En cours au Siège de l'ONU

La Quatrième Commission fait sienne le rapport de la session  2021 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Soixante-quinzième session,
11e séance plénière – matin
CPSD/726

La Quatrième Commission fait sienne le rapport de la session  2021 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Ce matin, la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de la décolonisation) a adopté, sans mise aux voix, un projet de résolution sur l’« Étude* d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects » par lequel elle accueille avec satisfaction le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Ce projet sera ensuite soumis à l’Assemblée générale pour être entériné. 

Par ce texte, la Quatrième Commission recommande notamment à l’Assemblée générale de prier instamment les États Membres, le Secrétariat et les organes compétents de l’ONU de prendre toutes les mesures nécessaires à l’application des propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial, aussi appelé « Comité des 34 ». 

La Commission rappelle en outre que les États Membres qui fourniront du personnel aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans les années à venir ou qui participeront aux travaux du Comité spécial en qualité d’observateurs pendant trois années consécutives deviendront membres du Comité à la session suivante sur demande adressée par écrit au Président du Comité.  Cette année, ce sont les Émirats arabes unis qui sont venus renforcer les rangs de membres du Comité des 34, a précisé le Rapporteur du Comité spécial, M. Abdullah Attelb, de l’Égypte. 

Le Canada, en sa qualité de Président du Groupe de travail plénier du Comité des 34, a par ailleurs expliqué qu’en raison de la COVID-19, le groupe intersession à composition non limitée qui devait examiner les méthodes de travail du Comité spécial n’a pas pu se réunir en 2020.  Des consultations élargies seront toutefois lancées dès demain en vue d’apporter sa pierre à l’édifice de la révision desdites méthodes, a-t-il fait savoir, précisant qu’il souhaiterait pouvoir achever cet examen avant la pause estivale, d’ici à fin juin. 

La Quatrième Commission se réunira de nouveau début juin pour élire le Président et le Bureau de sa soixante-seizième session. 

* A/C.4/75/L.16

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: ouverture d’une session consacrée à l’examen d’une enveloppe de 6,5 milliards de dollars pour 12 opérations de paix

Soixante-quinzième session,
12e séance plénière – matin
AG/AB/4366

Cinquième Commission: ouverture d’une session consacrée à l’examen d’une enveloppe de 6,5 milliards de dollars pour 12 opérations de paix

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, a entamé, ce matin, sa deuxième reprise de session, traditionnellement consacrée à l’examen du budget annuel des opérations de paix.  Cette année, les travaux vont porter sur le financement de 12 opérations, estimé à 6 milliards 466 millions de dollars, pour l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022. 

Le Groupe des 77 et la Chine a fait observer que ce montant est inférieur de 310 millions au niveau approuvé pour l’exercice 2020/2021, lequel était déjà inférieur à celui approuvé pour la période 2019/2020.  Il a voulu que l’on ne perde pas de vue, le vrai problème qui est l’exécution efficace des mandats.  Pour y parvenir, a-t-il professé, les ressources doivent être proportionnelles aux tâches prescrites et/ou à l’environnement opérationnel.  Si le Groupe des États d’Afrique a dit partager les mêmes inquiétudes, les États-Unis ont prévenu: « nous ne pouvons pas surmonter les défis auxquels est confronté le maintien de la paix uniquement avec des ressources. »  Ils ont rappelé la Cinquième Commission à sa responsabilité de veiller à ce que les procédures administratives et budgétaires de l’Organisation permettent le succès des missions plutôt que l’entraver. 

Combien de fois, se sont-ils impatientés, cette Commission a-t-elle entendu parler d’une politique des Nations Unies qui a entraîné des retards dans l’embauche d’un personnel crucial, le déploiement des troupes, l’acquisition d’actifs essentiels ou, dans le pire des cas, la protection efficace des civils ou du personnel?  Avec les autres délégations, les États-Unis ont salué la politique de tolérance zéro du Secrétaire général face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU sur le terrain.  Les nouvelles initiatives visant à réduire l’empreinte écologique des opérations ont également reçu le satisfecit des délégations. 

S’agissant des 29 opérations fermées au 30 juin 2020, elles ont relevé un déficit de 85,52 millions de dollars pour cinq missions et un excédent de 149,7 millions de dollars pour les 24 autres.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande de rembourser aux États Membres un montant de 107 796   000 dollars; le solde restant devant permettre des avances provisoires aux missions en cours.  Après avoir constaté que les contributions non réglées au titre des 29 missions représentaient 376,6 millions de dollars, le Groupe des 77 et la Chine a insisté sur la responsabilité de tous les États Membres de régler leurs contributions à temps. 

La Cinquième Commission a prévu de tenir virtuellement la plupart des réunions de cette session.  Sa prochaine séance publique en présentiel devrait avoir lieu le 14 mai pour examiner la question de l’amélioration de la situation financière de l’ONU. 

ORGANISATION DES TRAVAUX (A/C.5/75/L.29) 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. ALY DIANE (Guinée), a salué le fait que la majorité des rapports du Secrétariat et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) soient déjà disponibles.  Il a souhaité voir un retour progressif aux méthodes de travail habituelles de la Commission, après que les services appropriés de l’ONU et de la ville de New York auront donné leur accord au sujet de l’évolution de la pandémie de la COVID-19.  Constatant que des sujets autres que les questions liées aux opérations de maintien de la paix (OMP) sont prévues dans l’ordre du jour de cette session, le représentant a rappelé que la seconde partie de la reprise de session devrait être consacrée en priorité aux question relatives au financement de ces opérations.  Le Groupe a promis de faire tout son possible pour éviter que les négociations sur ces questions n’aillent au-delà des délais impartis.  Il a souhaité explorer des options pour poursuivre le travail fait l’an dernier sur les opérations fermées, ainsi que des solutions justes sur la question des contributions non payées, entre autres. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ISSIMAIL CHANFI+ (Comores), a réaffirmé la grande importance qu'il attache au financement « adéquat » des mandats autorisés par le Conseil de sécurité, compte tenu de la complexité desdits mandats et des défis uniques sur le terrain.  Il a reconnu le rôle important joué par les activités programmatiques et les projets à impact rapide dans les opérations de paix et appelé à leur mise en œuvre rapide et responsable.  Compte tenu des contraintes de temps et de la situation exceptionnelle du retrait et de la fermeture de l’Opération hybride UA-ONU au Darfour, le représentant a appelé toutes les délégations à s’engager de manière constructive pour prendre une décision « consensuelle » sur l’autorisation d’engagement demandée par le Secrétaire général en temps opportun, et idéalement avant la fin du mois de mai.  Le représentant a regretté que la Cinquième Commission ait prévu de tenir ses réunions en anglais sans interprétation simultanée dans les cinq autres langues officie

M. THIBAULT CAMELLI, , délégué de l’Union européenne, a rendu hommage aux hommes et aux femmes qui œuvrent dans les opérations de paix, notamment en ces temps difficiles de pandémie.  Il a rappelé que l’Union européenne fournit des hommes, des équipements et des financements à ces opérations, avant d’insister sur la sûreté et la sécurité du personnel.  Dans un environnement de plus en plus complexe, la Cinquième Commission doit faire en sorte que les opérations soient à la hauteur de la tâche donc correctement financées. 

En tant que plus grand argentier, l’Union européenne s’inquiète, a dit le représentant, appelle les États Membres à payer leur contribution, à temps.  Nous avons, a-t-il insisté, la responsabilité de garantir la planification à long terme des opérations dont les conditions de travail difficiles sont exacerbées par la pandémie de COVID-19.  La Commission doit se montrer « pragmatique » et doter les opérations des capacités et ressources adéquates, « avec la souplesse nécessaire pour faire face aux incertitudes ». 

Le budget du maintien de la paix ne saurait être examiné séparément des politiques administratives qui guident leur fonctionnement.  Au cours de la présente session, nous entendons, a dit le représentant, nous concentrer sur des programmes tels « femmes, paix et sécurité », ou encore l’empreinte écologique des opérations, sans oublier les questions de l’exploitation et des atteintes sexuelles, ou encore de l’évaluation de la performance.  Le représentant a formulé le vœu que les travaux de la présente session se terminent à temps et dans le consensus. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a salué l’engagement du personnel militaire et civil des opérations de paix qui travaille dans des environnements de plus en plus complexes.  Il a dit son intention de suivre avec une attention particulière les discussions sur la clôture des Missions en Haïti, convaincu de l’opportunité d’en tirer des enseignements importants.  Le représentant a aussi dit accorder une grande priorité à la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles et a insisté sur le principe de tolérance zéro.  Il a conclu en plaidant pour des ressources en faveur du Régime commun des Nations Unies.    

M. PATRICK F. KENNEDY (États-Unis) a souligné à son tour que pour que les opérations de paix soient efficaces, elles doivent disposer des ressources nécessaires à l’exécution de leur mandat.  Aucun mission ne devrait être incapable de protéger les civils, promouvoir les droits de l’homme, soutenir les institutions publiques ou défendre son personnel.  Le représentant a promis d’œuvrer pour un soutien politique et financier fort aux opérations.  Au cours des quatre dernières sessions, a-t-il rappelé, cette Commission a été incapable de parvenir à un consensus sur une résolution politique transversale.  Notre incapacité de fournir cette orientation est une « abdication » de notre responsabilité vis-à-vis des missions sur le terrain et du Secrétariat qui les soutient, a tranché le représentant.  À la lumière des problèmes que connaissent les opérations de paix, nous attendons avec impatience de recevoir des informations plus détaillées sur le plan d’exécution du système global d’évaluation de la performance, a dit le représentant, en espérant une session consensuelle.  

M. DAI BING (Chine) a lui aussi voulu que la Commission adopte, dans les délais impartis, un budget qui permettra aux opérations de paix de remplir efficacement leur mission.  Il a insisté sur le rôle du Comité des commissaires aux comptes (CCC), en tant qu’organe externe d’audit pour statuer sur la bonne utilisation des ressources.  Il a demandé des mesures pour améliorer la sûreté et la sécurité des Casques bleus, non sans rappeler qu’elle leur a offert 300 000 doses de vaccins.  Elle n’a pas manqué d’exhorter à rembourser plus rapidement les pays fournisseurs de contingents. 

Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a dit qu’avec des troupes déployées à l’AMISOM, son pays et d’autres ont perdu des hommes du fait des engins explosifs improvisés.  Cette réalité a conduit à la modification du mandat de la Mission pour y introduire des tâches qui ne reviennent pas traditionnellement aux opérations.  Il est important, a-t-elle estimé, que les mandats des opérations aient des éléments de consolidation de la paix pour éviter « les rechutes ».  Il est tout aussi important de se focaliser sur des questions relatives à la sécurité du personnel. 

Malgré les contraintes liées à la pandémie de COVID-19, la représentante a appelé à un financement durable des opérations, regrettant qu’en dépit des coupes budgétaires, l’on continue d’exiger des niveaux élevés de performance.  Elle a en outre prié le Secrétariat à veiller à un financement adéquat du Fonds pour la paix de l’Union africaine et à collaborer davantage avec les organisations régionales et sous-régionales, y compris l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), afin de faire le lien entre maintien et consolidation de la paix. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a promis de mettre tout en œuvre pour que les opérations de paix soient dument financées.  Mais l’adoption des budgets doit aller de pair avec des mesures pour bonne utilisation efficace des ressources et une reddition des comptes « exemplaire ».  Après avoir regretté qu’aucune résolution transversale n’ait pu être adoptée depuis quatre ans, le représentant a exhorté la Commission à faire mieux. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a dit que son pays est fier de fournir des contingents aux opérations de paix depuis 1958.  Actuellement, nous avons déployé 227 personnes sur le terrain et aspirons à accroître ce nombre, a dit le représentant.  À la lumière de la complexité croissante des situations sur le terrain et des niveaux élevés d’insécurité dans lesquels les opérations travaillent, le représentant a jugé impératif d’assurer des ressources financières adéquates.  Il a salué les efforts envisagés par l’ONU dans le cadre d’« Action pour le maintien de la paix » et souligné que l’efficacité des opérations dépend d’une bonne collaboration entre les pays hôtes, les pays contributeurs de troupes, le Secrétariat des Nations Unies et le Conseil de sécurité. 

M. MARIVIL VILLA VALLES (Philippines) a salué le sacrifice des Casques bleus, dans le contexte difficile de la pandémie de COVID-19 qui restreint les patrouilles et la liberté de mouvement des acteurs du maintien de la paix.  Il a demandé des précisions sur le programme de vaccination, avant de s’inquiéter de la baisse continue du budget des opérations de paix.  Les coupes budgétaires, a-t-il martelé, ne sont conformes en rien aux besoins croissants. 

M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a félicité le Secrétariat et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) pour la rapidité avec laquelle les rapports de la session ont été publiés, conformément à la demande répétée des délégations.  Au cours de cette session, la délégation a dit vouloir s’intéresser particulièrement aux questions transversales, y compris les mesures prises pour assurer la sécurité et le bien-être du personnel du maintien de la paix, ainsi que tout soutien apporté aux pays hôtes, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Nous nous intéressons aussi, a-t-il poursuivi, aux projets à impact rapide et aux activités programmatiques qui sont censés contribuer à sauver des vies et à aider l’Organisation à gagner la confiance des populations locales.  Enfin, le représentant a dit vouloir discuter du rôle important joué par les acteurs sous-régionaux.  Pour terminer, il a rappelé que c’est la seconde fois que le budget des opérations de paix sera négocié à distance.  Il nous faut donc un certain degré de « bonne foi », a martelé le représentant. 

M. JI SUN JUN (République de Corée) a indiqué qu’elle accueillera à nouveau en décembre 2021 une réunion ministérielle sur les opérations de paix afin de mobiliser les efforts.  À son tour, il a plaidé pour un financement adéquat, au nom d’une bonne exécution des mandats et de la nécessité de minimiser l’impact négatif de la COVID-19.  Après avoir regretté l’absence de consensus sur une résolution transversale, il a exhorté les États Membres à faire des progrès cette année.   

M. RICHAR CROKER (Royaume-Uni) a salué les efforts menés pour assurer une plus grande redevabilité des opérations et a rappelé qu’il y contribue en troupes et en ressources financières, tout en se félicitant de ce qu’elles entendent désormais réduire leur empreinte écologique.  Le représentant a insisté sur le respect de la politique de tolérance zéro pour les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles, et sur une politique centrée sur les victimes.  Il a rappelé qu’il est le plus grand contributeur au fonds d’affectation spécial pour les survivants.  Il a plaidé pour que la Commission démontre sa détermination à soutenir les opérations, en adoptant les budgets adéquats dans les délais impartis. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) s’est dit désolé de constater que depuis 4 ans déjà, l’Assemblée n’a pu adopter de résolutions sur les questions transversales.  Le libellé adopté à l’été 2020 pourrait servir de base aux négociations, a-t-il suggéré, avant de manifester sa surprise face à une possible augmentation de 6 millions de dollars du compte auxiliaire du maintien de la paix, alors que des opérations ferment.  Nous voulons aussi des précisions sur le personnel du Secrétariat détaché dans les opérations, a ajouté le représentant. 

M. RABAB FATIMA (Bangladesh) a jugé, à son tour, indispensable que les missions aient un budget prévisible par souci d’efficacité.  Alors que la pandémie de COVID-19 a perturbé le quotidien de ces opérations, il a félicité ces dernières d’avoir fourni les équipements nécessaires et sensibilisé les communautés locales.  Le représentant a jugé essentiel que le personnel soit vacciné avant d’être déployé sur le terrain et a insisté pour que les budgets des opérations tiennent compte des retombées de la pandémie de COVID-19, notamment pour répondre aux besoins médicaux, y compris les évacuations médicales.  Il a salué la résolution 2538 du Conseil de sécurité et a appelé à l’affectation des ressources pour financier une bonne participation des femmes aux efforts de paix. 

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX  

Pour l’examen de cette question, la Commission était saisie du Rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sur ses activités concernant les opérations de paix au cours de la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020 (A/75/301 (Part II) et sur l’évaluation de la culture institutionnelle de ces opérations (A/75/803). 

La Commission était saisie de la note du Secrétaire général transmettant le Rapport du Corps commun d’inspection sur l’examen des programmes accomplis par les entités des Nations Unies dans le renforcement de la fonction d’enquête (A/75/719); ainsi que des observations de M.António Guterres et de celles du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (A/75/719/Add.1)

Dans ses commentaires (A/75/847) sur le Rapport du Secrétaire général relatif aux dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles (A/75/754), le Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) reconnaît qu’il serait simpliste de mesurer les progrès exclusivement à l’aune du nombre d’allégations enregistrées.  Il demande donc au Secrétaire général des rapports « plus analytiques », à savoir l’évaluation de l’impact des efforts entrepris jusqu’ici, de leur efficacité et des lacunes à combler.  Le CCQAB estime aussi que des paramètres et des repères mesurables permettant de suivre les progrès accomplis devraient être établis et communiqués dans les rapports à venir. 

Il demande également au Secrétaire général de poursuivre ses efforts pour établir une comptabilité complète des ressources existant à l’échelle du système des Nations Unies, afin de déterminer les dispositions administratives optimales à prendre et de garantir un financement adéquat et durable aux fins de la mise en œuvre continue et coordonnée de sa stratégie.  Le Comité prend note qu’une version électronique du formulaire de signalement, qui vise à harmoniser la collecte et l’échange d’informations sur les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles, indépendamment de l’affiliation des auteurs de tels actes, a été mise au point.  Grâce à ce processus, la victime ou le témoin ne sera interrogé qu’une seule fois afin de ne pas aggraver le traumatisme subi.  L’élaboration du formulaire, dont le coût est estimé à 90 000 dollars, a été financée au moyen du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix.  Le Comité consultatif note que ce formulaire électronique n’est financé que par des ressources réservées aux opérations de paix. 

Il prend note des mesures engagées pour renforcer la responsabilité et mettre au point des outils de gestion des risques mais estime qu’à ce stade de la mise en œuvre de la stratégie, il convient de procéder à un examen approfondi des incidences et de l’efficacité de ces outils afin de réduire la fragmentation, d’améliorer la cohérence à l’échelle du système et, in fine, de permettre au système de mieux faire face aux cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles. 

Le Comité consultatif note avec préoccupation que le fait que trois des quatre postes de spécialiste hors classe des droits des victimes demeurent depuis longtemps vacants pourrait compromettre la réalisation de l’objectif de la stratégie consistant à donner la priorité aux droits des victimes.  Il est, une fois de plus, préoccupé par l’augmentation générale du nombre d’allégations relatives aux partenaires opérationnels et recommande que le Secrétaire général entreprenne une analyse détaillée des facteurs qui sous-tendent cette augmentation.  Il souligne qu’il importe que le Secrétaire général définisse des paramètres adéquats pour évaluer l’impact de sa stratégie, et estime que la fourniture de données ventilées par année de survenance des faits présumés et par année de signalement, accompagnées d’une analyse, pourrait être utile à cette fin. 

Enfin, la Commission était saisie du Rapport du BSCI sur l’évaluation des activités visant à prévenir et à combattre l’exploitation et les atteintes sexuelles perpétrées par des membres du personnel du Secrétariat de l’ONU ou du personnel apparenté et à apporter un soutien aux victimes (A/75/820)

Dans ses commentaires (A/75/619) sur le Rapport du Secrétaire général concernant le point au 30 juin 2020 de la situation financière des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé (A/75/619), le CCQAB note recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de rembourser aux États Membres un montant de 107 796  000 dollars au moyen des soldes de trésorerie positifs de 24 missions dont le mandat était terminé au 31 janvier 2020, d’un montant de 157 596 000 dollars, le solde restant s’élevant à 49 800 000 dollars.  D’ici à ce que la période d’essai de trois ans du mécanisme de trésorerie commun s’achève, le Comité consultatif recommande que les excédents de trésorerie qu’il est proposé de maintenir afin que des avances puissent être versées à titre provisoire aux missions en cours qui en auraient besoin soient conservées à hauteur de ce solde restant et que tout excédent de trésorerie au-delà de ce montant soit restitué aux États Membres. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme MASSENI KABA SALEH (Guinée)a relevé que le montant total des ressources nécessaires pour les opérations de paix des Nations Unies, soit 6 466,3 millions de dollars pour la période 2021/2022, est inférieur de 310 millions au niveau approuvé pour l’exercice 2020/2021, lequel était déjà inférieur à celui approuvé pour la période 2019/2020.  Si elle a salué les gains d’efficacité, elle a néanmoins que l’on ne perde pas de vue, le vrai problème qui est l’exécution efficace   mandats.  Pour y parvenir, a-t-elle professé, les ressources doivent être proportionnelles aux tâches prescrites et/ou à l’environnement opérationnel. 

La représentante s’est félicitée des progrès accomplis dans la consolidation du nouveau système de délégation des pouvoirs, ajoutant que l’évaluation et l’amélioration de la responsabilité et de la transparence doivent être un processus permanent.  Elle a souligné le rôle important des projets à impact rapide et des activités programmatiques pour une bonne mise en œuvre des mandats.  Les premiers doivent continuer d’être conçus au cas par cas, en s’appuyant sur les expériences antérieures et les leçons apprises, afin de contribuer à renforcer la confiance des populations locales dans les missions, leur mandat et les processus politiques et de paix.  Nous ne devons pas perdre de vue la capacité de ces projets à générer un appui aux composantes militaire et policière, une préoccupation croissante pour tous les pays fournisseurs de contingents et de policier. 

Bien qu’elles ne représentent qu’une petite partie du budget des opérations, les activités programmatiques sont utilisées comme un outil pour les processus politiques et l’exécution plus large des mandats, a rappelé la représentante, faisant observer que le Conseil de sécurité a augmenté ces dernières années le nombre de ces activités pour prévenir et résoudre les conflits mais aussi édifier une paix durable. 

Sur la question de l’exploitation et des atteintes sexuelles, elle a réaffirmé son ferme attachement à la politique de tolérance zéro et à l’approche centrée sur les victimes.  La représentante a dit attendre avec intérêt d’examiner les progrès accomplis vers l’adoption d’une approche plus unifiée à l’échelle du système des Nations Unies.  Elle a demandé de plus amples informations sur l’extension de la mise en œuvre du Système global de planification et d’évaluation de la performance et s’est félicitée des initiatives qui ont recours à la technologie pour améliorer les résultats et gagner en efficacité. 

L’exécution des opérations de paix est « un effort collectif » qui implique les États Membres, le Secrétariat et toutes les composantes des missions, a souligné la représentante, avant d’estimer que toute tentative d’utiliser l’évaluation des performances pour procéder à des coupes budgétaires « arbitraires » ne peut que compromettre le travail voire saper les progrès durement acquis.  Elle a demandé des éclaircissements sur la question de la représentation adéquate des pays fournisseurs de contingents et de policiers dans les nouveaux départements concernés. 

La question complexe du financement des opérations exige notre attention particulière, a prévenu la représentante, en parlant aussi de la nécessité d’offrir des soins de santé adéquats « à ceux qui risquent leur sécurité » sur le terrain.  Il n’appartient pas au Secrétariat, a martelé la représentante, de décider quels mandats sont prioritaires ou secondaires.  Ces mandats, comme nous le savons tous, relèvent de la prérogative des États Membres, a-t-elle tranché.  Il est également connu et universellement admis que la seule façon de remédier à la situation financière « toujours difficile » des opérations de paix est d’obtenir des États Membres qu’ils paient leurs contributions intégralement, à temps et sans conditions. 

M. CAMELLI de l’Union européenne s’est dit convaincu que les réformes sont centrales pour garantir la continuité de travaux et la capacité d’adaptation des missions.  Il a particulièrement salué les recommandations du BSCI et appuyé une meilleure utilisation des technologies pour mieux protéger les troupes de l’ONU.  Le représentant a appelé à améliorer la performance énergétique des missions et leur empreinte écologique.  Il a aussi voulu une lutte plus efficace contre l’exploitation et les atteintes sexuelles dans les missions, avant d’appuyer le déploiement de conseillers sur la parité.  Nous continuons d’appeler à la tolérance zéro, a insisté le représentant, avant de plaider pour que les plus vulnérables soient protégés.  Il a particulièrement appuyé les recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur le partenariat entre le Service de la lutte antimines et l’UNOPS.  Il faut, a-t-il conclu, donner aux missions les moyens nécessaires pour mettre en œuvre efficacement tous les mandats. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMED TRAORE (Mali) a rappelé que l’Assemblée générale a indiqué à maintes reprises que le projet de budget des opérations de paix doit être fondé sur les mandats existants du Conseil de sécurité.  Or, le représentant a dit avoir constaté une succession de coupes budgétaires, d’année en année, promettant au cours de cette session d’examiner attentivement les domaines sur lesquels ces réductions ont un impact.  Il a demandé au Secrétaire général d’explorer des partenariats pour préparer au mieux aux futures pandémies et épidémies. 

Quant à la question des projets à impact rapide et des activités programmatiques, il a avoué que le manque de soutien est devenu « une préoccupation croissante ».  Le Conseil de sécurité a augmenté le nombre de ces activités pour prévenir et résoudre les conflits, et édifier une paix durable, a rappelé, à son tour, le représentant.  S’agissant de la question de l’exploitation et des atteintes sexuelles, il a réaffirmé son ferme attachement à la politique de tolérance zéro qui doit s’appliquer au personnel en uniforme et aux civils, qu’ils soient de l’ONU, d’organisations humanitaires ou de développement.  

En ce qui concerne la réduction de l’empreinte écologique des opérations, il a reconnu les progrès et s’est promis d’obtenir du Secrétaire général des informations sur le renforcement des mesures conformément aux cinq piliers de la stratégie.  Sur la question des achats, le Groupe a rappelé le principe du recours aux entrepreneurs locaux.  Considérant enfin que 7 des 12 missions de maintien de la paix actives se trouvent en Afrique, et que le Secrétaire général a signé un mémorandum d’accord avec l’Union africaine (UA), il s’est interrogé sur les mesures prises pour approfondir le partenariat, la coopération et la coordination avec les acteurs sous-régionaux. 

Intervenant aussi au nom du Liechtenstein, M. MIKE MARTIN AMMANN (Suisse) a mis l’accent sur quatre points en rappelant d’abord que le meilleur moyen de traiter un conflit est de le prévenir.  Il a encouragé la poursuite de la mise en œuvre d’une approche systémique de la transition.  Les missions doivent travailler en étroite coopération afin de développer des stratégies de transition cohérente vers une paix durable, a-t-il insisté.  Il a aussi appelé à des mesures pour lutter efficacement contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, grâce, entre autres, à une approche centrée sur les victimes.  Le représentant s’est félicité de l’autonomisation des opérations de paix qu’a permis le transfert des fonctions administratives vers les responsables administratifs sur le terrain.  Pour être efficace, il a prôné un système de délégation des pouvoirs « performant » et a conclu, en estimant que la mise en œuvre des recommandations du BSCI est « indispensable » pour garantir l’efficacité des missions de maintien de la paix. Il a appelé à une application rapide des recommandations sur la redevabilité. 

« Nous ne pouvons pas surmonter les défis auxquels est confronté le maintien de la paix qu’avec des ressources », a prévenu M. KENNEDY (États-Unis).  Les ressources doivent non seulement être allouées adéquatement mais la Cinquième Commission doit aussi garder à l’esprit sa responsabilité « unique » de veiller à ce que les politiques et procédures administratives et budgétaires de l’Organisation permettent le succès des missions plutôt que l’entraver.   Combien de fois, s’est impatienté le représentant, cette Commission a entendu parler d’une politique qui a entraîné des retards dans l’embauche d’un personnel crucial, le déploiement des troupes, l’acquisition d’actifs essentiels ou, dans le pire des cas, la protection efficace des civils ou du personnel? 

Le Secrétaire général a fait des progrès « énormes », a reconnu le représentant, en citant, la stratégie environnementale.  Mais, a-t-il dit, nous demandons plus d’informations sur les mesures prises pour améliorer l’évaluation des performances et l’intégration du principe de responsabilité, y compris celles qui visent à mettre en œuvre le mandat de la Cinquième Commission d’élaborer et d’appliquer un plan d’exécution du système d’évaluation globale dans toutes les missions.

M. Kennedy a dit appuyer les efforts du Secrétaire général pour mettre en œuvre la politique de tolérance zéro pour les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  Le soutien aux victimes est d’une importance « capitale », a-t-il souligné, déplorant que malgré les progrès accomplis, ce fléau et le harcèlement sexuel persistent dans tout le système des Nations Unies.  Il a demandé au Secrétaire général, en tant que Chef de l’Organisation, de montrer l’exemple et d’encourager la coordination entre les différentes entités du système de l’ONU.  Nous appelons également tous les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police, ainsi que les pays d’origine du personnel civil, à veiller à ce que les auteurs d’exploitation et d’atteintes sexuelles répondent effectivement de leurs actes.

Au nom du Groupe des 77 (G77) et la Chine, Mme MASSENI KABA SALEH (Guinée) s’est dite très préoccupée de ce que sur les 29 missions de maintien de la paix dont le mandat est terminé, cinq accusent un déficit de trésorerie net de 85,52 millions de dollars.  Après avoir rappelé que les contributions non réglées par les États Membres au titre des 29 missions fermées, représentaient au  30 juin 2020, un montant total de 376,6 millions de dollars, elle a insisté sur la responsabilité de tous les États Membres de régler leurs dus à temps.  Elle s’est néanmoins félicitée de ce que les 24 autres missions terminées présentaient un excédent de 149,7 millions de dollars au 30 juin 2020, pouvant être portés au crédit des États Membres.  La représentante a rappelé que dans sa résolution 73/307, l’Assemblée générale a approuvé, à titre expérimental pour trois exercices budgétaires, le principe de la gestion commune des soldes de trésorerie de toutes les opérations en cours, étant entendu que des comptes séparés seraient conservés pour chaque mission.  Elle a salué le fait que conformément aux décisions prises par l’Assemblée générale, un mécanisme ait été mis en place pour répondre aux besoins de liquidités des opérations de maintien de la paix en cours, au moyen d’avances internes entre opérations.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. FELIX-FILS EBOA EBONGUE (Cameroun) a noté avec préoccupation l’amélioration « insignifiante » de la trésorerie et du déficit dans cinq missions de maintien de la paix clôturées.  Ce déficit est resté relativement au même niveau, soit à 85,5 millions de dollars au 30 juin 2020, par rapport à un montant de 85,6 millions, au cours de la même période au cours de la précédente année financière.  Cette situation « désastreuse » a été causée principalement par le non-paiement des contributions à hauteur de 152,4 millions de dollars.  Le représentant a donc réitéré son appel pour que tous les États Membres respectent leurs obligations financières, sans conditions et à temps.  Il a rappelé que dans sa résolution 74/278, l’Assemblée générale avait prié le Secrétaire général de continuer à prendre toutes les mesures nécessaires pour rembourser les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police avant la clôture de toute mission et d’éviter la pratique actuelle consistant à reporter les remboursements.

Le représentant a pris note du fait que le Secrétaire général a continué à emprunter à des missions fermées pour financer les autres opérations voire le budget ordinaire de l’ONU.  Il s’est inquiété de ce que le Secrétaire général ait indiqué que la crise de liquidités s’est aggravée et l’Organisation continuera donc d’utiliser les excédents des opérations clôturées.  Il est impératif, a-t-il dit, de trouver une solution viable et durable à la crise de trésorerie à laquelle l’Organisation est trop souvent confrontée. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale  rend hommage au Président du Tchad, Idriss Déby Itno, « un partenaire fiable de l’ONU sur les questions de stabilité régionale »

Soixante-quinzième session,
63e séance plénière – matin
AG/12322

L’Assemblée générale  rend hommage au Président du Tchad, Idriss Déby Itno, « un partenaire fiable de l’ONU sur les questions de stabilité régionale »

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui une séance publique pour rendre hommage à la mémoire du feu Président du Tchad, Idriss Déby Itno, décédé le 20 avril dernier.  Le Président de l’Assemblée et le Secrétaire général de l’ONU ont déploré la perte d’« un partenaire fiable de l’ONU sur les questions de stabilité régionale » et d’un homme qui « a transformé le Tchad en une puissance régionale ».  

M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que le Tchad est Membre des Nations Unies depuis 1960, année depuis laquelle, l’ONU aide le Gouvernement tchadien à mettre en œuvre des politiques en faveur de la paix et de la sécurité, du développement durable et des droits de l’homme, grâce aux 14 programmes et organismes des Nations Unies qui travaillent dans le cadre d’« Unis dans l’action ». 

Sous la présidence d’Idriss Déby Itno, a ajouté le Président, le Tchad est resté « un partenaire fiable de l’ONU, sur les questions de stabilité régionale », en particulier dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité organisée au Sahel.  Membre de la Force conjointe du G5 Sahel, le Tchad, a ajouté le Président, est en plus l’un des 14 principaux pays fournisseurs de contingents aux opérations de paix des Nations Unies, montrant ainsi son attachement au multilatéralisme.  

Idriss Déby Itno, « que je connais très bien », a enchaîné le Secrétaire général, a transformé son pays « en puissance régionale » et ouvert la porte à des centaines de milliers de réfugiés, même avec des ressources limitées.  M. António Guterres a réitéré la détermination de l’ONU à soutenir le peuple tchadien dans le processus de transition politique pacifique qui s’ouvre. 

Les cinq groupes régionaux des Nations Unies ont rendu hommage à un « éminent dirigeant africain », « un immense Chef d’État hautement respecté », « qui a défendu son pays et son peuple face à l’insécurité et en dépit des difficultés ».  Son soutien à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a été salué.  « Il n’avait peur ni du champ de bataille ni de la ligne de front, et c’est là qu’il a payé le prix ultime », a par exemple dit la Communauté des Caraïbes (CARICOM). 

Le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États a espéré des progrès en vue d’une transition pacifique par le biais d’un dialogue inclusif, une occasion de s’acheminer rapidement vers un gouvernement démocratiquement élu, ont renchéri les États-Unis, pays hôte. 

« Une nouvelle voie s’ouvre », a confirmé le Tchad, en demandant à la communauté internationale et en premier lieu aux Nations Unies, un accompagnement, dans un contexte sous-régional particulier.  La survie de l’État, a-t-il alerté, est menacée par les hordes de mercenaires, autres criminels et groupes islamistes qui sont dans la région du lac Tchad et au Sahel mais aussi dans la Corne de l’Afrique, au Mozambique, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). 

C’est pourquoi, un soutien politique clair à ce moment décisif de l’histoire du Tchad et un appui à la mise en œuvre de la Feuille de route de l’Union africaine pour un dialogue national inclusif, à la réconciliation, à l’organisation des élections démocratiques, libres et transparentes et au renforcement des capacités du Gouvernement à répondre aux aspirations socioéconomiques de la population s’imposent, a souligné le Tchad.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente appelle à examiner la question des peuples autochtones et des entreprises, le problème de l’incarcération et l’impact de la COVID-19

Session de 2021,
2e séance plénière – après-midi
DH/5465

L’Instance permanente appelle à examiner la question des peuples autochtones et des entreprises, le problème de l’incarcération et l’impact de la COVID-19

L’Instance permanente sur les questions autochtones a achevé, cet après-midi, les travaux de sa vingtième session en adoptant par consensus et tel qu’oralement amendés une série de projets de rapport par lesquels elle recommande notamment la tenue d’une réunion d’experts sur le thème « Peuples autochtones, entreprises, autonomie et principes relatifs aux droits de l’homme de la diligence raisonnable, y compris le consentement libre, préalable et éclairé. 

Consternée par la persistance de taux d’incarcération disproportionnés d’autochtones dans de nombreux pays du monde, l’Instance permanente recommande par ailleurs que le Conseil des droits de l’homme charge le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de mener une étude sur l’incarcération, les décès en détention et les peuples autochtones. 

L’Instance permanente recommande aussi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) organise des tables rondes régionales aux fins de l’examen de la question des peuples autochtones et de la COVID-19 afin de veiller à ce que les peuples autochtones du monde entier soient spécifiquement pris en compte dans le cadre des efforts d’atténuation. 

Elle invite en outre l’UNESCO à créer une plateforme numérique universelle permettant de créer et de stocker des ressources sur les langues autochtones et de les mettre à la disposition des peuples autochtones et des chercheurs afin de préserver la diversité linguistique. 

Après l’adoption du rapport de ses travaux contenant les recommandations soumises pour approbation au Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Mme Anne Nurgam a rappelé combien l’Instance permanente reste déterminée à promouvoir et à protéger les droits des peuples autochtones, y compris leurs droits à l’autodétermination, et à renforcer la contribution des peuples autochtones à la réalisation des objectifs de développement durable 

Dans sa déclaration de clôture, la Présidente de l’Instance, Mme Anne Nurgam, s’est dite encouragée par les mesures concrètes prises pour préserver et revitaliser les langues autochtones dans la perspective de la Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032.  Elle a aussi salué les projets visant à adopter une approche fondée sur les droits pour relever les défis auxquels sont confrontés les peuples autochtones et leur contribution à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 

Après avoir rappelé qu’en 1923, Deskaheh, le grand chef haudenosaunee, avait tenté, sans succès, de participer aux travaux de la Société des Nations à Genève, pour faire reconnaître la souveraineté de la confédération iroquoise, Mme Nuorgam a souligné le long chemin parcouru avant de parvenir à la création l’Instance  en 2001. 

Mais 98 ans plus tard, les peuples autochtones du monde entier sont toujours confrontés aux mêmes défis, a-t-elle déploré, pointant notamment le manque d’accès aux soins de santé et à l’éducation; la violation de leurs droits à leurs terres, territoires et ressources; et les graves violations de leurs droits humains. 

Elle a dit être particulièrement préoccupée par la situation des peuples autochtones de la région amazonienne, qui, ces dernières années, ont été négativement affectées par les politiques favorables aux sociétés minières, entre autres, et qui affectent les territoires autochtones, y compris ceux des peuples autochtones isolés, provoquant attaques, déplacements ainsi que le meurtre de nombreuses personnes. 

« Il est indispensable que les États et leur gouvernement se montrent à la hauteur des enjeux en permettant que la Déclaration des Nations Unies sur les droits autochtones soit réellement appliquée », a-t-elle affirmé.    

Mme Nurgan a par ailleurs rendu hommage à tous les dirigeants autochtones morts dans des conditions tragiques cette année pour avoir lutté pacifiquement à la défense de leurs droits, aux « sœurs et frères » autochtones dont la vie a été perdue en raison de la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à Estebancio Castro-Diaz, dirigeant autochtone kuna du Panama, également décédé cette année. 

Cette vingtième session de l’Instance permanente avait pour thème « Paix, justice et institutions solides: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif de développement durable no 16 ». 

Les projets de rapports adoptés aujourd’hui figurent dans les documents suivants : E/C.19/2021/L.2 ; E/C.19/2021/L.3 ; E/C.19/2021/L.4 ; E/C.19/2021/L.5 ; E/C.19/2021/L.6 ; E/C.19/2021/L.7 ; et E/C.19/2021/L.8.   Ils seront transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour approbation finale. 

Au cours de cette séance, qui s’est tenue en présentiel, l’Instance a également adopté l’ordre du jour provisoire de sa vingt-et-unième session qui se tiendra au Siège de l’ONU du 25 avril au 6 mai 2022. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: solidarité avec Saint-Vincent-et-les Grenadines et proclamation de deux journées internationales pour la prévention des noyades et les femmes juges

Soixante-quinzième session,
62e séance plénière – matin
AG/12321

Assemblée générale: solidarité avec Saint-Vincent-et-les Grenadines et proclamation de deux journées internationales pour la prévention des noyades et les femmes juges

L’Assemblée générale a adopté plusieurs textes aujourd’hui, dont une résolution pour exprimer sa solidarité avec Saint-Vincent-et-les Grenadines et les pays voisins qui subissent les effets des éruptions du volcan la Soufrière.  L’Assemblée a aussi proclamé le 25 juillet Journée mondiale de prévention de la noyade, et le 10 mars, Journée internationale des femmes juges. 

Présentée par le Guyana, au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes, la résolution sur l’expression de solidarité et l’appui au Gouvernement et à la population de Saint-Vincent-et-les Grenadines, ainsi qu’à ceux des pays voisins, exprime la profonde préoccupation de l’Assemblée générale face aux graves conséquences des éruptions explosives du volcan qui se produisent depuis le 9 avril 2021 et qui ont entraîné le déplacement des résidents, privés, en conséquence, de leurs sources de revenus, de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de sécurité sanitaire et d’accès aux infrastructures sociales. 

L’Assemblée salue l’aide immédiate et généreuse apportée par la CARICOM, ainsi que d’autres États et organisations nationales, régionales et internationales, en particulier le système des Nations Unies.  Elle salue également l’appel de fonds et le plan d’intervention lancés par l’équipe des Nations Unies pour les Caraïbes orientales et invite la communauté internationale, y compris les institutions financières internationales, à accroître son soutien.  Les États-Unis, qui ont pris la parole, aux côtés de Saint-Vincent-et-les Grenadines, du Royaume-Uni et du Maroc, ont dit: nous devons agir maintenant et ensemble pour répondre à l’objectif des Nations Unies de réunir la somme de 29,2 millions de dollars.

Heureux que l’Assemblée ait proclamé le 25 juillet Journée mondiale de prévention de la noyade, le Bangladesh, coauteur avec l’Irlande de la résolution, a fait observer que la noyade est, dans le monde, une cause de mortalité plus grave encore que la mortalité maternelle ou la malnutrition, avec un coût économique « intenable » pour sa région, où elle est la première cause de mortalité infantile.  Avant la brève intervention de l’Irlande, les États-Unis ont réitéré leurs réserves devant la mention de plusieurs programmes d’action des Nations Unies.

Réaffirmant que la participation active des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, à tous les niveaux des processus de décision est indispensable pour parvenir à l’égalité, au développement durable, à la paix et à la démocratie, l’Assemblée a proclamé le 10 mars Journée internationale des femmes juges, par une résolution présentée par le Qatar.  L’Assemblée fait le constat que relativement peu de femmes occupent des fonctions de juge, à tous les niveaux de la magistrature et en particulier dans la haute magistrature.

L’Assemblée a aussi adopté d’autres textes relatifs au rapport final de son Groupe de travail sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale et à la coopération entre l’ONU et l’Organisation du Traité de sécurité, commentés par Cuba, l’Iran, le Nicaragua et le Venezuela pour le premier, et par le Mexique et la Géorgie pour le second qui a été présenté par l’Ukraine.

L’Assemblée a commencé sa séance en entendant son Président, le Népal, le Mexique et l’Indonésie sur l’incidence de l’évolution rapide de la technique sur la réalisation des objectifs et cibles de développement durable, en prévision du Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation, qui se tiendra le 5 mai.

M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale, a affirmé que l’évolution technologique rapide est avant tout une bonne chose, tant qu’elle est « bien gérée » et « accessible à tous ».  Pour autant, il a dit comprendre ceux qui craignent pour leur place sur le marché du travail.  Mais, a-t-il argué, les nouvelles technologies peuvent créer de nouveaux emplois dans des secteurs innovants et émergents, et conduire à une main-d’œuvre mieux équipée et mieux connectée.  La réduction de la fracture numérique doit donc être une priorité, d’autant plus qu’à ce jour, seulement 54% de la population mondiale utilise Internet, la grande majorité des personnes déconnectées vivant dans les pays les moins avancés. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique, le 3 mai, pour saluer la mémoire du Président tchadien, Idriss Déby Itno, décédé le 20 avril dernier.
INCIDENCE DE L’ÉVOLUTION RAPIDE DE LA TECHNIQUE SUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS ET CIBLES DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que la discussion d’aujourd’hui répond aux préoccupations des États Membres concernant l’évolution technologique rapide et le développement durable, avant le Forum sur la science, la technologie et l’innovation, prévu pour le 5 mai.

L’évolution technologique rapide est avant tout une bonne chose, a dit le Président, tant qu’elle est « bien gérée » et « accessible à tous ».  Avec des instruments politiques pour en guider le développement et y faciliter l’accès, les avancées technologiques peuvent alimenter la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. Bozkir a pris pour exemple l’environnement, assurant que les changements technologiques rapides offrent la possibilité d’intégrer des énergies à faible émission de carbone dans de nouveaux domaines.

Les nouvelles technologies améliorent les soins de santé, rendent les transports aériens plus sûrs et peuvent contribuer à accélérer les progrès en matière de développement durable.

Pour autant, le Président a dit comprendre les craintes des populations.  L’incertitude et la confusion sont compréhensibles, en particulier lorsqu’on est confronté à la fois à un changement rapide et à des inégalités profondément ancrées.  Pour de nombreuses personnes dans le monde, l’évolution technologique rapide est synonyme de « changement rapide d’emploi », a-t-il poursuivi.  Le fait que les technologies émergentes et d’avant-garde remplacent les hommes constitue une préoccupation majeure à l’échelle mondiale.  M. Bozkir a cité l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, les « big data » (mégadonnées), les chaînes de bloc, la 5G, l’impression 3D, la robotique, les drones, l’édition de gènes, les nanotechnologies et les énergies renouvelables.

Il s’est pourtant dit convaincu que « c’est le contraire qui se produit »: les nouvelles technologies peuvent créer de nouveaux emplois dans des secteurs innovants et émergents, et conduire à une main-d’œuvre mieux équipée et mieux connectée.

La réduction de la fracture numérique doit donc être une priorité maintenant que nous sortons de la pandémie mondiale.  Pas de chemin vers le Programme 2030 sans élargissement rapide de l’accès aux technologies et à la numérisation, a insisté le Président.  Il a cité les statistiques selon lesquelles seulement 54% de la population mondiale utilise Internet, la grande majorité des personnes déconnectées résidant dans les pays les moins avancés.  Si nous voulons respecter notre engagement à ne laisser personne de côté, et si nous voulons retrouver l’élan perdu pendant la pandémie, il faut donner un coup de fouet à la lutte contre la fracture numérique, a-t-il prévenu.

Alors que la pandémie a accéléré l’utilisation des outils numériques et a mis en évidence la gravité de la fracture numérique, « il est plus urgent que jamais de veiller à ce que nos efforts de relance soient marqués par l’inclusion, l’équité, la résilience et la durabilité », a conclu M. Bozkir.

Pour M. SUVANGA PARAJULI (Népal), l’évolution rapide de la technique et ses conséquences massives sur le rythme de la quatrième révolution industrielle a offert des possibilités d’avancer vers le développement.  La pandémie de COVID-19 a elle aussi mis les sciences et les technologies au premier plan.  Cependant, a déploré le représentant, les inégalités existantes se sont exacerbées, impactant la moitié de la population mondiale, en particulier les salariés et les différents groupes vulnérables.  Il a donc plaidé pour que la Banque de technologies pour les pays les moins avancés (PMA) soit dotée des ressources nécessaires. 

Nous ne devons pas oublier que le rapport 2019 sur l’utilisation des technologies qui reconnaît ces technologies comme un outil nécessaire pour avancer sur la voie du développement.  Elles ne doivent pas créer d’écarts mais au contraire les combler.  Elles doivent pouvoir être utilisées partout dans le monde pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable et renforcer la résilience.  Le représentant a évoqué l’expérience « concluante » de son pays et appelé la communauté internationale à accroître la coopération sur le transfert des technologies. 

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a souligné l’importance de la résolution A/73/17, adoptée par l’Assemblée générale le 26 novembre 2018, sur la question.  Il a alerté, à son tour, sur le fait que la pandémie de COVID-19 a creusé la fracture numérique, en posant des difficultés supplémentaires de connectivité aux pays en développement, dont seulement 19% de la population est connectée.  Comment suivre l’évolution de la technologie si une grande partie de la population mondiale n’a pas accès à Internet? a-t-il demandé, avant d’insister sur le caractère « indispensable » d’un accès sûr et abordable à Internet partout dans le monde et tout particulièrement dans les pays en développement.  Le représentant a annoncé que son pays va se porter coauteur du projet de résolution qui s’efforcera de refléter les progrès à réaliser et les problèmes à résoudre. 

Selon M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), l’évolution rapide de la technique a joué un rôle clef dans la pandémie de COVID-19, mais a aussi mis à nu les inégalités et montré que les vulnérabilités ont été exacerbées par la fracture numérique.  Combler cette fracture est possible, pour autant que l’on conjugue nos efforts, renforce les capacités, offre un accès à des infrastructures numériques de qualité et à l’emploi, favorise le développement des petites et moyennes entreprises (PME), notamment dans les zones rurales, et partage les meilleurs pratiques.

Pour réaliser les objectifs de développement durable, a poursuivi le représentant, nous devons adapter nos sociétés pour que les bénéfices des nouvelles technologies soient partagés par tous.  Il a aussi appelé à atténuer les « effets pervers » de ces technologies, à mieux réguler le cyberespace, et à venir à bout des « infox » et de « l’infobésité ».  Le représentant s’est engagé à débattre de ces questions pour parvenir à des résultats constructifs lors du prochain Forum sur la science, la technologie et l’innovation. 

ADOPTION DE RÉSOLUTIONS

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui par consensus une résolution sur la « prévention mondiale de la noyade » (A/75/L.76), présentée par le Bangladesh, coauteur avec l’Irlande.  Aux termes du texte, l’Assemblée décide de proclamer le 25 juillet, « Journée mondiale de prévention de la noyade ».  Elle invite tous les États Membres, les organisations compétentes du système des Nations Unies et les autres organisations mondiales, régionales et sous-régionales, ainsi que les autres parties prenantes, notamment la société civile, le secteur privé, les milieux universitaires et les particuliers, à célébrer chaque année la Journée mondiale, en organisant des activités éducatives et des activités d’échange de connaissances ou d’autres activités de sensibilisation, notamment à la nécessité d’engager d’urgence une action multisectorielle coordonnée pour améliorer la sécurité dans l’eau, le but étant de réduire le nombre de décès évitables. 

En présentant la résolution, le Bangladesh a fait observer que la noyade est une cause de mortalité dans le monde, plus grave encore que la mortalité maternelle ou la malnutrition.  Il a jugé que la prévention de la noyade est tout simplement un « impératif moral et politique ».  Le coût économique des noyades est tout aussi intenable, a-t-il ajouté, en soulignant que c’est la première cause de mortalité infantile dans sa région.  Nous avons donc jugé bon de présenter une résolution pour générer un engagement politique plus large et fournir un cadre de coopération nationale et internationale. 

Heureux de s’associer au consensus, les États-Unis ont réitéré leur réserve à la mention du Programme de développement durable à l’horizon 2030, au Programme de développement durable à l’horizon 2030, au Programme d’action d'Addis-Abeba sur le financement du développement et au Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe. 

En tant qu’État insulaire, l’Irlande a dit bien connaître les promesses de l’eau mais aussi ses dangers.  Elle a exprimé « son immense plaisir » d’être coauteur du texte, aux côtés du Bangladesh, un pays qui se trouve à la ligne de front de la lutte contre la noyade.  La résolution et la toute première Journée mondiale de prévention de la noyade donnent l’occasion de mettre en lumière la nécessité immédiate d’une action internationale « substantielle et stratégique » pour sauver des vies et prévenir des centaines de milliers de morts évitables.

L’Assemblée a ensuite, par une décision unanime, adopté le rapport du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale créé par la résolution 73/27 en date du 5 décembre 2018 (A/75/L.79).

Cuba s’est félicitée de l’engagement de la plupart des délégations autour de la rédaction de ce texte et a salué les modifications apportées aux paragraphes 3, 7 et 9 du rapport final.  Elle a insisté sur la nécessité d’un instrument juridiquement contraignant pour combler les lacunes en matière de cybersécurité et s’attaquer au mieux aux menaces croissantes liées à l’utilisation « malveillante » des technologies de l’information et des communications (TIC).  Elle a par ailleurs regretté que la question de la militarisation du cyberespace n’ait pas été abordée en profondeur. 

L’Iran a appelé les États à un comportement responsable dans le cyberespace, insistant sur le respect de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a reproché au rapport final de ne pas avoir tenu compte de ses points de vue et a dénoncé des contenus « inacceptables » contraires à sa position, sans pour autant se dissocier du consensus. 

Le Nicaragua a en revanche salué le résultat des négociations qu’il a qualifiées de « juste équilibre et fruit d’un processus multilatéral exemplaire ».  Il a estimé que les prochaines négociations du Groupe de travail devraient tenir compte des points de vue du Mouvement des pays non alignés.  Il a aussi plaidé pour que le Groupe de travail revienne à des négociations « paragraphe par paragraphe » afin de faciliter le consensus, conformément à la résolution 75/240. 

Le Venezuela a à son tour qualifié le Groupe de travail de « plateforme inclusive pour des négociations sur un pied d’égalité ».  À son tour, il a appelé à un comportement responsable des États pour prévenir une utilisation « malveillante » des TIC.  Il en a profité pour fustiger, en la matière, les mesures coercitives unilatérales et a particulièrement regretté que cette question n’ait pas été mentionnée dans le rapport du Groupe de travail. 

La résolution proclament le 10 mars Journée internationale des femmes juges (A/75/L.81), et présentée par le Qatar, a également été adoptée par consensus.  Dans ce texte, l’Assemblée générale réaffirme, dans le préambule, que l’égalité des genres et l’avancement de toutes les femmes et de toutes les filles contribueraient de manière déterminante à la réalisation de l’ensemble des objectifs et cibles de développement durable, et que la prise en compte systématique des questions de genre dans la mise en œuvre du Programme 2030 est un élément crucial.  Toujours dans le préambule, elle constate que relativement peu de femmes occupent des fonctions de juge, à tous les niveaux de la magistrature et en particulier dans la haute magistrature et réaffirme que la participation active des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, à tous les niveaux des processus de décision est indispensable pour parvenir à l’égalité, au développement durable, à la paix et à la démocratie.

L’Assemblée invite donc les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et la société civile, y compris les ONG, les établissements universitaires, les associations de femmes juges et les autres parties intéressées, à célébrer la Journée internationale, notamment dans le cadre d’activités d’information et de sensibilisation du public. 

L’Assemblée a aussi adopté par consensus une résolution intitulée « Expression de solidarité et appui au Gouvernement et à la population de Saint-Vincent-et-les Grenadines, ainsi qu’à ceux des pays voisins subissant les effets des éruptions du volcan la Soufrière » (A/75/L.80).  Présentée par le Guyana, au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la résolution exprime la profonde préoccupation de l’Assemblée générale face aux graves conséquences des éruptions explosives du volcan qui se produisent à Saint-Vincent-et-les Grenadines depuis le 9 avril 2021 et qui ont entraîné le déplacement des résidents, privés, en conséquence, de leurs sources de revenus, de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de sécurité sanitaire et d’accès aux infrastructures sociales. 

Toujours dans le préambule, l’Assemblée se dit aussi préoccupée par les effets que les éruptions ont sur les infrastructures de base et sur d’autres secteurs, ainsi que sur les économies des pays voisins, ce qui pourrait nuire aux plans de développement économique et social.  Constatant avec inquiétude le risque accru pour la santé publique que fait courir la propagation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), d’autant plus que les vaccins contre la COVID-19 ne sont pas distribués équitablement, l’Assemblée souligne les besoins et les problèmes particuliers qu’ont Saint-Vincent-et-les Grenadines et les pays voisins sinistrés en tant que petits États insulaires en développement.

L’Assemblée n’oublie pas de saluer l’aide immédiate et généreuse apportée par la Communauté des Caraïbes et les pays voisins, ainsi que d’autres États et organisations nationales, régionales et internationales, en particulier le système des Nations Unies.  Elle salue également l’appel de fonds et le plan d’intervention lancés par l’équipe des Nations Unies pour les Caraïbes orientales et invite la communauté internationale, y compris les institutions financières internationales, à poursuivre ses efforts en vue d’accroître son soutien.

Saint-Vincent-et-les Grenadines a remercié très sincèrement tous les États Membres pour leur appui inestimable et l’adoption unanime d’une résolution qui compte 174 coauteurs.  L’ensemble de la région des Amériques a entendu notre appel, s’est-elle réjouie, avant de souligner que depuis le 9 avril, elle est confronté à une catastrophe qui a bouleversé sa vie et son économie.  Près d’un cinquième de la population a dû être évacué et aujourd’hui, a-t-elle alerté, nous faisons face à un effort de relèvement et de reconstruction « énorme », aggravé par la pandémie de COVID-19, et ce, au début de la saison des ouragans. 

L’appui de la communauté internationale est dès lors « essentiel », a insisté Saint-Vincent-et-les Grenadines, en ajoutant que sans la solidarité immédiate et durable des Nations Unies, des organisations régionales, des voisins et d’autres pays, « notre vie serait très vite insupportable ».  Elle a tenu à rappeler, à cet égard, qu’en l’espace de 24 heures après les premières éruptions explosives, son premier ministre a reçu un appel personnel du Secrétaire général de l’ONU et deux jours plus tard, le Coordonnateur résident des Nations Unies pour la Barbade et la CARICOM est arrivé par bateau car l’espace aérien a dû être fermé.  « Merci », a lancé Saint-Vincent-et-les Grenadines à l’assistance.

Nous devons agir maintenant et ensemble, ont encouragé les États-Unis, pour répondre à l’objectif des Nations Unies de réunir la somme de 29,2 millions de dollars.  Ils ont dit avoir eux-mêmes versé une première enveloppe de 100 000 dollars par le biais de USAID, alors que la NASA a donné 150 000 dollars d’aide qu’il faut ajouter à son expertise, à son analyse logistique et à son appui à la reconstruction.  Les États-Unis ont également dit avoir fourni des fonds pour les évacuations et les efforts de secours.  Exhortant les autres États à se joindre aux efforts, ils ont estimé que « quand nous travaillons ensemble et quand nous adoptons une approche multipartite et multirisques de la réponse aux catastrophes, nous pouvons sauvons des vies et nous pouvons sauver des communautés entières ».  C’est la raison pour laquelle nous sommes ici, ont conclu les États-Unis, et nous en sommes fiers.

À son tour, le Royaume-Uni a expliqué que son approche est basée sur un principe clef: une action rapide pour sauver des vies.  Il a dit avoir versé 1 million de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) ce mois-ci, pour aider 13 000 personnes.  Il a aussi attiré l’attention sur le Programme d’aide au développement de Saint-Vincent-et-les Grenadines doté d’une enveloppe de 55 millions de dollars.

Le Maroc s’est félicité du nombre « impressionnant » de coauteurs et exprimé sa pleine solidarité et sa totale sympathie à Saint-Vincent-et-les Grenadines et aux pays voisins.  Il a appelé à un soutien international « multidimensionnel et de grande envergure », avant de rappeler les relations de partenariat multidimensionnel qu’il entretient avec ces pays, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud fructueuse et agissante.  Nous ne ménagerons aucun effort pour soutenir leur développement socioéconomique durable, a promis le Maroc.

Pour finir, l’Assemblée générale a adopté, une nouvelle fois consensus, une résolution sur la « coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation du Traité de sécurité collective » (A/75/L.78).  Par ce texte présenté par le Tadjikistan, l’Assemblée prend note de l’essor des échanges, mutuellement bénéfiques, entre les deux organisations.  Elle se félicite que l’Organisation du Traité de sécurité collective s’emploie résolument, en prenant des mesures pratiques, à renforcer ses capacités de maintien de la paix et le dispositif de sécurité et de stabilité régionales, à lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogues et d’armes, les migrations irrégulières et la traite d’êtres humains, ainsi qu’à favoriser la reprise des activités après une catastrophe naturelle ou anthropique. 

L’Assemblée invite le Secrétaire général de l’ONU à continuer de tenir des consultations régulières avec son homologue de l’Organisation du Traité de sécurité collective et engage les deux organisations à poursuivre leurs échanges afin d’appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU de façon cohérente et intégrale et à continuer de réfléchir à des moyens de renforcer encore leurs échanges dans le domaine du maintien de la paix. 

L’Ukraine s’est dissociée du consensus sur un texte qui reste muet sur les politiques agressives et l’impérialisme de la Fédération de Russie dans la région. 

Le Mexique a contesté la pertinence du paragraphe 2 du dispositif qui semble entretenir la confusion entre les concepts très différents « d’immigration irrégulière » et de « traite d’êtres humains ». 

Pour les mêmes raisons que l’Ukraine, la Géorgie s’est dissociée du consensus.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: Le DCG appelé une nouvelle fois à passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production multilingue »

Quarante-troisième session,
3e séance – matin
PI/2293

Comité de l’information: Le DCG appelé une nouvelle fois à passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production multilingue »

Au deuxième jour de sa session 2021, le Comité de l’information a entendu, ce matin, de nouveaux appels en faveur de la pleine réalisation du multilinguisme aux Nations Unies.  Comme le disait hier le Groupe des amis de l’espagnol au sein de l’Organisation, le Département de la communication globale (DCG) devrait passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production dans les six langues officielles ».  Beaucoup de délégations ont aussi plaidé pour l’utilisation d’autres langues.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui a dûment salué le travail de la Section des communiqués de presse ou encore d’ONU-Info, a constaté que le multilinguisme à beau contribuer directement à l’efficacité de l’action multilatérale, notamment dans la réponse à la crise sanitaire actuelle ou encore dans la lutte contre la désinformation, sa mise en œuvre dans le cadre onusien « demeure aujourd’hui inachevée ».

À la lumière du dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme et de ses échanges avec les missions diplomatiques francophones, l’OIF a insisté sur l’importance de produire davantage de contenus dans l’ensemble des six langues officielles des Nations Unies.  Elle a ainsi soutenu que « la traduction de contenus produits en anglais ne peut se substituer à une production dans d’autres langues », car une langue, outre sa vocation d’outil de communication, « véhicule une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir ». 

Plaidant pour que cette question soit prise en compte dès la phase de planification des actions et stratégies de communication de l’ONU, l’OIF a fait observer que les « normes minimales » pour le multilinguisme des sites Web de l’ONU ne sont pas encore appliquées de manière cohérente dans toutes les entités du Secrétariat.  Il en résulte un nombre important d’actions et de manifestations onusiennes promues « dans une langue unique », ce qui ne permet pas à l’ensemble des États Membres de s’engager sur un pied d’égalité et, de ce fait, « affaiblit l’Organisation ». 

De même, alors que les médias et réseaux sociaux ont connu un développement exponentiel durant la pandémie de COVID-19, l’OIF a déploré que les entités du Secrétariat produisent des contenus « essentiellement en anglais ».  Elle a espéré que les travaux du Comité de l’information permettront d’aborder ces situations qui ont un « impact direct » sur la réalisation du multilinguisme.  Pour sa part, a-t-elle indiqué, la Francophonie a mis en place un « dispositif de veille, d’alerte et d’action » pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales. 

Sur cette même ligne, le Groupe des ambassadeurs francophones (GAF) s’est dit « résolument engagé en faveur de la défense de la diversité linguistique et culturelle dans l’ensemble des processus onusiens ».  Par la voix de la Côte d’Ivoire, il a demandé au DCG de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues.  Pour veiller à ne laisser personne de côté, il importe aussi, selon le GAF, de continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication. 

Le Groupe a appelé au renforcement de la Radio des Nations Unies pour qu’elle puisse diffuser les informations auprès des populations locales, dans les langues officielles comme dans certaines langues locales.  Il a également encouragé les efforts déployés dans les centres d’information des Nations Unies.  Un avis pleinement partagé par l’Afrique du Sud, selon laquelle ces centres jouent un rôle essentiel dans la promotion des objectifs et des activités de l’ONU dans le monde.  Citant en exemple ceux du Caire, de Mexico et de Pretoria, qui travaillent avec les centres des pays voisins pour développer des plans de communication à résonance régionale, l’Afrique du Sud a encouragé la poursuite de tels efforts sur le continent africain. 

En ces temps où la désinformation engendre peur et instabilité, ces centres permettent de donner « un accent local à des messages mondiaux » et aident à « rapprocher l’ONU des personnes qu’elle sert ».  L’Iran en a profité pour rappeler que le persan est parlé par plus de 100 millions de personnes dans le monde.  Face à la pandémie et à toutes les crises, présentes ou futures, a renchéri le Liban, il est crucial de diffuser, en plusieurs langues, des informations concrètes, exactes et fondées sur la science, ce qui nécessite, pour relever le défi de l’« infox », une action conjointe de l’ONU, des médias sociaux, des individus et des grandes entreprises. 

Les grandes entreprises d’Internet ont été vivement critiquées par la Fédération de Russie.  L’autoroute de l’information, a-t-elle dit, est censé être « un mode de communication libre, transparent et respectueux du droit international », mais au lieu de cela, il s’est retrouvé otage des géants de son industrie lesquels s’arrogent le droit de refuser certains contenus, forts de leur « monopole » et de leur « dictature numérique ».  La Fédération de Russie s’est dite préoccupée par ces « oligarques occidentaux » qui rendent impossible la liberté d’expression sur Internet et écartent même des responsables élus des canaux de communication.  Le Secrétaire général de l’ONU parle d’« infodémie » mais nous, nous voyons une « véritable arme de destruction massive », a tranché la Fédération de Russie.  Elle n’a pas été la seule. 

L’Iran a aussi accusé certains pays de tirer parti de leur « situation monopolistique » sur les TIC pour « fabriquer des réalités » et « ternir l’image des autres ».  Il s’est, dans ce contexte, dit inquiet du climat de haine contre l’islam, favorisé par la « rhétorique enflammée » de personnalités politiques occidentales. 

Le Comité de l’information, qui a ainsi achevé son débat général, a prévu de tenir des négociations à huis-clos, avec l’idée d’adopter son rapport final le 7 mai prochain. 

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL (A/AC.198/2021/2, A/AC.198/2021/3, A/AC.198/2021/4)

Au nom du Groupe des ambassadeurs francophones (GAF), M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a décrit son groupe comme étant « résolument engagé en faveur de la défense de la diversité linguistique et culturelle dans l’ensemble des processus onusiens ».  Il a souligné l’importance du multilinguisme qui est le fondement d’un multilatéralisme effectif; les instances internationales étant vouées par essence au dialogue et à la négociation.  Il a réaffirmé que la communication sur l’action des Nations Unies est un levier de plus en plus essentiel dans la réalisation des missions de l’ONU, compte tenu de l’extraordinaire développement des médias sociaux et d’Internet.  En effet, a-t-il noté, l’information et la communication participent directement de la lutte contre la pandémie, de même qu’elles s’imposent comme des instruments privilégiés de la lutte contre la désinformation et les discours de haine. 

La Côte d’Ivoire a suggéré, à l’attention du Secrétariat, cinq points qui devraient faire l’objet d’une attention prioritaire.  Chaque pays devrait disposer des mêmes opportunités d’accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU.  Il est impératif de parvenir à ce que l’ensemble des stratégies, documents d’analyse et d’information, développés notamment dans le cadre de la réponse à la pandémie de COVID-19 et de la lutte contre la désinformation, soient pleinement disponibles dans les six langues officielles des Nations Unies.  Les langues, a insisté la Côte d’Ivoire, ont un impact sur la substance et sur les politiques.  Il est par conséquent crucial de ne pas seulement traduire les contenus mais de produire ces contenus dans d’autres langues, afin de véritablement refléter la diversité culturelle et de pensée. 

C’est la raison pour laquelle le Groupe, a dit la Côte d’Ivoire, exhorte le Département de la communication globale (DCG) à assurer un emploi équilibré des six langues officielles sur les sites Internet du Secrétariat en vue de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues, et ce, de manière à accroître la portée de l’action des Nations Unies, et sa compréhension, à un plus large public.  Le dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme confirme que les entités du Secrétariat ont continué d’élargir leur présence multilingue en ligne, a relevé le représentant, tout de même préoccupé par le fait que les normes minimales du multilinguisme sur les sites Internet de l’ONU, élaborées par le DCG, ne soient pas encore appliquées de manière cohérente. 

Pour ne laisser personne de côté, il importe, a poursuivi le représentant, de continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication.  Il a salué à cet égard l’ensemble des réalisations d’ONU-Info, et a appelé au renforcement de la Radio des Nations Unies pour qu’elle puisse diffuser les informations auprès des populations locales, dans les langues officielles tout comme dans certaines langues locales.  Elle a également encouragé les efforts déployés dans les centres d’information des Nations Unies pour permettre de diffuser et sensibiliser le plus grand nombre à l’action de la communauté internationale.

Par ailleurs, dans le cadre des manifestations organisées par les organes principaux des Nations Unies, la Côte d’Ivoire a jugé indispensable que le matériel de communication, les bannières, les vidéos et les logos, qui sont portés à la connaissance des populations du monde entier, ne soient pas rendus disponibles que dans une seule langue.  Enfin, compte tenu de l’impact des langues sur la culture de travail au sein de l’Organisation, le représentant a dit vouloir promouvoir « ardemment » la diversité linguistique au sein du personnel onusien.  C’est aussi la raison pour laquelle le multilinguisme doit être davantage assuré dans les communications internes de l’Organisation, a-t-il conclu.

À titre national, M. ADOM (Côte d’Ivoire) a commencé par féliciter le Comité de l’information pour les conclusions de sa quarante-deuxième session qui s’est tenue dans des conditions particulières, en raison de la pandémie de la COVID-19.  Ce contexte sanitaire sans précédent a généré de multiples défis, a-t-il noté, en citant la propagation de fausses nouvelles, la désinformation et les publications virales qui se répandent plus vite que le virus en ces temps difficiles où l’humanité a plus que jamais besoin d’informations crédibles et rassurantes.  Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire a rendu hommage au Secrétaire général ainsi qu’au DCG pour les mesures urgentes qu’ils ont prises pour lutter contre la pandémie, à travers des campagnes de sensibilisation notamment sur les réseaux sociaux, pour apporter des informations actuelles, scientifiques et crédibles sur la COVID-19. 

Dans la même veine, le représentant s’est réjoui de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur la « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », afin de lutter efficacement contre la désinformation et la mésinformation.  Il a également salué les mesures et les initiatives prises par DCG pour assurer la couverture des activités des Nations Unies et la continuité du service, en dépit de la situation sanitaire difficile.  Il a toutefois appelé à davantage d’efforts afin de rendre effectif le multilinguisme au sein de l’ONU et de contribuer ainsi à l’efficience de la communication entre les États Membres.

Alors que la crise sanitaire liée à la COVID-19 a mis en exergue la nécessité de poursuivre des actions visant à rendre la communication des Nations Unies plus rapide, plus stratégique et plus intégrée, pour permettre une meilleure sensibilisation aux thématiques majeures telles que la paix et la sécurité internationale, les changements climatiques, le développement durable, la migration et le respect des droits de l’homme, le représentant a reconnu les mérites des nouvelles plateformes de communication et d’information basées sur le numérique, surtout Internet et les réseaux sociaux, pour toucher un public plus large.  Il a cependant appelé à la réduction du fossé numérique entre les États Membres, estimant que l’émergence de ces nouveaux canaux ne doit pas contribuer aux déclins des plateformes traditionnelles de communication que sont la presse écrite, la radio et la télévision auxquelles demeure attaché un nombre considérable de personnes à travers le monde.  Il s’agit, pour le DCG, de trouver un juste équilibre afin de porter au mieux la voix des Nations Unies et accroître sa visibilité auprès de tous les peuples de langues et de cultures diverses, a conclu la Côte d’Ivoire.

M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a noté à son tour qu’avec la pandémie de COVID-19, tous les pays du monde se sont heurtés à une vague de désinformation nuisible aux efforts de santé publique.  Il a déploré, entre autres exemples, que certains aient laissé entendre que le vaccin contre le virus pouvait altérer l’ADN.  Le problème lié à la désinformation est, selon lui, amplifié par la rapidité extrême avec laquelle se diffusent les fausses nouvelles et l’appui dont elles bénéficient de la part de personnes influentes.  Avec la propagation exponentielle de la pandémie, a fait valoir le délégué, il est essentiel de diffuser des informations concrètes, exactes, fondées sur la science et multilingues, ce qui nécessite une action conjointe de l’ONU, des grandes entreprises, des médias sociaux et des individus eux-mêmes pour relever le défi de « l’infox ».  C’est d’autant plus important que le monde doit se préparer aux crises qui pourraient surgir à l’avenir, et ce, sans remettre en cause l’indépendance des médias. 

Pour le Liban, cet effort collectif doit s’appuyer sur une action coordonnée des secteurs public et privé, et sur des campagnes de sensibilisation du plus grand nombre de personnes.  Il doit aussi donner aux individus les moyens de s’approprier la technologie.  Dans cet esprit, le représentant a salué les campagnes onusiennes qui permettent de fournir des informations exactes et opportunes dans plusieurs langues, notamment l’initiative Only Together et l’opération Verified contre la désinformation.  Selon lui, il importe de lutter contre cette « infodémie » tout en respectant la liberté d’opinion. 

Mme PATRICIA HERDT, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé sa mobilisation de longue date en faveur de la pleine réalisation du multilinguisme aux Nations Unies.  Elle a toutefois constaté que cette mise en œuvre « demeure aujourd’hui inachevée », alors même que le multilinguisme contribue directement à l’efficacité de l’action multilatérale et qu’il améliore les résultats, notamment dans le cadre de la gestion de la réponse à la crise sanitaire ou encore de la lutte contre la désinformation. 

Saluant les efforts déployés par le DCG au cours de l’année écoulée ainsi que l’ensemble de ses réalisations, notamment le travail de la Section des communiqués de presse, d’ONU-Info et des centres d’information des Nations Unies, l’OIF a aussi exprimé sa reconnaissance au Département pour les initiatives menées de concert ces derniers mois avec les sections des services Internet et des services audiovisuels, ainsi qu’avec la Bibliothèque des Nations Unies.  Elle a par ailleurs réitéré l’importance de la célébration des journées des langues officielles, qui représentent, selon elle, de « vraies opportunités pour rappeler l’étendue des enjeux liés au plein respect de la diversité linguistique ». 

Sur la base du dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme et du travail mené avec les missions diplomatiques francophones, Mme Herdt a insisté sur l’importance de produire davantage de contenus dans l’ensemble des six langues officielles des Nations Unies.  En effet, a-t-elle fait valoir, « la traduction de contenus produits en anglais ne peut se substituer à une production dans d’autres langues ».  À ses yeux, une langue n’est « pas seulement un outil de communication », elle véhicule « une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir ». 

Autre point d’attention mis en avant par l’OIF: la nécessité d’intégrer le multilinguisme dans la phase de planification des actions et stratégies de communication, notamment pour une allocation équitable des ressources budgétaires entre les langues officielles.  Elle a estimé d’autre part que les « normes minimales » pour le multilinguisme des sites Web de l’ONU ne sont pas encore appliquées de manière cohérente dans toutes les entités du Secrétariat.  Il en résulte, selon elle, un nombre important d’actions et de manifestations onusiennes promus dans une langue unique, ce qui ne permet pas à l’ensemble des États Membres de s’engager sur un pied d’égalité et, de ce fait, « affaiblit l’Organisation ». 

S’agissant du développement exponentiel des médias et réseaux sociaux, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19, l’OIF a déploré que les entités du Secrétariat, notamment du fait de l’insuffisance des ressources humaines, produisent du contenu pour les médias sociaux « essentiellement en anglais ».  Elle a espéré que les travaux du Comité de l’information permettront d’aborder ces situations qui ont un impact direct sur la réalisation du multilinguisme. 

Pour sa part, a-t-elle souligné, la Francophonie continue de travailler de manière « concrète et créative » à la réalisation pleine et entière de la diversité linguistique dans les organisations internationales.  Conformément au mandat que lui ont confié ses États et gouvernements membres, l’OIF a mis en place un dispositif de veille, d’alerte et d’action pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales, à l’initiative de sa Secrétaire générale, Mme Louise Mushikiwabo.  Ce dispositif, a-t-elle précisé, a pour objectif de remobiliser l’ensemble des acteurs de la Francophonie institutionnelle en faveur de la langue française dans les organisations internationales.  Elle permettra aussi de passer à une « vigilance continue » au niveau de ces organisations, en effectuant une veille plus systématique quant au respect du multilinguisme. 

Mme MARIA ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a estimé que le DCG s’est pleinement acquitté de ses tâches malgré les difficultés et les nouvelles orientations du travail, en raison de la pandémie.  Internet, a-t-elle dit, est censé être « un mode de communication libre, transparent et respectueux du droit international », mais au lieu de cela, il s’est retrouvé l’otage des géants de son industrie.  La représentante a dénoncé les « problèmes » de la liberté d’expression sur ces grands réseaux sociaux qui refusent la publication de certains contenus et sapent l’architecture de la communication globale.  Il faut s’attaquer à ces monopoles pour préserver la transparence de l’internet, a estimé la Fédération de Russie, inquiète d’une véritable menace qui voit les « oligarques occidentaux » recourir à la censure et faire fi des normes internationales.  Il n’est plus possible, a-t-elle affirmé, de s’exprimer librement sur Internet et même des responsables élus peuvent à tout moment être écartés des canaux de communication. 

La représentante s’est agacée de cette « dictature numérique » et a réclamé une utilisation d’Internet fondée sur le droit international.  Nous sommes les témoins d’une érosion de la liberté d’expression où on tente par tous les moyens possibles d’empêcher le travail de certains médias, a-t-elle poursuivi.  En revanche, d’autres ont le loisir de diffuser des informations délibérément mensongères et de contribuer à la désinformation.  « Le virus de la désinformation ne connaît plus de limites », s’est emportée la Fédération de Russie.  Le Secrétaire général parle d’« infodémie » mais nous, nous voyons une « véritable arme de destruction massive » qui exige de l’ONU qu’elle déploie des efforts supplémentaires pour aider les États.  Les médias et l’information ne sauraient participer à un jeu politique et l’ONU doit tout mettre en œuvre pour éviter la politisation de l’espace médiatique, a martelé Mme Zakharova.

Pour ce qui est du multilinguisme, elle s’est dite satisfaite de la diffusion d’informations en langue russe et de la collaboration du DCG avec des médias russes.  Elle s’est félicitée de la popularité des réseaux sociaux russes liés à l’ONU « en dépit du rôle dominant de l’anglais qui perdure ».  Elle a demandé plus d’informations dans les six langues officielles de l’ONU, y compris en russe.  Certaines coupes budgétaires peuvent entraver ce travail, a concédé la délégation, mais cela reste impératif en tant qu’organisation internationale.  Quand ils ont créé l’ONU, les Pères fondateurs ont instauré le multilinguisme, alors qu’au lendemain de la Deuxième Guerre mondiales, ils auraient pu invoquer le manque de moyens pour éviter la question, s’est impatientée la représentante.  Quant aux « spéculations » de l’Ukraine sur les prétendus problèmes de liberté d’expression en Crimée, elle a assuré y avoir créé les conditions propices au pluralisme et au multilinguisme.

Mme DIYANA SHAISTA TAYOB (Afrique du Sud) a salué les efforts déployés par le DCG pour sensibiliser le public et soutenir le travail des Nations Unies à travers des campagnes de communication stratégique, ainsi que par le truchement des médias et de groupes de la société civile.  À cet égard, la représentante a souligné le rôle essentiel que jouent les centres d’information des Nations Unies dans la promotion des objectifs et des activités de l’Organisation.  Elle a cité en exemple les centres d’information du Caire, de Mexico et de Pretoria, qui sont chargés de travailler stratégiquement avec les centres des pays voisins afin de développer des plans de communication qui ont une résonance particulière dans leurs régions respectives.  Nous encourageons la poursuite des efforts de collaboration sur le continent africain pour sensibiliser le public sur le travail et les activités des Nations Unies et approfondir l’interaction avec les civils locaux, a-t-elle indiqué.

En traduisant les documents d’information dans les langues locales, en échangeant avec les leaders d’opinion, en publiant des articles de hauts fonctionnaires des Nations Unies dans les médias nationaux et en organisant des campagnes de sensibilisation, le réseau des centres d’information des Nations Unies est un des principaux moyens par lesquels l’ONU fait progresser son rayonnement dans le monde, a insisté l’Afrique du Sud.  En ces temps où la désinformation engendre peur et instabilité, ces centres sont, selon elle, en mesure de rétablir le calme en donnant « un accent local à des messages mondiaux » et en aidant à « rapprocher l’ONU des personnes qu’elle sert ».

Observant d’autre part que la pandémie de COVID-19 a fait entrer le monde dans une réalité virtuelle et a entraîné une numérisation sans précédent, la représentante s’est félicitée de ce que la « puissance de la technologie » ait permis de révolutionner certains domaines, à commencer par l’éducation.  Elle a cependant constaté que les groupes vulnérables et les populations rurales ont été laissés pour compte.  L’année écoulée a rappelé la nécessité urgente de lutter contre la fracture numérique et de faire davantage pour aider les pays en développement à combler le « fossé de la connectivité », a-t-elle ajouté, jugeant que cet effort est essentiel pour garantir que la sensibilisation au travail des Nations Unies « atteint le plus grand nombre de personnes possible dans toutes les régions ». 

Avant de conclure, l’Afrique du Sud a tenu à saluer les campagnes de communication du DCG, en particulier l’initiative Only Together annoncée par le Secrétaire général en mars.  Cette campagne, qui vise à promouvoir un accès juste et équitable aux vaccins contre la COVID-19 dans le monde, souligne la nécessité de « réponses collectives unifiées », a-t-elle relevé, avant de rappeler qu’aucun pays ne peut surmonter cette crise de manière isolée. 

M. KHATIBZADEH (République islamique d’Iran) a salué l’action du Comité de l’information et rappelé qu’il est le principal organe intergouvernemental chargé de fournir des orientations sur les politiques de l’ONU en matière d’information publique.  Il a également réaffirmé son appui au DCG dont le rôle est d’autant plus crucial dans la période actuelle marquée par des différentes formes de désinformation.  La délégation s’est ensuite alarmée des disparités dans l’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC).  Elle a également déploré que certains pays tirent parti de leur situation de « monopole » sur les TIC pour « fabriquer des réalités » et « ternir l’image de certains pays ».  Une telle situation est préjudiciable et requiert l’attention de la communauté internationale, a-t-elle souligné, avant d’appeler les Nations Unies à tout faire pour combler la fracture numérique croissante entre les pays et mettre fin cette tendance délétère pour le monde en développement. 

Réduire cette fracture et mettre les TIC au service des pays en développement est impératif et le DCG doit y jouer un rôle, en sensibilisant l’opinion publique mondiale, a insisté le représentant, non sans souhaiter que les mesures prises à cette fin soient compatibles avec les principes de la Charte de l’ONU.  Il s’est également élevé contre les abus dont la diffusion d’« infox » sur les pays en développement.  Ces agissements exigent des mesures urgentes pour sauver des vies et préserver les systèmes de soins de santé, a-t-il souligné, dénonçant à cet égard l’impact des mesures coercitives unilatérales qui imposent des fardeaux économiques et commerciaux aux pays ciblés et limitent leur capacité d’intervention face à la pandémie.  La délégation a réitéré son appel à la coopération internationale, conformément aux dispositions de résolution omnibus adoptée par l’Assemblée générale en septembre dernier. 

Le représentant s’est d’autre part déclaré préoccupé par le climat de haine contre l’islam, favorisé par la « rhétorique enflammée » de personnalités politiques occidentales.  Le moment est venu de condamner l’islamophobie et de protéger les musulmans du monde entier contre ces manifestations d’intolérance, a-t-il plaidé.  Enfin, le représentant a noté qu’il existe une demande croissante de contenus et d’informations dans des langues autres que les six langues officielles de l’ONU.  Il a donc appelé le Secrétariat à faire en sorte que ses produits paraissent dans d’autres langues, notamment en persan, langue parlée par plus de 100 millions de personnes dans le monde et « source de solidarité entre plusieurs nations ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: Applaudissements devant l’action du Département de la communication globale contre l’« infodémie » qui a accompagné la pandémie de COVID-19

Quarante-troisième session,
1re & 2e séances – matin & après-midi
PI/2292

Comité de l’information: Applaudissements devant l’action du Département de la communication globale contre l’« infodémie » qui a accompagné la pandémie de COVID-19

Au fur et à mesure que la pandémie de COVID-19 se propageait, nous nous retrouvions confrontés à une véritable « infodémie »: un foisonnement de fausses nouvelles et de désinformation et une vague de discours de haine pour saper la santé publique dans le monde, souvent avec des conséquences fatales, et pour nous diviser.  C’est en ces termes que Mme Melissa Fleming, Secrétaire général adjointe à la communication globale de l’ONU, a décrit, à l’ouverture de la session annuelle du Comité de l’information, le contexte dans lequel son Département opère depuis mars 2020.

Pour le Département de la communication globale (DCG), qui venait tout juste de lancer sa nouvelle stratégie, il ne s’agissait pas, a poursuivi Mme Fleming, de se contenter de relayer tout simplement des informations « à sens unique » mais de faire en sorte que l’ONU mène le débat, d’inciter les gens à se saisir des questions évoquées et de les encourager à agir.  Le DCG a maintenu le cap, en s’efforçant toujours de toucher les publics dans les langues qu’ils parlent, sur les plateformes qu’ils utilisent et avec un contenu et des messages adaptés.

« Une ONU qui communique dans plusieurs langues mais d’une seule voix », s’est réjoui le Groupe des Amis de l’espagnol, rejoignant le Groupe des 77 et de la Chine qui a insisté sur la centralité du multilinguisme pour le multilatéralisme.

En utilisant la stratégie de communication globale comme « boussole », le Département, a encore expliqué la Secrétaire générale adjointe, a développé la campagne Verified, une initiative mondiale et multilingue contre la désinformation et l’ignorance, menée avec des partenaires petits et grands, y compris des particuliers, pour partager des informations fiables et fondées sur la science et des histoires de solidarité autour de la COVID-19.  Les résultats en ont été « remarquables », compte tenu de « l’appétit du monde » pour des faits clairs et des histoires positives. 

Plus récente, la campagne Only Together, une des dimensions de Verified, a été conçue pour promouvoir l’équité dans l’accès aux vaccins.  Le DCG a reçu le soutien « direct » de représentants de plus de 60 États Membres.  « Le travail du DCG sur le virus a été crucial pour ce qui est de fournir des informations rigoureuses et dissiper les incertitudes de la population en ce qui concerne la sûreté des vaccins », a commenté l’Union européenne.

Pour la Chef du DCG, adapter la stratégie de communication globale va plus loin qu’une réflexion sur la manière de parler des objectifs de développement durable ou encore des droits de l’homme.  Cela signifie adapter les structures et les processus.  La Secrétaire générale adjointe a donné l’exemple de l’équipe dédiée à la communication sur le climat qui est, soutenue par un « laboratoire du climat ». 

Le Département a l’intention d’adopter cette approche intégrée pour sa communication sur les principaux sommets et conférences des Nations Unies, y compris le Sommet sur les systèmes alimentaires en septembre et les prochaines manifestations de haut niveau sur la biodiversité, les océans, l’énergie et les transports, ou encore pour le Plan d’action de l’ONU pour la lutte contre les discours de haine et la campagne multimédia sur le maintien de la paix.  Cette nouvelle stratégie de communication vise à renforcer et élargir les messages de l’ONU grâce aux moyens de communication numériques et à des collaborations et partenariats plus larges.

Déjà, a indiqué la Secrétaire générale adjointe, nous voyons une augmentation « incroyable » de l’audience multilingue sur toutes les plateformes de l’ONU: les consultations sont montées en 2020 à quelque 41 millions d’utilisateurs et à plus de 70 millions de pages vues dans les neuf langues, par rapport à 10 millions d’utilisateurs l’année précédente et à peu près 25 millions de pages vues.

Tout en applaudissant l’agilité et l’efficacité dont a fait preuve le DCG pendant l’année écoulée, les délégations ont insisté sur la parité linguistique entre les six langues officielles de l’ONU.  Le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies a prié le Département de passer d’une « culture de la traduction » à une véritable culture de la production de contenus authentiques.  Le bengali, le hindi et le portugais sont également des langues à soutenir, comme l’a souligné le Groupe des 77 qui a mis en exergue le rôle que peuvent jouer les centres d’information des Nations Unies pour diffuser, dans les langues locales, des informations sur les travaux et les activités de l’Organisation et faire prendre conscience des défis auxquels la communauté mondiale est actuellement confrontée.

En début de séance, le Comité de l’information a élu par acclamation M. Christian Espinosa, de l’Équateur, à sa présidence pour 2021-2022; et MM. Angelito Nayanand, des Philippines, et Darren Camillerito, de Malte, à ses vice-présidences.  Celles qui reviennent au Groupe des États d’Afrique et à celui des États d’Europe seront pourvues ultérieurement.  M. Camillerito assumera aussi les fonctions de rapporteur.  Par ailleurs, la Lettonie est devenue membre du Comité de l’information.

OUVERTURE DE LA SESSION

Déclarations liminaires

M. OMAR HILALE (Maroc), Président sortant du Comité de l’information, a indiqué que, lors de son élection voilà deux ans, il s’est attaché à établir une véritable collaboration entre le Comité et le Département de la communication globale (DCG) nouvellement rebaptisé.  « Avec le recul, cela s’est produit », s’est-il félicité avant de reconnaître que nul n’avait prévu la crise sans précédent liée à la pandémie de COVID-19.  Il a salué à cet égard les efforts déployés par la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, et par tout le Département pour s’adapter à ce « nouvel environnement » et atténuer l’impact de la COVID-19.  De son côté, le Comité a dû faire preuve de créativité et de souplesse, notamment pour la tenue de la session de septembre dernier, a expliqué M. Hilale. 

Notant que l’ONU et les gouvernements ont travaillé main dans la main pour faire face à la crise, il a applaudi le fait que les États Membres aient appuyé les efforts du DCG visant à lutter contre les mensonges et les théories du complot.  L’un des aspects les plus dangereux de la crise actuelle est « l’infodémie », cette « floraison d’intox » qui a parfois nui à la santé publique, a-t-il noté, affirmant avoir suivi la ligne imprimée par Mme Fleming dans l’ensemble de l’Organisation pour faire face à ce phénomène.  « Les vainqueurs de la guerre sont ceux qui savent préserver la paix », a-t-il dit en conclusion, remerciant Mme Fleming pour son leadership et son appui au Comité. 

Ouvrant les travaux de la session, le Président élu du Comité de l’information pour 2021 et 2022, M. CHRISTIAN ESPINOSA (Équateur) a mis l’accent sur la lutte contre la désinformation dans le contexte de la pandémie de COVID-19; les mêmes instruments de communication efficaces, flexibles et participatifs pouvant être utilisés à mauvais escient et pervertis pour répandre des mensonges, propager des rumeurs et des peurs injustifiées, voire provoquer de la violence et des troubles.  Le Comité de l’information attend donc du Département de la communication globale (DCG) qu’il continue d’atténuer ces risques, en temps voulu, comme il l’a fait avec la campagne Verified, lancée quelques semaines à peine après le début de la pandémie.

M. Espinosa est aussi revenu sur la résolution 69/324 de l’Assemblée générale qui reconnaît que le multilinguisme favorise la diversité et la compréhension, estimant qu’il est du devoir du Comité d’appuyer pleinement son intégration dans toutes les activités des Nations Unies.  À cet égard, il a remercié le DCG des efforts qu’il déploie pour garantir le multilinguisme dans ses produits et services, « même s’il reste encore beaucoup à faire ».  Le 23 avril dernier, les Journées de la langue anglaise et de la langue espagnole ont été commémorées, a rappelé le Président.  La coïncidence de ces deux journées le même jour nous offre une leçon: « les langues officielles de cette organisation sont destinées à coexister dans l’harmonie et l’équité et non pas de manière séparée ou hiérarchisée ».  De même, le 20 avril, nous avons commémoré la Journée de la langue chinoise, a aussi rappelé le Président, avant de paraphraser Confucius: « La vertu ne va jamais seule, elle attire toujours des imitateurs. »  Il en va de même des langues qui n’ont pas été conçues pour vivre en autonomie, a souligné M. Espinosa.  Il a voulu que cette session soit l’aube du retour de l’espoir après cette année de pandémie. 

La Secrétaire général adjointe à la communication globale, Mme MELISSA FLEMING, a fait le point sur le travail du Département de la communication globale (DCG) « au cours de cette année d’immenses défis, avec cependant aussi des lueurs d’espoir et de possibilités ».  Il y a à peine un an, a-t-elle rappelé, le monde a été collectivement confiné.  Au fur et à mesure que la pandémie se propageait, il est très vite devenu clair que nous étions parallèlement confrontés à une « infodémie »: un foisonnement de fausses informations et de désinformation et une vague de discours de haine pour saper la santé publique dans le monde, souvent avec des conséquences fatales, pour nous diviser.  Cette « infodémie » a immédiatement été un test pour la stratégie de communication globale des Nations Unies, au moment où le Département commençait juste à déployer une approche applicable à n’importe quelle question.

Cette approche, a expliqué Mme Fleming, se fonde sur la vision de l’ONU d’un monde où chacun prospère dans la paix, la dignité et l’égalité, sur une planète saine.  Cette démarche s’organise autour de ce qu’elle a appelé les « 3 W » en anglais: « What?  Why care?  What now? »  Au DCG, a-t-elle affirmé, nous nous posons ces questions chaque fois que nous sommes confrontés à un problème de communication.  Nous ne nous contentons pas d’une approche qui consiste à relayer tout simplement des informations et à se lancer dans une communication « à sens unique ».  L’objectif est de faire que l’ONU mène le débat, d’inciter les gens à se saisir des questions évoquées et de les encourager à agir. 

Indépendamment du thème, le DCG s’efforce de toucher les publics dans les langues qu’ils parlent et sur les plateformes qu’ils utilisent avec un contenu et des messages adaptés.  Cette personnalisation s’étend même aux segments de la population, a encore expliqué la Secrétaire générale adjointe, en parlant de l’importance qu’accorde son département à la nécessité de cibler les jeunes.  D’ailleurs, a-t-elle rappelé, au début de ce mois-ci, le Forum annuel des jeunes du Conseil économique et social (ECOSOC), coorganisé par le DCG, a offert un espace virtuel permettant à plus de 10 000 jeunes de participer activement à des discussions sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et sur les moyens de se relever au mieux de la pandémie.

En utilisant la stratégie de communication globale comme « boussole », le Département a développé la campagne Verified, une initiative mondiale et multilingue contre la désinformation et l’ignorance, menée avec des partenaires petits et grands, y compris des particuliers, pour partager des informations fiables et fondées sur la science et des histoires de solidarité autour de la COVID-19.  Les résultats, s’est réjouie la Secrétaire générale adjointe, ont été remarquables.  Elle y a vu la preuve de « l’appétit du monde » pour des faits clairs et des histoires positives.  Mme Fleming a promis de montrer cet après-midi aux délégations les retombées de cette campagne, y compris de Only Together, une des dimensions de Verified pour promouvoir l’équité s’agissant des vaccins, pour laquelle le DCG a reçu le soutien « direct » des représentants de plus de 60 États Membres. 

Mme Fleming s’est dite honorée par le fait que plus de 180 États Membres aient appelé à coopérer avec l’initiative Verified, comme le dit la Déclaration politique sur l’accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, lancée le mois dernier.  Elle a salué la résolution de l’Assemblée générale qui proclame une nouvelle Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information et « qui reconnaît nos efforts par le biais de Verified pour contrer la prolifération de la désinformation pendant la pandémie de COVID-19 ».  Elle a également mis en avant le rôle joué par les réseaux des centres d’information des Nations Unies (CINU) et des coordonnateurs résidents pour diffuser auprès des publics locaux des contenus originaux et taillés sur mesure.

Au-delà de la campagne Verified, la communication plus large sur la COVID-19 a cherché à positionner l’ONU comme la principale voix dans la riposte à la pandémie.  Le portail Web sur le coronavirus dans les six langues officielles, la communication interne avec le personnel et la promotion des notes d’orientation du Secrétaire général sur les différentes dimensions de la crise sont trois exemples de la façon dont le DCG a travaillé pour renforcer la crédibilité et la confiance, en créant et en diffusant des contenus exacts et faisant autorité.

Pour la Chef du DCG, adopter la stratégie de communication globale signifie bien plus que repenser la manière dont on pourrait parler d’une question telle que les objectifs de développement durable ou les droits de l’homme.  Cela signifie adapter ses structures et ses processus.  À titre d’exemple, elle a parlé de l’équipe dédiée à la communication sur le climat, soutenue par un « laboratoire du climat ».  Notre stratégie de communication sur le climat répond à trois objectifs principaux: plaider pour des actions nationales plus ambitieuses en faveur du climat, présenter des solutions pour un avenir plus durable et mobiliser l’action individuelle en faveur d’un monde plus vert. 

Pour y arriver, le DCG capitalise sur des moments clefs du calendrier d’ici à la COP26, à Glasgow, au mois de novembre, pour capter l’attention des médias et du public.  La semaine dernière a été le parfait exemple avec la parution du rapport sur l’état du climat dans le monde, le lancement d’une évaluation mondiale des océans, le Sommet des dirigeants convoqué par les États-Unis et la célébration de la Journée de la Terre.  Le Département a profité de ces rendez-vous pour une montée en puissance de sa communication, dans plusieurs langues et sur plusieurs plateformes, dont la parution de l’éditorial du Secrétaire général dans plus de 120 journaux et sites Internet; le contenu ciblé sur le Web et dans les réseaux sociaux de l’ONU sur l’action climatique; et l’entretien virtuel filmé entre le Secrétaire général et de jeunes militants de Madagascar et du Brésil.

Le DCG a l’intention d’adopter la même approche intégrée pour sa communication sur les principaux sommets et conférences des Nations Unies, y compris le Sommet sur les systèmes alimentaires en septembre et les prochaines manifestations de haut niveau sur la biodiversité, les océans, l’énergie et les transports.  Le Département appliquera également cette approche à tous les efforts de communication et au Plan d’action de l’ONU contre les discours de haine et à la campagne multimédia sur le maintien de la paix.  Au moins de juin, le DCG organisera aussi une autre série de formations en communication pour les cadres supérieurs sur le terrain sur la question de l’exploitation et des abus sexuels.  Cette nouvelle approche est également utilisée pour promouvoir un discours axé sur les solutions et l’autonomisation s’agissant des problèmes économiques, politiques et sociaux de l’Afrique et du développement durable sur le continent.  La nouvelle stratégie de communication vise à renforcer et élargir les messages de l’ONU grâce aux moyens de communication numériques et à des collaborations et partenariats plus larges, a résumé la Secrétaire générale adjointe.

Une des méthodes retenues par le DCG pour inciter les gens à se soucier de l’ONU comme de ses valeurs, c’est la production soutenue d’histoires centrées sur les gens qui humanisent les travaux de l’Organisation et de son personnel.  À ce titre, Mme Fleming a cité le cas de son podcast, Awake at Night, et qu’elle avait lancé alors qu’elle travaillait encore au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  Aujourd’hui, les deux millions de nouveaux téléchargements pour les 25 épisodes de la troisième saison confirment le succès du podcast.

Passant au « mal pernicieux du racisme », comme l’a décrit le Secrétaire général le mois dernier, un problème qui existe dans toutes les régions et toutes les sociétés, la Chef du DCG a expliqué que les manifestations mondiales contre le racisme au cours de l’année dernière ont conduit les organisations à réfléchir sur leur propre bilan.  « Personne n’est à l’abri, y compris l’ONU. »  Fort de ce constat, le Secrétaire général a lancé l’an dernier une équipe spéciale pour lutter contre le racisme et promouvoir la dignité pour tous.  Mme Fleming s’est dite fière que son département soit à l’avant-poste de cette initiative, et qu’il travaille en étroite collaboration avec les principaux bureaux pour impliquer le personnel de l’ONU partout dans le monde entier sur la façon de mieux lutter contre ce fléau.  De même, l’égalité des sexes est une autre priorité de la communication du Département.  C’est d’autant plus pertinent que la pandémie a eu un impact disproportionné sur les femmes, avec des taux plus élevés de chômage, de la violence domestique et de responsabilités familiales. 

Répondant aux nombreux États Membres qui lui ont demandé ce qu’ils peuvent faire pour soutenir le DCG, Mme Fleming leur a proposé de contribuer au financement de la digitalisation de « l’histoire écrite » de l’ONU.  Enfermés dans le sous-sol de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld, les archives, publications et autres documents sont dans un état désastreux et cela signifie que la mémoire collective de l’Organisation risque d’être perdue à jamais.  La Secrétaire générale adjointe a rappelé qu’un projet de préservation chiffré a été présenté dans les rapports 2020 et 2021, dont une enveloppe de 10,5 millions de dollars sur cinq ans. 

Heureuse des nombreuses façons dont son département s’est adapté à la pandémie pour continuer de s’acquitter de son mandat, Mme Fleming a cité, entre autres, les visites en ligne offertes au grand public et les différents leviers qui ont permis la couverture de toutes les réunions intergouvernementales, et ce, dans plusieurs langues.  Elle a également parlé des contenus multimédias qui sont quotidiennement mis à jour.  Tous ces efforts ont été récompensés par une incroyable augmentation de l’audience multilingue sur toutes les plateformes de l’ONU.  La consultation des sites d’information sont montées en 2020 à quelque 41 millions d’utilisateurs et à plus de 70 millions de pages vues dans les neuf langues, par rapport aux 10 millions d’utilisateurs de l’année précédente et à peu près 25 millions de pages vues. 

De même, le site Web de l’ONU a connu une augmentation des visites: de juillet à novembre 2020 seulement, le site a comptabilisé plus de 102 millions de pages vues, et entre mars 2020 et mars 2021, les comptes des réseaux sociaux de l’ONU ont gagné 70,1 millions d’engagements organiques, dépassant de loin les objectifs pour la période.  « En bref, les données montrent que de plus en plus de personnes se sont tournées vers nous pour être informées sur les problèmes mondiaux, à un moment où nous vivons une crise mondiale qui affecte tout le monde, partout », en a conclu Mme Fleming. 

L’une des leçons qu’elle a retenues de cette année, c’est qu’il est possible d’atteindre un plus grand nombre de personnes grâce à la communication et à la sensibilisation virtuelle, mais, dans le même temps, elle s’est dite consciente du fait que quelque chose se perd tant que nous ne pouvons pas reproduire les connexions intangibles générées lors de manifestations et réunions en personne.  Mme Fleming a terminé son propos par une citation de Derek Walcott, poète et scénariste de Sainte-Lucie: « Cassez un vase: l’amour qui en assemble à nouveau les morceaux est plus fort que l’amour, qui lorsqu’il était entier, considérait sa perfection symétrique comme allant de soi ».  Nous devons assembler ensemble les morceaux de « notre monde fracturé » et la bienveillance qui sous-tendra cet effort prouvera la validité de ces paroles.  Le DCG, a promis la Secrétaire générale adjointe, y contribuera par des contenus vérifiés, sa lutte contre la désinformation et un concert de réponses possible uniquement si nous restons ensemble.

DÉBAT GÉNÉRAL (A/AC.198/2021/2, A/AC.198/2021/3, A/AC.198/2021/4)

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. AHMED TIDIANE SAKHO (Guinée) s’est félicité des efforts continus du DCG pour s’adapter aux modes de communication virtuels et hybrides pendant la pandémie de COVID-19.  Il a cependant constaté que cette crise a encore aggravé la fracture numérique.  Bien que le mode de communication virtuel ait été largement adopté dans le monde entier, il a relevé que, dans les pays en développement, l’adaptation à la technologie n’a pas encore atteint son plein potentiel.  De fait, a-t-il noté, « les problèmes de capacité ont laissé la moitié du monde déconnectée du numérique ».  Jugeant essentiel de combler les lacunes, le représentant a exhorté le Département à promouvoir et à faciliter la coopération internationale pour le développement des médias, des moyens et des technologies de l’information et des communications dans tous les pays.  Selon lui, il importe aussi de veiller à ce que l’utilisation de ces technologies soit pleinement compatible avec les buts et principes de la Charte de l’ONU et du droit international. 

Le représentant a par ailleurs encouragé le DCG à continuer de promouvoir les conférences, décisions, résolutions et accords marquants et pertinents qui ont été conclus par l’ONU.  À cet égard, il a mis un accent particulier sur les faits nouveaux liés au développement durable, aux changements climatiques, à la lutte contre le terrorisme, au maintien de la paix, au désarmement nucléaire, à la décolonisation, à l’égalité des sexes et à la libre circulation de l’information et des connaissances.  Il s’est notamment félicité des campagnes de promotion et des publications dans le domaine des opérations de maintien de la paix, qui mettent en valeur les pays fournisseurs de contingents. 

Le représentant a ensuite évoqué la prolifération de la désinformation durant la pandémie, soutenant qu’une telle « tendance inquiétante » implique de prendre des mesures pour arrêter ce flux d’informations négatives.  Tout en saluant les efforts du DCG sur ce dossier, il a estimé que le besoin croissant de diffuser des informations factuelles, opportunes, ciblées, claires, accessibles, multilingues et fondées sur la science exige que le Département continue de fournir des informations crédibles provenant de sources faisant autorité au sein du système des Nations Unies.  Il a pris note des nouvelles campagnes de communication du DCG qui contribuent à promouvoir la notion d’équité vaccinale, en particulier l’initiative « COVID-19 Communication Response » des Nations Unies et la campagne Only Together annoncée par le Secrétaire général en 2021.

Le représentant a d’autre part observé que la stratégie de communication globale fournit un cadre utile pour mettre en évidence le travail important de l’ONU.  Dans ce cadre, il a félicité le Département pour son rôle de promotion de la Décennie d’action pour le développement durable via la couverture des trois thèmes prioritaires présentés dans la stratégie.  S’agissant des travaux du DCG, il a souligné l’importance de l’intégration du multilinguisme dans toutes ses activités de communication et d’information, notant à cet égard la demande croissante de contenus dans des langues autres que les langues officielles de l’ONU.  Le G77 encourage le Secrétariat à continuer d’explorer des alternatives pour assurer la publication de divers produits médiatiques dans toutes les langues officielles et non officielles, y compris le portugais, le bengali, l’hindi, le kiswahili, l’ourdou et le persan.  Le Département doit aussi poursuivre ses efforts en faveur du multilinguisme, en mobilisant des ressources adéquates, notamment en explorant des options de financement novatrices ainsi que des contributions volontaires. 

Le représentant a réitéré son appui aux travaux menés par les centres d’information des Nations Unies pour diffuser, dans les langues locales, des informations sur les travaux et les activités de l’Organisation, ainsi que pour faire prendre conscience des défis auxquels la communauté mondiale est actuellement confrontée.  Soulignant la nécessité d’atteindre différents publics grâce à l’utilisation innovante de plateformes numériques, il a encouragé le Département à renforcer sa diffusion numérique en plus des méthodes traditionnelles de distribution et de diffusion de l’information.  Il l’a également invité à établir des partenariats avec les médias nouveaux et traditionnels pour promouvoir les valeurs de tolérance, de non-discrimination, de pluralisme, de liberté d’opinion et d’expression, et pour lutter contre les discours de haine. 

Enfin, tout en reconnaissant certains progrès sur la question, le délégué de la Guinée s’est dit profondément préoccupé par les disparités existant entre les pays développés et les pays en développement et par la disparité entre les langues anglaise et non anglaise.  Nous sommes également préoccupés par les conséquences de ces disparités qui affectent la capacité des médias et des individus à diffuser des informations et à communiquer efficacement, a-t-il dit, réaffirmant en conclusion son attachement aux principes de la Charte des Nations Unies et aux principes de la liberté de la presse et de la liberté de l’information. 

M. SÉBASTIEN BRABANT, de l’Union européenne (UE), a salué l’agilité avec laquelle le DCG a mené ses campagnes sur plusieurs points de l’ordre du jour onusien, dans des conditions de travail très difficiles.  La campagne Verified est un modèle du genre, s’agissant de la lutte contre la désinformation, tout en faisant appel à notre humanité commune, a dit M. Brabant.  L’UE a participé activement aux campagnes, y compris la plus récente Only Together, qui développe un message positif autour des vaccins et de leur accès équitable comme espoir de se relever de la pandémie, a déclaré le délégué. 

« Le travail du DCG sur le virus a été crucial pour ce qui est de fournir des informations rigoureuses et dissiper les incertitudes de la population en ce qui concerne la sûreté des vaccins.  Nos efforts de communication devraient également promouvoir des solutions multilatérales visant à faire de la vaccination un bien public mondial, a poursuivi M. Brabant.  Il a rappelé que l’Union européenne a versé 2,5 milliards de dollars au Mécanisme COVAX. 

Le délégué a insisté sur l’importance de la lutte contre la désinformation, qui incite à la violence, la haine et les discriminations, en ligne et hors ligne.  Il a appelé à protéger les libertés fondamentales, à reconnaître la contribution fondamentale des journalistes, en particulier dans la lutte contre la désinformation, et à assurer la sécurité de ces derniers. 

Le délégué a déclaré que le multilinguisme est la condition nécessaire pour que l’ONU puisse promouvoir son travail auprès d’une audience mondiale et œuvre ainsi à la transparence du système multilatéral.  Le DCG a la responsabilité d’un traitement équitable de toutes les langues officielles, dans toutes les activités de l’ONU.  Enfin, le délégué a exhorté à saisir toutes les occasions de défendre le multilinguisme en tant que force de l’ONU et de promouvoir la diversité linguistique, y compris au sein du personnel du DCG.

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, M. ANDRÉS JOSÉ RUGELES (Colombie) a souligné que son groupe rassemble 20 États Membres hispanophones de l’ONU pour défendre la langue espagnole et le multilinguisme.  Le respect du multilinguisme, élément inestimable pour le multilatéralisme, est la seule façon de diffuser les messages de l’ONU de manière inclusive, a martelé le représentant, avant de saluer les actions prises en ce sens par le DCG, notamment en tirant la meilleure partie des ressources humaines existantes.  Il s’est réjoui de l’impact des campagnes telles que Verified pour lutter contre la désinformation dans le contexte de la COVID-19.  Il a demandé que les notes d’orientation du Secrétaire général et ses rapports sectoriels sur les conséquences de la pandémie soient disponibles dans les six langues officielles de l’ONU.

Mettant en avant l’importance que l’espagnol a pris dans la demande de services et produits d’information de l’ONU, avec notamment six millions de visiteurs supplémentaires en 2020 sur les sites Web de l’ONU, le représentant a pris note avec satisfaction de la contribution essentielle des CINU qui permettent la traduction et l’adaptation des contenus aux publics locaux.  Il a soutenu l’approche du DCG qui consiste à diffuser des histoires positives centrées sur la personne.  Ces récits suscitent un intérêt plus fort du public.  Le DCG devrait en augmenter la portée en passant d’une culture de la traduction à une culture de la production dans les six langues officielles, a-t-il réclamé.

Il faut communiquer, créer des messages et les diffuser auprès du public hispanophone, en respectant la parité des six langues officielles de l’ONU et cela suppose, a insisté le représentant, l’affectation des ressources nécessaires.  À son tour, il a appelé à des financements novateurs, voire des contributions volontaires.  Il faut, a-t-il conclu, un dialogue plus étroit entre le DCG et les États Membres pour faire en sorte que « l’ONU communique dans plusieurs langues mais d’une seule voix ».

Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a souligné que la CPLP, qui a le statut d’observateur à l’Assemblée générale depuis 1999, promeut l’utilisation de la langue portugaise dans le contexte national et international et, ce faisant, contribue au renforcement du multilinguisme.  Bien que le portugais ne soit ni une langue officielle ni un langue de travail des Nations Unies, il joue un rôle dans le renforcement de la communication et du multilinguisme au sein de l’Organisation.  À ses yeux, la diffusion et la promotion du message de l’ONU au-delà des six langues officielles permet d’informer efficacement un public plus large, tout en reflétant le respect du multilinguisme et de la diversité culturelle dans le monde.

Au moment où toutes les nations sont confrontées à une pandémie sans précédent et à la nécessité d’un vaccin pour tous, disposer d’une information précise et compréhensible est un outil précieux et essentiel pour la recherche de solutions aux problèmes, a fait valoir le représentant, saluant le rôle que jouent les centres d’information des Nations Unies dans l’élaboration de stratégies de communication de crise contre la COVID-19.  Il a notamment applaudi le travail du Centre d’information de Rio de Janeiro qui a activement soutenu la campagne Pledge to Pause, laquelle a obtenu plus de 15,3 millions de vues sur TikTok.  À Cabo Verde, a-t-il ajouté, la plateforme COVID-19, développée avec l’aide de ONU, est la principale chaîne d’information sur les questions liées à la pandémie.  Distinguée comme l’une des meilleures innovations technologiques de la riposte à la COVID-19, elle comprend plusieurs modules d’information intégrés aux sources officielles de l’administration publique et intègre une ligne téléphonique de gestion de la crise. 

En conclusion, le représentant a réitéré la volonté de la CPLP de toucher le public le plus large et le plus de lieux possibles, notamment pour la diffusion d’informations fiables et factuelles sur la pandémie.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, la CPLP entend poursuivre sa collaboration avec le DCG et le Comité de l’information dans la poursuite de l’objectif commun d’une communication multilingue dans le monde. 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a appuyé le DCG en tant que « messager responsable » de l’ONU qui fournit une information précise et fiable dans les meilleurs délais.  Il a apporté son soutien aux efforts du DCG et de ce Comité pour établir un lien entre le travail de l’ONU et la communauté internationale, s’agissant de la promotion des trois piliers de la paix et la sécurité, du développement et des droits humains.  Les États Membres et observateurs, en partenariat avec des acteurs clefs tels que la société civile, le secteur privé et les médias, doivent, de manière responsable, mettre le pouvoir de l’information au service de la paix, de l’inclusion et du développement.  Chaque État Membre doit avoir la possibilité de donner son avis sur toute information publiée par l’ONU et ses agences. 

Le représentant a rappelé les quelques exemples où des généralisations ont été faites sur un État Membre, compte tenu des informations « non étayées reçues de certaines sources ».  Au regard des préoccupations soulevées par la désinformation et de l’avènement de cette ère de « post-vérité », le délégué a jugé important que chaque information soit rigoureusement étayée.  La tâche principale de toute communication est de fournir une plateforme propice à un changement transformateur et de faire en sorte que personne ne soit laissé de côté, dans ces circonstances extraordinaires, a conclu M. Manalo.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a commencé par saluer le travail du Département et de sa Division de la communication stratégique qui, malgré les difficultés présentées par la pandémie, ont su s’adapter et délivrer des messages importants sur la pandémie de COVID-19 et les activités de l’Organisation.  La pandémie est un défi sans précédent, mais c’est aussi l’occasion d’harmoniser les messages et les contenus, et de favoriser la collaboration et la coordination entre tous les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, a-t-elle fait valoir.  Elle a salué la campagne Verified, et estimé que pour lutter contre le fléau de la désinformation, il faut une détermination politique et une action unifiée.  Il a exhorté le Département à continuer d’élaborer des stratégies multilingues, de sensibiliser les utilisateurs par des campagnes médiatiques et de diffuser les informations de manière proactive, accessible, multilingue et basé sur des données scientifiques.

Appelant à prendre en compte la situation des groupes vulnérables, et rappelant notamment que près d’un milliard de personnes –soit 15% de la population mondiale- souffrent d’une forme ou l’autre de handicap, la représentante a estimé que la couverture de toutes les réunions et activités des organes principaux et subsidiaires de l’ONU peut être améliorée par une interprétation simultanée dans les six langues officielles, y compris la langue des signes.  Elle a regretté qu’aucune des vidéos archivées sur UN WebTV ne comporte de sous-titres, ce qui les rend inaccessibles aux malentendants.  De la même manière, elle a souligné la nécessité de continuer à diffuser des informations sous forme écrite, audiovisuelle ou numérique, dans les six langues officielles de l’Organisation. 

Enfin, la représentante a réaffirmé que le multilinguisme est une valeur fondamentale de toutes les activités menées par l’Organisation.  C’est également le cas pour le principe de parité entre les six langues officielles de l’ONU.  La langue espagnole, a-t-elle martelé, est la deuxième la plus consultée sur le site Internet de l’Organisation, ce qui justifie d’investir dans la mise à jour, la création et la diffusion de contenus dans les six langues.  Tous les documents officiels doivent être traduits et publiés dans les six langues officielles, en temps voulu, a encore insisté la représentante.

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a noté les effets négatifs et positifs de la pandémie pour le travail de communication de l’ONU.  Il a ainsi mentionné comme effet positif, les économies qui découlent de la tenue de réunions virtuelles depuis la pandémie, et comme négatif, la diminution des contacts qui ont entravé une compréhension commune des enjeux.  Le représentant a salué les efforts du DCG en ces temps de pandémie, avant de souligner le travail précieux des centres d’information des Nations Unies, en particulier dans les pays qui n’ont pas de coordonnateur résident.  Il a ainsi loué le travail du Centre d’information au Japon, un pays qui compte œuvrer de manière constructive aux débats pendant cette session, a conclu le délégué.

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) a noté d’emblée que la désinformation s’est propagée aussi rapidement que le virus lui-même et a salué le DCG pour sa riposte à la crise qui a permis de gagner la confiance de l’opinion publique internationale.  Il a voulu pour preuve de l’autorité de l’ONU pendant la pandémie en tant que source fiable d’informations, le fait que le nombre de visiteurs de son site ait plus que triplé.  Le représentant a salué l’impact de la campagne Verified et les contributions des CINU.

Notant que l’Assemblée générale vient de proclamer la « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », du 24 au 31 octobre, pour répondre à la prolifération de la désinformation, en renforçant les capacités d’éducation aux médias, le représentant a encouragé le DCG à travailler avec les États Membres, d’autres organisations des Nations Unies et internationales, ainsi que les entreprises médiatiques nouvelles et traditionnelles, pour organiser des activités éducatives et de sensibilisation du public.  Marquant son soutien à la campagne Only Together du DCG pour réitérer le message selon lequel la vaccination contre la COVID-19 est un bien public mondial et qu’un accès abordable, équitable et juste aux vaccins pour tous est une exigence immuable, le représentant a souligné que ces derniers mois, les conversations à l’ONU et dans le monde entier sont dominées par les questions du genre « Quel vaccin as-tu reçu? », « Est-il fiable? ». 

Le représentant a exhorté le DCG à accorder l’attention voulue à cette question, dans ses stratégies de communication, afin de renforcer la confiance du public dans les vaccins.  Sans cela, notre objectif commun de vacciner l’humanité tout entière ne pourra être atteint, a-t-il mis en garde.  Avant de conclure, il a souligné que la section des nouvelles en hindi a connu un succès « massif », y voyant un motif justifié pour demander au Département de trouver les moyens de promouvoir ses contenus dans des langues non officielles.

M. NUNO VAULTIER MATHIAS (Portugal) s’est félicité de ce que le DCG soit parvenu à faire entendre la voix de l’ONU dans les « circonstances exceptionnelles » causées par la pandémie de COVID-19.  Il y a vu un encouragement à redoubler d’efforts dans un domaine « de plus en plus critique ».  Établissant une comparaison entre la crise climatique et la crise de l’information, le représentant a averti que si nous n’agissons pas urgemment pour faire obstacle à la désinformation et aux discours de haine, il est vraisemblable que l’environnement de l’information deviendra « de plus en plus toxique ».  Pour le délégué, l’initiative Verified du Département est, à cet égard, un outil essentiel pour veiller à la fiabilité de l’information, tant en qualité qu’en quantité.  Il en va de même pour la nouvelle campagne Only Together qui souligne l’importance d’un accès égal au vaccin, a-t-il ajouté, qualifiant la tâche du Département de « sisyphéenne ». 

Constatant par ailleurs que « les échecs sont mieux communiqués que les succès », le représentant s’est réjoui que les succès de l’ONU soient mis en avant par le Département.  Selon lui, il convient de communiquer sur les succès comme sur les échecs mais cela implique aussi de lutter efficacement contre les « intox » et les fausses informations.  Ce combat contre la désinformation est particulièrement important, s’agissant des opérations de maintien de la paix, a souligné le délégué, citant l’exemple des missions en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, où les efforts de l’ONU sont « souvent présentés sous un jours négatif ».  Aux yeux du représentant, il est légitime que les griefs des communautés locales soient entendus, mais il faut aussi communiquer sur les accomplissements réels des missions. 

D’une manière générale, a-t-il poursuivi, il importe de continuer à tendre l’oreille pour entendre la voix des femmes et des filles mais aussi de tous les groupes marginalisés.  Pour cela, il faut toucher le plus grand nombre de personnes possible, ce qui passe par le multilinguisme, qui doit être une priorité de l’ONU.  Assurant que fournir une information fiable dans autant de langues que possible « n’est pas une dépense mais un investissement », le représentant a souligné l’importance de la langue portugaise pour « faire connaître notre travail commun sur tous les continents ».  Partisan des partenariats entre l’ONU et les acteurs locaux de l’information, il a salué à cet égard l’action « remarquable » du Centre d’information de l’ONU à Rio de Janeiro.  Il a également souhaité qu’un tel centre soit bientôt mis sur pied à Luanda, en Angola.  Le Portugal, a-t-il conclu, est prêt à travailler avec le Comité et le DCG afin d’atteindre « tous les publics que nous visons ». 

Mme MARIAM SHAIKH (Pakistan) a dénoncé l’« infodémie » qui accompagne la pandémie de COVID-19 et salué les efforts du DCG pour la combattre.  Elle a aussi dénoncé les campagnes de désinformation « sophistiquées » contre l’ONU et contre les États Membres, y compris le Pakistan.  Le dévoiement de certains processus onusiens par de fausses ONG et autres entités en vue de propager la désinformation requiert l’urgente attention du DCG, a estimé la déléguée.  Elle a appelé le Département à promouvoir le multilinguisme, y compris dans ses campagnes sur les réseaux sociaux.  Le DCG devrait aussi renforcer sa coopération technique pour améliorer les capacités de communication des pays en développement, afin de les aider à combler un fossé numérique qui ne cesse de grandir.  Elle a aussi invité le DCG à souligner les contributions des pays contributeurs de troupes, y compris en rendant hommage aux soldats de la paix qui ont fait l’ultime sacrifice pour défendre la paix en ces temps de pandémie.  La couverture des réunions de l’ONU, qui a été très réduite en raison des problèmes de liquidités et de la pandémie, doit être pleinement rétablie, a encore plaidé la représentante, avant d’appeler le DCG à initier un dialogue avec les États Membres pour trouver des solutions « réalistes » à la désinformation et à la prolifération des réseaux qui s’y livrent.

Mme DENIESE AVA-LOU SEALEY (Jamaïque) s’est félicitée de l’approche novatrice adoptée par le DCG pour étendre et intensifier sa capacité à toucher les gens partout dans le monde tout au long de la pandémie, en particulier en gardant à l’esprit la perte de revenus due à la distanciation sociale dans les différents bureaux des Nations Unies.  Elle a pris note des progrès technologiques et des collaborations novatrices qui ont facilité la diffusion en ligne d’informations fiables, dans une multitude de langues.  La représentante a aussi salué les initiatives et les campagnes comme Verified contre la désinformation. 

À cet égard, elle s’est dite fière d’avoir dirigé un groupe restreint d’États Membres qui a présenté une résolution intitulée « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », qui est venue à point nommé.  La représentante a réaffirmé son soutien la Journée internationale à la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, ainsi que le programme Remember Slavery.  Elle s’est félicitée de la poursuite de la collaboration entre les États Membres, le système des Nations Unies et le monde universitaire pour éduquer et informer le public sur les horreurs de l’esclavage.  Elle a recommandé la création de partenariats accrus et l’approfondissement de la collaboration avec la diaspora africaine. 

Saluant le rôle joué par les CINU dans la communication stratégique et la riposte à la pandémie, elle a cité notamment le podcast « Reconstruire en mieux » lancé par le Centre d’information de Trinité-et-Tobago qui met en évidence la riposte d’une ONG des Caraïbes à la pandémie.  Pour l’avenir, elle a encouragé une plus grande collaboration entre les CINU, les équipes de pays et les pays hôtes de l’ensemble des Caraïbes, afin de faciliter le partage d’initiatives qui profitent à la fois à l’ONU et au pays hôte.  Enfin, la représentante a estimé qu’il est temps que le Département, en collaboration avec les personnes d’ascendance africaine, promeuve de manière plus significative la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

M. IN CHOL KIM (République populaire démocratique de Corée) a dénoncé ces médias qui s’ingèrent dans les affaires intérieures des États, en vue de promouvoir des changements de régime.  Ces médias, a-t-il accusé, promeuvent des modes de vie occidentaux, étrangers aux pays qu’ils ciblent, sous le prétexte fallacieux de la liberté d’information.  La diffamation de certains pays à laquelle se livrent les médias occidentaux est un sujet de grave préoccupation pour la communauté internationale, a-t-il dit.  Il a demandé que cesse la diffusion d’informations fausses et leurs objectifs « peu avouables ».  Le DCG, a estimé le représentant, doit œuvrer à un ordre international de l’information équitable, dans le respect des spécificités des pays, et garantir l’accès des pays en développement aux nouvelles technologies de l’information.  Nous sommes, a conclu le représentant, prêts à coopérer avec le DCG pour créer cet ordre international équitable.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a déclaré que toutes les activités de communication de l’ONU doivent respecter la Charte de l’ONU, et rappelé que le multilinguisme est une valeur fondamentale.  Aucun style de communication ou aucun destinataire d’une campagne de communication ne doit être privilégié aux dépens d’un autre.  Il a loué le travail des centres d’information de l’ONU, en particulier celui de Rio de Janeiro, et salué l’ouverture prochaine d’un centre à Luanda.  Il a aussi salué le fait que ces centres aient publié un contenu dans 123 langues, y compris le braille.  Le délégué a indiqué que le site d’information de l’ONU en portugais a vu une augmentation de 120% de son audience.  Il a applaudi la campagne Verified sur la lutte contre la désinformation, en ces temps de pandémie et a insisté sur le respect des spécificités locales en la matière.  Cette campagne a été lancée au Brésil pendant un match de football, opposant les deux équipes les plus populaires du pays et les joueurs ont foulé la pelouse avec des bannières portant des messages de ladite campagne.  Plus de 20 millions de personnes ont vu ce match, a fait observer le délégué.

M. BEN BOURGEL (Israël) a souligné à son tour l’importance de fournir des informations fiables et vérifiées en cette période de pandémie, alors que des semi-vérités et des fausses informations se répandent dans les réseaux sociaux.  Dans ce contexte, a-t-il dit, le rôle du DCG est plus important que jamais, notamment pour la diffusion d’informations axées sur la science.  Toutefois, a relevé le représentant, la désinformation n’a pas commencé avec la crise de la COVID-19.  Depuis la dernière guerre mondiale, certains continuent de nier l’Holocauste, ce qui constitue un danger « non seulement pour les juifs mais aussi pour tout un chacun de par le monde ».  Appelant la communauté internationale à lutter contre ces deux fléaux, le représentant a souligné l’importance de travailler à ce sujet avec la société civile. 

Pour lui, des outils comme les podcasts sont essentiels pour préserver l’histoire des personnes qui ont souffert de l’Holocauste.  Malheureusement, a-t-il déploré, la désinformation règne aussi en ce qui concerne la situation au Moyen-Orient.  Mon pays fait en effet l’objet de campagnes mensongères et est constamment ciblée par des résolutions unilatérales, par lesquelles certains lui nient le droit d’exister.  Face à ces actes hostiles, nous attendons du Secrétariat de l’ONU et du DCG qu’ils fassent respecter les principes fondamentaux de l’Organisation.  Dénonçant la promotion d’informations biaisées sur son pays, notamment dans le cadre du conflit israélo-palestinien, il a appelé l’ONU à s’abstenir d’appuyer des histoires à un seul angle.  Les Accords d’Abraham conclus avec plusieurs États arabes « nous ont enseigné que la paix ne peut être favorisée que par le dialogue », a souligné le représentant. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a salué le rôle du DCG dans le contexte de la COVID-19, en estimant qu’il a fait face à cette crise avec beaucoup de professionnalisme.  Il a notamment salué les activités et initiatives lancées pour lutter contre la désinformation dans le contexte de la pandémie.  Le représentant a demandé au DCG de donner les moyens nécessaires aux CINU pour qu’ils puissent continuer de communiquer efficacement sur les autres grands thèmes de l’ONU auprès des publics locaux.  Il a également mis l’accent sur l’importance du multilinguisme dans les activités de communication de l’Organisation, y compris dans des langues non officielles, par le truchement des centres d’information, pour toucher un public plus large encore.

Revenant sur les crises qui ont frappé le Moyen-Orient et le mauvais usage des réseaux sociaux pour propager des fausses informations et promouvoir des discours de haine et le terrorisme, le représentant a estimé que les conséquences de la liberté d’expression sur la sécurité des communautés doivent être prises en compte.  Elles exigent des mesures pour barrer l’accès des groupes extrémistes et terroristes aux nouveaux médias.  En la matière, le représentant a réclamé le respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  L’information est une arme à double tranchant et l’utilisation abusive des technologies de l’information et des communications (TIC) le prouve. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a estimé que la communauté internationale a l’obligation de rechercher des solutions communes aux problèmes mondiaux tels que les pandémies.  Elle a aussi la responsabilité de renforcer la confiance et d’informer sur les efforts menés conjointement, ce qui implique de lutter contre la désinformation.  Si l’essor du numérique a ouvert la porte à des opportunités sans précédent, il a également augmenté la vitesse avec laquelle la désinformation se propage.  Il faut donc rester vigilant et faire en sorte que nos citoyens aient accès à des informations factuelles et exactes, a plaidé la représentante.  Elle a jugé essentiels les partenariats avec la société civile, le secteur privé et les géants des médias sociaux.  De même, a-t-elle ajouté, nous devons redoubler d’efforts pour réduire la fracture numérique et nous efforcer de faire de l’accès sûr et abordable à Internet une réalité pour tous. 

La représentante s’est dite convaincu que le Département, en étroite collaboration avec le reste du système des Nations Unies, continuera de jouer un rôle clef dans la lutte contre la désinformation liée au vaccin contre la COVID-19 et à ses effets.  Elle s’est par ailleurs déclarée préoccupée par la montée du racisme et des crimes de haine pendant la pandémie, appelant les États à redoubler d’efforts pour résoudre ce problème.  Elle a ensuite rappelé l’attachement de son pays au multilinguisme, saluant les efforts visant à atteindre le plus grand nombre possible de personnes dans leur propre langue.  Elle s’est félicitée à cet égard que l’ONU mène des actions de sensibilisation dans d’autres langues que les six langues officielles de l’Organisation.  Elle a également souligné la nécessité d’investir dans l’accessibilité pour garantir l’accès des personnes handicapées à des informations vérifiées et factuelles.  Enfin, rappelant que Malte est candidate à un siège au Conseil de sécurité pour 2023-24, elle a indiqué qu’en cas d’élection, l’alphabétisation sera une des priorités du pays. 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a observé que l’agilité de la réponse du DCG aux défis posés par la pandémie peut être mesurée grâce aux chiffres impressionnants de son engagement médiatique et numérique entre juillet et novembre 2020.  Ces chiffres font apparaître une augmentation de deux millions du nombre d’abonnés sur tous les comptes des médias sociaux de l’ONU; une hausse jamais enregistrée du nombre de visites sur le site Web des Nations Unies; une progression du nombre des utilisateurs d’ONU-Info de 5,6 millions à 15,6 millions; et un visionnage des réunions et des manifestations virtuelle atteignant de 62 millions de vues.  À cela s’ajoute « l’énorme tâche de transformation » du débat général de l’Assemblée générale, en 112 997 minutes de contenus téléchargeables. 

Jugeant que cet engagement accru est dû en grande partie à la demande mondiale d’informations précises, impartiales, complètes et multilingues sur la pandémie, le représentant a salué le travail du Département dans le cadre de sa campagne Verified contre la prolifération de la désinformation.  Le Royaume-Uni, a-t-il indiqué, a également été ravi de défendre les messages des initiatives Pledge to Pause et Only Together en faveur de la solidarité et l’équité vaccinales.  Le pays participe d’autre part à la lutte contre les récits faux et trompeurs sur le coronavirus, comme en témoignent ses 700 000 dollars d’aide supplémentaire au Réseau humanitaire-à-humanitaire (H2H) afin de combattre la désinformation en Asie du Sud-Est et en Afrique. 

Le représentant s’est également réjoui de constater que le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat sont au cœur de la communication de l’ONU en vue d’un relèvement post-COVID-19.  En revanche, il a constaté une montée de l’intolérance, du racisme et de la xénophobie résultant de la pandémie.  Exhortant le Département à poursuivre son appui aux efforts menés contre ces fléaux dans l’ensemble du système des Nations Unies, il a estimé que la société civile et le secteur privé sont des partenaires importants dans cette lutte contre l’intolérance et dans les défis de communication plus larges liés à la pandémie. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a salué le travail du DCG qui a été « empreint de sérieux » pendant la pandémie.  Il a souligné le rôle fondamental qu’ont joué les centres d’information qui se sont notamment impliqués dans la campagne Verified laquelle a touché plus d’un milliard de personnes dans le monde.  Cuba s’est félicitée de ce que l’on reconnaisse l’importance du multilinguisme et à cet égard, le travail des CINU est essentiel.

Le représentant a aussi noté les efforts du DCG pour que les nouvelles technologies de l’information et des communications n’éclipsent pas les médias traditionnels.  Il s’est réjoui de la « soif d’information » de l’opinion publique et de la confiance qu’elle place dans les informations relayées par l’ONU, comme en témoigne l’augmentation importante des visites de son site Internet.

Cuba, a affirmé le représentant, a misé sur l’informatisation et la connectivité malgré le blocus qui lui est toujours imposé par le États-Unis et qui a un impact significatif sur son développement.  Le représentant a passé en revue les dégâts causés par ces sanctions pendant les quatre années de l’Administration du Président Donald Trump et a condamné à nouveau la politique américaine qui consiste à diffuser des émissions radio sur 22 fréquences pour appeler à la chute de l’ordre constitutionnel cubain.  Il a rejeté la décision du Département d’État américain de créer un groupe pour Internet à Cuba qui n’a d’autre motivation que de faire des réseaux sociaux des outils de subversion. 

Au nom du dernier État membre du Comité, M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a salué en particulier les efforts que le DCG déploie depuis le début de la pandémie.  Ces efforts « proactifs », « ciblés », « multilingues » et « concrets » ne sauraient cacher la nécessité pour renforcer la communication dans les langues « de faible densité ».  Le représentant a évoqué à son tour le besoin grandissant de combattre la désinformation, en ligne et hors ligne, tout en promouvant les droits fondamentaux, y compris la liberté d’opinion et d’expression.  Il a surtout appelé à remédier à l’« infodémie » qui accompagne la pandémie de COVID-19, y compris au niveau du Secrétariat.  Il a attiré l’attention sur le fait qu’avec l’Australie, la France, l’Inde et l’Indonésie, son pays a organisé une manifestation sur l’échange des bonnes pratiques dans la lutte contre la désinformation.  Le délégué a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale sur la « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », adoptée le 29 mars dernier « à l’unanimité ».

Comme l’a dit le journaliste et présentateur américain Chris Hardwick: « Nous ne sommes plus à l’ère de l’information.  Nous sommes à l’ère de la gestion de l’information », a déclaré M. SERHII DVORNYK (Ukraine).  D’innombrables sources et divers canaux ont rendu l’accès à l’information presque instantané et bon marché.  Les coûts sont cependant élevés, car les capacités accrues de manipuler les gens sont devenues l’autre face de la médaille, a-t-il mis en garde.  La théorie et la pratique de la « guerre de l’information » se sont profondément développées dans cette guerre « hybride ».  Les tentatives de « militariser » l’information sont désormais des éléments courants du paysage de la sécurité internationale, a fait valoir la délégation, estimant que la tâche principale de l’ONU est de contrer ces tentatives et de prévenir les effets de l’information en tant qu’arme. 

La pandémie COVID-19 n’a fait qu’accroître l’urgence de mettre à jour les politiques d’information des Nations Unies.  Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons observé des tentatives d’utiliser la pandémie comme une nouvelle voie pour la désinformation dans notre pays et au-delà, a déclaré le représentant.  La vaccination étant déjà bien engagée, elle est devenue à son tour la nouvelle cible des attaques et doit être protégée de la méfiance du public.  Dès lors, l’Ukraine a salué les efforts déployés par le DCG et notamment les campagnes Verified et Only Together pour promouvoir la solidarité mondiale pour un accès juste et équitable aux vaccins contre la COVID-19 dans le monde.

Alors qu’aujourd’hui marque le trente-cinquième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le représentant a remarqué que là encore, parallèlement à une histoire de courage et de solidarité mondiale, il s’agit aussi de tentatives de désinformation et des efforts désespérés des autorités d’alors pour cacher la vérité.  « L’histoire de Tchernobyl et la réponse des autorités soviétiques sont un puissant rappel que la désinformation, tout comme les radiations, sont des tueurs invisibles. »

Le représentant a salué la résolution de l’Assemblée générale sur la Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information.  Il faut miser sur l’amélioration des capacités de vérifier les faits et de procéder à une réflexion critique pour permettre aux gens de faire la part de choses entre informations crédibles, désinformation, propagande, discours de haine et récits extrémistes.  Le représentant a appelé l’ONU à s’attaquer de manière globale à toutes les tentatives de falsification de l’information.  La désinformation et ceux qui s’y livrent doivent être clairement dissociés du journalisme professionnel, a conclu le représentant.

M. YASSER HALFAOUI (Maroc) a salué la « mobilisation exemplaire » et la « capacité d’adaptation » du DCG malgré les nombreux défis rencontrés en cette période de pandémie, à commencer par la désinformation.  Par temps de crise, le besoin d’informations fiables est plus important encore lorsque celles-ci émanent des Nations Unies, a-t-il souligné, se félicitant du rôle clef joué par le Département aux côtés de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des autres agences onusiennes dans le cadre d’une communication unifiée.  En outre, le Département a proposé une riposte innovante et robuste à la désinformation, matérialisée par les initiatives Verified et Pledge to Pause, s’est-il réjoui, tout en appelant à rester vigilant à cet égard. 

Malgré les difficultés, le Département a pu s’acquitter de son mandat « avec professionnalisme » et couvrir toutes les thématiques de l’Organisation en adaptant ses méthodes, a encore applaudi le représentant.  Le Département s’est ainsi employé à promouvoir des valeurs comme la paix, la tolérance et le développement durable, tout en s’ouvrant à de nouvelles thématiques comme les changements climatiques ou l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial.  Dans ce contexte, a poursuivi le délégué, le Centre d’information de l’ONU à Rabat, fondé en 1962, a participé à la promotion des activités de l’ONU auprès du public marocain.  Il s’est notamment mobilisé pour informer sur l’action de lutte contre la pandémie, traduisant ses contenus dans des dizaines de langues locales. 

À cet égard, le représentant a souhaité qu’une page dédiée à la Journée internationale de l’arganier, désormais célébrée le 10 mai, apparaisse sur le site Web de l’ONU, conformément à la pratique établie.  En tant que contributeur de troupes majeur aux missions de l’ONU, le Maroc, a-t-il dit, salue l’engagement du Département en faveur de la promotion du maintien de la paix.  Il a précisé que le Centre d’information de Rabat organise actuellement une exposition sur la participation des troupes marocaines aux opérations de paix onusiennes.  Enfin, après avoir constaté que l’une des conséquences positives de la pandémie est l’augmentation des visites sur le site de l’ONU, il a souhaité que cette tendance n’ait pas un effet aggravant sur la fracture numérique. 

Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a dénoncé la prolifération d’informations erronées depuis le début de la pandémie et salué les efforts du DCG pour la combattre.  Elle a appelé à des efforts accrus pour combler le fossé numérique entre les pays et souhaité la préservation des moyens de communication traditionnels pour les populations qui n’ont pas accès à Internet, en particulier dans les pays en développement.  Elle a rejeté les informations « partiales » concernant son pays sur les réseaux sociaux de l’ONU, estimant que cela sape la crédibilité de l’Organisation.  Elle a mis en garde contre tout « sensationnalisme médiatique » et l’utilisation des plateformes onusiennes pour dresser les États les uns contre les autres.  Le DCG a un rôle fondamental pour lutter contre la désinformation, a-t-elle dit, en soulignant l’importance des centres d’information de l’ONU.  Elle a, pour finir, demandé un traitement équilibré des six langues et le respect de la diversité linguistique au sein de l’Organisation.  L’espagnol est la deuxième langue la plus parlée au monde et la deuxième langue sur Internet, a-t-elle tenu à préciser.

Pour Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), mettre l’information au service des communautés a pris un nouveau sens avec la pandémie.  La COVID-19 a démontré l’importance fondamentale des activités de communication stratégique des Nations Unies.  Elle a donné lieu à des messages localisés et à des campagnes innovantes comme Verified et Pledge to Pause.  La représentante a toutefois plaidé pour plus de contenus multilingues pour pouvoir toucher davantage les populations locales.  Elle a salué le travail de communication accompli par le DCG dans le contexte des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris.  À l’avenir, a-t-elle suggéré, le DCG devrait tirer les enseignements de cette expérience pour garantir un accès plus juste aux vaccins par des campagnes ciblées.  La représentante a également encouragé le Département à renforcer ses partenariats avec la société civile, le monde universitaire et les artistes qui ont pris une importance particulière au cours de l’année écoulée.  Elle n’a pas manqué de souligner que le fossé numérique est toujours réel à l’intérieur des pays et entre eux.  Elle a insisté sur l’importance pour le DCG de continuer d’utiliser les supports traditionnels de communication en plus des nouvelles technologies.

Prenant acte de la croissance exponentielle des réseaux sociaux de l’ONU et de l’augmentation marquées des visites sur le site Internet en espagnol, la représentante a souligné que le Service des nouvelles en espagnol compte actuellement plus de six millions d’utilisateurs dans le monde.  Avant de conclure, elle a appelé le DCG à respecter le principe de parité entre les six langues officielles des Nations Unies sur tous ses supports et produits médiatiques, notant qu’il reste toujours du travail à faire à cet égard. 

M. MAXIMILIANO JAVIER ALVAREZ (Argentine) a relevé à son tour que, comme l’a douloureusement démontré la pandémie, « la désinformation tue ».  Dans ce contexte, le représentant a appuyé les efforts du DCG visant à produire et diffuser du contenu multilingue sur la pandémie et ses impacts.  Jugeant à cet égard que la pleine intégration du multilinguisme dans toutes les activités de l’ONU est indispensable, il a réaffirmé sa conviction que le Département doit sortir d’une « culture de la traduction », qui prend l’anglais comme langue de base, et tendre vers une « authentique culture multilingue ».  Cela suppose, selon lui, que les particularités de chacune des langues soient prises en compte à tous les stades de la communication. 

Le représentant s’est également félicité de la croissance continue des consultations sur le site Web et les médias sociaux en espagnol, qui en font l’une des langues les plus demandées.  Nous exhortons le Secrétariat à prendre en compte cette tendance lors de l’allocation des ressources existantes, notamment en termes de personnel.  Il a salué le travail du Centre d’actualités en espagnol et applaudi le partenariat des centres d’information en Amérique latine, y compris le Centre de Buenos Aires, qui permet de produire des contenus traitant de l’agenda mondial, en mettant l’accent sur les problématiques régionales. 

Le délégué argentin a ensuite exprimé sa préoccupation face à la disparité dans l’utilisation des six langues officielles sur le site Web de l’ONU: tout le matériel n’est pas disponible dans les six langues officielles et certaines pages ne sont pas mises à jour dans toutes les langues avec la même fréquence.  De même, s’agissant de la couverture multilingue des réunions des principaux organes, il a souligné la valeur des communiqués de presse, qui fournissent des informations quasi instantanées sur les activités de l’ONU et constituent souvent le « seul moyen d’assurer la mémoire institutionnelle ».  Or, a-t-il déploré, ces communiqués ne sont encore disponibles que dans deux des six langues officielles, sans justification et malgré le renouvellement du mandat conféré par l’Assemblée générale en faveur de parité entre les six langues.  Enfin, il a demandé à l’ONU de redoubler d’efforts pour faire en sorte que les archives audiovisuelles des réunions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et de leurs organes subsidiaires soient disponibles dans les six langues officielles avec des titres et des descriptifs dans les langues correspondantes.

M. HENRY JONATHAN VIERA SALAZAR (Équateur) a insisté sur l’importance de la perception que le monde a de l’action de l’ONU.  Beaucoup de gens ne savent en effet rien du multilatéralisme et de l’ONU, a déclaré le délégué.  Il a donc salué les efforts de communication visant à ancrer l’ONU dans le monde et à atteindre un public plus large.  Le représentant a appelé l’ONU à continuer d’user de moyens de communication traditionnels, tels que la presse, qui sont privilégiés par les populations qui n’ont pas accès à Internet, en particulier dans les pays en développement.  Il a mentionné l’attachement de son pays aux droits des peuples autochtones et salué le travail de communication autour de ces peuples fait par le Centre d’information de l’ONU à Rio de Janeiro.  Le délégué a souligné l’importance du multilinguisme pour le travail de l’Organisation et estimé que l’espagnol n’est pas traité sur un pied d’égalité avec l’anglais et le français.  Le DCG doit prendre en compte les chiffres communiqués par le Secrétariat sur les consultations des pages en langue espagnole quand il mène ses campagnes de communication, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a dénoncé la prolifération d’informations erronées et insisté sur la nécessité de les contrer.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a estimé qu’en cette période de crise mondiale, le DCG a un rôle d’autant important qu’il permet une couverture de l’information même quand les journalistes sont absents.  Face à la tendance actuelle à la désinformation, il a souligné le besoin de données scientifiques, fiables et précises, avant de féliciter les Nations Unies pour leur communication sur la COVID-19, en particulier la campagne Verified annoncée par le Secrétaire général en avril 2020. 

Se félicitant de la stratégie de communication globale des Nations Unies, le représentant a tout de même alerté d’une fracture numérique qui a considérablement augmenté pendant la pandémie, notamment entre pays développés et en développement.  Il a souhaité que le DCG prenne des mesures pour combler cet écart.  Il l’a aussi exhorté à continuer de communiquer activement sur l’importance de la solidarité pour lutter contre les impacts socioéconomiques de la pandémie et générer une coopération internationale efficace, avec un accent particulier sur les besoins des plus vulnérables.  De même, a-t-il ajouté, nous encourageons le Département à continuer d’utiliser une approche inclusive pour relever les défis posés par la désinformation. 

Le représentant a jugé que le multilinguisme contribue à la réalisation des objectifs de l’ONU, tels qu’énoncés à l’Article 1 de la Charte.  À cet égard, il a encouragé une couverture multilingue de l’information et des initiatives favorisant la diffusion universelle de la langue portugaise.  À ses yeux, il est primordial de garder à l’esprit que le multilinguisme est un catalyseur de la diplomatie multilatérale et qu’il participe à la promotion des valeurs des Nations Unies.  Dans cet esprit, il a réaffirmé l’engagement de son gouvernement en faveur de l’installation d’un centre d’information de l’ONU à Luanda, en tant que contribution aux besoins des pays africains de langue portugaise. 

Mme YUANCHUN MA (Chine) a noté qu’au cours de l’année écoulée, la pandémie de coronavirus s’est doublée d’une pandémie de désinformation.  Face à cette menace, s’est-elle félicitée, le DCG a riposté activement aux fausses nouvelles et aux discours de haine et racistes, tout en faisant entendre la voix de l’ONU.  Pour la représentante, cette année 2021 est cruciale pour assurer la reprise économique et faire face aux retombées de la crise.  Elle a donc espéré que la communauté internationale renforcera sa solidarité et sa coopération afin de mettre la vie et la science au premier plan. 

S’agissant des travaux du Département dans la période à venir, la déléguée a souhaité qu’ils portent sur les programmes prioritaires des Nations Unies.  Selon elle, la communication onusienne doit se centrer sur la mise en œuvre de la riposte à la COVID-19 et en particulier sur la distribution équitable des vaccins et le relèvement durable des économies.  De plus, le Département doit continuer de faire montre de professionnalisme dans sa communication et lutter contre les fausses nouvelles, la haine et le racisme.  Il doit en outre approfondir sa coopération avec les États Membres afin de mieux informer le grand public.  Enfin, a-t-elle ajouté, le Département doit renforcer le multilinguisme en promouvant l’utilisation sur un pied d’égalité des six langues officielles de l’ONU, y compris le chinois.  À cet égard, elle a appelé à une augmentation des moyens de communication en chinois afin de permettre aux publics sinophones de mieux connaître les activités de l’ONU. 

Pour Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), il ne fait pas de doute que la peur, l’incertitude et la prolifération de fausses nouvelles, dans de nombreux cas, ont sapé les réponses nationales et mondiales à la pandémie.  Cela a alimenté les théories de la conspiration et fourni des opportunités à ceux qui cherchent à exploiter ce moment sans précédent pour promouvoir la haine et aggraver les divisions sociales.  Cette « infodémie » n’est pas seulement un défi pour la lutte contre la pandémie, mais aussi un défi mondial qui met en péril la sécurité et le développement de nombreux pays et sociétés.  C’est la raison pour laquelle la représentante a salué l’initiative du DCG pour renforcer la confiance et lutter contre la désinformation par le biais de sa campagne Verified.  Malgré les effets néfastes de la désinformation, la valeur de la communication stratégique ne peut être sous-estimée, a poursuivi la représentante expliquant que le Bangladesh en a fait l’expérience: alors que sa campagne de vaccination avançait lentement aux premiers stades, une campagne médiatique et des activités de sensibilisation continues ont permis de vacciner environ 11 millions de personnes à ce jour.

Passant ensuite aux recommandations relatives au travail du DCG, la représentante a commencé par l’inviter à collaborer davantage avec la communauté scientifique et intellectuelle.  Il devrait également collaborer davantage avec les organisations sociales et les médias sociaux pour lutter contre toute « infodémie », en particulier dans les situations de crise.  Le Bangladesh a aussi demandé au DCG d’intensifier davantage la campagne Verified et de la promouvoir localement avec l’aide des bureaux de pays des Nations Unies.  Les milieux d’affaires et autres acteurs doivent être encouragés à donner une nouvelle vie à cette campagne, a estimé la représentante.  Dans le même ordre d’idées, elle a soutenu l’expansion de la campagne Only Together qui cherche à promouvoir un accès équitable aux vaccins.  Elle a suggéré au Département d’étendre sa portée numérique à différents publics grâce à une utilisation innovante de plateformes numériques. 

La représentante a également demandé au DCG de développer des stratégies de communication plus efficaces et intégrées en vue de mettre en évidence les contributions individuelles des pays contributeurs de troupes et de police de manière équitable, et lutter contre la propagande anti-ONU, en coordination avec les départements et missions sur le terrain.

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a salué la « démarche créative » adoptée par le DCG afin de continuer son travail dans les conditions difficiles imposées par la pandémie.  Elle s’est félicitée de l’axe de communication retenu s’agissant de l’accès équitable au vaccin et a souligné l’importance de la campagne Verified.  Le fossé numérique s’est creusé pendant la pandémie, a-t-elle dit, en appelant à le combler.  Elle a encouragé la DCG à mettre l’accent, dans ses campagnes de communication, sur l’apport des pays contributeurs de troupes.  Elle a salué les campagnes de communication du DCG visant les jeunes, estimant aussi que la publication de contenus dans 123 langues, y compris le braille, est digne d’éloges.  Elle a reconnu que les difficultés budgétaires peuvent entraver le plein respect du multilinguisme mais le DCG devrait néanmoins trouver des moyens de financement innovants.  Elle a suggéré l’idée de solliciter des contributions volontaires, avant d’appeler de ses vœux un système de l’information plus juste et plus équitable.

M. DANIEL PRADA JIMÉNEZ DE CISNEROS (Espagne) s’est réjoui que le DCG ait été en mesure de transformer son travail en un temps record pour se positionner comme « référent communicationnel » face à une crise sanitaire sans précédent, et ce, sans négliger ses autres priorités, notamment la promotion du Programme 2030.  Il a estimé à cet égard que le multilinguisme, valeur fondamentale de l’ONU, joue un rôle clef dans la communication de cette feuille de route.  Il a également exprimé sa reconnaissance au Secrétaire général pour le message qu’il a prononcé vendredi dernier à l’occasion de la Journée de la langue espagnole, dans lequel il a présenté l’espagnol comme un outil de travail essentiel de l’Organisation et un élément indispensable au succès du multilatéralisme. 

Tout en reconnaissant les bonnes pratiques du Département en matière de multilinguisme, le représentant a jugé qu’il y a « moyen de les améliorer ».  Prenant des exemples récents, il a déploré que les informations sur le concert virtuel organisé pour la célébration de la Journée de la langue espagnole et de la langue anglaise n’aient été disponibles qu’en anglais sur le site de l’ONU.  Également la semaine dernière, a-t-il encore regretté, les informations sur le débat de haut niveau consacré à la sécurité urbaine et à la bonne gouvernance, organisé par le Président de l’Assemblée générale et auquel des États Membres hispanophones, dont l’Espagne, ont participé, étaient uniquement en anglais et continuent de l’être sur le site de l’Organisation. 

À la lumière de ces exemples, a-t-il souligné, nous rappelons que le multilinguisme au sein du Département doit être « transversal et intégral ».  Il ne s’agit pas de traduire des informations, mais bien d’avoir des équipes multilingues reflétées sur le site et sur les réseaux sociaux, qui constituent la « véritable porte d’entrée » pour ceux qui essaient de savoir ce que les Nations Unies apportent au monde. 

Évoquant ensuite les rapports du Secrétaire général sur l’activité du Département, le représentant s’est félicité de l’évolution des outils de communication, observant notamment avec un intérêt particulier les données relatives à la langue espagnole, qui continuent d’afficher une « tendance très positive ».  Il a donc réitéré sa demande au Département de « corriger » l’écart entre la demande et l’offre de contenus en espagnol.  Il a également appelé à une répartition plus équilibrée des ressources allouées à chacune des langues officielles afin que l’ONU puisse mieux s’adapter à ses publics.

M. SUPRIYANTO SUWITO (Indonésie) a dénoncé la prolifération d’informations erronées depuis le début de la pandémie et salué les efforts du DCG pour la combattre.  « L’infodémie », qui peut être aussi dangereuse que la pandémie, exige une réponse collective, a-t-il dit, en saluant la campagne Verified pour y faire pièce.  Le délégué a souligné l’importance du multilinguisme et invité le DCG à l’intégrer dans toutes ses activités.  Le DCG devrait également user des langues locales pour se rapprocher des populations locales.  Il a rappelé que la langue indonésienne est parlée par 270 millions de personnes et encourager le DCG à nouer des contacts plus étroits avec les organisations régionales.  Il a ainsi indiqué qu’un partenariat avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pourrait permettre d’atteindre 650 millions de personnes.  Le délégué a aussi encouragé le DCG à mettre l’accent, dans ses campagnes de communication, sur l’apport des pays contributeurs de troupes.  Il faut lutter contre la propagande anti-ONU qui peut conduire à des attaques contre les Casques bleus, a dit le délégué, avant de plaider également pour une solution au fossé numérique qui s’est creusé pendant la pandémie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Catastrophe de Tchernobyl: le monde n’a pas oublié et n’oubliera pas, souligne le Président de l’Assemblée générale

Soixante-quinzième session,
61e séance plénière – après-midi
AG/12320

Catastrophe de Tchernobyl: le monde n’a pas oublié et n’oubliera pas, souligne le Président de l’Assemblée générale

L’Assemblée générale a commémoré, cet après-midi, le trente-cinquième  anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, un anniversaire solennel qui sonne comme un appel pour « continuer à renforcer notre résilience et à nous préparer à des défis inattendus, afin de créer un avenir plus sûr pour tous », a préconisé le Président de l’Assemblée générale. 

Le  « monde n’a pas oublié, et n’oubliera pas la catastrophe de Tchernobyl », a déclaré M. Volkan Bozkir à l’adresse des États Membres réunis en commémoration de cet anniversaire sous le thème du « Renforcement de la coopération internationale et coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl » 

Dans un message lu par son Chef de Cabinet, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, le Secrétaire général a souligné, pour sa part, que la catastrophe qui s’est produite le 26 avril 1986 est porteuse de nombreuses leçons importantes alors que le monde s’efforce de faire face à la pandémie de COVID-19 et d’y répondre. 

Après avoir observé une minute de silence à la mémoire des victimes, les délégations qui ont pris la parole sont toutes revenues sur la solidarité internationale qui s’est manifestée après la catastrophe, rappelant la mobilisation de quelque 45 pays et institutions qui ont contribué à hauteur de 2 milliards de dollars pour garantir la sécurisation du site et la construction d’un nouveau sarcophage.  

Le Bélarus s’est enorgueilli d’avoir « acquis de véritables connaissances » sur les conséquences économiques, sociales et culturelles de la catastrophe.  La délégation a notamment cité la mise en place d’une plateforme qui doit unir les investisseurs et poursuivre la coopération internationale pour Tchernobyl sous les auspices de l’ONU  afin de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les territoires touchés.  

La force unificatrice de l’héritage tragique de la catastrophe de Tchernobyl offre une chance de s’éloigner de la stratégie de la confrontation, a-t-elle affirmé, a déclaré de son côté la Fédération de Russie qui a constaté que l’accident de Tchernobyl a apporté d’importants ajustements à l’industrie nucléaire et permis d’améliorer la technologie nucléaire.  

S’inscrivant en faux, l’Ukraine s’est emportée contre la désinformation orchestrée à l’époque par les autorités soviétiques qui « ont désespérément essayé de cacher la vérité  à  leur  propre peuple et à d’autres pays ».  En effet, c’est la Suède et pas l’Union soviétique qui a alerté le monde, a rappelé la délégation qui y a vu  un rappel puissant que la désinformation, tout comme la radiation, est un  « tueur invisible ». 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal de l’ONU

RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE ET COORDINATION DES EFFORTS DÉPLOYÉS POUR ÉTUDIER ET ATTÉNUER LE PLUS POSSIBLE LES CONSÉQUENCES DE LA CATASTROPHE DE TCHERNOBYL

Déclarations liminaires

Il y a trente-cinq ans, une tragédie a frappé la centrale nucléaire de Tchernobyl et bien que les années aient passé, l’héritage de la catastrophe persiste, a déploré M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale.  Nous nous souvenons de ceux qui ont perdu la vie à la suite de l’accident et de ceux dont la vie a changé à jamais, a ajouté M. Bozkir. 

Aujourd'hui, a-t-il dit, je pense aux pompiers qui ont combattu l’instinct de peur, qui ont affronté le danger afin de protéger le monde.  Ils n’ont pas fait ce qui était facile, ils ont fait ce qui était juste.  En faisant ce qu’il fallait, ils ont fait le sacrifice ultime, et on ne les oubliera pas, a déclaré le Président. 

Dans l’ombre de cette tragédie, ces travailleurs de l’urgence se sont mobilisés pour répondre aux villages et aux villes désertées.  Le traumatisme de l’évacuation a laissé son empreinte dans la vie de nombreuses personnes dans les zones avoisinantes.  Les familles ont fui de chez elles, leur routine quotidienne a été bouleversée à jamais et elles ont dû faire face à une nouvelle réalité, celle du chômage et de la pauvreté. 

Des milliers d’enfants ont été touchés par des problèmes de santé graves, notamment le cancer de la thyroïde, et leur avenir a été irrémédiablement changé. Nous pensons à ceux qui habitent aujourd’hui dans les zones touchées du Bélarus, de la Fédération de Russie et de l’Ukraine, a-t-il dit saluant leur « résilience, un témoignage du pouvoir de l’humanité ». 

Le Président a félicité les gouvernements du Bélarus, de la Fédération de Russie et de l’Ukraine qui s’efforcent de protéger la population contre les effets des radiations, d’atténuer les effets de l’accident et de rebâtir un avenir meilleur pour les communautés touchées.

Il a en outre applaudi le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a joué un rôle essentiel dans la coordination des activités des Nations Unies au lendemain de la catastrophe. 

Cet anniversaire solennel nous rappelle que nous devons continuer à renforcer notre résilience et à nous préparer à des défis inattendus, afin de créer un avenir plus sûr pour tous, a-t-il préconisé car « le monde n’a pas oublié, et n’oubliera pas la catastrophe de Tchernobyl ». 

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Cheffe de Cabinet du Secrétaire général a lu un message du Secrétaire général, M. ANTÓNIO GUTERRES dans lequel il a rappelé que la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl a touché des centaines de milliers de personnes dont quelque 350 000 qui ont été contraintes de quitter leur foyer.  L’explosion a eu des impacts profondément traumatisants et durables sur leur vie.  Le Secrétaire général a exhorté à ne pas oublier leurs souffrances.  Depuis 1986, l’ONU soutient les personnes touchées, d’abord par l’aide d’urgence et humanitaire, puis par le soutien au développement économique et social.    « Nos efforts conjoints ont connu un certain succès », a indiqué Mme Viotti qui a souligné l’augmentation substantielle du nombre de petites et moyennes entreprises opérant dans les zones touchées et des efforts systématiques pour former les médecins et les agents de santé à la lutte contre les impacts durables de Tchernobyl.   Aujourd’hui, la catastrophe est porteuse de nombreuses leçons importantes alors que le monde s’efforce de faire face à la pandémie de COVID-19 et d’y répondre, et de soutenir des sociétés sûres, stables et pacifiques partout dans le monde. 

Donnant lecture d’une déclaration du Ministre des affaires étrangères du Bélarus, le représentant du Bélarus a déclaré que le terme « Tchernobyl » est associé depuis 1986 à une douleur.  La délégation a rappelé que cette catastrophe a contribué à une émission massive de substances radioactives qui ont contaminé des milliers de kilomètres carrés et touché des centaines de milliers de personnes.  Toutes les familles, sans exception, ont été touchées par les retombées radioactives au Bélarus, directement ou indirectement.  Le Bélarus a indiqué avoir mis en place cinq programmes pour un montant de 19 milliards de dollars pour réduire les risques et les conséquences négatives de la catastrophe sur les populations.  Le combat se poursuit sans relâche pour préserver les zones agricoles, forestières et aquatiques de la contamination. 

Le Bélarus a salué la pertinence de la résolution A/RES/74/114 intitulée « Conséquences durables de la catastrophe de Tchernobyl » adoptée par l’Assemblée générale le 16 décembre 2019 qui met l’accent sur le renforcement de la coopération internationale et coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.  Le Bélarus a salué le rôle de coordination que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) joue dans la coopération internationale concernant Tchernobyl, notamment le travail mené par l’Équipe spéciale interinstitutions pour Tchernobyl. 

« Trente-cinq ans après Tchernobyl, le Bélarus a acquis de véritables connaissances sur les conséquences économiques, sociales et culturelles de la catastrophe », a indiqué la délégation avant de se féliciter de la tenue d’une Conférence internationale qui a mis l’accent sur les possibilités d’exploiter les potentiels socioéconomiques des territoires touchés.  Le Bélarus a aussi cité la mise en place d’une plateforme qui doit unir les investisseurs et poursuivre la coopération internationale pour Tchernobyl sous les auspices de l’ONU afin de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les territoires touchés. 

La Fédération de Russie a déclaré qu’il y a 35 ans, le monde entier faisait face à une tragédie d’une ampleur sans précédent: l’explosion dans la nuit du 26 avril 1986 du quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl qui a pris tout le monde par surprise.  L’accident a été l’une des plus grandes catastrophes d’origine humaine du siècle dernier, et des travaux sont toujours en cours pour en éliminer les conséquences.  Sans le dévouement des sauveteurs de Tchernobyl, les victimes auraient été encore plus nombreuses, a alerté la délégation.  Ce sont ces héros et des gens ordinaires qui ont combattu l’ennemi invisible et inconnu.  « Nous leur sommes redevables.  Nous honorons profondément la mémoire de chaque victime », a déclaré la délégation. 

La délégation a ensuite prévenu que le monde n’est pas à l’abri d’une répétition de ce qui s’est passé à Tchernobyl. 

Pour l’Ukraine, l’accident de Tchernobyl a enseigné une leçon importante à la communauté internationale et oblige à réfléchir de façon plus approfondie au risque que peut poser l’énergie nucléaire.  Cela a changé la vie de générations entières et a eu un impact de long terme sur l’environnement.  La délégation a indiqué qu’au fil des ans, l’Ukraine et les organisations internationales ont travaillé ensemble pour surmonter les conséquences de la catastrophe en mettant en œuvre des projets visant à appuyer le relèvement durable et le développement dans les régions touchées en réduisant les effets socioéconomiques et environnementaux sur le long-terme de la catastrophe. 

Les projets du nouveau confinement sûr concernant le projet de protection ainsi que l’installation de stockage provisoire du combustible nucléaire a déjà été réalisé.  Il s’agit, a-t-il expliqué, pour isoler les substances radioactives du réacteur détruit.  Cela ne représente qu’une étape, c’est pourquoi il est essentiel de maintenir la question de la catastrophe de Tchernobyl à l’ordre du jour international. 

Qualifiant la fermeture de la centrale d’ «  exemple remarquable de la solidarité internationale », il a indiqué que l’arche de Tchernobyl, le dispositif de confinement, permettrait d’isoler les substances radioactives du quatrième réacteur détruit pendant au moins 100 ans.  Il faut à présent transformer cette arche en un système écologiquement sûr. 

Pour finir, le Représentant a dénoncé la désinformation orchestrée par les autorités soviétiques qui « ont désespérément essayé de cacher la vérité à leur propre peuple et à d’autres pays ».  En effet, a-t-il poursuivi, c’est la Suède et pas l’Union soviétique qui a alerté le monde.  Il y a vu un rappel puissant que la désinformation, tout comme la radiation, est un « tueur invisible ».

À l’issue de ces interventions, le Chili, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), a appelé les entités de l’ONU à renforcer les partenariats stratégiques, forger des alliances et mobiliser des ressources en faveur du développement durable des territoires touchés.  La République du Congo, au nom du Groupe des États d’Afrique, a salué la coopération internationale et la coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine, au Bélarus et en Fédération de Russie.  Cette tragédie rappelle que les accidents nucléaires font fi des frontières, a renchérit le Koweït, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique

Les Pays-Bas, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, se sont félicités de l’installation réussie, après 10 ans de construction, d’un nouveau sarcophage sur le réacteur numéro quatre de la centrale.  Cela a permis aux habitants de la région de Tchernobyl de commencer enfin un nouveau chapitre, a noté la délégation.   

Cette avancée a également été saluée par les États-Unis qui, en leur capacité de pays hôte, ont constaté qu’il reste encore énormément à faire, notamment en ce qui concerne le déplacement des déchets nucléaires.   La délégation américaine a également salué la mémoire, la bravoure et le sacrifice des travailleurs d’urgence qui ont contenu la catastrophe du 26 avril 1986.  Ce sacrifice, nous devons nous en rappeler, car il ne faut jamais oublier Tchernobyl, a insisté la délégation.  

De son côté, la Roumanie qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Europe orientale, a jugé impératif de garantir une communication transparente et rapide de toutes les informations pertinentes en matière de sécurité et de sûreté nucléaires.   C’est le moyen le plus fiable et le plus efficace d’éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent, car le coût des erreurs est trop élevé pour être payé une nouvelle fois par l’humanité, a-t-elle déclaré.  

Les États Membres ont également entendu Cuba qui s’est enorgueilli d’être le seul pays à avoir organisé un programme de santé intégré massif qui a pris en charge 25 000 personnes victimes de la catastrophe, dont 84% étaient des enfants, entre 1990 et 2011. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement retrouve le consensus et adopte une résolution sur la sécurité alimentaire et la nutrition

Cinquante-quatrième session,
2e séance plénière – matin
POP/1099

La Commission de la population et du développement retrouve le consensus et adopte une résolution sur la sécurité alimentaire et la nutrition

La Commission de la population et du développement a achevé, ce matin, sa cinquante-quatrième session en adoptant, pour la première fois depuis 2016 et par consensus, une résolution* sur le thème de la session: « Population, sécurité alimentaire, nutrition et développement durable ».

L’adoption de la résolution montre clairement que la Commission est toujours apte à remplir sa mission qui consiste à suivre la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et des objectifs de développement durable pertinents, s’est réjoui son Président.  M. Eric Tiare Yemdaogo du Burkina Faso a salué « le succès » de cette session d’une semaine, tenue dans le contexte de la pandémie de COVID-19, avec des séances d’ouverture et de clôture en présentiel.  C’est virtuellement que la Commission a organisé ses tables rondes, son débat général et ses négociations.

Dans la résolution de neuf pages dont un dispositif de 22 paragraphes, la Commission réaffirme d’abord « le droit souverain » de chaque pays d’appliquer les recommandations du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement ou d’autres propositions formulées, « de manière compatible » avec ses lois nationales et ses priorités, « en respectant pleinement les diverses religions, les valeurs morales et les origines culturelles de son peuple », dans le respect des principes des droits humains universellement reconnus.

La Commission souligne que la promotion de systèmes alimentaires, d’une production agricole et d’une pêche durables, y compris de pratiques agroécologiques et autres approches novatrices, la sécurité alimentaire, la nutrition et la sécurité sanitaire des aliments sont des éléments indispensables pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et ses dimensions, y compris la féminisation de la pauvreté. 

La Commission appelle à redoubler d’efforts pour transformer les systèmes alimentaires et les rendre plus durables et plus résilients dans les pays en développement, en mettant en particulier l’accent sur l’agriculture familiale et les petits et moyens exploitants, y compris dans le secteur de la pêche.  Elle demande instamment aux gouvernements de combler l’écart entre les genres en matière d’accès aux moyens de production dans l’agriculture.  Étant donné que les écoliers n’ont plus accès aux cantines scolaires en raison de la pandémie de COVID-19 et des restrictions qui y sont associées, les États Membres sont aussi priés d’atténuer les effets de cette situation, en particulier pour les adolescentes qui, en raison de normes sociales négatives, sont plus susceptibles d’assumer des tâches domestiques, au risque de limiter leur accès à l’apprentissage à distance.

La Commission se félicite que le Secrétaire général ait pris l’initiative d’organiser le Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021 dans le cadre de la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, et attend avec intérêt le prochain sommet « Nutrition pour la croissance » qui doit se tenir à Tokyo en 2021.  En attendant, les États Membres sont priés de promouvoir des politiques économiques, sociales et environnementales propres à parer aux effets néfastes des ralentissements et fléchissements économiques.

Plusieurs délégations ont pris la parole pour saluer le consensus retrouvé au sein de la Commission dont le Maroc qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est réjoui de ce que la Commission soit parvenue à ce résultat sous une présidence africaine.  Au nom de l’Union européenne, la France a estimé que ce consensus démontre que « les Nations Unies se soucient des difficultés auxquelles sont confrontées des millions de personnes ».  Elle a aussi salué le fait que le document fasse le lien entre un régime alimentaire sain et les modèles de production et de consommation durables.  Les Philippines ont, quant à elles, salué le fait que le texte mentionne l’impact de la pandémie sur les pays en situation particulière plus vulnérables aux changements climatiques.  Selon le Mexique, il faut désormais que la communauté internationale adopte une transition vers des systèmes alimentaires plus durables, en réduisant l’influence « excessive » des multinationales agroalimentaires.

Des délégations se sont tout de même désolidarisées de certains libellés.  L’Égypte aurait souhaité que soit retirée la référence aux « soins de santé sexuelle et procréative », appuyée en cela par le Guatemala et le l’Iraq.  La Colombie a fait observer que l’expression « droit au développement » n’a pas une acception universelle.  Même son de cloche du côté du Brésil qui s’est dissocié des terminologies « sans définition claire et internationalement agréée », comme « flux financiers illicites », ont ajouté les États-Unis.  Le texte est mis à mal, a commenté le Saint-Siège, par « une terminologie peu claire et polémique » comme le démontre les réactions des différentes délégations.  Il a en profité pour préciser que pour lui, « le genre » s’entend comme l’identité biologique qui différencie hommes et femmes. 

Au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), l’Australie, appuyée par le Royaume-Uni, a déploré le fait que le terme « éducation sexuelle » ait été retiré du texte.  Ce qui est regrettable, a poursuivi la Fédération de Russie, c’est que la résolution n’accorde pas une grande importance à l’appui à la famille.  La Syrie a dit avoir insisté, au cours des négociations, sur la situation spécifique des pays comme elle qui vivent sous occupation.  Elle s’est donc dissociée de certains paragraphes du préambule et du dispositif.  Les accusations portées par le régime syrien, a rétorqué, la Turquie, visent à détourner l’attention des immenses souffrances qu’il fait subir à sa population.  Israël a aussi déploré le fait qu’une délégation ait décidé de « faire entrer la politique dans les négociations sur le texte ». 

La Hongrie a marqué sa désapprobation face à la mention des migrants, réaffirmant que la communauté internationale devrait plutôt aider les pays d’origine à juguler l’émigration clandestine.  Alors que le Qatar insistait sur le fait que la résolution sera mise en œuvre « dans le respect de sa législation nationale », le Nicaragua a rappelé que l’avortement n’est pas considéré chez lui comme une méthode de planification familiale. 

La résolution, a dit en conclusion le Président de la Commission, fournit des orientations générales aux gouvernements nationaux et à la communauté internationale, incite la société civile à se mobiliser pour faire changer les choses et oriente la mise en œuvre des programmes pour les années à venir.  De même, elle envoie un message « retentissant » au forum politique de haut niveau pour le développement durable et autres rencontres internationales sur le rôle « critique » des questions de population dans la sécurité alimentaire, à la nutrition et au développement durable. 

Le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, M. John Wilmoth, a acquiescé, avant que la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, Mme Natalia Kanem, ne salue un texte « orienté vers l’action » et reflétant l’impact de la COVID-19 et de l’insécurité alimentaire sur les femmes et les filles, ainsi que sur la santé sexuelle et reproductive.  Il faut, a-t-elle estimé, réfléchir aux expériences nationales partagées au cours du débat général de cette semaine et reconnaître l’impact profond de la pandémie sur la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le « caractère non contraignant » a été souligné par les États-Unis.  Il est temps, a ajouté Mme Kanem, de travailler ensemble pour reconstruire « en mieux, plus fort et plus vert ».  « Des millions et des millions de femmes et de filles attendent toujours que les dirigeants du monde concrétisent leurs promesses. »

La Commission a également adopté l’ordre du jour provisoire** de sa cinquante-cinquième session, prévue en 2022, et qui aura pour thème spécial: « Population et développement durable, en particulier croissance économique soutenue et inclusive ».  Elle a décidé*** que sa session de 2023 aura pour thème spécial: « Population, éducation et développement durable », avant d’adopter son projet de rapport****, présenté par la Rapporteuse, Mme Damla Fidan, de la Turquie.  Après sa séance de clôture, la Commission a tenu la première réunion de sa cinquante-cinquième session pour en élire le Président, M. Enrique A. Manalo (Philippines), et le Vice-Président, M. Andrei Nicolenco (Moldova).

* E/CN.9/2021/L.5
** E/CN.9/2021/L.2
*** E/CN.9/2021/L.4
**** E/CN.9/2021/L.3

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: le Mécanisme international d’enquête en Syrie présente un rapport rejeté par plusieurs délégations, dont la syrienne

Soixante-quinzième session,
60e séance plénière – matin
AG/12319

Assemblée générale: le Mécanisme international d’enquête en Syrie présente un rapport rejeté par plusieurs délégations, dont la syrienne

Le débat organisé en présentiel, ce matin, à l’Assemblée générale sur le « Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 » a tourné à la confrontation entre partisans de cet outil de lutte contre l’impunité et le camp de la délégation syrienne et ses alliés.  Aujourd’hui, l’Assemblée a aussi reconduit M. Achim Steiner à la tête du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), pour un nouveau mandat de quatre ans prenant effet le 17 juin 2021. 

Venue présenter son rapport, après l’annulation du débat, l’année dernière, en raison de la pandémie de COVID-19, la Cheffe du Mécanisme international a fait état de la poursuite des travaux de son équipe qui, malgré les bouleversements de la crise actuelle, a continué sa collecte à distance d’informations et d’éléments de preuves à partir d’un éventail de sources comprenant les États, les partenaires des Nations Unies, les organisations internationales, les ONG et les particuliers. 

En 2020, a indiqué Mme Catherine Marchi-Uhel, 130 collectes ont pu être réalisées, tandis qu’était améliorée l’efficacité du traitement numérique des éléments de preuve, avec des capacités de stockage allant jusqu’à 1,7 pétaoctet. Parallèlement, a-t-elle ajouté, le Mécanisme a reçu 112 demandes d’assistance de la part de 12 juridictions compétentes au sujet de 97 enquêtes distinctes.  

Alors que la « situation syrienne » dure maintenant depuis plus de 10 ans et se caractérise par un « mépris flagrant des principes les plus fondamentaux du droit international humanitaire », la Cheffe du Mécanisme a salué la « créativité » dont font preuve certains États.  Elle s’est ainsi réjouie qu’à Coblence, en Allemagne, un tribunal ait établi que l’attaque systématique contre la population civile syrienne a commencé fin avril 2011 et que les actions de Damas contre l’opposition constituent des crimes contre l’humanité.  

De fait, a-t-elle souligné, la marche vers une « justice globale et impartiale » devrait pouvoir bénéficier des efforts de tous les acteurs impliqués, de la Cour pénale internationale (CPI) aux autres tribunaux internationaux, en passant par les juridictions nationales, les acteurs des Nations Unies, les organisations internationales et la société civile.  

« Nous ne pouvons pas changer le passé.  Nous pouvons, en revanche, agir aujourd’hui pour défendre et les droits et de la dignité du peuple syrien à l’avenir », a pour sa part soutenu le Président de l’Assemblée générale, avant de saluer l’approche du Mécanisme centrée sur les victimes et les survivants.  Face à l’immensité de la tâche, M. Volkan Bozkir a réclamé un financement adéquat pour ce dispositif créé en 2016 par la résolution 71/248. 

Se dissociant totalement de cette résolution « non consensuelle » et du « mécanisme illicite » qu’elle a créé, la République arabe syrienne a rappelé que son gouvernement n’a jamais demandé d’aide technique pour entamer des poursuites judiciaires.  Pour la délégation, l’ONU ne peut allouer des fonds au titre de son budget ordinaire à un mécanisme dont le mandat n’est pas déterminé par des critères conformes à la Charte et qui répond aux intérêts de « gouvernements hostiles » à la Syrie, lesquels font le jeu des organisations terroristes. 

Si les Nations Unies souhaitent fournir une aide à la République arabe syrienne pour renforcer ses institutions nationales, elles savent « à quelle porte frapper », a lancé la délégation, non sans dénoncer le « précédent grave » que représente à ses yeux ce Mécanisme.  Une position appuyée par la Fédération de Russie qui, à son tour, a mis en doute la légitimité de cette « structure », tout en pointant son « silence » sur les sources de ses « soi-disant preuves » ainsi que sur la procédure de collecte d’éléments qu’elle diffuse activement, nonobstant son devoir de confidentialité. 

Dans ces conditions, a martelé la Fédération de Russie nous considérons qu’il n’existe pas de possibilités de coopération et que toute preuve recueillie par ledit Mécanisme ne saurait être utilisée pour des procédures pénales nationales ou internationales. 

Soutenu par le Venezuela, Cuba ou encore le Nicaragua, cet argument a également été repris par la République islamique d’Iran, selon lequel le Mécanisme n’a pas lieu d’être mais va en outre au-delà de son mandat avec des conclusions dénuées de toute crédibilité.  Selon elle, le peu d’enthousiasme de ses partisans à créer un dispositif semblable pour le Yémen et la Palestine démontre les « deux poids, deux mesures » des résolutions de l’Assemblée générale. 

Face à ces tirs de barrage, l’Union  européenne, a salué les progrès accomplis par le  Mécanisme  et  s’est déclarée déterminée à ce que les crimes perpétrés au mépris du droit international n’entravent  pas les aspirations du peuple syrien à la justice et à la paix.   Fervente partisane d’une solution politique fondée sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, elle a réitéré l’importance de la lutte contre  la  « stratégie des disparitions » du « régime syrien », une terminologie qui lui a valu une motion d’ordre de la délégation syrienne.   

Sur la même ligne, les États-Unis ont répété leur soutien à ce Mécanisme « essentiel et approprié », tout en déplorant que, malgré  tous  les  éléments  de preuve convaincants, la Fédération  de  Russie continue d’appuyer le « régime d’Assad ».  Rejointe par l’Australie, la délégation américaine s’est alarmée à cet égard que l’on empêche le Conseil de sécurité d’agir pour protéger le peuple syrien. 

L’exercice du droit de veto, a confirmé le Mexique, n’a pas encore permis de renvoyer la situation syrienne devant la CPI.  Il a rappelé son appel à ce que cette prérogative réservée aux membres permanents du Conseil de sécurité ne puisse être utilisée en cas d’atrocités, une initiative qu’il promeut conjointement avec la France.  Cette dernière a souhaité que l’ensemble des acteurs onusiens, notamment la Commission d’enquête internationale et les équipes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), continuent de coopérer avec le Mécanisme. 

DÉBAT SUR LE MÉCANISME INTERNATIONAL, IMPARTIAL ET INDÉPENDANT CHARGÉ DE FACILITER LES ENQUÊTES SUR LES VIOLATIONS LES PLUS GRAVES DU DROIT INTERNATIONAL COMMISES EN RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE DEPUIS MARS 2011 ET D’AIDER À JUGER LES PERSONNES QUI EN SONT RESPONSABLE (A/71/311) 

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a dénoncé 10 années marquées par les actes les plus odieux: torture, disparitions forcées, violences sexuelles, attaques contre les civils et recours à l’arme chimique.  Il est revenu sur les témoignages des représentants de la société civile syrienne qui ont fait état d’horreurs et de souffrances, ici même dans cette salle de l’Assemblée générale.  Le 30 mars dernier, « nous avons été informés par le Secrétaire général de la situation désastreuse » qui règne actuellement en Syrie, a-t-il ajouté. 

S’étant lui-même rendu récemment dans la province turque de Hatay qui accueille 450 000 réfugiés syriens, le Président a dit avoir rencontré au centre d’hébergement temporaire de Boynuyoğun, des enfants syriens qui n’ont jamais connu de véritable foyer, ainsi que des femmes qui, malgré des années d’épreuve, sont déterminées à reconstruire leur vie.  Dans cette région-là plus durement touchée, qui borde le nord-ouest de la Syrie, il a dit avoir vu depuis le poste frontière de Bükülmez, la ville d’Atme Tent, où plus de 170 000 déplacés ont trouvé refuge.  C’est là, a-t-il avoué, que j’ai caressé l’espoir que ces Syriens, dont 100 000 enfants et jeunes, et 39 000 femmes, puissent bénéficier des livraisons humanitaires au centre de transbordement des Nations Unies à Reyhanlı. 

Il est « honteux », s’est impatienté le Président, qu’après 10 ans, nous soyons toujours en train de plaider pour un accès humanitaire.  Il a espéré que l’opération « essentielle » d’assistance humanitaire transfrontalière des Nations Unies, une bouée de sauvetage pour des millions de Syriens dans le nord-est, se poursuivra sans heurt.  S’adressant aux États Membres concernés, il leur a demandé de veiller à ce que ce mandat soit prolongé au-delà du mois de juillet.  En effet, a-t-il martelé: Le peuple syrien mérite mieux que cela.  Il mérite la paix.  Il mérite la liberté de vivre, la vie qu’il a choisie.  Il mérite la justice. 

Le Président a rappelé que le chemin du Mécanisme international, créé en 2016, par la résolution 71/248 de l’Assemblée générale, n’est pas facile.  Il l’a félicité pour avoir adopté une approche centrée sur les victimes et les survivants et de s’être doté d’une stratégie en matière de genre.  Nous ne pouvons, a-t-il dit, sous-estimer l’importance de l’engagement de la société civile.  Il a conclu en réclamant un financement adéquat du Mécanisme parce que « nous ne pouvons pas changer le passé.  Nous pouvons, en revanche, agir aujourd’hui pour défendre et les droits et de la dignité du peuple syrien à l’avenir ». 

Mme CATHERINE MARCHI-UHEL, Cheffe du Mécanisme international, a rappelé que l’année dernière, ce débat n’a pu avoir lieu en raison de la pandémie, laquelle a également obligé le Mécanisme à travailler à distance et à suspendre ses déplacements non essentiels.  Grâce à l’infrastructure informatique mise en place avant la pandémie de COVID-19, nous avons continué de nous concentrer sur la collecte à distance d’informations et d’éléments de preuves à partir du large éventail de sources que constituent les États, les partenaires des Nations Unies, les organisations internationales, les ONG, les particuliers et autres.  En 2020, a indiqué la Cheffe du Mécanisme, 130 collectes ont été réalisées, tandis qu’était améliorée l’efficacité du traitement numérique des éléments de preuve, avec des capacités de stockage allant jusqu’à 1,7 pétaoctet, ce qui équivaut à une tour « 10 fois plus élevée que la tour Eiffel ». 

Mme Marchi-Uhel a indiqué que, depuis la précédente séance d’information, il y a deux ans, son équipe a considérablement avancé dans son travail analytique.  Ce travail, a-t-elle précisé, comprend la finalisation des dossiers de preuves visant à établir les éléments de contexte nécessaires à la qualification de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Ces dossiers sont accessibles sur demande ou de manière proactive aux juridictions compétentes.  L’équipe a également poursuivi son analyse des documents relatifs aux allégations d’attaques illégales, y compris l’utilisation présumée d’armes chimiques.  Nous adoptons une approche flexible pour nous assurer que nos produits analytiques puissent être utilisés par un large éventail d’acteurs et facilement ajustés pour bénéficier à différents systèmes juridiques, a-t-elle relevé, ajoutant que, conformément à son principe fondateur d’impartialité, le Mécanisme s’engage à enquêter sur un « large éventail de catégories de crimes et d’auteurs présumés », indépendamment des affiliations des individus. 

Le Mécanisme, a rappelé sa Cheffe, a pour mandat de coopérer avec les juridictions compétentes qui respectent les normes des droits de l’homme et des procès équitables, et n’appliquent pas la peine de mort pour les infractions considérées.  À l’heure actuelle, il a reçu 112 demandes d’assistance de la part de 12 juridictions compétentes et ces demandes concernent 97 enquêtes distinctes, a indiqué Mme Marchi-Uhel.  En règle générale, à la réception d’une demande, le Mécanisme recherche dans son répertoire central les éléments « pertinents et réactifs ».  Le cas échéant, il partage des produits de travail analytiques déjà développés mais il peut aussi mener des enquêtes supplémentaires et développer des produits analytiques spécifiques. 

Selon la haute fonctionnaire, les États et de nombreux autres acteurs partagent du matériel avec le Mécanisme sur la base de sa structure institutionnelle existante.  Certains États ont aussi conclu des accords informels en échangeant des lettres, d’autres étant en train de réviser leur législation nationale pour permettre le partage.  De même, les partenaires des Nations Unies et les organisations internationales ont souvent des « sensibilités différentes » à prendre en compte, tandis que les ONG syriennes veulent s’assurer que leurs informations sont utilisées au mieux et que leur travail ajoute de la valeur sans exposer les personnes en danger.  Certains acteurs veulent rendre publique leur coopération avec nous mais d’autres préfèrent ne pas être mentionnés, a-t-elle expliqué, assurant respecter strictement cette confidentialité. 

En tant qu’acteur relativement nouveau, a encore noté Mme Marchi-Uhel, le Mécanisme est en mesure de mettre en œuvre les enseignements tirés d’autres processus d’établissement des responsabilités, en accordant une attention particulière aux problèmes insuffisamment abordés dans le passé.  Il a ainsi renforcé son engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’intégration d’une analyse sexospécifique dans ses travaux.  De même, il s’efforce d’accorder une attention particulière aux crimes contre les enfants et vise également à soutenir des objectifs plus larges de justice transitionnelle, par exemple en soutenant les efforts des organisations mandatées pour rechercher les personnes disparues.  Ces stratégies, a-t-elle souligné, sont guidées par l’engagement en faveur d’une approche centrée sur les victimes et les survivants, qui place la « quête de justice des communautés affectées » au cœur de son action. 

Outre l’impact négatif de la pandémie, les travaux du Mécanisme ont également été touchés par la situation de liquidités de l’ONU et l’imposition d’un plafond de dépenses, a par ailleurs déploré Mme Marchi-Uhel, avant d’émettre l’espoir qu’un moment viendra où la nécessité de rendre des comptes pour les crimes fondamentaux commis en Syrie ne fera plus l’objet de désaccords politiques et que le budget du Mécanisme pourra être approuvé par consensus.  

Alors que la « situation syrienne » dure maintenant depuis plus de 10 ans, la Cheffe du Mécanisme y a vu un nouveau « creux » pour le conflit moderne, compte tenu de l’utilisation d’armes chimiques et autres armes illégales, de techniques de guerre inhumaines et de pratiques visant la population civile, du recours systématique à la torture dans les centres de détention et de l’esclavage des minorités et d’autres civils par Daech.  « Un tel mépris flagrant des principes les plus fondamentaux du droit international humanitaire et des normes relatives aux droits de l’homme continue de secouer profondément notre foi en l’humanité », a-t-elle dénoncé, estimant que les affiliations et alliances politiques ne devraient pas avoir d’importance en ce qui concerne la justice et la dignité humaine fondamentale. 

En outre, a ajouté la haut fonctionnaire, « l’impasse politique continue de nous obliger à faire preuve de créativité ».  Dans le but de faire rendre des comptes, les États ont largement recours à la compétence universelle et à d’autres formes de juridiction extraterritoriale.  Ils ont aussi accru les capacités de leurs unités chargées des crimes de guerre et renforcé leur coopération, notamment par des enquêtes conjointes.  Ces efforts, s’est-elle félicitée, ont commencé à aboutir à des jugements, comme récemment à Coblence, en Allemagne, où le tribunal a établi qu’une attaque systématique contre la population civile syrienne avait commencé fin avril 2011 et que les actions des autorités syriennes contre l’opposition depuis le printemps 2011 constituent des crimes contre l’humanité.  De plus, les États ont commencé à utiliser d’autres instruments juridiques, tels que la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants.  Compte tenu de la gravité de la crise syrienne, ces engagements pourraient être perçus comme « une goutte d’eau dans l’océan », mais « chaque occasion de justice doit être saisie », a-t-elle plaidé, jugeant important de « continuer à faire pression ».

De fait, a souligné Mme Marchi-Uhel, nous devrions pouvoir bénéficier des efforts et des forces de tous les acteurs de la justice: la Cour pénale internationale (CPI), les autres tribunaux internationaux, les efforts régionaux, les juridictions nationales, les acteurs des Nations Unies, les organisations internationales et la société civile.  Quant aux États, a-t-elle martelé, ils devraient s’efforcer d’enquêter et de poursuivre les principaux crimes internationaux, parallèlement aux enquêtes et aux poursuites en matière de terrorisme, afin de garantir que justice soit rendue au nom d’innombrables victimes et survivants.  Concluant son exposé, elle s’est déclarée convaincue que « nous pouvons continuer à travailler ensemble pour faire pression en faveur d’une justice globale et impartiale ».  

M. BJÖRN OLOF SKOOG, de l’Union européenne (UE), a salué les progrès accomplis par le Mécanisme et s’est dite déterminée à ce que les crimes perpétrés au mépris flagrant du droit international n’entravent pas les aspirations du peuple syrien en matière de justice et de paix.  Fervente soutien d’une solution politique fondée sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, l’UE, a dit le représentant, réitère l’importance de la lutte contre la « stratégie des disparitions » du « régime syrien » et de ses partisans. 

Il a appelé à des progrès sur le sort des détenus en Syrie.  Tous les responsables des crimes doivent être tenus responsables de leurs actes, a martelé le représentant, en saluant les efforts dans la collecte des éléments de preuve, notamment grâce à de nouvelles solutions technologiques permettant de les recueillir à distance.  Se félicitant de l’attention accordée aux violences sexuelles et fondées sur le genre ainsi qu’aux crimes sur la personne d’enfants, le représentant a voulu que les poursuites engagées, compte tenu de la gravité des crimes, soient renvoyées à la CPI. 

Des poursuites et des jugements définitifs ont été engagés contre des auteurs de ces crimes dans plusieurs pays de l’UE, comme les Pays-Bas, pour obliger la Syrie à rendre des comptes sur les violations de la Convention des Nations Unies contre la torture.  L’Union européenne, qui a adopté des sanctions ciblées contre certains dirigeants du « régime syrien », s’est associée, a rappelé le représentant, à l’appel à un cessez-le-feu permanent et global en Syrie.  Elle réitère son plein appui au Mécanisme international, impartial et indépendant sur la Syrie et à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). 

Cette année marque le triste anniversaire d’une décennie entière du conflit en Syrie, a déploré d’entrée M. JUKKA SALOVAARA (Finlande), au nom des pays nordiques.  Il a dépeint une décennie de combats, où des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie ou ont disparu.  Des milliers d’autres ont été soumis à la torture, au viol ou à d’autres formes de traitement cruel et dégradant.  Des millions de personnes ont fui et des villes et villages ont été réduits en ruines, avec des maisons, des écoles et même des hôpitaux détruits.  D’innombrables atrocités auraient été commises au cours de ce conflit prolongé, par toutes les parties.  Compte tenu de son statut, de ses capacités et de ses soutiens extérieurs, le « régime d’Assad » et ses alliés portent la responsabilité principale de bon nombre de ces violations flagrantes du droit international, a tranché le représentant.  

Cependant, a-t-il nuancé, les rapports d’experts ont démontré qu’il n’y a pas de « mains propres » en Syrie et que tous les acteurs doivent répondre de leurs actes.  Le Mécanisme international a justement pour mandat de recueillir des éléments de preuve sur les crimes commis, quels qu’en soient les auteurs.  Ces éléments de preuve sont essentiels au succès des procédures pénales car sans preuve, l’on ne peut établir les responsabilités.  La collecte, la préservation et le traitement de ces éléments est une tâche méticuleuse qui souligne l’importance « cruciale » du Mécanisme.  Les pays nordiques, a poursuivi le représentant, sont des partisans inflexibles d’un ordre international fondé sur des règles.  Ils restent fermes dans leur engagement à lutter contre l’impunité pour les crimes internationaux les plus graves.  

Aucune paix durable et inclusive n’est possible si les responsables des atrocités dans les conflits ne sont pas tenus responsables de leurs actes.  Les victimes, les survivants et leurs familles ont droit à la justice et il faut donc regretter, a estimé le représentant, qu’aucune procédure judiciaire « crédible » n’ait été engagée en Syrie.  Il a en revanche salué les efforts en cours pour poursuivre ces crimes dans un certain nombre de pays, sur la base de la compétence universelle.  Il a réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il exerce son pouvoir en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et qu’il renvoie la situation en Syrie à la Cour pénale internationale (CPI). 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a tout d’abord indiqué que sa participation à ce débat ne peut être interprétée comme une acceptation du mandat et du rapport du Mécanisme.  Refusant de reconnaître cette entité « soi-disant impartiale et indépendante », il s’est dissocié totalement de la résolution 71/248 « non consensuelle » de l’Assemblée générale qui l’a créée «  en violation de la Charte de l’ONU ».  Le représentant a ensuite demandé au Secrétaire général de “revoir par le menu” les documents et lettres que lui a envoyés la délégation syrienne au sujet de ce « mécanisme illicite ».  La dernière en date est la preuve “juridique et politique” des lacunes et des violations qui sous-tendent ce Mécanisme, a-t-il affirmé, ajoutant que le Gouvernement syrien n’a jamais demandé d’aide technique pour entamer des poursuites judiciaires.  Le Mécanisme, a estimé le représentant, ne peut être considéré comme un organe subsidiaire de l’Assemblée générale et le Secrétaire général n’aurait pas dû désigner un responsable et un secrétaire.  De même, a-t-il fait valoir, le Mécanisme ne peut avoir de personnalité juridique et ne peut passer des accords avec les États et autres entités.  

Dans ces conditions, le représentant a rejeté toute tentative de communiquer au Mécanisme des documents du Gouvernement syrien.  De plus, a-t-il soutenu, les Nations Unies ne peuvent allouer des fonds au titre du budget ordinaire à un mécanisme dont le mandat n’est pas déterminé par des critères conformes à la Charte de l’ONU.  Il a également demandé aux membres de ce Mécanisme de répondre aux éléments de preuve fournis par sa délégation, affirmant attendre encore leur réponse.  Ce Mécanisme répond décidément aux intérêts de gouvernements hostiles à la Syrie, qui entendent ainsi défendre leurs visées impérialistes.  Il fait aussi le jeu des organisations terroristes, tout en sapant la crédibilité des éléments de preuve.  

Pour le délégué syrien, la création d’une telle entité devrait se faire à la demande et avec le consentement de l’État concerné.  Il a rappelé à cet égard que la résolution 2379 (2017) du Conseil de sécurité demande la création d’une équipe chargée de recueillir des éléments de preuve concernant des actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide commis par Daech sur le territoire iraquien.  L’adoption par consensus de cette résolution avait été précédée par de longues consultations avec le Gouvernement de l’Iraq, a-t-il souligné, avant de s’interroger sur ce « deux poids, deux mesures ».  En outre, a-t-il poursuivi, l’Assemblée générale a empiété sur le mandat du Conseil de sécurité en créant une entité quelle n’avait pas le pouvoir de créer.  Si les Nations Unies souhaitent fournir une aide à la République arabe syrienne pour renforcer ses institutions nationales, elle sait « à quelle porte frapper », a-t-il conclu, appelant les autres délégations à se dissocier de ce Mécanisme qui crée, selon lui, un « précédent grave ».  

La seule façon de sortir de la crise, a estimé M. STEFANO STEFANILE (Italie), c’est de progresser dans la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, en organisant des élections libres et équitables en Syrie.  Dans ce contexte, assurer la pleine responsabilité des crimes les plus graves commis pendant le conflit syrien constitue non seulement un impératif moral, mais aussi un moyen de dissuasion contre des violations futures.  Le représentant s’est félicité de la coopération croissante du Mécanisme avec les autorités nationales et a souligné que les poursuites menées au niveau national doivent être complétées par la saisine de la CPI.  Il a enfin jugé important que le Mécanisme puisse compter sur une dotation financière régulière et adéquate de l’ONU, afin de travailler efficacement.  

C’est confronté à des histoires interminables de crimes horribles et à l’absence de réponse tangible, notamment à la question de l’établissement des responsabilités, que l’Assemblée générale a décidé d’agir par sa résolution 71/248, a rappelé d’entrée M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie).  Aujourd’hui, le mandat et le fonctionnement du Mécanisme restent plus que jamais pertinents pour combler le fossé de l’impunité et garantir l’obligation de rendre des comptes.  En exigeant d’une juridiction bénéficiaire qu’elle respecte le droit et les normes internationales en matière de droits de l’homme, y compris le droit à un procès équitable, le Mécanisme contribue à renforcer l’état de droit.  

De fait, a poursuivi le représentant, les 93 demandes d’assistance reçues de 11 juridictions démontrent clairement la valeur du Mécanisme et le nombre de demandes traitées souligne sa contribution tangible.  En ce qui concerne l’utilisation des éléments de preuve recueillis par le Mécanisme, tous les motifs potentiels de compétence, y compris la compétence universelle, doivent être pris en compte par les autorités nationales. 

Afin de bénéficier du plein potentiel du Mécanisme, les États doivent l’aider à remplir son mandat et en la matière la coopération des entités du système des Nations Unies et d’autres organismes internationaux est de la plus haute importance. 

Comme toute organisation a besoin d’un financement prévisible, stable et durable, le représentant a soutenu l’inscription du Mécanisme dans le budget ordinaire des Nations Unies.  Les mécanismes efficaces d’établissement des responsabilités doivent servir d’avertissement à tous les auteurs potentiels de crimes graves et leur faire comprendre que leurs actes ne resteront pas impunis, a souligné le représentant. 

Mme MARITZA CHAN VALV (Costa Rica) a commencé par constater que, 10 ans après le début du conflit syrien, la violence se poursuit tout comme les disparitions et les détentions arbitraires, les attaques contre les civils et les infrastructures essentielles, l’occupation étrangère, les confiscations de biens, la crise des réfugiés et l’une des plus grandes crises humanitaires au monde.  Se poursuit également, a-t-elle dénoncé, l’impasse au Conseil de sécurité alors que la pandémie de COVID-19 aggrave une situation déjà précaire, dans laquelle le peuple syrien continue d’être victime de violations systémiques des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Cependant, a relevé la représentante, « quelque chose a changé depuis 2016 », année où l’Assemblée générale a créé le Mécanisme international.  

L’analyse de genre qu’il a adoptée, a-t-elle estimé, est essentielle pour faciliter une bonne justice.  Elle a tout de même regretté que le Mécanisme attende toujours d’avoir accès aux documents pertinents rassemblés par le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Elle a donc demandé à nouveau au Secrétaire général que ces documents soient transférés au plus tard à la fin de la session en cours.  À son tour, la représentante a appelé les États Membres à continuer de financer le Mécanisme par le biais du budget ordinaire de l’ONU et à rejeter de manière décisive toute tentative d’utiliser les négociations budgétaires pour affaiblir les mécanismes d’établissements des responsabilités.  Elle a d’autre part enjoint les membres permanents du Conseil de sécurité de « surmonter leur imposture politique » et de « rejeter toute menace de veto » concernant la situation en Syrie.  Le Conseil doit saisir la CPI de cette situation, a-t-elle martelé, avant de réclamer l’arrêt complet du transfert d’armes et de munitions vers la Syrie.  De tels transferts à l’une ou l’autre des parties au conflit « compromettent gravement toute possibilité de parvenir à une paix négociée ». 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que les Syriens subissent « l’indicible », les « tortures » et « les entraves à l’aide humanitaire » depuis plus de 10 ans : « Voilà pourquoi nous avons besoin du Mécanisme et de la Commission d’enquête », a-t-elle dit, en disant voir des éléments de preuve « patents », « devant nos yeux ».  Qualifiant d’ « inébranlable » l’engagement de son pays en faveur de l’établissement des responsabilités, la représentante a assuré qu’il continuera de financer de manière adéquate ce Mécanisme essentiel et approprié ».  Les enquêtes structurelles, la collecte d’éléments de preuve et l’élaboration de dossiers constituant le fondement de la lutte contre l’impunité, elle s’est félicitée de l’accessibilité de ces informations.  Elle s’est aussi réjouie du travail de la justice allemande qui a condamné un ancien agent des renseignements du régime syrien.  

Saluant le fait que de telles procédures soient engagées en dehors de la Syrie, la représentante a dit: hélas, malgré tous les éléments de preuve convaincants, la Fédération de Russie continue à appuyer le « régime d’Assad  », alors que les conclusions de l’OIAC sont « claires ».  La représentante a d’ailleurs déploré une nouvelle attaque perpétrée par le « régime syrien » et a appuyé fermement les sanctions.  Elle s’est une nouvelle fois alarmée de ce que « certains membres du Conseil de sécurité » aient empêché le Conseil d’agir pour protéger le peuple syrien. 

M. FERIDUN SINIRLIOGLU (Turquie) a d’entrée de jeu rappelé la commémoration le mois dernier des 10 ans de guerre en Syrie.  Cela fait maintenant une décennie que les Syriens paient un lourd tribut dans leur quête de liberté et de dignité.  Ils ont subi des souffrances inimaginables et des pertes dues aux attaques brutales du « régime » : des centaines de milliers de personnes ont été tuées.  Beaucoup plus ont été gazées, bombardées, assiégées, enlevées, portées disparues, soumis à la torture, à la violence sexuelle, sans compter le recrutement d’enfants soldats.  Des millions de gens sont déplacés et réfugiés dont quatre millions en Turquie.  Si l’on tient compte des déplacés de l’autre côté de la frontière, la Turquie subvient aux besoins de neuf millions de Syriens, a affirmé le représentant.  

Tout au long du conflit, le recours aux armes chimiques a fait partie intégrante de la guerre implacable que « le régime » livre contre son propre peuple.  « L’audacité de ce régime » qui n’a pas hésité à recourir aux armes chimiques démontre les graves conséquences de l’impunité.  L’heure est venue, a-t-il estimé, de mobiliser la communauté internationale pour faire rendre des comptes « au régime ».  Le représentant s’est félicité de l’adoption « à une majorité écrasante » d’une décision aujourd’hui à la Conférence des États parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, « un pas en avant », la fin de l’impunité en Syrie.  

Soulignant l’obligation « juridique et morale » de protéger les civils syriens et de traduire en justice les auteurs de violations, le représentant s’est, en tant que coauteur de la résolution de l’Assemblée générale portant création du Mécanisme, félicité des avancées impressionnantes, en dépit des difficultés liées à la pandémie et à la crise de liquidité.  Il a dit compter sur une coopération étroite entre le Mécanisme et l’opposition « légitime » syrienne. 

Mme PASCALE BAERISWYL (Suisse) a félicité le Mécanisme pour son engagement sans faille et les progrès accomplis, malgré les défis liés à la pandémie.  Elle a rappelé que justice doit être rendue à tous les individus qui souffrent de la violation de leurs droits.  Le Mécanisme est un outil indispensable pour atteindre cet objectif et c’est la raison pour laquelle la Suisse a soutenu son établissement dès le début et continue à le soutenir pleinement, a déclaré Mme Baeriswyl.  Elle a indiqué que le Mécanisme contribue, et c’est là le cœur même du processus, à l’établissement des responsabilités.  « C’est uniquement à travers ce travail indispensable qu’une paix durable pourra être établie en Syrie ». 

La déléguée a jugé impérative la participation de la société civile dans les efforts en matière de justice pour la promotion de la paix.  En Syrie, ces organisations jouent un rôle crucial dans la documentation des crimes commis, du fait notamment que ni le Mécanisme ni la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme n’ont accès au territoire.  C’est pourquoi la Suisse et les Pays -Bas s’efforcent, par le biais du Processus de Lausanne, de faciliter la coopération et la transmission des informations entre le Mécanisme et les ONG syriennes, a déclaré la déléguée.  Elle a appelé les États Membres à collaborer étroitement avec le Mécanisme.  Les poursuites judiciaires ouvertes dans plusieurs États montrent la pertinence de son travail et du principe de la compétence universelle, à l’instar du récent jugement historique rendu à Coblence.  Pour qu’il puisse continuer son travail, il est essentiel d’assurer un financement durable du Mécanisme, a conclu la déléguée, en saluant son inscription au budget ordinaire de l’ONU. 

Selon M. GERT AUVAART (Estonie), la seule solution à la situation en Syrie est politique, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. Saluant la condamnation au mois de février dernier en Allemagne, d’un responsable du régime syrien pour crimes contre l’humanité ainsi que les efforts des Pays-Bas et du Canada pour poursuivre les violations des droits de l’homme au titre de la Convention des Nations Unies contre la torture, le représentant a néanmoins profondément regretté que le Conseil n’ait pas agi efficacement pour mettre fin au conflit et établir les responsabilités.  Réitérant son appel à la saisine de la CPI, il a salué les efforts du Mécanisme pour cibler les auteurs de violence sexuelle et fondée sur le genre, et de crimes contre les enfants.  Il a aussi loué l’utilisation de nouvelles solutions technologiques pour recueillir des éléments de preuves à distance. 

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a souligné la nécessité d’un engagement continu pour faire en sorte que les responsables des crimes commis dans le cadre du conflit syrien répondent de leurs actes.  Pour lui, le Mécanisme incarne le haut niveau de compétence professionnelle, d’expertise technique et de profondeur d'engagement à la mesure de la tâche.  En décembre 2016, a rappelé le représentant, le Liechtenstein a eu l'honneur de présenter le projet de résolution qui allait devenir la résolution (71/248) créant le Mécanisme, une innovation dans notre effort commun pour assurer l’établissement des responsabilités pour les crimes les plus graves.  

La création du Mécanisme a été motivée à parts égales par l'horreur des atrocités commises quotidiennement en Syrie, par notre honte et notre frustration collectives face à l’inaction du Conseil de sécurité, et par notre ferme conviction que l'obligation de rendre des comptes était non seulement nécessaire, mais aussi possible, a insisté M. Sparber.  À l'époque, il s’agissait d'un effort pionnier, d'un voyage en terre inconnue.  Aujourd’hui, alors que le conflit syrien s'étend sur une décennie, nous nous souvenons de l'importance vitale du Mécanisme pour garantir à la fois la justice et une paix durable. 

Le Mécanisme s’est rapidement imposé comme un modèle de réussite en matière d’établissement des responsabilités et a obtenu des résultats concrets.  Il jouit d'un soutien politique solide et croissant, qui s'est exprimé notamment par la décision de cette Assemblée de garantir un financement à partir du budget ordinaire de l’ONU.  Mais malgré ses succès, le Mécanisme ne peut être qu’une réponse partielle à l’énorme défi que pose le conflit syrien en matière d’établissement des responsabilités.  Ce Mécanisme n'étant pas un tribunal, il reste un vide important à combler.  Il a espéré que les procédures pénales entamées dans certains pays dont l’Allemagne, ne sont que la première des réponses pour combler définitivement le fossé de l'impunité créée par la réticence du système judiciaire syrien à faire son travail et le fait que deux membres permanents du Conseil de sécurité aient bloqué la saisine de la CPI.  

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a indiqué qu’il existe une constante dans le drame qui se joue en Syrie comme dans d’autres conflits sanglants de par le monde : il ne pourra y avoir de paix durable sans justice pour les victimes.  C’est pourquoi le Mécanisme international joue un rôle crucial en ayant par exemple récemment contribué à une condamnation devant une juridiction nationale, en application du principe de la compétence universelle.  En raison de la gravité des crimes commis, la Belgique continuera par ailleurs à plaider pour que le Conseil de sécurité renvoie la situation en Syrie à la CPI.  Le représentant a rappelé que la mise en œuvre effective du mandat du Mécanisme repose sur la bonne coopération de l’ensemble des États Membres, de la société civile, ainsi que du système des Nations Unies et d’autres organisations internationales.  « En ce sens, il a encouragé les États qui ne l’ont pas encore fait à adopter un cadre de coopération avec le Mécanisme, comme son pays l’a fait en 2019 en mettant à jour sa législation.  

La Belgique, un des principaux contributeurs volontaires initiaux du Mécanisme avec environ une somme de 1,6 million de dollars, continuera à soutenir un financement adéquat à partir du budget ordinaire de l’ONU, a déclaré le délégué.  Il a souligné la bonne coopération entre le Mécanisme et la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme ou encore l’OIAC.  Nous espérons maintenant que le Mécanisme pourra aussi bientôt avoir accès aux pièces du Mécanisme d’enquête conjoint ONU-OIAC, a dit le représentant, avant de saluer l’élaboration de stratégies spécifiques concernant la violence sexuelle et fondée sur le genre ainsi que les crimes contre les enfants.  « Cette approche participe de la reconnaissance de toutes les victimes et contribuera utilement au processus visant une paix durable en Syrie. »

Mme MARIE CHATARDOVA (République tchèque) s’est à son tour félicitée de l’adoption par le Mécanisme de stratégies ciblées sur les crimes sexuels et fondés sur le genre, et sur les crimes contre les enfants.  Coauteure de la résolution portant création du Mécanisme, la République tchèque, a-t-elle rappelé, a contribué à son budget dès le départ afin de garantir la stabilité de son travail.  Elle appuie pleinement un financement prévisible, durable et impartial grâce au budget ordinaire.  Alors que le Mécanisme poursuit ses enquêtes, les violations du droit international perdurent en Syrie.  L’impunité, notamment quant au recours aux armes chimiques, est « tout simplement inacceptable », a-t-elle martelé.  Elle a donc appelé le Conseil de sécurité à agir et a souhaité que les auteurs de crimes fassent l’objet de poursuites par les juridictions nationales. 

M. NAM HYOK KIM (République populaire et démocratique de Corée (RPDC)) a estimé que le Mécanisme international constitue une violation flagrante des principes de la Charte des Nations Unies et des principes fondamentaux des relations internationales.  Les Nations Unies ne peuvent offrir leur assistance qu’à la demande de l’État concerné.  Le représentant a affirmé que la résolution portant création du Mécanisme a été élaborée sans consultation préalable avec la Syrie, alors qu’une telle décision relève d’ailleurs du Conseil de sécurité.  La mise en place du Mécanisme est un « exemple typique », a estimé le représentant, de la politisation et dues deux poids, deux mesures dans la question des droits de l’homme.  Rien ne saurait justifier que les activités d’un mécanisme « illégal », soient menées sous l’égide des Nations Unies.   

Il est temps, s’est impatienté le représentant, que le processus de paix en Syrie soit véritablement dirigé et contrôlé par les Syriens eux-mêmes, sans ingérence extérieure.  Il a exhorté l’ONU à préserver son impartialité, son objectivité et sa crédibilité, en tant que facilitateur du processus politique.  Il a soutenu le Gouvernement et le peuple syriens dans la défense de leur souveraineté nationale et de leurs droits « authentiques ». 

Mme  FIONA WEBSTER (Australie) s’est félicitée de la présentation du septième rapport du Mécanisme international, tout en affirmant ne pas se «  bercer d’illusions  » quant au poids de la responsabilité de la communauté internationale.  En effet, a-t-elle regretté, «  certains parmi nous » cherchent à discréditer le travail exceptionnel d’initiatives telles que ce mécanisme pour la Syrie.  Nous devons empêcher cela et défendre fermement les principes de responsabilité et de justice, a-t-elle martelé, souhaitant que l’impunité « ne gagne pas la partie ». 

Dans le même temps, a souligné la représentante, nous devons veiller à ce que la recherche de la justice ne se fasse pas aux dépens des victimes.  À cet égard, elle a salué l’adoption par le Mécanisme d’une approche centrée sur les victimes et les survivants.  De même, a-t-elle ajouté, l’Australie soutient fermement les efforts du Mécanisme pour insuffler une perspective sexospécifique dans ses enquêtes et mettre un accent accru sur les crimes commis contre les enfants.  «  Trop souvent, les plus vulnérables sont aussi les moins visibles  », a relevé la déléguée avant de réaffirmer l’appui de son pays au Mécanisme et à son «  travail essentiel  ».  «  Nous implorons tous ceux qui souhaitent vivre dans un monde régi par des principes de responsabilité et de justice à faire de même  », a-t-elle conclu. 

Mme  LAURA KATHOLNIG (Autriche) a salué les progrès réalisés par le Mécanisme au cours de la période considérée, compte tenu en particulier des restrictions auxquelles il est confronté en raison de la pandémie du COVID-19.  Son pays, a-t-elle dit, a fourni un soutien financier substantiel au Mécanisme avant son financement intégral par le budget ordinaire de l’Organisation.  La délégation a estimé que la coopération avec le Mécanisme, d’autres organisations internationales, les États et la société civile est essentielle.  À cet égard, l’Autriche, a-t-elle indiqué, a adopté une nouvelle législation l’an dernier, laquelle prévoit la coopération et l’assistance juridique entre le Mécanisme et ses autorités judiciaires. 

Encourageant les autres États à faire de même, la représentante a estimé que la communauté internationale doit faire davantage.  Elle a réitéré l’appel de son gouvernement au Conseil de sécurité pour qu’il renvoie la situation en Syrie à la CPI, « qui a été créée précisément pour ce type de situations ».  Étant donné que la CPI, en raison de ses capacités limitées, ne pourrait poursuivre qu’un petit nombre de responsables de haut niveau, nous pensons qu’un tribunal spécial devrait être créé pour garantir la poursuite de tous les auteurs des crimes les plus graves, a dit la représentante, et cela devrait aller de pair avec le renforcement des capacités de la justice nationale afin d’offrir des garanties de procédure équitable. 

Pour M.  XING JISHENG (Chine), la communauté internationale doit tirer les enseignements de cette crise et soutenir un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens.  La Chine, a-t-il dit, appuie le rôle de bons offices des Nations Unies, conformément à la résolution 2254 et le processus d’Astana ainsi que le rôle joué par les pays de la région.  Nous avons toujours demandé, a répété le représentant, le respect du droit international humanitaire et ce, par toutes les parties.  La lutte contre l’impunité, a-t-il insisté, doit se mener dans le plein respect de la souveraineté du pays concerné.  Les efforts doivent également chercher à réaliser l’objectif global d’un règlement politique. 

Mme  NATALIA JIMENEZ ALE (Mexique) a noté que la création du Mécanisme est née d’une réponse de l’Assemblée générale à l’impossibilité du Conseil de sécurité de renvoyer la situation en Syrie à la CPI.  Elle a regretté que l’exercice du droit de veto n’ait pas encore permis de procéder de la sorte.  La représentante a réaffirmé à cet égard que « le veto n’est pas un privilège mais une grande responsabilité des membres permanents du Conseil de sécurité ».  Pour cette raison, a-t-elle dit, l’initiative que le Mexique promeut conjointement avec la France part du principe que le veto ne peut être utilisé quand il s’agit d’éviter ou de mettre un terme à la commission d’atrocités.  Elle a invité ceux qui ne font pas partie de cette initiative, qui compte déjà 105 États signataires, à se rallier à cet « appel contre l’inaction et l’impunité ». 

Pour la représentante, il est remarquable que, malgré tant d’adversités, le Mécanisme ait déjà reçu plus de 90 demandes d’assistance de différentes juridictions.  Cela démontre, selon elle, son engagement envers le peuple syrien et sa volonté de renforcer l’état de droit.  À ses yeux, la condamnation d’un ancien officier syrien devant le tribunal de Coblence, en Allemagne, et les procès en cours aux Pays-Bas et en France, pour n’en citer que quelques-uns, témoignent de cet engagement à combattre l’impunité.  Ces procédures pénales dans les juridictions nationales confirment la valeur du Mécanisme, dont le travail d’enquête est au cœur de la constitution de dossiers judiciaires, a-t-elle souligné, jugeant essentiel que les responsables de crimes commis contre les femmes, les filles, les garçons et les groupes vulnérables soient également tenus responsables. 

Appelant la communauté internationale à continuer d’appuyer le Mécanisme dans l’accomplissement de son mandat, avec la coopération des autorités locales et des organisations de la société civile, la représentante a tenu à réaffirmer en conclusion qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit syrien.  Seule la voie politique, avec la lutte contre l’impunité comme fondement, peut permettre de trouver des solutions aux souffrances de millions de personnes. 

M.  YURI VITRENKO (Ukraine) a rappelé que son pays soutient le Mécanisme depuis sa création.  Le peuple syrien, a-t-il dit, souffre du soutien direct de « l’allié russe au régime au pouvoir ».  Garantir l’établissement des responsabilités est une obligation morale car l’impunité n’a pas lieu d’être quand des crimes aussi odieux sont perpétrés.  Rappelant qu’hier, dans cette même salle, était débattue la réforme du Conseil de sécurité, que le droit de veto y a été évoqué, l’Ukraine a accusé la Fédération de Russie d’abuser de ce pouvoir.  Nous sommes nous-mêmes victimes de « l’obsession russe » pour le droit de veto, a martelé le représentant.  « L’ impasse » du Conseil de sécurité doit pousser la communauté internationale à se montrer créative pour que les auteurs de crimes soient poursuivis, a conclu le représentant ukrainien. 

M. GIORGI MIKELADZE (Géorgie) a fait part de son extrême préoccupation face à la décennie de conflit en Syrie et aux souffrances du peuple syrien.  Plus de 11,5 millions de personnes ont fui, soit la moitié de la population syrienne.  De graves violations et abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire international persistent, aggravant le degré d’impunité à des « niveaux effrayants ».  Dans ce contexte, le Mécanisme international continue de démontrer « clairement » le rôle positif que nous pouvons jouer collectivement sur des questions où le Conseil de sécurité est bloqué.  Le représentant a tenu à réaffirmer le ferme soutien de son pays Mécanisme. 

M. CRAIG HAWKE (Nouvelle-Zélande) a réitéré son soutien au Mécanisme alors que la crise humanitaire en Syrie se poursuit à une échelle « impensable ».  Les victimes et les survivants des crimes commis dans ce pays depuis une décennie ont droit à la justice et à la responsabilité, ce qui est un précurseur important de toute paix durable.  La Nouvelle-Zélande est heureuse de constater, d’après le rapport du Mécanisme, que des progrès continuent d’être accomplis dans l’accomplissement de son mandat, malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19 et la crise financière à laquelle l’ONU est confrontée.  M. Hawke a salué l’utilisation continue des nouvelles technologies, telles que l’examen automatisé des éléments de preuve, pour améliorer l’efficacité des travaux du Mécanisme.  Il a également appuyé l’élaboration de stratégies dédiées aux femmes, aux victimes et aux survivants et aux crimes contre les enfants, et encouragé le Mécanisme à intégrer la prise en compte de l’orientation sexuelle et des personnes handicapées dans ses travaux. 

M.  MARK ZELLENRATH (Pays-Bas) a déclaré que la communauté internationale ne peut fermer les yeux sur une décennie de graves violations des droits de l’homme en Syrie.  Il a estimé que le Mécanisme international est une entité « unique » de justice pénale internationale.  Mettant l’accent sur la collecte, la préservation et l’analyse des éléments de preuve « comme étapes indispensables de la lutte contre l’impunité », il a jugé crucial le travail du Mécanisme pour soutenir l’établissement des responsabilités aux niveaux national, régional et international.  Nous soutenons le Mécanisme depuis sa création, car nous croyons fermement qu’il ne peut y avoir de paix durable sans justice, a martelé le représentant, en précisant que l’établissement des responsabilités est une « priorité essentielle » de la politique étrangère néerlandaise, en matière de droits de l’homme.  Le représentant a indiqué que son pays et le Canada ont pris de nouvelles mesures pour tenir la Syrie responsable du non-respect de la Convention des Nations Unies contre la torture et de l’obligation de rendre justice aux victimes des violations les plus graves des droits de l’homme.  Le représentant a aussi salué les procédures en Allemagne, en France et en Suède, sur la base de la compétence universelle.  Il a enfin réitéré son appel à la saisine de la CPI. 

Garantir l’établissement des responsabilités des crimes commis en Syrie doit être une « priorité absolue » des Nations Unies, a estimé M. CHANAKA WICKREMASINGHE (Royaume-Uni).  Alors que la crise syrienne entame sa onzième année, nul doute que ce conflit est la pire crise du XXIe siècle, a-t-il ajouté, jugeant que les éléments de preuve collectés montrent que le « régime d’Assad » en porte la plus grande responsabilité.  Pour le représentant, le rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a fait la lumière sur les attaques atroces menées par « le régime » contre son propre peuple et sur son recours à des armes chimiques.  Condamnant dans les termes les plus forts ces actes épouvantables, il a souligné la contribution de son pays à ces efforts.  Le Royaume-Uni a ainsi versé plus de 13 000 livres sterling pour la collecte des éléments de preuve.  Le pays a en outre contribué à hauteur de 1,2  million de livres aux travaux d’enquête du Mécanisme international dont le dernier rapport montre les progrès accomplis.  Enfin, le représentant s’est félicité de ce que, dans le cadre de ses travaux, le Mécanisme ait adopté une approche fondée sur les femmes et les filles, ainsi que sur les victimes et les rescapés, et ce, afin d’aider les groupes les plus fragiles de la société syrienne. 

M. MOHAMMAD NAJAFABADI (République islamique d’Iran) a dénoncé à son tour le « soi-disant » Mécanisme international soutenu par des gouvernements qui exploitent les ressources nationales de la Syrie et aident des organisations terroristes à renverser le Gouvernement syrien.  Il faut traduire ces États en justice pour prévenir la répétition de telles politiques, a martelé le représentant, avant d’appeler à la levée immédiate des mesures coercitives unilatérales contre la Syrie et à la facilitation des efforts politiques par le biais du processus d’Astana.  Rappelant la position constante de son pays, fondée sur les principes des Nations Unies, il a rejeté toute initiative motivée politiquement et toute résolution sélective qui ne respecterait pas la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.  

Ce Mécanisme a, hélas, été créé à l’issue d’un processus non transparent, sans coopération avec le Gouvernement syrien, a-t-il déploré.  En adoptant la résolution 71/248, l’Assemblée générale a violé les principes de la Charte de l’ONU, a renchéri le délégué, jugeant que, dès lors, le Mécanisme ne saurait être considéré comme un organe onusien.  De surcroît, a-t-il insisté, ses activités « ambiguës » ne peuvent être financées au titre du budget de l’Organisation.  

Depuis la création dudit Mécanisme, la Syrie n’a pas été consultée et son consentement préalable n’a pas été obtenu, a encore pointé le représentant, selon lequel cette structure va en outre au-delà de son mandat.  De ce fait, ses conclusions sont dépourvues de toute crédibilité et ne peuvent être utilisées dans des tribunaux nationaux ou internationaux.  L’absence de détermination des partisans de ce Mécanisme à créer un dispositif semblable pour le Yémen et la Palestine démontre, selon lui, les « deux poids, deux mesure » des résolutions de l’Assemblée générale.  C’est aussi l’illustration d’objectifs politiques étroits poursuivis sous le prétexte fallacieux de la défense des droits de la personne. Les partisans de ce Mécanisme, qui ne rapatrient pas leurs combattants présents en Syrie, sont hypocrites dans leurs arguments de lutte contre impunité, a-t-il encore dénoncé, réitérant en conclusion que le Mécanisme, tant qu’il bafouera la Charte de l’ONU et le droit international, ne pourra être considéré comme une source légitime de preuves et ne contribuera pas à l’instauration de la paix et de la sécurité.  

M. EVGENY SKACHKOV  (Fédération de Russie) a commencé par réaffirmer que son pays ne reconnaît pas le « soi-disant » Mécanisme, une structure créée sur la base d’une « décision illégitime » qui ne pourra jamais prouver sa légitimité.  Regrettant que l’Assemblée générale se voit forcée de consacrer du temps et des ressources à discuter d’un rapport « vide d’informations significatives », le représentant s’est également interrogé sur le principe de confidentialité du Mécanisme, puisque que, selon son rapport, il a commencé à diffuser activement des « produits analytiques et des dossiers de preuve ».  

Notant par ailleurs que cette « structure illégitime » a été transférée au budget ordinaire de l'ONU du fait de l’arrêt de la pratique de consensus à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, le représentant a souhaité savoir où est allée la contribution que son pays a versée intégralement à l’Organisation.  Il a également relevé que le Mécanisme emploie du personnel subordonné au Secrétaire général et qu’il bénéficie déjà de 50 postes financés sur le budget ordinaire.  « Où sont la transparence et la responsabilité des organes des Nations Unies? », a-t-il demandé. 

Le représentant a ensuite constaté que le document présenté ne contient même pas d'informations sur la façon dont le Mécanisme effectue son travail.  « Pour une raison inconnue », cette structure ne juge pas nécessaire de clarifier les actes illégaux ou suspects de certaines juridictions nationales.  Seuls les « pentaoctets » d’informations collectées sont signalés et leur volume continue d'augmenter à l'infini, en raison de l’interaction avec un large éventail de sujets.  « Bientôt les ordinateurs vont éclater », a-t-il ironisé, avant de dénoncer le « silence » du rapport sur les sources des «  soi-disant preuves » ainsi que sur la procédure de collecte et de sélection des éléments de preuve.  

Il est précisé qu’en 2020, le Mécanisme a conduit 130 activités de collecte.  Pourquoi l’Assemblée générale n’est-elle pas informée des territoires sur lesquels ces activités ont été menés, a-t-il encore demandé.  S’il s’agit du territoire de la République arabe syrienne, et si oui « sur quelle base juridique ont-elles eu lieu? »  Dans ces conditions, a-t-il conclu, nous considérons qu’il n’existe pas de possibilités de coopération avec ledit Mécanisme et que toute preuve recueillie par une telle « structure illégitime » ne saurait être utilisée pour des procédures pénales nationales ou internationales.  

M. ROBERT RAE  (Canada) a d’entrée de jeu tenu à répondre aux commentaires de la Fédération de Russie qui a prétendu que le Mécanisme divulgue des informations alors qu’il n’est qu’à l’étape de l’instruction?  « C’est complètement absurde », a tranché le représentant.  Gardons par ailleurs à l’esprit, a-t-il dit, que lorsque le Conseil de sécurité est paralysé, l’Assemblée générale est contrainte d’agir.  Personne n’a le droit de veto ici, a-t-il martelé.  Le Mécanisme, a-t-il ajouté, a le mérite mettre en garde les autres régimes et les groupes armés.  Le représentant a salué les progrès accomplis dans le cadre de la stratégie sur le genre et de la coopération avec la société civile.  En effet, a-t-il estimé, les initiatives de justice doivent être axées sur les victimes et il faut donc se féliciter de l’ouverture du Mécanisme aux initiatives non pénales d’établissement des responsabilités qui démontre l’attitude « conciliante » du Mécanisme. 

Le représentant s’est par ailleurs réjoui que le Mécanisme soit financé par le budget ordinaire de l’ONU, ce qui garantit un processus soutenu de façon durable.  Ce soutien est d’autant plus important que la paix dans la région est impossible sans l’établissement des responsabilités et sans la fin des injustices et de la violence que le peuple syrien a endurées pendant plus d’une décennie. 

M. JHON GUERRA SANSONETTI (Venezuela) a rappelé que son pays a voté contre la résolution à l'origine de la création du Mécanisme, car ce dernier « contredit et viole de façon flagrante la Charte des Nations Unies, ainsi que le droit international ».  Nous estimons, a une nouvelle fois expliqué le représentant, que l'Assemblée générale a été « forcée par une majorité circonstancielle » à usurper les prérogatives du Conseil de sécurité, seul à même d’enquêter et de sanctionner.  Ce faisant, le Mécanisme fait fi de la responsabilité première des États souverains d'enquêter sur les infractions commises sur leur territoire national.  Pour le représentant, les preuves « hypothétiques » recueillies par le Mécanisme n’ont « aucune validité » aux yeux de la Syrie, dont les institutions nationales sont pleinement capables d’enquêter sans faire ingérence extérieure.  Le Mécanisme cherche en fait à promouvoir les intérêts politiques d'une poignée de gouvernements. 

Nous condamnons donc, a poursuivi le représentant, toute tentative de le financer à partir du budget ordinaire.  Ce Mécanisme constitue un exemple flagrant de l’approche du deux poids, deux mesures favorisée par les « puissances occidentales ».  Pendant ce temps-là, le peuple palestinien ne pas fait l'objet de tels égards, a ironisé le représentant qui y a vu dans la création du Mécanisme tout sauf le souci d’apporter des solutions aux souffrances du peuple syrien.  Il a appelé à la fin des ingérences qui divisent et qui risquent d’hypothéquer toute tentative « objective » de faciliter le parcours de la Syrie vers la paix.  Il a insisté sur un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens eux-mêmes, sans l’ingérence des puissances étrangères. 

Mme  DIARRA DIME-LABILLE (France) a commencé par rappeler que depuis sa création, la France apporte son plein soutien au Mécanisme international qui joue un rôle double: « celui de répertoire central d’informations et d’éléments de preuve sur les crimes commis depuis 2011 et celui de facilitateur de la justice, en appui aux enquêtes ».  Le Mécanisme a notamment avancé sur deux volets essentiels, a-t-elle noté: la mise à disposition aux juridictions des dossiers de preuves et les échanges avec de plus larges segments de la société civile syrienne.  Nous saluons la prise en compte systématique des questions liées au genre dans l’ensemble de ses travaux, a dit la France. 

Les défis sont nombreux pour le Mécanisme, dans le contexte sanitaire actuel, qui complique ses travaux, notamment la masse et la diversité des éléments de preuve à organiser avec un contexte budgétaire contraint.  La représentante s’est cependant félicitée de constater que, malgré le contexte sanitaire, le Mécanisme a progressé dans son mandat en développant des méthodes de travail à distance, et en répartissant stratégiquement ses ressources limitées.  Elle a promis que son pays continuera de se mobiliser en lien avec ses partenaires pour que le financement du Mécanisme soit maintenu dans le budget ordinaire de l’ONU, conformément aux recommandations passées du Secrétaire général. 

Mme  Dime-Labille a salué le courage des acteurs de la société civile syrienne, les invitant à poursuivre leur coopération avec le Mécanisme.  De même, les mécanismes onusiens, notamment la Commission d’enquête internationale indépendante, ainsi que les mécanismes de l’OIAC, comme l’Équipe d’investigation et d’identification, doivent continuer à coopérer avec le Mécanisme, dans le cadre de leur mandat respectif.  Elle a également invité tous les États concernés par la lutte contre l’impunité en Syrie à formaliser des accords de coopération avec l’équipe du Mécanisme, encourageant les juridictions compétentes à échanger les informations et à mutualiser les moyens.  «  Une telle coopération a permis la tenue d’un procès historique à Coblence et plus d’une quarantaine d’enquêtes sont actuellement en cours en France », s’est félicitée la représentante. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a cité le rôle clef joué par son pays aux côtés du Liechtenstein dans la mise en place du Mécanisme, considérant que l’établissement des responsabilités est essentiel pour garantir la paix en Syrie.  La collecte des éléments suit son cours, s’est félicitée la représentante.  Louant les avancées considérables obtenues par le Mécanisme, malgré la pandémie, elle a souligné qu’il importe de veiller à ce qu’il reçoive un financement suffisant et prévisible dans le cadre du budget ordinaire de l’Organisation, de manière à pouvoir renforcer sa crédibilité et son indépendance.  À l’avenir, le Qatar a dit qu’il continuera d’appuyer tous les efforts visant à mettre fin à la crise grâce à un processus politique objectif fondé sur la Déclaration de Genève et la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  La délégation a condamné toutes les violences à l’encontre des civils et toutes les violations flagrantes du droit international et du droit international humanitaire commises en Syrie. 

D’emblée, Mme  ROSA GUERRA TAMAYO (Cuba) a rappelé que son pays a voté contre la résolution établissant ce mécanisme.  Cuba ne «  soutient et ne soutiendra aucun mécanisme qui ignore délibérément  » les principes directeurs qui ont donné naissance à cette Organisation, tels que la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  L’adoption et la mise en œuvre d’un tel mécanisme est sans précédent dans l’histoire des Nations Unies et constitue un « outrage » aux normes et principes du droit international et une « pratique dangereuse ». 

Les Nations Unies, a poursuivi la représentante, ne peuvent adopter un document qui ignore clairement la responsabilité première d’un État souverain d’enquêter et de poursuivre tout crime qui aurait été commis sur son territoire, a-t- elle martelé. 

« L’illégalité » de ce mécanisme est évidente à plusieurs égards, a dit la déléguée.  Premièrement, son mandat n’a aucun fondement dans la Charte de l’Organisation.  Il excède les compétences et les fonctions conférées à l’Assemblée générale et attribue au Mécanisme un statut d’organe subsidiaire de l’Assemblée, conférant à lui et à son personnel une personnalité juridique, des immunités et des prérogatives « illégitimes ». 

En outre, comme le mandat n’est pas défini, les États Membres n’ont pu se prononcer en connaissance de cause lors de l’adoption de la résolution.  Nous voyons, s’est agacée la représentante, un mécanisme qui se voit attribuer des fonctions similaires à celles d’un tribunal.  Ce qui est en cause aujourd’hui, c’est non seulement la mise à l’index « injuste » d’un État Membre souverain mais aussi la crédibilité de l’Organisation aux yeux de l’opinion publique.  L’ONU, s’est-elle expliquée, est perçue comme étant incapable de respecter sa propre Charte fondatrice. 

M. DENNYS MONTENEGRO (Nicaragua) a dénoncé le rapport du Mécanisme qu’il a jugé « propice à la sélectivité ».  Il a rappelé que son pays a voté contre ce « mécanisme controversé » qui vise un pays victime d’agression contre sa souveraineté.  Pour le représentant, les « préjugés » contenus dans le rapport du Mécanisme font fi des progrès réalisés par la République arabe syrienne, en matière de droits humains, et ce, dans des circonstances « pourtant exceptionnelles ».  Rejetant entièrement ce « soi-disant mécanisme », il a souhaité que les Nations Unies préservent leur crédibilité et continuent de faciliter le processus politique, sans se soumettre aux pratiques politiques de certains gouvernements.  Selon lui, le Gouvernement syrien a toute légitimité pour agir et combattre les ingérences extérieures.  Afin d’aborder la situation humanitaire syrienne de manière efficace, a-t-il ajouté, il convient d’adopter une approche sage et constructive, dénuée de mesures coercitives unilatérales.  Ce n’est qu’ainsi que nous ouvrirons la voie à un processus politique permettant de rétablir la stabilité, de reconstruire ce qui été détruit par le terrorisme et d’organiser le retour sûr et sans entrave des réfugiés et des déplacés, a conclu le délégué. 

M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a réitéré son soutien au Mécanisme, et plus généralement à l’établissement des responsabilités, à l'importance primordiale de la protection des civils dans les conflits armés, ainsi qu’à l'idée de transparence de la justice.  Le représentant s’est aussi dit gravement préoccupé par les conséquences de la pandémie sur le peuple syrien, les cas de COVID-19 dépassant de loin les chiffres officiels, et par la détérioration de la situation économique et sociale en Syrie.  Il a dit appuyer tous les efforts visant à mettre un terme à la tragédie syrienne.  Il a rappelé la contribution de son pays à une solution politique, dont l’organisation des deux conférences ayant abouti à l’établissement de la Commission chargée des négociations syriennes.  L'Arabie saoudite, a-t-il aussi rappelé, a dûment financé le Mécanisme, en versant une somme d’un million de dollars et en confirmant ainsi son engagement en faveur d’une solution politique.  Il a appelé les pays de la région à contribuer eux aussi au Mécanisme. 

Dans une motion d’ordre, le représentant de la Syrie a dénoncé la terminologie utilisée par l’Union européenne.  Nous sommes « la délégation de la République arabe syrienne auprès des Nations Unies », a-t-il souligné.  Si vous voulez soulever les préoccupations spécifiques d’un pays ou d’un groupe de pays vous êtes les bienvenus mais faites-le correctement avec la bonne terminologie. Vous parlez d’un État Membre, faites-le de façon professionnelle et avec diplomatie, dans le respect de l’égalité souveraine entre États.  Évitez d’utiliser des « termes inacceptables », a martelé le représentant.  

Droit de réponse

Le représentant de la République arabe syrienne a douté, une nouvelle fois, de l’objectivité et de l’impartialité du Mécanisme, estimant qu’il mène une enquête à charge.  Il a aussi critiqué le manque de professionnalisme de la Commission d’enquête.  Quant à l’OIAC, elle est « manipulée de l’intérieur ».  Le représentant a également répondu à la Turquie et lui a demandé qui a facilité le transfert de terroristes sur le territoire syrien.  Enfin, si les Européens continuent d’envoyer des armes chez Syrie, ils doivent savoir qu’ils risquent eux-mêmes de devenir un terreau fertile du terrorisme.  L’Europe travaille en l’occurrence « contre ses propres intérêts  », a prévenu le représentant .   

Le représentant de la Turquie a préféré de ne pas répondre aux propos de son homologue syrien.

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