En cours au Siège de l'ONU

La Commission du développement social exhorte les États Membres à combler la fracture numérique

Cinquante-neuvième session,
3e séance plénière – matin
SOC/4897

La Commission du développement social exhorte les États Membres à combler la fracture numérique

La Commission du développement social a achevé, ce matin, les travaux de sa cinquante-neuvième session en adoptant par consensus une série de projets de résolution, dont un texte qui exhorte notamment les États Membres à combler la fracture numérique et à s’efforcer de parvenir à une connectivité universelle pour que chaque personne ait un accès abordable à un Internet à haut débit de qualité d’ici à 2030. 

Lors de ses remarques de clôture, la Présidente de la Commission a pointé le risque d’un monde à deux vitesses concernant l’accès au numérique et insisté sur la centralité des États dans le relèvement post-COVID-19. 

« La citoyenneté numérique ne doit pas devenir le privilège d’une minorité », a notamment mis en garde Mme María del Carmen Squeff, qui a souhaité que la fraternité, « nouvelle frontière de l’humanité », puisse guider l’édification de sociétés plus inclusives lors de la nouvelle normalité postpandémie.  Elle s’est également prononcée en faveur de la tenue d’un débat spécifique afin de faire entendre la voix des jeunes.  « Nous avons besoin de justice intergénérationnelle », a affirmé Mme Squeff.

Reflétant le thème prioritaire de la session actuelle qui était consacrée à la « transition vers le développement durable et justice sociale: le numérique au service du développement social et du bien-être de toutes et de tous », le texte engage également les États Membres à accroître l’accès de toutes les femmes et de toutes les filles aux technologies numériques afin de favoriser leur éducation et leur formation.

Le rôle des technologies de l’information et des communications (TIC) a également été pris en compte dans le projet de texte consacré aux « politiques et programmes mobilisant les jeunes » lequel appelle notamment les États Membres à promouvoir l’innovation parmi les jeunes en faisant en sorte que les TIC soient pleinement et adéquatement prises en compte dans l’enseignement et la formation, à tous les niveaux.

La Commission du développement social a aussi fait sien un texte portant sur les « aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » qui engage notamment les pays africains à s’attaquer au chômage élevé constaté chez les jeunes; à favoriser des investissements à forte intensité de main-d’œuvre; à porter les investissements en faveur de l’agriculture à au moins 10% du budget annuel du secteur public national et à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie africaine pour la santé révisée.

Elle a également arrêté le thème de sa prochaine session: « Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 ».

La Commission a par ailleurs adopté un document relatif au Statut de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social et nommé M. Olivier De Schutter, de la Belgique, et Mme Graziella Moraes Silva, du Brésil, membres du Conseil d’administration de cet Institut.  L’Argentine a estimé, à ce propos, que la nomination des membres de l’Institut doit se faire au terme d’un processus de consultation inclusif.  Rappelant que l’Institut contribue au mandat de la Commission, la délégation a souhaité davantage de synergies entre les deux organes.

La séance, qui s’est tenue en présentielle, a d’ailleurs été marquée par les critiques formulées par plusieurs délégations à l’endroit de la Commission qui lui ont notamment reproché « doublons », « manque d’inclusion », et une « répartition des tâches loin d’être limpide ».

Enfin, la Commission a adopté l’ordre du jour provisoire de sa soixantième session ainsi que le projet de rapport de sa cinquante-neuvième session.

Ces projets de résolution seront ensuite transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour adoption finale.

La Commission a ensuite brièvement ouvert sa soixantième session pour reconduire Mme Squeff à sa présidence et élire le Portugal à la vice-présidence de son bureau.  L’élection des autres membres du Bureau a été reportée.

PRÉSENTATION ET DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Organisation des travaux et méthodes de travail futures de la Commission du développement social (E/CN.5/2021/L.4)

Selon les termes de ce projet de résolution, adopté sans vote, l’ECOSOC déciderait que la soixantième session de la Commission du développement social aura pour thème prioritaire: « Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 ».

Explication de position

Le Mexique a rappelé que le thème du forum politique de haut niveau sur le développement durable n’est pas encore connu et a estimé que le thème de la soixantième session de la Commission aurait dû être arrêté après que ledit forum politique eut choisi le sien.  La délégation a souhaité un meilleur alignement des travaux entre les deux organes. 

Aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (E/CN.5/2021/L.3/Rev.1)

Par ce texte, adopté par consensus et présenté par la Guinée, au nom du G77 et de la Chine, l’ECOSOC, craignant que la crise actuelle de la COVID-19 ne risque de réduire à néant des décennies de progrès en matière de développement social, saluerait les progrès accomplis par les gouvernements africains pour ce qui est de s’acquitter des engagements qu’ils ont pris dans le cadre de la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), d’affermir la démocratie et les droits de l’homme et d’assurer une bonne gouvernance et une gestion économique rigoureuse.

Il réaffirmerait qu’il importe d’appuyer l’Agenda 2063 de l’Union africaine et, par ailleurs, prendrait note avec satisfaction de l’action menée par la Commission de l’Union africaine, qui a abouti à l’adoption par la Conférence de l’Union africaine, à Addis-Abeba en février 2019, de l’initiative continentale appelée « Saleema: campagne de l’Union africaine visant à mettre fin aux mutilations génitales féminines », en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies.

Il engagerait instamment tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention des Nations Unies contre la corruption ou à y adhérer.  Les gouvernements africains se verraient également appelés à ratifier le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes handicapées en Afrique et le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes âgées en Afrique.

Par ce texte, l’ECOSOC prierait instamment les gouvernements africains d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie africaine pour la santé révisée.  Il réaffirmerait aussi la nécessité urgente d’intensifier considérablement les efforts visant à assurer l’accès universel, dans les pays d’Afrique, à des programmes complets de prévention, de traitement, de soins et d’accompagnement liés au VIH/sida, et d’intensifier l’action menée pour élargir en Afrique l’accès à des médicaments de qualité peu coûteux, y compris des antirétroviraux.

Le Conseil soulignerait également qu’il importe que les gouvernements africains renforcent, en priorité, la capacité de production de l’agriculture durable.  De même, il engagerait instamment les gouvernements africains, dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, à porter les investissements en faveur de l’agriculture à au moins 10% du budget annuel du secteur public national.

Les pays d’Afrique seraient également engagés à être attentifs à une croissance sans exclusive, équitable et durable, susceptible de favoriser l’emploi, notamment par des investissements à forte intensité de main-d’œuvre.

En outre, l’ECOSOC engagerait instamment les pays d’Afrique et les partenaires de développement à s’attaquer au chômage élevé constaté chez les jeunes en leur faisant bénéficier de programmes de qualité dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’accompagnement à la création d’entreprises.

Explications de position

Les États-Unis ont rappelé que le NEPAD ne postule pas un accès aux marchés internationaux et ne constitue pas un amendement des décisions de l’Organisation mondiale du commerce.  La mission a aussi rappelé que tout transfert de technologies se fait sur une base volontaire.  En outre, le terme de flux financiers illicites visé par le texte n’a pas de définition internationale claire.

Ce projet de résolution est trop long et constitue un doublon par rapport à la résolution de l’Assemblée générale sur le même sujet, a estimé le Portugal, au nom de l’Union européenne.  La délégation a suggéré que le texte soit adopté tous les deux ans et invité la Commission à harmoniser ses travaux avec les autres entités onusiennes.  « La répartition des travaux avec l’Assemblée est en effet loin d’être limpide », a-t-elle regretté.

Transition vers le développement durable et justice sociale: le numérique au service du développement social et du bien-être de toutes et de tous (E/CN.5/2021/L.6)

Selon les termes de ce texte, adopté par consensus, l’ECOSOC réaffirmerait qu’il est résolu à combler le fossé numérique et demande aux États Membres de mettre en œuvre des politiques et d’accélérer leurs efforts à cette fin, avec en ligne de mire l’inclusion sociale pour tous, et plus particulièrement les enfants, les jeunes, les femmes, les personnes handicapées et les personnes âgées, sans discrimination.

Il exhorterait les États Membres, en collaboration avec d’autres parties prenantes, à combler la fracture numérique et à promouvoir l’inclusion numérique, en tenant compte des contextes nationaux et régionaux et en relevant les défis liés à l’accès, au coût, à l’aptitude à se servir des outils numériques et aux compétences numériques.

Le Conseil exhorterait également les États Membres, en collaboration avec d’autres parties prenantes, à promouvoir l’inclusion numérique en mettant en œuvre des politiques et des mesures d’inclusion visant à relever les défis liés à l’égalité d’accès, en particulier le coût, y compris, le cas échéant, en envisageant des subventions ciblées, l’impôt progressif ou un panier numérique de base.

Les États Membres se verraient également engagés à remédier au manque d’infrastructures numériques efficaces, abordables et accessibles, en particulier dans les zones rurales et reculées, et s’associer avec le secteur privé, en tant que partenaire, pour améliorer le financement des infrastructures et la mise en place des réseaux.

L’ECOSOC engagerait également les États Membres à s’efforcer de parvenir à une connectivité universelle pour que chaque personne ait un accès abordable à un Internet à haut débit de qualité d’ici à 2030, notamment en établissant des partenariats essentiels.

De même, l’ECOSOC engagerait les États Membres, en collaboration avec d’autres parties prenantes, à accroître l’accès de toutes les femmes et de toutes les filles aux technologies numériques afin de favoriser leur éducation et leur formation en vue d’améliorer leurs aptitudes et compétences numériques, ainsi que la productivité et la mobilité des femmes sur le marché du travail.

Il engagerait en outre les États Membres, d’ici à 2030, à faire baisser au-dessous de 3% les coûts de transaction des envois de fonds effectués par les migrants et éliminer les circuits d’envois de fonds dont les coûts sont supérieurs à 5%, notamment par l’utilisation des technologies numériques.

Explications de position

La Fédération de Russie a regretté que le terme de « gender responsive », dans la version anglaise du texte, ait remplacé celui de « gender sensitive ».

Les États-Unis auraient, eux, souhaité un libellé plus robuste sur la diversité des formes familiales.

Politiques et programmes mobilisant les jeunes (E/CN.5/2021/L.5)

Selon les termes de ce projet de résolution, présenté par le Portugal, au nom de l’Union européenne, et adopté sans vote, l’ECOSOC exhorterait les États Membres à veiller à ce que les questions relatives à la jeunesse soient dûment prises en compte dans le cadre de la mise en œuvre, du suivi et de l’examen du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et soulignerait qu’il importe de consulter étroitement les jeunes ainsi que les organisations de jeunes et d’aide à la jeunesse et de les associer activement à la mise en œuvre du Programme 2030.

Il exhorterait également les États Membres à promouvoir la participation pleine et effective des jeunes et des organisations de jeunes et d’aide à la jeunesse aux décisions qui les concernent à tous les niveaux, y compris en lien avec le Programme d’action mondial pour la jeunesse et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Par ce texte, l’ECOSOC demanderait aux États Membres de prendre en compte les aspects sociaux de l’épanouissement des jeunes en adoptant ou en améliorant les politiques appropriées, notamment en ce qui concerne les finances publiques, l’emploi et le marché du travail.

Il engagerait également les États Membres à promouvoir l’innovation parmi les jeunes, en faisant en sorte que les technologies de l’information et des communications soient pleinement et adéquatement prises en compte dans l’enseignement et la formation, à tous les niveaux, y compris dans l’élaboration des programmes pédagogiques, la formation du personnel enseignant, l’encadrement et l’administration des institutions et l’éducation permanente.

De même, l’ECOSOC demanderait instamment aux États Membres et aux autres parties concernées d’accélérer le rôle de catalyseur que jouent les technologies numériques pour réduire l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’éducation, la santé, la communication, le commerce et la continuité des activités.

Explications de position

Commentant les liens entre migrations et développement visés par le projet de résolution, la Hongrie a estimé que les migrations n’ont pas d’effets positifs pour tous les pays et peuvent, au contraire, représenter un poids considérable.  « Cette réalité n’est pas reflétée dans le texte », a regretté la mission.  La délégation a invité les jeunes à mener leurs projets de vie chez eux plutôt que de se lancer dans des migrations périlleuses. 

Les États-Unis ont précisé que ce texte ne change pas le droit international coutumier dans ce domaine.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la Charte ouvre sa session de 2021 et débat du mérite des sanctions sur fond de pandémie

Session de 2021,
297e séance – matin
L/3291

Le Comité spécial de la Charte ouvre sa session de 2021 et débat du mérite des sanctions sur fond de pandémie

Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation a ouvert ce matin, en présentiel, les travaux de sa session de 2021 qui se tiendra à New York jusqu’au 24 février prochain.  Le Comité a entendu 25 délégations dans le cadre de son débat général. 

M. Edgardo Daniel Mata, du Guatemala, Président du Comité spécial pour cette session, a expliqué que, compte tenu de la situation sanitaire, les réunions du Groupe de travail plénier adopteront ensuite un format hybride, avec la possibilité pour les délégués de participer virtuellement aux discussions. 

Au cours de la semaine, le Groupe de travail plénier du Comité spécial, sur la base de son rapport annuel*, va poursuivre l’examen de diverses propositions concernant la question du maintien de la paix et de la sécurité internationales sous tous ses aspects afin de renforcer le rôle de l’ONU, et, notamment, l’adoption et l’application des sanctions imposées par l’ONU.   

Chaque année, un débat thématique est organisé au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Règlement pacifique des différends », pour examiner les moyens de régler les différends conformément au Chapitre VI de la Charte.  Cette fois-ci, les membres sont invités à axer leurs observations sur le sous-thème « Échange d’informations sur les pratiques des États concernant le recours à l’arbitrage ». Le Comité devrait se pencher également sur ses méthodes de travail et la définition de nouveaux sujets.   

En début de séance, MM Mamadou Racine Li (Sénégal), Mohd Hafiz Bin Othman (Malaisie) et Mladen Bručić-Matic (Croatie) ont été élus Vice-Présidents du Comité spécial.  Mme Sarah Weiss Ma’udi (Israël) a été élue au poste de Rapporteur.  

Le Président a attiré l’attention sur le projet de texte** présenté par les Philippines par lequel le Comité spécial recommanderait à l’Assemblée générale d’encourager l’ONU et tous les États Membres à célébrer le quarantième anniversaire de l’adoption de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux.  Une initiative plébiscitée par les délégations qui ont salué ce document « historique » adopté en 1982.  

Ouvrant le débat général, la République islamique d’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé que le Comité devrait jouer un rôle incontournable dans le processus de réforme de l’ONU.  « Le Comité est une enceinte pour clarifier le droit international et promouvoir les dispositions de la Charte. »  Le représentant iranien s’est dit préoccupé par le fait que le Conseil de sécurité empiète sur les pouvoirs de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a en outre mis l’accent sur les conséquences humanitaires et socioéconomiques des sanctions sur les populations civiles et leurs répercussions sur des États tiers.  D’après lui, l’imposition de sanctions devrait être considérée comme « un moyen de dernier recours », et leurs objectifs devraient être bien définis et limités dans un cadre temporel spécifique.  Les pays non alignés remettent aussi en question les sanctions unilatérales contre des pays en développement.  « Il nous tarde de participer à des délibérations fondées sur des résultats significatifs », a résumé l’Iran en estimant que le Comité devrait redoubler d’efforts pour examiner toutes les propositions soumises au Comité. 

Pour l’Union européenne, « les sanctions font partie d’une approche holistique de la recherche de la paix et de la sécurité internationales ».  À condition d’être « ciblées et bien réfléchies » et de respecter le droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment les droits des réfugiés.  Tous les États doivent éviter une mise en œuvre lacunaire et des effets non désirés sur les populations civiles et les pays voisins, et prendre des mesures d’atténuation, a poursuivi la représentante.  Plus tranchante sur la question des propositions, l’Union européenne a considéré que la plupart d’entre elles sont des « doublons » par rapport à des mesures déjà prises dans d’autres enceintes et qu’elles n’apportent pas de valeur ajoutée.  L’harmonisation des travaux du Comité est une priorité.  Elle a douté que celui-ci soit l’enceinte appropriée pour examiner d’autres questions qui relèvent plutôt d’organes comme le Conseil de sécurité ou le Comité des relations avec le pays hôte. 

Pour sa part, l’Ukraine, au nom de la République de Moldova et de la Géorgie, a douté de l’application de bonne foi des sanctions par certains États Membres.  Or, les sanctions sont des mesures non militaires utiles pour contrer les menaces.  La représentante a indiqué qu’elle continuera de prendre des mesures juridiques « pour que la Fédération de Russie réponde de ses actes ».  La Russie est responsable de plusieurs violations du droit international dans ces trois pays, a-t-elle accusé.  

Il s’agit là d’une « propagande qui n’a rien à voir avec la réalité », a rétorqué la Fédération de Russie en appelant à éviter toute politisation au sein du Comité.  De façon générale, pour ce pays, le Comité se doit d’examiner toutes les propositions concernant les questions liées au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Avec le Bélarus, a rappelé sa représentante, la Russie a recommandé de solliciter un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les effets juridiques du recours à la force par un État en l’absence d’autorisation préalable du Conseil de sécurité et en dehors des cas où serait exercé le droit de légitime défense. 

La Russie s’est également dit préoccupée par les sanctions coercitives qui « contournent » le Conseil de sécurité.  « Certains pays parmi les plus pauvres ont du mal à survivre notamment dans le contexte de la pandémie. »  Elle a en outre fustigé les restrictions arbitraires imposées par le pays hôte à New York et qui violent le droit de certaines délégations de participer aux travaux de l’Organisation.  Selon elle, le Comité peut examiner cette problématique qui a des implications directes sur l’application de la Charte.  Enfin, la Russie a appuyé la proposition du Mexique pour analyser l’interprétation et la portée de l’Article 51 de la Charte sur le droit à la légitime défense.  Aucune autre instance n’examine cette question, a défendu le Mexique, il n’y a donc pas de doublon. 

Cette question de l’examen de l’Article 51 est un doublon, elle ne peut faire l’objet d’un consensus, ont contredit les États-Unis.  Le comité ne devrait pas essayer de poursuivre des activités qui ne respecteraient pas le rôle des organes de l’ONU en matière de paix et de sécurité, y compris en ce qui concerne la réforme de l’Organisation, et il ne doit pas non plus devenir une enceinte pour débattre de points bilatéraux.  La représentante américaine a souhaité se consacrer à la diplomatie préventive et dit attendre des informations sur les sanctions ciblées.  Elle a soutenu le document de travail présenté par le Ghana sur le renforcement des relations et de la coopération entre l’ONU et les mécanismes ou organismes régionaux en matière de règlement pacifique des différends.  En conclusion, pour les États-Unis, le Comité devrait utiliser au mieux ses ressources limitées et examiner la possibilité de tenir des sessions raccourcies, voire biannuelles.  Dans le même esprit, la République de Corée s’est inquiétée des propositions « duplicatives  » formulées au sein du Comité qui diluent son efficacité.  Elle a souhaité une adéquation entre ses activités et celles des autres organes principaux de l’ONU.  Ainsi le Comité n’est-il pas l’enceinte appropriée pour aborder la question de la République populaire démocratique de Corée, a-t-elle souligné, après que ce pays eut réclamé, une fois de plus, le démantèlement immédiat du commandement des Nations Unies en Corée du Sud, « entité fantôme illégale » qui, en réalité, « sert les intérêts des États-Unis en Asie  ». 

À titre national, la République islamique d’Iran a voulu dénoncer le mauvais usage des mécanismes onusiens par certains pour servir leurs intérêts propres, et appuyé toute proposition susceptible de renforcer le rôle et l’efficacité de l’ONU.  Pour sa part, l’Iran a proposé le sujet suivant: « Obligations des États Membres concernant les mesures coercitives unilatérales - lignes directrices sur les moyens de prévenir, éliminer, réduire et corriger les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales ».  Dans la foulée, la République arabe syrienne a dénoncé un « blocus sur les peuples du monde ».  Elle a appelé à l’activation de mécanismes qui évalueraient les sanctions onusiennes.  La Syrie a reproché à certains de prendre comme prétexte l’Article 51 pour agresser d’autres États.  Elle a rappelé avoir présenté un document de travail sur les privilèges et immunités dont jouissent les représentants des États Membres des Nations Unies et les fonctionnaires de ladite Organisation et qui leur sont nécessaires pour exercer en toute indépendance leurs fonctions.  

D’après Cuba, le Comité est le meilleur cadre pour veiller à ce que tous les États Membres et les organes agissent dans le respect des principes de la Charte. Un débat « franc et transparent », c’est ce qu’a espéré Cuba, notamment sur son document de travail intitulé « Renforcer la fonction de l’Organisation et la rendre plus efficace: adoption de recommandations ».  Toutes les mesures prises par le Comité attestent de son rôle de premier plan au sein de l’ONU, en dépit de tentatives de revoir à la baisse son programme de travail, a fait valoir cette délégation.  La réflexion doit se poursuivre pour accroitre l’efficacité de l’ONU, a abondé le Burkina Faso, avant de souligner à son tour « l’immense contribution » de la CIJ en matière de règlement des différends.  

Convaincue elle aussi du rôle fondamental du Comité spécial de la Charte, l’Égypte a vanté son expérience en matière d’arbitrage et l’efficacité de cet outil dans le règlement pacifique des différends.  La Côte d’Ivoire a également évoqué une tradition de recherche de la paix par le dialogue.  Elle a rappelé la médiation des pays voisins dans le cadre de la résolution de la crise qu’elle a traversée. 

La Chine a tenu à appuyer le Comité spécial et ses travaux.  Elle a réaffirmé que les sanctions sont un outil plutôt qu’un objectif.  Recommandant au Conseil de sécurité une approche responsable et prudente en la matière, la Chine a appelé à minimiser l’impact sur le public en général et sur les pays tiers.  À son avis, les pays doivent appliquer rigoureusement les sanctions décidées par le Conseil et s’abstenir de prendre des mesures unilatérales.  En tant que membre permanent, la Chine entend y jouer un rôle « juste et positif ».  Négociation, consultation, médiation ou arbitrage, les pays devraient pouvoir choisir.  L’Arménie a rappelé le droit de tous les peuples à l’autodétermination et à disposer d’eux-mêmes sans ingérence extérieure.  « Le recours à la force contre ce droit inaliénable viole le droit international. » 

L’Équateur a souligné l’importance d’établir un « distinguo » entre les rôles des différents organes de l’ONU.  Si l’Équateur a plaidé pour l’échange d’informations sur la pratique des États concernant le recours à l’arbitrage et l’assistance aux États tiers affectés par les sanctions, le Guatemala a pour sa part mis l’accent sur le respect de l’égalité souveraine des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Il a exhorté l’ONU à améliorer la coopération avec les organisations régionales avant d’insister sur la confiance que les États accordent à la CIJ et ses avis consultatifs.  Le Nicaragua a, quant à lui, fait remarquer que l’Assemblée générale reste l’organe démocratique et universel par excellence.  Il a jugé préoccupante la tendance croissante du Conseil de sécurité à s’arroger le droit d’examiner des questions qui relèvent selon lui de la compétence de l’Assemblée. 

Pour le Bangladesh, la réforme de l’ONU doit se faire dans le respect des principes de la Charte.  Rappelant que la paix et la sécurité sont étroitement liés au développement durable, il a redit l’importance de minimiser l’impact néfaste des sanctions sur les civils et les États tiers.  Les sanctions ne sont pas propices aux relations amicales et la coopération ne doivent pas être une fin en soi, ont estimé le Viet Nam et la Malaisie.  Pour le Viet Nam, elles doivent pouvoir être assouplies et levées lorsque les conditions sont réunies.  Quant à l’arbitrage, il s’avère présenter bien des avantages.  Le règlement pacifique des différends doit rester en première ligne au Comité, a ajouté la Malaisie, préoccupée par le manque de progrès en ce qui concerne plusieurs propositions qui existent depuis longtemps. 

Confrontée à une crise sans précédent -la pandémie de COVID-19- qui exacerbe les défis existants, « l’ONU doit aller au-delà de la rhétorique et se concentrer sur un avenir imprévisible », a conclu l’Indonésie.  La Charte reste une « ancre » pour surmonter les défis contemporains, a acquiescé la Turquie, qui a rappelé avoir accueilli en septembre dernier la septième conférence d’Istanbul sur la médiation, dans le cadre de la résolution pacifique des différends.  En conclusion, la Turquie a encouragé à appuyer le Comité qui doit continuer d’examiner les façons d’améliorer ses méthodes de travail pour éviter les doublons et respecter les compétences de chacun. 

Au cours de cet échange de vues général, le Comité spécial a fait référence au Répertoire de la pratique suivie par les organes des Nations Unies et au Répertoire de la pratique du Conseil de Sécurité***.  Les délégations se sont félicitées des efforts entrepris par le Secrétariat pour mettre à jour ces documents, précieux outils de référence, qui permettent de préserver la mémoire institutionnelle de l’Organisation.  

*A/75/33  

** A/AC.182/L.157  

***A/75/145  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Opérations de maintien de la paix: le Comité spécial débat des moyens de rendre les missions de l’ONU plus responsables, efficaces et sûres

Session de 2021,
266e et 267e séances plénières – matin et après-midi
AG/PK/240

Opérations de maintien de la paix: le Comité spécial débat des moyens de rendre les missions de l’ONU plus responsables, efficaces et sûres

Le premier jour de débat général du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, dit « Comité des 34 » (C34), a mis au jour le souci toujours plus grand de garantir l’efficacité et la sécurité des missions de l’ONU.  Une efficacité qui découle d’abord de mandats bien conçus dès le départ, ce qui oblige à y impliquer tous les acteurs concernés et à prévoir un financement et des capacités adaptés aux réalités du terrain.  Une efficacité résultant aussi de la responsabilité des missions et d’une implication incontournable des femmes dans les opérations comme gage de résultats et de paix durables. 

De plus, à l’heure de la COVID-19 et d’attaques meurtrières visant le personnel de l’ONU, les membres du Comité se sont montrés plus que jamais soucieux de la sécurité des Casques bleus et ont appelé à la renforcer. 

Les opérations de maintien de la paix, les « OMP », sont un exemple concret du lien entre les trois piliers de l’Organisation, a fait remarquer à l’ouverture de la session le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir: elles favorisent la promotion des droits de l’homme et permettent le développement par le biais du maintien de la paix. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a illustré cette importance en rappelant que 154 États Membres ont signé la Déclaration d’engagement commun concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont le Département des opérations de paix met en œuvre les directives depuis son adoption il y a deux ans et demi.  Les Philippines ont d’ailleurs salué la détermination du Secrétaire général à mener les réformes nécessaires pour que ces opérations puissent s’acquitter de leur tâche conformément à leur mandat. 

Pour garantir leur succès, les intervenants ont recommandé de concevoir des mandats clairs et réalisables et de les financer en tenant compte de la réalité du terrain.  Les opérations doivent être capables de s’adapter à une situation spécifique, a expliqué la Thaïlande.  Le Pakistan a même suggéré au C34 d’établir des comités avec les membres du Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes afin de discuter des mandats avant leur adoption par le Conseil de sécurité.  Il faut, a renchéri le Bangladesh, que les informations qui remontent du terrain soient intégrées dans les documents de politiques. 

De façon générale, le Pérou et la Fédération de Russie ont vanté les mérites de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs de troupes de maintien de la paix.  Le Mouvement des non-alignés, dont les 120 pays membres représentent 86% des troupes déployées dans les OMP, a saisi cette occasion pour demander de discuter du remboursement des pays fournisseurs de contingents afin de corriger des « déséquilibres flagrants ». 

Le NAM a par ailleurs mis l’accent sur l’importance du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix, une idée entendue plusieurs fois au cours du débat pour l’UA mais aussi d’autres organisations régionales comme l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). 

Cette dernière s’est félicitée du fait que le rapport 2020 du C34 ait encouragé une plus grande collaboration entre l’ONU et l’ASEAN dans les opérations de paix, y compris dans les domaines de la formation et du renforcement des capacités, du partage des meilleures pratiques et de l’augmentation de la participation des femmes au maintien de la paix. 

Augmenter la participation des femmes aux processus politiques a été un appel commun de toutes les délégations, pour des raisons d’efficacité.  Selon les États-Unis en effet, les femmes disposent de compétences uniques pour renforcer le maintien de la paix notamment lorsqu’il s’agit d’inspirer les femmes et filles des pays hôtes des missions.  Pour l’UE, leur participation est tout simplement « le meilleur garant d’une paix durable ».  La mise en œuvre du programme « femmes, paix et sécurité », mis en place par la résolution 1325 (2000), a bien évidemment été évoquée. 

Le groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) n’a pas manqué de plaider pour la fourniture de services de santé sexuelle et reproductive pour les femmes Casques bleus, tout en saluant la nomination de conseillers en genre dans les missions. 

Les membres du Comité ont largement rendu hommage aux Casques bleus et aux pays contributeurs de contingents, en soulignant les difficultés supplémentaires rencontrées du fait de la COVID-19.  Saluant la création du groupe des amis de la vaccination au sein des missions, le Guatemala a plaidé pour que les pays contributeurs de contingents et de personnel de police y soient être intégrés. 

La question de la sécurité des personnels déployés a été au cœur des préoccupations, en particuliers pour les plus gros fournisseurs de contingent comme le Bangladesh.  Le Royaume-Uni a cité les récentes attaques contre les Casques bleus commises au Mali et en République centrafricaine.  L’UE a rappelé que de telles attaques peuvent constituer des crimes de guerre en droit international.  Le Pérou a appelé à faire des progrès en ce qui concerne les mécanismes d’alerte précoce et l’évacuation des blessés. 

Les orateurs ont également salué le nouveau format du rapport du C34, adopté pour la première fois en 2020 et qui constitue un outil efficace pour formuler des recommandations réalisables et mesurables et soutenir la mise en œuvre de l’Action du Secrétaire général pour le maintien de la paix. 

Le matin, le Comité a adopté son ordre du jour et son programme de travail provisoire, après avoir élu son Président, M. Tijjani Muhammad Bande (Nigéria), et reconduit les membres de son bureau de l’an passé.  Ont ainsi été élus MM. Fabián Oddone (Argentine), Richard Arbeiter (Canada), Hiroyuki Namazu (Japon) et Mariusz Lewicki (Pologne)comme Vice-Présidents, M. Abdullah Attelb (Égypte) étant élu Rapporteur. 

Le Comité poursuivra son débat général jeudi 18 février de 10 heures à midi.

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a dit que les opérations de maintien de la paix (OMP) sont au cœur des activités de l’ONU et du multilatéralisme dans son ensemble.  « Les OMP sont un exemple concret du lien entre les trois piliers de l’Organisation en favorisant la promotion des droits de l’homme et permettant le développement par le biais du maintien de la paix », a précisé M. Bozkir.  Le Président de l’Assemblée générale a particulièrement remercié les États Membres qui détachent du personnel de maintien de la paix et qui apportent un appui aux différentes fonctions dans ce domaine pour parvenir à des résultats concrets. 

Après avoir rendu hommage aux Casques bleus et aux pays contributeurs de contingents, il a souligné que la COVID-19 a engendré de nouvelles difficultés pour des opérations de maintien de la paix déjà complexes.  Il a félicité les missions d’avoir mis en place des mesures d’atténuation visant à limiter les conséquences de la pandémie, saluant notamment les mesures prises par les missions pour appuyer les opérations nationales visant à prévenir la propagation de la pandémie de COVID-19. 

Le Président de l’Assemblée a plaidé en faveur de mandats clairs et réalisables pour les opérations de maintien de la paix, en demandant des financements adaptés aux besoins en se basant sur la réalité du terrain.  Il a mis l’accent sur l’amélioration de la participation des femmes aux processus politiques en rappelant que la mise en œuvre de la parité rend les missions de maintien de la paix plus efficaces.  En outre, il a souhaité que la prochaine réunion ministérielle sur le thème des opérations de maintien de la paix prévue à Séoul fin 2021 soit l’occasion pour les États Membres de réaffirmer leur engagement en faveur de cette activité clef des Nations Unies. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. JEAN-PIERRE LACROIX, a fait remarquer que la présence des membres du C34 au Siège des Nations Unies en pleine pandémie démontre l’engagement de ceux-ci en faveur du maintien de la paix et des collègues présents sur le terrain.  Le fait que 154 États Membres aient signé la Déclaration d’engagement commun concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies est une autre preuve du soutien fourni à ces activités, a-t-il noté.  Il a indiqué que depuis deux ans et demi le Département des opérations de paix met en œuvre les directives de la Déclaration.  M. Lacroix a expliqué qu’il allait présenter les différentes mesures prises par son Département pour faire face à la COVID-19, aux côtés de ses collègues de l’Appui opérationnel et du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Il a terminé en saluant le fait que les rapports du C34 sont désormais structurés autour des thématiques de l’Action pour le maintien de la paix (« A4P » selon l’acronyme anglais). 

Le Maroc, s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a apprécié que l’action rapide du Secrétaire général face à la pandémie ait sauvé de nombreuses vies, y compris des soldats de la paix.  « Le nouveau défi de la vaccination du personnel en uniforme est maintenant à portée de main », a estimé le Mouvement des pays non alignés avant d’appeler à ce qu’aucun effort ne soit épargné pour lutter contre la pandémie de COVID-19 dans les opérations de maintien de la paix.  Le Mouvement des pays non alignés a par ailleurs mis l’accent sur l’importance du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine dans ce domaine.  Le groupe a appelé à relever avant tout les défis de la sécurité des Casques bleus, condamnant les récentes attaques contre des membres de ce personnel.  Le Mouvement des pays non alignés a appelé tous les États qui accueillent des opérations sur leur territoire à poursuivre en justice les responsables de ces attaques.  « La lutte contre l'impunité est une préoccupation commune », a-t-il déclaré, avant d’appeler le Conseil de sécurité à faire sa part et le Secrétariat de l’ONU à veiller à la mise en œuvre du processus d’Action pour le maintien de la paix. 

Notant la finalisation du cadre de responsabilisation du maintien de la paix, le Mouvement des pays non alignés a déclaré que tout le personnel devrait être mis sur un pied d’égalité.  Il a aussi souligné l’importance de la participation des femmes au maintien de la paix, déclarant que le Mouvement était actif dans des initiatives connexes.  Pour aller de l'avant, le Mouvement a demandé de discuter du remboursement des pays fournisseurs de contingents afin de corriger des déséquilibres flagrants.  Rappelant que les 120 pays du Mouvement des pays non alignés représentent 86% des troupes déployées, le Mouvement a souhaité que sa contribution soit prise en compte dans les discussions sur les opérations de maintien de la paix. 

Le Brésil, parlant également au nom de l’Argentine, de l’Uruguay et du Mexique, a salué le dernier rapport du C34 et a souhaité que celui de cette session suive la même méthodologie qui s’appuie sur les huit thématiques tirées d’Action pour le maintien de la paix.  Le Groupe de pays a plaidé pour la promotion du programme « femmes paix et sécurité » et a insisté sur la pleine participation des femmes à toutes les étapes du maintien de la paix.  Le Groupe a présenté ses condoléances aux proches des 34 Casques bleus décédés des suites de la COVID-19. 

À titre national, le Brésil a indiqué avoir déployé plus de 500 000 personnels dans les opérations de maintien de la paix sur une durée de plus de 75 ans.  Le Brésil a insisté sur l’importance des résultats de ces opérations et sur la nécessité de favoriser une plus grande implication des femmes.  Il a vanté les mérites des formations offertes par les centres brésiliens qui permettent de préparer le déploiement des Casques bleus de nombreux pays d’Amérique du Sud. 

L’Indonésie, s’exprimant au nom de l’Association des Nations d’Asie du Sud-est (ASEAN), a rappelé qu’environ 5 000 soldats de la paix des pays membres de l’ASEAN servent dans diverses missions de maintien de la paix dans le monde.  L’ASEAN a réaffirmé le rôle important et unique du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34) en tant que seul forum des Nations Unies mandaté pour examiner globalement toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous ses aspects.  Elle s’est félicitée du fait que le rapport 2020 du Comité ait encouragé une plus grande collaboration entre l’ONU et l’ASEAN dans les opérations de paix, y compris dans les domaines de la formation et du renforcement des capacités, du partage des meilleures pratiques et de l’augmentation de la participation des femmes au maintien de la paix.  L’ASEAN a dit soutenir un partenariat et une collaboration plus étroits entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Par le biais du Réseau des centres de maintien de la paix de l’ASEAN, de la réunion ministérielle de la défense de l’ASEAN et du Forum régional de l’ASEAN, l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est continue de renforcer sa coopération en matière de maintien de la paix, notamment en matière de formation et de renforcement des capacités, d’exercices conjoints et de participation des femmes au maintien de la paix.  

La recherche de solutions politiques durables devrait guider la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a plaidé l’ASEAN, avant de souligner l’importance de mandats clairs, ciblés, ordonnés, hiérarchisés et réalisables, établis par le Conseil de sécurité en étroite consultation avec les pays contributeurs de troupes et de police, les États hôtes, les organisations régionales et le Secrétariat.  Elle a également souhaité que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies soient soutenues par un financement et des ressources adéquats, exhortant à ce propos tous les États Membres à s’acquitter de leurs obligations financières envers l’ONU dans leur intégralité, dans les délais et sans conditions.  Ce financement est essentiel pour que les missions s’acquittent de leurs tâches, pour que le Secrétariat puisse rembourser dans les délais les pays contributeurs de contingent, et pour que ces derniers maintiennent leur capacité opérationnelle et leur contribution à long terme au maintien de la paix.  L’ASEAN a insisté sur la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix, exhortant les pays hôtes à enquêter rapidement et à traduire en justice les auteurs des attaques contre ce personnel.  En outre, l’ASEAN a appuyé la participation pleine, effective et significative des femmes au maintien de la paix, conformément à la résolution 2538 (2020) du Conseil de sécurité.  Une meilleure représentation des femmes à des postes de direction est souhaitée, en tenant compte d’un équilibre géographique équitable. 

La Nouvelle-Zélande, s’exprimant également au nom de l’Australie et du Canada (groupe CANZ), a noté que le paysage du maintien de la paix avait considérablement changé depuis la session de l’année dernière en raison de la pandémie de COVID-19.  La Nouvelle-Zélande a dit que pour garantir des travaux dynamiques et ciblés, le Comité devait plaider en faveur d’une participation significative des femmes dans le cadre du programme intersectoriel Femmes, paix et sécurité.  « Des obstacles existent toujours pour les femmes », a déclaré la Nouvelle-Zélande, avant d’appeler à la fourniture de services de santé sexuelle et reproductive pour les femmes soldats de la paix, tout en saluant la nomination de conseillers en genre. 

De l’avis du Groupe de CANZ, les opérations de maintien de la paix des Nations Unies doivent disposer de capacités appropriées, notamment la capacité de protéger les civils et les enfants, d’alerte rapide et de mesures tenant compte des sexospécificités.  Soulignant l’importance de la responsabilité, le Groupe de CANZ a salué le lancement récent du Cadre de politique de performance intégré ainsi que la politique de tolérance zéro pour les abus et l’exploitation sexuels. Notant que la sécurité est étroitement liée à la performance, il a appelé à prendre des mesures pour garantir la sécurité des soldats de la paix, notamment en exploitant les nouvelles technologies. 

L’Union européenne (UE) a condamné toutes les attaques commises contre des missions de maintien de la paix qui, a-t-elle rappelé, peuvent constituer des crimes de guerre en droit international.  Selon la délégation, le nouveau format du rapport du C34, adopté pour la première fois en 2020, s’est révélé être un outil efficace pour formuler des recommandations réalisables et mesurables et soutenir la mise en œuvre de l’Action du Secrétaire général pour le maintien de la paix (A4P).  Les efforts de l’ONU pour promouvoir et maintenir la paix doivent s’adapter à l’évolution de l’environnement sécuritaire, et les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales en sont un élément important, a souligné l’UE qui a pris l’exemple sur son soutien à la Force conjointe du G5 Sahel.  L’UE a reconnu que la contribution africaine au maintien de la paix prend de nombreuses formes et que la coopération entre l’ONU et l’UA a une importance unique sur le continent africain.  Elle a plaidé pour un financement prévisible et durable des opérations de paix africaines, avant de faire valoir que les missions de politique, de sécurité et de défense commune de l’UE complètent et soutiennent les missions de l’ONU au Mali, en République centrafricaine, en Somalie, en Libye, dans les Balkans ou en Iraq. 

L’UE a aussi recommandé de mettre l’accent sur l’amélioration des performances de toutes les parties prenantes du maintien de la paix, se félicitant du lancement récent du cadre de politique de performance intégrée et disant vouloir accompagner sa mise en œuvre.  Elle a affirmé que la composante droits de l’homme du mandat des missions de maintien de la paix et l’obligation de promouvoir la responsabilité sont des éléments essentiels de la prévention et de l’atténuation des conflits.  L’UE a aussi rappelé que la protection des civils est une tâche essentielle du maintien de la paix, avant de demander que la protection de l’enfance soit correctement intégrée dans tous les mandats et dotée de ressources suffisantes.  De même, l’accent mis par les missions de maintien de la paix sur la consolidation de la paix reste essentiel pour préparer les transitions et instaurer une paix durable et des sociétés stables.  De ce fait, les initiatives de consolidation de la paix doivent être soutenues par un financement coordonné, prévisible et durable. 

L’UE a aussi soutenu le programme « femmes, paix et sécurité » et cité des recherches selon lesquelles la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les aspects de la consolidation de la paix et du maintien de la paix est le meilleur garant d’une paix durable.  L’UE a plaidé pour l’inclusion d’une analyse sexospécifique dans toutes les phases de la planification et de l’exécution des missions, avant de recommander aux pays fournisseurs de contingents et de policiers d’accroître, à tous les niveaux, la participation pleine, égale et significative des femmes aux efforts de maintien et de consolidation de la paix.  Enfin, le fait que des cas d’exploitation et d’abus sexuels continuent d’être signalés montre que les efforts du Secrétariat pour améliorer la responsabilité doivent être renforcés, a dit l’UE. 

Les Philippines ont salué la détermination du Secrétaire général à mener les réformes nécessaires pour que les opérations de maintien de la paix puissent s’acquitter de leur tâche conformément à leur mandat.  La délégation a dit être déterminée à mettre à disposition de ces opérations toutes les ressources dont elles ont besoin dans les délais prévus.  Les Philippines appuient la politique de tolérance zéro du Secrétaire général contre les abus sexuels au sein des opérations de maintien de la paix.  Elles sont en faveur d’une présélection du personnel avant le déploiement.  Le pays a encouragé le dialogue sur le maintien de la paix et la mise en place des partenariats pour les formations en vue du renforcement des capacités.  La délégation, favorable à l’augmentation de la participation des femmes dans le maintien de la paix, a aussi salué les résolutions sur l’examen de l’architecture de maintien de la paix qui donnent la priorité à la prévention.  S’agissant de la performance et de la responsabilité, elles doivent être évaluées à l’aune de la protection des civils.  Les Philippines ont dit que les formations avant le déploiement doivent être adaptées aux conditions des pays hôtes.  Les solutions aux conflits doivent être trouvées localement, a aussi indiqué la délégation. 

Le Pérou a mis l’accent sur l’importance de la parité entre les genres en insistant sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix comme condition de l’efficacité des missions.  Elle a appelé à faire des progrès en ce qui concerne les mécanismes d’alerte précoce et les mécanismes d’évacuation des blessés.  Elle a souligné la nécessité de garantir le meilleur dialogue possible et coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs de troupes de maintien de la paix.  Le Pérou a aussi relevé l’importance de disposer de contingents suffisamment formés pour qu’ils soient en mesure de faire preuve du plus grand respect possible à l’égard des spécificités et des attentes des populations servies. 

Le Royaume-Uni a salué la finalisation du cadre des performances des OMP en appelant à l’appliquer pleinement.  Il a aussi invité à produire des rapports sur la façon dont il est mis en œuvre.  Pour la délégation, les attaques contre les Casques bleus au Mali et en République centrafricaine ces derniers mois prouvent qu’il faut s’inquiéter et dûment tenir compte de la sécurité de ce personnel.  Le Royaume-Uni a également insisté sur la mise en œuvre du programme « femmes, paix et sécurité », arguant que c’est une question de justice et d’efficacité. 

Les États-Unis ont souligné l’importance de cette vaste discussion sur les opérations de maintien de la paix avec toutes les parties qui sont cruciales pour leur succès, dont les pays fournisseurs de contingents.  Le but, ont-ils rappelé, est de parvenir à un rapport consensuel pour donner des orientations et recommandations au Secrétariat via le rapport annuel.  Les États-Unis ont assuré vouloir s’engager de manière constructive et transparente dans ce processus, en vue d’une adoption de rapport par consensus.  Ils ont appelé à garantir que les Casques bleus suivent les formations nécessaires et soient dotés des équipements nécessaires pour réussir leur mission.  Les États-Unis ont souligné l’importance de l’adoption de la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité, d’inspiration américaine, qui envoie le message clair que de la reddition de comptes et la redevabilité sont une priorité des opérations de maintien de la paix.  À cet effet, les États-Unis ont dit attendre avec intérêt la finalisation et l’adoption du futur cadre intégré d’évaluation de la performance et de la responsabilisation de tout le personnel de maintien de la paix.  Enfin, les États-Unis ont dit que les femmes disposent de compétences uniques pour renforcer le maintien de la paix notamment lorsqu’il s’agit d’inspirer les femmes et filles des pays hôtes des missions. 

Pour le Pakistan, « tous nos Casques bleus sont des travailleurs essentiels » et les Nations Unies doivent veiller à ce qu’ils reçoivent tous le vaccin contre la COVID-19, et de manière équitable.  La délégation a relevé que les nouvelles menaces à la paix ainsi que les conflits relèvent du domaine politique, soulignant que le Conseil de sécurité doit donc pleinement jouer son rôle.  Or, la communauté internationale et le Conseil de sécurité n’ont pas toujours réussi à trouver des solutions à des conflits qui perdurent, comme celui du Cachemire, a rappelé le Pakistan. 

La délégation a plaidé pour l’élaboration de mandats des OMP qui soient réalistes.  À cet effet, elle a suggéré au C34 d’établir des comités avec les membres du Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes afin de discuter des mandats avant leur adoption par le Conseil de sécurité.  De même, il faut correctement financer les OMP et veiller à la qualité des personnels.  Les Casques bleus doivent également être dotés des meilleurs équipements afin d’assurer leur sécurité, a encore demandé le Pakistan.  La délégation a déploré à cet égard que des observateurs onusiens aient été récemment attaqués par les forces de sécurité d’un pays membre de l’ONU qui co-accueille une mission de paix. 

Le Guatemala a dit être préoccupé par la poursuite des attaques contre les Casques bleus et les personnels civils dans les zones de conflit.  Les opérations de maintien de la paix ont souffert de la pandémie de COVID-19, a estimé la délégation qui a demandé qu’elles disposent des ressources nécessaires pour lutter contre la pandémie.  Saluant la création du groupe des amis de la vaccination au sein des missions, le Guatemala a plaidé pour que les pays contributeurs de contingents et de personnel de police y soient être intégrés.  Le pays a insisté pour que les personnels déployés soient immunisés.  L’OMS, les équipes de pays et les pays hôtes doivent être associés aux campagnes de vaccination des Casques bleus et des personnels civils, a-t-il ajouté.  Le Guatemala a ensuite insisté sur l’impact positif de la participation des femmes à la consolidation de la paix, demandant qu’elles soient impliquées dans les missions de paix.  Réitérant l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général, il a rappelé que cela voulait dire «  mettre fins aux conflits et aux attaques contre les Casques bleus et le personnel civil ».

La Chine a rendu hommage aux 90 000 casques bleus déployés dans le monde dans un contexte compliqué par la pandémie de COVID-19.  La Chine a rappelé que le rôle des opérations de maintien de la paix est de garantir le maintien de la paix en privilégiant les règlement politiques des différends.  « C’est aux pays hôtes qu’incombe la responsabilité principale de la protection des civils », a insisté la Chine avant de prévenir que les opérations de maintien de la paix  ne sauraient remplacer les efforts des pays hôtes en ce domaine ou se substituer aux autres agences des Nations Unies.  Alors que l’environnement dans lequel opèrent les OMP devient de plus en plus complexe et dangereux, la Chine a appelé à réduire au maximum les risques auxquels font face les Casques bleus. 

L’Égypte a salué l’appel du Secrétariat pour la vaccination du personnel civil et des Casques bleus.  Ils doivent être immunisés de manière équitable.  S’agissant de la sécurité et de la sûreté du personnel, l’Égypte a noté l’augmentation du nombre des Casques bleus victimes d’actes d’agression et demandé de redoubler d’effort pour assurer leur sécurité.  Cela nécessite le partage et la collecte de renseignement, la disponibilité des soins et la traduction des responsables devant la justice.  L’Égypte a aussi souligné l’importance du système d’alerte précoce en matière de sécurité.  Le Conseil de sécurité doit bénéficier du travail du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, a estimé l’Égypte qui a demandé une évaluation de la performance des opérations de maintien de la paix notamment en évaluant l’aspect réaliste des mandats et des ressources financières et humaines à leur disposition.  L’Égypte a prié d’accorder une importance particulière à la participation des femmes dans les missions de maintien de la paix et aux partenariats entre l’ONU et l’Union africaine.  Le Caire organisera en mars prochain une réunion sur le partenariat ONU-UA sur le maintien de la paix en Afrique, a annoncé la délégation. 

Le Bangladesh a dit que la sécurité des contingents compte beaucoup pour son pays qui est un des principaux fournisseurs de contingents.  « Il convient de renforcer encore la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents dans le cadre de la planification des mandats qui doivent être clairs, réalistes et en phase avec la réalité de terrain » a dit le Bangladesh avant de souhaiter que les informations qui remontent du terrain soient intégrées dans les documents de politiques.  Le Bangladesh a également mis l’accent sur le respect de la parité des genres et sur la protection de l’environnement par les opérations de maintien de la paix. 

La Turquie a salué la présentation d’un rapport annuel qui s’appuie sur les huit grands domaines d’action auxquels ont souscrit 154 États Membres.  La Turquie a mis l’accent sur la protection des civils, la parité entre les genres et la reddition des comptes.  La Turquie a appelé au respect de la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité et des recommandations du rapport Brahimi.  La Turquie a félicité le Secrétariat pour les mesures vigoureuses prises contre le harcèlement sexuel. 

Pour l’Inde, la performance des opérations de maintien de la paix doit être mesurée par rapport aux réalités politiques et opérationnelles, aux priorités du mandat et à l’adéquation des ressources.  L’utilisation appropriée de technologies doit tenir compte des réalités et besoins du terrain dans les opérations de maintien de la paix, a ajouté l’Inde avant de rappeler être défavorable aux réserves opérationnelles dans le maintien de la paix de l’ONU.  L’Inde estime en effet que les réserves opérationnelles des contingents nationaux, qu’elles soient déclarées ou non, imposent un fardeau supplémentaire à ceux qui n’ont aucune réserve, et que cela a un impact sur la performance des soldats de la paix dans l’exécution de leur mandat, ainsi que sur la sûreté et la sécurité.  De ce fait, une bonne évaluation de la performance de la mission doit couvrir toutes les parties prenantes et toutes les phases des opérations de maintien de la paix, et pas seulement celles sur le terrain.  Il faut par exemple relever si les réserves des contingents ont eu un impact sur les performances; si la mauvaise performance est due à un manque de ressources; ou si le mandat, y compris les lignes directrices, n’était pas clair, entraînant une mise en œuvre insatisfaisante; ou encore si les décisions administratives sont en décalage avec les réalités du terrain.  Enfin, l’Inde a soulevé le problème non résolu du non-paiement des services rendus par les pays contributeurs de contingents aux missions de maintien de la paix achevées: cela nécessite une résolution de la part du C34. 

La Thaïlande a invité le C34 à s’attaquer rapidement et efficacement à l’impact négatif de la COVID-19 sur les OMP.  Elle a souligné l’impact de la pandémie sur la sécurité sanitaire et le moral des personnes sur le terrain, sur le financement et les ressources des missions et opérations, et sur le rythme des rotations des troupes et du personnel.  De manière générale, une meilleure préparation reste la clef du succès des opérations de maintien de la paix, a estimé la délégation qui a aussi réaffirmé la nécessité de bien planifier et financer les missions de maintien de la paix des Nations Unies, en les dotant de mandats réalistes et capables de s’adapter à la situation sur le terrain.  Enfin, pour parvenir à une paix durable, elle a demandé d’œuvrer au continuum de la paix grâce à un partenariat multipartite: il faut s’assurer que « la trinité sécurité-développement-droits de l’homme » soit bien en place.  En conclusion, la Thaïlande a encouragé le Secrétariat à explorer plus avant les modalités possibles pour soutenir et renforcer le rôle des soldats de la paix en tant que premiers artisans de la paix. 

La Jamaïque a dit que la pandémie a aggravé les défis des opérations de maintien de la paix.  Les efforts pour réaliser le développement durable et garantir la sécurité mondiale doivent être renouvelés, surtout dans le contexte de la pandémie de COVID-19, a plaidé la délégation.  Notant que les opérations de maintien de la paix contribuent à lutter contre la COVID-19 et à atténuer leurs conséquences disproportionnées sur les groupes vulnérables, la Jamaïque a insisté sur l’importance de vacciner les Casques bleus.  Elle a salué la création du groupe d’amis de la vaccination et réitéré l’importance de la participation des femmes aux efforts de maintien de la paix.  La délégation a soutenu la stratégie du Secrétaire général pour parvenir à la parité dans l’ensemble du système de l’ONU et dans les opérations de maintien de la paix d’ici à 2028.  S’agissant des partenariats, la Jamaïque a dit appuyer le travail du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, notamment son rôle dans la réduction de la violence communautaire.  Pour la Jamaïque, l’ONU doit croire que la paix est possible et la promouvoir. 

La République de Moldova a souligné l’importance de l’innovation et des solutions pratiques et modernes pour résoudre les conflits et relever les défis de la pandémie.  La délégation a insisté sur l’importance des actions concrètes en particulier sur la question de la performance.  Elle a plaidé pour la recherche de solutions politiques et pacifiques pour résoudre conflits et les différends.  Notant la poursuite de leurs activités par les opérations de maintien de la paix en pleine pandémie, la République de Moldova a réitéré son attachement à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Enfin, elle a plaidé pour la restructuration du rapport du Comité spécial des opérations de la paix.  

La Norvège a vu la pandémie de COVID-19 comme un rappel important de la nécessité de continuer à renforcer les opérations de l’ONU, dans le prolongement de l’initiative Action pour le maintien de la paix.  En tant que membre élu du Conseil de sécurité et en tant que membre de ce comité, la Norvège a énoncé ses six priorités en matière de maintien de la paix.  Comme dans le cadre de l’Action pour le maintien de la paix, elle a recommandé de continuer à mettre l’accent sur la recherche de solutions politiques.  Le règlement des conflits locaux et la médiation doivent être accompagnés d’une volonté politique au niveau national, a-t-elle ajouté.  S’appuyant sur les conclusions de l’examen indépendant de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), la Norvège a jugé indispensable que toutes les activités menées par les différentes sections des missions soient alignées sur les facteurs politiques spécifiques du conflit et ciblées sur l’obtention de résultats concrets. 

La Norvège a appelé à renforcer la protection des civils en général et des enfants en particulier, mettant l’accent sur la lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits et contre l’impunité.  La Norvège a dit contribuer à cette tâche importante, notamment en formant la police malienne aux enquêtes médico-légales. Elle a également appelé à renforcer la sûreté et la sécurité des Casques bleus, en soulignant l’importance du renseignement: les États Membres doivent former et déployer du personnel et des unités dotés des capacités de renseignement, tandis que le Secrétariat de l’ONU doit faciliter la formation des hauts responsables des missions dans ce domaine.  De plus, la Norvège a appuyé la stratégie uniforme pour la parité entre les sexes, précisant que la Norvège encourage activement les femmes à occuper des postes de direction dans les opérations de l’ONU.  La Norvège a appelé à renforcer le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine (UA).  Enfin, la Norvège a encouragé l’ONU à accroître l’utilisation des énergies renouvelables dans ses missions sur le terrain, conformément au Plan d’action climatique décennal du Secrétariat des Nations Unies. 

La Suisse, se faisant l’écho de l’appel fait dans la résolution 75/201 de l'Assemblée générale, a encouragé les efforts visant à rendre plus cohérente l’action onusienne en matière de consolidation de la paix, notamment en dotant les missions de mandats appropriés, en approfondissant la coopération entre les missions et les équipes de pays, et en utilisant de façon cohérente les instruments et capacités du système onusien dans son ensemble.  Cela comprend les analyses conjointes et une planification stratégique tenant compte des causes sous-jacentes des conflits.  De plus, en se basant sur les expériences passées et actuelles, la Suisse a jugé essentiel de prendre en compte la protection de la population lors des transitions.  

Selon la Suisse, la conception et la gestion des transitions des opérations de paix à d'autres formes de présence onusienne devraient être guidées par plusieurs éléments: une analyse conjointe approfondie et prospective des vulnérabilités et des risques pour la population; une définition des résultats attendus en matière de protection basés sur les normes existantes; et un consensus sur les instruments à utiliser pour atteindre le niveau de protection escompté.  Enfin, la mise en œuvre du programme « Femmes, paix et sécurité » est essentielle pour pérenniser la paix, a plaidé la Suisse en appelant le Secrétariat, les missions et tous les États Membres à traduire ce programme en actions concrètes afin que les opérations de paix puissent contribuer à une réelle inclusion des femmes dans tous les aspects de la promotion de la paix et de la sécurité. 

L’Irlande a rappelé qu’elle est le plus grand contributeur de contingent d’Europe, en proportion de sa population.  Rendant hommage aux Casques bleus victimes des dernières attaques, l’Irlande a plaidé pour un système de maintien de la paix responsable, efficace et qui protège les civils en particulier durant la pandémie de COVID-19.  Le travail du Comité spécial doit cette année se focaliser sur l’amélioration de l’efficacité des opérations dans le cadre de l’approche « Action pour le maintien de la paix ».  Pour y parvenir, a suggéré l’Irlande, il faut bien comprendre le mandat de protection des civils et mettre le partenariat au cœur du maintien de la paix y compris la coopération avec les organisations régionales pour relever les enjeux complexes au niveau mondial.  Elle a ajouté que pour y arriver, il faut souligner le lien entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix afin d’assurer un appui durable aux pays qui sortent de conflit.  La délégation a mis l’accent sur la lutte contre les exploitations sexuelles qui ternissent la crédibilité des Casques bleus et de l’ONU.  Elle a terminé en réitérant son appui au programme « femmes, paix et sécurité » et aux efforts en cours pour augmenter le nombre de femmes Casques bleus. 

L’Ukraine a réitéré son appui aux opérations de maintien de la paix de l’ONU en mentionnant les 300 Casques bleus ukrainiens déployés dans six opérations.  « Nous faisons cela, a fait remarquer la délégation, en dépit d’une agression étrangère sur notre territoire qui sape la paix et la sécurité régionales. »  La paix est un défi qui s’ajoute à la pandémie de COVID-19, a dit l’Ukraine constatant que l’appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général n’a pas entrainé de changement positif.  L’Ukraine a estimé que les opérations de maintien de la paix doivent garantir la sécurité des civils en empêchant le flux illégal d’armes et de mercenaires.  Elles doivent être adaptées au conflit sur le terrain.  S’agissant de la génération de « force stratégique », tout opération de maintien de la paix devrait pouvoir compter sur sa capacité à générer cette force pour exécuter son mandat, a-t-elle estimé, recommandant pour cela une collecte et un partage de renseignements ainsi qu’une bonne formation du personnel.  L’Ukraine a demandé des mesures pour renforcer la sécurité des Casques bleus et salué les partenariats stratégiques de l’ONU avec l’UE, l’UA et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Les opérations de maintien de la paix ne sont pas des substituts pour régler les causes des conflits, a-t-elle aussi fait remarquer avant de conclure sur la nécessité de suivre une approche spécifique adaptée à chaque cause de conflit.  

L’Afrique du Sud a souhaité que le rapport du C34 comporte une section spécifique sur la collaboration entre l’ONU et l’UA dans le cadre des OMP.  Elle a souhaité que les résultats des évaluations des OMP soient partagés avec les contributeurs de contingents, afin que ces derniers puissent prendre des mesures adaptatives.  La délégation a plaidé pour une plus grande présence des femmes dans les OMP, avant d’insister sur la mise en œuvre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix ». 

La République de Corée a souhaité que le Comité spécial mette l’accent sur l’Action pour le maintien de la paix, souhaitant que la volonté politique à cette fin soit mobilisée au cours de la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix prévue en décembre à Séoul.  La délégation a aussi insisté sur la sûreté et la sécurité des Casques bleus, ainsi que sur la performance des OMP.  Elle a plaidé pour une plus grande intégration de la technologie dans les OMP.  Ces opérations doivent s’inscrire dans un processus qui tienne compte de la pérennisation de la paix, a-t-elle ajouté avant de plaider pour le renforcement du partenariat ONU-UA.  La République de Corée entend continuer à y participer par le financement du « fonds de la paix » de l’UA. 

Israël a dit son intention de vacciner les membres du personnel onusien présent sur son sol.  Étant donné les dangers auxquels les Casques bleus sont confrontés, il faut assurer leur sécurité, et cela commence par veiller à ce que leur formation soit la même, a déclaré Israël, tout en rappelant son partenariat avec l’ONU qui lui a dépêché des formateurs qualifiés pour appuyer le renforcement des capacités des Casques bleus.  La délégation a également plaidé pour le renforcement de la place des femmes dans les OMP, ce qui passe selon Israël par un engagement de chaque État Membre. 

Cuba a salué l’importance des rapports du C34 pour aider les délégations à mieux comprendre la portée des décisions prises par les États Membres.  Cuba a souligné l’importance de l’Assemblée générale dans l’élaboration des « doctrines » des missions de maintien de la paix et de leur financement.  Cuba a rappelé que les mandats de protection des civils des missions de maintien de la paix visent à appuyer les efforts des autorités nationales et non pas à s’y substituer. 

La Fédération de Russie a salué la valeur ajoutée du C34 quant à sa représentativité puisqu’il rassemble un large éventail d’États Membres, dont les bailleurs de fonds et les fournisseurs de contingents.  La Fédération de Russie s’est félicitée que la structure du rapport du C34 ait été harmonisée l’année dernière avec l’initiative A4P.  Il est important selon elle que le maintien de la paix continue d’être réalisé dans le respect de la souveraineté des États, de la Charte des Nations Unies et des principes fondateurs du maintien de la paix, en particulier la neutralité et le non-emploi de la force.  La Fédération de Russie a jugé important de promouvoir la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les pays fournisseurs de contingents afin de renforcer l’esprit de coopération et de confiance. 

L’Argentine a insisté pour que le rapport du Comité tienne compte des mandats ciblés établis par le Conseil de sécurité.  En ce qui concerne la participation des femmes aux OMP, la délégation a souhaité que les pays contributeurs de contingents veillent à ne pas diminuer le quota des femmes dans le personnel qu’ils déploient.  La politique de tolérance zéro en matière d’atteintes sexuelles doit également être maintenue, a-t-elle exigé.  Quant à la protection des civils, elle doit rester l’un des mandats majeurs des OMP et les pays qui accueillent les missions doivent jouer un rôle important à cet effet, a recommandé l’Argentine. 

La Tunisie a invité à une profonde réflexion sur la réforme du maintien de la paix des Nations Unies.  Elle a jugé nécessaire de souligner le lien « organique » entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix.  La délégation a insisté sur l’importance de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.  Elle a noté la baisse des taux de contamination et d’infection à la COVID-19 au sein de ces opérations, tout en soutenant les efforts visant à vacciner les Casques bleus de l’ONU. 

Le Nigéria s’est inquiété de la dégradation d’ensemble de la sécurité dans le monde en raison notamment de la nature non conventionnelle des conflits.  Le Nigéria a invité le C34 de faire un bilan des anciennes OMP qui ont été témoins de guerres prolongées afin d’élaborer des solutions appropriées.  Il faut évaluer les capacités des institutions nationales afin de mieux pouvoir évaluer les appuis nécessaires et mesurer les stratégies à entreprendre, a-t-il recommandé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale reporte de trois ans la sortie de l’Angola de la catégorie des pays les moins avancés

Soixante-quinzième session,
53e séance – matin
AG/12313

L’Assemblée générale reporte de trois ans la sortie de l’Angola de la catégorie des pays les moins avancés

Alors que l’Angola devait passer de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) au statut de pays à revenu intermédiaire en ce mois de février, l’Assemblée générale a adopté ce matin, par consensus, une résolution* par laquelle elle décide d’accorder à l’Angola, à titre exceptionnel, une période préparatoire supplémentaire de trois ans avant la date effective de son retrait de la catégorie des PMA.

Selon les termes de la résolution, l’Assemblée est « profondément préoccupée par la récession économique prolongée dans laquelle l’Angola est plongé et par les vulnérabilités socioéconomiques du pays, exacerbées par la crise mondiale déclenchée par la pandémie de COVID-19 ».

C’est la sixième année de récession, note l’Assemblée en soulignant que l’Angola est tributaire des produits de base et qu’il reste à cet égard très exposé aux fluctuations des cours.  Pour faire face à ce problème, le Gouvernement angolais est invité à accélérer la diversification économique afin notamment de préserver la réduction des vulnérabilités sociales.

Durant la période supplémentaire de trois ans qui s’écoulera entre l’adoption de la présente résolution et son retrait de la catégorie des PMA, l’Angola devra élaborer « une stratégie nationale de transition sans heurt, avec l’aide des organismes des Nations Unies et en collaboration avec ses partenaires commerciaux et ses partenaires de développement bilatéraux, régionaux et multilatéraux ».

En présentant le texte au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), la Guinée a expliqué que les conséquences de la pandémie de COVID-19 ont balayé des années de progrès chez les PMA, et que cela aura probablement des répercussions à long terme.  Pour le moment, 11 pays sont dans la phase de transition vers leur reclassement, en droite ligne des objectifs du Programme d’action d’Istanbul, a rappelé la Guinée.  Elle a précisé que si les pays doivent avoir la possibilité de se retirer de la liste des PMA, « leur démarche doit être réversible ». 

Les États-Unis ont dit comprendre l’impact de la COVID-19 et de la récession qui l’accompagne sur l’économie angolaise, avant de se réjouir du fait que la communauté internationale ait consenti de lui accorder ce sursis.  Même son de cloche du côté de l’Union européenne (UE) qui a dit soutenir la demande de prolongation de l’Angola dans la catégorie des PMA, en recommandant au pays de s’atteler à diversifier son économie et à réduire les inégalités.  Tout en promettant, en tant que partenaire commercial, d’accompagner l’Angola dans son reclassement, l’UE a appelé tout le système onusien à soutenir également le pays au cours du processus.

Depuis la création de la catégorie des PMA en 1971, seuls six pays ont réussi à quitter cette liste, à savoir le Botswana (1994), Cabo Verde (2007), les Maldives (2011), Samoa (2014), la Guinée équatoriale (2017) et Vanuatu en 2020.  Pour les 46 pays actuellement classés dans la catégorie par l’ONU, sortir de cette catégorie –être reclassé– peut avoir toute sorte de conséquences.  Les PMA bénéficient en effet d’un traitement préférentiel dans le cadre de leur participation au commerce mondial, tel que l’accès en franchise de droits.  Quand les pays sont reclassés, ils perdent ces avantages.

La liste des PMA est revue tous les trois ans par le Comité des politiques de développement (CDP), un organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC) formé d’experts indépendants qui font des rapports à l’ECOSOC pour recommander que des pays soient ajoutés ou retirés de la liste des PMA.  La catégorie des PMA est en effet définie par trois critères: le développement humain (mesuré par des indicateurs de santé et d’éducation), la vulnérabilité économique, et le revenu brut par habitant.

Sur un autre point de l’ordre du jour, ce matin, l’Assemblée générale a pris note du fait que le Soudan du Sud a procédé au paiement des arriérés nécessaire pour reprendre l’exercice de son droit de vote, en vertu de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.  Cet article dispose qu’« un Membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l’Organisation ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.  L’Assemblée générale peut néanmoins autoriser ce Membre à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances indépendantes de sa volonté ». 

*A/75/L.57

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social ouvre sa cinquante-neuvième session axée sur l’inclusion numérique dans le contexte d’un relèvement post-COVID-19

Cinquante-neuvième session,
2e séance plénière – matin & après-midi
SOC/4890

La Commission du développement social ouvre sa cinquante-neuvième session axée sur l’inclusion numérique dans le contexte d’un relèvement post-COVID-19

Alors que la pandémie actuelle accélère la transformation numérique, plusieurs milliards de personnes restent exclues et incapables d’accéder aux avantages de la technologie tels que la télémédecine, l’e-finance, l’apprentissage en ligne ou les informations de santé vérifiées.  C’est dans ce contexte que la Commission du développement social a entamé aujourd’hui les travaux de sa cinquante-neuvième session qui, jusqu’au 17 février, débattra du rôle décisif que devrait jouer la technologie numérique pour permettre un relèvement post-COVID-19 plus inclusif. 

Face à cette pandémie qui a non seulement pris des vies mais aussi « emporté des économies entières, mettant au jour les inégalités, la pauvreté, les conditions injustes et inégales entre les pays et au sein des pays », la Présidente de la Commission, Mme María del Carmen Squeff, élue à cette fonction en début de séance, a parlé de « session spéciale ».  À ses yeux, il s’agit en effet de donner suite aux objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague, à savoir lutter contre la pauvreté, atteindre le plein emploi et promouvoir l’inclusion sociale, à la lumière des défis posés par la COVID-19. 

Saluant le caractère « visionnaire » du thème prioritaire retenu l’an dernier pour cette session -« Le numérique au service du développement social et du bien-être de toutes et de tous »-, Mme Squeff s’est félicitée que, grâce au rôle des technologies numériques, nos sociétés aient pu rester actives et fonctionnelles.  Cependant, a-t-elle pointé, la nécessité d’avancer vers une plus grande inclusion numérique implique aussi de « ne laisser personne de côté dans cette étape de la révolution numérique », comme l’a récemment souligné le Secrétaire général en présentant ses priorités pour 2021. 

« Montrons-nous révolutionnaires », a abondé le Président de l’Assemblée générale, selon lequel les objectifs de développement durable constituent une feuille de route claire pour « reconstruire en mieux ».  Pour cela, il nous faut un nouveau contrat social, élargir l’accès à l’éducation, investir dans l’infrastructure, donner la priorité à l’égalité des chances et combler le fossé numérique, a insisté M. Volkan Bozkir.  Un avis partagé par le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Munir Akram, qui a vu dans la fracture numérique un « nouveau visage de la fracture de développement ». 

Pleinement exploiter les avantages du numérique nécessite de les rendre accessibles aux 3,7 milliards de personnes qui ne sont pas encore connectées, a fait valoir le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  « L’investissement dans les infrastructures des technologies de l’information et des communication (TIC) est indispensable », a soutenu M. Liu Zhenmin, avant d’exhorter les États Membres à en faciliter l’accès pour les plus vulnérables.  Un appel qu’a repris à son compte Mme Monica Jahangir-Chowdhury, Coprésidente du Comité des ONG pour le développement social, tandis que Mme Marwa Azelmat, représentante de la jeunesse, mettait l’accent sur les conséquences pour les jeunes de la fracture numérique et du temps passé en ligne pendant le confinement. 

La première de ces tables rondes, organisée dans l’après-midi, a donné l’occasion à M. Peter Major, Président de la vingt-quatrième session de la Commission des Nations Unies pour la science et la technique au service du développement (CSTD), d’évoquer l’utilisation de l’intelligence artificielle et des mégadonnées pendant la pandémie pour accélérer le développement de vaccins et assurer le suivi épidémiologique, le dépistage des cas et l’évaluation des risques d’infection. 

Pour M. Major, la technologie n’est toutefois qu’un outil.  La pauvreté, la faim, les disparités dans toutes les dimensions telles que le genre, l’éducation et la santé, et les défis environnementaux tels que les changements climatiques sont tous « des problèmes extrêmement complexes auxquels la technologie numérique à elle seule ne peut trouver des solutions », a-t-il maintenu.

À l’appui des travaux de cette séance, Mme Daniela Bas, Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté cinq rapports du Secrétaire général, portant respectivement sur le rôle des technologies numériques sur le développement social et le bien-être de tous (E/CN.5/2021/3), les aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (E/CN.5/2021/2), les politiques et programmes mobilisant les jeunes (E/CN.5/2021/5), la réalisation et le suivi des objectifs de l’Année internationale de la famille (A/76/61-E/2021/4) et la politique sociale visant à promouvoir un relèvement plus inclusif, plus résilient et plus durable (E/CN.5/2021/4). 

De son côté, le Directeur de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), M. Paul Ladd, a présenté une série de documents se rapportant au Statut de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social; à la nomination des membres du Conseil d’administration dudit Institut et au rapport du Conseil d’administration de l’UNRISD.  Il a précisé que ces derniers mois, les impacts socioéconomiques de la COVID-19 sur les groupes vulnérables ont été au cœur des travaux de l’Institut, seule organisation onusienne consacrée exclusivement à la recherche sur le développement social.

En début de séance, la Commission a élu par acclamation M. Kouadjo Michel Kouakou, de la Côte d’Ivoire, et Mme Julie Oppermann, du Luxembourg, et réelu M. Nikola Nenov, de la Bulgarie, à la vice-présidence de son bureau, M. Kouakou devant également remplir les fonctions de rapporteur.  Elle a également adopté son ordre du jour provisoire et son projet d’organisation des travaux, tel qu’oralement amendé.

La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 9 février, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE : PRÉSENTATION DE LA DOCUMENTATION AU TITRE DU POINT 3 DE L’ORDRE DU JOUR, Y COMPRIS SES ALINÉAS A), B) ET C) (E/CN.5/2021/2, E/CN.5/2021/3, E/CN.5/2021/4, E/CN.5/2021/5)

QUESTIONS RELATIVES AUX PROGRAMMES ET QUESTIONS DIVERSES (E/CN.5/2021/6, E/CN.5/2021/7, E/CN.5/2021/8)

Déclarations d’ouverture

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF, Présidente de la Commission du développement social, a ouvert cette cinquante-neuvième session en invitant les délégués à se pencher sur le travail du dessinateur et humoriste argentin Quino, qui décrit, entre autres, les actions d’organes et agences de l’ONU pour remédier à la faim, à l’insécurité ou encore au chômage.  Les vignettes de cet artiste nous montrent le travail important de cette Commission pour le développement social, qui doit être axé sur l’aide à fournir aux plus vulnérables, a-t-elle souligné, notant que cette priorité s’impose d’autant plus en cette période « où tous les paradigmes sont mis à l’épreuve ». 

Aux yeux de Mme Squeff, la pandémie de COVID-19 est bien plus qu’une maladie qui a coûté des vies, c’est une crise qui a mis au jour les insuffisances d’un système.  « Elle a pris des vies, mais aussi des entreprises et des emplois, elle a emporté des économies entières, mettant au jour les inégalités, la pauvreté, les conditions injustes et inégales entre les pays et au sein des pays. »  C’est pourquoi, a expliqué la Présidente, j’estime que nous sommes dans une « session spéciale » de cette Commission du développement social, car il est de notre responsabilité de donner suite aux objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague, à savoir lutter contre la pauvreté, atteindre le plein emploi et promouvoir l’inclusion sociale, à la lumière des défis actuels posés par la pandémie. 

Relevant que cette cinquante-neuvième session a pour thème prioritaire: « Transition vers le développement durable et justice sociale: le numérique au service du développement social et du bien-être de toutes et de tous », Mme Squeff a jugé que, lorsque la Commission s’est prononcée sur cette question l’année dernière, elle a agi en « véritable visionnaire ».  En effet, a-t-elle observé, dans le contexte de la pandémie, nos sociétés ont pu rester actives et fonctionnelles grâce au rôle des technologies numériques.  Cependant, la nécessité d’avancer vers une plus grande inclusion numérique implique aussi de ne laisser personne de côté dans cette étape de la révolution numérique, a poursuivi la Présidente.  À cet égard, a-t-elle indiqué, lorsque le Secrétaire général a fait part de ses priorités pour 2021, il a souligné que la pandémie avait également mis en évidence l’énorme fossé dans l’accès à ces outils et que la réduction de la fracture numérique reste un défi fondamental à combler.

Mme Squeff s’est déclarée fière que son pays, l’Argentine, ait récemment établi que la téléphonie fixe et mobile, la télévision par câble et Internet constituent des services publics et essentiels, et font partie d’un service de base universel réglementé par l’État.  Cette mesure a été prise parce que nous pensons que tous les Argentins, hommes et femmes, ont le droit d’accéder à ces services et qu’il ne s’agit pas d’un problème de marché mais plutôt de présence de l’État.  Et cette semaine, nous aurons un important programme d’activités dans lequel cette question prioritaire sera discutée, a-t-elle indiqué avant de détailler les différentes tables rondes et forums prévus.

S’agissant de la négociation du projet de résolution, elle a indiqué que son objectif est de parvenir à un « document de consensus » dans lequel nous pouvons apporter des contributions concrètes aux besoins des peuples.  Dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, a-t-elle souligné, le bien-être social ne sera pas possible sans une transformation numérique.  Il convient donc de promouvoir l’égalité, en tenant compte des processus de transformation numérique inclusifs, en facilitant l’interaction à travers de multiples canaux avec l’État et en prenant en compte les populations qui n’ont pas un accès adéquat aux technologies numériques.  Je suis convaincue que nous pouvons sortir de cette pandémie en étant solidaires et en travaillant en équipe dans le but de créer des sociétés plus justes, égalitaires, diversifiées et inclusives, a-t-elle affirmé.

« Nous sommes confrontés aux revers les plus graves dans le domaine du développement social depuis la Deuxième Guerre mondiale », a déclaré M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, qui a alerté que des décennies de progrès ont été balayées en 2020 en raison de la pandémie.  « Nous sommes au bord du gouffre », a-t-il averti, en appelant à agir d’urgence. 

M. Bozkir a ensuite constaté que malgré ces tragédies, la pandémie de COVID-19 a débloqué des trésors de volonté politique et de ressources.  Une occasion se présente donc pour modifier notre trajectoire de développement et être réellement transformateur.  Il a souligné que les objectifs de développement durable constituent une feuille de route claire pour reconstruire en mieux.  Il nous faut un nouveau contrat social, élargir l’accès à l’éducation, investir dans l’infrastructure, donner la priorité à l’égalité des chances et combler le fossé numérique, a insisté M. Bozkir, en soulignant l’appui de l’ONU aux plans de développement locaux.  Le relèvement, quelle que soit la forme qu’il prendra, doit être axé sur la personne humaine et répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables, celles-ci ayant en effet été les plus touchées par la pandémie. 

M. Bozkir a indiqué que la Déclaration et le Plan d’action de Copenhague, axés sur la personne humaine, n’ont rien perdu de leur pertinence, en appelant à la coopération, sans une once d’hésitation.  Alors que les pays font face aux retombées sociales et économiques de la crise de la COVID-19, une action visionnaire, une solidarité, une coopération multilatérale et, par-dessus tout, une transformation s’imposent.  « Montrons-nous révolutionnaires », a conclu le Président.

M. MUNIR AKRAM, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est inquiété des ravages que continue d’infliger la COVID-19 partout dans le monde.  Les vaccins offrent certes une lueur d’espoir, mais ils risquent de ne pas devenir disponibles dans les pays du Sud pendant les deux prochaines années, a-t-il relevé. 

Le développement social est un pilier, tout comme l’action environnementale, pour créer le monde que nous voulons, a-t-il martelé, rappelant que le premier Sommet mondial pour le développement social a été convoqué sur recommandation de l’une des commissions de l’ECOSOC, il y a 25 ans.  Depuis, nous avons été les témoins de progrès remarquables en matière de développement humain et économique, mais les inégalités se sont creusées, ce dont témoigne l’architecture financière et économique actuelle: 26 personnes possèdent la moitié de la richesse du monde, a-t-il souligné.  Les plans de relance injectés dans les économies développées et celles en développement traduisent également cette inégalité, tout comme la question de l’accès aux vaccins. 

Dès lors, le Président de l’ECOSOC a appelé à l’inclusion sociale des groupes et sociétés désavantagés et à renforcer la résilience des sociétés.  La crise actuelle indique clairement que le statu quo ne peut pas continuer, a-t-il fait valoir, en plaidant pour une reprise plus inclusive, plus résiliente et plus stable pour se donner les moyens d’atteindre les objectifs de développement durable. 

Abordant également le problème de la fracture numérique, il a affirmé qu’elle pourrait être le nouveau visage de la « fracture de développement ».  Refermer la fracture numérique est essentiel et exige des investissements importants dans les infrastructures durables partout dans le monde en vue de pouvoir aspirer à un développement inclusif, a-t-il souligné.  Pour cela, M. Akram a appelé à ne pas perdre de vue l’accessibilité financière du numérique, et l’impératif d’une éducation de qualité pour tous. 

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a signalé que les pays du monde entier sont confrontés à d’immenses défis en matière de développement économique et social alors que la pandémie de COVID-19 a effacé des progrès durement acquis dans ces domaines.  Face à cette réalité, il a mis l’accent sur la valeur ajoutée des technologies de l’information et des communications pour favoriser la communication entre les gens contraints à la distanciation sociale en raison de la pandémie.  La technologie numérique a notamment permis de dispenser des services d’éducation, de santé et d’autres services essentiels menacés par la pandémie.  Pour pleinement exploiter ces avantages « numériques », M. Liu a jugé indispensable de développer, promouvoir et rendre accessibles les services numériques aux 3,7 milliards de personnes qui ne sont pas encore en ligne.  « L’investissement dans les infrastructures des technologies de l’information et des communications (TIC) est indispensable », a-t-il insisté, avant d’exhorter les États Membres à fournir les moyens pour permettre aux plus vulnérables d’avoir accès à ces technologies.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a également appelé à promouvoir une transition socialement juste vers le développement durable, alertant des risques liés à des modes de consommation non durables.  Il a expliqué que cela impliquait de revoir la manière dont sont menées les activités économiques afin de promouvoir le bien-être humain en protégeant l’environnement.  « Créer une meilleure reprise plus durable exige de réimaginer le projet social pour lutter contre les problèmes contemporains », a dit M. Liu avant de souligner l’importance d’un nouveau contrat social garantissant l’égalité des opportunités pour tous et l’avènement de la sécurité sociale universelle.  « Il faut rendre la connexion abordable et accessible dans les langues locales et lutter contre tous les obstacles à l’accès numérique auxquels font face les personnes les plus vulnérables, dont les femmes, les filles, les personnes handicapées et populations autochtones », a encore insisté M. Liu. 

Mme MONICA JAHANGIR-CHOWDHURY, Coprésidente du Comité des ONG pour le développement social, a expliqué que le Comité a préparé 10 recommandations relatives au thème de la présente session, lesquelles ont été signées par plus de 480 ONG.  En outre, plus de 70 vidéos ont été envoyées de tous les continents et de toutes les couches sociales, ce qui montre que la voix de chacun compte et symbolise également le concept de « nous, les peuples ». 

Mme Jahangir-Chowdhury a relevé qu’une grande partie de la population mondiale n’a pas accès aux services de base tels que la santé et l’éducation et qu’avec la pandémie, ces problèmes se sont accentués en raison du manque d’accès à Internet.  De ce fait, le Comité des ONG pour le développement social invite les gouvernements à faire de l’accès à Internet un droit fondamental pour tous et à prioriser l’alphabétisation numérique. 

Le Comité a aussi noté qu’alors que les inégalités augmentent, les investissements qui devraient faciliter la transition vers le développement durable diminuent.  Il est donc urgent de renforcer ces financements, tout en veillant à lutter contre les flux financiers illicites et en allégeant la dette publique.  De même, il faut renforcer les transferts de technologies vers les pays en développement et les investissements en faveur des infrastructures.  Pour améliorer l’inclusion numérique, Internet, les données et l’intelligence artificielle doivent être considérés comme des biens numériques publics, et il faut adapter les cadres réglementaires pour que les technologies numériques puissent guider le monde vers une transition sociale juste et atteindre le développement durable.

Il faut donc, a conclu Mme Jahangir-Chowdhury, que les gouvernements puissent utiliser l’immense potentiel des technologies numériques au bénéfice de tous, sur la base de l’inclusion et dans le respect de la dignité humaine. 

L’autre Coprésidente du Comité, Mme MARIA FORNELLA-OEHNINGE, s’est brièvement présentée au début de l’intervention de sa collègue.

Mme MARWA AZELMAT, représentante de la jeunesse et coordonnatrice du programme pour les droits des femmes de l’« Asociación para el Progreso de las Comunicaciones », s’est déclarée encouragée par les progrès réalisés en matière de coopération numérique.  Elle s’est dite prête à appuyer les initiatives menées pour promouvoir une participation significative des jeunes, notant que la COVID-19 a mis à nu l’impréparation de certains systèmes pour ce qui est d’accueillir l’immense trafic virtuel.  Pour « reconstruire en mieux » après la pandémie, il faut davantage d’efforts concertés, notamment pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-elle plaidé, appelant à ce que les outils numériques soient considérés comme des biens publics.  Or, a-t-elle constaté, les jeunes souffrent de manière disproportionnée de la fracture numérique croissante et beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à Internet chez eux.  De fait, a poursuivi la représentante, un environnement numérique propice doit être appuyé en mettant l’accent sur les jeunes afin de répondre à leur besoins et préoccupations. 

À cet égard, Mme Azelmat a noté que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avait enregistré des attaques omniprésentes visant les jeunes ainsi que des risques d’exploitation sexuelle en raison du temps passé en ligne pendant le confinement.  Les jeunes sont, en outre, particulièrement exposés aux campagnes de désinformation, ce qui a de graves conséquences pour leur santé mentale, a-t-elle également alerté.  De l’avis de la représentante, des programmes de recherche doivent être menés pour mesurer les effets des technologies numériques sur la santé mentale des jeunes.  Il faut aussi attacher davantage d’attention à leur participation, a-t-elle ajouté, faisant observer que le lien entre ces technologies et le développement a un fort potentiel s’il est couplé à des principes éthiques. 

Débat de haut niveau sur le thème prioritaire: « Transition vers le développement durable et justice sociale: le numérique au service du développement social et du bien-être de toutes et de tous »

Avant de donner le coup d’envoi de la première table ronde de cette cinquante-neuvième session de la Commission du développement social, sa Présidente, Mme María del Carmen Squeff, a fait observer que les technologies numériques ont été essentielles tout au long de la pandémie de COVID-19 et que certains développements que l’on n’attendait pas avant plusieurs années se sont faits en quelques mois à peine.  Ceci a donné lieu au développement de nouvelles relations sociales digitales et à une citoyenneté numérique, mais, a insisté Mme Squeff, il faut veiller à ce que cela se fasse de façon juste et équilibrée.  Les avantages à en tirer ne sont pas à la portée de tous puisque le fossé numérique reste énorme, a-t-elle rappelé, en estimant dès lors que « mesurer la pauvreté » doit aussi inclure cet aspect d’inclusion et d’accès au numérique.

Intervention liminaire

Pour M. PETER MAJOR, Président de la vingt-quatrième session de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), l’une des commissions techniques de l’ECOSOC, il est largement admis que les technologies numériques ont un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre du Programme 2030 vers des sociétés inclusives, justes et durables.  Elles ont déjà fait la preuve de leur potentiel pour améliorer la vie des gens et protéger la planète, que ce soit par l’utilisation des téléphones mobiles pour une finance inclusive ou la livraison par drone de fournitures médicales aux communautés éloignées dans certains pays en développement.  Il s’est attardé sur l’application récente de l’intelligence artificielle et des mégadonnées pendant la pandémie de COVID-19 pour accélérer le développement de vaccins, assurer le suivi et le dépistage des cas, prédire son évolution et évaluer les risques d’infection.

Le monde assiste actuellement à deux vagues de transformation numérique, a-t-il poursuivi.  L’une est la révolution numérique des technologies Web 2.0 qui permettent aux gens de créer et de partager du contenu Web, de collaborer et de communiquer, a expliqué M. Major.  Cette vague est à son apogée, a-t-il estimé en soulignant qu’elle a déjà touché les secteurs de la plupart des pays développés et a fait des progrès considérables dans les pays en développement à revenu élevé.  Dans le même temps, il a constaté une forte poussée vers la numérisation et le commerce électronique dans les pays en développement à faible revenu.  M. Major y voit des signes de la poursuite de la révolution numérique du Web 2.0 pour toucher maintenant les pays du Sud.

L’autre vague de transformation technologique qu’il a évoquée est celle de l’intelligence artificielle, la robotique, l’Internet des objets, la chaîne de blocs et d’autres technologies associées à l’industrie 4.0.  Cette vague en est à son stade initial dans le paradigme de la révolution technologique.  Pour de nombreuses personnes dans les pays à faible revenu, l’intelligence artificielle et les robots appartiennent à un avenir lointain, car ils vivent encore pour la plupart au début de la révolution technologique précédente.  Selon M. Major, les pays qui sont encore au stade de la préparation et du déploiement des technologies Web 2.0 doivent dès maintenant chercher à profiter de la nouvelle révolution technologique lorsque cela est possible.

Pour ce faire, il leur a suggéré de se fixer des priorités nationales pour stimuler la transformation numérique en développant et en faisant correspondre les atouts de l’innovation numérique aux besoins sociaux et commerciaux dans le souci de répondre aux opportunités émergentes et aux développements du marché.  Par exemple, les pays à revenu intermédiaire supérieur pourraient concevoir et mettre en œuvre des politiques axées davantage sur les secteurs émergents de l’industrie 4.0 et de la cybersécurité et orienter le développement de l’infrastructure numérique et des compétences à cette fin.  Pour lui, il est essentiel que ces pays réfléchissent à la manière de tirer parti de la prochaine révolution technologique numérique.

Dans le même temps, le Président de la CSTD a souligné que la technologie n’est qu’un outil.  La pauvreté, la faim, les disparités dans toutes les dimensions telles que le genre, l’éducation et la santé, et les défis environnementaux tels que les changements climatiques sont tous des problèmes extrêmement complexes auxquels la technologie numérique à elle seule ne peut trouver des solutions.  Il est donc nécessaire d’identifier les causes profondes de ces problèmes, puis d’attribuer un rôle aux technologies numériques pour les résoudre.  Pour cela, M. Major a encouragé les échanges entre pays à la fois sur leurs réussites et leurs échecs en vue de tirer parti de l’apprentissage mutuel pour trouver la voie à suivre et les moyens adaptés à leur situation locale.

Articuler le rôle critique de la science, des technologies et de l’innovation, y compris des nouvelles technologies de communication (TIC), en tant que catalyseurs des objectifs de développement durable, est la mission de la CSTD, a-t-il indiqué, avant de préciser que sa vingt-quatrième session se tiendra les 17 et 21 mai et aura pour thèmes prioritaires « Utiliser la science, la technologie et l’innovation pour combler l’écart sur l’ODD 3, relatif à la santé et au bien-être » et « Exploiter la chaîne de blocs au service du développement durable: perspectives et défis ».

Panélistes

Mme KAREN ABUDINEN, Ministre des technologies de l’information et des communications de la Colombie, a indiqué que les technologies améliorent le sort et la vie quotidienne des Colombiens.  Elle a passé en revue les actions menées pour assurer un large accès à Internet dans le pays et faire, un jour, de la Colombie la « Silicon Valley » de l’Amérique latine.  L’accès à un Internet à haut débit et illimité est assuré pour 300 000 foyers à un tarif subventionné de 2 dollars par famille et par mois, a expliqué la Ministre.  Elle a souligné l’importance fondamentale de ces technologies qui ont permis, en ces temps de pandémie, la poursuite de la scolarisation d’enfants et d’éviter des pertes d’emplois.  La Colombie a, en outre, lancé un appel d’offres pour assurer la connexion à Internet de 15 000 écoles dans les zones les plus reculées.  Par ailleurs, 3 558 antennes-relais vont être installées cette année pour une connectivité dans tout le pays. 

« Sans connectivité, nous ne pouvons pas aller de l’avant », a martelé Mme Abudinen.  Elle a ajouté qu’en 2021, 100 000 experts en programmation seront formés pour aider les entreprises et le secteur public dans leurs efforts numériques.  S’agissant des entreprises, 100 000 hommes et femmes d’affaires ont bénéficié de plateformes de vente en ligne.  Nous avons aussi aidé les PME à passer au numérique, en leur mettant le pied à l’étrier, a poursuivi la Ministre, en insistant sur les effets positifs pour l’emploi et la productivité.  « Nous voulons que tous les Colombiens puissent faire leurs démarches administratives en ligne. »  Mme Abudinen a indiqué que cela vaut aussi pour les PME, comme pour le Gouvernement, citant notamment le domaine des traités internationaux. 

M. BORIS ZÜRCHER, Chef de la Direction du travail au Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) de la Suisse, a relevé que les tendances à long terme telles que la mondialisation, le vieillissement démographique et la numérisation entraînent des changements continus dans le monde du travail.  Sur le plan international, la Suisse se distingue par un taux de participation élevé au marché du travail, un taux de chômage inférieur à la moyenne et une qualité d’emploi élevée.  Dans divers domaines professionnels, les changements structurels des 10 dernières années ont toutefois entraîné une diminution du nombre d’emplois, mais ces changements ont également généré de nouvelles possibilités d’emploi dans d’autres domaines.  Différentes analyses montrent que l’emploi se déplace de plus en plus vers des secteurs à forte intensité de connaissances et exigeant des qualifications élevées.  Les changements au sein même des secteurs et des professions sont encore plus prononcés.  Jusqu’à présent, a-t-il indiqué, les salariés ont réussi à répondre aux exigences croissantes en matière de compétences en améliorant constamment leurs qualifications.  Une étude récente du Centre de recherches conjoncturelles de la Suisse (KOF) montre que les investissements dans des technologies telles que les robots, l’impression 3D ou l’Internet des objets sont associés à un effet positif sur l’emploi au niveau des entreprises. 

Poursuivant, M. Zürcher a relevé que la pandémie du coronavirus a entraîné une accélération de la numérisation, et a fait savoir que la numérisation et l’accessibilité sont au centre de la politique d’inclusion du Gouvernement suisse.  Dans le cadre de sa politique étrangère, la Suisse veille également à ce que les groupes de population particulièrement vulnérables aient accès aux services publics, et le Gouvernement positionne la Genève internationale comme une plaque tournante de la gouvernance numérique. 

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, avec un système de protection sociale déjà bien en place, la Suisse a eu la chance de ne pas devoir partir de zéro et pouvoir construire autour du système en place.  Pour assurer la santé et la sécurité au travail, des plans de protection sanitaire ont été définis par les différentes branches de l’économie.  Des réunions hebdomadaires ont lieu au plus haut niveau avec les partenaires sociaux et cela pourrait devenir un acquis pour l’avenir.  Il a toutefois prévenu que seule la coopération de toute la communauté internationale permettra d’affronter les conséquences de la pandémie.  Nous devons tout faire pour que cette crise débouche sur un modèle de société plus durable, plus juste et capable de s’adapter aux changements à venir, et les objectifs du Programme 2030 doivent guider notre action, a-t-il affirmé. 

Dans un message vidéo préenregistré, Mme ANA MENDES GODINHO, Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, s’est dite en accord avec le Secrétaire général pour appuyer une transition sociale juste afin de créer un système sociétal plus résilient tout en protégeant les démunis.  Alors qu’il reste 10 ans pour concrétiser les objectifs du Programme 2030, a-t-elle observé, nous luttons aujourd’hui contre un « ennemi invisible » et tentons de sauver le plus de vies possible.  Parallèlement, nous constatons une persistance de la pauvreté et une montée du chômage, autant de problèmes qui nécessitent des solutions globales intégrées.  Appelant à ce que personne ne soit laissé de côté, la Ministre a estimé que « nous ne pouvons pas laisser les impacts sociaux, économiques et sanitaires perturber nos familles et nos entreprises, et hypothéquer le travail accompli ces dernières années ».  Face au risque de « faire machine arrière » dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, la communauté internationale se doit d’être unie et de travailler de façon collective, « c’est la clef pour résoudre ces problèmes », a-t-elle clamé. 

Plaidant pour que chaque pays et chaque région fondent leur avenir sur la transition numérique, aujourd’hui essentielle, Mme Mendes Godinho a estimé que l’éradication de la pauvreté doit être l’ambition de toute société souhaitant être compétitive et durable.  Pour avancer sur la voie de la transition vers le développement durable, elle a appelé les États à se concentrer sur une stratégie en cinq points.  Il convient, selon elle, de créer du travail décent; d’accélérer les compétences afin que les citoyens deviennent « des acteurs et non des victimes » de cette transition; de renforcer la protection sociale pour s’assurer que le système soit inclusif; d’investir en faveur de l’innovation et de technologies robustes pour accroître la compétitivité des sociétés; et enfin, de développer des programmes sociaux à long terme en faisant la promotion des outils numériques.

Mme SILVANA VARGAS, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a expliqué que son ministère promeut un cadre politique intégrant l’ensemble des cycles de la vie, de l’enfance aux personnes âgées, pour faire le lien entre protection sociale et un meilleur accès aux technologies numériques.  Elle a expliqué que l’objectif de cette démarche est de passer d’une protection fragmentaire des droits à une protection territoriale.  L’accès aux technologies numériques permet aux populations les plus défavorisées d’avoir accès à des informations plus exactes afin qu’elles puissent prendre des décisions plus éclairées.  En tant que moyen de promotion de la personne, le numérique est un outil de promotion du développement social et du bien-être de toutes et de tous, a insisté la Ministre péruvienne.  Illustrant son propos, elle a indiqué que son ministère utilisait des technologies de téléphonie mobile pour procéder à une identification rapide de l’anémie par le biais d’un examen de la conjonctive oculaire. 

Mme ELSA MARIE D’SILVA, Fondatrice et Directrice générale de « Red Dot Foundation » et Présidente de « Red Dot Foundation Global », a indiqué que les femmes et les filles ne sont pas incluses en Inde, notamment dans les États du Rajasthan et d’Andhra Pradesh, où le taux de natalité des filles a baissé pour atteindre 806 filles pour 1 000 garçons.  Les filles sont considérées comme un surcroît de responsabilité, voire un fardeau, et dans les milieux ruraux, l’éducation des filles n’est pas une priorité.  Durant la pandémie de COVID-19, un grand nombre de filles ont été exclues car elles n’ont pas accès aux outils numériques ou en ont été privées, et les répercussions sur elles, de cette perte d’une année scolaire, ne pourront être mesurées que plus tard. 

Pour résoudre ces problèmes, la panéliste a appelé à placer les filles au cœur de l’élaboration des politiques, les aider à avoir confiance en elles-mêmes et changer la perception de par les sociétés.  Le Programme 2030 ne pourra pas être atteint sans régler la question du statut des femmes, a insisté Mme D’Silva qui a précisé que l’Inde pourrait générer 770 milliards de dollars supplémentaires de PNB si les femmes pouvaient participer sur un pied d’égalité à la main d’œuvre. 

Afin de réduire le fossé numérique et inclure les femmes, Mme D’Silva a recommandé de faire de l’accès à Internet et aux outils numériques un droit humain.  Il faut également assurer l’accès des femmes et des jeunes filles à une éducation de haute qualité pour qu’elles participent aux processus de prise de décisions liées au développement scientifique, à l’intégration de la technologie et de l’innovation, mais aussi prendre en compte les outils d’analyse basés sur le genre, notamment l’intersectionnalité, dans la création et l’évaluation des politiques et des programmes afin de cibler celles et ceux qui sont laissés pour compte. 

La panéliste a également recommandé de fournir des données fiables aux niveaux national, régional et mondial, afin d’identifier les lacunes et d’établir des plans visant à réduire les inégalités, et à combattre les crimes contre les femmes et les filles.  Il faut aussi mettre en place une gouvernance inclusive pour que tous participent à la prise de décisions sur l’aménagement des espaces et leur gestion, et intégrer toutes les politiques et les plans en matière de changements climatiques et de santé dans les objectifs de développement durable, sans s’y limiter pour autant. 

Dialogue interactif

Avant de céder la parole aux délégations, le Vice-Ministre de la transformation numérique de la Colombie est revenu sur les politiques numériques nécessaires au niveau mondial.  Pour lui, il s’agit avant tout de comprendre les besoins particuliers des différents secteurs de la population de chaque pays.  Citant le cas de son pays, il a identifié le problème de la connectivité sur l’ensemble du territoire du pays, mais aussi de comment atteindre les filles et les femmes en fonction de leur niveau d’éducation en vue de les autonomiser et faire valoir leurs droits grâce à ces nouvelles technologies.  La Présidente de « Red Dot Foundation Global » a abondé en ce sens, y voyant un outil efficace de la lutte contre les inégalités entre les genres et la violence à l’égard des femmes.  Mais attention, a-t-elle tempéré, ce ne sont que des outils et ils doivent s’accompagner de changements de comportement et de notre façon de penser.

Pragmatique, l’Union européenne (UE) a soulevé la question épineuse de comment combler le fossé numérique qui existe au sein des régions, entre pays, entre femmes et hommes et entre différents groupes démographiques.  Face à ces multiples fossés numériques, les femmes et les pauvres sont les plus touchés, a-t-elle concédé avant d’inviter les États Membres à appuyer un véritable programme « d’alphabétisation numérique » et le développement, chez les jeunes, des compétences numériques nécessaires pour le monde du travail.  « S’il ne faut laisser personne de côté, cela signifie ne laisser personne hors ligne », a commenté à son tour la Chine.  Or, comment tenir cette promesse dans les pays en développement?

Une chose est claire, a rappelé la Présidente de la Commission, ne pas avoir accès aux technologies numériques ne fait qu’exacerber les inégalités entre pays, et pourtant, près de la moitié de la population mondiale en reste toujours privée.  C’est cette triste réalité qui explique, en partie, le creusement des inégalités, a renchéri Cuba qui a plaidé pour la levée des obstacles à l’accès au numérique des pays en développement, à commencer par la levée du blocus qui lui est imposé. 

Qu’il s’agisse de Cuba, du Maroc, du Pérou, du Brésil ou encore du Sénégal, tous sont conscients que l’économie numérique est la passerelle incontournable vers le développement durable.  De nombreuses délégations ont brossé le tableau des différentes initiatives et stratégies lancées dans ce domaine dans leurs pays, que ce soit à travers des investissements dans un programme d’aide d’urgence pendant la pandémie qui a touché plus de 69 millions de personnes directement ou indirectement au Brésil, ou les plateformes d’apprentissage numériques et de télémédecine au Sénégal, en passant par les programmes de transferts de fonds et de finance mobile au Pérou ou encore les initiatives ciblées sur les femmes et les filles pour assurer l’inclusion numérique au Maroc.

Pour garder le cap, il va falloir miser sur des infrastructures et des services numériques efficaces et abordables, a fait valoir la Suisse pour laquelle il ne fait pas de doute que les communautés connectées sont aussi celles qui sont les plus autonomes à la fois en termes d’accès aux connaissances et de participation à l’économie numérique.  Pour le monde en développement, cela signifie de nouvelles formes de coopération pour l’aider à y accéder, a-t-elle relevé, alors que l’UE a insisté sur le fait que la relève post-COVID-19 doit aller de pair avec le respect des droits de la personne pour avoir une société pacifique et inclusive.  La société numérique doit être centrée sur l’individu, a-t-elle estimé.

Du côté des ONG, ce sont des questions d’ordre déontologique qui ont été soulevées.  Face à la montée des extrémismes dans le monde, la Fédération internationale des travailleurs sociaux a voulu savoir comment les politiques de la société civile peuvent promouvoir la déontologie dans l’utilisation des technologies numérique.  Les Sœurs de Sainte Dominique ont relevé pour leur part que les inégalités « frappantes » dans l’accès à ces technologies créent une certaine hiérarchie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des palestiniens : le Secrétaire général salue le décret du Président Abbas sur les élections, « étape cruciale  » vers l’unité palestinienne

AG/PAL/1435

Comité des palestiniens : le Secrétaire général salue le décret du Président Abbas sur les élections, « étape cruciale  » vers l’unité palestinienne

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a renouvelé ce matin sa confiance à M. Cheick Niang, du Sénégal, qu’il a réélu à l’unanimité à la présidence du Comité pour un mandat d’un an lors d’une séance au cours de laquelle le Secrétaire général a salué le décret présidentiel du Président Mahmoud Abbas sur la tenue, cette année, des élections législatives, présidentielle et au Conseil national palestinien, y voyant une étape cruciale vers l’unité palestinienne.

L’Afghanistan, Cuba, l’Indonésie, la Namibie et le Nicaragua ont pour leur part été élus à la vice-présidence du Comité en 2021.

« Les élections sont un élément crucial de la construction d’un État palestinien démocratique fondé sur l’état de droit et des droits égaux pour tous, et l’appui du Comité à ces efforts sera crucial », a notamment déclaré M. Guterres.  De son côté, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a souligné que le décret présidentiel est un pas essentiel pour régler la question de Palestine et établir la paix avec Israël. 

Le Secrétaire général a également salué l’appel du Président Abbas à la tenue d’une conférence internationale de paix sous les auspices des Nations Unies et d’un Quatuor élargi pour le Moyen-Orient, estimant que celle-ci serait l’occasion de promouvoir la paix dans la région.  « L'année 2021 offre l’occasion unique d’une remise à zéro pour construire un monde meilleur », a-t-il affirmé.

Dans cette optique, le Président du Comité a exhorté toutes les parties à s'abstenir d'actes unilatéraux compromettant la possibilité de relancer le processus de paix.  « Les dirigeants israéliens et palestiniens devraient saisir cette occasion de reprendre des négociations sérieuses pour réaliser la solution des deux États, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies », a-t-il insisté.

Préoccupé par les graves répercussions de la COVID-19 sur les Palestiniens, en particulier à Gaza, où le système de santé publique a été poussé au bord de l’effondrement, le Secrétaire général a par ailleurs fait savoir que l’ONU et ses partenaires soutiennent les efforts déployés par le Gouvernement pour lutter contre la pandémie, notamment la préparation de ce dernier à recevoir les vaccins contre la COVID-19 puis à les administrer.

À ce sujet, M. Niang a indiqué que le Comité s’est fait l'écho des inquiétudes maintes fois exprimées quant à la manière dont les autorités israéliennes déploient ce vaccin, au mépris de leurs obligations de garantir la santé publique dans les territoires occupés.  « Israël, en tant que Puissance occupante, se doit de respecter immédiatement ses obligations en vertu du droit international humanitaire en assurant la fourniture de vaccins à la population palestinienne sous son contrôle à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ainsi qu'aux prisonniers et détenus palestiniens dans ses structures », a-t-il notamment insisté.

Alors que la communauté internationale fait face à la COVID-19 et que la pauvreté, les changements climatiques et les conséquences socioéconomiques de la pandémie se font sentir partout, reconstruire en mieux doit être un objectif large et inclusif, et « la Palestine ne doit pas faire exception », a martelé à son tour l’Observateur permanent de l’État de Palestine.

M. Riyad Mansour a également regretté que certains s’en prennent aux actions du Comité ou l’accusent d’être « partial ou anti-israélien », le privant d’un soutien nécessaire pour son mandat multilatéral et pacifique.  C’est pourquoi il a invité les États Membres à coopérer avec le Comité et à unir leurs efforts en faveur d’une solution juste à la question de Palestine, se félicitant que le consensus international à cet égard demeure robuste en dépit de « tentatives cyniques » visant à l’éroder. 

Les résolutions adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité au fil des décennies, notamment la résolution 2334 (2016), ont posé les jalons de cette solution juste.  Ce qui fait défaut aujourd’hui, a-t-il détaillé, c’est la volonté d’éviter les erreurs du passé, de défendre le droit international en toute circonstance et de demander des comptes à Israël pour ses violations systématiques, qu’il s’agisse des colonies de peuplement, des punitions collectives ou des pratiques discriminatoires ou racistes.

À l’issue de ces interventions, l’Égypte a aspiré à la reprise des négociations entre les deux parties, tout en reconnaissant que celle-ci dépend de l’instauration d’un environnement propice, citant notamment la levée du blocus de Gaza ou encore un soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Si Cuba s’est particulièrement inquiétée des graves tensions suscitées par la décision unilatérale des États-Unis du 6 décembre 2017 de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, la Namibie s’est en revanche déclarée encouragée de constater que la nouvelle Administration américaine est en passe d’inverser les décisions de celle qui l’a précédée et appuie clairement la solution des deux États.  La reprise de l’assistance américaine aux programmes humanitaires pour le peuple palestinien mérite aussi d’être saluée, a-t-elle noté.

Le réengagement des États-Unis en faveur de la solution des deux États, de même que la revivification du Quatuor a également été salué par le Liban qui a toutefois dénoncé l’absence d’une véritable volonté de la part d’Israël de trouver un règlement au conflit, pointant notamment l’expansion des colonies de peuplement et les démolitions de structures palestiniennes.  La délégation a également souligné l’importance de soutenir l’UNRWA. 

À son instar, l’Indonésie a jugé crucial que les Palestiniens aient accès au vaccin contre la COVID-19.  L’Inde a ensuite rappelé sa récente contribution à l’UNRWA ; l’Afghanistan a appuyé l’appel du Président Abbas à la tenue d’une conférence internationale, tandis que la Malaisie s’est plus particulièrement réjouie du décret présidentiel émis par ce dernier pour la tenue des élections.  De son côté, l’Afrique du Sud a invité le Comité à accroître ses activités afin de « sauver » le peuple palestinien dans le contexte de pandémie.  Elle l’a aussi invité à accroître son interaction avec les organisations de la société civile.

Ne laisser personne de côté ne sera qu’un simple slogan tant que l’indépendance de la Palestine n’aura pas lieu, a souligné pour sa part le Guyana avant que Sri Lanka ne forme l’espoir que la communauté internationale poursuive ses efforts en faveur d’un règlement juste de la question de Palestine.  Pour sa part, le Nicaragua s’est dit persuadé que la paix était possible au Moyen-Orient dès lors que seront réalisés les droits inaliénables du peuple palestinien notamment au travers de la mise en œuvre de la solution des deux États: la Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité avec Israël sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.

Au cours de cette séance, le Comité a également adopté son programme de travail pour 2021 qui, a indiqué M. Niang, sera notamment marqué par la tenue, le 23 février, d’une réunion virtuelle pour s’attaquer aux graves problèmes financiers de l’UNRWA.

Déclarations

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a expliqué que le Comité cherche à s’améliorer et à se réinventer constamment, dans un contexte devenu des plus incertains, lié à l’impasse du processus de paix depuis 2014, aux récents développements sur le terrain et à la situation sanitaire et économique induite par la pandémie de COVID-19.  Il a ajouté que la pandémie a davantage aggravé la situation sociale, économique, humanitaire et politique dans les territoires palestiniens occupés, déjà fragilisée et compliquée par les restrictions à la circulation et à l’accès imposées depuis des décennies par Israël, la Puissance occupante.  M. Nianga a déploré la poursuite « sans relâche » de l’expansion des colonies illégales, y compris à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est et de Bethléem.  Illustrant son propos, il a dénoncé l’annonce récente de la construction de près de 800 nouvelles unités de logement en Cisjordanie ajoutée aux plus de 12 000 unités entamées en 2020, ainsi que la soi-disant « régularisation » rétroactive, en vertu du droit israélien, de deux avant-postes illégaux supplémentaires.  Il a aussi dénoncé la construction d’une nouvelle route dans la région de Jérusalem, qui sépare les Palestiniens et les colons juifs sur toute sa longueur, appelée « la route de l’apartheid » même par des médias israéliens et des groupes de défense des droits de l’homme.  

Le Président du Comité a rappelé que les colonies israéliennes dans les zones occupées et l’occupation en elle-même sont illégales au regard du droit international, comme le réaffirme, entre autres, la résolution 2334 2016) du Conseil de sécurité; elles constituent un obstacle à la paix.  Il a souligné que les paramètres d’une solution définitive au différend israélo-palestinien sont liés à la colonisation et à l’occupation, à la violence, à l’incitation de celle-ci et à la situation catastrophique à Gaza, entre autres.  

Par ailleurs, le Comité s’est fait l’écho des inquiétudes maintes fois exprimées par de nombreuses personnes quant à la manière dont les autorités israéliennes déploient le vaccin COVID-19, au mépris de leurs obligations de garantir la santé publique dans les territoires occupés.  « Israël, en tant que Puissance occupante se doit de respecter immédiatement ses obligations en vertu du droit international humanitaire en assurant la fourniture de vaccins à la population palestinienne sous son contrôle à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ainsi qu’aux prisonniers et détenus palestiniens dans ses structures », a insisté M. Niang. 

Appelant au respect des droits inaliénables du peuple palestinien, y compris celui de vivre dans la liberté et la dignité dans un État indépendant et souverain, le Président du Comité a dit que seule une solution définitive permettra de prendre en charge les défis qui se posent au-delà du Moyen-Orient et qui ont pour noms, entre autres, terrorisme et extrémisme violent, pauvreté et exclusion.  Il a expliqué que c’est dans ce contexte que le Comité poursuit le dialogue et la concertation avec tous les acteurs, dont les parties au différend, États Membres, société civile, milieux académiques, associations de réfugiés, parlementaires et mouvements de femmes et de jeunes, entre autres, afin d’avancer vers l’objectif d’un règlement pacifique définitif de la Question palestinienne, qui passe par la solution des deux États -Israël et la Palestine- vivant côte à côte dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières reconnues, sur la base des lignes antérieures à 1967.

Persuadé que le meilleur moyen de favoriser les conditions d’une paix et d’une sécurité durables entre Israéliens et Palestiniens est de renoncer à toute forme de violence et de politique du fait accompli, et de retourner à la table de négociations, M. Niang a appuyé l’appel lancé par le Président de l’État de Palestine, Mahmoud Abbas, en faveur d’une conférence internationale de paix sous les auspices d’un Quatuor élargi pour le Moyen-Orient.  Cette conférence permettrait aux acteurs régionaux de contribuer à l’avancement du processus de paix, a-t-il estimé.  Dans cette optique, M. Niang a exhorté toutes les parties à s’abstenir d’actes unilatéraux compromettant la possibilité de relancer le processus de paix.  « Les dirigeants israéliens et palestiniens devraient saisir cette occasion de reprendre des négociations sérieuses pour réaliser la solution des deux États, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies », a-t-il encore insisté avant de réitérer la centralité de l’Initiative de paix arabe, des plans de convocation d’une conférence internationale de paix, de la récente réunion du Quatuor, ainsi que des efforts déployés par l’Égypte et d’autres pays pour faire avancer le processus de réconciliation entre les Palestiniens.  Dans ce contexte, il a salué le décret pris récemment par le Président Abbas pour l’organisation des élections législatives et présidentielle à partir de mai 2021, afin de renouveler les piliers démocratiques de manière à réunir le peuple palestinien sous un gouvernement national unique et légitime, qui incarne et concrétise l’espoir de générations de Palestiniens d’un avenir juste, pacifique et prospère.

Par ailleurs, M. Niang a indiqué que le Comité organisera, le 23 février prochain, avec le Commissaire général de l’UNRWA, M. Philippe Lazzarini, une réunion virtuelle pour s’attaquer aux graves problèmes financiers de l’Agence.  M. Niang a indiqué que le Comité continuera à s’engager auprès des États Membres et des groupes régionaux afin de mobiliser un soutien plus large en faveur des nouvelles possibilités qui s’offrent pour faire avancer la cause palestinienne.  Le Comité appuiera ainsi toute initiative visant à la pleine réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et à une solution juste fondée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies qui garantissent que deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que l’année 2021 offre l’occasion unique d’une « remise à zéro » pour construire un monde meilleur.  Il a indiqué que la pandémie de COVID-19 a eu de graves répercussions sur les Palestiniens, en particulier à Gaza, où le système de santé publique a été poussé au bord de l’effondrement en raison de l’occupation et de la situation difficile sur le plan socioéconomique, humanitaire et politique.  Il a fait savoir que l’ONU et ses partenaires soutiennent les efforts déployés par le Gouvernement pour lutter contre la pandémie de COVID-19, notamment la préparation de ce dernier à recevoir les vaccins contre la COVID-19 puis à les administrer.  Il a ajouté que son Coordonnateur spécial encourage Israël à assurer la disponibilité des vaccins contre la COVID-19 dans les territoires palestiniens occupés.  

M. Guterres a assuré que l’ONU reste déterminée à soutenir les Palestiniens et les Israéliens pour résoudre le conflit et mettre fin aux souffrances.  Il a appelé Israël à arrêter immédiatement toute activité de colonisation qui pérennise l’occupation, sape la perspective de parvenir à la solution des deux États, et érode systématiquement la possibilité d’établir un État palestinien souverain ainsi que la paix et la stabilité dans la région. 

Il a également décrié les actes de violence persistants en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est et à Gaza, ainsi que les restrictions de mouvement et d’accès israéliennes, les provocations, les démolitions et les saisies de structures palestiniennes, les déplacements forcés de civils palestiniens, et la violence des colons, entre autres, qui exacerbent la méfiance entre Israéliens et Palestiniens et éloignent la résolution pacifique du conflit. 

Pour M. Guterres, l’appel du Président Mahmoud Abbas à la tenue d’une conférence internationale de paix sous les auspices des Nations Unies et d’un Quatuor élargi pour le Moyen-Orient, offre une occasion de promouvoir la paix dans la région.  Il a appelé les parties à s’abstenir d’actes unilatéraux qui mettraient en péril la possibilité de relancer le processus de paix.  

Il a également salué le décret présidentiel du Président Abbas sur la tenue des élections législatives, présidentielle et au Conseil national palestinien cette année, y voyant une étape cruciale vers l’unité palestinienne, ainsi que l’occasion d’accorder une légitimité renouvelée aux institutions nationales, y compris un Parlement et un Gouvernement démocratiquement élus en Palestine.  Les élections sont un élément crucial de la construction d’un État palestinien démocratique fondé sur l’état de droit et des droits égaux pour tous, et l’appui du Comité à ces efforts sera crucial, a déclaré M. Guterres.  

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a observé que l’année 2020 a connu son lot de défis et de changements, n’épargnant personne et aggravant les inégalités.  Il a indiqué que ces temps ont été plus difficiles encore pour le peuple palestinien, qui assume le fardeau d’années d’occupation et de déplacements.  Alors que la communauté internationale fait face à la COVID-19 et que la pauvreté, les changements climatiques et les conséquences socioéconomiques de la pandémie se font sentir partout, reconstruire en mieux doit être un objectif large et inclusif, et « la Palestine ne doit pas faire exception », a souligné l’Observateur permanent.  Reconstruire en mieux, a-t-il plaidé, est essentiel pour relancer la coopération internationale et cela doit s’accompagner de mesures en faveur du peuple palestinien, aujourd’hui privé de ses droits inaliénables mais aussi de la paix et de la sécurité. 

Dans ce contexte, M. Mansour a regretté que certains s’en prennent aux actions du Comité ou l’accusent d’être « partial ou anti-israélien », le privant d’un soutien nécessaire pour son mandat multilatéral et pacifique.  C’est pourquoi il a invité les États Membres à coopérer avec le Comité et à unir leurs efforts en faveur d’une solution juste à la question de Palestine, se félicitant que le consensus international à cet égard demeure robuste en dépit de « tentatives cyniques » visant à l’éroder.  Pour l’Observateur permanent, les résolutions adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité au fil des décennies, notamment la résolution 2334 (2016), ont posé les jalons de cette solution juste qui, a-t-il affirmé, bénéficie d’un soutien mondial.  Ce qui fait défaut aujourd’hui, a-t-il détaillé, c’est la volonté d’éviter les erreurs du passé, de défendre le droit international en toute circonstance et de demander des comptes à Israël pour ses violations systématiques, qu’il s’agisse des colonies de peuplement, des punitions collectives ou des pratiques discriminatoires ou racistes.  Il faut aussi trouver la volonté d’appliquer les résolutions sans parti pris pour garantir la défense des droits de la personne, a-t-il souhaité. 

M. Mansour a ensuite exhorté le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour ce qui est du rôle de l’ONU au sein du Quatuor afin de convoquer le plus rapidement possible une conférence internationale de paix, comme l’a appelé de ses vœux le Président Mahmoud Abbas, afin de régler la question de Palestine et établir la paix avec Israël.  L’Observateur permanent a souligné à ce propos que le décret présidentiel prévoyant des élections palestiniennes cette année est un pas essentiel dans cette direction.  Il s’est également félicité de la nomination du nouveau Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et a par ailleurs insisté sur le nécessaire appui de la communauté internationale au financement de toute urgence de l’UNRWA.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le nouveau Président de la Commission de consolidation de la paix entend renforcer son rôle pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19

CCP/139

Le nouveau Président de la Commission de consolidation de la paix entend renforcer son rôle pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19

Élu par acclamation, ce matin par le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, à la présidence de la CCP, le Représentant permanent de l’Égypte, M. Mohamed Edrees, a présenté les 10 priorités sous lesquelles il entend placer son mandat, dont le renforcement du rôle de la CCP dans la perspective de reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19. 

Les délégations, qui s’étaient réunies en présentielle, ont du reste salué une année 2020 au cours de laquelle la CCP a réussi non seulement à garantir la continuité de ses travaux mais aussi à les élargir en convoquant 37 réunions, malgré des restrictions imposées par la pandémie COVID-19, comme l’a témoigné le Président sortant, M. Bob Rae, Représentant permanent du Canada, qui a terminé le mandat de son compatriote M. Marc-André Blanchard.  Le Canada restera membre du bureau puisqu’il a été élu à sa vice-présidence, aux côtés de la Slovaquie.

En outre, les pays suivants ont été réélus, par acclamation, à la présidence des formations pays de la Commission jusqu’au 31 décembre 2021: le Brésil pour la Guinée-Bissau; le Maroc pour la République centrafricaine; la Suède pour le Libéria; et la Suisse pour le Burundi. 

Le nouveau Président de la CCP a indiqué que l’Égypte entend en premier lieu s’assurer que l’appui de la consolidation et du maintien de la paix en Afrique continue de recevoir toute l’attention requise.  En 2020, a rappelé M. Edress, la CCP s’est intéressée à 15 contextes dans des pays et des régions, dont 12 en Afrique. 

Assurer un financement adéquat, prévisible et durable est une haute priorité pour l’efficacité du travail de la CCP, étant donné que le financement reste le défi le plus critique auquel est confrontée l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU, a-t-il enchaîné, définissant sa troisième priorité après la reconstruction post-COVID-19.  Quatrièmement, il sera essentiel de poursuivre tous les efforts visant à renforcer le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité, en particulier dans le contexte du renouvellement du mandat des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux transitions des opérations de paix.

L’Égypte souhaite aussi, en cinquième priorité, que la CCP insiste sur les moyens pratiques pour que la collaboration entre le système de l’ONU et l’Union africaine (UA) permette de soutenir les efforts d’appropriation de cette dernière de sa reconstruction et du développement postconflit, ainsi que des politiques et efforts de prévention structurelle.  Sixièmement, l’Égypte entend continuer à promouvoir les partenariats avec des organisations régionales et sous-régionales, ainsi que des institutions financières internationales, en vue d’assurer plus d’efficacité et cohérence à l’appui des efforts de consolidation de la paix. 

La septième priorité de la présidence égyptienne sera de renforcer la cohérence et la performance globale du système onusien de consolidation de la paix, a poursuivi M. Edress.  La huitième sera de renforcer la capacité de la CCP à booster le multilatéralisme, alors que la neuvième met l’accent sur le renforcement du rôle des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix.  Enfin, par la dixième priorité, la présidence égyptienne entend veiller à ce que les débats de la CCP soient focalisés sur les contextes nationaux et régionaux, afin que les contributions de la Commission soient davantage axées sur l’impact. 

De son côté, le Président sortant s’est réjoui, dans son bilan, d’une année 2020 au cours de laquelle de nouveaux entretiens ont été amorcés avec l’Afrique centrale, les îles du Pacifique et la Somalie.  La CCP a aussi donné son avis 12 fois au Conseil de sécurité -« un record »- et publié de nombreux communiqués de presse.  Presque tout ce travail a été effectué sur des plateformes virtuelles, s’est enorgueilli M. Rae qui a précisé que la Commission fut le premier organe de l’ONU à adapter ses méthodes de travail en réponse à la pandémie.

M. Rae a indiqué que la COVID-19 a mis à nu le fait que la réussite des efforts de consolidation de la paix déployés par l’ONU est souvent plus fragile qu’on ne veut l’admettre.  En effet, même après des décennies de travail accompli en faveur de la consolidation de la paix, « de nombreux pays ne sont qu’à un ou deux contrecoups de retomber dans une crise profonde », a-t-il prévenu.

Le Président sortant a aussi insisté sur l’importance de l’inclusion des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix, se déclarant fier du fait que, cette année, un nombre record de 25 femmes ont présenté des exposés devant la Commission.

Il a également appelé la CCP à continuer d’écouter ceux qui œuvrent pour la paix au niveau local, afin d’apprendre d’eux, de les soutenir et de les autonomiser dans leur travail.  Il a d’ailleurs fait observer que le mode de travail virtuel imposé en raison de la pandémie avait permis à la CCP d’avoir plus de contact avec les ONG et les personnes sur le terrain, et a espéré que lorsque les travaux en présentielle reprendront, la CCP ne renoncera pas à cette « souplesse technologique » qui « lui permet d’entendre la voix de personnes qu’elle n’a pas l’habitude d’entendre ».

En 2021, le travail de la Commission en 2021 doit être davantage focalisé sur les populations, en mettant en avant les « 3 c » et les « 3 p », a estimé pour sa part l’autre Vice-Président, la Slovaquie.  Il s’agit, a expliqué la délégation, de la cohérence, la coordination, la complémentarité, la participation, les partenariats et les populations.  Vice-Présidente du bureau sortant, la Colombie a dit avoir elle-même fait des avancées dans son processus national de consolidation de la paix, déplorant toutefois que ses efforts aient été plombés par la pandémie de COVID-19 et les impacts négatifs des changements climatiques.

Pour sa part, le Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, M. Oscar Fernandez-Taranco, a salué l’achèvement réussi du troisième examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU ainsi que l’engouement suscité par la récente Conférence de haut niveau de reconstitution du Fonds pour la consolidation de la paix qui a vu un nombre record de 92 États Membres représentés et 439 millions de dollars d’engagements et de promesses faits pour la Stratégie 2020-2024 du Fonds.  Il s’agit d’une augmentation de 25% par rapport aux contributions reçues au cours des trois années précédentes, s’est-il félicité, et cette somme représente presque le tiers de l’objectif de mobilisation de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans.  Intervenant par visioconférence depuis Buenos Aires, le haut fonctionnaire a également salué l’élargissement de la base de donateurs du Fonds, soulignant que d’anciens bénéficiaires ont même rejoint le camp de donateurs, notamment la Sierra Leone, le Burkina Faso, la Gambie et les Philippines.

Les présidents de formations pays ont ensuite brièvement pris la parole pour décrire la situation dans les pays à leur examen.  Pour le Maroc qui préside la formation République centrafricaine, il est important de noter que la RCA vit un moment critique avec une nouvelle coalition de groupes rebelles qui déstabilisent le pays.  L’urgence est donc la sauvegarde des acquis et la poursuite du processus de paix.  Le Brésil, Président de la formation Guinée-Bissau, a rappelé que ce pays connaît désormais une nouvelle phase de la présence onusienne, même si de nombreux défis demeurent pour assurer la stabilité dans le pays.  Dans l’immédiat, des efforts doivent être faits pour atténuer les répercussions socioéconomiques de la pandémie de COVID-19.  À sa suite, la Suède, qui préside la formation Libéria a milité pour la multiplication des partenariats avec les organisations régionales, les institutions financières, les organisations des jeunes et des femmes.  La Suède a notamment indiqué que le Libéria, qui a beaucoup avancé sur la voie de la paix, est désormais focalisé sur la réconciliation nationale avec en toile de fond des chantiers tels que la promotion de l’autonomisation des femmes et l’égalité des genres.

À son tour, la Suisse, qui est à la tête de la formation Burundi, a rappelé que les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 s’ajoutent aux risques qui pèsent sur les gains en matière de consolidation de la paix et de développement dans les pays touchés par un conflit.  Il est temps d’investir sérieusement dans le facteur humain de la consolidation de la paix, soit les leaders de tous les âges œuvrant pour la paix sur le terrain, et tout particulièrement les femmes, qui sont les premières à répondre à l’appel, et les dernières à quitter le camp, a-t-elle dit.

De nombreuses autres délégations sont également intervenues pour insister à leur tour sur l’importance de doter les activités de consolidation de la paix d’un financement adéquat.  L’Allemagne a souligné avoir consenti 50 millions d’euros au Fonds pour la période 2021-2022.  L’Éthiopie a aussi insisté sur un financement pérenne de la CCP, tandis que le Royaume-Uni s’est réjoui de voir que de nouveaux pays contribuent au Fonds, y compris des pays qui dans le passé bénéficiaient de celui-ci.

L’Afrique du Sud a souhaité que le principe d’appropriation nationale soit privilégié dans les activités mises en œuvre par la CCP, tandis que le Pakistan a appelé à mettre l’accent sur les partenariats, notant que la CCP parvient à de meilleurs résultats quand elle coopère avec les acteurs de terrain et tient davantage compte des priorités nationales.  Pour le Kenya, qui a déploré le manque de continuité des solutions proposées aux pays en conflit, il serait de bon aloi de soutenir le secteur privé afin qu’il crée des emplois et assure l’essor économique du pays sortant d’un conflit.  Le pays a également appelé à une collaboration plus étroite entre la CCP et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. 

La Norvège a appelé à renforcer le rôle de conseil de la CCP auprès du Conseil de sécurité, tandis que pour la Sierra Leone, il importe de favoriser une approche régionale de consolidation de la paix, en tenant notamment compte des problèmes spécifiques du Sahel et des membres de l’Union du fleuve Mano.  Les États-Unis ont pour leur part salué le fait que la CCP soit devenue une véritable instance de dialogue en s’ouvrant davantage à la société civile. 

Les Pays-Bas, comme bon nombre de pays, ont insisté sur la participation des jeunes et des femmes aux efforts de consolidation de la paix.  La délégation a aussi demandé d’établir un système de justice fonctionnel dans les pays sortant de conflit.  Le Nigéria a aussi souhaité que les jeunes soient davantage intégrés dans les activités de consolidation de la paix, « afin d’en faire de véritables agents de la paix dans leur communauté ».

L’accent doit être mis sur les changements climatiques, a plaidé à son tour le Liban qui, appuyé par Saint-Vincent-et-les Grenadines, la France et la République de Corée, a insisté sur la prise en compte de la problématique écologique dans la consolidation de la paix. 

En tant que l’un des principaux fournisseurs de contingents, le Bangladesh a insisté sur les efforts de renforcement de capacités dans les pays sortant de conflit.  La Gambie, qui sort d’un conflit, a justement magnifié sa collaboration avec la CCP, avant que le Burundi ne souhaite la poursuite des activités de la CCP en faveur de la paix et la réconciliation qui font partie des priorités du nouveau Président burundais.  La Thaïlande a promis de poursuivre son soutien aux travaux de la CCP, et la Chine s’est réjouie de constater que la CCP remplit le mandat qui lui avait confié à sa création.

En début de séance, la CCP a également adopté, tacitement, le rapport de ses travaux pour l’année écoulée.  Le rapport sera considéré comme définitivement adopté après la fin de la procédure de silence qui régit désormais, COVID-19 oblige, les procédures d’adoption de documents officiels par les organes onusiens.

La CCP est un organe consultatif intergouvernemental de l’ONU, créé en 2005, avec pour objectif principal l’appui aux efforts de paix dans les pays touchés par un conflit.  Elle est composée de 31 États Membres, élus au sein de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social (ECOSOC), mais aussi des principaux contributeurs financiers et contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les dix priorités du Secrétaire général pour 2021 suscitent des appels à un multilatéralisme et à une coopération internationale renforcés

Soixante-quinzième session,
52e séance plénière – matin
AG/12312

Assemblée générale: les dix priorités du Secrétaire général pour 2021 suscitent des appels à un multilatéralisme et à une coopération internationale renforcés

L’Assemblée générale a achevé, ce matin, son débat sur les priorités* du Secrétaire général pour 2021, en entendant neuf délégations préconiser le renforcement du multilatéralisme et de la coopération internationale pour faire face aux retombées de la pandémie de COVID-19 et reconstruire en mieux.

Hier, le Secrétaire général a décrit 2020 comme « une année de mort, de catastrophe et de désespoir », avant d’énoncer ses 10 priorités pour faire de 2021 une « année de possibilités et d’espoir ».  Les 10 priorités de M. António Guterres sont la lutte contre la pandémie, les vaccins devant être vus comme « notre plus grand test moral », des biens publics mondiaux, « des vaccins du peuple », disponibles et abordables pour tous.  M. Guterres a ensuite cité un relèvement économique inclusif et durable; la consolidation de 2021 comme l’année du climat et de la biodiversité; la lutte contre la « pandémie » de la pauvreté et des inégalités; le renversement de la tendance au recul des droits de l’homme; et la réalisation de l’égalité des sexes, « peut-être le plus grand défi qui soit en ce qui concerne les droits humains ».

Le Secrétaire général a poursuivi en s’attardant sur l’importance de guérir les tensions géopolitiques et de trouver un terrain d’entente; de remettre sur pied le régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, « qui connaît une véritable érosion »; de tirer parti des possibilités offertes par les technologies numériques, « tout en nous prémunissant des dangers de plus en plus grands qu’elles présentent »; et de réimaginer la gouvernance mondiale.

Pour l’Arménie, la priorité est de faire face à l’aggravation des tendances autoritaires, des discours de haine, de la « militarisation de la pandémie » pour déclencher des guerres, de l’oppression des voix dissidentes et des violations des droits de l’homme.  L’ONU devrait se prévaloir de son rôle de garante du droit international, des buts et des principes de la Charte des Nations Unies et des valeurs de l’humanité, a exhorté l’Arménie pour relever ces défis.  « Il y va de sa crédibilité. »  La priorité, ont dit les Fidji, c’est de mobiliser des fonds pour atténuer les conséquences des changements climatiques. 

Le Népal a plaidé pour que le nouveau programme d’action en faveur des pays les moins avancés (PMA) se concentre sur le renforcement des capacités productives et la transformation structurelle et prévoie des mesures adéquates pour éviter les reculs et imprimer un caractère durable et irréversible aux acquis.  Il a insisté sur le respect des engagements auxquels ont souscrit les pays développés en matière d’aide publique au développement (APD) et d’arrangements concessionnels.  Le moment est venu, a estimé le Botswana, de réfléchir à une « économie créative », en reconnaissant l’importance d’un transfert de technologies juste et équitable.  Le Botswana a salué la priorité accordée par le Secrétaire général au développement et aux « besoins spéciaux » de l’Afrique.

La pandémie de COVID-19 est grave, mais c’est aussi une « occasion en or » de « remettre les compteurs à zéro ».  L’homme est capable de remédier au chaos qu’il provoque mais il lui faut rétablir un ordre mondial qui empêche la répétition de catastrophes et qui permette de reconstruire de mieux.

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique mardi 23 février à partir de 10 heures pour examiner la situation dans les territoires temporairement occupés d’Ukraine.

* A/75/1

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/75/1)

Fin du débat général

Le Népal a souligné le grave impact sur les moyens de subsistance, les sociétés et les économies de la pandémie de COVID-19.  Cela exige des efforts collectifs pour protéger la vie des gens, s’attaquer aux conséquences socioéconomiques et revenir à des sociétés plus égalitaires et plus résilientes.  Le Népal a appelé la communauté internationale à renforcer son appui aux pays pauvres, aux pays en développement et aux petits États insulaires en développement qui ploient sous le fardeau de la pauvreté, de la dette et des crises humanitaires.  Saluant l’arrivée des vaccins contre la COVID-19, le Népal a avoué son enthousiasme mais aussi son anxiété parce que disponibilité ne veut pas dire accessibilité et prix abordable.  Rendre les vaccins accessibles à tous sera un véritable test pour la solidarité mondiale. 

Le Népal a constaté que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est désormais en danger étant donné que les pays les plus vulnérables ne sont pas sur la bonne voie.  Les défis et les lacunes s’accumulent et nous demandons un soutien renforcé de la communauté internationale, a dit le Népal, en soulignant l’importance de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), prévue pour cette année.  Le nouveau programme d’action qui sera adopté doit se concentrer sur le renforcement des capacités productives et la transformation structurelle et prévoir des mesures adéquates pour éviter les reculs et imprimer un caractère durable et irréversible aux acquis.  Le Népal a insisté sur un financement adéquat et prévisible qui passe par le respect des engagements auxquels ont souscrit les pays développés en matière d’aide publique au développement (APD) et d’arrangements concessionnels. 

Le Népal a appelé à renforcer la coopération internationale pour lutter contre les changements climatiques et préserver la biodiversité et à la mise en œuvre complète et efficace de l’Accord de Paris, à une action climatique robuste et à un accès facile au financement climatique.  La délégation a dit que la promotion et la protection des droits de l’homme sont essentielles à la paix et au développement durable et a réitéré son appel en un désarmement général et complet de toutes les armes de destruction massive.  Elle a déclaré que la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic d’êtres humains et de drogues nécessite une action collective.  La nouvelle plateforme mondiale de coordination contre le terrorisme des Nations Unies pourrait être un mécanisme approprié pour faciliter le partage d’informations et la collaboration entre les États Membres.  Le Népal a affirmé accorder une grande importance à la sécurité des Casques bleus et soutenu les efforts en cours dans le cadre de l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Il a souligné que la réussite des opérations de maintien de la paix dépend des ressources. 

Sri Lanka a pris note des réalisations de l’ONU sous la houlette du Secrétaire général, en particulier en 2020, année placée « dans l’ombre des défis de la COVID-19 » et qu’elle espère oublier bientôt.  Face à ce « coup de semonce », le rapport de M. Guterres replace dans leur contexte les perspectives conjointes dans un environnement qui ne cesse d’évoluer, a noté la délégation, soulignant à cet égard l’importance de l’année 2021 qui débute.  Si la pandémie est grave, a-t-elle argué, c’est aussi une « occasion en or » pour que la communauté internationale « remette les compteurs à zéro » et rétablisse un équilibre harmonieux avec la nature.  Pour Sri Lanka, l’espèce humaine est capable de remédier au chaos qu’elle provoque mais il lui faut rétablir un ordre mondial qui empêche la répétition de catastrophes telles que celle de la COVID-19. 

S’associant au Secrétaire général, la délégation a mis l’accent sur l’importance du multilatéralisme pour relever ces défis.  Ensemble, nous pouvons accomplir bien des choses, a-t-elle commenté, avant de constater que le monde n’est pas sur la bonne voie pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  Pourtant, les petits États comme Sri Lanka ont accepté le fardeau des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) puis des ODD, et se montrent attachés à réaliser ces objectifs.  La délégation a ainsi fait état d’un programme d’action axé sur l’individu, mis en place par son gouvernement pour atteindre ces objectifs, à commencer par l’éradication de la pauvreté.  Préoccupée par la montée en puissance de l’intolérance, de la xénophobie, des discours de haine et de la désinformation, Sri Lanka s’est également dite inquiète de la persistance du terrorisme, fléau qu’elle a subi durant près de 30 ans.  Selon elle, les acteurs non étatiques qui mènent des actions illégales dans le monde ne devraient pas être encouragés à propager leur idéologie par le biais des organes de l’ONU.  Or, comme l’Inde l’a rappelé, il nous faut encore convenir d’une définition du terrorisme.  Cela étant, a conclu la délégation, nous restons optimistes et nous nous tenons prêts à relever les défis liés aux « nombreux visages que prend le terrorisme ». 

La République arabe syrienne a dénoncé l’ingérence étrangère, les sanctions et les mesures unilatérales prises par des États contre d’autres.  « Le monde reste les bras croisés », alors que nous, le Venezuela, Cuba ou encore l’Iran sommes victimes des blocus unilatéraux.  Qu’avons-nous fait pour mériter un tel traitement? s’est demandé la Syrie.  Nous n’avons pas besoin de l’aide.  Ce que nous voulons, c’est récupérer nos champs pétroliers des mains des puissances étrangères et nous défendre contre les combattants terroristes étrangers.  Comment y parvenir avec le blocus? s’est impatientée la Syrie, en notant que le rapport du Secrétaire général reste silencieux sur le fait qu’elle est victime d’une agression étrangère et des groupes terroristes. 

Le Secrétaire général, a tonné la Syrie, doit obtenir des pays qui soutiennent ces combattants terroristes étrangers qu’ils assument leurs responsabilités.  La Syrie s’est attardée sur « l’agression permanente d’Israël » et les attaques qui sapent sa capacité à lutter efficacement contre le terrorisme et à réaliser le Programme 2030.  Il semble, s’est résignée la Syrie, qu’aucun pays ne veut vraiment lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 

L’Indonésie a salué les efforts de tous les États Membres et de l’ONU face à la pandémie.  Dans ce contexte sans précédent, « nous avons fait notre travail », a-t-elle estimé.  S’agissant de la paix et de la sécurité, pilier impacté par les effets de la COVID-19, la délégation a réitéré son soutien au programme de désarmement nucléaire, tout en saluant le travail inlassable des Casques bleus.  Rappelant qu’elle compte parmi les plus grands fournisseurs de contingents aux opérations de paix de l’ONU, elle a promis de poursuivre sur cette voie.  Elle a toutefois dénoncé les attaques perpétrées contre les soldats de la paix, qui ont coûté la vie à un de ses ressortissants, l’an dernier.  Favorable à une coopération accrue entre pays fournisseurs de troupes, l’Indonésie a également souligné l’importance du rembourser en temps voulu les sommes qui leur sont dues. 

Évoquant ensuite le renouvellement des mandats des hauts responsables de l’ONU, l’Indonésie a plaidé pour que des candidats de grande compétence soient retenus mais en tenant compte de la parité entre les sexes et de la représentation géographique équitable.  Il ne saurait être question, a-t-elle insisté, de laisser les postes de direction à une poignée de pays.  Soucieuse de poursuivre ses efforts en matière de développement durable, elle a jugé que le moment est venu de réfléchir à une « économie créative » alors que le monde tente de se relever.  En tant que nouveau membre du Conseil économique et social (ECOSOC), elle a dit vouloir jouer « tout son rôle » dans l’examen des questions socioéconomiques.  La délégation a par ailleurs dénoncé les groupes criminels qui, dans le contexte de la crise actuelle, abusent des plateformes numériques et exploitent la vulnérabilité des gouvernements.  Réaffirmant enfin la nécessité d’une plus grande solidarité internationale, l’Indonésie s’est réjouie de l’adoption par consensus de la résolution sur le renforcement de la coopération pour soutenir les gens de mer et les chaînes d’approvisionnement. 

Pour l’Arménie, la pandémie de COVID-19 est passée d’une crise sanitaire mondiale à une catastrophe mondiale.  Le relèvement exige un véritable engagement de tous les États Membres en faveur d’un multilatéralisme efficace et responsable, une condition essentielle pour reconstruire en mieux.  Le Programme 2030 reste un cadre global dont la réalisation nécessite désormais un accès équitable à toutes les technologies et médicaments contre la COVID-19.  Personne, y compris les populations piégées dans les zones de conflit, ne devrait être privé ou empêché d’accéder aux mesures visant à atténuer l’impact de la pandémie.  L’Arménie a donc appuyé l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial.  Notre région, a-t-elle alerté, subit des destructions « folles et brutales » en pleine pandémie et l’annihilation des efforts déployés depuis des décennies en faveur de la paix, du développement et de la sécurité humaine. 

L’agression préplanifiée contre la population du Haut-Karabakh/Artsakh, en pleine crise sanitaire, a provoqué des déplacements massifs, des pertes en vies humaines, de nombreuses violations du droit international, des droits de l’homme et du droit humanitaire, la destruction et la profanation du patrimoine religieux et culturel, des crises humanitaires et un afflux de combattants terroristes étrangers et de mercenaires, spécifiquement recrutés au Moyen-Orient, a dénoncé l’Arménie.  Face à l’aggravation des tendances autoritaires, des discours de haine, de la « militarisation de la pandémie » pour déclencher des guerres, l’oppression des voix dissidentes et les violations des droits de l’homme, l’ONU devrait se prévaloir de son rôle de garante du droit international, des buts et des principes de la Charte des Nations Unies et des valeurs de l’humanité.  La capacité de l’Organisation à prévenir et à relever ces défis est cruciale pour sa crédibilité.  L’engagement de ne laisser personne pour compte doit aller au-delà des mots, s’est impatientée l’Arménie. 

Elle a encouragé le Secrétaire général et le Secrétariat de l’ONU à identifier les lacunes persistantes qui rendent possibles les manipulations.  Il faut, ce faisant, veiller à l’indépendance des agences et des départements, en particulier dans la rédaction des rapports et l’action humanitaire.  Les tentatives d’instrumentaliser la coopération technique avec les Nations Unies pour servir des visées « unilatérales et discriminatoires » et justifier la violence fondée sur l’identité doivent être efficacement traquées, combattues et éradiquées, à tous les niveaux, a martelé l’Arménie. 

Le Botswana a estimé que le grand nombre de pays bénéficiant du système de l’ONU constitue la preuve de « l’ampleur du travail remarquable » accompli en 2020.  Alors qu’il fallait faire face à la pandémie de COVID-19 et à l’érosion du multilatéralisme, l’Organisation a su fournir un appui et une assistance urgente à bien des pays, avec l’appui d’autres États Membres, a-t-il relevé.  La pandémie a toutefois mis en lumière les vulnérabilités qui sapent l’action des Nations Unies, a poursuivi la délégation, plaidant pour une accélération de la mise en œuvre des ODD en ce début de décennie d’action.  S’agissant par ailleurs de la paix et de la sécurité, le Botswana a jugé que l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial n’a pas été « hypothéqué » par la pandémie.  Plus largement, la délégation a souhaité que l’ONU s’engage plus avant en faveur des droits de la personne et garantisse le même traitement à sa « main d’œuvre variée » qui contribue à l’accomplissement des mandats.  Une participation inclusive est essentielle au fonctionnement de l’Organisation, a-t-elle insisté. 

Le Botswana a également souhaité que la communauté internationale procède à des transferts de technologies justes et équitables, tout en garantissant un avenir numérique inclusif pour tous.  Dans le même ordre d’idées, il a jugé que le renforcement des capacités, notamment pour les pays en développement, doit tenir compte des vulnérabilités de certains États et des risques liés aux technologies de l’information et des communications (TIC).  Formant le vœu que les promesses d’efficience et de reddition de comptes faites par l’ONU se traduiront en résultats tangibles, la délégation a aussi appelé au respect de la parité femmes-hommes dans les postes de responsabilité et à une répartition géographique plus équitable au sein de l’ONU. 

Pour le Botswana, le Programme 2030 constitue un « cadre remarquable » pour nous relever de la COVID-19.  Mais si nous voulons être plus ambitieux, au-delà de 2030, il conviendra de mettre l’accent sur la bonne gouvernance et sur une meilleure gestion des ressources, a-t-il souligné, avant d’appeler l’ONU à tout faire pour endiguer les flux financiers illicites qui nuisent aux efforts des États.  La délégation a enfin salué la priorité accordée par l’ONU au développement et aux « besoins spéciaux » de l’Afrique. 

L’Azerbaïdjan a reconnu que la réponse internationale à la pandémie de COVID-19 a été importante mais qu’il faut encore renforcer la coopération mondiale et le multilatéralisme.  Il a insisté sur l’accès de tous aux traitements et aux vaccins, sous les auspices de l’ONU.  Le monde, a-t-il conseillé, doit renforcer sa résilience pour se préparer à d’autres crises futures et éviter qu’elles annihilent les acquis et compromettent la réalisation du Programme 2030.  Notre priorité est de mettre en œuvre nos engagements internationaux et d’appuyer les pays les plus frappés par les changements climatiques, grâce à une coopération internationale « essentielle ».

En ce moment, l’Azerbaïdjan s’est dit tout entier dévoué au développement de sa « partie libérée » d’une occupation de plusieurs décennies.  Le Gouvernement lance des projets d’infrastructures routières et aéroportuaires pour accélérer l’intégration socioéconomique et s’emploie à créer des conditions propices au retour des déplacés.  Ce processus reste néanmoins perturbé par une campagne de déminage qui pourrait prendre une décennie.  Nous nous soumettrons, a annoncé l’Azerbaïdjan, à notre troisième examen national volontaire en 2021. 

Les Fidji ont salué les priorités esquissées par le Secrétaire général hier, tout en soulignant l’immensité des attentes.  « Nous devons faire face à trois pandémies parallèles: la pandémie sanitaire, la pandémie socioéconomique et la pandémie de la méfiance. »  Les Fidji ont rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) sont les plus touchés et qu’ils ont les « montagnes les plus hautes à escalader ».  Ces pays doivent faire face à des crises sanitaires découlant des changements climatiques, dont une épidémie de rougeole.  Nous nous relevons à peine du passage d’un ouragan de catégorie 5 l’an dernier, et nous sommes déjà confrontés à un autre ouragan qui devrait s’abattre sur nous dans les prochaines 48 heures, ont alerté les Fidji, en soulignant: « Les changements climatiques sont sans pitié. »

Elles ont dit avoir suivi à la lettre les instructions de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), s’agissant de la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Elles en ont profité pour alerter sur le coût d’acheminement des vaccins dans un territoire comme le leur formé de nombreuses îles éloignées les unes des autres.  Les Fidji ont dit craindre que les trois pandémies ne fusionnent et ne se transforment en une « énorme superpandémie aux conséquences catastrophiques ».  Elles ont donc plaidé pour la mobilisation des fonds nécessaires pour atténuer les conséquences des changements climatiques et souhaité que la question des océans soit pleinement prise en compte lors de la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Les Fidji n’ont pas manqué de saluer le retour des États-Unis à l’Accord de Paris sur le climat. 

Le Bangladesh a déclaré que la communauté internationale doit travailler de concert pour relever les défis de la pandémie.  Elle doit aussi nouer des partenariats pour reconstruire en mieux.  Le Bangladesh a dit donner la priorité à la riposte à la pandémie et à l’accès de tous ses citoyens aux vaccins.  Il revient donc à l’ONU de garantir des prix abordables, a plaidé le Bangladesh.  La deuxième priorité, a-t-il indiqué, est la neutralité carbone.  Il a, à ce propos, dénoncé le manque de financement en faveur des pays comme lui-même.  La troisième priorité, a-t-il poursuivi, c’est la réalisation du Programme 2030, d’autant que les gains réalisés jusqu’ici sont désormais en danger.  Notre sortie de la catégorie des PMA sera définitivement compromise sans des stratégies d’accompagnement, a prévenu le Bangladesh.  Il a aussi plaidé pour des partenariats sur l’accès aux technologies numériques.  Notre dernière priorité, a-t-il conclu, c’est l’apport de solutions aux déplacements de populations.  Plus d’un million de Rohingya sont chez nous depuis trois ans et nous ne voyons aucun progrès sur ce dossier.  Le Secrétaire général devrait s’y pencher, a insisté le Bangladesh.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: après une « annus horribilis », le Secrétaire général énonce dix priorités pour une « annus possibilitatis », une année de possibilités et d’espoir

Soixante-quinzième session,
51e séance – matin & après-midi
AG/12311

Assemblée générale: après une « annus horribilis », le Secrétaire général énonce dix priorités pour une « annus possibilitatis », une année de possibilités et d’espoir

2020 a été pour le monde entier une « annus horribilis », a reconnu aujourd’hui le Secrétaire général alors que l’Assemblée générale examinait son rapport sur l’activité d’une Organisation qui vient justement de fêter son soixante-quinzième anniversaire.  M. António Guterres a décrit « une année de mort, de catastrophe et de désespoir », avant d’énoncer ses 10 priorités pour faire de 2021 une « annus possibilitatis », une année de possibilités et d’espoir. 

La pandémie de COVID-19, a-t-il rappelé, s’est déchaînée dans chaque pays et dans chaque économie.  Deux millions de vies ont été perdues, y compris parmi les membres de la famille des Nations Unies.  Le bilan humain continue de s’alourdir et le coût économique d’augmenter.  Quelque 500 millions d’emplois ont été perdus.  L’extrême pauvreté a atteint des niveaux jamais vus depuis une génération et les fragilités du monde continuent d’apparaître. 

L’année dernière, les catastrophes naturelles ont causé des dégâts évalués à 210 milliards de dollars et un coût humain incalculable.  La biodiversité s’effondre, les tensions géopolitiques compromettent les efforts collectifs de paix, les besoins humanitaires explosent et les déplacements forcés atteignent des niveaux records.  Les risques de prolifération nucléaire et chimique s’accentuent, les droits de l’homme accusent un recul et les discours de haine s’épanouissent.  Les comportements hors-la-loi dans le cyberespace créent un nouveau domaine de propagation de la criminalité, de la violence, de la désinformation et de troubles, sans oublier que la COVID-19 a eu un impact particulièrement pernicieux sur les femmes et les filles.

Énonçant ses 10 priorités, assorties de recommandations précises parce que « c’est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble », le Secrétaire général a cité la lutte contre la pandémie, arguant que les vaccins sont « notre plus grand test moral », lesquels vaccins devant être vus comme des biens publics mondiaux, « des vaccins du peuple », disponibles et abordables pour tous.  M. Guterres a ensuite cité un relèvement économique inclusif et durable; la consolidation de 2021 comme l’année du climat et de la biodiversité; la lutte contre la « pandémie » de la pauvreté et des inégalités; le renversement de la tendance au recul des droits de l’homme; et la réalisation de l’égalité des sexes, « peut-être le plus grand défi qui soit en ce qui concerne les droits humains ».

Le Secrétaire général a poursuivi en s’attardant sur l’importance de guérir les tensions géopolitiques et de trouver un terrain d’entente; de remettre sur pied le régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, « qui connaît une véritable érosion »; de tirer parti des possibilités offertes par les technologies numériques, « tout en nous prémunissant des dangers de plus en plus grands qu’elles présentent »; et de réimaginer la gouvernance mondiale.  Nous pouvons passer d’une « annus horribilis » à une « annus possibilitatis », une année de possibilités et d’espoir.  « Édifier le monde que nous voulons est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble », a conclu le Secrétaire général. 

Après son intervention, M. Guterres a répondu, en séance officieuse, aux commentaires et questions des délégations lesquelles ont alors entamé leur débat public.  

L’ensemble des délégations a souligné l’urgence de vaincre la pandémie grâce à un accès abordable et équitable aux vaccins et au renforcement des systèmes de santé, mais a aussi voulu que le relèvement post-COVID soit l’occasion de « reconstruire en mieux », sur la base des objectifs de développement durable (ODD).  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), les Maldives ont demandé à l’ONU d’intensifier les efforts en faveur des ODD liés aux océans et aux mers.  Le Secrétaire général, ont-elles souhaité, doit se faire le porte-voix des petits États insulaires à la conférence sur le climat que les États-Unis entendent organiser le 22 avril 2021. 

Les États, ont martelé l’Afrique du Sud et Cuba, doivent respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD), d’allégement de la dette, de transfert des technologies et d’aide au renforcement des capacités.  Le Pakistan n’a pas dit autre chose, non sans fustiger le fait que les intérêts particuliers aient pris le dessus sur les intérêts communs, comme en attestent l’attitude des grandes puissances et leur course renouvelée à l’armement. 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/75/1)

Déclaration liminaire

Devant un rapport « qui explique en détail ce que fait l’Organisation, jour après jour, 24 heures sur 24, partout dans le monde », M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a relevé les initiatives pour sauver des millions de vies, aider plus de 80 millions de réfugiés et déplacés, permettre à deux millions de femmes et de filles de surmonter les complications de la grossesse et de l’accouchement, rétablir la paix et protéger les civils, avec plus de 40 missions et 95 000 soldats de la paix, policiers et civils, fournir un appui électoral à 60 pays chaque année; et protéger les droits de l’homme pour aider les victimes des violations et faire rendre des comptes à leurs auteurs.

Alors que l’ONU a commémoré son soixante-quinzième anniversaire en 2020, M. Bozkir a estimé qu’il est clair, dans le contexte de la deuxième vague de la pandémie de COVID-19, que le monde a plus que jamais besoin de la coopération internationale.  La pandémie a exposé les vulnérabilités de nos systèmes socioéconomiques et sanitaires, aggravé les inégalités, au sein et entre les pays, exacerbé les problèmes complexes de l’économie, de l’humanitaire, de la sécurité et des droits de l’homme, et, a souligné M. Bozkir, ces problèmes exigent une réponse plus efficace et plus cohérente de l’ensemble du système des Nations Unies. 

Depuis le début de la session, a-t-il a rappelé, et conformément à la pratique établie, nous avons tenu régulièrement des réunions de coordination avec le Secrétaire général et les Présidents du Conseil économique et social et du Conseil de sécurité, pour briser les silos, regrouper les piliers du travail de l’Organisation, mieux répondre aux problèmes et exécuter les différents mandats, a souligné le Président.  Il a insisté sur l’importance de revitaliser le multilatéralisme et de mettre en œuvre le programme indispensable des réformes pour faire de « l’avenir que nous voulons et de l’ONU dont nous avons besoin » une réalité.

Exposé du Secrétaire général sur ses priorités pour 2021

2020 a été pour le monde une « annus horribilis », une année de mort, de catastrophe et de désespoir, a reconnu le Secrétaire général de l’ONU, M. António GuterresLa pandémie de COVID-19 s’est déchaînée dans chaque pays et dans chaque économie.  Deux millions de vies ont été perdues, y compris parmi les membres de la famille des Nations Unies.  Le bilan humain continue de s’alourdir et le coût économique d’augmenter.  Quelque 500 millions d’emplois ont été perdus.  L’extrême pauvreté a atteint des niveaux jamais vus depuis une génération et les fragilités du monde continuent d’apparaître. 

L’année dernière, les catastrophes naturelles ont causé des dégâts évalués à 210 milliards de dollars et un coût humain incalculable.  La biodiversité s’effondre, les tensions géopolitiques compromettent les efforts collectifs de paix, les besoins humanitaires explosent et les déplacements forcés atteignent des niveaux records.  Les risques de prolifération nucléaire et chimique s’accentuent, les droits de l’homme accusent un recul et les discours de haine s’épanouissent.  Les comportements hors-la-loi dans le cyberespace créent un nouveau domaine de propagation de la criminalité, de la violence, de la désinformation et de troubles.  La COVID-19 a eu un impact particulièrement pernicieux sur les femmes et les filles.

2020 a apporté tragédies et périls.  2021 doit apporter changement et nouvel élan, a espéré le Secrétaire général, soulignant que les objectifs de développement durable sont plus importants que jamais.  Il est temps d’assurer le bien-être des peuples, des économies, des sociétés et de notre planète.  « C’est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble », a martelé le Secrétaire général.

La priorité des priorités, a-t-il dit, c’est vaincre la pandémie.  Les vaccins constituent à cet égard « notre plus grand test moral » et ils doivent être vus comme des biens publics mondiaux, « des vaccins du peuple », disponibles et abordables pour tous.  Le Secrétaire général a prévenu que le Mécanisme COVAX a besoin de fonds pour se procurer et fournir des vaccins aux pays à faible et moyen revenu, et pour poursuivre sa recherche-développement essentielle. 

« La science réussit mais la solidarité échoue », a averti le Secrétaire général.  Si on laisse la COVID-19 se propager comme un feu de brousse dans les pays du Sud, elle va inévitablement muter, devenir plus contagieuse, plus meurtrière et enfin, plus résistante aux vaccins, prête à revenir hanter les pays du Nord.  Les études montrent que l’accumulation des stocks de vaccins peut coûter 9 200 milliards de dollars à l’économie mondiale, soit plus de 340 fois plus que les 27 milliards de dollars qui manquent à l’Accélérateur ACT.  « Il n’y a qu’un seul gagnant dans le monde de ceux qui ont ou pas le vaccin: le virus lui-même. »

Le Secrétaire général a énoncé six mesures: donner la priorité aux professionnels de la santé, protéger les systèmes de santé de l’effondrement dans les pays les plus pauvres, assurer la fourniture et la distribution équitables des vaccins, en encourageant l’industrie pharmaceutique à alimenter le Mécanisme COVAX; partager avec ce dernier les stocks excédentaires; disponibiliser les licences pour booster la production; et rétablir la confiance dans les vaccins.  Le Secrétaire général a attiré l’attention sur l’initiative « Verified » contre « l’infodémie ». 

La deuxième priorité, a-t-il estimé, est d’assurer un relèvement économique inclusif et durable, avec des investissements « massifs » dans les systèmes de santé partout, le travail décent et le retour des enfants à l’école.  Les pays les plus riches mettent en œuvre des plans de relance de plusieurs milliards de milliards de dollars alors que les pays les plus pauvres n’ont pu dépenser que 2% de leur PNB.  Le relèvement doit être inclusif, et aucun pays ne devrait avoir à choisir entre la fourniture des services sociaux de base et le paiement du service de la dette.

Ici aussi, le Secrétaire général a déroulé sa liste de recommandations: expansion de l’Initiative du G20 sur la suspension du service de la dette; allégement de la dette de tous les pays en développement et des pays à revenu intermédiaire qui en ont besoin; accroissement des ressources des institutions financières multilatérales et nouvelle allocation aux droits de tirage spéciaux en faveur des pays en développement, et réaffectation volontaire de certains de ces droits non utilisés. 

Le relèvement doit être durable et embrasser les énergies renouvelables et les infrastructures vertes et résilientes.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pointe d’ailleurs dans cette direction.  « Une relance inclusive et durable est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble », a encore martelé le Secrétaire général, avant de s’attarder sur sa troisième priorité.

L’année 2021, a-t-il pressé, doit être l’année du climat et de la biodiversité.  Il faut, a estimé le Secrétaire général, continuer à construire la coalition mondiale pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050; obtenir des gouvernements qu’ils soumettent leurs contributions déterminées au niveau national pour réduire leurs émissions de 45% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010; réaliser une percée dans l’adaptation; honorer tous les engagements financiers dont la pleine capitalisation du Fonds vert pour le climat; et adopter des politiques transformatives contre le carbone et les combustibles fossiles.  

La COP26 prévue au mois de novembre sera un moment de vérité pour l’action climatique.  La COP15 sur la biodiversité est une chance de mettre fin à la crise, grâce à un nouveau cadre.  Au moment où nous nous préparons à la Conférence sur les océans prévue au Portugal, arrêtons la surpêche, réduisons la pollution, dont celle par le plastique, et promouvons l’économie bleue, a plaidé le Secrétaire général qui a aussi dit attendre beaucoup du Sommet sur les systèmes alimentaires et de la Conférence mondiale sur le transport durable.  « Nous réconcilier avec la nature est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble », a poursuivi le Secrétaire général, en reprenant son mot d’ordre.

Comme quatrième priorité, il a cité la lutte contre la « pandémie » de la pauvreté et des inégalités, et réitéré son appel à un nouveau contrat social au sein des pays, avec comme vecteurs l’accès à l’éducation et à la technologie numérique, sans oublier la réforme du marché du travail et la lutte contre la corruption, les paradis fiscaux, le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites.  L’aide publique au développement (APD) est en l’occurrence une bouée de sauvetage.  « Tenir la promesse de ne laisser personne sur le côté est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble. »

Les droits humains sont l’objet d’une attaque en règle: notre cinquième priorité doit être de renverser cette tendance, a poursuivi le Secrétaire général.  Il a rappelé son appel à l’action en faveur des droits humains, le Plan d’action pour la lutte contre les discours de haine et l’initiative pour la sauvegarde des sites religieux.  Il a dénoncé la montée du néonazisme et du « suprémacisme blanc ».  « Promouvoir et protéger pleinement tous les droits humains est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble. »

Notre sixième priorité est la réalisation de l’égalité des genres, peut-être le plus grand défi qui soit en ce qui concerne les droits humains, a reconnu le Secrétaire général.  La pandémie a engendré en parallèle une épidémie de violences contre les femmes: violences domestiques, violences en ligne, augmentation des mariages d’enfants et de l’exploitation sexuelle.  Il est temps de changer les vieilles structures et d’abandonner les vieux modèles.  Si l’économie formelle fonctionne, c’est seulement parce qu’elle est subventionnée par le travail de soins non rémunéré des femmes.  Il est temps de prendre des mesures plus ambitieuses et ciblées pour en finir avec les approches et les attitudes qui privent les femmes de leurs droits et d’en finir avec les ajustements à la marge.  « L’égalité des genres est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble ». 

La septième priorité, selon le Secrétaire général, est de guérir les tensions géopolitiques et de trouver un terrain d’entente.  Nous avons besoin de bon sens, d’un Conseil de sécurité uni et d’un travail contre la « Grande fracture ».  Nous ne pouvons régler nos problèmes quand les grandes puissances entretiennent des relations tendues.  Le Secrétaire général a d’ailleurs rappelé son appel à un cessez-le-feu mondial, en saluant les signes encourageants et en déplorant les signes décourageants.  L’année 2021 doit être celle de la relance du processus de paix au Moyen-Orient et de la création de conditions favorable à la solution des deux États. 

« L’unité et la paix sont possibles.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble. »

Notre huitième priorité est de remettre sur pied le régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, qui connaît une véritable érosion, a ajouté le Secrétaire général. 

Vendredi dernier, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est entré en vigueur, s’est-il réjoui, tout en se disant alarmé par la détérioration des relations entre les États dotés d’armes nucléaires.  Il s’est tout de même félicité de ce que les États-Unis et la Fédération de Russie aient décidé de prolonger le traité « New START » pour une durée de cinq ans, le maximum prévu, laissant ainsi le temps de négocier de nouvelles réductions.  « Un monde sans armes nucléaires est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble. » 

Notre neuvième priorité est de tirer parti des possibilités offertes par les technologies numériques, tout en nous prémunissant des dangers de plus en plus grands qu’elles présentent, a dit le Secrétaire général, en réclamant un « cessez-le-feu » dans le cyberespace, notamment pour mettre fin aux cyberattaques contre des infrastructures vitales.  Il a aussi parlé de la question de l’utilisation des données, trouvant préoccupante la manière dont les gouvernements peuvent les exploiter pour violer les droits des personnes ou de groupes discriminés.  Le Secrétaire général a rappelé le Plan d’action de coopération numérique qu’il a lancé l’année dernière car « un avenir numérique ouvert, libre et sûr est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble. »

Enfin, comme dixième priorité, il a voulu que l’on réimagine la gouvernance mondiale de la santé, de la paix et l’environnement.  Les défis, a-t-il estimé, exigent clairement un multilatéralisme plus inclusif et plus en réseaux.  Il a rappelé son appel à un nouveau pacte mondial et espéré que le rapport qu’il présentera en septembre prochain sera vu comme le début de cette gouvernance réimaginée.  « Renforcer la gouvernance mondiale pour fournir des biens publics mondiaux est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble. »

Nous pouvons passer d’une « annus horribilis » à une « annus possibilitatis ».  « Édifier le monde que nous voulons est possible.  Nous devons en faire une réalité.  Ensemble », a conclu le Secrétaire général. 

Débat général

Au nom du Groupe des pays nordiques, la Suède a indiqué que la « Déclaration politique ONU75 », adoptée en septembre, le Programme 2030 et l’Accord de Paris, constituent un programme commun pour « reconstruire en mieux et plus vert ».  Elle y a vu l’engagement le plus ferme de l’Assemblée générale en faveur d’un multilatéralisme revigoré et inclusif.  La distribution mondiale des vaccins contre la COVID-19 représente l’occasion la plus immédiate de montrer ce sur quoi ce multilatéralisme peut déboucher.  La priorité doit être d’assurer un accès mondial universel, équitable et abordable à des vaccins sûrs et efficaces, le Mécanisme COVAX étant le meilleur outil pour ce faire, a-t-elle dit.

La délégation a jugé impératif de remettre sur les rails le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Répondre à l’impact disproportionné de la COVID-19 sur les femmes et les filles doit être une priorité, a-t-elle ajouté.

La catastrophe climatique et l’effondrement des écosystèmes exigent une action urgente, a également estimé la Suède qui a insisté sur l’importance des COP prévues à Kunming et à Glasgow.  Elle a aussi dit appuyer la création d’une coalition mondiale pour la neutralité carbone d’ici à 2050. 

Elle a fait part de son ferme appui à la prévention, la médiation et au maintien de la paix, insistant sur l’importance d’un financement adéquat, durable et à long terme.  Elle a aussi appelé à une participation accrue et significative des femmes, soulignant en outre que la mise en œuvre du programme « femmes, paix et sécurité » exige des liens plus rapprochés entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.

Notant que la pandémie a mis à mal les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit, la Suède a voulu que l’on dote le Haut-Commissariat aux droits de l’homme d’un budget adéquat.  Elle a également encouragé les États Membres à verser la totalité de leur contribution au budget de l’ONU à temps et sans conditions, s’inquiétant de l’impact de la crise de trésorerie de l’Organisation.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Brunéi Darussalam a dit que le « nouveau contrat social » que le Secrétaire général appelle de ses vœux répondrait parfaitement à la situation actuelle marquée par la pandémie de COVID-19.  L’ASEAN, a-t-il dit, adhère à la vision du Secrétaire général de promouvoir une réforme et une innovation axées sur les performances et les résultats afin de rendre l’ONU « plus efficace et plus sensible à ceux que nous servons ».  « We Care, We Prepare, We Prosper » est le thème qu’a dit avoir choisi le Brunéi Darussalam pour sa présidence de l’ASEAN pour démontrer son engagement en faveur du bien-être des populations, du renforcement de la résilience face aux incertitudes et de la poursuite des initiatives visant à faire en sorte que toute la communauté de l’ASEAN prospère durablement. 

En 2021, a indiqué le Brunéi Darussalam, l’Association s’efforcera de construire une communauté harmonieuse avec en son centre l’individu.  La priorité sera donnée à la préparation et à l’adaptation pour que l’ASEAN reste pertinente et que sa population puisse tirer parti des nouvelles possibilités et surmonter les défis existants et futurs.  L’ASEAN continuera de mettre en œuvre son cadre global de relèvement, adopté en novembre dernier.  Ce cadre est là pour aider les pays à faire face aux différents impacts de la pandémie de COVID-19, à coopérer sur les vaccins, à maintenir la stabilité socioéconomique et à permettre une reprise régionale rapide. 

Le Brunéi Darussalam a estimé que le principe de « ne laisser personne sur le côté » implique une approche centrée sur la personne, y inclus les jeunes, les femmes, les personnes handicapées et les personnes âgées.  L’ASEAN, a-t-il dit, est très engagée dans la promotion d’une culture de paix, de stabilité et de prospérité grâce à des initiatives telles que le Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est et le Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est.  Enfin ; l’ASEAN, a conclu le Brunéi Darussalam, compte renforcer le partenariat avec l’ONU par le biais du Plan d’action de la Déclaration commune sur le partenariat global 2021-2025. 

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), les Maldives ont rappelé que les membres de l’Alliance ont très peu contribué aux changements climatiques alors qu’ils en subissent lourdement les conséquences.  Elles ont demandé à l’ONU d’accélérer les efforts de mise en œuvre du Programme 2030, en particulier les objectifs sur les océans et les mers.  Les priorités du Secrétaire général, ont-elles souligné, doivent tenir compte des petits États insulaires pour qu’ils ne soient pas « laissés pour compte ».  Les Maldives ont attiré l’attention sur les besoins financiers des membres de l’Alliance pour lutter contre la pandémie et réaliser le Programme 2030.  Ces pays, ont insisté les Maldives doivent être soutenus par une aide au relèvement.  Le monde étant toujours loin de l’objectif de l’Accord de Paris visant à plafonner la hausse de la température à ‑1.5°C, les Maldives ont appelé le Secrétaire général à porter la voix des petits États insulaires au cours de la conférence sur le climat que les États-Unis entendent organiser au mois d’avril.  Il est temps que les principaux émetteurs respectent leurs engagements, ont martelé les Maldives. 

L’Union européenne s’est félicitée de l’action responsable de l’ONU dans la période de crise actuelle, saluant notamment le leadership du Secrétaire général, qui a cherché à faire en sorte que l’Organisation reste soudée et maintienne ses programmes, en dépit des difficultés.  L’application de ces programmes, à commencer par l’Accord de Paris, doit être une priorité, a-t-elle souligné, appelant au renforcement d’un multilatéralisme inclusif, qui permette de mettre en œuvre le processus de réforme et d’assurer un financement durable afin que l’ONU puisse remplir son rôle « tellement crucial ». 

Toutefois, a ajouté l’Union européenne, une réponse générale à la pandémie de COVID-19 reste la plus grande priorité.  Il importe aujourd’hui d’offrir un accès juste et abordable au vaccin, assorti d’une distribution équitable.  À cet égard, elle a relevé que la solidarité internationale a été, dès le début de la crise, inscrite dans sa stratégie liée aux vaccins, comme en atteste le Mécanisme COVAX dont elle a contribué à la mise en place.  L’Union européenne s’est félicitée de ce que les États-Unis aient annoncé leur intention de rejoindre cette initiative qui est en passe de fournir plusieurs milliards de doses. 

Alors que la crise affecte de manière disproportionnée les pays et les groupes vulnérables, il convient d’alléger la dette des États les plus fragiles et, plus généralement, de redoubler d’efforts en cette décennie d’action pour la réalisation des objectifs de développement durable, a plaidé l’Union européenne.  Tout en se félicitant des efforts déployés par le Secrétaire général pour faire reculer l’insécurité alimentaire, aggravée par la pandémie, elle a dit attendre beaucoup du sommet prévu sur cette question en septembre prochain. 

Sur le plan climatique, 2021 sera également une année charnière, a-t-elle poursuivi, évoquant en particulier le rendez-vous important de la COP26 à Glasgow, qui doit donner corps à l’engagement des chefs d’État en faveur de la neutralité carbone à l’horizon 2050.  L’Union européenne s’est réjouie de la décision des États-Unis de réintégrer l’Accord de Paris et de toutes les initiatives visant à faire revenir le monde à bon port, notamment le Sommet Stockholm+50 en 2022. 

Pour l’Union européenne, la défense des droits humains et des liberté fondamentales est une autre préoccupation majeure.  Elle s’est déclarée favorable à l’appel à l’action du Secrétaire général, notamment pour protéger les défenseurs des droits de l’homme.  Celles et ceux qui collaborent avec l’ONU s’exposent à des représailles, a-t-elle dénoncé, avant de se prononcer pour une stratégie mondiale à ce sujet.  Partisane d’un renforcement du système international basé sur des règles, elle a mis l’accent sur la lutte contre l’impunité, y compris par le biais de la Cour pénale internationale (CPI). 

L’Union européenne a par ailleurs rappelé qu’elle a lancé un nouveau Groupe des Amis contre la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Selon elle, cette question ne peut être traitée sous le seul angle de la violence sexiste.  L’autonomisation des femmes et leur contribution à la société et aux efforts de reconstruction sont essentielles, a-t-elle fait valoir.  S’agissant du relèvement post-COVID-19, elle a souhaité qu’il soit plus vert et plus durable mais aussi plus numérique, alors que la moitié de la population mondiale reste hors ligne. 

Elle a d’autre part souscrit à l’appel au cessez-le-feu global lancé par le Secrétaire général et aux efforts de l’ONU pour pérenniser la paix, mettant en garde contre l’érosion de l’architecture de non-prolifération et de désarmement nucléaires.  Évoquant ensuite les engagements pris en faveur de la sauvegarde du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, elle s’est félicitée de pouvoir travailler avec la nouvelle Administration Biden.  Enfin, elle s’est montrée favorable à l’intention du Secrétaire général de briguer un deuxième mandat à la tête de l’Organisation.  « Il peut compter sur l’appui constructif de l’Union européenne », a-t-elle promis. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Djibouti a regretté le manque de soutien au multilatéralisme alors que le monde fait face à une crise sans précédent.  En ce qui concerne le processus de réforme de l’ONU, il faut que les bénéfices en soient concrets et tangibles, a souligné la délégation, avant d’applaudir les efforts déployés par l’Organisation pour aider l’Afrique à atteindre le développement durable.  Or, a-t-elle constaté, la pandémie de COVID-19 a mis à nu les inégalités de nos systèmes mondiaux et régionaux ainsi que le manque de préparation des pays en développement aux catastrophes, qu’elles soient sanitaires ou encore climatiques. 

Dans ce contexte, la crise actuelle a eu un impact délétère sur le processus des objectifs de développement durable (ODD), lesquels ont dangereusement reculé.  Il faut davantage de ressources pour apporter une réponse adéquate à la pandémie et permettre la reconstruction.  De plus, a poursuivi Djibouti, notre tissu socioéconomique a été la principale victime de ce choc qui affecte les populations, en particulier les enfants, tandis que l’innovation numérique reste réservée à un petit nombre de pays et de personnes.  Le continent africain a besoin de financements prévisibles et durables pour répondre à la COVID-19 et mettre en œuvre les ODD, a-t-il insisté. 

La pandémie a aussi eu des effets délétères sur les systèmes de santé africains, a relevé Djibouti.  Cela concerne notamment l’accessibilité de vaccins à bon marché, a-t-il précisé, souhaitant que soient ouverts les goulets d’étranglement dans la distribution de ces vaccins aux pays en développement.  La délégation a par ailleurs noté avec préoccupation que, sur les questions essentielles comme le financement du développement, « l’Afrique s’enlise ».  Face à cette situation alarmante, le multilatéralisme est le mécanisme le plus efficace pour une action collective, a-t-elle affirmé.  À ses yeux, il ne s’agit pas seulement de s’attaquer aux défis que nous avons en commun mais aussi de saisir les occasions communes. 

Nous pouvons « reconstruire en mieux » et créer des sociétés plus inclusives et plus durables, ce qui passe par davantage de coopération et de partenariats, a assuré Djibouti.  Ces partenariats, notamment sur le Programme 2030, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Zone de libre-échange africaine ont, selon lui, un « énorme potentiel de transformation ».  Favorable à l’égalité des sexes au plus haut niveau de l’ONU et à l’élimination totale du racisme et de la discrimination, la délégation s’est également prononcée pour une répartition géographique plus équitable à tous les niveaux de responsabilité de l’Organisation. 

Le rapport du Secrétaire général qui explique toute la complexité du monde appelle à la réflexion, dans le contexte de réforme « inachevée » de l’ONU, a estimé l’Inde.  Se félicitant des efforts réalisés pour rendre l’Organisation plus « adaptée à ses objectifs », elle a dit craindre que la « crise catastrophique » de la pandémie n’annihile les acquis.  Mais, a-t-elle promis, cette pandémie n’a pas entamé notre engagement, en tant que principal fournisseur de contingents aux opérations de maintien de la paix, de contribuer à l’édification d’un monde meilleur.  L’Inde a dit avoir déployé des équipes médicales dans les opérations de paix au Soudan du Sud ou en République démocratique du Congo (RDC) et contribué de manière significative au Fonds COVID-19 de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Attirant l’attention sur le défi « crucial » qu’est le terrorisme, elle a estimé que le monde a échoué et continue de tergiverser, comme en atteste le manque d’accord sur une convention mondiale.  Les États, a préconisé l’Inde, doivent renforcer leur lutte contre ce fléau mais aussi contre celui des changements climatiques.  L’Inde n’a pas manqué de réitérer ses appels à la réforme d’un Conseil de sécurité « figé dans le passé ». 

Le Liechtenstein a déclaré que le système de l’ONU a su établir des marqueurs positifs tout au long de la pandémie, tout en estimant qu’une discussion approfondie s’impose pour tirer les leçons des premières expériences.  Il a estimé que l’ONU a été le phare d’une action pragmatique, fondée sur la science et la voix de la raison et de la solidarité face à la désinformation, au populisme et aux tendances nationalistes.  Cette crise a poussé le monde à se tourner vers l’ONU qui, a-t-il ajouté, est plus pertinente que jamais.

À ses yeux, les objectifs de développement durable sont le plan directeur pour répondre à cette crise sanitaire sans précédent, assurer le retour de millions d’enfants à l’école, aider les plus pauvres et les plus vulnérables et enrayer « la pandémie de l’ombre » qu’est l’aggravation de la violence domestique.  Il faut également rééquilibrer de manière plus durable notre relation avec la planète sur la base du principe « un monde, une santé ».

La délégation a souligné que l’Assemblée générale a un mandat bien défini pour examiner les questions de paix et de sécurité internationales.  Face à la paralysie croissante du Conseil de sécurité, souvent due à l’exercice ou à la menace d’un droit de veto, l’autorité de l’Assemblée générale doit être placée au premier plan.  Pour cette raison, le Liechtenstein s’est engagé à militer pour un débat à l’Assemblée générale chaque fois qu’un veto empêchera le Conseil de sécurité d’agir.  Il a également voulu que l’on appuie sans équivoque les mécanismes de justice internationale créés par l’ONU, insistant sur l’importance de renforcer la confiance dans les institutions concernées.

Singapour a déclaré que les activités de l’ONU l’année dernière et cette année seront jugées à l’aune de ses actions contre la pandémie de COVID-19 et estimé que l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial demeure « un objectif important ».  Elle a réclamé l’accélération de la réforme de l’Organisation, en particulier le renforcement du système de coordonnateurs résidents.  C’est essentiel, s’est expliquée Singapour, pour aider les États « à reconstruire en mieux ».  Singapour a aussi voulu que le Secrétariat réajuste les activités de son personnel et tire, ce faisant, les enseignements tirés du travail pendant la COVID-19.  La pandémie, a-t-elle souligné à son tour, a montré l’importance d’un multilatéralisme et d’une coopération internationale, fondés sur le respect mutuel.  Elle a exhorté l’Organisation de profiter du changement en cours dans certains pays, avant, comme le Secrétaire général, d’insister sur l’importance de l’accès de tous à la technologie numérique, tout en réglant les problèmes dans ce domaine.

Oman a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’une synergie et d’une coopération plus cohérentes pour faire face à la pandémie, notamment en prenant des mesures pratiques et concrètes pour renforcer les capacités des États à accéder et à obtenir des vaccins au moindre coût.

La délégation s’est également félicitée de l’appel de ce dernier en faveur de l’annulation de la dette, sa restructuration et l’augmentation du soutien aux pays en développement pour leur garantir l’accès à un financement adéquat afin de leur permettre de faire face à la pandémie et à ses répercussions.

De même, Oman a salué l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un nouveau contrat social pour rééquilibrer les systèmes financiers et commerciaux, sur la base de règles de marché équitables et en respectant la souveraineté des États.  La délégation a par ailleurs insisté sur l’importance du multilatéralisme et a appelé à ne pas laisser le factionnalisme s’immiscer dans le travail de l’ONU.

L’Argentine a réitéré l’importance de renforcer les systèmes sanitaires, la santé étant un bien public mondial.  Elle a plaidé pour l’accès accru des pays émergents au financement, arguant que le moratoire sur la dette ne suffit pas.  Ce qu’il faut, c’est la restructuration de la dette et le rééchelonnement des paiements pour que les pays puissent avoir une marge de manœuvre et booster les dépenses publiques.  L’élimination de la pauvreté, a-t-elle prévenu, ne peut se faire dans un environnement sans emploi décent.  L’Argentine a aussi plaidé pour des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Rappelant les deux sommets à venir sur l’énergie et les systèmes alimentaires, elle a dénoncé les politiques protectionnistes et les subventions.  L’Argentine a ensuite longuement plaidé pour le respect et la protection des personnes vulnérables, des LGBT et des personnes âgées.  La pandémie, a-t-elle conclu, a montré l’importance de l’accès de tous aux technologies numériques, « un droit essentiel ». 

Le Pakistan s’est dit convaincu que les grands défis du monde ne peuvent être résolus que par le biais de la coopération multilatérale.  Il a donc regretté que les intérêts particuliers prennent le dessus sur les intérêts communs.  Il a en effet fustigé l’attitude des grandes puissances qui ont repris la course aux armements alors que nous sommes témoins de l’aggravation de la pauvreté, de la faim et des souffrances humaines dans de nombreux pays du monde.  Le Pakistan a appelé à l’avènement d’un nouvel ordre mondial équitable, résilient et durable, plaidant pour une distribution équitable des vaccins contre la COVID-19, l’allégement de la dette et des financements adéquats pour la lutte contre les changements climatiques et la mise en œuvre des objectifs de développement durables (ODD). 

Le Pakistan a aussi prévenu que le processus de décolonisation restera inachevé tant que le peuple de Jammu-et-Cachemire ne pourra exercer son droit à l’autodétermination, un droit foulé au pied par la campagne « violente » de l’Inde qui a déployé une armée d’occupation de 900 000 soldats.  Le Pakistan a estimé que la détermination de l’Inde à transformer ce territoire à majorité musulmane en un territoire à majorité hindoue constitue « un crime » au regard des Conventions de Genève.  Il n’a pas manquer de saluer les 10 priorités du Secrétaire général présentées aujourd’hui, en réclamant un plan d’action pour chacune d’elles.

L’Afrique du Sud s’est félicitée de ce que le Secrétaire général ait parlé des raisons d’être optimiste, en dépit des défis qu’entraîne la pandémie de COVID-19.  Contrairement à 2020, a-t-elle observé, nous commençons à avoir des motifs d’espoir avec la distribution et l’administration de vaccins qui ont prouvé leur efficacité.  La solidarité internationale permet d’espérer que tous les pays soient préservés et que nul ne soit laissé pour compte.  Comme l’illustrent ces vaccins, fruits d’une coopération scientifique et politique sans précédent, la revigoration du multilatéralisme est le seul moyen d’atteindre de tels objectifs, a soutenu la délégation.  Constatant que les pays en développement restent les principales victimes du sous-développement et des inégalités, elle a réitéré son appui au Mécanisme COVAX. 

Alors que l’ONU vient de fêter les 75 ans de son existence, il importe de soutenir le multilatéralisme et de réformer l’ordre international qui a l’Organisation comme « pièce maîtresse », a poursuivi l’Afrique du Sud.  Jugeant que l’action unilatérale contribue à nourrir les inégalités, elle a appelé au rejet de tous les nationalismes qui ne font qu’accroître la « polarisation entre les munis et les démunis ».  La délégation a cependant constaté que les dispositions prises s’agissant des réformes n’ont toujours pas été appliquées.  Il faut, selon elle, des institutions plus représentatives et davantage orientées vers des résultats concrets.  À cet égard, a souligné la délégation, la réforme du Conseil de sécurité est « impérative »: il y va de la capacité de cet organe de s’acquitter de son mandat.  Pour l’Afrique du Sud, la longueur des négociations du Conseil sur la résolution relative à la COVID-19 a montré combien il lui faut lutter contre de « nombreuses contraintes ». 

Réaffirmant par ailleurs l’importance du Traité sur la non-prolifération, l’Afrique du Sud a dit attendre avec impatience la conférence d’examen prévue cette année.  Les pays de cette « arme immorale » doivent s’engager à ne pas l’utiliser, a-t-elle martelé.  De même, il ne faut pas perdre de vue d’autres crises, notamment celles liées au réchauffement climatique et à la perte de biodiversité.  Il faut prendre des mesures urgentes qui soient à la hauteur de ces défis, sans aggraver la crise de la dette, a plaidé la délégation, avant d’appeler à des plans de réponse à la COVID-19 inclusifs et tenant compte de la vulnérabilité des femmes.  Enfin, tout en se félicitant de ce que l’ONU ait adopté son budget-programme pour 2021, la délégation s’est inquiétée de la situation financière de cette dernière et de l’impact sur ses programmes.  Il est de la responsabilité des États Membres de fournir à l’ONU des ressources suffisantes, a-t-elle martelé, enjoignant ces derniers de s’acquitter de leur contribution en temps voulu. 

Le Japon a appuyé l’idée de « reconstruire en mieux » après la pandémie de COVID-19, insistant sur une action solidaire en faveur de la santé des populations, y compris pour la couverture sanitaire universelle et le Mécanisme COVAX.  Le Japon a dit apporter une aide au renforcement des systèmes sanitaires dans les pays en développement et appuyer le Centre africain de contrôle des maladies et des infections.  Constatant l’échec « relatif » du Programme 2030, il a appelé à plus d’efficacité, ce qui exige de placer les personnes les plus vulnérables au centre des efforts.  À cet égard, le Japon a annoncé l’organisation de la Conférence internationale sur le développement de l’Afrique (TICAD VIII) en Tunisie en 2022. 

Nous devons, a-t-il pressé, éviter les retards dans la lutte contre les changements climatiques.  Promettant d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, le Japon a souligné l’urgence de l’adaptation pour la sécurité humaine.  Nous travaillons, a-t-il dit, étroitement avec l’ONU avant l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Le Japon a aussi réitéré son engagement au sein de la Commission de consolidation de la paix et exhorté par ailleurs les États parties du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à renouveler leur engagement.  Comme d’autres avant lui, il a insisté sur la nécessité d’insuffler un nouvel élan à la réforme du Conseil de sécurité. 

Cuba a estimé que le rapport du Secrétaire général prouve la nécessité de renforcer le multilatéralisme et la solidarité internationale.  Dans ce cadre, la feuille de route pour la réalisation des objectifs de développement durable est le meilleur outil pour promouvoir un monde durable et équitable.  Il est indispensable, a jugé Cuba, que les États respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD), de transfert des technologies et d’aide au renforcement des capacités.  Parlant de la lutte contre la pandémie de COVID-19, Cuba a réclamé un accès abordable et équitable aux vaccins, prévenant que « l’échec moral » se paira en vies humaines.  Cuba, qui a conclu sur les opérations de paix, a appelé au respect de leurs principes fondateurs, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense. 

L’Équateur a salué le leadership du Secrétaire général dans un contexte marqué par la crise de liquidités et la pandémie.  Il a insisté à son tour sur le fardeau sous lequel ploient les pays comme le sien et a demandé aux donateurs de respecter leur engagement en faveur de l’APD.  Plaidant également pour le strict respect des droits de l’homme, y compris ceux des réfugiés, des migrants et des peuples autochtones, « partout dans le monde », l’Équateur a réitéré son appui à l’appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général, « un appel essentiel » pour une paix durable dans le monde.  Il a aussi plaidé pour la pérennisation du Fonds de consolidation de la paix et promis son appui aux priorités du Secrétaire général pour faire de l’ONU une organisation « moderne, souple et efficace ».  Pour ce faire, il est essentiel que les principaux contributeurs atténuent la crise de liquidités et aider l’ONU à exécuter ses mandats. 

L’Égypte a salué les efforts constants visant à réaliser les objectifs de développement durable et a souhaité que le relèvement après la pandémie de COVID-19 sera l’occasion de « reconstruire en mieux » afin de préserver les acquis.  Face aux risques liés aux changements climatiques, il a appelé au renforcement de la coopération internationale dans le domaine de la réduction des risques de catastrophe et la promotion de la résilience des pays les plus affectés.  Au septième rang des pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix, l’Égypte a promis de poursuivre son rôle de promoteur du maintien de la paix.  Elle a d’ailleurs mis l’accent sur sa contribution à la Commission de consolidation de la paix.

Le Pérou a loué les efforts consentis par l’ONU pour répondre à la pandémie de COVID-19.  Toutefois, a-t-il dit, ces efforts doivent pouvoir compter sur l’accompagnement de la communauté internationale.  À cet égard, les vaccins et les traitements doivent être considérés comme des « biens publics mondiaux », a fait valoir la délégation, jugeant impératif que tous les pays, indépendamment de leurs revenus, puissent vacciner leurs salariés, à commencer par ceux de première ligne. 

Applaudissant le travail de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les retombées du Mécanisme COVAX, le Pérou a fait remarquer que, sans ces exemples d’action multilatérale, les variantes du virus se propageraient plus rapidement encore, aux dépens de la reprise économique.  Pour la délégation, il convient aujourd’hui de multiplier les mesures susceptibles de rendre les sociétés plus inclusives et plus durables.  Il faut pour cela offrir une éducation à tous les niveaux, instaurer une protection sanitaire universelle et garantir la protection de toutes les femmes. 

La pandémie, a-t-elle encore affirmé, nous donne aussi l’occasion de renouveler nos vœux à l’égard du Programme 2030, en faisant en sorte que les pays en développement aient les ressources nécessaires.  Il faut aussi souligner l’urgence de l’action climatique, qui a en son cœur la promesse de décarbonisation promue par l’ONU, a poursuivi la délégation, indiquant que le Pérou a adopté un plan-cadre et une feuille de route climatiques afin d’améliorer ses contributions déterminées au niveau national. 

Nous sommes mis en demeure de prendre des mesures de transformation environnementale en profondeur, ce qui passe par la préservation de l’Amazonie, a-t-elle noté, souhaitant à ce propos que le Fonds vert pour le climat dispose des moyens nécessaires.  Avant de conclure, le Pérou s’est également prononcé pour une « réforme intégrale » du Conseil de sécurité pour qu’il soit mieux en mesure de réagir aux défis du XXIe siècle. 

La République islamique d’Iran a constaté la lenteur dans le règlement de certaines questions soulevées dans le rapport du Secrétaire général.  La pandémie, a-t-elle dit, nous met en demeure de renforcer le multilatéralisme et la coopération internationale sur les trois piliers du travail de l’Organisation.  Il s’agit de rééquilibrer le système financier mondial pour qu’il serve le développement durable et de rejeter les sanctions unilatérales qui empêchent les États visés de s’approvisionner en médicaments et matériels médicaux, sans parler des autres difficultés provoquées par l’application extraterritoriale de ces sanctions.  Ces mesures coercitives, a insisté la délégation, empêchent les peuples visés de jouir de leurs droits à la santé et à l’alimentation. 

Préoccupé par la menace des nouveaux groupes terroristes qui s’ajoute à celle de Daech, la délégation a prévenu que la communauté internationale ferait bien d’y concentrer ses efforts, y compris l’ONU.  Concluant sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, elle a appelé Israël à adhérer à l’idée. 

Droits de réponse

L’Inde a fustigé la déclaration « mensongère » du Pakistan relative au Jammu-et-Cachemire qui est « une partie intégrante » de son territoire.  Elle a conseillé au Pakistan de s’abstenir d’utiliser la tribune de l’Assemblée générale pour « répandre sa haine » alors qu’il est l’une des plus grandes sources de déstabilisation au monde.  Le Pakistan prétend que nous maltraitons les minorités musulmanes alors que lui-même n’est vraiment pas un exemple du respect des droits des minorités, a taclé l’Inde. 

Vous êtes un régime « ouvertement fasciste » qui ignore les droits de ses minorités, a rétorqué le Pakistan qui a dénoncé les « pogroms » dans le Penjab, dont la destruction de mosquées et les accusations lancées contre les musulmans qui auraient soi-disant propagé le coronavirus en Inde.  « C’est l’Inde qui finance des groupes terroristes pour nous nuire », a affirmé le Pakistan, qualifiant ce pays de « spécialiste des fake news ».  Nous n’avons aucun doute sur le fait que le peuple du Jammu-et-Cachemire finira par triompher, a prévenu le Pakistan.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale envisage une conférence mondiale sur le Plan d’action des Nations Unies pour la protection des sites religieux

Soixante-quinzième session,
50e séance plénière – après-midi
AG/12310

L’Assemblée générale envisage une conférence mondiale sur le Plan d’action des Nations Unies pour la protection des sites religieux

Aujourd’hui dans une résolution*, présentée par l’Arabe saoudite et adoptée sans vote, l’Assemblée générale a invité le Secrétaire général de l’ONU à convoquer une conférence mondiale, réunissant entités des Nations Unies, États Membres, personnalités politiques, chefs religieux, organisations d’inspiration religieuse, médias, société civile et autres parties prenantes, pour mobiliser un soutien politique en faveur du Plan d’action des Nations Unies pour la protection des sites religieux.  

Élaboré par l’Alliance des civilisations des Nations Unies, le Plan d’action s’articule autour du thème « Unis et solidaires: exercer son culte dans la paix et la sécurité ».  Dans la résolution intitulée « Promouvoir la culture de la paix et de la tolérance pour la protection des sites religieux », l’Assemblée générale rappelle que 20% des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO ont un caractère religieux ou spirituel.  

Or, les sites religieux et les objets rituels sont de plus en plus fréquemment la cible d’attaques conduites par des terroristes et des milices hors-la-loi, à la suite desquelles ils sont altérés, complètement détruits ou soumis au vol et au trafic.  L’Assemblée condamne ces actes et ceux qui visent à « faire disparaître ou à transformer par la force » tout site religieux.  

Elle justifie l’idée de la conférence mondiale par la nécessité de mener une action globale, en incluant toutes les régions, dans une logique de prévention et de responsabilité, contre les actes commis par des acteurs étatiques et non étatiques, dont les groupes terroristes, dans les situations de conflit comme en temps de paix.  Un débat d’idées « ouvert, constructif et respectueux » et un dialogue interreligieux, interconfessionnel et interculturel aux niveaux local, national, régional et international peuvent jouer un rôle positif dans la lutte contre la haine religieuse, l’incitation à la haine et la violence, estime l’Assemblée générale.  

Au nom de l’Union européenne et d’autres pays dont les États-Unis, le Portugal a rappelé les « grandes références » que sont les résolutions sur la liberté de religion et sur la lutte contre l’intolérance religieuse négociées dans « l’enceinte idoine » qu’est la Troisième Commission chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires.  Le Portugal a insisté sur la liberté d’expression et le rôle des médias, « un des pilier les plus incontournables de la démocratie ». 

Nous aurions préféré, a-t-il avoué, que la résolution se concentre sur la protection des sites religieux, pour éviter les doublons avec des résolutions déjà adoptées.  Il aurait fallu mettre davantage l’accent sur les droits de la personne et les libertés d’expression, de religion et de croyance, dont celles de ne pas croire ou de changer de confession.  Mais, a reconnu le Portugal, le texte a été amélioré par rapport à la première version, grâce à des négociations transparentes et inclusives et c’est la raison pour laquelle l’Union européenne s’est jointe au consensus.  Défenseurs « acharnés » de la liberté d’expression, les États-Unis ont regretté la confusion, dans la résolution, entre « discours » et « actes » de « violence », ce qui peut compromettre cette liberté.  Les libertés de religion et d’expression se renforcent, ont martelé les États-Unis.  

À son tour, l’Inde a dénoncé l’attaque, perpétrée en décembre 2020, contre un temple hindou historique au Pakistan, avec le soutien des forces de l’ordre locales.  L’ONU et l’Alliance des civilisations, a-t-elle conseillé, ne devraient pas céder à la sélectivité, au risque d’empêcher la promotion de la culture de paix.  Il est ironique, a relevé l’Inde, de voir le pays où des minorités sont écrasées se porter coauteur de la résolution.  Ce texte, a-t-elle prévenu, ne saurait être un paravent pour des pays comme le Pakistan.  

Ce dernier a rejeté ces allégations infondées, affirmant que ce n’est pas la première fois que l’Inde feint de se préoccuper des droits des minorités dans d’autres pays pendant qu’elle viole elle-même ceux des siennes.  Le Pakistan a déroulé une longue liste des « graves violations » commises sur le territoire indien contre les Musulmans, dont l’interdiction des mariages interconfessionnelles.  Nous avons, a argué le Pakistan, dûment arrêté et poursuivi ceux qui ont profané le temple hindou et toutes nos autorités ont condamné cet acte.  En revanche, nous attendons toujours que l’Inde poursuive en justice les auteurs du « massacre de Delhi ».  Balayez devant votre porte au lieu de faire semblant de vous préoccuper des droits des minorités ailleurs, a lancé le Pakistan.  

Les attaques contre les mosquées, les églises, les synagogues et les temples rappellent l’impératif d’agir ensemble, a commenté le Maroc.  Ce sont des actes abjectes qui appellent à un effort collectif.  La coopération internationale, régionale et sous-régionale est essentielle pour prévenir et réprimer efficacement les attaques contre les lieux de culte.  S’étant engagé activement dans les négociations sur la résolution pendant quatre mois, le Maroc s’est réjoui d’une adoption consensuelle.  Il a conclu en saluant le rôle de chef de file de l’Alliance des civilisations des Nations Unies. 

Dans la longue intervention qu’il a faite en séance informelle, avant l’adoption de la résolution, le  Président de l’Assemblée a fait le bilan de ces quatre derniers mois qui ont commencé par la Semaine de haut niveau, du 21 septembre au 2 octobre, avec la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, le débat général, le Sommet sur la biodiversité, la commémoration du vingt-cinquième anniversaire de la Conférence mondiale de Beijing sur les femmes et la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.  Le Président n’a pas oublié de mentionner la session extraordinaire sur la pandémie de COVID-19, les 3 et 4 décembre, où là encore les appels au renforcement du multilatéralisme se sont multipliés.  

Pour le reste de sa Présidence, qui sera largement dominée par la pandémie et ses conséquences sanitaires, sociales et économiques, M. Volkan Bozkir a cité parmi ses priorités l’action humanitaire, avec un accent particulier sur les plus vulnérables; la protection du personnel de maintien de la paix; l’accès aux vaccins contre la COVID-19; et l’intensification des efforts pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Président de l’Assemblée générale a aussi cité la lutte contre les conséquences des changements climatiques et la protection des océans et des mers. 

La pandémie n’est pas née du vide, a-t-il souligné.  Si nous ne trouvons pas les moyens de vivre en équilibre avec la nature, nous risquons d’autres crises et il est temps que les États Membres s’accordent sur les réformes nécessaires pour hisser l’ONU à la hauteur des problèmes actuels, a conclu le Président dont l’intervention a été commentée par son homologue du Conseil économique et social (ECOSOC), les Groupes des États d’Afrique et d’Amérique latine et des Caraïbes, l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Union européenne, le Groupe des pays les moins avancés (PMA), l’Alliance des petits États insulaires et une vingtaine d’autres délégations. 

Le Président de l’Assemblée générale, qui a répondu aux questions soulevées par ces dernières, a par ailleurs indiqué que la Libye, le Niger et le Zimbabwe ont effectué les paiements nécessaires pour ramener leurs arriérés en deçà du seuil prévu par l’Article 19 de la Charte des Nations Unies. 

L’Assemblée a prévu une séance publique le jeudi 28 janvier à partir de 10 heures pour entendre le Secrétaire général de l’ONU présenter ses propres priorités. 

*A/75/L.54

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.