En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quinzième session,
61e séance plénière – après-midi
AG/12320

Catastrophe de Tchernobyl: le monde n’a pas oublié et n’oubliera pas, souligne le Président de l’Assemblée générale

L’Assemblée générale a commémoré, cet après-midi, le trente-cinquième  anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, un anniversaire solennel qui sonne comme un appel pour « continuer à renforcer notre résilience et à nous préparer à des défis inattendus, afin de créer un avenir plus sûr pour tous », a préconisé le Président de l’Assemblée générale. 

Le  « monde n’a pas oublié, et n’oubliera pas la catastrophe de Tchernobyl », a déclaré M. Volkan Bozkir à l’adresse des États Membres réunis en commémoration de cet anniversaire sous le thème du « Renforcement de la coopération internationale et coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl » 

Dans un message lu par son Chef de Cabinet, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, le Secrétaire général a souligné, pour sa part, que la catastrophe qui s’est produite le 26 avril 1986 est porteuse de nombreuses leçons importantes alors que le monde s’efforce de faire face à la pandémie de COVID-19 et d’y répondre. 

Après avoir observé une minute de silence à la mémoire des victimes, les délégations qui ont pris la parole sont toutes revenues sur la solidarité internationale qui s’est manifestée après la catastrophe, rappelant la mobilisation de quelque 45 pays et institutions qui ont contribué à hauteur de 2 milliards de dollars pour garantir la sécurisation du site et la construction d’un nouveau sarcophage.  

Le Bélarus s’est enorgueilli d’avoir « acquis de véritables connaissances » sur les conséquences économiques, sociales et culturelles de la catastrophe.  La délégation a notamment cité la mise en place d’une plateforme qui doit unir les investisseurs et poursuivre la coopération internationale pour Tchernobyl sous les auspices de l’ONU  afin de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les territoires touchés.  

La force unificatrice de l’héritage tragique de la catastrophe de Tchernobyl offre une chance de s’éloigner de la stratégie de la confrontation, a-t-elle affirmé, a déclaré de son côté la Fédération de Russie qui a constaté que l’accident de Tchernobyl a apporté d’importants ajustements à l’industrie nucléaire et permis d’améliorer la technologie nucléaire.  

S’inscrivant en faux, l’Ukraine s’est emportée contre la désinformation orchestrée à l’époque par les autorités soviétiques qui « ont désespérément essayé de cacher la vérité  à  leur  propre peuple et à d’autres pays ».  En effet, c’est la Suède et pas l’Union soviétique qui a alerté le monde, a rappelé la délégation qui y a vu  un rappel puissant que la désinformation, tout comme la radiation, est un  « tueur invisible ». 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal de l’ONU

RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE ET COORDINATION DES EFFORTS DÉPLOYÉS POUR ÉTUDIER ET ATTÉNUER LE PLUS POSSIBLE LES CONSÉQUENCES DE LA CATASTROPHE DE TCHERNOBYL

Déclarations liminaires

Il y a trente-cinq ans, une tragédie a frappé la centrale nucléaire de Tchernobyl et bien que les années aient passé, l’héritage de la catastrophe persiste, a déploré M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale.  Nous nous souvenons de ceux qui ont perdu la vie à la suite de l’accident et de ceux dont la vie a changé à jamais, a ajouté M. Bozkir. 

Aujourd'hui, a-t-il dit, je pense aux pompiers qui ont combattu l’instinct de peur, qui ont affronté le danger afin de protéger le monde.  Ils n’ont pas fait ce qui était facile, ils ont fait ce qui était juste.  En faisant ce qu’il fallait, ils ont fait le sacrifice ultime, et on ne les oubliera pas, a déclaré le Président. 

Dans l’ombre de cette tragédie, ces travailleurs de l’urgence se sont mobilisés pour répondre aux villages et aux villes désertées.  Le traumatisme de l’évacuation a laissé son empreinte dans la vie de nombreuses personnes dans les zones avoisinantes.  Les familles ont fui de chez elles, leur routine quotidienne a été bouleversée à jamais et elles ont dû faire face à une nouvelle réalité, celle du chômage et de la pauvreté. 

Des milliers d’enfants ont été touchés par des problèmes de santé graves, notamment le cancer de la thyroïde, et leur avenir a été irrémédiablement changé. Nous pensons à ceux qui habitent aujourd’hui dans les zones touchées du Bélarus, de la Fédération de Russie et de l’Ukraine, a-t-il dit saluant leur « résilience, un témoignage du pouvoir de l’humanité ». 

Le Président a félicité les gouvernements du Bélarus, de la Fédération de Russie et de l’Ukraine qui s’efforcent de protéger la population contre les effets des radiations, d’atténuer les effets de l’accident et de rebâtir un avenir meilleur pour les communautés touchées.

Il a en outre applaudi le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a joué un rôle essentiel dans la coordination des activités des Nations Unies au lendemain de la catastrophe. 

Cet anniversaire solennel nous rappelle que nous devons continuer à renforcer notre résilience et à nous préparer à des défis inattendus, afin de créer un avenir plus sûr pour tous, a-t-il préconisé car « le monde n’a pas oublié, et n’oubliera pas la catastrophe de Tchernobyl ». 

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Cheffe de Cabinet du Secrétaire général a lu un message du Secrétaire général, M. ANTÓNIO GUTERRES dans lequel il a rappelé que la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl a touché des centaines de milliers de personnes dont quelque 350 000 qui ont été contraintes de quitter leur foyer.  L’explosion a eu des impacts profondément traumatisants et durables sur leur vie.  Le Secrétaire général a exhorté à ne pas oublier leurs souffrances.  Depuis 1986, l’ONU soutient les personnes touchées, d’abord par l’aide d’urgence et humanitaire, puis par le soutien au développement économique et social.    « Nos efforts conjoints ont connu un certain succès », a indiqué Mme Viotti qui a souligné l’augmentation substantielle du nombre de petites et moyennes entreprises opérant dans les zones touchées et des efforts systématiques pour former les médecins et les agents de santé à la lutte contre les impacts durables de Tchernobyl.   Aujourd’hui, la catastrophe est porteuse de nombreuses leçons importantes alors que le monde s’efforce de faire face à la pandémie de COVID-19 et d’y répondre, et de soutenir des sociétés sûres, stables et pacifiques partout dans le monde. 

Donnant lecture d’une déclaration du Ministre des affaires étrangères du Bélarus, le représentant du Bélarus a déclaré que le terme « Tchernobyl » est associé depuis 1986 à une douleur.  La délégation a rappelé que cette catastrophe a contribué à une émission massive de substances radioactives qui ont contaminé des milliers de kilomètres carrés et touché des centaines de milliers de personnes.  Toutes les familles, sans exception, ont été touchées par les retombées radioactives au Bélarus, directement ou indirectement.  Le Bélarus a indiqué avoir mis en place cinq programmes pour un montant de 19 milliards de dollars pour réduire les risques et les conséquences négatives de la catastrophe sur les populations.  Le combat se poursuit sans relâche pour préserver les zones agricoles, forestières et aquatiques de la contamination. 

Le Bélarus a salué la pertinence de la résolution A/RES/74/114 intitulée « Conséquences durables de la catastrophe de Tchernobyl » adoptée par l’Assemblée générale le 16 décembre 2019 qui met l’accent sur le renforcement de la coopération internationale et coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.  Le Bélarus a salué le rôle de coordination que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) joue dans la coopération internationale concernant Tchernobyl, notamment le travail mené par l’Équipe spéciale interinstitutions pour Tchernobyl. 

« Trente-cinq ans après Tchernobyl, le Bélarus a acquis de véritables connaissances sur les conséquences économiques, sociales et culturelles de la catastrophe », a indiqué la délégation avant de se féliciter de la tenue d’une Conférence internationale qui a mis l’accent sur les possibilités d’exploiter les potentiels socioéconomiques des territoires touchés.  Le Bélarus a aussi cité la mise en place d’une plateforme qui doit unir les investisseurs et poursuivre la coopération internationale pour Tchernobyl sous les auspices de l’ONU afin de contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les territoires touchés. 

La Fédération de Russie a déclaré qu’il y a 35 ans, le monde entier faisait face à une tragédie d’une ampleur sans précédent: l’explosion dans la nuit du 26 avril 1986 du quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl qui a pris tout le monde par surprise.  L’accident a été l’une des plus grandes catastrophes d’origine humaine du siècle dernier, et des travaux sont toujours en cours pour en éliminer les conséquences.  Sans le dévouement des sauveteurs de Tchernobyl, les victimes auraient été encore plus nombreuses, a alerté la délégation.  Ce sont ces héros et des gens ordinaires qui ont combattu l’ennemi invisible et inconnu.  « Nous leur sommes redevables.  Nous honorons profondément la mémoire de chaque victime », a déclaré la délégation. 

La délégation a ensuite prévenu que le monde n’est pas à l’abri d’une répétition de ce qui s’est passé à Tchernobyl. 

Pour l’Ukraine, l’accident de Tchernobyl a enseigné une leçon importante à la communauté internationale et oblige à réfléchir de façon plus approfondie au risque que peut poser l’énergie nucléaire.  Cela a changé la vie de générations entières et a eu un impact de long terme sur l’environnement.  La délégation a indiqué qu’au fil des ans, l’Ukraine et les organisations internationales ont travaillé ensemble pour surmonter les conséquences de la catastrophe en mettant en œuvre des projets visant à appuyer le relèvement durable et le développement dans les régions touchées en réduisant les effets socioéconomiques et environnementaux sur le long-terme de la catastrophe. 

Les projets du nouveau confinement sûr concernant le projet de protection ainsi que l’installation de stockage provisoire du combustible nucléaire a déjà été réalisé.  Il s’agit, a-t-il expliqué, pour isoler les substances radioactives du réacteur détruit.  Cela ne représente qu’une étape, c’est pourquoi il est essentiel de maintenir la question de la catastrophe de Tchernobyl à l’ordre du jour international. 

Qualifiant la fermeture de la centrale d’ «  exemple remarquable de la solidarité internationale », il a indiqué que l’arche de Tchernobyl, le dispositif de confinement, permettrait d’isoler les substances radioactives du quatrième réacteur détruit pendant au moins 100 ans.  Il faut à présent transformer cette arche en un système écologiquement sûr. 

Pour finir, le Représentant a dénoncé la désinformation orchestrée par les autorités soviétiques qui « ont désespérément essayé de cacher la vérité à leur propre peuple et à d’autres pays ».  En effet, a-t-il poursuivi, c’est la Suède et pas l’Union soviétique qui a alerté le monde.  Il y a vu un rappel puissant que la désinformation, tout comme la radiation, est un « tueur invisible ».

À l’issue de ces interventions, le Chili, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), a appelé les entités de l’ONU à renforcer les partenariats stratégiques, forger des alliances et mobiliser des ressources en faveur du développement durable des territoires touchés.  La République du Congo, au nom du Groupe des États d’Afrique, a salué la coopération internationale et la coordination des efforts déployés pour étudier et atténuer le plus possible les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine, au Bélarus et en Fédération de Russie.  Cette tragédie rappelle que les accidents nucléaires font fi des frontières, a renchérit le Koweït, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique

Les Pays-Bas, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, se sont félicités de l’installation réussie, après 10 ans de construction, d’un nouveau sarcophage sur le réacteur numéro quatre de la centrale.  Cela a permis aux habitants de la région de Tchernobyl de commencer enfin un nouveau chapitre, a noté la délégation.   

Cette avancée a également été saluée par les États-Unis qui, en leur capacité de pays hôte, ont constaté qu’il reste encore énormément à faire, notamment en ce qui concerne le déplacement des déchets nucléaires.   La délégation américaine a également salué la mémoire, la bravoure et le sacrifice des travailleurs d’urgence qui ont contenu la catastrophe du 26 avril 1986.  Ce sacrifice, nous devons nous en rappeler, car il ne faut jamais oublier Tchernobyl, a insisté la délégation.  

De son côté, la Roumanie qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Europe orientale, a jugé impératif de garantir une communication transparente et rapide de toutes les informations pertinentes en matière de sécurité et de sûreté nucléaires.   C’est le moyen le plus fiable et le plus efficace d’éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent, car le coût des erreurs est trop élevé pour être payé une nouvelle fois par l’humanité, a-t-elle déclaré.  

Les États Membres ont également entendu Cuba qui s’est enorgueilli d’être le seul pays à avoir organisé un programme de santé intégré massif qui a pris en charge 25 000 personnes victimes de la catastrophe, dont 84% étaient des enfants, entre 1990 et 2011. 

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