Assemblée générale: l’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, le Gabon et le Ghana entrent au Conseil de sécurité à partir du 1er janvier 2022 pour un mandat de deux ans
L’Assemblée générale a renouvelé aujourd’hui cinq sièges non permanents du Conseil de sécurité en élisant, à la majorité des deux tiers, l’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, le Gabon et le Ghana pour un mandat de deux ans commençant le 1er janvier 2022. L’Assemblée a confirmé la nomination de Mme Rebeca Grynspan, du Costa Rica, au poste de Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour un mandat de quatre ans dont le début sera annoncé plus tard, avant d’entamer son débat sur le rapport annuel du Conseil de sécurité et d’achever sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida.
Seuls candidats présentés par leur Groupe régional respectif, l’Albanie a été élue par 175 voix, le Brésil, 181 voix, les Émirats arabes unis, 179, le Gabon, 183 et le Ghana 185 voix. Ces pays remplacent les membres dont le mandat se termine le 31 décembre 2021 après avoir siégé deux ans au Conseil, à savoir: l’Estonie, le Niger, Saint-Vincent-et-les Grenadines, la Tunisie et le Vietnam. Du 1er janvier au 31 décembre 2022, le Conseil sera donc composé des cinq membres que sont la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni; les nouveaux élus rejoignant l’Inde, l’Irlande, le Kenya, le Mexique et la Norvège.
Il faut espérer que leurs prochains rapports d’activités auront meilleure presse que la dernière édition, couvrant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020, présentée aujourd’hui à l’Assemblée générale. Le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin et Représentant permanent de l’Estonie s’est pourtant enorgueilli de ce que l’organe des Nations Unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales ait pu, malgré l’impact de la pandémie de COVID-19, tenir 81 réunions en personne et 269 par visioconférence, après avoir approuvé des méthodes de travail « exceptionnelles ». Le Conseil a ainsi adopté 57 résolutions en personne et par procédure écrite, 13 déclarations présidentielles et publié 46 déclarations à la presse, sans être néanmoins en mesure d’effectuer des missions sur le terrain.
Ce sont surtout les divisions et l’échec à s’acquitter de son mandat que le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, a dit avoir retenus du Conseil, l’année dernière, y compris les graves conséquences et les indicibles souffrances humaines que cette paralysie a causées. Les succès ou les échecs du Conseil sont vus comme ceux des Nations Unies, a-t-il asséné, parce que le Conseil est le « visage » de l’Organisation. De nombreuses délégations ont d’ailleurs relevé que le Conseil a pris quatre mois pour soutenir, dans une résolution, l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu mondial pour garantir une aide humanitaire sans entrave pendant la pandémie et qu’il s’est heurté à trois reprises au droit de veto.
C’est peut-être le Costa Rica qui a le mieux résumé le sentiment général devant le rapport annuel du Conseil. Il a critiqué « l’absence totale d’analyse et de substance », laquelle empêche tout débat informé sur les questions les plus urgentes de la paix et de la sécurité internationales. Le rapport, a-t-il tranché, n’est rien de plus qu’une compilation de résolutions, de lettres de la présidence, de dates et de symboles accompagnés du nom des questions inscrites à l’ordre du jour. Sa partie prétendument substantielle et analytique se réduit peu à peu à « une peau de chagrin », passant de six lignes en 2018, à quatre en 2019 pour n’être plus que trois lignes en 2020. Le rapport parle des crises sans les énumérer.
Les évaluations mensuelles des présidences du Conseil ont été réduites à une simple liste, plusieurs présidents n’ayant même pas procédé à l’exercice, dont deux membres permanents. Le Conseil doit pouvoir expliquer pourquoi après des délibérations sur une situation donnée, il choisit d’adopter une résolution, une déclaration présentielle ou un communiqué à la presse, a martelé le Costa Rica. Ces documents sont appelés « résultats » mais, ont tranché à leur tour les Émirats arabes unis, de vrais résultats c’est lorsqu’on a fait une différence sur le terrain. Le Conseil, se sont-ils impatientés, doit cesser de croire que quand il adopte une résolution, il a fait son travail. Bien au contraire, c’est là que les choses commencent.
Quand une résolution n’est pas adoptée, le Conseil doit aussi dire pourquoi, a renchéri l’Iran, qui s’est par exemple étonné que le rapport ne dise rien sur la raison pour laquelle 13 des membres du Conseil se sont opposés au projet de résolution présenté par les États-Unis, le 14 août 2020, pour lui imposer un embargo sur les armes. Il s’agissait, a souligné l’Iran, de rejeter une violation « claire » de la résolution 2231 (2015) sur le Plan d’action global commun.
Le manque de transparence, l’opacité et le caractère exclusif de la prise de décision au Conseil ont été vivement critiqués par le Pakistan. Une large part des travaux a lieu à huis clos, érodant « la culture d’ouverture ». Le Conseil est en effet devenu « plus fermé que jamais », sans interaction avec les autres États membres, validant l’idée que sa nature « fermée et élitiste » ne peut être changée que par l’arrivée de nouveaux membres non permanents.
Pour le rapport annuel de 2021, le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence Groupe (Groupe ACT) a dit attendre une analyse de l’impact de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales, sur les travaux et les outils dont dispose le Conseil et l’énumération et l’évaluation de toutes les réunions virtuelles, qualifiées aujourd’hui de « visioconférences » ou de « réunions informelles ».
L’Assemblée générale a aussi entendu aujourd’hui les derniers orateurs de sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida qu’elle a entamé le 8 juin dernier, en adoptant une Déclaration politique fixant des objectifs « ambitieux » à réaliser d’ici à 2025, pour pouvoir concrétiser l’objectif 3 sur la santé et le bien-être du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
L’Assemblée a prévu une autre séance publique mercredi 16 juin à partir de 10 heures pour se prononcer sur plusieurs résolutions.
ÉLECTION DE MEMBRES NON PERMANENTS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (A/75/2)
Déclarations liminaires
M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a souligné l’importance du débat d’aujourd’hui, le Conseil de sécurité étant chargé d’agir au nom de tous les États Membres des Nations Unies. Il a indiqué que l’examen du rapport du Conseil est une responsabilité prévue par la Charte et l’occasion de tenir les Quinze responsables « de qu’ils ont fait ou pas fait ». Le Président de l’Assemblée a félicité ces derniers pour avoir présenté leur rapport annuel dans des délais satisfaisants, « pour la première fois de l’histoire récente ». C’est un premier pas positif pour renforcer la transparence et la responsabilité du Conseil vis-à-vis de tous les États Membres des Nations Unies.
Le Président a salué l’activité soutenue du Conseil en 2020 malgré les effets négatifs de la pandémie. Il a aussitôt noté avec regret les cas où le Conseil a affiché ses divisions et échoué à s’acquitter de son mandat, engendrant de graves conséquences et d’indicibles souffrances humaines. Les succès ou les échecs du Conseil sont vus comme les succès et les échecs des Nations Unies, a-t-il dit, en rappelant que le Conseil est le « visage » de l’ONU. Le Président a exprimé sa détermination à assurer, avec la présidence du Conseil, un processus de sélection du Secrétaire général « transparent et inclusif ». « J’espère que ce processus s’achèvera avec succès la semaine prochaine lorsque tous les membres de l’ONU se réuniront pour la décision finale. »
Le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin et Représentant permanent de l’Estonie a présenté le rapport annuel (A/75/2), couvrant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020. M. SVEN JÜRGENSON a indiqué que malgré l’impact de la pandémie de COVID-19, le Conseil a tenu 81 réunions en personne et 269 par visioconférence. Il a approuvé des méthodes de travail « exceptionnelles » pour permettre la poursuite de ses travaux dont la plupart ont été maintenues au cours de chaque présidence, de mars à décembre.
Au cours de la période considérée, le Conseil a adopté 57 résolutions en personne et par procédure écrite, 13 déclarations présidentielles et publié 46 déclarations à la presse, mais il n’a pas été en mesure d’effectuer des missions sur le terrain. Le Conseil a continué de se concentrer sur les situations qui affectent la paix et la sécurité en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique latine, dans les Caraïbes et au Moyen-Orient. Il a également continué d’examiner des questions thématiques, générales et transversales, notamment la non-prolifération, les menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes terroristes, la protection des civils dans les conflits armés, les enfants et les conflits armés, le maintien et la consolidation de la paix, les femmes, la paix et la sécurité et la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.
Le Conseil a aussi entendu des exposés sur les travaux de ses organes subsidiaires, y compris ses comités des sanctions. Il a organisé un débat public annuel sur ses méthodes de travail en mai 2020 pour examiner la mise en œuvre de la Note S/2010/507 et discuter des moyens d’assurer la transparence, l’efficience et l’efficacité des travaux.
Le Président du Conseil s’est dit heureux de pouvoir dire qu’en dépit des restrictions aux méthodes de travail du Conseil, imposées par la pandémie de COVID-19, le Conseil a pu terminer et adopter son rapport encore plus tôt que l’année dernière. L'examen de ce rapport par l’Assemblée est un aspect très important de la transparence, a souligné M. Jürgenson qui s’est engagé à transmettre les points de vue exprimés aujourd’hui à ses collègues du Conseil.
Déclarations
Au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a commencé par indiquer que l’une des priorités du Groupe est de promouvoir l’interaction significative entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale et plus de transparence de la part du Conseil. Il a salué le fait que ce dernier ait adopté son rapport trois jours avant la date butoir du 30 mai et que son examen par l’Assemblée générale intervienne immédiatement après. Ce rapport, a estimé le représentant, donne un aperçu « utile et factuel » des travaux du Conseil, profondément impactés en 2020 par la crise liée à la pandémie de COVID-19. Le Conseil a donc dû renoncer à plusieurs réunions en personne et aux missions sur le terrain.
Soucieux que la mémoire institutionnelle des méthodes de travail du Conseil soit préservée en cas de circonstances exceptionnelles, le représentant a encouragé des discussions régulières sur les leçons apprises de cette crise, en gardant à l’esprit les objectifs tels que la préparation aux éventualités et l’efficacité, l’efficience et la transparence des travaux.
Le représentant s’est félicité des efforts déployés pour un retour progressif dans la salle du Conseil de sécurité et aux méthodes de travail qui y sont associées, compte tenu de l’évolution de la situation à New York. Il a cependant regretté qu’en 2020, les restrictions sanitaires aient affecté l’inclusivité du Conseil à la fois pour les non-membres du Conseil et pour les autres parties prenantes. Il a par ailleurs salué l’introduction d’intitulés clairs sur les dossiers individuels et thématiques, tout en jugeant que les contributions des rapporteurs d’autres organes de l’ONU ou de la société civile, ainsi que celles des non-membres du Conseil lors des réunions pertinentes, pourraient être mieux reflétées.
Le représentant a également encouragé des évaluations mensuelles par les présidences du Conseil, notant que ces documents constituent d’importantes références pour refléter les points de vue des membres et éclairer les travaux du rédacteur du rapport annuel et des délibérations du Conseil en la matière. Selon lui, ces évaluations ne doivent pas être considérées comme le point de vue du Conseil dans son ensemble et assujetties au consensus. Le représentant a d’autre part salué les efforts visant à accroître la transparence des activités du Conseil, notamment les séances d’information organisées pour tous les membres et les sessions de synthèse, respectivement au début et à la fin des présidences successives. Il a encouragé tous les membres actuels et futurs du Conseil à poursuivre et à renforcer cette pratique.
Enfin, dans la perspective du rapport annuel 2021 et au-delà, il a prévenu que l’année en cours sera encore marquée par les effets de la pandémie, tant pour le fonctionnement du Conseil de sécurité que pour la quasi-totalité des points inscrits à son ordre du jour. De fait, a-t-il dit, le Groupe ACT réitère ses appels au Conseil pour qu’il prenne en considération, dans l’introduction du rapport 2021, l’impact de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales et sur les travaux et outils. Il a invité les membres du Conseil à discuter de cette option, y compris dans le cadre du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure. Il a également espéré que le Conseil tiendra dûment compte, dans le rapport annuel 2021, de toutes les réunions qui ont eu lieu dans un format virtuel, bien qu’elles aient été qualifiées de visioconférences ou de réunions « informelles » dans le programme de travail depuis avril 2020. Le Groupe ACT, a-t-il dit en conclusion, se réjouit de collaborer avec la France qui dirigera le processus de rédaction du rapport 2021.
Mme LIVIA LEU (Suisse) a d’emblée souligné la réactivité du Conseil de sécurité aux défis de la paix et de la sécurité internationales. Saluant le « potentiel d’amélioration », elle a voulu soulever trois points importants et d’abord la souplesse du Conseil dont elle s’est félicitée, pour assurer la continuité de son action au cœur de la pandémie. Le Conseil, a-t-elle estimé, est parmi les organes de l’ONU qui ont réagi le plus vite et qui sont restés opérationnels même pendant le confinement total à New York. Cependant, la représentant a regretté que l’adaptation à la nouvelle donne se soit faite au détriment de la participation des États non membres aux travaux du Conseil.
Malgré des négociations « longues et difficiles », le Conseil, s’est encore félicitée la représentante, a finalement pu envoyer « un signal fort » de responsabilité par la résolution 2532 (2020) soutenant l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, élément crucial pour garantir un accès humanitaire sans entrave. Poursuivant, la représentante a fait observer que 2020 a sonné les 20 ans de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, dont la mise en œuvre a connu une évolution encourageante.
Dans un troisième point, la représentante a dit saisir l’ampleur face de la tâche assignée au Conseil en 2020 et a salué l’exploitation de la large palette d’instruments à sa disposition. La représentante a donné pour exemple la Mission au Soudan qui joue un rôle essentiel dans le soutien à la transition en cours. En revanche, elle a regretté l’affaiblissement du mécanisme d’assistance humanitaire transfrontalière en Syrie, un pays qui représente le plus grand engagement humanitaire de l’histoire de la Suisse. La représentante a conclu en indiquant que son pays va présenter dans un an et pour la toute première fois, sa candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité, afin d’assurer sa contribution à la paix et la sécurité internationales.
M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), qui a fait sienne la déclaration du Portugal au nom du Groupe ACT, a critiqué un « rapport quantitatif » et réclamé des analyses, des informations et des détails sur les réunions, qui sont importants pour les États Membres. Quels sont les points qui ont fait l’objet d’un accord? Quelles sont les difficultés auxquelles le Conseil de sécurité s’est heurté? Quelle est l’évaluation des menaces à la paix et à la sécurité internationales? Comment la pandémie de COVID-19 continue-t-elle d’influer sur le travail des missions sur le terrain? Quel impact a eu sur le terrain la résolution 2532 (2020) sur le soutien du Conseil à l’appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général? Ce sont des réponses à toutes ces questions que nous aurions souhaitées, a martelé le représentant. M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a critiqué « l’absence totale d’évaluation et de substance » dans le rapport du Conseil de sécurité, laquelle empêche tout débat informé sur les questions les plus urgentes de la paix et de la sécurité internationales. Le rapport n’est rien de plus qu’une compilation de résolutions, de lettres de la présidence, de dates et de symboles accompagnés du nom des questions inscrites à l’ordre du jour, s’est indigné le représentant. Sa partie prétendument substantielle et analytique se réduit peu à peu à « une peau de chagrin », passant de six lignes dans le rapport 2018, à quatre en 2019 pour n’être plus présenter que trois lignes dans le rapport 2020.
La seule partie substantielle du rapport 2020 se limite à dire qu’« en 2020 la situation internationale s’est caractérisée par différentes crises, malgré l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial afin que les efforts se concentrent sur la lutte contre la pandémie ». Le rapport n’énumère même pas la liste de ces crises ni les raisons qui ont empêché la concrétisation de l’appel urgent à un cessez-le-feu mondial. Le Conseil a attendu quatre mois pour adopter une résolution en faveur de cet appel et s’exprimer sur la pandémie de COVID-19.
Le représentant a aussi noté que les évaluations mensuelles des présidences du Conseil ont été réduites à une simple liste, sans aucune évaluation ni analyse, plusieurs présidents n’ayant même pas procédé à l’exercice, dont deux membres permanents. Le représentant a dit attendre du Conseil un rapport annuel plus analytique, réflexif et prospectif, et non une simple compilation. Il a réclamé une analyse du processus de prise de décisions, en particulier des points de divergence et de convergence. Le Conseil doit expliquer pourquoi après des délibérations sur une situation donnée, il choisit d’adopter une résolution, une déclaration présentielle ou un communiqué à la presse.
Le Conseil doit aussi, a conclu le représentant, rendre ses débats plus inclusifs et plus participatifs en adaptant, en conséquence, ses méthodes de travail. Enfin, le représentant a proposé que les résolutions, quand elles portent sur des menaces à la paix internationale et à la sécurité internationale, soient ouvertes au coparrainage de tous les États Membres et pas seulement aux 15 membres du Conseil.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a estimé que les rapports annuels du Conseil devraient démontrer ce que dernier a apporté comme changements dans le monde et ne pas se contenter de donner un aperçu du nombre de réunions qu’il a eues ou des déclarations qui ont été prononcées. Bien qu’il puisse être difficile de lier directement un résultat du Conseil à un effet sur un conflit ou une menace à la paix et à la sécurité, « le monde attend quand même du Conseil qu’il produise des résultats ». Le Conseil pourrait, par exemple, mesurer l’effet de son actions sur le programme « femmes, paix et sécurité » en déterminant si plus de femmes ont été impliquées dans les processus de médiation. De même, il pourrait évaluer son soutien à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial et voir les conséquences, avec de véritables données.
Les résolutions du Conseil et les déclarations présidentielles sont appelées « résultats », mais nous devrions ne pas perdre de vue que les résultats réels consistent à savoir si ces résolutions ou déclarations font une différence. Le Conseil devrait donc veiller à assurer le suivi de ses décisions et ne pas penser que le travail est fait lorsqu’une résolution est adoptée. « En fait, c’est à ce moment-là que le travail commence », a-t-elle relevé, ajoutant qu’en tant que membre potentiel du Conseil pour 2022-2023, son pays s’efforcera de renforcer autant que possible la nature axée sur les résultats du Conseil.
Deuxièmement, a poursuivi la représentante, « le Conseil est plus efficace lorsqu’il est uni ». Alors que les défis de sécurité sont de plus en plus complexes et qu’il devient difficile d’atteindre l’unanimité, nous devons créer les conditions qui permettent le compromis et le consensus, a-t-elle plaidé. Bien que la pandémie ait rendu les négociations impossibles, le retour aux réunions en présentiel devrait permettre au Conseil de créer un espace pour des échanges privés et francs qui aident à surmonter les obstacles politiques et à rapprocher les positions sur des questions épineuses afin que chacun se sent à l’aise pour partager ses points de vue.
Toutefois, a nuancé la représentante, nous ne devons pas fonder nos espoirs sur un Conseil plus uni uniquement grâce à des réunions en présentiel. Nous devons également nous efforcer de parvenir à un consensus sur la prorogation des mandats, en particulier lorsque les soldats de la paix sont en danger. En 2019, a-t-elle noté, 84% des renouvellements de mandat ont été effectués à l’unanimité mais ce chiffre est tombé à 77% l’an dernier. « Nous ne pouvons pas laisser la politique éroder le soutien aux missions de maintien de la paix et saper les mandats que le Conseil de sécurité leur a confiés », a-t-elle martelé.
Enfin, observant que la pandémie de COVID-19 a été un défi pour tous, la représentante s’est félicitée que le Conseil ait pu adapter ses méthodes de travail relativement rapidement, prouvant ainsi qu’il peut se montrer résilient et innovant si besoin. Le partage des bonnes pratiques de gestion des réunions virtuelles par les présidences successives a joué un rôle clef en permettant au Conseil de faire face aux premiers défis liés au changement soudain de ses méthodes de travail, a-t-elle constaté, avant de former le vœu que cet esprit d’innovation sera maintenu, alors que l’on s’achemine vers une « nouvelle normalité ».
M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a jugé le débat d’aujourd’hui important pour plusieurs raisons et d’abord parce que le Conseil de sécurité a l’obligation, au titre de la Charte, de présenter un rapport annuel à l’Assemblée générale. Deuxièmement, a-t-il poursuivi, les membres du Conseil élus ou non élus, agissent au nom de l’ensemble des États Membres, et ce débat est un mécanisme propre à les tenir comptables de leurs actes, ce qui est important, pour la relation entre les deux organes. Enfin, ce débat permet aux membres de l’Assemblée générale de faire connaître leur point de vue sur les activités du Conseil. Compte tenu de cela, le représentant a réclamé des rapports plus analytiques avec davantage de réflexion en lieu et place des statistiques sur le nombre des lettres échangées et des textes adoptés.
Le rapport est loin d’être le document de fond qui permettrait aux États Membres d’évaluer en profondeur les activités du Conseil, a tranché le représentant.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déploré le manque de transparence du Conseil, ainsi que la lenteur des progrès s’agissant de la réforme de ses méthodes de travail. Il a vu une « tendance préoccupante » dans le fait que le rapport demeure incomplet sur les activités du Conseil mais surtout sur les domaines où le Conseil échoue à agir. Le Conseil n’a pas assumé son rôle de leadership pendant la pandémie, a asséné le délégué, en lui reprochant d’avoir tardivement soutenu l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial. Rappelant que la sécurité humaine doit être au cœur de ses travaux, il a estimé que le Conseil n’est pas à la hauteur des responsabilités que la Charte lui confie. Il a ainsi dénoncé la décision de restreindre à un strict minimum l’assistance humanitaire transfrontalière en Syrie, une aide vitale qui est devenue « un objet de marchandage » entre des pays d’abord et avant tout soucieux de leurs intérêts nationaux, a-t-il dit. Le délégué a fustigé l’exercice à trois reprises du droit de veto en 2020.
M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a concédé que par rapport aux années précédentes, le rapport 2020 est « une amélioration ». Le rapport parle de ce que le Conseil n’a pas pu faire et mentionne des résolutions qui n’ont pas pu être adoptées. Mais il aurait dû inclure des explications, et notamment sur les trois « vétos » de l’année dernière. Se défendant de vouloir critiquer les membres du Conseil, le représentant leur a expliqué que l’introduction d’un peu plus de transparence sur les défis auxquels ils sont confrontés les aiderait à aller de l’avant sur les questions difficiles. Il a salué le fait que le rapport ait été présenté dans les délais impartis, estimant que le respect du calendrier montre « le sérieux » du Conseil. Il s’est dit « encouragé » par le fait que presque tous les présidents du Conseil aient présenté leur évaluation mensuelle, avant de regretter l’absence de consultations sur l’élaboration du rapport, les dernières remontant à 2002.
M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a, à son tour, critiqué un rapport sans informations substantielles et analytiques sur les grandes tendances de la paix et de la sécurité internationales. Ce document, a-t-il tranché, ne remplit pas les conditions prévues par la Charte, parce qu’il ne permet pas à l’Assemblée d’apprécier dans le fond la performance du Conseil. Le représentant a pris pour exemple l’acte terroriste, commis sur ordre du Président des États-Unis, le 3 janvier 2020, et qui a violé la souveraineté de l’Iraq, tuant « deux héros » de la lutte régionale contre la terreur, dont le général Qasem Soleimani. Alors que cet « aventurisme militaire » de la part d’un membre permanent du Conseil a précipité une région déjà volatile au bord d’une guerre totale, le Conseil est resté silencieux.
Le représentant a également rappelé que, le 14 août 2020, les États-Unis ont présenté un projet de résolution imposant un embargo sur les armes à son pays, un texte rejeté par 13 membres du Conseil. Le rapport mentionne ce fait mais il ne dit rien sur la raison de cette « forte opposition » qui est la violation de la résolution 2231 (2015). L’actuelle administration américaine affirme avoir changé de cap sur le Plan d’action global commun. Certes, a dit le représentant, mais ce changement nous semble sémantique, parce que la politique de pression maximale continue. Il a dénoncé les sanctions américaines contre son pays et a prévenu que les pourparlers en cours à Vienne permettront à l’Iran mesurer « la sincérité » des États-Unis. Il a dit attendre de ces derniers un véritable changement de cap, l’abandon de sa politique de pression maximale et de son « terrorisme économique ». Le représentant n’a pas voulu conclure sans dénoncer l’échec « misérable » du Conseil face aux violations commises par le régime israélien qui encouragé par le silence du Conseil, a mené une guerre totale de 11 jours à Gaza. Compte tenu du fait que les répercussions humanitaires, sociopolitiques et économiques de la pandémie de COVID-19 sur la paix et la sécurité internationales continueront d’être présentes dans les mois et les années à venir, en particulier dans les pays les plus vulnérables, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a jugé que l’action du Conseil, en collaboration avec l’Assemblée générale et d’autres organes de l’ONU, sera d’une importance particulière. C’est précisément pour ces raisons que l’on ne peut ignorer qu’en 2020, certains projets de résolution, dont l’objectif principal était de faciliter l’accès humanitaire sans restriction dans les zones de conflit, ont fait l'objet d’un véto sur lequel le rapport du Conseil ne donne aucune explication.
Tout cela, a-t-il dit, souligne une fois de plus la nécessité d’adopter des mécanismes formels pour garantir la transparence et la responsabilité du Conseil de sécurité envers la communauté internationale. Le Mexique en a profité pour réitérer son appel aux membres permanents du Conseil de sécurité de renoncer à leur droit de veto en cas d’atrocités de masse, et pour exhorter la communauté internationale à se joindre à l’initiative franco-mexicaine, qui compte déjà 105 signataires.
Le représentant a également relevé une omission importante « qui a des implications », à savoir que le rapport n’identifie pas clairement les communications envoyées au Conseil de sécurité en vertu de l’Article 51 de la Charte sur le droit de légitime défense. Certains États ont invoqué cet Article dans des contextes qui dépassent son champ d’application, créant un précédent dangereux sur l’usage de la force, a mis en garde le représentant. Il a d’ailleurs rappelé que cette question a été évoquée lors de la réunion en formule Arria que son pays a convoquée le 24 février dernier.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est tout d’abord félicité que le Conseil de sécurité ait adopté son rapport plus tôt que les années précédentes. Cette amélioration est encourageante mais on ne saurait en dire autant sur son contenu, a-t-il relativisé. S’il fournit une compilation utile des délibérations, le rapport ne fait pas la lumière sur la façon dont le Conseil fait face à des situations particulière et prend ses décisions, a regretté le représentant. Notant que la Charte de l’ONU fait obligation au Conseil de fournir un rapport annuel sur ses travaux à l’Assemblée générale, il a souhaité que cette obligation ne devienne pas un « simple rituel ». En effet, a-t-il pointé, le processus de prise de décision du Conseil est critiqué pour son opacité et son caractère exclusif. Une large part de ses travaux a lieu à huis clos, ce qui n’a pas toujours été le cas. Alors que ces travaux étaient ouverts à tous les États Membres au cours des premières années de l’ONU, cette culture d’ouverture s’est progressivement affaiblie, comme en témoigne la fréquence des réunions à huis clos qui ne sont pourtant pas prévues par le règlement intérieur du Conseil.
Certains non-membres ne pouvant participer aux séances publiques réservées de plus en plus aux membres, le Conseil est devenu « plus fermé que jamais », sans interaction avec les autres, ce qui compromet son rôle qui est d’agir au nom de tous les États Membres. Cela valide l’idée selon laquelle la nature fermée et élitiste du Conseil peut être changée non pas seulement par l’arrivée de nouveaux membres mais en renforçant son inclusivité et en augmentant le nombre des membre non élus. Alors que le Conseil reprend ses réunions en présentiel, il doit parvenir à un équilibre entre fonctionnalité et ouverture, a plaidé M. Akram. Il faut, selon lui, que les non-membres puissent participer aux travaux, en particulier sur les questions qui les concernent. De plus, il importe de ne pas perpétuer les restrictions lies à la pandémie de COVID-19.
De l’avis de M. Akram, le huis clos de certaines réunions et l’absence de transparence contribuent à « travestir la réalité ». Alors que les tensions augmentent dans le monde et que les conflits prolifèrent, peu de progrès ont été accomplis sur les situations existantes, a constaté le représentant, citant l’exemple du Jammu-et-Cachemire. Le Conseil n’a examiné cette situation qu’à deux reprises en 2020, alors que c’est un des points qui figurent depuis le plus longtemps à son ordre du jour. Selon lui, l’accord intervenu cette année entre les autorités militaires du Pakistan et de l’Inde le long de la ligne de contrôle a montré leur engagement à prévenir une escalade. Le Secrétaire général s’est lui-même félicité de cette évolution positive et a émis l’espoir d’un rapprochement entre les parties, a insisté M. Akram, ajoutant que ce ne sera possible que si l’Inde prend des mesures pour créer les conditions propices à ce dialogue.
Or, a-t-il déploré, l’Inde poursuit sa politique de répression dans le Jammu-et-Cachemire occupé et essaie de modifier la composition démographique de ce territoire. Pour le représentant, ce différend pourrait être réglé de manière durable grâce à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil. Pour l’heure, la crise humanitaire et les tensions continuent de représenter une « menace constante » pour la paix et la sécurité internationales. Évoquant ensuite la période « historique » que traverse l’Afghanistan, M. Akram a souhaité que les parties afghanes saisissent cette occasion de réconciliation et continuent d’avancer sur la voie du processus de paix de Doha pour arriver à une fin des hostilités. Il a également espéré que la communauté internationale et le Conseil approuveront les efforts visant à un règlement négocié et limiteront le rôle des « fauteurs de troubles ». Pour le représentant, la poursuite de la tragédie palestinienne est un autre exemple de l’incapacité du Conseil à assurer la mise en œuvre de ses propres résolutions.
Dénonçant la paralysie du Conseil sur cette situation, il a également estimé que les innombrables autres conflits ne peuvent être séparés du phénomène croissant d’islamophobie et des discours de haine à l’encontre des musulmans. Face à cette « nouvelle forme émergente de terrorisme », il a appelé la communauté internationale et le Conseil à lutter contre les groupes fascistes et totalitaires qui diffusent ces idées. Il a en outre souhaité que le Conseil élargisse le champ du régime de sanctions pour y inclure les groupes « aspirés par ces nouvelles théories de haine contre les musulmans ».
Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a exigé un rapport annuel complet et transparent pour que les États Membres puissent réfléchir aux travaux menés et à leurs incidences pour le maintien de paix et la sécurité internationales. Elle a appelé le Conseil à enrichir son rapport avec davantage de contenus analytiques et l’a exhorté à tenir des débats publics sur la situation en Géorgie pour discuter des conflits prolongés de manière plus approfondie. Elle a regretté que le débat que le Conseil a tenu en 2020 au titre des questions diverses sur l’agression militaire de la Fédération de Russie ne figure pas dans le rapport.
Rappelant que son pays était membre du Conseil en 2020, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a tout de même regretté un rapport peu analytique, empêchant de mieux comprendre les efforts du Conseil. Elle a regretté que la question du Sahara occidental soit complètement en suspens et dénoncé l’incapacité du Conseil à agir sur la question de Palestine et du Moyen-Orient, en général. Elle a pointé du doigt « la lenteur » dans la réforme du Conseil dont les mêmes ont tout de même pu se montrer « dynamiques » dans le programme « femmes, paix et sécurité ». Soulignant la place importante de l’Afrique dans l’ordre du jour du Conseil, elle a demandé à la pérennisation des consultations annuelles avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19, c’est réformer le Conseil pour le rendre plus représentatif, a conclu la représentante.
M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a jugé encourageant le fait de tenir enfin une réunion en présentiel sur le rapport du Conseil. Il a remercié les membres du Conseil qui informent le reste des Membres de l’ONU des activités du Conseil en début et en fin de mois. Il s’est félicité de la référence contenue dans le rapport à l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial et à la résolution du Conseil qui l’a entériné. Malheureusement, le rapport ne fait pas état de l’application de ladite résolution, a-t-il dit. Il ne contient pas non plus de compte rendu des réunions en formule Arria. Ce rapport doit être plus analytique, a martelé à son tour le représentant. L’accent doit être mis sur le fond.
M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a indiqué qu’il souhaiterait que le rapport du Conseil de sécurité contienne une perspective plus analytique, et davantage de renseignements sur les tendances et l’évolution de la situation, en particulier sur les sujets se rapportant à des régions ou à des pays précis. Il a également pressé « ardemment » le Conseil de sécurité de continuer de solliciter l’avis de la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui a été présidée par le Canada au cours de la période visée, et de s’y fier. Il a constaté qu’il a fallu trop de temps avant que l’on ne s’attaque aux conséquences de la pandémie de COVID-19 proprement dite. Il s’agit d’un échec lamentable, en particulier dans la mesure où le Secrétaire général, avec l’appui du Canada et d’un grand nombre d’États membres, a presque immédiatement appelé à un cessez-le-feu mondial afin de se concentrer sur la lutte contre la COVID-19, a-t-il déploré.
Le représentant a relevé que la capacité pour le Conseil de se réunir virtuellement est cruciale, et que celle-ci a également facilité la participation de représentants de haut niveau de certains États membres du Conseil et de certains présentateurs, « une nouveauté qu’il convient de pérenniser ». Cependant, l’accès des États non membres aux travaux du Conseil a été coupé, même lors de débats soi-disant « ouverts », a-t-il regretté. Il a appelé à prendre rapidement des décisions pour leur permettre de reprendre leur participation.
Le multilinguisme a également souffert de la pandémie et du passage aux rencontres virtuelles, a-t-il poursuivi, notant que le secrétariat et les États membres du Conseil ont tardé à adopter des solutions technologiques. Des inégalités se sont ainsi créées entre les délégations ici même, à New York. Et le problème est encore bien plus grand pour ce qui est de la participation des personnes sur le terrain, qui ont la meilleure connaissance des situations de conflit, a-t-il signalé.
M. Rae s’est par ailleurs dit préoccupé par la question de la participation des femmes aux travaux du Conseil et a appelé les membres du Conseil et sa présidence à donner préséance aux présentatrices et aux expertes au moment d’établir les programmes de travail mensuels. Le problème est causé par un manque d’ambition, et non par le manque de femmes occupant des postes importants dans le domaine de la paix et de la sécurité, a-t-il affirmé.
M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a, à son tour, remercié le Conseil d’avoir adopté son rapport avant la fin du mois de mai et su adopter des méthodes de travail souples, compte tenu des contraintes imposées par la pandémie de COVID-19. Il a invité tous les membres du Conseil à faire des évaluations mensuelles à la fin de leur présidence respective et a insisté sur un rapport annuel contenant des analyses plus poussées sur les travaux et les différentes positions des États Membres. Pour le Chili, le renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies en Colombie et la sécurité de celle déployée en Haïti sont des questions d’une importance particulière. Le représentant a plaidé pour plus de transparence dans les processus de prise de décision du Conseil de sécurité, au nom du multilatéralisme et de la confiance de l’opinion publique.
M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a félicité les membres du Conseil pour avoir respecté la date butoir pour l’adoption et la présentation de leur rapport et observé qu’à l’évidence, les travaux du Conseil ont été affectés par la pandémie de COVID-19. Toutefois, a-t-il fait remarquer, cette crise n’a pas amoindri la charge de travail ni réduit les obligations du Conseil au regard de la Charte de l’ONU. Or, l’année 2020 a été marquée par une aggravation des tensions et des turbulences dans le monde, parfois en raison des effets de la pandémie, a constaté le représentant. Il est donc essentiel que le Conseil puisse poursuivre ses travaux et traiter des différentes situations, a-t-il plaidé, avant de regretter la menace que fait peser le droit de veto sur la prise de décision.
Le représentant a aussi regretté que les membres du Conseil n’aient pas réussi à s’entendre sur des mesures intérimaires comme le vote virtuel en temps réel. En vue du prochain rapport, il a souhaité que le Conseil précise les répercussions de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales ainsi que les leçons qu’il tire de cette crise pour ses travaux. Il a également souhaité que les travaux du Conseil cessent d’être perturbés par les tensions et les dissensions. Il importe donc, selon lui, que le Conseil soit transparent dans son fonctionnement et soit comptable de ses actes. « Le débat de ce jour est un pas dans la bonne direction », a-t-il conclu.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a de nouveau appelé le Conseil à prendre des mesures afin de respecter les délais de présentation de son rapport à l’Assemblée, et ce dans un cadre « plus complet et analytique ». Elle a réitéré la position de principe de son pays quant à la tenue de consultations ouvertes avant et pendant l’élaboration de ce rapport. Ceci permettrait, à ses yeux, de démocratiser les travaux au niveau de l’organe exécutif et de refléter une vision d’ensemble. De plus, la représentante a jugé important que figurent dans le rapport une analyse du processus de prise de décisions, ainsi que des éléments susceptibles d’éclairer les motivations qui ont mené les membres permanents à utiliser leur droit de veto. Pour finir, elle a préconisé que le Conseil de sécurité se concentre à l’avenir sur la formulation d’une stratégie politique. C’est un élément central dans la modification et l’élaboration des opérations de maintien de la paix.
M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a relevé que la présentation plus rapide du rapport avait permis son examen deux mois plus tôt que dans le passé et a souhaité que cette pratique se poursuive, tout en suggérant que celle-ci soit accompagnée d’une mise à jour du travail du Conseil. Il a relevé que la structure du rapport n’avait pas évolué et a souhaité que celui-ci contienne un aperçu plus stratégique de la mise en œuvre du mandat du Conseil et davantage de perspectives en matière de tendance et d’indicateurs de conflit. Par-dessus tout, le rapport devrait adopter une approche plus coopérative envers l’Assemblée générale, a-t-il estimé, évoquant le respect de chaque État Membre envers les décisions du Conseil. « La mise en œuvre ne peut être absente du rapport du Conseil. » Il a également engagé le Conseil à améliorer ses relations avec les États Membres directement concernés par les points inscrits à son ordre du jour et avec ceux qui accueillent des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Le représentant a ensuite alerté qu’un effort est en cours pour tenter d’annuler les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil au sujet de la question de Chypre. Une campagne sur le terrain cherche à créer suffisamment de faits accomplis pour rendre ces résolutions inapplicables, a-t-il dit. Il a appelé le Conseil à empêcher ces développements, estimant que l’action la plus immédiate concerne la mise en œuvre sans plus tarder de ses décisions sur Varosha.
Il est certes utile d’inclure dans le rapport les documents que le Conseil reçoit ou élabore, mais ce qu’il faut, a insisté M. YURIY VITRENKO (Ukraine), c’est « au moins une idée de ce qui se passe sur le terrain » et les raisons pour lesquelles telle ou telle résolution a été rejetée. Le Conseil pourrait expliquer même brièvement quel aspect de quel document a été perçu différemment par ses membres. Il devrait s’attarder sur les résolutions qui n’ont pas été adoptées comme celle tant attendue, en octobre, sur les femmes, la paix et la sécurité. Le représentant s’est dit déçu du libellé « indélicat » sur le conflit entre son pays et la Fédération de Russie. Il est « essentiel », a-t-il martelé, d’utiliser le bon libellé. Il a particulièrement insisté sur la réunion d’information avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et estimé que la mention « de la crise dans l’est de l’Ukraine » promeut la propagande de la Fédération de Russie qui veut faire croire qu’il s’agit d’une crise interne et pas internationale. C’est là, a tranché le représentant, une tentative de « l’agresseur » de cacher son rôle. Le représentant s’est aussi dit particulièrement déçu qu’un libellé « arrangé » ait été utilisé dans le rapport au lieu des faits exposés clairement par le représentant de l’OSCE.
M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a souligné le fait remarquable qu’a constitué l’absence de réunions du Conseil en présentiel en raison de la pandémie, avant de se féliciter de la continuité des travaux du Conseil. Il a plaidé pour une action du Conseil flexible et innovante face à la recrudescence des dangers, dans le respect d’un bon équilibre entre transparence et efficacité. Le délégué a demandé des méthodes de travail plus efficaces et souhaité un rapport plus inclusif et analytique. La présentation de ce rapport n’est pas qu’une question de procédure, a-t-il dit, en insistant sur son importance pour les relations avec l’Assemblée. Le délégué a remercié les membres du Conseil qui ont tenu une séance à la fin de leur présidence pour informer les autres Membres de l’ONU. Enfin, il a pointé l’existence d’un consensus sur la nécessité d’une réforme du Conseil pour renforcer sa légitimité et son efficacité.
M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a rappelé que la pandémie a affecté les activités de tous les organes des Nations Unies, dont le Conseil de sécurité qui a dû adapter ses méthodes de travail aux nouvelles circonstances. Les nouvelles modalités ont permis au Conseil de poursuivre ses travaux et de s’acquitter de son mandant. Cependant, le représentant a relevé des incidences sur l’exécution, la souplesse et l’agilité dans la prise de décisions, de même que sur l’inclusion et la transparence des travaux. Les plus affectés, a-t-il constaté, ont été les membres non permanents du Conseil. Pour lui, « la pandémie a démontré l’importance de la diplomatie en présentiel ». C’est pourquoi l’Argentine milite pour un retour à la normale dans son fonctionnement en prenant bien sûr les précautions nécessaires. Son représentant a exhorté, en conclusion, les présidences du Conseil à procéder à des réunions-bilan dans les délais et avec le sérieux que cet exercice mérite.
M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) s’est félicité qu’en dépit des perturbations causées par la pandémie de COVID-19 en 2020, le Conseil de sécurité ait su s’adapter aux circonstances en prenant des mesures provisoires afin de s’acquitter de son mandat. Bien que les travaux du Conseil restent marqués par un « niveau élevé d’opacité », il a salué le fait que cet organe ait pu continuer à travailler. Rappelant que la Charte de l’ONU fait obligation au Conseil de maintenir une interaction avec les principaux organes de l’Organisation, le représentant a souhaité que la présentation de ce rapport à l’Assemblée générale ne soit pas la seule occasion où le Conseil doive rendre des comptes. À cet égard, il appelé de ses vœux une mobilisation des synergies afin de rendre le travail de cet organe plus efficace. S’agissant des rapports réguliers du Conseil de sécurité, M. de Souza Monteiro a estimé que cette ressource pourrait être utilisée plus souvent pour informer les États Membres.
Le rapport annuel présenté aujourd’hui est principalement « descriptif », a constaté le représentant, jugeant qu’il mériterait d’être enrichi en y faisant figurer des éléments relatifs aux difficultés rencontrées au quotidien par le Conseil et des précisions sur ses méthodes de travail. Il est évident que la COVID-19 a perturbé les travaux du Conseil mais une analyse transversale des incidences de ces difficultés sur la paix et la sécurité serait « bienvenue », a-t-il dit. Selon lui, le rapport annuel devrait également recenser les tendances et les questions qui intéressent la communauté internationale dans son ensemble et prévoir la possibilité de tenir des échanges de vue interactifs directs avec tous les États Membres pour la rédaction de son introduction. M. de Souza Monteiro a d’autre part souhaité que les évaluations faites chaque mois par les présidents du Conseil soient intégrées au rapport pour le rendre plus informatif. Cela déboucherait sur un produit de meilleure qualité et tourné vers l’avenir, a-t-il assuré, avant d’appeler à ce que le prochain rapport fasse figurer le prochain cycle de dialogue avec les États contributeurs de troupes et avec les organes subsidiaires. Enfin, il a jugé que « seule une réforme d’ensemble, avec la création de nouveaux sièges dans les deux catégories, permettra au Conseil d’être plus responsable et plus transparent ».
M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a salué la remise dans des délais rapides de ce rapport qui vise à renforcer la transparence des travaux du Conseil et à favoriser les synergies. Il a plaidé pour une bonne adaptation des méthodes de travail du Conseil aux défis de la sécurité et de la paix, avant de mentionner certaines résolutions portées par son pays lors de son mandat au Conseil. Le délégué a ainsi pointé l’unité du Conseil lors du vote d’une résolution sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix. Il a plaidé pour une plus grande coordination entre l’Assemblée générale et le Conseil dans le respect de leurs mandats et pour une interaction accrue avec les pays contributeurs de troupes. Enfin, le délégué indonésien a appelé de ses vœux un Conseil plus représentatif.
M. NICCOLÒ FONTANA (Italie) a salué l’évolution positive qui consiste à présenter le rapport du Conseil de sécurité en juin. Il a toutefois regretté une approche non analytique de ses activités alors que 2020 a été une année extraordinaire. Ainsi le Conseil n’a-t-il pas donné les raisons qui expliquent ses activités y compris le recours au droit de veto. Ce qui rend plus pertinent les propositions du groupe ACT pour la réforme du Conseil, selon le représentant. Il a souligné l’importance d’améliorer la transparence dans les relations de travail entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, notamment sur les questions de paix et de sécurité. Enfin, le représentant a estimé que pour améliorer le rôle du Conseil, il faudrait l’élargir afin qu’il soit plus démocratique et plus représentatif.
M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a estimé que la pertinence du Conseil de sécurité implique que la présentation de ses rapports annuels ne soit plus un « exercice formel et non critique ». À cet égard, il a jugé regrettable qu’année après année, on ignore que la majorité des États Membres demandent que ces rapports soient complets et analytiques afin de contribuer à un véritable exercice de responsabilité. Pour le représentant, le rapport 2020 se limite à dresser la liste des réunions, des activités et des résolutions du Conseil, ce qui ne facilite pas l’évaluation des implications de ses décisions. Par exemple, a-t-il pointé, le rapport n’évalue pas l’impact qu’ont eu les méthodes de travail temporaires utilisées par le Conseil à partir de la mi-mars 2020 sur l’exécution de son mandat. De fait, les méthodes imposées par la pandémie de COVID-19 n’ont pas permis d’assurer la pleine participation des États membres du Conseil à des discussions ouvertes par visioconférence et ont limité la participation des États non membres aux consultations à huis clos sur les questions qui les concernent.
Pour le délégué, il est « honteux » que le rapport omette les violations de ses propres résolutions, en particulier la résolution 2334 (2016), tandis qu’Israël continue d’étendre ses colonies illégales en toute impunité dans les territoires palestiniens occupés et menace d’annexer les territoires de la vallée du Jourdain et d’autres parties de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Il est regrettable que l’impasse sur cette question prolonge les souffrances du peuple palestinien, a-t-il martelé, avant d’appeler à plus de transparence dans les travaux du Conseil. À ses yeux, celui-ci devrait représenter les intérêts de tous les États Membres de l’ONU, afin de préserver le multilatéralisme et la crédibilité de l’Organisation. En ce sens, a-t-il ajouté, Cuba préconise que les consultations et les réunions non officielles du Conseil soient des exceptions. Enfin, le représentant a dénoncé la manipulation sélective des travaux du Conseil comme outil de pression contre des États souverains ainsi que ses interférences dans des questions qui ne relèvent pas de sa compétence mais de celle de l’Assemblée générale.
M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a jugé essentielle une interaction régulière entre le Conseil et l’Assemblée. Faire rapport est un mécanisme essentiel pour la transparence du Conseil et la responsabilité, a-t-il affirmé. Il a appelé le Conseil à être plus transparent, avant de demander des échanges plus fréquents entre membres et non-membres du Conseil, en particulier avec les pays inscrits à l’ordre du jour du Conseil. Il a déploré, à son tour, que le rapport ne présente pas d’analyses concrètes et approfondies, « comme on pourrait l’attendre du Conseil ». Il a proposé que pour les futurs rapports, le Conseil devrait donner un résumé des votes et expliquer pourquoi telle ou telle délégation choisit d’exercer son droit de veto. Il nous faut, s’est impatienté le représentant, un rapport plus analytique.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a salué la capacité d’adaptation du Conseil de sécurité malgré les difficultés dues à la pandémie de COVID-19. Il en voulu pour preuve les 81 réunions en présentiel et 269 réunions en visioconférences, les 57 résolutions et les 13 déclarations présidentielles adoptées. Un résultat somme toute comparable à celui de 2019, a-t-il fait observer. Dans sa résolution 2532 (2020), le Conseil a notamment appuyé l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu immédiat dans le monde. Un effort louable, selon lui, même si le caractère « sacré » de cet appel a été malheureusement enfreint à maintes reprises. Poursuivant, le représentant a regretté que l’Afrique continue d’occuper une grande partie de l’ordre du jour du Conseil, malgré les efforts visant à contrer les crises sur le continent. Les défis persistent, a-t-il reconnu, citant notamment la situation terrible des personnes réfugiées et déplacées pendant la pandémie. De plus, les récentes attaques au Burkina Faso qui ont fait plus de 169 morts, montrent bien, selon lui, la fragilité de la situation sécuritaire de certains des pays du continent. Le Ghana se félicite donc du partenariat tissé entre le Conseil et l’Union africaine pour lutter contre les crises et se réjouit de voir cette interaction s’approfondir.
Pour finir, le Ghana qui vient d’être élu membre non permanent du Conseil de sécurité à partir de janvier 2022, a fait part de sa disposition à coopérer avec l’ensemble des États Membres de l’ONU pour promouvoir la paix et la sécurité et garantir un développement inclusif et durable.
M. OBAIDA ABDULLAH ABOU ELABASS ELDANDARAWY (Égypte) a mis l’accent sur le rôle de la Commission de la consolidation de la paix que préside son pays. Il faut renforcer l’interaction entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, a plaidé le représentant qui a regretté qu’il n’y ait pas d’analyse des mégatendances des crises dans le monde dans le rapport annuel du Conseil. Ce faisant pourtant, le Conseil pourrait montrer ses capacités à résoudre les nombreux conflits dans le monde. Prenant bonne note de la publication rapide du rapport, le délégué a toutefois demandé des débats approfondis à son sujet. « Ce rapport doit être plus analytique. » Il faut aussi que le Conseil présente des rapports spécifiques si l’Assemblée en fait la demande. Enfin, le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité se tienne aux côtés de l’Assemblée générale pour faire face aux défis liés à la sécurité et à la paix dans le monde, et pour tirer des enseignements de la pandémie de COVID-19.
M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) s’est félicité à son tour de ce que le rapport annuel du Conseil de sécurité ait été adopté et présenté à l’Assemblée générale avant la date butoir. Il a ajouté qu’en tant que pays membre du Conseil depuis six mois, il souhaite la bienvenue aux nouveaux membres élus. Notant ensuite que le débat de l’Assemblée générale sur le rapport du Conseil a souvent mis en évidence l’importance de l’analyse, il a regretté que cette question reste négligée. Selon lui, il est important que le Conseil prête davantage attention aux rapports qu’il présente à l’Assemblée générale plutôt que de considérer ce processus comme une « simple formalité ». Il s’agit d’une disposition à part entière de la Charte de l’ONU, a-t-il fait valoir, appelant le Conseil à pleinement informer les États Membres sur les mesures qu’il a prises pour maintenir la paix et la sécurité internationales au cours de la période considérée.
L’Assemblée générale, a insisté le représentant, a besoin de plus d’informations sur la façon dont les missions de maintien de la paix fonctionnent et sur les raisons qui président à leur renforcement, à leur retrait ou à leur interruption, a-t-il souligné, avant de rappeler que la plupart des Casques bleus viennent de pays non membres du Conseil. Le délégué a par ailleurs jugé déplorable que le Pakistan utilise cette plateforme onusienne pour tenir des propos « infondés » et agir « de manière inappropriée ». Il a affirmé à cet égard que la décision prise par le Parlement indien sur le Jammu-et-Cachemire relève des affaires intérieures de l’Inde. Plaidant pour que les divergences sur cette question se règlent de façon pacifique, il a estimé qu’il incombe au Pakistan de créer un environnement propice, notamment en faisant en sorte qu’aucun des territoires sous son contrôle ne soit utilisé pour agresser l’Inde.
Droit de réponse
Le délégué du Pakistan a souhaité réagir à la déclaration de l’Inde. « Nous voulons être clairs, le Jammu-et-Cachemire ne fait pas et ne fera jamais partie de l’Inde. » L’Inde, qui est l’agresseur, pense qu’elle peut imposer sa volonté par la force, a affirmé le délégué, en ajoutant que le Jammu-et-Cachemire sera un jour libre. « C’est une question de justice. » Aucune rhétorique, aucune déclaration vide de sens ne pourra changer cela, pas plus qu’elles ne pourront changer les résolutions du Conseil sur le sujet, a poursuivi le délégué. Enfin, il a invité l’Inde à « balayer devant sa porte ».
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA
Débat général (suite)
Mme CYNTHA FORDE, Ministre de l’autonomisation et des personnes âgées de la Barbade, a salué le fait que la Déclaration politique mette l’accent sur la réponse aux inégalités et sur les déterminants sociaux de l’épidémie de VIH/sida. La pandémie de COVID-19 a entravé notre réponse au VIH/sida et la concrétisation de la cible 90-90-90, a admis la Ministre. Elle a indiqué que l’une des principales leçons qu’elle a tiré de la pandémie de COVID-19 est la nécessité de préserver les systèmes de soins malgré les priorités divergentes. Mme Forde a souligné la nécessité pour des pays comme le sien d’avoir accès à des mécanismes de financement. Enfin, la Ministre a demandé aux agences de prêts de reconsidérer la classification de son pays, afin de mieux s’atteler à la réalisation du Programme 2030.
Mme JELENA BOROVINIĆ BOJOVIĆ, Ministre de la sante du Monténégro, a souligné que le Département de la santé de son pays met en œuvre le programme national de lutte contre le VIH/sida, conformément à la législation nationale et internationale. À cet égard, a-t-elle poursuivi, le Fonds mondial et le système des Nations Unies ont toujours été des partenaires de choix. Citant les données du registre du VIH/sida de son pays, Mme Bojović a indiqué qu’un total de 318 personnes infectées ont été enregistrées, depuis le début de l’épidémie en 1989 jusqu’à la fin de 2020. Le programme national pour la période 2021-2024 englobe des mesures médicales, de santé publique, éducatives et communautaires. Pour elle, le succès d’un programme exige avant tout un travail continu et systématique au sein du système de santé, une approche multidisciplinaire et la participation de la société civile. Dans ce cadre, a-t-elle conclu, le respect des droits de l’homme des personnes vivant avec le VIH et de la population concernée, ainsi que la promotion de leurs droits, sont essentiels.
Mme ANNA GOLAWSKA, Sous-Secrétaire d’État à la santé de la Pologne, a affirmé que son pays a fait de grands progrès ces dernières décennies en matière de prévention et de contrôle du VIH/sida et qu’il est aujourd’hui en bonne voie pour mettre fin au sida d’ici à 2030. Avec une incidence de 3,4 pour 100 000 habitants, la Pologne fait partie des pays à situation épidémiologique stable à faible, a-t-elle souligné, ajoutant qu’en 2020, 93 millions de dollars ont été décaissés par l’État pour assurer l’accès universel au traitement pour toutes les personnes infectées.
La Sous-Secrétaire d’État a rappelé que la Pologne a été parmi les premiers pays d’Europe centrale et orientale à proposer un accès gratuit aux soins pour les personnes vivant avec le VIH/sida. Elle a ajouté que le nouveau programme national 2022-2026 met l’accent sur la prophylaxie, l’approvisionnement ininterrompu en médicaments et la continuité des traitements, notamment pour les personnes séropositives bloquées chez elles en raison de la pandémie de COVID-19. À cette aune, elle a dit attendre beaucoup de la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026. « Les engagements pris sont le gage d’une lutte efficace contre le VIH/sida dans les années à venir », a-t-elle estimé.
Depuis des décennies, la Jamaïque a constamment élaboré et mis en œuvre des stratégies pour endiguer l’épidémie par la prévention, le traitement et un environnement favorable, grâce à une approche axée sur les droits de l’homme, a déclaré Mme JULIET CUTHBERT FLYNN, Ministre d’État de la santé et du bien-être de la Jamaïque. Le succès, a-t-elle affirmé, a été au rendez-vous comme en témoigne la prévalence chez les travailleurs du sexe qui est passée de 12% en 1993 à 2% en 2017. L’adoption de l’initiative « Treat all » en 2017 et les fonds publics substantiels pour acheter des médicaments antirétroviraux ont entraîné une augmentation de 29% des personnes sous traitement et une augmentation subséquente de 51% des personnes à charge virale nulle.
Cependant, a déploré Mme FLYNN, la pandémie de COVID-19 a détourné des ressources déjà limitées et fait courir au pays, comme à de nombreux autres pays en développement, le risque de perdre des gains durement acquis. La riposte à la double épidémie a mis en évidence les lacunes et si la Jamaïque a pris des mesures pour les combler au sein du système de santé et par des stratégies et des modalités nouvelles, elle ne peut tout simplement poursuivre seule les efforts. La Ministre a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts, conformément aux principes de solidarité mondiale et de responsabilité partagée. En attendant, a-t-elle conclu, la Jamaïque réaffirme son engagement à créer un cadre renforcé et amélioré pour mettre fin efficacement à l’épidémie de sida d’ici à 2030, par le biais notamment du nouveau plan stratégique 2020-2025.
M. GUSTAVO ROSELL DE ALMEIDA, Vice-Ministre de la santé publique du Pérou, a indiqué qu’en dépit de la pandémie de COVID-19, son pays fait en sorte que les personnes vivant avec le VIH aient accès à leur traitement afin de maîtriser cette épidémie apparue en 1983. À cette fin, le Gouvernement a mis en place des brigades mobiles en milieu urbain et dans les lieux les plus reculés du pays, notamment dans les zones amazoniennes. Il travaille également avec les communautés pour que soit fournie une aide médicale et psychologique aux personnes qui souffrent de cette épidémie. Les efforts portent par ailleurs sur la numérisation des services, a-t-il ajouté, évoquant le lancement d’applications qui permettent de localiser les centres de diagnostics et de traitement. En recourant à des nouvelles technologies telles que la télésanté et la télémédecine, nous avons pu assurer la continuité des soins, s’est félicité le Vice-Ministre, non sans préciser qu’en raison de la pandémie actuelle, les médicaments sont fournis pour une durée de trois mois. Le Pérou a d’autre part élargi sa capacité de diagnostic grâce à la plateforme « GeneXpert » et continue de faire de l’éducation l’un de ses axes de travail. « Nous devons communiquer pour éviter de nouvelles infections et surtout pour informer les personnes à tous les âges de la vie », a-t-il expliqué.
Mme TATIANA ZATIC, Secrétaire d’État au sein du Ministère de la santé, du travail et de la protection sociale de la République de Moldova, a soutenu d’emblée la nouvelle Déclaration politique sur la lutte contre le VIH/sida. Elle a indiqué que la République de Moldova a fait des progrès significatifs ces dernières années en adaptant son cadre juridique et ses politiques publiques sur le VIH aux recommandations internationales et en garantissant le respect des droits humains. Elle a évoqué un ensemble de services de prévention, de réduction des risques et de thérapie de substitution qui, a-t-elle affirmé, ont produit des résultats, transformé des vies humaines et contribué au développement d’une société saine et prospère.
Faisant partie des premiers pays de la région à développer et à mettre en œuvre un programme national holistique sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, fondé sur des preuves et financièrement quantifié, la République de Moldova est actuellement en train de consolider ses efforts en vue d’assurer l’éducation des jeunes pour leur permettre de prendre des décisions responsables et éclairées en matière de santé, a expliqué Mme Zatic. L’accent est également mis sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, la réduction de la violence sexiste et de la violence sexuelle, et la couverture universelle de la population par les services de santé, y compris pour les traitements liés au VIH.
La Secrétaire d’État a par ailleurs appelé la communauté internationale à veiller à ce que tous les pays, y compris ceux à revenus faibles et intermédiaire, aient accès à des technologies innovantes à des prix raisonnables, et puissent assurer l’accès universel aux services de santé.
M. LUIS ALEXANDER MOSCOSO OSORIO, Vice-Ministre de la santé publique de la Colombie, a reconnu que son pays fait face à d’importants défis pour contrôler l’épidémie de VIH/sida. Avec 10 000 nouveaux cas par an en moyenne, la prévalence chez les personnes âgées de 15 à 49 ans est de 0,4%. Cependant, a-t-il expliqué, l’épidémie est concentrée dans les populations clefs, en particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les femmes transgenres, pour lesquels la prévalence est parfois supérieure à 20%. Conformément à la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026, le pays met en œuvre des stratégies de prévention axées sur l’autotest et la prophylaxie pré-exposition, a précisé le Vice-Ministre, avant de faire état de progrès dans la réduction de la transmission mère-enfant du VIH, avec un taux de 2% ces deux dernières années.
Soulignant l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les services de santé, M. Moscoso Osorio a averti que ces difficultés compliquent la réalisation de l’objectif 95-95-95. Pour surmonter ces obstacles, l’État s’est engagé à renforcer la participation communautaire et à lutter contre toute forme de stigmatisation ou de discrimination, a-t-il précisé, se réjouissant à cet égard que la Déclaration politique évoque la promotion des droits sexuels et reproductifs, la prévention de la violence sexiste et l’élimination des pratiques néfastes telles que les mutilations génitales ou les mariages précoces. Enfin, soulignant l’importance du financement de la riposte au VIH/sida, le Vice-Ministre a indiqué que la Colombie a investi en 2020 environ 130 millions de dollars pour répondre à cette épidémie, en plus des 6 millions de dollars versés par le Fonds mondial pour renforcer les actions de type communautaire.
Mme MARISELA BERMUDEZ, Vice-Ministre des réseaux collectifs de santé du Venezuela, a souligné l’importance pour son pays des soins de santé accessibles et de qualité, des services « difficiles à obtenir avec le modèle de santé capitaliste et privatisé ». Le Venezuela, a-t-il dit, dispose d’une loi sur la promotion et la protection du droit à l’égalité pour les personnes vivant avec le VIH/sida et leurs familles, promulguée en 2014. Cette législation prévoit l’accès gratuit aux traitements antirétroviraux, y compris pour les résidents étrangers. Saluant les résultats engrangés par le plan national de renforcement de la riposte au VIH, à la tuberculose et au paludisme, la Vice-Ministre a remercié le Fonds mondial pour sa contribution. Elle s’est également félicitée du soutien apporté à son pays par l’ONUSIDA et les agences du système des Nations Unies, avant d’appeler à plus de financement afin de pérenniser les acquis.
Pour Mme Bermudez, les objectifs ambitieux visant à mettre fin à l’épidémie de sida doivent s’accompagner d’une levée des mesures coercitives unilatérales imposées au Venezuela par les États-Unis et certains de leurs alliés, qui restreignent l’achat de médicaments, de tests de diagnostic et d’autres fournitures de santé. Enfin, annonçant que son pays a entamé la vaccination contre la COVID-19 des personnes vivant avec le VIH, elle a rendu hommage à des pays amis comme Cuba, la Fédération de Russie, la Chine et la Turquie, « qui ont contribué à réduire les effets du blocus économique ».
M. WANG HESHENG, Vice-Ministre de la Commission nationale de la santé et Commissaire de l’Administration pour la prévention et le contrôle des maladies de la Chine, a indiqué qu’au fil des ans, le Gouvernement chinois a mis en œuvre plusieurs plans d’action quinquennaux et amélioré ses politiques de contrôle du VIH/sida. Dans le même temps, il a continué à accroître les investissements dans la prévention et le traitement, tout en assurant la participation de l’ensemble de la société. Ainsi, la transmission mère-enfant et la consommation de drogues par injection ont été réduites à leur niveau le plus bas de l’histoire du pays, s’est félicité le Vice-Ministre, avant de souligner que la détection des personnes infectées et la réussite des traitements antirétroviraux ont tous deux atteint un taux supérieur à 90%. De plus, a-t-il ajouté, la qualité de vie des personnes touchées par le VIH/sida s’est encore améliorée, tandis que la discrimination sociale liée à cette maladie a été réduite.
Après le déclenchement de la pandémie de COVID-19, a poursuivi le Vice-Ministre, la Chine a rapidement mis en place un dispositif de prévention et de contrôle, tout en garantissant la poursuite des traitements antirétroviraux, ce qui a permis de réduire l’impact de la pandémie sur le travail de prévention et de contrôle du VIH/sida. Se disant toutefois conscient qu’il faudra redoubler d’efforts pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida. Il a précisé qu’à cette fin, la Chine s’engage à renforcer quantitativement ses mesures de prévention, à fournir des services complets tout au long du cycle de vie et à protéger les droits des personnes vivant avec le VIH/sida. Le Vice-Ministre a par ailleurs affirmé que son pays continuera de promouvoir la coopération internationale en matière de prévention et de lutte contre le VIH/sida, et soutiendra les efforts déployés par des organisations internationales telles que ONUSIDA pour assurer la coordination mondiale et faire progresser la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a donc appelé la communauté internationale à adhérer au multilatéralisme et à approfondir sa solidarité en vue de parvenir à l’élimination de cette maladie.
M. ALEXANDRE TARASENKA, Vice-Ministre de la santé du Bélarus, a indiqué que son pays continue de mener une politique spécifique dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida et de réaliser les engagements pris dans le cadre de la Déclaration politique de 2016. Celle-ci est appliquée à travers un programme national de sécurité sanitaire, avec la mise en place d’un système d’accès universel aux consultations et au dépistage, et la garantie d’un traitement pour tous les séropositifs quel que soit leur statut sanitaire. Cette politique s’est traduite par une tendance vers la réduction de cette épidémie, s’est félicité le Vice-Ministre. Le Bélarus continue de réduire la transmission mère-enfant à travers notamment une stratégie de sensibilisation. Pour finir, le Vice-Ministre a souligné que les partenaires du Bélarus ainsi que les membres de la société civile et autres secteurs ont réalisé une évaluation de son action. Pour lutter contre la stigmatisation, a-t-il ajouté, des amendements ont été apportés à plusieurs projets de loi.
M. ANTONIO SALES, Vice-Ministre de la santé du Portugal, a d’entrée rappelé les progrès et les résultats obtenus dans le monde entier, et en particulier dans son pays en matière de lutte contre le VIH/sida. Il a cité, dans ce contexte, l’adoption de la recommandation de l’OMS de « traiter toutes les personnes vivant avec le VIH », la réalisation des objectifs 90-90-90 de l’ONUSIDA, la mise en œuvre de l’autodiagnostic, la dépénalisation de la consommation de drogues, depuis 2002 et la gratuité du traitement de l’hépatite C pour tous. Le Portugal peut être fier de ses réalisations, mais nous savons aussi, a-t-il nuancé, que de nombreux défis restent à relever. Le Vice-Ministre a réaffirmé son profond engagement à travailler avec l’ONUSIDA, l’OMS, la société civile, y compris les personnes vivant avec le VIH et le sida, les professionnels de la santé, l’industrie pharmaceutique et le secteur privé, afin de progresser vers l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’assistance. L’objectif étant de mettre ainsi fin aux infections, en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030.
Mme MARINA SERENI, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a souligné que son pays a soutenu la lutte contre le VIH/sida, notamment par le biais de l’activité précieuse du Fonds mondial. Lors de la dernière Conférence de mobilisation des ressources à Lyon, en octobre 2019, nous avons annoncé une augmentation de notre contribution au Fonds, a rappelé la Vice-Ministre.
Plusieurs ONG, institutions de recherche et universités italiennes sont particulièrement actives sur le terrain, travaillant avec les communautés. Il y a quelques jours, le 21 mai dernier, l’Italie a coorganisé le Sommet mondial sur la santé avec la Commission européenne, dans le cadre de la présidence italienne du G20. À cette occasion, la Déclaration de principes de Rome sur la préparation et la réponse aux pandémies a été adoptée. Le VIH/sida, bien avant la pandémie de COVID-19, a révélé de manière « frappante » la nature interconnectée de la sécurité sanitaire au sein des nations et entre elles. C’est pourquoi, a estimé la Vice-Ministre, le multilatéralisme et la coordination sont essentiels pour parvenir à la sécurité sanitaire mondiale, en ne laissant personne de côté.
M. ANDREI ROMICĂ BACIU, Secrétaire d’État à la santé de Roumanie, a souligné les efforts de son pays pour garantir l’accès universel au traitement et aux soins depuis le début des années 1990, en se concentrant principalement sur les enfants entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. Ainsi, des soins et des thérapies spécifiques ont été mis en place pour tous les patients, indépendamment notamment du niveau de la charge virale. Dans le même contexte, le taux de survie des anciens enfants infectés entre 1988 et 1990, qui sont aujourd’hui des adultes, reste élevé, même aujourd’hui, 30 ans après leur diagnostic. En ce qui concerne les objectifs 95-95-95 de l’ONUSIDA en matière de dépistage et de traitement, il est encore nécessaire de consolider les efforts principalement pour les populations spécifiques, c’est-à-dire les consommateurs de drogues injectables, les professionnels du sexe, les sans-abri, et d’améliorer les stratégies qui permettent de maintenir ces patients dans des soins spécialisés.
S’agissant des femmes enceintes, grâce au plan national lancé en 1999, la transmission mère-enfant est réduite. Cependant, toutes catégories sociales confondues, il faut encore tenir compte des risques encourus par les femmes enceintes qui consomment des drogues.
C’est pourquoi il est crucial d’adapter une approche sociale qui tienne compte des vulnérabilités et qui se concentre sur le dépistage et le traitement du VIH, ainsi que sur la prophylaxie ou le traitement des enfants. En ce qui concerne la pandémie de COVID-19 et la gestion du VIH au niveau national en 2020, il faut mentionner, a conclu M. Baciu, que, comme cela s’est produit dans la plupart des pays touchés par cette nouvelle maladie, l’impact s’est fait ressentir sur les programmes nationaux de lutte contre le VIH, ce qui a entraîné une baisse des taux de dépistage et une diminution de l’accessibilité aux cliniques de maladies infectieuses dont l’activité principale est la gestion des patients atteints de COVID-19.
M. FAISAL SULTAN, Assistant spécial du Premier Ministre pour les Services nationaux de la santé, les Régulations et la Coordination du Pakistan, a estimé que pour mettre fin au sida d’ici à 2030, la communauté internationale doit évaluer les ravages causés par la pandémie de COVID-19 et tirer des leçons des expériences des uns et des autres. Les cibles des objectifs de développement durable liés à la santé restent des priorités pour le Pakistan, qui a fait des progrès significatifs dans la lutte contre le VIH/sida, a ajouté l’Assistant spécial. Dans le contexte de la COVID-19, le Gouvernement a augmenté le personnel, renforcé les activités de proximité dans le secteur de la santé et fourni du matériel de protection individuelle à tous les agents de santé, tout en facilitant la distribution de médicaments antirétroviraux. Le Gouvernement s’emploie à la couverture sanitaire universelle, y compris pour le dépistage et le traitement du VIH/sida. La pandémie de COVID-19, a fait observer l’Assistant spécial, a aidé la communauté internationale à dépasser ses divergences. Il s’est donc félicité de la Déclaration politique et a réclamé « un pacte mondial » pour veiller à ce que personne ne soit jamais privé de son droit à la santé.
M. JOSE LUIS SATDJIAN, Sous-Secrétaire d’État à la santé publique de l’Uruguay, a estimé que toute politique de lutte contre le VIH/sida doit mettre les personnes les plus vulnérables en son centre. En Uruguay, a-t-il décrit, le travail en la matière a pris la forme d’un dialogue permanent avec les acteurs impliqués au sein de la Commission nationale de lutte contre le sida, qui implique la société civile, le Gouvernement, le monde universitaire et les agences des Nations Unies. En agissant de manière coordonnée contre cette épidémie, le pays a réussi à augmenter d’année en année le nombre de tests VIH, de patients en traitement et de personnes ayant une charge virale indétectable, a souligné M. Satdjian.
L’an dernier, a-t-il indiqué, l’information épidémiologique sur le VIH a été centralisée pour effectuer un suivi spécifique de la maladie dans le cadre de la pandémie de COVID-19. Le travail se concentre à présent sur l’impact qu’a eu cette crise sur les soins du VIH et sur l’élimination effective de la transmission verticale. Parmi les défis à relever, le pays compte réaliser la « cascade 95-95-95 » proposée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le Sous-Secrétaire d’État a cependant reconnu que la réduction des tests en raison de la pandémie risque d’affecter les résultats. Quarante ans après l’apparition des premiers cas de VIH, a-t-il dit en conclusion, « nous restons en quête de réponses et l’expérience de la COVID-19 nous incite à avoir confiance dans la science ».
Mme TAMAR GABUNIA, Première Vice-Ministre des populations déplacées des territoires occupés, du travail, de la santé et des affaires sociales de la Géorgie, a indiqué que, grâce à la mobilisation de ressources locales et d’un appui international, son pays a été en mesure de maintenir les services essentiels de lutte contre le VIH/sida pendant ces temps de pandémie de COVID-19. Le programme national est reconnu pour ses succès, surtout en ce qui concerne l’accès universel aux services de prévention, de diagnostic et de traitement. La Vice-Ministre a précisé que, ces deux dernières années, l’accent a été mis sur la décentralisation des services. Pour accélérer le dépistage du virus, la Géorgie a introduit une plateforme en ligne pour des autodépistages. Nous devons, a conclu la Vice-Ministre, accélérer la réponse globale pour surmonter la pandémie de COVID-19 et renouveler notre action pour éliminer le virus du VIH/sida d’ici à 2030.
M. JOSE RUALES, Vice-Ministre de la gouvernance et de la vigilance de la santé au Ministère de la santé de l’Équateur, a estimé qu’une réponse efficace à l’épidémie de VIH/sida nécessite le renforcement d’approches centrées sur les populations et s’appuyant sur le travail conjoint des États et de la société civile. À cet égard, il a jugé que certaines actions doivent être prioritaires, à commencer par le renforcement des stratégies mettant l’accent sur les groupes de population clefs. Dans ce cadre, il a appelé les pays à intégrer dans leurs plans d’action l’éducation sexuelle complète et la santé sexuelle et reproductive, et de reconnaître le rôle joué par les organisations communautaires à l’égard des personnes vivant avec le VIH/sida. De même, a poursuivi le Vice-Ministre, il convient de réduire la vulnérabilité des femmes en mettant en place des programmes axés sur la prévention et l’élimination de la violence fondée sur le genre, ce qui est un des piliers de la réponse de l’Équateur.
Dans le même temps, M. Ruales a exhorté les États à s’employer à supprimer les obstacles à un accès équitable et fiable aux médicaments, diagnostics, dispositifs médicaux et technologies de qualité. Il leur a aussi demandé de faciliter leur introduction sur le marché, de réduire les coûts et d’améliorer la qualité de la fabrication et de la distribution locales. Il a également jugé essentiel d’élargir les sources de financement pour mettre en œuvre la Déclaration politique 2021. En atteignant des objectifs communs tels que le 95-95-95, nous pourrons réduire les nouvelles infections de VIH, stopper la transmission mère-enfant et éliminer les décès dus au sida, a-t-il dit, appelant à renforcer les systèmes de santé centrés sur la personne et à promouvoir la capacité des organisations de la société civile à fournir des services de prévention et de traitement.
S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme MARTINE JOSPEH MOÏSE, Première Dame d’Haïti, a commencé par se féliciter des progrès accomplis dans l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. « Ces progrès sont importants pour nous en tant que membre du CARICOM, car sept de nos pays ont été validés par l’OMS pour l’élimination de la transmission mère-enfant ». Elle s’est déclarée heureuse d’annoncer aussi que, sur la base de statistiques récentes, les États membres de la CARICOM sont en bonne voie d’atteindre leurs objectifs 90-90-90. « En 2019, 77% des personnes vivant avec le VIH dans les Caraïbes connaissaient leur statut; 81% des personnes diagnostiquées séropositives suivaient un traitement. Et 80% des personnes résidant dans les Caraïbes sous traitement antirétroviral ont vu leur charge virale devenir indétectable », s’est enorgueilli l’intervenant.
Elle s’est également félicitée du fait que, dans les Caraïbes, les décès dus au sida aient diminué de 37% et les nouvelles infections à VIH de 29% depuis 2010. Notre région, a-t-elle expliqué, a été en mesure d’y parvenir « parce que nous avons adopté des approches autochtones compatibles avec notre environnement politique, social et culturel ». Cependant, alors que nous célébrons les progrès réalisés au fil des ans, il reste encore beaucoup de travail à faire pour mettre fin au sida, a reconnu Mme Moïse, qui s’est dit préoccupé par le fait que les Caraïbes continuent d’avoir les taux de prévalence de VIH/SIDA les plus élevés en dehors de l’Afrique subsaharienne.
C’est dans ce contexte que les gouvernements de la sous-région et autres parties prenantes de la région se sont réunis pour élaborer le Cadre stratégique régional des Caraïbes (CRSF) 2019-2025 qui vise à réduire les nouvelles infections à VIH, à lutter contre les disparités en matière de santé et les inégalités sociales. « Nous reconnaissons que de multiples éléments doivent évoluer ensemble afin de réaliser la vision d’une Caraïbe sans sida », a déclaré la CARICOM. Dans l’ensemble, nous devons nous assurer que nous donnons aux personnes vivant avec le VIH, à risque de le contracter et affectées par la maladie les moyens d’adopter des modes de vie sûrs et sains, a plaidé l’intervenant. Des tests de laboratoire et de dépistage accessibles, équitables et de haute qualité sont la pierre angulaire de notre riposte au VIH, a-t-elle souligné, avant de dire que les services de santé intégrés étaient de plus en plus présents dans la sous-région pour traiter également les coinfections et les comorbidités, en plus des services de santé sexuelle et reproductive.
Intervenant ensuite en sa capacité nationale, la Première Dame d’Haïti a indiqué que le VIH/sida reste l’une des principales préoccupations de santé publique de son pays et que des avancées extraordinaires ont été accomplies, l’épidémie ayant été stabilisée avec une prévalence de 2%. Les dernières estimations affichent une baisse de 30% des nouvelles infections entre 2015 et 2020, et entre 2014 et 2020 les décès dus au virus ont diminué de moitié, s’est-elle félicitée. À la fin de mars dernier, près de 124 000 personnes étaient actives sous antirétroviraux. Cependant, la prise en charge pédiatrique demeure toujours un grand défi.
Mme Moïse a aussi cité des défis majeurs liés à la grande vulnérabilité socioéconomique des personnes les plus à risque, la persistance de la stigmatisation et de la discrimination à l’égard des populations clefs, et la grande vulnérabilité des femmes et des jeunes impliqués dans le sexe transactionnel. Elle a également évoqué une loi limitant l’accès des adolescents aux services de santé sexuelle et reproduction sans accord des parents ou tuteurs ainsi que les contraintes en rapport avec les aspects culturels et religieux.
La Princesse Stéphanie de Monaco a rappelé qu’en 2016, le Prince Albert II et elle- même ont pris des engagements qu’elle a dit renouveler aujourd’hui pour mettre fin à l’épidémie du VIH/sida. Malgré les progrès accomplis, les objectifs de la Déclaration de 2016 n’ont pas été tenus, et ce au regard du nombre de morts qui reste au-dessus du seuil fixé pour l’année 2020. Alors que d’autres pandémies touchent le monde, le chapitre de l’épidémie du VIH/sida n’est pas clos. La Princesse a voulu que l’on tire les enseignements des épidémies concomitantes du VIH et de la COVID-19, pour instaurer des systèmes de santé plus forts et plus aptes à relever les prochains défis sanitaires. Pour elle, la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021–2026, adoptée en mars dernier, fixe des objectifs ambitieux basés sur le respect des droits de l’homme et sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. L’accent est mis sur la réduction des inégalités et sur la prévention, en particulier pour les populations clefs. La prévention primaire est un pilier incontournable de cette Stratégie pour qu’à terme, les investissements dans la prévention et le dépistage dépassent ceux des traitements.
La Princesse a assuré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA du « plein soutien » de Monaco, dont le sien en tant que « votre Ambassadrice internationale de bonne volonté », dans la réforme que vous avez engagée. Avec son association « Fight Aids Monaco », la Princesse a dit s’être engagée depuis 2004 auprès des personnes vivant avec le VIH pour que grâce à la « Maison de Vie » ils se sentent une nouvelle fois « acteurs de leur qualité de vie et plus largement de leur santé ». Elle s’est dite fière que son pays ait été le premier à réunir, dès 2018, gouvernement, mairie et sa propre association autour de l’initiative « Vers Monaco sans sida ». Un objectif qui, comme partout, ne pourra être atteint qu’en renforçant « notre approche globale et pluridisciplinaire ».