Conférence sur l’eau: affaiblies par les crises, des délégations appellent à davantage de coopération et de financements pour gérer la précieuse ressource
Alors que le monde peine à garantir l’accès de tous à l’eau et à en assurer une gestion durable, le deuxième jour de la Conférence des Nations Unies sur l’eau a permis aux délégations de partager leur retour d’expérience dans leur difficile poursuite de cet objectif de développement durable (ODD). Les pays de la bande sahélienne et de la Corne de l’Afrique se sont particulièrement illustrés, eux sur qui semblent se concentrer toutes les difficultés, à l’instar du Soudan qui les a énumérées: dégradation de l’environnement, sécheresses, inondations liées aux changements climatiques, et difficultés d’accès à l’eau potable. Gravement touché par la baisse des précipitations, le Soudan a relevé qu’il n’était pourtant pas une exception, ce qu’ont confirmé le Tchad, la Mauritanie, le Soudan du Sud et de nombreux pays d’un monde en proie à un climat déréglé.
Alors que les arbitrages entre pays partageant un même bassin d’eau douce se multiplient, il a également été question aujourd’hui de gestion transfrontalière, d’interdépendance et de coopération. Cas d’école d’interdépendance écologique, la République démocratique du Congo (RDC) a expliqué que la préservation des forêts du bassin du Congo avait un impact hautement positif sur le renouvellement du cycle de l’eau, et que son écosystème hydrique régulait les pluies dans toute la partie est de l’Afrique et du Sahel. La RDC a même avancé que sans ses forêts, il n’y aurait « aucune goutte d’eau » au Soudan, au Kenya, en Éthiopie, ou en Érythrée.
« La gestion transfrontalière de l’eau est un sujet très technique », a relevé l’Éthiopie, mais peut se révéler un partenariat gagnant-gagnant tant que prévaut la « sagesse collective » dans un monde aux ressources limitées. L’Éthiopie a profité de la Conférence pour s’engager sur la signature et la ratification d’un accord-cadre permettant la création d’une « commission sur le Nil » et de demander aux États riverains de le ratifier à leur tour. Le Soudan a espéré en retour qu’un accord serait conclu avec l’Égypte et l’Éthiopie autour du tout nouveau Barrage de la Renaissance, sur le Nil Bleu.
Au Proche-Orient, la Türkiye dit avoir toujours considéré les besoins de son voisin iraquien, en aval du fleuve Tigre. Elle a cependant estimé que ces questions devaient être traitées sans médiation par des tiers et « uniquement entre pays riverains », car selon elle, les conventions des Nations Unies sur l’eau sont loin de refléter une compréhension commune au sein de la communauté internationale. La France a estimé au contraire que la Convention sur l’eau offre un « cadre juridique et institutionnel », ainsi que des « outils précieux » pour établir des coopérations, appelant à la conciliation et à la coopération à l’échelle des bassins versants.
L’importance de l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous (WASH), cible principale de l’ODD 6, a été rappelé à plusieurs reprises aujourd’hui. La Mauritanie a ainsi dit avoir accéléré́ l’exécution des programmes d’eau potable et d’assainissement pour 670 de ses localités, tandis que le Nigéria cartographie son réseau. L’Arabie saoudite s’est présentée comme le leader mondial de la production d’eau non conventionnelle grâce au dessalement de l’eau de mer, et a indiqué qu’elle envisage d’étudier la faisabilité d’utiliser cette eau pour appuyer la sécurité alimentaire. Le Yémen, où la part par habitant en eau ne dépasse pas les 80 m3 et où 40% des habitants n’ont pas accès à une eau sûre, a également pris des mesures pour passer à des ressources hydriques non traditionnelles, comme le recyclage des eaux usées, l’utilisation des eaux de pluie et l’irrigation par « submersion ». Mais « faute de financement suffisant », le Yémen pare au plus pressé; la majorité des aides qu’il reçoit sont d’urgence. « Nous n’atteindrons pas nos objectifs internationaux sans financement et sans transfert de technologies », a opiné le Tchad, suivi du Kenya, qui a souligné la nécessité d’augmenter son investissement annuel à 1,3 milliard de dollars par rapport à l’allocation actuelle de 600 millions de dollars.
Productrice d’énergie via l’hydroélectricité, élément crucial des systèmes de refroidissement de centrales électriques: l’eau est également vitale pour l’énergie, un point souligné par l’Ukraine qui a indiqué que depuis l’agression russe, les vannes de la centrale hydrique du fleuve Dniepr ont été ouvertes par la Fédération de Russie, privant cinq millions d’Ukrainiens d’accès à l’eau potable, une situation qui pourrait toucher 70% de la population sous peu. L’Ukraine, qui a estimé le montant des dégâts infligés par la Russie à ses infrastructures hydriques à près de 2,5 milliards de dollars, a exigé réparation et reddition de comptes. La Fédération de Russie a fustigé pour sa part des décennies de négligence des intérêts de la population, ce qui aurait été donné à voir en 2014 dans la péninsule de Crimée, où la situation insatisfaisante de l’approvisionnent en eau aurait conduit à la perte de 60% de l’eau potable.
Le retour d’expérience de la République de Corée indique en outre qu’un développement accéléré peut se payer cher. Confronté à une grave pollution de l’eau et à une pénurie d’eau du fait de sa croissance industrielle rapide, le pays a eu recours à des « politiques scientifiques » pour lutter, ainsi qu’à la construction d’infrastructures hydrauliques pour atteindre un taux d’approvisionnement en eau potable de 99%. L’Australie a procédé pour sa part à une autocritique, reconnaissant que l’expérience des peuples autochtones dans la gestion de l’eau a été trop longtemps négligée face aux priorités économiques. L’Australie cherche aujourd’hui à « équilibrer les objectifs économiques, environnementaux, sociaux et culturels » grâce à des politiques de l’eau durables.
La création d’un poste d’envoyé spécial de l’eau par l’ONU a de nouveau été soutenue par de nombreuses délégations, dont celles du Nigéria et de la RDC qui ont souhaité que celui-ci soit pourvu par une personnalité africaine, le continent étant le plus touché par les problématiques liées à l’eau potable, aux changements climatiques et à la gestion transfrontalière des ressources en eau.
En raison de circonstances exceptionnelles, la couverture du dernier segment de la plénière n’a pas pu être assurée.
La Conférence reprendra ses travaux demain, vendredi 24 mars, à partir de 10 heures.
CONFERENCE CONSACRÉE À L’EXAMEN APPROFONDI À MI-PARCOURS DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE LA DÉCENNIE INTERNATIONALE D’ACTION SUR LE THÈME « L’EAU ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE » (2018-2028)
Suite du débat général
M. LÁSZLÓ BORBÉLY, Conseiller du Premier Ministre de Roumanie, a rappelé qu’il avait fallu attendre 46 ans avant d’avoir cette conférence. Il a indiqué que son pays est très actif dans la région s’agissant de l’eau douce et de la coopération transfrontalière dans ce domaine, rappelant que le Danube est le cours d’eau le plus international d’Europe, mais aussi une des zones les plus touchées par les changements climatiques. Le Gouvernement roumain va consacrer 9 milliards d’euros pour la gestion et l’approvisionnement en eau dans la région, a-t-il annoncé. Il a rappelé que 2015 avait été une année essentielle pour l’humanité, avec les conférences de Sendai, Addis-Abeba et Paris. À mi-parcours, nous avons besoin d’un envoyé spécial de l’ONU sur la gestion de l’eau pour la coordination des actions mondiales sur la question, a-t-il ajouté en encourageant tous les pays à élaborer un rapport national sur l’eau comme l’a fait le sien. Ce genre de document aide à la prévisibilité, a-t-il insisté. Il a aussi exhorté à se préparer au Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) en septembre 2023 et au Sommet de l’avenir en 2024. Alignons toutes les facettes de nos vies sur les ODD, a-t-il lancé en brandissant un Rubik’s Cube qui affiche les 17 ODD. Paraphrasant le slogan des années 70, le Conseiller a appelé à « faire le développement durable, pas la guerre ».
Mme MASUDI EVE BAZAIBA, Vice-Première Ministre et Ministre de l’environnement de la République démocratique du Congo (RDC), a souligné que la RDC, un pays stratégique d’Afrique par sa position géostratégique, constitue une charnière entre plusieurs grands ensembles hydrographiques sous-régionaux. Elle a indiqué que son pays dispose de 52% des réserves des eaux douces sur la surface de l’Afrique; 23% des ressources hydriques renouvelables de ce continent; et 10% du potentiel mondial en eau douce. Il doit ce potentiel à l’immensité de son territoire au cœur du bassin forestier tropical du Congo dont il détient 60% de la superficie forestière.
Elle a expliqué que la préservation des forêts du bassin du Congo a un impact hautement positif sur le renouvellement du cycle de l’eau, et que ses écosystèmes hydriques régulent les pluies dans toute la partie est de l’Afrique et du Sahel. De fait, sans les forêts de la RDC, il n’y aurait « aucune goutte d’eau » au Soudan, au Kenya, en Éthiopie, ou en Érythrée. Même le Nil dont dépend la survie de l’Égypte est alimenté par les pluies provenant de de la RDC, a-t-elle fait valoir. Le Centre de recherches forestières internationales confirme, lui-même, les rôles multiples joués par les forêts de la RDC, un argument de taille, selon elle, en faveur de la conservation de ces forêts, piliers stratégiques pour répondre aux problèmes des changements climatiques dans le monde.
La dignitaire a ensuite averti que le danger de la pollution plastique et aux produits chimiques toxiques provenant des exploitations minières réduit la disponibilité d’eau douce. La lutte contre ces fléaux devrait occuper une place de choix dans nos activités quotidiennes, a-t-elle estimé. Elle s’est également inquiétée d’un projet qui vise à ponctionner les eaux de la rivière Oubangui en RDC vers le lac Tchad sans étude d’impact environnemental préalable et qui représente, selon elle, un risque de réel danger dans le bassin du Congo. Elle a invité à privilégier d’autres alternatives au lieu de chercher à résoudre un problème dans le bassin du lac Tchad en créant un autre dans le bassin du Congo. Pour finir, elle a demandé la nomination d’un envoyé spécial pour l’eau, poste qui doit être occupé par une personnalité de haut niveau provenant du continent africain, capable de porter la voix des pays les plus vulnérables, au regard des défis immenses pour la réalisation de l’ODD 6 pour les pays africains.
Mme ALICE WAHOME, Secrétaire du Cabinet pour l’eau, l’assainissement et l’irrigation du Kenya, a expliqué que son pays a élaboré des réglementations visant à garantir une société intelligente en matière d’eau, grâce à sa collecte et son stockage. Il existe des stratégies visant à donner accès à l’eau potable à 4,5 millions de ménages au cours des cinq prochaines années. Ces stratégies seront complétées par un programme de collecte de l’eau pour la résistance à la sécheresse qui permettra de fournir de l’eau pour irriguer 500 000 acres. Enfin, le Kenya a atteint une proportion de 70% d’accès à l’eau dans les zones urbaines et de 32% d’installations sanitaires gérées en toute sécurité, a-t-elle précisé, ajoutant que ces résultats sont le fruit de la finalisation de 91 projets d’eau d’une valeur de 450 millions de dollars au cours des deux dernières années. Cependant, a concédé la représentante, plusieurs défis à la mise en œuvre complète de l’ODD 6 demeurent. Il s’agit notamment des effets des changements climatiques qui ont augmenté la fréquence des inondations et des sécheresses; l’énorme déficit de financement du secteur; la faible utilisation de la technologie; la baisse des ressources en eau en raison de la croissance rapide de la population et des besoins concurrents en eau (industrie, agriculture, énergie); ainsi que l’empiètement et la dégradation des zones de captage d’eau.
Pour pouvoir atteindre l’ODD 6, Mme Wahome a souligné la nécessité d’augmenter l’investissement annuel à 1,3 milliard de dollars par rapport à l’allocation actuelle de 600 millions de dollars, mettant en avant le rôle des partenariats public-privé et d’autres modèles de financement innovants pour combler le déficit de financement. Le Kenya s’est donc engagé à créer un environnement propice aux investissements dans le secteur de l’eau, notamment en mettant en œuvre des politiques et des réglementations qui soutiennent les investissements du secteur privé, et facilitent les partenariats entre les entités publiques et privées afin de garantir une fourniture efficace et efficiente des services d’eau, d’assainissement et de sécurité alimentaire.
M. MATTHEW SAMUDA, Ministre sans portefeuille au Ministère de la croissance économique et de la création d’emplois de la Jamaïque, et Coprésident du Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable, a appelé les États Membres à saisir l’occasion de la Conférence sur l’eau pour atteindre l’ODD 6 et assurer un avenir meilleur à chaque enfant. Il a indiqué que la « Vision Jamaïque 2030 » vise une gestion durable des ressources en eau afin de permettre un accès universel à l’eau potable et à un assainissement adéquat d’ici à 2030. La crise de l’eau est exacerbée par la crise climatique, a ajouté le Ministre appelant les pays développés à honorer leurs engagements financiers pris dans le cadre de l’Accord de Paris. Il a signalé que son pays s’est doté de nouvelles politiques sur les changements climatiques et les émissions, qui visent notamment à protéger ses bassins versants, à augmenter les aires protégées et à planter trois millions d’arbres en trois ans. Plus de 2,5 millions ont déjà été plantés, s’est-il félicité.
Le Ministre a aussi parlé de l’approche suivie par son pays pour la gestion intégrée des ressources en eau, grâce à la création d’un conseil de gestion. Il a signalé que le coût élevé de l’énergie a eu un impact significatif sur la capacité de la Jamaïque à distribuer l’eau à tous, mais que le Gouvernement a pris des mesures pour réduire sa consommation d’énergie dans le processus de distribution, grâce à un équipement amélioré. Le Gouvernement a également investi quelque 250 millions de dollars dans le programme d’irrigation de la vallée d’Essex et le projet d’irrigation de Pedro Plains, a-t-il ajouté, en précisant que ces projets sont une priorité nationale pour améliorer la sécurité alimentaire.
Mme SAIDA MIRZIYOYEVA, Cheffe du Département de l’Administration présidentielle de l’Ouzbékistan, a réaffirmé le ferme engagement de son pays dans la réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD) à travers, notamment, une initiative visant à revitaliser l’eau et les écosystèmes de la région de la mer d’Aral. Elle a rappelé la visite, en 2017, du Secrétaire général de l’ONU à Muynak, au bord de la mer d’Aral, lors de laquelle il avait déclaré qu’il s’agissait « probablement de la plus grande catastrophe écologique de notre époque », déplorant que ce village portuaire autrefois prospère soit devenu un cimetière de bateaux. Aujourd’hui, cette mer ne subsiste plus que dans les peintures d’artistes accrochées au musée de Noukous dans le Karakalpakstan, s’est-elle désolée.
La crise de la mer d’Aral est, à ses yeux, un douloureux rappel des conséquences de la négligence environnementale de l’être humain. Toutefois, s’est-elle réjouie, grâce aux efforts de personnes bienveillantes, elle devient aujourd’hui un symbole d’espoir et de renouveau. Elle a rappelé l’adoption en 2021, à l’initiative de son pays, d’une résolution déclarant la région de la mer d’Aral zone d’innovations et de technologies écologiques, ainsi que la création en 2018, d’un fonds d’affectation spéciale multipartites pour la sécurité humaine dans la région de la mer d’Aral. Aujourd’hui, grâce à son financement, nombre de projets ont été mis en place pour un montant total de plus de 14 millions de dollars, s’est félicité l’intervenante, qui a fait savoir que son pays s’est fixé pour « tâche ambitieuse » de transformer le fond asséché de la mer d’Aral en un jardin.
M. JÁN BUDAJ, Ministre de l’environnement de la Slovaquie, a estimé que la pollution de l’eau et l’entrave de l’accès à l’eau ne devraient pas seulement être considérés comme un crime contre l’environnement, mais également être traités et punis comme un crime contre les droits humains, évoquant l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Il a relevé que la criminalité environnementale est la quatrième plus importante au monde, avec une croissance annuelle de 5 à 7%, mais que le nombre d’enquêtes demeure faible. Le Ministre a évalué les dommages environnementaux causés par la Russie sur le territoire souverain de l’Ukraine, à des centaines de milliards d’euros. Ces montants ne tiennent pas compte des dommages causés à la santé des personnes qui sont obligées d’utiliser de l’eau contaminée pour boire et cuisiner parce qu’elles n’ont tout simplement pas d’autre eau disponible, a-t-il signalé. À cause de la guerre, plus de 6 millions d’Ukrainiens ont un accès limité ou inexistant à l’eau potable, et l’impact sur la santé de l’eau contaminée et de l’exposition aux toxines libérées par le conflit peut mettre des années à se manifester. L’agresseur devra être tenu pour responsable des dommages qu’il a causés, a-t-il exigé.
Passant à la situation dans son propre pays, le dignitaire a pointé du doigt l’héritage d’activités industrielles et agricoles irresponsables sur le plan environnemental, qui menacent encore aujourd’hui la qualité de l’eau et empêchent son utilisation pour la consommation humaine. Pour éviter d’autres menaces, son gouvernement a mis en place un espace législatif pour affirmer la supériorité de l’intérêt public dans la protection de l’eau. Il a indiqué que la Slovaquie et les Pays-Bas ont signé la semaine dernière une déclaration de coopération visant à éradiquer la dangereuse contamination des eaux souterraines qui menace la plus grande source d’eau potable d’Europe centrale.
M. MAGNUS HEUNICKE, Ministre de l’environnement du Danemark, est revenu sur la promesse d’eau potable et d’assainissement pour tous faite il y a sept ans, ici à l’ONU, en constatant que pour y arriver il faut travailler à l’unisson. Pendant des décennies, le Danemark s’est concentré sur des partenariats efficaces dans le secteur de l’eau, a expliqué le Ministre en évoquant les progrès énormes réalisés. Il s’est félicité que son pays contribue à une série de mesures dans le cadre de sa coopération dans la gestion des ressources hydriques avec les autorités de l’Inde, la Chine, le Maroc et l’Éthiopie. De plus, un pôle de l’UNICEF sur la gestion de l’eau sera créé à Copenhague, a-t-il annoncé en ajoutant que le Danemark participe à l’initiative sur la gestion des eaux transfrontalières en Afrique, sous la houlette de l’Union européenne. Compte tenu de la crise de l’eau que traverse le monde, il a appelé à travailler ensemble et a soutenu la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau.
M. VAHIT KIRISÇI, Ministre de l’agriculture et des forêts de la Türkiye, a rappelé que les tremblements de terre survenus le 6 février 2023 et a salué l’unité et la solidarité internationales qui ont suivi. En tant que pays en situation de stress hydrique, la Türkiye a mis en place des systèmes de gestion par bassin versant afin de gérer les ressources en eau de manière rationnelle et intégrée. Le Gouvernement a élaboré des plans de gestion des bassins fluviaux et des plans sectoriels d’allocation de l’eau, y compris la gestion des inondations et de la sécheresse. La priorité est donnée au développement de réseaux hydrologiques et climatologiques d’observation de l’eau à l’échelle nationale. Le Ministre a également indiqué que l’efficacité de la gestion de l’eau a été améliorée dans tous les secteurs, en particulier dans l’agriculture, évoquant la Water Efficiency Initiative lancé le 31 janvier 2023.
Après avoir souligné l’importance de nommer un envoyé spécial des Nations Unies pour l’eau, le dignitaire a indiqué que la Türkiye considère les eaux transfrontalières comme une source de coopération plutôt que de conflit entre les pays riverains. Le Gouvernement a toujours considéré les besoins des pays en aval, et depuis la semaine dernière, plus d’eaux ont été envoyées en Iraq. Relevant que chaque bassin fluvial transfrontalier a ses propres caractéristiques et dynamiques, il a estimé que les questions connexes doivent être traitées uniquement entre les pays riverains, s’opposant aux médiations par des tiers. Les conventions des Nations Unies sur l’eau sont loin de refléter une compréhension commune au sein de la communauté internationale, a-t-il indiqué, notant que dans le cas des fleuves transfrontaliers, les pays en amont et les pays en aval ont des responsabilités communes. Tous les pays riverains doivent utiliser l’eau de manière efficace et rationnelle, a exhorté le Ministre.
M. CARLOS ALBERTO FORTES MESQUITA, Ministre des travaux publics, du logement et des ressources en eau du Mozambique, a reconnu que le chemin qui mène à la couverture universelle pour l’accès à l’eau et aux services d’assainissement est encore long dans son pays. Il a fait valoir que le Mozambique a investi dans ce secteur un total de 11,7 milliards de dollars depuis 2015 en se concentrant sur la construction d’infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement et sur la gestion de ces ressources. Cependant, pour assurer la réalisation des objectifs fixés, il a dit que son pays a encore besoin de plus de 9,6 milliards de dollars, dont 4,1 milliards pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement, et 5,5 milliards pour la gestion des ressources en eau. Par conséquent, le Mozambique continue de mobiliser des ressources internes et externes à cette fin, a-t-il expliqué. Le Ministre a souhaité que les discussions et les débats sur le Programme d’action pour l’eau permettront de renforcer la coopération entre les pays et de trouver des solutions cohérentes, tant sur le plan technique que sur celui des modèles de financement, pour le développement d’infrastructures hydrauliques, d’approvisionnement en eau et d’assainissement, en tenant compte des aspects de durabilité.
Mme LAUREN, MOSS Ministre de l’environnement et des changements climatiques de l’Australie, a commencé par reconnaître les 65 000 ans d’expérience dans la gestion de ressources limitées, dans un climat changeant, « des gardiens de l’eau en Australie »: les peuples des Premières Nations d’Australie, qui comprennent parfaitement le lien entre l’eau et l’écologie, et qui ont un lien vivant et spirituel avec le pays. Ces connaissances et cette expérience en tant que gardiens de l’eau à long terme n’ont pas été suffisamment reconnues ou valorisées en Australie, a-t-elle concédé, en affirmant que le Gouvernement est déterminé à mieux faire: cette année, l’Australie organisera un référendum visant à inscrire dans sa Constitution la voix des Premières Nations au Parlement. Il s’agit de créer un organe indépendant et représentatif permettant aux communautés des Premières Nations d’informer le Gouvernement des décisions qui ont un impact sur leur vie, y compris en matière de politique de l’eau, a expliqué la représentante. L’Australie va également prévoir, dans le cadre du Programme d’action pour l’eau, un engagement volontaire pour l’augmentation des droits à l’eau des aborigènes, avec pour cela un investissement de 150 millions de dollars dans les infrastructures hydrauliques. Concédant aussi que l’Australie a une longue histoire de réformes difficiles dans le domaine de l’eau, motivées par la nécessité, la représentante a assuré qu’alors que son pays donnait autrefois la priorité aux résultats économiques, il cherche aujourd’hui à équilibrer les objectifs économiques, environnementaux, sociaux et culturels grâce à des politiques de l’eau durables à travers sa feuille de route nationale pour la réforme de l’eau.
Passant à la crise climatique, la Ministre a expliqué que l’Australie travaille avec d’autres pays pour intensifier l’action mondiale afin d’assurer une transition mondiale ordonnée vers une réduction à zéro des émissions de carbone d’ici à 2050. Mais nous savons qu’il faut faire preuve de plus d’ambition et d’une mise en œuvre rapide, a martelé la représentante, en précisant que l’eau doit faire partie de cette ambition. L’eau peut soutenir nos efforts d’atténuation et d’adaptation, a-t-elle fait valoir, sachant que la science et les données sont des alliées incontournables dans ce domaine. L’Australie est donc heureuse d’inclure dans le Programme d’action pour l’eau un engagement à déployer la mission de surveillance de la qualité de l’eau de son agence scientifique nationale, connue sous le nom d’ « Aquawatch ».
Mme WHA-JIN HAN, Ministre de l’environnement de la République de Corée, a indiqué que son pays a été confronté à la pollution de l’eau et à la pénurie d’eau au cours de sa croissance industrielle rapide. C’est la raison pour laquelle son gouvernement a adopté des politiques scientifiques pour lutter contre la pollution de l’eau et construire des infrastructures hydrauliques, ce qui a permis d’atteindre un taux d’approvisionnement en eau potable de 99%. Elle a insisté sur l’importance d’établir un système de gestion de l’eau résistant au climat, notamment à travers la mise en place d’infrastructures telles que des tunnels souterrains profonds ou des systèmes de drainage pour renforcer la résilience aux inondations urbaines. Enfin, la Ministre a indiqué que son pays prévoit d’exploiter les technologies de l’information de pointe pour une gestion intelligente de l’eau.
M. GAJENDRA SINGH SHEKHAWAT, Ministre de l’énergie hydrique de l’Inde, a détaillé les politiques et mesures prises par l’Inde pour atteindre l’ODD 6. Un plan d’action a été lancé en 2019 et plus de 250 milliards de dollars en ressources gouvernementales ont été investis, en partenariat avec des start-ups et des associations d’usagers de l’eau, pour garantir l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous (WASH). Un programme très ambitieux de 50 milliards de dollars place l’Inde en bonne voie pour assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable, à un coût abordable. Et 5 millions de latrines ont été construites dans le pays, s’est réjoui le Ministre qui a rappelé que la bonne gestion des déchets solides et liquides a été salué lors de la COP15 de Montréal. L’Inde encourage en outre les pratiques durables en matière de gestion de l’eau avec les communautés locales et donne la priorité à la rénovation de ses barrages. Elle compte aussi parmi les plus gros utilisateurs d’aquifères au monde, et prend des mesures pour réduire sa dépendance aux eaux souterraines et faire en sorte que les communautés partagent équitablement la ressource à l’échelon local. Un appel à l’action a d’ailleurs été lancé par le Premier Ministre en 2019 s’agissant du captage de l’eau de pluie, et les communautés locales bénéficient d’un soutien en la matière.
M. NIK NAZMI NIK AHMAD, Ministre des ressources naturelles, de l’environnement et des changements climatiques de la Malaisie, a partagé quelques expériences concluantes de son pays comme le tunnel SMART qui sert non seulement à atténuer les risques d’inondation, mais aussi à réduire les embouteillages à Kuala Lumpur. Le Ministre a également cité un mécanisme de financement créatif mis en place pour encourager l’investissement privé dans le secteur de l’eau ainsi que l’adoption d’une économie circulaire dans la gestion des déchets et des eaux usées afin de soutenir l’objectif national de zéro déchet net d’ici à 2050. Aujourd’hui, la Malaisie est en mesure de partager avec le monde entier son expertise en matière d’élaboration de politiques, de capital humain et d’initiatives d’économie circulaire, s’est-il félicité en citant les domaines du recyclage de l’eau et de la réutilisation des boues traitées pour nourrir les sols. D’ici à la fin de 2025, l’objectif du pays est d’atteindre une couverture de 98% pour l’eau potable dans les zones rurales et de 90% pour les services d’égouts. Pour finir, le Ministre a exprimé sa reconnaissance au Royaume des Pays-Bas pour sa coopération dans le cadre du Dialogue Malaisie-Pays-Bas sur l’eau mené depuis 2018, axé sur les catastrophes liées à l’eau et la résilience aux changements climatiques.
M. SENZO MCHUNU, Ministre de l’eau et de l’assainissement de l’Afrique du Sud, a affirmé que depuis l’avènement de la démocratie, son pays a fait de grands progrès dans la fourniture des services d’eau et d’assainissement à sa population. Il a également expliqué ces avancées par les efforts déployés par toute la société pour surmonter l’héritage du sous-développement, du colonialisme et de l’apartheid et sortir des millions de personnes de la pauvreté. Cependant, le Ministre a reconnu que son pays est confronté à de sérieux défis liés à la détérioration de la fiabilité des services municipaux d’eau et d’assainissement, due en grande partie à une mauvaise gouvernance et à une gestion déficiente. Les progrès dans ce domaine ne peuvent être réalisés que dans le cadre d’institutions gérées de manière professionnelle et bien gouvernées, a-t-il fait remarquer, en misant sur les partenaires essentiels, tels que le secteur privé, la société civile et les instituts de recherche qui travaillent ensemble pour relever ces défis. De même, a poursuivi le Ministre, des efforts sont déployés en parallèle pour la promotion et l’intégration de la dimension de genre et l’autonomisation des jeunes et des personnes handicapées dans le secteur de l’eau. Il a cité, en outre, des partenariats multipartites pour assurer la sécurité de l’eau d’ici à 2030.
Le Gouvernement sud-africain s’attèle également à renforcer des relations de coopération transfrontalière en matière d’eau entre les pays voisins afin de protéger les ressources en eau communes, a poursuivi le Ministre. Il a par ailleurs mentionné que l’Afrique du Sud a présenté un projet de résolution sur les eaux souterraines à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Une initiative qui s’inscrit, a-t-il précisé, dans le prolongement de la décision des Nations Unies de faire de 2022 l’année des eaux souterraines. Pour finir, le dignitaire a annoncé que l’Afrique du Sud accueillera, du 18 au 22 septembre 2023, le cinquantième congrès de l’Association internationale des hydrogéologues.
Mme ROSSITSA KARAMFILOVA-BLAGOVA, Ministre intérimaire de l’environnement et des eaux de la Bulgarie, a réitéré le fait que parvenir aux ODD liés à l’eau est une priorité. Elle a aussi rappelé que la gestion durable de l’eau doit tenir compte des liens intrinsèques entre la conservation de l’eau, son utilisation, les changements climatiques, la diversité biologique et les pertes de biodiversité, la dégradation des sols et la pollution. La Ministre a ainsi souligné l’importance de la multidisciplinarité, de la coopération trans-sectorielle, des partenariats et de la résilience. Le développement économique durable et la croissance sont les maîtres mots pour accélérer les progrès, a-t-elle souligné, en misant sur des partenariats plus solides pour partager les expériences techniques et réaliser les objectifs relatifs à l’eau, en coopération avec les régions. Elle a aussi invité à investir dans les secteurs directement liés à l’utilisation de l’eau pour adapter le secteur de l’eau à la lutte contre les changements climatiques et pour réduire les pertes de biodiversité tout en éliminant les risques de catastrophe.
Par ailleurs, la Ministre a conseillé une approche souple et une identification précise et concise des mesures à prendre sur la base des enseignements tirés. Elle a indiqué que la Bulgarie a adopté les cadres réglementaires internationaux dans ce domaine et que le pays met en œuvre des mesures de gestion durable des ressources intégrées de l’eau. Ces processus sont nécessaires à l’adaptation face à la variabilité hydrologique accrue liée aux changements climatiques, a-t-elle justifié. La priorité, dans le secteur de l’eau, est de continuer à moderniser les infrastructures hydriques tout en parvenant à un niveau suffisamment élevé de conservation de l’eau, a-t-elle analysé, en plaidant pour une utilisation durable de l’eau pour garantir que tout le monde ait accès à de l’eau de qualité, en quantité suffisante. Enfin, elle a fait savoir que la Bulgarie a adopté en 2022 une stratégie d’économie circulaire, qui est la meilleure façon de parvenir à une consommation et à une production durables.
M. CHRISTOPHE BÉCHU, Ministre de la transition écologique et de la cohésion territoriale de la France, a d’entrée fait remarquer qu’aucun pays n’est épargné, même des pays comme le sien, situé sous des latitudes tempérées, avec un territoire doté de nombreux cours d’eau, face à des sécheresses plus intenses, des incendies plus menaçants, et des conflits d’usages qui augmentent. Notant que 80% des nappes sont en dessous de leurs niveaux moyens, le Ministre a appelé à agir pour optimiser la gestion sur le plan national et dans les territoires, dans chaque bassin versant, pour être plus sobres « dans tous nos usages », pour faciliter le réemploi des eaux usées et pour éviter le gaspillage. C’est d’ailleurs, a dit le dignitaire, l’un des objectifs de la planification écologique de la France qui sera détaillé la semaine prochaine dans son pays.
À l’échelle du monde, le Ministre a reconnu qu’on ne peut relever le défi systémique de l’eau sur le long terme sans une action plus vaste et plus concertée, car l’eau et les pressions qui l’affectent ne connaissent pas de frontières. Il a appelé à continuer de promouvoir la gestion intégrée des ressources en eau et la coopération à l’échelle des bassins versants, en mettant à profit les bonnes pratiques sur les eaux transfrontalières. C’est dans ce contexte, que « nous nous engageons » à accompagner le développement des organismes de bassins transfrontaliers, notamment en Afrique, et à poursuivre l’appui à la Convention des Nations Unies sur l’eau, qui offre un cadre juridique et institutionnel, ainsi que des outils précieux pour établir des coopérations.
Pour finir, le dignitaire a plaidé pour que le sujet de l’eau soit au cœur du multilatéralisme, bénéficiant d’une vision partagée et d’une coordination efficace. Cela passe, à son avis, par une gouvernance plus forte et des échanges intergouvernementaux plus fréquents pour améliorer l’efficacité de l’action de la communauté internationale. Et la première étape, a-t-il préconisé, et la nomination d’un envoyé spécial doté d’un mandat fort, adapté et inclusif.
M. GUSTAVO MANRIQUE, Ministre de l’environnement, de l’eau et de la transition écologique de l’Équateur, a abordé la question à l’ordre du jour en estimant que c’est « une question de survie ». Dans le cadre de la décennie d’action, son pays a franchi des étapes importantes, a-t-il témoigné en faisant part des efforts axés sur la protection, la récupération et la conservation des sources d’eau naturelle, pour garantir un accès équitable, permanent et universel à l’eau. Il a vanté les mérites du páramo andin, qui constitue la réserve d’eau la plus importante du pays et qui est à la base des activités humaines, productives et écologiques. C’est pour cela que l’Équateur s’est doté d’un plan d’action pour les páramos, a-t-il indiqué, en signalant aussi la création de 11 nouvelles zones de protection hydrique, sur un total désormais de 21 zones. Le Ministre a aussi parlé de ce qui est fait en termes administratifs pour améliorer l’accès à l’eau pour la consommation humaine, l’alimentation et l’industrie. Nous avons investi environ 900 millions de dollars pour des projets liés à l’eau, a-t-il ajouté, au profit des gouvernements autonomes municipaux et provinciaux du pays. Le Ministre a détaillé les acquis découlant de la transition écologique du pays et du Plan national d’irrigation et de drainage ainsi que du Plan national pour l’eau potable et l’assainissement. En Équateur, des fonds pour l’eau ont été créés en tant que mécanisme de financement pour la conservation, a-t-il aussi indiqué, en précisant que le Gouvernement ne néglige pas pour autant le droit au développement des communautés.
M. RUSLAN STRILETS, Ministre de l’écologie et des ressources naturelles de l’Ukraine, a expliqué que pendant les cinq premières années de la Décennie d’action sur l’eau 2018-2028, son pays a pris des mesures ambitieuses pour assurer la gestion durable des ressources hydriques à travers une stratégie nationale de l’eau. Mais, depuis l’agression contre l’Ukraine, les vannes de la centrale hydrique du fleuve Dniepr ont été ouvertes par la Russie, et cinq millions d’Ukrainiens n’ont plus accès à l’eau potable. Il a averti que cela pourrait toucher 70% de la population sous peu. Le système de refroidissement de la centrale de Zaporijia est à risque et 35% des territoires contrôlés par le Gouvernement ont connu des effets négatifs des bombardements russes, alors même qu’ils sont essentiels à la sécurité alimentaire mondiale. Le Ministre a estimé le montant des dégâts infligés par la Russie aux infrastructures hydriques de l’Ukraine à près de 2,5 milliards dollars, et a exigé réparation et reddition de comptes. Il a regretté que dans la situation actuelle, les autorités ukrainiennes aient du mal à réparer ces infrastructures, et à avancer sur la voie de la réalisation de l’ODD 6. Mais nous ne baissons pas pour autant les bras, a-t-il assuré, tout en disant que « nous comptons sur nos partenaires » pour pouvoir reconstruire ce qui a été détruit.
M. SULEIMAN HUSSEIN ADAMU, Ministre des ressources aquatiques du Nigéria, a déclaré que son pays détient de nombreuses ressources en eau douce, mais que leur répartition représente un énorme défi en matière de gestion. Il a indiqué que les textes de loi sont évalués pour garantir l’accès de tous à l’eau potable et que des cadres juridiques ont été mis sur pied en ce qui concerne la gestion des bassins versants, avec la participation du secteur privé. Le Nigéria s’efforce aussi de mettre en œuvre une nouvelle stratégie WASH, secteur pour lequel l’état d’urgence a été déclaré, notamment en zone rurale, où une campagne de fabrication de latrines a été lancée. Un sommet sur l’assainissement dans les économies en développement a également été organisé au Nigéria l’an dernier.
Le Nigéria cartographie actuellement son réseau d’eau et assainissement et a aussi créé, avec l’appui du milieu universitaire, une base de données WASH intégrée au système de ressources en eau. Il s’agit de tirer parti de la créativité de la jeunesse pour progresser dans les objectifs WASH, a appuyé le Ministre, avant d’ajouter que le Nigéria a lancé le processus de ratification de la Convention sur l’eau. Exhortant la communauté internationale à aider le Nigéria à « sauver le lac Tchad », le Ministre a appelé de ses vœux la création du poste d’envoyé spécial des Nations Unies pour l’eau. Il faudrait, selon lui, une personnalité de haut niveau originaire d’Afrique, ce continent étant le plus touché par les problématiques liées à l’eau potable, aux changements climatiques et à la gestion transfrontalière des ressources en eau.
M. ADAMOU MAHAMAN, Ministre de l’hydraulique et de l’assainissement du Niger, faisant lecture d’un message du Président du Niger, M. Mohamed Bazoum, a rappelé que le Gouvernement a adopté deux documents de programmation stratégique en 2017, pour l’horizon 2030, à savoir le Programme Sectoriel Eau, Hygiène et Assainissement (PROSEHA) et le Plan d’Action National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE). Il a mis l’accent sur les améliorations des infrastructures d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement, qui privilégient l’accès à domicile, dans les écoles, les centres de santé et les lieux publics. Il a dit que ces améliorations sont assorties d’actions de sensibilisation pour un changement de comportement en matière d’hygiène et d’assainissement. Malgré́ les efforts consentis par l’État, la situation demeure préoccupante, a toutefois reconnu le Ministre en signalant que moins d’un Nigérien sur deux n’a pas encore accès à l’eau potable en milieu rural et que plus de 58% de la population ne bénéficie pas d’infrastructures d’assainissement décent.
C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, le Chef de l’État a misé sur l’eau en tant que moteur de développement, en s’engageant à améliorer d’ici à 2025 les indicateurs d’accès à l’eau potable pour arriver à 100% dans les zones urbaines et à 55% dans les zones rurales, ainsi que pour arriver à un taux de défécation à l’air libre de 36%. Il a également prévu une augmentation significative (de 3% à 7%) des investissements dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, le renforcement de la gouvernance de ce secteur, la sécurité́ alimentaire et nutritionnelle par la promotion d’une agriculture durable, la neutralité en matière de la dégradation des terres et la prise de mesures urgentes pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions. À cet égard, le Gouvernement compte intensifier les investissements dans les infrastructures et aménager les bassins versants pour améliorer l’efficience de l’utilisation des ressources en eau sous-terraines comme transfrontalières. Cette vision s’est traduite aujourd’hui par la réalisation du barrage de Kandadji et l’exécution du projet « plateforme intégrée pour la sécurité́ de l’eau au Niger », dont l’objectif est la mobilisation des ressources en eau à des fins d’alimentation en eau potable, de sécurité́ alimentaire et de préservation de l’environnement.
Mme NOOR BINT ALI AL KHULAIF, Ministre du développement durable du Bahreïn, a remarqué que le ramadan rappelle à ceux qui jeunent l’importance de l’eau, cet élément qui est vital pour la vie comme pour le développement durable. Notant que la demande d’eau douce ne cesse d’augmenter, la Ministre a expliqué que pour y répondre le Bahreïn a adopté une stratégie de l’eau visant à garantir un approvisionnement en eau avec des normes de qualité élevées. Cette stratégie mise sur le dessalement de l’eau de mer et cherche à réduire au maximum l’extraction d’eau de source et d’eaux souterraines, a-t-elle détaillé, en parlant aussi des mesures de sensibilisation de la population à travers des campagnes de lutte contre le gaspillage. Le Bahreïn se focalise sur la gestion de l’eau basée sur la demande, a expliqué la Ministre, en vue d’arriver à un système intégré et circulaire de gestion. Fière du fait que son pays soit devenu un exemple à l’ONU, avec ses progrès sur le front de l’ODD 6, elle a souligné que le Bahreïn a diminué sa dépendance aux sources d’eau non renouvelables et a réduit d’environ 80% le stress hydrique, ce qui a été rendu possible grâce au dessalement et au traitement des eaux usées.
M. DAWELBEIT ABDELRAHMAN MANSOUR BASHER, Ministre de l’irrigation et des ressources en eau du Soudan, a énuméré tous les défis liés à l’eau auxquels sont confrontés son pays: dégradation de l’environnement, sécheresse, inondations, changements climatiques, graves pertes en infrastructures, risques liés aux migrations et à l’accès à l’eau propre. Le Soudan, gravement touché par les changements climatiques et la baisse des précipitations, n’est pas une exception, a-t-il concédé, avant de parler des inondations destructrices qui ont eu lieu en 2022 et qui ont touché plus de 13 provinces, causant des préjudices considérables pour la vie humaine et les biens. De graves sécheresses ont provoqué des conflits au niveau local, a-t-il ajouté. Tout cela a conduit à des vagues de migrations, a relevé le Ministre, qui a également évoqué des défis liés à la gestion durable de l’eau, à la pollution de l’eau, à l’accès à cette ressource par toutes et tous, à la production agricole, ainsi que les défis liés à la pauvreté.
Pour mettre en œuvre sa « stratégie de l’eau » lancée en 2021, le Soudan a réclamé le soutien de la communauté internationale dans le cadre de la coopération internationale et des mécanismes régionaux, a-t-il poursuivi, en expliquant vouloir mener à bien son plan de sécurité alimentaire. Le Ministre a évoqué le projet « Soif zéro » et la mise en œuvre d’un éventail de programmes par le Conseil suprême de l’environnement afin que les structures nationales soient équipées pour s’adapter et lutter contre les changements climatiques. Le Soudan tente aussi de procéder à des relevés de températures, à mesure que les pénuries dans l’agriculture et l’élevage se multiplient. Le Ministre a ensuite parlé des projets de désalinisation qui sont en cours sur la côte de la mer Rouge. Selon lui, la Conférence devrait envisager la création d’un centre régional de captage de l’eau de désalinisation, afin d’accroître les capacités techniques régionales et augmenter les capacités hydriques de plus de 45 millions de personnes. Cela permettrait aussi de répondre aux besoins des éleveurs, a-t-il précisé. Enfin, il a appelé à prendre en compte les droits de chacun, s’agissant de l’eau, de manière équitable. Le Ministre a également espéré qu’un accord sera conclu entre l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan s’agissant du différend autour du Barrage de la Renaissance.
M. TAWFIQ AL SHARJABI, Ministre de l’eau et de l’environnement du Yémen, a rappelé les pressions qui pèsent sur les ressources hydriques mondiales dues notamment à l’augmentation de la demande en eau pour différents usages et aux incidences des changements climatiques. Malgré les efforts déployés par les États et les gouvernements, ainsi que les organisations internationales concernées par les questions de l’eau, la problématique continue et le stress hydrique persiste dans la plupart des États du monde, a-t-il noté, constatant que des millions de personnes sont incapables d’accéder à des ressources hydriques sûres et que la sécurité alimentaire est menacée par la pénurie d’eau. Si les gouvernements ont injecté des milliards en termes d’investissement dans le secteur de l’eau, le Ministre leur a conseillé de revisiter les programmes et les politiques concernant la gestion de la demande en eau, et ce, par souci de cohésion entre l’eau, l’alimentation et l’énergie. Il a aussi recommandé de le faire par le biais d’une coopération internationale et régionale.
Au Yémen, a déclaré le Ministre, la part par habitant en eau ne dépasse pas les 80 m3, 40% des habitants n’ayant pas accès à l’eau sûre, notamment dans les zones rurales qui représentent 65% du territoire. Bien que le Gouvernement soit incapable de répondre aux besoins des populations, il a pris des mesures pour passer à des ressources non traditionnelles, comme le recyclage des eaux usées, l’utilisation des eaux de pluie et l’irrigation par submersion, a informé le Ministre. Il a également fait savoir que sont mises en œuvre des lois pour réglementer le forage des puits, fournir des subventions agricoles et promouvoir l’usage des énergies renouvelables. Cependant, a nuancé le Ministre, le manque de financement entrave notre action en faveur d’un changement réel dans la gestion des ressources essentielles à cause de la guerre qui a une incidence sur tous les secteurs. La capacité à mettre en œuvre la stratégie nationale concernant l’eau recule par le manque de financement, d’un côté, et parce que la majorité des aides sont à caractère urgent, de l’autre. Les plans de riposte humanitaire et de secours sont devenus permanents alors que ce ne sont pas des projets de développement, a fait remarquer le Ministre qui a aussi dénoncé le recul de l’appui international. Le Ministre a osé espérer que la Conférence sur l’eau débouchera sur des mesures pratiques en faveur de l’ODD 6, de façon intégrée et juste. Le Yémen, a-t-il insisté, peine à progresser et à honorer ses engagements en faveur de l’ODD 6: il lui faut passer du programme de riposte au programme de développement et à la consolidation de la paix.
M. SAMOU SEIDOU ADAMBI, Ministre de l’eau et des mines du Bénin, a détaillé le programme d’action de son gouvernement qui a fait de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement « la priorité des priorités ». Il a indiqué que le taux de desserte en eau potable était à 42% en milieu rural et 54% en milieu urbain, mais moins de 20% pour ce qui concerne l’assainissement des eaux usées. Quant à la gestion des ouvrages d’eau en milieu rural, domaine de compétence des collectivités locales décentralisées, tout est à repenser, a-t-il fait remarquer, précisant qu’il n’existait aucun ouvrage d’assainissement fonctionnel en 2016. Grâce aux nombreuses réformes adoptées, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a pu mobiliser d’importantes ressources pour la mise en œuvre de plusieurs projets devant desservir les populations non encore alimentées et estimées à environ 7 millions de personnes à l’horizon 2024, bien avant le terme fixé par les Nations Unies. Ces projets phares s’articulent autour des actions clefs, à savoir la modernisation et le développement de l’exploitation responsable des ressources hydrologiques, l’accès à l’eau potable à l’ensemble des populations rurales et semi urbaines et enfin le renforcement des capacités de production et de distribution de l’eau potable en milieu urbain. D’ores et déjà, a ajouté le Ministre, des progrès ont été enregistrés et permis d’accroître d’environ 20 points le taux de desserte en eau potable en milieu urbain passant de 54% en 2016 à 72% en 2022, soit une population totale impactée de 4 803 204 habitants.
M. DURDY GENJIYEV, Ministre et Président du comité de gestion de l’eau du Turkménistan, a relevé que son pays suit strictement les principes consacrés en matière de gestion de l’eau. Garantir le droit à l’accès à l’eau doit devenir une obligation pour tous les États Membres, particulièrement après que la pandémie de COVID-19 a déstabilisé l’économie mondiale, a-t-il estimé, notant que la diplomatie de l’eau ouvre des possibilités pour un rétablissement systémique. La lutte efficace contre les changements climatiques ne pourra pas se faire sans une coordination mondiale, a-t-il appuyé. Il a ensuite fait savoir qu’un centre international pour les technologies liées aux changements climatiques a été ouvert à Achgabat et qu’un centre de recherches sur la mer d’Aral a aussi été créé. Les ressources hydriques sont un élément crucial du développement des pays d’Asie centrale, a insisté le Ministre, c’est pourquoi il faut que l’eau fasse l’objet de toutes les attentions pour aujourd’hui et demain.
M. JOÃO BAPTISTA BORGES, Ministre de l’énergie et de l’eau d’Angola, a indiqué que son pays s’est doté d’un plan national pour l’eau jusqu’en 2040 qui présente une vision globale des différentes actions à mener à court, moyen et long terme, dans les domaines juridique, institutionnel, technique, financier et de l’infrastructure. Le volume des investissements dans le secteur de l’eau a atteint, au cours de la période 2017-2022, 1,937 milliards de dollars, avec un taux d’accès moyen de 60% pour les populations urbaines et rurales. Pour le plan quinquennal 2023-2027, le Ministre a annoncé des investissements de 4 milliards de dollars, avec la mise en œuvre de nouveaux systèmes de collecte, de traitement et de distribution qui augmenteront la disponibilité de l’eau de près de 1 149 m 3 par jour, notamment à Luanda, et le raccordement de 1,6 million de familles au réseau. Ces efforts financiers permettront à la consommation actuelle par habitant de passer de 40 litres/personne/jour à 70, s’est félicité le Ministre.
Cependant, a-t-il reconnu, malgré l’abondance des ressources en eau en Angola, certaines régions du sud sont cycliquement touchées par des sécheresses prolongées, qui provoquent des vagues migratoires de personnes et de troupeaux. C’est pourquoi, le Gouvernement a récemment décidé de développer un programme d’action qui consiste à construire des canaux et des connexions entre les bassins, ainsi que des barrages avec des réservoirs pour stocker l’eau de pluie. Il compte également réhabiliter des dizaines de réservoirs dans les provinces de Cunene, Namibe et Huíla.
M. KONRIS MAYNARD, Ministre des infrastructures publiques, de l’énergie et des services publics, des transports, de l’information, de la communication et de la technologie, et des postes de Saint-Kitts-et-Nevis, a rappelé que son pays est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde, ne possédant ni rivière ni lac, et moins de 1 000 mètres cubes de ressources en eau douce par habitant. À l’heure actuelle, toute l’eau douce de l’île de St. Kitts est fournie par les précipitations. Rien qu’au cours des 10 dernières années, les changements climatiques ont entraîné une diminution de près de 20% des précipitations annuelles, a-t-il précisé, ajoutant qu’avec la diminution des précipitations et l’expansion continue du tourisme, de l’agriculture et de l’urbanisation, en plus d’une infrastructure de l’eau qui a besoin d’être modernisée, la demande en eau de l’île dépasse sa capacité d’approvisionnement. Nous ne sommes pas en mesure de fournir un service d’eau 24 heures sur 24 à tous les résidents, a-t-il expliqué, alertant que la demande en eau devrait doubler au cours des 10 prochaines années. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de laisser passer encore 46 ans avant de prendre des mesures décisives, a-t-il insisté, appelant à un engagement sincère en faveur du Programme d’action pour l’eau. Il a ensuite indiqué qu’au cours des 5 à 10 prochaines années, l’île va investir plus de 200 millions d’euros dans des infrastructures d’eau durables et résistantes, notamment en forant des puits supplémentaires, en investissant dans l’eau dessalée, en modernisant les canalisations, en améliorant les réservoirs de stockage et en introduisant des technologies modernes afin d’optimiser l’utilisation de ses ressources. Le Gouvernement misera également sur la formation du personnel afin d’accroître les capacités institutionnelles et techniques.
M. GILBERTO CORREIA CARVALHO SILVA, Ministre de l’agriculture et de l’environnement de Cabo Verde, a indiqué que la disponibilité et l’accès à l’eau potable demeurent une des grandes priorités du pays qui fait face à un paradoxe: état océanique, 99% du territoire de Cabo Verde se compose d’eau salée qui est une source d’eau inépuisable, mais qu’il faut dessaler. Aujourd’hui, près de 70% de l’eau approvisionnée est désalinisé, processus qui coûte cependant énormément d’argent et bien plus d’efforts que dans d’autres pays, a-t-il fait savoir. Pour assurer de la durabilité des services d’assainissement et d’approvisionnement en eau, le Gouvernement a également investi énormément dans le stockage, la distribution, l’équipement et les systèmes d’approvisionnement en eau. Ces dernières années, a-t-il informé, l’accès au réseau public est passé de 53% à 86%. L’objectif fixé par le Gouvernement est d’assurer un accès à 100% et de promouvoir une économie circulaire en matière d’eau. Grâce à la réutilisation sûre des eaux usées du secteur de l’agriculture, nous allons bientôt aussi créer des centrales de désalinisation de l’eau à des fins d’irrigation, a-t-il indiqué. Pour parvenir à l’ODD 6, il a appelé à raffermir les liens entre la sécurité alimentaire, l’eau, l’énergie et le développement et accélérer la mise en œuvre de politique liée à la santé, à la sécurité, à l’eau et à la réduction de pauvreté. Il faut aussi améliorer les financements pour accélérer les investissements dans le secteur de l’eau, a ajouté le Ministre qui a plaidé en faveur des obligations vertes et de la restructuration de la dette publique des pays en développement.
Mme ZUHAL DEMIR, Ministre de la justice, de l’application de la loi, de l’environnement, de l’énergie et du tourisme de la Belgique, a parlé des problèmes auxquels son pays est confronté en rapport avec l’eau, notamment les inondations et pénuries d’eau, rappelant que pendant l’été 2021, la Belgique a connu des précipitations extrêmes qui ont frappé la Wallonie et la Flandre, occasionnant d’important dégâts et dommages humains. De même, la sécheresse a porté un coup dur à l’industrie et au secteur agricole, a-t-elle signalé avant d’indiquer que le Gouvernement belge a lancé en 2020 le « pacte bleu » afin de réaliser un changement fondamental dans ses politiques pour mettre en œuvre un plan complet, avec des actions et investissements complets. Ce pacte comprend des centaines de projets pour lutter contre la sécheresse et pour utiliser l’eau de façon plus intelligente, a-t-elle précisé. La Ministre a également cité des mesures mises en place pour agir en faveur des côtes du pays. Elle a affirmé par ailleurs travailler avec les pays voisins ainsi qu’avec les commissions de rivières internationales.
M. ABDUL KHAN, Ministre de l’approvisionnement en eau du Népal, a indiqué que la Constitution du Népal garantit l’accès à l’eau potable et à un environnement propre en tant que droits humains fondamentaux. Au Népal, l’accès à l’approvisionnement en eau de base a atteint 95%, mais l’approvisionnement en eau gérée en toute sécurité n’est que de 19%, a-t-il concédé. De même, l’accès aux services d’assainissement de base est de 100%, mais l’accès aux services d’assainissement gérés en toute sécurité n’est que de 61%. Le Gouvernement du Népal s’est engagé à préparer le plan WASH pour l’ensemble des 753 niveaux locaux d’ici à 2023 et un portail a été développé pour assurer la gestion des données WASH. Il a expliqué que bien que le Népal soit riche en ressources hydriques, il existe de nombreux obstacles à la réalisation des ODD d’ici à 2030, citant notamment le tarissement des sources dans la région des collines, la diminution des glaciers dans l’Himalaya, l’épuisement des eaux souterraines dans la région des plaines et les changements de pluviométrie. Dans une large mesure, la crise climatique est une crise de l’eau, a commenté le Ministre pour qui les pays développés ont l’obligation d’assurer un financement facile de l’action climatique, et de traiter les pertes et les dommages tout en accordant une importance égale à l’atténuation et à l’adaptation.
M. BRADLEY BILLY TOVOSIA, Ministre des mines, de l’énergie et de l’électrification rurale des Îles Salomon, a indiqué que dans son pays, la proportion de la population ayant accès à l’eau est passée de 69,3% en 2015 à 67,3% en 2020, un chiffre qui masque toutefois l’inégalité d’accès dans les zones urbaines et rurales où les taux sont de 91,4% et 59,4% respectivement. Par ailleurs, l’accès à l’assainissement a été lent avec 44,8% de la population pratiquant la défécation à l’air libre en 2020. Une politique nationale des ressources en eau et de l’assainissement a été formulée afin d’assurer la protection des sources hydriques. De même, la Stratégie communautaire de gestion des ressources côtières et marines 2021-2025 comprend un ensemble d’activités visant à améliorer la qualité du soutien aux communautés.
Le Ministre a également fait état d’une Stratégie de gestion des déchets et de contrôle de la pollution 2017-2026 qui met l’accent sur les ressources en eau. Les Îles Salomon se sont en outre engagées à renforcer les cadres institutionnels favorables à l’eau, l’assainissement et l’hygiène et à mettre en œuvre, d’ici à 2024, un cadre juridique pour la gestion des ressources hydriques. Enfin, le plan d’action de développement urbain du Grand Honiara, approuvé en 2018, accorde la priorité aux investissements visant à améliorer la qualité et la couverture des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement pour un développement urbain durable.
M. PAL MAI DENG, Ministre de l’irrigation du Soudan du Sud, a déploré que les gains engrangés au tout début de l’indépendance du pays aient été durement impactés au cours des cinq dernières années. Rappelant les efforts ambitieux déployés en matière d’approvisionnement et de gestion durable de l’eau ainsi que dans les services d’assainissement, il a constaté que les progrès dans ces domaines ont été affectés par les changements climatiques, les conflits internes, la fragilité des institutions et la pandémie de COVID-19. Le Ministre s’est inquiété que la part de la population sud-soudanaise ayant accès à de l’eau potable ait baissé. Quatre millions de personnes ont été déplacées et plus de la moitié de la population du pays est touchée par le conflit, a-t-il rappelé, en soulignant combien cela impacte les ressources du Gouvernement. C’est pourquoi celui-ci se concentre sur ses capacités de gouvernance et sur un environnement propice à la réalisation de l’ODD 6, a assuré le Ministre.
Actuellement, son pays est en train de réviser sa politique en matière d’eau pour tenir compte des défis liés aux changements climatiques, a-t-il dit en conclusion.
M. ABDULAZIZ AL SHIBANI, Vice-Ministre de l’eau de l’Arabie saoudite, a indiqué que le Gouvernement du Royaume a adopté, en 2018, la Stratégie nationale de l’eau 2030 qui vise notamment à développer les ressources en eau, et fournir un approvisionnement sûr et des services de haute qualité. Il a expliqué que son pays est le leader mondial de la production d’eau non conventionnelle grâce au dessalement de l’eau de mer. Des efforts sont déployés pour réduire l’impact environnemental du dessalement, processus qui, a-t-il ajouté, a un impact significatif sur l’amélioration de la qualité de l’eau propre ainsi que sur la protection des sources d’eau souterraine non renouvelables.
Le Royaume envisage en outre d’étudier la faisabilité d’utiliser de l’eau de mer dessalée pour appuyer la sécurité alimentaire et fournir un soutien aux femmes grâce aux opportunités de développement offertes par les sources d’eau non traditionnelles. De même, le Gouvernement a alloué 80 milliards de dollars à des centaines de projets visant à d’atteindre les objectifs de la Stratégie nationale de l’eau 2030. Il a également créé le Centre national pour l’efficacité et la rationalisation de l’eau, et a lancé, dans le cadre du G20, le Dialogue sur l’eau, qui se tient cette année pour la quatrième fois sous la présidence indienne du Groupe. Par ailleurs, le Fonds saoudien pour le développement a investi des milliards de dollars pour financer de nombreux projets d’infrastructures hydriques dans les pays en développement.
M. HABTAMU ITEFA GELETA, Ministre de l’énergie et de l’eau de l’Éthiopie, a expliqué que son pays faisait son possible malgré la sécheresse. Son programme phare a permis de mutualiser les ressources et d’améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement – 4,9 millions de citoyens supplémentaires en ont bénéficié. La gestion transfrontalière de l’eau est un sujet très technique, a admis le Ministre. La coopération à cet égard présente de nombreux avantages mais n’est pas toujours parfaite. C’est pourtant un partenariat gagnant-gagnant, a-t-il assuré, appelant à faire preuve de sagesse collective, de patience et de coopération dans un monde aux ressources limitées, en proie à une explosion démographique et aux changements climatiques. La Conférence est l’occasion pour L’Éthiopie de s’engager sur la signature et la ratification d’accords-cadres permettant de donner naissance à la « Commission sur le Nil » attendue depuis si longtemps. L’Éthiopie, dont 65% de la population vit dans le noir, a mis en place de multiples projets de barrage sur le Nil pour répondre à ses besoins en électricité, a rappelé M. Geleta. Ces barrages permettront aussi de mieux gérer l’eau en cas d’inondation. Le Ministre a demandé aux États riverains de ratifier eux aussi les accords permettant la création de la Commission sur le Nil.
Mme JOHANNA SUMUVUORI, Secrétaire d’État auprès du Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a appelé à adopter une approche sexospécifique pour accélérer l’action dans le domaine de l’eau, avec une participation adéquate des groupes de filles et de femmes, des défenseurs des droits humains et des populations autochtones. À son avis, les services d’eau et d’assainissement doivent être conçus et mis en œuvre de manière à répondre aux besoins des groupes vulnérables tels que les populations autochtones, les minorités, les pauvres des zones rurales et les personnes handicapées. Elle a également appelé à accélérer la coopération mondiale en matière d’eau transfrontalière, en particulier dans les régions du monde où les changements climatiques aggravent la pénurie en eau. En outre, il faut travailler ensemble pour un environnement aquatique propre, sain et durable, a poursuivi la dignitaire, pour qui le protocole de la CEE-ONU sur l’eau et la santé est un instrument juridiquement contraignant puissant pour réaliser progressivement les droits à l’eau potable et à l’assainissement. Elle a insisté sur l’importance de l’engagement des partenaires de développement, précisant que la Finlande, dans le cadre de sa coopération avec ses partenaires, s’engage à fournir un approvisionnement en eau de base à 1,35 millions de bénéficiaires d’ici à 2023-2025. Afin de garantir un leadership et un engagement politiques continus envers le Programme mondial pour l’eau, la représentante a préconisé la tenue de réunions intergouvernementales annuelles sur l’eau dans le cadre du forum politique de haut niveau.
M. TERRY DUGUID, Secrétaire parlementaire auprès du Ministre de l’environnement du Canada, a déclaré que l’objectif collectif sur l’eau doit aller au-delà de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Il faut réfléchir à la qualité et à la durabilité des ressources en eau et coopérer davantage sur ces enjeux aux niveaux bilatéral et multilatéral, a-t-il recommandé en conseillant aussi de nouer des partenariats pour que l’eau soit à la source du développement durable et de la paix. Le Canada et les États-Unis partagent une longue histoire de gestion partagée des eaux, a-t-il rappelé, faisant référence à une dizaine de traités en ce sens pour les Grands Lacs en particulier, ainsi qu’un accord sur la qualité de l’eau qui a été signé il y a un demi-siècle. Il s’agit là d’une success story de coopération et de dialogue, selon le représentant qui a encouragé une gestion intégrée des ressources en eau et des initiatives inclusives dans les pays en développement. Il faut, a-t-il ajouté, des stratégies qui mettent les femmes et les populations autochtones au premier plan.
Pour réaliser l’ODD 6, a noté l’orateur, le Gouvernement canadien a mis l’accent sur les difficultés d’accès à une eau propre et à l’assainissement pour les Premières Nations: le Canada a engagé 5,6 milliards de dollars d’ici à 2024 pour que les Premières Nations puissent moderniser leur réserve d’eau douce et leur système de retraitement des eaux usées. Le Gouvernement s’est également engagé à introduire des projets de loi ayant trait à l’accès à l’eau potable pour les Premières Nations en étroite concertation avec leurs représentants. Ce cadre juridique pérenne permettrait l’accès des générations futures à une eau propre. L’orateur a encore précisé qu’une des priorités du Canada est la préservation des ressources en eau douce, expliquant ainsi pourquoi le Gouvernement canadien souhaite mettre sur pied une agence canadienne de l’eau qui devra élaborer un plan d’action pour l’eau douce. L’exécutif s’engage également à moderniser la loi-cadre sur l’eau afin de refléter la réalité du terrain, a-t-il ajouté.
Mme MARTHA DELGADO PERALTA, Sous-Secrétaire pour les affaires multilatérales et les droits humains du Mexique, a appelé à des solutions à long terme pour une gestion durable et intégrée des ressources en eau, « une approche qui repose sur les droits de la personne ». Expliquant que partout au Mexique la sécheresse gagne du terrain, la représentante a appelé à une gestion holistique de l’eau. Le développement économique ne peut se faire aux dépens des écosystèmes qui fournissent eau et nourriture, a-t-elle argué, en estimant qu’il faut revoir les politiques publiques pour réorienter l’action vers des solutions innovantes et efficaces pour la préservation de l’environnement, des fleuves et autres cours d’eau. Elle a mis l’accent sur le rôle des femmes et des autochtones dans la gestion des ressources en eau, en insistant sur le fait que cela va de pair avec leur droit d’accès à l’eau et à la terre. La représentante a annoncé la mise en place d’un système de données fiables, en temps réel, qui permettra une meilleure planification des actions en termes d’eau et d’assainissement. Elle a soutenu l’appel à la nomination d’un envoyé spécial des Nations Unies pour l’eau.
M. MEELIS MÜNT, Ministre de l’environnement de l’Estonie, a rappelé que son pays qui préside actuellement la Convention sur l’eau, appuie l’élargissement de ce traité à l’échelle mondiale. Il est prévu que d’ici à 2024, au moins cinq autres pays adhéreront à la Convention, alors que plus de 20 pays sont en cours d’adhésion, a-t-il indiqué, pressant tous les États Membres concernés à adhérer au texte pour bénéficier de son cadre juridique et de ses instruments. En tant que petit pays côtier du nord-est de l’Europe, situé sur les rives de la mer Baltique, l’Estonie a procédé à une rénovation complète des systèmes de collecte et de traitement des eaux usées. Ces dernières décennies, le Gouvernement a investi plus d’un milliard d’euros à cette fin, a dit le Ministre, reconnaissant, pour finir, que l’état des rivières, des lacs et de la côte estoniens exige d’autres solutions modernes en matière de gestion intelligente de l’eau et de coopération entre les différents secteurs économiques.
M. MAREK GRÓBARCZYK, Secrétaire d’État au Ministère de l’infrastructure du Gouvernement plénipotentiaire pour la gestion de l’eau et les investissements de la Pologne, a souligné l’importance d’une utilisation rationnelle de l’eau, de sa conservation, de son traitement et de sa réutilisation. Si l’on ne relève pas le niveau de rétention d’eau, il ne sera pas possible de répondre aux besoins de tous les consommateurs, a averti le représentant. Il a jugé nécessaire de planifier des mesures programmatiques et législatives sur la rétention d’eau. Cela peut être réalisé grâce à des synergies visant à doubler le taux de cette rétention dans les 20 à 30 prochaines années. Selon le représentant, si l’on veut atteindre l’objectif de cette Conférence, il faut faire plus. L’être humain doit coopérer avec la nature et exploiter son potentiel. Il faut des solutions naturelles et hybrides permettant d’améliorer l’efficacité de la gestion des barrages hydrographiques, a préconisé le représentant.
M. GERARDO AMARILLA DE NICOLA, Vice-Ministre de l’environnement de l’Uruguay, M. GERARDO AMARILLA, a expliqué que son pays est doté d’abondantes ressources en eau, qu’il s’agisse d’eaux de surface ou d’eaux souterraines. Ces ressources sont d’une grande importance pour le développement économique et social, a-t-il noté ajoutant que l’Uruguay est l’un des pays d’Amérique latine qui dispose de la plus grande quantité d’eau par habitant, soit une moyenne 15 000 m3 par personne et par an. En 2004, la réforme constitutionnelle promue par la société civile a introduit des changements importants qui continuent de faire la différence puisque, désormais, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est reconnu comme un droit humain fondamental. De même, la protection de l’environnement a été déclarée d’intérêt général. L’eau est considérée comme un bien public et sa gestion comme un service public essentiel, a précisé le Vice-Ministre. Cela a donné lieu à une politique nationale et à un plan national, a expliqué le Vice-Ministre, en soulignant la plus grande participation des citoyens aux processus de prise de décisions.
Cependant, l’un des principaux défis auxquels son pays est confronté reste l’adaptation aux changements climatiques. Ces dernières années, le pays a vécu une grave sécheresse sévère qui a mis en lumière la nécessité de mettre en place des mécanismes collectifs de prévention. En attendant, l’Uruguay mise sur la circularité agricole, et le traitement et le recyclage des eaux usées. Mais pour aller plus loin, tout comme les pays en développement, il a besoin de financements concessionnels, a précisé le Vice-Ministre qui a, à son tour, soutenu la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau.
M. TOMÁŠ TESAŘ, Vice-Ministre de l’environnement de la République tchèque, a indiqué que ces dernières années son pays a fait face à des inondations dévastatrices, mais également à de longues périodes de sécheresse et de pénurie d’eau. Il s’est également inquiété des problèmes liés à la pollution de l’eau et à une gestion non durable des ressources hydriques. Des initiatives pour amélioration la qualité et la quantité de l’eau ont été lancées mais ne suffisent pas, a-t-il regretté. Il a relevé que dans bien des cas, les solutions techniques du passé se sont avérées non durables sur le long terme, provoquant de nombreux problèmes imprévus. Ainsi la réglementation des rivières qui était censée protéger les zones urbaines des inondations, a souvent aggravé la situation et même conduit à la destruction des rives. Le représentant a appelé à tirer les enseignements de ces erreurs, et à savoir laisser la nature faire son travail.
Le temps est venu d’agir, a pressé Mme GAYANE GABRIELYAN, Vice-Ministre de l’environnement de l’Arménie. Mettant en avant les progrès enregistrés par son pays, elle a attiré l’attention sur la Stratégie nationale et l’Accord de partenariat renforcé avec l’Union européenne signé en 2017. Elle a aussi attiré l’attention sur l’amendement de 2022 au Code de l’eau qui aligne la législation arménienne avec les meilleures pratiques internationales. La Vice-Ministre a qualifié d’essentielle la coopération transfrontière pour un pays comme le sien. Elle a tout de même admis qu’en dépit des progrès, les niveaux d’investissement dans le secteur de l’eau restent en dessous des besoins. Elle a conclu en accusant l’Azerbaïdjan de profiter de cette question essentielle de l’eau pour attaquer son pays.
M. DANIEL WESTLÉN, Vice-Ministre du climat et de l’environnement de la Suède, a déclaré que la réalisation du droit à l’eau potable et aux installations sanitaires est la pierre angulaire de l’éradication de la pauvreté. Il s’est inquiété des inégalités en termes d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires entre les hommes et les femmes, insistant sur le fait qu’il est essentiel que chacun ait les mêmes possibilités d’accès, d’utilisation et de gestion des services et des ressources en eau. Une plus grande égalité entre les sexes est la clé d’une gouvernance de l’eau plus efficace et plus durable, a tranché le Ministre. Notant en outre que les changements climatiques affectent gravement les ressources en eau, il a appelé à réduire « sérieusement » les émissions au cours des prochaines années, précisant que la Suède vise à atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2045, avec des émissions négatives au-delà. Le Ministre a également insisté sur l’importance de la coopération transfrontalière dans le domaine de l’eau, la jugeant cruciale pour la gestion durable des ressources hydriques. Pour favoriser cette coopération, la Suède s’est engagée à continuer à soutenir les travaux de la Convention sur l’eau. Le Ministre s’est ensuite associé à l’appel en faveur de la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau afin de renforcer la cohérence des efforts déployés dans ce domaine dans tous les secteurs, ainsi qu’au sein du système des Nations Unies.
M. ABDULLA NASEER, Ministre d’État à l’environnement, aux changements climatiques et à la technologie des Maldives, a indiqué que son pays souffre d’un manque d’eau douce exacerbé par la crise climatique et ses conséquences dramatiques. Les seules ressources naturelles en eau disponibles dans son pays sont les eaux de pluie et les nappes phréatiques, toutes deux très vulnérables aux changements climatiques, s’est lamenté le Ministre.
Il a, en outre, détaillé les risques météorologiques tels que les tempêtes, les pluies de mousson torrentielles, les houles de tempête et l’érosion côtière, auxquels son pays est confronté. De plus, les changements dans le régime des précipitations ont provoqué des sécheresses dans un certain nombre des îles du pays qui dépend fortement de l’eau de pluie pour les besoins en eau potable. Au-delà des effets des changements climatiques, le tsunami de 2004 dans l’océan Indien a compromis la nappe phréatique en raison de l’intrusion d’eau salée et de la contamination par des polluants, a-t-il alerté. En conséquence, les Maldives ont été contraintes de recourir de plus en plus au dessalement de l’eau, une activité coûteuse, a indiqué le dignitaire qui a plaidé pour une amélioration du financement mondial, un renforcement des capacités et le transfert de technologies.
M. JOÃO PAULO CAPOBIANCO, Vice-Ministre de l’environnement et des changements climatiques du Brésil, a déclaré que le Brésil est prêt à reprendre sa participation active aux forums multilatéraux dans un esprit de coopération pour trouver des solutions aux défis liés à la protection des ressources naturelles et l’accès à l’eau et à l’assainissement. Le renforcement de la démocratie et de ses institutions est primordial pour le Gouvernement brésilien car l’accès universel à l’eau et à l’assainissement nécessite un processus démocratique solide, a expliqué le Ministre qui a précisé que la loi brésilienne fait de l’eau un bien public.
En 2020, a-t-il poursuivi, le Brésil s’est fixé pour objectifs que 99% de Brésiliens aient accès à l’eau et 90% à l’assainissement d’ici à 2033. Pour les atteindre, le Gouvernement a adopté des politiques d’innovation dans ces secteurs et des systèmes décentralisés pour garantir l’accès à l’eau pour tous, en particulier pour les populations les plus vulnérables, les peuples autochtones et les communautés rurales. Il a estimé que le contexte d’urgence climatique doit être au centre du débat sur l’eau, soulignant en outre le rôle que jouent la conservation, la protection et la restauration des forêts, de la biodiversité et des écosystèmes dans la gestion durable des ressources hydriques. La production agricole et énergétique au Brésil dépend d’un régime pluviométrique stable et prévisible, et il est dans notre intérêt de lutter contre la déforestation et de promouvoir la restauration des forêts et des écosystèmes, a-t-il ajouté.
Mme LESLIE LORENA SAMAYOA JEREZ, Vice-Ministre de la santé publique et de l’assistance sociale du Guatemala, a insisté sur l’importance de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour pouvoir contrôler les maladies, notamment hydriques. Elle a souligné que les États restent souverains en termes de gestion de leurs ressources naturelles, tout en appelant à les gérer de manière durable et à les valoriser économiquement à travers le renforcement des capacités. La Ministre a évoqué la politique nationale d’assainissement et d’accès à l’eau potable qui a été développée par plusieurs agences d’État en collaboration avec la société civile, le monde universitaire et le secteur privé, l’objectif étant de garantir un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement à tous les citoyens. Elle a terminé son propos par un appel aux transferts de technologie et au renforcement des capacités pour permettre au Guatemala d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé.
M. MARIO ŠILJEG, Secrétaire d’État au Ministère de l’économie et du développement durable de la Croatie, a soutenu le Programme d’action pour l’eau et la création à l’ONU d’un poste d’envoyé spécial pour l’eau, qui veillera à ce que les questions liées à l’eau figurent toujours parmi les priorités de l’agenda international. La pénurie d’eau menace la sécurité alimentaire et elle peut souvent provoquer ou amplifier des conflits, a-t-il relevé, assurant que la Croatie, qui préside cette année la Commission de consolidation de la paix, travaillera avec ses autres membres pour mettre l’eau au service de la consolidation de la paix. Sur le plan national, avec une moyenne de 29 200 m3 d’eau par habitant, la Croatie possède, selon les données d’EUROSTAT, les réserves d’eau les plus importantes de tous les États membres de l’Union européenne (UE), a informé le Secrétaire d’État. Afin d’accélérer la réalisation de l’ODD 6, la Croatie intensifie ses activités aux niveaux de la législation, de la planification, des programmes et des projets. Au niveau législatif, par exemple, elle a harmonisé la législation nationale avec la directive de l’UE sur la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine.
Le Secrétaire d’État a indiqué qu’à l’heure actuelle, 94% de la population croate a accès à de l’eau salubre provenant du système public d’approvisionnement, mais a reconnu que des difficultés persistent en ce qui concerne l’accès au système public de traitement des eaux usées, qui varie selon les provinces, en particulier celles dont la population vieillit et celles qui ont été frappées par un tremblement de terre. Des améliorations sont donc possibles, a-t-il concédé. Il s’est quand même enorgueilli que, grâce à son plan national de redressement et de résilience, 200 000 habitants supplémentaires bénéficieront d’un meilleur système de traitement des eaux usées urbaines et 45 000 habitants supplémentaires auront accès à un meilleur approvisionnement en eau. La Croatie promeut des technologies et des solutions innovantes en matière d’eau potable, a encore signalé le haut responsable en citant notamment son projet phare, développé par la communauté scientifique croate, qui a permis d’éliminer l’arsenic présent dans la croûte terrestre qui affecte la qualité de l’eau potable dans la partie orientale de la Croatie. L’arsenic étant présent dans toute l’Europe de l’Est, la Croatie est prête à partager cette innovation avec d’autres pays touchés par ce phénomène, a annoncé le Secrétaire d’État. Soulignant toutefois que la ressource en eau la plus importante est la mer Adriatique, il a expliqué qu’en raison de ses fonds marins peu profonds et de son bassin semi-fermé, cette mer est sensible aux changements climatiques et à la pollution, en particulier aux microplastiques, vers lesquels la Croatie oriente la majorité de ses projets liés à la mer Adriatique. Elle partage un nombre important de cours d’eau avec ses voisins et s’oriente vers une coopération dans le bassin, a expliqué le représentant en appuyant l’initiative de la Coalition pour la coopération dans le domaine des eaux transfrontalières.
M. DMITRY KIRILLOV Chef de l’Agence fédérale de la Fédération de Russie pour les ressources hydriques, s’est inquiété de l’impact de l’urbanisation rapide, des modèles de consommation et production non durables et des effets négatifs des changements climatiques sur les ressources en eau. Il a indiqué que dans le cadre du projet national « écologie », son pays se mobilise pour réduire la pollution et nettoyer les plans d’eau, en particulier dans le lac Baïkal et la Volga. Pour la période allant jusqu’à 2030, son gouvernement prévoit également de nettoyer le fleuve Amour et le bassin de la mer Baltique. Une Décennie d’action consacrée à l’eau et au développement durable est également prévue.
Poursuivant, le dignitaire a indiqué que pour améliorer la situation dans les territoires arides de la Russie, les autorités se sont données pour tâche de tripler les réserves d’eau souterraines d’ici à 2024. Une action est également en cours pour établir un registre unique des ressources en eau, ainsi qu’une plateforme numérique pour réglementer la production et distribuer les eaux souterraines. Sur le plan régional, la Russie privilégie une approche transfrontalière non politisée, a indiqué le représentant qui a regretté les tentatives de certains participants de politiser cette question qui dissimule, selon lui, des décennies de négligence des intérêts de la population et de la destruction d’infrastructures essentielles. C’est ce qui a été donné à voir en 2014 dans la péninsule de Crimée, où, a-t-il déploré, la situation insatisfaisante de l’approvisionnent en eau a conduit à la perte de 60% de l’eau potable, sans parler de la pollution de la mer Noire.
Mme ANGÉLICA LIZETH ÁLVAREZ MORALES, Vice-Ministre de la planification stratégique du Honduras, a déclaré que les problèmes liés à l’accès à l’eau et à l’assainissement trouvent racine dans le modèle capitaliste et néo-libéral dont le monde en développement fait les frais, notamment en subissant « leur pollution » et les répercussions délétères des changements climatiques. Préoccupée par l’impact des changements climatiques sur les migrations, elle a souligné qu’aucun changement durable ne sera possible si le monde développé ne renonce pas à son mode de vie fondé sur l’opulence. Le Honduras est prêt à coopérer afin de protéger la vie sur la planète, à condition qu’il n’y ait plus d’interventionnisme et que l’on collabore en tant que pairs. Elle a rappelé les gouvernements « vendus » du Honduras des 12 dernières années, avant d’annoncer que la nouvelle administration a lancé des politiques de reforestation, de protection des lacs et d’inversion des effets des changements climatiques. La Vice-Ministre a invité la communauté internationale à tout faire pour restaurer les forêts et protéger les sources d’eau, exhortant les grandes puissances à revoir leur mode de vie.
M. ZAC GOLDSMITH, Ministre des territoires d’outre-mer, du Commonwealth, de l’énergie, du climat et de l’environnement du Royaume-Uni, a annoncé le lancement d’un nouveau programme destiné à soutenir les efforts des gouvernements de cinq pays en développement d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud afin de renforcer les systèmes nationaux en matière de ressources hydriques. Il a jugé nécessaire d’attirer des investissements plus importants pour garantir un accès à des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène plus fiables et plus résistants aux populations de ces pays. Par ailleurs, il a appelé à s’appuyer sur les progrès réalisés dans le cadre de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP) qui s’est tenue à Glasgow et à Charm el-Cheikh, avant la réunion de la COP28 prévue aux Émirats arabes unis. Il a applaudi l’initiative Water Tracker, et a encouragé son utilisation en prévision du bilan mondial qui aura lieu aux Émirats arabes unis.
M. SURASRI KIDTIMONTON, Secrétaire général de l’Autorité nationale des ressources hydriques, Bureau du Premier Ministre de la Thaïlande, a indiqué que dans son pays, des investissements ont été faits pour améliorer la qualité de l’eau et l’approvisionnement. Il a jugé important de prendre en compte les technologies appropriées d’innovation en même temps que les connaissances locales et traditionnelles. À cet égard, la coopération internationale est cruciale, y compris pour le renforcement des capacités afin de combler le fossé technologique. La bonne gouvernance est essentielle, a poursuivi le représentant, car la gestion et la conservation durable des ressources en eau exigent l’implication de toutes les parties prenantes. Une application efficace de la loi est un bon départ, mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi la Thaïlande place l’accent sur l’inclusion des différents groupes, y compris les associations de consommateurs qui peuvent contribuer à mobiliser des fonds et à identifier de nouvelles techniques et méthodes innovantes. La coopération transfrontière est également nécessaire, a souligné le représentant, avant d’appuyer la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau.
Mme YOKO KAMIKAWA, Envoyée spéciale du Premier Ministre du Japon, est venue témoigner de l’expérience de sa ville frappée par des inondations il y a plus de 50 ans. La population locale a misé sur les réservoirs d’eau de pluie, les stations de pompage et les moyens de prévention. La ville a ainsi pu faire face aux inondations de l’année dernière, a-t-elle expliqué, en estimant que cette expérience peut être répétée à l’échelle de la planète. Face aux catastrophes naturelles, aux changements climatiques, à la dégradation de la qualité de l’eau et à la perte de la biodiversité, la représentante a insisté sur le travail d’anticipation. Il faut, a-t-elle dit, travailler main dans la main dans des systèmes collectifs d’alerte rapide et d’échange d’informations. Elle a indiqué que le Japon va allouer une enveloppe de 500 millions de yens à l’initiative de Kumamuto pour un cycle vertueux de l’eau. Dans le cadre de cette initiative, l’accent sera mis sur des projets qui visent à la fois l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques. La représentante a également insisté sur l’exploitation des données satellitaires.
M. NESTOR FABIAN ALVAREZ, Administrateur de l’entité nationale chargée de l’eau et de l’assainissement en Argentine, a rappelé que la première Conférence des Nations Unies sur l’eau qui s’est tenue en Argentine en 1977, a donné lieu à au « Plan d’action de Mar del Plata », toujours d’actualité. L’Argentine, a dit le représentant, est l’un des pays qui a intégré les recommandations de cette conférence dans sa politique de l’eau. Il a indiqué que son pays dispose d’importantes réserves d’eau, principalement grâce au réseau hydrographique que constitue le bassin de la Plata, partagé avec la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. L’apport extérieur comprend également les eaux souterraines du système aquifère de Guarani, s’étendant à travers le Brésil, l’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine et constituant la troisième plus grande réserve d’eau souterraine au monde. En outre, à la frontière avec le Chili, il existe de nombreux bassins partagés avec notre pays, a détaillé le responsable.
Cependant, située en aval du bassin de la Plata, l’Argentine se trouve dans une position difficile vis-à-vis des pays en amont, car l’utilisation des ressources en eau dans la partie supérieure du bassin affecte la qualité de l’eau sur son territoire. Cette situation a mis en évidence l’importance des processus de coopération entre pays frères et de la consolidation d’un programme transfrontalier sur l’eau. Il est possible, a estimé le représentant, d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD), grâce à la promotion d’une gestion intégrée et participative, au niveau international, qui mette l’accent sur les questions du financement, a-t-il conclu.
M. MEBRAHTU MEHARI, Directeur général des ressources hydriques de l’Érythrée, a indiqué que son gouvernement travaille depuis 30 ans pour atténuer les effets des changements climatiques, de la sécheresse et de la dégradation de l’environnement. Ce gouvernement a mis en place un contexte propice pour améliorer la gestion de l’eau et a adopté une loi visant à accroître l’efficacité de la consommation plutôt que d’accroître tout simplement l’offre. Pour ce faire, le personnel a été formé à la gestion durable de l’eau et ce travail de préparation, de formation et de sensibilisation a permis d’accroître la qualité de l’eau potable. Pour l’Érythrée, a encore dit le responsable, la priorité est de satisfaire les besoins de la population, en luttant notamment contre la dégradation des sols et la raréfaction de l’eau. Pour ce faire, un système d’utilisation plus intelligent de l’eau a été mis en place, avec pour objectif de prévenir les inondations et de reconstituer la nappe phréatique. Des races de bétail et des cultures plus résistantes et moins consommatrices d’eau ont été introduites, a encore expliqué le représentant.
Mme SILVIA FERRER, Directrice de l’environnement du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a expliqué que même si la situation de son pays, à la source de deux bassins hydrographiques, peut faire croire que l’approvisionnement en eau est garanti, les modèles climatiques scientifiques développés par l’Observatoire pyrénéen des changements climatiques prévoient une réduction du débit annuel moyen d’environ 7% d’ici à 2050. S’adapter à ce scénario est un défi pour évoluer vers une nouvelle gestion de l’eau, a-t-elle noté, ajoutant que le pays y fera face de la même manière qu’il a relevé le défi de l’assainissement des eaux au cours des années 90. À ce jour, le résultat est parlant: non seulement l’ensemble de la population résidente et des infrastructures touristiques sont raccordées à un système d’assainissement, mais les caractéristiques physicochimiques et biologiques de ses rivières ont aussi permis la récupération des habitats des espèces de faune bioindicatrices.
Convaincue que la contribution qu’un petit pays comme le sien peut apporter à la planète en ce moment crucial pour relever le défi d’une planification et d’une distribution rationnelle, équitable et durable des ressources en eau, Andorre travaille sur un projet de loi visant à atteindre l’ODD 6 et toutes ses cibles. Ce texte sur l’eau doit garantir aussi bien la conservation de la biodiversité et des paysages que l’ensemble de ses utilisations domestiques, énergétiques, touristiques, agricoles et celles orientées aux loisirs, a expliqué la représentante.