En cours au Siège de l'ONU

Le Comité spécial de la décolonisation clôture sa session de fond 2021 avec l’examen de la question des îles Falkland/Malvinas et l’adoption de ses résolutions annuelles

Reprise de la session,
6e & 7e séances plénières – matin & après-midi
AG/COL/3347

Le Comité spécial de la décolonisation clôture sa session de fond 2021 avec l’examen de la question des îles Falkland/Malvinas et l’adoption de ses résolutions annuelles

Le Comité spécial de la décolonisation, a adopté, ce matin, sans vote, la résolution relative à la question des îles Falkland (Malvinas) en présence du Ministre argentin des affaires étrangères, du commerce international et du culte, M. Felipe Carlos Solá.

Dans la résolution, le Comité spécial déplore que, malgré le large appui international en faveur de négociations entre les Gouvernements argentin et britannique sur tous les aspects relatifs à l’avenir des îles Falkland (Malvinas), l’application des résolutions de l’Assemblée générale sur cette question n’ait toujours pas commencé.  Il demande aux deux Gouvernements de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours, en reprenant leurs négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté.

Comme chaque année, la vingtaine de délégation, qui ont participé au débat, ont soutenu les revendications « légitimes » de l’Argentine sur la souveraineté sur les îles « Malvinas, Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants ».  Comme l’a rappelé le Chili, coauteur du projet de résolution, il s’agit d’une question d’une importance et d’une sensibilité « fondamentales » pour les nations d’Amérique latine et des Caraïbes. 

Rappelant que ce différend de souveraineté remonte à 1833, quand le Royaume-Uni a occupé les îles « par la force », le Ministre argentin des affaires étrangères s’est amusé du fait qu’à l’époque, la souveraineté de l’Argentine ne posait aucun problème.  En 1820, le pays a planté son drapeau, mis en place des lois et en 1829, déployé son armée. L’usurpation par la force d’une partie du territoire argentin et l’expulsion de la population et des autorités argentines établies légitimement n’a jamais été acceptée par notre pays. L’Argentine n’a cessé de protester contre cette usurpation, à partir du moment où elle a eu lieu, à la fois bilatéralement auprès du Royaume-Uni et devant tous les foras internationaux, a souligné le Ministre.  Le droit à l’autodétermination ne s’applique donc pas à cette situation spéciale, a martelé le Ministre argentin, affirmant que les habitants des îles Malvinas doivent leur présence à la politique de peuplement britannique.

Le Ministre argentin a une fois de plus mis en avant sa sincère volonté de reprendre les négociations bilatérales avec le Royaume-Uni « lequel refuse depuis le 4 novembre 1982 ».  Mais plus de 40 ans après, nous sommes toujours prêts à revenir à la table des négociations, a affirmé le Ministre, sans oublier de dénoncer les mesures unilatérales, dont l’exploitation des ressources naturelles et la militarisation de l’archipel.  Le déploiement de la force militaire britannique dans les Iles est complètement injustifié et contraire à la résolution  41/11 de l’Assemblée générale sur la Zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud, qui appelle entre autres tous les pays des autres régions, en particulier les puissances militaires, à respecter ce statut, a encore dit le Ministre.

Aujourd’hui, le Comité spécial a également adopté sans vote ses résolutions annuelles sur la Question de la Nouvelle-Calédonie, tel que révisé oralement, les Samoa américaines; Tokelau; Anguilla; les Bermudes; les Îles vierges britanniques; les Îles Caïmanes; la Polynésie française; Guam; Montserrat; Pitcairn; Sainte-Hélène; les Îles Turques et Caïques; et les Îles Vierges américaines.

Il a fait de même pour les résolutions relatives à l’Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies; aux Activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes et à l’Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

La Présidente du Comité spécial a annoncé le report du Séminaire régional qui devait avoir lieu à la Dominique au mois d’août, en attendant les conclusions d’une mission d’évaluation des risques liés à la COVID-19.  Dans ses remarques de clôture, elle s’est enorgueillie de ce que le Comité spécial ait pu entendre les peuples de territoires non autonomes, malgré les difficultés liées à la COVID-19.  Le rapport annuel de cette session sera présenté à la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation au mois d’octobre.

QUESTION DES ÎLES FALKLAND/MALVINAS

Audition de pétitionnaires

De l’autre côté du spectre, MARK POLLARD a dénoncé les sanctions économiques de l’Argentine contre les îles Falkland « parce qu’elle veut confisquer un territoire, en essayant de manipuler les organes de l’ONU ».  Il a exhorté l’Argentine à se comporter comme « un voisin respectueux » des droits des habitants des îles Falkland.  « Sur les 37 missions de visite que le Comité spécial a dépêché dans les territoires, aucune n’est venue dans les îles Falkland », a dénoncé M. Pollard, en exhortant le Comité à venir s’enquérir de la réalité.

Mme LEONA ROBERTS a décrié « la propagande » de l’Argentine qui ne mérite que l’on s’y arrête.  Ma famille, a-t-elle dit, vit sur les îles Falkland depuis neuf générations et a dûment contribué à forger la société comme ceux qui sont venus du Royaume-Uni et de 60 autres pays, comme les Chiliens ou encore les Zimbabwéens.  Nous sommes de « fiers » habitants des îles Falkland, un jeune territoire « sans peuple autochtone ».  Mais l’Argentine refuse de reconnaître ces deux siècles d’histoire marqués par l’invasion de 1982 dont les victimes en ressentent encore aujourd’hui les conséquences psychologiques.  

En 1982, a poursuivi la pétitionnaire, j’avais 9 ans et je me souviens des balles qui traversaient les murs de notre maison.  La libération du 14 juin est « notre jour de liberté ».  Nous sommes, a-t-elle martelé, « un territoire autonome », comme nous l’avons exprimé lors du référendum de 1993.  Ce que nous voulons c’est jouir de notre droit à l’autodétermination aux îles Falkland et ne pas être incorporés à l’Argentine.  Nous ne sommes pas une colonie argentine et le Comité spécial doit respecter ce fait et pour s’en rendre compte, dépêcher une mission de visite

Professeure de droit international public, Mme PAULA VERNET a dit être la descendante de Luis Vernet, qui, en 1829, a été nommé premier commandant politique et militaire des îles Malvinas.  Mes arrière-arrière-grands-parents sont venus dans les îles en 1829 pour s’y installer et voir grandir les nouvelles générations.  Malheureusement, en 1833, ils ont été contraints de renoncer à leurs illusions et de quitter leurs terres.  Jusqu’à ce jour, a souligné Mme Vernet, le Royaume-Uni refuse de revenir à la table des négociations avec l’Argentine, arguant de l’existence d’un peuple doté d’un droit à l'autodétermination.  En droit international, lorsqu’il y a un différend de souveraineté, il y a ce qu’on appelle « une date critique », après laquelle les titres sur un territoire ne peuvent pas être changés.  Cette date, a-t-elle dit, c’est 1833 quand les îles Malvinas faisaient déjà « partie intégrante » de l’Argentine, reconnue comme État indépendant par le Royaume-Uni en 1825, avec la signature du Traité d’amitié, de commerce et de coopération. 

La population, qui est arrivée plus tard dans le cadre du plan britannique de colonisation, est une population « transplantée », qui ne saurait prétendre au droit à l’autodétermination, a professé Mme Vernet.  Il s’agit d’une population « artificielle » implantée par la Puissance occupante qui a mis en place des lois favorables au peuplement des îles par des Britanniques et les ressortissants de leurs territoires d’outre-mer.  Selon le recensement de 2016, seuls 46% des habitants des îles y sont nés et seulement 57% y résident depuis plus de 10 ans, ce qui montre qu’il s’agit d’une population en « renouvellement régulier », soit près d’un tiers de la population totale, depuis la dernière décennie.  Dans une telle situation, l’autodétermination n’est pas un critère, puisqu’il s’agit d’un différend de souveraineté entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  L’intégrité territoriale de la République argentine doit être rétablie, a-t-elle conclu. 

Petit-fils d’un habitant des îles Malvinas venu s’installer en Patagonie après la Première Guerre mondiale, M. GILLERMO CLIFTON, chercheur et vétérinaire en Patagonie australe, a indiqué qu’aujourd’hui encore plus de 50 membres de sa famille vivent toujours dans les îles.  Il a parlé des problèmes liés à la production agricole et à l’élevage en Patagonie et dans les îles Malvinas, lesquels l’ont conduit à entrer en contact avec plusieurs acteurs des îles, ces 20 dernières années.  Il est possible, a-t-il dit, de travailler ensemble dans l’intérêt des îles Malvinas et du continent.  Moi-même, a-t-il précisé, j’ai travaillé sur différents projets dont une étude sur la productivité agricole en Patagonie et dans les îles Malvinas, avec une université de Buenos Aires.  En revanche, il a dénoncé la pollution due à l’industrie pétrolière britannique, au mépris des droits « légitimes » de l’Argentine sur la zone.  

Lorsque le Royaume-Uni a occupé les îles Malvinas en 1833, il n’a pas hésité à expulser les Argentins pour favoriser l’implantation des Britanniques, ce qu’il fait jusqu’à aujourd’hui.  Il n’y a pas, a martelé le pétitionnaire, un peuple colonial dans les îles Malvinas mais « une population britannique d’occupation ».  Il a demandé au Comité spécial d’adopter cette année la résolution demandant aux deux pays de trouver une solution négociée « dans les plus brefs délais ».

Débat général

Au nom de la Bolivie, de Cuba, de l’Équateur, du Nicaragua et du Venezuela, M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a présenté au Comité le projet de résolution sur la question des îles Falkland/Malvinas, qui rassemble et reflète les principaux éléments de la doctrine que l’ONU.  Le texte consacre le même concept qu’il y a 50 ans, à savoir le règlement pacifique du différend de souveraineté sur les îles Falkland/Malvinas, la Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants, par le biais d’un dialogue direct entre les deux parties: l’Argentine et le Royaume-Uni.  Les îles Falkand/Malvinas sont une question d’une importance et d’une sensibilité « fondamentales » pour les nations d’Amérique latine et des Caraïbes, a insisté le représentant.  

Durant la pandémie de COVID-19, cette question était inscrite à l’ordre du jour de la vingtième Réunion ministérielle de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) qui s’est tenue virtuellement le 24 septembre.  La question a aussi été examinée au Sommet ibéro-américain du 21 avril 2021, à Andorre, dans un format hybride.  À ces occasions, l’Argentine et le Royaume-Uni ont été invités à reprendre dès que possible les négociations visant à trouver une solution pacifique au différend qui les opposent, dans le cadre des résolutions de l’ONU, de l’Organisation des États américains et des dispositions et objectifs de la Charte des Nations Unies, y compris le principe d’intégrité territoriale. 

Le projet de résolution, a poursuivi le représentant, reconnaît que la question des îles Falkland/Malvinas est une question coloniale « spéciale et particulière » qui diffère des autres situations coloniales, puisqu’il s’agit d’un différend souveraineté entre deux États.  Le texte reconnaît que la seule façon de mettre fin à cette situation est de rechercher une solution négociée et demande aux parties de renforcer le processus de dialogue et de coopération.  

Pour le délégué, la question des îles Falkland/Malvinas est l’une des « manifestations du colonialisme » à laquelle la communauté internationale veut mettre fin.  Nous soutenons, a conclu le représentant, les droits « souverains et légitimes » de l’Argentine et nous considérons que la seule façon de régler le différend est de mener des négociations bilatérales entre l’Argentine et le Royaume-Uni dès que possible.  À titre national, le représentant a réitéré le soutien de son pays à l’Argentine.  

Le Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, M. FELIPE CARLOS SOLÁ, a plaidé d’emblée pour une reprise rapide des négociations bilatérales avec le Royaume-Uni, en vue d’élaborer un plan qui mette un terme à ce différend de souveraineté qui remonte à 1833, quand le Royaume-Uni a occupé les îles « par la force ».  À l’époque, a souligné le Ministre, la souveraineté de l’Argentine ne posait pas de problème.  En 1820, le pays a planté son drapeau, mis en place des lois et en 1829, déployé son armée.  L’usurpation par la force d’une partie du territoire argentin et l’expulsion de la population et des autorités argentines établies légitimement n’a jamais été acceptée par notre pays, a martelé le Ministre. L’Argentine n’a cessé de protester contre cette usurpation, à partir du moment où elle a eu lieu, à la fois bilatéralement auprès du Royaume-Uni et devant tous les foras internationaux.

Passant en revue les avancées et les reculs depuis l’adoption de cette résolution, le Ministre a rappelé que c’est son pays qui fournissait aux habitants des îles, services maritimes, téléphoniques, de santé et d’éducation depuis l’accord de 1971.  Mais le 4 novembre 1982, le Royaume-Uni a refusé de reprendre les négociations pour parvenir à un règlement définitif.  Nous ne voyons, s’est impatienté le Ministre, « aucune raison de ne pas reprendre les négociations bilatérales ».  Après 40 ans, le Gouvernement argentin est toujours prêt à le faire mais le Royaume-Uni continuer de nier le différend de souveraineté, contrairement à ce qui a été établi par l’Assemblée générale.  Le droit à l’autodétermination, a martelé le Ministre, n’est pas applicable aux îles Malvinas puisque la population actuelle doit sa présence à la politique de peuplement du Royaume-Uni et à l’expulsion de certains insulaires, pour changer la composition démographique des îles et la rendre « plus  britannique ».  

C’est la raison pour laquelle, a précisé le Ministre, il y a si peu d’Argentins dans les îles Malvinas.  Il a réaffirmé le respect de son pays pour les insulaires et leurs intérêts.  En mars 2020, a-t-il rappelé, l’Argentine a demandé en vain au Royaume-Uni de fournir aux insulaires nourriture, médicaments, tests de dépistage de la COVID-19 ou encore un soutien médical.  Pourtant, le renforcement des liens entre les insulaires et l’Argentine serait dans l’intérêt de toutes les parties concernées, a souligné le Ministre qui a également évoqué la signature entre le Royaume-Uni, l’Argentine et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d’un accord pour accélérer l’identification des soldats morts pendant la guerre. 

Le Ministre a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne la reprise des négociations avec le Royaume-Uni et veille à ce que ce dernier s’abstienne de toute action unilatérale, comme l’octroi des licences de pêche et l’exploitation des hydrocarbures et autres ressources naturelles de l’Atlantique Sud. Le Royaume-Uni, a-t-il ajouté, maintient dans les Iles une présence injustifiée et disproportionnée, effectuant régulièrement des manœuvres et des exercices contre lesquels l’Argentine a vigoureusement protesté.  Le déploiement de la force militaire britannique dans les Iles est complètement injustifié puisque tous les gouvernements démocratiques argentins ont réaffirmé leur décision de régler le différend exclusivement par des moyens pacifiques. La présence militaire du Royaume-Uni s’écarte aussi des décisions des Nations Unies et des autres organisations internationale, en particulier la résolution  41/11 de l’Assemblée générale sur la Zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud, qui appelle entre autres, tous les pays des autres régions, en particulier les puissances militaires, à respecter scrupuleusement le statut de  l’Atlantique Sud, en réduisant voire en éliminant leur présence militaire. 

Au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) s’est félicité des résolutions pertinentes des Nations Unies « qui visent à libérer la région du colonialisme ».  Il s’est déclaré favorable à la reprise des négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni et a exhorté les deux parties à s’abstenir d’adopter toute décision unilatérale.  Rappelant que les États d’Amérique centrale ont désigné le 10 juin « Journée de solidarité avec les Malvinas et l’Argentine », le représentant a renouvelé l’appel à un règlement pacifique du différend, y compris avec l’aide du Secrétaire général de l’ONU.

À titre national, il a estimé que ce différend constitue une situation coloniale et regretté que près de 56 ans se soient écoulés depuis que l’Assemblée a adopté sa première résolution sur la question.  Il a dénoncé, avant de conclure, les mesures prises récemment par le Royaume-Uni, dont les exercices militaires. 

Au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a jugé que l’Assemblée générale a montré la voie à suivre pour régler ce différend en adoptant la résolution 2065 (1965) qui appelle à des négociations directes entre l’Argentine et le Royaume-Uni, dès que possible.  L’intérêt du MERCOSUR, a-t-il dit, est de trouver une issue à ce différend et de voir la fin de l’exploitation des ressources naturelles de la zone qui est incompatible avec la résolution de l’Assemblée.  Le MERCOSUR salue la disposition de l’Argentine à reprendre le dialogue, a dit le représentant qui, à titre national, a réaffirmé l’appui de son pays à la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas et exhorté les deux Gouvernements à reprendre dès que possible les négociations pour trouver un règlement pacifique à ce différend de souveraineté. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a réaffirmé le ferme appui de la région au droit légitime de l’Argentine à la souveraineté sur îles Malvinas et à la reprise de négociations bilatérales avec le Royaume-Uni.  Il a donné lecture de la dernière Déclaration officielle de la vingtième Réunion des Ministres des affaires étrangères de la CELAC, qui a eu lieu le 20 septembre 2020, sur la question de la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas et leurs espaces maritimes.  Il a dit avoir transmis le texte au Secrétaire général de l’ONU et a insisté sur le fait que les deux parties doivent éviter de prendre des décisions unilatérales.  Il n’a pas oublié de mettre en exergue la pleine disposition du Gouvernement argentin de reprendre les pourparlers bilatéraux avec le Royaume-Uni.  S’exprimant à titre national, le représentant a reconnu le droit légitime de l’Argentine à la souveraineté sur les îles Malvinas et a réaffirmé l’importance qu’il y a à parvenir à une solution juste et pacifique à ce différend, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.  

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a réaffirmé l’appui de son pays à la position exposée par le Mexique au nom de la CELAC et à l’intervention du Ministre argentin.  Il a réaffirmé sa solidarité avec le « peuple frère d’Argentine » et a rappelé que le 10 juin a été proclamé « Journée nationale de solidarité de l’Amérique centrale avec les îles Malvinas et l’Argentine ».  Il a souligné la pertinence de la résolution 2065 (1965) qui a été, il y a plus de 50 ans, la première référence onusienne à la question des îles Malvinas.  Nous encourageons, a-t-il conclu, reprise des négociations avec le Royaume-Uni, en vue de parvenir à une solution pacifique et durable à ce différend sur la souveraineté.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a regretté le fait qu’en dépit de l’adoption de la résolution 2065, la question soit toujours en suspens.  Il a dénoncé la revendication d’un droit à l’autodétermination pour les habitants des îles Malvinas, la jugeant incompatible avec l’intégrité territoriale de l’Argentine.  Il a rejeté toute mesure unilatérale, alors que le processus recommandé par l’Assemblée générale est en cours.  Il a appelé le Secrétaire général de l’ONU à renforcer ses démarches et ses bons offices pour contribuer au règlement du différend.  Il a insisté sur la Déclaration ministérielle du Groupe des 77 et la Chine, adoptée le 12 novembre 2020, qui réaffirme « la nécessité pour les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni de reprendre les négociations conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations Unies et aux résolutions pertinentes adoptées par l’Assemblée générale, afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique au différend de souveraineté sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants ».    Seules des négociations bilatérales apporteront une solution pacifique, juste et durable à ce différend, a martelé le représentant. 

Les îles Malvinas sont argentines, a martelé à son tour, M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie).  En tant que coauteur du projet de résolution, il a expliqué qu’il s’agit de dénoncer « l’invasion » du Royaume-Uni et de rappeler que l’Assemblée générale s’est prononcée, il y a plus de 55 ans, établissant qu’il s’agit bien d’une forme de colonialisme à laquelle il faut mettre un terme.  Chaque année, des résolutions idoines sont adoptées, alors que la Royaume-Uni ne cesse de les ignorer, s’est indigné le représentant.  Il a appelé à la reprise des négociations bilatérales « de bonne foi » pour parvenir à une solution durable à ce différend de souveraineté.

Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a souligné la pertinence de la résolution 2065 (XX) qui a été, il y a 56 ans, la première référence onusienne à la question des îles Malvinas et qui considère que ce territoire relève d’un cas de décolonisation.  La représentante a exhorté le Royaume-Uni et l’Argentine à trouver une solution juste et durable, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies.  Elle a exhorté les parties à s’abstenir de toute décision de nature à compliquer un règlement pacifique et durable à ce différend de souveraineté.

M. GARETH BYNOE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a réaffirmé son appui à la reprise des négociations sur « Las Islas Malvinas, Georgias del Sur y Sandwich del Sur y los espacios marítimos circundantes », conformément à la résolution 2065 (XX) de l’Assemblée générale.  L’Assemblée, a-t-il souligné, n’a cessé de réaffirmer que le différend entourant « Las Islas Malvinas » ne relève pas de la volonté d’un peuple colonisé sous occupation étrangère mais plutôt des revendications concurrentes sur la souveraineté sur les îles qui, il faut le rappeler, se trouvent « à une courte distance » des côtes argentines.  En 1976, a insisté le représentant, par sa résolution 31/49, l’Assemblée générale a encouragé les Gouvernements argentin et britannique à accélérer les négociations et à s’abstenir de prendre des mesures qui compromettraient le processus.  

Il a appelé « les deux amis » à honorer leurs obligations en vertu du droit international.  Le mécontentement et l’échec, a plaidé le représentant, ne peuvent et ne doivent pas céder la place à l’envie subite d’imposer des solutions unilatérales à un différend de souveraineté, qui n’est toujours pas réglé.  Saluant les mesures audacieuses et louables des deux pays pour s’engager véritablement sur les litiges, y compris l’initiative humanitaire pour l’identification des soldats argentins enterrés à Darwin et la reprise de la coopération scientifique sur les pêches, le représentant les a exhortés à poursuivre sur cette voie « juste ». 

En tant qu’ami de l’Argentine et du Royaume-Uni, M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et- Barbuda) a encouragé les deux parties à redoubler d’efforts pour rapidement trouver une solution pacifique et définitive au différend de souveraineté sur les îles Falkland/Malvinas, conformément aux résolutions idoines des Nations Unies.  Il a voulu que l’on ne perde pas de vue qu’il s’agit de la vie de gens « bien réels », avant de se rallier à la position de la CELAC pour faire en sorte que la région d’Amérique latine et des Caraïbes se libère du colonialisme.

La résolution 2065 de l’Assemblée générale est claire, a souligné Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) qui a insisté sur le fait que ce texte définit la question des îles Malvinas comme un différend de souveraineté entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  La résolution appelle en outre à des négociations entre les deux États, en prenant en considération les dispositions et objectifs fondamentaux de la Charte et de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale.  La représentante a réaffirmé le soutien « inconditionnel » de son pays au droit « souverain et légitime » de l’Argentine sur les îles Malvinas, « parties intégrantes » du territoire argentin.  Elle a rappelé que le Comité spécial a adopté 35 résolutions sur cette question et souligné que la région d’Amérique latine et des Caraïbes a été proclamée « zone de paix » lors du deuxième Sommet de la CELAC à La Havane, en janvier 2014.  La représentante a appelé à une solution négociée qui prenne en compte le respect de la souveraineté territoriale de l’Argentine.  Elle a insisté sur le fait que son pays continuera de travailler dans le cadre du droit international, notamment de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, pour faire en sorte la région d’Amérique latine et des Caraïbes soit libérée de toute forme de colonialisme.

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a déclaré que la question des îles Malvinas est très importante pour la Syrie « parce qu’une partie de notre propre territoire est occupée par Israël depuis 1967 ».  Le seul moyen de mettre fin à la question est d’obtenir des négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni, a indiqué le représentant qui a appelé les deux parties à régler le conflit de manière pacifique.  Réitérant l’importance des principes d’autodétermination et d’intégrité territoriale, il a fermement soutenu la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas et exhorté le Royaume-Uni à mettre en œuvre les résolutions du Comité spécial.  Le Royaume-Uni, a-t-il martelé, doit s’engager dans un dialogue sérieux avec l’Argentine.  Il a aussi prié le Secrétaire général de l’ONU d’exercer ses bons offices pour contribuer au règlement du différend.

M. GENG SHUANG (Chine) a estimé que la question des îles Malvinas est un « legs historique du colonialisme ».  Ils sont loin les jours où les colons pouvaient le nier en toute impunité même si l’idéologie coloniale se manifeste encore sous diverses formes, sapant le développement et la stabilité des pays concernés.  Le représentant a demandé à la communauté internationale d’être « très stricte » sur les questions de colonialisme et de soutenir la décolonisation de 17 territoires non autonomes, y compris les îles Malvinas.  Notre position reste inchangée, a indiqué le représentant, en appuyant fermement la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas.  Il a espéré que le Royaume-Uni donnera suite au plus tôt à la demande répétée de l’Argentine de reprendre les négociations bilatérales sur ce différend qui doit être réglé pacifiquement.

Alors que l’Assemblée générale a adopté en 2020 la résolution 75/123, proclamant la période 2021-2030 quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, M. JOAQUIM JOSE COSTA CHAVES (Timor-Leste) a jugé légitime d’avancer dans la promotion du droit des peuples à l’autodétermination.  Il a estimé que la situation des 17 territoires inscrits à l’ordre du jour du Comité spécial doit être examinée au cas par cas, en tenant compte des particularités historiques.  Dans ce contexte, il a particulièrement exhorté l’Argentine et le Royaume Uni à s’engager dans un dialogue constructif pour trouver une solution acceptable par tous.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a dit que le seul moyen de résoudre de manière pacifique le différend de souveraineté est de parvenir à un dialogue entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  Il a exhorté les deux Gouvernements à discuter pour trouver une issue pacifique au différend et salué l’approche des participants aux consultations du Comité spécial.  À son tour, il a insisté sur les bons offices du Secrétaire général.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a maintenu la position de longue date de son pays en faveur d’un règlement pacifique et politique au différend des îles Malvinas, en tenant compte des résolutions pertinentes de l’ONU.  Il a salué « l’approche constructive » de l’Argentine et s’est dit préoccupé par les tentatives de militarisation de l’Atlantique Sud. 

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a salué les efforts du Secrétaire général pour encourager les parties à œuvrer à une solution pacifique, juste et durable au différend de souveraineté.  Il a indiqué l’engagement de son pays en faveur des efforts multilatéraux visant à l’élimination totale du colonialisme, sous toutes ses formes et manifestations.  Il a jugé impératif de reléguer le chapitre du colonialisme dans le passé et a formé l’espoir que toutes les parties prenantes à la question des îles Falkland (Malvinas) continueront de manifester leur volonté de régler de manière définitive le différend, sur la base des dispositions des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a réitéré la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud, les îles Sandwich et les espaces maritimes environnants.  La seule solution à la situation actuelle est le dialogue bilatéral entre les deux parties, a indiqué le délégué qui a regretté que 60 ans après la résolution de l’Assemblée générale, reconnaissant le différend de souveraineté, la situation ne soit toujours pas réglée ni d’ailleurs celle des autres territoires non autonomes toujours inscrits sur la liste du Comité spécial.

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a salué l’engagement de l’Argentine en faveur du multilatéralisme et sa volonté décisive de parvenir à une solution juste et définitive au différend de souveraineté sur les îles Malvinas, par la voie de la négociation et du dialogue.  Il a appuyé le droit légitime de l’Argentine à la souveraineté sur ces îles et a invoqué la résolution 2065 (1965) de l’Assemblée générale, et celles qui ont suivi. 

M. NÉSTOR POPOLIZIO (Pérou) a soutenu la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, arguant, à son tour, que le principe du droit à l’autodétermination ne s’applique pas à la population de ces îles.  Il a encouragé l’Argentine et le Royaume-Uni à dialoguer et à négocier pour trouver une issue pacifique au différend.  Il a également demandé au Secrétaire général de l’ONU d’actionner ses bons offices et s’est élevé contre les mesures unilatérales d’exploitation des ressources naturelles de la zone.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a soutenu le droit légitime de l’Argentine à sa souveraineté sur les îles Malvinas.  Rappelant le cinquantième anniversaire de la résolution 2065 (1965), et les résolutions idoines qui l’ont suivi, il a jugé impératif que l’Argentine et le Royaume-Uni reprennent leurs négociations bilatérales en vue de parvenir à une solution pacifique et durable à ce différend.  

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a plaidé pour la fin du colonialisme sous toutes ses formes et expressions, avant de stipuler que l’Argentine a un droit légitime sur les îles Malvinas.  La représentante est revenue sur la Déclaration de la CELAC dans laquelle les Ministres des affaires étrangères ont appelé à la reprise des négociations sur le différend de souveraineté.  Elle a appelé le Secrétaire général à actionner ses bons offices.

M. FRANCISCO JAVIER GUTIÉRREZ PLATA (Colombie) a soutenu, à son tour, le droit souverain de l’Argentine sur les îles Malvinas et a demandé aux parties de trouver une solution durable et pacifique à ce différend.  Le dialogue et les négociations doivent être renforcés, a-t-il plaidé, avant d’insister sur les bons offices du Secrétaire général.  Il a souligné l’importance des résolutions de l’Assemblée générale qui ont toujours appelé les parties à s’abstenir de toute modification unilatérale de la situation, tant que le processus recommandé par l’ONU est en cours.  

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a réitéré le soutien de son pays à l’Argentine dont les justes revendications doivent être satisfaites par le biais d’un accord négocié avec le Royaume-Uni.  Le représentant a appelé le Secrétaire général à utiliser toutes les ressources disponibles pour parvenir à un règlement durable de la question.  Attirant l’attention sur le document spécial publié lors du Sommet de la CELAC cette année, il a insisté sur la reprise des négociations dès que possible, dans le cadre des Nations Unies et de l’Organisation des États américains.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a souligné à son tour que la question des Îles Falkland (Malvinas) n’est pas une question d’autodétermination mais un différend de souveraineté entre deux États Membres.  Il a soutenu l’intégrité territoriale de l’Argentine et reconnaissant les efforts déployés par elle et le Royaume-Uni pour résoudre la question.  Il a salué les initiatives positives prises en vue de la reprise des négociations.  Il a tout de même regretté les violations des accords bilatéraux et appelé le Royaume-Uni à renoncer à l’exploitation des ressources naturelles et à ses exercices militaires.  Il a également rappelé au Comité spécial que l’Atlantique Sud est « une zone de paix », une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive.

Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JARAMILLO (Panama) a réitéré son soutien à la souveraineté légitime de l’Argentine sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud, Sandwich et les espaces maritimes environnants.  Il est nécessaire de reprendre le dialogue qui, par le passé, a eu des résultats positifs, a estimé la représentante, en ajoutant que le dialogue peut contribuer à la recherche des solutions aux problèmes « les plus inextricables ».  Pour illustrer ses propos, elle a pris l’exemple des Traités Torrijos-Carter sur le canal de Panama. 

Remerciant les pays pour l’adoption de la résolution, le Ministre des affaires étrangères de l’Argentine a réitéré la volonté de son Gouvernement de continuer de rechercher sans relâche une solution pacifique à ce conflit de souveraineté. Il a informé le Comité spécial que lors de sa réunion avec le Secrétaire général de l’ONU, le 22 juin dernier, il a exprimé son appui aux efforts de ce dernier pour aider les parties à reprendre les négociations, par le biais de la mission de bons offices que lui a conférée l’Assemblée en 1982 et qui a été confirmée par le Comité spécial, année après année.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: au Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial souligne le besoin urgent de rétablir un horizon politique

8804e séance – matin
CS/14560

Moyen-Orient: au Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial souligne le besoin urgent de rétablir un horizon politique

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a présenté, ce matin, le dix-huitième rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, en soulignant que le conflit meurtrier du mois dernier entre l’Armée israélienne et le Hamas avait mis en évidence le besoin urgent de rétablir un horizon politique et de redonner espoir aux Palestiniens et aux Israéliens.

M. Tor Wennesland a fait le récit des évènements qui ont eu lieu entre le 23 mars et le 11 juin 2021, avant de plaider, comme la plupart des orateurs de la séance, pour la reprise des pourparlers entre les parties, afin de parvenir à la solution des deux États qui reste la seule issue au conflit escomptée par la communauté internationale.  C’est pour y parvenir que certains membres du Conseil, la Chine notamment, ont exhorté Israël à respecter la résolution 2334 en cessant les démolitions de structures palestiniennes et à remédier au problème de la violence des colons.  Par ce texte, le Conseil avait « exigé de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et respecte pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard ».

Le Coordonnateur spécial a tout d’abord alerté le Conseil de l’augmentation alarmante du niveau de violence entre Israéliens et Palestiniens, y compris des hostilités entre Israël et les factions à Gaza à une échelle et une intensité inégalées depuis des années.  Il s’est particulièrement préoccupé de la tentative d’exploiter le statut sensible de Jérusalem et de l’utiliser pour justifier un conflit armé plus large.  Jérusalem doit être un exemple de tolérance et de coexistence, a rappelé le Mexique en condamnant toute action qui chercherait à altérer sa composition démographique et son statut.

M. Wennesland a en outre appelé les militants palestiniens à cesser de lancer des roquettes et de procéder à des tirs de mortiers vers des populations civiles israéliennes.  Et aux autorités israéliennes, il a demandé de respecter les règles du droit international humanitaire régissant les conflits armés et de prendre les précautions nécessaires pour épargner les civils et les biens civils lors d’opérations militaires.  Il a également invité toutes les factions palestiniennes à faire de sérieux efforts pour assurer la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous un gouvernement national unique, légitime et démocratique.  Le report des élections palestiniennes a aggravé les frustrations des Palestiniens et sapé leur espoir de projet national, a-t-il regretté.  Au sujet du décès du candidat politique et militant Nizar Banat aux mains des forces de sécurité palestiniennes, il a souligné qu’il s’agit de la dernière d’une vague d’arrestations qui semblent être motivées par des considérations politiques ou fondées sur l’exercice de la liberté d’expression.

Le Coordonnateur spécial s’est par ailleurs dit troublé par la poursuite de l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.  En particulier, il s’est inquiété de l’approbation d’un plan d’extension de la colonie de Har Homa, ce qui pourrait consolider davantage le continuum de colonies illégales séparant Jérusalem-Est de Bethléem et d’autres communautés palestiniennes dans le sud de la Cisjordanie.  Il a rappelé que la création récente d’Evyatar a déjà entraîné des protestations et des affrontements aux conséquences tragiques.  « Les colonies de peuplement israéliennes constituent une violation flagrante des résolutions onusiennes et du droit international et constituent un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et d’une paix juste, durable et globale. »

S’adressant également au Hamas, il l’a exhorté à publier immédiatement des informations complètes sur le statut de deux civils israéliens et des corps de deux soldats israéliens détenus par le Hamas, tout en se disant préoccupé par la pratique israélienne de détention des corps de Palestiniens.  La légitime défense doit être exercée de manière proportionnelle et conformément au droit international humanitaire, a rappelé l’Irlande en évoquant les mesures militaires d’Israël.

Le problème le plus urgent reste la fourniture d’une aide humanitaire à la population de Gaza, ainsi que la restauration des infrastructures détruites, a estimé la Fédération de Russie.  En effet, le Coordonnateur spécial a noté que la cessation des hostilités intervenue le mois dernier entre Israël et le Hamas reste très fragile.  L’ONU, a-t-il assuré, travaille en étroite collaboration avec les parties et partenaires concernés, y compris l’Égypte, pour consolider le cessez-le-feu, permettre l’entrée d’une aide humanitaire d’urgence et stabiliser la situation à Gaza.  L’ONU continue d’y coordonner la livraison d’urgence de l’aide humanitaire, en attendant que les États concrétisent leur promesse globale de lever 95 millions de dollars.

Dans ce contexte, le déficit budgétaire de 150 millions de dollars de l’UNRWA reste une préoccupation majeure, même si le Coordonnateur spécial a salué la reprise du financement apporté par les États-Unis en avril dernier.  Les États-Unis n’ont pas attendu la fin des hostilités pour améliorer les conditions de vie des Israéliens et des Palestiniens, a fait remarquer sa représentante, rappelant l’annonce par son pays, le 25 mai, d’une nouvelle aide humanitaire de 38 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza.  Elle a aussi promis 75 millions de dollars au titre de l’aide au développement afin de soutenir le relèvement des territoires palestiniens.

Pour les intervenants de ce matin -qui ne comptaient pas l’Estonie, la France, la Norvège, ni le Royaume-Uni-, ces mesures temporaires ne doivent pas occulter l’objectif majeur qui est la reprise des pourparlers entre les parties, afin de parvenir à la solution des deux États.  C’est dans cette perspective que la Tunisie a demandé une réponse internationale unifiée en vue de relancer les négociations, tandis que la Fédération de Russie a invité « ses collègues » du Quatuor à considérer leurs initiatives bien connues, y compris la tenue d’une réunion dans un format élargi avec la participation des États régionaux.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Rapport du secrétaire général sur l’application de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité (S/2021/584)

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. TOR WENNESLAND, a présenté le dix-huitième rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, qui couvre la période du 23 mars au 11 juin 2021.  Il a noté que la cessation des hostilités intervenue le mois dernier entre Israël et le Hamas reste très fragile.  L’ONU, a-t-il assuré, travaille en étroite collaboration avec les parties et partenaires concernés, y compris l’Égypte, pour consolider un cessez-le-feu, permettre l’entrée d’une aide humanitaire d’urgence et stabiliser la situation à Gaza.  Il a exhorté les parties à s’abstenir de toute mesure et provocation unilatérale, à prendre des mesures pour réduire les tensions et à permettre à ces efforts de réussir.  Il a salué le nouveau Gouvernement de coalition israélien qui a prêté serment le 13 juin sous la direction du Premier Ministre Naftali Bennett et du Premier Ministre suppléant et Ministre des affaires étrangères Yair Lapid.  

M. Wennesland a relevé que des incidents violents se sont malheureusement poursuivis quotidiennement dans tous les territoires palestiniens occupés ces derniers temps.  Il a évoqué certains incidents, notant que depuis le 3 mai, cinq Palestiniens ont été tués et une centaine de Palestiniens ont été blessés par balles réelles en Cisjordanie.  Le 15 juin, plusieurs milliers de militants israéliens de droite, dont des membres de la Knesset, ont défilé dans la vieille ville de Jérusalem, où de nombreux participants scandaient des slogans racistes sur les Arabes et les musulmans.  Lors de manifestations et d’affrontements survenus dans le cadre de la marche, à Jérusalem-Est ainsi que dans d’autres parties de la Cisjordanie, 66 Palestiniens, dont 12 enfants, ont été blessés par des balles en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des agressions physiques.  Le même jour, des rassemblements ont été organisés à Gaza par les forces nationales et islamiques, suivis de lancés de ballons incendiaires vers Israël, qui ont déclenché des dizaines d’incendies.  En réaction à ces ballons lancés du 16 au 17 juin, les Forces de défense israéliennes ont ciblé ce qu’elles ont dit être cinq installations du Hamas dans la bande, causant des dégâts mais aucun blessé.  Entre le 19 et le 23 juin, les affrontements se sont poursuivis entre des civils israéliens et des résidents palestiniens à Cheikh Jarrah, a encore détaillé le Coordonnateur spécial.

Il s’est, par ailleurs, dit troublé par la poursuite de l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.  En particulier, il s’est inquiété de l’approbation d’un plan d’extension de la colonie de Har Homa, ce qui pourrait consolider davantage le continuum de colonies illégales séparant Jérusalem-Est de Bethléem et d’autres communautés palestiniennes dans le sud de la Cisjordanie.  Il s’est aussi inquiété de la poursuite de l’établissement d’avant-postes de colonies, également illégales en vertu de la loi israélienne.  Il a rappelé que la création récente d’Evyatar a déjà entraîné des protestations et des affrontements aux conséquences tragiques.  Les colonies de peuplement israéliennes constituent une violation flagrante des résolutions onusiennes et du droit international et constituent un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et d’une paix juste, durable et globale, a-t-il encore rappelé. 

La démolition et la saisie continues de structures palestiniennes, y compris de projets humanitaires et d’écoles, sont également très préoccupantes, a dit M. Wennesland qui a appelé les autorités israéliennes à y mettre fin et à approuver des plans qui permettraient à ces communautés de construire légalement et de combler leurs besoins de développement.  Il a également marqué sa préoccupation au sujet des expulsions potentielles de familles palestiniennes des maisons dans lesquelles elles vivent depuis des décennies dans les quartiers de Cheikh Jarrah et Silwan à Jérusalem-Est.  

La période couverte par le rapport a été marquée par une augmentation alarmante du niveau de violence entre Israéliens et Palestiniens, y compris des hostilités entre Israël et les factions à Gaza à une échelle et une intensité sans précédent depuis des années, a dit le Coordonnateur spécial.  Il s’est particulièrement préoccupé de la tentative d’exploiter le statut sensible de Jérusalem et de l’utiliser pour justifier un conflit armé plus large.  Il a appelé les militants palestiniens à cesser de lancer des roquettes et de procéder à des tirs de mortiers vers des populations civiles israéliennes.  Et aux autorités israéliennes, il a demandé de respecter les règles du droit international humanitaire régissant les conflits armés et de prendre toutes les précautions nécessaires pour épargner les civils et les biens civils lors d’opérations militaires. 

Face à l’intensification de la violence liée aux colons et des violentes attaques entre civils israéliens et palestiniens en Cisjordanie occupée, il a exhorté Israël à assurer la sûreté et la sécurité de la population palestinienne, conformément à ses responsabilités en droit international.  Les auteurs de violences de tous bords doivent être tenus responsables et rapidement traduits en justice, a-t-il demandé.

À de trop nombreuses reprises au cours de la période considérée, les responsables ont exacerbé les tensions et la violence par des discours inacceptables ou des actes de provocation qui ont contribué à la dynamique dangereuse sur le terrain, a déploré le Coordonnateur spécial.  Il a appelé le Hamas à publier immédiatement des informations complètes sur le statut de deux civils israéliens et des corps de deux soldats israéliens détenus par le Hamas à Gaza, conformément au droit international humanitaire.  Il s’est dit également préoccupé par la pratique israélienne de détention des corps de Palestiniens, appelant Israël à restituer ces corps aux familles, également en vertu du droit international humanitaire.

Au sujet de Gaza, il a dit que l’ONU continue de coordonner la livraison d’urgence de l’aide humanitaire, en attendant que les États concrétisent leur promesse globale de lever 95 millions de dollars, faite le 27 mai.  Dans les prochains jours, l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne publieront une évaluation rapide des besoins de reconstruction et de relèvement à plus long terme à Gaza.  Le déficit budgétaire de 150 millions de dollars de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) reste une préoccupation majeure, même si le Coordonnateur spécial a salué la reprise des financements des États-Unis en avril dernier et a appelé les États Membres à s’assurer que l’Organisation dispose des ressources nécessaires pour mener ses opérations.

Il est également essentiel que les efforts de réconciliation intrapalestinienne dirigés par l’Égypte se poursuivent.  M. Wennesland a invité toutes les factions palestiniennes à faire de sérieux efforts pour assurer la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous un gouvernement national unique, légitime et démocratique.  Il a noté que le report des élections palestiniennes a aggravé les frustrations palestiniennes et sapé l’espoir de projet national palestinien.  Au sujet du décès du candidat politique et militant Nizar Banat, survenu lors d’une opération d’arrestation menée par les forces de sécurité palestiniennes au domicile de celui-ci, il a souligné qu’il s’agit de la dernière d’une vague d’arrestations qui semblent être motivées par des considérations politiques ou fondées sur l’exercice de la liberté d’expression.  Il a appelé à une enquête indépendante sur ce décès, afin que les responsables répondent de leurs actes.  Alors que les efforts internationaux immédiats se concentrent à juste titre sur la consolidation de la cessation des hostilités, la fourniture d’une assistance humanitaire et le démarrage du processus de reconstruction de Gaza, le Coordonnateur spécial a souligné que les événements récents ont mis en évidence le besoin urgent de rétablir un horizon politique et de redonner espoir aux Palestiniens et aux Israéliens.  Il a conclu en plaidant pour la reprise des pourparlers entre les parties, afin de parvenir à la solution des deux États.

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a commencé par se féliciter de la fin des hostilités à Gaza.  « Mettre fin à la violence était une première étape nécessaire, mais nous savons tous que ce ne sera pas la fin de l’histoire », a-t-elle souligné, avant de constater que la situation dans la région reste précaire.  Elle a donc appelé les parties à assurer le calme et à s’abstenir de toute provocation.  Les États-Unis n’ont pas attendu la fin des hostilités pour améliorer les conditions de vie des Israéliens et des Palestiniens, a fait remarquer la représentante, rappelant l’annonce par son pays, le 25 mai, d’une nouvelle aide humanitaire de 38 millions de dollars à la Cisjordanie et à Gaza.  Nous avons également annoncé notre intention de fournir une assistance de développement supplémentaire de 75 millions de dollars ainsi qu’une aide économique au cours de l’année prochaine afin de soutenir le relèvement des territoires palestiniens, a-t-elle ajouté, appelant les autres membres du Conseil et l’ensemble de la communauté internationale à appuyer ces efforts.  

Tout en saluant l’action menée par l’ONU pour soutenir la reconstruction et faciliter le flux de marchandises dans et hors de Gaza, Mme Thomas-Greenfield a jugé « absolument essentiel » que le Hamas ne puisse pas détourner les ressources et l’assistance dont a besoin le peuple palestinien.  « Nous devons donc tous travailler, en coordination avec les Nations Unies, les Israéliens, les Palestiniens et d’autres acteurs clefs, pour que les bénéficiaires désignés soient bien ceux qui reçoivent l’assistance internationale », a plaidé la représentante, non sans reconnaître qu’une solution durable nécessitera plus que l’aide d’urgence.  Il faut pour cela qu’Israël, l’Autorité palestinienne et nos partenaires internationaux travaillent ensemble pour « tracer une voie plus constructive », a-t-elle affirmé. 

La déléguée a ensuite félicité le nouveau Gouvernement israélien en formant le vœu qu’il pourra avancer sur ces questions.  Les Israéliens et les Palestiniens « méritent des mesures égales de sécurité, de démocratie, de dignité et de prospérité », a-t-elle assuré, estimant qu’atteindre cet objectif est essentiel pour assurer la paix et la stabilité et éviter la violence à long terme. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a dit que la situation sur le terrain continue d’être préoccupante, en dénonçant la poursuite des provocations de la part des groupes de colons et des forces d’occupation.  Il a accusé ces derniers d’avoir violé la sainteté d’Al-Aqsa, avant de fustiger la poursuite des activités de colonisation dans des zones vitales pour l’édification d’un État palestinien.  Le délégué a regretté la situation à Cheikh Jarrah et condamné l’emploi de munitions de la part de la Puissance occupante à l’encontre de civils palestiniens, dont des enfants.  Il a appelé le Conseil à assumer ses responsabilités et à mettre un terme aux violations de la Puissance occupante.  Le délégué a appelé à accroître la pression sur cette dernière afin qu’elle respecte le droit international et afin d’éviter toute escalade sur le terrain.  La Puissance occupante doit être tenue responsable de ses actes, a tranché le délégué.

Le représentant a par ailleurs demandé des efforts accrus pour répondre aux besoins humanitaires grandissants des Palestiniens et appuyer les efforts de reconstruction à Gaza.  La Palestine continue d’attendre la justice, la fin de l’occupation et l’instauration d’un État viable selon les frontières de 1967, a-t-il dit.  Le Conseil a le devoir de mettre fin aux souffrances des Palestiniens, a conclu le représentant tunisien, en demandant une réponse internationale unifiée en vue de relancer les négociations.

M. VIKAS SWARUP (Inde) a constaté qu’après une brève accalmie, la tension monte à nouveau à Gaza.  Exhortant toutes les parties à respecter l’accord de cessez-le-feu afin de garantir que la situation ne dégénère pas, il s’est également alarmé de la situation instable en Cisjordanie, notamment du processus juridique qui pourrait conduire à des expulsions dans les quartiers de Cheikh Jarrah et Silwan à Jérusalem-Est.  Il a par conséquent appelé toutes les parties à désamorcer la situation, à s’abstenir d’actes de provocation, d’intimidation et d’incitation qui exacerbent les tensions.  Selon lui, il faut éviter toute tentative visant à modifier unilatéralement le statu quo et à saper une solution négociée à deux États.

Le représentant a ensuite souhaité que l’attention de la communauté internationale ne soit pas détournée des besoins d’assistance humanitaire de la population civile palestinienne, en particulier à Gaza.  Appelant au renforcement de la coopération entre les autorités israéliennes et palestiniennes dans le domaine de l’acheminement de cette aide, il s’est félicité du rôle joué à cet égard par les agences de l’ONU, en particulier l’UNRWA.  Enfin, après s’être prononcé pour la poursuite des efforts facilités par l’Égypte en vue de parvenir à l’unité intrapalestinienne, il a observé que l’impasse actuelle ne fait qu’exacerber le déficit de confiance entre les parties et augmente les chances de nouvelle flambée de violence.  Il a donc appelé à la reprise immédiate du processus de paix et de négociations directes entre Israël et la Palestine, assurant que l’Inde appuie tous les efforts diplomatiques menés à cette fin, y compris ceux du Quatuor. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a noté que depuis l’annonce du cessez-le-feu le 21 mai, la situation à Gaza et aux alentours est relativement calme.  Cependant, sa délégation reste gravement préoccupée par la situation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, où la violence continue de faire des victimes civiles.  L’usage excessif de la force et de balles réelles contre des civils est déplorable, a dit le représentant, ajoutant que si ces incidents continuent à un endroit, ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne déclenchent le prochain cycle de violence dans d’autres lieux.  Par conséquent, le représentant a appelé les autorités israéliennes à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de recourir à la force lorsque cela est évitable.  Il s’est dit également troublé par les informations faisant état d’une rhétorique incendiaire, en particulier de slogans racistes contre les Arabes.  Ni l’anti-arabisme ni l’antisémitisme ne sont acceptables car non seulement ils érodent la confiance, mais ils minent également toute chance de réconciliation, a souligné le représentant.

Il a en outre dit sa profonde préoccupation face à la poursuite des démolitions et des saisies de biens palestiniens, y compris des projets humanitaires financés par la communauté internationale, et par l’éventuelle expulsion forcée de Palestiniens de leurs maisons à Cheikh Jarrah et Silwan.  Il a appelé les autorités israéliennes à mettre fin à ces activités et à respecter leurs obligations découlant du droit international humanitaire.  Le représentant a appelé à tout mettre en œuvre pour ramener les parties à la table des négociations en vue de parvenir à la solution des deux États, avec notamment la création de l’État de Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale, et qui coexiste pacifiquement avec l’État d’Israël, sur des frontières sûres et internationalement reconnues sur la base des lignes d’avant 1967.  Enfin, le délégué a évoqué la situation humanitaire désastreuse à Gaza à la suite des hostilités de mai.  À cet égard, il s’est félicité du récent lancement par l’ONU et l’UNRWA d’un appel humanitaire et de relèvement rapide, qui entend lever 164 millions de dollars supplémentaires.

M. ZHANG JUN (Chine) a exhorté les parties, en particulier Israël, à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de toute action qui pourrait nourrir les tensions.  Israël doit respecter la sainteté de la ville de Jérusalem et les lieux saints des musulmans, a-t-il notamment précisé.  Il a estimé que les activités de colonisation, illicites au regard du droit, sont une entrave à la paix et à la solution des deux États.  Malgré les objections de la communauté internationale, Israël continue ses activités de colonisation, a-t-il déploré, en mentionnant la menace d’expulsion qui pèse sur les Palestiniens à Cheikh Jarrah.  Le délégué a exhorté Israël à respecter la résolution 2334 (2016), à cesser les démolitions de structures palestiniennes et à remédier au problème de la violence des colons. 

Le représentant a rappelé les très lourdes pertes civiles causées par le conflit en mai à Gaza et précisé que le Chine a fait une contribution d’un million de dollars pour la reconstruction de Gaza.  Israël doit rouvrir les points de passage vers Gaza pour faciliter les livraisons de l’aide humanitaire, sans condition préalables, a-t-il exigé.  Enfin, le représentant a demandé des « efforts sérieux » pour une relance du processus de paix et rappelé que le peuple chinois est un véritable ami des Palestiniens.

M. ABDOU ABARRY (Niger) a jugé regrettable que cinq ans après l’adoption de la résolution 2334 (2016), Israël continue de l’ignorer.  Il a déploré l’absence de mesures effectives pour l’application de ladite résolution et dénoncé la poursuite effrénée de l’expansion illégale des colonies de peuplement.  « Cette pratique d’expropriation et de colonisation des terres palestiniennes a franchi un nouveau cap avec les projets de déguerpissements des quartiers de Cheik Jarrah et de Silwan, qui malheureusement ont conduit au conflit meurtrier de 11 jours entre l’armée israélienne et le Hamas le mois dernier. »  L’intensification des activités de colonisation des territoires palestiniens occupés érode les possibilités pour l’établissement d’un futur État palestinien souverain contigu, indépendant et viable, a-t-il poursuivi.  Le délégué a aussi estimé qu’elle augmente les risques de confrontation.  « De ce fait, le Conseil de sécurité doit tout faire pour y mettre fin. »

Le délégué a jugé essentiel que l’UNRWA dispose des moyens lui permettant de poursuivre la fourniture de ses services vitaux aux milliers de familles palestiniennes dans le besoin, surtout après les bombardements israéliens en ce temps de pandémie de COVID-19.  « Il est temps d’agir pour la création d’un État palestinien souverain, indépendant et viable, car le maintien du statu quo consacrera la perpétuation de la haine, de la violence et de la souffrance humaine dans cette merveilleuse région, berceau des trois religions monothéistes », a-t-il conclu.

M. MARTIN KIMANI (Kenya), notant la fragilité du récent accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, a exhorté le nouveau Gouvernement israélien à rechercher des solutions concrètes aux expulsions forcées de familles palestiniennes dans les quartiers de Cheikh Jarrah et Silwan à Jérusalem-Est.  Le représentant a également appelé toutes les parties à s’abstenir de rhétorique incendiaire et d’actes de provocation, réaffirmant la condamnation par son pays de tous les actes de violence et de toute autre violation de la résolution 2334 (2016), qu’il s’agisse de destructions d’infrastructures civiles palestiniennes ou de tirs d’engins incendiaires depuis Gaza par le Hamas, le Jihad islamique et d’autres groupes.  « Aucune cause ne peut justifier le ciblage délibéré de civils et ces actes terroristes doivent cesser », a-t-il plaidé.

Le délégué a ensuite souligné que l’établissement par Israël de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, en violation du droit international, demeure un obstacle majeur à la concrétisation d’une solution à deux États.  Il s’est d’autre part alarmé des conséquences socioéconomiques de certaines violations de la résolution 2334 (2016), notamment l’isolement par rapport à l’économie régionale et mondiale au sens large.  Dans ce contexte, il a salué les efforts en cours en vue d’un plan de redressement humanitaire intégré à Gaza, ajoutant que le renforcement du rôle et du financement de l’UNRWA contribuera à relever un ensemble plus large de défis socioéconomiques dans le territoire palestinien occupé.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a relevé que les activités illégales de peuplement entraînent davantage d’occupation israélienne illégale, ce qui sape le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, empiète sur ses terres et ses ressources naturelles, entrave la liberté de mouvement, augmente les risques de confrontation violente et sape les perspectives de la solution des deux États.  Elle a condamné la violence des colons israéliens contre les Palestiniens, citant notamment les dommages causés aux biens immobiliers et aux terres agricoles.  De même, elle a condamné les tirs de roquettes et les autres attaques du Hamas et d’autres groupes de la bande de Gaza vers Israël.  L’Irlande a appelé le Hamas à fournir des informations complètes sur le sort de deux civils israéliens et des restes de deux soldats israéliens, conformément au droit international humanitaire.

« Nous reconnaissons les préoccupations légitimes d’Israël en termes de sécurité, mais nous rappelons que la légitime défense doit être exercée de manière proportionnelle et conformément au droit international humanitaire », a plaidé Mme Byrne Nason`.  Elle a appelé Israël à travailler avec d’autres acteurs pour assurer la fourniture d’une assistance humanitaire sans entrave à la population de Gaza, afin d’éviter que les besoins de la population de Gaza continuent de croître.  Pour la représentante, un soutien humanitaire ou économique seul ne suffira pas à régler les défis de Gaza et des territoires occupés: seuls des progrès vers une solution politique durable le pourront.  La représentante s’est félicitée du nouveau Gouvernement israélien dont elle attend un engagement constructif, notamment par des mesures permettant de répondre aux causes profondes du conflit et par la fin de l’expansion des colonies, des démolitions et de la menace d’expulsions forcées.  Mme Nason a rappelé que la résolution 2334 (2016) précise que de telles étapes sont essentielles pour sauver la solution des deux États.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a plaidé pour la solution des deux États, afin de mettre fin à l’occupation israélienne.  « C’est la seule voie possible vers une paix durable », a-t-elle argué.  La déléguée s’est dite très préoccupée par la détérioration de la situation sur le terrain qui rend de plus en plus lointaine la réalisation de ladite solution.  Elle a condamné les frappes aériennes d’Israël contre Gaza, le 15 juin, en violation du cessez-le-feu du 21 mai.  Préoccupée par la menace d’expulsion qui pèse sur les Palestiniens à Cheikh Jarrah, elle a exhorté Israël à respecter le droit international et à se conformer à la résolution 2334 (2016).  Le Conseil doit assumer ses responsabilités et envoyer un signal fort et sans équivoque au Gouvernement israélien, selon lequel les violences contre les civils et les provocations ne peuvent mener à rien de bon, a tranché Mme King.  Enfin, la représentante a appelé à appuyer l’UNRWA et à mobiliser les 95 millions de dollars nécessaires pour répondre aux besoins de 1,1 million de Palestiniens.

M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) a exprimé sa préoccupation face à la poursuite des activités illégales de colonisation, lesquelles sont selon lui l’un des principaux obstacles à la réalisation d’un règlement basé sur le principe des deux États.  Il a notamment déploré l’augmentation récente de la délivrance de permis de construire de nouveaux logements, ainsi que la saisie de biens palestiniens, conduisant à une escalade.  Malheureusement, les tensions à Jérusalem-Est, notamment dans le quartier Cheikh Jarrah et autour du complexe de la mosquée Al-Aqsa, ne se sont pas apaisées, a-t-il regretté.  Le représentant a rappelé que des affrontements entre Palestiniens et Israéliens ont lieu là-bas et ailleurs.  À tout moment, a-t-il craint, la situation peut devenir incontrôlable.  Il a appelé les deux parties à faire preuve de retenue et a demandé au nouveau Gouvernement d’Israël d’abandonner les mesures unilatérales visant à créer des réalités irréversibles sur le terrain.  

« Nous pensons qu’il est important, par la médiation de partenaires régionaux, principalement des amis égyptiens, de cimenter le régime encore fragile de la cessation des hostilités », a suggéré le délégué.  Il a insisté sur la nécessité de préserver le statu quo des sanctuaires de Jérusalem avec le rôle particulier de la monarchie jordanienne.  Le problème le plus urgent reste à son avis la fourniture d’une aide humanitaire à la population de Gaza, ainsi que la restauration des infrastructures détruites.  À cet égard, il a salué le travail de l’UNRWA dont le financement, a-t-il recommandé, doit être stable et prévisible.  « Nous appelons nos collègues du Quatuor à considérer nos initiatives bien connues, y compris la tenue d’une réunion dans un format élargi avec la participation des États régionaux », a conclu le délégué. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué la formation du nouveau Gouvernement israélien en espérant qu’il continue à coopérer avec l’Autorité palestinienne.  Notant le taux de 30% de femmes au sein de ce gouvernement, il a plaidé pour une augmentation de la participation des femmes et des minorités.  Il a aussi salué les efforts en faveur de la réconciliation intrapalestinienne et, en même temps, exhorté l’Autorité palestinienne à convoquer des élections périodiques, transparentes et inclusives.  Le représentant a condamné les attaques menées depuis Gaza aussi bien que l’usage disproportionné de la force par les Israéliens.  Il faut rompre le cycle de violence dans la bande de Gaza, a plaidé le délégué, saluant les rencontres récentes entre fonctionnaires israéliens et égyptiens, de même que les efforts du Coordonnateur spécial.  M. Ochoa Martínez s’est élevé contre les restrictions à la liberté de mouvement terrestre et maritime et a plaidé pour la levée définitive du blocus imposé à Gaza ainsi que pour un solide appui à l’UNRAW.  

Jérusalem doit être un exemple de tolérance et de coexistence, a ensuite recommandé le représentant qui a condamné toute action qui chercherait à altérer la composition démographique, le caractère et le statut de la ville de Jérusalem.  Il a dénoncé l’expansion des colonies, la démolition de propriétés et le déplacement de la population palestinienne, appelant aussi les civils à s’abstenir d’attaques et de provocations.  Au Gouvernement israélien, il a encore demandé de suspendre définitivement les expulsions de familles palestiniennes qui résident à Jérusalem-Est.  Le représentant a conclu son intervention en appelant à respecter le droit international et à promouvoir la solution des deux États.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Secrétaire général appelle au renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière en Syrie

8803e séance – après-midi
CS/14559

Conseil de sécurité: le Secrétaire général appelle au renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière en Syrie

Le Secrétaire général de l’ONU, mais aussi le représentant du Bureau de la coordination des affaires humanitaires et de secours d’urgence (OCHA) et la majorité des membres du Conseil de sécurité, ont appelé, cet après-midi, au renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière en Syrie, dont le mandat expire dans un peu plus de deux semaines. 

Les orateurs ont rappelé que 13,4 millions de Syriens ont besoin d’une aide humanitaire et averti de conséquences catastrophiques si ledit mécanisme n’était pas renouvelé.  L’aide au travers des lignes de front ne peut se substituer à l’aide transfrontalière, a déclaré le Chef de l’ONU, alors que le délégué de la Fédération de Russie a, lui, insisté sur l’importance d’acheminer cette aide au travers des lignes de front.

D’emblée, le Secrétaire général a déclaré que la situation humanitaire en Syrie n’a jamais été aussi mauvaise, en rappelant que, dans le nord-ouest, 70% des Syriens ont besoin d’une aide.  M. António Guterres a donc plaidé pour un élargissement de l’accès humanitaire, qu’il s’agisse de l’aide transfrontalière ou de l’aide au travers des lignes de front, tout en demandant un consensus du Conseil sur le renouvellement de l’aide transfrontalière, sous peine de conséquences catastrophiques pour les Syriens.  « Il faut mobiliser tous les canaux à notre disposition », a-t-il dit.

Une position pleinement partagée par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires par intérim, M. Ramesh Rajasingham, qui a averti de lourdes conséquences, en cas de non-renouvellement, pour les 3,4 millions de personnes qui ont un besoin vital dans le nord-ouest.  Il a indiqué qu’un groupe de 42 ONG a mis en garde la semaine dernière contre un tel scénario en ajoutant que les ONG auraient alors la capacité de répondre aux besoins de 300 000 personnes seulement, en laissant plus d’un million sans aide alimentaire. 

Il n’y a tout simplement pas de substitut à l’opération transfrontalière, a insisté le Coordonnateur des secours d’urgence qui a fait observer que même s’ils étaient déployés régulièrement, les convois au travers des lignes de front ne pourraient reproduire la taille et la portée des opérations transfrontalières.

À l’instar de Mme Sherine Ibrahim, qui dirige les opérations dans le nord-ouest syrien pour l’organisation CARE, M. Rajasingham a dit que « l’opération transfrontalière des Nations Unies reste l’une des opérations d’aide les plus scrutées et surveillées au monde ».  Nous savons où notre aide va et nous la contrôlons de bout en bout, a-t-il assuré, tandis que Mme Ibrahim a affirmé que les procédures de contrôle et les principes humanitaires de base sont respectés, afin qu’il n’y ait pas de détournement de l’aide.  Elle a précisé que son organisation travaille avec des partenaires en Syrie qui ont les capacités nécessaires pour réceptionner et livrer l’aide.

Même son de cloche du côté de la déléguée des États-Unis, qui a indiqué s’être rendue au point de passage de Bab el-Haoua pour s’assurer du fonctionnement dudit mécanisme.  « J’ai vu toutes les vérifications qui sont apportées aux livraisons humanitaires », a-t-elle dit, en estimant, elle aussi, que l’aide au travers des lignes de front n’est pas suffisante.  Elle a insisté sur les peurs des Syriens de voir fermer ce point de passage, véritable « planche de salut ».  Une peur justifiée puisqu’il ne reste plus qu’un seul point de passage sur les quatre qui avaient été autorisés par le Conseil, a-t-elle déclaré.

À l’instar de la France, du Royaume-Uni, de la Turquie ou bien encore de l’Estonie, les États-Unis ont donc demandé le renouvellement du point de passage de Bab el-Haoua et la réautorisation des points de Bab el-Salam et de Yaroubiyé.  « Tout autre résultat équivaudrait à une abdication de nos responsabilités à l’égard des 13,4 millions de Syriens qui ont besoin d’une aide », a tranché la déléguée du Royaume-Uni.  Son homologue de l’Irlande, porte-plume sur ce dossier avec la Norvège, a indiqué qu’elle compte faire circuler un texte renouvelant et étendant cette aide en réponse aux besoins humanitaires grandissants en Syrie.

Le délégué de la Fédération de Russie a, lui, ironisé sur les thèses alarmistes de nombre de ses collègues au sein du Conseil.  Les pays occidentaux apparaissent comme des « forces du bien » dans la confrontation verbale sur l’avenir du mécanisme, tandis que la Russie et la Syrie incarnent évidemment le mal, a-t-il déclaré.  Il a rappelé que son pays avait donné son accord lors de l’adoption de la résolution 2165 (2014), qui ouvrait quatre points de passage transfrontaliers, ce qui pourtant violait la souveraineté de la Syrie.  « Mais cela pour une seule raison: la Syrie était morcelée par le terrorisme. » 

Depuis, grâce au soutien des forces militaires russes, Damas a pu repousser les combattants et libérer près de 90% de son territoire et ne ménage pas ses efforts pour normaliser les conditions de vie de ses populations, a-t-il dit.  Au vu de ces conditions, le délégué, appuyé par la Syrie et l’Iran, a estimé que le mécanisme est un anachronisme et « cela depuis longtemps ».  Le représentant s’est enfin étonné des déclarations de certains intervenants, dont M. Rajasingham, qui jugent que l’aide au travers des lignes de front ne peut remplacer l’aide transfrontalière.  C’est étonnant, a-t-il dit, en se demandant si ce mécanisme transfrontalier serait « illimité » dans le temps.

Pour sa part, le délégué syrien a dénoncé l’insistance des pays occidentaux à prétendre que l’extension et le renforcement du « soi-disant » mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière est la garantie d’améliorer la situation humanitaire en Syrie.  « Cette démarche ne vise qu’à justifier les crimes d’occupation, d’agression et de terrorisme, dont le terrorisme économique représenté par les sanctions. »  Il a rejeté ce « mécanisme politisé », qui était une mesure temporaire exceptionnelle, en ajoutant que les raisons et circonstances qui ont motivé son adoption n’existent plus aujourd’hui.

Le délégué de la Chine a, lui, invité le Conseil de sécurité à proposer des exigences spécifiques pour augmenter l’aide humanitaire en Syrie, tout en levant immédiatement les sanctions unilatérales pour aider la Syrie à rétablir l’ordre économique.  « La situation humanitaire en Syrie ne s’améliorera pas fondamentalement tant que les sanctions ne seront pas levées », a-t-il déclaré, appuyé notamment par la déléguée de Saint-Vincent-et-les Grenadines.  L’instrumentalisation des sanctions pour masquer la responsabilité du régime syrien ne trompe personne, leur a rétorqué le représentant de la France.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2021/583)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la situation humanitaire en Syrie n’a jamais été aussi mauvaise, en rappelant que 13,4 millions de personnes ont besoin d’une aide et que 12,4 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans le pays.  Les emplois ont disparu, les prix se sont envolés et les denrées sont rares a-t-il dit, en mentionnant également le défi de la pandémie auquel la Syrie doit faire face.  Le Secrétaire général a aussi indiqué que la crise économique est aggravée par la sécheresse, le niveau des eaux de l’Euphrate étant à son plus bas.  Si le cessez-le-feu est globalement respecté, il est néanmoins souvent violé, a expliqué M. Guterres.  Il a rappelé que l’opération humanitaire de l’ONU en Syrie est la plus importante au monde, avant de regretter qu’une fraction seulement des sommes nécessaires à son financement ait été versée.  L’appel le plus récent pour la Syrie cherche à lever 4,2 milliards de dollars, mais seulement 636 millions ont été reçus à ce jour. 

Dans le nord-ouest, qui connaît la situation humanitaire la plus grave, 70% des Syriens sont dans le besoin et 2,7 millions de personnes sont déplacées.  Le Secrétaire général a plaidé pour une augmentation du soutien humanitaire onusien et pour un élargissement de l’accès humanitaire, qu’il s’agisse de l’aide transfrontalière et de l’aide au travers des lignes de front.  Il a indiqué que l’ONU est en pourparlers avec la Turquie et les groupes armés dans la région et confié son espoir que les opérations au travers des lignes de front pourront bientôt commencer.  Mais cette dernière aide ne peut se substituer à l’aide transfrontalière, a-t-il ajouté. 

Le Secrétaire général a détaillé les opérations humanitaires colossales menées par l’ONU dans le nord-ouest, plus de 1000 camions franchissant la frontière chaque mois.  Il a assuré que la livraison de cette aide est scrupuleusement surveillée afin d’éviter tout détournement.  Il a demandé un consensus du Conseil pour permettre la poursuite pendant un an de ces opérations d’aide transfrontalière, sous peine de conséquences catastrophiques pour les Syriens.  « Il faut mobiliser tous les canaux à notre disposition ».  Enfin, le Secrétaire général a plaidé pour une solution politique en Syrie, estimant que l’heure est venue de mettre un terme au « cauchemar » syrien. 

M. RAMESH RAJASINGHAM, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence par intérim a indiqué que le taux de transmission de la COVID-19 en Syrie est élevé et dépasse probablement les chiffres officiels.  Le système de santé déjà faible est débordé.  Il a fait savoir qu’au mois de mai, des vaccins ont été livrés au travers des lignes de front dans le nord-est et de manière transfrontalière dans le nord-ouest.  « Au 20 juin, plus de 97 000 personnes ont reçu leur première dose dans les zones gouvernementales et dans le nord-est et quelque 26 000 personnes ont reçu au moins une dose dans le nord-ouest », a-t-il dit.  Il a appelé à ne pas sous-estimer la portée de la pandémie avant de prévenir que les livraisons du Mécanisme COVAX ne permettront de couvrir que 20% de la population. 

Mettant l’accent sur l’impact de la crise économique, le représentant d’OCHA a indiqué que les prix restent à des niveaux record et les biens et services se raréfient.  Il a dit que le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a observé que les conditions de vie désespérées ont conduit de nombreuses familles à marier leurs filles à un très jeune âge et que les vulnérabilités des enfants, en particulier des filles, augmentent de façon exponentielle dans des conditions aussi difficiles.  Quatre-vingt-deux pour cent des ménages interrogés ont déclaré que les médicaments étaient inabordables et les traitements essentiels sont hors de portée pour beaucoup, en particulier dans le nord-est de la Syrie. 

Pour ce qui est des graves pénuries d’eau, en particulier dans le nord-est, le Chef d’OCHA a noté que le déficit hydrique du bassin de l’Euphrate est le pire de mémoire.  « Les barrages de Tichrine et Tabqa cesseront de fonctionner si les niveaux d’eau baissent », a-t-il prévenu avant de noter que 5,5 millions de personnes sont confrontées à un accès réduit à l’eau potable et que trois millions de personnes, ainsi que des hôpitaux et d’autres infrastructures vitales, pourraient perdre l’accès à l’électricité.  Le Coordonnateur des secours d’urgence par intérim a exhorté toutes les parties concernées à trouver une solution qui tienne compte des besoins de tous dans la région qui dépendent de l’eau de l’Euphrate et de ses affluents. 

En ce qui concerne la protection des civils, M. Rajasingham a noté qu’en avril et mai, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a vérifié qu’au moins 150 civils avaient été tués et 154 autres blessés, lors de 186 incidents pendant les hostilités.  « Les femmes et les enfants représentaient une proportion importante de ces victimes », a-t-il précisé avant de s’inquiéter d’une augmentation alarmante des hostilités dans le nord-ouest de la Syrie le mois dernier, entraînant le déplacement de 11 000 civils.  Il a jugé choquant l’attaque qui a gravement endommagé l’hôpital Chifa soutenu par l’ONU à Afrin le 12 juin et qui a fait 19 morts, dont trois enfants, et 40 blessés, dont un enfant handicapé.  Il a précisé que cet hôpital fournissait 15 000 services médicaux chaque mois, dont 250 chirurgies spécialisées avant l’attaque qui l’a rendu inopérant. 

Enfin pour ce qui est de l’accès humanitaire, il a noté que l’autorisation du Conseil de sécurité pour l’opération transfrontalière de l’ONU en Syrie expire le 10 juillet, dans 17 jours seulement.  Cette opération reste l’une des opérations d’aide les plus scrutées et surveillées au monde, a-t-il rappelé avant de prévenir que l’absence de prolongation de son autorisation aura de lourdes conséquences.  Elle perturbera l’aide vitale apportée à 3,4 millions de personnes dans le besoin dans le nord-ouest, dont des millions sont parmi les plus vulnérables de Syrie. 

Le Chef de l’OCHA a indiqué qu’un groupe de 42 ONG a mis en garde la semaine dernière contre un tel scénario en ajoutant que les ONG estiment qu’elles n’auraient la capacité de répondre aux besoins que de 300 000 personnes, laissant plus d’un million sans aide alimentaire.  Alors que 90% de la population dans le besoin dépend de l’aide pour survivre, il a alerté du risque d’une « situation véritablement catastrophique » et a souligné qu’il n’y a tout simplement pas de substitut à l’opération transfrontalière. 

Il a indiqué qu’une opération au travers des lignes de front permettrait de compléter « la bouée de sauvetage transfrontalière », mais qu’elle ne pourrait en aucun cas la remplacer.  Même s’ils étaient déployés régulièrement, les convois au travers les lignes de front ne pourraient reproduire la taille et la portée des opérations transfrontalières, a-t-il expliqué. 

Mme SHERINE IBRAHIM, Directrice de pays pour la Turquie de CARE, a indiqué qu’elle dirige les opérations de l’ONG dans le nord-ouest de la Syrie, par-delà les frontières avec la Turquie.  Elle a décrit une situation humanitaire catastrophique, où 90% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, tandis que le prix des denrées alimentaires de base a été multiplié par 29.  Dans ces conditions, comment envisager l’avenir lorsque le panier alimentaire du PAM sur lequel on dépend pour nourrir sa famille risque de ne plus se matérialiser ?  Telle sera la réalité impensable qu’affronteront un million de personnes dans le nord-ouest de la Syrie au mois de septembre si l’ONU n’est pas autorisée à poursuivre ses opérations transfrontalières. 

Elle a indiqué que les besoins sur le terrain sont plus élevés que jamais et continueront d’augmenter compte tenu de la crise financière au Liban, de la nouvelle vague d’infections de COVID-19 dans le nord de la Syrie, de la détérioration de la situation alimentaire et de l’imminente crise de l’eau dans le nord-est.  Selon elle, l’étendue de la crise exige le renouvèlement de l’autorisation de l’aide transfrontalière vers les nord-ouest via les points de passage de Bab el-Haoua et Bab el-Salam pendant au moins 12 mois.  Elle a également appelé au rétablissement du point de passage de Yaroubiyé vers le nord-est où les besoins ont augmenté de 38% depuis sa fermeture il y a un an. L’opération transfrontalière de l’ONU est sans doute l’opération humanitaire la plus complexe au monde et rien ne peut remplacer ses capacités, a-t-elle souligné.

Selon Mme Ibrahim, les opérations par-delà les lignes de front ne peuvent pas être envisagées comme une alternative.  Aucun convoi n’a franchi les lignes de front pour desservir le nord-ouest où 2,5 millions de personnes ont besoin d’aide et dans le nord-est, ces opérations s’avèrent inadéquates, avec environ 70% de la population connaissant des niveaux de besoins « graves » ou « catastrophiques ». Et même si les convois par-delà les lignes de front étaient déployés régulièrement vers le nord-ouest, ils ne pourraient pas reproduire la taille et la portée des opérations transfrontalières.  « Il n’y a tout simplement pas d’alternative » a-t-elle martelé, relevant l’urgence, pour le Conseil de sécurité, d’élargir l’accès humanitaire compte tenu de la forte augmentation de la COVID-19 dans le nord de la Syrie et afin de s’assurer que la campagne de vaccination contre la COVID-19 qui débute dans le nord-ouest ne sera pas stoppée. 

Mme Ibrahim a ensuite attiré l’attention sur la situation des femmes syriennes.  Elle a expliqué que contrairement aux hommes, ces dernières ont du mal à trouver du travail et une rémunération équitable.  Trop souvent, elles ont recours à des mécanismes d’adaptation désespérés pour survivre: elles retirent leurs enfants de l’école pour les envoyer travailler, achètent des articles essentiels à crédit, sautent des repas et marient leurs filles pour avoir une bouche de moins à nourrir.  La malnutrition maternelle touche un tiers des mères syriennes, la santé mentale des femmes pâti et les adolescentes sont contraintes bien trop tôt à entrer dans l’âge adulte et à devenir mère.  Confrontées à de multiples enjeux de protection, les femmes sont les véritables victimes oubliées de cette crise, a-t-elle dit. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), au nom des délégations porte-plumes sur le dossier humanitaire syrien, Irlande et Norvège, a indiqué que son pays va œuvrer d’ici les deux prochaines semaines au renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière.  « Laissez-moi être claire, après 10 ans de conflit et de besoins humanitaires grandissants depuis 2011, un accès transfrontalier est plus nécessaire que jamais. »  En fait, la situation s’est aggravée depuis juillet dernier, a-t-elle dit, en rappelant que l’insécurité alimentaire a augmenté de 50%.  « Nous devons user de tous les canaux à notre disposition, des modalités transfrontalières et au travers des lignes de front. »  Elle a déclaré que son seul souci en tant que délégation porte-plume est de répondre aux besoins humanitaires et d’alléger les souffrances des Syriens.

La représentante a relevé que si l’aide au travers des lignes de front a augmenté dans le nord-est depuis la fermeture du point de passage de Yaroubiyé, elle n’est pas encore suffisante.  À ses yeux, tout échec à renouveler l’aide transfrontalière reviendrait à stopper la livraison d’une aide vitale pour des millions de personnes dans le besoin et à augmenter les souffrances des civils dans le nord-ouest syrien jusqu’à un niveau sans précédent en une décennie de conflit.  Elle a ajouté que la livraison des vaccins contre la COVID-19 serait aussi entravée.  « Pour le dire simplement, un échec causerait une catastrophe humanitaire dans le nord-ouest syrien. »  Elle a précisé que le mécanisme d’aide transfrontalière est l’un des plus surveillés au monde, ce qui permet d’assurer la nature humanitaire des livraisons, avant d’insister sur la responsabilité des membres du Conseil de veiller à ce que tous les canaux permettant de fournir une aide vitale aux personnes dans le besoin en Syrie soient mis en place et maintenus disponibles. 

M. TAREK LADEB (Tunisie)a déclaré qu’il était essentiel d’augmenter l’aide médicale et humanitaire aux Syriens épuisés par une décennie de violence, de terrorisme et maintenant confrontés à une pandémie.  Préoccupé par la détérioration des conditions de vie, marquée par les pénuries de nourriture et de carburant et la diminution des approvisionnements en eau et en électricité, le représentant de la Tunisie a appelé au respect du cessez-le-feu avant d’exhorter toutes les parties à se conformer au droit international humanitaire.  Il a jugé indispensable et tout aussi important de lutter contre les groupes terroristes, qui ont été particulièrement actifs.  Le délégué a appelé à davantage d’aide humanitaire et médicale.  Il a exprimé l’espoir d’une solution consensuelle qui facilitera l’acheminement de l’aide transfrontalière, insistant sur sa fourniture également par le biais d’une opération au travers des lignes de front en donnant la priorité aux besoins humanitaires des personnes confrontées à la COVID-19. 

M. MICHAEL KIBOINO (Kenya) a déclaré qu’à l’approche de l’expiration du point de passage de Bab el-Haoua, le besoin urgent de parvenir à un consensus pour garantir que l’aide continue d’atteindre des millions de ressortissants syriens dans le besoin ne peut être surestimé.  Il a également estimé que dans le contexte actuel, les mécanismes transfrontaliers et au travers des lignes de front devraient coexister et même se compléter en vue de garantir la poursuite de l’aide humanitaire, y compris la fourniture de vaccins contre la COVID-19, dans le nord-ouest et le nord-est de la Syrie.  Il a ensuite encouragé le Gouvernement syrien à continuer d’intensifier les livraisons par-delà les lignes de front, en particulier dans le nord-ouest de la Syrie. 

Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’augmentation de l’insécurité dans l’ensemble de la Syrie, ainsi que de la baisse du niveau des eaux de l’Euphrate et dans la station d’eau d’Alouk.  Si elle perdure, cette situation risque d’aggraver l’insécurité alimentaire, les pénuries d’eau potable, et les coupures d’électricité, a-t-il mis en garde.  Il a par ailleurs appelé à la levée des mesures coercitives unilatérales, pointant leur impact délétère sur l’économie syrienne. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que les besoins humanitaires et médicaux ont augmenté de 20% dans le pays depuis l’an dernier et de 38% dans le nord-est, avant d’exhorter toutes les parties, en particulier le « régime syrien », à garantir un plein accès humanitaire.  « Le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière est plus que jamais indispensable, tant au nord-ouest qu’au nord-est. »  Il a déclaré que l’aide transfrontalière depuis Damas est loin de répondre aux besoins et ne pourra en aucun cas se substituer à l’aide transfrontalière, comme le démontre le rapport du Secrétaire général.  « Seule la moitié des autorisations demandées par l’ONU est accordée par le régime. »  Le mécanisme transfrontalier sera nécessaire aussi longtemps que l’aide humanitaire ne parviendra pas à toutes les populations dans le besoin sur l’ensemble du territoire syrien, sur la base de l’évaluation objective des besoins, a tranché le délégué. 

Il a accusé le « régime » de politiser l’aide, de prendre la population syrienne en otage et d’interférer avec le travail des humanitaires.  Un renouvellement du mécanisme transfrontalier, pour 12  mois au minimum, est donc fondamental comme le demande le Secrétaire général, les agences onusiennes et les acteurs humanitaires, a déclaré le représentant.  Il a appelé l’ensemble des membres du Conseil à faire preuve d’unité, de responsabilité et à prendre des décisions sur la base de considérations purement humanitaires.  « Nous avons un devoir moral: celui de sauver des vies, de contrer le risque de famine et de faciliter les campagnes de vaccination contre la COVID-19. »  Cela nous oblige à autoriser le recours à trois points de passage: Bab el-Haoua et Bab el-Salem au nord-ouest et Yaroubiyé au nord-est, a-t-il expliqué.  Enfin, le représentant a déclaré que l’instrumentalisation des sanctions pour masquer la responsabilité du « régime » ne trompe personne. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a dénoncé les conséquences négatives des sanctions pour la conduite des opérations humanitaires et le relèvement économique de la Syrie.  Elle a donc appelé à la levée des sanctions pour le bien du peuple syrien.  Elle a estimé que la grave crise humanitaire en Syrie exige la préservation et le renforcement de l’aide transfrontalière mais aussi une augmentation de l’aide au travers des lignes de front.  Tout échec dans la reconduite du mécanisme d’aide transfrontalière reviendra à priver d’une aide vitale des millions de personnes mais aussi à interrompre la distribution de vaccins contre la COVID-19, a déclaré la déléguée. « Il est crucial de ne pas politiser l’aide humanitaire. »  Elle a ensuite qualifié de préoccupante l’aggravation de la situation humanitaire dans les camps de déplacés, en particulier à Hol.  Il n’y a pas de solution militaire à la crise en Syrie, a conclu la déléguée, en réclamant un processus dirigé et contrôlé par les Syriens conformément à la résolution 2254 (2015) 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a indiqué que le Conseil est confronté à un choix vital et doit dire au peuple syrien qu’il ne l’oublie pas.  Elle a indiqué s’être rendue au point de passage de Bab el-Haoua, il y a trois semaines, pour voir comment le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière fonctionne.  Des millions de Syriens voient dans ce point de passage une planche de salut, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que des milliers d’enfants seraient privés de nourriture si ce point devait fermer, tandis que la fourniture de vaccins contre la COVID-19 serait interrompue.  Les Syriens que j’ai rencontrés sont terrifiés que ce point soit supprimé et leur peur n’est pas sans fondement, a-t-elle dit.  Elle a rappelé qu’il ne reste plus en effet qu’un seul point de passage sur les quatre qui avaient été autorisés par le Conseil.  Un renouvellement du mécanisme de moins de 12 mois serait une entrave de plus, a-t-elle déclaré, en insistant sur la rigueur de ce mécanisme.  « J’ai vu toutes les vérifications apportées aux livraisons humanitaires. »  L’aide au travers des lignes de front n’est pas suffisante, a déclaré la déléguée, alertant que des Syriens vont mourir si le mécanisme n’est pas renouvelé.  « Tout le monde le sait. »  La déléguée a donc demandé le renouvellement du point de passage de Bab el-Haoua et la réautorisation des points de Bab el-Salam et de Yaroubiyé.  « Nous devons le faire maintenant. »

M. PRAKASH GUPTA (Inde) a rappelé que plus de 11 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire en Syrie.  La pandémie et les conséquences négatives des sanctions ont exacerbé encore la gravité de la situation, a-t-il dit, en appelant à une révision desdites sanctions.  Alors que le Conseil se penchera sur le renouvellement de l’aide transfrontalière dans deux semaines, le délégué a demandé des mesures concrètes pour remédier aux obstacles qui entravent la fourniture, à la fois, de l’aide transfrontalière et de l’aide au travers des lignes de front.  Il a salué l’acheminement de vaccins contre la COVID-19 en Syrie par le biais du Mécanisme COVAX.  Enfin, le délégué de l’Inde a noté que certains pays en Europe et au Moyen-Orient ont commencé à rétablir leur présence diplomatique en Syrie.  «  Nous saluons le rétablissement de canaux officiels de communication. » 

M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) s’est dit gravement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Syrie, ainsi que par le niveau élevé de transmission de la COVID-19 et l’insécurité hydrique liée à l’Euphrate dans le nord-est.  Face à la persistance de la crise humanitaire, il a appelé au maintien d’un accès humanitaire sûr, sans entrave et durable.

Il s’est félicité de constater que les opérations de l’OMS n’ont rencontré aucun problème opérationnel majeur dans le nord-est du pays en avril et mai. Cependant, étant donné la forte demande en fournitures médicales, il est nécessaire d’améliorer la coordination entre les parties ainsi que de simplifier les procédures pour faciliter davantage les expéditions dans cette zone.

Le représentant a ensuite constaté que la situation dans le nord-ouest demeure désastreuse et que la poursuite de l’aide humanitaire par le biais de consultations appropriées avec les parties concernées est essentielle.  Pour cette raison, il est important que le Conseil parvienne à un consensus pour trouver une solution à cette question.  Dans l’intervalle, il a appelé au dialogue entre les parties pour parvenir à un accord sur les modalités de livraison au travers les lignes de front vers le nord-ouest. 

M. ABDOU ABARRY (Niger) a déploré la détérioration de la situation humanitaire en Syrie depuis l’an passé.  La chute vertigineuse de la valeur de la livre syrienne, du fait de l’embargo et autres mesures coercitives unilatérales, sont venues aggraver le quotidien des Syriens, déjà fragilisés par une décennie de conflit, a fait valoir le délégué.  Dans ce contexte, il a appelé à l’allègement ou à la suspension des sanctions économiques unilatérales qui peuvent, par ailleurs, saper la capacité de la Syrie à faire face à la pandémie de COVID-19. 

Au vu des exposés détaillés et factuels, il est clair, pour lui, que l’aide humanitaire fournie en Syrie est fortement en deçà des besoins réels des populations affectées.  C’est pourquoi il a défendu une amélioration substantielle du mécanisme d’acheminement de cette aide sur toute l’étendue du territoire syrien.  Il a également souhaité voit l’OCHA refléter, dans son évaluation de la situation humanitaire, l’impact direct et/ou indirect des sanctions unilatérales contre la Syrie.

Par ailleurs, le délégué a noté avec préoccupation la hausse du taux de contamination de COVID-19 en Syrie, notamment dans le nord-ouest et le nord-est.  L’affaiblissement des infrastructures sanitaires et l’insécurité persistante rendent difficile la prise en charge et le déploiement efficace de la vaccination contre le virus à travers le pays, a-t-il remarqué.  Il est à son avis important d’écouter les appels des organisations humanitaires travaillant sur le terrain, qui plaident en faveur de l’accroissement de l’assistance humanitaire aux millions de Syriens dans le dénuement et la détresse. 

Pour finir, le représentant a soutenu la continuation du mécanisme d’acheminement de l’aide à travers les points de passage aux frontières et entre les lignes de contact.  Sa délégation reste disposée à soutenir toute formule ou modalité permettant d’accélérer la livraison de l’aide humanitaire, y compris les fournitures et équipements médicaux dont le système de santé syrien a tant besoin pour la prise en charge de la pandémie de COVID-19.

M. ZHANG JUN (Chine) a relevé que la dégradation des conditions économiques, l’augmentation de l’insécurité alimentaire, la transmission rapide de la COVID-19 et les pénuries croissantes de pétrole ont eu un impact négatif sur la production agricole et les opérations de secours humanitaire en Syrie.  Il a estimé qu’un effort mondial conjoint est nécessaire pour que cette situation s’améliore.  Il a dit que le Gouvernement syrien doit jouer un rôle de premier plan dans cet effort en augmentant l’aide humanitaire transversale.  Après avoir salué l’importance des soins médicaux fournis en avril par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alors qu’elle opérait depuis la Syrie, le représentant a vu cette livraison comme la preuve de l’efficacité de l’aide humanitaire transversale.  Il a invité le Conseil de sécurité à proposer des exigences spécifiques pour augmenter ce type d’aide, tout en levant immédiatement les sanctions unilatérales pour aider la Syrie à rétablir l’ordre économique.  Il a fustigé les restrictions et autres mesures illégales qui entravent le fonctionnement des infrastructures civiles syriennes en retenant les équipements nécessaires comme les générateurs électriques.  « La situation humanitaire en Syrie ne s’améliorera pas fondamentalement tant que les sanctions ne seront pas levées », a conclu le représentant de la Chine. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré que les besoins humanitaires doivent être au cœur des délibérations du Conseil sur le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière, en rappelant que 13,4 millions de personnes ont besoin d’une aide en Syrie, « soit plus que toute la population de Londres ou de Moscou ».  Elle a indiqué que, plus tôt dans la semaine, 27 ONG opérant en Syrie ont écrit au Conseil pour demander une expansion de l’aide transfrontalière.  Elle a ensuite souligné les conséquences qui pourraient découler d’un non-renouvellement dudit mécanisme, dont la cessation du programme onusien de vaccination et de la distribution de nourriture à près de 1,4 million de personnes chaque mois.  La déléguée a rappelé la fermeture du point de passage de Yaroubiyé, dans le nord-est, et souligné l’augmentation de 38% des besoins dans cette zone depuis janvier 2020.  La fermeture du point de passage de Bab el-Salam, dans le nord-ouest, a également eu des conséquences considérables, a-t-elle souligné.  Enfin, prônant une approche basée uniquement sur les besoins humanitaires, la déléguée a demandé le renouvellement du point de passage de Bab el-Haoua et la réautorisation des points de Bab el-Salam et de Yaroubiyé.  « Tout autre résultat équivaudrait à une abdication de nos responsabilités à l’égard des 13,4 millions de Syriens qui ont besoin d’une aide. »

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a regretté que les infrastructures civiles continuent d’être ciblées en Syrie malgré les appels du Conseil.  Le représentant s’est joint à d’autres délégations pour condamner l’attaque du 12 juin contre un hôpital de la ville d’Afrin.  S’agissant de l’aide humanitaire transfrontalière, il a souligné qu’il est non seulement nécessaire de maintenir l’accès humanitaire actuel pour les 3,4 millions de personnes se trouvant dans le nord-est qui ont besoin d’une telle aide, mais aussi de rationaliser davantage les opérations d’aide pour réduire les pénuries et les souffrances.  Il a estimé que le poste frontière de Bab el-Haoua est essentiel pour la livraison de nourriture, de soins médicaux et d’autres fournitures indispensables aux personnes vivant dans cette région.  Il a prévenu que toute interruption aggravera la malnutrition chronique existante chez les enfants et perturbera le programme de vaccination contre la COVID-19 récemment lancé.  Par ailleurs, le représentant du Mexique a noté qu’il n’a pas été possible de remplacer l’assistance reçue via le terminal de Yaroubiyé depuis sa fermeture en janvier 2020.  C’est pourquoi, il a formé le vœu que le Conseil puisse explorer sans parti pris toutes les options en vue de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire au peuple syrien.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a ironisé sur les thèses alarmistes que présentent nombre des membres du Conseil qui dépeignent la situation humanitaire en Syrie comme un tableau noir et blanc.  Les pays occidentaux y apparaissent comme les « forces du bien » dans la confrontation verbale sur l’avenir du mécanisme d’aide transfrontalière, exprimant sans cesse leur inquiétude pour les habitants d’Edleb, en particulier les enfants.  Quant à l’incarnation du mal ce sont « évidemment » la Syrie et la Russie, indifférentes à la souffrance de ces malheureux et prêtes à couper la dernière artère par laquelle leur arrivent des marchandises essentielles à leur survie.

Mais est-ce vraiment la réalité? a-t-il lancé.  Il a rappelé qu’en 2014, la Russie avait appuyé l’adoption de la résolution 2165 du Conseil de sécurité appelant à l’ouverture de quatre points de passage à la frontière avec la Syrie pour l’acheminement de l’aide humanitaire de l’ONU.  Cela violait pourtant la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie, mais la Russie l’a fait pour une seule raison: la Syrie était en train d’être morcelée par les terroristes. 

Depuis, et grâce au soutien des forces militaires russes, Damas est parvenu à libérer près de 90% de son territoire et ne ménage pas ses efforts pour normaliser les conditions vie de ses populations.  Dans ce contexte, le mécanisme transfrontalier est un anachronisme et cela depuis longtemps.  Et pourtant, dans l’esprit de nos partenaires occidentaux, le temps s’est littéralement arrêté, et ils s'efforcent d'ignorer que l’aide humanitaire peut être acheminée depuis l’intérieur de la Syrie. 

L'an dernier, avec l’adoption de la résolution 2533 du Conseil de sécurité, la Russie a donné son accord au maintien du mécanisme transfrontalier jusqu'au 10 juillet, en insistant sur l’importance de mettre en place des livraisons durables vers Edleb à travers les lignes de front.  La Russie avait alors souligné que l’avenir du mécanisme transfrontalier dépendrait de l’ampleur du recours aux acheminements depuis la Syrie.  Mais même le convoi autorisé par Damas en avril, l’an dernier, par le biais de l’ONU, du CICR et du Croissant-Rouge arabe syrien, n’a pas pu bouger.  Et pourtant, a-t-il encore ironisé, aucun de vous n’a levé le petit doigt. 

Selon le représentant, il y avait assez de temps et de possibilités, l’an dernier pour mettre en place une modalité d’approvisionnement d’Edleb tant par le point de passage de Bab el-Haoua que depuis l’intérieur de la Syrie.  Là encore, il n’y a pas eu une seule tentative, a-t-il déploré.  On a juste essayé de nous faire comprendre depuis que le mécanisme transfrontalier devrait être prolongé.

M. Nebenzia s’est ensuite étonné d’entendre le représentant de l’OCHA dire que les livraisons au travers des lignes de front pouvaient compléter et non pas remplacer le mécanisme transfrontalier.  Il a également fait part de son étonnement d’entendre le Secrétaire général dire que les livraisons au travers des lignes de front ne pourront jamais égaler le volume des opérations transfrontalières.  Il a signalé que pour compenser la fermeture de Yaroubiyé, l’assistance vers le nord-est a été augmentée, un point reconnu par les agents des Nations Unies eux-mêmes.  On ne parle pas non plus du fait que les canaux des Nations Unies sont utilisés pour des stratagèmes douteux par des terroristes retranchés à Edleb où, a-t-il ajouté, l’Organisation ne sait pas comment distribuer de manière fiable ces marchandises.  Il a dénoncé la « manipulation standard des faits », soulignant qu’Edleb a longtemps été un refuge pour les terroristes.  À ses yeux, le système de livraison au travers des lignes de front est le seul moyen légitime de fournir de l’aide.

Le délégué a ensuite demandé au Coordonnateur des secours d’urgence par intérim des précisions sur l’aide au travers des lignes de front et les problèmes rencontrés.  Il a également voulu savoir comment CARE garantit que l’aide atteint son destinataire final, avant de réclamer des précisions sur la « soi-disant » déclaration d’engagement de respect du droit international humanitaire, signée par les groupes armés.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a indiqué que, malgré l’accalmie, la guerre est loin d’être finie en Syrie, tandis que des défis graves, tels que la pandémie de COVID-19, ont exacerbé la situation humanitaire.  À cette aune, le Conseil doit s’acquitter de ses responsabilités et appuyer les Syriens, en particulier les plus vulnérables, a-t-il dit, en demandant un accès humanitaire sans entrave.  Il a estimé qu’une expansion de l’aide transfrontalière en juillet est la seule option responsable pour répondre aux besoins humanitaires considérables.  Il a donc appelé à une nouvelle autorisation pour un an du point de passage de Bab el-Haoua et à la réouverture pour la même durée des points de Bab el-Salam à Edleb et de Yaroubié dans le nord-est.  Tout en reconnaissant l’importance de l’aide au travers des lignes de front, il a indiqué que les livraisons d’une telle aide demeurent sporadiques et limitées.  « Aucun accord n’a été trouvé sur le terrain entre les organisations humanitaires et les parties pour l’acheminement d’une aide si nécessaire à Edleb au travers des lignes de front. »  Enfin, le délégué a indiqué que les mesures restrictives décidées par l’Union européenne n’entravent pas l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a fustigé les délégations qui, selon lui, essaient d’exploiter le Conseil de sécurité pour politiser le travail humanitaire dans son pays afin de détourner les discussions de leur sujet principal et prolonger la crise humanitaire en Syrie.  Il a dénoncé l’insistance des pays occidentaux à prétendre que l’extension et le renforcement du « soi-disant mécanisme d’acheminement de l'aide transfrontalière » est la garantie d’améliorer la situation humanitaire en Syrie.  Cette démarche ne vise qu’à justifier les crimes d’occupation, d’agression et de terrorisme, dont le terrorisme économique incarné par des mesures coercitives unilatérales, a-t-il affirmé.  Il a rejeté ce « mécanisme politisé », qui était une mesure temporaire exceptionnelle, estimant que les raisons et circonstances qui ont motivé son adoption n’existent plus aujourd’hui. 

Il a indiqué que la mise en œuvre du mécanisme contribue à la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie et sert les intérêts de l’occupation turque et des groupes terroristes qui lui sont fidèles, dont Hay’at Tahrir el-Cham.  En effet, la majeure partie de l’aide humanitaire se retrouve entre les mains des terroristes qui contrôlent le passage de Bab el-Haoua.  Pendant ce temps, le régime turc continue d’occuper des territoires dans le nord et le nord-ouest, où il prive plus d’un million de citoyens d’eau en coupant des sources d'approvisionnement critiques.  Il a appelé le Conseil à intervenir immédiatement pour mettre fin aux crimes commis par le régime turc - notamment en veillant à ce que la station d’eau d’Alouk ne soit pas utilisée à des fins politiques.

Poursuivant, le représentant a aussi rejeté les allégations selon lesquelles l'extension du mécanisme transfrontalier contribuerait à rendre les vaccins contre la COVID-19 plus accessibles, affirmant que seul un pourcentage très minime de vaccins est acheminé par les points de passage.  En outre, des milices séparatistes du nord-est de la Syrie, « agents des forces américaines », ont récemment entravé la campagne de vaccination contre la COVID-19 menée par les équipes du Ministère de la santé dans la province de Deïr el-Zor.  Elles ont également empêché les équipes mobiles de vaccination d'entrer dans les camps de la province de Hassaké.

Pour le délégué syrien, l’amélioration de la situation humanitaire en Syrie nécessite que l’on soutienne les efforts du Gouvernement syrien pour lutter contre le terrorisme et éliminer la menace posée par l’État islamique d'Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra, et leurs entités associées.  Il a appelé à mettre fin à la présence militaire étrangère illégale des forces américaines et turques sur le territoire syrien, décriant leurs pratiques agressives et leur pillage des ressources et richesses nationales.  Il a aussi appelé à la levée immédiate des mesures coercitives unilatérales imposées au peuple syrien et à cesser de politiser le travail humanitaire. 

M. Sabbagh a jugé indispensable de soutenir les efforts des institutions étatiques syriennes pour soulager les souffrances et fournir un soutien et des services aux Syriens pendant la crise, notamment en appuyant les objectifs de développement et en réhabilitant les structures endommagées pour faciliter le retour sûr, digne et volontaire des personnes déplacées et des réfugiés.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a condamné les sanctions imposées à la Syrie et qui ne font que prolonger les souffrances des populations, retarder le retour des réfugiés et des personnes déplacées et entraver les efforts de reconstruction.  Elle a estimé que la levée complète des sanctions unilatérales doit être un élément substantiel de toute discussion sur l’aspect humanitaire du conflit syrien.  

La représentante a ensuite souligné que si la fourniture d’une aide humanitaire à la Syrie est essentielle, celle-ci doit toutefois être fondée sur les principes du plein respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la Syrie, ce qui a été réaffirmé par le Conseil dans toutes ses résolutions.  Compte tenu de ces principes directeurs, elle a estimé que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière a été une mesure temporaire exceptionnelle imposée par certaines circonstances qui n’existent plus.  Par conséquent, l’aide aux personnes dans le besoin doit dorénavant être acheminée en coopération et en coordination avec le Gouvernement syrien et à partir des territoires syriens.  Cela permet, entre autres, de garantir que les aides ne sont pas détournées vers des groupes terroristes.  

À ses yeux, la pleine coopération du Gouvernement syrien avec les Nations Unies et de nombreuses organisations humanitaires actives dans la livraison d’aide transversale en Syrie prouve qu’il s’agit d’une méthode fiable et conforme au droit international.  La déléguée a ensuite appelé à la dépolitisation du dossier humanitaire de la Syrie au sein du Conseil. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a alerté que l’échec à renouveler le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière en Syrie aurait des effets dévastateurs.  « N’oublions pas les conditions qui avaient amené le Conseil à autoriser des opérations humanitaires transfrontalières en 2014 », a-t-il insisté, rappelant que le « régime Assad » tuait son propre peuple et s’en prenait délibérément à des infrastructures humanitaires critiques.  Par conséquent, le Conseil a créé ce Mécanisme afin de garantir un accès humanitaire en toute sécurité et dans la durée à des personnes dont le seul espoir de survie est l’aide fournie par l’ONU.

Le représentant a ensuite dénoncé la récente attaque contre l’hôpital Chifa menée, a-t-il affirmé, par les terroristes des Unités de protection du peuple kurde et appelé au Conseil de demander des comptes aux auteurs.  S’agissant de la baisse du niveau des eaux de l’Euphrate, le délégué a indiqué que la Turquie subit les conséquences des changements climatiques sur ses ressources hydriques.  Malgré cela, elle remplit ses obligations contractuelles, a-t-il affirmé, avant d’appeler l’ONU à aider les pays en aval à faire face au défi hydrique en leur fournissant un appui en matière de gestion de l’eau.  Soulignant ensuite qu’aucun pays n’égale la capacité des Nations Unies à surveiller l’acheminement de l’aide humanitaire, il a fait observer que, sans le mécanisme transfrontalier, les opérations humanitaires en Syrie seraient moins transparentes, responsables et efficaces.  Il a par ailleurs indiqué qu’il ne répondrait pas aux « accusations fallacieuses » du représentant syrien qu’il ne considère pas comme son « homologue légitime. »

Reprenant la parole, le Coordonnateur des secours d’urgence par intérim a indiqué que les convois sont contrôlés de bout en bout et que l’aide est acheminée là où les besoins sont les plus grands.  Il a précisé que 1,8 million de personnes ont besoin d’une aide dans le nord-est syrien, avant de noter l’explosion des besoins depuis la fermeture du point de passage de Yaroubiyé.  Nous savons où notre aide va et nous la contrôlons de bout en bout, a-t-il assuré.  Répondant à une question du délégué russe sur l’aide au travers des lignes de front à Edleb, il a déclaré que l’OCHA a besoin de l’accord de toutes les parties pour mener ses opérations.  L’aide au travers des lignes de front n’est pas suffisante pour remplacer l’aide transfrontalière, a-t-il répété.

À son tour, la Directrice de pays pour la Turquie de CARE a assuré du sérieux des contrôles sur l’aide humanitaire livrée et fait part du soutien de ses partenaires locaux, qui sont les meilleurs garants de l’acheminement de ladite aide.  Les procédures de contrôle et les principes humanitaires de base sont respectés, afin qu’il n’y ait pas de détournement, a-t-elle déclaré.  Elle a précisé que son organisation n’est pas présente en Syrie et qu’elle opère depuis la Turquie.  Je ne peux comparer les deux types d’aide, a-t-elle dit, en insistant sur l’importance de points de passage frontaliers.  Elle a indiqué que CARE travaille avec des partenaires en Syrie qui ont les capacités nécessaires pour réceptionner et livrer l’aide qui leur est acheminée.  Ces partenaires ont les capacités pour absorber les financements substantiels que nous leur envoyons, a-t-elle ajouté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

République centrafricaine: le Conseil de sécurité alerté d’une situation sécuritaire mettant en péril les acquis fragiles de la paix

8802e séance – matin
CS/14558

République centrafricaine: le Conseil de sécurité alerté d’une situation sécuritaire mettant en péril les acquis fragiles de la paix

Les membres du Conseil de sécurité ont fait part, ce matin, de leur profonde préoccupation face à la dégradation sécuritaire en République centrafricaine (RCA) qui met en péril la dynamique fragile de paix lancée en 2019, beaucoup pointant du doigt le rôle de « plus en plus prépondérant » des mercenaires étrangers ou « partenaires bilatéraux », accusés d’exacerber les violences sur le terrain. 

Lors de cette réunion tenue en personne dans la salle du Conseil, les membres ont suivi un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), sur l’évolution de la situation dans le pays. M. Mankeur Ndiaye n’a pas caché son inquiétude face aux derniers développements qui risquent, selon lui, de « ruiner les maigres progrès » difficilement réalisés dans la quête d’une cohésion sociale et de la réconciliation nationale. 

« Jamais, par le passé, les violations des droits de l’homme et manquements au droit international humanitaire imputables aux Forces armées centrafricaines, forces bilatérales et autres personnels de sécurité, documentés avec exactitude dans les zones sous leur contrôle, n’ont égalé les propensions documentées par la MINUSCA et portées à l’attention des autorités nationales », a dénoncé M. Ndiaye. Il a alerté des graves conséquences de la contre-offensive militaire des forces de défense et de sécurité, et des forces bilatérales et autres personnels de sécurité, pour anéantir la guérilla imposée par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), même si, comme l’a expliqué la République centrafricaine, cette rébellion a échoué dans sa tentative de déstabilisation. 

Dans son dernier rapport (S/2021/571), le Secrétaire général s’est dit profondément alarmé par l’augmentation « inacceptable et sans précédent »  des menaces et des actes hostiles contre la MINUSCA, qui sont le fait des forces de sécurité nationales ainsi que du personnel de sécurité déployé de manière bilatérale et des autres agents de sécurité.  Le Secrétaire général a noté, précisément, une augmentation de 28% des incidents de violations et d’abus des droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire au cours des quatre derniers mois, faisant état d’une augmentation alarmante des abus commis par le personnel national et bilatéral.  

Dès lors, qui sont ces hommes impliqués dans les combats, à quel titre sont-ils présents en RCA et à qui répondent-ils de leurs actions?  s’est interrogée la France.  Les individus qui commettent ce que beaucoup appellent maintenant des « atrocités » ne sont pas des acteurs indépendants – « ils opèrent dans le prolongement direct du Ministère russe de la défense », ont ouvertement dénoncé les États-Unis. 

« Nos  collègues  américains  voient  des  mercenaires  russes  partout », a ironisé la Fédération de Russie, dénonçant une « propagande politique  antirusse » destinée à discréditer sa présence en RCA.  « Faut-il rappeler que c’est en vos seins, ici, que le Conseil de Sécurité garant du maintien de la paix dans le monde, a autorisé la livraison d’armes de la Fédération de Russie avec mise à disposition d’instructeurs », s’est défendu la République centrafricaine. 

Le Tchad a pour sa part dénoncé l’attaque, le 30 mai dernier, du poste  avancé  de  Sourou, en  territoire  tchadien, du fait « des Forces  armées  centrafricaines  et des  mercenaires  étrangers ».  Pour la délégation tchadienne, cette attaque à l’intérieur de son territoire est la preuve  incontestable que la situation  en  RCA  constitue  une  grave menace pour la stabilité  de  toute  la  région. L’occasion pour M. Ndiaye de saluer les efforts de l’exécutif centrafricain en matière d’engagement bilatéral qui a permis d’apaiser les tensions avec le  Tchad  à la suite de cet incident.   

Le Représentant spécial a promis de poursuivre la documentation des violations des droits de l’homme, qui fera l’objet de rapports publics afin de préserver un cadre de dialogue « franc, transparent et constructif » de la MINUSCA avec les autorités centrafricaines. 

En attendant, a conseillé Mme Rita Laranjinha,  Directrice du Bureau Afrique du Service européen pour l’action extérieure  de l’Union européenne (UE), il faut que cessent « les campagnes de désinformation, les pressions exercées envers l’opposition et les médias, les discours de haine, d’incitation à la violence envers les partenaires comme l’UE, la France ou la MINUSCA ». 

À cet égard, plusieurs délégations ont salué l’engagement du Président centrafricain Faustin Archange Touadéra à poursuivre les coupables des violences et les auteurs des menaces contre la MINUSCA, tout en l’encourageant à promouvoir un dialogue républicain comme annoncé par la présidence le 10 juin dernier.  

L’embargo sur les armes a été un autre sujet longuement discuté lors de cette réunion initiée par la présidence estonienne du Conseil de sécurité, certains États comme la France estimant que la levée complète de l’embargo « ne saurait être la solution », alors que d’autres, à l’instar de la Chine et de l’Angola, ont milité en faveur de sa levée. 

Le Président de l’Angola, M. João  Manuel  Gonçalves  Lourenco, qui préside actuellement la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, a plaidé pour « la levée de l’embargo à l’heure où l’épicentre du terrorisme international s’est  déplacé  du  Moyen-Orient vers  l’Afrique ».  Cela permettrait, selon lui, aux  États  de la région d’acquérir la capacité de se  défendre  contre  les menaces  contemporaines. 

De fait, a renchéri le délégué centrafricain, « la béquille imposée à travers l’embargo est un réel handicap » pour mon pays.  Un point de vue défendu également par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), qui par la voix de son Président, Denis Sassou-Nguesso, a voulu s’en remettre à la sagesse de cet « auguste Conseil » pour que  soient prises des mesures qui tiennent compte de cette réalité et pour permettre aux forces de défense et de sécurité de se doter de moyens  adaptés à la situation sur le terrain.  De l’avis de la Chine, les critères pour la levée de l’embargo semblent remplis et le Conseil devrait entendre les appels en ce sens des pays de la région. 

En tant que garant de la paix en République centrafricaine, l’Union africaine (UA) a milité en faveur d’initiatives sous-régionales visant à promouvoir la paix et la réconciliation dans ce pays, a résumé Bankole Adeoye Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA, dans une intervention audio, estimant que ces efforts renforcent la stratégie de l’UA  de « solutions africaines aux problèmes africains ».  

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE - S/2021/571

Déclarations

M. MANKEUR NDIAYE, Représentant spécial du Secrétaire général en République centrafricaine, Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a d’entrée souligné l’engagement du Président Touadéra et des parties prenantes  au  processus politique, à conduire à terme le cycle électoral, avec la tenue d’élections locales  au  début de l’année 2022.  Il a donc invité  les  États  Membres de l’ONU à continuer d’appuyer la République centrafricaine (RCA) pour la tenue de ces élections locales, dont le dernier scrutin remonte à 1988,  à travers une contribution au fonds commun du Programme des Nations Unies pour le développement pour combler le déficit financier, estimé à 9 millions de dollars, et avec l’appui de la MINUSCA.  

Il a fait part de sa préoccupation face aux conséquences négatives générées par la contre-offensive militaire des forces de défense et de sécurité, et par les forces bilatérales et autres personnels de sécurité, pour anéantir la guérilla imposée par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC).   Nous vivons actuellement, au centre et au nord-ouest de la RCA, une guerre asymétrique  avec les groupes armés de ladite coalition, majoritairement responsables des violations graves des droits de l’homme, a dénoncé M. Ndiaye en y voyant la cause d’une crise humanitaire sans précédent, avec de nouvelles vagues de déplacements et 57 % de la population qui requiert une assistance humanitaire.  

Le Représentant spécial a regretté que l’extension du contrôle de l’État sur son territoire par le renforcement de la présence des forces de défense et de sécurité ainsi que le déploiement des forces bilatérales et autres personnels de sécurité, légitimement perçus par les populations comme une réponse rapide et efficace aux menaces causées par la Coalition, n’aient pu générer l’effet escompté en faveur de la protection des populations civiles.  En effet, jamais, par le passé, les violations des droits de l’homme et manquements au droit international humanitaire imputables aux Forces armées centrafricaines, forces bilatérales et autres personnels de sécurité, documentées avec exactitude dans les zones sous leur contrôle, n’ont égalé les propensions documentées par la MINUSCA et portées à l’attention des autorités nationales, s’est alarmé le Représentant spécial.  Cela compromet, à ses yeux, toute chance de bâtir une cohésion sociale et d’établir une relation de confiance entre les administrés et les gouvernants.  Cela aggrave la marginalisation de certaines communautés et fait craindre la radicalisation des groupes armés, alors que ces mêmes facteurs avaient conduit à la crise institutionnelle sans précédent de 2013, a-t-il fait remarquer. 

 Il s’agit-là  d’une nouvelle tendance qui, si l’on n’y prend  pas  garde, a-t-il averti, ruinera les maigres progrès difficilement réalisés dans la quête d’une cohésion sociale et de la réconciliation nationale.  Il a d’ailleurs déploré l’augmentation du nombre d’incidents documentés de violences sexuelles liées au conflit, qui ont été multipliés par cinq entre le dernier trimestre 2020 et le premier trimestre 2021.  

Le Représentant spécial a rappelé la mise en place, le 4 mai, d’une commission d’enquête  spéciale pour  élucider  les allégations de violation du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, commises par les forces armées centrafricaines, leur allié bilatéral et autres personnels de sécurité.  Cette commission, a-t-il précisé, devra permettre d’établir toutes les responsabilités de façon impartiale et d’en tirer toutes les conséquences judiciaires et politiques.  

M. Ndiaye a, de même, souligné l’ineffectivité de la chaîne de commandement et de contrôle des forces de défense et de sécurité et  le  défaut d’interlocuteurs crédibles auprès de certaines  forces bilatérales, avec comme résultante l’augmentation sans précèdent et la persistance sans réponse des violations de l’Accord sur le statut des forces, au nombre  de  39 de février  à  juin  2021.  La MINUSCA s’est trouvée régulièrement confrontée  à des restrictions de mouvements, fouilles de  ses  véhicules, harcèlement et menaces de son personnel et violations de ses bases de la part des forces  nationales  de défense et de sécurité, a-t-il témoigné.  Il en a voulu pour preuve la récente invasion de la base d’opérations de Bria, dans la Préfecture de la Haute-Kotto, par les Forces armées centrafricaines venues s’approvisionner de force en carburant.  Les violations de l’Accord exposent le personnel du maintien de la paix  à  des dangers injustifiés et remettent en cause la sécurité et la sureté des Casques bleus, a averti le haut fonctionnaire. 

Le contexte sécuritaire actuel n’épargne pas non plus les acteurs humanitaires, qui œuvrent pour palier une crise exacerbée par la pandémie de COVID-19, les violences de la CPC et les opérations à son encontre, a poursuivi M. Ndiaye.  Le nombre de déplacés a atteint un niveau sans précédent depuis 2014, a-t-il déploré en précisant que les évictions forcées de personnes déplacées ont même eu lieu début juin dans un site d’élevage de Bambari, lieu protégé par le droit international  humanitaire.  Alors que 57 % de la population a besoin d’assistance et de protection et que 700 000 personnes sont exposées à la famine, les travailleurs humanitaires ont été 225 fois la cible d’attaques sur les cinq premiers mois de l’année 2021, a-t-il dénombré. 

Malgré cet environnement qui figure parmi les plus dangereux au monde, la communauté humanitaire a fourni une assistance multisectorielle à plus de 1,2 million de personnes au premier trimestre 2021, notamment grâce à une coordination civilo-militaire efficiente.  Cependant, le Plan de réponse humanitaire 2021 n’était financé qu’à hauteur de 35 % au 20 juin, a indiqué M. Ndiaye en appelant à des financements supplémentaires pour continuer à soutenir la réponse humanitaire sur toute l’étendue du territoire de la RCA. 

Au cours de son exposé, M. Ndiaye s’est également inquiété de la fréquence de l’utilisation condamnable d’engins explosifs, une situation qui restreint la liberté de circulation des populations et réduit la mobilité de la MINUSCA et des acteurs humanitaires.  Sur ce point, il a dit compter sur le soutien de tous les membres du Conseil, pour que des mesures adéquates soient immédiatement prises afin de créer les conditions optimales pour l’efficacité, l’efficience et l’accroissement des performances de la MINUSCA.  Cela passe, pour lui, par une meilleure coopération entre les forces conventionnelles présentes en RCA et la MINUSCA dans le strict respect, par tous les acteurs sur le terrain, de la résolution 2552 portant sur son mandat.  La MINUSCA a reçu les assurances du Président qui a convoqué, ce 22 juin, une réunion sur la cohabitation des forces internationales et instruit la hiérarchie militaire à explorer avec tous les acteurs un modus vivendi et une meilleure coordination.  

La  MINUSCA, résolue à exécuter son mandat, entretient un dialogue stratégique de haut niveau avec le Président, le Premier  Ministre et les autorités compétentes pour créer les conditions favorables à son travail, a dit le Chef de la Mission en rappelant que la sécurité des troupes et du personnel onusiens reste un « impératif indérogeable ». 

M. Ndiaye a également rappelé que dans le nord-ouest de la RCA, zone particulièrement marquée par les opérations contre la CPC, une délégation menée par son adjointe a été mise en joue le 30 mai dernier.  Un incident, qui « ne doit pas rester sans suite », et ne « nous fera cependant pas renoncer » à exercer notre mandat dans la zone car « nous continuerons à protéger les populations civiles, à soutenir l’assistance humanitaire et à en maintenir l’accès sur toute l’étendue du territoire centrafricain. »  Ceci vaut également pour la liberté de mouvement de la Mission, a-t-il dit, remerciant, à cet égard, le Conseil d’avoir accordé à la MINUSCA, par la résolution 2566, les moyens additionnels nécessaires à la mise en œuvre effective de son mandat dans un environnement devenu plus complexe, et à  garantir  la sécurité et la sureté des Casques bleus.   Il a saisi cette occasion pour dénoncer les campagnes de désinformation,  d’incitation à la violence physique contre le leadership, le personnel et les biens de la MINUSCA et de certains partenaires internationaux. 

 Parallèlement au renouvellement du pouvoir législatif début mai, le Président Touadéra a initié le renouvellement de l’organe exécutif, a-t-il enfin rappelé en saluant les fruits déjà portés par les efforts de l’exécutif centrafricain en matière d’engagement bilatéral.  Il a noté à cet égard qu’ils ont permis d’apaiser les tensions avec le Tchad  à la suite de l’incident à la frontière tchado-centrafricaine le 30 mai et  d’éviter  par conséquent une dégradation des relations diplomatiques. 

Les efforts entrepris  pendant la période écoulée  pour la revitalisation de  l’Accord politique pour la paix et la réconciliation  témoignent  de  la  viabilité  de cet outil pour la paix et la stabilité en RCA, a conclu le Représentant spécial qui y voit une opportunité renouvelée d’accélérer  la dissolution  des groupes armés et le réengagement dans l’Accord des éléments prêts à se dissocier de la CPC et à renoncer à la violence.   La MINUSCA continuera  à soutenir le Gouvernement, en synergie avec les autres partenaires internationaux, dans la mise en œuvre de l’Accord comme dans celle de  sa  stratégie de restauration de l’autorité de l’État,  notamment dans le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité.  

Le Représentant spécial a également parlé de la visite de la délégation ONU-AU-CEEAC-EU, du 2 au 5 juin en RCA,  qui a permis  de constater  un appel à la normalisation des relations avec les partenaires internationaux.  Les opérations militaires contre les groupes armés de la  CPC  ne seront pas suffisantes  pour ramener la paix, la sûreté  et la sécurité, a-t-il réalisé en disant apprécier à ce propos le nouvel élan que  le  Président Touadéra insuffle aux processus politique et de paix.  Pour finir, il a appelé à saisir cette nouvelle opportunité pour harmoniser les initiatives régionales et encourager le nouveau Gouvernement à mobiliser le soutien de tous les partenaires internationaux pour la réussite du dialogue politique inclusif ainsi que pour l’appropriation et la mise en œuvre effective de toute feuille de route  qui découlerait de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et de la CEEAC, avec le concours de l’UA. 

M. BANKOLE ADEOYE, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de lUnion africaine, a déclaré que l’Union africaine (UA), en tant que garant de la paix en République centrafricaine, continuera à travailler avec toutes les parties prenantes « pour faire de la paix un élément permanent » dans ce pays.  Soulignant les initiatives sous-régionales visant à promouvoir la paix et la réconciliation en République centrafricaine, il a déclaré que ces efforts renforcent la stratégie de l’UA de « solutions africaines aux problèmes africains ».  Il a également rappelé une récente visite dans le pays au cours de laquelle, avec d’autres partenaires internationaux, il a pu dialoguer avec des acteurs politiques de premier plan, des responsables locaux et des groupes représentant les femmes et les jeunes.  Cette visite, a-t-il relevé, a démontré l’engagement de la communauté internationale en faveur d’une paix et d’une sécurité inclusives en RCA.  Notant que la MINUSCA joue un rôle stabilisateur important, il a promis le soutien continu de l’UA à la Mission.  Quant au Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, il doit fournir un soutien logistique par le biais de la MINUSCA pour s’assurer que les cessez-le-feu soient pleinement contrôlés et que les opérations de sécurité ne soient pas menées à proximité des civils. 

Mme RITA LARANJINHA, Directrice du Bureau Afrique du Service européen pour laction extérieure de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne (UE) est particulièrement impliquée en République centrafricaine depuis des années.  Dans ce pays, malgré les menaces posées par les groupes armés, l’ordre constitutionnel a été maintenu, le processus électoral a pu suivre son cours, conduisant à la réélection du Président Touadéra, et un nouveau Premier Ministre a été nommé, a-t-elle dit.  « Mais, les défis restent nombreux et il faudra immédiatement répondre aux attentes fortes exprimées par la population, y compris les minorités. »  Elle a plaidé pour que des réformes urgentes soient rapidement engagées et dit attendre une étroite coopération avec les partenaires internationaux.  Elle a salué l’annonce de la tenue prochaine d’un dialogue républicain crédible et inclusif, le seul qui puisse apporter une solution durable à la crise.  « Les autorités doivent créer les conditions pour que l’opposition politique trouve toute sa place dans ce dialogue », a-t-elle recommandé, en assurant du soutien de l’Union.  La déléguée a estimé qu’une solution durable à la crise ne peut être uniquement militaire.  Le dialogue entre les parties, le réengagement de tous –du Gouvernement et des groupes armés désireux de rester ou de revenir dans le processus après avoir renoncé à la violence- est également nécessaire. 

Elle a ensuite insisté sur plusieurs éléments particulièrement préoccupants qui continuent de peser sur la situation politique actuelle.  « Les campagnes de désinformation, les pressions exercées envers l’opposition et les médias, les discours de haine, d’incitation à la violence envers les partenaires comme l’UE, la France ou la MINUSCA doivent cesser. »  Elle a salué la condamnation publique de la désinformation par le Président Touadéra et le Président de l’Assemblée nationale, ainsi que la réaffirmation de leur attachement à la coopération avec les partenaires internationaux.  Mais des mesures fortes et visibles sont maintenant attendues pour y mettre fin de manière durable et renforcer la confiance mutuelle, a-t-elle poursuivi. 

La représentante a dénoncé le recours excessif à la force et les violations rapportées des droits de l’homme et du droit humanitaire international, non seulement par les groupes armés, mais aussi par les forces armées centrafricaines et certains de leurs alliés.  « De telles actions sont inacceptables. » Mme Laranjinha a noté la décision des autorités d’établir une commission d’enquête sur ces violations et dit attendre de leur part une transparence totale.  Les responsables des violations graves des droits de l’homme doivent être traduits en justice, a-t-elle réclamé. 

Enfin, elle a rappelé que la République centrafricaine reste un pays extrêmement fragile, confronté à une crise humanitaire aiguë.  L’ensemble de la communauté internationale doit donc rester mobilisée et unie et continuer à apporter une réponse urgente et appropriée aux besoins humanitaires pressants des populations centrafricaines, a-t-elle plaidé avant d’assurer que l’UE a été, est et restera l’un des plus proches partenaires de la RCA, œuvrant pour la paix et la réconciliation, la démocratie et le redressement. 

Rappelant que son pays préside la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) depuis le 20 novembre 2020, M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de la République de l’Angola, a dit sa volonté de faire face aux défis de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement dans la région, avec l’appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux, dont l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations Unies.  Il a expliqué que le Plan stratégique de la présidence angolaise s’enracine dans le Pacte pour la paix, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs du 15 décembre 2006 et est guidé par les principes du droit international, dont la Charte des Nations Unies et l’Acte constitutif de l’Union Africaine.  M. Lourenço a souligné que l’appui international est désormais important pour contribuer aux efforts du Gouvernement centrafricain visant la paix et la stabilité du pays. 

« Le 29 janvier de cette année, nous avons organisé à Luanda, capitale de la République d’Angola, un Sommet de la CIRGL en format réduit sur la situation politique et sécuritaire en République centrafricaine », a-t-il dit.  Il a expliqué que les chefs d’État présents à ce sommet ont appelé les groupes rebelles à observer un cessez-le-feu immédiat et unilatéral, à abandonner le siège de la ville de Bangui et à revenir à leurs positions initiales, ainsi qu’à ouvrir le corridor Douala-Bangui pour permettre la libre circulation des personnes et des biens.  Ils ont également donné mandat aux Présidents en exercice de la CIRGL et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) de mener les démarches nécessaires auprès du Conseil de sécurité de l’ONU afin de lever l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine. 

Le deuxième Sommet sur la situation politique et sécuritaire en République centrafricaine, tenu à Luanda le 20 avril 2021, a permis aux chefs d’État de prendre connaissance des résultats des consultations menées par l’Angola, qui a conduit les principaux groupes armés à s’engager à rejoindre le Programme de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, a poursuivi le Président angolais.  Après avoir salué le rôle joué par les autorités tchadiennes pour le succès de cette mission, le Président a expliqué que les chefs d’État et de gouvernement ont exhorté les groupes armés à ne pas mener d’actions susceptibles de remettre en cause le cessez-le-feu et appelé la communauté internationale, en particulier l’ONU, à encourager les efforts régionaux en vue de revitaliser l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR-RCA). 

Les chefs d’État et de gouvernement ont également décidé de créer un groupe de travail dirigé par les Ministres des affaires étrangères de l’Angola et du Rwanda, en collaboration avec les autorités centrafricaines, pour travailler à la mise en œuvre des recommandations issues des consultations menées avec des groupes armés.  C’est ainsi qu’en mai et juin, les Ministres des affaires étrangères des trois pays se sont réunis à trois reprises à Bangui, pour l’approbation du projet de feuille de route conjointe pour la paix en RCA, qui définit les principales activités à développer. 

Enfin, le Président de l’Angola a plaidé pour la levée de l’embargo sur les armes, à l’heure où l’épicentre du terrorisme international s’est déplacé du Moyen-Orient vers l’Afrique, et face à la nouvelle menace que constituent pour les pays du Sahel les mercenaires et combattants étrangers chassés de Libye.  Il a argué que cela permettrait aux États de la région d’acquérir la capacité de se défendre contre les menaces contemporaines. 

M. FLAMEL ALAIN MOUANDA (République du Congo) s’est dit préoccupé par la situation en RCA, avant de rappeler l’engagement indéfectible du Président du Congo en faveur de ce pays dont il a lu une déclaration.  Il a ainsi demandé la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et plaidé pour une solution, dans le respect de la souveraineté de la RCA.  La première responsabilité dans la recherche d’un tel règlement incombe au Gouvernement centrafricain, a-t-il rappelé.  Il a souligné l’implication de la CEEAC dans le dossier centrafricain, avant de saluer la tenue des récents scrutins.  Il a noté la décision du Conseil de renforcer les effectifs de la MINUSCA, avant de souhaiter un soutien plus dynamique au Gouvernement centrafricain en vue de protéger la population et de préserver l’intégrité territoriale du pays.  Des mesures tenant compte de cette réalité doivent être prises afin de renforcer les capacités des forces centrafricaines qui sont entravées par l’embargo, a souhaité le représentant. Enfin, le délégué a appelé la communauté internationale à accompagner « plus franchement » le Président centrafricain. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la situation en RCA dépasse les scénarios les plus pessimistes imaginés  il y a quelques mois.   Il a insisté sur l’urgence à agir  pour mettre un terme aux violences qui, a-t-il indiqué, ciblent plus particulièrement les communautés musulmanes.  Il a également relevé que la République centrafricaine est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les personnels humanitaires et médicaux, avec plus de 220 incidents depuis le début de l’année. 

Le représentant a signalé que les groupes armés centrafricains ne sont plus la seule menace  pour la population centrafricaine.  Les rapports du panel d’experts et du Secrétaire général pointent la responsabilité d’un acteur nouveau, qui intervient aux côtés des forces armées centrafricaines et dont le statut interroge.  « Certains s’efforceront de nier la présence de la ‘ société Wagner ’. Dès lors, qui sont ces hommes impliqués dans les combats, à quel titre sont-ils présents en RCA et à qui répondent-ils de leurs actions? »,  s’est interrogé M. de Rivière, estimant important que la MINUSCA puisse dès que possible informer de façon plus détaillée de ce qui se passe sur le terrain.   En outre, il est impératif que les campagnes de dénigrement contre la MINUSCA et d’autres représentants de la communauté internationale cessent. 

Relevant que la dissémination d’armes fait partie du problème, le représentant a estimé que la levée complète de l’embargo ne saurait être la solution.  Il est évident, a-t-il souligné, que des évolutions du régime de sanctions devront s’inscrire dans une stratégie d’ensemble tenant compte des progrès politiques en République centrafricaine, des efforts régionaux et des avancées dans la réalisation des objectifs fixés par le Conseil en matière de contrôle des armements. 

Poursuivant, M. de Rivière a insisté sur la nécessité de la justice, et a salué, à cet égard, l’engagement du Président  Touadéra  à poursuivre les coupables des violences et les auteurs de menaces contre les Nations Unies ainsi que sa décision de créer une commission d’enquête sur les exactions commises en République centrafricaine.  Soulignant que seule la réconciliation apportera la paix, M. de Rivière a estimé que les efforts du Premier Ministre  Dondra  pour s’entretenir avec l’opposition politique dès sa nomination représentent un premier pas encourageant, qui, a-t-il espéré, sera suivi de la nomination d’un gouvernement inclusif  et d’une coopération harmonieuse avec les partenaires internationaux de la République centrafricaine.    

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a salué l’engagement de l’autorité centrafricaine à redynamiser le processus de paix, à assurer le développement socioéconomique et la mise en œuvre de l’accord politique.  Néanmoins, préoccupé par la fragilité de la sécurité qui affecte gravement les civils, il a exhorté toutes les parties à régler les différends par des moyens pacifiques, insistant sur l’importance d’une participation équitable des femmes et des jeunes à ce processus afin de parvenir à un dialogue politique inclusif. 

Le représentant s’est inquiété de la situation humanitaire « alarmante » qui prévaut dans le pays.  Notant que plus de la moitié de la population a besoin d’assistance, qu’un tiers est déplacé, et que 2,3 millions sont confrontés à l’insécurité alimentaire dont 630 000 en situation d’urgence, il a appelé à fournir une assistance supplémentaire au peuple centrafricain.  Il a également insisté sur l’obligation d’assurer un accès humanitaire sûr, sans entraves et durable. 

Le délégué a ensuite salué les efforts de la CIRGL et de la CEEAC pour régler la situation d’insécurité en République centrafricaine, ainsi que l’accord visant à établir une commission internationale pour clarifier l’incident frontalier entre le Tchad et la République centrafricaine. 

M. TAREK LADEB, (Tunisie), au nom des (A3+1, Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a indiqué que la tenue des élections a permis de préserver l’ordre constitutionnel en République centrafricaine, avant d’appeler à la finalisation de ce processus électoral avec la bonne tenue d’élections locales en 2022.  Il a fait état de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord politique qui est, selon lui, le seul cadre politique valide pour l’instauration de la paix. Il a néanmoins regretté les nombreuses violations de cet Accord par des groupes signataires, avant de dénoncer les attaques continues contre la population civile, les agents humanitaires et les Casques bleus.  Le délégué a fermement dénoncé les campagnes de désinformation visant la MINUSCA, ainsi que les entraves à l’exécution de son mandat. 

Le représentant a ensuite pris note de l’évaluation du Secrétaire général en ce qui concerne les progrès accomplis par les autorités centrafricaines pour remplir les critères clefs afférents à l’embargo sur les armes.  Remplir pleinement ces critères permettra de lever l’embargo, en prenant en compte l’évolution de la situation sur le terrain, a-t-il déclaré.  Le Conseil s’est d’ailleurs dit prêt à reconsidérer cet embargo au vu des progrès accomplis en ce qui concerne lesdits critères.  Le délégué a appelé les autorités centrafricaines à renforcer leurs efforts dans la lutte contre l’impunité, avant de demander un accès humanitaire sans entrave dans le pays.  Enfin, tout en rappelant son plein appui aux efforts du pays en vue de parvenir à la stabilité et au développement, M. Ladeb a indiqué que ces objectifs ne pourront être atteints que par une relance du processus de paix.  « Il n’y a pas d’autre alternative. »

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis), s’est inquiété du nombre croissant de rapports faisant état de violations des droits de l’homme et d’abus en RCA, en particulier ceux qui semblent viser les membres de la communauté musulmane.  M. Mills s’est également dit troublé par les informations continues selon lesquelles les Forces armées centrafricaines et les instructeurs russes commettent des violations du droit international humanitaire et de l’embargo sur les armes des Nations Unies. 

Dans son rapport, le Secrétaire général note une augmentation de 28% des incidents de violations et d’abus des droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire au cours des quatre derniers mois, a-t-il noté, y relevant aussi une mention de l’augmentation alarmante des abus commis par le personnel national et bilatéral.  Les individus qui commettent ce que beaucoup appellent maintenant des « atrocités » ne sont pas des acteurs indépendants – « ils opèrent dans le prolongement direct du Ministère russe de la Défense », a-t-il dénoncé. 

À cet égard, le représentant américain s’est dit profondément troublé par le fait qu’un membre de ce Conseil n’ait pas pris de mesures pour empêcher ses mercenaires d’entraver quotidiennement la liberté de mouvement de la MINUSCA.  « Nous condamnons l’incident effroyable » au cours duquel ces acteurs russes bilatéraux ont menacé le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la République centrafricaine et une délégation de l’ONU qui était en mission humanitaire à Bang le 28 mai.  Ces actions, qui mettent en danger la vie des personnes, interfèrent avec la capacité de la MINUSCA à mener ses opérations quotidiennes, a souligné le délégué.  Ces types d’abus sapent la stabilité et la sécurité en RCA, et ils menacent de faire dérailler la paix fragile que les Centrafricains s’efforcent de réaliser depuis 2013, a-t-il craint. 

C’est pourquoi, le représentant a appelé tous les États Membres à soutenir la MINUSCA et les Casques bleus.  Au Gouvernement de la RCA, il a rappelé qu’il est responsable de la sûreté et de la sécurité du personnel de l’ONU en poste dans le pays et du respect de l’accord sur le statut des forces.  Il lui a demandé de veiller à ce que tous les acteurs de la sécurité opérant sur son territoire respectent l’accord sur le statut des forces et l’autorité de la Mission.  Le Conseil doit parler d’une seule voix contre les abus et les actions qui déstabilisent la RCA et mettent en danger la vie des civils, a exhorté la délégation américaine.  

Le représentant a ensuite souligné les progrès réalisés par la MINUSCA dans son soutien à la RCA sur la voie de la paix et de la stabilité.  « Nous ne pouvons pas laisser les actions irresponsables et incontrôlées des mercenaires mettre en péril ces progrès », a répété M. Mills en plaidant pour la responsabilisation de ceux qui commettent des abus et des violations des droits de l’homme.  Pour finir, M. Mills a félicité le nouveau Premier Ministre de la RCA, Henri-Marie Dondra, soulignant la volonté des États-Unis de renforcer davantage leur partenariat bilatéral avec la RCA.  Il a dit espéré que le nouveau Gouvernement apporte une énergie renouvelée à la mise en œuvre complète de l’Accord de paix de 2019. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a salué la tenue de consultations nationales avec diverses parties prenantes afin d’alimenter un éventuel « dialogue républicain ». Il a regretté que la Coalition des patriotes pour le changement ait refusé d’y participer et l’a appelée à le faire, soulignant que la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix est la seule voie à suivre pour parvenir à la réconciliation nationale. 

Il s’est préoccupé de la poursuite de la violence en République centrafricaine et de l’augmentation des graves violations des droits humains, appelant en outre la communauté internationale à faire tout son possible pour répondre à la situation humanitaire dans le pays.  Le représentant a ensuite salué le déploiement des autorités locales dans les préfectures du pays ainsi que l’ouverture d’enquêtes sur les attaques contre la MINUSCA, entres autres.  Il s’est inquiété de l’augmentation des violations de l’accord sur le statut des forces et a exhorté les autorités centrafricaines, la MINUSCA et les troupes présentes dans le cadre d’accords bilatéraux à mieux se coordonner.  

Estimant que la République centrafricaine a une opportunité historique d’avancer vers une paix durable, le représentant de l’Inde a exhorté la communauté internationale, dont l’ONU, l’UA, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs à aider les parties prenantes à enterrer leurs divergences et travailler ensemble. 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a indiqué que la République centrafricaine fait face à un ensemble de défis complexes, tels qu’une situation politique et sécuritaire fragile, des groupes armés fomentant l’instabilité et de considérables besoins humanitaires.  « Il y a maintenant un nouveau facteur d’instabilité: les entreprises militaires russes privées agissant de concert avec les forces nationales armées pour entraver l’action de la MINUSCA et violer les droits des civils. »  Il a fustigé les violations croissantes de l’accord sur le statut des forces en ce qui concerne la MINUSCA.  « Cela est inacceptable et doit cesser immédiatement. »  Il a dénoncé les violations des droits commises par les groupes armées mais aussi par les forces nationales armées et les instructeurs russes qui les accompagnent.  Le délégué a encouragé le Président centrafricain à remédier à une telle impunité et à prendre des mesures concrètes pour enquêter sur ces violations et les prévenir.  « Dans le même temps, nous exprimons notre préoccupation devant les allégations supplémentaires d’abus et d’exploitation sexuels à l’encontre du personnel de la MINUSCA »  Le délégué a aussi appelé instamment les acteurs à respecter les principes de l’accès humanitaire, notamment la protection des travailleurs humanitaires.  Enfin, le représentant a exhorté les autorités centrafricaines à se montrer à la hauteur de leurs responsabilités et à trouver une solution durable à la crise actuelle. 

M. BING DAI (Chine) a salué les progrès du processus électoral en République centrafricaine, avant d’insister sur l’implication importante de la communauté internationale.  Il a demandé le plein respect du leadership centrafricain et plaidé pour l’apport d’une solution africaine à un défi africain.  Le représentant a ensuite appelé au respect de l’accord sur le statut des forces pour assurer la sécurité des Casques bleus de la MINUSCA.  Il a espéré que les conflits frontaliers seront résolus et que le renforcement des forces de sécurité sera possible pour que la République centrafricaine puisse assurer sa propre sécurité. Les critères pour la levée de l’embargo semblent remplis et le Conseil devrait entendre les appels des pays de la région pour ladite levée, a dit le délégué chinois.  Enfin, il a insisté sur l’importance du bien-être de la population centrafricaine et indiqué que son pays est prêt à y contribuer. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a regretté que certains groupes armés ne renoncent pas à leurs plans malveillants en République centrafricaine.  Elle s’est dite convaincue que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA du 6 février 2019 reste la base incontestée pour parvenir à une paix et une sécurité durables dans le pays.  La représentante russe a salué l’initiative du Président Touadéra de lancer un dialogue républicain en vue d’actualiser l’Accord politique sur la base de la feuille de route élaborée par Bangui.  Dans ce contexte, elle a jugé peu constructif le refus des opposants politiques de participer aux consultations préalables au dialogue, estimant qu’ils manquent une occasion unique de faire entendre leurs attentes. 

La représentante a salué les résultats du deuxième mini-sommet des pays membres de la CIRGL, qui a eu lieu le 20 avril à Luanda, au cours duquel la reprise des pourparlers de Khartoum a été discutée.  « Dans le même temps, nous pensons que toute initiative de médiation à l’initiative d’organisations sous-régionales doit être mise en œuvre avec le consentement et la participation du Gouvernement centrafricain », a-t-elle insisté.  Elle a aussi estimé que la MINUSCA doit être un élément important pour assurer la sécurité dans le pays, en tenant compte des fonctions attribuées aux Casques bleus, comme la lutte contre les groupes armés illégaux dans le cadre de la protection des civils, y compris les personnes déplacées, et la promotion de la réforme du secteur de la sécurité. 

De l’avis de la Russie, la MINUSCA ne peut se substituer aux efforts nationaux de réconciliation mais doit mettre l’accent sur le renforcement des capacités centrafricaines.  Dans ce contexte, la représentante russe a particulièrement fustigé le maintien de l’embargo sur les armes qu’elle a qualifié d’entrave au renforcement des capacités de la RCA.  C’est pourquoi, elle a appelé à la levée des restrictions imposées à Bangui.  Elle a aussi souhaité une coopération plus étroite entre la MINSUCA et Bangui et avec les partenaires bilatéraux. 

La déléguée a assuré que les forces russes sont présentent en RCA pour former les forces de maintien de l’ordre mais a affirmé qu’elles ne participent en aucun cas aux combats contre les groupes armés.  La représentante russe a particulièrement regretté une « propagande politique antirusse » qui cherche à discréditer la présence russe en RCA.  Illustrant son propos, elle a cité de nombreux liens Internet renvoyant à des articles anonymes faisant état de présence de mercenaires russes en RCA.  « Il n’y a aucune preuve à ces allégations », a dit la représentante avant d’inviter le représentant de la France, dont le pays a été victime d’une campagne de désinformation similaire, à commenter cette situation.  « Nos collègues américains voient des mercenaires russes partout », a-t-elle dit avant d’appeler à s’intéresser à ce qui se passe à Guantanamo et aux abus des droits de l’homme partout dans le monde où les forces américaines sont présentes.  Elle a souhaité que l’on s’intéresse plutôt à l’action des groupes armés illégaux et à leur capacité de nuisance.  Elle s’est dite persuadée qu’il est possible de trouver un terrain d’entente en RCA entre les pays qui souhaitent aider les pays africains à s’en sortir et qui sont souvent victimes de politiques néocoloniales de pays occidentaux.  La Fédération de Russie, a-t-elle fait valoir, a permis de déjouer un coup d’état en Centrafrique en octobre 2020. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique), a salué les efforts de médiation menée par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs en faveur des efforts de paix en République centrafricaine.  L’appui coordonné des organisations régionales pourrait sans doute donner une impulsion décisive au processus politique et contenir l’impact sur les pays voisins, a-t-elle relevé, évoquant l’incident survenu fin mai à la frontière avec le Tchad. 

La représentante a salué la proposition du Président Touadéra d’organiser un « dialogue républicain », se disant convaincue que la formation en cours d’un nouveau Gouvernement est l’occasion d’ouvrir des espaces pour les différents acteurs politiques et de revitaliser l’agenda des réformes, conformément à l’Accord politique pour la paix et la réconciliation.  Pour elle, l’instabilité politique à laquelle est confronté ce pays appelle un dialogue inclusif qui réponde aux griefs légitimes des communautés marginalisées et jette les bases d’une véritable réconciliation.  

Mme Buenrostro Massieu s’est inquiétée de l’augmentation significative des attaques contre la MINUSCA, ainsi que des violations de l’accord sur le statut des forces par les forces de sécurité nationales.  Elle a également dénoncé les attaques qui ciblent la population musulmane.  Ces actes constituent un recul sur la voie de la réconciliation et génèrent de nouveaux griefs qui compliquent les perspectives de paix durable, a-t-elle mis en garde.  Pour finir, Mme Buenrostro Massieu a salué la création de la Commission spéciale d’enquête sur les crimes graves et les violations des droits de l’homme qui auraient été commis par les forces nationales et les forces déployées dans le cadre d’accords bilatéraux. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a fait part de ses profondes préoccupations quant à l’augmentation des problèmes de protection et à la détérioration dramatique de la situation humanitaire dans le pays.  Le problème crucial, à ses yeux, est qu’une grande partie de cette crise humanitaire est d’origine humaine.  C’est pourquoi, elle a mis en avant trois éléments importants qui doivent changer pour soulager la souffrance de la population. 

D’abord, la violence contre les civils et les violations et les abus des droits de l’homme doivent cesser.  Et laissez-moi être clair, a-t-elle martelé: il s’agit d’un message adressé à toutes les parties au conflit, aussi bien les groupes armés qui doivent déposer leurs armes que les forces de défense nationales et leurs instructeurs étrangers qui portent également une lourde responsabilité.  La déléguée a cité, à cet égard, le Secrétaire général, qui dans son dernier rapport a indiqué que « les enquêtes de la MINUSCA ont révélé que la plupart des décès de civils lors des récents affrontements résultaient d’un usage indiscriminé, disproportionné et excessif de la force par les forces de défense nationale et le personnel de sécurité déployé de manière bilatérale et autre ».  Cela pour elle est inacceptable car l’armée nationale et ceux qui ont été invités à la soutenir doivent protéger la population - et non tuer, violer et piller. 

Deuxièmement, la forte augmentation récente du nombre et de la gravité des violations de l’accord sur le statut des forces par les forces de sécurité nationales -mais aussi par leurs instructeurs russes- est inadmissible, a-t-elle décrié.  La MINUSCA étant un instrument de ce Conseil, elle doit être autorisée à faire son travail et à mettre en œuvre son mandat de manière complète et indépendante, a-t-elle plaidé.  Enfin, la représentante a encouragé la reprise d’un dialogue politique inclusif, insistant sur la nécessité d’un accord de paix revigoré.  À cet égard, elle a applaudi l’annonce par le Président Touadéra du lancement imminent d’un « dialogue républicain ».  Elle a appelé à garantir la participation politique pleine, égale et significative des femmes.  Elle a aussi félicité les acteurs régionaux (UA, ONU, UE, CEEAC) pour leur engagement, et dit son appréciation du rôle moteur joué par le Président de l’Angola tout en exhortant le Gouvernement de la RCA à honorer les engagements en matière de dialogue et d’inclusion pris lors du deuxième mini-sommet organisé à Luanda en avril.  Pour conclure, Mme Juul a exprimé la profonde appréciation de la Norvège pour le travail accompli par la MINUSCA, dans des circonstances très difficiles.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), rappelant que l’Accord de Paix de 2019 a préparé le terrain à une solution pacifique pour les parties politiques de la RCA, a exhorté à l’appliquer en urgence et avec détermination.  À ses yeux, les préparatifs pour un « dialogue républicain » présentent une occasion unique de parvenir à un processus véritablement inclusif.  Elle a souhaité un processus qui comprenne toutes les parties prenantes, notamment les femmes, les jeunes et les parties de l’opposition.  Selon elle, le succès de l’ élection présidentielle et du premier tour des élections législatives a démontré la détermination des citoyens de la RCA.  Mme Byrne Nason a encouragé les autorités de saisir l’opportunité des futures élections locales pour faire en sorte que les femmes soient mieux représentées dans les assemblées élues.  « Tout effort doit être fait pour protéger ceux et celles qui exercent leur droit de voter », a-t-elle aussi insisté. 

Mme Byrne Nason a jugé important que les autorités s’adressent à l’opposition.  Elle a exhorté le Gouvernement de la RCA à enquêter systématiquement sur toutes les allégations de violations des droits humains et à poursuivre les auteurs de ces violations.  « Nous condamnons également les attaques continues contre les travailleurs humanitaires », a-t-elle dit avant de préciser que la situation humanitaire est à son pire niveau en cinq ans.  Elle a jugé « absolument vital » qu’un accès humanitaire sans entrave soit assuré par le Gouvernement et tous les acteurs armés opérant dans le pays pour venir en aide aux 2,3 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire en RCA. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a fermement condamné l’augmentation significative des violations et des abus des droits humains en République centrafricaine.  Il a notamment déploré l’usage excessif de la force commis par tous les auteurs, « y compris les groupes armés, les forces de défense et de sécurité nationales et leurs partenaires russes. »  Alors que les groupes armés continuent d’être responsables de la majorité de ces incidents, le nombre de violations des droits humains documentées commis par les Forces armées centrafricaines (FACA) et leurs partenaires a presque triplé.  L’usage excessif et indiscriminé de la force, sape gravement les tentatives d’établir la cohésion et la réconciliation nationales, a-t-il alerté.  

Le représentant a également condamné les menaces et incidents provoqués par les forces de sécurité nationales et de leurs partenaires à l’encontre de la MINUSCA et du personnel de l’ONU.  Ces actions violent les résolutions du Conseil de sécurité et les engagements pris dans le cadre de l’accord sur le statut des forces.  Elles empêchent inutilement la MINUSCA de protéger les civils et font obstacle à l’aide humanitaire à un moment où la sécurité alimentaire de la population de la République centrafricaine est la pire qu’elle n’ait jamais été. 

Ces deux développements, a-t-il estimé, posent de grands défis au nouveau Gouvernement de la République centrafricaine, sapant son autorité et les perspectives de paix dans le pays.  M. Jürgenson s’est ensuite joint à l’appel à la revitalisation rapide de la réconciliation et du dialogue politiques et fait part de son appui à la participation pleine, égale et significative des femmes à ces processus. 

M. MARCIEN AUBIN KPATAMANGO (République centrafricaine) a mentionné, sur le plan politique, l’échec de la tentative de déstabilisation par la rébellion de la Coalition Pour le changement (CPC).  Il a souligné que ces quatre derniers mois ont confirmé la stabilité institutionnelle, avec notamment l’investiture du Président de la République, le 30 mars 2021, pour une seconde mandature.  Il a rappelé les priorités fixées pour ce second mandat: la bonne gouvernance, les droits humains, le développement, la prospérité et la sécurisation du pays, de sa population et de son territoire par la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation.  Le Président a aussi initié un dialogue républicain afin d’impliquer tous les citoyens dans la reconstruction du pays et de tourner la page sur des années de barbaries, de violences et violations des droits humains, a fait valoir le représentant.  « Nous devons faire aujourd’hui des choix justes et en cohérence avec les valeurs défendues, afin d’impacter positivement l’avenir ou encore corriger ou améliorer nos errements. » 

Sur le plan sécuritaire, le délégué a rappelé que l’objectif commun est celui d’un retour à la paix durable et à la stabilité.  « Nous devons rester fermes dans nos idéaux, ceux qui d’ailleurs ont vu naître la Charte de notre Organisation. »  C’est fort de cette Charte que la RCA, en 2013, avec l’invasion de la République centrafricaine par la Seleka en 2012 et, en 2013, « la riposte des anti-balaka qui a fait croire à tort que cette grosse crise était confessionnelle », la RCA s’est tournée naturellement vers la communauté internationale à travers son partenaire historique, la France, pour obtenir une intervention des forces onusiennes.  Cette intervention avait pour but, a expliqué le délégué, de sécuriser les civils et d’éviter un carnage qui n’était « rien d’autres qu’une volonté de génocide de la population centrafricaine », quel qu’elle soit, musulmane, chrétienne ou animiste.  Il a indiqué que les derniers scrutins se sont déroulés sans effusion de sang.  « Nous devons réaliser que nous avons évité de voir se perpétrer, encore en Centrafrique, un désastre humain. » 

Il a affirmé que les allégations formulées envers les forces armées centrafricaines et alliés ne peuvent rester sans réaction, de mêmes que celles concernant les forces onusiennes.  Une Commission d’enquête nationale a été mise sur pied et œuvre pour que justice soit rendue, a-t-il dit.  Il a indiqué que son pays a subi une agression par les groupes armés et mercenaires de la CPC.  Il a aussi rappelé que son pays a demandé en début d’année à ce Conseil la mise en place d’une Commission d’enquête internationale, « afin que soit mise en lumière les protagonistes des complots, agressions et entreprises de déstabilisation de la République Centrafricaine ».  Cette demande pourtant légitime et indispensable n’avait pas retenu l’attention du Conseil, a-t-il regretté, en assurant qu’aucun crime ne restera impuni.  

Le délégué a ensuite abordé la question de la présence des instructeurs russes dans son pays, en rappelant que c’est le Conseil qui a autorisé la livraison d’armes de la Fédération de Russie avec mise à disposition d’instructeurs.  « Chaque État Membre ici présent a été informé pour avoir pris part aux discussions. »  Enfin, le représentant a estimé que l’embargo est un réel handicap, parce qu’il favorise les velléités des ennemis de la paix et impose à la RCA de devoir solliciter les appuis extérieurs nécessaires pour combler ses défaillances.  « Aucun État n’a construit une armée sous tutelle de sanctions sur ces forces gouvernementales. »  Le peuple centrafricain sollicite que sa dignité lui soit rendue à travers la levée de l’embargo, lequel le laisse à la merci de mercenaires que seul le sang anime, a conclu le représentant. 

Mme AMMO AZIZA BAROUD (Tchad) a rappelé que le Tchad et la République centrafricaine sont des pays voisins ayant en commun une frontière longue de plus de 1 900 km et partageant une communauté de destin, forgée au fil du temps par la géographie, l’histoire et les liens multiséculaires existant entre les populations de deux cotés des frontières.  « C’est pourquoi, le Tchad a apporté son appui constant à tous les efforts sous-régionaux, régionaux et internationaux visant à ramener la paix et la réconciliation en RCA, et continuera, aux côtés de la communauté internationale, à plaider et œuvrer en faveur de la résolution pacifique de la crise centrafricaine, à travers le dialogue inclusif. »  Le représentant a regretté que depuis la reprise des violences en RCA, à la veille de l’élection présidentielle de décembre dernier, la dynamique de paix créée par l’Accord de paix et réconciliation nationale de 2019 ait été rompue.  Il s’est inquiété que les derniers développements de la situation en RCA, marqués par des violations des droits de l’homme et des exactions commises par des mercenaires étrangers sur des personnes civiles, fassent courir le risque d’une exacerbation de la violence, avec toutes les conséquences humanitaires, sociales et sécuritaires que cela comporte pour la RCA et les pays voisins. 

Mme Baroud a rappelé que le poste avancé de Sourou, en territoire tchadien, a été attaqué le 30 mai dernier par les Forces armées centrafricaines et des mercenaires étrangers qui les accompagnaient.  « Six soldats tchadiens sont morts, dont 5 ont été faits prisonniers et ensuite froidement exécutés en territoire centrafricain », a-t-elle déploré avant d’ajouter que cette attaque à l’intérieur du territoire tchadien est la preuve incontestable que la situation en RCA constitue une grave menace pour la stabilité de toute la région.  Cette attaque meurtrière, « dont les autorités centrafricaines se disent surprises », est révélatrice de la position dominante des mercenaires étrangers dans la conduite des opérations militaires et le contrôle du pays, selon la représentante.  « Malgré cette agression contre son territoire, le Gouvernement tchadien a fait preuve de retenue pour donner la chance au dialogue », a-t-elle fait valoir avant de préciser que c’est dans ce cadre qu’une délégation centrafricaine a été reçue à N'Djamena, comprenant les Ministres des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité publique.  « À l’issue des discussions entre les deux gouvernements, il a été décidé de la mise en place d’une équipe d’enquête internationale impartiale constituée d’experts des Nations Unies, de l’Union africaine et de la CEEAC pour élucider les faits et situer les responsabilités. » 

Pour la représentante, cette attaque meurtrière contre le territoire tchadien démontre l’influence des mercenaires étrangers en RCA, dont le rôle grandissant risque d’annihiler les fruits de plusieurs années d’efforts, et de ramener l’Afrique en arrière en la replongeant dans de nouveaux cycles de violences dévastatrices.  C’est pourquoi, elle a appelé la communauté internationale, notamment l’ONU et l’UA, à veiller à ce que les acquis de la paix et de la stabilité en Afrique soient préservés et renforcés.  Notant que le dernier rapport du Secrétaire général sur la RCA en date du 16 juin 2021 fait état d’attaques récurrentes contre la MINUSCA, qui mettent en péril la vie des Casques bleus, la représentante a appelé les auteurs de ces attaques à y mettre fin.  Elle a réitéré tout son soutien à la MINUSCA et prié le Conseil de sécurité de lui accorder tous les moyens requis pour la réussite de son mandat.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale réitère à une majorité écrasante son opposition à l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba depuis près de 60 ans

Soixante-quinzième session,
85e & 86e séances - matin & après-midi
AG/12341

L’Assemblée générale réitère à une majorité écrasante son opposition à l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba depuis près de 60 ans

L’Assemblée générale a une nouvelle fois rejeté, aujourd’hui, à une écrasante majorité, l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis depuis près de six décennies, soulignant la nécessité d’y mettre fin dans les plus brefs délais.  Adoptée par 184 voix pour, l’opposition des États-Unis et d’Israël, et les abstentions du Brésil, de la Colombie et de l’Ukraine, la résolution* s’ajoute aux 29 autres adoptées depuis 1992.

Par ce texte*, l’Assemblée générale exhorte tous les États à s’abstenir d’adopter ou d’appliquer des lois et mesures telles que la loi américaine « Helms-Burton », adoptée le 12 mars 1996, dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres États et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes relevant de leur juridiction ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation.  Elle demande instamment aux États qui continuent d’appliquer des lois ou mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou les annuler dès que possible.  

L’Assemblée générale se déclare également préoccupée par le fait que, depuis l’adoption de ses précédentes résolutions, le blocus imposé à Cuba est toujours en vigueur.  Une préoccupation évidemment partagée par Cuba, qui, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, a rappelé que le Gouvernement des États-Unis a délibérément intensifié son blocus, en allant jusqu’à utiliser la pandémie de COVID-19 comme un « allié dans sa guerre non conventionnelle impitoyable ».  

 M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla a jugé « paradoxal » que le Gouvernement américain actuel maintienne l’embargo alors que le programme de campagne du Parti démocrate promettait aux électeurs de revenir rapidement sur les mesures prises par l’Administration du Président Donald Trump, en particulier la suppression des restrictions sur les voyages à Cuba, les envois de fonds et le respect des accords migratoires bilatéraux, y compris les visas.  

« Que vont penser ceux qui ont voté pour le Président Joseph Biden de ce qui se passe », s’est-il interrogé, avant de souligner les dégâts humains « incalculables » de cette « politique inhumaine ». Il a ajouté que, dans le domaine de la santé, Cuba ne peut se procurer les équipements, technologies, traitements et médicaments adaptés auprès d’entreprises américaines et ne peut les obtenir qu’à des prix exorbitants. 

Dans ce contexte, a poursuivi le Chef de la diplomatie cubaine, il est remarquable qu’une « petite île bloquée » ait su répondre aussi efficacement à la crise sanitaire et produire cinq candidats vaccins, dont une dose au moins a déjà été administrée à plus de 2,2 millions de Cubains.  De même, le Ministre a vanté l’envoi par son pays de 57 brigades spécialisées dans 40 pays ou territoires, lesquelles ont rejoint plus de 28 000 professionnels de la santé déjà déployés dans 59 nations, et ce, malgré la campagne « calomnieuse » des États-Unis contre sa coopération médicale. 

Pour M. Rodríguez Parrilla, ce blocus est une « violation massive, flagrante et systématique des droits humains de tout le peuple cubain ».  C’est aussi une guerre économique de portée extraterritoriale qui est menée contre un « petit pays », a-t-il martelé, y voyant « un acte à motivation politique », le but étant de produire une instabilité politique et sociale dans le contexte des difficultés économiques que le Gouvernement des États-Unis provoque lui-même. 

Comme avec les autres États Membres, « nous déterminons la conduite de nos relations économiques, conformément à nos intérêts », lui ont répondu les États-Unis, avant de voter contre la résolution, comme chaque année à l’exception de 2016, année où ils s’étaient abstenus.  Les sanctions, ont-ils fait valoir, font partie des efforts déployés pour « faire avancer Cuba vers la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’exercice des libertés fondamentales consacrées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ». 

Les États-Unis ont rappelé qu’ils sont devenus un fournisseur important d’aide humanitaire et le principal partenaire commercial de Cuba, des exportations à hauteur de plusieurs milliards de dollars étant désormais autorisés vers l’île.  En votant contre la résolution, ont-ils ajouté, « nous encourageons l’Assemblée à appuyer le peuple cubain dans sa quête pour déterminer son propre avenir ».

Cette position a été déplorée par l’Union européenne qui a estimé au contraire que la levée de l’embargo pourrait faciliter l’ouverture économique de Cuba.  Tout en appelant cette dernière à accorder une plus grande place à sa société civile, elle a reconnu ses efforts dans le domaine des droits humains.  Rejetant l’activation en 2019 des chapitres 3 et 4 de la loi « Helms-Burton », l’Union européenne a annoncé son intention de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour se prémunir de ces mesures et protéger ses ressortissants qui travaillent à Cuba.

Les mesures extraterritoriales, associées au blocus, constituent un obstacle majeur au développement des relations avec Cuba, a abondé Haïti, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui s’est dite attachée à la « normalisation » pour mettre fin au climat d’hostilité qui menace la paix et la sécurité régionales et « rétablir l’harmonie entre tous les peuples des Amériques ». 

À l’heure actuelle, plus de 190 pays entretiennent des liens avec Cuba, alors que les États-Unis font « cavalier seul », a relevé l’Azerbaïdjan, au nom du Mouvement des pays non alignés, dénonçant au passage l’inscription de Cuba sur la liste des parrains du terrorisme.  

L’Assemblée générale tiendra une autre séance publique vendredi 25 juin à partir de 10 heures pour se prononcer sur plusieurs projets de résolution liés au Conseil économique et social (ECOSOC).

*A/75/L.97

NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ( A/75/81A/75/81/Add.1)

Déclarations

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) a rappelé que, lors de la trente-quatrième session de l’Assemblée de ses dirigeants, l’Union africaine a une nouvelle fois appelé à la levée de l’embargo économique, commercial et financier contre Cuba.  À cette aune, a-t-elle indiqué, le Groupe réitère sa position selon laquelle ces sanctions unilatérales et la loi Helms-Burton constituent un obstacle important à la mise en œuvre par Cuba du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Malgré ces sanctions, Cuba a apporté une contribution positive à l’Afrique en tant que membre responsable de la communauté internationale, a relevé la représentante, avant de réaffirmer le ferme appui du Groupe à la résolution annuelle sur la levée de l’embargo.  Tout en maintenant notre solidarité avec Cuba, a-t-elle conclu, nous appelons le Gouvernement des États-Unis à nouer des relations plus positives avec ce pays et à lever ce blocus qui n’a que trop duré. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. ALY DIANE (Guinée) a déploré que le blocus socioéconomique, financier et politique en place depuis près de 60 ans par les États-Unis contre Cuba soit toujours appliqué et même renforcé.  Il a salué les mesures prises par le Gouvernement américain entre 2015 et 2016, certes insuffisantes, mais qui avançaient dans la bonne direction.  En conséquence, le représentant a critiqué le renforcement de l’embargo par l’Administration précédente, comme un obstacle majeur à l’amélioration des relations entre les deux pays.  Il a rejeté la portée extraterritoriale de la loi Helms-Burton, appelant chaque État à respecter les principes de souveraineté, de non-ingérence dans les affaires intérieures et d’indépendance.  Le blocus de Cuba doit être abrogé sur le champ, a martelé le représentant.  Il a estimé que cet embargo a sapé les réformes entreprises par Cuba et compromet gravement son développement socioéconomique, dont la mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant a conclu en estimant que la résolution est un appel urgent et indispensable.  Il a invité la communauté internationale à redoubler d’efforts pour la levée de l’embargo, au nom du développement de Cuba. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a dénoncé le blocus américain contre Cuba, comme contraire à la Charte des Nations Unies et au droit de Cuba d’interagir avec le reste de la communauté internationale.  Ces quatre dernières années, a dit le représentant, le blocus a été encore plus agressif, y compris pendant la pandémie de COVID-19 où les transactions financières de Cuba ont été particulièrement affectées.  Cet embargo, a insisté le représentant, est le principal obstacle aux échanges scientifiques et technologiques entre Cuba et le reste du monde.  Il va en outre à l’encontre de la volonté de Cuba de réaliser le développement durable.  Nous rejetons également, a tranché le représentant, la politisation de la lutte contre le terrorisme et l’idée selon laquelle Cuba soutiendrait le terrorisme international.  À l’heure actuelle, plus de 190 pays entretiennent des liens avec Cuba, alors que les États-Unis font « cavalier seul », a souligné le représentant.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a rappelé que c’est la sixième année que l’ASEAN fait une déclaration à l’Assemblée générale pour appeler à la levée dans les plus brefs délais de l’embargo des États-Unis contre Cuba.  Elle a réitéré le soutien de l’ASEAN à cette résolution, de même que son attachement aux buts et principes de la Charte de l’ONU.  Convaincue que les différends entre les États devraient être résolus sur la base de l’égalité souveraine, de la non-ingérence et de la non-intervention, l’ASEAN n’est pas favorable à l’imposition unilatérale de mesures économiques, commerciales et financières, a-t-elle souligné, avant de noter que six ans se sont écoulés depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba en 2015. 

Malgré cette étape importante vers la normalisation, a-t-elle relevé, l’embargo économique, commercial et financier continue d’affecter de nombreux secteurs de la société cubaine, notamment en limitant sa faculté de se procurer du matériel de préparation et de riposte à la pandémie de COVID-19.  Jugeant que la fin de cet embargo contribuerait de manière significative à l’amélioration de la qualité de vie des Cubains et au développement économique et social de leur pays, la représentante a encouragé les États-Unis et Cuba à renouveler leur engagement en faveur d’un dialogue ouvert et constructif. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a rappelé que depuis 30 ans, l’Assemblée générale est saisie de la question du blocus imposé à Cuba par les États-Unis, un acte considéré comme arbitraire et contraire au droit international aux conséquences désastreuses.  La CARICOM, a dit le représentant, déplore vivement le maintien de ce blocus et tient à réitérer, comme elle l’a toujours fait, sa préoccupation constante face à l’impact négatif important que ces mesures ont sur le développement socioéconomique de Cuba et le bien-être général du peuple cubain.  Nous réaffirmons notre ferme appui à la levée de cet embargo de 60 ans, a poursuivi le représentant, avant d’insister sur les principes de l’égalité souveraine des États, de la non-intervention dans les affaires relevant de la juridiction nationale des États, du droit des peuples à l’autodétermination, du règlement pacifique des différends et du maintien de relations amicales entre les États. 

Le représentant a aussi insisté sur les relations étroites que la CARICOM continue d’entretenir avec Cuba, des liens qui ont été renouvelés lors du septième Sommet CARICOM-Cuba, en décembre 2020.  Malheureusement, les mesures de portée extraterritoriale associées au blocus constituent un obstacle à ces relations.  Le représentant a donc appelé à la fin immédiate et inconditionnelle de ce blocus et rejeté l’application de lois et de mesures extraterritoriales, telles que la loi Helms-Burton.  La levée de l’embargo, a-t-il martelé, est une condition préalable à tout rapprochement significatif entre les États-Unis et Cuba, et la CARICOM continuera de plaider en faveur de la normalisation pour mettre fin au climat d’hostilité qui menace la paix et la sécurité régionales et rétablir l’harmonie qui doit exister entre tous les peuples des Amériques. 

Alors que la pandémie de coronavirus continue de causer des pertes en vies humaines et des dommages considérables aux économies de nos pays, nous devons, a conclu le représentant, reconnaître la solidarité, la coopération et l’assistance médicale fournies aux États membres de la CARICOM et à d’autres pays par le Gouvernement cubain.  Malgré le blocus, Cuba a déployé des brigades médicales pour renforcer les équipes nationales.  La levée du blocus améliorerait les perspectives de paix, de coopération et de développement dans la région et satisferait les souhaits de longue date et éminents de nos peuples, a ajouté le représentant. 

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. ABDOU ABARRY (Niger) a relevé que l’embargo contre Cuba l’empêche d’appliquer les solutions à la pandémie de COVID-19.  Cet embargo est un obstacle au développement durable et c’est pourquoi les membres de l’OCI soutiennent le projet de résolution présenté aujourd’hui et appellent les autres États à voter en sa faveur, comme ils l’ont d’ailleurs toujours fait. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a estimé à son tour que l’embargo contre Cuba est « le système de sanctions unilatérales le plus injuste et le plus long jamais imposé à un pays dans l’histoire de notre monde moderne ».  Le Viet Nam, a souligné le représentant, s’est toujours opposé à toute mesure coercitive unilatérale à l’encontre d’un État souverain et l’embargo contre Cuba constitue un obstacle sérieux aux efforts du peuple et du Gouvernement cubains visant à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a également rappelé que son pays, qui a lui aussi connu « la terrible souffrance d’un embargo commercial », a depuis établi un partenariat global avec les États-Unis.  Pour lui, « seuls un dialogue et un engagement constructifs peuvent favoriser la confiance mutuelle et apporter des changements ». 

En votant à nouveau en faveur du projet de résolution annuel sur l’embargo cubain, a indiqué le délégué, le Viet Nam se joint à la communauté internationale pour appeler les États-Unis à mettre fin à cette mesure unilatérale afin que Cuba puisse être libre de participer équitablement aux relations économiques et commerciales, conformément au droit international.  Ce faisant, il a exhorté le Gouvernement des États-Unis à inverser la tendance actuelle de sa politique à l’égard de Cuba.  Il a salué dans le même temps la volonté de Cuba de poursuivre un dialogue respectueux et une coopération sur des sujets d’intérêt commun avec les États-Unis, sur la base de l’égalité, de la réciprocité et du respect de la souveraineté nationale et de l’indépendance.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que le blocus américain contre Cuba est illégal et foule au pied le droit international, avec pour objectif ultime de renverser un gouvernement.  Il s’agit, a tranché le représentant, d’une véritable ingérence dans les affaires intérieures d’un autre État.  Pendant que Cuba ripostait à la COVID-19, Washington prenait des mesures « inhumaines », a dénoncé le représentant qui a chiffré les pertes colossales dues à l’embargo à 144 milliards de dollars.  Les États-Unis, a-t-il accusé, ont même renforcé leurs mesures en inscrivant Cuba sur la liste des parrains du terrorisme.  « C’est une absurdité », a décrété le représentant qui en a profité pour dénoncer le dénigrement des médecins cubains dépêchés à l’étranger pour contribuer à la lutte contre la pandémie.  Il a salué l’annonce qu’ont faite les scientifiques cubains sur l’efficacité du vaccin qu’ils ont élaboré.  Regrettant de ne voir à ce jour aucun changement dans la politique américaine et de continuer d’entendre des déclarations qui ne se matérialisent jamais, le représentant a espéré que l’Administration américaine fera preuve de bon sens.  En attendant, il a appelé tous les États Membres à afficher leur solidarité au peuple cubain en se prononçant pour la levée du blocus.

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a qualifié de « criminel » le blocus contre Cuba, parce que le seul but est de « châtier » le peuple cubain.  Malgré ces mesures coercitives unilatérales, Cuba a renouvelé sa solidarité avec la communauté internationale, en envoyant des équipes médicales dans plus de 35 pays pour combattre la COVID-19, alors que dans le même temps, les fonctionnaires américains faisaient tout pour extorquer les fonds des États.  Le représentant a salué le vaccin Abdala contre la COVID-19 développé par Cuba, le félicitant d’avoir engrangé « des victoires » malgré le blocus.  Le représentant a souligné que son pays, qui célèbre le bicentenaire de sa révolution, poursuit sa lutte pour son droit à l’autodétermination face à une coalition internationale conduite par les États-Unis pour le « recoloniser ».  Il a appelé tous les États à voter en faveur du projet de résolution.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a jugé que toute mesure unilatérale, de nature économique ou financière, conçue comme un moyen de pression politique pour obtenir des changements dans les décisions d’un autre État, viole les principes de la Charte des Nations Unies et menace la paix et la stabilité internationales.  À cette aune, le Mexique condamne catégoriquement, comme il l’a toujours fait, le blocus économique, commercial et financier imposé depuis plus de cinq décennies à Cuba, a indiqué le représentant, selon lequel il est d’autant plus urgent de lever cette mesure unilatérale que le monde est confronté à la pandémie de COVID-19. À ses yeux, la levée de l’embargo contribuerait non seulement à l’amélioration de la situation économique difficile du peuple cubain mais aussi à celle de l’environnement régional.  Exhortant la communauté internationale à faire preuve de solidarité et à promouvoir le bien-être, la croissance économique et le développement durable de toutes les nations, « sans exception », il a réitéré en conclusion l’engagement de son pays à défendre les institutions multilatérales, les principes de la Charte des Nations Unies et la primauté du droit international. 

Réaffirmant sa solidarité avec Cuba, M. SOFIANE MIMOUNI (Algérie) a demandé la levée de l’embargo surtout dans le contexte actuel de lutte contre la COVID-19.  Les sanctions exacerbent les souffrances du peuple cubain et nuisent au développement économique, en particulier la mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant a jugé important de relancer l’élan, vu il y a quelques années, de faire respecter les principes de la Charte des Nations Unies et de trouver de nouveaux moyens d’améliorer les relations entre les États-Unis et Cuba, sans oublier tous les pays de la région.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) s’est dite pleinement solidaire de « la nation sœur des Caraïbes » et a réitéré son soutien sans équivoque à la résolution présentée aujourd’hui dont le message « sans ambiguïté » ne signale pas seulement que la communauté internationale rejette une politique archaïque mais traduit aussi la ferme adhésion de la majorité aux principes « sacro-saints » du droit international, inscrits dans la Charte des Nations Unies.  Pour la représentante, le blocus contre « l’indomptable » peuple cubain était « injustifiable, illégal et illégitime » quand il a été décrété et cela reste vrai, six décennies plus tard.  

Le Président Barack Obama l’avait reconnu et pris la décision « courageuse et historique » d’y mettre fin, mais au cours de ces quatre dernières années, des efforts ont été déployés pour saper et inverser les progrès significatifs réalisés sous l’Administration Obama.  Selon Mme King, il ne s’agit pas simplement d’une question bilatérale entre Cuba et les États-Unis.  Par son caractère extraterritorial, l’embargo viole les droits souverains de nombreux autres États.  Elle a appelé le Président Joe Biden à revenir à la décision « audacieuse » du Président Obama de normaliser les relations avec Cuba.  Insistant à son tour sur la solidarité de ce pays avec d’autres nations pendant la pandémie de COVID-19, elle a salué les vaccins cubains Soberana et Abdala et plaidé « de toutes ses forces » pour la levée du blocus.  

M. ZHANG JUN (Chine) a souligné la nécessité pour tous les pays d’unir leurs forces pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et permettre le relèvement des économies.  Il a cependant noté qu’en cette période de crise mondiale, certaines puissances occidentales continuent de recourir à des mesures coercitives unilatérales au mépris du droit international, ce qui sape les relations entre les pays.  Tout en jugeant que tous les pays ont le droit d’utiliser des contre-mesures afin de préserver leurs droits et intérêts légitimes, le représentant s’est félicité de ce que l’Assemblée générale adopte depuis maintenant 28 ans une résolution annuelle sur la nécessité de lever l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.  Il s’agit d’un appel juste de la communauté internationale, a-t-il insisté, avant de constater que la politique menée par les États-Unis ne cadre pas avec les objectifs de développement, bafoue le consensus mondial sur le Programme 2030 et mine les droits fondamentaux des pays. 

De plus, a-t-il dit, il est regrettable que cet embargo, au lieu d’être levé, ait été renforcé, ce qui va à l’encontre des principes de l’ONU et des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Ce faisant, les États-Unis restreignent l’accès de fournitures médicales essentielles, tout en compromettant les efforts déployés par Cuba pour parvenir au développement durable, notamment dans sa lutte contre la pauvreté.  Le délégué a rappelé à cet égard que son pays et Cuba entretiennent des relations amicales et ont développé une coopération constructive.  C’est ainsi, a-t-il noté, qu’après l’apparition de la pandémie, des entreprises et associations caritatives chinoises ont aidé Cuba à faire face aux effets de cette crise sanitaire.  Pour le représentant, « le dialogue sur un pied d’égalité est le meilleur moyen d’avancer ».  Il importe donc, selon lui, que États-Unis lèvent sans tarder cet embargo et nouent des relations avec tous les États Membres.  « Cela irait dans l’intérêt des peuples américain et cubain », a-t-il conclu, se disant convaincu que cette résolution sera une nouvelle fois adoptée à une majorité écrasante.    

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a attiré l’attention sur les « dégâts irréparables » d’un embargo « injustifiable » qui étouffe la croissance socioéconomique et le potentiel du peuple cubain.  Cette injustice est encore plus criante dans le contexte de l’impact sanitaire et socioéconomique de la pandémie de COVID-19.  Mais en dépit de ces difficultés, Cuba contribue de façon « remarquable » à la lutte contre la pandémie par le déploiement de ses équipements médicaux et de ses médecins à l’étranger.  La poursuite du blocus « illégal » et sa portée extraterritoriale, consacrée par la loi Helms-Burton, réduisent considérablement le potentiel de Cuba, a dénoncé la représentant qui a aussi rejeté la désignation de Cuba comme parrain du terrorisme.  Elle a salué la « grande résilience » du peuple cubain, ajoutant qu’on ne peut qu’imaginer ce que ce petit pays serait capable d’accomplir si son véritable potentiel était réalisé.  

Mon pays, a poursuivi la représentante, exprime « son appui inébranlable » à la lutte légitime du peuple cubain pour la liberté de se développer, de prospérer et d’offrir à son peuple une vie d’espoir et de dignité.  Elle a demandé à la nouvelle Administration américaine de revoir d’urgence sa politique à l’égard de Cuba et de desserrer le joug qu’elle a placé « autour du cou de Cuba », une relique « honteuse » des décennies passées.  La représentante a affirmé sa position de principe qui est d’appuyer la résolution et a demandé à tous les États Membres, qui croient aux droits de l’homme, de se joindre à cette cause et à ouvrir un nouveau chapitre d’espoir et de prospérité pour Cuba et son peuple. 

M. GLENTIS THOMAS (Antigua-et-Barbuda) a salué les missions médicales que Cuba a déployé dans le monde, au plus fort de la pandémie de COVID-19, tout en mettant au point ses propres vaccins.  Il a félicité le peuple cubain pour sa “ténacité”, avant de réclamer la fin du blocus et d’inviter “les amis” américains et cubains à revenir à la table des négociations et à aplanir leurs divergences.  

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a noté que c’est la vingt-neuvième année que son pays soutient le projet de résolution.  C’est aussi la dix-neuvième année que les États membres de l’ASEAN votent collectivement et à l’unanimité pour la levée de l’embargo contre Cuba, a-t-il indiqué, avant de rappeler que le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba en 2015 avait marqué un moment décisif dans les relations internationales.  Pourtant, a déploré le représentant, le caractère extraterritorial du blocus continue de s’intensifier, exacerbé par la décision des États-Unis d’inclure Cuba dans la liste des États parrains du terrorisme.  Rapportés aux cours actuels, les dégâts causés à l’économie cubaine pendant près de six décennies ont atteint plus de 147,8 milliards de dollars, a-t-il dénoncé, jugeant que ce blocus constitue un obstacle majeur au développement socioéconomique de Cuba et l’empêche de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À ses yeux, cette mesure unilatérale viole le droit international et est contraire aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Les États-Unis doivent donc lever leur embargo de manière unilatérale, inconditionnelle, « une fois pour toutes », a-t-il plaidé, réitérant le « soutien indéfectible » des Philippines à Cuba et à son peuple.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a estimé que le blocus américain foule au pied le droit international et la Charte des Nations Unies, tout en freinant le développement de Cuba.  Comme elle l’a fait depuis des décennies, la Namibie, a dit le représentant, réitère son soutien au peuple cubain.  Il a déploré le fait que les États-Unis aient inscrit Cuba sur la liste des parrains du terrorisme et décrié les blocages qui ont eu un impact sur la faculté des pays sanctionnés à s’approvisionner en équipements et en médicaments essentiels pendant la pandémie.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a constaté que l’embargo imposé à Cuba depuis des décennies constitue un obstacle au développement de ce pays. Ces mesures coercitives unilatérales ont miné la capacité de Cuba à se préparer et à répondre qualitativement et quantitativement à la pandémie de COVID-19, a relevé le représentant, dénonçant l’accès limité aux fournitures médicales destinées à la lutte contre le virus. Soulignant l’importance de défendre le multilatéralisme ainsi que les buts et principes de la Charte de l’ONU, il a également appelé au respect des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. Selon lui, l’adoption de ces textes à une majorité écrasante démontre que l’embargo imposé à Cuba depuis plus de cinq décennies « n’empêchera jamais la communauté internationale de réclamer la levée de ces mesures qui vont à l’encontre du droit international ». Il a donc demandé la levée immédiate de cet embargo pour permettre au peuple cubain de s’associer aux efforts internationaux pour la réalisation des objectifs de développement durable.

M. MAYANK SINGH (Inde) a estimé que le maintien de l’embargo, alors que l’opinion internationale, exprimée par les résolutions de l’Assemblée générale, y est opposé, démontre qu’il est contraire au droit international.  Cet embargo empêche la pleine jouissance de Cuba de ses droits, y compris le droit au développement.  Par son effet extraterritorial, le blocus a un grave impact sur les relations de Cuba avec les autres nations.  Le représentant a dit que la communauté internationale doit promouvoir un environnement sans sanction ni embargo, et c’est pour cette raison, a-t-il conclu, que l’Inde appuie la résolution. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a réitéré sa ferme opposition aux mesures coercitives unilatérales imposées par des États tiers.  Le fait que l’Assemble générale discute de la question de l’embargo contre Cuba est d’une importance majeure, puisque le Gouvernement des États-Unis poursuit sa politique de « châtiment collectif » contre quiconque veut prendre en main son destin.  Le blocus est une violation flagrante du droit international et l’inclusion des médicaments et des denrées alimentaires dans ledit blocus est une violation du droit international humanitaire.  C’est même « un acte de génocide et une déclaration de guerre », s’est emporté le représentant qui a appelé l’Assemble générale à veiller à la mise en œuvre de ses propres résolutions.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a commencé par accuser le Gouvernement des États-Unis d’avoir « adopté » le virus de la COVID-19 comme un « allié dans sa guerre non conventionnelle impitoyable » contre son pays.  Les États-Unis ont en effet délibérément intensifié leur blocus économique, commercial et financier, causant des pertes record d’environ 5 milliards de dollars, a-t-il relevé, rappelant que le Président Donald Trump a appliqué 243 mesures coercitives unilatérales pour restreindre le nombre des voyageurs américains, nuire au marché touristique et bloquer le ravitaillement en carburant.  Il s’est également attaqué aux services de santé que Cuba offre à de nombreux pays, accru le harcèlement des transactions commerciales et financières sur d’autres marchés et intimidé les investisseurs étrangers, avec l’application du titre III de la loi Helms-Burton.  De plus, a souligné le Ministre, les États-Unis ont entravé le flux régulier des envois de fonds aux familles, porté des coups sévères au secteur privé et entravé les liens avec les Cubains résidant aux États-Unis.  

Observant que toutes ces mesures restent en vigueur aujourd’hui, il a jugé « paradoxal » qu’elles façonnent la conduite du Gouvernement américain actuel, alors que Cuba est aux prises avec la pandémie.  Il a rappelé que le programme de campagne du Parti démocrate promettait aux électeurs de revenir rapidement sur les mesures prises par le Gouvernement de Donald Trump, en particulier la suppression des restrictions sur les voyages à Cuba, les envois de fonds et le respect des accords migratoires bilatéraux, y compris les visas.  À ses yeux, cette « inertie pernicieuse » pourrait être liée aux ambitions électorales associées à la Floride.  Mais « que vont penser ceux qui ont voté pour le Président Joseph Biden de ce qui se passe », s’est-il interrogé, avant de souligner les dégâts humains « incalculables » du blocus.  La vie d’aucune famille cubaine n’échappe aux effets de cette « politique inhumaine », a-t-il tonné, ajoutant que, dans le domaine de la santé, il est encore impossible d’accéder à des équipements, technologies, traitements et médicaments adaptés que Cuba se voit empêchée d’acquérir auprès des entreprises américaines et qui doivent être obtenus à des prix exorbitants. 

Selon le Chef de sa diplomatie, Cuba a cherché à protéger tout le monde contre le virus, a activé son système de santé universel et a compté sur l’abnégation de son personnel hautement qualifié, tout en mobilisant son potentiel scientifique et son industrie biopharmaceutique.  Le pays a ainsi pu développer rapidement des protocoles nationaux très efficaces, ce qui a permis de maintenir, comparativement, un très faible taux de mortalité.  Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, il est remarquable qu’une « petite île bloquée » ait produit cinq candidats vaccins et ait administré au moins une dose à plus de 2,2 millions de Cubains, l’objectif étant de parvenir à 70% de vaccination pendant l’été.  De plus, alors que la campagne « calomnieuse » des États-Unis contre la coopération médicale s’est intensifiée, Cuba a envoyé 57 brigades spécialisées dans 40 pays ou territoires, lesquelles ont rejoint plus de 28 000 professionnels de la santé déjà déployés dans 59 nations, a rappelé M. Rodríguez Parrilla, non sans dénoncer également les efforts américains pour priver l’industrie nationale du financement nécessaire à l’importation des intrants pour la production alimentaire. 

Pour le Ministre, ce blocus est une « violation massive, flagrante et systématique des droits humains de tout le peuple cubain », une politique qui, selon l’article II, paragraphe c) de la Convention de Genève de 1948, constitue « un acte de génocide ».  Sur le plan économique, a-t-il ajouté, le blocus a entraîné, d’avril 2019 à décembre 2020, des dommages de 9,157 milliards de dollars, soit 436 millions par mois en moyenne.  Au cours de ces cinq dernières années, les pertes causées par cette mesure ont été supérieures à 17 milliards de dollars, a précisé M. Rodríguez Parrilla, évoquant un montant cumulé de 147,853 millions de dollars sur six décennies.  C’est une guerre économique de portée extraterritoriale qui est menée contre « un petit pays », a-t-il résumé, y voyant aussi « un acte à motivation politique ».  Le but est, selon lui, de produire une instabilité politique et sociale dans le contexte des difficultés économiques que le Gouvernement des États-Unis provoque lui-même.  À son avis, il n’est « ni légal ni éthique » que le gouvernement d’une grande puissance soumette une « petite nation » à une guerre économique incessante afin de lui imposer un système politique conçu par lui.  De même, il est inacceptable de priver tout un peuple du droit à la paix, au développement et au bien-être, tout en ignorant les résolutions successives de l’Assemblée générale pendant 28 ans. 

Il est également inacceptable de manipuler la lutte contre le terrorisme à des fins politiques et électorales, a encore dénoncé M. Rodríguez Parrilla, rappelant qu’en janvier dernier, l’Administration du Président Trump a inclus Cuba dans une liste « arbitraire et unilatérale » d’États supposés parrainer le terrorisme international et qu’en mai, le Département d’État américain, à l’instar du Gouvernement précédent, a requalifié Cuba comme un pays qui ne coopère pas assez aux efforts antiterroristes des États-Unis.  Soulignant le tribut payé par Cuba aux activités terroristes organisées, financées et menées par le Gouvernement des États-Unis, il a assuré que la position de son pays sur le terrorisme est une « condamnation absolue ».  Enfin, après avoir salué l’aide solidaire de ses compatriotes et des amis de Cuba « sous toutes les latitudes », il a souhaité que la résolution soumise à l’Assemblée générale soit largement adoptée et que, « comme pour le virus », on en finisse avec le blocus.   

Explications de vote sur la résolution A/75/L.97

Au nom de l’Union européenne, le Portugal a souligné que la levée de l’embargo pourrait faciliter l’ouverture économique du Cuba.  Elle a dit reconnaître les efforts que Cuba a à faire en matière des droits de l’homme et rappelé qu’elle enjoint le pays à ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et d’autres accords internationaux de même portée.  L’Union européenne a appelé Cuba à ouvrir un accès permanent à toutes les procédures spéciales des Nations Unies et à accorder une plus grande place à sa société civile.  Des changements positifs pouvant intervenir si les citoyens cubains ont la possibilité de côtoyer ceux d’autres États, l’Union européenne a déploré les nouvelles mesures américaines.  

En outre, l’inscription de Cuba sur la liste des parrains du terrorisme, sans justificatif, a eu des impacts sur les transactions financières du pays, et partant, sur sa faculté de lutter contre la COVID-19, s’est alarmée l’Union européenne qui a refusé l’idée que l’embargo ait un impact sur ses relations avec Cuba.  Elle a donc rejeté l’activation en 2019 des chapitres 3 et 4 de la loi Helms-Burton et a annoncé son intention de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour se prémunir de ces mesures et protéger ses ressortissants qui travaillent à Cuba.  Dans le cadre de ses accords de coopération avec Cuba, l’Union européenne a dit avoir cherché depuis quatre ans, le renforcement de ses relations bilatérales avec Cuba pour l’accompagner sur la voie des réformes et de la modernisation.  Nous avons des divergences profondes mais le dialogue sur les droits de la personne que nous avons engagé encourage Cuba à effectuer des réformes de grande envergure et à tenir compte des préoccupations et aspirations de son pays, a affirmé l’Union européenne qui s’est prononcée en faveur de la résolution. 

Nous sommes aux côtés du peuple cubain et nous cherchons à l’aider dans sa quête pour la liberté, la prospérité et une plus grande dignité, ont déclaré les États-Unis.  Comme avec les autres États Membres, nous déterminons la conduite de nos relations économiques, conformément à nos intérêts.  Les sanctions, se sont défendus les États-Unis, sont un « outil légitime » de la politique étrangère, de la sécurité nationale et des objectifs internationaux.  Nous ne sommes pas les seuls à penser et à agir de la sorte, ont martelé les États-Unis.  Les sanctions, ont-ils poursuivi, sont un des instruments de nos efforts pour faire avancer Cuba vers la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’exercice des libertés fondamentales consacrées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Nous nous opposons donc à la résolution, ont indiqué les États-Unis.  Comme nous reconnaissons les difficultés du peuple cubain, nous sommes devenus un fournisseur important d’aide humanitaire et le principal partenaire commercial de Cuba.  Tous les ans, ont ajouté les États-Unis, nous autorisons des milliards de dollars d’exportations vers Cuba, dont la nourriture et autres produits agricoles, des médicaments, des équipements médicaux ou encore du matériel de télécommunications.  Le plaidoyer pour la démocratie et les droits de l’homme est au cœur, ont martelé les États-Unis, de notre politique à l’égard de Cuba.  Nous entretenons des liens directs avec un large éventail d’organisations de la société civile cubaine et les aidons à déterminer leur propre avenir.  Nous dénonçons directement auprès du Gouvernement cubain les abus et nous le poussons aux réformes. 

Nous sommes aux côtés, ont encore dit les États-Unis, de ceux qui défendent la liberté à Cuba.  Comme tout le monde, les Cubains méritent la liberté d’expression, de réunion et de culture.  Aucun gouvernement ne doit taire ses critiques face aux violations des droits de l’homme.  Nous célébrons, ont encore dit les États-Unis, les origines diverses et les idées des artistes, des entrepreneurs, des leaders religieux, des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des écologistes cubains, parmi les très nombreuses personnes à Cuba à avoir une voix forte et à vouloir être entendues.  Une nouvelle fois, nous exprimons notre opposition à la résolution et encourageons l’Assemblée à appuyer le peuple cubain dans sa quête pour déterminer son propre avenir.

Le Nicaragua a rejeté le blocus « immoral et injuste » imposé à Cuba.  En résistant à cette mesure illégale, le peuple « extraordinaire » de Cuba a livré une « gigantesque » bataille au cours des 60 dernières années, a souligné la délégation, notant que l’embargo, de par sa nature extraterritoriale, a nui aux efforts cubains de lutte contre la pandémie de COVID-19.  Pour le Nicaragua, il est « admirable » qu’en dépit de la campagne de diffamation menée contre elle, Cuba ait pu contribuer à la réponse internationale contre la pandémie, en envoyant 57 brigades médicales dans 40 pays.  De plus, s’est-il félicité, les scientifiques du Centre de biotechnologie de Cuba ont développé cinq vaccins.  Déclarant partager un « message d’amour » avec ses frères cubains, il s’est dit convaincu qu’aucun État n’a le droit d’imposer sa volonté à d’autres, au mépris de la Charte de l’ONU.  Cela va à l’encontre du droit international et de la gouvernance économique mondiale, a-t-il affirmé, avant de former le vœu que la communauté internationale fera à nouveau montre de solidarité à l’égard de Cuba et appuiera à nouveau la résolution. 

La Syrie a appuyé la résolution pour marquer son opposition au blocus contre Cuba.  Elle a estimé que le résultat du vote « qui frôle l’unanimité » est un appel aux États-Unis pour qu’ils renoncent à leur politique.  Le maintien des mesures coercitives est « contraire » au droit international, surtout dans le contexte de la pandémie qui a vu le peuple cubain répondre « à l’appel des peuples ».  Pour la Syrie, l’embargo s’apparente à du « terrorisme économique » lequel n’est pas très différent du terrorisme de Daech ou du Front el-Nosra.   

L’Iran a vu dans l’embargo une « grave menace » à la paix et à la sécurité internationales et un obstacle au progrès et au développement économique de Cuba.  Il a salué « le vote décisif » et regretté qu’en dépit des appels que lance l’Assemblée générale depuis des années, les États-Unis maintiennent leurs mesures, dans le seul but d’infliger des souffrances aux familles et aux enfants cubains.  Nous-mêmes, a souligné l’Iran, souffrons des mêmes mesures unilatérales américaines qui nous empêchent de nous procurer des médicaments pendant cette pandémie de COVID-29.  Les États-Unis ne s’arrêtent pas là.  Ils menacent de sanctions les États qui s’opposent à leurs mesures.  La nouvelle Administration américaine poursuit cette politique, a accusé l’Iran, avant d’exhorter la communauté internationale à trouver des solutions, en coopération avec des pays comme Cuba.  Les États-Unis doivent renoncer à leur politique de coercition, a-t-il tranché.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a noté que malgré les résolutions adoptées chaque année par l’Assemblée générale, les États-Unis maintiennent leur embargo « illégal » contre Cuba, bloquant ainsi ses efforts de développement socioéconomique.  Même pendant la période actuelle de pandémie de COVID-19, ces sanctions continuent de couvrir de nombreux domaines et vont jusqu’à exclure Cuba de la liste des pays bénéficiaires de l’aide humanitaire américaine.  Mettre fin à cet embargo unilatéral doit être l’impératif unanime des États Membres, a souligné la délégation, jugeant que la résolution adoptée aujourd’hui est le reflet de la volonté de la communauté internationale de défendre la lutte « juste » du Gouvernement et du peuple cubains.  Elle a donc prié les États-Unis de lever leur embargo et d’appliquer les résolutions de l’Assemblée générale. 

L’Angola a dit avoir voté pour la résolution, « comme d’habitude » pour obtenir la fin de l’embargo américain.  À un moment où le cadre de la politique internationale devrait être plus équilibré et où les dissensions passées, résolues, la résolution est adoptée chaque année à une majorité « écrasante », sans jamais être mise en œuvre, s’est impatienté l’Angola.  Il a rappelé que du temps de l’Administration Obama, tout semblait rentrer dans l’ordre.  Malheureusement, le blocus se poursuit, constituant une violation des droits du peuple cubain.  L’Angola a d’ailleurs félicité ce peuple pour sa « résilience », notant que malgré cet embargo, il n’a cessé d’aider d’autres peuples.  Il a exprimé sa gratitude à Cuba, d’abord pour son soutien militaire quand il en avait besoin, et ensuite pour sa contribution dans des domaines tels que l’éducation « dans lequel le peuple cubain excelle ».  Cet embargo est la mesure la plus grave de l’histoire moderne et nous exigeons sa levée, a conclu l’Angola. 

Le Suriname a dit s’être joint à la communauté internationale pour demander au Gouvernement des États-Unis de mettre fin immédiatement au blocus imposé à Cuba.  Il a rappelé qu’année après année, une majorité « presque complète » d’États prend position contre cet embargo qui empêche de libérer tout le potentiel de développement économique et social de Cuba.  Ces mesures coercitives unilatérales, qui ont des implications extraterritoriales, contreviennent aux principes de l’égalité souveraine et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Ce blocus a provoqué des difficultés « inutiles » au peuple cubain et les mesures supplémentaires prises les États-Unis au milieu de la pandémie de COVID-19 sapent les efforts de développement durable de Cuba, a martelé le Suriname, chiffrant le coût des sanctions à 147,8 milliards de dollars.  Il a regretté les ratés de la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis et a encouragé la reprise des négociations pacifiques.

Le Bélarus s’est fermement opposé aux sanctions unilatérales, « une ingérence directe » dans les affaires intérieures des États et « une violation » de leur souveraineté.  De telles mesures, a-t-il insisté, violent le droit international, cause un préjudice « irréparable » à l’ensemble du système des relations internationales, augmente les risques de conflits et instille l’hostilité dans les relations interétatiques.  La portée extraterritoriale de l’embargo est particulièrement « problématique », puisqu’il s’agit d’aller au-delà des relations bilatérales et violer les droits d’autres États, en limitant leur chance de coopérer totalement avec La Havane.  L’embargo américain s’apparente à du « terrorisme économique » et il est temps que la nouvelle Administration révise et ajuste son approche.

Pour la Jamaïque, les sanctions, surtout en pleine pandémie, doivent être levées ainsi que celles contre les entités des pays tiers.  Le blocus est une pratique « inquiétante », a dit la Jamaïque qui s’est vantée de ses rapports cordiaux avec son voisin cubain et qui a estimé que les « frères et sœurs » de Cuba méritent d’avoir les mêmes opportunités que les autres.  Les 184 États qui se sont prononcés pour la résolution montre que la communauté internationale veut voir la fin de ce blocus.

L’Argentine a voté en faveur de la résolution pour prouver son opposition à un embargo qui dure depuis six décennies.  Ces mesures unilatérales « illégales, injustes et immorales » sont contraires au multilatéralisme et constituent « le principal obstacle » au développement économique de Cuba, sans compter leur « inhumanité » durant la pandémie de COVID-19.  Le blocus est également un obstacle au droit fondamental des Cubains au développement socioéconomique.  L’Argentine a prôné le respect des différences d’opinion, y compris politiques.  Il faut respecter le droit du peuple cubain à décider de son propre destin, a-t-elle insisté.

Nous sommes déçus, a avoué Saint-Kitts-et-Nevis, du renforcement du blocus, surtout pendant la pandémie de COVID-19.  L’heure est à la coopération internationale, a-t-il souligné, se vantant d’être un partenaire économique de Cuba.  Il a appelé les États-Unis à lever « ce blocus injustifié » et insisté sur le caractère « sacré » des décisions de l’Assemblée générale.  Il est temps que les États-Unis et Cuba se lancent dans un processus de coopération, a-t-il estimé. 

Il faut, a plaidé à son tour le Gabon, lever le blocus pour permettre à Cuba de participer pleinement au commerce international.

La Guinée équatoriale a déclaré que le soutien « écrasant » des États à la résolution, année après année, démontre la ferme opposition de la communauté internationale au blocus, qui cause de graves dommages humanitaires et économiques à Cuba.  Pourtant, a-t-elle dit, en 2014, l’Administration américaine avait pris des mesures qui faisaient espérer une normalisation des relations avec Cuba et la levée éventuelle du blocus.  « Cette lueur d’espoir s’est éteinte en 2020 », a-t-elle déploré, notant que cela a coïncidé avec le déclenchement de la pandémie de COVID-19.  Ce blocus apparaît donc comme « un énorme fardeau » pour Cuba et ayant voté en faveur du texte, la Guinée équatoriale a demandé que « la lueur soit rallumée », pas une lueur vacillante mais la lueur « vive et claire » de la levée « totale et définitive » du blocus.  

Le Costa Rica s’est élevé contre les mesures unilatérales qui vont à l’encontre de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Il a confirmé son appui au peuple cubain et au idéaux de la Charte, rappelant également son engagement en faveur du multilatéralisme.  « Il est tout simplement anachronique d’avoir ce genre de blocus au XXIe siècle », a-t-il tranché.

La Grenade a jugé l’embargo « contre-productif », avec des effets néfastes pour le développement de Cuba, dont l’incapacité à s’équiper contre la pandémie.  Appelant au sens de l’humanisme, elle a plaidé pour Cuba, un pays solidaire des autres, malgré ses faibles capacités, et attaché à la paix et à la stabilité.  Pour exploiter tout son potentiel, a encore plaidé la Grenade, Cuba a besoin d’un accès sans entrave à la communauté des nations.  Elle a mis en avant le lien « inébranlable » qui la lie à Cuba, comme en témoignent les activités dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Heureuse de l’adoption de la résolution, la Grenade a tout même mis en garde contre la passivité et a appelé à la mobilisation « car rien n’est gravé dans le marbre ». 

Sainte-Lucie a souligné l’obligation faite à tous les pays de respecter le droit international et la liberté de commerce et de navigation.  Elle a condamné les mesures unilatérales comme une violation de la souveraineté des États, mais aussi un risque de saper la crédibilité de l’ONU.  Cet embargo sur un petit État insulaire en développement est « tout simplement inutile » au moment où le monde travaille au relèvement post-pandémie.  Nous attendons avec impatience la levée de l’embargo et la suppression de ce point de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, a dit Sainte-Lucie. 

Le Kenya a prié les États-Unis d’entendre la voix des Nations Unies et de lever cet embargo « injuste », instrument d’une époque révolue.  Il a exprimé son soutien au peuple cubain et promis de continuer à demander la levée du blocus, « car c’est la bonne chose à faire ».

La levée de l’embargo, a renchéri la République démocratique populaire lao, serait bénéfique pour les deux pays et le monde entier, et permettrait au peuple cubain de multiplier les échanges commerciaux.

Cet embargo et ses effets extraterritoriaux, a souligné l’Indonésie, sont tout simplement contraires à l’esprit du Programme 2030 et du relèvement post-COVID.  Le temps est venu pour Cuba et les États-Unis de lancer un dialogue constrictif sur la normalisation de leur relation, a estimé l’Indonésie, en demandant que cette dernière résolution soit pleinement être mise en œuvre.  

Cuba, a expliqué Belize, est vulnérable aux changements climatiques et à la pandémie.  Elle a fait ce qu’elle a pu pour affronter ces crises, y compris en envoyant 60 professionnels de la santé chez nous, a indiqué Bélize, en se réjouissant que Cuba ait développé des vaccins qu’elle ne manquera pas de partager avec d’autres pays.  Qu’est-ce que Cuba doit faire d’autre pour obtenir la levée du blocus? s’est impatienté Belize.  Comment peut-elle lutter contre les effets des changements climatiques, tout en subissant un blocus?

L’Éthiopie a dit appuyer résolument le Gouvernement et le peuple de Cuba et les a encouragés à s’engager dans un dialogue constructif avec les États-Unis.  Elle a aussi plaidé pour des mesures d’aide au peuple cubain « affecté ».

Le Cambodge a relevé que l’embargo a eu des effets négatifs sur les conditions de vie et les droits fondamentaux du peuple cubain, dont celui de mettre en œuvre le Programme 2030.  Plus grave encore, l’embargo a entravé la faculté des Cubains de répondre efficacement à la pandémie de COVID-19.  Or, a martelé le Cambodge, le peuple cubain mérite de vivre dans la paix, la stabilité et le développement, sans pression extérieure.  Il a appelé les États-Unis à lever « de toute urgence » son embargo et d’arrêter ces pratiques « déloyales et injustes ».

Nous comprenons, a dit le Zimbabwe, les effets des mesures unilatérales sur les plus vulnérables, surtout en cette période de COVID-19.  Ces mesures entravent le relèvement de Cuba qui joue pourtant un rôle « constructif » dans la riposte à la pandémie et dans les efforts de redressement post-COVID.  La levée de l’embargo ne peut qu’aider Cuba à réaliser tout son potentiel de développement. 

Fière de ses relations étroites avec Cuba, l’Ouganda a vu dans le blocus « une injustice faite au peuple cubain ».  Décrété depuis plus de 50 ans, ce blocus n’a apporté que « des ennuis » alors que Cuba contribue grandement à la santé dans le monde, en particulier durant la pandémie de COVID-19.  Nous avouons, a dit l’Ouganda, que c’est une des raisons pour lesquelles nous exigeons la levée de l’embargo.

Pour le Guyana, il est inquiétant de voir que cet embargo vieux de 60 ans soit encore appliqué, en cette période de pandémie.  Il a invoqué les principes de la souveraineté, de la non-ingérence, du règlement pacifique des différends et du maintien des relations amicales entre les États, tous consacrés dans la Charte des Nations Unies.  L’imposition unilatérale des sanctions et des lois extraterritoriales est une violation de l’esprit et de la lettre de la Charte.  « Nos frères et sœurs de Cuba » devraient avoir la possibilité de réaliser leur plein potentiel, sans être « gênés » par l’embargo, a plaidé la délégation.  

Avouons tout de même que l’embargo n’est pas le seul responsable de la situation à Cuba, a tempéré le Royaume-Uni, tout en défendant le droit des entreprises britanniques à travailler le pays.  Il a promis de continuer de dénoncer la situation des droits de l’homme à Cuba, notamment sur le plan bilatéral.

Cuba et les États-Unis, a dit Kiribati, sont des partenaires « chers » pour notre pays.  Nous devons compter sur ces deux pays « amis » et nous savons que Cuba est un petit pays qui aide beaucoup d’autres.  Il faut donc, a plaidé Kiribati, qu’avec les États-Unis, il fasse le choix de l’amitié, de la coopération et du partenariat.  Nous espérons, a confié Kiribati, que ces deux nations trouveront la force d’oublier le passé et de pardonner.  Chaque peuple a son système politique et le monde a besoin de diversité.  Cessons donc de vouloir imposer nos solutions aux autres et unissons-nous plutôt malgré nos différents systèmes. 

Chaque pays, ont renchéri les Îles Salomon, a le droit de déterminer son système politique et économique.  Elles ont souligné que depuis 2007, plus de 100 de leurs médecins ont été formés, ce qui a permis de lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19.  Les Îles Salomon ont appelé Cuba et les États-Unis à travailler à leur réconciliation. 

Le Pakistan a dit s’opposer à toutes mesures unilatérales contre des États tiers, notamment parce qu’elles sont contraires au principe « de ne laisser personne de côté ».

Droit de réponse

Cuba a traité le discours des États-Unis de « mensonger ».  Les raisons de leur blocus ne sont pas celles-là et il s’agit d’une violation « massive, flagrante et systématique » des droits des Cubains.  Le Gouvernement américain ne peut se prétendre être « aux côtés » du peuple cubain, tout en maintenant son embargo et il ne peut se prévaloir d’une assistance humanitaire, surtout quand il s’agit des médicaments.  Si les États-Unis étaient réellement préoccupés par les droits de l’homme à Cuba, ils mettraient fin au blocus qui entrave précisément leur exercice.  Parlons des violations de droits de l’homme aux États-Unis, a invité Cuba qui a dénoncé les actes commis contre les Afrodescendants, des 30 000 personnes qui tombent sous les balles des armes à feu, chaque année, ou encore la détention de mineurs séparés de leurs parents.  Est-ce là le respect des droits de l’homme?  Nous, s’est vantée Cuba, nous avons beaucoup progressé sur les droits de l’homme, malgré le blocus, et nous ne demanderons jamais « la permission » de qui que ce soit pour poursuivre l’édification d’une société toujours plus juste, plus démocratique et « plus socialiste ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Après un des débats « les plus vivants » de cette session, l’Assemblée adopte une décision sur la poursuite des négociations relatives à la réforme du Conseil de sécurité

Soixante-quinzième session,
84e séance plénière – matin
AG/12340

Après un des débats « les plus vivants » de cette session, l’Assemblée adopte une décision sur la poursuite des négociations relatives à la réforme du Conseil de sécurité

Après un des débats « les plus vivants » de cette session, le 16 juin dernier*, l’Assemblée générale a enfin adopté par consensus la décision orale de son Président sur la poursuite, à la prochaine session et en plénière informelle, des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité, « en tirant parti » des réunions de cette session-ci, du document intitulé « Éléments de convergence et de divergence » préparé par les Coprésidentes, et des positions et des propositions des États Membres, contenues dans le « Document-cadre » de 2015. 

Le 16 juin, l’Assemblée avait entendu plus de 35 délégations sur les amendements du Brésil, qui au nom du G4 –Allemagne, Brésil, Inde, Japon- voulait ajouter une mention de l’engagement pris les chefs d’État et de gouvernement, dans la Déclaration sur le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, « de donner un nouveau souffle » aux discussions sur la réforme du Conseil de sécurité.  Cette réforme porte sur les catégories de membres; la représentation géographique; la relation avec l’Assemblée générale; la taille et les méthodes de travail; et la question du droit de veto, dans le but de rendre le Conseil « plus représentatif, plus démocratique, plus efficace et plus transparent ». 

Sur l’engagement des chefs d’État et de gouvernement, le Brésil a été entendu.  C’est ce qu’a confirmé, dans son amendement oral, la Coprésidente des négociations intergouvernementales et représentante du Qatar, Mme Alya Ahmed bin Saif Al-Thani.  En revanche, la mention de la « Déclaration » elle-même et l’idée, défendues par le Brésil, que l’Assemblée ne se contente pas de « tirer parti » des « Éléments de convergence et de divergence » mais « y fonde » carrément les négociations, ne figurent pas dans la version finale de la décision orale.

L’amendement du Brésil, a jugé la France, était « acceptable et conforme » aux objectifs et aspirations que nous souhaitons atteindre dans le cadre des discussions sur la réforme du Conseil de sécurité.  Membre d’« Unis pour le consensus », le Pakistan s’est élevé contre les revendications « iniques » de certains États qui ont voulu exercer « des pressions inutiles ».  Il a espéré voir, avec le consensus d’aujourd’hui, le dernier exemple de « la tactique des pressions ». 

Surprise que des pays comme le Pakistan et la Chine jugent « controversée » voire « agressive » l’idée du G4 de mettre en avant les « Éléments », l’Allemagne a répété: il nous faut « un texte unique et consolidé » sur lequel négocier.  Le consensus, c’est bien mais ce n’est pas un objectif en soi, a-t-elle martelé, en dénonçant aussi la non prise en compte, critiquée par de nombreuses délégations, de l’amendement du Groupe des États d’Afrique consistant à ajouter, dans les « Éléments », aux côtés du consensus d’Ezulwini, la Déclaration de Syrte, pour refléter fidèlement la Position comme africaine sur la réforme du Conseil de sécurité.    

Revenant sur les discussions du 16 juin, « un des débats les plus vivants » de cette session, le Président de l’Assemblée générale a dit être conscient de la difficulté de dégager un consensus.  Certains, a-t-il dit, se sont étonnés de « mon silence » face aux vives critiques qui m’ont été adressées personnellement, contrairement à la tradition diplomatique.  Je m’appelle Volkan, a dit M. Bozkir, c’est à dire « volcan », et dans le monde, il y en a de deux sortes: l’Etna, en éruption permanente mais sans conséquence, et « le plus dangereux », le Vésuve, qui reste silencieux.  

Nous nous sommes montrés virulents, s’est par exemple expliquée l’Allemagne, parce que nous étions saisis d’une décision orale élaborée sans consultations avec tous les États Membres, sans une mention de l’engagement des chefs d’État et de gouvernement au soixante-quinzième anniversaire de l’ONU et sans la prise en compte des propositions d’amendement aux « Éléments ».  Le débat a mis à jour « la nature obscure » des négociations intergouvernementales, a-t-elle tranché, jugeant bon de les mener désormais en public car nous travaillons pour les gens qui veulent une ONU opérationnelle et reflétant la réalité actuelle.  Or, la dernière réforme du Conseil de sécurité a été effectuée dans les années 60, a fait observer l’Allemagne.

Toujours aujourd’hui, l’Assemblée générale a décidé par consensus de reporter la quatrième session de la « Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale ».**  La session, prévue préalablement du 16 au 27 août 2021, est désormais reportée « à une date aussi rapprochée que possible en 2022, préférablement durant le premier semestre de l’année ». 

Enfin, l’Assemblée a adopté toujours par consensus la résolution sur la coopération entre l’ONU et le Forum des îles du Pacifique,*** présentée par les Tuvalu, en vertu de laquelle elle encourage le Secrétaire général et les dirigeants du Forum à tenir leur prochaine réunion en septembre 2021, en marge du débat général.  L’Assemblée se dit consciente des graves conséquences de la pandémie de COVID-19 pour le développement durable des petits États insulaires en développement, y compris les répercussions profondes et durables de la contraction sans précédent de leurs économies.  Elle note avec préoccupation que l’encours de la dette extérieure de ces États a augmenté de 70% depuis 2009, alors que leur capacité de se prémunir contre les chocs exogènes continue de se détériorer. 

L’Indonésie s’est dissociée du cinquième alinéa du préambule, réitérant les réserves exprimées lors du quarante-neuvième Forum des Îles du Pacifique.  Leur Parlement ayant voté pour leur retrait du Forum, les Îles Marshall ont souligné qu’elles ne sont tenues par aucune des dispositions de la résolution.

L’Assemblée a prévu une autre séance publique demain mercredi 23 juin à partir de 10 heures pour examiner la question de l’embargo imposé à Cuba par les États-Unis.

*AG/12338
**A/75/L.96
***A/75/L.98

QUESTION DE LA REPRÉSENTATION ÉQUITABLE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ ET DE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE SES MEMBRES ET AUTRES QUESTIONS CONNEXES AYANT TRAIT AU CONSEIL DE SÉCURITÉ - PROJETS DE DÉCISION ORALE ET D’AMENDEMENT ORAL

Le Président de l’Assemblée générale a repris les propos de la lettre qu’il a adressée aux États Membres, le 17 juin dernier.  Il a reconnu que dans la « Déclaration faite à l’occasion du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU », les États Membres se sont engagés à « donner un nouveau souffle aux discussions sur la réforme du Conseil de sécurité ».  Pour donner suite à cet engagement, a souligné M. Volkan Bozkir, j’ai tout fait pour assurer les conditions nécessaires à un bon fonctionnement des négociations intergouvernementales, malgré les restrictions liées à la pandémie de COVID-19.  J’ai donc annoncé, a dit le Président, la nomination des Coprésidentes dès le 30 octobre 2020, donc bien à l’avance par rapport aux sessions précédentes et ce, pour fournir aux États Membres l’occasion de commencer les consultations à temps. 

J’ai aussi, a-t-il poursuivi, encouragé les délégations à explorer la possibilité de commencer les négociations intergouvernementales au début de cette année et à accroître le nombre des réunions.  Mon objectif, s’est expliqué le Président, était de donner à ces négociations suffisamment de temps et compenser ainsi la réduction du nombre des réunions à la soixante-quatorzième session, en raison de la COVID-19.  Les Coprésidentes, Mme Wronecka et Al-Thani, ont parfaitement dirigé le processus cette année et présenté leurs « Éléments de convergence et de divergence », qui ont été distribués aux États Membres, le 12 mai dernier. 

Mon Bureau et moi-même, a souligné le Président, avons maintenu le contact avec toutes les délégations et tous les groupes, cette année.  Après un autre cycle intensif de consultations avec tous les groupes principaux, une décision sur la reconduction des négociations intergouvernementales a été distribuée le 11 juin 2021.  Étant donné qu’il s’agit d’une reconduction « technique », la décision et sa soumission sont conformes à ce qui a été fait lors des sessions précédentes. 

Tous les représentants et observateurs permanents ont été conviés à la plénière de l’Assemblée générale, le 16 juin dernier.  Deux groupes de pays ont soumis des amendements et plus de 35 délégations ont pris la parole dans ce qui était l’un des débats « les plus vivants » de cette session.  Après avoir soigneusement écouté toutes les délégations, il m’est apparu, a avoué le Président, que les États Membres avaient besoin de plus de temps pour se mettre d’accord.  J’ai donc suspendu l’examen de la question jusqu’à aujourd’hui.  L’Assemblée générale est, a conclu le Président, le seul organe habilité à prendre une décision sur cette question.  Celles sur les reconductions ont toujours été adoptées par consensus, a rappelé le Président.

Explications de position sur la décision orale du Président de l’Assemblée générale sur les négociations intergouvernementales relatives à la réforme du Conseil de sécurité

Au nom du G4 –Allemagne, Brésil, Inde, Japon, le Brésil a soutenu l’amendement de la Coprésidente des négociations intergouvernementales et salué le rapprochement des points de vue « au moins sur un point ».  Commentant les débats du 16 juin dernier, il a souligné que « l’essence » des Nations Unies est la capacité d’exprimer « librement » sa position, un degré de liberté qu’il a dit ne pas voir dans les négociations intergouvernementales.  Une reconduction « technique », a-t-il poursuivi, aurait envoyé un mauvais signal, indiquant que rien de « substantiel » ne se fait dans ces négociations.  En présentant nos amendements, s’est expliqué le Brésil, nous ne cherchions ni à gagner ni à perdre mais à lancer une réflexion de fond sur l’avenir de nos travaux relatifs à la réforme du Conseil de sécurité. 

Au nom du Groupe L.69, Saint-Vincent-et-les Grenadines a répété que la mention de la « Déclaration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU » méritait d’être retenue dans la décision.  Il a salué « la souplesse » du G4 et réitéré comme le Brésil, son appui à la Position commune africaine telle que contenue dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, sur laquelle la Sierra Leone, au nom du Groupe des États d’Afrique, a insisté.  Au nom du Groupe des États arabes, le Koweït a tenu à saluer le consensus qui se dessine sur la décision orale du Président.  Au nom d’« Unis pour le consensus », l’Italie a dit sa détermination à résoudre « ensemble » les questions complexes.  La Turquie a applaudi les efforts pour la recherche du consensus.  Les progrès enregistrés ces derniers jours montrent que « les convergences » existent, s’est-elle réjouie.  Le Maroc a salué à son tour ces progrès et souligné l’importance de la position africaine commune.  Tout en appuyant l’amendement de la Coprésidente, l’Inde a souligné que le but des négociations intergouvernementales n’est pas de discuter mais « d’obtenir des résultats », au risque d’en faire « un écran de fumée ».  Au nom des pays nordiques, le Danemark a estimé, pour sa part, que l’amendement de la Coprésidente est de nature à favoriser « les convergences ».

L’Algérie a appelé à des efforts « collectifs », toujours préoccupée par l’omission de la Déclaration de Syrte aux côtés du consensus d’Ezulwini dans les « Éléments » des Coprésidentes.  Il est heureux que les propositions de certains groupes de pays n’aient pas fait l’objet d’un vote, s’est félicité le Pakistan.  Le consensus obtenu aujourd’hui, a-t-il estimé, devrait rétablir la réputation « ternie » de l’Assemblée générale.  Il a dénoncé les revendications « iniques » de certains États qui ont voulu exercer « des pressions inutiles ».  La réforme du Conseil de sécurité doit se faire par consensus et consciente de l’importance de ce consensus, l’Assemblée a décrété la majorité des deux tiers pour toute décision sur cette réforme.  Nous espérons, a tonné le Pakistan, que nous venons de voir le dernier exemple de « la tactique des pressions ».  

À son tour, la Fédération de Russie a regretté que le Président de l’Assemblée ait dû convoquer une autre séance publique sur une question qu’il était possible de régler la semaine dernière.  Mais, a-t-elle reconnu, il était « indispensable » de préserver le consensus pour ne pas faire échouer le processus de négociations intergouvernementales.  Ce qui est en jeu, a-t-elle dit, c’est préserver les acquis de cette session mais aussi l’ensemble des progrès réalisés par le passé.  La Fédération de Russie a tenu à saluer le Président de l’Assemblée générale pour sa direction « parfaite » du processus.  Seul, a souligné le Venezuela, un dialogue inclusif transparent et fondé sur la participation de tous permettra une démarche holistique de nature à dégager un consensus sur la réforme du Conseil de sécurité.  Nous devons, a-t-il ajouté, exploiter toute la « créativité » du multilatéralisme.  « Il est sage et constructif », a estimé, à son tour, le Royaume-Uni, d’adhérer à l’amendement de la représentante du Qatar.  Il a tout de même dit « comprendre » l’impatience de certaines délégations devant « la lenteur » des négociations intergouvernementales. 

Certes, a poursuivi la République populaire démocratique de Corée, mais les « Éléments de convergence et de divergence » des Coprésidentes ne saurait constituer « la base » des négociations intergouvernementales.  Évitons, s’est-elle impatientée, les délais « artificiels » qui pourraient compliquer le processus.  Nous saluons, a dit la Chine, une décision orale qui est en tous points conforme à la pratique de l’Assemblée générale.  Vouloir la bloquer avec des amendements, comme certains le 16 juin dernier, n’est pas constructif.  Elle a donc salué l’amendement de la Coprésidente qui a le mérite de maintenir « l’unité » et de préserver le consensus.  « C’est la sagesse qui l’a emporté aujourd’hui », s’est réjouie l’Égypte, soulignant que le processus des négociations intergouvernementales n’a pas été créé pour compliquer les choses mais pour parvenir au consensus le plus large possible.  Ce processus, a acquiescé l’Équateur, doit être préservé.  Il a appelé les négociateurs à se montrer « constructifs ».  Si le consensus est important, s’est impatienté le Nigéria, il ne doit pas être « le seul objectif ».  Un consensus n’a aucun sens sans un « mouvement de fond ». 

Dépassons, s’est impatienté à son tour Sri Lanka, la rhétorique et la sémantique.  Nous sommes là pour obtenir des résultats tangibles.  Montrons-nous souples et magnanimes.  Il faut avant tout préserver le consensus, a ont dit les Tonga et l’Indonésie, avant que la République centrafricaine ne regrette que les « Éléments » ne reflètent pas la position du Groupe des États d’Afrique qui s’appuie sur la Déclaration de Syrte et le consensus d’Ezulwini.  Il est temps, a renchéri l’Afrique du Sud, de passer à un texte de négociation.  Elle a rejeté l’idée selon laquelle l’Union africaine refuse de telles négociations.  L’objectif du continent africain, a-t-elle dit, est d’être représenté équitablement au Conseil, fustigeant le retard pris.  Nous n’appartenons à aucun groupe, a souligné la Malaisie, en s’enorgueillissant d’une approche « pragmatique et objective ».  Nous voulons un processus transparent et accepté par tous les États Membres, bénéficiant d’un « nouveau souffle ».  La France a dûment salué la solution consensuelle, tout en insistant sur le fait que la proposition du G4 était « acceptable et conforme » aux objectifs et aspirations que nous souhaitons atteindre dans le cadre des discussions sur la réforme du conseil de sécurité.  Nous poursuivrons nos efforts pour participer « de manière constructive » à ce processus important et appelons toutes les délégations à faire preuve du même esprit de flexibilité dans le cadre des négociations que nous espérons fructueuses lors de la prochaine soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a conclu la France. 

Le débat d’aujourd’hui n’aurait pas dû avoir lieu, a estimé l’Allemagne, devant une décision consensuelle.  Elle a rappelé que le 16 juin, elle s’est montrée virulente parce qu’exaspérée par une décision qui a été présentée sans consultations de tous les États Membres, sans une mention de l’engagement des chefs d’État et de gouvernement à instiller un nouveau souffle aux discussions sur la réforme du Conseil de sécurité et sans la prise en compte des propositions d’amendement aux « Éléments de convergence et de divergence » des deux Coprésidentes.  Le débat a mis à jour « la nature obscure » des négociations intergouvernementales.  Il serait bon, a dit l’Allemagne, de mener ces négociations en public car ce que nous faisons, nous le faisons pour les gens qui veulent une ONU opérationnelle et reflétant la réalité actuelle.  Or, la dernière réforme du Conseil de sécurité a été effectuée dans les années 60, a fait observer l’Allemagne.

Elle s’est donc dite surprise que des pays comme le Pakistan et la Chine jugent « controversée » voire « agressive » l’idée du G4 de mettre en avant les « Éléments ».  Nous regrettons en effet, a avoué l’Allemagne, le peu de progrès « substantiels » dans les négociations.  Il nous faut, a-t-elle martelé, « un texte unique et consolidé » sur lequel négocier.  Elle a aussi appuyé l’amendement du Groupe des États d’Afrique consistant à ajouter, dans les « Éléments », aux côtés du consensus d’Ezulwini, la Déclaration de Syrte, « car nous soutenons fermement la Position commune africaine ».  Nous voulons, a tonné l’Allemagne, que tout le monde dise honnêtement s’il soutient ou pas cette décision, parce que nous aussi, comme le Pakistan, nous espérons voir le dernier exemple de la « tactique des pressions ».  Le consensus, c’est bien mais ce n’est pas un objectif en soi, a aussi martelé l’Allemagne.  L’objectif c’est la réforme du Conseil de sécurité et on ne saurait empêcher un vote et encore moins sur des amendements. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le « jeune » Soudan du Sud doit encore progresser dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, plaide le Représentant spécial

8801e séance – matin
CS/14556

Conseil de sécurité: le « jeune » Soudan du Sud doit encore progresser dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, plaide le Représentant spécial

À quelques jours du dixième anniversaire de son indépendance, le 9  juillet prochain, le Soudan du Sud peut se targuer de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé de 2018.  Mais ce processus reste marqué par une relative lenteur, tandis que l’insécurité généralisée, attisée notamment par les violences intercommunautaires, continue d’entraver la réalisation d’une paix durable, a averti ce matin le Représentant spécial pour ce pays devant le Conseil de sécurité, appelant la communauté internationale à maintenir son soutien à « la plus jeune nation du monde ». 

Au titre des avancées encourageantes, M. Nicholas Haysom a salué la création par le Gouvernement revitalisé d’un groupe de travail chargé de coordonner la justice transitionnelle, la nomination par le Président Salva Kiir des 550 nouveaux membres de l’Assemblée législative et le lancement du processus d’élaboration de la Constitution.  Il s’est également félicité que le site de protection des civils de Bentiu ait été reclassé en camp de personnes déplacées, celui de Malakal conservant pour l’heure son statut en raison du climat persistant d’insécurité.  Dans le même temps, a-t-il ajouté, une mission d’évaluation des besoins pour les élections a été menée en mai. 

Cela étant, la mise en œuvre globale de l’Accord revitalisé reste lente, a constaté le haut fonctionnaire, également Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  Alors que la formation de la législature demeure incomplète, la constitution du Conseil des États et la nomination du Président de l’Assemblée législative ne sont toujours pas finalisées, a-t-il noté, déplorant par ailleurs le retard pris dans l’application des dispositions transitoires de sécurité.  Selon lui, la formation et la promotion des Forces unifiées sont un élément essentiel pour « prévenir les rechutes », d’autant plus que la faiblesse des institutions étatiques permet aux « saboteurs de la paix » d’exploiter les clivages communautaires et ethniques. 

Dans ce contexte, aggravé par des conflits armés intermittents entre le Front de salut national et les Forces sud-soudanaises de défense du peuple dans les Équatorias, la MINUSS collabore avec les autorités locales et les communautés de Jongleï pour promouvoir la réconciliation, obtenir la libération des femmes et des enfants enlevés, et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, a indiqué le Représentant spécial.  La MINUSS continue aussi de soutenir les efforts de la communauté de Sant’Egidio pour faciliter le dialogue, tout en mettant en place un groupe de travail, codirigé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), pour traiter les problèmes de sécurité liés au climat. 

Reste qu’une progression irréversible vers la paix nécessite d’avancer dans la mise en œuvre de « repères de transition convenus », comme les élections, la nouvelle Constitution et la mise en place d’institutions démocratiques, a soutenu M. Haysom, conscient que les efforts déployés par l’ONU et l’ensemble de ses partenaires dépendent de la volonté politique des autorités.  Un constat sans fard repris par le Directeur exécutif et cofondateur de l’ONG « Organization for Responsive Governance » (ORG), selon lequel le leadership politique a « grossièrement fait défaut au Soudan du Sud depuis qu’il est devenu indépendant ».  

Pour M. Rajab Mohandis, l’Accord revitalisé offre un « cadre raisonnable » pour restaurer la stabilité, répondre à la crise humanitaire, renforcer les institutions publiques, parvenir à une Constitution permanente et conduire à des élections crédibles.  Malheureusement, « les avancées envisagées par cet Accord ne se sont pas réalisées », a-t-il pointé, avant de déplorer que les civils paient le prix fort de ces retards.  À ses yeux, il importe que la société civile demande des comptes aux dirigeants du pays et que le Conseil de sécurité, appuyé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine et les autres acteurs internationaux, agisse contre toute violation délibérée des efforts de paix. 

Assurant que les violences contre les civils et les attaques visant des travailleurs humanitaires font l’objet d’enquêtes, le représentant du Soudan du Sud a reconnu que « l’exécutif ne peut cependant pas être présent partout dans le pays ».  Un aveu d’impuissance qui ne l’a pas empêché d’évoquer le projet de mémorandum d’accord pour la mise en service d’un tribunal mixte.  Il a également espéré que le Représentant spécial sera en mesure de « trouver des solutions » aux problèmes soulevés par M. Mohandis, tout en se prononçant à nouveau pour une renégociation du « blocage » que représente l’embargo sur les armes.  

Vent debout contre cette éventualité, les États-Unis ont rappelé que cet embargo, récemment renouvelé par le Conseil, comprend des procédures d’exemption simples au cas où le Soudan du Sud aurait besoin des armes et du matériel nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Ils ont donc invité les autorités sud-soudanaises à travailler avec le Conseil pour atteindre les objectifs de la résolution 2577 (2021) et envisager des ajustements appropriés au régime de sanctions.  

Sur cette même ligne, la France a rappelé que, lors du renouvellement du régime de sanctions, le Conseil s’est dit prêt à revoir les mesures d’embargo sur les armes, notamment « par leur modification, leur suspension ou leur levée progressive », à condition que les objectifs fixés soient atteints.  Plus définitive, la Fédération de Russie a jugé que, compte tenu de la « normalisation » de la situation au Soudan du Sud, un réexamen de ce régime doit être effectué, et ce, afin de poursuivre la formation des forces unifiées. 

De son côté, le Royaume-Uni a exhorté les autorités à garantir la sécurité de ceux qui fournissent une assistance vitale et à demander des comptes aux auteurs, faute de quoi « nous devrons envisager d’ajouter des noms sur la Liste des sanctions ».  Un projet que n’a pas cautionné le Mexique, aux yeux duquel l’inscription sur la liste des sanctions d’individus comme le général  Santino Deng Wol, en tant que chef des forces armées, est « contraire à l’esprit de réconciliation et de paix » de l’Accord revitalisé. 

En ce qui concerne le rôle de la MINUSS, les A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines) ont appelé le Conseil à examiner si, en tant que l’une des plus grandes opérations de paix de l’ONU, avec un budget annuel de 1,17 milliard de dollars, elle s’est acquittée de son mandat.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2120/566

Déclarations

M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a commencé par rappeler aux membres du Conseil que, le 9 juillet, la République du Soudan du Sud célébrera son dixième anniversaire en tant qu’État indépendant.  Le soutien manifesté il y a 10 ans par la communauté internationale reste aussi important aujourd’hui « alors que la plus jeune nation du monde s’efforce d’apporter la paix, la sécurité et la prospérité à ses citoyens », a-t-il souligné, avant de faire état des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé depuis son dernier rapport en mars.  Il a ainsi salué la création par le Gouvernement revitalisé d’un groupe de travail chargé de coordonner la justice transitionnelle et les autres réformes, la nomination par le Président Salva Kiir des 550 nouveaux membres à la nouvelle assemblée législative et le lancement du processus permanent d’élaboration de la Constitution à Djouba. 

En plus de ces réalisations, M. Haysom a indiqué que le site de protection des civils de Bentiu a été reclassé en camp de personnes déplacées, tandis que les soldats de la paix se déploient maintenant dans des endroits plus éloignés tels que Koch et Mayom, renforçant la confiance dans les zones de retour.  Le dernier site de protection des civils à Malakal conserve quant à lui son statut de protection en raison de l’insécurité prolongée dans et autour de la zone, a-t-il précisé.  Le Représentant spécial a également annoncé qu’une mission d’évaluation des besoins pour les élections a été menée du 6 au 26 mai.  Ce travail, qui vise à soutenir les parties prenantes sud-soudanaises, nécessitera des efforts concertés de la part des Nations Unies, a expliqué le haut fonctionnaire. 

S’agissant de la mise en œuvre globale de l’Accord revitalisé, M.  Haysom a parlé d’une lente progression.  Alors que la formation de la législature demeure incomplète, la constitution du Conseil des États et la nomination du président de l’Assemblée législative sont en cours, a-t-il noté, déplorant par ailleurs que les dispositions transitoires de sécurité restent en retard.  Selon lui, la formation et la promotion des Forces unifiées sont un élément essentiel pour « prévenir les rechutes insolubles ».  De plus, les troupes continuent de souffrir dans les cantonnements et manquent de soins de santé et de nourriture adéquats.  Il est donc important, selon lui, de finaliser les lignes de commandement et de contrôle. 

Le Représentant spécial a ensuite insisté sur l’insécurité généralisée qui continue d’entraver la réalisation d’une paix durable.  Cette année, plus de 80% des victimes civiles ont été attribuées à des violences intercommunautaires et à des éléments de défense civile ou à des miliciens communautaires.  Dans ce contexte, la force de la MINUSS a maintenu une présence dans des zones stratégiques, notamment pendant la saison des pluies, ce qui a contribué à une réduction globale de la violence et des pertes civiles par rapport à l’année précédente.  Néanmoins, a regretté M. Haysom, la faiblesse des institutions de gouvernance étatiques a permis aux « saboteurs de la paix » d’exploiter les clivages communautaires et ethniques.  L’insécurité enracinée a entravé les cultures et contribué à un cercle vicieux de pillages de bétail, a-t-il relevé, indiquant que de nombreuses communautés manquent dangereusement de nourriture dans des lieux tels que Warrap, Lakes et Jongleï.  Pendant ce temps, dans les Équatorias, le Front de salut national et les Forces sud-soudanaises de défense du peuple restent engagés dans des conflits armés intermittents, a indiqué le haut fonctionnaire, appelant le Gouvernement à prendre des mesures concrètes pour s’attaquer aux causes profondes du conflit. 

La MINUSS, a-t-il souligné, collabore avec les autorités locales et les communautés de Jongleï pour promouvoir la réconciliation, obtenir la libération des femmes et des enfants enlevés, et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.  Sur ce dernier point, M. Haysom a constaté qu’un état de droit affaibli et des pressions économiques ont conduit à une augmentation de la criminalité et au ciblage des travailleurs humanitaires.  Rien que cette année, quatre humanitaires ont été tués et des millions de dollars de fournitures humanitaires ont été pillés ou détruits, a-t-il dénoncé, assurant que la Mission continue de défendre des conditions de sécurité permettant la prestation de services vitaux.  Parallèlement, la MINUSS continue de soutenir les efforts de la communauté de Sant’Egidio pour faciliter le dialogue, a ajouté le Représentant spécial.  Il a exhorté le Gouvernement d’unité de transition et l’Alliance des mouvements d’opposition du Soudan du Sud à s’appuyer sur la Déclaration de principes conclue cette année à Naivasha, au Kenya. 

M. Haysom a précisé qu’il a rencontré le Président et d’autres hauts fonctionnaires du Gouvernement depuis son arrivée à Djouba.  Il s’est également rendu dans les 10 États pour entendre directement le peuple sud-soudanais.  Ce qui ressort de ces échanges, a-t-il noté, c’est que les autorités locales veulent de l’aide pour « faire face aux conflits infranationaux et à la présence généralisée des armes à feu ».  Elles ont besoin de soutien et d’infrastructures, a-t-il souligné, ajoutant que dans plusieurs régions, de longues périodes de sécheresse ont aggravé les vulnérabilités existantes.  À cet égard, le haut fonctionnaire a indiqué que la Mission entend mettre en place un groupe de travail, codirigé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), pour traiter les problèmes de sécurité liés au climat au Soudan du Sud. 

En ce qui concerne le mandat de consolidation de la paix confié à la MINUSS par le biais d’une vision stratégique sur trois ans, M. Haysom a estimé que le maintien d’une avancée irréversible vers la paix nécessite des progrès dans la mise en œuvre de repères de transition convenus, comme les élections, la nouvelle Constitution et la mise en place d’institutions démocratiques.  Il convient pour cela que la Mission utilise au mieux son personnel en uniforme, grâce auquel elle peut renforcer la sécurité générale et contribuer à un environnement sûr et sécurisé, notamment pour l’acheminement de l’aide humanitaire et pour le retour des déplacés.  Il importe en outre de maintenir les engagements politiques au niveau local et de garantir une chaîne de justice solide.  Toutefois, a reconnu le Représentant spécial, la MINUSS est consciente que tous ces efforts ne peuvent être accomplis seuls.  Elle compte pour cela sur la collaboration entre les partenaires internationaux, y compris l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine, l’Union européenne, la Troïka, les États voisins et la communauté diplomatique.  Des engagements renforcés avec le Gouvernement de transition seront également essentiels, a-t-il conclu, se disant convaincu qu’« ensemble, nous ferons progresser la mise en œuvre de la paix ». 

M. RAJAB MOHANDIS, Directeur exécutif et cofondateur de « Organization for Responsive Governance (ORG »), a confié l’honneur qui est le sien de s’exprimer à la veille du dixième anniversaire de l’indépendance de son pays.  « La déclaration d’indépendance, le 9 juillet 2011, a été un moment d’histoire et d’espoir pour les Sud-Soudanais, en venant concrétiser un rêve pour lequel des millions de personnes avaient donné leur vie. »  Les Sud-Soudanais déplacés et réfugiés ont pu revenir dans le pays, tandis que les cadres de gouvernance locaux étaient fonctionnels.  Le pays avait des ressources et bénéficiait de la bonne volonté internationale pour se développer, a-t-il rappelé.  « Pour résumer, le Soudan du Sud au moment de l’indépendance possédait les ressources, les institutions et les cadres juridiques pour se gouverner, assurer les services publics et mettre le pays sur la voie du développement. »  Malheureusement, le potentiel du pays a été rapidement gâché, conduisant à une fragilité grandissante de l’État et à son échec, a regretté M. Mohandis. 

Il a ensuite avancé les deux raisons qui ont, à son avis, entravé les progrès au Soudan du Sud: un leadership politique déficient et l’oubli des principes qui ont guidé la lutte pour la libération et l’indépendance.  Un leadership politique est à peu près tout ce dont un pays a besoin pour progresser, parce qu’il permet de définir une vision nationale unificatrice pour la direction du pays et d’instaurer un environnement propice à sa réalisation, a-t-il estimé.  Il a déclaré que ce leadership a grossièrement fait défaut au Soudan du Sud depuis qu’il est devenu indépendant, en regrettant le manque de clarté en ce qui concerne la direction empruntée par le pays. 

Il a ensuite indiqué que les principes de la lutte pour la libération avaient été clairement définis, à savoir la lutte « pour la justice, la liberté, la dignité humaine et l’émancipation politique et économique ».  Malheureusement, 30 mois à peine après son indépendance, notre pays a connu de multiples guerres civiles, rendant plus difficile encore la concrétisation de ces principes, a-t-il reconnu.  Il a estimé que ces deux facteurs ont conduit à l’échec majeur de l’incurie de l’État.  Ce dernier n’est en effet pas en mesure de s’acquitter des fonctions élémentaires comme le maintien de l’ordre public ou bien encore la fourniture de services publics. 

Pour M. Mohandis, l’Accord de paix revitalisé offre un cadre raisonnable pour la paix dans le pays: sa pleine mise en œuvre permettrait de restaurer la paix et la stabilité, de répondre à la crise humanitaire, de renforcer les institutions publiques, de parvenir à une constitution permanente et de conduire à des élections crédibles.  Malheureusement, les avancées envisagées par cet Accord ne se sont pas réalisées, a-t-il déploré en notant par exemple que les arrangements de sécurité transitoires n’ont pas vu le jour.  Si des forces unifiées de 83 000 hommes ont été agréées, le pays pour l’heure ne compte pas un seul de ces soldats, a-t-il constaté.  Le Directeur de ORG a aussi regretté le manque de ressources financières qui entrave grandement le fonctionnement de ces mécanismes.  Il s’est désolé de constater que les civils paient le prix fort de ces retards de mise en œuvre et de l’insécurité. 

M. Mohandis a indiqué que l’efficacité de l’IGAD, en tant que garante principale de l’Accord de paix, va en diminuant, les membres de l’IGAD étant absorbés par leurs difficultés nationales, tandis que les parties sud-soudanaises à l’Accord revitalisé sont devenues imperméables à ses pressions.  Ainsi, l’IGAD leur avait demandé de dissoudre le Parlement dans un délai de deux semaines et il leur a fallu plus de 10 mois pour ce faire. 

Esquissant une voie pour sortir de cette crise qui dure depuis 10 ans, il a recommandé de mettre les Sud-Soudanais au centre des solutions, en exhortant la société civile à demander à leurs leaders de s’acquitter efficacement de leurs mandats dans le respect de la Constitution et de l’Accord revitalisé.  Les Sud-Soudanais doivent en outre demander que leur pays soit gouverné sur la base des principes qui ont guidé la lutte pour l’indépendance.  Enfin, il a demandé au Conseil d’appuyer les efforts de paix.  Le Conseil pourrait agir avec l’IGAD, l’Union africaine et les autres acteurs internationaux afin de faire payer le prix fort à toute violation délibérée des efforts de paix, y compris la perpétuation de la violence, les violations des droits humains ou bien encore les restrictions de l’espace civique et politique, a conclu M. Mohandis. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a encouragé vivement les dirigeants du Soudan du Sud à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Il a noté l’engagement des parties sud-soudanaises au processus de consultation publique pour parvenir à une Constitution qui reflète la volonté du peuple.  « Les États-Unis considèrent que des élections libres et équitables au Soudan du Sud sont essentielles au maintien de la paix et de la stabilité dans le pays » a dit M. Hunter avant d’appeler à garantir la participation pleine, égale et significative des femmes aux élections.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, attendent avec impatience les résultats de l’évaluation des besoins de l’ONU sur le processus électoral en cours. 

M. Hunter a aussi appelé le Gouvernement de transition à donner suite à son engagement d’accélérer le reclassement des forces unifiées nécessaires et la mise en place d’un commandement conjoint.  Par ailleurs, il a jugé fallacieuses les affirmations de responsables sud-soudanais selon lesquelles l’embargo sur les armes de l’ONU empêche la formation des forces unifiées nécessaires.  Il a rappelé que cet embargo, récemment renouvelé par le Conseil de sécurité, comprend des procédures d’exemption simples au cas où le Soudan du Sud aurait besoin des armes et du matériel nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix.  C’est pourquoi, le représentant américain a appelé les responsables sud-soudanais à travailler avec le Conseil de sécurité pour atteindre les objectifs de la résolution 2577 afin d’envisager des ajustements appropriés au régime de sanctions. 

En outre, après avoir dénoncé la montée de la violence infranationale au Soudan du Sud, impliquant souvent des groupes armés, parfois avec le soutien d’acteurs politiques et de membres des services de sécurité, M. Hunter a notamment déploré la violence contre les civils, qui a été documentée par la MINUSS, y compris les exécutions extrajudiciaires et les violences sexuelles et sexistes.  Alors que le nombre de meurtres et d’attaques contre le personnel humanitaire a beaucoup augmenté en 2021, il a appelé les dirigeants du Soudan du Sud à prendre des mesures immédiates et efficaces pour protéger les civils, les travailleurs humanitaires et les personnes déplacées, et à demander des comptes aux responsables des attaques contre les humanitaires. 

Enfin, le représentant a jugé inacceptable que les autorités sud-soudanaises continuent d’entraver les observateurs du cessez-le-feu et les Casques bleus.  « Les restrictions en cours sur les patrouilles et les mouvements des membres de la MINUSS –comme l’a signalé celle-ci– violent les obligations découlant de l’Accord sur le statut des forces », a-t-il dit avant d’appeler les dirigeants sud-soudanais à cesser d’entraver la Mission et à la considérer comme un partenaire à part entière dans le processus de transition. 

Après avoir souligné les étapes positives franchies au Soudan du Sud, M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a salué la reconstitution d’un parlement de 550 membres et la création d’une équipe spéciale chargée de superviser l’application du chapitre V de l’Accord revitalisé.  Il a espéré que d’autres mesures seront prises dans les mois à venir pour mettre en place et rendre opérationnel le Tribunal mixte.  Les pourparlers de paix négociés par la communauté de Sant’Egidio entre l’Alliance des mouvements d’opposition du Soudan du Sud et le R-TGoNU et la signature d’une Déclaration de principes entre le Gouvernement de transition du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS)/A-Nord, démontrent l’engagement des dirigeants sud-soudanais en faveur de la paix, a estimé M. Raguttahalli. 

S’agissant de la sécurité, la violence a augmenté, a constaté le délégué qui a demandé la mise en place rapide du commandement unifié de l’armée et la radiation des forces unifiées nécessaires.  Il a demandé à la MINUSS de poursuivre la transition du site de protection des civils de Malakal, dans la mesure où les conditions le permettront.  Les besoins humanitaires augmentent et la communauté internationale doit intervenir pour combler le déficit de financement de plus de 1 milliard de dollars, a ajouté M. Raguttahalli.  Lequel est préoccupé par les violations de l’Accord sur le statut des forces.  Cette question doit être traitée dès que possible par le Gouvernement de transition, en collaboration avec la MINUSS.  Après avoir loué la participation des Casques bleus indiens à la MINUSS, il a fait part de l’attribution à titre posthume de la Médaille Dag Hammarskjöld aux caporaux Yuvraj Singh et Ivan Michael Picardo ains qu’à Mulchand Yadav qui servait au sein de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI).  Tous trois ont donné leur vie cette année alors qu’ils servaient dans les missions de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il indiqué. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a insisté sur les progrès accomplis par le pays depuis son indépendance, dont le fonctionnement du gouvernement de transition aux niveaux central et local et le respect du cessez-le-feu.  Si la mise en œuvre de l’Accord de paix est globalement limitée, les progrès enregistrés doivent être pleinement reconnus, eu égard aux nombreux défis que le pays doit relever, a déclaré le délégué.  Il a appelé les autorités du pays et les parties concernées à accélérer la mise en œuvre de l’Accord, en particulier en vue de la formation de forces unifiées, et à accroître la participation des femmes.  Jugeant critique la préservation du cessez-le-feu, il a demandé des efforts accrus contre la violence intercommunautaire, ainsi que des mesures de renforcement de la confiance afin de promouvoir la réconciliation.  Le délégué a souhaité un renforcement de l’aide internationale humanitaire et financière apportée au pays, l’insécurité alimentaire continuant de toucher plus de la moitié de la population.  Enfin, il a souligné que les sanctions du Conseil ne sont que des instruments provisoires destinés à assurer le maintien de la paix.  « Les sanctions doivent être levées dès que les conditions fixées sont remplies. » 

Au nom du Groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a salué l’attachement constant des parties sud-soudanaises au cessez-le-feu permanent en vigueur depuis trois ans.  Il s’est également dit encouragé par les progrès réalisés dans le cadre de l’« Initiative de Rome du processus de paix au Soudan du Sud », notamment la signature de la Déclaration de principes entre le Gouvernement du Soudan du Sud et l’Alliance du mouvement d’opposition du Soudan du Sud à Naivasha, Kenya.  Néanmoins, il a exprimé des préoccupations quant à la lenteur de la mise en œuvre des dispositions transitoires de sécurité, dont le processus DDR, la finalisation de l’examen stratégique de défense et de sécurité, et la mise en place d’un système de gestion approprié des stocks d’armes et de munitions. 

Pour aller de l’avant, le représentant de l’A3+1 a mis l’accent sur trois points.  D’abord, la priorité du renforcement de l’État et des institutions alors que le Soudan du Sud célèbre son dixième anniversaire.  À cet égard, il a jugé encourageant le lancement du processus permanent d’élaboration d’une Constitution, envisagé au chapitre 6 de l’Accord revitalisé.  Il a aussi salué l’initiative des Nations Unies, en partenariat avec les Gouvernements de la Suède, de l’Irlande et du Kenya, de faciliter la conduite du recensement de la population et des logements en 2022, en tant que condition préalable essentielle à la planification socioéconomique et au processus politique vers la conduite des prochaines élections générales. 

« Deuxièmement, l’A3+1 réitère son appel à renforcer le soutien international au Soudan du Sud » a dit le représentant du Kenya avant de rappeler que le processus de paix et l’Accord revitalisé sont des arrangements complexes et coûteux qui nécessitent un engagement politique fort, ainsi qu’un temps et des ressources considérables. 

Enfin, au titre du troisième point, le représentant de l’A3+1 a noté que la MINUSS est aussi ancienne que le Soudan du Sud, ayant été créée à la veille de l’indépendance du pays.  Soulignant que cette mission est l’une des plus grandes opérations de paix des Nations Unies au monde avec un budget annuel de 1,17 milliard de dollars, le représentant a jugé indispensable que le Conseil de sécurité se demande si la MINUSS s’est acquittée de son mandat.  Il a rappelé que le rôle le plus important de la Mission doit rester d’aider le peuple du Soudan du Sud à jeter les bases solides de la paix, de la stabilité et du développement. 

M. BING DAI (Chine) a estimé que le dixième anniversaire du Soudan du Sud, célébré le mois prochain, devrait marquer un tournant dans l’avenir du pays.  Toutes les parties doivent continuer de s’engager pour la promotion l’Accord revitalisé, a-t-il dit, avant d’appeler l’opposition à conclure un accord dès que possible.  Rappelant la gravité de la situation humanitaire dans le pays, le délégué a déclaré qu’il est important d’appuyer toutes les organisations internationales et régionales qui jouent un rôle sur place pour alléger la souffrance de la population.  Il a demandé la levée des sanctions et appelé toutes les parties à respecter le cessez le feu et mettre un terme aux affrontements communautaires.  Préoccupé par les défis humanitaires énormes qu’affronte le Soudan du Sud, il a appelé à veiller à la poursuite de l’aide humanitaire doit continuer.  Pour sa part, la Chine a envoyé plus de 300 000 tonnes d’aides et des experts médicaux pour aider à surmonter la crise sanitaire, a-t-il fait savoir. 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a noté à son tour que cela fait presque 10 ans que la plus récente nation du monde est née.  Il a donc jugé important de célébrer ce « jalon important ».  Le représentant a également salué le fait que l’Accord de paix ait mis fin à cinq années de guerre et que son acceptation par les parties ait donné lieu à des compromis.  Il a cependant constaté que le Soudan du Sud reste l’un des pays les moins développés du monde et que sa courte histoire est dominée par la violence, la corruption et la souffrance.  De fait, il a estimé que les progrès dans la mise en œuvre du processus de paix ont été « trop lents et trop limités », en raison principalement de l’absence de volonté politique.  De plus, a-t-il encore déploré, l’économie nationale s’est contractée malgré des revenus pétroliers de plusieurs milliards de dollars.  Une situation qu’il a imputée à l’exploitation illicite des ressources naturelles et au détournement de fonds publics.  Dans ce contexte, plus de personnes ont besoin d’aide humanitaire qu’à aucun autre moment depuis l’indépendance du pays, a-t-il dénoncé, observant que cette tragédie humaine est pourtant « évitable ». 

Reconnaissant que le Gouvernement sud-soudanais doit tout à la fois lutter contre la corruption, conduire des réformes économiques et respecter l’Accord sur le statut des forces, M. Roscoe l’a néanmoins appelé à prendre ses responsabilités et à agir en véritable partenariat avec la communauté des donateurs pour résoudre cette crise.  Il a ensuite exhorté les autorités du pays à garantir la sécurité de ceux qui fournissent une assistance vitale et à demander des comptes aux auteurs. S’ils ne le font pas, « nous devrons envisager d’ajouter des noms sur la liste des sanctions », a-t-il averti, avant de se féliciter que le Conseil ait récemment renouvelé l’embargo sur les armes, le régime de sanctions et le mandat du Groupe d’experts.  Á cet égard, le délégué a encouragé le Gouvernement à faire avancer les travaux sur les critères de l’embargo sur les armes, y compris la création de la force unifiée nécessaire avec un commandement véritablement unifié. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé à accélérer le processus de paix, notant que la voie à suivre est clairement désignée, notamment par les critères intégrés le mois dernier dans le régime des sanctions en vue de leur levée éventuelle.  Elle a indiqué que la préservation du cessez-le-feu ne doit pas être tenue pour acquise.  L’absence de tout conflit n’est pas suffisante lorsque la violence continue, que le nombre de civils tués double d’année en année, que la faim se fait plus prégnante et que les plus vulnérables demeurent soumis à un traitement des plus haineux, en particulier de la part de ceux qui sont censés les protéger. 

La déléguée a noté que le Soudan du Sud fait face au plus haut niveau d’insécurité alimentaire depuis l’indépendance, avant de se dire vivement préoccupée par la recrudescence des attaques contre les travailleurs humanitaires.  Elle a demandé que les auteurs de violations des droits humains soient traduits en justice.  Les élections doivent se tenir conformément à l’Accord revitalisé, a par ailleurs déclaré Mme Byrne Nason.  Enfin, la représentante irlandaise a estimé que des gains supplémentaires sont possibles dans le pays.  « C’est maintenant au Soudan du Sud de montrer la voie. » 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déclaré que la formation d’un gouvernement de transition et l’achèvement de la période de prétransition au Soudan du Sud ont créé les conditions nécessaires pour que ce pays se dirige vers la stabilité politique et la réconciliation nationale.  La représentante s’est aussi félicitée de la nomination des gouverneurs des États et des organes directeurs des comtés, ainsi que de la reconstitution de l’Assemblée de transition et de la rédaction d’une nouvelle Constitution.  Elle a souligné que seule la mise en œuvre rapide et complète de l’Accord de paix revitalisé permettra d’instaurer la confiance et d’éviter de répéter les « erreurs du passé ».  « Le travail doit également se poursuivre vers la formation des forces armées unifiées », a-t-elle insisté avant de noter que cette étape a été compliquée par le manque de matériel, d’assistance technique et de financement.  La représentante a salué les efforts de médiation de l’Union africaine et de l’IGAD, avant d’exhorter les deux organisations à maintenir une unité dans leurs approches pour agir dans l’esprit des « solutions africaines aux problèmes africains ».  Alors que la situation au Soudan du Sud se normalise, un réexamen du régime de sanctions actuel doit également être effectué, a-t-elle ajouté. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé que le Soudan du Sud est né d’une longue histoire de conflits, de déplacements et de guerre civile, et que construire un État moderne prend du temps et est difficile.  Elle a noté des signes importants de progrès, à commencer par le fait que l’Accord sur la cessation des hostilités est largement respecté.  Mme Juul s’est cependant déclarée «  déçue » de la situation actuelle, condamnant notamment les souffrances que subit la population en raison du conflit et de l’insécurité alimentaire, ainsi que les attaques à l’encontre des travailleurs humanitaires. 

Une paix globale est essentielle, a souligné la représentante qui a appelé toutes les parties à négocier de bonne foi et à parvenir à des accords inclusifs.  Le Gouvernement d’unité nationale devrait accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, y compris la disposition qui vise à accorder 35% des postes gouvernementaux aux femmes.  Et les travaux sur la nouvelle constitution doivent commencer avec la participation inclusive et significative des femmes et des jeunes.  Elle a enfin déclaré que le leadership politique est crucial pour faire en sorte que la prochaine décennie soit meilleure que la première.  Les dirigeants actuels doivent évaluer honnêtement les domaines dans lesquels les progrès font défaut et tirer les leçons de ces défis. 

À un mois du dixième anniversaire de l’indépendance du Soudan du Sud, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a exhorté le Gouvernement de transition à mettre en œuvre pleinement l’Accord revitalisé qui constitue la base du progrès, de la stabilité et de la croissance du pays.  Il a déclaré voir dans la reconstitution de l’Assemblée nationale législative de transition une étape importante dans ce sens.  Le représentant s’est toutefois alarmé de l’application sélective des dispositions sécuritaires liées à la justice transitionnelle, à la responsabilisation, à la réconciliation ou au respect du quota relatif au genre.  De même, a-t-il souligné, l’inscription sur la liste des sanctions du Comité 2206 d’individus comme le général Santino Deng Wol, en tant que chef des forces armées, est selon lui « contraire à l’esprit de réconciliation et de paix » de l’Accord revitalisé. 

Constatant ensuite que le Soudan du Sud fait face aux niveaux d’insécurité alimentaire les plus élevés depuis son indépendance, le délégué s’est inquiété de la recrudescence des violences dans l’Équatoria central, des pillages à Tonj et dans la zone administrative de Pibor, ainsi que des attaques contre le personnel humanitaire.  Il a appelé le Gouvernement à faciliter la fourniture de l’aide tout en créant les conditions de sécurité nécessaires.  S’agissant par ailleurs du reclassement du centre de protection des civils de Bentiu, M. de la Fuente Ramirez a invité la MINUSS à garder une certaine souplesse dans la préparation des analyses de risques.  Il a également encouragé le reclassement du centre de protection des civils à Malakal, lorsque les conditions seront réunies.  Enfin, après avoir déploré la poursuite de cycles de violence communautaire, notamment dans la région de Jongleï, le représentant a jugé que le renforcement de l’état de droit, qui est un des grands axes de l’Accord revitalisé, doit être une priorité pour mettre fin à l’insécurité.  À ses yeux, « ne pas mettre pleinement en œuvre l’Accord, c’est priver le pays de garanties quant à son avenir ». 

Mme SHERAZ GASRI (France) a appelé toutes les parties au plein respect de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  « La poursuite des violences, en particulier dans les régions de Malakal, du Nil supérieur et du Jongleï, est particulièrement préoccupante et mêle toutes des dynamiques locales avec des rivalités politiques nationales. »  

Elle a ensuite condamné les attaques contre les personnels humanitaires et médicaux.  « Le Soudan du Sud est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les personnels humanitaires : 128 personnels humanitaires y ont perdu la vie depuis 2013. »  Ces violences ne doivent pas rester impunies et il importe que les auteurs de ces actes soient traduits en justice et sanctionnés par ce Conseil, a déclaré Mme Gasri.  

La déléguée a indiqué que la France est prête à concrétiser la main tendue par le Conseil de sécurité au Soudan du Sud, à condition que les objectifs fixés soient atteints par le Gouvernement.  En mars, lors du renouvellement du mandat de la MINUSS, a-t-elle rappelé, le Conseil s’est montré prêt à des ajustements des effectifs de la MINUSS et de son mandat de renforcement des capacités.  En mai, lors du renouvellement du régime de sanctions, il s’est ensuite dit prêt à revoir les mesures d’embargo sur les armes, notamment par leur modification, leur suspension ou leur levée progressive. 

Le Conseil a fixé des conditions claires pour cela qui doivent être mises en œuvre par le gouvernement du Soudan du Sud, avec le soutien de la MINUSS, a conclu Mme Gasri, en rappelant que l’essentiel des mesures reste en attente, en particulier s’agissant de la réforme du secteur de la sécurité. 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déclaré que le Soudan du Sud a encore un long chemin à parcourir pour créer un environnement sûr et stable pour les Sud-Soudanais.  Tout en se félicitant de la reconstitution de l’Assemblée législative nationale, il a regretté que le quota de 35% de participation des femmes dans le secteur public n’a pas été atteint.  Il s’est inquiété que les élections qui auraient dû avoir lieu en 2022, sont reportées à 2023, avant de rappeler que des élections libres, justes et apaisées sont essentielles pour l’avenir apaisé du pays.  Le représentant a aussi appelé le Gouvernement et l’Union africaine à finaliser le projet de statut et le mémorandum d’accord, pour que les tribunaux hybrides soient opérationnels. 

Mettant l’accent sur les points positifs, M. Auväärt s’est dit encouragé que le cessez-le-feu continue de tenir en grande partie, malgré des violences localisées.  L’Estonie s’est néanmoins dite préoccupée par les exécutions extrajudiciaires menées dans l’État de Warrap sur instruction du gouverneur, avant d’exhorter le Gouvernement à enquêter sur ces meurtres, conformément à ses obligations internationales en vertu du droit international des droits de l’homme.  Notant aussi que les milices communautaires poursuivent leurs violentes manœuvres à Jongleï, tuant des individus, pillant et détruisant des propriétés, le représentant de l’Estonie a prévenu que le cycle de la violence ne peut s’arrêter si le gouvernement ne traduit pas les auteurs en justice.  Enfin, il s’est particulièrement inquiété de la situation humanitaire dans un Soudan du Sud confronté à ses plus hauts niveaux d’insécurité alimentaire et de malnutrition depuis l’indépendance.  « Environ 60% de la population est susceptible de faire face à une insécurité alimentaire aiguë », a-t-il prévenu avant de noter que l’accès humanitaire continue d’être difficile en raison de la résurgence du conflit armé dans certaines parties du pays et des attaques contre les humanitaires. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a dit que comme de nombreux membres du Conseil, il est lui aussi préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans le pays à la veille du dixième anniversaire de son indépendance.  Le représentant a assuré que les violences et les attaques contre les travailleurs humanitaires font l’objet d’enquête.  Le gouvernement s’efforcera d’amener leurs auteurs à rendre des comptes, a promis M. Malwal ajoutant que l’exécutif ne peut cependant pas être présent partout dans le pays.  Le gouvernement n’est pas sourd aux propos des membres de ce Conseil, a ajouté le représentant évoquant notamment le projet de statut et de mémorandum d’accord pour la mise en service du Tribunal mixte.  

M. Malwal a espéré que le Représentant spécial du Secrétaire général sera en mesure de trouver des solutions permettant de résoudre les problèmes du pays y compris ceux soulevés au cours de la réunion par le représentant de la société civile sud-soudanaise.  Dénonçant l’obstacle que représente l’embargo, il a indiqué que l’un des objectifs du Gouvernement de transition est de le renégocier. Dans les conditions actuelles, il est difficile d’avancer, a-t-il martelé.  Et cette question devra être débattue au moment de l’examen du renouvèlement du mandat de la Mission.  Il a aussi insisté sur le fait que beaucoup attendent que justice soit rendue à la suite du conflit de 2015.  Enfin, répondant à la Fédération de Russie, M. Malwal a affirmé que le Soudan du Sud n’avait pas besoin d’argent.  Ce dont nous avons besoin, ce sont des compétences et des capacités, a indiqué le délégué. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale reconduit M. António Guterres à la tête de l’ONU pour un deuxième mandat de cinq ans et se prononce sur la situation au Myanmar

Soixante-quatorzième session,
82e & 83e séances plénières – matin & après-midi
AG/12339

L’Assemblée générale reconduit M. António Guterres à la tête de l’ONU pour un deuxième mandat de cinq ans et se prononce sur la situation au Myanmar

L’Assemblée générale a nommé, ce matin, M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU pour un deuxième mandat allant du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2026, avant d’adopter, dans l’après-midi, une résolution qui demande notamment aux forces armées du Myanmar de permettre à la transition démocratique de progresser durablement dans le pays.  

L’Assemblée générale aura donc suivi la recommandation faite par le Conseil de sécurité le 8 juin dernier* en reconduisant M. Guterres dans ses fonctions et en lui exprimant sa gratitude pour « l’efficacité et le dévouement » dont il a fait preuve durant son premier mandat.  De son côté, le Président du Portugal, qui a présenté la candidature de M. Guterres, a affirmé qu’il est la « bonne personne au bon moment ».  

Après avoir prêté serment, M. Guterres s’est exprimé pour confesser le « tourbillon d’émotions et de pensées » qui l’a assailli, tant son nouveau mandat débute « à l’aube d’une nouvelle ère ».  En effet, « nous sommes vraiment à la croisée des chemins, avec des choix conséquents devant nous », a-t-il déclaré.  Et cela peut, selon lui, « aller dans les deux sens »: « effondrement et crise perpétuelle ou percée et perspective d’un avenir plus vert, plus sûr et meilleur pour tous ». 

Observant que la pandémie de COVID-19 a révélé « notre vulnérabilité commune, notre interdépendance et la nécessité absolue d’une action collective », M. Guterres a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir durant son second mandat pour « contribuer au scénario positif et décisif ».  M. Guterres a ensuite évoqué les autres défis mondiaux que sont le dérèglement climatique, la perte de la biodiversité, les inégalités croissantes, y compris de genre, ou bien encore le recul des droits humains. 

Le Secrétaire général a rappelé l’important processus de réforme lancé dans les domaines du développement, de la gestion, ainsi que de la paix et de la sécurité de l’ONU.  Ces efforts «  nous ont mieux équipés pour faire face à la crise actuelle », a assuré le Chef de l’ONU, tout en reconnaissant qu’il reste à consolider les réformes en cours, tirer parti de leurs résultats et continuer à développer de nouvelles méthodes de travail. 

De l’avis de M. Guterres, qui s’est exprimé en anglais, en français et en espagnol, l’ONU se trouve au cœur d’une diversité d’acteurs travaillant ensemble pour fournir des « biens publics mondiaux » et joue un « rôle de catalyseur et de rassembleur ».  Tout cela ne sera possible que si nous parvenons à « surmonter le déficit de confiance actuel », qui a un effet corrosif sur les sociétés et entre les pays, a prévenu le Secrétaire général en appelant à surmonter les divisions géostratégiques et les relations de pouvoir « dysfonctionnelles ». 

« Je vais tout donner pour assurer l’éclosion de la confiance entre et parmi les nations, grandes et petites, pour construire des ponts et s’engager sans relâche dans l’instauration de la confiance », a promis M. Guterres, pour qui l’essentiel est de « ne jamais abandonner ».  Considérant la fonction publique comme « un service avant tout », M. Guterres a promis d’être au service des personnes et de la planète, mais aussi au service de tous les États Membres, « de manière égale et sans autre ordre du jour que celui ancré dans la Charte des Nations Unies ». 

L’Assemblée générale s’est de nouveau réunie dans l’après-midi pour adopter par 119 voix pour, 36 abstentions et l’opposition du Bélarus, une résolution qui demande aux forces armées du Myanmar de respecter la volonté du peuple librement exprimée par les résultats de l’élection générale du 8  novembre 2020, de mettre fin à l’état d’urgence, de respecter tous les droits humains de l’ensemble de la population du Myanmar et de permettre à la transition démocratique de progresser durablement au Myanmar. 

Sur ce dernier point, le texte appelle notamment à l’ouverture du parlement démocratiquement élu et des mesures qui placeront toutes les institutions nationales, « y compris les forces armées », sous l’autorité d’un gouvernement civil pleinement inclusif et représentatif de la volonté du peuple.  L’Assemblée demande la libération immédiate et sans condition du Président, Win Myint, de la Conseillère d’État, Aung San Suu Kyi, ainsi que de tous ceux qui ont été arbitrairement détenus, inculpés ou arrêtés.  

Les forces armées du Myanmar sont également appelées à cesser immédiatement toute violence contre les manifestants pacifiques ainsi que les membres de la société civile; et à coopérer sans réserve avec l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le Myanmar.  Enfin, l’Assemblée demande à tous les États Membres d’empêcher les mouvements d’armes à destination du Myanmar et qu’un accès humanitaire sûr et sans entrave soit ménagé pour toutes les personnes dans le besoin, y compris les détenus. 

L’adoption de ce texte a été saluée par de nombreuses délégations qui y ont vu un appel puissant envoyé par la communauté internationale à l’armée du Myanmar.  La délégation du Myanmar a toutefois estimé que ce texte « timide » oublie des éléments importants tels que l’imposition d’un embargo sur les armes, alors que l’armée du Myanmar tue des manifestants pacifiques avec des armes importées.  Près de 900 personnes dont des filles de 7 ans ont été assassinées au Myanmar.  Si des actions énergiques avaient été prises, ces 900 personnes seraient encore en vie, a-t-il dit, en réclamant des actions immédiates afin de faire cesser la barbarie de l’armée au Myanmar. 

D’autres délégations, à l’instar de l’Iran et de l’Arabie saoudite, ont déploré un texte « incomplet » qui ne prend pas en compte tous les aspects de la situation que connaissent les musulmans rohingya.  « Très déçue » par ce texte, alors que son pays est en première ligne de la crise, la déléguée du Bangladesh a en outre jugé qu’une résolution demeurera incomplète tant qu’elle ne formulera pas de recommandations concrètes en vue de s’attaquer aux causes profondes de ladite crise. 

Seule délégation à avoir voté contre le texte, le Bélarus a indiqué que sa position ne vise en rien à bloquer la résolution de la crise au Myanmar mais découle de son opposition à la présentation, à l’Assemblée générale, de résolutions concernant la situation spécifique à des pays.  Cela participe d’une tentative d’ingérence dans les affaires intérieures des États, a-t-elle estimé. 

« Croire que la souveraineté nationale veut dire que toute la famille des Nations Unies doit se taire devant une situation humanitaire ou un déni des droits de l’homme est faux », s’est emporté le Canada qui a jugé « politiquement incorrect » de penser que la souveraineté nationale annule tous les autres principes de la démocratie et du droit international humanitaire. 

NOMINATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/75/912) (A/75/L.100)

Déclarations

C’est en sa qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin que M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), a indiqué que c’est au cours de sa 8789e séance, tenue à huis clos le 8 juin, que le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2580 (2021) en vertu de laquelle elle recommande à l’Assemblée générale que M. António Guterres soit nommé Secrétaire général de l’ONU pour un deuxième mandat commençant le 1er janvier 2022 et prenant fin au 31 décembre 2026. 

M. Jürgenson a rappelé que le 24 février dernier, une communication avait été reçue par les Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité en provenance de la Mission permanente du Portugal qui présentait la candidature de M.  António Guterres pour un second mandat en tant que Secrétaire général.  Le Président du Conseil a précisé que M.  Guterres était le seul candidat présenté par un État Membre.  Un dialogue informel avec M.  Guterres et les membres du Conseil de sécurité a eu lieu le 18 mai.  Ces derniers ont trouvé ce dialogue significatif et productif, a-t-il indiqué.  Et c’est à la suite du dialogue que les membres du Conseil ont adopté la résolution 2580 (2021) par acclamation, exprimant ainsi leur inconditionnelle soutien à M.  António Guterres qui, de l’avis du Conseil, « correspond aux normes les plus élevées d’efficacité, de compétence et d’intégrité, et à un ferme attachement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies ».  Selon son Président au mois de juin, le Conseil de sécurité a abordé ce processus guidé par les principes de transparence et d’inclusion.

Assailli d’un « tourbillon d’émotions et de pensées », M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, s’est déclaré profondément honoré et reconnaissant de la confiance qui lui est témoignée pour exercer un second mandat.  « Servir les Nations Unies est un immense privilège et un devoir des plus nobles », a-t-il souligné, se disant également très reconnaissant au Portugal de l’avoir proposé à nouveau.  « Je suis un multilatéraliste engagé mais je suis aussi un fier Portugais », a-t-il confié, avant d’estimer que son nouveau mandat débute « à l’aube d'une nouvelle ère ».  En effet, « nous sommes vraiment à la croisée des chemins, avec des choix conséquents devant nous ».  Et cela peut, selon lui, « aller dans les deux sens »: « effondrement et crise perpétuelle ou percée et perspective d’un avenir plus vert, plus sûr et meilleur pour tous ». 

Observant que la pandémie de COVID-19 a révélé « notre vulnérabilité commune, notre interdépendance et la nécessité absolue d’une action collective », M. Guterres a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir durant son second mandat pour « contribuer au scénario positif et décisif ».  Après avoir rappelé les souffrances endurées au cours des 18 derniers mois, des millions de familles endeuillées aux 114 millions d’emplois perdus, avec plus de 50% de la population mondiale se retrouvant sans aucune protection sociale et une pauvreté en hausse pour la première fois depuis 20 ans, le Secrétaire général a noté que « le fait que nous commençons seulement maintenant à nous unir pour faire des vaccins la priorité mondiale absolue en dit long ».  Il est donc crucial, à ses yeux, de s’assurer que la sortie de crise et la reprise socioéconomique soient « bien plus équitables ».      

M. Guterres a ensuite évoqué les autres défis mondiaux que sont le dérèglement climatique, la perte de la biodiversité, la pollution environnementale, les inégalités croissantes, y compris de genre, le recul des droits humains, l’absence de régulation dans le cyberespace, une fracture numérique grandissante, l’évolution de la nature des conflits, la probabilité de futures pandémies et d’autres risques mondiaux existentiels.   Il a aussi constaté un recul des avancées enregistrées dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, de la réduction de la pauvreté à l’éradication de la faim, en passant par l’accès à une éducation de qualité et l’égalité de genre.   Notre plus grand défi, qui est en même temps « notre plus grande opportunité », est d’utiliser cette crise pour « renverser la situation, pivoter vers un monde qui tire des leçons, qui promeuve une reprise juste, verte et durable et qui montre le chemin via une coopération internationale accrue et efficace pour répondre aux problèmes mondiaux ».   

Franchir cette étape demandera « un effort réel pour renforcer ce qui fonctionne et du courage pour tirer les leçons de ce qui ne fonctionne pas », a averti le Secrétaire général, selon lequel la prévention et la préparation doivent être une « priorité de premier plan du système international ».  Il s’est dit convaincu que l’ONU peut relever les défis auxquels elle est confrontée, en raison notamment de « l’engagement incroyable » de ceux qui servent les Nations Unies dans le monde entier et qui ont assuré une continuité des activités sans faille dans les circonstances difficiles de la pandémie.  « Mes collègues sont en effet notre plus grand atout, et nous devons chérir et reconnaître cela avec une profonde gratitude et appréciation », a-t-il dit. 

Deuxièmement, a relevé M. Guterres, malgré toutes les différences et divisions, « nous avons montré que nous pouvons nous réunir pour nous mettre d’accord sur des objectifs communs et résoudre des problèmes communs ».  C’est ainsi qu’a pu être lancé un important processus de réforme dans les domaines du développement, de la gestion, ainsi que de la paix et de la sécurité de l’ONU.  Ces efforts « nous ont mieux équipés pour faire face à la crise actuelle », a assuré le Secrétaire général, tout en reconnaissant qu’il reste à consolider les réformes en cours, tirer parti de leurs résultats et continuer à développer de nouvelles méthodes de travail ».  

Évoquant son projet d’« ONU 2.0 », il a plaidé pour une accélération de la transformation via cinq changements majeurs: de meilleures données, analyses et communications; l’innovation et la transformation numérique; la prospective stratégique; une meilleure orientation vers la performance et les résultats et une culture de travail qui réduit la bureaucratie inutile, simplifie et favorise un travail de collaboration.  De même, a-t-il ajouté, nous devons lutter pour une ONU « beaucoup plus alignée et intégrée », qui fonctionne de manière transparente entre les différents piliers de l’Organisation. 

En troisièmement lieu, M. Guterres a rappelé que, dans la Déclaration faite à l’occasion de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, les États Membres lui ont donné mandat de leur faire rapport sur la manière de faire avancer notre programme commun afin de mieux répondre aux défis actuels et futurs. « Je sens qu’il y a un élan pour que certaines des transformations les plus profondes aient lieu », s’est-il félicité, observant que, « dans un monde qui a tellement changé, la promesse, les principes et les valeurs de la Charte des Nations Unies perdurent ».  Dans ce monde « où les leviers du changement sont entre de nombreuses mains », l’ONU, ainsi que les États et les peuples qu’elle sert, « ne peut que gagner à amener d’autres à la table », a-t-il souligné, avant de qualifier la société civile, les villes, le secteur privé et les jeunes de « voix essentielles qui doivent être entendues », et ce, « dans un contexte de véritable égalité des sexes ». 

De l’avis de M. Guterres, qui s’est exprimé en anglais, en français et en espagnol, l’ONU se trouve au cœur d’une diversité d’acteurs travaillant ensemble pour fournir des « biens publics mondiaux » et joue un « rôle de catalyseur et de rassembleur » pour initier plus d’innovation, plus d’inclusion, plus de coopération et plus de prévoyance.  Selon lui, cette transformation doit entraîner une rénovation de la solidarité.  « Au niveau national, à travers un contrat social réinventé » et « au niveau mondial à travers un multilatéralisme plus inclusif, interconnecté et efficace », a-t-il énoncé, indiquant que son Appel à l’action en faveur des droits humains continuera d’être un guide important dans ce domaine.  La transformation doit aussi renforcer l’égalité, en parvenant à une meilleure compréhension et une meilleure gestion des biens publics mondiaux, a plaidé le Chef de l’ONU, non sans estimer que l’équité doit « commencer maintenant », avec des vaccins disponibles pour tout le monde et partout, et une reprise durable et inclusive à la fois dans le monde développé et en développement.  

Tout cela ne sera possible que si nous parvenons à « surmonter le déficit de confiance actuel », qui a un effet corrosif sur les sociétés et entre les pays, a prévenu le Secrétaire général en appelant à surmonter les divisions géostratégiques et les relations de pouvoir « dysfonctionnelles ».  De même, a-t-il ajouté, « nous devons également être conscients de la façon dont le pouvoir se joue dans le monde d’aujourd'hui en ce qui concerne la distribution des ressources et de la technologie ».  Formant le vœu que cette méfiance ne devienne pas la norme, il a assuré que cette dernière « est, et continuera d’être, les fondements sur lesquels la Charte des Nations Unies a été construite, une croyance ultime dans le multilatéralisme et les aspirations de la Déclaration universelle des droits de l’homme ». 

« Je vais tout donner pour assurer l’éclosion de la confiance entre et parmi les nations, grandes et petites, pour construire des ponts et s’engager sans relâche dans l’instauration de la confiance », a promis M. Guterres, pour qui l’essentiel est de « ne jamais abandonner ».  Faire que des percées soient « possibles quand on s’y attend le moins et contre toute attente », tel est son « engagement indéfectible ».  Quant à son propre rôle, il a dit avoir toujours considéré la fonction publique comme « un service avant tout ».  Il entend donc être « au service des personnes et de la planète », mais aussi au service de tous les États Membres, « de manière égale et sans autre ordre du jour que celui ancré dans la Charte des Nations Unies ». 

Pour M. Guterres, les défis complexes d’aujourd’hui ne pourront être relevés qu’avec une « approche humble ».  Dans ce cadre, a-t-il expliqué, le Secrétaire général ne doit pas chercher à imposer ses vues mais aider les États Membres et les parties prenantes concernées à conduire les changements nécessaires et mettre ses bons offices à disposition, en s’engageant sans relâche, en utilisant pleinement le rôle rassembleur unique de l’ONU et en travaillant comme médiateur pour aider à trouver « des solutions qui profitent à toutes les personnes impliquées ». 

« C’est mon intention de servir avec humilité », a-t-il insisté dans ses mots de conclusion, affirmant vouloir travailler « dans l’esprit de bâtir la confiance et d’inspirer l’espoir ».  À ses yeux, « préserver la dignité humaine nous appelle à puiser dans notre diversité et notre richesse pour imaginer des libertés plus larges qui ne peuvent être garanties que par une action commune ». 

« En tant que diplomate en chef, je suis persuadé que vous continuerez de diriger l’ONU avec sincérité et intégrité », a déclaré M.  VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale.  Il a salué l’accent mis par le Secrétaire général sur l’égalité entre les genres et y a vu un bon exemple de ses efforts visant à ce que l’Organisation soit l’instrument de promotion de ses idéaux.  « Vous avez dirigé l’Organisation pendant une période difficile mais intéressante ».  Le Président a mis au crédit du Secrétaire général le fait d’avoir rapproché l’ONU des peuples qu’elle sert et d’avoir rassemblé les opinions de personnes de tous les horizons sur le rôle de la coopération internationale.  Plus de 1,5 million de personnes de tout pays et de toute obédience ont été questionnées sur leurs priorités pour l’avenir, a-t-il noté.  Il a indiqué que le Secrétaire général va présenter en septembre ses recommandations sur la réponse de l’ONU aux défis actuels et futurs.  « Il est clair que votre travail a façonné cette Organisation pour faire en sorte qu’elle se montre à la hauteur de son mandat et réponde aux besoins des peuples qu’elle sert », a déclaré le Président. 

Poursuivant, M. Bozkir a relevé que le défi majeur de « notre génération » est le climat.  Si nous n’agissons pas maintenant, le monde, tel que nous le connaissons, cessera d’exister, a-t-il affirmé, en ajoutant que le Secrétaire général a intégré cette ambition climatique au cœur du système onusien.  « Vous avez entendu les peuples du monde qui demandent une action urgente, vous avez encouragé les États Membres à travailler ensemble, et à user du système multilatéral pour prôner une action collective face à cette menace commune. »  Encouragé par les progrès accomplis dans ce domaine, le Président a déclaré que « nos actions détermineront la réussite du système multilatéral ». 

Le Président de l’Assemblée générale a ensuite indiqué que le relèvement après la pandémie figurait tout en haut de la vision développée par le Secrétaire général pour son second mandat.  Les États Membres ont insisté sur un message clair lors de la semaine de haut niveau.  Lors de la Déclaration faite à l’occasion de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, ils ont réaffirmé la nécessité du multilatéralisme afin de se relever en mieux, pour un monde plus résilient et durable.  « Ces efforts ne font que commencer. »  M. Bozkir a exprimé sa confiance en la capacité du Secrétaire général d’agir pour que personne ne soit laissé de côté.  « Vos efforts pour que la dignité humaine soit au cœur de votre travail sont plus cruciaux que jamais », a-t-il affirmé avant de saluer l’appui universel fort apporté par les États Membres pour cette nouvelle nomination. 

Mme SOPHIA TESFAMARIAM YOHANNES (Érythrée), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a jugé honteuses la distribution inéquitable des vaccins contre la COVID-19.  Elle a salué le leadership du Secrétaire général de l’ONU qui milite pour la levée des droits de propriété intellectuelle concernant ces vaccins.  Elle a appelé l’ONU à s’impliquer davantage pour la relance économique en Afrique notamment, en plaidant pour l’allègement de la dette et l’octroi de droits de tirage spéciaux en faveur des pays africains, entre autres. 

Sur un tout autre plan, a-t-elle poursuivi, l’Afrique attend du Secrétaire général qu’il poursuive son engagement en faveur de la lutte contre les changements climatiques, notamment en plaidant pour que les fonds promis pour l’adaptation soient véritablement disponibles.  Le Groupe des États d’Afrique a également demandé à M. Guterres de veiller au renforcement de la coopération et la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine et de nommer davantage d’Africains aux postes les plus élevés de l’Organisation.  Pour le Groupe des États d’Afrique, il faut réparer les nombreuses injustices passées et actuelles qui empêchent l’Afrique de contribuer à juste titre au système international, notamment en barrant la voie au racisme et à d’autres pratiques assimilées.  

Au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, M. TEBURORO TITO (Kiribati), a relevé qu’il est important que la communauté internationale se mobilise avant de décider de la personne qui aura pour tâche de gérer les questions du monde.  Et c’est justement ce que fait l’Assemblée générale par le biais de la présente séance, a-t-il ajouté.  Il a dit que le fait que M. Guterres fut le seul candidat présenté par un État Membre est le signe qu’il bénéficie de la confiance et du soutien de tous les autres pour poursuivre ses fonctions.  Le Groupe des États d’Asie et du Pacifique a félicité le Secrétaire général et l’a assuré de son plein soutien. 

M. MICHAL MLYNÁR, (Slovaquie), au nom des États d’Europe de l’Est, a félicité le Secrétaire général pour son second mandat et salué un processus de sélection inclusif.  Il a toutefois souhaité une amélioration de ce processus et la prise en compte de l’égalité entre les genres et de la représentation géographique.  Il a noté l’implication personnelle du Secrétaire général dans la prévention des conflits et salué ses stratégies pour défendre l’égalité entre les sexes et lutter contre les discours de haine.  Dans ce contexte inédit de pandémie, le Secrétaire général António Guterres a montré que le multilatéralisme est important, a-t-il aussi relevé, en saluant son courage et sa détermination.

Au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a félicité le Secrétaire général pour son deuxième mandat à la tête de l’ONU.  Saluant les « succès de ces cinq dernières années », il s’est dit convaincu que le leadership de M. António Guterres dans ce deuxième mandat « nous rapprochera encore plus de la réalisation des idéaux consacrés dans la Charte des Nations Unies ».  Le GRULAC, a noté le représentant, « apprécie la forte culture de partenariat » du premier mandat de M. Guterres et « attend avec impatience cinq autres années de réforme, d’innovation, de livraison et de résultats ».  Du premier mandat du Secrétaire général, M. Carazo a retenu l’engagement indéfectible envers le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le soutien à l’Accord de Paris pour le climat, ainsi que les appels à la distribution équitable des vaccins contre la COVID-19 et à la couverture sanitaire universelle, et l’action en faveur d’une parité accrue en faveur d’une meilleure représentation des femmes au Secrétariat de l’ONU. 

« Vous avez été indispensable à l’élaboration d’une ONU préparée pour le XXIe siècle », a déclaré le représentant à M. Guterres, soulignant son action en tant que « facilitateur et médiateur » de cessez-le-feu, son leadership pendant la pandémie et son « attention aux détails » qui a donné des « résultats profonds » dans les domaines du maintien de la paix et des affaires politiques, du système de développement de l’ONU et de la gestion du Secrétariat.  « Le GRULAC salue votre dévouement à une organisation inclusive, efficace et transparente », a-t-il dit, avant de rappeler que les fonctions de Secrétaire général fusionnent « les rôles d’avocat, de fonctionnaire, de dirigeant et de diplomate ». 

Notant que l’ONU aura besoin d’un « leadership fort et adroit » compte tenu des défis actuels, le représentant a salué en particulier le rôle de « chef de file intellectuel et politique » de M. Guterres dans la construction d’un « nouveau contrat  social ».  « En tant que Chef de l’appareil diplomatique multilatéral le plus puissant au monde, nous savons que vous relèverez les défis de l’inégalité sociale et de la disparité économique avec les objectifs ultimes de dignité humaine, de justice, de paix, de tolérance, et la solidarité », a affirmé M. Carazo. 

Il a ensuite applaudi la « vision » du Secrétaire général en faveur d’un ordre multilatéral plus pacifique, plus équitable entre les sexes, dans lequel la sécurité et le bien-être des civils « passent avant tout ».  Le GRULAC, a-t-il ajouté, sait que votre leadership « exploitera les capacités inégalées des Nations Unies » pour affronter les défis communs, gérer les responsabilités partagées, exercer l’action collective et lutter pour un monde pacifique, inclusif et durablement développé.  Enfin, a-t-il conclu, le GRULAC est impatient de « concrétiser votre vision d’une ONU 2.0 plus transparente, responsable et unifiée ».

Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), a salué le fait que M. Guterres ait été à la hauteur des défis de l’heure, citant notamment les catastrophes naturelles, les changements climatiques et la COVID-19.  Elle a aussi souligné que le Secrétaire général a mené un effort en faveur d’un cessez le feu mondial.  Pour le Groupe, ces problèmes mondiaux complexes nécessitent une réaction internationale adaptée.  L’ONU a tout à gagner d’avoir M. Guterres à sa tête pour quatre autres années, a déclaré Mme Woodward.   

Elle a appelé à œuvrer pour parvenir à une « ONU 2.0 », notamment en évitant les doublons, en promouvant transparence et responsabilité, et en gagnant en efficience tout en renforçant la participation de la société civile.  Cela veut dire qu’il faut éliminer les discriminations basées sur le sexe, celles basées sur les croyances ainsi que toutes les autres.  Mme Woodward a dit que le Groupe renouvelle sa confiance en M. Guterres dans le contexte de la pandémie et de la reconstruction post-COVID-19, ainsi que pour la réalisation des objectifs de développement durable. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué la nouvelle nomination du Secrétaire général, qui est « un dirigeant capable » en ces temps difficiles.  « Vous êtes chargé des plus hautes responsabilités et vous devez faire face aux défis les plus graves », a-t-il dit à M. Guterres, en ajoutant que son travail est autant difficile qu’important.  Il n’a d’ailleurs pas fait mystère des difficultés qui l’attendent. « Il faudra un engagement passionné en faveur des droits de la personne dans le monde, pour les plus vulnérables », a-t-il conclu, en saluant la bonne coopération entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale dans ce processus de sélection.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal,  a déclaré que son pays a présenté le nom d’António Guterres sur la base de la « conviction forte » que ce dernier est fait pour ce poste.  « M. Guterres s’est avéré être la bonne personne au bon moment. »  Il a salué l’engagement indéfectible de M. Guterres en faveur d’un « multilatéralisme plein de compassion ».  Pour lui en effet, mettre la personne au centre de son action n’est pas un choix, mais un impératif, a-t-il dit.  En ces temps de grande incertitude, le Président a souligné la nécessité de ne laisser personne au bord de la route, avant d’insister sur l’importance de la riposte face à la pandémie pour se relever en mieux.  La voix du Secrétaire général est également cruciale dans la lutte contre les changements climatiques, a affirmé le Président portugais. « Ensemble, nous pouvons nous unir pour servir nos peuples », a-t-il conclu.

PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉES

Le Président de l’Assemblée générale, M. VOLKAN BOZKIR, a dit s’exprimer avec « le cœur lourd » afin de parler de la situation qui a cours au Myanmar.  Il a relevé que la situation humanitaire se détériore dans le pays et des communautés entières sont déracinées.  Les déplacés manquent de nourriture, d’installations sanitaires et d’autres besoins et services de premières nécessité.  En ce moment, a déclaré le Président, les maladies hydriques se propagent alors que la saison des pluies est arrivée de manière précoce.  Dans ce contexte comment lutter contre la pandémie de COVID-19 alors même qu’il est difficile d’appliquer les mesures barrières telles que se laver les mains ou garder des distances entre individus? a-t-il demandé. 

M. Bozkir a également évoqué son voyage du mois dernier au Bangladesh où il a visité le camp de réfugiés de Cox’s Bazar abritant les Rohingya.  Les populations qu’il a rencontrées ont toutes émis leurs vœux d’avoir une vie hors des camps.  La situation des femmes y est encore plus difficile, car elles doivent se battre pour elles-mêmes, mais également pour leurs enfants et leur communauté, a-t-il témoigné.  Un retour volontaire vers leur site d’origine est l’objectif, a rappelé le Président de l’Assemblée générale, soulignant que cela n’est pas possible en ce moment pour des raisons de sécurité.  « Il n’est pas trop tard pour que l’armée revienne sur ses agissements et respectent la volonté du peuple », a-t-il plaidé.  Il a ensuite demandé le respect de la liberté d’expression et de réunion pacifique ainsi que la libération immédiate des personnes détenues de manière arbitraire et un accès humanitaire sans entrave.  Pour le Myanmar, il nous faut agir à l’unisson, a-t-il conclu.  

Venu présenter le projet de résolution A/75/L.85/Rev.1, M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a rappelé que, lorsque l’Assemblée générale a entendu le rapport de l’Envoyée spéciale pour le Myanmar, le 26 février dernier, les États Membres lui ont fait part de leur préoccupation face aux événements dans ce pays, notamment aux violences commises par les forces armées contre les manifestants et à la répression qui s’en est suivie.  Le représentant a souligné que plusieurs centaines de manifestants ont été tués, tandis que des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par l’armée.  « C’est une catastrophe qui se déroule sous nos yeux », a-t-il affirmé, regrettant que l’Armée du Myanmar n’ait pas entendu les appels à la retenue, à la cessation des violences et à la libération des personnes arbitrairement détenues afin que la démocratie puisse être rétablie.  Avertissant d’un « danger réel de guerre civile » au Myanmar, le délégué a indiqué que le projet de résolution soumis à l’Assemblée générale est le fruit d’un long processus de consultations.  

Explications de vote avant le vote

Le représentant de l’Iran a appelé les autorités du Myanmar à faire preuve de retenue et à respecter les droits humains, avant de souligner la nécessité d’une solution politique de long terme dans le cadre d’un dialogue inclusif.  « La détérioration de la situation des musulmans Rohingya est très préoccupante. »  Les autorités doivent s’acquitter de leurs obligations et assurer le retour volontaire, dans la dignité et la sécurité, des réfugiés, a recommandé le délégué avant d’appeler à remédier aux causes profondes de la crise, en particulier l’apatridie des musulmans Rohingya.  Le délégué iranien a justifié son intention de s’abstenir lors du vote au motif que la résolution ne prend pas pleinement en compte la situation des musulmans Rohingya. 

Le représentant de l’Égypte a souligné les menaces qui pèsent sur la communauté rohingya et demandé la préservation de ses droits fondamentaux.  Il s’est interrogé sur la manière dont ce texte est censé régler la situation, eu égard notamment à l’absence de mandat de l’Assemblée, précisant que son pays compte s’abstenir lors du vote.  Enfin, le représentant a tenu à se dissocier du libellé de la résolution concernant le mécanisme indépendant pour le Myanmar. 

Pour la Thaïlande, la situation qui prévaut au Myanmar doit être réglée par le peuple birman lui-même, même si la communauté internationale peut y jouer un rôle.  Elle s’est félicitée de ce que la résolution tienne compte du processus engagé par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il serait vital que la communauté internationale s’exprime d’une seule voix, a dit la Thaïlande, en expliquant que c’est la raison pour laquelle elle a préféré s’abstenir. 

Explications de vote après le vote

Après le vote, le Bélarus a affirmé que la résolution est fondée sur une question politisée et propre à un pays.  Il a précisé avoir voté contre ce texte, tout en disant partager les espoirs d’un retour à la paix au Myanmar.  La position du Bélarus ne vise en rien à bloquer la résolution de cette crise, a assuré la délégation qui a ensuite fait part de son opposition à la présentation, à l’Assemblée générale, de résolutions concernant la situation spécifique à des pays.  Cela participe d’une tentative d’ingérence dans les affaires intérieures des États, a-t-elle estimé. 

En outre, le Bélarus a noté que des sujets ont été inclus dans la résolution alors qu’ils n’ont rien à voir avec l’objectif du texte.  La délégation a également déploré que le texte ait été introduit à la dernière minute et n’ait pas donné lieu à des négociations ouvertes et transparentes.  Le Bélarus a rappelé qu’en ce même moment, était prévue une réunion sur la situation des pays à revenu intermédiaire.  Malheureusement, cette séance a été retirée de l’ordre du jour à une « vitesse surprenante » pour donner lieu à l’adoption de cette résolution.  « C’est inadmissible », a réagi le Bélarus qui a dit que le rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales dévolu à l’ONU ne peut se faire si l’on ne respecte pas les principes d’ouverture et de transparence. 

Le Bangladesh a déclaré que la résolution ne répond pas à ses attentes, pas plus qu’elle ne reconnaît ses priorités, alors qu’il est en première ligne dans cette crise.  Nous nous sommes abstenus, a-t-il dit, jugeant qu’une résolution demeurera « incomplète » tant qu’elle ne formulera pas de recommandations « concrètes » en vue de s’attaquer aux causes profondes de la crise.  Il a dénoncé l’incapacité de la communauté internationale, même après le nettoyage ethnique dont les Rohingya ont été les victimes, permettant ainsi l’enracinement d’une culture de l’impunité.  Il a rappelé qu’il a ouvert ses frontières pour accueillir les réfugiés et qu’il en subit aujourd’hui les conséquences.  La situation est née au Myanmar et la solution à cette crise doit venir du Myanmar, a martelé le Bangladesh, avant de déplorer le peu de progrès enregistrés jusqu’à présent et se dit une nouvelle fois « très déçu » par la résolution. 

La Malaisie a indiqué qu’elle aurait souhaité un consensus et un texte soumis à des consultations « plus inclusives ».  Elle a cependant noté avec satisfaction que les positions de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont été prises en compte.  « C’est important car la situation au Myanmar affecte toute la région », a-t-elle souligné, avant de se féliciter que des éléments-clefs qu’elle a mis en avant, comme la fin de la violence et la libération des prisonniers politiques, aient été soulignés dans le texte.  Elle a appelé la communauté internationale à travailler avec l’ASEAN pour permettre la mise en œuvre du consensus en cinq points adopté de l’ASEAN.  Se félicitant par ailleurs du rôle joué par l’Organisation pour la coopération islamique (OCI) s’agissant de la situation des Rohingya, la Malaisie a rappelé qu’elle abrite plus de 200 000 déplacés.  Elle a espéré que le processus de rapatriement pourra être mené à bien, avant de se féliciter de la résolution qui, bien qu’elle ne soit pas parfaite, envoie un message « fort » et prend en compte les efforts du Conseil de sécurité et du Conseil des droits de l’homme. 

À son tour, l’Inde s’est félicitée de l’action de l’ASEAN, notamment de son consensus en cinq points adopté en avril.  Elle rappelé sa position selon laquelle  cette crise est « claire » et n’a pas changé.  Elle s’est dite préoccupée par l’évolution de la situation et a appelé les parties à la plus grande retenue, ajoutant qu’elle soutient les efforts en faveur d’une transition démocratique afin que les aspirations du peuple du Myanmar soient respectées.  S’agissant du rapatriement des déplacés, l’Inde a rappelé qu’elle est le seul pays à avoir une longue frontière commune avec le Bangladesh et le Myanmar.  Appelant à soutenir le Bangladesh, qui accueille plus d’un million de réfugiés, elle a également souhaité que le retour sûr et digne des Rohingya soit accéléré.  La résolution, a estimé l’Inde, agit dans un esprit de pragmatisme  mais elle ne reflète pas son point de vue.  L’absence de soutien de tous les pays voisins et de plusieurs pays de la région devrait réveiller ceux qui cherchent à agir dans la précipitation.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, nous avons été contraints de nous abstenir lors du vote. 

La Chine a rappelé que le Secrétaire général de l’ASEAN vient de se rendre au Myanmar, ce qui constitue une avancée « importante ».  Elle a aussi promis d’agir, « à sa manière », pour le règlement de la crise au Myanmar, rappelant qu’il s’agit d’une question « interne » dont la solution dépend du pays lui-même.  L’histoire, a dit la Chine, a démontré que les pressions extérieures et les sanctions ne permettent pas de résoudre les problèmes du Myanmar.  Bien au contraire, de telles mesures nuisent au peuple.  La Chine a conclu en réitérant sa ferme opposition à l’idée que l’Assemblée générale se saisisse de questions spécifiques aux pays.  Elle a aussi expliqué qu’elle s’être abstenue sur le texte parce qu’il n’a pas été soumis à des consultations « transparentes ». 

Le délégué du Myanmar a dit qu’il a voté pour ce texte afin de faire pression sur l’Armée du Myanmar pour qu’elle cesse ses actes inhumains.  « Cependant, la résolution ne répond pas à toutes nos attentes », a-t-il regretté.  Il a estimé que le texte oublie des éléments importants tels que l’imposition d’un embargo sur les armes.  L’armée tue des manifestants pacifiques avec des armes importées, a dit le délégué, en appelant les pays à cesser leurs exportations d’armes.  « Le temps presse pour le peuple du Myanmar. »  Il a déploré le temps qui a été consacré pour aboutir à une résolution aussi « timide ».  Il a mentionné l’appel qu’il avait lancé à cette même tribune le 26 février 2021.  Depuis, près de 900 personnes dont des fillettes de 7 ans ont été assassinées au Myanmar.  Si des actions énergiques avaient été prises, ces 900 personnes seraient encore en vie.  Enfin, le délégué a demandé des actions immédiates afin de faire cesser la barbarie de l’Armée au Myanmar, pour ensuite exhorter le Conseil de sécurité à examiner la crise dans ce pays, « sans plus attendre ». 

La République démocratique populaire lao a rappelé qu’elle est limitrophe du Myanmar et membre de l’ASEAN.  S’étant abstenue lors du vote, elle s’est félicitée que certains éléments-clefs aient été inclus dans le texte, notamment les conclusions de la réunion des dirigeants de l’ASEAN en avril dernier.  Toutefois, a-t-elle dit, certains éléments du texte ne correspondent pas à la pratique de l’Assemblée générale.  Étant donné que la procédure n’est pas la même que pour le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme, il aurait été préférable, a-t-elle estimé, que la résolution ait préalablement fait l’objet d’un consensus avant d’être présentée à l’Assemblée générale.  Cela aurait permis d’appuyer plutôt que de contourner les efforts de l’ASEAN, notamment son consensus en cinq points, a souligné la République démocratique populaire lao. 

Singapour s’est vantée d’une position « constante » depuis le début des événements au Myanmar le 1er février dernier.  Nous nous sommes toujours opposés à l’utilisation de la force armée contre les civils et nous avons toujours demandé aux autorités militaires de mettre fin à ces violences et à toutes les parties, de faire preuve de retenue.  Singapour a insisté sur la libération de tous les prisonniers politiques et sur l’instauration d’un dialogue véritable.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, il a voté pour cette résolution.  En effet, a-t-il relevé, ce texte n’ignore pas le rôle « essentiel » de l’ASEAN, appelle toutes les parties prenantes à coopérer avec cette organisation et appuie la pleine application de son consensus en cinq points. De fait, a dit Singapour, les principaux éléments sont conformes à notre position qui plaide pour la fin des violences et le lancement d’un processus de réconciliation nationale au Myanmar. 

Pour Brunei Darussalam, il est important d’insister sur la mise en œuvre du consensus en cinq points de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), un avis partagé par le Viet Nam qui s’est désolé du fait que le texte adopté aujourd’hui ne rende pas fidèlement compte de toute la réalité de la situation.  Il a tout de même voté en sa faveur afin de soutenir le dialogue et résoudre cette crise. 

L’Algérie a estimé que l’Assemblée générale aurait pu adopter le texte par consensus pour adresser un message « d’unité ».  Elle a dit s’être abstenue par souci de cohérence avec son opposition à l’idée que l’Assemblée générale se saisisse d’affaires internes.  Nous aurions souhaité, a ajouté l’Algérie, que le texte tienne davantage compte du rôle de l’ASEAN dans le règlement de la crise, selon le principe de proximité qui veut que les organisations régionales et sous-régionales soient les plus à même de régler les conflits dans leur zone géographique. 

La Fédération de Russie a souhaité que, dans la période « complexe » actuelle, les belligérants au Myanmar évitent de recourir à la force et entament un dialogue constructif pour parvenir à la réconciliation nationale.  Soulignant le rôle essentiel joué par l’ASEAN pour apaiser les tensions dans ce pays, elle s’est notamment félicitée du consensus en cinq points, y voyant un exemple manifeste des efforts fructueux menés au niveau régional.  Elle s’est, en revanche, déclaré « perplexe » devant la résolution préparée et soumise à l’Assemblée générale, dans le mépris de la répartition du travail entre les différents organes de l’ONU.  Le Conseil de sécurité, s’est expliqué la Fédération de Russie, produit régulièrement des documents sur le Myanmar, la dernière réunion remontant à ce matin-même.  

Elle s’est dite déçue par les réticences des facilitateurs de la résolution de mener des négociations dans un format élargi, peut-être pour éviter de tenir compte de l’opinion de tous les États Membres.  De fait, a martelé la Fédération de Russie, force est constater que les coauteurs du texte n’ont pas compris le caractère multidimensionnel de la situation interne du Myanmar.  La résolution avance les solutions unilatérales de certains États Membres, avec des libellés « tendancieux et éloignés » de la réalité. Le texte, a ajouté la Fédération de Russie, laisse de côté la question de l’influence d’autres facteurs qui poussent le Myanmar vers un « conflit civil » et aujourd’hui nous voyons une « fracture » à l’Assemblée générale.  La résolution adoptée « ne contribuera en rien aux efforts visant à régler la situation au Myanmar  ».  

L’Arabie saoudite a dit s’être abstenue car la résolution ne tient pas compte de sa demande consistant à inclure une référence « claire » au sort des réfugiés Rohingya dans les paragraphes du dispositif. 

Le Cambodge a expliqué s’être abstenu, jugeant important que la communauté internationale mette l’accent sur les conditions propices à un dialogue pacifique.  Il a souligné que le consensus en cinq points du Sommet de Jakarta de l’ASEAN doit servir de base à un tel dialogue. 

L’Iraq, qui a voté pour le texte, a estimé que le libellé sur les musulmans rohingya n’est pas à la hauteur des attentes au vu de la gravité de la situation sur le terrain.  Il s’est dissocié du paragraphe 19 du dispositif. 

Les Émirats arabes unis ont réitéré l’appel du SG à un cessez-le-feu au vu du risque de propagation de la COVID-19.  La délégation a également précisé s’être abstenue lors du vote. 

Le Costa Rica a dit refuser de garder le silence face aux violations des droits humains au Myanmar.  C’est la raison pour laquelle il a coparrainé et voté pour la résolution.  Il a plaidé pour une suspension immédiate de la fourniture, de la vente ou du transfert directs et indirects de toutes les armes, munitions et autres équipements militaires à la junte.  Il a estimé que continuer à fournir des armes revient à « donner à la junte un chèque en blanc pour la violence ».  En deuxième lieu, a-t-il poursuivi, le Costa Rica a demandé instamment l’établissement des responsabilités pour toutes les violations graves des droits de l’homme au Myanmar.  Il a en outre souhaité que le pays accorde un accès immédiat à l’Envoyée spéciale et soutienne les enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI).  Enfin, le Costa Rica a réclamé la protection des manifestants, et en particulier les jeunes, qui luttent « courageusement » pour un avenir pacifique et démocratique. 

L’Ukraine s’est déclarée vivement préoccupée par les nouveaux chefs d’inculpation prononcés contre Mme Aung San Suu Kyi et a demandé la libération immédiate des personnes détenues de manière arbitraire.  Le représentant a aussi dénoncé les coupures d’Internet et demandé à l’armée de garantir une communication sans entraves.  L’impunité doit cesser immédiatement, a-t-il souligné.  Le représentant a aussi demandé un accès humanitaire sans entraves aux personnes dans le besoin, y compris les détenus, ainsi que le retour des réfugiés rohingya.  L’accès rapide de l’Envoyée spéciale pour le Myanmar doit aussi être garantie.  Le délégué a en outre jugé honteux que la résolution n’ait pas été adoptée par consensus, précisant qu’il prenait note du fait que le Bélarus, seul pays à avoir voté contre, était candidat pour occuper un siège du Conseil de sécurité. 

La République dominicaine a demandé la libération immédiate des personnes détenues.  Elle a estimé qu’avec l’adoption de la résolution, un cap important a été franchi pour mettre un terme au silence qui n’a que trop duré face aux violences.  Elle a appelé à créer les conditions propices à un dialogue.  La communauté internationale doit trouver une solution pour mettre un terme à la violence contre les civils et insister sur le retour d’un gouvernement démocratique, a-t-elle insisté. 

Le Canada a jugé « politiquement incorrect » de penser que la souveraineté nationale annule tous les autres principes de la démocratie et du droit international humanitaire.  « Ce n’est pas vrai », a-t-il tranché, en critiquant les propos du Bélarus.  « Croire que la souveraineté nationale veut dire que toute la famille des Nations Unies doit se taire devant une situation humanitaire ou un déni des droits de l’homme » est faux, s’est emporté le Canada.  La Charte des Nations Unies ne dit nulle part que la souveraineté nationale prime sur tous les autres principes du droit international.  Se rappelant les paroles d’un porte-parole du Ministère chinois des affaires étrangères qui évoquait des atrocités dans une école canadienne, le Canada a dit reconnaître ses erreurs mais cela ne saurait l’empêcher de réaffirmer son attachement aux droits fondamentaux et à l’état de droit. 

Il a rappelé que les membres de la junte militaire au Myanmar ont foulé au pied le consensus en cinq points de l’ASEAN, alors même qu’ils avaient promis de les mettre en œuvre.  Voilà pourquoi, a tonné le Canada, cette résolution est « importante » car il s’agit de ramener le Myanmar sur la voie de la démocratie que nous avons célébrée, il y a à peine six ans.  À celui qui a rejeté cette résolution en parlant d’ingérence, nous opposons, a dit le Canada, « l’unité » de la communauté internationale et la nécessité de mettre fin aux assassinats et de restaurer la paix, tout en remplissant « la mission historique » de l’ONU qui est de préserver les générations futures du fléau de la guerre. 

La République de Corée a appelé à la libération des personnes détenues de manière arbitraire et à soutenir le rôle constructif de l’ASEAN et ainsi que le respect des droits fondamentaux, engagement en outre à restaurer la démocratie au Myanmar.  Il a salué l’appel écrasant envoyé par l’Assemblée générale avec l’adoption de la résolution et a assuré que son gouvernement continue de jouer un rôle constructif pour appuyer le retour de la démocratie au Myanmar.  Il a espéré que l’Envoyée spéciale pourra se rendre au Myanmar le plus rapidement possible. 

Le Japon a regretté la mise aux voix du projet de résolution, notant que son adoption est la preuve de la détermination de la communauté internationale à faire face aux actions des forces armées du Myanmar qui, a-t-il souligné, doivent prendre ce texte au sérieux.  Il a appelé à restaurer rapidement l’état démocratique du Myanmar et à mettre en œuvre le consensus en cinq points de l’ASEAN.  Il a lui aussi souhaité que l’Envoyée spéciale puisse se rendre prochainement au Myanmar.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité spécial de la décolonisation: Les pétitionnaires de Porto Rico revendiquent avec force leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance dans un contexte socioéconomique désastreux

Session de 2021,
5e séance plénière - matin
AG/COL/3346

Comité spécial de la décolonisation: Les pétitionnaires de Porto Rico revendiquent avec force leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance dans un contexte socioéconomique désastreux

Le Comité spécial de la décolonisation a auditionné aujourd’hui une vingtaine de pétitionnaires sur Porto Rico qui, appuyés par six délégations, ont revendiqué avec force leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance, dénonçant « la domination coloniale » des États-Unis.  

Depuis le 25 juillet 1898, a accusé « Partido Nacionalista de Puerto Rico » le « régime colonial » adopte des lois qui ne servent que les intérêts des entreprises américaines, lesquelles ont « carte blanche » pour piller.  Le « Parti des travailleurs socialistes » a parlé d’une économie en chute libre soumise aux attaques « incessantes » du Conseil de supervision et de gestion des affaires financières (Junta), imposé depuis 10 ans par les États-Unis, et dont les sept membres « étrangers » n’ont qu’un seul but: payer les riches détenteurs de la dette publique au détriment des emplois, des pensions et des services sociaux de base.  Cette dette, que Cuba a estimé à 167,8 milliards de dollars, n’est pas celle des Portoricains mais celle des porteurs d’obligations, a martelé le pétitionnaire. 

Quelque 157 millions de dollars ont déjà été engloutis, cette année, dans la privatisation de la compagnie d’électricité, faisant grimper encore la dette, a souligné « Call to Action on Puerto Rico ».  Les mesures d’austérité encouragent « les colons américains » à faire main basse sur l’économie, dans le but de créer un « Porto Rico sans Portoricains ».  C’est « un nettoyage ethnique », a affirmé « Frente Independentista Boricua », avant que « Movimiento Victoria Ciudadana » ne pointe un doigt accusateur sur les « vautours de Wall Street », aidés par un Congrès américain qui continue d’adopter des lois avantageuses pour que les Américains puissent s’enrichir à Porto Rico sans y payer d’impôts, a ajouté « Organization for Culture of Hispanic Origins ». 

« Les serpents » se remplissent les poches, l’éducation est privatisée, le système de santé abandonné.  On nous vole nos terres, on croule sous la dette et on nous évacue de force, a dénoncé « El Grito ».  Nous n’avons aucun droit à notre sol mais les envahisseurs nous pillent avec l’aide des banques et des fonds spéculatifs, s’est-il emporté.  Depuis que les États-Unis ont imposé à Porto Rico, il a près de 70 ans, le statut de libre association, qui n’a de libre que le nom, le Congrès américain exerce ses pleins pouvoirs sur le territoire, a confirmé Cuba, en parlant d’une « supercherie » et d’une « farce » fustigée aujourd’hui par les pétitionnaires. 

Cuba a ajouté qu’après le passage des cyclones Irma et Maria en 2017, les dégâts ont été estimés à 45 et 90 milliards de dollars, sans compter les près de 3 000 morts, les plus de 225 000 familles sans abri, la destruction des exploitations agricoles et une dette « qui est tout simplement impossible à rembourser ».  Ce territoire ne relève pas d’une question interne mais d’une question qui tombe dans le mandat du Comité spécial et sur la table de la communauté internationale dans son ensemble.  Il est temps de respecter le droit du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance, a encore dit Cuba, en reprenant les appels des pétitionnaires.

Après 30 résolutions sur une question inscrite à l’ordre du jour du Comité spécial depuis plus de 42 ans, comme l’a souligné l’Azebaïdjan, au nom du Mouvement des non-alignés, rien n’avance, l’ONU ferme les yeux sur la situation, renonçant à son rôle de défenseur des droits de l’homme, s’est impatienté « Herminia Health », jugeant comme les autres que l’Assemblée générale doit se saisir elle-même de la question de Porto Rico et exercer les pressions politiques nécessaires sur les États-Unis pour obtenir le lancement du processus de décolonisation.

Le Comité spécial a prévu une autre séance publique jeudi 24 juin à partir de 10 heures pour examiner la question des îles Falkland (Malvinas). 

AUDITION DE PÉTIONNAIRES SUR LA QUESTION DE PORTO RICO

M. MARTIN KOPPEL, Parti des travailleurs socialistes, a estimé que les conditions de travail et de vie des travailleurs portoricains et américains sont véritablement attaquées.  Ces attaques, a-t-il dit, ont été mises en lumière par la riposte « désastreuse » à la pandémie de COVID-19 menée par « les dirigeants capitalistes » à Washington et à San Juan.  À Porto Rico, a précisé le pétitionnaire, les travailleurs et les fermiers sont soumis aux attaques incessantes du Conseil de supervision et de gestion des affaires financières (Junta), imposé par les États-Unis et leur « gouvernement colonial » dont la priorité est de payer les riches détenteurs de la dette de 74 milliards de dollars, au détriment de la majorité de la population.  Ils ont supprimé les emplois, les pensions et les protections sociales si difficilement acquis. 

Mais les travailleurs de Porto Rico ne se laissent pas faire et contre-attaquent, a affirmé le pétitionnaire, en parlant des manifestations généralisées.  Nous demandons à Washington d’annuler la dette de Porto Rico car ce n’est pas la dette des travailleurs mais celle des porteurs d’obligations.  Le succès dans la lutte pour l’indépendance, a poursuivi le pétitionnaire, renforcerait aussi les travailleurs aux États-Unis.  Nous nous battons contre un ennemi commun: la classe dirigeante capitaliste américaine, son gouvernement et ses partis, démocrate et républicain.  Les travailleurs américains peuvent s’identifier à la résistance de leurs collègues de Porto Rico contre la brutalité de la « Junta ». 

Beaucoup croient que les États-Unis ne peuvent se libérer tant que Washington maintiendra « sa ceinture coloniale » autour de Porto Rico.  Nous pouvons gagner si nous nous battons ensemble, a lancé le pétitionnaire.  Depuis six décennies, a-t-il expliqué, Cuba nous montre comment un gouvernement de travailleurs et de fermiers peut devenir une arme contre toutes les formes d’oppression et contre la domination impérialiste et l’exploitation capitaliste dans le monde.  La révolution cubaine nous a montré que la liberté et l’indépendance de Porto Rico s’arrachent. 

M. BENJAMIN RAMOS, « The ProLibertad Freedom Campaign », a énuméré toutes les violations des droits de l’homme commises par les États-Unis à Porto Rico depuis 122 ans.  Porto Rico, a-t-il souligné, est une colonie et « c’est un fait irréfutable ».  Son aspiration à l’indépendance est réelle et l’idée que la « puissance coloniale » puisse contrôler le processus de décolonisation est tout simplement « inacceptable ».  

Le Congrès a les pleins pouvoirs, a confirmé Mme SONIA NEGRON, Herminia Health.  Les États-Unis contrôlent toutes les questions liées à la défense et aux affaires étrangères, « sans consulter les Portoricains ».  Il est honteux, s’est impatientée la pétitionnaire, que l’ONU ait fermé les yeux sur cette situation, renonçant ainsi à son rôle de « défenseur des droits de l’homme ». 

M. EDWIN ORTIZ, Call to Action on Puerto Rico, a constaté que la situation coloniale de Porto Rico ne fait qu’empirer.  La puissance coloniale continue son œuvre de démantèlement des infrastructures civiles de l’île y compris les écoles et les hôpitaux.  Quelque 157 millions de dollars ont déjà été engloutis, cette année, dans la privatisation de la compagnie d’électricité, faisant augmenter la dette publique.  Les touristes américains refusent de respecter les règles sanitaires contre la COVID-19 et les ONG basées aux États-Unis, en dépit de leurs actions sociales, tendent à créer une dépendance à l’aide.  Pour M. Ortiz, le Congrès américain doit entendre la voix des Portoricains parce que « Porto Rico sera libre un jour », a-t-il prévenu.

Le statut actuel ne peut perdurer, a poursuivi M. JOHN MELENDEZ RIVERA, Frente Independentista Boricua, qui a dénoncé les violations des droits de l’homme.  Les mesures d’austérité imposées à Porto Rico encouragent en outre « les colons américains » à faire main basse sur l’économie, dans le but de créer un « Porto Rico sans Portoricains ».  C’est « un nettoyage ethnique », a-t-il affirmé, en soulignant l’impact de la loi Jones.  Mais notre culture et notre conscience nationale restent intactes et nous continuerons notre lutte.  Nous demandons aux États-Unis de cesser de fouler au pied le droit international et d’amorcer immédiatement le processus de décolonisation.  L’ONU, a conclu le pétitionnaire, doit rétablir la place de Porto Rico à l’ordre du jour de l’Assemblée générale et du Comité spécial. 

À son tour, M. MANUEL RIVERA, Puertorriqueños Unidos En Acción, a indiqué qu’aucun des projets de loi présentés à la Commission des ressources naturelles du Congrès américain ne respecte les principes du droit international et de la résolution de l’Assemblée générale sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Cessons de croire, a-t-il prévenu, que l’arrivée d’un président démocrate va favoriser la décolonisation de Porto Rico.  Il a rappelé que lors du référendum de 2012, les Portoricains ont rejeté par 54% le statut de libre association avec les États-Unis.  

Mon parti, a expliqué M. MANUEL NATAL ALBELO, Movimiento Victoria Ciudadana (MVC), a été créé en 2019 pour accompagner la décolonisation de Porto Rico.  Il a jugé « inacceptable » que le Congrès des États-Unis ait imposé la Junta.  Ainsi, les sept personnes qui composent le Conseil de supervision fiscale « se substituent carrément » aux institutions de Porto Rico.  À cause d’elles, 43% des écoles publiques ont fermé, les privatisations se multiplient et la pauvreté s’est aggravée.  Le pétitionnaire s’en est pris aux « vautours de Wall Street » qui travaillent en fait pour Washington.

Mme VANESSA RAMOS, « Asociación Americana de Juristas », a demandé au Comité spécial de se pencher sur un certain nombre de problèmes dont la privatisation des entreprises publiques.  Le droit à l’éducation est violé avec l’élimination des cours dans les universités et l’augmentation des frais d’inscription.  La marine américaine contamine les terres, affectant la santé de la population.  Ces problèmes et d’autres doivent être résolus de toute urgence et les Nations Unies doivent jouer leur rôle important de défendre le respect des droits du peuple portoricain, a conclu la pétitionnaire.

Depuis les années 70, s’est impatienté M. ALEJANDRO TORRES RIVERA, Movimiento Independentista Nacional Hostosiano, les États-Unis brossent un faux tableau de la situation à Porto Rico.  Le Comité spécial, a-t-il ajouté, a reconnu notre droit à l’indépendance et à l’autodétermination depuis plus de 40 ans.  Or aujourd’hui, les Portoricains ne peuvent même pas accéder à leurs propres ressources pour réaliser leur développement.  Il est temps que le Comité spécial lance un véritable processus de décolonisation et mette un arrêt « aux manipulations » de la puissance militaire coloniale.  L’Assemblée générale, a martelé le pétitionnaire, doit se saisir de la question de Porto Rico.   

Un vent de changement est en train de souffler sur l’île, a affirmé M. JUAN DALMAU, Puerto Rican Independence Party, en réitérant l’idée d’une assemblée constituante pour négocier l’avenir de Porto Rico avec le Gouvernement américain et l’appui du Comité spécial.  M. Dalmau a demandé à la communauté internationale de forcer les États-Unis à respecter les résolutions pertinentes des Nations Unies.  L’Assemblée doit se saisir de la question de Porto Rico et exercer les pressions politiques nécessaires, a dit à son tour le pétitionnaire.

La situation devient « ridicule », s’est exclamé M. WALTER ALOMAR, Organization for Culture of Hispanic Origins.  Tout le monde est d’accord sur la nécessité de décoloniser Porto Rico mais rien n’avance, a-t-il dit, en prenant l’exemple du Congrès américain qui continue d’adopter des lois avantageuses pour les Américains qui s’enrichissent à Porto Rico sans y payer d’impôts.  « La solution est simple », a-t-il martelé.  Il faut faire cesser « le statut colonial de Porto Rico » et obtenir des États-Unis qu’ils restituent « ce bien volé ».

Les États-Unis, a ajouté Mme ESTELI CAPOTE, Frente Socialista, étranglent économiquement Porto Rico par des mesures telles que la privatisation des compagnies d’électricité.   Les investisseurs américains bénéficient d’avantages fiscaux énormes alors que le Conseil de supervision fiscale gère les affaires économiques et financières « sans partage ».  L’absence de mesures contre la pandémie de COVID-19 a fait que les élèves ont manqué une année d’école, a dénoncé, entre autres, Mme Capote, avant de demander au Comité spécial de veiller à ce que la question de Porto Rico soit examinée comme une question internationale et « non interne », comme voudraient le faire croire les États-Unis. 

Nous ne sommes ni libres ni associés ni indépendants, s’est impatienté, à son tour, M. MICHAEL VIERA, El Grito.  Nous sommes sous une domination coloniale qui doit cesser et les États-Unis doivent être comptables de leurs actes.  Les serpents se remplissent les poches, l’éducation est privatisée comme l’est le système de santé.  On nous vole nos terres par la force, on croule sous la dette et on nous évacue de force, a poursuivi le pétitionnaire.  Nous n’avons aucun droit à notre sol mais les envahisseurs nous pillent avec l’aide des banques et des fonds spéculatifs.  Si jamais la loi que le Congrès américain examine en ce moment sur « l’annexion » de Porto Rico est adoptée, « à qui sera le tour, après nous »?  « Non, l’indépendance est la seule voie viable », a tranché le pétitionnaire. 

Depuis le 25 juillet 1898, a dit à son tour M. GERARDO LUGO SEGARRA, Partido Nacionalista de Puerto Rico, Movimiento Libertador, le « régime colonial » adopte des lois qui ne servent que les intérêts des entreprises américaines, lesquelles ont carte blanche pour piller Porto Rico.  Or, la communauté internationale s’est laissée berner par « la farce de 1952 » sur le statut de libre association.  

Il est temps que les Nations Unies réagissent, a martelé Mme TRILCE TORRES LÓPEZ, Grand Orient National de Porto Rico.  Rien n’a changé depuis 40 ans malgré l’adoption d’une résolution annuelle.  La « dictature américaine » s’aggrave, portée par des lois qui privent les Portoricains de leur souveraineté.  Aujourd’hui, le Conseil de supervision fiscale, sous le prétexte de trouver les moyens de rembourser la dette publique, sert les intérêts de fonds vautours qui n’hésitent pas à privatiser les services sociaux de base.  Depuis le dernier recensement, la population portoricaine a baissé de 12%.  Craignant à son tour « un Porto Rico sans Portoricains », la pétitionnaire a exhorté le Comité spécial à donner « des directives claires » pour la décolonisation du territoire. 

La décolonisation devient « une nécessité urgente », a confirmé Mme GABRIELA MALESPIN, New York Boricua Resistance, en parlant de la situation socioéconomique « très difficile ».  Le colonialisme continue de nous étrangler, servi aujourd’hui par son fameux Conseil de supervision fiscale.  Les États-Unis ne renoncent pas à leur « passé raciste », a dénoncé Mme Malespin, en rappelant que les résultats des sept referenda organisés dans l’île n’ont jamais été pris en compte par le Congrès américain.  Comme mesure urgente, elle a réclamé le démantèlement du Conseil de supervision fiscale et la reconnaissance par Washington de « ses échecs ».  Nous voulons un gouvernement socialiste à Porto Rico, a-t-elle dit. 

Survivante d’un cancer qui a emporté son mari, après les essais de missiles et les substances nocives dans les îles de Vieques et de Culebra, Mme MYRNA PAGÁN, Vidas Viequenses Valen, a estimé que Porto Rico a été trahi par « ses maîtres ».  Le Congrès américain a eu beau débloquer la somme de 10 millions de dollars pour évaluer les effets des exercices militaires, les produits toxiques continueront de se répandre.  Les enfants et les jeunes meurent et ces morts illustrent les violations des droits de l’homme que l’on ne réserve qu’« aux citoyens de seconde zone ».  Les hôpitaux devraient être capables d’offrir tous les services, y compris les évacuations médicales, et nous, avoir la possibilité vivre dignement car « nous sommes ici pour rester », a insisté Mme Pagán. 

Cela fait maintenant 10 ans que l’économie portoricaine subit un véritable démantèlement, a alerté Mme MARIANA NOGALES-MOLINELLI, représentante (MVC), qui a ajouté que la situation s’est aggravée en 2016 avec la loi « Promesa » et son Conseil de supervision fiscale.  Aujourd’hui, tout est privatisé ou sur le point de l’être, même les plages et les espaces naturels.  « Ce sont des politiques colonialistes qui tuent le peuple portoricain. » 

Pour les États-Unis, a renchéri Mme MARIA DE LOURDES GUZMAN, Movimiento Unión Soberanista, Porto Rico n’est qu’un « butin de guerre », comme en attestent « la farce » du statut de libre association, la loi « Promesa » et sa « tyrannie fiscale » menée tambour battant par « sept étrangers ». 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. KAMAL ALIZADA (Azerbaïdjan) a insisté sur l’attachement de son mouvement à la question de la décolonisation.  Quant à celle de Porto Rico, inscrite à l’ordre du jour du Comité spécial depuis plus de 42 ans, le représentant a exprimé son ferme appui aux résolutions adoptées jusqu’ici et a appelé à leur pleine mise en œuvre.  Il a promis de travailler à une autre résolution « consensuelle » cette année.  Lors du Sommet du Mouvement, les 25 et 26 octobre 2019, a indiqué le représentant, les chefs d’État et de gouvernement ont exprimé leur préoccupation face à la subordination politique des Portoricains qui les empêche de prendre des décisions souveraines sur leurs graves problèmes économiques et sociaux, dont la crise fiscale, l’insolvabilité du Gouvernement et la nécessité de restructurer la dette, sans oublier la crise humanitaire résultant du passage des cyclones Irma et Maria qui ont fait grimper les taux de pauvreté de 45 à 60%, causant une migration massive et compromettant le développement durable. 

Les chefs d’État et de gouvernement ont aussi exprimé leur préoccupation face à la législation adoptée par le Congrès américain pour imposer un Conseil de supervision fiscale au Gouvernement de Porto Rico, réduisant le pouvoir budgétaire et fiscal déjà limité des autorités locales.  Les chefs d’État et de gouvernement ont également exhorté le Gouvernement américain à restituer les terres et installations de l’île de Vieques ainsi que la Station navale de Roosevelt Road.  Le Mouvement, a conclu le représentant, demande aux États-Unis d’assumer leur responsabilité d’accélérer le processus qui permettrait enfin au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.

Au nom de la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a réitéré le caractère caribéen et latino-américain de Porto Rico qui fait partie d’une région qui doit une fois pour toutes être débarrassée du colonialisme.

Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a appuyé les aspirations légitimes de Porto Rico à vivre dans un État indépendant libre et souverain.  Elle a exigé des États-Unis qu’ils respectent leurs obligations au regard du droit international et leur a demandé de restituer les territoires occupés par leur armée et d’en assurer les frais de dépollution.  Porto Rico est et restera latino-américain et caribéen, malgré les 122 ans de colonialisme américain.

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a mis, à son tour, l’accent sur le caractère caribéen et latino-américain de Porto Rico et exigé des États-Unis qu’ils engagent le processus de décolonisation dès que possible.  À l’Assemblée générale, il a réclamé un examen approfondi de la situation d’un territoire « qui ne peut pas rester l’exception dans la région », avec son statut de colonie.

M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a rappelé que 38 résolutions ont été adoptées par les Nations Unies, sans aucune conséquence sur le processus de décolonisation de Porto Rico.  Il a donc exhorté les États-Unis à respecter au plus vite leur obligation conformément à la résolution 1540 de l’Assemblée générale.

Depuis que les États-Unis ont imposé à Porto Rico, il a près de 70 ans, le statut de libre association, qui n’a de libre que le nom, le Congrès américain exerce ses pleins pouvoirs sur le territoire, a souligné M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba).  Le statut de libre association est clairement « une domination coloniale ».  C’est la Cour suprême, le Congrès et le Gouvernement américains qui ont dévoilé « cette supercherie » quand en 2016, ils ont déclaré que Porto Rico n’a aucune souveraineté et qu’il est totalement assujetti aux règles de Washington.  Nous sommes donc devant « une colonie américaine ». 

Revenant au rapport paru sous la cote A/AC.109/2021/L.13, le représentant a dit avoir retenu que depuis le dernier examen de la situation à Porto Rico, la situation socioéconomique s’est détériorée spectaculairement.  Le « pays » fait face à un recul économique et à une dette publique impossible à payer sans sacrifier la qualité « étonnante » de l’éducation, de la santé et de la protection sociale.  Après le passage des cyclones Irma et Maria en 2017, les dégâts ont été estimés à 45 et 90 milliards de dollars, sans compter les près de 3 000 morts, les plus de 225 000 familles sans abri et la destruction des exploitations agricoles.  La dette s’élève à 167,8 milliards de dollars, « ce qui est tout simplement impossible à rembourser ». 

La bataille pour la fermeture des installations militaires sur les îles de Vieques et de Culebra se poursuit, étant donné que la présence militaire s’est renforcée, dans le cadre du plan d’intervention au Venezuela.  Une nouvelle fois, a fait observer le représentant, Porto Rico est utilisé comme rampe de lancement pour attaquer d’autres pays, en violation de la résolution 57/140 de l’Assemblée générale.  

Le représentant a rappelé que le cinquième Sommet des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, en 2017, et celui du Mouvement des pays non alignés, en 2019, ont tous deux appuyé la juste cause de l’autodétermination et de l’indépendance de Porto Rico.  Ce territoire ne relève pas d’une question interne des États-Unis.  C’est une question qui tombe dans le mandat du Comité spécial et sur la table de la communauté internationale dans son ensemble.  Il est temps, a martelé le représentant, de respecter le droit du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: La Chef du Bureau de l’ONU en Haïti souligne le caractère « essentiel » d’un processus électoral inclusif pour la stabilité politique du pays

Soixante-quinzième session,
8799e séance - après-midi
SC/14554

Conseil de sécurité: La Chef du Bureau de l’ONU en Haïti souligne le caractère « essentiel » d’un processus électoral inclusif pour la stabilité politique du pays

Projet de référendum constitutionnel reporté, insécurité généralisée, troubles sociaux, crise politique profonde, c’est le pays qu’a décrit aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, la Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH)*, soulignant qu’alors que le peuple haïtien se prépare à entrer dans un nouveau cycle électoral, un processus inclusif et participatif sera « essentiel » pour consolider la voie vers la bonne gouvernance et la stabilité politique.   

Mme Helen La Lime a refusé l’idée que le débat sur le référendum constitutionnel, reporté sine die à cause de l’urgence sanitaire de la COVID-19, ne nuise aux élections locales, parlementaires et présidentielle prévues à l’automne de cette année pour permettre « un transfert démocratique du pouvoir aux représentants élus du peuple, en février 2022 ».  Toutes les parties prenantes haïtiennes, a-t-elle martelé, doivent de toute urgence mettre de côté leurs différences. 

Mais, a alerté une ancienne membre de l’Assemblée constituante haïtienne, le climat de « polarisation » actuel rend « excessivement difficile, sinon impossible » toute tentative de dialogue et de mobilisation de la population pour un quelconque processus électoral.  Mme Chantal Hudicourt Ewald a fait observer que la première préoccupation de la population est de satisfaire ses besoins primaires et d’échapper aux gangs, aux kidnappings, aux vols, aux viols et aux crimes.   

Aucun de ces défis « graves et complexes » ne pourra être entièrement relevé, ont estimé les États-Unis, sans la stabilité politique qui passe par des élections pour mettre en place un gouvernement démocratique.  Une assemblée citoyenne « représentative et significative », avec la pleine et entière participation des femmes, peut même avoir un impact positif sur les discussions relatives aux questions constitutionnelles, a ajouté l’Irlande. 

Les autorités, les partis politiques et la société civile doivent placer l’avenir de leur pays avant leurs intérêts personnels, a renchéri le Mexique.  « L’inertie politique » ne peut perdurer si Haïti veut réaliser ses aspirations à la paix, à la stabilité et à la prospérité, a insisté Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui, au nom du A3+1, a voulu que les dirigeants haïtiens ne perdent pas de vue que la bonne gouvernance est une condition pour les prêts, l’assistance technique et l’allégement de la dette. 

L’instabilité politique récurrente, a argué le Premier Ministre par intérim d’Haïti, est largement alimentée par la Charte fondamentale de 1987, « complètement en déphasage par rapport aux réalités historiques et socioculturelles du pays ».  Le Président Jovenel Moïse entreprend donc d’offrir une nouvelle constitution pour « rendre le pays gouvernable ».  M. Claude Joseph a appelé l’opposition à se résoudre « à la carte du dialogue  » et a assuré que l’exécutif haïtien assume ses responsabilités, en se concentrant sur l’organisation des élections, avant la fin de l’année.

L’ONU, a dit la Chine, a « beaucoup investi » pour aider Haïti, sans obtenir les « résultats attendus ».  Le modèle d’aide « par transfusion » ne semble pas viable parce qu’il n’existe pas de solutions externes  à la crise haïtienne.  Il faut, a acquiescé le Royaume-Uni, remettre en cause l’approche et les outils privilégiés jusqu’ici et reposer l’engagement international sur un nouveau modèle de coopération, « avec les Haïtiens aux commandes ».

Une paix durable, a insisté le Royaume-Uni, doit partir du bas vers le haut et les processus politiques, s’accompagner d’un engagement « de la base ».  Les élections sont certes essentielles, mais la violence et la corruption qui affectent Haïti ne pourront être réglées à long terme que si l’on donne des moyens aux acteurs locaux de la paix.  À titre national mais aussi à travers l’action de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), « nous nous tenons plus que jamais aux côtés des Haïtiens », a assuré pour sa part la France.   

*S/2021/559

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Mme HELEN LA LIME, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a noté que la situation en Haïti s’est détériorée à l’approche des élections prévues pour l’automne.  Ces dernières semaines, le pays a connu une recrudescence des cas de COVID-19, ce qui a incité les autorités à déclarer un nouvel état d’urgence sanitaire, et par conséquent, le Conseil électoral provisoire à reporter le projet de référendum constitutionnel qui devait avoir lieu à la fin de ce mois.  Une recrudescence de la violence entre gangs a causé le déplacement de centaines de familles dans plusieurs quartiers pauvres de Port-au-Prince et aggravé le sentiment d’insécurité qui imprègne la société haïtienne.  Enfin, malgré plusieurs efforts de médiation menés par les Haïtiens, la crise politique profonde qui frappe le pays depuis la majeure partie de ces quatre dernières années ne montre aucun signe de ralentissement.  Un accord reste hors de portée, alors que la rhétorique utilisée par certains dirigeants politiques devient de plus en plus acrimonieuse.

Même si les autorités nationales ont cherché à élargir les consultations sur le nouveau projet de constitution, le processus continue de susciter des critiques de diverses parties prenantes en raison de son manque perçu d’inclusion et de transparence, a indiqué la Représentante spéciale.  De plus, la polarisation toujours croissante de la politique haïtienne, comme en témoignent certains acteurs qui viennent d’exhorter récemment la population à recourir à la violence pour perturber le processus référendaire, est extrêmement préoccupante.  Toutes les formes de violence ou d’incitation à la violence sont inacceptables et doivent être fermement condamnées, a-t-elle dit.  Alors qu’Haïti se prépare à entrer dans un nouveau cycle électoral, un processus inclusif et participatif sera essentiel pour consolider la voie vers la bonne gouvernance et la stabilité politique dans le pays, a-t-elle déclaré.  

À cet égard, le débat sur le référendum constitutionnel ne doit pas nuire à l’organisation et à la tenue en temps voulu des élections locales, législatives et présidentielle attendues depuis longtemps.  Un consensus politique demeure le meilleur moyen possible de tenir un processus pacifique qui permettra au peuple haïtien d’exercer pleinement son droit de vote, a-t-elle souligné, de sorte qu’un transfert démocratique du pouvoir aux représentants élus du peuple haïtien ait lieu en février 2022.

Ces derniers mois ont été marqués par plusieurs incidents inquiétants et de graves atteintes aux droits humains perpétrés par des gangs contre les populations civiles, a déploré Mme La Lime, précisant que cela a entraîné le déplacement de plus de 16 000 personnes des quartiers métropolitains de Port-au-Prince, Bas-Delmas, Bel-Air, Martissant, Tabarre-Issa et Toussaint Brave depuis le début de l’année.  Selon elle, il est du devoir des autorités haïtiennes de mettre fin à la violence, de protéger la population, d’assurer un accès humanitaire sans entrave aux personnes dans le besoin, de fournir une aide d’urgence aux personnes déplacées et de tenir les auteurs de tels actes responsables de leurs crimes.  

Elle a estimé qu’une stratégie plus globale pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de la violence est nécessaire de toute urgence.  À ce propos, elle a salué la création début avril, par le Gouvernement, du Groupe de travail interministériel sur la réduction de la violence communautaire, avec l’appui du BINUH.  De même, l’exécutif a fait des progrès notables dans la révision et le renforcement de la législation sur la gestion des armes et des munitions qui, une fois adoptée, contribuera à réglementer l’importation, l’achat et l’utilisation des armes à feu.  Des progrès ont également eu lieu dans le domaine judiciaire, avec la mise en place le 5 mai du Conseil national d’assistance légale, ainsi que l’ouverture au début du mois de bureaux d’aide juridictionnelle dans les juridictions des Cayes et de Petit-Goâve. 

Pour la Représentante spéciale, ces mesures encourageantes, bien qu’attendues depuis longtemps, contribueront à améliorer l’accès à la justice pour les moins privilégiés et marqueront le début d’une poussée systémique pour réduire la détention provisoire prolongée et la surpopulation dans les prisons haïtiennes.  Le nouveau code pénal et le nouveau code de procédure pénale contribueront également à cet effort.  Pour faciliter leur diffusion auprès des acteurs judiciaires, et leur entrée en vigueur en juin 2022, un engagement politique fort, notamment à travers la mise en place immédiate d’un Comité national de réforme pénale, sera essentiel.  

En revanche, les efforts pour lutter contre l’impunité restent largement insuffisants comme en témoigne l’absence de progrès dans l’affaire Dorval, a—t-elle déploré.  Un manque chronique de moyens dédiés aux enquêtes judiciaires et de longs délais dans le renouvellement des mandats des juges d’instruction entravent également les progrès dans les enquêtes et les poursuites des affaires aussi emblématiques que le massacre de La Saline en 2018 ou les tueries de Bel-Air en 2019, a—t-elle encore expliqué, avant de noter qu’il appartient aux autorités de fournir aux acteurs judiciaires les moyens dont ils ont besoin pour accomplir leur mission.

Malgré la complexité de la situation, l’équipe de pays des Nations Unies continue de travailler pour aider les autorités à relever les défis immédiats ainsi que les causes structurelles de l’instabilité.  À cet effet, un certain nombre d’initiatives conjointes sont en cours pour mettre en œuvre la politique nationale de protection sociale, renforcer la sécurité alimentaire et la résilience des communautés, catalyser la lutte contre l’impunité et la corruption, et opérationnaliser le lien humanitaire-développement-paix.  

La Représentante spéciale a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils contribuent au Plan de réponse humanitaire 2021-2022 pour Haïti qui nécessite encore quelque 198 millions de dollars américains pour permettre aux acteurs humanitaires de répondre aux besoins de 1,5 million de personnes, dont 1,3 million souffrent d’une insécurité alimentaire grave.  Pour la Chef de la BINUH, il est impératif que les élections locales, parlementaires et présidentielle aient lieu, comme prévu, à l’automne de cette année.  À cette fin, toutes les parties prenantes haïtiennes doivent de toute urgence mettre de côté leurs différences et travailler ensemble pour s’attaquer au problème politique prolongé et aux questions structurelles et sociales qui empêchent le progrès du pays, a—t-elle conclu.

Mme CHANTAL HUDICOURT EWALD, avocate au barreau de Port-au-Prince et ancienne membre de l’Assemblée constituante haïtienne de 1986 à 1987, a rappelé que depuis janvier 2020, Haïti fonctionne sans chambre des députés et avec un Sénat réduit aujourd’hui au tiers de ses membres.  Les collectivités territoriales sont administrées par des fonctionnaires nommés par le pouvoir exécutif, une situation qui a entraîné la polarisation de la société, y compris du pouvoir judiciaire, qui rend excessivement difficile, sinon impossible, toute tentative de dialogue.  Les relations déjà tendues entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire ont été exacerbées par la révocation et la nomination de membres du pouvoir judiciaire par le pouvoir exécutif, prolongeant les grèves des membres de ce pouvoir.  Ces grèves ont entraîné l’impossibilité pour les citoyens d’exercer leur droit constitutionnel d’accès à la justice, accélérant ainsi l’engorgement des prisons.

Dans le même temps, le pouvoir judiciaire est affaibli et totalement dysfonctionnel et cela fait 17 mois que le pouvoir exécutif exerce le pouvoir législatif en émettant des décrets et des arrêtés à caractère législatif.  C’est dans ce contexte polarisé que le pouvoir exécutif a décidé, par arrêté présidentiel, d’entreprendre une réforme constitutionnelle et d’organiser des élections.  Un Conseil électoral provisoire a été nommé avec mission d’organiser un référendum pour une nouvelle constitution, suivi d’élections à tous les niveaux.  Selon Mme Ewald, l’opinion générale est que des changements constitutionnels sont nécessaires.  Cependant, bien que le Comité consultatif indépendant affirme avoir consulté tous les travaux qui ont été réalisés sur le sujet depuis plusieurs années, le processus en cours n’est pas légitime.

En l’absence de parlement, a dit l’oratrice, le Gouvernement aurait pu s’inspirer de la procédure utilisée en 1986, qui avait permis une très large participation de la population.  Il s’agissait alors de la mise en place d’un comité de rédaction de la constitution et de l’organisation d’élections et de consultations pour la formation d’une assemblée constituante de 61 membres dont 41 élus et 20 désignés par les associations socioprofessionnelles du pays.  De même, les travaux de l’assemblée constituante étaient diffusés en direct sur les ondes de la radio et de la télévision nationales, afin que le public constate que ses suggestions étaient prises en compte et comprenne les motifs des dispositions constitutionnelles proposées.  Enfin, la tenue d’un référendum avait été organisée pour que la population se prononce sur le texte adopté par l’assemblée constituante.

Pour Mme Ewald, le contexte sociopolitique actuel rend très difficile, pour ne pas dire impossible, la mobilisation de la population pour un quelconque processus électoral.  La première préoccupation de la population, majoritairement pauvre, est de satisfaire ses besoins primaires.  Les gangs font la loi.  Les kidnappings, les vols, les viols, les crimes, nous menacent tous.  L’avocate a précisé que les habitants des quartiers défavorisés, à forte densité de population, sont les principales victimes.  Les entreprises sont parfois forcées de fermer leurs portes à cause des gangs.

Une Commission nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (CNDDR) a été créée le 27 février 2019, mais à ce jour, rien n’indique qu’un quelconque gang a été désarmé et ses membres réinsérés dans la société.  Au contraire, a accusé l’avocate, les principaux gangs de Port-au-Prince se sont fédérés.  Les luttes armées entrent les membres et les non-membres de cette « fédération » causent de nombreuses victimes dans la population civile.  Les gangs sont ravitaillés en armes lourdes et en munitions dans un pays, en principe, sous embargo, tandis que la police semble totalement impuissante. 

À ce tableau d’insécurité généralisée est venue s’ajouter dans les derniers jours du mois d’avril 2021, une résurgence de la pandémie de COVID-19 sous une forme beaucoup plus virulente.  En ce qui concerne la place des femmes qui représentent environ 52% de la population, l’avocate a souligné qu’elles sont le plus souvent chefs de famille et actives dans le secteur informel, même si, culturellement, elles accèdent rarement au sommet de l’administration et évitent de trop s’impliquer dans la politique.  À titre d’exemple, le quota de 35% de femmes prévu par l’amendement constitutionnel de 2011 n’a été respecté par aucun des gouvernements qui se sont succédé.  La population haïtienne, a prévenu l’avocate, ne croit pas en la volonté et la capacité des responsables politiques de combattre l’insécurité.  Le souci actuel du Haïtien est d’assurer sa survie et la protection de sa famille.  « Le pays est aux abois. »

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a estimé que le Gouvernement d’Haïti ne s’est pas suffisamment concentré, ces quatre derniers mois, sur la priorité la plus urgente qui consiste à organiser des élections parlementaires en 2021.  Il a indiqué que les États-Unis ont exhorté à plusieurs reprises le Gouvernement d’Haïti et les acteurs politiques à créer les conditions pour la tenue d’élections parlementaires et présidentielle libres et équitables cet automne.  « Les États-Unis faisaient partie d’une délégation de l’Organisation des États américains qui s’est rendue en Haïti du 8 au 10 juin pour discuter de l’impasse actuelle avec le Gouvernement et pour rencontrer des acteurs politiques et de la société civile », a expliqué M. DeLaurentis.  À ses yeux, le seul moyen de sortir du régime présidentiel par décret est la tenue d’élections libres et équitables afin que la législature haïtienne puisse reprendre son rôle constitutionnel, et qu’un président élu succède au président Moïse à la fin de son mandat, le 7 février 2022. 

Pour contribuer à la tenue de l’élection présidentielle libre et équitable en 2021, a-t-il ajouté, les États-Unis ont décidé de fournir plus de 3 millions de dollars au « Consortium for Elections and Political Process Strengthening ».  Ils ont par ailleurs investi plus de 16 millions de dollars pour répondre aux besoins sanitaires des Haïtiens liés à la COVID-19.

Poursuivant, le représentant des États-Unis s’est dit préoccupé par le manque de ressources consacrées à l’application des lois compte tenu de l’augmentation de la violence des gangs, relevant une augmentation de 36% des enlèvements au cours des quatre premiers mois de 2021, et une augmentation de 17% des homicides.  Les États-Unis ont indiqué avoir fourni 21 millions de dollars en équipement, formation et conseils techniques pour renforcer les capacités de la police nationale et 5 millions de dollars pour renforcer sa capacité à travailler avec les communautés pour résister aux gangs.

M. DeLaurentis s’est également déclaré profondément préoccupé par le fléau de la corruption, et a dit attendre une action effective du Gouvernement face aux abus des droits humains, citant notamment les « cas emblématiques » de Grand Ravine, La Saline, et Bel-Air, et le meurtre de Monferrier Dorval.  Il a en outre prévenu qu’aucun des défis sérieux et complexes d’Haïti ne pourra être entièrement traité sans assurer la stabilité politique dans le pays.  « Cette stabilité ne peut être atteinte que par des élections libres et équitables qui mettent en place un gouvernement démocratique et pleinement représentatif », a-t-il de nouveau souligné.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE (Mexique) a indiqué que la stabilité et la prospérité en Haïti sont une question centrale pour l’Amérique latine et les Caraïbes.  La situation politique, sécuritaire et des droits humains ne s’est pas améliorée dans le pays depuis février, a regretté le représentant qui a souligné l’importance de tenir des élections législatives, présidentielle et municipales avant la fin de cette année.  Il a appelé les autorités, les partis politiques et la société civile à placer l’avenir du pays avant leurs intérêts personnels, pour ensuite insister sur l’importance du dialogue pour appuyer le renouveau démocratique et le développement durable d’Haïti.

Plus d’un million et demi d’Haïtiens ont besoin d’aide humanitaire, a rappelé M. de la Fuente encourageant les autorités nationales et la communauté internationale à remédier à la situation actuelle.  Pour contrer la COVID-19, il a demandé que les vaccins soient mis à la disposition des plus pauvres du pays et que leur distribution atteigne tous les groupes sociaux.  Le représentant a ajouté qu’il était préoccupé par les défis en matière de droits humains et de l’état de droit et a souligné l’importance de la lutte contre la corruption et l’impunité, en particulier dans les cas de violence sexiste.  Il est aussi préoccupé par les activités des bandes criminelles et de l’augmentation des enlèvements.  M. de la Fuente a noté le rôle essentiel que jouent les agences de l’ONU en faveur du développement en Haïti.  Le Conseil a exhorté les acteurs politiques haïtiens de résoudre leurs différends, a dit le représentant pour lequel la communauté internationale et le système des Nations Unies, et bien sûr le Conseil, doivent faire preuve de fermeté pour aider Haïti à atteindre cet objectif. 

Au nom du Kenya, du Niger, de la Tunisie et de son pays, Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), Mme INGA RHONDA KING a constaté la détérioration constante de la situation en Haïti et évoqué, entre autres, l’impasse politique et la recrudescence des cas de COVID-19 qui risque à son tour d’aggraver encore une situation socioéconomique et humanitaire déjà désastreuse.  Elle a également évoqué « la témérité et le pouvoir » des gangs, ce qui contribue à la dérive de la situation sécuritaire.  Ces conditions exigent une attention urgente et un soutien spécifique et soutenu de la communauté internationale, a-t-elle estimé.  L’inertie politique ne peut perdurer si Haïti veut réaliser ses aspirations à la paix, à la stabilité et à la prospérité.

Conformément à leurs responsabilités, l’ONU, avec la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et l’Organisation des États américains (OEA), ont exhorté les dirigeants haïtiens et les parties prenantes concernées à traiter de manière décisive ces crises à multiples facettes, a rappelé Mme King.  Saluant les efforts du Conseil permanent de l’OEA et la mission de bons offices qu’il a mené en Haïti la semaine dernière, la représentante a espéré que cette mission aura réussi à créer un cadre de dialogue.  Pour pouvoir surmonter pacifiquement les crises actuelles, par un dialogue politique inclusif dirigé et contrôlé par les Haïtiens, toutes les parties prenantes doivent assouplir leurs positions et travailler au rétablissement de la confiance, a fait valoir Mme King.

Exprimant aussi sa préoccupation face à la situation sécuritaire et celle des droits humains, et plus spécifiquement l’incapacité de la Police nationale d’Haïti (PNH) d’assurer sécurité et protection dans les zones telles que Martissant, La Saline, Bel Air, Grand Ravine et Cité Soleil, la représentante a fait observer que la demande d’un soutien supplémentaire des Nations Unies formulée par le Président Moise atteste de la gravité de l’insécurité.  Résoudre l’impasse politique semble être une priorité pour l’organisation des élections mais, a prévenu la représentante, la nature interconnectée des défis multidimensionnels d’Haïti exige des solutions « parallèles » durables.  Elle a appelé les dirigeants haïtiens à garder à l’esprit que la bonne gouvernance est devenue une condition pour les prêts, l’assistance technique et l’allégement de la dette.  À la communauté internationale, elle a conseillé de soutenir le Plan national de réponse humanitaire d’Haïti 2021, qui nécessite 235,6 millions de dollars pour répondre aux besoins de 1,5 million de personnes, dont 1,3 million en situation d’insécurité alimentaire grave.  Il faut en outre augmenter l’approvisionnement en vaccins contre la COVID-19.

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a pris note du report du référendum constitutionnel en Haïti, tout en espérant que les élections législatives et présidentielle prévues cette année pourront se dérouler comme prévu.  Cela implique, a-t-elle souligné, de respecter les principes démocratiques, et notamment d’assurer la participation pleine, égale et significative de tous les électeurs éligibles, y compris les femmes.  La représentante a exprimé sa préoccupation « croissante » face à l’insécurité et demandé instamment aux autorités de veiller à ce que les auteurs de violence soient tenus pour responsables.  En donatrice importante du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF), la Norvège, a-t-elle dit, se félicite qu’un million de dollars ait été alloué à Haïti pour la réponse urgente à la violence des gangs et aux déplacements. 

À cet égard, elle s’est alarmée des risques de violences sur les femmes et les enfants, qui représentent environ 70% des déplacés.  Elle s’est également déclarée préoccupée par la nouvelle augmentation du nombre des détenus, appelant de ses vœux une réforme du système judiciaire et l’établissement dans les plus brefs délais d’un bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) en Haïti.  Affirmant d’autre part suivre de près l’évolution de la pandémie de COVID-19, elle a aussi rappelé qu’Haïti est particulièrement vulnérable à des catastrophes naturelles exacerbées par les changements climatiques et la dégradation de l’environnement.  Le manque de résilience a un impact sur les moyens de subsistance et conduit à des déplacements, qui à leur tour alimentent la criminalité et les troubles, a-t-elle relevé, avant d’encourager le BINUH à inclure plus d’informations sur l’impact climatique et les lacunes dans la résilience de Haïti dans son prochain rapport. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a constaté que la situation politique en Haïti reste dans une « impasse » marquée par les appels de l’opposition à un gouvernement de transition et le report sine die du référendum constitutionnel.  Ces développements font s’interroger sur la tenue des élections, a-t-il estimé, avant d’inviter le Gouvernement et l’opposition à faire en sorte que le processus électoral puisse aller à son terme cette année comme prévu.  Malheureusement, a déploré le représentant, la situation sécuritaire s’est encore détériorée.  Il importe donc, selon lui, d’accélérer les efforts visant à renforcer les effectifs de police, à faire adopter le projet de loi sur les armes à feu et les munitions, et à mener à bien le projet de stratégie nationale pour la réduction de la violence de proximité, tout en prenant des actions immédiates pour lutter contre l’impunité.

Alors que la situation sociopolitique et la pandémie de COVID-19 ont exacerbé les difficultés économiques du pays, il est également urgent d’améliorer l’aide humanitaire, a plaidé le représentant, rappelant que 4,4 millions d’Haïtiens ont aujourd’hui besoin d’une assistance.  À cet égard, il a espéré que le manque de fonds auquel font face les organisations humanitaires, dont l’OCHA, s’atténueront dans les mois à venir.  Appelant de ses vœux un « renouveau démocratique » et la poursuite de la collaboration entre le BINUH, l’équipe de pays des Nations Unies et le Gouvernement haïtien, il a souligné en conclusion le soutien continu fourni par son pays, qui vient de prendre la forme d’une assistance à la lutte contre la pandémie.  

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a estimé que moins de 100 jours avant le premier tour des élections législatives proposées, il faut intensifier les préparatifs afin que le peuple haïtien puisse exercer sa volonté démocratique aux urnes.  Les élections, a-t-il souligné, constituent un pas crucial pour rétablir la crédibilité et le dynamisme des institutions démocratiques haïtiennes.  « Une assemblée citoyenne représentative et significative, avec la pleine et entière participation des femmes, peut avoir un impact positif dans les délibérations des questions constitutionnelles », a-t-il ajouté.  

Pour ce qui est des multiples défis structurels et systémiques auxquels Haïti est confronté, il s’est dit gravement préoccupé par les informations faisant état de violences, d’insécurité et de dépression économique persistantes, aggravées par le défi de la pandémie de COVID-19.  « La violence liée aux gangs, la surpopulation carcérale, les longues détentions provisoires, l’impunité pour les violations des droits de l’homme et la violence sexuelle et sexiste sont des sujets de grave préoccupation », a-t-il estimé avant de s’inquiéter d’une augmentation alarmante du taux d’enlèvements et d’homicides.  Il a exhorté le Gouvernement à s’attaquer aux problèmes omniprésents dans l’application de la loi et le système judiciaire, et de prendre des mesures urgentes pour faire progresser la Stratégie nationale de réduction de la violence communautaire.  

Enfin, pour ce qui est de la situation humanitaire, M. Gallagher s’est dit particulièrement alarmé par l’insécurité alimentaire grave et généralisée, notamment la malnutrition infantile persistante.  Il a aussi exhorté le Gouvernement haïtien à assurer la sécurité de tous les travailleurs humanitaires en ajoutant que le service aérien humanitaire des Nations Unies est essentiel au fonctionnement de l’équipe de pays de l’ONU et de ses partenaires.  

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) a commencé par réclamer des élections libres, justes, crédibles et transparentes en Haïti pour permettre le transfert du pouvoir en février 2022.  C’est essentiel pour remettre Haïti sur les rails de la stabilité et de la prospérité, a-t-elle estimé.  Face à l’échec à établir les responsabilités pour les violations des droits de l’homme, le représentant s’est dit « frustré » par l’impunité persistante, malgré le soutien de la communauté internationale aux institutions haïtiennes.  Seule la volonté politique des leaders haïtiens pourra briser ce cycle, a-t-elle affirmé.  Constatant en effet que des décennies d’aide internationale n’ont pas permis de tirer les dividendes de la paix et de la stabilité, il a remis en cause l’approche et les outils privilégiés jusqu’ici.  

L’engagement international doit reposer sur un nouveau modèle de coopération, avec les Haïtiens aux commandes, a plaidé le représentant.  L’expérience a montré, a-t-elle poursuivi, qu’une paix durable doit partir du bas vers le haut et que les processus politiques doivent s’accompagner d’un engagement « de la base » pour promouvoir la cohésion sociale et atténuer les tensions.  Les élections sont certes essentielles, mais la violence et la corruption qui affectent Haïti depuis longtemps ne pourront être réglées à long terme que si l’on donne les moyens aux acteurs locaux de la paix.  Saluant le succès des programmes de réduction de la violence de l’équipe de pays de Nations Unies en Haïti, et du BINUH, le Royaume-Uni les a encouragés à aligner leurs stratégies sur les approches de la consolidation de la paix.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a d’emblée souligné l’urgence pour Haïti d’organiser des élections législatives libres, équitables, transparentes et crédibles.  Il a exhorté les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord politique sur les modalités et le calendrier des élections, y compris la participation des femmes et des jeunes.  La priorité est de soutenir l’organisation des élections dans un environnement pacifique, a-t-il souligné, avant d’exhorter le Gouvernement, les partis politiques et les autres parties prenantes en Haïti à engager un dialogue national pour s’attaquer aux causes profondes de l’impasse politique actuelle.  Le moment est venu de parvenir à un compromis et à un consensus politique sur des réformes constitutionnelles, a-t-il ajouté.

Sur la situation sécuritaire, le délégué a condamné les violences des gangs et les enlèvements.  Il a exhorté le Gouvernement haïtien et les autorités locales à prendre des mesures plus décisives pour améliorer le cadre juridique du pays et mettre un terme à la violence.  Il a aussi appelé les partenaires internationaux et régionaux à maintenir leur soutien aux forces de sécurité haïtiennes par la formation, la fourniture d’équipements et le renforcement des capacités.  S’agissant du développement socioéconomique, M. Dang a appelé les autorités haïtiennes à prendre des mesures audacieuses et nécessaires pour faire face à la pauvreté et à l’instabilité socioéconomique.  Il a également engagé la communauté internationale et les pays de la région à continuer d’appuyer le développement socioéconomique en Haïti, en particulier les projets pour la création d’emplois, l’autonomisation des femmes et des jeunes et le renforcement des capacités. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) s’est déclarée très préoccupée par la situation en Haïti, où, faute d’élections, le Parlement ne siège plus depuis janvier 2020, tandis que le Président continue de gouverner par décret.  Depuis la démission du Premier Ministre, en avril, les autorités haïtiennes ne sont pas parvenues à former un gouvernement et aucun accord n’a pu être trouvé pour engager la sortie de crise, a-t-elle pointé, jugeant que la priorité est donc d’organiser les élections législatives et présidentielle prévues cet automne.  Pour s’assurer de leur crédibilité, il importe en premier lieu que les autorités garantissent la sécurité des électeurs, a souligné la représentante.  Saluant la création d’une cellule électorale conjointe auprès de la Police nationale d’Haïti, elle y a vu « un pas dans la bonne direction ».  En outre, il convient d’établir des listes électorales fiables et d’accélérer la distribution des cartes d’identification, a-t-elle plaidé, avant d’appeler toutes les parties à œuvrer à l’élaboration d’un consensus qui permette « la tenue d’un scrutin transparent dans un climat apaisé ». 

La déléguée a également constaté une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire en Haïti.  Les événements récents dans la banlieue sud de Port-au-Prince témoignent, selon elle, du climat de terreur qui règne dans le pays.  Jugeant indispensable de donner davantage de moyens à la Police nationale d’Haïti, elle a souhaité que les recrutements effectués ces derniers mois se poursuivent.  Elle a constaté que l’enquête sur l’assassinat de Monferrier Dorval est au point mort et n’a relevé aucun progrès dans la lutte contre l’impunité et contre la corruption, appelant la justice haïtienne à être « à la hauteur des exigences de l’état de droit auquel aspire la population », notamment après les massacres de Grand Ravine, La Saline et Bel Air, dont les auteurs sont toujours en liberté.  Enfin, après avoir rappelé qu’une nouvelle vague de COVID-19 vient s’ajouter aux fragilités existantes du pays, elle a assuré que la France, à titre national mais aussi à travers l’action de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), « se tient plus que jamais aux côtés des Haïtiens ».  

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est inquiété de la détérioration de la situation économique, sécuritaire, humanitaire et des droits de l’homme, en estimant que « ce scénario catastrophique » a été provoqué par l’effondrement du système politique qui s’est produit après que le Parlement a suspendu ses travaux, il y a plus d’un an.  Il a noté les initiatives « sans résultat » du Président Moïse pour établir un dialogue politique inclusif.  Nous avons été surpris et préoccupés, a-t-il avoué, par le report d’un référendum initialement prévu pour le 26 juin.  Le représentant a exhorté le BINUH à aider Haïti, en respectant strictement son mandat et en préservant sa position impartiale.  Compte tenu des conditions « complexes » que vit Haïti en ce moment, il a jugé important que le Conseil envoie un signal fort pour soutenir le dialogue national.

M. GENG SHUANG (Chine) a constaté qu’Haïti n’a toujours pas surmonté la grave crise qu’il traverse depuis des années.  Il a noté que le rapport du Secrétaire général et l’exposé de sa Représentante spéciale brossent le tableau d’un pays divisé politiquement, qui a des difficultés économiques et sociales, connaît la violence des gangs et est gangrené par la corruption.  Il a également souligné que, selon les statistiques de l’ONU, près de 40% de la population haïtienne ne peut pas se nourrir chaque jour et a besoin d’une aide humanitaire d’urgence.  Pour le représentant, le Gouvernement haïtien porte la responsabilité première de cette situation « décevante voire désespérée ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, a exhorté à de nombreuses reprises les autorités du pays à répondre aux aspirations du peuple haïtien mais ses appels sont restés vains.  Selon M. Geng, la situation est d’autant plus alarmante que le référendum constitutionnel a été reporté sine die et que le plus grand doute plane encore sur les élections prévues cette année. 

Dans ces conditions, la Chine enjoint aux autorités et aux responsables politiques haïtiens de mettre un terme à leurs différends et de créer des conditions favorables au rétablissement de l’ordre social dans leur pays.  Regrettant que ces derniers n’aient pas répondu aux attentes de leur peuple et de la communauté internationale ces 30 dernières années, le délégué a relevé que l’ONU a « beaucoup investi » pour aider Haïti, sans obtenir les « résultats attendus ».  De fait, alors que le peuple haïtien continue de souffrir et que l’avenir reste très sombre, le « modèle d’aide par transfusion » de l’ONU « ne semble pas durable », a-t-il insisté, avant d’affirmer qu’il n’existe pas de « solutions externes » à la crise haïtienne.  « Le pays doit pouvoir résoudre ses propres problèmes et atteindre le développement », a-t-il fait valoir, invitant l’ONU, les bailleurs de fonds et l’Organisation des États américains (OEA) à aider Haïti à trouver des moyens pour sortir de cette crise.  Enfin, a-t-il conclu, le Conseil de sécurité devrait « peser » la pertinence de la présence future des Nations Unies en Haïti, en lien avec l’expiration du mandat du BINUH en octobre. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a jugé que c’est une année critique pour Haïti qui, en plus de la longue crise politique, économique et humanitaire, fait également face à la COVID-19.  Par conséquent, il est important que les allocations de doses de vaccins atteignent davantage de personnes.  Le représentant a ensuite exprimé sa profonde préoccupation face à l’impasse politique actuelle, le manque de responsabilité ainsi que l’aggravation de la situation sécuritaire et sociale qui menacent la stabilité d’Haïti.  Des progrès sont donc nécessaires pour établir un programme de réformes consensuel et assurer des élections législatives, locales et présidentielle libres, équitables, transparentes et crédibles à l’automne 2021.  Il est crucial, a insisté le représentant, de créer les conditions pour la tenue d’élections, car c’est le seul moyen de rétablir les institutions démocratiques et un gouvernement fonctionnel en Haïti.

Il a salué la décision de l’Organisation des États américains d’aider les autorités haïtiennes à organiser un dialogue entre les parties prenantes nationales.  Il a estimé que le référendum constitutionnel largement débattu et controversé ne peut se tenir dans les conditions actuelles, puisque tant le référendum que le processus électoral doivent être inclusifs et transparents.  Il est de la plus haute importance d’assurer la sécurité publique et celle des Haïtiens.  La situation des droits de l’homme s’étant détériorée, le représentant a réitéré l’importance de veiller à l’établissement des responsabilités et appelé le Gouvernement d’Haïti à réformer le système judiciaire, afin de garantir que tous les cas fassent l’objet d’enquêtes appropriées, et que leurs auteurs soient tenus pour responsables de leurs crimes.  Nous soutenons la création du bureau de pays du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en Haïti, a déclaré le délégué.

M. CLAUDE JOSEPH, Premier Ministre par intérim d’Haïti, a reconnu que, depuis plus de deux ans, son pays connaît une situation sociopolitique « extrêmement difficile », caractérisée par des tentatives récurrentes de déstabilisation et des troubles à l’ordre public orchestrés par « une certaine frange de l’opposition ».  Il a regretté à cet égard que le rapport du Secrétaire général n’ait pas suffisamment pris en considération les « progrès significatifs » réalisés, au cours des trois ou quatre dernières années, en matière de promotion et de respect des droits de l’homme, de lutte contre la corruption, d’amélioration de la gouvernance et de renforcement de l’état de droit. 

Selon le responsable, les efforts entrepris par l’Administration du Président Jovenel Moïse pour assurer, avec l’appui du BINUH, la mise en œuvre de la stratégie nationale de réduction de la violence communautaire « se poursuivent et se renforcent ».  De plus, a-t-il indiqué, les autorités travaillent à l’élaboration d’un plan national de gestion des armes et des minutions pour lequel elles ont sollicité l’assistance technique de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR).  

Affirmant attendre que l’opposition « se résolve enfin à jouer la carte du dialogue », le Premier Ministre par intérim a assuré que l’exécutif haïtien « assume ses responsabilités » en se concentrant sur l’organisation des élections avant la fin de l’année, en vue de renouveler le personnel politique, de remettre en fonctionnement les institutions démocratiques et d’assurer le transfert du pouvoir à un « président légitimement élu » le 7 février 2022.  Conscient de « l’extrême complexité de la situation », le Gouvernement prend toutes les dispositions nécessaires pour enrayer le problème du banditisme et du kidnapping et rétablir la sécurité sur tout le territoire.

Le Premier Ministre par intérim a précisé que la police nationale est « entièrement mobilisée à cette fin », en dépit de la limitation et de la faiblesse de ses moyens.  Pour y parvenir, a-t-il ajouté, nous avons plus que jamais besoin de l’appui de la communauté internationale, notamment en termes d’assistance technique et de renforcement des capacités opérationnelles. 

Parallèlement, a poursuivi le Premier Ministre par intérim, Haïti fait face à une recrudescence de la pandémie de COVID-19 depuis la mi-mai, due à la présence de deux nouveaux variants plus virulents.  Face à cette crise, le Gouvernement est obligé de puiser dans les maigres moyens dont il dispose pour renforcer le système sanitaire et les structures de prise en charge.  Il a espéré que son pays pourra bénéficier, de toute urgence, d’un nombre suffisant de doses de vaccin dans le cadre du Mécanisme COVAX. 

Pour le Chef par intérim du Gouvernement, l’instabilité politique récurrente que connaît Haïti est largement alimentée par la Charte fondamentale de 1987, « complètement en déphasage par rapport aux réalités historiques et socioculturelles du pays ».  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, le Président Moïse « entreprend d’offrir à la nation une nouvelle constitution » dans le but de « mettre fin à ce cycle infernal d’instabilité politique » et de « rendre le pays gouvernable ».  Si son décret du 28 octobre 2020 portant création du Comité consultatif indépendant (CCI) a été contesté par une partie de la classe politique, le CCI s’est depuis acquitté de sa tâche « contre vents et marées ».  De son travail préparatoire est sorti un premier projet de nouvelle constitution qui a été soumis aux analyses du corps social le 2 février dernier.  Sur cette base, un deuxième projet a été mis en circulation, le 18 mai, afin de recueillir des suggestions complémentaires de la société avant de soumettre le texte à un référendum constitutionnel le 27 juin. 

Malheureusement, a déploré le Premier Ministre par intérim, la recrudescence des cas de COVID-19 a entraîné le report sine die du scrutin référendaire.  Une nouvelle date sera communiquée « sous peu » par le Conseil électoral, a-t-il dit, avant d’assurer que le Gouvernement met « les bouchées doubles » pour faire avancer le processus électoral.  Qualifiant d’« incontournable » la tenue des élections locales, législatives et présidentielle avant la fin de l’année, il a averti qu’une interruption du processus, quel qu’en soit le prétexte, serait « un coup dur pour Haïti et le peuple haïtien ».  Il s’est toutefois voulu rassurant quant à l’organisation des scrutins, « mis à part certains problèmes logistiques et la question cruciale de la sécurité ».  Sur le plan financier, le Conseil électoral provisoire a soumis le budget relatif à l’organisation du référendum et des élections, a ajouté le Premier Ministre par intérim, non sans espérer que les partenaires internationaux d’Haïti tiendront leurs promesses d’appui financier estimé à environ 17 millions de dollars. 

Demandant « l’appui solidaire de nos amis de la communauté internationale, en particulier du système des Nations Unies » pour garantir le succès de ce processus, il a affirmé que le Président Moïse entend le rendre « le plus inclusif, le plus transparent et le plus participatif possible ».  À cette fin, a-t-il souligné, le Chef de l’État continue d’inviter toutes les branches de l’opposition politique à la « table du dialogue » en vue de la réalisation d’un « compromis historique », qui devra « accoucher d’un gouvernement d’union nationale incluant toutes les tendances ». 

Avant de conclure, le Premier Ministre par intérim a estimé que, contrairement à ce que pensent certains membres de l’opposition, « la voie de la transition est la voie à éviter pour Haïti ».  En effet, a-t-il rappelé, de 1986 à 2016, le pays a connu pas moins de 15 gouvernements de transition, dont 10 pour la seule période de 1986 à 1993, « avec pour seuls résultats de véritables paralysies institutionnelles et l’aggravation de la faiblesse de l’État ».  De fait, a-t-il fait valoir, « seules des élections honnêtes, démocratiques, libres, inclusives et crédibles sont susceptibles de garantir la stabilité politique nécessaire à la stabilité socioéconomique et au progrès de la nation ».

Reprenant la parole, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti a dit avoir pris note des commentaires sur la situation sécuritaire, les violences qui menacent l’organisation des élections et les appels à la reprise du dialogue pour que ces scrutins aient bien lieu.  Elle a assuré que le BINUH fera son possible pour améliorer la situation sur le plan de la sécurité et garantir la tenue d’élections libres et régulières.

À son tour, l’avocate au barreau de Port-au-Prince a insisté sur une urgence qui n’a été que peu évoquée durant la réunion, celle posée par la situation sanitaire et la pandémie de COVID-19.  Elle a indiqué que non seulement les vaccins ne sont pas disponibles en Haïti mais aussi les respirateurs pour les malades.  « Il y a une grande pénurie. »  Ce matin même, des bandes armées ont fait irruption à l’hôpital et dérobé des respirateurs, a-t-elle poursuivi.  Si elle a remercié l’appui international lors de la réponse à la première vague de COVID-19, elle a estimé que la population est aujourd’hui en danger sur le plan sanitaire.

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