En cours au Siège de l'ONU

Biodiversité marine: la Conférence « BBNJ » entend un résumé des travaux des deux derniers jours

Reprise de la cinquième session,
63e séance plénière – matin
MER/2169

Biodiversité marine: la Conférence « BBNJ » entend un résumé des travaux des deux derniers jours

La Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, plus connue sous l’acronyme anglais « BBNJ », a entendu ce matin des rapports résumant les travaux qui se sont tenus ces deux derniers jours lors de consultations informelles.  Les délégations travaillent sur la base d’un nouvel avant-projet d’accord actualisé, qui a été publié dans toutes les langues officielles de l’ONU.

Sur le chapitre des outils de gestion par zone, qui comprennent les aires marines protégées, thème de la partie III du texte soumis à la discussion, la déléguée du Canada a précisé que ces séances de consultations informelles, qui ont eu lieu hier, ont tourné autour de l’article 20 ante relatif aux mesures d’urgence.  Les avancées enregistrées au sein des petits groupes chargés de discuter des éléments clefs des articles 19 et 19 bis relatifs à la prise de décisions ont ensuite été examinées. 

Les mesures d’urgence visées à l’article 20 ante bénéficient d’un soutien général, a déclaré la déléguée canadienne, en ajoutant néanmoins que certaines délégations souhaitent une plus grande clarté dans le processus mis en place.  La nécessité de répondre à des situations d’urgence en coopération avec les organes internationaux, régionaux, sous-régionaux et sectoriels pertinents a également été abondamment soulignée lors de ces discussions. 

La déléguée a appelé les délégations à revenir sur cet article lors des consultations informelles qui se tiendront ce jour après la séance plénière.  La partie III sera également examinée dans son ensemble, a-t-elle dit, en exhortant les délégations à aboutir à un texte de compromis.  Le délégué des Pays-Bas a ensuite fait un résumé des consultations informelles qui se sont tenues mardi sur les études d’impact sur l’environnement (Partie IV).

Nous avons examiné les résultats enregistrés au sein des deux petits groupes mis en place, avant de passer à l’examen des articles 39, 40, 41, 21 bis et 23, a précisé le délégué.  « S’agissant de l’article 39 relatif à la surveillance des impacts des activités autorisées, nous avons discuté d’une proposition visant à inclure une référence aux savoirs traditionnels des peuples autochtones et des communautés locales. »  Il a en outre indiqué que le rôle de l’Organe scientifique et technique, visé à l’article 40 relatif aux rapports sur les impacts des activités autorisées, n’a pas encore été défini. 

S’agissant du renforcement des capacités et du transfert de techniques marines (Partie V), la déléguée d’El Salvador a pris la parole pour souligner l’absence pour l’heure d’un consensus global.  Les délégations ont en effet besoin de consulter leurs capitales, a-t-elle expliqué, en espérant que prévaudra lors des prochains jours le même esprit de souplesse observé jusqu’à présent.

Pour ce qui est des questions transversales, le délégué de l’Afrique du Sud a précisé que les consultations informelles qui se sont tenues hier se sont concentrées sur la partie IV relative au dispositif institutionnel.  Nous avons notamment examiné les conclusions du petit groupe au sujet de l’article 48, paragraphes 3 et 4, sur la Conférence des Parties, a-t-il dit, en faisant état de « certaines expressions de soutien ».  Les consultations pour un examen de l’application de l’Accord cinq ans après son entrée en vigueur, tel que prévu au paragraphe 7 dudit article, se poursuivent, a-t-il dit. 

La Présidente de la Conférence, Mme Rena Lee, de Singapour, a enfin livré la teneur des consultations informelles qui se sont tenues le 22 février sur la partie VII relative aux ressources financières et au mécanisme de financement, avec un accent mis sur les paragraphes 1 à 4 de l’article 52 relatif au financement.

Elle a pointé l’accord recueilli par le paragraphe 2 de cet article, selon lequel les institutions créées en application de l’Accord sont financées par les contributions des Parties.  La création, visée au paragraphe 3, d’un mécanisme permettant de fournir des ressources financières dans le cadre de l’Accord a été globalement soutenue, a dit Mme Lee.  Des divergences ont en revanche été exprimées s’agissant des composantes dudit mécanisme, notamment la nature volontaire du fonds de contributions prévu au paragraphe 4.

Enfin, la Fédération de Russie a tenu à prendre la parole pour insister sur les divergences profondes qui subsistent sur le projet de texte. 

La prochaine séance plénière de la Conférence aura lieu demain, vendredi 24 février, à 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale entérine une résolution appelant à une « paix globale, juste et durable en Ukraine » sur la base de la Charte des Nations Unies

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
18e et 19e séances – matin & après-midi
AG/12492

L’Assemblée générale entérine une résolution appelant à une « paix globale, juste et durable en Ukraine » sur la base de la Charte des Nations Unies

Dans le cadre de sa onzième session extraordinaire d’urgence reprise hier et à quelques heures seulement du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, l’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, à une large majorité, une nouvelle résolution destinée cette fois à défendre les principes de la Charte des Nations Unies « sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine ».  Si les condamnations de l’agression russe ont dominé les interventions des États Membres, de nombreuses voix se sont également fait entendre pour appeler au dialogue et à la diplomatie en vue d’un règlement négocié du conflit.    

La résolution, qui exige de nouveau que la Fédération de Russie « retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays », a été entérinée par 141 voix pour, 7 voix contre et 32 abstentions, après le rejet de deux propositions d’amendement soumises par le Bélarus.  Le résultat du vote a été salué par une salve nourrie d’applaudissements dans la salle de l’Assemblée générale. 

La Fédération de Russie, appuyée par le Bélarus, l’Érythrée, le Mali, le Nicaragua, la République arabe syrienne et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a voté contre la résolution, tandis que la Chine, l’Inde ou encore la République islamique d’Iran se rangeaient dans le camp des abstentionnistes. 

La Chine a justifié son abstention, en faisant valoir que le dialogue et les négociations sont les « seules voies possibles » pour mettre fin à cette crise.  Exhortant la communauté internationale à unir ses forces pour faciliter de tels pourparlers, elle a aussi estimé qu’envoyer des armes en Ukraine ne fait que « verser de l’huile sur le feu » et prolonger le conflit, une position appuyée par Cuba.  Plus mesurée, l’Inde a noté que si la résolution met à bon escient l’accent sur l’importance d’une intensification des efforts diplomatiques, elle montre aussi les limites du système de l’ONU pour régler les nouveaux conflits. 

Considérant pour sa part que le texte « n’aborde pas de manière impartiale et globale tous les aspects de cette crise, y compris les provocations qui l’ont rendue possible », la République islamique d’Iran a proposé au Secrétaire général de créer un groupe transrégional chargé de favoriser un dialogue constructif et d’envisager des solutions de règlement à la crise. 

« Ne soyons pas neutres quand il s’agit de faire respecter la Charte », a rétorqué le Ministre des affaires étrangères du Danemark, au nom des pays nordiques.  Se taire face à l’injustice, c’est se placer du côté de l’oppresseur, a-t-il martelé, résumant le sentiment d’une majorité de délégations, selon lesquelles le droit de l’Ukraine de se protéger est consacré par l’Article 51 de la Charte.  Aucun pays ne peut se sentir en sécurité dans un monde où une grande puissance, « qui de plus est dotée de l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité », décide de s’en prendre à ses voisins, a souligné la Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France. 

En conséquence, laisser la Russie gagner cette guerre reviendrait à permettre à un État de fouler au pied la Charte des Nations Unies, a averti son homologue de l’Albanie, non sans mettre en garde contre un retour à « la logique des années 30 ».  La vérité, a relevé la Ministre des affaires étrangère de l’Allemagne, est que si la Russie arrête de se battre, cette guerre prendra fin.  « Si au contraire l’Ukraine arrête de se battre, elle disparaîtra de la carte ».  Un avis partagé par le chef de la diplomatie du Japon, pour qui une paix décidée par un État agresseur serait une « paix injuste » et un « terrible précédent pour le reste de la planète ».   

Dans ce contexte, le Ministre des affaires étrangères de la Pologne a jugé fondamental de veiller à ce que la Russie réponde pleinement de ses crimes.  Il a été rejoint par ses homologues de la Lituanie, de la République tchèque et de la Roumanie, qui ont tous trois plaidé pour la création d’un tribunal spécial pour juger le crime d’agression commis contre l’Ukraine, la Cour pénale internationale n’étant pas compétente à cet égard.  Cuba a cependant estimé que la résolution ne saurait constituer une base juridique pour créer un tribunal international, en l’absence d’un mandat de l’Assemblée générale. 

Parmi les pays ayant voté en faveur du texte, des voix se sont également élevées pour appeler à garder ouverte la voie du dialogue entre les parties au conflit.  Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie a ainsi demandé la tenue de pourparlers de paix sous l’égide de l’ONU, tout en mettant en garde les « grands pays » contre toute rhétorique incendiaire, « alors qu’ils n’ont perdu aucune vie dans cette guerre ».  Baisser les bras et laisser le conflit s’intensifier serait une « grave erreur », a approuvé son homologue de la Suisse, en invitant les États Membres à envoyer un message fort de paix et de respect du droit international. 

Sur cette même ligne, l’Uruguay a souhaité qu’à travers les mécanismes de négociation prévus par la Charte et avec la participation du Conseil de sécurité et du Secrétaire général, des voies de dialogue soient trouvées pour permettre aux parties de s’accorder sur des mesures de désescalade.  De même, la Colombie a exhorté toutes les parties à rechercher une solution négociée, pacifique et durable au conflit. 

La représentante de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale a quant à elle exhorté la communauté internationale à soutenir une « paix démocratique » déterminée par et pour les Ukrainiens.  Se disant convaincue qu’ « une Russie démocratique n’aurait pas déclenché cette tragédie », elle a également souligné la nécessité de tracer la voie d’un retour de la démocratie en Fédération de Russie, dans le cadre d’une paix régionale. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136) 

Suite du débat et décision sur les projets d’amendement et le projet de résolution

M. LARS LØKKE RASMUSSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark, s’exprimant au nom des pays nordiques, a condamné la « guerre brutale » menée par la Fédération de Russie en Ukraine et dénoncé de multiples violations du droit international par les forces armées russes, y compris des déportations et des adoptions forcées, des viols, l’usage de la torture, ainsi que des attaques inhumaines contre des infrastructures essentielles comme des écoles.  Face à cela, la communauté internationale porte une responsabilité commune, celle d’enquêter et de rendre la justice, a-t-il considéré.  La résolution présentée aujourd’hui demande de dénoncer cette agression, d’appuyer une paix globale, juste et durable sur la base de la Charte, a expliqué le représentant.  Elle exige que la Russie retire immédiatement ses forces et engage à coopérer dans un esprit de solidarité pour remédier aux conséquences mondiales de cette guerre.  « Soyons honnêtes, a interpellé le Ministre, il s’agit de faire respecter le droit international, la Charte, et la paix. »  Ne soyons pas neutres quand il s’agit de faire respecter la Charte, car « se taire face à l’injustice, c’est choisir d’être du côté de l’oppresseur ».  Si l’Ukraine cesse de lutter, le pays disparaîtra, a alerté M. Rasmussen.  Le droit de l’Ukraine à se protéger est consacré par l’Article 51 de la Charte, a-t-il encore rappelé.  L’agression russe n’a aucune justification légale ou morale.  Aujourd’hui, nous avons la possibilité de voter pour la paix.  Ne laissons pas passer cette occasion, a martelé le Ministre.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a déclaré qu’en tant que voisin immédiat d’un pays en guerre, son pays est directement affecté par le conflit en Ukraine.  « La Hongrie mène actuellement la plus grande opération humanitaire de son histoire, avec plus d’un million de réfugiés sur son territoire. »  Cette guerre faite de souffrances ne fait selon lui que des perdants.  À ce stade, le seul moyen de sauver des vies est d’instaurer la paix, a fait valoir le Ministre, en demandant la mise en place d’un cessez-le-feu et la tenue de pourparlers de paix sous l’égide de l’ONU, tout en gardant ouvertes les voies du dialogue entre les parties.  « Les Hongrois ont déjà payé un lourd tribut du fait de cette guerre », a insisté le Ministre en mettant en garde les « grands pays » contre toute rhétorique incendiaire alors qu’ils n’ont perdu aucune vie dans cette guerre.  Les Hongrois ne veulent pas que cette guerre régionale se transforme en conflit mondial, ni qu’elle soit le début d’une nouvelle guerre froide dans leur région, a-t-il averti. 

Mme OLTA XHACKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a rappelé à son tour qu’il y a un an de cela, le monde « retenait son souffle ».  Peu après, a-t-elle relaté, la Russie commettait un acte d’agression contre son voisin, l’Ukraine, violant ainsi la Charte des Nations Unies et le droit international.  Cet acte a depuis été fermement condamné par un grand nombre de résolutions de l’ONU, tandis qu’un arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) a demandé à la Russie de suspendre son « opération militaire spéciale » et de retirer ses troupes du territoire de l’Ukraine.  Constatant que la brutalité, les bombardements délibérés de zones civiles, les exécutions sommaires et l’utilisation de mercenaires sont « la véritable nature » de la guerre déclenchée par la Russie, la Ministre a rappelé que ce conflit auquel Moscou essaie de trouver des « prétextes », a des effets délétères sur le monde entier.  Laisser la Russie gagner cette guerre reviendrait, selon elle, à permettre à un État de fouler au pied la Charte des Nations Unies.  « On reviendrait à la logique des années 1930 », a-t-elle averti, avant d’exprimer le soutien de son pays au projet de résolution qui appuie l’instauration d’une paix durable en Ukraine.  La Ministre a conclu en indiquant que l’Albanie a demandé un vote enregistré sur les propositions d’amendement soumises par le Bélarus. 

Selon Mme CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, la Russie a déclenché sa guerre d’agression contre l’Ukraine sans aucune justification et de manière totalement illégale, violant les principes les plus fondamentaux de la Charte.  Un an de guerre marquée par des exactions en séries et par « des crimes si graves et si systématiques » que la Cour pénale internationale (CPI) a lancé des enquêtes pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, a rappelé la Ministre.  La détermination de la France à soutenir l’Ukraine est absolue, pour qu’elle puisse non seulement résister, exercer son droit de légitime défense, mais aussi pour qu’elle puisse faire respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale, qui sont aussi des principes qui nous unissent.  L’agression de la Russie, a-t-elle déclaré, porte une atteinte grave à la paix et à la stabilité internationales, et donc à la paix et à la sécurité de chacun des États Membres. 

Aucune délégation n’aurait la moindre raison de se sentir en sécurité dans un monde où une grande puissance, qui de plus est dotée de l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité pourrait, à son bon vouloir, décider de s’en prendre à ses voisins pour les priver de leur liberté ou pour annexer des pans de leur territoire.  La Russie tente de convaincre certains que ses tentatives pour bouleverser l’ordre mondial et d’imposer un ordre basé sur la force joueront en leur faveur.  « C’est une illusion », a rétorqué la Ministre.  Les faits sont là: c’est la Russie, et la Russie seule, qui a voulu la guerre, et qui fait peser des risques sur la sécurité alimentaire mondiale, notamment dans les pays les plus vulnérables.  Le vote d’aujourd’hui doit permettre de rappeler ces règles et principes, sans lesquels la paix et la sécurité ne seraient que des mots vains.  Le projet de résolution de l’Ukraine est le fruit d’un processus de négociation transparent et universel, que la France soutient totalement, a conclu la Ministre.

M. RASTISLAV KÁČER, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, s’est inquiété de voir le multilatéralisme s’effondrer alors qu’un membre permanent du Conseil de sécurité viole de manière flagrante les principes et valeurs fondamentaux des Nations Unies.  Il a condamné fermement l’agression militaire non provoquée et injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, et réitéré son appel au retrait inconditionnel des troupes russes de l’ensemble du territoire ukrainien.  Ignorant les appels du Secrétaire général, la Fédération de Russie poursuit sa rhétorique trompeuse et sa désinformation en promouvant « une sorte de réalité alternative ».  L’insécurité alimentaire mondiale et l’inflation exacerbées par l’agression russe affectent principalement les pays les plus vulnérables du monde, a en outre noté le Ministre, tandis que des millions d’Ukrainiens ont dû fuir leurs foyers.  Devant ces menaces non seulement contre l’Ukraine mais également « contre la souveraineté de n’importe quel pays », le Ministre a demandé aux États Membres de réaffirmer leur engagement indéfectible envers la Charte des Nations Unies et le multilatéralisme en votant en faveur de la résolution. 

M. GORDAN GRLIC RADMAN, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a dénoncé la violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies que constitue l’agression russe contre l’Ukraine.  Le fait qu’elle soit menée par un membre permanent du Conseil de sécurité, un État doté de l’arme nucléaire, ne manquera pas d’avoir des implications durables pour l’ONU dans son ensemble, a-t-il affirmé.  Appelant à ne pas rester silencieux face à ceux qui détruisent et violent les droits humains et souverains les plus fondamentaux des États, le Ministre a averti que les coûts d’un échec seraient transmis aux générations futures.  De même, nous devons soutenir tous les efforts visant à établir la responsabilité des crimes commis en Ukraine, a-t-il ajouté en saluant l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) demandant à la Fédération de Russie de suspendre immédiatement son « opération militaire spéciale ».  Pour le Ministre, le soutien continu de la grande majorité des États Membres aux résolutions de l’Assemblée générale appelant à la fin de l’agression russe témoigne de leur détermination à protéger la Charte.  Le projet de résolution débattu aujourd’hui est une nouvelle démonstration de cette détermination, a-t-il conclu. 

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a déclaré que la Russie doit retirer ses forces du territoire de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues immédiatement, complètement et inconditionnellement.  Il a jugé fondamental de veiller à ce que la Russie réponde pleinement de ses crimes.  La Pologne soutient également toute initiative internationale visant à obtenir des réparations, sous une forme adéquate, pour tous les torts causés par la Russie dans cette guerre.  Aujourd’hui, à la lumière du « mépris total » de la Russie pour le droit international et les principes de la Charte des Nations Unies, le Ministre a appelé la communauté internationale à confirmer son engagement envers les règles fondamentales de l’ordre international.  « En se dressant contre la Russie, les Ukrainiens sont entrés dans l’histoire. »  Ils se sont opposés à la « tyrannie » avec courage et résilience.  Ils ont choisi de se battre et de défendre leur indépendance, leur liberté et leur identité.  Plus que cela, pour le Ministre, ils défendent un ordre international fondé sur des règles.  La courageuse nation ukrainienne mérite compassion, soutien et solidarité, et la Pologne continuera à aider l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra, a-t-il assuré.  En plus d’offrir un abri à des millions de réfugiés ukrainiens, la Pologne continue de faciliter les transferts de fonds.  Principale porte d’entrée de l’aide à l’Ukraine, elle continuera à jouer ce rôle aussi longtemps que nécessaire. 

M. YOSHIMASA HAYASI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a interpellé les membres de l’Assemblée en leur demandant de s’imaginer un instant qu’un membre permanent du Conseil de sécurité lance une agression contre leur patrie, s’empare de leur territoire, puis cesse les hostilités en demandant la paix.  « J’appellerais ça une paix injuste », a déclaré le Ministre.  Ce serait une victoire pour l’agresseur si de telles actions étaient tolérées et ce serait un terrible précédent pour le reste de la planète.  Le monde retournerait à la loi de la jungle, et sur terre ou en mer, la force brute et la coercition prévaudraient.  Pour le Ministre japonais, la paix doit être fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies. 

Le Japon soutient donc, a dit le Ministre, le projet de résolution et demande aux délégations réunies aujourd’hui de faire de même.  La Russie doit, avant tout, retirer ses troupes immédiatement et sans condition de l’Ukraine.  L’Assemblée générale l’a exigé, tout comme le Secrétaire général et la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il rappelé.  Hélas, selon lui, la Russie semble se moquer des résolutions de l’Assemblée générale et des ordonnances de la CIJ, comme si elles n’étaient que de simples morceaux de papier.  La Russie ne se contente pas d’abuser de son droit de veto, elle abuse également de son statut d’État doté de l’arme nucléaire par « sa rhétorique irresponsable ».  Les menaces nucléaires de la Russie, sans parler de l’utilisation de ces armes, ne seront jamais tolérées par le Japon.  Quant aux amendements proposés par le Bélarus, ils ne sont, pour le Ministre, qu’une tentative de détourner l’attention des États Membres du fait que l’agression russe viole les principes de la Charte des Nations Unies.  Le Ministre a demandé instamment aux délégations de voter contre.

« Nous ne voulions pas de cette guerre », a déclaré d’emblée Mme HADJA LAHBIB, Ministre des affaires étrangères, des affaires européennes, du commerce extérieur et des institutions culturelles fédérales de la Belgique.  Elle a rappelé que tous les États Membres de l’ONU se sont engagés à respecter l’intégrité territoriale des États et à régler leurs différends de façon pacifique.  « C’est tout ce que la Russie a bafoué le 24 février dernier. »  Niant l’existence d’une guerre de l’Occident contre la Fédération de Russie, elle a déclaré que si l’Ukraine est la première victime de ce conflit, c’est l’ensemble de la communauté internationale qui est touchée du fait de son impact sur la sécurité alimentaire, financière et énergétique.  Malgré l’Initiative céréalière de la mer Noire, l’agression de l’Ukraine par la Russie a aggravé les crises sur d’autres continents.  Pour la Ministre, les crimes commis par la Fédération de Russie à Boutcha, Irpin ou Marioupol, « villes à jamais marquées par l’horreur », ne doivent pas rester impunis.  Pendant que la Cour pénale internationale (CPI) mène ses enquêtes, il nous faut, a estimé la Ministre, définir les principes d’une paix globale, juste et durable.  Elle a appelé au retrait immédiat et sans condition de toutes les forces militaires russes du territoire ukrainien. 

M. JAN LIPAVSKÝ, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que l’ambition malveillante de la Russie ne visait pas uniquement l’Ukraine, la Russie voulant modifier l’ordre international et établir un monde défini par des sphères d’influence et des relations néocoloniales au lieu de partenariats établis sur un pied d’égalité.  Notre région -l’Europe centrale- a connu sa propre expérience tragique de la politique impériale agressive de la Russie, a rappelé le Ministre, se disant convaincu que, dans l’intérêt du rétablissement de la paix et de la sécurité internationales, il est essentiel de dire « non » au projet impérialiste de la Russie.  « Nous devons tous être conscients que n’importe quel pays peut être la prochaine victime de la Russie », a-t-il ainsi averti.  Dans le contexte actuel, il a jugé que l’Ukraine ne se défend pas seulement elle-même, elle défend également les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Après avoir plaidé pour la création d’un tribunal spécial compétent pour le crime d’agression en Ukraine, et assuré que la Tchéquie maintiendra et intensifiera si besoin son aide humanitaire au peuple ukrainien en 2023, il a apporté son plein soutien au projet de résolution.  Ce texte défend les principes d’égalité souveraine et d’intégrité territoriale des États et ne devrait pas laisser la place à l’adoption de positions neutres, a-t-il considéré.  Il a conclu son intervention en insistant sur le fait que si les États Membres n’agissent pas maintenant, cela équivaudra à accepter un nouvel ordre international fondé sur l’usage de la force brutale et le colonialisme.

M. GABRIELIUS LANDSBERGIS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a rappelé que la guerre sanglante lancée voilà un an en Ukraine par la Russie, aidée par le Bélarus, avait en fait débuté en 2014 dans le Donbass et en Crimée.  Elle se poursuit aujourd’hui, causant une grave crise humanitaire en Ukraine mais aussi une crise alimentaire et financière dans le reste du monde.  Condamnant les actes de génocide commis en Ukraine par la Russie, notamment le ciblage de populations civiles, les transferts forcés d’enfants ukrainiens, les cas de torture et les violences sexuelles, il a applaudi la grande résilience de l’Ukraine et la solidarité affichée par l’Assemblée générale, qui a condamné à plusieurs reprises ces violations de la Charte des Nations Unies et privé la Russie de son siège au Conseil des droits de l’homme.  Le Ministre a également salué les efforts du Secrétaire général pour permettre l’envoi de céréales à ceux qui en ont besoin et la création par l’ONU d’une commission d’enquête indépendante.  Il a cependant constaté que la Russie poursuit son agression parce que la communauté internationale la laisse agir, en raison notamment de la paralysie du Conseil de sécurité.  Face à ce blocage, il revient selon lui aux États Membres de relever le défi.  Nous devons appuyer la formule de paix du Président Zelenskyy, exiger le retrait complet des troupes russes de toute l’Ukraine et demander que les auteurs de crimes rendent des comptes, a-t-il affirmé.  Notant à cet égard que la Cour pénale internationale (CPI) n’est pas compétente pour le crime d’agression, le Ministre a plaidé pour la création d’un tribunal spécial.  Il a ajouté que le projet de résolution aura le soutien de son pays pour défendre la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine, mais aussi la pertinence de la Charte. 

M. BUJAR OSMANI, Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord, a déclaré que la Fédération de Russie, en violant la Charte des Nations Unies, avait choisi délibérément le mauvais côté de l’histoire.  La majorité des États Membres de l’ONU ont clairement reconnu ce fait regrettable en votant les précédentes résolutions pertinentes de cette onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, a-t-il dit, exhortant une fois de plus la Russie « à mettre fin à cette guerre insensée et à retirer ses troupes du territoire souverain de l’Ukraine ».  Pour le Ministre, la Russie a décidé en 2022 de violer l’un des principes les plus fondamentaux du droit international et de lancer une véritable guerre d’agression contre L’Ukraine, « État Membre fondateur de l’ONU et voisin », ce qui a brisé la paix et installé l’insécurité et l’incertitude.  Il a estimé que la communauté internationale ne peut permettre que cette violation flagrante de toutes les normes et de tous les principes reste « sans réponse ».  Ajoutant que la justice et la responsabilité sont nécessaires dans l’intérêt des victimes et qu’elles sont également des conditions préalables pour éviter de nouvelles agressions et un recours non provoqué à la force dans les relations internationales, il a apporté le soutien de son pays à l’enquête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en Ukraine.  Selon le Ministre, l’adoption aujourd’hui du projet de résolution est d’une importance capitale. 

M. WOPKE HOEKSTRA, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a estimé que la guerre d’agression dont on marquera demain le premier anniversaire n’est pas seulement une attaque contre l’Ukraine.  C’est une atteinte au principe de souveraineté et à la Charte des Nations Unies que nous avons tous signée, mais aussi une attaque contre notre sécurité, contre nos économies et contre les objectifs de développement durable, a-t-il souligné.  « Si nous fermons les yeux sur l’agression de la Russie, si nous lui permettons de piétiner la Charte des Nations Unies, si la force devient le droit, alors je ne vois que plus de difficultés, plus d’instabilité et plus de souffrance devant nous », a prévenu le Ministre.  Dans ce contexte, la seule voie à suivre est selon lui de veiller à ce que l’Ukraine survive en tant qu’État à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et d’œuvrer pour une paix réelle, juste et durable.  Cette guerre peut se terminer aujourd’hui si la Russie retire ses troupes, mais tant qu’elle durera, les Pays-Bas feront tout leur possible pour aider l’Ukraine et pour soutenir l’ordre international basé sur des règles, a-t-il poursuivi, avant d’appeler à voter en faveur du projet de résolution présenté à l’Assemblée générale. 

M. EDGARS RINKEVICS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a condamné dans les termes les plus forts l’agression à grande échelle de la Russie contre l’Ukraine, rendue possible, a-t-il ajouté, par le Bélarus.  Les actions de la Russie sont motivées par ses « ambitions impérialistes et coloniales ».  Elles sapent l’ordre international ancré dans la Charte des Nations Unies.  En tant qu’État doté d’armes nucléaires, la Russie continue d’utiliser une rhétorique irresponsable.  Cette semaine encore, elle a suspendu sa participation au nouveau Traité de réduction des armements stratégiques.  Il s’agit là d’un membre permanent du Conseil qui tente de modifier les frontières d’un État souverain par la force militaire, alors même que les cinq membres permanents ont précisément la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, s’est indigné le Ministre.  Alors que plus de 17 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur pays, les horribles crimes commis en Ukraine rappellent l’expérience amère subie par le peuple letton pendant l’occupation soviétique.  Le Ministre a condamné la déportation illégale de civils ukrainiens vers la Russie ainsi que l’adoption illégale forcée d’enfants ukrainiens.  Il a aussi condamné la conscription forcée des citoyens ukrainiens dans les forces armées russes. 

La propagande russe, a poursuivi le Ministre, cherche à justifier une invasion illégale, à nier les crimes commis et à se dérober à la responsabilité des conséquences mondiales de la guerre.  Le Ministre a voulu que l’on résiste à cette désinformation par la vérité et les faits.  Pour la contrer, la Lettonie continuera à soutenir les médias indépendants, a-t-il dit, avant de saluer la formule de paix en 10 points du Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et de soutenir ainsi une vision de la paix fondée sur les principes de la Charte.  Exhortant la Russie à retirer ses forces, il a demandé à tous les États Membres de voter en faveur du projet de résolution.

M. IGNAZIO CASSIS, Ministre des affaires étrangères de la Suisse, a fustigé la poursuite de l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui menace l’ordre sécuritaire qui prévalait en Europe, avec des conséquences désastreuses.  Le coût humain est impossible à chiffrer, s’est alarmé le Ministre, en faisant le décompte des souffrances et des destructions engendrées par le conflit alors que nous commémorerons l’année prochaine le soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949.  Toutefois, baisser les bras serait une grave erreur, a encore dit le Ministre, en appelant les États Membres à envoyer un message fort de paix et de respect du droit et des principes qui nous unissent.  Il a condamné les graves violations du droit international humanitaire et des droits humains commises en Ukraine.  À ses yeux, la pénurie d’énergie, l’insécurité alimentaire, l’inflation et les migrations nous placent face à notre dépendance les uns des autres.  Notre unité est décisive, a insisté le Ministre, pour atténuer les conséquences de la guerre sur les plans humain, sécuritaire, politique et économique.  Pour sa part, la Suisse, qui fournit une aide humanitaire à l’Ukraine, accueille des réfugiés, a lancé l’été dernier le processus de reconstruction à Lugano.

M. KOSTADIN KODZHABASHEV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a salué le fait qu’au cours de l’année écoulée, l’Assemblée générale s’était régulièrement réunie pour s’élever contre cet acte d’agression ignoble contre l’Ukraine et contre la violation de la Charte des Nations Unies.  Ensemble, nous devons continuer à défendre les principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et de l’ordre fondé sur des règles, car ils sont notre seule garantie pour la paix, a-t-il dit.  Pour le Vice-Ministre, la Fédération de Russie porte l’entière responsabilité de cette agression et de toutes les destructions et pertes en vies humaines, et elle sera tenue pour responsable conformément au droit international.  Il a jugé qu’aujourd’hui, l’Assemblée porte une « responsabilité historique », celle de défendre les principes de la Charte, la paix et l’ordre international fondé sur des règles.  La Bulgarie est fière de s’être portée coauteure du projet de résolution en ce qu’il représente un symbole de la paix, a-t-il ajouté.  Il a souligné que le but de ce texte était d’aider à mettre fin à ce conflit et de réaffirmer le soutien de tous aux principes internationaux sur lesquels doit se fonder une paix globale, juste et durable. 

M. PETER BURKE, Ministre des affaires européennes et de la défense de l’Irlande, a jugé que la guerre en Ukraine confirme le mépris flagrant de la Russie pour la vie humaine, la Charte des Nations Unies et le droit international au sens large.  Saluant l’attitude de l’Ukraine, qui reste ferme dans sa résistance et la défense de ses principes démocratiques, il a estimé qu’après avoir choisi de déclencher cette guerre, la Russie peut choisir d’y mettre fin.  Il a également rappelé qu’au-delà de l’Ukraine, ce conflit a des effets qui se font sentir dans le monde entier.  Appelant la Russie à cesser immédiatement les hostilités et à se retirer sans condition de l’ensemble du territoire ukrainien, il l’a aussi enjointe à s’abstenir de toutes nouvelles menaces, y compris nucléaires.  De plus, a mis en garde le Ministre, si nous ne parvenons pas à tenir la Russie pour responsable, si nous ne répondons pas à son attaque contre la Charte, le monde deviendra plus dangereux pour nous tous.  Il a donc invité tous les États Membres à soutenir le projet de résolution. 

Mme JOHANNA SUMUVUORI, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a indiqué que le projet de résolution concerne certes l’Ukraine, mais aussi « chacun d’entre nous ».  « Votre pays, s’il était envahi, ne souhaiterait-il pas recevoir notre appui? » a-t-elle demandé, avant d’affirmer qu’il est de notre devoir en tant qu’Assemblée générale de réitérer notre appui ferme à l’Ukraine et aux principes de la Charte car, « lorsque l’ordre international basé sur des règles est attaqué, nous devons tous le défendre ».  Elle a ensuite rappelé qu’aux termes de l’Article 51 de la Charte, chaque État Membre a le droit de se défendre, avant d’exhorter la Russie à mettre un terme à son invasion et à retirer ses forces du territoire ukrainien.  Nous continuerons d’apporter notre ferme soutien à l’Ukraine aussi longtemps que cela sera nécessaire, a-t-elle affirmé, avant de soutenir l’initiative de paix du Président ukrainien.  « Mais seule la Russie peut mettre fin à cette guerre et aux souffrances du peuple ukrainien », a-t-elle conclu.

Mme ARLENE BETH TICKNER (Colombie) a rejeté l’usage de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout pays, qui constitue une violation directe des buts et principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Par ailleurs, nous rejetons toute agression non provoquée d’un État contre un autre, laquelle n’entraîne que des conséquences négatives pour la population civile, en particulier les femmes, les filles et les garçons, et d’autres groupes vulnérables, a ajouté la représentante.  Au Président de l’Assemblée générale, elle a indiqué que, conformément à sa politique de paix totale, le Gouvernement colombien continuera d’exhorter toutes les parties à rechercher une solution négociée, pacifique et durable au conflit en Ukraine. 

M. CARLOS AMRÍN (Uruguay) a condamné l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, avant d’exhorter cette dernière à retirer ses forces du territoire ukrainien dès que possible.  Pour le représentant, les deux parties au conflit doivent faire de leur mieux pour retourner à la table des négociations afin de régler pacifiquement leurs différends, comme le stipule la Charte des Nations Unies.  Réitérant son ferme appui à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, il a indiqué que l’Uruguay votera pour le projet de résolution à l’examen, qui appelle à la fin de la violence et au rétablissement d’une paix juste et durable.  Le représentant a souhaité qu’à travers les mécanismes de négociation prévus par la Charte, avec la participation du Conseil de sécurité et du Secrétaire général, des voies de dialogue seront trouvées pour permettre aux parties de s’accorder sur des mesures de désescalade du conflit.

M. DAI BING (Chine) a déclaré que les principes de la Charte devaient être respectés et que tous les efforts visant à régler cette « crise » par des moyens pacifiques devaient être promus.  Il a ainsi appelé les parties à la raison.  Il faut protéger femmes et enfants, respecter les droits des prisonniers de guerre, ainsi que les conventions relatives à la sûreté nucléaire, afin d’éviter tout accident ou guerre nucléaire.  « Le dialogue et les négociations sont les deux voies possibles pour mettre fin à cette crise », a résumé le représentant.  Si la Russie et l’Ukraine doivent revenir au dialogue, il faut réfléchir collectivement aux raisons pour lesquelles les pourparlers ont été arrêtés, a-t-il ajouté.  Le représentant a demandé aux deux pays d’envisager des options « réalistes ».  La communauté internationale, quant à elle, doit unir ses forces pour faciliter les pourparlers.  Quoi qu’il en soit, l’envoi d’armes à l’Ukraine ne ramènera selon lui en aucun cas la paix.  Cela ne fera qu’ajouter de l’huile sur le feu et prolonger le conflit, tout en augmentant le prix à payer pour les populations civiles.  La communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour organiser des pourparlers de paix au lieu d’aggraver la situation, a insisté le représentant.  « Il faut absolument éviter les effets de contagion. »

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a jugé essentiel de rester attaché à l’objectif d’un règlement pacifique de la crise en Ukraine, conformément aux principes de la Charte.  Toutes les parties doivent se conformer aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, sachant que seule une solution négociée pérenne, passant par l’abandon de leurs ambitions militaires, permettra de restaurer la stabilité dans la région, a-t-il dit.  Le représentant a proposé la constitution d’un groupe transrégional par le Secrétaire général de l’ONU, qui serait chargé de favoriser un dialogue constructif et d’envisager des solutions de règlement à la crise.  Il a ajouté que, pour l’heure, l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat doit prévaloir sur tout le reste.  Selon le représentant, « le projet de résolution n’aborde pas de manière impartiale et globale tous les aspects de cette crise, y compris les provocations l’ayant rendue possible ».  Ce texte ne rassemble pas les États mais polarisent les positions, a-t-il ajouté, soulignant l’importance d’une évaluation impartiale et objective de la situation tenant compte de tous les points de vue.  Après avoir annoncé que sa délégation s’abstiendrait lors du vote, il a assuré à l’Assemblée que l’Iran restera déterminée à œuvrer à la restauration d’une paix durable dans la région.  Au représentant israélien, il a ensuite reproché, par ses propos tenus hier, de participer à une véritable « campagne iranophobe » ayant pour seul but de détourner l’attention de la communauté internationale des politiques « démoniaques » menées par son pays à l’encontre du peuple palestinien et dans toute la région du Moyen-Orient.  Il a en outre rejeté toutes les allégations visant son pays quant à l’utilisation de prétendus drones iraniens par la Russie contre des civils ukrainiens. 

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) à l’approche du premier anniversaire de la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, a souhaité la paix au peuple ukrainien et la victoire des principes.  Il s’est inquiété du niveau « alarmant » des hostilités, des souffrances inimaginables pour la population civile, des attaques contre les infrastructures critiques et des atrocités qui sapent l’ordre international fondé sur des règles.  La guerre hybride que mène la Russie fait proliférer la désinformation et l’ingérence afin de déstabiliser la région et les États les plus vulnérables, mais aussi notre unité et notre solidarité, a relevé le représentant.  En s’attaquant aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, la Fédération de Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, s’attaque également au fondement même de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  La Roumanie est donc pleinement engagée dans les efforts internationaux visant à mettre fin à l’impunité de la Fédération de Russie et appuie la création d’un tribunal spécial pour ce crime d’agression.  Le délégué a par ailleurs indiqué que le port roumain de Constanța est devenu la principale porte d’entrée des exportations de céréales ukrainiennes.  Il a réitéré son appui à la poursuite de l’Initiative céréalière de la mer Noire, avant de prévenir que les négociations visant à mettre un terme au conflit ne pourront commencer que lorsque l’Ukraine sera prête.  Elle seule pourra en définir les modalités. 

Mme SOUREK, de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déploré une année de morts, de destructions et de dévastations au quotidien en Ukraine et appelé la Fédération de Russie à retirer immédiatement et sans condition ses troupes du territoire ukrainien.  À terme, la responsabilité de la Russie dans ce conflit devra être examinée conformément à la résolution 60/147 de l’Assemblée générale et à la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Dans l’intervalle, l’intervenante a encouragé le Secrétaire général à continuer de promouvoir des pourparlers et d’assurer la protection des civils dans les zones de guerre.  « Ce conflit concerne autant la démocratie que la souveraineté. »  Elle a noté que les Ukrainiens ont à maintes reprises réaffirmé leur attachement aux valeurs démocratiques, ce qui s’est traduit par une amélioration constante et progressive de divers indicateurs démocratiques.  Dans cette optique, une paix globale, juste et durable en Ukraine doit être une paix démocratique déterminée par et pour les Ukrainiens, avec le soutien de la communauté internationale.  De même, nous ne devons pas perdre de vue la nécessité de tracer la voie du retour de la démocratie en Fédération de Russie, dans le cadre d’une paix régionale.  « Une Russie démocratique n’aurait pas déclenché cette tragédie », a-t-elle conclu. 

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a déploré les conséquences de la guerre d’invasion russe qui n’a pas seulement apporté de terribles souffrances au peuple ukrainien, mais a également creusé des plaies béantes dans le monde entier.  Partout, des familles luttent pour joindre les deux bouts à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, a déploré la Ministre.  Elle s’est dite convaincue que tous sont d’accord sur le fait que les souffrances en Ukraine et dans le monde entier doivent cesser.  Heureusement, il existe un plan que « nous avons sous les yeux », a-t-elle rappelé en faisant référence à la Charte des Nations Unies, dont les principes s’appliquent à chaque État et énoncent l’égalité souveraine, l’intégrité territoriale et le non-recours à la force.  Dès lors, a-t-elle estimé, le chemin vers la paix est également très clair: la Russie doit retirer ses troupes d’Ukraine.  La Russie doit arrêter les bombardements.  La Russie doit revenir à la Charte des Nations Unies, a-t-elle martelé.  Certains disent qu’en armant l’Ukraine, nous versons de l’huile sur le feu.  À ceux-là, elle a répondu: « Nous n’avons pas choisi cette guerre. »  Nous aussi, nous préférerions consacrer notre énergie et notre argent à lutter contre la crise climatique ou à renforcer la justice sociale.  « Mais la vérité est que si la Russie arrête de se battre, cette guerre prendra fin.  Si au contraire l’Ukraine arrête de se battre, alors, elle disparaîtra de la carte », a-t-elle mis en garde.  Le vote d’aujourd’hui concerne notre avenir à tous et met chacun devant ses responsabilités. 

Explications de vote avant vote

Le représentant de Djibouti a déploré la détérioration continue de l’aspect sécuritaire et l’intensification du conflit, scénario encore plus assombri par la menace d’un accident nucléaire et une rhétorique inquiétante laissant planer une possible utilisation de l’arme nucléaire.  Confus quant aux raisons de ce conflit, sans qu’une perspective claire de médiation ne se dessine, il a souhaité que le projet de résolution permette d’éclaircir la situation.  Nous ne devons jamais abandonner, il faut promouvoir inlassablement une paix juste, dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, a martelé le représentant.  La paix et la sécurité ne peuvent être assurées que lorsque tous les États Membres respectent la sécurité territoriale et l’indépendance politique des autres États Membres.  Les guerres d’agression ne peuvent être tolérées.  De tels actes doivent être condamnés et dénoncés sans relâche: c’est pourquoi Djibouti soutient sans réserve le projet.

Le délégué du Nigéria a déploré l’incapacité de la communauté internationale à négocier la paix entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, qui sont toutes deux membres de l’ONU.  Alors que cette guerre entraîne destructions et crise humanitaire en Ukraine et qu’aucun pays dans le monde n’est épargné par ses conséquences, il a exhorté l’ONU à faire davantage pour y mettre un terme et parvenir à une paix durable entre Russes et Ukrainiens.  Saluant les efforts du Secrétaire général et de la Türkiye pour aider à l’approvisionnement en céréales des pays qui en ont le plus besoin et assurer l’accès humanitaire, il a souhaité que cette approche soit approfondie pour faire cesser les combats, avec l’appui des pays et des entités qui exercent une influence sur les belligérants.  De tous les éléments de la Charte des Nations Unies, les plus importants sont les principes de souveraineté des États et de règlement pacifique des différends, a estimé le représentant.  S’il importe aussi selon lui que toutes les parties soient tenues pour responsables des crimes commis, il s’est dit réservé quant au paragraphe 9 du dispositif du projet de résolution, relatif aux enquêtes et poursuites à mener au niveau national et international, craignant qu’il durcisse les positions et rende plus difficile la recherche d’une solution. 

Le représentant du Népal a indiqué que sa délégation voterait en faveur du projet de résolution, relevant toutefois que le texte aurait gagné à rappeler de manière plus marquée que la négociation et le dialogue doivent prévaloir dans toute recherche d’une paix durable en Ukraine.

La déléguée de l’Afrique du Sud a regretté que la guerre en Ukraine continue de détruire des infrastructures essentielles et de faucher des vies, en plus d’exacerber les crises alimentaire et énergétique mondiales.  Si des actions urgentes sont nécessaires pour mettre fin à la guerre, la communauté internationale n’a pas présenté de propositions concrètes pour y parvenir.  La déléguée a exprimé son appui à la résolution proposée, même si elle a considéré qu’elle ne jette pas les bases d’une paix durable. 

Le représentant de la Thaïlande a demandé à l’ONU de déployer tous ses efforts dans le cadre de la diplomatie préventive et de ne pas prendre part au « jeu de la moralité » qui classe des situations très complexes entre le bien et le mal.  Pour que le processus de règlement du conflit démarre, il faut essayer d’en comprendre les causes profondes d’une manière « objective ».  De fait, a fait valoir le représentant, le monde est suffisamment vaste et riche pour que des pays aux idéologies et aux formes de gouvernement politique diverses puissent coexister pacifiquement.  La guerre en Ukraine représente un défi sans précédent qui menace l’équilibre géopolitique, financier, économique et sécuritaire du monde entier, a-t-il reconnu.  De son point de vue, les guerres ne peuvent être réglées que par des engagements et des dialogues, par le pragmatisme, et non par l’idéologie, et encore moins par la mentalité du vainqueur. 

La représentante de l’Angola a estimé que le projet de résolution proposé par l’Ukraine aurait dû inclure les contributions de tous les États Membres.  Elle a émis des réserves sur le paragraphe 9 concernant les enquêtes et les poursuites pour que les auteurs des crimes les plus graves commis sur le territoire ukrainien répondent de leurs actes.  Un tel paragraphe, a dit la représentante, ne saurait promouvoir un règlement durable d’un conflit lequel ne peut être réglé que par le dialogue.  Le rôle de l’Assemblée générale, a-t-elle martelé, est de préserver le principe de la coexistence pacifique entre États.

Le représentant du Brésil a expliqué que l’élément le plus important de la résolution, selon lui, était son appel à la communauté internationale à redoubler d’efforts pour parvenir à une paix juste et durable en Ukraine.  Il a aussi dit apprécier l’aspect humanitaire du texte, y compris l’appel lancé pour le plein respect du droit international humanitaire: toutes les mesures doivent en effet être adoptées pour réduire les souffrances des civils.  Il est grand temps de commencer des pourparlers de paix plutôt que d’attiser le conflit, a-t-il ajouté.  L’appel pour une cessation complète des hostilités du paragraphe 5, sans condition préalable, ne doit pas être un obstacle pour le début des négociations.  Cette résolution, a insisté le représentant, doit être conçue comme un pas important vers la paix, d’autant plus que le conflit a de nombreuses répercussions sur les pays en développement compte tenu de son impact sur les prix des denrées alimentaires et l’énergie. 

Le représentant de la Malaisie a appelé à la fin des hostilités en Ukraine et à des négociations entre les parties au conflit.  À cette fin, il a souhaité que toutes les parties prenantes tiennent compte des préoccupations légitimes en matière de sécurité, tant de l’Ukraine que de la Russie, compte tenu des facteurs géopolitiques complexes.  Indiquant qu’il votera en faveur du projet de résolution, il a regretté l’incapacité du Conseil de sécurité de s’acquitter de sa responsabilité principale. 

La représentante du Royaume-Uni a appelé les États à voter contre les amendements proposés par le Bélarus, qui sont une tentative de saper –si cela était encore possible- la Charte des Nations Unies et de donner raison à l’agresseur.  À l’inverse, la résolution cherche véritablement à parvenir à une paix juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies. 

Explications de vote après vote

Le délégué de Cuba a expliqué s’être abstenu lors du vote sur la résolution en raison des mesures prises par certains pays pour exacerber les tensions sur le terrain avec l’afflux d’armes et l’imposition de sanctions unilatérales qui ne font que prolonger le conflit.  Cette résolution n’est pas propice, selon lui, au dialogue et aux négociations nécessaires à l’établissement d’une paix pérenne.  À ses yeux, cette résolution ne peut constituer une base juridique permettant la création de tribunaux internationaux, l’Assemblée générale n’ayant pas de mandat à cet égard. 

Le représentant de l’Égypte a dit avoir voté en faveur de la résolution en raison de l’attachement profond de son pays aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Ce vote coïncide avec le premier anniversaire de ce conflit dont les retombées, a-t-il rappelé, ont touché le monde entier, notamment les pays en développement, à l’instar de son pays, qui ont directement pâti de cette crise.  Il a évoqué ses incidences sur la sécurité alimentaire et énergétique, et la perturbation de la chaîne d’approvisionnement.  Le représentant a regretté que la communauté internationale n’ait pas œuvré de concert pour trouver un règlement à cette crise.  Pour finir, il a exhorté toutes les parties concernées à rechercher un mécanisme idoine afin de reprendre dans les plus brefs délais les négociations et de s’attaquer aux causes profondes de la crise.

Le délégué du Soudan du Sud a expliqué avoir voté en faveur du texte, pour la simple raison que le conflit doit cesser.  Il a précisé que son pays s’était toujours abstenu lors des votes concernant la crise en Ukraine.  Il a affirmé qu’il n’y aura pas de solution militaire au conflit.

Le représentant de l’Indonésie, s’il a expliqué avoir voté pour la résolution, a toutefois déploré que certains éléments n’apparaissent pas dans la version définitive du texte.  Il a craint notamment qu’elle manque son objectif de rapprocher les pays en guerre.  Son esprit n’appelle pas selon lui la communauté internationale à créer les conditions favorables pour mettre fin à la guerre, et il y manque un appel aux parties à des négociations de paix directes.

Le représentant du Lesotho, appelant les parties à régler leurs différends de manière pacifique, a expliqué s’être dissocié de l’alinéa 7 du préambule et du paragraphe 5 du dispositif de la résolution.  Son vote, a-t-il ajouté, est basé sur une véritable volonté de paix.  La guerre en Ukraine entraîne de profondes conséquences politiques et économiques pour le monde entier, or, selon lui, la résolution creuse le fossé entre les parties et n’ouvre pas la voie à un règlement diplomatique du conflit.

La représentante de l’Inde a indiqué s’être abstenue, en expliquant son vote par le fait que le texte, qui met à bon escient l’accent sur l’importance d’intensifier les efforts diplomatiques pour parvenir à une paix globale en Ukraine, montre également « les limites du système de l’ONU pour régler les nouveaux conflits ».  En effet, a-t-elle dit, un an après le début des hostilités nous ne pouvons que constater que le conflit s’intensifie sur plusieurs fronts. 

Le représentant du Pakistan a dit s’être abstenu parce que les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale ne sont pas pleinement respectés, comme en atteste l’occupation illégale du Jammu-et-Cachemire.  Certaines dispositions de cette résolution sont incompatibles avec la position de principe de mon pays, a-t-il expliqué. 

Droits de réponse

Le délégué de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté les remarques « intolérables » proférées la veille par la République de Corée, affirmant n’avoir jamais eu d’accord de livraison d’armes avec la Russie et ne prévoyant pas d’en avoir à l’avenir.  Par ailleurs, il a estimé que l’avance de l’OTAN à l’Est a créé une situation qui a conduit au conflit en Ukraine.  Il a pointé du doigt l’acheminement d’armements d’un montant colossal au mépris des préoccupations sécuritaires de la Russie.  Enfin, le délégué a lié la récente visite du Secrétaire général de l’OTAN en Corée du sud à la volonté d’exercer des pressions sur ce pays pour qu’il fournisse un soutien militaire à Kiev, assurant que cela se retrouvera sur le champ de bataille en Ukraine.  Si la Corée du Sud continue à provoquer son pays, elle sera face à une crise sécuritaire, a-t-il mis en garde. 

La représentante de l’Inde a demandé au Pakistan, qu’elle a accusé de provoquer son pays à la moindre occasion, de « balayer devant sa porte » et de s’interroger sur l’accueil qu’il réserve aux groupes terroristes les plus dangereux. 

Réagissant aux propos de l’Inde, le représentant du Pakistan a affirmé que la communauté internationale ne reconnaît pas le Jammu-et-Cachemire comme une partie du territoire indien.  Répéter le contraire n’en fait pas pour autant une réalité.  Le représentant a souligné que cela fait 70 ans que l’Inde empêche le Jammu-et-Cachemire de prendre son destin en main, grâce au déploiement de quelque 9 000 soldats.  Mais, a-t-il prévenu, les exactions ne font que renforcer la détermination du peuple du Jammu-et-Cachemire. 

Le représentant de la République de Corée a estimé que l’intervention de la RPDC est tout simplement contraire à la Charte des Nations Unies et aux principes mêmes de la résolution qui était à l’examen. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a condamné la « politique agressive » des États-Unis et de la République de Corée, en particulier leurs exercices militaires conjoints menés à l’encontre des intérêts sécuritaires de son pays.  Si cette politique perdure, cela conduira à une crise, a-t-il averti: la République de Corée doit comprendre que sa politique de soumission aux États-Unis la conduira à son « autodestruction ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Haut Représentant de l’Union européenne souhaite que la coopération avec l’ONU mette fin au « déficit de multilatéralisme »

9268e séance - matin
CS/15210

Conseil de sécurité: le Haut Représentant de l’Union européenne souhaite que la coopération avec l’ONU mette fin au « déficit de multilatéralisme »

Le Conseil de sécurité a tenu ce matin sa séance annuelle consacrée à la coopération entre l’ONU et l’Union européenne (UE).  Face au « déficit de multilatéralisme », qui s’est selon lui installé jusqu’au Conseil de sécurité, le Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell, a dressé aujourd’hui un constat pessimiste pour 2023, raison pour laquelle la coopération entre les deux organisations lui est apparue plus que jamais indispensable, comme à la plupart des membres du Conseil, à l’exception notable de la Fédération de Russie. 

Décrivant un double mouvement, qui voit les crises mondiales se multiplier et la capacité collective à trouver des solutions reculer, M. Borrell a rappelé que l’UE est déterminée à soutenir l’ONU, « politiquement et financièrement », et ses trois piliers – développement; paix et sécurité; et droits humains.  S’agissant du premier d’entre eux, l’UE a d’ailleurs annoncé par la voix de M. Borrell son intention de présenter en juillet son examen volontaire sur les objectifs de développement durable lors du forum politique de haut niveau du Conseil économique et social. 

Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont repris cette analyse à leur compte, à commencer par Malte, dont le Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce, M. Ian Borg, présidait la séance.  Pour lui, la coopération trilatérale fructueuse entre l’ONU, l’UE et l’Union africaine est exemplaire, le Chef de la diplomatie maltaise voyant dans la contribution européenne à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) le signe d’un engagement jamais démenti de l’Union européenne bien au-delà de ses frontières. 

Ce soutien européen à l’ATMIS a été salué aussi par le Vice-Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, M. Kwaku Ampratwum-Sarpong, qui y a vu une contribution majeure au renforcement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  De son côté, le Mozambique a noté l’assistance apportée depuis 2004 par l’UE aux efforts de prévention des conflits de l’UA par le biais de la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique (FPA), qui a permis de financer les opérations de soutien à la paix menées par l’Afrique.  Pour les États-Unis, la coopération entre l’UE et l’ONU jouera un rôle essentiel pour renforcer la capacité de l’UA à faire en sorte que ses opérations puissent être planifiées et déployées dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire. 

Toutefois, c’est à l’aune de la guerre en Ukraine que la coopération entre l’UE et l’ONU a été aujourd’hui le plus souvent invoquée, la Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, Mme Olta Xhaçka, se disant favorable à ce que les deux organisations trouvent des moyens pour que justice soit rendue pour les crimes commis.  Le Vice-Ministre ghanéen a lui salué l’appui de l’UE pour aborder les aspects humanitaires de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, encourageant l’organisation régionale et l’ONU à œuvrer à la désescalade immédiate des tensions et à la cessation des hostilités. 

C’est un tout autre tableau qu’a dressé le représentant de la Fédération de Russie, pour qui les qualificatifs les plus appropriés pour l’Union européenne en ces années 2022-2023 sont: « dégradation, impuissance, myopie et russophobie ».  Cette dernière, pour la Russie, ne se limiterait pas à la volonté de lui infliger une défaite en Ukraine, mais profiterait aux « russophobes les plus primitifs, les plus hommes des cavernes parmi les Polonais et les Baltes ».  Pour la Fédération de Russie, l’Europe n’a plus la moindre chance de trouver sa place dans un monde multipolaire, puisqu’elle n’a pas tenu parole sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de démocratie et des droits humains et a accepté les pays baltes, leur russophobie et leurs « relations d’apartheid » vis-à-vis de leurs populations russophones.  Face à cette « dévalorisation » de l’Union européenne en un « outil obéissant des Américains », le représentant russe s’est dit contraint d’être « sceptique à l’égard de tous les projets impliquant l’UE et la plateforme de l’ONU » et a invité tous les pays en développement à « réfléchir sérieusement à cette réévaluation ». 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES - UNION EUROPÉENNE

Déclarations

M. JOSEP BORRELL, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a rappelé qu’à chacune de ses interventions devant ce Conseil, il avait mis en garde contre un « déficit de multilatéralisme », y compris au sein même de cet organe.  « Je crains que la situation ne soit encore pire cette année », a-t-il déclaré, à la suite du Secrétaire général de l’ONU, qui plus tôt ce mois-ci, avait estimé que « le temps était compté » pour éviter « l’effondrement ».  L’urgence est mondiale, a insisté M. Borrell, en citant la multiplication des conflits, la crise climatique, les attaques systématiques contre la démocratie et les droits humains et les inégalités mondiales toujours plus criantes. 

Parallèlement, a observé le Haut Représentant, notre capacité collective à trouver des solutions recule.  Dans ce contexte, l’UE jouera son rôle pour soutenir l’ONU, politiquement et financièrement, dans ses efforts pour inverser cette tendance.  Signe de sa coopération avec l’Organisation, l’UE présentera en juillet son examen volontaire sur les objectifs de développement durable lors du forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC). 

Cette semaine, a rappelé M. Borrell, cela fera un an que la Fédération de Russie a lancé sa guerre illégale contre l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies.  Personne n’est en sécurité dans un monde où le recours illégal à la force -par un membre permanent du Conseil de sécurité- serait en quelque sorte « normalisé », a-t-il fait valoir.  C’est pourquoi le droit international doit être appliqué universellement pour prémunir le monde des abus de pouvoir, du chantage et des attaques militaires.  Selon lui, la seule paix acceptable est une paix juste, globale et durable, conforme à la Charte des Nations Unies. 

« La première étape, évidente, vers la paix est que la Russie cesse ses attaques et retire toutes ses forces et équipements militaires d’Ukraine », a affirmé le Haut Représentant.  D’ici là, l’UE continuera à apporter à l’Ukraine tout le soutien dont elle a besoin pour défendre sa population, a-t-il poursuivi, en considérant que ces deux voies -soutenir l’Ukraine et rechercher la paix- vont de pair. 

L’Union européenne continuera également d’aider le reste du monde à faire face aux retombées de l’agression russe, a assuré M. Borrell.  « C’est ce que nous faisons depuis un an maintenant - et avec succès », s’est-il félicité, en faisant remarquer que les prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont désormais en baisse, en partie grâce aux « couloirs de solidarité » ayant permis l’exportation de 50 millions de tonnes de vivres et à l’Initiative céréalière de la mer Noire, négociée par les Nations Unies, et qui doit absolument être prolongée à son expiration mi-mars.  Le Haut Représentant a précisé que l’Union européenne fournit environ 18 milliards d’euros pour lutter contre l’insécurité alimentaire jusqu’en 2024, dont la moitié au bénéfice de l’Afrique et du Moyen-Orient. 

Si la guerre est de retour en Europe, elle n’est pas absente ailleurs et l’Union européenne continuera également d’agir dans le monde pour toutes les crises, politiquement et financièrement, a assuré M. Borrell qui a cité notamment les opérations de l’UE en matière de sécurité ou de lutte contre le terrorisme en Afrique et en Méditerranée, en lien avec la crise libyenne, mais aussi son rôle de premier contributeur aux fonds de lutte contre les conséquences des changements climatiques ou son assistance humanitaire, en Afghanistan ou à l’occasion du séisme en Türkiye et en Syrie. 

M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a déclaré qu’en tant que fier membre de l’Union européenne, Malte soutient fermement le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’UE.  Les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies et les valeurs de l’Union européenne sont parfaitement alignés, a-t-il souligné, ce qui en fait des partenaires naturels. 

La relation stratégique de l’UE avec les Nations Unies doit continuer à renforcer le respect de la Charte et du droit international, notamment des droits de l’homme, de l’état de droit et du règlement pacifique des différends, a insisté M. Borg, qui s’est dit convaincu du fait qu’une collaboration forte et dynamique entre ces deux organisations contribuera à la paix et à la sécurité et nécessitera une approche globale pour aborder plus efficacement les problèmes mondiaux.  Aux côtés de l’UE, Malte s’engage pleinement à soutenir les processus parallèles qui ont été lancés dans le cadre du rapport « Notre programme commun » du Secrétaire général de l’ONU, parce qu’un engagement multilatéral constructif sur de telles initiatives a le potentiel d’apporter les changements nécessaires pour que l’ONU puisse continuer à s’attaquer aux problèmes les plus urgents du monde. 

Dans le contexte mondial difficile, l’UE et ses États Membres n’ont cessé de souligner la nécessité de travailler ensemble vers un objectif commun, celui de faire respecter la Charte des Nations Unies et un ordre fondé sur des règles, a rappelé le Ministre.  Pourtant, alors même que la communauté internationale a été confrontée à la réalité de son interdépendance à une multitude d’occasions, « nous sommes toujours incapables de nous rassembler pour relever les défis mondiaux, y compris le climat », s’est-il inquiété.  IL a appelé à reconnaître enfin qu’un échec unilatéral aujourd’hui aura des ramifications collectives pour le plus grand nombre dans les années à venir. 

Toutes les nations ont la responsabilité de veiller à ce que, dans la mesure du possible, les organisations régionales et internationales se réunissent pour assurer cette convergence et cette collaboration, a affirmé le Ministre, pour qui la coopération régionale est indispensable au bon fonctionnement de notre monde interconnecté et globalisé.  Il a fait valoir que l’approche globale actuelle des Nations Unies et de l’UE en matière de gestion des crises, de médiation et d’opérations de paix, y compris le soutien apporté dans différentes régions, a aidé plusieurs pays à emprunter le chemin difficile qui mène du conflit à la paix.  Le Ministre a également salué la coopération trilatérale fructueuse entre l’ONU, l’Union européenne et l’Union africaine pour relever les défis en matière de sécurité, en citant à titre d’exemple la contribution de l’UE à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie. 

Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a estimé que l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie avait apporté en Europe une guerre d’une ampleur jamais vue depuis 1945.  En aidant l’Ukraine à se défendre, l’UE défend une nation souveraine et l’aide à faire face à la brutalité d’une invasion dont le seul objectif est de rayer de la carte un pays et à subjuguer son peuple pour satisfaire à des desseins impérialistes, a-t-elle affirmé.  La Ministre a salué la riposte politique de l’UE face à l’agression, riposte dont l’objectif est, d’une part, de réduire les capacités de la Russie à financer sa guerre et d’autre part, d’aider l’économie ukrainienne.  Elle a dit être favorable à une coopération entre l’ONU et l’UE pour que les crimes commis durant la guerre soient punis.  Une paix pérenne et juste ne saurait se fonder sur l’impunité, a-t-elle ajouté. 

Les processus de paix dans les Balkans occidentaux doivent s’accélérer pour que cette région prospère et se rapproche de l’Europe, a poursuivi la Ministre.  De manière générale, l’ONU et l’UE devraient renforcer la coopération pour le règlement des conflits régionaux et renforcer leur appui pour le dialogue et la médiation, a-t-elle ajouté.  Elle a salué la coopération entre l’ONU et l’UE en Afrique, y compris l’appui financier apporté dans la lutte contre les menaces terroristes. 

La Ministre a rappelé que l’Albanie souhaite rejoindre l’UE, qui a démontré de manière irréfutable qu’elle était l’investissement le plus efficace dans la prévention des conflits.  L’UE peut offrir à l’ONU et au monde une voie fondée sur les droits d’individus qui se rassemblent dans le cadre de l’état de droit pour récolter les fruits de la démocratie, a-t-elle estimé.  Elle a enfin dénoncé comme « ridicule, honteux et absurde » la désinformation selon laquelle l’UE aurait fomenté ou souhaiterait des guerres dans son voisinage, menaçant tout le continent.  Rien ne changera au fait que c’est la Russie qui a lancé cette guerre et que c’est la Russie qui devra y mettra un terme, a-t-elle conclu.

M. KWAKU AMPRATWUM-SARPONG, Vice-Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a salué l’appui de l’Union européenne pour aborder les aspects humanitaires de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.  Il a encouragé l’ONU et l’Union européenne (UE) à travailler en faveur de la désescalade immédiate des tensions et de la cessation des hostilités, et à favoriser le dialogue, le règlement pacifique et global du conflit en Ukraine. 

En attendant, a ajouté le Ministre, il est vital de ne pas perdre de vue d’autres situations graves sur le continent.  Il faut en effet éviter une nouvelle guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.  La mise en place de la mission civile de l’UE en Arménie est une contribution importante à la stabilité et au renforcement de la confiance entre les deux parties.  En ce qui concerne le problème chypriote, le Ministre a demandé que l’UE continue d’appuyer un règlement global du différend sur la base des résolutions du Conseil de sécurité.  En Bosnie-Herzégovine, les efforts conjoints de l’ONU et de l’UE dans le cadre du renouvellement par le Conseil de sécurité du mandat de l’EUFOR-Althea ont largement contribué au maintien d’un environnement sûr et sécurisé, a-t-il estimé. 

S’agissant de l’Afrique, le Ministre a déclaré que le soutien de l’UE au renforcement de l’Architecture africaine de paix et de sécurité demeure une contribution essentielle au maintien de la paix et de la sécurité à long terme sur le continent.  Il a cité le cas de la Somalie, où l’appui de l’UE à la Mission de transition de l’Union africaine (ATMIS) et la mise en œuvre effective du Plan de transition somalien reste crucial. 

Le Ministre a aussi a souligné la contribution de l’UE aux besoins humanitaires dans les zones de conflit, en particulier en Afghanistan, au Myanmar, en Syrie et au Yémen.  Il a salué les mobilisations de l’UE en faveur des communautés touchées par les récents tremblements de terre qui ont frappé la Syrie et la Türkiye.  Il a enfin dénoncé la guerre en Ukraine, constatant que l’impasse qu’elle a créée au Conseil de sécurité complique les efforts en Afrique pour vaincre les terroristes et les extrémistes violents et parvenir à « l’Afrique que nous voulons ».

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a mis l’accent sur les défis mondiaux pour lesquels la coopération entre l’ONU et l’UE existe et pourrait s’approfondir, citant les changements climatiques, l’extrémisme, l’autonomisation des femmes et des filles, la prolifération nucléaire et la promotion de solutions pacifiques et inclusives aux crises dans le monde.  Pour la représentante, la lutte contre les risques sécuritaires demeure essentielle pour la stabilité et la prospérité.  Cet automne, la Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, a reconnu que l’UE avait mis trop longtemps à comprendre l’impact de certains risques sécuritaires au-delà du Moyen-Orient, a rappelé la représentante.  Comme elle l’a dit, « le monde a besoin d’une architecture de sécurité plus solide », a-t-elle précisé. 

Les risques émergents pour notre stabilité collective exigent une coopération internationale, a plaidé Mme Nusseibeh, pour qui la promotion d’une paix durable et d’opportunités économiques dans les pays d’origine devrait être privilégiée dans le cadre de la collaboration ONU-EU.  Par ailleurs, a poursuivi la représentante, le soutien aux nécessiteux ou aux civils en danger est une priorité partagée.  Les Émirats arabes unis accueillent le plus important centre humanitaire du monde, la Cité humanitaire internationale, où l’aide bilatérale et internationale prépositionnée, y compris celle de l’UE, est acheminée là où elle est nécessaire, a-t-elle rappelé.  Plus récemment, près de 90 avions sont partis des Émirats arabes unis en réponse aux tremblements de terre dévastateurs en Türkiye et en Syrie. 

Sans l’autonomisation des femmes, la sécurité et la stabilité ne pourront être maintenues, a argué Mme Nusseibeh, pour qui il est indispensable de promouvoir leur participation pleine, égale et significative à tous les aspects de la vie publique.  Enfin, il est urgent d’accroître les ambitions en matière de climat.  Les efforts d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation doivent aller de pair et l’UE est un partenaire important pour atteindre cet objectif, a-t-elle affirmé. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué le rôle positif joué par l’Union européenne et d’autres organisations régionales pour défendre le multilatéralisme dans le contexte actuel, difficile, et soutenir le Conseil de sécurité en matière de paix et de sécurité internationales.  À ce titre, elle a »cité les efforts déployés par l’UE pour relever les défis mondiaux.  Le Royaume-Uni est fier de son travail aux côtés de l’UE pour établir des partenariats en faveur de la transition énergétique, a déclaré la représentante, précisant que ces partenariats ont aidé les économies émergentes tributaires du charbon à effectuer une transition énergétique équitable en s’inspirant du modèle mis en place lors de la COP26.  Elle a également cité le soutien considérable apporté par l’UE au Fonds des Nations Unies « L’éducation ne peut attendre », dont le Royaume-Uni est cofondateur. 

S’agissant de la contribution de l’UE aux travaux de l’ONU, la représentante a parlé de la coopération avec les opérations de paix et de consolidation de la paix des Nations Unies, citant les cas du Mali et de la Somalie, et des efforts visant à promouvoir la stabilité régionale.  Elle a souhaité que la mission de partenariat de l’UE au Niger joue un rôle essentiel dans le soutien à la stabilité du Sahel. 

La représentante a salué le soutien apporté par l’Union européenne à l’Ukraine, notamment en termes d’aide humanitaire vitale et de lutte contre l’insécurité alimentaire mondiale en soutenant l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Alors que nous planifions la reconstruction de l’Ukraine, nous nous réjouissons de travailler avec l’UE à la préparation de la conférence de 2023 sur le redressement de ce pays, organisée par le Royaume-Uni et l’Ukraine à Londres en juin prochain, a conclu Mme Woodward.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé la devise de l’Union européenne –« Unie dans la diversité »- qui reflète de même l’identité de la Suisse, un pays qui compte quatre langues nationales.  La Suisse partage également avec l’UE la vision d’un ordre international fondé sur le droit international et d’un multilatéralisme efficace, a ajouté la représentante.  L’échange d’aujourd’hui intervient à un moment où le multilatéralisme est mis sous pression.  L’appel du Haut Représentant devant l’Assemblée générale pour une paix juste et durable en Ukraine traduit l’attachement de l’UE et de ses membres à la Charte des Nations Unies et au respect de ses principes.  La Suisse partage ce même attachement et rappelle que le respect de ces principes est dans l’intérêt de l’Europe et du monde tout entier.  L’engagement pour la paix, le développement durable et les droits de l’homme oriente l’ONU, l’UE et la politique étrangère de la Suisse.  Cette base commune se traduit par une collaboration étroite dans plusieurs contextes et agendas thématiques, notamment dans le projet tripartite de l’Union africaine, l’UE et l’ONU sur le « Cadre de conformité aux droits de l’homme » pour les opérations de maintien de la paix. 

Dans les Balkans occidentaux, l’UE joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre des mandats du Conseil de sécurité dans le cadre de l’opération l’EUFOR Althea, à laquelle la Suisse contribue, a poursuivi Mme Baeriswyl.  De façon transversale, l’UE est un partenaire important concernant la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les différents contextes à l’ordre du jour de ce Conseil. 

Par ailleurs, la Suisse, tout comme l’UE, accorde une attention particulière à la protection des civils ainsi qu’au respect du droit international humanitaire, a constaté la représentante.  La Suisse se mobilise notamment pour la protection des enfants dans les conflits armés, ainsi que des personnes hors de combat comme les blessés et les malades, que cela soit en Ukraine, en Syrie ou ailleurs.  Si nous soutenons la justice pour toutes les victimes et nous nous engageons dans la lutte contre l’impunité, c’est parce que nous savons qu’il ne peut y avoir de paix durable sans reddition de comptes, a insisté la représentante.  Les différends peuvent et doivent être résolus de manière pacifique, le dialogue et le respect sont les meilleurs moyens pour y parvenir; la diversité est un moteur de paix et de prospérité, a-t-elle conclu.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a reconnu le leadership de l’Union européenne, citant en exemple l’initiative européenne Global Gateway pour créer des connexions durables et fiables en vue de relever les défis mondiaux les plus urgents.  Le Japon est désireux de travailler avec l’UE pour promouvoir la connectivité internationale ainsi que la coopération verte et numérique. 

La représentante a fait valoir que le Japon avait mené avec l’UE plus de 25 exercices conjoints de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden.  Le Japon et l’UE sont des partenaires stratégiques mondiaux qui partagent les valeurs fondamentales de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme, a-t-elle poursuivi, ajoutant que, dans un contexte international tumultueux, l’UE joue un rôle indispensable en apportant un soutien solide et fort à l’Ukraine et aux autres partenaires régionaux.

M. DAI BING (Chine) a estimé que la coopération avec les organisations régionales est importante et qu’elle doit se faire sur la base des buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Il a souhaité que l’UE pratique un véritable multilatéralisme, conformément au principe de non-ingérence notamment.  La Chine s’attend à ce que l’UE respecte l’objectif de créer un environnement stable, soulignant que personne ne peut faire cavalier seul en matière de sécurité.  Dans cet objectif, le représentant a invité l’UE à prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes de chacun.  En outre, il a souhaité que l’UE mobilise des ressources et fournisse un appui financier et technique aux pays en développement afin de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable. 

S’agissant de la crise en Ukraine, le représentant a constaté qu’elle représente un défi considérable de sécurité pour le continent et au-delà, et que son règlement passe par une architecture de sécurité collective plus juste.  Il a appelé au dialogue avec la Russie en affirmant que la Chine est du côté de la paix et s’apprête à publier un plan de paix pour la crise en Ukraine.  En attendant, le représentant a dit espérer que l’UE pourra continuer à prêter assistance aux réfugiés ukrainiens et ainsi atténuer les effets de la crise. 

En ce qui concerne l’Afrique, la Chine encourage l’Union européenne à appuyer la création de mécanismes de sécurité collectifs de l’Union africaine et à adhérer au principe des « solutions africaines aux conflits africains » de l’UA.  Pour sa part, la Chine souhaite approfondir sa coopération avec l’UE et les Nations Unies et à pratiquer un véritable multilatéralisme. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé qu’il avait dit l’année dernière que les efforts de Bruxelles avaient brisé le « fond » des relations Union européenne-Russie.  Lorsque les historiens décriront les années 2022-2023, les mots les plus fréquents dans la section consacrée à l’UE seront probablement: « dégradation, impuissance, myopie et russophobie » a-t-il prédit, avant de dénoncer les diplomates européens pour qui la paix se réduit à fournir des armes en zone de conflit, financées grâce aux fonds européens pour la paix. 

Le représentant a pointé du doigt la russophobie en Europe qui, a-t-il affirmé, ne se limite pas à la volonté d’infliger la défaite à la Russie sur le champ de bataille en Ukraine mais va bien plus loin et profite aux « russophobes les plus primitifs, les plus hommes des cavernes parmi les Polonais et les Baltes ».  Les capitales européennes veulent annuler la Russie de la culture, de l’art et du sport y compris dans les institutions européennes, a-t-il accusé, avant d’avertir que cette image que donne les Européens « nous donne envie de fermer la porte plus fermement, ou peut-être même de la fermer hermétiquement, jusqu’à ce que cet obscurantisme et ce pacte russophobe prennent fin ». 

Pour le représentant, c’est la Russie qui, à la veille de la crise ukrainienne, avait proposé à l’Occident de signer un accord sur des garanties mutuelles de sécurité proposant une sécurité globale et indivisible en euro-atlantique.  Toutes ces propositions ont été rejetées avec arrogance.  M. Nebenzia a ensuite dénoncé l’accord d’association UE-Ukraine, qui a été selon lui l’élément déclencheur du « coup d’État de Maïdan de 2014 », détonateur de la crise ukrainienne qui a atteint aujourd’hui « »sa phase finale ».  Après la Géorgie, l’Ukraine a été choisie comme pion dans un affrontement géopolitique avec notre pays, a affirmé le représentant, pour qui l’UE est devenue un pion dénué de volonté aux mains d’un autre bloc militaire.  Dans la déclaration conjointe de coopération entre l’UE et l’OTAN signée le 10 février, l’UE confirme sa subordination aux objectifs de l’OTAN notamment en matière de politiques de défense, a-t-il accusé, voyant dans cette déclaration conjointe « rien d’autre qu’un nouvel éloge de la philosophie de suprématie occidentale ». 

Après avoir souligné que la puissance économique de l’Europe et son épanouissement se fondaient sur l’approvisionnement en énergie russe bon marché, le représentant a ajouté que, dès leur interruption, l’Europe est devenue un colosse au pied d’argile dont les industries énergivores se sont tournées vers l’océan pour le plus grand plaisir du grand frère américain qui ne souhaite que l’élimination de son concurrent européen. 

Cette impuissance dans le domaine économique et cette servilité face aux États-Unis sont inédites dans l’histoire européenne, a estimé M. Nebenzia, qui s’est demandé « comment peut-on parler d’un rôle indépendant pour l’Union européenne et l’Europe dans ces conditions? »  Pour lui en effet, l’Europe n’a plus la moindre chance d’être un des pôles du monde multipolaire.  L’EU n’a même pas tenu parole sur les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de démocratie et des droits humains en acceptant les pays baltes, leur russophobie et leurs relations d’apartheid vis-à-vis de leurs populations russophones, a encore accusé le représentant. 

M. Nebenzia a également rappelé que le « dernier et unique » document du Conseil de sécurité sur la coopération avec l’Union européenne ces dernières années était la déclaration présidentielle du Conseil du 14 février 2014, dans un contexte « complètement différent des relations avec l’UE ».  Ce texte, qui se félicitait de l’aide de l’UE pour stabiliser plusieurs régions du monde, notamment les Balkans occidentaux, le Mali, la République centrafricaine, l’Afghanistan et la Syrie ressemble, neuf ans plus tard, à « une blague cruelle », a-t-il estimé.  Il a estimé que, « par une coïncidence étrange et presque mystique », la date de ce texte avait « séparé la vieille Europe de la nouvelle » dans la mesure où, une semaine plus tard, les représentants de l’UE participaient « directement » au « coup d’État armé anticonstitutionnel » de Maidan, mettant ainsi en place, « à l’instigation des Américains », une confrontation difficile avec la Russie.  Il y a vu « le point de départ de la dégradation de l’UE, de sa dévalorisation en un outil obéissant des Américains ».  En l’absence d’indépendance de l’UE, le représentant s’est donc dit contraint d’être « sceptique à l’égard de tous les projets impliquant l’UE et la plateforme de l’ONU » et a invité tous les pays en développement à « réfléchir sérieusement à cette réévaluation ».

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a dit considérer le dialogue entre les Nations Unies et l’Union européenne comme une plateforme qui apporte une valeur ajoutée à nos efforts concertés en faveur de la paix et de la sécurité.  À ce titre, le Mozambique se félicite du soutien de l’UE aux programmes de prévention et de résolution des conflits menés par les Africains. 

Le représentant a noté en particulier la contribution apportée depuis 2004 par l’UE aux efforts de prévention des conflits de l’Union africaine par le biais de la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique (FPA), fonds géré en partenariat avec la Commission de l’Union africaine, qui a permis de financer les opérations de soutien à la paix menées par l’Afrique, le renforcement des capacités des institutions de l’UA et les initiatives de prévention des conflits menées par cette dernière.  Il a rappelé que le partenariat UE-Afrique en matière de paix, sécurité et gouvernance est un pilier thématique des relations entre les deux continents depuis la Convention de Lomé IV de 1989.  Il y a vu « l’un des éléments les plus efficaces de la relation UE-Afrique au sens large ». 

M. Afonso a noté que la facilité de soutien à la paix pour l’Afrique permet depuis 2021 à l’UE d’acheminer directement l’aide aux organisations régionales du continent africain comme la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont le Mozambique est membre, ce qui a facilité la flexibilité et la réactivité du continent, et conduit à de meilleurs résultats, ce dont le représentant s’est réjoui.  Il a estimé que le partenariat UE-Afrique devait être ancré dans le principe de l’Union africaine selon lequel « les problèmes africains exigent d’abord des solutions africaines ».  Cet axiome, a-t-il précisé, ne signifie pas l’exclusion de la communauté internationale de l’engagement dans les problèmes africains mais que l’intérêt et la responsabilité premiers de la résolution des problèmes africains incombent principalement à l’Afrique elle-même.  Il s’est félicité en ce sens des résultats du sixième sommet Union européenne-Union africaine des 17 et 18 février 2022, ainsi que du soutien de l’Union européenne à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, à l’Architecture africaine de paix et de sécurité, à l’Architecture africaine de gouvernance et au programme « Faire taire les armes ». 

Le représentant a estimé que l’Afrique australe et la SADC sont « en pleine convergence » avec l’UE dans plusieurs programmes relatifs à la paix et à la sécurité dans la région.  Il a souhaité que ce soutien soit encore accru, citant plusieurs domaines, dont la lutte contre le terrorisme.  Sur ce dernier aspect, il s’est dit encouragé par le soutien de l’UE aux initiatives de la SADC visant à rendre opérationnel son centre régional de lutte contre le terrorisme lancé en février 2022.  Il a également félicité l’UE pour son soutien à une mission de formation à la lutte contre le terrorisme dédiée à la situation à Cabo Delgado et a, là aussi, souhaité un renforcement du programme.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a salué la dynamique positive d’action qui existe entre les Nations Unies et l’Union européenne, y voyant un « partenariat de référence », notamment dans les contextes du maintien de la paix, de la consolidation de la paix, de la défense des droits humains et de la prévention des conflits.  Il est revenu sur l’action de l’UE dans la Corne de l’Afrique, mais aussi dans les Balkans et en Ukraine, en souhaitant une plus grande interopérabilité entre les deux organisations, afin de faciliter la convergence d’action et l’alignement des actions de l’UE sur les priorités de l’ONU.  Dans un tel partenariat, la question du partage des prérogatives globales dans la gestion des crises est essentielle, a-t-il souligné. 

S’agissant de l’Afrique, le représentant a mis en exergue les questions de lutte contre le terrorisme et la piraterie en tant que terrains privilégiés de coopération entre l’UE et les Nations Unies, mais également l’Union africaine.  Il a plaidé pour une coopération trilatérale entre ces trois organisations en vue d’accroître leur coordination sur les préoccupations transversales en matière de paix et de sécurité.  Le représentant a également appelé à renforcer la coopération entre l’UE et l’ONU, en insistant sur la nécessité de renforcer la présence des femmes et des jeunes dans les mécanismes de prévention des conflits et sur une communication plus transparente et soutenue.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé le droit à la légitime défense de l’Ukraine après l’invasion à grande échelle par la Russie, qui représente la plus grande menace à la sécurité depuis des décennies.  Elle a ensuite cité le Président Joe Biden, qui a affirmé lors de sa visite à Kiev cette semaine, que la Russie avait fortement sous-estimé la capacité de résistance de l’Ukraine et pensé pouvoir diviser la communauté internationale.  La Russie a eu tort, affirmé la représentante: la communauté internationale reste aux côtés de l’Ukraine et le restera aussi longtemps que nécessaire.  Les aspirations à la liberté et à la justice ne doivent pas rester lettre morte.  Nous voulons vivre dans un monde plus juste et, depuis le lancement de la guerre d’agression, les pays européens ont renforcé leur capacité à se défendre et on a accueilli des millions de réfugiés, a-t-elle assuré. 

Les États-Unis, l’UE et les ONG travaillent de concert avec l’ONU pour atténuer les effets humanitaires de cette guerre non seulement en Ukraine mais également dans le monde entier, a déclaré la représentante.  L’Espagne, l’Union africaine, l’UE et l’ONU ont organisé au Siège un sommet en vue d’agir urgemment et à grande échelle pour répondre à la crise alimentaire mondiale.  Les États-Unis et l’Union européenne figurent parmi les principaux bailleurs de fonds des organisations humanitaires et alimentaires, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).  La coopération entre l’ONU et l’UE est ambitieuse, comme en Haïti, en Bosnie, entre la Serbie et le Kosovo et en Afghanistan, a énuméré Mme Thomas-Greenfield.  Selon elle, en Afrique, la coopération entre l’UE et l’ONU jouera un rôle essentiel concernant l’appui aux opérations de paix qui aidera à renforcer la capacité de l’Union africaine à faire en sorte que les opérations de paix puissent être planifiées et restent conformes aux droits humains et au droit international humanitaire. 

Par ailleurs, l’UE contribue à améliorer la sécurité maritime et au respect de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a encore constaté la représentante.  Elle a, enfin, salué l’appui financier de l’UE en faveur de l’équipe d’enquête des Nations Unies s’agissant de l’application du principe de responsabilité dans les crimes commis par Daech puis de la capacité à collecter les preuves et engager des poursuites à la suite des atrocités commises par l’organisation terroriste.  L’Union européenne est un partenaire majeur de l’ONU et du Conseil de sécurité et le monde est plus pacifique, plus prospère et plus sûr grâce à ce partenariat, a-t-elle conclu.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a indiqué que son pays, comme l’Union européenne, s’engage à défendre les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies et du droit international.  C’est la raison pour laquelle il a condamné l’agression militaire contre l’Ukraine, réitérant son rejet de toute tentative d’annexion de territoires par la force.  Le représentant a reconnu le rôle de soutien et de facilitation joué par la délégation de l’UE à New York dans le cadre du processus de consultations et de négociations des résolutions adoptées lors de la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale.  Il a salué les efforts de l’UE dans la gestion et le traitement d’autres conflits en Europe, notamment dans les Balkans occidentaux. 

Le représentant a également souligné l’ampleur de la coopération entre l’UE et l’ONU au-delà de l’Europe, citant le soutien apporté à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali et à la Force conjointe du G5 Sahel.  Les deux organisations ont des capacités complémentaires qui, lorsqu’elles sont bien coordonnées, contribuent au renforcement du multilatéralisme, a-t-il affirmé.

M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a estimé que la complexité des crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui exerce une pression énorme sur les structures de gouvernance mondiale.  Il est grand temps de réformer l’ONU, a-t-il insisté, pour offrir des réponses efficaces et plus légitimes aux multiples défis posés à la paix et à la sécurité et aux demandes du monde en développement.  À ce sujet, le Brésil est d’avis que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, conformément aux dispositions du Chapitre VIII du Charte des Nations Unies, est l’un des moyens de renforcer le multilatéralisme. 

Le représentant a reconnu le rôle important que joue l’Union européenne dans les questions de sécurité, notamment par ses contributions à l’opération de paix en Bosnie-Herzégovine et son engagement dans les efforts de paix dans d’autres régions, ou encore par son soutien à la viabilité de l’Autorité palestinienne.  Le Brésil encourage l’UE à redoubler d’efforts dans la recherche d’une solution négociée au conflit en Ukraine et son représentant a estimé que l’UE peut contribuer à traiter de manière adéquate les causes profondes de ce conflit, comme elle l’a fait par le passé, et à empêcher la normalisation de la violence. 

Le représentant a également appelé à réfléchir aux conséquences imprévues des sanctions unilatérales, en rappelant que l’expérience avait démontré que, dans la plupart des cas, les sanctions ont un effet limité sur les acteurs qu’elles visent tout en portant invariablement préjudice aux populations civiles, y compris dans des pays tiers.  Une coopération étroite et transparente entre les Nations Unies et l’UE continue d’être très bénéfique pour le système multilatéral, a conclu le représentant, qui a appelé à la renforcer encore par un dialogue avec les autres États Membres.

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a affirmé que l’Union européenne est à l’avant-garde de la défense de la Charte des Nations Unies, comme l’illustre son engagement face à la guerre d’agression menée depuis un an par la Russie sur le sol européen.  Ses États Membres déploient collectivement plus de 5 000 personnels au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU et leurs contributions financent près d’un quart du budget total du maintien de la paix de l’ONU.  Ainsi, en Afrique, une nouvelle mission de partenariat militaire au Niger vient d’être lancée, s’est félicitée la représentante. 

Parallèlement, en Syrie et en Turquie, l’UE et ses États membres apportent, en synergie avec l’ONU, une aide d’urgence aux populations victimes des récents séismes, des efforts qui viennent s’ajouter aux 27 milliards d’euros d’aide humanitaire apportés depuis 2011 aux Syriens les plus vulnérables en Syrie et dans la région, a fait valoir la représentante. 

De plus, l’UE demeure un partenaire essentiel de l’ONU pour répondre aux défis du multilatéralisme de demain, a fait valoir la représentante.  L’UE le fait en accompagnant la réforme des Nations Unies.  La représentante a rappelé à cet égard l’initiative d’encadrement du recours au veto en cas d’atrocité de masse, soutenue par 106 pays.  Elle le fait aussi en assurant le financement plein et entier de l’ONU, les États membres de l’UE étant ensemble les premiers contributeurs au budget régulier, dont ils financent presque un quart.  Elle apporte également sa contribution aux priorités du Secrétaire général des Nations Unies pour affronter les grands défis d’aujourd’hui et de demain, en faveur de la paix, du développement durable et inclusif et de la lutte contre les effets des changements climatiques.

à suivre...  

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Le Conseil de sécurité examine la situation en Somalie sous l’angle du programme pour les femmes et la paix et la sécurité

9267e séance - matin
CS/15208

Le Conseil de sécurité examine la situation en Somalie sous l’angle du programme pour les femmes et la paix et la sécurité

Le Conseil de sécurité s’est penché, ce matin, sur la situation en Somalie.  À l’initiative de sa présidente maltaise, signataire de la Déclaration sur les engagements partagés du 31 août 2021 concernant la question des femmes et de la paix et de la sécurité, la séance était axée sur ce thème phare du Conseil depuis plus de 22 ans

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Sima Sami Bahous, a ainsi rappelé aux membres du Conseil qu’eux-mêmes ont identifié que la participation et le leadership politiques des femmes forment une condition préalable à l’édification de sociétés plus inclusives et contribuent à la paix comme au développement durable.  « Or, s’est-elle inquiétée, le quota de 30% de femmes au parlement n’a toujours pas été atteint, leur représentation, qui était passée de 14 à 24% lors des élections de 2016, ayant même baissé en 2022 de 80 à 67 élues au sein des deux chambres du Parlement fédéral ».  Ce déclin touchant également les assemblées de certains États membres de la fédération, Mme Bahous a demandé aux membres du Conseil de ne plus se contenter d’appeler à une participation significative des femmes « mais de l’exiger » dans de multiples domaines allant du programme de stabilisation au processus de révision constitutionnelle, à la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité, sans oublier l’aide humanitaire.  « Ce n’est que lorsque les femmes seront incluses dans tous les domaines de la vie publique que nous aurons une chance de parvenir à la paix », a-t-elle affirmé. 

La Présidente du Conseil de sécurité, l’ambassadrice de Malte, a par ailleurs indiqué que la séance n’avait pu comprendre de représentante de la société civile en raison de risques de représailles et annoncé que le discours qui aurait dû être prononcé par une représentante du Mouvement pour l’égalité entre les sexes en Somalie (SGEM) serait distribué en tant que document du Conseil.  « Les membres de la société civile doivent pouvoir être entendus sans crainte de représailles, de harcèlement ou d’abus », a souligné Mme Frazier.  Dans le même esprit, Mme Bahous a exhorté les membres du Conseil à protéger l’espace de la société civile indépendante. 

Se référant au rapport du Secrétaire général, sa représentante spéciale adjointe en Somalie, Mme Anita Kiki Gbeho, a indiqué que le Gouvernement et ses partenaires étaient récemment tombés d’accord sur un modèle fédéré de répartition des pouvoirs et d’administration de la justice.  C’est dans ce cadre que pourra être tenu l’engagement du Gouvernement de mettre en œuvre le Programme conjoint pour la paix et la protection des femmes, codirigé par le PNUD et ONU-Femmes.  Elle a insisté, elle aussi, sur l’importance d’atteindre le quota de 30%, ajoutant que l’ONU appuie les représentantes du peuple élues au sein d’un caucus établi il y a peu auprès de la Chambre haute du Gouvernement fédéral. 

Les deux intervenantes n’ont pas manqué de souligner le fait dramatique que les femmes et les filles sont les plus touchées par l’addition dévastatrice de l’extrémisme violent et des sécheresses.  « Il faut mener à bien les opérations contre les Chabab et intensifier la lutte contre les effets ravageurs de la sécheresse, sachant qu’insécurité et changements climatiques aggravent ensemble la situation humanitaire », a insisté Mme Gbeho, qui a en particulier évoqué la flambée de violence à Laascaanood, qui a, début février, provoqué le déplacement de près de 200 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants. 

Avec plus de 550 tués par les Chabab, la Représentante spéciale adjointe a indiqué que 2022 avait été l’année la plus meurtrière depuis 2017.  Elle a salué, dans ce contexte, les progrès enregistrés par le Gouvernement fédéral, lequel s’efforce de cibler les sources de financement et d’approvisionnement en armes des Chabab et de couper les canaux de diffusion de leur idéologie.  Sur un plan stratégique, elle a dit l’importance d’une lutte contre les Chabab élargie à l’ensemble des zones touchées, pour permettre leur reconquête et leur stabilisation par le biais de l’intégration d’une composante réconciliation et justice. 

Le rapport du Secrétaire général de l’ONU estime à 8,3 millions -soit la moitié de la population somalienne-, le nombre de personnes qui auront besoin d’assistance en 2023.  Et si grâce aux bailleurs de fonds et aux ONG, plus de 7 millions de personnes en 2022 ont été aidées, la famine ne pourra de nouveau être évitée que si les pluies d’avril à juin sont suffisamment abondantes et si l’effort humanitaire international est maintenu.  À date, près de 3 milliards de dollars sont requis pour aider plus de 6 millions de personnes dans le besoin. 

Les États-Unis ont souligné que, face à la sécheresse, le Conseil de sécurité ne peut pas rester les bras ballants, ajoutant qu’ils ne pouvaient pas non plus « continuer à agir quasiment seuls », alors qu’ils financent déjà 80% des activité du Programme alimentaire mondial (PAM) dans toute la Corne de l’Afrique.  Ils ont néanmoins annoncé 40 millions de dollars supplémentaires pour la Somalie pour faire face aux pénuries extrêmes d’aliments et pallier les effets de maladies mortelles. 

Par ailleurs, Mme Gbeho a jugé essentiel que les États garantissent un financement prévisible et suffisant pour la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), cela pour accélérer les transferts de responsabilité en matière de sécurité.  Le Chef de l’ATMIS, M. El-Amine Souef, a estimé que la Somalie était sur la bonne voie pour assumer la responsabilité de la sécurité après le départ de la Mission, prévu fin décembre 2024.  Il a toutefois demandé pour « ces courageux jeunes hommes et femmes » des équipements pour combattre les Chabab avec une puissance de feu appropriée, ce qui, selon lui, ne sera possible que lorsque le Conseil tiendra compte des progrès déjà accomplis par la Somalie pour respecter les critères des sanctions et lèvera l’embargo sur les armes, une mesure réclamée par la Somalie et soutenue notamment par les A3. 

Ces derniers ont en outre rappelé que la résolution 2670 (2022) adoptée en décembre dernier a prévu la convocation d’une réunion officielle sur la transition en Somalie au plus tard le 31 mars, avec la participation de la Somalie, de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’ATMIS, ainsi que des pays contributeurs de troupes, une occasion de constituer une plateforme unique pour discuter des moyens d’aligner les priorités entre l’ATMIS et le Plan de transition somalien. 

LA SITUATION EN SOMALIE - S/2023/109

Déclarations

Mme ANITA KIKI GBEHO, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général à la Mission dassistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a déclaré que, depuis septembre 2022 et sa dernière intervention devant le Conseil, le Gouvernement fédéral avait réalisé des progrès dans la mise en œuvre les priorités nationales.  C’est pourquoi elle a salué la dynamique actuelle pour ce qui est de la lutte contre les Chabab s’agissant du volet sécuritaire, et de l’allégement de la dette à l’horizon 2024 en ce qui concerne l’économie du pays.  Elle a en outre indiqué que le Gouvernement fédéral et ses partenaires locaux étaient tombés d’accord sur un modèle fédéré organisant la répartition des pouvoirs et l’administration de la justice. 

C’est dans un tel cadre, a souligné Mme Gbeho, que l’engagement du Gouvernement de mettre pleinement en œuvre le Programme conjoint pour la paix et la protection des femmes, codirigé par le PNUD et l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), pourra être tenu.  Sur cette question, elle a insisté sur l’importance d’atteindre le quota de 30% de femmes dans la vie politique, l’un des moyens les plus sûrs de garantir à terme une représentation des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, dans tous les domaines de la vie publique somalienne.  La Représentante spéciale adjointe a ajouté que l’ONU appuie les représentantes du peuple élues au sein d’un caucus établi auprès de la Chambre haute du Gouvernement fédéral. 

Mme Gbeho a ensuite attiré l’attention sur la nécessité de mener à bien et jusqu’au bout les opérations en cours contre les Chabab et d’intensifier la lutte contre les effets dévastateurs de la sécheresse, sachant qu’insécurité et changements climatiques aggravent ensemble la situation humanitaire.  La flambée de violence à Laascaanood début février, en provoquant le déplacement de près de 200 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, n’a fait qu’accroître les besoins des populations, a-t-elle dit.  « L’ONU condamne cette escalade de la violence, appelle à la recherche de solutions politiques durables et à un accès humanitaire sans entrave pour répondre aux besoins les plus immédiats des déplacés ». 

La Représentante spéciale adjointe a indiqué que 2022 avait été l’année la plus meurtrière en raison des agissements criminels toujours plus aveugles et violents des Chabab depuis 2017.  Elle a cependant salué les progrès enregistrés par le Gouvernement fédéral, qui s’efforce de cibler les sources de financement, d’approvisionnement en armes et de diffusion de leur idéologie.  Sur un plan stratégique, elle a dit l’importance d’une lutte contre les Chabab qui concerne l’ensemble des zones touchées, pour permettre leur reconquête et leur stabilisation par le biais de l’intégration d’une composante réconciliation et justice. 

Par ailleurs, Mme Gbeho a réitéré les appels du Secrétaire général de l’ONU pour garantir un financement prévisible et suffisant pour la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), le jugeant essentiel pour accélérer les transferts de responsabilité en matière de sécurité. 

Revenant sur la situation humanitaire, la Représentante spéciale adjointe a estimé à 8,3 millions -soit la moitié de la population somalienne-, le nombre de personnes qui auront besoin d’assistance en 2023.  Grâce aux bailleurs de fonds et aux ONG, plus de 7 millions de personnes en 2022 ont été aidées, a-t-elle salué, ajoutant toutefois que la famine ne pourrait de nouveau être évitée que si les pluies d’avril à juin sont suffisamment abondantes et si l’effort humanitaire international est maintenu.  À date, a-t-elle encore signalé, près de 3 milliards de dollars sont requis pour aider plus de 6 millions de personnes dans le besoin. 

Enfin, Mme Gbeho a insisté sur la nécessité de voir le Gouvernement fédéral progresser sur la voie de l’édification de l’État et de la consolidation de la paix.  L’achèvement du processus d’examen de la Constitution, qui doit être inclusive et basée sur le consensus, est un premier préalable à ces succès.  Concluant son intervention, elle a assuré la Somalie du soutien de l’ONU pour que se réalise la vision d’une nation somalienne, sûre, stable et pacifique.

M. MOHAMMED EL-AMINE SOUEF, Représentant spécial du Président de la Commission de lUnion africaine en Somalie et Chef de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), a assuré le Conseil de sécurité que l’engagement de l’Union africaine à soutenir la Somalie est solide et durable et s’étendra au-delà de la durée de vie de l’ATMIS dont le mandat s’achève le 31 décembre 2024.  Il a relevé que depuis le dernier compte rendu de l’ATMIS en septembre 2022, la Somalie a continué d’enregistrer des progrès significatifs sur ses principales priorités nationales, en particulier celles décrites dans le plan de travail en six piliers du Gouvernement fédéral.  Le Représentant spécial a salué la tenue de réunions du Conseil consultatif national, dont la dernière, en décembre dernier, a rassemblé les représentants du Gouvernement fédéral et des États membres de la fédération, à l’exception du Puntland qui a précisé sa volonté de poursuivre le dialogue avec le Gouvernement fédéral.  La candidature de la Somalie à l’adhésion à la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et à la zone de libre-échange continentale est un bon indicateur de la prospérité qui attend la Somalie dans les années à venir, a-t-il dit. 

M. El-Amine Souef a affirmé que les Chabab sont maintenant soumis à d’immenses contraintes opérationnelles et qu’ils perdent du terrain.  Ce groupe ne parvient pas à maintenir ses forces et perd le soutien des communautés locales qui rejoignent de plus en plus l’offensive du Gouvernement fédéral.  Il a précisé tout de même que les Chabab conservent toujours la capacité de mener des opérations décisives, y compris en usant d’engins explosifs improvisés, ainsi que par le biais d’embuscades, d’enlèvements, d’assassinats et de tirs indirects.  Il s’est aussi inquiété de voir que les Chabab utilisent des drones commerciaux susceptibles d’être armés, comme le font d’autres groupes terroristes ailleurs.  Il a salué le récent sommet entre Djibouti, l’Éthiopie et le Kenya, convoqué par la Somalie pour faire face aux Chabab. 

Au sujet du mandat de l’ATMIS, le Représentant spécial a évoqué la soumission d’un plan de reconfiguration détaillé et réaliste au Gouvernement fédéral.  Les forces de l’ATMIS participent à l’offensive contre les Chabab grâce à des hélicoptères qui fournissent un soutien aérien rapproché et aident à l’évacuation des blessés, tout en contribuant à des activités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance.  Alors que la Somalie est sur la bonne voie pour atteindre son objectif de 15 000 forces nouvellement formées cette année, M. El-Amine Souef a salué le retour récent de 3 500 soldats formés par l’Érythrée, dont certains ont déjà été déployés sur les lignes de front.  La formation de troupes somaliennes se poursuit en Égypte, en Éthiopie, en Türkiye et en Ouganda.  Il a estimé que la Somalie est sur la bonne voie pour assumer la responsabilité de la sécurité après le départ de l’ATMIS d’ici à décembre 2024.  Néanmoins, « ces courageux jeunes hommes et femmes doivent être soutenus » par des équipements pour combattre les Chabab avec une puissance de feu appropriée et des munitions adéquates, a-t-il plaidé.  Et cela ne sera possible que lorsque ce Conseil tiendra compte des progrès déjà accomplis par la Somalie pour respecter les critères des sanctions et « lèvera l’embargo sur les armes ». 

Le Représentant spécial a relevé qu’en vertu de la résolution 2670 (2022) du Conseil de sécurité qui accepte la demande du Gouvernement fédéral de retarder le retrait de 2 000 troupes de l’ATMIS jusqu’en juin de cette année, rien n’avait été dit sur le financement nécessaire pour soutenir la prolongation de six mois de cette mesure jusqu’en juin 2023.  Il a constaté que les partenaires clefs, y compris l’Union européenne, n’ont indiqué aucun nouveau financement.  Il s’est dit profondément préoccupé par le manque de financement disponible pour l’ATMIS et les forces de sécurité somaliennes.  Il a souhaité que cette question soit abordée dans le cadre plus large du financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine.  En attendant, l’ATMIS reste engagée à continuer de fournir des services humanitaires et à contribuer à la formation sur la protection des droits humains et pour soutenir les efforts visant à faire progresser la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité. 

Mme SIMA SAMI BAHOUS, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive dONU-Femmes, a déclaré que la tendance mondiale au recul de la participation des femmes aux questions de paix et sécurité dénoncée dans le rapport annuel du Secrétaire général il y a cinq mois s’appliquait aussi à la Somalie.  Jugeant les prévisions générales relatives à la Somalie « désastreuses », Mme Bahous a rappelé que cette situation faite de déplacements et d’insécurité alimentaire exacerbe la violence sexiste. 

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a rappelé que, ces dernières années, nombre de membres du Conseil avaient, en examinant la situation en Somalie, insisté sur l’importance du quota de 30% de femmes au Parlement et de la nouvelle législation sur les violences sexuelles.  Ces deux questions ont été une priorité absolue pour l’ONU en Somalie et au Siège, a-t-elle rappelé.  Or, alors même que la participation et le leadership politiques des femmes sont une condition préalable à des sociétés plus inclusives et à la paix et au développement durables, ce quota n’a pas été atteint.  Au contraire, la représentation des femmes, qui était passée de 14% à 24% lors des élections de 2016, a baissé en 2022 de 80 à 67 élues au sein des deux chambres du Parlement fédéral.  Ce déclin concerne aussi le Gouvernement, dont seuls 13% des membres actuels sont des femmes, et les parlements des États: chute de 22% à 15% dans l’Assemblée de l’État du Sud-Ouest, taux de représentation à un chiffre au Puntland et à HirChébéli et aucune femme élue parmi les 82 sièges de la Chambre des représentants du Somaliland en 2021. 

Dans le même temps, les violences sexuelles ont augmenté de manière alarmante depuis 2020 et le projet de loi sur les infractions sexuelles adopté à l’unanimité par le Conseil des ministres il y a cinq ans n’a toujours pas été adopté par le Parlement, a déploré Mme Bahous.  Pire, ses opposants font pression en faveur d’une législation alternative qui légaliserait le mariage des enfants, omettrait l’âge du consentement, réduirait les types de preuves admissibles et supprimerait les droits des survivants, a-t-elle poursuivi. 

Chaque femme somalienne de la société civile que ce Conseil de sécurité a invité lors des séances d’information ces dernières années a averti que cela se produirait, a expliqué pourquoi, et a fourni des idées détaillées des mécanismes qui devraient être mis en place pour que les 30% soient atteints, a fait observer la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.  Or, à l’exception d’une réduction partielle des frais de candidature, ces idées n’ont pas été mises en œuvre. 

Mme Bahous a rappelé que les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la pire sécheresse que le pays a connu depuis plusieurs décennies.  L’ONG CARE International a ainsi constaté une augmentation de 200% des cas de violence sexiste parmi les personnes déplacées par la sécheresse par rapport à l’année précédente.  ONU-Femmes note que les femmes assument des charges économiques accrues, sautent des repas, se retrouvent séparées de leurs maris ou abandonnées par eux, et sont plus vulnérables aux agressions sexuelles lorsqu’elles parcourent de plus longues distances pour aller chercher de l’eau et du bois de chauffage. 

Mme Bahous a fait remarquer que la plupart de ces actes restent impunis dans un système où 80% des cas de violences sexuelles ne parviennent pas au système judiciaire, qui compte en outre moins de 1% de juges féminins.  En outre, les femmes et les filles ne sont pas prioritaires dans la distribution de l’aide et les organisations locales de femmes reçoivent rarement des fonds.  « Où sont les femmes dans la gestion des camps » de personnes déplacées? a-telle demandé, rappelant qu’en Somalie comme ailleurs, la participation des femmes aux structures de direction et de gestion de ces derniers a baissé entre 2020 et 2021. 

La violence contre les femmes et les filles en Somalie est aussi très liée au conflit avec les Chabab et l’État islamique, et liée aux disputes interclaniques, a poursuivi Mme Bahous, qui a rappelé que les Chabab enlèvent des femmes et des filles, forcent les familles à leur donner leurs filles en mariage et occupent les hôpitaux et les maternités.  Les femmes somaliennes paient le prix fort pour défendre leurs droits, a-t-elle ajouté, rappelant que les Chabab avaient mené des attaques pour perturber les élections parlementaires, y compris en s’en prenant à des femmes candidates ou militantes. 

Et pourtant, a poursuivi Mme Bahous, aucune des listes dressées depuis 2014 par le Comité des sanctions relatives à la Somalie ne mentionne les violences sexuelles ou les droits des femmes.  Ces sanctions continuent d’être aveugles aux questions de genre, a-t-elle déploré. 

Mme Bahous a demandé aux membres du Conseil de ne plus simplement appeler à une participation significative des femmes, mais de l’exiger, en étant plus précis sur ce qu’ils attendent.  Pour elle, cela inclut la participation des femmes non seulement aux élections, mais aussi au programme de stabilisation, lequel est une « priorité actuelle essentielle » pour le Gouvernement fédéral et les États membres de la Somalie, la participation à la fonction publique, à la révision constitutionnelle, aux réformes des secteurs de la justice et de la sécurité et à tous les efforts liés à la consolidation de la paix, au renforcement de l’État, à la prévention de l’extrémisme violent, à l’alerte précoce, à la justice transitionnelle et à l’aide humanitaire.  Ce n’est que lorsque les femmes seront incluses dans tous les domaines de la vie publique que nous aurons une chance de parvenir à la paix, a-t-elle insisté. 

Mme Bahous a fait observer au Conseil qu’en agissant ainsi, il amplifiera les voix en Somalie qui luttent pour ces objectifs, ce qui inclut le Gouvernement, « car ce sont les objectifs du premier plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité adopté par le Gouvernement il y a six mois, avec le soutien d’ONU-Femmes », ainsi que les plans d’action locaux sur lesquels ONU-Femmes travaille avec certains des États fédérés. 

Mme Bahous a enfin appelé les membres du Conseil à continuer à protéger l’espace de la société civile indépendante, « en première ligne ».  « Vous avez l’occasion de prendre des mesures décisives et de soutenir les femmes et les jeunes filles de Somalie à ce moment critique; je vous exhorte à la saisir », a-t-elle conclu. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est dite profondément préoccupée par les développements à Laascaanood.  Avec ses partenaires, le Royaume-Uni a soutenu les négociations de cessez-le-feu entre les parties et publié des déclarations appelant à la retenue, au dialogue, à la protection des civils et à un accès humanitaire sans entrave, a-t-elle indiqué avant d’encourager tous les membres du Conseil à faire de même.  « Les problèmes à Laascaanood nous rappellent que nous devons aider la Somalie à progresser sur les questions fondamentales du partage du pouvoir et des ressources, y compris la finalisation de la Constitution », a-t-elle déclaré ajoutant qu’il s’agit là d’éléments essentiels à la construction d’un État et à la sécurité à long terme.  La représentante a estimé que pour y arriver, il va falloir encourager et soutenir les dirigeants somaliens, y compris dans les États membres de la fédération, pour qu’ils traduisent les accords en résultats tangibles.  Cela nécessite un travail technique de base avant les réunions, puis des mécanismes consultatifs afin de produire des modèles de gouvernance crédibles.  Alors que la crise humanitaire se détériore, que la sécheresse devrait se poursuivre en 2023 et que l’on estime que plus de 227 000 personnes ont été déplacées au cours du seul mois de janvier, la représentante a appelé à continuer à travailler ensemble pour financer une assistance vitale, lever les restrictions d’accès et veiller à ce que l’aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin.  Il y a, selon elle, « des raisons d’être optimiste » pour les mois à venir compte tenu des progrès accomplis par les forces de sécurité somaliennes dans la lutte contre les Chabab depuis l’élection du Président Hassan Sheikh. 

M. DAI BING (Chine) a salué les succès des opérations de lutte antiterroriste menées au cours de la dernière année en Somalie.  Il a toutefois regretté que le processus politique en Somalie semble rencontrer des difficultés significatives, avant d’appeler toutes les parties à agir dans l’intérêt du pays sur le long terme, à résoudre leurs différends par le dialogue et à créer des conditions qui permettront une transition politique.  Il a également exhorté toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat pour protéger les populations. 

Concernant la menace représentée par les attaques terroristes, le représentant a fait valoir que les forces extérieures ne peuvent pas permettre à elles seules de créer une paix durable en Somalie et que c’est une question que les Somaliens doivent prendre en charge.  À cet égard, il a estimé que l’ATMIS devra jouer un rôle central et a donc encouragé les grands bailleurs de fonds à fournir à la Mission des financements adéquats et prévisibles pour lui permettre de s’acquitter de son mandat. 

Sur le front humanitaire, la Chine demande à la communauté internationale de tenir ses engagements en matière d’assistance et au Gouvernement somalien de lever les obstacles administratifs à un acheminement sans entraves de l’assistance humanitaire.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), s’est félicité des progrès réalisés par le Gouvernement fédéral de Somalie dans la réalisation des six piliers de ses principales priorités nationales pour la période 2022-2026.  Le représentant a salué les nombreuses visites du Président somalien sur les lignes de front pour apporter son appui aux fonctionnaires et ses efforts de réconciliation.  Il a préconisé la participation pleine et effective des femmes aux efforts de consolidation de la paix en Somalie. 

Sur le plan sécuritaire, le représentant a demandé des ressources supplémentaires pour contrer les Chabab.  Il faut aussi améliorer les relations entre le Gouvernement fédéral et certains États membres de la fédération, ainsi qu’entre certains éléments de l’opposition.  Les pourparlers sur le statut du Somaliland ont également fait peu de progrès, a déploré M. Agyeman, qui a ajouté que le déficit de financement pour la mise en œuvre du plan stratégique de Somalie et le mandat de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), continue d’être un obstacle important. 

Les A3 appuient l’appel lancé par l’ATMIS à ce Conseil et aux partenaires internationaux de la Somalie pour aider à combler le déficit supplémentaire de 15 millions de dollars créé par le report du départ de la Mission et la demande du Gouvernement somalien visant à obtenir des armements pour équiper les nouvelles unités des forces armées et améliorer leurs capacités opérationnelles, alors que les préparatifs sont en cours pour le départ complet de l’ATMIS d’ici à décembre 2024. 

Rappelant la gravité de situation humanitaire provoquée par une sécheresse exceptionnelle, le représentant a exhorté les donateurs humanitaires à répondre à l’appel à l’aide d’urgence.  Il a aussi soutenu les recommandations du sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Somalie, de Djibouti, de l’Éthiopie et du Kenya, tenu le 1er février 2023 à Mogadiscio, y compris l’accord conclu pour mener des opérations conjointes dans les zones encore sous le contrôle des Chabab.  Il a prié le Conseil de sécurité de lever l’embargo sur les armes imposé à la Somalie.  Avec le départ programmé des troupes de l’Union africaine, il est impératif que les forces de défense et de sécurité somaliennes soient en mesure de remplir leur devoir souverain de sécurisation de leur territoire, a-t-il déclaré. 

Enfin, le représentant a rappelé que la résolution 2670 (2022) a prévu la convocation d’une réunion officielle sur la transition en Somalie au plus tard le 31 mars, avec la participation de la Somalie, de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’ATMIS, ainsi que des pays contributeurs de troupes.  Pour les A3, une telle réunion pourrait constituer une plateforme unique pour discuter des moyens d’aligner les priorités entre l’ATMIS et le Plan de transition somalien.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis), estimant que construire la paix « c’est plus que prévenir la guerre », a appelé à la mise en place d’une véritable architecture politique pour accompagner la Somalie sur la voie de sa reconstruction.  Selon elle, l’ONU doit continuer d’appuyer le pays dans la mise en œuvre des réformes politiques, sécuritaires, judiciaires et économiques inclusives que le Gouvernement fédéral s’est engagé à promouvoir.  Le défi sécuritaire le plus important de la Somalie continue d’être le terrorisme, a poursuivi la représentante, saluant les efforts de longue date du pays, de l’ONU et de l’Union africaine (UA) pour lutter contre les Chabab.  Elle a appelé à la sécurisation accrue des zones anciennement contrôlées par les terroristes, ainsi qu’à une reconquête de ces mêmes zones prévoyant une fourniture pérenne et inclusive des différents services publics.  Ceci est essentiel pour réduire l’influence des Chabab qui exploitent à leurs fins criminelles tout vide laissé par l’État, a-t-elle averti.  Elle a en outre estimé que le partenariat avec l’UA-ATMIS restait l’une des clefs pour renforcer la sécurité et la stabilité de la Somalie.  Enfin, Mme Nusseibeh a déclaré que l’intensification de l’aide humanitaire serait, en 2023, une mise à l’épreuve de l’engagement de la communauté internationale envers la Somalie.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué les avancées sur le plan de la sécurité, puisque 78 villes de Somalie ont été libérées du joug brutal des Chabab, tout en regrettant la perte en vies humaines.  Elle s’est félicitée des engagements récents pris par la Somalie et ses voisins pour élargir les opérations contre les Chabab et les faire progresser vers le sud.  À ce titre, elle demandé aux partenaires internationaux d’appuyer la Somalie dans ses efforts de constitution de forces nationales.  Il faut des interventions de stabilisation urgentes dans les territoires nouvellement libérés, a-t-elle souligné, en saluant les efforts de la MANUSOM pour accompagner la réforme, l’état de droit et la gouvernance, ce qui permettra de jeter les bases d’une paix et d’une sécurité durables en Somalie. 

Les États-Unis appuient l’objectif du Gouvernement somalien concernant le retrait de l’ATMIS à la fin de 2024, a indiqué la représentante, tout en reconnaissant le rôle essentiel joué par cette mission dans la lutte contre les Chabab.  Avant ce retrait, elle a exhorté l’ATMIS à poursuivre son soutien à la Somalie, en coopération étroite avec les partenaires somaliens. 

Saluant les progrès réalisés vers le fédéralisme et la réconciliation politique, Mme Thomas-Greenfield a félicité les États membres de la fédération et le Gouvernement fédéral s’agissant des avancées en matière d’architecture de la sécurité nationale et des élections dans le sud du pays.  Elle a jugé urgent de lancer la désescalade dans la province de Sool, d’y protéger les civils et d’assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave, et elle a appelé les parties à régler leurs différends par le dialogue. 

Face à la sécheresse, le Conseil de sécurité ne peut pas rester les bras ballants, a estimé la représentante qui a rappelé que les États-Unis financent 80% du montant des opérations du Programme alimentaire mondial dans la Corne de l’Afrique.  Ils vont fournir 40 millions de dollars supplémentaires à la Somalie pour faire face aux pénuries extrêmes d’aliments et pallier les effets de maladies mortelles, mais la famine pourrait revenir sans l’appui de bailleurs de fonds supplémentaires, a mis en garde Mme Thomas-Greenfield.  Il s’agit d’une responsabilité collective, a-t-elle affirmé, en insistant sur le fait que les États-Unis ne peuvent pas continuer à agir quasiment seuls.  Soyons ambitieux et luttons contre cette famine ensemble, a-t-elle conclu. 

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a salué la détermination du Gouvernement somalien à lutter contre la menace des Chabab et condamné fermement les attaques terroristes conduites par ce groupe, y compris par l’emploi d’engins explosifs improvisés.  Les efforts de stabilisation, de désarmement et de réconciliation devront se multiplier dans les zones reprises aux Chabab, a-t-il recommandé.  Poursuivant, le délégué a fait part de sa préoccupation face aux violences qui se poursuivent à Laascaanood, dans la région de Sool, estimant urgent d’initier une désescalade, de protéger les civils et d’assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Sur le volet humanitaire, le délégué a prié les partenaires internationaux de soutenir le Plan de réponse humanitaire, qui nécessitera 2,6 milliards de dollars cette année pour prêter assistance aux Somaliens les plus vulnérables, notamment au vu de la dégradation de la situation humanitaire et des réels risques de famine.  Il a assuré la Somalie du soutien de la France pour agir concrètement contre l’insécurité alimentaire.  En décembre dernier, un navire du Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi acheminé 25 000 tonnes de blé offertes par l’Ukraine aux Somaliens, avec financement de la France à hauteur de 14 millions d’euros.  Enfin, le délégué a exhorté les troupes somaliennes à « monter en puissance » pour assurer la sécurité du pays, appelant le Gouvernement somalien et les contingents de l’ATMIS à s’engager résolument dans la transition sécuritaire pour atteindre les objectifs de la résolution 2628 (2022) du Conseil de sécurité.  C’est la condition, selon lui, pour que les Somaliens assument la responsabilité de leur propre sécurité à moyen terme et pour permettre le retrait définitif de l’ATMIS au 31 décembre 2024.  D’ici là, il a encouragé les efforts de la Somalie, de l’Union africaine et de l’ATMIS pour mener à bien le retrait de 2 000 soldats de la Mission au 30 juin 2023, conformément à la résolution 2670 (2022).

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est dite encouragée par l’élan politique en faveur de la sécurité en Somalie, même si la situation humanitaire reste une préoccupation majeure.  Elle a salué l’accord sur la répartition des prérogatives entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération, rappelant néanmoins que le processus doit inclure tous les États membres de la fédération.  La désescalade et le dialogue sont la seule manière de procéder, a fait valoir la représentante, en appelant à intégrer les femmes et la jeunesse.  Préoccupée par la capacité des Chabab de mener des attaques contre le Gouvernement, les forces de sécurité et les civils dans différents centres urbains, elle a jugé essentiel que les opérations militaires soient combinées à des mesures socioéconomiques dans les zones récemment reconquises afin d’éviter que le groupe terroriste n’en reprenne le contrôle.  Elle a salué l’adoption de la nouvelle stratégie de lutte antiterroriste de la Somalie et des pays voisins.  Préoccupée par les effets dévastateurs de la sécheresse sur les femmes et les enfants, qui représentent plus de 80% des personnes déplacées, la représentante a également dénoncé l’augmentation des violences sexistes et exhorté le Gouvernement fédéral à enquêter sur tous les cas de violence et à traduire les responsables en justice.  Les sanctions ciblées permettent de cibler les auteurs de ces crimes, a-t-elle rappelé. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré que pour faire avancer les priorités nationales de la Somalie, une participation pleine, égale et significative des femmes est essentielle.  Il incombe de sauvegarder la participation de candidates à des fonctions politiques, ainsi que celle des représentantes élues, afin qu’elles puissent contribuer aux processus politiques à tous les niveaux, libres de menaces ou représailles.  À cet égard, la représentante a souligné que le plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité et le plan d’action pour la mise en œuvre de la Charte des femmes somaliennes sont des instruments clefs.  Pour elle, les voix des femmes, des jeunes et des minorités doivent se faire entendre sans entrave et être intégrées aux processus de décision et de la vie publique.  Notant qu’une telle approche est importante pour la révision constitutionnelle, la discussion sur le partage du pouvoir et la réconciliation entre le Gouvernement fédéral et les États membres fédéraux, elle s’est félicitée de la tenue régulière des réunions du Conseil consultatif national.  Après avoir encouragé le Parlement somalien à adopter sans délai le projet de loi sur les violences sexuelles de 2018, la représentante a soutenu que le respect du droit international doit être au cœur de la réponse à l’insécurité dans l’ensemble du pays.  Elle a également déploré la poursuite des attaques des Chabab et d’autres groupes armés, reconnaissant les efforts du Gouvernement et de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) pour y faire face.  Nous appelons tous les acteurs à assurer la protection des civils, a-t-elle dit.  En outre, elle a rappelé, à l’aune de la flambée de violence actuelle à Laascaanood qui a provoqué un déplacement massif de femmes et d’enfants, que le respect du droit international humanitaire est impératif.  La Somalie est au bord de la famine, a encore signalé la représentante, soulignant la nécessité que la communauté internationale continue à soutenir le Gouvernement dans sa réponse à la situation humanitaire.  Pour que la Somalie soit « en paix avec elle-même », elle a répété que les femmes seront sans doute au cœur de l’engagement des acteurs, lesquels devront pouvoir continuer de compter sur le rôle crucial de la Mission d’assistance de l’ONU en Somalie (MANUSOM).

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit préoccupé par les chiffres fournis dans le rapport du Secrétaire général indiquant que la Somalie a enregistré une augmentation significative du nombre de victimes civiles en 2022.  Pour le représentant, les pertes en vies humaines élevées consécutives à certaines des attaques perpétrées par les Chabab au cours de la période considérée est un autre fait extrêmement préoccupant.  Néanmoins, il a tenu à souligner sa satisfaction quant aux progrès réalisés dans la lutte contre le groupe terroriste, notamment son délogement de plusieurs zones dans certains États somaliens. 

Le représentant a estimé essentiel de concevoir et de mettre en œuvre des initiatives solides de consolidation de la paix, pour que ces réalisations aient un effet durable.  Il a souligné à cet égard le rôle important que pourrait jouer la Commission de consolidation de la paix de l’ONU, rappelant en outre que le Fonds pour la consolidation de la paix finance des projets inestimables dans le pays.  Il a par ailleurs fait part de la disposition de son pays à poursuivre son engagement dans la reconfiguration de Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) et dans la transition sécuritaire qui s’opère au sein des institutions somaliennes. 

Concernant la situation humanitaire, le représentant a appelé à intensifier les efforts de manière durable afin d’éviter la famine.  Il a également jugé urgent de s’attaquer aux lacunes et aux inégalités en matière de protection, que la crise humanitaire actuelle a aggravées, afin de créer un environnement plus sûr pour les femmes et les enfants.  C’est pourquoi il a dit soutenir l’appel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) à ce sujet, car, a-t-il conclu, les efforts des femmes somaliennes méritent une assistance plus audacieuse de la part de la communauté internationale et des partenaires humanitaires, afin d’ouvrir la voie non seulement à la résolution de la crise actuelle mais aussi à la reconstruction de leurs communautés. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a déclaré que la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité de la Somalie sont primordiales et ne peuvent être réalisées avec des frontières poreuses.  La coopération régionale pour prévenir les mouvements transfrontaliers de terroristes, d’armes et de munitions illégales doit être élargie, a-t-il souligné.  Sur le renforcement des capacités nationales dans tous les secteurs, le représentant a indiqué que son pays a contribué à la formation des fonctionnaires de l’administration centrale et locale, convaincu que les institutions locales et les forces de sécurité doivent pouvoir gagner la confiance des citoyens et des partenaires de la Somalie sur le terrain.  De tels efforts créeront des conditions dans lesquelles la présence de l’ATMIS ne sera plus nécessaire, a-t-il avancé.  Concernant la situation humanitaire et en matière de sécurité, le représentant a noté que les affrontements et la violence continuent de provoquer le déplacement d’un grand nombre de femmes et d’enfants, qui risquent d’être victimes du recrutement d’enfants et de violences sexuelles.  Ces défis s’ajoutent à la situation humanitaire déjà préoccupante exacerbée par de graves sécheresses, a-t-il ajouté, soulignant que le lien entre problématique humanitaire, développement et paix doit être la clef de l’approche du Conseil de sécurité en Somalie.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a jugé complexe en termes de sécurité intérieure la situation en Somalie, où le niveau de la menace terroriste reste élevé, ce à quoi s’ajoute la profonde fragmentation territoriale et clanique de la société.  Dans ce contexte, le représentant a encouragé tous les participants au processus politique somalien, y compris les régions du Somaliland et du Puntland, à continuer de travailler main dans la main pour établir un modèle durable de structure fédérale.  Il s’est par ailleurs inquiété de la situation humanitaire difficile du pays, où une partie importante de la population est toujours au bord de la famine. 

En termes de sécurité, le représentant s’est notamment dit préoccupé par le fait que les Chabab continuent d’attaquer les installations gouvernementales, les unités militaires, les civils et les organisations internationales dans les villes, en particulier dans la capitale et la région d’HirChébéli. 

Il a notamment rappelé l’attaque du 23 janvier dernier contre un hélicoptère de la société anonyme russe UTAir-Helicopter Services qui participait au transport aérien de la mission humanitaire de l’ONU en Somalie.  Il a aussi évoqué les graves affrontements survenus dans la région de Soole, entre le Somaliland et le Puntland. 

Le représentant a souligné l’importance des soldats de la paix africains de l’ATMIS, dont la Fédération de Russie salue le rôle clef dans la lutte contre le terrorisme et en faveur de la sécurité intérieure.  Il a vu dans leur présence un facteur clef pour dissuader les activités extrémistes et autres activités illégales en Somalie. 

M. Polyanskiy a salué les activités de la Mission d’assistance de l’ONU en Somalie (MANUSOM), et du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).  Il a noté les efforts déployés par les États voisins de la Somalie pour fournir une assistance sur le volet antiterroriste.  Il a de même salué la série d’accords conclus pour intensifier la lutte commune contre les Chabab lors du sommet régional des dirigeants de la Somalie, de Djibouti, du Kenya et de l’Éthiopie, tenu à Mogadiscio le 1er février. 

Pour la Fédération de Russie, l’objectif principal est d’accroître l’efficacité des forces fédérales chargées de faire respecter la loi, afin qu’elles puissent effectivement exercer un contrôle indépendant sur la situation.  En effet, lorsque le mandat de l’ATMIS prendra fin, les Somaliens doivent être en mesure d’assumer pleinement la responsabilité de la sécurité dans tout le pays. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a indiqué que la démocratie inclusive est la clef pour sortir des conflits et bâtir des institutions qui permettent le développement socioéconomique, ainsi que la sécurité des citoyens.  Rappelant que l’Équateur est engagé dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, il a salué la volonté politique du Gouvernement somalien de mener des actions qui favorisent la participation politique et sociale des femmes et cité le lancement du plan d’action national sur la résolution 1325 (2000).  Nous encourageons la Somalie à consolider ces stratégies qui permettraient d’assurer une participation plus élevée et plus équitable des femmes au parlement et dans les institutions gouvernementales, a-t-il déclaré. 

Le représentant a déploré le fait que les Chabab continuent de semer la mort et la douleur.  Il a constaté que la moitié de la population somalienne nécessite une aide humanitaire.  De même, les prévisions de famine et de sécheresse augmentent les niveaux d’insécurité alimentaire.  Il a félicité la coopération substantielle entre la MANUSOM et le Gouvernement somalien pour diminuer et éradiquer les mutilations génitales féminines, le mariage d’enfants et les grossesses d’adolescentes.  Enfin, il a appelé à promouvoir une culture de prévention des violences sexuelles contre les femmes et les filles en Somalie.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a regretté que les conditions actuelles ne permettent pas la participation en toute sécurité de représentants de la société civile pour informer le Conseil de sécurité sur la question à l’ordre du jour.  Or les membres de la société civile doivent pouvoir être entendus sans crainte de représailles, de harcèlement ou d’abus.  C’est pour cela, a ajouté la représentante, que la délégation maltaise a fait circuler en tant que document du Conseil la déclaration qui aurait dû être prononcée par le Mouvement pour l’égalité entre les sexes en Somalie.  Elle a noté les progrès dans le processus de révision constitutionnelle pour parvenir à un modèle efficace de fédéralisme pour la Somalie.  Elle a souligné l’importance d’élections inclusives, libres et équitables et d’un espace civique qui représente toutes les parties prenantes.  Elle a réitéré l’importance de la participation pleine et égale des femmes, garante d’une gouvernance efficace, de la paix durable et du développement.  Sur le plan sécuritaire, a poursuivi la représentante, Malte appuie le travail de l’ATMIS qui aide à l’harmonisation systématique du secteur de la sécurité en Somalie.  Elle a appelé à un transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité à la Somalie.  Rappelant que quelque 1 127 violations contre les enfants ont été enregistrées, Mme Frazier a demandé que leurs auteurs rendent des comptes.  Enfin, elle a souhaité une « réponse humanitaire plus inclusive », en mettant l’accent sur les femmes et les filles déplacées dans les zones touchées par la sécheresse. 

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a salué la réalisation de bon nombre de priorités de son gouvernement durant les derniers mois.  Sur le plan politique, des réunions consultatives nationales ont été organisées par le Président du pays pour approfondir le fédéralisme et renforcer la coopération sur les priorités de renforcement de l’État.  La conclusion heureuse de la conférence de réconciliation tenue dans la capitale du sud-ouest, Baïdoa, du 17 janvier au 5 février, est un véritable témoignage de l’engagement inclusif du Gouvernement, avec toutes les parties prenantes, pour résoudre les questions en suspens, a-t-il dit.  Le représentant a noté que le Gouvernement fédéral avait mis à jour et parachevé l’architecture nationale de sécurité.  Cet exercice aura permis la répartition des pouvoirs entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, a-t-il expliqué.  Le Gouvernement est actuellement dans les dernières étapes de rédaction et de promulgation de textes législatifs clefs et stratégiques. 

Sur le plan sécuritaire, le représentant a indiqué que les forces armées nationales ont intensifié leurs offensives contre les Chabab, notamment dans les États de Galmudug et d’HirChébéli, où ils ont été délogés de nombreuses villes et villages.  Malgré les ressources limitées imposées par l’embargo de longue date sur les armes, les forces de sécurité somaliennes ont commencé à mener des opérations de déminage et de ciblage dans l’État du Sud-Ouest et dans l’État du Djoubaland.  M. Osman Il a souligné la mobilisation des groupes d’autodéfense dirigés par les communautés et leur soutien crucial dans l’offensive menée par le Gouvernement contre les Chabab à travers la Somalie. 

Le représentant a promis que le Gouvernement somalien prendrait le relais des forces de l’ATMIS dans les délais convenus.  Pour que le Gouvernement tienne ses engagements, il a demandé la levée de l’embargo sur les armes contre la Somalie, ainsi que le financement de projets à impact rapide dans les zones nouvellement récupérées. 

La Somalie a évité la famine imminente l’année dernière, a déclaré le représentant qui a insisté sur l’importance pour les partenaires internationaux de passer par des systèmes nationaux, ce qui permettra de renforcer les capacités nationales en matière de sécurité et de fourniture de services.  Le contournement des systèmes nationaux crée des coûts de transaction supplémentaires pour notre gouvernement et peut détourner l’attention des systèmes qui régissent l’utilisation des ressources nationales, a-t-il expliqué. 

Le Gouvernement fédéral est prêt à créer les conditions pour le démarrage d’un dialogue national inclusif pour résoudre le conflit, et ainsi jeter les bases pour la paix et la stabilité dans tout le pays, a assuré le représentant.  Le Gouvernement entend protéger la population somalienne et reconnaît sa responsabilité de continuer de fournir un soutien humanitaire substantiel et continu aux personnes touchées par le conflit, en particulier aux femmes et aux enfants. 

Le représentant a appelé les partenaires internationaux à aider à fournir immédiatement une assistance sûre, rapide et sans entrave aux populations de Laascaanood.  « Ce qui se passe à Lasscaanood aujourd’hui est un crime contre l’humanité et c’est contre les valeurs du peuple somalien », s’est-il indigné.  Il a déclaré qu’il ne saurait y avoir d’impunité pour de tels crimes et attaques indiscriminés contre des civils et des infrastructures civiles.  Le Gouvernement fédéral s’engage à mener des enquêtes et à tenir les auteurs responsables, a-t-il promis.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence « BBNJ »: la Présidente de la Conférence sur la biodiversité marine souligne les progrès enregistrés lors des consultations informelles

Reprise de la cinquième session,
62e séance plénière – matin
MER/2168

Conférence « BBNJ »: la Présidente de la Conférence sur la biodiversité marine souligne les progrès enregistrés lors des consultations informelles

« Des progrès ont été enregistrés dans les consultations informelles pour chacune des thématiques examinées », s’est enthousiasmée, ce matin, Mme Rena Lee, de Singapour, Présidente de la Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Une conférence plus connue sous l’acronyme anglais « BBNJ », pour « Biodiversity beyond national jurisdiction », dont a commencé lundi la deuxième partie de la cinquième session et qui doit finaliser le texte de la future convention.

Chaque facilitateur de ces consultations informelles, organisées selon les grandes thématiques correspondant aux parties du nouvel avant-projet d’accord* actualisé soumis à la discussion, a pris la parole pour détailler les progrès accomplis.  S’agissant des ressources génétiques marines et questions relatives au partage des avantages (Partie II de l’avant-projet d’accord), la déléguée du Belize a tout d’abord loué l’esprit de coopération très positif qui prévaut, malgré la grande complexité du sujet.  Elle a précisé que les délégations se sont montrées globalement favorables à la création d’un mécanisme d’accès aux ressources biologiques et de partage des avantages prévu à l’article 11 bis

Pour ce qui est des consultations sur les outils de gestion par zone, y compris les aires marines protégées (Partie III), la déléguée du Canada a indiqué que l’article 19 sur la prise de décisions dans ce domaine avait recueilli l’assentiment des délégations.

S’agissant des études d’impact sur l’environnement (Partie IV), le délégué des Pays-Bas a estimé que les négociations avaient bien débuté.  Il a ensuite évoqué plus précisément l’article 24 qui prévoit des seuils et facteurs relatifs à la conduite des études d’impact sur l’environnement.  Des divergences demeurent sur ces seuils, a noté le délégué, tout en espérant parvenir à un consensus d’ici à la fin de semaine.

Pour ce qui est du renforcement des capacités et du transfert de techniques marines (Partie V), la déléguée d’El Salvador a indiqué qu’il existe un degré d’accord significatif entre les délégations concernant les articles 42 (« Objectifs »), 43 (« Coopération dans le domaine du renforcement des capacités et du transfert de techniques marines ») et 46 (« Types de renforcement des capacités et de transfert de techniques marines »).

S’agissant du dispositif institutionnel (Partie VI), le délégué de l’Afrique du Sud a expliqué que l’article 48 sur la Conférence des Parties avait reçu l’aval des délégations.  Des divergences demeurent en revanche sur la nécessité du consensus pour la prise de décisions. 

Le délégué de la Jamaïque a, lui, abordé les dispositions générales (Partie I), en soulignant « le large soutien » dont bénéficie l’article 2 sur l’objectif d’ensemble du texte et l’article 3 sur son application.  Les discussions sur l’article 5 relatif aux approches et principes généraux doivent en revanche se poursuivre, a-t-il dit.  Enfin, la Nouvelle-Zélande a fait état de progrès en ce qui concerne les parties VIII et IX portant, respectivement, sur la mise en œuvre et le respect des dispositions et le règlement des différends.  « Les échanges ont été fructueux. »

Une note dissonante est venue de la Fédération de Russie qui s’est interrogée sur le format des consultations.  Dans les faits, celles-ci se déroulent au sein de petits groupes auxquels toutes les délégations ne participent pas, ce qui n’était pas prévu, a expliqué la déléguée russe, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un format utile pour affiner les points de vue.  De son côté, l’État de Palestine a pris la parole pour appeler à des financements ambitieux en faveur de la gestion durable des océans, ce à quoi l’Union européenne a répondu favorablement.

La prochaine séance plénière de la Conférence aura lieu demain, jeudi 23 février, à 10 heures.

* A/CONF.232/2023/2

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Session d’urgence de l’Assemblée générale: après une année d’invasion russe de l’Ukraine, la Charte des Nations Unies est invoquée avec force

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
17e séance – après-midi et soir
AG/12491

Session d’urgence de l’Assemblée générale: après une année d’invasion russe de l’Ukraine, la Charte des Nations Unies est invoquée avec force

À la veille du premier anniversaire de l’invasion russe de l’Ukraine, l’Assemblée générale a repris, cet après-midi, sa onzième session extraordinaire d’urgence.  Avant de se prononcer, demain, sur un projet de résolution intitulé « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine », présenté par le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, les États Membres ont entendu l’appel du Secrétaire général à ne pas perdre un instant si l’on veut parvenir à une paix véritable fondée sur le droit international et en particulier la Charte.  Le document fondateur de l’ONU a été invoqué à chaque instant par la majorité des intervenants de haut niveau, parfois en la montrant à la tribune, comme la voie à suivre absolument.

C’est un « triste anniversaire », a déclaré M. Guterres lors de cette session réunie pour examiner le projet de résolution de l’Ukraine.  Les délégations se prononceront demain, 23 février 2023, à la date anniversaire du début de l’invasion russe, sur un texte qui prévoit que l’Assemblée « exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays ».  Elles examineront aussi deux propositions d’amendements rédigées par la délégation du Bélarus qui souhaite en corriger « les inexactitudes ».

En présentant le projet de résolution, le Ministre ukrainien a dressé l’état des terribles atrocités commises par les Russes dans les territoires occupés, qui équivalent à un « génocide » selon ses termes.  Il s’est ensuite adressé à ceux parmi les pays qui ne veulent pas prendre le parti de l’Ukraine pour diverses raisons, à ceux qui veulent prendre le parti de la neutralité, en les invitant à prendre le parti de la Charte des Nations Unies.  « Prenez le parti du droit international.  Prenez le parti des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies! », a-t-il lancé sous des applaudissements nourris avant d’être appuyé par de nombreuses délégations, notamment occidentales, à l’instar de l’Union européenne.  Cette délégation a appelé à une paix fondée sur les principes de la Charte et les États-Unis ont encouragé tous les États Membres à voter pour cette résolution « historique », accusant « le Président Putin d’avoir porté un coup au cœur même de la Charte des Nations Unies ».

Ce projet de texte, s’il est adopté, réaffirme l’attachement de l’Assemblée à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et appelle à appuyer encore plus les efforts diplomatiques visant à instaurer une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte.  Outre le retrait des forces militaires russes, le texte mentionne aussi les enquêtes et poursuites à entreprendre pour que les auteurs des crimes les plus graves en droit international qui auront été commis sur le territoire ukrainien répondent de leurs actes.

Qualifiant ce projet de « résolution au rabais » et de « texte antirusse et malveillant », la Fédération de Russie a affirmé être en guerre contre « l’Ouest collectif », contre l’Occident, pour sa survie et son identité.  Elle a estimé que l’Ukraine, dans tout ce schéma, n’est rien de plus qu’une monnaie d’échange.  La Russie a donc appelé à voter en faveur des « amendements d’équilibrage » du Bélarus.  Ce dernier a expliqué l’intérêt de ces amendements qui permettraient, selon lui, de souligner les véritables causes du conflit et d’inclure des termes importants pour que le contenu de la résolution corresponde à son titre.

Cette session est aussi l’occasion de ne pas oublier les conséquences humaines de ce conflit: 20 000 civils et de nombreux soldats morts, d’innombrables blessés, 6 millions de déplacés ainsi que 8 millions de réfugiés en Europe et au-delà.  Si le Secrétaire général a mis en garde contre les conséquences possibles d’un conflit en spirale, un « danger clair et présent », il a aussi mis l’accent sur les efforts du Secrétariat de l’ONU pour faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes vers les marchés mondiaux.  Il y travaille d’arrache-pied, a-t-il insisté en y soulignant cette « contribution importante à la lutte contre l’insécurité alimentaire mondiale », qui bénéficie à des millions de personnes, notamment dans le Sud.  Il a également félicité l’Agence internationale de l’énergie atomique de s’être engagée auprès des parties en présence pour faire en sorte que la zone autour de la centrale nucléaire de Zaporijia demeure sûre.

Le Secrétaire général s’est en effet inquiété de la grave menace que représentent « les activités militaires irresponsables » se poursuivant autour de la plus grande installation nucléaire d’Europe.  Une crainte partagée par M. Csaba Kőrösi, Président de l’Assemblée générale, qui s’est alarmé de la menace « importante » de guerre nucléaire, tout comme des risques d’accident nucléaire.  La guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée et ne devrait jamais être menée, a-t-il tranché.

Les orateurs de la journée ont dans leur majorité décrié le ciblage systématique des infrastructures civiles, soulignant que cela constitue une violation flagrante du droit international humanitaire, privant des millions d’Ukrainiens d’énergie, d’eau et de chauffage au cœur de l’hiver.  Ils n’ont cessé de se référer à la Charte des Nations Unies pour être guidés sur le chemin d’une paix véritable.

En début de séance, le Président a rappelé que, selon sa résolution 77/2 du 7 octobre 2022, les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie sont autorisés à voter à l’Assemblée générale, y compris à la session d’urgence, malgré le retard de paiement de leur cotisation à l’ONU.

La session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale est convoquée à l’initiative des représentants permanents de l’Albanie, de l’Australie, du Canada, du Guatemala, des États-Unis, du Japon, de la République de Corée, de la République de Moldova, du Royaume-Uni, de la Türkiye et de l’Ukraine, ainsi que du Chef de la délégation de l’Union européenne.  Elle se poursuivra dans la soirée et reprendra demain, jeudi 23 février, à partir 10 heures.

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations liminaires

M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a commencé par établir un bilan du « triste premier anniversaire » de la guerre en Ukraine, marqué par une année de désespoir, de déplacements, de destruction et de mort à une échelle jamais vue en Europe depuis des décennies.  Il a déploré les 20 000 civils et nombreux soldats morts, les innombrables blessés ainsi que les 8 millions de réfugiés en Europe et au-delà, sans compter les 6 millions de déplacés.  Il a également décrié le ciblage systématique des infrastructures civiles, soulignant que cela constitue une violation flagrante du droit international humanitaire et que cela a laissé des millions d’Ukrainiens sans énergie, sans eau et sans chauffage au cœur de l’hiver.

Lorsque ces événements font les gros titres de notre actualité, c’est que nous sommes effectivement dans un nouveau chapitre de l’histoire, confrontés à des choix difficiles quant à notre identité en tant que communauté internationale et sur la façon de reconstruire la confiance perdue entre nous dans cette salle, et en nous par les peuples du monde, a fait observer M. Kőrösi.

Ces choix permettront, selon lui, de s’inscrire soit sur la voie de la solidarité et de la détermination collective à défendre les principes de la Charte des Nations Unies, soit sur celle de l’agression, de la guerre, des violations normalisées du droit international et de l’effondrement de l’action mondiale.

L’occasion pour lui de rappeler que pendant toute une année, l’Assemblée générale, le Secrétaire général et la communauté internationale n’ont cessé d’appeler à la fin de cette guerre et à l’adhésion à la Charte des Nations Unies et au droit international.  Il a répété qu’envahir un voisin est illégal, qu’annexer le territoire d’un autre pays est illégal.  De plus, a-t-il fait observer, au cours de l’année écoulée, chaque État Membre représenté dans cette salle a été touché par ces événements qui ont déclenché une crise énergétique sur tout un continent et provoqué une inflation pernicieuse bien au-delà. 

Le Président a aussi rappelé que cette agression a déclenché une crise mondiale de la sécurité alimentaire de la Corne de l’Afrique, touchée par la sécheresse, comme au Yémen, déchiré par la guerre, ou encore dans les camps de réfugiés en Syrie.  Saluant l’Initiative céréalière de la mer Noire et les efforts déployés par le Secrétaire général, la Türkiye, l’Ukraine et la Fédération de Russie pour assurer les exportations de produits alimentaires sur les marchés mondiaux, il a appelé les parties à soutenir son renouvellement en mars.  La mise en œuvre continue et rapide de ce mécanisme est essentielle pour sauver des vies et stabiliser les prix mondiaux, a-t-il fait valoir en ajoutant qu’elle constitue un excellent exemple de gestion de crise en action.

Sur un autre registre, il s’est alarmé de la menace d’une guerre nucléaire qui reste importante, tout comme les dangers d’un accident nucléaire: la guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée et ne devrait jamais être menée, a-t-il tranché, exprimant son ferme soutien au travail important de l’AIEA pour assurer la sûreté et la sécurité nucléaires en Ukraine. 

S’adressant ensuite à tous ceux qui souffrent des conséquences de cette guerre, il les a assurés qu’ils ne sont pas oubliés: « Nous vous voyons.  Nous vous entendons. »  Il a fait part du travail sans relâche, à travers tout le système des Nations Unies, pour trouver des solutions à leur détresse et les accompagner sur le chemin de la reconstruction, félicitant les États Membres qui ont déjà commencé à fournir cette assistance et appelant à un soutien supplémentaire.  Pour sa part, l’Assemblée générale a apporté un soutien ferme à une solution politique, a-t-il dit, rappelant les trois résolutions adoptées lors de la onzième session extraordinaire d’urgence qui ont fait référence au dialogue politique, aux négociations, à la médiation ou à d’autres moyens pacifiques.

Le Président de l’Assemblée générale a conclu en soutenant une solution fondée sur la Charte des Nations Unies et le droit international, qui respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Cette guerre va prendre fin, a-t-il affirmé, confiant que le temps de la reconstruction, de la réconciliation et de la transformation viendra.  Pour finir, il a adressé un message aux dirigeants et au peuple de la Fédération de Russie en soulignant que ce pays était et reste un membre exceptionnel de la communauté des nations.  Les autres États Membres attendent de la Russie qu’elle revienne sur la voie de l’établissement et de la sauvegarde de la paix, afin de contribuer à la stabilité et à la prospérité communes, a-t-il lancé.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a qualifié le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie de « triste événement » pour le peuple ukrainien et pour la communauté internationale, y voyant un « affront à notre conscience collective ».  Cette invasion constitue pour M. Guterres une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international, sans compter ses conséquences dramatiques sur le plan humanitaire et des droits humains.  En outre, l’impact se fait sentir bien au-delà de l’Ukraine, a-t-il déploré.

Le Secrétaire général a rappelé que la Charte des Nations Unies est sans ambiguïté à cet égard et énonce notamment que « les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ».

De même, l’Assemblée générale a abordé, dans les termes les plus clairs, la tentative de la Fédération de Russie d’annexer illégalement quatre régions d’Ukraine (Kherson, Zaporijia, Donetsk et Louhansk), a poursuivi le Chef de l’ONU, estimant qu’elle avait ainsi réaffirmé les principes bien établis du droit international prévus par la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations Unies.  Selon ces principes, « le territoire d’un État ne peut faire l’objet d’une acquisition par un autre État à la suite du recours à la menace ou à l’emploi de la force » et « nulle acquisition territoriale obtenue par la menace ou l’emploi de la force ne sera reconnue comme légale ».

La position de l’ONU est sans équivoque, a martelé M. Guterres: « Nous sommes attachés à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. »

Abordant, par ailleurs, le volet humanitaire, le Secrétaire général a indiqué que l’ONU est restée sur le terrain, travaillant avec les partenaires.  De fait, a-t-il informé, 4 Ukrainiens sur 10 ont besoin d’une aide humanitaire.  Des infrastructures vitales ont été prises pour cible, des systèmes d’eau, d’énergie et de chauffage ont été détruits, en plein hiver, a détaillé le Secrétaire général.  De plus, a-t-il ajouté, les organismes des Nations Unies coopèrent avec les pays d’accueil, qui ont reçu plus de huit millions d’Ukrainiens, soit la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, s’est-il lamenté.  Poursuivant, il a rappelé l’appel à l’aide humanitaire à hauteur de 5,6 milliards de dollars, lancé la semaine dernière par les Nations Unies pour couvrir les besoins de la population ukrainienne, exhortant à apporter un soutien sans faille à cette demande.

M. Guterres a fait remarquer qu’il s’est rendu deux fois en Ukraine depuis le début de la guerre et qu’il y a entendu des témoignages de graves violations du droit international humanitaire et des droits humains.  Dans ce conflit comme ailleurs, a-t-il averti, l’ONU est déterminée à veiller au respect de la justice et du principe de responsabilité.  Il a souligné que les Nations Unies ont travaillé de manière concertée et créative pour trouver des solutions, rappelant qu’elle a aidé à évacuer les civils piégés à Marioupol dans l’aciérie Azovstal.

Il s’est aussi félicité de l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui a montré la possibilité pour l’Ukraine et la Russie de faire progresser la sécurité alimentaire mondiale, avec le soutien du Gouvernement turc et des Nations Unies.  Une initiative qui a fait une différence, a-t-il salué tout en reconnaissant les difficultés actuelles.  Il a ajouté que l’ONU travaille d’arrache-pied pour lever les obstacles subsistant à la mise en œuvre du protocole d’accord conclu entre le Secrétariat des Nations Unies et la Fédération de Russie afin de faciliter les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes vers les marchés mondiaux.  C’est aussi une contribution importante à la lutte contre l’insécurité alimentaire mondiale, bénéficiant à des millions de personnes, notamment dans le Sud, a-t-il soutenu. 

Sur un autre volet, le chef de l’ONU a fait remarquer, qu’en dépit d’une profonde méfiance, les parties au conflit ont également réussi à faire des échanges réguliers de prisonniers de guerre, facilités par des acteurs régionaux, ce qu’il a souhaité voir se poursuivre et s’étendre autant que possible.  Notant que la situation pourrait encore s’aggraver, il a mis en garde contre les conséquences possibles d’un conflit en spirale qui constituent un « danger clair et présent ».  Il a souligné la grave menace que représentent les activités militaires irresponsables se poursuivant autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande installation nucléaire d’Europe.  À cet égard, il a félicité l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’avoir engagé les parties à faire en sorte que la zone reste sûre.  La sécurité et la sûreté de toutes les centrales nucléaires ukrainiennes doivent être garanties, a-t-il demandé.

La guerre attise également l’instabilité régionale et alimente les tensions et les divisions mondiales, tout en détournant l’attention et les ressources d’autres crises et problèmes mondiaux urgents, a déploré le Secrétaire général.  Il s’est également inquiété des menaces implicites d’utilisation d’armes nucléaires, jugeant totalement inacceptable l’utilisation dite tactique de ces armes.  Il est grand temps de s’éloigner du gouffre, a-t-il pressé, s’élevant contre la « complaisance » qui ne fera qu’aggraver la crise.

« La guerre n’est pas la solution.  La guerre est le problème. »  Les Ukrainiens, les Russes et les peuples bien au-delà ont besoin de paix, s’est impatienté M. Guterres en concluant qu’une paix véritable et durable doit être fondée sur la Charte des Nations Unies et le droit international.  Mais, a-t-il mis en garde, plus les combats se poursuivront, plus cette tâche sera difficile, raison pour laquelle « nous n’avons pas un instant à perdre ».

Projet de résolution (A/ES-11/L.7)

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, qui présentait le projet de résolution intitulé « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine », a rappelé qu’il y a un an après le début de l’agression à grande échelle de la Fédération de Russie contre son pays, il se tenait « ici, dans ce lieu prestigieux ».  C’était le 23 février 2022.  Une force russe massive survolait l’Ukraine, se préparant à porter un coup fatal à son pays et à le rayer de la carte du monde, s’est-il remémoré.  Contre toute attente, « nous avons réussi à arrêter l’agresseur beaucoup plus fort et à le chasser de la moitié du territoire nouvellement occupé », a dit le Ministre.  Or il a relevé que la Russie, même après avoir échoué si gravement et avoir perdu tant de personnes, veut toujours détruire l’Ukraine en tant que nation. 

Personne, a-t-il dit, ne doit se laisser berner par les appels vides de la Russie à négocier.  Selon le Ministre, la situation actuelle sur les lignes de front prouve qu’ils veulent la guerre, pas la paix.  Ils sont à l’attaque tout le long de la ligne de front, du fleuve Dniepr à la frontière russe, a-t-il décrit en parlant des membres des forces russes.  Ils ne cessent de frapper les infrastructures civiles de l’Ukraine avec des salves de missiles de croisière et de drones, a-t-il accusé.  « C’est pourquoi nous n’avons d’autre choix que de continuer à nous battre pour notre survie. »

Le Ministre a rappelé les terribles atrocités commises par les Russes dans les territoires occupés, citant les meurtres de civils non armés, les tortures, les viols, les pillages, la terreur, les persécutions politiques, les bombardements aveugles ainsi que des attaques délibérées contre les infrastructures civiles.  Il a encore dénoncé les transferts forcés et les déportations de milliers d’enfants ukrainiens qui sont adoptés par des familles russes afin de les « russiser ».  Il s’agit pour lui d’un « génocide ».  Dès lors, pour l’Ukraine, renoncer signifierait que de telles atrocités seraient commises sur tout son territoire, a expliqué le Ministre. 

Il s’est ensuite adressé à ceux parmi les pays qui ne veulent pas prendre le parti de l’Ukraine pour diverses raisons, à ceux qui veulent prendre le parti de la neutralité, en les invitant à prendre le parti de la Charte des Nations Unies.  « Prenez le parti du droit international.  Prenez le parti des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies! »  Le Ministre a dans la foulée exhorté les Membres des Nations Unies à soutenir le projet de résolution, se disant convaincu que ce texte contribuera aux efforts conjoints pour mettre fin à la guerre ainsi que pour protéger les principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations unies, des propos accueillis par des applaudissements nourris dans la salle de l’Assemblée générale.

Projets d’amendement (A/ES-11/L.8A/ES-11/L.9)

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a introduit deux amendements qui ont pour but de « corriger les inexactitudes » du projet de résolution A/ES-11/L.7 intitulé « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine ».  Ceux-ci visent, selon lui, à souligner les véritables causes du conflit, ses origines et le conflit lui-même.  Ces amendements ont également pour objectif d’inclure dans le texte des termes importants qui permettront d’assurer que le contenu de la résolution corresponde à son titre et d’envoyer un signal fort du réel intérêt de la communauté internationale à amener le conflit en Ukraine à une conclusion rapide et pacifique, a encore précisé le délégué.  Il a, en outre, considéré comme une « omission tragique ou un acte délibéré » le fait de ne pas avoir appelé à des négociations pacifiques dans la résolution, qui vise à « parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine ».  À cet égard, il a tenu à rappeler que c’est grâce aux efforts du Président de la République du Bélarus que plusieurs séries de pourparlers entre Kiev et Moscou ont été organisés sur le territoire du Bélarus en février-mars 2022, qui ont suscité un optimisme prudent.  Il a estimé que c’est bien la perturbation de ces pourparlers, ainsi que l’approvisionnement continu en armes dans la zone de guerre, qui ont conduit à une prolongation de la confrontation, tançant ceux qui fournissent des armes létales voir même des armes de destruction massive.  Il a mis en garde contre la mise en œuvre de ce plan qui entraînera une escalade avec un nombre incalculable de victimes, ce qui ne fera, selon lui, que nuire au règlement du conflit.  « Nous ne pouvons pas nous le permettre » et c’est cela « le but de nos amendements », a-t-il explicité.

Le premier amendement A/ES-11/L.8 vise à supprimer la mention suivante au cinquième alinéa du préambule: « , un an après l’invasion totale de l’Ukraine, ».  Au septième alinéa du préambule, il souhaite remplacer « de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, notamment les attaques incessantes contre les infrastructures critiques dans toute l’Ukraine » par « des hostilités en Ukraine ». 

En ce qui concerne le dispositif, il est demandé au paragraphe 5 de supprimer cette partie de phrase: « Exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complétement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et ».  Enfin, à la suite du paragraphe 9, il est proposé d’insérer un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Condamne fermement les déclarations faites par certains dirigeants du Groupe de contact au format Normandie quant à ce qu’avaient été leurs intentions réelles lors de la mise au point de l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk, intentions qui étaient incompatibles avec l’objectif de parvenir à un règlement pacifique du conflit dans certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk en Ukraine ». 

Quant au deuxième amendement A/ES-11/L.9, il suggère d’introduire un nouvel alinéa à la suite du huitième alinéa du préambule, libellé comme suit: « Constatant avec préoccupation que la zone de conflit continue d’être approvisionnée en armes par des tierces parties, ce qui compromet les chances de parvenir à une paix durable ».  À la suite du paragraphe 5 du dispositif, il demande d’introduire un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Demande l’ouverture de négociations de paix ».  À la suite de l’actuel paragraphe 10, il appelle à introduire un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Exhorte les États Membres à s’attaquer aux causes profondes du conflit en Ukraine et alentour, notamment à répondre aux préoccupations légitimes des États Membres en matière de sécurité ».  Enfin, à la suite de l’actuel paragraphe 10, il suggère d’introduire un nouveau paragraphe libellé comme suit: « Exhorte également les États Membres à s’abstenir d’acheminer des armes vers la zone de conflit ». 

Débat sur la question

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné qu’il y a un peu plus d’un an, « l’Ukraine et ses parrains occidentaux » ont convoqué la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qui a prêté à confusion pour de nombreux États.  Depuis lors, de nombreux pays ont compris ce qui s’est passé et ce qui se passe, et le camp occidental a beaucoup plus de difficulté à mobiliser les États Membres de l’ONU en faveur de leur croisade contre la Russie, a-t-il dit.  Ceci est également attesté « par un projet de résolution au rabais » qui sera mis aux voix, a relevé le représentant en le qualifiant de « texte antirusse et malveillant ».  Il a rappelé que « le régime nationaliste criminel », qui est arrivé au pouvoir à Kiev grâce au soutien occidental par un coup d’État anticonstitutionnel, a mené une guerre sanglante contre les habitants du Donbass dont le seul défaut était qu’ils voulaient rester russes.

Le délégué a relevé que grâce aux révélations bien connues d’un certain nombre de dirigeants occidentaux à la retraite, il ne fait aucun doute que les accords de Minsk, approuvés par le Conseil de sécurité, avaient pour but de préparer l’Ukraine à une guerre contre la Russie.  Toutes ces années, le « régime de Kiev » a poursuivi selon lui sa politique inhumaine de bombardement des villes pacifiques des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.  Au vu des actes des Occidentaux en Ukraine, nous n’avions pas d’autre choix que de protéger la population du Donbass et assurer la sécurité de notre pays par des moyens militaires, a—t-il justifié.  Il a exprimé les préoccupations russes de voir s’étendre l’infrastructure de l’OTAN jusqu’à ses frontières, alors que des déclarations « hypocrites » font croire que c’est la Russie qui est responsable de la destruction des systèmes de sécurité régionaux et mondiaux.  Il a rappelé que fin 2021, la Russie avait pourtant avancé un certain nombre d’initiatives de désescalade et de renforcement de la confiance dans la zone euro-atlantique.  Nous avons invité les États-Unis et l’OTAN à signer des accords de garanties de sécurité, a-t-il dit.  Nous avons donné une chance à la diplomatie, a-t-il poursuivi, soulignant que ces propositions furent rejetées avec arrogance par les États-Unis et leurs alliés.  Pourtant, si elles avaient été mises en œuvre, ces initiatives auraient permis d’éviter ce que nous voyons aujourd’hui, a—t-il regretté.

Le délégué a affirmé qu’un an après le début de la phase active de la crise ukrainienne, peu de gens doutent aujourd’hui du fait que la Russie n’est pas en guerre avec l’Ukraine, qui a gaspillé son potentiel militaire dans les premières semaines du conflit, mais plutôt avec « l’Ouest collectif » représenté par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et de l’UE.  Non seulement ils fournissent armes et munitions à Kiev, mais ils lui communiquent également des informations du renseignement et s’entendent sur des cibles pour les frappes de missiles.  Il a dit que ces alliés ont abandonné toute pudeur et fixé un objectif: armer l’Ukraine, infliger une défaite stratégique à la Russie, puis la démembrer et la détruire.  Au nom de cet objectif, a-t-il relevé, ils ont fermé les yeux en Occident, et les ferment encore maintenant, sur la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme.  Il a ensuite évoqué l’hégémonie des États-Unis et de ses alliés qui ne veulent laisser personne gouverner la planète, parce qu’ils la considèrent comme la leur et seulement la leur.

Quant à notre pays, a expliqué le représentant, nous percevons tout cela comme une guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité.  Une guerre dans laquelle, comme il y a 80 ans, nous avons été défiés par un ennemi insidieux et puissant qui voulait nous soumettre, a-t-il expliqué en évoquant des chars allemands à nouveau envoyés afin de tuer les Russes.  Et l’Ukraine, dans tout ce schéma, n’est rien de plus qu’une monnaie d’échange, a-t-il analysé.  Selon lui, le texte soumis par l’Ukraine ne contribuera pas à la paix, car il vise plutôt à encourager l’Occident dans ses actions, à donner à nos adversaires une raison de prétendre que la Russie est soi-disant isolée dans le monde.  « Cela signifie continuer la ligne militariste russophobe, en se cachant derrière un prétendu soutien des États Membres de l’ONU. »  De plus, dans les conditions où beaucoup d’entre vous font face à la pression la plus sévère et le chantage de Washington et ses alliés, a lancé le représentant à l’endroit des délégations, il faut soutenir les « amendements d’équilibrage » qui sont devant vous et qui ont été présentés par le Bélarus.  Si ces derniers sont rejetés, alors le projet de la résolution restera tel qu’il est maintenant: unilatéral et dénué de toute réalité, a—t-il conclu.

M. JOSEP BORRELL FONTELLES, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a déclaré: « Nous avons besoin d’une paix fondée sur les principes de la Charte ».  C’est le but poursuivi par le projet de résolution, a-t-il ajouté.  Il a indiqué que le débat aujourd’hui n’est pas une « question européenne ».  Il ne s’agit pas d’un affrontement entre l’Occident et la Russie.  Non, cette guerre illicite doit préoccuper chacun d’entre nous: le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest, a insisté M. Borrell.  « Nous sommes ici pour rappeler notre soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues. »  Le Haut Représentant a souligné que, selon l’Article 51 de la Charte, l’Ukraine a le droit de se défendre, comme tout autre État Membre.  L’Union européenne (UE) a toujours été un projet de paix, a-t-il rappelé.  Comment faire advenir la paix?  La première étape vers la paix serait que la Russie cesse ses attaques et se retire de l’Ukraine, a-t-il dit, en ajoutant que l’UE continuera d’aider l’Ukraine d’ici là.  Il a aussi assuré que l’UE continuera d’œuvrer pour que la Russie rende des comptes, avant d’appuyer le plan de paix du Président ukrainien.  En conclusion, il a appelé chaque État Membre à voter en faveur de ce texte, après avoir indiqué qu’il voterait contre les amendements « manipulateurs » présentés par le Bélarus.  Notre monde a besoin d’une paix conforme à la Charte des Nations Unies et au droit international, a-t-il conclu. 

M. ANTONIO TAJANI, Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a rappelé la position de l’Italie, à savoir que l’agression en cours de l’Ukraine est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  Aucun pays ne peut être en sécurité si la violation de nos principes et règles communs reste inexpliquée, a-t-il ajouté, notant qu’en ce jour anniversaire, « l’Ukraine est toujours debout et nous sommes en pleine solidarité avec le pays et son peuple ».  Pour le Ministre italien, les attaques quotidiennes contre leurs vies et leurs infrastructures vitales, qui ont un coût humanitaire dévastateur, sont inacceptables et doivent cesser.  Après avoir souligné que le monde entier fait face aux conséquences de ce conflit brutal, en termes de sécurité alimentaire, énergétique, de sécurité nucléaire, de sûreté et de protection de l’environnement, il a insisté sur l’efficacité d’accords techniques sur ces questions spécifiques.  Sur ce point, il a cité la création d’une zone de sécurité nucléaire autour de Zaporijia et le renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Pour M. Tajani, la paix est l’objectif stratégique ultime et, à ce titre, « il ne peut y avoir de paix sans justice, la justice signifiant le plein respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et de ses eaux territoriales ».  Estimant qu’une paix globale, juste et durable est nécessaire, comme l’indique clairement la résolution portée à l’attention de cette onzième session extraordinaire d’urgence, il a en outre appelé les États à prendre en compte les préoccupations légitimes et les attentes des pays du Sud qui subissent les conséquences du conflit.  L’Italie est prête à faire un pas dans cette direction, a-t-il ajouté. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a souligné que l’Assemblée générale se réunit aujourd’hui pour adopter une résolution « historique », qui marque le premier anniversaire de l’invasion non justifiée de l’Ukraine par la Russie.  Elle a rappelé ce qui s’était passé, il y a un an, au Conseil de sécurité, en particulier les avertissements des États-Unis alors que le représentant russe affirmait encore au Conseil que « l’occupation de l’Ukraine n’est pas dans nos plans » et qu’à peine quelques jours avant l’invasion, le Vice-Ministre des affaires étrangères russe disait qu’il fallait « faire cesser cette hystérie ».  La Russie ne faisait que réfuter les faits, s’est-elle indignée.  En cette froide nuit de février, Mme Thomas-Greenfield avait pourtant demandé à la Russie de retourner dans ses frontières, de renvoyer ses troupes dans leurs baraquements et de dépêcher ses diplomates à la table des négociations, mais « le Président Putin a choisi la guerre », portant ainsi un coup au cœur même de la Charte des Nations Unies.  Depuis, nous assistons au massacre de civils innocents, à une crise alimentaire sans précédent, à des menaces à la sécurité nucléaire et énergétique, à la pire crise de réfugiés en Europe et à des crimes contre l’humanité, a dénoncé la représentante.  Elle a donc insisté sur l’importance du vote d’aujourd’hui auprès de ses homologues en soulignant que la résolution appelle les nations du monde à appuyer les efforts diplomatiques en faveur d’une paix durable en Ukraine, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.  Ce vote entrera dans l’histoire, leur a-t-elle assuré.  Lors de sa visite cette semaine en Ukraine, le Président Biden a clairement réaffirmé la position des États-Unis « aux côtés de l’Ukraine », a poursuivi Mme Thomas-Greenfield.  Elle a rappelé s’être elle-même rendue en Ukraine et avoir témoigné ici de la détermination du peuple ukrainien et du Président Zelenskyy.  C’est dans le visage des enfants ukrainiens qu’elle a vu l’espoir, a-t-elle confié en appelant à continuer de croire dans le potentiel de la diplomatie et du dialogue. 

Mme MÉLANIE JOLY, Ministre des affaires étrangères du Canada, a jugé la guerre de la Russie contre l’Ukraine « injustifiable, illégale, cruelle et inhumaine ».  Il faut y mettre fin.  L’Assemblée générale est saisie aujourd’hui d’un projet de résolution qui réaffirme son plein appui à la Charte des Nations Unies.  Ce texte, a souligné la Ministre, a été rédigé pour refléter les vues et les préoccupations des membres de toutes les régions.  Ce projet mérite l’appui de chacun des membres de cette Assemblée, a-t-elle plaidé.  La Russie poursuit ses attaques de missiles aveugles contre les villes ukrainiennes, tuant des civils et détruisant des écoles et des hôpitaux.  Cette guerre totale du Président Putin visant à détruire une Ukraine libre, indépendante et souveraine et son peuple ne réussira pas, a promis la Ministre.  « Le Canada est déterminé à soutenir l’Ukraine de la résistance jusqu’à la reconstruction. »  Depuis la première convocation de la onzième session extraordinaire d’urgence, a-t-elle rappelé, nous avons explicitement demandé à la Russie de cesser de recourir à la force contre l’Ukraine, de retirer immédiatement, complètement et inconditionnellement toutes ses forces militaires du territoire de l’Ukraine.  La Russie voudrait faire croire qu’il s’agit de vous forcer à choisir votre camp.  Le vote d’aujourd’hui ne consiste pas à choisir son camp, a expliqué la Ministre.  Il s’agit de choisir la paix, une paix globale, juste et durable en Ukraine.  Il s’agit de choisir de respecter la Charte de l’ONU.  Il s’agit de respecter le droit de chaque État dans cette salle de tracer son propre avenir.  Il s’agit de choisir les règles plutôt que le chaos et d’affirmer clairement que personne, aujourd’hui et à l’avenir, ne peut ignorer les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale. 

M. JOSÉ MANUEL ALBARES BUENO, Ministre des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération de l’Espagne, a déclaré que l’agression russe contre l’Ukraine n’avait aucune justification et qu’il s’agissait d’une guerre illégale, contraire à la Charte des Nations Unies.  Si ce précédent demeure impuni, le monde sera demain confronté à davantage d’insécurité et de violence, a-t-il averti.  Il a rappelé que la commission d’enquête sur l’Ukraine mise en place par le Conseil des droits de l’homme en mars avait constaté que les moyens utilisés par la Russie pour tenter de gagner cette guerre étaient eux aussi illégaux, relevant des crimes de guerre et des violations des droits humains, dont des exécutions sommaires, des séquestrations, des actes de torture, des mauvais traitements et des actes de violence sexuelle dans les zones occupées par les forces armées russes.  Le représentant a « une fois de plus » exigé le retrait immédiat, complet et inconditionnel des troupes russes de tout le territoire ukrainien, comme l’a ordonné la CIJ le 16 mars 2022.  Il a indiqué que l’Espagne est le cinquième pays de l’Union européenne en termes d’accueil d’Ukrainiens déplacés, ayant accueilli près de 170 000 d’entre eux.  Pour soutenir l’Ukraine, a ajouté le délégué, l’Espagne a approuvé le plus grand paquet d’aide humanitaire de son histoire pour un seul pays, octroyant 250 millions d’euros pour la reconstruction de l’Ukraine par le biais d’agences multilatérales, sans pour autant négliger les besoins des autres partenaires de l’Espagne dans des régions telles que le Sahel et le Sahara. 

M. MARIO ADOLFO BÚCARO FLORES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a refusé d’accepter l’idée de recourir à la force et à l’agression contre un État, en particulier par un membre permanent du Conseil de sécurité qui a des responsabilités et des obligations particulières pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a appuyé le langage du projet de résolution qui est cohérent et conforme aux principes de la Charte des Nations Unies, réaffirmant ainsi l’engagement de l’Assemblée générale envers la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Selon lui, l’Assemblée a le mandat et l’autorité pour adopter cette résolution, comme le prévoit le Chapitre IV de la Charte.  Il faut également veiller à ce que les auteurs des crimes les plus graves commis contre l’Ukraine répondent de leurs actes, a exigé le représentant ajoutant que la justice pour toutes les victimes du conflit et la prévention de futurs crimes doivent être garanties.  Pour cette raison, le Guatemala a cofacilité les négociations sur la création d’un registre des dommages, et soutient toute initiative visant à créer un tribunal spécial sur le crime d’agression commis par la Fédération de Russie.  Il est essentiel, a ajouté le représentant, de respecter pleinement les obligations découlant du droit international humanitaire qui visent à protéger la population civile, de garantir un accès humanitaire sûr et de s’abstenir d’attaquer et de détruire les biens indispensables à la survie de la population.

Mme TANJA FAJON, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a salué la bravoure et le courage du peuple ukrainien.  La Slovénie sait par sa propre expérience ce que signifie se battre pour sa terre, a—t-elle déclaré, ajoutant: « Nous sommes solidaires avec les femmes, les hommes et les enfants dont la vie a été changée à jamais par cette guerre injustifiée. »  Pour Mme Fajon, les attaques délibérées de l’armée russe contre la population civile et les infrastructures essentielles constituent des crimes parmi les plus graves, qui ne doivent pas rester impunis.  De ce fait, le principe de responsabilité doit être respecté, car c’est le seul fondement de la vie lorsque la guerre et ses atrocités prendront fin, a-t-elle argué. 

Pour la Vice-Première Ministre, cette guerre nous rappelle à tous à quel point nous sommes globalement connectés et interdépendants.  Ses conséquences se font sentir partout dans le monde.  Avec la hausse vertigineuse des prix des aliments et de l’énergie et l’inflation imminente, des millions de personnes font face à de sérieux défis.  Mme Fajon a noté que ce sont les pays les moins avancés et à faible revenu qui souffrent le plus.  Notre réponse humanitaire à d’autres situations de besoin n’est pas diminuée du fait de l’aide apportée à l’Ukraine, a-t-elle assuré.

Mme URMAS REINSALU, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a déclaré que le siège de la Russie au sein du Conseil de sécurité était légitimement remis en question depuis sa guerre d’agression contre l’Ukraine.  La Russie continue de vouloir punir l’Ukraine pour avoir choisi son propre chemin de manière souveraine, a affirmé la Ministre, qui a ensuite détaillé les conséquences de cette guerre, avant d’appeler tous les pays du monde à reconnaître dans la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine une « guerre génocidaire ».  Il est de notre devoir de restaurer la paix et la justice et de faire en sorte que l’agresseur soit puni, a-t-elle tranché, ajoutant: « L’agression comme instrument de relations internationales doit être totalement discréditée. »  Soulignant la nécessité de juger les atrocités russes commises en Ukraine, la Ministre a appelé à la création d’un tribunal international spécial.  Enfin, elle a rappelé le symbole qu’est pour son pays la date du 24 février, puisqu’elle marque l’anniversaire de la Déclaration d’indépendance de l’Estonie en 1918.  Ce qui s’est passé l’année dernière nous rappelle combien l’indépendance et la liberté peuvent être fragiles, a conclu la Ministre.

M. ILIA DARCHIASHVILI, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a déclaré que son pays reste attaché au règlement pacifique du conflit russo-géorgien, qui repose sur la désoccupation de deux régions géorgiennes par la Russie ainsi que sur la réconciliation et le renforcement de la confiance entre les communautés de part et d’autre des lignes d’occupation.  Alors que la Géorgie continue de respecter pleinement l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008 négocié par l’Union européenne, une approche consolidée de la communauté internationale demeure essentielle pour exhorter la Russie à respecter ses obligations en vertu dudit accord et à retirer ses forces militaires du territoire géorgien, a-t-il ajouté.  Le Ministre a ensuite affirmé que l’Ukraine a besoin de paix, « que nos pays et nos peuples ont besoin de paix ».  Le monde a besoin de paix car il est confronté à des défis mondiaux d’une ampleur sans précédent: changements climatiques, catastrophes naturelles, pandémies, terrorisme, menaces non conventionnelles qui nécessitent nos efforts conjoints, notre coopération, a-t-il poursuivi.  À cet égard, il a estimé que l’ONU peut et doit faire tant de choses pour les générations futures.  Selon lui, les initiatives de paix doivent aller au-delà du rétablissement de la paix et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et avoir pour corollaire l’objectif de défendre les valeurs fondamentales des Nations Unies.  C’est pourquoi il a appelé à voter en faveur du projet de résolution L.7. 

M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a exprimé sa grave préoccupation face à la guerre d’agression que mène la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies, de ses valeurs et de l’ordre international fondé sur des règles.  La communauté internationale est horrifiée par les rapports quotidiens, y compris ceux de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, faisant état d’attaques contre des civils et des infrastructures civiles.  Malgré la bravoure du peuple ukrainien, la Fédération de Russie continue de pousser l’Ukraine vers une crise humanitaire, s’est indigné le Ministre, alors que 40% de la population a un besoin urgent d’une aide humanitaire et que huit millions de personnes sont aujourd’hui réfugiées.  Selon lui, les responsables seront tenus pour responsables.  M. Borg a exhorté la Russie à retirer sans délai l’ensemble de ses forces du territoire de l’Ukraine et à rechercher une résolution pacifique au conflit conformément au droit international.  « L’arrêt immédiat de cette guerre d’agression contre l’Ukraine est la seule voie possible », a-t-il martelé.  « Il n’y a pas d’autre solution. »

M. PETER LAUNSKY-TIEFFENTHAL, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a déclaré que « nul ne peut rester politiquement neutre et silencieux lorsque la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance d’un État sont attaquées ».  Au cours de l’année écoulée, l’Assemblée générale a, par une écrasante majorité, demandé à la Russie d’arrêter cette guerre.  Le Ministre a réitéré sa solidarité avec l’Ukraine face à une attaque armée brutale.  L’Autriche a fourni bilatéralement 124 millions d’euros d’aide humanitaire, a-t-il souligné.  Nous devons également être clairs sur le fait qu’il n’y a pas de paix sans justice, a-t-il ajouté en demandant que tous les crimes commis par la Russie en Ukraine fassent l’objet d’enquêtes et que leurs auteurs rendent des comptes.  L’Autriche soutient tous les efforts en ce sens, y compris ceux de la Cour pénale internationale (CPI) et de la Commission d’enquête des Nations Unies basée à Vienne.  Le Ministre a aussi condamné les menaces nucléaires répétées, implicites mais indubitables, proférées par la Russie.  « La communauté internationale doit s’unir pour veiller à ce que le tabou contre toute utilisation d’armes nucléaires ne soit pas brisé. »  La résolution qui sera adoptée demain vise précisément à mettre fin à l’agression contre une nation souveraine et à ses conséquences mondiales; elle vise une paix globale, juste et durable fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies.  L’Autriche appuie ce texte et encourage à voter « oui », a conclu le Vice-Ministre. 

M. RUSLAN BOLBOCEAN, Secrétaire d’État du Ministère des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a déploré que 12 mois de guerre d’agression injuste et non provoquée ont tué des milliers d’innocents et poussé des millions d’Ukrainiens à fuir leurs foyers, 12 mois de violations flagrantes de la Charte des Nations Unies et du droit international par un membre permanent du Conseil de sécurité.  Cette attaque de l’Ukraine par la Fédération de Russie a déstabilisé la sécurité européenne et sapé la stabilité mondiale, a souligné le Secrétaire d’État.  Au cours des derniers mois, Moldova a démontré son engagement à assurer la protection des 700 000 réfugiés ukrainiens qui ont cherché refuge sur son territoire.  Dans cette optique, la République de Moldova introduira, à compter du 1er mars, un mécanisme de protection temporaire pour les réfugiés ukrainiens, a-t-il indiqué.  La République de Moldova a en outre ressenti les conséquences sécuritaires de la guerre en Ukraine, alors que quatre missiles visant l’Ukraine ont traversé notre espace aérien et que des débris de missiles ont atterri sur notre territoire, a précisé M. Bolbocean.  Malgré les menaces hybrides et les moyens de pression auxquels est exposé son pays, il s’est dit déterminé à continuer de contrer ces risques de manière légale et pacifique.  « Il est de notre devoir moral, en tant que communauté internationale, de continuer à soutenir l’Ukraine », a-t-il martelé.  Ce pays se bat aujourd’hui pour assurer notre sécurité à tous.  Il est donc nécessaire à ses yeux de veiller à ce que les responsables des atrocités, des meurtres de civils et des dommages causés aux infrastructures rendent des comptes en menant des enquêtes rapides et indépendantes, aux niveaux national et international. 

M. BERNAARDO IVO CRUZ, Vice-Ministre des affaires étrangères du Portugal, a dénoncé la stratégie consistant à attaquer sans relâche les infrastructures essentielles, avec un impact considérable sur la population civile.  Il a rappelé que le Portugal soutient la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Le pays continuera d’ailleurs, aussi longtemps qu’il le faudra, de fournir une assistance à son gouvernement et à son peuple, tant au niveau bilatéral que dans le cadre de l’Union européenne et de l’ONU.  Le Vice-Ministre a appelé l’Assemblée générale à rester unie, à exprimer la condamnation de cette guerre et à appeler à une paix globale, juste et durable.  Le projet de résolution qui est présenté est un pas important dans cette direction et nous encourageons tous les États Membres à le soutenir, a-t-il conclu.

M. MARTIN EYJÓLFSSON, Secrétaire d’État permanent de l’Islande, a rappelé que mettre fin à la guerre n’est qu’un premier pas, l’établissement d’une paix juste et durable pour l’Ukraine étant également d’une importance cruciale.  La Russie doit et sera tenue responsable de ses actes, a-t-il prévenu, ajoutant que la responsabilité pour les crimes internationaux commis dans le contexte de la guerre, y compris le crime d’agression, est essentielle pour garantir justice et réparations.  Il ne peut y avoir d’impunité, a répété le représentant, qui a insisté sur le fait qu’il est de la responsabilité collective des États Membres de mettre fin à la guerre, de défendre l’Ukraine et les valeurs et principes qui sous-tendent la Charte des Nations Unies et le travail de l’ONU.  « C’est ce que “nous, les peuples” devons au peuple ukrainien et à toutes les autres victimes innocentes confrontées actuellement au fléau des conflits armés dans le monde entier », a-t-il lancé.  « C’est ce que nous devons aux générations précédentes qui ont construit le système de droit international et l’ordre fondé sur des règles, à partir des ruines de deux guerres mondiales et de leurs horreurs inoubliables ».  « Et c’est que nous le devons à nos enfants et aux générations futures », a conclu le représentant. 

Mme GUILLEN (Costa Rica) a constaté qu’un an après l’invasion non justifiée de l’Ukraine par la Fédération de Russie, les principes directeurs de la Charte des Nations Unies continuent d’être violés.  Notre système de sécurité collective est miné.  Tout cela à un moment où il aurait fallu construire des alliances pour relever les graves défis mondiaux auxquels l’humanité est confrontée; à un moment où il ne fallait pas perdre de vue la situation au Yémen et au Mali, au Myanmar et en Syrie, en Libye et en Haïti, au Tigré et au Sahel, entre Israël et la Palestine, et en Amérique centrale, s’est-elle indignée.  De nombreuses violations graves du droit international par les forces russes et leurs mandataires dans les territoires occupés d’Ukraine ont été documentées, a poursuivi l’intervenante, y compris des crimes de guerre apparents et de possibles crimes contre l’humanité.  Le Costa Rica appelle à un cessez-le-feu immédiat et demande instamment à toutes les parties d’honorer leurs obligations internationales de protéger la population civile, en particulier les enfants, et de veiller à ce que les acteurs humanitaires puissent se rendre en toute sécurité et rapidement là où ils doivent apporter leur aide, a expliqué la représentante.  En outre, elle a demandé à toutes les parties de s’abstenir d’attaquer les infrastructures civiles dont dépend la population civile, notamment les systèmes d’eau et d’assainissement, les installations sanitaires, les hôpitaux et les écoles.  Martelant également qu’il n’y a pas de paix véritable et durable sans justice, et que la justice n’existe pas lorsqu’il y a impunité, elle a expliqué que le Costa Rica soutient l’enquête du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en Ukraine.  Le Costa Rica votera pour cette résolution. 

M. MOHAMED AL HASSAN (Oman), au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a déclaré que le Conseil suit avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la situation en Ukraine, en particulier les aspects humanitaires.  L’Article 2 de la Charte des Nations Unies, a rappelé le représentant, oblige les États Membres à régler les différends internationaux par des moyens pacifiques et à s’abstenir d’utiliser ou de menacer d’utiliser la force dans les relations internationales.  La solution aux différends et aux désaccords réside dans le recours au dialogue et aux négociations, par des moyens pacifiques et diplomatiques, a insisté le représentant.  Le CCG encourage les efforts internationaux et régionaux pour résoudre ce conflit, conformément au droit international.  Le CCG salue les efforts déployés par les pays qui ont accueilli les réfugiés des zones de conflit.  Le représentant a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations humanitaires, y compris en ce qui concerne les blessés, les prisonniers et les personnes disparues, à faciliter un accès rapide et sûr à l’aide humanitaire pour tous ceux qui sont dans le besoin, et à protéger les travailleurs médicaux et humanitaires.  En conclusion, le représentant a salué les efforts de l’ONU et des organisations humanitaires pour répondre rapidement aux besoins urgents des civils. 

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), au nom du Forum des îles du Pacifique, a soutenu que malgré son éloignement géographique, le Forum ressentait les effets des perturbations majeures des systèmes alimentaires et énergétiques mondiaux causées par cette guerre.  Les effets de l’invasion illégale de l’Ukraine par la Fédération de Russie vont « plus loin que les balles ne peuvent voler », bien au-delà des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, a-t-il déclaré.  Ces actes atteignent les foyers des peuples du Forum, rendant la nourriture et le carburant inabordables, augmentant la souffrance des personnes et des économies déjà affaiblies par la pandémie de COVID-19, en particulier celles se trouvant en marge de la société.  Si l’ordre mondial actuel demeure imparfait, il est fondé sur des règles offrant la meilleure voie vers un monde meilleur.  Pour le délégué du Forum, il offre les meilleurs instruments pour rechercher la justice et la sécurité et le meilleur espoir pour notre avenir commun.

S’exprimant ensuite au nom de son pays, le représentant des Fidji a fait part d’une anecdote personnelle.  Au petit-déjeuner ce matin, sa fille, Nehali, lui a posé une question difficile: « Pourquoi partir en guerre est-il considéré comme courageux et audacieux?  Faire la paix l’est sûrement davantage! »  Le délégué a souhaité que les ressources de la communauté internationale soient mises au service de la paix et que le Secrétaire général dispose de l’espace nécessaire pour forger des voies vers la paix.  Il a dressé un parallèle entre la guerre et « la catastrophe climatique que nous vivons, qui ressemble à une guerre - des vies perdues, des infrastructures détruites, la paix et la stabilité compromises ».  Lorsque les catastrophes climatiques frappent, le dur chemin de la reconstruction est supporté par le seul pays touché: il faut reconstruire des routes, des écoles, des hôpitaux, des églises, des vies.  C’est pourquoi les Fidji sont d’autant plus solidaires de l’Ukraine. 

M. JAN KNUTSSON, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que l’agression russe n’était pas seulement une guerre contre l’Ukraine, mais qu’elle remettait en cause l’ordre européen et mondial.  Elle constitue une violation flagrante de l’une des règles les plus fondamentales du droit international et de la Charte des Nations Unies, violation commise, qui plus est, par un membre permanent du Conseil de sécurité.

M. Knutsson a condamné les violations par la Russie du droit international humanitaire.  Les exécutions sommaires, la torture, les violences sexuelles et sexistes et les déportations forcées ne sont selon lui que quelques exemples des violations inacceptables du droit international commises par la Russie.  Tous ces crimes doivent faire l’objet d’une enquête, et leurs responsables, être traduits en justice.  À l’instar du reste de l’Union européenne, la Suède fait tout pour atténuer l’impact planétaire de l’agression russe sur la sécurité alimentaire, l’énergie, les finances, l’environnement, ainsi que sur la sécurité et la sûreté nucléaires.  Le Vice-Ministre a expliqué que son pays se tenait prêt à apporter son soutien à l’Ukraine de manière constante et significative.  La Russie, quant à elle, doit cesser immédiatement ses opérations militaires, retirer sans conditions toutes ses forces de l’ensemble du territoire ukrainien, et respecter pleinement son intégrité territoriale.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela), s’exprimant au nom d’un groupe d’États, s’est dit gravement préoccupé par les menaces actuelles et croissantes qui pèsent sur la Charte des Nations Unies, compte tenu du recours croissant à l’unilatéralisme et des tentatives répétées de revendiquer un « exceptionnalisme » inexistant.  Le représentant s’est ainsi élevé contre les tentatives de négliger, voire de remplacer, les objectifs et les principes inscrits dans la Charte par un nouvel ensemble de prétendues « règles » qui n’ont jamais été débattues de manière inclusive ou transparente.  Il a décrié ces approches sélectives qui n’ont à ses yeux pour objectif que de diviser notre monde en blocs.

Cette situation ainsi que l’application illégale de mesures coercitives unilatérales à l’encontre de plus de 30 pays dans le monde, qui affecte négativement la vie quotidienne de plus d’un tiers de l’humanité, ont non seulement créé une crise systémique dans l’ensemble des relations internationales, mais exacerbent désormais délibérément la crise mondiale multiforme, a dénoncé le représentant.  Il a dit être venu aujourd’hui délivrer un message central à l’adresse de ses pairs, qu’il a enjoint d’adhérer strictement à la Charte des Nations Unies, tant dans sa lettre que dans son esprit, pour faire de la paix et de la sécurité internationales une réalité pour tous. 

Cette paix ne pourra être atteinte que lorsque nous travaillerons de manière constructive les uns avec les autres et dans un esprit de compromis, a poursuivi le représentant, pour qui le recours continu à une rhétorique incendiaire, à des approches qui sèment la discorde ou à des actions irréfléchies, telles que la fourniture de moyens pour prolonger les conflits, ne servira jamais l’objectif de parvenir à une paix durable. 

C’est pourquoi, en tant que nations éprises de paix, les membres du groupe d’États réaffirment leur « attachement indéfectible à la Charte des Nations Unies », et appellent tous les membres responsables de la communauté internationale à offrir une fois pour toutes une chance à la paix.  « Nous avons la responsabilité partagée d’empêcher, par nos actions ou nos omissions, le conflit en Ukraine d’atteindre un point de non-retour », a affirmé le représentant.

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, le représentant vénézuélien a exhorté à empêcher que cette Assemblée générale continue d’être utilisée pour faire avancer des initiatives qui ne font pas l’objet d’un consensus, comme celle proposée dans le projet de résolution, et qui ne finissent que par nous éloigner du chemin qui devrait nous unir tous aujourd’hui: celui de la paix.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a rappelé que depuis le début de cette guerre, Singapour a adopté une position claire et cohérente selon laquelle l’invasion injustifiable de l’Ukraine par la Russie viole clairement les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.  « Et le Conseil de sécurité, dont la Russie est membre permanent, a malheureusement été incapable de s’acquitter de sa responsabilité première du maintien de la paix et la sécurité en raison du veto cynique intéressé de la Russie. »  Le délégué a regretté que la Russie ait ignoré les appels clairs et répétés de l’Assemblée générale à retirer immédiatement, complètement et sans condition ses forces militaires du territoire ukrainien et en respecter les frontières internationalement reconnues.  La Russie a également ignoré l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 16 mars 2022.  M. Gafoor a partagé les préoccupations exprimées dans le texte présenté par l’Ukraine sur les effets de la guerre sur les chaînes d’approvisionnement et les prix alimentaires et énergétiques mondiaux.  À cet égard, il a salué les efforts inlassables du Secrétaire général pour assurer un approvisionnement continu par le biais de l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Singapour exhorte tous les États Membres à voter « oui » sur ce projet de résolution, afin de manifester leur soutien au système multilatéral fondé sur des règles.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que la Russie avait systématiquement violé tous les principes fondamentaux du droit international humanitaire, avant d’insister sur les répercussions mondiales de l’agression russe.  « Soyons très clairs à propos de cette guerre: l’Ukraine ne voulait pas cette guerre, l’OTAN ne voulait pas cette guerre », c’est le seul dirigeant de la Russie qui a décidé de cette invasion, a dit le délégué, qui a insisté sur l’illicéité de l’agression russe.  Il a dit sa fierté de coparrainer le projet de résolution, qui insiste notamment sur l’importance de l’établissement des responsabilités pour une paix durable.  En conclusion, il a appelé tous les États à se joindre aux efforts visant à la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a appelé tous les États Membres à voter en faveur du projet de résolution, qui défend la Charte et souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine.  La Charte est notre bien commun, a-t-il dit, elle est notre rempart contre les assauts de ceux qui veulent faire prévaloir la loi du plus fort sur la force du droit.  Pour M. Maes, en lançant son agression à grande échelle, « une agression non provoquée, injustifiée et injustifiable contre l’Ukraine », le 24 février 2022, la Fédération de Russie a non seulement attaqué l’Ukraine, elle a aussi attaqué l’ordre international fondé sur la règle de droit, qui repose sur les dispositions fondamentales de la Charte des Nations Unies. 

Après avoir rappelé le bilan « effroyable de cette guerre d’agression lancée par la Russie avec l’implication du Bélarus », le représentant a estimé que le projet de résolution souligne à juste titre la nécessité de faire en sorte que les auteurs des crimes les plus graves au regard du droit international commis sur le territoire de l’Ukraine répondent de leurs actes et que justice soit rendue aux victimes.  Il a ensuite salué le travail de la Commission d’enquête établie par le Conseil des droits de l’homme, de même que le travail du Procureur de la Cour pénale internationale.  L’enquête menée par le Procureur, en coopération avec les autorités judiciaires ukrainiennes, permettra de traduire en justice les responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et du crime de génocide, a-t-il affirmé.  Il a plaidé pour la création d’un tribunal spécial à même de poursuivre les responsables de l’agression contre l’Ukraine, sur la recommandation de l’Assemblée générale des Nations Unies.  « Il ne saurait y avoir d’impunité pour le crime d’agression commis contre l’Ukraine », a-t-il déclaré. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé qu’il y a un an, les États Membres s’étaient réunis dans cette même salle alors que 130 000 soldats russes s’amassaient aux frontières de l’Ukraine et en Crimée illégalement annexée.  Nous étions nombreux à appeler à la désescalade, au dialogue et au respect de la Charte des Nations Unies, s’est-elle souvenue, et la Russie affirmait alors n’avoir aucune intention d’envahir le pays.  Pourtant, le lendemain, la Russie lançait son invasion à grande échelle, le Bélarus fournissant l’une des bases de départ.  Depuis, il y a eu des millions de civils déplacés et d’innombrables vies -ukrainiennes et russes– perdues, des centaines d’hôpitaux et des milliers d’écoles détruits et une génération de familles ukrainiennes marquées et traumatisées, a déploré la représentante.  Le monde entier a été affecté par ce conflit qui a eu pour répercussion une crise alimentaire et la hausse des prix de l’énergie.

En réaction, a souligné la représentante, l’Assemblée générale s’est réunie six fois au cours de l’année écoulée dans le cadre de sessions extraordinaires d’urgence.  Elle a demandé à plusieurs reprises à la Russie de mettre fin à son invasion et de se retirer d’Ukraine; elle a condamné les tentatives de la Russie d’annexer illégalement des territoires ukrainiens; et elle a réaffirmé le respect de la communauté internationale pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et exigé le respect de la Charte.  Et pourtant, la Russie continue, s’est indignée la déléguée. 

Pendant près de 365 jours, l’Ukraine a résisté, exerçant son droit de légitime défense en vertu de la Charte.  Mais au-delà de sa propre survie, ce que l’Ukraine veut vraiment -en fait ce que nous voulons tous, ce que nous n’avons cessé de réclamer- c’est une paix juste, a martelé la représentante.  Le Royaume-Uni appelle donc à voter en faveur de la résolution, qui souligne la nécessité d’une paix globale, juste et durable, « une paix qui garantit la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et qui met fin à l’agression constante de la Russie ».  Un vote en faveur de cette résolution est un vote pour la paix et la Charte des Nations Unies, a conclu la représentante. 

Mme HALLUM (Nouvelle-Zélande) a réitéré la condamnation sans équivoque par son pays de l’agression russe contre l’Ukraine.  Appelant de nouveau la Russie à agir dans le respect de la Charte des Nations Unies et des décisions contraignantes de la Cour internationale de justice, la représentante a estimé que la Russie avait le devoir d’agir conformément à ses responsabilités de membre permanent du Conseil.  La position néo-zélandaise est reflétée dans ses actes, à savoir un soutien diplomatique, économique et militaire sans précédent à la légitime défense de l’Ukraine.  Les principes en jeu -respect du droit international, défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale par la Charte des Nations Unies- sont d’une importance capitale pour la paix et la stabilité des « petits États ».  Le temps qui passe ne diminue en rien l’opposition de la Nouvelle-Zélande à l’agression russe contre l’Ukraine, a ajouté la déléguée, qui a appelé tous les États à maintenir la pression sur la Russie pour montrer que ses actions ne demeureront pas sans conséquence.

M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a souligné que depuis le début de la crise, son pays a adopté une position de principe en rejetant la guerre en Ukraine et en la qualifiant d’inacceptable.  Nous avons également essayé de faciliter la diplomatie à un stade précoce à la fois à Antalya et à Istanbul, a-t-il ajouté, rappelant que son pays a coparrainé ou voté en faveur de toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la question.  En effet, notre position est un prolongement naturel de notre opposition à l’annexion illégale de la Crimée, a encore dit le représentant, avant de réaffirmer le soutien plein et entier de la Türkiye à l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine.  Le représentant a estimé que « la trajectoire de la crise ne peut pas être décidée uniquement par la dynamique du champ de bataille », proposant qu’une vision claire pour mettre fin à cette guerre par la « diplomatie » soit élaborée le plus tôt possible.  À cet égard, il a préconisé de concentrer les efforts sur l’élaboration des contours d’une paix réaliste, durable et surtout viable.  L’Initiative céréalière de la mer Noire a prouvé que la diplomatie peut donner des résultats, a-t-il souligné.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) s’est félicitée que le paragraphe 2 du dispositif du projet de résolution soumis à l’Assemblée générale appelle les États Membres et les organisations internationales à redoubler d’appui aux efforts diplomatiques pour parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies.  Précisant que son pays s’est porté coauteur du texte, la représentante a jugé essentiel d’arrêter la spirale d’un conflit qui ébranle les fondements du système international et se traduit par une perte de confiance dans le multilatéralisme et la démocratie.  Cette guerre exacerbe en outre la polarisation, les divisions et les discours de haine, alors que ce dont nous avons le plus besoin est l’unité, a-t-elle ajouté, avant de s’alarmer de la détérioration du régime de maîtrise des armements construit au fil des décennies.  Nous pensons qu’il est urgent qu’un dialogue sur la sécurité stratégique s’instaure entre les États dotés de l’arme nucléaire, a déclaré la déléguée, pour qui ce processus doit être soutenu par des régimes de vérification solides et crédibles.  Ce sombre tableau de la situation doit selon elle être un encouragement à créer les conditions d’une solution pacifique à ce conflit et à faire en sorte que les obligations assumées soient remplies de bonne foi. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) s’est dit troublé qu’après une année de tragédies et de souffrances indicibles, l’espoir d’une résolution pacifique du conflit en Ukraine demeure si mince.  Il est déplorable que nous devions débattre aujourd’hui, au XXIe siècle, d’une guerre d’agression perpétrée par un membre permanent du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, pour qui l’invasion militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie et l’annexion de territoires sont autant d’atteintes aux principes du système international que nous défendons depuis sept décennies.  Du fait du recours au veto par la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de s’acquitter des responsabilités qui lui incombent, et il revient à l’Assemblée générale d’agir d’une voix forte et unie, a-t-il relevé.  En tant que pays fondé et reconstruit avec l’aide cruciale des Nations Unies, la République de Corée estime que la résolution considérée aujourd’hui porte sur nos valeurs et principes communs, ainsi que sur le respect de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a exhorté la Fédération de Russie à faire le choix de retirer immédiatement et sans condition ses forces du territoire ukrainien, comme elle a fait le choix de lancer une invasion il y un an.  Une guerre prolongée ne fera que renforcer la solidarité internationale contre la Russie, au détriment de ses intérêts, a-t-il averti. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a rappelé que, depuis le début de cette onzième session extraordinaire d’urgence, l’Assemblée générale a adopté cinq résolutions centrées sur la défense de l’intégrité territoriale, les garanties d’accès humanitaire, la protection des civils et la responsabilité.  L’Assemblée générale, a-t-il noté, a également le devoir de promouvoir le respect de l’arrêt de la Cour internationale de Justice du 16 mars 2022, par lequel la plus haute instance judiciaire de l’ONU a ordonné à la Fédération de Russie de cesser immédiatement ses opérations militaires en Ukraine.  Si de grandes divergences de vues existent parmi les États Membres, deux facteurs les rassemblent, a ajouté le représentant: la reconnaissance de la validité des principes de la Charte des Nation Unies et l’objectif plus vaste de la paix.  Pour ces raisons, l’Équateur s’est porté coauteur du projet de résolution, qui, entre autres dispositions, demande la fin des hostilités et souligne la nécessité de parvenir à une paix générale, juste et durable la paix en Ukraine dès que possible.  Appelant à voter pour ce texte, il a en revanche dénoncé les amendements « diviseurs » soumis par le Bélarus. 

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a réaffirmé le communiqué de Palikir du vingt-et-unième Sommet des présidents micronésiens du 13 février 2023, dans lequel les cinq dirigeants des nations insulaires micronésiennes ont condamné l’invasion illégale, brutale et injustifiée de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Elle a rappelé leur position selon laquelle l’état de droit, l’ordre international fondé sur des règles et le respect de la souveraineté et des droits humains doivent prévaloir.  Soulignant que ces petites îles se situent dans les vastes étendues de l’océan Pacifique Nord, « à l’autre bout du monde », elle a dit que leur position est néanmoins la même que celle de nations démocratiques attachées à la responsabilité et aux droits humains fondamentaux.  En tant que petits pays de populations vulnérables, nous comptons étroitement sur des résultats multilatéraux efficaces, a-t-elle reconnu en qualifiant de crimes contre l’humanité les atrocités planifiées commises par « la Russie et ses acteurs » dans son agression contre l’Ukraine, qui sont documentées.

Rappelant que l’ONU est née d’un engagement clair à ne plus jamais répéter les atrocités et l’instabilité, elle a attiré l’attention sur la mise à l’épreuve que constitue cette agression russe.  Mais même si le Conseil de sécurité est dysfonctionnel avec notamment le droit de veto, cela ne fera pas taire l’Assemblée générale, a-t-elle tempéré en misant sur la Charte des Nations Unies et sur les États Membres qui sont chargés de traduire ces nobles paroles en réalité.  De plus, face aux atrocités épouvantables constatées en un an, notamment les enlèvements d’enfants, elle a souligné que des mécanismes de responsabilisation sont maintenant à l’œuvre.  Nous sommes plus forts ensemble et nous ne serons pas divisés, a-t-elle conclu en annonçant son appui au projet de résolution L.7.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a affirmé que son pays continuera d’être solidaire de l’Ukraine en soutenant le texte qu’elle propose.  Il a rappelé qu’Israël a commencé à apporter son soutien à l’Ukraine une semaine après le début de la guerre.  Il y a quelques semaines, Israël lui a envoyé des ambulances blindées en plus d’avoir établi en Ukraine un hôpital de campagne doté d’équipement permettant de pratiquer la télémédecine.  De plus, des centaines de patients ukrainiens sont soignés en Israël avec des techniques de pointe que maîtrisent des médecins israéliens, a encore détaillé le représentant.  Dans le même temps, a-t-il ajouté, Israël assure la formation de professionnels ukrainiens dans le domaine des soins post-traumatiques.  Le délégué a demandé à la communauté internationale de ne point baisser le niveau de son soutien à l’Ukraine.  Il a affirmé que le « régime iranien » envoie des armes pour tuer des Ukrainiens et qu’il entend désormais les exporter dans plusieurs sites à travers le monde.  « Imaginez ce qu’il en sera quand ils auront l’arme nucléaire », a-t-il lancé en plaidant pour que cela n’arrive jamais. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a réitéré la position de principe de son pays selon laquelle les États doivent agir dans le plein respect de la Charte des Nations Unies, promouvoir des actions visant à éviter l’escalade des tensions et favoriser le dialogue et la négociation pour parvenir à une résolution pacifique des différends.  Le représentant a d’autre part rappelé que le Mexique, lorsqu’il était membre du Conseil de sécurité, a élaboré avec la France le projet qui a servi de base à la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 24 mars 2022 dans le but de réduire les souffrances de la population civile affectée par la guerre en Ukraine.  Réaffirmant que les violations du droit international ne doivent pas rester impunies, il a indiqué que son pays soutient les procédures judiciaires engagées devant la Cour pénale internationale et la Cour internationale de Justice.  Pour ces raisons, le Mexique appuie le projet de résolution soumis à l’examen des États Membres, a-t-il dit, regrettant que des projets d’amendement au texte aient été soumis à la dernière minute. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) s’est dit fier de coparrainer un projet de résolution qui souligne la nécessité d’une paix globale, juste et durable en Ukraine.  Un an après le début de l’invasion illégale et immorale de l’Ukraine par la Russie, cette agression ne peut être « ni normalisée ni minimisée », a-t-il dit, appelant tous les États Membres à démontrer leur engagement à faire respecter le droit international, en particulier la Charte des Nations Unies.  Cela confirmera que nous n’accepterons pas une situation où les grands pays déterminent le sort des petits, a fait valoir le représentant, avant de rappeler que ce conflit déclenché par la Russie affecte toutes les nations et tous les peuples.  Enjoignant à la Russie de mettre fin à « sa guerre » et de se retirer sans condition du territoire ukrainien, conformément à la décision juridiquement contraignante de la Cour internationale de Justice, il a ajouté que les préjudices subis par l’Ukraine du fait des violations du droit international par la Russie exigent une réparation intégrale de la part de la Russie. 

Le représentant a d’autre part réaffirmé que ceux qui fournissent un soutien matériel à la Russie en subiront les conséquences, indiquant à cet égard que l’Australie a imposé des sanctions aux entités bélarussiennes et iraniennes impliquées dans les efforts de guerre russes.  Il a, enfin, assuré que son pays continuerait à soutenir le travail important de la Cour pénale internationale et de la commission d’enquête indépendante des Nations Unies, afin de garantir la redevabilité pour les crimes internationaux commis en Ukraine. 

M. JEEM LIPPWE (Micronésie) a noté que voilà un an que l’Assemblée générale a adopté une résolution exigeant un arrêt immédiat des hostilités engagées par la Russie contre l’Ukraine.  Depuis, le conflit n’a fait que s’intensifier, accompagné de violations des droit humains contre le peuple ukrainien, a-t-il constaté, jugeant déconcertant que la Russie ignore l’appel de la communauté internationale en faveur de l’arrêt des combats et du retrait de ses forces du territoire de l’Ukraine.  Dans ce contexte, il a exprimé sa gratitude aux voisins de l’Ukraine qui continuent de fournir de la nourriture, un logement et une protection aux plus vulnérables.  Le projet de résolution présenté aujourd’hui essaie de se tourner vers l’avenir, a souligné le représentant, saluant un texte qui souligne la nécessité de parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément aux principes du Charte, et qui réaffirme la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. 

Mme SARAH SAFYN FYNEAH (Libéria) a appelé la communauté internationale à démontrer sa volonté à défendre les principes de la Charte des Nations Unies.  Elle a déclaré que le monde ne peut rester les bras croisés à ne rien faire devant la guerre en Ukraine, avertissant que la postérité nous jugera.  Le respect de la Charte est le moyen de faire face aux problèmes de paix et de sécurité, a-t-elle assuré.  Et ne rien faire menace le tissu même des Nations Unies, a-t-elle averti en rappelant que le Libéria est l’un des auteurs du projet de résolution qui sera examiné. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a déploré les milliards de dollars dépensés pour des guerres alors que les ressources manquent pour la paix, le développement, la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et l’adaptation aux changements climatiques.

Il a plaidé pour que tous les différends soient résolus par des moyens pacifiques et des solutions globales et durables.  C’est pourquoi, le représentant a appelé les parties concernées à reprendre d’urgence le dialogue et les négociations pacifiques pour parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, en tenant compte des intérêts et des besoins légitimes des parties, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Sur un autre registre, il a demandé instamment à l’ONU, aux États Membres et aux partenaires internationaux de continuer à intensifier l’aide humanitaire pour les personnes touchées par le conflit en Ukraine.  Le Viet Nam soutient les efforts et les initiatives internationales, y compris ceux de l’ONU et du Secrétaire général, visant à rassembler toutes les parties, a-t-il assuré. 

Dans cet esprit, il a souhaité que les résultats des initiatives en cours, telles que l’Initiative céréalière de la mer Noire, servent de base à la recherche d’une solution globale au conflit. 

Pour finir, le représentant a fait part de la disposition de son pays, à contribuer aux efforts diplomatiques ainsi qu’à la reconstruction, au redressement et à l’assistance en Ukraine.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a réaffirmé la position de son pays qui se tient fermement aux côtés de l’Ukraine pour demander une paix juste et durable selon les principes de la Charte des Nations Unies, dans le cadre du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il a regretté les conséquences de cette guerre sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), déjà mis à mal par la pandémie de COVID-19, et déploré les victimes et l’impact de ce conflit sur la vie des personnes qui ont été et continuent d’être affectées.  Seule la paix peut apporter un nouveau lendemain, un nouvel avenir, a-t-il défendu.  C’est pourquoi, il a exhorté les parties à le construire et à promouvoir un dialogue pour une paix durable.  Pour toutes ces raisons, le Pérou s’est porté coauteur de la résolution, a indiqué le représentant.

Mme JEANETT VEA (Tonga) a appelé, un an après le début de l’invasion de l’Ukraine par son voisin, à rechercher des moyens pacifiques de règlement de ce conflit, tels que les prévoit la Charte des Nations Unies.  Il y a 77 ans, a-t-elle rappelé, après avoir vécu les horreurs et les destructions de la guerre, nos prédécesseurs se sont réunis pour établir cette auguste instance, suscitant l’espoir d’une humanité capable de créer, de partager et de sauvegarder une paix durable pour tous.  C’est pourquoi nous appuyons le projet de résolution dont nous sommes saisis, a expliqué la représentante, soulignant le fait que les principes de la Charte sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine.  Dans cet esprit, elle a appelé les parties au conflit à rechercher tous les moyens disponibles pour retourner sur la voie de la diplomatie.  « Il n’est jamais trop tard pour revenir à la diplomatie », a-t-elle conclu. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) s’est dit profondément préoccupé par la situation en Ukraine et a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à œuvrer à la cessation des hostilités, afin d’instaurer la paix, la sécurité et la stabilité dans la région.  Le représentant a déploré les conséquences de ce conflit sur tous les pays, détaillant son impact sur la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, sur l’inflation ainsi que sur la dette en plus d’une augmentation du niveau de la migration forcée.  Voilà une année que le conflit a été déclenché avec ses graves conséquences tant en Ukraine que dans le reste du monde, s’est-il impatienté.  Durant cette période, cette Assemblée s’est déjà réunie cinq fois et a adopté par vote un certain nombre de résolutions, a-t-il rappelé.  Un an plus tard, « nous n’avons toujours pas trouvé de solution et nous n’en voyons pas non plus en vue », a déploré le représentant.  Bien au contraire, a-t-il fait observer, les conséquences négatives de la guerre et des conflits continuent de se répercuter dans le monde entier.  Il a donc lancé un appel aux principales parties et à la communauté internationale pour qu’elles se tournent sans plus tarder vers d’autres mécanismes afin de parvenir à un véritable dialogue et une recherche sincère de la paix.  Pour finir, il a espéré que la résolution présentée, si elle est adoptée, contribuera à cet effort et ne sera pas utilisée comme une nouvelle étape vers des récriminations et des prises de position qui aggraveraient une situation déjà explosive.

M. VLADIMIR VUČINIĆ (Monténégro) a estimé que le fait qu’un membre permanent du Conseil de sécurité, de surcroît État doté de l’arme nucléaire, ait recouru à la force pour porter atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de son voisin « devrait glacer le sang de tout le monde ».  Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a-t-il constaté, la paix et la sécurité internationales, sur la réalisation desquelles ont été bâties les Nations Unies, sont gravement menacées, « sans doute dans une mesure jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale ».  Face à cette guerre, qui ramène à « l’ère sombre de la force brute dans les relations internationales » et dont les retombées se traduisent par des crises énergétiques, alimentaires et financières à travers le monde, il importe de renforcer le multilatéralisme, a plaidé le représentant.  Pour soutenir l’Ukraine et défendre la Charte des Nations Unies, nous devons agir de manière décisive, a-t-il ajouté, précisant que, pour ces raisons, le Monténégro votera en faveur du projet de résolution. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) s’est inquiété des effets de cette guerre qui a déjà fait de nombreuses victimes et engendré des souffrances pour des millions de citoyens.  Il a déploré à cet égard les difficultés auxquelles se heurtent la majorité des pays du monde, en particulier ceux en développement. 

S’il a dit apprécier les efforts onusiens et internationaux pour mettre un terme à cette guerre et contenir ses effets, il a regretté néanmoins l’arrêt de toute communication entre les parties au conflit ainsi que l’intensification des opérations militaires, craignant leurs conséquences catastrophiques pour la région et le monde.  Or, a-t-il estimé, les solutions militaires ne peuvent jamais résoudre toutes les problématiques.  Le délégué a insisté sur le fait qu’il n’y a pas d’alternative au dialogue, aux négociations et aux moyens pacifiques pour le règlement des différends et parvenir à des solutions consensuelles basées sur les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies. 

La responsabilité collective nous oblige donc à mettre la paix et la sécurité ainsi que la protection des vies en tête de nos priorités et au-delà de tout autre considération, a-t-il plaidé.  Le représentant a, en outre, souhaité voir la communauté internationale aborder toutes les questions ayant trait aux souffrances humaines dans le monde, qui se poursuivent depuis des dizaines d’années, comme au Moyen-Orient.  Il faut aborder ces questions sur un pied d’égalité, en respectant le caractère inaliénable des droits et les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a dénoncé « l’hypocrisie » des Occidentaux qui parlent de paix alors qu’ils envoient des armes en Ukraine.  Dans le même temps, ces pays briment les États qui veulent coopérer avec la Russie, a-t-il déploré.  Il a encore accusé ces pays de lancer également des attaques contre d’autres États au prétexte de protéger leur sécurité.  Il a dit que son propre pays en est victime, alors que ces pays se trouvent à des milliers de kilomètres du sien.  Dans la même veine, il a relevé que ces pays ne disent rien quand Israël attaque et bombarde la Syrie.  Il les a accusés de faire du deux poids, deux mesures.  Venant au projet de résolution, il l’a jugé « pas du tout objectif ».  Le délégué a, en revanche, dit soutenir les amendements présentés par le Bélarus qui demande que l’on traite des causes profondes du conflit. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a réitéré sa ferme condamnation de l’agression contre l’Ukraine et exhorté la Fédération de Russie à cesser immédiatement l’usage illégitime de la force et les opérations militaires sur le territoire ukrainien.  Estimant que la diplomatie et le dialogue restent les seuls moyens d’éviter de nouvelles souffrances, la représentante a exprimé son soutien aux efforts du Secrétaire général et des autres acteurs qui continuent d’œuvrer pour faciliter un compromis constructif entre les parties.  Elle a relevé à cet égard que l’Initiative céréalière de la mer Noire a constitué une lueur d’espoir pour ceux qui croient en une solution diplomatique à ce conflit.  Alors qu’un an s’est écoulé depuis le début de la guerre et que les attaques contre les populations et les infrastructures civiles se poursuivent, elle a demandé aux parties de permettre un accès sans restriction à toutes les zones peuplées, y compris dans les territoires occupés.  Elle s’est par ailleurs prononcée pour la destruction totale des armes nucléaires, qui menacent la planète de destruction.  Face à cette guerre catastrophique pour l’Ukraine et son peuple, et dont les conséquences affectent le monde entier, l’Argentine continuera de promouvoir le dialogue et un règlement pacifique, a-t-elle conclu. 

Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a salué la bravoure, la force et le courage des Ukrainiens, qui ont tenu bon et défendu leur indépendance et leur patrie.  La Russie aurait pu envisager une victoire rapide, étant donné sa taille et sa puissance, mais au lieu de cela, dans les ruines pulvérisées du Donbass et dans les abris antibombes, les Ukrainiens se sont forgés à nouveau en une démocratie unifiée et plus résistante, a remarqué la déléguée.  Alors que la campagne offensive de la Russie et sa revendication illégitime de souveraineté sur plusieurs régions d’Ukraine ne montrent aucun signe d’apaisement, elle a exhorté les États Membres à approfondir les engagements communs, non seulement pour obtenir une résolution juste du conflit dans laquelle l’intégrité territoriale de l’Ukraine est maintenue, mais aussi une résolution dans laquelle les victimes des nombreuses et graves violations qui ont été commises peuvent obtenir justice et réparation.  Si l’Ukraine prospère, il en va de même pour un ordre international fondé sur des règles, et la leçon se répercutera dans le monde entier, a-t-elle argué en espérant que cela soit le prologue d’une paix plus stable.  C’est pourquoi, a conclu la représentante, les Palaos voteront en faveur du projet de résolution.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a expliqué que son pays a pris des mesures pour soutenir de manière continue le peuple ukrainien.  Il a prôné le règlement pacifique de tout différend, dans le respect des normes internationales.  Il a encouragé le dialogue entre les parties à cette fin. 

M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a jugé inconcevable que nous soyons ici aujourd’hui pour discuter d’une guerre non provoquée et injustifiée, qui a commencé il y a un an.  « Une guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine, en pleine violation de la Charte des Nations Unies, du droit international et de tous les principes et valeurs qui nous unissent », a-t-il dit.  Face à une telle agression, il a salué le courage et la détermination du peuple ukrainien.  Un peuple qui lutte contre une menace à laquelle doit être confrontée la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il souligné.  Le représentant a assuré que la Grèce continue de fournir une aide humanitaire tant en Ukraine qu’aux réfugiés ukrainiens accueillis dans les pays voisins.  Il a ajouté que la Grèce s’est engagée à être présente dans les efforts de reconstruction de l’Ukraine.  Une communauté grecque autrefois florissante vivait principalement dans des régions maintenant sous occupation russe, a-t-il souligné en évoquant notamment la ville de Marioupol qui est aujourd’hui une ville fantôme.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a appelé d’emblée à ne pas oublier que la paix est possible.  Pour cela, les parties doivent être ouvertes au dialogue, a-t-il expliqué.  Le pape François, a-t-il rapporté, a lancé un appel du fond du cœur pour que les armes se taisent et pour que les conditions soient réunies en vue de commencer les négociations menant à des solutions consensuelles, et non imposées par la force.  Décriant le caractère inhumain de la guerre moderne et ses conséquences sur les enfants notamment, il a aussi jugé répréhensible la tactique qui consiste à traiter les soldats comme des objets de consommation, plutôt que des êtres humains dignes.  Le pape a exprimé sa proximité avec les innocents en Ukraine, en évoquant « le martyre de l’agression », a cité le nonce en demandant de s’abstenir d’évacuer des enfants vers un territoire étranger sans motif médical impérieux et accord écrit des personnes qui en ont la charge ou de modifier leur « statut personnel ».  Il a aussi plaidé en faveur de la réunification des familles.  Le nonce a aussi averti que la guerre visant sans discernement à la destruction de villes entières et de leur population est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, ce qui mérite une condamnation sans équivoque et sans hésitation.  Le Saint-Siège, a-t-il poursuivi, salue la mise en œuvre de l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Condamnant par ailleurs la menace rhétorique d’utilisation de l’arme nucléaire, il a soutenu les efforts de l’AIEA de créer une zone de protection autour de la centrale de Zaporijia.  Il a conclu en appelant à une réforme du système multilatéral, qui respecte le principe de l’égalité de souveraineté des États, et en lançant un appel au dialogue et à la diplomatie.

Pour l’Observateur permanent de l’Ordre souverain de Malte, M. PAUL BERESFORD-HILL, il paraît évident que la guerre ne va pas s’arrêter de sitôt.  De ce fait, nous devons renforcer notre soutien humanitaire à l’Ukraine, a-t-il prié.  C’est d’ailleurs ce que font l’Ordre souverain de Malte et d’autres organisations caritatives catholiques installées aux frontières du pays, qui apportent un soutien multiforme aux populations affectées.  Le délégué a appelé l’humanité à prendre conscience que nous ne pouvons pas nous permettre de mener des guerres alors que nous voulons remporter la bataille du climat et du développement durable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des Palestiniens: face aux tensions croissantes, le Secrétaire général appelle à mettre fin aux mesures unilatérales qui alimentent le conflit

410e séance – matin
AG/PAL/1449

Comité des Palestiniens: face aux tensions croissantes, le Secrétaire général appelle à mettre fin aux mesures unilatérales qui alimentent le conflit

Dans un contexte marqué par des tensions politiques accrues et l’enlisement du processus de paix au Moyen-Orient, le Secrétaire général a exhorté les parties à mettre un terme aux mesures unilatérales qui alimentent le conflit, ce matin, devant le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.  Le Comité, qui a renouvelé le mandat de son Président, M. Cheikh Niang, du Sénégal, a également adopté son programme de travail pour 2023. 

« La situation dans les territoires occupés est, plus que jamais depuis des années, une poudrière », s’est alarmé M. António Guterres, en faisant état d’une opération des forces armées israéliennes et d’affrontements ayant fait 10 morts et plus de 80 blessés, ce matin même, à Naplouse.  Le haut fonctionnaire a exprimé sa profonde préoccupation face aux opérations militaires et aux attaques récentes menées contre des civils, qui ont fait de nombreuses victimes, ainsi qu’à la violence liée aux colons qui accompagne l’expansion des colonies de peuplement.  « L’incitation à la violence ne mènera nulle part et doit être rejetée par tous », a prévenu le Secrétaire général.

Même constat de la part du Président du Comité, qui a fait état d’une escalade « alarmante » de la situation sécuritaire dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, tandis que les politiques « illégales » d’Israël continuent d’entraver les droits des Palestiniens et la concrétisation de la solution des deux États.  Comme le Secrétaire général et de nombreuses délégations, M. Cheikh Niang a appelé les parties à préserver le statu quo des Lieux saints et à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible d’attiser les tensions.

Après avoir appris ce matin, à son réveil, la nouvelle d’un « nouveau massacre » perpétré dans les territoires occupés, l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad H. Mansour a demandé une plus grande sécurité pour les civils palestiniens ainsi que la mise en œuvre de l’ensemble des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui appellent notamment à désarmer les colons israéliens et à autoriser une présence internationale dans les zones occupées.

Pendant que la population palestinienne évite les déplacements par peur des colons, le Gouvernement israélien légalise neuf nouveaux avant-postes et compte accroître ses fournitures d’armes aux colons, a déploré M. Mansour.  Il en va, selon lui, de la crédibilité de l’Organisation: « le Gouvernement israélien actuel n’a pas commis le carnage de Naplouse par accident.  Non: le Gouvernement israélien connaît les décisions prises mais sait que “rien ne suit”», a-t-il relevé. 

Les mesures punitives prises par Israël à la suite de la résolution de l’Assemblée générale demandant un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) au sujet de l’occupation pourraient déstabiliser davantage la situation financière et institutionnelle de l’Autorité palestinienne, s’est encore inquiété le Secrétaire général.  « Nous ne pouvons pas perdre de vue l’objectif longtemps recherché de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution à deux États », a encore dit M. Guterres, en réitérant son attachement à une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, permettant la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien. 

À cet égard, la déclaration présidentielle adoptée le 20 février dernier par le Conseil de sécurité a reçu l’aval de nombreuses délégations, qui l’ont toutefois considérée « insuffisante », alors que des crimes continuent d’être commis contre le peuple palestinien.  Pour la Türkiye, cependant, cette déclaration constitue un pas en avant pour mettre un terme à cette « situation alarmante ».  La Chine a évoqué de son côté l’opposition ferme exprimée lundi dernier par les membres du Conseil face aux mesures unilatérales qui entravent la paix, telles que la construction de colonies par Israël.

Après avoir exprimé son appui à la demande d’avis consultatif de la CIJ par l’Assemblée générale, l’Égypte a jugé essentiel de veiller à ce que la question palestinienne reste au cœur des préoccupations de la communauté internationale afin de préserver le droit des Palestiniens à un État indépendant.  Une opinion partagée par la Tunisie, qui s’est félicitée de l’ouverture du Comité à des organisations régionales et à la société civile, afin d’attirer l’attention sur les « violations graves » commises par la Puissance occupante. 

Pour la Jordanie, la question palestinienne se trouve aujourd’hui à un « tournant » du fait de l’imbrication de facteurs régionaux et de l’élection du gouvernement « le plus extrémiste et le plus à droite » de l’histoire d’Israël.  Toutefois, a rappelé la Namibie, « il n’existe pas de plan B à la solution des deux États ». 

En début de séance, le Comité a adopté son programme de travail* pour 2023, qui prévoit notamment le soutien du Bureau à la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale visant à solliciter l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant l’occupation du Territoire palestinien occupé.  Le 15 mai 2023, le Comité commémorera le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba en organisant un événement de haut niveau à l’Assemblée générale. 

Le Comité a en outre reconduit dans leurs fonctions les Vice-Présidents sortants M. Pedro Luis Pedroso Cuesta, de Cuba; M. Arrmanatha Christiawan Nasir, de l’Indonésie; M. Neville Melvin Gertze, de la Namibie; et M. Jaime Hermida Castillo, du Nicaragua.  Le Président poursuivra ses consultations avec les membres du Comité afin de pourvoir un poste vacant de vice-président et un autre de rapporteur.

La prochaine réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* A/AC.183/2023/L.3

DÉCLARATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a fait part de sa profonde préoccupation face à la violence persistante en Cisjordanie occupée et en Israël, dans un contexte de tensions politiques accrues et d’enlisement du processus de paix.  « La situation dans les territoires occupés est, plus que jamais depuis des années, une poudrière », s’est alarmé le Secrétaire général, en faisant état d’une opération des forces armées israéliennes et d’affrontements qui ont fait 10 morts et plus de 80 blessés, ce matin, à Naplouse.  Devant les tensions croissantes s’agissant des Lieux saints de Jérusalem, il a appelé les parties à préserver le statu quo et à éviter toute action provocatrice.  M. Guterres s’est en outre inquiété des récentes attaques menées contre des civils et des opérations militaires, qui ont fait de nombreuses victimes.  L’expansion continue des colonies de peuplement, les expulsions, les démolitions et la violence liée aux colons menacent l’État palestinien et entravent la capacité du peuple palestinien à vivre en paix et en sécurité, s’est alarmé le Secrétaire général, en demandant la cessation des mesures unilatérales qui alimentent le conflit.  « L’incitation à la violence ne mènera nulle part et doit être rejetée par tous », a-t-il argué. 

Les mesures punitives prises par Israël à l’encontre de l’Autorité palestinienne à la suite de la résolution de l’Assemblée générale demandant un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant l’occupation pourraient déstabiliser davantage la situation financière et institutionnelle de l’Autorité palestinienne, s’est encore inquiété le Secrétaire général.  De même, les tendances violentes qui ont dominé 2022 continuent de faire payer un lourd tribut humain aux Palestiniens et aux Israéliens, et se traduisent notamment par une augmentation alarmante du nombre de décès de femmes et d’enfants palestiniens.  « Les auteurs de tous les actes de violence doivent répondre de leurs actes », a-t-il martelé.  « Rien ne saurait justifier les actes de terrorisme. »

Estimant que le règlement du conflit israélo-palestinien constitue un élément clef d’une paix durable au Moyen-Orient, M. Guterres s’est félicité de l’engagement positif des dirigeants israéliens et palestiniens, tout en déplorant l’absence prolongée de dialogue politique.  Il a réitéré à cet égard l’appui de l’ONU à la reprise des négociations directes entre les parties.  Dans cette optique, le haut fonctionnaire a salué les efforts visant à faire progresser la réconciliation intrapalestinienne et à ramener un gouvernement palestinien légitime à Gaza.  Il a également salué la décision d’Israël d’assouplir certaines restrictions à la circulation des personnes et des biens à destination et en provenance des territoires occupés, tout en appelant à la levée complète des fermetures « débilitantes », conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité.  M. Guterres a par ailleurs encouragé les États Membres à apporter leur appui à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui demeure une « bouée de sauvetage » pour les réfugiés palestiniens. 

« Nous ne pouvons pas perdre de vue l’objectif longtemps recherché de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution à deux États », a conclu le Secrétaire général, en réitérant son attachement à une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, à même de réaliser les droits inaliénables du peuple palestinien, conformément au droit international, aux résolutions pertinentes de l’ONU et aux accords antérieurs.

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, s’est dit honoré, en son nom et en celui de son pays, le Sénégal, d’être reconduit à la tête du Comité.  Il a débuté cette première séance de la session de 2023 du Comité en constatant que l’année précédente a été particulièrement difficile pour le peuple palestinien, avec le plus grand nombre de décès enregistrés par l’ONU depuis qu’ils ont commencé à être documentés en 2005.  La poursuite de l’occupation a entraîné le déplacement supplémentaire de centaines de milliers de personnes, y compris de Jérusalem-Est, tandis que les politiques illégales d’Israël portent gravement atteinte aux droits des Palestiniens à un avenir d’indépendance et à la solution des deux États, a-t-il relevé, faisant état d’une évolution alarmante de la situation, marquée par des attaques, des violences et des opérations militaires.  En 2023, on semble voir le cycle de violence se poursuivre dans un contexte de blocage du processus de paix, a observé M. Niang, avant de souligner l’importance du statu quo des Lieux saints, tel que garanti par le Royaume de Jordanie.  Saluant la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 20 février dernier, qui condamne la politique de colonisation illégale d’Israël, il s’est dit persuadé que le meilleur moyen de favoriser une paix durable est de renoncer à toute forme de violence et de politique du fait accompli en vue de retourner à la table des négociations.  Dans cette perspective, il convient selon lui d’œuvrer à la relance du processus en mettant sur la table toutes les questions en suspens.  Il importe également que toutes les parties s’abstiennent d’actions unilatérales susceptibles d’attiser les tensions, a ajouté le Président du Comité, qui a une nouvelle fois condamné toutes les formes de violence, quels qu’en soient les auteurs et l’origine.  M. Niang a invité Israël et la communauté internationale à veiller à ce que les droits inaliénables du peuple palestinien soient respectés et maintenus, y compris celui de vivre dans la paix et la liberté dans un État indépendant.  Il a par ailleurs rappelé que l’UNRWA continue d’être confronté à de graves problèmes financiers, exhortant les États Membres à soutenir son action pour les réfugiés palestiniens.  Il a enfin assuré le Secrétaire général que le Comité accompagnera ses efforts visant à promouvoir la solution des deux États.   

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a d’abord dit s’être réveillé aujourd’hui en apprenant un « nouveau massacre » perpétré par l’armée israélienne il y a quelques heures dans la ville de Naplouse, agression ayant coûté la vie à 10 Palestiniens, y compris des enfants et des personnes âgées, et ayant blessé 102 personnes, selon un bilan encore provisoire.  2022 fut l’année la plus sanglante dans les territoires depuis le début, en 2005, des relevés effectués par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA); 2023 s’annonce encore plus meurtrière.  Le représentant s’est insurgé contre ces violences et s’est fait l’écho de l’appel du peuple palestinien demandant plus de sécurité, ainsi qu’un accès par les forces d’occupation aux travailleurs humanitaires vers les zones en proie aux violences, accès aujourd’hui injustement nié et bloqué.

Le représentant a demandé la mise en œuvre de toutes les résolutions du Conseil, y compris la résolution 904 (1994), adoptée après un massacre commis à Hébron.  Ces résolutions appellent à désarmer les colons israéliens et à autoriser une présence internationale temporaire dans les zones occupées.  Le dernier rapport du Secrétaire général a demandé d’étendre les mécanismes existants pour fournir plus de protection aux populations: M. Mansour a vivement demandé que ces mécanismes soient mis en œuvre pour de bon.  Ces zones se trouvent sous le contrôle total des autorités palestiniennes, l’armée israélienne ne peut donc s’y rendre pour y semer la terreur et la désolation, a-t-il martelé. 

Évoquant une explosion de violence à venir si rien n’est fait, ainsi que les nombreuses réunions consacrées au conflit au Conseil de sécurité en raison de la « politique israélienne violente », le délégué palestinien a affirmé que si le Conseil de sécurité agissait pour de bon dans d’autres contextes de par le monde, ses résolutions adoptées devraient également être appliquées dans le cas du conflit israélo-palestinien. 

La population palestinienne évite les déplacements par peur des colons, et le Gouvernement israélien va leur fournir encore davantage d’armes.  M. Mansour a dit perdre sa crédibilité quand il annonçait à son peuple l’adoption de résolutions du Conseil qui ne sont finalement jamais suivies d’effets.  L’ONU, elle aussi, est en train de perdre sa crédibilité pour les mêmes raisons.  Alors que « les résolutions ne prennent pas corps », le Gouvernement israélien actuel n’a pas commis le récent carnage de Naplouse par accident.  Non: le Gouvernement israélien connaît les décisions prises mais sait que « rien ne suit ».  La communauté internationale doit mettre en œuvre ces résolutions pour de bon et protéger la population palestinienne.

M. Mansour a enfin annoncé qu’il adresserait une lettre dans les heures à venir au Secrétaire général, ainsi qu’au Conseil de sécurité et au Président de l’Assemblée générale, afin de les prier de mettre en œuvre les résolutions adoptées.  Il a ajouté espérer que la communauté internationale soutiendrait les Palestiniens face aux massacres commis par un Gouvernement israélien « cruel et sans pitié ».  Condamnant la légalisation par ce même gouvernement de neuf nouveaux avant-postes, il a conclu en émettant, une fois encore, le souhait d’une solution à deux États, basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.

ADOPTION DU PROGRAMME DE TRAVAIL POUR 2023

Déclarations

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a noté que la situation dans les territoires occupés palestiniens continue de se détériorer, notamment en raison de la poursuite des activités des colonies de peuplement israéliennes, sapant ainsi toute possibilité d’un règlement pacifique des différends.  Il a condamné les violations récentes perpétrées par Israël dans les territoires occupés, notamment la destruction de maisons palestiniennes et le blocus imposé depuis 15 ans dans la bande de Gaza.  Le délégué a exprimé son appui à la demande d’avis consultatif de la CIJ demandé par l’Assemblée générale.  Il est selon lui essentiel de veiller à ce que la question palestinienne reste au cœur des préoccupations de la communauté internationale afin de préserver le droit des Palestiniens à un État indépendant, sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a constaté que, depuis plus de 70 ans, le peuple palestinien se voit refuser la jouissance de ses droits.  Responsables de cette situation, les autorités israéliennes poursuivent leur politique d’occupation, de meurtres, de changements démographiques et d’accaparement des ressources, a-t-il accusé, dénonçant des actions constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Face à ces crimes, la communauté internationale doit intervenir pour contraindre Israël à répondre de ses actes, a poursuivi le représentant, avant de condamner les agissements de ce même État dans le Golan syrien occupé.  Regrettant le silence du Conseil de sécurité à cet égard, il a averti que la région est aujourd’hui confrontée à une instabilité sans précédent.  Enfin, se disant favorable aux efforts visant à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale pour ce qui est de la question palestinienne, il a appelé la communauté internationale à mettre un terme aux crimes systématiques commis par Israël à l’encontre du peuple palestinien et a réaffirmé le droit inaliénable de ce peuple à vivre en paix dans un État indépendant. 

M. X (Tunisie) a loué le rôle important du Comité et ses efforts essentiels pour que le peuple palestinien puisse exercer ses droits inaliénables, notamment son autodétermination et l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il s’est félicité de l’ouverture du Comité à d’autres organisations des Nations Unies, telles que les organisations régionales, ainsi qu’aux ONG et à la société civile, pour mieux sensibiliser le monde à la question palestinienne et attirer l’attention sur les violations graves commises par la Puissance occupante.  Il s’est également félicité du programme de renforcement des capacités du Comité, et a dit attendre avec intérêt de collaborer à la mise en œuvre dudit programme pour 2023.  Le délégué a conclu en évoquant la séance du Conseil de sécurité du 20 février, où il a été dit que la politique de développement israélienne constituait une menace dangereuse à la solution des deux États.

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a condamné la décision annoncée par les autorités israéliennes de légaliser neuf avant-postes en Cisjordanie considérés comme illégaux, même en vertu du droit israélien.  Elle a appelé Israël à mettre un terme à ses actions qui sapent le processus de paix et entraînent davantage de violence dans la région, ainsi qu’au respect du droit international dans les paramètres établis par les résolutions des Nations Unies.  Dans l’intervalle, la représentante a souligné que la fin de l’occupation est une condition préalable à toute solution pérenne.  Elle a noté avec un profond regret que l’année 2022 a été la plus meurtrière depuis que l’ONU a commencé à enregistrer les décès des civils en 2005.  La déléguée a toutefois considéré la déclaration présidentielle adoptée cette semaine par le Conseil de sécurité comme un pas en avant pour mettre un terme à cette « situation alarmante ».  De même, les violations continues perpétrées par Israël dans les Lieux saints ne laissent selon elle que présager ce qui nous attend à l’avenir. 

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a affirmé que la responsabilité du Comité est d’aider les peuples d’Israël et de Palestine à résoudre leur long conflit.  Il a toutefois constaté que, malgré l’adoption de résolutions et de décisions visant à permettre au Comité de promouvoir la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien, de contribuer à la fin de l’occupation israélienne et de mobiliser une assistance internationale en faveur du peuple palestinien, il n’y a pas de fin en vue au conflit et aux injustices.  Tout en se félicitant de la résolution du Conseil de sécurité appelant au « plein respect du droit international humanitaire, y compris la protection de la population civile », il s’est dit conscient de l’urgence de la situation, qui, selon lui, reste « très instable et désespérée ».  Appelant à ce que l’année 2023 soit celle de la revitalisation de la coopération mondiale, le représentant a réitéré son souhait de voir Israéliens et Palestiniens vivre en paix dans une région stable.  Il a réitéré son soutien à la conviction du Secrétaire général et de l’écrasante majorité des États Membres, selon laquelle il n’existe pas de plan B à la solution des deux États.  Il importe, par conséquent, de relancer un dialogue politique qui aborde l’injustice historique de l’occupation, sur la base des frontières d’avant 1967 et conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU, a plaidé le délégué. 

Pour M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), l’heure n’est pas aux félicitations dans un tel contexte de violences et alors que la tâche à accomplir est herculéenne pour réaliser le rêve du peuple palestinien: celui d’une patrie indépendante, qui deviendrait un membre à part entière des Nations Unies.  Le délégué a réaffirmé la reconnaissance par son pays de l’engagement du Secrétaire général dans sa quête d’une paix juste et pérenne.  Lundi dernier, le Conseil de sécurité a pris des mesures en réponse aux dernières violences dans les territoires palestiniens occupés.  Même si la guerre en Europe accapare l’attention de la communauté internationale, cela montre selon lui que la cause de la Palestine n’est pas oubliée.  Évoquant l’occupation illégale par l’occupant rendant la vie des Palestiniens de plus en plus dangereuse et difficile, le représentant a parlé, « sans exagérer », d’un « enfer sur Terre » vécu par le peuple palestinien et d’une poursuite des violences éloignant le Comité et la communauté internationale de leur objectif, à savoir la solution des deux États.  Se félicitant toutefois de l’adoption du programme de travail par le Comité, il a appelé à la vigilance et à la coopération de toute la communauté internationale pour que l’occupation illégale cesse.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a réaffirmé son appui à l’indépendance et aux droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à la réalisation de ses aspirations nationales légitimes.  La solution des deux États est le seul moyen, le plus juste et le plus largement soutenu par la communauté internationale, de mettre fin à l’un des conflits les plus douloureux auxquels l’humanité est confrontée depuis des années.  Faisant sien l’appel du Secrétaire général à « redoubler d’efforts pour faire de la paix une réalité mondiale », le délégué a prôné l’adoption d’urgence de mesures susceptibles de favoriser un environnement propice à la reprise du dialogue et de négociations crédibles et directes pour parvenir à une paix durable.  Plus de 75 ans se sont écoulés depuis la partition de la Palestine, a-t-il rappelé, 75 années au cours desquelles le peuple palestinien a résisté à « l’agression coloniale » et à la « politique criminelle d’apartheid » perpétuée en toute impunité par la Puissance occupante.  Le représentant a exprimé sa grave préoccupation face à l’aggravation croissante de la situation sur le terrain du fait des attaques menées par les forces d’occupation israéliennes.  À cet égard, il a appelé à prendre des mesures « urgentes et prioritaires » pour assurer la protection internationale de la population civile palestinienne.

M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a remercié le Comité de déployer des efforts pour rendre visible la question palestinienne.  Il s’est félicité à cet égard que des activités soient organisées cette année pour marquer le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba, notamment le 15 mai prochain à l’Assemblée générale.  Il s’agit, a-t-il souligné, de mettre en exergue la situation difficile du peuple palestinien, qui est exacerbée par la politique d’occupation et de colonisation d’Israël.  Le représentant a souligné l’attachement du peuple palestinien à sa terre et aux efforts en faveur de la solution des deux États.  Or, en dépit des initiatives dans ce sens et des résolutions successives des Nations Unies, la situation continue de se détériorer, a-t-il déploré, observant que la réalité injuste de l’occupation reste inchangée, de même que l’expansion des colonies, menée au mépris du droit international.  La seule issue, a conclu le délégué, s’appuie sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en vue de parvenir à un État palestinien sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. 

Mme GUI DAN (Chine) a déploré la violence grandissante en Cisjordanie, la violation du caractère sacré des Lieux saints, et la mort de civils, y compris des enfants.  Elle a aussi évoqué la réunion, lundi dernier, du Conseil de sécurité, et l’opposition ferme exprimée par ses membres aux mesures multilatérales entravant la paix, telles que la construction de colonies par Israël.  La majorité écrasante des membres du Conseil souhaite que se réalise la solution des deux États, basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967, et l’impasse des négociations ainsi que les retards pris dans la mise en œuvre de la solution des deux États doivent cesser, a-t-elle imploré.  Le Conseil de sécurité porte une responsabilité importante dans cet échec, selon la déléguée.  Il doit désormais prendre des mesures tangibles dans l’esprit de la Charte des Nations Unies.  La Chine soutiendra de manière indéfectible la cause palestinienne, a-t-elle conclu.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a déclaré que la question palestinienne demeure centrale pour son organisation et pour les gouvernements arabes et musulmans qui défendent la paix et la stabilité.  Le trentième Sommet arabe a organisé un sommet pour la résistance et le développement le 12 février dernier, dont le communiqué final réaffirmait la solidarité avec le peuple palestinien.  Selon le représentant, Israël doit être tenu responsable de ses décisions, notamment celle portant sur l’armement des colons.  Il a condamné la construction de 10 000 unités de logement et de nouvelles colonies dans les territoires occupés, et appelé le Conseil de sécurité à prendre les responsabilités qui lui incombent à cet égard.  Le délégué a dénoncé les « doubles standards » entre l’occupation de la Palestine et celle de l’Ukraine, qui fait l’objet de nombreuses réunions du Conseil et de l’attention soutenue des États Membres de l’ONU.  Nous devons en outre augmenter le nombre de pays qui reconnaissent l’État palestinien afin qu’il puisse devenir membre à part entière de l’ONU.  Enfin, a poursuivi le délégué, nous devons établir un cadre politique pour le Quatuor et tenir une conférence internationale sur la question palestinienne, comme l’a demandé à plusieurs reprises l’Autorité palestinienne, sans obtenir de réponse. 

Mme NORDIANA BINTI ZIN ZAWAWI (Malaisie) a estimé que le Comité est aujourd’hui confronté à une « tâche herculéenne ».  Il doit en effet soutenir le processus de paix tout en mobilisant l’aide en faveur du peuple palestinien, dont la quête d’indépendance se poursuit depuis bien trop longtemps, a-t-elle observé.  Dans ce contexte, la représentante s’est dite convaincue que la solution des deux États pourrait se concrétiser si les membres du Conseil de sécurité déployaient tous les efforts nécessaires.  Enfin, après avoir exprimé le soutien de son pays à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et appelé à un financement prévisible de ses activités, elle a réitéré son appui infaillible au droit du peuple palestinien à disposer de lui-même et de parvenir à son indépendance. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a paraphrasé le pape François, déclarant que le monde souffrait d’une « famine de paix ».  Aujourd’hui n’est pas un jour propice aux félicitations selon lui, les violences continuelles montrant que la communauté internationale n’a pas su prendre les bonnes décisions dans la région.  Le délégué a rebondi sur les propos de l’Observateur permanent de l’État de Palestine, Riyad Mansour, en lui assurant que Sri Lanka ne ménagerait aucun effort pour collaborer à résoudre la question israélo-palestinienne.  Il a appelé les délégués à « prier » pour qu’un jour, toutes les religions puissent coexister dans la paix parmi les Lieux saints, et pour que les Palestiniens puissent rejoindre de nouveau leurs terres, et reconstruire avec les Israéliens ce qui pourrait être le meilleur endroit pour vivre sur Terre.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a constaté que nous ne sommes pas prêts à reprendre les négociations sur la question palestinienne, malgré les nombreuses résolutions en ce sens adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  « La paix est la seule direction vers laquelle nous devons tendre », a ajouté le délégué, en dénonçant les politiques du deux poids, deux mesures au sein des Nations Unies.  Selon lui, le Conseil est pris en otage pour ce qui est de la question palestinienne, et il a été récemment accaparé par une seule et unique thématique.  Le temps est venu de constater que le Conseil est incapable de s’acquitter de ses fonctions s’agissant de la question palestinienne, a considéré le représentant, balayant l’adoption cette semaine d’une déclaration présidentielle insuffisante alors que des crimes sont commis quotidiennement contre le peuple palestinien.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a constaté à son tour que le peuple palestinien continue de subir le joug de l’occupation israélienne, avant de saluer les efforts continus visant à aider ce peuple à créer un État indépendant sur les frontières de 1967.  Pour le représentant, la question palestinienne est aujourd’hui à un « tournant », en raison de plusieurs facteurs régionaux et de l’élection du gouvernement « le plus extrémiste et le plus à droite » de l’histoire d’Israël.  Dans ce contexte, a noté le représentant, le Comité joue un rôle essentiel dans la mesure où il agit pour la protection des droits du peuple palestinien, confronte Israël à ses pratiques et sensibilise le public à la situation.  Regrettant à ce propos que les médias aient tendance à dépeindre Israël comme la victime et le peuple palestinien comme l’agresseur, il a dénoncé le fait qu’Israël ait tenté de « diaboliser » les Palestiniens, et notamment les enfants palestiniens, lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la question de Palestine.  Cela exige une réponse de la communauté internationale, s’est-il indigné, appelant le Comité à braquer les projecteurs sur ce type de pratique.  Tous les États Membres qui défendent la liberté et le droit des peuples à l’autodétermination doivent dénoncer cette réalité, a renchéri le délégué, selon lequel le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba sera l’occasion de procéder à un exercice de sensibilisation au sein de l’Assemblée générale.  Enfin, après avoir invité les membres du Comité à l’appuyer la demande d’avis consultatif à la CIJ, il a jugé urgent de lutter contre les tentatives israéliennes d’effacer l’identité arabe et chrétienne, notamment au travers des activités de peuplement à Jérusalem-Est.  Assurant que le Royaume hachémite de Jordanie s’emploie à assumer ses responsabilités en tant que garant des sites saints de Jérusalem, il a souhaité que le Comité attire l’attention du monde sur ces questions. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) s’est dit à la fois touché et préoccupé par les dernières informations en provenance de Palestine.  La situation s’aggrave avec le temps et ceci confirme qu’il est de la plus haute importance que le Comité redouble d’efforts pour réaliser le rêve historique du peuple palestinien.  Le délégué nicaraguayen a de nouveau exprimé la solidarité du Gouvernement sandiniste du Nicaragua envers le peuple palestinien, ainsi que son soutien à une solution à deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.

Mme FEDA ABDELHADY, de l’État de Palestine, a fait état d’un « nouveau deuil douloureux » pour le peuple palestinien devant les pertes de vies et la dévastation qui lui sont infligées génération après génération.  Il nous faut des mesures concrètes de reddition de comptes afin d’assumer les responsabilités qui nous incombent au titre du droit international ainsi que nos obligations morales face à l’inhumanité dont souffrent les Palestiniens depuis plus de 75 ans, a ajouté la déléguée.  

Reprenant la parole, M. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré avoir reçu pour instruction de sa hiérarchie d’intervenir auprès du Conseil de sécurité « s’agissant de la protection de notre peuple » face au nouveau massacre commis ce matin en Cisjordanie.  Le Gouvernement israélien « extrémiste » risque maintenant de détruire toute la région.  M. Mansour a dénoncé la dernière agression commise à Naplouse ce matin.  Il a prié les États Membres de préparer des interventions écrites à la CIJ en vue de son avis consultatif concernant l’occupation israélienne des territoires palestiniens. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a condamné les crimes contre l’humanité qui continuent d’être commis contre le peuple palestinien.  L’apartheid est une réalité quotidienne et concrète pour ce peuple, a-t-il dénoncé, jugeant inacceptable que cette spirale se poursuive inlassablement.  Le représentant a relevé que, cette semaine, le Conseil de sécurité a eu l’occasion de « corriger ce cap » et de sortir de la « léthargie » qui caractérise ce dossier depuis 70 ans.  Il a cependant estimé que la déclaration présidentielle adoptée lors de cette réunion du Conseil reste « insuffisante » car elle ne va pas assez loin.  Pour finir, il a réitéré son soutien au peuple palestinien et a dit partager les vues exprimées quant au rôle du Comité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les prochaines élections locales sont une « opportunité sans précédent » pour la République centrafricaine, selon la Représentante spéciale

9265e séance - matin
CS/15205

Conseil de sécurité: les prochaines élections locales sont une « opportunité sans précédent » pour la République centrafricaine, selon la Représentante spéciale

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA), Mme Valentine Rugwabiza, a estimé que les élections locales qui doivent se tenir cette année, les premières depuis 1988, représentent une « opportunité sans précédent » à saisir pour renforcer la gouvernance et accélérer la réforme du secteur de la sécurité dans le pays.  Cette séance a également été marquée par l’appel insistant de la Ministre des affaires étrangères centrafricaine pour la levée de l’embargo sur les armes. 

À l’entame de son discours, Mme Rugwabiza, qui est également Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a mis l’accent sur les progrès du processus de paix, en louant son appropriation croissante par le Gouvernement.  Elle a pris pour exemple la préparation des élections locales, la réforme du secteur de la sécurité, la consolidation de l’autorité de l’État et l’élaboration d’un cadre de surveillance des frontières. 

Rappelant que le dialogue est la seule voie pour une paix durable, la Représentante spéciale a concédé que l’engagement politique des leaders des groupes armés a eu pour l’instant « peu de résultats », avant de noter la dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  « Cela démontre qu’un engagement politique accompagné de véritables incitations et d’alternatives pour les groupes armés peut générer un élan vers un dialogue constructif. »   

La Représentante spéciale a ensuite insisté sur l’importance des prochaines élections locales, un élément clef du processus de paix.  Ces élections seront l’occasion d’accroître l’espace politique afin d’y inclure des groupes marginalisés comme les femmes et les jeunes, tout en donnant la possibilité pour les anciens combattants et leaders de groupes armés ayant déposé leurs armes de rentrer dans la joute électorale, a-t-elle dit. 

Mme Rugwabiza a détaillé les préparatifs de ces élections, dont la création de plus de 200 circonscriptions et la signature d’un plan de sécurité intégrée pour ces élections.  Elle n’a néanmoins pas fait mystère des difficultés rencontrées, notamment financières et sécuritaires.  « Les groupes armés pourraient gâcher ces élections. »  Il est crucial de maintenir un processus politique inclusif sans alimenter les tensions, a-t-elle conclu. 

« Les élections locales, prévues en juillet et octobre 2023, sont une opportunité unique pour promouvoir la gouvernance locale avec des élus directement responsables devant les citoyens », a appuyé le Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Omar Hilale.  Cela va en effet permettre de faire progresser le processus de décentralisation et de s’attaquer ainsi à l’une des causes profondes de la crise politico-sécuritaire que connaît la RCA. 

Un avis partagé par la grande majorité des délégations qui ont, elles aussi, insisté sur l’importance desdites élections, à l’instar des Émirats arabes unis ou de l’Albanie qui a espéré que ces élections seront transparentes.  Le Gabon, s’exprimant également au nom du Ghana et du Mozambique, a rappelé que le budget global pour l’organisation de ces élections est estimé à environ 11 millions de dollars, l’État centrafricain ayant pris un engagement de 4,56 millions de dollars.  Les trois pays ont jugé crucial le soutien financier de la communauté internationale pour la tenue efficace de ces élections dans les délais. 

Plusieurs délégations, dont la France, Malte ou encore la Suisse, ont profité de cette séance pour dénoncer les violations des droits humains commises par le Groupe Wagner.  Les mercenaires de Wagner sont responsables de la majorité des violations documentées dans le rapport du Secrétaire général dont est saisi ce Conseil, a tranché le délégué de la France.  Son homologue des États-Unis a, de son côté, accusé le Groupe Wagner de vouloir accaparer les richesses du pays. 

« La Fédération de Russie continue d’aider la RCA à développer ses capacités de défense », a expliqué le représentant russe, qui a précisé que les livraisons d’armes se faisaient dans la transparence et que les instructeurs russes sur place y étaient à la demande des autorités.  Il a dénoncé « la campagne visant à les discréditer », avant d’appeler le Conseil à prendre des « mesures plus décisives » pour parachever la levée de l’embargo sur les armes à destination de la RCA. 

« Cessons de légitimer les groupes armés par des sanctions aux effets contraires à ceux recherchés, et, surtout, ne faisons pas des victimes des oppresseurs et des bourreaux des victimes », a, de son côté, réagi la Ministre centrafricaine, Mme Sylvie Valérie Baipo-Temon.  Elle a estimé que l’embargo visant la RCA n’avait aucun sens depuis la levée de la limitation de l’accès aux armes des forces régulières.  « Ne vous trompez pas d’ennemis », a-t-elle lancé aux membres du Conseil.

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE - S/2023/108

Déclarations

Mme VALENTINE RUGWABIZA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine et Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a indiqué que le processus de paix a continué de progresser en vue de la mise en œuvre du calendrier adopté par le Gouvernement le 29 août 2022.  Nous assistons à une appropriation croissante de ce processus par le Gouvernement, a-t-elle dit, en notant la préparation des élections locales, la réforme du secteur de la sécurité, la consolidation de l’autorité de l’État et l’élaboration d’un cadre de surveillance des frontières.  « Répondre à la violence est au cœur du processus de paix en RCA. »  

Mme Rugwabiza a rappelé que le dialogue est la seule voie pour une paix durable, l’option militaire ne pouvant résoudre le conflit.  L’engagement politique des leaders des groupes armés a eu peu de résultats, a-t-elle nuancé.  En décembre 2022, quatre groupes armés signataires de l’Accord politique et représentés au sein du Gouvernement ont été dissous: le Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC), le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), l’Union des forces républicaines (UFR) and l’Union des forces républicaines fondamentales (UFRF).  « Cela démontre qu’un engagement politique accompagné de véritables incitations et d’alternatives pour les groupes armés peut générer un élan vers un dialogue constructif. »  Elle a qualifié de capitale la stratégie gouvernementale d’engagement des groupes armés qui demeurent à l’extérieur du processus de paix. 

La Représentante spéciale a insisté sur l’importance des prochaines élections locales, les premières depuis 1988, et qui sont un élément clef du processus de paix.  Ces élections seront l’occasion d’accroître l’espace politique afin d’y inclure des groupes marginalisés comme les femmes et les jeunes, tout en donnant la possibilité pour les anciens combattants et leaders de groupes armés ayant déposé leurs armes de rentrer dans la joute électorale, a-t-elle dit.  Elle a détaillé les préparatifs de ces élections, dont la création de plus de 200 circonscriptions et la signature d’un plan de sécurité intégrée pour ces élections.  Elle n’a néanmoins pas fait mystère des difficultés rencontrées, notamment financières et sécuritaires.  « Les groupes armés pourraient gâcher ces élections. »  Les nouveaux responsables élus devront par ailleurs bénéficier d’un appui considérable dans les zones dépourvues de structures administratives depuis des décennies.  Il est crucial de maintenir un dialogue politique ouvert et un processus politique inclusif sans alimenter les tensions, a tranché Mme Rugwabiza.  À ce titre, elle a salué la récente déclaration du Premier Ministre selon laquelle ces élections ne seront pas associées à un éventuel référendum sur la Constitution. 

La Cheffe de la MINUSCA a indiqué qu’après une relative accalmie, il y a eu depuis décembre une recrudescence des activités des groupes armés, avec de nouvelles évolutions dans leur modus operandi, à savoir l’utilisation de drones et de mines.  Ces nouvelles menaces ont aggravé l’environnement sécuritaire complexe dans lequel évolue la Mission.  « Nous sommes en train de fermer 13 de nos bases temporaires afin de maximiser l’efficacité de la force et de limiter les risques de mauvaise conduite. »  Elle a salué la levée en décembre 2022 par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA.  Elle a en revanche regretté l’interdiction de drones, sauf pour les forces de sécurité nationales, même si un dialogue a été engagé pour remédier à cette restriction préjudiciable pour la sécurité des soldats de la MINUSCA et des Centrafricains. 

La situation des droits humains n’a connu aucune amélioration depuis ma dernière intervention, a-t-elle encore regretté, avant de noter que la situation humanitaire ne cesse d’empirer.  Près de 49% de la population devrait souffrir d’une insécurité alimentaire aiguë en 2023 contre 44% en 2022.  Enfin, la Représentante spéciale a exhorté toutes les parties prenantes à tirer profit de la tenue des élections locales –une opportunité sans précédent– pour renforcer la gouvernance locale et accélérer la réforme du secteur de la sécurité vers la mise sur pied de forces de sécurité professionnelles qui pourront, seules, protéger la population. 

M. OMAR HILALE, Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a constaté la résurgence des activités de certains groupes armés dans certaines zones de la RCA et une pression sur les finances publiques qui conduisent à la détérioration de l’environnement sécuritaire et socioéconomique, mais s’est dit aussi témoin de « développements positifs encourageants » sur lesquels il faudrait capitaliser en vue du relèvement du pays.  Il a cité la volonté politique démontrée par les autorités centrafricaines pour la revitalisation et l’appropriation nationale du processus de paix, que ce soit dans le cadre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA ou de la Feuille de route conjointe de Luanda issue du Sommet de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL).  Il a encouragé la poursuite de ces efforts et s’est félicité de la dissolution officielle, le 6 décembre dernier, de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  La consolidation de la paix, a-t-il ajouté, ne peut être efficace que si elle est accompagnée d’efforts de démobilisation des groupes armés et de reddition de comptes pour les auteurs de crimes graves et de violations des droits de l’homme.  Il a salué en ce sens la priorité accordée par la MINUSCA à la création d’un environnement protecteur pour la population. 

Alors que la situation en RCA comporte une « forte empreinte régionale », M. Hilale s’est félicité de l’engagement des chefs d’États de la région en faveur d’une meilleure cohérence des actions prises à ce niveau.  Il a aussi souligné l’importance d’un engagement constructif continu de tous les partenaires de la RCA, notamment les institutions financières internationales, les banques régionales de développement et les partenaires bilatéraux.  Précisant que le manque de capacités techniques et financières demeurait l’un des principaux défis du pays, il a renouvelé son appel à tous les partenaires pour qu’ils fournissent à la RCA le soutien nécessaire.  Les besoins sont urgents et menacent les acquis réalisés en termes de consolidation de la paix et de développement, a-t-il averti.  Il a ensuite mis en avant l’action du Fonds pour la consolidation de la paix, qui compte en RCA neuf projets d’une valeur de 18 millions de dollars. 

Le Président de la formation RCA de la CCP a ensuite expliqué l’accent mis en 2022 par ses services sur le renforcement de l’appropriation nationale des priorités en matière de consolidation de la paix, et a cité trois axes. 

Le premier concerne les élections locales, actuellement prévues en juillet et octobre 2023, présentées comme « une opportunité unique pour promouvoir la gouvernance locale avec des élus directement responsables devant les citoyens », ce qui permettrait de faire progresser le processus de décentralisation dans le pays et de s’attaquer ainsi à l’une des causes profondes des crises politico-sécuritaires qui l’affectent.  M. Hilale a encouragé le Gouvernement de la RCA à poursuivre ses efforts pour garantir la tenue en temps et heure et dans un climat de sécurité, d’un scrutin libre et inclusif et avec la participation pleine, égale et véritable des femmes.  Il s’est dit rassuré par le soutien que la MINUSCA apporte à ce scrutin mais a jugé très préoccupante « l’insuffisance majeure du financement » de ces élections, y voyant la cause principale de leur report à trois reprises.  Il a donc lancé un appel urgent aux États Membres et aux partenaires de la RCA pour mobiliser les fonds nécessaires. 

Le deuxième axe concerne le renforcement de l’état de droit et de la justice transitionnelle.  Rappelant l’importance de l’accès à la justice et de la lutte contre l’impunité pour la stabilisation du pays et la réussite de tout projet de réconciliation nationale, M. Hilale s’est félicité de l’opérationnalisation de la Cour pénale spéciale de la RCA et de la Commission Vérité, justice, réparation et réconciliation, grâce aux efforts des autorités centrafricaines et de leurs partenaires internationaux, dont la MINUSCA.  Il a dit la fierté la formation RCA de la CCP d’y avoir concouru en adoptant une pratique innovante consistant à utiliser son forum pour plaider en faveur de ressources destinées à combler les lacunes budgétaires et a appelé une nouvelle fois les partenaires de la RCA à faire montre d’un soutien renforcé, aussi bien financier que technique et logistique. 

Enfin, M. Hilale a rappelé la mise en œuvre du Plan national de relèvement, rappelant que les investissements dans le redressement et le développement socioéconomiques demeuraient essentiels à la mise en œuvre de l’Accord politique et à la consolidation de la paix.  Rappelant les effets négatifs de la crise alimentaire et énergétique mondiale sur le budget du pays et la création de revenus, il s’est félicité de la poursuite du dialogue entre le Gouvernement et les institutions financières internationales, là encore avec la facilitation de la MINUSCA. 

En conclusion, M. Hilale a assuré que la formation RCA de la CCP continuera à mettre l’accent sur la cohérence et la coordination des différentes actions et à plaider en faveur d’un soutien accru de la communauté internationale au pays.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné la multiplication des attaques commises par les groupes armés contre les civils, les Forces armées centrafricaines et la MINUSCA ces dernières semaines.  « Ces attaques nous rappellent à quel point il est nécessaire que le processus de paix en République centrafricaine débouche sur des résultats concrets », a-t-il ajouté, réaffirmant le plein soutien de la France aux efforts des autorités centrafricaines, avec l’appui de la MINUSCA et des pays de la région, pour mettre en œuvre l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et la Feuille de route de Luanda.  À cet égard, il s’est félicité du désarmement récent de quatre groupes armés, et a espéré que cela puisse créer une dynamique pour des négociations avec d’autres groupes armés.  L’appui des pays de la région, de l’Union africaine, de la Communauté économique des États d’Afrique centrale et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs est crucial pour que le processus de paix en République centrafricaine puisse progresser, a poursuivi le représentant.  S’agissant de la lutte contre l’impunité, il a salué la prolongation du mandat de la Cour pénale spéciale, qui a rendu son premier verdict, et du lancement des travaux de la Commission justice, vérité, réparation et réconciliation.  En revanche, il s’est dit très préoccupé par l’augmentation des atteintes aux droits de l’homme, dont fait état le rapport du Secrétaire général.  Il a condamné les exactions commises contre les civils par les groupes armés, mais aussi par les Forces armées centrafricaines et les « mercenaires de Wagner, qui sont responsables de la majorité des violations documentées dans ce rapport ».  M. de Rivière a ensuite souligné l’importance d’un dialogue réellement inclusif en RCA, dans lequel toutes les voix, y compris celles des jeunes et des femmes, doivent pouvoir s’exprimer.  C’est une condition pour la réussite des élections locales.  Enfin, il a appelé les autorités nationales à permettre à la MINUSCA d’accomplir son mandat efficacement, sans compromettre la sécurité des Casques bleus. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), a salué les efforts du Gouvernement pour organiser les premières élections locales depuis plus de 20 ans.  Il s’est également félicité de la mise en place des branches de l’Autorité nationale des élections dans 20 préfectures du pays, ainsi que de la finalisation de la cartographie électorale, malgré la multiplication d’incidents de sécurité avec les attaques sporadiques de groupes armés.  Les A3 rappellent que le budget global pour l’organisation d’élections locales est estimé à environ 11 millions de dollars, et l’État centrafricain a pris un engagement de 4,56 millions de dollars.  Dans un contexte économique difficile, le soutien financier de la communauté internationale est crucial pour la tenue efficace de ces élections dans les délais convenus.  La tenue de ces élections locales est une étape essentielle qui contribue pleinement à la restauration de l’autorité de l’État, essentielle à la stabilisation de la RCA, a estimé le représentant. 

Les A3 encouragent les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts contre la désinformation et la mésinformation, notamment à travers les actions de la Haute autorité de la communication, a poursuivi M. Biang.  Il ne devrait donc pas y avoir de place pour les discours de haine et l’incitation à la violence en RCA, et les auteurs de tels actes, a-t-il ajouté, devraient être rapidement traduits en justice par les autorités centrafricaines.  Au niveau régional, les A3 se félicitent de la tenue, le 8 février à Luanda, du sommet tripartite RCA, Angola et Tchad, consacré en partie à la situation politique et sécuritaire qui prévaut en RCA.  Selon eux, ce mini-sommet constitue une avancée considérable dans le renforcement des relations bilatérales entre la RCA et le Tchad, et il est crucial pour la consolidation de la sécurité aux frontières entre les deux pays. 

Sur le point sécuritaire, les A3 condamnent fermement les attaques répétées contre la population civile, la MINUSCA, les Forces armées centrafricaines (FACA) et l’utilisation croissante d’engins explosifs par des groupes armés qui entravent la libre circulation des personnes et des biens.  Le représentant a souligné qu’une paix durable n’est possible que si les autorités centrafricaines prennent le contrôle de leur territoire et mènent à bien la mise en œuvre du Programme de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement.  Il a donc invité les partenaires internationaux à soutenir financièrement le pays dans sa quête de paix et de développement, en s’attaquant aux causes profondes de l’insécurité.  « Il n’y a pas de solution militaire à la crise en RCA, il n’y a que des solutions politiques. » Les A3 saluent la levée de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA et soulignent que le dialogue entre les autorités centrafricaines et la Mission doit continuer afin de définir conjointement des procédures appropriées pour la protection de l’espace aérien centrafricain contre de possibles attaques.  Face à l’augmentation des menaces asymétriques, les A3 restent convaincus que le renforcement des capacités opérationnelles des FACA doivent être à la mesure des nouvelles menaces sur le terrain.  S’étonnant toutefois que le rapport fasse état d’une augmentation des violations des droits de l’homme, les A3 estiment que privilégier une approche quantitative dans ce domaine, sans tenir compte des efforts qualitatifs du Gouvernement, n’est pas constructif pour le pays, et appellent à une modification de la méthodologie utilisée.  Enfin, le représentant a salué l’engagement des humanitaires, malgré les risques sécuritaires, avant d’inviter les donateurs à rester mobilisés pour le financement du plan de réponse humanitaire pour venir en aide à 3,4 millions de Centrafricains, dont 1,6 million d’enfants. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a souhaité que la relation entre la MINUSCA et la RCA se base sur un respect mutuel.  Elle a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la Mission, avant de regretter l’interdiction qui lui est faite d’utiliser des drones.  Elle a appelé à la revitalisation de l’Accord de paix, avant de saluer la récente dissolution de quatre groupes armés.  Tous les groupes armés doivent renoncer à la violence et s’engager en faveur du processus de paix, a déclaré la représentante, qui a aussi pris note des préparatifs des prochaines élections locales, en espérant que celles-ci seront transparentes.  Enfin, elle a salué l’intention des autorités centrafricaines de ne pas associer ces élections à un éventuel référendum sur la Constitution. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a réaffirmé l’appui de son pays à la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR) ainsi que sa feuille de route, la dissolution récente de quatre groupes armés étant une étape à saluer.  Nous encourageons le Gouvernement à maintenir un dialogue sincère avec les groupes armés, et les pays voisins à consolider les gains sécuritaires acquis, a-t-elle ajouté.  Pour que la paix s’installe, les combattants doivent déposer leurs armes et retourner, durablement, à la vie civile et les femmes doivent être en première ligne dans le suivi de l’APPR.  La représentante a encouragé la MINUSCA à poursuivre ses efforts à cet égard et le Gouvernement centrafricain à appuyer cette dernière en ce sens.  Par ailleurs, elle a noté que l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines régions est contrebalancée par l’intensification des violences dans l’ouest et dans le nord du pays, les groupes armés se déplaçant pour y intensifier leurs activités, notamment l’exploitation illicite des ressources naturelles.  La Suisse condamne les violations et abus des droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire, a-t-elle déclaré avant d’appeler toutes les parties, les forces gouvernementales, le Groupe Wagner et les groupes armés, à respecter le droit international.  Ensuite, la représentante a salué le fait que la Cour pénale spéciale ait rendu il y a peu son premier verdict de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre et que la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation ait désormais la capacité de mener son importante mission.  Cela étant, a-t-elle nuancé, la Suisse est préoccupée par la propagation de discours de haine, et par les nombreuses arrestations et détentions arbitraires par les forces de défense et de sécurité.  « Nous encourageons le Gouvernement centrafricain à protéger l’espace civique et à garantir des processus démocratiques inclusifs, y compris avec l’opposition. »  Enfin, la représentante a indiqué que, l’année passée, la Suisse a renforcé son engagement en République centrafricaine en ouvrant un bureau à Bangui pour travailler plus étroitement avec les communautés et les autorités centrafricaines.  C’est essentiel, car la paix et le développement durables se construisent sur le terrain et par la population, a-t-elle conclu.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué la coopération entre la MINUSCA et le Gouvernement centrafricain, qui a permis de lever l’interdiction de vols de nuit des aéronefs de la Mission.  C'est un facteur majeur pour aider la MINUSCA à remplir son mandat et mieux protéger ses soldats de la paix et son personnel civil, a-t-il indiqué.  Le représentant s’est dit préoccupé par les incidents ayant impliqué des explosifs, y compris des engins improvisés, en raison du risque que ces derniers représentent pour la sécurité des soldats de la paix et des civils.   

Le représentant a insisté sur l’importance de la communication stratégique pour contribuer à améliorer la situation sur le terrain.  Il s’est fait l’écho des appels de la Commission de consolidation de la paix pour faire en sorte que chaque étape du processus de paix soit inclusive.  À cet effet, il a souligné l’importance des efforts de désarmement, démobilisation et réintégration.  Il a aussi jugé important de renforcer l’état de droit, en particulier à la lumière des divers rapports sur la situation des droits de l'homme et les violations du droit international humanitaire.  Il a enfin rappelé le rôle des acteurs régionaux dans le processus de paix en République centrafricaine.  

M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a rappelé que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019 restait l’instrument clef pour atteindre cet objectif, ajoutant que sa mise en œuvre intégrale continue d’être la plus haute priorité.  Il a plaidé pour que la réconciliation, par le biais de dialogues inclusifs et constructifs entre toutes les parties prenantes, y compris les groupes armés, soit au cœur des efforts du Gouvernement de la RCA.  Il a salué à cet égard l’engagement du Gouvernement à dissoudre quatre groupes armés signataires de l’Accord politique et estimé qu’il fallait mettre en avant les bénéfices de la réconciliation et les succès en matière de désarmement.  Les affrontements politiques autour de la réforme constitutionnelle ne doivent pas faire dérailler les efforts de réconciliation, a-t-il ajouté, en demandant que cesse l’incitation à la violence par toutes les parties. 

Le représentant a souhaité que les accords régionaux jouent un rôle plus actif et s’est félicité de la réunion d’examen stratégique de Bangui de juin dernier.  Il a encouragé le leadership de l’Angola en tant que président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), ainsi que de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et de l’Union africaine en tant que garants.  Il a appelé à traiter de toute urgence les flux transfrontaliers de combattants armés, d’armes et de minerais de conflit, par un renforcement des contrôles aux frontières de la part de tous les États de la région. 

Mettant l’accent sur l’importance de la bonne gouvernance, le représentant a estimé que les prochaines élections locales devraient pouvoir fournir une base solide pour l’extension de l’autorité de l’État dans les zones rurales.  Il a donc souhaité des élections crédibles, pacifiques et inclusives, et jugé primordial d’assurer la sécurité des électeurs.  En ce sens, il a salué le plan de sécurité pour les élections signé par le Gouvernement de la RCA et la MINUSCA.  Il a en outre considéré comme « une évolution significative pour la réconciliation à long terme » les progrès actuels dans la lutte contre l’impunité. 

Le représentant s’est en revanche inquiété des violations des droits de l’homme commises par des groupes armés et des agents de l’État mentionnés dans le rapport du Secrétaire général.  Il a souhaité que la MINUSCA continue à engager le Gouvernement sur ces situations et à en rendre compte au Conseil de sécurité.

M. DAI BING (Chine) a salué les progrès réalisés sur le terrain en RCA, y compris la dissolution récente de quatre groupes armés.  La réforme constitutionnelle est une question interne et il faut respecter la souveraineté du pays, a-t-il estimé.  Le représentant a appelé les organisations régionales à poursuivre leur rôle d’accompagnement du pays, avant d’inviter la communauté internationale à soutenir les efforts de sécurité des autorités nationales.  Il a salué les progrès dans la collaboration entre la MINUSCA et le pays hôte, et rappelé qu’il incombe à l’ONU et à la communauté internationale d’appuyer le développement en RCA.

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) a réaffirmé que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation est la seule option viable pour mettre fin au conflit et à la crise dans le pays.  Sa mise en œuvre nécessite un engagement renouvelé de toutes les parties concernées pour revitaliser le processus de paix, a ajouté la représentante, qui a appelé les autorités centrafricaines, avec le soutien de la région et de la MINUSCA, à obtenir rapidement des progrès politiques tangibles et maintenir un engagement significatif avec tous les acteurs politiques du pays. 

La représentante a en outre exhorté le Gouvernement centrafricain à mener des enquêtes complètes et en temps opportun sur les allégations de violations et d’atteintes aux droits humains et à veiller à ce que tous les auteurs soient jugés, y compris le Groupe Wagner qui, d’après le rapport du Secrétaire général de l’ONU, serait l’auteur de la plupart de ces crimes.  Par ailleurs, Mme Jacobs a indiqué que la MINUSCA, en tant qu’acteur clef du soutien au processus de paix, doit être en mesure de mettre en œuvre son mandat sans ingérence.  À cet égard, elle s’est félicitée de la suppression des restrictions à la liberté de mouvement de la MINUSCA, notamment le rétablissement des vols de nuit pour les évacuations médicales et des blessés.

M.   ROBERT WOOD (États-Unis) a insisté sur le respect de l’accord sur le statut des forces.  Il a rappelé que les États-Unis apportent un appui logistique à des contingents de la MINUSCA.  Il a ensuite appelé les Forces armées centrafricaines à respecter le mandat de la Mission, dénonçant notamment les restrictions aux patrouilles qui empêchent la MINUSCA d’accompagner la stabilisation de la RCA.  Le délégué a estimé que « la seule solution possible à la crise centrafricaine est politique ».  Cela passe par la justice pour les victimes et l’inclusion de toutes les franges de la population au processus de paix.  Il a accusé le groupe Wagner de violations des droits de l’homme dans ses tentatives d’accaparer des richesses du pays.  Sans l’application du principe de responsabilité, le pays ne pourra pas parvenir à une paix durable, a-t-il averti.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA et appelé à la pleine mise en œuvre de son mandat.  Elle a insisté sur les progrès accomplis en RCA, avec notamment la tenue prochaine des élections locales.  Nous devons préserver ces avancées et aider la RCA, a dit la représentante, qui a insisté sur l’insécurité persistante.  Elle a aussi appelé à protéger les femmes et les filles de la violence sexuelle.  Elle a salué la récente dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  Elle a appelé la MINUSCA à lutter contre la désinformation.  Enfin, elle a souligné le lien entre conflit et changements climatiques, en rappelant que la saison sèche est souvent propice à une reprise de la violence.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a indiqué que 56% de la population centrafricaine a besoin d’une aide humanitaire.  Il a souligné la complexité de la situation dans le pays, avant d’insister sur les progrès accomplis.  Il a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA, avant de regretter l’interdiction de drones.  Il a également salué la récente dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  Enfin, il s’est félicité de la tenue prochaine d’élections locales et a espéré que le calendrier électoral sera respecté. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que, « dans l’ensemble », la situation en République centrafricaine est sous le contrôle des forces gouvernementales et que les capacités de nombreux groupes armés illégaux y ont été considérablement affaiblies.  Le représentant a toutefois noté une activité accrue des militants dans un certain nombre de régions frontalières.  Il a jugé préoccupante leur montée en puissance, notamment celle de l’Union pour la paix en République centrafricaine et des 3R, ainsi que l’émergence de nouvelles milices, en particulier le groupe « Siriri ». 

Le représentant a appelé le Conseil à prendre des « mesures plus décisives » pour parachever la levée de l’embargo sur les armes à destination de la RCA, afin de renforcer les capacités de défense du pays et de combattre le RUF, qui refuse de participer au processus de réconciliation nationale et entrave la préparation d’un nouveau cycle électoral dans le pays.  Il a fait observer que tant l’Union africaine que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et les membres africains du Conseil de sécurité soutiennent sans équivoque la levée des restrictions et que « les Centrafricains eux-mêmes en parlent constamment ».  Pour la Fédération de Russie, la stabilisation à long terme et l’avancement progressif du processus politique sont impossibles sans un soutien efficace au renforcement des capacité des forces armées nationales du pays et de ses forces de l’ordre.  M. Polyanskiy a estimé que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019 reste la base de la stabilité en RCA et a salué les mesures pratiques prises par le Gouvernement centrafricain pour normaliser la situation et a appelé chacun à respecter le cessez-le-feu du 15 octobre 2021.  Il a plaidé pour que les groupes armés qui n’ont pas signé la Feuille de route de Luanda rejoignent ce processus. 

La Fédération de Russie continue d’aider la RCA à développer ses capacités de défense, a expliqué le représentant, qui a précisé que les livraisons d’armes se faisaient dans la transparence et que les instructeurs russes sur place y étaient à la demande des autorités.  Il a dénoncé « la campagne visant à les discréditer » et les tentatives de faire porter la responsabilité des violations des droits de l’homme aux Forces armées centrafricaines, qui « ne sont pas étayées par des faits fiables ». 

Le représentant a aussi salué les efforts des autorités nationales pour assurer la présence de l’État et pour préparer les premières élections locales depuis 1988.  Il a dénoncé la « décision politisée » de certains donateurs extérieurs de geler l’appui budgétaire direct à la RCA, estimant qu’elle risquait d’exacerber la situation dans le pays, notamment sur le plan humanitaire. 

Le représentant a appelé à soutenir efficacement la MINUSCA, et estimé que la Mission devait avant tout consacrer ses ressources à aider les autorités à établir le contrôle de l’État, à contrer les groupes armés et à protéger les civils. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a dénoncé toutes les violations des droits humains, qu’elles soient commises par les groupes armés, les forces de sécurité centrafricaines ou le Groupe Wagner.  La représentante a salué la récente dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique et appelé le Gouvernement à consolider ces avancées.  Elle a salué la tenue des prochaines élections locales, en espérant qu’elles seront libres et transparentes.  La pleine participation des femmes, des réfugiés et des personnes déplacées est de la plus haute importance, a-t-elle rappelé.  Enfin, elle a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA, avant d’appeler à remédier à la grave situation humanitaire dans le pays.

Mme SYLVIE VALÉRIE BAIPO-TEMON, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a déclaré qu’alors que nous sommes au XXIe siècle, celles et ceux qui ont visité son pays sont frappés par ses paradoxes.  Un État peu peuplé, vaste en superficie et possédant d’innombrables ressources naturelles mais, a-t-elle dit, « soumis à la tyrannie de l’homme, imposant ainsi à tout un peuple de vivre dans une situation de précarité inacceptable et surtout incompréhensible ».  Elle a, à ce propos, fustigé les exactions et l’extrémisme violent des groupes armés ciblant la population et le fait que, dans ce contexte, les autorités sont coupées de toute possibilité d’exploiter les ressources naturelles qui pourraient leur permettre de soutenir des programmes de développement économique et social « dignes ».  La Ministre a également condamné les « campagnes de diabolisation menées par des puissances motivées par des objectifs économiques et de positionnement » et pour lesquels tous les moyens sont utilisés pour marginaliser un pays et une population déjà bien meurtris.  Pour elle, le rapport du Secrétaire général de l’ONU se contente de faire le point sur la situation sécuritaire et politique de la RCA « sans faire une évaluation des actions et résultats escomptés de la MINUSCA ».  Il va falloir nous rendre à l’évidence qu’il nous faut travailler ensemble à la paix et cesser de ne parler que de paix, a-t-elle dit.  À cette fin, elle a préconisé d’axer les efforts sur les réalités que vivent les Centrafricains, « et non les faits extrapolés à dessein ».  

Selon Mme Baipo-Temon, après neuf ans d’opération de maintien de la paix, il est temps de se concentrer sur des solutions de paix concrètes.  « Nous connaissons la cause, vous connaissez la cause du problème centrafricain, il suffit désormais de vouloir la traiter », a-t-elle lancé, rappelant que l’appel de la RCA à la communauté internationale avait découlé de l’agression, en 2013, d’une rébellion, la SELEKA, qui, en quelques jours, avait massacré des milliers d’innocents et poussé au déplacement de milliers d’autres.  Elle a déclaré qu’aujourd’hui, les efforts se poursuivent en faveur de la paix et de la réconciliation, cela dans le cadre de la Feuille de route de Luanda et de l’Accord avec les groupes armés récalcitrants.  Elle a souligné les efforts constants des autorités pour préserver l’ancrage démocratique, bâtir un État de droit et restaurer l’autorité de l’État sur tout le territoire.  La Ministre centrafricaine a ensuite appelé à la mobilisation de la communauté internationale aux fins de la tenue des élections locales, cela pour permettre de finaliser « un processus démocratiques voulu et initié ensemble ».  Elle a également fustigé les « incessantes ingérences » qui détournent la RCA de son objectif premier, à savoir son développement et son bien-être.  Par ailleurs, elle a considéré que les derniers évènements présentés dans le rapport au chapitre de la sécurité obligent à revoir le format du mandat de la MINUSCA afin de répondre à la mission de protection des civils et de garantir la tenue des élections dans le calme.  Mme Baipo-Temon a rappelé que, dans toutes les résolutions du Conseil de sécurité, il est souligné qu’il incombe aux Autorités centrafricaines, en premier lieu, d’assurer la protection de la population et du territoire.  Comment le faire si nous n’avons point le droit, à minima, de savoir qui la MINUSCA convie à se rendre en terre centrafricaine? a-t-elle demandé. 

Sur le plan économique, elle a indiqué que la crise ukrainienne n’épargne pas l’économie centrafricaine, son pays étant frappé par les conséquences de la flambée des prix des denrées de première nécessité et des produits pétroliers « qui attisent les tensions sociales ».  Cette situation, a-t-elle ajouté, rend d’autant plus préoccupante la situation humanitaire déjà alarmante du fait des attaques des groupes armés, de l’exploitation illicite des ressources naturelles et « d’une opération de maintien de la paix et d’ONG humanitaires qui, avec leur lot d’exonérations, handicapent tout autant l’économie centrafricaine ».  Comment réduire l’alerte humanitaire, lorsque que 80% des dons alloués par les bailleurs sont utilisés uniquement au fonctionnement des ONG et autres associations? a encore demandé l’intervenante.  Selon elle, le préalable à toute solution durable est de réduire les capacités meurtrières de groupes armés.  C’est en ce sens qu’elle a plaidé pour le déploiement d’une opération qui aurait pour objectif d’imposer la paix et la stabilité, afin de rompre avec les problématiques de précarité et donc de violations des droits humains et pour offrir à la population des alternatives saines et réelles et non des promesses illusoires.  En conclusion, la Ministre a exhorté le Conseil de sécurité à œuvrer à la réduction des discriminations et à lever les sanctions « injustes, perverses et sans résultats ».  Cessons de légitimer les groupes armés par des sanctions aux effets contraires à ceux recherchés, et, surtout, ne faisons pas des victimes des oppresseurs et des bourreaux des victimes, a-t-elle lancé.  Qualifiant la résolution sur l’embargo visant la RCA de texte n’ayant aucun sens depuis la levée de la limitation de l’accès aux armes des forces régulières, elle a demandé aux membres du Conseil de « ne pas se tromper d’ennemis ».  La RCA, le Gouvernement et le peuple centrafricains ne sont pas vos ennemis, a-t-elle insisté, ajoutant que les Centrafricains souhaitent simplement des partenariats mutuellement bénéfiques dans un principe d’égalité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix donne le coup d’envoi des travaux de sa session de fond de 2023

274e et 275e séances plénières,
Matin & après-midi
AG/PK/246

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix donne le coup d’envoi des travaux de sa session de fond de 2023

Ce matin, après avoir élu son bureau, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) a entamé le débat général de sa session de fond 2023, alors qu’il n’était pas parvenu l’an dernier à adopter son rapport, un point sur lequel de nombreuses délégations sont revenues, en espérant que cela ne créerait pas de précédent. 

Si la Fédération de Russie a appelé à ne pas politiser les travaux du Comité des 34, les pays du Groupe ABUM (Argentine, Brésil, Uruguay, Mexique) ont estimé que l’échec de la session 2022 doit permettre de renforcer le sens des responsabilités et l’engagement des membres du Comité vis-à-vis du personnel déployé dans les théâtres de conflit et les conduire à une issue positive cette fois-ci. 

Pour sa part, l’Union européenne s’est engagée à œuvrer à un consensus pour un rapport de nature à soutenir l’adaptation du maintien de la paix à l’évolution des défis sur le terrain.  Elle a annoncé vouloir mettre l’accent sur des questions transversales telles que la revitalisation des processus politiques, des partenariats efficaces sur le plan sécuritaire, les droits humains, la prévention des conflits, la numérisation, la participation des femmes et la parité dans le contexte du maintien de la paix, de la médiation et de la consolidation de la paix.

Encore sous le choc de l’attaque tragique qui a coûté la vie à trois soldats de la paix de l’ONU au Mali il y a quelques jours, les membres du Comité ont honoré la mémoire de tous les Casques bleus tués dans l’exercice de leurs fonctions.  Rien qu’en 2022, 32 ont perdu la vie, a rappelé le Liban.  Face aux attaques de plus en plus violentes et aux campagnes de désinformation visant les personnels en uniforme sous bannière onusienne, le Mouvement des pays non alignés a appelé à une action renforcée afin de mettre un terme à l’impunité des crimes contre le personnel en uniforme.

En effet, « pas un mois ne s’écoule sans que l’un d’eux soit attaqué », a regretté le Président de l’Assemblée générale, M. Kőrösi.  Les appels se sont multipliés pour doter les missions de moyens techniques de pointe afin de pouvoir mieux appréhender les environnements dans lesquels elles opèrent, mais également améliorer la communication stratégique et de proximité dans le but de regagner la confiance des populations locales qui est souvent minée par la désinformation.

Cette année, les membres du Comité des 34 sont aussi appelés à tirer parti du soixante-quinzième anniversaire du maintien de la paix des Nations Unies pour réfléchir à des questions comme l’investissement dans la formation pré-déploiement, le renforcement des capacités, y compris en s’appuyant sur les nouvelles technologies, l’amélioration des performances, la sécurité et le bien-être du personnel en uniforme ou encore les obstacles à la promotion des femmes dans les processus de paix. 

Les délégations africaines sont revenues sur le cadre conjoint ONU-Union africaine (UA), signé en avril 2017 par le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’UA, pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  Ce partenariat reconnaît le rôle important joué par l’UA dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent, ont-elles souligné, en insistant sur l’urgence pour l’ONU de financer au cas par cas les opérations de paix de l’UA autorisées par le Conseil de sécurité. 

Par ailleurs, le Togo a réaffirmé la nécessité de réduire l’empreinte environnementale des opérations de paix.  Dans la même veine, les Émirats arabes unis ont espéré voir les énergies renouvelables utilisées par les opérations de paix à hauteur de 80% d’ici à 2030, un objectif qui fera prochainement l’objet d’un communiqué conjoint avec la Norvège. 

En début de séance, M. Muhammad-Bande, du Nigéria, a été réélu par acclamation à la présidence du Comité spécial tout comme le Bureau composé de MM. Fabián Oddone, de l’Argentine; Richard Arbeiter, du Canada; Yukiya Hamamoto, du Japon, et Mateusz Sakowicz, de la Pologne, aux postes de vice-présidents, et M. Wael Eldahshan, de l’Égypte, au poste de rapporteur.

Comme par le passé, un groupe de travail plénier présidé par M. Arbeiter a été créé pour examiner la teneur du mandat confié au Comité spécial.  Il devra lui soumettre, pour examen, les recommandations à inclure dans le rapport du Comité à l’Assemblée générale. 

Le Comité a également adopté l’ordre du jour provisoire de la session et son projet de programme.

Le jeudi 23 février au matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Lacroix, le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. Khare, et la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, Mme Martha Helena Lopez, feront au Comité des exposés sur des questions de fond et participeront à un dialogue interactif avec les délégations.  Ensuite, le vendredi 24, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Mme Pobee, fera un exposé sur l’évolution des opérations de paix.

OUVERTURE DE LA SESSION

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a d’abord honoré la mémoire des Casques bleus morts dans l’exercice de leurs fonctions.  Les nations représentées au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix mobilisent leurs ressources les plus précieuses, leurs êtres humains, qui sont déployés dans des théâtres de conflits partout dans le monde, a-t-il déclaré.  Le maintien de la paix vise à transformer les sociétés, et les Casques bleus deviennent des cibles pour cela.  Pas un mois s’écoule sans que l’un d’eux soit attaqué, a-t-il déploré. 

M. Kőrösi a appelé à tirer parti de cette date anniversaire pour faire le point, et à ne pas hésiter à poser les questions les plus épineuses.  Celles-ci ont trait, selon lui, à l’investissement dans la formation pré-déploiement, au renforcement des capacités, à l’amélioration des performances, aux obstacles à la promotion des femmes ainsi qu’à la préparation de l’avenir.  Voilà les questions déterminantes auxquelles doit s’attaquer aujourd’hui le Comité des 34, selon le Président. 

M. Kőrösi a aussi souligné l’importance du nouveau programme pour la paix, un Comité spécial dont la tâche consiste à procéder à un examen complet du maintien de la paix, ce qui n’est pas chose aisée, a-t-il déclaré.  Il a appelé les délégations présentes à faire taire les divergences et à dégager un consensus.  Près de 80 000 personnes servent la paix dans 121 pays; il a appelé à tirer de la fierté de ces chiffres, avant de conclure en paraphrasant Dag Hammarskjöld, qui avait présidé la création de la première force de maintien de la paix de l’ONU: « la quête de paix ne pourra jamais être abandonnée. »

Dans ses remarques d’ouverture, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et du Département des opérations de paix (DPPA-DPO), Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, a pris la parole au nom de M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint pour les opérations de paix.  Ce dernier, a-t-elle dit, viendra jeudi, aux côtés du Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. Atul Khare, et de la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, Mme Martha Helena Lopez, pour informer les délégations des efforts entrepris par le Secrétariat de l’ONU pour promouvoir les initiatives Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix Plus.  À cette occasion, ils mettront en évidence les domaines dans lesquels leurs départements respectifs souhaiteraient un soutien supplémentaire.  Ces hauts responsables saluent le leadership continu du Comité spécial et l’engagement soutenu de ses membres, a assuré Mme Pobee, et attendent de ce comité spécial qu’il fournisse le type d’orientations qui renforcent leur capacité à s’acquitter de leurs mandats.  La Secrétaire générale adjointe a espéré qu’au cours des négociations à venir, les membres du Comité sauront garder le même esprit de collaboration, de compromis et de consensus qui a fait le succès de ce comité spécial dans le passé, en soulignant que le maintien de la paix fédère les pays dans un effort collectif pour renforcer la paix et la sécurité internationales. 

DÉBAT GÉNÉRAL

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. OMAR KADIRI (Maroc), qui a rappelé que le Groupe représente près de 90% des Casques bleus déployés, a mis en exergue l’environnement opérationnel particulièrement difficile, avec des attaques de plus en plus violentes et des campagnes de désinformation visant les Casques bleus.  Le représentant a appelé à une action renforcée afin de mettre un terme à l’impunité des crimes contre le personnel en uniforme.  Le Secrétariat et les pays hôtes doivent coopérer étroitement afin que les enquêtes puissent aboutir rapidement et que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice.  Par ailleurs, l’ensemble des acteurs doivent fournir les capacités nécessaires aux opérations de maintien de la paix, a affirmé le délégué.  Il a dénoncé le fait que les besoins médicaux des Casques bleus ne sont toujours pas couverts et que l’évacuation médicale ne se fasse pas toujours dans les délais prévus.  Il a constaté des dysfonctionnements en matière de logement et de ressources allouées, avec un impact négatif sur la sécurité des Casques bleus et aussi sur la performance globale des missions.

Les États Membres doivent honorer leurs engagements financiers dans les délais prévus, a poursuivi le représentant, pour qui le Secrétariat doit sans plus attendre procéder au remboursement en suspens aux pays fournisseurs de contingents.  Par ailleurs, l’évaluation de la performance doit prendre en compte les questions des ressources financières et humaines alignées sur le mandat ainsi que d’autres éléments, comme le cadre pour la performance des opérations de maintien de la paix.  Le Conseil de sécurité doit confier des mandats clairs, ciblés, séquencés, réalistes et réalisables en concertation avec les États hôtes et les pays fournisseurs de contingents et de forces de police.  Pour le représentant, les mandats doivent bénéficier d’un soutien politique ainsi que de ressources humaines financières et logistiques optimales.

Dans les contextes de transition, un appui particulier doit être apporté aux autorités locales et nationales, a suggéré le délégué.  Il a appelé à une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, y compris avant le renouvellement des mandats.  Les missions doivent en outre appliquer la stratégie environnementale applicable aux missions de terrain, a-t-il ajouté.  Il a aussi souligné la nécessité de respecter le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies pour tout ce qui a trait aux accords régionaux.  Les Casques bleus doivent respecter les normes de comportement les plus strictes et en aucun cas être impliqués dans des actes de nature à mettre en danger la confiance des populations en eux.  La lutte contre les exploitations et abus sexuels est une responsabilité collective, a rappelé le représentant, qui a appelé le Conseil de sécurité et le Secrétariat à prendre en compte les besoins spécifiques des femmes ayant besoin d’une plus grande périodicité dans leur rotation et d’une fréquence adaptée.  Il a enfin regretté que le Comité spécial n’ait pas été en mesure d’adopter un rapport de fond lors de sa session précédente.

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), qui s’exprimait au nom du groupe ABUM (Argentine, Brésil, Uruguay et Mexique), a assuré d’emblée que les membres du groupe contribueraient à faire en sorte que le Comité spécial reste l’organe principal du système des Nations Unies pour discuter de tous les aspects relatifs aux opérations de maintien de la paix.  Il a réaffirmé leur volonté de travailler de manière constructive dans le cadre des négociations à venir en vue de l’adoption d’un rapport de fond.  Le fait que le Comité n’ait pas été en mesure de se mettre d’accord sur un rapport l’an dernier doit renforcer notre sens des responsabilités et notre engagement envers le personnel sur le terrain et nous conduire à une issue positive, a fait valoir le représentant.

Après avoir souligné que le cadre des activités de maintien de la paix doit être le droit international et la Charte des Nations Unies, ainsi que les principes fondamentaux du maintien de la paix, il a passé en revue une série d’éléments qui guident le groupe dans les négociations au sein du Comité des 34, à commencer par la Déclaration d’engagements communs de l’initiative Action pour le maintien de la paix, « qui est une boussole utile pour examiner les domaines du maintien de la paix qui nécessitent une attention particulière de la part des États Membres ».  Les membres du groupe ABUM soutiennent également Action pour le maintien de la paix Plus et ses priorités, a précisé le délégué.  Ils ont bien pris note du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général et attendent avec intérêt toutes les discussions intergouvernementales à venir à cet égard.  Ils espèrent que ce débat soulignera la nécessité d’investir dans la prévention et la consolidation de la paix ainsi que dans la promotion d’une coopération constructive avec les organisations régionales, a précisé leur représentant.  Celui-ci a réaffirmé l’attachement du groupe ABUM à la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes dans les efforts de paix.  Conformément aux préoccupations du groupe relatives au bien-être global du personnel des opérations de paix des Nations Unies, il a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre la résolution 2668 (2022) sur la santé mentale et le soutien psychosocial dans le contexte des opérations de paix des Nations Unies ainsi que d’autres résolutions clefs du Conseil de sécurité qui contribuent à assurer un environnement plus sûr pour le personnel opérant dans des environnements instables.  Les membres du groupe ABUM reconnaissent, soutiennent et promeuvent la mise en œuvre efficace des communications stratégiques dans le cadre des opérations de paix, en valorisant l’importance de lutter contre la mésinformation/désinformation et les discours de haine qui mettent la vie des soldats de la paix en danger, a encore précisé le représentant. 

S’exprimant au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, M. ABDILLAHI (Djibouti) a axé son intervention sur l’importance de la langue comprise par les communautés hôtes, associée aux pratiques adaptées et respectueuses des codes culturels locaux, grâce à laquelle la confiance peut naturellement se créer entre les Casques bleus et les populations locales.  Il a appelé le Département des opérations de paix, aussi bien que celui de l’appui opérationnel, à poursuivre l’ensemble des actions engagées au bénéfice d’une pleine intégration du multilinguisme dans les actions de maintien de la paix.

Son plaidoyer se fonde sur les considérations suivantes: les plus grandes opérations de paix de l’ONU sont déployées dans l’espace francophone.  Lorsqu’il s’agit de la langue du pays hôte, la pratique du français par le personnel de ces opérations contribue significativement à leur pleine réussite.  Cela est d’autant plus vrai, selon le Groupe, dans un contexte où les objectifs de ces opérations sont multidimensionnels. 

Pouvoir interagir en français, s’il s’agit de la langue des autorités et des populations locales, revêt pour le Groupe une « dimension essentielle », en favorisant la confiance et l’acceptation des missions, tout en facilitant une meilleure compréhension des réalités locales dans une perspective de pérennisation de la paix.  En résonnance avec la Déclaration d’engagements de l’initiative Action pour le maintien de la paix, le Groupe a souligné l’importance de consacrer le multilinguisme comme un levier de la performance des opérations de maintien de la paix. 

M. HARI PRABOWO (Indonésie), qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a regretté qu’il n’ait pas été possible d’adopter le rapport de fond du Comité des 34 lors de sa précédente session.  Il a insisté sur l’importance des partenariats dans le domaine du maintien de la paix, notamment entre l’ASEAN et l’ONU, dans les domaines de la formation, du renforcement des capacités et de la participation des femmes.  Le représentant a estimé que les opérations de paix doivent être accompagnées de ressources adaptées à leur mandat, en appelant le Secrétariat de l’ONU à veiller à ce que les remboursements aux pays fournisseurs de contingents soient versés dans les délais impartis.  Le délégué a également mis l’accent sur l’importance de mandats clairs, ainsi que sur l’amélioration de la sécurité et du bien-être des Casques bleus, en estimant que l’un des moyens d’y parvenir serait de les doter de nouveaux équipements de pointe.  Par ailleurs, les auteurs de crimes visant les Casques bleus doivent être traduits en justice, a-t-il exigé.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a loué le rôle crucial joué par le Comité des 34, se disant toutefois déçu que l’an dernier, il n’ait pas été possible d’adopter un rapport de fond à son sujet.  Il a souhaité que cela ne crée pas de précédent. 

Il a jugé logique de progresser sur les questions de parité au sein des effectifs, les mandats encourageant la pleine participation des femmes au maintien de la paix de l’ONU.  Il faut cependant selon lui dépasser les simples chiffres, qui montrent que leur place a progressé, puisqu’elles totalisent 8% des troupes: dans ce domaine, notamment les grades plus élevés, « la route est encore longue », et le moment n’est pas venu de baisser les bras, a reconnu le représentant.  Les partenaires du CANZ sont prêts à cet égard à soutenir toute initiative permettant de lever les obstacles à l’intégration des femmes portant l’uniforme.  Le délégué a aussi appelé à se donner les moyens d’affronter les nouveaux dangers auxquels font face les opérations de maintien de la paix, nommément la désinformation, qui cause d’énormes dégâts et sape la confiance au sein des communautés locales.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a promis l’engagement de sa délégation pour parvenir à un consensus sur un rapport de nature à soutenir l’adaptation du maintien de la paix à l’évolution des défis.  L’Union européenne, a-t-il dit, veut s’engager sur des questions transversales telles que la revitalisation des processus politiques, des partenariats efficaces sur le plan sécuritaire, les droits humains, la prévention des conflits, la numérisation, les femmes et l’égalité des sexes, la médiation et la consolidation de la paix.

La Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine continuent de faire partie du processus de stabilisation et d’association, a rappelé le représentant, en soulignant que l’UE mène actuellement 11 missions et opérations civiles et 7 militaires, dont 13 sont déployés parallèlement aux missions de l’ONU en Afrique, au Moyen-Orient et dans les Balkans et 3 opèrent conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.  L’UE finance des initiatives de renforcement des capacités ainsi que des activités de soutien à la paix menées par l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines.  En dépit des nouveaux risques et défis sécuritaires aux portes des États membres de l’Union, la communauté reste engagée auprès de ses partenaires africains.

Préoccupé par les défis croissants auxquels les Casques bleus sont confrontés sur le terrain, le délégué a condamné les restrictions à leur liberté de mouvement et la présence croissante de mercenaires dans les zones de déploiement.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité a fourni une feuille de route sur la manière dont l’ONU peut gérer les transitions de mission de manière éthique et durable.  Selon lui, la clef de l’efficacité des opérations de maintien de la paix reste l’amélioration des performances, de la formation préalable au déploiement et en cours de mission, ainsi que la nécessité d’assurer une meilleure synergie des efforts entre les nombreuses agences des Nations Unies.  Il a enfin souligné l’importance de maintenir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité au premier plan des efforts en cours et de garantir la participation des femmes aux opérations de paix.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué l’adoption à l’unanimité de la résolution 2668 du Conseil de sécurité, y voyant la preuve irréfutable que l’accès aux services de santé mentale et au soutien psychosocial pour le personnel déployé au sein des opérations de paix est une priorité que le Comité devra aborder.  Il a donc invité les délégations à réfléchir de manière proactive à cette question en tant que composante transversale du processus de négociation.  De la même manière, il a remercié le Secrétariat d’avoir élaboré une stratégie permettant d’offrir des services de la santé mentale et de veiller au bien-être psychosocial du personnel en uniforme.  Il a également insisté sur l’impératif d’une plus grande participation des femmes aux opérations de paix à tous les niveaux.

Dans le cadre de son engagement en faveur de la formation des cadres des OMP, le Mexique réitère l’invitation au Centre conjoint de formation aux opérations de paix du Mexique (CECOPAM), qui propose une formation de premier ordre grâce à des cours et des exercices certifiés par l’ONU dans des installations modernes et une technologie de pointe, a expliqué le représentant, saluant à cet égard l’accompagnement du Centre par le Département des opérations de paix.  Le représentant a aussi appelé au renforcement des synergies entre les opérations de paix et d’autres acteurs du système des Nations Unies tels que la Commission de consolidation de la paix, le système des coordonnateurs résidents ou encore les équipes de pays de l’ONU pour prévenir l’escalade des conflits et déployer des moyens nécessaires, mais aussi pour prendre des mesures à long terme pour assurer une paix durable.  Il est essentiel d’éviter des scénarios comme celui observé aujourd’hui en Haïti, dans lequel une transition précipitée est devenue un élément qui a contribué à l’instabilité actuelle, a-t-il mis en garde. 

M. THOETSAK JAIAREE (Thaïlande), général de brigade au sein de l’armée de son pays, a plaidé pour des mandats clairs, réalistes, ainsi que pour des ressources adéquates afin de tirer pleinement parti des capacités et de la bonne conduite des Casques bleus.  Il a préconisé de nouvelles mesures visant à améliorer leur sûreté et leur sécurité, les communications stratégiques et la responsabilité à l’égard des soldats de la paix, afin de soutenir leur travail dans des contextes précaires.  Cela devrait constituer les priorités stratégiques les plus importantes.  Pour le représentant, le maintien de la paix doit être envisagé dans l’ensemble du processus de paix, du soutien à la paix jusqu’à la fin d’une guerre, pour que la paix s’enracine et soit durable.  Avec le consentement du pays hôte, les Casques bleus peuvent contribuer aux premiers efforts de consolidation de la paix, notamment le renforcement des capacités, le soutien aux infrastructures et les soins de santé communautaires.  C’est précisément cette orientation qui guide les soldats de la paix thaïlandais actuellement déployés au Soudan du Sud, et précédemment dans de nombreux théâtres de conflit à travers le monde.

M. NOEL MANGAOANG NOVICIO (Philippines) a plaidé pour le renforcement des capacités de déploiement futures des soldats de la paix.  Son pays continuera à revitaliser leur participation aux opérations de maintien de la paix, a-t-il assuré, en faisant valoir des recommandations sur les quatre éléments thématiques choisis pour les négociations de cette année, notamment relatives à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus.  Le délégué a appelé à cet égard à mettre en place une plateforme d’échange d’informations, de coordination et de renforcement des capacités.  Pour lui, le Comité spécial doit également prendre en compte les réalités sur le terrain: les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police doivent privilégier la protection des civils exposés à un danger imminent en utilisant des moyens dont ils sont dotés, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.  Le représentant a jugé en conclusion essentiel d’améliorer l’apprentissage par les pairs. 

Pour M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie), les principes du maintien de la paix comme le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, restent pertinents.  La Conférence ministérielle de Séoul, qui s’est tenue en décembre 2021, s’est conclue par une déclaration et de nombreux engagements qui, une fois pleinement respectés, renforceront la mise en œuvre des piliers de l’Action pour le maintien de la paix, a-t-il relevé.  Pour l’Éthiopie, le maintien de la paix doit être conçu comme un mécanisme de transition sans compromis affectant l’orientation et la coopération internationale dans les domaines du développement, de l’aide humanitaire et des efforts de renforcement de l’État pour le pays hôte, a estimé le représentant.  Il a appelé à donner la priorité à la crédibilité des décisions qui conduisent au déploiement des Casques bleus.  À cette fin, les États hôtes doivent être consultés de manière adéquate dans le processus d’analyse et de prise de décisions au niveau politique, pour maintenir la confiance mutuelle, a argué le représentant. 

Dans le même ordre d’idées, les propositions de reconfiguration des missions doivent être concertées avec les pays hôtes et contributeurs de troupes.  En tant que pays fournisseur de troupes, l’Éthiopie souligne l’importance de la conformité des missions de maintien de la paix aux principes du maintien de la paix, notamment celui du consentement des pays hôtes.  À cet égard, l’ONU doit toujours s’engager avec eux pour répondre aux préoccupations émergentes et apporter les ajustements nécessaires en temps opportun, a souhaité le représentant.  D’autre part, il a fait valoir que l’ampleur du déploiement en termes de taille et de capacité doit être adaptée à la situation en matière sécuritaire et aux défis des missions sur le terrain.  Les décisions de réduire leur taille et leurs ressources servent malheureusement de référence pour l’allocation ultérieure et actuelle des ressources, a déploré le délégué.  Des lacunes qui expliquent également selon lui le niveau de stress accru, l’augmentation du nombre de morts et de blessés, les problèmes de santé mentale et la sûreté et la sécurité générales des soldats de la paix.  Il est nécessaire, selon lui, de rectifier le tir et faire en sorte que le personnel soit suffisamment nombreux et que les stratégies et concepts opérationnels correspondent aux menaces.

Mme MARÍA NOEL BERETTA TASSANO (Uruguay) a décrit un contexte opérationnel de plus en plus délétère du fait de l’intervention de groupes armés, de la détérioration de l’état de droit et des changements climatiques.  Ceci met à l’épreuve la résilience des pays hôtes mais aussi les institutions des Nations Unies elles-mêmes, a-t-elle déploré.  Préoccupée par les violences sexuelles et sexistes, parfois perpétrées parmi les soldats de la paix, elle a préconisé une politique de tolérance zéro à ce sujet, ainsi qu’une approche préventive et une sensibilisation des Casques bleus à ces questions.  Tous les fonctionnaires et leaders au Siège de l’ONU et sur le terrain doivent aussi l’être de manière générale, a-t-elle pointé.  La représentante a enfin jugé important de travailler à des mécanismes pour permettre aux pays hôtes d’exercer les responsabilités qui leur incombent sur le plan judiciaire.

Mme SHERRY ZILBERGELD (Israël) a d’emblée dénoncé les discours violents des dirigeants du Hezbollah et le positionnement terroriste de cette organisation.  Elle a plaidé pour la sécurité du personnel de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), exigeant une enquête impartiale et indépendante contre les auteurs d’actes répréhensibles contre la mission.  La Force, a poursuivi la déléguée, doit pouvoir déployer ses activités et ses opérations en l’absence de toute restriction et être dotée des outils et des moyens nécessaires à la réalisation de son mandat.  Elle a ajouté que sa délégation souhaite fournir de meilleurs soins médicaux sur le terrain aux Casques bleus dans le cadre d’un partenariat triangulaire, encourageant le Secrétariat à explorer des pistes à cet égard.  La déléguée a aussi appelé à mettre en œuvre la stratégie pour la santé mentale du personnel, pour que l’accompagnement psychosocial des troupes et des contingents soit de meilleure qualité. 

M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a appelé à ne pas perdre de vue le continuum du maintien de la paix qui comprend à la fois la diplomatie préventive et la consolidation de la paix.  Il faut mettre l’accent sur le règlement des conflits et la construction d’une paix durable, a-t-il insisté, et redoubler d’efforts pour soutenir la consolidation de la paix afin d’empêcher la reprise des conflits et parvenir à une paix durable.  Rappelant que le 3 février 2023, un Casque bleu sud-africain de l’ONU a été tué en République démocratique du Congo (RDC), il a fait savoir que son pays demande aux autorités congolaises d’enquêter sur cette attaque odieuse et de traduire les responsables en justice dès que possible. 

Notant que les deux dernières décennies ont vu une multiplication des opérations de maintien de la paix sur le continent africain, avec une forte demande pour des missions de stabilisation intégrées multidimensionnelles, le délégué a rappelé qu’en avril 2017, le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’Union africaine (UA) ont signé un cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui reconnaît le rôle important joué par l’UA dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent.  L’UA a également joué un rôle important dans le rétablissement de la paix dans des situations instables sur le continent et, parfois, les troupes de l’UA ont payé le prix ultime.  À ce sujet, le représentant a estimé que le principe de complémentarité et de subsidiarité doit s’appliquer lorsque les troupes de l’UA font le gros du travail et consentent le sacrifice ultime dans des situations où les opérations de maintien de la paix de l’ONU n’ont pas les mandats nécessaires.  Dans ce contexte, il a insisté sur l’importance des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales, sous-régionales et autres, jugeant urgent que l’ONU finance les opérations dirigées par l’UA et autorisées par le Conseil de sécurité.

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a rappelé que 84 soldats de la paix népalais ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.  Il a ensuite souligné l’engagement inébranlable du Népal pour le maintien de la paix, personnifié par le déploiement actuel de 6 057 Casques bleus dans différentes missions.  Selon lui, la sûreté, la sécurité et « le moral » des soldats de la paix doivent figurer au cœur de la planification, des opérations et du partenariat.  Des approches spécifiques à chaque mission sont également nécessaires pour faire face à l’expansion constante du maintien de la paix, y compris la protection des civils. 

Pour le délégué, l’exécution efficace des mandats et la sécurité des soldats exigent une approche holistique incluant la formation, l’adéquation des ressources et l’intégration des nouvelles technologies.  La collecte de renseignements, l’atténuation des menaces liées aux engins explosifs improvisés et la lutte contre la désinformation sont importantes, a-t-il relevé.  L’absence de conséquences pénales pour les auteurs de crimes contre les Casques bleus les a fortement fragilisés, a-t-il prévenu, en appelant à la fin de l’impunité pour de tels actes.  Tout en encourageant le gouvernement hôte à rendre justice, l’ONU et les autres parties prenantes devraient l’aider à renforcer ses capacités à enquêter et à ouvrir des poursuites, a préconisé le délégué.  Enfin, pour améliorer les performances des soldats de la paix, il a préconisé la fourniture d’un meilleur équipement, un environnement de travail motivant, et des formations en cours de mission.

M. ABD-EL KADER YASMIN TCHALARE (Togo) a réaffirmé la nécessité de réduire l’empreinte environnementale des opérations de paix, dont les mandats doivent être définis et mis en œuvre en vue d’aboutir à des solutions politiques durables et respectueuses de la souveraineté des pays hôtes.  Au regard de la détérioration et de la complexité de la situation sécuritaire par endroits, le représentant a affirmé son adhésion à des actions intégrées, coordonnées et globales de la protection des civils. 

Préoccupé par la multiplication des actes de malveillance à l’encontre des personnels en uniforme ces dernières années, le délégué a pris note des initiatives du Secrétariat en vue de renforcer les conditions sécuritaires, notamment la mise au point d’un dispositif de gestion de la sécurité et de la santé au travail et surtout le plan d’action qui accorde une attention particulière à la lutte contre les engins explosifs improvisés.  Il a également salué la création d’une base de données en ligne sur les crimes commis contre le personnel du maintien de la paix, l’amélioration des capacités d’évacuation des blessés, la finalisation d’une politique de défense intégrée des bases et le plan de mise en œuvre relatif à l’examen stratégique indépendant des mesures prises par les Nations Unies face à la menace créée par les engins explosifs.  Il a terminé en réitérant son attachement à la participation pleine, égale et véritable des femmes aux processus de paix et s’est réjoui des avancées réalisées en la matière ces dernières années.

M. LAMINE DIOUF (Sénégal) a réitéré sa condamnation la plus ferme de toute attaque visant le personnel onusien, ainsi que son attachement à rendre la justice pour tous les crimes commis à leur égard, comme recommandé par la résolution 2589 (2021) du Conseil de sécurité.  En particulier, les attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés, qui continuent de s’accroître à un rythme soutenu, préoccupent au plus haut niveau le Sénégal, pays contributeur de troupes majeurs et premier contributeur de policiers, avec un effectif total de 2 456 déployés dans différents théâtres d’opérations.  Il a réitéré son appel au Secrétariat à continuer le développement de stratégies de communication pour renforcer la confiance entre les missions et leur communauté d’accueil, mais aussi pour les opérations de désinformation et les discours de haine qui exposent les Casques bleus à l’hostilité des populations qu’ils servent.  Le délégué a enfin réitéré l’importance primordiale de développer des mécanismes de financement plus prévisibles, durables et flexibles des opérations de paix de l’Union africaine (UA) autorisées par le Conseil de sécurité, en vertu de la résolution 2320 (2016) sur la coopération entre l’ONU et l’UA.  Plus globalement, les ressources doivent s’aligner sur les mandats, et non l’inverse, a-t-il plaidé en conclusion.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a rappelé que son pays a accueilli l’une des missions de maintien de la paix des Nations Unies les plus réussies, avec pratiquement aucun décès de soldats de la paix.  Saluant l’initiative de déploiements conjoints entre pays développés et pays en développement, en combinant les ressources humaines et matérielles pour les opérations de maintien de la paix, le représentant a souhaité que soient explorées les possibilités d’impliquer les soldats de la paix du pays dans ce type de déploiement à l’avenir.  Il a aussi rappelé que rétablir l’état de droit, soutenir les élections, aider au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des anciens combattants, protéger et promouvoir les droits humains et aider aux tâches humanitaires, la sûreté et la sécurité des Casques bleus doivent être la priorité.  Préoccupé par le nombre de morts parmi les soldats de la paix ces dernières années, le délégué a demandé la mise en œuvre de toutes les mesures appropriées pour améliorer leur sûreté et leur sécurité, y compris les conditions nécessaires pour soutenir également leur santé mentale.

Pour que les missions de maintien de la paix soient efficaces, a estimé le représentant, elles doivent être dotées de mandats clairs, d’une planification, d’une gestion et d’un soutien financier adéquats, et de suffisamment de temps et de ressources pour s’engager dans des tâches multifonctionnelles de consolidation de la paix.  Elles doivent posséder une compréhension suffisante du contexte local, pour obtenir un engagement actif des communautés et de la société civile, y compris les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a condamné les attaques visant les soldats de la paix avant de réaffirmer le rôle crucial des pays hôtes dans l’établissement des responsabilités des auteurs de ces crimes odieux.  Compte tenu des lacunes actuelles dans ce domaine, la représentante a suggéré de tirer parti de l’expérience des pays contributeurs de contingents et des pays hôtes pour la mise en œuvre de l’accord sur le statut des forces, en vue de compléter les différentes initiatives du Secrétariat, telles que le rapport du général de corps d’armée dos Santos Cruz, qui contient des recommandations toujours valables aujourd’hui.  Fort de ce constat, la représentante a appuyé la création du groupe d’amis pour la sécurité et la protection du personnel de maintien de la paix, ainsi que du groupe d’amis pour la promotion de la responsabilité pour les crimes contre les Casques bleus.  La communication stratégique dans le contexte du maintien de la paix, tant au Siège de l’ONU que sur le terrain, est également extrêmement importante, a-t-elle valoir, pour détecter, analyser et contrer la montée de la désinformation d’une part, et faciliter ainsi la réalisation du mandat et la sécurité des Casques bleus et de la population civile.  La déléguée a espéré que le Comité spécial parviendra à un consensus lors de cette session de fond pour pouvoir adopter son rapport de fond.

M. GHEORGHE LEUCĂ (République de Moldova) a plaidé pour que les opérations de paix s’adaptent à un environnement en constante évolution, et bénéficient d’une meilleure préparation des Casques bleus et d’un plus grand nombre de femmes en uniforme pour lutter contre les mauvaises performances.  Il a aussi jugé essentiel d’assurer une mise en œuvre adéquate des mandats, alors que les actions malveillantes dirigées contre les troupes ne cessent de croître.  Aucun conflit au monde ne devrait échapper à l’attention des Nations Unies, a-t-il aussi remarqué.  Or un conflit persiste à l’Est de la République de Moldova, dû à une présence militaire étrangère.  Il s’agit d’un problème existentiel pour son pays, dont le délégué a réaffirmé l’importance du retrait des troupes russes.

M. HAMAMOTO YUKIYA (Japon) a insisté sur l’importance de parvenir à un consensus sur le rapport du Comité spécial de cette session, ce qui permettra aux missions de maintien de la paix de contribuer efficacement à la paix et à la sécurité humaine.  Il a ensuite plaidé en faveur d’un recours accru à la Commission de consolidation de la paix dans le cadre de la planification des mandats, lesquels doivent être mis en œuvre intégralement.  Le délégué a par ailleurs appelé à renforcer les partenariats entre les différentes parties prenantes.  Après avoir dénoncé les actes malveillants à l’encontre des Casques bleus, le représentant a souligné l’importance de l’inclusion dans le travail du Comité de tous les groupes régionaux, qui doivent pouvoir s’asseoir à la table des négociations tout au long du processus. 

M. SHAMSURI NOORDIN, colonel au sein de l’armée de la Malaisie, a rappelé que depuis 1960, son pays a participé à plus de 38 opérations de maintien de la paix, déployant environ 40 000 soldats de la paix.  Il a été d’avis que le Comité des 34 joue un rôle vital en tant que plateforme efficace pour recueillir des informations et fournir des orientations pour le renforcement des outils et des politiques de maintien de la paix.  Après avoir fait part de sa préoccupation face à l’augmentation des attaques contre les Casques bleus, en notant qu’il va falloir continuer à assurer leur sûreté et la sécurité.  Il ne devrait y avoir aucun compromis sur cette question, a-t-il dit.  Toutes les parties prenantes sont responsables du moral, de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix; et leur bien-être doit être pris en charge comme une priorité absolue.  Cela exigerait que les soldats de la paix aient les compétences, la formation et l’équipement nécessaires à la réalisation de leur mandat, a fait valoir le représentant.  Dans le même temps, des efforts accrus au niveau stratégique sont nécessaires pour accroître la légitimité des missions de maintien de la paix, y compris dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine.  Après avoir insisté sur l’importance de la formation, il a précisé que le centre malaisien de maintien de la paix continue d’être reconnu comme un centre de formation de premier plan dans la région.  Le délégué a souhaité que le rôle des femmes et des jeunes dans la paix et la sécurité soit renforcé et intégré.  À ce sujet, il a précisé que son pays soutient le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ce qui se traduit notamment par le plus grand nombre de femmes soldats de la paix au sein de la FINUL, soit 85.

M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte-d’Ivoire) a appelé les États Membres à surmonter leurs divergences afin de s’accorder sur les différents aspects de la nouvelle architecture du rapport du Comité spécial, dans l’optique de son adoption.  Face à la multiplicité des défis, une attention toute particulière devra être accordée selon lui à la coopération triangulaire, aux partenariats et aux mesures visant à assurer des financements adéquats, prévisibles et durables des missions, avec des mandats clairement définis.  Condamnant une fois encore les violences à l’encontre des soldats de la paix, le délégué a fustigé avec la dernière énergie toutes les attaques abjectes ayant provoqué des pertes en vies humaines, et réaffirmé le plein soutien de son pays à la politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs des attaques contre les forces onusiennes.  Aussi a-t-il a appelé à renforcer davantage les stratégies opérationnelles visant à assurer la sécurité et la sûreté du personnel civil et en tenue, ainsi qu’à améliorer significativement les dispositifs de lutte contre la désinformation, la mésinformation et les discours de haine à l’encontre des Casques bleus. 

M. WAEL MAHMOUD ABDELAZIZ ELDAHSHAN (Égypte) a évoqué les trafics de drogue, la traite d’êtres humains, les trafics d’armes illicites, la pandémie, les changements climatiques et les pénuries d’eau comme autant de facteurs ayant rendu l’environnement opérationnel beaucoup plus complexe, difficile et meurtrier.  En tant qu’important pays contributeur de troupes, l’Égypte a appelé à ce que les réformes des opérations de maintien de la paix soient appliquées.  Pour le représentant, renforcer la santé et la sécurité des Casques bleus est la priorité numéro un, aussi a-t-il a appelé à lutter contre la désinformation et l’hostilité dont sont victimes les soldats de la paix.  Enfin, le partenariat entre l’Union africaine et l’ONU doit être renforcé, tout comme la présence des femmes parmi les troupes.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a exhorté à ne pas plonger les opérations de maintien de la paix en eaux troubles en leur demandant d’assumer des fonctions qui ne leur avaient pas été dévolues au départ.  Il faut une planification précise des activités pour répondre à des situations complexes et développer les capacités des pays hôtes de façon à leur permettre d’assumer à terme les risques sécuritaires posés par les groupes terroristes et armés.  Le représentant a rappelé l’importance des partenariats bilatéraux et multilatéraux en matière de déploiement et de formation.  Par ailleurs, la représentation des femmes doit être équitable et se faire sur la base de critères géographiques.  En outre, les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être réalistes et réalisables et les missions dotées des ressources nécessaires.  Pour le délégué, la sélection des pays fournisseurs de contingents doit se faire selon leur capacité, la qualité devant prévaloir sur les considérations politiques.  Il a terminé en souhaitant le renforcement du Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan, considérant aussi que les activités de contrôle et de surveillance au Cachemire seront ainsi facilitées, dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a vanté la préparation et le sens des responsabilités des Casques bleus équatoriens un peu partout dans le monde avant de plaider pour que les opérations de maintien de la paix soient modernes, équipées des outils nécessaires et adéquatement protégées si l’on veut qu’elles remplissent les objectifs qui sont les leurs.  Le représentant s’est dit préoccupé de l’augmentation très inquiétante des informations erronées et des désinformations qui circulent aujourd’hui ayant des effets délétères sur la sécurité du personnel de l’ONU.  Face à cette menace, il faut redonner confiance au public et au personnel en mettant en œuvre l’Action pour le maintien de la paix.  Le délégué a ajouté que son pays est prêt à faire davantage pour améliorer les opérations de paix au sein du Comité spécial et à la Commission de consolidation de la paix. 

Mme TRINA SAHA (États-Unis) a insisté sur l’importance de doter de ressources nécessaires les missions de maintien de la paix, avant de se dire fière des partenariats qui unissent sa délégation à plusieurs pays fournisseurs de contingents.  L’obligation d’établir les responsabilités doit être mise en œuvre en cas de performance insuffisante ou encore de comportement inadapté, a-t-elle recommandé.  Selon elle, les femmes doivent être représentées à tous les niveaux des missions, et à tous les échelons, que ce soient des positions de leadership ou en tenue au sein des missions de paix.  Les États-Unis, a souhaité la représentante, veulent une approche plus holistique du maintien de la paix pour répondre aux besoins des populations.  Elle a exhorté le Comité spécial à engager des pourparlers pour permettre d’imposer les normes et principes les plus stricts. 

M. HYUNKI YOU (République de Corée) a soutenu les initiatives Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix Plus, rappelant que son pays avait accueilli la première Réunion ministérielle sur leur mise en œuvre en 2021 à Seoul et qu’il s’apprête à accueillir la deuxième cette année.  Il a mis l’accent sur l’importance de veiller à la protection des Casques bleus, en parlant du prototype de « campement intelligent » développé par la Corée, qui capitalise sur le potentiel des nouvelles technologies pour améliorer la performance opérationnelle, notamment pour le renforcement des capacités de maintien de la paix.  Le représentant a souligné que l’évaluation de la performance va de pair avec l’obligation de rendre des comptes et qu’il faut doter les pays fournisseurs de contingents des ressources nécessaires à la formation de leurs troupes.  La réforme des opérations de paix doit se poursuivre, a-t-il souhaité en soumettant l’idée de réduire la taille des opérations multidimensionnelles pour qu’elles soient mieux adaptées aux caractéristiques du terrain.  En outre, les mandats doivent veiller à ce que la protection des civils soit le fait du personnel de maintien de la paix avant de passer ensuite au pays hôte.  Le représentant a également mis l’accent sur l’importance de la confiance des populations locales pour permettre aux missions de réaliser leurs mandats, en regrettant la défiance souvent observée en ce moment.  Il a espéré que le Comité des 34 serait en mesure d’adopter son rapport de fond pendant cette session. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a insisté sur la responsabilité collective d’adapter le maintien de la paix aux défis d’aujourd’hui, ajoutant que son pays est attaché au programme Action pour le maintien de la paix et aux priorités d’Action pour le maintien de la paix Plus.  Pour cela, il faut faire davantage pour assurer la sécurité des soldats de la paix, en renforçant les capacités médicales et la lutte contre les engins explosifs improvisés, a-t-elle souligné.  Mais il est aussi essentiel de fournir aux troupes la formation et l’équipement de pré-déploiement appropriés.  Pour jouer son rôle, le Royaume-Uni continue de former environ 10 000 soldats de la paix en Afrique chaque année, notamment en matière de lutte contre les engins explosifs improvisés (EEI), de renseignement en matière de maintien de la paix et de premiers secours, a expliqué la déléguée.  Estimant que les Casques bleus méritent la pleine coopération des pays hôtes et le respect de leur liberté de mouvement, elle a argué que la lutte contre la désinformation anti-ONU et contre les violations de l’accord sur le statut des forces devrait être une priorité pour tous les membres de ce Comité.  Des missions plus performantes sont mieux à même de protéger leur personnel et les civils, a argué la représentante, en appelant à une mise en œuvre rigoureuse du cadre intégré de performance et de responsabilisation en matière de maintien de la paix, qui devrait permettre d’atteindre des normes plus élevées de sécurité et d’exécution des mandats.  Ces normes doivent également porter sur la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels dans le cadre du maintien de la paix, a souhaité la représentante.  En dernier lieu, elle a insisté sur la participation pleine, égale et significative des femmes au maintien et à la consolidation de la paix, rappelant qu’à ce jour, le Royaume-Uni a versé 7,4 millions de dollars à Elsie Initiative Fund pour promouvoir la participation des femmes en uniforme.

M. MD SADEQUZZAMAN (Bangladesh) a rappelé que son pays, principal contributeur de troupes, servait depuis 1998, avec quelque 7 000 Casques bleus repartis dans neuf opérations de maintien de la paix.  Il a signalé que 166 Casques bleus bangladais avaient péri dans l’exercice de leurs fonctions.  Il a souhaité que des ressources adéquates soient allouées aux opérations de maintien de la paix pour que le contexte sécuritaire s’améliore.  Les attaques en augmentation l’ont préoccupé particulièrement et il a appelé à veiller à la fourniture de matériel amélioré, à élaborer des processus d’évacuation améliorés, ainsi qu’à une prise de responsabilité adéquate des pays hôtes en termes de sécurité pour les Casques bleus et d’enquêtes rapides relatives à d’éventuels crimes à leur encontre.  La désinformation est aussi un problème crucial, a-t-il souligné.  Conformément au programme sur les femmes et la paix et la sécurité, il s’est prononcé en faveur d’une participation accrue des femmes aux opérations et d’un rôle grandissant accordé aux formations pré-déploiement.

Mme GLORIYA A. AGARONOVA (Fédération de Russie) a plaidé en faveur de l’amélioration du soutien logistique et de la formation aux missions de maintien de la paix, à condition de prendre en compte les besoins des États hôtes et voisins ainsi que la protection des données.  La déléguée s’est ensuite dite favorable à l’élaboration de mandats précis et réalistes tenant compte des réalités du terrain.  Les tâches relatives aux droits humains, au genre et au climat, qui ont pour la Russie un caractère subsidiaire, ne doivent pas être élevées artificiellement au rang de priorités, a estimé la représentante.  Les États hôtes sont les premiers responsables de la protection de la population civile, a-t-elle indiqué, en faisant valoir que sa délégation souhaite relancer les activités des organisations régionales en matière de règlement des conflits locaux.  Regrettant l’incapacité du Comité spécial à adopter son rapport l’an dernier, la déléguée a appelé ses homologues à ne pas politiser les travaux du Comité. 

M. BENNY (Indonésie) s’est dit préoccupé du fait que la session de fond n’ait pas pu adopter un rapport de fond.  Il a mis l’accent sur la sûreté et la sécurité des Casques bleus, en condamnant les attaques de plus en plus nombreuses qui les visent et en exigeant qu’elles fassent l’objet d’enquêtes pour traduire les responsables en justice.  En outre, il faut lutter contre la mésinformation qui alimente souvent ces attaques, a-t-il recommandé.  Le représentant a également appelé à améliorer le système de gestion du matériel partagé par les missions et à doter celles-ci de ressources adéquates pour l’exécution de leur mandat.  Le délégué a prôné des partenariats robustes, y compris le partenariat triangulaire, dans le contexte du maintien de la paix.  Il a affirmé que l’Indonésie est favorable à la promotion de la contribution des femmes à tous les niveaux.

M. NEUMI QARANIVALU VAKADEWABUKA (Fidji) a loué le rôle particulier du Comité des 34, se disant déçu que l’an dernier, il n’ait pas été possible d’adopter un rapport de fond.  Les Fidji sont le pays contributeur de troupes le plus important qui soit, ramené à son nombre d’habitants, et son représentant a espéré de meilleures avancées cette année.  Il a notamment mis en valeur les partenariats triangulaires, ainsi que le développement de nouveaux centres de formation dans la région du Pacifique.  Le délégué a aussi insisté sur le fait que le fonctionnement des opérations de maintien de la paix ait été rendu difficile par l’action des changements climatiques, indépendamment de la nature du terrain. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a plaidé pour une mise en œuvre efficace de la stratégie visant à renforcer les capacités des missions, afin de traiter avec les défis actuels.  Il faut en outre combattre les campagnes de désinformation, a-t-elle recommandé.  La représentante a également appelé à prendre des mesures contre les fauteurs de troubles.  Toutes les missions doivent renforcer leurs efforts pour lutter contre l’impunité, a-t-elle demandé arguant que cela aidera à augmenter les possibilités de parvenir à une paix durable.  La déléguée a ensuite misé sur une bonne transition après la fin de la mission pour empêcher le pays de retomber en arrière.  Elle a en outre demandé un financement accru pour le renforcement de la paix y compris par le biais du Fonds de consolidation de la paix.  Pour ce qui est de l’égalité des femmes au sein des missions de maintien de la paix, elle a appelé à renforcer le rôle des femmes dans les transitions politiques, car celles-ci sont indispensables dans la mise en œuvre des accords de paix et la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité.  En conclusion, elle a souligné l’importance des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales. 

Mme JEANNE MRAD (Liban), dont le pays accueille la FINUL, a noté que 2022 a vu une hausse préoccupante du nombre d’attaques préméditées contre des soldats de la paix, dont 32 ont perdu la vie.  Elle a condamné toutes ces attaques et rendu hommage aux Casques bleus partout dans le monde, en appelant à poursuivre les efforts en vue d’améliorer leur sûreté et leur sécurité, y compris grâce à la formation, à la dispense de soins médicaux et à la fourniture de matériel adéquat.  Elle a salué l’augmentation du nombre de femmes au sein des forces de maintien de la paix des Nations Unies.  Après avoir déploré la mort d’un Casque bleu irlandais déployé dans le cadre de la FINUL au Liban, elle a expliqué que l’un des accusés avait été arrêté tandis que les autres font déjà l’objet de poursuites.  La déléguée a ensuite insisté sur l’importance de la coordination entre le Gouvernement libanais et la FINUL, en rendant hommage à la robuste coopération qui existe entre la mission et les forces armées libanaises.

M. HOANG NGUYEN NGUYEN (Viet Nam) a souhaité que la capacité à protéger les soldats de la paix soit renforcée par des mesures s’attaquant aux principales causes de leur décès, notamment les actes malveillants, l’utilisation d’explosifs et les maladies.  Il est clairement établi que les soldats de la paix ont plus de chances de survivre aux attaques s’ils ont été correctement formés et équipés: c’est pourquoi le délégué a appelé l’ONU et les parties prenantes à déployer davantage d’efforts dans ce domaine.  Il est également impératif, selon lui, de renforcer les capacités médicales des missions, afin de mieux protéger la santé physique et mentale des soldats de la paix.  À cet égard, il a salué les efforts déployés par le Secrétariat pour améliorer le sort des Casques bleus par le biais de formations médicales, y compris aux premiers secours.  En outre, le Viet Nam fait partie des pays fournisseurs de troupes à la proportion élevée de femmes dans leurs rangs.  Il a organisé la dernière Conférence internationale sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, à Hanoi, en novembre dernier.  Le délégué s’est engagé à ce que le Viet Nam poursuivre sa politique de déploiement de soldates de la paix à tous les postes appropriés dans les années à venir, en visant notamment un objectif de 20% de femmes parmi ses effectifs.

M. DANIEL ABRAHAM HADGU (Érythrée) a demandé des mandats clairs et des ressources adéquates pour les opérations de maintien de la paix qui doivent avoir l’espace nécessaire pour régler les conflits.  Les maigres ressources dont elles disposent depuis de nombreuses années ont réduit la confiance placée en elles.  Leur succès, a estimé le représentant, pourrait être plus important si leur mandat était conforme aux principes fondamentaux du consentement, de la neutralité, de la légitime défense ainsi qu’aux objectifs et principes de la Charte des Nations Unies.  La coopération constructive avec le pays hôte est également une condition préalable essentielle pour l’efficacité du maintien de la paix.  L’ONU doit agir rapidement et de manière responsable lorsque qu’un pays hôte demande le départ d’une mission pour éviter un séjour prolongé qui n’est plus souhaité. 

Mme ISATOU BADJIE (Gambie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des opérations de maintien de la paix, bien qu’elles soient confrontées à de nouvelles difficultés nécessitant un partenariat durable et une démarche commune de la part du Comité des 34, notamment en termes de ressources.  Partisane d’une participation pleine et entière des femmes dans les opérations de maintien de la paix, afin d’améliorer leur efficacité, la déléguée a promu la formation et les démarches innovantes, telles que les partenariats triangulaires.  Elle a espéré que le rapport du Comité de cette année prendra en compte le rôle accru du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine et réitéré l’importance de l’appui technique et des financements dans ce domaine.  Elle a enfin réclamé que le Comité des 34 accorde davantage d’attention aux quelque 11 000 policiers déployés dans le cadre des opérations de maintien de la paix.

Mme CARMEN NISHIHARA (Chili) a plaidé pour une plus grande participation des femmes aux missions de maintien de la paix, plaidant en faveur d’une coopération entre États Membres pour partager leurs pratiques et expériences nationales.  Elle a insisté sur l’importance de placer des femmes aux postes de décision.  Cela doit s’accompagner de protection des femmes civiles.  Elle a poursuivi en réclamant tous les outils nécessaires à la réalisation des mandats, jugeant essentiel d’inclure la perspective de genre à toutes les étapes des missions, depuis la planification jusqu’à l’évaluation.

M. MAJID KHAMIS GHARIB ALNAKHI AL ALI (Émirats arabes unis) a souligné l’importance des opérations de maintien de la paix pour surmonter les crises actuelles.  Il s’est dit favorable au programme sur les femmes et la paix et la sécurité, et il a espéré voir les énergies renouvelables utilisées par les opérations de paix à hauteur de 80% d’ici à 2030.  Les Émirats arabes unis et la Norvège travaillent actuellement sur un communiqué sur ce point, a-t-il indiqué.  Mettant l’accent sur la reddition de comptes, il a estimé qu’elle doit se faire de concert avec toutes les parties prenantes.  Passant à la sureté et la sécurité des soldats de la paix, le délégué a exigé que cela devienne une priorité absolue, en exigeant que les attaques qui les visent fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites en justice des responsables. 

Mme LILIANA VERÓNICA BAÑOS MÜLLER (El Salvador) a estimé que la recherche d’une paix durable doit orienter tous les déploiements, avec un mandat clair, bien défini et réaliste, et des financements adéquats.  Elle a aussi condamné dans les termes les plus fermes les attaques contre le personnel de l’ONU.  La gestion de ces risques et la mitigation des menaces doit être une priorité pour l’Organisation, tout comme la lutte contre la désinformation nuisant aux Casques bleus, a-t-elle insisté.

La déléguée a aussi souligné l’importance d’une stratégie de transition pour transmettre les responsabilités aux pays hôtes de façon progressive.  Reconnaissant l’importance de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, elle a appelé à augmenter leur effectif dans les rangs ainsi qu’à tous les niveaux de l’Organisation.  Elle a enfin rappelé la nécessité d’une tolérance zéro face aux abus et à l’exploitation sexuels commis par des membres de l’Organisation.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a attiré l’attention sur l’importance de l’Action pour le maintien de la paix pour renforcer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et mettre fin à l’impunité quand des crimes sont commis contre eux.  L’amélioration de la sûreté et de la sécurité du personnel en uniforme est une responsabilité partagée qui appelle chaque partie prenante à remplir son rôle dans le renforcement et la dotation des opérations de maintien de la paix avec les capacités et les ressources nécessaires.  Pour la représentante, la protection des civils est la responsabilité première des pays hôtes.  Par conséquent, « toute intervention militaire de l’ONU ou de toute force étrangère sous le prétexte de la protection des civils doit être évitée ».  Elle a réitéré l’importance de la politique de tolérance zéro à l’égard des comportements répréhensibles, en particulier l’exploitation et les abus sexuels.  En outre, le principe d’une représentation géographique équitable doit être pleinement pris en compte dans la dotation en personnel du Siège de l’ONU et dans les missions de maintien de la paix à tous les niveaux.  Par ailleurs, toute contribution destinée à aider les pays d’accueil à restaurer ou à établir l’état de droit doit tenir compte de l’appropriation nationale ainsi que de la diversité et de la spécificité culturelles de chaque pays, a encore suggéré la représentante pour qui les accords régionaux de maintien de la paix ne doivent en aucune façon se substituer au rôle de l’ONU.  Quant à l’utilisation des technologies modernes et du renseignement dans les missions de maintien de la paix, elle doit être envisagée au cas par cas. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a espéré que le Comité des 34 sera en mesure de rédiger un rapport de fond pour cette session.  Il a souligné l’importance du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et des objectifs de parité des genres dans le contexte du maintien de la paix en signalant que le Pérou a atteint un taux de 15,4% de participation de femmes, avec 38 femmes sur un total de 251 personnels péruviens déployés dans 6 missions de la paix.  Le représentant a encouragé des mécanismes de coordination régionale des opérations de maintien de la paix, précisant qu’un tel réseau a été mis en place pour la région de l’Amérique latine et des Caraïbes. 

Pour M. DAI BING (Chine), dans un contexte d’instabilité, les initiatives Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix Plus doivent être défendues sans détour.  Il a cependant appelé à s’abstenir de prendre des positions guidées par des biais idéologiques.  Il faut respecter la souveraineté des pays hôtes, a-t-il insisté.  Le représentant a ensuite souhaité que les opérations de maintien de la paix bénéficient des ressources nécessaires au bon déroulement de leur missions et que le Secrétariat entre en contact avec les pays fournisseurs de troupes pour organiser des formations pré-déploiement.  Les États Membres doivent aussi aider à assurer la sécurité des troupes et éliminer les risques menaçant la santé des Casques bleus, a-t-il prié.  Le délégué chinois a ainsi appelé à relever les niveaux de sécurité, notamment à l’aide de véhicules anti-mines.  Appelant à persévérer dans les partenariats, il a recommandé que toutes les parties travaillent ensemble et échangent, et que les financements prévisibles soient privilégiés.  La Chine, pays contributeur, veut jouer un rôle actif dans la réforme des opérations de maintien de la paix en œuvrant avec les autres États Membres, a-t-il dit en concluant son intervention.

M. MARC-ALAIN STRITT (Suisse) a rappelé au Comité spécial sa responsabilité de fournir des axes de travail pour répondre aux défis de maintien de la paix avant de souligner les trois priorités de sa délégation.  Premièrement, l’accord sur le statut des forces doit être respecté et les capacités des missions doivent être renforcées.  Le renforcement des capacités afin d’assurer une présence plus visible et une capacité de réaction plus rapide rendraient selon lui les opérations de maintien de la paix plus efficaces et crédibles auprès des populations locales.  Deuxièmement, a poursuivi le délégué, la consolidation de la paix a un rôle particulier à jouer afin de permettre la transition vers une autre forme de présence onusienne.  La prise en compte d’aspects visant à renforcer l’état de droit dans les processus de paix est importante pour gagner la confiance de la population dans les processus étatiques et lui donner une perspective.  Les activités de l’ONU dans les périodes de transition doivent être guidées par des plans nationaux cohérents et mesurables.  Enfin, s’agissant de la performance des opérations de maintien de la paix, le délégué a dit l’importance d’assurer que la mesure de performance soit systématiquement liée à la planification et à la mise à disposition de ressources.  Ainsi l’utilisation de nouvelles technologies a-t-elle contribué à une meilleure appréciation de la situation dans les missions, notamment à travers l’utilisation de différentes bases de données.  Soulignant l’importance de l’inclusivité dans les processus multilatéraux, le représentant a dénoncé l’exclusion l’année passée du Japon, de la République de Corée, de la Norvège et de la Suisse des négociations alors que plus de 200 paragraphes demeuraient en suspens. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a rappelé que son pays participe à huit des 12 opérations de paix de l’ONU existantes, et qu’il est favorable au renforcement du Comité spécial, en tant que seul organe spécifique de l’Assemblée générale consacré aux questions liées aux opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Elle a souligné la nécessité de continuer à déployer des efforts pour que les mandats intègrent une vision holistique du maintien de la paix.  La représentante a également réaffirmé la nécessité de respecter le principe de la participation ou d’« appropriation nationale » par les pays hôtes.  Quelles que soient les caractéristiques de la mission en question, il est nécessaire que les populations des pays dans lesquels elles sont déployées aient la certitude et la preuve que l’effort de toute l’Organisation vise à améliorer leur situation et leurs perspectives, a-t-elle fait valoir.  Convaincue de l’importance de la participation pleine et effective des femmes à tous les niveaux et étapes des processus de paix et de médiation, de prévention et de règlement des conflits, la représentante a indiqué le soutien de l’Argentine à l’Initiative Elsie, sous la direction du Canada.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a voulu un mandat clair et réaliste pour les missions de maintien de la paix, qui doivent être dotées de ressources adéquates et bénéficier d’une bonne coordination avec le pays hôte.  L’Inde, a fait savoir la déléguée, a lancé un groupe des amis des opérations de maintien de la paix qui s’efforcera de renforcer les efforts du Secrétariat et des missions pour promouvoir la reddition de comptes en cas de crimes contre les soldats de la paix.  Sa première réunion se tiendra fin mars.  La représentante a ensuite souligné le rôle des institutions sécuritaires du pays hôte pour protéger les civils face aux terroristes et aux groupes armés.  Elle a annoncé que l’Inde déploiera une unité d’hélicoptères au sein de la MINUSMA à partir du mois de mai.  Mais les missions de l’ONU ne doivent pas exister éternellement, a averti la représentante, pour qui la stratégie de sortie doit faire partie du processus de planification depuis le début d’une mission. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a noté que les tâches des missions avaient grandement changé au fil du temps, et que celles-ci s’arrogeaient même parfois le rôle des États Membres.  Il a appelé à ce que la plus grande prudence soit de mise concernant les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures et de souveraineté des États, et le respect du cadre des opérations de maintien de la paix, y compris le non-recours à la force.  Ce n’est qu’ainsi que l’efficacité de l’ONU sur le terrain sera garantie.  Les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être déployées pour gérer les conflits ou se substituer aux États, a averti le délégué.  Il a enfin porté son attention sur les effets pervers sur les populations des sanctions prononcées par le Conseil de sécurité sur certains pays. 

M. CÍCERO TOBIAS DE OLIVEIRA FREITAS (Brésil) a soutenu pleinement l’initiative Action pour le maintien de la paix, ainsi que la mise en œuvre des priorités établies pour 2021-2023 de l’Action pour le maintien de la paix Plus (A4P+).  Le Brésil a également présidé, avec la Chine, l’Indonésie et le Rwanda, le groupe d’amis pour la protection et la sécurité des Casques bleus, a rappelé le représentant.  Un maintien de la paix efficace doit respecter les principes de base du maintien de la paix de l’ONU, a insisté le délégué, comme le consentement des parties; l’impartialité; et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et de défense du mandat.  Il a ajouté que le règlement des conflits dépend d’une solution politique durable et que, par conséquent, les opérations de paix doivent fournir un appui pour atteindre ce résultat.  Le succès du maintien de la paix repose en outre sur des mandats clairs et des priorités bien définies, fondées sur des évaluations réalistes de la situation sur le terrain, sans oublier une bonne communication avec le gouvernement local, la société civile, la population locale et les autres parties prenantes.  À ce sujet, le délégué a rappelé que pendant la présidence brésilienne de juillet dernier, le Conseil avait tenu sa première réunion spécifiquement consacrée aux communications stratégiques dans les missions de maintien de la paix.  Une déclaration présidentielle a été adoptée à cette occasion pour souligner qu’elles sont un outil essentiel pour créer un environnement sûr pour les soldats de la paix. 

M. VOLODYMYR SHCHERBAN (Ukraine) a réaffirmé sa confiance dans les opérations de maintien de la paix.  Partenaire engagé de l’ONU malgré l’invasion russe, l’Ukraine a contribué auxdites opérations à hauteur de 300 Casques bleus tout en protégeant ses terres de l’agresseur russe.  Celui-ci, a-t-il fait remarquer, continue pourtant de contribuer à des opérations de maintien de la paix ce qui sape gravement la confiance portée à tout le dispositif.  Le délégué s’est d’ailleurs demandé si théoriquement un pays auteur de crimes de guerre pouvait faire partie d’un dispositif censé assurer la protection de civils.  L’Ukraine appuie les efforts pour rendre les opérations de maintien de la paix plus adaptées au monde d’aujourd’hui et attend les résultats pratiques de l’initiative Action pour le maintien de la paix, ainsi que de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus.  Il a déclaré que tout instrument consacré au maintien de la paix auquel participerait la Russie ou le Bélarus verrait son intégrité compromise.  Il a demandé à l’ONU de réexaminer la valeur pratique d’inclure des États utilisant la force de manière illégale contre l’Ukraine.

M. AHMET ERMAN ÇETIN (Türkiye) a demandé que soient traduits en justice les auteurs d’attaques contre les Casques bleus.  Il a souligné l’importance de renforcer la coopération et les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en respectant les cultures locales.  « Cela renforcera sans aucun doute le mandat des soldats de la paix et contribuera à la protection des civils. »  Le délégué a rappelé que les principes de consentement et d’impartialité sont tout à fait nécessaires dans les opérations de maintien de la paix, sans quoi ces opérations risquent de devenir partie au conflit.  La protection des civils requiert en outre la mise à disposition des ressources nécessaires.  Pour la Türkiye, la réponse à la violence basée sur le sexe, notamment dans les zones de conflit, doit être une priorité du mandat des soldats de la paix.  Reconnaissant la contribution importante des femmes aux missions de maintien de la paix, le délégué a appelé les États Membres à éliminer les entraves à leur participation. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) s’est fait l’écho de l’appréciation profonde exprimée aux Casques bleus déployés dans le monde, partageant sa tristesse à l’évocation du drame qui s’est déroulé hier au Mali, où trois Casques bleus ont péri.  Les troupes de Sri Lanka sont bien équilibrées entre hommes et femmes, a ensuite affirmé le délégué, qui a préconisé que les priorités du pays hôte soient davantage prises en compte, afin que la passation des responsabilités lors du retrait des troupes et la consolidation de la paix se déroulent dans les meilleures conditions.

M. THOMAS NWANKWO CHUKWU (Nigéria) a prié les pays hôtes concernés et le Secrétariat de travailler de concert pour enquêter et traduire en justice les auteurs d’attaques contre les Casques bleus.  La sûreté et la sécurité des soldats de la paix sont une responsabilité partagée des parties prenantes, a-t-il dit, en appelant à fournir les ressources et les capacités adéquates.  Si les missions de maintien de la paix sont nécessaires, elles ne peuvent toutefois pas remplacer la politique et la diplomatie dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix; elles doivent venir renforcer les solutions politiques.  Le délégué a appelé le Conseil de sécurité à fournir aux missions des mandats clairs, hiérarchisés, réalistes et réalisables, en étroite collaboration avec les pays contributeurs de troupes et de police, les pays hôtes, les organisations régionales et le Secrétariat.  Ces mandats doivent également inclure des stratégies de sortie solides et des mécanismes d’ajustement, en fonction des progrès ou des échecs au cours de la mission.  Le Nigéria entend demander des rapports réguliers et transparents sur les opérations de maintien de la paix, en plus du suivi du personnel militaire, policier et civil servant dans les missions afin de garantir le respect de codes de conduite et de discipline.  Il a réaffirmé l’engagement du Nigéria envers la politique de tolérance zéro pour l’exploitation et les abus sexuels par le personnel de l’ONU.  Le délégué a aussi soutenu une participation équitable et significative des femmes au maintien de la paix et appuyé l’intégration des nouvelles technologies qui doivent être appliquées dans le cadre d’accords et de processus intergouvernementaux définis.

M. PHILIP JOSEPH SCHENKS (Sierra Leone) a évoqué le terrorisme, la pauvreté, les changements climatiques et le chômage comme autant de défis lancés à l’Afrique pour maintenir la paix.  Louant le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, le délégué s’est engagé à ce que son pays fasse davantage pour appuyer le rôle des femmes et à augmenter le pourcentage des femmes déployées dans les opérations de paix, avec un objectif affiché de 30%.  Il a aussi demandé que la représentation géographique parmi les cadres de l’ONU soit rééquilibrée en faveur de l’Afrique tant sur le terrain qu’au siège de l’ONU.  Il a enfin rendu hommage à la résistance remarquable déployée par les Casques bleus du monde entier pour contribuer à rendre les sociétés pacifiques et sûres. 

Msgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a encouragé l’ONU à adapter sa structure et ses modes de fonctionnement à l’ampleur et à la noblesse de ses tâches de maintien de la paix.  Le Comité spécial a toujours reconnu la primauté de la politique dans la résolution des conflits.  Par conséquent, il est vital de concevoir une conception propre de la politique, à savoir celle qui oriente l’autorité publique vers le bien commun, source de toute légitimité.  S’agissant du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, il faut augmenter le nombre et l’influence des femmes soldats de la paix.  De plus, les composantes de surveillance des droits humains devraient être incluses dans tous les mandats de maintien de la paix, qu’il s’agisse d’établir une nouvelle mission ou de renouveler une mission existante. 

L’Observateur permanent a aussi demandé un plus grand engagement avec tous les segments de la population des États hôtes, en particulier les organisations confessionnelles, qui peuvent offrir « de véritables opportunités de dialogue et de rencontre entre différents peuples et cultures ».  Sur la question du Code de conduite des Casques bleus et des opérations de maintien de la paix, garantir la légitimité des opérations de maintien de la paix exige l’élimination de toutes les formes d’exploitation et d’abus sexuels.  L’Observateur permanent a insisté sur l’obligation d’aider les victimes et les enfants nés de tels comportements, qui sont confrontés à la stigmatisation et à des opportunités très limitées.  Améliorer la conduite des opérations de maintien de la paix passe également par la limitation de leur impact négatif sur l’environnement. 

M. ALEM, Observateur de l’Union africaine, a souligné que le calendrier de cette session du Comité des 34 est aligné sur la nécessité d’appuyer l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité sur l’utilisation de quotes-parts de l’ONU pour financer des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine (UA) autorisées par le Conseil au cas par cas.  Cet appel au soutien coïncide aussi avec le moment où le Secrétaire général de l’ONU devrait soumettre un rapport au Conseil de sécurité contenant des recommandations sur la manière dont lesdites opérations dirigées par l’UA peuvent être soutenues de manière prévisible, adéquate, souple et durable, a précisé l’Observateur.  Cela correspond également à l’adoption par la trente-sixième Assemblée ordinaire de l’UA d’un document de consensus sur le financement prévisible, adéquat et durable de ses activités de paix et de sécurité - ainsi que sur l’utilisation du Fonds pour la paix de l’UA, pour couvrir une partie du déficit de la Mission de transition de l’UA en Somalie et pour soutenir les opérations de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est en République démocratique (RDC).  Ces décisions de l’Assemblée de l’UA sont une preuve de l’engagement et des efforts de l’UA pour partager la charge de ses opérations de soutien à la paix qui sont autorisées par le Conseil de sécurité, a-t-il souligné, et qui sont financées au cas par cas au moyen de contributions de l’ONU.  Il a jugé le moment opportun pour renforcer davantage le partenariat UA-ONU en matière de paix et de sécurité et institutionnaliser les approches et les modalités qui ont été utilisées pour soutenir les précédentes opérations de soutien à la paix de l’UA, notamment au Darfour et en Somalie. 

Les réalités des conflits actuels montrent qu’aucune organisation ne peut apporter à elle seule la réponse appropriée à ces situations, a fait remarquer l’Observateur.  Selon lui, l’UA et ses organisations régionales ont fait la preuve de leur « avantage comparatif » en tant que premiers intervenants sur le continent, avec la volonté politique de mener des opérations offensives dans des environnements à haut risque.  Alors que l’UA et l’ONU continuent d’explorer et de renforcer leurs partenariats stratégiques pour relever les défis mondiaux complexes, il faut capitaliser sur les opportunités de renouveler les efforts collectifs et en tirer des enseignements, afin de renforcer la crédibilité, la performance et l’efficacité globales de l’architecture internationale de paix et de sécurité.

Selon M. NKALWO, Observateur de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le multilinguisme contribue indéniablement à l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  La maîtrise de la langue du pays hôte aide à instaurer la confiance, concourt à la sécurité du personnel de l’ONU et facilite son interaction avec les populations et les autorités pour la réalisation de tâches de proximité et de consolidation de la paix, toujours plus présentes dans les mandats.  Alors que la majorité des effectifs des opérations de paix sont déployés dans l’espace francophone, l’OIF appuie depuis près de deux décennies la participation francophone au maintien de la paix onusien, en cohérence avec l’un de ses textes de référence: la Déclaration de Saint-Boniface sur la prévention des conflits et la sécurité humaine.  L’OIF a été ainsi la première organisation internationale à assumer le rôle de « champion » de l’initiative Action pour le maintien de la paix, en vue de renforcer les capacités francophones et développer les compétences en langue française et en interculturalité des contingents de tous les horizons linguistiques.  En 2022, a expliqué l’Observateur, plus de 400 personnes en furent bénéficiaires.  En 2023, l’OIF entend continuer à jouer un rôle moteur en matière de formation en développant avec l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) le premier cours en ligne dédié aux compétences interculturelles dans les opérations de paix déployées dans l’espace francophone.  Destiné au personnel militaire, policier et civil, ce cours a pour ambition d’être « la formation de référence en matière d’interculturalité dans les opérations de maintien de la paix ». 

Droits de réponse

La représentante du Liban a réagi à l’intervention d’Israël, pour préciser que l’incident du 14 décembre 2022 a été une tragédie regrettable qui a été condamnée par le Gouvernement libanais qui, depuis, a émis des mandats d’arrêts.  L’un des accusés a été arrêté et les autres sont recherchés en vue de leur traduction en justice, a-t-elle expliqué.  La représentante a ensuite accusé Israël d’avoir commis des attaques contre du personnel et des installations de la FINUL dans le passé.  Il est regrettable que cette tribune soit exploitée à des fins politiques pour évoquer un incident qui a coûté la vie à un soldat de la paix irlandais de la FINUL, a déclaré la représentante, en assurant à nouveau que les autorités libanaises ne ménagent aucun effort pour faire toute la lumière sur cet incident.

La représentante de la Fédération de Russie a rejeté les allégations de l’Ukraine envers son pays et regretté que la délégation ukrainienne continue d’utiliser le Comité des 34 à des fins politiques, sans avoir tiré d’enseignements des années précédentes, quand ses demandes « parasitaires » n’avaient pas été adoptées.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine de nouveau la question des dommages causés aux gazoducs Nord Stream après les accusations lancées dans certains médias

9266e séance - après-midi
CS/15206

Le Conseil de sécurité examine de nouveau la question des dommages causés aux gazoducs Nord Stream après les accusations lancées dans certains médias

À la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité a de nouveau examiné aujourd’hui la question du sabotage qui avait visé en septembre dernier les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, infrastructures énergétiques devant approvisionner plusieurs pays européens en gaz russe.  La demande russe faisait suite à la publication d’une enquête par un journaliste américain mettant en cause les États-Unis.  La Fédération de Russie a annoncé son intention de présenter un projet de résolution demandant au Secrétaire général de lancer une enquête internationale. 

Le Conseil avait examiné la question une première fois le 30 septembre 2022.  À l’époque, tous les membres du Conseil avaient dit souhaiter une enquête sur les origines de ce sabotage aux conséquences économiques et environnementales potentiellement très graves, dont Russes et Occidentaux s’accusaient mutuellement.  Or, a fait remarquer devant le Conseil le professeur Jeffrey D. Sachs, de l’Université Columbia, la Suède, qui a enquêté sur le sabotage, a gardé les résultats de son enquête secrets pour le reste du monde, refusant notamment de partager ses conclusions avec la Fédération de Russie.  Vu la gravité de l’acte, le professeur a estimé que, « dans l’intérêt de la paix mondiale », le Conseil « devrait exiger que ces pays lui remettent immédiatement les résultats de leurs enquêtes », d’autant que, selon certains médias américains, l’OTAN aurait conclu que la Fédération de Russie n’était pas impliquée, alors qu’un autre journaliste américain a mis directement en cause les États-Unis. 

La Secrétaire générale adjointe aux affaires adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Rosemary DiCarlo, a rappelé que les Nations Unies « ne sont pas en mesure de vérifier ou de confirmer les allégations relatives à ces incidents » et attendent les conclusions des enquêtes nationales en cours.  « Compte tenu du caractère sensible et spéculatif de cette question », elle a demandé instamment à toutes les parties concernées de faire preuve de retenue et d’éviter toute spéculation afin de ne pas aggraver les tensions dans la région et d’entraver la recherche de la vérité.  « Quelle que soit la cause de l’incident, ses retombées comptent parmi les nombreux risques que l’invasion de l’Ukraine a déclenchés », a-t-elle ajouté, affirmant qu’il fallait redoubler d’efforts pour y mettre fin. 

Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que les faits étaient tellement évidents et les éléments de preuve probants qu’aucun avocat ne saurait défendre les États-Unis.  Il a affecté de s’étonner que la Suède, le Danemark et l’Allemagne n’aient pas répondu à la demande russe d’être associée aux enquêtes sur le sabotage, estimant que celles-ci ne visaient en fait qu’à protéger les États-Unis.  Disant faire confiance au Secrétaire général des Nations Unies, il a annoncé que sa délégation préparait un projet de résolution qui le prierait d’initier une enquête sur le sabotage afin d’établir la vérité.  Le niveau d’engagement des délégations en faveur du texte déterminera notre approche pour la suite, a-t-il ajouté. 

Les États-Unis « n’ont nullement été impliqués » dans cet acte de sabotage, a répliqué leur représentant, qui a dit ne pas être convaincu de la pertinence des connaissances des intervenants extérieurs.  Il a accusé la Fédération de Russie d’abuser de son statut de membre permanent pour transformer le Conseil en plateforme de diffusion de sa désinformation, à l’image de leur projet de résolution qui, selon lui, n’a d’autre but que de pousser les pays vers des explications prédéterminées par la Russie. 

L’Albanie, qui a, elle aussi, accusé la Fédération de Russie de manipuler le Conseil, a jugé inutile actuellement une résolution du Conseil sur cette question.  Son représentant a en revanche invité l’ensemble des membres de l’ONU à soutenir pleinement la résolution sur une paix globale, juste et durable en Ukraine qui sera présentée à l’Assemblée générale cette semaine et à confirmer ainsi une nouvelle fois que l’ONU reste une base solide pour la paix et le progrès contre l’agression et la régression. 

La Chine, en revanche, a salué le projet de résolution russe en préparation.  « Trouver des moyens d’esquiver la réunion d’aujourd’hui ne signifie pas que le vrai peut être dissimulé », a fait observer son représentant. 

De fait, les autres membres occidentaux du Conseil ont estimé inutile la présente séance.  « Aucune urgence, ni aucune information crédible nouvelle ne justifie l’organisation d’une telle réunion, en urgence, cinq mois après l’incident », a affirmé la France, qui a dénoncé une « tentative éhontée de détourner l’attention de la communauté internationale alors que cela fera vendredi un an que la Russie a déclenché sa guerre d’agression contre l’Ukraine ».  Son homologue du Royaume-Uni a tenu des propos très proches, parlant aussi « d’accusations délirantes » de la part de médias pro-russes. 

D’autres membres du Conseil se sont montrés plus nuancés et ont préféré recentrer le débat sur les conséquences de cette guerre sur les civils.  Malte, notamment, a rappelé l’interdiction aux termes du droit international des attaques dirigées contre eux, tandis que la Suisse a réitéré sa condamnation de principe de toute attaque contre les infrastructures critiques.  De même, le Japon a décrié le vandalisme contre les infrastructures essentielles.  L’Équateur, le Brésil ou encore les Émirats arabes unis ont attiré l’attention sur les répercussions des incidents sur l’environnement.    

Plusieurs membres ont souligné l’importance d’une enquête approfondie.  Se référant parfois à une lettre conjointe du Danemark, de la Suède et de l’Allemagne relative à l’enquête en cours transmise le jour même aux membres du Conseil, certains, comme l’Équateur, ont demandé que les enquêtes diligentées par ces pays soient préservées de toute ingérence disruptive.  Un activiste politique, ancien officier du renseignement américain, Ray McGovern, a pour sa part invité les États-Unis à « tendre la main » à la partie russe en vue de reprendre la voie des négociations autour de la crise ukrainienne. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé la chronologie des événements relatifs au sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre 2022, ainsi que les informations fournies par le Secrétariat.  Elle a en particulier rappelé que, le 30 septembre 2022, le Sous-secrétaire général pour le développement économique au département des affaires économiques et sociales, Navid Hanif, avait informé le Conseil des fuites signalées dans les gazoducs « sur la base des informations et des données provenant de sources accessibles au public ».  De même, a-t-elle ajouté, l’exposé de ce jour est basé « sur les informations publiquement disponibles dont nous disposons à ce jour ».  Elle a également rappelé qu’au moment des incidents, aucun des deux gazoducs n’était en service, mais auraient contenu plusieurs centaines de millions de mètres cubes de gaz naturel. 

Mme DiCarlo a ensuite rappelé la chronologie des enquêtes, distinctes, annoncées par les autorités danoises, allemandes et suédoises.  Elle a précisé que la Fédération de Russie s’était montrée intéressée à se joindre à ces enquêtes.  Elle a expliqué que les autorités danoises et suédoises avaient rapidement annoncé que les gazoducs avaient été endommagés par de « puissantes explosions » tout en disant comprendre que les enquêtes menées séparément par les trois pays étaient toujours en cours. 

Mme DiCarlo a répété que les Nations Unies « ne sont pas en mesure de vérifier ou de confirmer les allégations relatives à ces incidents » et attendent les conclusions des enquêtes nationales en cours.  « Compte tenu du caractère sensible et spéculatif de cette question », elle a demandé instamment à toutes les parties concernées de faire preuve de retenue et d’éviter toute spéculation.  « Nous devons éviter toute accusation infondée susceptible d’aggraver les tensions déjà vives dans la région et d’entraver la recherche de la vérité », a-t-elle insisté. 

Toutefois, a fait observer la Secrétaire générale adjointe, si l’on ne sait toujours pas exactement ce qui s’est passé sous les eaux de la mer Baltique en septembre 2022, « une chose est sûre: quelle que soit la cause de l’incident, ses retombées comptent parmi les nombreux risques que l’invasion de l’Ukraine a déclenchés ».  Un an après le début de la guerre, nous devons redoubler d’efforts pour y mettre fin, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies, a-t-elle conclu. 

M. JEFFREY D. SACHS, professeur d’université à l’Université Columbia, qui a précisé qu’il s’exprimait en son nom propre, a estimé que l’endommagement des gazoducs Nord Stream le 26 septembre 2022 constituait un acte de terrorisme international et représentait une menace pour la paix.  C’est donc la responsabilité du Conseil de sécurité de se saisir de la question, afin que le responsable soit traduit devant la justice internationale et que des réparations soient entreprises pour dédommager les parties lésées et empêcher de telles actions à l’avenir, a-t-il estimé. 

Le professeur a expliqué que cet acte avait conduit à d’énormes pertes économiques liées au gazoduc lui-même et à son utilisation potentielle future.  Cela pose aussi, a-t-il dit, une menace accrue pour les infrastructures transfrontalières de toutes sortes: câbles Internet sous-marins, pipelines internationaux pour le gaz et l’hydrogène, transport d’électricité transfrontalier, éoliens offshore, et plus encore.  Il a expliqué que la transformation mondiale vers l’énergie verte nécessitera des investissements considérables en termes d’infrastructures transfrontalières, y compris dans les eaux internationales.  De ce fait, les pays doivent avoir pleinement l’assurance que leur infrastructure ne sera pas détruite par des tiers.  Pour toutes ces raisons, une enquête de l’ONU sur les explosions du Nord Stream est une grande priorité mondiale. 

Le professeur a fait observer que la destruction des gazoducs Nord Stream a nécessité un très haut degré de planification, d’expertise et de capacité technologique.  Les pipelines Nord Stream 2 sont une merveille d’ingénierie, a-t-il expliqué, fournissant diverses informations techniques.  Selon lui, la destruction d’un tel équipement à une profondeur de 70 à 90 mètres nécessite des technologies très avancées pour le transport des explosifs, la plongée pour installer les explosifs et procéder à la détonation.  Le faire sans être détecté, dans les zones économiques exclusives du Danemark et de la Suède, ajoute considérablement à la complexité de l’opération. 

Pour l’universitaire, une action de ce type doit avoir été menée par un acteur étatique, et seule une poignée d’États ont à la fois la capacité technique et l’accès à la mer Baltique pour mener cette action.  Il s’agit notamment de la Russie, des États-Unis, du Royaume-Uni, la Pologne, la Norvège, l’Allemagne, le Danemark et la Suède, soit individuellement, soit en combinaison.  Il a expliqué que l’Ukraine manque des technologies nécessaires, ainsi que d’un accès à la mer Baltique. 

Le professeur Sachs a indiqué que dans un article récent, le Washington Post avait révélé que les agences de renseignement de l’OTAN avaient conclu à l’absence de preuve que la Russie ait exécuté cette action.  Celle-ci n’avait en outre aucun motif évident de procéder à cet acte de terrorisme sur sa propre infrastructure critique.  En effet, la Russie devrait supporter des sommes considérables en frais de réparation des canalisations.  Le professeur a rappelé que trois pays auraient mené des enquêtes sur le sabotage: le Danemark, l’Allemagne et la Suède.  Pour lui, la Suède est peut-être le pays qui a le plus à dire au monde sur la scène de crime, sur laquelle ses plongeurs ont enquêté.  Pourtant, au lieu de partager ces informations à l’échelle mondiale, la Suède a gardé les résultats de son enquête secrets et a refusé de les partager avec la Russie, refusant même une enquête conjointe avec le Danemark et l’Allemagne.  Dans l’intérêt de la paix mondiale, le Conseil de sécurité devrait demander à ces pays de remettre immédiatement les résultats de leurs enquêtes au Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il plaidé. 

Pour le professeur Sachs, il n’existe actuellement qu’un seul récit public détaillé de la destruction du Nord Stream, celui récemment publié par le journaliste d’investigation Seymour Hersh, apparemment sur la base d’informations divulguées par une source anonyme.  M. Hersh attribue la destruction du Nord Stream à une décision ordonnée par le Président américain Joe Biden et menée par des agents américains dans une opération secrète qui est décrite en détail.  La Maison Blanche a décrit le récit de Hersh comme « complètement et totalement faux », mais n’a fourni aucune information contredisant le récit et n’a pas offert d’autre explication. 

Le professeur a en outre rappelé que de hauts responsables américains avaient fait des déclarations avant et après l’endommagement du gazoduc qui montraient l’animosité des États-Unis à l’encontre de celui-ci.  Il a rappelé, entre autres, les propos tenus le 28 janvier 2023 par la Sous-Secrétaire Nuland qui a déclaré au sénateur Ted Cruz: « je pense que l’Administration est très heureuse de savoir que Nord Stream 2 est maintenant, comme vous aimez le dire, un morceau de métal au fond de la mer ». 

L’universitaire a dit espérer que les États-Unis et tous les autres membres du Conseil de sécurité condamneront cet acte odieux et s’uniront dans une enquête urgente dirigée par le Conseil.  Pour lui, une enquête objective du Conseil de sécurité de l’ONU sur le sujet est importante pour la confiance mondiale dans cet organe, et plus important encore pour la paix mondiale et le développement durable. 

M. RAY MCGOVERN, activiste politique, a indiqué qu’en tant qu’ancien officier du renseignement américain, il continue de croire en la nécessité vitale d’une lutte sans relâche contre la course aux armements et pour la stabilité stratégique.  Il a regretté le désengagement des États-Unis vis-à-vis des accords de désarmement nucléaire, y compris les accords bilatéraux américano-russes.  Pour l’intervenant, les États-Unis doivent continuer de « tendre la main » à la partie russe en vue de reprendre la voie des négociations autour de la crise ukrainienne.  Il a par ailleurs estimé que l’article du Washington Post en question ne mérite pas d’être démenti, suggérant que la désinformation n’était l’apanage d’aucun pays en particulier, comme la première guerre en Iraq l’a démontré.  Il s’est d’ailleurs demandé comment des informations pouvaient être qualifiées d’erronées sans que ne soient avancés des contre-arguments crédibles.  Il a ensuite douté que l’agression de l’Ukraine n’ait pas résulté d’une provocation, s’interrogeant à ce propos sur les conséquences de l’expansion de l’OTAN à l’Est et jugeant que l’annexion de la Crimée résultait pour une large part du « coup d’État de Kiev » de février 2014.  M. McGovern a achevé son intervention en soulignant l’intérêt de comprendre les intentions de M. Putin, lequel, d’après lui, ne tolère pas l’implantation de systèmes antimissiles de l’OTAN en Roumanie.  « Mieux vaudra toujours négocier que tirer », a-t-il conclu en entonnant une chanson pacifiste.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que les autorités américaines avaient averti que le gazoduc Nord Stream 2 serait détruit si la Russie ne se conformait pas à sa volonté.  Le délégué a souligné qu’un article de presse du 8 février 2023, publié par un journaliste renommé, M. Seymour Hersh, a expliqué comment le gazoduc a été saboté par les États-Unis avec « leur complice de l’OTAN qu’est la Norvège ».  Pour le représentant, les détails d’informations auxquels le journaliste a eu accès sont frappants.  Il a dit être habitué au fait que les collègues américains se mettent hors-la-loi, puisqu’ils considèrent qu’eux-mêmes incarnent la loi.  Il a rappelé que depuis la fin de la guerre froide, 251 cas d’utilisation de la force par les forces armées des États-Unis ont été répertoriés par le Congrès des États-Unis. 

Nous ne nous livrons pas à une campagne de désinformation comme aiment le prétendre nos collègues occidentaux, a-t-il lancé.  Selon lui, les faits sont tellement évidents et les éléments de preuve probants qu’aucun avocat ne saurait défendre les États-Unis.  Le délégué a annoncé que sa délégation prépare une résolution qui prierait le Secrétaire général d’initier une enquête sur la question afin d’établir la vérité.  Au sujet de la lettre reçue ce jour par les membres du Conseil, il a marqué sa surprise du fait que l’Allemagne, le Danemark et la Suède, qui l’ont rédigée, n’aient toujours pas répondu favorablement à la demande de collaboration judiciaire qui leur a été transmise en octobre dernier par le Procureur général de la Fédération de Russie.  Selon lui, les enquêtes que ces pays disent mener n’ont pour seul but que de protéger les États-Unis.  Il s’est aussi dit étonné que ces pays qui semblent engagés dans ces enquêtes n’aient pas souhaité prendre part à cette séance sur la question au centre des investigations.  Le représentant russe a dit faire encore confiance au Secrétaire général de l’ONU sur cette question.  Il a dit compter sur un fort soutien pour le texte en préparation.  Le niveau d’engagement des délégations en faveur du texte déterminera notre approche pour la suite, a-t-il annoncé.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a souligné l’importance que soit menée une enquête approfondie pour que les faits puissent être établis de manière incontestable.  À cette fin, il a indiqué que son pays était prêt à donner tout son soutien tant aux efforts du Danemark et de l’Allemagne qu’à ceux ambitionnant que de tels incidents dangereux pour l’environnement et la santé des hommes ne se reproduisent pas. 

Mme MONICA SOLEDAD SANCHEZ IZQUIERDO (Équateur) a attiré l’attention sur les répercussions des incidents Nord Stream 1 et 2 sur l’environnement marin et atmosphérique.  Condamnant ces actes et appelant la communauté internationale à faire toute la lumière sur leurs causes, la représentante a demandé que les enquêtes diligentées par l’Allemagne et le Danemark dans le cadre du droit international soient préservées de toute ingérence disruptive qui pourrait en entraver la conduite et les résultats. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a souligné que le gaz méthane est 80% plus réchauffant que le dioxyde de carbone, et qu’en l’occurrence une dispersion de ce gaz dans la mer constitue un véritable désastre environnemental et une menace évidente pour la faune et la flore maritimes.  Elle a pris note de l’ouverture d’enquêtes par un certain nombre de pays européens (Suède, Danemark et Allemagne) et des résultats des investigations préliminaires qui confirment des soupçons de sabotage du gazoduc Nord Stream 2.  La représentante a condamné ces attaques injustifiables visant des infrastructures civiles.  Elle a réitéré l’appel du Gabon en vue de l’ouverture d’une enquête internationale impartiale et indépendante, afin que les responsabilités soient clairement établies et que les auteurs répondent de leurs actes devant les juridictions compétentes.

M. THOMAS PATRICK PHIPPS (Royaume-Uni) a salué la lettre du Danemark, de la Suède et de l’Allemagne informant les États Membres de l’ONU que des enquêtes sont en cours.  Le Royaume-Uni soutient pleinement ces enquêtes techniques menées par les autorités nationales compétentes et attend leurs conclusions, a-t-il ajouté, notant que le seul développement récent concernant Nord Stream porte sur une nouvelle série d’accusations par des médias contrôlés par l’État russe.  Le représentant a pointé du doigt l’article d’un journaliste américain, qui ne cite qu’une seule source secrète et qui a été complètement démenti par d’autres sources.  Le représentant n’a pas hésité à déclarer que la raison probable de l’urgence manifestée par la Russie aujourd’hui relève d’un désir désespéré de ce pays d’obscurcir la vérité un an après son invasion à grande échelle de l’Ukraine.  C’est pourquoi il a considéré que l’initiative de la Russie aujourd’hui, comme ses appels à la création d’une commission d’enquête de l’ONU, ne sont rien d’autre qu’une tentative de plus de détourner l’attention de la communauté internationale de son agression continue en Ukraine.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné que les explosions de l’année dernière ont eu des conséquences dévastatrices pour notre planète, conduisant à la pire fuite de gaz de méthane jamais enregistrée.  Alors que nous travaillons ensemble pour prévenir et combattre les changements climatiques, de tels événements ne font que rendre nos efforts collectifs plus difficiles, a-t-il déclaré.  Le délégué a appelé à des enquêtes crédibles, parallèlement à la nécessité de réduire les tensions.  Il a souhaité que les enquêtes soient fondées sur la science et les faits, et non pas sur des postures politiques.  Il est essentiel que nous envoyions un message fort et clair sur le fait que ce type d’acte ne peut être toléré, a-t-il plaidé.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a souhaité, s’agissant des enquêtes diligentées par le Danemark, l’Allemagne et la Suède, qu’elles permettent de déterminer de manière concluante « toute la portée de l’incident ».  Nous affirmons l’intérêt continu de la communauté internationale pour la question et demandons instamment que les processus d’enquête en cours s’efforcent de tenir les autorités et les opérateurs russes informés et que leur coopération soit recherchée si nécessaire, a ajouté le représentant.  En outre, il a réitéré la position de son pays selon laquelle, conformément aux objectifs de la résolution 2341 (2017) du Conseil de sécurité, les infrastructures critiques, en particulier de nature transnationale, doivent être protégées et mises à l’abri de tout dommage en tant qu’ultime passerelle pour la coopération.  Il a exhorté tous les acteurs à coopérer pour que les faits soient établis et que les auteurs des incidents soient tenus pour responsables de leurs actes dangereux pour l’environnement et les populations.

Mme ANDREA BARBARA BAUMANN-BRESOLIN (Suisse) s’est dite préoccupée par les dommages causés aux gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui ont entraîné des fuites de gaz inquiétantes en septembre dernier.  Elle a souligné que toutes les informations disponibles indiquent qu’il s’agit d’actes de sabotage.  Elle a réitéré la position de principe de la Suisse qui condamne toute attaque contre les infrastructures critiques, comme les infrastructures énergétiques, et leurs conséquences sur l’approvisionnement de la population, sur l’économie et l’environnement.  Il est important de nous en tenir aux faits et de soutenir tout effort crédible pour faire la lumière sur les explosions intervenues en septembre dernier, a-t-elle recommandé en mentionnant, à cet égard, la lettre transmise aujourd’hui par l’Allemagne, le Danemark et la Suède concernant les enquêtes en cours. 

M. TAMAURA SHU (Japon), estimant que les ressources énergétiques, y compris le gaz naturel, sont essentielles à la vie des gens, a condamné toute forme de vandalisme contre les infrastructures essentielles, qu’il a qualifié d’acte inacceptable ayant un impact potentiel de vie ou de mort sur d’innombrables personnes.  « Nous espérons que les enquêtes en cours de la Suède et du Danemark clarifieront la cause des incidents Nord Steam 1 et 2 et qu’à l’aune de leurs résultats, le Conseil pourra déterminer une position. »  À cet égard, le représentant a appelé toutes les parties à coopérer pleinement aux enquêtes en cours et à fournir des informations crédibles de manière transparente. 

M. JOHN KELLEY (États-Unis) a qualifié d’action délibérée les explosions des gazoducs Nord Stream.  Selon lui, alors qu’approche le premier anniversaire de l’agression non provoquée de l’Ukraine par la Russie, ce pays essaie une nouvelle fois de détourner « notre attention de cet événement ».  La Russie tente en quelque sorte de changer de sujet, utilisant l’enceinte du Conseil de sécurité pour amplifier des théories du complot, a poursuivi le représentant.  Celui-ci a tranché: les accusations selon lesquelles les États-Unis seraient impliqués dans ce sabotage sont fausses.  Il a ajouté que les pays qui enquêtent de manière approfondie, transparente et partiale sur les incidents le font par le biais de leurs institutions nationales, démontrant qu’en l’état ils n’ont pas besoin d’une enquête de l’ONU.  Sur ce dernier point, il a rappelé que les États Membres se tournaient vers l’Organisation et les juridictions internationales quand ils ne pouvaient pas enquêter et établir des faits graves de manière impartiale.  Le représentant a ensuite jugé que le projet de résolution russe qui implique les États Unis n’a d’autre but que de pousser les pays vers des explications prédéterminées par la Russie.  En outre, il a estimé qu’en abusant de son statut de membre permanent pour utiliser le Conseil comme une plateforme de diffusion de sa désinformation, la Russie fait perdre son temps à cet organe essentiel de paix et de sécurité internationales.  Dans les jours à venir, les États Membres voteront à l’Assemblée générale un texte réaffirmant l’importance de la Charte et appelant au règlement du conflit ukrainien dans le cadre de ce document fondateur de l’Organisation, a souligné en guise de conclusion le représentant américain.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a salué le fait que les enquêtes sont en cours, comme l’ont confirmé, par une lettre au Conseil de sécurité, l’Allemagne, le Danemark et la Suède.  Il a donc dit « attendre avec impatience » les résultats de cette enquête.  Dans ce contexte, nous ne voyons pas pourquoi il faut faire un doublon en diligentant une enquête parallèle, a—t-il dit.  Le représentant a déclaré n’avoir rien entendu de nouveau au cours de la présente séance sur cette question, dénonçant le fait que le temps précieux du Conseil de sécurité soit ainsi gaspillé pour diffuser des informations de nature « complotiste ».  Il a estimé que cette séance demandée par la Russie est une tentative de faire diversion à quelques jours du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine.  Aucun élément ne justifie ici la saisine du Conseil, a-t-il tranché en appelant tous les États Membres à voter en faveur du texte sur l’Ukraine qui sera présenté à l’Assemblée générale.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a réaffirmé que la position brésilienne sur la question à l’examen reste la même que celle exprimée lors de la réunion convoquée peu après les événements, à savoir que toute réponse doit être basée sur des informations fiables et les résultats d’enquêtes impartiales.  Nous demandons aux autres membres du Conseil de sécurité de procéder avec prudence face aux affirmations attribuables à une seule source anonyme, a-t-il souligné.  Pour le représentant, compte tenu des implications politiques des incidents, il convient que prévalent la plus grande transparence dans la diffusion des faits établis et la retenue dans la propagation d’interprétations non prouvées.  Ce n’est qu’ainsi qu’il nous sera possible de sortir du domaine de la spéculation, a-t-il considéré.  Le représentant a également souligné que les conséquences néfastes pour l’environnement des explosions ayant entraîné des dommages sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique doivent être soigneusement évaluées, le Brésil étant prêt à coopérer pour améliorer les mécanismes de surveillance, en vue d’empêcher la survenue d’incidents de ce type ayant un impact néfaste sur la vie marine et le niveau des émissions de gaz à effet de serre. 

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a rappelé la préoccupation de son pays après les explosions sous-marines qui ont frappé les gazoducs Nord Stream 1 et 2.  L’évaluation de ces événement par la France demeure inchangée, a-t-elle expliqué: ces évènements sont sans précédent et doivent être pris au sérieux, d’autant que les informations disponibles indiquent que ces explosions sont le résultat d’un acte délibéré et ont une origine humaine. 

La représentante a rappelé que des enquêtes avaient été diligentées par l’Allemagne, le Danemark et la Suède et a dit n’avoir aucune raison de douter du sérieux de ces procédures actuellement en cours et qui doivent aller à leur terme.  En revanche, elle a mis en doute le bien-fondé de la démarche russe, estimant « qu’aucune urgence, ni aucune information crédible nouvelle ne justifie l’organisation d’une telle réunion, en urgence, cinq mois après l’incident ». 

S’étonnant du « zèle » avec lequel la Russie œuvre pour faire diligenter une enquête sur Nord Stream « alors qu’elle fait tout pour empêcher qu’une mission du Secrétariat soit déployée à Kiev pour inspecter les débris de drones iraniens qui s’y trouvent », la représentante a estimé qu’on assistait aujourd’hui à une « tentative éhontée de détourner l’attention de la communauté internationale alors que cela fera vendredi un an que la Russie a déclenché sa guerre d’agression contre l’Ukraine ».

M. ZHANG JUN (Chine) a relevé que les éléments en présence laissent croire que le sabotage des gazoducs russes est le fait de plusieurs acteurs étatiques.  Il a rappelé qu’au cours de la réunion de septembre dernier, plusieurs orateurs avaient appelé à une enquête impartiale sur la question.  Si nous n’établissons pas les auteurs de ces actes et les mobiles, alors nous enverrons un mauvais signal, a-t-il dit.  Il a estimé que les constatations de l’enquête doivent être publiées, pour l’intérêt de tous les pays.  Selon le représentant, l’ONU peut jouer un rôle à cet effet.  Il a d’ailleurs salué le projet de résolution en préparation sur la question.  Le délégué a ensuite pris note des informations détaillées récemment publiées sur la question.  Selon lui, « esquiver la séance de ce jour » ne permettra nullement d’occulter la vérité.  En outre, de son avis, l’incident Nord Stream invite à discuter du concept de sécurité globale, notamment l’initiative de sécurité mondiale proposée par le Président chinois afin d’assurer la sécurité de tous.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a rappelé que les informations disponibles relatives à l’endommagement des pipelines Nord Stream 1 et 2 en septembre dernier indiquent que ces fuites sont le résultat d’un acte délibéré et a jugé « dangereuse et irresponsable » toute perturbation délibérée des infrastructures énergétiques, en particulier au milieu d’une crise énergétique mondiale.  « La militarisation de l’énergie et des infrastructures est inacceptable », a-t-il ajouté. 

Le représentant a également rappelé que les fuites de méthane avaient causé des dommages à l’environnement, menacé de priver l’Europe d’une voie d’acheminement essentielle d’une ressource énergétique cruciale et accru la pression sur les marchés mondiaux de l’énergie déjà affectés par la guerre en Ukraine, avec des répercussions jusque sur les pays en développement du monde entier. 

M. Camilleri a affirmé la solidarité de Malte avec le Danemark, la Suède et l’Allemagne et dit soutenir fermement les enquêtes en cours pour établir toute la vérité derrière les fuites.  « Ne nous laissons pas distraire aujourd’hui par l’ampleur des dégâts que les attaques de la Russie ont causés en Ukraine, en particulier aux civils », a ajouté le représentant, qui a rappelé que les attaques dirigées contre les civils « et les objets indispensables à la survie de la population civile » sont interdites par le droit international humanitaire.  Malte les condamne dans les termes les plus forts possibles, a-t-il conclu.

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