Troisième Commission: les délégations voient dans la médecine légale un « outil précieux » pour lutter contre la torture

Soixante-neuvième session
21e et 22e séances – matin et après-midi
AG/SHC/4107

Troisième Commission: les délégations voient dans la médecine légale un « outil précieux » pour lutter contre la torture

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires, a entamé, aujourd’hui, son débat sur les droits de l’homme, l’occasion pour les États Membres de débattre avec nombre d’experts du rôle de la médecine légale, « outil précieux pour parvenir à la vérité », comme moyen de lutter contre l’impunité dont bénéficie la torture.  Nombre de délégations ont également salué la création de mandats de rapporteurs spéciaux sur les représailles.

Dans un premier temps, le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants, M. Juan Méndez, a souligné que la tâche du médecin légiste était essentielle à la lutte contre l’impunité dont peuvent bénéficier les auteurs de torture, car, s’est-il expliqué, l’avis d’un expert sert de base aux poursuites judiciaires engagées en cas d’allégations de torture.  

Préoccupé du fait que nombre d’États rechignent à conduire des enquêtes sur des allégations de torture, M. Méndez a précisé que les dossiers médicaux étaient susceptibles de contribuer, « de façon déterminante », à surmonter l’absence d’autres preuves objectives à laquelle se heurtent couramment les victimes de torture, les actes de torture étant souvent infligés en l’absence de témoins. 

« Les cas convenablement étayés par des rapports médico-légaux de bonne qualité sont en train de révolutionner l’enquête sur la torture et d’en améliorer les résultats », s’est notamment félicité M. Méndez qui a réfuté d’un revers de main les arguments de certains États qui prétendent que les instruments sophistiqués médico-légaux sont financièrement hors de leur portée. 

« Le diagnostic d’un acte de torture n’exige pas de méthodes « high tech » ou un équipement coûteux, a argué M. Méndez, qui a, au contraire, insisté sur l’obligation des États de solliciter une assistance et de partager les bonnes pratiques. 

Sa proposition d’instaurer un examen médical obligatoire et indépendant des détenus a également été accueillie favorablement par une large majorité de délégations, notamment celles du Brésil et de la Suisse, qui y ont vu un instrument de prévention efficace de la torture. 

Au cours de cette journée de débat, les délégations se sont également inquiétées des représailles dont sont l’objet certaines personnes ou entités qui viennent témoigner devant les organes de traités de droits de l’homme de l’ONU et ont salué, à cet égard, les décisions du Comité des droits de l’homme et du Comité contre la torture de créer des mandats de rapporteur spécial sur ce phénomène.

« L’intimidation et les attaques physiques contre des journalistes, des organisations non gouvernementales, et d’autres membres de la société civile ayant coopéré avec le Comité des droits de l’homme sont inexcusables », a notamment dénoncé son Président, M. Nigel Rodley, tandis que la déléguée de l’Union européenne a dénoncé tout effort tendant à limiter le débat.

« Le Conseil des droits de l’homme doit demeurer un lieu sûr pour les représentants de la société civile », a notamment souligné la délégation. 

De son côté, le Président du Sous-Comité de la prévention de la torture, M. Malcolm Evans, a appelé les États Membres à remédier d’urgence aux contraintes en financement et en personnel du Sous-Comité, notant qu’au rythme actuel il avait un planning sur 25 ans de visites entières, outre des retards accumulés qui prendraient 15 ans à résorber.

De même, alors qu’une soixantaine de pays ont établi des mécanismes nationaux de prévention de la torture, « ce qui est en soi impressionnant », certains  « ne semblent pas avoir pleinement saisi ce que signifie en pratique une approche préventive ».

M. Evans a par ailleurs regretté que pour la première fois dans l’histoire du Sous-Comité, ses membres avaient jugé nécessaire de suspendre une de leurs visites, en Azerbaïdjan, en raison de problèmes récurrents pour obtenir des accès immédiats et sans restriction dans des lieux de détention.  

Le représentant de l’Azerbaïdjan a, pour sa part, exprimé le désir de son gouvernement de « coopérer constructivement » avec ses membres.

La Troisième Commission poursuivra son débat sur les droits de l’homme demain, mercredi 22 octobre, à partir de 10 heures.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME (A/69/383–S/2014/668) [point 68]

--    Application des instruments relatifs aux droits de l’homme (A/69/40 (Vol. I), A/69/40 (Vol. II, Part One), A/69/40 (Vol. II, Part Two), A/69/44, A/69/48, A/69/284, A/69/285, A/69/289, A/69/290, A/69/296 et A/69/387)

--    Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne

(A/69/36)

Déclarations liminaires suivies d’une séance de questions

Venu présenter quatre rapports relatifs aux droits de l’homme, M. IVAN ŠIMONOVIĆ, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a tout d’abord affirmé que celui du Secrétaire général sur le « Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage » (A/69/290) observe qu’en dépit d’un apport limité de 409 000 dollars, le Fonds était parvenu à appuyer les travaux de 35 organisations dans le monde.

Il a précisé que les projets financés portaient sur la réhabilitation des victimes de la traite, les mariages précoces et forcés, les pires formes de travail d’enfants, l’esclavage domestique et le travail forcé ainsi que l’exploitation sexuelle, entre autres.

M. Šimonović s’est ensuite penché sur le rapport du Secrétaire général sur le « Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture » (A/69/296), indiquant que ce Fonds avait connu une baisse continue de contributions depuis 2011.  Pour faire face à cette situation, le Conseil d’administration a défini une vision plus claire et de nouveaux objectifs qui seront introduits à partir de 2015.  D’ici à 2017, a précisé M. Šimonović, le portefeuille du Fonds devrait être mieux équilibré géographiquement et le Fonds devrait être mieux à même de pouvoir réagir aux situations d’urgence et émergentes.

Passant à la note du Secrétaire général transmettant le rapport des présidents des organes créés en vertu d’instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme sur les travaux de leur vingt-sixième réunion qui s’est tenue à Genève du 23 au 27 juin 2014 (A/69/285), M. Šimonović a précisé que cette réunion portait sur le suivi des organes de traités, ainsi que sur l’harmonisation de leurs méthodes de travail. 

Les présidents des organes ont notamment recommandé que chaque organe de traité diffuse les procédures simplifiées pour la présentation des rapports périodiques à compter du 1er janvier 2015.  Ces derniers ont également recommandé la nomination d’un rapporteur sur les représailles et décidé d’inclure un point relatif à la question des représailles au programme de leur réunion annuelle.

En venant enfin au rapport du Secrétaire général sur le « Fonds spécial créé par le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » (A/69/289), M. Šimonović a précisé que depuis sa création en 2012, le Fonds avait appuyé 22 projets avec un budget de 600 000 dollars et que le rapport engage les États Membres à y contribuer sur une base volontaire.

M.CLAUDIO GROSSMAN, Président du Comité contre la torture, a présenté le rapport du Comité (A/69/44) concernant ses cinquante-et-unième session (28 octobre-22 novembre 2013) et cinquante-deuxième session (28 avril-23 mai 2014), qu’il a tenues depuis la présentation de son dernier rapport annuel.  Á ce jour, 156 États sont parties à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptée le 10 décembre 1984, et entrée en vigueur le 26 juin 1987.  Le 25 septembre 2014, a compté le dernier signataire au nom de l’Érythrée. 

À la même date, les États parties au Protocole facultatif se rapportant à la Convention étaient au nombre de 72.  En outre, le Comité a reçu au total 370 rapports et en a examiné 343 (la situation en Guinée a été examinée en l’absence de rapport); 27 rapports initiaux et 44 rapports périodiques étaient en retard.  Il a souligné que le Comité avait un arriéré dans l’examen de 151 plaintes individuelles et en a reçu 627 concernant 34 États, alors que 238 violations ont été effectivement trouvées dans 88 plaintes.  Depuis 2010, le Comité a aussi reçu 175 requêtes pour des mesures provisoires et en a accordé 128.  Le Comité poursuit son dialogue de suivi avec les États parties et attire leur attention sur l’application de la Convention.

M. Grossman a encouragé les États à partager les bonnes pratiques afin d’atteindre une ratification universelle puis une mise en œuvre totale. L’engagement doit être pris au sérieux, a-t-il dit, en déclarant: « Nous voulons un monde exempt de torture. »

Il a aussi souligné que le Comité avait développé une riche jurisprudence sur un éventail de questions comme la nature absolue de l’interdiction de la torture, l’importance de l’intégration de la définition de la torture dans les législations nationales, l’identification des pratiques qui constitue une torture, l’interdiction de l’utilisation de preuves obtenues sous la torture, et le fait que la déportation dans un État où le plaignant risque de subir une violence sexuelle équivaudrait à une violation de l’obligation de non-refoulement en vertu de l’article 3 de la Convention.  Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de redressement et de réparations, conformément à l’article 14. 

Aux cours des deux sessions mentionnées, le Comité a examiné les rapports soumis par 16 États parties en vertu du paragraphe 1 de l’article 19 de la Convention, procédé à l’examen, en l’absence de rapport, des mesures prises par la Guinée pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention sur son territoire, et adopté des observations finales concernant 17 États parties.

Il se félicite que 86 États parties aient accepté la procédure facultative pour l’établissement des rapports, qui consiste à élaborer et adopter une liste de points (liste préalable de points à traiter) et à la transmettre aux États parties avant que ceux-ci ne soumettent le rapport périodique attendu.

Le Comité a aussi adopté une déclaration concernant la question des représailles dans laquelle le Comité a réaffirmé le rôle essentiel des particuliers, des groupes et des institutions qui lui fournissent des informations.  M. Grossman a invité à prendre cette question très au sérieux car le Comité continue d’être saisi d’allégations à ce propos.  Il a d’ailleurs nommé deux rapporteurs pour examiner cette question à la lumière des articles 19, 20 et 22 de la Convention.  Il a en outre créé une page Internet dans laquelle il manifeste publiquement cette inquiétude et la nécessité de transparence au sujet des cas de représailles, ainsi que la considération par les États parties concernés.  Il a espéré que ses initiatives favoriseraient la prévention de cette pratique envers laquelle il cautionne une « tolérance zéro ».

Le Comité a également débattu de la procédure simplifiée pour l’établissement des rapports (voir le paragraphe 38) dans l’optique de la résolution 68/268 de l’Assemblée générale sur le renforcement et l’amélioration du fonctionnement de l’ensemble des organes conventionnels des droits de l’homme.  Quoique facilitant la tâche des États parties, le Comité tient à souligner que cette nouvelle procédure a considérablement accru sa charge de travail car l’élaboration des listes préalables demande davantage de travail que celle des listes « traditionnelles », établies après la soumission des rapports périodiques.  Les conséquences sont d’autant plus lourdes que le Comité compte peu de membres.

À sa cinquante-deuxième session, le Comité a décidé d’organiser une célébration d’une demi-journée du trentième anniversaire de la Convention à sa prochaine session, en novembre, et d’associer cette célébration à la récente initiative en faveur de la ratification et l’application universelles de la Convention. Il a enfin décidé d’organiser deux journées de retraite pour une réflexion à sa cinquante-troisième session, en novembre, sur ses méthodes de travail, qu’il a le souci constant d’améliorer.

M. Grossman a conclu qu’il n’existait aucun vide normatif en ce qui concerne la torture grâce justement à l’adoption de la Convention il y a trente ans et qu’il suffit maintenant de s’engager en vue de la pleine application de ses obligations. 

Débat avec les délégations

La représentante de la Suisse a affirmé que son gouvernement avait proposé la création d’une plate-forme sur les organes de traité afin de faciliter les consultations avec ces derniers et a fait savoir qu’un essai pilote est en cours pour en déterminer la valeur ajoutée.  S’inquiétant ensuite des actes d’intimidation et de représailles dont sont victimes certaines personnes qui portent des informations à l’attention des organes de traités, la représentante a salué la nomination de deux rapporteurs sur les représailles et voulu savoir si d’autres mesures sont envisagées pour lutter contre ce phénomène.

La déléguée de l’Union européenne s’est de son côté interrogée sur l’efficacité des mesures prises par le Comité pour lutter contre le problème des représailles.

À son tour, le représentant du Royaume-Uni s’est interrogé sur les stratégies à adopter pour assurer l’universalisation de la Convention et sa mise en œuvre effective.  Par ailleurs, comment le Comité pourrait-il affiner ses mesures de suivi afin d’accroître son efficacité?

Le représentant du Chili a soulevé la question de la justice de transition et des réparations.  Il a aussi fait savoir que la nouvelle Constitution du Chili consacrera l’importance du droit à vie et à l’intégrité physique et morale.  Aucune personne ne pourra être victime de torture ou de traitement inhumain ou dégradant, a-t-il affirmé.

Répondant à ce groupe de question, le Président du Comité contre la torture a reconnu la nécessité d’éviter les doubles emplois et d’assurer la légitimité des organes.  Il a fait observer que plusieurs organes avaient des dispositions portant sur la torture, et a insisté sur l’importance de l’harmonisation, tout en précisant que le comité n’avait pas tenu de réunion spéciale portant sur la question de l’harmonisation. 

M. Grossman a mis l’accent sur l’importance d’assurer l’indépendance et l’autonomie des membres des Comités.  Les traités des droits de l’homme doivent être considérés comme des instruments à visée humanitaire qui portent, avant tout, attention à la victime, a-t-il par ailleurs souligné.

M. Grossman a affirmé que l’élaboration d’une convention de lutte contre les représailles pourrait être envisagée, soulignant que les représailles dont sont victimes les personnes ou entités qui viennent porter des informations à l’attention du Comité représentent une forme de violation des droits de l’homme.  Il a également fait observer que les États avaient eux aussi la possibilité de présenter leurs propres commentaires au Comité et a ajouté qu’outre la réunion spéciale prévue sur le problème des représailles, les membres du Comité envisageaient par ailleurs d’effectuer des visites sur le terrain.  Les représailles créent un fossé entre les États et la population, et il faut dispenser d’une tolérance zéro à leur égard, a-t-il déclaré.

En venant à la question de la ratification universelle de la Convention, M. Grossman a déclaré qu’aucun État ne pouvait arguer que la lutte contre la torture était un droit relatif.  Il recommandé aux États Membres de tenir des réunions régionales pour échanger les meilleures pratiques, et a ajouté que les États qui n’avaient pas les moyens institutionnels de ratifier la Convention pouvaient obtenir l’aide du Comité. 

M. Grossman a par ailleurs fait savoir que le Comité avait affiné ses méthodes de suivi et prenait part à un dialogue continu avec les États Membres au lieu de se limiter à discuter avec eux uniquement lors de la présentation des rapports périodiques.

Déclarations liminaires, suivies d’un dialogue interactif

M. MALCOLM EVANS, Président du Sous-Comité de la prévention de la torture , a regretté qu’en dépit de besoins constants ou en augmentation pour prévenir des incidents de torture et de mauvais traitements, les moyens limités du Sous-comité n’aient permis de réaliser que six visites en 2013: trois visites complètes en Nouvelle-Zélande, au Pérou et au Gabon, deux visites de conseil sur les mécanismes nationaux de prévention en Allemagne et en Arménie, et une visite de suivi au Cambodge en application de l’article 13 (4) du Protocole. Une visite prévue au Togo a été repoussée et devrait avoir lieu cette année.  « Franchement, ce nombre de mesures est très insuffisant pour permettre au Sous-comité d’exercer correctement son mandat aux termes de la Convention », a déploré M. Evans.

En 2014, le nombre de visites a été porté à huit, mais une nouvelle fois le manque de moyens n’a permis la réalisation que de sept d’entre elles, et l’une, organisée au Nigéria, n’a duré que trois jours.  Des visites ont également eu lieu au Nicaragua, en Équateur, à Malte et en Azerbaïdjan, et deux autres sont encore prévues.  En bref, les capacités opérationnelles n’ont presque pas changé en dépit de l’augmentation du nombre d’États parties, qui atteint maintenant 74, y compris la Finlande depuis la semaine dernière.

M. Evans a appelé à remédier d’urgence aux contraintes en financement et en personnel du Sous-Comité, notant qu’au rythme actuel il avait un planning sur 25 ans de visites entières, outre des retards accumulés qui prendraient 15 ans à résorber.

Il a fait valoir que les mécanismes nationaux de prévention de la torture, lorsqu’ils étaient établis conformément aux critères du Protocole, avaient une réelle valeur reconnue à la fois par les personnels de surveillance et par les détenus – ce qui explique que le Sous-Comité continue à se concentrer sur ces mécanismes et à y consacrer des visites de courte durée.

Une soixantaine de pays en ont établi, ce qui est en soi impressionnant, mais, a relativisé M. Evans, « beaucoup manquent de ressources, et d’autres, il faut le dire, ne semblent pas avoir pleinement saisi ce que signifie en pratique une approche préventive ».

M. Evans a par ailleurs déploré des entraves posées au travail du Sous-comité par certains États parties.  « Pour la première fois nous avons jugé nécessaire de suspendre une de nos visites, en Azerbaïdjan, en raison de problèmes récurrents pour obtenir des accès immédiats et sans restriction dans des lieux de détention », a-t-il dit, en précisant toutefois qu’il semblait, suite à de nouvelles discussions avec les autorités, que cette visite pourrait finalement avoir lieu.

Enfin M. Evans a regretté un manque de suivi et d’information sur la mise en œuvre des recommandations du Sous-comité.  « Il se peut très bien que beaucoup de nos recommandations et de celles des mécanismes nationaux de prévention soient mises en œuvre.  La difficulté est que nous ne le savons pas », a-t-il dit, en expliquant qu’il tentait d’y remédier par correspondance ou avec de rapides visites de suivi comme celle réalisée au Cambodge en 2013.

Il a conclu en appelant à la mise en œuvre de la Résolution 68/268 sur le renforcement du Traité, dont il escompte un plus grand soutien au travail du Sous-Comité.  Il a noté que c’était d’autant plus nécessaire que le Sous-Comité était arrivé à un point où il a accumulé une véritable connaissance sur la réalité de la torture , de sa prévention, et de ce qui peut être fait. 

« C’est peut-être la raison pour laquelle nous trouvons un peu plus difficile de faire notre travail, peut-être que nous pénétrons plus profondément dans les problèmes et posons des questions plus difficiles – si c’est le cas, tant pis.  Un exemple se trouve dans notre septième rapport qui pour la première fois soulève un lien direct entre la torture, les mauvais traitements et la corruption », a déclaré M. Evans.

Dialogue

Engageant un dialogue avec le Président du Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels ou dégradants, les délégations se sont principalement intéressées à la coopération des membres de cet organe avec les organisations régionales, à l’établissement de mécanismes nationaux de prévention de la torture et à la question des représailles à l’encontre des personnes coopérant avec le Sous-Comité ou, de manière générale, avec les organes conventionnels des Nations Unies chargés des droits de l’homme.

La Suisse s’est dite reconnaissante de l’engagement des membres du Sous-Comité qui offre, selon elle, un « instrument unique » en vue de contribuer à une mise en œuvre effective des obligations des États par rapport à l’interdiction absolue de la torture.  Sa représentante a appelé les États à la ratification, dans les meilleurs délais, du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.  

Au vu de la persistance des cas de torture, elle a rappelé que M. Evans était un partisan reconnu de la nécessité d’intensifier la collaboration entre les acteurs impliqués dans la prévention de la torture aux niveaux local, régional et global, voire de définir de nouvelles approches.  La Suisse a fait de la prévention de la torture l’une des priorités de sa présidence 2014 de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) afin de développer les réponses de cette organisation dans ce domaine, mais aussi de renforcer la collaboration entre l’OSCE et l’ONU.

L’exigence d’indépendance des mécanismes de prévention nationaux, ainsi que le rôle essentiel de la société civile dans la prévention de la torture figurent également au centre des préoccupations suisses.  Elle a posé des questions sur la coopération envisageable avec les organisations régionales comme l’OSCE, sur les activités à intensifier, ou adapter en priorité, en vue d’une meilleure prévention de la torture et sur les mesures à prendre pour le renforcement de l’indépendance des mécanismes de prévention nationaux.

La République tchèque a félicité l’Érythrée et l’État de Palestine pour être les derniers États parties à avoir ratifié la Convention.  Elle a regretté la non-coopération de Bahreïn avec les organes de traités sur la torture en dépit des assurances données par le Gouvernement de ce pays.  Elle a demandé que des soins soient dispensés à plusieurs personnes détenues à Bahreïn.  Elle a encouragé à faire en sorte à disposer de mécanismes nationaux robustes de prévention et de lutte contre la torture.  Quels sont les critères nécessaires pour la création de tels mécanismes?

L’Union européenne s’est félicitée de l’augmentation des États parties, tant à la Convention qu’au Protocole facultatif, mais a cependant partagé l’inquiétude de M. Evans quant au nombre d’États parties n’ayant pas encore établi un mécanisme de prévention de la torture.  La déléguée a fortement appuyé le travail du Comité sur la politique sur les représailles contre des personnes qui coopèrent avec lui.

Le Royaume-Uni a salué, de son côté, le peaufinage des méthodes de travail du Sous-Comité et s’est demandé quels étaient les résultats du processus de renforcement des organes conventionnels.

L’Azerbaïdjan a regretté que la visite du Sous-Comité dans ce pays se soit terminée de manière prématurée, et a exprimé le désir de son gouvernement de « coopérer constructivement » avec ses membres.

Réponse

M. MALCOLM EVANS, Président du Sous-Comité sur la torture, a ajouté sa voix à celle de la Suisse pour remercier tous les États parties qui sont l’objet d’une pression constante des organes de traités, ainsi que pour l’appel à une ratification universelle d’un instrument qui, somme toute, est relativement jeune. 

Concernant les relations avec les organisations régionales, il affirmé que l’un des jalons de la tâche du Sous-Comité est justement la coopération à tous les niveaux.  L’un des domaines les plus importants réside dans la manière d’appuyer les mécanismes nationaux de prévention afin qu’ils puissent s’entraider dans leurs activités respectives.

Des organisations telles que l’OSCE peuvent jouer un rôle indispensable dans la création de ces mécanismes et les assister.  Les recommandations et avis donnés doivent veiller à éviter les doublons, a-t-il dit.

Il s’est déclaré insatisfait du rythme actuel de coopération avec les États parties qui viennent de le devenir.  Il a émis le désir que des membres du Sous-Comité puissent effectuer une visite dans les deux mois suivant l’adhésion mais constaté que les ressources financières rendaient ces visites difficiles, ce qu’il a jugé déplorable. 

Il faut des capacités et des ressources accrues pour assister les États Membres, a déclaré M. Evans.  Il a souhaité que les mécanismes nationaux soient rapidement créés après la ratification du Protocole facultatif, avec l’aide du Sous-Comité, et a insisté sur le fait qu’il n’existait pas une façon unique de créer ce mécanisme ce qui signifie que chaque Etat aura une approche différente. 

Il a en outre remarqué une tendance croissante des États qui prévoient de devenir partie et cherchent des recommandations sur ce que serait concrètement un mécanisme de prévention.  C’est un travail ciblé et important qu’il convient d’encourager et d’accompagner, a estimé M. Evans. 

Le Sous-Comité passe au crible 70 États par an en ce qui concerne leurs mécanismes nationaux, avec peu de ressources, a rappelé le Président du Sous-Comité, en signalant que ses membres ne disposaient que d’un « soutien ponctuel ».  Le problème clef reste intact: les membres ne sont toujours pas en mesure de faire des visites optimales dans les délais rapides que certaines situations imposent.  Il a suggéré l’organisation de tables rondes avec les États parties pour assoir un partenariat avec eux car il ne suffit pas de présenter et d’examiner des rapports, a-t-il dit.

M. JUAN MÉNDEZ, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants, a commenté son rapport intérimaire (A/69/387) dans lequel il examine le rôle essentiel que joue la criminalistique vis-à-vis de l’obligation des États d’ouvrir effectivement une enquête et d’engager des poursuites sur les allégations de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Pour le Rapporteur spécial, tous les États ont l’obligation d’enquêter sur les actes de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (autres mauvais traitements).  Cette obligation, qui s’inscrit dans le cadre juridique beaucoup plus large de la lutte contre la torture, englobe la prévention, la répression et la réparation.

M. Méndez a précisé que le rapport traitait en profondeur des preuves scientifiques dans les poursuites judiciaires et sur les moyens de promouvoir la documentation médicale de la torture et autres mauvais traitements et l’application du Manuel pour enquêter efficacement sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dit Protocole d’Istanbul de 1999, devenu un outil essentiel et une importante source d’allégations de torture.

Il a observé durant ses missions d’établissement des faits, que les États rechignaient à conduire des enquêtes sur des allégations de tortures.  Cette absence d’enquête, ainsi que le manque de reddition de compte, perpétue la pratique de la torture et autres mauvais traitements, qui sont absolument interdits au regard du droit international et du droit international relatif aux droits de l’homme.  Il a insisté sur le fait qu’une enquête était obligatoire, que la victime portât des signes visibles de torture ou non.

D’autre part, les dossiers médicaux sont susceptibles de contribuer, de façon déterminante, à surmonter l’absence d’autres preuves objectives à laquelle se heurtent couramment les victimes de torture, étant donné que les actes de torture sont le plus souvent infligés en l’absence de témoins.  La tâche du médecin légiste est essentielle à la lutte contre l’impunité dont bénéficie la torture, car l’avis d’un expert sert de base aux poursuites judiciaires engagées en cas d’allégations de torture.

D’autre part, une preuve scientifique peut contribuer à déterminer si les déclarations incriminantes ont été arrachées sous la torture et devraient donc être exclues du procès et aider les États à remplir leurs obligations de non-refoulement, réparations et réhabilitation.  À l’occasion de ses missions d’enquête, M. Méndez a constaté que la criminalistique englobe d’autres disciplines, techniques et méthodes, comme la balistique, la graphologie et les investigations sur les lieux du crime.

Il a réfuté, par ailleurs les arguments de certains États qui prétendent que les instruments sophistiqués médico-légaux sont hors de leur portée, financièrement parlant.  Il a répliqué que le diagnostic d’un acte de torture n’exigeait pas des méthodes « high tech » ou un équipement coûteux.  Il a mis l’accent, à cet égard, sur l’obligation des États de solliciter une assistance et de partager les bonnes pratiques.  Les cas convenablement étayés par des rapports médico-légaux de bonne qualité sont en train de révolutionner l’enquête sur la torture et d’en améliorer les résultats.

Le Rapporteur spécial a relevé un besoin pressant de renforcer la participation de la science médico-légale dans tous les secteurs de la justice criminelle et dans les cas où des personnes sont particulièrement exposées à des risques, notamment lorsqu’elles sont gardées en détention administrative ou préventive, lorsque des mineurs sont maintenus en détention ou encore, dans des établissements psychiatriques.

De l’avis de M. Méndez, l’impact de la science médico-légale souffre du manque d’indépendance institutionnelle et de rigueur dans son utilisation et d’une insuffisance de formation.  Dans bien des cas, les professionnels de la santé des établissements.

S’agissant des visites de pays, M. Méndez en a effectué une au Mexique du 21 avril au 2 mai 2014, pays traversant un changement constitutionnel, législatif et institutionnel majeur.  Tout en observant des progrès dans certains domaines, notamment dans le respect de l’obligation de prévenir la torture, M. Méndez a constaté que cette pratique demeurait largement répandue et renforcée par plusieurs facteurs, y compris l’absence d’une définition unique de la torture qui refléterait la définition internationale, le manque d’enquête sur des allégations de torture et l’absence de poursuites et de pénalisation des auteurs, de compensation et de réparations aux victimes.

En juin 2014, M. Méndez a effectué une visite de suivi en Tunisie et a salué l’ouverture de ses interlocuteurs concernant le suivi de ses recommandations, et a souhaité une évaluation de cette mise en œuvre.  Il s’est félicité du fait que l’esprit de réforme et en faveur des droits de l’homme soit forte en Tunisie et s’est dit encouragé par les jalons importants posés, comme l’intégration dans la nouvelle Constitution de l’interdiction de la torture et l’inapplicabilité du statut de limitations.

Il a particulièrement apprécié l’adoption d’une nouvelle législation sur la justice transitionnelle et l’établissement de la Commission Vérité et dignité, ainsi que la ratification du Protocole facultatif se rapportant à la Convention, de même que l’établissement d’un Mécanisme national de prévention de la torture, avec de larges pouvoirs de suivi dans les lieux de détention.

Il a en revanche noté que la torture et les mauvais traitements étaient encore présents lors des interrogatoires et de la mise en détention et estimé qu’il fallait des changements substantiels pour appliquer concrètement les mesures et réformes juridiques récemment adoptées pour briser le cycle de l’impunité et prévenir et éliminer la torture et les mauvais traitements en Tunisie.

Il a regretté, par ailleurs, que la visite prévue pour la Gambie en août dernier eût été brusquement reportée par le Gouvernement, mais s’est réjoui que de nouvelles dates eussent été suggérées pour début novembre.  M. Méndez attend aussi une réponse de Bahreïn et de la Thaïlande à l’issue de deux reports de visite.

M. Méndez s’est félicité également de l’invitation et de la confirmation données par le Brésil et la Géorgie, et a insisté pour que l’invitation des États-Unis à visiter le centre de détention de Guantanamo Bay à Cuba soit assortie de conditions qu’il juge acceptables.

Dialogue

La représentante de l’Argentine a affirmé que la médecine légale était un outil précieux pour parvenir à la vérité et s’est interrogée sur le meilleur moyen de renforcer son utilité.

Le représentant du Danemark a demandé à connaître des exemples sur les meilleures pratiques en matière de formation d’experts médico-légaux, tandis que la représentante des États-Unis a voulu savoir comment mettre les rapports des médecins légistes à disposition des victimes de la torture.  Cette dernière a par ailleurs souligné que la Constitution de son pays stipulait que les preuves obtenues sous la torture ne pouvaient être utilisées au cours de procès.

La représentante du Liechtenstein a, quant à elle, soulevé le problème des abus dont sont victimes certaines personnes souffrant de troubles psychologiques dans des instituts médicaux.

À son tour, la représentante de la Suisse s’est inquiétée des graves manquements dans le recours à la médecine légale, notamment en matière d’établissements des faits et de lutte contre l’impunité.  À l’instar de la représentante du Brésil, elle a également appuyé la proposition d’instaurer un examen médical obligatoire et indépendant des détenus, y voyant un instrument de prévention efficace.  Elle a souhaité savoir si le Rapporteur avait l’intention d’intégrer systématiquement cette proposition dans ses prochaines visites de pays.

En la matière, la déléguée de l’Union européenne s’est inquiétée du fait que le Rapporteur spécial avait été contraint d’annuler des visites sur le terrain, ainsi que des demandes de visite qui demeurent en suspens, notamment en Gambie, en Thaïlande et au Bahreïn.

Lui emboîtant le pas, la représentante du Bahreïn a souhaité que les discussions relatives aux visites sur le terrain se fassent par le biais de mécanismes bilatéraux.  Répondant également aux préoccupations de la République tchèque, elle a assuré que différentes mesures de protection avaient été instaurées pour garantir les droits des détenus.

Le représentant du Maroc a ensuite affirmé que son gouvernement avait établi un dialogue continu avec le Rapporteur spécial pour assurer un meilleur suivi des recommandations formulées par ce dernier.  Le représentant du Mexique a quant à lui formé l’espoir que, suite à sa récente visite sur le terrain, le rapport du Rapporteur spécial rendra enfin compte de la véritable situation qui prévaut sur le terrain.

La représentante de la Norvège a jugé nécessaire de répondre sur les raisons structurelles du recours à la torture, tandis que son homologue du Royaume-Uni s’est interrogé sur les meilleurs moyens d’encourager les États à ratifier la Convention.

En la matière, le représentant du Maroc a souligné que son gouvernement envisageait d’organiser un forum régional pour aider les pays qui n’ont pas encore ratifié la Convention à le faire.

Comment l’exécutif peut-il veiller à ce que des principes essentiels de lutte contre la torture soient assurés lorsqu’il y a une véritable séparation des branches du pouvoir, a lancé de son côté la représentante des Maldives.

Répondant à ce groupe de questions, le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants, a souligné la nécessité d’exclure les preuves obtenues sous l’effet de la torture, mais également lorsqu’il y a eu risque de coercition.  Il a estimé que l’application qui en est faite aux États-Unis illustrait l’esprit de la Convention.  Il a insisté sur l’importance de la coopération technique entre les États, pour ensuite se féliciter de l’appui des États Membres à sa proposition de rendre l’examen médical des détenus obligatoire.

Il a déclaré que les annulations de dernière minute avaient un impact négatif sur la capacité de son Bureau à effectuer ses travaux, puis a insisté sur l’importance pour son équipe de pouvoir se rendre dans les lieux de détentions librement, à la date et l’heure choisie et sans devoir craindre des représailles.

Il a fait savoir qu’il envisageait de se rendre prochainement au Maroc et au Sahara occidental pour assurer le suivi de ses recommandations.  Il a parlé de la visibilité que ses visites place sur le problème de la torture dans un pays.

S’agissant des meilleures pratiques dans le domaine médico-légal, M. Méndez s’est félicité du fait que le Protocole d’Istanbul était connu de chacun au Mexique, ce qui n’est pas le cas ailleurs.  Voilà une bonne pratique à favoriser, a-t-il lancé.

Sur la question concernant la séparation des pouvoirs, M. Méndez a affirmé que si les interrogateurs faisaient partie de la branche exécutive du Gouvernement, il incombait à celle-ci de pénaliser les interrogateurs qui auraient eu recours à la torture et de leur faire savoir que les preuves ainsi recueillies sont perdues.

À son tour, le Président du Comité contre la torture a déclaré qu’il y avait trop de chevauchements dans la rédaction des rapports ou qu’une fois le dialogue interactif prévu avec l’État concerné, son rapport périodique était déjà périmé.  Les deux semaines et demi de plus accordées à la tenue des travaux du Comité sont donc très importantes.  L’examen des pétitions a également pâti d’un arriéré notable, et la pénurie de ressources pose par ailleurs un problème, a-t-il dit.

Le Président du Sous-Comité de la prévention contre la torture a jugé nécessaire de renforcer les réunions des présidents d’organes de traités.  Il a souligné que l’organe qu’il présidait devrait à présent envisager la tenue simultanée de 30 dialogues en plus d’interactions continues avec 14 États Membres.  Il a regretté que le temps de réunion accordé au Sous-Comité restât inchangé, d’où l’accent placé sur l’importance de l’assistance technique.

Reprenant la parole, M. Méndez a déploré le fait que certains médecins n’effectuent pas les examens nécessaires pour déterminer si un avortement a été effectué sous la contrainte ou à une date avancée de la grossesse.  Il a également soulevé la question de savoir si les traitements psychiatriques non consensuels représentaient une forme de traitement dégradant.

Le Rapporteur spécial a par ailleurs regretté le fait que les médecins ne sont plus formés pour détecter le passage de l’électricité dans un corps humain, notamment dans les pays où l’utilisation de l’électricité comme forme de torture est répandue.

Débat général

Mme FREDERIKE TSCHAMPA (Union européenne) a réaffirmé le caractère universel, indivisible et interdépendant de tous les droits de l’homme et appuyé le système multilatéral des droits de l’homme au cœur duquel se trouve l’ONU.  La déléguée a encouragé à la ratification de tous les instruments relatifs à ces droits et aux Protocoles s’y rapportant.  Les organes conventionnels de suivi sont indispensables pour traduire les dispositions de ces conventions sur le terrain.  Elle a appuyé l’efficacité de ces organes et la résolution 68/268 de l’Assemblée générale sur leur renforcement, d’une part, et l’assistance technique, l’échange de pratiques optimales, et le travail du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dans la promotion de la réalisation pratique de tous les droits de l’homme pour tous, ainsi que tous ses mécanismes et procédures spéciales.  Elle a particulièrement salué le travail de la mission de suivi des droits de l’homme en Ukraine et souligné la nécessité que celle-ci continue de recevoir des informations objectives et en temps voulu depuis le terrain.  L’intervenante a assuré que l’Union européenne continuera de plaider pour l’indépendance, l’impartialité et la non-sélectivité du Haut-Commissariat et appelé les États Membres à lui fournir les ressources indispensables à son mandat.

À cet égard, la déléguée a estimé que le Haut-Commissariat ne doit pas principalement compter sur les contributions volontaires.  Elle a chaleureusement accueilli le nouveau Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, et s’est dite impatiente d’avoir un échange avec lui à l’occasion du premier dialogue interactif au sein de la Troisième Commission dans les prochains jours.  L’Union européenne a aussi appuyé l’accent mis par le nouveau Commissaire sur la situation des défenseurs des droits de l’homme et sur la nécessité de reddition de compte, son engagement en faveur des droits de l’enfant et de la lutte contre toutes les formes de discrimination.  Elle a salué par ailleurs le rôle de la société civile et regretté que, dans beaucoup de pays, ses représentants et organisations se heurtent encore à des restrictions, à l’accès aux ressources, et sont l’objet d’intimidation, de harcèlement et d’agressions violentes.  Elle a insisté pour que le Conseil des droits de l’homme demeure un lieu sûr pour les représentants de la société civile et réaffirmé que l’Union européenne s’opposera énergiquement à tous les efforts tendant à limiter le débat.  Enfin, la représentante a défendu l’intégration de la perspective des droits de l’homme dans toutes les activités de l’ONU, y compris et en particulier dans le programme de développement pour l’après-2015.   

Mme VIRGINIA BRAS GOMES, Rapporteuse du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, au nom du Président du Comité Zdzislaw Kedzia, s’est félicitée des mesures prises pour lui permettre d’examiner dans les délais impartis les rapports fournis par les États parties et commencer à résorber les retards accumulés, grâce en particulier à l’augmentation de son temps de session.

Mme Bras Gomes a également remercié les États pour leur coopération avec le travail du Comité, ainsi que les organisations non gouvernementales.

Elle a toutefois souligné l’importance de renforcer les capacités du Comité au niveau des pays, afin de renforcer la coopération entre les organismes du Traité et les États parties.

Mme Bras Gomes a salué l’augmentation du nombre de signataires du Protocole se rapportant au Pacte international relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels, qui atteint désormais 16 répartis dans toutes les régions du monde, mais elle a appelé à une accélération de ces adhésions, nécessaire à son efficacité.

Enfin, elle a souligné la nécessité de placer les droits de l’homme, et en particulier les droits économiques, sociaux et culturels au cœur du programme de développement pour l’après-2015, avec notamment l’inclusion d’indicateurs sur l’absence de discriminations, l’égalité entre hommes et femmes, la participation, la transparence et la responsabilité.

Dialogue interactif

La représentante de la Suisse a mentionné que Genève se proposait d’accueillir une plateforme des organes de Traités à Genève, afin d’assister leur travail, et qu’un essai pilote était déjà en cours.  Elle a également indiqué que la Suisse encourageait la création d’un poste de rapporteur sur les actes d’intimidation et de représailles visant les personnes et organisation qui participent aux organes de Traités.

La représentante du Bélarus a répété que son pays voulait poursuivre un dialogue fructueux avec la Commission.

La déléguée de l’Union européenne a noté que malgré ses arriérés le Comité avait fait un effort pour examiner les rapports périodiques sans trop de retard, ce qui est essentiel.  Mais elle a noté que certains rapports attendent depuis plus de 10 ans: quelles mesures sont prévues pour encourager la présentation des rapports qui se font attendre? a-t-elle demandé?  D’autre part, quelle serait la norme minimale pour avoir une approche basée sur les droits de l’homme en temps de crise économique et financière?

Le représentant de l’Argentine, au nom du Groupe des amis du Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels a noté qu’il était important que le Protocole facultatif soit ratifié par autant d’États que possible, afin de le renforcer.

Il a ajouté que la protection des droits sociaux, économiques et culturels devait commencer au niveau national, et que la subsidiarité était un élément important.  Il a également évoqué le rôle essentiel de la société civile dans le soutien des droits de l’homme et l’aide aux victimes.  Enfin il a souligné que les droits économiques et sociaux seront renforcés dans la mesure où les droits civils et politiques que suppose le protocole facultatif sont garantis et appliqués, et à l’inverse que des garanties économiques et sociales minimales sont nécessaires pour les droits civils et politiques.

Le représentant du Costa-Rica, rappelant que son pays avait garanti le droit à l’éducation dès le XIXe siècle, et que la suppression de son armée en 1949 lui avait laissé la possibilité d’investir dans l’accès à la santé, a noté que le Costa Rica « recherche les droits de l’homme en tous lieux et toutes circonstances.  Il a également fait valoir qu’il n’est pas juste de dire que les droits civils relèvent de l’État alors que les droits économiques sociaux et culturels relèveraient des autres acteurs.

La représentante de l’Afrique du Sud a noté que son pays adhérait au Pacte et parachève la modification de sa législation pour en terminer la ratification.

La représentante de Cuba a salué le travail du Comité et demandé que l’on détaille un peu plus les plans du Comité dans le contexte de la préparation du programme de développement pour l’après-2015.

Réponses

Mme Bras Gomes a noté que l’Assemblée générale avait fourni un grand soutien à ses organes conventionnels et que des efforts d’amélioration des processus de travail étaient déjà engagés.  Elle a ajouté que le Comité était prêt à étudier la proposition suisse ce que pouvait ajouter une plateforme des organes de traités. Quant à la question des représailles et actes d’intimidation, elle a indiqué qu’il y avait dans certains pays des questions liées aux droits de l’homme, et que cela figure dans les conclusions du Comité.

Mme Bras Gomes a remercié le Bélarus d’avoir répondu aux questions complémentaires posées par le Comité, saluant « une très bonne façon d’agir ».

Enfin, répondant à l’Union européenne, elle a rappelé que les deux semaines de session supplémentaires accordées au Comité avaient permis que le travail en retard cesse de s’accumuler.  « Nous avons également une approche plus cohérente, plus resserrée avec des jalons, et nous étudions comment les États s’adaptent aux indicateurs des droits de l’homme », a-t-elle dit, notant que, pour l’heure, « ces indicateurs figurent dans les recommandations et conclusions ».

Le processus de rapport permet aux États d’évaluer leur politique publique, et c’est aussi une occasion de dialogue avec la société civile, a-t-elle ajouté. Quant aux rapports encore attendus, ils correspondent aux 10% qui n’ont encore jamais présenté de rapport et auront besoin d’une solution sur mesure.

Évoquant la coordination avec les institutions internationales spécialisées, elle a noté qu’à la suite d’une réorganisation elles ne participaient plus directement aux sessions du Comité, ce qui n’empêche pas de suivre leurs travaux, par exemple l’OIT, dont nous regardons les travaux sur la protection du droit au travail.

Mme Bras Gomes a conclu en évoquant la lettre écrite par le président du Comité aux États parties en 2012 pour leur rappeler leurs obligations, y compris en période de difficultés budgétaires et de faible croissance.  Il faut respecter les droits sociaux politiques et culturels, en accordant une attention particulière aux groupes défavorisés, et il faut des mesures spéciales pour remédier aux inégalités qui augmentent en temps de crise, a-t-elle dit.  En outre l’article 2-1 du Pacte sur l’assistance stipule que la coopération et l’aide internationales sont très importantes pour les États qui ne peuvent pas fournir ces droits au niveau national.

Elle est revenue sur la question des peuples autochtones qui subissent des discriminations chroniques pour signaler que les projets hydroélectriques demeuraient un sujet de profonde préoccupation en termes de droits économiques, sociaux et culturels.  

M. NIGEL RODLEY, Président du Comité des droits de l’homme, a présenté le rapport annuel du Comité en notant qu’il était publié sur fond d’une « escalade de la violence dans certaines régions du monde, une période qui nous rend témoins d’un niveau de cruauté se glorifiant de l’infliction de la douleur et de la mort, particulièrement contre des innocents et des philanthropes, et se moque des normes universelles de la décence ».

« Malheureusement le manque de promotion et de protection des droits de l’homme, y compris des droits civils et politiques, participe des causes profondes d’un tel conflit », a-t-il dit.

Il a noté que, à chacune de ses sessions, le Comité constatait des progrès dans la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.  « Cependant nous devons aussi mentionner des problèmes dans sa mise en œuvre: discrimination, attaques contre des acteurs indépendants de la société civile, manque d’un processus participatif largement inclusif, et systèmes politiques corrompus, pour ne mentionner que quelques-uns des obstacles aux droits de l’homme et à leur sécurité.  Nous savons que notre travail peut contribuer à un changement positif et à mettre fin aux cycles de la violence, mais pour cela votre aide est nécessaire », a-t-il précisé.

Il a, à ce propos, salué l’augmentation des ressources et du temps de session alloué au Comité, ayant permis d’augmenter le nombre de ses communications et d’accélérer l’examen des rapports soumis par les États.

Il a toutefois encouragé les 24 États ayant accumulé un retard de cinq ans ou plus dans la soumission de rapports à respecter leurs obligations, le cas échéant en bénéficiant de la coopération technique proposée par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

M. Rodley a indiqué par ailleurs que le Comité avait nommé un Rapporteur sur les représailles, chargé de prévenir, d’enquêter et de faire rendre compte de tous actes d’intimidation ou de représailles visant ceux qui collaborent avec lui.  « L’intimidation et les attaques physiques contre des journalistes, des organisations non gouvernementales, et d’autres membres de la société civile ayant coopéré avec le Comité sont inexcusables », a-t-il dit, invitant tous les États à participer au travail du Rapporteur.

Il a précisé que le Comité espérait, durant sa session en cours, adopter son Commentaire général sur l’article 9 relatif au droit à la liberté et à la sécurité des personnes.

Enfin il a noté que cette année marquait le vingt-cinquième anniversaire du Deuxième Protocole facultatif sur l’abolition de la peine de mort.  Il a salué les ratifications du Protocole intervenues récemment et appelé les États ne l’ayant pas encore ratifié à le faire.

Dialogue interactif

Lors d’un échange de vue avec le Président du Comité des droits de l’homme, M. Nigel Rodley, l’Union européenne a déclaré être consciente des défis qui accompagnent la croissance des organes conventionnels et attend une coopération fructueuse entre tous les protagonistes du processus intergouvernemental sur le renforcement de ces organes.  Elle a prié le Comité de faire une évaluation préliminaire de la nouvelle procédure simplifiée de présentation des rapports.

Moins conciliant, le Bélarus a évoqué, pour sa part, la réunion des 10 présidents des organes de traités mais estimé que leur rapport était « déséquilibré en faveur de la société civile ».  Les organes de traités ne peuvent créer de nouvelles obligations pour les États, a souligné la représentante, qui a vivement invité le Comité des droits de l’homme à ne pas outrepasser ses prérogatives au titre de son mandat. 

D’autre part, les communications ne concernent pas directement la mise en œuvre des instruments relatifs aux droits de l’homme, a-t-elle poursuivi, avant d’inviter le Comité de cesser de rédiger des observations générales.  Elle a, en revanche, demandé au Comité de préparer un rapport sur les méthodes de travail du Comité relatives au suivi du Protocole facultatif.

La Suisse a salué en particulier l’adoption prochaine d’une observation générale concernant l’article 9 du Pacte.  Saluant l’adoption de la résolution 68/268, elle a considéré qu’il était de la responsabilité des organes de traités de mettre en place des méthodes de travail efficaces.  Il est tout aussi essentiel que les États parties soumettent leurs rapports dans les délais impartis, et améliorent leur efficacité et leur collaboration avec les organes conventionnels.

Évoquant l’idée avancée par son pays d’une plate-forme consacrée aux organes de traités à Genève, la représentante a affirmé que celle-ci faciliterait les contacts et la coopération au sein même des organes ainsi qu’avec d’autres mécanismes des droits de l’homme, des experts, le monde universitaire et les États parties. 

La représentante a aussi salué l’engagement pris par les présidents des organes conventionnels visant à la mise au point d’une politique commune pour traiter des actes d’intimidation et de représailles à l’encontre de personnes qui coopèrent avec eux.

La Norvège a jugé que le processus de renforcement des organes de traités était une base solide pour consolider le système des droits de l’homme.  Le représentant a aussi mis l’accent sur la question des représailles et s’est demandé quel est le rôle des droits politiques et civils pour l’après-2015.

Réponses

M. NIGEL RODLEY a répondu qu’il serait difficile de faire une évaluation rapide de la procédure simplifiée mais, qu’intuitivement, pour les membres du Comité, cela serait tout à fait productif.  Il a renvoyé au problème de traduction qui est moins épineux désormais avec la simplification de la procédure de présentation des rapports. 

Au Bélarus, il a jugé laborieux de chercher à répondre à la polémique, mais a renvoyé au pouvoir du Comité de décider de ses méthodes de travail et de son règlement intérieur, qui, du reste, n’est pas remis en question par la plupart des États parties.  Il a insisté sur le fait que le Comité ne saurait faire d’exception pour aucun État.

Dans sa réponse à la Suisse, M. Rodley a reconnu ne pas être familiarisé avec l’idée d’une plate-forme mais a souligné que les réunions annuelles des organes de traités ne suffisaient pas pour coordonner et coopérer comme il se doit avec les autres comités et partenaires.  Une séance officieuse des présidents de ces organes pourrait avoir lieu en janvier prochain à Londres, a-t-il dit.

Même la nomination d’un rapporteur spécial sur les représailles contre les personnes qui coopèrent avec les organes des droits de l’homme ne suffit pas, mais il y a sans doute tout un catalogue de mesures à prendre.  Ainsi, on pourrait veiller à ce que cette question soit signalée aux titulaires de mandats sur les défenseurs des droits de l’homme, ou des juges et des avocats. 

Ce catalogue a été demandé par les organes de traités à leur dernière réunion de manière à définir une stratégie collective.  Concernant l’après-2015, il a répondu à la Norvège que les organes mentionnés avaient adopté une Déclaration de principe, laquelle pourrait être incluse dans les objectifs du programme de développement pour l’après-2015.  Il a déclaré qu’il serait néfaste que les droits de l’homme ne soient pas inclus dans ce programme.

Débat général

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a affirmé que son gouvernement accordait la plus haute priorité au moratoire sur les exécutions.  Il a évoqué le lancement prochain des négociations sur la rédaction de la cinquième résolution établissant un moratoire sur le recours à la peine de mort, précisant que l’objectif de ce texte n’est pas de pointer du doigt un système ou une culture.

Le représentant a souligné avoir conscience du fait que chaque État évolue à une vitesse différente et a annoncé que le Haut Institut pour les sciences criminelles de Syracuse, en Italie, avait proposé de former les juges de pays rétentionnaires afin de les aider à se départir de l’application de la peine de mort.

M. Cardi a ensuite parlé du rôle critique que jouent la compréhension et la tolérance dans le domaine de la prévention de conflit, et s’est dit convaincu que la religion a un rôle essentiel à jouer pour prévenir les conflits et maintenir la stabilité.

Le représentant a ensuite assuré qu’en sa capacité de Présidente adjointe de la Conférence des États parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, l’Italie s’emploierait à en renforcer l’efficacité.

M. MAYANK JOSHI (Inde) a salué les efforts déployés par les États Membres pour assurer le succès de l’examen périodique universel, ainsi que l’adoption, en avril 2014, de la résolution 68/268 de l’Assemblée générale qui entend rationaliser le fonctionnement du système d’organes de traités relatifs aux droits de l’homme.

M. Joshi a ensuite souligné qu’alors que la Constitution de son pays garantit le respect des droits politiques et civiques fondamentaux, un parlement progressif, la liberté des médias et une société civile florissante avaient contribué à renforcer le respect des droits de l’homme en Inde.

Le représentant a précisé que son gouvernement accordait la priorité au développement socioéconomique inclusif, en portant une attention spéciale à la sexospécificité et à l’inclusion des personnes les plus vulnérables et marginalisées.

En 2013, une loi importante sur la sécurité alimentaire a été adoptée et l’Inde s’emploie par ailleurs à renforcer les lois destinées à protéger les femmes et les enfants grâce notamment à l’entrée en vigueur, en 2012, d’une loi visant à protéger les enfants d’agressions sexuelles.  La loi sur le droit à l’information a également contribué à autonomiser les citoyens de l’Inde.

M. THIPHASONE SENGSOURINHA (République démocratique populaire lao) a affirmé que son pays était partie à sept des neuf principaux organes de traités de l’ONU et que l’Assemblée nationale lao avait promulgué plus de 90 lois, entre autres, pour honorer les obligations découlant de ces traités.  Un plan d’ensemble pour le secteur juridique entend notamment renforcer le respect de l’état de droit d’ici à 2020.

La République démocratique populaire lao a également renforcé son mécanisme de rédaction de rapport en établissant des comités et des commissions à cette fin, notamment le Comité national de coordination pour les droits de l’homme qui a été établi en 2012. 

M. Sengsourinha a précisé que ce comité était également chargé de coordonner les propositions de ratifications de traités des droits de l’homme et d’assurer le suivi de la mise en œuvre des obligations dans ce domaine.  Le représentant a également indiqué que le Ministère des affaires étrangères avait organisé plusieurs ateliers pour sensibiliser et informer les fonctionnaires du Gouvernement de leur obligation en matière de droits de l’homme.

Mme ARINO YAGUCHI (Japon) a fait savoir que les rapports du Japon sur l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale avaient été examinés en juillet et août respectivement.

Elle s’est félicitée du dialogue constructif engagé entre son gouvernement et les Comités pertinents.  Mme Yaguchi a ensuite annoncé que le Japon avait ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées le 20 janvier 2014, précisant que deux personnes handicapées avaient ensuite représenté le Japon lors de la Conférence des États parties à cette Convention.

La représentante a également indiqué que le Japon entend augmenter à au moins 30%, d’ici à 2020, la proportion de femmes occupant des postes de prise de décisions dans les secteurs politique et public.

Mme JUANA SANDOVAL (Nicaragua) a déclaré que les objectifs stratégiques du Gouvernement nicaraguayen, fondés sur le développement durable et la réduction de la pauvreté, s’appuyaient sur une conception fondamentale de restitution des droits par le truchement d’une stratégie du « vivre proprement, vivre sainement, vivre agréablement, vivre bien », en donnant une priorité aux enfants, aux femmes et aux jeunes.

La stratégie d’éradication de la pauvreté du Nicaragua repose sur un modèle de démocratie directe et participative avec des responsabilités partagées entre le Gouvernement central, les municipalités, les producteurs, les milieux d’affaires et le rôle du pouvoir citoyen.

Elle a ajouté que le Nicaragua continuait d’adapter son cadre juridique aux normes internationales des droits de l’homme, dont la plupart sont déjà inscrits dans sa Constitution, et qu’il avait mis sur pied un bureau de procureur général chargé de la défense des droits de l’homme, qui se consacre particulièrement aux thèmes de l’éducation, de la santé, de la violence envers les femmes, du handicap, du VIH/sida et de l’orientation sexuelle.

Des stages de formation et de sensibilisation ont également été proposés aux agents de la police nationale, de l’armée, de l’administration pénitentiaire et du système judiciaire, avec une sensibilisation aux droits des peuples autochtones et afro-descendants.  Les formations dans le système pénitentiaire ont également porté sur le traitement des mineurs et des femmes.

Enfin, a souligné la représentante, le Nicaragua participe activement au Conseil des droits de l’homme et à plusieurs organismes régionaux et internationaux des droits de l’homme, sans oublier son adhésion à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Mme FOUROUZANDEH VADIATI (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays réitérait son engagement à promouvoir et à protéger les droits de l’homme, et à coopérer de façon constructive avec le système de traité sur les droits de l’homme et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Le deuxième examen périodique universel de l’Iran sera présenté dans les jours qui viennent, et l’Iran attend une participation efficace et constructive durant ce processus, a-t-elle dit.  La République islamique a également eu plusieurs réunions de haut nouveau avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme afin d’améliorer la coopération technique de l’Iran, a noté la représentante, précisant que le Haut-Commissaire avait été invité à se rendre dans le pays.

Pour l’Iran, les droits de l’homme en soi ne sont pas issus d’une culture particulière, mais sont indéniablement un consensus transculturel avec des racines dans toutes les cultures et civilisations.

Aucun système ne doit être imposé aux États, et la coopération internationale doit permettre à différentes cultures et civilisations d’avoir leur propre interprétation et conceptions du concept plus large de l’universalité des droits de l’homme dans le monde, a ajouté la représentante.  Elle a donc déploré le fait que certains États, poursuivant leurs objectifs politiques, aient retenu une politique montrant du doigt certains pays s’agissant des droits de l’homme.

Elle a souligné que d’une façon générale les sanctions unilatérales et les mesures coercitives contrevenaient aux normes internationales des droits de l’homme et nuisaient à la jouissance des droits de l’homme par les personnes ordinaires.  Par conséquent, l’Iran espère que le Haut-Commissaire condamnera les sanctions imposées.

Enfin la déléguée a souligné que l’extrémisme violent incarné aujourd’hui par l’État soi-disant islamique, sa brutalité et sa sauvagerie comptaient parmi les menaces ravageant l’Iraq et la Syrie et pesaient sur le Moyen-Orient.  « Nous rejetons les stéréotypes essayant de souiller le nom de l’islam en essayant de les associer à ces actes violents et sanguinaires commis par de tels groupes méprisables, en violation de tous les droits de l’homme et du droit humanitaire », a-t-elle conclu.

Mme REN XIAOXIA (Chine) a appuyé les différents organes conventionnels et les efforts entrepris en vue de la promotion de l’application des instruments internationaux en matière de droits de l’homme.  La Chine dialoguera bientôt avec le Comité contre la torture et le Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, comme elle l’a fait avec d’autres organes auxquels elle a soumis ses rapports périodiques. 

Au vu de la situation nationale, le Gouvernement a activement mis en œuvre les recommandations des comités qu’il a acceptées.  La représentante s’est ensuite félicitée de la résolution sur le renforcement des organes conventionnels et a invité les parties prenantes à faire preuve de transparence et de sens de l’équilibre dans le cadre de la pleine exécution de la résolution. 

Les services consultatifs et le renforcement des capacités doivent être accordés avec le consentement de l’État partie et les avis de celui-ci doivent être pleinement respectés, a-t-elle précisé.  Toute demande allant à l’encontre de l’État ou sans son consentement ne ferait qu’alourdir les procédures du Comité.

Elle a recommandé un système de contrôle et de reddition de comptes des comités conventionnels qui doivent éviter d’outrepasser leur mandat, ou d’être impartiaux et sélectifs.  Il est aussi nécessaire que les organes de traités et le Secrétariat filtrent les informations soumises par des individus qui cherchent à participer à ses travaux pour s’assurer qu’elles sont fiables et crédibles.

Mme DINARA IZANOVA (Kazakhstan) a déclaré que le Kazakhstan envisageait de ratifier la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qu’il avait remis un rapport récemment sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, et qu’il allait également soumettre un rapport aux termes de la Convention contre la torture.

Elle a toutefois ajouté que le Kazakhstan aimerait qu’une assistance technique soit fournie aux pays pour les rapports.  Elle a précisé que son pays avait déjà reçu des rapporteurs spéciaux notamment pour les formes contemporaines d’esclavage et pour la liberté de religion.  Son pays a également entrepris des activités pour intensifier sa coopération avec le comité des disparitions forcées.

Concernant les droits des enfants, le Kazakhstan prépare un rapport et a prévu d’œuvrer à l’établissement d’un institut de l’ombudsman pour les droits des enfants.  Il a, en outre, un projet de code sur les droits des enfants.

Enfin, la déléguée a reconnu qu’il restait beaucoup à faire et que son gouvernement entendait coopérer sur ces sujets avec les institutions civiles.  Le Kazakhstan est en faveur d’un financement pour le Conseil des droits de l’homme et ses procédures afin qu’il puisse conseiller les États.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) s’est félicité du fait que Samoa eût signé la Convention relative aux droits des personnes handicapées au mois de septembre de cette année.  Il a ensuite rappelé que la Nouvelle-Zélande s’était portée candidate pour occuper un siège au Comité des droits des personnes handicapées pendant la période 2017-2020.  Il a également salué la décision de créer un mandat de Rapporteur spécial pour les personnes handicapées.

M. Taula s’est ensuite inquiété du fait que les personnes handicapées sont souvent laissées de côté par les processus de développement.  Il s’est félicité de l’inclusion de la question du handicap dans les objectifs de développement durable et a appelé les États Membres à défendre l’inclusion de références aux personnes handicapées lors de la dernière étape de négociation du programme de développement pour l’après-2015.

Mme INTISAR NASSER MOHAMMED ABDULLAH (Yémen) a déclaré que les droits de l’homme avaient été intégrés dans les garanties constitutionnelles suite aux réformes entreprises avec le changement politique et le processus de justice transitionnelle.  Le Conseil des ministres a donné son approbation pour un projet de lutte contre la traite des personnes et une loi portant création d’un organe national indépendant sur les droits de l’homme a été promulguée. 

Un certain nombre de traités et protocoles ont été ratifiés en vue de la protection des groupes vulnérables comme les personnes handicapées, ou les enfants qui travaillent dans les forces armées.  Enfin, des conférences sur les nouvelles démocraties, ou encore sur les détenus de Guantanamo ont aussi été organisées au Yémen.  La déléguée a souligné que certains détenus yéménites de Guantanamo n’avaient rien à voir avec des terroristes et qu’il serait opportun de revoir leur situation en vue de leur libération.  

M. OUINIBANI KONATE (Burkina Faso) a affirmé que son gouvernement avait adopté, au mois de mai, une loi portant prévention et répression de la torture après avoir adopté, en avril, une loi portant définition et répression de la vente d’enfants, de la prostitution des enfants et de la pornographie mettant en scène des enfants.  Le Gouvernement a noué un partenariat fécond avec la société civile pour mener des campagnes de sensibilisation afin de mieux faire connaître, protéger et promouvoir les libertés individuelles et collectives.

M. Konate s’est aussi félicité des progrès enregistrés en matière de droits économique, sociaux et culturels avec la mise en œuvre de la Stratégie nationale de croissance accélérée et de développement qui, a-t-il expliqué, prend en compte toutes les couches sociales dans la conception du développement.

Dans le domaine du droit à la santé, des mesures ont été prises pour rendre gratuits certains soins, dont la vaccination.  Le droit à l’alimentation, a enchaîné le représentant, connaît aussi une nette amélioration grâce à une politique dynamique de développement de l’agriculture et de l’élevage.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a déclaré que la question des droits de l’homme au Rwanda était de la plus haute importance, vu son histoire de mauvaise gouvernance et de génocide entre autres.

Le Rwanda a donc veillé à ratifier tous les instruments liés aux droits de l’homme et à les inscrire dans sa constitution, qui consacre tout un chapitre à la protection des droits fondamentaux de tous les civils sans discrimination.

La représentante a également noté que le Rwanda avait été le premier pays africain à se soumettre au mécanisme d’évaluation par ses pairs africains en 2005, et qu’en 2007 il avait mis sur pied une équipe spéciale interinstitutionnelle qui a travaillé avec les organisations de la société civile et de l’ONU.

Par ailleurs des lois et réglementations sur les organisations politiques et les organisations non gouvernementales ont été promulguées ou améliorées et plusieurs élections libres nationales et locales ont été organisées, une loi sur l’accès à l’information a été votée et les médias continuent de croître.

Enfin, le Rwanda a aboli la peine de mort, « décision nécessaire pour un pays se reconstruisant à la sortie d’un génocide », a noté la représentante, et il a amélioré les conditions de détention avec la construction ou la rénovation de prisons.  Il a également enregistré des résultats extraordinaires pour les droits civils et juridiques et mis sur pied un système d’aide juridique, tandis que le système judiciaire indépendant a pris des mesures pour garantir les droits constitutionnels de tous les citoyens.

La représentante a également souligné que les droits de l’homme doivent commencer par l’élimination de la pauvreté.

Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a annoncé qu’au début du mois, son gouvernement avait ratifié la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.  Il est par ailleurs sur le point d’achever le processus de ratification du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que du troisième Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant établissant une procédure de présentation de communications.

Mme Ochir a également indiqué qu’un plan d’action avait été élaboré pour assurer la mise en œuvre des recommandations formulées au cours de l’examen périodique universel.  La Mongolie élabore aussi un nouveau plan d’action pour faire face aux défis rencontrés lors de la promotion et de la protection des droits de l’homme.

Mme INDAH NURIA SAVITRI (Indonésie) a dit le souci des États Membres d’entretenir un dialogue fructueux avec les membres des organes conventionnels et a rappelé que ceux-ci devaient respecter les principes de redevabilité, d’indépendance et d’impartialité, conformément à leur mandat. 

Elle a relevé que le Haut-Commissariat avait désormais 70 bureaux et unités hors-siège, et que le Conseil des droits de l’homme avait nommé 52 titulaires de mandats, ce qui représente un fardeau en termes de travail et de ressources financières.

La représentante a estimé que l’examen périodique universel était un mécanisme clef pour faire des progrès sûrs dans le domaine des droits de l’homme.  Les dialogues avec les organes de traités offrent l’occasion d’un échange qualitatif qui permet ensuite de combler les lacunes au niveau national et de mieux cibler les besoins d’assistance. 

En mars 2014, l’Indonésie, ainsi que le Maroc et le Danemark ont lancé une initiative visant à la promotion de l’assistance technique et la coopération dans le cadre de l’application de la Convention contre la torture.  L’Indonésie met actuellement en œuvre le troisième Plan d’action en vue du renforcement des mécanismes d’application des traités auxquels le pays a souscrit, avec la participation d’un large éventail d’acteurs, y compris les organisations de la société civile.

M ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a déclaré que le système des droits de l’homme avait été renforcé au Venezuela, pas seulement dans le système juridique mais avec l’ensemble de la politique menée.  Le Venezuela est un État démocratique et social, un État de droit qui donne la prééminence à la démocratie et aux droits de l’homme.

Les traités, pactes et conventions ratifiés par le Venezuela ont une préséance en droit interne, a précisé le représentant.  Il a noté qu’en 2011, son pays avait adhéré au Protocole contre la torture et autres traitements cruels et dégradants ainsi qu’au Protocole sur les droits des migrants, et qu’en 2013, il avait adopté la Convention sur les droits des personnes handicapées.

Le Venezuela est à jour de la présentation de ses rapports dans les différents domaines relevant des droits de l’homme, notamment pour la discrimination à l’égard des femmes, a-t-il précisé.

Par ailleurs il a noté que la politique menée depuis plusieurs années avait conduit à une réduction de la pauvreté, y compris dans des secteurs de la société historiquement oubliés.

M. SAHAK SARGSYAN (Arménie) s’est félicité du trentième anniversaire, cette année, de la Convention contre la torture, et a jugé qu’il était impératif de relever les défis qui persistent dans la protection des droits de l’homme.  Il a souligné la nécessité d’une stratégie nationale intégrée pour que tous les droits soient couverts sur un pied d’égalité, avec l’établissement d’une institution du médiateur.  Cette année, le médiateur a nommé un défenseur des droits des femmes, a dit le représentant.

La cruauté et la violence ne doivent jamais être tolérées et la communauté internationale doit améliorer les systèmes de prévention des actes de torture.  Il a rappelé que la communauté internationale avait été choquée dernièrement par la mort du villageois arménien Karen Petrosian à Bakou, torturé à mort en Azerbaïdjan, et qui était accusé de faire partie d’un groupe armé.  Il a fait état d’une autre affaire similaire de paysan torturé, exigeant une enquête sur ces deux cas.

M. KEVIN CASSIDY, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a affirmé que les normes du travail s’inscrivaient dans le cadre général des droits de l’homme, ce qui a été fait pendant plus de 100 ans.  L’approche participative et transparente démontre l’importance qu’il y a à travailler avec des personnes crédibles.  Avec son expertise dans le monde du travail, l’OIT appuie les activités des organes conventionnels, comme c’est le cas du Comité sur les droits des travailleurs migrants et les membres de leur famille. 

Il a affirmé que les huit conventions internationales de l’OIT constituaient aussi des bases pour la protection des migrants.  L’OIT vise aussi, à travers une convention récente, à la protection des travailleurs et des travailleuses domestiques, ainsi qu’à l’éradication du travail forcé et de la traite humaine.  À cet égard, un nouveau protocole facultatif contraignant a été adopté qui inclut les réparations pour le travail forcé et envisage la poursuite de ses auteurs.   

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: les délégations unanimes pour condamner les attaques contre les missions et des représentants diplomatiques et consulaires

Soixante-neuvième session
15e et 16e séances – matin et après-midi
AG/J/3484

Sixième Commission: les délégations unanimes pour condamner les attaques contre les missions et des représentants diplomatiques et consulaires

Plusieurs États demandent que la Sixième Commission étudie aussi la protection de la confidentialité des communications des missions

Si la protection physique des personnes et la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires sont d’un intérêt commun pour la communauté internationale et doivent être encore renforcées, il faut aussi veiller à la protection des archives informatiques et des échanges d’informations des missions, ont fait valoir aujourd’hui plusieurs États devant la Sixième Commission.

À l’occasion d’un débat sur les mesures propres à renforcer la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires, les délégations ont été unanimes à condamner les récentes attaques contre plusieurs de ces missions à travers le monde.  Le respect des principes universellement acceptés gouvernant les relations diplomatiques et consulaires est un préalable à la conduite normale des relations entre États, a ainsi déclaré le représentant de l’Algérie.  La France a souligné qu’une attention particulière devait être accordée aux menaces émanant du terrorisme et d’autres groupes armés, lesquels, ont fait observer les États-Unis, sont de plus en plus impliqués dans les récentes attaques contre des missions.  À l’image de l’Inde, plusieurs États ont rappelé qu’il est essentiel que la sécurité des missions soit assurée pour permettre « un travail dans un environnement serein » et que les États hôtes ont la responsabilité d’assurer la protection des missions et de leur personnel, faute de quoi leur responsabilité internationale sera engagée.

Plusieurs délégations de pays d’Amérique latine ont fait état de leur préoccupation face à la surveillance dont les correspondances de certains États ont fait l’objet par d’autres États.  Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), le Costa Rica a souhaité un dialogue transparent concernant cette question qui a un impact sur la qualité des relations internationales.  Le représentant du Brésil a fait observer qu’au cours des 24 dernières années, les débats de la Sixième Commission sur cette question s’étaient limités à la protection des bâtiments et des personnes, et non à celle des documents, alors que les Conventions de Vienne y font référence et établissent clairement les termes de leur protection.  À l’heure d’Internet et des communications et archives électroniques, celles-ci doivent être protégées de la même façon que les communications et archives classiques.  Préoccupé par le fait que des échanges d’informations de missions diplomatiques et consulaires ont pu être interceptées alors que les Conventions de Vienne précisent qu’elles doivent être protégées, le Brésil souhaite donc élargir la portée du débat.  Cuba est intervenu dans le même sens, estimant en outre que les missions diplomatiques ne devaient pas être utilisées comme bases de surveillance et de collecte de données contre des personnes internationalement protégées, ou encore comme bases pour des activité de déstabilisation de pays.  L’Érythrée a, pour sa part, estimé que les révélations récentes concernant la collecte illégale d’informations montrent un comportement inacceptable.  Ces activités constituent des violations des Conventions de Vienne et doivent, par conséquent, cesser immédiatement.

La Sixième Commission a par ailleurs examiné cet après-midi la question de l’administration de la justice à l’Organisation des Nations Unies.  À l’image du représentant de l’Union européenne, la plupart des délégations ont salué les progrès enregistrés depuis 2009 et la mise en place d’un nouveau système, estimant que ce dernier continue d’apporter la preuve de l’efficacité de son fonctionnement.  Plusieurs délégations, comme celles du Guatemala ou de la Fédération de Russie, ont également mis en avant le recours aux modes de règlement informel des contentieux, et notamment aux services du médiateur, qui permet d’éviter le recours aux tribunaux et d’économiser du temps et des ressources.  Toutes les composantes du système d’administration de la justice interne doivent être conscientes que tous les règlements non judiciaires des différends doivent être promus.  La CELAC et le groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) se sont en outre montrés préoccupés par le financement du système d’administration de la justice, et notamment le système actuel de contributions volontaires du personnel.  La CELAC, l’Union européenne et la Suisse ont en outre rappelé l’importance de l’indépendance de juges.

La Sixième Commission avait, par ailleurs, terminé l’examen du point de son ordre du jour consacré à l’état des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949 relatifs à la protection des victimes des conflits armés.  Dans ce cadre, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a rappelé l’initiative que son organisation a lancée conjointement avec la Suisse afin de renforcer la mise en œuvre du droit humanitaire international, et qui repose sur des consultations régulières avec les États Membres, en vue de formuler des recommandations lors de la trente-deuxième Conférence internationale du CICR, prévue en décembre 2015.  Le CICR considère en effet que la principale cause de souffrances dans les conflits armés ne découle pas d’un manque de règles, mais d’une application insuffisante des règles et des dispositions existantes.  Pour sa part, l’Observateur de la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits (CIHEF), a présenté cet organe créé dans le cadre de l’article 90 du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève et chargé d’enquêter, sur la demande des États, sur tout fait présumé être une infraction ou une violation grave du droit international humanitaire.  Il a regretté que ce mécanisme n’ait encore jamais été utilisé malgré les appels en ce sens de l’Assemblée générale, et que les États préfèrent  recourir à des Commissions ad hoc.

La Sixième Commission poursuivra ses travaux mercredi 22 octobre, à partir de 10 heures, par l’examen de la responsabilité pénale des fonctionnaires et des experts en mission des Nations Unies.

ÉTAT DES PROTOCOLES ADDITIONNELS AUX CONVENTIONS DE GENÈVE DE 1949 RELATIFS À LA PROTECTION DES VICTIMES DES CONFLITS ARMÉS (A/69/184) ET (A/69/184/ADD.1)

Déclarations

Mme ASRAR YAHYA ABDULGHAFFAR (Bahreïn) a déclaré que son pays a adhéré aux Conventions de Genève de 1949 en 1971.  Outre cet engagement envers le droit international humanitaire, la représentante a expliqué que le pays avait mis en place un Comité national pour développer des stratégies politiques liées au droit humanitaire.  Ce Comité permet d’échanger des informations avec toutes les instances de la région.  Il permet aussi de diffuser les connaissances liées au droit international humanitaire et de réviser les législations pour en assurer la conformité avec les traités existants.  En outre, le Comité dispense des cours aux individus qui le souhaitent.

M. ILYA ADAMOV (Bélarus) a souligné que son pays attache une grande importance au respect du droit international humanitaire, un principe fondamental pour tout militaire bélarussien, surtout dans les opérations de maintien de la paix.  Toujours au niveau national, le Bélarus a mené des travaux de suivi des nouvelles tendances du droit international humanitaire, lesquels sont coordonnés par le  Premier Ministre, a déclaré le représentant.  Dans cette veine, M. Adamov a ajouté que son pays avait mis en œuvre les mesures administratives et techniques de la Convention de La Haye relative aux conflits armés.  Par ailleurs, divers cours de droit sont organisés et des mesures ont été adoptées en vue de favoriser l’étude et la diffusion du droit international humanitaire.  À cet égard, le représentant a déclaré qu’étaient organisées au sein d’une université de son pays des « olympiades juridiques » auxquelles participent différents pays.  Le Bélarus est convaincu qu’il est judicieux de mettre en place un programme éducatif moderne avec l’appui des nouvelles technologies de l’information et des communications pour assurer une diffusion plus large du droit international humanitaire.

M. STEPHEN TOWNLEY (États-Unis) a souligné que son pays a été un défenseur de longue date de l’application du droit international humanitaire.  Le Président Obama a constamment réaffirmé la nécessité pour les États de travailler ensemble dans le cadre du droit international.  Le représentant a rappelé que les États-Unis avaient l’intention de demander l’appui du Sénat pour la ratification du Protocole additionnel II et que cet instrument était inscrit à l’ordre du jour du Sénat.  Il a souligné que sa délégation avait encore de nombreuses préoccupations concernant plusieurs dispositions du Protocole additionnel I, en particulier celles de l’article 75 qui établissent des garanties fondamentales pour les personnes entre les mains des forces d’opposition dans un conflit international.  Le Gouvernement des États-Unis a choisi de ne pas se sentir juridiquement contraint par les principes posés par l’article 75, a ajouté le représentant.

M. Townley a déclaré soutenir l’initiative de la Suisse et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour renforcer le respect du droit international humanitaire, qu’il considère de large portée.  Un forum consacré à des discussions non politisées sur la façon dont les États appliquent le droit international humanitaire serait un sérieux pas en avant.  Les États-Unis soutiennent aussi le projet du CICR sur la protection des personnes privées de liberté en relation avec les conflits armés non internationaux, a assuré M. Townley.  « Comme nous continuons ces discussions sous la houlette du CICR, nous devons garder à l’esprit que les procédures doivent rester flexibles, pratiques et appropriées aux situations particulières », a-t-il déclaré.  Le représentant américain a réaffirmé en conclusion son soutien au droit international humanitaire.

M. LI YONGSHENG (Chine) a déclaré que la Chine figure parmi les premiers pays à avoir ratifié les Conventions de Genève et qu’elle est également partie aux Protocoles additionnels.  La Chine n’a eu de cesse, depuis environ 30 ans, d’adopter des mesures actives et constructives en vue d’enseigner, de diffuser et de mettre en œuvre ces instruments, a poursuivi le représentant.  À cet égard, il a expliqué que la législation chinoise en matière de droit pénal, qui prévoit des obligations relatives aux Protocoles additionnels, a permis l’établissement de règles militaires pour l’armée et l’organisation de cours.  Par ailleurs, la Chine a créé une Commission nationale relative au droit international humanitaire en 2007, qui est chargée exclusivement de faire des recherches et de coordonner sa diffusion et sa mise en œuvre.  La Chine est d’avis que le renforcement de mécanismes chargés de veiller au respect du droit international devrait prendre en compte les besoins réels liés à leur application, et être adoptés sur la base du consensus.

M. MOHAMED SALAH EDDINE BELAID (Algérie) a souligné qu’en plus d’être partie aux principaux instruments relatifs au droit international humanitaire, l’Algérie prévoit dans sa Constitution des dispositions qui intègrent les normes internationales dans son système judiciaire et qui créent des conditions favorables à la mise en œuvre des normes du droit international humanitaire.  En outre, la notion de droit international humanitaire est largement répandue au sein des forces armées et constitue un élément de base du programme des écoles et des académies militaires, a déclaré le représentant, qui a insisté sur le fait que des conférences, séminaires et ateliers sont organisés de manière périodique à tous les niveaux au sein des unités et de la hiérarchie.  Il a salué la contribution du CICR et du Croissant-Rouge algérien à la diffusion des principes du droit international humanitaire auprès des populations et la société civile, ainsi que les cours et séminaires en la matière donnés dans des universités et autres institutions. 

Le représentant a dénoncé la récente opération militaire à Gaza, laquelle, a-t-il dit, a constitué une grave violation du droit international humanitaire.  L’Algérie appuie la requête de l’État de Palestine tendant à demander à la Suisse d’organiser une conférence des Parties à la quatrième Convention de Genève consacrée aux mesures à prendre pour faire appliquer cette Convention dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem.

Mme EGRISDDA GONZALEZ (El Salvador) a estimé que, du fait de la situation internationale, le point à l’ordre du jour relatif aux Protocoles additionnels aux Conventions de Genève est d’une grande actualité.  Elle a précisé qu’en début d’année, El Salvador a remis son rapport concernant son adhésion aux instruments internationaux et son inclusion dans le droit interne.  Le fait qu’El Salvador soit partie aux principaux instruments du droit international humanitaire démontre l’importance que revêt cette question pour son pays.  La réalisation de mesures en temps de paix est une illustration de notre attachement au droit international humanitaire, a ajouté la représentante, qui a également rappelé l’attachement de son pays aux droits de l’homme.

M. KOUSSAY ABDULJABBAR ALDAHHAK (République arabe syrienne), qui a insisté sur la haute importance du droit international humanitaire, a souligné la nécessité de mettre tout en œuvre pour ne pas nuire à cet acquis du fait de la politique du « deux poids, deux mesures ».  À cet égard, il a regretté qu’en dépit de progrès Israël n’a eu de cesse, depuis 70 ans, de commettre des infractions graves au droit international humanitaire en multipliant les atrocités, notamment des crimes qu’il a qualifiés de génocidaires, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, en particulier contre les populations arabes vivant dans les territoires occupés, y compris le Golan syrien. 

Le représentant a ajouté qu’Israël avait poursuivi sa politique systématique d’agression des civils, tuant des enfants, des vieillards et causant des destructions d’infrastructures ayant conduit au déplacement et à l’exil des habitants arabes dans le but d’installer des colons à leur place.  Ces faits ont été documentés par l’ONU et la communauté internationale, avec des preuves à l’appui des infractions d’Israël, lesquelles constituent des crimes de guerre et contre l’humanité, en toute impunité et sans reddition de compte, a ajouté le représentant.  Il a regretté l’immunité dont jouit Israël en matière de droit, en soulignant que cette attitude était révélatrice du laisser-aller de la communauté internationale.  En conséquence, la Syrie appuie la demande faite par l’État de Palestine et tendant à la convocation par la Suisse d’une Conférence des États Parties à la quatrième Convention de Genève en vue de son application dans les territoires arabes occupés.  En outre, le représentant a fait observer qu’Israël avait commis des infractions indirectes au droit international humanitaire par le biais de l’aide qu’il apporte à de nombreuses formes de terrorisme.  Il a accusé Israël de soutenir en Syrie des organisations terroristes qui s’en prennent aux populations iraquiennes et syriennes, y compris par l’enlèvement ou le viol de femmes, dont certaines sont, a-t-il affirmé, vendues comme esclaves sur le marché.  Pour la Syrie, il est urgent que l’ONU impose l’application et le respect des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels et demande des comptes aux pays qui soutiennent le terrorisme.

Mme REEM JULIA MANSOUR (Palestine) a fait remarquer que le peuple palestinien était sujet à une occupation militaire par Israël, occupation militaire illégale qui a provoqué 47 ans de conflit et de souffrance des populations.  Faisant référence aux Conventions de Genève et aux Protocoles additionnels, ainsi qu’aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, elle a déploré le refus d’Israël de se soumettre à ses obligations notamment en matière de protection des civils en Palestine, y compris à Jérusalem-Est.  Selon la représentante, la tragédie vécue par les Palestiniens, cet été, dans la bande de Gaza avec son nombre élevé de victimes et la punition collective infligée à la population civile, a démontré clairement qu’Israël était responsable de violations de ses obligations en matière de protection des civils.  C’est pourquoi la Palestine a demandé à la Suisse, en tant que garante des Conventions de Genève, d’organiser une conférence des Parties à la quatrième Convention de Genève afin de garantir la mise en œuvre de la Convention sur les mesures à prendre pour faire appliquer cette Convention dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  La représentante a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle protège le peuple palestinien jusqu’à la fin de l’occupation israélienne et l’indépendance de l’État de Palestine.

Mme JOY ELYAHOU, Observatrice du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a évoqué l’initiative que son organisation a lancée conjointement avec la Suisse afin de renforcer la mise en œuvre du droit humanitaire international.  Cette initiative, a-t-elle expliqué, part d’une constatation très simple: la principale cause de souffrances dans les conflits armés ne découle pas d’un manque de règles, mais d’une application insuffisante des règles et des dispositions existantes.  « Notre initiative conjointe repose sur la création d’un nouveau système de mise en œuvre du droit humanitaire international, fondé sur des consultations régulières avec les États Membres », a poursuivi l’observatrice, qui a annoncé que des recommandations seraient faites lors de la trente-deuxième Conférence internationale du CICR, prévue en décembre 2015. 

Mme Elyahou a en outre souligné que le CICR était parvenu à la conclusion que les règles du droit international humanitaire s’agissant des détentions dans le cadre des conflits armés internes étaient « inadéquates », ce qui rend, selon elle, nécessaire de clarifier les normes pertinentes dans quatre domaines: les conditions de détention; les groupes de détenus particulièrement vulnérables; les procédures d’arrestation; et le transfert des détenus.  Dans ce contexte, le CICR a engagé des consultations thématiques avec les États Membres intéressés, a encore expliqué l’observatrice.

M. HUGO CORUJO, Observateur de la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits (CIHEF), a rappelé que cette Commission, créée officiellement en 1991, une fois obtenues les 20 ratifications nécessaires à cette fin de l’article 90 du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève et formée de 15 membres, est un organe international permanent chargé d’enquêter sur tout fait présumé être une infraction ou une violation grave du droit international humanitaire.  Mécanisme indispensable pour aider les États à veiller à l’application de ce droit en temps de conflit armé, la Commission a proposé ses services dans nombre de situation, mais, pour agir, elle a besoin de se voir confier un mandat, ce qui n’a pas encore été le cas.  Pourtant, a rappelé l’observateur, l’Assemblée générale a appelé à plusieurs reprises les États à recourir aux services de la Commission dans des situations appropriées. 

Nous espérons donc qu’elle continuera à placer sa confiance dans les travaux de la Commission afin de promouvoir le respect vis-à-vis du droit humanitaire international, en particulier des Conventions de Genève et des Protocoles additionnels, et le Conseil de sécurité à envisager de faire appel à elle, a ajouté l’observateur.  Il a souligné que la Commission pourrait être complémentaire d’autres missions d’établissements des faits mandatées par les Nations Unies.  M. Corujo a souhaité en conclusion connaître les raisons pour lesquelles les États Membres et organes pertinents des Nations Unies n’avaient pas encore fait usage des services de la Commission et pour lesquelles la préférence semble se porter sur des Commissions ad hoc.

Mme EBUN STRASSER-KING (Sierra Leone) a rappelé la période sombre des années de guerre civile qu’a connue son pays, en mettant en avant l’importance des principes du droit international humanitaire qui, au fil des ans, ont évolué de manière significative.  Notant que le droit international humanitaire protège les droits des victimes civiles lors des conflits armés, elle s’est félicitée de l’action du Comité international de la Croix-Rouge (CIRC).  Elle a néanmoins souligné le manque d’engagement des États à se conformer à leurs obligations et les a exhortés à ne pas tolérer l’impunité face aux crimes graves commis en période de conflit.  Appuyant les activités du CICR, lequel incarne l’autorité en matière de droit international humanitaire, la représentante a déploré que, lors de conflits récents, certains de ses membres aient été pris pour cible. 

Mme Strasser-King a également rappelé que son pays avait mis en place un Comité national pour prodiguer des conseils aux différents ministères en matière de respect du droit international humanitaire.  Les contingents de maintien de la paix de Sierra Leone reçoivent des cours de droit avant d’être déployés, a-t-elle précisé.  S’agissant du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, il a achevé ses travaux en laissant comme héritage le rappel constant que les auteurs de crimes graves rendront des comptes même si cela prend du temps, a-t-elle affirmé, en rappelant que ledit Tribunal aura besoin de fonds pour parachever ses activités.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse d’abord à l’encontre de la Syrie, le représentant d’Israël a souligné qu’il est absurde d’attaquer ainsi son pays.  Personne ne sera surpris que le Gouvernement de la Syrie, qui n’a aucune crédibilité, se livre à ce type d’attaques, a-t-il ajouté.  Nous pourrions passer la journée à parler des personnes qui ont été tuées par le régime en place, a poursuivi le représentant.  Il a ensuite accusé le Gouvernement algérien d’être corrompu et de contrôler les médias, estimant qu’il n’avait dès lors aucune leçon de démocratie à donner à qui que ce soit.  Concernant la Palestine, le représentant d’Israël a jugé terrible que son représentant attaque Israël et ne dise un mot sur les exactions du Hamas.  Israël, a-t-il affirmé, a, pendant les 50 jours d’opérations militaires de l’été dernier, pris toutes les mesures pour protéger les civils, alors que le Hamas a agi en foulant au pied le droit international humanitaire, en se cachant derrière les civils, qu’il a utilisés comme boucliers humains, ce qui est bien connu.  Des allégations erronées ont été proférées contre mon pays sans aucun fondement, a conclu le représentant.

Exerçant à son tour son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a accusé le représentant d’Israël d’avoir proféré des mensonges.  « Lorsque nous parlons des violations systématiques par Israël de tout le droit international, pas seulement du droit international humanitaire, il ne s’agit pas d’accusations infondées mais d’accusations étayées par des faits », a-t-il déclaré.  « Depuis près de 70 ans la puissance occupante s’est adonnée à tous les crimes de guerre contre les populations des territoires occupés et il y a de nombreux exemples qui ont lieu chaque jour », a-t-il ajouté.  Alors que le représentant d’Israël s’efforce de nous donner des leçons, les victimes de la bande de Gaza n’ont pas fini de panser leurs blessures, des bâtiments financés par l’Union européenne ont été détruits et l’occupation elle-même est le crime le plus grave commis contre le droit international humanitaire, a encore déclaré le représentant.

EXAMEN DE MESURES PROPRES À RENFORCER LA PROTECTION ET LA SÉCURITÉ DES MISSIONS ET DES REPRÉSENTANTS DIPLOMATIQUES ET CONSULAIRES (A/69/185) ET (A/69/185/ADD.1)

Déclarations

Mme Georgina Guillén-Grillo (Costa Rica) au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes CELAC) a estimé que la protection des représentations diplomatiques constitue un des piliers sur lesquels reposent les relations internationales.  Les attaques contre les personnes ou les bâtiments peuvent avoir un impact négatif sur les relations entre États et ne peuvent rester impunies.  La reconnaissance de la condition du diplomate est une reconnaissance ancienne reconnue par les principes et buts de la Charte des Nations Unies, a souligné la représentante.  La CELAC condamne les actes violents contre les représentants et les fonctionnaires.  Ces actes ne sauraient nullement être justifiés.  La CELAC réaffirme sa solidarité envers les victimes de ces actes et condamne ses actes.

La représentante a fait part de sa préoccupation concernant la surveillance dont les correspondances de certains États ont fait l’objet par d’autres États.  À cet égard, la CELAC se féliciterait d’un dialogue transparent concernant cette question, qui a un impact sur la qualité des relations internationales.  La représentante a exhorté les États à prendre toute mesure nécessaire au niveau national pour éviter que de tels actes de surveillance se produisent de nouveau.

Mme EGLANTINE CUJO, Union européenne, a déclaré que des attaques violentes et meurtrières continuent d’être commises à l’encontre des personnels diplomatiques et consulaires.  Cet échec nous préoccupe vivement tous, a-t-elle ajouté, exhortant les États à mettre en œuvre les dispositions du droit international inscrites dans les Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et sur les relations consulaires.  La représentante a condamné les attaques récentes contre le consulat de l’Inde dans le sud de l’Afghanistan, celle du consulat de Turquie à Mossoul, ainsi que les enlèvements commis au Yémen contre le personnel de la République islamique d’Iran.

Mme Cujo a rappelé que la protection physique des personnes et la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires sont d’un intérêt commun pour la communauté internationale.  Elle a souligné qu’une attention particulière devait être accordée aux menaces émanant du terrorisme et d’autres groupes armés.  Les failles dans la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires montrent que nos efforts devraient être intensifiés, a ajouté la représentante, qui a invité tous les États qui ne l’ont pas encore fait à devenir partie aux Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires.

Mme SARI MÄKELÄ (Finlande), s’exprimant au nom des pays nordiques, a jugé plus qu’important de sensibiliser la communauté internationale sur les violations à l’encontre de certaines missions diplomatiques et consulaires, ainsi que les mesures devant être prises par les États d’accueil.  Elle s’est félicitée du fait qu’un grand nombre d’États sont parties aux instruments juridiques internationaux en la matière et a encouragé les États qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer.  Soulignant l’obligation de protéger les institutions étrangères, la représentante  a insisté sur le fait qu’il incombe à l’État d’accueil d’adopter des mesures pour protéger les missions.  Dans une situation où l’État hôte échoue, l’État lésé peut demander des dédommagements à ce dernier, a-t-elle déclaré.  Mme Makela a, en outre, estimé qu’il fallait renforcer la coopération en matière de sécurité entre les missions et les autorités du pays hôte pour prévenir d’éventuelles violations des missions et leurs représentants.

M. SERGEY LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) a déclaré être préoccupé par les informations faisant état de violences contre des missions et représentations diplomatiques. Il a fait observer que l’ambassade de son pays à Kiev avait été victime d’attaques, lesquelles ont provoqué des dégâts considérables avec notamment la profanation du drapeau russe et des atteintes à la sécurité du personnel.  Il a insisté sur le fait que l’inviolabilité des membres des missions diplomatiques et consulaires ne devait pas être mise à mal.  Lorsque ce genre d’incidents surviennent, il est de la responsabilité du pays hôte de prendre des mesures pour assurer la sécurité de ces infrastructures et du personnel diplomatique et consulaire, tout en engageant des poursuites judiciaires contre les auteurs de tels actes, a-t-il souligné.

M. PATRICK LUNA (Brésil) a déclaré que les immunités diplomatiques et consulaires sont au cœur du droit international et doivent rester un sujet important.  Les documents publiés récemment ont montré une diminution des violations perpétrées contre des personnes ou des infrastructures bénéficiant de ces immunités.  Toutefois, a ajouté le représentant, au cours des 24 dernières années, nos débats se sont limités à la protection des bâtiments et des personnes et nous ne nous sommes pas penchés sur la protection des documents.  Or les Conventions de Vienne y font référence et établissent clairement les termes de leur protection.  Nous sommes tous conscients de l’évolution des technologies et du fait que les archives et les documents n’existent plus uniquement sur papier, mais aussi sur support électronique, a poursuivi M. Luna.  Ces archives électroniques doivent être protégées de la même façon que les archives classiques, a-t-il estimé.  Il s’est dit préoccupé par le fait que des échanges d’informations de mission diplomatiques et consulaires ont pu être interceptées alors que les Conventions de Vienne précisent qu’elles doivent être protégées.  Le Brésil souhaite donc élargir la portée du débat sur les immunités aux difficultés que les États rencontrent pour protéger leurs documents diplomatiques et demander que soit pleinement mis en œuvre le droit applicable.

Mme TANIERIS DIEGUEZ LAO (Cuba) a déploré les attaques contre les missions diplomatiques et leurs personnels, ainsi que les destructions des archives et communications, en indiquant que de tels actes mettaient à mal l’amitié entre les États.  Tout en condamnant ces agissements, elle a souligné que les responsables devraient en répondre devant la justice, avant d’appeler au respect des conventions relatives à la punition de crimes commis contre les agents diplomatiques. 

À l’ère de l’Internet, Cuba condamne également les pratiques consistant à utiliser des missions diplomatiques comme bases de surveillance et de collecte de données contre des personnes internationalement protégées, ou encore comme bases pour des activité de déstabilisation de pays.  Lançant un appel à l’examen de cette question dans le cadre des travaux de la Sixième Commission, afin de promouvoir un meilleur développement des relations diplomatiques, la représentante a souligné que de tels actes ne devaient pas être permis ni encouragés.  Au niveau national, Cuba a mis en place un système de protection fonctionnant sur tout le territoire 24 heures sur 24 avec un numéro vert pour favoriser un climat de sécurité du corps diplomatique, notamment avec une sécurisation des bureaux, des résidences et du personnel diplomatique, a expliqué la représentante.  Ce système de sécurité a permis une réduction des incidents et Cuba n’a pas connu d’agression, de crime, de pénétration violente de locaux des missions de la part de criminels, a-t-elle conclu.

M. YIDNEKACHEW GEBRE-MESKEL ZEWDU (Éthiopie) a estimé qu’en ce qui concerne la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires, les Conventions de Vienne sur la protection des missions diplomatiques et consulaires sont plus claires.  L’État hôte doit prendre toutes les mesures pour protéger les sites et les infrastructures et traiter les diplomates avec respect.  Ces législations diplomatiques constituent la base des bonnes relations entre États, a déclaré le représentant, qui a exprimé sa préoccupation face aux violations récentes des immunités.  Il a estimé que les auteurs de ces crimes devaient être traduits en justice.  Les États doivent aussi empêcher que des actes soient commis contre le personnel diplomatique, a poursuivi le représentant, qui a assuré que son pays prenait toutes les mesures possibles pour protéger les représentants des missions sur son territoire.

Mme MEITAL NIR-TAL (Israël) a rappelé les attaques terroristes commises contre les installations de ses représentations diplomatiques au Moyen-Orient qui montrent, a-t-elle déclaré, que personne n’est à l’abri de cette situation.  La représentante a appelé la communauté internationale à coopérer aux niveaux juridique et opérationnel pour prendre des mesures appropriées lorsque ce genre d’incidents se produit.  La Sixième Commission doit insister sur les obligations qui découlent des instruments internationaux, notamment ceux visant à empêcher les attaques contre les personnes, ainsi que la protection des infrastructures contre toutes intrusions, a-t-elle déclaré.  Il est du devoir de la communauté internationale d’intensifier les efforts en vue d’assurer un environnement international sûr, a-t-elle conclu.

Mme ELSA HAILE (Érythrée) a insisté sur la nécessité pour tous les États parties de démontrer leur engagement envers les Conventions de Vienne.  L’accès aux informations par les moyens numériques a accru la vulnérabilité des missions, surtout pour les pays où assurer une inviolabilité de ces informations représente un coût important, a fait observer la représentante.  Les révélations récentes concernant la collecte illégale d’informations montrent un comportement inacceptable.  Ces activités constituent des violations des Conventions de Vienne et doivent, par conséquent, cesser immédiatement, a poursuivi Mme Haile.  En outre, les diplomates participant à des missions à l’étranger ne doivent pas faire l’objet de menaces de la part du pays d’accueil, a rappelé la représentante, qui a jugé impératif de créer un environnement sûr de travail pour la bonne conduite des relations diplomatiques.

M. MARK A. SIMONOFF (États-Unis) a relevé que les récentes attaques contre les missions diplomatiques ou consulaires impliquaient de plus en plus des groupes armés non étatiques.  Cette situation a contraint les États-Unis à procéder à la délocalisation de son personnel hors de certains pays, en faisant référence aux attaques contre ses représentations diplomatiques en Libye, ainsi qu’en Afghanistan, où des membres des services de sécurité de l’ambassade avaient été tués.  Ce sont au total plus de 200 attaques qui ont été perpétrées contre les États-Unis, lesquelles ont provoqué 40 décès, dont l’ambassadeur en Libye, a déclaré le représentant, qui a lancé un appel au respect des Conventions protégeant les représentations diplomatiques et à l’ouverture de poursuites judiciaires contre les auteurs de ces crimes.  Pour leur part, les États-Unis, estimant que les mesures de prévention peuvent être améliorées par les échanges d’informations, mettent l’accent sur la formation accrue en matière de sécurité et des bonnes pratiques.  Le représentant a conclu en affirmant que le monde devait assurer la sécurité des représentations diplomatiques et consulaires car la diplomatie est le fondement des relations internationales.

M. KOTESWARA RAO (Inde) a estimé que les missions diplomatiques et consulaires jouent un rôle éminent dans les échanges entre États.  Au vu de l’importance de leur rôle, leur protection et leur sécurité apparaissent comme la base de bonnes relations internationales.  « Il est essentiel que la sécurité des missions soit assurée pour permettre un travail dans un environnement serein », a déclaré le représentant.  Il a donc vivement condamné tous les actes violents contre la sécurité des représentations diplomatiques et consulaires.  La communauté internationale a conclu des instruments internationaux visant à assurer la protection de telles missions et l’Inde est partie à ces Conventions et Protocoles, a-t-il rappelé, avant de souligner que tous les États doivent s’acquitter de leurs obligations à cet égard.

Mme PAN KUN (Chine) a exprimé sa préoccupation envers l’augmentation du nombre d’incidents criminels à l’encontre des représentations diplomatiques et consulaires, ainsi que de leurs personnels.  Ces attaques nuisent aux performances des représentations et menacent la sécurité des représentants, a-t-elle ajouté.  Mme Pan a souligné qu’aux fins d’améliorer la protection des personnels diplomatiques et consulaires en mission, l’État hôte a l’obligation de prendre les mesures préventives appropriées pour protéger les missions et le personnel.  En pratique, cela signifie procurer du personnel de sécurité aux représentants.  Mme Pan a également estimé qu’il fallait améliorer les mesures pour poursuivre et punir les auteurs d’agressions.  L’État hôte devrait adopter les mesures législatives, administratives et judiciaires pour enquêter et punir ces auteurs et devrait être tenu responsable s’il ne remplit pas ses obligations.

Mme İPEK ZEYTINOĞLU ÖZKAN (Turquie) a exprimé son attachement aux Conventions de Vienne de 1961 et 1963 sur les relations diplomatiques et sur les relations consulaires et a condamné toutes les attaques contre les missions à travers le monde.  Elle a rappelé les attaques récentes, notamment celle commise à Mossoul, cette année, et a remercié l’Union européenne pour sa condamnation de ces attaques.  Elle a souligné que la Turquie prend toutes les mesures pour protéger les missions sur son territoire.

M. MOHAMED SALAH EDDINE BELAID (Algérie) a condamné la dernière attaque terroriste perpétrée contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Il a condamné fortement tous les actes de violence contre les missions diplomatiques et consulaires et leurs représentants ainsi que contre les organisations internationales.  Le respect des principes universellement acceptés gouvernant les relations diplomatiques et consulaires est un préalable à la conduite normale des relations entre États et pour se conformer aux principes et obligations de la Charte des Nations Unies, a-t-il déclaré. 

Le représentant a réaffirmé l’engagement de son pays à respecter le droit international et en particulier la Convention de Vienne sur la protection des missions diplomatiques et consulaires.  Au cours des années passées, avec l’apparition du terrorisme international, la communauté internationale a été témoin de violentes attaques contre les missions diplomatiques et consulaires, a constaté M. Belaid, qui a rendu hommage aux diplomates algériens qui ont perdu la vie durant leur détention par un groupe terroriste –le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)- au Mali.  De tels actes devraient souder la communauté internationale et l’amener à mettre en œuvre les mesures appropriées aux niveaux national et international pour empêcher de telles attaques et pour mener les enquêtes permettant de traduire en justice les auteurs de ces actes, a-t-il conclu.

Mme EGRISDDA GONZALEZ (El Salvador) a estimé que le plus grand défi en matière de protection et de sécurité des missions diplomatiques et consulaires est la garantie du plein respect des normes internationales, tout en veillant à ce que des sanctions soient appliquées en cas de violations.  El Salvador, a-t-elle ajouté, a mis en place des mécanismes internes qui offrent aux représentations diplomatiques et consulaires la possibilité de formuler auprès des autorités salvadoriennes une demande de protection permanente.  La représentante a jugé essentiel que se poursuive au sein de la Sixième Commission l’examen et l’analyse juridique de cette question essentielle pour la communauté internationale.

M. KOUSSAY ABDULJABBAR ALDAHHAK (République arabe syrienne) a estimé que la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires sont essentielles pour assurer la paix des relations internationales.  Dans ce contexte, le représentant a réaffirmé que les attaques contre les missions, quel que soit le lieu ou bien les motifs de leur commission, doivent être condamnées.

Les missions diplomatiques syriennes à travers le monde ont souffert ces quatre dernières années d’intrusion, de pillages ou d’attaques physiques, a rappelé le représentant.  Ces actes ont eu un impact négatif sur la capacité des personnels de s’acquitter de leurs tâches, a-t-il ajouté, en regrettant que, bien souvent, la réaction des États n’ait pas été à la hauteur de leurs obligations en la matière.  Le Gouvernement syrien réaffirme qu’il est nécessaire que les États s’acquittent de leurs obligations de protéger les missions et personnels diplomatiques et consulaires, a conclu le représentant.

ADMINISTRATION DE LA JUSTICE À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/69/126), A/69/205) ET (A/69/227)

Déclarations

M. GILES ANDREW NORMAN (Canada), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a déclaré que les pays du groupe CANZ avaient depuis longtemps plaidé en faveur d’un système juste et efficace d’administration de la justice interne aux Nations Unies.  Nous souscrivons aux efforts pour rendre le système d’administration de la justice plus efficace, a-t-il déclaré.  Il a reconnu la nécessité d’adopter un code de conduite commun pour tous les avocats qui se présentent devant le tribunal du contentieux administratif et le tribunal d’appel.  À cet égard, le représentant a noté que le nombre de fonctionnaires des Nations Unies qui plaident leur propre cause a continué d’augmenter en 2013, ce qui rend d’autant plus nécessaire l’adoption de cette pratique.  Toutes les parties à un différend doivent être sur un pied d’égalité, a-t-il déclaré, avant de recommander que le Secrétaire général examine la possibilité d’étendre le champ d’application du projet du code de conduite pour qu’il s’applique à tous les conseils et pas seulement aux représentants externes.

M. Norman a ensuite plaidé pour la poursuite des efforts visant à promouvoir le règlement des différends par des mécanismes informels qui permettent d’éviter les contentieux inutiles ainsi que les coûts et la mobilisation des ressources qui s’y rattachent.  Il s’est déclaré heureux de pouvoir coopérer de manière constructive en ce domaine y compris avec les collègues de la Cinquième Commission.

Mme Georgina Guillén-Grillo (Costa Rica), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a affirmé sa confiance dans le système d’administration de la justice interne à l’Organisation des Nations Unies, du fait des retombées de ce système sur l’amélioration des relations entre l’Organisation et ses employés.  La représentante a rappelé le rôle de la Sixième Commission pour garantir un système d’administration de la justice interne sans faille.  Ce rôle doit se poursuivre, a estimé la représentante, notamment sur les questions juridiques et en particulier les questions connexes d’évaluation indépendante ou autre mesure visant à traiter les différends.  Mme GuillénGgrillo s’est félicitée que, depuis 2009, le nombre de nouvelles plaintes n’ait pas évolué, de même que les cas présentés devant le Tribunal du contentieux.  Dans ce contexte, elle a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils donnent une suite aux recommandations du Secrétaire général relatives au financement volontaire du Bureau de l’aide juridique au personnel.

M. GILLES MARHIC, Union européenne, a souligné que les progrès faits depuis 2009 dans le système d’administration de la justice interne des Nations Unies continuent d’apporter la preuve de l’efficacité de son fonctionnement.  La réponse apportée par le Conseil de justice interne aux demandes des fonctionnaires montre le rôle clef qu’il joue dans la promotion de l’indépendance, du professionnalisme et de la responsabilité au sein du système.  Le groupe en charge de l’évaluation du système serait en bonne position pour recommander à l’Assemblée générale, le cas échéant, d’apporter des changements, a estimé le représentant, qui a par ailleurs applaudi le travail du médiateur.

Le représentant a salué le système de règlement informel des contentieux, qui permet d’économiser des ressources.  Toutes les composantes du système d’administration de la justice interne doivent être conscientes que tous les règlements non judiciaires des différends doivent être promus, a-t-il ajouté, car ils permettent de forger des pratiques de bonne gestion.  M. Marhic a en outre fait part de sa préoccupation face au nombre de jugements faisant l’objet d’appels devant le Tribunal d’appel.

Le représentant a souhaité une analyse en profondeur du fonctionnement des tribunaux, mais aussi de ses méthodes de travail et de la jurisprudence.  « Nous applaudissons toutes les mesures qui permettent de rendre plus efficace le système d’administration de la justice et celles-ci doivent être examinées » a-t-il déclaré.

Le représentant a confirmé sa disponibilité pour discuter des propositions –nombreuses- d’amendements ou relatives à l’adoption d’instruments juridiques.  « Nous devons cependant examiner toutes les conséquences sur le système », a-t-il averti, ajoutant que l’indépendance des juges devait être préservée.  Toutes les questions susmentionnées montrent que ces aspects juridiques demeurent cruciaux, a constaté M. Marhic.  Quant à la protection juridique du personnel non permanent des Nations Unies, le représentant s’est prononcé pour un traitement différencié, mais effectif et approprié.

Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a déclaré: « L’ONU doit montrer l’exemple en tant qu’employeur ».  Elle s’est félicitée des réussites significatives enregistrées dans le cadre de l’administration de la justice au sein des Nations Unies, même si, a-t-elle ajouté, ces dernières ne sont pas encore définitives.  À cet égard, elle a exprimé l’inquiétude de son pays face au nombre de cas soumis au service d’évaluation interne et aux tribunaux sans qu’il n’y ait de résolution sur le fond.  Dans ce contexte, elle a plaidé pour un recours au système informel, qu’elle a jugé essentiel pour éviter les litiges superflus.  Elle a également noté la pertinence du système informel en ce qu’il a permis qu’un nombre croissant de fonctionnaires se représentent eux-mêmes sans avoir recours à des conseils externes.  La représentante s’est également attardée sur l’importance du Bureau de l’aide juridique au personnel en matière de règlement des contentieux avec l’administration.  Ce Bureau joue également un rôle de filtre au sein du système, a-t-elle ajouté.  

M. MAXIM V. MUSIKHIN (Fédération de Russie) a estimé que le nombre de demandes faites auprès du médiateur témoigne d’une reconnaissance croissante de l’efficacité des structures informelles de règlement des différends.  Dans la plupart des cas, l’intervention des services du médiateur a permis de résoudre le conflit sans recours contentieux, ce qui permet d’alléger la charge de travail des juges.  Pour la Fédération de Russie, il est donc important de renforcer les services du Médiateur et d’informer le personnel des voies de recours non contentieuses pour résoudre les conflits à l’amiable.

Mme DAMARIS CARNAL (Suisse) a souligné les progrès remarquables réalisés en matière de réforme de l’administration de la justice au sein de l’ONU depuis la mise en place d’un nouveau système en 2009, notamment l’amélioration de la situation juridique du personnel de l’Organisation.  Relevant l’importance de l’indépendance du Tribunal du contentieux administratif et du Tribunal d’appel, la représentante a jugé crucial que ces organes puissent juger des affaires sans considération politique.  Elle a exprimé son inquiétude face à l’impossibilité pour les non-fonctionnaires de l’ONU d’accéder aux voies de recours instaurées par les récentes réformes.  À cet égard, elle a expliqué qu’il était de la responsabilité de l’ONU et des États Membres de trouver une solution tenant compte également des non-fonctionnaires, peu importe la nature de leur contrat.  La Suisse, a-t-elle déclaré, estime qu’un système suffisamment indépendant et transparent est en mesure de régler efficacement les conflits de travail pour toutes les catégories du personnel.  En outre, elle a affirmé que son pays soutenait la proposition du Secrétaire général de modifier les statuts du Tribunal du contentieux administratif et du Tribunal d’appel en vue de définir de manière claire les privilèges et les immunités des juges de chacun de ces Tribunaux.

M. TEVITA SUKA MANGISI (Tonga) a déclaré qu’il attache la plus grande importance à un système transparent, indépendant et efficace de justice interne des Nations Unies.  Le système de justice interne actuel est beaucoup plus efficace que celui du passé, mais il continue à faire face à des défis, a-t-il noté.  Le représentant a souligné l’importance du principe d’indépendance de la justice à l’intérieur du système d’administration de la justice interne des Nations Unies.  Il a appuyé le point de vue selon lequel tout le personnel devrait avoir accès à ce système, quel que soit son lieu d’affectation.

Le représentant a également pris note du sous-financement du Bureau de l’aide juridique au personnel et s’est déclaré favorable au financement constant du Bureau.  Il a mis l’accent sur la nécessité de tirer des leçons du système d’administration de la justice des Nations Unies pour guider les États Membres dans la résolution des litiges.

M. STEPHEN TOWNLEY (États-Unis) a indiqué que, cinq ans après l’inauguration du nouveau système d’administration de la justice aux Nations Unies, un nombre important d’affaires avaient été stabilisées et réglées.  Réaffirmant  l’attachement de son pays à l’indépendance des juges, il s’est dit préoccupé par la pratique du Tribunal des contentieux à ordonner des suspensions d’actions non autorisées par l’article 10 de ce Tribunal.  Par ailleurs, il a exprimé ses inquiétudes vis-à-vis des compensations en terme de dommages moraux accordés par ce Tribunal dans certains cas où il apparaissait clairement que le requérant n’avait pas subi de dommages, tant sur le plan financier qu’émotionnel.  Cela, a-t-il dit, peut être considéré comme une compensation punitive.  À cet égard, M. Townley a conclu que le Tribunal des contentieux a, de manière récurrente, rendu des arrêts qui allaient au-delà de son autorité.  Il s’est également penché sur le code de conduite des juges, dont un mécanisme a été proposé par le Secrétaire général dans un rapport, en faisant état de l’accord de son pays sur la question.  Il a également affirmé que son pays soutenait la protection des donneurs d’alerte, appuyant l’idée de l’adoption de mesures additionnelles en vue d’assurer leur protection.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: la réduction de la pauvreté passera par l’inclusion financière et l’autonomisation économique et sociale des femmes et des zones rurales

Soixante-neuvième session,
15e séance - après-midi
AG/EF/3402

Deuxième Commission: la réduction de la pauvreté passera par l’inclusion financière et l’autonomisation économique et sociale des femmes et des zones rurales

Dans un monde qui compte encore 1,2 milliard de pauvres vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont, cet après-midi, discuté des différents moyens qui permettront, à terme, d’éradiquer la pauvreté, en mettant notamment l’accent sur l’autonomisation des zones rurales et des femmes, ainsi que sur l’accès aux services financiers.  En outre, bien que les délégations aient reconnu que la croissance économique était un indispensable facteur de réduction de la pauvreté, un grand nombre d’entre elles ont néanmoins tenu à souligner qu’elle ne bénéficiait pas automatiquement aux plus pauvres.

Alors qu’il reste moins de 500 jours pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et que l’on se rapproche de la fin de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017), l’éradication de la pauvreté est apparue comme un problème urgent que la communauté internationale doit résoudre en priorité.  Pour illustrer ce sentiment d’urgence, le Groupe des États d’Afrique, par la voix du représentant du Malawi, a averti que le nombre de pauvres continuait à augmenter en Afrique, malgré des taux de croissance positifs.  Le représentant a relevé que, d’ici à 2015, l’Asie et l’Afrique représenteraient chacune 40% de la population du monde en développement. 

Les inégalités de revenus s’accroissent dans plusieurs États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a également signalé le représentant du Suriname tout en faisant pourtant remarquer les progrès considérables réalisés par les pays de la région en termes de croissance économique.  On accorde trop d’importance à cette croissance, a-t-il estimé, notant que les niveaux de pauvreté ne baissaient pas dans des pays qui connaissent pourtant des taux positifs de croissance, comme cela a été constaté par de nombreuses études.

Son homologue des États-Unis a quant à elle, au contraire, voulu prouver les effets indéniables de la croissance sur la réduction de la pauvreté.  « Il aurait été impossible d’arracher à l’extrême pauvreté des centaines de millions de personnes ces deux dernières décennies sans une croissance économique mondiale forte », a-t-elle dit, précisant que 90% du taux de réduction de la pauvreté pendant les années 2000 étaient attribuables à une croissance économique inclusive et durable. 

En Asie du Sud-Est, 70% des gens les plus pauvres vivent dans des zones rurales, a indiqué la représentante de Singapour, qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et plaidait en faveur de l’autonomisation de ces zones.  Elle a signalé que le dernier Forum de l’ASEAN sur le développement rural et l’éradication de la pauvreté, tenu en 2013, avait permis des échanges fructueux de bonnes pratiques et d’expériences à ce sujet. 

Dans les zones rurales, la pauvreté est due notamment à l’exclusion financière, a expliqué le représentant du Pérou, Coprésident du Groupe informel des amis de l’inclusion financière, en rappelant que 2,5 milliards d’adultes, soit plus de la moitié des adultes du monde, n’ont pas accès aux banques et autres services financiers formels.  Plaidant notamment en faveur de l’inclusion financière des femmes, qui serait favorable à leur autonomisation et permettrait de faire sortir de la pauvreté des ménages entiers, il a souligné l’importance de faciliter l’accès des femmes à un compte en banque, ce qui renforcerait leur pouvoir de décision dans les familles.

L’autonomisation des femmes et la création d’emplois décents pour les jeunes ont été plusieurs fois mentionnées comme une voie incontournable pour réduire les niveaux de pauvreté et maintenir l’harmonie sociale.  Le représentant de la Norvège a affirmé que la lutte contre la pauvreté devait passer par la lutte contre la discrimination basée sur le genre.  Il a recommandé d’intégrer dans le programme de développement pour l’après-2015 les aspects relatifs à l’égalité des genres qui n’ont pas été pris en compte dans les OMD, comme l’égalité des revenus, ou encore le partage des tâches domestiques entre les sexes.  L’autonomisation de la femme permettra de réaliser tous les autres objectifs du prochain programme de développement pour l’après-2015, a-t-il estimé.

« L’égalité des sexes peut avoir un effet catalyseur sur le développement durable », indique le Secrétaire général dans son rapport sur la question.  Il va même plus loin en affirmant qu’aucune approche de développement ne peut être durable si elle n’améliore pas les capacités des femmes ou ne respecte pas leurs droits.

Les différents rapports dont la Commission était saisie ont été présentés par des responsables d’ONU-Femmes, du Département des affaires économiques et sociales (DAES), de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et de l’Organisation mondiale du tourisme.

La Deuxième Commission achèvera ce débat mercredi 23 dans l’après-midi.  Demain, mardi 21 octobre, à partir de 10 heures, elle examinera deux points de son ordre du jour relatifs au système financier international et au développement, ainsi qu’au financement du développement.

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

Rapport du Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme sur la promotion de l’écotourisme aux fins de l’élimination de la pauvreté et de la protection de l’environnement (A/69/223)

Ce rapport rappelle que le Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 encourage la promotion de l’investissement dans le tourisme durable, y compris l’écotourisme et le tourisme culturel.  Il note que, grâce aux efforts entrepris pour promouvoir l’écotourisme, celui-ci est désormais intégré aux politiques et aux priorités nationales.

Les États et les organisations internationales chargées du développement reconnaissent de plus en plus l’importance de la coopération dans le secteur de l’écotourisme comme moyen d’assurer la croissance économique, de réduire les inégalités et d’améliorer les conditions de vie dans les pays en développement.  Une majorité de pays participent à des initiatives de coopération et certains États ont émis le souhait que les institutions régionales et internationales accordent en priorité un appui suffisant, tant financier que technique, aux programmes et aux projets concernant l’écotourisme.

Dans ses conclusions, le rapport contient plusieurs recommandations faites à l’Assemblée générale, notamment celle d’inviter les gouvernements et les parties prenantes compétentes à envisager d’utiliser le tourisme pour engager le dialogue avec les communautés autochtones et locales afin de préserver leurs connaissances et leur savoir-faire.  Il est aussi suggéré d’encourager les parties prenantes à fournir davantage de données factuelles sur la manière dont les femmes participent à la planification et aux décisions concernant le développement du tourisme.

« Mise en œuvre de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) » (A/69/204)

Rapport du Secrétaire général

Le Secrétaire général note les avancées remarquables enregistrées en matière de réduction de la pauvreté dans certaines régions et pays, mais s’inquiète de l’inégalité des progrès d’une région à l’autre et à l’intérieur des pays.  Il estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour que l’objectif de l’élimination de la pauvreté soit rattaché à la formulation des politiques sociales, économiques et environnementales à tous les niveaux de décision. 

Le Secrétaire général recommande de tenir dûment compte du caractère multidimensionnel de la pauvreté dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Il conseille de définir des stratégies nationales pour assurer le plein emploi productif et un travail décent pour tous, en particulier pour les femmes, les jeunes, les personnes handicapées et les autochtones.

Il recommande de poursuivre les efforts en vue d’assurer une croissance économique soutenue, partagée et équitable qui favorise la transformation structurelle des économies de façon à accroître progressivement la productivité dans tous les secteurs et activités.  Il faut aussi réduire les inégalités de chances et des résultats, notamment en favorisant l’intégration sociale et économique et l’autonomisation des groupes marginalisés et des personnes vulnérables, et en renforçant les mesures de protection sociale.  D’autres recommandations ont trait à l’accès à une éducation de qualité, au perfectionnement des compétences et à une formation professionnelle adaptée aux besoins du marché du travail. Enfin, il invite à créer une culture de modes de vie durables.

Coopération pour le développement industriel: Rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) (A/69/331)

Les statistiques de l’ONUDI montrent que le paysage industriel mondial a changé du tout au tout, avec un coup de fouet remarqué dans le secteur manufacturier des nouveaux pays industriels et une croissance de plus en plus soutenue des marchés industrialisés, selon les chiffres du quatrième trimestre de 2013.  Le lien qui existe entre l’industrialisation inclusive et durable et les objectifs économiques, sociaux et environnementaux à long terme demeure indéniable.  En outre, on constate que les pays dotés d’une base d’exportation industrielle solide se relèvent plus rapidement des récessions que ceux qui ne possèdent pas de secteurs manufacturiers équivalents.

Pour ce qui est de l’avenir, des efforts importants devront être faits pour garantir que les bienfaits de l’industrialisation profiteront à un plus grand nombre de personnes, dans tous les groupes de populations, pays et régions.  Des efforts similaires devront être déployés pour garantir la viabilité environnementale de l’industrie par des mesures telles que l’amélioration de l’accès aux technologies propres et la promotion de l’économie d’énergie.

Lors de l’examen du programme de développement pour l’après-2015, les États Membres devraient envisager d’adopter un objectif relatif à l’industrialisation inclusive et durable, aux infrastructures résilientes et à l’innovation.  Il est aussi recommandé d’utiliser le transfert de technologie et la mise en réseau des connaissances comme moyens de parvenir à un développement industriel inclusif et durable, en utilisant des modèles tels que la Plateforme pour l’industrie verte ou l’Initiative pour le développement accéléré de l’agrobusiness et des agro-industries.  L’ONUDI renforcera son action en faveur des réseaux et systèmes d’innovation liée à l’industrie, notamment les pôles et parcs industriels urbains et semi-urbains.

Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement: Rapport du Secrétaire général « Égalité des sexes et développement durable » (A/69/156)

Le Secrétaire général rappelle dans ce rapport que l’importance vitale de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes comme composant essentiel de l’agenda de développement pour l’après-2015 a été un thème fort et récurrent dans les discussions du Groupe de travail à composition non limitée sur les objectifs de développement durable.   

L’égalité des sexes peut avoir un effet catalyseur sur le développement durable, indique le Secrétaire général.  Il affirme même que le développement ne peut être durable que s’il améliore les capacités des femmes, respecte leurs droits et réduit leur travail domestique non rémunéré.  C’est pourquoi il recommande que toutes les politiques et tous les instruments de développement durable, à tous les niveaux, incluent un engagement explicite à l’égalité des sexes.

Les États jouent un rôle central dans la concrétisation de leurs engagements dans ce domaine, en mettant en place des normes et en réglementant l’utilisation des ressources, en fournissant des services et des investissements publics nécessaires au développement durable.  Les alliances entre les acteurs de l’État, du secteur privé et de la société civile qui font avancer l’égalité entre les sexes et le développement durable ont également un rôle essentiel à jouer.

L’Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement propose trois critères pour déterminer si le développement durable est en accord avec l’égalité des sexes et les droits des femmes: le respect des normes des droits de l’homme et la réalisation des capacités des femmes; l’attention accordée au travail domestique non rémunéré des femmes et des filles; et la pleine et égale participation des femmes et des filles à tous les aspects du développement durable.

Le Secrétaire général propose aux États, aux organisations internationales, au secteur privé, aux organisations non gouvernementales, aux syndicats et autres parties prenantes un certain nombre de mesures visant, par exemple, à garantir aux femmes le droit à des conditions de vie adéquates, en leur accordant un plus grand accès à un travail décent, et en leur fournissant des services sensibles au genre, universellement accessibles et de grande qualité, des mesures de protection sociale, ainsi que des infrastructures, dont l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement et l’énergie.  Les autres recommandations concernent l’économie verte, l’égalité des sexes et les soins; la sécurité alimentaire; la population; les investissements qui accélèrent la réalisation de l’égalité des sexes; le financement des mesures; et les données et les statistiques.

Débat général

M. JULIO MOLLINEDO CLAROS (Bolivie), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a déploré que la lutte contre la pauvreté soit sapée par la crise financière et économique mondiale, l’insécurité alimentaire, la volatilité des prix des produits de base, les problèmes d’accès aux sources d’énergie et les défis posés par les changements climatiques.  Il a indiqué que la lutte contre la pauvreté passe par une appropriation nationale des programmes de développement, dans le respect des priorités nationales.  Il a aussi invité les gouvernements des pays en développement à formuler leurs propres stratégies de développement.  Il a déclaré que l’emploi est un élément clef de l’éradication de la pauvreté, déplorant ensuite que les effets négatifs de la crise financière et économique mondiale ont eu un impact sur le marché de l’emploi des pays en développement, et que les récentes améliorations de l’économie mondiale n’ont pas encore eu des répercussions positives sur ce marché de l’emploi.

Le représentant a rappelé qu’à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20, tenue il y a deux ans, les dirigeants du monde avaient relevé que l’éradication de la pauvreté était le plus grand défi qui interpelle le monde, et que cela constituait un prérequis pour le développement durable.  Il a de ce fait souligné que l’éradication de la pauvreté doit être au centre du programme de développement pour l’après-2015 qui est en cours d’élaboration, conformément aux recommandations du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable.  Il a ainsi suggéré que l’éradication de la pauvreté extrême soit l’un des objectifs du futur programme de développement, ainsi que la réduction de moitié, au moins, de la proportion de pauvres d’ici à l’année 2030, ceci en se basant sur les différentes définitions de la pauvreté que se donne chaque État. 

M. Mollinedo Claros a par ailleurs déclaré qu’il est important d’apporter un soutien aux pays en développement, notamment aux pays les moins avancés (PMA), dans la lutte contre la pauvreté, notamment en leur fournissant une aide publique au développement (APD) stable et prévisible.  Il a rappelé que peu de pays développés ont respecté leur promesse en matière d’APD, et il a souligné à cet égard que l’engagement qu’ils avaient pris était de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD, dont entre 0,15% et 0,20% aux PMA.  Le représentant a en outre souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit bâti à partir des leçons apprises de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a aussi souligné que le développement industriel et la science, la technologie et l’innovation sont, entre autres, des facteurs essentiels qui pourraient permettre aux pays en développement de se développer de manière durable.  Il a expliqué que l’industrialisation pourrait générer une plus grande productivité, plus d’emplois et avoir des effets positifs sur l’ensemble de l’économie.  Il a ainsi appelé les pays développés à soutenir les pays en développement dans leur effort d’industrialisation, dans le respect des intérêts nationaux de ces derniers.  Il a notamment plaidé en faveur de transferts de technologies allant des pays industrialisés vers les pays en développement, ainsi que d’une assistance technique et de la fourniture de fonds adéquats qui permettraient aux pays en développement de s’industrialiser dans une perspective écologiquement viable.  M. Mollinedo Claros a aussi noté que l’industrialisation est un catalyseur essentiel d’une croissance économique inclusive, équitable et durable, notamment par sa capacité à promouvoir l’intégration des jeunes et des femmes dans le processus de croissance économique.

Le représentant a ensuite relevé que les femmes constituent une proportion importante de la classe des personnes les plus pauvres, et il a indiqué que l’égalité des genres est fondamentale pour l’éradication de la pauvreté et pour la promotion de la croissance économique durable.  Il a salué l’autonomisation des femmes dans les pays en développement, mais a notamment déploré que ces avancées soient minées par les inégalités économiques, le chômage, les discriminations sur les revenus, les violences et le harcèlement sexuel, entre autres.  Il a suggéré qu’en vue de l’amélioration de l’emploi des femmes et l’égalité des revenus, les gouvernements promeuvent l’emploi décent pour tous, et il a proposé que la question du genre soit intégrée dans le programme de développement pour l’après-2015.  Le représentant a conclu son intervention par un appel à l’autonomisation des femmes et des filles dans toutes les sphères de la société, afin, a-t-il expliqué, d’améliorer la vie des femmes et des filles à travers le monde.

M. HENRY LEONARD MAC-DONALD (Suriname), a parlé au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), et a indiqué que la Banque de développement des Caraïbes avait, en 2010, publié un rapport de développement social pour regrouper les données portant sur les questions sociales régionales.  Il a expliqué l’importance qu’a la collecte de données sur la pauvreté et le développement social, notamment quand elle est faite par les institutions de l’ONU pertinentes comme la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  Dans la région des Caraïbes, les niveaux de pauvreté restent relativement élevés, a-t-il indiqué, signalant qu’une forte proportion de pauvres vit dans les zones rurales.  Il a aussi mentionné l’existence de pauvres parmi la population active, ainsi que la surreprésentation de personnes autochtones, handicapées et âgées dans la population pauvre.

Malgré des progrès considérables en termes de croissance économique, M. Mac-Donald a indiqué que les inégalités de revenus persistaient et qu’elles s’accroissaient même dans plusieurs États de la CARICOM.  On accorde trop d’importance à la croissance économique, a-t-il expliqué, notant que même dans les pays qui connaissent des taux positifs de croissance, les niveaux de pauvreté n’ont pas baissé.  Par ailleurs, étant donné que la population vieillit dans la région de la CARICOM, il a prévenu qu’il fallait prendre des mesures pour adapter les systèmes de santé à cette nouvelle réalité.  Ce domaine reste d’ailleurs une source de problèmes dans les pays de la région qui souffrent toujours particulièrement d’un fort taux de prévalence des maladies non transmissibles, a précisé M. Mac-Donald.  Il a demandé qu’une aide soit fournie aux pays de la CARICOM dans ce domaine tout en soutenant leurs efforts visant à encourager des modes de vie sains et l’amélioration des services de santé. 

Parmi les autres défis à relever pour éliminer la pauvreté, M. Mac-Donald a parlé des difficultés qu’ont les États à fournir des logements appropriés aux pauvres; à maintenir les garçons dans l’enseignement secondaire et supérieur; à rester compétitifs dans l’exportation de produits tels que la banane, le sucre et le riz; à augmenter le niveau de qualification des employés; et à résister aux changements climatiques.  Dans le domaine de l’agriculture, il a parlé des mérites des exploitations familiales en ce qu’elles contribuent à réduire la pauvreté dans la région.  Il a par ailleurs demandé de revoir le critère utilisé par l’ONU, qui recourt à la notion de revenu par habitant pour classer un État dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, comme c’est le cas pour tous les pays de la région de la CARICOM; à l’exception d’Haïti.  Le représentant a aussi conseillé de promouvoir les micro, petites et moyennes entreprises, qui sont les plus créatrices d’emploi.  

Mme KAREN TAN (Singapour), qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que, pour les pays de la région, l’éradication de la pauvreté et le développement durable étaient liés, 70% des plus pauvres en Asie du Sud-Est vivant dans des zones rurales.  « Le phénomène croissant de la pauvreté urbaine a souvent pour origine la pauvreté rurale », a-t-elle ajouté.  La représentante a également noté que l’autonomisation des communautés était l’un des moyens les plus sûrs de contribuer au développement des zones rurales, ce qui entraîne automatiquement un allègement de la pauvreté.  « Lors du dernier Forum de l’ASEAN sur le développement rural et l’éradication de la pauvreté, qui s’est tenu en 2013, les chefs de gouvernements et les ONG ont eu des échanges fructueux de bonnes pratiques et d’expériences en vue d’améliorer et de pérenniser le bien-être des groupes les plus vulnérables », a-t-elle encore fait savoir.  Pour Mme Tan, une approche participative assure que toutes les parties prenantes, les communautés elles-mêmes, les agences gouvernementales, le secteur privé et les ONG, mettent en place les programmes de manière optimale, durable et efficace. 

M. CHARLES P. MSOSA (Malawi), parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a fait remarquer que le nombre de pauvres continuait à augmenter en Afrique, les femmes et les enfants étant les plus touchés par ce fléau.  D’ici à 2015, l’Asie et l’Afrique représenteront chacune 40% de la population du monde en développement, a-t-il ajouté.  Il a estimé que l’éradication de la pauvreté était un problème urgent, que la communauté internationale devait résoudre en priorité dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  Il faut que les pays donateurs soutiennent les efforts menés dans ce sens par les pays en développement, a-t-il ajouté.  Nous espérons, a-t-il dit, que le déclin qu’a connu l’aide publique au développement (APD) en 2012 sera renversé si on arrive à maintenir les progrès accomplis dans ce domaine en 2013.

M. Msosa a prôné l’utilisation de la protection sociale comme moyen d’éradication de la pauvreté et comme instrument de cohésion sociale.  Il a donc demandé aux pays développés de fournir un appui financier et technique renforcé aux pays en développement afin de leur permettre de mettre en place des mécanismes de sécurité sociale.  Il a aussi plaidé en faveur de l’égalité de genre, qui est un élément important pour éliminer la pauvreté, en invitant notamment l’ONU-Femmes à poursuivre son combat contre la discrimination à l’encontre des femmes.  Le Groupe africain reconnaît par ailleurs l’importance de l’inclusion financière pour arriver à éliminer la pauvreté, a dit M. Msosa.  Le représentant a apprécié qu’un projet d’objectif de développement durable prévoie l’égalité d’accès aux ressources économiques et aux services financiers.  Enfin, M. Msosa a réitéré la nécessité de s’attaquer au problème du chômage des jeunes, grâce à des stratégies qui leur donnent des chances de trouver un travail décent et productif.

M. MATEO ESTREME (Argentine) a rappelé qu’il y avait actuellement 1,2 milliard de pauvres et 850 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde.  Il a aussi souligné que la région de l’Amérique latine et des Caraïbes s’était engagée, au cours de la dernière décennie, à atteindre un développement durable qui bénéficie à ses populations, notamment en renforçant la sécurité alimentaire.  Éliminer les graves disparités sociales requiert un accès universel aux services de base, c’est-à-dire à l’eau, à l’électricité, aux communications et à l’assainissement, a-t-il expliqué.  Pour éliminer toutes les formes de pauvreté, il a recommandé de renforcer le rôle de l’État et de créer un mécanisme de distribution de la richesse entre les différentes régions et entre les populations.  « Nous croyons fermement qu’il faut pour cela une nouvelle architecture financière mondiale qui serait dotée d’institutions démocratiques avec une juste représentation des pays en développement », a déclaré le représentant.

Le programme de développement pour l’après-2015 devra, a-t-il poursuivi, promouvoir l’égalité, renforcer les droits sociaux, économiques, culturels, civils et politiques des peuples, et promouvoir les droits du travail, des femmes, des jeunes, des personnes âgées, des autochtones, des personnes handicapées et des migrants.  Il a ensuite exposé les politiques adoptées par son pays en faveur de l’inclusion, intitulées « l’Argentine travaille » et « La famille argentine ».  Un des objectifs centraux est l’égalité d’accès à l’emploi et de rémunération du travail.  Il a aussi mentionné la politique de protection sociale de l’enfance qui repose notamment sur une allocation qui couvre plus de 90% des enfants argentins.  Il a également plaidé en faveur de l’intégration des femmes leaders dans la vie politique.   Enfin, il a reconnu, comme le Secrétaire général dans son rapport, qu’une base industrielle solide aide les pays à se redresser plus vite après une récession.

M. LAWRENCE XOLANI MALAWANE (Afrique du Sud) a indiqué que le programme de développement pour l’après-2015 doit être un instrument d’éradication des inégalités.  Il a relevé que l’égalité entre les sexes et le développement durable sont intimement liés, et que tout plan ou mesure qui vise l’éradication de la pauvreté ne peut être efficace qu’en tenant compte de l’autonomisation des femmes et de leur épanouissement social.  Il a souligné que l’épidémie à virus Ebola est en train de saper toutes les avancées économiques dans les pays affectés.  Il a ensuite déclaré que le développement durable ne peut être réalisé sans un développement industriel des pays en développement.  Il a plaidé afin que ces derniers reçoivent les moyens adéquats pour ce faire, y compris les transferts de technologies respectueuses de l’environnement.  Il a en outre noté que l’industrialisation doit se concentrer sur l’agriculture afin de minimiser l’impact de l’exode rural.  Il a enfin affirmé qu’avec des efforts accrus, la lutte contre la pauvreté pourra être couronnée de succès.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que, en dépit de conditions macroéconomiques favorables ces dernières années, et de progrès réalisés dans l’émergence d’une classe moyenne plus nombreuse, les pays à revenu intermédiaire concentraient encore la majorité des pauvres du monde.  C’est pourquoi ces pays ne doivent pas être, contre leur gré, obligés de sortir du système de l’aide au développement, a fait valoir M. de Aguiar Patriota, indiquant que ces pays ne devaient pas quitter ce cadre avant que leurs niveaux de revenu, de distribution des revenus et de bien-être global de leur population soient suffisamment élevés pour justifier un tel changement.

Évoquant le cas particulier du Brésil, il a noté que les programmes gouvernementaux de transferts d’argent en espèces aux foyers les plus pauvres (programme Bolsa Familia), sur une base conditionnelle, avaient eu des résultats positifs, tout comme la politique menée au niveau macroéconomique, si bien que 36 millions de Brésiliens sont sortis de l’extrême pauvreté depuis 2003.  Une tendance au creusement des inégalités vieilles de 500 ans au Brésil a été inversée, conséquence d’une politique qui a généré 21 millions d’emplois et augmenté le pouvoir d’achat du salaire minimum de 71%.  L’objectif de réduction de la mortalité infantile a également été atteint avant l’échéance fixée dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.

Après avoir également évoqué les progrès réalisés par son pays dans l’accès à l’enseignement scolaire et universitaire, M. de Aguiar Patriota a souligné que les objectifs de développement pour l’après-2015 exigeraient des engagements supplémentaires d’aide publique au développement un respect des marges de manœuvre de chaque pays pour répondre à sa situation spécifique, ainsi qu’un cadre de responsabilité pour les initiatives prises en partenariat avec le secteur privé.

Mme RONIT BEN-DOR (Israël) a noté les différences de niveaux de pauvreté existant entre les pays, les régions et les groupes de population.  Elle a souhaité que le programme de développement durable soit l’occasion de faire « un pas décisif en avant pour combattre la pauvreté », en traitant ce problème de façon globale.  Elle a indiqué que son pays avait profité d’un environnement propice et dynamique qui avait suscité une hausse de l’entreprenariat.  Elle a expliqué, par exemple, qu’un établissement international de microcrédit avait établi un partenariat pour aider les bédouins israéliens à créer leurs propres entreprises.

Israël a également foi dans les politiques de protection sociale en ce qu’elles permettent de renforcer la résilience face aux catastrophes et aux crises.  Les filets de sécurité sociale sont essentiels à cet égard, a-t-elle ajouté.  La représentante a aussi souligné l’importance du rôle des femmes dans l’éradication de la pauvreté, avant d’expliquer ce que fait son pays pour autonomiser les femmes.  Sur le plan de la santé, elle a signalé qu’Israël envoyait des cliniques équipées en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria, pour faire face à l’épidémie d’Ebola.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a déclaré que « la pauvreté a plusieurs visages, et tous ces visages sont féminins ».  La lutte contre la pauvreté doit passer prioritairement par la lutte contre la discrimination basée sur le genre, a-t-il déclaré.  Il a indiqué qu’aider les femmes à sortir de la pauvreté pourrait avoir de nombreux bénéfices, notamment l’amélioration de la qualité de vie et de sa durée, non seulement pour les femmes mais aussi pour toute la famille.  Il a ajouté que l’amélioration de la santé, de la nutrition, et de l’éducation pour tous est également un acquis qui découlerait de l’émancipation économique des femmes.  Il a appelé la communauté internationale à réaliser toutes les cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en rapport avec l’autonomisation de la femme.  Il a aussi souhaité que les aspects relatifs à l’égalité des genres qui n’ont pas été pris en compte dans les OMD soient intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a par exemple cité l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes, l’accès des femmes aux emplois décents, à l’égalité des revenus, ainsi que le partage des tâches domestiques entre les sexes, tout comme l’octroi aux femmes des mêmes droits que ceux dont bénéficient les hommes en matière de propriété foncière et d’héritage, et leur participation à la vie politique et économique.  Il a conclu son intervention en soulignant que l’autonomisation de la femme permettrait de réaliser tous les autres objectifs du prochain programme de développement pour l’après-2015.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), qui parlait en tant que l’un des coprésidents du Groupe informel des amis de l’inclusion financière, a rappelé que 2,5 milliards d’adultes, soit plus de la moitié des adultes du monde, n’ont pas accès aux banques et autres services financiers formels.  L’exclusion financière peut atteindre 80% de la population active dans les pays en développement et est particulièrement forte dans les zones rurales.  Il a souligné à cet égard la proposition d’objectif de développement durable qui prévoit d’arriver, d’ici à 2030, à une égalité de ressources économiques et d’accès aux services financiers.

M. Meza-Cuadra a plaidé en faveur de l’amélioration de l’inclusion financière des femmes qui débouchera, comme cela a été prouvé, sur une autonomisation sociale et économique.  Les études ont aussi prouvé que l’accès à un compte en banque permet aux femmes d’avoir un pouvoir de décision dans les ménages.  Il a aussi parlé du manque d’accès financier des petites entreprises, qui sape leurs possibilités d’innovation et de croissance.  M. Meza-Cuadra a apprécié que le projet d’objectif de développement durable numéro 8 encourage la formation et la croissance d’entreprises de très petite taille, ainsi que de taille petite et moyenne par l’accès aux services financiers.  Au titre de l’objectif de développement durable numéro 9, il a aussi été prévu d’améliorer l’accès aux services financiers et aux crédits de ces petites et moyennes entreprises ou industries, s’est-il félicité. 

M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a salué le fait que le premier des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en rapport avec la réduction de moitié de la proportion de pauvres dans le monde, avait été réalisé.  Il a néanmoins déploré le fait qu’en ce qui concerne les PMA, 47% de leur population vit toujours dans l’extrême pauvreté, alors que cette proportion aurait dû être réduite à 37% pour être en accord avec les prévisions des OMD.  Il a aussi noté que le nombre absolu de pauvres a augmenté dans les PMA au cours de cette période récente pourtant marquée par la croissance économique, notamment sur le continent africain.  Il a souligné que le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés avait indiqué que la proportion de populations vivant dans l’extrême pauvreté dans les PMA est passée de 19% entre 1990 et 1995 à 30% entre 2005 et 2010.  Il a exprimé la surprise qu’il a éprouvée en constatant que ces statistiques ne figurent pas dans le rapport du Secrétaire général sur la question.

Pour lutter contre la pauvreté, le représentant a suggéré que les politiques et programmes en direction des PMA tiennent compte d’abord des proportions de pauvres au lieu de s’appesantir sur le nombre absolu de pauvres, qui ne traduit pas exactement la réalité de la situation.  Il a aussi indiqué que les pays victimes de la pauvreté doivent être les premiers responsables des efforts nécessaires pour l’éradiquer.  Il a en outre relevé que les problèmes auxquels sont confrontés les PMA sont de nature systémique, et que toutes les solutions envisagées pour y remédier devraient également être systémiques.  Il a ensuite souligné que les PMA sont parmi les États ayant le plus de besoins et souffrant le plus d’un manque de capacités.  Cette situation, a dit M. Zinsou, nous amène à demander aux Nations Unies de contribuer à la réduction du fossé existant en la matière.  Il a souhaité que les PMA reçoivent plus d’attention de la communauté internationale, et qu’il y ait une amélioration dans les montants et la prévisibilité de l’APD promise aux PMA.  Il a ensuite cité des mesures dont ont besoin les PMA pour se développer, notamment les transferts de technologies, le renforcement des capacités, l’annulation complète de leur dette, l’accès de leurs produits aux marchés des pays développés en franchise de droits et hors quota, ainsi que le renforcement de l’intégration régionale.  Il a par ailleurs appelé le Secrétaire général à intégrer les données relatives aux PMA dans tous les rapports publiés dans les domaines économique, social et environnemental, ainsi que dans les secteurs connexes, ceci conformément aux résolutions pertinentes, et aux recommandations plusieurs fois réitérées du Conseil économique et social (ECOSOC) et de l’Assemblée générale.

Environ 1,2 milliard de personnes vit toujours avec moins de 1,25 dollar des États-Unis par jour, a déploré M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie), précisant que l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud figurent parmi les principales régions concernées.

Depuis 1957, la Malaisie est parvenue à se hisser du statut de pays pauvre à celui de pays à revenu moyen très élevé, a rappelé M. Haniff, soulignant que cette évolution s’est accompagnée d’une augmentation de la qualité de vie des Malaisiens dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures, du logement et des équipements publics.

La Malaisie a atteint 7 des 8 Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’est félicité le représentant, ajoutant que l’objectif restant, qui concerne l’éradication de la pauvreté serait atteint d’ici à 2015.  Parmi les nombreux programmes d’éradication de la pauvreté, M. Haniff a mentionné trois d’entre eux ayant rencontré un succès particulièrement important: le développement du système eKasih, qui est une banque de données contenant des informations centralisées sur la pauvreté en Malaisie et permettant de réaliser un suivi des différents programmes en cours; un programme de développement rural ayant permis d’augmenter significativement le niveau de vie de centaines de milliers de familles en milieu rural; et le programme 1AZAM, lancé en 2010, qui offre aux Malaisiens une assistance pour l’accès à l’emploi et à la création de petites entreprises, de services et d’opportunités en milieu rural.

L’autonomisation des femmes est également une priorité du Gouvernement malaisien, a poursuivi le représentant, précisant que le taux de participation des femmes malaisiennes à l’économie est passé de 45,6% en 2006 à 49,5% en 2012.  En conclusion, M. Haniff s’est félicité des différentes politiques d’éradication de la pauvreté en Malaisie, dont le succès, a-t-il précisé, s’enracine dans la stabilité politique, le principe d’inclusion et la volonté politique.

M. HUSSEIN ABDULLAHI (Nigéria) a souhaité que les Objectifs du Millénaire pour le développement soient pleinement réalisés à la date butoir de 2015, afin, a-t-il expliqué, que l’éradication totale de la pauvreté soit possible à l’horizon 2030 quand le monde verra sa population actuelle augmenter d’un autre milliard d’habitants.  Il a ainsi invité la communauté internationale à considérer que l’éradication de la pauvreté doit être au cœur du futur programme de développement pour l’après-2015.  M. Abdullahi a appelé les donateurs à renforcer leur financement des programmes nationaux et régionaux de lutte contre la pauvreté, et à tenir notamment les promesses faites à l’Afrique, concernant le soutien à apporter à certains de ses programmes de développement.  Il a en outre précisé que la lutte contre la pauvreté incombe en premier lieu à chaque État, et il a ajouté que le succès de cette lutte passe par l’autonomisation des femmes et l’emploi des jeunes.

Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a rappelé que l’éradication de la pauvreté ne pouvait qu’être la conséquence d’autres efforts de développement, y compris la croissance économique, l’autonomisation des femmes, l’accès des gens et des industries à l’énergie durable, la paix, et la bonne gouvernance.  « Il aurait été par exemple impossible d’arracher à l’extrême pauvreté des centaines de millions de personnes ces deux dernières décennies sans une croissance économique mondiale forte », a-t-elle ainsi dit, précisant que 90% du taux de réduction de la pauvreté pendant les années 2000 étaient attribuables à une croissance économique inclusive et durable.  « Il est vital de connecter à l’économie mondialisée le plus grand nombre d’individus possible, par le biais notamment d’un accès facilité aux marchés et à la propriété, à la finance et aux environnements propices à la création d’emplois décents », a par ailleurs souligné la représentante.  Le temps est venu de réinventer le développement à travers de nouveaux partenariats qui se fixent des objectifs communs qui eux-mêmes sont au service d’intérêts communs.  « La Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition et la Child Survival Call For Action sont de bons exemples de ce modèle que le Président Obama appelle de ses vœux », a-t-elle conclu. 

M. AHMED SAREER (Maldives) a prôné l’adoption d’une approche centrée sur les personnes et réellement inclusive pour parvenir à l’éradication de la pauvreté « par le biais du développement durable ».  « À cette fin, nous devons nous attaquer aux inégalités non seulement entre pays mais à l’intérieur même des pays », a-t-il encore estimé.  M. Sareer a ensuite expliqué que son pays soulignait, dans son arsenal législatif, le rôle prééminent de l’égalité homme-femme dans l’éradication de la pauvreté.  « Les femmes aux Maldives bénéficient d’un accès équivalent à celui des hommes à l’éducation, à l’emploi et aux soins de santé », a-t-il fait observer.  Le représentant a ajouté que la lutte contre la pauvreté passe par un investissement accru dans le pouvoir de transformation de la jeunesse et par la distribution équitable des revenus.  Enfin, il a attiré l’attention de la Commission sur la nécessité de lier éradication de la pauvreté et mesures d’atténuation des effets néfastes des changements climatiques sur le développement économique.  Par conséquent, a-t-il précisé, tout mécanisme de lutte contre la pauvreté doit s’adosser à l’atteinte des objectifs fixés par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. 

M. NASREDDINE RIMOUCHE (Algérie) a souhaité que la communauté internationale s’engage dans la lutte contre l’extrême pauvreté sans pour autant négliger la lutte contre la pauvreté.  Il a déploré le fait que le ralentissement de l’activité économique et l’envolée spéculative des prix des matières premières aient réduit à néant les quelque succès engrangés dans la réalisation des OMD.  Il a ensuite regretté que le rythme de la réduction de la pauvreté reste trop faible dans plusieurs pays en développement, et notamment en Afrique subsaharienne.  Il a appelé les pays en développement à compter d’abord sur eux-mêmes avant d’espérer un engagement de la communauté internationale à leurs côtés dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.  Il a aussi prôné l’adoption d’approches novatrices à même de produire une croissance économique soutenue, une meilleure stabilité financière, une création accrue d’emplois et une économie mondiale résiliente.  Il s’est en outre félicité de la baisse de la pauvreté en Algérie, notamment visible et traduite par des chiffres qui démontrent que la proportion des pauvres dans le pays est passée de 14,1% en 1995 à 5,1% en 2011.  M. Rimouche a enfin salué les mesures prises par le Gouvernement algérien afin de promouvoir l’autonomisation des Algériennes.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: multiplication des plaintes face aux retards dans la publication des documents officiels et plaidoyer pour que « Yom Kippour » devienne un jour férié à l’ONU

Soixante-neuvième session,
7e séance – matin
AG/AB/4124

Cinquième Commission: multiplication des plaintes face aux retards dans la publication des documents officiels et plaidoyer pour que « Yom Kippour » devienne un jour férié à l’ONU

Les retards chroniques dans la publication des documents officiels de l’ONU ont été au cœur de la réunion qu’a tenue ce matin la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  La Commission a aussi entendu un plaidoyer pour que le « Yom Kippour » devienne un jour férié aux Nations Unies et a adopté un projet de résolution sur la planification des programmes.

Une nouvelle fois, les délégations ont dénoncé le problème devenu « endémique » des retards dans la publication des documents dont les États ont besoin pour prendre une décision informée sur les questions qu’ils examinent.  Il est « inacceptable » que nous n’ayons reçu le rapport sur le plan des conférences que ce weekend alors que nous devions discuter de la question aujourd’hui, s’est par exemple plaint le représentant des États-Unis. 

Avec ses homologues du Groupe des 77 et de la Chine, il a rejeté la faute sur les « départements auteurs » qui ne rédigent pas les documents à temps.  Ils ont demandé la mise en place d’un mécanisme de redevabilité, guère convaincus par l’analyse qui attribue les retards aux chevauchements entre les réunions du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et la Cinquième Commission. 

Les « départements auteurs » ont essuyé une autre critique de la part du Secrétaire général adjoint aux affaires de l’Assemblée générale et des services de conférences.  M. Tegegnework Gettu a reproché à ces derniers la mauvaise qualité de leurs documents qui contraint parfois les traducteurs à effectuer un travail d’édition en plus de la traduction, retardant ainsi la publication.

Les documents devant sortir en même temps dans les six langues officielles, le représentant de la Fédération de Russie a reproché à l’ONU de ne pas respecter ce principe pourtant consacré dans les résolutions sur le multilinguisme.  Quelque 887 traducteurs, soit 13% des effectifs, prendront leur retraite entre le 1er juillet 2014 et le 31 décembre 2017, et déjà le Service de traduction en français « ne fonctionne qu’à 40% ».  Le Secrétaire général adjoint a expliqué cette désaffectation par le fait que les traducteurs francophones préfèrent travailler à Bruxelles ou à Genève plutôt qu’à New York.  

Face à la représentante de la Bolivie, qui au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est dite « très déçue » de ne rien voir sur l’évaluation du projet pilote « horaire flexible », M. Tegegnework Gettu a assuré qu’un bilan serait présenté avant la fin de l’année.  « Nous ne pouvions poursuivre cette expérience indéfiniment. »       

Au cours de cette séance, le représentant du Canada, se joignant aux 32 États et 900 millions de personnes des cinq Groupes régionaux à l’ONU*, a demandé que « Yom Kippour », « le jour du Grand pardon », soit reconnu comme un jour férié officiel des Nations Unies, dès 2015.  Appuyant cette démarche, son homologue des États-Unis a tout de même pointé le doigt sur la nécessité de faire en sorte que l’ajout de cette fête n’engendre pas de coûts additionnels.

La commémoration des jours sacrés et des jours saints, a rétorqué la représentante de l’Uruguay, devrait être examinée « avec respect et générosité ».  Les principes de la Charte devraient l’emporter sur les préoccupations financières, d’autant plus que les autres religions du Livre ont déjà leurs jours fériés dans le calendrier de l’ONU.  La représentante a d’ailleurs plaidé pour que la fête du Vesak, jour le plus sacré des Bouddhistes, figure aussi parmi ces jours fériés.

Avant ce débat, la Commission a recommandé à l’Assemblée générale de maintenir les huit priorités de l’ONU pour la période 2016-2017 et de ne pas se prononcer sur le premier volet relatif au plan-cadre.

La prochaine réunion de la Cinquième commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* A/AC.172/2014/3

PLAN DES CONFÉRENCES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le Plan des conférences (A/69/527)

Pour l’examen de cette question, le CCQAB a examiné le rapport du Secrétaire général (A/69/120 et Corr.1) et celui du Comité des conférences pour 2014 (A/69/32), qui contient, à l’annexe I, le texte d’un projet de résolution. 

Le CCQAB note avec satisfaction que le taux d’utilisation global pour les quatre centres de conférence des Nations Unies (New York, Genève, Vienne et Nairobi) reste supérieur aux taux de référence de 80%, mais estime que ce taux devrait être suivi de près compte tenu de la baisse de trois points de pourcentage, de 85% à 82%, enregistrée entre 2011 et 2013.

S’agissant du Centre de conférence de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), le CCQAB fait remarquer qu’il attend toujours des éclaircissements concernant le taux de 50%, visant à équilibrer les recettes et les coûts du Centre, afin d’établir si ce taux correspond à un recouvrement intégral des coûts tant directs qu’indirects.  Le Comité consultatif note également que les justificatifs écrits relatifs à l’utilisation du Centre par des entités du secteur privé n’ont pas été fournis.

Pour ce qui est de la gestion des conférences, le CCQAB se félicite que le processus de répartition des attributions entre le Secrétaire général adjoint chargé du Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences et les Directeurs généraux des Offices des Nations Unies à Genève, Nairobi et Vienne ait finalement été mené à bonne fin.

Il précise que la règle anciennement appelée « règle de proximité » selon laquelle les services de conférence des quatre centres de conférence et des commissions régionales doivent réduire autant que possible les frais de voyage, règle qui a permis de réaliser 1,3 million de dollars d’économies théoriques en 2013, s’appellera dorénavant la « règle de la gestion intégrée des services de conférence à l’échelle mondiale ».

Sur les questions relatives à la documentation et la publication des documents, le CCQAB se félicite de l’action menée conjointement pour numériser les documents de l’Organisation, précisant que 350 000 documents ont été numérisés depuis le début du projet en 1998 – le nombre de documents devant être numérisés est estimé à 17 millions, dont environ 4 millions sont considérés comme importants.  Le CCQAB rappelle par ailleurs la nécessité d’améliorer le respect des délais en matière de présentation et de publication des documents.

Concernant les questions relatives à la traduction et à l’interprétation, tout en se félicitant des réductions budgétaires à hauteur de 63 millions de dollars arrêtées par l’Assemblée générale, le CCQAB fait observer que les ressources nécessaires et la structure générale des effectifs du Secrétariat en ce qui concerne le service des réunions et des conférences devaient toujours être déterminées dans le souci d’assurer l’efficacité et l’efficience de l’exécution des mandats.

Il note que les économies éventuelles reposent sur des hypothèses non vérifiées et recommande par conséquent que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’indiquer toute variation concernant les crédits demandés et les statistiques relatives à la charge de travail dans les rapports d’exécution.

Le CCQAB est en outre d’avis que le principe du multilinguisme ne doit pas être compromis par des tentatives de réaliser des économies par des restrictions touchant la traduction des documents dans les six langues officielles et qu’il importe au plus haut point de maintenir la qualité des traductions.

Rappelant, à cet égard, que 887 des fonctionnaires de la catégorie des administrateurs de l’ensemble des services linguistiques, soit 13%, prendront leur retraite entre le 1er juillet 2014 et le 31 décembre 2017, et prenant acte du taux élevé de vacance de postes au Service français, principalement à la classe P-4, le CCQAB estime que la planification de la relève mérite la mise en place d’un plan global, pragmatique, novateur et de longue haleine, qui tienne compte des divers facteurs déterminant les vacances de poste actuelles et futures.

En conclusion, le Comité consultatif demande des précisions sur les raisons pour lesquelles les services « PaperSmart » continuent d’être fournis en réunion aux États Membres en tant que service supplémentaire mais non obligatoire.  Le CCQAB note également que certaines entités utilisent avec succès des enregistrements sonores numériques et souhaite débattre ultérieurement sur cette question.

Adoption du projet de résolution A/C.5/69/L.4

Par ce texte, adopté sans vote, la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de décider que les priorités de l’ONU pour la période 2016-2017 seront la promotion d’une croissance économique soutenue et d’un développement durable, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et aux décisions issues des récentes conférences des Nations Unies; le maintien de la paix et de la sécurité internationales; le développement de l’Afrique; la promotion des droits de l’homme; l’efficacité de la coordination des opérations d’assistance humanitaire; la promotion de la justice et du droit international; le désarmement; et le contrôle des drogues, prévention du crime et lutte contre le terrorisme international sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.

Mais la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de ne pas se prononcer sur la teneur du premier volet de ce projet de cadre stratégique.  Ce dernier comporte en effet deux volets dont le premier est consacré au plan-cadre qui englobe 28 programmes.  Chaque programme correspond aux travaux exécutés par une entité organique, généralement un département (une concordance étant assurée avec le chapitre pertinent du budget-programme), et se subdivise en un certain nombre de sous-programmes, chacun d’eux correspondant également à une entité organique, généralement une division.

Le deuxième volet est consacré au plan-programme biennal établi avec le concours de tous les départements, en tenant compte des résultats de l’examen effectué par les organes intergouvernementaux spécialisés.  Les modifications que ces organes recommandent d’apporter sont incorporées, le cas échéant.  Lorsqu’il n’a pas été possible d’intégrer les changements en raison du calendrier établi pour les réunions, les recommandations des organes intergouvernementaux sont communiquées au Comité du programme et de la coordination au moment où il examine les programmes pertinents.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme DAYANA ANGELA RIOS REQUENA (Bolivie) a dit que son groupe accordait une grande importance à des services de conférence de qualité respectant le principe du traitement équitable dans les six langues officielles de l’ONU.  Dans ce contexte, la représentante a estimé que des questions comme l’utilisation des services et installations de conférence, la documentation et la publication des documents, la traduction et l’interprétation, et le calendrier des conférences sont d’une importance critique pour le bon fonctionnement de l’Organisation.

Elle s’est dite préoccupée par la diminution du taux d’occupation du centre de conférence de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), tout en se disant consciente que cette baisse est liée aux travaux de rénovation.  Elle a néanmoins espéré qu’aux termes de la rénovation, une stratégie marketing et de tarification appropriée permettra d’améliorer ce taux d’utilisation.

Elle s’est félicitée de l’adoption de la terminologie « la règle de la gestion intégrée des services de conférence à l’échelle mondiale » qui reflète mieux l’intention de la règle.  Elle a dit attendre des précisions sur la délimitation des responsabilités entre le Secrétaire général du Département concerné et les directeurs généraux des bureaux de l’ONU sur la mise en œuvre de cette règle.

S’agissant de la question des horaires flexibles, la représentante s’est dite « très déçue » que le Secrétaire général n’ait pas été en mesure de se prononcer sur l’évaluation de ce projet pilote comme l’enjoignait la résolution 68/251 de l’Assemblée générale.

Elle a par ailleurs contesté l’approche du Secrétaire général selon laquelle les retards dans la publication des documents étaient dus principalement aux chevauchements entre les réunions du CCQAB et de la Cinquième commission qui laissent peu de temps à la rédaction et à la préparation des rapports.  Au contraire, elle a estimé que ces retards sont liés principalement au fait que les départements auteurs ne présentent pas leurs rapports en temps voulu.  Elle a demandé la mise en place d’un mécanisme de responsabilisation.    

Mme Rios Requena s’est félicitée des efforts pour numériser les documents de l’ONU en espérant que l’équipe unique aura les capacités de numériser les trois millions de documents jugés particulièrement importants.  Elle s’est félicitée, en outre, des initiatives visant à améliorer les services de traduction et d’interprétation dans les six langues officielles des Nations Unies.  S’agissant de la demande de certains pays d’obtenir un nouveau jour férié, la représentante du Groupe des 77 et la Chine a souhaité que toute proposition dans ce sens soit examinée avec équité, en s’appuyant sur les critères et modalités définis, sans affecter les jours fériés officiels déjà proclamés.        

Tout en reconnaissant la nécessité de maintenir la qualité de rigueur des services de conférence, M. HIROSHI ONUMA (Japon) a appelé le Secrétariat à poursuivre ses efforts afin d’améliorer plus avant l’efficacité et la rentabilité de ses services, notamment par l’introduction de nouvelles mesures permettant de réaliser des économies.  Le représentant a exhorté les États à ne pas préconiser l’ajout « inutile » de ressources dans les résolutions de l’Assemblée générale sur les modalités de nouvelles réunions.

M. Onuma s’est félicité de la tenue en septembre dernier, sous l’égide du Comité des conférences, des discussions sur la recherche d’une plus grande efficacité des prestations de services, notamment via le recours à « PaperSmart », une meilleure utilisation des ressources et les enregistrements numériques.

Saluant les progrès dans la mise en œuvre de « PaperSmart », notamment l’accès illimité aux informations les plus récentes sur la page Web de la Cinquième Commission, le représentant a cependant appelé à un compromis entre la nécessité pour les États d’avoir des copies papier et le postulat selon lequel la promotion de « PaperSmart » devrait à terme entraîner une baisse du coût total des services de conférence.

S’il s’est félicité des initiatives du Secrétariat pour tenter d’augmenter le taux d’utilisation des ressources de services de conférence, le représentant a souligné la nécessité d’assortir ces mesures d’une réduction du nombre et de la durée des réunions, « qui ont historiquement tendance à augmenter ».

S’agissant de la traduction et de l’interprétation, M. Onuma a appelé le Secrétariat à se garder de modifier les résolutions adoptées ou à l’état de projet, si ce n’est pour réaliser des corrections purement grammaticales et éditoriales.

M. Michael Douglas Grant (Canada) a déclaré que son pays s’est joint aux 32 États, représentant 900 millions de personnes dans les cinq groupes régionaux, pour demander au Comité des conférences que Yom Kippour soit reconnu comme jour férié officiel des Nations Unies.  Il s’est dit convaincu fortement convaincu que l’ajout de Yom Kippour au calendrier permettra à l’ONU d’envoyer un message fort de tolérance, d’acceptation et d’unité.  Cette question repose sur la demande des États et se fonde sur des précédents et des pratiques en vigueur.  « Ma délégation attend avec impatience l’issue de l’examen minutieux des aspects techniques liés à cette demande, en particulier du processus de mise en œuvre », a dit le représentant, en espérant que tous les États se déclareront en faveur de l’adoption de Yom Kippour en tant que jour férié officiel de l’ONU, dans le but de promouvoir l’acceptation, la tolérance et la paix, valeurs que cette fête symbolise de façon claire et forte.   

Mme CHERITH A. NORMAN CHALET (États-Unis) a félicité le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM) pour une réforme qui a permis de réaliser des économies tangibles via des moyens plus efficaces de publication et de traduction des documents, notamment les services g-Docs et g-Text et la gestion des réunions par g-Meets.  Outre une gestion plus efficace, ces initiatives ont facilité le travail du personnel, lui donnant par-là les moyens de faire encore plus.

Mme Norman Chalet a aussi loué le renforcement de la gestion intégrée des services de conférence à l’échelle mondiale.  Elle a cependant précisé que des efforts restent à accomplir dans la présentation en temps voulu des documents, priant le Secrétariat d’expliciter les raisons d’un problème devenu « endémique » et les actions envisageables afin d’y remédier collectivement.  Mme Norman Chalet s’est dite consciente que les responsabilités n’incombent pas seulement au Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences, mais également aux départements auteurs et aux autres organes de l’ONU.  À titre d’exemple, elle a jugé inacceptable de n’avoir reçu le rapport du CCQAB sur le plan des conférences (A/69/527) que durant le weekend pour une discussion prévue lundi.  De telles conditions ne permettent pas aux États de remplir leur mission de contrôle, a tancé la représentante.

Mme Norman Chalet a appuyé l’ajout de la fête du Yom Kippour à la liste des jours fériés de l’Organisation, compte tenu du fait que d’autres religions ont déjà leurs jours fériés dans le calendrier de l’Organisation.  La représentante a toutefois insisté sur la nécessité de faire en sorte que cet ajout n’engendre pas de coûts additionnels.

M. David Yitshak Roet (Israël) a, à son tour, demandé que Yom Kippour devienne un jour férié de l’Organisation à partir de 2015, en estimant que cette démarche contribuerait à renforcer « notre vision commune de la tolérance ».  Il a expliqué que Yom Kippour, le jour du grand pardon est le jour le plus saint du judaïsme et que son message de compassion est partagé par tous les peuples et toutes les religions.  Le représentant s’est félicité que 32 pays représentant 900 millions de personnes aient appuyé cette requête dans une lettre datée du 30 juin 2014, adressée au Président du Comité des conférences et diffusée sous la forme du document officiel (A/AC/172/2014/3).  Depuis des milliers d’années, le peuple juif observe Yom Kippour, réfléchit, à cette occasion, aux événements de l’année écoulée et prie pour que tous les peuples jouissent d’une année de bonne santé, de paix et de prospérité, a expliqué le représentant.  Ce jour férié contribuerait à envoyer message de tolérance très fort et d’unité dans le monde.  Le représentant a souhaité un débat « en toute bonne foi » au Comité des conférences sur les aspects techniques et la mise en œuvre de cette proposition.  

Mme IMELDA SMOLCIC (Uruguay) a réaffirmé son appui à l’ajout de la fête juive du Yom Kippour dans la liste des jours fériés officiels de l’Organisation.  La commémoration des jours sacrés et des jours saints, a ajouté la représentante, ne doit pas être examinée de la même façon que les autres jours fériés, compte tenu de leur dimension spirituelle et culturelle.  Pour cette raison, a insisté la représentante, il convient de traiter ces jours avec respect et générosité.  Les principes de la Charte devraient l’emporter sur les préoccupations financières, a dit la représentante, d’autant plus que les autres religions du Livre ont déjà leurs jours fériés dans le calendrier des Nations Unies.  Yom Kippour permettrait d’instaurer un climat plus favorable au dialogue entre les États et à la coopération internationale, a estimé la représentante, ajoutant qu’elle soutenait également l’inclusion de la fête bouddhiste du Vesak au calendrier de l’ONU.  La représentante a espéré un consensus rapide sur cette question.

M. Sergey V. Khalizov (Fédération de Russie) a appelé le Secrétariat à redoubler d’efforts pour garantir des services de conférences équitables dans les six langues officiels.  Il a appelé à des progrès dans la numérisation des documents et s’est félicité de ceux qui ont été réalisés dans la gestion intégrée à l’échelle mondiale des services de conférence et qui ont permis des économies théoriques à New York, Genève, Vienne et Nairobi.  Il s’est aussi félicité de la signature de memoranda d’accord entre l’ONU et 22 universités des pays où l’une des six langues officielles est parlée.  Il a appelé à une planification bien réfléchie de toutes les mesures à former les nouvelles générations à la traduction et à l’interprétation.  Il a demandé au Secrétariat de faire en sorte que toutes les six langues aient des moyens équivalents pour assumer leur mission. 

Le représentant a regretté que les résolutions relatives au multilinguisme ne soient pas toujours mises en œuvre et noté les plaintes constantes des délégations sur les retards et la mauvaise qualité des documents fournis.  Il a insisté sur la faible qualité de la traduction faite par un personnel extérieur à l’ONU et demandé l’établissement d’un centre unique pour promouvoir les principes du multilinguisme.  Il a, pour conclure, prévenu que la présentation tardive des documents a une incidence négative sur le travail des États.  

Concernant la gestion des conférences et des services de conférence, M. Justin Kisoka (République-Unie de Tanzanie) a souligné la nécessité pour l’Organisation d’investir dans des structures technologiques, aussi bien pour améliorer cette gestion que dans le but de réaliser des économies.  Il a insisté sur la nécessité d’assortir « PaperSmart » d’améliorations technologiques, appelant les États à ne pas considérer ces améliorations seulement comme des dépenses supplémentaires mais comme un investissement.

Concernant l’incidence du plan-cadre d’équipement, le représentant s’est félicité des travaux de rénovation au Siège de l’ONU mais a souligné certains problèmes, dont les prises électriques dans certaines salles de conférence et l’accès difficile à certaines autres.  Le représentant a également signalé le besoin de renforcer les infrastructures de télécommunication dans tous les lieux d’affectation de l’Organisation.  Rappelant la promesse faite par le responsable des technologies de l’information et des communications de rétablir le kiosque informatique, il a voulu que cette promesse soit tenue en temps voulu.

*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: les délégations estiment qu’il incombe en premier lieu aux États d’assurer la protection de leurs populations civiles

14e séance – matin
AG/J/3483

Sixième Commission: les délégations estiment qu’il incombe en premier lieu aux États d’assurer la protection de leurs populations civiles

Réunies ce matin, à l’occasion de l’examen de la question de « l’état des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949, relatifs à la protection des victimes des conflits armés », les délégations de la Sixième Commission (chargée des questions juridiques), dont la Fédération de Russie et les pays nordiques, ont réaffirmé qu’il incombait en premier lieu aux États d’assurer la protection de leurs populations.

Pour l’Union européenne, c’est l’État qui doit traduire en justice les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide.  Cette responsabilité internationale trouve son fondement dans le droit international humanitaire, dont l’objet est de limiter les effets des conflits armés sur la population civile, comme le soulignent les quatre Conventions de Genève de 1949 et leurs trois Protocoles additionnels de 1977.

La délégation de Monaco a estimé que la nature et l’identité des conflits avaient évolué, et qu’aux conflits interétatiques classiques se sont ajoutés les défis du terrorisme, de l’enrôlement des enfants soldats ainsi que les violences faites aux civils.  Pour Israël, le droit des conflits armés se fonde sur la distinction entre civils et combattants.  Or, le droit de la guerre doit faire face aux défis qui résultent de la nature même de la guerre moderne.  Parmi ces défis, il y a le fait qu’un pays qui adhère au droit international doit faire face à une entité qui n’est pas un État et agit au mépris du droit international humanitaire.  Le représentant de l’Égypte a demandé à Israël d’agir dans le respect du droit international humanitaire.

Faisant référence aux droits de l’homme et au droit international humanitaire, la représentante de la Suède, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a estimé que Traité sur le commerce des armes, qui entrera en vigueur le 24 décembre prochain, renforcera considérablement le combat contre le commerce irresponsable et incontrôlé d’armes conventionnelles.  Intervenant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), la représentante de Costa Rica a mis l’accent sur l’aide aux combattants lors du transport des blessés, ainsi que sur la protection du personnel, des installations et du personnel humanitaire. 

Un très grand nombre de délégations ont remercié le Comité international de la Croix- Rouge (CICR) pour son action de protection des victimes lors des conflits armés ainsi que pour ses efforts visant à renforcer le respect du droit international humanitaire en cas de conflits armés.  La Suède a indiqué que les pays nordiques avaient estimé que la trente-deuxième Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui se tiendra en 2015, sera une occasion pour les États de présenter des propositions visant à renforcer le rôle du droit international humanitaire en période de conflit armé.  Si les Conventions de Genève sont universellement ratifiées, il n’en va pas encore de même des Protocoles additionnels I, II et III, a fait remarquer le représentant de la Suisse. 

Les délégations, dont celles de la Suisse et de l’Égypte, ont encouragé les États qui ne l’ont pas encore fait à les ratifier dans les meilleurs délais, ainsi que, plus spécifiquement, l’article 90 du Protocole additionnel I concernant l’acceptation de la Commission internationale d’établissement humanitaire des faits.  Le Qatar a souligné qu’il ne suffit pas de ratifier des conventions mais qu’il faut aussi les mettre en pratique, avant de dénoncer les violations du droit international humanitaire qui se poursuivent actuellement et dont les principales victimes sont les enfants et les femmes.

En début de séance, la Sixième Commission a achevé ses travaux concernant le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international.  Les délégations du Liban et du Portugal, entre autres, ont partagé les préoccupations exprimées par d’autres délégations concernant l’annulation des cours pour les régions Asie-Pacifique et Amérique latine.  Il serait opportun de réfléchir à d’autres solutions afin d’assurer la pérennité des activités du Programme d’assistance, ont envisagé de nombreuses délégations, avant de demander, à l’instar de l’Arabie saoudite, du Liban, du Portugal, de la Thaïlande, de Trinité-et-Tobago et des petits États insulaires en développement du Pacifique, que le Programme d’assistance soit financé au titre du budget ordinaire, sur la base des recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires.  Pour sa part, la Nouvelle-Zélande va faire une contribution volontaire, cette année, pour le financement des cours régionaux et la Médiathèque de droit international des Nations Unies, a annoncé son représentant.

La Sixième Commission reprendra son examen de la question de l’état des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949, relatifs à la protection des victimes des conflits armés, demain mardi 21 octobre, à partir de 10 heures.

 

PROGRAMME D’ASSISTANCE DES NATIONS UNIES AUX FINS DE L’ENSEIGNEMENT, DE L’ÉTUDE, DE LA DIFFUSION ET D’UNE COMPRÉHENSION PLUS LARGE DU DROIT INTERNATIONAL. (A/69/516) ET (A/69/516/ADD.1)

Déclarations

M. TEVITA SUKA MANGISI (Tonga), s’exprimant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique (PEID), a souligné l’importance du rôle de l’état de droit et la nécessité pour les États de maintenir la coopération au sein de la communauté internationale.  Il a dit encourager la codification du droit international conformément aux valeurs de l’ONU.  Soulignant les nombreux défis auxquels font face les petits États insulaires en développement, notamment l’éloignement géographique, les ressources de base limitées, ainsi que leur vulnérabilité aux conséquences des changements climatiques, le représentant a déclaré que les cours régionaux de droit international, ainsi que la Médiathèque de droit international des Nations Unies, étaient indispensables pour former leurs juristes et leur permettre de participer activement au développement du droit international.  À cet égard, il a exprimé les inquiétudes de ce groupe de pays face à l’insuffisance du financement du Programme d’assistance qui, a-t-il regretté, a conduit à l’annulation de certains cours dans la région Asie-Pacifique en 2014.  M. Mangisi a également pointé du doigt la menace qui plane sur la durabilité de ce Programme d’assistance à cause de l’inefficacité du système des contributions volontaires.  Il a donc exhorté les États à prendre les mesures nécessaires pour inscrire le Programme d’assistance au titre du budget ordinaire de l’Organisation.

M. Kraijakr THIRATAYAKINANT (Thaïlande) a expliqué que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international est une activité essentielle des Nations Unies.  Des efforts exemplaires ont été faits par la Division de la codification pour publier des recherches disponibles en ligne et la Médiathèque de droit international des Nations Unies connaît un grand succès, a-t-il estimé.  En ce qui concerne les cours régionaux de droit international, ce sont de grandes opportunités pour les juristes des pays en développement, a-t-il assuré.  C’est pour ces raisons que la Thaïlande se réjouit d’avoir accueilli, en 2012, le cours pour la région Asie-Pacifique.  Il a regretté l’annulation de ces cours pour la période 2013-2014 en raison d’un manque de ressources, en dépit de la contribution substantielle de la Thaïlande.  Le représentant a exprimé sa préoccupation concernant le manque de contributions régulières et a exprimé sa surprise que les États Membres ne puissent pas allouer une petite proportion du budget des Nations Unies à ce Programme d’assistance qui est applaudi par l’ensemble des délégations.

M. XIANG XIN (Chine) a déclaré que, depuis sa création, le Programme d’assistance avait joué un rôle important dans la promotion de l’étude et de l’application du droit international et la formation des juristes du monde entier.  Cependant, le représentant a regretté qu’à cause du manque de ressources financières, les cours régionaux en Asie et en Amérique latine ont dû être annulés et que le fonctionnement de la Médiathèque risque d’être interrompu.  Il n’est pas acceptable que la conduite des cours régionaux et la Médiathèque dépendent des contributions volontaires.  Le coût du Programme d’assistance devrait être intégré au budget ordinaire aussi vite que possible, a-t-il souligné.  Au cours de ces dernières années, a rappelé le représentant, la Chine avait fait des contributions  annuelles de 30 000 dollars pour le financement des activités du Programme d’assistance.

Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a reconnu la contribution importante du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international en matière de mise en œuvre de l’état de droit, en soulignant que les principes du droit international devraient être appliqués par les États.  Bien que le Programme d’assistance dispose de ressources limitées, l’utilisation des techniques modernes permet de mieux diffuser les services à moindre coût, a fait observer la représentante du Guatemala.  Il est donc urgent de garantir un accès plus large à ces activités, a-t-elle souligné, en affirmant que la Médiathèque de droit international des Nations Unies était un outil essentiel et offrait de riches informations aux utilisateurs.  Elle a donc appelé à adopter des mesures novatrices efficaces pour mieux gérer les ressources disponibles, en proposant notamment la rotation des cours dans les années à venir et l’établissement de partenariats avec des organisations régionales comme l’Union africaine.

Mme ALEXANDRA LENNOX-MARWICK (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les cours régionaux organisés dans le cadre du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international fournissent une opportunité importante aux jeunes juristes.  Un grand nombre de praticiens du droit néo-zélandais ont bénéficié du privilège de dispenser ces cours.  La représentante a reconnu cependant que la situation financière du Programme d’assistance était une source de grande préoccupation.  Les activités importantes du Programme d’assistance requièrent notre soutien, a-t-elle estimé.  C’est pourquoi elle a encouragé les États Membres à verser des contributions financières volontaires.  Pour sa part, la Nouvelle-Zélande, a-t-elle annoncé, va faire une contribution volontaire pour cette année pour le financement des cours régionaux et la Médiathèque de l’ONU.

M. ALKHATER (Qatar) a rappelé que l’Organisation des Nations Unies avait été créée car la communauté internationale était convaincue que les relations internationales devaient être régies par le droit.  La diffusion du droit et de son enseignement devraient dont être prioritaires, a-t-il estimé.  Le représentant a souligné que son pays avait prêté des experts juridiques et fourni une contribution financière pour les activités menées dans le cadre du Programme d’assistance.  Il a partagé la préoccupation exprimée par d’autres délégations concernant l’annulation des cours pour les régions Asie-Pacifique et Amérique latine et a lancé un appel à des contributions volontaires pour poursuivre la mise en œuvre du Programme d’assistance.

Mme BÉATRICE LE FRAPER DU HELLEN (France) a souligné le caractère éminemment politique du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international, lequel, a-t-elle précisé, contribue au renforcement de l’état de droit et du maintien de la paix et la sécurité internationales.  Dans un contexte où la radicalisation gagne du terrain, il est crucial d’apporter un soutien financier à ce Programme d’assistance, a-t-elle recommandé.

M. JAMES N. WAWERU (Kenya) a pris note du rapport du Secrétaire général A/69/516.  Le Kenya s’est félicité des efforts des États Membres qui ont fait des contributions volontaires au Programme d’assistance, tout en faisant remarquer que ces contributions demeuraient insuffisantes et peu fiables.  Plus que jamais, il est nécessaire d’adopter un mode de financement prévisible, a-t-il souligné, en estimant que le financement des activités du Programme d’assistance devrait être assuré par le budget ordinaire de l’ONU.  Faisant part de son expérience personnelle, le représentant a souligné que les cours régionaux lui avaient permis non seulement de créer un réseau, mais aussi d’engager de nombreuses discussions sur le droit international.

M. EDEN CHARLES (Trinidad-et-Tobago) a réitéré son soutien au Programme d’assistance des Nations Unies, rappelant les contributions volontaires faites par son pays au Fonds d’affectation établi par l’Assemblée générale à l’appui de la Division de la codification.  Aussi s’est-il déclaré préoccupé par le fait que plusieurs activités entreprises dans le cadre de ce Programme n’aient pas pu être menées à bien, en raison d’un financement insuffisant, et ce, alors que la Médiathèque de droit international des Nations Unies pourrait fermer ses portes en 2015.  De toute évidence, a ajouté le représentant, les contributions volontaires ne suffisent pas à financer le Programme dans son entièreté, ce qui rend, selon lui, nécessaire sa prise en charge dans le cadre du budget ordinaire de l’Organisation.  M. Charles a ensuite approuvé les recommandations du Comité consultatif d’inclure des ressources supplémentaires dans le budget-programme 2016-2017 pour le financement des cours régionaux de droit international en Afrique, en Asie-Pacifique et en Amérique latine et des Caraïbes.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a déploré les problèmes de financement du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international qui mettent en péril son avenir.  Les cours régionaux pour la région Asie-Pacifique et le fonctionnement de la Médiathèque sont compromis en raison du manque de ressources, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a ainsi proposé que les États Membres s’appuient sur un système fiable et adéquat de financement, notamment l’inscription du Programme d’assistance au budget ordinaire de l’ONU.  Il serait opportun de réfléchir à d’autres solutions afin d’assurer la pérennité des activités du Programme d’assistance, a-t-il déclaré avant de conclure.

M. JAVIER GOROSTEGUI (Chili) a déclaré que sa délégation accordait beaucoup d’importance au Programme d’assistance.  Il a souligné que 2015 marquera le cinquantième anniversaire du Programme d’assistance.  Sa délégation, a-t-il poursuivi, regrette les problèmes financiers auxquels la mise en œuvre du Programme d’assistance est confrontée, citant notamment l’annulation des cours régionaux pour l’Amérique latine.  À cet égard, le représentant a annoncé la contribution de 10 000 dollars par le Chili en vue d’assurer la reprise des cours régionaux.  Il s’est félicité de la recommandation du Comité consultatif d’intégrer le financement du Programme d’assistance au budget ordinaire car, a-t-il dit, ce financement ne peut plus être assuré sur une base volontaire.

M. JOÃO MIGUEL MADUREIRA (Portugal) a déclaré qu’en dépit des efforts du Bureau des affaires juridiques de l’ONU, les activités menées dans le cadre du Programme d’assistance connaissent des perturbations.  Les contributions volontaires ne constituent pas une méthode pérenne pour financer le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international, a-t-il estimé.  Ce constat a été fait dans des résolutions précédentes mais les États Membres n’ont pas été en mesure de modifier la situation de manière significative, a-t-il affirmé.  Faute de moyens suffisants, des cours régionaux ont été annulés, ce qui risque d’interrompre la mise en œuvre du Programme d’assistance dans son ensemble.  À cet égard, il a émis l’espoir que, cette année, la situation s’améliorera et que la recommandation du Comité consultatif visant à intégrer le financement du Programme d’assistance au budget ordinaire de l’ONU sera approuvée.

M. AMADU KOROMA (Sierra Leone) a déclaré avoir lui-même participé aux cours régionaux organisés à Addis-Abeba en 2011.  À la lumière des menaces qui pèsent sur la paix internationale, la pertinence du Programme d’assistance ne saurait être sous-estimée, a-t-il déclaré.  Le représentant s’est félicité du rapport du Secrétaire général et a remercié Mme Virginia Morris pour le travail qu’elle a accompli dans ce cadre.  Il a estimé que les cours régionaux et la Médiathèque de l’ONU contribuent à la diffusion du droit international et a déploré qu’en raison de difficultés financières, certains cours n’aient pas pu se tenir. Le représentant s’est dit préoccupé par les menaces qui pèsent sur l’avenir de la Médiathèque, avant de remercier les pays qui ont versé des contributions financières.  Il s’est rallié aux délégations qui ont demandé que le Programme d’assistance soit financé par le biais du budget ordinaire.  Il a également proposé que le secteur privé, qui bénéficie aussi de la promotion du droit international, puisse participer au financement du Programme d’assistance.

M. FAISAL ALBOGAMI (Arabie saoudite) a déclaré que la participation des juristes originaires des pays du Golfe arabe était faible, en souhaitant une plus grande facilitation de leur accès au Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international.  Il a salué les efforts de la Division de codification et ceux de la Division du droit de la mer pour la bourse Amaresinghe, tout en se disant préoccupé par l’insuffisance de financement du Programme qui a résulté, a-t-il fait remarquer, par l’annulation de cours régionaux en Thaïlande et en Uruguay, malgré les 25% des coûts assurés par le pays hôte.  C’est pourquoi, il a demandé que le Programme d’assistance soit financé au titre du budget ordinaire, sur la base des recommandations du Comité consultatif.

ÉTAT DES PROTOCOLES ADDITIONNELS AUX CONVENTIONS DE GENÈVE DE 1949 RELATIFS À LA PROTECTION DES VICTIMES DES CONFLITS ARMÉS (A/69/184) ET (A/69/184/ADD.1)

Déclarations

M. THEMBILE ELPHUS JOYINI (Afrique du Sud), au nom du Groupe africain a noté que les sources de la branche du droit international qui régit le droit de la guerre se trouvent principalement dans les traités, dont les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels.  Cependant, ce que l’on appelle couramment le droit international humanitaire s’applique à tous les États car il est accepté comme faisant partie du droit international coutumier, a-t-il déclaré, citant en ce sens l’avis la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l’usage de l’arme nucléaire.  Et pourtant, a fait observer le représentant, le droit humanitaire international est peu respecté.  À cet égard, il s’est demandé comment ce droit peut être respecté alors que de nouvelles formes de violence armée apparaissent.  La loi en soit ne protège pas, seule la mise en œuvre de la loi protège, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, le droit international humanitaire doit évoluer.  En temps de paix, il est important que les Nations Unies aident à faire connaître le droit international humanitaire et cela devrait même être au cœur de nos efforts.

Le représentant a noté que les conflits armés déstabilisent l’Afrique, ajoutant que la moitié des personnes déplacées en raison de conflits armés se trouvent en Afrique.  Il a remercié le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour son action de protection des victimes lors des conflits armés.  Il a aussi salué les efforts du CICR pour renforcer le respect du droit international humanitaire en cas de conflits armés.

M. GILLES MARHIC, Union européenne, a déclaré que les Conventions de Genève sont universellement acceptées et qu’un grand nombre des dispositions contenues dans les Protocoles additionnels de 1977 étaient reconnus par le droit international humanitaire coutumier.  Il a souligné l’importance de protéger les blessés et malades, les personnels soignants et les véhicules médicaux, en garantissant un accès rapide aux blessés et malades dans les situations d’urgence.  Les principes de la responsabilisation sont cruciaux pour le respect des règles et pour mettre fin à l’impunité et garantir aux victimes une réparation, a ajouté le représentant.  La responsabilité première en incombe aux États qui doivent traduire en justice les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide, a poursuivi le représentant, qui a salué le rôle de la Cour pénale internationale pour compléter l’action des juridictions nationales et des États tiers.  L’Union européenne attache une grande importance au meilleur respect du droit humanitaire.  À cet égard, l’Union européenne conduit des séances de sensibilisation pour inciter à la ratification des Protocoles additionnels de 1977 I et II aux Conventions de Genève et appelle ceux qui ne l’ont pas encore fait à les ratifier.  Le représentant s’est également félicité de la ratification par 53 États du Traité sur le commerce des armes et a salué la coordination des activités de la Suisse et du CICR pour renforcer le droit international humanitaire.

Mme PERNILLA NILSSON (Suède) au nom des pays nordiques, a dit apprécier la décision récente du Conseil de sécurité sur la protection du personnel humanitaire.  Elle a noté que le Traité sur le commerce des armes entrera en vigueur le 24 décembre.  Elle a émis l’espoir que, par le biais de ses références aux droits de l’homme et au droit international humanitaire, ce Traité renforcera considérablement le combat contre le commerce irresponsable et incontrôlé d’armes conventionnelles.

Les personnes soupçonnées de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité doivent être traduites en justice, a déclaré la représentante.  Elle a souligné que c’est avant tout au niveau national que ces poursuites doivent être engagées, ajoutant que ce n’est qu’en dernier recours que la Cour pénale internationale doit intervenir.  La trente-deuxième Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui se tiendra en 2015, sera une occasion pour les États de donner leurs propositions pour s’assurer que le droit humanitaire international reste pertinent en cas de conflit armé.  Mme Nilsson a appelé tous les États à participer pleinement à cette Conférence et à s’engager dans ce processus de consolidation du droit international humanitaire.  Elle a conclu en rappelant que tous les États ont le devoir d’assurer le respect du droit humanitaire international.

Mme Georgina Guillén-Grillo (Costa Rica, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a souligné que les violences continuent de frapper particulièrement les personnes les plus vulnérables, y compris les femmes et les enfants qui constituent les principales victimes des violations du droit international humanitaire.  La CELAC appelle à améliorer la mise en œuvre du droit international humanitaire afin de donner suite aux obligations qui incombent aux États en application des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels.  La représentante a particulièrement mis l’accent sur l’aide aux combattants lors du transport des blessés, ainsi qu’à la protection du personnel, des installations et du personnel humanitaire.  Il est fondamental, a-t-elle dit, de respecter le caractère civil des non-combattants, affirmant que les attaques armées doivent se limiter aux objectifs militaires.  À cet égard, elle a salué le travail et les initiatives du CICR pour faire respecter le droit international humanitaire, en se félicitant du rôle des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui collaborent avec les autorités pour la diffusion et la promotion du droit humanitaire.  En outre, elle s’est félicitée de la formation de la Commission internationale d’établissement des faits prévue à l’article 90 du Protocole additionnel I, appelant les États à accepter sa compétence.

M. SERGEY A. LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) s’est félicité du rôle du CICR pour fournir de l’aide aux victimes lors de conflits armés.  Il a toutefois rappelé que la protection des victimes relève en premier lieu de la responsabilité des États nationaux.  Il a affirmé que la Fédération de Russie continue à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire connaître le droit international humanitaire.

Mme Tanieris DIEGUEZ LAO (CUBA) a noté les efforts de la communauté internationale pour garantir le respect du droit international humanitaire.  Elle a souligné qu’il était impératif de consolider le régime juridique applicable aux conflits armés grâce à une acceptation universelle des Conventions de Genève.  La représentante a fait état de pratiques allant dans le sens du « deux poids, deux mesures », sur la notion de protection, estimant que cette tendance affaiblit les efforts de la communauté internationale, laquelle doit exiger que tout État auteur de crimes réponde de ses actes.  La législation de Cuba intègre toutes les garanties pour la protection des civils, notamment avec un enseignement du droit humanitaire par le biais d’un centre parrainé par le CICR aux militaires cubains, a précisé Mme Dieguez Lao, avant d’indiquer que son pays contribuait au renforcement des capacités en matière de droit humanitaire dans des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

Mme DAMARIS CARNAL (Suisse) a mentionné deux initiatives entreprises conjointement par son pays et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  La première, a-t-elle expliqué, vise à renforcer le respect du droit international humanitaire, en consultant les États et d’autres acteurs concernés dans le but d’identifier des moyens d’y parvenir.  Ainsi, lors de la troisième réunion tenue dans le cadre de cette initiative, en juin 2014, les États ont exprimé leur large soutien à la création d’un forum institutionnel qui servira de cadre aux débats thématiques de questions d’actualité sur le droit international humanitaire et à des discussions sur leur mise en œuvre.  La représentante a donc encouragé les États Membres à y participer massivement, sachant qu’une prochaine réunion se tiendra le 28 octobre. 

La seconde initiative, c’est le Document de Montreux sur les obligations juridiques pertinentes et les bonnes pratiques pour les États en ce qui concerne les opérations des entreprises militaires et de sécurité privées pendant les conflits armés.  Adopté en 2008, ce Document est aujourd’hui entériné par 50 États et trois organisations régionales, s’est félicitée la représentante.   En conclusion, Mme Carnal a rappelé que, si les Conventions de Genève sont universellement ratifiées, il n’en va pas encore de même des Protocoles additionnels I, II et III.  Aussi la Suisse encourage-t-elle les États qui ne l’ont pas encore fait à les ratifier dans les meilleurs délais, ainsi que, plus spécifiquement, l’article 90 du Protocole additionnel I concernant l’acceptation de la Commission internationale d’établissement des faits.

M. Amr Elhamamy (Égypte) a noté à quel point il est important de ratifier les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949 et a encouragé les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à les ratifier.  Il a demandé à Israël de respecter le droit international humanitaire, avant de saluer le rôle du CICR dans la promotion de celui-ci.  Toutefois, en dépit de tous les efforts du CICR, les États Membres sont les premiers responsables de l’application du droit international humanitaire, a-t-il conclu.

Mme NATALIA BABIO (Argentine) a rappelé que les principes du droit humanitaire international font partie intégrante du droit international que l’on enseigne dans les facultés de droit dans son pays.  « Ainsi, avec la coopération du CICR, nous organisons des cours à destination des forces armées, en particulier celles qui forment les contingents des opérations de maintien de la paix des Nations Unies », a-t-elle fait valoir.  En outre, depuis 1994, l’Argentine dispose d’une Commission nationale pour la mise en œuvre du droit humanitaire international dont l’objectif est de surveiller la mise en œuvre au niveau interne.  La représentante a tenu à souligner le rôle que pourrait jouer la Commission internationale d’établissement des faits à condition que toutes les parties concernées acceptent sa compétence, avant de préciser que son pays était l’un des 72 États à l’avoir reconnue à ce jour.  Mme Babio a ensuite, par ailleurs, jugé regrettable qu’il soit nécessaire de rappeler que toute attaque contre des civils constitue une violation directe du droit humanitaire international.  C’est la raison pour laquelle l’Argentine exhorte à la pleine mise en œuvre des obligations découlant des Conventions de la Haye de 1899 et 1907, des quatre Conventions de Genève de 1949 et de leurs Protocoles additionnels de 1977.

M. ANGEL HORNA (Pérou) a encouragé les acteurs au niveau national à respecter le droit international humanitaire.  Il a souligné que le Pérou s’est doté d’une commission nationale d’étude et d’application du droit international humanitaire qui joue un rôle fondamental pour la diffusion de ce droit dans le pays.  Le Pérou est partie à la plupart des traités concernant le droit international humanitaire, a ajouté le représentant.  Par ailleurs, le Pérou adopte des mesures pour protéger les femmes et les enfants contre toute participation à des conflits internes, a-t-il expliqué.  Le Pérou a, en outre, rendu obligatoire l’enseignement du droit international humanitaire à tous les degrés de l’éducation et jusque dans l’armée.  Le représentant a évoqué l’appui apporté par le CICR à certaines de ces actions.  En conclusion, le représentant a affirmé que son pays non seulement respecte ses obligations internationales en matière de droit humanitaire, mais fait aussi en sorte de le promouvoir au niveau national.

Mme ANASTASIA CARAYANIDES (Australie) a souligné que son pays est profondément attaché au progrès du droit international humanitaire.  Les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève renforcent ce droit et jouent un rôle central dans la protection des victimes dans les conflits armés nationaux ou internationaux.  La protection des victimes des conflits armés doit être de la responsabilité de toutes les parties à un conflit armé, a rappelé la représentante, qui a exhorté tous les États qui ne sont pas encore parties aux Protocoles additionnels à le devenir.

Un des objectifs clefs du droit international humanitaire est de protéger les civils et il doit donc être respecté par toutes les parties à un conflit armé.  Cependant, il est clair qu’en dépit d’une vaste acceptation des Protocoles additionnels, l’adhésion au droit international humanitaire a diminué, a estimé Mme Carayanides.  La représentante a souligné qu’il est inacceptable de voir à quel point les personnels humanitaires et les personnes chargées du maintien de la paix sont attaqués sur le terrain.  En tant que membre du Conseil de sécurité au cours des deux dernières années, l’Australie a été une des voix qui a promu le droit international humanitaire et une plus grande reddition des compte en cas de violation du droit international humanitaire, a ajouté la représentante, qui a souligné les efforts fournis par le CICR pour faire respecter le droit international humanitaire, particulièrement auprès des parties à un conflit armé, et lui a apporté tout son appui.

M. YOUSEF SULTAN LARAM (Qatar) a souligné qu’il ne suffit pas de ratifier des conventions mais qu’il faut aussi les mettre en pratique, avant de dénoncer les violations du droit international humanitaire qui se poursuivent actuellement et dont les principales victimes sont les enfants et les femmes.  Les situations humanitaires catastrophiques qui résultent de plusieurs conflits obligent les Nations Unies à recourir à des Commissions d’enquête pour faire la lumière sur certains conflits, a-t-il fait observer.  Le représentant s’est félicité de la Déclaration de haut niveau de l’Assemblée générale, qui indique que les dispositions des Conventions de Genève peuvent aider à mettre fin aux infractions du droit international humanitaire et à empêcher que se perpétuent des crimes graves.

M. JESSE CLARKE (Royaume-Uni) a assuré que son gouvernement continuait de prendre des mesures visant à renforcer le droit international humanitaire, comme en témoigne sa ratification, le 2 avril dernier, du Traité sur le commerce des armes, et les modifications subséquentes apportées à la législation britannique.  En outre, en janvier 2013, le Ministre britannique de la défense a mis à jour son « Livre vert », lequel, a-t-il précisé, présente les modalités de travail avec les médias dans le cadre des conflits armés.  De manière plus générale, le Royaume-Uni soutient l’initiative actuelle visant à renforcer les mécanismes de respect du droit international humanitaire et salue la Suisse et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour leur coordination de cet effort.  Pour le représentant, l’une des questions importantes en suspens est le rôle futur de la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits, dont l’utilisation n’a pas eu lieu en déploiement depuis sa création.  C’est pourquoi M. Clarke a exhorté tous les États parties au Protocole additionnel I, relatif aux Conventions de Genève, à reconnaître la compétence de cet organe et à réfléchir aux meilleurs moyens d’en faire usage à l’avenir.  Avant de conclure, le délégué a réaffirmé l’attachement du Royaume-Uni à la protection des personnes privées de leur liberté pendant les conflits armés et sa volonté de qualifier les violences sexuelles de crime grave en vertu du droit international.

Mme METAL NIR-TAL (Israël) a noté que le droit de la guerre doit faire face à de nombreux défis qui résultent de la nature même de la guerre moderne.  Parmi ces défis, il y a le fait qu’un pays qui adhère au droit international, Israël, doit faire face à une entité qui n’est pas un État et se moque du droit international humanitaire.  Le droit des conflits armés se fonde sur la distinction entre civils et combattants, a ajouté la représentante, qui a dit savoir que des terroristes se placent de façon délibérée au sein des populations civiles.  Ces terroristes visent également les écoles des Nations Unies et les lieux de culte et ciblent la population civile, a ajouté la représentante, pour qui les populations d’Israël sont confrontées à cette menace tous les jours.  La triste réalité est celle de la souffrance des personnes civiles, a ajouté Mme Nir-tal.  Le droit des conflits armés est le droit qui prime pour lutter contre ces acteurs non étatiques et les corpus de loi doivent être interprétés à la hauteur de la menace, a-t-elle estimé.

Israël n’est pas le seul État à être préoccupé par certaines dispositions des Protocoles additionnels, a déclaré la représentante.  Cependant, a-t-elle ajouté, notre engagement envers le droit international humanitaire est sincère.  Israël est partie à de nombreuses conventions, y compris les quatre Conventions de Genève de 1949 et le Protocoles additionnel III.  L’engagement d’Israël envers le droit des conflits armés se voit aussi dans le contrôle juridique minutieux des opérations militaires exercé à la fois pendant et après la conduite des hostilités, a affirmé la représentante.  L’examen de notre droit montre notre engagement à faire respecter le droit international humanitaire, a encore ajouté Mme Nir-Tal, qui a expliqué qu’Israël doit faire face à une guerre asymétrique, avant de préciser que les conseillers juridiques israéliens sur le champ de bataille sont indépendants.

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a noté que la nature et l’identité des conflits avaient évolué, et qu’aux conflits interétatiques classiques se sont ajoutés les défis du terrorisme, de l’enrôlement des enfants soldats ainsi que les violences faites aux civils.  Elle a estimé que le plus grand défi pour la communauté internationale réside dans le fait que la plupart des conflits actuels ébranlent l’état de droit et nient les droits de l’homme tout en annihilant les efforts de développement.  La représentante s’est toutefois dite optimiste au regard du travail et du dévouement du Comité international de la Croix-Rouge en faveur des victimes de conflits.  Mme Picco a rappelé que Monaco avait adhéré dès 1953 aux quatre Conventions de Genève de 1949, en 2000 aux Protocoles additionnels de 1977 et en 2008 au Protocole additionnel III.  Elle a ajouté que, pour Monaco, il faut soutenir et faciliter l’accès à l’aide humanitaire et une action humanitaire coordonnée et efficace pour mieux venir en aide aux populations civiles.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission entame son débat thématique sur les armes nucléaires

Soixante-neuvième session
11e & 12e séances – matin & après-midi
AG/DSI/3506

La Première Commission entame son débat thématique sur les armes nucléaires

« Il y a trop de têtes nucléaires qui peuvent être utilisées en quelques minutes.  Cela ne fait qu’accroître le risque d’un usage précipité ou accidentel », a déclaré le Groupe de la Levée de l’État d’alerte, par la voix de la Suisse, résumant le sentiment de crainte exprimé toute la journée par nombre de délégations devant la Première Commission à l’occasion du débat thématique sur les armes nucléaires.  Plus nuancée, l’Allemagne a observé que le risque nucléaire était aujourd’hui bien moins élevé qu’aux heures les plus graves de la guerre froide et que les conséquences humanitaires des armes nucléaires étaient de plus en plus considérées au niveau international.

Il reste que l’existence de près de 17 000 dispositifs nucléaires, loin de renforcer la paix et la sécurité, ne fait qu’alourdir la menace sur l’humanité, ont observé certaines délégations comme celle de l’Afrique du Sud.  Non seulement les puissances nucléaires détiennent ces armes, mais elles continuent de les entretenir, moderniser et d’en fabriquer de nouvelles, a pour sa part affirmé la délégation iranienne, jugeant « préoccupante » la récente décision de la France de moderniser ses arsenaux nucléaires. 

En dépit de la rhétorique moraliste, le fait est que les armes nucléaires restent au cœur de la doctrine et des alliances militaires, a souligné le Pakistan, estimant que cette situation encourageait directement ou indirectement la possession ou l’utilisation de l’arme nucléaire.  La prétendue approche par étapes n’est rien de plus qu’un subterfuge pour circonvenir à l’obligation de désarmement et le fait qu’un petit groupe d’États nucléaires veuille s’approprier la possession de ces armes, tout en voulant imposer la non-prolifération aux autres, aggrave le sentiment d’insécurité entre États, a estimé le représentant de ce pays.

Dans un tel climat de tension, nourri par une course aux armements nucléaires et la présence d’acteurs non étatiques, l’élimination des armes de ce type serait la seule garantie contre leur utilisation et leur prolifération puisque ces armes n’ont pas seulement été conçues et fabriquées pour être stockées, mais pour être utilisées, a remarqué le représentant de l’Iran, soulignant que les doctrines militaires, notamment celles des pays membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) justifiaient cette utilisation.

Le désarmement nucléaire et la non-prolifération doivent aller de pair en tant que double objectif de la communauté internationale, car tant que certains États détiendront des armes nucléaires, d’autres voudront en posséder aussi, sans parler des acteurs non étatiques, ont déclaré d’autres délégations, comme celle du Bangladesh.

« Un monde sans armes nucléaires suppose un régime de non-prolifération crédible », a pour sa part déclaré la Norvège, jugeant nécessaire de faire plus de progrès vers l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et l’universalisation des garanties généralisées de l’AIEA et de ses protocoles additionnels.  Il est en effet temps que la communauté internationale évolue vers une convention globale interdisant le développement, la possession, le transfert et l’utilisation de ces armes, ont réclamé d’autres délégations, à l’instar du Guatemala.  À moins d’un an de la Conférence d’examen du TNP, a déclaré sa représentante, il ne faut plus se contenter de simples déclarations d’intentions non accompagnées d’actions concrètes.  À son avis, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’a pas été conçu pour instaurer un régime permanent, jugeant « inacceptable qu’un petit groupe d’États décide de quand et de si on doit parvenir à un désarmement nucléaire ».  Tous les États doivent en outre s’abstenir d’essais nucléaires avec des détonations, y compris les essais sous-critiques, a précisé pour sa part le Costa Rica. 

Quant à la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, représentée par Saint-Vincent-et-les Grenadines, la prise de conscience de l’impact humanitaire de ces armes était salutaire.  Il faut maintenant que la communauté internationale décide de la place du nucléaire dans le monde actuel, a déclaré sa délégation, affirmant que la conférence d’examen de 2015 offrait l’occasion de délimiter clairement la frontière entre les activités nucléaires autorisées et celles qui ne le sont pas.

Le désarmement nucléaire s’impose tel un impératif primordial.  La seule manière d’y parvenir est d’adopter une convention globale et irréversible interdisant la possession d’armes nucléaires, ont fait remarquer d’autres délégations, dont celle du Mexique, au nom de la Coalition pour un Nouvel Agenda, du Suriname, qui s’exprimait au nom de l’UNASUR ou encore de la Thaïlande, pour lesquels il ne peut y avoir aucune objection raisonnable à cet objectif compte tenu du potentiel catastrophique des armes de ce type.

Autre moyen de préserver le monde de l’utilisation de ces armes, ce sont les zones exemptes d’armes nucléaires.  Dans ce contexte, nombre de délégations ont déploré le manque de progrès enregistrés en matière d’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Pour les pays de la région, notamment l’Iraq et l’Arabie saoudite, cette situation est source de tensions et une menace pour la paix et la stabilité.  Ils ont appelé Israël à faciliter la tenue d’une conférence au plus vite sur la question.  De l’avis du Sénégal, il ne peut y avoir de désarmement général et complet si, en plus de la résistance des États nucléaires, d’autres États contournent le TNP pour se doter de l’arme nucléaire. 

Face à ces blocages et compte tenu de l’objectif de la communauté internationale qui reste le désarmement nucléaire complet, il est impératif d’avancer des idées et de prendre des initiatives nouvelles pour y parvenir, a dit Cuba, rappelant la proposition des pays du Mouvement des non-alignés prévoyant un désarmement progressif et définitif à l’horizon 2025.

En attendant la réalisation de cet objectif de la communauté internationale, certaines délégations ont plaidé pour la mise en place de mesures transitoires.  Parmi celles-ci figurent les garanties de sécurité, l’instauration de zones exemptes d’armes nucléaires, la signature des protocoles additionnels aux traités établissant de telles zones ou encore la réduction du niveau opérationnel des systèmes nucléaires.

Pour leur part, et tout en reconnaissant les lenteurs dans le processus de désarmement nucléaire, la France, la Chine et les États-Unis, puissances nucléaires, ont assuré les autres délégations de leur volonté de prendre des mesures de réduction de leurs arsenaux nucléaires, en particulier dans le cadre des Accords START liant la Fédération de Russie et les États-Unis, les deux plus gros détenteurs d’engins nucléaires, répondent ainsi aux objectifs de la communauté internationale. 

Pour les États-Unis, l’incapacité ponctuelle de faire des progrès dans un domaine ne doit pas forcément faire obstacle à la réalisation de progrès dans d’autres aspects du désarmement nucléaire, a expliqué son représentant, précisant qu’il fallait notamment renforcer le régime international de la non-prolifération et adopter une approche pragmatique d’un désarmement nucléaire par étapes.  Ce qui ne signifie pas qu’on ne puisse faire qu’un pas à la fois, a-t-il expliqué, indiquant qu’il y a cinq ans, à Prague, le Président Obama avait demandé l’élaboration d’un traité pour mettre un terme de manière vérifiable à la production de matières fissiles pour les armes nucléaires.

Il est en effet impossible d’avancer en faisant abstraction du contexte stratégique international, et les crises de prolifération nucléaire constituent un frein évident à la poursuite des efforts de désarmement nucléaire, a pour sa part estimé le représentant de la France, citant les cas des programmes nucléaires iraniens, syriens et nord-coréens qui restent des sujets de préoccupation pour la communauté internationale.  Seul pays à avoir été frappé par les armes nucléaires, le Japon a rejoint les positions du groupe des États nucléaires expliquant que l’objectif de la communauté internationale nécessitait une approche réaliste, par étapes.  Cela dit, les puissances nucléaires doivent se diriger vers des négociations multilatérales sur tous les types d’armements nucléaires et faire preuve de transparence, a dit sa délégation.

Autre puissance dotée de l’arme nucléaire, la Chine a pour sa part déclaré que les États détenteurs de très gros arsenaux nucléaires devaient continuer de les réduire de manière drastique et que, une fois les conditions réunies, les autres États nucléaires pourraient rejoindre les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.  Pour ce faire, la communauté internationale doit élaborer un calendrier précis, avec des étapes et des objectifs à long terme, comprenant notamment la signature d’une convention sur l’interdiction complète des armes nucléaires, a précisé le représentant. 

Affirmant qu’il comprenait « la frustration de ceux qui voudraient des progrès plus rapides en matière de désarmement », le représentant du Royaume-Uni, autre puissance nucléaire, a néanmoins souligné que les armes nucléaires « ont permis d’assurer notre sécurité et celle de nos alliés pendant plusieurs dizaines d’années », avant d’affirmer qu’il n’y avait « pas de raccourcis, ni de calendrier possibles dans ce domaine ». 

La Première Commission poursuivra son débat thématique consacré aux armes nucléaires demain à 10 heures en salle 4. 

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Groupe de questions relatives aux armes nucléaires

S’exprimant en tant que Présidente du Groupe d’experts gouvernementaux (CGE) créé par l’Assemblée générale pour faire des recommandations qui pourraient contribuer, sans pour autant négocier, au traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires, Mme ELISSA GOLDBERG (Canada) a présenté, à titre personnel, la synthèse des travaux des 25 experts qui y ont participé, sans préjuger des délibérations et recommandations finales.  Étant donné que le CGE ne peut pas négocier le traité, a-t-elle souligné, ses travaux sont essentiellement des analyses factuelles et politiquement neutres.  Son caractère informel a permis, a-t-elle précisé, d’avoir des discussions de fond et techniques sur toute une série de questions, permettant ainsi de compléter et d’éclairer l’examen plus large du traité, effectué cette année dans le cadre de la Conférence du désarmement.

La représentante a expliqué que, dans un premier temps, le Groupe s’était penché d’un point de vue technique sur les définitions, la portée et la vérification d’un tel traité.  Sa prochaine réunion aura lieu en janvier 2015, a-t-elle précisé, se faisant écho des regrets des experts du CGE qu’à ce jour la Conférence du désarmement n’ait pas entamé de négociations sur l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires.

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. DESRA PERCAYA (Indonésie) s’est dit préoccupé par l’existence des armes nucléaires et a réaffirmé que le désarmement total était « la priorité majeure » du Mouvement des pays non alignés.  « Les efforts de non-prolifération devraient être parallèles aux efforts de désarmement, mais en dépit des appels à des mesures concrètes de désarmement, les États dotés n’ont pas rempli leurs obligations internationales », a-t-il déclaré.

Il a également réaffirmé sa préoccupation face « à la lenteur du désarmement ».  « Les États dotés doivent réaliser l’élimination de manière transparente, vérifiable et doivent cesser la modernisation ou le redéploiement de leurs arsenaux », a-t-il indiqué, avant d’appeler au lancement « immédiat » de négociations au sein de la Conférence du désarmement pour élaborer une convention globale d’interdiction des armes nucléaires.  Il a souhaité qu’en attendant la conclusion d’un tel traité, soient lancées des négociations « sur un instrument juridiquement contraignant » encadrant les garanties de sécurité négatives offertes aux États non dotés, par les États dotés.

Il a par ailleurs déploré le report de la conférence internationale prévue pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément au plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1995.

M. JORGE LOMONACO (Mexique), qui s’exprimait au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, a regretté que, 16 ans après l’adoption de la déclaration en 18 points par les ministres des affaires étrangères des pays de la Coalition sur un monde sans armes nucléaires, il restait encore beaucoup à faire pour y parvenir.  La Coalition reste convaincue que le seul moyen d’éviter le recours aux armes nucléaires est de les éliminer complètement, a-t-il déclaré, précisant que c’était dans cet esprit que les pays membres œuvraient pour l’universalisation du TNP et la mise en œuvre des obligations qui en découlent. 

Le représentant a précisé que la résolution présentée par la Coalition abordait un certain nombre de questions relatives au désarmement nucléaire, réaffirmant notamment les conséquences humanitaires catastrophiques de ces armes et appelant les États dotés à respecter leurs obligations en vue de réduire leurs arsenaux nucléaires avec leur élimination totale à terme.

Ce texte réaffirme en outre qu’en attendant, les États non dotés devaient recevoir des assurances de sécurité négatives non équivoques de la part des puissances nucléaires, conformément au Plan d’action sur le désarmement nucléaire et le document final de la Conférence d’examen du TNP de 2010 et que, tant qu’il n’y aura pas de désarmement nucléaire total, la création et le maintien de zones exemptes d’armes nucléaires devaient se poursuivre.

Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande), s’exprimant au nom d’un groupe de 155 États, a indiqué que ceux-ci étaient profondément préoccupés par les conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires.  Elle a déclaré que les expériences du passé, notamment les tests et utilisations des armes nucléaires, avaient permis de constater que ces armes pouvaient conduire à des conséquences humanitaires inacceptables causées par leurs capacités destructrices incontrôlables et leur nature hasardeuse.  Elle a souligné que les deux débats factuels, qui ont eu lieu au cours des première et deuxième Conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, avaient permis de renforcer la compréhension collective que ces 155 États ont desdites conséquences.  Elle a ajouté que le message clef que les experts et les organisations internationales ont mis en exergue à cette occasion était qu’« aucun État, ni aucune organisation internationale n’a les moyens de faire face aux conséquences humanitaires immédiates, ou apporter une assistance aux victimes à la suite d’une détonation nucléaire ».  Mme Higgie a ensuite salué l’annonce faite par l’Autriche d’accueillir la troisième conférence de ce type les 8 et 9 décembre prochains.

La représentante a par ailleurs relevé que la grande mobilisation qu’ont suscitée ces conférences, avec la participation de 146 États à celle de février dernier, était un indicateur de la préoccupation de la communauté internationale.  Elle a en outre rappelé que ces conséquences humanitaires de l’usage des armes nucléaires ont été reflétées dans plusieurs résolutions des Nations Unies, y compris la première adoptée en 1946 par l’Assemblée générale, et de nombreux instruments multilatéraux dont le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Elle a également rappelé que la première session spéciale de l’Assemblée générale relative au désarmement, en 1978, avait permis de souligner que « les armes nucléaires représentent le plus grand danger pour l’humanité et à la survie de la civilisation ».

La représentante a par ailleurs noté qu’en septembre 2013, la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire avait donné l’occasion à la plupart des dirigeants du monde de souscrire à une déclaration commune sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires.  

« Il est de l’intérêt de la survie de l’humanité que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées, sous quelque circonstance que ce soit », a précisé Mme Higgie, en invitant tous les États à prévenir leur utilisation en prévenant leur prolifération verticale et horizontale, et en œuvrant au désarmement nucléaire, y compris par la mise en œuvre des objectifs du TNP.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), s’exprimant au nom du Marché commun des Caraïbes (CARICOM), a exprimé la fierté de faire partie de l’une des premières zones exemptes d’armes nucléaires, créée suite au Traité de Tlatelolco qui a également été à l’origine de la création de l’Agence pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et les Caraïbes (OPANAL).  En 2014, les chefs d’État de la CELAC ont réaffirmé que cette zone était une zone de paix en s’engageant à régler les conflits au sein de la région par le dialogue et la négociation, a-t-elle affirmé.  La CARICOM lance un appel aux puissances nucléaires pour qu’elles retirent leurs réserves aux protocoles additionnels au Traité de Tlatelolco et continue d’encourager la coopération multilatérale dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération nucléaire, a indiqué la représentante.  Les membres de la CARICOM sont en outre convaincus de l’intérêt de créer d’autres zones exemptes d’armes nucléaires et, par conséquent, exigent que la Conférence sur la création de telles zones, en particulier au Moyen-Orient, puisse avoir lieu sans plus attendre, a-t-elle poursuivi.  La représentante a par ailleurs salué la prochaine tenue de la troisième conférence des États parties et signataires des traités qui ont permis la mise en place d’une telle zone en Mongolie, qui doit se tenir à New York en 2015.

Soulignant les conséquences catastrophiques d’une potentielle explosion nucléaire, accidentelle ou pas, et en particulier l’impact humanitaire, la représentante a salué la prise de conscience de la communauté internationale face aux conséquences potentielles de tels phénomènes, comme l’attestent les Conférences de Nayarit et Oslo.  Mme King s’est jointe aux appels en faveur d’une interdiction totale des armes nucléaires et de la destruction des arsenaux existants, précisant que la CARICOM participerait à la troisième conférence sur cette question, qui aura lieu à Vienne plus tard cette année. 

Elle a invité la communauté internationale à saisir l’opportunité de la Conférence d’examen du TNP de 2015 pour prendre des décisions essentielles quant à la place du nucléaire dans le monde actuel, souhaitant notamment voir une délimitation claire entre les activités nucléaires autorisées et celles qui ne le sont pas.  Elle s’est également dite préoccupée par le passage de navires transportant des déchets nucléaires dans la mer des Caraïbes.

M. E. E. IMOHE (Nigéria), au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé qu’il était urgent que la planète, y compris l’espace extra-atmosphérique soit exempte d’armes nucléaires, celles-ci représentant une menace pour l’humanité tout entière.  C’est une condition préalable pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il dit, précisant que le continent africain était, grâce au Traité de Pelindaba une zone exempte d’armes nucléaires.  Il est déplorable que tel ne soit pas encore le cas du Moyen-Orient, a-t-il indiqué, appelant à la mise en œuvre de la résolution 68/32 de l’Assemblée générale sur le suivi de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire.

Le représentant a par ailleurs appelé tous les États à respecter l’esprit et la règle du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et ses trois piliers.  Il faut également que des garanties de sécurité négatives soient accordées aux États non dotés en attendant le désarmement nucléaire complet, a-t-il déclaré, soulignant que les États dotés devaient pour leur part prendre conscience des conséquences humanitaires des armes nucléaires.  Enfin, le Groupe africain restait favorable à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires et proposerait un texte visant cet objectif, a conclu le représentant.

S’exprimant au nom du Groupe de la levée de l’état d’alerte, M. URS SCHMID (Suisse) a présenté un projet de résolution sur la levée de l’état d’alerte des systèmes nucléaires.  Il a précisé que le texte décrivait les mesures concrètes à prendre pour atteindre l’objectif de levée de l’état d’alerte qui fait partie du désarmement.  « Il y a trop de têtes nucléaires qui peuvent être utilisées en quelques minutes et cela ne fait qu’accroître le risque d’un usage précipité ou accidentel », a-t-il déclaré, qualifiant cet état de fait de « danger inacceptable pour l’humanité ».  Dans ces conditions, le projet de résolution met en avant les conséquences dramatiques d’une explosion nucléaire, souligne la nécessité de réduire les niveaux d’alerte des systèmes nucléaires en place et appelle les États dotés à redoubler d’efforts pour respecter cet engagement au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Réduire le niveau opérationnel des systèmes nucléaires est une mesure provisoire, mais une étape clef vers un monde exempt d’armes nucléaires », a-t-il souligné, invitant les États à soutenir le projet de résolution.

M. JOHN QUINN (Australie), s’exprimant au nom d’un groupe de pays dont l’Australie, la Belgique, la Bulgarie, le Canada, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, le Japon, la Lituanie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Pologne, la Slovaquie et l’Espagne, a estimé que l’intérêt renouvelé de la communauté internationale pour les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires a permis de raviver les inquiétudes sur les conséquences horribles pour l’humanité en cas d’utilisation d’armes nucléaires ou d’accident nucléaire majeur, ou encore d’une attaque terroriste impliquant l’utilisation de matériels fissiles.  Pour réaliser le vœu d’un monde sans armes nucléaires, la présente génération, notamment celle vivant dans les pays dotés, devrait comprendre le bien-fondé d’œuvrer à l’avènement d’un monde dénucléarisé, a-t-il déclaré.

M. Quinn a par ailleurs relevé qu’il y avait eu une diminution considérable du nombre d’armes nucléaires dans le monde depuis la fin de la guerre froide, mais, a—t-il déploré, plus de 16 000 ogives nucléaires existaient toujours, dont de nombreuses en état d’alerte élevée.  Il a également regretté que certains États dotés continuent de fabriquer de nouvelles armes nucléaires, précisant que leur élimination ne serait possible qu’à travers un engagement clair et constructif des États dotés.

Affirmant que le désarmement nucléaire passait par la réduction du niveau d’hostilité et de tensions entre États, particulièrement entre ceux dotés, il s’est prononcé pour la poursuite des mesures de renforcement de la confiance, comme la transparence sur les arsenaux nucléaires existant, et la réduction du rôle des armes nucléaires dans les doctrines militaires. 

Le représentant a par ailleurs souhaité le déblocage des négociations sur le désarmement et appelé au renforcement du pouvoir d’inspection, de vérification et de rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

S’exprimant au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), Mme NICOLE HEW A KEE (Suriname) a appelé au lancement « en priorité » de négociations d’une convention d’interdiction des armes nucléaires, rappelant que seule l’élimination totale de ces armes garantissait qu’elles ne soient pas utilisées.  Elle a fait part de sa profonde préoccupation quant aux conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires et a salué l’organisation des premières conférences internationales sur la question.  Elle a appelé à des avancées concrètes lors de la prochaine Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en 2015, notamment l’établissement d’un calendrier précis pour l’élimination des arsenaux nucléaires des États dotés.

Rappelant l’appartenance de l’UNASUR à la zone exempte d’armes nucléaires d’Amérique Latine et des Caraïbes, la représentante a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires pour permettre son entrée en vigueur au plus vite.  Elle a également appelé les États dotés à éliminer les armes nucléaires de leurs doctrines militaires, avant de déplorer le report de la conférence internationale prévue pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Estimant que l’instauration d’une telle zone contribuerait considérablement à la paix dans la région, elle a réitéré son appel à l’organisation d’une conférence à cet effet, aussi rapidement que possible et en présence de tous les États de la région.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan), s’exprimant au nom des États parties au Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale qui comprend en outre le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et son pays, le Kazakhstan, a affirmé que l’entrée en vigueur de ce Traité, le 21 mars 2009, aura été une étape importante marquant l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Il a estimé que la création d’une telle zone était la consécration d’efforts collectifs consentis par les cinq pays concernés pour assurer la sécurité, la stabilité et la paix dans la région.

Il a dit espérer que l’espace sécuritaire autour de la région d’Asie centrale continuerait de s’étendre, pour parvenir un jour à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a enfin annoncé que le Kazakhstan, au nom des cinq pays de la région, présenterait un texte à la Commission, afin de faire part des progrès accomplis en la matière depuis la signature du Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.

M. IOANNI VRAILAS, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a réaffirmé son plein appui aux trois piliers du TNP et à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de celui-ci ou à la suite des précédentes conférences d’examen.  Il a indiqué que l’Union européenne souhaitait des résultats concrets et positifs lors de la prochaine Conférence d’examen du TNP en 2015 et a encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet instrument.

Saluant les engagements pris dans le domaine du désarmement nucléaire, notamment ceux par les États-Unis et deux membres de l’Union européenne, le représentant a invité les cinq puissances nucléaires à accélérer les progrès concrets en ce sens, à la lumière de la situation internationale.  S’agissant de la mise en œuvre du nouveau Traité START, l’Union européenne encourage la Russie et les États-Unis à réduire davantage leurs arsenaux nucléaires respectifs, y compris les arsenaux stratégiques et non stratégiques, déployés et non déployés, estimant que la question des armes nucléaires non stratégiques devait être incluse dans la prochaine session de pourparlers bilatéraux, a précisé M. Vrailas.

Le représentant a par ailleurs indiqué que l’Union européenne condamnait fermement la violation, par la Russie, de certains engagements pris relatifs à la menace ou l’usage de la force contre l’intégrité territoriale ou la souveraineté de l’Ukraine dans le contexte du mémorandum de Budapest de 1994 sur les garanties aux pays ne disposant pas de l’arme nucléaire et leur accession au TNP.

Il a également souligné l’importance du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération et a expliqué que son universalisation et son entrée en vigueur étaient des priorités absolues pour l’Union européenne.  Il a également appelé à l’ouverture immédiate de négociations sur le traité d’interdiction de la production de matières fissiles pour les armes nucléaire au sein de la Conférence du désarmement, précisant qu’en attendant, l’Union européenne demanderait aux États dotés de respecter un moratoire immédiat sur la production de matières fissiles.

M. Vrailas a également rappelé que l’Union européenne avait condamné les tests nucléaires de la RPDC en février 2013 et a exhorté ce pays à se mettre en conformité avec le TNP sans condition.  L’Union européenne appuie par ailleurs les efforts actuels du Haut-Représentant, avec la Chine, la France, l’Allemagne, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, en vue de trouver une solution diplomatique aux dossiers nucléaires de l’Iran, a conclu le représentant.

M. JORGE LOMONACO (Mexique) a déclaré que même si les arsenaux nucléaires ont été considérablement réduits, l’existence de 17 000 ogives nucléaires dans le monde restait injustifiable.  Certains États en possèdent même plus que pendant la guerre froide, ils continuent à les entretenir et à en développer de nouvelles, a-t-il déploré, affirmant que tant que ces armes existaient, d’autres entités seraient tentées d’en acquérir, y compris des acteurs non étatiques.

Le Mexique, qui a accueilli la deuxième conférence sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires à Nayarit, estime qu’il était temps d’appliquer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Toutes les parties doivent respecter leurs engagements, qui sont des obligations de résultats et non d’intention, a précisé le représentant, affirmant que l’ultime objectif de la communauté internationale était leur destruction intégrale.   

M. VENKATESH VARMA (Inde) a invité tous les États dotés à s’engager dans un dialogue visant à renforcer les mesures de confiance et à réduire la place des armes nucléaires dans les relations internationales et dans leur doctrine sécuritaire.  Il a indiqué que son pays avait soutenu le début de négociations sur une convention globale sur les armes nucléaires à la conférence sur les questions de désarmement.  « En tant qu’État doté responsable », l’Inde a une politique de non-usage de l’arme nucléaire en premier contre un État doté, et de non-utilisation d’une telle arme contre les États non dotés, a-t-il dit, précisant que cette approche devrait bientôt être formalisée via des accords bilatéraux et multilatéraux juridiquement contraignants.  Le représentant a également indiqué que l’Inde soutenait les négociations de la Conférence sur les questions de désarmement en vue d’arriver à un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires et que son pays était disposé à travailler avec la communauté internationale pour prévenir la prolifération nucléaire, notamment à travers des contrôles à l’exportation rigoureux.

Le représentant a en outre déclaré que l’Inde ne trouvait aucun inconvénient à rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant qu’État non doté et qu’elle apporterait sa contribution au renforcement du régime global de non-prolifération.

M. Varma a par ailleurs annoncé que l’Inde ferait, au nom d’un groupe d’États, une proposition de résolution sur « la réduction du danger nucléaire », précisant que ce texte soulignerait la nécessité de procéder à l’examen des doctrines nucléaires et de prendre des mesures pour réduire le risque de l’usage accidentel des armes nucléaires.  Il a également annoncé qu’un autre texte serait à nouveau présenté par l’Inde, au nom de certains États, sur l’élaboration d’une convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires - texte qui revient depuis 1982, et a regretté que certains États, dont certains dotés et d’autres entreposant de telles armes, aient voté par le passé contre cette résolution. 

M. ROBERT WOOD (États-Unis) a assuré que son pays continuait de prendre des mesures qui se renforcent mutuellement en vue de parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Seule une approche équilibrée permettant de préserver la sécurité internationale assurera la réalisation de cet objectif, a-t-il ajouté, affirmant qu’il fallait renforcer le régime international de la non-prolifération nucléaire et adopter une approche pragmatique d’un désarmement nucléaire par étapes, « ce qui ne signifie pas qu’on ne puisse faire qu’un pas à la fois ».

« L’incapacité ponctuelle de faire des progrès dans un domaine, ne doit pas nous empêcher d’en faire dans d’autres aspects du désarmement nucléaires », a-t-il poursuivi, estimant que « la dure réalité restait que l’objectif final du désarmement ne se fera pas en une nuit ni en une seule négociation ».  Affirmant que sa délégation « comprend » les motivations sincères de ceux qui soulignent l’impact humanitaire de ces armes et partage l’intérêt de tous les États à poursuivre indéfiniment le record actuel de 70 années sans utilisation d’armes nucléaires, M. Wood a néanmoins estimé que toute tentative visant à faire passer la question du désarmement nucléaire dans le domaine du droit international humanitaire ne ferait que distraire de l’ordre du jour fixé par le Plan d’action de la Conférence d’examen du TNP en 2010.

Le représentant a mis en exergue les réels progrès enregistrés dans le domaine du désarmement nucléaire et rappelé, qu’en dépit des tensions entre les États-Unis et la Fédération de Russie, les deux pays avaient réussi la mise en œuvre du nouveau Traité START.  Les stocks nucléaires américains ont été réduits de 85% par rapport à leur niveau le plus haut de 1967, a-t-il précisé, rappelant que le Président Obama s’était déclaré prêt à négocier une réduction supplémentaire de toutes les armes nucléaires avec la Fédération de Russie, y compris les armes stratégiques et non stratégiques, déployées et non déployées, une fois que les conditions s’y prêtent. 

En attendant, a continué M. Wood, le Gouvernement de son pays avait décidé de garder, voire moderniser, son arsenal nucléaire tant que ces armes existaient.  Il y a cinq ans, à Prague, M. Obama avait demandé l’élaboration d’un traité pour mettre un terme de manière vérifiable à la production de matières fissiles pour les armes nucléaires, a rappelé M. Wood, affirmant qu’un tel instrument constituerait un pas essentiel vers le désarmement nucléaire dans le monde.  À ce titre, a-t-il précisé, son pays avait participé aux deux premières réunions du Groupe d’experts gouvernementaux, avant d’exprimer l’espoir que le rapport final de ce Groupe permettrait de faire progresser les chances de négociation à la Conférence du désarmement.

M. Wood a par ailleurs déclaré que son pays était également en train de réduire ses stocks de matières fissiles qui ont été retirés de leurs programmes d’armes nucléaires, notamment dans le cadre de l’accord du Plutonium Management and Disposal Agreement conclu avec la Russie en 2011.  Mon gouvernement continue en outre de travailler sur la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et de poursuivre son étroite collaboration avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a également estimé qu’il fallait trouver un accord sur l’adoption de mesures de nature à décourager ceux qui voudraient interpréter de manière illégale les dispositions du TNP relatives à un possible retrait et annoncé une contribution supplémentaire de 50 millions de dollars à l’Initiative sur les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire de l’AIEA.

M. JEAN HUGUES SIMON-MICHEL (France) a déclaré que la mise en œuvre de la feuille de route du Plan d’action du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires était une responsabilité collective, qui engageait tous les États qui en étaient parties.  Ce processus inclut également, à son avis, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le lancement de négociations sur le traité d’interdiction de la production de matières fissiles. Sur ce dernier point, le représentant a estimé que la communauté internationale enregistrait des progrès, notamment avec la mise en place du Groupe d’experts gouvernementaux et la tenue de débats de fonds à la Conférence du désarmement. 

M. Simon-Michel a également affirmé que le désarmement ne pouvait avancer en faisant abstraction du contexte stratégique. Les crises de prolifération nucléaire sont un frein évident à la poursuite des efforts de désarmement nucléaire, a-t-il dit, citant les cas des programmes nucléaires iraniens, syriens et nord-coréens qui restaient des sujets de préoccupation pour la communauté internationale.  

Précisant que la France n’a jamais participé à quelconque course aux armements nucléaires et qu’elle appliquait le principe de la stricte suffisance, compatible avec le contexte stratégique, M. Simon-Michel a souligné que la dissuasion nucléaire française n’était en rien contraire au droit international, étant de nature strictement défensive et visant exclusivement la protection de ses intérêts vitaux dans des circonstances extrêmes de légitime défense. 

Mme YADIRA LEDESMA (Cuba) a jugé impératif de trouver des idées et prendre des initiatives nouvelles pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires, compte tenu des résistances gouvernementales en la matière.  Cela implique l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant dans la droite ligne de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale en 2013.  Cuba présentera une résolution de suivi de cette réunion, a précisé la représentante.

Elle a par ailleurs rejeté les tentatives de nier aux pays en développement le droit légitime de recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, affirmant que l’existence de près de 17 000 ogives nucléaires dans le monde constituait un frein pour le développement et une menace à la paix internationale.  L’une des manières de préserver cette sécurité est la création de zones exemptes d’armes nucléaires, ce qui n’est pas encore le cas au Moyen-Orient, a-t-elle déploré.

Elle a par ailleurs précisé qu’il existait aujourd’hui des propositions qui méritaient une attention particulière en matière de désarmement nucléaire, notamment celle des pays du Mouvement des non-alignés, qui propose un désarmement progressif et définitif à l’horizon 2025. 

M. MICHAEL BIONTINO (Allemagne) a rappelé le soutien de son pays à l’élimination totale des armes nucléaires et à un désarmement complet et vérifiable, soulignant qu’il ne s’agissait pas « d’une recommandation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, mais d’une obligation contenue dans son article VI ».  Soulignant le contexte international marqué par l’annexion de la Crimée et l’instabilité en Ukraine « qui ne facilitent pas de nouvelles discussions », il a appelé à de nouveaux efforts de désarmement, défendant une approche par étape, fondée sur un renforcement de la confiance entre les États.

Se félicitant que le risque nucléaire soit aujourd’hui bien moins élevé qu’aux heures les plus graves de la guerre froide, il a souligné le risque de voir des acteurs non étatiques en général, terroristes en particulier, acquérir des armes nucléaires.  Il a par ailleurs salué la prise en compte des conséquences humanitaires des armes nucléaires au travers d’un nouveau cycle de conférences internationales, indiquant que son pays participerait à la prochaine réunion à Vienne, en décembre.

Il a enfin appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et soutenu le lancement de négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement. 

M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a déclaré que l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’adoption, à la Conférence du désarmement, d’un instrument international juridiquement contraignant sur la destruction de ces armes était la seule manière de parvenir aux objectifs de la communauté internationale.  Il faut donc avancer sur cette voie, a dit le représentant.  En tant que pays membre d’une zone exempte d’armes nucléaires, la Colombie estime aussi que ces zones constituent un moyen de parvenir à cet objectif et c’est pourquoi qu’elle souhaite l’établissement d’une telle zone au Moyen-Orient, a-t-il dit.

M. AL-JUHAISHI (Iraq) a déclaré que son pays souhaitait la convocation d’une conférence internationale sur le désarmement nucléaire.  Il faut également parvenir à un instrument international juridiquement contraignant relatif aux garanties de sécurité négatives, qui doit être la priorité de la Conférence du désarmement, a estimé le représentant.

L’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires est également une autre priorité qui doit être mise en œuvre, dans le but de préserver la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a poursuivi le représentant, affirmant que, compte tenu de la situation internationale, il était impératif de s’assurer que les auteurs non étatiques ne puissent pas se procurer des armes nucléaires.  

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a présenté le projet de résolution intitulé « Suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’usage d’armes nucléaires ».  Il  a rappelé que le 8 juillet 1996, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait déclaré que l’usage d’armes nucléaires ou la menace d’y recourir était contraire au droit international, en particulier au droit humanitaire.

Soulignant que cet avis représentait une étape significative vers le désarmement en avançant un argument moral justifiant l’élimination des armes nucléaires, le représentant a indiqué que le projet de résolution appelait une nouvelle fois les États Membres à remplir leurs obligations de désarmement, en lançant en particulier des négociations sur l’élaboration d’une convention d’interdiction des armes nucléaires.

M. TOSHIO SANO (Japon) a rappelé qu’étant le seul pays à avoir souffert de bombardements nucléaires, le Japon était pleinement engagé dans la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Estimant qu’atteindre cet objectif nécessitait une approche réaliste, par étape, il a présenté le projet de résolution intitulé « Unité d’action pour l’élimination totale des armes nucléaires », qui énumère les éléments clefs permettant d’avancer en matière de désarmement et de non-prolifération.

Le représentant a salué les efforts unilatéraux et bilatéraux de désarmement menés par la France, la Fédération de Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni, appelant ces États dotés à « évoluer vers des négociations multilatérales sur tous les types d’armes nucléaires ».  « La transparence étant un élément essentiel de nouveaux efforts de désarmement », le représentant a appelé les États dotés à poursuivre la publication de rapports chiffrés et à renforcer encore les mesures de confiance.

Soulevant les questions de non-prolifération, le représentant a estimé que les États qui ne sont pas parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ne devaient « pas rester à l’écart ».  Il les a invités à rejoindre le TNP comme États non dotés et « à commencer de réduire immédiatement leurs arsenaux ».  Il a également appelé à l’entrée en vigueur dans les plus brefs délais du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, regrettant que l’impasse au sein de la Conférence du désarmement ait empêché le lancement de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles, mais saluant en revanche les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux nommé à cet effet en 2013.

Rappelant l’importance de zones exemptes d’armes nucléaires, il a demandé que soit organisée au plus vite la conférence internationale initialement prévue en 2012 pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a salué la signature par les États dotés du Protocole à la zone exempte d’armes nucléaires d’Asie centrale et les a invités à poursuivre leurs efforts pour ratifier le Protocole du Traité de Bangkok instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est.

En conclusion, le représentant s’est inquiété des entorses au régime international de non-prolifération, faisant part de sa grave préoccupation au sujet des programmes nucléaires et balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a appelé ce pays à « abandonner toutes ses activités nucléaires, ainsi que ses installations d’enrichissement d’uranium, de manière immédiate, irréversible et vérifiable, et à éviter tout acte de provocation ».

M. KSENIJA JARANOUG (Lettonie) a estimé que le TNP était la pierre angulaire du régime de non-prolifération et du désarmement.  Il a exprimé une certaine réticence en ce qui concerne la création de formats parallèles de travail car, a-t-il prévenu, ils pourraient aboutir à des doubles emplois par rapport aux travaux existants.  Il a invité tous les États à poursuivre la mise en œuvre du Plan d’action du TNP de 2010 même après 2015, tout en renforçant les efforts de transparence et les mesures de confiance.  « Ce Plan d’action est global, équilibré et substantiel », a-t-il estimé.

Le représentant a par ailleurs rappelé que le transfert de l’arsenal nucléaire de l’Ukraine à la Russie avait été l’un des plus grands accomplissements du TNP.  Il a regretté que le mémorandum de Budapest ait depuis été violé par une partie, estimant que cela portait atteinte à la crédibilité du Traité.  Il a souligné les conséquences humanitaires résultant de l’utilisation de l’arme nucléaire, comme le rappelle actuellement un « mouvement particulier », mais refusé toutefois toute approche fragmentée de la non-prolifération et du désarmement dans le cadre de la Conférence d’examen.  Il a indiqué que son pays organiserait une manifestation parallèle pendant cette conférence pour examiner les ponts qu’il serait possible de jeter entre les différentes approches du désarmement.

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que son pays, puissance nucléaire, ne menaçait personne et gardait son arsenal au plus bas niveau possible pour les besoins de sa sécurité nationale.  La Chine a en outre toujours tenu ses engagements, à savoir qu’elle ne serait jamais la première à se servir de sa force nucléaire, quelles que soient les circonstances, et à ne menacer personne de son usage, a-t-il rappelé.  Il s’agit du seul pays nucléaire à avoir pris de tels engagements, a-t-il souligné, indiquant en outre que la Chine soutenait la Conférence du désarmement et les objectifs qui lui sont assignés.  Mon gouvernement estime par ailleurs que l’on peut, dès maintenant, mettre la dernière main à un traité sur la non-production de matières fissiles de manière multilatérale, a poursuivi le représentant.

Il a aussi assuré que son pays avait pris des mesures de transparence, publiant ces dernières années de nombreux rapports nationaux et respectant ses engagements pris dans le cadre du TNP.  En revanche, la Chine estime que les États détenteurs de très gros arsenaux nucléaires devraient continuer de les réduire de manière drastique et que, une fois les conditions réunies, tous les États nucléaires devaient rejoindre les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, a poursuivi le représentant.  Pour ce faire, la communauté internationale doit élaborer un calendrier précis, avec des étapes et des objectifs à long terme, comprenant notamment la signature d’une convention sur l’interdiction complète des armes nucléaires, a conclu le représentant. 

M. ALI RASHID AL-MUHANNADI (Qatar) s’est dit préoccupé par l’impasse qui caractérise la Conférence du désarmement et son incapacité à adopter un programme de travail.  Il s’est dit « inquiet » du peu de progrès observés dans le domaine du désarmement nucléaire, soulignant que le Qatar défendait l’élimination totale des armes nucléaires.

Il a regretté qu’« en dépit des efforts des États arabes », la conférence internationale destinée à créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et prévue en 2012, conformément au Plan d’action de 2010, ait été reportée. « C’est un échec », a déploré le représentant, avant de s’interroger sur la capacité et la volonté réelle de la communauté internationale de créer une telle zone et des États dotés de consacrer leurs ressources dédiées aux armes nucléaires au développement ».  Il a appelé les États qui ne sont pas encore parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires à rejoindre ces deux instruments internationaux.

M. FARUK HOSSAIN (Bangladesh) a déclaré que le désarmement nucléaire et la non-prolifération devaient aller de pair en tant que double objectif de la communauté internationale.  Tant que certains États en possèdent, d’autres seront tentés d’en posséder aussi, sans parler des acteurs non étatiques, a-t-il prévenu.

Il a par ailleurs estimé que les garanties de sécurité négatives constituaient une étape intermédiaire pour parvenir aux objectifs de la communauté internationale, invitant les États dotés à signer et à ratifier les protocoles additionnels aux traités instaurant des zones exemptes d’armes nucléaires.  Ces mesures de confiance sont primordiales, car elles sont utiles pour les États nucléaires comme pour les autres, a conclu le représentant.  

S’exprimant au nom de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, M. TOSHIO SANO (Japon) a réaffirmé son appui à l’élimination totale des armes nucléaires, rappelé l’importance de l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, plaidé pour la poursuite de la réduction des arsenaux nucléaires, y compris les armes non stratégiques ou non déployées, et réclamé la réduction de la place des armes nucléaires dans les doctrines militaires et la levée de l’état d’alerte des systèmes déployés.

Tout en reconnaissant les avantages des accords de désarmement bilatéraux ou unilatéraux, le représentant a estimé que ceux-ci ne remplaçaient pas les accords multilatéraux et les obligations en découlant.  Appelant à plus de transparence dans le désarmement et soulignant les conséquences humanitaires de toute explosion nucléaire, volontaire ou accidentelle, il a appelé au lancement immédiat de négociations pour la conclusion d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement.  Qualifiant également d’ « essentiel », le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires , il a appelé les États qui n’ont pas encore signé et ratifié le Traité à le faire au plus vite pour permettre son entrée en vigueur.

Abordant les questions de non-prolifération, il a condamné vigoureusement les essais nucléaires et tirs balistiques de la République populaire démocratique de Corée, l’appelant à respecter les décisions du Conseil de sécurité, à abandonner tout élément de son programme nucléaire, à soumettre toutes ses installations au contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique et à éviter toute provocation.  À propos de l’Iran, il a apporté son soutien aux négociations en cours et souhaité une issue pacifique aux questions liées à son programme nucléaire.

Soulignant par ailleurs l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires, le représentant a appelé à la création d’une telle zone au Moyen-Orient, conformément au Plan d’action de 2010.  Enfin, il a salué l’organisation des deux premières conférences internationales consacrées aux conséquences humanitaires des armes nucléaires et apporté son soutien à la tenue de la troisième, en décembre, à Vienne. 

M. PETER THOMSON (Fidji), au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, s’est déclaré très sceptique quant aux conclusions d’une étude de l’Agence internationale de l’énergie atomique qui affirme que les essais nucléaires français réalisés dans le Pacifique ont eu très peu d’impact sur l’environnement et la santé des populations.  L’étude estime par ailleurs qu’aucun cas de cancer enregistré au sein des populations de Mururoa et de Fangataufa ne pouvait être imputé aux résidus radioactifs de ces essais.  Or, selon le Rapporteur spécial sur les incidences sur les droits de l’homme de la gestion et de l’élimination écologiquement rationnelles des produits et déchets dangereux, les populations de ces territoires ont bien été touchées par les conséquences des programmes d’essais nucléaires menées dans leur région, a notamment rappelé le représentant.

Pour les petits États insulaires en développement du Pacifique, tant qu’il y aura des armes nucléaires, il y aura le danger qu’elles soient utilisées.  Dans ce contexte, il estime qu’il ne faut pas seulement réduire le risque que ces armes tombent dans les mains de groupes armés, mais les détruire, et l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur la production de matières fissiles serait un premier pas dans ce sens, a-t-il conclu.

M. JAMAL JAMA AHMED ABDULLA AL MUSHARAKH (Émirats arabes unis) a rappelé le droit inaliénable des États à l’usage de l’énergie atomique à des fins pacifiques et le rôle de pierre angulaire joué par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il a réitéré l’importance des protocoles additionnels de l’Agence internationale de l’énergie atomique qui permettent « un contrôle transparent de l’usage exclusivement pacifique de l’énergie nucléaire » et apporté son soutien aux négociations en cours à propos du programme nucléaire de l’Iran, leur souhaitant une issue pacifique et transparente.

S’agissant de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, il a exprimé sa préoccupation face à l’absence de progrès et au report de la Conférence internationale initialement prévue à cet effet en 2012, avant d’inviter les pays de l’annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires à signer et ratifier au plus vite le texte pour permettre son entrée en vigueur.  Il a également appuyé le lancement de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement.

Le représentant a enfin insisté sur la transparence du programme nucléaire de son pays « constitué de trois réacteurs nucléaires » et soumis au contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

M. HENK COR VAN DER KWAST (Pays-Bas) a rappelé que le Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 restait « la feuille de route » à suivre.  Soulignant l’adhésion de son pays à l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, le représentant a réaffirmé le soutien absolu de son pays au désarmement et à l’élimination totale des armes nucléaires.  Saluant l’attention nouvellement portée aux conséquences humanitaires des armes nucléaires, via un nouveau cycle de conférences internationales, le représentant s’est prononcé pour un désarmement, étape par étape, mais avec des actions concrètes « prises immédiatement » par les États dotés.  Il a cité notamment le renforcement de la transparence, la réduction de la place des armes nucléaires dans les doctrines militaires, la levée de l’état d’alerte des armes nucléaires, avant d’appeler les États qui n’ont pas signé et ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires à le faire au plus vite pour permettre son entrée en vigueur.  Il a également estimé « essentiel » le lancement de négociations pour la création d’un traité interdisant la production de matières fissiles, saluant les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux créé en 2013 à cet effet.

Se penchant enfin sur les questions de non-prolifération, il a estimé que la République populaire démocratique de Corée représentait « une vive source de préoccupation avec son programme d’enrichissement d’uranium et la construction de nouvelles installations à Yongbon.  Il a par ailleurs apporté son soutien aux négociations en cours avec la République islamique d’Iran, souhaitant qu’elles permettent de trouver une solution pacifique levant tous les doutes existant sur la nature pacifique du programme nucléaire iranien.

M. MARITZA CHAN (Costa Rica) a indiqué que son pays et la Malaisie avaient soumis une proposition de modèle de convention sur les armes nucléaires, ainsi que des documents de travail sur cette question lors des précédentes conférences d’examen du TNP.  En outre, a-t-il affirmé, le Costa Rica était disposé à participer à un processus diplomatique pour négocier un traité d’interdiction des armes nucléaires.

Estimant que le Traité d’interdiction des essais nucléaires devait aussi entrer en vigueur et les essais effectués dans les îles Marshall et en Asie centrale ne devaient plus se répéter, le représentant a exhorté les États dans l’Annexe 2 du Traité à accélérer la signature ou la ratification de cet instrument.  Les États doivent s’abstenir de mener des essais d’armes nucléaires avec détonations, d’autres explosions nucléaires ou des expériences non explosives, a-t-il déclaré, estimant qu’il était indispensable de faire des progrès vers l’ouverture des discussions sur le traité de la production de matières fissiles.  M. Chan a par ailleurs appelé les États nucléaires à prendre des mesures pour réduire leurs stocks d’ogives nucléaires de manière transparente, vérifiable et irréversible.   

Le représentant a également exprimé le refus total par son pays de toute modernisation des armes nucléaires existantes et le développement de nouveaux types d’armes nucléaires.  Il a exhorté les États dotés de réduire sans tarder les niveaux opérationnels de leurs systèmes.  Il a enfin déploré les difficultés dans la mise en œuvre effective du traité sur le désarmement nucléaire, ainsi que la non-tenue de la Conférence internationale sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et de toutes autres armes de destruction massive, et l’impasse en cours à la Conférence du désarmement. 

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a présenté le projet de résolution L.10 intitulé « zone exempte d’armes nucléaires dans l’hémisphère sud et ses zones adjacentes ».  Il a rappelé que l’objectif ultime du texte était un monde sans armes nucléaires, qui soulignait le rôle des zones exemptes d’armes nucléaires dans les efforts de non-prolifération et de renforcement de la confiance entre les États, indispensables à la poursuite du désarmement.  « La résolution appelle également tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier les protocoles aux traités instaurant les zones exemptes d’armes nucléaires et à lever toutes les réserves qu’ils ont pu émettre », a-t-il indiqué, avant de préciser que le texte soutenait aussi la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a affirmé qu’il n’existait aucune objection raisonnable au désarmement nucléaire, étant donné le potentiel catastrophique des armes de ce type.  Les déclarations des États Membres des semaines écoulées ont réaffirmé l’engagement de la communauté internationale en faveur du désarmement nucléaire et, en même temps, ces débats ont exposé un sentiment palpable de frustration face à l’apparente impasse dans laquelle se trouve le désarmement, a-t-il ajouté.  La Thaïlande considère le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme le pilier du régime de non-prolifération, et estime que la non-prolifération et le désarmement nucléaires sont étroitement liés, a-t-il indiqué, affirmant que ce n’est qu’en travaillant ensemble, tous les États et toute la société civile, qu’il sera possible de progresser.

Le représentant a rappelé que la science atomique a représenté également un grand progrès pour l’humanité.  En conséquence, l’utilisation pacifique de l’énergie atomique doit être protégée, a-t-il poursuivi, citant en exemple la coopération entre l’AIEA et la FAO pour utiliser l’énergie atomique dans le domaine de la sécurité alimentaire.  La puissance atomique ne concerne pas seulement la destruction, mais aussi le développement, a-t-il précisé.

Le représentant a par ailleurs rappelé le rôle essentiel que les zones exemptes d’armes nucléaires jouaient dans le désarmement nucléaire et invité, comme les autres membres de l’Association des nations de l’Asie de Sud-Est (ASEAN), les États dotés d’armes nucléaires à poursuivre leurs consultations aux fins de ratification du Protocole de Bangkok et d’établissement effectif de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est.  Le représentant a par ailleurs regretté que la conférence visant à éliminer du Moyen-Orient les armes nucléaires et autres armes de destruction massive restait encore à convoquer.  À six mois de la Conférence d’examen du TNP de 2015, il est temps de réaliser des progrès tangibles pour sauver la crédibilité du TNP, a-t-il ajouté.

Pour la Thaïlande, a-t-il poursuivi, les perspectives ne sont toutefois pas complètement sombres.  Le représentant s’est ainsi félicité de la première commémoration, le 26 septembre, de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, ainsi que de la tenue des deux Conférences d’Oslo et Nayarit sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.  Il a également salué le fait que l’Autriche accueille en décembre prochain la troisième conférence de ce type.

En conclusion, le représentant a rappelé que, pour son pays, il était temps que la communauté internationale explore les voies concrètes du désarmement nucléaire et négocie un instrument juridiquement contraignant pour interdire totalement les armes nucléaires, avec un échéancier précis.

M. NIDA YAKUBONĖ (Lituanie) a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires était la pierre angulaire du régime international de non-prolifération et un élément « vital » de l’architecture sécuritaire internationale.  Il a réitéré l’engagement de son pays envers l’élimination totale des armes nucléaires, estimant qu’en attendant d’y parvenir, de nouvelles réductions des arsenaux étaient indispensables.  Il a également appelé à l’entrée en vigueur dans les délais les plus brefs du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et appuyé le lancement « immédiat » de négociations sur un Traité d’interdiction complète de la production de matières fissiles. 

Rappelant ensuite le droit inaliénable des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, le représentant a insisté sur la nécessité de renforcer les mesures de confiance et la transparence, en s’appuyant sur le système de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique. 

« Il y a 20 ans, l’Ukraine, le Bélarus et le Kazakhstan ont rejoint le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires comme États non dotés et démantelé tout l’arsenal soviétique présent sur leur territoire en échange de garanties offertes par la Fédération de Russie, via le mémorandum de Budapest de 1994 », a déclaré le représentant, avant d’estimer que « l’occupation illégale de la Crimée » et « l’infiltration d’armes et de troupes sur le territoire ukrainien qui ont pour conséquences de déstabiliser le pays » montraient que la Fédération de Russie violait la Charte des Nations Unies, le Mémorandum de Budapest et plus généralement le droit international.  Considérant que ces violations menaçaient la confiance entre les États et par conséquent, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’ensemble du processus de désarmement, le représentant a appelé la Fédération de Russie « à respecter l’indépendance de l’Ukraine, ainsi que sa souveraineté et son intégrité territoriale, et à dénucléariser la Crimée occupée ». 

M. JOHANN KELLERMAN (Afrique du Sud) a déploré les sommes investies dans le maintien ou la modernisation des arsenaux nucléaires, soulignant qu’elles représentaient le double de l’aide au développement accordée chaque année à l’Afrique.  « Pour éliminer le risque nucléaire, il faut éliminer toutes les armes nucléaires », a-t-il affirmé, avant de déplorer le manque de progrès dans la mise en œuvre du Plan d’action de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire de 2010, en particulier pour ce qui a trait à l’organisation, en 2012, d’une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, à la réduction de la place des armes nucléaires dans les doctrines nucléaires, à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des essais nucléaires et au lancement de négociations pour un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.

En conclusion, il a souligné que « les armes nucléaires n’avaient plus leur place dans le monde actuel », car loin de garantir la sécurité mondiale, elles alimentaient l’insécurité et la prolifération.   

M. YASAR AMMAR (Pakistan) a réaffirmé la nécessité de disposer d’instruments internationaux juridiquement contraignants étant donné que les États dotés continuent de s’armer et de refuser le désarmement.  La prétendue approche par étapes n’est rien qu’un subterfuge pour circonvenir à l’obligation de désarmement, a-t-il estimé, affirmant qu’un petit groupe d’États nucléaires souhaitaient seuls posséder ces armes, tout en voulant imposer la non-prolifération aux autres.  Cette situation aggravait à son avis le sentiment d’insécurité entre États, déplorant qu’en dépit de la rhétorique moraliste, la réalité était que les armes nucléaires restaient au cœur de la doctrine et des alliances militaires de ce groupe d’États.

Pour parvenir aux objectifs de la communauté internationale, un ordre international équilibré et non discriminatoire devrait être instauré qui doit poursuivre l’objectif de désarmement de la communauté internationale, a poursuivi le représentant.  Dans ce contexte, il faudrait adopter un agenda précis pour examiner les questions relatives à la sécurité internationale pour tous, au renforcement du régime de non-prolifération, à la fin de la prolifération horizontale et verticale, aux garanties de sécurité négatives ou encore à la réduction des stocks actuels de matières fissiles et au début des négociations sur une convention d’élimination de toutes les armes nucléaires dans un temps limité.

M. Ammar a également estimé que la paralysie qui frappe la Conférence du désarmement depuis des dizaines d’années nécessiterait la tenue d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale, comme le demande un grand nombre de délégations. 

Mme MARÍA SOLEDAD URRUELA ARENALES (Guatemala) a déclaré qu’à moins d’un an de la tenue de la conférence d’examen du TNP, la communauté internationale ne devrait plus accepter de simples déclarations d’intention non accompagnées d’actions concrètes.  Le Traité de non-prolifération n’a pas été conçu pour être un régime permanent et il est inacceptable qu’un petit groupe décide de quand et de si on doit parvenir à un désarmement nucléaire, a-t-il souligné, affirmant que, face aux risques qu’ils représentent, il était incompréhensible que ces armes n’aient pas encore été interdites. 

Elle a également estimé que, face à ces blocages, un régime transitoire devrait maintenir le moratoire sur l’interdiction des essais nucléaires, en attendant l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  

M. IBRAHIMA SORY SYLLA (Sénégal) a jugé indispensable de renforcer l’autorité du TNP à travers son universalisation et le respect des engagements pris, soulignant que la Conférence d’examen de 2015 devrait arriver à la réalisation des 64 actions décidées en 2010.

Il a noté par ailleurs qu’il ne peut y avoir de désarmement général et complet si, en plus des États nucléaires existants, d’autres États contournent le TNP pour se doter de l’arme nucléaire.  L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a un rôle de premier plan à jouer pour l’adoption de mesures efficaces en vue d’enrayer la prolifération verticale et horizontale des armes nucléaires, a-t-il ajouté, en demandant de veiller à ce que l’Agence dispose des moyens et outils nécessaires pour renforcer ses capacités de vérification et de supervision.

Le représentant s’est par ailleurs prononcé pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et pour la conclusion d’une convention interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires.

M. SEYED MOHAMMAD ALI ROBATJAZI (République islamique d’Iran) a déclaré que l’élimination des armes nucléaires était la seule garantie contre leur utilisation.  Les armes nucléaires n’ont pas seulement été conçues et fabriquées pour être stockées, a dit le représentant, observant que les doctrines militaires, dont celle des pays membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), justifie cette utilisation.  Le simple fait de les posséder est contraire à la Charte des Nations Unies, au droit international et, en particulier, au droit international humanitaire, a estimé le représentant.

Il a par ailleurs jugé « préoccupant » le fait que la France ait récemment annoncé la modernisation de ses arsenaux nucléaires.  Cette décision est contraire au régime de non-prolifération, a souligné le représentant, appelant la France à se conformer à ses obligations découlant dudit régime.  Le représentant a également insisté sur l’urgence de l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, la possession par Israël de l’arme nucléaire constituant à son avis une menace à la paix et à la sécurité dans la région.

La seule manière de parvenir aux objectifs de la communauté internationale est d’adopter une convention globale et irréversible interdisant la possession d’armes nucléaires.  Toutes les avancées en matière d’armes chimiques ont été obtenues grâce à des démarches similaires, a conclu le représentant. 

M. CHUKA UDEDIBIA (Nigéria) a présenté le projet de résolution intitulé « Traité établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique » qui réitère l’engagement des pays du continent à l’élimination totale des armes nucléaires sur leur continent.  Rappelant que la création de telles zones était un moyen efficace de promouvoir la non-prolifération, le représentant a plaidé pour la création d’une telle zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  En dépit du report de la conférence internationale prévue à cet effet en 2012, il a apporté son soutien aux efforts déployés par le facilitateur finlandais et souhaité que « cet objectif essentiel contenu dans le Plan d’action de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 » soit atteint.

« Les conséquences humanitaires inacceptables des armes nucléaires sont une raison suffisante pour que les États dotés se posent la question du bien-fondé de leurs arsenaux », a-t-il poursuivi, avant de saluer la tenue des premières conférences internationales consacrées à cet aspect en Norvège, au Mexique, et en Autriche en décembre prochain.  Il a également qualifié d’« inacceptable » le maintien de quelque 17 000 têtes nucléaires qui font « peser un fardeau sur le reste du monde », appelant à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Soulignant les risques liés à la prolifération, le représentant a salué les efforts de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour contrôler et inspecter les installations nucléaires, et s’assurer de l’usage exclusivement pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a appelé au lancement de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles, saluant les travaux en cours du Groupe d’experts gouvernementaux dont les conclusions sont attendues l’année prochaine, à la Conférence du désarmement.   

M. URS SCHMID (Suisse) a déclaré que les Conférences d’Oslo et de Nayarit ont souligné la gravité des risques que représentent les armes nucléaires.  « D’une part, la probabilité d’une explosion nucléaire délibérée, accidentelle ou fortuite est sous-estimée.  D’autre part, les conséquences d’un tel événement surpassent toute capacité de réaction.  En outre, la complexité de l’environnement sécuritaire, qui croît de manière très rapide, recèle des menaces sans précédent et augmente les vulnérabilités.  Nous saluons l’organisation de la Conférence à Vienne en décembre qui sera l’occasion d’approfondir les discussions portant sur les armes nucléaires et s’appuyant sur des faits », a dit le représentant de la Suisse.

Il a par ailleurs noté que la Conférence du TNP 2015 devrait relever de nombreux défis, en particulier sur la mise en œuvre des engagements pris.  Parmi eux, lever l’état d’alerte élevé dans lequel sont maintenues quelque 2 000 ogives prêtes à être lancées en l’espace en quelques minutes est une mesure qui devrait être réalisable, a-t-il estimé.  Pour le Plan d’action de 2010, la Conférence devrait à son avis fournir des lignes directrices plus claires, identifier des résultats à atteindre concrets, indiquer comment les mesures adoptées seront mises en œuvre progressivement, et définir des critères mesurables pour les engagements pas encore concrétisés.

Enfin, le représentant a demandé que soit trouvée une réponse solide à long terme à la question nucléaire iranienne, et que soit mise en place une zone exemple d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Sur ce dernier aspect, M. Schmid a appelé à une réunion « le plus rapidement possible » de tous les acteurs concernés à Helsinki.

Mme SIMONA MICULESCU (Roumanie) a souligné qu’il était du devoir des États Membres d’appliquer pleinement le Traité sur la non-prolifération nucléaire, avant de plaider pour une réduction des arsenaux nucléaires.  Elle a, à ce titre, salué la volonté des États-Unis de poursuivre dans cette voie.  Le Plan d’action de 2010 est l’instrument pertinent de mesure des progrès accomplis par la communauté internationale dans la bonne mise en œuvre du Traité, a-t-elle indiqué. 

« La Roumanie soutient le droit des États d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, pour autant que les conditions de non-prolifération et de sécurité sont pleinement réunies », a affirmé Mme Miculescu, jugeant essentiel le maintien d’un équilibre entre droits et obligations découlant du Traité.

La déléguée a par ailleurs estimé que le système de sauvegardes était l’instrument adéquat, aux mains de l’AIEA et de l’EURATOM, pour assurer une supervision efficace du régime relatif aux matières fissiles.  Elle a également salué les progrès accomplis par les États Membres dans la bonne mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité.

M. THOMAS HAJNOCZI (Autriche) a affirmé qu’une meilleure compréhension des conséquences humanitaires de ces armes permettrait d’insuffler un nouvel élan au désarmement nucléaire.  Il a salué la tenue des conférences sur ce thème en Norvège et au Mexique, soulignant que son pays accueillerait la prochaine réunion en décembre prochain.

Après avoir énuméré les points à l’ordre du jour de cette conférence, le représentant a invité tous les États Membres à y participer, ainsi que les organisations internationales, les organisations non-gouvernementales et tous les acteurs de la société civile engagés sur ces questions.  « La Conférence de Vienne sera une contribution de l’Autriche aux efforts mondiaux de désarmement », a-t-il indiqué, avant de saluer les dernières avancées des États dotés dans la destruction de leurs arsenaux nucléaires.

Soulignant le lien entre désarmement et non-prolifération, le représentant a appelé les États de l’annexe 2 qui n’ont pas signé ou ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires à le faire le plus vite possible pour permettre son entrée en vigueur. 

Mme VERONIKA STROMSIKOVA (République tchèque) a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires était « la pierre angulaire » du régime international de non-prolifération et de désarmement et qu’il devait être « préservé » et son intégrité « renforcée ».  Estimant que toute violation des obligations en découlant constituait une menace à l’autorité du Traité, elle a déploré « l’annexion de la Crimée » par la Fédération de Russie, soulignant qu’elle contrevenait aussi au Mémorandum de Budapest de 1994.

« L’essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée en février 2013 constitue aussi une entorse grave au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », a-t-elle poursuivi, précisant que cela remettait aussi en cause l’autorité du Conseil de sécurité et de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  La représentante a appelé à une solution diplomatique, via la reprise des « Pourparlers à Six ».  Évoquant par ailleurs le programme nucléaire iranien, elle a apporté son soutien aux négociations en cours, souhaitant que celles-ci débouchent sur des assurances crédibles du caractère non militaire du programme nucléaire iranien.

La représentante a également appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, rappelant que les moratoires volontaires sur les essais ne pouvaient en aucun cas se substituer au Traité. 

Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a indiqué que le document de travail adopté à la dernière réunion du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du TNP de 2015 (WP18) contenait des mesures effectives relatives au désarmement nucléaire, nommément une convention globale sur les armes nucléaires, un traité sur l’interdiction d’armes nucléaires, un cadre d’arrangements internationaux et sur des mesures hybrides, y compris des éléments des autres mesures précitées.

Ce document constituera la contribution de sa délégation à la Conférence du désarmement de 2015, a-t-elle indiqué, affirmant qu’en tant que membre du Groupe de la levée de l’état d’alerte, la Nouvelle-Zélande était favorable aux mesures transitoires, comme la réduction des niveaux d’alerte des systèmes nucléaires en place. 

M. MUZAMMIL MEHDI (Canada) a estimé que le dernier rapport trimestriel du Directeur général de l’AIEA, en date du 5 septembre, dressait un constat accablant de tous les manquements de l’Iran.  La crise provoquée par le programme nucléaire iranien dure depuis déjà trop longtemps, a-t-il affirmé, avant de souligner que le non-respect par l’Iran, du droit international et de ses obligations en matière de garanties nucléaires, avait pour effet d’affaiblir le Traité sur la non-prolifération (TNP) et de dévaloriser le travail réalisé par l’AIEA et ses États membres.  En outre, a-t-il poursuivi, l’abandon pur et simple par la Corée du Nord de ses obligations en vertu du TNP, y compris les essais de missiles récents et l’intensification de l’activité au complexe de Yongbyon, constituaient des actes de provocation qui menaçaient la paix et la sécurité, tant au niveau régional qu’international.  Le Canada estime que la communauté internationale doit veiller à l’application pleine et entière des résolutions du Conseil de sécurité qui imposent des sanctions à la Corée du Nord, a-t-il dit. 

En outre, la Canada est profondément préoccupé par l’intervention militaire russe en Ukraine, a poursuivi le représentant, de même que par la violation, par la Russie, du Mémorandum de Budapest de 1994, y compris des garanties formelles et directes qui ont été données en ce qui concerne l’intégrité territoriale de l’Ukraine, avec en contrepartie l’obligation pour cette dernière de renoncer à ses stocks d’armes nucléaires.  Cette violation est préjudiciable à la poursuite des objectifs de désarmement, a indiqué M. Mehdi, exhortant la Russie à répondre aux préoccupations concernant le respect de ces garanties et à agir de façon à en assurer la viabilité. 

M. TAN WAIMING (Singapour) a déclaré que l’importance de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de l’année prochaine ne saurait être sous-estimée car il s’agit d’un pilier de l’architecture internationale de sécurité.  À son avis, la crédibilité du TNP est en jeu et il fait face à un défi existentiel.  La troisième réunion du Comité préparatoire en début d’année a montré que des désaccords importants demeuraient sur des questions essentielles, a-t-il dit, indiquant que pour son pays, il était temps d’examiner sérieusement comment progresser de manière harmonieuse sur les trois piliers du TNP que sont le désarmement nucléaire, la non-prolifération nucléaire et les utilisations pacifiques de l’énergie atomique.

Le représentant a exprimé un sentiment palpable de frustration de la part des États non dotés face au manque de progrès du désarmement nucléaire.  Les États dotés d’armes nucléaires doivent faire davantage pour montrer aux États non dotés qu’ils entendaient s’acquitter de leurs obligations au titre du chapitre VI du TNP, a-t-il affirmé.  Pour sa part, Singapour exhorte les États-Unis et la Fédération de Russie d’entamer de nouvelles négociations pour la réduction de leurs arsenaux nucléaires et les autres États dotés d’armes nucléaires de continuer à réduire les leurs.

Par ailleurs, a-t-il affirmé, il fallait également continuer de promouvoir l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, invitant les États concernés à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et souhaitant que des progrès soient réalisés dans la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.

Le représentant s’est également prononcé pour le renforcement des mesures de sécurité dans la lutte contre les risques de prolifération nucléaire et la mise en œuvre des instruments internationaux fondamentaux comme la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.  Il a également souligné le rôle important de l’AIEA dans l’assistance juridique et technique accordée aux États non dotés pour l’utilisation pacifique de l’énergie atomique, troisième pilier du TNP.

M. HALVOR SAETRE (Norvège) a exprimé son inquiétude par les faibles progrès accomplis dans l’application concrète du Plan d’action de 2010 à l’approche de la Conférence d’examen du TNP de 2015, et a exhorté tous les États, en particulier les puissances nucléaires, à redoubler d’efforts pour prouver la crédibilité de leur engagement en faveur du désarmement.  Le représentant a estimé que la troisième Conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, qui aura lieu à Vienne en décembre 2014, devrait être l’occasion d’approfondir les discussions sur ce point, affirmant que son pays contribuerait à ces travaux par le biais d’études qu’elle a financées sur les conséquences des essais nucléaires et sur les risques associés aux armes nucléaires. 

« Un monde sans armes nucléaires suppose un régime de non-prolifération crédible », a poursuivi le représentant, souhaitant qu’il y ait plus de pas concrets vers l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et l’universalisation des garanties généralisées de l’AIEA et de ses protocoles additionnels. 

S’agissant du dossier nucléaire iranien, le représentant a affirmé que son pays soutenait les pourparlers actuels entre les P5+1 et l’Iran en vue d’un accord.  Il a par ailleurs condamné les violations par la Fédération de Russie de certaines dispositions acceptées en 1994 dans le cadre du Mémorandum de Budapest sur les assurances de sécurité concernant l’usage de la force ou de la menace contre l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine.

M. SAAD ABDULLAH N. AL SAAD (Arabie saoudite) a déploré que les mesures de désarmement actuelles ne correspondent pas aux attentes, notamment dans la région du Moyen-Orient où la situation s’était dégradée et où les garanties négatives de sécurité n’existaient pas.  Tant qu’Israël n’adhèrera pas au TNP et ne soumettra pas ses installations nucléaires au régime de l’AIEA, les tensions dans la région ne cesseront de s’aggraver, a-t-il dit.

Alors que la communauté internationale s’efforce de créer des zones exemptes d’armes nucléaires, l’Arabie saoudite estime qu’il est indispensable d’en établir une au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi, affirmant que l’échec entourant l’établissement d’une telle zone dans la région compromettait également le régime de non-prolifération.

S’agissant du dossier nucléaire iranien, il a dit attendre d’autres avancées, notamment concernant le droit de l’Iran d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. 

M. ALVARO MENDOCA E MOURA (Portugal) a affirmé que « la quête d’un monde sans armes nucléaires nécessite une détermination sans faille et des actions concrètes et pérennes, il est question d’humanité et de sa survie ».  Il a salué les avancées du désarmement mais réclamé plus d’efforts de la part des États dotés.  Rappelant les conséquences catastrophiques d’une explosion nucléaire, accidentelle ou provoquée, et saluant l’organisation des premières conférences internationales sur la question en Norvège, au Mexique et en Autriche, il a appelé à des « actions urgentes et appropriées » des États dotés.

Évoquant les violations du régime international de non-prolifération, le représentant a estimé que la poursuite des programmes nucléaire et balistique de la République populaire démocratique de Corée constituait un « grave défi » à la sécurité régionale et internationale, appelant la RPDC à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité et aux contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Il a par ailleurs apporté son soutien aux négociations en cours sur le programme iranien, souhaitant qu’elles aboutissent à un accord définitif à long terme.

Le représentant a finalement réaffirmé le droit inaliénable des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, soulignant que celui-ci s’accompagnait aussi d’obligations de transparence et de respect des mécanismes de contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

En conclusion, le représentant a appelé les États qui n’ont pas encore signé et ratifié le Traité d’interdiction des essais nucléaires à le faire dans les délais les plus brefs, afin de permettre son entrée en vigueur.  Il a également appelé au lancement de négociations pour un Traité d’interdiction de la production de matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement et à la tenue de la conférence internationale prévue en 2012 pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  

M. ULF LINDELL (Suède) a rappelé l’appel du Président Obama à Prague et à à Berlin pour réduire le rôle des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité nationale et négocier des réductions des armes stratégiques et tactiques, avant d’exhorter la Fédération de Russie d’avancer sur cette question avec les États-Unis.  En matière de désarmement, d’autres étapes sont nécessaires, a-t-il souligné, comme l’entame immédiate de négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, la transparence sur les arsenaux nucléaires et les stocks de matières fissiles, la réduction de la disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires, le renforcement des zones exemptes d’armes nucléaires et la création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires, y compris la signature sans condition du protocole du traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est et l’organisation de la conférence sur une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

Le représentant a par ailleurs rappelé la persistance d’autres préoccupations graves, comme les récents lancements de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée et le refus de l’Iran de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité. 

M. MATTHEW ROWLAND (Royaume-Uni) a réitéré l’engagement de son pays pour un monde exempt d’armes nucléaires, « objectif qui sera atteint en procédant par étape ».  « Nous comprenons la frustration de ceux qui voudraient des progrès plus rapides, nous sommes profondément préoccupés par les conséquences humanitaires des armes nucléaires, mais nous ne pensons pas que les armes nucléaires sont un héritage inacceptables car elles ont permis d’assurer notre sécurité et celle de nos alliés pendant plusieurs décennie », a déclaré le représentant, avant de souligner qu’il n’y avait « pas de raccourcis, ni de calendrier possibles dans ce domaine ».

Le représentant a rappelé que la lutte contre les violations du régime de non-prolifération était aussi un élément central pour créer les conditions de nouvelles avancées dans le désarmement.  « Nous sommes engagés à trouver un accord avec l’Iran qui assure la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire », a-t-il indiqué, avant de soutenir le régime de sanctions imposées par le Conseil de sécurité à la République populaire démocratique de Corée.  Soulignant que le renforcement de la confiance entre les puissances nucléaires était aussi une condition à de nouveaux progrès dans le désarmement, le représentant à mis en avant le dialogue régulier entrepris entre les États dotés et la signature du Protocole au Traité instaurant la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Il a également rappelé que son pays avait réduit son arsenal nucléaire de moitié depuis la guerre froide et qu’il poursuivrait ces réductions pour ne posséder plus que 120 têtes nucléaires opérationnelles à l’horizon 2025.

En conclusion, le représentant a réaffirmé son soutien à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a appelé les États de l’Annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires à signer et ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur, appuyé le lancement de négociations sur un Traité d’interdiction de la production de matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement.

M. KYAW TIN (Myanmar) a présenté un projet de résolution intitulé « Désarmement nucléaire », coparrainé par 47 délégations (Algérie, Bangladesh, Belize, Bénin, Brunei Darussalam, Bhoutan, Burkina Faso, Cambodge, Congo, Tchad, Cuba, République dominicaine, Équateur, Fidji, Guinée, République démocratique populaire lao, Malaisie, Myanmar, Mongolie, Maroc, Mozambique, Namibie, Népal, Nicaragua, Niger, Nigéria, Philippines, Samoa, Sénégal, Sierra Leone, Singapour, Sri Lanka, Soudan, Suriname, Swaziland, Thaïlande, Timor-Leste, Tonga, Ouganda, Vanuatu, Venezuela, Viet Nam, Zambie).

Ce projet de résolution appelle la Conférence du désarmement à entamer des négociations sur un programme échelonné de désarmement nucléaire menant à l’élimination totale des armes nucléaires dans un cadre temporel défini, a déclaré M. Tin.

De plus, a-t-il indiqué, le TNP étant la pierre angulaire du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, les États signataires réaffirment leur appel aux États dotés d’armes nucléaires à prendre immédiatement et complètement les 13 mesures pratiques de désarmement nucléaire prévues dans le Document final de la Conférence d’examen du TNP de 2000 ainsi que celles du plan d’action en 22 points issu de la Conférence d’examen de 2010.

Le projet de résolution appelle également les États dotés à fournir aux États non dotés des assurances contre l’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires.  Il est extrêmement important pour tous les États non dotés d’obtenir un accord sur un instrument universel, sans conditions, irrévocable et juridiquement contraignant de garanties de sécurité négatives, a ajouté le représentant.

Parmi ses autres dispositions, le projet de résolution salue également l’organisation, le 26 septembre, d’une Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, et la réunion d’une séance plénière ministérielle de l’Assemblée générale pour marquer cette Journée, a conclu M. Tin.

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la France a rappelé que son pays avait été le premier État doté à ratifier le Traité sur la non-prolifération nucléaire.  « La France a démantelé de manière irréversible son site d’essai nucléaire en Polynésie française et a fait preuve d’une transparence exemplaire », a indiqué le représentant, avant de rappeler que l’Agence internationale de l’énergie atomique avait publié un rapport « faisant autorité sur cette question ».

Il a par ailleurs souligné que la France était « pleinement consciente de ses obligations liées au Traité sur la non-prolifération nucléaire et au Traité d’interdiction des essais nucléaires ».  « Elle ne développe pas de nouvelles armes et maintient son niveau d’armement au niveau le plus bas », a-t-il indiqué, avant de préciser que ces 20 dernières années, elle avait « supprimé la moitié de ses têtes nucléaires, supprimé sa composante terrestre, ainsi qu’un tiers de ses composantes sous-marine et aérienne ».  « La France a aussi démantelé ses installations de production de matières fissiles, elle est donc exemplaire en matière de désarmement », a conclu le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones plaide pour le droit des autochtones à choisir leur propre développement

Soixante-neuvième session
19e et 20e séances – matin et après-midi
AG/SHC/4106

La Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones plaide pour le droit des autochtones à choisir leur propre développement

La militante philippine des droits autochtones et nouvelle Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz, a défendu, aujourd’hui, devant la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, la nécessité de « respecter, protéger et réaliser les droits économiques, sociaux et culturels des autochtones », notamment en vertu du Pacte international relatif à ces droits. 

Lors de ce débat d’une journée sur les droits des peuples autochtones, Mme Tauli-Corpuz, qui remplace M. James Anaya à cette fonction depuis juin dernier, a présenté son Rapport*, axé sur les droits des peuples autochtones, notamment leurs droits économiques, sociaux et culturels, dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.

Jetant un pont entre la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, dite « Conférence mondiale sur les peuples autochtones », d’une part, et sur les préparatifs en vue de l’adoption, en septembre prochain, du programme de développement pour l’après-2015, d’autre part, la Rapporteuse spéciale a aussi affirmé, comme une évidence, qu’il est indispensable que les États Membres et les institutions internationales, entre autres, respectent leur « droit à choisir librement leur propre développement ».

Ce droit est énoncé dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée le 13 septembre 2007, au terme de 20 années de négociations, qui reconnaît les droits individuels et collectifs des autochtones ainsi que leur droit à l’autodétermination.

Or, malgré des efforts significatifs déployés par les États Membres depuis près de 15 ans pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les peuples autochtones sont restés « largement invisibles au cours du processus », a noté quant à lui, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Coordonnateur de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones, M. Wu Hongbo, dans un message lu par le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Département des affaires économiques et sociales, M. Thomas Gass.

En guise de remède, dans le Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, qui s’est déroulée les 22 et 23 septembre derniers en tant que réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, le Secrétaire général est invité à intégrer des informations pertinentes sur les peuples autochtones au sein du rapport final sur les OMD.

Par ce document qualifié de « feuille de route de la réalisation de la Déclaration », l’Assemblée générale invite également le Secrétaire général à mettre sur pied un plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour établir une approche cohérente afin de pouvoir appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Outre ces propositions, les participants au débat ont exhorté au renforcement et à la fourniture de ressources financières adéquates aux trois mécanismes d’ores et déjà existants: l’Instance permanente sur les questions autochtones, le Mécanisme d’experts et le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones), en vue de la concrétisation de tous les documents internationaux qui concernent les 370 millions d’autochtones dans le monde.  

La Rapporteuse spéciale, et un certain nombre d’intervenants au débat qui s’est achevé aujourd’hui, ont noté le tournant marqué avec l’adoption de la Convention no169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) relative aux peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants, dont le préambule stipule explicitement la nécessité de supprimer l’orientation des normes antérieures qui visaient à l’assimilation.

« Les objectifs du développement sont une occasion idéale pour conclure des accords », a-t-elle dit, concluant sur la nécessité de faire bénéficier les autochtones du financement pour le développement, à travers les institutions onusiennes et autres. 

Dans son rapport** sur la deuxième Décennie des Nations Unies sur les peuples autochtones (2005-2014), M. Hongbo a insisté sur la nécessité de reconnaître et de renforcer les formes de gouvernance propres aux peuples autochtones afin d’établir un dialogue constructif avec les autorités nationales et internationales.

Dans le contexte de la reconnaissance et la préservation du rôle des autochtones en tant que dépositaires du savoir endogène, et de l’équilibre de l’environnement par ces temps de changements climatiques, plusieurs pays ont défendu les droits collectifs et individuels des autochtones à cet égard.

En République du Congo, pays, a dit sa représentante, qui se distingue en Afrique pour avoir érigé, en 2011, en norme de droit interne la promotion et la protection des droits des autochtones, « le mode de vie et les pratiques des populations autochtones contribuent à l’entretien et au maintien des écosystèmes forestiers et au stockage de carbone ».

L’Équateur et la Bolivie, entre autres, ont décrit leur nouvelle approche du développement qui repose sur la notion du « bien-vivre », en harmonie avec la Terre nourricière.  La Bolivie a annoncé, par ailleurs, son intention de soumettre à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) une demande lui proposant de démontrer le caractère inoffensif de la feuille de coca à l’état pur.

De son côté, le Chef adjoint du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme à New York, Mme Maarit Kohonen Sheriff, a introduit le rapport*** du Secrétaire général adjoint aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović, sur le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones.

La Troisième Commission débutera mardi 21 octobre, à partir de 10 heures, l’examen de la promotion et la protection des droits de l’homme. 

* A/69/267      ** A/69/271       *** A/69/278

DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES [point 66]

--    Droits des peuples autochtones (A/69/278, A/69/271 et A/69/267) [point 65]

--    Deuxième Décennie internationale des peuples autochtones

Déclarations liminaires suivis d’un dialogue interactif

M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination de la politique et aux affaires interinstitutions, intervenant au nom de M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Coordonnateur de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones, a présenté les grandes lignes du rapport du Secrétaire général intitulé « Réalisation du but et des objectifs de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones » (A/69/271).

Il a affirmé qu’en dépit des importants efforts déployés par les États Membres pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les peuples autochtones étaient restés largement invisibles au cours du processus.  M. Gass a notamment constaté que de nombreux rapports de pays ne prenaient pas entièrement en compte les spécificités des peuples autochtones et qu’il en allait de même pour les indicateurs de progrès.

Il a expliqué que le rapport insiste sur la nécessité de reconnaître et de renforcer les formes de gouvernance propres aux peuples autochtones afin d’établir un dialogue constructif avec les autorités nationales et internationales.  Il y est également préconisé d’établir un plan d’action au sein de l’ONU en vue de promouvoir les droits des peuples autochtones et de l’intégrer à l’agenda quinquennal pour l’action du Secrétaire général.  Le rapport recommande également l’établissement d’une troisième décennie internationale des peuples autochtones.

M. Gass a aussi dénoncé les écarts notables persistant entre la reconnaissance officielle des peuples autochtones et la mise en œuvre des politiques sur le terrain.

M. Gass a ensuite commenté la tenue, les 22 et 23 novembre, de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.  Il a déclaré que son document final appelait le Secrétaire général à intégrer des informations pertinentes sur les peuples autochtones au sein du rapport final sur les OMD et à mettre sur pied un plan d’action à l’échelle du système pour établir une approche cohérente afin de pouvoir appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Mme MAARIT KOHONEN SHERIFF, Chef adjointe du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme à New York, qui a lu le message du Secrétaire général adjoint aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović, dans lequel il présente le rapport sur les activités du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones (A/69/278), et l’extension de son mandat pour soutenir la participation des peuples autochtones à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.

Au total, le Fonds a soutenu la participation de 105 représentants des peuples autochtones au processus de la Conférence mondiale, avec 21 subventions accordées pour permettre de participer à la session interactive de juin 2014 sur l’organisation de la Conférence, et 84 accordées pour permettre la participation de représentants de communautés autochtones ou d’organisations à la Conférence elle-même.

L’ensemble des subventions a été réparti de façon égale entre les sept régions autochtones.  La décision finale sur la sélection des bénéficiaires de ces subventions revient au Secrétaire général, sur l’avis du Conseil d’administration du Fonds en application des critères prédéfinis.

Selon M. Šimonović, en dépit d’une hausse des contributions en 2013 et 2014, il faudrait un soutien supplémentaire des gouvernements et autres donateurs.  Il souligne que le Conseil d’administration avait fixé l’objectif de 1,4 million de dollars pour la période 2014-2015, qui devrait permettre de répondre au tiers des requêtes reçues.

Dialogue avec les délégations

La représentante du Brésil a réclamé l’intégration des revendications de peuples autochtones au sein du programme de développement pour l’après-2015.

Déclarations liminaires, suivies d’une séance de questions

Lors de la présentation de son rapport initial, axé sur les droits des peuples autochtones, notamment leurs droits économiques, sociaux et culturels, dans le cadre de développement pour l’après-2015 (A/69/267), Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, a expliqué que ces droits étaient régis par les principes complémentaires et transversaux de non-discrimination et d’autodétermination, énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et dans tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, dont le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Pour déterminer la nouvelle série d’objectifs de développement durable, la Rapporteuse spéciale, qui a pris ses fonctions en juin 2014, propose de mettre l’accent sur la diversification des modèles et des stratégies de développement, la création de nouveaux modèles de partenariat avec les peuples autochtones et l’élaboration de mécanismes de contrôle par la ventilation des données et le suivi des principaux attributs du droit à l’autodétermination.

Elle expose, dans son rapport, un aperçu du cadre juridique des droits de l’homme et des préoccupations des peuples autochtones en termes de développement et de bien-être, sur la base notamment de l’article 3 de la Déclaration qui reconnaît à ces peuples le droit à l’autodétermination.  Elle inclut les enseignements tirés et a identifié les obstacles et progrès dans la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels.

Mme Tauli-Corpuz a souligné qu’elle terminait son rapport avec des recommandations pour répondre à ces préoccupations dans le contexte des politiques et stratégies en vue d’atteindre les objectifs du développement durable et dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015 qui sera agréé par les États Membres en septembre 2015.

La Rapporteuse spéciale a rappelé, en outre, que du côté normatif, l’Organisation internationale du Travail (OIT) avait adopté la Convention (no107) relative aux populations aborigènes et tribales, première tentative de codification des obligations qui incombaient aux États vis-à-vis des peuples autochtones, tout en reflétant clairement la notion de développement qui prévalait au moment de son adoption. 

Elle a considéré que cet instrument contenait encore une vision tronquée de ces peuples.  Une telle vision a été vigoureusement combattue par les autochtones dans les années 1970 et 1980.  Leur lutte a conduit, en 1989, à l’adoption de la Convention (no169) relative aux peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants, dont le préambule stipule explicitement la nécessité de supprimer l’orientation des normes antérieures qui visaient à l’assimilation.

Leur droit à choisir leur mode de développement a également été reconnu dans cette Convention.  En 1992, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement a ensuite adopté la Déclaration de Rio, dont le principe 22 reconnaît le rôle vital des peuples autochtones tant dans la gestion écologique que dans le développement, et ce, en raison de leur savoir endogène et de leurs pratiques traditionnelles. 

Elle a également renvoyé au programme Action 21, en particulier son chapitre 26, qui reconnaît expressément le droit de ces peuples de même le renforcement de leur rôle et de leurs communautés, ce qui fait que ceux-ci ont été inclus dans les neuf principaux groupes engagés dans les mécanismes et les processus relatifs au développement durable.

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée par l’Assemblée générale en septembre 2007 à l’issue de plus de 20 années de rédaction et de négociations.  Enfin, plus récemment, l’Assemblée a tenu, du 22 au 23 septembre 2014, une réunion plénière de haut niveau intitulée « Conférence mondiale sur les peuples autochtones », dont le Document final contient des paragraphes sur leur droit à choisir librement leur propre développement.

Mme TAULI-CORPUZ a insisté sur la nécessité de respecter, protéger et réaliser les droits économiques, sociaux et culturels des autochtones, notamment en vertu du Pacte international relatif à ces droits.  Elle a aussi réitéré les recommandations de l’Instance permanente sur les questions autochtones quant à la pertinence et à la nécessité d’adopter des mesures spéciales pour éliminer la discrimination à l’égard des peuples autochtones, qu’illustre leur marginalisation dans toutes les régions du monde, et les aider à faire valoir progressivement leurs droits économiques, sociaux et culturels.

Il s’agit de prendre des mesures concrètes garantissant que ces droits soient inclus dans tous les accords et décisions internationaux présents et à venir.  Elle a appelé à lutter contre les inégalités entre les groupes autochtones et non autochtones.  Les objectifs du développement sont une occasion idéale pour conclure des accords, a-t-elle dit, en soulignant la nécessité de faire bénéficier les autochtones du financement pour le développement, à travers les institutions onusiennes et autres. 

Dialogue interactif

La représentante du Mexique a souligné le rôle de son pays dans toutes les étapes ayant conduit à l’adoption de la Déclaration et du Document final et a voulu savoir quels mécanismes veilleront tant à leur mise en œuvre qu’à leur suivi. 

Son homologue du Brésil a noté la prise de conscience croissante des droits des peuples autochtones et de la nécessité de prise considérer leurs besoins et droits dans les politiques nationales.  Comment les organes de l’ONU liés à cette question peuvent-ils garantir la prise en compte de leurs droits dans la mise en œuvre des objectifs du développement durable?

La déléguée de la Norvège a aussi posé une question sur les mécanismes et sur les moyens d’appliquer les engagements du Document final, avec la participation effective des représentants de ces peuples à l’ONU.

Dans le même sens, l’Union européenne a encouragé à une bonne synergie des mécanismes existants et a demandé à la Rapporteuse spéciale comment elle perçoit le Document final et que faire pour garantir une démarche plus cohérente, en particulier en ce qui concerne la protection des femmes et des filles autochtones.

La représentante des États-Unis est également revenue sur le fait que les femmes et les filles n’aient jamais fait l’objet d’un rapport thématique de la part de la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones.  Elle a expliqué que son pays avait un système de consultations avec les tribus des Premières Nations et a voulu savoir si l’ONU pouvait établir un tel système.

Réponse

La Rapporteuse spéciale a affirmé que le Document final de la Conférence reprenait les grands messages des peuples autochtones qui ont activement participé aux consultations nationales, régionales et internationales.  Elle a rappelé à cet égard le document des organisations non gouvernementales autochtones adopté à Alta, en Norvège, qui figurait comme document à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones et a été débattu par l’Assemblée générale.

Concernant les trois mécanismes sur les peuples autochtones (Instance permanente, Mécanisme d’experts et Rapporteur spécial sur les peuples autochtones), elle a exhorté à leur renforcement en vue de la mise en œuvre de tous les documents internationaux sur la problématique autochtone.  Elle a souligné le rôle phare du Conseil des droits de l’homme et la nécessité que les différents mécanismes analysent en profondeur les recommandations du Groupe de travail sur les droits des peuples autochtones, où les agences des Nations Unies auront aussi à apporter leur contribution spécialisée en termes de mise en œuvre.

Elle a en particulier souhaité davantage d’efforts dans la préparation de données ventilées, ce qui pourrait grandement contribuer à des actions aux fins de la réduction de l’extrême pauvreté, qui touche dans une large mesure les autochtones dans toutes les régions.

Mme Tauli-Corpuz a insisté sur la question du déplacement forcé des communautés autochtones, qui les enracine davantage dans la pauvreté car elles sont coupées de leurs terres et ressources.  Elle a aussi évoqué l’isolement des autochtones dans des pays d’Amérique latine et a salué certains programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans ce domaine, comme au Guatemala, aidant à la fourniture de services sociaux dans des zones reculées peuplées par les communautés autochtones.

Elle a exhorté à engager un dialogue constant avec les États pour des projets similaires, en quantifiant les résultats, et à parler davantage des succès tant avec les États qu’avec les institutions onusiennes.

Débat général

M. IOANNIS VRAILAS (Union européenne) a affirmé que le Cadre stratégique et le Plan d’action de l’Union européenne pour les droits de l’homme et la démocratie, adoptés en 2012, réitéraient son engagement à protéger les droits des peuples autochtones, en luttant notamment contre la discrimination.  Il a salué l’adoption, en septembre, à l’issue de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, d’un Document final « axé sur l’action ».  Il a formulé l’espoir que celui-ci permettra de faire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones une réalité, en renforçant notamment la cohérence de l’action de l’ONU par l’intermédiaire de la création d’un plan d’action à l’échelle du système.

Constatant que les autochtones faisaient face à de multiples formes de discrimination, notamment en raison de leur pauvreté, de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou d’un handicap, M. Vrailas a appelé les États Membres et les peuples autochtones à redoubler d’efforts pour combattre la discrimination sous toutes ses formes. 

Le délégué a ensuite fait savoir que l’Union européenne était en train de réviser ses politiques sur les peuples autochtones afin de les harmoniser avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Il a également affirmé que l’Instrument européenne pour les droits de l’homme et la démocratie stipulait que les droits des peuples autochtones constituaient des objectifs pour cet instrument de financement de la coopération extérieure.

D’autres mécanismes de financement de l’Union européenne précisent également que les organisations représentant les peuples autochtones sont éligibles pour obtenir des financements, a-t-il ajouté.

M. Vrailas s’est ensuite félicité de l’augmentation du nombre d’initiatives qui permettent aux agences de gouvernements et aux peuples autochtones de créer des outils pratiques pour appuyer aussi bien la prise de décision que l’action.

L’Union européenne appuie notamment un projet créé par l’Organisation internationale du Travail (OIT) en coopération avec le Groupe de travail international pour les affaires autochtones et la Fondation Tebtebba.

M. KAI J. M. SAUER (Finlande), intervenant au nom des Pays nordiques, a appelé le Secrétaire général à établir des propositions concrètes pour appuyer la participation des peuples autochtones aux réunions de l’ONU qui traitent de questions les concernant directement.

Il a souligné que cette participation était un sujet auquel sa délégation attachait beaucoup d’importance, faisant notamment observer que, de par leur statut, les peuples autochtones ne pouvaient participer directement aux réunions de l’ONU.  Il a expliqué que des parlements de Samis existaient dans plusieurs pays nordiques et a souligné que les communautés du Groenland pouvaient également s’organiser dans des foras politiques.

Le représentant de la Finlande a aussi souhaité que les droits des peuples autochtones soient dûment pris en compte par le programme de développement pour l’après-2015.  Il a également appelé le Secrétaire général à établir un plan d’action en faveur des peuples autochtones à l’échelle du système de l’ONU.

Mme LOIS MICHELLE YOUNG (Belize), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé le soutien des pays de cet ensemble régional à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, et en particulier au principe de non-discrimination.

Fiers de leur histoire de coexistence pacifique dans leurs sociétés multiethniques et multiculturelles respectives, ces pays ont fait d’importants progrès pour assurer la représentation équitable des peuples autochtones et tribaux dans les structures de gouvernement, a dit Mme Young.  « Tandis que nous continuons l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, nous reconnaissons la nécessité de travailler en consultation et en coordination avec les peuples autochtones » afin d’apporter plus d’activités économiques dans leurs sociétés respectives, a-t-elle ajouté.

Pour autant, Mme Young a souligné l’existence de barrières géographiques entravant parfois l’accès des autochtones aux services de santé et d’éducation, et a affirmé que les pays de la région s’attachaient à établir des polycliniques et des écoles jusque dans les zones les plus reculées.

Mme Young a enfin appelé à un soutien continu et augmenté au Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones, essentiel selon elle pour l’implication de leurs représentants dans les délibérations internationales les concernant.

Mme TANISHA HEWANPOLA (Australie) a salué le succès de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.  Elle a déclaré que l’Australie soutenait fortement l’engagement des États à autonomiser les femmes autochtones, tel qu’indiqué dans le Document final de la Conférence, mais que pour le moment, les femmes et filles autochtones subissaient de façon disproportionnée la violence et les formes diverses de discriminations frappant ces populations.

Pour sa part, l’Australie assume ses responsabilités pour sauvegarder les droits des aborigènes australiens et des insulaires du détroit de Torres.  Les questions liées aux autochtones sont au cœur du programme de réforme du gouvernement australien, a ajouté Mme Hewanpola, notant que l’une des premières décisions du Premier Ministre Tony Abbott était de rehausser l’importance des affaires autochtones en les plaçant sous son autorité directe.

En juillet 2014 le Gouvernement a présenté sa stratégie sur l’avancement des autochtones, un programme doté de 4,8 milliards de dollars centré sur des sujets clefs comme la scolarisation des enfants, l’emploi des adultes et la construction de communautés plus sûres.

Dans le cadre de la réconciliation, le Gouvernement australien s’est engagé à reconnaître les aborigènes et les insulaires du détroit de Torres dans la Constitution, ce qui manifesterait la reconnaissance de l’histoire commune et la valeur qu’il accorde à leur héritage.  Le Gouvernement s’est engagé à œuvrer à l’organisation d’un referendum constitutionnel à ce sujet.

Enfin M. Abbott a mis en place en septembre 2013 le Conseil consultatif autochtone, dans lequel siègent 12 autochtones et 12 non autochtones pour conseiller le Gouvernement sur les changements pratiques pouvant être mis en œuvre pour améliorer la vie des autochtones.

M. DMITRY VOROBYEW (Fédération de Russie) a affirmé que son pays avait toujours appuyé toutes les initiatives visant à attirer l’attention sur la problématique des droits des peuples autochtones et avait fortement soutenu la proclamation d’une décennie internationale des peuples autochtones.

Il a regretté que la proposition d’une troisième décennie n’ait pas recueilli le consensus et, en conséquence, n’ait pas été incluse dans le Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.  Le représentant a estimé que, d’un point de vue démographique, le nombre des autochtones avait augmenté en Russie.  Pas moins de 277 langues et dialectes sont parlés alors que l’enseignement est bilingue afin de préserver les langues et les us et coutumes culturels. 

Il a salué la décision de la Rapporteuse spéciale de concentrer ses efforts sur les droits économiques, sociaux et cultures.  Il a considéré, d’autre part, que le programme de développement pour l’après-2015 devrait inclure le développement des peuples autochtones.  La Russie jouit aussi d’une grande expérience dans ce domaine et est prête à la partager, a-t-il conclu.

M. JAIRO RODRÍGUEZ (Cuba) a appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour réaliser les cinq objectifs de la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones.  Il a affirmé que les peuples autochtones représentaient 5% de la population mondiale et qu’ils faisaient face à des violations quotidiennes de leurs droits, notamment la violence, la marginalisation, l’appropriation de leurs terres, l’expulsion ou encore la négation de leur droit à la terre.  Il a souligné leur droit à jouir pleinement de leurs droits « traditionnels et millénaires », notamment celui de mastiquer de la feuille de coca.

Le représentant a ensuite fait part de son appui à la Déclaration de La Havane adoptée, en janvier, à l’issue du deuxième Sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  Il a précisé que ce texte affirmait notamment la nécessité de protéger le droit au savoir traditionnel et ancestral des peuples autochtones et d’éviter que ces connaissances ne soient mis à mal par des parties tiers, en établissant notamment des registres qui reconnaissent leur titularisation.  Il a souligné que les peuples autochtones devaient avoir un accès juste et équitable aux bénéfices dérivés de l’utilisation de leur savoir.

Mme TERRI ROBL (États-Unis) a rappelé certains principes énoncés dans la deuxième Décennie internationale des peuples autochtones et dans la Déclaration.  Conformément aux recommandations agréées au niveau international, l’administration a mené des consultations avec les Premières Nations avant la tenue de la Conférence mondiale.  Elle a encouragé à mettre en place des mécanismes de prévention et de lutte contre la violence et les discriminations flagrantes à l’égard des femmes et filles autochtones. 

Elle a souligné que le Conseil des droits de l’homme se penchait plus en avant sur cette question primordiale en raison des faits de violence croissants à l’encontre des femmes et des filles et a fait état des efforts déployés collectivement par 35 pays, à l’initiative des États-Unis, dans ce domaine.

Elle a encouragé à la participation des organisations autochtones dans toutes les réunions de l’ONU qui concernent leurs communautés, en signalant que seules les organisations non gouvernementales accréditées étaient actuellement admises.  Le programme de développement pour l’après-2015 est une occasion idoine pour le renforcement des droits des peuples autochtones, a-t-elle dit, sans toutefois appuyer une recommandation du Secrétaire général contenue dans le rapport A/69/271 proposant la proclamation d’une troisième Décennie des Nations Unies sur les peuples autochtones.

Elle a enfin déclaré que les États-Unis sont prêts à œuvrer avec tous ses partenaires pour la réalisation des droits des peuples autochtones.  

Mme ARINO YAGUCHI (Japon) a noté que des représentants du peuple aïnou avaient participé à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones réunie en septembre, au sein de la délégation japonaise.

Elle a ajouté que depuis la reconnaissance en 2008 par le Gouvernement japonais du peuple aïnou en tant que peuple autochtone, et la mise en place d’un Conseil consultatif sur les politiques à intégrer vis-à-vis de ce peuple, deux projets majeurs avaient été lancés. 

Le premier débouchera sur le nouvel Espace symbolique pour l’harmonie ethnique, qui devrait ouvrir ses portes en 2020 à Shiraoi dans l’île d’Hokkaïdo et servira de centre culturel du peuple aïnou permettant à tous de découvrir leur culture et leur histoire.  Il comprendra un musée, un parc avec un village traditionnel aïnou, et un site pour conserver les dépouilles des Aïnous décédés.

Le deuxième projet porte sur un ensemble de mesures en faveur des Aïnous qui vivent hors de Hokkaïdo, une enquête nationale menée en 2010-2011 ayant révélé qu’ils étaient moins éduqués et avaient des conditions de vie moins agréables que les non-Aïnous.

« Le Gouvernement japonais est un train d’établir un système pour identifier les bénéficiaires de mesures visant à corriger ces disparités, notamment un programme de bourse scolaire pour les jeunes », a dit Mme Yaguchi.

Mme ELISA DIÁZ GRAS (Mexique) a regretté que l’ensemble des aspirations des peuples autochtones n’eussent pas été reflétées dans la Déclaration finale de la Conférence mondiale.  Elle a réclamé une action coordonnée pour établir une feuille de route afin de faire valoir les droits des peuples autochtones par l’intermédiaire de systèmes de budgétisation et d’actions concrètes.

Leurs droits devront être dûment pris en compte dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  La représentante a aussi souligné que des mécanismes étaient nécessaires pour appuyer la participation des autochtones aux réunions de l’ONU en leur accordant un statut distinct de celui d’organisation non gouvernementale.

La déléguée a par ailleurs estimé que le programme de développement pour l’après-2015 devait veiller à l’inclusion économique et sociale des groupes vulnérables et à la diminution des inégalités.  Elle a également jugé que les peuples autochtones devaient pouvoir contribuer à l’élaboration dudit programme.

Mme MARÍA CLARISA SOLÓRZANO-ARRIAGADA (Nicaragua) a affirmé que son pays appuyait le principe du « bien-vivre » préconisé à l’échelle de la région comme concept de développement, en prêtant notamment attention à « la santé et à l’éducation interculturelles » et en prenant en compte la cosmovision des peuples autochtones. 

Elle a expliqué que la loi sur la démarcation des terres communales, adopté par son gouvernement en 2003, était un élément important pour faire valoir les droits des peuples autochtones.  La représentante a également parlé du programme « Terre nourricière » de 2009 qui a permis de titulariser 20 territoires pour les peuples autochtones Sumu Mayangna, Miskitu et Rama.

Entre 2007 et 2014, un autre projet d’aménagement territorial a permis de titulariser 22 autres territoires autochtones, restituant ainsi une surface de 36 439 kilomètres carrés, soit 30% du territoire national, à 289 communautés.

La représentante a par ailleurs estimé que les peuples autochtones devaient obtenir un statut distinct de celui d’organisation non gouvernementale et participer en cette capacité aux réunions de l’ONU.

M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines) a affirmé que son pays disposait depuis 1997 d’une loi sur les droits des peuples autochtones, laquelle stipule notamment qu’un consentement libre et informé doit être obtenu pour tout projet de développement qui risque d’avoir un impact direct sur eux, notamment les projets prévus à proximité de leurs terres ancestrales.

Il a souligné que ce principe avait été repris dans le projet de loi Bangsamoro, élaboré lors des négociations de paix entre son gouvernement et le Front de libération islamique Moro.

M. Cabactulan a expliqué que ce texte entendait mettre un terme aux différends à Mindanao en appuyant la création d’une entité politique pour les peuples Bangsamoro.  Cette loi permettra également d’établir un système universitaire tribale, de créer une commission pour la protection de l’héritage culturel, ainsi qu’un bureau chargé de maintenir et de développer le système de justice tribal au sein de la communauté Bangsamoro.

La loi stipulera également que les peuples autochtones doivent obtenir une part équitable des revenus provenant de l’exploitation, du développement et de l’utilisation des ressources naturelles se trouvant dans les territoires couverts par des titres fonciers autochtones.

M. Cabactulan a par ailleurs estimé que le programme de développement pour l’après-2015 devait prendre en compte les besoins et les droits des peuples autochtones.

Mme PAULINA FRANCESCHI (Panama) a déclaré que, depuis 1957, son pays disposait d’une politique pour les autochtones qui représentent 12% de sa population.  En souscrivant à la Convention no107 de l’Organisation internationale du Travail, il est passé à la vitesse supérieure en termes législatifs et de mise sur pied de mécanismes spéciaux tendant au renforcement des autorités autochtones traditionnelles et à leur participation à la politique nationale.

Des circonscriptions visant à la protection des territoires autochtones - Embera, Ngöbe-Buglé, Guna-Yala, Kuna de Madungandi et Kuna de Wargandi -, dont la superficie est équivalente à 28% du territoire national, ont aussi été délimitées, en consultation avec les peuples autochtones.

De leur côté, les peuples naso et bribri sont également protégés par la législation à travers une procédure spéciale d’adjudication de la propriété foncière collective pour les peuples ne vivant pas sur les circonscriptions déjà délimitées.

La déléguée a estimé que ces politiques étaient insuffisantes et que son pays s’efforçait de s’aligner avec les principes des mécanismes internationaux sur les droits des peuples autochtones, par l’inclusion, par exemple, d’une éducation bilingue interculturelle, la création d’un vice-ministère des questions autochtones en tant qu’autorité chargée de veiller à la protection et à la réalisation des droits des peuples originaires.

À présent, les ethnies Ngöble-Buglé et Guna ont des députés, des maires et d’autres représentants élus au sein d’institutions panaméennes.  D’autre part, à l’issue de consultations avec le peuple ngobe buglé, un accord a été signé le 15 mars 2012 en vue de la création d’une plate-forme d’élaboration d’un plan de développement technique dont le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) assure le secrétariat pour faciliter les réunions et fournir des conseils techniques.

Mme CHANTAL LO A NJOE (Suriname) a déclaré que, dans son plan national de développement pour 2012-2016, son gouvernement s’engageait à faire tous ses efforts pour régler la question de la démarcation des territoires pour les peuples autochtones et tribaux du pays.  Deux conférences ont déjà été organisées à cette fin en 2010 et 2011, et une troisième doit encore avoir lieu.  Elle a rappelé que le pays comptait quatre tribus autochtones, ainsi que six tribus de Noirs-marrons, descendants d’esclaves d’origine africaine ayant fui les plantations coloniales.

Mme Lo A Njoe a également déclaré que le programme de développement pour l’après-2015 devait réparer une lacune des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et prévoir des indicateurs clairs pour mesurer les progrès apportés aux peuples autochtones.

Elle a noté que la Conférence mondiale sur le développement durable avait d’ailleurs reconnu que les savoirs traditionnels, les innovations et les pratiques des peuples autochtones sont une contribution importante à la préservation et à l’utilisation durable de la biodiversité.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a affirmé que, selon le recensement national de 2005, les autochtones constituent 3,36% de la population totale, soit 1,3 million, représentant 106 peuples, dépositaires d’une immense richesse culturelle ancestrale.  La Colombie a graduellement bâti un cadre législatif et institutionnel partant de la conviction profonde que l’état de droit et une démocratie inclusive, participative et respectant les minorités doivent constituer la norme minimale dans la conception des politiques publiques.

Elle a rappelé que le Rapporteur spécial sur les droits de peuples autochtones avait salué ce système, lors de sa visite dans le pays en 2009, comme l’un des plus avancés.

La déléguée a précisé que les autochtones avaient leur propre représentation politique et que leurs autorités étaient reconnues par l’État.  Ils sont aussi propriétaires fonciers collectifs des terres qu’ils cultivent conformément à leurs cultures ancestrales, comme ils sont aussi sujets d’actions de discrimination positive en matière de santé, d’éducation et de culture, partant de la reconnaissance de leurs us et coutumes traditionnels.

Ils jouissent également du principe de consultation et de consentement préalable, libre et éclairé, sur les questions qui les affectent.  La déléguée colombienne a appuyé la Déclaration finale et a mis l’accent sur la « transcendance historique » de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones en tant qu’initiative de construction, de dialogue, d’échange de connaissances et d’expériences sur la réalisation des droits des peuples autochtones. 

Elle a toutefois reconnu que beaucoup restait à faire au niveau national pour relever les immenses défis sur la voie de la paix en Colombie, une paix dans l’équité, l’inclusion et la justice sociale.

M. WANG HAO (Chine) a constaté que les territoires autochtones restaient les plus pauvres du monde et a appelé les États Membres à assurer le développement économique des peuples autochtones.  Il a aussi engagé l’ONU à renforcer son rôle en matière d’évaluation et de suivi, en veillant notamment à la mise en œuvre du Document final de la Conférence mondiale.

Il a préconisé la prise en compte de la perspective autochtone au sein du programme de développement pour l’après-2015, notamment afin de réparer  « l’injustice historique » qui leur a été faite et de limiter les impacts des changements climatiques.  Le représentant a aussi souligné que le concept de peuple autochtone provenait du colonialisme et a averti que mélanger « peuple natif » et « peuple indigène » risquait de compromettre l’avenir des peuples autochtones.

M. TSHAMANO MILUBI (Afrique du Sud) a rappelé que la Conférence de Durban sur l’élimination du racisme (2001) avait été la première à attirer l’attention sur les discriminations flagrantes et multiples à l’encontre des peuples autochtones.  À ce jour, les Nations Unies ont pris le bon chemin pour défendre ces droits, la Déclaration adoptée il y a sept ans ayant permis de franchir un seuil historique, a-t-il dit.

Des législations ont ainsi été adoptées par les pays en vue de reconnaître ces peuples, leurs droits collectifs et ceux de vivre en harmonie avec leurs terres et ressources naturelles.  L’Afrique du Sud s’est employée pour sa part à reconnaître tous les Sud-Africains et à réparer les justices du passé. 

Il a déclaré que son pays avait adopté un plan national à long terme avec des programmes d’action, en consultation directe avec les peuples autochtones et dans le respect des dispositions du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

M. SHIRAZ A. MOHAMED (Guyana) a affirmé que les lois de son pays mettent l’accent sur l’égalité de tous les peuples.  La Constitution du Guyana accorde une grande importance au bien-être des peuples autochtones, en consacrant notamment leur droit d’utiliser leur propre langue, la loi amérindienne de 2006 reconnaît les droits collectifs de communautés amérindiennes, notamment en matière de gouvernance et en ce qui concerne les ressources foncières.

Le représentant a souligné l’importance de créer un environnement propice au dialogue.  Il a souligné que les peuples autochtones n’avaient jamais autant participé à la vie politique du pays, précisant que ceux-ci occupaient des postes de décision au sein du Parlement et du Gouvernement ainsi qu’aux niveaux régional et villageois.

La typographie difficile du pays et l’isolement des communautés autochtones entravent cependant la fourniture de services de base, et ces communautés connaissent par ailleurs un taux de chômage élevé.

Le Gouvernement a lancé un programme de formation à l’informatique à l’intention des communautés autochtones, et une autre initiative permet aux jeunes autochtones d’acquérir des compétences leur permettant de rester dans leurs villages.  M. Mohamed a aussi indiqué qu’en septembre 2014 le mois du patrimoine amérindien avait par ailleurs été consacré par le Gouvernement.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré depuis qu’une loi sur les langues, promulguée en 2011, reconnaissait les langues autochtones comme langues officielles dans les régions où elles prédominent, conduisant ainsi à une politique de formation de traducteurs et interprètes en 34 langues.  Le programme « Voix vives » vise en outre à encourager l’utilisation des langues autochtones en danger de disparition.

Par ailleurs, cinq réserves territoriales totalisant trois millions d’hectares sont reconnues  pour la protection de peuples isolés, et cinq réserves supplémentaires sont prévues.

Le Pérou s’est engagé à travailler avec les peuples autochtones afin d’obtenir les informations  techniques nécessaires pour subvenir à leurs besoins, avec la création, cette année, d’un Registre des peuples isolés et en premier contact, et celle d’un Registre des réserves autochtones.

Enfin, la délégation péruvienne a noté que les autorités péruviennes entendaient poursuivre les responsables du meurtre, en septembre, de quatre responsables de la communauté ashaninka alto tamayo-saweto.  Au terme d’une enquête préliminaire, des suspects ont été placés en, détention préventive, tandis que les proches des victimes bénéficient d’un service de traducteurs et d’un programme de protection et d’assistance aux victimes et témoins.     

M. MOHAMMAD R. GHAEBI (République islamique d’Iran) a déclaré que la deuxième Décennie des peuples autochtones touchait à sa fin alors qu’il existe toujours un grand écart entre les normes et principes agréés et la réalité des autochtones sur le terrain. 

Après s’être félicité de l’adoption du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, il a affirmé qu’elle représentait une feuille de route pour passer de la théorie à la pratique et renforcer le partenariat tous azimuts en vue d’honorer les engagements dans le cadre d’accords assortis de ressources prévisibles et d’échéanciers de mise en œuvre.

Les terres et les ressources des peuples autochtones sont le fondement même des richesses de ces peuples, qui sont au cœur du programme du développement durable.  Il a défendu le droit des autochtones à défendre leurs propres plans de développement.

L’Iran a loué la proposition du Secrétaire général appelant à la proclamation d’une troisième décennie internationale sur les peuples autochtones, ainsi qu’à leur participation à tous les niveaux du processus de prise de décisions.

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a déclaré que la Malaisie avait l’intention de devenir un pays développé à hauts revenus d’ici à 2020, et que le Gouvernement œuvrait à ce que tous les membres de sa société multiculturelle à plusieurs facettes, y compris ses peuples autochtones, profitent également du développement.

« En même temps il est important de reconnaître que dans la plupart des cas les groupes autochtones sont parmi les communautés les plus désavantagées, ce qui s’explique par leur mode de vie et, dans certains cas, leur isolement géographique », a noté M. Haniff, soulignant la nécessité de rester constamment en contact avec les groupes autochtones afin qu’ils ne restent pas à l’écart du programme de développement national.

Les efforts menés, notamment pour lancer des programmes générateurs de revenus et des activités agricoles adaptées, ont déjà permis de faire chuter le taux de pauvreté des peuples autochtones de Malaisie de 83,4% à 31,16%, entre 2005 et 2010.  L’objectif étant d’arriver à 25% en 2015.

M. MARCELO SCAPPINI (Paraguay) a déclaré que les peuples autochtones, considérés comme l’un des principaux groupes vulnérables du Paraguay, faisaient l’objet d’une attention particulière dans le Plan de développement 2014-2030.

Il a précisé que la politique menée visait notamment à amplifier un programme d’accès aux terres, le cas échéant via des expropriations comme on l’a vu cette année au bénéfice de la communauté sawhoyamaxa dans la région du Chaco.

Garantir la sécurité alimentaire, fournir des logements dignes et de l’eau potable, améliorer l’accès à la santé et à l’éducation comptent aussi parmi les objectifs de la politique menée en faveur des peuples autochtones, qui représentent 2% de la population du pays.  « Notre objectif est de garantir le bien-vivre des peuples autochtones, si longtemps oubliés et exclus, et d’améliorer leurs conditions de vie avec rapidité, clarté et pertinence culturelle », a conclu M. Scappini.

Mme PHILIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a affirmé que le Document final de la Conférence mondiale marquait un important pas en avant pour faire avancer le respect des droits des peuples autochtones.  Il a dit avoir été particulièrement encouragé par la place qui y est faite aux groupes vulnérables, notamment les jeunes autochtones, les personnes handicapées, les femmes et les enfants ainsi que l’accent qui est porté sur la santé, l’éducation, la lutte contre la discrimination et la violence.

Il a rappelé que le Premier Gouverneur général maori de l’histoire de son pays, M. Jerry Mateparae, avait représenté la Nouvelle-Zélande, au mois de mai, devant l’Instance permanente sur les questions autochtones.  M. Taula a affirmé que son gouvernement s’était engagé à autonomiser davantage la communauté maori, en travaillant notamment de manière inclusive avec ses membres et en élaborant des stratégies ciblées, notamment dans les domaines de la santé, de l’habitation, de l’éducation, du développement économique et de la justice.  Il a souligné que son gouvernement avait conscience du fait que la Nouvelle-Zélande ne pourrait pas atteindre son plein potentiel à moins d’émanciper les Maoris pour qu’ils réalisent leur plein potentiel.

M. DIEGO TITUAÑA (Équateur) a énuméré plusieurs articles constitutionnels qui affirment les droits économiques, sociaux et culturels des peuples autochtones, y compris les collectifs qui reconnaissent que les terres, les ressources, les langues, les cultures et la cosmovision autochtones font partie du patrimoine national. 

Dans le cadre de la politique visant à l’établissement d’une société du « bien-vivre », les savoir-faire traditionnels ont été revalorisés et intégrés dans le système d’enseignement public et un effort spécial a été déployé pour mieux comprendre les lois et coutumes autochtones.  Avec l’appui de l’Instance permanente sur les questions autochtones et du Forum international des femmes autochtones, l’Équateur a parrainé un projet de résolution sur les femmes autochtones, acteurs clefs de l’élimination de la pauvreté et de la faim, qui fut approuvé par la Commission de la condition de la femme à sa cinquante-sixième session et par le Conseil économique et social (ECOSOC).

Le représentant a ensuite salué le rôle déterminant joué par le Président bolivien Evo Morales dans la convocation et la tenue de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, qualifiant cette réunion d’historique car il a fallu attendre plus de 70 ans pour arriver à un document final sous forme de feuille de route en vue de la réalisation de tous les droits économiques, sociaux et culturels des autochtones partout dans le monde, conformément aux principes énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Le délégué a plaidé en faveur d’une représentation accrue des autochtones dans les délégations des États Membres et a encouragé à persévérer pour concrétiser le slogan « Rien pour nous sans nous ».

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège,  a appelé à l’adoption de politiques de développement qui permettent d’impliquer les peuples autochtones et qui respectent leur identité et leur culture.  Il a souligné que la réalisation du droit au développement des peuples autochtones devait être aussi cohérente que possible avec leur identité et leur culture, et que les peuples autochtones devaient avoir leur mot à dire en la matière.

Il s’est opposé à l’adoption de politiques jugées inacceptables par les personnes concernées, soulignant que les mesures élaborées sans la participation active des peuples autochtones risquaient de faire plus de mal que de bien.  Leur contribution au processus de prise de décisions est essentielle puisqu’il en va de la survie même de leur identité et de leur héritage.

Mgr Auza a fait observer que les politiques locales et internationales avaient un impact important sur le respect de l’identité et de la culture des peuples autochtones.  Il a appelé à l’adoption de lois justes pour réglementer les relations entre les peuples autochtones et les industries extractives qui opèrent sur leurs terres ancestrales.  L’Observateur du Saint-Siège a aussi estimé que le Document final du programme de développement pour l’après-2015 devait prêter dûment attention à leur situation.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déclaré que son gouvernement reconnaissait tous les droits des peuples autochtones et que très peu de pays avaient déployé autant d’efforts pour réparer les discriminations historiques à leur encontre.  À travers le pluralisme, les autochtones sont reconnus en tant qu’acteurs différenciés qui jouissent de droits spécifiques et qui ont un caractère sans pareil en tant que dépositaires de connaissances ancestrales uniques.

Il a défendu le droit de vivre en harmonie avec la nature et s’est félicité du plan d’action national visant à l’éradication de la pauvreté extrême.  Un fonds national a été créé pour préserver la Terre nourricière, a-t-il encore déclaré, en rappelant l’histoire du quinoa, des plantes traditionnelles et de la feuille de coca.  Il a réitéré que cette feuille ne faisait aucun mal, est propre aux traditions ancestrales et a annoncé que son pays demanderait officiellement à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de reconnaître ce fait.  Un projet de résolution de procédure sera présenté par la Bolivie sur le suivi de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones. 

Mme MARÍA LUZ MELON (Argentine) a affirmé que les droits des peuples autochtones étaient consacrés par la Constitution de son pays.  Elle a ensuite fait savoir que le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones avait visité son pays en 2011.  La représentante a souligné qu’en 2006, l’adoption d’une loi sur l’éducation nationale avait permis de mettre l’accent sur l’éducation interculturelle et bilingue, tandis qu’une loi sur les médias appuie la création de radios autochtones.  Elle a précisé que plusieurs d’entre elles diffusaient actuellement leurs programmes dans le pays. 

La représentante a par ailleurs souhaité que la Décennie s’achève sur une note positive, avec l’engagement des États Membres à faire en sorte que le programme de développement ne laisse personne de côté.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a espéré que le rapport du Secrétaire général à la soixante-dixième session de l’Assemblée contiendra des propositions spécifiques pour renforcer la participation des représentants et des institutions des peuples autochtones aux réunions des organes compétents de l’ONU et que les questions les intéressant ne feront plus simplement l’objet d’un examen « ad hoc ».  Fin juillet, le Brésil avait rejoint le Groupe des amis de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones afin de mieux comprendre les demandes de ces peuples et de les communiquer aux États Membres.

Le Gouvernement brésilien s’est engagé à promouvoir et à protéger la diversité culturelle des peuples autochtones auxquels s’identifient plus de 800 000 Brésiliens.  Ceux-ci représentent plus de 300 peuples différents parlant pas moins de 270 langues.  En outre, le Brésil compte 688 territoires autochtones sur 1,1 million de kilomètres carrés, soit 12% du territoire national.  Il s’agit de la plus grande surface du monde en matière de terres autochtones reconnues.  La Commission nationale pour les politiques autochtones existe depuis 2007, et un groupe de travail interministériel prépare la mise en œuvre de la Convention de 1889 relative aux peuples indigènes et tribaux (no169) de l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Pour ce qui est du Document final de la Conférence mondiale, M. Patriota a souligné que le Brésil avait appuyé en particulier les dispositions relatives à l’autonomisation des femmes autochtones, à l’examen des causes et des conséquences de la violence à l’encontre des femmes et des filles autochtones, à l’accès à l’éducation ou encore aux pratiques médicales traditionnelles.

M. RUBÉN ZAMORA (El Salvador) a fait remarquer que son pays avait participé activement aux préparatifs de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones et à la négociation de son Document final.  À cet égard, il a compté sur l’appui du système des Nations Unies, y compris des coordonnateurs résidents, pour l’exécution de plans d’action nationaux conformes aux objectifs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Il a jugé important d’établir une troisième Décennie des peuples autochtones et d’institutionnaliser des mécanismes pour la coopération internationales sur les questions qui les touchent.  En outre, ces peuples devront être reconnus « comme étant des peuples distincts et non pas comme des groupes marginaux et vulnérables dans le programme de développement pour l’après-2015 et dans les objectifs de développement durable », a fait valoir M. Zamora.

Pour sa part, le Gouvernement salvadorien mise sur le dialogue « pour construire des ponts solides entre l’État et nos peuples », a poursuivi le représentant.  En 2013, la tenue d’une réunion multisectorielle avec les peuples autochtones a abouti à un projet de politique nationale pour leur développement social, économique, culturel et environnemental.  Le Gouvernement prend également en compte les revendications du patrimoine historique matériel et immatériel des peuples autochtones d’El Salvador.

Par exemple, le premier dictionnaire en nahuat/espagnol a été publié ainsi qu’un calendrier nahuat-pipil.  En outre, un programme de santé multiculturel est sur le point d’être introduit après consultation avec les peuples Nahuat Pipil, Kakawira et Los Lenca.

  Mme LAURIA NGUELE MAKOUELET (République du Congo) a fait savoir que son pays avait élaboré une norme de droit interne qui est l’expression de sa volonté de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Cette norme est devenue, le 25 février 2011, la loi portant promotion et protection de ces droits jugée à ce jour révolutionnaire et exemplaire sur le continent africain, et dont les effets sont d’ores et déjà perceptibles.

Les peuples autochtones jouissent d’un accès égal à la fonction publique, à la santé et à l’éducation et ont recouvré le droit d’association, d’élire et d’être éligibles.  En outre, depuis août 2013, le Congo a adopté un nouveau plan d’action national pour l’amélioration de la qualité de vie des populations autochtones.

Tout est donc mis en œuvre pour faire cesser la marginalisation de ces populations au Congo, s’est-elle réjouie, ajoutant qu’à présent, des lois et règlements en vigueur pour certains, et en cours d’élaboration ou d’adoption pour les autres, portaient sur l’exploitation et la valorisation des ressources naturelles, notamment forestières et fauniques.

Ces textes prévoient des approches consultatives et participatives pour tenir compte du « consentement libre, informé et préalable » des populations autochtones riveraines de ces ressources, ainsi que des dispositions pour garantir le strict respect de l’exercice durable des droits et d’activités culturelles des populations autochtones.  Elle a souligné, par ailleurs, que le mode de vie et les pratiques des populations autochtones contribuaient à l’entretien et au maintien des écosystèmes forestiers et au stockage de carbone.

Mme NGUSEKELA K. NYERERE (République-Unie de Tanzanie) a regretté que le Rapporteur sur le droit à la sécurité alimentaire n’ait pas fait mention de la situation des peuples autochtones en Afrique.  Elle a affirmé que le concept d’autochtone relevait du colonialisme, lequel a contribué à marginaliser l’Afrique.

La représentante a ensuite affirmé que son gouvernement avait beaucoup investit dans l’octroi de services et la participation économique et politique de l’ensemble de la société.  Elle a ajouté que la « culture vibrante » des Masaï fait partie intégrante de l’identité de son pays.

La représentante a ensuite réclamé des filets de protection sociale pour protéger les communautés les plus vulnérables.  Elle a également expliqué qu’en Tanzanie, un certificat foncier était délivré aux communautés qui se constituent en village et qu’en 2001, des certificats collectifs avaient également été décernés sans que le critère numérique soit atteint.

M. CRISTIAN BARROS MELET (Chili) a expliqué que le Gouvernement de son pays avait entrepris de renforcer les droits des peuples autochtones dans quatre domaines prioritaires: réformes politiques, législatives et institutionnelles; terres et eaux; politiques sectorielles; défense des droits.  De plus, il a entamé ce mois-ci un processus de consultation nationale en vue de créer un ministère et un conseil des peuples autochtones.  La question des peuples autochtones est également abordée de façon transversale dans divers ministères. 

Le Document final de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones, doit maintenant servir de feuille de route pour guider les États et le système des Nations Unies vers une meilleure application de la Déclaration de 2007, a poursuivi M. Melet.  Selon lui, ce document a d’autant plus de poids qu’il a été élaboré avec la participation effective des peuples de sept régions du monde.  En particulier, les États s’y engagent à examiner les moyens de permettre la participation des représentants des institutions des peuples autochtones aux réunions des organes compétents de l’ONU portant sur des questions qui les touchent.

Mme CÉCILE MBALLA EYENGA (Cameroun) a expliqué que, pour maximiser l’impact des actions qu’il entendait mener en faveur de la catégorie des « populations autochtones », dans un pays qui compte plus de 250 ethnies, son gouvernement avait initié des études concernant l’identification des groupes qui pourraient être considérés comme autochtones au regard du droit international.  Elle a souligné qu’en attendant les résultats de ces études, un consensus national avait été établi sur le fait que les pygmées du Cameroun peuvent être considérés comme des peuples autochtones au sens du droit international.

Mme Mballa Eyenga a affirmé que son gouvernement avait mis en place le Programme national de développement participatif qui prévoit notamment des facilités pour l’accès des enfants pygmées à la scolarisation.  Un Plan de développement des peuples pygmées a aussi été adopté qui prévoit notamment le renforcement des capacités des administrations publiques en relation avec les populations autochtones et la consolidation du cadre juridique et institutionnel pour la promotion de leurs droits.

Des zones d’éducation prioritaire ont ainsi été créées dans les régions à forte concentration de « populations à caractère autochtone », et des mesures positives spéciales sont également appliquées en faveur de leur admission dans le système d’enseignement supérieur.  Le Gouvernement a en outre créé une nouvelle catégorie de mécanismes de responsabilisation progressive des communautés locales dans la gestion des forêts.

Elle a souligné que l’interprétation du droit à l’autodétermination et à la souveraineté sur les ressources naturelles ne devait jamais impliquer d’activités de nature à porter atteinte à l’intégrité territoriale et politique des États souverains.  La représentante a aussi fait observer que la tâche des États était particulièrement délicate lorsqu’il s’agit de concilier l’impératif d’insertion des groupes autochtones dans le système politique, économique et social du pays et la préservation de leur identité et de leur mode de vie propre.  Il convient, pour se faire, d’éviter à la fois le piège de l’assimilation et celui de la marginalisation, a-t-elle notamment commenté.

Mme VIKTORIYA LUCHKA (Ukraine) a affirmé que son gouvernement avait déployé de nombreux efforts pour promouvoir les droits culturels, linguistiques et religieux des Tatars de Crimée, qui, a-t-elle souligné n’ont pas d’autre patrie que la « Crimée en Ukraine ».  Elle a souligné que depuis l’occupation de la Crimée par la Fédération de Russie, les Tatars de Crimée avaient vu leurs droits culturels, linguistiques et politiques bafoués. 

Ils sont contraints de quitter la Crimée, leurs militants sont menacés, torturés ou assassinés et leurs dirigeants se voient nier l’accès à la Crimée.  Elle a accusé les autorités russes d’ignorer le statut autochtone des Tatars de Crimée, s’alarmant notamment de l’adoption d’une législation qui limite la liberté d’expression, de réunion et religieuse, ainsi que du fait que des propriétés sont saisies « en toute illégalité par les autorités de facto ».  Ces pratiques criminelles et inhumaines sont d’autant plus regrettables que cette année marque le soixante-dixième anniversaire de la déportation des Tatars de Crimée par le régime soviétique, a-t-elle ajouté.

La représentante a affirmé que l’Ukraine faisait tout son possible pour venir en aide aux Tatars déplacés.  Un institut a été établi dans le but de préserver et de promouvoir l’identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse des Tatars de Crimée au sein de l’Ukraine.

Mme M. J. DEL ÁGUILA CASTILLO (Guatemala) a affirmé qu’il convenait de faire participer les femmes, les jeunes et les enfants autochtones aux consultations sur les questions qui les touchent.  Elle a présenté la « vision pour le nouveau Katun » -pour les Mayas, un Katun correspond à 20 années- inscrite dans le plan d’action pour le Guatemala à l’horizon 2032. 

Ce plan de développement à long terme couvre une large gamme de domaines comme l’accès à la santé et à l’éducation, la participation politique, les ressources et l’amélioration des conditions de vie des autochtones dans le respect du principe de non-discrimination figurant dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Beaucoup reste à faire, a-t-elle encore déclaré, en citant les difficultés spécifiques propres aux femmes et aux filles, ainsi qu’aux handicapés, ou le chômage parmi les problèmes auxquels se heurtent les peuples autochtones.  

Mme ADRIANA M. RUÍN (Costa Rica) a constaté que les peuples autochtones faisaient face à une multiplicité de défis, à commencer par le lancement de processus de réconciliation.  Elle a insisté sur l’importance de la participation des peuples autochtones aux réunions des organes pertinents de l’ONU, ainsi que sur la nécessité de promouvoir la participation des femmes autochtones et de mettre un terme à la violence à leur encontre.

Elle a réclamé l’inclusion de ces problématiques, entre autres, au programme de développement pour l’après-2015.  La représentante a ensuite observé que son gouvernement était en train de préparer une réforme constitutionnelle pour affirmer le caractère pluriculturel du Costa Rica.

Mme LAUREN FLEJZOR, de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a jugé que des efforts considérables restaient à faire pour la réalisation des droits fonciers des autochtones.  Elle a affirmé que les directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale reconnaissaient ces droits et le système coutumier du droit foncier. 

Elle a conseillé l’application intégrale de ces directives, avec la participation de toutes les parties prenantes.  La délégation a déclaré que la FAO travaillait avec la Sierra Leone et le Libéria sur l’application du principe de consentement libre et préalable, par exemple, et que de grandes entreprises du secteur privé avaient déjà fait part de leur volonté de respecter les directives mentionnées.

Un monde plus équitable sans faim, discrimination et inégalités ne saurait voir le jour sans la participation libre des peuples autochtones.  Alors qu’aujourd’hui est célébrée la Journée mondiale de l’alimentation, elle a plaidé en faveur de la reconnaissance de la jouissance effective par les autochtones, de leurs territoires, terres et ressources.

M. KEVIN CASSIDY, représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que la Convention de 1989 relative aux peuples indigènes et tribaux (no169) de l’OIT avait été le premier instrument international contraignant à reconnaître les aspirations des peuples autochtones.  Avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, cette Convention constitue l’un des principaux piliers du cadre international de protection des droits de ces peuples.  M. Cassidy a espéré que le Document final de la Conférence mondiale et le programme de développement pour l’après-2015 inspireront des actions concrètes pour faire avancer ces droits.

En plus d’une volonté politique soutenue, il est essentiel d’établir des mécanismes pour garantir la participation des peuples autochtones aux niveaux national et régional, a ajouté le délégué.  Ces peuples doivent aujourd’hui faire face à d’énormes et rapides changements socioéconomiques dans leur mode de vie, souvent liés à la perte de leurs terres ou de leur accès aux ressources naturelles et aux changements climatiques. 

Ils sont amenés à migrer, à l’intérieur de leur propre pays ou à l’étranger, les femmes risquant de se trouver exploitées dans des travaux domestiques.  M. Cassidy a constaté que le manque d’éducation et de formation désavantageait également les personnes autochtones sur le marché du travail et qu’il faut remédier à cette situation.  À cet égard, l’OIT encourage fortement l’autonomisation des femmes.  Elle reconnaît aussi que les savoirs et les pratiques traditionnels peuvent contribuer au développement des peuples autochtones.   

Droit de réponse

Le Gouvernement ukrainien s’intéresse enfin aux peuples autochtones, a ironisé le représentant de la Fédération de Russie.  Il a parlé des graves problèmes qui existaient en Crimée avant son « union » avec la Fédération de Russie, ajoutant que ce n’est que depuis lors que la langue tatare est reconnue.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les délégations célèbrent les vertus du sport et leur apport à l’entente mondiale et entendent l’inde proposer une journée internationale du yoga

Soixante-neuvième session
28e séance plénière – matin
AG/11572

Assemblée générale: les délégations célèbrent les vertus du sport et leur apport à l’entente mondiale et entendent l’inde proposer une journée internationale du yoga

« Instrument de tolérance et de compréhension mutuelle », « message de paix », « symbole de l’entente mondiale », « langage universel ».  Ce matin devant l’Assemblée générale, les délégations ont unanimement loué les vertus du sport et leur apport à l’entente mondiale, un irénisme qui sera désormais de mise, chaque 6 avril, avec la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, dont la première édition a eu lieu cette année.  Le représentant de l’Inde a profité de ce débat pour réitérer la proposition de proclamer « une journée internationale du yoga ».

En ouverture d’une réunion au cours de laquelle sont intervenus 15 États et le représentant du Comité international olympique (CIO), la Vice-Présidente de l’Assemblée générale, Mme Greta Gunnarsdóttir, a rappelé que le sport avait toujours captivé l’esprit humain.  « Avec sa langue universelle, le sport rassemble les peuples au-delà des frontières culturelles et politiques autour des valeurs communes d’effort, de solidarité et de respect des autres. »

« Le sport enseigne la tolérance et l’équité », a renchéri le Ministre de la jeunesse et des sports de l’Azerbaïdjan, pays qui accueillera les tout premiers Jeux européens, du 12 au 28 juin 2015, ainsi que les Jeux de la Solidarité islamique en 2017.  Le représentant de l’Allemagne a dit partager les propos du Ministre, s’agissant en particulier de la faculté des rencontres sportives à surmonter les discriminations basées sur l’identité sexuelle.

Organisateur de la dernière Coupe du monde de football, le Brésil, a rappelé son représentant, y avait véhiculé un message contre la discrimination et l’intolérance avec la campagne « Dites non au racisme ».  Le Brésil, qui organise les prochains Jeux olympiques d’été en 2016, accueillera d’abord en 2015 les premiers Jeux mondiaux des peuples autochtones.

Les bienfaits physiques du sport ont été soulignés par le représentant de l’Inde qui a insisté sur l’« approche holistique de la santé et du sport » en vogue dans son pays.  Faisant écho à la proposition faite par le Premier Ministre indien à l’Assemblée générale, le mois dernier, il a souhaité la proclamation d’une journée internationale du yoga, qui pourrait se tenir le 23 juin.  « Le yoga, don des traditions anciennes, incarne l’unité de l’esprit et du corps, dans le respect de la nature. »

Une note discordante est néanmoins venue du délégué d’Israël qui a condamné les discriminations frappant les athlètes israéliens.  Rappelant le traumatisme qu’a été le massacre commis lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, il a dénoncé le fait que des joueurs de tennis israéliens aient été exclus d’un tournoi à Dubaï et qu’une équipe de football israélienne ait été attaquée lors d’un match amical en Autriche.

Nous ne pouvons ignorer le racisme et la haine qui font parfois éruption dans les stades, que ce soit des chants racistes, des insultes ou des gestes hideux tels que le salut antisémite de la « quenelle », a-t-il dit, prônant une politique de tolérance zéro vis-à-vis du racisme.  Popularisé par l’humoriste français, Dieudonné M’bala M’bala, le geste dit de la « quenelle » s’effectue bras tendu vers le bas et main de l’autre bras portée à l’épaule.  La connotation antisémite de ce geste ne faisant aucun doute pour les autorités françaises, M. M’bala M’bala a été traduit en justice et condamné.

Le discours du délégué israélien dans lequel il affirme que « les enfants israéliens et palestiniens jouaient ensemble au football » avant le début du conflit à Gaza, s’est attiré un droit de réponse du représentant de la Palestine.  « Munich a été un accident qui n’a eu lieu qu’une seule fois et qui ne se répétera pas, alors qu’Israël a battu tous les records de violations des droits de l’homme et obtenu toutes les médailles d’or dans cette discipline », a rétorqué le représentant de l’État de Palestine qui a rappelé le meurtre de cinq enfants palestiniens qui faisaient précisément du sport sur les plages de Gaza.

Revenant au « succès éclatant » des Jeux olympiques et paralympiques de Sotchi, les délégations du Bélarus et de la Fédération de Russie ont mis en garde contre le détournement des événements sportifs à des fins politiques et l’érosion du principe de neutralité.  Le sport ne doit plus être isolé des enjeux politiques, a répondu le représentant du CIO.  « Nous resterons toujours neutres mais nous parlerons avec les gouvernements et les organisations telles que l’ONU.  Parler aux responsables politiques permettra d’éviter de créer des fractures et peut-être même de résoudre des difficultés plus facilement », a-t-il dit, en rappelant qu’en avril dernier, le CIO et l’ONU ont signé un accord « historique » sur le renforcement de leur coopération.

LE SPORT AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA PAIX: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/69/330)

Déclarations

M. AZAD RAHIMOV, Ministre de la jeunesse et des sports de l’Azerbaïdjan, a souligné que « le sport enseigne la tolérance et l’équité et qu’il peut avoir un impact positif sur la cohésion sociale ».  Partisan d’une approche pragmatique basée sur la sensibilisation, l’Azerbaïdjan a fait de la promotion du sport une priorité nationale.  Créé il y a 20 ans, le Ministère de la jeunesse et des sports s’efforce de promouvoir la participation des jeunes aux championnats du monde.  Avec un âge moyen de 30 ans, les jeunes représentent 40% de la population du pays.

Des politiques ciblées et la création d’infrastructures conformes aux normes internationales sont un facteur de succès, a expliqué le Ministre.  Plus de 50 installations sportives récentes permettent à tous les Azerbaïdjanais de participer sans frais à des activités qui enrichissent leur vie, notamment les nombreuses personnes déplacées.  En outre, l’Azerbaïdjan a déjà inclus dans son calendrier officiel la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, célébrée pour la première fois cette année avec une série de compétitions sportives.

Au niveau international, a poursuivi M. Rahimov, le sport est un outil pour identifier les talents et aider au dialogue et à la compréhension entre les pays.  L’Azerbaïdjan est devenu un lieu de destination pour de nombreuses compétitions sportives.  Il accueillera les premiers Jeux européens du 12 au 28 juin 2015, à Bakou, lors desquels plus de 6 000 athlètes participeront à 20 disciplines sportives dans un esprit de paix et d’amitié.  La Première Dame de l’Azerbaïdjan a été désignée Ambassadrice de bonne volonté de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour présider cet évènement.  De plus, le pays accueillera en 2016 la quarante-deuxième Olympiade d’échecs, et, en 2017, les Jeux de la solidarité islamique.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a déclaré qu’étant donné le caractère noble du sport et sa contribution vitale à l’émergence de nouvelles générations avides de bonne santé physique et mentale, la Tunisie invite les États Membres à faire en sorte qu’une éducation sur l’éthique du sport soit disséminée auprès des jeunes, à travers le système éducatif et les associations et organisations de la société civile afin que les arènes et les rassemblements sportifs ne soient pas utilisés pour l’expression de slogans puisés dans les lexiques du racisme, de la xénophobie et du refus de l’autre. 

Dans le souci de perpétuer cette dynamique et afin de faire du sport un moyen de promotion des principes universels mis au service des générations futures, la Tunisie réitère sa disposition à collaborer avec toutes les parties prenantes pour faire valoir les valeurs nobles du sport, en tant qu’outil de rapprochement des cultures, d’inclusion sociale et de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et du programme de développement pour l’après-2015.

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a indiqué que cette année s’était tenue la première célébration de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, qui a mis en exergue la capacité du sport à transcender les différences, promouvoir la tolérance et la compréhension et viser à l’inclusion de tous.  Cette Journée fut également l’occasion, par la signature d’un protocole d’accord, de renforcer la collaboration, déjà étroite entre l’ONU et le Comité international olympique (CIO).  La représentante a dit partager l’objectif du CIO de placer le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique.

Elle a souhaité que le sport reçoive la place qu’il mérite dans le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a détaillé les différents domaines d’action de la Principauté où le sport et l’activité physique peuvent participer au développement, citant notamment la sensibilisation au travers des activités sportives des écoliers à la thématique de l’accessibilité des personnes handicapées.  « Monaco reste convaincue que le sport, en tant que vecteur de valeurs d’opportunités et d’ouverture, peut contribuer à donner aux enfants démunis un accès à un mode de vie sain », a-t-elle conclu.

M. DAVID ROET (Israël) a indiqué qu’en jouant ensemble, les peuples parvenaient à une plus grande compréhension mutuelle.  En août, quelque 80 étudiants israéliens et palestiniens ont commencé leur entraînement commun au programme de football du Centre Shimon Peres pour la paix, a-t-il dit.  « Quelques jours avant le début du conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, les enfants israéliens et palestiniens jouaient ensemble au football. »  Des milliers d’enfants de toutes origines apprenaient à surmonter leurs différences grâce aux programmes sportifs du Centre Peres.  « Tout le monde aime jouer au football, peu importe la nationalité ou la religion.  C’est un message de paix », a-t-il dit, citant les mots du Président Peres.  M. Roet a rappelé que Juifs, Arabes, Musulmans et Chrétiens revêtaient la même tunique dans les équipes de sport israéliennes.  « Ils jouent ensemble, gagnent ensemble et perdent ensemble.  C’est le pouvoir du sport », a-t-il déclaré.  Ce pouvoir peut également être observé au Rwanda, où une course cycliste organisée chaque année attire des milliers de personnes de toutes origines.  En 2007, la première équipe cycliste rwandaise a été créée, avec en son sein des coureurs hutus et tutsis. 

Le délégué a reconnu que le sport n’était pas à l’abri du racisme, rappelant le traumatisme qu’a constitué le massacre des Jeux olympiques de Munich en 1972.  « Les athlètes israéliens continuent de faire face à des discriminations », a-t-il déploré, rappelant que des joueurs de tennis israéliens ont récemment été exclus d’un tournoi à Dubaï.  Des athlètes de la Tunisie, du Koweït et de l’Iran ont refusé de participer à des tournois de judo et d’escrime aux côtés d’athlètes israéliens, alors qu’une équipe israélienne a été attaquée lors d’un match amical en Autriche.  « Nous ne pouvons ignorer le racisme et la haine qui font parfois éruption dans les stades, que ce soit des chants racistes, des insultes ou des gestes hideux tels que le salut antisémite de la quenelle », a-t-il dit, prônant une politique de tolérance zéro vis-à-vis du racisme.  « Dans le sport, il n’y a pas de place pour les préjugés, les considérations politiques ou le racisme », a conclu M. Roet.

M. PETER STONE (Australie) a déclaré que l’Australie, avec sa « réputation de nation sportive », est bien placée pour mettre le sport au service du développement.  Au cours des cinq dernières années, 49 millions de dollars ont été consacrés à des programmes sportifs.  L’Australie travaille avec des ONG dans sept pays du Pacifique, dont Vanuatu et Nauru, pour promouvoir le sport tout en identifiant des défis en matière de développement, tels que la prévention des maladies non transmissibles et l’épanouissement des personnes handicapées.  Le but est notamment de sensibiliser les personnes aux risques liés à l’inactivité et de leur donner davantage d’opportunités pour entreprendre une activité physique.  De même, les parents d’enfants handicapés dans des villages du Pacifique ont reconnu que ces enfants étaient plus motivés et mieux perçus s’ils participaient à des activités sportives.

M. Stone a souligné l’importance d’intégrer les femmes dans les programmes sportifs communautaires.  Il a relevé que ces programmes ont entraîné une augmentation de la consommation de légumes et une diminution de celle du tabac, d’alcool et de boissons sucrées.

M. OMAR HILALE (Maroc) a indiqué que depuis 2008, son pays dispose d’une nouvelle stratégie, permettant d’ancrer la pratique du sport et ses valeurs dans la vie quotidienne, de confirmer le sport comme un droit essentiel et un élément important d’insertion sociale et d’élargir l’accès à la pratique sportive, tout en dynamisant la vie associative sportive.  Ceci traduit la volonté constante du Roi du Maroc, de donner une forte impulsion à la dynamique du développement, faisant du sport un élément fondamental pour le développement des capacités et aptitudes personnelles des jeunes, qu’il s’agisse de leur éducation, de leur formation, de leur accès au marché du travail, de leur participation à la vie politique ou de leur contribution aux domaines économique, social et culturel. 

Aussi, le Maroc est-il l’un des rares pays au monde dont la Constitution consacre le sport en tant que droit du citoyen et levier du développement humain en harmonie avec les changements profonds que connaît le pays dans les divers domaines politique, économique et social.  Il n’y a pas de meilleur moyen que le sport pour inculquer et encourager les valeurs du respect, de la diversité et de la tolérance entre les communautés, les civilisations et les cultures.  La paix et la non-violence figurent parmi les valeurs essentielles que nous défendons, a dit le représentant.

M. PRAKASH GUPTA (Inde) s’est félicité de la commémoration, le 6 avril dernier, de la première Journée internationale du sport au service du développement et de la paix.  Le sport met en relief la discipline, le leadership, la tolérance et le respect des autres, ainsi que l’autonomisation et l’estime de soi.  Il permet de réunir les personnes autour d’un objectif commun et propose des interactions sans recours à la violence.  « Le sport est un droit fondamental », a-t-il affirmé.

Conscient de l’impact du sport sur la santé, en particulier pour prévenir les maladies cardiovasculaires et le diabète, et compte tenu de l’urbanisation rapide en Inde, le Premier Ministre, M. Narendra Modi, attache une grande importance à la promotion d’un mode de vie sain.  L’Inde, a souligné le représentant, a « une approche holistique de la santé et du sport ».  En particulier, le yoga, don des traditions anciennes, incarne l’unité de l’esprit et du corps, dans le respect de la nature.  « Œuvrons pour adopter une journée internationale du yoga », a-t-il plaidé, faisant écho à la proposition lancée par M. Modi à l’Assemblée générale le mois dernier.  La date du 23 juin ayant été identifiée, il a exhorté tous les États « à travailler ensemble pour faire de cette initiative un succès ».

Le représentant a fait remarquer que le cricket est un sport profitable en Inde, qui a généré des emplois et des revenus.  Le Gouvernement propose d’utiliser ce format pour encourager d’autres sports traditionnels comme le badminton.  Il a pris de mesures pour rendre plus populaire « cet écosystème des sports », notamment auprès des jeunes, y compris à l’université.  Enfin, le représentant a salué la décision du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) de nommer l’année dernière, « la légende indienne du cricket », Sachin Tendulkar, Ambassadeur, chargé de promouvoir l’hygiène en Asie du Sud-Est.

Le sport est une langue universelle, a dit M. Evgeniy ZAGAYNOV (Fédération de Russie), qui a salué le potentiel d’unification immense du sport.  Il a néanmoins constaté une érosion du principe de non-politisation et dénoncé le détournement des événements sportifs à des fins politiques.  Il a dit apprécier les efforts de l’ONU dans le domaine du sport, en particulier ceux du Bureau des Nations Unies pour le sport.  Les Jeux olympiques de Sotchi ont permis de populariser les valeurs olympiques, a-t-il poursuivi, en indiquant que les spectateurs venaient de 126 pays différents, alors qu’un nombre sans précédent de chefs de gouvernement ont visité les lieux.  Depuis lors, un Centre de formation des athlètes a été crée à Sotchi, qui devrait bientôt voir éclore un Centre universitaire spécialisé dans l’organisation des grands évènements sportifs.

M. RUSSELL SINGER (États-Unis) a rappelé que son pays est l’hôte d’un large éventail de manifestations sportives.  La diversité et l’universalité dans la participation au sport encouragent la paix, la tolérance et le respect de tous, quelle que soit l’apparence.  Le sport regroupe tous les segments, autonomise les gens et renforce la tolérance et le respect des autres.  Citant plusieurs initiatives nationales faisant du sport un outil du développement et de la démocratie, comme le programme « Sports United », il a souligné que le sport offre un langage universel pour éduquer les gens au respect, à la diversité et à l’équité tout en combattant toutes les formes de discrimination.

M. ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam) a indiqué que dans son pays la participation de chacun à une activité sportive est encouragée, y compris parmi les jeunes et les personnes âgées; l’objectif étant d’avoir une installation sportive à moins de deux kilomètres de chaque agglomération.  Nous avons actuellement 673 installations sportives, dont 140 terrains de football, 200 aires de jeux, 260 gymnases, 60 pistes de courses et 13 piscines publiques.  Les femmes représentent 60% des athlètes nationaux et ont participé à diverses compétitions sportives internationales et régionales, notamment les Jeux olympiques de Londres en 2012.  Les efforts nationaux en faveur de l’intégration sociale ont conduit à la création d’un Plan d’action national pour les personnes aux besoins spécifiques, lequel est mis en œuvre avec le secteur privé et les ONG. 

Le programme « Hassanal Bolkiah Trophy Asean Soccer Under-21 Tournament » dont le promoteur est le Sultan lui-même, encourage les jeunes sportifs et les sportifs des pays membres de l’Association des États d’Asie du Sud-Est (ASEAN) à défendre l’esprit du sport et de l’amitié.  Un autre programme, le « National Youth Challenge », a pour objectif de cultiver les valeurs du sport chez les enfants dès leur plus jeune âge.  Ce programme réunit des jeunes de différents milieux dans un travail d’équipe en faveur des pauvres, des personnes âgées et des personnes aux besoins spécifiques.     

Mme ERIKA WATANABE PATRIOTA (Brésil) a déclaré qu’après avoir accueilli la Coupe des Confédérations de football en 2013 et la Coupe du monde de football en 2014, le Brésil organisera en septembre 2015, les premiers Jeux mondiaux des peuples autochtones et en 2016, les Jeux olympiques et paralympiques.  La décision de se porter candidat pour organiser ces grandes manifestations sportives était conforme, a expliqué la représentante, à la priorité du Gouvernement de promouvoir le développement durable et l’intégration sociale.  En vue de les préparer, le Gouvernement accorde une attention particulière aux dimensions humaine, sociale et de développement qu’elles impliquent.  

Le Brésil est un défenseur du potentiel du sport contre la discrimination.  Il a travaillé avec la FIFA pour une Coupe du monde qui puisse véhiculer un message contre la discrimination et l’intolérance, grâce à la campagne « Dites non au racisme ».  À la vingt-quatrième session du Conseil des droits de l’homme, le Brésil a intégré le groupe qui avait présenté la résolution sur la « Promotion des droits de l’homme à travers le sport et l’idéal olympique ».  Dans la même veine, le Brésil a aussi été l’un des coauteurs de la résolution sur les droits de l’homme, l’orientation sexuelle et l’identité sexuelle et un membre actif du Groupe LGBT aux Nations Unies.  À l’ouverture des Jeux paralympiques de 2012, le Gouvernement brésilien a signé une Déclaration commune avec les Gouvernements du Royaume-Uni, de la Fédération de Russie et de la République de Corée sur le rôle des jeux dans la promotion des droits de l’homme et les valeurs telles que l’accessibilité, l’intégration sociale, la non-discrimination, l’égalité et le respect.  « C’est dans cet esprit que nous souhaiterons la bienvenue aux premiers Jeux mondiaux des peuples autochtones en 2015 et aux Jeux olympiques et paralympiques de 2016 », a conclu la représentante.

Mme MISHAEEL AL-HIJJI (Qatar) a souligné la pertinence du projet de résolution et a salué les valeurs nobles du sport, parmi lesquelles elle a cité la tolérance et le respect de la diversité.  Elle a rappelé que son pays venait d’accueillir les Jeux asiatiques et que désormais un Centre de développement pour le sport de très grande qualité est installé à Doha.  Le Qatar fait également partie du Groupe des Amis du sport à l’ONU et avec l’organisation de la Coupe du monde en 2022, le pays sera le premier État arabe musulman, de taille modeste de surcroît, à organiser un évènement d’une telle envergure.  La représentante du Qatar a détaillé les initiatives prises par son pays pour favoriser la pratique du sport au sein de la société qatarie.

M. CHRISTIAN NELL (Allemagne) a salué le rôle des rencontres sportives qui réunissent des personnes de différentes régions, cultures et religions, et qui aide à surmonter la discrimination raciale ou l’identité sexuelle.  Le sport peut contribuer à la réalisation des OMD, a poursuivi le représentant avant de rappeler que son pays appuie des programmes dans des pays en développement en mettant l’accent sur l’égalité entre les sexes, la prévention du VIH/sida, la consolidation de la paix et la prévention de la violence.  Le Bureau des Nations Unies pour le sport au service du développement et de la paix joue un rôle clef par des initiatives telles que les camps de jeunesse et l’Allemagne est fière d’avoir déjà accueilli ces camps par deux fois.

Mme HUDA MOHAMED (Éthiopie) a regretté que même si le sport est populaire et est pratiqué dans le pays, il n’a pas encore atteint le niveau espéré et attendu.  Le Gouvernement a développé une politique nationale et a mis en place les mécanismes appropriés pour sa mise en œuvre.  Le principe de base est la ferme conviction que la pratique du sport est un droit fondamental de tous les citoyens

sans distinction de sexe, d’origines socioculturelles et sans aucune restriction d’aucune sorte.  En outre, l’Éthiopie a adhéré aux différentes déclarations et résolutions des Nations Unies sur le sport et les a mises en œuvre.  Elle a choisi le sport comme une des priorités du développement et travaille activement pour augmenter sa contribution en l’intégrant dans les politiques nationales de développement et de paix. 

« En conséquence, nous avons réussi à amener des changements positifs dans les secteurs de la santé, de l’éducation, du développement de la jeunesse et de l’enfance, du chômage des jeunes et de l’élimination de la pauvreté, de l’égalité des sexes, de l’intégration des personnes vivant avec un handicap, de la protection de l’environnement et de la consolidation de la paix », a énuméré Mme Mohamed.  Elle a lancé un appel aux partenaires et aux parties prenantes pour qu’ils poursuivent leur aide aux institutions nationales, en matière de renforcement des capacités dans le sport et l’éducation physique.  L’Éthiopie a besoin d’un appui logistique, technique et financier pour le développement des programmes sportifs, a conclu la représentante.   

M. EVGENY LAZAREV (Bélarus) a tout d’abord déploré la politisation des événements sportifs avant de souligner la contribution précieuse que le sport peut apporter à l’entente entre les États et entre les hommes.  Le sport permet parfois de combattre les préjugés de manière plus efficace que les actions politiques, a-t-il dit.  Le délégué du Bélarus a affirmé que les Jeux olympiques et paralympiques de Sotchi avaient été « un succès éclatant » du Mouvement olympique.  La politisation du sport est intolérable parce qu’elle viole les valeurs du sport, représente une impasse et contrevient à l’esprit et à la lettre de la Charte olympique, a-t-il insisté. 

M. MARIO PESCANTE, Comité international olympique (CIO), a rappelé que les Jeux olympiques, les athlètes qui y participent et le village olympique étaient de puissants symboles d’une entente mondiale.  « Ils abattent les murs des différences culturelles et constituent un exemple du respect mutuel et de la non-discrimination ».

Le sport peut changer le monde, mais il ne peut le faire tout seul, a-t-il poursuivi, ajoutant que le CIO allait continuer de se rapprocher des dirigeants politiques et des organisations internationales.  Il a souligné que le sport ne devait plus être isolé des enjeux politiques.  « Nous resterons toujours neutres mais nous parlerons avec les gouvernements et les organisations telles que l’ONU.  Parler aux responsables politiques permettra d’éviter de créer des fractures et peut-être même de résoudre des difficultés plus facilement », a-t-il dit, citant les mots du Président du CIO, M. Thomas Bach.

M. Pescante a souhaité que ces relations soient fondées sur un respect mutuel à même de sauvegarder l’autonomie du sport.  « Les principes universels du sport sont basés sur une éthique internationalement reconnue de fair-play, de respect et d’amitié », a-t-il dit, avant de mettre en garde contre les interférences des gouvernements qui neutralisent le sport en tant qu’instrument au service d’un changement positif.  Saluant l’accord historique signé en avril entre l’ONU et le CIO sur le renforcement de leur coopération, il a indiqué que son organisation explorait des voies nouvelles pour faire du sport un instrument encore plus puissant au service du changement.  « Nous savons que nous avons un rôle à jouer. »

Le délégué a insisté sur les bienfaits du sport, notamment sa contribution à la consolidation de la paix.  Il a salué à ce titre le soutien robuste de l’ONU à la trêve olympique lors des Jeux de Sotchi, qui constitue un très bon exemple de la coopération entre le mouvement sportif et les gouvernements pour l’avancement des objectifs communs.  « La trêve n’apportera pas la paix dans le monde mais elle envoie un signal fort au monde entier. »  En conclusion, M. Pescante a espéré que l’Assemblée générale apportera son soutien pour une telle trêve lors des Jeux olympiques de Rio en 2016.

Droit de réponse

Le représentant de la Palestine a indiqué au représentant d’Israël qu’il aurait aimé venir à l’Assemblée générale pour parler des progrès sportifs et du rôle du sport au service du développement.  Malheureusement, a-t-il regretté, la Palestine « passe par une phase difficile » et « l’occupation israélienne domine tous les aspects de la vie, y compris le sport ».  La Puissance occupante fait obstruction à la construction des infrastructures sportives et à la circulation des athlètes.  Lors de la dernière agression israélienne à Gaza cet été, la Palestine a perdu un athlète et entraîneur célèbre.  Le représentant a mentionné les cinq enfants tués alors qu’ils faisaient du sport sur les plages de Gaza.  « Munich a été un accident qui n’a eu lieu qu’une seule fois et qui ne se répétera pas, pendant qu’Israël bat tous les records de violations des droits de l’homme et rafle toutes les médailles d’or dans cette discipline. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les risques de militarisation de l’espace, sa congestion et la gestion des débris spatiaux au cœur des débats à la Quatrième Commission

Soixante-neuvième session,
10e séance – matin
CPSD/562

Les risques de militarisation de l’espace, sa congestion et la gestion des débris spatiaux au cœur des débats à la Quatrième Commission

Face aux nouvelles velléités de militarisation de l’espace, à des fins défensives ou offensives, de nombreuses délégations ont exigé un renforcement du régime juridique international applicable, en ce troisième et dernier jour du débat de la Quatrième Commission sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.

Le délégué du Pakistan a demandé que l’utilisation des sources d’énergie nucléaire dans l’espace extra-atmosphérique soit encadrée par des normes de sécurité internationale et des procédures juridiquement contraignantes.  Son homologue cubain a qualifié la législation spatiale internationale d’insuffisante et de lacunaire.  Il préconise également l’adoption d’un instrument juridique efficace et contraignant.  Le représentant du Burkina Faso en a appelé à la responsabilité des États pour que la réalisation de leurs ambitions ne mette pas en cause le plein épanouissement des générations futures, alors que le représentant de la République populaire démocratique de Corée, a considéré que le système antimissiles américain constituait un défi au droit international.

Le Nigéria, à l’instar d’autres pays, s’est dit favorable à l’adoption d’un code de conduite garantissant l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins uniquement pacifiques.  Le Pakistan a toutefois averti que le processus de consultations sur le code de conduite international proposé par l’Union européenne devait être plus inclusif, universel et participatif.

Un autre problème soulevé par de nombreux intervenants ce matin a été celui de la congestion de l’espace, et en particulier de l’orbite géostationnaire.  Cela pose d’une part le risque d’accidents aux conséquences potentiellement dangereuses, et, d’autre part, un problème d’accès équitable à cette orbite pour toutes les nations, comme l’ont souligné de nombreuses délégations du monde en développement.  Ainsi, le représentant de l’Équateur a demandé au COPUOS d’étudier une définition normative en vue de garantir les mêmes droits d’accès et d’utilisation de cette orbite à tous les pays.  Il a même évoqué la possibilité d’adopter un régime international qui y serait applicable.  Le représentant de Cuba a, quant à lui, dénoncé l’accès commercial du secteur privé à cette orbite.  Il a également repris l’argument présenté hier par son homologue algérien, pour demander qu’il y ait une délimitation claire de l’espace à laquelle s’appliquerait le droit spatial.

Leur homologue de l’Afrique du Sud a rappelé que le groupe d’experts sur la durabilité à long terme des activités dans l’espace extra-atmosphérique, présidé par son pays, avait proposé toute une série de lignes directrices pour lutter contre ce phénomène et d’autres phénomènes qui menacent l’utilisation à long terme de l’espace extra-atmosphérique.

Les enjeux de ces questions sont d’autant plus grands que tous les pays sont conscients des mérites des activités spatiales pour le développement durable.  C’est la raison pour laquelle de nombreuses délégations ont insisté sur le fait que l’espace extra-atmosphérique est un patrimoine commun à l’humanité.  Comme l’a expliqué le représentant du Burkina Faso, « il est fondamental pour toutes les nations non spatiales en quête de solutions novatrices de développement d’insister sur l’importance des applications spatiales positives et d’en appeler à leur plus grande diffusion ».

L’affirmation par le représentant de la République populaire démocratique de Corée que son pays continuera à lancer des satellites pour le développement de son économie et l’amélioration des conditions de vie de sa population en toute transparence, lui a valu un droit de réponse de la République de Corée.  Son représentant a rappelé que le Conseil de sécurité avait stipulé en avril 2012 que les lancements effectués par la République populaire démocratique de Corée étaient clairement contraires au droit international.

La Quatrième Commission se réunira le mardi 21 octobre à 15 heures, pour entamer son débat sur les questions relatives à l’information.  Elle accueillera également le Président de l’Assemblée générale.

COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE (A/69/20 ET A/C.4/69/L.2)

Fin du débat général

M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a reconnu le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) comme la seule instance internationale en matière d’élaboration du droit spatial international, souhaitant que ce Comité propose une définition normative pour garantir les mêmes droits d’accès et d’utilisation de l’orbite spatiale à tous les pays, sans oublier la possibilité d’adopter un régime international qui serait applicable à cette orbite et qui tiendrait compte des spécificités des pays en développement.

S’agissant de la promotion des technologies spatiales dans le contexte du développement durable, le représentant a déclaré accorder un intérêt particulier aux avantages potentiels de ces technologies pour la vie des citoyens.  L’Équateur soutient la tenue d’une Conférence internationale sur les utilisations des technologies spatiales intégrées pour le développement durable de la région montagneuse des Andes, organisée par le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies et le Gouvernement équatorien du 4 au 14 novembre à Quito, a-t-il déclaré, estimant nécessaire d’accroître les engagements en faveur de UN-Space et du Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l'information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence (UN-SPIDER) afin que les pays en développement puissent relever les défis auxquels ils sont confrontés, en particulier les catastrophes naturelles.  Il a également réaffirmé l’efficacité du système UN-Spider pour la prévention et la gestion de ces catastrophes, indiquant que son pays avait d’ores et déjà eu recours à des modèles de prévision des récoltes et de gestion des ressources en eau qui utilisent des technologies spatiales.

Le représentant a également rappelé que son pays avait lancé, en novembre dernier, un satellite, le Kryasor, entièrement construit par l’Agence civile spatiale équatorienne.

M. SRINIVAS PRASAD (Inde) a déclaré reconnaître le COPUOS comme une plate-forme internationale de coopération unique pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Il a par ailleurs présenté un certain nombre de réalisations récentes du programme spatial de l’Inde, en particulier la mise en orbite martienne de sa première sonde interplanétaire, le 24 septembre dernier, qui envoie désormais des images très intéressantes de cette planète.  En outre, le deuxième des sept satellites du système de navigation satellitaire régional indien a été mis en orbite en avril et le lanceur indien PSLV-C23 a lancé le 30 juin le satellite français d’observation SPOT-7 et quatre satellites allemand, canadien et singapourien.  C’était le vingt-sixième tir consécutif réussi par ce lanceur indien, a précisé le représentant. 

M. Prasad a précisé que le programme spatial de son pays continuait d’intégrer les avancées les plus récentes en matière de technologie et d’application dans les objectifs de développement national, mais aussi de coopération internationale pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, domaine que son pays considère comme très important.

Le représentant a indiqué que son pays avait conclu des instruments de coopération avec 34 pays et organisations internationales et proposé de créer, dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), une station au sol pour recevoir et analyser les données envoyées par des satellites indiens dans divers domaines d’application, y compris le soutien à la gestion des catastrophes.  De même, un réseau de stations météorologiques a été mis en place dans le cadre de l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR), a souligné M. Prasad, rappelant que l’Inde participait également aux efforts de prévention de catastrophes dans le cadre de plusieurs programmes du Forum régional Asie-Pacifique des agences spatiales, de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, ou encore UN-SPIDER.

En tant que membre du Programme international de recherche et de sauvetage à l’aide de satellites (COSPAS-SARSAT), l’Inde fournit aussi une assistance à plusieurs pays voisins et jusqu’à la Tanzanie.  L’Inde a également participé à la réunion du Groupe de coordination des satellites météorologiques géostationnaires (CGMS) tenue en mai dernier en Chine et a accueilli plusieurs réunions techniques, notamment dans le domaine du renforcement des capacités techniques de pays en développement, a conclu le représentant.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a indiqué que l’utilisation de l’espace était un moteur important de la croissance socioéconomique au Pakistan, les activités concernées aidant à mieux faire face aux défis des changements climatiques, de la gestion des ressources et des risques de catastrophes naturelles.  Après avoir souligné le rôle, dans son pays, des technologies spatiales dans le domaine de la planification agricole et de la prévention des inondations, le représentant a assuré le Comité du plein soutien du Pakistan, en particulier les travaux que mène celui-ci sur la durabilité des utilisations de l’espace extra-atmosphérique.

« Nous avons participé activement aux consultations sur le code de conduite international, et nous sommes d’avis que ce processus devrait être davantage inclusif, universel et participatif », a-t-il par ailleurs estimé.  Toujours sur les questions de sécurité, il a insisté sur le fait que l’utilisation des sources d’énergie nucléaire dans l’espace extra-atmosphérique devait être encadrée par des normes de sécurité internationales en vigueur et des procédures juridiquement contraignantes.

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que l’espace extra-atmosphérique constituait un patrimoine de l’humanité et que, dans son pays, le développement des activités spatiales à des fins pacifiques était conforme aux politiques de l’État et mené avec l’assentiment de la population, exprimant le regret que ces activités ont été entravées par la situation sécuritaire spéciale dans la péninsule coréenne depuis près de 50 ans.  « Le monde sait que les États-Unis et d’autres éléments hostiles au sein du Conseil de sécurité se sont opposés au lancement de notre satellite pacifique ».

Toutefois, la RPDC a les capacités pour lancer des satellites pour différents objectifs, a indiqué le représentant, soulignant que le dernier satellite mis en orbite par son pays a été enregistré auprès du COPUOS.  La RPDC est signataire des principaux instruments internationaux comme le Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967, a-t-il affirmé, avant de préciser que l’année dernière son pays a adopté une loi sur les projets de développement des activités spatiales.

Le représentant a estimé essentiel de renforcer les échanges internationaux et la coopération internationale dans ce domaine des activités spatiales au service de l’humanité, précisant que la RPDC continuerait à promouvoir le développement des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Il a dénoncé la militarisation de l’espace par les États-Unis avec son système antimissiles tournés sur l’Europe et la péninsule coréenne, affirmant qu’il s’agissait d’un défi au droit international.

M. YEHOR PYVOVAROV (Ukraine) a appelé tous les États Membres à améliorer la coopération internationale en matière de gestion des risques au niveau global, en optimisant l’usage de la plateforme UN-SPIDER et en renforçant ses bureaux régionaux.  « Une coopération internationale accrue est également nécessaire pour minimiser, grâce aux technologies actuellement disponibles, l’impact des débris spatiaux, dont la densité empêche l’accès et l’usage de l’espace extra-atmosphérique », a-t-il dit.

Pour le représentant, les traités onusiens doivent devenir universels pour former une base juridique solide régissant efficacement les activités spatiales.  Il s’est ensuite dit convaincu que l’amélioration du régime juridique actuel passe par un plus grand partage d’informations entre les États, afin d’identifier les principes et procédures les plus pertinentes.  Enfin, il a jugé que le développement du concept de démocratie des données était essentiel pour renforcer les capacités des pays et permettre ainsi leur accès indiscriminé aux utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.

M. MLUNGISI CEDRICK MBALATI (Afrique du Sud) a fait part de sa préoccupation face à la multiplication des déchets spatiaux et rappelé que le groupe d’experts sur la durabilité à long terme des activités dans l’espace extra-atmosphérique, présidé par son pays, avait proposé toute une série de lignes directrices pour lutter contre ce phénomène et d’autres phénomènes qui menacent l’utilisation à long terme de l’espace extra-atmosphérique.  Il a affirmé que tous les pays devraient avoir accès à l’espace à des fins pacifiques sur une base équitable, en tenant compte des activités menées par les autres États.

Le représentant a estimé que le travail du Sous-Comité juridique dans le domaine du droit spatial était fondamental pour l’élaboration de règles internationales communes.  L’Afrique du Sud a décidé de revoir son propre cadre national en fonction des évolutions du droit international en la matière, tout en veillant à créer un environnement propice à l’utilisation commerciale croissante de l’espace, a-t-il indiqué.  Estimant que la coopération internationale jouait un rôle très important dans ce domaine, le représentant a souligné que son pays était activement engagé dans un processus de coopération régionale pour permettre à l’ensemble du continent africain de bénéficier des technologies spatiales.  Mon pays a élaboré à cette fin une stratégie africaine pour l’espace, qui devrait être approuvée avant la fin de l’année par le Conseil ministériel africain sur la science et la technologie, a conclu le représentant.  

M. KENNETH HODGKINS (États-Unis) a expliqué que même si on accorde désormais un intérêt particulier aux applications des technologies spatiales aux solutions des problèmes terrestres, l’exploration de l’espace restait l’un des objectifs ultimes des États-Unis dans leur quête de réponses aux questions existentielles sur les origines de l’univers et de la vie.  Le Projet Apollo, a-t-il précisé, a été l’une des étapes de ce processus continu, en collaboration avec d’autres partenaires internationaux.  En tant que seule entité onusienne chargée des questions relatives à l’espace extra-atmosphérique, le COPUOS a été très efficace pour canaliser la coopération internationale pacifique dans cette direction, a dit le représentant.  

Conformément à la politique spatiale américaine de 2010, les États-Unis optent de plus en plus pour la coopération internationale en vue de promouvoir l’utilisation pacifique de l’espace, travaillant en étroite collaboration avec les Nations Unies et d’autres pays, notamment sur des problèmes comme les débris spatiaux et la promotion des meilleures pratiques pour assurer la durabilité à long terme de l’espace.  M. Hodgkins a également affirmé que son pays était favorable à plus de transparence et de mesures de confiance pour éviter la course aux armements dans l’espace, à condition qu’elles soient rigoureuses, équitables, vérifiables et conformes avec ses intérêts sécuritaires nationaux.

Il a précisé qu’en janvier 2014, le Forum international de l’exploration de l’espace (ISEF), qui a eu lieu à Washington, avait réuni 32 pays et l’Agence spatiale européenne et la Commission européenne, pour faire avancer les dossiers de l’exploration et de l’utilisation de l’espace et souligner les bénéfices directs de ces activités pour l’humanité.  Les États-Unis se sont également associés à la Fédération de Russie et à la Chine pour coparrainer la résolution (A/RES/68/50) de l’Assemblée générale sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales (TCBM).  Cette résolution souligne explicitement la contribution du COPUOS à ces mesures et fait référence au rapport du Groupe d’experts gouvernementaux sur les TCBM, a précisé le représentant.  Suivant l’une des recommandations de ce groupe d’experts, la délégation américaine a proposé que la réunion UN Space, qui est organisée par le Bureau des affaires spatiales, assume un rôle de coordination entre les différentes entités onusiennes et d’autres institutions engagées dans les activités spatiales.  Les États-Unis ont également proposé qu’une fois cette recommandation acceptée, le COPUOS se charge du suivi de la mise en œuvre des mesures de confiance unilatérales, bilatérales, régionales et multilatérales et serve de forum pour les discussions sur d’autres mesures que les États pourraient proposer.

Le représentant a également annoncé l’intention de sa délégation de présenter son point de vue sur la question de la durabilité des activités spatiales lors de la cinquante-cinquième session du Sous-comité technique et scientifique du COPUOS, proposant que les résultats de ces discussions soient présentés à l’Assemblée générale et examinés dans une réunion ad hoc entre la Première et la Quatrième Commissions lors de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale en 2015.

Mme DIANA LUCÍA RENGIFO VARGAS (Colombie) a souligné les retombées positives des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique sur le développement durable des pays en développement, mettant en exergue le rôle des technologies spatiales comme éléments d’inclusion dans les programmes de développement pour l’après-2015.  Il est indispensable de générer davantage de connaissances dans la collecte et l’interprétation de données de source spatiale, ce qui ne pourra se faire que dans le cadre de la coopération internationale et régionale, a dit la représentante, présentant le programme spatial de son pays, qui vise à mieux utiliser et interpréter les données spatiales recueillies à des fins de développement.  Elle a notamment mentionné les informations relatives à la prévention des catastrophes. 

Affirmant que le COPUOS était garant des utilisations de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques, la représentante a estimé que le Code de conduite sur les activités dans l’espace extra-atmosphérique devrait s’adapter en permanence aux normes du droit international et faire l’objet de négociations dans le cadre des Nations Unies.  Elle a rappelé que l’orbite géostationnaire était sur le point d’être saturé et qu’il fallait fixer dans ce domaine un principe d’accès équitable, indépendamment des capacités techniques actuelles des différents pays et en tenant compte des besoins des pays en développement et de la situation géographique des États.

L’espace extra-atmosphérique est un patrimoine commun de l’humanité devant être utilisé rationnellement et équitablement pour le bénéfice de tous les États à des fins pacifiques et de développement socioéconomique, a affirmé M. HENRY SUAREZ MORENO (Venezuela).

À ce titre, le représentant a réitéré l’adhésion de son pays aux traités et principes juridiques internationaux régissant les activités spatiales et a rejeté l’établissement de mesures de nature à entraver l’accès et le transfert technologique en matière spatiale vers les pays en développement.

Le cadre juridique en vigueur pour éviter une course aux armements dans l’espace doit être renforcé.  La Conférence du désarmement doit jouer un rôle essentiel dans la création d’un instrument juridique interdisant l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins militaires, a estimé le représentant, saluant la proposition de traité présentée par la Chine et la Russie en 2008, qui n’a pas pu être examinée à cause de l’opposition féroce d’un des États Membres.

En conclusion, M. Suarez Moreno a rappelé les accords bilatéraux conclus entre son pays, l’Argentine, la France, la Russie et la Chine, ayant conduit au lancement avec succès des satellites Simón Bolivar et Francisco Miranda.

M. FILATIENI COULIBALY (Burkina Faso) a estimé que l’exploration et l’exploitation de l’espace extra-atmosphérique devaient se faire dans un esprit réel de contribution au développement durable.  Après avoir affirmé que son pays restait attaché à l’utilisation pacifique de cet espace et félicite le COPUOS pour son travail en ce sens, M. Coulibaly a souligné qu’il fallait développer davantage la législation spatiale.  Par ailleurs, il est fondamental pour toutes les nations non spatiales en quête de solutions novatrices de développement d’insister sur l’importance des applications spatiales positives et d’en appeler à leur plus grande diffusion, a-t-il dit.

Le représentant a ensuite fait une présentation technique de l’utilisation de la technologie spatiale par son pays, précisant que celui-ci appartenait au réseau Global Navigation Satellite System/système mondial de navigation par satellite (GNSS CORS), installé en octobre 2012 et doté de récepteurs dans plusieurs villes du pays et connecté aux systèmes américain GPS (Global Positioning System) et russe GLONASS (Global Orbital Navigation Satellite System/système mondial de satellites de navigation).  Les applications pratiques de de système auront un impact positif sur le développement socioéconomique du Burkina Faso, a-t-il dit.   

Fort de cette expérience positive, le Burkina Faso lance un appel à la solidarité des pays développés pour renforcer les capacités des pays en développement en matière d’utilisation pacifique de l’espace afin qu’ils puissent en tirer profit, a-t-il dit.  Il a par ailleurs estimé qu’il fallait renforcer la confiance mutuelle entre les États, afin de stimuler la solidarité et consolider les réalisations dans le domaine des applications spatiales.  Pour ce faire, il a exhorté le COPUOS à constituer, de concert avec les Nations Unies et les organisations régionales, une banque d’informations spatiales sur les catastrophes naturelles.

M. AHMED ABDELRAHMAN AHMED AL-MAHMOUD (Émirats arabes unis) a estimé que tous les États devaient pouvoir utiliser les informations recueillies depuis l’espace pour lutter contre les catastrophes naturelles.  Il a salué le rôle des Nations Unies et ses différentes agences dans l’application des technologies spatiales à des fins pacifiques et la promotion de la coopération internationale.  Il importe d’élaborer une législation internationale relative à l’espace extra-atmosphérique assortie d’un code de conduite qui permettra de contrer tout risque de course aux armements dans l’espace, a poursuivi le représentant.

La communauté internationale doit accorder davantage d’importance à la question des débris spatiaux, a-t-il poursuivi, rappelant qu’un certain nombre des satellites envoyés dans l’espace utilisaient des technologies nucléaires, ce qui présente des risques en cas de retour de débris sur terre.  Il a ensuite présenté le programme spatial de son pays en soulignant la création d’une agence spatiale nationale, qui sera notamment chargée de la coopération internationale, et le lancement de deux satellites.

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a affirmé que son pays poursuivrait toutes les occasions de coopération avec le secteur privé aux niveaux régional et international pour promouvoir les utilisations pacifiques de l’espace.  C’est dans cet esprit qu’il participe au projet de suivi satellitaire des ressources et de l’environnement africains, notamment en facilitant l’accès aux données satellitaires pour des utilisateurs finaux dans les domaines de la gestion des catastrophes naturelles, de la sécurité alimentaire, des infrastructures publiques, de l’utilisation des ressources en eau et de la gestion des terres, a-t-il expliqué.

L’Agence spatiale nigériane a précisément été créée pour répondre aux besoins de développement durable du pays, tant au plan environnemental que socioéconomique, a-t-il indiqué, soulignant que parmi ses réalisations majeures il y a le lancement en 2003 du premier satellite, Nigéria Sat 1, la mise en place de l’infrastructure nationale de données géospatiales (NGDI) qui facilite la production, la gestion et la diffusion d’informations géospatiales en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Le représentant a également souligné la nécessité de l’accès non discriminatoire à l’espace extra-atmosphérique pour tous les États, ce qui suppose le développement et la mise en œuvre de mesures de transparence et de confiance.  Dans cet esprit, le Nigéria est favorable à l’élaboration d’un code de conduite garantissant que l’espace extra-atmosphérique soit utilisé uniquement à des fins pacifiques et pour y règlementer les activités humaines, a conclu M. Bosah.

M. LIM SANG BEOM (République de Corée) a notamment déploré les risques accrus de collisions de débris spatiaux, qui menacent désormais les habitations humaines.  C’est ainsi qu’il a appuyé les efforts en cours pour parvenir à un code international de conduite sur les activités dans l’espace extra-atmosphérique, destiné à renforcer la sécurité, la transparence et la confiance entourant ces activités.  Il a ensuite indiqué que son pays s’efforçait de mettre à la disposition des États qui en font la demande ses données satellitaires relatives à la prévention et à la gestion des catastrophes naturelles.

Le représentant a par ailleurs condamné les agissements de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui continue d’abuser de son droit aux usages pacifiques de l’espace en développant un programme de missiles balistiques particulièrement préoccupant pour la communauté internationale.  « Nous rappelons la pertinence des résolutions et déclarations présidentielles du Conseil de sécurité demandant clairement à la RPDC de ne procéder à aucun tir de missile balistique », a déclaré M. Lim. 

M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines) a rappelé l’importance de préserver l’espace extra-atmosphérique de toute course aux armements, de ne pas en faire le précarré de quelques États et d’exploiter son potentiel de manière pacifique et pérenne. 

Il a apporté son soutien aux conclusions du rapport du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), avant de faire une série d’observations concernant celui-ci.  Il a d’abord souligné que le COPUOS jouait un « rôle unique » en offrant un forum de discussion à des États Membres « de plus en plus nombreux à exploiter l’espace extra-atmosphérique ».  Il a ensuite indiqué que le COPUOS avait « une place de plus en plus importante » dans la sécurité globale, l’appelant par conséquent à renforcer sa coopération avec la Première et la Sixième Commissions, ainsi qu’avec la Conférence du désarmement.  Il a également soutenu les initiatives visant à renforcer la coopération internationale dans la prévention des catastrophes naturelles, précisant que les Philippines lanceraient leur premier satellite spécialisé dans ce domaine en 2016.

Évoquant par ailleurs la militarisation de l’espace extra-atmosphérique, le représentant a insisté sur l’insuffisance du cadre juridique international actuel pour empêcher une course aux armements dans l’espace.  Il a rappelé l’importance de maintenir l’état de droit dans les activités extra-atmosphériques, appelant à l’élaboration de normes contraignantes.  À cet égard, il a appuyé les efforts déployés par les États Membres, en particulier les trois consultations organisées par l’Union européenne pour la mise en œuvre d’un code de conduite international.  Il a toutefois rappelé que l’élaboration d’un tel code devait être le fruit « d’un processus transparent et inclusif de tous les États Membres ».

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a apporté son soutien aux mesures qui préservent l’espace extra-atmosphérique de la militarisation et facilitent son exploitation en tant que patrimoine commun de l’humanité.  Il faut que les pays qui ont commencé l’exploitation de l’espace extra-atmosphérique partagent leurs technologies et leurs résultats avec ceux qui n’en ont pas encore les moyens, pour le bénéfice de tous, a-t-il estimé.

Il a par ailleurs affirmé que son pays jugeait essentielle l’adoption d’un code de conduite sur l’exploitation commune, égalitaire, pacifique et collective de l’espace extra-atmosphérique, dénonçant toute militarisation de l’espace.  Les technologies appliquées dans ce domaine doivent au contraire être mises au service de l’humanité, dans des domaines tels que l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé, le suivi du changement climatique ou la prévention des catastrophes, entre autres, a-t-il dit.

M. DAVID FORÉS RODRÍGUEZ (Cuba) a salué les travaux du COPUOS et réitéré l’appel de sa délégation à la communauté internationale pour éviter la militarisation de l’espace.  Il faut adopter, selon lui, des normes juridiques internationales qui interdisent le déploiement d’armes dans l’espace; à ce jour, toutefois, la législation internationale reste insuffisante et lacunaire, a-t-il constaté.  Par conséquent, Cuba demande l’adoption d’un instrument juridique efficace, par le biais du COPUOS et de la Conférence du désarmement.  Le COPUOS doit également continuer de jouer un rôle primordial dans la promotion de l’utilisation pacifique de l’espace et de la coopération internationale dans ce domaine, a précisé le représentant.

Conscient du fait que les progrès scientifiques et techniques ont permis une utilisation de plus en plus importante et positive de l’espace, le représentant a toutefois averti qu’il s’agissait souvent de projets du secteur privé.  Évoquant le cas de l’orbite géostationnaire, il a souligné les risques de saturation de cette orbite et estimé qu’il fallait éviter sa commercialisation débridée et garantir son accès équitable à tous les pays, indépendamment de leur niveau de développement. Il a également mis l’accent sur la nécessité de la délimitation de l’espace, invitant le  sous-comité juridique du COPUOS à examiner cette question.  Il a également indiqué que Cuba avait signé une déclaration conjointe avec la Russie et la Chine sur le non-déploiement d’armes dans l’espace et a exprimé l’espoir que d’autres pays viendront les rejoindre.

Malgré ses difficultés économiques, Cuba développe sa recherche spatiale à des fins pacifiques, notamment dans le domaine de la météorologie, a indiqué le représentant, soulignant l’importance que son pays accordait aux systèmes d’alerte aux catastrophes naturelles.  Estimant que la pleine autonomie en matière spatiale n’était pas viable pour tous les États, il s’est prononcé pour l’intensification de la coopération internationale dans ce domaine, et notamment le rôle du COPUOS dans la promotion de cette coopération.

Mgr BERNARDINO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est félicité des progrès accomplis par la science, les considérant comme un produit de l’énorme potentiel du cerveau humain et la manifestation de l’ampleur et de la richesse de la Création.  Notre responsabilité, a-t-il dit, consiste à veiller à ce que ces progrès profitent aussi aux pauvres du monde entier.  Affirmant que le Saint-Siège était pleinement conscient des contraintes qui pèsent sur l’accès universel aux bénéfices des utilisations de l’espace extra-atmosphérique, étant donné les énormes investissements que nécessitent les explorations spatiales et les problèmes liés à la propriété intellectuelle, aux brevets, et autres problèmes, le représentant a encouragé tous les pays à travailler ensemble et à veiller à ce que les bénéfices qui en découlent ne deviennent pas une source supplémentaire d’inégalités sociales.

Les utilisations de l’espace extra-atmosphérique doivent rester pacifiques, a-t-il affirmé, estimant que les pourparlers en cours sur l’élaboration d’un code de conduite pour les activités dans l’espace extra-atmosphérique constituaient une étape positive pour une utilisation plus sûre et plus équitable de l’espace.  Pour le Saint-Siège, a-t-il expliqué, les connaissances tirées des données recueillies dans l’espace peuvent permettre de changer de mode de vie et de renoncer à des pratiques préjudiciables à l’environnement. 

Le représentant a également attiré l’attention sur l’importance de l’utilisation des satellites pour la diffusion des connaissances, plus particulièrement l’éradication de l’analphabétisme, en permettant d’atteindre des personnes vivant dans des régions reculées.  Il s’est en revanche inquiété du risque d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique comme nouveau vecteur de domination culturelle ou sociétale.  L’espace extra-atmosphérique doit être préservé en tant que patrimoine commun au service de l’humanité et des générations futures, a conclu Mgr Auza.

Droits de réponse

En réponse au représentant de la République de Corée, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a affirmé que les lancements de satellites par son pays étaient à des fins pacifiques et se faisaient dans le strict respect de toutes les procédures juridiques établies par les traités internationaux et étaient donc légaux.  La nature prétendument militaire de ces satellites a été utilisée pour imposer des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée à l’instigation des États-Unis, a-t-il dit.  La République populaire démocratique de Corée s’oppose à ces sanctions et continuera de lancer des satellites pour permettre le développement de son peuple dans le strict respect des obligations internationales en la matière.

Le représentant de la République de Corée a répliqué que le Conseil de sécurité avait dit en avril 2012 que les lancements effectués par la République populaire démocratique de Corée étaient clairement contraires au droit international. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, exerçant de nouveau son droit de réponse, a jugé inutile de répondre aux allégations répétées par la Corée du Sud.  La République populaire démocratique de Corée réitère néanmoins sa position concernant le lancement de satellites destinés au bien-être de sa population, qui se poursuivra dans le respect transparent de toutes les procédures juridiques établies par les traités internationaux.

Le représentant de la République de Corée a rejeté l’argument de la République populaire démocratique de Corée, estimant qu’il démontrait que ce pays n’avait pas l’intention de respecter le droit international puisque la République populaire démocratique de Corée entend ne pas respecter les obligations que lui impose le Conseil de sécurité, en contradiction avec les termes de la Charte des Nations Unies.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les délégations sont préoccupées par l’insuffisance de financement du Programme visant à promouvoir une compréhension plus large du droit international

Soixante-neuvième session,
13e séance – matin
AG/J/3482

Les délégations sont préoccupées par l’insuffisance de financement du Programme visant à promouvoir une compréhension plus large du droit international

Les délégations de la Sixième Commission (chargée des questions juridiques) ont exprimé, ce matin, leur appui au Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, en s’inquiétant du déficit des ressources allouées à la mise en œuvre de cet instrument important pour la promotion du droit international.  Les États Membres ont noté que les contributions volontaires pour financer le Programme d’assistance ne constituaient pas un moyen efficace de financement pour faire progresser les activités engagées au titre de ce Programme.

Au cours de cette réunion, de nombreuses délégations, en particulier le Groupe des 77 et la Chine, ont reconnu que le Programme d’assistance constituait un outil efficace pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationales.  Il contribue ainsi, ont-elles souligné, à promouvoir des relations amicales et une coopération entre États.  Le Groupe des 77 et la Chine, par la voix du représentant de la Bolivie, s’est également dit alarmé par le manque de fonds dont souffre la mise en œuvre du Programme.  La Secrétaire du Comité consultatif, Mme Virginia Morris, a regretté que l’Assemblée générale  n’ait pas fourni de ressources complémentaires pour la mise en œuvre de ce  Programme d’assistance qui, a-t-elle fait observer, avait démarré avec la formation de 20 juristes par an en 1965, alors qu’aujourd’hui, près d’un million de juristes à travers le monde sont formés, chaque année.

À l’instar de l’Éthiopie, l’Argentine avait fait part de ses vives préoccupations en ce qui concerne l’annulation des cours régionaux pour les régions d’Asie-Pacifique et en Amérique latine et les Caraïbes, ainsi que le non-financement, depuis quelques années, du Programme de la bourse Hamilton Shirley Amerasinghe en faveur des pays en développement.

Des pistes de solutions en vue de lever les blocages auxquels se heurte le financement du Programme d’assistance ont été proposées par les délégations, y compris la République démocratique populaire lao qui, s’exprimant au nom des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que la garantie de l’efficacité de ce Programme d’assistance résidait dans son inscription au titre du budget ordinaire de l’ONU et des contributions volontaires des États Membres.  C’est une approche à laquelle l’Australie a réaffirmé son attachement, par la voie de sa représentante.  Celle-ci a assuré que son pays s’était acquitté d’une contribution volontaire de 150 000 dollars, saluée par plusieurs intervenants.  Le représentant de l’Afrique du Sud, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique a, pour sa part, indiqué qu’un Institut africain de droit international avait été créé récemment avec pour objectif de promouvoir le développement progressif et la codification du droit international en Afrique.

Auparavant, les délégations de la Sixième Commission avaient entendu un exposé du Président du Comité consultatif du Programme d’assistance.  M. Ken Kanda a souligné que certaines activités relevant du Programme d’assistance souffraient cruellement d’un manque de ressources financières et de personnel.  Cette situation entrave sérieusement les efforts visant à organiser les cours régionaux des Nations Unies et pourrait obliger la Médiathèque à cesser ses activités dans un avenir proche.

La Sixième Commission reprendra ses travaux lundi 20 octobre, à partir de 10 heures.  Elle terminera l’examen de la question sur le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international avant d’entamer celui de la question de l’état des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949, relatifs à la protection des victimes des conflits armés et des mesures propres à renforcer la protection et la sécurité des missions et des représentants diplomatiques et consulaires.

PROGRAMME D’ASSISTANCE DES NATIONS UNIES AUX FINS DE L’ENSEIGNEMENT, DE L’ÉTUDE, DE LA DIFFUSION ET D’UNE COMPRÉHENSION PLUS LARGE DU DROIT INTERNATIONAL (A/69/516 ET A/69/516/ADD.1)

Déclarations

Mme VIRGINIA MORRIS, Secrétaire du Comité consultatif, a regretté que l’Assemblée générale n’ait pas fourni de ressources complémentaires pour la mise en œuvre du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international pour la session 2014-2015 en dépit de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale prises depuis 2009 en ce sens.

Cela fait plus de 10 ans que la Division de la codification a décidé de passer en revue ses activités menées dans le cadre du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international pour évaluer les besoins des États Membres compte tenu de la demande croissante de formations d’avocats, notamment dans les pays en développement.  Elle a salué que, lorsque le Programme d’assistance avait démarré, 20 juristes étaient formés par an, « alors qu’aujourd’hui, nous formons près d’un million de juristes par an » à travers le monde.

Pourtant, ces ressources n’ont plus été disponibles au titre du budget ordinaire.  Pour 2014, la situation financière est devenue de plus en plus compliquée.  « J’ai rencontré à maintes reprises les représentants de groupes régionaux en leur demandant des financements.  S’ils ont tous approuvé les travaux du Programme, beaucoup m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas financer le Programme », a-t-elle regretté.  En conséquence, les contributions volontaires pour la Médiathèque ou les cours régionaux n’ont pas reçu suffisamment de financements.  Pour 2015, des ressources additionnelles restent à trouver, a-t-elle précisé.  Mme Morris a souligné que le Programme international de cours de perfectionnement  en droit international de 2014 a été une grande réussite.

Le Programme de bourses de perfectionnement dans le domaine du droit international, a-t-elle assuré, a été un grand succès en 2014.  « Nous souhaiterions que le nombre de bourses passent de 20 à 30 pour les années à venir », a-t-elle dit, en émettant l’espoir que les États Membres seront plus nombreux à verser des contributions volontaires.  S’agissant des Cours régionaux des Nations Unies pour l’Afrique, Mme Morris a souligné que l’Union africaine paie près de 25% des cours.  Cette initiative a été couronnée de succès a-t-elle déclaré.  Cependant, elle a regretté qu’il n’y ait pas eu d’augmentation de contributions volontaires pour ces activités. 

Les cours régionaux pour l’Afrique, ont été un grand succès.  À cet égard, Mme Morris a remercié l’Australie pour sa généreuse contribution de 150 000 dollars.  Elle a encouragé tout juriste de pays d’Afrique à envoyer sa demande le plus rapidement possible.  Rappelant qu’’il manque encore 100 000 dollars pour assurer le financement de ces cours régionaux, elle a lancé un appel urgent aux contributions volontaires pour les cours régionaux en Afrique en 2015.  En ce qui concerne les cours régionaux en Asie-Pacifique, elle a souligné que la Thaïlande a fait part de sa volonté de continuer à être le pays hôte de ces cours dans la région.

À propos des cours régionaux en Amérique latine et dans les Caraïbes, Mme Morris a expliqué qu’il n’était pas possible de les assurer à la date convenue.  « Nous sommes disposés à assurer ce cours en 2015 en Uruguay si les ressources nécessaires sont fournies d’ici à la fin de l’année », a-t-elle dit.

Mme Morris a souligné avec satisfaction l’augmentation de l’utilisation de la Médiathèque de droit international des Nations Unies.  Expliquant quelques-unes des réalisations de la Médiathèque, elle a noté qu’elle avait enregistré, cette semaine, l’allocution du Président du Tribunal pénal international pour le Rwanda.  Elle a émis l’espoir d’augmenter le nombre d’utilisateurs en Afrique car la Médiathèque, a-t-elle précisé, est dorénavant disponible sur téléphone mobile ou tablette.  Cependant, il manque là aussi des contributions volontaires pour payer les émoluments de deux juristes et d’un technicien audiovisuel.  « Il nous faut 250 000 dollars pour que cette Médiathèque de droit international puisse fonctionner et être utilisée par tous vos juristes ». 

En ce qui concerne les publications juridiques, Mme Morris a prévenu qu’il y aura un retard dans les publications assistées par ordinateur futures car, a-t-elle fait observer, les ressources disponibles ne suffisent pas.

M. KEN KANDA, Président du Comité consultatif du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international, rappelant le rôle moteur de son pays pour la mise en œuvre de ce Programme, a fait observer que les trois dernières années avaient été semées d’embûches sur le plan financier, à tel point que même les juristes étaient dans l’incapacité de régler les problèmes en raison de l’absence de financement.  À cet effet, il a lancé un appel à des contributions volontaires en faveur de la Médiathèque et des cours régionaux de droit international pour poursuivre l’application de ce Programme.  S’agissant des conclusions des travaux du Comité consultatif, M. Kanda a indiqué que certaines activités relevant du Programme souffraient cruellement d’un manque de ressources financières et de personnel. 

Cette situation a empêché la tenue des cours régionaux des Nations Unies et pourrait obliger la Médiathèque à cesser ses activités dans un avenir proche.  Ainsi, les cours régionaux pour l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine et les Caraïbes, prévus pour 2014, ont dû être annulés.  C’est pourquoi, M. Kanda a insisté sur le fait que les contributions volontaires n’étaient pas un moyen efficace pour le financement de ces cours et il a souhaité que des méthodes plus fiables de financement soient adoptées, notamment le financement par le budget ordinaire.  Malgré ces résolutions, aucune ressource supplémentaire n’a été  enregistrée dans le cadre de ce Programme d’assistance, a-t-il déploré.  Le Comité a proposé à l’Assemblée générale de demander au Secrétaire général de rendre un  rapport sur la suite à donner aux demandes qu’il a adressées, a-t-il indiqué.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international était devenu un outil efficace de renforcement de la paix et de la sécurité internationales, en ce qu’il permet de promouvoir des relations amicales et une coopération entre États.  Il a salué les séminaires régionaux en droit international dispensés dans ce cadre, qui bénéficient énormément aux fonctionnaires des pays tant en développement que des pays développés.  Il a rendu hommage à la Division de la codification qui apporte son soutien à ce Programme, ainsi qu’à la Division des affaires maritimes et du droit de la mer pour le travail accompli dans le cadre de la bourse d’études Amerasinghe sur le droit de la mer.

M. Llorentty Solíz s’est cependant dit alarmé par le manque de fonds dont souffre la mise en œuvre du Programme, en regrettant notamment qu’un séminaire prévu en Thaïlande ait dû être annulé pour cette raison.  En dépit d’efforts inlassables, le Groupe des 77 et la Chine n’a pas réussi à faire inclure ce Programme dans le budget ordinaire de l’ONU, a-t-il indiqué, tout en se félicitant que le Comité consultatif avait fait des recommandations en ce sens.  Le Groupe des 77 est prêt à faire le nécessaire pour que ces recommandations soient mises en œuvre, en intervenant tant auprès de la Sixième Commission que de la Cinquième Commission, a-t-il assuré.  M. Llorentty Solíz a aussi lancé un appel aux autres délégations afin qu’elles se joignent à ces efforts.

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a salué les efforts du Bureau des affaires juridiques pour la mise en œuvre des activités visant à promouvoir le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion, et d’une compréhension plus large du droit international, en dépit des contraintes budgétaires.  Ce Programme, a-t-il dit, permet inévitablement de promouvoir les relations amicales entre États, ainsi qu’une meilleure compréhension des relations nécessaires à la paix et à la sécurité internationales.  Il s’est également réjoui de la portée du Programme de bourses de perfectionnement du droit international, lequel a permis de renforcer la formation des juristes issus des pays en développement et émergents, afin qu’ils puissent affiner leur compréhension des droits et obligations du droit international.

L’ASEAN a salué l’usage de la Médiathèque comme outil de diffusion d’informations, accessible au public et aux professionnels des pays développés et des pays en développement, en estimant qu’il devrait continuer à jouer ce rôle dans les années à venir en raison de son efficacité.  Notant que les cours régionaux de droit international permettent aux participants d’échanger des expériences sur les questions juridiques, il a salué la tenue d’un cours régional à Addis-Abeba en 2015, en formant le vœu que le cours régional annulé cette année en Asie-Pacifique sera rétabli dans un proche avenir.   En conséquence, il a exhorté les États à verser des contributions financières pour poursuivre les activités menées au titre du Programme d’assistance.  L’ASEAN est convaincue que le budget total des cours régionaux et la viabilité de la Médiathèque doivent  provenir du budget ordinaire de l’ONU et des contributions volontaires des États Membres pour garantir l’efficacité de ce Programme.

M. KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud), parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a indiqué apprécier et soutenir le travail mené par le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, en particulier pour tout ce qui a trait au développement du droit international en Afrique.  Il a signalé la création récente de l’Institut africain du droit international, dont l’objectif est le développement progressif et la codification du droit international en Afrique.  Il a aussi mentionné la décision prise par l’Union africaine, en mai 2013, de soutenir financièrement le Programme d’assistance des Nations Unies, y compris, si nécessaire, par le biais du budget ordinaire de l’ONU. 

M. Mamabolo a ensuite salué les travaux de la Division de la codification qui, a-t-il dit, contribuent à l’enseignement du droit international pour des étudiants et des juristes du monde entier.  Les séminaires organisés par la Division, a-t-il noté, ont une valeur inestimable.  Il s’est cependant inquiété de l’annulation du séminaire qui était prévu l’an dernier dans la région Asie-Pacifique, à cause du manque de fonds.  M. Mamabolo a aussi fait remarquer que le séminaire prévu en 2014 dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes n’avait pas encore eu lieu pour la même raison.  Le Groupe des États d’Afrique salue les États Membres qui ont fait des contributions volontaires à ces séminaires, notamment celle de l’Australie, pour soutenir le séminaire régional prévu cette année en Afrique.  Enfin, il a souhaité que les recommandations du Comité consultatif soient suivies, surtout en ce qui concerne le financement du Programme d’assistance par le budget ordinaire de l’ONU.

M. GEORGINA GUILLEN-GRILLO (Costa Rica), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que les pays de cette région avaient toujours contribué au développement du droit international, en participant à la création et aux activités de nombreuses organisations dans ce domaine.  Il a jugé primordial que l’ONU diffuse le plus largement possible les instruments juridiques internationaux afin d’en assurer une meilleure compréhension.  Le  Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, qui existe depuis 49 ans, est ainsi le cadre idoine pour réaliser cet objectif, a-t-il dit.  Le représentant a salué en particulier les bourses et séminaires d’été organisés à l’Académie de droit international de La Haye.  Il a cependant regretté l’annulation des séminaires régionaux qui ont été prévus, cette année, dans les régions Asie-Pacifique et Amérique latine. 

Le Bureau des affaires juridiques mérite d’être félicité pour son rôle dans la mise en place et la mise à jour de 26 sites Internet relatifs au droit international, a poursuivi le représentant.  Il a aussi salué les autres activités, comme les séries de conférences, la bibliothèque et la Médiathèque de droit international des Nations Unies, ainsi que les archives historiques.  Le représentant a relevé que le site Internet avait reçu plus de 350 000 visiteurs provenant des 193 États Membres.  En ce qui concerne les publications, il a salué les efforts visant à augmenter le nombre de publications électroniques, ainsi que la compilation des résumés et décisions de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans les six langues officielles de l’ONU.

Le représentant a ensuite insisté sur le problème de financement des activités du Programme d’assistance.  L’Assemblée générale avait demandé de financer les activités du Programme par le biais du budget ordinaire 2014-2015 de l’ONU, a-t-il rappelé, en souhaitant que la Sixième Commission prenne une décision en la matière.  Il a indiqué que la CELAC avait signalé le problème au Secrétaire général en juin 2014.  Il faudrait donc inclure les  activités supplémentaires à organiser dans le texte du projet de résolution dont sera saisi l’Assemblée générale au cours de la présente session.  C’est pourquoi il a demandé aux délégations de la Sixième Commission de suivre cette recommandation.  Il a également plaidé pour que le financement du Programme d’assistance relève du budget ordinaire de l’ONU, comme le recommande le Comité consultatif.

M. GILLES MARHIC, Union européenne, a rappelé que la connaissance du droit international était importante pour la création des « conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international », comme le prévoit la Charte des Nations Unies.  Il a réaffirmé le soutien de sa délégation au Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international.  Il a ensuite salué les efforts du Bureau des affaires juridiques et de la Division de la codification pour renforcer les activités du Programme.

M. Marhic a aussi apprécié l’expansion de la Médiathèque de droit international qui utilise des technologies modernes.  Près d’un million d’utilisateurs y ont accédé, s’est-il réjoui.  La Division de la codification continue de diffuser les publications juridiques sur l’Internet et a organisé un séminaire pour l’Afrique à Addis-Abeba, au printemps dernier, a noté le délégué de l’Union européenne.  Il a également salué la contribution utile de la bourse Amerasinghe sur le droit de la mer, grâce, en outre, à deux pays contributeurs supplémentaires.

S’agissant de la question du financement du Programme, M. Marhic a loué les efforts du Bureau des affaires juridiques pour maintenir ses activités dans les limites de son budget.  Cependant, il a noté la baisse des contributions volontaires au cours des dernières années, des contributions qui sont considérées par l’Assemblée générale comme ne constituant pas le moyen efficace de financement de ces activités.  Notant les recommandations du Comité consultatif en la matière, il a émis l’espoir qu’une solution de financement stable serait trouvée rapidement.

M. IDREES SAEED (Soudan) a expliqué que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international contribue à une plus grande connaissance des concepts du droit international et participe à la paix internationale.  Il a expliqué que ce Programme avait permis de faire mieux comprendre le droit international  et de parvenir, ainsi, à mieux aligner les législations nationales sur le droit international.

Le représentant s’est dit préoccupé par les difficultés financières qui paralysent la mise en œuvre du Programme d’assistance.  Il a estimé que la Sixième Commission devrait trouver une solution pour surmonter ces difficultés, notamment en recommandant le financement au titre du budget ordinaire.  Il a remercié les pays qui ont versé une contribution financière pour la mise en œuvre de ce Programme.  La décision prise par l’Union africaine d’apporter une aide financière aux cours régionaux est une bonne nouvelle, a-t-il déclaré.  Avant de conclure, le représentant du Soudan a souligné à quel point ce Programme d’assistance est important et a appelé tous les États Membres à intensifier les efforts pour assurer sa mise en œuvre effective.  

Mme ELENA A. MELIKBEKYAN (Fédération de Russie) a déclaré que son pays était convaincu que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international contribuait considérablement à la promotion de l’état de droit dans le monde.  Cependant, a-t-elle déclaré, la pertinence de ce Programme a été ignorée comme en atteste le manque de ressources en dépit de l’appel de l’Assemblée générale aux États Membres pour garantir un financement approprié.  Elle a estimé que l’approche des contributions volontaires n’était pas une source fiable, en soutenant qu’il était indispensable que le financement provienne du budget ordinaire.

Mme FERNANDA MILLICAY (Argentine) a déclaré que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, était un outil de promotion de l’état de droit et de renforcement des capacités des pays en développement, offrait une variété d’outils indispensables, y compris des publications reflétant les arrêts de jugements, les décisions rendues par la Cour internationale de Justice, ainsi que l’accès électronique à des documents précieux.  S’agissant de la Médiathèque de droit international, la représentante a noté qu’elle répondait aux demandes des universités du monde entier en leur offrant des documents d’archives.

En ce qui concerne les cours régionaux, la représentante s’est inquiétée de leur annulation, notamment dans les régions d’Asie-Pacifique et d’Amérique latine et des Caraïbes.  Elle s’est également dite préoccupée par le fait qu’au cours de ces dernières années, le financement de la bourse Hamilton Shirley Amerasinghe en faveur des pays en développement ne pouvait être assuré.  Faisant référence au rapport du Secrétaire général sur les contributions à la mise en œuvre de ce Programme, elle a déploré que les recommandations du Comité consultatif n’aient pas été suffisamment mises en avant pour la viabilité de ce Programme.  C’est pourquoi, elle a enjoint les États Membres à appuyer la Cinquième Commission pour qu’elle approuve un financement adéquat de la mise en œuvre de ce Programme.

M. YIDNEKACHEW GEBRE-MESKEL ZEWDU (Éthiopie)a reconnu que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international contribue largement à la plus grande connaissance des concepts du droit international.  Ce Programme participe à la paix internationale et aux bonnes relations entre États, a-t-il déclaré.

Le représentant a regretté le manque de ressources qui paralyse la mise en œuvre du Programme d’assistance.  Il a réitéré l’avis du Comité consultatif qui considère que les contributions volontaires n’ont pas prouvées qu’elles fussent une source de financement durable.  Il a lancé un appel aux Nations Unies pour organiser des cours régionaux de droit international sur une base régulière.  Le représentant a déclaré que son pays avait démontré son soutien aux efforts des Nations Unies en recevant les quatre cours régionaux de droit international pour l’Afrique qui se sont tenus à Addis-Abeba.  « Nous continuerons à accueillir les cours régionaux», a-t-il déclaré, avant de remercier les pays qui ont versé des contributions volontaires, en particulier l’Australie.

M. PATRICK LUNA (Brésil) a noté qu’alors que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international allait bientôt fêter son cinquantième anniversaire, sa pertinence ne devrait pas être sous-estimée.  Le Programme d’assistance montre que l’on peut atteindre la paix internationale par le droit.  En conséquence, les efforts des Nations Unies pour promouvoir l’enseignement, l’étude, la diffusion du droit international doivent être soutenus.  Il est paradoxal que, tandis que le débat sur l’état de droit gagne en importance, le financement de la mise en œuvre du Programme d’assistance ne relève pas du budget ordinaire de l’ONU.  Sa délégation, a-t-il assuré, est déterminée à ce que les recommandations adoptées par le Comité consultatif pour le Programme d’assistance soient reflétées dans les résolutions adoptées par la Sixième Commission, mais aussi par la Cinquième Commission.

M. MOHD KASSIM (Malaisie) a estimé que le Programme d’assistance des Nations  Unies était utile surtout pour les efforts concertés des États Membres pour la promotion du droit international et le renforcement de l’état de droit.  Il a salué l’importance de la Médiathèque du droit international dont les archives historiques permettent aux juristes et diplomates de faire des recherches et de mieux comprendre le droit international.  En outre, il s’est réjoui de l’initiative louable du Programme de bourses de perfectionnement qui a eu lieu à La Haye, ainsi que la tenue de cours régionaux à Addis-Abeba, en 2014.  Encourageant l’organisation de cours similaires dans d’autres pays, il a insisté sur le financement du Programme d’assistance des Nations Unies par le biais du budget ordinaire.  La Malaisie a estimé qu’il était du devoir des États Membres de garantir des ressources pour assurer la mise en œuvre effective de ce Programme.

Mme JULIA O’BRIEN (Australie) a estimé que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international était important et elle s’est félicitée que son pays ait versé une contribution volontaire de 150 000 dollars au titre du financement de la mise en œuvre du Programme.

Elle s’est inquiétée de ce que le Programme ne soit pas suffisamment financé, en précisant que cela pourrait paralyser les activités menées dans le cadre du Programme comme l’annulation des cours régionaux de droit international pour l’Amérique latine en 2014.  Elle a prié tous les États Membres à augmenter leurs contributions volontaires.

Mme TULLY MWAIPOPO (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que la réalisation de ce Programme d’assistance des Nations Unies était nécessaire au développement de la primauté du droit et fournissait une formation aux juges des pays en développement afin de renforcer leurs capacités au niveau international.  Par ailleurs, elle s’est félicitée que des cours régionaux aient pu être organisés à Addis-Abeba.  Cependant, elle a constaté que des difficultés financières perturbaient la bonne mise en œuvre du Programme d’assistance dont l’avenir est menacé.  La représentante a également indiqué qu’en 2012 l’Union africaine avait créé un Institut africain de droit international en Tanzanie.  À cet égard, elle a souligné que le Gouvernement tanzanien a fourni généreusement des bâtiments avant d’annoncer qu’un atelier se déroulerait en Tanzanie du 16 au 20 février 2015.

M. ÁLVARO CERIANI (Uruguay) a regretté que les cours régionaux organisés dans le cadre du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international n’étaient pas dispensés tous les ans, et qu’en Amérique latine, ceux-ci n’étaient pas dispensés depuis 2004.  Consciente de l’intérêt des cours régionaux, sa délégation a proposé que l’Uruguay accueille ces cours.  Le représentant a noté que l’organisation de cours se heurtait au problème du financement.  Les contributions volontaires disponibles pour 2014-2015 n’avaient pas permis d’assurer la tenue de trois cours régionaux, a-t-il regretté.  Cela montre que les contributions volontaires ne constituent pas le moyen de financement approprié et que le Programme d’assistance doit être financé au titre du budget ordinaire de l’ONU, a-t-il déclaré.  Le Comité consultatif est parvenu aux mêmes conclusions, a noté le représentant, qui a émis l’espoir que la Sixième Commission proposera, dans son projet de résolution sur la question, que les cours régionaux de droit international seront financés par le budget ordinaire.

M. TOPE ADELEYE ELIAS-FATILE (Nigéria) a souligné l’impact positif du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, depuis sa création en 1965.  Il permet, a-t-il expliqué, une meilleure compréhension des questions complexes du droit international.  Le représentant a félicité en particulier le Bureau des affaires juridiques et la Division de la codification pour les efforts qu’ils déploient dans la mise en œuvre du Programme.  Enfin, il a soutenu l’idée qu’il faudrait explorer les possibilités en vue d’augmenter le soutien financier aux activités menées dans le cadre du Programme par le biais du budget ordinaire.

M. MOHAMED SELAH EDDINE BELAID (Algérie) a salué tout ce qui a été accompli en 50 ans d’existence par le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, notamment grâce à la Médiathèque de droit international.  Il a cependant regretté que ces accomplissements soient constamment assombris et menacés par l’insuffisance du financement, du fait qu’il repose sur des contributions volontaires irrégulières.

Le représentant s’est inquiété des conséquences de ce problème, notamment de l’annulation de nombreux séminaires régionaux à cause du manque de fonds.  « Nous savons », a-t-il dit, « que les contributions volontaires ne sont pas une méthode fiable pour financer les activités du Programme d’assistance. »  C’est pourquoi, l’Algérie avait demandé d’assurer le financement de toutes les composantes de ce Programme, y compris les séminaires régionaux organisés en Afrique, en Asie et dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, au titre du budget ordinaire de l’ONU, à partir de l’exercice biennal en cours, a-t-il rappelé.

M. ILYA ADAMOV (Bélarus) a déclaré que son pays avait accueilli des réunions sur le droit international en faveur de ses juristes et ceux des pays de la région.  À ces séminaires, avaient participé notamment des représentants de l’ONU, de la Cour économique de la Communauté d’États indépendants (CEI) et des experts des États-Unis.  Ces réunions, a-t-il affirmé, permettent de contribuer au développement progressif du droit international, notamment pour les pays en développement.  À cet égard, il a souhaité que soit créé un type d’aide systématique de la communauté internationale afin que ces séminaires puissent être organisés régulièrement.  Par ailleurs, il a prévenu que le manque de financement était à la fois une entrave à l’exécution du Programme d’assistance et un obstacle aux principes de l’état de droit.

M. ANDREAS MOTZFELDT KRAVIK (Norvège), intervenant également au nom de l’Islande, a souligné que le droit international était le fruit d’une multiplication d’acteurs, rendant son application complexe.  C’est pourquoi, le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international est essentiel pour mieux faire comprendre les normes du droit international.  Le Programme permet de renforcer l’état de droit.  Son succès montre que les efforts entrepris n’ont pas été vains.

Mme LANKA VARUNI MUTHUKUMARANA (Sri Lanka) a relevé le fait que la Médiathèque de droit international en tant que source inépuisable d’informations sur l’Internet serait en péril si son fonctionnement n’était pas financé de manière régulière.  Elle a également noté l’absence de contributions pour la bourse Amerasinghe sur le droit de la mer.  À cet égard, elle a salué les recommandations du Comité consultatif pour des ressources supplémentaires afin d’assurer les cours régionaux et le développement de la Médiathèque et elle a appelé les États Membres à agir activement en faveur de ce financement auprès de la Cinquième Commission.

M. SAHEBZADA AHMED KHAN (Pakistan) a déclaré accorder la plus grande importance à la diffusion du droit international.  Sa connaissance permet d’aboutir à la paix internationale.  En tant que membre du Comité consultatif du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international, le Pakistan est préoccupé par l’annulation de cours régionaux en raison d’un manque de fonds, a-t-il déclaré.

Le représentant a souligné que la Médiathèque de droit international était utilisée par 400 utilisateurs par jour.  Face à la grave situation financière, il est impératif de prendre des mesures pour que la Division de la codification puisse mener à bien son œuvre.  Le Pakistan continuera à collaborer avec la Commission pour mieux connaître le droit international.

M. TREVOR REDMOND (Irlande) a regretté que les cours régionaux pour les régions d’Asie-Pacifique et d’Amérique latine et des Caraïbes aient été annulés à cause d’un manque de financement.  Le Programme d’assistance des Nations Unies a été la pierre angulaire des efforts des Nations Unies pour promouvoir le droit international depuis son adoption, en 1965.  La reconnaissance du Programme d’assistance montre bien qu’il a un rôle crucial à jouer.  C’est un pilier des activités des Nations Unies, a-t-il souligné, en ajoutant: « c’est la raison pour laquelle nous avons apporté une modeste contribution au fil des années ».  Le représentant a encouragé les autres États Membres à financer le Programme d’assistance.

M. JOHN ARBOGAST (États-Unis) a expliqué que le Comité consultatif, au sein duquel siègent les États-Unis, a réussi à surmonter les difficultés financières cette année.  Il est clair que le Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international mobilise un large soutien.  Le Programme d’assistance constitue un des mécanismes les plus importants pour promouvoir l’état de droit.  Les cours régionaux, la Médiathèque de droit international et les autres activités menées dans le cadre du Programmes d’assistance sont essentiels, a-t-il souligné.

Droits de réponse

Répondant à la représentante de l’Argentine, la Secrétaire du Comité consultatif a indiqué que 31 participants, parmi lesquels des représentants, des ministères des affaires étrangères avaient pris part aux cours sur le commerce et l’investissement, qui se sont déroulés en Afrique.  En outre, un cours de formation à l’intention de l’Union africaine avait permis de former un juriste, en indiquant que la Ligue des États arabes souhaitait également bénéficier de ce type de formation.

S’agissant des cours régionaux, elle a précisé qu’ils étaient axés essentiellement sur les droits de l’homme et des questions d’intérêt particulier pour les régions.  Compte tenu de la difficulté d’organiser ces cours, elle a insisté sur la nécessité pour les États Membres d’y participer activement.

Pour sa part, la Directrice de la Division des affaires maritimes et du droit de la mer a indiqué que le dernier bénéficiaire de la bourse Amerasinghe était une juriste originaire de Sao Tomé-et-Principe qui travaille dans une agence pétrolière du pays.  Elle avait participé à un programme de neuf mois et travaille actuellement en Suède.  Elle a été sélectionnée en raison de la pertinence de son sujet de recherche qui porte sur les aspects sécuritaires et environnementaux spécifiques à sa région, a-t-elle précisé.  Tout en saluant les contributions volontaires de Monaco et de la Slovénie pour financer cette bourse en 2014, elle a fait observer que leur aide financière ne suffira pas à maintenir la bourse en 2015.

 

 

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