L’Instance permanente appelle à examiner la question des peuples autochtones et des entreprises, le problème de l’incarcération et l’impact de la COVID-19
L’Instance permanente sur les questions autochtones a achevé, cet après-midi, les travaux de sa vingtième session en adoptant par consensus et tel qu’oralement amendés une série de projets de rapport par lesquels elle recommande notamment la tenue d’une réunion d’experts sur le thème « Peuples autochtones, entreprises, autonomie et principes relatifs aux droits de l’homme de la diligence raisonnable, y compris le consentement libre, préalable et éclairé.
Consternée par la persistance de taux d’incarcération disproportionnés d’autochtones dans de nombreux pays du monde, l’Instance permanente recommande par ailleurs que le Conseil des droits de l’homme charge le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de mener une étude sur l’incarcération, les décès en détention et les peuples autochtones.
L’Instance permanente recommande aussi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) organise des tables rondes régionales aux fins de l’examen de la question des peuples autochtones et de la COVID-19 afin de veiller à ce que les peuples autochtones du monde entier soient spécifiquement pris en compte dans le cadre des efforts d’atténuation.
Elle invite en outre l’UNESCO à créer une plateforme numérique universelle permettant de créer et de stocker des ressources sur les langues autochtones et de les mettre à la disposition des peuples autochtones et des chercheurs afin de préserver la diversité linguistique.
Après l’adoption du rapport de ses travaux contenant les recommandations soumises pour approbation au Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Mme Anne Nurgam a rappelé combien l’Instance permanente reste déterminée à promouvoir et à protéger les droits des peuples autochtones, y compris leurs droits à l’autodétermination, et à renforcer la contribution des peuples autochtones à la réalisation des objectifs de développement durable
Dans sa déclaration de clôture, la Présidente de l’Instance, Mme Anne Nurgam, s’est dite encouragée par les mesures concrètes prises pour préserver et revitaliser les langues autochtones dans la perspective de la Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032. Elle a aussi salué les projets visant à adopter une approche fondée sur les droits pour relever les défis auxquels sont confrontés les peuples autochtones et leur contribution à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Après avoir rappelé qu’en 1923, Deskaheh, le grand chef haudenosaunee, avait tenté, sans succès, de participer aux travaux de la Société des Nations à Genève, pour faire reconnaître la souveraineté de la confédération iroquoise, Mme Nuorgam a souligné le long chemin parcouru avant de parvenir à la création l’Instance en 2001.
Mais 98 ans plus tard, les peuples autochtones du monde entier sont toujours confrontés aux mêmes défis, a-t-elle déploré, pointant notamment le manque d’accès aux soins de santé et à l’éducation; la violation de leurs droits à leurs terres, territoires et ressources; et les graves violations de leurs droits humains.
Elle a dit être particulièrement préoccupée par la situation des peuples autochtones de la région amazonienne, qui, ces dernières années, ont été négativement affectées par les politiques favorables aux sociétés minières, entre autres, et qui affectent les territoires autochtones, y compris ceux des peuples autochtones isolés, provoquant attaques, déplacements ainsi que le meurtre de nombreuses personnes.
« Il est indispensable que les États et leur gouvernement se montrent à la hauteur des enjeux en permettant que la Déclaration des Nations Unies sur les droits autochtones soit réellement appliquée », a-t-elle affirmé.
Mme Nurgan a par ailleurs rendu hommage à tous les dirigeants autochtones morts dans des conditions tragiques cette année pour avoir lutté pacifiquement à la défense de leurs droits, aux « sœurs et frères » autochtones dont la vie a été perdue en raison de la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à Estebancio Castro-Diaz, dirigeant autochtone kuna du Panama, également décédé cette année.
Cette vingtième session de l’Instance permanente avait pour thème « Paix, justice et institutions solides: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif de développement durable no 16 ».
Les projets de rapports adoptés aujourd’hui figurent dans les documents suivants : E/C.19/2021/L.2 ; E/C.19/2021/L.3 ; E/C.19/2021/L.4 ; E/C.19/2021/L.5 ; E/C.19/2021/L.6 ; E/C.19/2021/L.7 ; et E/C.19/2021/L.8. Ils seront transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour approbation finale.
Au cours de cette séance, qui s’est tenue en présentiel, l’Instance a également adopté l’ordre du jour provisoire de sa vingt-et-unième session qui se tiendra au Siège de l’ONU du 25 avril au 6 mai 2022.