En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session,
15e séance - après-midi
AG/EF/3402

Deuxième Commission: la réduction de la pauvreté passera par l’inclusion financière et l’autonomisation économique et sociale des femmes et des zones rurales

Dans un monde qui compte encore 1,2 milliard de pauvres vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont, cet après-midi, discuté des différents moyens qui permettront, à terme, d’éradiquer la pauvreté, en mettant notamment l’accent sur l’autonomisation des zones rurales et des femmes, ainsi que sur l’accès aux services financiers.  En outre, bien que les délégations aient reconnu que la croissance économique était un indispensable facteur de réduction de la pauvreté, un grand nombre d’entre elles ont néanmoins tenu à souligner qu’elle ne bénéficiait pas automatiquement aux plus pauvres.

Alors qu’il reste moins de 500 jours pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et que l’on se rapproche de la fin de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017), l’éradication de la pauvreté est apparue comme un problème urgent que la communauté internationale doit résoudre en priorité.  Pour illustrer ce sentiment d’urgence, le Groupe des États d’Afrique, par la voix du représentant du Malawi, a averti que le nombre de pauvres continuait à augmenter en Afrique, malgré des taux de croissance positifs.  Le représentant a relevé que, d’ici à 2015, l’Asie et l’Afrique représenteraient chacune 40% de la population du monde en développement. 

Les inégalités de revenus s’accroissent dans plusieurs États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a également signalé le représentant du Suriname tout en faisant pourtant remarquer les progrès considérables réalisés par les pays de la région en termes de croissance économique.  On accorde trop d’importance à cette croissance, a-t-il estimé, notant que les niveaux de pauvreté ne baissaient pas dans des pays qui connaissent pourtant des taux positifs de croissance, comme cela a été constaté par de nombreuses études.

Son homologue des États-Unis a quant à elle, au contraire, voulu prouver les effets indéniables de la croissance sur la réduction de la pauvreté.  « Il aurait été impossible d’arracher à l’extrême pauvreté des centaines de millions de personnes ces deux dernières décennies sans une croissance économique mondiale forte », a-t-elle dit, précisant que 90% du taux de réduction de la pauvreté pendant les années 2000 étaient attribuables à une croissance économique inclusive et durable. 

En Asie du Sud-Est, 70% des gens les plus pauvres vivent dans des zones rurales, a indiqué la représentante de Singapour, qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et plaidait en faveur de l’autonomisation de ces zones.  Elle a signalé que le dernier Forum de l’ASEAN sur le développement rural et l’éradication de la pauvreté, tenu en 2013, avait permis des échanges fructueux de bonnes pratiques et d’expériences à ce sujet. 

Dans les zones rurales, la pauvreté est due notamment à l’exclusion financière, a expliqué le représentant du Pérou, Coprésident du Groupe informel des amis de l’inclusion financière, en rappelant que 2,5 milliards d’adultes, soit plus de la moitié des adultes du monde, n’ont pas accès aux banques et autres services financiers formels.  Plaidant notamment en faveur de l’inclusion financière des femmes, qui serait favorable à leur autonomisation et permettrait de faire sortir de la pauvreté des ménages entiers, il a souligné l’importance de faciliter l’accès des femmes à un compte en banque, ce qui renforcerait leur pouvoir de décision dans les familles.

L’autonomisation des femmes et la création d’emplois décents pour les jeunes ont été plusieurs fois mentionnées comme une voie incontournable pour réduire les niveaux de pauvreté et maintenir l’harmonie sociale.  Le représentant de la Norvège a affirmé que la lutte contre la pauvreté devait passer par la lutte contre la discrimination basée sur le genre.  Il a recommandé d’intégrer dans le programme de développement pour l’après-2015 les aspects relatifs à l’égalité des genres qui n’ont pas été pris en compte dans les OMD, comme l’égalité des revenus, ou encore le partage des tâches domestiques entre les sexes.  L’autonomisation de la femme permettra de réaliser tous les autres objectifs du prochain programme de développement pour l’après-2015, a-t-il estimé.

« L’égalité des sexes peut avoir un effet catalyseur sur le développement durable », indique le Secrétaire général dans son rapport sur la question.  Il va même plus loin en affirmant qu’aucune approche de développement ne peut être durable si elle n’améliore pas les capacités des femmes ou ne respecte pas leurs droits.

Les différents rapports dont la Commission était saisie ont été présentés par des responsables d’ONU-Femmes, du Département des affaires économiques et sociales (DAES), de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et de l’Organisation mondiale du tourisme.

La Deuxième Commission achèvera ce débat mercredi 23 dans l’après-midi.  Demain, mardi 21 octobre, à partir de 10 heures, elle examinera deux points de son ordre du jour relatifs au système financier international et au développement, ainsi qu’au financement du développement.

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

Rapport du Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme sur la promotion de l’écotourisme aux fins de l’élimination de la pauvreté et de la protection de l’environnement (A/69/223)

Ce rapport rappelle que le Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 encourage la promotion de l’investissement dans le tourisme durable, y compris l’écotourisme et le tourisme culturel.  Il note que, grâce aux efforts entrepris pour promouvoir l’écotourisme, celui-ci est désormais intégré aux politiques et aux priorités nationales.

Les États et les organisations internationales chargées du développement reconnaissent de plus en plus l’importance de la coopération dans le secteur de l’écotourisme comme moyen d’assurer la croissance économique, de réduire les inégalités et d’améliorer les conditions de vie dans les pays en développement.  Une majorité de pays participent à des initiatives de coopération et certains États ont émis le souhait que les institutions régionales et internationales accordent en priorité un appui suffisant, tant financier que technique, aux programmes et aux projets concernant l’écotourisme.

Dans ses conclusions, le rapport contient plusieurs recommandations faites à l’Assemblée générale, notamment celle d’inviter les gouvernements et les parties prenantes compétentes à envisager d’utiliser le tourisme pour engager le dialogue avec les communautés autochtones et locales afin de préserver leurs connaissances et leur savoir-faire.  Il est aussi suggéré d’encourager les parties prenantes à fournir davantage de données factuelles sur la manière dont les femmes participent à la planification et aux décisions concernant le développement du tourisme.

« Mise en œuvre de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) » (A/69/204)

Rapport du Secrétaire général

Le Secrétaire général note les avancées remarquables enregistrées en matière de réduction de la pauvreté dans certaines régions et pays, mais s’inquiète de l’inégalité des progrès d’une région à l’autre et à l’intérieur des pays.  Il estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour que l’objectif de l’élimination de la pauvreté soit rattaché à la formulation des politiques sociales, économiques et environnementales à tous les niveaux de décision. 

Le Secrétaire général recommande de tenir dûment compte du caractère multidimensionnel de la pauvreté dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Il conseille de définir des stratégies nationales pour assurer le plein emploi productif et un travail décent pour tous, en particulier pour les femmes, les jeunes, les personnes handicapées et les autochtones.

Il recommande de poursuivre les efforts en vue d’assurer une croissance économique soutenue, partagée et équitable qui favorise la transformation structurelle des économies de façon à accroître progressivement la productivité dans tous les secteurs et activités.  Il faut aussi réduire les inégalités de chances et des résultats, notamment en favorisant l’intégration sociale et économique et l’autonomisation des groupes marginalisés et des personnes vulnérables, et en renforçant les mesures de protection sociale.  D’autres recommandations ont trait à l’accès à une éducation de qualité, au perfectionnement des compétences et à une formation professionnelle adaptée aux besoins du marché du travail. Enfin, il invite à créer une culture de modes de vie durables.

Coopération pour le développement industriel: Rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) (A/69/331)

Les statistiques de l’ONUDI montrent que le paysage industriel mondial a changé du tout au tout, avec un coup de fouet remarqué dans le secteur manufacturier des nouveaux pays industriels et une croissance de plus en plus soutenue des marchés industrialisés, selon les chiffres du quatrième trimestre de 2013.  Le lien qui existe entre l’industrialisation inclusive et durable et les objectifs économiques, sociaux et environnementaux à long terme demeure indéniable.  En outre, on constate que les pays dotés d’une base d’exportation industrielle solide se relèvent plus rapidement des récessions que ceux qui ne possèdent pas de secteurs manufacturiers équivalents.

Pour ce qui est de l’avenir, des efforts importants devront être faits pour garantir que les bienfaits de l’industrialisation profiteront à un plus grand nombre de personnes, dans tous les groupes de populations, pays et régions.  Des efforts similaires devront être déployés pour garantir la viabilité environnementale de l’industrie par des mesures telles que l’amélioration de l’accès aux technologies propres et la promotion de l’économie d’énergie.

Lors de l’examen du programme de développement pour l’après-2015, les États Membres devraient envisager d’adopter un objectif relatif à l’industrialisation inclusive et durable, aux infrastructures résilientes et à l’innovation.  Il est aussi recommandé d’utiliser le transfert de technologie et la mise en réseau des connaissances comme moyens de parvenir à un développement industriel inclusif et durable, en utilisant des modèles tels que la Plateforme pour l’industrie verte ou l’Initiative pour le développement accéléré de l’agrobusiness et des agro-industries.  L’ONUDI renforcera son action en faveur des réseaux et systèmes d’innovation liée à l’industrie, notamment les pôles et parcs industriels urbains et semi-urbains.

Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement: Rapport du Secrétaire général « Égalité des sexes et développement durable » (A/69/156)

Le Secrétaire général rappelle dans ce rapport que l’importance vitale de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes comme composant essentiel de l’agenda de développement pour l’après-2015 a été un thème fort et récurrent dans les discussions du Groupe de travail à composition non limitée sur les objectifs de développement durable.   

L’égalité des sexes peut avoir un effet catalyseur sur le développement durable, indique le Secrétaire général.  Il affirme même que le développement ne peut être durable que s’il améliore les capacités des femmes, respecte leurs droits et réduit leur travail domestique non rémunéré.  C’est pourquoi il recommande que toutes les politiques et tous les instruments de développement durable, à tous les niveaux, incluent un engagement explicite à l’égalité des sexes.

Les États jouent un rôle central dans la concrétisation de leurs engagements dans ce domaine, en mettant en place des normes et en réglementant l’utilisation des ressources, en fournissant des services et des investissements publics nécessaires au développement durable.  Les alliances entre les acteurs de l’État, du secteur privé et de la société civile qui font avancer l’égalité entre les sexes et le développement durable ont également un rôle essentiel à jouer.

L’Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement propose trois critères pour déterminer si le développement durable est en accord avec l’égalité des sexes et les droits des femmes: le respect des normes des droits de l’homme et la réalisation des capacités des femmes; l’attention accordée au travail domestique non rémunéré des femmes et des filles; et la pleine et égale participation des femmes et des filles à tous les aspects du développement durable.

Le Secrétaire général propose aux États, aux organisations internationales, au secteur privé, aux organisations non gouvernementales, aux syndicats et autres parties prenantes un certain nombre de mesures visant, par exemple, à garantir aux femmes le droit à des conditions de vie adéquates, en leur accordant un plus grand accès à un travail décent, et en leur fournissant des services sensibles au genre, universellement accessibles et de grande qualité, des mesures de protection sociale, ainsi que des infrastructures, dont l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement et l’énergie.  Les autres recommandations concernent l’économie verte, l’égalité des sexes et les soins; la sécurité alimentaire; la population; les investissements qui accélèrent la réalisation de l’égalité des sexes; le financement des mesures; et les données et les statistiques.

Débat général

M. JULIO MOLLINEDO CLAROS (Bolivie), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a déploré que la lutte contre la pauvreté soit sapée par la crise financière et économique mondiale, l’insécurité alimentaire, la volatilité des prix des produits de base, les problèmes d’accès aux sources d’énergie et les défis posés par les changements climatiques.  Il a indiqué que la lutte contre la pauvreté passe par une appropriation nationale des programmes de développement, dans le respect des priorités nationales.  Il a aussi invité les gouvernements des pays en développement à formuler leurs propres stratégies de développement.  Il a déclaré que l’emploi est un élément clef de l’éradication de la pauvreté, déplorant ensuite que les effets négatifs de la crise financière et économique mondiale ont eu un impact sur le marché de l’emploi des pays en développement, et que les récentes améliorations de l’économie mondiale n’ont pas encore eu des répercussions positives sur ce marché de l’emploi.

Le représentant a rappelé qu’à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20, tenue il y a deux ans, les dirigeants du monde avaient relevé que l’éradication de la pauvreté était le plus grand défi qui interpelle le monde, et que cela constituait un prérequis pour le développement durable.  Il a de ce fait souligné que l’éradication de la pauvreté doit être au centre du programme de développement pour l’après-2015 qui est en cours d’élaboration, conformément aux recommandations du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable.  Il a ainsi suggéré que l’éradication de la pauvreté extrême soit l’un des objectifs du futur programme de développement, ainsi que la réduction de moitié, au moins, de la proportion de pauvres d’ici à l’année 2030, ceci en se basant sur les différentes définitions de la pauvreté que se donne chaque État. 

M. Mollinedo Claros a par ailleurs déclaré qu’il est important d’apporter un soutien aux pays en développement, notamment aux pays les moins avancés (PMA), dans la lutte contre la pauvreté, notamment en leur fournissant une aide publique au développement (APD) stable et prévisible.  Il a rappelé que peu de pays développés ont respecté leur promesse en matière d’APD, et il a souligné à cet égard que l’engagement qu’ils avaient pris était de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD, dont entre 0,15% et 0,20% aux PMA.  Le représentant a en outre souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit bâti à partir des leçons apprises de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a aussi souligné que le développement industriel et la science, la technologie et l’innovation sont, entre autres, des facteurs essentiels qui pourraient permettre aux pays en développement de se développer de manière durable.  Il a expliqué que l’industrialisation pourrait générer une plus grande productivité, plus d’emplois et avoir des effets positifs sur l’ensemble de l’économie.  Il a ainsi appelé les pays développés à soutenir les pays en développement dans leur effort d’industrialisation, dans le respect des intérêts nationaux de ces derniers.  Il a notamment plaidé en faveur de transferts de technologies allant des pays industrialisés vers les pays en développement, ainsi que d’une assistance technique et de la fourniture de fonds adéquats qui permettraient aux pays en développement de s’industrialiser dans une perspective écologiquement viable.  M. Mollinedo Claros a aussi noté que l’industrialisation est un catalyseur essentiel d’une croissance économique inclusive, équitable et durable, notamment par sa capacité à promouvoir l’intégration des jeunes et des femmes dans le processus de croissance économique.

Le représentant a ensuite relevé que les femmes constituent une proportion importante de la classe des personnes les plus pauvres, et il a indiqué que l’égalité des genres est fondamentale pour l’éradication de la pauvreté et pour la promotion de la croissance économique durable.  Il a salué l’autonomisation des femmes dans les pays en développement, mais a notamment déploré que ces avancées soient minées par les inégalités économiques, le chômage, les discriminations sur les revenus, les violences et le harcèlement sexuel, entre autres.  Il a suggéré qu’en vue de l’amélioration de l’emploi des femmes et l’égalité des revenus, les gouvernements promeuvent l’emploi décent pour tous, et il a proposé que la question du genre soit intégrée dans le programme de développement pour l’après-2015.  Le représentant a conclu son intervention par un appel à l’autonomisation des femmes et des filles dans toutes les sphères de la société, afin, a-t-il expliqué, d’améliorer la vie des femmes et des filles à travers le monde.

M. HENRY LEONARD MAC-DONALD (Suriname), a parlé au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), et a indiqué que la Banque de développement des Caraïbes avait, en 2010, publié un rapport de développement social pour regrouper les données portant sur les questions sociales régionales.  Il a expliqué l’importance qu’a la collecte de données sur la pauvreté et le développement social, notamment quand elle est faite par les institutions de l’ONU pertinentes comme la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  Dans la région des Caraïbes, les niveaux de pauvreté restent relativement élevés, a-t-il indiqué, signalant qu’une forte proportion de pauvres vit dans les zones rurales.  Il a aussi mentionné l’existence de pauvres parmi la population active, ainsi que la surreprésentation de personnes autochtones, handicapées et âgées dans la population pauvre.

Malgré des progrès considérables en termes de croissance économique, M. Mac-Donald a indiqué que les inégalités de revenus persistaient et qu’elles s’accroissaient même dans plusieurs États de la CARICOM.  On accorde trop d’importance à la croissance économique, a-t-il expliqué, notant que même dans les pays qui connaissent des taux positifs de croissance, les niveaux de pauvreté n’ont pas baissé.  Par ailleurs, étant donné que la population vieillit dans la région de la CARICOM, il a prévenu qu’il fallait prendre des mesures pour adapter les systèmes de santé à cette nouvelle réalité.  Ce domaine reste d’ailleurs une source de problèmes dans les pays de la région qui souffrent toujours particulièrement d’un fort taux de prévalence des maladies non transmissibles, a précisé M. Mac-Donald.  Il a demandé qu’une aide soit fournie aux pays de la CARICOM dans ce domaine tout en soutenant leurs efforts visant à encourager des modes de vie sains et l’amélioration des services de santé. 

Parmi les autres défis à relever pour éliminer la pauvreté, M. Mac-Donald a parlé des difficultés qu’ont les États à fournir des logements appropriés aux pauvres; à maintenir les garçons dans l’enseignement secondaire et supérieur; à rester compétitifs dans l’exportation de produits tels que la banane, le sucre et le riz; à augmenter le niveau de qualification des employés; et à résister aux changements climatiques.  Dans le domaine de l’agriculture, il a parlé des mérites des exploitations familiales en ce qu’elles contribuent à réduire la pauvreté dans la région.  Il a par ailleurs demandé de revoir le critère utilisé par l’ONU, qui recourt à la notion de revenu par habitant pour classer un État dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, comme c’est le cas pour tous les pays de la région de la CARICOM; à l’exception d’Haïti.  Le représentant a aussi conseillé de promouvoir les micro, petites et moyennes entreprises, qui sont les plus créatrices d’emploi.  

Mme KAREN TAN (Singapour), qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que, pour les pays de la région, l’éradication de la pauvreté et le développement durable étaient liés, 70% des plus pauvres en Asie du Sud-Est vivant dans des zones rurales.  « Le phénomène croissant de la pauvreté urbaine a souvent pour origine la pauvreté rurale », a-t-elle ajouté.  La représentante a également noté que l’autonomisation des communautés était l’un des moyens les plus sûrs de contribuer au développement des zones rurales, ce qui entraîne automatiquement un allègement de la pauvreté.  « Lors du dernier Forum de l’ASEAN sur le développement rural et l’éradication de la pauvreté, qui s’est tenu en 2013, les chefs de gouvernements et les ONG ont eu des échanges fructueux de bonnes pratiques et d’expériences en vue d’améliorer et de pérenniser le bien-être des groupes les plus vulnérables », a-t-elle encore fait savoir.  Pour Mme Tan, une approche participative assure que toutes les parties prenantes, les communautés elles-mêmes, les agences gouvernementales, le secteur privé et les ONG, mettent en place les programmes de manière optimale, durable et efficace. 

M. CHARLES P. MSOSA (Malawi), parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a fait remarquer que le nombre de pauvres continuait à augmenter en Afrique, les femmes et les enfants étant les plus touchés par ce fléau.  D’ici à 2015, l’Asie et l’Afrique représenteront chacune 40% de la population du monde en développement, a-t-il ajouté.  Il a estimé que l’éradication de la pauvreté était un problème urgent, que la communauté internationale devait résoudre en priorité dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.  Il faut que les pays donateurs soutiennent les efforts menés dans ce sens par les pays en développement, a-t-il ajouté.  Nous espérons, a-t-il dit, que le déclin qu’a connu l’aide publique au développement (APD) en 2012 sera renversé si on arrive à maintenir les progrès accomplis dans ce domaine en 2013.

M. Msosa a prôné l’utilisation de la protection sociale comme moyen d’éradication de la pauvreté et comme instrument de cohésion sociale.  Il a donc demandé aux pays développés de fournir un appui financier et technique renforcé aux pays en développement afin de leur permettre de mettre en place des mécanismes de sécurité sociale.  Il a aussi plaidé en faveur de l’égalité de genre, qui est un élément important pour éliminer la pauvreté, en invitant notamment l’ONU-Femmes à poursuivre son combat contre la discrimination à l’encontre des femmes.  Le Groupe africain reconnaît par ailleurs l’importance de l’inclusion financière pour arriver à éliminer la pauvreté, a dit M. Msosa.  Le représentant a apprécié qu’un projet d’objectif de développement durable prévoie l’égalité d’accès aux ressources économiques et aux services financiers.  Enfin, M. Msosa a réitéré la nécessité de s’attaquer au problème du chômage des jeunes, grâce à des stratégies qui leur donnent des chances de trouver un travail décent et productif.

M. MATEO ESTREME (Argentine) a rappelé qu’il y avait actuellement 1,2 milliard de pauvres et 850 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde.  Il a aussi souligné que la région de l’Amérique latine et des Caraïbes s’était engagée, au cours de la dernière décennie, à atteindre un développement durable qui bénéficie à ses populations, notamment en renforçant la sécurité alimentaire.  Éliminer les graves disparités sociales requiert un accès universel aux services de base, c’est-à-dire à l’eau, à l’électricité, aux communications et à l’assainissement, a-t-il expliqué.  Pour éliminer toutes les formes de pauvreté, il a recommandé de renforcer le rôle de l’État et de créer un mécanisme de distribution de la richesse entre les différentes régions et entre les populations.  « Nous croyons fermement qu’il faut pour cela une nouvelle architecture financière mondiale qui serait dotée d’institutions démocratiques avec une juste représentation des pays en développement », a déclaré le représentant.

Le programme de développement pour l’après-2015 devra, a-t-il poursuivi, promouvoir l’égalité, renforcer les droits sociaux, économiques, culturels, civils et politiques des peuples, et promouvoir les droits du travail, des femmes, des jeunes, des personnes âgées, des autochtones, des personnes handicapées et des migrants.  Il a ensuite exposé les politiques adoptées par son pays en faveur de l’inclusion, intitulées « l’Argentine travaille » et « La famille argentine ».  Un des objectifs centraux est l’égalité d’accès à l’emploi et de rémunération du travail.  Il a aussi mentionné la politique de protection sociale de l’enfance qui repose notamment sur une allocation qui couvre plus de 90% des enfants argentins.  Il a également plaidé en faveur de l’intégration des femmes leaders dans la vie politique.   Enfin, il a reconnu, comme le Secrétaire général dans son rapport, qu’une base industrielle solide aide les pays à se redresser plus vite après une récession.

M. LAWRENCE XOLANI MALAWANE (Afrique du Sud) a indiqué que le programme de développement pour l’après-2015 doit être un instrument d’éradication des inégalités.  Il a relevé que l’égalité entre les sexes et le développement durable sont intimement liés, et que tout plan ou mesure qui vise l’éradication de la pauvreté ne peut être efficace qu’en tenant compte de l’autonomisation des femmes et de leur épanouissement social.  Il a souligné que l’épidémie à virus Ebola est en train de saper toutes les avancées économiques dans les pays affectés.  Il a ensuite déclaré que le développement durable ne peut être réalisé sans un développement industriel des pays en développement.  Il a plaidé afin que ces derniers reçoivent les moyens adéquats pour ce faire, y compris les transferts de technologies respectueuses de l’environnement.  Il a en outre noté que l’industrialisation doit se concentrer sur l’agriculture afin de minimiser l’impact de l’exode rural.  Il a enfin affirmé qu’avec des efforts accrus, la lutte contre la pauvreté pourra être couronnée de succès.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que, en dépit de conditions macroéconomiques favorables ces dernières années, et de progrès réalisés dans l’émergence d’une classe moyenne plus nombreuse, les pays à revenu intermédiaire concentraient encore la majorité des pauvres du monde.  C’est pourquoi ces pays ne doivent pas être, contre leur gré, obligés de sortir du système de l’aide au développement, a fait valoir M. de Aguiar Patriota, indiquant que ces pays ne devaient pas quitter ce cadre avant que leurs niveaux de revenu, de distribution des revenus et de bien-être global de leur population soient suffisamment élevés pour justifier un tel changement.

Évoquant le cas particulier du Brésil, il a noté que les programmes gouvernementaux de transferts d’argent en espèces aux foyers les plus pauvres (programme Bolsa Familia), sur une base conditionnelle, avaient eu des résultats positifs, tout comme la politique menée au niveau macroéconomique, si bien que 36 millions de Brésiliens sont sortis de l’extrême pauvreté depuis 2003.  Une tendance au creusement des inégalités vieilles de 500 ans au Brésil a été inversée, conséquence d’une politique qui a généré 21 millions d’emplois et augmenté le pouvoir d’achat du salaire minimum de 71%.  L’objectif de réduction de la mortalité infantile a également été atteint avant l’échéance fixée dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.

Après avoir également évoqué les progrès réalisés par son pays dans l’accès à l’enseignement scolaire et universitaire, M. de Aguiar Patriota a souligné que les objectifs de développement pour l’après-2015 exigeraient des engagements supplémentaires d’aide publique au développement un respect des marges de manœuvre de chaque pays pour répondre à sa situation spécifique, ainsi qu’un cadre de responsabilité pour les initiatives prises en partenariat avec le secteur privé.

Mme RONIT BEN-DOR (Israël) a noté les différences de niveaux de pauvreté existant entre les pays, les régions et les groupes de population.  Elle a souhaité que le programme de développement durable soit l’occasion de faire « un pas décisif en avant pour combattre la pauvreté », en traitant ce problème de façon globale.  Elle a indiqué que son pays avait profité d’un environnement propice et dynamique qui avait suscité une hausse de l’entreprenariat.  Elle a expliqué, par exemple, qu’un établissement international de microcrédit avait établi un partenariat pour aider les bédouins israéliens à créer leurs propres entreprises.

Israël a également foi dans les politiques de protection sociale en ce qu’elles permettent de renforcer la résilience face aux catastrophes et aux crises.  Les filets de sécurité sociale sont essentiels à cet égard, a-t-elle ajouté.  La représentante a aussi souligné l’importance du rôle des femmes dans l’éradication de la pauvreté, avant d’expliquer ce que fait son pays pour autonomiser les femmes.  Sur le plan de la santé, elle a signalé qu’Israël envoyait des cliniques équipées en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria, pour faire face à l’épidémie d’Ebola.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a déclaré que « la pauvreté a plusieurs visages, et tous ces visages sont féminins ».  La lutte contre la pauvreté doit passer prioritairement par la lutte contre la discrimination basée sur le genre, a-t-il déclaré.  Il a indiqué qu’aider les femmes à sortir de la pauvreté pourrait avoir de nombreux bénéfices, notamment l’amélioration de la qualité de vie et de sa durée, non seulement pour les femmes mais aussi pour toute la famille.  Il a ajouté que l’amélioration de la santé, de la nutrition, et de l’éducation pour tous est également un acquis qui découlerait de l’émancipation économique des femmes.  Il a appelé la communauté internationale à réaliser toutes les cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en rapport avec l’autonomisation de la femme.  Il a aussi souhaité que les aspects relatifs à l’égalité des genres qui n’ont pas été pris en compte dans les OMD soient intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a par exemple cité l’élimination de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes, l’accès des femmes aux emplois décents, à l’égalité des revenus, ainsi que le partage des tâches domestiques entre les sexes, tout comme l’octroi aux femmes des mêmes droits que ceux dont bénéficient les hommes en matière de propriété foncière et d’héritage, et leur participation à la vie politique et économique.  Il a conclu son intervention en soulignant que l’autonomisation de la femme permettrait de réaliser tous les autres objectifs du prochain programme de développement pour l’après-2015.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), qui parlait en tant que l’un des coprésidents du Groupe informel des amis de l’inclusion financière, a rappelé que 2,5 milliards d’adultes, soit plus de la moitié des adultes du monde, n’ont pas accès aux banques et autres services financiers formels.  L’exclusion financière peut atteindre 80% de la population active dans les pays en développement et est particulièrement forte dans les zones rurales.  Il a souligné à cet égard la proposition d’objectif de développement durable qui prévoit d’arriver, d’ici à 2030, à une égalité de ressources économiques et d’accès aux services financiers.

M. Meza-Cuadra a plaidé en faveur de l’amélioration de l’inclusion financière des femmes qui débouchera, comme cela a été prouvé, sur une autonomisation sociale et économique.  Les études ont aussi prouvé que l’accès à un compte en banque permet aux femmes d’avoir un pouvoir de décision dans les ménages.  Il a aussi parlé du manque d’accès financier des petites entreprises, qui sape leurs possibilités d’innovation et de croissance.  M. Meza-Cuadra a apprécié que le projet d’objectif de développement durable numéro 8 encourage la formation et la croissance d’entreprises de très petite taille, ainsi que de taille petite et moyenne par l’accès aux services financiers.  Au titre de l’objectif de développement durable numéro 9, il a aussi été prévu d’améliorer l’accès aux services financiers et aux crédits de ces petites et moyennes entreprises ou industries, s’est-il félicité. 

M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a salué le fait que le premier des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en rapport avec la réduction de moitié de la proportion de pauvres dans le monde, avait été réalisé.  Il a néanmoins déploré le fait qu’en ce qui concerne les PMA, 47% de leur population vit toujours dans l’extrême pauvreté, alors que cette proportion aurait dû être réduite à 37% pour être en accord avec les prévisions des OMD.  Il a aussi noté que le nombre absolu de pauvres a augmenté dans les PMA au cours de cette période récente pourtant marquée par la croissance économique, notamment sur le continent africain.  Il a souligné que le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés avait indiqué que la proportion de populations vivant dans l’extrême pauvreté dans les PMA est passée de 19% entre 1990 et 1995 à 30% entre 2005 et 2010.  Il a exprimé la surprise qu’il a éprouvée en constatant que ces statistiques ne figurent pas dans le rapport du Secrétaire général sur la question.

Pour lutter contre la pauvreté, le représentant a suggéré que les politiques et programmes en direction des PMA tiennent compte d’abord des proportions de pauvres au lieu de s’appesantir sur le nombre absolu de pauvres, qui ne traduit pas exactement la réalité de la situation.  Il a aussi indiqué que les pays victimes de la pauvreté doivent être les premiers responsables des efforts nécessaires pour l’éradiquer.  Il a en outre relevé que les problèmes auxquels sont confrontés les PMA sont de nature systémique, et que toutes les solutions envisagées pour y remédier devraient également être systémiques.  Il a ensuite souligné que les PMA sont parmi les États ayant le plus de besoins et souffrant le plus d’un manque de capacités.  Cette situation, a dit M. Zinsou, nous amène à demander aux Nations Unies de contribuer à la réduction du fossé existant en la matière.  Il a souhaité que les PMA reçoivent plus d’attention de la communauté internationale, et qu’il y ait une amélioration dans les montants et la prévisibilité de l’APD promise aux PMA.  Il a ensuite cité des mesures dont ont besoin les PMA pour se développer, notamment les transferts de technologies, le renforcement des capacités, l’annulation complète de leur dette, l’accès de leurs produits aux marchés des pays développés en franchise de droits et hors quota, ainsi que le renforcement de l’intégration régionale.  Il a par ailleurs appelé le Secrétaire général à intégrer les données relatives aux PMA dans tous les rapports publiés dans les domaines économique, social et environnemental, ainsi que dans les secteurs connexes, ceci conformément aux résolutions pertinentes, et aux recommandations plusieurs fois réitérées du Conseil économique et social (ECOSOC) et de l’Assemblée générale.

Environ 1,2 milliard de personnes vit toujours avec moins de 1,25 dollar des États-Unis par jour, a déploré M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie), précisant que l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud figurent parmi les principales régions concernées.

Depuis 1957, la Malaisie est parvenue à se hisser du statut de pays pauvre à celui de pays à revenu moyen très élevé, a rappelé M. Haniff, soulignant que cette évolution s’est accompagnée d’une augmentation de la qualité de vie des Malaisiens dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures, du logement et des équipements publics.

La Malaisie a atteint 7 des 8 Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’est félicité le représentant, ajoutant que l’objectif restant, qui concerne l’éradication de la pauvreté serait atteint d’ici à 2015.  Parmi les nombreux programmes d’éradication de la pauvreté, M. Haniff a mentionné trois d’entre eux ayant rencontré un succès particulièrement important: le développement du système eKasih, qui est une banque de données contenant des informations centralisées sur la pauvreté en Malaisie et permettant de réaliser un suivi des différents programmes en cours; un programme de développement rural ayant permis d’augmenter significativement le niveau de vie de centaines de milliers de familles en milieu rural; et le programme 1AZAM, lancé en 2010, qui offre aux Malaisiens une assistance pour l’accès à l’emploi et à la création de petites entreprises, de services et d’opportunités en milieu rural.

L’autonomisation des femmes est également une priorité du Gouvernement malaisien, a poursuivi le représentant, précisant que le taux de participation des femmes malaisiennes à l’économie est passé de 45,6% en 2006 à 49,5% en 2012.  En conclusion, M. Haniff s’est félicité des différentes politiques d’éradication de la pauvreté en Malaisie, dont le succès, a-t-il précisé, s’enracine dans la stabilité politique, le principe d’inclusion et la volonté politique.

M. HUSSEIN ABDULLAHI (Nigéria) a souhaité que les Objectifs du Millénaire pour le développement soient pleinement réalisés à la date butoir de 2015, afin, a-t-il expliqué, que l’éradication totale de la pauvreté soit possible à l’horizon 2030 quand le monde verra sa population actuelle augmenter d’un autre milliard d’habitants.  Il a ainsi invité la communauté internationale à considérer que l’éradication de la pauvreté doit être au cœur du futur programme de développement pour l’après-2015.  M. Abdullahi a appelé les donateurs à renforcer leur financement des programmes nationaux et régionaux de lutte contre la pauvreté, et à tenir notamment les promesses faites à l’Afrique, concernant le soutien à apporter à certains de ses programmes de développement.  Il a en outre précisé que la lutte contre la pauvreté incombe en premier lieu à chaque État, et il a ajouté que le succès de cette lutte passe par l’autonomisation des femmes et l’emploi des jeunes.

Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a rappelé que l’éradication de la pauvreté ne pouvait qu’être la conséquence d’autres efforts de développement, y compris la croissance économique, l’autonomisation des femmes, l’accès des gens et des industries à l’énergie durable, la paix, et la bonne gouvernance.  « Il aurait été par exemple impossible d’arracher à l’extrême pauvreté des centaines de millions de personnes ces deux dernières décennies sans une croissance économique mondiale forte », a-t-elle ainsi dit, précisant que 90% du taux de réduction de la pauvreté pendant les années 2000 étaient attribuables à une croissance économique inclusive et durable.  « Il est vital de connecter à l’économie mondialisée le plus grand nombre d’individus possible, par le biais notamment d’un accès facilité aux marchés et à la propriété, à la finance et aux environnements propices à la création d’emplois décents », a par ailleurs souligné la représentante.  Le temps est venu de réinventer le développement à travers de nouveaux partenariats qui se fixent des objectifs communs qui eux-mêmes sont au service d’intérêts communs.  « La Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition et la Child Survival Call For Action sont de bons exemples de ce modèle que le Président Obama appelle de ses vœux », a-t-elle conclu. 

M. AHMED SAREER (Maldives) a prôné l’adoption d’une approche centrée sur les personnes et réellement inclusive pour parvenir à l’éradication de la pauvreté « par le biais du développement durable ».  « À cette fin, nous devons nous attaquer aux inégalités non seulement entre pays mais à l’intérieur même des pays », a-t-il encore estimé.  M. Sareer a ensuite expliqué que son pays soulignait, dans son arsenal législatif, le rôle prééminent de l’égalité homme-femme dans l’éradication de la pauvreté.  « Les femmes aux Maldives bénéficient d’un accès équivalent à celui des hommes à l’éducation, à l’emploi et aux soins de santé », a-t-il fait observer.  Le représentant a ajouté que la lutte contre la pauvreté passe par un investissement accru dans le pouvoir de transformation de la jeunesse et par la distribution équitable des revenus.  Enfin, il a attiré l’attention de la Commission sur la nécessité de lier éradication de la pauvreté et mesures d’atténuation des effets néfastes des changements climatiques sur le développement économique.  Par conséquent, a-t-il précisé, tout mécanisme de lutte contre la pauvreté doit s’adosser à l’atteinte des objectifs fixés par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. 

M. NASREDDINE RIMOUCHE (Algérie) a souhaité que la communauté internationale s’engage dans la lutte contre l’extrême pauvreté sans pour autant négliger la lutte contre la pauvreté.  Il a déploré le fait que le ralentissement de l’activité économique et l’envolée spéculative des prix des matières premières aient réduit à néant les quelque succès engrangés dans la réalisation des OMD.  Il a ensuite regretté que le rythme de la réduction de la pauvreté reste trop faible dans plusieurs pays en développement, et notamment en Afrique subsaharienne.  Il a appelé les pays en développement à compter d’abord sur eux-mêmes avant d’espérer un engagement de la communauté internationale à leurs côtés dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.  Il a aussi prôné l’adoption d’approches novatrices à même de produire une croissance économique soutenue, une meilleure stabilité financière, une création accrue d’emplois et une économie mondiale résiliente.  Il s’est en outre félicité de la baisse de la pauvreté en Algérie, notamment visible et traduite par des chiffres qui démontrent que la proportion des pauvres dans le pays est passée de 14,1% en 1995 à 5,1% en 2011.  M. Rimouche a enfin salué les mesures prises par le Gouvernement algérien afin de promouvoir l’autonomisation des Algériennes.

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