En cours au Siège de l'ONU

9296e séance – matin
CS/15245

Conseil de sécurité: la lutte antiterroriste examinée comme un défi commun devant donner la priorité aux initiatives régionales et sous-régionales

Ce matin, le premier débat phare organisé par la présidence mozambicaine du Conseil de sécurité a porté sur la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent par le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations et mécanismes régionaux.  Les membres du Conseil ont misé sur cette coopération, qui fait fructifier les initiatives régionales en la matière, en particulier sur le continent africain.

Si le Secrétaire général de l’ONU a assuré du soutien de l’Organisation aux efforts de lutte contre le terrorisme en Afrique, il a plaidé pour une nouvelle génération de missions d’imposition de la paix et d’opérations de lutte antiterroriste qui soient dirigées par l’Union africaine (UA) tout en étant dotées d’un mandat du Conseil de sécurité et d’un financement « garanti et prévisible », au moyen des contributions statutaires.  M. António Guterres a exhorté tous les États Membres à soutenir ce travail essentiel. 

Abondant en ce sens, le Président des Comores, M. Azali Assoumani, qui s’exprimait en tant que Président de l’UA, a mis en avant l’appui que son organisation apporte d’ores et déjà aux efforts antiterroristes de tous les pays africains, notamment par le biais de sa coopération avec l’ONU.  Lui aussi a plaidé pour un financement « pérenne et prévisible » des opérations de paix africaines.  En outre, M. Assoumani a souhaité une mise en œuvre plus décentralisée du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent arguant que « le temps n’est pas avec nous ».

En attendant que cette question du financement des opérations africaines soit réglée au sein du Conseil, une discussion que la France a appelé à reprendre en se basant sur la position commune adoptée à Addis Abeba, le Secrétaire général a rappelé que l’ONU se tient déjà aux côtés de l’Afrique pour mettre fin au fléau du terrorisme sur le continent: que ce soit par les orientations politiques que fournit le Conseil, par son assistance technique et par son soutien aux régimes de sanctions, ou dans le cadre des 65 visites d’évaluation du Comité contre le terrorisme qui ont donné lieu à des milliers de recommandations concrètes destinées aux États Membres.  Le Secrétaire général a également mentionné le travail accompli dans le cadre du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, ainsi que l’étroite collaboration dans ce domaine entre l’ONU, l’UA et les organisations régionales et sous-régionales africaines.  Quant à l’assistance sur mesure apportée par l’ONU aux États africains, il a cité la prévention, l’assistance juridique, les enquêtes, les poursuites, la réinsertion et la réadaptation, ainsi que la protection des droits humains.  Il a donné rendez-vous au prochain sommet africain sur la lutte contre le terrorisme, coorganisé avec le Nigéria en juillet, et au huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qui aura lieu auparavant en juin.

Concrètement, l’Afrique a fait de grands pas en avant pour relever les défis sécuritaires, s’est enorgueilli le Président de l’UA en citant notamment le succès des missions de l’UA en Somalie, notamment celle pour la transition, l’ATMIS, qui s’efforce de réduire les capacités des Chabab.  Il a également signalé que le récent déploiement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) au Mozambique a été largement encouragé par l’UA.  Se félicitant lui aussi de cette mission de lutte contre le terrorisme dans la province de Cabo Delgado, le Président mozambicain, M. Filipe Jacinto Nyusi, a estimé qu’elle témoigne de l’approche « solutions africaines aux problèmes africains », qui cherche à faire fond sur les spécificités locales.  Pour le Président Nyusi, la valeur ajoutée de cette expérience réside dans le fait qu’elle combine la lutte nationale contre le terrorisme aux efforts multilatéraux régionaux de la SADC et à ceux, bilatéraux, entre le Mozambique et le Rwanda.  « Ensemble, nous luttons avec succès contre le terrorisme. »  Il a donc appelé à privilégier ce modèle plutôt que les lourds investissements faits à l’échelle internationale pour certains pays, y compris des pays africains, pendant de nombreuses années.

À l’instar des membres de l’UA, le Secrétaire d’État brésilien Carlos Márcio Cozendey a salué l’Initiative d’Accra, un autre mécanisme régional qui peut aider à contenir la propagation du terrorisme du Sahel aux régions voisines.

S’alignant sur la vision de M. Guterres -qui a appelé à agir par la prévention, par l’inclusion et en mettant les droits humains et l’état de droit au centre de toute action de lutte antiterroriste-, le Président de la Confédération suisse, M. Alain Berset, a appelé à éviter d’utiliser les opérations antiterroristes comme prétexte pour violer les règles protégeant les populations civiles ou pour écarter des opposants politiques.  Sur le volet de l’inclusion, le Ministre d’État des Émirats arabes unis, M. Shakhboot Nahyan Al Nayhan, a encouragé des stratégies allant de la base vers le sommet pour permettre aux communautés, aux acteurs et aux chefs religieux, aux femmes et aux jeunes, d’avoir voix au chapitre. 

La communauté internationale doit être plus déterminée et plus solidaire face au terrorisme, s’est impatientée pour sa part la Vice-Présidente du Gabon, Mme Rose Christiane Raponda, de même que le Président du Ghana, M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, a plaidé pour un « partenariat à tous les niveaux », faisant valoir que l’efficacité de l’ONU en Afrique repose plus que jamais sur une coopération solide avec les organisations régionales.  Notant qu’afin de combattre les insurrections dans leurs régions respectives, la SADC et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont développé des opérations qui comprennent à la fois des initiatives militaires et diplomatiques, le Chef d’État a déploré, à son tour, le manque de ressources financières pour lutter contre le terrorisme. 

Pour le Japon, les États-Unis ou encore le Royaume-Uni, cette réunion a été l’occasion de mettre en avant leurs contributions à la coopération régionale en matière de sécurité et de renseignement sur le continent africain.  Enfin, la Fédération de Russie a assuré fournir une assistance pratique dans la formation des forces de l’ordre et du personnel judiciaire à la lutte contre les menaces contemporaines, après avoir dénoncé l’origine selon elle du terrorisme au Sahel, à savoir l’intervention militaire de l’Occident en Libye, qui a déstabilisé toute la région et s’est répercutée sur les États côtiers d’Afrique de l’Ouest.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Lutte contre le terrorisme et prévention de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme par le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations et mécanismes régionaux (S/2023/147)

Déclarations

Constatant que le terrorisme est la cause et la conséquence d’un grand nombre des problèmes examinés par le Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a dit qu’aucun âge, aucune culture, aucune religion, aucune nationalité et aucune région n’échappe au terrorisme, soulignant que la situation en Afrique est particulièrement préoccupante.  Le désespoir, la pauvreté, la faim, le manque de services de base, le chômage et les changements anticonstitutionnels de gouvernement constituent toujours un terrain fertile pour la propagation insidieuse des groupes terroristes qui infestent de nouvelles parties du continent, a relevé le Secrétaire général qui est profondément préoccupé par la progression des groupes terroristes au Sahel et ailleurs.  « Communauté par communauté, ils étendent leur champ d’action. »   La terreur creuse toujours plus largement son sillon, à mesure qu’affluent les combattants, les fonds et les armes d’une région à l’autre et d’un bord à l’autre du continent, et que de nouvelles alliances sont nouées avec la criminalité organisée et les bandes de pirates, a noté le Chef de l’ONU.  Il a aussi relevé que l’univers numérique offre une plateforme mondiale à la diffusion plus large encore des idéologies violentes. 

Alors que le terrorisme divise les peuples, la lutte contre ce fléau peut rapprocher les pays, a-t-il affirmé, en prenant comme exemple l’Afrique, où sont nées plusieurs initiatives régionales de lutte contre le terrorisme comme les efforts conjoints déployés au Sahel, dans le bassin du lac Tchad, au Mozambique et au-delà.  M. Guterres a salué la résolution renouvelée avec laquelle les dirigeants africains s’attaquent à cette menace évolutive, comme l’a démontré le récent Sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement.  L’ONU se tient aux côtés de l’Afrique pour mettre fin à ce fléau, a assuré le Secrétaire général, et ce, non seulement par les orientations politiques que fournit le Conseil, par son assistance technique et par son soutien aux régimes de sanctions, mais également dans le cadre des 65 visites d’évaluation que le Comité contre le terrorisme a effectuées pour s’assurer que les demandes du Conseil de sécurité étaient respectées, et qui ont donné lieu à des milliers de recommandations concrètes visant à aider les États Membres à améliorer leur riposte.  L’ONU est également aux côtés de l’Afrique par le travail que l’Organisation accomplit dans le cadre du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, qui rassemble organismes des Nations Unies, États Membres, parlements régionaux et société civile en soutien aux efforts déployés de concert sur l’ensemble du continent.  Et, surtout, par son étroite et constante collaboration avec l’UA et les organisations régionales et sous-régionales africaines. 

M. Guterres a expliqué que l’ONU apporte une assistance sur mesure aux États Membres d’Afrique, notamment dans les domaines de la prévention, de l’assistance juridique, des enquêtes, des poursuites, de la réinsertion et de la réadaptation, ainsi que de la protection des droits humains.  L’ONU organise avec le Nigéria le prochain sommet africain sur la lutte contre le terrorisme, a-t-il rappelé, et elle renforce sa collaboration dans le cadre d’initiatives de paix majeures, telle que le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel.  En outre, l’ONU plaide sans relâche pour une nouvelle génération de missions d’imposition de la paix robustes et d’opérations de lutte contre le terrorisme qui soient dirigées par l’UA et dotées d’un mandat du Conseil de sécurité établi en vertu du Chapitre VII ainsi que d’un financement garanti et prévisible, au moyen des contributions statutaires, a martelé M. Guterres en exhortant tous les États Membres à soutenir ce travail essentiel. 

Le Secrétaire général a donné rendez-vous au huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, qui aura lieu en juin et sera coanimé par le Canada et la Tunisie, qui sera une occasion cruciale de renforcer l’action commune en la matière et de trouver de nouveaux moyens de s’attaquer plus efficacement aux conditions structurelles qui font le lit du terrorisme.  Cet examen sera également une occasion de rappeler que les droits humains doivent être au cœur de nos efforts, a-t-il souligné arguant que si le terrorisme, c’est la négation et la destruction même des droits humains, on ne peut remporter la lutte contre ce fléau en perpétuant cette négation et cette destruction.  Il est prouvé que les efforts de lutte antiterroriste qui sont uniquement axés sur la sécurité aux dépens des droits humains peuvent involontairement mener à la marginalisation et l’exclusion et, partant, aggraver davantage la situation, a-t-il fait valoir. 

Rappelant que le Nouvel Agenda pour la paix propose d’agir de façon intégrée et globale afin de bâtir des sociétés plus pacifiques et plus stables dans lesquelles le terrorisme et l’extrémisme violent n’auront pas leur place, M. Guterres a appelé à agir par la prévention, en s’attaquant aux conditions socioéconomiques qui peuvent mener au terrorisme; par l’inclusion, en veillant à ce que les stratégies de lutte antiterroriste tiennent compte du vécu de l’ensemble des communautés et des publics, et tout particulièrement des minorités, des femmes et des jeunes; et en mettant les droits humains et l’état de droit au centre de toute notre action.  C’est au nom des victimes du terrorisme qu’il faut poursuivre notre travail pour mettre fin à ce fléau, une fois pour toutes, a insisté le Secrétaire général en appelant le Conseil et tous les États Membres à soutenir l’ONU dans cet effort essentiel en Afrique et au-delà.

M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores et Président de l’Union africaine (UA), a relevé que le terrorisme et l’extrémisme violent semblent se nourrir l’un l’autre.  Il a daté de la crise libyenne l’accroissement des activités terroristes en Afrique, avec l’afflux de combattants étrangers.  Il a rappelé l’objectif de faire taire les armes d’ici à 2030 en Afrique et redit l’engagement de l’UA d’y parvenir.  Il a ensuite fait le lien entre extrémisme violent et terrorisme d’une part et changement anticonstitutionnel de régime d’autre part, avant de détailler les efforts de l’UA dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  L’Afrique a fait de grands pas en avant pour relever les défis sécuritaires, a dit le Président, en citant le succès des missions de l’UA en Somalie, l’AMISOM puis l’ATMIS.  Il a aussi signalé que le récent déploiement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) au Mozambique a été largement encouragé par l’UA.  Il a appelé à des efforts renouvelés au sein des cadres régionaux en vue de la stabilité du continent, avant d’insister sur la pertinence de l’Initiative d’Accra.  L’ONU et l’UA peuvent tirer profit de ces outils pour combattre le terrorisme, a-t-il fait remarquer. 

Le Président a insisté sur l’importance d’une approche préventive, celle-ci étant négligée, en appelant à la mobilisation des ressources nécessaires.  L’UA appuie les efforts antiterroristes de tous les pays africains, par le biais notamment de sa coopération avec l’ONU, a-t-il rappelé.  Il a plaidé pour un financement pérenne et prévisible des opérations de paix africaines, avant de souhaiter une mise en œuvre plus décentralisée du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent.  « Le temps n’est pas avec nous. »  Il nous faut lutter contre la pauvreté et la marginalisation des jeunes, a dit le Président, en appelant également à tarir les sources de financement des groupes terroristes.  Enfin, le Président a appelé à des actions internationales plus solidaires et durables contre le terrorisme. 

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a déclaré que la lutte contre le terrorisme constitue toujours un défi, en raison de la nature transnationale du terrorisme et de son imprévisibilité; et que son association avec la criminalité transnationale organisée a contribué à la survie et à la propagation des groupes terroristes.  Sur le continent africain, les terroristes ont généralement recours aux trafics de minerais, de pierres précieuses et de stupéfiants pour financer leurs activités, par le biais du blanchiment d’argent, a fait observer le Chef d’État.  Il s’est d’ailleurs alarmé de voir que le Sahel est le nouvel épicentre de leurs activités.  Le Président a ensuite fait observer que les pays africains, l’UA et les organisations régionales telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont, au fil des ans, accumulé une expérience pertinente en matière de résolution des conflits.  M. Nyusi a souligné à cet égard que la SADC a établi une mission au Mozambique avec une composante militaire importante qui, depuis juillet 2021, est engagée dans la lutte contre le terrorisme dans la province de Cabo Delgado.  Cette mission témoigne selon lui de l’approche des « solutions africaines aux problèmes africains », qui cherche à faire fructifier les expériences et les spécificités locales dans la recherche de solutions. 

Pour le Président, cette expérience est assortie d’une valeur ajoutée, car cette lutte contre le terrorisme est combinée aux efforts multilatéraux régionaux de la SADC et à ceux, bilatéraux, entre le Mozambique et le Rwanda.  « Ensemble, nous luttons avec succès contre le terrorisme. »  Il a suggéré de privilégier ce modèle aux lourds investissements qui ont été réalisés à l’échelle internationale pour certains pays, y compris des Africains, pendant de nombreuses années.  Par ailleurs, M. Nyusi a souhaité que le huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, envisagé pour juillet 2023, prenne en considération la nécessité d’établir un mécanisme commun pour la résilience des communautés, afin de prévenir l’extrémisme violent.  Cela pourrait se traduire par la création d’un fonds pour renforcer les initiatives locales de développement durable, qui pourrait promouvoir des projets créateurs d’emplois pour les jeunes, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient.  Par ailleurs, le Président a proposé de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et les blocs régionaux afin d’arrêter la propagation et la consolidation du terrorisme sur le continent africain.  Il a également plaidé pour que soit donnée la priorité au soutien aux solutions régionales découlant des mécanismes bilatéraux dûment examinés et pour renforcer les capacités de protection des infrastructures cruciales dans les domaines où les intérêts sont communs, comme les frontières interétatiques, grâce au partage de l’information et de la technologie.  Le Chef d’État s’est en outre prononcé pour une approche holistique qui combine les dimensions de la sécurité, de la justice et des interventions socioéconomiques afin d’éradiquer les causes profondes du terrorisme.

Il a en conclusion souligné que le surendettement de nombreux pays en développement à revenu faible ou intermédiaire ne réduit pas à leur capacité à financer les services essentiels et leurs économies, dont la réponse aux impacts des divers chocs découlant des changements climatiques et des crises provoquées par l’homme.  Cette situation de surendettement, a mis en garde le Président, rend ces pays de plus en plus vulnérables à l’extrémisme, au terrorisme et à d’autres conflits violents.  Dans une étude récente, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a estimé que 52 pays de ce groupe, qui représentent près de 40% des populations pauvres dans le monde, sont confrontés à cette situation: « Pour que ces pays sortent de la crise actuelle, nous demandons à la communauté internationale de restructurer la dette et de faciliter l’accès de ces pays à haut risque à des financements abordables.  Pour cela, il faut transformer le système financier international en réformant les institutions financières multilatérales. »

M. ALAIN BERSET, Président de la Confédération suisse, a noté que si aucun pays n’est à l’abri du terrorisme, y compris le sien, cette tendance se manifeste de manière alarmante sur le continent africain où de nouveaux groupes terroristes émergent, et des groupes armés existants prêtent allégeance à des organisations désignées comme terroristes par les Nations Unies.  Il est plus urgent que jamais de briser ce cycle de violence, a-t-il estimé et, pour y parvenir, il a cité certains éléments nécessaires comme l’état de droit, la prévention, les partenariats et l’inclusion.  Le Président a appelé à veiller au plein respect du droit international, en particulier du droit international humanitaire, des droits de l’homme et du droit des réfugiés.  Respecter l’état de droit signifie que les opérations antiterroristes ne peuvent pas servir de prétexte pour violer les règles protégeant les populations civiles, ni pour écarter des opposants politiques, mais cela signifie aussi de considérer les enfants associés à des groupes terroristes comme des victimes, a-t-il estimé. 

Arguant que la paix, la sécurité et la prospérité sont les meilleurs antidotes aux idéologies incitant à la violence terroriste ou extrémiste, M. Berset a appelé à relever sans attendre les défis mondiaux actuels et futurs, dont les changements climatiques, qui sont une potentielle source de flux migratoires, souvent incontrôlés, et peuvent aggraver les conflits et être exploités par des groupes terroristes et extrémistes violents, a-t-il fait valoir.  Plaidant pour une approche globale et holistique, le chef d’État, a estimé que la stratégie antiterroriste des Nations Unies –et ses quatre piliers– fournit un ensemble complet de mesures qui, si elles sont mises en œuvre de manière équilibrée, sont un excellent outil de lutte contre le terrorisme.  Cette stratégie est également le symbole de l’unité de la communauté internationale dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, a-t-il souligné, en relevant que chaque révision de cette stratégie s’est faite par consensus.  Ce consensus est notre meilleure réponse face à ceux qui cherchent à nous diviser, a martelé M. Berset, en appelant à le consolider lors de l’actuelle huitième révision. 

Il a reconnu les atouts des organisations régionales et sous-régionales qui sont en première ligne pour comprendre les dynamiques sur le terrain, en appelant à collaborer plus étroitement avec elles et à favoriser une meilleure coordination des initiatives de la lutte contre l’extrémisme violent.  Tel était l’objectif du « Grand rendez-vous pour la prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et du Centre », organisé récemment par la Suisse, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ainsi que le Centre des hautes études de défense et de sécurité du Sénégal, a rappelé M. Berset. 

Mme ROSE CHRISTIANE RAPONDA, Vice-Présidente du Gabon, a déclaré que 2022 a été une année meurtrière en Afrique en raison notamment des attaques terroristes.  Elle a indiqué que la capacité de Daech reste préoccupante, notant la corrélation entre les difficultés éprouvées par les pays sur les plans sécuritaire et économique et la progression du groupe.  Elle a appelé à une coopération internationale renforcée face aux groupes terroristes qui tirent profit de l’absence de l’autorité de l’État.  Les gouvernements sont sous la pression accrue des populations en raison de l’insécurité, a-t-elle signalé, ajoutant que la guerre contre le terrorisme met au défi des États aux ressources limitées.  Elle a jugé fondamental d’empêcher que la polarisation actuelle du monde ne sape le multilatéralisme, ce qui ne pourrait que profiter aux groupes terroristes. 

La Vice-Présidente a ensuite prôné une approche tridimensionnelle, articulée autour d’une tolérance zéro pour l’extrémisme violent, du respect scrupuleux du droit international et d’une action dénuée de toute politisation.  Notre réponse face au terrorisme doit être cohérente et holistique, a-t-elle souligné, en mentionnant les autres défis à relever que sont les crises humanitaires et les conséquences des changements climatiques.  Elle a appelé à tarir les sources de financement des groupes terroristes et exhorté l’ONU à appuyer les opérations de l’UA.  La communauté internationale doit être plus déterminée et plus solidaire face au terrorisme, a-t-elle estimé. 

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, s’est déclaré gravement préoccupé par la transformation constante de l’Afrique en une arène pour l’extrémisme violent et le terrorisme.  Il a notamment relevé qu’au Sahel, les groupes affiliés à l’État islamique renforcent leur présence, tandis qu’en Somalie, les Chabab sont sous pression, mais pas vaincus.  Il a également évoqué la situation à Cabo Delgado, au Mozambique, ainsi que dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les Forces démocratiques alliées (ADF) affiliées à l’État islamique continuent de déstabiliser les populations.  La lutte contre le terrorisme nécessite un partenariat à tous les niveaux, a souligné le Chef d’État pour lequel l’efficacité de l’ONU repose plus que jamais sur une coopération solide avec les organisations régionales.  Selon lui, la montée de l’extrémisme violent et du terrorisme souligne l’urgence d’une réponse collective. 

En Afrique, a-t-il poursuivi, il faut combler les limites des efforts de maintien de la paix des Nations Unies et des capacités nationales face aux menaces terroristes transnationales.  Afin de combattre les insurrections dans leurs régions respectives, la SADC et la CEDEAO ont développé des opérations qui comprennent à la fois des initiatives militaires et diplomatiques.  Il a également cité l’Initiative d’Accra, l’un de ces mécanismes régionaux d’auto-assistance en matière de sécurité et de renseignement, conçu pour aider à lutter contre le terrorisme.  Le Président a toutefois déploré les capacités limitées et le manque de ressources financières pour lutter contre le terrorisme.  Vaincre les organisations terroristes et les groupes armés devrait être l’objectif principal du Conseil lorsqu’il aborde les défis sécuritaires auxquels l’Afrique est actuellement confrontée, a-t-il estimé.

Le Président du Ghana a aussi plaidé pour des efforts de prévention des conflits et de médiation pour apaiser les tensions.  Il a souligné que les partenariats avec les organisations régionales doivent se baser sur le respect mutuel et tenir compte des circonstances régionales uniques.  Il a appelé à renforcer la capacité des organisations régionales en matière d’alerte précoce et de prévention des conflits, de renseignement, de logistique, de formation et de déploiement ainsi que de financement. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD, membre du Cabinet du Président des États-Unis, a rappelé à quel point la lutte antiterroriste était inscrite au cœur des priorités américaines, le Secrétaire d’État Antony Blinken ayant tout récemment coprésidé un forum sur la paix et la sécurité au cours duquel le Niger, la Somalie et le Mozambique ont évoqué la bonne gouvernance, le maintien de la paix, les partenariats internationaux, ainsi que le développement inclusif, autant d’éléments qui vont dans l’intérêt de la paix et de la sécurité.  Les efforts que nous consentons dans ce domaine en Afrique sont « sans précédent », près de 8 milliards de dollars ayant été versés par Washington au secteur de la sécurité depuis février 2019 en Afrique, s’est enorgueillie la déléguée.  Vendredi dernier, a-t-elle indiqué, le Président Joseph Biden a fait part au Congrès de son intention de mettre sur pied un plan décennal destiné à lutter contre le terrorisme en promouvant des partenariats avec le Mozambique et la Libye, mais aussi avec des pays tels que le Ghana, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Togo.  Dans ce contexte, Mme Thomas-Greenfield a souligné l’importance que jouent la société civile, les femmes, les jeunes, les leaders communautaires, ainsi que le secteur privé.  Les États-Unis restent, pour leur part, attachés à soutenir davantage les opérations de paix en Afrique et nous sommes impatients de prendre connaissance des recommandations du Secrétaire général dans son prochain rapport, a dit la déléguée.  Elle a, enfin, tenu à souligner que la protection et la promotion des droits humains et de l’état de droit sont des conditions préalables à la lutte contre le terrorisme.

M. SHAKHBOOT NAHYAN AL NAHYAN, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a cité les statistiques de 2022 sur le terrorisme pour dire que la situation est pire que jamais.  Il a estimé que les initiatives de lutte contre le terrorisme à l’échelon régional font partie intégrante des efforts déployés à l’échelon mondial pour lutter contre ce fléau.  Pour sa part, le Conseil doit en faire encore davantage, a exhorté le Ministre proposant à cet égard d’éviter de travailler en silo et en recommandant de soutenir les initiatives prises sur le continent africain, pour qu’elles portent davantage de fruits.  Une meilleure coordination permet d’améliorer les politiques et d’être plus cohérent, a-t-il argumenté.  Il a souhaité que le sommet sur le terrorisme, organisé par le Nigéria et le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies, trouvera des solutions pour venir à bout de ce fléau en abordant les causes du terrorisme et de l’extrémisme violent, la bonne gouvernance, le développement, les prestations de services de base et la protection contre l’intolérance. 

Le Ministre a aussi demandé à mettre sur pied des stratégies allant de la base au sommet, qui permettraient aux communautés, aux acteurs et aux chefs religieux, aux femmes et aux jeunes d’avoir voix au chapitre.  La communauté internationale doit aider les pays à créer des institutions fortes et compétentes pour lutter contre ce phénomène, a-t-il ajouté avant de demander d’expulser les groupes terroristes des territoires sur lesquels ils opèrent et bien au-delà.  « Les États doivent conjuguer leurs efforts pour récupérer et conserver les zones sur lesquelles les terroristes avaient fait main basse. »  Il a encore conseillé de protéger les sociétés contre les vulnérabilités avant que les terroristes ne profitent de ceux qui se trouvent dans la précarité.  En outre, le Ministre a réitéré l’importance de créer des communautés résilientes en donnant place aux jeunes d’Afrique et du Moyen-Orient.  Il a enfin demandé au Conseil d’écouter le message de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU concernant les initiatives à prendre sur le continent africain: elle avait insisté sur l’importance pour la communauté internationale de faire front commun et de s’engager véritablement. 

M. CARLOS MÁRCIO COZENDEY, Secrétaire d’État aux affaires politiques multilatérales au Ministère des affaires étrangères du Brésil, a rappelé que la Charte des Nations Unies accorde une importance particulière au rôle que les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et dans le règlement pacifique des différends et qu’elle permet au Conseil de sécurité de recourir à des arrangements régionaux pour prendre des mesures d’exécution sous son autorité.  Cette option favorise, selon lui, la mise en place de solutions sur mesure qui tiennent compte des réalités locales, ce qui est d’autant plus pertinent que le terrorisme ne peut être combattu par une approche unique sans tenir compte des réalités ethniques, religieuses, politiques et socioéconomiques des pays concernés.  Face à la montée inquiétante du terrorisme sur le continent africain, M. Cozendey a fait valoir que l’Afrique a donné des exemples remarquables de la manière avec laquelle les mécanismes régionaux et sous-régionaux peuvent répondre à la menace posée par les groupes terroristes.  Il a notamment cité la mission de la SADC au Mozambique qui a obtenu des résultats significatifs dans la lutte contre le terrorisme dans la province de Cabo Delgado ou encore la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) qui s’efforce de réduire les capacités des Chabab.  Le Secrétaire d’État a encore salué l’Initiative d’Accra, qui pourrait contribuer à contenir la propagation du terrorisme du Sahel aux régions voisines, ainsi que les opérations antiterroristes de la Force multinationale mixte, une contribution importante à la paix et à la sécurité dans la région du bassin du lac Tchad.  Quant à la Force conjointe du G5 Sahel, il a espéré qu’elle pourra surmonter les difficultés qu’elle rencontre actuellement, pour continuer de lutter contre le terrorisme dans la région et empêcher qu’il ne s’étende aux pays voisins.

Il ne fait pas de doute pour M. Cozendey que les efforts conjoints de lutte contre le terrorisme ne seront jamais suffisants si l’on ne s’attaque pas aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent (conflits prolongés, incapacité à faire respecter l’état de droit, violations des droits humains, discrimination ethnique, nationale et religieuse, exclusion politique, marginalisation socioéconomique et chômage).  Dans ce contexte, il a souligné l’importance du travail des organes compétents des Nations Unies pour soutenir les activités visant à favoriser le développement économique et la justice sociale, dans le plein respect des souverainetés nationales, en appelant à s’éloigner des réponses exclusivement axées sur la sécurité et à adopter des approches fondées sur le développement.  Enfin, il a plaidé en faveur de la prévention des conflits, en soulignant que pour chaque dollar investi dans la consolidation de la paix, 16 dollars pourraient être économisés en termes de coût des conflits et de l’extrémisme violent qui alimentent le terrorisme.  Il a estimé que la Commission de consolidation de la paix (CCP) est bien placée pour promouvoir la cohérence entre les acteurs concernés du système des Nations Unies, mobiliser les organisations régionales et les institutions financières internationales et favoriser les accords de coopération Sud-Sud et triangulaire à l’appui des capacités nationales, ce qui peut aider les États Membres à lutter contre le terrorisme.  Il a conclu en rappelant la nécessité, pour cette lutte, de respecter strictement le droit international.

M. LIU YUXI, Représentant spécial pour les affaires africaines de la Chine, a demandé l’apport d’un appui urgent aux pays africains confrontés à la menace terroriste et exhorté l’ONU à jouer un rôle accru dans le domaine de la lutte antiterroriste.  Le prochain examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doit être l’occasion de forger un front commun contre le terrorisme, a-t-il estimé.  Il a rappelé l’importance que les pays africains soient dotés des moyens nécessaires pour mener cette lutte et estimé, à ce titre, que les embargos sur les armes sapent leurs capacités.  Il a appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme, en demandant notamment la réalisation du Programme 2030.  L’Afrique est un continent de promesses et sa voix doit être mieux entendue, a-t-il déclaré.  Le dignitaire a également plaidé pour un renforcement de la coopération entre l’ONU et l’UA.  La Chine et l’Afrique sont des partenaires et des sœurs, a-t-il conclu, en soutenant toutes les initiatives concourant au renforcement des capacités des pays africains.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a expliqué que la réponse de la communauté internationale au terrorisme doit tirer le meilleur parti de l’ensemble de notre expertise et de nos capacités, en les adaptant aux différents contextes régionaux.  Pour sa part, son pays s’est engagé dans la coopération régionale en matière de sécurité et de renseignement sur le continent africain et dans le monde entier.  Au Kenya, par exemple, le Royaume-Uni a financé la mise en place de l’Unité de lutte antiterroriste de la police à Mombasa, dans le cadre d’un investissement de 8,6 millions de dollars par an pour soutenir les efforts du Kenya, a indiqué le délégué, qui a dit que Londres avait également œuvré à réduire la vulnérabilité de 800 Kényans à risque face à la radicalisation.  Il a par ailleurs affirmé qu’au Mali et en République centrafricaine, le groupe Wagner fait partie du problème, et non de la solution.  Nous ne pouvons ignorer le rôle déstabilisateur de cette organisation qui exploite les conflits et les déficits de gouvernance pour aspirer les ressources de l’Afrique là où elles sont cruellement nécessaires, contribuant ainsi à créer des environnements propices au développement du terrorisme, a dénoncé le représentant.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a souligné l’importance de promouvoir les efforts de lutte contre le terrorisme menés par les Africains.  Pour être efficaces, ces efforts nécessitent une assistance de la communauté internationale, notamment en matière de renforcement des capacités des autorités chargées de l’application de la loi et de la sécurité.  Le Japon s’est engagé à soutenir les efforts menés par l’Afrique dans le cadre de la nouvelle approche pour la paix et la stabilité en Afrique, notamment en renforçant les capacités de l’administration locale dans le G5 Sahel.  Il a appelé la communauté internationale à s’unir dans la lutte contre le financement du terrorisme, en pointant du doigt les revenus tirés du commerce illicite des ressources naturelles, y compris la faune, ainsi que l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes par les groupes terroristes. 

Le délégué a également conseillé de s’attaquer à la pauvreté et aux inégalités, notamment en privilégiant une approche de sécurité humaine afin de protéger et autonomiser les personnes.  Tous nos efforts dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’environnement, ainsi que l’investissement dans les personnes, doivent construire une société résiliente et durable où la sécurité humaine est assurée, a-t-il insisté, appelant à réduire la vulnérabilité face au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Il a enfin souligné la nécessité de promouvoir l’état de droit, les droits humains, l’intégration de la dimension de genre, la sécurité maritime et une approche pangouvernementale et pansociétale.  L’état de droit est un principe fondamental pour la mise en œuvre de mesures antiterroristes efficaces, a-t-il souligné. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que les groupes terroristes tels que Daech et Al-Qaida et leurs affiliés demeurent la menace la plus aiguë en matière de terrorisme, en particulier sur le continent africain, où ils s’étendent, tant en Afrique de l’Ouest qu’en Afrique centrale ou australe.  Cette menace continue de se reconfigurer, de faire preuve de résilience et de croître, par exemple au Sahel, où les groupes terroristes poursuivent leur projet d’extension en direction du golfe de Guinée, a-t-il constaté.  Par conséquent, il a appelé à poursuivre les efforts communs pour répondre à ce fléau, en commençant par les moyens à mobiliser.  Faisant valoir que le terrorisme en Afrique est une menace non seulement pour la région, mais aussi pour la paix et la sécurité internationales, il a appelé le Conseil à reprendre ses discussions sur le financement des opérations africaines de paix, sur la base de la position commune adoptée à Addis Abeba.  De plus, la France et l’Union européenne (UE) sont déterminées à poursuivre et renforcer leurs partenariats avec les États africains et les organisations régionales africaines, a assuré le représentant en affirmant que son pays continue de se mobiliser contre le terrorisme, aux côtés de ses partenaires, à leur demande et selon leurs besoins, selon une approche globale et renouvelée. 

Le représentant a aussi plaidé pour une approche résolument multilatérale, notant à cet égard que les instruments des Nations Unies sont essentiels, qu’il s’agisse des panels d’experts, de sanctions ou du travail du Bureau de lutte contre le terrorisme dont l’UE est le troisième contributeur.  Le délégué a aussi appelé à renforcer la résilience des communautés en lien avec les États de la région.  Il s’agit de prendre en compte les facteurs socioéconomiques qui contribuent au recrutement terroriste, a-t-il expliqué en recommandant aussi de répondre aux défis climatiques et de tenir compte des liens entre terrorisme et trafic des ressources, ou de la propagande terroriste sur Internet.  Enfin, pour être pleinement efficace, la lutte contre le terrorisme doit s’inscrire dans une réponse globale qui doit inclure des initiatives conjointes pour le développement, le renforcement de la gouvernance, de l’état de droit et la lutte contre la corruption, a estimé le délégué.  Il a tenu à souligner que les « pseudo-offres sécuritaires proposées par certaines sociétés militaires privées et leur parrain étatique » sont à rebours de l’approche respectueuse des partenaires et des droits humains qu’il promeut.

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est dit préoccupé par la persistance de la menace terroriste en Afrique.  Le terrorisme est un défi mondial qui exige une réponse mondiale, a-t-il déclaré.  Il a dénoncé le déploiement de mercenaires en Afrique, qui ne peut qu’aggraver la situation des pays concernés.  Le délégué a insisté sur l’importance de respecter le droit international et de protéger les droits des minorités, dans le cadre de la lutte antiterroriste.  On ne peut dire que l’on appuie l’Afrique lorsque l’on pille ses ressources, a-t-il fait observer.  Il a, en outre, appelé à traiter les causes profondes du terrorisme et demandé que la lutte antiterroriste soit menée en conformité avec le droit.  Enfin, il a espéré que le huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies sera couronné de succès.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que son pays soutient pleinement les pays africains dans leur lutte contre le terrorisme international.  S’il a convenu qu’il faut accorder une attention accrue à l’identification et au traitement des causes profondes du terrorisme, celles-ci ne se réduisent pas à son avis aux problèmes socioéconomiques et à la corruption, et les sources traditionnelles de radicalisation ne décrivent pas toujours la réalité.  « Le terrorisme au Sahel s’est enraciné depuis l’intervention militaire de l’Occident en Libye, qui a déstabilisé toute la région, une situation qui a des conséquences jusqu’aux États côtiers d’Afrique de l’Ouest », a souligné le représentant.  Non seulement les contingents étrangers présents sur le territoire de plusieurs pays du Sahel n’ont pas réussi à redresser la situation, mais leur présence a entraîné une forte détérioration de la situation, a–t-il soutenu.  Selon lui, les tentatives de justification de ces développements par des motifs religieux, ethniques ou sociaux ont été instrumentalisés par les puissances coloniales pendant des décennies.  Dès lors, il a estimé qu’on ne peut que se féliciter de la prise de conscience par les États africains de la source réelle des menaces et de la recherche de mécanismes régionaux efficaces pour les contrer. 

« Nous avons vu des forces extérieures tenter de diviser les États de la région, arguant que certains pays méritent d’être aidés dans la lutte contre le terrorisme et d’autres non », a-t-il poursuivi en dénonçant ces « tactiques inacceptables ».  Le délégué a donc plaidé pour le renforcement du potentiel des organisations régionales, en particulier de l’UA, qui sont capables de mettre en œuvre des stratégies globales de lutte contre le terrorisme et de servir de plateforme pour l’échange d’informations, d’expériences et de pratiques optimales.  La priorité devrait également être accordée à l’éducation et à la formation des forces de l’ordre et du personnel judiciaire à la lutte contre les défis et les menaces contemporains, tant sur une base multilatérale que bilatérale, a recommandé le délégué indiquant que la Russie continuera à fournir activement une assistance pratique dans ce domaine.  Il a, en conclusion, tenu à souligner le potentiel du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, qui devrait à son avis accorder une plus grande attention aux États africains et donner la priorité aux visites d’évaluation. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) s’est inquiétée de l’augmentation du terrorisme et de la violence en Afrique, y compris au Sahel qui recense 43% des décès dus au terrorisme dans le monde en 2022.  Elle a souligné l’importance de la coopération et des organisations régionales qui apportent des connaissances et des perspectives uniques.  Pour que les efforts de l’ONU soient vraiment efficaces, ils doivent s’attaquer aux menaces transnationales de manière plus holistique, notamment en travaillant avec l’UA et les organisations sous-régionales africaines, a-t-elle estimé.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’un financement prévisible et durable pour les opérations de paix autorisées par l’ONU et dirigées par l’UA. 

Elle a mis en garde contre les réponses uniquement axées sur la sécurité suggérant des approches qui répondent aux besoins humanitaires, de développement et sociaux pour prévenir le recrutement parmi les populations vulnérables, y compris les jeunes.  Il faut en outre s’attaquer aux racines du terrorisme que sont les déficits de gouvernance et de reddition de compte, le manque de développement, la pauvreté, le manque d’accès à l’éducation, les changements climatiques et les violations des droits humains.  Les mesures de lutte contre le terrorisme doivent être sensibles au genre, garantir la participation des femmes et des jeunes et inclure la société civile et les communautés locales, a-t-elle également souligné. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a rappelé l’importance fondamentale de la coopération dans la lutte antiterroriste, avant de saluer le récent déploiement de la SADC au Mozambique.  Il faut tarir les sources de financement des groupes terroristes, a-t-il dit, en rappelant leurs liens avec les groupes criminels.  Il a plaidé pour des solutions adaptées face au défi de l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes.  Le délégué a ensuite plaidé pour l’élaboration de stratégies régionales et sous-régionales face au terrorisme.  Le prochain examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doit être l’occasion d’apporter un appui renforcé aux organisations régionales, a estimé le délégué.

M. VINCENT BIRUTA, Ministre des affaires étrangères du Rwanda, a estimé que les missions traditionnelles de maintien de la paix, « à elles seules », ne se sont pas révélées suffisamment efficaces pour relever le défi du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Avec le soutien du Conseil de sécurité, nous avons besoin d’approches plus robustes et pragmatiques, adaptées aux contextes locaux, a-t-il préconisé.  Ainsi, dans le cadre d’un mécanisme bilatéral et à la demande des deux gouvernements, le Rwanda a déployé des troupes au Mozambique et en République centrafricaine.  Cette approche rapide et efficace nécessite cependant un financement durable, afin de créer une base solide à partir de laquelle les forces multilatérales pourront prendre le relais, a demandé le représentant.

La mesure d’assistance récemment prise dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix pour soutenir le déploiement des forces de défense rwandaises au Mozambique est une étape essentielle pour garantir que de telles interventions bilatérales puissent être viables financièrement, a-t-il insisté.  Selon lui, un cadre de coopération efficace entre l’ONU et les mécanismes régionaux devrait également prioriser la reconstruction postconflit, en coopération avec les communautés locales.  « En fin de compte, l’unité nationale et la bonne gouvernance créent des conditions durables pour la paix.  L’histoire tragique de notre pays nous l’a appris », a ajouté le représentant.  Il a ajouté que la représentation des pays africains au sein du Conseil de sécurité est également essentielle et que l’Afrique ne doit pas être exclue des processus de prise de décisions.

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