En cours au Siège de l'ONU

Quarante-troisième session,
3e séance – matin
PI/2293

Comité de l’information: Le DCG appelé une nouvelle fois à passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production multilingue »

Au deuxième jour de sa session 2021, le Comité de l’information a entendu, ce matin, de nouveaux appels en faveur de la pleine réalisation du multilinguisme aux Nations Unies.  Comme le disait hier le Groupe des amis de l’espagnol au sein de l’Organisation, le Département de la communication globale (DCG) devrait passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production dans les six langues officielles ».  Beaucoup de délégations ont aussi plaidé pour l’utilisation d’autres langues.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui a dûment salué le travail de la Section des communiqués de presse ou encore d’ONU-Info, a constaté que le multilinguisme à beau contribuer directement à l’efficacité de l’action multilatérale, notamment dans la réponse à la crise sanitaire actuelle ou encore dans la lutte contre la désinformation, sa mise en œuvre dans le cadre onusien « demeure aujourd’hui inachevée ».

À la lumière du dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme et de ses échanges avec les missions diplomatiques francophones, l’OIF a insisté sur l’importance de produire davantage de contenus dans l’ensemble des six langues officielles des Nations Unies.  Elle a ainsi soutenu que « la traduction de contenus produits en anglais ne peut se substituer à une production dans d’autres langues », car une langue, outre sa vocation d’outil de communication, « véhicule une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir ». 

Plaidant pour que cette question soit prise en compte dès la phase de planification des actions et stratégies de communication de l’ONU, l’OIF a fait observer que les « normes minimales » pour le multilinguisme des sites Web de l’ONU ne sont pas encore appliquées de manière cohérente dans toutes les entités du Secrétariat.  Il en résulte un nombre important d’actions et de manifestations onusiennes promues « dans une langue unique », ce qui ne permet pas à l’ensemble des États Membres de s’engager sur un pied d’égalité et, de ce fait, « affaiblit l’Organisation ». 

De même, alors que les médias et réseaux sociaux ont connu un développement exponentiel durant la pandémie de COVID-19, l’OIF a déploré que les entités du Secrétariat produisent des contenus « essentiellement en anglais ».  Elle a espéré que les travaux du Comité de l’information permettront d’aborder ces situations qui ont un « impact direct » sur la réalisation du multilinguisme.  Pour sa part, a-t-elle indiqué, la Francophonie a mis en place un « dispositif de veille, d’alerte et d’action » pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales. 

Sur cette même ligne, le Groupe des ambassadeurs francophones (GAF) s’est dit « résolument engagé en faveur de la défense de la diversité linguistique et culturelle dans l’ensemble des processus onusiens ».  Par la voix de la Côte d’Ivoire, il a demandé au DCG de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues.  Pour veiller à ne laisser personne de côté, il importe aussi, selon le GAF, de continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication. 

Le Groupe a appelé au renforcement de la Radio des Nations Unies pour qu’elle puisse diffuser les informations auprès des populations locales, dans les langues officielles comme dans certaines langues locales.  Il a également encouragé les efforts déployés dans les centres d’information des Nations Unies.  Un avis pleinement partagé par l’Afrique du Sud, selon laquelle ces centres jouent un rôle essentiel dans la promotion des objectifs et des activités de l’ONU dans le monde.  Citant en exemple ceux du Caire, de Mexico et de Pretoria, qui travaillent avec les centres des pays voisins pour développer des plans de communication à résonance régionale, l’Afrique du Sud a encouragé la poursuite de tels efforts sur le continent africain. 

En ces temps où la désinformation engendre peur et instabilité, ces centres permettent de donner « un accent local à des messages mondiaux » et aident à « rapprocher l’ONU des personnes qu’elle sert ».  L’Iran en a profité pour rappeler que le persan est parlé par plus de 100 millions de personnes dans le monde.  Face à la pandémie et à toutes les crises, présentes ou futures, a renchéri le Liban, il est crucial de diffuser, en plusieurs langues, des informations concrètes, exactes et fondées sur la science, ce qui nécessite, pour relever le défi de l’« infox », une action conjointe de l’ONU, des médias sociaux, des individus et des grandes entreprises. 

Les grandes entreprises d’Internet ont été vivement critiquées par la Fédération de Russie.  L’autoroute de l’information, a-t-elle dit, est censé être « un mode de communication libre, transparent et respectueux du droit international », mais au lieu de cela, il s’est retrouvé otage des géants de son industrie lesquels s’arrogent le droit de refuser certains contenus, forts de leur « monopole » et de leur « dictature numérique ».  La Fédération de Russie s’est dite préoccupée par ces « oligarques occidentaux » qui rendent impossible la liberté d’expression sur Internet et écartent même des responsables élus des canaux de communication.  Le Secrétaire général de l’ONU parle d’« infodémie » mais nous, nous voyons une « véritable arme de destruction massive », a tranché la Fédération de Russie.  Elle n’a pas été la seule. 

L’Iran a aussi accusé certains pays de tirer parti de leur « situation monopolistique » sur les TIC pour « fabriquer des réalités » et « ternir l’image des autres ».  Il s’est, dans ce contexte, dit inquiet du climat de haine contre l’islam, favorisé par la « rhétorique enflammée » de personnalités politiques occidentales. 

Le Comité de l’information, qui a ainsi achevé son débat général, a prévu de tenir des négociations à huis-clos, avec l’idée d’adopter son rapport final le 7 mai prochain. 

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL (A/AC.198/2021/2, A/AC.198/2021/3, A/AC.198/2021/4)

Au nom du Groupe des ambassadeurs francophones (GAF), M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a décrit son groupe comme étant « résolument engagé en faveur de la défense de la diversité linguistique et culturelle dans l’ensemble des processus onusiens ».  Il a souligné l’importance du multilinguisme qui est le fondement d’un multilatéralisme effectif; les instances internationales étant vouées par essence au dialogue et à la négociation.  Il a réaffirmé que la communication sur l’action des Nations Unies est un levier de plus en plus essentiel dans la réalisation des missions de l’ONU, compte tenu de l’extraordinaire développement des médias sociaux et d’Internet.  En effet, a-t-il noté, l’information et la communication participent directement de la lutte contre la pandémie, de même qu’elles s’imposent comme des instruments privilégiés de la lutte contre la désinformation et les discours de haine. 

La Côte d’Ivoire a suggéré, à l’attention du Secrétariat, cinq points qui devraient faire l’objet d’une attention prioritaire.  Chaque pays devrait disposer des mêmes opportunités d’accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU.  Il est impératif de parvenir à ce que l’ensemble des stratégies, documents d’analyse et d’information, développés notamment dans le cadre de la réponse à la pandémie de COVID-19 et de la lutte contre la désinformation, soient pleinement disponibles dans les six langues officielles des Nations Unies.  Les langues, a insisté la Côte d’Ivoire, ont un impact sur la substance et sur les politiques.  Il est par conséquent crucial de ne pas seulement traduire les contenus mais de produire ces contenus dans d’autres langues, afin de véritablement refléter la diversité culturelle et de pensée. 

C’est la raison pour laquelle le Groupe, a dit la Côte d’Ivoire, exhorte le Département de la communication globale (DCG) à assurer un emploi équilibré des six langues officielles sur les sites Internet du Secrétariat en vue de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues, et ce, de manière à accroître la portée de l’action des Nations Unies, et sa compréhension, à un plus large public.  Le dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme confirme que les entités du Secrétariat ont continué d’élargir leur présence multilingue en ligne, a relevé le représentant, tout de même préoccupé par le fait que les normes minimales du multilinguisme sur les sites Internet de l’ONU, élaborées par le DCG, ne soient pas encore appliquées de manière cohérente. 

Pour ne laisser personne de côté, il importe, a poursuivi le représentant, de continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication.  Il a salué à cet égard l’ensemble des réalisations d’ONU-Info, et a appelé au renforcement de la Radio des Nations Unies pour qu’elle puisse diffuser les informations auprès des populations locales, dans les langues officielles tout comme dans certaines langues locales.  Elle a également encouragé les efforts déployés dans les centres d’information des Nations Unies pour permettre de diffuser et sensibiliser le plus grand nombre à l’action de la communauté internationale.

Par ailleurs, dans le cadre des manifestations organisées par les organes principaux des Nations Unies, la Côte d’Ivoire a jugé indispensable que le matériel de communication, les bannières, les vidéos et les logos, qui sont portés à la connaissance des populations du monde entier, ne soient pas rendus disponibles que dans une seule langue.  Enfin, compte tenu de l’impact des langues sur la culture de travail au sein de l’Organisation, le représentant a dit vouloir promouvoir « ardemment » la diversité linguistique au sein du personnel onusien.  C’est aussi la raison pour laquelle le multilinguisme doit être davantage assuré dans les communications internes de l’Organisation, a-t-il conclu.

À titre national, M. ADOM (Côte d’Ivoire) a commencé par féliciter le Comité de l’information pour les conclusions de sa quarante-deuxième session qui s’est tenue dans des conditions particulières, en raison de la pandémie de la COVID-19.  Ce contexte sanitaire sans précédent a généré de multiples défis, a-t-il noté, en citant la propagation de fausses nouvelles, la désinformation et les publications virales qui se répandent plus vite que le virus en ces temps difficiles où l’humanité a plus que jamais besoin d’informations crédibles et rassurantes.  Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire a rendu hommage au Secrétaire général ainsi qu’au DCG pour les mesures urgentes qu’ils ont prises pour lutter contre la pandémie, à travers des campagnes de sensibilisation notamment sur les réseaux sociaux, pour apporter des informations actuelles, scientifiques et crédibles sur la COVID-19. 

Dans la même veine, le représentant s’est réjoui de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur la « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », afin de lutter efficacement contre la désinformation et la mésinformation.  Il a également salué les mesures et les initiatives prises par DCG pour assurer la couverture des activités des Nations Unies et la continuité du service, en dépit de la situation sanitaire difficile.  Il a toutefois appelé à davantage d’efforts afin de rendre effectif le multilinguisme au sein de l’ONU et de contribuer ainsi à l’efficience de la communication entre les États Membres.

Alors que la crise sanitaire liée à la COVID-19 a mis en exergue la nécessité de poursuivre des actions visant à rendre la communication des Nations Unies plus rapide, plus stratégique et plus intégrée, pour permettre une meilleure sensibilisation aux thématiques majeures telles que la paix et la sécurité internationale, les changements climatiques, le développement durable, la migration et le respect des droits de l’homme, le représentant a reconnu les mérites des nouvelles plateformes de communication et d’information basées sur le numérique, surtout Internet et les réseaux sociaux, pour toucher un public plus large.  Il a cependant appelé à la réduction du fossé numérique entre les États Membres, estimant que l’émergence de ces nouveaux canaux ne doit pas contribuer aux déclins des plateformes traditionnelles de communication que sont la presse écrite, la radio et la télévision auxquelles demeure attaché un nombre considérable de personnes à travers le monde.  Il s’agit, pour le DCG, de trouver un juste équilibre afin de porter au mieux la voix des Nations Unies et accroître sa visibilité auprès de tous les peuples de langues et de cultures diverses, a conclu la Côte d’Ivoire.

M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a noté à son tour qu’avec la pandémie de COVID-19, tous les pays du monde se sont heurtés à une vague de désinformation nuisible aux efforts de santé publique.  Il a déploré, entre autres exemples, que certains aient laissé entendre que le vaccin contre le virus pouvait altérer l’ADN.  Le problème lié à la désinformation est, selon lui, amplifié par la rapidité extrême avec laquelle se diffusent les fausses nouvelles et l’appui dont elles bénéficient de la part de personnes influentes.  Avec la propagation exponentielle de la pandémie, a fait valoir le délégué, il est essentiel de diffuser des informations concrètes, exactes, fondées sur la science et multilingues, ce qui nécessite une action conjointe de l’ONU, des grandes entreprises, des médias sociaux et des individus eux-mêmes pour relever le défi de « l’infox ».  C’est d’autant plus important que le monde doit se préparer aux crises qui pourraient surgir à l’avenir, et ce, sans remettre en cause l’indépendance des médias. 

Pour le Liban, cet effort collectif doit s’appuyer sur une action coordonnée des secteurs public et privé, et sur des campagnes de sensibilisation du plus grand nombre de personnes.  Il doit aussi donner aux individus les moyens de s’approprier la technologie.  Dans cet esprit, le représentant a salué les campagnes onusiennes qui permettent de fournir des informations exactes et opportunes dans plusieurs langues, notamment l’initiative Only Together et l’opération Verified contre la désinformation.  Selon lui, il importe de lutter contre cette « infodémie » tout en respectant la liberté d’opinion. 

Mme PATRICIA HERDT, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé sa mobilisation de longue date en faveur de la pleine réalisation du multilinguisme aux Nations Unies.  Elle a toutefois constaté que cette mise en œuvre « demeure aujourd’hui inachevée », alors même que le multilinguisme contribue directement à l’efficacité de l’action multilatérale et qu’il améliore les résultats, notamment dans le cadre de la gestion de la réponse à la crise sanitaire ou encore de la lutte contre la désinformation. 

Saluant les efforts déployés par le DCG au cours de l’année écoulée ainsi que l’ensemble de ses réalisations, notamment le travail de la Section des communiqués de presse, d’ONU-Info et des centres d’information des Nations Unies, l’OIF a aussi exprimé sa reconnaissance au Département pour les initiatives menées de concert ces derniers mois avec les sections des services Internet et des services audiovisuels, ainsi qu’avec la Bibliothèque des Nations Unies.  Elle a par ailleurs réitéré l’importance de la célébration des journées des langues officielles, qui représentent, selon elle, de « vraies opportunités pour rappeler l’étendue des enjeux liés au plein respect de la diversité linguistique ». 

Sur la base du dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme et du travail mené avec les missions diplomatiques francophones, Mme Herdt a insisté sur l’importance de produire davantage de contenus dans l’ensemble des six langues officielles des Nations Unies.  En effet, a-t-elle fait valoir, « la traduction de contenus produits en anglais ne peut se substituer à une production dans d’autres langues ».  À ses yeux, une langue n’est « pas seulement un outil de communication », elle véhicule « une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir ». 

Autre point d’attention mis en avant par l’OIF: la nécessité d’intégrer le multilinguisme dans la phase de planification des actions et stratégies de communication, notamment pour une allocation équitable des ressources budgétaires entre les langues officielles.  Elle a estimé d’autre part que les « normes minimales » pour le multilinguisme des sites Web de l’ONU ne sont pas encore appliquées de manière cohérente dans toutes les entités du Secrétariat.  Il en résulte, selon elle, un nombre important d’actions et de manifestations onusiennes promus dans une langue unique, ce qui ne permet pas à l’ensemble des États Membres de s’engager sur un pied d’égalité et, de ce fait, « affaiblit l’Organisation ». 

S’agissant du développement exponentiel des médias et réseaux sociaux, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19, l’OIF a déploré que les entités du Secrétariat, notamment du fait de l’insuffisance des ressources humaines, produisent du contenu pour les médias sociaux « essentiellement en anglais ».  Elle a espéré que les travaux du Comité de l’information permettront d’aborder ces situations qui ont un impact direct sur la réalisation du multilinguisme. 

Pour sa part, a-t-elle souligné, la Francophonie continue de travailler de manière « concrète et créative » à la réalisation pleine et entière de la diversité linguistique dans les organisations internationales.  Conformément au mandat que lui ont confié ses États et gouvernements membres, l’OIF a mis en place un dispositif de veille, d’alerte et d’action pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales, à l’initiative de sa Secrétaire générale, Mme Louise Mushikiwabo.  Ce dispositif, a-t-elle précisé, a pour objectif de remobiliser l’ensemble des acteurs de la Francophonie institutionnelle en faveur de la langue française dans les organisations internationales.  Elle permettra aussi de passer à une « vigilance continue » au niveau de ces organisations, en effectuant une veille plus systématique quant au respect du multilinguisme. 

Mme MARIA ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a estimé que le DCG s’est pleinement acquitté de ses tâches malgré les difficultés et les nouvelles orientations du travail, en raison de la pandémie.  Internet, a-t-elle dit, est censé être « un mode de communication libre, transparent et respectueux du droit international », mais au lieu de cela, il s’est retrouvé l’otage des géants de son industrie.  La représentante a dénoncé les « problèmes » de la liberté d’expression sur ces grands réseaux sociaux qui refusent la publication de certains contenus et sapent l’architecture de la communication globale.  Il faut s’attaquer à ces monopoles pour préserver la transparence de l’internet, a estimé la Fédération de Russie, inquiète d’une véritable menace qui voit les « oligarques occidentaux » recourir à la censure et faire fi des normes internationales.  Il n’est plus possible, a-t-elle affirmé, de s’exprimer librement sur Internet et même des responsables élus peuvent à tout moment être écartés des canaux de communication. 

La représentante s’est agacée de cette « dictature numérique » et a réclamé une utilisation d’Internet fondée sur le droit international.  Nous sommes les témoins d’une érosion de la liberté d’expression où on tente par tous les moyens possibles d’empêcher le travail de certains médias, a-t-elle poursuivi.  En revanche, d’autres ont le loisir de diffuser des informations délibérément mensongères et de contribuer à la désinformation.  « Le virus de la désinformation ne connaît plus de limites », s’est emportée la Fédération de Russie.  Le Secrétaire général parle d’« infodémie » mais nous, nous voyons une « véritable arme de destruction massive » qui exige de l’ONU qu’elle déploie des efforts supplémentaires pour aider les États.  Les médias et l’information ne sauraient participer à un jeu politique et l’ONU doit tout mettre en œuvre pour éviter la politisation de l’espace médiatique, a martelé Mme Zakharova.

Pour ce qui est du multilinguisme, elle s’est dite satisfaite de la diffusion d’informations en langue russe et de la collaboration du DCG avec des médias russes.  Elle s’est félicitée de la popularité des réseaux sociaux russes liés à l’ONU « en dépit du rôle dominant de l’anglais qui perdure ».  Elle a demandé plus d’informations dans les six langues officielles de l’ONU, y compris en russe.  Certaines coupes budgétaires peuvent entraver ce travail, a concédé la délégation, mais cela reste impératif en tant qu’organisation internationale.  Quand ils ont créé l’ONU, les Pères fondateurs ont instauré le multilinguisme, alors qu’au lendemain de la Deuxième Guerre mondiales, ils auraient pu invoquer le manque de moyens pour éviter la question, s’est impatientée la représentante.  Quant aux « spéculations » de l’Ukraine sur les prétendus problèmes de liberté d’expression en Crimée, elle a assuré y avoir créé les conditions propices au pluralisme et au multilinguisme.

Mme DIYANA SHAISTA TAYOB (Afrique du Sud) a salué les efforts déployés par le DCG pour sensibiliser le public et soutenir le travail des Nations Unies à travers des campagnes de communication stratégique, ainsi que par le truchement des médias et de groupes de la société civile.  À cet égard, la représentante a souligné le rôle essentiel que jouent les centres d’information des Nations Unies dans la promotion des objectifs et des activités de l’Organisation.  Elle a cité en exemple les centres d’information du Caire, de Mexico et de Pretoria, qui sont chargés de travailler stratégiquement avec les centres des pays voisins afin de développer des plans de communication qui ont une résonance particulière dans leurs régions respectives.  Nous encourageons la poursuite des efforts de collaboration sur le continent africain pour sensibiliser le public sur le travail et les activités des Nations Unies et approfondir l’interaction avec les civils locaux, a-t-elle indiqué.

En traduisant les documents d’information dans les langues locales, en échangeant avec les leaders d’opinion, en publiant des articles de hauts fonctionnaires des Nations Unies dans les médias nationaux et en organisant des campagnes de sensibilisation, le réseau des centres d’information des Nations Unies est un des principaux moyens par lesquels l’ONU fait progresser son rayonnement dans le monde, a insisté l’Afrique du Sud.  En ces temps où la désinformation engendre peur et instabilité, ces centres sont, selon elle, en mesure de rétablir le calme en donnant « un accent local à des messages mondiaux » et en aidant à « rapprocher l’ONU des personnes qu’elle sert ».

Observant d’autre part que la pandémie de COVID-19 a fait entrer le monde dans une réalité virtuelle et a entraîné une numérisation sans précédent, la représentante s’est félicitée de ce que la « puissance de la technologie » ait permis de révolutionner certains domaines, à commencer par l’éducation.  Elle a cependant constaté que les groupes vulnérables et les populations rurales ont été laissés pour compte.  L’année écoulée a rappelé la nécessité urgente de lutter contre la fracture numérique et de faire davantage pour aider les pays en développement à combler le « fossé de la connectivité », a-t-elle ajouté, jugeant que cet effort est essentiel pour garantir que la sensibilisation au travail des Nations Unies « atteint le plus grand nombre de personnes possible dans toutes les régions ». 

Avant de conclure, l’Afrique du Sud a tenu à saluer les campagnes de communication du DCG, en particulier l’initiative Only Together annoncée par le Secrétaire général en mars.  Cette campagne, qui vise à promouvoir un accès juste et équitable aux vaccins contre la COVID-19 dans le monde, souligne la nécessité de « réponses collectives unifiées », a-t-elle relevé, avant de rappeler qu’aucun pays ne peut surmonter cette crise de manière isolée. 

M. KHATIBZADEH (République islamique d’Iran) a salué l’action du Comité de l’information et rappelé qu’il est le principal organe intergouvernemental chargé de fournir des orientations sur les politiques de l’ONU en matière d’information publique.  Il a également réaffirmé son appui au DCG dont le rôle est d’autant plus crucial dans la période actuelle marquée par des différentes formes de désinformation.  La délégation s’est ensuite alarmée des disparités dans l’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC).  Elle a également déploré que certains pays tirent parti de leur situation de « monopole » sur les TIC pour « fabriquer des réalités » et « ternir l’image de certains pays ».  Une telle situation est préjudiciable et requiert l’attention de la communauté internationale, a-t-elle souligné, avant d’appeler les Nations Unies à tout faire pour combler la fracture numérique croissante entre les pays et mettre fin cette tendance délétère pour le monde en développement. 

Réduire cette fracture et mettre les TIC au service des pays en développement est impératif et le DCG doit y jouer un rôle, en sensibilisant l’opinion publique mondiale, a insisté le représentant, non sans souhaiter que les mesures prises à cette fin soient compatibles avec les principes de la Charte de l’ONU.  Il s’est également élevé contre les abus dont la diffusion d’« infox » sur les pays en développement.  Ces agissements exigent des mesures urgentes pour sauver des vies et préserver les systèmes de soins de santé, a-t-il souligné, dénonçant à cet égard l’impact des mesures coercitives unilatérales qui imposent des fardeaux économiques et commerciaux aux pays ciblés et limitent leur capacité d’intervention face à la pandémie.  La délégation a réitéré son appel à la coopération internationale, conformément aux dispositions de résolution omnibus adoptée par l’Assemblée générale en septembre dernier. 

Le représentant s’est d’autre part déclaré préoccupé par le climat de haine contre l’islam, favorisé par la « rhétorique enflammée » de personnalités politiques occidentales.  Le moment est venu de condamner l’islamophobie et de protéger les musulmans du monde entier contre ces manifestations d’intolérance, a-t-il plaidé.  Enfin, le représentant a noté qu’il existe une demande croissante de contenus et d’informations dans des langues autres que les six langues officielles de l’ONU.  Il a donc appelé le Secrétariat à faire en sorte que ses produits paraissent dans d’autres langues, notamment en persan, langue parlée par plus de 100 millions de personnes dans le monde et « source de solidarité entre plusieurs nations ». 

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