Afghanistan.  Nous devons renforcer notre assistance au Gouvernement afghan et renforcer notre appui pendant la Décennie de la transformation de l’Afghanistan 2015-2024.  Le Tadjikistan entend prendre part à la réhabilitation des infrastructures économiques et sociales de l’Afghanistan, en connectant les routes et en construisant un « pont énergétique » CASA-1000.

Le représentant a noté que 2018 est une année importante pour la gestion de l’eau, avec le huitième Forum mondial de l’eau au Brésil, le lancement de la Décennie de l’eau à New York et la Conférence internationale de haut niveau sur la mise en œuvre de la Décennie internationale d’action sur le thème de « L’eau pour le développement durable ».  Chacune de ces manifestations a eu un impact profond et a contribué à un certain nombre d’objectifs de développement durable, s’est-il félicité.  La Conférence internationale de Douchanbé, qui s’est tenue du 20 au 22 juin 2018, a par exemple réuni 1 500 personnes de 111 pays différents, qui ont multiplié les propositions.  Le Tadjikistan présentera d’ailleurs cette année un projet de résolution sur l’examen à mi-parcours de la Décennie.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a déclaré que l’Ouzbékistan connaît actuellement des transformations « radicales et dynamiques », marquées notamment par l’adoption de « stratégies d’actions » quinquennales et des mesures significatives pour rationaliser le système national de protection des droits de l’homme et des libertés, ainsi que pour renforcer le système judiciaire.  Des mesures visent également à libéraliser l’économie pour créer des conditions propices à l’entrepreneuriat libre, à l’inviolabilité de la propriété privée et à l’amélioration du climat des affaires.

Le représentant a dit craindre que le système multilatéral soit à l’épreuve et a jugé essentiel de renforcer le rôle central des Nations Unies.  Outre l’appui qu’il accorde à la réforme en cours de l’Organisation, l’Ouzbékistan est prêt à contribuer aux efforts de promotion de la paix.  Il s’est d’ailleurs porté candidat pour siéger au Conseil des droits de l’homme de 2021 à 2023.  Le représentant a engagé les États Membres à appuyer l’initiative du Président Shavkat Mirziyoyev concernant l’élaboration d’une convention sur les droits des jeunes, rappelant, dans la foulée, l’adoption, en juin 2018 de la Déclaration de Samarcande à l’issue de la Conférence internationale sur le rôle de la jeunesse dans la lutte contre l’extrémisme religieux et le terrorisme.  Un forum asiatique sur les droits de l’homme est également prévu en novembre.

Passant ensuite à la situation régionale, le représentant a indiqué que grâce aux efforts des pays de la région, il a été possible d’instaurer, dans un laps de temps relativement court, une atmosphère politique « fondamentalement nouvelle », de renforcer le niveau de confiance politique et d’assoir des relations de bon voisinage.  Il a expliqué que cette nouvelle donne a permis de réaliser des progrès significatifs dans la démarcation des frontières, la gestion de l’eau et l’utilisation conjointe des réseaux de transport.  Plus précisément, 12 points de passage ont pu être ouverts le long de la frontière de l’Ouzbékistan, dont les relations commerciales avec les États de la région ont augmenté de 20% en 2017 et de 50% pendant les six premiers mois de 2018.  La tenue d’un forum économique régional est d’ailleurs prévue en mars 2019, à Tachkent.

Le représentant a insisté sur l’importance « historique » de la résolution de l’Assemblée générale sur le renforcement de la coopération dans la région d’Asie centrale et a proposé l’élaboration d’un nouveau projet de texte sur la promotion du tourisme durable dans cette même région qui est, a-t-il rappelé, traversée par la Route de la soie.  L’Ouzbékistan a par ailleurs initié la création d’un fonds d’affectation spéciale multipartite pour la sécurité humaine dans la région de la mer d’Aral.  Enfin, le représentant a souligné que l’avènement d’un Afghanistan stable est crucial pour assurer le développement durable de l’Asie centrale et a rappelé que l’Ouzbékistan avait accueilli, en mars de cette année, une Conférence sur l’Afghanistan qui a débouché sur l’adoption unanime de la Déclaration de Tachkent.

Pour M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), faire de l’ONU une organisation au service des sociétés pacifiques, équitables et durables, est un grand défi à relever, dans un contexte mondial marqué par différentes menaces et à un moment où les valeurs et idéaux prônés par la Charte des Nations Unies sont souvent mis à rude épreuve.  Mais malgré tous ces obstacles, il s’est dit convaincu que le multilatéralisme est l’approche idéale pour la construction d’un ordre mondial plus apaisé, plus juste et plus inclusif.

À cet égard, il a estimé primordial que l’Organisation se modernise et se dote de moyens appropriés en vue d’offrir des réponses adéquates aux nombreux et complexes impératifs qui s’imposent au monde, aujourd’hui.  Il s’est félicité, dans ce contexte, des réformes menées par le Secrétaire général depuis le début de son mandat visant à redéployer l’architecture et les moyens de l’Organisation.  II a appelé à accélérer le rythme de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, porteur, selon lui, de progrès politiques et socioéconomiques.  Il a insisté pour que la lutte contre la pauvreté demeure au « centre de nos actions ».

Au Gabon, « nous sommes résolument engagés » dans un processus de réformes visant à accélérer la diversification de l’économie: il s’agit de passer d’une économie de rente à un modèle de production durable et diversifié.  Le représentant a estimé que faire de l’ONU une organisation au service des sociétés pacifiques exige également de la communauté internationale de faire preuve de plus d’abnégation dans la lutte contre le terrorisme et les autres menaces transnationales, telles que la piraterie ou le braconnage.

À cet effet, il a souhaité que les conclusions des travaux de la Conférence sur la lutte contre le financement du terrorisme en avril dernier à Paris contribueront significativement à renforcer les actions de la coalition internationale contre ce phénomène.  À cet égard, il s’est dit préoccupé que dans plusieurs régions en Afrique, des bandes extrémistes telles que Boko Haram et les Chabab, bien qu’affaiblies, continuent de semer la terreur et la désolation.  De même au Sahel, où les djihadistes s’allient aux réseaux de trafiquants, les attentats terroristes ne cessent de saper les efforts de développement.

Ces faits démontrent la nécessité d’accélérer le renforcement des capacités tant nationales, régionales que sous-régionales, afin de doter les États des moyens d’assurer efficacement leur sécurité.  C’est l’occasion, a estimé le représentant, d’appeler au renforcement des capacités des forces constituées à l’échelle régionale, telles que le G5 Sahel et l’AMISOM.  Si les mesures sécuritaires sont indispensables, elles demeurent cependant insuffisantes pour éradiquer complètement les activités des nébuleuses terroristes.  Il est essentiel de renforcer la coopération internationale, a dit le représentant qui s’est félicité de la tenue en juillet dernier, à Lomé, du Sommet conjoint des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) sur la paix, la sécurité, la stabilité contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 

Réaffirmant la volonté de son pays de continuer à remplir ses engagements et de contribuer aux efforts visant à l’instauration d’une paix durable en République centrafricaine, le représentant a souligné la nécessité d’une solution politique sur la base de la feuille de route de Libreville du 17 juillet 2017.  Il a également souligné les nombreux défis sécuritaires et humanitaires en Afrique centrale, évoquant les séries de consultations du Président gabonais Ali Bongo Ondimba avec ses pairs en marge du sommet de l’Union africaine de Nouakchott.  M. Biang a aussi évoqué la question du Sahara occidental, estimant que l’initiative marocaine est un « cadre idéal pour parvenir à une solution de compromis acceptable par toutes les parties ».

Sur les changements climatiques, il a rappelé que son pays a apporté un appui financier substantiel pour l’opérationnalisation de l’Initiative africaine pour l’adaptation (IAA) lancée en 2015.  Pour finir, il a réitéré la portée cruciale du multilatéralisme dans la réponse aux défis à relever et aux besoins du monde actuel.

M. OLOF SKOOG (Suède) a dit que trop souvent le Conseil de sécurité n’est pas à la hauteur des espoirs.  Au Yémen et en Syrie, l’accès humanitaire est continuellement refusé et le droit international humanitaire est honteusement bafoué.  En Syrie, nous devons traduire en justice les responsables des crimes contre la population civile.  Au Yémen, il n’y a pas de solution militaire.  Mais au lieu de s’engager dans un processus politique, nous constatons l’escalade du conflit et la détérioration de la situation humanitaire.  La souffrance des Rohingya continue au Myanmar.  La Mission d’établissement des faits de l’ONU a présenté des preuves solides de la gravité des atrocités commises par les militaires du Myanmar.  La communauté internationale doit prendre sa responsabilité et agir pour mettre fin à l’impunité. 

Au Moyen-Orient, le processus de paix reste une illusion. La situation s’aggrave et le droit international humanitaire continue d’être méprisé.  Soixante-dix ans après le Plan de partition de l’ONU et malgré les résolutions du Conseil de sécurité, la promesse de la solution des deux États semble s’éloigner.  Par ailleurs, l’annexion illégale de la Crimée et l’agression contre l’est de l’Ukraine constituent elles aussi des violations du droit international.  Les engagements pris dans les accords de Minsk doivent être respectés.  En l’absence de solutions politiques, les efforts humanitaires doivent être renforcés et protégés. 

S’agissant de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le représentant s’est inquiété du large fossé entre les engagements et les réductions des émissions de gaz à effet de serre.  L’Europe a fait des progrès importants mais elle doit faire faire plus.  La Suède, a conclu le représentant, a adopté un cadre climatique visant zéro émission avant 2045.  La Suède fera sa part pour mobiliser les 100 milliards de dollars nécessaires par an.

Face à l’ampleur des crises systémiques –changements climatiques, terrorisme, migrations et inégalités– aucun pays ne saurait isolément apporter de réponse, a prévenu M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) pour qui l’Organisation des Nations Unies est la seule capable de relever l’ensemble des défis.

Mais si son pays a contribué à les bâtir, ces institutions internationales ne sauraient rester figées alors que trop de gens demeurent exclus des processus de décision économiques, sociaux et politiques qui affectent leurs vies.  Pour cette raison, le Canada soutient la mise en œuvre des réformes, essentielles, conduites par le Secrétaire général António Guterres.

Tout en saluant le Programme 2030, le représentant a souhaité de nouvelles façons de faire pour lever les barrières entre les gouvernements d’une part et la société civile et le secteur privé de l’autre, entre le Nord et le Sud, entre les états d’esprit dits traditionnels et novateurs.

Nous devons procéder différemment au sein des Nations Unies et nos gouvernements doivent apporter davantage de résultats aux populations sur le terrain, a-t-il insisté; développer un plus grand sens de l’urgence; reconsidérer notre approche du risque; et aussi mieux identifier les opportunités.

Citant les changements climatiques, le représentant du Canada a rappelé que la réponse via l’adaptation d’infrastructures plus vertes et plus résilientes coûteraît « 26 billions de dollars d’opportunités », une chance à saisir pour tous, a-t-il martelé.  Car les pays en développement ne sauraient être punis pour une situation qu’ils n’ont pas créée, a—t-il dit en reprenant les propos du Premier Ministre canadien.

Le Canada préside cette année le G7, le Groupe des pays les plus industrialisés, une occasion d’abattre les barrières et d’apprendre des autres, a-t-il souligné, en estimant que cette organisation devait s’emparer de l’adaptation aux changements climatiques et améliorer les capacités de reconstruction.

L’engagement du Canada en faveur du multilatéralisme, en particulier du maintien de la paix au sein du système des Nations Unies, impose de soutenir la réforme d’un système bâti par nos grands-parents pour mieux l’adapter aux défis du XXIe siècle, a-t-il également relevé.

Concernant les droits humains et la légalité internationale, le représentant a dénoncé l’annexion et l’occupation illégales de la Crimée et les crimes commis au Myanmar, en Syrie, en Ukraine et au Venezuela, et renouvelé le profond engagement du Canada à améliorer la situation humanitaire des millions de personnes touchées par ces conflits.

Afin de mieux répondre à ces menaces, le Canada compte obtenir un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2012-2022, qui lui permettrait de contribuer effectivement à l’élaboration d’une riposte globale, a-t-il conclu.

M. JEAN-CLAUDE FELIX DO REGO (Bénin) a estimé que face à un monde de plus en plus agité, en proie à des crises et difficultés de toutes sortes, les pays ont le devoir d’agir de façon concertée et avec une forte détermination.  Il s’est réjoui du thème de la session, qui place les nations devant leurs responsabilités et les engage à œuvrer ensemble, dans un cadre multilatéral, pour trouver les solutions idoines et durables aux défis contemporains.

Remettre en cause le multilatéralisme serait une « erreur fatale dans un monde désormais interconnecté ».  C’est pourquoi le représentant a dit attendre « avec enthousiasme » l’adoption, en décembre prochain à Marrakech, du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui démontre « la force du multilatéralisme et notre capacité à nous retrouver sur des enjeux difficiles qui dépassent le cadre étroit de nos souverainetés nationales respectives ».  S’agissant des objectifs de développement durable, il a estimé que l’amélioration de la bonne gouvernance est une condition primordiale pour leur réalisation.  Au Bénin, la lutte contre l’impunité et la corruption sont ainsi au cœur des actions du Gouvernement et de l’ensemble des institutions du pays.

Dans un autre registre, le représentant a invité les Nations Unies à examiner dans un esprit « positif et de coopération » la possibilité d’adopter un instrument international contraignant sur la problématique de la restitution des biens culturels.  Il a, en effet, regretté que bon nombre des œuvres qui témoignent du riche passé du Bénin, notamment l’histoire de l’esclavage et la richesse des arts et cultures du patrimoine vaudou, soient à l’étranger dans des collections publiques et privées.

Sur le volet de la paix et de la sécurité internationales, un axe majeur stratégique et constant de la politique étrangère du Bénin, le représentant a souligné que les opérations de maintien de la paix sont l’un des moyens les plus importants dont disposent les Nations Unies.  Il a rappelé, à cet égard, qu’en dépit de ses capacités et moyens limités, le Bénin s’associe depuis plusieurs décennies aux initiatives internationales visant à prévenir les crises et maintenir la paix.  Il s’est félicité, dans ce contexte, des actions initiées par le Secrétaire général pour renforcer l’efficacité des opérations de paix.  Il s’est cependant dit préoccupé par la diminution constante des ressources du maintien de la paix, estimant que le principe « faire plus avec moins » n’est pas adapté à la complexité croissante des menaces auxquelles font face les soldats de la paix aujourd’hui sur le terrain.  Pour finir, il a regretté le peu de progrès enregistrés sur la question de la réforme du Conseil de sécurité et a réaffirmé son soutien au Consensus d’Ezulweni réclamant notamment l’attribution à l’Afrique de deux sièges permanents avec droit de veto.

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRE (Timor-Leste) a déclaré que son pays illustre parfaitement l’importance d’un ordre mondial basé sur le droit international.  La représentante a rappelé que le Timor-Leste célèbre l’an prochain, le vingtième anniversaire de la consultation populaire qui a mené à son indépendance.  Elle a rendu hommage à feu Kofi Annan pour son rôle dans les négociations entre le Portugal et l’Indonésie, lesquelles se sont conclues par la signature de l’Accord du 5 mai 1999, qui a ouvert la voie au référendum d’autodétermination, sous l’égide de l’ONU.

Récemment, a poursuivi la représentante, l’Organisation a de nouveau été amenée à jouer un rôle essentiel pour le futur du Timor-Leste.  Pour la première fois dans l’histoire, a-t-elle expliqué, une commission de conciliation, établie en 2016 dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, est parvenue à résoudre le différend qui l’opposait depuis longtemps à l’Australie.  Ce processus, a ajouté la représentante, s’est soldé par l’adoption, le 6 mars dernier, en présence de l’actuel Secrétaire général, d’un traité bilatéral sur la délimitation des frontières maritimes.

En ces temps troublés, marqués notamment par la montée des tensions liées à des différends maritimes, la représentante a estimé que le succès de cette « première conciliation historique » revêt une signification très importante.  Elle a appelé les États Membres à envisager de recourir à ce même procédé pour résoudre leurs différends.

La Représentante du Timor-Leste a mis en garde contre la tentation de relâcher les efforts face aux changements climatiques.  Les États insulaires en développement de la région du Pacifique en subissent les conséquences de plein fouet.

Sur le plan national, la représentante a rappelé que, le 12 mai dernier, le Timor-Leste a organisé des élections législatives, dans un « environnement pacifique ».  Elle a enfin espéré que le portugais, dont elle a rappelé qu’il était parlé par plus de 250 millions de personnes dans le monde, devienne un jour l’une des langues officielles de l’ONU.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a rappelé le « jour extraordinaire » qu’a été pour son pays le 23 septembre dernier, avec la tenue de la troisième élection présidentielle multipartite.  « L’élection s’est déroulée pacifiquement et sans heurt avec un taux de participation de 89%.  C’est un moment qui a rempli de fierté chaque citoyen. »  Il a rappelé que le processus rapide de démocratisation va de pair avec un développement économique également robuste.  L’un des pays les plus pauvres au monde lors de son indépendance en 1965, les Maldives sont aujourd’hui un pays à revenu intermédiaire élevé, avec l’un des plus hauts indicateurs de développement humain de la région.  « Un véritable succès. »

Le représentant a déclaré que les efforts de développement des petits États insulaires en développement comme le sien ont besoin d’un appui renforcé, s’agissant en particulier du transfert des technologie et du renforcement des capacités.  L’ONU devrait être plus efficace dans l’apport des soutiens, a-t-il dit, en exhortant le Secrétariat à soutenir l’Assemblée et l’aider à équilibrer l’allocation des ressources financières.

Le représentant a insisté sur la nécessité que tous les pays, « petits et grands », reviennent à des relations amicales.  Il a déploré que les efforts de réforme du Conseil de sécurité n’aient pas encore produit les résultats escomptés.  L’ONU doit être une institution au sein de laquelle chaque État doit se sentir le bienvenu.

Droits de réponse

Le représentant de l’Iran a dénoncé les contrevérités de la déclaration de l’Arabie saoudite, « un pays qui appuie le terrorisme plus que de raison ».  Citant WikiLeaks, il a affirmé que l’Arabie saoudite est le principal bailleur de fonds des groupes terroristes implantés au Royaume-Uni.  En décembre 2016, a ajouté le représentant, le Congrès américain a voté une loi autorisant les familles des victimes à poursuivre en justice l’Arabie saoudite dont 16 ressortissants figuraient parmi les auteurs des attaques terroristes du 11 septembre 2001.  Tout le monde sait que l’Arabie saoudite appuie Daech et Al-Qaida, et les destructions qu’elle occasionne au Yémen ont-elles apporté la paix?  Le blocus du Qatar a-t-il apporté la stabilité?  La création de groupes terroristes au Liban, en Syrie et ailleurs vise-t-elle la stabilité?  Dire que l’Iran envoie des missiles balistiques au Yémen est un mensonge, s’est emporté le représentant.  Ce que l’Iran veut, c’est la stabilité au Yémen et ce sont les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite que le Conseil des droits de l’homme accuse de violations des droits de l’homme au Yémen.  L’Iran sera toujours un voisin juste et loyal pour des voisins justes et loyaux et, à ce propos, il revendiquera toujours sa souveraineté sur les îles d’Abou Moussa, de Grande Tombe et de Petite Tombe. 

Ces trois îles appartiennent aux Émirats arabes unis, a rétorqué leur représentante qui a envisagé de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ).  L’ingérence iranienne dans les affaires arabes est tout simplement inadmissible, s’est-elle emportée à son tour.  L’Iran est le parrain du Hezbollah et des houtistes auxquels il livre des missiles balistiques, des mines antipersonnel et autres armes, dans ce qui constitue une menace directe contre le Yémen, l’Arabie saoudite et la mer Rouge.  Notre appui au Gouvernement légitime du Yémen est parfaitement légal, a tranché la représentante qui a demandé à la communauté internationale de barrer l’accès des houtistes aux armes iraniennes. 

L’Iran continue d’ailleurs de lancer des missiles balistiques contre des villes saoudiennes, a embrayé la représentante de l’Arabie saoudite qui a cité le nombre de 119.  Elle a dit l’attachement de son pays à un règlement pacifique du conflit au Yémen et appelé l’Iran à faire preuve de responsabilité au lieu de soutenir les groupes terroristes. 

La répétition de ces accusations « extravagantes » nous rappelle le mot d’ordre de Goebbels, a ironisé le représentant de l’Iran: « un mensonge répété 1 000 fois devient la vérité ».  Malheureusement, a-t-il dit, nous sommes à l’ère numérique et la vérité éclate à la face du monde.  C’est bien l’Arabie saoudite qui soutient les groupes terroristes, ce sont bien les Émirats arabes unis qui mènent une offensive contre les civils au Yémen et les trois îles du Golfe persique appartiennent bien à l’Iran, a répété le représentant.

Son homologue de Vanuatu a répondu à l’Indonésie que les allégations sur les violations des droits de l’homme en Papouasie occidentale doivent faire l’objet d’une enquête.  Le représentant a rappelé que le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme attend toujours la réponse de l’Indonésie à sa demande d’aller en Papouasie occidentale pour évaluer la situation.

Le représentant de l’Indonésie a reproché à Vanuatu de vouloir remettre en cause les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale des États.  Ce pays, a-t-il accusé, accueille des séparatistes indonésiens alors même qu’ils ont un casier judiciaire lourd.  Les populations de la Papouasie occidentale ont confirmé, dès 1945, leur appartenance à l’Indonésie, et cette position est non négociable, a tranché le représentant.  Quant aux droits de l’homme, il a conseillé à Vanuatu de balayer devant sa porte.  Soutenir des séparatistes, a prévenu le représentant, c’est franchir la ligne rouge et l’Indonésie ne saurait le tolérer.

À son tour, le représentant de l’Arménie a dénoncé les propos de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh.  L’Arménie veut le retour des réfugiés mais seulement « dans le cadre d’une démarche globale ».  Or, l’Azerbaïdjan continue de faire une lecture sélective des résolutions du Conseil de sécurité et, mû « par la haine », il n’a pas hésité à lancer une offensive militaire qui a créé des tensions dans toute la région.  Le conflit du Haut-Karabakh perdure parce que les populations sont privées de leur droit à l’autodétermination, a affirmé le représentant au nom d’un pays attaché aux pourparlers de paix.  L’Azerbaïdjan devrait renoncer à ses déclarations belliqueuses, a-t-il déclaré. 

Il vaut toujours mieux se taire quand on n’a rien à dire, a conseillé à son tour le représentant de l’Azerbaïdjan qui a accusé l’Arménie de propager des mensonges qui en réalité ne méritent pas de réponse.  Mais, s’est lancé le représentant, il est important d’insister sur le fait que le Haut-Karabakh restera une partie intégrante de l’Azerbaïdjan, malgré les actes terroristes et les revendications illégales.  C’est l’Arménie qui occupe le Haut-Karabakh au mépris du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité.  Ce sont les Arméniens qui se livrent à des actes illicites.  Ce sont les politiques et pratiques arméniennes qui relèvent de la discrimination ethnique et c’est l’Arménie qui fait une mauvaise lecture du droit des peuples à l’autodétermination, qui refuse les négociations pragmatiques et qui encourage l’escalade, a accusé le représentant.

Son homologue de la Syrie a rejeté les « allégations fallacieuses et mensongères » conformes au rôle du Canada auprès des groupes terroristes, dont les Casques blancs affiliés au Front el-Nosra.

Déclaration de clôture

Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA-GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale, a commencé par exprimer ses condoléances au Gouvernement et au peuple indonésiens après le séisme et le tsunami du 28 septembre, ainsi qu’à la Barbade et au Japon également frappés par des catastrophes naturelles.

La Présidente a remercié les 121 chefs d’État et de gouvernement, les 9 vice-présidents et vice-premiers ministres, et les ministres et représentants qui ont pris la parole pendant le débat général qui vient de se terminer.  Résumant celui-ci, elle a souligné sept points. 

Tout d’abord, s’est-elle félicitée, les dirigeants s’accordent à la quasi-unanimité pour dire que le multilatéralisme est l’unique réponse aux problèmes que l’humanité affronte.  En second lieu, elle a salué la prouesse logistique qui a permis à l’Assemblée d’être « le théâtre » de centaines de réunions entre chefs d’État et de gouvernement et ministres, permettant de consolider les liens bilatéraux et de renforcer les groupes politiques et régionaux.  

Troisièmement, Mme Espinosa-Garcés a évoqué les visions et les expériences partagées cette semaine sur des thèmes d’intérêt commun lors de plus de 400 évènements parallèles.  Quatrième point: des déclarations politiques ont été adoptées qui reflètent l’engagement des États au plus haut niveau à éradiquer la tuberculose et combattre les maladies non transmissibles.  Ensuite, sept et quatre pays respectivement ont signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, portant à 69 et 19 le nombre de ceux ayant signé ou ratifié cet instrument.

Sixièmement, a poursuivi la Présidente, les dirigeants ont profité du débat général pour présenter au monde les accomplissements et les défis nationaux et régionaux majeurs, sur les thèmes les plus sensibles de la conjoncture internationale, tout comme sur le développement durable, la consolidation de la paix ou les droits de l’homme.  Enfin, il n’y a pas que les chefs de gouvernement qui se sont réunis, puisque des centaines d’activistes et de leaders d’organisations sociales étaient également présents.

Des conflits au terrorisme et à la prolifération nucléaire; des changements climatiques et des catastrophes naturelles à l’augmentation des inégalités et de la pauvreté; de la migration et des réfugiés à la santé et à l’éducation, l’impact des nouvelles technologies et le monde du travail; il a été reconnu que nous faisons face à des défis communs qui requièrent des réponses communes, a insisté Mme Espinosa-Garcés. 

D’après elle, « le développement durable et la menace des changements climatiques sont les thèmes les plus mentionnés par les dirigeants pendant le débat ».  Une « clameur » s’est ainsi élevée à l’Assemblée en faveur d’actions rapides et efficaces pour le financement et la mise en œuvre de l’Accord de Paris. 

Les dirigeants du monde entier ont également évoqué la célébration du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  « À juste titre, ils ont appelé à réaliser une fois pour toutes l’égalité des sexes comme condition du développement durable et de la paix. »

Mme Espinosa-Garcés s’est également réjouie du fait qu’une grande majorité d’États Membres ont exprimé leur appui au pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Par ailleurs, elle a salué la Déclaration politique adoptée au Sommet de la paix Nelson Mandela, le 24 septembre.

Ce débat général, a reconnu la Présidente, a aussi été « illuminé » par des évènements positifs, comme les accords de paix signés entre l’Érythrée, l’Éthiopie et Djibouti, ou les efforts prometteurs entrepris pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

« Nous sommes mis au défi de traduire toutes les idées, les engagements pris et les défis posés en actions concrètes, marquées par une plus grande efficacité et un plus grand impact dans la vie des personnes, surtout dans la vie de celles qui ont le plus besoin de cette Organisation », a-t-elle conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: Inquiétudes pour les droits de l’homme dans un monde où le droit international est ébranlé face à l’unilatéralisme

Soixante-treizième session,
14e & 15e séances plénières, Matin, après-midi & soir
AG/12072

Assemblée générale: Inquiétudes pour les droits de l’homme dans un monde où le droit international est ébranlé face à l’unilatéralisme

Migrations, changements climatiques et développement durable ont été de nouveau largement évoqués samedi à l’Assemblée générale alors qu’approche la fin du débat général.  Mais ce sont plus encore des conflits qu’ont traité les dignitaires présents, de même que des menaces sur le droit international, lequel pâlit sous les assauts de l’unilatéralisme que la communauté des nations avait cru dépasser, notamment en adoptant la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948.  C’est pour réduire ces tensions et favoriser la résolution des conflits par la voie diplomatique que le Président du Turkménistan, M. Gurbanguly Berdimuhamedov, seul Chef d’État à s’exprimer ce samedi, a proposé de faire de 2019 « l’Année de la paix et de la confiance ».

Le Ministre des affaires étrangères de la Lettonie l’a rappelé: le monde célèbre cette année le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, sans le respect desquels la sécurité ne saurait être une réalité.  Adopté le 10 décembre 1948 pour renforcer encore la Charte de l’Organisation, ce texte fort de 30 articles a été traduit dans plus de 500 langues.  Et pourtant, a noté son pair du Brunéi Darussalam, « les fondations et principes de l’ordre international sont aujourd’hui remis en question, quand ils ne sont pas simplement ignorés ».  

« Nous pouvons avoir des vues différentes dans notre approche en matière de droits de l’homme, mais cela ne doit pas être interprété comme le signe que nous tournons le dos » à la Déclaration, a toutefois tempéré le Chef de la diplomatie des Philippines.  Quant au Ministre des affaires étrangères du Burundi, il a dénoncé « la tendance dangereuse de certains États à vouloir transformer le Conseil des droits de l’homme en outil de pression politique et de régulation de la géopolitique au Sud ».  Un outil qui reste attractif puisqu’après bien d’autres durant la semaine, Bahreïn a annoncé sa candidature à un siège dans cet organe de 47 membres, alors que le Sénégal annonçait son intention d’en briguer la présidence l’an prochain.  

Bien des interventions ont illustré aujourd’hui encore les menaces à l’ordre international.  Ainsi, tout en dénonçant la montée des groupes terroristes qui cherchent à déstabiliser les États du Moyen-Orient, le Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis a accusé l’Iran de continuer à semer le chaos et de miner la sécurité des États, citant les attaques dont sont victimes l’Arabie saoudite et le Yémen.  Son homologue du Bahreïn a, lui aussi, condamné la « politique de destruction » menée par l’Iran au Moyen-Orient, avant de s’en prendre au Qatar, qui « refuse de cesser ses pratiques à l’encontre de la sécurité collective dans la région ».

Le conflit au Yémen a été au centre de l’intervention du Chef de la diplomatie d’Oman, qui a souhaité une solution politique qui tienne compte de la réalité yéménite, à savoir que toutes les parties et forces politiques au Yémen comme à l’étranger aient une chance de participer à l’édification d’un avenir prospère pour leur pays.  La question palestinienne n’a pas été ignorée.  Alors que de nombreux orateurs appelaient à la reprise des pourparlers pour parvenir à la solution des deux États, Oman a répété que c’est le problème central du Moyen-Orient, avertissant que « le non-établissement d’un État palestinien ne va que perpétuer la violence et le terrorisme ».

Le terrorisme, le Pakistan en a « fait un instrument de sa politique officielle », a accusé la Ministre indienne des affaires étrangères.  « Nous aspirons à la résolution des différends au travers d’un dialogue global couvrant toutes les questions d’intérêt commun », a retorqué son homologue pakistanais, qui a accusé l’Inde de chercher des prétextes pour annuler les réunions conjointes prévues entre les deux pays, avant de demander l’établissement, dans les meilleurs délais, d’une commission d’enquête de l’ONU pour établir les responsabilités sur les heurts au Jammu-et-Cachemire.  Il a menacé l’Inde d’une « réponse vigoureuse et à la hauteur » si elle devait « s’aventurer de l’autre côté de la ligne du cessez-le-feu ».

Face à tous ces conflits qui essaiment et devant ce déferlement de propos belliqueux, la responsable de la diplomatie de l’Autriche a demandé « où se trouve l’efficacité du multilatéralisme que nous célébrons ici? »  Évoquant les « comités, déclarations et conventions », elle a dénoncé « un jeu confortable, subtil, interminable, étoffé de litanie et de mantras ».  Saluant le discours prononcé mardi par le Président français, M. Emmanuel Macron, assimilant le multilatéralisme à la règle du droit, la Ministre a en outre défendu le recours à la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale, y voyant une « façon crédible » d’assurer la primauté du droit.  À cet égard, le Chef de la diplomatie du Belize a dit envisager de saisir la CIJ pour résoudre son différend frontalier avec le Guatemala.

Un pas important a été fait cette année vers la paix et le développement dans la péninsule coréenne, s’est félicité le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Mais « l’idée que les sanctions pourront nous mettre à genoux est l’utopie de gens qui ne nous connaissent pas », a-t-il répondu au Président Trump qui affirmait mardi que les sanctions resteraient en vigueur.  La RPDC a invité les États-Unis à donner plutôt la priorité au renforcement de la confiance, prenant exemple sur le réchauffement des relations entre les deux Corée, plutôt que d’insister sur « la dénucléarisation d’abord » et d’augmenter la pression par des sanctions.

« Défendre le droit international et la Charte et se tenir du côté de la justice; ou alors se soumettre aux tendances hégémoniques et à la loi de la jungle que certains essayent d’imposer à l’ONU et au monde », c’est aussi le choix clair et sans équivoque qu’a présenté à la communauté internationale le Vice-Premier Ministre de la République arabe syrienne.  Alors que le Chef de la diplomatie de Singapour rappelait que l’ONU est notre « ultime bastion », son homologue algérien a estimé qu’il fallait justement appuyer une réforme de l’Organisation, laquelle doit porter tant sur les structures que sur les modes de fonctionnement.  Ont une fois encore été lancés des appels à réparer l’« injustice historique faite au continent africain » dans la composition du Conseil de sécurité.

L’Assemblée générale se réunit lundi matin, à 9 heures, pour clore son débat général.

Suite du débat général

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, s’est réjoui que cette session coïncide avec la célébration du centenaire de son pays, en se remémorant les remarquables changements produits il y a 100 ans, avec la fin de la Première Guerre mondiale, l’effondrement des empires et le remaniement de la carte politique de l’Europe.  Cependant, a-t-il tempéré, les insuffisances de la Société des nations (SDN) fut l’une des principales raisons qui conduit la Lettonie à perdre son indépendance pendant un temps.  Citant notamment l’occupation de l’Union soviétique, et le régime de terreur et de violations graves des droits de l’homme, il a regretté que la Fédération de Russie ne reconnaisse toujours pas ces faits historiques bien établis.  Il a appelé ce pays le faire et à condamner les actions de l’Union soviétique.  Depuis la restauration de son indépendance, la Lettonie plaide pour le respect du droit international et des droits de l’homme, a-t-il ajouté. 

Les Nations Unies ont été créés non seulement pour préserver les générations du fléau de la guerre mais aussi pour respecter les obligations consacrées dans le droit international, notamment le droit de la femme et de l’enfant, a fait remarquer le Ministre en demandant que l’ONU fasse respecter ces valeurs dans n’importe quelle situation: en Syrie, au Myanmar, et aussi « en Crimée où les Tatars sont persécutés par les autorités russes ».  Cette année, nous célébrons la Déclaration universelle des droits de l’homme, a-t-il rappelé indiquant que la sécurité ne saurait être une réalité sans le respect des droits de l’homme et la liberté. 

M. Rinkēvičs a, à cet égard, exhorté la Fédération de Russie à « libérer le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov détenu illégalement et les 64 prisonniers politiques ukrainiens, y compris le journaliste Roman Sushchenko ».  De même, la Lettonie ne reconnaîtra pas l’annexion illégale de la Crimée, a-t-il ajouté.  Il a appelé, en outre, le Myanmar à libérer les deux journalistes de Reuters, Wa Lone et Kyaw Soe Oo.  Pour renforcer le rôle de l’ONU, des efforts doivent être entrepris pour le respect des objectifs et principes de la Charte des Nations Unies, a conclu le Ministre en appelant l’Organisation à mener de sérieuses réformes pour être à la hauteur des exigences du XXIe siècle.  Il faut renforcer la légitimité du Conseil de sécurité, a-t-il exigé, en lui donnant une meilleure représentativité.  Il a, enfin, rappelé que le développement durable ne peut être réalisé sans le renforcement des droits de l’homme à travers le monde. 

M. RIMBINK PATO, Membre du Parlement et Envoyé spécial du Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a rappelé que son pays accueille en novembre prochain le Forum de la coopération économique Asie-Pacifique (APEC), dont les membres représentent 39% de la population mondiale et 48% des activités commerciales internationales, notamment avec des pays comme les États-Unis, la Chine, le Japon et bien d’autres.  Il a cité, parmi les sujets qui seront débattus au cours de ce forum, la question de la prospérité par le biais du commerce, la préservation de l’environnement, l’inclusion afin de ne laisser personne de côté, l’économie numérique et l’égalité des genres. 

Sur ce dernier point, l’Envoyé spécial a relevé que la protection de la femme est l’un des défis les plus importants pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Il reste du chemin à parcourir, a-t-il reconnu, en notant que le développement durable dépend des améliorations dans ce secteur.  Le pays travaille à améliorer l’égalité des genres par le biais de politiques et lois qui combattent la violence sexiste, promeuvent l’emploi des femmes dans les secteurs formel et informel, tout en facilitant leur éducation.  À ce sujet, il a salué les progrès qui ont permis à un million de jeunes supplémentaires d’être scolarisés, notamment des jeunes filles.  Ces avancées ont pu se faire grâce au soutien des partenaires bilatéraux et multilatéraux comme le système des Nations Unies, a-t-il relevé. 

M. Pato a salué les efforts visant à financer le Fonds vert pour le climat, affirmant que l’accès à ces financements est crucial pour les petits États insulaires en développement (PEID) notamment, car ces pays entendent atténuer les conséquences des changements climatiques et s’y adapter, tout en renforçant leur résilience aux catastrophes naturelles. 

Il a en outre noté le vif intérêt de la communauté internationale pour le référendum qui aura lieu à Bougainville en juin 2019, une région de son pays.  Il a salué l’implication des partenaires du pays sur cette question, mais a précisé que leur travail ne doit en aucun cas empiéter sur la souveraineté nationale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sur son territoire, conformément au droit international.  Sur la question des migrations enfin, il a dit que son pays travaille en collaboration avec l’Australie dans la relocalisation des demandeurs d’asile dont certains seront envoyés aux États-Unis, alors que les autres migrants restent sur place en Papouasie-Nouvelle-Guinée. 

M. YOUSEF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères d’Oman, a affirmé que la paix est la « pierre angulaire » de la stabilité et du développement.  Notant que la question palestinienne est le problème central du Moyen-Orient, il a appelé la communauté internationale à créer les conditions nécessaires pour aider les parties à mettre fin au conflit.  Il a ainsi plaidé pour la création d’un environnement favorable à la reprise des discussions devant mener à un accord sur la solution des deux États, car « le non-établissement d’un État palestinien ne va que perpétuer la violence et le terrorisme », a-t-il averti. 

Sur le Yémen, le Ministre a salué la mobilisation de la communauté internationale pour le soutien humanitaire à ce pays.  Oman appuie les efforts de l’Envoyé spécial, M. Martin Griffiths, qui s’évertue à organiser des pourparlers entre les parties yéménites.  Le Ministre a dit que son pays voudrait une solution politique qui tienne compte de la réalité yéménite: toutes les parties et forces politiques au Yémen comme à l’étranger doivent ainsi avoir une chance de participer à l’édification d’un avenir prospère pour leur pays. 

M. Bin Abdullah a ensuite salué la diminution de la violence en Syrie, grâce notamment aux interventions de la Fédération de Russie, du Gouvernement syrien, des États-Unis, de l’Union européenne et des pays de la région qui collaborent pour la lutte contre le terrorisme.  Il a également soutenu les actions de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, avant de terminer en se réjouissant des perspectives positives dans la Corne de l’Afrique après les accords récents entre certains États de la région. 

Mme SUSHMA SWARAJ, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a promis de rester engagée, avec l’ONU, dans la réalisation des objectifs de développement durable.  L’Inde a lancé un processus de transformations économique et sociale sans précédent qui doit contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable bien avant la date butoir, a-t-elle indiqué.  Elle a cité quelques initiatives concluantes comme la mise en place du plus grand mécanisme financier au monde, baptisé « Jan Dhan Yojana », qui a permis à 320 millions d’Indiens de disposer pour la première fois d’un compte bancaire.  Les personnes les plus pauvres ont ainsi pu recevoir directement les allocations du Gouvernement, mettant ainsi fin au gaspillage et à la corruption.

De même, « l’Inde a lancé récemment un plan révolutionnaire en matière d’assurance universelle qui bénéficiera à 500 millions d’Indiens ».  La Ministre a encore cité « la plus grande opération de logement du monde » menée par son pays pour que chacun ait un toit: l’objectif est 21 millions de logement à l’horizon 2022.  D’ores et déjà, 5 millions d’habitations ont été construites au bénéfice des pauvres. 

L’Inde a aussi lancé le programme « Mudra » qui vise à donner des compétences aux demandeurs d’emploi et à permettre aux pauvres de devenir des entrepreneurs.  À la date d’aujourd’hui, a ajouté Mme Swaraj, 140 millions d’Indiens, dont 75 millions de femmes, ont bénéficié des prêts.  « Car en Inde, nous croyons que l’émergence des nations passe par l’autonomisation de la femme. »  Le Premier Ministre indien est déterminé à faire de l’Inde un pays propre, prospère, éduqué, en bonne santé, énergique et fort, à l’horizon 2022, a témoigné la Ministre en se montrant confiante.

Abordant par ailleurs les deux défis principaux posés au monde -les changements climatiques et le terrorisme– elle a d’abord appelé les pays développés à ne pas se dérober devant leurs responsabilités sur le dossier du climat et à aider les pays qui en ont besoin sur les plans technique et financier.  Elle a évoqué le lancement, par l’Inde et la France, de l’Alliance solaire internationale (ISA) et fait part de sa satisfaction de voir 68 nations s’y être joint.  Quant au terrorisme, ce « démon qui hante le monde », elle a fait remarquer que, pour l’Inde, ce phénomène ne vient pas d’un pays lointain mais d’un qui se trouve « de l’autre côté de notre frontière », qui est devenu « expert de la duplicité ». 

Elle en a voulu pour preuve qu’Osama Bin Laden, l’architecte et idéologue du 11 septembre, avait fait du Pakistan -pourtant proclamé allié et ami des États-Unis- son sanctuaire.  Le Pakistan a fait du terrorisme un « instrument de sa politique officielle », selon la Ministre indienne.  « Les tueurs du 11 septembre sont morts, mais le coordinateur du 26/11, Hafiz Saeed, se promène dans les rues du Pakistan en toute impunité », a-t-elle déploré en faisant référence à l’attentat de Mumbai de 2008.  « Quant aux pourparlers avec ce pays, comment envisager de telles négociations avec un pays qui adopte un tel comportement?  On nous accuse de saboter les pourparlers, cela est un pur tissu de mensonge », s’est-elle emportée. 

Plusieurs gouvernements indiens ont choisi l’option de la paix mais ce dialogue a été stoppé net à cause du comportement du Pakistan, a-t-elle encore accusé.  Elle a corroboré ses propos par le rappel des attaques terroristes perpétrées sur la base aérienne de Pathankot, le 2 janvier 2016, alors qu’elle s’était rendue personnellement à Islamabad pour un dialogue bilatéral.  « Comment, dès lors, engager des pourparlers alors que les terroristes font couler le sang dans notre pays », s’est-elle interrogée en concluant son intervention. 

M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, a déclaré qu’au cours des sept dernières années, les Syriens ont refusé de se compromettre, malgré leurs souffrances face au terrorisme et aux soutiens extérieurs.  « N’en déplaise à certains, a-t-il avancé, la situation sur le terrain est plus sûre et plus stable, et la guerre contre le terrorisme est presque terminée. »  Mais, a-t-il averti, la lutte se poursuivra jusqu’à ce que tout le territoire syrien soit « épuré de groupes terroristes » -quels que soient leurs noms- et de toute présence étrangère illégale.

Le Vice-Premier Ministre a indiqué que certains pays ont dénié le droit de la Syrie, en vertu du droit international et du devoir national, de combattre le terrorisme et de protéger sa population, à l’intérieur même de ses frontières.  Et dans le même temps, « ces gouvernements ont formé une coalition internationale illégitime, menée par les États-Unis, sous le prétexte de combattre le terrorisme en Syrie ».  « La soi-disant coalition n’a pas du tout lutté contre le terrorisme », a-t-il affirmé, ajoutant que les objectifs de la coalition étaient même parfaitement alignés sur ceux des groupes terroristes.  Il a aussi accusé la coalition d’avoir détruit des infrastructures civiles, notamment à Raqqa, ce qui est constitutif de crime de guerre, a-t-il estimé en imputant également à la coalition l’appui militaire direct offert aux terroristes, à de multiples occasions, et alors que ces derniers combattaient le Gouvernement syrien.  Ces constats lui ont fait dire qu’il aurait été plus juste de parler de « coalition en soutien aux terroristes et aux crimes de guerre ».

M. Al-Moualem a expliqué que « la situation en Syrie ne peut être dissociée de la bataille qui fait rage sur la scène internationale entre deux camps ».  Un camp promeut la paix, la stabilité et la prospérité à travers le monde, promeut le dialogue, la compréhension mutuelle, le respect du droit international et s’aligne derrière le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États.  L’autre camp, cependant, essaye de créer le chaos dans les relations internationales et emploie la colonisation et l’hégémonie comme outils pour rechercher ses intérêts égoïstes, selon le Vice-Premier Ministre syrien.  Il a dénoncé les « méthodes de corruption » de ce dernier camp, comme « le soutien au terrorisme et l’imposition d’embargo économique pour soumettre les peuples et gouvernements qui rejettent les diktats extérieurs et veulent prendre eux-mêmes leurs décisions ».  Devant ce constat, le Vice-Premier Ministre a demandé à la communauté internationale de faire un choix clair et sans équivoque: « défendre le droit international et la Charte des Nations Unies et se tenir du côté de la justice; ou alors se soumettre aux tendances hégémoniques et à la loi de la jungle que certains essayent d’imposer à l’ONU et au monde ».

Il a en outre souligné que, sur le terrain en Syrie, le Gouvernement continue de réhabiliter les zones détruites par les terroristes.  Toutes les conditions sont désormais réunies pour un retour volontaire de réfugiés syriens dans leur pays, a—t-il affirmé.  Des milliers de Syriens ont même déjà commencé à rentrer, s’est-il félicité.  « Le retour de chaque Syrien est la priorité pour l’État syrien », a-t-il annoncé en soulignant que la porte leur est ouverte pour un retour volontaire et sûr.  Il a accusé certains pays occidentaux de faire peur aux réfugiés et de subordonner leur retour à l’avancée du processus politique.  Le Vice-Premier Ministre a dit que son pays est ouvert à l’assistance internationale pour sa reconstruction, avec les États qui n’ont pas pris part à l’agression contre la Syrie.  A contrario, les pays ayant soutenu le terrorisme en Syrie ne sont ni conviés ni les bienvenus, a-t-il prévenu.

Il a promis que son gouvernement restait engagé pour un processus politique sans compromission des principes nationaux.  Il a rappelé que la tâche du futur comité constitutionnel sera uniquement de revoir les articles de la Constitution actuelle de la Syrie, à travers un processus mené par les Syriens eux-mêmes et qui peut être facilité par l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Il a souligné que ce comité devra être indépendant, puisque « la Constitution est une question syrienne qui doit être traitée par le Syriens eux-mêmes ».  De ce fait, « le peuple syrien doit avoir le dernier mot sur la Constitution ou sur toute autre question de souveraineté nationale », a-t-il insisté.

M. Al-Moualem a par ailleurs affirmé que son gouvernement est opposé à tout usage d’armes chimiques; c’est pourquoi le pays a éliminé entièrement son programme chimique, comme cela a été confirmé par des rapports de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Il a accusé les États-Unis, la France et le Royaume-Uni de politiser le travail de l’OIAC et de faire fi d’informations dignes de confiance que la Syrie transmet sur les armes chimiques aux mains des groupes terroristes qui les ont utilisées à plusieurs reprises.  Il a en outre accusé les Casques blancs de prêter le flanc à la fabrication d’accusations sur l’usage d’armes chimiques en Syrie.

Le Vice-Premier Ministre a ensuite rappelé qu’Israël continue d’occuper le Golan syrien.  Comme le sud de la Syrie a été libéré des terroristes, le Gouvernement est déterminé désormais à libérer tout le Golan syrien occupé jusqu’aux positions du 4 juin 1967, a-t-il indiqué.  Il a, à cet égard, invité la communauté internationale à forcer Israël au respect des résolutions de l’ONU, notamment la 497 sur le Golan syrien occupé.  De même, il a invité la communauté internationale à aider les Palestiniens à établir un État indépendant et à faciliter le retour des réfugiés palestiniens chez eux.

Un pas important a été fait cette année vers la paix et le développement dans la péninsule de Corée, s’est félicité M. RI YONG HO, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  En avril dernier, le Président Kim Jong Un a présenté une nouvelle stratégie consistant à concentrer tous ses efforts sur la construction économique socialiste.  Cette tâche historique, a-t-il précisé, est rendue possible par le fait que « nous avons suffisamment consolidé nos capacités de défense nationale et de dissuasion pour faire face aux menaces nucléaires dont la RPDC fait l’objet depuis plusieurs décennies ». 

Le Président Kim Jung Un, fermement déterminé à faire de la péninsule coréenne une terre exempte d’armes et de menaces nucléaires, a réalisé une avancée importante en améliorant les relations nord-sud et avec les États-Unis, et en revitalisant des relations amicales et de coopération avec les pays voisins, a fait remarquer le Ministre.  M. Ri a souligné que la clef de la consolidation de la paix et de la sécurité dans la péninsule coréenne réside maintenant dans l’application intégrale de la Déclaration conjointe RPDC-États-Unis adoptée en juin dernier lors du sommet entre les deux pays à Singapour. 

Une fois que la Déclaration conjointe sera mise en œuvre, la tendance actuelle à la détente se transformera en paix durable et aboutira à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne, a-t-il assuré.  « La péninsule coréenne, le point le plus tendu du globe, deviendra le berceau de la paix et de la prospérité, qui contribuera à la sécurité en Asie et dans le reste du monde. » 

À cette fin, a poursuivi M. Ri, la RPDC et les États-Unis doivent donner la priorité au renforcement de la confiance.  Avant même le sommet de Singapour, le Gouvernement de la RPDC a pris des mesures pour montrer sa bonne volonté, comme l’arrêt des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques intercontinentaux.  Toutefois, a-t-il regretté, « nous ne voyons pas de réponse similaire de la part des États-Unis ».  Au contraire, a-t-il déploré, les États-Unis insistent sur « la dénucléarisation d’abord » et augmentent la pression par des sanctions, et s’opposent même à la « déclaration de la fin de la guerre ». 

« L’idée que les sanctions pourront nous mettre à genoux est l’utopie de gens qui ne nous connaissent pas », a continué le Ministre.  Le problème est que les sanctions et les méthodes coercitives des États-Unis nous rendent plus méfiants, a-t-il ajouté.  À l’inverse, il a souligné que le dialogue en cours entre les dirigeants du nord et du sud souligne bien l’importance du renforcement de la confiance.  « Si la partie à cette question de dénucléarisation était la Corée du sud et non pas les États-Unis, la dénucléarisation de la péninsule coréenne ne serait pas arrivée à une telle impasse », a-t-il imaginé. 

S’il y des vues pessimistes aux États-Unis à propos de la Déclaration conjointe, ce n’est pas parce qu’il y a des lacunes dans le document, c’est du fait de la politique intérieure américaine, a considéré M. Ri.  Une fois de plus, il a appelé les États-Unis à appliquer fidèlement l’engagement pris à Singapour.  À cet égard, a-t-il conclu, le Conseil de sécurité a aussi un rôle à jouer en saluant et en appuyant les développements positifs dans la péninsule coréenne. 

M. ABDELKADER MESSAHEL, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a fait observer que le monde continue de vivre au rythme d’une « crise multiforme d’une rare intensité ».  Dans un environnement de mondialisation avancée, voire irréversible, la gravité de ces défis colossaux, anciens et nouveaux, se voit accentuée par les effets pervers d’une crise économique et financière qui tend à s’installer dans la durée malgré la timide hausse de la croissance économique mondiale, a-t-il noté.  Face à ce constat, rendu plus alarmant encore par l’apparition récente de velléités unilatéralistes et protectionnistes, il a demandé d’avoir le courage de « reconnaître l’inadéquation, pour ne pas dire l’inanité, de nombre de politiques conjoncturelles suivies jusqu’ici du fait, essentiellement, des déficiences structurelles d’une architecture de gouvernance mondiale de plus en plus dangereusement anachronique ».  Pour lui, le « triste constat que nous devons nous résoudre à faire est que nous sommes face à une véritable crise morale ».

Si l’ONU demeure, selon lui, l’enceinte par excellence du dialogue et de la coopération entre toutes les nations du monde, elle se doit également d’être porteuse des changements nécessaires.  Il a appelé, à cet égard, à une réforme de l’Organisation qui doit porter tant sur les structures que sur les modes de fonctionnement, et plus particulièrement sur le Conseil de sécurité: il faut à cet égard réparer l’« injustice historique faite au continent africain ». 

L’Algérie, a poursuivi le Ministre, suit avec un intérêt particulier les conflits et les crises qui secouent les pays de l’aire géographique à laquelle elle appartient.  Son pays est en faveur de solutions politiques à travers l’appropriation par les parties concernées et le dialogue inclusif.  Qu’il s’agisse des situations au Mali, en Libye ou encore en Syrie et au Yémen, « seule une telle approche pourrait permettre à ces pays frères de renouer avec la paix et la stabilité », selon lui.  Concernant la question du Sahara occidental, « qui en tant que problème de décolonisation relève de la responsabilité première des Nations Unies », l’Algérie considère que son règlement ne peut être trouvé qu’à travers l’exercice, par le peuple du Sahara occidental, de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination.  Son pays, qui réitère son ferme soutien aux efforts du Secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, forme le vœu que leur action puisse contribuer, avec l’apport de l’Union africaine, à la reprise des négociations sans préconditions et de bonne foi entre les deux parties -le Royaume du Maroc et le Front Polisario- pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable assurant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. 

S’agissant de la Palestine, seule une solution fondée sur la légalité internationale et la reconnaissance des droits nationaux imprescriptibles du peuple palestinien pourra mettre un terme définitif au conflit, a estimé le Ministre.  Sur la question du terrorisme, il a rappelé que l’Algérie en avait été la toute première cible au tournant du siècle passé, mais que le pays avait pu y faire face, au prix de lourds sacrifices, en adoptant une approche et des moyens qui ont prouvé leur efficacité.  Cette expérience que « nous sommes disposés à partager » s’est basée sur la conviction que toute stratégie de lutte doit impérativement s’attaquer aux causes profondes de cette plaie des temps modernes, a-t-il précisé.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à faire en sorte que la lutte contre le terrorisme s’accompagne à la fois de mesures de déradicalisation et d’une véritable promotion de politiques prônant le « vivre-ensemble ».

Mme YLDIZ POLLACK-BEIGHLE, Ministre des affaires étrangères du Suriname, a invité la communauté internationale à mobiliser les fonds nécessaires en faveur de la lutte contre les changements climatiques.  C’est une nécessité pour venir en aide aux États dont le littoral est peu élevé, comme le Suriname, qui sont exposés à la montée du niveau de la mer.  Elle a donc demandé de laisser de côté la rhétorique et de prendre des actions immédiates.  La Ministre a ensuite dit attendre de voir se matérialiser le principe de « responsabilité commune mais différentiée » dans le contexte de la lutte contre les changements climatiques.  De plus, a-t-elle ajouté, le Suriname fait face à une période de récession économique du fait de la baisse du prix de l’or et de la fermeture de la principale mine de bauxite du pays. 

Malgré les efforts du Gouvernement, le pays est confronté à certains obstacles comme son classement dans le groupe des pays à revenu intermédiaire.  Ce classement oublie les nombreux défis auquel il fait face et tient seulement compte du critère du revenu national par habitant, a regretté la Ministre.  En outre, les problèmes liés aux correspondants bancaires et à la notation des agences financières viennent s’ajouter à des actions unilatérales comme l’introduction du Suriname sur des listes de pays peu fréquentables et la saisie de ses avoirs.  La Ministre a donc plaidé pour le dialogue et la coopération afin de résoudre ces problèmes. 

Mme Pollack-Beighle a déploré le fait que certaines puissances économiques sont promptes à utiliser des sanctions unilatérales, dénonçant une guerre économique qui contribue à durcir les positions, avec des conséquences négatives sur la paix et la sécurité internationales.  C’est pourquoi le Suriname désapprouve la poursuite de l’embargo économique et commercial contre Cuba.  Selon la Ministre, le multilatéralisme reste essentiel pour réaliser un développement durable, faire face aux défis mondiaux comme le maintien de la paix et de la sécurité, la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ou encore les changements climatiques.  Elle a terminé en appelant à la poursuite de la réforme de l’ONU, afin de tenir compte des réalités du monde actuel.  Elle a précisé que la réforme du Conseil de sécurité doit se faire de manière consensuelle et ouverte, afin de tenir notamment compte des préoccupations des pays en développement. 

M. VIVAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a plaidé en faveur du multilatéralisme, dont l’ONU est « l’ultime bastion ».  Dans un monde où les défis sont nombreux, chaque État doit s’adapter aux nouvelles réalités et trouver un nouveau modus vivendi, tout en restant fidèle à l’ordre mondial fondé sur des règles qui garantissent la paix et la prospérité depuis 70 ans.  Un petit pays comme Singapour, a-t-il souligné, ne pourrait pas survivre dans un monde sans état de droit, « où les forts font ce qu’ils veulent, et où les pauvres n’ont qu’à endurer ». 

En particulier, M. Balakrishnan s’est inquiété des frictions entre les États-Unis et la Chine qui font craindre une guerre commerciale.  Or, d’après lui, les gouvernements sont tenus d’envisager des solutions durables à long terme, « au lieu de dresser des barrières commerciales ».  Ainsi, pour répondre aux inégalités croissantes et à la stagnation des salaires, il faut s’attaquer à leurs causes profondes.  En pleine révolution numérique, nous devons doter les gens des compétences nécessaires aux emplois du futur, a-t-il ajouté.  Singapour, s’est félicité le Ministre, est ainsi en train de restructurer son système éducatif. 

Même si Singapour a été classée par l’Union internationale des communications (UIT) comme étant le pays le plus engagé dans la cybersécurité, elle n’a pas été exempte de menaces dans ce domaine.  Lors de la troisième conférence ministérielle sur la cybersécurité, qui s’est tenue à Singapour la semaine dernière, les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) se sont engagés à souscrire à 11 normes contenues dans le rapport de 2015 du Groupe d’experts gouvernementaux sur la question.  En outre, a annoncé le Ministre, Singapour va lancer en 2019 avec l’ASEAN le Centre d’excellence sur la cybersécurité. 

Enfin, en tant que Présidente de l’ASEAN cette année, Singapour continuera d’œuvrer avec les États qui en sont membres pour faire en sorte que l’architecture régionale reste ouverte, inclusive et fondée sur des règles.  Ils œuvrent à un partenariat économique régional global, qui, une fois conclu, sera « le plus grand bloc commercial du monde », couvrant un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial », a-t-il relevé.  Par ailleurs, le Ministre s’est réjoui que son pays ait modestement contribué à l’apaisement des tensions dans la péninsule coréenne en accueillant, en juin dernier, le sommet entre les États-Unis et la RPDC. 

M. NICOLA RENZI, Ministre des affaires étrangères de Saint-Marin, a estimé que l’ONU devait accroître son leadership dans la gestion de la gouvernance mondiale en raison de sa dimension profondément démocratique, de son universalité et de sa légitimité indiscutable.  Dans ce contexte, la réforme de l’ONU revêt une importance fondamentale, en vue d’améliorer sa contribution au développement durable, et au règlement des différends et des conflits.  Pour y parvenir, il faudra se pencher sur les causes profondes des problèmes et aussi réformer les pratiques du Conseil de sécurité, a observé M. Renzi en soulignant que son pays appuyait le Code de conduite du Groupe ACT, qui demande l’encadrement de l’exercice du droit de veto dans les situations de crimes graves.

« Mais il ne saurait y avoir de développement durable sans paix, ni de paix sans développement durable », a-t-il poursuivi.  Le principe au cœur du Programme de développement durable, selon lequel personne ne saurait être laissé de côté, exige des mesures spécifiques pour soutenir les populations vulnérables, a rappelé le Chef de la diplomatie saint-marine.  Tout en estimant que les nouvelles technologies peuvent contribuer au développement durable, son gouvernement se dit conscient de la nécessité de lutter contre la désinformation qui ne cesse d’alimenter les préjudices.  Abordant ensuite la question des changements climatiques, le Ministre a apporté son soutien à l’Accord de Paris sur les changements climatiques et sa nécessaire synergie avec le Programme 2030.  Saluant enfin le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, M. Renzi s’est déclaré persuadé que sa mise en œuvre renforcerait l’universalité des droits de l’homme, et l’exercice des droits fondamentaux des migrants et leur protection.

M. ALAN PETER S.  CAYETANO, Secrétaire des affaires étrangères des Philippines, a regretté qu’aujourd’hui, le monde soit devenu victime du pragmatisme plutôt que le champion de l’idéalisme et, de plus en plus, tenté de « faire ce qui se fait déjà » et d’accepter que « nous ne pouvons pas résoudre les problèmes ».  Dans ce contexte, nous nous en remettons à une déclaration de la majorité plutôt que de chercher à atteindre un large consensus sur la façon de résoudre un problème, a-t-il ajouté.  Citant Albert Einstein, qui a défini la folie comme « refaire toujours la même chose et attendre des résultats différents », il a souligné qu’il n’y a certainement pas de « stupidité à l’ONU », mais juste « cette tendance à refaire les mêmes choses qui nous plombent », car tenter d’autres choses semble être un véritable défi!  « Ce que nous devons craindre, c’est de faire du surplace », a-t-il poursuivi, disant entrevoir un espoir dans l’idéalisme et les aspirations à un monde meilleur.

Constatant qu’aujourd’hui, « le contrat social n’est plus confiné à nos nations respectives », il a demandé de s’efforcer à se connecter, à « mettre en avant ce qui nous unit et non pas nos différences », à penser en tant que citoyens du monde: les peuples des Nations Unies.  Il est vrai qu’il ne faut pas agir toujours en tant que « front uni » ou en tant que « communauté », a reconnu M. Cayetano, en soulignant que de nombreux problèmes ne peuvent être résolus que dans le cadre d’une « communauté mondiale unie ».  Cela est valable pour les questions relatives aux problèmes de l’environnement, de la pauvreté et des inégalités, de l’état de droit, de la lutte contre le terrorisme et de l’extrémisme violent.

« Ensemble, nous pouvons trouver un idéalisme pragmatique qui nous apportera espoir et cet élan pour aller de l’avant. »  La question de la migration, par exemple, ne peut être résolue en étant ignorée; elle doit être discutée de manière franche, ouverte et en profondeur, a-t-il dit, saluant à cet égard le pacte mondial pour les migrations qui est un pas dans la bonne direction.

M. Cayetano a ensuite parlé de son pays, en tant qu’État démocratique et souverain qui lutte pour éviter de devenir un narco-État ou tomber entre les mains de riches et puissants qui n’auront cure des pauvres et des marginalisés.  Il y a, aux Philippines, une volonté d’améliorer l’économie pour que les dix millions de Philippins vivant à l’étranger choisissent de retourner chez eux et pour que les pauvres qui sont encore dans le pays ne soient pas forcés par la pauvreté à s’exiler et se séparer de leurs familles.  « Nous pouvons avoir des vues différentes dans notre approche en matière de droits de l’homme mais cela ne doit pas être interprété comme si nous tournions le dos » à la Déclaration universelle des droits de l’homme, a-t-il assuré.  « Quand il s’agit de protéger les citoyens respectueux des lois et d’appliquer le droit à l’égard des criminels et des barons de la drogue, le choix est vite fait », a-t-il martelé.  Il a estimé, en conclusion, que l’ONU est le lieu des grandes opportunités pour rendre le monde meilleur, où « tous nos rêves et espoirs » peuvent se réaliser.

Mme KARIN KNEISSL, Ministre fédérale de l’Europe, de l’intégration et des affaires étrangères de l’Autriche, a déploré le fait que, trop souvent, les diplomates ne parviennent pas à faire entendre les « voix de ceux qui sont dans la misère », privilégiant les « belles déclarations » aux « véritables actions ».  Selon Mme Kneissl, cet état d’esprit traduit une perte du sens de la réalité.  « C’est de l’autisme », a-t-elle conclu, avant de s’interroger sur le véritable sens des discussions qui ont cours dans les cercles diplomatiques.  Où se trouve l’efficacité du « multilatéralisme que nous célébrons ici? » s’est demandé la Ministre, évoquant les comités, les déclarations et les conventions.  Mme Kneissl a salué à ce sujet le discours du Président français, M. Emmanuel Macron, qui a déclaré devant l’Assemblée générale que le multilatéralisme et la règle du droit sont synonymes.  Or, le multilatéralisme s’efface trop souvent dans un « manège de réunions, dont certains diplomates nantis ont fait un jeu confortable, subtil, interminable, étoffé de litanie et de mantras », a-t-elle dénoncé. 

Pendant que des enfants souffrent en Syrie et au Yémen, nous nous contentons de ces mantras, tels que reconstruction et stabilisation, a poursuivi Mme Kneissl.  Pour sa part, l’Autriche souhaite contribuer au déminage en Syrie, et est prête à accroître son aide humanitaire au Yémen, « la plus grande tragédie de notre époque ».  Elle a condamné l’utilisation des armes chimiques en Syrie et proposé d’interdire « catégoriquement » la production et l’utilisation des armes nucléaires.  Déplorant la mise en œuvre « inadéquate » du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, elle a plaidé pour l’application des règles contraignantes existantes, soulignant que les traités « ne relèvent pas de l’ordre moral, mais du domaine juridique ».  Enfin, elle a jugé « primordiale » la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

La Ministre a en outre défendu le recours à la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI), y voyant une « façon crédible » d’assurer la primauté du droit.  Elle a enfin décrit les initiatives de son pays dans la lutte contre les mutilations génitales féminines et les violations aux droits de la personne. 

M. SHAIKH KHALID BIN AHMED AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, s’est dit déterminé à mettre en œuvre tous les programmes destinés à accroître le niveau de vie des citoyens de son pays et à assurer son développement durable.  Il a vanté les avancées réalisées par le Bahreïn, notamment ses efforts visant à diversifier son économie.  Le Bahreïn, a-t-il rappelé, a établi un mécanisme de coordination avec les Nations Unies et posé sa candidature au Conseil des droits de l’homme. 

Le Ministre a condamné la « politique de destruction » menée selon lui par l’Iran au Moyen-Orient, dénonçant la poursuite de ses « aspirations hégémoniques » dans la région et ses tentatives de renverser des gouvernements.  Il a condamné ses actions « criminelles et hostiles » au Yémen et ses activités balistiques en Arabie saoudite, ajoutant qu’elles avaient été confirmées par des rapports des Nations Unies.  Le Bahreïn est un membre actif de la coalition arabe pour restaurer la légitimité au Yémen afin de rétablir l’indépendance et l’intégrité territoriale de ce pays, a assuré le Ministre.

M. Al-Khalifa a également dénoncé le Qatar, l’accusant de refuser de cesser ses pratiques à l’encontre de la sécurité collective dans la région.  Selon lui, le Qatar a apporté un soutien logistique et financier à des groupes terroristes au Bahreïn.  Le Ministre a invité le Qatar à « reprendre ses esprits » et à répondre aux conditions posées par le Bahreïn, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis.  Il a en outre plaidé pour un soutien accru à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), afin d’alléger les souffrances du peuple palestinien. 

M. EZÉCHIEL NIBIGIRA, Ministre des affaires étrangères du Burundi, a rappelé que son pays a organisé un référendum constitutionnel, le 17 mai dernier, « dans le calme et la sérénité ».  Lors de la promulgation de la nouvelle Constitution, le 7 juin, le Président a annoncé que « son deuxième mandat prendrait fin en 2020 et qu’il s’apprêtait à soutenir le nouveau président » qui sera alors élu.  Le Ministre a souligné que « l’esprit de tolérance, l’assainissement et l’ouverture de l’espace politique se renforce de plus en plus au Burundi », comme en témoigne le retour de plusieurs milliers de réfugiés et de leaders politiques. 

S’agissant du dialogue interburundais, M. Nibigira a ajouté que le dialogue comme moyen de trouver des solutions pacifiques aux différends est devenu « une culture ».  Plus de 20 partis politiques ont déjà adopté une feuille de route en vue des élections de 2020, et la nouvelle commission électorale nationale va être mise en place, dans le respect de l’inclusion politique, ethnique, régionale et de genre, expliqué le Ministre. 

Sur le plan sécuritaire, la situation au Burundi est calme, stable et maîtrisée, a affirmé M. Nibigira.  Ce constat positif est, a-t-il ajouté, partagé par l’Envoyé spécial du Secrétaire général et par le Conseil de sécurité.  Le Ministre a demandé une nouvelle fois à tous les pays qui hébergent les putschistes du 13 mai 2015 de les extrader vers le Burundi, afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice.

S’il a réitéré sa disponibilité et sa coopération avec l’ONU pour promouvoir les droits de l’homme, le Ministre burundais a dénoncé « la tendance dangereuse de certains États à vouloir transformer le Conseil des droits de l’homme en outil de pression politique et de régulation de la géopolitique dans les pays du Sud ». 

Rappelant la fierté de son pays à avoir déployé plus de 6 000 hommes et femmes dans différentes opérations de maintien de la paix de l’ONU, M. Nibigira a de nouveau prié le Conseil de sécurité d’avoir « le courage de retirer le Burundi de son agenda ».  D’après lui, la situation politico-sécuritaire y est loin de constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales.  « La place que le Burundi mérite aujourd’hui ne se trouve pas dans la salle ovale du Conseil de sécurité.  Elle devrait être au niveau des agences des Nations Unies en charge du développement pour booster son relèvement économique », a-t-il fait valoir, avant de préciser que son pays venait de se doter d’un plan national de développement 2018-2027.

Le Ministre a tenu à souligner que les sanctions économiques unilatérales prises par l’Union européenne « dans la foulée de la fièvre électorale de 2015 » l’avaient été dans un contexte qui a « fondamentalement changé » depuis lors, avant de rappeler que l’Union africaine avait appelé, lors du Sommet de Nouakchott l’été dernier, à lever ces « sanctions injustes et immorales ».  Enfin, il a averti que sans action immédiate et coordonnée, il serait beaucoup plus difficile et coûteux, en Afrique et ailleurs, de s’adapter aux changements climatiques.

M. DATO ERYWAN PEHIN YUSOF, Ministre des affaires étrangères du Brunéi Darussalam, a indiqué que « nous vivons aujourd’hui dans un monde marqué par une absence de sécurité aux plans géopolitique et géoéconomique ».  Les fondations et principes de l’ordre international sont aujourd’hui remis en question, quand ils ne sont pas simplement ignorés, a-t-il remarqué.  Pour un petit État comme le Brunéi Darussalam, une telle imprévisibilité peut être décourageante et va à l’encontre des efforts régionaux et internationaux visant à bâtir des sociétés équitables et durables.  De plus, la réalisation des objectifs visant la promotion de la prospérité, un développement durable et une paix pérenne, est étroitement liée à la cohérence et à la stabilité de l’adhésion du pays à ses obligations internationales et à l’état de droit.  Il est donc essentiel, pour le Ministre, de s’engager dans un multilatéralisme efficace qui traite tous les défis posés au monde, de la prévention des conflits à la dégradation de l’environnement en passant par l’instabilité économique. 

Le Ministre a fait part de la volonté de son pays de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable du Programme 2030 qui, a-t-il espéré, va permettre de sauvegarder le bien-être des citoyens pour les générations à venir.  Dans les efforts menés à cet effet, il a jugé essentiel de respecter le droit de chaque pays de choisir sa propre voie de développement, y compris à travers des législations adaptées au contexte national. 

Il a voulu soulever, par ailleurs, la problématique de la volatilité des prix de l’énergie, notamment pour les pays en développement.  Dans ce contexte, son pays, a-t-il dit, œuvre à la diversification de son économie.  « Ces efforts sont illustrés à travers notre engagement dans le système du libre-échange et d’échanges commerciaux fondés sur les règles multilatérales, notamment dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). »  Dans son discours, le Ministre a également évoqué la question palestinienne et réaffirmé, en conclusion, l’engagement inébranlable de son pays au respect des normes internationales et au partenariat multilatéral, piliers essentiels pour faire avancer la paix et parvenir à l’harmonie dans le monde. 

M. MAKHDOOM SHAH MAHMOOD QURESHI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a rappelé qu’il y a deux mois, le peuple de son pays avait « voté en faveur du changement, des réformes et d’un changement radical de paradigme de gouvernance », pour un Pakistan qui entretiendrait des relations avec ses voisins et le reste du monde, sans toutefois, a-t-il précisé, céder à des compromis qui pourraient porter atteinte à ses intérêts nationaux, à la souveraineté de l’État et à la sécurité de son peuple. 

Le Pakistan, a assuré le Ministre, souhaite une relation avec l’Inde basée sur une égalité souveraine et le respect mutuel.  « Nous aspirons à la résolution des différends au travers d’un dialogue global couvrant toutes les questions d’intérêt commun.  Nous étions supposés nous en entretenir avec l’Inde en marge de cette session de l’Assemblée générale, mais le Gouvernement Modi a annulé ce dialogue pour la troisième fois, à chaque fois pour des raisons peu crédibles.  Ils préfèrent la politique à la paix.  Ils se servent d’excuses, comme l’émission, il y a plusieurs mois, d’une série de timbres, par la poste pakistanaise, à la mémoire d’un activiste cachemirien et de graves violations des droits de l’homme, comme des victimes de fusil à plomb, pour se retirer des pourparlers », a accusé M. Qureshi.

Affirmant que le dialogue était la seule manière de répondre à ces questions en suspens de longue date, le Chef de la diplomatie pakistanaise a rappelé que le différend irrésolu du Jammu-et-Cachemire faisait obstacle à la réalisation d’une paix durable entre les deux pays.  Celle-ci ne saurait, selon lui, advenir en Asie du Sud en l’absence d’un règlement juste de ce différend, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et de la volonté du peuple cachemirien « occupé » d’exercer son droit à l’autodétermination.  Le Pakistan a apporté son soutien aux conclusions récemment rendues par le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, « qui a levé le voile sur des décennies d’obstruction et fait le récit des violations massives en cours au Cachemire occupé par l’Inde ». 

Le Ministre a par conséquent demandé l’établissement, dans les meilleurs délais, d’une commission d’enquête par l’ONU pour enquêter et établir les responsabilités, en affirmant que le Pakistan l’accueillerait volontiers à Azad Jammu-et-Cachemire, et en espérant que l’Inde ferait de même.  Jusqu’à présent, en dépit de violations répétées de la ligne de cessez-le-feu, le Pakistan a fait preuve de retenue, a encore affirmé le Ministre.  « Mais si l’Inde s’aventure de l’autre côté de cette ligne, ou agit en vertu de sa doctrine de guerre limitée contre le Pakistan, elle se heurtera à une réponse vigoureuse et à la hauteur », a-t-il mis en garde, en précisant toutefois que son gouvernement était prêt à réfléchir avec l’Inde à des mesures de renforcement de la confiance, de réduction des risques et de désescalade dans la course aux armements.

En Afghanistan, le Pakistan continue d’appuyer le principe d’un État afghan et d’un processus de paix dirigés par les Afghans eux-mêmes, a déclaré M. Qureshi.  « Sur le plan bilatéral, nos deux pays ont opérationnalisé le Plan d’action Afghanistan-Pakistan pour la paix et la solidarité », s’est-il félicité, en expliquant que ce dernier fixe le cadre d’engagement dans tous les domaines d’intérêt commun.  Par ailleurs, peut-être la générosité du Pakistan, qui a accueilli « la plus ancienne vague de réfugiés du monde contemporain », sera-t-elle d’autant « mieux appréciée » à l’aune du sentiment antimigrants qui a cours à travers le monde, notamment « dans des nations souvent plus riches ou développées que la nôtre », s’est enorgueilli le Ministre. 

Après avoir affirmé que le Pakistan était à la tête de l’opération antiterroriste « la plus importante et efficace » au monde, avec pas moins de « 200 000 » troupes déployées, le Ministre a insisté quant au fait que son pays continuait de faire face à une menace « financée, facilitée et orchestrée » par l’Inde, accusée de perpétrer un « terrorisme d’État » au Jammu-et-Cachemire.

M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a indiqué que son gouvernement avait mis au point une stratégie nationale de développement intitulée Vision 2030, « une politique de développement multidimensionnelle et inclusive qui place son peuple au cœur de la réalisation des objectifs de développement durable ».  Compte tenu de l’existence d’asymétries dans l’impact des changements climatiques selon les pays, le Ministre a expliqué que les Orientations de Samoa formaient une composante essentielle de la mise en œuvre de ces objectifs, de même que la Déclaration de San Pedro, adoptée lors de la réunion préparatoire régionale caribéenne des petits États insulaires en développement, qui s’est tenue plus tôt cette année au Belize.  Toujours à propos des changements climatiques, M. Moses a assuré qu’en tant qu’État partie à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, son pays avait l’intention d’opérationnaliser l’Accord de Paris, tout en souhaitant que ce processus soit soutenu par une coopération internationale afin de financer les mesures d’atténuation et d’adaptation. 

Par ailleurs, depuis l’adoption de la Déclaration d’engagement de Port of Spain sur les maladies non transmissibles, signée par les Chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Trinité-et-Tobago a mis en œuvre un certain nombre de politiques à cet égard, comme le Plan national stratégique pour la prévention et le contrôle de ces maladies, a poursuivi le Chef de la diplomatie trinidadienne. 

Le Ministre a ensuite attiré l’attention sur la question de la cessation des relations bancaires avec les pays de la CARICOM, « étiquetés comme des juridictions fiscales non coopératives ».  Cette situation a considérablement déstabilisé le secteur financier de la région sans prendre en considération les contraintes financières, humaines et techniques auxquelles sont confrontés les États membres de la sous-région, a-t-il déploré.  Par conséquent, les efforts que nous avons déployés pour stabiliser nos économies se sont faits au détriment de notre croissance, et donc n’ont pas permis de faire des gains de développement supplémentaires, a plaidé M. Moses.  Il a donc réitéré l’appel de la CARICOM aux partenaires internationaux à se montrer constructifs à ce sujet.

M. SHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a condamné la montée des groupes terroristes qui cherchent à déstabiliser les États de la région et dénoncé l’action des « États voyous » qui continuent de les appuyer.  Devant ces menaces, il a jugé « impératif » de renforcer les partenariats régionaux.  Pour le Ministre, les « ingérences étrangères », notamment celles de l’Iran, figurent au premier rang des défis auxquels est confronté le monde arabe.  L’Iran continue de semer le chaos et de miner la sécurité des États du Moyen-Orient, a-t-il accusé, dénonçant les attaques perpétrées contre l’Arabie saoudite et le Yémen. 

Devant ces ingérences « sans précédent », les Émirats n’ont eu d’autre choix que de se joindre à la coalition arabe pour restaurer la légitimité au Yémen, à la demande du Gouvernement légitime de ce pays, a expliqué le Ministre.  Toutefois, a-t-il affirmé, ces efforts se heurtent à « l’intransigeance » des houthistes, qui refusent de participer aux initiatives de paix, notamment les pourparlers de Genève, et qui entravent la fourniture de l’aide humanitaire.  Afin de parvenir à une solution politique, la coalition a récemment lancé une opération visant à « libérer » Hodeïda, en tenant compte des problèmes d’accès à l’aide humanitaire, a précisé le Ministre. 

Pendant ce temps, les Émirats poursuivent leurs progrès dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, qui exploitent les nouvelles technologies pour diffuser leur idéologie dangereuse.  À cette fin, les Émirats et leurs alliés ont pris des « mesures souveraines » pour contrer l’influence du Qatar, a encore affirmé le Ministre.  Parmi les autres défis qui interpellent son pays, il a cité la question palestinienne et de la détérioration des conditions socioéconomiques qui affecte plusieurs pays du Moyen-Orient. 

M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a estimé que cette session de l’Assemblée générale prenait place dans un contexte politique international complexe.  « En dépit des efforts des Nations Unies, la situation dans de nombreuses régions du globe est compliquée, du fait de la profération de nombreux conflits et de la baisse du niveau général de la confiance mutuelle », a-t-il déclaré.  Pour lui, les Nations Unies « ont un rôle à jouer dans la préservation des fondations de l’ordre international, sur la base des principes de dialogue pacifique et respectueux ».  La validité de la mission de l’Organisation ne peut faire aucun doute, car c’est la seule organisation désignée pour assurer la coopération et pour renforcer la sécurité internationale ainsi que le développement durable.  Le Turkménistan propose de faire de 2019 « l’Année de la Paix et de la Confiance », pour élaborer des mesures spécifiques qui pourraient réduire les tensions et favoriser la résolution des conflits par la voie diplomatique. 

Pour la région de l’Asie centrale, assurer une paix générale et de longue durée est une question clef, a affirmé M. Berdimuhamedov, pour qui le combat contre le terrorisme est la question la plus importante de l’ordre du jour régional.  Néanmoins, la coopération pour parvenir au désarmement est importante, la lutte contre le trafic de drogue et le soutien économique à l’Afghanistan le sont aussi, afin d’assurer sécurité et développement stable.  « C’est pourquoi nous pensons qu’il est crucial d’impliquer l’Afghanistan en tant que partenaire de premier plan dans l’application des projets concernant l’énergie, le transport et les communications », a poursuivi le Président.  En travaillant avec constance, notre pays met en application le projet de construction d’une canalisation de gaz, d’un réseau d’alimentation électrique et de fibres optiques sur la ligne Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, a-t-il expliqué.  Le Turkménistan continue en outre à fournir une assistance humanitaire à l’Afghanistan, notamment en envoyant des convois d’assistance, en construisant des installations sociales, en formant des spécialistes économique et sociaux. 

Le Turkménistan a pris une part active dans l’élaboration du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et a mis sur la table un certain nombre de propositions spécifiques, a fait valoir M. Berdimuhamedov.  « Nous avons établi les mécanismes adéquats pour coopérer avec les Nations Unies », a-t-il ainsi déclaré.  De même, « nous prêtons une grande attention pour assurer la disponibilité et l’utilisation rationnelle de l’eau potable et de l’assainissement ».  Le Président a dit croire fermement que l’eau est un héritage commun de toutes les nations et qu’un accès équitable à une eau propre et consommable est un droit fondamental de l’humanité.  Estimant que l’égalité des droits, le respect mutuel et la reddition des comptes devraient être les critères principaux qui déterminent les relations entre les États d’Asie Centrale, il a affirmé que les questions relatives à l’eau et à l’énergie devraient être résolues sur la base du droit international, de la prise en compte des intérêts de chacun et, enfin, sur la base de la participation active des organisations internationales, en particulier des Nations Unies.

Le sauvetage de la mer d’Aral fait partie des enjeux importants de la coopération entre les pays de la région, a poursuivi le Président, pour qui ce n’est toutefois plus seulement un problème régional: sa préservation concerne la communauté internationale.  C’est pourquoi le Turkménistan s’est impliqué dans l’élaboration d’un programme spécial des Nations Unies pour le bassin de la mer d’Aral.  M. Berdimuhamedov a appelé les États Membres des Nations Unies à soutenir cette initiative.  De même, le devenir de la mer Caspienne est important.  En ce sens, la signature de la Convention sur le statut juridique de la mer Caspienne par les chefs d’État des pays riverains le 12 août 2018 a ouvert des perspectives concernant la transformation de la région de la mer Caspienne en une région stratégique pour le transit et le transport et en hub d’énergie d’importance international, a encore fait valoir le Président du Turkménistan.

M. JAN HAMACEK, Ministre de l’intérieur et Ministre par intérim des affaires étrangères de la République tchèque, a apporté son soutien au Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, pour rendre l’Organisation plus efficace, en particulier s’agissant de résoudre les conflits.  Aussi a-t-il préconisé d’adopter une approche globale de la paix et de la sécurité, qui envisage les changements climatiques comme une menace à la sécurité, tout en plaçant au premier plan le développement durable et la promotion des droits de l’homme. 

Le Chef de la diplomatie tchèque a annoncé que, dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030, son pays, en guise de suivi à sa présidence de l’ECOSOC, se ferait le champion de l’objectif 16, qui consiste à promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, à assurer l’accès de tous à la justice et à mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes.  M. Hamacek a estimé que les États Membres devraient tirer parti de l’expérience unique de l’ONU en matière de droits de l’homme, dont la promotion devrait être une priorité de politique étrangère.

Après s’être dit intéressé par l’amélioration de la situation dans la péninsule coréenne, M. Hamacek s’est prononcé en faveur d’une approche résolue et coordonnée de la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération des armes de destruction massive.  Par ailleurs, alors que la République tchèque commémore le cinquantenaire de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie, le Ministre a estimé qu’il n’est pas acquis que tous les pays d’Europe orientale aient « le droit de choisir leur orientation en matière de politique étrangère sans voir leur souveraineté et leur intégrité territoriale menacées » et a qualifié l’annexion de la Crimée de violation flagrante du droit international. 

M. Hamacek a enfin appuyé le principe du « Mécanisme Triple I » -pour « International, impartial, et indépendant »- pour prêter assistance aux enquêtes et aux poursuites judiciaires des individus responsables des crimes les plus graves commis en Syrie depuis mars 2011.  « L’établissement des responsabilités n’est pas seulement un moyen de rendre justice à ceux qui souffrent des conflits, il s’agit aussi d’une voie vers la réconciliation et d’un moyen crucial de mettre fin aux atrocités », a conclu le Ministre.

M. SALEUMXAY KOMMASITH, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique lao, a indiqué que les dernières inondations à avoir frappé son pays constituaient le désastre naturel le plus grave de son histoire.  « Jusqu’à présent, 2 409 villages sur 8 464 dans 115 des 148 districts du pays ont été frappés par des inondations massives », a-t-il déclaré.  Face à une telle situation, le Ministre a exhorté les pays à s’acquitter de leurs engagements dans le cadre de l’Accord de Paris. 

M. Kommasith a ensuite insisté sur la détermination de son pays de lutter contre la criminalité transnationale organisée, matérialisée par l’adoption de plusieurs lois et de plans d’action et la signature de la Convention contre la traite des personnes, en particulier les femmes et les enfants, de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). 

Le Ministre a en outre appuyé les initiatives du Secrétaire général pour un repositionnement et une réforme de l’ONU, tout en se disant préoccupé par la baisse des contributions au budget de base des agences onusiennes.  « Ma délégation exhorte les pays donateurs à s’acquitter de leur engagement de consacrer au moins 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement », a-t-il insisté.

M. Kommasith a ensuite salué les développements positifs enregistrés dans la péninsule coréenne, avec le récent sommet de juin entre les dirigeants des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et il a appelé à entretenir cette dynamique pour une dénucléarisation de toute la région.  Enfin, le Ministre a demandé la levée de l’embargo frappant Cuba. 

M. WILFRED P. ELRINGTON, Ministre des affaires étrangères du Belize, a reconnu que, depuis son indépendance, le Belize avait réalisé des gains « modestes » dans sa quête du développement, en rendant notamment responsables les revendications territoriales du Guatemala voisin, qui ont sapé tous ses efforts.  Pour résoudre ce problème et réduire les tensions, le Belize organisera, le 10 avril 2019, un référendum sur la pertinence de porter ce différend devant la Cour international de Justice (CIJ), a déclaré le Ministre, tout en exhortant le Guatemala à s’entendre sur un protocole destiné à renforcer la confiance sur la rivière Sarstoon, qui marque la frontière entre les deux pays. 

Alors que la pauvreté affecte 43% de ses citoyens, le Belize s’efforce de mettre en œuvre sa stratégie de croissance et de développement durable, a poursuivi M. Elrington, qui s’est alarmé du fossé qui se creuse entre les personnes éduquées et celles qui sont laissées de côté.  Le Gouvernement compte donc construire 35 nouvelles écoles, notamment dans les régions rurales, a-t-il annoncé. 

Devant la multiplication des catastrophes naturelles qui s’abattent sur la région de la Caraïbe année après année, le Ministre a appelé à l’adoption de mesures concrètes pour venir en aide aux petits États insulaires en développement.  En outre, le Gouvernement s’efforce de mettre en œuvre son plan national de résilience climatique, et a banni l’usage des sacs de plastique, a-t-il précisé.  S’agissant de la criminalité transnationale organisée, M. Elrington a prôné une approche régionale fondée sur la coopération, avec le soutien des agences des Nations Unies pertinentes.  Il a souhaité en conclusion que la CIJ soit en mesure de mettre fin au différend territorial entre le Venezuela et Guyana. 

M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a d’abord souligné le caractère « historique » des accords de paix signés cette année avec l’Éthiopie, « qui mettent fin à une sombre guerre de plus de 20 ans ».  L’Accord, « même si retardé depuis plus de 13 ans, a déjà provoqué beaucoup d’espoir et d’optimisme chez les peuples des deux pays », s’est-il réjoui. 

Le Ministre a cependant mis en avant ce que son gouvernement considère comme une injustice: les sanctions imposées par le Conseil de sécurité, en 2009 puis en 2011.  Certains membres du Conseil de sécurité appellent à une levée de ces sanctions, tandis que d’autres pays membres se révèlent procéduriers et veulent trouver des prétextes pour que les sanctions contre l’Érythrée ne soient pas levées, s’est-il indigné.  « L’Érythrée ne peut et ne veut pas plaider pour la clémence ou la magnanimité », elle continuera « à se battre pour des droits jusqu’à ce que justice soit faite », a-t-il déclaré.

Les « sanctions contre l’Érythrée proviennent de trois causes », a détaillé M. Mohammed.  D’abord, des précédents Gouvernements des États-Unis qui, a affirmé le Ministre, ont abusé de leur pouvoir au sein du Conseil de sécurité alors qu’ils avaient un agenda régional avec des intérêts contraires à ceux de l’Érythrée.  En second lieu, a-t-il poursuivi, l’impossibilité pour le système des Nations Unies de prévenir de telles erreurs et de tels déséquilibres.  Le Ministre s’est plaint, à cet égard, que jamais « aucune sanction digne de ce nom » n’avait été prononcée par le Conseil de sécurité contre son adversaire éthiopien.  La troisième raison, selon lui, est l’existence de gouvernements qui servent les intérêts de puissances étrangères supérieures.

Considérant les sanctions imposées contre l’Érythrée ces neuf dernières années comme ayant entraîné d’énormes dégâts et retardé son développement, M. Mohammed a exigé non seulement la levée immédiate des sanctions imposées par le Conseil de sécurité contre son pays, mais aussi des réparations pour les dégâts causés, notamment le retard de son développement économique et les « opportunités ratées ». 

M. URBINO JOSÉ GONÇALVES BOTELHO, Ministre des affaires étrangères de Sao Tomé-et-Principe, a mis l’accent sur la problématique de l’immigration, souhaitant que l’ONU continue d’encourager le dialogue entre nations relatif à l’accueil des réfugiés tout en soutenant les pays dont ils sont originaires.  Il a fait remarquer que les solutions se trouveraient en premier lieu à la table des négociations, pour contenir les conséquences humaines des conflits armés, notamment en Syrie.

Appelant à un arrêt des troubles en République centrafricaine et à la fin de la crise humanitaire, M. Gonçalves Botelho a aussi salué la tenue d’élections dans la « République-sœur » de Guinée-Bissau en novembre prochain, ainsi qu’en RDC le mois suivant. 

Se réjouissant de la réconciliation entre l’Éthiopie et l’Érythrée, ainsi qu’entre les parties belligérantes au Soudan du Sud, M. Gonçalves Botelho a exprimé son soutien à l’Envoyé spécial des Nations Unies pour ses efforts pour désamorcer le conflit et relancer le processus politique dans la région du Sahara.  Il a en outre appelé au respect du droit du peuple palestinien ainsi qu’à la levée de l’embargo états-unien sur Cuba. 

Concernant les changements climatiques, M. Gonçalves Botelho a sommé la communauté internationale de mettre en pratique les termes de l’Accord de Paris sur le climat sur les plans techniques, financiers et humains.

En tant que petit État insulaire en développement, Sao Tomé-et-Principe ne ménage pas ses efforts pour atteindre les objectifs de développement durable du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi M. Gonçalves Botelho, qui a remercié les organisations internationales pour leur soutien. 

Des élections se tiendront le 7 octobre dans le pays, a-t-il en outre rappelé, en invitant la communauté internationale à les suivre « en tant qu’observateurs indépendants pour témoigner de la robustesse et de la qualité de notre démocratie ».

M. SIDIKI KABA, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a déclaré qu’il est nécessaire que les États surmontent leurs divergences idéologiques et politiques pour améliorer l’efficacité des Nations Unies, garantes de « l’effectivité du multilatéralisme ».  Pour ce faire, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est essentielle, selon le Ministre, qui a aussi appelé à conclure les négociations de Doha en prenant en compte les intérêts des pays en développement, notamment ceux de l’Afrique.  En tant que pays côtier vulnérable aux changements climatiques, le Sénégal soutient également les Fonds vert et l’Accord de Paris sur le climat. 

Nous devons démontrer la volonté politique nécessaire pour corriger l’injustice historique de la sous-représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité, seul continent à ne pas disposer de siège permanent, a fait valoir le Ministre.  M. Kaba a ensuite appelé au respect des engagements pris lors de la rencontre portant sur la reconstitution du Fonds mondial destiné à l’éducation, qui s’est tenue à Dakar en février de cette année.  Le Sénégal s’affaire également à mettre en œuvre son plan Sénégal émergent à l’horizon 2035 afin d’améliorer la situation des femmes. 

Le Ministre a mis en avant la tenue, en janvier 2019, à Dakar, de la réunion sur l’émergence, et salué l’appui du Programme de développement des Nations Unies à la mise en œuvre du Programme d’urgence de développement communautaire, destiné à améliorer les conditions de vie des populations rurales.  Le Sénégal, a poursuivi M. Kaba, compte briguer la présidence du Conseil des droits de l’homme en 2019.  Il a convié en terminant les États Membres au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, qui se tiendra en novembre prochain. 

M. KALLA ANKOURAO, Ministre des affaires étrangères du Niger, a déclaré que son pays accordait une place de premier plan au multilatéralisme et au rôle fédérateur de l’ONU.  En ce qui concerne la question migratoire, le Ministre s’est félicité de la mise au point du pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières, premier arrangement international mis en place par les Nations Unies pour la gouvernance des migrations.

Face à la question des migrants, le Niger a défini en 2016 et mis en œuvre une doctrine opérationnelle reposant sur une législation équilibrée et des mesures réglementaires appropriées qui lui ont permis d’enregistrer des résultats probants, a affirmé M. Ankourao.  Ainsi, a-t-il expliqué, entre octobre 2016 et janvier 2018, « nous avons réduit de 90% le nombre de migrants potentiels entrant par mois dans la ville d’Agadez, porte principale d’entrée et de sortie des migrants au Niger ».  En 2017, 268 trafiquants ont été déférés devant les tribunaux et 140 de leurs véhicules ont été immobilisés.  Le Ministre a jugé cruciale la conférence internationale de Marrakech, prévue en décembre prochain.  « Nous serons présents pour apporter notre soutien à cette démarche, qui marquera le point de départ d’une coopération internationale structurée dans la région », a-t-il assuré.

Saluant les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, le Ministre a souligné que le Niger avait adopté sa stratégie de développement durable pour une croissance inclusive – Niger 2035.  Cette stratégie prend en compte l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour le développement du continent dont l’un des instruments clefs de mise en œuvre, la Zone de libre-échange continentale africaine, a été adoptée en mars 2018, au Rwanda, à l’occasion d’un sommet extraordinaire de l’Union africaine organisé à cet effet.  Cette Zone de libre-échange vise à surmonter la dépendance à l’égard des exportations des produits de base et à promouvoir la transformation sociale et économique pour une croissance inclusive, une industrialisation et un développement durable sur l’ensemble du continent, a précisé le Ministre.

M. Ankourao a rappelé que le Niger était un pays sahélien aux deux tiers désertiques, qui subit de plein fouet les impacts du dérèglement climatique.  « L’Accord de Paris constitue une chance unique pour sauver notre planète », a-t-il déclaré, « et le Niger se fait un point d’honneur à mener à bien les activités inscrites dans la feuille de route ».  En novembre 2018 se tiendra ainsi une table ronde des partenaires techniques et financiers pour définir les conditions de mise en œuvre du Plan d’investissement climat de la zone du Sahel.

M. Ankourao a estimé que le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, la pauvreté, les chocs climatiques et environnementaux avaient désarticulé l’économie agropastorale et accentué la vulnérabilité des populations du Sahel.  Les chefs d’État de la région ont pris l’initiative de la mutualisation de leurs moyens en créant la Force multinationale mixte pour le bassin du lac Tchad d’une part et, d’autre part, la Force conjointe du G5 Sahel pour endiguer la crise malienne et son extension aux pays voisins, a-t-il rappelé.  Le processus opérationnel de la Force conjointe créée en 2017 dans le cadre du G5 Sahel semble s’accélérer depuis la réunion des chefs d’État à Nouakchott en juillet 2018, a-t-il relevé.  Pourtant, le Ministre a jugé peu rassurantes les perspectives de financement requis pour assurer la poursuite de la mission de la Force conjointe.  La solution la mieux indiquée serait de mettre son mandat sous le Chapitre VII de la Charte, a-t-il plaidé, ajoutant qu’il avait « du mal à cacher son incompréhension face à l’hésitation de certains pays devant une telle évidence ».

Enfin, s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, le Niger reste attaché à la Position commune africaine.  Le Ministre a encouragé les États Membres à accélérer le processus et à faire montre de plus de détermination pour adapter le Conseil de sécurité aux réalités du monde actuel.

 Mme FRANCINE BARON, Ministre des affaires étrangères et de la CARICOM de la Dominique, a rappelé que, le 18 septembre dernier, l’ouragan Maria avait mis son pays à genoux.  Mais le monde doit savoir la force et la ténacité de mon peuple face à ce désastre, a-t-elle dit, en saluant l’appui fourni par l’ONU et les pays frères et sœurs des Caraïbes. 

Le Ministre a regretté qu’un grand nombre de personnes soient encore dans le déni vis-à-vis des changements climatiques, en déplorant la non mise en œuvre des engagements pris à Paris.  « Les changements climatiques sont la responsabilité globale de notre époque », a—t-elle ajouté.  Elle a aussi fait observer qu’une grande violence découle des changements climatiques, qui sont « le principal symptôme du modèle économique, social et humain cassé qui est le nôtre ».  Alors que nous pontifions et débattons à l’envi, les changements climatiques poursuivent leur marche et détruisent les vies, a-t-elle déclaré.  Mme Baron a rappelé que l’inertie de certains pays sur ce sujet avait pour explication cette réalité économique: « ceux qui gagnent le plus du fait des activités à l’origine des changements climatiques sont ceux qui sont le plus préservés de ses conséquences ».

Mme Baron a estimé à 226% du PIB de son pays les dommages causés par un ouragan, ce qui excède ses capacités de relèvement, avant de rappeler que les changements climatiques n’étaient pas un accident de la nature mais découlaient de l’action de l’homme.  La Ministre a aussi dénoncé la politique prônée par nombre de pays développés, par laquelle les pays insulaires en première ligne face aux changements climatiques devraient contracter des assurances supplémentaires alors que ce sont d’autres pays qui sont à l’origine desdits changements.  « Ce serait comme si un pyromane vous disait qu’au lieu de l’empêcher de mettre le feu à votre maison, il vous faudrait contracter une assurance contre les incendies », a-t-elle accusé.

Mme Baron a proposé que l’ONU supervise un fonds d’assurance pour les dommages et pertes dus au climat, qui serait abondé par les pays à l’origine des changements climatiques et dédommagerait les pays qui souffrent de ses conséquences.  Enfin, elle a indiqué que la Dominique avait élaboré un plan afin de faire du pays la première nation résiliente face aux changements climatiques.  « Si nous continuons de regarder nos pieds, nous mourrons de chagrin », a-t-elle conclu. 

M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères du Congo, a constaté que « le monde était entré dans une nouvelle période d’incertitudes et de turpitudes ».  S’insurgeant contre la crise migratoire et « ces milliers de vies humaines, souvent jeunes, englouties dans les profondeurs de la Méditerranée » et le « sort tragique d’un continent qui se dépeuple », il a exhorté la communauté internationale à agir.

Indiquant qu’« œuvrer à la construction et la préservation de la paix dans le monde était une exigence morale », il a assuré que c’est cette exigence morale qui guidait l’action de son gouvernement.  Dans cette optique, le Congo, en assurant de front la présidence de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la présidence du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, est quasiment devenu, selon le Ministre, « le siège de la palabre africaine ».

Se félicitant des évolutions survenues en République démocratique du Congo, pays voisin appelé à choisir de nouveaux dirigeants d’ici à la fin de l’année, M. Gakosso a salué la décision du Président Joseph Kabila de ne pas postuler à sa propre succession et a invité « toutes les parties et tous les acteurs à consolider le dialogue, à privilégier la concertation et à prôner la pondération ».  Inquiet en revanche de la recrudescence de la violence armée en République centrafricaine (RCA), le Congo appelle les groupes rebelles à intégrer le processus de paix conduit par le Président Touadéra avec l’appui du Panel de l’Initiative africaine et le soutien des autres entités facilitatrices. 

Concernant la situation intérieure, M. Gakosso a rappelé la signature d’un cessez-le-feu le 23 décembre 2017 et le retour à la paix dans le sud du pays, dans le département du Pool.  Il a salué l’accompagnement offert par les Nations Unies, notamment « dans la mise en place rapide du financement du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion des anciens combattants ».

Concernant la préservation de l’environnement, le Ministre a réitéré son soutien à l’Accord de Paris et appelé « mécènes et donateurs, philanthropes et amis de la nature » à soutenir financièrement son pays pour protéger les forêts du bassin du Congo.

M. PETER DAVID, Ministre des affaires étrangères de la Grenade, a déclaré que les changements qui se produisent dans le monde étaient amplifiés, en particulier pour les États en développement, par les phénomènes des changements climatiques, des catastrophes naturelles et des maladies non transmissibles.  Alors que les Caraïbes se remettent à peine d’une saison des ouragans dévastatrice en 2017, « nous retenons notre souffle », a-t-il déclaré. 

M. David a affirmé que la sous-région et les autres petits États insulaires en développement jouaient un rôle pionnier à l’échelle nationale dans la mise en œuvre de technologies relatives à la lutte contre les changements climatiques, comme les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, l’hydroélectricité et l’énergie géothermale.  À cet égard, la Grenade est en train d’œuvrer à son propre « développement vert et bleu », en « célébrant le mariage » du développement économique avec la viabilité environnementale, s’est enorgueilli M. David.

Cependant, alors que nous nous efforçons de bâtir des sociétés durables, nous nous heurtons à des politiques et à des agissements financiers de la part d’acteurs internationaux qui menacent notre développement durable, a déploré le Ministre.  Il s’est aussi déclaré préoccupé par le fait que son pays et d’autres doivent quitter prématurément la catégorie des petits États insulaires en développement pour celle des pays à revenu intermédiaire, sans qu’il soit tenu compte des vulnérabilités spécifiques de la sous-région.  C’est la raison pour laquelle la Banque caraïbéenne de développement a mis au point des indices de vulnérabilité au moment de consentir des prêts, a-t-il expliqué, avant de plaider pour que les partenaires internationaux conçoivent de même un index de vulnérabilité pays par pays, qui tienne compte de manière holistique des risques inhérents à chacun.  « Dans ce contexte, le retrait des opérations par correspondants bancaires peut être vu comme un assaut économique de nature à déstabiliser le secteur financier de pays déjà vulnérables », a-t-il analysé. 

M. AHMED ISSE AWAD, Ministre des affaires étrangères de la Somalie, a rappelé que son gouvernement était aux affaires depuis un an et demi et qu’il était bien conscient des énormes défis, en particulier ceux concernant les menaces liées au terrorisme.  « Notre peuple a besoin de sécurité », a-t-il dit, expliquant que c’était la raison pour laquelle le Chef de l’État avait passé six semaines au quartier général de la défense, donnant des ordres pour des opérations de terrain.  Alors que nous démantelons toutes les caches des terroristes, nous engageons dans le même temps un dialogue avec les dirigeants religieux, les personnes âgées, les jeunes, les femmes et tous les groupes de la société qui veulent tourner le dos à l’idéologie de haine, de violence et d’intolérance religieuse, a affirmé le Ministre.

Le côté positif tient à ce que les jeunes ou les femmes ne rejoignent plus les Chabab, s’est félicité M. Awad, pour qui cette idéologie n’est plus populaire.  Les Chabab et Al-Qaida n’ont plus voie au chapitre, a-t-il assuré.  Ils n’arrivent plus à recruter des volontaires.  Les anciens commandants, les anciens chefs d’infanterie, se sont tous rendus de façon inconditionnelle, nous livrant leurs connaissances dites « techniques », ce qui a affaibli leurs réseaux de terreur.  Nous sommes à présent engagés dans la création de partenariats sains entre les forces de police et les communautés, pour liquider ce qu’il reste de terroristes, a assuré le Ministre.  Pour M. Awad, c’est un premier pas.  « Au nom du peuple somalien, je voudrais dire sans équivoque que nous sommes vraiment reconnaissants aux courageux hommes et femmes qui ont servi dans les missions de l’Union africaine.  Nous ne l’oublierons jamais, nous leur en serons toujours reconnaissants », a-t-il déclaré.

En outre, M. Awad a appelé les Nations Unies à lever l’embargo sur les armes à destination de la Somalie qui, a-t-il affirmé, n’a plus de raison d’être.  Au contraire, une plus forte capacité de combat nous permettrait de prendre le dessus sur les organisations terroristes, a-t-il plaidé.  Notre objectif est désormais de développer la démocratie, afin que notre peuple puisse jouir des droits inaliénables: son droit à la vie, à la liberté, la liberté de presse, d’association et même la liberté de demander au Gouvernement des réparations pour les traumatismes subis.  Individuellement et collectivement, notre peuple et les communautés comprennent que c’est la responsabilité de leur Gouvernement de protéger leurs libertés, sous les auspices de la Constitution.  Nous devons aussi protection et soutien aux minorités, aux communautés et à ceux qui ont des besoins particuliers, a poursuivi M. Awad, qui a ajouté: notre peuple comprend que pour que le Gouvernement soit efficace, l’état de droit doit régner.

Le Ministre a souligné que la Somalie possède une position stratégique dans la Corne de l’Afrique.  Par ailleurs, elle possède de grandes ressources naturelles, à savoir: des réserves de pétrole, du gaz naturel, du minerai de fer, des terres arables et productives, ainsi que le deuxième plus long littoral d’Afrique, qui fournit d’immenses opportunités pour des productions durables.  À cet égard, nous cherchons à renforcer des alliances avec nos partenaires pour promouvoir la coopération économique et ouvrir de nouveaux horizons pour notre peuple, a déclaré M. Awad.  Nous cherchons aussi à renforcer des partenariats stratégiques avec nos voisins, le continent et le monde, en partageant des intérêts communs en matière de sécurité et de coopération sociale.  Nous avons augmenté le revenu domestique à des niveaux records.  Nous sommes en train de normaliser nos relations avec les Institutions internationales financières.  Cela nous fait entrevoir la possibilité de l’allègement de notre dette.

La Corne de l’Afrique est en train de vivre des transformations politiques et économiques remarquables, avec une nouvelle génération de dirigeants, a encore affirmé le Ministre.  « Nous sommes fiers de prendre un rôle important dans la quête de l’intégration économique dans la Corne de l’Afrique en prenant le rôle de médiateur après des décennies de conflit; à cet égard, j’appelle humblement les Nations Unies à lever les sanctions économiques sur notre voisin, l’Érythrée », a-t-il ajouté.  Pour M. Awad, ceci permettrait de faciliter les flux commerciaux.  L’Afrique de l’Est est en train de devenir la région qui connaît la plus grande croissance de la région et l’Afrique devient la plus grande région au monde de libre-échange: « Nous sommes prêts pour les affaires », a-t-il conclu.

M. ALPHA BARRY, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, a indiqué que le pays poursuivait ses efforts de renforcement de la démocratie et de consolidation de l’État de droit, avant l’avant-projet de nouvelle constitution et la révision achevée du Code électoral, qui permettra aux Burkinabè de l’extérieur de voter en 2020.  La nouvelle constitution entend renforcer les droits de l’homme et les libertés publiques et davantage équilibrer les pouvoirs, a-t-il expliqué. 

La croissance, avec un chiffre annoncé de 6,7% « malgré un contexte économique et social difficile », a été obtenue grâce à un effort d’assainissement des finances publiques et à « l’amélioration des recettes fiscales »; elle a permis d’élargir la couverture maladie à tous les Burkinabè, s’est félicité le Ministre. 

Les attaques terroristes dont il est l’objet préoccupent le Burkina Faso, a poursuivi M. Barry.  Elles s’étendent désormais du nord du pays vers d’autres régions, notamment le sud-ouest et l’est, s’est-il inquiété, rappelant qu’en trois ans, elles avaient causé 229 morts.  Les terroristes utilisent un nouveau modus operandi, les engins explosifs improvisés, et s’attaquent aux écoles et aux symboles de l’État.  Dans ce contexte, M. Barry en a appelé au soutien de la communauté internationale pour rendre opérationnelle la Force conjointe du G5 Sahel.  Il a aussi demandé au Conseil de sécurité de placer la Force conjointe du G5 Sahel sous le mandat du Chapitre VII de la Charte, en vue de lui assurer un financement pérenne et multilatéral, et s’est réjoui de l’adoption de la résolution du 31 mai 2018, qui prévoit une redynamisation du rôle du système des coordonnateurs résidents.

Rappelant que son pays est le premier contributeur de troupes à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le Ministre a félicité ce pays pour avoir organisé avec succès l’élection présidentielle « malgré le contexte de la menace terroriste ».

Partisan d’une réforme du fonctionnement du Conseil de sécurité pour qu'il soit davantage représentatif, le représentant burkinabè a aussi appelé à des négociations basées sur un texte, « seul moyen d’avancer sûrement vers une solution réelle et consensuelle ».

Droits de réponse

Le représentant du Qatar, utilisant son droit de réponse après les « fausses accusations » des Émirats arabes unis et du Bahreïn, a réaffirmé que son pays se battait contre le terrorisme et pour la paix.  Il a jugé les accusations « contraires au droit international et aux droits de l’homme ».  « Ces États qui nous accusent sont coupables de ce dont ils nous accusent », a-t-il affirmé; ils « ont comploté, financé une tentative de coup d’État raté au Qatar », « décidé d’imposer au Qatar un blocus » et de « mentir jusqu’à ce qu’on les croie ».

Le représentant a aussi qualifié les Émirats arabes unis d’être une plateforme du financement du terrorisme.  « Le Bahreïn ferait mieux d’adhérer aux conventions internationales et de résoudre ses propres problèmes de respecter ses engagements et d’éviter de marginaliser ses propres citoyens », a-t-il lancé.  Pour le représentant, les Émirats arabes unis ne respectent pas les principes de bon voisinage, ne respectent pas leurs engagements, ils « sont devenus un pays qui tente d’évacuer les résolutions du Conseil de sécurité » et qui espionne ses pays voisins.

La représentante de l’Inde a répondu au Pakistan que « le soi-disant nouveau Pakistan » lui semblait « être une resucée de l’ancien ».  Elle a cité parmi les « accusations mensongères » du discours prononcé par le représentant du Pakistan, celle portant sur l’attentat terroriste contre une école il y a quatre ans, à Peshawar, qui aurait été fomenté par l’Inde.  Pour mémoire, toute l’Inde a pleuré ces enfants, a-t-elle dit.  Les deux chambres du Parlement indien ont fait part de leur tristesse et les écoles de toute l’Inde ont à l’époque observé deux minutes de silence.  Elle a rappelé en outre que le Jammu-et-Cachemire était et resterait indien.

La représentante a aussi souligné que le Pakistan avait affirmé être à la tête de l’opération antiterroriste « la plus importante et efficace » au monde.  Or, le Pakistan peut-il nier héberger de nombreux terroristes sur son sol? a-t-elle demandé.  Le Pakistan peut-il nier que les terroristes jouissent de liberté au Pakistan et même que certains d’entre eux se présentent aux élections?  Les droits de l’homme, ça commence chez soi, a-t-elle lancé.

En conclusion, la représentante a estimé que le nouveau Ministre des affaires étrangères du Pakistan utilise des allégations fausses et des faits tronqués.  Or le Pakistan doit prouver qu’il peut aller au-delà d’un discours de tromperie, a-t-elle conclu.

La représentante des Émirats arabes unis a réagi aux « allégations fausses et infondées » du Qatar.  « Il essaie d’ajouter une dimension internationale à cette crise, tout en parlant des mesures légales prises par les Émirats arabes unis en collaboration avec le Bahreïn et l’Arabie saoudite, a-t-elle déclaré.  Or, ces mesures étaient en réponse à l’attitude déstabilisatrice du Qatar durant des décennies.  « Le Qatar a financé des groupes terroristes », a-t-elle ajouté.

« Nous réaffirmons que nos mesures sont ciblées contre des activités illégales du régime qatari, et les Émirats arabes unis respectent complètement le peuple qatari », a poursuivi la représentante.  Selon elle, les allégations du Qatar sont infondées.  « Les Émirats arabes unis respectent l’arrêt de la Cour internationale de Justice », a-t-elle indiqué.

Réagissant à son tour, le représentant du Bahreïn a accusé le Qatar de n’avoir « pas cessé d’appuyer des groupes terroristes, déstabilisant certains pays de la région ».  Le Qatar appuie l’extrémisme pour renverser certains systèmes, mais les principes du droit international et de souveraineté permettent à ces pays de réagir, a-t-il poursuivi, accusant le Qatar d’avoir appuyé des groupes terroristes au Bahreïn et de leur avoir fourni un soutien médiatique.  « Nous détenons des preuves de leur ingérence », a-t-il déclaré.  Pour ces raisons, c’est le Qatar qui agit contre les principes des Nations Unies, selon Bahreïn.  « Le Qatar continue de se focaliser sur des questions qui n’existent pas », « développe des théories du complot alors qu’il commet des violations de droits de l’homme », a ajouté le représentant.

Le représentant du Pakistan a répondu à son tour à l’Inde en estimant que la diatribe de sa représentante était habituelle.  De nombreux centres en Inde sont des foyers de terrorisme, a-t-il ajouté, et un discours de supériorité ethnique est propagé dans toute l’Inde.  Le représentant a égrené les noms de victimes de violences ethniques et ajouté que des chrétiens avaient été lapidés par des nationalistes indous.  Dans l’Inde d’aujourd’hui, on ne peut s’éloigner de la ligne de pensée officielle, a-t-il déclaré.  L’Inde est un pays qui utilise la violence.  D’ailleurs, ces dernières années, l’Inde a participé à de nombreuses actions violentes.  S’agissant du Cachemire, l’Inde peut-elle nier que les Nations Unies ont appelé à une solution pour faire valoir les droits des cachemiri au Jammu-et-Cachemire?  Les violations des droits de la personne y sont nombreuses, a encore déclaré le représentant.  L’occupation de l’Inde au Jammu-et-Cachemire est reconnue au niveau international et le Jammu-et-Cachemire n’est pas indien et ne le sera jamais.  L’Inde ne peut se cacher derrière des discours.  Cent mille Cachemiris ont été victimes du terrorisme d’État, a-t-il encore ajouté.

Usant de son second droit de réponse, le représentant du Qatar a qualifié les accusations des Émirats arabes unis et du Bahreïn de « gratuites ».  Il a estimé que la meilleure des réponses était à trouver dans ses partenariats conclus avec de nombreux États Membres des Nations Unies pour atteindre les objectifs de l’ONU pour la paix et la sécurité durables.  « Chacun le sait, les politiques qataries découlent de son engagement pour le droit international.  Nous faisons preuve de retenue et sommes attachés au dialogue », contrairement à ceux qui accusent le Qatar, a appuyé le représentant.

Répondant de nouveau au Qatar, la représentante des Émirats arabes unis a demandé si le Qatar pourrait enfin cesser de promouvoir le terrorisme.  Parlant de « piraterie numérique », elle a accusé le Qatar d’exacerber l’instabilité à travers la promotion du terrorisme.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les petits États insulaires appellent à mettre le multilatéralisme au service de la lutte contre les changements climatiques

Soixante-treizième session,
12e & 13e séances plénières, matin & après-midi
AG/12071

Assemblée générale: les petits États insulaires appellent à mettre le multilatéralisme au service de la lutte contre les changements climatiques

Aujourd’hui encore, la lutte contre les changements climatiques et la remise en cause du multilatéralisme ont fait l’objet de nombreuses interventions de la part des chefs d’État et de gouvernement réunis au quatrième jour du débat général des Nations Unies, dont de nombreux dirigeants de petits États insulaires en développement (PEID).  La montée du protectionnisme et l’expansion des guerres commerciales ont également inquiété nombre de délégations, avec en contrepoids les défis de l’intégration régionale. 

Alors que la tempête tropicale Kirk vient de s’abattre aujourd’hui même sur son pays, la Première Ministre de la Barbade, Mme Mia Amor Mottley a averti que les mesures unilatérales de petits pays comme le sien ne suffiront pas pour faire face aux changements climatiques et lancé un fervent plaidoyer en faveur de l’action « pour sauver notre planète ».

« Combien de discours devrons-nous encore entendre avant de prendre enfin les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux changements climatiques qui risquent, à terme, de faire disparaître non seulement la Barbade, mais également tous les autres États insulaires? » a lancé Mme Mottley. 

Le Premier Ministre de Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, s’est également alarmé du fait que le niveau d’engagement des Accords de Paris ne permettrait pas de maintenir le réchauffement climatique en dessous des 1,5 degrés Celsius, soit la condition sine qua non pour préserver la planète.  Pour lui, une chose est sûre: « Les Nations Unies sont notre meilleur espoir pour inverser le cours des changements climatiques. »

« La région Pacifique ne peut se permettre de voir l’Accord de Paris sur les changements climatiques relégué aux archives de l’ONU », a renchéri le Premier Ministre de Vanuatu, M. Charlot Salwai Tabimasmas, également préoccupé par l’opacité qui entoure le financement de l’action climatique auquel se sont engagé les pays industrialisés. 

Même son de cloche du côté de Saint-Kitts-et-Nevis, dont le Premier Ministre, M. Timothy Harris, a fustigé le fait que la communauté internationale prétend aider les PEID tout en les classifiant de pays à revenu intermédiaire ou élevé sur la base de modèles financiers « archaïques » qui les privent d’accès à des financements nécessaires.  D’autant plus, a renchéri le Premier Ministre des Bahamas, M. Hubert Minnis, que quand nous sommes obligés d’emprunter sur les marchés internationaux afin de reconstruire les infrastructures détruites par les ouragans, notre notation sur les marchés financiers en prend un coup.

« À quoi sert-il donc d’interdire les sacs plastiques à usage unique, si le monde n’est pas prêt à dégager les financements nécessaires pour nous y aider? » s’est scandalisée Mme Mottley.  « En tant que petit État, nous sommes habitués depuis trop longtemps à être traités comme si nous n’existions pas », a déploré la Première Ministre pointant la suppression d’aides de l’ONU à sa région.  « Or, a-t-elle demandé, quand le multilatéralisme sera mis à bas, que nous restera-t-il, ou adresserons-nous nos doléances? »

Le Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, M. Heiko Mass, a lui aussi lancé un vibrant plaidoyer en faveur du multilatéralisme, mais pour rappeler la reconstruction de son pays après la Seconde Guerre mondiale.  « La coopération internationale a changé notre destin pour le meilleur », a notamment témoigné M. Heiko Mass, tandis que le Ministre des affaires étrangères de l’Islande, M. Gudlaugur Thór Thórdarson, a imputé le succès de son pays à un ordre international fondé sur des règles et marqué par l’ouverture des marchés, le libre-échange, les institutions multilatérales, la démocratie libérale et la coopération internationale.  À cet égard, plusieurs dirigeants se sont inquiétés de la montée du protectionnisme et des guerres commerciales entre superpuissances économiques qui continuent d’effriter les acquis du multilatéralisme et de la coopération internationale, aux dépends du reste du monde. 

« Devons-nous nous engager en faveur du multilatéralisme ou laisser l’unilatéralisme triompher?  Devons-nous consolider l’architecture de l’ordre mondial ou devons-nous le laisser s’éroder et s’écrouler? »  Pour le Ministre des affaires étrangères de la Chine, la réponse est très claire: il faut « resserrer les rangs comme une seule grande famille plutôt que de former des cercles fermés ».  M. Wang Yi a en outre souligné que le commerce international est de nature « gagnant-gagnant » et qu’aucun acteur ne doit placer ses intérêts au-dessus de ceux des autres.  Il n’en a pas moins averti que la Chine ne cédera pas au « chantage ou aux pressions » tout en s’affirmant en faveur d’un règlement des « tensions commerciales » basé sur les règles et le consensus par le biais du dialogue et de la consultation à pied d’égalité. 

« Nous assistons aujourd’hui à la collision de deux tendances opposées », a diagnostiqué M. Sergey Lavrov, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie.  « D’un côté, nous voyons le renforcement des principes polycentriques de l’ordre mondial et le développement robuste de nouveaux centres de croissance économique.  De l’autre, nous voyons le désir de plusieurs États occidentaux de conserver leur statut autoproclamé de " leaders du monde " et de ralentir le processus objectif et irréversible d’enracinement de la multipolarité. »

Le Ministre a notamment fustigé « l’offensive d’un revisionnisme belliqueux » conduite contre le système moderne du droit international.  « Ces attaques ont été lancées contre les principes de base d’un règlement au Moyen-Orient, contre le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, contre les engagements pris au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et contre l’accord multilatéral sur le climat », a-t-il notamment dénoncé.

M. Lavrov a également pointé les incitations faites aux pays des Balkans à rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  Alors que les « cendres des conflits d’hier scintillent encore aujourd’hui », pour citer le Premier Ministre de Bulgarie, M. Boyko Borissov, le Président albanais, M. Ilir Meta, a plutôt considéré que la politique d’ouverture de l’OTAN dans la région est décisive pour ancrer les Balkans dans la stabilité et la sécurité.  « Les valeurs européennes sont le meilleur rempart contre la montée des nationalismes et des populismes », a renchéri le Premier Ministre du Monténégro, M. Duško Marković.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 29 septembre, à 9 heures.

 

Suite du débat général

M. ILIR META, Président de l’Albanie, a souligné que le thème de cette soixante-treizième session ramenait l’Assemblée générale au cœur du multilatéralisme, « celui que nous avons bâti, grâce à une gouvernance globale et des responsabilités partagées, dans le but de vivre en paix dans des sociétés pacifiques, équitables et pérennes.  Des réformes de l’ONU sont nécessaires en permanence, a souligné le Président.  Créées dans un concert de nations souveraines, les Nations Unies ne fonctionnent pas seules en vase clos, mais par la seule volonté de leurs Membres; elles ne sont pas à l’abri de modifications à mesure que le monde se mondialise. 

Progrès technologiques, droits de l’homme, sécurité, libertés fondamentales, environnement: l’Albanie souhaite participer à tous ces débats.  Elle appuie pleinement les réformes du Secrétaire général, notamment la remise en forme et la réalisation des objectifs de développement durable à l’échelle régionale, nationale et internationale. 

L’Albanie souhaite intégrer l’Union européenne dans le futur, a poursuivi M. Meta.  Son projet stratégique d’intégration européenne va de concert avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il souligné.  Dans un contexte de paix dans la région des Balkans, toute négociation bilatérale entre les pays de la région est une bonne chose, a estimé le Président.  À cet égard, l’accord entre la Grèce et l’Ex-République yougoslave de Macédoine peut devenir une réussite historique.  L’Albanie se prononce en faveur d’un vote pour cet accord, et supporte activement le référendum du 30 septembre prochain.

La politique de la porte ouverte de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans les Balkans occidentaux est décisive pour ancrer les Balkans dans la stabilité et la sécurité, a-t-il ajouté, notant l’élan positif et les progrès du dialogue entre la Serbie et le Kosovo sous l’égide de l’Union européenne, qui arrivent aujourd’hui à leur stade ultime, avec l’espoir que les relations entre les deux pays se normalisent.  « Il est de la plus haute importance que ces accords incarnent une énergie positive, les valeurs d’harmonie et de coexistence interethnique de l’Union européenne » dans les Balkans, un détachement d’épisodes historiques difficiles marqués par l’épuration ethnique, les déplacements de population et les modifications de frontières.

L’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention de la paix et de la sécurité dans le monde est prometteur, a jugé le Président, qui a rappelé que 6 500 Albanais ont participé à des opérations de maintien de la paix au sein des Nations Unies.

M. Meta s’est ensuite inquiété de l’enlisement du conflit syrien.  « La situation humaine s’est encore aggravée, des réfugiés de guerre menacent la sécurité des pays voisins et du continent européen », a-t-il mis en garde, avant d’appuyer la solution des deux États dans le conflit israélo palestinien.  Enfin, l’Albanie affiche sa volonté de participer à la lutte collective contre le trafic de drogues et de collaborer avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). 

M. CARL GREENDIGE, Vice-Président et Ministre des affaires étrangères du Guyana, a déclaré son appui au système multilatéraliste, fondé sur l’état de droit, qui a permis d’améliorer le bien-être de l’homme.  Malgré ce succès, le multilatéralisme fait l’objet d’attaques dans certains milieux.  Il a appelé à une réforme du Conseil de sécurité afin de répondre aux réalités du monde actuel et d’éviter l’exceptionnalisme national.  « Nous devons trouver une forme de multilatéralisme plus juste plutôt que de changer le système », a estimé M. Greendige, tout en donnant son plein appui à la volonté du Secrétaire général de mettre en place une plate-forme où les États Membres, la société civile et les organisations non gouvernementales peuvent discuter des problèmes existants.  Il a également soutenu la réforme du secteur paix et sécurité des Nations Unies, qui met l’accent sur la prévention des conflits, ainsi que les accords relatifs au désarmement et à la non-prolifération. 

Pour le Guyana, la criminalité transnationale organisée et les trafics en tous genres détournent des ressources qui pourraient être investies dans la prestation de services aux populations et dans l’avènement d’un monde plus sûr. 

Le Vice-Président a donné son appui au renvoi de la question de la sentence arbitrale de 1899 qui établit les frontières du Guyana et du Venezuela devant la Cour internationale de Justice (CIJ), une décision que le Venezuela considère « nulle et non avenue ».  En mars de cette année, le Guyana a donc demandé à la CIJ de se prononcer sur la question, une démarche à laquelle le Venezuela a refusé de participer.  Il a dit attendre avec impatience l’arrêt de la Cour, estimant que l’état de droit doit triompher.  M. Greendige s’est par ailleurs joint à la majorité écrasante de la communauté internationale qui demande une fin de l’embargo contre Cuba. 

En tant que pays côtier, le Guyana s’inquiète de la montée du niveau des mers, a noté le dirigeant, estimant toutefois que la stratégie de développement verte mise en œuvre par son pays permettra d’assurer le recours aux sources d’énergie renouvelable.  Il a reconnu l’importance d’associer les femmes et les filles à la mise en place de stratégies de développement durable, se félicitant au passage de la réforme du système des coordonnateurs résidents initiée par le Secrétaire général.  Il a fait part, en terminant, de son intention de ratifier le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui sera adopté cette année au Maroc. 

M. TABAN DENG GAI, Premier Vice-Président du Soudan du Sud, a parlé des progrès réalisés par son pays dans sa « longue marche vers la paix et la prospérité », avec l’appui de ses partenaires régionaux et internationaux tels que l’ONU, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il a confirmé la tenue, au terme d’une période de transition de 36 mois, d’élections libres et régulières, avec la participation de groupes de la société civile, y compris les femmes et les leaders religieux.  Il s’est félicité de la tenue d’un forum de haut niveau sur la revitalisation incluant toutes les parties prenantes, sous l’égide de l’IGAD, qui a permis la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la mise en œuvre de l’Accord sur la résolution du conflit au Soudan du Sud et l’adoption d’un calendrier pour la tenue des élections.  Il s’est dit confiant qu’un second cycle de négociations entre le Président Salva Kiir et le docteur Reik Machar permettra de résoudre des problèmes qui subsistent sur les questions de la gouvernance et de la sécurité. 

La signature de la Déclaration d’accord de Khartoum, en juin 2018, prévoit un cessez-le-feu permanent et l’adoption de mesures relatives à la sécurité, a rappelé M. Deng Gai.  En septembre, toutes les parties au conflit ont ratifié l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud, s’est-il félicité, ajoutant que le pays s’est récemment engagé dans un dialogue national afin d’assurer la reddition de comptes et le respect de l’état de droit.  De son côté, le Gouvernement de transition s’est engagé à mettre en œuvre cet accord, instrument essentiel à la réalisation de sa mission et de sa vision. 

S’agissant de la réforme du secteur de la sécurité, qui est au cœur de l’accord revitalisé, le dirigeant sud-soudanais a réitéré l’engagement de son gouvernement à mettre en œuvre ses dispositions dans les plus brefs délais.  Le Gouvernement est résolu à transformer l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) et les structures en place afin de former une armée professionnelle, a-t-il assuré, précisant qu’un comité national pré-transitionnel a été mis en place à cet effet. 

Afin de lutter contre l’impunité et de favoriser la reddition de comptes, une enquête a été ouverte afin de poursuivre en justice les responsables de l’affaire de l’hôtel Terrain -qui a été le théâtre d’évènements violents à Djouba, en juillet 2016- avec le soutien du FBI et du Gouvernement américain. 

M. Deng Gai a appelé à la normalisation rapide des relations entre le Soudan du Sud et les États-Unis et à la levée des sanctions.  Il a également invité la République du Soudan à travailler à résoudre les conflits en cours au Darfour, au Kordofan du Sud et dans la région du Nil-Bleu.  En attendant la conclusion d’un règlement sur la question d’Abyei, il a exprimé son appui à la recommandation du Secrétaire général au Conseil de sécurité et la mise en œuvre de la proposition de l’Union africaine.

« Le conflit peut être le moteur d’une évolution positive », si nous sommes conscients d’où nous venons, de là où nous nous trouvons et de la direction à prendre », a poursuivi le Premier Vice-Président.  À cette fin, un dialogue national a été lancé par le Président Kiir afin de mettre en place une approche multidimensionnelle et de favoriser la paix. 

M. BOYKO BORISSOV, Premier Ministre de Bulgarie, a affirmé que son pays avait toujours défendu l’état de droit et soutenu les Nations Unies dans ses efforts pour faire respecter le multilatéralisme.  « Le centième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale nous a rappelé que dans la région des Balkans, les cendres des conflits d’hier scintillent encore aujourd’hui », a-t-il déclaré. 

Le dirigeant a souhaité un appui politique sans équivoque aux progrès réalisés dans les Balkans.  Les accords Sofia-Skopje et Athènes-Skopje sont des étapes cruciales pour atteindre la stabilité dans les Balkans de l’ouest, et les Accords Podgorica-Pristina sont aussi un jalon important qui montre un nouvel esprit dans la région, a-t-il indiqué; la construction de nouvelles infrastructures dans les Balkans attire déjà les investissements, s’est-il réjoui.

Conscient du fait que les enjeux sont élevés dans les Balkans, que la voie est longue et que le renforcement économique et politique est crucial, il a pointé que prendre du retard avec des économies faibles n’était pas envisageable.

Au sujet du référendum en Macédoine dans deux jours, M. Borissov a jugé « qu’il ferait date » et s’est félicité de cette voie ouverte pour une intégration euro-atlantique.  « C’est maintenant ou jamais.  Nous devons les appuyer », a-t-il insisté.  « Deux de nos autres voisins, la Serbie et le Kosovo, font face à un dilemme difficile, nous les encourageons, et pensons que l’éventuel retraçage des frontières est une solution non viable. »  Quant aux élections en Bosnie-Herzégovine le mois prochain, il les a jugées comme « un test de l’unité du pays » et de sa progression éventuelle vers une intégration plus poussée dans l’Union européenne. 

Décrivant une région balkanique politiquement dynamique, le Premier Ministre a décrit des perspectives optimistes pour la région, en contraste avec les conflits qui l’entourent en Ukraine de l’est, Syrie et Libye.  Il a précisé pour le cas de l’Ukraine: « 10 000 morts, 24 000 blessés: les statistiques sont tristes, et on ne constate pas de progrès dans la mise en place des accords de Minsk ».  La Bulgarie appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts pour aider à négocier la paix en Ukraine, « sans ingérence ».

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a, une fois de plus, focalisé son intervention sur les ravages des changements climatiques.  « Les changements climatiques constituent la plus grande menace pour un petit État comme Samoa.  Ce n’est ni son choix ni sa responsabilité.  Le besoin d’agir contre les changements climatiques est urgent et réel », a-t-il insisté.

Les changements climatiques incluent aussi des problématiques de sécurité au sein de la région Pacifique, y compris la sécurité humaine et environnementale, la sécurité des ressources, ou la cybersécurité, a-t-il expliqué.  Ils influencent la vie au Samoa d’une manière totale, mettent en péril la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et la pêche; « c’est la plus grande urgence pour tous les pays du monde; ils frappent les riches et les pauvres sans discrimination », a-t-il souligné, avant d’exiger que la réponse de la communauté internationale soit « ferme et décisive ». 

« Pas un seul pays, pas une seule organisation ne peut seul remporter la guerre contre les changements climatiques »; l’Accord de Paris, sur lequel le Président a beaucoup misé, s’appuie sur le principe de responsabilité partagée, sur la confiance; une vision ambitieuse qui devrait mettre de côté la poursuite d’intérêts égoïstes et opportunistes.  « Toutes les contributions comptent », a-t-il insisté: il est de la responsabilité de chaque pays de les mettre en œuvre. 

S’alarmant cependant de constater que le niveau d’engagement de l’Accord de Paris ne permettrait pas de maintenir le réchauffement climatique en dessous des 1,5 degré Celsius, soit la condition sine qua non pour préserver la planète, il a prévenu que l’existence de tout l’archipel était remise en question.  « Les Nations Unies sont notre meilleur espoir pour inverser le cours des changements climatiques », a appuyé M. Malielegaoi, et les nations les plus puissantes devront rendre des comptes et prendre les bonnes décisions: « comme tous les États Membres, elles doivent respecter leurs engagements ».

La région Pacifique fait face à une augmentation constante des catastrophes, cyclones et tempêtes.  Les pertes économiques en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) sont plus élevées que nulle part ailleurs dans le monde, a pointé le Président.  « Il revient à chaque dirigeant de chaque pays du monde de revoir à la hausse ses ambitions pour obtenir les résultats escomptés dans de l’Accord de Paris.  Des populations et des cultures sont en jeu », a-t-il plaidé. 

L’étiquette de petit État insulaire en développement attachée au Samoa s’accompagne de difficultés.  « Longtemps, nous fûmes considérés comme un petit pays pauvre, qui devait juste se montrer reconnaissant d’obtenir la moindre aide. »  Il a dénoncé un ton moralisateur à propos des alliances économiques de la région Pacifique, « comme si les nations du Pacifique ne savaient pas ce qu’elles faisaient ».  Se défendant d’être naïf, il a remarqué que l’éloignement géographique n’isolait plus du crime transnational: « nous ne pouvons plus uniquement tirer parti de la nature pour subvenir à nos besoins, puisque le monde tout autour de nous se rapproche », a conclu le Premier Ministre.

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a indiqué que les règles internationales et les mécanismes multilatéraux sont attaqués de toute part.  « Devons-nous nous engager en faveur du multilatéralisme ou laisser l’unilatéralisme triompher?  Devons-nous consolider l’architecture de l’ordre mondial ou devons-nous le laisser s’éroder et s’écrouler? »

Face à ces questions, le Ministre a indiqué que la réponse de la Chine est « très claire » La Chine soutient l’ordre international et demeurera un « champion » du multilatéralisme, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il en va de l’intérêt de l’humanité. 

Pour promouvoir le multilatéralisme dans l’ère nouvelle qui s’est ouverte, M. Wang a prôné une coopération gagnant-gagnant, qui doit remplacer la confrontation.  « Nous devons resserrer les rangs comme une seule grande famille plutôt que de former des cercles fermés. »  Il a ensuite préconisé que les relations interétatiques soient axées sur la recherche de la crédibilité, plutôt que la révocation d’engagements pris.  « La coopération internationale doit obéir à des règles, non pas aux instincts. »  Dans le même ordre d’idées, il a appelé à poursuivre les objectifs d’impartialité et de justice dans les affaires internationales, les « grands pays devant aider les petits ».  L’impartialité et la justice signifient aussi le respect de la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale des autres pays.  M. Wang a également souligné la nécessité que le multilatéralisme, loin de toute rhétorique creuse, produise des résultats et résolve des problèmes.  Le multilatéralisme exige une ONU forte, a-t-il affirmé, en soutenant les efforts de réforme du Secrétaire général.  Il a souligné la nécessité que l’Organisation soit dotée de ressources financières suffisantes et prévisibles. 

Le Ministre a indiqué soutenir sans réserve les efforts en vue de l’amélioration de la situation dans la péninsule coréenne, ainsi que le dialogue entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les États-Unis.  « La Chine encourage la RPDC à continuer de s’engager dans la voie de la dénucléarisation.  Dans le même temps, nous pensons qu’il est adéquat que les États-Unis apportent des réponses positives dans les délais voulus afin de rencontrer la RPDC au milieu du gué. »  M. Wang a indiqué que la Chine continuera d’appliquer strictement les sanctions contre la RPDC, tout en appelant le Conseil de sécurité à prendre des mesures à la lumière des derniers développements afin de créer des conditions favorables à un règlement pacifique de la situation par des moyens diplomatiques et politiques. 

Par ailleurs, M. Wang a jugé cruciale la pleine application du Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien, qui est dans l’intérêt de toute la communauté internationale.  « Si cet accord n’est pas mis en œuvre, le régime de non-prolifération sera sapé, l’autorité du Conseil défiée et la stabilité dans la région et le monde fragilisés. »

Le Ministre a déclaré que la question relative à l’État rakhine au Myanmar ne peut être résolue en un jour.  Des progrès constants doivent être faits grâce à un processus en trois phases incluant une cessation de la violence, un retour des personnes déplacées et le développement économique.  « Hier, lors d’une rencontre avec mes collègues du Myanmar et du Bangladesh, et en présence du Secrétaire général, un accord a été conclu par ces deux pays pour un retour accéléré d’un premier ensemble de personnes déplacées », a-t-il rapporté.

M. Wang a considéré que le commerce international est par nature « gagnant-gagnant ».  Il ne doit pas être un jeu à somme nulle par lequel l’un gagne aux dépens d’un autre, a-t-il prévenu, ajoutant qu’aucun acteur ne doit placer ses intérêts au-dessus de ceux des autres.  « S’agissant des tensions commerciales, la Chine est en faveur d’un règlement basé sur les règles et le consensus par le biais du dialogue et de la consultation sur un pied d’égalité.  La Chine ne cédera pas au chantage ou aux pressions.  La Chine a pris des mesures pour défendre ses intérêts et droits légitimes. »

Si les Nations Unies ont beaucoup progressé au cours des dernières décennies en matière notamment de réduction de la pauvreté extrême et d’autonomisation des filles et des femmes, l’Organisation pèche par son incapacité récurrente à empêcher les crises, a fait observer M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre du Vanuatu.  Il a cité l’exemple de la Syrie et l’incapacité du Conseil de sécurité de prendre une action décisive sur la question.  Pour lui, être membre de cet organe n’est pas seulement un prestige, il faut aussi savoir faire preuve de leadership résolu pour sauvegarder la paix et la sécurité dans le monde. 

Sur le volet des changements climatiques, le Premier Ministre a jugé possible, en tant que pays le plus à risque dans le monde en termes d’exposition aux dangers naturels, selon l’indice des risques mondiaux de l’Université des Nations Unies (UNU), que ce phénomène puisse entraver la réalisation des objectifs nationaux du Programme 2030.  Les gouvernements de pays industrialisés ont promis de dégager 100 milliards de dollars par an pour le financement climatique en faveur des pays vulnérables d’ici à 2020, or le moyen de parvenir à ce but « reste obscur », a-t-il fait observer. 

« La région Pacifique ne peut se permettre de voir l’Accord de Paris sur les changements climatiques relégué aux archives de l’ONU », a déclaré M. Tabimasmas.  « Nous demandons à ce que le programme de travail de l’Accord soit achevé et rendu opérationnel à Katowice », a-t-il martelé, insistant pour que les parties à l’Accord intensifient leur ambition de parvenir à la cible de 1,5 degré Celsius comme convenu. 

Le Premier Ministre a, par ailleurs, indiqué que le Vanuatu est déterminé à régler le problème de délimitation de ses frontières maritimes et s’est dit encouragé par une décision des dirigeants du Pacifique de faire avancer les négociations en vue de conclure et présenter un rapport sur la question en 2019.  Pour l’heure, la grande priorité de son gouvernement est d’assurer un développement durable pour notre population d’ici 2030, mais il ne peut à lui seul assumer « l’immense responsabilité » d’y parvenir.  Une responsabilité d’autant plus difficile pour le Vanuatu qui est exposé à des catastrophes naturelles d’intensité croissante, ce qui pose un « problème de finances vis-à-vis d’un budget national limité ».  Il s’est, en conclusion, réjoui de l’occasion qui sera donnée à son pays de présenter son bilan national volontaire en 2019. 

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre et Ministre des finances, de la croissance économique, de la création d’emplois, des affaires étrangères et du service public de Sainte-Lucie, a souligné que les petits États insulaires en développement (PEID) sont plus vulnérables aux catastrophes naturelles, et que les dommages causés par ces phénomènes les touchent davantage que les autres pays.  Année après année, leurs dirigeants font état des défis auxquels ils sont confrontés à l’Assemblée générales, sans que les politiques, programmes et stratégies ne changent.  Cette vulnérabilité a des incidences négatives injustes sur l’accès aux réseaux financiers et bancaires, qui ternissent nos réputations, a-t-il déploré, avec pour effet d’entraver la voie vers le développement durable. 

« Mais nous devons persister », a poursuivi M. Chastanet, et trouver des façons innovantes d’assurer la croissance économique, la protection de l’environnement et le développement.  Cette année, Sainte-Lucie a dû dépenser des sommes trois fois plus importantes que l’an dernier en prévision de la saison des ouragans, a-t-il noté, levant pour ce faire de nouvelles taxes et contractant des dettes additionnelles. 

Sainte-Lucie travaille de concert avec la Banque mondiale et l’Union européenne à mettre en œuvre des politiques destinées à assurer le financement du système de santé, en mettant l’accent sur la prévention, a-t-il indiqué.  Son pays, a-t-il constaté, continue de travailler à son développement et à sa croissance au sein d’un système international qui ne reconnaît son existence et ses besoins « qu’en théorie », alors que les manifestations tangibles ne sont que rarement ressenties. 

Nous avons vu l’impact désastreux des changements climatiques, a poursuivi le Premier Ministre, notant les « ravages » de la tempête tropicale Kirk qui s’abat sur son pays en ce moment même, ainsi qu’un tremblement de terre.  « Notre résilience et notre capacité à nous relever ne devraient jamais être utilisées à notre encontre », a-t-il prévenu, notant que le Japon, l’Inde et les États américains ont les ressources nécessaires pour faire face à ce type de catastrophes.  Malgré les engagements de 1,3 milliard annoncé à la Conférence des Nations Unies et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Dominique, les îles Vierges britanniques et Porto Rico peinent toujours à se relever des dommages subis l’an dernier, a déploré M. Chastanet.  Il a accueilli favorablement la convocation de la rencontre de haut niveau sur les défis rencontrés par les pays à revenu intermédiaire et appelé à la création d’une initiative en faveur des pays à revenu intermédiaire fortement endettés. 

« Le multilatéralisme est en péril » devant les « vents du nationalisme » qui pourraient emporter nos engagement collectifs », a averti le Premier Ministre, ajoutant que son pays croit toujours au système multilatéral en tant qu’instrument à même de garantir la paix et la sécurité internationales.  La réforme des Nations Unies est essentielle à cet égard, a-t-il ajouté, estimant toutefois que nous ne pouvons continuer de travailler à l’intérieur d’un cadre idéologique et institutionnel établi à une autre époque.  Il a demandé, en terminant, la levée de l’embargo américain contre Cuba et la fin des restrictions dont fait l’objet Taiwan. 

M. MAHATHIR MOHAMAD, Premier Ministre de la Malaisie, a salué le choix d’un thème « pertinent et opportun » qui fait écho aux vents du changement dans son pays, où le nouveau Gouvernement s’est engagé à assurer que chaque Malaisien bénéficie d’une part équitable des richesses de la nation.  Une nouvelle Malaisie est née mettant fin à 61 ans de politique basée sur la haine, la bigoterie religieuse et raciale et la corruption, s’est-il félicité.  Cette Malaisie fera siens les principes promus par l’ONU et c’est dans ce contexte que le Gouvernement s’est engagé à ratifier tous les instruments fondamentaux relatifs à la protection des droits de l’homme.  Cela ne sera pas aisé, en raison du caractère multiethnique, multireligieux, multiculturel et multilingue du pays, mais « nous accorderons de l’espace et le temps nécessaires à tous pour délibérer et décider librement et démocratiquement », a promis le dirigeant. 

Aujourd’hui nous sommes dans un monde « dans la tourmente à tous les niveaux », a fait remarquer M. Mohamad.  Il y a une guerre commerciale qui se joue entre les deux superpuissances économiques, et le reste du monde en ressent l’impact.  Sur le plan social, on assiste à une perte des repères.  Mais la pire des tourmentes se situe dans l’arène politique.  Personne n’est en sécurité.  « Big Brother » vous surveille, mais les actes de terreur continuent, a-t-il ironisé, avant de souligner que la guerre actuelle contre le terrorisme ne connaîtra une fin que lorsque les origines du mal seront identifiées et retirées et les cœurs et les esprits apaisés.  Et les raisons remontent, selon lui, à 1948 lorsque les Palestiniens ont été dépossédés de leur terre pour la création de l’État d’Israël.  « Laissez les Palestiniens récupérer leur terre, édifier leur État, bâtir un État de droit.  Mener une guerre contre eux ne mettra pas fin au terrorisme », a lancé le dirigeant. 

Évoquant la question des musulmans dans l’État rakhine qui sont massacrés, leurs maisons détruites, sans parler du million de réfugiés condamnés à fuir, le Premier Ministre malaisien s’est interrogé sur le point de savoir si les nations « ont le droit de massacrer leur propre peuple sans que le monde réagisse ».

M. Mohamad a, par ailleurs, souligné l’engagement de son pays en faveur du développement durable: 48% du territoire est constitué de terres vierges, car en Malaisie, « nous prenons soin de notre environnement! » À cet égard, il a souligné que son pays a amélioré les méthodes de production de l’huile de palme, pour qu’à l’horizon 2020, chaque goutte d’huile de palme produite dans le pays soit certifiée durable.  Dans un autre registre, il a appuyé les réformes au sein de l’Organisation, car, a-t-il dit, cinq pays ne peuvent tenir en otage le monde entier sous prétexte de leur victoire il y a plus de 70 ans!  Il a, en conclusion, admis qu’un monde sans l’ONU serait un « désastre ». 

M. Antoni Martí Petit, Premier Ministre de la Principauté d’Andorre, a indiqué qu’il s’adressait, ce matin, pour la dernière fois à l’Assemblée générale dans le cadre de son débat général.  En Andorre, a-t-il poursuivi, toute une génération de femmes et d’hommes sont entrés en politique à partir de 1993, date à laquelle le pays est devenu un membre à part entière de la communauté internationale.  « J’ai moi-même été élu au Parlement cette même année où Andorre a intégré l’ONU », a-t-il souligné. 

Le Premier Ministre s’est remémoré cette « époque optimiste », durant laquelle « la démocratie gagnait du terrain », « les économies étaient en plein essor » et « les institutions multilatérales se renforçaient ».  Or, a constaté M. Martí Petit, lorsque ma génération a accédé au pouvoir en Andorre, nous avons subi de plein fouet la crise économique, sociale et des valeurs, à un moment où « ce que l’on croyait solide et résistant se révélait fragile et instable ».

Avec le temps, a poursuivi le Premier Ministre, nous nous sommes habitués à vivre en ayant conscience de cette fragilité et de cette instabilité.  « Finalement, ce n’est peut-être pas si mal », a-t-il estimé, ajoutant que ses ancêtres andorrans étaient pleinement conscients, eux aussi, de la fragilité des équilibres sur lesquels reposent les institutions anciennes du pays.

Pour lui, c’est de cette conscience de notre fragilité que nous avons tiré la force d’entreprendre des actions qui « trainaient au fond du placard » depuis des années, pour tenter de parvenir à une économie plus ouverte et intégrée, pour trouver des modèles de croissance durable et pour préserver les institutions et valeurs qui nous ont été léguées par l’Histoire.

« Nous avons changé le besoin en vertu, la fragilité en force », insisté le Premier Ministre, afin que les générations futures puissent prendre les rênes de leur époque avec le même optimisme que celui qui nous animait il y a 25 ans.  Dans cette perspective, M. Martí Petit a appelé à garder à l’esprit que tout ce que nous accomplissons dans la sphère globale a des répercutions au niveau local et que tout ce que nous accomplissons localement aide à façonner la société mondiale.

« Les responsables politiques passent, mais les pays et leurs institutions demeurent », a déclaré en conclusion le Premier Ministre, réaffirmant l’engagement d’Andorre en faveur de la construction d’un monde plus juste et plus sûr. 

« Les Fidji vont bientôt organiser des élections pour la seconde fois depuis notre retour en démocratie », s’est réjoui M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji.  Fier du chemin accompli et « d’avoir amené le peuple fidjien à une société inclusive dans laquelle les droits des minorités sont respectés et tous les citoyens sont égaux dans les faits », comme promis par la Constitution fidjienne de 2013, M. Bainimarama a assuré qu’aujourd’hui, aux Fidji, « il n’existe plus de discrimination ethnique, sociale ou religieuse, et nos lois garantissent cette égalité ».  Les femmes et les jeunes filles sont protégées de la violence, le taux d’alphabétisation a atteint 90% de la population et plus de 90% des filles bénéficient d’un enseignement secondaire.

Concernant le développement économique et social, des médicaments sont distribués gratuitement et l’électricité est subventionnée.  « Nous accordons aussi des bourses pour développer les microentreprises et sortir les gens de la pauvreté, encourager l’entreprenariat et l’esprit d’initiative », a précisé le dirigeant.  Les institutions ont gagné en indépendance: « Je suis peut-être déçu quand mon Gouvernement perd un procès en justice, mais ces défaites sont le signe d’institutions fortes et indépendantes que nous devons soutenir et renforcer. »

Voyant pour les Fidji un futur « libéré du racisme, du népotisme et des privilèges », il a annoncé que l’archipel en était à sa neuvième année consécutive de forte croissance, une croissance « due en grande partie à la démocratie qui a pris racine ».  À la fois attaché à la rigueur fiscale et à l’esprit d’entreprise, M. Bainimarama a annoncé la réforme des entreprises publiques, pour les rendre plus efficaces et rentables. 

La lutte contre les changements climatiques demeure la plus grande priorité des Fidji.  Le Premier Ministre a dit rencontrer quotidiennement des citoyens touchés par des catastrophes naturelles, comme les cyclones et les inondations.  Les Fidji veulent que la communauté internationale agisse plus vite pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.  De son côté, l’archipel a entamé un projet qui permettrait à 270 000 Fidjiens d’avoir accès au tout-à-l’égout et à l’eau potable, et indemnisera les foyers pauvres victimes du passage de cyclones. 

« Nous relocalisons des communautés entières à cause de la montée du niveau de la mer.  Nous reconstruisons notre infrastructure avec de meilleurs standards », a détaillé le Premier Ministre, ajoutant sur une touche optimiste que les Fidji étaient devenues le premier marché émergent à émettre des obligations souveraines « vertes » pour financer ces activités.

M. Bainimarama s’est enfin engagé à ce que les Fidji ne génèrent aucune valeur nette d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a rappelé que lorsqu’il a pris la parole pour la première fois à l’Assemblée générale, il y a trois ans, la Grèce était au centre de trois crises internationales qui se chevauchaient.  Son produit intérieur brut (PIB) chutait de 25%, le chômage était à 27% et le niveau de pauvreté était très élevé.  De plus, 1,2 million de réfugiés étaient entrés dans les îles en quelques mois.  La Grèce était aussi au centre d’une crise déstabilisante dans les Balkans et en Méditerranée orientale qui s’aggravait, et le nationalisme connaissait une croissance rapide.

La question qui se posait à l’époque était aussi de savoir si l’ONU et la communauté internationale seraient capables de nous aider à surmonter ces difficultés grâce à des solutions collectives, a poursuivi M. Tsipras.  Dans les années qui ont suivi, nous avons connu une « crise de confiance » à leur endroit, comme l’a dit le Secrétaire général.  À l’époque, les nationalistes avaient de plus en plus de poids, et certains ont commencé à demander un « Grexit » de l’Union européenne.  « Non seulement sommes-nous restés droits, en surmontant ces difficultés, mais en plus de cela, nous avons fait partie de la solution, en Europe et plus largement », s’est félicité le Premier Ministre.  « Et nous l’avons fait sans succomber aux directives des autres pays », a-t-il relevé.  « Nous sommes restés dans la zone euro, en menant de dures négociations, sur un programme économique centré sur la nécessité de réformes structurelles fortes, et pas via une austérité à la fois punitive et épuisante. »

Cette année, la Grèce connaît une croissance de 2,1%, elle se dirige vers 2,5%; le chômage est tombé à 8%, et 34 millions de touristes sont venus en 2017, s’est réjoui M. Tsipras.  Son budget connaît un surplus et l’investissement croît de façon constante.  La Grèce est en train de devenir un centre de commerce et de transports, a-t-il ajouté.

En ce qui concerne la crise des réfugiés, le Premier Ministre a estimé avoir dû gérer la plus grande crise migratoire de l’après-guerre, « et nous l’avons fait en respectant le droit international et les droits de l’homme », a-t-il témoigné.  Il a critiqué les pays européens qui n’ont pas pris leurs responsabilités en n’acceptant pas leur part du fardeau.  « Le peuple grec, en dépit de ses difficultés, a ouvert ses bras aux migrants. »  Notre politique d’asile, qui n’existait pas il y a cinq ans, connaît aujourd’hui le plus haut taux de demandes en Europe, a-t-il enchaîné.  « Les morts dans la mer Égée sont presque de zéro et les flux migratoires ont chuté de façon radicale ».

Concernant la sécurité, M. Tsipras a dit avoir envoyé un message de dialogue, de coopération et de respect du droit international et être resté engagé dans cette politique, en dépit de relations difficiles avec la Turquie.  « Dans ce contexte, nous avons exprimé notre soutien entier à une solution viable et juste à la question chypriote, sur la base des décisions de l’ONU.  En parallèle, nous avons activement promu la stabilité et la croissance économique dans les Balkans », a-t-il déclaré.

Pour le Premier Ministre grec, le dilemme aujourd’hui n’est pas entre patriotisme et mondialisme: « c’est de savoir si nous préférons la régression du nationalisme ou si nous souhaitons créer les conditions pour des solutions progressives qui respectent les souverainetés nationales ».  Selon lui, une politique moderne et démocratique ne peut pas être « une politique d’acceptation passive des directives émises par des élites transnationales ».  D’un autre coté cependant, il a estimé que pour traiter les défis mondiaux du XXIsiècle, sur la base de valeurs partagées, il faut s’assurer que les organisations internationales soient soumises au principe de responsabilité.  « Cela signifie soutenir la vision réformatrice du Secrétaire général. »  

« Nous vivons une époque difficile », a reconnu M. PRAVIND KUMAR JUGNAUTH, Premier Ministre de Maurice, marquée par les incertitudes et des menaces complexes à la paix et à la stabilité de notre planète.  Évoquant les tensions internationales croissantes, les conflits prolongés, la pauvreté, la détérioration des océans, l’extrémisme violent et le nationalisme, il a argué que ces défis ne peuvent être surmontés sans une coopération internationale accrue.  À cette fin, il a exprimé son appui à la réforme des Nations Unies, qui doit avoir pour objectif la mise en œuvre du Programme 2030. 

Il a salué la révision des Orientations de Samoa et appelé les parties prenantes à accompagner les petits États insulaires en développement (PEID) dans leur lutte contre les changements climatiques.  Les effets des changements du climat se font sentir dans le monde entier, a relevé M. Jugnauth, estimant qu’il est temps de déployer des efforts « ambitieux » pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris.  « Nous ne pouvons dissocier le climat de nos océans », a-t-il dit. 

Maurice, a poursuivi le Premier Ministre, a pris la tête de la lutte contre la piraterie dans l’océan Indien occidental, et accueilli, en tant que Président de la Commission de l’océan Indien, une conférence ministérielle sur la sécurité maritime. 

Selon lui, la création de sociétés ouvertes et inclusives représente le meilleur moyen de combattre l’extrémisme violent.  De même, l’existence de vastes arsenaux d’armes nucléaires représente une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il s’est dit déterminé à combattre le trafic de drogue, se disant prêt à mettre en œuvre les recommandations de la commission publique d’enquête sur la drogue, avec l’appui de ses partenaires internationaux. 

Réaffirmant son engagement envers l’état de droit, M. Jugnauth a déclaré qu’en 2017, les États Membres du Groupe des États d’Afrique ont présenté une résolution demandant à la Cour internationale de Justice un avis consultatif sur les conséquences juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice, en 1965.  Il a vu dans « l’excision illégale » de l’archipel un reflet de la décolonisation inachevée de Maurice avant son accession à L’indépendance. 

Enfin, le Premier Ministre a salué les efforts déployés par le Secrétaire général afin de renforcer les liens entre l’ONU et l’Union africaine, élément essentiel, selon lui, à la paix et au développement en Afrique.  Il a en outre renouvelé son appel pour une réforme du Conseil de sécurité afin de réparer « l’injustice grossière » de la faible représentation de l’Afrique, appuyant également l’octroi d’un siège permanent à l’Inde et d’un siège non permanent aux PEID. 

Pour M. DUŠKO MARKOVIĆ, Premier Ministre du Monténégro, « l’un des plus jeunes membres des Nations Unies », le multilatéralisme est plus important que jamais en vue d’assurer la pleine mise en œuvre des accords internationaux et la réforme de l’ONU.  Il a souhaité que cette session de l’Assemblée générale soit celle d’un regain de confiance de la communauté internationale dans l’ONU, « indépendamment des critiques parfois justifiées à son égard ».  Pour le Monténégro, la fragmentation actuelle de l’Organisation peut être dépassée en créant des liens plus forts entre ses trois piliers mais aussi en veillant à plus de transparence, d’efficacité et de responsabilité.

Le Premier Ministre a souligné l’attachement de son pays à la réalisation des objectifs de développement durable qui sont complémentaires de son processus d’intégration européenne.  Il en va de même pour le respect de l’Accord de Paris sur le climat.  À cette occasion, le Ministre a salué l’initiative du Secrétaire général d’organiser un Sommet sur les changements climatiques en 2019. 

Pour ce qui est du règlement des conflits, M. Marković a regretté que trop souvent la communauté internationale n’arrive pas éviter les souffrances des populations, plaidant pour la diplomatie préventive et des réponses aux causes sous-jacentes de l’instabilité.  « Notre responsabilité morale et politique est aussi d’éradiquer l’impunité face aux crimes commis », a-t-il poursuivi en soulignant le rôle du Conseil de sécurité, de la Cour pénale internationale et des tribunaux pénaux dans ce contexte.

Le dirigeant a ensuite axé son intervention sur deux questions connectées, à savoir les droits de l’homme et les défis humanitaires.  Toute violation des droits de l’homme représente une menace pour la démocratie, l’état de droit et un pas vers un potentiel conflit, a-t-il constaté, et pourtant, 70 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous assistons de plus en plus souvent à de graves violations dans le monde.  « Il est inacceptable que nous restions silencieux face à cette réalité », s’est impatienté le Ministre revendiquant dans la foulée un Conseil des droits de l’homme plus efficace. 

Sur le plan national, le Monténégro promeut l’égalité hommes-femmes ainsi que la lutte contre les violences à l’égard des femmes, a expliqué M. Markovic qui a rappelé que son pays siégeait au Conseil d’administration d’ONU-Femmes.  Il a également encouragé une participation plus marquée des femmes aux processus de prise de décisions ainsi qu’au règlement des conflits.

Face à l’augmentation des crises humanitaires, le Ministre a souligné l’importance de finaliser l’adoption des deux pactes mondiaux pour les migrations et sur les réfugiés.  Cela contribuera, à ses yeux, à une meilleure gestion des phénomènes migratoires sous tous leurs aspects.  Au Monténégro, tout est fait pour accueillir des migrants et des réfugiés conformément aux normes internationales, tout en tenant compte des capacités nationales, a-t-il expliqué.  Il a précisé que, suite à son expérience pendant le conflit des Balkans dans les années 90, le Monténégro a pu apporter sa contribution à l’ébauche du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Ayant rejoint les rangs des États membres de l’OTAN l’année dernière, le Monténégro est d’autant plus motivé pour renforcer l’état de droit « sur la base des plus hautes valeurs démocratiques », a assuré M. Marković.  Parallèlement, le pays continue d’appliquer des réformes économiques qui lui ont d’ores et déjà valu un taux de croissance de 4% l’année dernière.  Ces mesures s’inscrivent dans les objectifs de développement durable et permettront de garantir de meilleures conditions de vie à long terme, a espéré M. Marković, qui a également soutenu que son pays est dans le peloton de tête des pays des Balkans cherchant à rejoindre l’Union européenne.  « Les valeurs européennes sont le meilleur rempart contre la montée des nationalismes et des populismes », a-t-il tranché avant de saluer la signature de l’accord « historique » entre la Grèce et la « Macédoine ». 

Le Premier Ministre du Cambodge, M. SAMDECH AKKA MOHA SENA PADEI TECHO HUN SEN, s’est félicité de la paix, de la stabilité et du développement rapide dont jouit son pays après des années marquées par les conflits, y voyant l’exemple d’un État déchiré par la guerre qui a su se transformer.  Autrefois synonyme de « champs de la mort », le Cambodge est devenu une importante destination touristique et un pays exportateur de denrées alimentaires doté d’une croissance économique élevée.  Selon lui, le Cambodge est maintenant une démocratie libérale respectueuse de l’état de droit.  Plus de 83% des électeurs inscrits ont participé aux dernières élections, a rappelé le Premier Ministre, un reflet du caractère pluraliste de la démocratie cambodgienne.  Le « choix libre » du peuple cambodgien et le résultat « légitime » des élections ne peuvent être remis en cause, a-t-il argué, dénonçant certains « cercles extérieurs » qui cherchent à « intervenir dans les affaires intérieures du Cambodge », y voyant un « assaut contre la volonté du peuple cambodgien ». 

Il a déclaré que la Charte des Nations Unies ne doit pas être utilisée afin de s’immiscer dans les affaires internes des États, déplorant notamment que la question des droits de l’homme se soit transformée en une « mission pour imposer la civilisation », ou un prétexte pour l’ingérence au nom de la protection des droits politiques.  Il a dénoncé l’imposition de sanctions unilatérales qui en résultent, motivées par les agendas géopolitiques des plus puissants.  Ce n’est que la « force brute » d’un État qui impose sa volonté aux autres, a-t-il continué, fustigeant ces tentatives d’imposition d’un mode de gouvernance unique. 

Le Premier Ministre s’est ensuite inquiété des graves instabilités que connaît le monde, marqué par la fragilité et l’imprévisibilité.  Il a dit être profondément préoccupé des tensions provoquées par les superpuissances dans l’arène diplomatique et des conflits qui voient le jour en raison de leur interférence.  Le Cambodge est aussi gravement préoccupé par les décisions hâtives prises par certaines grandes puissances de se retirer d’importants accords internationaux, menaçant par là-même la légitimité de l’ordre juridique international. 

Il a également mis en garde contre les politiques protectionnistes et les guerres commerciales.  En fermant ainsi nos portes au commerce et à l’investissement, nous nous appauvrissons tous, nos économies seront sur le déclin et notre capacité à réaliser les objectifs de développement durable sera remise en doute, sans parler de la lutte contre les changements climatiques.  Et cela nous rend également davantage vulnérables au terrorisme et à l’extrémisme.  Estimant que le monde a besoin de stabilité, de diversification financière, d’innovation et développement, il a plaidé pour un renforcement du multilatéralisme. 

« Le développement sans la paix n’est pas soutenable », a poursuivi le Premier Ministre, voyant dans les Nations Unies un « guide » vers la « prospérité des peuples ».  Il a accueilli favorablement la « vision » du Secrétaire général sur la prévention des conflits et les opérations de maintien de la paix, rappelant la contribution de son pays aux missions de l’ONU depuis 12 ans. 

Par ailleurs, M. Hun Sen a considéré l’Accord de Paris sur le climat comme la pierre angulaire du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est engagé à participer pleinement au Sommet sur le climat des Nations Unies qui se tiendra l’an prochain.

« Nous assistons aujourd’hui à la collision de deux tendances opposées », a déclaré M. SERGEY V.  LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie.  « D’un côté, nous voyons le renforcement des principes polycentriques de l’ordre mondial, le développement robuste de nouveaux centres de croissance économique, les aspirations des peuples à préserver leur souveraineté et à choisir des modèles de développement conformes à leur identité nationale, culturelle et religieuse.  De l’autre, nous voyons le désir de plusieurs États occidentaux de conserver leur statut autoproclamé de " leaders du monde " et de ralentir le processus objectif et irréversible d’enracinement de la multipolarité.  À cette fin, a-t-il dénoncé, ces puissances n’hésitent pas à user de toutes les méthodes à disposition, y compris le chantage politique, les pressions économiques et la force brutale. »

Le Ministre a fustigé ces actions illicites qui sapent l’ordre mondial de l’après-guerre, ainsi que « l’offensive d’un revisionnisme belliqueux » conduite contre le système moderne du droit international.  « Ces attaques ont été lancées contre les principes de base d’un règlement au Moyen-Orient, contre le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, contre les engagements pris au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et contre l’Accord multilatéral sur le climat. »

M. Lavrov a par ailleurs accusé « ses collègues occidentaux » de vouloir remplacer la suprématie du droit par un ordre basé sur des règles qui les arrangent politiquement et sont l’illustration d’une approche de deux poids, deux mesures.  « Des accusations, dénuées de tout fondement, d’ingérence dans les affaires intérieures de certains pays sont proférées concomitamment à des tentatives conduites en plein jour de saper et de renverser des gouvernements démocratiquement élus.  Des efforts sont menés pour attirer certains pays au sein d’alliances militaires montées de toutes pièces contre la volonté des peuples, tandis que d’autres États sont menacés de châtiments pour avoir librement choisi leurs partenaires et alliés. »

M. Lavrov a ajouté que ces agressions contre les institutions internationales s’accompagnent de tentatives visant à « privatiser » des structures de secrétariat et à leur accorder des prérogatives d’organes intergouvernementaux dans l’espoir de les manipuler plus tard.  « L’espace dévolu à une coopération internationale constructive en voie de rétrécissement, les escalades dans les confrontations, une imprévisibilité grandissante, un risque substantiel de conflits spontanés – tout cela affecte le travail de l’Organisation », a-t-il averti.

Il a déploré le lourd tribut payé par la communauté internationale en raison des « ambitions étroites et toutes personnelles » d’un petit groupe de pays.  « Les mécanismes collectifs de réponse aux défis sécuritaires sont grippés.  La diplomatie et la culture de négociations sont progressivement remplacées par des diktats et des restrictions unilatérales extraterritoriales mises en place sans l’aval du Conseil de sécurité. »

Le nombre de ceux enclins à rendre des jugements sans qu’il y ait eu de procès ne va pas en diminuant, a poursuivi le Ministre.  « Aujourd’hui, il suffit d’une hypothèse comme "il est hautement probable " pour que certains de nos collègues occidentaux enclenchent des poursuites contre qui que ce soit. »

Nous avons déjà vu cela, a poursuivi le Ministre.  « Nous ne nous souvenons que trop bien des prétextes fallacieux qui ont été utilisés de trop nombreuses fois pour justifier des interventions et déclencher des guerres – comme en Yougoslavie en 1999, en Iraq en 2003 ou en Libye en 2011. »

M. Lavrov a regretté que de telles méthodes soient utilisées aujourd’hui sur le dossier de la Syrie.  « La tentative avortée en vue d’un changement de régime, orchestré depuis l’étranger et s’appuyant sur des éléments extrémistes, a failli aboutir à la désintégration du pays et à l’émergence, en lieu et place, d’un califat terroriste. »  Mais les actions énergiques de la Russie, à la demande des autorités syriennes, appuyées par les efforts diplomatiques entrepris dans le cadre du processus d’Astana ont permis d’enrayer ce scénario mortifère, a continué le Ministre russe. 

Sur le dossier palestinien, « qui ne doit pas être marginalisé », M. Lavrov a mis en garde contre toute approche unilatérale et tentative visant à monopoliser le processus de règlement.  « Aujourd’hui comme jamais, la communauté internationale doit consolider ses efforts et reprendre les pourparlers sur la base des résolutions de l’ONU et de l’Initiative de paix arabe », a-t-il dit, promettant l’appui de son pays pour promouvoir la solution des deux États. 

Poursuivant, M. Lavrov a rappelé qu’il y a 80 ans, l’accord de Munich était venu « couronner la criminelle politique d’apaisement vis-à-vis du Troisième Reich », y voyant un triste exemple des conséquences catastrophiques que peuvent avoir l’égoïsme national, le mépris du droit international et les tentatives visant à résoudre les défis aux dépens des autres. 

Malheureusement, a poursuivi le Ministre, dans un grand nombre de pays aujourd’hui, nous constatons que non seulement le vaccin contre la peste nazie s’affaiblit, mais que les tentatives de réécrire l’histoire et de blanchir les criminels de guerre et leurs affidés vont en augmentant.  Il a qualifié « d’outrage » les campagnes menées dans un certain nombre de pays pour détruire les monuments à la gloire des libérateurs de l’Europe.  « Nous sollicitons votre soutien au projet de résolution onusien sur l’inadmissibilité de toute glorification des nazis. »

Le Ministre a ensuite déclaré que la propagation du nationalisme radical et du « néofascisme » en Ukraine –pays dans lequel, a-t-il affirmé, des criminels combattant sous la bannière nazie sont vus comme des héros– est l’une des raisons du conflit prolongé dans ce pays.  À ses yeux, le seul moyen de résoudre ce conflit est d’assurer une mise en œuvre complète et robuste de l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk approuvé par le Conseil.  Mais au lieu de cela, a accusé le Ministre, l’Ukraine continue d’entretenir l’illusion qu’elle est capable de dépêcher des forces d’occupation dans le Donbass avec l’appui de l’Occident et multiplie les menaces de recourir à l’option militaire. 

M. Lavrov s’est également dit préoccupé par la tentative d’ouvrir une nouvelle ligne de front dans les Balkans, dont les pays sont de plus en plus incités à rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  « Tout en répétant le mantra de l’inadmissibilité de toute ingérence dans leurs affaires intérieures, les dirigeants européens et américains mènent campagne pour l’accession de ces pays à cette alliance. »

Il s’est aussi inquiété à la perspective que la présence militaire internationale au Kosovo, autorisée par le Conseil, se transforme en une base militaire des États-Unis et que des Forces armées kosovares soient en train d’être créées.  D’une manière générale, nous demandons que les Balkans ne soient pas transformés de nouveau en une arène et que ses peuples ne soient pas acculés à un choix fallacieux, a-t-il dit, insistant sur l’importance de prévenir l’émergence de nouvelles lignes de fracture. 

M. Lavrov a déploré le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun et assuré que son pays fera tout pour le préserver.  Il a par ailleurs fait part de sa ferme conviction que tout défi doit être réglé par la voie du dialogue, avant d’aborder la question du cyberespace.  « À l’aune des derniers développements, il devient de plus en plus pertinent d’élaborer sous les auspices de l’ONU une série de normes mondiales pour un comportement responsable des États dans le domaine de l’information, y compris les principes de non-utilisation de la force, de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État et de respect de la souveraineté nationale. »  Il a indiqué que son pays proposerait un projet de résolution en ce sens devant la Première Commission chargée du désarmement. 

Enfin, le Ministre russe a invité à revenir à « l’art de la négociation », « pour être dignes des Pères fondateurs de l’ONU », rappelant que de nombreux défis ne peuvent être réglé s que sur la base d’un respect mutuel, à rebours de tout diktat ou coercition.  Typiques de l’ère coloniale, ceux-ci doivent être relégués au musée de l’histoire, a-t-il affirmé.  M. Lavrov a conclu son intervention par cette phrase empruntée au Président Harry Truman: « les grandes nations dirigent par la force de l’exemple plutôt que par la domination ». 

Pour M. HEIKO MAAS, Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne, il est clair qu’avec les gros problèmes en Syrie, en « Corée du Nord », au Moyen-Orient ou la situation dramatique des réfugiés, de la Méditerranée au Venezuela, le monde est en proie à une crise du multilatéralisme.  Cette crise fait que les conflits dans le monde paraissent insolubles.  « J’utilise le terme "paraître insoluble" pour refléter la foi que les Allemands ont dans le multilatéralisme », a souligné M. Maas, pour qui la réussite de l’Allemagne de l’après-guerre est aussi le succès du multilatéralisme. 

Il a rappelé que les États-Unis ont joué un rôle essentiel dans la reconstruction de l’Europe.  Le fait que ce soit cette Europe-là qui est devenue le partenaire le plus proche des Nations Unies est un triomphe du multilatéralisme.  Nous croyons dans les Nations Unies parce que la coopération internationale a changé notre propre destin pour le meilleur, a témoigné M. Maas.  L’Europe est une preuve pour le monde que le multilatéralisme et la souveraineté ne sont pas des termes contradictoires.  Au contraire, dans un monde qui fait face à des problèmes immenses, nous ne pourrons préserver la souveraineté que si nous travaillons ensemble. 

Le Ministre a ensuite indiqué que durant son mandat au Conseil de sécurité, qui commencera dans quelques semaines, l’Allemagne jouera son rôle pour faire face aux crises actuelles et placera le dialogue et la coopération au cœur de son action.  Nous dialoguerons toujours avec la société civile au Conseil de sécurité et au-delà, a-t-il ajouté.  M. Maas a ensuite estimé que le Conseil doit être plus représentatif et inclusif et appelé à entamer de véritables négociations sur sa réforme. 

Poursuivant, M. Maas a constaté que la crise du multilatéralisme est « douloureusement » évidente en Syrie, où la guerre civile s’est transformée en un conflit régional répandu qui risque encore de s’aggraver.  Ce type de guerre, a-t-il souligné, ne peut pas être résolu par des moyens militaires car les enjeux sont trop élevés.  Il s’est félicité qu’une escalade ait pu être évitée à Edleb.  Outre la pleine mise en œuvre de l’accord entre la Turquie et la Russie, il a appelé à entamer un processus politique sous les auspices des Nations Unies devant mener à des élections libres et équitables.  À ce stade, nous serons également disposés à assumer la responsabilité de la reconstruction.  Toutefois, il y a une ligne que nous ne franchirons jamais: nous de deviendrons pas les complices d’un régime qui a perdu sa légitimité politique, a-t-il averti.  Il a ensuite annoncé que l’Allemagne donnera 116 millions d’euros supplémentaires au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour aider les réfugiés syriens en Jordanie et au Liban.  Il a aussi touché du conflit israélo-palestinien et de la situation en Ukraine.

Une paix durable ne peut être atteinte que si nous ne mettons pas fin à la course aux armements, a poursuivi le Ministre.  Dans le cas de la Corée du Nord, ce pays doit joindre la parole aux actes et mener à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.  Par ailleurs, l’accord nucléaire avec l’Iran n’est peut-être pas parfait mais il a empêché l’Iran d’obtenir des armes nucléaires et a permis d’éviter une escalade qui était plus que probable il y a trois ans.  Cela n’est pas insignifiant! s’est-il exclamé.  Il a indiqué que les Européens demeurent unis sur cette question et œuvrent pour maintenir les échanges économiques avec l’Iran, tout en appelant l’Iran à continuer de mettre pleinement en œuvre ses engagements. 

Le fait que nous appuyons le Plan d’action global commun ne signifie pas que nous fermons les yeux sur le rôle destructeur de l’Iran dans la région, ni sur son programme de missiles balistiques, a-t-il insisté.  Au contraire, le désarmement, le contrôle des armes et la non-prolifération doivent devenir une fois de plus le centre de l’action de l’ONU.

M. Maas a également appelé à tenir compte des évolutions technologiques, à commencer par les systèmes d’armes létales autonomes, ou robots tueurs.  Il a appelé les États Membres à assurer l’interdiction complète de ces armes « avant qu’il ne soit trop tard ».

L’ONU du XXIe siècle doit traiter les racines des conflits, y compris les changements climatiques.  L’action basée uniquement sur le nationalisme, avec pour objectif de « placer mon pays avant tous les autres » atteint alors ses limites car, a-t-il souligné, le climat ne connaît aucune frontière.  Et la sonnette d’alarme a rarement retenti autant que pendant l’été 2018, dans pratiquement toutes les régions du monde.

M. Maas a souhaité que le Conseil de sécurité accorde une plus grande priorité à l’impact dévastateur des changements climatiques sur la sécurité et la stabilité des pays et des régions.  Un saut qualitatif doit également être fait dans le domaine de la consolidation de la paix après les conflits, a-t-il enchaîné.  Et l’Allemagne contribuera au moins 25 millions d’euros au Fonds de consolidation pour la paix cette année.  Le Ministre a ensuite fait observer que les Casques bleus ne pourront véritablement apporter la paix que lorsque les mesures militaires seront intégrées dans une stratégie politique claire, pour ensuite souligner que le succès des missions dépend de l’appui politique que leur accordent les États Membres.

Notant par ailleurs que, « même dans les guerres il y a des limites », le Ministre a salué le fait que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ait été autorisée à trouver et identifier les responsables d’attaques à l’arme chimique.

À cet égard, la Cour pénale internationale demeure indispensable car elle envoie un message fort aux victimes et aux auteurs que la justice prévaudra.  Avant de terminer, M. Maas a salué l’heureuse issue des négociations sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  C’est une victoire du multilatéralisme.  C’est un succès réalisé par des nations vraiment unies, s’est-il félicité. 

M. KHEMAIS JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a salué le choix du thème de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale qui illustre « nos aspirations à une organisation mondiale apte à relever les défis du monde contemporain et notre volonté commune de consolider son rôle pour la paix, la sécurité et l’édification de relations internationales plus équitables tout en favorisant le développement durable. 

À cet égard, la Tunisie réitère sa position sur la responsabilité de la communauté internationale, à travers les Nations Unies, de façon à débarrasser le monde des instabilités, des conflits et du terrorisme, et de régler les différends de façon pacifique.  Le Ministre a ensuite appelé à poursuivre les grandes réformes engagées par le Secrétaire général, notamment les réformes des piliers paix, sécurité et développement.

La Tunisie, pour sa part, s’efforce de consolider ses institutions politiques sur la base du consensus, a indiqué le Ministre qui a parlé des étapes franchies pour renforcer la base constitutionnelle du pays.  En mai dernier, les élections municipales démocratiques ont permis de renforcer la démocratie participative, ce qui entraînera, selon lui, une plus grande efficacité des programmes de développement.  Ces élections ont aussi été caractérisées par une bonne représentation des femmes et des jeunes.  Il s’est félicité, à cet égard, du lancement d’une initiative engageant l’ensemble des segments de la société tunisienne pour que la femme joue un rôle plus important sur la voie d’une société plus égalitaire. 

Sur le plan économique, a enchaîné M. Jhinaoui, la Tunisie déploie de nombreux efforts pour augmenter son taux de croissance et créer des emplois.  Malgré des défis d’ordre sécuritaire et les facteurs de risques auxquels est confronté ce pays, la Tunisie a réussi à aller de l’avant comme le prouvent de nombreux indicateurs: la balance commerciale s’est améliorée et le chômage a reculé.  Il s’est dit confiant que ces tendances positives devraient renforcer le statut de la Tunisie dans sa région et à l’international. 

Abordant ensuite le problème du terrorisme, le Ministre a insisté sur l’importance du rôle de l’ONU, notamment du Bureau de lutte contre le terrorisme.  Il a appelé à unir les efforts pour lutter contre ce fléau et prémunir les jeunes contre l’extrémisme violent.  Il a aussi engagé à intensifier la coopération internationale à travers la mise en place de mécanismes pour favoriser l’échange des données et d’expertises ainsi que l’entraide judiciaire.  Il a évoqué la stratégie nationale qui a permis de déjouer de nombreux attentats. 

Le Ministre a également parlé de la crise migratoire, « fruit de la multiplication des crises et conflits armés », et a préconisé une approche intégrée fondée sur la coopération afin de garantir une vie digne aux réfugiés et migrants, en les protégeant de toute forme d’exploitation.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes de ces mouvements, a-t-il ajouté.  Au niveau régional, outre la question palestinienne, il a exprimé sa préoccupation face à la situation en Libye.  Il a rappelé l’initiative de la Tunisie, en collaboration avec l’Algérie et l’Égypte, visant à garantir la réconciliation nationale sous l’égide des Nations Unies.  Enfin, le Ministre a annoncé l’intention de la Tunisie de présenter sa candidature au Conseil de sécurité pour la période 2020-2021. 

Il y a quatre ans, depuis cette tribune, je vous ai dressé un tableau sombre de l’Iraq, alors qu’un tiers de mon pays était aux mains de l’organisation terroriste Daech, une catastrophe historique qui a failli nous conduire à l’abîme, a rappelé M. IBRAHIM ABDULKARIM AL-JAFARI, Ministre des affaires étrangères d’Iraq.  Aujourd’hui, et grâce à la détermination de l’ensemble des Iraquiens, qui ont livré une bataille historique avec le soutien de l’ONU, notre territoire a été libéré.  Il a qualifié ce combat de charnière, « au moment où le monde était menacé ».  L’Iraq n’oubliera guère ceux qui se sont mis de son côté, a-t-il dit.  « Nous avons détruit l’ennemi et mis fin à sa présence en Iraq.  Et le voilà en train de rendre son dernier souffle dans les derniers bastions syriens. »

Aujourd’hui, s’est-il félicité, « mon pays est en train d’inaugurer sa phase de reconstruction et rentre de plain-pied dans le club des États démocratiques, conformément aux aspirations de son peuple ».  Il a notamment cité le déroulement des élections législatives ainsi que le processus électoral mené actuellement « dans la province du Kurdistan ».  Il a ensuite appelé la communauté internationale à tenir ses engagements envers son pays, pris lors de la Conférences du Koweït.  La victoire militaire contre le terrorisme ne signifie pas pour autant sa fin, car pour assurer son élimination totale, il faut traiter de ses causes profondes, a-t-il souligné.  Le Ministre a ensuite appelé à l’élaboration d’une stratégie holistique commune afin de prémunir les sociétés de ce fléau.  Il a aussi jugé impératif de réserver des perspectives prometteuses aux jeunes et aux femmes et de mettre au point des programmes d’autonomisation à leur intention dans le cadre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. 

Maintenant l’Iraq est en train de passer à la phase de la réconciliation nationale, et au renforcement des institutions participatives, a poursuivi M. Al-Jafari.  Il a fait part de la volonté de son pays de mettre en œuvre la résolution 2379 (2017) du Conseil de sécurité visant l’indemnisation et le retour des déplacés et la collecte des informations sur les crimes perpétrés par Daech.  Pour l’Iraq, la paix et la sécurité internationales sont une responsabilité commune, a-t-il souligné, avant d’appeler à un monde exempt d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive. 

Sur le volet intérieur, le Ministre a fait savoir que l’Iraq œuvre à l’utilisation optimale des ressources et à l’édification de partenariats économiques ainsi qu’à la mise en place d’un environnement propice à l’investissement en vue de la réalisation d’un développement économique durable.  Sur le plan régional, l’Iraq réaffirme sa position inchangée sur la question de la Palestine, a-t-il poursuivi, soulignant que la paix dans la région est tributaire du retrait israélien total de tous les territoires palestinien et arabe occupés et de l’édification d’un État palestinien indépendant avec pour capital Al-Qods Al-Sharif.  Il a aussi dénoncé la politique de colonisation de la Puissance occupante, le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et l’imposition du blocus. 

M. Al-Jafari a également appelé au rétablissement de la stabilité et de la sécurité en Syrie et au respect de son intégrité territoriale, encourageant toutes les initiatives visant à trouver une solution politique au conflit, « afin de mettre un terme au bain de sang ».  Le Ministre a également appelé à promouvoir un dialogue pacifique au Yémen et à arrêter les ingérences externes étrangères.  Tout en réitérant l’attachement de son pays à des relations de bons voisinages avec la Turquie, il a appelé Ankara à clarifier sa position concernant les multiples incursions à Bashiqa et violations de la souveraineté iraquienne et à y mettre un terme.  M. Al-Jafari a par, ailleurs, rejeté de façon catégorique les allégations du « Premier Ministre de l’entité sioniste » sur la supposée présence de forces iraniennes en territoire iraquien pour justifier son agression de la souveraineté iraquienne.

Après avoir rendu hommage à l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, Mme ULLA TORNAES, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark, a rappelé que la Déclaration Universelle des droits de l’homme a codifié les principes de la dignité humaine.  Soixante-dix ans plus tard, « nous savons que la coopération internationale est la seule façon de protéger nos populations », a-t-elle déclaré.  « Et grâce à cette Organisation, nous avons abouti à des résultats remarquables.  Pourtant, s’est-elle inquiétée, notre Organisation n’a jamais été autant sous pression.  Le principe même du multilatéralisme est remis en question.  Des doutes sur les structures qui entourent la protection des droits de l’homme, la liberté commerciale et la promotion du développement mondial se font jour.  Les actions qui sont prises pour faire face aux changements climatiques, à la pauvreté, à la migration, au terrorisme et à l’extrémisme violent demeurent insuffisantes, a-t-elle regretté. 

Pour le Danemark, la voie est claire: les défis mondiaux nécessitent de solutions mondiales.  « C’est pourquoi nous avons besoin de Nations Unies fortes, qui doivent livrer leur plein potentiel ».  La Ministre a rappelé qu’avec l’Algérie, le Danemark a eu l’honneur de faciliter les négociations sur la réforme du système de développement.  À cet égard, nous avons l’intention de contribuer à plus de 10 millions de dollars pour appuyer l’établissement du nouveau système de coordonnateurs résidents et nous encourageons les autres à nous suivre.  « Les réformes doivent maintenant devenir réalité.  Les Nations Unies doivent saisir cette opportunité pour changer et créer de vraies améliorations au bénéfice des peuples ». 

La Ministre a ensuite annoncé que le Danemark compte briguer un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.  « Si nous sommes élus, a-t-elle indiqué, nous ferons la promotion des droits des femmes; nous continuerons notre lutte contre la torture; nous protègerons les droits des peuples autochtones; nous encouragerons la liberté religieuse, et ce, sans discrimination de genre et d’orientation sexuelle.  C’est l’ADN du Danemark.  C’est l’ADN des Nations Unies. »

Après avoir souligné l’engagement du Danemark en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris, Mme Tornaes a indiqué que pendant plus de 40 années consécutives, son pays a consacré 0,7% de son revenu national brut à l’assistance au développement.  « Mais malheureusement », a-t-elle déploré, « nous faisons partie d’un groupe qui compte trop peu de membres.  Nous avons besoin de l’implication de tous les acteurs, particulièrement du secteur privé, de la société civile et des autorités locales ». 

Par ailleurs, Mme Tornaes a appelé à donner aux jeunes « une place à la table », et s’est enorgueillie que le Danemark ait été le premier pays à annoncer sa contribution à la Stratégie du Secrétaire général pour la jeunesse et l’égalité des sexes, « Vision 2030 ».  Le Danemark a également lancé l’Initiative P4G -partenariat pour une croissance verte- dont le but est de regrouper les grandes entreprises, les villes, la société civile, les groupes de réflexion et les gouvernements afin de créer des partenariats pour un monde plus « vert ». 

Passant au sujet de l’éducation, la Ministre a rappelé que 130 millions de filles ne sont pas scolarisées.  En temps de crise, elles ont 2,5 fois plus de chance d’être déscolarisées que les garçons et encourent de bien plus grands risques d’être victimes d’atteintes sexuelles.  Dans certaines parties du monde, les fillettes sont forcées de se marier à l’âge de 9 ans.  « L’éducation est un phare dans la nuit pour ces fillettes » et c’est pour cela que le Danemark compte donner 70 millions de dollars l’an prochain pour appuyer l’éducation dans les pays en développement. 

La Ministre a également évoqué la situation en Syrie et a insisté sur la reddition de comptes pour les crimes les plus épouvantables.  Concernant la crise des Rohingya, la Ministre a annoncé que le Danemark fournira 7 millions de dollars supplémentaires pour une réponse humanitaire exceptionnelle à cette crise. 

M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a voulu que la réforme de l’ONU rende l’Organisation plus attentive aux besoins des petits États insulaires en développement (PEID) et qu’elle soit axée sur les résultats plutôt que sur la rhétorique.  Il a averti que tous les gains de développement de son pays risquent d’être éradiqués par les conséquences des changements climatiques, avant d’appeler à une réduction des substances toxiques rejetées dans l’environnement.  « Il est profondément regrettable que des pays comme le mien continuent de payer un lourd tribut pour une situation dont nous ne sommes pas à l’origine. »

Qualifiant les changements climatiques de « menace existentielle », M. Harris a demandé la pleine mise en œuvre des engagements pris en faveur des PEID.  « Cela dit, la communauté internationale ne peut pas nous aider tout en classifiant les PEID de pays à revenu intermédiaire ou élevé sur la base de modèles financiers archaïques qui nous privent d’accès à des financements nécessaires ».  En conséquence, le Premier Ministre a demandé de remédier à ce critère « stérile » du PIB/habitant et de reconnaître les vulnérabilités uniques des PEID. 

M. Harris a ensuite fustigé une architecture financière internationale injuste, ainsi que « l’inscription irrationnelle sur une liste noire » de pays forcés de consacrer des ressources financières rares pour répondre aux « demandes arbitraires » du groupe « code de conduite » de l’Union européenne et des autres entités créées par des pays hautement développés.  Nous méritons un traitement juste, transparent et équilibré, a-t-il dit. 

Il a ensuite déploré la circulation, dans les Caraïbes, d’un très grand nombre d’armes de petit calibre, d’autant plus que ces armes ne sont pas fabriquées dans la région et qu’elles sont liées « à un appétit insatiable pour les stupéfiants en Occident ».  « Mon pays est pleinement engagé en faveur du Traité sur le commerce des armes. »

Enfin, le Premier Ministre a déclaré que Taiwan a un rôle important à jouer au sein de la communauté internationale, plaidé pour une normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis et appelé à une résolution pacifique des défis que connaît le Venezuela. 

M. HUBERT A.  MINNIS, Premier Ministre des Bahamas, a souligné que les changements climatiques sont un danger clair pour nous tous, mais plus spécialement pour les pays au littoral bas comme les Bahamas.  Il a rappelé qu’en ce moment, de nombreux pays des Caraïbes et une partie des États-Unis font face à des ouragans de catégorie 4.  Il a demandé que davantage de ressources soient allouées au renforcement de la résilience des îles et des États côtiers.  Les Bahamas s’évertuent en ce moment à reconstruire les îles détruites, comme le font leurs voisins.  Mais les dommages consécutifs aux ouragans successifs rendent cette tâche très difficile, notamment pour notre archipel qui compte de nombreuses îles étendues sur plus de 1 000 kilomètres du nord au sud, et cela dans un contexte de manque de fonds.

Si le tourisme est la plus grande industrie du monde, le Premier Ministre a dit que c’est également l’élément vital de l’économie de son pays.  Des millions de touristes se rendent en effet dans le pays chaque année pour visiter ses eaux turquoises et sa biodiversité, a-t-il témoigné.  Le pays a donc décidé d’interdire l’usage des sacs en plastique d’ici à 2020.  M. Minnis a aussi dit attendre l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant sur la préservation de la biodiversité dans les zones marines au-delà des limites de la juridiction nationale.  Ce ne sont pas nos îles qui ont créé les conditions des changements climatiques, a-t-il déclaré.  Or les pays comme le mien sont doublement pénalisés.  En effet, a-t-il expliqué, quand nous sommes obligés d’emprunter sur les marchés internationaux afin de reconstruire les infrastructures détruites par les ouragans, notre notation sur les marchés financiers en prend un coup.  Il a appelé l’ONU à trouver une solution appropriée à ce problème.  En outre, les modes de classement des pays sont à leur désavantage, puisqu’ils sont obligés de faire des emprunts à des taux non concessionnels. 

Par ailleurs, les Bahamas et d’autres pays de la région sont indexés pour des activités financières peu licites.  M. Minnis a promis que son pays resterait engagé à assurer la transparence de son système fiscal.  Les Bahamas sont même prêts à échanger des informations et à mener des affaires dans un esprit de transparence et de juste compétition, a promis le Premier Ministre. 

Cela fait 73 ans que du haut de cette tribune nous rivaliserons d’engagements et de promesses aux citoyens du monde, a avoué M. THOMAS MOTSOAHAE THABANE, Premier Ministre du Lesotho.  Notre action a-t-elle été vraiment à la hauteur de notre rhétorique?  Parce que sept décennies plus tard, nous sommes toujours emmêlés dans les conflits et la violence.  Le monde envisagé par les Pères fondateurs de la Charte nous échappe toujours.  Le système multilatéral semble n’offrir aucune solution durable aux défis qui mettent à l’épreuve la confiance qu’à l’humanité dans les Nations Unies.  L’espoir que les générations futures soient à l’abri des guerres s’éloigne de plus en plus.  Pourtant, a poursuivi le Premier Ministre, qui oserait remettre en question la pertinence des Nations Unies?  Le monde ne serait pas le même sans l’ONU.  Elle est imparfaite certes mais son l’impact sur un nombre incalculable de gens ne peut être nié. 

Avec l’aide de l’ONU, de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), de l’Union africaine et d’autres partenaires au développement, le Lesotho, a affirmé le Premier Ministre, a brisé le cercle vicieux de l’instabilité et de l’insécurité et s’est lancé dans la transformation du « Royaume de la Montagne » en un pays juste, prospère et stable, caractérisée par des institutions au service du peuple, l’unité nationale, l’État de droit, la bonne gouvernance et les droits de l’homme, avec un effort renouvelé dans la mobilisation des ressources domestiques. 

Dans notre monde globalisé, a poursuivi le Premier Ministre, il est tout simplement « indéfendable et incompréhensible » que les décisions qui nous lient soient laissées aux mains d’une poignée d’États Membres.  Il a plaidé pour une réforme rapide du Conseil de sécurité qui tienne compte des aspirations de l’Afrique et qui soit véritablement transparent, ouvert et démocratique.  L’ONU, a conclu le Premier Ministre, doit faire taire ceux qui cherchent à diviser et monter les uns contre les autres.  Seule la solidarité permettra à l’ONU de mettre véritablement l’humanité au centre de son travail.  Les Nations Unies, a encore dit le Premier Ministre, sont la seule plateforme qui nous permet d’« embrasser » le multilatéralisme. 

M. GASTON A.  BROWN, Premier Ministre et Ministre des finances d’Antigua-et-Barbuda, a relevé que les peuples des Nations, riches ou pauvres, petites ou grandes, ont depuis longtemps cessé de prêter attention et de s’intéresser à « ce qui se dit ici ».  Cette Assemblée est devenue un salon de conversation, alors que les peuples vivent dans un monde où 1% de l’humanité détient les plus grandes richesses.  Un monde, où une poignée de nations superpuissantes impose leur volonté, perpétuant un système de domination.

Pour les enfants de Syrie, de Palestine, du Yémen et d’Afghanistan, qui n’ont jamais connu autre chose que la guerre, « transformer les épées en socs de charrue » est une promesse vide de sens.  Pour les peuples d’Afrique subsaharienne et ailleurs en Amérique latine et en Asie, le rêve de la Banque mondiale gravé à l’entrée majestueuse de son siège à Washington pour un monde sans pauvreté, continue d’être un cauchemar au quotidien.  Le but de cette Organisation, réitéré dans sa Charte, contredit la réalité des réfugiés forcés à fuir leur pays pour frapper aux portes des riches. 

M. Brown a ensuite affirmé qu’il cherche à faire « résonner sa voix au nom des déshérités et des dépossédés, y compris son propre peuple ».  L’histoire nous a enseigné qu’aucune nation ne peut vivre dans une oasis de prospérité si le reste du monde est en friche.  Notre monde, a-t-il encore dit, est un grand village, où les espoirs et aspirations des communautés et leurs craintes sont partagés par tous.  Et si ces problématiques ne sont pas encore arrivées chez vous cela ne saurait tarder », car les « murs érigés ne protègent pas contre les maladies, ni contre l’afflux des réfugiés en l’absence de l’amélioration de leur situation ». 

Les riches, a-t-il poursuivi, ont l’obligation de contribuer au développement économique de ces pays.  D’où, pour lui, le caractère urgent et vital de revitaliser l’Assemblée générale.  Il a également appelé à associer l’ensemble des États Membres aux discussions sur les réformes financières, afin de dégager une réelle compréhension de la grave vulnérabilité des petits États aux chocs externes.  Les club restreint du G7 et du G20 ne peuvent à eux seuls réparer la fragmentation du système financier international, a-t-il souligné.  Ni l’Union européenne qui cherche à imposer ses politiques fiscales aux pays en développement à travers le monde.  Les règles arbitraires mises en place par des organes non représentatifs et visant uniquement leur propre intérêt n’ont aucune légitimité, a-t-il martelé. 

M. PAVEL FILIP, Premier Ministre de la République de Moldova, a rappelé que, l’an dernier, lors du soixante-douzième débat général de l’Assemblée, il avait exhorté les Nations Unies à se saisir d’un cas grave de violation du droit international et de la Charte de l’ONU, à savoir la présence continue de forces militaires russes sur le territoire de la République de Moldova, « sans son consentement et contre sa volonté ». 

Je suis heureux de constater, a-t-il ajouté, que l’Assemblée a adopté cet été une résolution (A/72/282), dans laquelle elle déclare « sans équivoque » que le refus de la Fédération de Russie de procéder au retrait de ses troupes du territoire moldave est contraire au droit international et aux principes de la Charte.  Le texte reconnaît également, a salué le Premier Ministre, que ce refus constitue une violation claire de la souveraineté territoriale et de l’intégrité de mon pays.

M. Filip a remercié l’Organisation pour l’adoption de cette résolution, ainsi que pour avoir à nouveau inscrit à l’ordre du jour de sa soixante-treizième Assemblée générale la question du « retrait des forces militaires étrangères du territoire de la République de Moldova ».  Selon lui, cette décision intervient alors que la sécurité du pays et de la sous-région a empiré, en raison des activités « répétées, illégales et déstabilisatrices » des troupes étrangères et des « structures de pouvoir inconstitutionnelles » dans l’est du pays.

Le Premier Ministre a dénoncé l’augmentation de la fréquence et du périmètre des exercices militaires conjoints du Groupe opérationnel des forces russes et des forces paramilitaires des « structures de pouvoir inconstitutionnelles », en violation du cessez-le-feu de 1992 entre la Fédérations de Russie et la République de Moldova.

« Ces exercices militaires conjoints illégaux sapent les efforts internationaux pour tenter de résoudre pacifiquement le problème de longue date de la situation en Transnistrie », a-t-il déploré.

M. Filip a ensuite exhorté la Fédération de Russie à mettre un terme à ses activités « illégales et provocatrices » et à reprendre, « de façon inconditionnelle et sans délai », le retrait complet de ses troupes et matériels militaires de la République de Moldova.  Un tel retrait, a-t-il ajouté, permettrait de résoudre le conflit de la Transnistrie et la rétrocession du pays.

En conclusion, le Premier Ministre a réitéré l’importance que revêt pour la République de Moldova sa relation avec l’Union européenne (UE), premier partenaire économique du pays.  Il a espéré que la mise en œuvre de l’accord d’association conclu entre la République de Moldova et l’UE conduise à l’intégration « irréversible » de son pays à l’union régionale. 

Au vu des catastrophes naturelles et environnementales survenues ces dernières 24 heures dans mon pays et à travers le monde, a déclaré Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, il m’est tout simplement impossible de prononcer ici le discours que j’avais initialement prévu et qui portait sur tout sauf sur ce qui nous intéresse au premier chef dans les Caraïbes, à savoir les changements climatiques. 

À combien de discours, justement, devrons-nous assister et combien de déclarations de bonnes intentions nous faudra-t-il entendre avant de prendre enfin les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux changements climatiques? s’est interrogée Mme Mottley.  Car seules des mesures drastiques, a-t-elle poursuivi, permettront d’éviter les tempêtes comme celle qui vient de frapper mon pays hier ou encore la montée inexorable des eaux qui, à terme, risque de faire disparaître non seulement la Barbade, mais également tous les autres États insulaires des Caraïbes et d’ailleurs.

Certains souhaiteraient sans doute, a présumé Mme Mottley, que je parle aujourd’hui de dénucléarisation, de maladies chroniques non transmissibles ou encore des difficultés d’accès au financement international pour les pays à revenu intermédiaire.  « Nous parlerons de tout cela dans d’autres enceintes », a promis la Premier Ministre. 

L’heure est venue à l’action collective pour sauver notre planète, a-t-elle affirmé, expliquant que les mesures unilatérales de petits pays comme le sien ne suffiraient pas à infléchir le cours actuel.  À quoi sert-il d’interdire les sacs plastiques à usage unique, comme la Barbade vient tout juste de le décider, si le monde n’est pas prêt à dégager les financements nécessaires pour nous y aider? s’est-elle scandalisée.  « En tant que petit État, nous sommes habitués depuis trop longtemps à être traités comme si nous n’existions pas », a déploré la Première Ministre.  Comme s’il était possible de faire une croix sur toute une région et de bloquer son accès aux échanges commerciaux, aux biens et aux services, s’est-elle encore insurgée.  Nous ne sommes pas des « lépreux » que l’on peut isoler comme durant les siècles précédents, a affirmé la dirigeante de la Barbade.  « Nous sommes des États souverains! » a-t-elle martelé, rejetant un monde moderne où des États puissants réduiraient les autres en « servage ».

Mme Mottley a ensuite déploré la suppression d’aides de l’ONU à sa région, sans lesquelles, a-t-elle signalé, le pays n’aurait pas été en mesure de réduire la mortalité infantile et l’extrême pauvreté comme il l’a fait.  L’ONU est importante, a-t-elle ajouté, car « elle protège les petits contre les grands ».  Or, a-t-elle demandé, quand le multilatéralisme sera mis à bas, que nous restera-t-il, ou adresserons-nous nos doléances?

Année après année, a regretté la Première Ministre, nous venons ici et appelons à mettre fin à l’embargo contre Cuba ou à certains différends territoriaux.  « Mais il n’y a pas d’avancée », a-t-elle constaté.  Cette tendance est peut-être valable pour d’autres sujets, a déclaré Mme Mottley, mais pas pour les changements climatiques.  « C’est une question de vie ou de mort pour nous! » a-t-elle insisté. 

Pour la dirigeante, le nationalisme et la xénophobie n’ont conduit à rien d’autre qu’à deux guerres mondiales et à la bombe atomique.  « Certes, ces guerres ont aussi permis de donner naissance aux Nations Unies », a-t-elle concédé, mais le monde doit désormais réfléchir collectivement. 

Concrètement, la Premier Ministre a estimé que tenter de maintenir la montée des températures en dessous de 2 degrés ne suffisait pas.  « Deux degrés, c’est trop », a-t-elle affirmé, appelant la communauté internationale à se fixer pour objectif de ne pas dépasser 1,5 degrés.  L’Organisation, a conclu Mme Mottley, doit prendre conscience que 2020 est dans à peine 15 mois et que « nous aurons alors atteint un point de nous retour ». 

Pour M. RICKY NELSON HOUENIPWELA, Premier Ministre des Îles Salomon, le monde a changé d’ère et le multilatéralisme est menacé.  Le dirigeant a déploré l’attitude « égoïste et insulaire » de certains pays qui renient leurs engagements, les cadres et les traités internationaux.

Les Îles Salomon s’engagent à réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030.  Ces objectifs de développement durable ont d’ailleurs été incorporés à la stratégie de développement national des Îles Salomon pour la période allant de 2016 à 2035.

M. Houenipwela a salué les examens de mi-parcours des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement, dit Orientations de Samoa.  Il espère que les résultats de l’examen insuffleront l’élan nécessaire pour que le cas spécial des petits États insulaires en développement (PEID) aille de l’avant, avec l’aide de toutes les parties prenantes.

Le Premier Ministre a ensuite indiqué que les Îles Salomon réunissent pour la seconde année consécutive deux des trois critères pour sortir du statut de pays moins avancés (PMA), précisant que le Comité des politiques de développement (CPD) avait recommandé leur sortie, tout comme le Conseil économique et social (ECOSOC).  M. Houenipwela a toutefois invité les instances à la prudence: son pays sort d’un conflit et a encore besoin de temps pour développer des politiques macroéconomiques et financières qui maintiendraient les indicateurs du pays à flot.  Il a salué la mise en place d’un groupe de travail pour assurer une sortie en douceur des PEID de la catégorie des pays moins avancés.

Comparant les changements climatiques, la « plus grande menace pour l’humanité », à une armée invisible attaquant son pays et à une « menace existentielle », M. Houenipwela en a décrit les effets directs: inondations, salinisation des terres arables, acidification et réchauffement de l’océan.  Face à ce fléau, les Îles Salomon appellent à une réponse collective, et exhortent les principaux pays émetteurs à agir d’urgence.  « Réduisez vos émissions maintenant, ou regrettez-le plus tard », a-t-il lancé.  Il a aussi estimé qu’un apport financier adéquat envers les PEID doit être sérieusement envisagé. 

Dû à l’urgence climatique et aux nouvelles menaces comme le crime transnational, les Îles Salomon veulent une réforme du Conseil de sécurité.  Elles revendiquent un siège non permanent à la table, qui serait attribué à l’un des petits États insulaires en développement.  « Les PEID doivent avoir une voix », a-t-il insisté.

M. Houenipwela a conclu par des déclarations de soutien à « Taiwan », souhaitant que l’île devienne un membre légitime de l’ONU, et en saluant le prochain référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie voisine, prévu en novembre prochain.

M. KHURELSUKH UKHNAA, Premier Ministre de la Mongolie a signalé qu’en 2017, les dépenses militaires mondiales représentaient 1,7 mille milliards de dollars, le niveau le plus élevé depuis la fin de la Guerre froide, et que cette course aux armements est en train de déstabiliser des régions entières.  Il a ensuite rappelé l’engagement de la Mongolie en faveur de la résolution pacifique des conflits. 

« Il y a un proverbe mongol qui dit qu’il vaut mieux donner une aiguille par temps de besoin plutôt qu’un chameau par temps d’opulence », a poursuivi le Premier Ministre.  Il a rappelé que son pays avait par exemple recueilli des centaines d’orphelins de la République populaire démocratique de Corée après la guerre de Corée, avant d’annoncer que la Mongolie, qui compte parmi les trente plus importants pays contributeurs de troupes aux opérations de paix de l’ONU, envisage d’augmenter encore sa participation.

M. Ukhnaa s’est félicité de l’évolution positive de la situation dans la péninsule coréenne.  Il a parlé du lancement, en 2014, du Dialogue d’Oulan-Bator sur la sécurité en Asie du Nord-Est, afin de faire le point sur les activités de réduction des risques de catastrophe menées par la Mongolie.

Le Premier Ministre a ensuite constaté que de nombreux conflits actuels sont provoqués par le choc des civilisations et des religions.  La Mongolie est l’un des rares pays à ne pas avoir connu dans son histoire de guerre ethnique ou religieuse, a-t-il poursuivi, en insistant sur l’importance, pour le monde, du legs de tolérance religieuse de l’empire mongol.  Il a rappelé le rôle joué par la Mongolie au sein de la Conférence bouddhiste d’Asie pour la paix et a estimé que le mécanisme de dialogue qu’elle propose est plus pertinent que jamais.  La Mongolie compte donc revitaliser ses activités au niveau régional et international et accueillera par ailleurs, en mars 2019, la Conférence sur la liberté religieuse. 

Poursuivant, M. Ukhnaa a indiqué que la croissance économique de la Mongolie avait connu une nette poussée au cours des deux dernières années, mais qu’elle demeure instable en raison de sa forte dépendance sur les activités extractives et de la volatilité des prix.  Cela rend l’allocation de ressources financières pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable particulièrement difficile, a-t-il signalé.  De plus, si cette croissance économique a permis de faire sensiblement baisser le chômage, le taux de pauvreté demeure inchangé.  Des mesures sont donc prévues pour réduire les écarts entre les revenus, entre autres.

Le Premier Ministre a ensuite insisté sur les avancées de son pays dans le domaine du respect des droits de l’homme, en particulier s’agissant de l’égalité des genres et de la promotion de la liberté d’expression.  Il a espéré que le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui doit être adopté à Marrakech en décembre prochain, devienne un document important pour la protection des droits des migrants. 

En outre, la Mongolie connaît un taux important d’urbanisation avec tous les défis que cela engendre comme, par exemple, l’inadéquation du nombre d’école et de la qualité de l’enseignement.  Des mesures sont prévues pour faire face à ce problème, ainsi qu’à la surfréquentation des hôpitaux, la pollution de l’air et le taux de chômage dans la capitale, Oulan-Bator, qui est trois fois plus élevé que la moyenne nationale.  De plus, près de 5% de la population mongole en âge de travailler travaille à l’étranger.  Nous avons besoin de mesures globales sur l’assurance santé et le phénomène de la double citoyenneté, a-t-il dit.

Enfin, le Premier Ministre a souligné la nécessité de lutter contre les conséquences des changements climatiques.  Il a indiqué que le Centre international d’étude et d’analyse pour les pays en développement sans littoral, le premier de son genre, avait ouvert ses portes à Oulan-Bator au mois de mai.  Il a indiqué que les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les séismes, la désertification, l’érosion des sols et les incendies de forêts, sont de plus en plus préoccupant pour la Mongolie, d’autant plus que son économie dépend principalement des industries extractives et de l’agriculture.

M. SIMON COVENEY, Vice-Premier Ministre d’Irlande et Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a évoqué la mémoire de Nelson Mandela et Kofi Annan, rappelant leur engagement inébranlable pour le multilatéralisme, « une posture sur laquelle nous devrions nous inspirer ».  Notamment, a—t-il précisé, en ces temps d’instabilité mondiale et de mise à mal de l’approche de prise de décisions globale qui fut le fondement même de l’ONU.  Il a souhaité qu’en leur mémoire, les États Membres renouvellent les efforts à travailler davantage en faveur de la culture de la paix, la tolérance et le respect de la dignité humaine. 

L’Irlande, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, est une petite île d’Europe de l’Ouest, mais le pays se voit comme étant au centre du monde, notamment avec sa diaspora 10 fois plus grande que la population nationale.  Pour l’Irlande donc, dans un monde interdépendant, les défis de notre époque dépassent les frontières géographiques.  De ce fait, trouver des solutions est une responsabilité partagée, que l’on soit dans une petite île de Polynésie ou une superpuissance, on respire le même air, a-t-il signalé.  Il a ensuite affirmé que loin de les diminuer, le multilatéralisme avait permis de renforcer l’indépendance de l’Irlande, sa confiance et sa sécurité.  « Si vous croyez au multilatéralisme », a indiqué M. Coveney, « il est temps maintenant de se battre pour lui au sein du système des Nations Unies, y compris contre des pays puissants qui ont traditionnellement joué des rôles importants au sein de cette institution ». 

Le Vice-Ministre a dit craindre pour l’avenir de la stabilité mondiale et pour l’avenir de l’ONU, soulignant son rôle qui ne peut en aucun cas être rempli par des arrangements bilatéraux transitionnels.  Ces arrangements, a-t-il poursuivi, sont dictés par la domination du plus fort et les décisions ne sont plus prises sur la base de la force des arguments, la compassion ou la générosité, mais plutôt sur les choix des États prenant position, la peur d’être mis hors-jeu par un puissant ou d’être indexé sur une liste pour subir un traitement spécial.  Il a aussi rappelé que parfois, ce sont les petits États qui apportent des réponses aux plus grandes préoccupations de la communauté internationale. 

Ensuite, M. Coveney a mis de côté toute complaisance en matière de réformes nécessaires pour maximiser la légitimité de l’ONU.  L’Irlande salue ainsi les réformes engagées par le Secrétaire général et attend désormais qu’elles soient mises en œuvre, notamment celles concernant le système des Nations Unies pour le développement qui doit soutenir la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  C’est pourquoi en début de mois, l’Irlande a promis plus d’un million de dollars en soutien à cette réforme.  Le Vice-Premier Ministre a toutefois plaidé pour que ces aillent au-delà de l’aspect managérial et structurel, notant que les organes politiques de l’Organisation doivent s’adapter au monde actuel.  Il a également appelé à élargir le Conseil de sécurité afin de pallier la sous-représentation ou le manque de représentation de certaines régions du monde.  Il a pointé la situation « injuste » de l’Afrique, avant de rappeler que l’Irlande est candidate à un siège de membre du Conseil de sécurité en 2020. 

M. ADEL AHMED AL-JUBEIR, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a affirmé que l’accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée, conclu plus tôt ce mois-ci dans la ville de Djedda, et le parrainage saoudien en faveur de la reprise du dialogue entre l’Érythrée et Djibouti témoignent du « rôle responsable » joué par l’Arabie saoudite pour renforcer la paix dans le monde.

Passant ensuite à la question palestinienne, le Ministre a réaffirmé le droit des Palestiniens à jouir d’un État indépendant, à l’intérieur des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale. 

S’agissant de la crise yéménite, M. Al-Jubeir a dénoncé le fait que des milices houthistes, pilotées par l’Iran, continuent de lancer, depuis le Yémen, des missiles de provenance iranienne en direction de l’Arabie saoudite.  Ces mêmes milices, a-t-il affirmé, s’emploient à déstabiliser la navigation dans la mer Rouge.  Malgré cela, le Ministre saoudien s’est dit fermement engagé en faveur d’une solution politique au Yémen.  Dans l’intervalle, il a affirmé que son pays continuerait de faire tout son possible pour fournir et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire vers le Yémen.  M. Al-Jubeir a également souligné que son pays s’employait à soutenir activement l’économie du Yémen, comme en témoigne le fonds de 2 milliards de dollars récemment constitué à cette fin par le Roi Salman d’Arabie saoudite.

Le Ministre a par ailleurs appelé à redoubler d’efforts internationaux pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme.  Il a loué les efforts saoudiens en la matière, rappelant que le pays était à l’origine de la création du Centre international pour la lutte contre le terrorisme et de l’Alliance militaire islamique pour combattre le terrorisme.  L’Arabie saoudite, a-t-il ajouté, a également financé le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme à hauteur de 110 millions de dollars.

M. Al-Jubeir a ensuite fustigé l’Iran, qui poursuit selon lui ses activités de déstabilisation et de soutien du terrorisme au Moyen-Orient, le tout en continuant de développer son programme de missiles balistiques.  À ses yeux, la paix et la stabilité de la région exigent de prendre des mesures de coercition à l’encontre de l’Iran, qui, a-t-il accusé, forme des milices armées dans les pays voisins et leur fournit des missiles balistiques.  Dans la mesure où l’Iran n’a de cesse de violer, selon lui, le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité, le Ministre a appelé à le punir en adoptant des sanctions internationales.

M. Al-Jubeir a par ailleurs rappelé que son pays et la coalition dont il fait partie se livrent depuis maintenant 15 mois à un boycott contre le Qatar.  Cette mesure, a-t-il précisé, a été décidée car le Qatar soutient selon lui le terrorisme, accueille sur son sol des extrémistes, encourage des discours haineux et ne respecte pas ses engagements découlant de l’Accord de Riyad de 2013.  Tant que le Qatar continuera d’agir de la sorte, a-t-il prévenu, l’Arabie saoudite maintiendra le boycott.

S’agissant de la crise syrienne, M. Al-Jubeir a appelé les parties à trouver une solution politique basée sur la déclaration de Genève.  En Libye, le Ministre a indiqué que l’Arabie saoudite continuait de soutenir l’Accord politique de Skhirat.  Il a en outre appelé à préserver l’unité et l’intégrité territoriale du pays. 

« La souveraineté est une ligne rouge que l’on ne saurait franchir », a enfin mis en garde M. al-Jubeir, précisant que l’Arabie saoudite refuserait toujours de se plier à des dictats extérieurs et aux tentatives d’ingérence dans les affaires saoudiennes.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a déclaré que les grandes vagues migratoires qui marquent l’époque actuelle présentent des risques sécuritaires pour tous, déstabilisent des pays, suscitent des débats politiques, et renforcent la crainte du terrorisme.  « Elles ne profitent à personne, encore moins aux migrants.  Elles ne profitent pas aux pays d’accueil.  Elles ne font que générer des sociétés parallèles », a-t-il affirmé, avant de préciser que l’Europe centrale avait accueilli 400 000 migrants en 2015.  Les migrants irréguliers, a-t-il ensuite accusé, ont bafoué nos cultures et traditions et s’attaquent à nos policiers. 

Le Ministre a aussi estimé que l’Union européenne avait échoué dans sa gestion de la question migratoire, pointant notamment sa politique d’ouverture.  La Hongrie rejette cette approche et en a été punie, pourtant, a-t-il affirmé, la gestion de la migration en Europe est néfaste et mauvaise.  Bruxelles prétend qu’il était impossible de mettre fin aux flux migratoires, mais c’est faux, on peut les arrêter.  M. Szijjártó a fait savoir que la Hongrie dépense plus d’un milliard d’euros pour construire des murs le long de ses frontières du sud.  Il a voulu que les efforts internationaux visent à arrêter ces flux migratoires.  Les organisations internationales doivent dire que la migration n’est pas un droit de l’homme fondamental.  La migration, a-t-il martelé, est un phénomène dangereux. 

Le Ministre a ensuite dénoncé l’adoption prochaine, en décembre, du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, clamant que c’est la pire des choses que puisse faire l’ONU pour régler cette question.  Il a indiqué que le Gouvernement hongrois s’était dissocié des négociations de ce pacte.  Nous n’acceptons pas et n’accepterons jamais ce pacte car c’est un pacte promigration, a encore dénoncé le responsable pour qui la communauté internationale doit respecter la souveraineté des États à placer la sécurité de leurs citoyens au premier plan, et le droit des pays de décider qui peut ou ne peut pas entrer sur leur territoire. 

La communauté internationale doit appuyer les États afin qu’ils puissent préserver leurs tradition, culture et histoire, a-t-il voulu.  Elle ne doit pas exercer des pressions sur les pays pour qu’ils abandonnent leurs héritages.  Selon lui, le Pacte mondial suggère que la meilleure réponse au chômage et à la démographie est la migration.  C’est faux, a-t-il tonné, soulignant que c’est encore aux États d’élaborer leurs propres politiques économiques et démographiques.  En outre, la protection des frontières est une question de sécurité nationale et incombe à chaque État.  Il a exhorté la communauté internationale à appuyer tous les États pour qu’ils puissent protéger leurs frontières et à mettre fin aux politiques qui encouragent les passages clandestins. 

Le Pacte mondial énumère les droits de migrants et non ceux des personnes qui souhaitent vivre leur vie dans leur propre pays, a encore décrié le Ministre.  Il a expliqué que la politique migratoire de la Hongrie repose sur la sécurité de la population hongroise et a souligné une fois de plus que son gouvernement n’appuiera pas le Pacte mondial, estimant qu’il va à l’encontre des intérêts nationaux de la Hongrie. 

M. GILLES TONELLI, Conseiller de Gouvernement - Ministre des Relations extérieures et de la Coopération de Monaco, a constaté que l’ONU et ses États Membres n’ont eu de cesse de s’adapter aux nouveaux défis posés par les violences, les conflits, la criminalité transnationale organisée et le fléau du terrorisme.  Lorsque le Conseil de sécurité agit, a-t-il ajouté, il le fait pour garantir au nom de tous les États la sécurité internationale et la protection des civils.  Lorsqu’il est empêché d’agir, les civils et en particulier les femmes et les enfants paient un tribut encore plus lourd.  Peut-on ignorer de ce point de vue le rapport du Secrétaire général qui mentionne que les conflits armés ont engendré, en 2017, 6 000 cas avérés de violations commises contre les enfants par des forces gouvernementales et plus de 15 000 par des forces armées non étatiques, s’est-il interrogé.  C’est pour cela que Monaco s’est joint, lors de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, au Code de conduite afin que le Conseil ne soit pas empêché d’agir en cas d’atrocités de masse. 

Depuis son admission à l’ONU, a-t-il poursuivi, Monaco a solidement renforcé son arsenal juridique.  C’est ainsi que la Principauté a ratifié, adhéré ou accepté plus de 40 traités internationaux, en matière de droits de l’homme, de réfugiés, de privilèges et immunités, de questions pénales, de désarmement, d’environnement et de droit de la mer.  Le respect de la règle de droit n’est pas un leurre.  Sans l’édification d’un État de droit et son renforcement, on ne peut, a-t-il insisté, promouvoir des sociétés justes, pacifiques et inclusives, qui sont le but de l’objectif 16 de développement durable (paix justice et institutions efficaces).  Aussi, la tenue d’élections crédibles, ouvertes et non violentes est une condition sine qua non pour une vie politique pacifiée et des institutions stables. 

Dans un monde où l’intelligence artificielle se développe, où le génie génétique et le cyberspace sont des réalités pour nombre d’entre nous, comment occulter le fait que plus de 68 millions de personnes ont été déplacées de force en 2017 et que les Nations Unies sont venues en aide à un nombre record de 105 millions de personnes dans 40 pays?  N’est-il pas inacceptable que 3 personnes sur 10 n’aient pas accès à l’eau potable et 6 sur 10 à des services d’assainissement sûrs? s’est-il interrogé. 

Mais pour lui, le « principal défi » auquel nos sociétés sont confrontées est bien les changements climatiques dont les effets systémiques n’épargnent aucune région du globe.  Il a invité la communauté internationale à agir « avec ambition et efficacité pour lutter contre ce fléau » sinon « nous devrons nous préparer à vivre demain sur une planète effondrée où il sera bien difficile de maintenir la paix ».  Il a rappelé, à cet égard, l’ambitieux pacte pour la transition énergétique lancé en début d’année, qui vise à atteindre l’objectif fixé par le Prince Albert II, d’atteindre la neutralité carbone en 2050 après une réduction des gaz à effet de serre de 50% en 2030.  Cette initiative représente une nouvelle action concrète du Gouvernement princier pour répondre aux objectifs de l’Accord de Paris.  Il a, dans ce contexte, souligné la confiance de la Principauté dans le multilatéralisme ancré dans la réalité d’un monde où les menaces sont protéiformes, car a-t-il conclu, Monaco mesure la responsabilité qui est la sienne par l’application du principe inscrit dans la Charte de l’ONU: « un État, une voix ». 

Mme MARISE PAYNE, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déclaré que, dans un monde de plus en plus compétitif et disputé, son pays assume ses propres responsabilités s’agissant de sa sécurité et de sa prospérité.  « À domicile, nous investissons dans notre résilience nationale, en veillant à ce que notre économie soit vigoureuse et les Australiens en sûreté.  À l’échelle de la région, nous cherchons à créer un voisinage dans lequel les droits de tous les États sont respectés, de même que les règles propices à la paix durable », a-t-elle résumé.  Elle a poursuivi en plaidant pour le renforcement du régime de non-prolifération des armes nucléaires et pour le désarmement.  C’est pour cette raison que l’Australie soutient le Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien, à condition, a-t-elle souligné, que Téhéran respecte ses engagements en vertu de cet accord.  La Ministre s’est ensuite jointe aux appels pour que les armes chimiques cessent d’être utilisées en Syrie.

L’Australie, a poursuivi Mme Payne, est engagée en faveur du renforcement de la résilience aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles dans le Pacifique.  « La Déclaration de Boe du Forum des îles du Pacifique, publié le mois dernier, offre la vision moderne d’une sécurité inclusive à la fois sur les plans humain et environnemental, et souligne l’importance de la coopération régionale et de la collaboration dans le renforcement de la résilience », a-t-elle précisé.  Mme Payne a ensuite fait l’éloge de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui est un partenaire de longue date de l’Australie et un élément « vital » de l’architecture régionale de développement et de sécurité.  Elle a également évoqué le rôle du Forum de la coopération économique Asie-Pacifique.  Après avoir rappelé que l’Australie a été élue pour siéger au Conseil des droits de l’homme pour la première fois en 2018, la Ministre a déclaré que son pays soutenait la mission d’établissement des faits indépendante internationale sur le Myanmar et coopérait avec le Myanmar et l’ASEAN pour trouver des solutions à long terme à la crise.

Il est facile de casser et de détruire mais les héros sont ceux qui, épris de paix, bâtissent, a déclaré M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan.  La situation mondiale actuelle, s’est-il expliqué, est le fruit de la « fracture idéologique » entre l’Est et l’Ouest qui ont une lecture différente des règles du nouvel ordre international.  Le Kazakhstan, a fait valoir le Ministre, est devenu un « contributeur net » de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement socioéconomique pas seulement dans sa région mais également au-delà.  D’ici à 2050, le pays entend devenir l’une des 30 économies les plus avancées au monde, respectueux des normes internationales les plus élevées de performance économique et de gouvernance, en particulier celle de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  C’est dans ce cadre que le Président kazakh a lancé, cette année, la feuille de route sur « Les nouvelles opportunités de la quatrième révolution industrielle » et sur le plan international, l’initiative « G-Global », une plateforme en ligne pour rechercher des solutions communes aux problèmes économiques et financiers mondiaux. 

Premier pays d’Asie centrale à siéger au Conseil de sécurité, le Kazakhstan, a poursuivi le Ministre, est conscient que le succès dans la sécurité est impossible sans un succès égal dans le développement durable.  Plus grand pays sans littoral au monde, le Kazakhstan fait tout pour assurer sa connectivité.  Il est prêt à partager l’expérience qu’il a acquise de son programme « Troisième Modernisation » et à poursuivre sa coopération avec les pays africains, à l’image du projet « Partenariat Afrique-Kazakhstan » qu’il a financé à hauteur de 2 millions de dollars, sans oublier les projets sur le biogaz mis en place dans les petits États insulaires en développement (PEID).  Le Ministre a aussi parlé de l’installation, à Astana, de l’Organisation islamique pour la sécurité alimentaire. 

M. U KYAW TINT SWE, Ministre de l’Union pour le bureau du Conseiller d’État du Myanmar, a parlé des efforts entrepris pour faire passer le Myanmar d’un système autoritaire à un système démocratique.  « Notre gouvernement démocratiquement élu a donné la priorité à la réconciliation nationale et à la paix », a-t-il assuré.  Il s’est dit convaincu que les luttes ethniques et les conflits armés au Myanmar ne peuvent être résolus qu’à travers des moyens politiques.  « La paix durable ne deviendra réalité qu’une fois établie l’Union démocratique fédérale à laquelle notre peuple aspire. »

Jusqu’à présent, a expliqué M. Tint Swe, les trois sessions de la Conférence de paix pour l’Union ont permis d’adopter 51 principes fondamentaux, qui feront partie de l’accord de paix pour l’Union.  Pour garantir un processus inclusif, le Gouvernement du Myanmar poursuit les négociations non seulement avec les huit groupes armés qui ont signé l’Accord national de cessez-le-feu, mais aussi avec ceux qui ne s’y sont pas encore associés. 

Par ailleurs, le Myanmar a établi un plan de développement durable aligné sur le Programme 2030.  Le Gouvernement, a précisé le Ministre, est attaché à la promotion de l’état de droit, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et de la société civile.  Résoudre la question de Rakhine est une composante importante de notre démocratie, a-t-il poursuivi.  Le Gouvernement s’est constamment efforcé d’apporter la paix et le développement à Rakhine, en dépit des attaques d’un groupe terroriste, dénommé Arakan Rohingya Salvation Army – (ARSA).  Le Gouvernement, a-t-il précisé, applique aujourd’hui 81 des 88 recommandations faites par la Commission consultative sur l’État rakhine, présidée par feu Kofi Annan. 

L’attention internationale centrée sur le flux des personnes déplacées a négligé les facteurs mêmes du déplacement, a ensuite regretté M. Tint Swe.  Le Gouvernement a néanmoins signé trois accords bilatéraux avec le Bangladesh relatifs au retour des personnes déplacées de l’État rakhine.  Il a appelé le Bangladesh à respecter ses engagements à cet égard.  En outre, le Myanmar a signé un mémorandum d’accord avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) pour faciliter leur réinstallation. 

Le Ministre a marqué sa préoccupation vis-à-vis du rapport de la mission d’établissement des faits du Conseil des droits de l’homme sur le Myanmar, publié en août dernier.  Selon lui, un tel rapport ne fait qu’attiser les tensions et entraver les efforts déployés par son gouvernement pour créer une cohésion sociale dans l’État rakhine.  Il a de plus rejeté la décision de la Cour pénale internationale (CPI) en date du 6 septembre dernier relative à l’État rakhine.  « Le Myanmar n’est pas partie au Statut de Rome, et la Cour n’est pas compétente à l’égard du Myanmar », a-t-il martelé.  Il a ajouté que le Gouvernement avait récemment créé une commission d’enquête indépendante sur les violations des droits de l’homme commises dans l’État Rakhine, présidée par l’ancienne Ministre adjointe des affaires étrangères des Philippines, Mme Rosario Manalo. 

M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a souligné que la santé des océans et la viabilité de la pêche sont au cœur de la politique étrangère de son pays.  Notre expérience nous a appris, a-t-il dit, que l’approche régionale est la meilleure manière d’assurer une utilisation durable des ressources marines.  Cette approche, a estimé le Ministre, devrait prévaloir dans le nouveau traité sur la protection des ressources maritimes en haute mer qui est toujours en négociation.  « Il vaut mieux allumer une bougie que maudire l’obscurité », a lancé le Ministre pour vanter le rôle, certes imparfait, des Nations Unies comme pilier de la coopération internationale.  Il a en effet souligné que pour parvenir à nos objectifs communs, il nous faut une ONU plus efficace.  Le Ministre a donc appuyé les réformes du Secrétaire général et a fait part de la disposition de son pays à continuer de rechercher les moyens d’obtenir la réforme du Conseil de sécurité, qui ne devrait plus être l’otage des intérêts nationaux quand « la maison brûle ».  Nous devons faire preuve d’unité, a encouragé le Ministre. 

Le système multilatéral, qui est la fondation même de la prospérité et de la paix, ploie sous la pression des nouveaux agendas qui apportent des réponses simples à des questions complexes, préférant les politiques musclées à la diplomatie, au libre-échange, à la démocratie et aux droits de l’homme.  Nous devons rester fidèles à nos convictions et à nos principes, chez nous et à l’étranger, quand nous examinons les revendications légitimes des peuples, a dit le Ministre.  L’Islande, a-t-il indiqué, a d’ailleurs augmenté ses contributions aux fonds et programmes des Nations Unies et continuera à défendre les valeurs et principes de l’Organisation.  Le 1er décembre 2018, a-t-il poursuivi, marquera le centenaire de l’indépendance et de la souveraineté de l’Islande, une période caractérisée par une croissance économique rapide et le bien-être social, qui a permis de battre les records dans presque tous les indices de développement.  Nous pourrions dire que ce succès, nous ne le devons qu’à nous-mêmes et à notre bonne étoile mais ce serait mentir, a avoué le Ministre.  Le socle de notre indépendance et de notre succès, a-t-il expliqué, c’est un ordre international fondé sur des règles et donc marqué par l’ouverture des marchés, le libre-échange, les institutions multilatérales, la démocratie libérale et la coopération internationale.  Cette base n’est pas immuable et il nous revient à nous, États Membres des Nations Unies, de faire en sorte que les générations futures tirent les mêmes bénéfices, a conclu le Ministre. 

M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a dit que son pays offre aujourd’hui son propre modèle de développement au monde, soutenu par une stabilité interne, l’unité nationale et la solidarité dans la société, et un environnement de paix et de tolérance entre les différentes communautés vivant ensemble dans une économie libérale, durable et dynamique.  Inspiré par ses réalisations dans le développement économique, la réussite de la politique sociale, la richesse du capital humain et des valeurs traditionnelles du multiculturalisme, l’Azerbaïdjan a décidé de présenter la candidature de la ville de Baku, sa capitale, pour accueillir l’exposition universelle de 2025.  Notre thème « développer le capital humain, construire un avenir meilleur » est une préoccupation universelle et a une signification particulière pour l’Azerbaïdjan.  Le Ministre a aussi annoncé que l’année prochaine, l’Azerbaïdjan prendra la présidence du Mouvement des pays non-alignés qui a joué un rôle fondamental dans le renforcement de la paix et de la sécurité internationale. 

Pour ce qui est du conflit armé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le Ministre a reconnu qu’il présentait une menace majeure à la paix et à la sécurité internationale et régionale.  Le conflit a abouti à l’occupation du cinquième du territoire de l’Azerbaïdjan par l’Arménie et a déplacé un-neuvième de la population, a-t-il dénoncé.  Depuis le début du conflit, les combats ont été menés exclusivement à l’intérieur du territoire de l’Azerbaïdjan, au centre du pays, affectant la population et les infrastructures civiles.  Le Ministre a indiqué qu’après le changement de gouvernement en Arménie, il y avait eu des attentes que le nouveau pouvoir allait respecter les valeurs démocratiques et les normes et principes du droit international, y compris les résolutions du Conseil de sécurité.  Malheureusement, aucun progrès n’a été observé à cet égard, s’est lamenté M. Mammadyarov.  Au contraire, le Premier Ministre de l’Arménie n’hésite désormais plus à ouvertement considérer la région du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan comme faisant partie de l’Arménie.  Cette déclaration annexionniste sape le processus de paix mené par l’OSCE.  L’Arménie, au plus haut niveau politique, montre que ses réelles intentions ne sont pas de régler le conflit par des négociations mais la poursuite de l’occupation illégale des territoires de l’Azerbaïdjan, a-t-il accusé. 

Commentant l’instabilité politique interne en Arménie, M. Mammadyarov a dit qu’il ne pouvait pas exclure que les dernières déclarations et actions du Premier Ministre arménien avaient pour objectif l’escalade de la situation sur le terrain et de provoquer des hostilités armées le long des lignes et des frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.  Mais une chose est sûre, a-t-il indiqué, l’Arménie sera entièrement responsable des conséquences de ce scénario négatif.  Le responsable a appelé la communauté internationale à envoyer un message fort et à exercer une pression forte à l’Arménie afin d’assurer le plein respect du droit international et à commencer par la mise en œuvre immédiate et sans condition des résolutions du Conseil de sécurité adoptées en vue de régler le conflit entre les deux pays. 

M. MAHAMAT ZENE CHERIF, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la coopération internationale et de la diaspora du Tchad, a rappelé que, plus que partout ailleurs, l’Afrique en général, et les pays du Sahel en particulier, éprouvent les effets pervers conjugués de tous les fléaux qui frappent le monde par ailleurs.  « Le Tchad est entouré de foyers de conflits et des crises, dans une région caractérisée par l’expansion du terrorisme, les trafics illicites en tous genres, y compris la traite des êtres humains liée à l’immigration clandestine, la criminalité transnationale organisée, la sècheresse et l’avancée du désert », a-t-il expliqué.  Partant de la ferme conviction qu’il ne peut y avoir de développement, ni de paix et de stabilité sans la sécurité, le Tchad, malgré ses maigres ressources, s’est vu contraint de s’engager sur plusieurs fronts dans la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad et au Sahel contre les groupes terroristes alliés à de vastes réseaux criminels.

« Certes, l’engagement collectif et la détermination des États membres de la Commission du bassin du lac Tchad dans le cadre de la Force multinationale mixte ont permis de défaire militairement Boko Haram, même s’il conserve des capacités de nuisance certaines », a reconnu le Ministre.  Les pays membres du G 5 Sahel en font autant face aux autres organisations terroristes actives dans cette zone avec leur base arrière dans le sud libyen.  Il a saisi l’occasion pour réitérer avec insistance l’appel lancé par les Chefs d’État des cinq pays membres du G 5 Sahel lors de leur Sommet tenu le 6 février dernier à Niamey, au Niger, appel adressé au Conseil de sécurité de placer la force conjointe du G 5 Sahel sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, afin de lui assurer un financement pérenne et un mandat à la hauteur de la portée de la menace combattue. 

Malgré ses multiples défis sécuritaires, environnementaux et socioéconomiques, le Tchad a initié, dès 2015, l’élaboration de deux documents sur son développement à moyen et long termes, la « vision 2030: le Tchad que nous voulons », avec son premier plan quinquennal, le Plan national de développement 2017-2021.  Le Ministre a également cité le Plan national de développement, présenté à la Table ronde de Paris en septembre 2017, et pour lequel les annonces de contributions faites à cette occasion doivent être concrétisées, a souligné le Chef de la diplomatie tchadienne.  En ce qui concerne la situation des femmes, le Président du Tchad a institué, par une loi votée le 22 mai 2018, un quota obligatoire de 30% réservé aux femmes dans toutes les fonctions nominatives et électives, avec pour objectif d’atteindre la parité.  Enfin, alors que 45 millions de personnes subissent de plein fouet les conséquences de l’assèchement du bassin du lac Tchad, la communauté internationale doit, a estimé M. Cherif, se mobiliser en faveur de son sauvetage, en appuyant l’initiative conjointe de l’UNESCO et de la Commission du bassin du lac Tchad visant à en faire une réserve de biosphère et un Site de patrimoine mondial.

M. MAMADI TOURÉ, Ministre des affaires étrangères de la République de Guinée, après avoir rendu hommage à Kofi Annan, « qui aura dédié sa vie à la promotion de la paix, du droit international humanitaire et du multilatéralisme », a estimé que les défis du monde d’aujourd’hui requièrent de nouvelles approches, plus pragmatiques, efficaces et coordonnées, pour atteindre les objectifs de la Charte.  « Dans un monde interdépendant, notre Organisation est la seule plateforme multilatérale capable d’adopter une approche globale et concertée.  L’universalité des Nations Unies dans le maintien de la paix, de la sécurité et de la prospérité du monde se confirme », a-t-il déclaré. 

La République de Guinée appuie le processus de réformes engagé par le Secrétaire général et reste déterminé à accompagner dans les réformes.  Selon lui, les résultats de la réforme doivent permettre, à terme, d’instaurer un système de coopération internationale juste et équitable, sur la base de la solidarité et de la responsabilité partagée.  Il a indiqué que son pays a enregistré des progrès importants dans les domaines économique et social, susceptibles de garantir un meilleur avenir pour la population guinéenne.  Les mégaprojets dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et la réalisation des infrastructures sont salués par les populations guinéennes, parce qu’ils conduiront à coup sûr la Guinée vers l’émergence à l’horizon 2040, a-t-il déclaré.

Par ailleurs, le Ministre a salué le « nouveau climat de concertation favorable à la promotion d’une paix durable en Afrique » et a appelé à continuer à privilégier les solutions politiques pour créer un environnement apaisé propice au développement.  « L’investissement dans la prévention des conflits et la recherche de solutions politiques épargnera à l’humanité des innombrables pertes en vies humaines et la destruction des infrastructures », a-t-il déclaré.  En outre, il a condamné avec fermeté les actes terroristes commis contre des populations innocentes, que ce soit en Afrique ou ailleurs dans le monde. 

Il s’est ensuite félicité de la mise en place du plan des Nations Unies « Sahel terre d’opportunités » qui cible 10 pays, dont la Guinée et qui met l’accent sur les six domaines clefs que sont la coopération transfrontalière, la prévention, le maintien de la paix, la croissance inclusive, le climat et les énergies renouvelables.  M. Touré a aussi salué l’avènement du pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières.  « Ce document sera adopté par la République de Guinée en décembre à Marrakech, a-t-il assuré, et permettra l’équilibre entre la souveraineté des États et les droits fondamentaux ». 

En outre, il a estimé que la création d’une société inclusive sous-tend l’élimination des inégalités et des barrières sociales qui empêchent la participation des jeunes et des femmes aux activités économique et politique.  L’égalité des sexes, la promotion et l’autonomisation des jeunes et des femmes sont fondamentales pour la réalisation du développement durable, a-t-il souligné. 

M. MOHAMED T. H. SIALA, Ministre des affaires étrangères de la Libye, a indiqué que le Président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale libyen, M. Fayez al-Sarraj, aurait souhaité prendre part au débat général aujourd’hui, mais a malheureusement été retenu à Tripoli en raison des derniers développements dans la capitale. 

M. Siala a d’emblée insisté sur la nécessité de coordonner davantage les efforts de la communauté internationale en Libye, sous peine d’avoir un effet contreproductif sur la résolution de la crise actuelle.  En particulier, le Ministre a appelé les différents acteurs impliqués à consulter au préalable les Nations Unies avant d’envisager l’organisation d’une réunion régionale ou internationale sur la question libyenne.

Selon M. Siala, la Libye est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis, dont la recrudescence du terrorisme, l’instabilité sécuritaire, les divergences politiques et la crise économique, qui affectent la vie des Libyens et la qualité des services.  Le Ministre a rappelé que le Conseil présidentiel avait proposé, l’an dernier, un plan comprenant l’organisation d’élections présidentielle et législatives et la cessation des combats, à l’exception de la lutte contre le terrorisme, pour œuvrer en faveur de la réconciliation nationale.  Cette approche, a-t-il dit, nous permettrait de créer un État démocratique moderne.  Cependant, le Ministre a affirmé ne pas avoir reçu de réponse de la part des « institutions concernées ».  Il a toutefois déclaré qu’il gardait « bon espoir » et que la porte demeurait ouverte à tous ceux qui souhaiteraient se joindre à cette initiative.

Par ailleurs, M. Siala a salué les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général en Libye.  En particulier, il a indiqué que le Gouvernement d’union nationale s’était félicité, l’an dernier, de sa feuille de route, dans laquelle l’Envoyé spécial appelait notamment les parties concernées à faire preuve de plus de souplesse pour pourvoir la mettre en œuvre.  « Or, aucun progrès n’a été enregistré », a-t-il déploré.

Le Ministre a affirmé que le Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale appuyait toutes les initiatives visant à sortir de la crise.  À cette fin, M. Siala a précisé que le Conseil avait aidé la Commission électorale du pays à enregistrer les électeurs libyens en vue de procéder à des élections, avec des résultats selon lui encourageants.  Le Conseil a en outre alloué, a-t-il ajouté, 60 millions de dinars libyens pour les préparatifs et pour assurer la sécurité du scrutin.  Il a espéré que les « institutions concernées » soutiendraient ces initiatives et prendraient les mesures législatives nécessaires au bon déroulement de ses élections. 

Par ailleurs, le Ministre a indiqué qu’il s’opposerait à tous ceux qui voudraient imposer leur volonté en Libye par la force des armes, comme lors des attaques récentes à Tripoli, qui ont provoqué des déplacements parmi les civils.  M. Siala a appelé les parties concernées à respecter l’accord sur le cessez-le-feu.  « Recourir aux armes ne sert qu’à faire le jeu des terroristes », a-t-il affirmé, avant de s’engager à poursuivre les auteurs de ces attaques. 

Selon M. Siala, le Gouvernement d’union nationale s’emploie actuellement à trouver des solutions aux difficultés auxquelles sont confronté les Libyens, notamment pour améliorer la performance du secteur tertiaire du pays.  Dans ce cadre, il a jugé important de mobiliser l’ensemble des ressources financières à la disposition du pays et a appelé les États où sont stockés des avoir libyens à faire en sorte que le Conseil présidentiel puisse en faire usage.

Mon pays, a-t-il poursuivi, a consenti d’énormes sacrifices pour lutter contre des groupes terroristes importés de l’étranger, comme Daech, qui exploite maintenant les ressources naturelles libyennes à des fins n’ayant, selon lui, rien à voir avec l’Islam.  Le Ministre a appelé à renforcer la coopération régionale et internationale pour neutraliser les réseaux terroristes partout où ils se trouvent. 

Chaque jour, des vagues migratoires traversent la Libye, a par ailleurs déclaré M. Siala, s’alarmant du fait que des centaines de milliers de personnes étaient exploitées par des réseaux de traite avant de périr au large de la mer Méditerranée.  En tant que pays de transit, la Libye subit plus que toute chose, selon lui, les répercussions économiques et sociales de ce fléau, qu’il sera difficile, a-t-il ajouté, de combattre sans aide étrangère. 

La Libye est par ailleurs attachée à la destruction de tout type d’arme de destruction massive, a déclaré le Ministre, rappelant qu’après avoir adhéré à la Convention sur les armes chimiques, le pays avait levé le voile sur son arsenal chimique, qui avait ensuite été détruit.  M. Siala a appuyé les efforts internationaux pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a appelé les États de la région à faire preuve de transparence pour y parvenir et à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Enfin, le Ministre a appelé le Conseil de sécurité à amender son régime des sanctions concernant la Libye, afin de limiter les pertes liées au gel des avoirs et fonds libyens.  Si rien ne change, a-t-il ajouté, les Libyens seront privés d’investir ces fonds au profit de l’économie du pays.

Droits de réponse

Réagissant à l’intervention de l’Arabie saoudite, le représentant du Qatar a affirmé que son gouvernement travaille avec la communauté internationale et les pays de la région pour lutter contre le terrorisme.  Le fait que la délégation de l’Arabie saoudite ait accusé le Qatar de terrorisme ne fait que saper la crédibilité de ce pays.  Le terrorisme trouve ses sources dans la radicalisation religieuse prônée par l’Arabie saoudite, a accusé le Qatar.  Et l’Arabie saoudite recourt au terrorisme contre ceux ne veulent pas se soumettre à ses diktats, à commencer par le Qatar.  Toutefois, nous avons fait preuve de calme et de retenu dans ce différend. 

Il a dénoncé le fait que les pèlerins qataris et autres musulmans résidant au Qatar n’avaient pas pu se rendre dans les lieux saints.  C’est une violation de la liberté religieuse, a-t-il tranché, avant de souligner que le Qatar s’est abstenu d’imposer des mesures de rétorsion contre l’Arabie saoudite. 

L’Arabie saoudite a martelé que le Qatar soutient les groupes terroristes et les extrémistes de tous bord, accusant par ailleurs ce pays d’avoir appuyé les activités de séparatistes en Arabie saoudite, au Koweït et aux Émirats arabes unis dans le but de déstabiliser la région.  La représentante a aussi affirmé qu’il était faux de prétendre que les pèlerins qataris n’avaient pas été autorisés à se rendre en Arabie saoudite pour le Hadj. 

Le représentant du Qatar a ensuite affirmé qu’en juin 2017, l’Arabie saoudite a essayé d’agresser son pays en imposant un blocus économique, terrestre, aérien et maritime contre lui.  Ce blocus a été rejeté par la communauté internationale.  Nous rejetons les accusations de l’Arabie saoudite, a clamé le représentant du Qatar qui a assuré que sa délégation allait tout faire pour promouvoir la stabilité et lutter contre le terrorisme dans la région. 

L’Indonésie a de son côté condamné les références faites à la Papouasie occidentale dans le discours du Vanuatu.  Ce pays essaie de faire croire que les populations de Papouasie occidentale n’appartiennent pas à l’Indonésie, a dénoncé le représentant, avant de rappeler qu’il y a plus de 50 ans, l’ONU a décidé du statut final de la Papouasie.  Le délégué a accusé Vanuatu d’appuyer les séparatistes de Papouasie occidentale.  « Un pays qui agit ainsi n’a pas sa place parmi le concert des nations. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: leadership collectif et multilatéralisme, remparts contre la division, la montée des nationalismes et les conflits

Soixante-treizième session,
10e & 11e séances – matin & après-midi
AG/12068

Assemblée générale: leadership collectif et multilatéralisme, remparts contre la division, la montée des nationalismes et les conflits

Face à un monde de plus en plus fracturé où les institutions s’écroulent au lieu de protéger les peuples du recours à la force et des tempêtes économiques, la Présidente de la Lituanie a mis en garde contre la tentation de laisser les voix du nationalisme et de la division l’emporter sur le dialogue et la coopération.  Au troisième jour du débat général de l’Assemblée générale, les chefs d’État et de gouvernement ont vanté les mérites du leadership collectif, tout en reconnaissant leurs responsabilités dans le scepticisme qui entoure le multilatéralisme.

Pourquoi encore et toujours, année après année, comme dans une sorte de rituel, sommes-nous amenés à constater notre infidélité aux objectifs de la Charte des Nations Unies? s’est demandé le Président de Chypre, M. Nicos Anastasiades, dont le pays « souffre de 44 ans de violation flagrante du droit international ».  Pourquoi les décisions du Conseil de sécurité restent dans leur grande majorité « des attestations de violations »?  Face à quasiment toutes les crises majeures de ces 10 dernières années, a embrayé la Présidente de la Lituanie, Mme Dalia Grybauskaite, le Conseil de sécurité a été incapable de jouer un rôle utile et les organisations mises en place pour éliminer les armes de destruction massive sont « inoffensives » face aux dictatures.  Maintenant que la tendance de l’économie mondiale commence à s’inverser, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est paralysée, avec le risque que les tensions commerciales ne balayent les acquis de développement durable et de la réduction de la pauvreté. 

Les derniers flux migratoires, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères de Djibouti, M. Mahmoud Ali Youssouf, ont fait émerger des tendances protectionnistes et la tentation palpable « du repli autarcique parfois autistique, bref une crise du multilatéralisme ».  Or, a plaidé le Premier Ministre de la Belgique, M. Charles Michel, le multilatéralisme, n’est pas « un concept creux vide de sens », mais plutôt la coopération, la négociation et la bataille des idées et des arguments plutôt que des armes.  « Qui ici peut croire que l’addition de 193 intérêts nationaux produirait comme par miracle une réponse à nos défis communs? ».  Aujourd’hui, dans nos débats et dans nos dialogues, s’est désolée, à son tour, Mme Jacinda Ardern, Première Ministre de Nouvelle-Zélande, nous sommes contraints de défendre l’existence même de nos institutions internationales au lieu d’en relever la pertinence et l’importance.  Pourtant, face aux nombreux défis auxquels nous faisons face, la nécessité d’une action collective et multilatérale n’a jamais été aussi évidente. 

Seul un leadership collectif et la primauté du multilatéralisme permettront de relever les défis du monde actuel, a acquiescé le Président chypriote, qui, s’agissant de la question de Chypre, n’a pas vu d’autres voies que le Plan en six points du Secrétaire général de l’ONU, espérant que la Turquie saisira cette occasion pour faire preuve de la détermination politique nécessaire à la conclusion d’un accord et pour contribuer concrètement à la stabilité régionale. 

Victime des ratés du multilatéralisme, le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a rejeté les États-Unis comme « unique médiateur » et demandé l’élargissement de la médiation à de nouveaux partenaires « au-delà même des membres du Quatuor ».  M. Abbas est revenu sur l’Initiative politique palestinienne qu’il a lui-même présentée au Conseil de sécurité en février dernier, laquelle propose l’organisation d’une conférence internationale de la paix qui aboutirait à la reconnaissance de l’État de Palestine en tant que Membre de plein droit des Nations Unies; la reconnaissance mutuelle de l’État de Palestine et de l’État d’Israël sur la base des frontières d’avant 1967; et la création d’un mécanisme international multilatéral pour aider les deux parties à résoudre les questions en suspens liées au statut final dont Jérusalem, les frontières, la sécurité, les colonies, les réfugiés, l’eau et les prisonniers.

Dans une dénonciation virulente de l’Accord final de Prespa, facilité par l’ONU, sur la question du nom, lequel fera l’objet d’un référendum ce dimanche 30 septembre, le Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, M. Gjorge Ivanov, s’est dit surpris par toutes ces grandes personnalités étrangères qui sont venues dire à son peuple que si l’Accord est rejeté, les portes de l’OTAN et de l’Union européenne resteront elles aussi fermées.  Pour parvenir à un accord véritable, viable et durable, il faut privilégier le dialogue contre les monologues, les arguments contre la force et le respect mutuel contre le déni, a tranché le Président, qui a dit ne pas comprendre pourquoi son peuple doit être privé du nom qu’il s’est choisi comme si « une banale région administrative grecque » avait plus de droits dans les relations internationales qu’un État souverain comme la « République de Macédoine ».

Aux premières loges du théâtre des migrations de l’Afrique du Nord vers l’Europe, le Premier Ministre de Malte, M. Joseph Muscat, a réclamé des accords institutionnels « à la Bretton Woods » entre les membres de l’Union européenne pour répondre et gérer collectivement les migrations, saluant au passage l’adoption imminente du pacte mondial sur les migrations qu’il a décrit comme un jalon important, mais « pas la fin de la route ».

S’il n’a pas directement répondu au Premier Ministre maltais, le Président du Conseil européen, M. Donald Tusk, a tenu à réitérer le soutien de l’Union européenne à l’Accord sur le dossier nucléaire iranien, « tant que l’Iran respectera ses engagements ».  Cet accord, a répété, le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, alimente la « campagne de carnage » de l’Iran au Moyen-Orient.  Il a affirmé qu’au mois de mai dernier, son pays a remis à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) les preuves des plans de l’Iran pour mettre au point l’arme nucléaire.  Le Premier Ministre israélien a réservé quelques scoops à l’Assemblée générale: l’existence d’un entrepôt atomique secret à Téhéran, dont l’AIEA a été informée, et celle d’une seconde installation de ce type dans un autre quartier de Téhéran qui « alimente son énorme machine de guerre » en Iraq, à Gaza, en Syrie, au Liban et en Arabie saoudite.  Le représentant de l’Iran a apporté un démenti formel aux allégations d’Israël.

Le Premier Ministre israélien a ajouté que l’accord sur le nucléaire iranien a eu la conséquence positive de rapprocher son pays de nombreuses nations arabes et nouer « des liens d’amitié et de complicité »,« inimaginables » il y a quelques années, contre la menace d’un ennemi commun.  Porté par le vent favorable qui souffle sur la Corne de l’Afrique, le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Workneh Gebeyehu, a plaidé pour que le Conseil de sécurité envisage de lever les sanctions contre l’Érythrée. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, vendredi 28 septembre à 9 heures.

Suite du débat général

Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de la Lituanie, a rappelé qu’il y a 100 ans, au lendemain de la Première Guerre mondiale qui a provoqué la chute des empires et offert une chance aux petites nations, comme la sienne, des institutions multilatérales ont été mises en place pour sauvegarder l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de ces nations.  Mais quand le monde a été confronté à une autre crise grave, ces mêmes institutions ont failli et sont restées impuissantes devant le plongeon de l’humanité dans la Seconde Guerre mondiale.  Aujourd’hui, nous aimons à penser que nos institutions multilatérales, dont les Nations Unies, sont assez fortes pour s’opposer à l’agression et au mépris des règles internationales.  Mais parfois, a constaté la Présidente, la réalité nous montre autre chose: le monde est plus en plus fracturé et les institutions s’écroulent au lieu de nous protéger du recours à la force et des tempêtes économiques ».  Face à quasiment toutes les crises majeures de ces 10 dernières années, le Conseil de sécurité a été incapable de jouer un rôle utile compte tenu de l’incapacité de certains de ses membres de dépasser leurs intérêts nationaux et de renoncer au droit de veto.  Les organisations mises en place pour éliminer les armes de destruction massives sont « inoffensives » face aux dictatures qui développent armes nucléaires et armes chimiques, et utilisent des gaz contre leurs propres populations.  Maintenant que la tendance de l’économie mondiale commence à s’inverser, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est paralysée, avec le risque que les tensions commerciales dans le monde ne balayent les acquis de développement durable et de la réduction de la pauvreté. 

Nos institutions ne sont pas parfaites, a admis la Présidente.  Elles sont bureaucratiques, adeptes du gaspillage et non comptables de leurs actes.  Mais étant donné que nous les avons créées, il nous revient de les améliorer et de les adapter aux nouvelles réalités.  Avant de songer à les détruire, nous devons savoir par quoi nous voulons les remplacer, au risque d’être condamnés à vivre sur des ruines.  Nous ne pouvons pas, a averti la Présidente, rejeter la mondialisation parce que l’on en deviendrait que plus pauvre.  Mais il est vrai que cette mondialisation a un côté sombre qui exige une lutte contre les inégalités, l’exclusion et l’érosion des normes du travail.

Nous ne pouvons pas, a martelé Mme Grybauskaitė, laisser les voix du nationalisme et de la division l’emporter sur le dialogue et la coopération.  Pour tous les défis majeurs –le terrorisme, les changements climatiques ou encore l’autonomisation des femmes- il n’y a qu’un choix, le travail collectif.  Nous avons donc été trop silencieux, trop passifs et trop ignorants.  Nous devons, a estimé la Présidente, cesser de rejeter sur les institutions l’échec de nos politiques nationales.  Nous devons reconnaître que nous, États Membres, avons le pouvoir et les ressources de faire en sorte que les Nations Unies puissent vraiment défendre la liberté, l’égalité et l’humanité.  « Parce que nous sommes les Nations Unies, assumons la responsabilité de notre avenir et donnons à l’Organisation les moyens d’agir », a conclu la Présidente.

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, s’est réjoui que son pays ait connu une transition démocratique sans heurt pour la cinquième fois depuis son indépendance en 1966, avec son arrivée au pouvoir le 1er avril dernier.  Il a rendu hommage à Kofi Annan, « icône », « qui aura consacré toute sa vie au bien de l’humanité ».  Le Président s’est réjoui du thème de cette soixante-treizième Assemblée, « Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables ».  Le principe consistant à ne laisser personne de côté doit être notre aspiration à long terme, a-t-il déclaré.  Il est clair qu'aucun d'entre nous, grand ou petit, ne peut s’attaquer seul aux défis « gigantesques » du développement.  Nous devons donc agir pour renforcer le multilatéralisme et honorer les engagements pris par l’Assemblée générale et mettre en œuvre les partenariats pour le développement durable, a souligné le Président.

La communauté internationale doit continuer à aider les pays en tenant compte de leurs défis spécifiques.  Le Botswana, s’est expliqué le Président, est classé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire et pourtant, il se heurte à de nombreux défis en matière de développement.  Le Président a donc réitéré son appel à un appui international au renforcement du capital humain, à l’amélioration des infrastructures, à la redynamisation du secteur privé et à l’accès aux technologies.  Le Botswana a pris soin d’aligner sa Vision 2036 avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, tout comme l’ont fait l’Union africaine, avec son Agenda 2063, et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), avec son Agenda de l’intégration.

Dans ce contexte, le Président a jugé « cruciale » la résolution de l’Assemblée générale sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Il a ensuite parlé des droits de l’homme, aux niveaux national et international, de la paix et de la sécurité internationales, des migrations internationales et de la lutte contre la corruption. 

Il a conclu en souhaitant une marche résolue vers la concrétisation des objectifs de développement durable.  Ne nous laissons pas décourager par les obstacles que nous ne manquerons pas de croiser sur notre chemin.  Après tout « Rome ne s’est pas construite en un jour », a dit le Président qui a appelé à des actions « audacieuses et transformatrices ».  Nous devons rester fermes dans la défense de notre mot d’ordre ne laisser personne de côté.  N’hésitons pas à faire preuve de leadership, assumons notre responsabilité collective et multiplions les partenariats entre tous les pays et tous les peuples du monde.

Avons-nous échoué? s’est interrogé M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre.  Pourquoi encore et toujours, année après année, comme dans une sorte de rituel, nous sommes amenés à constater notre infidélité aux objectifs de la Charte?  Pourquoi les décisions du Conseil de sécurité restent dans leur grande majorité « des certifications d’attestation des violations »?  Pourquoi le droit international et les accords internationaux ne sont pas respectés?  Pourquoi nos stratégies pour créer des meilleures conditions de vie restent « des vœux pieux »?  Quand allons-nous enfin assumer nos responsabilités devant nos peuples et l’humanité tout entière? a lancé le Chef de l’État chypriote à ses pairs.

En tant que Président d’un petit pays qui souffre depuis 44 ans de violations flagrantes du droit international, il a expliqué « les causes bien connues » des résultats « inacceptables et décevants » dans la région et dans le monde.  Il a cité la primauté des intérêts expansionnistes, les investissements dans l’industrie de la guerre; la passivité devant les violations du droit international, le financement par certains États du terrorisme pour imposer leur fondamentalisme religieux et l’indifférence devant la famine, les taux de mortalité, les causes sous-jacentes des migrations massives et les changements climatiques. 

Malgré des aspirations distinctes voire des conflits d’intérêts, les États doivent, a estimé le Président, inverser la tendance à « la politique des affaires courantes » pour s’attaquer aux causes sous-jacentes d’une situation mondiale sans précédent.  Seul un leadership collectif et la primauté du multilatéralisme permettront de relever les défis, a insisté le Président chypriote qui a donc soutenu la réforme du Secrétaire général pour faire de l’ONU une organisation mieux à même de répondre aux exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Président a adhéré à la vision du Secrétaire général sur la primauté de la diplomatie dans le rétablissement de la paix et le règlement des conflits.   

Quoique membre de l’Union européenne, Chypre, a-t-il rappelé, est l’épicentre d’une région marquée par une volatilité et une instabilité extrêmes.  Mais notre vision et notre ambition, a-t-il confié, est de devenir un phare de stabilité, de prévisibilité et de synergies pour une prospérité et une stabilité généralisées.  À cette fin, Chypre a renforcé ses liens historiques avec ses voisins dans des partenariats conformes à l’idée d’un multilatéralisme efficace mais qui ne sont en aucun cas exclusifs.  Le Président a donc souligné les multiples bénéfices qui découleraient d’une solution globale à la question de Chypre, pour les premiers concernés mais aussi pour toute la région.  Il a regretté que le processus de paix soit resté dans l’impasse depuis la Conférence sur Chypre en juillet 2017.  Il s’est voulu clair: seule une solution viable et opérationnelle, conforme au statut de Chypre comme membre de l’Union européenne et aux meilleures pratiques des pays démocratiques, Membres de l’ONU, peuvent créer les conditions d’une paix durable.  Le Président a insisté sur son engagement « ferme et véritable » en faveur d’une solution fondée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies, les « acquis » de l’Union européenne et l’issue des négociations sur le cadre en six points que le Secrétaire général de l’ONU a élaboré comme base pour avancer.  Le Secrétaire général et sa mission de bons offices sont la seule et unique voie pour aller de l’avant, a insisté le Président, qui a espéré que la Turquie saisira cette occasion pour démontrer une détermination politique nécessaire à la conclusion d’un accord et pour contribuer concrètement à la stabilité régionale. 

M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, s’est dit fier d’appartenir à un pays qui a toujours été du bon côté de l’histoire et qui, le 8 septembre 1991, a exercé de manière pacifique son droit à l'autodétermination, proclamant la « République indépendante et souveraine de Macédoine ».  Voilà où l'injustice a commencé, s’est indigné le Président, car nous avons été privés de notre droit d’user du nom que nous nous sommes choisi comme si une banale région administrative grecque avait plus de droits dans les relations internationales qu’un État souverain comme la « République de Macédoine ».  Mon pays est devenu Membre des Nations Unies, le 8 avril 1993, et pourtant, dans cette « communauté d’égaux devant la loi », la « République de Macédoine » a été admise comme « moins égale », avec une « dérogation » à sa personnalité juridique et une violation de son droit à l’autodétermination. 

Aujourd'hui, 25 ans plus tard, les discussions facilitées par les Nations Unies devraient prendre fin avec l’adoption de l’Accord final de Prespa qui, selon certains, devrait clore le différend avec la Grèce et ouvrir la voie de la « République de Macédoine » à son accession à l’Union européenne et à l’Otan.  L’Accord, a ironisé le Président, s’ouvre par un préambule « grandiloquent » qui rendrait jaloux les auteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Mais l’Accord viole en réalité les principes et les normes universelles mentionnés dans son préambule, y compris le droit à la dignité humaine.  De tous les droits violés, le Président s’est attardé sur le droit à l’autodétermination qui dispose que seule la nation a le droit de déterminer sa destinée, sans ingérence extérieure.  Le droit à l’autodétermination, a-t-il interprété, est à l‘origine du droit des peuples à choisir leur propre nom et le nom de l’État qu’ils ont créé.  « Nous nous appelons Macédoniens depuis des siècles, bien avant la naissance des Nations Unies », a martelé le Président. 

Or, avec l’Accord de Prespa, la Grèce nous impose un nouveau nom.  Il est prévu, s’est-il emporté, que l’on amende notre Constitution et que la Grèce devienne le censeur de nos amendements constitutionnels.  La Grèce aurait ainsi le pouvoir permanent de surveiller comment nous nous appelons entre nous mais aussi comment vous, États Membres, vous vous adressez à nous.  La Grèce aurait le droit de renommer nos institutions, de modifier nos manuels scolaires et d’interdire à nos citoyens d’exprimer leur identité macédonienne.  C’est une censure du monde, une autocensure de notre conscience collective de Macédoniens et une violation flagrante du droit à l’autodétermination, a accusé le Président.  L’Accord de Prespa, s’est-il résigné, n’est que le fruit amer d’un arbre empoisonné depuis longtemps, du compromis préjudiciable de l’Accord intérimaire de 1995 qui lui-même se fondait sur les résolutions 817 et 845 du Conseil de sécurité.  Et c’est là, s’est exclamé le Président, le nœud du problème: le droit à l’autodétermination a été violé quand la « République de Macédoine » est devenue Membre des Nations Unies.  Le Président a affirmé que l’Accord intérimaire et l’Accord de Prespa ont été adoptés sans son consentement.  Mon pays est désormais prié de commettre « un suicide juridique et historique » et il faut se demander ce que cela veut dire pour le leadership mondial et la responsabilité partagée des Nations Unies.

« C’est la victoire sauvage d’Athènes à Mélos », a constaté le Président, en convoquant l’histoire.  L’Accord de Prespa nous place en effet devant le fait accompli: vous êtes plus petits, vous êtes plus faibles, vous devez donc vous soumettre à l’ultimatum d’Athènes.  Invoquant cette fois la Convention de Vienne sur le droit des traités, le Président a proclamé nul et non avenu l’Accord intérimaire de 1995.

Quant à l’Accord de Prespa qui fera l’objet d’un référendum, ce dimanche 30 septembre, M. Ivanov s’est dit surpris par toutes ces grandes personnalités étrangères qui sont venues dire à son peuple que si l’Accord est rejeté, les portes de l’OTAN et de l’Union européenne resteront elles aussi fermées.  Aidez-nous plutôt à débloquer le processus d’accession sans violer notre droit à l’autodétermination, a lancé le Président.

Les Grecs et les Macédoniens doivent apprendre à vivre ensemble malgré leurs profondes divergences.  Pour parvenir à un accord véritable, viable et durable, il faut privilégier le dialogue contre les monologues, les arguments contre la force et le respect mutuel contre le déni, a ajouté le Président.

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a jugé important d’atténuer les effets persistants du colonialisme où qu’ils soient.  En dépit des nombreuses résolutions des Nations Unies pour promouvoir la croissance et le développement économique durable, un fossé considérable existe toujours entre pays développés et pays en développement, alimentant les tensions et les conflits.  Les États doivent n’épargner aucun effort pour concrétiser les objectifs de développement durable.  Les migrations massives du Sud vers le Nord, et les mouvements terroristes ne sont que le résultat évident d’une pauvreté et d’un sous-développement aggravés par l’absence de solidarité internationale, a estimé le Président Obiang.

Membre non permanent du Conseil de sécurité, la Guinée équatoriale, a-t-il poursuivi, favorisera toujours la diplomatie dans la prévention et le règlement des conflits, tout en veillant au respect de l’intégrité territoriale de chaque État Membre, du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, de la souveraineté nationale.  Les interventions armées ne font rien pour la paix, a prévenu le Président qui s’est dit convaincu du bien-fondé de la réforme du Conseil de sécurité, lequel accuse une structure « obsolète ».  Il est tout à fait injuste que l’Afrique soit marginalisée dans les processus internationaux de prise de décisions.

Quant à son propre pays, le Président s’est montré optimiste, convaincu que l’émergence économique est désormais envisageable.  La proclamation du multipartisme a donné naissance à 18 partis politique pour moins de 1,5 million d’habitants.  Dorénavant, le mandat présidentiel est limité à deux mandats.  Le plan de développement économique et social adopté en 2000 a permis d’améliorer les infrastructures économiques de base, comme les ports, les hôpitaux, les systèmes d’assainissement et d’adduction d’eau et l’électricité.  Afin de surmonter les effets de la crise économique, le Gouvernement est en train de préparer la troisième phase de la conférence économique nationale et lance un appel aux donateurs pour qu’ils appuient les efforts de diversification de l’économie et l’industrialisation du pays. 

M. JOVENEL MOÏSE, Président d’Haïti, a posé une double question à l’Assemblée: « Comment optimiser les mécanismes du maintien de la paix et de la sécurité internationales? » et « comment traduire l’exigence de solidarité internationale en un système de coopération plus efficace, capable de promouvoir le développement durable et éradiquer la pauvreté dans le monde? »  Le Président a voulu jeter un éclairage sur la situation dans son pays un an après la clôture de la Mission de stabilisation (MINUSTAH) à laquelle a succédé la Mission pour l’appui à la justice (MINUJUSTH).  Dans un contexte de raréfaction des moyens et de la forte pression des besoins, la « Caravane du changement », a-t-il dit, est une stratégie novatrice visant à mettre toutes les ressources de l’État au service du peuple.  En dépit des avancées, le Président a reconnu que l’atonie de la croissance économique continue de peser lourdement sur la stratégie nationale de développement et de pérennisation de la paix.  Il a rappelé que les conséquences du tremblement de terre de 2010 ont représenté 120% du PIB et celles du cyclone Matthieu, 32%.

En juillet dernier, après l’application de la loi sur l’ajustement des prix de l’essence conclu avec le Fonds monétaire international (FMI), le pays a vécu « la fâcheuse et douloureuse » expérience d’un soulèvement populaire.  Haïti, qui ne produit pas de pétrole, doit en effet continuer à subventionner le prix des produits pétroliers.  Cette expression « violente » de mécontentement, a constaté le Président, a posé la question centrale des risques associés à l’extrême précarité socioéconomique et au manque de perspectives économiques.  Elle a aussi mis en relief la fragilité des acquis obtenus.  Un des enseignements tirés est que les réformes structurelles sont un processus de longue haleine.  

M. Moïse a estimé que le « soubresaut » a été, en grande partie, la résultante d’une vision « trop étriquée » de l’aide au développement laquelle ne permet pas toujours aux partenaires internationaux de reconnaître la nécessité d’une approche moins fragmentée, moins rigide, plus intégrée, plus cohérente, bref, beaucoup plus en adéquation avec les cinq Principes de Paris sur l’efficacité de l’aide et le Programme d’action d’Accra.  Le succès, a précisé le Président, est tributaire pour une large part de la capacité à obtenir des fonds additionnels pour relancer l’investissement public et surmonter les obstacles à la croissance.  Le Président a cité les objectifs prioritaires du Plan d’action rénové, avant d’appeler à un programme d’aide renouvelé, cohérent, substantiel, aligné sur les priorités nationales.

Haïti a reçu près de 11 milliards de dollars en dons et prêts entre 2006 et 2016 et toutes les infrastructures routière, électrique, numérique, sanitaire, scolaire, environnementale et hydraulique ne sont pas mises en place.  Le Président a donc insisté pour que l’on repense l’aide au développement.

M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président de la République du Chili, a estimé que les trois grands défis de la communauté internationale identifiés par l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, il y a 20 ans, sont toujours d’actualité.  La sécurité, le développement ainsi que les droits de l’homme et l’état de droit forment toujours le noyau de « notre ordre mondial », même s’ils se présentent sous des formes nouvelles.  Selon lui, l’ordre mondial en émergence, fondé sur la démocratie occidentale et l’économie de marché, a engendré de nouvelles tensions.  Les menaces à la paix et à la sécurité internationales persistent sous la forme du terrorisme, des conflits armés et du crime organisé transnational, a relevé le Président, et ont provoqué une crise migratoire à grande échelle.  Il s’agit d’un défi qui interpelle la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il ajouté, y compris le Chili, qui s’est engagé à assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il faut donc trouver un équilibre entre le « droit souverain des États » de réguler l’entrée des migrants sur leur territoire et le respect des droits fondamentaux, a considéré M. Echeñique.

Pour le Président chilien, le développement doit être exhaustif, inclusif et durable, à l’image des objectifs de développement durable et du Programme 2030.  Pour cette raison, le renforcement du multilatéralisme droit transcender les initiatives économiques récentes telles que le partenariat transpacifique ou la Coopération Asie-Pacifique.  Le « vrai » développement se mesure à l’aune du traitement des personnes les plus vulnérables et de la protection de l’environnement, a poursuivi M. Echeñique, pour qui il y va de la survie même de l’humanité. 

Notre génération est la première à souffrir des effets des changements climatiques, a-t-il rappelé, mais également la seule qui puisse encore en contrer les effets.  Pour sa part, le Chili a établi des aires de protection de la biodiversité, y compris des zones de protection marines, ainsi qu’une « route de l’énergie » verte, en plus de bannir l’usage des sacs plastiques.  Pour soutenir ces efforts, il a préconisé le recours à la technologie et au système multilatéral international.

Rappelant le trentième anniversaire du référendum qui a ouvert la voie au retour de la démocratie dans son pays, le Président Echeñique a déclaré la période de transition politique terminée.  Selon lui, le Chili doit maintenant se transformer en un pays développé, dans le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a dénoncé le traitement infligé aux Vénézuéliens « privés de voix » par le Gouvernement « autoritaire et antidémocratique » du Président Maduro.  Une situation similaire à celle qui prévaut au Nicaragua et à Cuba, « pays frères » où les libertés ont été restreintes, a-t-il dit. 

Le Conseil de sécurité, héritage de la Seconde Guerre mondiale, n’est plus à même de répondre à ces défis, a considéré le Président, et sa composition ne reflète plus la réalité du monde, alors que l’Afrique, le Japon, l’Allemagne, l’Inde et l’Amérique latine en sont exclus. 

Après avoir vanté le modèle réussi de démocratie stable dans son pays, M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a dit que si son gouvernement est prêt à optimiser le potentiel de développement, la communauté internationale doit continuer de jouer un rôle pour soutenir la démocratie.  « Nous appelons nos partenaires bilatéraux à nous aider à répondre aux attentes de notre peuple avec des fonds, une assistance technique et des liens commerciaux fructueux. »

Rappelant le thème de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, « Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables », M. Maada Bio a souligné la nécessité d’une réforme urgente et impérative de l’ONU pour redresser en particulier l’injustice historique faite au continent africain.

Sur le plan national, le Président a dit que le Gouvernement donne la priorité à la création d’emplois, l’accès à une éducation de qualité, l’autonomisation des jeunes, des femmes et des personnes handicapées, la lutte contre la corruption et l’amélioration de la culture de responsabilité et de transparence, l’avènement d’un secteur public efficace et efficient, et le renforcement de la responsabilité civique et la cohésion nationale.

Il a énuméré les domaines dans lesquels le Gouvernement consacre ses efforts pour avoir une capacité de production d’énergie renouvelable de 60% d’ici à 2030 et générer de la croissance dans les zones rurales.  Le Gouvernement a une vision audacieuse pour la science, la technologie et l’innovation qui l’a conduit à créer la première direction de la technologie scientifique et de l’innovation.  « Nous sommes engagés dans la réforme de la justice pénale, nous avons lancé le programme d’éducation de qualité gratuite, nous nous sommes engagés à promouvoir une presse libre, à accroître un accès équitable à des soins de santé de qualité », a énuméré le Président Maada Bio.

« Jérusalem n’est pas à vendre », c’est en ces termes que M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a commencé son bref tour d’horizon des développements politiques récents dans son pays.  Il a indiqué que le Parlement palestinien lui avait demandé de suspendre la reconnaissance d’Israël, jusqu’à ce que ce dernier reconnaisse formellement l’État de Palestine, d’après le tracé des frontières d’avant le 4 juin 1967.  Le Parlement palestinien, a-t-il poursuivi, lui a également demandé de saisir les différents tribunaux internationaux, dont la Cour pénale internationale (CPI), afin qu’ils ouvrent des enquêtes sur « les violations par Israël des traités, les agressions des forces d’occupation israéliennes et la terreur semée par les colons à l’encontre de notre peuple, de nos terres et de nos lieux saints ».  Ces décisions, a expliqué M. Abbas, l’obligent à reconsidérer aussi bien les accords préalablement conclus avec Israël que le futur de l’Autorité palestinienne, « désormais dépourvue d’autorité ».

Passant ensuite à la question des négociations de paix, M. Abbas a d’emblée exhorté le Président des États-Unis, M. Donal Trump, à revenir sur un certain nombre de ses décisions, dont la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, le transfert des locaux de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, la suppression de la question des réfugiés palestiniens et des colonies de peuplement de l’agenda des négociations et, enfin, la classification de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme organisation terroriste, alors même que la plupart des pays du monde, y compris Israël, considèrent l’OLP comme la « seule représentante légitime du peuple palestinien ».

Le Président palestinien a appelé les pays qui ne l’ont toujours pas fait de reconnaître l’État de Palestine, dont le Royaume-Uni et les États-Unis.  « Je ne vois plus aucune raison valable au report de cette reconnaissance », a-t-il insisté.  En 2019, a poursuivi M. Abbas, il est prévu que l’État de Palestine préside le Groupe des 77 et la Chine, qui représente 134 États.  Dans ce contexte, il a exhorté les États Membres à étendre le statut de la Palestine à l’ONU –jusqu’ici considérée comme un État observateur– pour la durée de son mandat de présidente, afin de lui permettre d’exercer ses pleines responsabilités au nom du Groupe des 77.

Revenant sur la question des accords internationaux signés par l’État de Palestine, M. Abbas a estimé qu’Israël avait rompu l’intégralité des arrangements conclus.  « Soit Israël se conforme à ces accords, soit nous y renoncerons nous-mêmes », a-t-il mis en garde.  Il en va de même pour les États-Unis, a déclaré M. Abbas, pour qui l’administration américaine est également revenue sur l’ensemble des accords conclus.  Partant de ce constat, le Président palestinien a déclaré qu’il n’accepterait plus une médiation américaine unique dans le cadre du processus de paix.  À ses yeux, l’administration américaine « a perdu sa légitimité » en raison de ses décisions récentes.

M. Abbas a fait preuve de la même fermeté s’agissant des accords conclus entre l’Autorité palestinienne et le Hamas.  Soit le Hamas décide de les mettre pleinement en œuvre, a-t-il mis en garde, soit nous prendrons nos distances avec tout accord ou mesure conclu sans notre approbation et refuserons d’en assumer la responsabilité.

Sur la question des réfugiés palestiniens, le Président a appelé l’Assemblée générale à garantir son soutien continu, notamment financier, à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Concernant l’avenir des négociations de paix, M. Abbas a indiqué qu’il avait fait figurer en annexe de sa déclaration écrite d’aujourd’hui, à l’attention des États Membres, le texte intégral de l’Initiative politique palestinienne qu’il a lui-même présentée au Conseil de sécurité en février dernier.  

Cette Initiative propose l’organisation d’une conférence internationale de la paix, basée sur le principe du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies.  La conférence se ferait avec la participation des deux parties, des acteurs régionaux, des membres permanents du Conseil de sécurité, du Quatuor pour le Moyen-Orient et de nombreux autres pays. 

Les résultats attendus de la conférence seraient les suivants: un accord sur la reconnaissance de l’État de Palestine en tant que Membre de plein droit des Nations Unies; la reconnaissance mutuelle de l’État de Palestine et de l’État d’Israël sur la base des frontières d’avant 1967; et la création d’un mécanisme international multilatéral pour aider les deux parties à résoudre les questions en suspens liées au statut final défini dans les Accords d’Oslo (Jérusalem, les frontières, la sécurité, les colonies, les réfugiés, l’eau et les prisonniers) et à mettre en œuvre les décisions prises selon un calendrier précis.

En second lieu, l’Initiative politique palestinienne propose que, durant la durée des négociations, toutes les parties s’abstiennent de prendre des mesures de nature à remettre en cause le résultat final.  Cela suppose, selon la proposition, la cessation de toutes les activités de colonisation, la suspension de toute décision liée à Jérusalem et le gel du transfert de l’ambassade américain dans la ville sainte.

Enfin, la proposition palestinienne demande la mise en œuvre de l’Initiative de paix arabe et la conclusion d’un accord régional pour donner suite à la signature d’un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens.  Le cadre des négociations de ces accords serait également basé sur le principe de la solution des deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  M. Abbas a tenu à préciser qu’il est question de tout Jérusalem-Est et non pas d’une « sous-partie ».

DONALD TUSK, Président du Conseil européen, a assuré que l’Union européenne appuyait sans réserve l’action des Nations Unies, ainsi que les efforts de compréhension et de solidarité entre pays.  « Nous devons doter les Nations Unies des capacités à accomplir ses différents mandats avec succès, en Syrie, au Venezuela, au Myanmar et dans bien d'autres endroits. »  L’UE a dit soutenir les différentes réformes de l’ONU, les qualifiant d'indispensables. Elle a souligné qu’elle assume elle-même de plus en plus de responsabilités en matière de sécurité.  Le Président du Conseil a d’ailleurs appelé la communauté internationale à prendre des mesures contre le recours accru à la désinformation, à la propagande et à l’ingérence dans les élections démocratiques.  « L’espace numérique est utilisé par des forces malicieuses à des fins néfastes et les pays de l’UE n’en sont pas les seules victimes », a prévenu M. Tusk, qui a invité l’ONU à se pencher sur ce problème. 

Saluant l’établissement de relations plus étroites entre Union africaine, Union européenne et l’ONU, il s’est félicité des investissements et des échanges commerciaux avec le continent africain.  « L’Afrique est un continent qui présente de nombreuses opportunités », a-t-il estimé.  En Libye en revanche, des passeurs organisant le trafic de migrants et « profitant de la vulnérabilité de certaines populations » doivent être rattrapés et traqués par la justice.  En attendant, l’UE mène à bien des actions de sauvetage en mer Méditerranée, a-t-il souligné avant de conclure sur ce chapitre que le travail collectif entre pays d’Europe et d’Afrique était la seule solution pour régler ce problème.

L’Union européenne, a poursuivi le Président du Conseil, est à la pointe des efforts internationaux de relocalisation de personnes déplacées, notamment en raison des combats en Syrie, qui se trouvent en Jordanie et au Liban, et en Turquie.  À cet égard, le projet de zone démilitarisée d’Edleb devrait être mis en œuvre pour éviter une catastrophe humanitaire plus grave.  « Un processus politique de fond est nécessaire pour trouver une solution à ce conflit », a-t-il ajouté.

Les répercussions des changements climatiques se font de plus en plus sentir; « hélas, nous ne prenons que lentement la mesure des conséquences sur la vie humaine », a encore déploré M. Tusk, qui a appelé tous les dirigeants à agir pour protéger les eaux de l’Antarctique.  « Il est toujours possible de protéger les espèces animales en créant des sanctuaires maritimes.  Ceux qui peuvent imaginer une planète sans pingouins, sans dauphins, devront aussi imaginer une planète sans êtres humains », a-t-il prévenu.  M. Tusk a enfin réitéré son soutien à l’accord sur le nucléaire iranien tant que l’Iran respectera ses engagements. 

Pour M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, la seule voie qui offre l’espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité c’est la coopération et le dialogue.  Elle permet de répondre aux « replis revanchards », aux tensions économiques, et aux actions unilatérales qui peuvent entraîner l’irrémédiable.  Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il a fallu de la clairvoyance et du courage pour apporter l’ébauche d’un ordre international fondé sur des règles, et conceptualiser l’émergence de l’Union européenne.  Depuis, l’Union européenne a connu une période de paix et de prospérité, a noté le Premier Ministre, rappelant que l’Union est le fruit d’un dialogue inlassable fondé sur une ambition qui « dépasse de loin la simple addition des intérêts nationaux », une ambition qui a su reconnaître que l’état de droit et la démocratie sont les remparts contre l’arbitraire ainsi que les meilleurs garants pour concrétiser les droits de chaque personne parce qu’ils sont aussi le refus de l’impunité.

« Le multilatéralisme n’est pas un concept creux vide de sens », mais plutôt la coopération, la négociation et la bataille des idées et des arguments plutôt que des armes, a martelé le Premier Ministre.  « Qui ici peut croire que l’addition de 193 intérêts nationaux produirait comme par miracle une réponse à nos défis communs? » a-t-il lancé, affirmant qu’il s’agit là d’une illusion, tout comme la « main invisible » du marché qui produirait la croissance et la prospérité pour tous.  Le capitalisme, s’est-il expliqué, a besoin de règles et le multilatéralisme aussi.  Le Premier Ministre a regretté que les accords internationaux puissent être jetés unilatéralement « aux orties », comme l’Accord de Paris et celui sur le nucléaire iranien.  L’histoire a toujours montré que la loi du plus fort ne protège personne.  Les négociations avec l’Iran ont été longues et il a fallu le courage de tous.  Cet Accord n’est pas parfait puisqu’il ne couvre pas le programme balistique iranien, mais ne faut-il pas plutôt ouvrir de nouvelles négociations multilatérales pour l’améliorer que de le rejeter alors que jusqu’ici l’Iran a respecté ses engagements?

Depuis 70 ans, l’ONU travaille de manière obstinée à l’amélioration d’un monde basé sur un socle commun de valeurs universelles.  Notre Organisation dispose d’un incommensurable potentiel, a estimé le Premier Ministre, saluant au passage l’action du Secrétaire général.  La Belgique, a-t-il dit, s’est engagée tout au long de son histoire à œuvrer pour la paix et à privilégier le consensus, une approche qu’elle souhaite maintenir à son entrée au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent.  Elle entend agir pour la sécurité collective et la prospérité de la planète, en favorisant la diplomatie et les mécanismes d’alerte précoce pour anticiper les crises et conflits potentiels.  Abordant ensuite la question des opérations de maintien de la paix, le Premier Ministre a rappelé qu’elles devaient toujours s’inscrire dans un cadre politique crédible.  Chaque mission doit être évaluée régulièrement à l’aune de la concrétisation de la solution politique « au sens noble du terme », a-t-il estimé.

Vivre ensemble en paix et en harmonie, représente au Proche et au Moyen-Orient un enjeu existentiel, a noté le Premier Ministre qui « ne peut tolérer que des régions entières soient le terrain de jeu de puissances extérieures ».  Il a regretté que le processus de paix israélo-palestinien, 25 ans après les Accords d’Oslo, soit au point mort, et a réitéré le soutien de la Belgique à la solution des deux États.  La Belgique, a-t-il promis, restera mobilisée en faveur des efforts de non-prolifération, de l’économie numérique et de la révolution de l’intelligence artificielle qui apportent leur lot de craintes mais qui surtout offrent de nouvelles opportunités pour un monde meilleur à condition de les mettre au service de tous, a poursuivi M. Michel.  Il a également vanté les mérites du libre-échange et du commerce, affirmant que « le commerce est la prospérité, la prospérité, la paix », avant de se féliciter du récent accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.

Dans la même veine, il a proposé un nouveau partenariat euro-africain.  Rappelant qu’avant 2050 le continent africain devrait compter 2,5 milliards d’habitants, il plaidé pour un partenariat plus ambitieux, « pour une alliance sacrée Afrique-Europe » qui se traduirait par des investissements, le commerce et les emplois dans les deux continents.  « Guérissons les blessures du passé et osons renoncer à la charité qui donne bonne conscience mais apporte son lot d’humiliation », a souhaité le Premier Ministre pour lequel il est possible, en 10 ans, de créer un accord de prospérité inégalée à travers un accord de libre-échange entre les deux continents.  Il a également appelé à la mobilisation générale et à l’appropriation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « parce que le compte à rebours est enclenché et ses résultats sont indispensables ».  À cet égard il s’est impatienté face à « l’entêtement de certains à nier la réalité des changements climatiques qui est du même ordre, à ses yeux, que l’entêtement de ceux qui niait que la Terre était ronde ».  Les catastrophes naturelles se succèdent toujours plus meurtrières et leurs conséquences risquent d’aggraver les conflits, a-t-il averti.  Face à ce défi existentiel pour nos enfants, nous avons une responsabilité partagée, a-t-il tranché. 

Abordant ensuite la question des migrations, il a estimé qu’il ne s’agit pas « d’être pour ou contre un phénomène inéluctable », mais de le gérer de manière ordonnée, à commencer par retirer les migrations des « griffes des passeurs » et éviter les pièges des populistes d’extrême gauche et d’extrême droite.  C’est dans cet esprit que la Belgique signera, à Marrakech, le pacte mondial pour les migrations.  En conclusion, le Premier Ministre a martelé que la paix est notre bien le plus précieux.  Elle exige du courage et de la vigilance à chaque instant.  Il faut que le devoir de mémoire serve notre lucidité pour être à la hauteur des défis de ce siècle qu’aucun pays ne peut surmonter seul. 

Quand j’ai pris la parole ici-même il y a trois ans, s’est remémoré M. BENYAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, mon pays se tenait seul parmi les autres nations.  Sur près de 200 États rassemblés dans cette enceinte, a-t-il poursuivi, seul Israël s’était opposé à l’accord nucléaire iranien, parce qu’il menaçait notre avenir et notre survie même et ouvrait la voie à un véritable arsenal.  Cet accord, a-t-il ajouté, alimentait également la « campagne de carnage » de l’Iran au Moyen-Orient, le tout sur la base d’un « mensonge », à savoir que l’Iran ne cherchait pas à mettre au point l’arme nucléaire.

L’an dernier, a rappelé M. Netanyahu, Israël a mené une attaque contre les archives nucléaires secrètes iraniennes.  Nous avons été en mesure de mettre la main sur de très nombreux documents et vidéos enfouis dans un bâtiment souterrain au cœur de Téhéran.  Au mois de mai dernier, a poursuivi le Premier Ministre, Israël a donné à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) les preuves des plans de l’Iran pour mettre au point l’arme nucléaire.  Des mois se sont écoulés, a-t-il dit, et l’AIEA n’a toujours pas pris de mesures, n’a posé aucune question à l’Iran et n’a pas demandé d’inspecter un seul des nouveaux sites découverts dans ces archives secrètes. 

Face à cette inaction, a déclaré M. Netanyahu, j’ai décidé de vous révéler aujourd’hui une information qui n’a jamais été rendue publique.  Je divulgue pour la première fois que l’Iran dispose d’un entrepôt atomique secret à Téhéran, a-t-il dit, entrepôt qui sert à stocker des matériaux destinés à son programme nucléaire.  Cette information, le Premier Ministre affirme l’avoir déjà communiquée à l’AIEA en mai dernier.  Or, a-t-il ajouté, je souhaite également révéler aujourd’hui une nouvelle information que nous n’avions pas encore communiquée à l’AIEA: l’existence d’une seconde installation de ce type dans un autre quartier de Téhéran.  Permettez-moi de vous montrer exactement à quoi ressemble cet entrepôt secret, a déclaré M. Netanyahu, brandissant une photo de l’extérieur du site.  Ce bâtiment n’a l’air de rien, a-t-il commenté, ajoutant que, sur Google Earth, on peut constater qu’il est situé à 100 mètres à peine d’une usine de nettoyage de tapis.  Cette usine fait d’ailleurs un travail extraordinaire, a ajouté le Premier ministre.  « Mais maintenant, les tapis sont peut-être radioactifs. »

Depuis l’attaque israélienne sur les archives nucléaires secrètes de l’Iran, M. Netanyahu affirme que les autorités iraniennes n’ont eu de cesse de faire des allées et venues pour évacuer ce site.  Le mois dernier, a-t-il affirmé, 30 kg de matières radioactives ont ainsi été évacués et, selon lui, répandus un peu partout dans Téhéran pour essayer de cacher les preuves.  Les résidents de Téhéran sont en danger, a affirmé le dirigeant israélien, conseillant à ces derniers de faire l’acquisition, « pour quelques dollars sur Amazon », d’un appareil de mesure de la radioactivité.  Par ailleurs, les autorités iraniennes ont encore beaucoup de travail pour évacuer intégralement le site, a affirmé le Premier Ministre, car il contient au moins 300 tonnes de matériels et matériaux nucléaires.

Pourquoi l’Iran a-t-il conservé des archives atomiques et un entrepôt atomique secret? s’est interrogé M. Netanyahu, ajoutant que, lorsque la Libye et l’Afrique du Sud avaient renoncé à leur programme nucléaire, ils avaient commencé par détruire les archives.  L’Iran ne l’a pas fait et c’est bien la preuve qu’il n’a pas renoncé à son ambition de se doter de la bombe atomique.  « Ça n’arrivera pas, Israël ne les laissera pas faire », a-t-il mis en garde.

Le Premier Ministre a appelé le Directeur général de l’AIEA à inspecter ce nouvel entrepôt secret sans plus tarder, avant que les Iraniens n’aient fait place nette.  Tant que vous y êtes, a-t-il dit, en direction du Directeur général, allez également inspecter les autres sites dont nous vous avons parlé et dites-nous, une bonne fois pour toutes, la vérité sur l’Iran.

Il y a trois ans, a poursuivi le Premier ministre, j’ai posé une question depuis cette même tribune:  croyez-vous vraiment que couvrir la théocratie iranienne d’armes et de liquidités mettra fin à leurs ambitions?  Nombreux étaient pourtant, selon lui, ceux qui croyaient à l’époque que l’ouverture allait inciter le régime iranien à devenir plus modéré.  En réalité, a affirmé M. Netanyahu, l’Iran a utilisé cet argent pour alimenter son « énorme machine de guerre » en Iraq, à Gaza, en Syrie, au Liban et en Arabie saoudite.  « Est-ce cela la modération?  Est-ce cela la paix? » a-t-il demandé, avant d’ajouter que l’entreprise de déstabilisation iranienne s’étendait aussi en dehors du Moyen-Orient.  Le mois dernier, a affirmé M. Netanyahu, des agents iraniens ont été arrêtés pour avoir comploté des attentats terroristes aux États-Unis et en Europe.

Face à cela, a-t-il regretté, l’Europe continue de soutenir l’accord sur le nucléaire iranien.  La même semaine où l’Iran a été pris la main dans le sac, en train d’essayer de tuer des citoyens européens, a-t-il dit, les dirigeants européens ont proposé d’ouvrir leur portefeuille.  En tant qu’enfant d’historien, a-t-il déclaré, je dois poser la question: les dirigeants européens n’ont-ils rien appris de l’histoire?

M. Netanyahu a ensuite accusé l’Iran d’armer les terroristes à Gaza.  Au Liban, a-t-il ajouté, l’Iran ordonne au Hezbollah de construire des sites cachés pour transformer des projectiles rudimentaires en missiles précis, capables selon lui d’atteindre des cibles au cœur d’Israël avec une précision de 10 mètres.  Trois de ces sites de conversion de missiles, a-t-il affirmé photo à l’appui, sont placés le long de l’aéroport international de Beyrouth.  J’ai un message à faire passer au Hezbollah, a déclaré le Premier Ministre: « Israël sait aussi ce que vous êtes en train de faire et où vous le faites.  Nous exigerons que vous rendiez des comptes. »

Le dirigeant israélien a ensuite démenti ceux qui pensaient que les nouvelles sanctions américaines imposées à l’Iran n’auraient qu’un impact limité.  Il y a un an, a-t-il dit, l’économie iranienne était en pleine expansion.  Désormais, selon lui, l’économie iranienne et sa monnaie s’effondrent.  Imaginez ce qui va se produire avec les nouvelles sanctions américaines en novembre prochain? s’est interrogé M. Netanyahu, avant d’ajouter que le peuple iranien, bien loin de soutenir leurs dirigeants, se retournait désormais contre le régime des ayatollahs. 

Plutôt que de « cajoler les dictateurs iraniens », le Premier Ministre a appelé l’Europe à rejoindre Israël et les États-Unis dans leur lutte contre l’Iran.  Il a dans le même temps remercié le Président américain, M. Donald Trump, et son pays pour leur soutien indéfectible à Israël, comme en témoigne, selon lui, notamment la dénonciation américaine du manque d’impartialité de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et du Conseil des droits de l’homme de l’ONU vis-à-vis d’Israël.

« Je me dois de vous faire un aveu », a ensuite déclaré le Premier Ministre.  Cela va peut-être vous surprendre, a-t-il dit, mais je dois reconnaître que l’accord iranien a eu une conséquence positive: Israël et de nombreuses nations arabes ont pu se rapprocher et nouer « des liens d’amitié et de complicité » qui auraient été « inimaginables » il y a quelques années, contre la menace d’un ennemi commun.  Il a dit se réjouir à l’avance d’étendre la paix au-delà de l’Égypte et de la Jordanie, à d’autres nations arabes voisines, y compris les Palestiniens.  « Je me réjouis de travailler avec Donal Trump pour y parvenir », a-t-il dit.

M. Netanyahu s’en est ensuite pris aux Nations Unies, qui accusent selon lui régulièrement Israël de racisme, d’apartheid et d’épuration ethnique.  « C’est toujours le même vieil antisémitisme, qui a simplement un nouveau visage et rien de plus », a-t-il affirmé.  Jadis, c’était les Juifs qui étaient persécutés, a-t-il affirmé.  « Aujourd’hui, c’est l’État juif qui est traîné dans la boue ».  À ses yeux, l’ONU taxe Israël de racisme pour avoir fait de l’hébreu sa langue nationale et pour avoir fait de l’étoile de David son drapeau.  « C’est une aberration », a-t-il lancé, ajoutant que, dans cette même enceinte, près de 100 pays n’ont qu’une seule langue officielle, alors même que de nombreuses minorités ethniques résident sur leur territoire.  « Nombreux sont ceux qui s’opposent encore à ce qu’Israël ait un État nation », a tranché le Premier Ministre.

S’agissant des Palestiniens, M. Netanyahu a accusé le Président Mahmoud Abbas de financer des terroristes qui assassinent des Juifs.  « Et après ça, vous nous traitez de racistes?  Ce n’est pas comme cela qu’on fait la paix », a-t-il mis en garde.  Le Premier Ministre a réaffirmé qu’Israël était un État juif, doublé d’une démocratie garantissant l’égalité des droits individuels de tous ses citoyens, qu’ils soient juifs ou musulmans.  Dans le reste du Moyen-Orient, où, selon le Premier Ministre, les minorités sont persécutées et les femmes sont maltraitées, « cela ne va pas de soi ».

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a affirmé d’emblée que les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales.  « Défendre une approche mondiale ne signifie pas pour autant que l’on aime son pays moins que les autres », a précisé le Ministre, expliquant qu’au contraire cela signifie qu’en travaillant ensemble on peut éviter que la doctrine de la loi du plus fort ne s’impose.  Pour trouver des solutions, il faut communiquer et se comprendre les uns les autres, ce qui permet de faire face aux problèmes de manière unie plutôt que dans la division ou seul.  Le Ministre s’est dit préoccupé par la tendance actuelle de certains pays de vouloir réagir « à l’intérieur de leurs frontières », affirmant qu’il n’existe pas de solutions locales à des questions mondiales au risque de conduire à l’implosion.  Au titre de ces menaces mondiales, il a cité la pollution par le plastique des mers et des océans et les phénomènes migratoires, deux questions auxquelles Malte est directement confrontée.  Pour être au centre de la Méditerranée, sur la route entre l’Afrique du Nord et l’Europe, Malte a accueilli des milliers de migrants au cours des quatre dernières années, a expliqué le Ministre, ajoutant que l’île a fait face à toute la complexité du phénomène bien avant qu’il ne fasse la une des journaux en Europe.  Quoiqu’en baisse, ce phénomène continue de préoccuper la population de Malte et beaucoup reprochent à la communauté internationale de n’avoir pas su trouver des solutions. 

Pour le Ministre, une approche unifiée permettrait d’arrêter les activités des gangs criminels de trafiquants de migrants, notamment en s’attaquant à leurs efforts de recrutement en ligne, leurs méthodes de paiement ainsi qu’à leur capacité d’acheter des bateaux.  Malte fait partie des pays qui ont le plus grand nombre de demandeurs d’asile par habitant, a souligné le Ministre, rappelant que malgré cela, sa réponse humanitaire reste pleinement conforme à ses engagements internationaux et appelant dans la foulée les autres États et acteurs non étatiques à faire de même.  Au cours des dernières semaines, et en raison du non-respect de ces règles par les autres, Malte a été obligée de réunir des nations qui partagent « sa conscience humanitaire » pour offrir refuge à des migrants à la dérive « sans en avoir l’obligation légale », a précisé le Ministre, martelant que « quand on peut compter sur la solidarité, il est possible de trouver des solutions à des questions complexes ».  Il a plaidé pour des accords institutionnels à la Bretton Woods entre les membres de l’Union européenne pour répondre et gérer collectivement les migrations, saluant au passage l’adoption imminente du pacte mondial sur les migrations qu’il a décrit comme un jalon important, mais « pas la fin de la route ».

Pour répondre aux défis actuels et regarder l’avenir, Malte est un fervent défenseur des économies digitales et du potentiel des nouvelles technologies, quoique consciente des problèmes que cela peut soulever.  À ce titre, le Ministre a mis l’accent sur la question de « la nature du travail de demain »: comment le concevoir et comment le rémunérer, comment maximiser son efficacité et quels nouveaux filets de sécurité doivent être mis en place par les États.  « C’est une conversation qui vient tout juste de commencer, mais qui va façonner le débat public tout au long de notre vie », a-t-il prédit.

M. MAMUKA BAKHTADZE, Premier Ministre de la Géorgie, a dénoncé l’occupation, il y a 25 ans aujourd’hui, de la « partie historique » de la Géorgie, avant le début, il y a 10 ans, d’une nouvelle « agression militaire » par la Fédération de Russie.  Du fait du « nettoyage ethnique » en cours, 10% de la population des régions de l’Abkhazie et de Tskhinvali demeure déplacée, s’est insurgé le Premier Ministre.  Déplorant la situation humanitaire et socioéconomique « désastreuse » dans ces régions, il a ajouté que la population est en diminution constante. 

Pour lui, l’intervention militaire de la Russie n’a pas pour motif la défense des intérêts de la population locale mais bien l’implantation de bases militaires sur le territoire de la Géorgie.  L’appui de la communauté internationale est d’une importance vitale, a considéré M. Bakhtadze, pour qui la protection des droits de l’homme et de l’état de droit est la seule façon d’assurer la paix et la sécurité internationales. 

Le Premier Ministre a exhorté la Russie à remplir ses obligations découlant du cessez-le-feu conclu en 2008, avec la médiation de l’Union européenne, et à quitter le territoire de son pays.  Après avoir réitéré son engagement à participer aux pourparlers de Genève, sous l’égide des Nations Unies, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de l’Union européenne, il a parlé d’une nouvelle initiative destinée à améliorer les conditions des vies des personnes vivant dans les territoires occupés.  S’adressant directement aux populations de ces régions, il s’est engagé à protéger les droits de tous les citoyens géorgiens.

Retraçant le chemin parcouru par son pays depuis la « restauration » de son indépendance, il s’est félicité des progrès réalisés par la Géorgie dans la « consolidation démocratique ».  Il s’est engagé à poursuivre les réformes entreprises dans les domaines de l’éducation, du développement durable, du système judiciaire, de la liberté de presse et des droits de l’homme.

M. Bakhtadze a déclaré en terminant que les relations entre la Géorgie et l’OTAN sont devenues « très dynamiques », un reflet, selon lui, de la contribution de son pays à « l’architecture internationale de la sécurité ».

Après avoir exprimé sa gratitude à l'Assemblée générale pour avoir procédé à une minute de silence en la mémoire du Président du Viet Nam disparu Nam Tran Dai Quang, M. NGUYEN XUAN PHUC, Premier Ministre du Viet Nam, a loué les Nations Unies, « grande organisation multilatérale », pour son « rôle énorme » dans la préservation de la paix dans le monde sous l’égide de sa Charte.  Il en a énuméré les succès: Convention sur l’interdiction des armes nucléaires, réformes des Nations unies; réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement; Programme de développement durable à l'horizon 2030. 

Compagnon de route de longue date des Nations unies, le Viet Nam déclare soutenir sans faille son système multilatéral.  Fort d’une croissance de plus de 6% au cours des 20 dernières années, le Viet Nam revendique sa place parmi les principaux pays exportateurs de produits alimentaires.  Depuis 2010, a expliqué le Premier Ministre, nous sommes devenus un pays en développement à revenu intermédiaire.  Le niveau des près de 100 millions de Vietnamiens a considérablement augmenté, notamment grâce à la multiplication des accords de libre-échange avec les pays du monde entier.

M. Phuc a mis en avant les efforts du Viet Nam en matière de justice, de développement durable, de protection de l’environnement et d’avancement des minorités.  « Nous sommes un des rares pays à réaliser avant la date butoir tous les objectifs du Millénaire pour le développement en avance, en particulier la réduction de la pauvreté ».  La Charte, a dit le Premier Ministre, reste un guide constant de la politique vietnamienne.  Concernant le règlement du conflit territorial en mer de Chine méridionale, le Viet Nam préconise une solution basée sur les directives de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982.

Pour le Viet Nam, a dit le Premier Ministre, l'usage ou la menace de la force est tout simplement une menace pour la paix, tout comme les changements climatiques et la pauvreté.  « Aucune nation du monde ne peut traiter ces problèmes seule, a fait remarquer le Premier Ministre, qui a souhaité que la réponse à ces défis soit collective et qu’un concept de « responsabilité duale » soit adopté de manière universelle.  En substance, il signifie que « chaque nation prenne davantage de responsabilités pour s'attaquer aux problèmes globaux », et que « chaque individu prenne davantage de responsabilités en tant que citoyen du monde ».

M. ANDREW HOLNESS¸ Premier Ministre, Ministre de la défense, de la croissance économique et de la création d’emplois de la Jamaïque, a dit que la croissance économique durable et inclusive et la création d’emplois sont des tâches difficiles pour son pays qui continue de faire face à un environnement économique mondial incertain et volatile.  Les défis des changements climatiques et les graves événements climatiques ont aussi eu un réel impact sur le rythme du développement.  En dépit de ces nombreux défis, la Jamaïque développe un consensus politique et social pour poursuivre sa politique d’indépendance économique.  Le pays renforce ses partenariats traditionnels et en noue de nouveaux avec ceux qui ont des vues similaires sur des problèmes trop grands pour être résolus isolément.  Le G7, le BRIC ou le G20 sont des lieux de choix pour traiter des problèmes auxquels font face les économies faibles. 

Le Premier Ministre a réclamé des stratégies efficaces pour renforcer le système financier international et identifier les sources de financement pour la mise en œuvre du Programme 2030 et des mesures d’adaptation et de résilience contre les changements climatiques et les catastrophes naturelles.  Le Premier Ministre a regretté que deux ans avant la date limite fixée par la Conférence de Copenhague pour mobiliser 100 milliards de dollars par an, les choses en soient encore là. 

Le Premier Ministre a réitéré son appel aux institutions financières internationales pour qu’elles sortent les pays du « piège du revenu intermédiaire » et pourquoi pas par une initiative spéciale en faveur des pays à revenu intermédiaire très endettés.  Il a espéré que la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur ces pays, prévue vers la fin de cette année, trouvera des solutions à ces questions.  En attendant, la Jamaïque continuera de travailler avec ses partenaires comme le Canada pour offrir une plateforme dans laquelle les pays peuvent parler directement avec les acteurs du secteur privé, les institutions de développement et les régulateurs. 

En Nouvelle-Zélande, « faire cavalier seul », n’est pas une option, a affirmé Mme JACINDA ARDERN, Première Ministre de Nouvelle-Zélande.  Au vu des nombreux défis auxquels nous faisons face, dont la plupart sont de dimension internationale, la nécessité d’une action collective et multilatérale n’a jamais été aussi évidente, a souligné Mme Ardern.  Aujourd’hui, dans nos débats et dans nos dialogues, nous sommes contraints de défendre l’existence même de nos institutions internationales au lieu d’en relever la pertinence et l’importance pour les questions de l’heure.  C’est le cas des changements climatiques, a-t-elle poursuivi, soulignant que, pour ceux qui vivent dans le Pacifique Sud, l’impact des changements climatiques n’est pas une question académique ou même discutable: elle se vit!  Elle a mis en garde contre le prix de l’inaction.  Toute désagrégation du multilatéralisme ou atteinte aux objectifs fixés en matière climatique ne seront pas de simples notes apposées en bas de page de l’histoire mais bien une véritable catastrophe, a-t-elle averti.  C’est pourquoi, en Nouvelle-Zélande, l’heure est à l’action: « nous ne délivrerons plus de permis d’exploiter les hydrocarbures en mer ».  De plus, la Nouvelle-Zélande a fixé l’objectif « 100% d’énergie renouvelable à l’horizon 2035 », en plus de la mise en place d’un fonds pour les infrastructures vertes afin d’encourager l’innovation.  Le pays a aussi lancé une initiative de planter un milliard d’arbres au cours des 10 prochaines années.  C’est un programme ambitieux mais imposé par les changements climatiques.

Ces derniers doivent donner lieu à un « cri de ralliement », a plaidé la Première Ministre.  Les institutions internationales pour lesquelles nous nous sommes engagés ne sont pas parfaites, mais elles peuvent être réparées.  Ensemble, nous devons reconstruire et réaffirmer notre engagement en faveur du multilatéralisme, a insisté Mme Ardern, soulignant qu’étant au cœur de ce système multilatéral, l’ONU doit ouvrir la voie.  Elle a fait part de son ferme soutien aux efforts du Secrétaire général pour rendre les Nations Unies plus efficaces, plus réactives et plus modernes pour relever les défis d’aujourd’hui.  « Nous l’encourageons à se montrer ambitieux et nous nous tenons à ses côtés », a-t-elle dit tout en exhortant les États Membres à accompagner ces changements, à travers notamment une réforme du Conseil de sécurité.  Revitaliser notre système international passe également, a-t-elle conclu, par le renouvellement de notre engagement en faveur de nos valeurs universelles.      

Selon le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. RALPH E. GONSALVES, les leçons de l’effondrement « cataclysmique » de l’ordre économique, il y a 10 ans, ont été « déformées et manipulées », avec un effet « désastreux ».  Les difficultés économiques qui en ont découlé ont poussé les pays à se replier sur eux-mêmes et à abandonner les aspects les « plus nobles » de la coopération internationale, provoquant la montée du populisme et de l’intolérance.  « Les murs ne peuvent remplacer les ponts, et l’isolationnisme ne peut remplacer la coopération », a-t-il relevé.  Malgré ses « failles systémiques », l’ONU demeure la seule institution dotée de la capacité et de l’autorité nécessaires pour relancer la coopération mondiale pour le bien du plus grand nombre, a considéré M. Gonsalves. 

Les principes de non-intervention et de non-ingérence revêtent une importance particulière pour les petits États insulaires en développement, qui ne disposent pas de forces militaires conséquentes, a-t-il noté.  Il s’est insurgé devant les « assauts interventionnistes » contre Cuba et le Venezuela, et a appelé à la reprise du dialogue avec les États-Unis.  M. Gonsalves a mis en garde contre une intervention « injustifiée et illégale » contre le Gouvernement élu démocratiquement du Venezuela, prônant la mise en place d’une mission de réconciliation plutôt que des sanctions.

Estimant que les changements climatiques représentent une menace « existentielle » qui doit être combattue collectivement, il a décrié les accords sur le climat « vacillant vers l’insignifiance » en raison du mépris des plus grands émetteurs.  Pendant ce temps, les inondations, les sécheresses et les glissements de terrain continuent de provoquer des pertes en vies et des dégâts matériels dans toute la région, a dit le Premier Ministre, avant d’appeler à la reconnaissance de « l’exceptionnalisme » des petits États.  Il faut résister à « l’inconscience » des grands émetteurs, a poursuivi M. Gonsalves, qui a demandé le financement urgent et adéquat des mesures de résilience et d’adaptation. 

Pour sa part, Saint-Vincent-et-les Grenadines a intégré les objectifs de développement durable à ses plans de développement nationaux, a continué le Premier Ministre, en mettant l’accent sur l’énergie propre, la croissance économique et la biodiversité.  Il faut toutefois aller au-delà des mots, a-t-il prévenu.  Il a donc demandé un dialogue de haut niveau sur les mécanismes d’aide au développement.  Il s’est insurgé contre le « spectre des guerres commerciales », « impérialisme insidieux », qui constitue selon lui une « violation flagrante » du « droit au développement ».

Malgré sa participation aux activités des Nations Unies, il a considéré que la voix des petits États, y compris les petits États insulaires en développement, a toujours été passée sous silence au Conseil de sécurité.  C'est pourquoi la candidature de son pays a été endossée par les États Membres de la Communauté des Caraïbes, qui demandent que la composition du Conseil soit le reflet des réalités actuelles.  Il a estimé en terminant qu’il n’existe aucune raison pour laquelle l’ONU continue de refuser à Taiwan le droit de participer aux travaux de ses agences.

Je pourrais m’abstenir de faire un discours, a déclaré M. PETER M. CHRISTIAN, Président de la Micronésie, tant les deux orateurs précédents ont déjà énoncé tout ce que je souhaitais dire.  Mais, a-t-il ajouté, dans l’hilarité générale, je suis bien obligé de justifier mes frais de déplacement.

Après ce bref moment de légèreté, M. Christian a d’emblée dénoncé l’ordre mondial actuel, selon lui toujours régi par « la loi du plus fort », cependant que les plus petites économies, comme celles de la Micronésie, sont considérées par les pays riches comme de vulgaires « butins », des « trophées de guerre » ou encore des « dommages collatéraux ».

Le Président a appelé à améliorer les Nations Unies pour en faire une instance capable de remettre en cause la « guerre économique impérialiste » que se livrent les puissants, au détriment des petits.  « Nous devons adopter un comportement plus progressiste pour prendre en main nos propres affaires », a-t-il insisté. 

Abordant la question des changements climatiques, le Président a souligné que les Petits États insulaires du Pacifique, dont la Micronésie fait partie, seraient les premiers à disparaître de la surface de la terre.  Dans ce cadre, il a plaidé en faveur de la mise en œuvre du Protocole de Montréal, signé en 1987, pour lutter contre les émissions de substances qui appauvrissent la couche d'ozone.  M. Christian a appelé les pays qui n’ont pas encore ratifié l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal sur l’élimination des hydrofluorocarbures, à le faire et à mettre en œuvre les mesures qui s’imposent pour sauver la planète.  Le Président a en outre jugé que l’Accord de Paris sur le climat, s’il présente des lacunes évidentes, demeure le meilleur instrument dont dispose la communauté internationale.  Il s’est par conséquent déclaré déçu de voir certains pays se retirer de l’Accord.

Les petits États insulaires comme la Micronésie, a-t-il poursuivi, sont particulièrement attachés à la préservation des ressources marines, dont ils tirent l’essentiel de leurs revenus.  Il a donc salué l’engagement des nations du Pacifique à conclure des accords. 

L’ONU, a-t-il ajouté, doit se hisser à la hauteur des nouvelles menaces telles que les changements climatiques.  Or, le Conseil de sécurité n’a toujours pas examiné la question.  Si la Micronésie siégeait au Conseil, a-t-il affirmé, elle ferait un bien meilleur travail que certains des membres actuels.  Dans cette perspective, le Président a estimé que le Conseil devrait mieux refléter les réalités géopolitiques actuelles.

S’agissant du développement durable, le Président a estimé que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui est censé aider les petits États insulaires en développement du Pacifique à mettre en œuvre le Programme 2030, devrait renforcer sa présence dans la région pour être mieux à même de remplir sa mission.

Enfin, M. Christian s’est dit encouragé par les initiatives récentes visant à instaurer la paix dans la péninsule coréenne et, par conséquent, à améliorer la sécurité et la stabilité de la région du Pacifique.

M. JOSÉ MÁRIO VAZ, Président de la Guinée-Bissau, a déclaré que nous vivons dans un village mondial où tout le monde est responsable et pas seulement de ce qui se passe à l’intérieur de son territoire.  La politique nationale d’un pays peut affecter tous les autres et cela exige le respect du principe de responsabilité partagée.  À cet égard, le Président a abordé la question de la réforme du Conseil de sécurité qui, pour assoir sa légitimité, doit assurer une meilleure représentation du continent africain. 

S’agissant de la situation dans son pays, le Président a rappelé que les recommandations de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont été mises en œuvre, comme en témoignent la formation d’un Gouvernement d’union nationale, l’ouverture de l’Assemblée nationale, la prorogation du mandat des membres de la Commission nationale électorale et l’adoption du programme du Gouvernement dont le budget de l’État.

Pour la première fois dans l’histoire de la démocratie bissau-guinéenne, la session de l’Assemblée nationale est arrivée à son terme sans être interrompue par un coup d’État ou un autre incident du même acabit.  En conséquence, le 30 août dernier, le Conseil de sécurité a pris note de la consolidation de la stabilité politique.  Le Président a d’ailleurs appelé ce dernier, au nom de la justice et l’harmonie nationale, à lever les sanctions imposées contre des officiers de l’armée.  Ces décisions attendues depuis longtemps contribueraient à consolider les institutions démocratiques et à instaurer une paix durable dans notre pays, a souligné le Président. 

M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores, a voulu que l’on mène, cette année, les réformes « tant souhaitées » des principaux organes de l’ONU, dont le retard crée un sentiment d’injustice et de frustration parmi les régions les moins représentées.  Ces réformes, a-t-il insisté, doivent être concrètes afin de retranscrire de façon équilibrée la réalité géopolitique actuelle, notamment vis-à-vis du continent africain.  Sur ce plan, le Président a réitéré l’adhésion de l’Union des Comores au Consensus d’Ezulwini, sur l’attribution d’au moins deux sièges permanents, assortis du droit de veto, à l’Afrique.

Sur le plan national, M. Assoumani a indiqué que des évènements majeurs avaient marqué cette année un tournant décisif dans l’évolution sociopolitique de son pays.  Le Président a ainsi rappelé qu’en février dernier, il avait organisé des assises nationales sur le bilan des 42 années d’indépendance de l’Union des Comores.  Selon lui, cette initiative, impulsée par la société civile, a bénéficié de l’accompagnement de son gouvernement, mais aussi de l’Union africaine (UA), de la Ligue des États arabes et de l’Organisation internationale de la Francophonie et l’ONU.

Les conclusions de ce forum, a poursuivi le Président, ont fait ressortir la nécessité de redéfinir un nouveau cadre institutionnel capable de mettre le pays sur la voie du développement durable.  C’est à cette fin, a-t-il affirmé, qu’un référendum constitutionnel a été organisé le 30 juillet, suite auquel une nouvelle Constitution comorienne a été adoptée.

Dans la lignée de cet évènement, M. Assoumani a dit avoir décidé d’écourter son mandat et d’organiser, « en vertu de la nouvelle Constitution et dans les délais impartis », des élections régionales et nationales anticipées.  Le Président a appelé les partenaires au développement et amis de l’Union des Comores à accompagner le pays pour que les scrutins puissent se dérouler dans « la paix, la concorde et la transparence ».

S’agissant de « l’île comorienne de Mayotte », M. Assoumani a indiqué que des soulèvements populaires avaient conduit, en mars dernier, « les autorités de fait » à procéder à des « expulsions massives » de Comoriens issus des trois autres îles de l’archipel.  Les conditions de leur refoulement ont obligé son gouvernement à s’opposer à cette « décision unilatérale », d’autant plus que bon nombre des personnes expulsées étaient des adolescents abandonnés, dont les parents avaient déjà été chassés de Mayotte par le passé dans des conditions similaires.  Après le refoulement de leurs parents, ces adolescents, a déploré M. Assoumani, sont devenus aujourd’hui une réelle menace non seulement pour l’île mais aussi pour le reste de l’archipel, voire de toute la région.

Pour le Président, l’origine de « l’incompréhension » entre la France et l’Union des Comores vient de cette situation, à laquelle s’ajoute le choc ressenti par les Comoriens des trois autres îles de voir les conditions de détention difficiles de leurs concitoyens à Mayotte.  Dans le même temps, M. Assoumani s’est dit attaché à régler cette « situation malheureuse » par la voie du dilogue avec la France, pays avec lequel il a souligné avoir des « liens historiques et culturels ».  Il a dit faire confiance aux autorités françaises pour contribuer à régler ce « contentieux tout à fait désagréable entre partenaires » et qui « n’a que trop duré ».

Le monde change et évolue.  Il exige que notre organisation s’y adapte pour apporter davantage de cohérence dans ses approches et réponses, a préconisé M. RIVO RAKOTOVAO, Président par intérim de Madagascar.  La réalisation des objectifs de développement durable est un chemin assuré non seulement pour asseoir le développement mais aussi pour lutter contre les inégalités et garantir les droits humains en vue de la promotion de l’inclusion sociale, condition sine qua non, selon lui, d’une paix durable.  M. Rakotovao a également appelé à faire de la préservation de l’environnement une priorité si « l’on aspire » à éliminer de façon plus effective la pauvreté extrême et à veiller à la durabilité et à la viabilité de notre planète.  Tout en saluant l’initiative du Secrétaire général de convoquer l’année prochaine un sommet sur les changements climatiques, il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux pays en développement.  Il a également plaidé en faveur de la condition des femmes et des filles qui « demeurent la centralité du devenir de l’humanité ».  Il a, par ailleurs, évoqué la question de la santé, offrant l’expérience concluante de son pays qui à force de « persévérer » et avec l’appui des partenaires, a pu mettre en œuvre un système de couverture sanitaire universelle.  Il a, en outre, souligné, non sans fierté, qu’avec le soutien de toute la famille des Nations Unies, Madagascar a été déclaré « cette année exempt de poliomyélite ».

Abordant la situation intérieure de son pays, il a indiqué que la « période que nous vivons aujourd’hui dans le pays témoigne en tout cas d’une volonté certaine de consolider les avancées du pays en matière de démocratie ».  Il a ajouté que parallèlement à cette phase « marquante de son apprentissage de la démocratie, le pays a pu rétablir l’équilibre macroéconomique.  Toutes les données témoignent d’une stabilité et d’une croissance révélatrices et méritent d’être soutenues et consolidées.  Cependant, a-t-il nuancé, Madagascar se trouve encore en « difficulté », rappelant que le pays ne pouvant plus être l’otage d’une « crise politique », et en conformité avec les dispositions de la Constitution, M. Hery Rajaonarimampianina Rakotoarimanana, Président de la République, a déposé sa démission.  Madagascar « sollicite » de tous les partenaires au développement un soutien dans le processus électoral actuellement en cours et dont l’issue est « source d’espérance pour le peuple malagasy », a conclu le Président.

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a déploré la disparition de Kofi Annan, « bâtisseur de la paix et véritable humaniste », avant de décrire un monde en proie à des problèmes complexes, « où les instabilités et les conflits sont toujours omniprésents », « où l’extrême pauvreté et les inégalités persistent » et où le nationalisme obtus prend souvent le dessus.

« En des temps semblables, la tendance est à tort de vouloir se tourner vers un leadership doté de superpouvoirs », a ironisé le Vice-Président.  Mais nul besoin d’appeler « les Avengers » ou la « Ligue des Justiciers ».  Nous, au sein de cette Assemblée, nous sommes les décideurs du monde.  Ensemble, nous avons le pouvoir des superhéros.  Nous devons exploiter notre volonté, notre courage, notre force, notre compassion, notre altruisme et notre humilité, a-t-il enchaîné.

Le Vice-Président a plaidé pour un écosystème de paix, de stabilité et de prospérité, et s’est dit impatient que son pays intègre le Conseil de sécurité, l’an prochain, en tant que membre non permanent.  La région Asie-Pacifique est en paix depuis cinq décennies, a remarqué le Vice-Président, et dans un contexte géopolitique toujours plus instable, il a souhaité que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’intègre dans une aire indo-pacifique plus étendue.  « Avec les pays de l’ASEAN, nous parions sur le rassemblement des régions Inde et Pacifique dans un seul théâtre géostratégique. »

Regrettant que la réalisation de certains objectifs de développement durable aient pris du retard, le Vice-Président a voulu que le rythme s’accélère et que des décisions fortes soient prises en matière de financement, de renforcement des capacités et de transfert de technologie.

Enfin, il a fermement condamné toutes velléités séparatistes dans son pays et ceux qui les soutiendraient.  « L’Indonésie ne laissera aucun pays saper sa souveraineté territoriale », a prévenu le Vice-Président.  « Je répète: elle défendra fermement son intégrité territoriale. »

M. DANIEL KABLAN DUNCAN, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a déclaré que les défis et incertitudes auxquels notre monde est confronté aujourd’hui doivent amener les États Membres à avoir la même perception du rôle central et de l’utilité des Nations Unies dans la formulation de notre réaction collective.  « Ils doivent donc résolument se réapproprier l’Organisation universelle afin qu’elle demeure une organisation pour tous », a-t-il affirmé, en soulignant que l’une des priorités consiste à redonner aux Nations Unies toute son autorité morale.  Dans cette perspective, son pays estime qu’il est désormais temps de réformer le Conseil de sécurité afin qu’il soit le plus représentatif du monde actuel et plus efficace.  Selon M. Duncan, seul un Conseil réellement uni peut permettre à l’ONU de régler efficacement les grandes questions sécuritaires, telles que la lutte contre la prolifération nucléaire, le terrorisme, les crimes de masse et des crimes contre l’humanité.  Dans le même temps, nous devons convenir que la lutte contre le réchauffement climatique ne sera réussie que si nous acceptons de reconnaître qu’il s’agit d’une menace à la paix et à la sécurité internationales.

La responsabilité des Nations Unies pour un nouvel engagement en faveur de l’action devrait continuer à s’élargir au principe de la « responsabilité de protéger », qui est devenue une norme de droit international adoptée par tous les États Membres lors du Sommet mondial de 2005.  Poursuivant, le Vice-Président a déclaré qu’il faut se rendre à l’évidence qu’aucun système de sécurité collective ne sera viable si l’on ne cherche pas à éradiquer les principales causes des troubles sociopolitiques qui ont lieu dans nombre d’États, notamment l’extrême pauvreté.  C’est pourquoi la Côte d’Ivoire a invité la communauté internationale à appliquer les résolutions pertinentes adoptées au cours de ce « cycle » de conférences thématiques qui consacrent le refus d’une paupérisation généralisée et doivent permettre de lutter contre l’analphabétisme, les maladies endémiques, la famine, la malnutrition et toute autre disparité.  Pour sa part, Abidjan s’est donné les moyens au travers du deuxième plan national de développement 2016-2020, en vue de mobiliser les ressources nécessaires à hauteur de 60 milliards de dollars.  Évoquant en conclusion les défis migratoires, M. Duncan a estimé que pour y répondre, il fallait un engagement aussi bien des pays d’origine, des pays de transit que des pays d’accueil.

Saluant l’élection d’une femme à la tête de l’Assemblée générale, Mme EPSY CAMPBELL BARR, Vice-Présidente du Costa Rica, a souligné que son pays copréside avec le Royaume-Uni le Groupe des champions pour l’autonomisation économique des femmes.  Depuis 2017, s’est enorgueillie la Vice-Présidente, des policières costariciennes participent en tant qu’observatrices internationales à la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.  Le Costa Rica n’a pas d’armée, a-t-elle rappelé, et ses décisions ne passent pas par la modernisation d’arsenaux ni par son implication dans des alliances militaires stratégiques.  Au contraire, le pays s’attache au développement durable dans ses trois dimensions: sociale, économique et environnementale.  Mme Campbell Barr a défendu « une culture de la paix », fondée sur la promotion de la justice, la participation démocratique, les droits de l'homme et l’éducation.

« La situation au Nicaragua ne peut pas durer », a déclaré par ailleurs la dirigeante.  Le dialogue est suspendu et le Gouvernement a expulsé la mission du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l'homme.  La situation dans ce pays, a-t-elle averti, risque l’escalade, avec un impact direct sur la stabilité et le développement de l’Amérique centrale.  Elle a appelé la communauté internationale et le Secrétaire général à recourir à la diplomatie préventive et à la médiation face à ces graves évènements.  « Lorsqu’il s’agit de la vie et de la dignité des personnes, le silence fait de nous des complices! »

Passant à la situation au Venezuela, Mme Campbell Barr s’est inquiétée du manque de respect pour l’état de droit et les violations des droits de l'homme.  Elle a encore appuyé les efforts entrepris au sein du Conseil des droits de l’homme, et réitéré son engagement à surmonter de manière pacifique la grave crise que traverse ce pays.

Plaidant ensuite pour une vision commune, complète et à long terme sur le phénomène de la mobilité humaine, la Vice-Présidente s’est félicitée de l’adoption prochaine des pactes mondiaux pour les migrations et sur les réfugiés.  Elle a aussi mis l’accent sur la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024), avant de saluer la proclamation de la Décennie de l’agriculture familiale (2019-2028).

La dirigeante a souhaité que son pays, classé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, puisse continuer d’accéder au financement pour relever les défis structurels qui continuent d’entraver son développement durable.  Dans le cadre de son pacte national pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable adopté en 2016, le Costa Rica applique aujourd’hui un plan de « décarbonisation » assorti d’une série de transformations technologiques, qui, espère-t-il, servira de laboratoire pour l’économie mondiale.  Enfin, Mme Campbell Barr a indiqué qu’elle a signé cette semaine « l’Accord d’Escazú » ou Accord régional sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice sur les questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes.  

Le Premier Ministre du Népal, M. K.P. SHARMA OLI, a déclaré que, depuis 2006, le Népal est parvenu, par le dialogue, à mener à bien un processus de paix unique.  Il s’agissait de restructurer l’État afin de restituer la souveraineté au peuple népalais, et de « consolider » les progrès réalisés au sein d’une Constitution démocratique, adoptée en 2015.  Selon lui, la Constitution du Népal, républicaine et fédérale, incarne les droits et libertés du peuple népalais et prévoit la séparation des pouvoirs, l’état de droit, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la représentation proportionnelle.  La mise en œuvre de la nouvelle Constitution s’est réalisée par la tenue d’élections fédérales, provinciales et locales, a précisé le Premier Ministre, et l’élection de 41% de femmes.  Ce succès « historique », qui met l’accent sur la justice sociale, a procuré au Népal la stabilité politique longtemps recherchée, a-t-il considéré, et prouvé que « le scrutin est plus fort que les balles ». 

Au terme de sa transition démocratique, le Gouvernement a mis en place une vision pour un Népal prospère, qui prévoit l’utilisation optimale de ressources naturelles et humaines, a poursuivi M. Oli.  Quant à la politique étrangère, il a déclaré qu’elle serait évaluée « au mérite » et sans a priori, tout assurant de son appui les peuples qui luttent pour leurs droits et leur liberté. 

Après trois ans, et malgré une économie performante, les efforts déployés pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 demeurent « insuffisants », a-t-il observé, ajoutant que les pays les moins avancés constituent le « champ de bataille » sur lequel se jouera son succès ou son échec.  Selon lui, seuls l’accès aux marchés, l’élimination des barrières commerciales, les investissements et les transferts technologiques peuvent contribuer à surmonter les obstacles structurels qui subsistent. 

Le fait que les pays les moins avancés soient les premiers à souffrir des effets des changements climatiques constitue une « désagréable ironie », a noté le Premier Ministre en se référant à la fonte des neiges sur les montagnes népalaises, véritables « châteaux d’eau du monde ».  « Nous devons agir de façon décisive pour assurer « la justice climatique », a-t-il poursuivi, tout en appelant à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de Paris.   

S’agissant de la réforme des Nations Unies, M. Oli a estimé que la restructuration en cours représente une occasion unique de renforcer les activités de développement tout en améliorant l’efficacité de la prestation des services.  Il a endossé la Déclaration sur les opérations de maintien de la paix, estimant que les pays contributeurs de troupes doivent avoir l’occasion d’occuper des postes de commandement.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre des Tuvalu, a salué le thème de cette session qui rappelle qu’aujourd’hui « nous avons plus que jamais besoin d’un leadership mondial responsable », un leadership qui valorise le multilatéralisme, la confiance et la responsabilité morale pour gagner le pari des objectifs de développement durable, et ceux relatifs aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement.  L’année 2018, a rappelé le Premier Ministre, a été marquée par la peur d’une guerre nucléaire, montrant par-là que certains n’ont rien appris des erreurs du passé.  En effet, le monde compte des armes nucléaires bien plus puissantes que celles qui avaient été lâchées sur Hiroshima et Nagasaki.  Dans le Pacifique, les essais nucléaires ont occasionné des dommages « inimaginables » à l’environnement et à la santé des populations.  Certaines des îles subissent les effets radioactifs, après plusieurs décennies.  Le Premier Ministre a prévenu que le succès des objectifs de développement durable dépendra de l’efficacité avec laquelle l’on s’attaquera aux changements climatiques car la tendance actuelle au réchauffement climatique annonce un avenir très sombre et particulièrement misérable pour les petits États insulaires en développement (PEID), en particulier les atolls comme Tuvalu.

Il faudra, a prévenu le Ministre, des investissements énormes dans les mesures d’atténuation et d'adaptation, « des investissements qui dépassent tout simplement nos capacités ».  Si l’Accord de Paris est une bouée de sauvetage, ses engagements ne sont que le tiers de ce qui est doit être fait pour éviter les conséquences « catastrophiques » des changements climatiques, lesquels sont « une menace directe pour notre existence et notre survie ».  Ils ne sont ni plus ni moins, a ajouté le Premier Ministre, qu’une « arme de destruction massive ».  L'ONU ne « peut et ne doit pas » laisser les plus grands pollueurs se dérober à leur devoir moral de réduire de toute urgence leurs émissions de gaz à effet de serre et de sauver les petits États insulaires comme Tuvalu avec une aide suffisante et adaptée.  Ce serait « une honte » pour l’humanité de voir des îles comme Tuvalu disparaître.  « Tuvalu ne cèdera jamais.  Nous nous battrons pour protéger et sauver notre île, notre peuple, notre culture et notre avenir », a promis le Premier Ministre.  

Je peux ressentir la souffrance des peuples, qui, dans le monde entier, sont persécutés, ou expulsés de leurs habitats, comme les Rohingya, a déclaré Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh.  Il est impossible, a-t-elle prévenu, d’édifier des sociétés justes et durables si l’on ignore ces situations.  Celle du Myanmar, a-t-elle dit, nous rappelle le génocide commis chez nous par les forces d’occupation pakistanaises en 1971, lors duquel près de 3 millions de Bengalis ont été tués et 10 millions ont dû s’enfuir en Inde.  « Nous sommes consternés par ce que les rapports de l’ONU nous disent, a poursuivi la Première Ministre, en appelant la communauté internationale à accorder toute l’importance requise à cette « injustice »:  plus d’un million de Rohingya ont fui au Bangladesh.  Nous essayons de les aider du mieux que nous pouvons mais les organisations internationales doivent nous aider à les reloger.  Comme l’origine de la crise vient du Myanmar, c’est aussi au Myanmar, a tranché la Première Ministre, de trouver la solution.  Elle a demandé l’application effective et immédiate des accords conclus entre le Myanmar et les Nations Unies.  Mme Hasina a aussi commenté le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qu’elle aurait souhaité plus vigoureux.  

Sur le plan national, elle s’est félicitée ce que la Banque mondiale ait inscrit son pays dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Nous sommes la quarante-troisième plus grande économie au monde, en termes de produit intérieur brut nominal et nous sommes maintenant reconnus comme un modèle de développement économique, s’est-elle enorgueillie.  La Première Ministre a aussi appuyé l’initiative de la Banque mondiale et de l’ONU sur l’eau, conformément au sixième objectif du Programme 2030.  

Le Premier Ministre a naturellement parlé de l’égalité entre les sexes, fière que son pays soit « probablement le seul pays au monde où tous les postes élevés au Parlement, Présidente de la Chambre ou chef de l’opposition, soient occupés par des femmes.  Soixante-douze pour cent des députés élus sont de femmes.  Mais le Bangladesh, qui compte une population de 160 millions d’âmes, fait partie des 10 pays les plus vulnérables aux changements climatiques.  Le pays est donc très attaché à l’Accord de Paris et consacre déjà 1% de son PIB aux mesures de résilience.  Le Bangladesh, que l’on décrivait comme un pays rongé par les catastrophes, les inondations et la famine, a fait des merveilles, a affirmé la Première Ministre.  Mon pays est un des pays asiatiques qui a dépassé de nombreux indicateurs de développement mais le voyage se terminera le jour où nous aurons un Bangladesh sans famine, sans analphabétisme et sans exploitation, a conclu la Première Ministre.

Alors que le monde fait aujourd’hui face à d’énormes défis, on nous demande d’agir et d’opérer de véritables changements, a déclaré M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement de l’Espagne.  « Le temps est venu de cultiver un leadership coopératif, fondé non seulement sur la volonté d’écouter les autres, mais aussi sur celle de comprendre leurs motivations. »  Personne n’a le monopole de la vérité, a ajouté le Président.  « Laissons derrière nous la décennie perdue de la crise économique », a-t-il lancé.  « Notre engagement a un nom, une date et des objectifs: le Programme de développement durable à l’horizon 2030. »

M. Sánchez Pérez-Castejón a rappelé que la dignité des êtres humains doit être au centre de toute action politique et que l’Espagne, qui est membre du Conseil des droits de l’homme jusqu’en 2020, appuie des initiatives qui renforcent les capacités de cet organe et du Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  Soucieux de la parité, le Gouvernement espagnol compte 60% de femmes.  M. Sánchez Pérez-Castejón a dit avoir rejoint le Cercle des dirigeants promu par le Secrétaire général pour combattre l’exploitation et les atteintes sexuelles dans les opérations de l’ONU. 

Le dirigeant a salué l’adoption prochaine du pacte mondial sur les réfugiés.  En dépit de la crise économique, la grande majorité de la société espagnole n’a jamais tourné le dos à la tragédie de la migration et ne s’est pas laissée radicaliser par la fièvre du discours xénophobe, a-t-il dit fièrement.  « Si nous accueillons un bateau à la dérive en Méditerranée, avec 630 personnes à son bord, ce n’est pas seulement parce que le droit international l’exige, c’est aussi parce que c’est un impératif moral », a-t-il insisté.  Dans le même esprit, M. Sánchez Pérez-Castejón a appuyé le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Plutôt que de voir les pays « comme des forteresses », nous défendons les concepts de solidarité, d’humanité et de respect.  Il a préconisé le dialogue et la coopération avec les pays d’origine et de transit, en particulier les pays africains.

En phase avec le Programme 2030, le Président a annoncé que l’Espagne va lancer sa propre stratégie nationale de développement durable: combattre la violence sexiste, la pauvreté infantile, la « pauvreté énergétique »; promouvoir les soins de santé universels; les subventions et les bourses scolaires pour des opportunités égales et les droits des travailleurs.  Un fonds de coopération pour l’eau et l’assainissement en Amérique latine et dans les Caraïbes a été créé, dans lequel plus de 800 millions d’euros ont été investis. 

Je viens d’un pays dont 40% de la surface est menacée de désertification, a averti M. Sánchez Pérez-Castejón, engagé dans la lutte contre les effets des changements climatiques.  Hier, a-t-il signalé, il a annoncé que l’Espagne rejoindrait la coalition intitulée « Vers la neutralité carbone ». 

S’agissant de la menace posée par le terrorisme, il a jugé cruciaux le combat contre ses réseaux de financement, la coopération policière et judiciaire internationale, et l’échange d’informations et de renseignements.  Mais, selon lui, il faut également lutter contre la haine et la violence qui trouvent un écho dans tant de forums. 

Avant de conclure son long discours, M. Sánchez Pérez-Castejón a appuyé le rôle de la Cour pénale internationale (CPI), l’initiative franco-mexicaine pour limiter le recours au droit de veto en cas d’atrocités de masse, et la réforme du système des Nations Unies lancée par le Secrétaire général.  Plus spécifiquement, a-t-il ajouté, la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne (UE) signifie que Gibraltar va aussi quitter l’Union; il a souhaité profiter de cette occasion pour établir « une nouvelle relation » entre son pays, l’UE et Gibraltar.

Mme ANA BRNABIĆ, Première Ministre de Serbie, a déclaré que son pays s’avance en tant que société prospère, dynamique, créative, innovante et ouverte au sein de l'Europe.  On me demande souvent, a dit Mme Brnabić, pourquoi l’accession à l’Union européenne est notre objectif principal.  La réponse est que l’Union est un projet de paix qui a réussi.  Nous voulons et nous devons en faire partie pour consolider la paix, la stabilité et la prospérité dans les Balkans, une région troublée du monde parfois appelée poudrière de l’Europe. »

La Première Ministre s’est dite fière de ce qui a été fait en Serbie durant ces quatre dernières années.  La Serbie est aujourd’hui l’un des pays à avoir la plus forte croissance économique en Europe, une croissance caractérisée par l’arrivée massive des investissements étrangers.  Nous avons aussi renforcé l’état de droit, reformé le secteur judiciaire, les médias, instauré un dialogue franc avec la société civile, consolidé les institutions de lutte contre le crime organisé et la corruption, et assuré une justice équitable pour tous.

S’agissant de la question de la Province autonome de Kosovo et Metohija, la Serbie, a souligné la Première Ministre, a essayé l’année dernière de fermer la « boîte de Pandore », ouverte il y a 10 ans par la déclaration unilatérale d’indépendance des autorités de Pristina.  La Serbie s’engage aujourd’hui pour la paix et se comporte comme un adulte, a poursuivi la Première Ministre.  Nous avons signé l’Accord de Bruxelles depuis plus de cinq ans et l’avons mis en œuvre.  Pristina l’a également signé mais n’a même pas appliqué un seul de ses mots.  « Nous continuerons d’insister sur la pleine mise en œuvre de l’Accord et la création de la communauté des municipalités serbes », a prévenu la Première Ministre, en promettant « tolérance et patience ».

Elle a demandé à la communauté internationale de continuer de soutenir les efforts que la Serbie a initiés.  Pour parvenir au progrès dans le dialogue, nous avons besoin d’un appui total et clair de la communauté internationale, a-t-elle dit avant de conclure.

M. RUHAKANA RUGUNDA, Premier Ministre de l’Ouganda, a déclaré que son pays consacre une « quantité raisonnable de temps et de ressources » à la mise en œuvre du Programme 2030, précisant que 76% des objectifs de développement durable ont été intégrés au plan national de développement 2015-2020.  Cependant, le défi principal demeure un financement inadéquat même si l’Ouganda fait de son mieux pour mobiliser des ressources intérieures et extérieures.  Le Premier Ministre a appelé les partenaires au développement à honorer leurs engagements, ce faisant, à accorder la priorité aux besoins spécifiques des pays les plus vulnérables.  Il a aussi appelé la communauté internationale à rechercher des solutions communes aux défis régionaux et mondiaux, comme les conflits, la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et l’extrémisme violent.

L’Ouganda, a poursuivi le Premier Ministre, reste attaché au multilatéralisme et estime que l’ONU doit devenir une organisation plus réactive et plus efficace si elle veut aider les États à réaliser les objectifs de développement durable.  Il est tout aussi essentiel que le Conseil de sécurité soit plus représentatif du monde actuel.

M. Ruhunga a ensuite parlé de la coopération Sud-Sud et, à l’approche de la Conférence ministérielle à Buenos Aires, il a souhaité que cette coopération soit élargie au commerce, aux investissements, aux infrastructures, au tourisme ou encore au maintien de la paix.  Justement, le Premier Ministre a estimé que l’ONU doit appuyer davantage les organisations régionales et sous-régionales.  Il s’est félicité de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans le cadre de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), notant que depuis son déploiement, il y a 11 ans, des progrès notables ont été constatés, dont la libération de plus de 80% des zones contrôlées auparavant par les Chabab.  Aujourd’hui, la menace de la piraterie au large de la côte somalienne a disparu.

Le Premier Ministre a donc jugé particulièrement important de veiller à ce que la réduction des effectifs de l’AMISOM corresponde au degré d’efficacité des forces de sécurité somaliennes.  Se tournant vers le Soudan du Sud, il s’est félicité de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit, dans le cadre de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à laquelle l’Ouganda appartient.  Le Premier Ministre est revenu à la situation de son pays qui abrite en ce moment 1,4 million de personnes, « un record mondial ».  Leur présence, a-t-il déploré, amplifie la vulnérabilité des communautés hôtes et épuise nos moyens.  Le Premier Ministre a dit attendre beaucoup du futur pacte mondial sur les réfugiés, en particulier ses dispositions sur un partage plus prévisible et plus équitable du fardeau.

M. LYONPO TSHERING WANGCHUK, Chef du Gouvernement par intérim du Bhoutan, a commencé sa déclaration en apportant son soutien aux réformes engagées par le Secrétaire général au sein de l’Organisation, qui devraient toutefois s’accompagner d’une réforme du Conseil de sécurité.  Il a ensuite annoncé que le Bhoutan est en voie de réaliser les objectifs de développement durable, conformément au modèle du « Bonheur national brut » adopté par son pays et qui fait du bien-être de la population la priorité des efforts de développement.  Le Bhoutan, a rappelé M. Wangchuk, est un petit pays sans littoral situé en plein cœur de l’Himalaya qui est aujourd’hui sur le point de quitter la liste des pays les moins avancés (PMA), après avoir mené à bien son second examen triennal au Comité des politiques du développement, en mars 2018.  Toutefois, le Bhoutan n’a toujours pas dépassé l’indice de vulnérabilité économique et continue de faire face à de sérieux défis en termes de diversité économique et d’exposition aux catastrophes naturelles.  Le Bhoutan espère quitter la liste des PMA de manière durable grâce à la consolidation de ses capacités productives et à une véritable résilience économique.  Le plan de développement national 2018-2023 est crucial à cet égard, puisqu’il s’agit du dernier plan du Bhoutan en tant que PMA. 

M. Wangchuk s’est attardé sur la question des changements climatiques, rappelant que son pays a été touché par des phénomènes extrêmes, comme des inondations jaillissant de lacs de glace, des précipitations, des vents violents et des glissements de terrains.  Il s’est toutefois dit rassuré de constater que les investissements consentis dans la protection de l’environnement portent des « fruits climatiques », se félicitant tout particulièrement de la couverture forestière qui s’étend sur 72,6% du territoire.  Enfin, le Chef du Gouvernement a abordé la situation politique dans son pays, expliquant que le second Gouvernement élu depuis la fin de la monarchie absolue en 2008 était parvenu au terme de son mandat en août dernier.  Les élections se tiendront donc le 18 octobre et « nous espérons que le prochain Gouvernement entrera en fonction au début du mois de novembre ».

M. ISMAËL OULD CHEIKH AHMED, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, a rappelé que son pays a contribué à travers la récente organisation du trente et unième sommet de l’Union africaine (UA) à une vision globale pour combattre ce phénomène afin de libérer les peuples africains de la pratique « détestable » de la corruption.  La Mauritanie, a-t-il dit, a déjà pris une batterie de mesures et, dans le même temps, lancé la modernisation de ses infrastructures de base, sans compter les réformes pour le développement rapide des mines et du pétrole.  Le Ministre a aussi parlé du développement d’un code des investissements ambitieux et de la mise en place d’une zone économique de libre-échange à Nouadhibou.  La croissance économique devrait grimper à 4%, l’année prochaine et pour infléchir l’impact négatif des changements climatiques sur cette croissance, la Mauritanie a adopté une politique nationale sur les énergies renouvelables et les tempêtes de sable.  Nouakchott abrite aujourd’hui le siège de l’Agence panafricaine de la Grande Muraille verte.  Sur le plan politique, M. Ould Cheikh Ahmed a évoqué le dialogue ouvert entre la majorité et l’opposition mais aussi la société civile, lequel a permis d’aboutir aux amendements constitutionnels de 2017.  La question des droits de l’homme occupe une place centrale dans la politique nationale.

Sur le plan régional, la position géographique et particulière à la fois arabe et africaine a conféré au pays une responsabilité qu’il a assumée, comme en témoigne son rôle de premier plan dans l’établissement du G5 Sahel et dans la mise en place de sa Force conjointe qui combat aujourd’hui les organisations terroristes dans la région.  Forte de cet héritage, la Mauritanie souhaite édifier des relations de bon voisinage.  La Mauritanie, a-t-il poursuivi, suit avec intérêt la question du Sahara occidental et soutient les efforts des Nations Unies pour trouver une solution mutuellement acceptable, à même de renforcer l’intégration et la complémentarité économiques entre les États de l’Union du Maghreb arabe.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a souligné que c’est la dixième fois qu’elle s’exprime à cette tribune historique qui est, pour la première fois, présidée par une femme.  Elle a aussi remercié le Secrétaire général de l’ONU pour son engagement en faveur de l’égalité entre les sexes.  Les Nations Unies sont le projet le plus important du monde, car elles ont façonné la façon dont nous avons vécu ensemble depuis sept décennies.  Elles ont été créées sur la conviction que le monde ne pouvait pas se permettre un autre conflit armé et sur la foi collective dans un système de maintien de la paix et de la sécurité internationales, fondée sur des valeurs et des buts communs », a-t-elle rappelé.

Les Nations Unies ont aussi été le lieu où les normes des droits de l’homme ont été développées, la Déclaration universelle des droits de l’homme ayant ouvert la voie à cette trajectoire qui est une source d’inspiration.  « Le développement a été une des autres missions principales de ce bâtiment », a-t-elle déclaré, « ce qui a été couronné par le Programme 2030 ».  Les défis des changements climatiques illustrent parfaitement pourquoi les Nations Unies sont indispensables et tout cela nous mène à une seule conclusion: nous avons besoin de plus de Nations Unies, pas le contraire.  Mais l’ONU doit être plus coopérative, plus dynamique, plus représentative de l’époque que nous vivons et le Secrétaire général a raison de tirer la sonnette d’alarme.

La Charte est notre référence principale face aux défis d’aujourd’hui et nous devons travailler davantage pour rendre les Nations Unies plus fortes.  Remettre en question le commerce international va l’encontre de notre but commun, à savoir le respect des institutions auxquelles nous croyons.  Nous avons encore un Conseil de sécurité qui nous fait défaut.  « Nous devons prendre conscience de nos forces, à savoir le pouvoir de l’Assemblée générale.  C’est l’autorité juridique et politique nécessaire pour construire des institutions et mettre en place des politiques qui peuvent tout changer. »  En ce moment critique du conflit syrien, notre détermination à faire en sorte que ceux qui commettent des crimes seront punis influencera l’avenir du pays.  Une autre situation est celle des Rohingya et d’ailleurs la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré sa compétence pour les crimes de déportation forcée.  De la Syrie, au Myanmar en passant par le Venezuela, la CPI est au centre des efforts pour combattre l’impunité.  La Ministre s’est dit fière d’être la Coordonnatrice de la Commission du secteur financier, dont le but est de définir une réponse pour les acteurs du secteur qui contribue à lutter contre l’esclavage moderne et à la traduction des coupables en justice.

Pour M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, l’ONU est aujourd’hui le meilleur reflet du multilatéralisme qui est, plus que par le passé, la voie la plus appropriée pour répondre aux défis auxquels l’humanité fait face.  Le Ministre s’est dit convaincu que le rôle et l’avenir des Nations Unies restent tributaires de la volonté des États Membres de raffermir sa légitimité, sa démocratisation et sa représentativité, afin de ne laisser personne à la traîne.  Ceci passe nécessairement, selon lui, par la réforme de ses organes, au rang desquels le Conseil de sécurité.  À cet égard, il a estimé que l’on ne peut plus envisager la pérennisation de la marginalisation, notamment de l’Afrique qui demeure le seul continent à ne pas disposer d’un siège permanent au sein du principal organe en charge de la paix et la sécurité internationales.

Le Ministre a aussi abordé la question des mouvements migratoires qui devrait interpeler « notre conscience collective » et nous rappeler les impératifs d’une solidarité effective et d’une prospérité partagée.  Sur le plan de la sécurité collective, il a attiré l’attention sur la nécessité de ne pas reléguer au second plan la centralité du problème des armes légères et de petit calibre dans l’agenda international.  Il a tenu à rappeler, à cet égard, que plus de 90% des victimes de guerre dans le monde, et particulièrement en Afrique, sont tuées par ce type d’armes qui atterrissent de plus en plus entre les mains de groupes terroristes tels que l’État islamique, AQMI ou Boko Haram.  Le Ministre a rappelé, à cet égard, la première Conférence des États parties et signataires de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, abritée par son pays et au cours de laquelle, les États se sont engagés sans réserve à combattre la prolifération de ces armes.

Sur le plan économique, le Ministre a appelé à un soutien accru aux pays africains pour les aider à alléger le fardeau de la dette, à améliorer leurs capacités de production et enfin à faciliter l’accès de leurs produits aux marchés mondiaux à des conditions plus favorables.  Le Cameroun poursuit une vision à long terme, dont le but est de devenir pays émergent à l’horizon 2035.  Sur le plan environnemental, le Cameroun, pays du bassin du Congo et deuxième plus grand pays forestier d’Afrique, a pris « la courageuse » option de renoncer à la pleine utilisation de ses forêts.  Mais, a prévenu le Ministre, il faudra trouver des solutions urgentes et adéquates pour concilier les initiatives de préservation de l’environnement et les légitimes aspirations des populations au bien-être.  Dans la même veine, le Ministre a réitéré la nécessité d’une série d’actions urgentes en faveur de la sauvegarde du lac Tchad réduit aujourd’hui de plus de 90% de sa surface initiale.  Quant au volet politique, il a indiqué que la consolidation de la culture démocratique au Cameroun est un processus inéluctable, malgré les défis sécuritaires.  Grâce aux sacrifices de toute la nation camerounaise, conjugués aux efforts coordonnés des voisins du bassin du lac Tchad et l’appui des partenaires internationaux, la capacité de nuisance de la secte terroriste Boko Haram a été considérablement réduite, même s’il faut demeurer mobilisé jusqu’à son éradication totale.  Le Ministre a également fait part de la détermination de son pays à stabiliser les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie aux revendications corporatistes des syndicats d’enseignants et d’avocats.  Le Cameroun, a-t-il conclu, s’emploie à restaurer la paix et la sécurité dans ces régions, dans « le respect des droits de l’homme et des lois et règlements de la République ».   

M. AUGUSTINE MAHIGA, Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, a d’emblée souligné l’importance d’un leadership et d’une gouvernance visionnaires, au niveau international, pour relever les défis du monde actuel.  C’est en répondant à ces défis, a dit le Ministre, que le multilatéralisme, à tous les niveaux d’intervention, en particulier aux Nations Unies, devient « essentiel ».  Agir seul et dans l’isolement minimise les chances d’obtenir les résultats escomptés.  La mondialisation et son réseau tortueux de relations a en effet rendu « inévitable » l’approche multilatérale.  Malheureusement ces derniers temps, le monde a été mis à rude épreuve: l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ploie sous les attaques, les changements climatiques anéantissent vies et biens et l’édifice multilatéral mis en place après la Seconde Guerre mondiale se lézarde.  Les réformes sont nécessaires à la continuité, a souligné le Ministre, qui a insisté sur celle du Conseil de sécurité et la place que doit y occuper l’Afrique.  La crédibilité des Nations Unies, a-t-il souligné, repose sur un Conseil de sécurité représentatif et réactif.

La Tanzanie elle-même s’est lancée dans des réformes, a indiqué le Ministre, en parlant d’une lutte sans relâche contre la corruption et l’« incompétence » du service public.  Des mesures ont aussi été prises contre la drogue, la traite des êtres humains, le commerce illicite d’ivoire et l’extrémisme violent.  Face à la résistance des réseaux criminels, le pays n’a pas hésité à durcir son action laquelle, il est vrai, peut être perçue comme « restrictive ».  Quant au flux illicite des capitaux, la Tanzanie appelle la communauté internationale à créer un organe international sur la coopération fiscale pour traiter de la concurrence et de l’évasion fiscale.

Après s’être félicité de l’enquête menée sur les circonstances de l’attaque contre des Casques bleus tanzaniens, en décembre 2017, et de l’inclusion de ses conclusions dans la Déclaration d’engagements communs pour les opérations de maintien de la paix, le Ministre a rappelé que son pays abrite plus de 330 000 réfugiés burundais et congolais.  Il a demandé à la communauté internationale de faciliter le rapatriement volontaire des derniers réfugiés burundais et de présenter, pour ce faire, une évaluation « réaliste » de l’évolution politique et sécuritaire dans le pays.  S’agissant de la République démocratique du Congo (RDC), le Ministre a noté quelques progrès dans l’engagement du Gouvernement congolais à organiser les élections générales tant attendues plus tard cette année. 

M. MAHMOUD ALI YOUSSOUF, Ministre des affaires étrangères de Djibouti, a estimé que la crise du multilatéralisme, les tendances protectionnistes, la tentation palpable « du repli autarcique parfois autistique » sont les conséquences de l’idéologie qui a émergé dans de nombreux pays du Nord après le dernier flux migratoire.  Il s’est donc félicité que la communauté internationale se soit mobilisée et ait conçu des réponses et développé des plans d’action dans le cadre de processus intergouvernementaux particulièrement bien menés, dont le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et celui sur les réfugiés. 

S’agissant du Programme 2030, le Ministre a annoncé que son pays présentera bientôt son examen volontaire qu’il considère comme « une introspection salutaire ».  Pour aider les pays, il faudra non seulement penser à des stratégies de financement novatrices, à garantir un flux accru d’investissements directs étrangers mais aussi à maintenir les engagements pris en matière d’aide au développement. 

Mais la plus grande menace à la mise en œuvre du Programme 2030 est le conflit et la violence, a souligné le Ministre.  Contrastant avec le tableau sombre du monde, la Corne de l’Afrique, s’est-il réjoui, a connu une succession de développements historiques de nature à générer des dividendes pour la paix, la réconciliation et le développement économique.  Le Ministre a salué une nouvelle fois le rapprochement entre l’Éthiopie et l’Érythrée, avant d’informer l’Assemblée que les Présidents de Djibouti et de l’Érythrée se sont réunis le 17 septembre à Djeddah et ont convenu d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre ces deux « pays frères ».  Ils se sont mis d’accord pour poursuivre le dialogue en vue de trouver une issue pacifique aux questions en suspens, y compris le litige frontalier et les prisonniers de guerre. 

M. WORKNEH GEBEYEHU, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a estimé qu’alors que le monde fait face à de graves menaces, le multilatéralisme et les Nations Unies n’ont jamais été aussi importants.  Les Nations Unies sont la seule organisation universelle où les idées de liberté, d’égalité et de justice restent aussi valident aujourd’hui que lors de sa conception, a-t-il déclaré.  « Je saisis l’opportunité pour vous assurer, qu’en tant que Membre fondateur des Nations Unies, nous continuerons à adhérer à ses idéaux et aux principes du multilatéralisme, alors que le monde fait face à des menaces sans précédent.  La contribution de l’Éthiopie dans les opérations de maintien de la paix est sans pareil », a-t-il estimé, « et nous restons entièrement engagés dans cette noble tâche ».

Le Ministre a rappelé qu’il y a six mois, un transfert du pouvoir pacifique a pris place en Éthiopie, ce qui a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire politique du pays, notamment en offrant des possibilités de changement réalistes.  La vision de notre gouvernement est de créer une société juste, paisible, équitable et durable.  Par le passé, le peuple éthiopien a démontré à maintes reprises sa résilience et sa force en temps d’adversité.  « Nous travaillons aujourd’hui à élargir et renforcer les réformes nécessaires pour promouvoir la gouvernance démocratique et l’état de droit, promouvoir la justice et l’économie, la transparence et la responsabilité et promouvoir la participation populaire et une démocratie efficace », a-t-il déclaré.

Selon le Ministre des affaires étrangères, au cours de ces six derniers mois, le nouveau Gouvernement a pris une série de mesures pour consolider la démocratie.  Ces efforts ne sont pas limités à l’Éthiopie, a-t-il noté: le Premier Ministre a lancé un processus de réconciliation avec les pays de la Corne de l’Afrique.  En effet, l’Éthiopie et l’Érythrée ont ouvert un nouveau chapitre dans leurs relations, mettant fin à deux décennies de conflit.  Au début du mois, l’Éthiopie, l’Érythrée et la Somalie se sont réunies à Asmara, puis à Djibouti pour ouvrir une nouvelle phase dans les relations entre Djibouti et l’Érythrée.  Plus récemment l’Éthiopie et l’Érythrée ont signé un accord de coopération, alors que les Présidents djiboutien et érythréen se serraient la main, mettant fin à un conflit de 10 ans.  Compte tenu de ces développements, il est temps que le Conseil de sécurité envisage de lever les sanctions contre l’Érythrée, a plaidé le Ministre. 

M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères du Togo, s’est félicité de la pertinence du choix de la thématique de la session, à savoir, décentrer l’exercice des responsabilités au niveau des Nations Unies pour mettre l’institution en phase avec la réalité du monde.  La réforme des Nations Unies est une nécessité logique, a-t-il déclaré.  La planète est en souffrance, l’extrémisme violent et le terrorisme menacent le monde, et de nouvelles formes de responsabilité sont apparues.  « L’heure est, pour le dire dans le langage de l’épistémologue Thomas Kuhn, au changement de paradigme. »

Le Ministre a réitéré le soutien de son pays à la réforme profonde de l’Organisation, telle qu’engagée par le Secrétaire général.  Celle-ci a le mérite de reposer sur un processus ouvert et inclusif, prenant en compte la paix et la sécurité, le développement et la structure de gestion.  Sans la paix et la sécurité, pas de développement durable, a-t-il rappelé.  La réforme en cours devrait repositionner le système de développement des Nations Unies pour l’adapter aux nouvelles exigences liées à la mise en œuvre du Programme 2030.  Les Nations Unies doivent aider davantage à faire face au manque de développement du monde.  Le nouveau système de l’Organisation doit s’accommoder de la nécessité d’édifier un monde où chaque pays peut jouir d’une croissance soutenue, inclusive et durable.

Les défis auxquels l’Afrique fait face sont immenses, a-t-il rappelé: elle abrite des foyers du terrorisme, la pauvreté persiste, les conséquences des changements climatiques sont terribles, la migration précarise et décime un pan important de la jeunesse africaine.  « Le Gouvernement togolais engage toutes les parties prenantes à privilégier l’approche participative et la logique du consensus dans les négociations en cours et à œuvrer pour l’adoption d’un Pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières, à l’issue de la Conférence de Marrakech des 10 et 11 décembre 2018. ».  Les Nations Unies devraient jouer pleinement le rôle de coordination qui lui revient, en s’appuyant sur les organisations régionales et sous-régionales.  Le Ministre a souligné que les gouvernements africains ont pris conscience de la nécessité d’accélérer le processus d’intégration régional pour mutualiser les efforts de développement et les stratégies de lutte contre la pauvreté.  À cet égard, le Togo se réjouit de la désignation de son Président pour le pilotage du projet d’établissent du Marché unique africain de transport aérien en Afrique.  En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a estimé que la nouvelle approche axée sur une vision partagée des responsabilités recommande que les solutions aux problèmes de paix et de sécurité reviennent à tous les Membres des Nations Unies.  Ainsi, le Conseil de sécurité élargi serait plus efficace.  Enfin, le Ministre a rendu hommage à l’ancien Secrétaire général Kofi Annan.

Droit de réponse

Répondant au Premier Ministre israélien, le représentant de l’Iran l’a accusé d’avoir voulu détourner l’attention de l’Assemblée générale du traitement qu’Israël réserve aux Palestiniens.  C’est un régime, a dit le représentant, qui sème l’instabilité dans la région et qui constitue la menace la plus grave à la paix et à la stabilité dans la région déjà volatile du Moyen-Orient.  Par ses interventions, a diagnostiqué le représentant, M. Netanyahu confirme que c’est un menteur pathologique car la vérité est qu’Israël est un régime suprémaciste et l’ennemi de la démocratie au Moyen-Orient.  C’est un régime, a-t-il poursuivi, qui hait la démocratie et aucun mensonge, aucune publicité ne pourrait cacher la nature « haineuse » de ce régime dirigé par un « leader corrompu ».  Les « photos tirées de Google » que « ce comédien » a exhibées aujourd’hui ne sont qu’un tissu de mensonges, un mensonge qui est dans l’ADN d’un homme, a prévenu le représentant, qui devrait arrêter de menacer l’Iran.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Maladies non transmissibles: les États adoptent une Déclaration politique « ambitieuse et équilibrée » sur ces maux responsables de 71% des décès au monde

Soixante-treizième session,
Réunion de haut niveau - matin & après-midi
AG/12069

Maladies non transmissibles: les États adoptent une Déclaration politique « ambitieuse et équilibrée » sur ces maux responsables de 71% des décès au monde

À l’occasion de la troisième réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, tenue aujourd’hui en marge du débat général, les chefs d’État et de gouvernement ont promis de renforcer leur leadership stratégique pour la prévention et le contrôle de ces maladies, sachant que ces affections causent la mort de 41 millions de personnes chaque année, soit 71% du total des décès au monde.

« Multiplier les initiatives multipartites et multisectorielles nationales pour prévenir et éliminer les maladies non transmissibles dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »: c’est sur ce thème que les participants ont échangé leurs points de vues après l’adoption, à l’ouverture, d’une Déclaration ministérielle qui réitère les précédents engagements pris en 2011 et 2014, en assurant vouloir les mettre en œuvre à la lumière des objectifs de développement durable fixés en 2015.

Par ce texte, que la Présidente de l’Assemblée générale a jugé « ambitieux et bien équilibré », les dirigeants du monde expriment leur volonté de partager les informations avec les partenaires régionaux et mondiaux, notamment sur les succès et défis de la lutte contre les maladies non transmissibles.  Ils se disent également décidés à investir dans la recherche et à renforcer les efforts en vue de l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) et d’autres « solutions innovantes » dans le domaine de la santé. 

« Ces maladies sont devenues notre principal défi sanitaire », a relevé d’emblée Mme María Fernanda Espinosa Garcés avant de réclamer une action urgente des États pour réaliser d’ici à 2030 la cible 3.4 du Programme de développement durable: la réduction d’un tiers, par la prévention et le traitement, du taux de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles et la promotion de la santé mentale et le bien-être. 

Dans la Déclaration, les États Membres invitent l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à poursuivre ses efforts en vue de promouvoir et suivre l’action mondiale contre ces maladies.  Les gouvernements ont pour leur part, entre autres missions, d’autonomiser les individus afin qu’ils fassent des choix éclairés, notamment en mettant à leur disposition des informations par le biais de l’éducation, des campagnes médiatiques, y compris à travers les médias sociaux, sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles.  Chaque pays se doit également de renforcer son système de santé afin de le préparer à l’avènement de la couverture santé universelle. 

« Ce sont les femmes et les pauvres qui sont les plus touchés par les maladies non transmissibles », a tenu à souligner la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Mme Amina J.  Mohammed a donc engagé les dirigeants à intégrer les efforts de gestion du problème des maladies non transmissibles dans leurs initiatives visant à atteindre tous les objectifs de développement durable. 

Pour les guider dans cette perspective, le Directeur général de l’OMS, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a attiré l’attention sur les « Meilleurs choix » recommandés l’an dernier par son institution pour lutter contre les maladies non transmissibles.  Il s’agit, a-t-il expliqué, de 16 mesures pratiques rentables et applicables par tous les pays, y compris ceux à revenu faible ou intermédiaire.  Elles vont de l’imposition de l’industrie du tabac à la restriction des publicités pour l’alcool, en passant par la vaccination contre le cancer du col de l’utérus.  Ces mesures simples pourraient par exemple sauver la vie de 10 millions de personne d’ici à 2025, a-t-il fait observer. 

« Les gens meurent aujourd’hui et on va devoir attendre sept ans? », s’est malgré tout impatienté M. Michael Bloomberg, philanthrope et ancien maire de New York, qui est intervenu à la première table ronde en sa qualité d’Ambassadeur mondial de l’OMS chargé des maladies non transmissibles.  En attendant, il a promis de poursuivre ses efforts de mobilisation des villes du monde en faveur des initiatives de lutte contre les maladies non transmissibles, une cause pour laquelle il a déjà investi un milliard de dollars.

À propos de financement, les mesures préconisées par les « Meilleurs choix » de l’OMS pourraient générer 350 milliards de dollars pour les pays les moins avancés d’ici à 2030.  Car chaque dollar investi sera multiplié par sept, a expliqué M. Ghebreyesus.

Outre l’action des gouvernements, les orateurs ont misé sur les partenariats et la mobilisation de tous les acteurs, qui étaient le sujet de la table ronde de l’après-midi, alors que celle du matin était consacrée au renforcement des systèmes de santé.  La Déclaration ministérielle précise d’ailleurs que « d’autres parties prenantes » partagent également la responsabilité et peuvent contribuer à créer un environnement propice à la prévention et au contrôle de ces maladies, en soulignant la nécessité de réunir la société civile et le secteur privé pour mobiliser leurs ressources. 

« Tout sauf l’industrie du tabac », a objecté le président de l’Uruguay qui a présenté le rapport de la Commission mondiale indépendante de haut niveau de l’OMS sur les maladies non transmissibles.  Pour M. Tabaré Vázquez en effet, il n’est pas question de pactiser avec « la seule industrie qui tue ses propres clients ».  Il faut « taxer les industries qui nous brisent », a même suggéré la Princesse Dina Mired de Jordanie qui est également Présidente de l’Union internationale contre le cancer.  « Le sucre, le sucre, le sucre », a-t-elle martelé, ainsi que « le sel, l’alcool et le tabac ».  Elle a également plaidé pour que la communauté internationale accorde de l’attention aux réfugiés qui nécessitent plus que des services d’urgence; ils sont comme tout le monde victimes de cancer ou de diabète.

Comme autre moyen de prévention de ces maladies, l’activité physique a été plébiscitée.  Les participants ont joint le geste à la parole en début d’après-midi en s’adonnant pendant quelques minutes à une danse rythmique sur l’incitation du Ministre de la santé de la Jamaïque.  « C’est exactement ce dont nous avions besoin », a appuyé la Ministre de la santé du Canada.

Rendez-vous est pris pour 2025 pour la quatrième édition de cette réunion de haut niveau.  Auparavant, un rapport de mise en œuvre de la Déclaration ministérielle sera présenté à l’Assemblée générale, avant la fin de l’année 2024.

TROISIÈME RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA PRÉVENTION ET LA MAÎTRISE DES MALADIES NON TRANSMISSIBLES

Déclarations d’ouverture

Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale, après avoir rappelé le thème de cette réunion - « multiplier les initiatives multipartites et multisectorielles nationales pour prévenir et éliminer les maladies non transmissibles dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a salué l’adoption de la Déclaration politique qu’elle a jugée « ambitieuse et bien équilibrée ».

Mme Espinosa Garcés a planté le décor en avertissant que, cette année, 1,5 million de personnes âgées entre 30 et 70 ans mourront des suites d’une maladie non transmissible, dont 80% dans les pays en développement.  Outre le fait que ce sont les plus pauvres qui sont les plus susceptibles de succomber à une maladie comme le cancer, le diabète ou une maladie cardiovasculaire, elle a alerté sur le fait que les maladies non transmissibles entraînent des pertes sur le plan économique, jusqu’à 6% du PIB.  Les maladies non transmissibles sont devenues notre principal défi sanitaire, a-t-elle déclaré, en plaidant pour une action à tous les niveaux, ce qui exige une volonté politique ferme et un financement soutenu. 

La Présidente a réclamé une action immédiate, urgente et rapide des États pour réaliser la cible 3.4 des objectifs du développement durable, ajoutant que le secteur privé doit lui aussi redoubler d’efforts à cette fin.  Il est également capital de mettre en œuvre les engagements pris en matière de réduction de la consommation de tabac, de régimes malsains et de l’inactivité physique.

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a averti que les maladies non transmissibles sont la cause de 70% des décès dans le monde.  Dans un monde où l’espérance de vie et l’urbanisation augmentent, l’incidence de ces maladies est à la hausse, a-t-elle ajouté.  Chaque année, a-t-elle déploré, ces maladies sont la cause de millions de morts prématurés.  Elles enlèvent aux gens la capacité de gagner leur vie et alimentent le cycle de pauvreté.  De plus, les coûts qui y sont associés sont énormes, tant pour les individus que pour les budgets et systèmes de santé nationaux.

Mme Mohammed a également relevé que la pollution de l’air est la cause de 25% des décès chez les adultes et de 30% des décès liés au cancer du poumon.  Il faut, a-t-elle insisté, répondre de toute urgence aux effets des émissions de carbone sur la santé.  Par ailleurs, un adulte sur quatre, et un adolescent sur cinq, fera face à un problème de santé mentale cette année, et 800 000 personnes se suicideront.  Le problème de l’abus de drogue et d’alcool nécessite plus d’attention et il faut aussi garder à l’esprit le fait que d’une manière générale, ce sont les femmes et les pauvres qui sont les plus touchés par les maladies non transmissibles.  Elle a aussi fait observer que 810 millions de personnes souffrent de malnutrition dans le monde, pendant que les taux d’obésité montent en flèche, y compris chez les enfants.

Après ce constat, la Vice-Secrétaire générale a appelé à faire preuve d’un engagement ferme et à augmenter les investissements, ainsi que les politiques, programmes et partenariats.  Il faut aussi repenser la prévention et mettre sur pied des systèmes de santé primaire holistiques capables de fournir une couverture complète.  Nos efforts, a-t-elle poursuivi, doivent faire partie d’un écosystème plus large pour gérer au mieux la santé physique et mentale et aller au-delà du secteur de la santé afin de promouvoir la propreté de l’air et la salubrité des villes.  Elle a aussi engagé les dirigeants à intégrer les efforts de gestion du problème des maladies non transmissibles dans leurs initiatives visant à atteindre les objectifs de développement durable.

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a indiqué que des millions de personnes souffrent de maladies non transmissibles et que 41 millions en meurent chaque année.  Il a averti que les gouvernements sont « dangereusement » loin d’atteindre la cible 3.4 qui vise à réduire la mortalité prématurée liée à ces maladies: seulement la moitié des pays pourront atteindre cette cible dans les délais prévus.

Il a ensuite attiré l’attention sur les « Meilleurs choix » recommandés l’an dernier par l’OMS pour lutter contre les maladies non transmissibles.  Il s’agit, a-t-il expliqué, de 16 mesures pratiques rentables et applicables par tous les pays, y compris ceux à revenu faible ou intermédiaire.  Elles vont de l’imposition de l’industrie du tabac à la restriction des publicités pour l’alcool, en passant par la vaccination contre le cancer du col de l’utérus.  Ces simples mesures pourraient sauver la vie de 10 millions de personnes d’ici à 2025, et éviter 17 millions d’accidents cardio-vasculaires (AVC) et de crises cardiaques d’ici à 2030.  Ces mesures sont aussi un puissant outil économique, a-t-il ajouté, et leur mise en œuvre pourrait générer 350 milliards de dollars en croissance économique pour les pays les plus pauvres d’ici à 2030.  Chaque dollar investi sera multiplié par sept, a expliqué M. Ghebreyesus.  « Mais comme pour toute boîte à outil, les outils ne sont utiles qu’à condition qu’on les en sorte. »

M. Ghebreyesus a ensuite préconisé la création d’une catégorie de champions pour inciter à prendre des mesures audacieuses dans la lutte contre les maladies non transmissibles.  Il a également invité les États Membres à tenir leurs efforts pendant 3 à 5 ans, dans la mise en œuvre des « Meilleurs choix ».  « Avec un engagement politique, tout devient possible. » 

Le Directeur général de l’OMS a également vu dans la couverture sanitaire universelle la meilleure façon de prévenir et traiter les maladies non transmissibles et a espéré que la réunion de haut niveau prévue l’an prochain sur ce thème connaîtra un franc succès.

M. Ghebreyesus a ensuite demandé aux personnes dans la salle dont au moins un proche est mort des suites d’une maladie non transmissible de se lever.  « Je ne vois personne qui reste assis, a-t-il commenté.  Imaginez maintenant cela multiplié à l’échelle mondiale.  Voilà l’ampleur du défi auquel nous sommes confrontés et nous nous tenons debout pour honorer la mémoire de ceux que nous avons perdus et pour s’engager en faveur d’un monde plus sûr et plus sain. »

M. TABARÉ VÁZQUEZ, Président de l’Uruguay, qui intervenait aussi en tant que coprésident de la Commission mondiale indépendante de haut niveau de l’OMS sur les maladies non transmissibles, a fait un résumé du rapport publié par cette commission le 1er juin dernier et intitulé « il est temps d’agir ».  Le Président a expliqué que ce rapport est le fruit du travail de la Commission, créée le 16 février 2018.  Celle-ci y fait des recommandations aux chefs d’État et de gouvernement et aux responsables politiques de tous les secteurs gouvernementaux, ainsi qu’aux autres parties concernées.  Mais, a-t-il précisé, « l’industrie du tabac n’est pas la bienvenue dans cette lutte contre les maladies non transmissibles, puisque c’est la seule industrie qui tue ses propres clients ». 

Fort de ces recommandations, le Président Vazquez a insisté sur l’engagement politique au plus haut niveau.  Il a donc lancé un appel à tous les chefs d’État et de gouvernement afin qu’ils s’investissent dans les politiques de santé.  Et comme chaque pays est différent des autres, le coprésident de la Commission a conseillé de bien prendre en compte les priorités nationales.  Selon lui, le coût de l’inaction serait beaucoup plus élevé que celui de l’engagement de la communauté internationale.  De toutes les façons, a-t-il conclu, « si la maladie est l’affaire du médecin, la santé publique est celle de tous ». 

La Princesse DINA MIRED, Présidente de l’Union internationale contre le cancer, s’est remémorée qu’il y a sept ans, lors de la première réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles, son discours « semblait s’écrire tout seul ».  « Mais cette année, contrairement à mon habitude, j’ai peiné.  Pourquoi?  Parce que les progrès ont été tout simplement trop lents. »

Non seulement plus de la moitié des États ne sont pas en bonne voie pour réaliser la cible 3.4 du développement durable, mais en outre, depuis 2010, la situation a stagné ou s’est aggravée dans 15 pays, en ce qui concerne les femmes, et dans 24 pays, pour les hommes.  Pourtant, la société civile et l’OMS ont fait tout ce qui est en leur pouvoir pour aider les pays dans leur lutte contre les maladies non transmissibles, a relevé la Princesse Dina.  Ces efforts ont porté sur la prise de conscience que ces maladies sont aussi une question de développement et sur la sensibilisation des ministres des finances sur le fait que la prévention, les traitements et les soins sont un placement à haut rendement.  Un investissement aujourd’hui de 1,27 dollars dans la prévention aura un rendement de 7 dollars par an jusqu’en 2030, soit 350 milliards de dollars à l’échelle mondiale.

À ces efforts s’ajoutent aussi l’Initiative mondiale pour les registres du cancer, ainsi que l’initiative RESOLVE ou encore le Partenariat Bloomberg pour des villes saines.  Tout cela montre, selon la Princesse Dina, que nous pouvons oublier l’objection selon laquelle « nous ne savons pas quoi faire ».  Nous avons aussi dépassé l’argument qu’« il n’y a pas d’argent » et supprimé la notion d’impossible.  Et pourtant, il y a toujours 15 millions de personnes qui meurent prématurément chaque année.  « Nous nous dirigeons tout droit vers un avenir malsain et préjudiciable », a averti la Princesse Dina.  « Mais voulons-nous vraiment être la génération qui est restée les bras ballants pendant que les maladies non transmissibles détruisaient la vie de nos enfants et des générations à venir? »

La panéliste a en même temps reconnu les défis auxquels font face les États Membres, évoquant notamment la situation des ministres de la santé de pays à revenu intermédiaire, contraints de trouver des fonds pour acheter, par exemple, un accélérateur linéaire au prix de plusieurs millions de dollars tout combattant des épidémies de paludisme et de tuberculose, sans le moindre appui d’un fonds mondial.  « Et que dire de la situation des patients contraints de choisir entre nourrir leur famille ou suivre le traitement de chimiothérapie qui leur sauvera la vie? »  Il est essentiel de bien comprendre ce qui nous paralyse et nous empêche d’agir:  le potentiel mortel de ces maladies est amplifié par notre approche fragmentée, indécise et inactive, a-t-elle souligné.

L’experte a ensuite appelé à faire des maladies non transmissibles la priorité des agendas des gouvernements.  Il faut aussi investir de manière sérieuse dans la prévention et le traitement, mettre en œuvre les « Meilleurs choix » de l’OMS, et assurer un accès à la vaccination dans tous les pays pour limiter les cancers de l’âge adulte, notamment le cancer du col de l’utérus.  Sur le plan du financement, elle a conseillé de taxer les industries « qui nous brisent », à commencer par, a-t-elle martelé, « le sucre, le sucre, le sucre », ainsi que « le sel, l’alcool et le tabac ».  Outre la collecte de données, il faut adopter des lois contre les industries qui cherchent à faire du profit aux dépends de notre santé, en premier lieu l’industrie du tabac.  « Pour l’amour de Dieu, a-t-elle supplié, il faut pleinement mettre en œuvre la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac pour empêcher ces industries de posséder le meilleur parc immobilier du monde: les milliards et milliards de jeunes poumons qui consomment déjà leur produit mortel. »

Se félicitant de la présence de 59 chefs d’État, Mme Mired les a enjoints à envoyer un message puissant aux patients atteints de maladies non transmissibles: « on ne veut plus de jambes amputées en raison d’une rupture de stock d’insuline; plus d’enfants souffrant de leucémie dans un pays en développement avec seulement 10% de chance de pouvoir suivre un traitement ».  Et aussi, il ne doit plus y avoir de réfugiés malades du cancer ou du diabète, ayant échappé à la violence de la guerre pour se retrouver face à la violence de l’inaction en matière de maladies non transmissibles.  « Mais qui donc a décidé que les réfugiés étaient une nouvelle race de super humains nécessitant uniquement des services d’urgence? » s’est-elle emportée.

Alors que des millions de personnes atteintes du diabète, du cancer, de maladies cardiaques ou encore d’Alzheimer nous regardent, a-t-elle enchaîné, chaque mot approuvé dans cette Déclaration politique représente quelque chose de concret.  « Vous pouvez fournir de l’insuline, des soins palliatifs ou des médicaments essentiels contre le cancer à des millions de personnes à un prix abordables.  Ou vous pouvez tout retirer à ceux qui en ont le plus besoin avec le simple trait d’un stylo.  Nous comptons sur vous, les dirigeants pour agir. »  Comme le disait Nelson Mandela, « tout semble impossible avant qu’on le fasse ».

Table ronde 1: renforcer les systèmes de santé et le financement de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles pour permettre à chaque pays d’instaurer une couverture sanitaire universelle, notamment en mutualisant les pratiques de référence éprouvées, les connaissances scientifiques et les enseignements tirés de l’expérience

M. MICHAEL BLOOMBERG, philanthrope et ancien maire de New York, qui est intervenu en sa qualité d’Ambassadeur mondial de l’OMS chargé des maladies non transmissibles, a ouvert la table ronde en se demandant pourquoi l’OMS avait arrêté la date de 2025 pour évaluer sa feuille de route visant à réduire de 25% la mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles.  « Les gens meurent aujourd’hui et on va devoir attendre sept ans? » s’est-il impatienté en rappelant avoir créé dès 2006 la fondation Bloomberg Philanthropies, dont l’une des premières priorités est d’éviter les décès dus aux effets nocifs du tabac.  Et depuis 2007, Bloomberg Philanthropies a consacré près d’un milliard de dollars à la lutte antitabac dans le monde.  « L’industrie du tabac a rendu coup pour coup », a-t-il témoigné.

Alors que les maladies non transmissibles sont la cause de plus de 70% des décès à travers le monde, il a regretté qu’à peine 2% des fonds du secteur santé y soient consacrés.  Selon M. Bloomberg, « nous pouvons agir car des politiques intelligentes peuvent permettre de sauver des vies ».  C’est pourquoi sa fondation travaille avec de nombreux pays pour aider les gens à vivre le plus longtemps possible, a—t-il expliqué en évoquant plusieurs succès, fruits de ces partenariats. 

L’Inde, par exemple, a vu le tabagisme diminuer de 70% depuis 2010.  De son côté, l’Uruguay a remporté une bataille: une décision de justice a obligé les cigarettiers à apposer sur les emballages de leurs produits des messages de prévention attirant l’attention sur les risques du tabagisme.  L’Ambassadeur de l’OMS s’est en outre réjoui de voir que la politique des « zones sans fumée » avait permis de sauver pas moins de 35 millions de vies à travers le monde.

L’autre problème majeur, c’est la surconsommation de produits riches en sucre, s’est alarmé M. Bloomberg.  Là encore, des exemples d’avancées positives sont à signaler.  Ainsi, le Chili a décidé d’imposer des taxes spéciales sur des aliments à forte teneur en sucre et en matières grasses, a-t-il mentionné.  Il a aussi parlé de l’initiative de sa fondation qui a créé un réseau de 54 villes du monde qui mettent en œuvre des initiatives de lutte contre les maladies non transmissibles, de lutte contre le tabagisme, de politique alimentaire, d’environnement sain et de lutte contre les accidents de la route.  M. Bloomberg a terminé son propos en expliquant l’importance des politiques publiques contre ces maladies.  Et c’est la raison d’être de son engagement en tant qu’Ambassadeur auprès de l’OMS, a-t-il expliqué.

Après l’intervention de M. Bloomberg, les participants à la discussion ont relevé eux aussi le besoin d’engagement politique pour lutter contre les maladies non transmissibles qui sont responsables de 71% des décès dans le monde, soit 41 millions de morts par an selon les chiffres de l’OMS.  Cette organisation a identifié les cinq principaux facteurs de risque, à savoir les habitudes alimentaires peu saines; l’usage du tabac; la pollution de l’air; le mauvais usage de l’alcool et le manque d’activité physique.

Devant les coprésidents de séance, le Président de la Zambie, M. EDGAR CHAGWA LUNGU, et le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, M. TIMOTHY S.  HARRIS, les intervenants ont présenté leurs expériences respectives dans la lutte contre ces maladies. 

Survivante du cancer du sein, la petite fille de Nelson Mandela, Mme ZOLEKA MANDELA, écrivain et fondatrice de la Fondation Zoleka Mandela, a raconté qu’elle avait été informée de son état pathologique à l’âge de 32 ans.  C’est après une double mastectomie et un dur combat qu’elle a été définitivement déclarée guérie en 2016.  « J’ai été privilégiée d’avoir accès aux meilleurs spécialistes », a-t-elle admis, avant d’attirer l’attention sur le sort des milliers de gens, issus de pays en développement, qui n’ont pas cette chance.  Elle a ainsi plaidé pour des systèmes de santé plus appropriés, capables de prendre en charge les plus démunis. 

Précisément, la couverture santé universelle est cruciale en ce XXIe siècle, a plaidé Mme SANIA NISHTAR, fondatrice et Présidente de « Heartfile », une organisation non gouvernementale pakistanaise.  Elle s’est imaginé un système de santé utilisant les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) pour prendre en charge toutes les populations, y compris les femmes démunies des zones rurales.  Ces dernières pourraient envoyer leur bilan de santé à l’aide d’un téléphone portable et recevoir leurs médicaments par le biais d’un drone, a-t-elle auguré.

À ceux qui estiment qu’un tel système de santé est très coûteux, elle a rétorqué que la taxation des produits nocifs -le tabac et les boissons sucrées par exemple- pourrait être une source de revenus utiles pour les pays en développement.  Il ne faut pas le voir comme des dépenses, mais plutôt comme des investissements, a appuyé M. YOSHITAKE YOKOKURA, Président de l’Association médicale mondiale

Pour ce médecin, qui a présenté l’expérience du Japon, c’est avec de bonnes politiques prospectives que l’on peut réduire les conséquences des maladies non transmissibles sur la société.  Il a cité le cas de la démence, touchant des millions de Japonais, qui fait désormais l’objet d’une spécialisation dans les études de médecine.  De même, les villes japonaises ont commencé à faire des modifications du paysage urbain afin de l’adapter à ces malades.  Par ailleurs, les pouvoirs publics nippons ont lancé une campagne nationale de sensibilisation des jeunes contre l’obésité, tandis que les modes d’alimentation saines sont vulgarisées dans tout le pays. 

De même à Trinité-et-Tobago, a dit son Premier Ministre, l’interdiction des produits sucrées et sodas dans les cantines scolaires a permis de réduire l’obésité chez les jeunes.  Pour ce qui est du Brésil, la délégation s’est félicitée de la diminution des affections cardiovasculaires, ce qui a fait augmenter l’espérance de vie de deux ans.  Elle a attribué ce progrès notamment aux effets positifs d’un programme national ciblant les maladies non transmissibles, commencé en 2012, qui a permis de réduire la consommation de tabac de 35%.  Malheureusement, la lutte contre l’alcoolisme n’a pas eu le même succès, a-t-elle déploré. 

La publicité est un des outils qui permet de décourager la consommation de produits nocifs, ont fait remarquer plusieurs intervenants.  Ainsi, la Ministre de la santé de l’Ukraine a indiqué que les annonces publicitaires pour des produits contenant du tabac sont interdites dans son pays, tandis qu’au Mexique, il est interdit de diffuser aux heures de grande écoute des publicités télévisuelles pour des produits à forte teneur en sucre. 

La Ministre de la santé de l’Ouganda a indiqué que fumer dans un lieu public est désormais une infraction pénale dans son pays où, en outre, une loi sur l’alcoolisme est en cours d’élaboration.  Sa collègue de l’Arménie a prôné des lois antitabac plus fermes pour faire face à la montée de l’utilisation de cigarettes électroniques.

Face à cette nouvelle donne et au vu des réalités mondiales, la représentante du Comité permanent de la nutrition a souhaité que les cibles internationales en matière de santé soient réalisées, tout en rappelant que les enfants et les jeunes sont également affectés par ces maladies.

Alors que le Vice-Ministre de la santé de la Malaisie a déploré une réaction lente de la communauté internationale, le représentant du Maroc a rappelé que la prévention de ces maladies ne coûte pourtant pas cher.  Il faut juste, a-t-il préconisé, que les différentes parties prenantes travaillent en synergie.  C’est le même message qu’a transmis le représentant des firmes pharmaceutiques qui a déploré un « manque de collaboration » des acteurs du secteur de la santé et prôné, par exemple, l’adoption de politiques de remboursement des frais de médicaments afin de soutenir les plus démunis.  « Mon pays subventionne l’achat de l’insuline pour réduire la mortalité due au diabète », a témoigné le délégué du Sénégal en ajoutant que son gouvernement entend même subventionner les médicaments contre le cancer.

Le Président de la Zambie a conclu cette table ronde en appelant tout le monde à l’action.  « Il faut une couverture santé universelle et mettre la santé tout en haut des priorités », a-t-il plaidé.

Table ronde 2: Opportunité et défis à relever pour engager les gouvernements, la société civile et le secteur privé aux niveaux mondial, régional et national à promouvoir des partenariats multisectoriels pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles et la promotion de modes de vie saines

Déclarations des coprésidents

Pour lancer la discussion, M. CHRISTOPHER TUFTON, Ministre de la santé de la Jamaïque, a invité les délégations à se lever pour visionner la vidéo « Jamaica Moves » et suivre les pas d’une danse rythmique sur fond de musique endiablée, un exercice auquel s’est livré dans la bonne humeur l’ensemble des participants.

 « C’est exactement ce dont nous avions besoin », a commenté après cet intermède d’exercice physique et musical Mme GINETTE PETITPAS TAYLOR, Ministre de la santé du Canada.  On dit souvent qu’il faut un village pour élever un enfant; donc tout le monde doit travailler ensemble pour promouvoir la santé publique.  Elle a parlé à cet égard des différents partenariats multisectoriels et projets lancés dans son pays.  « Notre époque recèle d’opportunités », a-t-elle affirmé, évoquant l’adoption dans la matinée de la Déclaration politique.

Il faut réduire le tabagisme, les abus d’alcool et promouvoir des modes de vie saines, a prescrit, le Ministre de la santé de la Jamaïque, avant d’indiquer que 80% des maladies non transmissibles affectent la population des pays à revenu faible ou intermédiaire, ces maladies représentant la menace numéro un dans la Caraïbes.  Son pays en sait quelque chose puisqu’un Jamaïcain sur huit souffre de diabète, et un sur trois d’hypertension.  Comme ligne directrice, le Ministre a appelé à travailler avec la société civile et le secteur privé pour aider les populations à choisir des modes de vie saines.

Intervention liminaire

Mme NATALIA KANEM, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), s’est préoccupée des problèmes liés aux cancers qui frappent les organes reproductifs, ainsi que des conséquences du surpoids et du tabagisme, entre autres, sur la fertilité.  Elle a recommandé de sensibiliser les jeunes pour qu’ils prennent mieux en charge leur santé et puissent ainsi mieux vieillir.  Il faut, a-t-elle dit, s’attaquer aux problèmes de la consommation de drogue et de l’abus d’alcool, et en même temps tenir compte de la sexualité, pour qu’ils puissent s’épanouir et fonder ensuite des familles heureuses.

En matière de santé reproductive et génétique des femmes et des filles, elle a espéré en finir avec le cancer du col de l’utérus d’ici à 2050.  Tous les outils sont là pour y arriver, alors pourquoi 500 000 femmes continuent-elles d’être touchées chaque année par cette maladie pourtant évitable? a-t-elle interrogé.  Elle s’est inquiétée notamment du problème de la stigmatisation qui empêche certaines personnes de se faire dépister ou traiter.  Elle a appelé à étendre les programmes de vaccination par l’intermédiaire des systèmes de santé génésique et à faire de la détection du virus du papillome humain partie intégrante des services de santé reproductive et génésique.  Elle a aussi reconnu la difficulté, pour certains, de parler de la santé de leurs organes les plus intimes.

Mme Kanem a ensuite préconisé d’adopter des politiques fondées sur des faits scientifiques avérés, jugeant par ailleurs « inadmissible » que l’espoir qu’offre l’augmentation de l’espérance de vie soit détruit par les maladies non transmissibles.  Enfin, elle a souligné le rôle que jouent les systèmes de santé universel, revenant sur l’importance des programmes de dépistage précoces qui peuvent permettre à tant de femmes et de filles d’avoir la vie sauve et de s’épanouir pleinement.

Interventions des panélistes

L’importance d’avoir une alimentation saine a été au cœur de l’intervention de Mme MARIA HELENA SEMEDO, Directrice générale adjointe de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui s’est inquiétée à la fois de l’augmentation de la faim dans le monde et du fait qu’un adulte sur huit souffre d’obésité.  L’obésité est un problème mondial qui frappe actuellement en premier lieu l’Afrique, a-t-elle indiqué en avertissant du risque que cela représente pour le développement.  Or, il sera impossible de faire face aux maladies non transmissibles si on n’améliore pas les régimes alimentaires, a-t-elle affirmé.

La panéliste s’est préoccupée du fait que les produits alimentaires sains sont de plus en plus coûteux et même inabordables pour les pauvres.  Elle a appelé à adopter des politiques intégrées pour promouvoir une alimentation saine, et à lancer une action nationale et internationale pour combattre l’obésité.  Évoquant la Conférence internationale sur la nutrition qui s’est tenue en 2014, elle a insisté sur la nécessité pour les États Membres d’être tous sur la même longueur d’onde: il faut inciter à limiter la consommation de nourriture grasses ou à forte teneur en sucre ou en sel; établir des centres de recherche, recueillir des données pour orienter les politiques; tout cela accompagné de mécanismes de financement novateur.  « Faisons de cette Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025) un tremplin pour notre succès », a-t-elle lancé.

Les États Membres doivent s’impliquer en même temps que le secteur privé, a dit en substance M. TREVOR HASSELL, Président de la Healthy Caribbean Coalition, en donnant l’exemple des alliances contre les maladies non transmissibles qui ont mobilisé la société civile dans plusieurs pays et connu un franc succès.  Il n’en a pas moins reconnu que des défis persistent, à commencer par le financement durable des organisations de la société civile qui, a-t-il indiqué, sont nombreuses à manquer de ressources et à souffrir d’une mauvaise gestion.  Souvent, en outre, elles travaillent de manière cloisonnée en axant leurs activités sur une seule maladie.  Autre obstacle à l’efficacité du secteur privé: les conflits d’intérêts, notamment pour les industries du tabac et de l’alcool.  Aussi M. Hassell a-t-il recommandé de mettre en place des systèmes de gestion stricte pour limiter ces conflits.

En outre, a-t-il poursuivi, il faut toujours garder à l’esprit le fait que les maladies non transmissibles sont une question de justice sociale majeure.  Le secteur privé a certes son rôle à jouer, mais il incombe en premier lieu aux gouvernements de mettre en œuvre leurs engagements pour réduire le tabagisme, l’abus d’alcool, la mauvaise alimentation et l’inactivité physique.  Le panéliste a ensuite indiqué que dans les Caraïbes, les appels se multiplient pour créer une zone exempte de tabagisme, et qu’il y existe aussi des projets pour éliminer le cancer du col de l’utérus, et améliorer les systèmes de détection de l’hypertension.

Faisant revenir la discussion sur le terrain de l’alimentation, Mme GERDA VERBURG, Coordinatrice du Scaling-Up Nutrition Movement, a insisté sur l’importance cruciale, pour les enfants, d’avoir une bonne alimentation durant les 1 000 premiers jours de leur vie, et notamment grâce à l’allaitement maternelle.  Elle a regretté que les gouvernements ne disposent pas d’un ministère de l’alimentation, d’où l’importance, selon elle, pour les ministères concernés de développer des politiques communes pour promouvoir une bonne alimentation.  Cela est d’autant plus important que l’élaboration de lois est une activité multisectorielle, a-t-elle ajouté.  La panéliste a aussi parlé du rôle important que joue la société civile mais déploré que celle-ci tourne actuellement le dos au dialogue avec le secteur privé.  Elle a appelé ces deux acteurs à enclencher ce dialogue important.

Ensuite, Mme Verburg a appelé à ne pas traiter les petits agriculteurs et autres producteurs d’aliments à petite échelle de la même manière que les grandes industries agroalimentaires.  « Si on ignore les petits producteurs, notre action est vouée à l’échec. »  Ils font partie de la solution et il ne faut pas se limiter à la seule dimension législative du problème, a-t-elle martelé.  L’experte a aussi recommandé de fixer des agendas très clairs en ce qui concerne la responsabilité des entreprises qui, a-t-elle averti, risquent de faire face aux pressions de leurs conseils de direction désireux de faire des profits.  Les aliments sains sont d’ailleurs plus coûteux et plus difficiles à trouver que les nourritures moins saines ou malsaines, a-t-elle remarqué en invitant à trouver les moyens de les rendre abordables. 

Débat interactif

L’ampleur du problème a été mise en lumière par le Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (UN-OHRLLS) qui a averti que la prévalence des maladies non transmissibles a atteint des niveaux de crise dans plusieurs de ces États.

Pour faire face à la situation, les États-Unis ont invité à mieux exploiter le potentiel des partenariats multisectoriels, qui doivent permettre notamment de lancer des campagnes de prévention efficace, ou encore de fournir des médicaments.  Certes, a reconnu la délégation des Pays-Bas, mais les gouvernements doivent demeurer dans une position de chef de file et rester vigilants quant à la participation des industriels qui produisent des produits malsains.

« Sans oublier que le secteur privé va sans doute vouloir mettre l’accent sur la productivité », a ajouté le Ministre de la santé de la Barbade, qui a aussi mis en garde contre le problème de conflit d’intérêt.  En la matière, le Représentant de la Convention-cadre de lOMS pour la lutte antitabac a demandé d’exclure l’industrie du tabac dans ces partenariats « étant donné la contradiction inhérente entre son activité et la santé publique », tandis que l’Alliance des maladies non transmissibles a jugé que les parties qui s’opposent aux « Meilleurs choix » de l’OMS n’ont pas leur place à la table.

L’Alliance pour l’alimentation et les boissons a plaidé sa cause en expliquant qu’elle représente des producteurs désireux de limiter l’utilisation de graisses transformées et de sucres et que la nutrition figure au cœur des préoccupations de leurs conseils de direction.

Le secteur industriel se soucie peu de la santé, n’en a pas moins estimé l’Ordre souverain de Malte avant d’appeler à impliquer davantage la jeunesse dans les prises de décisions.  L’Italie a, pour sa part, appelé à tenir compte des comportements alimentaires des enfants et des jeunes.

Plusieurs délégations ont aussi profité de cet échange pour partager certaines de leurs expériences pour promouvoir une alimentation plus saine et lutter contre les maladies non transmissibles.

Il faut déjà des bonnes lois, a plaidé l’Union interparlementaire qui a dit inciter les parlements à cela.  Mais n’oublions pas de placer l’être humain au cœur de toutes les initiatives, a ajouté le représentant de Young Professionals Chronic Disease Network.

Face à l’obésité, Monaco a lancé plusieurs initiatives, à commencer par l’obligation d’offrir dans les distributeurs alimentaires uniquement des produits sains, ou encore l’implication de nutritionnistes dans l’élaboration de repas scolaires.  De plus, dans un avenir proche, la valeur calorifique de tous les plats présentés en restaurant figurera sur les menus.

À Singapour, nous avons lancé des démarches pour réduire la teneur en sucre des boissons sucrées, a indiqué le Ministre de la santé.  Les producteurs d’aliments plus sains reçoivent des subventions, tandis que leurs produits bénéficient d’un étiquetage spécial, a-t-il ajouté.

Le Mexique a parlé de la création, en 2015, de l’Observatoire national des maladies non transmissibles, tandis que le Portugal a expliqué avoir misé sur la promotion de l’activité physique et d’une alimentation saine.

De son côté, la République tchèque a appelé à coopérer avec les entités locales et à intervenir à ce niveau, ayant relevé que le lieu de naissance a une influence notable sur la vie d’une personne.

À ce propos, dans l’est de l’Ukraine, les agriculteurs ne peuvent plus cultiver leur champ car le pays est l’un des endroits les plus minés au monde.  Ils ont autre chose à faire que de se préoccuper de la teneur en sucre de leurs boissons, a expliqué la Ministre de la santé ukrainienne. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Péninsule coréenne: les États-Unis assurent au Conseil de sécurité que le processus diplomatique pour une dénucléarisation est bien « engagé »

8363e séance - matin
CS/13525

Péninsule coréenne: les États-Unis assurent au Conseil de sécurité que le processus diplomatique pour une dénucléarisation est bien « engagé »

À l’occasion d’une séance au niveau ministériel du Conseil de sécurité, le Secrétaire d’État des États-Unis, M. Michael Richard Pompeo, a assuré ce matin que le processus diplomatique avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour une dénucléarisation de la péninsule coréenne était bien engagé et qu’une « ère nouvelle » était en vue.  À l’instar de la plupart des délégations, dont celle de la République de Corée, il a toutefois appelé à une pleine application des sanctions contre ce pays, alors que son homologue de la Chine, appuyé par la Fédération de Russie, estimait venu le temps d’un « allègement ». 

Le Secrétaire d’État a mis en avant le rôle du Président des États-Unis, M. Donald Trump, dont les efforts ont permis une « percée historique », avec la tenue du récent Sommet de Singapour, entre ce dernier et le leader de la RPDC, M. Kim Jong Un.  « Les États-Unis travaillent avec la RPDC pour faire avancer ce qui a été agréé à Singapour », a-t-il dit, précisant qu’un deuxième sommet entre les deux hommes avait été discuté. 

L’ensemble des délégations se sont félicitées de l’avancée du processus diplomatique.  « Il y a un an, l’idée que les Présidents Trump et Kim Jong Un se serrent la main et tiennent un sommet relevait du rêve éveillé », a commenté la Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, Mme Kang Kyung-Wha.  « De même, qui aurait pu imaginer les Présidents Moon Jae-in de la République de Corée et Kim Jong Un en train de prendre des photos ensemble au sommet du Mont Paektu? » a—t-elle ajouté, faisant allusion au troisième sommet intercoréen qui s’est tenu la semaine dernière en RPDC.  Lors de ce sommet, a-t-elle affirmé, le Président Moon a entendu le leader nord-coréen déclarer lui-même, pour la première fois, son engagement à dénucléariser la péninsule coréenne. 

Partagé, l’optimisme des intervenants est néanmoins resté prudent.  Mme Kang a ainsi émis l’espoir que les prochaines négociations entre les États-Unis et la RPDC produisent « des résultats plus concrets », tandis que le Chef de la diplomatie du Royaume-Uni, M. Jeremy Hunt, déplorait l’absence de mesures tangibles prises par la RPDC.  « Nous jugerons la Corée du Nord sur ses actes », a de même averti le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Yves Le Drian. 

À cette aune, M. Pompeo a assuré que « l’avenir peut être radieux si la RPDC respecte ses engagements », tout en plaidant pour une pleine application du régime de sanctions, responsable selon lui des récentes avancées diplomatiques.  À l’instar du Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Taro Kono, M. Pompeo a, notamment, déploré que le plafond limitant les exportations de pétrole de la RPDC ait été dépassé. 

En effet, la RPDC « continue de contourner les sanctions pour développer son programme d’armes nucléaires, souvent avec l’assistance, peut-être involontaire, d’autres pays », a expliqué M. Stephanus Abraham Blok, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, pays qui préside le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1718 (2006).  « Le monde regarde.  Et ce Conseil doit agir », a ajouté M. Blok, appuyé par son pair de la Pologne M. Jacek Czaputowicz. 

Des Pays-Bas au Pérou et du Kazakhstan à l’Éthiopie, les hauts responsables des pays membres du Conseil ont tous insisté sur la nécessité pour ce dernier de rester uni; un « devoir », a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi.

Toutefois, « convaincu que la pression n’est pas une fin en soi », M. Wang a souligné la nécessité de répondre aux « préoccupations de sécurité » de toutes les parties.  « Au vu des progrès accomplis, nous estimons que le moment est venu d’alléger le dispositif des sanctions », a-t-il alors déclaré. 

La Chine a reçu l’appui de la Fédération de Russie, accusée, lors d’une séance houleuse du Conseil consacrée à cette question le 17 septembre, par la représentante des États-Unis de « tricher » et de « s’employer à court-circuiter » le régime de sanctions contre la RPDC.  Déplorant l’absence de confiance entre les États-Unis et la RPDC, qui fait à ses yeux obstacle au processus de normalisation en cours, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, a jugé « inopportun » de renforcer les sanctions et « inadmissible » que celles-ci deviennent « un instrument de punition collective ».  Il s’est demandé pourquoi certains membres du Conseil refusaient, comme le propose son pays, d’adresser un message collectif afin de saluer les mesures prises jusqu’à présent par la RPDC. 

Pour M. Lavrov, il est indispensable de « souscrire à la logique du donnant-donnant ».  Le Ministre a donc dénoncé une application « abusive » du régime de sanctions et rejeté toutes les sanctions « autonomes, secondaires et unilatérales » imposées par certains États.  À ses yeux, les mécanismes de sanctions doivent être au service d’un dialogue, et non un obstacle.  Il a ainsi suggéré que le « Comité 1718 » envisage des demandes de dérogation aux sanctions pour appuyer des projets économiques et de développement entre Séoul et Pyongyang.

Soulignant à son tour que les sanctions sont « des mesures intérimaires destinées à résoudre des questions problématiques par des moyens pacifiques et politico-diplomatiques », le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Kairat Abdrakhmanov, a rappelé l’importance de « fournir des assurances en matière de sécurité à la partie qui désarme ».  Son homologue de la Guinée équatoriale M. Simeon Oyono Esono Angue, a lui aussi souhaité « améliorer » le mécanisme de sanctions en vigueur pour le mettre davantage au service du dialogue politique et en réduire les conséquences sur le plan humanitaire.  Sur ce point, les Pays-Bas se sont engagés à continuer d’agir contre les violations des sanctions et pour réduire leur impact humanitaire. 

NON-PROLIFÉRATION/RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE    

Déclarations

M. MICHAEL RICHARD POMPEO, Secrétaire d’État des États-Unis, a rappelé que la position de son pays et du monde est que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ne doit pas posséder d’armes nucléaires.  Le Président Trump a mené une campagne qui a permis une percée historique, a-t-il dit, en mentionnant l’importance du récent Sommet de Singapour.  Les États-Unis travaillent avec la RPDC pour faire avancer ce qui a été agréé à Singapour, a-t-il dit, ajoutant qu’un deuxième sommet entre les leaders des États-Unis et de la RPDC a été discuté.  « Ces résultats ont été rendus possibles grâce aux sanctions imposées contre la RPDC. »

M. Pompeo a souligné la nécessité de mettre en œuvre toutes les résolutions du Conseil et assuré que, si la RPDC met en œuvre ses engagements, alors l’avenir sera radieux.  En revanche, a-t-il averti, toute voie choisie par la RPDC autre que la voie diplomatique sera synonyme d’isolement et de pressions supplémentaires.  Pour le Secrétaire d’État, la mise en œuvre des sanctions doit se poursuivre jusqu’à la dénucléarisation de la péninsule.  M. Pompeo a exhorté les États Membres à se montrer exemplaires dans l’application de la résolution 2397 (2017), déplorant que le plafond limitant les exportations de pétrole de la RPDC ait été dépassé, en violation de ce texte, avec notamment des transvasements illicites de pétrole de navire à navire.  « Nous observions ces navires.  Nous savons ce que vous faîtes », a-t-il ajouté. 

M. Pompeo s’est dit en outre « choqué » par l’accueil de nouveaux travailleurs de la RPDC par de nombreux pays, alors qu’il convient de réduire ce nombre de travailleurs.  Un processus diplomatique est en cours et bien engagé et nous voulons que ce soit un succès, a-t-il assuré.  L’avenir peut être radieux si la RPDC respecte ses engagements, a répété M. Pompeo, en promettant une plus grande prospérité pour la RPDC et une paix durable pour le monde, tout en ajoutant que « cette vision ne sera pas possible sans une transformation dans la péninsule coréenne ». 

Enfin, le Secrétaire d’État a souligné la nécessité de tirer profit de l’occasion historique qui se présente, assurant « que nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle dans les relations entre nos deux pays ». 

CHEIK SABAH KHALID AL HAMAD AL SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, s’est félicité que la volonté politique « forte et sincère » des États-Unis et des États de la région de choisir la voie du dialogue direct ait permis de convoquer trois sommets présidentiels en quatre mois.  Ces sommets, qui ont contribué à désamorcer les tensions dans la péninsule coréenne, ont abouti à une série d’engagements appuyés par le Koweït et la communauté internationale, a-t-il rappelé, soulignant en outre le rôle clef du Conseil de sécurité dans le lancement de ces pourparlers diplomatiques. 

Pour M. Al-Sabah, la meilleure façon de traiter la question à l’ordre du jour du Conseil est d’appuyer pleinement les pourparlers directs en vue de trouver une solution pacifique à la crise du programme nucléaire nord-coréen.  En même temps, a-t-il insisté, la RPDC doit respecter toutes ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil, y compris l’élimination de ses armes nucléaires et de ses programmes illicites, et sa ré-adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires(TNP).

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, s’est félicité des faits positifs observés dans la péninsule coréenne au cours des derniers mois, en citant le franchissement de la ligne de démarcation par les Présidents des deux Corées et la signature de la déclaration commune de Pyongyang le 19 septembre 2018, par laquelle les deux dirigeants se sont notamment engagés à dénucléariser la péninsule coréenne.  Parallèlement, la RPDC et les États-Unis préparent leur deuxième sommet, dans le cadre d’un dialogue que soutient la Chine.  Pour le Chef de la diplomatie chinoise, le Conseil de sécurité a le devoir d’adresser un message clair et uni pour faciliter la réalisation d’une péninsule stable et pacifique. 

Pour y parvenir, il faut répondre aux préoccupations de sécurité de toutes les parties concernées, a souligné M. Wang.  « Une déclaration de paix éloignerait le spectre de la guerre », a-t-il argué, ajoutant qu’une décision politique devait être prise à ce sujet.  C’est une condition sine qua non pour une paix durable dans la péninsule, a-t-il insisté, et toutes les parties concernées ont l’obligation de faciliter une paix durable.  En effet, la dénucléarisation doit se poursuivre dans le respect des résolutions de ce Conseil de sécurité.  La Chine est convaincue que la pression n’est pas une fin en soi et qu’un règlement politique est aussi important.  Or, le Conseil peut modifier le régime de sanctions en fonction du respect par la RPDC des mesures qui lui sont imposées.  « Au vu des progrès accomplis, nous estimons que le moment est venu d’alléger le dispositif des sanctions », a ajouté le Ministre en conclusion.

M. JEREMY HUNT, Secrétaire d’État du Royaume-Uni, a fait observer que la RPDC était le seul pays à avoir promis de ne pas développer des armes nucléaires et à l’avoir néanmoins fait.  Il a en outre déploré l’absence de mesures concrètes prises par la RPDC montrant son engagement en faveur du processus diplomatique en cours, marqué par le récent Sommet de Singapour.  Les sanctions doivent continuer à être appliquées strictement, tant que la situation n’aura pas changé de manière irrévocable, a-t-il dit. 

M. Hunt a exhorté les États Membres à combattre les violations des résolutions du Conseil et notamment le dépassement des plafonds limitant des exportations de pétrole.  « Nous avons dépêché deux navires pour surveiller les transvasements illicites de pétrole de navire à navire », a-t-il déclaré.  Il a souligné la grande pauvreté qui règne en RPDC, le PIB du pays n’atteignant que 5% de celui de la République de Corée, alors qu’ils étaient équivalents à la fin de la guerre.  Le régime de la RPDC doit changer de cap, renoncer à ses armes et en attendant, les sanctions doivent s’appliquer intégralement, a répété en conclusion M. Hunt. 

D’après M. STEPHANUS ABRAHAM BLOK, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, le Conseil de sécurité « a réussi à trouver un équilibre entre la pression et le dialogue » sur la question de la non-prolifération en RPDC.  Ce sont toutefois les graves événements de l’année dernière qui ont provoqué cette « démonstration d’unité », a-t-il rappelé.  Pour répondre aux tirs de missiles balistiques et à l’essai nucléaire de la RPDC, le Conseil a adopté trois résolutions d’une grande portée en l’espace de cinq mois, aboutissant au régime de sanctions le plus complet jamais imposé.  Ceci a forcé Pyongyang à retourner à la table des négociations et créé l’ouverture diplomatique dont se sont saisis la République de Corée et les États-Unis, s’est-il félicité.

La communauté internationale doit continuer de faire pression jusqu’à ce que la RPDC s’acquitte de ses obligations, a recommandé le Ministre néerlandais.  « On ne devrait jamais sous-estimer le pouvoir d’un Conseil uni », a-t-il affirmé.  Un Conseil uni, a-t-il poursuivi, appuiera les pourparlers diplomatiques et réassurera la RPDC sur le fait que nous souhaitons nous engager une fois qu’elle aura pris des mesures concrètes en vue de la dénucléarisation. 

La tâche ne sera pas facile, a cependant averti M. Blok.  En tant que Président du Comité des sanctions 1718, les Pays-Bas, a-t-il promis, continueront d’agir contre les violations des sanctions et pour réduire leur impact humanitaire.  En effet, le Ministre a indiqué que « la RPDC continue de contourner les sanctions pour développer son programme d’armes nucléaires, souvent avec l’assistance, peut-être involontaire, d’autres pays ».  La RPDC, a-t-il mis en garde, pourrait encore vouloir déployer un missile balistique intercontinental.  « Le monde regarde.  Et ce Conseil doit agir », a conclu M. Blok. 

M. WORKINEH GEBEYEHU NEGEWO, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, s’est félicité des progrès accomplis dans le dégel des deux Corées, qui a abouti à la signature de la Déclaration de Panmunjom et à la Déclaration commune de Pyongyang.  Les mesures importantes prises par la République de Corée et la tenue du Sommet de Pyongyang sont des signes encourageants, a-t-il ajouté. 

« Trouver une solution diplomatique globale de longue date à cette question exige un dialogue constant », a poursuivi le Ministre, qui s’est donc félicité que son homologue des États-Unis soit prêt à se rendre à Pyongyang à cette fin.  D’une manière générale, les faits nouveaux récents nécessitent l’appui continu de la communauté internationale, et les parties doivent être encouragées à maintenir leur élan en faveur de la paix.  C’est la raison pour laquelle l’unité de ce Conseil est d’une importance cruciale dans ce dossier, avec pour objectif ultime de parvenir à la dénucléarisation complète de la péninsule, a-t-il conclu.

M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, s’est félicité des progrès faits dans le dialogue intercoréen et de la conduite du processus diplomatique en vue d’une dénucléarisation de la péninsule coréenne, marqué par le Sommet historique de Singapour entre les leaders des États-Unis et de la RPDC.  Il est crucial de maintenir cette dynamique pour avancer sur la voie de la désescalade, la dénucléarisation de la péninsule devant demeurer une priorité de la communauté internationale.

La RPDC continue de défier le Conseil et ses résolutions, a regretté M. Czaputowicz, ajoutant que, malgré les difficultés pratiques et juridiques, il est crucial de respecter les obligations découlant des résolutions du Conseil.  Le Ministre a notamment estimé que, malgré les signes encourageants, le processus de dénucléarisation n’avait pas encore commencé.  Pour lui, il faut donc poursuivre les pressions et il a appelé les États Membres à lutter contre les violations du régime de sanctions. 

M. Czaputowicz a par ailleurs appelé la RPDC à rejoindre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), dont il a loué l’efficacité.  Enfin, il a assuré de la participation de son pays à toute initiative de non-prolifération.  « La dynamique actuelle doit être préservée », a-t-il conclu. 

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’est félicité de la signature de la Déclaration commune de Pyongyang et des engagements pris à ce titre par les deux Corées pour dénucléariser la péninsule.  Dans ce contexte, « il est inadmissible que les sanctions deviennent un instrument de punition collective », a-t-il tranché, en déplorant l’absence de confiance entre les États-Unis et la RPDC, qui fait à ses yeux obstacle au processus de normalisation en cours. 

Il est, selon le Chef de la diplomatie russe, « inopportun » de renforcer les sanctions, « comme prétendent le faire nos partenaires occidentaux ».  Nous aimerions, a-t-il dit, que l’on nous explique les raisons pour lesquelles « certains collègues » refusent d’adresser un message collectif afin de saluer les mesures prises jusqu’à présent par la RPDC.  Il est indispensable de souscrire à la logique du « donnant-donnant », a plaidé M. Lavrov.  Les mécanismes de sanctions doivent être au service d’un dialogue, et non un obstacle, a-t-il insisté.  L’application « abusive » du régime de sanctions par ce Conseil est telle qu’elle empêche les autres États d’entretenir des relations normales avec Pyongyang, y compris lorsqu’il s’agit d’évènements sportifs ou artistiques, a poursuivi le Ministre. 

Les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité ne prévoient pas seulement des sanctions, mais aussi un dialogue politique, a rappelé M. Lavrov, qui a rejeté les sanctions « autonomes, secondaires et unilatérales » imposées par certains États en dehors du régime établi par le Conseil, y voyant surtout un « instrument déloyal » pour dissuader des activités commerciales légitimes.  Nous rejetons également les tentatives de mettre en cause le respect par certains États Membres des résolutions du Conseil de sécurité, a poursuivi le Ministre pour qui, à l’inverse, ce Conseil devrait adresser un signal clair, en faisant référence au projet de résolution que la délégation russe a préparé et fait circuler auprès des autres membres.  Le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1718 (2006) pourrait envisager, par exemple, des demandes de dérogation à l’appui de projets économiques et de développement entre Séoul et Pyongyang, a suggéré M. Lavrov.

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, s’est félicité des processus engagés entre les deux Corées d’une part, et entre les États-Unis et la RPDC de l’autre, qui ont permis d’atténuer les tensions dans la péninsule coréenne et en Asie orientale depuis le début de l’année 2018.

« Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue que tant que la Corée du Nord n’aura pas abandonné ses programmes nucléaire et balistique, ces derniers continueront de représenter une menace pour la région et pour le monde », a averti le Ministre.  Pour la France, le Conseil doit amener ce pays à marquer une volonté significative de reculer sur son ambition de se doter d’un arsenal nucléaire opérationnel. 

M. Le Drian a en effet estimé que, malgré la baisse des tensions, la situation actuelle constitue une menace à la sécurité internationale.  « La mission de ce Conseil doit être de poursuivre sa pression pour que, cette fois-ci, la Corée du Nord tienne ses engagements », a-t-il poursuivi, avant d’exhorter la RPDC à aller au-delà des gestes symboliques et réversibles comme l’annonce de la destruction de son site d’essais nucléaires.  « Nous devons en premier lieu soutenir le dialogue exigeant, car il est important pour rétablir la confiance et avancer sur la voie de la dénucléarisation.  Nous devons, dans le même temps, collectivement maintenir notre politique de fermeté à l’égard de la Corée du Nord, en appliquant rigoureusement les sanctions », a-t-il insisté.

Enfin, le Ministre français a appelé à lutter contre les stratégies de contournement des sanctions appliquées par las RPDC.  « Nous jugerons la Corée du Nord sur ses actes », a-t-il averti en conclusion.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que son pays, devenu indépendant en 1991, avait renoncé à l’arsenal nucléaire dont il avait hérité.  Il a vu « un bon exemple de bonne volonté mutuelle » dans le fait que les cinq puissances nucléaires, en dépit de leurs différends, ont signé simultanément le Protocole au Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale (Traité de Semipalatinsk).  Le désarmement, a insisté le Ministre, est le meilleur moyen de renforcer la confiance.

M. Abdrakhmanov a invité la RPDC et le Japon à devenir membres de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), créée en 1992 et qui rassemble aujourd’hui 27 États dans la région.  Il a salué la reprise du dialogue entre Pyongyang et Seoul et la décision des États-Unis et de la République de Corée de suspendre leurs exercices militaires conjoints, et, de façon générale, les mesures politico-diplomatiques qui ont permis la tenue du Sommet historique de Singapour. 

En vue d’arriver à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, le Ministre a recommandé, avant tout, que soit préservée et exploitée l’unité du Conseil de sécurité.  S’il a dit entendre les préoccupations liées aux violations continues des résolutions du Conseil, il a toutefois souligné que les sanctions sont « des mesures intérimaires destinées à résoudre des questions problématiques par des moyens pacifiques et politico-diplomatiques ».  Il a également souligné l’importance de « fournir des assurances en matière de sécurité à la partie qui désarme ».  En conclusion, M. Abdrakhmanov a proposé d’élaborer une feuille de route pour la dénucléarisation progressive de la Corée du Nord, avec des garanties solides de la part des cinq membres permanents. 

M. MARCEL AMON-TANOH, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, a estimé que les tensions persistantes dans la péninsule coréenne sont emblématiques des menaces que représentent la prolifération des armes de destruction massive.  Aussi son pays encourage-t-il la « Corée du Nord » au respect des obligations qui lui incombe en vertu des résolutions du Conseil de sécurité et à prendre toutes les mesures nécessaires en vue de la dénucléarisation de la péninsule. 

Le Chef de la diplomatie ivoirienne a donc félicité les récentes mesures prises par Pyongyang, dont la plus marquante est le démantèlement de son principal site d’essais nucléaires de Punge-ri.  Il s’est aussi réjoui des mesures d’apaisement ayant permis la restitution des dépouilles de soldats américains décédés pendant la guerre de Corée, ainsi que de la tenue du Sommet historique du 12 juin 2018 entre les Présidents Donald Trump et Kim Jong-un.  Il s’est enfin félicité du réchauffement des relations entre les deux Corées, matérialisé par le troisième sommet en un an, tenu du 18 au 20 septembre dernier, dans lequel il a vu un pas de plus vers l’ambition commune d’une « zone de paix permanente ».  Dans ce contexte, le Conseil de sécurité a le devoir de soutenir et d’accompagner le processus de normalisation en cours, a ajouté M. Amon-Tanoh.

M. NÉSTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a demandé l’abandon irréversible et vérifiable des programmes nucléaire et balistique de la RPDC.  « Tant que ce ne sera pas le cas, les sanctions doivent être conservées et appliquées », a-t-il ajouté.  Soulignant l’importance de l’unité du Conseil, il a dit espérer qu’il y aurait bientôt de réels progrès sur ce dossier. 

Le Ministre a salué le sommet intercoréen de Pyongyang qui s’est tenu la semaine dernière et les engagements qui y ont été pris.  Le régime de sanctions est un outil efficace, a-t-il dit, approuvant l’initiative des États-Unis visant à son renforcement.  Enfin, M. Popolizio Bardales a souligné l’engagement de son pays en faveur du régime de non-prolifération et formé l’espoir que le monde soit un jour débarrassé des armes de destruction massive. 

M. SIMEON OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Guinée équatoriale, a estimé que la menace posée par les programmes nucléaires et balistiques de la RPDC ne constituait pas seulement une préoccupation régionale, mais aussi mondiale.  Nous avons toujours envisagé les sanctions davantage comme un moyen que comme une fin, et comme devant faire l’objet d’une mise en œuvre graduée, a-t-il cependant souligné. 

La Guinée équatoriale souhaiterait améliorer le mécanisme de sanctions en vigueur pour le mettre davantage au service du dialogue politique, prendre des mesures pratiques pour sensibiliser à l’importance du régime de sanctions, et en réduire les conséquences sur le plan humanitaire et les restrictions qui en découlent pour les États Membres, a poursuivi le Ministre.  Pour lui, les événements de 2018 représentent un signe d’espoir, en particulier le dialogue entre les Présidents des deux Corées, précédé par la tenue du Sommet de Singapour qui a réuni le Président des États-Unis et celui de la RPDC.  Une occasion doit être saisie pour soutenir cet élan afin de parvenir à la signature d’un accord de paix, a ajouté M. Esono Angue.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a appelé à la pleine mise en œuvre des sanctions existantes « jusqu’à ce que les demandes du Conseil soient satisfaites. » Elle a appelé les États Membres à assurer cette pleine mise en œuvre, des violations ayant été observées à de nombreuses reprises. 

La Ministre a souligné l’importance du Sommet de Singapour et exhorté toutes les parties à conserver cet élan et à nourrir la confiance.  « Une approche graduelle est nécessaire pour parvenir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne », a-t-elle dit, en exhortant la RPDC à traduire ses engagements dans les faits.  Appelant de ses vœux une « diplomatie créative », Mme Wallström a exhorté les parties à explorer la voie d’une transformation de l’armistice actuel en un accord de paix.  « Les récents progrès montrent qu’il est possible de dissiper les tensions par le dialogue et la coopération », a-t-elle souligné.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a indiqué que l’interdiction de la fabrication et de l’utilisation d’armes chimiques, biologiques et nucléaires était inscrite dans la Constitution de son pays.  La Bolivie, a-t-il précisé, est en outre sur le point de ratifier le traité sur l’interdiction des armes nucléaires de juillet 2017.

M. Llorentty Solíz a rappelé que l’année 2017 avait été l’une des plus intenses au Conseil de sécurité sur la question de la non-prolifération en RPDC.  Il a appuyé l’imposition de sanctions, estimant qu’elles parvenaient « en partie » à leur objectif, à savoir « créer des opportunités pour rapprocher les parties de la table des négociations, afin de trouver une solution pacifique, diplomatique et politique pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne ».  Mais les sanctions ne doivent pas être « une fin en soi », a-t-il insisté, s’inquiétant de leurs répercussions sur la population. 

Le représentant a salué les développements positifs intervenus cette année, grâce à la volonté politique des parties prenantes, notamment le dialogue intercoréen et la Déclaration de Panmunjom.  Il s’est félicité des résultats concrets obtenus à ce jour, comme la cessation des tirs de missiles balistiques.  M. Llorentty Solíz a également estimé que le rapprochement entre les Présidents nord-coréen et américain doit permettre de renforcer la confiance mutuelle entre les parties, ce à quoi contribuera la suspension des exercices militaires entre les États-Unis et la République de Corée. 

Mme KANG KYUNG-WHA, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a passé rapidement en revue les développements récents dans la péninsule coréenne.  « Il y a un an, a-t-elle dit, l’idée que les Présidents Trump et Kim Jong Un se serrent la main et tiennent un sommet relevait du rêve éveillé ».  De même, qui aurait pu imaginer les Présidents Moon Jae-in et Kim Jong Un en train de prendre des photos ensemble au sommet du Mont Baekdu?

« Mais voilà où nous sommes » aujourd’hui, après trois sommets intercoréens et un sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord en l’espace de cinq mois, s’est félicitée la Ministre.  Lors de son troisième sommet avec M. Kim, la semaine dernière, le Président Moon a entendu le leader nord-coréen déclarer lui-même, pour la première fois, son engagement à faire de la péninsule coréenne une terre exempte d’armes nucléaires et de menaces, a-t-elle précisé.  Citant la Déclaration conjointe de Pyongyang, Mme Kang a dit espérer que les prochaines négociations entre les États-Unis et la Corée du Nord produiront « des résultats plus concrets ». 

La communauté internationale a été en mesure de ramener la Corée du Nord au dialogue à travers « une combinaison équilibrée d’outils diplomatiques », a reconnu Mme Kang.  Elle a jugé critique le rôle joué à cet égard par le Conseil de sécurité lors de l’adoption des sanctions, pour signifier à la Corée du Nord que la poursuite de son programme nucléaire ne serait jamais acceptée, tout en laissant la porte ouverte au dialogue.  La volonté de la communauté internationale a finalement prévalu et, ces derniers mois, la Corée du Nord a pris une série d’actions, « des premières », impensables il y a seulement un an, a poursuivi la Ministre. 

Le Gouvernement de la République de Corée s’engage à continuer de travailler avec la communauté internationale pour faire en sorte que les sanctions du Conseil soient fidèlement appliquées, et avec la Corée du Nord pour progresser vers une dénucléarisation complète, a assuré la Ministre.  Il renforcera le dialogue intercoréen pour solidifier l’élan en faveur de la réconciliation et de meilleures relations.   

M. TARO KONO, Ministre des affaires étrangères du Japon, a apporté son soutien aux efforts diplomatiques en cours, notamment lors du Sommet « historique » entre les États-Unis et Singapour en juin, ainsi que des trois sommets intercoréens organisés cette année.  « J’ai bon espoir que ces efforts aboutiront au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de tous les programmes d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la RPDC », a-t-il déclaré. 

Néanmoins, a poursuivi M. Kono, nous sommes préoccupés par le dernier rapport en date de l’Agence internationale de l’énergie atomique, selon lequel Pyongyang poursuit son programme nucléaire.  En outre, le Gouvernement japonais partage l’analyse des États-Unis et d’autres pays partenaires sur le fait que le plafond annuel fixé pour les ventes de produits pétroliers a déjà été dépassé en 2018, en violation des sanctions internationales.  « Il est important que tous les États Membres cessent de fournir immédiatement ces produits à la Corée du Nord en vertu des résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il mis en garde.  Par ailleurs, a-t-il souligné, des informations nombreuses font état d’efforts sophistiqués pour contourner les mesures imposées par le Conseil de sécurité, notamment les transferts de navire à navire et la vente de droits de pêche. 

Enfin, entre le Japon et la Corée du Nord continue de se poser la question des enlèvements, qui doit être résolue « immédiatement », a tranché le Ministre.  « Le Japon est prêt à s’engager directement avec la Corée du Nord et à mettre tout en œuvre » pour y parvenir, a-t-il annoncé.  Pyongyang, a-t-il affirmé, a ici une « occasion unique » qui doit être saisie pour envisager un avenir meilleur.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Un Conseil de sécurité divisé réfléchit aux meilleurs moyens de consolider le régime de non-prolifération, mis à mal par de multiples violations

8362e séance - matin
CS/13524

Un Conseil de sécurité divisé réfléchit aux meilleurs moyens de consolider le régime de non-prolifération, mis à mal par de multiples violations

À l’initiative des États-Unis, le Conseil de sécurité s’est, ce matin, réuni au plus haut niveau pour réfléchir aux moyens de donner pleinement effet à ses résolutions relatives à la non-prolifération des armes de destruction massive.  Entre les six chefs d’État, deux chefs de gouvernement et sept ministres des Affaires étrangères présents autour du « fer à cheval » -la table du Conseil-, les divergences de vues n’ont pas manqué.

Plusieurs des orateurs se sont félicités des progrès accomplis vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne et du dégel des relations entre les deux Corées –une question qui fera demain l’objet d’une séance séparée–, notamment le Chef de la diplomatie du Kazakhstan, M. Kairat Abdrakhmanov, qui en a attribué le mérite aux « efforts personnels » de M. Trump. 

Le consensus, en revanche, n’était pas de mise s’agissant de l’Iran.  Le Président des États-Unis, M. Donald J. Trump, a justifié le retrait, le 8 mai dernier, de son pays du Plan d’action global commun, « cet accord horrible et déséquilibré », pourtant destiné à garantir la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien et que le Conseil avait approuvé à l’unanimité par la résolution 2231 (2015) du 20 juillet 2015, six jours après sa signature.  Accusant Téhéran d’utiliser des fonds « issus » de cet accord pour développer clandestinement son programme d’armements nucléaires, M. Trump a en outre confirmé que les sanctions unilatérales imposées par Washington prendraient toute leur force à partir de novembre, et seraient suivies d’autres, « plus sévères que jamais ».  « Tout pays qui contournera ces sanctions sera confronté à des conséquences regrettables », a-t-il menacé.

Pourtant, le Conseil de sécurité, qui a su se montrer « exemplaire et uni » sur le dossier nord-coréen, l’avait aussi été sur l’Iran, a rappelé le Président de la France, M. Emmanuel Macron, « mais c’était en 2015 ».  Constatant la divergence des trajectoires des États signataires du Plan d’action global commun depuis lors, il a fait valoir que l’objectif reste pourtant le même: « empêcher [ce pays] de se doter de l’arme nucléaire ».  Pour la France, « même imparfait », le Plan d’action reste « déterminant » à cet égard, un point dont sont également convenus les Ministres des affaires étrangères de la Chine et de l’Éthiopie, MM. Wang Yi et Workneh Gebeyehu Negewo.  « Alors qu’une grave crise de confiance a été rouverte par la réimposition des sanctions extraterritoriales américaines, Téhéran continue de respecter ses obligations nucléaires », a fait observer M. Macron, appuyé notamment par le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Mark Rutte, et la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström.

En revanche, le Chef de la diplomatie du Koweït, M. Sabah Khaled Alhamad Alsabah, s’est lancé dans une diatribe contre l’Iran, accusé d’avoir fait du territoire du Yémen une véritable « rampe de lancement » pour les milices houthistes, qui se seraient livrés à des tirs de missiles balistiques « sans précédent » en direction de l’Arabie saoudite.  Il a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de ce pays. 

C’est le succès limité de l’ensemble du régime de non-prolifération nucléaire et notamment du Traité sur la non-prolifération (TNP) qu’a regretté le Vice-Président de la Côte d’Ivoire, M. Daniel Kablan Duncan, alors que le Président de la Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, dénonçait « l’hypocrisie » qui règne sur cette question, tout en rappelant que l’Afrique est exempte de toutes armes de destruction massive. 

De même, les Présidents de la Bolivie, M. Evo Morales, et du Pérou, M. Martin Vizcarra Cornejo, ont rappelé que le continent sud-américain était lui aussi une zone exempte d’armes nucléaires, et ce, depuis la signature en 1967 du Traité de Tlatelolco, et appelé à la mise en place d’une zone similaire au Moyen-Orient.  Le Ministre des affaires étrangères russe, M. Sergey Lavrov, a regretté l’absence de progrès en ce sens, tandis que M. Alsabah soulignait qu’Israël devait adhérer au TNP et placer toutes ses installations nucléaires sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique, « en particulier dans la mesure où il s’agit du dernier État de la région à ne pas l’avoir encore fait ».

Autres armes de destruction massive visées par les mesures de non-prolifération, les armes chimiques ont été au centre de plusieurs interventions, en particulier pour leur utilisation en Syrie.  Mme Theresa May, Première Ministre du Royaume-Uni, a ainsi regretté l’exercice de son droit de veto par la Fédération de Russie pour empêcher l’établissement des responsabilités dans ce dossier, un regret repris à son compte par le Chef du Gouvernement néerlandais. 

À l’inverse, M. Lavrov a rejeté les tentatives de « certains pays occidentaux » qu’il a accusés de chercher à instrumentaliser l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, en rappelant que Damas avait procédé à la destruction totale de son stock d’armements chimiques, conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil.  Il a en revanche incriminé des groupes terroristes qui ont en leur possession des substances toxiques, en arguant qu’ils auraient appris à les synthétiser dans des laboratoires, ajoutant que « les services secrets américains le savent de longue date ».  M. Lavrov a de plus rappelé l’offre de coopération faite par Moscou pour enquêter sur l’incident de Salisbury, où un agent neurotoxique a été utilisé et dont le Royaume-Uni rend la Russie responsable.  M. Lavrov s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles cette offre est restée pour l’heure lettre morte. 

« Fruit des drames du XXe siècle, arrivé à maturité dans les années 1990, le régime de non-prolifération repose sur des concessions mutuelles, des interdépendances et une confiance réciproque », a résumé M. Macron. 

Toutefois, la confiance seule ne peut garantir un succès durable sans une stricte mise en œuvre de tous les instruments juridiques existants et des régimes de sanctions imposés par ce Conseil, a fait observer le Chef de la diplomatie kazakhe.  C’est pourquoi le Kazakhstan, conscient que « l’application asymétrique » du TNP porte atteinte à la confiance entre puissances nucléaires et non nucléaires, propose d’élaborer un système juridiquement contraignant de garanties qu’offriraient les puissances nucléaires aux États qui renonceraient volontairement à leur arsenal, ainsi qu’à ceux qui ne sont pas des puissances nucléaires, pour encourager ces derniers à ne jamais acquérir l’arme nucléaire.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Non-prolifération des armes de destruction massive

Déclarations

M. DONALD J. TRUMP, Président des États-Unis, s’est félicité de la tenue de cette réunion sur la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.  Son pays, a-t-il dit, prend des « mesures audacieuses » pour contrer de telles menaces, rappelant que les États-Unis avaient renoncé de longue date à leurs armes biologiques et chimiques.  En outre, nous avons condamné récemment l’utilisation par le régime syrien d’armes chimiques contre son propre peuple, des attaques rendues possibles grâce aux alliés de Bashar Al-Assad, à savoir la Fédération de Russie et l’Iran, a accusé M. Trump. 

C’est aussi, a ajouté le Président, l’une des raisons pour lesquelles Washington s’est retiré du Plan d’action global commun, un « accord horrible et déséquilibré », qui permet à l’Iran de continuer sur la voie de la conception d’une bombe atomique.  Téhéran, a-t-il fait valoir, utilise des fonds « issus » de cet accord pour développer son programme d’armements nucléaires.  Suite à leur retrait, les États-Unis ont continué d’imposer des sanctions à titre national à ce pays, qui prendront toute leur force à partir de novembre, et ils en imposeront de nouvelles, « plus sévères que jamais », a-t-il annoncé, en avertissant que « tout pays qui contournera ces sanctions sera confronté à des conséquences regrettables ». 

Le Président a néanmoins remercié l’Iran, ainsi que la Russie et la Syrie qui, « à ma demande », ont « ralenti considérablement » l’attaque en préparation contre la province d’Edleb.  M. Trump a en outre remercié la Turquie d’avoir « négocié la retenue ».  « Tout ce qui peut aider à sauver des centaines de milliers de vies sera fait et nous sommes prêts à contribuer à cet effort », a-t-il assuré. 

Pour sa part, le Gouvernement américain est déterminé à façonner un « avenir plus juste et meilleur », a poursuivi M. Trump, qui a ensuite accusé la Chine de tenter de s’immiscer dans les « élections de mi-mandat » aux États-Unis « pour m’empêcher de remporter les élections, alors que nous gagnons à tous les niveaux », y compris sur le plan économique.  Il a attribué cette attitude présumée de la Chine à sa propre volonté de s’opposer à sa politique commerciale chinoise.

Le Président s’est ensuite félicité que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’ait pas procédé à des essais nucléaires depuis septembre 2017 ou à des tirs de missiles balistiques depuis novembre de la même année.  Tout en saluant les progrès accomplis par Pyongyang, il a souligné l’importance de les consolider, en « mettant en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité jusqu’à une dénucléarisation complète de la péninsule ».  Nous avons constaté des violations du régime de sanctions par certains États, en particulier le transfert illégal de matériaux d’un navire à l’autre, a poursuivi le Président, et ce, alors que « la sécurité de la péninsule dépend du respect intégral des résolutions du Conseil de sécurité ». 

Après avoir fait l’éloge du dirigeant de la RPDC, M Kim Jong Un, « un homme que j’ai appris à connaître et à estimer » et qui « veut la paix dans son pays », M. Trump a annoncé « d’excellentes nouvelles en provenance de la RPDC » dans les mois à venir, à la suite de « nombreuses choses » qui se passent « derrière la scène, inconnues des médias », mais « très positives ».  Pour que la « promesse de la paix » soit tenue, et nos efforts couronnés de succès, nous avons besoin de tous les États présents dans cette salle, a-t-il exhorté en conclusion.

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a d’entrée évoqué « Nos divisions de l’an passé » sur les dossiers du nucléaire iranien et de l’usage d’armes chimiques par le régime syrien, avant de s’interroger: « Que voulons-nous, nous, États membres du Conseil de sécurité, encore faire ensemble? »  Fruit des drames du XXe siècle, arrivé à maturité dans les années 1990, le régime de non-prolifération repose sur des concessions mutuelles, des interdépendances et une confiance réciproque, a-t-il exposé, avant d’ajouter: « Notre responsabilité, c’est de préserver et de renforcer ce régime ».

Constatant que, sur le dossier nord-coréen, le Conseil de sécurité avait su se montrer « exemplaire et uni », M. Macron a apporté son soutien à l’initiative prise par le Président des États-Unis de dialoguer avec le Président du Parti du travail de Corée, tout en invitant le Conseil à ne perdre de vue que la RPDC continue de représenter une menace nucléaire et balistique pour le monde.  « La France attend du régime de Pyongyang des gestes concrets, démontrant sa volonté réelle de s’engager dans un processus de démantèlement de son programme nucléaire et balistique de façon complète, vérifiable et irréversible », a-t-il averti.

Si le Conseil a été uni sur la question de l’Iran, avec l’adoption de la résolution 2231 (2015), M. Macron a rappelé que « c’était en 2015 » et que, depuis lors, les trajectoires des États signataires du Plan d’action global commun avaient été divergentes.  L’objectif reste pourtant le même, a-t-il fait valoir: empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.  Pour la France, le Plan d’action, même imparfait, reste déterminant à cet égard.  « Alors qu’une grave crise de confiance a été ouverte par la réimposition des sanctions extraterritoriales américaines, Téhéran continue de respecter ses obligations nucléaires », a également fait observer M. Macron. 

Pour le Président, cette situation doit être confortée par un respect du Plan d’action et de la résolution précitée, « et qui vaut pour tous les membres de l’ONU, et pas seulement pour la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ».  Il a appelé à bâtir une stratégie de long terme pour la gestion de cette crise, « qui ne peut se réduire à une politique de sanctions et de containment ».  Les bases d’une nouvelle négociation doivent être posées sur l’encadrement du nucléaire iranien au-delà de 2020-2030, sur la question de l’augmentation de la portée et de la précision de son arsenal de missiles et sur la stabilité régionale, a précisé M. Macron. 

De même, le Conseil a été uni sur la question des armes chimiques en Syrie, « mais en 2013 », a rappelé le Président, qui a déploré le manque d’unité depuis lors sur l’élimination des armes chimiques syriennes et a rappelé que des armes chimiques avaient été utilisées en Syrie par le régime syrien et par Daech, mais aussi qu’un agent chimique avait été utilisé en Asie pour assassiner un membre de la famille du dirigeant nord-coréen, et qu’un agent neurotoxique avait été utilisé cette année sur le territoire du Royaume-Uni, « donc de l’Union européenne ».  Concernant cette dernière, il a dit partager l’analyse britannique selon laquelle il n’y a pas d’autre explication plausible que celle de la responsabilité de la Russie.  M. Macron a aussi rappelé le lancement en janvier 2018 d’un partenariat international contre l’impunité de l’utilisation d’armes chimiques. 

La France travaillera inlassablement à l’unité de ce Conseil sur les questions de non-prolifération, a affirmé le Président, pour qui « nous devons rester unis, c’est une rare condition de notre légitimité en tant que membres permanents et non permanents ».  M. Macron s’est notamment dit préoccupé par le développement de missiles intercontinentaux par la RPDC, l’assistance balistique apportée au Hezbollah et aux houthistes du Yémen et par l’intérêt des groupes terroristes pour les armes de destruction massive.  « La France continuera de respecter strictement ses engagements au titre du régime de non-prolifération », a-t-il conclu.

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a rappelé que tout usage d’arme chimique constituait un crime, « que ce soit un régime non démocratique qui l’utilise à grande échelle contre sa propre population pour renforcer son pouvoir ou son utilisation terroriste par un État contre des individus à l’étranger et sur qui un certain État veut se venger ».  Et si c’est un crime, alors les criminels doivent répondre de leurs actes devant la justice. 

« Notre inaction ne peut qu’encourager les auteurs de tels actes », a poursuivi le Président, qui a dit espérer que le nouveau mécanisme de sanctions de l’Union européenne, qui a été élaboré en droite ligne des directives de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), permettrait d’exercer les pressions appropriées sur les auteurs actuels et futurs et les dissuader de commettre de telles actions inacceptables.  M. Duda a souligné que, comme de coutume, la Pologne présenterait un projet de résolution à l’Assemblée générale sur la Convention sur les armes chimiques. 

Concernant la prolifération des armes nucléaires, la Pologne souhaite que tout accord visant le contrôle des programmes nucléaires garantisse que ces derniers ne visent que des objectifs pacifiques.  Des mesures de contrôle des exportations doivent donc être mises en place par tous les pays impliqués dans le commerce de matières nucléaires, chimiques et biologiques à but pacifique, afin de maintenir le niveau de contrôle approprié de ces biens à usage double. 

M. Duda en a profité pour saluer le rôle que joue l’Agence internationale de l’énergie atomique pour contrôler minutieusement les engagements pris par la République islamique d’Iran.  Pour le Président, il faut s’efforcer de garantir que le programme nucléaire iranien demeure pacifique et que le pays respecte ses engagements en matière nucléaire pris dans le cadre du Plan d’action global commun.  Pour la Pologne, les divergences de vues entre l’Union européenne et les États-Unis sur le Plan d’action global commun ne devraient pas mettre en péril la solidité des relations transatlantiques, lesquelles sont cruciales pour la sécurité de l’Europe.  Il a dit comprendre la justification donnée par les États-Unis pour imposer de nouveau les sanctions à l’Iran, notamment au vu de la politique de ce pays et de ses activités au Moyen-Orient. 

La Pologne salue en outre la perspective de dénucléarisation de la péninsule coréenne.  M. Duda a précisé que les étapes décisives étaient toujours attendues et que la paix durable ne pouvait être effective sans une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la RPDC.  Avant que cela ne soit fait, la communauté internationale se doit de garder une pression réelle et conséquente sur le pays, y compris en soutenant le régime de sanctions de l’ONU.  En ce qui concerne l’Europe centrale et de l’Est, le Président a relevé que le Mémorandum de Budapest avait été clairement violé au cours des dernières années et que des armes à usage double avaient été par exemple déployées aux frontières de la Pologne. 

Pour répondre à toutes ces menaces, la Pologne prône la mise en œuvre complète de tous les traités et normes du droit international, ainsi que le soutien et une confiance totale dans le travail des mécanismes internationaux responsables de la prévention de l’usage de ces armes de destruction massive.

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a déclaré que son pays n’avait aucune intention d’acquérir des armes de destruction massive, ajoutant que la promotion du régime de non-prolifération devait demeurer une priorité de la communauté internationale.  Il a regretté que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pas permis l’élimination des armes nucléaires, avant d’appeler au respect intégral des instruments internationaux sur la non-prolifération et d’exhorter les États détenteurs de telles armes à éliminer leur arsenal. 

M. Obiang Nguema Mbasogo a déploré « l’hypocrisie » qui règne sur cette question de la non-prolifération, les actions prises étant éloignées de la rhétorique.  Certains États sont en effet engagés dans une véritable course aux armements, a-t-il regretté.  Il a appelé à la poursuite des négociations en vue de l’adoption des instruments internationaux pour une élimination complète et irréversible des armes nucléaires, ajoutant que l’énergie nucléaire devait être utilisée exclusivement à des fins pacifiques. 

Le Président a ensuite rappelé que l’Afrique ne comptait aucune arme de destruction massive.  Face aux conflits qui font rage sur ce continent, il a plaidé pour un soutien robuste à l’Union africaine et son noble objectif de faire taire les armes, invitant à cet égard le Conseil à « concrétiser » son soutien à l’organisation régionale.

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a d’abord rappelé que son pays appartient à une région exempte d’armes nucléaires, avant d’exhorter tous les autres États à œuvrer à la mise en place de zones comparables dans le reste du monde.  Les États Membres de l’ONU, a-t-il souligné, sont contraints de respecter l’ensemble des dispositions de la Charte des Nations Unies, y compris l’obligation de privilégier le règlement pacifique des différends et des conflits par l’entremise de la médiation. 

Dans ce contexte, nous devons pouvoir « reléguer aux oubliettes de l’histoire » les armes de destruction massive, a affirmé le Chef d’État, qui a encouragé les membres du Conseil à se pencher sur les « véritables causes » de la guerre dans le monde.  Il en a voulu pour exemple le cas de l’Iran: en 1953, a-t-il accusé, les États-Unis ont fomenté un coup d’État dans ce pays, avant de soutenir, pendant des décennies, un gouvernement autoritaire jusqu’à la révolution de 1979, laquelle a permis à Téhéran de reprendre le contrôle de ses propres ressources pétrolières.  M. Morales a saisi cette occasion pour dénoncer le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun.

Quant au Moyen-Orient, a poursuivi le dirigeant, il a été le « théâtre de trois des pires agressions » commises à l’époque contemporaine: l’invasion de l’Iraq, l’intervention en Libye, et la guerre civile en Syrie.  Ce dernier conflit est l’aboutissement direct des deux premiers, qui ont été menés pour renverser les gouvernements légitimes et ont facilité l’épanouissement de terroristes dans la région, a martelé M. Morales.  Poursuivant, il a dénoncé la « propagande » américaine menée au nom de la justice, de la démocratie et des droits de l’homme.  Si la démocratie intéressait les États-Unis, ils n’auraient pas planifié de coup d’État a-t-il lancé.  S’ils s’intéressaient aux droits de l’homme et à la justice, ils seraient parties à la Cour pénale internationale, ne se retireraient pas du Conseil des droits de l’homme, « et ne sépareraient pas des enfants de leurs parents ».  Ce mépris du multilatéralisme est en réalité motivé par des intérêts purement géopolitiques, a tranché le Président bolivien, avant de faire l’éloge du « principe de non-ingérence ».

M. MARTIN VIZCARRA CORNEJO, Président du Pérou, a rappelé le front uni affiché par ce Conseil sur la question des armes de destruction massive tout au long de son histoire.  Il a exhorté les États Membres à rejoindre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires adopté en 2017 et a rappelé que l’Amérique latine était une zone exempte d’armes nucléaires depuis le Traité de Tlatelolco.  Ces armes ne doivent plus exister, a-t-il lancé, en marquant l’attachement du Pérou pour le régime de non-prolifération. 

M. Vizcarra Cornejo a salué les efforts du Président des États-Unis visant à une dénucléarisation complète et irréversible de la péninsule coréenne, avant de plaider pour la mise en œuvre du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien, endossé par le Conseil dans sa résolution 2231 (2015).  Il a condamné l’emploi d’armes chimiques en Syrie, ainsi que lors de l’attaque de Salisbury, au Royaume-Uni.  Dans bien des cas, c’est la perception d’une insécurité qui entraîne une course aux armements, a-t-il noté en invitant à dissiper cette perception en investissant dans la coopération internationale.  « La technologie doit être au service de la paix, non pas de la déshumanisation et de la destruction », a-t-il ajouté. 

M. DANIEL KABLAN DUNCAN, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a dressé un tableau sombre de la situation mondiale menaçante du fait du développement rapide des programmes nucléaires et balistiques, qui a entraîné une prolifération d’armes de destruction massive.  Ces armes alimentent la violence et les conflits, menacent la stabilité de régions tout entières et font ainsi de la question de la non-prolifération un objectif de survie pour l’humanité. 

En effet, a poursuivi M. Duncan, malgré tous les efforts déployés par la communauté internationale pour réaliser un monde exempt d’armes nucléaires, notre univers reste malheureusement sous leur menace permanente, ainsi que de celle des armes biologiques et chimiques.  Il est dénombré, à ce jour, plus de 14 500 armes nucléaires dans le monde, qui font courir le risque d’un conflit nucléaire aux conséquences humanitaires et environnementales irréversibles, a-t-il rappelé.  Il y a vu un défi réel pour notre organisation commune, avant de déplorer la propension des États à investir toujours davantage dans la modernisation de leurs arsenaux nucléaires et très peu dans l’élimination de ces armes et de leurs vecteurs.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, considéré comme la pierre angulaire du régime de non-prolifération est aujourd’hui mis à rude épreuve et fait l’objet de divergences profondes lors de sa Conférence d’examen tous les cinq ans, a-t-il également regretté.

Pour M. Duncan, le problème du nucléaire, la situation au Moyen-Orient- notamment en Syrie, avec les allégations d’utilisation d’armes chimiques- l’usage de missiles balistiques au Yémen ainsi que la question de la dénucléarisation dans la péninsule coréenne, constituent de vrais nœuds gordiens.  Ces situations « nous interpellent sur la nécessité de mettre la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, au cœur de nos priorités », a-t-il déclaré, en exhortant le Conseil de sécurité à continuer à assumer ses responsabilités en matière de non-prolifération. 

La Côte d’Ivoire appelle à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil ainsi qu’à l’application des différents instruments juridiques internationaux en matière de désarmement et de non-prolifération.  À cet effet, M. Duncan a invité les États Membres à s’acquitter, avec l’appui de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), de leurs obligations internationales, découlant de la Convention sur l’Interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et de leur destruction.  Pour sa part, la Côte d’Ivoire, qui est partie à tous les traités et conventions importants dans le domaine de la non-prolifération, a intégré dans ses lois nationales toutes les obligations découlant de ces instruments juridiques internationaux, a expliqué le Vice-Président. 

Dans le domaine du désarmement, M. Duncan a estimé que l’approche « étape par étape » n’avait pas produit les effets escomptés.  C’est pourquoi il a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à envisager une nouvelle approche.  Il a, par ailleurs, estimé que l’espace extra-atmosphérique, considéré comme « un bien commun pour l’humanité », mérite « notre attention soutenue » et requiert l’adoption urgente d’un instrument contraignant, pour le préserver de toute courses aux armements et éviter ainsi sa militarisation. 

Le Vice-Président a également évoqué la nécessité de se doter d’un instrument plus contraignant dans le domaine des armes biologiques et a appelé à l’universalisation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. 

S’agissant enfin du nucléaire iranien, M. Duncan a indiqué que son pays appuyait la mise en œuvre du Plan d’action global commun, jugé « dans l’ensemble satisfaisant ».  Il a, en conclusion, réaffirmé l’attachement de son pays au multilatéralisme et au droit international. 

Mme THERESA MAY, Première Ministre du Royaume-Uni, qui a brossé un historique rapide des progrès accomplis dans l’élimination des armes de destruction massive au cours des décennies passées, a ensuite rappelé que ces progrès avaient été remis en cause au cours des 17 derniers mois, notamment en pointant du doigt l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Elle a célébré l’indispensable « leadership » pour faire une différence en ce domaine, en se félicitant de celui démontré par le Président des États-Unis sur le dossier de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Mme May a cependant jugé nécessaire de maintenir les sanctions imposées à Pyongyang.

S’agissant de l’Iran, la Première Ministre a aussi rappelé son soutien au Plan d’action global commun, tout en dénonçant le comportement de l’Iran, ses tirs de missiles balistiques et le transfert d’armes et de technologies militaires sophistiquées au Hezbollah au Liban et aux forces houthistes au Yémen, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Abordant la situation en Syrie, elle a regretté que la Fédération de Russie ait exercé son droit de veto à plusieurs reprises pour empêcher l’établissement des responsabilités dans les attaques à l’arme chimique commises dans ce pays.  Les « partisans du régime syrien » doivent user de leur influence pour empêcher que de telles attaques ne se reproduisent, a-t-elle souligné. 

L’érosion des normes en vigueur en matière de non-prolifération a également été constatée à Salisbury, au Royaume-Uni, où une attaque à l’arme chimique a été commise par des éléments russes, a accusé Mme May.  « Moscou cherche à dissimuler ces méfaits », mais un membre permanent du Conseil de sécurité ne peut pas se dissocier du consensus existant autour des armes chimiques, a-t-elle ajouté.  Tous les États Membres doivent appliquer la règlementation en vigueur et les experts chargés d’évaluer l’état de mise en œuvre des sanctions imposées par le Conseil de sécurité doivent être dotés des ressources nécessaires.  « Nous ne pouvons pas laisser ce cadre s’affaiblir en raison des violations répétées constatées récemment », a conclu Mme May.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a retracé les développements positifs s’agissant du contrôle des armes de destruction massive, notant que le Traité sur la non-prolifération avait permis de limiter à moins de 10 le nombre des pays détenant l’arme nucléaire.  « Il est encourageant que les Ministres des affaires étrangères des États-Unis, de la Fédération de Russie et du Royaume-Uni aient rappelé leur soutien et engagement en faveur de ce Traité », a-t-il commenté. 

M. Rutte a constaté les développements positifs relatifs à la République populaire démocratique de Corée (RPDC), avant de souligner que le but ultime demeure l’abandon « total, vérifiable et irréversible » par ce pays de ses armes de destruction massive.  Il a salué les efforts des Présidents des États-Unis et de la République de Corée pour une dénucléarisation de la péninsule coréenne et a rappelé l’importance d’une pleine mise en œuvre des sanctions visant la RPDC. 

Le Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien, adopté en 2015 et entériné par ce Conseil dans sa résolution 2231 (2015), est un bon exemple de la manière dont ce Conseil et la communauté internationale peuvent travailler main dans la main sur le dossier de la non-prolifération, a poursuivi le Premier Ministre.  Il a ajouté que l’Iran respectait ses engagements dans le cadre de ce Plan d’action.  « Tant que cela sera le cas, nous continuerons de nous acquitter de nos engagements », a-t-il assuré.

M. Rutte s’est néanmoins dit préoccupé par le rôle de l’Iran dans la région, son programme d’armes balistiques, son soutien au Hezbollah et son rôle en Syrie et en Iraq.  Ces défis doivent être relevés, a-t-il dit.  Il ne saurait y avoir d’impunité s’agissant de l’emploi d’armes chimiques, a-t-il poursuivi, en mentionnant un emploi possible à Edleb, en Syrie.  « Nous devons parler haut et fort, prendre des mesures et appuyer fermement l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques afin que les responsables soient traduits en justice. »  S’agissant de l’attaque de Salisbury, le Premier Ministre a réaffirmé sa confiance dans les enquêtes britanniques.  « Les conséquences dévastatrices de l’emploi d’armes de destruction massive soulignent le besoin urgent d’agir », a-t-il conclu.

M. SABAH KHALED ALHAMAD ALSABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a réitéré la position de principe de son pays en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive.  Celles-ci ne sont malheureusement plus une « menace hypothétique » au Moyen-Orient, a-t-il ajouté, en donnant pour preuve l’« horreur » des attaques à l’arme chimique commises en Syrie par des acteurs étatiques et non-étatiques, mais aussi les tirs de missiles balistiques « sans précédent » effectués par les milices houthistes en direction de l’Arabie saoudite, dont la population civile et le patrimoine religieux sont en péril.  Le Chef de la diplomatie koweïtienne a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’agir et d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de l’Arabie saoudite, en annonçant que sa délégation était disposée à œuvrer à l’élaboration de mesures de réponses adéquates. 

Par ailleurs, tout en constant que l’Agence internationale de l’énergie atomique avait confirmé le respect par la République islamique d’Iran de ses obligations au titre du Plan d’action global commun, le Ministre s’est dit préoccupé des conclusions rendues par l’ONU concernant le soutien continu, y compris financier, apporté par Téhéran à des milices et des groupes armés opérant dans les pays arabes.  Il s’est dit tout particulièrement alarmé de l’interférence de l’Iran au Yémen, dont le territoire se serait selon lui « transformé en une rampe de lancement » pour les missiles balistiques visant les pays voisins et qui menacent la navigation dans le détroit de Bab al-Mandab et la mer Rouge. 

Le Ministre a ensuite souligné l’attachement des États arabes à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en appelant les trois coauteurs de la résolution sur le Moyen-Orient adoptée lors de la Conférence d’examen de 1995 à assumer leurs responsabilités en vue de faciliter l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région.  « Nous soulignons aussi qu’Israël doit accéder au TNP et placer toutes ses installations nucléaires sous la supervision et la surveillance de l’AIEA, en particulier dans la mesure où il s’agit du dernier État de la région à ne pas l’avoir encore fait », a-t-il déclaré.

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a estimé que le Conseil de sécurité devait s’acquitter de ses tâches de manière efficace et respecter les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté nationale.  Le Conseil doit promouvoir le consensus et mettre de côté les considérations politiques, dans l’intérêt de tous les États Membres, a-t-il ajouté.  Il a proposé de renforcer le régime de non-prolifération, en plaidant notamment pour son universalisation.  Les groupes terroristes ne doivent pas avoir accès à des armes de destruction massive, a-t-il insisté, appelant à une coopération accrue entre les pays, ainsi qu’au renforcement de leurs capacités. 

« Le Plan d’action global commun est une victoire du multilatéralisme », a poursuivi M. Yi.  Même imparfait, il demeure un accord viable, a-t-il dit, en appelant les pays à penser à l’intérêt de long terme sur ce dossier.  Il a ensuite rappelé que la Chine appuyait les efforts diplomatiques s’agissant de la péninsule coréenne, notamment ceux entrepris lors du Sommet de Singapour, en vue de parvenir à une paix durable. 

La Chine respecte traditionnellement les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté nationale, a par ailleurs déclaré M. Yi, affirmant qu’elle n’avait jamais dérogé à ces principes.  C’est pourquoi il a rejeté les accusations proférées contre la Chine et exhorté les autres pays à respecter la Charte et à ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de la Chine.

M. SERGEY V.  LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a plaidé en faveur d’une coopération constructive entre les membres du Conseil de sécurité pour agir contre les violateurs du régime de non-prolifération.  Il a considéré comme justifiées les mesures de sanctions prises en cas de transferts d’armements vers des organisations terroristes, avant de dire que tous les facteurs devaient être pris en considération à cette fin. 

M. Lavrov a ensuite regretté le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, signé par l’Iran et le groupe E3/UE+3 (Allemagne, Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Union européenne) et entériné par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2231 (2015).  Ce retrait constitue selon lui une « menace pour le régime de non-prolifération ».  Le Ministre a également mis en garde contre une montée des tensions au Moyen-Orient, sans parler des conséquences que ce retrait pourrait avoir sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  M. Lavrov a également reproché aux États-Unis de n’avoir toujours pas signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), avant de constater l’absence de progrès par les signataires de ce Traité pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

Le Ministre a ensuite mis en garde contre toute frappe illégitime contre le régime syrien, affirmant que Damas avait détruit l’ensemble de son arsenal chimique.  En revanche, des groupes terroristes ont en leur possession des substances toxiques, a-t-il soutenu, en arguant qu’ils auraient appris à les synthétiser dans des laboratoires et en ajoutant que « les services secrets américains le savent de longue date ». 

Malheureusement, a poursuivi M. Lavrov, certains pays occidentaux cherchent à instrumentaliser l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en refusant de coopérer avec la Fédération de Russie pour mener des enquêtes.  Il en a voulu pour exemple le cas de Salisbury, en posant la question suivante: « Si l’on ne veut pas coopérer avec nous, c’est peut-être que l’on a quelque chose à cacher? » « On ne peut rien exclure », a tranché le Ministre, en priant les membres du Conseil de ne pas oublier les tentatives passées de « manipuler » l’OIAC.  Le droit d’ouvrir des enquêtes est une prérogative du Conseil de sécurité, a-t-il martelé, avant de rappeler la proposition russe de mettre en place un « mécanisme de vérification du respect » de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes biologiques ou à toxines et sur leur destruction, une proposition que les États-Unis auraient selon lui « enterrée ».  Il a rappelé en conclusion l’importance du dialogue entre Moscou et Washington, « les deux principales puissances nucléaires ».

M. WORKNEH GEBEYEHU NEGEWO, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a déclaré que le récent sommet de Singapour entre le Président des États-Unis et le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) permettait de nourrir l’espoir d’une dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a, dans le même temps, plaidé pour une mise en œuvre des sanctions frappant la RPDC. 

Le Plan d’action global commun relatif à l’Iran est une réussite importante du multilatéralisme, a poursuivi le Ministre, qui a toutefois dit comprendre les difficultés qui s’attachent à la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015).  « Si le retrait des États-Unis est un défi sérieux, l’engagement des autres pays signataires est crucial pour la pleine mise en œuvre de ce Plan d’action », a-t-il commenté.  M. Gebeyehu a en effet jugé que la pleine application dudit Plan d’action était vitale pour l’architecture internationale de non-prolifération.  Enfin, le Ministre a rappelé l’engagement inébranlable de son pays en faveur du régime de non-prolifération des armes de destruction massive. 

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a réitéré le ferme engagement de son pays en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive depuis son accession à l’indépendance en 1991, ce que la réunion phare de la présidence kazakhe du Conseil de sécurité sur ce sujet en janvier dernier avait déjà rappelé.  Il s’est félicité des mesures de confiance prises de part et d’autre dans le cadre du « dégel » intercoréen et du Sommet de Singapour, « en raison de vos efforts personnels », a souligné le chef de la diplomatie kazakhe à l’adresse du Président des États-Unis. 

Toutefois, la confiance seule ne peut garantir un succès durable sans une stricte mise en œuvre de tous les instruments juridiques existants et des régimes de sanctions imposés par ce Conseil, a fait observer M. Abdrakhmanov.  « Sans vouloir minimiser le rôle du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il est clair que le monde a besoin d’un cadre juridique plus solide contre les armes de destruction massive », a estimé le Ministre, pour qui la mise en œuvre asymétrique du Traité porte atteinte à la confiance entre puissances nucléaires et non nucléaires.  L’entrée en vigueur, le plus rapidement possible, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) devrait également être l’une des pierres angulaires de l’architecture globale de non-prolifération, a poursuivi M. Abdrakhmanov.  Pour sa part, en ouvrant l’an dernier une banque d’uranium faiblement enrichi de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur son territoire, le Kazakhstan a fait une contribution supplémentaire au renforcement du régime de non-prolifération, s’est-il enorgueilli.

« Comment, dès lors, mettre en œuvre la non-prolifération et le désarmement au travers des mesures du Conseil de sécurité? », s’est demandé le Ministre.  Tout d’abord, cet organe devrait œuvrer à son unité en vue d’adresser au monde un signal sans ambiguïté au sujet de sa détermination sur ces questions, a-t-il fait valoir.  Il est également vital de donner l’assurance que tous les régimes de sanctions sont des mesures provisoires, « et non une fin en soi ».  « Mon Président a également suggéré l’option que le retrait du TNP soit rendu extrêmement difficile par l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité, qui aurait de sérieuses conséquences pour toute violation du Traité », a rappelé M. Abdrakhmanov.  De même, le Kazakhstan a également proposé d’élaborer un système juridiquement contraignant de garanties qu’offriraient les puissances nucléaires aux États qui renonceraient volontairement à leurs armes nucléaires, ainsi qu’à ceux qui ne sont pas des puissances nucléaires, pour encourager ces dernières à ne jamais acquérir l’arme nucléaire.  Il a en outre proposé de renforcer la coopération des zones exemptes d’armes nucléaires en organisant une réunion de haut niveau « interzones » à Astana l’an prochain. 

Enfin, « compte tenu des critiques visant un régime de non-prolifération affaibli en Syrie », le Kazakhstan est fermement convaincu que le Conseil doit faire preuve d’unité dans ses efforts inlassables pour chercher une solution globale aux questions de l’établissement des responsabilités et des poursuites judiciaires sans déléguer cette prérogative à d’autres structures, sous peine de polariser et de politiser encore davantage, a conclu M. Abdrakhmanov.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a jugé préoccupant leur retrait de plusieurs instruments multilatéraux par les États-Unis « un pays que nous avions toujours considéré comme un partenaire important ».  Le Plan d’action global commun est une « réussite historique » et l’exemple concret d’efforts diplomatiques efficaces, a-t-elle poursuivi, ajoutant que l’Iran respectait ses obligations contractées dans ce cadre.  À cette aune, elle a profondément regretté le retrait unilatéral des États-Unis de cet accord, « une décision qui rend le monde moins sûr » et sape « dangereusement » les efforts de non-prolifération.  « Franchement, quelle est l’alternative à cet accord? », a-t-elle demandé.

« Avec nos partenaires de l’Union européenne, nous veillerons à atténuer les conséquences négatives des politiques américaines et la Suède, au même titre que l’Union européenne, continuera d’entretenir des relations larges et de nouer un dialogue avec l’Iran, y compris sur la question des droits de l’homme », a assuré la Ministre.  Si elle a indiqué que le rôle de l’Iran dans la région ainsi que son programme balistique sont clairement sources de préoccupation, elle a estimé que ces questions devaient être traitées séparément du Plan d’action et non au détriment de cet instrument. 

Mme Wallström a ensuite appuyé les efforts diplomatiques en vue de régler la situation dans la péninsule coréenne, avant de qualifier de « détestable » toute utilisation d’armes chimiques.  Dans ce droit fil, la Ministre a appuyé la décision de l’OIAC d’identifier les responsables d’un tel emploi en Syrie, « même si la création d’un mécanisme par ce Conseil aurait été préférable ».  Elle a par ailleurs exhorté la Russie à coopérer dans le cadre de l’attaque de Salisbury.  « Les armes de destruction massive constituent de toute évidence une menace mondiale à laquelle nous devons répondre de concert », a conclu la Ministre. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose: adoption d’une Déclaration politique pour éradiquer « la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde d’ici à 2030 »

Soixante-treizième session,
Réunion de haut niveau, matin & après-midi
AG/12067

Réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose: adoption d’une Déclaration politique pour éradiquer « la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde d’ici à 2030 »

Les États ont manifesté aujourd’hui leur détermination à porter un coup décisif à « l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières au monde », dans la Déclaration politique sur la lutte contre la tuberculose issue de la toute première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur un fléau « qui mine l’humanité depuis des millénaires », s’est alarmé le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)

La tuberculose, a précisé M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tué 1,6 million de personnes l’an dernier.  À la fin de cette journée, elle aura tué près de 4 400 personnes, dont plus de 600 enfants.  Cet « ennemi mortel » est encore rendu plus dangereux par la résistance aux antibiotiques, puisque plus de 500 000 personnes contractent une tuberculose pharmaco-résistante chaque année et, sur ce nombre, seule une personne sur quatre a accès à un traitement et seule la moitié est traitée avec succès. 

Huit longues années, dont quatre ans de chômage, mon ouïe, mes relations familiales et amicales, c’est ce qu’une maladie dite « traitable et curable » m’a volé, a raconté Nandita Venkatesan, une jeune femme indienne, diagnostiquée en 2007 d’une tuberculose intestinale, après quatre mois de douleurs abdominales, de poussées de fièvre et de vomissements.  Celle qui, à 23 ans, n’était plus qu’« un squelette sans avenir », a lancé « chers chefs d’État, chefs de gouvernement et ministres, vous devez agir maintenant ».

Cela veut dire, a-t-elle précisé, promouvoir le dépistage précoce, mettre en œuvre les changements annoncés par l’OMS dans le traitement de la tuberculose multirésistante, investir plus dans la santé et dans la recherche de protocoles plus courts, conseiller les patients et impliquer les survivants car n’oubliez pas que « rien pour nous, sans nous ».  « Chers leaders et partenaires, je ne peux pas vous entendre car je suis devenue sourde mais je ferai tout pour que vous m’entendiez haut et fort ».

L’ont-ils entendu?  Le Directeur général de l’OMS a salué une Déclaration politique qui comprend des objectifs ambitieux mais « réalisables » même si le Coprésident du « Global TB Caucus » s’est un peu moqué d’une « belle Déclaration » sans mécanisme de responsabilité « solide ou indépendant ».

Dans ce texte de plus de 50 paragraphes, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à promouvoir l’accès à des traitements abordables, y compris aux génériques, à offrir diagnostics et traitements à 40 millions de personnes atteintes de la tuberculose entre 2018 et 2022, à renforcer les systèmes de santé et à y exploiter la technologie numérique.  Pour ce faire, ils s’engagent à mobiliser au moins 13 milliards de dollars d’ici à 2022 et 2 milliards pour la recherche.

« Au-delà des paroles, l’heure est à l’action », a encouragé la Présidente de l’Assemblée générale qui a appelé les États Membres à saisir cette « occasion historique » pour en finir une fois pour toutes avec l’épidémie de tuberculose.  Nous ne pouvons pas rater l’occasion d’être la génération qui aura éradiqué la tuberculose une fois pour toutes, a prévenu Mme María Fernanda Espinosa-Garcés.

« Notre tâche est urgente », a renchéri la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  La tuberculose, a rappelé Mme Amina J. Mohammed, n’existe pas dans le vide.  Elle se nourrit de la pauvreté, des inégalités, de l’urbanisation, des migrations et des conflits et nourrit elle-même la pauvreté et le désespoir.  La tuberculose vit donc dans un cercle vicieux qui exige une approche globale contre les moteurs sociaux qui perpétuent sa propagation.

La tuberculose, a acquiescé le Président du Conseil de coordination de la Stratégie Halte à la tuberculose de l’OMS, est une question de justice sociale qui met en lumière et exacerbe les multiples failles sociales et économiques.  « On ne peut en effet expliquer autrement pourquoi une maladie curable depuis des décennies est toujours présente, devenant l’une des premières causes de mortalité. »  La tuberculose, a estimé le docteur Aaron Motsoaledi, est finalement un test pour notre engagement à lutter contre la pauvreté.

Deux tables rondes ont été organisées sur l’accès à des services abordables de prévention, de diagnostic, de traitement et de soins, et sur les moyens financiers.  M. Bill Gates, de la Fondation Bill & Melinda Gates, qui a promis de financer la recherche par le biais du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a salué l’Inde, pour avoir fait passer son financement de 222 millions de dollars en 2012 à 525 millions en 2017, tout en créant le plus grand système de couverture sanitaire au monde.

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE

Unis pour vaincre la tuberculose: une action mondiale urgente face à une pandémie

Déclarations d’ouverture

Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA-GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale, a regretté que « nos progrès en matière de lutte contre la tuberculose n’aient pas été à la hauteur ».  Or, cette maladie est évitable, traitable et curable.  Pourtant, elle a coûté la vie à 1,6 million de personnes l’année dernière, dont 300 000 personnes porteuses du VIH et, malheureusement, la tuberculose multirésistante est toujours une grave crise de santé publique partout dans le monde.  C’est inacceptable, s’est impatientée la Présidente, car, a-t-elle poursuivi, outre les conséquences sociales du taux de mortalité, les pertes sont astronomiques: la tuberculose pourrait coûter plus de mille milliards de dollars à l’horizon 2030.

Si les mesures qu’il faut sont prises maintenant, « nous pourrons sauver des vies, réduire les souffrances et prévenir les pertes économiques ».  Il s’agit là d’une « responsabilité éthique et politique », a souligné la Présidente, qui a invité les participants aux tables rondes à rester concentrés sur trois axes fondamentaux et d’abord, le fait que la lutte contre la tuberculose ne nous offre pas seulement l’occasion de faire progresser cette cause, mais aussi de renforcer les systèmes de santé en général.  L’amélioration des infrastructures sanitaires et une meilleure coordination entre les gouvernements, les parlements et la société civile peuvent conduire à une amélioration de la santé de nos populations.

Ensuite, la tuberculose, comme beaucoup d’autres maladies, n’affecte pas tout le monde de la même manière.  Bien souvent, ce sont les plus pauvres, les plus vulnérables et les marginalisés qui subissent ses terribles effets, en particulier les femmes et les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les réfugiés et les migrants, sans oublier les peuples autochtones.  Nous devons, dès lors, a estimé la Présidente, chercher des moyens d’autonomiser les personnes touchées et améliorer leur résilience, en mettant en œuvre, par exemple, des politiques visant à élargir l’accès équitable et accessible aux médicaments, aux vaccins et aux diagnostics.

Enfin, le financement et la recherche devraient être renforcés de façon conséquente.  La Présidente a fait part, pour cette année, d’un déficit de près de 5 milliards de dollars.  Sans nouveaux outils et sans financement, les perspectives d’avenir sont très décourageantes, a-t-elle mis en garde.

La Déclaration politique approuvée aujourd’hui établit une feuille de route, conforme aux objectifs de développement durable, à la Stratégie Halte à la tuberculose de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à la Déclaration de Moscou sur l’élimination de la tuberculose.  Nous devons traiter 40 millions de personnes et assurer un traitement préventif à 30 millions d’autres personnes.  Il faudra mobiliser 13 milliards de dollars par an d’ici à 2022 et 2 milliards pour la recherche.  Au-delà des paroles, l’heure est à l’action, a encouragé la Présidente.  On peut gagner cette bataille, a-t-elle insisté, « Alors réaffirmons l’utilité, la nécessité et l’efficacité du multilatéralisme et du système des Nations Unies » et « Saisissons cette occasion historique pour en finir une fois pour toutes avec l’épidémie de tuberculose. »

Notre tâche est urgente, a poursuivi Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, devant « la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde ».  Au cœur des objectifs de développement durable, a-t-elle rappelé, se niche la promesse de ne « laisser personne de côté ».  Aujourd’hui, la voix des communautés affectées résonne dans les murs des Nations Unies et ces voix doivent devenir « les battements du cœur » de notre travail et un appel à intensifier les efforts et à élargir les partenariats.  La tuberculose, a rappelé la Vice-Secrétaire générale, n’existe pas dans le vide.  Elle se nourrit de la pauvreté, des inégalités, de l’urbanisation, des migrations et des conflits et nourrit elle-même la pauvreté et le désespoir.  La tuberculose vit donc dans un cercle vicieux qui exige une approche globale contre les moteurs sociaux qui perpétuent sa propagation.  La Vice-Secrétaire générale a, à son tour, souligné l’importance qu’il y a à mettre en place de meilleurs systèmes de santé et de protection sociale, de faire avancer la recherche et de surmonter la menace de plus en plus dangereuse de la résistance antimicrobienne.  La Vice-Secrétaire générale a encouragé les participants à la Réunion de haut niveau à réfléchir soigneusement au lien entre la tuberculose et l’agenda plus large de la santé.  Pour avancer, nous devons dépasser les approches en silos, s’est-elle expliquée. 

Elle a insisté sur le sous-financement alarmant et l’importance des investissements dans la santé, arguant que la tuberculose offre une occasion critique de mettre en œuvre des approches à l’échelle du système des Nations Unies et reposant sur des infrastructures de santé capables non seulement de prévenir, de diagnostiquer et de soigner la tuberculose mais aussi de promouvoir et de protéger la santé et le bien-être de communautés entières.  Notre réponse peut élargir l’accès aux médicaments et conduire à des progrès dans la couverture santé universelle.  La Stratégie Halte à la tuberculose de l’OMS fournit un cadre d’action qui montre certes des progrès mais des progrès inégaux, lents et fragiles, a mis en garde la Vice-Secrétaire générale.  Deux tiers des nouvelles infections interviennent dans seulement huit pays, a-t-elle fait observer, voyant là la nécessité de trouver une nouvelle façon de travailler: dépasser les approches à une voie, les silos et les objectifs uniques.  Les progrès seront possibles si nous nous fondons sur les meilleures données et la science, des décisions informées, des communautés autonomisées et une action stratégique et bien financée.  L’OMS restera aux manettes de l’action du système des Nations Unies qui compteront aussi sur la contribution de la société civile, a conclu la Vice-Secrétaire générale.

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a qualifié d’« historique » cette Réunion, dans « notre bataille contre la tuberculose », une pandémie qui mine l’humanité depuis des millénaires, qui n’a pas de frontières et qui est toujours là.  Elle peut toucher n’importe qui mais elle prospère en général là où il y a la pauvreté, la malnutrition ou les conflits.  Les chiffres en disent long, a fait observer le Directeur général: la tuberculose a tué 1,6 million de personnes l’an dernier.  C’est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières au monde, l’une des 10 premières causes de mortalité et la principale cause de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH.

Les chiffres ne s’arrêtent pas là, a poursuivi le Directeur général: à la fin de la journée, ce sont près de 4 400 personnes qui auront perdu la bataille contre cette pandémie, dont plus de 600 enfants.  La résistance aux antibiotiques rend « cet ennemi mortel » encore plus dangereux, puisque plus d’un demi-million de personnes contractent une tuberculose pharmaco-résistante chaque année et sur ce nombre, seulement une personne sur quatre a accès à un traitement et seulement la moitié est traitée avec succès.  La tuberculose ne détruit pas seulement la santé, elle implique également des coûts financiers trop lourds à supporter.  « Assez! Trop c’est trop! » s’est impatienté le Directeur général, en ajoutant, Halte à la tuberculose.

Au début de cette année, a-t-il rappelé, l’OMS a lancé une nouvelle initiative visant les 40 millions de personnes qui auront besoin de soins d’ici à 2022.  Il a donc prié tous les dirigeants du monde à devenir « 40 millions de champions » et à agir sur trois axes: offrir un soutien sans faille, car le succès est tributaire d’un engagement politique au plus haut niveau servi par des mesures concrètes; augmenter les investissements, en particulier dans la science et la recherche sur le diagnostic, les médicaments et les vaccins; enfin, tenir les promesses faites par un cadre de responsabilité multisectoriel comportant quatre composantes, à savoir l’engagement, l’action, le suivi et l’examen.

La Déclaration politique adoptée aujourd’hui comprend des objectifs ambitieux mais cependant « réalisables », a estimé le Directeur général, citant parmi ces objectifs: traiter 40 millions de personnes atteintes de tuberculose au cours des cinq prochaines années, fournir un traitement préventif à 30 millions de personnes, viser avant tout les populations les plus vulnérables et les plus marginalisées et lutter contre la stigmatisation et la discrimination.  Il s’agit aussi de surmonter la crise sanitaire mondiale de la pharmaco-résistance, d’investir 2 milliards de dollars par an dans la recherche et l’innovation, de mobiliser 13 milliards de dollars par an pour traduire les plans en résultats et de s’engager mutuellement pour atteindre ces résultats.

Ce sont certes des promesses audacieuses, a reconnu le Directeur général, mais qui peuvent être tenues grâce à un vrai partenariat car aucun de nous ne peut réussir seul.  La tuberculose est une maladie redoutable et le meilleur moyen de protéger les gens est d’investir dans des systèmes de santé plus robustes, reposant sur les soins de santé primaires.  La conférence mondiale qui se tiendra à Astana, le mois prochain, est une occasion unique, a estimé le Directeur général, de réaffirmer notre attachement aux soins de santé primaires en tant que pilier de tous les systèmes de santé.  Il a fixé un autre rendez-vous l’année prochaine à la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle.

M. AARON MOTSOALEDI, Président du Conseil de coordination du Partenariat Halte à la tuberculose, a d’abord indiqué que son Partenariat compte aujourd’hui près de 2 000 acteurs de la lutte contre la tuberculose.  Il a ensuite rappelé que Nelson Mandela, dont le nom vient d’être donné à la nouvelle Décennie pour la paix, avait lui-même survécu à la tuberculose.  S’il avait pu participer à cette Réunion, il aurait, sans aucun doute, prévenu que le monde ne connaîtra vraiment jamais la paix, la prospérité et la justice tant que la tuberculose, une maladie curable, continuera d’infliger, chaque année, agonie et mort à des millions de personnes dans le monde.  Cette Réunion est donc un « moment historique » qui ne doit pas rater sa « mission historique ».

La tuberculose doit-elle rester une maladie silencieuse, tapie dans l’ombre, négligée par le manque de volonté d’en faire une priorité politique et financière ou choisirons-nous au contraire de tracer une nouvelle voie et de veiller à ce que la Déclaration politique devienne la base d’une réponse sans précédent dans chacun de nos pays?

La tuberculose, a souligné M. Motsoaledi, mérite la plus haute priorité politique, à commencer par les chefs d’État et de gouvernement.  Elle doit être au cœur des principales responsabilités des dirigeants nationaux et internationaux car, a-t-il expliqué, la tuberculose est fondamentalement une question de justice sociale qui met en lumière et exacerbe les multiples failles sociales et économiques.  On ne peut en effet expliquer autrement pourquoi une maladie curable depuis des décennies est toujours présente, devenant l’une des premières causes de mortalité.  La tuberculose, a-t-il affirmé, est finalement un test pour notre engagement à lutter contre la pauvreté.  Or, les derniers chiffres publiés par l’OMS en 2017 montrent que 10 millions de personnes ont contracté la tuberculose dans le monde, que près de 40% des nouveaux patients ne sont pas dépistés, que la résistance aux médicaments est devenue un problème de sécurité sanitaire et que le nombre des nouvelles infections et des morts ne baisse pas suffisamment vite.  Nous sommes encore loin d’atteindre le premier objectif d’Halte à la tuberculose d’ici à 2020, s’est-il alarmé.

Nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles; chaque once d’énergie, chaque dollar, car comme les guerres, les épidémies mondiales et les catastrophes naturelles, la tuberculose nécessite des mesures courageuses et audacieuses, celles qui donnent les plus grandes victoires contre les dangers qui menacent le monde.  Après avoir passé en revue les cinq priorités de la Déclaration politique, il a ajouté une « priorité personnelle »: tous les dirigeants doivent parler spontanément de la tuberculose et chaque chef d’État, à qui son ministre des finances demande si l’élimination de la tuberculose n’est pas un luxe inabordable, doit répondre par « peut-on s’offrir le luxe de ne pas le faire? »

Mme VERONIKA SKVORTSOVA, Ministre de la santé de la Fédération de Russie et Présidente de la Conférence ministérielle de l’OMS sur la tuberculose, a, en tant que médecin, dit savoir qu’il n’y a rien de plus important que la vie et la santé.  Les citoyens doivent pouvoir avoir accès à des diagnostics, à des soins préventifs et à des traitements de qualité.  En tant que Ministre de la santé d’un pays qui a fait des progrès considérables dans la réduction de la prévalence de la tuberculose, elle a tenu à souligner l’importance de l’engagement politique en faveur de la santé publique.  Le meilleur moyen de progresser est de veiller à une approche globale impliquant tous les secteurs de l’économie et à une répartition claire des responsabilités.  C’est cette approche qui a permis à la Fédération de Russie de faire un bond décisif contre la tuberculose.  Grâce à des fonds prévisibles et à l’adoption de mesures innovantes, « nous avons réussi à réduire l’incidence de la tuberculose de plus de 42% au cours des 10 dernières années et la mortalité, de plus de 64% ».  La Fédération de Russie ne s’arrête pas à son propre territoire, elle renforce aussi la coopération internationale.  Depuis 2018, elle soutient le Programme de l’OMS, dont la mise en œuvre de la Déclaration de Moscou.

Le succès, a prévenu la Ministre, tient au regroupement des efforts et à la coordination de l’action entre tous les pays, tous les partenaires, toutes les organisations professionnelles et toutes les sociétés civiles.  La pertinence de cette approche a été démontrée en 2017, à Moscou, lors de la première Conférence ministérielle mondiale de l’OMS sur la tuberculose, à laquelle ont participé plus de 1 000 personnalités venues de 120 pays dans le monde.  À cette occasion, le Président Vladimir Putin a confirmé son engagement, a souligné la Ministre qui s’est donc félicitée que la Déclaration de Moscou ait inspiré la Déclaration politique adoptée aujourd’hui.  La Ministre a insisté sur le rôle de coordination de l’OMS et a conclu en disant: nous avons le pouvoir de vaincre cette pandémie, comme l’exigent le troisième objectif de développement durable, la Stratégie Halte à la tuberculose, la Déclaration de Moscou et la Déclaration politique d’aujourd’hui.

Dans un message vidéo, Mme PENG LYUAN, Première Dame de la Chine et Ambassadrice de bonne volonté de l’OMS pour la tuberculose et le VIH/sida, a indiqué que dans le cadre de ses fonctions, elle se rend, le 24 mars de chaque année, auprès d’une communauté frappée par une forte prévalence de la tuberculose pour sensibiliser l’opinion, changer les comportements et encourager l’action.  Cette année, elle s’est rendue à Hubei, dans le centre de la Chine, où elle a parlé à des jeunes enfants de l’importance d’une bonne hygiène.  Elle y a même rencontré un jeune patient complètement guéri qu’elle a encouragé à devenir lui-même sensibilisateur.  La Première Dame a d’ailleurs assisté à une cérémonie d’hommage aux sensibilisateurs les plus efficaces. 

Shili, a-t-elle raconté, est médecin à Sichuan dont l’une des nombreuses tâches est de s’occuper des tuberculeux.  Malgré le séisme de 2008, elle a réussi à rétablir un contact direct avec chacun de ses 540 patients, parcourant kilomètre après kilomètre et passant quelque 20 jours à distribuer des médicaments à ceux qui n’y avaient plus accès.  Aujourd’hui tous ses 540 malades sont guéris.

La Première Dame a aussi remercié les médias et les 700 000 volontaires des programmes chinois contre la tuberculose qui ont réussi à sensibiliser plus de 75% de la population.  Elle s’est attardée sur la rapidité des progrès dans son pays où dans certaines régions, la lutte contre la tuberculose fait partie intégrante des programmes de réduction de la pauvreté.

Quand je me rends à l’étranger, a affirmé Mme Peng, j’essaie toujours de parler de la tuberculose.  Mais, a-t-elle reconnu, les défis restent énormes.  La tuberculose multirésistante, le manque d’accès au traitement et le sous-financement sont des problèmes mondiaux.  Il est temps de dire Halte à la tuberculose et de faire la différence dans la vie des millions de malades, a conclu la Première Dame.

Huit longues années, dont quatre ans de chômage, mon ouïe, mes relations familiales et amicales, c’est ce qu’une maladie dite « soignable et curable » m’a volé, a raconté NANDITA VENKATESAN, une jeune femme indienne, diagnostiquée en 2007 d’une tuberculose intestinale, après quatre mois de douleurs abdominales, de poussées de fièvre et de vomissements.  Adolescente ambitieuse et vive, a-t-elle dit, j’ai passé 18 mois de ma scolarité à avaler 15 comprimés par jour et à braver des effets secondaires handicapants, au lieu de me forger des souvenirs avec mes amis.  Les études étaient ma seule soupape de sûreté.

Après m’avoir déclarée complètement guérie, mon médecin m’a assurée que ma tuberculose était désormais une chose du passé.  Mais, s’est amusée la jeune femme, l’avenir à cette manie d’arriver sans prévenir: malgré mon immersion totale dans mes études et l’obtention d’un diplôme de journalisme, la maladie m’a clouée au sol.  La bactérie de la tuberculose intestinale était revenue comme pour se venger, rendant inefficace tout traitement.  Elle s’est propagée à d'autres organes, avec son lot de séjours à l'hôpital, d’opérations chirurgicales – six-, de médicaments dont plus de 200 injections, d’effets secondaires avilissants, de perte de poids et de cheveux.  À 23 ans, je n’étais plus qu’un squelette sans avenir.  

Mais le plus dur restait à venir.  Deux jours après mon anniversaire, je me réveillais d’une sieste dans le silence le plus total: j’avais perdu l’ouïe en un clin d’œil, un effet secondaire dévastateur des injections de kanamycine.  N’entendant pas, ma parole s’est altérée et la dépression m’a paralysée.  Pendant huit années, j’ai caché ma maladie par crainte des conséquences sur mes relations professionnelles et personnelles. 

Chers chefs d’État, chefs de gouvernement et ministres, vous devez agir maintenant, a lancé la jeune femme.  S’il vous plaît, faites que les fruits des progrès scientifiques parviennent jusqu’aux aux malades.  Cela veut dire, promouvoir les tests précoces car il est tout simplement injuste que les gens attendent un simple diagnostic.

Cela veut dire, mettre en œuvre les changements annoncés par l’OMS dans le traitement de la tuberculose multirésistante.  Les professionnels de la santé doivent éduquer les patients et les prévenir des effets secondaires. 

Cela veut dire, investir plus dans la santé et dans la recherche sur des protocoles plus courts et autres produits et « je veux que mon pays soit le leader en la matière ». 

Cela veut dire, conseiller les patients et impliquer les survivants car combattre la maladie est autant une bataille mentale que physique.  Les conseils et l’appui de patient à patient doivent être institutionnalisés et dotés d’un financement adéquat.  Les survivants apportent avec eux une expérience de première main, de l’empathie et le désir brulant « de secouer le statu quo ».  Utilisez-les et n’oubliez pas que « rien pour nous, sans nous ».  « Chers leaders et partenaires, je ne peux pas vous entendre car je suis devenue sourde mais je ferai tout pour que vous m’entendiez haut et fort », a promis la jeune femme.

Table ronde sur le thème « Accélérer la mise en œuvre d’une action globale, en donnant accès à des services abordables de prévention, de diagnostic, de traitement et de soins, en vue de mettre fin à l’épidémie de tuberculose, y compris de tuberculose à bacilles multirésistants, en tenant compte des comorbidités et des problèmes de santé connexes qui, dans chaque pays, font obstacle à la mise en place d’une couverture sanitaire universelle, et en faisant fond sur les efforts déployés pour établir un cadre de responsabilisation guidant l’action multisectorielle, comme prévu dans la Déclaration ministérielle de Moscou »

« L’histoire s’écrit sous nos yeux », s’est félicité le Président du Nigéria et Coprésident de la table ronde, M. MUHAMMADU BUHARI.  Cette occasion « historique » a aussi été saluée par l’autre Coprésident, le Ministre des personnes déplacées des territoires occupés, du travail, de la santé et des affaires sociales de la Géorgie, M. DAVID SERGEENKO, qui a indiqué que dans son pays, ce sont les partenariats public-privé qui ont permis de faire avancer les choses.  Récemment, les progrès ont en effet permis de tripler le nombre des malades qui ont accès à des traitements, a confirmé M. BILL GATES de la Fondation Bill et Melinda Gates.  Mais il a prévenu d’une impasse due au défi important de la détection des nouvelles infections.  Plus de trois millions de cas ne sont pas détectés à l’heure actuelle, a-t-il prévenu.  Il a salué les efforts de l’Inde et de l’Afrique du Sud, qui sont « des exemples à suivre », avant d’insister sur l’importance de la recherche sur un vaccin et un protocole plus court permettant une guérison dans un délai de deux mois.  Ma Fondation, a-t-il promis, financera la recherche par le biais du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Mais les pays doivent aussi jouer leur rôle pour que le Fonds soit suffisamment doté, a-t-il ajouté, se montrant favorable à la création d’un « mécanisme de responsabilité » efficace.

Il faut surtout mettre l’accent sur les jeunes et les enfants dont 600 succombent chaque jour à la tuberculose, a estimé Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Elle a expliqué que 96% des enfants qui meurent de cette maladie n’ont jamais eu accès à un traitement, et que presque la moitié du million d’enfants qui ont contracté la maladie ne sont ni diagnostiqués, ni soignés.  Parfois, leurs symptômes sont confondus avec ceux de la malnutrition, ce qui pointe sur une formation défaillante du personnel de santé mais aussi sur une mauvaise sensibilisation des communautés.  De manière générale, la technologie de diagnostic rapide n’est pas adaptée à l’enfant.  Pour avoir une technologie adaptée, il faut pouvoir présenter des mesures incitatives à l’industrie pharmaceutique.  Or, la tuberculose est une maladie des pays pauvres, a expliqué le fondateur et Président de Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC), M. FAZLE HASAN ABED.  Même le Canada a avoué un problème à Nunavut, où la prévalence de la tuberculose y est 300 fois supérieure au reste du pays, compte tenu de l’insécurité alimentaire, de l’insalubrité des logements et des conséquences du colonialisme.  Au Bangladesh, a expliqué le Président du BRAC, des incitations ont été offertes aux patients: chaque malade s’engage à investir une somme modique pour ses médicaments et reçoit le versement d’intérêts, une fois le traitement achevé.  En conséquence, 65% des malades vont jusqu’au bout de leur traitement, s’est-il félicité.

Il faut miser sur « une véritable révolution de la prévention », a estimé le M. JEREMIAH CHAKAYA MUHWA, Président de l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires.  Au Kenya, son pays natal, 120 personnes meurent chaque jour d’une tuberculose.  Le médecin a dit fonder beaucoup d’espoir dans les essais cliniques « concluants » d’un nouveau vaccin « très prometteur » mais qui ne vaudra rien, a-t-il reconnu, à son tour, sans une bonne sensibilisation des communautés.  En l’occurrence, une seule journée par an, le 24 mars, ne suffit pas.  C’est tout le mois de mars qui devrait être consacré à la prévention et ainsi les chefs d’État n’auraient plus d’excuses.  Cette proposition a été soutenue par plusieurs intervenants.  En effet, les progrès sont lents, s’est lamentée Mme KHUAT THI HAI OANH, Directrice exécutive de « Supporting Community Development Initiatives », qui a aussi prôné pour un travail efficace auprès des communautés pour comprendre pourquoi elles refusent de se faire dépister et ce qu’elles proposent pour le traitement, le suivi et les soins.

De tous les défis, c’est l’épineuse question du financement qui a émaillé le débat.  Le Suriname en a appelé à la solidarité avec les pays pauvres.  On ne pourra pas éradiquer la tuberculose si on continue de refuser de l’aide à ces pays, a renchéri le Maroc.  Madagascar a reconnu que le budget alloué par son gouvernement à la lutte contre la tuberculose est très faible.  Les partenaires financiers sont incontournables.  En dépit des difficultés économiques, mon gouvernement s’est engagé à financer le secteur de la santé, a affirmé le Venezuela, accusant certains pays développés de barrer l’accès des pays comme le sien aux équipements médicaux.  Le Venezuela a donc dit privilégier la coopération Sud-Sud.  C’est un autre problème que l’Ukraine a soulevé: les 1 300 nouvelles infections comptabilisées depuis le début de l’année sont imputables à l’annexion illégale de la Crimée par la Fédération de Russie et au fait que le Gouvernement n’a pas accès aux malades dans les territoires occupés.  L’Italie a parlé des barrières linguistiques et culturelles qui rendent difficile toute intervention auprès des migrants.  Ces personnes, a souligné, la Bolivie sont particulièrement vulnérables, contraintes d’interrompre leur traitement pendant leur fuite.

L’Allemagne a dit s’être jointe à la Norvège et au Ghana pour demander à l’OMS d’élaborer une feuille de route et de mieux identifier les moyens pour atteindre l’objectif 3 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Allemagne s’est aussi engagée à consacrer un milliard d’euros par an au Fonds mondial.  Aucun nouveau médicament n’a été développé depuis 40 ans, a fait observer l’Union africaine.  Des soins novateurs s’imposent, a acquiescé la Slovaquie

Au-delà de la Déclaration politique et « des grandes formules », il faut une action politique, se sont impatientées la société civile et la communauté des personnes affectées.  Elles ont réclamé un accès élargi aux médicaments et en l’occurrence, le secteur privé ne saurait se substituer au secteur public.  Évitons aussi, ont-elles poursuivi, des termes comme « personne à risque élevé ».  Misons sur la recherche et le développement de nouveaux produits de dépistage.  Les États-Unis ont aussi insisté sur l’importance de la recherche biomédicale et annoncé le lancement, aujourd’hui même, d’un vaste programme national.  Un nouveau programme a également été lancé aujourd’hui au Turkménistan où une centrale d’achats de médicaments a été installée.

Table ronde sur le thème « Consacrer, à l’échelle nationale et internationale, des moyens financiers et des efforts de mise en œuvre suffisants et viables dans les domaines de la prestation de services, de l’innovation et de la recherche-développement visant à mettre au point de nouveaux procédés, diagnostics, médicaments, vaccins et autres stratégies de prévention »

Il est en effet crucial de trouver des financements nationaux et internationaux innovants et durables pour accélérer l’éradication de la tuberculose, a d’emblée souligné Mme NILA MOELOEK, Ministre de la santé de l’Indonésie et Coprésidente de la table ronde, dont le pays est lourdement touché par la pandémie.  Les financements innovants, la Banque mondiale y travaille, a répondu sa représentante, Mme ANNETTE DIXON.  L’institution financière internationale s’appuie sur des expériences probantes, dont celle de l’Inde qui a fait passer ses financements de 222 millions de dollars en 2012 à 525 millions en 2017, tout en lançant le plus grand système de couverture sanitaire au monde.  Une telle mobilisation des ressources domestiques est la pierre angulaire d’un bon financement, a estimé Mme Dixon.  Il faut surtout tripler les fonds de la recherche-développement, a pressé la Première Dame du Nigéria, Mme AISHA BUHARI, et cela ne peut se faire qu’à travers la coopération internationale, a prévenu le Ministre de la santé et de l’environnement d’Antigua et Barbuda, M. MOLZYN JOSEPH, l’autre Coprésident de la table ronde.

Aujourd’hui, selon l’OMS, 95% des morts dues à la tuberculose interviennent dans les pays en développement, notamment en Afrique.  Les coûts humains, sanitaires et les coûts économiques sont « immenses », a reconnu la représentante de la Banque mondiale.  La maladie touche surtout les gens en âge de travailler et ceux dans la force de l’âge avec toutes les implications socioéconomiques que cela suppose, a précisé M. PETER SANDS, Directeur exécutif du Fonds mondial, alors que la route vers un traitement accessible et abordable est complexe et sinueuse, a ajouté le Directeur exécutif de la centrale d’achat de médicaments « UNITAID », M. LELIO MARMORA.

Les États-Unis ont annoncé que leur Agence de la coopération pour le développement international, USAID, vient de lancer un « nouvel accélérateur » contre la tuberculose qui se concentrera sur les solutions locales et coordonnera ses efforts avec les organisations confessionnelles qui ont souvent un meilleur accès aux populations.  Trinité-et-Tobago a attiré l’attention sur la situation particulièrement des petits États insulaires en développement.  L’Argentine, qui préside le G20, s’est engagée à développer de nouvelles approches en matière de diagnostic et de vaccins pour garantir la réalisation du troisième objectif du Programme 2030.

Plusieurs intervenants ont vu dans la Déclaration politique adoptée aujourd’hui par acclamation un engagement fort de la communauté internationale alors que d’autres se sont montrés sceptiques.  Cette « belle Déclaration » ne prévoit aucun « mécanisme de responsabilité » solide ou indépendant, a regretté le Coprésident du « Global TB Caucus », M. NICK HERBERT.  Il nous reste une seule chose: Agir et Agir, a lancé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au nom des 50 millions de migrants « laissés de côté ».  Sans changement radical, ce sont 40 autres millions de personnes qui perdront la vie d’ici à 2030, date butoir de l’éradication de la pandémie, a mis en garde le Coprésident du « Global TB Caucus ».

« Nous allons faire des pas de géants », a assuré le Ministre géorgien de la santé.  Les États ont effet réussi à atteindre leur objectif immédiat qui était l’adoption de la Déclaration politique, a renchéri Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA-GARCÉS, la Présidente de l’Assemblée générale.  Mais ce document, a-t-elle prévenu, ne doit pas devenir une énième déclaration ministérielle mais se transformer en un engagement réel.  Pour aller de l’avant, la Présidente a appelé les dirigeants et le secteur privé à investir massivement et avec détermination.  « Nous ne pouvons rater l’occasion d’être la génération qui aura éradiqué la tuberculose une fois pour toutes », a dit la Présidente.

Chaque malade doit être reconnu comme une personne dotée d’émotions, a souligné Mme TIMPIYIAN LESENI, survivante de la tuberculose et fondatrice d’une organisation communautaire qui sensibilise les gens, les pousse à se faire dépister et se soigner et surtout à suivre leur traitement jusqu’au bout.  Mme Leseni a dit avoir subi le cliché du Masaï, « combattant féroce et isolé du monde ».  Lorsqu’on m’a opéré de l’abdomen, a-t-elle raconté, les médecins m’ont dit sans délicatesse aucune que je me serais évanouie à la vue du pus qu’ils avaient retiré de mes intestins et toujours aussi élégamment, ils m’ont expliqué que j’avais probablement contracté la maladie en buvant le lait à même le pis.  J’ai eu une pensée émue pour ma communauté, a avoué Mme Leseni, expliquant la raison pour laquelle elle a créé son organisation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les chefs d’État plaident pour des réponses mondiales durables face aux phénomènes migratoires et climatiques

Soixante-treizième session,
8e & 9e séances plénières, matin & après-midi
AG/12064

Assemblée générale: les chefs d’État plaident pour des réponses mondiales durables face aux phénomènes migratoires et climatiques

Au deuxième jour du débat général, les dirigeants de la planète réunis sous le dôme de l’Assemblée générale ont continué de recenser les défis que l’ONU doit encore relever pour faire des ambitions de la Charte une réalité.  La gestion de la mobilité humaine, notamment des flux de réfugiés, a été au cœur des discours, dans la perspective de l’adoption formelle du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, en décembre à Marrakech. 

Par ailleurs, les effets des changements climatiques étant maintenant ressentis dans le monde entier, plusieurs pays ont rappelé que la survie même de l’humanité est en jeu.  Le lien entre ce phénomène et les diverses menaces à la sécurité et la paix internationales, notamment en Afrique, a aussi été mis en relief. 

Le pays qui accueille plus de 1,5 million de réfugiés syriens sur son territoire, le Liban, a d’emblée prévenu qu’il ne pourrait plus s’acquitter de cette lourde tâche.  Son Président, M. Michel Aoun, a ainsi lancé un appel pour leur retour en Syrie dans des conditions sûres.  De l’autre côté de la Méditerranée, l’Italie est engagée, depuis des années, dans la recherche et le sauvetage de réfugiés en mer, a fait valoir le Chef du Gouvernement italien.  Mais M. Giuseppe Conte a avisé que « le phénomène migratoire auquel nous faisons face nécessite une réponse internationale structurée, à plusieurs niveaux, à court, moyen et long termes ».

La Première Ministre britannique s’est inquiétée des déplacements de masse des populations à travers les frontières en ce que, à son avis, ils entraînent la montée des nationalismes en Europe.  Mme Theresa May a donc lancé un appel à rétablir la confiance dans les démocraties.  Le Premier Ministre du Luxembourg, M. Xavier Bettel, a remarqué qu’« on a souvent mis la question de l’intégration en rapport avec la montée des populismes en Europe », mais « l’Union européenne a vu des pays importants se doter de gouvernements populistes bien avant la crise migratoire de 2015 ». 

La migration est un droit de l’homme, a rappelé le Président hondurien, M. Juan Orlando Hernández Alvarado, fustigeant les conditions déplorables dans lesquelles sont détenus les migrants.  En Amérique latine, les Présidents de la Colombie et du Panama, MM. Iván Duque Márquez et Juan Carlos Varela Rodríguez, qui accueillent de nombreux réfugiés vénézuéliens, ont appelé à l’action et au dialogue pour que cette crise régionale prenne fin.

Aux yeux du Président vénézuélien, cette crise est utilisée pour justifier une intervention militaire au Venezuela.  M. Nicolas Maduro Moros a ainsi dénoncé « l’agression médiatique internationale » dont est victime son pays, qui s’ajoute à « l’agression permanente de la part de Washington », tout en se disant « prêt à serrer les mains du Président des États-Unis pour parler de questions bilatérales ».

Encouragé par la toute récente Conférence intergouvernementale sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer, le Roi Tupou VI des Tonga a espéré qu’elle aboutira bientôt à l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant.  D’autres délégations, comme la Présidente croate, Mme Kolinda Grabar-Kitarović, ont vanté le concept de « croissance bleue », stratégie à long terme axée sur le développement économique durable des régions tournées vers la mer.  Le leader kenyan, M. Uhuru Kenyatta, a ainsi invité les États Membres à participer à la conférence sur l’économie bleue durable qu’il organise avec le Canada, en novembre prochain à Nairobi.  Les dirigeants des Palaos et de Nauru, MM. Tommu Esang Remengesau et Baron Divavesi Waqa, se sont prononcés en faveur de la nomination d’un Envoyé spécial du Secrétaire général sur le climat et la sécurité.

Ailleurs, en Afghanistan, la sécheresse, combinée aux menaces sécuritaires, a un impact négatif sur les deux tiers des habitants, a expliqué le Chef de l’exécutif de ce pays, M. Abdullah Abdullah.  En plus des effets dévastateurs des changements climatiques sur les conditions de vie de la population, le Sahel aussi reste confronté au terrorisme, à la criminalité transnationale organisée et aux trafics en tout genre, a averti le Président du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keita.  C’est pourquoi il a demandé au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de la force conjointe du G5 Sahel « dans le cadre du Chapitre VII de la Charte, assorti d’un financement adéquat, pérenne et prévisible, y compris au travers de l’ONU ».

L’an dernier, 55% du travail du Conseil de sécurité a porté sur l’Afrique, a relevé le Président du Ghana, M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, mais « nous ne voulons plus être l’endroit qui requiert des soldats de maintien de la paix et des organisations non gouvernementales de lutte contre la pauvreté, aussi nobles leurs objectifs soient-ils ».  Les organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine, déploient des efforts systématiques pour apporter la paix et la stabilité sur l’ensemble du continent, et « tôt ou tard, elles réussiront », a-t-il prédit.  Avec le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria, « c’est nous qui sommes désormais en charge de notre sécurité », s’est d’ailleurs félicité le Président du pays, M. George Manneh Weah.

« Quelque chose de miraculeux s’est produit au cours de la dernière année dans la péninsule coréenne », a déclaré plus tard dans la journée le Président de la République de Corée, M. Moon Jae-in: pour la première fois de l’histoire, le dirigeant de la Corée du Nord a traversé la ligne de démarcation militaire et visité Panmunjeom.  Mais, si les tensions nucléaires entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée se sont atténuées, l’existence même d’armes nucléaires reste un sujet de préoccupation pour de nombreuses délégations.  

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 27 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

Déclarations

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, dans sa dernière intervention à ce titre, a posé la question suivante: « les dirigeants du monde font-ils suffisamment pour permettre à l’ONU d’avoir un impact réel sur la vie des gens? »  Le Panama, a-t-il assuré, s’est engagé fermement dans la réalisation des objectifs de développement durable.  « Nous sommes le pays en Amérique latine qui investit le plus dans la mobilité urbaine. »  Nous avons, a-t-il expliqué, reconstruit des villes entières; nous avons entrepris un recensement de santé; nous sommes en train de transformer le système éducatif panaméen, notamment pour qu’il soit bilingue.  Plus de 150 000 Panaméens sont sortis de la pauvreté.   

« Le Panama est tout autre que lorsque je suis arrivé au pouvoir en 2014 », s’est enorgueilli M. Varela Rodríguez.  « Nous avons rebâti notre démocratie en la rendant plus opérationnelle pour les générations à venir. »  Le Président a dit avoir tenu sa parole et lutté contre la corruption, même si les défis sont encore nombreux.  L’année prochaine, le Panama connaîtra ses septièmes élections démocratiques.  « Il s’agira de la campagne la plus juste, courte et transparente qu’aura connu notre pays », a-t-il insisté.   

Le Président a évoqué un pays uni reposant sur une forte connectivité aérienne et maritime, en particulier avec l’élargissement du canal.  « C’est une plateforme logistique et financière au service du commerce mondial. »  Le Panama, s’est-il félicité, a réussi à faire face aux situations complexes qui ont terni son image et a démontré que son succès économique est rattaché à des activités honnêtes.

Le Panama a activement participé à l’élaboration du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, a poursuivi M. Varela Rodríguez.  « Nous avons été témoins de la crise migratoire de plus de 100 000 Haïtiens qui ont quitté le Brésil à la suite de la crise économique dans ce pays », a-t-il rappelé.  « Il faut gérer les flux migratoires de façon ordonnée tout en respectant le droit qu’ont les gens de chercher une vie meilleure. »  D’après le Président, il faut aussi éliminer les causes qui poussent les citoyens à quitter leur pays.   

Le dirigeant a ainsi appelé le Gouvernement du Venezuela à reprendre le dialogue politique pour assurer la paix sociale et mettre un terme à une émigration massive.  Dans quelques jours, il va annoncer des mesures humanitaires pour appuyer les familles vénézuéliennes qui vivent au Panama.  Dans le même esprit, M. Varela Rodríguez a appelé le Gouvernement du Nicaragua et les acteurs sociaux à engager un dialogue politique qui permette de retrouver la paix.  Enfin, il a souhaité que Cuba et les États-Unis reprennent le chemin du rapprochement.

Préoccupé également par l’augmentation de la production de stupéfiants en Colombie, le Président a dit que le Panama va revoir sa stratégie de lutte contre les stupéfiants en se concentrant non seulement sur la répression, mais aussi sur la reconversion des communautés et des personnes.  Par ailleurs, en novembre prochain, le Panama inaugurera le Centre logistique régional d’assistance humanitaire, puis, en janvier 2019, il accueillera les Journées mondiales de la jeunesse.

M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie, a noté la tendance vers des actions unilatérales, « un développement qui va à l’encontre des principes fondamentaux de la démocratie sur laquelle notre Organisation a été construite ».  Il lui semble urgent de remettre le multilatéralisme à l’honneur pour contrecarrer ces actions unilatérales, partageant l’opinion du Secrétaire général quand il dit que face aux problèmes actuels qui sont de plus en plus mondiaux, le multilatéralisme est plus important que jamais.  Il a précisé que la République de Namibie est fondée sur la démocratie, l’état de droit et la justice, alors que les droits fondamentaux sont inscrits dans sa Constitution. 

Son pays, a-t-il poursuivi, s’est engagé sur la voie du développement durable, ayant d’ores et déjà inclus les 17 objectifs du Programme 2030 dans ses plans de développement nationaux.  Pays sec et aride, la Namibie a misé sur certains objectifs prioritaires comme l’énergie, l’eau et les écosystèmes terrestres, et compte sur le soutien de la Banque de technologies, qui a été mise en place à Istanbul en juin 2018, pour identifier à temps les potentielles zones de sècheresse ou d’inondation.  Le Président namibien a rappelé que son pays avait présenté cette année en juillet son examen national volontaire sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Il a noté que malgré une croissance constante au cours des 10 dernières années, son pays connaît un taux de chômage toujours élevé.  Il était fier cependant de pouvoir déclarer que la Namibie a connu l’une des réductions de la pauvreté les plus rapides de sa région passant de 28,8% à 17,4% en 10 ans.  Les inégalités restent cependant un défi, a reconnu le Président namibien, pointant du doigt le problème de la propriété des terres agricoles dont 70% sont aux mains de Namibiens blancs.

Dans ce contexte, il a annoncé la deuxième conférence nationale sur les terres qui aura lieu début octobre 2018, et a précisé que dans le cadre de ses préparatifs, son gouvernement avait mené des consultations dans les 14 régions du pays afin d’assurer un processus inclusif.  « Nous croyons aux consultations.  Si la diplomatie échoue, c’est la guerre entre les peuples », a-t-il déclaré à ce sujet, avant de demander aux partenaires de développement de la Namibie de soutenir le résultat de cette conférence en vue de l’aider dans ce processus de transformation socioéconomique.

Le Président namibien a soutenu à nouveau que la classification de son pays en tant que pays à revenu intermédiaire élevé ne tient pas compte de cette distribution des terres, ce qui l’empêche d’avoir accès à l’aide publique au développement (APD) et à des conditions financières abordables.  Cette situation risque d’empêcher le pays de pleinement réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il craint.  Il a exprimé son soutien à la lutte contre la tuberculose à l’échelle mondiale, rappelant que la Namibie est le neuvième pays le plus touché par cette maladie transmissible.  Même si la lutte contre la tuberculose est financée à 70% par des fonds nationaux, le Président a reconnu qu’un manque de moyens humains et financiers, des niveaux élevés de pauvreté et un manque de services de santé publique dans les régions rurales restent des défis à relever.

En qualité de Président de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), il a annoncé la stratégie en faveur de l’industrialisation de la région à l’horizon 2063.  Il s’est dit convaincu que les jeunes de la SADC sont les futurs garants de l’infrastructure sociale, politique, économique et de gouvernance.  En tant que tels, il faut leur donner les moyens de pousser le développement vers une croissance et une prospérité inclusives.  « Les jeunes de notre région aspirent à un avenir avec plus d’opportunités et des garanties d’emploi où la quatrième révolution industrielle représentera des possibilités et non pas une menace. »  Enfin, le Président a applaudi le leadership du Secrétaire général pour assurer la représentation des femmes au plus haut niveau de l’Organisation, expliquant que l’égalité entre les sexes fait partie de ses priorités. 

Il y a 13 jours, a rappelé avec émotion M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, nous avons inhumé Kofi Annan, septième Secrétaire général de l’ONU.  Kofi Annan croyait passionnément en l’Organisation, à « un idéal qu’il ne faut pas laisser mourir ».  Aujourd’hui, a regretté le Président, la réalité est que nombre de résolutions prises à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité « ne veulent rien dire sans la volonté politique de les mettre en œuvre ».  Réfléchissant au rôle de l’Organisation fondée en 1945, il a recommandé qu’elle change pour s’adapter aux besoins contemporains.

Notant que les effets de la crise financière de 2008 se font encore sentir dans de petits pays comme le Ghana, M. Akufo-Addo s’est inquiété par avance de la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde.  Le Ghana, a-t-il assuré, est déterminé à sortir de la pauvreté et à atteindre la prospérité.  Or pour cela, il faut que les règles, qu’il s’agisse de l’environnement ou du commerce, soient respectées par tous.  En ce qui concerne les objectifs de développement durable, le Ghana, a-t-il annoncé, présentera en juillet 2019 son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC. 

M. Afuko-Addo a souligné que, l’an dernier, 55% du travail du Conseil de sécurité a porté sur l’Afrique.  « Nous ne voulons plus être l’endroit qui requiert des soldats de maintien de la paix et des organisations non gouvernementales de lutte contre la pauvreté, aussi nobles leurs objectifs soient-ils », a-t-il lancé.  Les organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA), déploient des efforts systématiques pour apporter la paix et la stabilité sur l’ensemble du continent, et « tôt ou tard, elles réussiront », a-t-il prédit.

Le Ghana, comme de nombreux pays en Afrique, forge des relations avec la Chine pour gérer une partie de son déficit en infrastructures, a ensuite souligné le Président pour expliquer « une certaine anxiété » au sujet de la « possibilité d’une recolonisation du continent africain par une nouvelle puissance ».  Il est toutefois évident que la trajectoire de développement sur laquelle nous étions depuis des décennies n’a pas fonctionné, a-t-il fait observer.  Il est dans l’intérêt de tous de voir le Ghana passer rapidement de la pauvreté à la prospérité, a conclu M. Afuko-Addo.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a indiqué qu’elle était en Ukraine, il y a 10 jours, pour participer à la première Journée mondiale du nettoyage, la plus grande action de la société civile jamais organisée par le biais des technologies digitales.  Elle a été soutenue par la volonté de millions de personnes: 15 millions dans 140 pays, y compris de nombreux présidents et premiers ministres « qui ont décidé de faire quelque chose pour notre planète ».  La Présidente a rappelé que cette initiative est la suite donnée à un appel et une action lancés en Estonie il y a 10 ans.  « Il est facile de parler d’un environnement plus propre ou des changements climatiques, mais si l’on veut vraiment changer la donne, alors souvent il faut prendre les choses en main soi-même. »

C’est la raison pour laquelle l’Estonie sollicite un siège non permanent au Conseil de sécurité pour 2020-2021.  « Les petits pays n’ont pas le temps pour des petits objectifs » et notre but est, entre autres, d’introduire le numérique au Conseil de sécurité.  Les Estoniens, en tant que citoyens d’un État pleinement numérisé, comprennent mieux que quiconque les cyber-risques.  « La vision que nous avons déployée s’appuie sur trois mots-clefs qui sont empathie, égalité et efficience », a expliqué Mme Kaljulaid.

Pour ce qui est de l’empathie, elle a estimé qu’il faut parler de ce qui nous préoccupe, qu’il s’agisse de l’Afrique ou de l’Europe, d’un conflit, de personnes déplacées ou de l’occupation d’une partie de l’Ukraine.  L’Estonie est solidaire avec tous ceux qui sont touchés par le terrorisme, l’extrémisme violent et les conflits.  « Par l’intermédiaire de notre aide humanitaire et nos contributions au maintien de la paix, nous faisons ce que nous pouvons, même si l’on a toujours l’impression que cela ne suffise jamais. »  Elle a encouragé l’adoption du pacte mondial sur les migrations, insistant toutefois sur le fait que son importance et son succès dépendront de sa mise en œuvre concrète, tout comme l’Accord de Paris sur le climat.

Rappelant que toutes les nations sont sur un même pied d’égalité dans cette Assemblée et face aux enjeux mondiaux, la Présidente a souligné que l’espace juridique international compte et que les solutions communes exigent le respect de « chacun d’entre nous ».  Pour elle, les progrès sont possibles non pas dans la polarisation, la fragmentation et le tribalisme, mais au contraire par le débat et les solutions communes.  C’est le rôle de l’ONU de défendre l’égalité entre les nations, a estimé Mme Kaljulaid, martelant que « nous dépendons les uns des autres, que cela nous plaise ou pas ».

La Présidente a également remarqué que bien souvent ce ne sont ni les États, ni les organisations internationales qui font bouger les lignes, mais bien la société civile et les ONG qui, par une démarche volontaire reposant sur une vision et un sens profond de la responsabilité, réussissent « à déplacer des montagnes ».  À ce titre, elle a cité la campagne « HeForShe » et son impact sur l’égalité entre les sexes et les violences sexuelles.  Pour elle, l’égalité entre les genres est au cœur même des droits de la personne.  L’Estonie a accepté de présider le Groupe permanent du Secrétaire général « Every woman, every child » pour les deux prochaines années et, pendant cette période, Mme Kaljulaid a l’intention de démontrer que les bonnes idées existent déjà dans le monde et attendent d’être appliquées plus largement.

« Rien ne saurait être plus efficace qu’un multilatéralisme efficace », a conclu la Présidente, arguant qu’en raison de son inclusivité, l’ONU a une forte légitimité.

Selon M. MICHEL AOUN, Président du Liban, « la réalité nécessite que l’ONU s’améliore » et qu’elle devienne « une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées ».  Il a constaté qu’à de nombreuses occasions le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure d’adopter des résolutions importantes pour certains États à cause du droit de veto.  « Certains États ne mettent pas en œuvre les résolutions du Conseil et cela se fait en toute impunité », a-t-il encore regretté, en évoquant notamment la résolution 425 (1978) sur le retrait d’Israël du Liban.  M. Aoun a également jugé important que l’Assemblée générale reflète les tendances de la communauté internationale.

Le Liban a énormément contribué à la Déclaration universelle des droits de l’homme, a rappelé ensuite le Président.  Aujourd’hui, le pays favorise les droits de la personne aux niveaux exécutif et législatif et parachève un plan d’action national sur la mise en œuvre de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.

« Nous essayons d’atténuer les impacts des conflits autour de nous », a poursuivi M. Aoun en indiquant qu’au niveau sécuritaire, des cellules terroristes dormantes ont été éliminées.  Au niveau politique, il a mentionné la tenue d’élections parlementaires qui reflètent toutes les composantes de la société civile, et la formation en cours d’un cabinet conforme aux résultats de ces élections.  En outre, des réformes économiques sont en cours.

Pourtant, a insisté le Président, le Liban souffre aujourd’hui encore des conséquences de la situation en Syrie, notamment du flux de réfugiés.  Le pays a essayé de les secourir, mais leur nombre va croissant, ce qui affecte les communautés locales, avec une augmentation de la criminalité, du chômage et de la densité démographique sur l’ensemble du territoire libanais.  « Nous ne pourrons plus nous acquitter de cette lourde tâche », a-t-il averti, lançant un appel pour le retour des déplacés syriens chez eux dans des conditions sûres.  Ces Syriens
-plus de 1,5 million- ne sont « pas des demandeurs d’asile au Liban », a-t-il rappelé en soulignant qu’« ils ont quitté leur pays pour les raisons que l’on sait ». 

« L’histoire nous a appris que l’injustice entraîne la guerre », a poursuivi M. Aoun.  Malheureusement, les approches internationales sur la question du Moyen-Orient sont toujours fondées sur le « deux poids, deux mesures », comme le montre la situation des Palestiniens, a-t-il constaté. Il a vivement déploré la décision de ne plus fournir une assistance financière à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).. « S’agit-il d’une tentative d’élimination de l’identité palestinienne, afin d’imposer une naturalisation ? » 

« Le monde souffre de l’extrémisme et de la radicalisation », s’est lamenté le Chef de l’État libanais.  « Nous sommes face au refus de l’autre. »  Faisant remarquer que la diaspora libanaise est présente partout dans le monde, il a avancé que le Liban serait « le pays idoine », « une plateforme régionale », pour mettre sur pied un institut qui œuvrerait à la promotion du dialogue et de la paix entre races, religions et cultures.

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a remarqué que notre monde, bien que plus connecté que jamais, n’en demeurait pas moins divisé.  Ce qu’exigent de l’ONU les citoyens d’un monde devenu village global, « plus que des mots ou des actes forts », ce sont « l’intégrité et l’inspiration », selon elle. Invoquant le parcours brillant de l’équipe nationale lors de la Coupe du Monde de football, elle s’est dite touchée par les messages de soutien du monde entier, qu’ils proviennent de diplomates ou d’anonymes.  Elle a soutenu que la valeur d’une nation n’avait rien à voir avec sa taille.  « Pour exceller, nul besoin d’un physique exceptionnel; il faut du cœur et de la persévérance, et surtout, partager un projet et travailler en groupe pour le concrétiser. »

Filant la métaphore footballistique, la dirigeante a remarqué que le meilleur talent individuel ne pouvait triompher qu’au sein d’une équipe.  « Les Nations Unies sont l’endroit où nous devons montrer que nous sommes capables de jouer collectif », a insisté Mme Grabar-Kitarović, citant comme ennemis la pauvreté, la faim, le terrorisme, l’extrémisme, le manque d’éducation, les inégalités hommes-femmes ou encore les menaces contre l’environnement.

Déclarant que l’ONU ne devait pas seulement trouver des solutions aux crises, mais aussi propager « l’espoir et l’optimisme », la Présidente a soutenu qu’il est de la responsabilité de chaque État Membre de faire que l’Organisation ait encore un sens et soit efficace dans ses actions.

Mettant l’accent sur le soixante-dixième anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, elle a appelé à se souvenir des tragédies de Srebrenica et du Rwanda, « une honte pour les Nations Unies », a-t-elle déclaré, paraphrasant l’ancien Secrétaire général Kofi Annan disparu cette année et à qui elle a tenu à rendre hommage.  « Ces heures les plus sombres ne doivent pas tomber dans l’oubli », a-t-elle dit.

Concernant la Bosnie-Herzégovine, pays voisin et allié, elle s’est inquiétée des prochaines élections qui auront lieu ce mois-ci, à cause de l’échec d’une réforme électorale « qui aurait amené à respecter le droit de vote de tous les peuples du pays -bosniaques, croates et serbes- dans la droite ligne de la décision de la Cour Constitutionnelle pour amener à une représentation proportionnelle des peuples constituants à tous les niveaux de gouvernement ».

Au sujet de la Serbie et de l’Albanie, se gardant d’intervenir dans le dialogue entre Belgrade et Pristina, la Présidente croate a cependant appelé à « une prudence extrême » à l’égard de propositions qui auraient de possibles conséquences régionales, en particulier les offres d’échanges territoriaux qui, si mal gérés, pourraient « rouvrir une boîte de Pandore » avec des menaces sérieuses pour la stabilité régionale.

Concernant la brouille entre la Grèce et l’ex-République yougoslave de Macédoine à propos du nom de cette dernière, Mme Grabar-Kitarović espère que le récent accord signé entre les deux pays et le référendum de ce dimanche permettront à l’ex-République yougoslave de Macédoine de continuer son intégration réussie dans l’espace euro-atlantique.

Axant la suite de son intervention sur la lutte contre le changement climatique qui menace le millier d’îles croates, la pollution des plastiques, et la montée du niveau de la mer qui menace des trésors du patrimoine mondial tels que les villes de Dubrovnik, Split ou Trogir, Mme Grabar-Kitarović a mis en avant le Programme 2030 et le concept de « croissance bleue », stratégie à long terme axée sur le développement économique durable des régions tournées vers la mer.

La Présidente croate a conclu par un appel à l’équilibre entre les principes fondateurs de l’ONU et une refonte de son fonctionnement pour qu’elle gagne en flexibilité et soit en mesure de faire face aux nouvelles réalités.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a dit lutter contre la guerre imposée au peuple yéménite par « des milices soutenues par l’Iran et le Liban ».  Il a accusé celles-ci de recruter des enfants par la force, de semer le chaos dans les institutions nationales et de recueillir les fonds envoyés par les organisations internationales et les donateurs, avant d’assurer que son gouvernement cherche à créer un état civil fédéré dans lequel les droits de la personne sont respectés, une société dans laquelle l’équité et l’égalité prévalent.  Les difficultés au Yémen ne sont pas simplement liées à un coup d’État mais plutôt à une série de tentatives pour saper les fondements même de la coexistence entre Yéménites et des principes nationaux, a estimé le Président Mansour.  Il a dénoncé « ces groupes religieux qui croient en leur droit divin de régner » et qui se considèrent comme « une race unique » que les autres doivent glorifier, avant d’accuser ces milices d’être des « marionnettes de l’Iran et du Hezbollah ».

Le Président en a appelé à la communauté internationale pour qu’elle exerce une pression sur l’Iran, afin que ce pays cesse d’appuyer les milices houthistes.  « L’Iran se livre à une intervention manifeste au Yémen où il finance et arme les milices houthistes, met en péril les voies maritimes et soutient le terrorisme du côté des houthistes mais également d’Al-Qaida et de Daech », a précisé M. Mansour.  Le Gouvernement yéménite n’a eu de cesse de rechercher la paix, « cycle après cycle de négociations », le dernier en date à Genève, a-t-il assuré avant d’accuser l’intransigeance des houthistes qui déçoit les espoirs yéménites quant à tout progrès possible même sur le plan humanitaire.

« Nous voulons la paix et ne plaidons pas pour la vengeance », a déclaré le Président Mansour qui souhaite une paix durable et la fin du monopole des armes.  Pour lui, il n’y aura pas de paix « en essayant de faire ami-ami avec les milices », mais plutôt par l’application des résolutions pertinentes qui appellent les houthistes à se retirer des villes et à déposer leurs armes.  Quant aux efforts de son gouvernement pour protéger les civils, il a réaffirmé son engagement en ce sens et a dit tout faire pour éviter toute cible civile comme les écoles et les hôpitaux.  D’ailleurs, une commission a été mise en place pour enquêter sur toute violation potentielle, et le recrutement d’enfants a été interdit, a-t-il précisé. 

Quant aux difficultés économiques du Yémen, il a expliqué qu’elles sont liées au fait que les milices ont épuisé les ressources du pays.  Pour y remédier, la commission économique a été autorisée à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la dévaluation de la monnaie nationale et pour relancer l’économie nationale, notamment en permettant les exportations de pétrole et de gaz et mettant fin à la fuite des capitaux.  « Les dépôts saoudiens ont permis d’atténuer la crise économique » a indiqué le Président Mansour mais son pays a toujours grand besoin du soutien de la communauté internationale.

Abordant également la question du terrorisme, il a reconnu qu’il reste une menace qui pèse sur la paix, la sécurité et le développement du pays.  Il s’est dit déterminé à lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent par un ensemble de mesures et l’échange d’information avec les parties prenantes régionales et internationales.

« Au XXIe siècle, nous ne pouvons plus accepter le règne des Mullahs », a conclu le Président Mansour qui se sent responsable devant Dieu et son peuple de mettre fin à « cette guerre qui a été imposée à mon pays ».  Il a remercié l’Arabie saoudite pour son soutien en vue de la reconstruction et du développement du Yémen, ainsi que les organisations humanitaires, les donateurs et pays amis pour leurs efforts exceptionnels sur le plan humanitaire.

M. TABARÉ VÁSQUEZ, Président de l’Uruguay, a relevé avec fierté que son pays est considéré comme étant l’un des 10 pays émergents les plus inclusifs au monde et le second en Amérique latine, un pays qui s’efforce chaque jour d’avancer en ne laissant personne de côté.  Il a toutefois regretté que, comme d’autres pays de la région, l’Uruguay soit, depuis 2003, classé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) comme pays à revenu élevé d’après son revenu par habitant, ce qui l’empêche de bénéficier de l’APD.  S’il a connu une croissance économique importante au cours des 15 dernières années, l’Uruguay doit encore faire face à des écarts structurels dans son développement en transition, a-t-il reconnu.

Dans le cadre des objectifs de développement durable, a expliqué M. Vásquez, le pays met un accent particulier sur les énergies renouvelables, l’adaptation aux changements climatiques et la protection de l’environnement.  Mais il s’agit là d’une lutte qui intéresse le monde entier, d’une « lutte pour la vie », a-t-il insisté, en appelant les États ne l’ayant pas encore fait à ratifier l’Accord de Paris de 2015.  Sur le plan de la santé, le Gouvernement a adopté des politiques de contrôle de la consommation du tabac et de prévention des maladies non transmissibles.  C’est d’ailleurs l’Uruguay qui préside la Commission de haut niveau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur ces maladies.

Par la suite, le Chef de l’État uruguayen a réaffirmé son attachement au maintien de la paix, au désarmement et à la sécurité internationale.  Dans un contexte mondial « troublé », il a appelé les nations à œuvrer de concert et à moderniser le système international.  Son pays, a-t-il précisé, est candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, intervenant pour la première fois devant l’Assemblée générale depuis sa récente élection, a dit faire partie de cette nouvelle génération de Colombiens « motivée pour unir son pays ».  Engagée sur la voie du progrès et du développement économique grâce à ses institutions démocratique, la Colombie a réussi à élargir sa classe moyenne et a réalisé des progrès considérables en termes d’égalité homme-femme, a souligné M. Duque Márquez, ce dont témoigne son cabinet paritaire.  Plus que jamais, il faut être motivé dans la recherche de la justice sociale et pour parvenir à un pacte pour l’égalité en Colombie, loin des discours de haine et de division, a-t-il dit.

La volonté du Président de combler les écarts sociaux se reflète dans son engagement en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable.  La paix, a-t-il ajouté, doit s’inscrire dans le cadre de l’état de droit.  Il a assuré que son gouvernement allait œuvrer pour que le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion puisse progresser.  Il apportera « à tous ceux qui ont misé sur une véritable réinsertion » toutes les possibilités de progrès qui leur sont dues.

M. Duque Márquez tient également à œuvrer pour qu’il y ait des ressources et des investissements générateurs d’espoir dans toutes les régions du pays.  Il a toutefois souligné la fragilité budgétaire et celle des institutions colombiennes, mais a assuré que l’objectif de la Colombie est bien de poursuivre sur la voie de la réconciliation et d’abandonner la violence.  Son gouvernement ne tolèrera pas une reprise des violences et, a averti le Chef d’État, « tous ceux qui recherchent l’instabilité subiront le poids de la justice ». 

Reconnaissant la croissance de la production de stupéfiants en Colombie, il s’est engagé à désarticuler les réseaux criminels transnationaux, martelant toutefois qu’il s’agit d’une menace collective.  Le trafic de stupéfiants en Colombie détruit les institutions et amène la corruption, a-t-il affirmé estimant que la lutte contre les stupéfiants est un devoir moral pour son gouvernement.  Cette lutte nécessite cependant une action collective, et, il a salué le fait que 130 États se soient engagés en ce sens, sous la houlette des États-Unis.

La corruption représente une menace pour la démocratie et il convient d’y opposer des mesures fortes, a reconnu M. Duque Márquez qui a d’ores et déjà proposé des initiatives à cet effet dans le cadre des grands projets nationaux.  Il a invité la communauté internationale à agir dans le même sens et à redoubler d’efforts pour venir à bout de la corruption par le biais de sanctions judiciaires et sociales. 

M. Duque Márquez a ensuite souligné la volonté de faire de son pays une Colombie verte, digitalisée, attachée à la protection de la biodiversité et aux énergies renouvelables ainsi qu’à une citoyenneté renforcée.  Mais, a averti le Chef d’État, la réalisation des objectifs de développement durable est mise en péril par l’ampleur des migrations.  Il a cité à ce titre les nombreux réfugiés vénézuéliens que la Colombie accueille en ce moment: près d’un million.  Il s’agit de la plus grande crise migratoire de la région, qui s’explique par la dictature vénézuélienne, a expliqué le Président colombien avant d’appeler le monde à agir et à s’unir pour que cet exode tragique prenne fin.  M. Duque Márquez, qui souhaite que l’ONU réponde à cette demande, a salué la nomination récente d’un représentant spécial pour se charger de la question des migrants vénézuéliens.  Il aurait souhaité toutefois que cette nomination s’accompagne de la mise en place d’un fonds multilatéral pour aider les pays hôte à subvenir aux besoins de ces réfugiés.  La Colombie demande en outre que les responsables de cette crise migratoire soient traduits devant la CPI. 

Plus que jamais le monde a besoin du multilatéralisme, a estimé le Président colombien avant de conclure en disant que « la Colombie de la légalité et de l’esprit d’entreprise est en bonne voie ».

M. TUPOU VI, Roi du Royaume des Tonga, a cité le Programme 2030 et les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement ou « Orientations de Samoa », que Tonga a incorporés dans son processus de planification nationale.  Pour assurer le suivi des objectifs, il a approuvé le cadre du Forum politique de haut niveau pour le développement durable et souligné la responsabilité des États Membres à respecter leurs engagements.  Le Roi s’est également félicité de la Troisième Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles qui se tiendra demain.  « Nous sommes heureux de vous informer des réductions notables de la consommation de tabac et d’alcool aux Tonga.  Le peuple des Tonga se nourrit mieux, et est plus impliqué dans des activités physiques. » Le Chef de l’État a reconnu cependant qu’il reste des défis à surmonter, comme celui de l’obésité.

Venant à la question du changement climatique, le Souverain a souligné les graves menaces qu’il fait peser sur la sécurité des États insulaires.  Il a rappelé qu’au début du mois, à Nauru, les dirigeants du Pacifique ont endossé le concept étendu de la sécurité dans leur communiqué et dans la Déclaration dite de Boe, en soulignant le lien entre changement climatique et menaces sur la sécurité et la paix internationales.

« Nous avons remarqué avec préoccupation les impacts dévastateurs du changement climatique sur notre environnement marin », a-t-il déploré.  « Les bases qui déterminent nos frontières territoriales, telles qu’établies par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ne devraient pas pouvoir être affectées et devraient rester inchangées, en dépit des effets de la montée des eaux. Notre souveraineté ne doit pas être compromise par le changement climatique. »  Le Roi a salué à cet égard le travail de la Commission du droit international sur cette question « importante et opportune ».

Il a souligné en outre que les Tonga se sont engagées cette année dans la première Conférence intergouvernementale sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer.  Il a émis l’espoir que, grâce à une convergence graduelle des vues, un projet d’instrument juridiquement contraignant verra le jour lors des deuxième et troisième réunions de la conférence intergouvernementale, en mars et août prochain.  Il a par ailleurs salué le partenariat en cours avec l’Italie afin de renforcer les capacités des Tonga dans le domaine de l’environnement et des océans.

Le Roi a conclu en déclarant que le développement durable ne peut se faire qu’au travers de la paix et de la sécurité internationales.  « Nous continuerons à considérer que le Conseil de sécurité protège les innocents des menaces sous quelques formes qu’elles soient, conflits armés ou changement climatique, afin que personne ne soit oublié. »

Pour M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, « l’année 2018 consacre la poursuite et le renforcement de la marche démocratique et républicaine du Mali et de son peuple vers la paix, la stabilité et le développement ».  Malgré les défis de tous ordres auxquels son pays est confronté, a-t-il enchaîné, l’élection présidentielle a pu se dérouler les 29 juillet et 12 août 2018, dans des conditions saluées par l’ensemble de la communauté internationale. 

« Je me suis engagé à restaurer la confiance entre l’État et les citoyens, à améliorer davantage la gouvernance du pays », a déclaré M. Keita.  Parallèlement, il a assuré qu’il travaillera sans relâche à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.  Au nombre des avancées importantes réalisées à cet égard, le Président a souligné l’absence d’affrontements entre les forces armées maliennes et les mouvements armés depuis la signature de l’Accord en 2015.

M. Keita s’est notamment réjoui du retour de l’Administration malienne à Kidal et dans les autres régions du nord du pays.  « Je sais que ces acquis sont fragiles », a-t-il ajouté.  « Je sais aussi qu’il nous faut faire plus et mieux. C’est tout le sens de la Feuille de route du 22 mars 2018. »  À cet égard, il a réitéré son appel en faveur de la mobilisation effective et rapide des ressources promises par les partenaires du Mali, qui doivent l’aider à réaliser, dans les délais convenus, les engagements contenus dans ce document.  Il a salué l’appui de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), des forces européennes, de la force française Barkhane, du G5 Sahel, de l’Union africaine, de la CEDEAO et des pays voisins.

En plus des effets dévastateurs des changements climatiques sur les conditions de vie de la population, le dirigeant malien a averti que le Sahel reste confronté au terrorisme, à la criminalité transnationale organisée et aux trafics en tout genre, notamment celui de la drogue, des armes, des marchandises illicites, de migrants ou le blanchiment d’argent.  Pourtant, face à ces menaces, il a constaté que « la force conjointe du G5 Sahel peine à être pleinement opérationnelle, faute d’un mandat adapté et surtout de financement approprié ».

C’est pourquoi, a expliqué M. Keita, « nous continuons de demander au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de cette force dans le cadre du Chapitre VII de la Charte, assorti d’un financement adéquat, pérenne et prévisible, y compris au travers de l’ONU, afin de lui permettre d’accomplir durablement et efficacement son mandat ».  Parallèlement à la réponse sécuritaire, a-t-il ajouté, le G5 Sahel s’attèle à la mise en œuvre de son programme d’investissements prioritaires en vue de relever les défis du développement.

Le Président a indiqué ensuite qu’il faisait de la lutte contre la pauvreté une des priorités de son second quinquennat.  La promotion de la jeunesse malienne et de vastes projets d’infrastructures seront également au cœur de son action.  Pays de transit et d’accueil de migrants, le Mali salue la conclusion des négociations sur le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. 

Enfin, préoccupé par la situation en Libye qui continue d’affecter la sécurité et la stabilité de la région du Sahel, M. Keita a lancé un appel à la communauté internationale aux fins d’amener les parties libyennes à privilégier le dialogue et la recherche de solutions durables à la crise.

M.JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a remercié la communauté internationale pour son soutien à la paix et la réconciliation nationale de son pays, et en particulier l’ONU pour son « rôle décisif » à travers ses deux missions, la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM) et la Mission d’observation des Nations Unies en Angola (MONUA).  Il pense que l’expérience angolaise en termes de maintien et de consolidation de la paix a permis de tirer des conclusions utiles sur la façon d’approcher les processus de paix dans le monde.

Le Président a regretté que l’ONU n’ait pas pu, en 73 ans, pleinement réaliser les objectifs de la Charte, notamment restaurer la paix et l’harmonie dans le monde et garantir l’égalité de droit à toutes les nations, indépendamment de leur taille.  Il a toutefois reconnu les progrès incontestables en matière de décolonisation, de promotion des droits de l’homme ou encore de renforcement de la coopération internationale et de gestion des centres de tensions et d’instabilité.  L’Angola salue les tentatives des États-Unis, de la Corée du Sud et de la Corée du Nord pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Pour le Président angolais, face à une mondialisation croissante, il n’existe aujourd’hui aucune justification à la prolifération de nouveaux conflits « qui semblent sans issue » dans différentes parties du monde.  Il a joint sa voix à celles qui exigent une réforme en profondeur de l’ONU pour que l’Organisation soit plus en phase avec les nouvelles réalités, notamment l’émergence de nouveaux centres économiques et financiers et les avancées technologiques et scientifiques.

Une réorientation de ses structures et mécanismes d’intervention ainsi qu’un élargissement du Conseil de sécurité se justifient pleinement pour mieux représenter la géopolitique des différentes régions, a-t-il estimé ajoutant que l’ONU doit assumer un rôle de plus en plus actif dans le suivi des processus démocratique, économique et sociaux.  C’est le meilleur moyen, à ses yeux, de répondre aux conflits internes, ethniques et religieux ainsi qu’inter-États, mais cela exige une coordination au plus haut niveau entre tous les États Membres de l’Organisation.

Le Président angolais a ensuite plaidé pour un système financier international décentralisé, basé à la fois sur la promotion du commerce et l’intégration économique régionale, ainsi que pour le renforcement des institutions financières régionales dans des termes favorisant le développement économique durable.

M. MIGUEL DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président du Conseil d’État et du Conseil des ministres de Cuba, a pesté « contre l’absurdité d’un monde dans lequel 0,7% de la population possède 46% des richesses », des chiffres qui sont utilisés par les organisations internationales mais qui ne semblent pas avoir éveillé suffisamment les consciences, selon lui.  Pauvreté, malnutrition, manque d’accès à l’eau potable « n’ont pas pour origine le socialisme, comme le Président des États-Unis l’a dit hier.  Ils sont les conséquences du capitalisme, et surtout de l’impérialisme et du libéralisme », a rétorqué le Président cubain. 

Poursuivant un argumentaire anticapitaliste, M. Bermúdez a accusé le capitalisme d’engendrer le colonialisme, le fascisme, le terrorisme, l’apartheid, la guerre et la sujétion des peuples.  « Ne nous y trompons pas, nous disposons d’assez de ressources matérielles, financières et technologiques pour éradiquer la pauvreté. »  Ce qui manque, selon le dirigeant cubain, c’est la volonté des pays industrialisés, alors qu’ils « ont le devoir moral, la responsabilité historique et les ressources abondantes pour résoudre les grands problèmes mondiaux ».

Il a pointé du doigt les États-Unis, « un des grands pollueurs d’hier et d’aujourd'hui », pour s’être retirés de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, « mettant en danger les générations futures et la survie de toutes les espèces, y compris l’espèce humaine ».

M. Bermúdez a constaté que « l’hégémonisme, l’impérialisme nucléaire et militaire se perpétuaient et s’étendaient encore davantage », au détriment des espoirs de la majorité des peuples pour un désarmement général et complet.  À cet égard, il a noté que Cuba était devenu le cinquième État à ratifier le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, le 31 janvier dernier.

Il s’est désolé de la multiplication des conflits d’ampleur locale, des guerres d’agression « déguisées en interventions humanitaires », de putschs téléguidés de l’extérieur, des « coups d’État en douceur » et de l’ingérence d’États dans les affaires internes d’autres nations « sous le couvert d’excuses les plus diverses ».

S’élevant contre la militarisation de l’espace, et aussi du cyberespace, Cuba s’est aussi prononcé contre l’usage illégal des technologies de l’information et de la communication par un État pour en attaquer un autre.

Il a terminé son allocution en critiquant l’usage abusif du droit de veto des États-Unis au Conseil de sécurité: M. Bermúdez a exigé une réforme immédiate du fonctionnement de ce dernier.

M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a salué la mémoire de l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, qui a consacré sa vie à la résolution des conflits.  « L’Afrique a perdu un de ses fils les plus illustres.  Qu’il repose en paix. »  L’an passé, a-t-il enchaîné, les Libériens ont participé aux élections présidentielle et législatives, auxquelles ils ont participé en nombre et de façon pacifique.  Ainsi, pour la première fois en 73 ans, ils ont pu apprécier le transfert de pouvoir pacifique d’un gouvernement élu démocratiquement vers un autre.  Le Président a fait état d’une véritable transformation en cours.

L’ONU et de nombreuses organisations régionales, ainsi que les États partenaires et amis, ont été témoins de la maturité de l’électorat libérien, de son respect pour l’ordre et la loi, et du succès de l’institutionnalisation du processus démocratique.  « La responsabilité de cette transformation m’appartient désormais, en tant que vingt-quatrième Président du Libéria », a déclaré M. Weah.  « Les défis à surmonter sont énormes, mais dans chacun d’entre eux, je vois des opportunités pour rendre les choses meilleures. »

Le Président a estimé que le programme en faveur des pauvres pour le développement et la prospérité, « notre plan national de développement pour les cinq années à venir », n’est pas un programme uniquement pour les pauvres et les plus démunis; c’est un plan qui doit bénéficier à tous les Libériens, conçu pour donner le pouvoir au peuple, pour promouvoir la diversification économique, maintenir une paix durable et encourager la bonne gouvernance. 

Le Président s’est dit conscient de la vulnérabilité des plus jeunes, « clairement désavantagés », avec un fort taux de chômage et un manque d’accès à une éducation de qualité.  « Notre plan consiste à les faire devenir des citoyens productifs grâce à l’accès à l’éducation. »  Quant aux jeunes laissés pour compte et qui sont trop âgés pour être scolarisés, il a mentionné un plan qui prévoit de leur donner du travail après une formation technique.

En outre, le Gouvernement libérien a identifié l’importance cruciale de l’investissement dans les routes et les ports pour le développement économique et social.  Il a lancé un appel aux investissements dans ces secteurs et a annoncé la mise en place d’une nouvelle zone économique, pour attirer des entreprises ayant un grand besoin de main d’œuvre.  Par ailleurs, après l’épidémie d’Ebola en 2014 qui a causé la mort de milliers de Libériens et de travailleurs médicaux, le Gouvernement libérien a organisé plus efficacement son système de santé.

M. Weah a estimé qu’avec le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), « c’est nous qui sommes désormais en charge de notre sécurité ».  Après avoir remercié la communauté internationale pour son rôle, il a souligné que cette paix est toujours fragile.  « Notre peuple porte encore les marques du conflit », a-t-il déclaré.  « Nous allons donc lancer toute une série de dialogues pour la paix à travers du pays », un programme qui doit mettre en place un environnement propice au dialogue, pour un peuple uni et capable de bénéficier de la croissance économique et des dividendes de la paix.

En conclusion, le Président a réitéré son soutien à l’ONU, ainsi que son engagement envers l’état de droit, la lutte contre le crime organisé, la lutte contre la pauvreté, l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes, des filles et des jeunes.

M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, a dit que grâce aux innovations, le monde n’a jamais été aussi petit; les problèmes mondiaux ont des impacts directs sur nos citoyens.  Dans cette situation, l’ONU joue un rôle irremplaçable, car elle a un potentiel énorme pour surmonter ces paradoxes.  Ses principes forts, son action responsable et son rôle de moteur de la coopération la rendent unique, a ajouté le Président, en souhaitant que les règles et les principes de l’ONU, et leur application, restent la colonne vertébrale de cette Organisation.

Le nombre des conflits armés a augmenté ces dernières années, a poursuivi le Président.  Pour lui, l’occupation de la Géorgie et de l’Ukraine et la déstabilisation de cette région sont des exemples d’une situation où l’on voit le respect des règles remplacé par la politique impitoyable des puissances.  En outre, la menace des armes nucléaires résonne plus souvent qu’avant, tandis que des milliers de civils sont massacrés par leurs propres régimes.  « Ensemble, nous nous sommes mis d’accord pour ne pas accepter l’utilisation d’armes de destruction massive et ce, sans exception. »  De l’avis du Président, l’utilisation d’armes chimiques doit être la ligne rouge de notre tolérance. 

« Il est de notre responsabilité d’assurer qu’aucun perpétrateur n’échappera aux sanctions.  Nous devons fermement montrer que nous ne sacrifions pas nos principes aux politiques agressives, que nous n’affaiblirons pas l’autorité de l’ONU par l’inaction, en particulier vis-à-vis de l’extrémisme, du populisme, du radicalisme, de la xénophobie ou du racisme. »  C’est la raison pour laquelle le Président juge importante l’unité des pays dans la mise en œuvre des objectifs de développement, dans la lutte contre le changement climatique ou dans la question de la migration.  « Nos plans et nos promesses doivent devenir des réalités. »

Craignant les défis sans précédent découlant des innovations et des nouvelles technologies, le Président a dit qu’il appartient aux États de mettre en place de nouvelles normes et des régulations si c’est nécessaire.  Il a aussi défendu la liberté de la presse et des médias qui sont le gardien de nos principes, et de la coopération internationale ainsi que du multilatéralisme. 

Pour M. MOON JAE-IN, Président de la République de Corée, « quelque chose de miraculeux s’est produit au cours de la dernière année dans la péninsule coréenne ». « Pour la première fois de l’histoire, le dirigeant de la Corée du Nord a traversé la ligne de démarcation militaire et visité Panmunjom », s’est-il réjoui, avant de rappeler la tenue du sommet « historique » entre les dirigeants des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), à Singapour.  « Le Président Kim Jong-Un et moi avons éliminé « l’ombre de la guerre » et inauguré une ère de paix et de prospérité », a continué M. Moon. 

Ces avancées ont amené les parties à travailler à la « dénucléarisation complète » de la péninsule et à l’établissement d’un « régime de paix permanente », s’est félicité le Président.  Depuis, a-t-il rappelé, la RPDC a démantelé son site d’essais nucléaires de Punggye-ri et les États-Unis et la République de Corée ont mis un terme à leurs manœuvres militaires conjointes de grande envergure.  Il a salué le « courage » du Président américain, M. Donald Trump, et du Président Kim, rappelant en outre que ce dernier s’était par ailleurs engagé, la semaine dernière, à démanteler, sous observation internationale, le site de lancement de Dongchang-ri et les installations nucléaires de Yongbyon, pour concentrer son action sur le développement économique.  Alors que la péninsule coréenne demeure sous armistice depuis 65 ans, M. Moon s’est engagé à poursuivre ses efforts afin de parvenir à la paix, avec l’appui des Nations Unies et de ses États Membres.  

Pour M. Moon, les Jeux olympiques de Pyeonchang, avec la participation d’athlètes de la RPDC, ont constitué le « prélude à la paix ».  Il s’est félicité à cet égard de l’adoption par l’Assemblée générale, en novembre 2017, de la résolution sur la « trêve olympique », qui a rendu possible ces progrès.  « Il appartient maintenant à la communauté internationale de répondre de façon positive aux nouveaux choix et aux efforts de la Corée du Nord », a estimé le Président.  

Citant en exemple la Communauté européenne du charbon et de l'acier, qui a mené à la création de l’Union européenne, le Président sud-coréen a rappelé qu’il avait proposé, le mois dernier, la création de la Communauté ferroviaire est-asiatique, afin de résoudre les conflits qui subsistent dans la région et de renforcer la coopération entre les États. 

Par ailleurs, la République de Corée entend continuer d’augmenter ses contributions aux réfugiés et aux personnes victimes de violations des droits de l’homme, en plus de fournir une aide alimentaire aux pays en développement qui font face à des crises alimentaires, a également précisé M. Moon.

M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, s’est réjoui que cette soixante-treizième Assemblée générale coïncide avec le centenaire de la création de son pays.  Si ce centenaire est l’occasion de commémorer le passé, il a entamé une réflexion sur le futur de l’État roumain et sa place dans le concert des nations.  Un futur qu’il n’imagine prospère pour la Roumanie que si elle évolue aux côtés de sociétés « pacifiques et durables ». 

2018, anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est donc aussi l’occasion de commémorer « notre volonté politique de nous battre pour nos libertés et nos lois fondamentales, bien que la route fût longue et tortueuse ».

Saluant l'invitation du la présidente de l’Assemblée générale à débattre sur l’utilité des Nations Unies sur le long terme pour le bien-être de tous les peuples, M. Iohannis a estimé qu’il fallait expliquer plus clairement aux peuples la nature des défis lancés à la paix, à l’égalité et au développement durable, et parler davantage du rôle actif de l’ONU pour les défendre.  Il a cité comme exemple « le terrorisme, qui exige une réponse globale », et « la prolifération des armes de destruction massive ».

Dans son aire géographique, la Roumanie travaille à trouver des solutions.  « Nous assistons à des conflits non résolus autour de la mer Noire, qui menacent la stabilité de la région et la sécurité internationale », a prévenu le Chef d’État.

Signataire du Programme de développement durable à l’horizon 2030, prochain pays hôte en avril 2019 d’une conférence régionale intitulée « Programme 2030: alliances pour un développement durable », le Président s'est aussi réjoui de collaborer aux prochaines initiatives internationales, comme le pacte mondial sur les réfugiés, le pacte sur les migrations sûres, ordonnées et régulières, le pacte mondial sur l’environnement.  M. Iohannis a également invoqué comme satisfaction à venir la mise en place d’« une stratégie globale du contre-terrorisme et d’un plan d'action contre le terrorisme violent ».

Reconnaissant qu'il y a encore du travail à accomplir dans la réforme du fonctionnement de l'Organisation, y compris le Conseil de sécurité, pour plus d’efficacité, de transparence et de fiabilité, il a aussi souhaité que l’ONU soit adaptée aux réalités du XXIe siècle. « Les prochains mois seront décisifs pour la réforme des Nations Unies », a-t-il insisté.  Candidate pour un siège au Conseil de sécurité en 2020-2021, la Roumanie entend contribuer à améliorer le fonctionnement du Conseil à cette occasion.  Forte d'une diplomatie basée sur le dialogue et le compromis, la Roumanie promet qu'elle sera un partenaire fiable et responsable pour promouvoir l'agenda de l'ONU, a conclu le Président. 

Il a enfin suggéré que le Conseil de sécurité montre davantage de volonté d’agir en matière de lutte contre des défis transversaux tels que le réchauffement climatique.

Mme THERESA MAY, Première Ministre du Royaume-Uni, a rendu un hommage appuyé à l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, avant de dénombrer les très nombreux progrès réalisés au cours de ces dernières décennies, notamment pour réduire la faim dans le monde et les conflits.  Pour autant, a-t-elle déploré, la fin de la guerre froide n’a pas entraîné la suprématie des démocraties libérales.  Elle a constaté au contraire la remise en cause de la foi dans le libre-échange, l’immense anxiété face à l’ampleur des changements technologiques, ainsi que les déplacements de masse des populations à travers les frontières qui entraînent la montée des nationalismes.

« Ceux qui croient en des sociétés ouvertes ont un devoir de rétablir la confiance en elles. »  Sans une confiance dans les démocraties, il ne sera pas aisé de pouvoir agir, a-t-elle argué.  « Nous avons vu à quoi mène l’extrême droite et l’extrême gauche au cours du siècle dernier: elles détruisent la paix entre les nations », a constaté Mme May en faisant remarquer ces mêmes tendances actuellement, notamment en Europe.  « Or, nous savons ce qui se passe quand des oligarchies corrompues volent les ressources de leurs citoyens, lorsque les craintes et les incertitudes prennent le pouvoir. »  Elle a accusé des États comme la Russie de violer les normes internationales: « ils n’hésitent pas à empoisonner dans les rues de Londres et ils envahissent un pays frontalier en contradiction des règles internationales », s’est-elle insurgée.

Pour lutter contre cela, la Première Ministre a estimé qu’il fallait des États-nations forts, qui soient responsables à l’égard de leurs citoyens.  La coopération et la concurrence ne sont pas contradictoires, a-t-elle affirmé.  « Ce n’est que par la coopération mondiale que nous pourrons répondre aux défis mondiaux », a-t-elle recommandé en citant la coopération en matière de changement climatique. 

« Ici aujourd’hui, en tant que Présidente du Bureau du Commonwealth, je tiens à réaffirmer ma volonté de travailler main dans la main pour répondre aux défis mondiaux.  Cet engagement tient compte des pays les moins avancés. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi agir pour montrer que nous pouvons reconnaitre la légitimité des peuples. »

Mme May a appelé à faire respecter l’ordre international pour répondre à ceux qui estiment que l’économie mondiale ne travaille pas pour eux, qui ont peur que leurs enfants et petits-enfants n’aient pas accès au marché du travail.  « Au Royaume-Uni, nous investissons dans les techniques de l’avenir, comme l’intelligence artificielle ou les entreprises à faible empreinte carbone.  Nous devons faire en sorte que notre économie soit au service de nos citoyens et nous devons faire de même au niveau international. »

Pour la Première Ministre, il faut conférer à l’OMC un mandat de réforme et rétablir la confiance dans un système qui est essentiel pour éviter le retour du protectionnisme.  C’est pourquoi le Royaume-Uni dépense 0,7% de son budget pour le développement; c’est la meilleure façon de lutter contre le protectionnisme, a-t-elle déclaré.  Elle a enchaîné en plaidant en faveur de sociétés inclusives, ouvertes à tous, « le meilleur moyen pour lutter contre les nationalismes ».  Elle a fait valoir que dans les démocraties, les fondamentaux sont partout les mêmes: des élections libres, des médias libres, l’égalité, la liberté de culte et de conscience; tout cela se trouve dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

De plus, « il faut dénoncer les discours de haine dès que nous les entendons ». « Je n’apprécie pas toujours ce que les médias de mon pays disent de moi ou de mon action » a-t-elle témoigné, « mais je défendrais toujours cette liberté ».  La décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne n’est pas un rejet des autres mais correspond à une demande que les décisions soient prises au niveau national, a-t-elle tenu à préciser.

La Première Ministre a ensuite demandé de ne pas laisser notre incapacité agir.  « Lorsque le régime syrien a utilisé des armes chimiques contre son peuple, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont agi; et lorsque la Russie a utilisé un poison innervant dans les rues de Londres, nous avons réagi », a-t-elle rappelé. De la même façon, il faut agir contre ce que fait l’armée en Birmanie au peuple rohingya afin de la dissuader de continuer, a-t-elle prôné.  À cet égard, l’ONU a un rôle essentiel dans ce domaine et elle en a les outils.  Mais il faut trouver la volonté nécessaire et pour appuyer ces réformes, il faut veiller à ce qu’elles soient bien financées, a exigé Mme May.  « Nous devons renouveler notre engagement envers la Déclaration universelle des droits de l’Homme.  Veillons à ce que sa promesse soit tenue », a-t-elle conclu.

M. ABDULLAH ABDULLAH, Chef de l’exécutif de la République islamique d’Afghanistan, a regretté que la communauté internationale n’ait pas adopté une définition acceptable du « terrorisme ».  Il a rappelé que l’Afghanistan subissait, depuis pratiquement un quart de siècle, la perte de dizaines de milliers de vies et la destruction de ses infrastructures à cause de ce fléau.  Il a demandé aux pays voisins, notamment le Pakistan, de l’aider à faire face à cette menace affectant les sociétés, y compris celle du Pakistan.  Affirmant que la réponse au terrorisme avait été à ce jour insuffisante, il a plaidé pour la pleine mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

M. Abdullah a déclaré que l’Afghanistan a fait une ouverture sans précédent aux Taliban en les invitant à prendre part à un processus de paix crédible et mené par les Afghans eux-mêmes.  Le Gouvernement afghan a même annoncé un cessez-le-feu unilatéral en début 2018, pour une période de trois jours, et auquel les Taliban ont souscrit.  Malheureusement, a témoigné le Chef de l’exécutif, des « agendas étrangers » n’ont pas permis de faire appliquer un second cessez-le-feu. Il a promis que le Gouvernement allait s’évertuer à poursuivre les efforts pour réaliser ce qui est faisable. 

Pour M. Abdallah, une double approche est nécessaire pour s’assurer à la fois de gagner la paix et de protéger et préserver les avancées en faveur de la population, conquises de haute lutte.  Cela inclut l’ordre constitutionnel, la liberté d’expression, les droits de l’homme et des femmes et la création d’opportunités économiques, a-t-il précisé. 

M. Abdullah a ensuite rappelé que deux défis majeurs attendaient les Afghans: les élections législatives prévues le mois prochain et le scrutin présidentiel de 2019.  Il a insisté sur l’importance d’un processus électoral digne de confiance et d’une adhésion de l’électorat aux résultats du scrutin.  Il a également dit attendre beaucoup de la prochaine conférence ministérielle de Genève sur l’Afghanistan, en novembre prochain.

Sur le plan humanitaire, M. Abdullah a souligné que la sécheresse, les réfugiés et les déplacés du fait des changements climatiques et des menaces sécuritaires avaient un impact sur la vie des deux tiers du pays et sur près de 4 millions de personnes, dont un million pourrait être forcé de se déplacer si leurs besoins n’étaient pas satisfaits.  Il a appelé la communauté internationale à financer le plan humanitaire pour l’Afghanistan 2018-2021. 

L’Afghanistan espère passer d’un état d’instabilité et de confrontation à un statut de plateforme de cordialité pour la collaboration régionale, a encore déclaré M. Abdullah.  Les Afghans veulent ainsi faire de leur pays un « rond-point de gens, de services, de communications, de coopération et d’idées dans toute la région », a-t-il expliqué, avant de demander l’aide de la communauté internationale pour faire de ce concept une réalité.

M. GIUSEPPE CONTE, Président du Conseil des ministres de l’Italie, a estimé que la communauté internationale avait besoin de plus de multilatéralisme et d’une ONU renforcée dans son rôle de pilier du système international basé sur la paix, la justice et l’équité.  C’est pourquoi l’Italie soutient le plan de réforme du Secrétaire général, car « le pays entend voir une ONU proche des peuples, capable de répondre à leur besoin de sécurité et de bien-être et prête à les protéger des pièges de la mondialisation qui, bien qu’offrant de nombreuses opportunités, produit également des effets erratiques ». 

À ceux qui accusent l’Italie de souverainisme et de populisme, M. Conte a répondu qu’il lui plaisait de les renvoyer à l’Article 1 de la Constitution de son pays, qui évoque justement « la souveraineté et le peuple ».  Cette posture, a-t-il précisé, ne change pas la position de l’Italie vis-à-vis de la communauté internationale et des Nations Unies.  Il a indiqué que l’Italie est candidate au Conseil des droits de l’homme en cette année du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

M. Conte a rappelé que l’Italie est engagée, depuis des années, dans la recherche et le sauvetage en Méditerranée, et que son pays avait pu sauver de la mort des dizaines de milliers de gens.  « Le phénomène migratoire auquel nous faisons face nécessite une réponse internationale structurée, à plusieurs niveaux et à court, moyen et long termes », a-t-il proposé.  C’est sur cette base que l’Italie soutient le pacte mondial sur les migrations.  Pour l’Italie, il s’agit d’un défi qui doit être réglé par le biais d’une responsabilité partagée, dans le cadre d’un partenariat entre pays d’origine, de transit et de destination des migrants, en tenant compte du besoin de préserver la dignité des individus, mais également en faisant preuve de détermination face aux trafiquants d’êtres humains. 

L’Italie est un pays dont l’ADN contient la promotion du dialogue et de l’inclusion dans le cadre des situations de crise, a encore assuré M. Conte, qui a annoncé la tenue dans son pays, dans les semaines à venir, d’une conférence sur la Libye, dont le but sera de contribuer à la stabilisation politique du pays.  Quant au conflit en Syrie, M. Conte a appelé la communauté internationale à soutenir l’action de l’ONU et de son Envoyé spécial, M. Staffan De Mistura. 

M. JORGE CARLOS DE ALMEIDA FONSECA, Président de Cabo Verde, a appelé au respect intégral de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ajoutant que ce respect demeure un défi tant les violations sont « quasiment institutionnalisées » dans de grandes parties du monde.  « Le choix de mon pays de poursuivre une politique de paix et de dialogue provient de la nature même du peuple de Cabo Verde et de sa culture de la tolérance », a-t-il dit.

Le Président a profondément regretté que la peine de mort continue d’exister au XXIe siècle et appelé à une réflexion « profonde et attentive » sur cette question.  Précisant que cette peine n’existe pas dans son pays, il a apporté son soutien à l’appel du pape François pour parvenir à un consensus international sur son abolition.  « La vie, en tant que valeur supérieure, ne peut être laissée à la merci de juges faillibles qui, ignorants des lois de la clémence, revêtent imprudemment la robe souillée du bourreau. »  Il a en outre fait part de sa croyance dans la réhabilitation de l’homme et dans l’application de châtiments alternatifs à une solution aussi radicale et honteuse que la peine de mort.

Le Président a déclaré que son pays est un exemple de coexistence harmonieuse entre des peuples venant de différents pays et animés de croyances distinctes.  Il a ensuite insisté sur les vulnérabilités de Cabo Verde, parmi lesquelles l’étroitesse de son marché, la menace de la désertification et le fait qu’il continue d’avoir besoin de l’aide internationale.  Il a mentionné les conséquences dévastatrices des changements climatiques pour les États insulaires en développement.

Le Président a aussi fait valoir que, depuis que le Cabo Verde a quitté la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ses vulnérabilités structurelles sont devenues plus complexes.  Il a donc demandé des « mesures adaptées » à la réalité de Cabo Verde dans les domaines du développement, du commerce et de la dette.  Pour atteindre cet objectif, le gouvernement va organiser une table ronde à Paris en décembre en vue de la mobilisation de partenariats innovants adaptés à la nature de petit État insulaire en développement, a conclu le Président.

M. MSWATI III, Roi d’Eswatini, a souligné les poches de tensions dans différentes régions du monde, qui requièrent que les États Membres s’expriment d’une seule voix lorsqu’ils proposent des solutions pacifiques.  Ainsi, il est impératif de résoudre ces problèmes ensemble, comme une famille, afin de trouver des solutions durables.  Il a appelé les pays qui font l’expérience de conflits à trouver des solutions nationales pour traiter leurs différends: ils doivent se servir du dialogue comme le meilleur moyen de parvenir à des solutions durables.  Le Roi a aussi demandé aux États Membres de s’empêcher de nourrir les tensions dans les pays en trouble avec une approche divisée des interventions.  « Notre approche devrait toujours être de chercher une voie à l’amiable pour relever tous les défis auxquels nous sommes confrontés pour le bien de l’humanité. »

Parlant ensuite des défis du bien-être social, notamment le déséquilibre entre riches et pauvres, le Roi d’Eswatini a rappelé que l’Union africaine avait élaboré l’Agenda 2063 dans le but d’améliorer la vie des Africains.  Il est important de soutenir ce programme, a-t-il plaidé en exhortant en outre les autres blocs à soutenir les pays en développement qui ont de bons programmes pour transformer leurs économies.  « Il est temps que nous engagions des chercheurs pour étudier ce dont les pays en développement ont besoin pour accélérer la croissance économique et identifier les projets d’investissement qui seraient les mieux placés pour catalyser cette entreprise. »

S’agissant de la relation entre l’ONU et l’Union africaine, il a réitéré les appels pour que l’Afrique obtienne au moins deux sièges de membre permanent au Conseil de sécurité, avec tous les prérogatives et privilèges qui y sont associés. 

Pour ce qui est des progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, le Roi a indiqué que l’Eswatini avait finalisé la révision de sa stratégie nationale de développement 1997-2020 et qu’il lancerait bientôt une stratégie renouvelée.  En tant que pays à revenu intermédiaire, l’Eswatini espère que la réforme du Secrétaire général aidera à soutenir et à renforcer ses efforts pour accéder aux ressources externes et garantir des mécanismes de financement durable.

En conclusion, le Roi a réitéré son appel pour que l’ONU accorde au peuple de la « République de Chine, Taïwan » l’opportunité de contribuer au système des Nations Unies pour le développement.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a relevé que les conflits sont la principale cause de l’augmentation des réfugiés et des personnes déplacées dans le monde, avec un niveau jamais atteint de 65,5 millions.  Si la sécurité internationale semblait solide il y a moins de 20 ans, elle est aujourd’hui incertaine, a-t-il déploré.  Il a aussi regretté que, trop souvent, les grands discours sur la paix, le respect du droit international, le respect des droits de l’homme, ne restent qu’à l’état de rhétorique, de messages politiquement corrects, qui ne sont pas suivis d’actions concrètes.  Il a rappelé les raisons d’être de l’ONU, à savoir, « sauver les générations à venir du fléau de la guerre ».

« Malheureusement, aujourd’hui mes concitoyens sont devenus une part de ce cinquième de la population mondiale qui expérimente les horreurs de la guerre.  Au moment où je prononce ce discours, je viens d’apprendre la triste nouvelle de la perte d’une nouvelle vie sur le front de la guerre infligée par un membre permanent du Conseil de sécurité. »  Pour le Président, « Moscou fait des Ukrainiens des orphelins ».  Il a aussi déploré que plus d’un million et demi de personnes soient devenues des « déplacées », qui ne peuvent toujours pas retourner chez elles.  De plus, il a accusé la Russie de développer constamment les tragédies humaines, et maintenant en plus sur le terrain de l’écologie: « elle empoisonne le sol ukrainien et cause un désastre environnemental, non seulement en Crimée occupée, mais aussi au Donbass ».

Le Président ukrainien a expliqué que, « en défendant le territoire ukrainien ainsi que notre liberté, nous défendons aussi le Monde Libre ».  Les Nations Unies, a-t-il clamé, ne devraient pas rester silencieuses quand les principes de sa Charte sont violés par un pays disposant du droit de veto.  « Comment en sommes-nous arrivés là? »  Bientôt personne ne sera en sécurité, a-t-il prédit en avertissant que le silence face aux violations du droit international ne fait qu’encourager le Kremlin.  Pour lui, la Russie pense avoir le droit de restructurer le droit international à son idée.  « Or, cet acteur égoïste et irresponsable ne fera qu’accélérer la crise, en faisant chanter tous les pays, avec pour objectif de faire taire ceux qui devraient parler. »

« Nous ne devrions pas rester silencieux, car rien n’empêchera Moscou de poursuivre ses politiques expansionnistes.  Si nous ne punissons pas Moscou; elle continuera; ses agissement et brutalités doivent être rejetés en prenant des sanctions », a-t-il demandé.  Le Président a toutefois considéré que l’efficacité des sanctions internationales laisse à désirer aujourd’hui, ce qui porte atteinte à la crédibilité de l’ONU.  « Les mots et belles paroles qui sont inscrits dans la Charte ne valent rien s’ils ne sont pas appliqués. »

Selon M. Poroshenko, il faut renforcer le rôle de l’Assemblée générale dans les sanctions, l’Ukraine étant disposée à y contribuer.  Le droit de veto est utilisé par la Russie, non pas pour protéger la paix internationale mais pour protéger ses propres intérêts, a-t-il analysé, souhaitant que la réforme en cours du Conseil de sécurité puisse rendre l’Organisation plus réactive face aux menaces.

« Nous avons toujours privilégié le multilatéralisme pour résoudre ce conflit et nous continuerons à suivre cette voie, mais nous sommes plus déterminés que jamais à défendre chaque centimètre carré de notre territoire. »  Il a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) allait se prononcer sur l’affaire du vol MH17, qui a été abattu en 2014, et « dont nous connaissons le rôle joué par la Russie ». De plus, a-t-il ajouté, « cela fait quatre ans que la Russie a décidé d’annexer illégalement la Crimée et Sébastopol, en la transformant en une base militaire qui menace la sécurité et la stabilité de la région de la mer Noire ». Citant des exemples de nombreux Ukrainiens -des paysans, des cinéastes, des intellectuels- qui sont détenus dans les prisons russes pour avoir manifesté leur soutien à l’Ukraine, le Président a demandé une manifestation du soutien des Nations Unies à ces « courageuses personnes qui se battent pour la liberté ».

Passant au sujet de l’économie, le Président ukrainien a noté que son pays en est à 10 trimestres de croissance sans discontinuer, avec une croissance cette année de 3,8%.  « Notre pays a la plus grande croissance dynamique parmi les marchés émergents, aidé par la stabilisation macroéconomique, l’amélioration du climat d’investissement et le nettoyage du secteur bancaire, en dépit de dépenses de sécurité et de défense qui représentent 6% de son produit intérieur brut. »

Le Président Poroshenko a rappelé qu’en 2019-2020, l’Ukraine sera membre du Conseil économique et social (ECOSOC). « Nous en profiterons pour renforcer le rôle du Conseil de sécurité, en particulier dans les situations de conflits et d’après-confit, car « nous connaissons le prix de la tragédie de la faim ». Il a fini en plaidant pour une ONU forte et pertinente, dans notre monde incertain et turbulent.

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a remercié les Nations Unies de leur appui dans la mise en œuvre du dialogue national, avec la participation des forces de l’opposition et des organisations de la société civile.  Hier, le Congrès national a approuvé la nomination d’une commission dédiée à la réforme du système d’identification national, condition nécessaire à la réforme électorale, a-t-il annoncé.  Le Président a toutefois fait part de sa frustration devant le manque de volonté apparent de construire la paix, malgré les ressources importantes dont disposent les Nations Unies.  Estimant que les principes d’égalité, de souveraineté et d’autodétermination des États sont cruciaux pour la stabilité du monde, il a dénoncé les « forces et les acteurs internationaux » qui, « poussés par leurs propres intérêts, interfèrent dans nos affaires internes ».  Ces actions « affectent notre démocratie, élément fondamental du développement des nations que nous voulons défendre », a-t-il ajouté, avant d’appeler à la défense de l’état de droit. 

Bien que le Honduras soit l’un des pays les plus vulnérables aux événements climatiques extrêmes, la bureaucratie continue d’entraver l’accès aux ressources vertes nécessaires à la reforestation et à la conservation, a déploré M. Hernández Alvarado.  Les Nations Unies ont « l’obligation » de revoir la manière dont ces fonds sont utilisés afin d’éviter qu’ils ne soient gardés dans les coffres des banques, qui « s’enrichissent pendant que l’humanité souffre », a martelé le Président.

La migration est un droit de l’homme, a poursuivi le Président hondurien, fustigeant les conditions déplorables dans lesquelles sont détenus les migrants.  Il a dénoncé le traitement « indigne » qui attend les milliers de migrants qui empruntent la « route de la terreur » en direction des États-Unis, aux mains de trafiquants et de réseaux criminels.  Prenant pour exemple les 129 enfants qui attendent, « aujourd’hui même », d’être réunis à leur famille, il a appelé les hauts fonctionnaires des Nations Unies à agir dans les plus brefs délais.

S’agissant de l’intégration économique en Amérique centrale, Le Président Hernández Alvarado s’est félicité du « pas en avant » effectué par le Honduras, le Guatemala et le Salvador avec la création de la première union douanière du continent américain.  Il s’est engagé à assurer l’intégration des autres pays de la région au sein d’une union douanière qui pourrait, à terme, inclure tous les États des Amériques.  Afin de faire de cette union une zone de commerce juste et équitable, il s’est engagé à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Alors qu’une tasse de café coûte cinq dollars à New York, les 90 000 familles productrices de café du Honduras reçoivent à peine deux cents », s’est-il insurgé, avant d’appeler les dirigeants des pays producteurs à s’organiser pour changer les choses, « dès maintenant ».

Se tournant vers la criminalité, il a déclaré que les narcotrafiquants et groupes armés non étatiques représentent une menace à la démocratie et à l’état de droit.  Malgré la gravité de la menace, ses appels répétés à l’ONU et à l’Organisation des États américains sont demeurés lettre morte, a dit le Président, avant de demander l’adoption d’une résolution reconnaissant les bandes armées comme des « entités non étatiques qui violent les droits de l’homme et menacent la stabilité des États ».  « Nous sommes prêts à agir », a-t-il conclu.

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a applaudi les efforts du Secrétaire général des Nations Unies visant à réduire les coûts de l’Organisation et mieux gérer ses ressources.  Il s’est dit convaincu que les propositions relatives à l’adoption du dispositif de prestation de services centralisée seront couronnées de succès, tout en exprimant l’espoir que son pays aura le « privilège » d’accueillir un de ces centres de services.  Il a également appuyé le réalignement des mandats d’ONU-Habitat et du Programme des Nations Unies pour l’environnement. 

M. Kenyatta a dénoncé la corruption et le gaspillage de ressources qui ont cours dans plusieurs pays, estimant qu’ils sont la cause du fossé grandissant entre les ressources disponibles et la prestation de services aux populations.  Il a donné pour exemple l’extraction de minerais par les grandes entreprises, qui donne lieu à des marchés entachés de corruption et « institutionnalise » l’exploitation des richesses naturelles et le « pillage » de l’Afrique et d’autres régions en développement. 

Selon le Président du Kenya, la mondialisation des systèmes financiers et juridiques est à l’origine de la corruption des individus et des entreprises, notamment par le biais du blanchiment d’argent.  « La manifestation la plus dramatique de l’impact destructeur » de la corruption réside dans la perte de confiance des populations envers leurs institutions publiques, a-t-il relevé, voyant dans l’impunité dont bénéficient les personnes corrompues l’origine du « déficit de confiance ».  « Nous devons combattre l’impunité et la corruption », a martelé M. Kenyatta, qui a dit avoir établi des contacts avec les autorités de la Suisse et du Royaume-Uni afin qu’elles agissent pour mettre un terme aux transferts illégaux des profits de la corruption au sein de leurs institutions bancaires et financières.  Il a appelé à des réformes en ce sens, notamment au sein des agences des Nations Unies, qui devraient avoir pour fonction de détecter les cas de corruption.

Déplorant les pertes en « vies et en biens » subies par le Kenya en raison de son implication dans la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Kenyatta s’est néanmoins félicité du déclin des forces des Chabab en Somalie.  Toutefois, les pays contributeurs de troupes continuent d’assumer une part disproportionnée de la lutte contre le terrorisme dans la région, a-t-il estimé, appelant à un appui international à la hauteur de la menace.  Le Président a par ailleurs appelé les donateurs et la communauté internationale dans son ensemble à se mobiliser pour mettre un terme aux souffrances endurées par les femmes et les hommes au Soudan du Sud.  

M. Kenyatta a demandé que cesse « l’injustice historique » dont est victime l’Afrique du fait de sa sous-représentation au sein des institutions onusiennes, qui « perpétuent un modèle exclusif de gouvernance ».  À cette fin, il a demandé que deux sièges du Conseil de sécurité soient attribués à l’Afrique.  Il a enfin invité les États Membres à participer à la Conférence sur l’économie bleue durable, organisée par le Kenya et le Canada, qui se tiendra en novembre prochain, à Nairobi.

M. TANETI MAAMAU, Président de Kiribati, faisant référence au thème officiel de cette soixante-treizième Assemblée générale -« Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables »-  a rappelé à « tous les dirigeants et à la machinerie onusienne » que le plus important n’était pas la quantité des résultats obtenus, mais « d’améliorer la vie de ceux que nous servons ».

Insistant sur la protection des plus faibles, des sans-voix, des citoyens spoliés par plus puissants qu’eux, et de ceux privés de représentation politique, invoquant mère Teresa, pour qui « une vie qui n’est pas vécue pour le bien des autres n’est pas vraiment une vie », M. Maamau a estimé que les dirigeants partageaient une responsabilité similaire.

Les habitants de Kiribati, a assuré leur Président, vivent en harmonie avec leur environnement, font preuve d’humilité.  Ils se rassemblent régulièrement dans des réunions communautaires pour régler les questions locales de manière holistique.  Les valeurs étalons sont le respect et la coopération entre les membres de la société. Dans le contexte géographique plus large du Pacifique, plusieurs outils assurent la sécurité des nations mais le dialogue et le consensus restent les solutions privilégiées.

M. Maamau s’est pris à imaginer un monde libéré des instincts de domination et de violence, un futur prospère et sûr pour les générations futures.  Il a énuméré plusieurs initiatives de l’ONU qui ont ou pourraient bénéficier à son pays, comme la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 ou le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ouvert à la signature en 1996, « qui nous a assurés que les radiations subies par notre peuple après les essais nucléaires réalisés sur Christmas Island durant les années 60 ne se répéteront pas ».

Décrivant une Organisation constamment tiraillée entre « les intérêts de ceux qui la dirigent et les intérêts de ceux pour qui elle a été créée », M. Maamau a insisté sur l’importance de voir l’ONU s’occuper des intérêts des simples citoyens.  À cet égard, le Président s’est dit impatient que soit désigné un nouveau Coordonnateur résident pour la zone Pacifique Nord et Centre. 

M. Maamau a enfin mis en avant la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, deux axes qui, a-t-il expliqué, serviront de boussole à l’orientation stratégique de Kiribati à long terme.

M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a dit apprécier que le thème de cette Assemblée générale soit en adéquation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans la mesure où il s’agit de ne laisser personne sur le bord de la route.  Remarquant que dans le Programme 2030 résidait aussi la promesse d’éradiquer la pauvreté, le Chef de l’État a souligné que le développement devait demeurer au centre des préoccupations de l’Organisation, puisqu’il joue un rôle important dans la prévention de la faim et de l’insécurité alimentaire.

M. Mnangagwa s’est félicité des progrès du Zimbabwe dans la réalisation de certains objectifs de développement durable, notamment en matière de sécurité alimentaire.  « Grâce à notre politique centrée sur l’individu, accompagnée d’un financement et d'investissements du secteur privé, les fermiers reçoivent des conseils, de l’équipement et une aide technique », a-t-il expliqué.

Critiquant « les sanctions illégales imposées contre notre pays » et appelant à leur annulation, M. Mnangagwa a encouragé l’essor du processus démocratique, prenant pour exemple des élections qui ont eu lieu le 30 juillet 2018 dans le pays.  Il en a profité pour dénoncer les violences post électorales, les qualifiant d’inacceptables, et a dit accorder toute sa confiance à la Commission électorale, qui, à l’heure actuelle, travaille à valider les résultats.  Maintenant que les élections sont terminées, il est temps de se concentrer sur le développement économique, la modernisation et l’industrialisation du pays, a ajouté le Président.

Appelant à une réforme du Conseil de sécurité, M. Mnangagwa a souhaité qu’y soit ajouté un pays africain membre permanent et que soit augmentée la représentation non permanente du continent.  Il a justifié cette volonté par « l’injustice historique » qui a, selon lui, laissé l’Afrique à la périphérie du processus décisionnel global.  Il a enfin souhaité que les habitants du Sahara occidental puissent se prononcer sur leur avenir.  

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a constaté que le monde moderne est plein de menaces.  Nous sommes témoins d’un développement très dynamique de la situation internationale, a-t-il relevé, ajoutant que, pour y faire face, nous avons besoin de la coopération du plus grand nombre de pays possible.  Pour qu’il en soit ainsi, deux conditions sont nécessaires, a estimé le Président.  En premier lieu, nous devons tous respecter le droit international.  La coopération entre les pays dans le cadre d’un ordre mondial fondé sur le droit sera l’occasion de résoudre les conflits et d’empêcher de voir émerger de nouveaux.  Cet ordre exige des institutions fortes pour appliquer le droit international.

En second lieu, M. Duda a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur le principe fondamental de l’égalité souveraine de tous les États.  Le concept de multilatéralisme positif veut que, partout où c’est possible, les pays plus faibles aient des possibilités supplémentaires d’avoir un impact pour rendre l’égalité des droits des États plus réaliste.  Pour M. Duda, ce principe devrait s’appliquer dans deux domaines: la réforme attendue du Conseil de sécurité avec l’élargissement du champ de l’égalité des droits et des compétences de tous les membres du Conseil, et la réforme de l’Union européenne.

Il est aussi important que le multilatéralisme serve un certain système de valeurs, plutôt que d’être un élément de technologie politique et de jeu d’intérêts, a poursuivi le Président.  Le multilatéralisme suppose un engagement à respecter les valeurs, en particulier les valeurs fondamentales telles que le respect de la dignité et de la vie humaines.  La Pologne attache une importance particulière à la protection et la promotion des droits de l’homme.  C’est la raison de sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2020-2022.  M. Duda a ensuite annoncé l’intention de son pays de participer à nouveau activement aux missions de maintien de la paix des Nations Unies.

Par ailleurs, M. Duda a attiré l’attention sur les conflits larvés, l’occupation et les changements de frontières par la force en Europe de l’Est.  Les actes d’agression devraient recevoir une réponse pertinente, a-t-il argué.  Il a ensuite invité les États Membres à la vingt-quatrième session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP-24), qui aura lieu en décembre 2018 à Katowice.  « Ce sera l’occasion d’envoyer un message clair au monde que les efforts que nous faisons visent à assurer un avenir sûr », a-t-il conclu.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a dit ne pas comprendre et a déploré le « tropisme unilatéral » et le désintérêt envers les organisations internationales.  Selon lui, cette attitude s’apparente à une « myopie politique » qui pourrait faire répéter les erreurs commises il y a un siècle environ.  Ainsi, maintenir le statu quo reviendrait à appauvrir le multilatéralisme.  Cela multiplierait les risques, les conflits et la violation des droits de l’homme et de la dignité humaine.  De même, ne pas réformer le Conseil de sécurité, par le biais d’un consensus, reviendrait à ignorer la géopolitique du XXIe siècle qui requiert au moins la présence du continent africain, du Brésil et de l’Inde au sein de cet organe.

Il a ensuite exprimé le soutien du Portugal au pacte mondial sur les migrations qui sera bientôt adopté au Maroc, promettant également que le Portugal allait continuer d’accepter les migrants, les réfugiés et autres déplacés.  Il a à ce propos rappelé que l’ancien Président du pays, M. Jorge Sampaio, avait lancé la « plateforme mondiale pour les étudiants syriens ». 

M. Rebelo De Sousa a expliqué qu’il existe en ce moment deux visions du monde.  Une vision axée sur le court terme, qui est unilatérale, protectionniste et populiste, et donc peu tournée vers le multilatéralisme et le développement durable.  Par contre, l’autre vision du monde, celle que partage le Portugal, est celle du multilatéralisme: elle est ouverte et favorable à une gouvernance mondiale; elle est engagée en faveur du développement durable; elle respecte les droits de l’homme.  Le Président a toutefois confiance qu’à moyen ou long terme, cette seconde vision prévaudra, un peu comme elle a prévalu dans l’Union européenne, ce qui a permis à l’Europe de connaître la plus longue période de paix de l’histoire récente, et des hauts niveaux de bien-être et de protection sociale. 

En cette année de commémoration du soixante-dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Président du Portugal a dit que c’est le moment approprié pour un consensus sur l’adoption d’une résolution biennale à l’Assemblée générale sur un moratoire sur la peine de mort.  Il a également salué les vertus de la résolution pacifique des conflits à travers le monde en citant quelques exemples.  Il a enfin affirmé que « le bon sens demande qu’il y ait une reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens » pour arriver à une solution à ce conflit.

M. SALVADOR SÁNCHEZ CERÉN, Président d’El Salvador, s’est joint à l’appel du Secrétaire général concernant l’urgente nécessité de combler l’écart de financement des objectifs de développement durable.  Son pays consacre près de 50% du budget national au développement social, un investissement sans précédent, a-t-il indiqué tout en reconnaissant que les finances nationales ne sont pas suffisantes et en demandant à la communauté internationale d’assumer sa part dans cet engagement. 

Le Président a ensuite détaillé les nombreuses difficultés que rencontre El Salvador, comme la récente sécheresse, l’une des plus importantes de son histoire.  Il faut donc que le pays investisse des ressources publiques à la sécurité alimentaire des familles.

Au plan écologique, El Salvador fait partie des pays qui ne contaminent quasiment pas au niveau mondial, mais qui par contre souffrent des effets du changement climatique généré par d’autres.  Le pays a, de ce fait, un besoin urgent de financer les mesures d’adaptation.  Il a fait valoir qu’El Salvador constitue une référence en ce qu’il fait son possible pour protéger son environnement alors que c’est un petit pays sans grandes ressources.  Il a invité l’Assemblée à considérer son initiative de déclarer la décennie 2020-2030 « Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes ». 

Le Président a fait part d’importants résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté, grâce à des programmes de protection sociale et des stratégies de développement, permettant de réduire de 10% la pauvreté entre 2009 et 2017.  Il a aussi vanté les mérites de sa lutte contre l’analphabétisme, qui est soutenue par Cuba, et de son action pour la défense des droits des femmes grâce à une stratégie de prévention des violences sexuelles qui a impliqué toutes les institutions gouvernementales.  Il a aussi parlé de la Stratégie nationale de lutte contre la mortalité infantile.

Le Président a appelé à aborder la question migratoire sous l’angle des droits de l’homme, en pesant les avantages et les inconvénients.  Il a évoqué les nombreuses familles de migrants qui ont connu des séparations, notamment dans le triangle Nord de l’Amérique centrale, avant de demander à nouveau aux autorités des États-Unis de rationaliser le processus de réunification des mineurs avec leurs familles.  Il a par ailleurs expliqué travailler pour créer de meilleures conditions de vie dans son pays, en investissant dans le capital humain, la sécurité, la prévention de la violence et la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Enfin, le Président a plaidé la cause du multilatéralisme et insisté sur la nécessité d’un dialogue constructif, de la coopération, de la concertation et du renforcement des mécanismes d’intégration des alliances régionales.  Il a demandé à cet égard de mettre un terme au blocus « anachronique » contre Cuba et à celui contre le Venezuela.  « Nous rejetons toute ingérence extérieure ou intervention militaire », a-t-il ajouté.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de la République de Nauru, a reconnu que ce n’était pas facile d’avoir l’appui du système des Nations Unies lorsque l’on représente un petit pays.  « Cela nous laisse avec des économies extrêmement sous-développées dépendant uniquement d’un ou deux secteurs clefs, eux-mêmes souvent hautement vulnérables aux tendances du marché mondial ou des changements de priorités politiques des partenaires de développement. »  Si Nauru peut être considérée comme un pays à revenu intermédiaire sous certaines conditions, la situation économique pourrait changer dramatiquement en une nuit à cause des forces qui nous échappement totalement, a-t-il averti.  Le développement de stratégies efficaces pour y faire face est devenu très urgent.

« Nous devons nous tourner vers les institutions publiques comme les Nations Unies pour créer un environnement dans lequel nous pouvons prospérer et croître », a estimé M. Waqa.  « Si nous voulons relever les défis des petits pays, nous devons abandonner la sagesse conventionnelle.  Nous devons réfléchir à l’économie d’échelle différemment.  Une fois ce saut effectué, notre petite taille peut devenir notre atout », a ajouté le Président.  Pour un petit pays, des ressources modestes peuvent avoir des effets transformateurs.  Prenant l’exemple de l’énergie renouvelable, le Président a dit qu’un petit nombre d’îles a réalisé 100% des systèmes d’énergie renouvelable en 10 ans.  Le Gouvernement de Nauru estimé le coût pour parvenir à 100% d’énergie renouvelable à 63 millions de dollars.

Mais ce n’est pas parce que la tâche est plus petite qu’elle est facile, a averti M. Waqa.  Les ressources financières et de renforcement des capacités doivent être rendues plus accessibles pour les pays aux capacités limitées.  De plus, les nouvelles approches de financement telles que les modalités d’accès et l’appui budgétaire directs semblent donner de bien meilleurs résultats dans les petits pays.  Saluant le partenariat entre les îles du Pacifique et l’Italie, le Président a dit que bâtir une ONU plus inclusive nécessite de relever les défis mondiaux les plus urgents, notamment les conséquences du changement climatique.  À cet égard, il a rappelé l’appel qu’il a lancé en juillet dernier au Conseil de sécurité pour la nomination d’un Représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité.  En conclusion, M. Waqa a dit que « pour que l’ONU soit pertinente pour tous les peuples, il faut inclure le peuple de Taïwan » .

Rappelant les idéaux de paix et de justice qui ont mené à la création de l’ONU, M. EVO MORALES AYMA, Président de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que son pays attend avec impatience la décision de la CIJ, attendue la semaine prochaine, portant sur l’obligation faite au Chili de négocier un accès « souverain » à l’océan Pacifique avec la Bolivie.  Il a expliqué qu’il s’agit de la responsabilité partagée des deux États de parvenir à des solutions justes dans le cadre du droit international, ajoutant que c’est une question « d’intérêt hémisphérique » reconnue par l’Organisation des États américains.  Ce différend compromet l’intégration régionale, a considéré le Président, ajoutant que pour sa part, la Bolivie recherche une solution durable, à même de satisfaire les deux parties et de favoriser le développement. 

Il a dit espérer que l’arrêt de la CIJ sera reconnu et permettra d’initier des négociations fructueuses afin de mettre un terme à « l’enfermement » de son pays, qui demeure sans littoral.  L’origine de ce différend territorial remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque des « intérêts corporatifs étrangers » ont provoqué une confrontation afin de s’approprier les ressources de la région, a déclaré M. Morales, se disant convaincu que la décision de la Cour marquera le début d’un « temps nouveau » dans les relations entre la Bolivie et le Chili.

Le Président Morales a décrit les trois grandes menaces auxquelles fait face l’humanité, à commencer par les changements climatiques.  Pour faire face aux phénomènes climatiques toujours plus sévères, des efforts mondiaux tels que l’Accord de Paris sont nécessaires, a poursuivi M. Morales, tout en soulignant l’importance de s’attaquer aux causes profondes de ces crises.  Il a pointé du doigt les États-Unis, « principal contaminateur de l’histoire de l’humanité », considérant les « changements climatiques indissociables du capitalisme ». 

Pour le Président, la « culture de la guerre » et les risques de catastrophes nucléaires qui en découlent représentent une grande menace pour l’humanité.  Les dirigeants qui parlent de paix sont souvent, en fait, les mieux armés, a-t-il relevé, notant que les dépenses militaires sont en hausse constante.  Les inégalités constituent une autre grande menace, alors que la richesse est sans cesse plus concentrée entre les mains de quelques-uns.  « Nous ne vivons pas dans un monde de redistribution de la richesse, mais bien d’accumulation de la richesse et de redistribution de la pauvreté », a-t-il relevé.

M. Morales a rejeté de façon vigoureuse le « blocus économique » « illégal, inhumain et criminel » imposé par les États-Unis contre Cuba et réclamé l’octroi d’indemnisations, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale.  Il a estimé que la « République soeur » du Venezuela a été victime d’une « agression » de la part des États-Unis, réaffirmant le rejet par les États d’Amérique latine de toute intervention militaire.

M. TOMMY ESANG REMENGESAU, Jr., Président de la République des Palaos, a indiqué que le développement durable pour son pays passe obligatoirement par les priorités que sont la santé, les océans et les changements climatiques.  L’année 2018 a été proclamée « Année de la bonne santé » aux Palaos.  Des évènements sont ainsi organisés à travers le pays afin de promouvoir des styles de vie sains et faire ainsi face à la menace mortelle des maladies non transmissibles.  Il a rappelé que les Palaos font partie des 10 pays ayant le taux d’obésité le plus élevé au monde.  Il s’est dit honteux de reconnaître qu’« alors que dans certains endroits du monde les gens meurent de faim et de pauvreté, dans notre coin du Pacifique, on meurt de surconsommation de mauvaise nourriture ».  Il a parlé de l’augmentation de maladies telles que le diabète, les maladies cardiaques et le cancer, tout comme d’autres affections attribuables à la mauvaise alimentation, le manque d’activités physiques et l’usage de tabac.  C’est pourquoi le pays encourage désormais le retour aux habitudes culinaires traditionnelles et l’augmentation de la production agricole locale. 

Le Président a ensuite relevé que l’océan est leur source de vie, leur culture et leur identité, c’est pourquoi la réalisation de l’objectif 14 de développement durable est importante pour les Palaos.  L’océan est également, a-t-il ajouté, la base de leur industrie touristique qui est pourvoyeuse de la majorité des emplois du pays.  Le pays entend donc préserver l’environnement qui est la base de leur économie.  Les Palaos ont ainsi étendu les aires marines protégées, « c’est la contribution des Palaos à la réalisation de l’objectif 14 de développement durable », a-t-il affirmé. 

M. Remengesau a en outre rappelé que les changements climatiques sont le plus grand défi de notre génération.  De ce fait, renforcer la résilience de pays vulnérables doit être une priorité mondiale.  Pour sa part, les Palaos ont mis sur pied un cadre national de lutte contre les changements climatiques avec, entre autres objectifs, le renforcement des capacités nationales et la réduction des risques de catastrophe.  Il a remercié les partenaires qui accompagnent son pays sur la voie du développement, notamment Taiwan qui y construit des infrastructures.  Il a souhaité que l’ONU trouve « une solution afin d’inclure Taiwan dans tous ses processus », y compris l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Il a terminé son propos en réitérant l’idée de la nomination d’un Envoyé spécial du Secrétaire général sur le climat et la sécurité.

M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a exhorté le système des Nations Unies à s’adapter au XXIe siècle, arguant que les événements mondiaux ont toujours des impacts sur l’ONU.  C’est la raison pour laquelle le Venezuela est venu, ici, dire qu’il refuse de céder face à l’injustice, à l’esclavage, au colonialisme et à l’impérialisme.  Le Venezuela est un pays agressé, a affirmé M. Maduro.  « Le Président des États-Unis d’Amérique nous a menacé, hier, en jouant son rôle de justicier du monde qui est une émanation de la doctrine Monroe. »  Aujourd’hui, le Venezuela est victime d’une agression permanente de la part de Washington, sur les plans politique, diplomatique et économique, a encore clamé le Président du Venezuela qui a demandé: « pourquoi ces assauts? »

C’est parce que le Venezuela possède la plus grande réserve de pétrole au monde, a-t-il répondu en faisant valoir les grandes richesses naturelles et minières de son pays.  « Si c’est confirmé, le Venezuela possède la première réserve d’or au monde », a-t-il même avancé en poursuivant son décompte: le Venezuela possède la quatrième réserve mondiale de gaz naturel.  En même temps, le Venezuela subit le blocus économique que lui imposent les États-Unis, a dénoncé le Président Maduro en se plaignant qu’on interdise à son pays d’utiliser le dollar dans ses transactions internationales.  « Nous sommes soumis à des sanctions unilatérales illégales. »

« Le Président des États-Unis a aussi annoncé hier de nouvelles sanctions économiques contre le Venezuela dans cette enceinte même des relations internationales », a poursuivi M. Maduro en prévenant que l’arme de la monnaie est illégale sur le plan international.  Il a aussi dénoncé l’agression médiatique internationale dont est victime son pays.  Cette agression a utilisé la crise migratoire pour justifier une intervention militaire au Venezuela, a-t-il argumenté. 

Pour le Président vénézuélien, c’est le même modèle déjà utilisé en Libye et en Iraq pour renverser des gouvernements légitimes qui est utilisé pour agresser le Venezuela.  « Nous avons dénoncé ces tentatives de coup d’État contre le Gouvernement élu de Venezuela. »  Se disant ravi de l’échec de ces tentatives qui étaient selon lui « soutenues par le Gouvernement de la Colombie », M. Maduro s’est demandé si l’Amérique latine et les Caraïbes acceptaient de telles interventions étrangères.

Rappelant « l’attaque terroriste » dont il a été la cible le 4 août dernier, le Président Maduro a affirmé que cet attentat avait été planifié sur le territoire des États-Unis et préparé sur celui de la Colombie.  Des fonctionnaires du Mexique, du Chili et de la Colombie sont mentionnés par les personnes qui ont été arrêtées lors de l’enquête après l’incident, a-t-il indiqué, avant de demander la nomination d’un enquêteur spécial indépendant des Nations Unies pour faire la lumière sur l’attaque du 4 août et cette tentative de coup d’État.  Il a jugé souhaitable que le Gouvernement des États-Unis permette au « Federal Bureau of Investigation » (FBI) de participer à l’enquête pour déterminer la vérité.  « Je suis en outre prêt à serrer les mains du Président des États-Unis pour parler de ces questions et d’autres questions bilatérales », a avisé le Président Maduro.

« Ce sont les gens qui ont des divergences d’opinions qui doivent dialoguer.  Je suis prêt à parler ouvertement avec le Président Donald Trump de toutes les questions que veut poser le Gouvernement des États-Unis », a précisé M. Maduro, disant croire au dialogue politique.  « J’ouvre les bras à tous ceux qui veulent aider dans ce dialogue, dans le respect de notre souveraineté, qu’ils viennent d’Afrique, d’Europe, d’Asie ou d’Amérique latine. »

Refusant un monde unipolaire, le Président du Venezuela, en tant que Président en exercice de Mouvement des pays non alignés, a apporté son appui au peuple palestinien, et appelé à la fin immédiate du blocus économique et financier contre Cuba.  « Après 20 ans de révolution, ces trois dernières années ont été les plus dures mais aujourd’hui nous sommes plus forts que jamais », a-t-il reconnu.  

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a traité de la place de l’Afrique aux Nations Unies, en particulier au Conseil de sécurité, ainsi que du terrorisme et de l’extrémisme violents.  Face à ces fléaux, l’Afrique fait montre d’une volonté assumée pour dépasser les cloisonnements régionaux, mutualiser les moyens et poser les jalons d’une approche holistique et cohérente qui contribue au développement d’une doctrine mondiale face à ces menaces asymétriques désormais dominantes, a-t-il assuré.  Face à l’ampleur problématique que prend le phénomène de la migration, M. Touadera s’est ensuite félicité de la prochaine Conférence internationale de Marrakech, qui doit adopter le pacte mondial sur la migration.  Il a par ailleurs encouragé à l’universalisation de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Abordant la situation dans son pays, M. Touadera a expliqué que, depuis deux ans, son gouvernement œuvre sans relâche à la restauration des valeurs cardinales qui fondent la démocratie, la liberté et les droits de l’homme.  Il s’attelle donc à restaurer l’autorité de l’État, en poursuivant le déploiement de l’administration et des services de l’État dans les provinces ainsi que le rétablissement des services sociaux de base. 

Mais, a avoué le Président, nous déplorons la persistance d’événements tragiques et douloureux perpétrés par les ennemis de la paix mus par des intérêts aussi sombres qu’égoïstes.  Nonobstant tous ces défis, le Gouvernement a maintenu l’élan des réformes dans les secteurs de la sécurité et de la défense, où sont enregistrées des avancées significatives, dont le déploiement progressif des forces et la mise en œuvre du programme national de désarmement. 

M. Touadera s’est félicité, à cet égard, de l’engagement de l’Union européenne et des partenaires bilatéraux qui soutiennent la montée en puissance des Forces armées centrafricaines, et leur déploiement sur toute l’étendue du territoire, d’autre part.  L’ambition est de voir ces forces devenir véritablement opérationnelles et contribuer, aux côtés de la Mission de l’ONU, à l’immense travail de stabilisation et de retour à une paix durable.  Mais pour gagner ce pari, « qu’il me soit permis de réitérer, du haut de cette tribune, notre appel à la levée totale de l’embargo sur les armes qui pèse encore sur notre armée nationale », a ajouté le Président. 

Le Président a conclu en faisant le point sur le programme de reconstruction, qui connaît des avancées « palpables », et sur la lutte contre l’impunité, y compris le lancement prochain des premières enquêtes de la Cour pénale spéciale et la mise en place du cadre pour une Commission vérité, justice, réparation et réconciliation. Dans ce contexte, il a indiqué que le Panel de Facilitation de l’Initiative africaine avait conclu deux tournées de consultations et une réunion avec les groupes armés, destinées à recueillir leurs revendications dans la perspective du dialogue inclusif.  Le Président a insisté pour que l’Initiative africaine constitue le seul et unique cadre de référence dans lequel doivent s’inscrire toutes les bonnes volontés accompagnant les Centrafricains sur la voie du dialogue.

M. JABER AL-MUBARAK AL-HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité, afin qu’il reflète mieux la réalité internationale actuelle, que son efficacité et sa légitimité soient renforcées et qu’une représentation conforme au nombre de pays arabes y soit assurée.  Pendant son mandat de membre non permanent du Conseil pour les années 2018-2019, le Koweït met l’accent sur le respect des droits humains, la recherche de solutions pacifiques et la médiation, a-t-il déclaré.

M. Al Sabah a dénoncé l’intransigeance d’Israël sur la question de la Palestine et sa poursuite de sa politique de peuplement, menée au mépris du droit international et de la résolution 2334 (2016), qui demande une cessation de ladite politique.  Il a rappelé ensuite que son pays avait parrainé devant le Conseil un projet de résolution demandant notamment une protection internationale pour le peuple palestinien.  « Malgré la non-adoption de ce texte, le Koweït n’épargnera aucun effort pour appuyer les droits légitimes du peuple palestinien », a-t-il assuré, avant de réitérer le soutien du Koweït à la solution des deux États.

S’agissant de la Syrie, M. Al Sabah a rappelé que son pays a accueilli trois conférences internationales de donateurs pour remédier à la situation humanitaire qui y prévaut.  Rejetant toute solution militaire, il a plaidé pour une solution politique dans le respect de la résolution 2254 (2015) du Conseil.

Sur le dossier du Yémen, le Premier Ministre a affirmé que la crise découlait du coup d’État perpétré par les houthistes contre les autorités légitimes yéménites.  Le Koweït renouvelle son engagement en faveur de la souveraineté du Yémen, « pays qui est le berceau de la civilisation arabe », a-t-il poursuivi, en plaidant pour une solution politique.  Il a par ailleurs rappelé que son pays avait apporté 350 millions de dollars pour remédier aux besoins des Yéménites.

M. Al Sabah a en outre rappelé que le Yémen avait accueilli une conférence internationale pour la reconstruction de l’Iraq, qui avait permis la mobilisation de plus de 30 milliards de dollars, le Koweït ayant apporté 2 milliards.  Il a aussi exhorté l’Iran à prendre des mesures en vue d’établir des relations basées sur la coopération et un respect mutuel.

Enfin, le Premier Ministre a indiqué que son pays apportait une aide pour le développement de 106 pays et rappelé l’engagement du Koweït en faveur du système multilatéral international.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a constaté le recul du multilatéralisme sur tous les fronts et une remise en cause des fondements du système international basé sur le respect de la règle de droit.  Pour les démocraties, ce sont pourtant là les garanties de leur capacité à jouer un rôle au niveau international, voire même une condition de l’exercice de leur souveraineté, a noté le Ministre.  Le Luxembourg prône un retour à la négociation et à l’engagement constructif dans le cadre de l’OMC « au risque de tous devenir perdants ».

Constatant aussi que certains défis ne peuvent que trouver une solution au niveau global, M. Bettel a cité le cas de la migration.  À ses yeux, le Pacte sur les migrations, qui sera adopté à Marrakech en décembre, fournira un cadre pour appréhender ce phénomène mondial à la fois dans les États d’origine, de transit et de destination.  Il devrait aussi conduire à une meilleure gestion des flux migratoires au niveau régional.  Il a évoqué ce que cela impliquera pour l’Union européenne, qui devra mettre en place des politiques communes et des mécanismes de solidarité entre États pour l’accueil des réfugiés.  Le Luxembourg a engagé des efforts en ce sens dès 2015.

Le Ministre a rappelé que le pacte mondial sur les migrations fixait ce qui est attendu des migrants en termes d’intégration.  « On a souvent mis la question de l’intégration en rapport avec la montée du populisme en Europe », a noté M. Bettel.  Or, a-t-il rétorqué, l’Union européenne a vu des pays importants se doter de gouvernements populistes bien avant la crise migratoire de 2015. 

Sur la question du climat, le Ministre qui craint qu’au rythme actuel il ne sera pas possible d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  Il a soutenu la proposition du Secrétaire général de convoquer un nouveau sommet sur le climat l’année prochaine pour retrouver l’élan de Paris.  Il a fait état des mécanismes particuliers élaborés pour contrer le changement climatique, au plan international et national, en soulignant aussi la mobilisation du secteur privé.  Il a regretté cependant que si les mécanismes existent, les moyens demeurent insuffisants. 

Le Luxembourg, a-t-il poursuivi, a créé une bourse verte avec une capitalisation de 50 milliards d’euros.  Il a expliqué la « timidité de la réponse du secteur financier » par la méconnaissance des opérateurs traditionnels des potentialités des marchés, mais aussi par les obligations de conformité imposées aux autorités de surveillance dans les pays développés.  Face à la baisse de l’APD, il convient à son avis de trouver d’autres mécanismes pour pallier le manque de moyens, en particulier pour les pays les moins avancés.  Pour sa part, le Luxembourg continuera de consacrer 1% de son revenu national brut à l’APD.

Le Ministre a ensuite insisté sur l’importance de la réforme engagée par le Secrétaire général, notamment pour renforcer l’efficacité des missions de maintien de la paix.  Dans ce contexte, il a évoqué l’action menée par le Luxembourg au Mali avec une enveloppe de 61 millions d’euros pour 2015-2016, illustrant ainsi « ce qu’un pays comme le sien peut faire dès lors que des structures de coordination internationales et régionales sont mises en place ».

Dans sa conclusion, M. Bettel a dit que le Luxembourg regrette que les États-Unis aient dénoncé l’accord sur le nucléaire iranien « qui a fait l’objet d’une résolution du Conseil de sécurité et continue de lier la communauté internationale », de même que leur retrait du Conseil des droits de l’homme, « un Conseil qui peut être réformé sans remettre en cause son mandat et son mode de fonctionnement et qui reste un pilier du système onusien ».

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a appelé à affronter ensemble les défis de la mondialisation.  « Travailler ensemble nous a permis de faire bien plus que ce qu’on aurait fait chacun seul », a-t-elle argué.  Elle a détaillé les réalisations de son pays tant sur le plan national qu’international, grâce notamment à une politique de moyens de subsistance durables, à des partenariats nordiques et européens sur l’intégration économique et civique, ainsi que par la promotion de la paix et de la sécurité, la bonne gestion des océans, le commerce juste et régulé, l’éducation pour tous, et des mesures de santé mondiales.  Elle a vu dans toutes ces mesures la preuve que la coopération internationale donne des résultats.

Mme Solberg a cependant reconnu que la mondialisation n’a pas bénéficié à tous jusqu’à présent.  L’exclusion peut inciter à la radicalisation et saper la confiance dans les institutions internationales, a-t-elle remarqué.  La Première Ministre a dès lors recommandé de garantir le bien-être d’une population en croissance rapide, en commençant par réformer les normes de commerce.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser le protectionnisme, la discrimination et la rivalité économique caractériser notre futur », a-t-elle lancé en plaidant en faveur d’un commerce libre et basé sur des règles. 

Passant à la question de l’instabilité, elle a appelé le Conseil de sécurité à agir, de même pour les nations et les organisations régionales.  Elle a cité comme exemple le conflit en Syrie ou encore le cas de l’Ukraine dont « la souveraineté et l’intégrité territoriale doivent être restaurées ».  Elle a aussi rappelé que la Norvège est l’un des 79 membres de la coalition mondiale contre Daech, avant d’appeler à la justice pour les auteurs de crimes.  La Norvège a toujours été un défenseur de la CPI, a-t-elle rappelé.

Il faut, comme le recommande le Secrétaire général, une montée en puissance de la diplomatie pour la paix, a poursuivi Mme Solberg en rappelant les efforts de son pays sur les dossiers de la Colombie et des Philippines notamment. 

Sur le plan du développement durable, la Chef de gouvernement a appelé à l’appropriation du Programme 2030 par chaque pays.  L’OMS a entrepris d’élaborer un plan d’action mondial pour une architecture plus simple de la santé, en réponse à une initiative du Ghana, de l’Allemagne et de la Norvège.  Ce plan sera présenté à Berlin en octobre.  Par ailleurs, la Norvège a alloué 440 millions de dollars à l’éducation mondiale et se focalise sur l’éducation des filles avec près de 40 millions de plus pour la période 2018-2019.  Mme Solberg a aussi fait part de l’engagement de son pays à la protection des océans, en créant un groupe de haut niveau sur l’économie durable des océans.

Enfin, la Norvège, qui est candidate à un siège au Conseil de sécurité, a annoncé son intention de rendre cet organe plus transparent, efficace et représentatif.  Le pays veut aussi partager son expérience dans les processus de paix et de réconciliation, ainsi que promouvoir la participation de femmes à la stabilité et à la paix durable.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a plaidé en faveur de la coopération internationale qui, a-t-il rappelé, est enchâssée dans la Constitution des Pays-Bas, représentant une véritable « boussole morale » et un reflet de son histoire maritime et commerciale.  « Nous avons besoin d’une perspective transnationale pour relever les défis de notre temps », a déclaré le Premier Ministre, ajoutant qu’il n’existe pas de contradiction entre le multilatéralisme et l’intérêt national.  Ainsi, suite à l’écrasement du vol MH17, une « blessure ouverte » pour son pays, les Pays-Bas ont reçu le soutien de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, tout en exprimant l’espoir que justice sera rendue. 

Toutefois, a reconnu M. Rutte, l’ordre mondial actuel n’a pas apporté les mêmes bénéfices à tous les pays.  Certains États sont passés d’une « approche constructive à une approche combative », a-t-il déploré, voyant là une tendance « inquiétante ».  Notant la montée de la répression et des violations des droits de l’homme, il a prévenu que « lorsque le système multilatéral est paralysé, ce sont les innocents qui souffrent ».

Le Premier Ministre a souligné son « appui vigoureux » aux réformes entreprises par le Secrétaire général.  Cependant, les Nations Unies doivent poursuivre leurs efforts en vue de mettre en œuvre le Programme 2030, le « programme de prévention ultime », selon lui.  Il a déclaré que le nombre « stupéfiant » de bureaux des Nations Unies dans le monde -plus de 3 000- représente autant d’arguments pour ceux qui prétendent que le multilatéralisme ne fait que perpétuer la « fragmentation et la bureaucratie ». 

Parmi les autres initiatives du Secrétaire général, il a exprimé son appui à la réforme des opérations de maintien de la paix, appelant à rendre les missions plus efficaces.  Les États Membres doivent toutefois s’assurer d’allouer les fonds nécessaires pour mener à bien les réformes, comme l’ont fait les Pays-Bas pour la réforme du système des coordonnateurs résidents.  « Nous devons être honnêtes », a continué M. Rutte en assénant que l’exploitation et les atteintes sexuelles sont « inacceptables, dans toutes les situations et en tout lieu ».  « L’ONU doit sauver des vies et non les détruire », a-t-il martelé. 

« Au fil des ans, nous avons appris que le seul moyen de résoudre les problèmes est de s’attaquer à leurs causes profondes », a relevé le Premier Ministre, prenant pour exemple les conflits armés, le développement durable et les changements climatiques.  Tournant son attention vers « une question qui lui tient à cœur », M. Rutte a dit espérer que le Programme d’action pour la gestion des ressources en eau, présenté cette année, saura inspirer d’autres dirigeants à prendre les mesures qui s’imposent pour préserver les ressources hydrauliques.  Il a par ailleurs salué la mise en place d’une nouvelle Commission mondiale sur l’adaptation, qui sera lancée à La Haye en octobre, se réjouissant aussi du Sommet sur le climat qui se tiendra à New York en 2019.

Droits de réponse

Répondant à l’intervention du Premier Ministre de l’Arménie prononcée hier, le représentant de l’Azerbaïdjan a dénoncé la répression et les violations des droits de l’homme commises par les forces arméniennes dans le Haut-Karabakh.  Selon lui, le Premier Ministre arménien a usé de la même rhétorique que ses prédécesseurs, niant les faits et la responsabilité de son pays, qui a pris les armes pour intervenir sur le territoire de l’Azerbaïdjan, notamment au Haut-Karabakh, pour mettre en place un régime raciste.  Le régime en place a anéanti des villages entiers et entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes, a ajouté le représentant.  Qualifiant les déclarations entendues hier de « stupéfiantes », il a rappelé que le Conseil de sécurité avait adopté quatre résolutions contre l’intervention militaire de l’Arménie en Azerbaïdjan et réaffirmé que la région du Haut-Karabakh faisait partie intégrante du territoire de l’Azerbaïdjan, tout en demandant le retrait immédiat des forces arméniennes.  Les actions de l’Arménie constituent des violations évidentes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, a martelé le représentant azerbaïdjanais, accusant aussi l’Arménie de procéder à un nettoyage ethnique dans la région du Haut-Karabakh.  Enfin, il a exhorté l’Arménie à permettre le retour des réfugiés azerbaïdjanais et à mettre fin à ses politiques annexionnistes et colonialistes, « qui ne fonctionneront jamais ».

Le représentant de l’Arménie a réagi en disant qu’il n’y a pas de conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan: le conflit est entre l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh.  Faisant un rappel historique, il a dit que c’était l’Azerbaïdjan qui avait commencé la guerre pour ensuite la perdre.  Répondant à l’accusation de racisme de son homologue, le représentant a dit que « c’est l’Azerbaïdjan qui s’en prend à tous les Arméniens du monde ».  Le Haut-Karabakh ne fait pas partie de l’Azerbaïdjan et n’en fera jamais partie, a-t-il affirmé, en qualifiant ce que dit le représentant de ce pays de « tissu de mensonges ».  Il faut, a-t-il préconisé, s’en tenir au processus de paix soutenu par l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Un règlement définitif du conflit dépend de la participation active de l’Azerbaïdjan, a-t-il ajouté.

Reprenant la parole, le représentant de l’Azerbaïdjan a regretté les commentaires de son homologue « qui nie les faits ».  Quatre résolutions du Conseil de sécurité ont demandé une cessation des hostilités aux forces arméniennes en vue d’établir un cessez-le-feu durable, a-t-il rappelé, en soulignant que ces résolutions montrent la responsabilité de l’Arménie dans la situation.  Il en a déduit que le comportement de l’Arménie est contraire au droit international et a affirmé que l’Arménie occupe une partie de l’Azerbaïdjan.  Pour lui, les autorités du Haut-Karabakh sont illégitimes et condamnées au niveau international.  L’agression arménienne est la cause principale de la crise, a ajouté le délégué en prédisant qu’il n’y aurait pas d’avenir pour la politique dangereuse de l’Arménie en Azerbaïdjan.

Le représentant de l’Arménie a réitéré qu’un cessez-le-feu avait été signé le 16 mai 1994 à la demande du Conseil de sécurité, signé par l’Azerbaïdjan.  Les négociations de paix se feront dans le cadre des bons offices des Nations Unies et de l’OSCE, a-t-il déclaré.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.