En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
5e & 6e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4228

Les ravages de la drogue et les liens entre criminalité organisée et terrorisme sont une nouvelle fois dénoncés à la Troisième Commission

L’état de droit est en péril: « Le terrorisme, nourri par les causes profondes de la radicalisation et de l’extrémisme violent, n’a jamais été aussi étroitement lié au crime organisé, au trafic d’êtres humains, aux drogues et aux armes ainsi qu’à la corruption », a averti aujourd’hui le représentant de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) devant la Troisième Commission, à l’occasion de l’examen par celle-ci des questions relatives au contrôle international des drogues et à la prévention du crime et de la justice pénale.  Face à ce constat, dressé également par le Secrétaire général dans son rapport annuel, les délégations se sont longuement exprimées sur les ravages de la drogue et les risques que représente le crime organisé, sous toutes ses formes, pour le développement international, la protection des droits de l’homme et l’état de droit.

Le rapport du Secrétaire général le rappelle: la prévalence de l’abus de drogues dans le monde est restée pratiquement stable ces dernières années, avec un taux moyen de 5,1% parmi la population mondiale âgée de 15 à 64 ans.  Il rappelle aussi que la lutte contre la drogue au plan international repose sur trois principaux instruments: la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, la Convention sur les substances psychotropes de 1971 et la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988, ainsi que sur leurs Protocoles additionnels.

Nombre de délégations ont présenté leurs efforts pour lutter contre le fléau.  Important pays producteur, la Colombie a rappelé ses techniques de lutte contre la prolifération des cultures illégales de drogues, et notamment la destruction de plus de 60 000 hectares de cultures illicites. Les cultures alternatives, qui permettent d’assurer un revenu aux paysans qui vivaient jusqu’alors des revenus de la culture de plantes illicites, restent une solution valable, a estimé la Thaïlande et ce, malgré le rôle de plus en plus important joué par les drogues de synthèse.

L’Afghanistan, géant de la production d’opium, a quant à lui insisté sur la corrélation entre les stupéfiants et le terrorisme, qui « n’est plus à prouver » et a mis en avant son bilan: plus de 2 000 opérations menées en 2017, arrestation de plus 3 000 suspects, confiscation de plus de 300 tonnes de stupéfiants et destruction d’une cinquantaine de laboratoires chimiques et plus de 10 entrepôts de drogue, ce qui représenterait plus de 360 millions de dollars de pertes pour les trafiquants.

Le représentant des Philippines s’est pour sa part enorgueilli des méthodes musclées utilisées par son Gouvernement, y compris de la mort de quelque 4 000 trafiquants, et a invoqué la « responsabilité de protéger » des autorités envers la population, face à une « frange de hors-la-loi ».  Dénonçant comme « idiote » toute suggestion de légaliser la consommation de drogue, le représentant s’en est pris aux « amis du trafic de la drogue » qui demandent que soit mis fin à la guerre contre la drogue menée par le pays et a affirmé « qu’aucune puissance, autorité ou agence » n’était supérieure aux États et susceptible de les empêcher de remplir leurs obligations de protection des innocents ou leur indiquer comment lutter contre les crimes et les punir.

Quant à la Chine, elle a estimé que, si les droits de l’homme doivent être protégés dans le cadre de cette lutte, « il n’était toutefois pas essentiel de leur accorder une importance exagérée au regard des autres efforts à mener » et que l’abolition de la peine capitale ne devrait pas être liée au problème des stupéfiants.

À l’image de Sri Lanka, plusieurs États ont préconisé une approche fondée sur un équilibre entre la réduction de l’offre, les soins, la désintoxication et la baisse de la demande.  Enfin, tout comme l’ONUDC, de nombreuses délégations ont mis l’accent sur la prévention, notamment Singapour, qui a affirmé enregistrer aujourd’hui le plus faible taux d’abus de drogue au monde, les toxicomanes comptant pour moins de 0,1% de la population.

Outre la drogue, les intervenants ont dénoncé l’ensemble des méfaits de la criminalité transnationale, et en premier lieu les retards qu’elle entraîne en matière de développement.  Nos pays peinent à réaliser les objectifs de développement durable en raison des activités des groupes criminels organisés qui représentent une menace directe à la région et privent de financement les activités essentielles telles que l’éducation, la santé et le développement d’infrastructures, a ainsi déploré le représentant de la Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Or, il faut justement pouvoir s’attaquer à la pauvreté, à l’absence d’éducation ainsi qu’au manque d’autonomie des femmes et des filles, et à lutter contre toutes les formes de discrimination, a fait valoir le Brésil, car ce sont là des causes profondes qui facilitent le développement de la criminalité transnationale dans tous ces aspects.

Parmi les différentes activités criminelles, la traite des êtres humains a été dénoncée comme une des plus graves, notamment par le Liechtenstein, dont la représentante s’est dite bien consciente du caractère très lucratif de cette activité « qui génère environ 150 milliards de dollars par an », et a insisté sur la nécessité d’interrompre le flux financier associé à ces fléaux.  Les migrants étant particulièrement exposés à la traite, l’Union européenne a mis en avant son opération SOPHIA en Méditerranée, qui a aussi permis d’arrêter un grand nombre de trafiquants et d’arraisonner des centaines de bateaux.  Pour sa part, l’Espagne a annoncé qu’elle présenterait pour la première fois, aux côtés du Guatemala, un projet de résolution visant à lutter contre deux crimes n’ayant fait jusqu’ici l’objet que de peu d’attention de la part des États Membres: la traite des personnes à des fins de retrait d’organes et le trafic d’organes.

La Troisième Commission commencera demain, vendredi 5 octobre, à 10 heures l’examen de la question de la promotion de la femme.

PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE

CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES

Déclarations liminaires

M. JOHN BRANDOLINO, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a averti que l’état de droit est en péril.  « Le terrorisme, nourri par les causes profondes de la radicalisation et de l’extrémisme violent, n’a jamais été aussi étroitement lié au crime organisé, au trafic d’êtres humains, aux drogues et aux armes ainsi qu’à la corruption », a-t-il souligné.  De surcroît, les terroristes et les réseaux criminels utilisent à mauvais escient la technologie, notamment à des fins d’exploitation sexuelle, a ajouté le représentant, observant que ces menaces ne connaissent pas de frontières et n’épargnent aucun pays ni aucune région.

Dans ce contexte, les engagements pris en faveur de la coopération internationale, sur la base du principe de responsabilité partagée, sont absolument vitaux, d’autant plus que les terroristes et les criminels exploitent toute faille dans les capacités et la coordination et profitent de tout affaiblissement de l’état de droit.  C’est pourquoi l’ONUDC s’emploie à proposer des réponses intégrées en s’appuyant sur les conventions de lutte contre la criminalité transnationale organisée et sur le contrôle des drogues, mais aussi sur des instruments de lutte contre le terrorisme et sur les normes de l’ONU en matière de prévention du crime et de justice pénale.

La prévention est particulièrement cruciale pour faire face aux défis qu’impliquent nos mandats, qu’il s’agisse de la résilience des jeunes à l’égard de la drogue, du crime et de la violence, des réformes du système pénitentiaire pour stopper la radicalisation et réduire les risques de corruption, a poursuivi le représentant. 

Soulignant l’importance des partenariats avec des entités de l’ONU ainsi qu’avec des organisations internationales et régionales, M. Brandolino a précisé que l’ONUDC travaillait avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans plus de 30 pays à revenu faible ou intermédiaire, afin d’y promouvoir des stratégies de prévention et de traitement des drogues.  L’Office met également en œuvre une stratégie visant à aider les gouvernements à répondre à la crise des opioïdes.  Un travail est ainsi effectué en Afghanistan pour apporter des solutions aux problèmes liés à la production record d’opium dans ce pays.  En Colombie, l’ONUDC aide les autorités à consolider la paix au travers d’un développement alternatif.  Au mois d’août, a ainsi illustré le représentant, plus de 77 000 familles avaient été recrutées dans le cadre d’initiatives d’éradication volontaire de la coca. 

Parallèlement, l’ONUDC contribue aux travaux de la Commission des stupéfiants en vue de la réunion ministérielle de mars 2019, qui se tiendra comme prévu dans la Déclaration politique et le Plan d’action de 2009.  À cette occasion, l’ONUDC compte sur la participation active de tous les États Membres à ces discussions, a déclaré le représentant.  L’Office assiste également la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale dans la perspective du quatorzième Congrès sur le crime, qui se tiendra à Kyoto en 2020.

Rappelant qu’une réunion de haut niveau s’était tenue, cette année, à New York, en présence du Président de l’Assemblée générale et du Secrétaire général à l’occasion du quinzième anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption, le représentant a estimé que cet événement était tombé à point nommé, l’Union africaine ayant, elle aussi déclaré 2018, Année africaine de la lutte contre la corruption.

L’ONUDC continue aussi de fournir une assistance aux États pour prévenir et combattre la traite des êtres humains et notamment des migrants.  L’Office s’y emploie notamment dans le cadre de l’élaboration du pacte mondial pour les migrations, qui doit être adopté en décembre prochain, a indiqué le représentant, qui a fait observer que l’ONUDC publierait prochainement, à la demande de l’Assemblée générale, son rapport mondial sur le trafic des personnes, lequel sera centré cette année sur les schémas de trafic dans les conflits armés et les situations de postconflit.

En conclusion, M. Brandolino s’est félicité que le travail de l’ONUDC soit reconnu par les États Membres, comme l’attestent les contributions volontaires, dont le montant a atteint 351,3 millions de dollars en 2017, soit une progression de 17% par rapport à 2016.  Toutefois, a-t-il fait remarquer, la part de l’Office dans le budget global de l’ONU reste inférieure à 1%, ce qui implique une précarité alarmante et une dépendance accrue au soutien des États Membres.

Discussion générale

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réitéré que pour l’organisation régionale, un environnement propice à la stabilité sociale et à la croissance économique est indispensable pour la réalisation des objectifs des Nations Unies.  À cet égard, la CARICOM accorde une importance de premier plan à la mise en place de stratégies de prévention de la criminalité et de promotion à un accès effectif et efficace à un système de justice pénale, de même qu’à des politiques de contrôle rationnelles.

Nos pays peinent à réaliser les objectifs de développement durable en raison des activités des groupes criminels organisés qui représentent une menace directe à la région, a déploré le représentant.  Les trafics de drogues illicites et le commerce illégal d’armes légères et de munitions perturbent le tissu social de « nos petits États insulaires », a-t-il ajouté.  La région doit également veiller à s’assurer que le trafic d’êtres humains et le blanchiment d’argent sont combattus.

Ce faisant, ces actes privent de financement les activités essentielles telles que l’éducation, la santé et le développement d’infrastructures, a ajouté M. Rattray.  Dans ce contexte, les chefs de gouvernement de la CARICOM ont réaffirmé leur engagement à lutter contre les organisations transnationales du crime organisé.

Dans le cadre de sa stratégie 2013 sur le crime et la sécurité, la CARICOM a poursuivi ses efforts pour lutter contre ces activités illicites et réduire leur impact.  En novembre dernier, lors de l’examen de cette stratégie, le rôle de la société civile en tant que partenaire essentiel dans le maintien de la paix et de la sécurité dans la région a été souligné.

Les États des Caraïbes continuent de poursuivre le contrôle aux frontières en élargissant le système de renseignements préalables concernant les voyageurs (APIS) ainsi que celui d’information avancée sur les marchandises (ACIS) en vue d’améliorer la sécurité et la sûreté des citoyens, a précisé le représentant, ajoutant que la CARICOM mettait l’accent sur l’échange des meilleures pratiques en la matière.

Dans ce contexte, les piliers de la stratégie de la CARICOM sont la lutte contre le terrorisme ainsi que la sécurité aérienne et maritime.  Pour la CARICOM, le problème de la drogue relève d’une responsabilité partagée qui nécessite une approche multisectorielle.  Enfin, la CARICOM souhaite mettre en œuvre de façon intégrée, équilibrée et effective la stratégie de contrôle des drogues telle que reflétée dans le document de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue tenue en avril 2016.

M. OMAR HILALE (Maroc), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans sécurité.  Or, les frontières poreuses, la longueur des côtes et le manque d’infrastructures du continent ainsi que d’insuffisants moyens pour faire appliquer la loi empêchent de nombreux pays d’Afrique de combattre efficacement le crime et les activités criminelles.

Dans ce contexte, M. Hilale a salué la création de l’Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI) qui apporte au fil des ans un soutien technique à de nombreux pays et renforce leurs propres mécanismes de lutte contre le crime.

Toutefois, sa situation financière toujours précaire affecte la capacité de l’Institut à servir efficacement les pays.  Le représentant a donc réitéré l’appel du Groupe des États d’Afrique au Secrétaire général afin qu’il continue d’œuvrer pour mobiliser les ressources nécessaires.  À cette fin, le Groupe présentera un projet de résolution concernant l’UNAFRI au cours de la session, espérant que la Commission l’adoptera par consensus, a annoncé M. Hilale.

Pour le continent africain, mobiliser les ressources nationales pour renforcer la capacité des États Membres à prévenir le crime, faire appliquer la loi et réformer la justice criminelle demeure une priorité absolue.  Pourtant, malgré les progrès réalisés dans la lutte contre les cultures et la production illicites de drogue, le trafic et la distribution de substances psychotropes continuent de poser une menace majeure à la sécurité, la santé et au développement du continent, a poursuivi le représentant.

En dépit de la mise en œuvre du Plan d’action 2013-2017 de l’Union africaine sur le contrôle des drogues, la production et le trafic demeurent un défi persistant en Afrique.  Aussi le Groupe des États d’Afrique insiste sur l’urgence de s’attaquer aux liens toujours plus étroits entre trafic de drogues, corruption et autres formes de crime organisé, dont le trafic d’êtres humains, celui des armes à feu, la cybercriminalité et le blanchiment d’argent.

En conclusion, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle accentue ses efforts visant à combattre ces menaces et à adopter des mesures et politiques appropriées.

Mme JOPHIE TANG (Singapour), s’exprimant au nom des États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que la nature transfrontalière de la criminalité organisée représentait une menace qui requérait une coopération régionale et internationale accrue.  Elle a ensuite expliqué que l’ASEAN avait adopté différentes mesures telles qu’un plan d’action sur la lutte contre le terrorisme en septembre 2017 et la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme.  La prévention est également une des priorités de la région, a ajouté le représentant, qui a rappelé la Déclaration de Manille contre la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

Mme Tang a par ailleurs rappelé que, l’ASEAN faisant face à des flux transfrontaliers importants, les dirigeants des pays de la région avaient signé, en 2015, la Convention contre la traite des êtres humains (ACTIP) et travaillaient à la mise en œuvre du Plan d’action de l’ASEAN pour lutter contre le trafic des personnes.

Revenant sur le rapport mondial de l’ONUDC de 2017 consacré notamment aux « défis posés par les drogues synthétiques dans l’Asie de l’Est et du Sud-Est », le représentant a précisé que l’Asie du Sud-Est restait un marché attractif pour les métamphétamines et les opiacés.  Il a expliqué que les quantités de drogues saisies dans la région avaient chuté de 6% l’année dernière et que l’ASEAN maintenait ses efforts.  Il a ensuite listé les mesures prises régionalement pour renforcer la coopération entre les pays de la région, telle, entre autres, la réunion ministérielle biannuelle de l’ASEAN.

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a noté que, malgré la persistance de la criminalité dans la région, cette dernière était de plus en plus sous contrôle.  Bien que la traite des êtres humains des personnes soit toujours un problème majeur dans la région, le trafic de drogues représente une menace encore plus grande, surtout si les efforts pour y faire face ne sont pas coordonnés, a ajouté la représentante.  Elle a précisé que le trafic et la consommation de drogues étaient liés à d’autres crimes tels que la corruption, la criminalité violente et la violence contre les femmes et les enfants, des défis qui menacent le développement économique, la sécurité et la stabilité de la région. 

Mme Ferreira a cité le commerce illégal d’espèces sauvages comme le plus complexe des crimes de la région, dû au fait que des groupes organisés internationaux profitaient de la facilité à pratiquer le commerce transfrontalier, du manque d’harmonisation des différentes législations nationales dans la région, ainsi que des déficiences du système de partage d’information entre les organismes chargés de faire appliquer la loi dans la région.  La représentante a en outre déploré que la majorité des États de la région ne disposent pas des ressources nécessaires pour faire face à ce problème et a appelé à un plus grand engagement de la communauté internationale sur la question.

La traite des êtres humains, notamment des femmes et des enfants, cette « nouvelle forme sophistiquée et agressive d’esclavage », prend de l’ampleur dans la région, s’est alarmée Mme Ferreira, qui a jugé nécessaire de disposer d’une législation claire pour combattre le fléau.  La SADC, a-t-elle ajouté, s’est engagée à le combattre, comme le prouve, entre autres, le fait que tous les pays de la région sont parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité internationale organisée. 

Mme Ferreira a conclu son intervention en insistant sur la nécessité vitale d’une meilleure collaboration entre les pays de la région.  Elle a mentionné en ce sens le programme régional 2013-2020, qui doit « faire de la SADC une région débarrassée du crime et de la drogue ».

M. GARRETT O’BRIEN, de l’Union européenne, a rappelé que tous les Membres des Nations Unies étaient confrontés au problème mondial de la drogue et à la criminalité transnationale organisée, y compris les cyberattaques et les potentielles attaques terroristes.  Ces menaces ont des conséquences sur la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi la délégation, se félicitant du soutien du système des Nations Unies aux différentes actions prises par les États pour lutter contre ces phénomènes. 

Pour l’Union européenne, cette lutte exige de trouver un équilibre délicat entre la liberté et la sécurité, l’efficacité et la défense des droits et valeurs.  D’où l’importance de réaffirmer le rôle central de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses Protocoles pour combattre les formes existantes et émergentes de crimes transnationaux organisés.  Le représentant a, en ce sens, appelé tous les États à pleinement mettre en œuvre ces instruments.

M. O’Brien a également rappelé que la traite des êtres humains constituait une forme grave de la criminalité transnationale organisée que l’Union européenne s’efforce de combattre.  La Commission européenne a présenté en décembre dernier une série de mesures visant à prévenir ce phénomène et à lutter contre l’impunité dont jouissent les trafiquants, a expliqué le représentant.  Grâce à l’opération européenne SOPHIA, un grand nombre de ces trafiquants a pu être arrêté et des centaines de bateaux arraisonnés.  L’Union européenne a par ailleurs envoyé des missions civiles en Libye, au Mali et au Niger afin d’aider ces pays à renforcer les capacités de leurs forces de police et de sécurité afin de mieux lutter contre le trafic.  Elle participe en outre avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) au financement d’initiatives visant aux mêmes objectifs dans 13 pays.

L’Union européenne est par ailleurs engagée dans la lutte contre la criminalité organisée en mer, la piraterie maritime et la contrebande, autant de crimes de plus en plus reconnus comme constituant des menaces à la sécurité commune et à l’économie mondiale.  Elle a ainsi adopté un plan d’action sur la sécurité maritime, qui promeut une approche globale sur la sécurité maritime, appelle à une coopération entre acteurs civils et militaires, tout en soutenant les ripostes régionales.

En matière de blanchiment d’argent, l’Union européenne a adopté il y a deux mois un cadre amélioré qui harmonise la définition et les sanctions contre ce crime, en plus de lever les obstacles à la coopération judiciaire.  Enfin, en ce qui concerne la drogue, une nouvelle législation sur les substances psychoactives entrera pleinement en vigueur en novembre, donnant les outils nécessaires à la lutte contre les problèmes posés par la drogue.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a déploré le fait que, malgré la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée il y a 70 ans, on note aujourd’hui l’existence d’un « esclavage moderne » qui a une présence insidieuse dans notre vie quotidienne à travers les ordinateurs, les téléphones mobiles, les habits, le poisson, le cacao, la canne à sucre et d’autres produits dont la chaîne de production est affectée par l’esclavage.  On ne peut pas dire avec certitude que nos produits de consommation ne proviennent pas de l’esclavage moderne, a ajouté la représentante, pour qui il y a là un crime qui est invisible pour la plupart.  Même si sa prévalence est plus forte dans certaines régions, pratiquement tous les pays sont touchés, qu’ils soient développés ou pas, a-t-elle averti.

Mme Oehri a souligné que l’esclavage moderne et la traite des êtres humains étaient certes de graves violations des droits de l’homme, mais aussi qu’il s’agissait d’activités très lucratives, qui génèrent environ 150 milliards de dollars par an.  Interrompre le flux financier associé à ces fléaux est donc un élément important de la lutte contre ces crimes. 

La représentante a ensuite rappelé qu’au cours du débat général de l’Assemblée générale la semaine dernière, le Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, en collaboration avec son homologue de l’Australie, avait lancé « l’Initiative du Liechtenstein » sur l’esclavage moderne et la traite des êtres humains.  Il s’agit d’un partenariat public-privé développé avec l’Université des Nations Unies, et qui implique des acteurs de la finance et des survivants de ces fléaux, avec pour but de mettre sur pied dès 2019 des mesures pour permettre à la finance internationale de bloquer les fonds issus de ces activités. 

Enfin, le Liechtenstein plaide pour la pénalisation des infractions commises dans le cyberespace, tout en veillant à garder l’équilibre entre les exigences de sécurité et le respect des droits humains.  Même si le pays est d’avis qu’il faut renforcer le droit international qui régule les activités en ligne, il se range derrière une régulation basée sur la transparence, la coopération et les droits de l’homme, en droite ligne de la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, a conclu Mme Oehri.

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a souligné la détermination de son pays à mettre en œuvre des dispositions des conventions internationales relatives au contrôle des drogues à la base de la stratégie mondiale de contrôle des drogues ainsi que les recommandations issues de la session extraordinaire de l’Assemblée générale tenue en 2016 sur ce fléau.  « Nous sommes déterminés à prévenir l’abus, la production et le trafic des stupéfiants », a dit le représentant.

Le Kenya a ainsi élaboré une législation nationale appropriée en la matière, a expliqué le représentant, qui a néanmoins déploré que le fléau mette en péril la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a plaidé, à cet égard, pour une coopération internationale vigoureuse pour mieux rerimer cette forme de criminalité.  Pour sa part, le Kenya a notamment investi dans le système pénal pour dissuader les auteurs de ces crimes tout en faisant face au défi sécuritaire posé par la radicalisation, l’extrémisme violent et la menace terroriste.  Parmi les autres défis, le représentant a cité la progression de l’afflux de drogues arrivant de l’océan Indien pour être ensuite envoyées dans le monde entier, ainsi que la prolifération des armes légères dans la région instable de la Corne de l’Afrique.  Il a conclu en appelant à un effort accru pour assurer la traçabilité des flux monétaires qui financent ces activités illicites.

M. MAXIM V. MUSIKHIN (Fédération de Russie) a appelé au renforcement de la coopération internationale sous l’égide des Nations Unies, eu égard aux défis posés par la menace de la criminalité transnationale organisée.  Il revient aux « Nations Unies de jouer le rôle principal de coordination de la communauté internationale dans la prévention de la criminalité organisée », a-t-il insisté.

Le représentant a préconisé l’adoption d’une approche globale et équilibrée dans la lutte contre ce phénomène, ce qui inclut la nécessité de préserver les mécanismes intergouvernementaux de lutte contre la criminalité transnationale.  Il a souligné que la Fédération de Russie appuyait le renforcement des fondements juridiques de la coopération internationale, et a jugé opportun de créer un nouvel instrument juridique prenant en compte les nouveaux types de criminalité, notamment la cybercriminalité.  En ce sens, la Fédération de Russie compte soumettre un projet de résolution sur l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins criminelles.  « Nous attendons avec intérêt l’adoption » de cette résolution, a déclaré M. Musikhin, qui a conclu en appelant à augmenter le financement de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Mme MARIANGELA ZAPPIA (Italie) a souhaité que la Troisième Commission s’intéresse particulièrement aux liens entre la criminalité organisée et le terrorisme, l’impact de la criminalité transnationale organisée sur la paix et la sécurité internationales, et au lien existant entre le développement durable et la lutte contre le crime organisé et le terrorisme.  Dans ce contexte, l’Italie a souligné l’importance de tenir compte de la Convention de Palerme, encore connue comme la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, et des Protocoles s’y rapportant. 

L’Italie souhaite que cette Convention soit équipée d’un mécanisme d’examen efficace et durable.  L’Italie entend soumettre à la Troisième Commission, comme de coutume, le projet de résolution sur la prévention du crime et la justice pénale, et souhaite que le record de 120 soutiens que le texte avait rassemblé l’an dernier soit encore dépassé à l’occasion de la présente session.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a reconnu le rôle central endossé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), en tant qu’enceinte privilégiée des discussions onusiennes sur la question du trafic de stupéfiants.  Dans ce cadre, la représentante a estimé que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale et la Commission des stupéfiants (CND), qui toutes deux dépendent du Conseil économique et social (ECOSOC), devaient continuer à exercer leurs fonctions sans que d’autres forums ne « sapent leur autorité », notamment en empiétant sur leurs travaux.

La représentante s’est ensuite prononcée en faveur de la création d’un mécanisme d’examen de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, à l’instar du mécanisme déjà créé pour la Convention des Nations Unies contre la corruption.  Elle a jugé essentiel, dans cette perspective, de garantir la nature intergouvernementale du futur mécanisme, afin de ne pas générer de classement entre pays.  Selon elle, la nouvelle structure devrait fonctionner sur un mode « coopératif et non-punitif », selon le principe d’examen par les pairs.

Mme Rodríguez Camejo a en outre insisté sur l’importance que revêtent les Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime, en tant que principaux cadres intergouvernementaux pour la formulation de directives non contraignantes et l’échange d’information et de bonnes pratiques entre États Membres.  La représentante a toutefois souligné que la lutte contre la criminalité ne suffisait pas à en garantir l’éradication.  « Elle doit aller de pair avec la lutte contre le sous-développement et l’établissement d’un ordre international plus juste, démocratique et équitable », a-t-elle affirmé.

S’agissant de la lutte contre le trafic de drogue dans les nations appauvries du Sud, Mme Rodríguez Camejo a estimé qu’il sera difficile d’en venir à bout sans s’attaquer, dans le même temps, à la question de la demande des usagers dans les pays du Nord.  À ses yeux, ni la militarisation de la lutte antidrogue, ni la légalisation des substances illicites ne permettront de mettre un terme au problème.  Seule une approche respectueuse des trois conventions internationales en la matière, avec à leur centre la Commission des stupéfiants, sera selon elle susceptible de réaliser des avancées.  En ce sens, la représentante a jugé « inadmissible » la pratique consistant à produire unilatéralement des rapports établissant des classements entre États dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée et le trafic de drogue.

M. MOHAMMED ESSAM M. KHASHAAN (Arabie saoudite) a mis en exergue le rôle du service de la prévention du terrorisme de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, en particulier dans le domaine de l’assistance technique sur les aspects juridiques de la lutte antiterroriste, notamment la justice pénale.  L’Arabie saoudite s’efforce de mettre en place un système judiciaire évolutif capable de s’adapter au changement et aux questions émergentes dans le cadre de l’état de droit, a expliqué le représentant, ajoutant qu’en ce sens, le Bureau du Procureur de son pays jouissait désormais d’une pleine indépendance de l’exécutif.

Des efforts sont également déployés pour faire barrage au trafic de drogues par des organisations terroristes abritées par des pays voisins qui cherchent à entraver les efforts de développement du royaume saoudien, a déclaré le représentant.  Pour y faire face, a-t-il expliqué, l’Arabie saoudite dispose d’une stratégie solide articulée autour de quatre axes: sensibilisation et prévention; lutte au niveau local; participation au traitement et à la réinsertion des toxicomanes; et coopération régionale et internationale.  Le représentant a également signalé la création en mai 2017 à Riyad du Centre international pour la lutte contre l’idéologie extrémiste.  Enfin, dans le contexte de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, l’Arabie saoudite a fourni à l’ONUDC des bonnes pratiques relatives aux homicides ciblant des femmes et des filles.

Mme YORIKO SUZUKI (Japon) a rappelé que son pays accueillerait en 2020 le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, à Kyoto.  Relevant que ces Congrès constituent la plus grande réunion onusienne sur ce thème, la représentante a annoncé que les discussions du prochain Congrès seraient concentrées sur l’accomplissement des objectifs de développement durable tels que fixés par le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Selon elle, des travaux préparatoires sont sur le point de démarrer à l’échelle des groupes régionaux dans la perspective de ce congrès.

Mme Suzuki a ensuite dressé un tableau de la prévention du crime et du contrôle des stupéfiants.  Prenant acte de l’expansion du trafic de drogues au profit du crime organisé, de l’émergence de la cybercriminalité et des menaces que la corruption fait peser sur le développement durable, la représentante a appelé la communauté internationale à trouver des réponses collectives et coordonnées à ces problèmes.  Elle a ainsi insisté sur le soutien que son gouvernement apporte à la Commission des stupéfiants en tant qu’organe chargé d’élaborer des politiques sur le contrôle des drogues et a dit s’attendre à ce que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale discute activement de la lutte contre la cybercriminalité.  Enfin, sur le volet de la corruption, elle a rappelé que le Japon coprésiderait en 2019 le Groupe de travail contre la corruption qui se réunira pendant le G20 et qu’il comptait bien contribuer par ce biais à la lutte contre ce fléau.

M. AZIZ MOHAMED (Iraq) a déclaré que, confronté depuis plusieurs années maintenant au fléau du terrorisme, l’Iraq avait été forcé à prendre des mesures législatives, en particulier la loi de 2005 sur la lutte contre le terrorisme et celle de 2012 sur la traite des personnes.  Le pays a aussi renforcé ses capacités institutionnelles de lutte contre la corruption à travers l’établissement d’une agence de l’intégrité placée sous la tutelle du Parlement.  En outre, un texte législatif a été approuvé en 2017 pour offrir une assistance médicale aux toxicomanes et combattre les réseaux illégaux dans ce domaine.  Le représentant a également mentionné la loi d’amnistie générale de 2017 pour faciliter la participation de tous au sein de la société et offrir une possibilité d’un nouveau départ dans la vie.  Il a salué la coopération avec les agences de l’ONU dans le domaine de la sécurité transfrontalière et la fin de l’impunité pour les crimes commis par les groupes terroristes armés, en particulier Daech; ainsi que l’assistance aux victimes, y compris celles de la traite internationale des êtres humains, à laquelle ces groupes participent.

Pour M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala), la mondialisation a aussi profité aux groupes criminels transnationaux qui ont étendu leurs activités.  Les organisations criminelles traditionnelles ont évolué et partiellement cédé la place à des réseaux plus flexibles, dont les capitaux sont placés dans le monde entier. 

Le Guatemala se retrouve particulièrement affecté par le trafic des êtres humains, et ce, malgré les efforts entrepris sur les plans national et international, a déploré le représentant.  Le manque de sécurité aux frontières et l’absence de plan concerté doté d’objectifs précis ont facilité le transfert des victimes de différentes nationalités à travers la région, a-t-il regretté.

Les efforts du Guatemala dans la lutte contre les menaces transnationales sont pourtant sans précédent dans la région, de même que la lutte contre la corruption, a poursuivi M. Castañeda Solares, ajoutant que de tels efforts avaient permis au Guatemala de sortir de la liste des pays considérés comme des paradis fiscaux.  Par ailleurs, la détermination des Forces armées guatémaltèques a permis d’éradiquer ces dernières années plus de 471 millions de plants de pavot d’une valeur de 1,4 milliard de dollars, de confisquer plus de 34 tonnes de cocaïne et d’effectuer des saisies d’héroïne 400% supérieures à celles des années précédentes.

Le représentant a en outre souligné l’importance du traité tripartite signé entre le Guatemala, El Salvador et le Honduras, qui a permis de marquer des points dans la lutte contre la criminalité organisée.  Il a appelé les délégations à envisager l’adoption de politiques et d’objectifs nationaux, régionaux et internationaux pour réduire le coût social élevé lié au problème mondial de la drogue.

M. DANG SON TRUONG (Viet Nam) a rappelé que 31 millions de personnes dans le monde souffraient de l’usage des drogues et particulièrement des opioïdes.  À cet égard, a-t-il expliqué, le Viet Nam soutient les efforts des Nations Unies pour lutter contre ce fléau et considère que la Déclaration politique et le Plan d’action de 2009 abordent correctement le problème mondial de la drogue.

Conscient de la complexité et des conséquences graves de ce sujet, le Viet Nam a pris des mesures pour informer sa population, mobiliser la société civile et faire de la prévention, a affirmé le représentant.  Au rang des efforts concrets, il a souligné notamment le plan d’action national du pays, qui vise à promouvoir la justice, améliorer le système de contrôle en le positionnant à un niveau régional, ou encore à renforcer l’investigation des crimes liés au trafic de drogue.  Le Viet Nam, a-t-il ajouté, a instauré un comité national de contrôle des drogues, amendé son arsenal judiciaire, durci les mesures punitives, mais aussi travaillé avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour élaborer une approche régionale et convenir d’une vision à long terme partagée par tous les pays voisins.

Pour M. NABEEL MUNIR (Pakistan), le problème mondial de la drogue représente un défi titanesque à relever. Les drogues continuent à avoir des répercussions graves sur les sociétés et leur bien-être.  Le représentant a notamment fait part de son inquiétude devant la production et les marchés qui continuent de proliférer.  La culture d’opium a atteint un pic en 2017, s’est-il alarmé.  La prolifération de substances psychoactives renforce davantage cette inquiétude.  La production illégale en Afghanistan a augmenté, faisant du Pakistan le pays le plus touché par le transit des drogues, a-t-il fait observer. 

La communauté internationale a un long chemin à parcourir pour atteindre « nos objectifs », a poursuivi le représentant, qui a appelé au renforcement de la coopération internationale.  « Nous devons continuer à redoubler d’efforts dans ce domaine » comme évoqué lors de la conférence mondiale, a-t-il insisté avant de préconiser une approche globale intégrée qui tienne compte de l’offre et de la demande.  Pour finir, il a réaffirmé le soutien de son pays à l’ONUDC.

Mme ZEBIB GEBREKIDA (Érythrée) a noté que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaissait que la prévention de la criminalité et le développement étaient liés et que la promotion de l’état de droit était essentielle pour arriver au développement durable.  La représentante a ajouté que la nature transfrontalière et polymorphe de la criminalité transnationale en faisait un défi majeur.  Il a estimé que les criminels avaient toujours de l’avance parce qu’ils bénéficiaient de plus de ressources et ne respectaient aucun impératif moral, alors que les États avaient, eux, des ressources limitées et se devaient de respecter la loi.  Elle a donc appelé à ce qu’un mécanisme d’examen soit mis en place pour s’assurer que la Convention de Palerme reste un outil efficace de lutte contre la criminalité.

En Érythrée, le taux de criminalité est inférieur à la moyenne mondiale, grâce, entre autres, à la stratégie nationale de prévention et de protection des droits fondamentaux des personnes, a fait valoir la représentante.  Actuellement, a-t-elle ajouté, les forces de l’ordre érythréennes connaissent une modification de leur structure afin de réduire la criminalité, renforcer l’état de droit, mettre en place un système pénal efficace et favoriser l’égalité hommes-femmes au sein des organes judiciaires.

Rappelant que la traite des êtres humains constituait une entrave au progrès social et une menace envers la sécurité régionale, Mme Gebrekida a expliqué que l’Érythrée, qui assurera la présidence du Processus de Khartoum en 2019, comptait consolider ses réussites et accélérer les progrès réalisés dans la lutte contre ces fléaux.

M. TEODORO L. LOCSIN, JR (Philippines) a rappelé comment un État colonisateur s’était emparé de la Chine au XVIIIsiècle après y avoir introduit l’opium, qui a détruit la société tout entière.  Il a aussi noté que l’Asie du Sud-Est était la sous-région du monde la plus affectée par le trafic de méthamphétamines.  Cette substance a pénétré près de 60% des communautés aux Philippines et la précédente Administration avait laissé faire, créant ainsi des citoyens semblables à des « morts-vivants » et qui déambulaient sans but, « le sourire aux lèvres », a affirmé M. Locsin.

Il a rappelé que l’Administration actuelle était arrivée au pouvoir sur la promesse d’exterminer le trafic de drogue dans le pays.  À ce jour, 4 000 dealers ont été tués dans des opérations de police, même si les organisations de droits de l’homme ont décompté, de manière inexplicable, plus de 22 000 morts, a-t-il fait valoir.  Il a reconnu qu’il y avait eu « des erreurs » dans cette lutte, accusant certains policiers de complicité avec les dealers, mais a ajouté que cela ne signifiait pas qu’il faille mettre fin à la guerre contre la drogue, comme le recommandent désespérément « les amis du trafic de la drogue ».

M. Locsin a ensuite présenté un bilan chiffré des opérations de police, notant que pour la communauté internationale, la guerre contre la drogue est assimilée à un « génocide ».  Selon lui, cette lutte n’a rien à voir avec des considérations de race, car il est plutôt question d’« une même race qui se nettoie ».  On ne naît pas dealer et on ne le devient pas non plus après le sacrement du baptême, a-t-il ironisé.  Pour le représentant, il est plutôt ici question d’un « choix intelligent de carrière » quand les retombées sont importantes. 

Mais ce choix de carrière a également des conséquences fatales, a poursuivi le représentant, pour qui il ne s’agit pas là de crime contre l’humanité.  M. Locsin a invité ceux qui, comme certains rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits de l’homme, suggèrent que la méthamphétamine ne serait pas une substance si nocive, à venir en consommer dans le stock confisqué par les autorités afin d’en démontrer les effets bénéfiques.  Mais « cela doit se passer devant les caméras de télévision », a-t-il précisé, en ajoutant qu’il est hors de question que ces drogues soient revendues sur le marché. 

À ceux qui suggèrent de légaliser les drogues, les Philippines répondent qu’il s’agit d’une suggestion « idiote ».  Le représentant a accusé des acteurs présents « de l’autre côté de la mer de Chine méridionale » d’abriter les usines de fabrication de ces drogues, prévenant que les Philippines ne céderaient pas tant que leurs dirigeants auraient un souffle de vie et « des balles » pour y faire face.

M. Locsin a par ailleurs convoqué le principe de la « responsabilité de protéger » pour justifier le droit des Philippines de protéger les populations contre une « frange de hors-la-loi ».  Pour le représentant, il n’existe nulle part sur terre une puissance, une autorité, un groupe ou une agence qui soit supérieur aux États et qui pourrait les empêcher de remplir leurs obligations de protection des innocents ou leur indiquer comment lutter contre les crimes et les punir.  Selon lui, seul un État souverain a ce droit, « un point c’est tout ».

M. NADAV YESOD (Israël) a proposé de faire l’état des lieux dans le cadre de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.  « Nous devons évaluer ce qui reste à faire », a-t-il insisté.  Sur le plan national, Israël a mis en œuvre une nouvelle autorité rattachée au Ministère de la sécurité, qui est chargée de diriger les efforts en vue d’une lutte efficace contre les crimes liés aux abus de la drogue et de l’alcool, et d’améliorer ainsi la sécurité de tous les citoyens.  En Israël, « ne laisser personne de côté » n’est pas une antienne mais une véritable politique dont l’objectif est de répondre aux besoins des populations, a fait valoir le représentant.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a déclaré que tout le monde était affecté par la criminalité internationale organisée et que la communauté internationale devait améliorer sa coopération afin de lutter contre ce fléau.  Le Brésil est convaincu que, pour lutter contre la criminalité, il faut s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène, telles que la pauvreté, l’absence d’éducation ou le manque d’autonomie des femmes et des filles, et lutter contre toutes les formes de discrimination, a poursuivi le représentant.

Nous sommes convaincus que toutes les activités policières doivent respecter l’état de droit, de même que les efforts de lutte contre la corruption mènent au renforcement de ce dernier, a aussi déclaré M. de Souza Monteiro.  Le représentant a enfin insisté sur la nécessité d’une approche multidisciplinaire relative aux drogues, notamment en y incluant les perspectives sociales et sanitaires.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a déclaré qu’en dépit des mesures juridiques et de la coopération internationale dans la prévention du crime, la criminalité transnationale et les problèmes de drogue continuaient de poser de sérieux défis au développement international, à la protection des droits de l’homme et à l’état de droit.  Alors que beaucoup a été fait depuis l’adoption de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue de 2009, de nouveaux défis sont apparus, qui appellent à une réponse équilibrée et concertée de la communauté internationale.  L’Inde accorde la plus haute importance au combat contre la drogue, a affirmé la représentante.  « Nous avons accéléré les mesures pour fournir des services de santé et de réhabilitation, pour renforcer la sensibilisation dans les écoles et les mesures contre les trafiquants », a-t-elle déclaré.

En Inde, un cadre juridique fort interdit le travail des enfants et protège les femmes et les enfants contre l’exploitation sexuelle, la prostitution, la vente ou l’achat d’organes humains, a poursuivi Mme Tripathi.  Un cadre juridique est en place pour réhabiliter et réintégrer les victimes.  Nous avons lancé le processus de la formulation d’une nouvelle législation sur la traite des êtres humains et la protection des victimes, a-t-elle assuré.

Par ailleurs, la représentante a estimé que la menace du terrorisme devait être traitée très sévèrement, sous toutes ses formes et manifestations.  Les liens entre le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic de drogue, la traite des êtres humains et l’exploitation des ressources naturelles sont bien établis, a-t-elle rappelé.  Nous avons besoin de coordonner une réponse mondiale à ces questions.  L’Inde salue la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et la Conférence de haut niveau qui a réuni les chefs d’organismes antiterroristes des États Membres à la fin juin 2018.

Toutefois, il n’existe pas de stratégie commune au niveau mondial pour faire baisser les activités criminelles dans le cyberespace, a regretté la représentante, qui a rappelé que le projet de convention générale sur le terrorisme international n’avait que peu évolué durant des années, en raison de divergences sur sa définition.  Nous avons besoin de progrès urgents dans ces domaines, a déclaré Mme Tripathi, pour qui la communauté internationale ne peut se permettre de subir des barrières bureaucratiques ou politiques, alors que les réseaux criminels et terroristes sont de plus en plus connectés.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a constaté que, depuis l’adoption il y a plus de 50 ans de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, les nouvelles réalités du problème mondial de la drogue avaient considérablement changé, nécessitant aujourd’hui une réponse énergique et appropriée.  À cet égard, a fait valoir le représentant, le Mexique a favorisé, dans un souci d’efficacité, l’inclusion de points de vue pluriels venant de la société civile, d’organisations régionales et de la communauté scientifique.  Dans le cadre de la Troisième Commission, la délégation mexicaine présentera la résolution omnibus sur cette question en vue de faire progresser les instruments de l’Assemblée générale et leurs liens avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Ce n’est qu’au sein des commissions de l’Assemblée générale, en présence de l’ensemble des États Membres, que nous pourrons incorporer la vision transversale qu’exige le traitement de ce problème, a insisté M. Sandoval Mendiolea, ajoutant que son pays encourageait par ailleurs la coordination et le dialogue avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ONU-Femmes, le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et les autres entités pertinentes du système de Nations Unies.

Mme MORDICA M. SIMPSON (États-Unis) a souligné que son pays se concentrait sur la lutte contre la criminalité de la drogue.  La représentante a détaillé la crise de santé publique provoquée par l’utilisation des opioïdes dans son pays, qui ont tué des millions d’Américains.  Rien qu’en 2017, quelque 72 000 personnes sont mortes d’overdose, a-t-elle déclaré.  Elle a souligné la nature mondiale du fléau de la drogue, auquel l’accès est facilité par les technologies de l’information et de la communication.

En effet, a poursuivi Mme Simpson, le commerce des opioïdes, qui sont le plus souvent acheminés en petite quantité à travers la poste, crée d’importants revenus.  « Nous devons coordonner nos efforts pour lutter contre ce fléau », a-t-elle insisté, tout en remerciant les 130 pays qui ont signé, en septembre, l’Appel mondial à une action concertée contre la drogue, lequel permettra selon la représentante de conférer un nouvel élan à « notre engagement » de lutter contre ce phénomène.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a souligné l’importance pour son pays d’ouvrir de nouvelles voies de dialogue et de promouvoir les débats et mesures internationaux tendant à affermir les acquis de la Colombie en matière de drogue.  Il a mis l’accent à cet égard sur la responsabilité commune et partagée, le multilatéralisme, l’intégrité, l’équilibre et la coopération régionale, sous-régionale et internationale.  Il a affirmé la nécessité de combattre, avec la plus grande fermeté, les structures qui s’adonnent au trafic illégal de drogues et autres délits y afférents sur la base du droit, de la sécurité et la justice, en vue d’instaurer la paix.

M. Gonzalez a ensuite annoncé qu’en 2018, 37 081 hectares de culture illicite avaient été détruits en Colombie, où 26 219 autres hectares ont en outre été éliminés de manière volontaire et assistée.  La Colombie progresse également dans l’exécution du plan national de promotion de la santé, la prévention et le traitement de la consommation de la drogue 2014-2021, a-t-il affirmé.

Dans le contexte de la prévention de la criminalité, la lutte contre la corruption demeure une priorité car les citoyens méritent de pouvoir avoir confiance en leurs institutions et en l’application de la loi, a poursuivi le représentant.  Ainsi, la corruption, le paiement de pots de vin et la malversation de fonds constituent une menace pour la réalisation concrète du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il dit, raison pour laquelle la Colombie renforce son architecture institutionnelle visant à la lutte contre la corruption et à la « prévention de ce cancer ».

Convaincu que les progrès au niveau national ne seront durables que dans la mesure où la coopération internationale est également renforcée, M. Gonzalez a conseillé de pleinement mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Convention des Nations Unies contre la corruption et ses mécanismes de mise en œuvre, ainsi que la Convention interaméricaine contre la corruption et son mécanisme de suivi.  Il a également appuyé le rôle essentiel de l’ONU dans la lutte contre la cybercriminalité, de même que les travaux du Groupe intergouvernemental d’experts à composition non limitée chargé de préparer une étude exhaustive sur le problème de la cybercriminalité, qui dispose déjà d’un plan de travail jusqu’en 2021.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a affirmé son soutien à la déclaration du Secrétaire général sur l’état « alarmant » de la situation actuelle et sur les répercussions de la drogue, qui « détruit des vies et affecte les communautés ».  Faisant état de son inquiétude à la suite du dernier rapport en date du Secrétaire général, le représentant a déclaré que la production mondiale d’opium et de cocaïne n’avait jamais été aussi élevée.

Une centaine de millions de personnes meurent chaque année des suites de la consommation de drogues, a poursuivi M. Sukhee, et ce, alors que la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes va fêter ses 30 ans.  Se félicitant des progrès réalisés en trois décennies, il a cependant mentionné que de nouveaux défis émergeaient et a appelé la communauté internationale à se montrer unie dans la lutte contre ce fléau, notamment afin de protéger les jeunes et d’éviter qu’ils ne deviennent des consommateurs de drogues.

M. AMADEO SOLARI (Pérou) a indiqué que la lutte contre le crime organisé transnational et les délits connexes que sont le trafic illicite de drogues, la traite des personnes, le blanchiment d’argent et la corruption constituent des priorités de son gouvernement.  Rappelant que la corruption détourne chaque année 5% du PIB mondial au profit de quelques-uns, au lieu de servir aux objectifs de développement durable pour tous, il a souligné que le Pérou avait fait la preuve de son engagement contre ce fléau en soutenant l’adoption d’une résolution lors de la septième Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption.  Il a également fait état de l’Engagement de Lima adopté, en avril dernier, lors du Sommet des Amériques, lequel comporte 17 mesures concrètes pour prévenir et traiter la corruption.

Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur le danger que représente le lien entre le crime organisé transnational et le terrorisme.  Nous devons améliorer notre compréhension du phénomène pour agir efficacement, a-t-il plaidé.  Dans le même ordre d’idées, il a jugé urgent de prévenir et combattre l’utilisation des technologies de l’information par des groupes criminels, tout en protégeant les droits de l’homme et les libertés fondamentales.

Quant à la lutte contre le problème mondial de la drogue, M. Solari a rappelé que son pays participait activement à la préparation de la réunion ministérielle de la Commission des stupéfiants prévue l’an prochain à Vienne.  Il a enfin assuré que son pays entendait revoir son engagement politique contre ce fléau, en accord avec les objectifs de la Déclaration politique et Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.

M. BEKZHAN BAIZHANOV (Kazakhstan) s’est félicité que le débat d’aujourd’hui « nous donne une opportunité unique d’échanger les expériences relatives à la production et à la distribution des stupéfiants ». C’est également une occasion de réaffirmer « notre engagement pour redoubler d’effort au plan multilatéral » pour contrer ce fléau, a ajouté le représentant.  La drogue, qui représente une menace à la paix et à la stabilité et un frein au développement durable, a toujours été une priorité pour son pays, qui siège actuellement au Conseil de sécurité pour la période 2017-2018.  Il a affirmé, à cet égard, que le Kazakhstan est résolu à lutter contre les tendances de ce phénomène, comme cela figure aussi bien dans ses politiques nationales que dans sa politique étrangère.  M. Baizhanov a également rappelé que le Kazakhstan avait rejoint, en septembre dernier à New York, l’appel mondial à une action concertée contre la drogue.

Mme IRINA MORENO GONZÁLEZ (Équateur) a déclaré que la criminalité internationale organisée était une menace pour la sécurité publique et représentait une barrière au développement social, économique et politique.  Elle a réitéré l’importance vitale de la coopération internationale, de l’échange d’expériences en matière de prévention des délits et de la construction de systèmes de justice pénale toujours plus justes et efficaces.

La représentante a également estimé que le problème mondial des drogues constituait un phénomène complexe, dynamique, dont les causes étaient plurielles, un problème avec des conséquences négatives sur la santé, la coexistence sociale et démocratique ainsi que sur le développement humain.  C’est pourquoi les politiques de l’Équateur abordent le problème socioéconomique de la drogue de manière intégrale, transversale et générale, a-t-elle expliqué.

Pour M. LESETLA ANDREAS TEFFO (Afrique du Sud), au regard des conséquences néfastes causées par la consommation de drogues sur la santé et la hausse du nombre de décès liés à ce phénomène, l’unique réponse consiste à continuer de travailler avec les partenaires pour lutter contre un phénomène qui affecte négativement le développement, la paix et les droits de l’homme.

Le représentant s’est notamment intéressé à l’impact des drogues sur les jeunes.  Il a évoqué des stratégies visant à briser le cycle de vulnérabilité des jeunes à travers une prévention efficace qui permette aux jeunes d’acquérir les informations et les compétences nécessaires.  Il s’est dit encouragé, dans ce contexte, par les initiatives de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visant à promouvoir des programmes basés sur le sport, afin de prémunir les jeunes et les populations vulnérables contre le piège de la drogue et de la criminalité.

Par ailleurs, face aux cyberattaques de plus en plus sophistiquées auxquelles le monde doit faire face, M. Teffo s’est dit convaincu de la nécessité de l’adoption de mécanismes internationaux sous l’égide des Nations Unies.

Mme EKA KIPIANI (Géorgie) a déclaré que la prévention du crime, la protection des droits de l’homme, l’établissement d’un système judiciaire équitable et indépendant, la responsabilisation, l’objectivité et l’efficacité des participants au système de justice étaient les grandes priorités de la stratégie de réforme de la justice pénale et du Plan d’action 2017-2021 adopté par son gouvernement.  Celui-ci a mis en œuvre, l’an dernier, la troisième phase des réformes judiciaires pour renforcer les garanties de non-ingérence dans les décisions de la justice, créer un système impartial d’attribution des dossiers aux magistrats grâce à des outils automatiques et électroniques, garantir la transparence des critères de sélection des juges et des procédures et publier en ligne chaque décision judiciaire, a expliqué la représentante.

D’autre part, le combat contre la traite mobilise les principaux acteurs publics et des organisations non gouvernementales sous la houlette du Conseil interinstitutions de lutte contre ce fléau, a déclaré Mme Kipiani.  Préoccupée par le phénomène des enfants des rues, la Géorgie a pris des initiatives de protection, notamment l’établissement de cartes d’identité des enfants sans abri et de ceux victimes de violence, a-t-elle expliqué, faisant observer que l’Indice mondial sur l’esclavage 2018, établi par le Comité contre l’esclavage moderne, avait placé la Géorgie parmi les nations ayant pris les mesures les plus efficaces pour l’élimination de la traite des personnes.

La politique géorgienne relative à la drogue est, quant à elle, reflétée dans une stratégie nationale, qui repose sur les principes relatifs aux droits de l’homme et sur les normes internationales existantes, a poursuivi la représentante.  Enfin, la nouvelle législation antiterroriste alourdit les peines, notamment pour les combattants étrangers, conformément à la résolution 2178(2014) du Conseil de sécurité et à d’autres instruments internationaux sur diverses activités terroristes. 

M. NAZIFULLAH SALARZAI (Afghanistan) a déclaré que dans son pays, confronté à 40 années de guerre imposée, la corrélation entre les stupéfiants et le terrorisme n’était plus à prouver.  La plus grande partie des cultures de pavot est concentrée dans les provinces non sécurisées et le conflit de longue durée s’alimente de la culture et de l’utilisation du pavot, ce qui fait que les revenus issus de ce commerce illégal représentent l’une des sources alimentant l’insurrection.

Conjuguée au chômage et à la pauvreté, cette menace a intensifié ses méfaits sur la société, où beaucoup d’Afghans ordinaires sont actuellement dépendants des stupéfiants, a expliqué le représentant.  Selon une étude de 2016, environ 3,2 millions d’Afghans sont victimes de cette épidémie mondiale qui cause de graves problèmes au sein de la structure familiale et exacerbe les pressions sur les structures de traitement existantes.  Pour y faire face, le Gouvernement a mené, en 2017, 2 711 opérations qui ont conduit à l’arrestation de 3 094 suspects, dont des étrangers, et à la confiscation de 302 tonnes de stupéfiants.  Une cinquantaine de laboratoires chimiques et 12 entrepôts de drogue ont été détruits, amputant ainsi les trafiquants de 362 millions de dollars. 

Ceux qui exportent la terreur en Afghanistan créent un terreau fertile pour la production et le trafic de drogues et profitent, directement ou indirectement, de l’économie criminelle, a poursuivi M. Salarzai.  Le représentant a ensuite énuméré trois facteurs clefs qui imposent à ses yeux une amélioration de la sécurité collective: la multiplication des combattants étrangers affiliés aux réseaux terroristes transnationaux tels Daech, Al-Qaida, Lashkar-e-Tayyiba et le Mouvement islamique de l’Ouzbékistan; l’implication des Taliban dans le commerce de stupéfiants; et la distinction faite par certains États Membres entre « bons » et « mauvais terroristes », laquelle favorise la prolifération de ces éléments.

Pour remédier à ce problème, l’Afghanistan a proposé un plan dans le cadre du Processus de Kaboul pour la paix et la sécurité, recommandant la paix avec l’opposition armée, a rappelé M. Salarzai.  Pour le Gouvernement afghan en effet, cette paix favorisera la stabilité et offrira une feuille de route qui lui permettra de mieux s’attaquer au problème de la drogue.   

M. HASSAN MAHNA ALAJMI (Qatar) a mis l’accent sur le Programme mondial pour la mise en œuvre de la Déclaration de Doha, exécuté en coopération entre son pays et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, et qui contribue au renforcement de l’impartialité des systèmes judiciaires, à la lutte contre la corruption en leur sein, aux efforts de formation pour la réinsertion des ex-détenus et à la diffusion d’une culture reposant sur le respect de l’état de droit par le biais de l’éducation et du sport.  Ce Programme mondial a permis la formation de plus de 4 000 fonctionnaires, y compris des décideurs, des magistrats, des enseignants et formateurs et des entraîneurs sportifs, ainsi que des enfants et des jeunes de plus de 160 pays.  D’autre part, a poursuivi le représentant, 23 pays reçoivent une assistance technique en fonction de leurs requêtes et besoins.

Le représentant a rappelé que le Qatar avait ratifié la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole relatif à la traite des personnes, et qu’il avait intégré, dans sa deuxième stratégie nationale pour le développement, un volet sur la paix et la sécurité incluant un objectif stratégique de prévention de la drogue centré sur la formation du personnel spécialisé dans la lutte contre les stupéfiants et la sensibilisation de l’opinion publique aux risques.

M. WONG KENG HOE (Singapour) a expliqué que l’approche de son pays face au problème de la drogue reposait sur la prévention du mal.  La stratégie de contrôle de la drogue comprend la prévention, l’éducation, l’application de la loi, une législation répressive, et un accent particulier sur l’engagement et la réhabilitation. 

La drogue à Singapour a été contenue en raison des efforts du pays visant à réduire tant la demande que l’offre, a affirmé le représentant.  Le pays enregistre aujourd’hui le plus faible taux d’abus de drogue au monde.  Les toxicomanes comptent pour moins de 0,1% de la population.  Singapour a choisi d’être un pays exempt de drogue et non un pays qui tolère la drogue, a encore déclaré le représentant.  « Nous continuerons de travailler avec les États Membres pour atteindre les objectifs de la Déclaration politique de 2009, et de son Plan d’action », a assuré le représentant, qui a dit désormais attendre avec intérêt l’examen de la soixante-deuxième réunion de la Commission des stupéfiants, en 2019.

Mme AYSE INANC-ORNEKOL (Turquie) a rappelé que son pays accueillait la plus grande population de réfugiés dans le monde.  La Turquie attache la plus grande importance à protéger les droits et la dignité des migrants, des réfugiés et des victimes des trafics, a-t-elle affirmé.  Elle croit en la nécessité de traiter les questions transversales, notamment la traite de personnes, la migration forcée, le travail forcé, le développement durable et les droits de l’homme de manière holistique.

Les victimes de la traite peuvent profiter de l’appui des services publics en Turquie, a expliqué la représentante.  Elles peuvent aussi faire le choix de retourner dans leurs pays sur la base du volontariat.  La Turquie travaille étroitement avec les organisations internationales, principalement avec l’Organisation internationale pour les migrations afin de répondre aux besoins des victimes. 

La Turquie est aussi gravement préoccupée par l’expansion de la menace mondiale du terrorisme, géographiquement comme en termes de tactique, a par ailleurs déclaré la représentante.  Rappelant qu’aucun pays ne peut combattre seul ce fléau, elle a une fois de plus souligné la nécessité pour les États d’agir ensemble et de se soutenir mutuellement pour vaincre cette menace.

Exposée au flux massif de biens illégaux, la Turquie a adopté une politique de lutte contre les stupéfiants qui repose sur trois piliers, a encore déclaré ae représentante: la lutte contre les réseaux nationaux de distribution, le démantèlement des réseaux internationaux de trafic de drogue et les enquêtes sur le financement de groupes terroristes comme le PKK/PYD/YPG par le trafic de drogue. 

La Turquie est engagée dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, a poursuivi Mme Inanc-Ornekol.  Elle continue de combattre avec la même détermination toutes les organisations terroristes.  La communauté internationale doit agir avec la même détermination contre toutes les organisations terroristes.  En ce sens, l’approche sélective des organisations terroristes n’est pas acceptable et il est important que toutes les parties prenantes prennent les mesures nécessaires pour que les membres des organisations terroristes soient traduits en justice, a insisté la représentante, qui a demandé une mise en œuvre effective de l’« obligation d’extrader ou de poursuivre », jugée cruciale pour apporter une réponse collective au terrorisme. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est dit préoccupé par la croissance continue de la cybercriminalité et son évolution de simple menace à un ensemble d’entreprises florissantes qui auraient une valeur marchande plus grande encore que celles liées au trafic de drogue.  Pour Mgr Auza, il est décourageant de voir les nouvelles technologies de l’information et de la communication ouvrir la porte aux abus et aux violations des droits des enfants.  Ce mal est aggravé par le fait que les adolescents et les jeunes sont exposés au harcèlement en ligne, ainsi qu’à du matériel préjudiciable tel que la pornographie enfantine.  Il ne faut pas sous-estimer le mal que la cybercriminalité fait aux enfants et aux adolescents, a-t-il averti.  Il faut donc unir nos efforts et prendre des actions concrètes de sensibilisation sur la gravité du problème, appliquer la loi, et poursuivre en justice ceux qui sont coupables de crimes.

Le Saint-Siège est également inquiet de la consommation toujours croissante et abusive de drogues, du trafic de stupéfiants et des substances psychotropes que les opinions publiques ont semblé, un temps, accepter avec une indifférence généralisée en croyant que la dépénalisation des drogues pourrait être le meilleur moyen de combattre le commerce illégal des stupéfiants, sans toutefois accorder plus de considération aux graves conséquences pour les victimes. 

Prévenir et combattre la consommation de ces drogues est la clef pour prévenir et combattre leur production et commerce, a affirmé Mgr Auza. Il a réaffirmé l’opposition du Saint-Siège à la légalisation de l’usage de drogue comme moyen de lutter contre l’accoutumance.  Il a souligné que la famille était la pierre angulaire des stratégies de prévention, de traitement, de réhabilitation, de réintégration et de santé.  Renforcer les compétences parentales et sensibiliser collectivement les membres de la famille aux méfaits de la consommation de stupéfiants est essentiel pour prévenir les facteurs de risque de la criminalité et de l’abus de drogue chez les jeunes, a-t-il plaidé.

Mme ATIPHA VADHANAPHONG (Thaïlande) a renouvelé l’engagement de son pays à lutter contre le trafic de drogues, à commencer sous la forme d’une répression accrue à l’encontre des fournisseurs.  Au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande travaille en partenariat avec ses pays voisins et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour améliorer la coopération transfrontalière et le partage de renseignements, a-t-elle notamment indiqué. 

En outre, quoique le marché de la drogue s’oriente désormais davantage vers les substances synthétiques, Mme Vadhanaphong a estimé que le développement alternatif -les mesures économiques visant à réduire ou supprimer la production agricole de substances permettant de fabriquer la drogue- demeurait une solution pertinente pour s’attaquer aux racines du problème.

Quant à la demande de drogue, la représentante a indiqué que son pays continuait de mettre en œuvre une approche basée sur la santé publique, en offrant notamment aux usagers la possibilité de bénéficier d’un traitement.  Ce service, a-t-elle ajouté, est désormais accessible aux usagers purgeant une peine de prison.  Dans la mesure où, comme le précise l’édition 2018 du Rapport mondial sur les drogues, la proportion de femmes emprisonnées pour des infractions liées à la drogue est largement supérieure à celle des hommes, la représentante a précisé que ces traitements incorporaient une perspective de genre.

Étant donné, par ailleurs, le lien entre le trafic de drogue, la corruption et les flux financiers illicites, Mme Vadhanaphong a appelé à renforcer les politiques publiques de prévention et de détection des transferts d’argent liés au produit d’activités criminelles.  À cet effet, et en conformité avec les directives de la Convention des Nations Unies contre la corruption, la représentante a annoncé le lancement par les autorités thaïlandaises, en juillet dernier, d’un plan anti-corruption comprenant, entre autres mesures, la criminalisation des actes d’obstruction à la justice.

Mme LARYSA BELSKAYA (Bélarus) a préconisé d’agir de manière coordonnée pour lutter contre le crime organisé et le fléau de la drogue.  À cet égard, elle a suggéré d’inclure tous les partenaires, y compris la société civile, le secteur privé et les médias.  Elle a plaidé, en outre, pour des efforts intégrés et globaux de lutte contre la traite des personnes et a invité l’assistance à participer à une réunion d’information prévue demain, vendredi, à cet égard.  Elle a attiré l’attention sur le fait qu’aujourd’hui, les trafiquants ont recours à des technologies de plus en plus innovantes grâce à Internet.  Enfin, la représentante a indiqué que son pays était ouvert à la coopération et aux partenariats aux niveaux local, régional et international.

M. WANG ZHAOXUE (Chine) a noté qu’en dépit de progrès encourageants dans la lutte contre les drogues et le crime transnational organisé, d’importants défis subsistent, nécessitant une réponse collective et renforcée de la communauté internationale.  À cet égard, a-t-il dit, la Chine soutient le système international de contrôle des drogues ancré dans les trois principales conventions sur le sujet.  Elle appuie également les mandats confiés à la Commission des stupéfiants des Nations Unies, à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, à l’Organe international de contrôle des stupéfiants et à l’Organisation mondiale de la Santé.

La Chine soutient tout particulièrement la Commission des stupéfiants des Nations Unies pour son rôle directeur dans la préparation de la réunion ministérielle de haut niveau qui marquera sa soixante-deuxième session.  Pour M. Wang, la Déclaration politique et Plan d’action de 2009, la Déclaration ministérielle conjointe de 2014 et le Document final de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 se complètent les uns les autres.  Il est crucial que leur mise en œuvre soit au centre des travaux de toutes les parties, a-t-il insisté, estimant que la lutte contre la drogue devait faire l’objet d’une approche globale, intégrée et équilibrée.

Pour le représentant, les droits de l’homme doivent être protégés dans le cadre de cette lutte.  Toutefois, il est essentiel de ne pas leur accorder une importance exagérée au regard des autres efforts à mener, a-t-il souligné, plaidant pour le principe des responsabilités partagées afin de permettre aux pays de renforcer leur application du droit international et leur coopération judiciaire.  M. Wang a également estimé que les pays devaient avoir le droit de mettre en place leurs propres politiques antidrogues en fonction de leurs spécificités nationales.  À cet égard, a-t-il relevé, l’abolition de la peine capitale ne devrait pas être liée au problème des stupéfiants.

Le représentant a par ailleurs rappelé que la Chine avait adopté une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption en établissant, cette année, la Commission nationale de supervision.  Le pays, a-t-il poursuivi, accorde une grande importance à la coopération internationale contre ce fléau et appelle tous les États parties à mettre en œuvre scrupuleusement la Convention des Nations Unies sur la question.  La Chine salue d’autre part le rôle pivot de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et invite les États parties à l’utiliser comme base juridique. Enfin, elle salue les progrès réalisés par le Groupe d’experts des Nations Unies sur la cybercriminalité et l’encourage à soumettre ses recommandations à la Commission sur la prévention du crime et la justice pénale en vue de l’élaboration d’un instrument international dans le cadre de l’ONU. 

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a affirmé que l’éradication de la production et du trafic de stupéfiants était au centre des priorités de son gouvernement, lequel n’a eu de cesse d’œuvrer, au cours de la dernière décennie, à la réduction des cultures illicites de pavot, en chute libre de 25% depuis 2015.  Quant à la production d’opium au Myanmar, le représentant a estimé qu’elle avait diminué de 14% pendant la même période. 

En février dernier, le pays a lancé une nouvelle politique publique anti-drogue avec l’appui du bureau régional de l’ONUDC, conformément aux principes définis dans les trois conventions internationales sur les drogues, auxquelles le Myanmar est en outre Partie, a déclaré le représentant.  Cette politique adopte une approche exhaustive pour résoudre le problème de la drogue au Myanmar, en regroupant à la fois le Gouvernement, le secteur privé et la société civile, a-t-il expliqué.  En plus du renforcement des efforts liés à l’application de la loi et à la justice criminelle, ce plan national inclut également une dimension sociale et de santé publique, propose des alternatives viables aux cultivateurs d’opium et facilite une coopération internationale accrue.  Entre autres changements de cap majeurs, le représentant a notamment cité la prise de mesures visant à dépénaliser l’usage de la drogue, notamment pour faire éviter aux consommateurs des peines d’emprisonnement.

Par ailleurs, le représentant a appelé les pays de l’Est et du Sud-Est asiatiques à s’adapter aux nouveaux défis et problèmes de santé publique liés à la propagation de drogues synthétiques, telles que la méthamphétamine.  Il a rappelé que le Myanmar organiserait, au mois de novembre, une conférence sur la question entre les États de la région, avec le soutien de l’ONUDC.

M. KANISSON COULIBALY (Mali) a déclaré qu’outre l’impact néfaste des produits stupéfiants sur la santé et, à terme, sur la cohésion sociale, le trafic illicite des drogues constituait une source de financement de la criminalité transnationale organisée et des groupes terroristes. Il s’agit là de problématiques de grande importance pour le Mali et ses voisins du Sahel, comme pour le reste du monde, a insisté le représentant.

Sur le plan national, le Mali a adopté des mesures appropriées à la dimension de l’ampleur du phénomène des drogues.  C’est ainsi que le Mali a saisi en 2017, plus de 600 kg de cannabis, 1,5 kg d’héroïne et une quantité importante de psychotropes.

Dans le cadre de la coopération multilatérale, M. Coulibaly a salué le « partenariat fécond » existant entre son pays et le Bureau régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC); partenariat qui, a-t-il rappelé, a permis d’organiser depuis 2014, dans le cadre du Programme Sahel, 87 activités bénéficiant à 2 853 membres des institutions judiciaires et des agences d’application des lois.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a constaté qu’au-delà de son impact économique, la criminalité liée à la drogue créait des torts à la sécurité publique dans le monde et empêchait le développement socioéconomique des sociétés.  Il a assuré que son pays s’était fait le champion de la lutte contre ce fléau en prenant notamment des mesures en matière de prévention.  À cet égard, il a fait état d’une légère augmentation de la consommation de stupéfiants, en particulier d’héroïne.

Face au problème de la drogue, Sri Lanka préconise une approche fondée sur un équilibre entre la réduction de l’offre, les soins, la désintoxication et la baisse de la demande.  À cette fin, le Gouvernement a mis en place un Bureau de contrôle des drogues dangereuses, qui s’emploie à renforcer les capacités des douanes et des forces de l’ordre, à développer une démarche législative harmonisée, à proposer des traitements aux toxicomanes et à mener des campagnes d’information dans les écoles et les communautés.  Ce volet préventif, a précisé le représentant, se double d’une action policière qui a permis l’arrestation de 34 670 personnes en 2017 pour des crimes et délits liés à la drogue, soit une progression de 2% par rapport à 2016.

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a déclaré que la sécurité et la paix des peuples avaient toujours été menacées par les agents du crime organisé.  Par conséquent, a-t-il ajouté, la lutte contre les drogues doit être menée aux niveaux local, national et international pour pouvoir atteindre de concert des résultats tangibles.  Le représentant a rappelé que le trafic de drogue était à l’origine, chaque année, de la mort de milliers de personnes, notamment parmi les jeunes, et ce, en plus de « déstabiliser nos institutions, déséquilibrer nos économies, menacer nos valeurs et détruire notre société ».  La République dominicaine est particulièrement fragile face au trafic de drogue du fait de sa position géographique, qui fait du pays un pont entre les pays producteurs et les pays consommateurs, a expliqué le représentant. 

Pour M. Cortorreal, il est possible de réaliser des progrès dans la lutte contre la drogue si les efforts sont mis en commun, l’information partagée et la collaboration plus poussée.  Nous ne pouvons oublier, a-t-il ajouté, que ce sont les pays en voie de développement qui agissent comme première barrière face au narcotrafic, protégeant ainsi les pays les plus développés.  Le représentant a ensuite déploré que les milliards de dollars alloués, chaque année, par les pays en développement à la lutte contre la drogue restent malheureusement insuffisants pour faire face aux ressources déployées par le crime organisé.  Il a donc appelé les Nations Unies et les pays développés à s’investir dans le combat contre le crime organisé et le trafic de drogue, un moyen « intelligent » et frontal selon lui de combattre la pauvreté.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a estimé que relever les nombreux défis complexes du problème mondial de la drogue et ses liens avec les autres formes du crime organisé, y compris le blanchiment d’argent, la corruption et en particulier le terrorisme, exigeait une action concertée des gouvernements avec les institutions internationales pertinentes.  La drogue est en effet une source de vive préoccupation, eu égard à son impact sur la santé, le développement durable et la sécurité internationale.

L’Algérie est engagée dans une féroce bataille contre le trafic illicite de drogue et réitère sa détermination pour la pleine mise en œuvre des conventions internationales en la matière, a affirmé M. Sahraoui.  Le représentant a salué à cet égard l’action de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et appelé les États Membres à accroître leur coopération et la coordination avec le système des Nations Unies pour éradiquer le fléau de la drogue.

Acteur majeur de lutte contre le terrorisme, l’Algérie appelle en outre la communauté internationale à y faire face résolument, notamment en s’attaquant à ses sources de financement -parmi lesquelles le trafic de drogue- par une approche inclusive.  Le représentant a rappelé en ce sens l’organisation par son pays, en collaboration avec l’Union africaine, d’une réunion de haut niveau sur cette question en avril dernier.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que son pays n’était pas disposé à laisser la drogue et les crimes y relatifs saper les gains de développement, et encore moins l’avenir des jeunes.  Après avoir contenu les insurgés islamistes, le Gouvernement entend désormais sauver le pays de la menace de la drogue, notamment la question des « comprimés de Ya Ba », un mélange de méthamphétamine et de caféine venant du Myanmar et d’autres pays d’Asie du Sud-Est.  Pour le Gouvernement du Bangladesh, des groupes criminels transnationaux sont derrière ce trafic illégal, et ce commerce transfrontalier nécessite la participation de pays voisins pour être jugulé.  Le représentant a par ailleurs rappelé que son pays avait rejoint l’Action mondiale lancée par les États-Unis contre le problème mondial de la drogue.

Mme SHEILA GWENETH CAREY (Bahamas) a estimé que le lien entre la prévention de la criminalité et le problème de la drogue constituait un défi pour la communauté internationale et une menace pour la paix, la sécurité, le développement et la protection des droits humains et des libertés fondamentales.  En tant que petit État insulaire en développement situé sur une route stratégique pour les drogues, les armes et les activités criminelles transnationales, les Bahamas continuent d’affecter à la lutte contre ces fléaux des ressources humaines, techniques et financières qu’ils ne peuvent consacrer au développement socioéconomique, a-t-elle déploré. 

Au niveau national, les Bahamas ont donné la priorité à la prévention et à la réduction de la criminalité en se concentrant sur les points chauds et les récidives, en établissant un dialogue avec les communautés locales et les jeunes, en rendant plus visibles les patrouilles de police et en recourant aux technologies de police scientifique et à la collecte de renseignements, a expliqué la représentante.  L’archipel a également conclu des partenariats bilatéraux et régionaux pour répondre à la criminalité transnationale et aux activités liées à la drogue, notamment en collaborant avec les États-Unis et la CARICOM au travers de l’Initiative pour la sécurité dans le bassin des Caraïbes (CBSI), qui vise à combattre les trafics illicites, promouvoir la justice sociale et accroître la sécurité publique.

M. MUHAMMAD MUSTAPHA ABDALLAH (Nigéria) a expliqué que son pays attachait une grande importance au lien étroit unissant le système de justice pénale, l’état de droit, l’éradication de la corruption et le développement.  C’est dans cet esprit, a-t-il souligné, que le Président Muhammadu Buhari a renforcé les institutions judiciaires du pays afin de mettre en œuvre ses stratégies de lutte contre la corruption et de promotion du développement national.  Le Gouvernement a, de son côté, mis en place des programmes holistiques centrés sur la prévention de la criminalité par le biais d’un système judiciaire efficace.

Rappelant que, comme il l’avait annoncé l’an dernier devant la Troisième Commission, le Nigéria a mis sa législation nationale en conformité avec les dispositions de l’article 44 de la Convention des Nations Unies contre la corruption, M. Abdallah a signalé qu’à sa suite, l’Union africaine avait montré sa détermination sur cette question en déclarant 2018 Année africaine de la lutte contre la corruption. 

Par ailleurs, le Nigéria a créé une Commission interministérielle de lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme financier, un organe destiné à faciliter et renforcer la coordination du contrôle de ces transactions financières illicites effectuées par des organisations criminelles transnationales.  S’agissant, enfin, du lien entre la criminalité et les abus liés à la drogue, M. Abdallah a souligné les efforts déployés par son gouvernement pour combattre la prolifération et le trafic des stupéfiants.  Il s’emploie également à prévenir l’usage des drogues chez les jeunes, a précisé le représentant, faisant état d’une utilisation souvent abusive de tramadol et sirop antitussif contenant de la codéïne par des enfants et des femmes.  

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a relevé que les trois conventions sur le trafic de la drogue constituaient le socle du système international de lutte contre les stupéfiants.  Il a néanmoins estimé qu’il faudrait également établir une stratégie équilibrée et globale contre le problème de la drogue à tous les niveaux, tout en étendant la coopération régionale et internationale afin de mettre en œuvre le principe de la responsabilité collective et partagée.  Le représentant a indiqué que, depuis fort longtemps, l’Iran était engagé dans la lutte contre le trafic de drogue, même si la communauté internationale et les partenaires ne soutiennent pas le pays.  En vertu d’une nouvelle loi en vigueur depuis novembre 2017, la peine de mort n’est désormais plus requise qu’en cas de port d’armes par les trafiquants de drogue ou quand ceux-ci utilisent les enfants pour faire transporter la drogue, a précisé M. Hassani Nejad Pirkouhi.

Le représentant a aussi déploré l’implication de la criminalité transnationale organisée dans le trafic d’objets culturels, ce qui a un impact négatif sur le patrimoine culturel des nations, et partant sur leurs identités.  Pour la République islamique d’Iran, ce problème requiert une mobilisation internationale.  M. Hassani Nejad Pirkouhi en a appelé au leadership des Nations Unies dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité. 

De même, la République islamique d’Iran déplore le classement des États dans les thèmes comme la corruption, le blanchiment d’argent et le trafic d’êtres humains.  Pour M. Hassani Nejad Pirkouhi, de telles pratiques ont un effet contraire à celui escompté, puisqu’elles affectent négativement la coopération internationale.  De plus, ces classements s’appuient sur des considérations politiques et conduisent à des actions unilatérales et des sanctions, lesquelles affaiblissent les cadres de coopération internationale et les capacités des États à lutter contre les crimes, a accusé le représentant.

Mme IRMA ALEJANDRINA ROSA SUAZO (Honduras) a estimé que la question du trafic de drogues devait être abordée d’une manière globale et holistique, parallèlement aux programmes de santé publique.  Dans ce domaine, a-t-elle souligné, le Honduras est signataire de trois conventions destinées à éradiquer le crime transnational.

Grâce au renforcement des institutions gouvernementales dédiées à la lutte contre le trafic de drogue et à l’adoption de normes légales contraignantes, le pays est ainsi parvenu ces dernières années à extrader les chefs, à démanteler des structures criminelles et à réduire le niveau de violence et d’insécurité; à réduire le trafic illicite de drogue par l’établissement de pare-feu terrestres, maritimes et aériens, en identifiant et détruisant les pistes d’atterrissage clandestines; et à démanteler des laboratoires de production, a fait valoir la représentante.

Parallèlement, des efforts de sensibilisation ont été conduits en faveur de milliers d’enfants, d’enseignants et de parents pour prévenir l’usage de la drogue à l’école et des centres de traitement de désintoxication, créés, a poursuivi Mme Rosa Suazo.  Enfin, le Gouvernement du Honduras a établi un Secrétariat exécutif aux affaires anti-drogue, afin de coordonner les efforts institutionnels pour réduire l’offre et la demande de narcotiques.

Pour M. CHEIKH NIANG (Sénégal), le combat contre la criminalité nationale et transnationale ne peut être vaincu qu’à travers l’adoption d’une approche holistique et préventive dans le cadre de politiques sociales adaptées.  Celles-ci doivent notamment cibler leurs causes profondes, englobant l’emploi, l’éducation, la santé, l’accès au logement ainsi que la lutte contre la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion sociale.  De même, a ajouté le représentant, le combat contre la drogue doit passer par la création et la mise en place d’approches inclusives et innovantes capables d’intégrer les minorités et les groupes vulnérables dans la vie active et pratique.

Pour sa part, le Sénégal a érigé au rang de priorité nationale la lutte contre le trafic de drogue et les crimes connexes, a affirmé M. Niang.  Le représentant a cité la mise en place d’un cadre institutionnel à cet égard.  En tant que pays d’origine, de transit et de destination des victimes de la traite des personnes et de la traite des migrants, le Sénégal s’est engagé politiquement à lutter contre ces menaces à la fois traditionnelles et émergentes, en ratifiant l’ensemble des conventions et protocoles, a conclu le représentant.

M. MOHAMED AWADALLA SALLAM ADAM (Soudan) a expliqué que le Soudan mettait en œuvre sa stratégie nationale de lutte contre la drogue, adoptée en 2015, et qu’il avait révisé la loi sur les drogues et les précurseurs pour l’aligner avec les dispositions des instruments internationaux.  Des listes de médicaments reconnus ont aussi été élaborées et un système d’inspection mis en place.  Le Soudan a également adopté une loi sur le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme, accompagnée d’une réforme des règles des institutions financières.

Des efforts ont également été déployés pour améliorer la confiance des citoyens envers les forces de l’ordre à travers des programmes de coopération et d’échange tels celui sur la police populaire et sociale, a poursuivi le représentant.  Ces programmes ont eu un retentissement positif et ont permis une baisse du taux de criminalité dans certains quartiers urbains, a-t-il affirmé.  La loi sur la traite des personnes, qui a alourdi les peines pour les trafiquants, a aussi eu des résultats satisfaisants en raison notamment des programmes de coopération régionaux et internationaux dans le cadre de « l’opération Khartoum » lancée en 2014.  La capitale soudanaise a aussi accueilli, mi-juillet, le premier congrès des commissions nationales de lutte contre la traite et le commerce des personnes dans les pays de la Corne de l’Afrique, avec la participation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union européenne, a rappelé M. Adam.

M. LEONG WEI JIEA (Malaisie) a déclaré qu’à l’ère numérique, la criminalité organisée pouvait facilement opérer en s’appuyant sur les moyens avancés de technologie et de communication.  La Malaisie est d’avis qu’aucun pays ne peut, à lui seul, lutter avec succès contre la criminalité et le trafic illicite de drogue.  C’est pourquoi, en plus de renforcer sa législation nationale et les agences de maintien de l’ordre, le pays juge très importante la coopération internationale.  La Malaisie fait ainsi partie d’un certain nombre de mécanismes de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants, a expliqué le représentant.

Mme HANAA BOUCHIKHI (Maroc) a souligné que, dans le cadre de sa lutte contre le crime sous toutes ses formes, le Maroc avait adopté une stratégie multidimensionnelle, avec des objectifs précis.  De plus, a-t-elle ajouté, étant donné l’évolution de la menace criminelle qui transcende les frontières nationales, la coordination et l’échange d’informations entre les appareils sécuritaires des États deviennent « non pas un choix mais une nécessité! ».  À cet égard, le Maroc a intensifié sa coopération bilatérale et multilatérale avec les organisations internationales, notamment l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Mme Bouchikhi a estimé que le continent africain devait recueillir « davantage d’attention » et de soutien de la part de la communauté internationale, notamment son espace sahélo-maghrébin et sa façade atlantique, laquelle connaît une recrudescence « alarmante » des activités de la criminalité organisée, avec des connexions dangereuses entre les réseaux terroristes et les mouvements de rébellion armée et de séparatisme.

M. EMAD SAMIR MORCOS MATTAR (Égypte) a rappelé le lien existant entre le développement durable et la primauté du droit.  C’est pourquoi il a estimé que la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, la prolifération des stupéfiants et la préservation de la santé des individus constituent un impératif pour des sociétés sécurisées, saines et stables.

Le représentant a, à cet égard, attiré l’attention sur l’utilisation des avancées technologiques par les trafiquants dans leurs activités illicites, ce qui posent de nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales.  Il a évoqué, en outre, la deuxième stratégie nationale lancée par l’Égypte contre la traite des êtres humains.  S’agissant de la corruption, l’Égypte a adopté des politiques rigoureuses, encourageant la transparence et la reddition de comptes.  Le représentant a également mentionné les efforts déployés par son pays pour la protection et la préservation du patrimoine culturel national.  Enfin, il a indiqué que tous les efforts nationaux ne sauraient aboutir sans être complétés et soutenus par une coopération régionale et internationale.

Mme MAGDA LENA CRUZ (Espagne) a prôné une approche de la lutte anti-drogue combinant flexibilité et continuité sur le long terme.  Elle a ensuite annoncé que l’Espagne présenterait pour la première fois à la Troisième Commission, et aux côtés du Guatemala, un projet de résolution visant à lutter contre deux crimes n’ayant fait jusqu’ici l’objet que de peu d’attention de la part des États Membres: la traite des personnes à des fins de retrait d’organes et le trafic d’organes.  Aux yeux de la représentante, le « caractère aberrant » de ces activités délictueuses exige une action concertée de la communauté internationale dans le domaine pénal, sanitaire et des droits de l’homme.  Dans la mesure où ce trafic a recours au truchement de réseaux criminels transfrontaliers pour prospérer, lutter efficacement contre le phénomène ne sera toutefois pas chose aisée, a mis en garde la représentante, appelant tous les États Membres à prendre part aux négociations du texte.

Par ailleurs, la représentante a salué l’Italie pour son projet de résolution concernant le renforcement du programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, notamment en matière de coopération technique.  L’Espagne accordera en outre une attention particulière à l’actualisation des dispositions liées au cyberterrorisme, à la preuve électronique –jugée indispensable pour lutter contre l’impunité– à la traite des personnes et à la protection du patrimoine culturel.

M. PRIAMBUDI (Indonésie) a salué les actions de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en faveur de la coopération internationale et de l’assistance technique aux États, estimant qu’elles bénéficiaient à tous pour la mise en œuvre effective de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.  État Partie à ce texte, l’Indonésie se tient prête à travailler avec d’autres à son application intégrale dans le cadre de ses engagements nationaux et internationaux, a assuré le délégué.

S’agissant de la traite des personnes, crime qu’il a qualifié de « haineux », le représentant a indiqué que son pays jouait un rôle actif dans la lutte contre ce fléau, en particulier au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et par le biais du Processus de Bali sur la traite des personnes et la criminalité transnationale qui y est liée, instrument coprésidé par l’Indonésie et Australie.

En matière de lutte contre les stupéfiants, l’Indonésie réaffirme que les stratégies de réduction de la demande devraient s’appuyer sur une approche globale, intégrée et équilibrée afin de parvenir à l’objectif d’une société exempte de criminalité liée à la drogue.  Le représentant a cité l’exemple d’un programme national d’autonomisation de collectivités, qui prévoit le remplacement des cultures traditionnelles de marijuana par d’autres productions agricoles licites.  Le représentant a conclu son propos en plaidant pour une coopération internationale accrue en matière de police antidrogue.  

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a déclaré que la lutte contre la corruption était une des priorités de son gouvernement.  Le représentant a énuméré les mesures prises par son pays, à commencer par la création d’un cadre juridique moderne conforme aux normes internationales et la mise en œuvre de réformes institutionnelles et législatives complètes.  Il a cité l’adoption de quatre plans nationaux de lutte contre la corruption, ainsi que des progrès réalisés, sans oublier le renforcement du système chargé de combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  En mai dernier, le service de contrôle financier a été établi comme une unité indépendante afin d’améliorer le respect des exigences en matière de lutte contre la légalisation des fonds ou autres biens obtenus de manière criminelle et du financement du terrorisme, a également expliqué le représentant.  Enfin, pour ce qui concerne la traite des êtres humains, l’Azerbaïdjan met en œuvre son troisième Plan d’action national. 

M. IBRAHIMA KOMARA (République de Guinée) s’est félicité d’avoir ratifié les principaux instruments juridiques internationaux, régionaux et sous-régionaux contre la criminalité transnationale, notamment la Convention de Palerme et ses protocoles additionnels ainsi que l’Accord multilatéral de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la lutte contre la traite des personnes.  Pour le représentant, la prévention et la répression du trafic de drogue, mais aussi la prise en charge et la réinsertion des victimes, doivent être au centre des actions nationales et mondiales en vue de l’éradication du crime transnational organisé.

Sur le plan national, la création de l’École nationale de police, la réforme de la justice, la suspension de magistrats accusés de corruption ainsi que l’arrestation régulière de trafiquants d’êtres humains traduisent, selon le représentant, la volonté politique du pays en matière de lutte contre le crime organisé.  Avec le soutien de l’ONUDC, des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, « ces efforts sont en train de faire de notre pays un véritable barrage international », a assuré le représentant.  Le Gouvernement guinéen reste néanmoins confronté à des défis comme la réforme de la justice pénale et l’adoption de lois spécifiques contre la criminalité, a-t-il conclu.

Mme NELLY BANAKEN (Cameroun) a rappelé que son pays subissait depuis quelques années des attaques terroristes de la part des islamistes de Boko Haram dans la province de l’Extrême-Nord dans un premier temps et plus récemment des sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.  Pour y faire face, le Gouvernement a pris des dispositions aussi bien au plan politique que juridico-institutionnel, ainsi qu’en matière de sensibilisation, de formation, de protection, d’éducation et de répression, a ajouté la représentante.

Toutefois, a fait observer Mme Banaken, aucun pays ne peut à lui seul faire face à un terrorisme sans visage et aux motivations peu claires.  Pour la représentante, la lutte contre ce phénomène passe également par la lutte contre la consommation et le trafic de drogue.  En effet, ce dernier alimente financièrement les réseaux et groupes terroristes.  Enfin, Mme Banaken a souligné l’urgence de prendre des mesures globales pour faire face à la criminalité transnationale, y compris par la ratification de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses Protocoles additionnels.

Pour M. MOHAMED A. A. MOHAMED (Libye), le monde est en butte au défi de la consommation et du trafic de drogues, mais aussi de la corruption et de la criminalité organisée.  Ces phénomènes, a-t-il constaté, sont en augmentation et deviennent de plus en plus dangereux, en particulier quand la pauvreté et le chômage sont eux-mêmes en pleine expansion.  Le problème de la drogue est mondial et doit être abordé au travers d’une approche multilatérale, a-t-il ajouté, plaidant pour la fourniture d’une aide technique aux pays comme le sien ainsi que pour des efforts concertés pour lutter contre la criminalité transnationale et la traite des personnes.

« Mon pays, malgré toutes les difficultés qu’il traverse, fait en sorte de respecter ses engagements nationaux et internationaux », a affirmé le représentant.  À cet égard, il a précisé que la Libye avait participé à de nombreuses réunions ministérielles sur ces questions.  La dernière en date s’est tenue à Khartoum en présence du Soudan, du Niger et du Tchad et a permis l’adoption d’un plan d’action commun contre la criminalité transfrontalière et la traite des personnes, a-t-il indiqué.  M. Mohamed a par ailleurs appelé l’ONUDC à redoubler d’efforts pour lutter contre le crime transnational, la corruption et le trafic des stupéfiants.  Le succès de son action permettrait à de nombreux pays concernés par ces fléaux de recouvrer leurs avoirs et de les utiliser à des fins de développement, a-t-il conclu.

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