8794e séance – matin
CS/14549

Conseil de sécurité: le Représentant spécial appelle à ne pas laisser sombrer le Mali dans une nouvelle instabilité

Quatre jours après l’annonce de la suspension des opérations militaires conjointes de la France avec les Forces armées maliennes, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali a déclaré, ce matin au Conseil de sécurité, que le Mali est à un tournant critique et a appelé à ne pas le laisser sombrer dans une nouvelle instabilité aux conséquences dramatiques pour la sous-région et au-delà. 

M. El-Ghassim Wane, qui intervenait par visioconférence depuis Bamako, devant un Conseil réuni en présentiel, a souligné la nécessité du soutien continu du Conseil de sécurité et de la communauté internationale en général pour le Mali, avant d’inviter les nouveaux dirigeants du pays à s’élever au-dessus de la politique partisane et des intérêts personnels et de travailler ensemble pour faire face à la crise, dans l’intérêt de leur pays et de son avenir. 

Une action immédiate est maintenant requise pour engager des réformes cruciales et jeter les bases d’un processus électoral crédible.  Cela implique une approche inclusive, un leadership malien fort et un compromis politique.  Et le soutien indéfectible des partenaires internationaux restera vital, a souligné M. El-Ghassim Wane qui est également Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

« La priorité absolue doit être l’organisation de l’élection présidentielle, le 27 février 2022, à laquelle les autorités en charge de la transition ne pourront pas concourir », a insisté la France à l’instar d’un grand nombre de délégations, précisant par ailleurs que la suspension de sa coopération militaire s’est faite dans l’attente de clarifications après le coup d’État du 24 mai  

M. Wane a fait savoir que le Président et le Premier Ministre de la transition, MM. Assimi Goïta et Choguel Maïga, ont assuré qu’ils respecteraient le calendrier de transition qui prévoit des élections d’ici à février, et qu’ils ne seront pas candidats.  Ils ont également réitéré leur engagement à travailler avec les groupes armés membres du Gouvernement et signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Un chantier jugé d’ailleurs crucial par la majorité des orateurs. 

Le Mali a de son côté réclamé « une solidarité internationale plus agissante » pour que réussisse le processus de transition, se disant inquiet des mesures prises à la suite des derniers événements politiques.  Appelant à la « compréhension » des partenaires la délégation a ainsi sollicité la levée des sanctions frappant un pays « déjà fragilisé par plusieurs années de crise politique, sécuritaire, économique, et sanitaire ». 

Alors que le mandat de la MINUSMA expire en fin du mois, le Représentant spécial a décrit une situation sur le terrain marquée par la persistance de l’insécurité dans le nord et le centre du pays et la menace d’attentats terroristes affectant d’autres régions du pays. 

À l’aune de ce contexte fragile, la France a proposé, pour le renouvellement du mandat, d’en conserver les deux priorités stratégiques, à savoir le soutien à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et l’appui à la stabilisation du centre du pays.  La délégation a ajouté qu’elle compte aussi proposer de maintenir la tâche de protection des civils, et de « poser sérieusement » la question d’une hausse des moyens et du plafond des troupes.  « Dans tous les cas, le traitement de ces questions demeurera partiel tant qu’il n’y aura pas, de la part des Maliens, de stratégie politique claire et d’action résolue pour traiter l’ensemble des dimensions de la crise », a-t-elle insisté. 

« Malgré tous les désaccords, dans la situation actuelle, il serait irresponsable de laisser le pays à son sort, notamment en réduisant l’aide militaire ou économique qui lui est accordée », a estimé à son tour la Fédération de Russie.  La délégation a en outre considéré que l’idée avancée par la Commission de l’Union africaine sur le déploiement de forces africaines de manière permanente dans la région du Sahel mérite une étude approfondie, insistant sur le principe de « problèmes africains, solutions africaines ».  Il est temps pour ce Conseil d’emboîter le pas à l’Union africaine et de prendre le climat et la sécurité au sérieux, a aussi dit la Norvège en évoquant le futur mandat. 

Pour sa part, le groupe A3+1 a appelé les partenaires du Mali à reconsidérer leur position en réactivant leur coopération militaire avec ce dernier.  Il a également jugé important de « réajuster l’intervention internationale », y compris le rôle de la MINUSMA.  « Une formule de soutien plus opérationnelle et efficace, telle que la création du bureau d’appui des Nations Unies dédié à la Force conjointe du G5 Sahel est d’une grande importance et pertinence », a dit le groupe A3+1, appuyé sur ce point par la France et le Mali qui a appelé le Conseil à un financement « prévisible et pérenne » du G5 Sahel. 

De son côté, la Présidente de la Coalition des femmes leaders nord, sud et centre du Mali (NSC), Mme Fatima Maiga, a  recommandé au Conseil d’envisager un nouveau mécanisme  sur la prise en compte optimale des questions d’égalité femmes-hommes, et de modifier le mandat de la Mission pour renforcer le volet « femmes, paix et sécurité », avec des indicateurs précis notamment sur la question du traitement judiciaire des cas de violences sexuelles liées au conflit, et la prise en charge holistique des survivantes de ces violences.  

LA SITUATION AU MALI - S/2021/519, S/2021/520

Déclarations

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. EL-GHASSIM WANE, a rappelé que le 24 mai, l’armée a pris le pouvoir lors d’un coup d’État qui a été condamné par les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 30 mai, et par l’Union africaine (UA) le 1er juin.  Les deux organisations ont suspendu le Mali, et la CEDEAO a réaffirmé la nécessité de respecter le calendrier de transition, y compris la date du 27 février 2022 fixée pour l’élection présidentielle.  La CEDEAO a appelé à la nomination immédiate d’un Premier Ministre civil et a réitéré les décisions antérieures selon lesquelles le Président de transition, le Vice-Président et le Premier Ministre ne devraient en aucun cas être candidats à la prochaine élection présidentielle. 

Le colonel Assimi Goïta a prêté serment en tant que Président de la transition à Bamako le 7 juin, et le même jour, il a signé un décret nommant le chef du M5-RFP, M. Choguel Maïga, au poste de Premier Ministre, lequel a par la suite annoncé la formation de son gouvernement le 11 juin.  Selon le Représentant spécial, une action immédiate est maintenant requise pour engager des réformes cruciales et jeter les bases d’un processus électoral crédible.  Cela implique une approche inclusive, un leadership malien fort et un compromis politique.  Le soutien indéfectible des partenaires internationaux restera vital, a-t-il ajouté.   

M. Wane a indiqué que le Président et le Premier Ministre de la transition ont assuré aux partenaires internationaux qu’ils respecteraient le calendrier de transition qui prévoit des élections d’ici á février, et que ni le Président ni le Premier Ministre ne se présenteraient aux élections.  Ils ont également réitéré leur engagement à travailler avec les mouvements armés signataires qui sont représentés dans le nouveau Gouvernement, en vue d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord.  Selon le Représentant spécial, ces engagements doivent maintenant se traduire par des actions urgentes et concrètes, et le moment est venu pour les dirigeants maliens de s’élever au-dessus de la politique partisane et des intérêts personnels et de travailler ensemble pour faire face à la crise, dans l’intérêt de leur pays et de son avenir. 

L’appui de la MINUSMA restera essentiel, a estimé son Chef, arguant que cela est d’autant plus nécessaire que la situation sécuritaire dans le nord et le centre du Mali reste extrêmement préoccupante.  Il y a en effet plus de Maliens déplacés aujourd’hui qu’au plus fort de la crise en juin 2013, a-t-il signalé.  Dans le centre du Mali, près de la moitié des écoles sont fermées, principalement en raison de la menace des groupes armés.  Ces fermetures ont d’ailleurs atteint 84% dans certaines zones marquées par la présence de groupes extrémistes violents.  Il a souligné que l’insécurité et le manque d’accès à l’éducation, à l’eau et à d’autres services de base ont été identifiés comme des défis majeurs affectant la vie des Maliens en dehors de Bamako.  Dans ces régions où la présence de l’État est très faible, la MINUSMA est souvent considérée comme l’unique fournisseur de sécurité et de services de base.  Mais elle ne sera pas en mesure de répondre à toutes les attentes de ces populations locales, a-t-il signalé.  La Mission devra donc renforcer ses efforts de communication stratégique, les Maliens ayant peu de compréhension au sujet de ce que fait la MINUSMA dans les régions.  

Le Représentant spécial a ensuite fait savoir que la Mission a élaboré un plan de 60 jours décrivant les actions prioritaires à mettre en œuvre d’ici á la fin de son mandat à la fin du mois de juin.  Un plan d’action pour le centre du Mali où les civils sont les plus menacés sera lancé par ses soins demain à Mopti.  Ce plan, intitulé « AN KA BARO KÈ » (« Parlons ensemble »), vise à promouvoir l’engagement politique pour stabiliser le centre ; renforcer la protection des civils; favoriser l’engagement communautaire, la cohésion sociale et la réconciliation; et faciliter le retour de l’administration et des services de l’État, tout en renforçant la résilience et la participation des femmes et des jeunes.  La mise en œuvre du plan bénéficiera dans certaines zones de la mise en place de la Force d’intervention mobile, élément central du plan d’adaptation de la MINUSMA, a-t-il précisé.   

Selon M. Wane, la réalisation de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et la transition politique nécessitent l’appropriation des dirigeants maliens à tous les niveaux et l’adhésion des communautés, notamment dans le centre du Mali.  Une vision coordonnée et cohérente du Gouvernement de transition et une présence renforcée de l’État sont indispensables pour que les Casques bleus de la MINUSMA soient efficaces, a-t-il ajouté.  Dans le même temps, la MINUSMA s’engage également à favoriser une approche davantage centrée sur les personnes et orientée vers l’action.  « Je suis convaincu que placer les gens au centre de la façon dont nos opérations sont planifiées et mises en œuvre les rendra plus responsables, ancrées localement et efficaces », a espéré le Chef de la MINUSMA.  En fin de compte, nous serons jugés en fonction de l’impact que nous avons sur la vie des personnes qui souffrent le plus, a-t-il relevé. 

M. Wane a aussi jugé essentiel de tirer parti des partenariats pour garantir que le Mali reçoive tout le soutien disponible.  Parvenir à une plus grande représentation des femmes dans les processus décisionnels politiques et économiques est un autre aspect essentiel, a affirmé le Représentant spécial.  Il reste encore un long chemin à parcourir pour garantir que leurs intérêts et leurs expériences soient correctement représentés et pris en compte, a-t-il reconnu, regrettant que de nombreux groupes extrémistes violent les droits des femmes et cherchent à éliminer complètement les femmes de la sphère publique. 

Le Représentant spécial a par ailleurs engagé les partenaires à faire davantage pour aider le Gouvernement à relever le défi de taille que sont les changements climatiques, alertant que leurs effets vont intensifier encore la concurrence pour les ressources et exacerber les conflits.  Il a conclu en soulignant la nécessité du soutien continu du Conseil de sécurité et de la communauté internationale en général.  « Le Mali est à un tournant critique et nous ne pouvons pas le laisser sombrer dans une nouvelle instabilité avec des conséquences dramatiques pour la sous-région et au-delà », a—t-il plaidé.

Mme FATIMA MAIGA, Fondatrice et Présidente de la Coalition des femmes leaders nord, sud et centre du Mali (NSC), a fait état d’une détérioration marquée des droits des femmes avant et pendant l’actuelle Transition.  Au titre des progrès, elle a indiqué que neuf femmes des partis signataires siègent pour la première fois depuis six ans dans le Comité de suivi de l’Accord (CSA) pour la paix et la réconciliation.  Pour autant, la situation globale des droits des femmes maliennes reste critique.  Ainsi, 2,9 millions de femmes et de filles ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.  Dans les zones sous contrôle partiel de groupes armés, soit environ deux tiers du territoire, et parfois en vertu d’accords locaux entre ces groupes et les populations assiégées, des centaines de milliers de filles et de femmes sont privées d’accès à l’école, aux centres de santé, aux marchés ou aux champs. 

Par ailleurs, un trop grand nombre d’entre elles continue de subir des violences sexuelles, y compris le viol collectif et l’esclavage sexuel en toute impunité des auteurs et sans avoir connaissance ou accès aux services encore trop peu nombreux de prise en charge holistique.  Le traitement judiciaire des 115 cas de violences sexuelles et basées sur le genre liées au conflit commis depuis 2012-2013, soit il y a près une décennie, n’a connu aucune avancée à ce jour, a-t-elle déploré.  Elle a aussi regretté les violations répétées de la loi 052 (loi genre) dans tous les gouvernements mis en place depuis sa promulgation en 2018 et de manière accentuée lors de la centaine de nominations de haut niveau effectuées par les autorités de la transition de septembre 2020 à nos jours. 

Mme Maiga a souligné que le Conseil de sécurité et la MINUSMA ont un rôle essentiel à jouer pour remettre la question du genre et de l’application de la résolution 1325 (2000) au cœur des priorités de la transition.  Elle a relevé que les questions liées au genre, notamment la prévention et prise en charge des violences sexuelles, n’avaient pas été retenues parmi les six priorités de la feuille de route initiale de la transition.  Le processus attendu d’ajustement de ces priorités pour les neuf mois restants de la transition doit donc être mis à profit pour essayer d’en renforcer le caractère inclusif aussi bien du point de vue des parties prenantes que de la couverture géographique et thématique, a-t-elle souhaité.  Selon elle, cet agenda doit cesser d’être « juste l’affaire de tous » pour être la responsabilité bien définie et soumise à l’évaluation de certaines parties prenantes clefs. 

Aussi, a-t-elle recommandé au Conseil de sécurité d’élargir le mandat politique et opérationnel de la MINUSMA de manière à incorporer les efforts actuels de réconciliation et de paix à travers le dialogue politique et les négociations avec les groupes armés, y compris ceux désignés comme « terroristes » dans le centre du Mali.  Elle a également demandé au Conseil de renforcer urgemment le mécanisme institutionnel du genre et les moyens d’action des organisations de la société civile féminine.  Un nouveau mécanisme sur la prise en compte optimale des questions d’égalité femmes-hommes pourrait être envisagé.  Elle a enfin demandé que dans le nouveau mandat de la MINUSMA, l’agenda « femmes, paix et sécurité » soit resserré avec des indicateurs précis, notamment sur la question du traitement judiciaire des cas de violences sexuelles liées au conflit, et la prise en charge holistique des survivantes de ces violences. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que la France a fermement condamné le coup d’État ayant abouti à la démission forcée du Président de transition et de son Premier Ministre et pris acte de la suspension du Mali des instances de la CEDEAO et de l’Union africaine.  « La priorité absolue doit être l’organisation de l’élection présidentielle, le 27 février 2022, à laquelle les autorités en charge de la transition ne pourront pas concourir. »  Il a précisé que la France a suspendu, à titre conservatoire et temporaire, ses opérations militaires conjointes avec les Forces armées maliennes dans l’attente de clarifications.  

À l’aune de ce contexte fragile, le délégué a jugé que la MINUSMA reste un outil essentiel et proposé, pour le renouvellement du mandat, d’en conserver les deux priorités stratégiques.  « D’abord, le soutien à la mise en œuvre de l’accord de paix, qui reste un enjeu central pour la stabilisation du Mali, ensuite, l’appui à la stabilisation du centre du pays. »  Il compte aussi proposer de maintenir la tâche de protection des civils, alors même que les violences intercommunautaires persistent.  Dans tous les cas, le traitement de ces questions demeurera partiel tant qu’il n’y aura pas, de la part des Maliens, de stratégie politique claire et d’action résolue pour traiter l’ensemble des dimensions de la crise, a précisé le représentant. 

M. de Rivière a ensuite relevé que les moyens de la MINUSMA demeurent limités pour faire face à la situation au centre du Mali, en rappelant que cette priorité a été attribuée à la MINUSMA en 2019 sans lui fournir de moyens supplémentaires.  « Dans cette zone, la Mission ne compte que 2 000 Casques bleus et trois hélicoptères mis à disposition une semaine sur deux. »  Il a donc souhaité poser sérieusement la question d’une hausse des moyens et du plafond des troupes afin de permettre à la Mission de mieux protéger les civils et de favoriser la réconciliation entre les communautés, sans remettre en cause son action sur le reste du territoire malien.  « Ce renforcement serait complémentaire de la mise en œuvre du plan d’adaptation, que nous soutenons et appelons à mettre pleinement en œuvre. »

Estimant que le mécanisme de soutien à la Force conjointe du G5 Sahel via la MINUSMA est très utile mais pas suffisant, M. de Rivière a jugé essentiel un soutien accru et prévisible de l’ONU à la Force conjointe.  « Cela prendrait la forme d’un bureau de soutien, financé sur contributions obligatoires », a-t-il dit, en précisant que cette solution ne nécessite pas de placer la Force conjointe sous le Chapitre VII.  Enfin, le représentant est revenu sur les annonces effectuées le 10 juin dernier par le Président français sur la transformation du dispositif militaire français au Sahel.  Le nouveau cadre préservera nos engagements auprès de la MINUSMA et de nos partenaires internationaux présents sur le terrain à nos côtés, a-t-il assuré. 

M. ABDOU ABARRY (Niger), au nom du Kenya, de la Tunisie, de Saint-Vincent-et les Grenadines et de son pays (A3+1), a encouragé les Maliens à surmonter les récentes turbulences et à remettre sur les rails le processus de transition, y compris la formation d’un gouvernement dirigé par un premier ministre civil.  Dans le même temps, le groupe a jugé nécessaire que la communauté internationale maintienne son soutien au processus jusqu’à l’organisation d’élections « crédibles, inclusives et transparentes en février 2022 ».

Sur le plan sécuritaire, M. Abarry a relevé que l’extrémisme violent, la violence intercommunautaire et le crime organisé transnational sont en hausse et exigent une plus grande attention de la part du Conseil de sécurité.  Le groupe est préoccupé par les attaques continues contre les civils, la MINUSMA et les Forces armées maliennes, régionales et internationales, alors même que l’annonce de la suspension de la coopération militaire des partenaires du Mali, y compris la réduction progressive de l’opération Barkhane, suscite des « inquiétudes ». 

Sur le plan humanitaire, M. Abarry a relevé que les effets de la COVID-19 et l’insécurité alimentaire nécessitent un financement urgent du Plan de réponse humanitaire 2021, alors que seulement 14,3% des 563 millions de dollars nécessaires ont été versés.  La saison des pluies risque d’être « lourde de conséquences » si l’aide nécessaire n’est pas fournie à temps, a-t-il alerté.  

Le groupe A3+1 a recommandé que « les Maliens eux-mêmes » s’approprient le processus de stabilisation et de réconciliation dans leur pays, et qu’à ce titre, il était important de « réajuster l’intervention internationale », y compris le rôle de la MINUSMA. 

M. Abarry a encouragé les autorités maliennes à capitaliser sur les progrès réalisés dans la première phase de la transition, en veillant au respect du calendrier des élections et de la durée de 18 mois de la transition, conformément aux recommandations de la CEDEAO, ainsi qu’à accélérer la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix. 

Estimant que « les sanctions compliqueront davantage la situation sécuritaire et humanitaire déjà préoccupante », le groupe A3+1 a appelé les partenaires du Mali à « reconsidérer leur position en réactivant leur coopération militaire avec le Mali ».   

M. Abarry a enfin appelé à accorder un mandat « plus robuste » à la MINUSMA, et à lui « retirer la tâche supplémentaire de soutien à la Force conjointe assignée par la résolution 2391 (2017 », afin de lui permettre de mieux se concentrer sur ses priorités stratégiques.  « Une formule de soutien plus opérationnelle et efficace, telle que la création du bureau d’appui des Nations Unies dédié à cette force régionale est d’une grande importance et pertinence », a-t-il conclu.  

M. BING DAI (Chine) a constaté que situation au Mali a un impact sur la sécurité au Sahel et dans le tout continent africain.  Il a fait valoir qu’un Mali « prospère et stable » constitue pour toutes les parties prenantes un « intérêt commun ».  Á cette aune, le représentant a espéré que les parties donneront la priorité au bien-être du peuple malien et lutteront conjointement contre les problèmes que connaît le pays.  Il a espéré que les parties maliennes pourront promouvoir le processus électoral et régler leurs différends par le dialogue.  Tout en se félicitant de la poursuite des efforts visant à permettre l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015, il a appelé de ses vœux un renforcement de l’autorité de l’État, appuyant l’idée de « trouver des solutions africaines aux problèmes africains ».  

Préoccupé par la détérioration de la situation dans le nord et le centre du pays, M. Dai a déploré les pertes civiles et l’aggravation de la crise humanitaire. Á ses yeux, la communauté internationale doit aider le Mali à combattre le terrorisme et à protéger les populations civiles, tout en appuyant ses efforts de lutte contre la pauvreté, l’objectif étant d’éradiquer les causes profondes du conflit sur le long terme.  Dans ce contexte, a-t-il observé, la MINUSMA s’est acquittée de son mandat dans des circonstances difficiles.  Promettant l’appui de son pays à la prorogation du mandat de la Mission, il a également salué le renforcement de la coopération entre l’Union européenne, l’ONU et le G5 Sahel. Enfin, après avoir condamné les attaques mortelles perpétrées contre des Casques bleus, il s’est félicité qu’en mars dernier, plusieurs suspects aient été condamnés.  Selon lui, il est essentiel de mettre en œuvre la résolution 2518 (2020), en s’attachant à renforcer toujours plus les capacités des missions de maintien de la paix. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a regretté l’intervention armée ayant abouti à l’arrestation et à la démission du Président et du Premier Ministre de transition le mois dernier.  Cette deuxième suspension de l’ordre constitutionnel en moins de neuf mois entrave la transition démocratique et contribue à l’affaiblissement de l’État, « ce qui ne peut que profiter aux groupes extrémistes », a-t-il estimé.  Il a exhorté les nouveaux dirigeants à reprendre le processus de transition dès que possible, la priorité étant l’organisation d’élections libres, inclusives et crédibles.  M. de la Fuente a réclamé la plus grande attention de la part du nouveau gouvernement et de la communauté internationale sur la résolution des questions en suspens, telles que la finalisation du cadre juridique électoral et la composition de la commission électorale.  Il faut aussi garantir la participation des femmes au processus politique et leur accorder au moins 30% des postes à responsabilité.  

Les activités terroristes et les violences intercommunautaires au Mali continuant de faire des victimes civiles, le représentant s’est inquiété de l’expansion des actes violents vers le sud, de leur escalade dans les pays voisins tels que le Burkina Faso, et de la « complexité croissante des attaques », avec des équipements de plus en plus sophistiqués.  M. de la Fuente a appelé le Représentant spécial à s’exprimer sur les mesures supplémentaires à prendre pour lutter contre les réseaux d'approvisionnement en armes et en matériel militaire des groupes armés.  Si la responsabilité première de la protection de la population contre la violence incombe à l’État malien, le Mexique a appelle la MINUSMA et les forces internationales à coordonner leurs actions pour renforcer les capacités des forces de sécurité maliennes, afin qu’elles puissent garantir la protection des civils et les droits de l’homme de la population.  Condamnant l’attaque meurtrière lancée en avril contre une base de la MINUSMA à Anguelhok, le représentant Mexique a enfin souhaité que les autorités maliennes combattent « les campagnes de désinformation visant à alimenter l'animosité contre la MINUSMA ». 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a appelé à une transition au Mali en vue de la mise sur place d’un gouvernement démocratiquement élu.  Il a appuyé l’établissement par la CEDEAO d’un mécanisme de surveillance lors de la période de transition en vue de la tenue de l’élection présidentielle le 27 février 2022, « comme prévu ».  Il a condamné la détention de l’ancien Président de la transition et du Premier Ministre, avant d’ajouter que son pays allait considérer plusieurs options en réponse à toute action entravant ladite transition.  Le délégué a jugé crucial que les élections de février 2022 soient libres et transparentes et souhaité un nombre important de candidates.  Le délégué a appelé le Gouvernement de transition à consolider l’autorité de l’État dans le pays et à prendre des mesures concrètes pour combattre toutes les formes d’impunité. 

Le renouvèlement du  mandat de la MINUSMA devra répondre à la fragile transition vers une gouvernance démocratique, fournir un soutien logistique et sécuritaire pour les élections de 2022 et donner la priorité à la protection des civils et à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.  Le délégué a indiqué que la MINUSMA n’est qu’un élément pour une paix durable au Mali et ne peut se substituer au Gouvernement malien.  Enfin, eu égard à l’ampleur des tâches de la MINUSMA, le délégué a insisté sur l’importance de maintenir une distinction claire entre le contreterrorisme et le maintien de la paix, afin de protéger l’impartialité de l’ONU.  Ni les fonds pour le maintien de la paix, ni une autorisation en vertu du Chapitre VII ne sont indiqués pour appuyer la Force conjointe du G5 Sahel, qui est une opération offensive contre le terrorisme, a-t-il estimé.  

Pour Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), les événements qui se déroulent au Mali sont « profondément préoccupants ».  Le fait que le Président du Gouvernement de transition et le Premier Ministre restent en résidence surveillée est « tout à fait inacceptable », a-t-elle souligné, réitérant son appel à leur libération immédiate.  Saluant le leadership de la CEDEAO et de l’Union africaine dans la résolution de cette crise et les bons offices fournis par la MINUSMA, la représentante a appelé au respect de la Charte de transition, qui garantit un gouvernement civil inclusif et démocratiquement élu pour les citoyens du Mali. Selon elle, tout report des élections présidentielle et législatives risque de provoquer une nouvelle crise politique.  Il importe donc qu’un organe de gestion électorale unique soit créé dès que possible, a-t-elle plaidé, avant d’encourager la MINUSMA à poursuivre ses activités de sensibilisation en faveur de l’Accord pour la paix et la réconciliation. 

La représentante a ensuite remercié Mme Maiga pour son « puissant appel à l’action ».  Jugeant que l’égalité des sexes n’est pas de l’idéalisme mais « une question de paix et de sécurité », elle a souhaité que les femmes soient habilitées à participer pleinement aux prochaines élections et à figurer dans les postes du Cabinet.  Elle s’est d’autre part alarmée du manque de justice rendue aux victimes et survivants de violences sexuelles liées au conflit, appelant la MINUSMA à soutenir les autorités maliennes dans la poursuite des auteurs.  Á ses yeux, l’impunité pour les violations continues des droits humains commis par plusieurs acteurs, y compris les forces armées, doit cesser.  En tant que contributeur des troupes à la MINUSMA, l’Irlande se félicite à cet égard de la première condamnation prononcée pour le meurtre d’un Casque bleu, a-t-elle indiqué, exprimant en conclusion le soutien de son pays au renouvellement du mandat de la Mission à la fin du mois. 

M. ODD-INGE KVALHEIM (Norvège) a indiqué que le coup d’État au Mali risquait de compromettre des gains engrangés de haute lutte.  Il a appelé à la libération immédiate des anciens dirigeants de la transition et souhaité la tenue d’élection présidentielle inclusive, transparente et crédible d’ici à mars 2022, en rappelant que les autorités en charge de la transition ne pourront pas y concourir.  Alors que le mandat de la MINUSMA doit être renouvelé, le délégué a mentionné trois priorités pour son pays, la première étant la protection des civils, en particulier des enfants.  Il a précisé que les attaques et menaces des groupes armés sont responsables de la fermeture de plus de la moitié des 1 300 écoles fermées au Mali.  Le Mali a besoin de dirigeants qui défendent l’intérêt de ses enfants, a-t-il dit.  

M. Kvalheim a cité la promotion des droits humains et l’établissement des responsabilités comme deuxième priorité de son pays, qu’il a vus comme un préalable pour restaurer la confiance.  Il a appuyé les efforts de la MINUSMA pour enquêter sur les allégations de violations et rappelé que son pays, avec la France, a fourni une unité policière de renforcement des capacités au sein de la MINUSMA à cette fin.  Enfin, en tant que troisième priorité, le représentant a cité les conséquences négatives des changements climatiques sur la sécurité.  « Il est temps pour ce Conseil d’emboîter le pas à l’Union africaine et de prendre le climat et la sécurité au sérieux. » 

Pour Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), l’amélioration de la situation au Mali, la mise en œuvre de l’Accord de paix, l’éradication du terrorisme et le redressement de la situation socioéconomique dépendent avant tout de la stabilité politique interne.  La lutte pour le pouvoir qui a entraîné deux crises aiguës au cours de l’année écoulée n’y contribue guère.  La Fédération de Russie a pris note des assurances des nouvelles autorités que tous les engagements antérieurs concernant la mise en œuvre de la période de transition, y compris la tenue d’un référendum constitutionnel et d’élections générales démocratiques dans les délais impartis, seront respectés.  Nous attendons une accélération du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion des ex-combattants et le déploiement de nouvelles unités dans le nord du pays, a indiqué la représentante.  S’agissant de la réforme de l’administration publique et de la création des conditions pour la relance socioéconomique des zones touchées, les intérêts de tous les peuples du pays, et surtout ses territoires nordiques doivent être pris en compte. 

La situation dans la bande frontalière du Mali, du Niger et du Burkina Faso, où a récemment eu lieu une terrible attaque terroriste contre des civils, est profondément troublante.  Mme Evstigneeva a espéré que les autorités du Mali et des États voisins agiront avec encore plus de détermination pour éradiquer le terrorisme sur leur sol.  De même, la situation humanitaire est très préoccupante et cela nécessite une réponse appropriée de la part des agences humanitaires.  Il faut garder à l’esprit que la situation au Mali est un facteur clef de la sécurité régionale, a rappelé la représentante, soulignant que l’idée avancée par la Commission de l’Union africaine sur le déploiement de forces africaines de manière permanente dans la région du Sahel mérite une étude approfondie.  Notant qu’il est impératif de poursuivre la coopération entre la MINUSMA et Bamako, la Fédération de Russie a insisté sur le principe de « problèmes africains, solutions africaines ».  Dans ce contexte, elle soutient les efforts de médiation de la CEDEAO et de l’Union africaine.  En même temps, la représentante a déclaré que « malgré tous les désaccords, dans la situation actuelle, il serait irresponsable de laisser le pays à son sort, notamment en réduisant l’aide militaire ou économique qui lui est accordée ».  Les enjeux sont trop importants pour la sécurité du Mali et de la région, a-t-elle conclu, en confirmant la disponibilité de la Fédération de Russie pour une interaction étroite avec tous les acteurs internationaux afin de stabiliser la situation au Mali et dans toute la région. 

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est tout d’abord déclarée préoccupée par le récent coup d’État au Mali et ses conséquences sur la stabilité du pays et de la région, et la capacité des institutions étatiques à faire respecter l’état de droit.  Elle a appelé les nouvelles autorités à s’assurer que les conditions fixées par la CEDEAO sont remplies, à savoir la préparation des élections sans délai, la libération sans condition des personnes encore détenues et la priorité donnée au dialogue et au compromis durant la période de transition.  Pour la représentante, les nouvelles autorités devraient s’appuyer sur les mesures prises par l’ancien gouvernement qui vont « dans la bonne direction », notamment celles qui visent à rendre le processus politique plus inclusif et à lutter contre l'impunité pour les violations et les abus des droits humains.  Saluant à cet égard la condamnation des responsables du meurtre d’un Casque bleu, elle y a vu une « étape encourageante ».  Cependant, beaucoup plus de Maliens attendent toujours qu’on leur rende justice, a noté Mme Woodward, exhortant les autorités de transition à progresser dans les poursuites et à redoubler d’efforts pour protéger les civils, avec l’appui de la MINUSMA. 

La représentante a également exhorté les autorités de transition à renouveler leur attachement à l’Accord pour la paix et la réconciliation, appelant de ses vœux une pleine appropriation par toutes les parties signataires.  Elle a d’autre part estimé que la réunion organisée le mois dernier par son pays avec la France sur la mise en œuvre concrète du programme femmes, paix et sécurité au Mali a démontré la « valeur réelle » d’une participation accrue des femmes au processus de paix.  

Selon M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde), les divergences sur la nomination des membres du Gouvernement de transition ayant abouti à l’arrestation du Président de la transition et du Premier Ministre le 24 mai par les forces armées reflètent clairement les « relations ténues » entre les parties prenantes maliennes. L’impact que ces développements pourraient avoir sur le calendrier de la transition est, pour l’Inde, très préoccupant. 

Le délégué a appelé les autorités maliennes à reprendre rapidement le processus de transition et à convoquer des élections législatives et présidentielle, comme prévu, au début de 2022.  Il a également souligné que la mise en œuvre des dispositifs clefs de l’Accord pour la paix et la réconciliation demeure essentielle pour assurer un paix durable au Mali. 

Préoccupé par la situation sécuritaire précaire, notamment dans le centre et le nord du pays, le haut fonctionnaire a considéré que l’absence d’État avait contribué à l’augmentation des attaques de groupes armés contre les civils et les forces internationales. 

Se félicitant des mesures de confiance prises par la MINUSMA, en particulier les accords de paix locaux au Mali central ayant contribué à réduire la violence intercommunautaire et à promouvoir la réconciliation, l’Inde a réaffirmé la nécessité d’un soutien plus solide du Conseil et de la communauté internationale à la Force du G5 Sahel. 

Rappelant l’attaque meurtrière du camp de la MINUSMA à Aguelhok le 2 avril, le représentant indien a réitéré son appel engageant la Mission à renforcer renforce la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.  « Ce récent incident souligne une fois de plus le besoin urgent d’améliorer l’infrastructure de sécurité des camps des Casques bleus », a-t-il jugé, avant de demander au Gouvernement malien de traduire en justice les auteurs d’attaques contre les soldats de la paix. 

Estimant que la responsabilité première de la lutte contre les terroristes et les groupes armés extrémistes incombait aux forces maliennes, le représentant indien a appelé à « mettre fin à la tendance consistant à confier aux Casques bleus des responsabilités qui devraient incomber en premier lieu à l’État hôte, ou à d’autres organisations internationales compétentes »

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a estimé que les développements récents au Mali représentent des risques pour la transition et menacent de compliquer encore l’application de l'Accord de paix de 2015.  Exhortant toutes les parties prenantes à régler les différends par le dialogue, il a souligné la nécessité d’assurer la pleine mise en œuvre de la transition et de prévoir la participation significative des femmes aux premiers stades du processus politique.  Préoccupé par la détérioration continue de la situation sécuritaire, notamment dans le centre et le nord du Mali, le représentant a appelé à un engagement plus fort pour la réconciliation nationale et à l’extension de l’autorité de l’État.  Il a d’autre part jugé impératif de fournir un passage sûr et fluide à l’aide humanitaire, tout en garantissant l’accès aux services de base pour ceux qui en ont besoin.  

Saluant ensuite l’action de la MINUSMA, notamment pour l’approvisionnement logistique qu’elle a fourni à la Force conjointe du G5 Sahel dans sa lutte antiterroriste, le représentant a noté que la Mission est déployée dans un environnement complexe et dangereux.  Dans ce contexte, il a condamné les attaques contre les civils, les forces de sécurité et les soldats de la paix des Nations Unies, en souhaitant que la MINUSMA dispose d’équipements et de ressources adéquats pour remplir son mandat.  Il a également appuyé la prorogation d’un an du mandat de la MINUSMA, avec son plafond actuel d’effectifs en tenue.  Enfin, il a appelé à une « approche cohérente et intégrée » des défis sécuritaires, humanitaires et de développement social au Mali, « y compris pour faire face aux impacts des changements climatiques ». 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a qualifié d’extrêmement préoccupante l’instabilité au Mali et condamné la démission forcée du Président de transition et de son Premier Ministre.  Il a estimé que l’Accord issu du processus d’Alger demeure le fondement du processus de paix au Mali, avant de souligner la nécessité de progresser s’agissant du redéploiement des unités reconstituées et de la consolidation de la présence de l’État dans le nord du pays.  Tous ceux qui entravent le processus de paix devront rendre des comptes, a-t-il ajouté.  

Le délégué a appelé à la tenue d’élections inclusives par le biais d’un processus transparent, prévoyant une large participation des femmes.  Il a invité le Gouvernement malien à adopter une approche stratégique globale pour remédier à la situation sécuritaire critique dans le centre du Mali.  Les efforts régionaux et internationaux vont se poursuivre mais leur but est de venir en soutien des efforts gouvernementaux, a-t-il affirmé.  Il a ainsi réclamé une appropriation forte par les autorités maliennes du processus de restauration de la présence de l’État.  Enfin, le représentant a dénoncé la persistance des violations massives dans le nord et le centre du pays, les civils en payant le prix fort.  Le seul moyen d’instaurer une paix durable est de prendre des mesures concrètes afin de briser l’impunité et de s’assurer que les auteurs de violations soient traduits en justice, a conclu M. Auvaart. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a d’abord rappelé les développements ayant conduit la Cour constitutionnelle malienne, par un arrêt du 28 mai, à constater la vacance de la présidence et à consacrer le colonel Assimi Goïta en qualité de Président de la transition.  Le 7 juin, le colonel a procédé à la nomination d’un Premier Ministre civil qui a formé un « gouvernement de large ouverture », dans lequel figurent notamment « des représentants des mouvements signataires, six femmes », soit 22% sur les 30% exigés par la loi. 

Il a souligné les assurances données par le Président de la transition, lors de sa rencontre avec les mouvements signataires, sur sa volonté de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.  Le Président de la transition s’est aussi engagé à organiser, dans les délais impartis, des élections crédibles, justes et transparentes, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.  Le délégué a également affirmé que le nouveau gouvernement est résolument engagé à poursuivre devant la justice les auteurs des violations aux droits de l’homme et qu’il continuerait d’œuvrer à améliorer la situation sécuritaire et humanitaire dans les régions du nord et du centre du Mali. 

Réclamant « une solidarité internationale plus agissante » pour que réussisse le processus de transition, M. Konfourou s’est inquiété des conséquences de certaines mesures prises à la suite des événements du 24 mai 2021.  Selon lui, elles comportent le risque d’annihiler les fragiles acquis enregistrés depuis plusieurs années, non seulement dans la mise en œuvre de l’Accord, mais aussi dans la lutte contre le terrorisme.  La remise en cause de ces progrès difficilement obtenus pourrait aggraver dangereusement l’instabilité au Mali et dans l’ensemble de la région du Sahel, a prévenu M. Konfourou.  «  Le Mali a donc plutôt besoin de soutien et de solidarité » de la part de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux.  « Il aurait bien voulu se passer de sanctions dans le contexte actuel », a ajouté le délégué, avant d’appeler à « la compréhension » des partenaires et de solliciter la levée des sanctions frappant un pays « déjà fragilisé par plusieurs années de crise politique, sécuritaire, économique, et sanitaire ».

Face à l’augmentation des attaques terroristes au Mali et au Burkina Faso voisin, M. Konfourou a appelé le Conseil à un financement « prévisible et pérenne » de la Force conjointe duG5 Sahel, et demandé de créer un bureau d’appui au sein de la MINUSMA en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel.  Rappelant combien le rôle de la MINUSMA était important dans la protection des populations civiles et dans l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, il a fortement appuyé la recommandation du Secrétaire général visant la prorogation de son mandat pour un an.

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