Les délégations détaillent, devant la Sixième Commission, leur stratégie visant à éliminer les « forces obscurantistes » du terrorisme international
Présentée hier par son Président comme l’une des grandes commissions « les moins effervescentes » de l’Assemblée générale, la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a pourtant été le théâtre, aujourd’hui, de l’intervention retentissante du délégué des Philippines, l’un de la trentaine de pays à avoir présenté leurs mesures afin d’éliminer les « forces obscurantistes » du terrorisme international, selon l’expression du délégué du Mali.
« Le terrorisme est un problème de gens mauvais », a d’emblée déclaré le délégué philippin. Il a vanté la défaite infligée par les forces de son pays, avec le concours des États-Unis et de l’Australie, aux « terroristes inspirés de Daech », qui sévissaient à Marawi, après cinq mois de combats acharnés, en pointant l’« admirable ratio » de 165 jeunes soldats tués contre plus d’un millier d’ennemis.
La solution consiste à « s’en débarrasser d’abord » et ensuite examiner les raisons pour lesquelles les terroristes ont soudainement cessé d’être de « si gentils garçons », a asséné le délégué philippin. Il a ensuite rejeté la pauvreté comme excuse, qu’il a considérée comme « l’interprétation paresseuse des suspects habituels ». « Notre réponse, c’est la force. Et ça marche », a-t-il lancé.
Cette intervention a tranché avec les appels de nombreuses délégations à remédier aux causes profondes du terrorisme, premier objectif de la lutte antiterroriste pour le délégué de l’Éthiopie. « Les facteurs sous-jacents sont complexes mais, en dernière instance, le terrorisme est lié au déficit grave de gouvernance, de sécurité et de développement », a résumé le représentant chinois, tandis que le délégué de l’Ouganda a cité la pauvreté.
Autre pays cible d’attaques terroristes, le Kenya a, en guise de riposte, modifié son arsenal législatif et créé une unité de police spécialisée dans le contre-terrorisme, a indiqué son représentant. Ce dernier a par ailleurs demandé un soutien financier robuste pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) contre les Chabab.
Même son de cloche du côté du délégué du Mali, qui a souligné « avec force » l’importance de la coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme, notamment à travers la force G5 Sahel. Le Mali a mis en place un mécanisme de dialogue interreligieux et intensifié la formation des leaders religieux, a-t-il dit, tandis que le délégué de l’Égypte a insisté sur le rôle de l’Université Al-Azhar contre l’extrémisme violent.
Toujours dans la région du Sahel, l’Algérie, a indiqué son représentant, redouble d’efforts pour combattre ce fléau, notamment dans le cadre du Comité d’état-major opérationnel conjoint et de l’Unité de centralisation du renseignement et de liaison du Sahel.
« Le Maroc a développé une stratégie orientée sur la prévention et l’action, incluant la formation des jeunes prédicateurs et la promotion des valeurs de tolérance, de dialogue, de coexistence et de respect de l’autre, prônés par l’islam », a déclaré le délégué de ce pays. Les autorités religieuses et communautaires doivent s’impliquer davantage dans la lutte contre le terrorisme, a appuyé la délégation de l’Afghanistan.
Le représentant de Sri Lanka, pays qui a longtemps souffert du « joug » du terrorisme, a appelé tous les États Membres à partager leurs informations, leur expertise et leurs bases de données. Son homologue du Nigéria a, lui, indiqué que la stratégie nationale de lutte antiterroriste avait permis de préparer « psychologiquement » les Nigérians à gagner la guerre contre Boko-Haram.
Par ailleurs, la crise dans l’État rakhine, a fait valoir le représentant du Myanmar, a débuté par l’attaque « gratuite et préméditée » de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), un groupe terroriste qui a tué des membres du personnel de sécurité et des centaines de civils, en plus de « provoquer l’exode massif » des musulmans vers « le pays voisin ». Le Myanmar doit faire « son examen de conscience », a rétorqué son homologue du Bangladesh. Celui-ci a rejeté les tentatives du Myanmar consistant à ternir l’image de tous les Rohingya « sous prétexte de lutte contre un groupe terroriste des plus marginaux ».
Enfin, après ceux de la journée d’hier, les appels pour l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international se sont faits plus insistants, afin de distinguer, comme l’a dit l’Ouganda, la lutte contre le terrorisme « des luttes légitimes ». Le représentant de la Fédération de Russie a invité ses collègues à faire preuve, à ce titre, de flexibilité.
La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 5 octobre, à 10 heures.
MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL
Déclarations
M. ROHAN PERERA (Sri Lanka) a salué le travail du Bureau de lutte contre le terrorisme, estimant qu’il permettra de renforcer les capacités des Nations Unies et de renforcer la coordination entre les États, tout en assurant la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale. Il a exprimé l’espoir que la Conférence de haut niveau sur la lutte antiterroriste, qui s’est tenue en juin 2018, permettra aux États Membres d’intensifier les partenariats et la coopération.
En tant que pays qui a souffert pendant 30 ans sous le « joug » du terrorisme, Sri Lanka condamne le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, et considère tout acte terroriste criminel et injustifiable. Rappelant que le crime transnational organisé fait partie intégrante des réseaux de financement du terrorisme, le représentant a appelé tous les États Membres à partager leurs informations, leur expertise et leurs bases de données relatives au terrorisme. Il a toutefois reconnu qu’il nous faut trouver des façons innovantes de combattre le terrorisme, y compris la menace que représentent les combattants terroristes étrangers. Alors que le terrorisme continue de nous « déshumaniser », il a appelé à la conclusion, après 10 ans d’efforts, des négociations en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.
M. ISSA KONFOUROU (Mali) a estimé que le terrorisme constitue l’une des menaces les plus dangereuses pour la paix et la sécurité internationales, ajoutant qu’aucun pays ni civilisation n’est à l’abri. Au Mali, les groupes terroristes ont attaqué indistinctement les forces armées, les organisations humanitaires, les femmes et le patrimoine du Mali, a-t-il déploré, fustigeant l’action destructrice des « forces obscurantistes ». Il a salué l’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) rendu contre un terroriste impliqué dans la destruction de monuments historiques et religieux.
Le Mali, a poursuivi M. Konfourou, a mis en place un mécanisme de dialogue interreligieux et intensifié l’éducation et la formation des leaders religieux, en plus de divers projets d’autonomisation des femmes et des jeunes. Le Mali s’acquitte de ses obligations internationales en matière de lutte antiterroriste, notamment en s’attaquant au financement du terrorisme. Le représentant a souligné l’importance de la coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme, notamment la force G5 Sahel, appelant les États Membres à l’appuyer. Enfin, il a appelé les membres de la Commission à adopter une définition commune et consensuelle du terrorisme afin de favoriser une compréhension commune de ce fléau tout en favorisant une plus grande cohérence et efficacité.
Du fait de la nature transnationale du terrorisme, aucune nation ne peut traiter seule le problème. Qui plus est, « un maillon faible affaiblit toute la chaîne de coopération », a expliqué M. THOMAS B. AMOLO, (Kenya). Les attaques répétées depuis des années du groupe terroriste des Chabab ont endommagé les infrastructures du Kenya, son capital économique et social, sa productivité et sa croissance. Plus grave, elles ont eu pour effet de rediriger des investissements pour la croissance vers des investissements de nature sécuritaire.
Le Kenya a mis l’accent sur la lutte contre le financement du terrorisme, et à ce titre, il soutient les efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme pour établir un réseau global de centres de contre-terrorisme pour combattre ses nouvelles formes, partager de bonnes pratiques, et trouver de nouveaux angles de collaboration. Le Kenya a ratifié toutes les conventions internationales contre le crime transnational organisé; il a modifié son arsenal législatif et créé une unité de police spécialisée dans le contre-terrorisme; une agence de déminage; une équipe d’enquêteurs spécialisés dans la sécurité informatique.
Le centre national de lutte contre le terrorisme kenyan a réalisé de nombreux progrès, en alertant l’opinion publique et expérimentant des stratégies de déradicalisation, s’est félicité le Ministre. Pour renforcer la coopération avec les Nations unies, le Kenya a accueilli les dirigeants du Bureau de lutte contre le terrorisme et de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) en juillet 2018. Le Gouvernement kenyan a réaffirmé sa volonté de collaborer en matière de sécurité aéroportuaire, de renforcement des capacités des forces de sécurité, d’autonomisation des femmes dans la lutte contre le terrorisme, de formation professionnelle des jeunes, d’élaboration de stratégies contre-narratives et d’aide aux victimes.
En tant qu’État tampon contre le terrorisme en Afrique, le Kenya a demandé à la communauté internationale de poursuivre son soutien financier dans la lutte contre le terrorisme, en particulier via la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). « Même si la Somalie est relativement stable, la guerre contre le terrorisme des Chabab n’est pas encore terminée », a averti M. Amolo.
M. DUNCAN LAKI MUHUMUZA (Ouganda) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Le terrorisme ne peut se justifier sous aucun prétexte, a-t-il dit, avant de souligner la nécessité d’une définition globale du terrorisme. « C’est un préalable afin de distinguer le terrorisme des luttes légitimes. » Il a exhorté la communauté internationale à remédier aux causes profondes du terrorisme, dont la pauvreté.
Le délégué a souligné l’importance de la tenue d’un sommet international sous les auspices de l’ONU en vue de formuler une réponse internationale organisée face à toutes les formes et manifestations du terrorisme. Il a rappelé la lutte de son pays contre les groupes terroristes, en particulier l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui a été vaincue en Ouganda. Enfin, le délégué a indiqué que son pays, en tant que l’un des plus importants contributeurs de troupes à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), est en première ligne de la lutte contre les Chabab.
M. TEODORO L. LOCSIN (Philippines) s’est enorgueilli de la défaite infligée par les forces armées et la police de son pays aux « terroristes inspirés de Daech » qui sévissaient à Marawi, après cinq mois de combats acharnés, se félicitant de l’« admirable ratio » de 165 jeunes soldats tués contre plus d’un millier d’ennemis. Il a remercié les États-Unis et l’Australie de leur assistance à cet égard. Le terrorisme est selon lui un problème de gens, spécifiquement un problème de « gens mauvais », et la solution consiste à « s’en débarrasser d’abord », et ensuite à examiner les raisons pour lesquelles les terroristes ont soudainement cessé d’être de « si gentils garçons ».
« Nous rejetons la pauvreté comme excuse, que nous considérons comme l’interprétation paresseuse des suspects habituels, dont les cerveaux sont frappés d’hémorragie », a martelé le représentant. Bien entendu, les Philippines reconnaissent la nécessité de se pencher sur les causes profondes du terrorisme; il s’agit d’un « sujet d’étude prometteur d’un point de vue académique ». Mais une fois que le terrorisme a pris racine, s’est épanoui, et commencé de porter ses fruits « militants », l’examen des causes du terrorisme doit être relégué au second plan, pour éradiquer en lieu et place l’« excroissance » avant qu’elle ne répande ses graines. « Ceci doit être fait dans le plus strict respect des droits de l’homme, sans porter atteinte aux innocents. Le sang des innocents fertilise le sol où s’enracine le terrorisme », a-t-il mis en garde.
Défendant l’approche « à l’échelle de toute la nation » des Philippines en matière de lutte contre l’extrémisme, M. Locsin a expliqué qu’elle consistait à « se lancer corps et âme dans sa destruction », et à refuser qu’il prenne place dans notre société, en prenant soin d’alerter au préalable les communautés concernées de l’approche des forces de l’ordre, et de les sensibiliser aux « séductions » du terrorisme. Marawi illustre selon lui la relation symbiotique entre terrorisme et trafic illicite de stupéfiants: « Avec l’argent de la drogue, les terroristes ont réussi à fédérer un gang d’extrémistes armés jusqu’aux dents, de criminels, de mercenaires, et de combattants terroristes étrangers pour prendre le contrôle de la ville et réinstaurer dans notre région leur califat en lambeaux du Moyen-Orient », s’est-il exclamé. « Notre réponse n’a rien à voir avec un appel à la conscience, ni avec une prière adressée aux anges supérieurs de la divinité terroriste. Notre réponse, c’est la force. Et ça marche », a tranché le délégué philippin.
Mettre fin au terrorisme exige la plus large et sincère coopération possible entre les États Membres, a conclu M. Locsin, qui a apporté son soutien à l’initiative du Kazakhstan d’un Code de conduite pour présenter un front uni dans la lutte contre le terrorisme, « jusqu’à ce que tout ce qu’il reste ne soit plus qu’un souvenir douloureux, comme le fascisme par le passé ». Dans ce contexte, l’ONU peut prendre la tête de ce combat, en s’appuyant sur sa Stratégie antiterroriste mondiale.
Mme CARLA RIVERA (El Salvador) a réitéré l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme international. El Salvador, a-t-elle rappelé, a ratifié puis intégré dans sa législation nationale divers traités régionaux et internationaux afin d’assurer la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Le pays a adopté, en 2006, une loi spéciale contre les actes terroristes qui comporte des dispositions spécifiques destinées à prévenir le terrorisme.
En outre, le Gouvernement a renforcé les capacités du Bureau du Procureur en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme, ce qui démontre, a estimé la représentante, la détermination d’El Salvador à s’acquitter de ses responsabilités à cet égard. Afin que la lutte contre le terrorisme se fasse dans le respect de l’état de droit, des droits de l’homme et de la Charte de l’ONU, il s’est engagé à participer activement aux débats sur l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.
M. MOHAMED EDREES (Égypte) a souligné la menace sans précédent posée par le terrorisme et appelé la communauté internationale à riposter par des moyens globaux. Les mesures militaires et sécuritaires ne suffisent pas, a-t-il dit, en appelant à lutter contre la propagande terroriste. Le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion ou un groupe ethnique, a poursuivi le délégué égyptien. Il a mentionné le rôle important joué par les institutions égyptiennes, dont l’université Al-Azhar, dans la lutte contre l’extrémisme violent. Il a indiqué que les actions de son pays ont permis d’éradiquer le terrorisme dans le Sinaï. Ces actions sont dans l’intérêt du monde, a-t-il dit.
Le délégué a ensuite fustigé l’appui fourni par certains pays à des groupes terroristes et souhaité que les premiers rendent des comptes. Enfin, il a plaidé pour un renforcement des capacités des pays afin qu’ils puissent mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et souhaité l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.
Malgré les défaites militaires de Daech au Moyen-Orient, a considéré M. MAXIM MUSIKHIN (Fédération de Russie), ses filiales continuent de se renforcer dans le monde. Selon lui, Daech continue de recruter et préparer des actes de terreur, en s’appuyant notamment sur le retour des combattants étrangers expérimentés dans leur pays d’origine afin de créer des cellules dormantes qui agissent de façon imprévisible et autonome. La Russie a participé activement à la révision de la Stratégie antiterroriste mondiale et à la conférence de haut niveau des Nations Unies qui s’est tenue juin. Il est indispensable, a poursuivi le représentant, que malgré leurs divergences, les États conservent un consensus sur la Stratégie et ses quatre piliers. Il a préconisé une approche « dépolitisée », notamment pour la mise en place d’un réseau international de coordonnateurs de la lutte contre le terrorisme, dans le respect de la souveraineté des États.
Nous devons lutter contre la propagande terroriste sur Internet, a poursuivi M. MUSIKHIN, et endiguer les sources de financement du terrorisme, notamment l’utilisation des nouvelles technologies, telles que la « chaîne de blocs ». Il a dénoncé l’appui étranger fourni aux combattants dans les zones de conflit en Syrie, notamment la fourniture de matériel non létal à l’opposition dite modérée. Le représentant a ensuite appelé à l’amélioration des mécanismes d’extradition, tout en exprimant l’espoir que les États Membres se conforment à la Stratégie antiterroriste mondiale.
Poursuivant, il a critiqué la politique de deux poids, deux mesures de certains États qui établissent une distinction entre « bons et mauvais terroristes » à des fins politiques, ajoutant que tout appui au terrorisme est inacceptable. Par ailleurs, il a invité les délégations à faire preuve de flexibilité afin de permettre l’adoption d’une convention générale contre le terrorisme. Enfin, le représentant a dénoncé l’intervention de l’Ukraine devant la Commission, estimant qu’elle a utilisé son droit de parole pour attaquer la Russie plutôt que participer au débat en cours. Selon lui, le plan de prévention de l’extrémisme ne pourra jamais bénéficier d’un appui universel. Pour sa part, la Russie est prête à appuyer le Bureau de lutte contre le terrorisme en fournissant un appui technique aux États et en favorisant le renforcement des capacités.
M. HENRY SUAREZ (Venezuela) a déclaré que le terrorisme déstabilise les gouvernements et menace l’intégrité territoriale des États, en plus de fragiliser le développement. Il a condamné l’action des États-Unis qui appuient et financent des groupes « minoritaires » de l’opposition afin de renverser le Chef de l’État, en plus d’accueillir sur leur sol les responsables. Il a demandé au Gouvernement américain de remplir ses obligations internationales de juger ou d’extrader ces « criminels ». À cet effet, le représentant a annoncé son intention de présenter un projet de résolution sur la « nécessité de renforcer la coopération internationale pour la prévention et le châtiment des actes de terrorisme contre les personnes protégées au niveau international ».
M. Suarez a salué l’adoption récente du Code de conduite pour parvenir à un monde libre de terrorisme. Pour lui, la pauvreté et les inégalités représentent la source du terrorisme. L’action du Bureau de lutte contre le terrorisme et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies ont également permis une meilleure cohérence et complémentarité entre les États. Il a conclu en soulignant l’importance pour les États Membres de combattre le terrorisme dans le respect de l’ensemble de leurs obligations internationales, plutôt que de façon sélective.
Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a estimé que le terrorisme menace la sécurité et la paix internationales, les valeurs démocratiques et le bien-être du monde. Pour le combattre, il est nécessaire d’adopter des mesures de prévention et d’accroître la coopération régionale et internationale. Elle a accueilli favorablement la tenue de la conférence de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme qui s’est tenue en juin de cette année, estimant qu’elle permettra d’intensifier la coopération multilatérale.
Selon elle, il faut accroître les obligations des nations et les efforts qu’elles déploient pour vaincre le terrorisme afin de créer un « espace propice à la paix », comme le préconise la Déclaration en faveur d’une culture de la paix des Nations Unies. Après avoir décrit les divers traités de lutte contre le terrorisme ratifiés par le Honduras, la représentante a proposé de convoquer une conférence de haut niveau afin d’adopter une convention sur le terrorisme international, sous l’égide des Nations Unies. Elle a souligné, en terminant, les liens qui existent entre le terrorisme et les groupes armés non étatiques, notamment les bandes criminelles, estimant que ce fléau doit être combattu par une approche holistique, dans la lignée de la Stratégie antiterroriste mondiale.
M. MUHAMMAD SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a condamné tous les actes terroristes, notamment de la part de Daech, responsable de la perte de vies innocentes et de dommages aux biens et aux infrastructures publiques. La Malaisie est d’avis que le terrorisme ne devrait être associé à aucune religion, nationalité ou groupe ethnique. La lutte contre le terrorisme ne cessera pas tant que ses causes profondes ne seront pas traitées, a fait observer le représentant, précisant que presque tous les actes terroristes sont commis par des groupes « qui se sont sentis opprimés ». Il a néanmoins souligné que le terrorisme ne devrait pas être assimilé à la lutte légitime pour l’auto-détermination de peuples sous occupation étrangère.
Pour sa part, la Malaisie, qui a pris des mesures pour renforcer son cadre juridique national, est partie à neuf des 14 instruments juridiques internationaux concernant l’antiterrorisme. Elle reste par ailleurs préoccupée par les défis que peut poser le retour de combattants terroristes à l’étranger et reconnaît les difficultés à les empêcher de diffuser leur idéologie. Sur cette question, elle a mis en place des programmes de déradicalisation, de réhabilitation et de réinsertion de ces combattants. Elle compte aussi sur le renforcement de la coopération bilatérale, régionale et multilatérale pour l’échange d’informations et d’expertise.
Mme EUNICE PHILLIPS-UMEZURIKE (Nigéria) a déclaré que son pays n’est pas étranger au phénomène du terrorisme, depuis qu’il est confronté à Boko Haram. Mais grâce aux mesures fortes prises par son gouvernement, grâce aussi à la coopération avec ses voisins, notamment le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin, et avec l’appui de nombreux partenaires, les activités de ce groupe ont été décimées, a affirmé la représentante, assurant par ailleurs de la détermination de son pays à continuer de coopérer avec les Nations Unies aux fins de la lutte contre le terrorisme.
Elle a ensuite indiqué que les Nigérians s’étaient « psychologiquement préparés » à gagner cette guerre, avec l’adoption de la stratégie nationale de lutte antiterroriste, qui appelle à l’unité de tous les Nigérians et encourage les leaders religieux à user de leur influence pour mettre en garde leurs ouailles contre toute forme d’extrémisme. Le programme de radicalisation et de réinsertion des anciens combattants de Boko-Haram, le fonds de soutien apporté aux victimes, de même que l’initiative présidentielle pour le nord-est et le programme « école sûre » sont des initiatives toujours en cours. Elles ont même facilité la stabilisation socioéconomique et la réinstallation des personnes déplacées en raison des activités de ce groupe, a encore déclaré la représentante.
M. MOHAMED ATLASSI (Maroc) a salué le rôle prépondérant des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et le soutien apporté aux États dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale et ses quatre piliers. Il a ajouté que son pays condamne le terrorisme sous toutes ses formes. Il estime aussi que rien ne peut le justifier, tout comme il ne faut pas l’associer à une religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.
Le représentant a également déclaré qu’avec la défaite militaire de Daech, le phénomène du terrorisme avait pris une nouvelle tournure, avec notamment le retour des combattants étrangers. Ces retours sont de nature à accentuer la menace terroriste, a-t-il averti, ajoutant que cette nouvelle donne nécessite une réponse multilatérale urgente. Il faut renforcer la sécurité des frontières, consolider la coopération internationale et l’échange d’informations, comme l’exige la Stratégie mondiale et les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.
En sa qualité de coprésident du Forum global de lutte contre le terrorisme, le Maroc accorde une importance à la coopération régionale, à l’échange d’informations et à l’utilisation des données d’Interpol, tout comme à la mise sur pied de plans de déradicalisation et de réinsertion. Au plan national, le Maroc a développé une stratégie orientée sur la prévention et l’action, incluant la formation des jeunes prédicateurs et la promotion des valeurs de tolérance, de dialogue, de coexistence et de respect de l’autres, prônés par l’Islam, a conclu M. Atlassi.
M. MOUSSA MOHAMED MOUSSA (Djibouti) a déclaré qu’il n’était plus besoin de démontrer à quel point le terrorisme est une menace transnationale, un phénomène complexe en perpétuelle mutation. Contrer le terrorisme, prévenir l’extrémisme violent exige donc que la communauté internationale adopte une démarche inclusive et multidimensionnelle reposant à la fois sur une plus grande implication des populations, mais également une meilleure coopération entre les institutions nationales, régionales et internationales. À ce titre, il s’est félicité de la convocation, par le Secrétaire général en juin dernier, de la première Conférence de haut niveau entre toutes les agences gouvernementales de lutte contre le terrorisme. Il s’est aussi réjoui des réformes engagées ces deux dernières années sur l’architecture de lutte contre le terrorisme, ayant notamment donné lieu à la création d’un bureau spécifiquement dédié à cette question.
Alors que l’Afrique de l’Est, région à laquelle appartient Djibouti, a été l’une des premières dans les années 90 à subir les assauts du terrorisme, les États membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont su développer une résilience face au phénomène. Depuis 2017, ces pays ont mis sur pied un centre de lutte contre l’extrémisme violent, a indiqué le délégué. Ce centre, installé à Djibouti, vise à renforcer la coordination régionale, l’analyse et l’élaboration de parades aux discours extrémistes véhiculés dans les réseaux sociaux.
M. SHI XIAOBIN (Chine) a considéré qu’une priorité en matière de lutte antiterroriste, pour la communauté internationale, est de bâtir un consensus et de renforcer la coopération, en rejetant les deux poids, deux mesures et les intérêts géopolitiques, en adoptant une politique de tolérance zéro et non-sélective vis-à-vis du terrorisme. En outre, il est nécessaire de se pencher sur les symptômes et les causes profondes des problèmes qui alimentent ce phénomène. « Les facteurs sous-jacents sont complexes mais, en dernière instance, le terrorisme est lié au déficit grave de gouvernance, de sécurité et de développement », a résumé le représentant.
C’est la raison pour laquelle il a souligné le rôle directeur que pourrait jouer l’ONU dans le renforcement de la coopération contre le terrorisme, en encourageant les États Membres à scrupuleusement respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale. Dans la continuité du point précédent, M. Xiaobin a plaidé pour le respect des règles du droit international. Il a ajouté que sa délégation espère que la convention générale sur le terrorisme international sera bientôt finalisée et adoptée par l’Assemblée générale.
Pour M. MIN THEIN (Myanmar), aucun pays n’est à l’abri de la menace que constituent le terrorisme et les défis sécuritaires non traditionnels de notre temps. L’émergence récente des « loups solitaires » sème la peur et l’incertitude dans nos sociétés alors que leurs attaques visent le plus souvent des cibles vulnérables. Nous faisons face à des réseaux terroristes parallèles et interconnectés, a observé le représentant, s’inquiétant des conséquences du retour des combattants étrangers dans leur pays et ailleurs. Il faut donc adopter une approche exhaustive de lutte contre le terrorisme, selon les dispositions de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Le représentant a réaffirmé la détermination de son pays à intensifier la coopération régionale et internationale pour vaincre le terrorisme, qu’aucune cause ne saurait justifier.
Pour sa part, le Myanmar collabore pleinement avec ses partenaires de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et du Groupe d’action financière afin d’éradiquer le blanchiment d’argent et autres sources de financement du terrorisme. La crise dans l’État rakhine, a fait valoir le représentant, a débuté par l’attaque « gratuite et préméditée » de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), un groupe terroriste qui a tué des membres du personnel de sécurité et des centaines de civils, en plus de « provoquer l’exode massif » des musulmans vers « le pays voisin ». Selon lui, l’ARSA jouit du soutien d’Al-Qaida et de Daech et doit donc être défait.
Mme SANDRA PEJIC (Serbie) a affirmé que le phénomène des combattants terroristes étrangers figure au cœur des préoccupations de son pays; il s’agit d’un défi qui exige de prendre des mesures proactives de coopération régionale, ce qu’a fait la Serbie, en particulier dans les Balkans occidentaux et l’Europe du Sud-Est. Le nombre de combattants terroristes étrangers recrutés dans cette région n’est pas négligeable, a-t-elle souligné, près d’un millier d’individus ayant combattu en Syrie et en Iraq. « Jusqu’à présent, près de 40 individus en provenance de Serbie centrale ont pris part aux conflits dans ces deux pays », soit le plus faible pourcentage à l’échelle de la région d’après elle.
« En ce qui concerne le Kosovo et Metohija, la situation est bien différente, puisque le plus grand nombre de combattants terroristes étrangers se sont rendus sur les champs de bataille depuis cette province serbe », a-t-elle assuré. Après avoir rappelé que la participation de citoyens serbes à de tels conflits armés est sanctionnée par la loi, la représentante a ajouté que son gouvernement avait adopté l’an dernier une Stratégie nationale pour la prévention et la lutte contre le terrorisme pour 2017-2021 et le plan d’action nécessaire à sa mise en œuvre.
Depuis la fin des années 80, des attaques terroristes meurtrières ont été perpétrées contre mon pays en appui de revendications territoriales sans fondement et illégales, a déclaré M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan). Il a affirmé que les conflits armés, en particulier dans des territoires placés sous occupation étrangère, forment un terreau fertile pour des groupes terroristes, séparatistes ou relevant de la criminalité organisée. Les actes terroristes commis lors de conflits armés peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, a-t-il déclaré, en appelant à une coopération internationale robuste pour lutter contre l’impunité. Enfin, le délégué a plaidé pour l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international et demandé que la lutte contre le terrorisme ne vise pas une religion ou une culture particulière.
M. ARMAN ISSETOV (Kazakhstan) a indiqué que le principal défi aujourd’hui est la menace posée par Daech et Al-Qaida, qu’il a qualifiée de « terrorisme low-cost, localisé », qui pourrait cependant être plus meurtrier. Ce défi est aggravé par le retour des combattants terroristes étrangers. Face à ce danger, le délégué a appelé à la consolidation des réseaux antiterroristes internationaux, régionaux et nationaux.
À titre national, il a précisé que son pays compte quadrupler son budget pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme d’ici les cinq prochaines années en encourageant une culture de tolérance religieuse. Ce budget devrait être de 837 millions de dollars. Enfin, le délégué a indiqué que plus de 70 pays ont rejoint le Code de conduite présenté par son pays en vue de renforcer la coordination internationale contre le fléau du terrorisme.
Mme HYE MI KIM (République de Corée) a déclaré que son gouvernement, conscient que les États Membres portent la responsabilité première dans la lutte antiterroriste et contre l’extrémisme violent, a mis en place en 2016 un important cadre juridique, la Loi antiterroriste. La même année, la Commission nationale de lutte contre le terrorisme et le Centre de lutte contre le terrorisme ont été établis pour superviser la mise en œuvre intégrale de la Loi. La représentante a ensuite annoncé l’adoption du Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent en janvier dernier, sur la base duquel un travail de sensibilisation des communautés a été entrepris, de même que d’autonomisation des jeunes.
Au niveau régional, Séoul déploie des efforts en vue de faciliter le dialogue interrégional et le partage de l’information autour du Plan d’action, comme en témoigne l’accueil, en avril dernier, d’une conférence à ce sujet, conjointement organisée avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que le Dialogue asiatique sur les technologies de l’information et des communications et la lutte contre le terrorisme, qui a eu lieu en partenariat avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et la Thaïlande, en janvier dernier.
Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) s’est déclarée convaincue que la prévention du terrorisme, et la lutte contre ce fléau, exigent toujours une mobilisation et une coopération multidimensionnelle aux niveaux national, régional et international. « Ayant souffert des effets dévastateurs du terrorisme au cours des années 1990,
l’Algérie a émergé comme un pays stable et sûr dans une région propice à l’instabilité et à la menace terroriste », a-t-elle dit. Notre engagement à cet égard, a indiqué la représentante, porte principalement sur la mise en œuvre de politiques, de stratégies et de programmes de développement visant l’exclusion, la marginalisation, la stigmatisation, et l’injustice sociale, souvent exploitées à des fins de propagande terroriste et de recrutement.
Cet effort du Gouvernement algérien s’étend aussi à la coopération bilatérale avec les pays voisins, notamment pour partager les pratiques optimales, a expliqué la représentante. Dans la région du Sahel, l’Algérie continue de redoubler d’efforts, notamment dans le cadre du Comité d’état-major opérationnel conjoint et de l’Unité de centralisation du renseignement et de liaison du Sahel. En outre, au niveau africain, l’Algérie accueille l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL), ainsi que le Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme, un organisme de l’Union africaine qui propose un niveau élevé d’expertise dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.
M. FAIYAZ MURSHUD KAZI Bangladesh a insisté sur la détermination de son pays à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et encouragé les États Membres à surmonter leurs divergences dans le domaine antiterroriste. « Cela fait le jeu des terroristes », a-t-il dit. Il a appuyé le travail du Bureau de lutte contre le terrorisme, tout en indiquant qu’il faudra du temps pour ce dernier pour s’acquitter de ses tâches de coordination des entités onusiennes.
Le représentant a indiqué que le Bangladesh a vaincu les réseaux terroristes nationaux présents sur son territoire et assuré que son pays n’est pas utilisé pour perpétrer des attaques contre d’autres pays. Il a insisté sur sa vigilance à la frontière du Myanmar, théâtre d’un afflux de réfugiés Rohingya. Il a rejeté les tentatives du Myanmar consistant à ternir l’image de tous les Rohingya « sous prétexte de lutte contre un groupe terroriste des plus marginaux ». Le Myanmar doit faire son examen de conscience, a-t-il déclaré. Enfin, il a souhaité l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.
Mme GRATA ENDAH WERDANINGTYAS (Indonésie) a affirmé avoir toujours mis en garde contre la vulnérabilité de tous devant le terrorisme, ajoutant que personne, y compris parmi les plus puissants, ne peut seul l’affronter. L’Indonésie qui a récemment connu une de ces attaques à Surabaya, seconde ville du pays, constate avec horreur que « les terroristes n’hésitent plus aujourd’hui à impliquer des membres de leurs propres familles dans leurs opérations », a poursuivi la représentante, rappelant aussi que son pays condamne toute forme de terrorisme et rejette qu’il puisse être associé à une culture, un groupe d’individus, une religion.
Au plan national, pour répondre aux défis posés par ce phénomène, l’Indonésie a adopté un cadre adéquat incluant la loi antiterroriste révisée. Cette dernière, a expliqué la représentante, s’appuie sur une approche souple et répressive à la fois, en renforçant son volet prévention. Elle vise notamment à améliorer la protection aux frontières et à faire en sorte que des combattants terroristes étrangers ne puissent quitter ou entrer sur le sol indonésien. En plus de cette loi, l’Indonésie dispose d’un plan national de lutte contre le terrorisme, axé sur la prévention, la déradicalisation, l’application des lois existantes et le renforcement des partenariats et de la coopération internationale.
M. ENRIQUE J.M CARRILLO GOMEZ (Paraguay) a réaffirmé la détermination de son pays à mettre en œuvre les initiatives de lutte antiterroriste émanant du cadre multilatéral, dans le respect du droit international, des droits de l’homme, des droits des réfugiés et du droit international humanitaire. Il a estimé à cet égard que le Conseil de sécurité doit se conformer aux dispositions de la Charte des Nations Unies, notamment sur l’usage de la force, afin de conserver la légitimité et la légalité de ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme. Pour le Paraguay, l’Assemblée générale, en tant qu’organe le plus représentatif de l’ONU, devrait être le siège des discussions sur le terrorisme.
Le représentant a plaidé pour la convocation, le plus tôt possible, d’une conférence de haut niveau sur notre réponse commune au terrorisme. Il a souligné les liens étroits qui existent entre le Paraguay et le Comité contre le terrorisme, notamment pour l’assistance technique, afin de mettre en œuvre les politiques de prévention du terrorisme. Par ailleurs, le Paraguay s’efforce d’adapter son cadre normatif aux impératifs de la lutte antiterroriste, en collaboration avec l’ONU et l’Organisation des États américains (OEA). Il a toutefois suggéré que les documents relatifs à la lutte antiterroriste, disponibles en anglais, soient traduits dans toutes les langues officielles de l’ONU.
M. SALIOU NIANG DIENG (Sénégal) a redit la ferme condamnation de son pays de tous les actes et pratiques terroristes, sous toutes leurs formes et dans toutes leurs manifestations. Ils sont tout aussi criminels qu’injustifiables, quels qu’en soient les auteurs. Le Sénégal condamne également l’assimilation de l’islam à la violence, de même que la stigmatisation des musulmans, considérés à tort comme étant responsables d’une violence dont ils sont eux-mêmes victimes en premier chef a-t-il dit.
Le représentant a également estimé que seul et isolé, nul ne peut venir à bout de la menace que constitue le terrorisme. Il convient d’insister sur la nécessité d’une coopération inclusive entre tous les acteurs, car, la lutte antiterroriste ne se gagnera pas par une politique de fermeture ou d’exclusion, mais au contraire par une approche globale et holistique. C’est dans ce contexte que le Sénégal salue l’adoption sans vote de la résolution sur le sixième examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale.
Pour sa part, a ensuite indiqué le représentant, le Sénégal continue de renforcer son dispositif juridique de lutte contre ce phénomène; il a ainsi créé une cellule de lutte antiterroriste, une délégation générale au renseignement national ainsi qu’un cadre d’intervention et de coordination interministériel des opérations de lutte antiterroristes. Au plan régional, le pays s’inscrit dans une dynamique de coopération avec ses partenaires de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), en plus d’être membre de la Coalition internationale contre le terrorisme et de la Coalition islamique contre le terrorisme.
Pour Mme SOUMAYA BOURHIL (Tunisie), les progrès réalisés dans la lutte contre le terrorisme en Iraq et en Syrie ne représentent qu’une bataille dans une guerre de longue haleine. Comme l’indique le rapport du Secrétaire général sur Daech, ce groupe terroriste continue de se transformer en réseau clandestin aux ramifications mondiales. La question du retour et de la relocalisation des combattants étrangers est d’une grande complexité, a-t-elle noté, ajoutant que nos « fabriques sociétales » sont désormais atteintes. L’utilisation par les groupes terroristes d’Internet et le recours à de nouveaux modes de financement, tels que la crypto-monnaie, représentent des défis nouveaux qui appellent le recours aux secteurs public et privé.
Pour la représentante, la création du Bureau de lutte contre le terrorisme reflète l’évolution institutionnelle entreprise par les Nations Unies pour faire face à ces nouveaux défis, tout comme les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Il en va de même pour la sixième révision de la Stratégie antiterroriste mondiale, à laquelle la Tunisie a participé. Selon elle, le renforcement de la coopération internationale représente la seule avenue possible pour une action efficace contre le terrorisme.
Pour M. JERRY MIKA (Namibie), « une attaque contre un pays est une attaque contre tous », et il condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Il a passé en revue les mesures antiterroristes prises par son pays, mentionnant l’adoption en 2012 d’une loi créant une unité de lutte contre le blanchiment d’argent. Une autre loi a été promulguée en vue de prévenir et combattre les activités terroristes.
Enfin, à l’aune de l’histoire de son pays qui s’est vu refuser pendant longtemps l’exercice de son droit à l’autodétermination lorsqu’il était placé sous l’administration du régime d’apartheid d’Afrique du Sud, le délégué a souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de la lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale.
M. HOTAKA MACHIDA (Japon) a dit à quel point la menace du terrorisme a évolué et s’est étendue à travers le monde. La résolution adoptée lors de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale en juin, ainsi que la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité, ont souligné l’importance de répondre à la menace des combattants terroristes étrangers, y compris celle posée par leur réinstallation. C’est la raison pour laquelle son gouvernement a mis en œuvre la résolution précitée et s’est appuyé sur le système de renseignements préalables concernant les voyageurs et celui du dossier passager pour identifier des combattants terroristes étrangers et leurs réseaux.
Le représentant a ajouté qu’outre les mesures de lutte contre le terrorisme, les États Membres seraient inspirés de redoubler d’efforts pour prévenir l’extrémisme violent, laquelle mène au terrorisme, en mettant l’accent sur la sensibilisation de l’opinion publique.
M. MOHAMMAD YOUSSOF GHAFOORZAI (Afghanistan) a estimé que le paysage mondial est « précaire » alors que la menace terroriste continue de s’étendre dans le monde entier. L’Afghanistan a récemment fait face avec cohésion à une nouvelle vague d’attentats visant à détruire les progrès réalisés au cours des dernières années, a-t-il rappelé. L’existence de sanctuaires terroristes occupés par des groupes terroristes internationaux continue d’être une source de grave préoccupation, a déclaré le représentant, pour qui la coopération régionale et internationale est essentielle pour faire face à cette menace. En outre, l’Afghanistan a adopté une stratégie nationale antiterroriste et une stratégie de développement économique pour s’attaquer aux causes sous-jacentes du terrorisme.
Le représentant a dit espérer que la nouvelle révision de la Stratégie antiterroriste mondiale permettra de réaliser des progrès concrets et que les régimes de sanctions adoptés par le Conseil de sécurité seront appliqués de façon efficace. Selon lui, les autorités religieuses et communautaires doivent s’impliquer davantage dans la lutte contre le terrorisme. Il a mentionné la tenue de rencontres entre les leaders religieux d’Afghanistan et ceux de l’Arabie saoudite et du Pakistan afin de discuter de ces questions. Pour l’Afghanistan, la lutte antiterroriste demeure une priorité nationale qui permet de garantir sa sécurité nationale et celle de la communauté internationale, a conclu le représentant.
M. FAROUK YOUSIF MOSTAFA (Iraq) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, en rappelant les crimes terroristes odieux commis contre son pays. « L’Iraq a été en première ligne de la lutte livrée contre Daech, au nom du monde entier », a-t-il dit. Il a plaidé pour le renforcement de la coopération antiterroriste, sous bannière onusienne. Mon Gouvernement a promulgué une loi en 2015 relative à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Il a salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et l’adoption par consensus de la sixième révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Cette Stratégie doit être mise en œuvre de façon holistique et cohérente, a-t-il déclaré. Enfin, le délégué a rappelé que le peuple iraquien a pu chasser les bandes de Daech et leur infliger une défaite cuisante, avec l’appui de la coalition internationale, grâce à son unité.
M. NGUYEN NAM DUONG (Viet Nam) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, sans égard à ses motifs, et appuyé les efforts de la communauté internationale pour y mettre fin. Pour ce faire, le Viet Nam préconise la codification et le développement progressif du droit international, ainsi que l’adoption d’une convention internationale sur le terrorisme international.
Le représentant a estimé que les différends devraient être résolus par des moyens pacifiques, dans le respect du droit international. Pour sa part, le Viet Nam a enchâssé des dispositions relatives à la lutte antiterroriste dans son cadre juridique, a-t-il rappelé, et participé activement, en juin de cette année, à la première conférence de haut niveau des dirigeants d’agences de lutte contre le terrorisme. En outre, le Viet Nam s’efforce de mettre en œuvre la Convention antiterroriste de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
Mme MAYSOUN AL MATROOSHI (Émirats arabes unis) a déclaré que l’extrémisme violent et le terrorisme ne connaissent pas de frontières alors que les groupes terroristes parviennent à trouver des moyens de plus en plus sophistiqués pour mener leurs attaques. Elle a dénoncé les actions terroristes qui servent les intérêts politiques de certains pays afin de déstabiliser le monde. Nous devons continuer de travailler ensemble malgré les menaces émergentes telles que le retour des combattants étrangers et la création de nouvelles cellules aux quatre coins du monde, a poursuivi la représentante, pour qui la lutte contre le terrorisme doit s’appuyer sur une stratégie mondiale dotée de moyens conséquents et tenant comptes des caractéristiques de chaque pays.
Pour la représentante, la réponse au terrorisme doit être intégrée et s’attaquer tant aux modes de financement du terrorisme qu’à ses causes profondes. Les Émirats arabes unis, a-t-elle rappelé, ont adopté des législations complètes en la matière ainsi qu’un plan d’action contre les discours haineux, en plus de mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale. Enfin, elle a souligné l’importance de renforcer la coopération internationale, notamment par l’échange de renseignements avec le Bureau de lutte contre le terrorisme.
M. YOUSEF SALAH (Libye) a plaidé pour une coopération internationale resserrée face au terrorisme, qui ne devrait pas être associée à une religion ou un groupe ethnique. Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant de saluer le code de conduite récemment proposé par le Kazakhstan pour débarrasser le monde du terrorisme. Il a insisté sur les grands sacrifices de son pays dans la lutte victorieuse contre les groupes terroristes.
Le délégué a déclaré que les migrations irrégulières sont source de grandes souffrances, tant pour les migrants que pour les pays de transit comme la Libye. Les pays de départ doivent veiller à des migrations ordonnées et régulières, a-t-il dit, en plaidant pour un appui renforcé à ces pays. Il a prôné pour un dialogue accru afin de lutter contre les discriminations sur une base religieuse et promouvoir la tolérance. Enfin, le délégué a demandé le renforcement des capacités des pays face au terrorisme.
M. PHONESAVATH PHONEKEO (République démocratique populaire lao) a condamné l’extrémisme violent et le terrorisme, qui entravent le développement socioéconomique des États et crée un climat de peur au sein des sociétés. Le lao, a-t-elle rappelé, est partie à la convention sur le terrorisme de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et du Groupe Asie-Pacifique. Elle a souligné l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme.
M. EPHREM BOZUAYHUE HIDUG (Éthiopie) a souligné que la nature changeante du terrorisme exige une révision régulière des stratégies et instruments nationaux et internationaux car malgré les progrès significatifs enregistrés grâce à ces derniers, la coopération internationale n’est pas encore véritablement efficace. La lutte contre le terrorisme doit d’abord porter sur ses causes sous-jacentes, a estimé le représentant qui a précisé que la réponse de la communauté internationale doit se positionner sur le long terme et comprendre plusieurs volets, avec une attention particulière sur ceux qui distillent haine et colère dans les segments les plus désavantagés de la population. Il faut, a-t-il dit, travailler sans relâche pour promouvoir la tolérance, la coexistence et le respect de l’autre.
En conséquence, a poursuivi M. Hidug, les cadres juridiques doivent être sous-tendus par la culture du dialogue, de la compréhension, de la consultation et de la coopération. La lutte contre l’exclusion sociale implique que l’on respecte les valeurs des exclus et qu’on leur garantisse l’égalité des chances. La clef est de travailler ensemble contre le terrorisme quelles que soient l’origine et l’identité de ses auteurs. C’est consciente de cela que l’Éthiopie s’est embarquée dans des réformes à grande échelle pour assurer le développement socioéconomique, élargir l’espace politique, garantir l’état de droit, promouvoir la liberté de la presse et le respect des droits de l’homme, a conclu le représentant d’un pays qui ratifié neuf des 19 conventions et protocoles internationaux contre le terrorisme, sans oublier les instruments régionaux, dont les accords de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).