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Conseil de sécurité: « pour changer la dynamique » entre Israéliens et Palestiniens, le Chef des affaires politiques préconise une approche globale à trois niveaux

7506e séance – matin
CS/12014

Conseil de sécurité: « pour changer la dynamique » entre Israéliens et Palestiniens, le Chef des affaires politiques préconise une approche globale à trois niveaux

« Je vous parle à un moment où le risque d’escalade est palpable entre Israël et la Palestine », a prévenu aujourd’hui le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques lors de sa réunion d’information mensuelle avec le Conseil de sécurité.  M. Jeffrey Feltman a parlé d’un mois où l’on a vu des éléments extrémistes commettre des crimes de haine « inconcevables », des actes de représailles répréhensibles, des provocations dans les lieux saints de Jérusalem et une multiplication inquiétante des tirs de roquettes de Gaza vers Israël.  

Dans un environnement aussi tendu, rétablir la confiance, avant un retour à des négociations réalistes, est un devoir.  Ce qu’il faut, a préconisé le Secrétaire général adjoint, c’est une approche globale à trois niveaux, sur le terrain, dans la région, et avec la communauté internationale, pour changer fondamentalement la dynamique négative actuelle et commencer à creuser une voie claire et positive vers la paix.  Les incidents violents et la radicalisation ont un point commun, a-t-il tranché.  Ils sont les produits inévitables de l’échec à faire des choix difficiles mais nécessaires pour résoudre la crise et la conséquence de l’échec à donner la priorité à la poursuite d’un avenir partagé et fondé sur la confiance et non la peur. 

« Nous ne pouvons plus accepter cette réalité.  Il est temps d’inverser cette tendance dangereuse et de restaurer, aussi bien chez les Israéliens que chez les Palestiniens, un espoir qui risque d’être étouffé par ceux qui veulent faire avancer un agenda guidé par la haine », a déclaré M. Feltman.

Dans sa déclaration, le Secrétaire général adjoint, M. Jeffrey Feltman, a rappelé que nous sommes à la veille du premier anniversaire de la fin du conflit dévastateur de Gaza, un conflit duquel les Palestiniens doivent encore se relever.  Leurs souffrances, un an plus tard, mettent en lumière le caractère « inadéquat » de notre réponse collective, a alerté M. Jeffrey Feltman.  « Je lance un appel aux dirigeants politiques, militaires, communautaires et religieux de tous les côtés, pour qu’ils travaillent ensemble à atténuer les tensions, rejeter la violence et empêcher les extrémistes d’aggraver la situation et de prendre en otage l’agenda politique. »

M. Feltman a réitéré la ferme condamnation du Secrétaire général face à l’incendie terroriste horrible, apparemment commis par des colons juifs extrémistes, contre une famille palestinienne dans le village de Douma, en Cisjordanie occupée, le 31 juillet, tuant Ali Dawabsha, un enfant de 18 mois dont le père a succombé à ses blessures, 5 jours plus tard, et dont la mère et le frère de 4 ans sont toujours entre la vie et la mort. 

Le Secrétaire général adjoint a souligné que M. Ban Ki-moon a dûment salué la forte condamnation de l’attaque par le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu et d’autres responsables israéliens ainsi que par les dirigeants politiques et religieux de tous bords.  Dans le même temps, nous dénonçons, a souligné M. Feltman, les appels du Hamas et du Djihad islamique à intensifier la violence et à mener des actes de représailles.  Au moment où l’émotion et la colère sont au plus haut, ces incitations ne peuvent apporter que plus de drames, a prévenu Feltman qui a exhorté le Gouvernement israélien à traduire rapidement en justice les auteurs de cet acte de haine.  

Le Secrétaire général adjoint a aussi pris note de la décision du Gouvernement israélien de renforcer les moyens juridiques et institutionnels contre le terrorisme des juifs extrémistes et de faire en sorte que la nouvelle loi antiterroriste s’applique, de manière égale, à tous les auteurs.  M. Feltman s’est tout de même dit préoccupé par la décision d’élargir le recours à la détention administrative prolongée à laquelle l’ONU s’est toujours opposée. 

Cette attaque comme beaucoup d’autres, y compris contre les colons israéliens, survient dans le contexte d’un manque chronique de maintien de l’ordre en Cisjordanie.  Une telle violence n’est possible qu’à cause d’un environnement créé par la politique multi-décennale d’implantation illégale de colonies, a tenu à souligner le Secrétaire général adjoint.

« L’objectif est clair.  Mais plus de 20 ans d’échecs dans les négociations ont engendré la méfiance et, bien pire, la lente et douloureuse érosion de l’espoir.  Dans un environnement aussi tendu, rétablir la confiance, avant un retour à des négociations réalistes, est un devoir. »  Ce qu’il faut, a préconisé le Secrétaire général adjoint, c’est une approche globale à trois niveaux, sur le terrain, dans la région, et avec la communauté internationale, pour changer fondamentalement la dynamique négative actuelle et commencer à creuser une voie claire et positive vers la paix. 

Du côté israélien, il faut un changement de politique significatif pour permettre une véritable souveraineté, économie et sécurité de la Palestine.  Du côté palestinien, l’unité est essentielle et l’autorité légitime palestinienne doit représenter toute la Palestine et tous les Palestiniens.  M. Feltman s’est dit encouragé par la coopération croissante entre le Quatuor et les acteurs clefs de la région.  Il a pleinement appuyé l’idée d’explorer plus profondément la façon dont la région, y compris à travers l’Initiative de paix arabe, pourrait contribuer à régler le conflit.  Le Secrétaire général, a confié M. Feltman, appuie le travail du Quatuor pour connecter ces différents niveaux d’engagement.

Le Secrétaire général adjoint a rappelé qu’en Cisjordanie, après la tentative ratée de former un gouvernement d’unité nationale, un remaniement gouvernemental a conduit le 31 juillet à la nomination de cinq nouveaux ministres.  Le processus a été accueilli par une certaine résistance parmi les factions palestiniennes.  La période a aussi été marquée par la poursuite de la violence, y compris des incidents causant des victimes parmi les Palestiniens ainsi qu’un certain nombre d’attaques contre les Israéliens et les Forces de sécurité israéliennes.  Le Secrétaire général, a dit son adjoint aux affaires politiques, appelle les autorités israéliennes à arrêter la démolition des structures appartenant aux Palestiniens en Cisjordanie, à supprimer les plans qui pourraient provoquer le transfert forcé des communautés palestiniennes et à mettre en œuvre une planification inclusive et un régime de zonage permettant le développement des zones résidentielles et des communautés palestiniennes.

M. Feltman a encore indiqué que les changements législatifs et politiques récents en Israël, touchant le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, risquent d’aggraver une situation des droits de l’homme déjà précaire.  Le 30 juillet, la Knesset a amendé la loi sur les prisons qui permet désormais au juge d’ordonner l’alimentation forcée d’un prisonnier en grève de la faim.  Le 20 juillet, la Knesset avait déjà amendé le Code pénal pour élargir les peines les plus sévères, soit plus de 20 ans de réclusion, aux jeteurs de pierre contre les véhicules en marche.  Cette loi ne pourra qu’affecter les enfants de manière disproportionnée, a prévenu M. Feltman.  En outre, la Cour suprême israélienne a validé l’applicabilité de la loi de 1951 sur les propriétaires palestiniens absents à Jérusalem-Est.  

À Gaza, a indiqué M. Feltman, la pression implacable sur la situation socioéconomique des bouclages constants, du manque d’électricité et d’eau et de la lenteur de la réconciliation continuent d’alimenter le mécontentement de la population.  Il a néanmoins salué quelques développements positifs dans la reconstruction.  Les incidents se poursuivent, a-t-il néanmoins poursuivi, en rappelant que le Secrétaire général a condamné les 24 tirs de roquettes contre Israël par des militants palestiniens à Gaza.  Le Secrétaire général est en revanche soulagé par l’annonce faite aujourd’hui par le Commissaire général, M. Piere Krähenbühl, selon laquelle les écoles de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ouvriront à temps.    

Concernant la situation au Liban et en Syrie, M. Jeffrey Feltman s’est alarmé de ce que le bombardement aérien mené par les forces syriennes sur le marché de la ville de Douma, tuant et blessant plus de 300 civils, les 15 et 16 août, ait été le plus sanglant depuis le début du conflit en mars 2011.  Voilà un autre crime de guerre pour lequel les auteurs devront être jugés, a-t-il commenté.  Les hostilités doivent cesser et les parties doivent montrer un engagement authentique à résoudre le conflit par une transition politique irréversible en participant aux efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.  Au Liban, le Secrétaire général adjoint a appelé les dirigeants politiques à agir, de manière urgente et responsable, pour combler sans délai « le vide présidentiel ». 

M. Feltman a conclu en soulignant que la récurrence des incidents violents et la radicalisation en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est et à Gaza, menacent de déstabiliser davantage un environnement déjà tendu.  Ces incidents ont un point commun: ils sont les produits inévitables de l’échec à faire des choix difficiles mais nécessaires pour résoudre la crise.  Ils sont la conséquence de l’échec à donner la priorité à la poursuite d’un avenir partagé et fondé sur la confiance et non la peur.  « Nous ne pouvons plus accepter cette réalité.  Il est temps d’inverser cette tendance dangereuse et de restaurer, aussi bien chez les Israéliens que chez les Palestiniens, un espoir qui coure le risque d’être étouffé par ceux qui veulent faire avancer un agenda guidé par la haine », a déclaré M. Feltman.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’ONU partage de plus en plus la responsabilité du maintien de la paix avec des organisations régionales gênées par le manque de ressources financières

7505e séance – matin & après-midi
CS/12011

Conseil de sécurité: l’ONU partage de plus en plus la responsabilité du maintien de la paix avec des organisations régionales gênées par le manque de ressources financières

« Mon message est simple: les Nations Unies partagent de plus en plus la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité avec les organisations régionales », a déclaré d’emblée le Secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité qui, à l’initiative de sa Présidente pour le mois d’août et Représentante permanente du Nigéria, examinait aujourd’hui le rôle de ces organisations face aux défis contemporains en matière de sécurité mondiale.  Si le message de M. Ban Ki-moon s’est voulu simple, celui de l’Observateur de l’Union africaine l’a été tout autant: « l’expérience de ces dernières années a amplement démontré qu’un des plus grands obstacles est la question des ressources financières ».

Les organisations régionales, qui assument un rôle de trait d’union entre les niveaux national et mondial, présentent un intérêt accru, souligne la Présidente du Conseil de sécurité, Mme Joy Ogwu du Nigéria, dans son papier de réflexion*.  Face aux nouvelles menaces du terrorisme, de la prolifération des armes légères et de petit calibre, de la piraterie, de la criminalité transnationale organisée, de la dégradation de l’environnement et des pandémies, qu’aucun État ne peut contenir ou éliminer à lui seul et qu’aucun régime de normes ne peut prendre seul en charge, les organisations régionales peuvent faire valoir leurs compétences approfondies, leurs connaissances uniques et leurs solides réseaux locaux.  

Ces organisations ont l’avantage de la proximité géographique avec les situations de conflit dans leur région et sont mieux à même de les comprendre.  Le recours plus systématique au Chapitre VIII de la Charte sur les accords régionaux a d’ailleurs conduit, aujourd’hui, à un système décentralisé de gestion de la sécurité mondiale sous la conduite de l’ONU au sein duquel les organisations régionales jouent un rôle primordial.

« Nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à résoudre les problèmes régionaux », a acquiescé M. Ban Ki-moon.  Le Secrétaire général de l’ONU a indiqué qu’il est en train d’examiner le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix qui appelle d’ailleurs à un partenariat plus fort entre les sphères internationale et régionale pour faire en sorte que le Conseil de sécurité puisse s’appuyer sur un réseau plus résilient et plus efficace d’acteurs.  Le Groupe recommande que l’on approfondisse le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine dont le continent accueille deux tiers des opérations de maintien de la paix et près de 90% des Casques bleus de l’ONU. 

Il est clair, a souligné l’Observateur de l’Union africaine, qu’avec nos mécanismes régionaux nous avons montré notre détermination à contribuer, de manière significative, aux efforts collectifs de sécurité sur le continent.  Mais, a-t-il prévenu, l’expérience de ces dernières années a amplement démontré qu’un des plus grands obstacles est la question des ressources souples, durables et prévisibles.  Il est « crucial », a-t-il insisté, qu’une solution adéquate soit trouvée de toute urgence.  Le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix recommande d’ailleurs, a relevé le Secrétaire général, un plus grand appui aux opérations de maintien de l’Union africaine approuvées par le Conseil de sécurité et appelle ainsi à un financement plus prévisible, y compris l’utilisation des contributions des États. 

Félicitée comme « un exemple à suivre » pour sa coopération avec l’Union africaine, l’Union européenne a, par la voix de son représentant, dit craindre que la grande dépendance de l’Union africaine et des organisations régionales africaines vis-à-vis des partenaires internationaux et des fonds de l’Union européenne ne limite l’appropriation africaine, y compris l’établissement de capacités africaines durables.  Depuis 2004, l’Union européenne a fourni 1,4 milliard d’euros aux forces de paix de l’Union africaine et les fonds vont passer de 750 millions à 900 millions d’euros pour la période 2014-2016.  Les organisations africaines devraient pouvoir progressivement prendre en charge une part croissante du financement de leur action, a également estimé le représentant de la France.  De toute évidence, a répondu l’observateur de l’Union africaine, nous nous efforçons d’obtenir de nos membres qu’ils augmentent leurs contributions pour que l’appui extérieur, y compris celui de l’ONU et des autres partenaires, soit véritablement « complémentaire ».

L’importance des organisations régionales étant acquise, plusieurs délégations dont celle du Bénin, ont insisté sur la responsabilité « primordiale » du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  En Afrique, l’ONU ne saurait se désengager en sous-traitant aux arrangements régionaux, a estimé le représentant de l’Inde qui a voulu que l’on garde à l’esprit qu’avec la régionalisation ou la sous-régionalisation du maintien de la paix, le danger de l’impartialité ne peut être écarté.  Il ne faut pas perdre de vue, a renchéri son homologue de la Malaisie, que les organisations régionales sont confrontées aux mêmes problèmes que l’ONU, comme la surexploitation des capacités et les dysfonctionnements.  

Ces organisations peuvent aussi être vulnérables à l’hégémonie des uns et des autres qui cherchent à influencer l’action collective pour leurs propres intérêts politiques.  Sans des ressources financières suffisantes et un soutien au renforcement des capacités, les aspirations et la détermination des organisations régionales pourraient dépasser leur capacité d’action.  Quand la communauté internationale place des espoirs « irréalistes » dans des organisations « mal préparées », le partage du fardeau pourrait devenir un simple passage de relais. 

Le Conseil doit assurer les ressources au moment où il autorise une organisation régionale à agir, a reconnu le représentant des États-Unis qui a ajouté que le maintien de la paix et de la sécurité part aussi du principe qu’un regard distancié peut être plus efficace pour trouver des solutions.  Au Soudan du Sud, a-t-il pris comme exemple, l’ONU a misé sur un processus politique régional qui a fini par échouer.  C’est donc au Conseil d’intervenir pour faire avancer les choses et établir les responsabilités de la crise.  Certes, a commenté le représentant de l’Inde, mais quand deux-tiers du travail du Conseil concernent un continent, l’Afrique, qui n’a même pas de siège permanent au Conseil, la légitimité des décisions peut être remise en cause et leur force faire défaut.

Il faut, a conclu le Secrétaire général, une coordination et des consultations plus systématiques sur les normes politiques, les directives et la formation pour assurer la cohérence à toutes les phases, de la planification au retrait d’une opération.

*S/2015/599

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Organisations régionales et défis contemporains en matière de sécurité mondiale

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est concentré sur la manière de renforcer les partenariats avec les organisations régionales afin, a-t-il dit, d’améliorer la réponse collective aux menaces en mutation.  Mon message est simple, a dit le Secrétaire général: les Nations Unies partagent de plus en plus la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité avec les organisations régionales.  Nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à résoudre les problèmes régionaux et inclure les États concernés dans la recherche des solutions.  Dans le même temps, les organisations régionales devraient continuer de contribuer aux efforts de paix et de sécurité des Nations Unies.  Nous comptons sur elles, a insisté le Secrétaire général, pour leur influence politique et leurs capacités civiles et militaires.

Compte tenu de la nature changeante des conflits, les Nations Unies se déploient désormais dans des environnements fragiles et isolés où l’on ne voit pas très bien quelle paix il y a à maintenir, a reconnu le Secrétaire général.  Le Conseil de sécurité a confié à juste titre aux Casques bleus le mandat de protéger les civils mais trop souvent, ils n’ont pas les équipements, les ressources et la formation qu’il faut.  Pour combler ces lacunes, le Secrétaire général a appelé à un nouvel examen des opérations de maintien de la paix. 

M. Ban a indiqué qu’il est en train d’examiner le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix qui appelle d’ailleurs à un partenariat plus fort entre les sphères internationale et régionale pour faire en sorte que le Conseil de sécurité puisse s’appuyer sur un réseau plus résilient et plus efficace d’acteurs.  Le Groupe recommande que l’on approfondisse le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, a acquiescé le Secrétaire général, en rappelant que deux tiers des opérations de maintien de la paix et près de 90% des Casques bleus sont déployés en Afrique. 

Le Groupe recommande, a poursuivi le Secrétaire général, un plus grand appui aux opérations de maintien de l’Union africaine approuvées par le Conseil de sécurité.  Il préconise que l’ONU permette aux organisations régionales de partager le fardeau conformément à la Charte.  Le Groupe appelle ainsi à un financement plus prévisible, y compris l’utilisation des contributions des États. 

Après avoir passé en revue l’état actuel de la coopération de l’ONU avec les organisations africaines, le Secrétaire général a jugé qu’il est temps d’optimiser encore plus cette collaboration.  Nous devons travailler ensemble pour harmoniser les normes, a-t-il dit, en vue d’améliorer la transition des opérations de l’Union africaine aux missions de maintien de la paix de l’ONU.  Il faut une coordination et des consultations plus systématiques sur les normes politiques, les directives et la formation pour assurer la cohérence à toutes les phases, de la planification au retrait d’une opération.

Les droits de l’homme doivent être au fronton de tous les efforts.  L’appui des Nations Unies aux partenaires régionaux, a prévenu le Secrétaire général, dépend du respect de la « Politique de diligence voulue en matière des droits de l’homme », des normes les plus élevées de conduite et de discipline, des règles financières de l’ONU et des autres procédures normatives.  Nous sommes tous responsables de nos actes et de la manière dont nous les accomplissons, s’est expliqué le Secrétaire général.  Nous pouvons avoir des divergences de vues mais aussi longtemps que nous rechercherons la paix, la sécurité et les droits de l’homme, nous ferons ensemble la course vers un avenir plus sûr.

M. LIU JIEYI (Chine) a insisté sur trois points et d’abord la nécessité pour que le maintien de la paix et de la sécurité internationales soit guidé par les principes de la Charte et se fonde sur les bons offices, la médiation et le dialogue.  Il faut promouvoir des solutions politiques et régionales aux crises et ce faisant, respecter les principes de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Deuxièmement, a poursuivi le représentant, il faut renforcer les efforts de coordination et de partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales.  L’ONU doit pouvoir s’appuyer sur l’expérience de ces dernières.  Elle doit compléter les compétences régionales qui doivent être enrichies par des échanges d’expériences.  Troisièmement, a enfin dit le représentant, nous devons adhérer aux principes mêmes des organisations régionales en tenant compte notamment des intérêts régionaux qu’elles représentent. 

La Chine a toujours été un partenaire de l’Afrique et a appuyé les initiatives pour renforcer les capacités sécuritaires, lutter contre le terrorisme et la piraterie.  Le représentant a reconnu les progrès notamment en Somalie où la Chine concourt aux efforts de l’AMISOM.  La Chine, a-t-il indiqué, prépare actuellement la sixième réunion sur la paix et la sécurité avec l’Afrique.  

M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a dit que la crise syrienne a engendré de grands changements dans la région alors que certains groupes profitent du chaos pour se transformer en groupe mondiaux.  La cybermenace représente aujourd’hui une menace mondiale à laquelle nous devons faire face, a dit le représentant en insistant sur le fait que cette menace exige une réponse mondiale et des stratégies claires à tous les niveaux.  Certaines organisations régionales comme l’Union européenne, l’Union africaine et les organisations d’Amérique latine et d’Asie représentent des modèles très spéciaux qui doivent être suivis et appuyés pour parvenir à une sécurité collective.  Le représentant a salué le rôle efficace de l’Union européenne sur le continent africain et au Moyen-Orient.  Il a aussi salué la coopération entre l’ONU et l’Union africaine et mis l’accent sur la valeur ajoutée des organisations régionales qui connaissent mieux le terrain, les sources des conflits et les solutions à y apporter.  Il a jugé important que ce soit l’ONU qui prenne l’initiative de nourrir les partenariats avec les organisations régionales face aux menaces émergentes.  Il a souligné l’importance des organisations régionales pour stimuler la coopération entre les États au niveau local mais pour nouer le lien le plus fort entre la sécurité, aux niveaux local et mondial. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a appuyé le développement de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales « dans l’intérêt de la mise en œuvre de la Charte des Nations Unies et notamment de son Chapitre VIII ».  Dans ce contexte, il a jugé indispensable de renforcer encore la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.  « Nous constatons la coopération heureuse entre l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines face à des menaces émergentes ».  Préoccupé par le groupe Boko Haram, le représentant a salué toutes les initiatives de coopération, au niveau local.  Nous voyons aussi, a-t-il poursuivi, un grand potentiel entre l’ONU et les États arabes, l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  La Fédération de Russie, a dit le représentant, appuie les principes d’Helsinki: « les politiques de deux poids deux mesures et la recherche de sa sécurité aux dépens de celle des autres ne conduisent qu’à de l’instabilité ».  Le représentant a exhorté l’OSCE à éviter la confrontation et à préserver son impartialité s’agissant de l’Ukraine.  Seul un dialogue entre Kiev et les régions de Lougansk et Donetsk permettra de régler durablement ce conflit, a-t-il prévenu. 

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a estimé qu’une « sincère » complémentarité entre les actions des Nations Unies et celles des organisations régionales et sous-régionales devrait s’appuyer sur les avantages comparatifs et les capacités des unes et des autres.  La représentante s’est attardée sur la coopération entre l’ONU et l’Union européenne, l’OSCE et le Conseil de l’Europe.  Elle a entre autres souligné que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE dans l’est de l’Ukraine est d’autant plus importante qu’elle est le seul organe international collectant des informations sur le terrain et comptabilisant les violations du cessez-le-feu qui malheureusement sont en hausse.  Les véhicules de la Mission ont été incendiés, ses drones continuellement sabotés, ses observateurs empêchés de se déplacer et menacés par des militants « illégaux » qui continuent de jouir de l’appui militaire et matériel « de leurs patrons ».  La Mission de l’OSCE, a plaidé la représentante, a besoin de l’appui et de la coopération de l’Union européenne et de l’ONU.  Il faudrait envisager pour l’ONU un plus grand rôle dans la recherche d’une solution durable et viable à ce conflit.  Nous devons maintenir l’attention sur ce conflit parce qu’il s’agit aussi d’une violation flagrante des normes internationales, y compris une attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un État Membre de l’ONU qui pourrait avoir des conséquences bien au-delà des limites géographiques. 

Comme les défis contemporains en matière de sécurité sont « trop complexes et trop multidimensionnels » pour être relevés par un seul acteur, il est essentiel de faire avancer les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales en renforçant les complémentarités et en créant de nouvelles synergies sur la base des avantages comparatifs, a conclu la représentante.

M. FRANCISCO JAVIER GASSO MATOSES (Espagne) a estimé que les organisations régionales doivent jouer un rôle marqué en Afrique.  Il a aussi souligné le rôle des organisations sous-régionales comme l’Autorité intergouvernementale (IGAD) au Soudan du Sud, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Côte d’Ivoire, et la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) au Burundi.  Les organisations régionales ont toute leur place dans la lutte contre les nouvelles formes de menaces à la paix dont le terrorisme, le crime transnational organisé ou encore la traite de personnes, a insisté le représentant.  Il a mis l’accent sur l’importance de la médiation et de la diplomatie préventive au niveau régional et le rôle de la femme dans le règlement des conflits et la consolidation de la paix.  Pour lever les obstacles et renforcer l’efficacité de l’action régionale, le représentant a préconisé la prévisibilité des fonds et le renforcement de la coopération avec les Nations Unies mais aussi de la coopération triangulaire Nations Unies-Union européenne-Union africaine.  Il a indiqué que l’Espagne a participé à quatre réunions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. 

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a dit que les organisations régionales doivent envisager de nouvelles manières d’agir devant les nouvelles réalités mondiales.  Le représentant a jugé qu’elles devraient s’inspirer de l’Amérique du Sud qui est devenue une zone de paix grâce au travail des différents mécanismes régionaux de coopération contre le terrorisme, le trafic de drogues ou la traite des personnes.  Il s’est dit favorable à une collaboration plus structurée entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine.  À son tour, il a insisté sur la prévisibilité, la durabilité et la souplesse du financement des missions des organisations régionales qui doivent intégrer une formation en matière des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a prévenu que la menace à la paix et à la sécurité en Afrique a changé avec l’apparition d’un nouveau type de défis que constituent des groupes terroristes tels qu’Al-Chabab et Boko Haram.  À cet égard, il a salué la réponse commune contre Boko Haram qu’est la force commune appuyée par le Conseil de sécurité.  Mais, a-t-il ajouté, les risques de piraterie et de plateformes offshores méritent aussi toute l’attention de ce Conseil.  Le projet de création de capacités africaines de réaction rapide aux crises représente un pas très important et si les aspects techniques de ce projet sont encore en gestation, nous sommes persuadés que les capacités seront bientôt une réalité grâce au soutien des pays africains eux-mêmes mais aussi de l’ONU.  La responsabilité première pour assurer la paix et la sécurité est en effet au niveau national.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a reconnu que les défis actuels ne peuvent plus être relevés par une seule organisation.  La Somalie est le parfait exemple de l’importance d’un partenariat intégré entre l’ONU et l’Union africaine.  C’est un succès qui a démontré la valeur ajoutée de ce type de coopération.  Mettre fin aux combats au Soudan du Sud est un autre défi, a-t-il dit, en estimant que le Conseil de sécurité devra prendre des décisions « très déterminées » si ce pays n’accepte pas de signer l’accord proposé par l’IGAD.  Le représentant n’a pas oublié de saluer le rôle de facilitateur de l’Union européenne en Afrique et au Moyen-Orient, dont le rôle « décisif » dans le dossier nucléaire iranien.  Si le Conseil de sécurité a la responsabilité première en matière de sécurité, cela n’exclut pas une contribution des organisations régionales et sous-régionales, a insisté le représentant.  Nous sommes convaincus que nous devons et pouvons faire davantage en matière de coopération, a-t-il conclu.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a fait observer qu’outre les questions de financement et de capacités, il existe d’autres défis significatifs à une coopération efficace avec les organisations régionales et sous-régionales sur les questions de paix et de sécurité.  Il y a encore de trop nombreuses situations où le rôle de ces organisations n’a pas suffi pour prévenir ou régler des crises.  Il a ainsi expliqué que la coopération des organisations régionales, en particulier de l’Union européenne, avec le Conseil de sécurité demeure largement réactive et limitée au cas par cas.  Des interventions telles que la MISMA au Mali posaient d’importants défis, non seulement en termes de ressources, mais également de vision et d’entente mutuelle.  Cela a considérablement compliqué le processus de transition vers le déploiement d’une opération des Nations Unies, a-t-il soutenu.  L’aspect essentiel de ce problème, a-t-il dit, réside dans l’échec des deux parties d’adopter une approche commune.  Le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine doivent travailler de manière unie pour jouer un rôle complémentaire et utiliser mutuellement leurs avantages comparatifs, tout d’abord dans le domaine de la prévention des conflits.  À cet égard, certaines recommandations du Groupe d’examen de haut niveau des opérations de paix sont pertinentes.  

Si la coopération est établie à long terme, elle doit être fondée sur un arrangement plus systématique selon lequel les deux organisations reconnaissent les menaces dans la région et souhaitent travailler ensemble pour y faire face.  La transition vers un plus grand rôle des acteurs régionaux au cours de la dernière décennie a imposé de véritables obligations aux organisations régionales et sous-régionales pour édifier une architecture complexe dans un délai relativement court.  Les organisations régionales doivent être pleinement équipées pour s’acquitter de tâches au nom de la communauté internationale, a rappelé M. Van Bohemen.  Le Conseil de sécurité doit continuer à assurer un appui institutionnel à ces organisations par le biais de ressources des Nations Unies comme dans le cas du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et de celui de l’Union africaine.  Il doit également identifier les moyens efficaces et concrets d’améliorer les échanges entre les membres du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine.  Le Conseil de sécurité doit aussi faire face aux défis que pose le financement des opérations de maintien de la paix régionales et sous-régionales, notamment en améliorant l’efficacité des mécanismes existants.  Pour sa part, a rappelé le représentant, la Nouvelle-Zélande, conjointement avec l’Espagne, a appuyé la tenue d’une réunion entre les membres de ces deux organes à Addis-Abeba au début de l’année pour discuter de leur ordre du jour commun.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a estimé que le partenariat stratégique entre les Nations Unies et les organisations régionales est « vital » pour faire face aux défis contemporains.  Un partenariat à plusieurs niveaux pourrait servir de « fondation solide pour l’agenda futur de la sécurité mondiale ».  Comme le niveau et le degré de coopération intra-régionale varient de manière significative entre les régions, en fonction du contexte historique et politique unique, la coopération avec l’ONU, pour être efficace, doit tenir compte de cette diversité et être inclusive, flexible, réactive et adaptable, notamment dans le cas d’efforts conjoints complexes comme les activités de maintien de la paix, la consolidation de la paix et la reconstruction postconflit.  Il ne faut pas perdre de vue, a poursuivi le représentant, que les organisations régionales sont vulnérables aux mêmes problèmes que l’ONU, dont la surexploitation des capacités et les dysfonctionnements.  Ces organisations peuvent se montrer vulnérables à l’hégémonie locale qui peut chercher à influencer l’action collective pour ses propres intérêts politiques.  À son tour, le représentant a insisté sur le fait que sans des ressources financières suffisantes et le soutien au renforcement des capacités, les aspirations et la détermination des organisations régionales pourraient dépasser leur capacité d’action, notamment dans les endroits du monde parmi les plus difficiles.  Aussi le partage du fardeau pourrait devenir un simple passage de relais quand la communauté internationale place des espoirs « irréalistes » dans des organisations « mal préparées ». 

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a déclaré que les organisations régionales sont les seules à même de répondre aux menaces multiformes à la paix et à la sécurité internationales.  C’est ainsi qu’en Afrique, l’Union africaine a déployé des opérations de paix mandatées par le Conseil de sécurité et d’autres missions qu’elle a déployé par ses moyens propres.  En Afrique, a encore dit le représentant, l’Union africaine est un partenaire stratégique qui mérite d’être appuyée.  Il a noté que les relations entre les Nations Unies et l’Union africaine n’ont pas encore atteint la dimension stratégique souhaitée et a ainsi demandé un financement plus durable, plus prévisible et plus souple.  Il a aussi salué les neuf missions civiles de l’Union européenne en Afrique notamment son aide au déploiement des opérations de paix au Mali et en République centrafricaine.  Le représentant a tenu à souligner le rôle de la société civile dont les femmes et les jeunes qui méritent des mesures de renforcement des capacités liées à la paix et à la sécurité.  Les défis ne connaissent pas de frontières et il faut mutualiser les efforts pour juguler les menaces.  Le représentant s’est dit favorable à un partenariat solide, fiable et durable entre Union africaine et les Nations Unies basé sur la division de travail pour relever les défis à la paix et à la sécurité.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a déclaré que le partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales était devenu d’autant plus important que les menaces internationales gagnent en complexité.  Les organisations régionales et sous-régionales, « voisines des situations de crise » sont les mieux placées pour identifier et relever les défis.  Mais, a mis en garde le représentant, le maintien de la paix et de la sécurité part aussi du principe qu’un regard distancié peut être plus efficace pour trouver des solutions.  Il a dénoncé les bifurcations de plus en plus tortueuses entre les processus politiques et de maintien de la paix, soulignant que la division du travail a des aspects positifs et négatifs.  Au Soudan du Sud, a-t-il pris comme exemple, l’ONU a misé sur un processus politique régional qui a fini par échouer.  Le Conseil doit intervenir pour faire avancer les choses et établir les responsabilités de la crise.  Quand le Conseil autorise les organisations régionales à agir, il doit leur assurer les ressources qu’il faut et leur faire comprendre l’importance qu’il y a à respecter les normes communes.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a rappelé que c’est la fin de la guerre froide qui a entrainé le renforcement des organisations régionales et sous-régionales.  Cette évolution est un aspect très positif pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationales.  Les organisations régionales sont des acteurs complémentaires des Nations Unies.  Elles apportent une valeur ajoutée certaine en matière de prévention des conflits.  Le représentant a jugé qu’il faut promouvoir encore le rôle des organisations régionales pour parvenir à un monde multipolaire et multicentrique garant de stabilité et de respect mutuel.  L’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) a été créée contre les organisations régionales qui ont privilégié les intérêts étrangers aux dépens des pays d’Amérique latine.  L’Union des nations sud-américaines (UNASUR) s’est constituée grâce à la volonté d’un groupe de nations contre tout risque de « violation de l’ordre constitutionnel et de situation qui met en danger l’exercice légitime du pouvoir et les valeurs et principes démocratiques ».  Depuis 2010, l’UNASUR dispose d’un Protocole démocratique.  L’ALBA, a insisté le représentant, n’est pas un mécanisme sous-régional de défense.  Il prend en main les intérêts du développement économique et social des populations en privilégiant la complémentarité des économies plutôt que la concurrence « vorace ».  Le représentant a aussi attiré l’attention sur la création en 2005 de « Petrocaribe », un programme de coopération en matière d’énergie rassemblant 17 pays.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré que la connaissance précise du contexte local et les réseaux que les organisations régionales développent constituent un atout dans la compréhension des conflits.  Leur proximité géographique permet un déploiement rapide et le rapport privilégié qu’elles entretiennent avec les États en crise peut contribuer à la consolidation de situations fragiles.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la France veut encourager l’implication, déjà forte, des organisations régionales dans la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix.  Aujourd’hui, les organisations africaines, dont les actions ont vocation à s’intégrer à l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), prennent de plus en plus leurs responsabilités, a souligné M. Lamek, en citant le rôle que joue l’IGAD au Soudan du Sud ou encore la CEEAC en République centrafricaine.

Cette mobilisation est d’autant plus efficace qu’elle se fait en concertation active avec les différents autres acteurs, à savoir les organisations régionales, les États, les différents représentants de la société civile et, en premier lieu, les Nations Unies.  À cet égard, la France se félicite du renforcement des liens entre l’Union africaine et les Nations Unies par la création d’un Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine en 2010, l’établissement de bureaux de liaison à New York et à Addis-Abeba ou encore l’institutionnalisation d’échanges annuels entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  M. Lamek a rappelé que l’Union européenne finance plusieurs opérations de maintien de la paix comme l’AMISOM et qu’elle s’est presque entièrement acquittée de son engagement de contribuer à hauteur de 450 millions d’euros à la mise en œuvre de la Facilité de soutien à la paix en Afrique pour la période 2014-2016.  En outre, elle fournit une aide civile et militaire en Libye, en RCA, en RDC, en Somalie et au Mali et assiste le Gouvernement malien dans la réforme et la restructuration de ses Forces nationales de sécurité.

La France souscrit aux recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport du 2 janvier dernier et appuie celles du Groupe d’examen stratégique des opérations de paix.  Le passage de la MISMA à la MINUSMA au Mali et de la MISCA à la MINUSCA en RCA, a-t-il fait remarquer, a montré les avantages comparatifs des deux modèles d’intervention par l’Union africaine et les Nations Unies.  S’agissant de l’Examen stratégique des opérations de paix, les exemples du Mali et de la RCA ont confirmé, a soutenu M. Lamek, qu’il était essentiel pour les Nations Unies de s’investir pleinement en amont dans la définition d’un cadre global et concerté de gestion de crise afin de faciliter la mise aux normes onusiennes et la formation de contingents régionaux.  Les organisations africaines devraient pouvoir progressivement prendre en charge une part croissante du financement de leur action, a-t-il ajouté avant de conclure.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a dit que la multiplication de nouvelles menaces et leur caractère transnational ont ébranlé la sécurité mondiale.  Nous avons besoin d’une action commune et si la responsabilité première revient au Conseil de sécurité, les acteurs régionaux peuvent éclairer ce dernier et favoriser un multilatéralisme efficace.  Les avantages comparatifs des organisations régionales doivent être mieux reconnus.  Plaidant pour une meilleure mise en œuvre de l’Article VIII de la Charte, elle a appelé à un système plus « décentralisé » du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La CEDEAO a réalisé des progrès remarquables, en prenant en main les conflits au Libéria, en Guinée et en Sierra Léone.  L’IGAD a démontré sa valeur ajoutée et la CEEAC l’a fait au Burundi.  La représentante s’est réjouie que la régionalisation de la sécurité mondiale soit en train de prendre un élan nouveau.  Au-delà des acteurs régionaux, il ne faut pas oublier la force de plaidoirie des ONG, en particulier pour la mobilisation de ressources.  Illustrant son propos, la représentante a cité l’intervention de « Médecins sans frontières » dans la gestion d’Ebola.  Elle a jugé essentiel que les organisations régionales et sous-régionales africaines tendent la main aux ONG « essentielles ».  Elle a aussi souligné l’importance de la coopération triangulaire.  Il faut intensifier la coopération mondiale et régionale si nous voulons faire face aux défis d’aujourd’hui, a insisté la Présidente du Conseil de sécurité. 

M. BHAGWANTS S. BISHNOI (Inde) a prévenu que le rôle dévolu aux organisations régionales doit être conforme aux objectifs et aux principes des Nations Unies, dont les principes de souveraineté nationale, d’indépendance politique, d’unité et d’intégrité territoriale.  Le règlement « pacifique » des conflits doit être la priorité du Conseil et de ces organisations.  Le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix a lui-même souligné que le maintien de la paix ne peut se substituer aux solutions politiques.  Il ne sert à rien d’avoir des organisations régionales qui enclenchent des moyens militaires alors que les processus politiques ne sont ni en cours ni achevés.  Il est tout aussi important de garder à l’esprit que l’Article VIII de la Charte n’envisage pour ces organisations aucun rôle fondé sur la langue, la religion ou le rapprochement historique.  Toute interprétation trop libre de cet article serait une violation de la Charte mais aussi un acte contreproductif.  Si les organisations régionales peuvent appuyer l’ONU, la primauté de cette dernière ne saurait être niée.  En Afrique par exemple, l’ONU ne peut se désengager en sous-traitant le maintien de la paix aux arrangements régionaux.  Il faut aussi garder à l’esprit qu’avec la régionalisation ou la sous-régionalisation du maintien de la paix, le danger de l’impartialité ne peut être écarté. 

Il faut, a poursuivi le représentant, des consultations approfondies avant d’enclencher les arrangements régionaux, ce qui veut dire que les pays contributeurs de contingents doivent être invités à participer aux décisions du Conseil conformément à l’Article 44 de la Charte.  Ceci est nécessaire pour rendre les mandats plus réalistes et pour obtenir la pleine coopération de ceux qui seront véritablement chargés de leur mise en œuvre.  La Charte, a insisté le représentant, prévoit clairement que le Conseil de sécurité soit tenu pleinement informé des actions entreprises en vertu des arrangements régionaux.  Mais comme ces informations ne sont pas mises à la disposition des autres États Membres de l’ONU, il est temps de les inclure dans les rapports annuels du Conseil.  Deux-tiers du travail du Conseil concernent l’Afrique qui n’a même pas de siège permanent au Conseil.  Cette situation nuit gravement à la légitimité des décisions du Conseil et tant que cette « injustice historique » ne sera pas réparée, ces décisions manqueront de force.  Le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies offre l’occasion opportune de corriger cette grave lacune, a estimé le représentant. 

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a axé son intervention sur la région Asie-Pacifique où le Forum régional de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est a servi de cadre ministériel pour faire face aux questions politique et sécuritaire depuis plus de 20 ans.  La mission du Forum est de renforcer la confiance dans la région.  Il n’organise pas uniquement des réunions entre les ministres mais il embrasse un large éventail de questions comme le relèvement après les catastrophes, la lutte contre le terrorisme et le crime transnational ainsi que la non-prolifération et le désarmement.  Le représentant a aussi pris l’exemple du Sommet d’Asie de l’Est créé en 2005 qui offre une occasion unique pour les dirigeants des 18 pays de la région de discuter des questions d’intérêt commun, y compris les défis politiques et sécuritaires d’un point de vue stratégique.  Le représentant a également montré le rôle supplémentaire que peuvent jouer les Nations Unies et les cadres régionaux dans la région Asie-Pacifique.  Afin d’identifier les organes les plus appropriés pour relever ces défis, il est important d’examiner la nature de chaque défi au cas par cas.  Parfois, l’implication directe des Nations Unies pourrait être plus appropriée comme ce qui était arrivé au Cambodge en 1990, a déclaré le représentant et parfois les cadres régionaux sont plus efficaces comme dans la lutte contre la piraterie et les attaques armées contre les navires.  Les efforts pour assurer la non-prolifération nucléaire en Asie de l’Est sont un autre exemple qui montre l’importance de cette double approche –ONU et arrangements régionaux-.

M. JÖREN BJÄLLERSTEDT (Suède) au nom des pays nordiques, a estimé que pour créer des partenariats plus forts encore, il nous faut une vision stratégique claire.  Il s’est donc félicité de l’examen des opérations de maintien de la paix, de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité et de l’architecture de consolidation de la paix.  Il a particulièrement salué le fait que le Groupe indépendant de haut niveau ait souligné la nécessité d’une meilleure coopération avec les organisations régionales.  Il a souscrit à l’idée de trouver des mécanismes pour assurer des fonds prévisibles et durables aux arrangements régionaux de maintien de la paix.  Nous devons, a-t-il dit, en paraphrasant le Président américain, développer un nouveau partenariat entre l’ONU et l’Union africaine qui offre un appui fiable aux opérations de paix de cette dernière.  Il faut, en l’occurrence, garder à l’esprit que la coopération est la plus efficace lorsqu’elle est guidée par les principes du partage du fardeau et de la complémentarité.  Les partenariats doivent se fonder sur la compréhension commune de ce que chaque organisation peut faire dans une situation donnée et sur une évaluation « réaliste » des avantages comparatifs et des mandats de chacun. 

Conformément à la position des pays nordiques, le représentant a estimé que les Nations Unies, l’Union africaine et les organisations sous-régionales peuvent et doivent faire plus en matière de prévention des conflits, comme l’ont montré les « dures leçons » apprises de la République centrafricaine, du Soudan du Sud et du Burundi.  Parfois, l’ONU et les acteurs régionaux doivent agir plus tôt, a-t-il insisté.  Le représentant a aussi souligné l’importance qu’il y a à faire participer activement les femmes dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits ainsi que dans les efforts postconflit et dans la coopération.  L’expérience des pays nordiques a montré qu’une véritable participation des femmes dans tous les aspects du rétablissement de la paix est une « fondation indispensable » à une paix solide et au développement durable.  Cette interdépendance est d’ailleurs soulignée dans les nouveaux objectifs de développement durable et leurs cibles pour un développement pacifique.  L’appropriation locale des actions est une condition préalable à la légitimité et à l’efficacité des efforts de paix, a aussi insisté le représentant, en prenant l’exemple de l’épidémie d’Ebola. 

M. NICK WESTCOTT, Directeur pour l’Afrique au Service de l’action extérieure de l’Union européenne, a indiqué que l’environnement sécuritaire mondial et européen ayant connu des changements spectaculaires ces récentes années a fait que les ministres de la défense et des affaires étrangères de l’Union européenne ont appelé, en mai dernier, à une Union plus forte et à une sécurité et une défense communes encore plus fortes.  Il a relevé que la prévention des conflits et des rechutes est, conformément au droit international, l’un des objectifs premiers de l’action extérieure de l’Union européenne, en partenariat avec les acteurs mondiaux, régionaux, nationaux et locaux.  Il a rappelé que l’Assemblée générale a souligné la relation spéciale entre l’Union européenne et les Nations Unies en 2011 par la résolution 65/276, relative à la « Participation de l’Union européenne aux travaux de l’Organisation des Nations Unies ».  Il a aussi salué la récente identification des domaines prioritaires du renforcement du partenariat stratégique entre les Nations Unies et l’Union européenne pour la période 2015-2018 dont le maintien de la paix et la gestion des crises.  Il a noté que ce document souligne l’importance de la contribution des membres de l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

M. Westcott a par ailleurs salué le partenariat entre l’Union européenne et les organisations régionales, notamment en Afrique.  Il a rappelé qu’au cours du dernier Sommet conjoint UE-Afrique de 2014 à Bruxelles, l’Union européenne a appuyé l’aspiration et l’engagement africains à assurer la paix, la sécurité et la stabilité dans le continent, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Il a indiqué qu’en vue d’améliorer la capacité africaine de prévision, de prévention et de réponses aux crises, l’Union européenne s’est engagée à rendre opérationnelle la Force africaine en attente et à reconnaitre le rôle de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC) comme outil de transition complémentaire à la Force en attente.  M. Westcott a également salué la participation intense des pays africains aux opérations de maintien de la paix sur le continent, que ce soit dans le cadre des missions de l’ONU que dans le cadre des forces hybrides de l’Union africaine.  Il a affirmé que depuis 2004, l’Union européenne a fourni 1,4 milliard d’euros aux forces de paix de l’Union africaine.  Il a en outre annoncé que les fonds s’inscrivant dans ce programme vont passer de 750 millions à 900 millions d’euros pour la période 2014-2016, afin de répondre aux nouvelles crises et autres menaces à la paix sur le continent.  Au rang de ces nouvelles menaces, il a évoqué la lutte contre les groupes terroristes, notant que cela va engager des ressources importantes et du temps.  Il a indiqué que cette situation va nécessiter un soutien supplémentaire de la part des partenaires africains et non africains et des Nations Unies.

Le délégué a fait observer que la grande dépendance de l’Union africaine et des organisations régionales africaines vis-à-vis des partenaires internationaux et des fonds de l’Union européenne limite l’appropriation africaine, y compris l’établissement de capacités africaines durables.  Le représentant n’a pas conclu sans évoquer la crise des migrants clandestins.  Cette crise qui sévit en Méditerranée est un exemple de la manière dont le crime transnational organisé, notamment le trafic des migrants et des êtres humains, peut déstabiliser une région et placer les droits et même la vie des milliers de gens en danger.  Il a fait mention des mesures d’urgence engagées par l’Union européenne et a annoncé la tenue, les 11 et 12 novembre prochains, à Valletta à Malte, d’un Sommet en collaboration avec l’Union africaine, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et L’Organisation internationale des migrations (OIM), ainsi que d’autres organisations internationales et régionales importantes et les représentants des pays d’origine, de transit et de destination.  Il a aussi annoncé qu’une réunion de haut niveau sur la route occidentale des Balkans est aussi envisagée.

Il est clair, a déclaré M. ADONIA AYEBARE, Union africaine, que l’Union africaine et ses mécanismes régionaux ont montré leur détermination à jouer pleinement leur rôle et à contribuer, de manière significative, aux efforts collectifs de sécurité sur le continent.  Ce faisant, les Africains ont développé une architecture solide couvrant un large éventail de défis, y compris ceux liés au déficit en matière de gouvernance.  Mais, a reconnu l’observateur, l’expérience de ces dernières années a amplement montré qu’un des plus grands obstacles de l’Union africaine et de ses mécanismes régionaux est la question des ressources souples, durables et prévisibles pour ses efforts de paix.  Il est « crucial », a-t-il insisté, qu’une solution adéquate soit trouvée de toute urgence, en gardant à l’esprit que le Conseil de sécurité a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  De toute évidence, l’Union africaine s’efforce d’obtenir de ses membres qu’ils augmentent leurs contributions pour que l’appui extérieur, y compris celui de l’ONU et des autres partenaires, soit véritablement complémentaire.  Dans ce contexte, l’Union africaine salue le rapport du Groupe indépendant de haut niveau et attend avec intérêt son examen approfondi à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (Iran) a mis l’accent sur l’importance des arrangements et organismes régionaux et sous-régionaux pour la promotion de la paix et de la sécurité internationales mais aussi pour le développement économique et social.  Il a réaffirmé l’importance de la synergie entre les initiatives régionales et sous-régionales pour assurer la complémentarité et la valeur ajoutée de chaque processus dans l’intérêt de la stabilité politique, de la croissance économique et du développement culturel.  Il a appelé à des efforts constants pour renforcer les capacités de maintien de la paix africaines.  Il a salué la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel ainsi que les efforts internationaux visant à mobiliser les ressources et une assistance pour les pays de la région.  Il a invité la communauté internationale à renouveler son engagement vis-à-vis du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).

S’agissant des efforts internationaux, régionaux et nationaux visant à promouvoir le désarmement nucléaire, il a salué la Déclaration spéciale sur le désarmement nucléaire adoptée le 29 janvier 2014 par le Sommet de la Communauté économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC).  Il a aussi salué l’entrée en vigueur du Traité constitutif de l’UNASUR, avant de qualifier cette organisation « d’exemple d’intégration régionale ».  Il a souligné l’importance du Forum pour la coopération entre l’Asie de l’Est et l’Amérique latine (FEALAC) ainsi que les efforts en cours pour renforcer encore la Communauté des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a aussi salué la tenue des deuxième et troisième Sommets des chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et d’Amérique du Sud au Venezuela en 2009 et en Guinée-Équatoriale en 2013.        

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a appelé les Nations Unies et le Conseil de sécurité à utiliser leurs avantages comparatifs afin d’assurer la cohérence de la réponse de la communauté internationale dans le but d’éviter des duplications.  Il a indiqué que, bien que le partenariat entre l’ONU et certaines organisations, telles que l’UE, soit déjà bien établi dans le cadre des opérations de maintien de la paix, il serait possible de l’intensifier.  Il a ainsi relevé que sur le plan opérationnel, il serait bénéfique d’amplifier la coopération en matière de soutien et de logistique, de renforcement de l’échange d’informations et d’analyses, de coopération dans le cadre de l’état de droit et de la défense et dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité.  Il a affirmé que cette réalité concernait également la coopération entre l’UE et d’autres organisations régionales, telles que l’UA.

Le représentant a en outre rappelé que la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, dans le cadre de la sécurité, est sous-tendue par trois piliers que sont le maintien de la paix, la responsabilisation et la consolidation de la paix.  Pour améliorer cette coopération à travers ces piliers, il a estimé que la cohérence devait être primordiale, avec la définition de mandats clairs et précis au plus haut niveau politique.  Il a aussi proposé l’établissement d’une culture commune sur le terrain, notamment à travers la formation et le conseil.  Il a également affirmé que la protection des civils et le respect de la justice étaient importants, indiquant que la véritable protection des civils exigeait l’établissement d’une culture de la responsabilisation.

M. Lambertini a également préconisé une approche globale à travers un soutien coordonné en faveur de la justice et du secteur de la sécurité, précisant que l’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité avaient été au cœur même des activités des missions des Nations Unies et de l’UE au cours de la décennie passée.  Néanmoins, a-t-il fait observer, les interprétations de ce que signifiait véritablement la notion d’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité, ainsi que la mise en pratique de ces concepts sur le terrain semblaient diverger.  Il a par ailleurs souhaité que des moyens financiers et le capital politique nécessaires soient investis dans la prévention des conflits, affirmant que les moyens de prévention – la négociation, le dialogue et la médiation, constituaient des outils essentiels pour faire face aux défis contemporains mondiaux en matière de sécurité.  Le représentant a par ailleurs souligné que la question des migrations, un phénomène transnational par définition, ne pouvait être traitée de manière sérieuse sans une coopération étroite entre son pays et des organisations internationales et régionales, telles que la Ligue des États arabes et l’Union africaine, indiquant que son pays était aujourd’hui au premier plan des efforts de sauvetage des vies des centaines de migrants en Méditerranée.  Il a expliqué que les interventions humanitaires pour sauver des vies devaient s’accompagner d’une approche globale capable de faire face aux causes profondes des migrations.

Rappelant que 80% des Casques bleus de l’ONU sont déployés en Afrique, M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a souligné l’importance de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine et les organisations sous-régionales, dont, notamment, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Mettant l’accent sur le rôle de l’Asie centrale, il a rappelé que son pays a initié en 1992 une Conférence sur l’interaction et le renforcement des mesures de confiance en Asie (CICA).  « Aujourd’hui la CICA s’étend de Séoul au Caire », s’est–il félicité, en précisant que cet organisme de coopération réunissait 26 pays de différents continents.  Il a aussi indiqué que le Kazakhstan était non seulement un membre fondateur du Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale (CARICC), mais également membre, observateur ou partenaire de 15 organismes de coopération qui ont un statut d’observateurs auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il a souligné le rôle décisif que joue son pays pour la promotion des droits de l’homme dans le cadre des présidences qu’il a assumées à l’OSCE, à l’OIC et d’autres organisations régionales. 

Mme MARGARETA KASSAGANA-JAKUBOWSKA (Pologne) a estimé que les organisations régionales étaient souvent mieux placées et équipées pour comprendre et réagir face aux causes profondes des conflits armés dans leur région, citant l’engagement de l’Union africaine (UA) dans la résolution du conflit au Mali, celui de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour résoudre la crise politique au Burkina Faso, ou encore celui de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans les pourparlers de paix sud-soudanais.  Elle a de ce fait proposé l’avènement d’une coopération plus étroite entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans des domaines tels que les alertes précoces aux conflits, la prévention des conflits, ainsi que le maintien et la consolidation de la paix.

La représentante a en outre relevé que l’Europe avait la plus vaste et longue expérience en matière de mise en place d’institutions collectives de sécurité au niveau régional.  Elle a rappelé à ce propos que cette année marquait le quarantième anniversaire de la signature de l’Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, appelé Acte final d’Helsinki, un document ayant prévalu à la création de l’OSCE.  Elle a par ailleurs souligné que l’OSCE avait fait preuve d’un niveau solide d’efficacité et de pertinence dans la crise ukrainienne et appelé au respect de la sécurité des personnels de l’OSCE sur le terrain, au même titre que celui dû aux personnels des missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Elle a également souligné l’importance de la coordination et de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, et entre ces organisations elles-mêmes.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a affirmé que les organisations régionales pouvaient faire face à de nombreux défis économiques et sociaux ainsi qu’à leur dimension sécuritaire.  Elle a rappelé que chaque organisation régionale était unique et différente de par son histoire, son mandat, sa composition, son évolution et ses capacités.  Elle a particulièrement salué la contribution de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Ligue arabe et du Conseil de coopération du Golfe, précisant que l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) devait encore faire ses preuves en raison des différends qui opposent ses membres.  Elle a par ailleurs estimé que l’Organisation de Shanghai pour la coopération avait un énorme potentiel et que l’Organisation de la conférence islamique (OCI), forte de ses 57 États Membres de l’ONU provenant de 4 continents, occupait une position unique.

La représentante a également jugé essentiel que l’ONU promeuve sa coopération avec l’OCI dans les domaines de la médiation et du règlement des différends, le maintien et la consolidation de la paix, l’aide humanitaire, dont l’aide aux réfugiés et aux personnes déplacées, en s’attaquant notamment aux racines des conflits et de l’extrémisme.  Elle a jugé particulièrement opportune la coopération entre les organisations régionales en Asie occidentale.

M. NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam), au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que face à des menaces de plus en plus complexes à la paix et à la sécurité internationales, des approches globales prévoyant un rôle proéminent pour les organisations régionales sont nécessaires pour trouver des solutions ciblées et durables.  Pour l’ASEAN, les organisations régionales peuvent faire plus pour relever les nouveaux défis en matière de sécurité.  La propre expérience de l’Association l’a montré: la promotion du consensus, l’engagement soutenu, le respect du point de vue des autres et des principes fondamentaux du droit international que sont la souveraineté et l’intégrité territoriale, la non-ingérence dans les affaires intérieures et le règlement pacifique des différends est le meilleur moyen de relever les défis communs. 

L’ASEAN est également convaincue que le rapport du Secrétaire général sur les organisations régionales dans le maintien de la paix peut offrir des recommandations sur la manière d’aller plus loin dans l’engagement de ces organisations.  L’ASEAN appuie les consultations et le dialogue entre organisations régionales et le fait que l’ONU promeuve les pratiques exemplaires en la matière, l’expertise et les ressources pour que l’on puisse exploiter la capacité collective de relever des défis de plus en plus complexes.  Les organisations régionales ne se ressemblent pas.  Chacune d’elle a ses propres caractéristiques, objectifs et fonctions.  Le partenariat entre l’ONU et une organisation régionale doit s’appuyer sur une bonne compréhension de la nature de l’une et de l’autre, de leur force et de leurs limites, a insisté le représentant.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a rappelé que son pays, à l’occasion de la présidence mensuelle du Conseil de sécurité qu’il a assumée en novembre 2007, avait lancé un débat similaire en mettant l’accent sur les capacités des organisations régionales.  Il a précisé que la réunion du Conseil de sécurité s’était à l’époque conclue par l’adoption d’une déclaration présidentielle appelant au développement d’un partenariat efficace entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales en matière de réaction rapide aux conflits et aux crises émergentes.  Il a estimé que le caractère de plus en plus complexe et multidimensionnel des crises exigeait une participation plus active des organisations régionales et sous-régionales.

Le représentant de l’Indonésie a réitéré l’importance de consultations permettant d’optimiser les avantages comparatifs entre l’ONU et les acteurs régionaux, mettant l’accent sur la valeur ajoutée de l’ASEAN en termes de stabilité de l’Asie du Sud-Est, qui a permis la promotion du commerce mondial.  Par ailleurs, il a précisé que son pays favorisait les consultations transrégionales entre des organisations comme l’Association de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), la Réunion Asie-Europe, et le Forum pour la coopération entre l’Asie de l’Est et l’Amérique latine.

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a déclaré que malgré des ressources non prévisibles pour les opérations de maintien de la paix, les organisations régionales avaient les moyens de réagir rapidement aux conflits.  Cette situation a notamment permis à son avis d’assurer la continuité avec les missions de l’ONU plus durables.  Il a souligné l’importance des initiatives régionales de paix fondées sur la souveraineté et l’indépendance, du dialogue et des bons offices.  Le représentant a néanmoins réclamé le partage du fardeau des coûts des opérations de maintien de la paix en l’absence de financement prévisible.  Ce manque de financement devrait aussi encourager les parties à accroître leurs complémentarités et à éviter les chevauchements, a-t-il jugé.  Il a déclaré en conclusion qu’en l’absence de financement prévisible, il fallait adopter une stratégie nuancée comme le font les organisations régionales, plutôt que des approches rigides et inefficaces comme le font les organisations mondiales.

M. ÁLVARO CERIANI (Uruguay) a estimé que l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) constituait le cadre adéquat pour relever les défis sécuritaires dans la région.  Il a proposé que les organisations régionales s’efforcent d’intégrer la prévention des conflits et la protection de la paix dans leurs démarches, à l’instar de l’UNASUR qui ne se présente pourtant pas comme un modèle pour les autres.  En outre, les organisations régionales doivent recourir aux bons offices, au dialogue, et être créatives pour créer des conditions propices à la paix, a-t-il affirmé, soulignant que les organisations régionales devaient garantir la bonne gouvernance démocratique, le respect des droits de l’homme et l’intégrité des États en vue de préserver la paix et la sécurité en leur sein.  

M. OH JOON (République de Corée) a rappelé que son pays a été l’un des coauteurs de la résolution 2167 du Conseil de sécurité et s’est dit convaincu que ce texte doit guider les futures relations entre ledit Conseil et les divers organes des organisations régionales.  En tant que membre du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, la République de Corée ne peut que rechercher les moyens de parvenir à des consultations plus étroites avec les organisations régionales et sous-régionales pour avoir des stratégies plus solides et plus intégrées en matière de consolidation de la paix et de reconstruction.  Issue d’une région où le rôle de l’organisation régionale n’est pas aussi proéminent qu’en Afrique ou en Europe, la République de Corée n’en est pas moins activement engagée dans les processus de l’ASEAN. 

Cela fait longtemps que le pays défend l’idée d’une Initiative de coopération et de paix en Asie du Nord-Est.  Le but est de dégager un consensus sur des questions peu compliquées mais essentielles comme les changements climatiques, l’environnement, les secours après les catastrophes et la sécurité nucléaire, et de développer progressivement une tradition de coopération parmi les acteurs régionaux pour trouver des solutions à des questions plus difficiles.  Le représentant a aussi parlé de l’Initiative Eurasie et du projet « Eurasiean Express » que son pays vient de conclure.  Il s’agit d’un voyage transcontinental de 14 000 kilomètres qui a rassemblé des membres des gouvernements, de la société civile et des ONG. 

Mme PAULINA MARÍA FRANCESCHI NAVARRO (Panama) a fait le lien entre développement inclusif et stabilité, soulignant le caractère de plus en plus interconnecté des économies.  Elle a par ailleurs indiqué que l’objectif 16 des 17 objectifs de développement durable qui doivent être adoptés en septembre prochain vise à réduire de manière substantielle le flux de biens illicites, notamment des armes.  Elle a souligné la nécessité de tabler sur la prévention des conflits, réaffirmant le rôle clef et la valeur ajoutée des organisations régionales et sous-régionales dans ce domaine.  Elle a estimé que les inégalités sociales, et non les armes, demeuraient la principale source d’instabilité en Amérique latine en expliquant que la pauvreté et les inégalités qui en découlent favorisaient la propagation de réseaux criminels transfrontaliers.  Elle a salué l’évolution des cadres régionaux de coopération en Amérique du Sud en citant la création en 2011 de la CELAC, mécanisme de concertation politique et d’intégration, et de l’UNASUR qui rassemble 12 États d’Amérique du Sud.  « Nous ne devons pas établir un modèle unique de coopération entre l’ONU et les organisations régionales », a-t-elle dit, en appelant à tenir compte de la spécificité et de la valeur ajoutée de chaque organisation.   

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a indiqué que même si le rôle principal en matière de maintien de la paix échoit à l’ONU, une coopération étroite reposant sur une communication et une coordination efficaces entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales peut être un atout majeur dans l’action que la communauté internationale mène pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a noté que sur le continent africain, confronté à de lourds défis sécuritaires, humanitaires et socioéconomiques, les organisations sous-régionales sont mieux placées en termes de proximité géographique, de connaissance politique et culturelle des situations locales et d’expériences communes, pour agir efficacement en faveur de la paix et de la sécurité.  Il a, dans ce contexte, salué « l’envergure et la diversité qui marquent de plus en plus le rôle agissant que joue la CEDEAO dans sa sous-région », et il a cité aussi d’autres organisations sous-régionales qui sont actives dans leur zone géographique respective, notamment la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).  Il a en revanche regretté que ces organisations sous-régionales africaines, engagées dans le règlement des conflits, se heurtent à d’énormes obstacles tels que l’absence d’appui financier prévisible, durable et souple, l’absence d’équipements, d’expertise et de compétences civiles appropriées.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a cité l’exemple de l’Organisation des États d’Amérique (OEA) qui vise à garantir la paix et la sécurité sur le continent américain, précisant que dans certains cas extrêmes un État pouvait être suspendu de l’OEA.  Il a salué l’importance du Conseil de défense d’Amérique du Sud en tant que réseau de coopération innovant et s’est félicité de la création de la CELAC en 2011 qui a proclamé « l’Amérique latine et les Caraïbes zone de paix ».  Il a réaffirmé la responsabilité première du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, responsabilité qui ne doit, à son avis, être ni remplacée ni déléguée aux organisations régionales.  Il a également estimé que les contraintes financières ne devaient pas entrer en compte au moment de l’établissement de stratégies de coopération entre l’ONU et les organisations régionales et souligné que l’engagement régional n’était pas forcément la panacée, en ajoutant qu’aborder un défi sous un angle uniquement régional pouvait être contreproductif.   

M. HALIT CEVIK (Turquie) a affirmé que la paix et la sécurité ne pouvaient pas être réalisées uniquement par des moyens militaires car certains des défis n’ont pas nécessairement une nature militaire.  Nous devons employer un large éventail de politiques pour affronter les défis actuels, a-t-il indiqué, affirmant que les organisations régionales avaient une contribution essentielle à apporter dans ce domaine.  La Turquie prend activement part aux activités des organisations régionales dans sa région, notamment en Europe, au sein de l’OSCE, de l’OTAN, de l’OCI, de l’Organisation économique de la mer Noire notamment, a-t-il précisé.  « Nous avons aussi renforcé nos relations avec les organisations régionales en Afrique, en Asie et en Amérique latine », a-t-il ajouté.  Il a également réaffirmé l’importance du renforcement de la coopération entre organisations régionales, ainsi qu’entre les organisations régionales et les Nations Unies afin de créer des synergies et obtenir de meilleurs résultats.  Il s’est déclaré satisfait du récent développement de partenariats entre les Nations Unies et l’Union africaine pour trouver des solutions aux différents conflits en Afrique.  La Turquie, par le biais de canaux bilatéraux, régionaux ou internationaux, fera de son mieux pour contribuer à la paix et à la sécurité, dans sa région et au-delà, y compris en Afrique, a conclu le représentant.  

Tout en se disant conscient des défis nouveaux et émergents, M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a tout de même prévenu que les menaces plus « traditionnelles » posées par des acteurs publics expansionnistes et irrédentistes sont toujours là au cœur de l’instabilité régionale et internationale.  La Géorgie est convaincue, compte tenu de la nature universelle des principes fondamentaux sur lesquels s’appuie l’architecture européenne de sécurité, que le principal problème est davantage lié au manque de volonté de certains États de respecter les engagements pris en vertu des arrangements régionaux plutôt qu’aux imperfections du système lui-même.  Le mépris des obligations est un véritable défi à notre sécurité commune, lequel donne naissance aux crises que nous connaissons aujourd’hui, a insisté le représentant. 

Malheureusement, a-t-il poursuivi, la sécurité régionale de l’Europe a été compromise, de manière importante, par le comportement agressif de la Fédération de Russie vis-à-vis de ses voisins, en particulier la Géorgie et l’Ukraine qui subissent une occupation militaire illégale de plusieurs parties de leur territoire.  Cette façon inquiétante d’altérer arbitrairement les frontières internationales par la force est une menace mortelle non seulement pour la vision stratégique d’une Europe entière, libre et en paix mais aussi pour les relations amicales entre tous les peuples de la région.  Les premiers signes de l’érosion du système moderne de sécurité en Europe ont émergé il y a longtemps, avec le manque de volonté de respecter de bonne foi les engagements pris en 1999 lors du Sommet d’Istanbul.  Il faut regretter, a encore dit le représentant, que les États de l’OSCE n’aient pas fait preuve de la détermination et de l’unité nécessaires pour répondre à cette dangereuse tendance dès le début.  Aujourd’hui, il est profondément décevant qu’à cause de l’opposition de la Fédération de Russie, l’on n’ait pas été en mesure de rétablir une mission de l’OSCE en Géorgie.  Or, a estimé le représentant, c’est la mauvaise évaluation de l’érosion de l’architecture de sécurité en Europe et donc la réponse inadéquate aux évènement tragiques en Géorgie qui ont conduit à une autre grave violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un autre État, l’Ukraine.  Le représentant a appelé à une coopération étroite entre l’ONU et l’OSCE et les autres organisations régionales.  Il n’a pas oublié de souligner l’importance du partenariat entre l’ONU et l’Organisation pour la démocratie et le développement économique qui réunit l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la République de Moldova et l’Ukraine (GUAM). 

M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït), qui est intervenu au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a évoqué les défis présentés par les menaces terroristes et l’extrémisme violent.  Il est nécessaire d’élaborer une réponse globale au terrorisme, a-t-il indiqué, tout en reconnaissant qu’il existait des divergences fondamentales au niveau mondial sur cette question.  Le représentant a ajouté que l’OCI contribuait à la délégitimation des discours de haine et participait activement à la lutte contre le cyber-terrorisme.  Il a rappelé à titre d’exemple les différentes réunions et conférences de l’OCI visant à élaborer la stratégie à suivre contre le cyber-terrorisme, affirmant en particulier que la conférence des ministres des affaires étrangères de l’OCI avait élaboré une stratégie efficace contre l’islamophobie et contre le terrorisme violent.  Il a aussi évoqué la création d’un fonds contre le terrorisme.  Le représentant a souligné le fait que l’OCI restait un partenaire des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et pour une culture de paix au niveau international, et mis l’accent sur l’importance de la prévention des différends, la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous. 

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a appelé les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, à mener par l’exemple lorsqu’il s’agit des menaces à la paix et à la justice et en conséquence, à agir à l’unisson, en privilégiant les efforts concertés.  Il a lancé un appel aux membres les plus influents du Conseil de sécurité pour qu’ils s’abstiennent du droit de veto face aux cas de génocide et aux atrocités.  Toute tentative de « frustrer » la justice serait une insulte, en particulier aux victimes.  Les menaces posées par les conflits exigent des Nations Unies et des organisations régionales qu’elles travaillent ensemble, de manière complémentaire, au nom de la justice.  Le Botswana est convaincu que l’implication à un stade précoce des organisations régionales peut être utile pour éviter qu’un conflit ne naisse ou échappe à tout contrôle.  Le Botswana, qui opère au sein de la Communauté économique de l’Afrique australe (SADC), reste fidèle aux principes de démocratie, de gouvernance inclusive, d’état de droit et des droits de l’homme.  Il appuie fermement toutes les actions contre les menaces à la paix et à la sécurité internationales ainsi que le renforcement des institutions de responsabilisation aux niveaux national, régional et international.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a estimé que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU est une occasion d’examiner les moyens d’améliorer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.  Il a rappelé que l’Égypte est à la fois membre de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes et a affirmé que l’expérience démontrait l’avantage comparatif des organisations régionales dans la médiation et le règlement pacifique des conflits.  Il a estimé que les défis contemporains comme le terrorisme, la criminalité transfrontalière et la piraterie étaient des problèmes transfrontaliers qui ne peuvent être traités que par le biais d’une coopération internationale.  Le représentant a indiqué que les objectifs de développement pour l’après-2015 étaient de nature à trouver des réponses adéquates à ces problèmes, saluant les recommandations contenues dans le rapport du Groupe d’experts de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix pour tirer profit des avantages comparatifs des organisations régionales.  Il a jugé déterminant que l’ONU continue d’appuyer -au-delà du programme décennal qui se termine en 2016– les capacités de maintien de la paix des organisations régionales et sous-régionales africaines.  

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a cité l’exemple de la CELAC qui rassemble les 32 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes dans une unité respectueuse de la diversité.  « La CELAC est un exemple concret d’intégration régionale », a-t-il souligné, en ajoutant que le rôle des organisations régionales ne diminue en rien le rôle principal de l’ONU et du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale.  « Nous devons aussi veiller à revitaliser l’Assemblée générale », a réaffirmé le représentant de Cuba qui s’est dit convaincu que la paix et la sécurité internationales continueraient d’être menacées tant que la communauté internationale n’aura pas la même perception et interprétation des défis à la paix.  « Tant que nous n’aurons par éliminé les armes nucléaires qui menacent la sécurité de notre espèce, il n’y aura pas de paix », a-t-il lancé, précisant qu’il était indispensable que tous les États sans exception respectent la Charte de l’ONU. 

M. VOLODYMYR MIALKOVSKYI (Ukraine) a déploré l’agression de son pays, il y aura bientôt un an et demi, par la Fédération de Russie, notant par ailleurs l’importante contribution de l’OSCE dans le cadre de la réponse que la communauté internationale a apportée à cette agression.  Il a particulièrement salué le rôle de l’OSCE dans le cadre de sa mission spéciale de suivi, notamment dans le cadre du suivi des Accords de Minsk et relevé qu’au cours des années récentes, la coopération entre les Nations Unies et le Groupe des Guam (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldova) s’était développée, comme l’atteste une résolution adoptée par l’Assemblée générale à cet effet.  Il a affirmé à cet effet que les États membres de ce groupe souffraient tous de situations de conflit non résolues depuis des décennies, appelant la communauté internationale à soutenir les efforts de ces pays, notamment en matière de renforcement de leurs capacités.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a souligné que pour son pays, le règlement pacifique des conflits sur la base des normes et des principes du droit international, sans exception, est d’une importance particulière, compte tenu des négociations en cours sur le règlement du conflit du Nagorno-Karabkh au sein du Groupe de Minsk de l’OSCE.  Un appui consolidé à ces négociations, y compris par le Conseil de sécurité et le Secrétaire général, est « essentiel » pour éviter les écarts et les pièges nés des interprétations biaisées des causes et des conséquences du conflit.  Le représentant a fait état de l’expérience de son pays en tant que membre de l’OTSC, en disant attendre avec intérêt la participation de l’ONU à l’exercice des Forces de maintien de la paix de l’Organisation –« Coopération 2015 »- qui aura lieu en Arménie, au début de l’automne.  L’agenda international actuel et ses menaces, ses désaccords et ses conflits fait que l’Arménie attache une grande importance aux autres organisations régionales et sous-régionales desquelles elle est membre ou avec lesquelles elle coopère, pour trouver des solutions communes et préserver les canaux du dialogue.  Les petits États sont particulièrement vulnérables et sensibles aux problèmes, surtout quand les désaccords aux niveaux régional et international font naître des lignes de division, s’est expliqué le représentant sans oublier de souligner le rôle important de la société civile pour relever les défis en matière de sécurité.

M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a indiqué qu’en matière de prévention, les organisations régionales et sous-régionales étaient mieux placées pour comprendre les causes profondes des conflits armés.  Ces organisations sont souvent conscientes de ces conflits émergeants très tôt et peuvent servir d’outils comme la médiation pour leur prévention, a-t-il dit.  Il a évoqué à cet égard l’exemple de la mission de l’Organisation des États américains en appuyant l’accord de paix et du processus de paix en Colombie.    

Au moment où les conflits éclatent, a continué le représentant, la communauté internationale doit agir pour contenir et atténuer leurs conséquences et les résoudre.  Les opérations de maintien de la paix sont nécessaires pour protéger les civils et créer les conditions de la paix, et un processus politique est essentiel pour parvenir à la paix, a-t-il dit.  S’agissant du continent africain, le représentant a salué le rôle croissant de l’Union africaine dans le maintien de la paix et de la sécurité.  Il a par ailleurs salué les contributions positives de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’IGAD, de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) dans le règlement des différends sur le continent et affirmé que leurs efforts avaient besoin d’être renforcés et appuyé par la communauté internationale.

Après le conflit, des efforts coordonnés et opportuns sont nécessaires pour prévenir la rechute, a poursuivi le représentant.  Si des stratégies de sortie restent au stade de la réflexion, a-t-il estimé, les pays courent le grand risque de revenir en arrière dans le conflit.  À son avis, le maintien de la paix doit être un élément essentiel de chaque mission, y compris la planification préliminaire, et avoir une vision complète pour la paix, la justice et le développement durable.  Les Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales ont besoin de faire ce changement ensemble, pour sauver des vies et prévenir les cycles de violence, a conclu le représentant.

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a noté que l’histoire récente montre que, du fait des conflits d’intérêts nationaux, l’action du Conseil de sécurité est souvent assujettie à de multiples contraintes d’ordre politique et stratégique, qui, dans certains cas de crise régionale majeure, ont abouti à la quasi-paralysie de l’organisme, alors que les circonstances justifiaient une intervention urgente.  Le représentant a indiqué que dans l’esprit de sa responsabilité fondamentale, et en vertu du principe de subsidiarité qui est implicite dans la Charte, le Conseil de sécurité est appelé à encourager le règlement pacifique des différends locaux par les organisations régionales, « soit sur l’initiative des États intéressés, soit sur renvoi du Conseil de sécurité ».  Il a ajouté que les organisations régionales doivent être de ce fait considérées comme parties prenantes et ont vocation à être associées étroitement à l’action des Nations Unies, à travers un processus de décentralisation, de délégation ou de coopération dont les modalités devraient être clairement définies.  Elles devraient, a-t-il affirmé, être correctement outillées pour soutenir, à l’échelle régionale, la lutte contre le terrorisme et intervenir sur tous les théâtres d’opérations locales où le Conseil de sécurité a mandaté des activités de maintien et de consolidation de la paix.  Le représentant a par ailleurs salué le rôle de l’Organisation des États américains (OEA) aux côtés de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).

« Les organisations régionales ont donné amplement la preuve de leur capacité de contribuer efficacement à l’action du Conseil de sécurité en matière de sécurité collective », a fait valoir M. Régis.  Il a ajouté que les organismes régionaux et sous-régionaux sont particulièrement bien placés pour appréhender les causes des conflits armés, ce qui peut être utile aux fins de leur prévention ou de leur règlement, et cela peut compléter l’action menée par l’ONU dans ce domaine, conformément au Chapitre VIII de la Charte, a-t-il précisé.  Il a estimé que les États souverains étant les premiers répondants face aux menaces contre la paix, une aide internationale plus conséquente devrait être octroyée notamment aux pays les moins nantis, souvent mal équipés, afin de les aider à relever efficacement les défis actuels à la sécurité.

M. DUNCAN MUHUMUZA LAKI (Ouganda) a cité le Président de son pays, M. Museveni, qui a affirmé à plusieurs reprises que l’engagement des forces internationales dans un conflit devait être précédé par l’intervention des acteurs régionaux.  Le représentant a relevé que, bien que l’Union africaine ait fait montre de sa volonté de s’engager dans le maintien de la paix, les restrictions financières de ses membres enrayaient son action.  Il a appelé au renforcement du soutien matériel des organisations régionales, afin que les partenariats régionaux soient plus efficaces, citant en exemple le succès de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), qui a reçu le soutien nécessaire du Conseil de sécurité pour mener à bien sa mission. 

M. THOMAS ADOUMASSE (Bénin) a souligné que la coopération entre l’ONU et l’Union africaine a montré son efficacité et sa pertinence.  Il faudra se baser sur les enseignements tirés de ces collaborations réussies pour améliorer constamment le partenariat stratégique avec les organisations régionales et sous-régionales, en recourant aux formules les plus pragmatiques pour faire face aux défis et en assurant le financement des opérations engagées par les organisations régionales avec l’aval du Conseil de sécurité.  Le succès de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine réside, selon le représentant, dans une plus grande cohérence dans les actions, grâce à des consultations régulières entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité et ce, pour un usage plus flexible du Chapitre VIII de la Charte, en tenant compte des réalités intrinsèques de chacune des crises et des conflits à régler. 

Il est important, a poursuivi le représentant, d’aborder les questions en suspens dans l’aménagement du partenariat stratégique entre l’ONU, l’Union africaine et les communautés économiques régionales et dans ce contexte, le Conseil de sécurité doit assumer pleinement la responsabilité primordiale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a félicité l’Union européenne pour sa coopération avec les organisations régionales et sous-régionales « qui est un exemple à suivre ».  Il a ajouté qu’au-delà des actions militaires, la recherche de la paix doit accorder davantage d’importance au dialogue interreligieux et interculturel qui doit impliquer toutes les composantes de la société pour agir collectivement sur les causes profondes de conflits.  C’est l’objectif majeur du symposium qui s’est tenu à Cotonou du 26 au 28 mai 2015 et qui a adopté le Manifeste pour l’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité exhorte toutes les parties syriennes à continuer de participer aux consultations initiées par l’Envoyé spécial du Secrétaire général

7504e séance – après-midi
CS/12008

Le Conseil de sécurité exhorte toutes les parties syriennes à continuer de participer aux consultations initiées par l’Envoyé spécial du Secrétaire général

Dans une déclaration présidentielle lue, cet après-midi, par la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’août, Mme U. Joy Ogwu du Nigéria, les membres du Conseil exhortent toutes les parties syriennes à continuer de participer aux consultations initiées par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Stephan de Mistura.  Ils prient M. Ban Ki-moon de leur rendre compte dans un délai de 90 jours des résultats de la prochaine phase de consultations.

Le Conseil de sécurité félicite en effet l’Envoyé spécial d’avoir organisé à Genève, d’avril à juin 2015, des consultations avec de nombreuses parties prenantes, dans le cadre de l’action visant à mettre en œuvre le Communiqué de Genève de 2012.  Le Conseil appuie la démarche énoncée par M. Stephan de Mistura pour s’efforcer de parvenir à des négociations politiques qui consistent à aborder quatre domaines thématiques: sécurité et protection pour tous; questions politiques et juridiques; questions militaires et de sécurité et action antiterroriste; et continuité dans les services publics, reconstruction et développement.

Le Conseil exhorte toutes les parties à s’associer de bonne foi aux efforts de l’Envoyé spécial qui peuvent s’appuyer sur plusieurs initiatives récentes, parmi lesquelles les réunions de Moscou, du Caire, de Paris et d’Astana.  Il insiste sur le Communiqué de Genève visant une transition politique, y compris la mise en place d’une autorité transitoire sans exclusive, dotée des pleins pouvoirs exécutifs, formée sur la base du consentement mutuel et assurant la continuité des institutions de l’État.

Le représentant du Venezuela, M. Rafael Dario Ramirez Carreno, s’est dissocié des paragraphes de la Déclaration présidentielle qui, en violation de la souveraineté de la Syrie et du droit à l’autodétermination de son peuple, appelle les parties à mettre en place une autorité transitoire sans l’avis du Gouvernement actuel.  C’est une atteinte à la Charte des Nations Unies et un précédent très dangereux pour la paix et la sécurité internationales, a estimé le représentant, en fustigeant la partialité d’un Conseil de sécurité qui fait fi de l’avis du Président Bachar Al-Assad.  Aucune solution politique ne peut être trouvée sans la participation des autorités syriennes actuelles, a-t-il prévenu.  

Comme la Déclaration présidentielle s’inquiète aussi des agissements de l’État islamique d’Iran et du Levant (EIIL) et du Front al-Nosra, le représentant vénézuélien a souligné que le combat de la Syrie contre les organisations terroristes exige l’appui « sincère » de la communauté internationale.  « Si le Gouvernement syrien est renversé, c’est le drapeau noir de l’EIIL qui flottera à

Damas et ce sera une tragédie plus grande encore pour le peuple syrien, avec des conséquences dramatiques pour les pays voisins mais aussi pour l’Europe », a alerté le représentant.  Ne reproduisons pas les erreurs commises avec l’Iraq et la Lybie où le vide institutionnel a permis la prolifération des groupes terroristes et l’aggravation de la violence au Moyen-Orient et en Afrique, a martelé le représentant.

Il a dénoncé le modus operandi du Conseil de sécurité en fonction duquel les 10 membres non permanents ont été saisis d’une Déclaration présidentielle déjà finalisée par les cinq membres permanents.  Cette façon de faire nuit à la transparence et à l’unité du Conseil mais, par esprit constructif, le Venezuela a choisi de ne pas s’opposer au texte, conscient qu’il faut laisser une chance aux négociations politiques, a conclu le représentant.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions 2042 (2012), 2043 (2012), 2118 (2013), 2139 (2014), 2165 (2014), 2170 (2014), 2175 (2014), 2178 (2014), 2191 (2014), 2199 (2015) et 2235 (2015) et les déclarations de son président du 3 août 2011, du 2 octobre 2013 et du 24 avril 2015.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie et à tous les autres États touchés par le conflit syrien, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

Le Conseil souligne que la seule solution durable à la crise actuelle en Syrie est un processus politique sans exclusive qui soit dirigé par les Syriens et qui réponde concrètement aux aspirations légitimes du peuple syrien en vue d’obtenir l’application intégrale des dispositions du Communiqué de Genève du 30 juin 2012 et souligne à cet égard la nécessité urgente pour toutes les parties de poursuivre cet objectif avec diligence et de manière constructive.

Le Conseil renouvelle la demande qu’il avait formulée dans la résolution 2139 (2014), à savoir que toutes les parties mettent fin à toutes attaques contre les civils ainsi qu’à l’emploi sans discrimination d’armes dans des zones peuplées, tels que les tirs d’obus et l’emploi de barils d’explosifs; procèdent à l’arrêt immédiat des détentions arbitraires, de la torture, des enlèvements, des rapts et des disparitions forcées et libèrent toutes les personnes arbitrairement détenues, y compris les journalistes et le personnel humanitaire; souligne qu’il importe que l’on donne suite à ces demandes, conformément aux dispositions applicables du droit international, en vue d’instaurer un climat propice à l’ouverture de négociations politiques de fond et de susciter la confiance entre les parties; et rappelle à cet égard que c’est aux autorités syriennes qu’incombe au premier chef la responsabilité de protéger la population du pays.

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par le fait que certaines parties du territoire syrien sont sous le contrôle de groupes terroristes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra, condamne les multiples actes de terrorisme commis par l’EIIL, le Front el-Nosra et tout autre individu ou groupe, entreprise et entité associés à Al-Qaida, condamne également le fait que des civils sont pris pour cible en raison de leur appartenance ethnique, religieuse ou confessionnelle, se dit préoccupé par les retombées négatives du terrorisme, de l’idéologie extrémiste à l’appui du terrorisme et par les actes qui déstabilisent la Syrie et la région et ont des conséquences humanitaires dévastatrices pour la population civile, réaffirme sa volonté de répondre à la menace sous tous ses aspects et demande à toutes les parties de s’engager à mettre un terme aux actes de terrorisme commis par l’EIIL, le Front el-Nosra et tout autre individu ou groupe, entreprise et entité associés à Al-Qaida.

Le Conseil félicite l’Envoyé spécial d’avoir organisé à Genève, d’avril à juin 2015, des consultations avec de nombreuses parties prenantes s’agissant de la crise en Syrie, dans le cadre de l’action visant à mettre en œuvre les dispositions du Communiqué de Genève de 2012.

Le Conseil appuie la démarche énoncée par l’Envoyé spécial pour s’efforcer de parvenir à des négociations politiques et à une transition politique fondée sur le Communiqué de Genève, qui consiste à aborder quatre domaines thématiques grâce à des consultations et à des discussions plus ciblées avec les parties syriennes au sein de quatre groupes thématiques, comme suit : sécurité et protection pour tous; questions politiques et juridiques; questions militaires et de sécurité et action antiterroriste; et continuité dans les services publics, reconstruction et développement.

Le Conseil exhorte toutes les parties à s’associer de bonne foi aux efforts que déploie l’Envoyé spécial dans le cadre de ses bons offices et à continuer de participer aux consultations et aux discussions thématiques, et note que ces efforts peuvent s’appuyer sur plusieurs initiatives récentes, parmi lesquelles les réunions de Moscou, du Caire, de Paris et d’Astana.

Le Conseil exige que toutes les parties s’emploient d’urgence à appliquer intégralement le Communiqué de Genève, qui vise à mettre fin immédiatement à tous les actes de violence et à toutes les violations des droits de l’homme et du droit international et atteintes à ces droits ainsi qu’à lancer un processus politique dirigé par les Syriens en vue d’une transition politique qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien et lui permette de décider en toute indépendance et de manière démocratique de son propre avenir, y compris en mettant en place une autorité transitoire sans exclusive et dotée des pleins pouvoirs exécutifs, formée sur la base du consentement mutuel et assurant la continuité des institutions de l’État.

Le Conseil se félicite que le Secrétaire général ait déclaré, le 29 juillet 2015, qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit en Syrie, et il réaffirme son soutien à une solution politique passant par l’application du Communiqué de Genève.

Le Conseil souligne que des progrès rapides vers une solution politique devraient s’appuyer sur la participation sans réserve de toutes les composantes de la société syrienne, y compris les femmes, et que de tels progrès constituent le seul moyen viable de résoudre pacifiquement la situation en Syrie.

Le Conseil souligne qu’il importe que l’action menée par l’Envoyé spécial bénéficie d’un soutien énergique au niveau international et régional.

Le Conseil se dit profondément alarmé de ce que la crise en Syrie soit devenue aujourd’hui la plus vaste urgence humanitaire du monde, au point de menacer la paix et la sécurité de la région, et qu’au moins 250 000 personnes aient été tuées, dont largement plus de 10 000 enfants, que 12 millions de personnes aient dû fuir leur foyer, dont plus de 4 millions ont cherché refuge dans les pays voisins, et que 12,2 millions de personnes en Syrie aient besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Le Conseil rappelle à ce sujet qu’il a décidé, dans sa résolution 2165 (2014), que toutes les parties syriennes au conflit devaient immédiatement permettre l’acheminement sans entrave et direct de l’aide humanitaire à ses destinataires dans toute la Syrie.

Le Conseil rappelle que toutes les parties doivent respecter les dispositions pertinentes du droit international humanitaire et les principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence.

Le Conseil prie le Secrétaire général de lui rendre compte dans un délai de 90 jours des résultats de la prochaine phase des consultations.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le virus Ebola peut être battu à la fin de l’année, ce qui signifie « parvenir à zéro cas et rester à zéro cas », affirme la Directrice générale de l’OMS

7502e séance – matin
CS/12006

Conseil de sécurité: le virus Ebola peut être battu à la fin de l’année, ce qui signifie « parvenir à zéro cas et rester à zéro cas », affirme la Directrice générale de l’OMS

Si le niveau actuel de la détection et du traçage des contacts se maintient, le virus Ebola pourra être battu à la fin de cette année, ce qui signifie « parvenir à zéro cas et rester à zéro cas », a déclaré aujourd’hui au Conseil de sécurité, la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Les craintes que le virus ne s’installe, de manière permanente, en Afrique de l’Ouest sont désormais écartées et c’est une très bonne nouvelle, a annoncé Mme Margaret Chan, à la réunion convoquée par la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’août et Représentante permanente du Nigéria, sur « l’action mondiale contre l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola de 2013 »*.   

Tirant les enseignements de la lutte contre ce qui a été « une menace à la paix et à la sécurité internationales » comme l’a reconnu la résolution 2177 (2014) du Conseil de sécurité, les 21 intervenants ont salué la réaction de la communauté internationale lorsque l’épidémie s’est déclarée en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour Ebola, M. David Nabarro, a attribué les succès au leadership fort et décisif des gouvernements concernés, des organisations régionales et des dirigeants mondiaux qui ont su faire face au défi d’Ebola « comme jamais auparavant » et prendre une initiative « extraordinaire » en créant la première mission d’urgence sanitaire, la MINUAUCE, dont le mandat, adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2014, s’achève le 31 juillet prochain, passant le relais à l’OMS. 

M. Nabarro a aussi mentionné la Coalition mondiale qui est devenue une plateforme intégrée réunissant États Membres, secteur privé, société civile et milieux universitaire et philanthropique.  L’Envoyé spécial n’a pas oublié la Conférence internationale d’annonces de contributions de juillet dernier qui a pu, par l’action conjuguée de l’ONU, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement mobiliser une somme de 3,4 milliards de dollars pour catalyser les efforts de relèvement des pays touchés.  L’Envoyé spécial a aussi attribué les succès à l’appropriation des actions par les communautés locales et au travail en commun dans une solidarité à long terme.  Il faut aider les pays touchés à appliquer le Règlement sanitaire international, ce qui veut dire des financements prévisibles pour l’amélioration des systèmes de santé publique et pour les risques d’urgence sanitaire, a-t-il insisté.

La Directrice générale de l’OMS a d’ailleurs annoncé que l’Union africaine et les « US Centers for Disease Control and Prevention » devraient créer, cette année, une unité de surveillance et de réaction qui permettra aux États africains de participer pleinement au Règlement sanitaire international.  La France, a indiqué son représentant, a déjà engagé plusieurs projets dont la mise en place d’équipes régionales d’alerte et de riposte aux épidémies en Guinée et des bases d’un réseau d’instituts de santé publique pour la surveillance des risques d’épidémies en Afrique de l’Ouest, lequel sera adossé à un réseau de laboratoires animé par les instituts Pasteur et Mérieux et soutenu par un renforcement de l’hygiène hospitalière au niveau régional.

Le représentant français a jugé que des réflexions plus larges sont nécessaires pour améliorer l’ensemble de la réponse du système international aux crises sanitaires, dans les enceintes multilatérales comme sur le terrain.  Il a annoncé que la France organisera à Paris, le 29 octobre prochain, une réunion de haut niveau de retour d’expérience, avec la participation des nombreux acteurs impliqués dans la réponse en Afrique de l’Ouest, pour tirer toutes les leçons d’Ebola.  « Le courage et l’audace » avec lesquels ont réagi les États d’Afrique ont d’emblée été salués aujourd’hui.  « L’Afrique aide l’Afrique », c’est bien le concept qui s’est matérialisé, s’est enorgueilli le représentant de l’Union africaine, en expliquant la mission humanitaire et militaire que son Organisation a déployée au pic de la crise.

La Directrice générale de l’OMS a tout de même mis en garde contre « un faux sentiment de sécurité ».  Les reculs, comme celui que l’on a vu au Libéria à la fin du mois de juin, ne sont pas à écarter.  Nous verrons sans aucun doute de nouveaux cas d’Ebola dans les années à venir.  Nous ne savons pas où, quand et comment et notre sécurité dépendra de notre capacité d’anticiper toute nouvelle éruption, de réagir rapidement, d’enrayer la propagation et de prévenir les souffrances, a dit en écho l’Envoyé spécial pour Ebola.  L’épidémie peut ressurgir, a renchéri le représentant de la Sierra Leone, après avoir pourtant estimé que « nous pouvons maintenant nous montrer optimistes ».  Les pays africains doivent certes assumer leur responsabilité mais ils doivent aussi pouvoir bénéficier du soutien de la communauté internationale, a-t-il insisté.  Restons vigilants et travaillons à la résilience des pays et de leurs communautés.  

Si le niveau actuel de la détection et du traçage des contacts se maintient, le virus pourra être battu à la fin de cette année, ce qui signifie « parvenir à zéro cas et rester à zéro cas ».  Les craintes que le virus s’installe, de manière permanente, en Afrique de l’Ouest sont désormais écartées et c’est une très bonne nouvelle, s’est réjouie la Directrice générale de l’OMS qui a confirmé que les essais cliniques d’un vaccin en Guinée ont donné des premiers résultats « extrêmement » encourageants.

Ebola nous a appris des leçons, a-t-elle dit, et je suis personnellement les réformes à l’OMS qui visent la création d’une équipe de travail sur les interventions d’urgence, celle d’une plateforme opérationnelle qui peut très vite se mettre en marche, l’établissement de critères de performance qui montrent exactement ce que « vitesse supérieure » veut dire et l’amélioration des moyens de mobilisation des fonds nécessaires, « nous savons tous que la prochaine crise peut provenir d’une menace non encore identifiée », a prévenu le représentant de la Nouvelle-Zélande.   

*S/2015/600

PAIX ET LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE

L’action mondiale contre l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola de 2013

Déclarations

Beaucoup de choses ont changé depuis ma dernière intervention en septembre dernier, a d’emblée déclaré Mme MARGARET CHAN, Directrice qénérale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Les nouveaux cas au Libéria ont été traités.  La Guinée et la Sierra Leone n’ont toutes deux signalé que trois cas durant ces deux dernières semaines, soit les nombres les plus bas depuis plus d’un an.  Par rapport, il y a moins d’un an, c’est le jour et la nuit, s’est réjouie la Directrice générale qui a tout de même tenu à mettre en garde contre un faux sentiment de sécurité.  Un seul cas non détecté peut faire dérailler le train tout comme un seul contact en dehors du système de surveillance ou un seul enterrement non sécurisé peut entraîner la multiplication des cas.  Les reculs, comme celui que l’on a vu au Libéria à la fin du mois de juin, ne sont pas à écarter. 

Les organisations internationales continuent à appuyer les efforts nationaux, a-t-elle poursuivi.  Si le niveau d’intensité actuel dans la détection et le traçage des contacts se maintient, le virus pourra être battu à la fin de cette année, ce qui signifie « parvenir à zéro et rester à zéro ».  Les craintes que le virus s’installe, de manière permanente, dans cette partie de l’Afrique ne sont plus de mises et cela est une très bonne nouvelle, s’est encore réjouie la Directrice générale. 

Mais qu’est-ce qui a permis une telle propagation du virus?  La faiblesse des systèmes de santé publique, a répondu Mme Chan.  Renforcer les arrangements régionaux est un bon point de départ, en particulier quand il s’agit de renforcer la vigilance et les capacités d’alerte précoce.  Des organisations décentralisées comme l’OMS sont de solides plateformes d’appui technique et de renforcement des capacités.  L’Union africaine et les « US Centers for Disease Control and Prevention » travaillent ensemble et cette année, ils vont créer une unité de surveillance et de réaction qui comprendra un centre pour les opérations d’urgence et permettra aux États africains de participer pleinement au Règlement sanitaire international. 

Les États d’Afrique de l’Ouest ont réagi « avec courage et audace » à l’éruption, avec un soutien « magnifique » de toute l’Afrique.  En Guinée, ces États ont effectué le test clinique d’un vaccin dont les premiers résultats sont « extrêmement » encourageants, a affirmé la Directrice générale.  L’OMS continuera les études et mobilisera les fonds pour une distribution rapide une fois que le vaccin aura été approuvé.  L’OMS met d’ailleurs en place une feuille de route pour le développement rapide de nouveaux médicaments en cas d’une nouvelle éruption. 

Le monde a tiré les leçons de l’expérience de l’Ebola.  Je suis personnellement les réformes à l’OMS, a promis la Directrice générale, en parlant de réformes qui comprennent la création d’une équipe de travail sur les interventions d’urgence, celle d’une plateforme opérationnelle qui peut très vite se mettre en marche, l’établissement de critères de performance qui montrent exactement ce que « vitesse supérieure » veut dire et l’amélioration des moyens de mobilisation des fonds nécessaires. 

M. DAVID NABARRO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour Ebola, a mis l’accent sur trois piliers de la réponse à Ebola en citant un leadership fort et décisif, l’appropriation des actions par les communautés, et le travail en commun dans une solidarité à long terme.

S’agissant du leadership, il a salué le fait que les gouvernements, les organisations régionales et les dirigeants mondiaux ont fait face au défi d’Ebola « comme jamais auparavant ».  Les gouvernements concernés ont su créer des mécanismes permettant une implication de tous les acteurs.  Pour leur part, les organisations régionales et sous-régionales ont su dès le départ canaliser l’attention et stimuler l’action.  Illustrant son propos, l’Envoyé spécial a précisé que l’Union africaine a fait front et que le Président a pu ainsi mobiliser le secteur privé qui a réuni une somme de 32 millions de dollars.  Le 20 juillet dernier, les ministres de la santé de l’Union africaine ont adopté le statut du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies, alors que l’Union du fleuve Mano et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont travaillé de concert pour renforcer au niveau transfrontalier les systèmes de prévention.  Au niveau mondial, les dirigeants ont fait preuve d’une initiative extraordinaire en créant la première mission d’urgence sanitaire, la MINUAUCE, dont le mandat a été adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2014.  

L’Envoyé spécial a aussi salué la mise en place d’une Coalition mondiale pour l’action d’urgence face à Ebola qui est devenue une plateforme intégrée réunissant les États membres, le secteur privé, la société civile et les milieux universitaire et philanthropique.  Il a souligné l’importance de la Conférence internationale pour le relèvement après Ebola convoquée par le Secrétaire général en juillet 2015 qui a pu, par l’action conjuguée de l’ONU, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement collecter une somme de 3,4 milliards de dollars laquelle a permis de catalyser les efforts de relèvement aux niveaux régional et national. 

Pour ce qui est de l’appropriation des actions par les communautés locales, le docteur Navarro a indiqué que l’expérience de la lutte contre Ebola a montré, si besoin en était, que ce principe est fondamental pour tout succès.  Enfin, s’agissant de la solidarité à long terme, il est nécessaire, a prévenu l’Envoyé spécial, de maintenir une solidarité technique, opérationnelle et financière.  Les milliers de personnes qui ont survécu à Ebola ont besoin d’un appui durable.  Outre la lutte contre la stigmatisation, les survivants souffrent aussi de maladies bien physiques comme la perte de vision, les douleurs articulaires graves, les céphalées et l’extrême fatigue.  Ces survivants ont besoin de soins de santé spécialisés et d’une aide pour reconstruire leur vie.

Il faut, a insisté l’Envoyé spécial, une implication à long terme de tous les acteurs de la société, des dirigeants communautaires aux sociétés minières si l’on veut que l’épidémie soit contenue.  Il faut aider les pays touchés à appliquer le Règlement sanitaire international, ce qui veut dire des financements prévisibles pour l’amélioration des systèmes de santé publique et pour les risques d’urgence sanitaire. 

Nous verrons sans aucun doute de nouveaux cas d’Ebola dans les années à venir, a prévenu l’Envoyé spécial.  « Nous ne savons pas où, quand et comment » et notre sécurité humaine dépendra de notre capacité d’anticiper toute nouvelle éruption, de réagir rapidement, d’enrayer la propagation et de prévenir les souffrances.  Cela dépend de la capacité de tous les segments de la société de réagir et de s’impliquer, a-t-il ajouté en soulignant l’importance des systèmes de santé solides, de la résilience des communautés et des capacités de surveillance, d’analyse, d’alerte précoce et de réponse rapide.

M. TÉTÉ ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a rappelé qu’après la déclaration de l’OMS, le 8 août 2014, sur l’épidémie en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, l’Union africaine a décidé de créer dès le mois de septembre de la même année, une mission militaire et humanitaire pour garantir le succès et la protection de la MINUAUCE dans les pays touchés, empêcher la propagation de l’épidémie et renforcer les systèmes de santé publique des pays concernés.  La mission africaine prendra fin ce 31 novembre 2015 et l’Union africaine procédera à une évaluation globale pour tirer les enseignements de l’expérience.  En attendant, quelques leçons peuvent déjà être tirées et en premier lieu, la rapidité de la réaction de l’Union africaine qui a grandement contribué à stopper la propagation de l’épidémie.  La mission a aussi su prendre en charge des personnes touchées et des membres de leur famille et de leur communauté notamment sur le plan médical.  La coopération et la coordination entre les différents pays et les parties prenantes ont été cruciales.  La mission a collaboré avec les Nations Unies, l’OMS, des Sociétés de la Croix-Rouge, Cuba, la Chine et des organisations régionales comme la CEDEAO.  La coordination quotidienne mise en place à partir d’Addis-Abeba a joué un rôle essentiel entre la mission et ses partenaires.  M. Téte António n’a pas oublié le partenariat avec le secteur privé africain qui a constitué la source principale de financement de la mission. 

« L’Afrique aide l’Afrique », c’est bien le concept qui s’est matérialisé, s’est enorgueilli l’observateur, en parlant des technologies mobiles pour faire circuler l’information et du logiciel de gestion et de recrutement de bénévoles.  La solidarité africaine, y compris la diaspora, a bien fonctionné s’est encore réjoui M. António, sans oublier de rendre hommage aux 18 États qui ont fourni aide technique, médecins, experts, laborantins et appui psychosocial.  Ebola nous a appris, a-t-il conclu, qu’il faut renforcer les capacités de l’Afrique, dont les capacités de détection des menaces à long et moyen termes.  Il est d’ailleurs revenu sur la création d’une unité africaine de contrôle, de surveillance et de prévention des maladies qui devra être opérationnelle, dans les prochains mois.  Une autre leçon est que la mission africaine a pu être efficace à un coût réduit alors qu’elle a engagé 850 agents au niveau africain et 8 000 bénévoles nationaux.  Cette mission s’est aussi distinguée par sa souplesse car elle a pu être déployée là où c’était indispensable.  L’observateur a jugé important d’établir un lien entre New York et Genève dans les cas d’épidémies de grande ampleur comme Ebola.  L’OMS doit être à même d’établir très rapidement s’il s’agit d’une épidémie qui menace la sécurité internationale. 

M. PER THÖRESSON (Suède) au nom du Président de la Commission de consolidation de la paix, a reconnu que la crise d’Ebola a braqué les projecteurs sur les lacunes dans les efforts internationaux de consolidation de la paix, durant cette dernière décennie, s’agissant du renforcement des capacités institutionnelles, de la réforme de la sécurité, de la réconciliation et de la relance économique.  Il faut donc intensifier les initiatives en la matière mais aussi mettre l’accent sur les approches régionales, en appuyant leurs cadres et leurs capacités.  À cet égard, le représentant a salué le rôle que l’Union du fleuve Mano continue à jouer. 

Il a insisté sur la nécessité de renforcer le lien entre l’État et la société, en améliorant les capacités institutionnelles nationales et locales.  Durant le pic de la crise d’Ebola, le niveau de frustration parmi la population a montré l’importance qu’il y a à appuyer les efforts de reconstruction de telle sorte qu’ils renforcent aussi la cohésion sociale et rétablissent la confiance.  Le représentant a poursuivi sur l’importance des services sociaux de base dans les pays affectés.  La décentralisation des services publics est la clef pour élargir l’autorité de l’État et faire en sorte que les citoyens aient leur mot à dire dans la gouvernance du pays.  Elle contribue aussi à rétablir la confiance entre les citoyens et l’État, sans compter qu’un accès amélioré à la santé dans toutes les parties des pays affectés est la clef pour parvenir à une véritable résilience des communautés.  Cela exigera, s’est expliqué le représentant, le renforcement des capacités pour permettre le fonctionnement des gouvernements locaux dans les régions éloignées et l’amélioration de la gouvernance du secteur de la santé. 

Enfin, le représentant s’est attardé sur la reconstruction après Ebola qui, selon lui, doit être la priorité.  Générer de l’emploi et fournir l’accès à l’éducation sera essentiel.  La diversification de l’économie permettra une croissance plus inclusive et une moindre dépendance vis-à-vis du secteur minier.  Des investissements responsables, un climat des affaires amélioré et l’intégration financière sont les moteurs du développement, a-t-il insisté.  Il faut, a-t-il conclu, mieux investir dans la prévention.  Nous devons passer de la brigade des pompiers à l’équipe de reconstruction d’institutions plus résilientes et de systèmes nationaux plus forts.

M. MOSAKA FALLAH, Directeur de la Community-based Initiative, a indiqué que le chemin parcouru et les succès engrangés depuis 2014 n’auraient pas été possibles sans l’implication des communautés et collectivités locales.  Il est très vite devenu clair qu’il est impossible de faire face à des épidémies comme Ebola sans une implication des acteurs locaux.  Il est donc indispensable de renforcer leur résilience.

M. SERGEY KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a prévenu que les survivants au virus Ebola ont plus que jamais besoin de la communauté internationale pour éviter la répétition de ces événements.  « Un rôle décisif reviendra à l’expertise et à la coordination de l’OMS », a estimé le représentant.  Il a affirmé que son pays continue de participer aux efforts internationaux en matière de prévention et d’appui aux capacités nationales des pays concernés.  Il a mentionné un soutien total de 60 millions de dollars aux différents mécanismes et organismes de l’ONU impliqués dans la lutte contre Ebola.  Sur le terrain, la Fédération de Russie a déployé un laboratoire mobile et un hôpital de campagne de 200 lits.  Le secteur privé russe n’a pas été en reste et la Fédération de Russie travaille activement à l’élaboration d’un vaccin contre Ebola.  

Réagissant au témoignage du représentant de Community-Based Initiative, Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a dit qu’alors que d’autres ont fui, ce dernier est resté dans les barricades pour aider les gens et leurs communautés.  La représentante a ensuite proposé des pistes pour parvenir à « zéro cas d’Ebola ».  Il faut d’abord travailler sans relâche, en respectant les procédures certes lourdes mais essentielles pour la lutte et la prévention de l’épidémie.  Ces procédures servent aussi à évaluer les progrès et contribuent à la capacité de réaction rapide.  La représentante a ensuite reconnu qu’il faut renforcer les systèmes de santé de base dans les pays touchés, dans les pays qui ont des systèmes similaires et dans les pays vulnérables.  Nous devons comprendre comment les systèmes actuels ont permis la propagation de l’épidémie.  Elle a invité les rédacteurs des rapports de l’OMS qui seront publiés dans les mois à venir, à formuler des mesures pratiques car les réformes sont nécessaires.  Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour réagir?  Qu’est-ce qui a paralysé l’action?  Sans les réponses à ces questions, a prévenu la représentante, comment réagir efficacement à de nouvelles épidémies?  Arriver « à zéro cas d’Ebola », c’est apprendre de nos erreurs passées.  Plus vite nous agirons, plus vite nous sauverons des vies, a-t-elle insisté.

M. BANTÉ MANGARAL (Tchad) a rappelé que ce ne sont pas uniquement la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone qui ont été touchés par l’épidémie d’Ebola mais d’autres pays comme le Nigéria et ou même en dehors de l’Afrique.  C’est cette situation, a-t-il aussi rappelé, qui a conduit le Conseil de sécurité à adopter sa première résolution sur la santé, laquelle a montré que l’épidémie d’Ebola constituait bien une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a souligné l’importance de l’appel du Secrétaire général et de l’Union africaine à combattre l’isolement des pays touchés, y compris les appels à lutter contre le boycott de ces pays.  Il s’est réjoui que l’épidémie d’Ebola ait permis de voir la solidarité internationale en action et la coopération avec les organisations régionales comme l’Union africaine et l’Union du fleuve Mano.  Mais la priorité de notre action aujourd’hui doit aller aux enfants, aux femmes et aux catégories vulnérables, a suggéré le représentant qui a dit que pour cela, il faut doter les pays concernés de moyens de prévention et de détection efficaces ainsi que de systèmes d’alerte précoce.

M. ALEXIS LAMEK (France) a exhorté la communauté internationale à rester mobilisée pour vaincre le virus et à maintenir une surveillance épidémiologique renforcée et une capacité de réaction au-delà de l’objectif « zéro Ebola ».  La France s’est pleinement engagée aux côtés des pays touchés, en particulier en appui à l’action des autorités guinéennes, en mobilisant plus de 220 millions d’euros.  Le représentant a parlé de l’appui en Guinée qui a pris la forme d’une formation et de la protection des acteurs engagés, de la prise en charge médicale, grâce à la mise en place de quatre centres de traitement, de la création d’un centre de traitement des soignants et du financement de quatre laboratoires.

Outre ces efforts pour vaincre l’épidémie, le représentant a dit la nécessité de porter l’attention sur le relèvement des pays touchés.  La France participe activement à ces efforts de redressement, pour lesquels elle a mobilisé plus de 150 millions d’euros supplémentaires, a-t-il dit.  Comme la crise d’Ebola a mis en évidence la fragilité des systèmes de santé des pays touchés, M. Lamek a estimé que le relèvement doit mettre l’accent sur ces systèmes, dans une perspective régionale.  La France a déjà engagé plusieurs projets, avec ses partenaires africains et internationaux, dont la mise en place d’équipes régionales d’alerte et de riposte aux épidémies en Guinée, -Projet PREPARE-.  Nous posons aussi les bases d’un réseau d’instituts de santé publique pour la surveillance des risques d’épidémies en Afrique de l’Ouest, -Projet RIPOST-, a-t-il précisé en ajoutant que ce dispositif sera adossé à un réseau de laboratoires animé par les instituts Pasteur et Mérieux -Projet LABNET- et soutenu par un renforcement de l’hygiène hospitalière au niveau régional -Projet TWIN 2H-.

Le représentant a jugé que des réflexions plus larges sont nécessaires pour améliorer l’ensemble de la réponse du système international aux crises sanitaires, dans les enceintes multilatérales comme sur le terrain.  L’épidémie d’Ebola nous rappelle à quel point nous avons besoin de dispositifs robustes d’alerte et de réponse, et en particulier du Règlement sanitaire international de l’OMS.  Il a annoncé que la France organisera à Paris, le 29 octobre prochain, une réunion de haut niveau de retour d’expérience, avec la participation des nombreux acteurs impliqués dans la réponse en Afrique de l’Ouest, pour tirer toutes les leçons d’Ebola.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a souligné l’importance de la résolution 2177 du Conseil de sécurité qui a reconnu que l’épidémie d’Ebola était une menace à la paix et la sécurité internationales et souligné la nécessité de renforcer l’assistance internationale à la Sierra Leone, à la Guinée et au Libéria.  Cette résolution appelle à aider les pays touchés à renforcer la prévention et l’action d’urgence.  Le représentant a salué le rôle « central » du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et l’adoption par les ministres africains de la santé du statut du Centre africain de prévention des maladies.  Si Ebola n’est pas la seule menace à la paix et à la sécurité, il est important de tenir compte des enseignements tirés de cette expérience pour mieux se préparer à l’avenir, a-t-il conclu.   

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a dit que la récente crise d’Ebola nous permet de tirer des conclusions importantes dont la nécessité de garantir un système de coordination aux niveaux national, régional et international pour affronter rapidement les fléaux qui provoquent des crises sanitaires avec un impact potentiel sur la paix et la sécurité internationales.  La résolution 2177 du Conseil de sécurité recouvrait déjà cette idée, a dit le représentant qui a jugé important de pouvoir compter sur un processus de relèvement après la crise et qui a salué, ce faisant, le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), de l’OMS et d’autres organismes, en particulier pour leur travail dans le renforcement des capacités nationales.  Si Ebola a permis d’unir le monde, nos investissements risquent d’être réduits à néant si nous ne terminons pas le travail, a prévenu le représentant.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) s’est réjouie que l’on ait atteint les objectifs fixés à la MINUAUCE.  Nous devons, a-t-elle préconisé, nous fonder sur ces avancées pour terminer le travail, notamment contre de nouvelles résurgences en Guinée et en Sierra Leone.  Ces pays continuent de souffrir de l’épidémie malgré les progrès réalisés, a rappelé la représentante qui a reconnu que ce sont les systèmes de santé publique qui ont été les premiers obstacles à la lutte contre l’épidémie.  Dès lors, ils devraient être renforcés avec l’aide des partenaires internationaux.  Il faudra en outre créer des systèmes de surveillance et de détection rapide.  La communauté internationale ne doit pas ignorer les conséquences de l’épidémie sur les trois pays touchés qui ont toujours besoin d’une assistance.  Elle doit participer aux stratégies de relèvement qu’ils ont élaborées.

L’épidémie d’Ebola a gravement nui à l’économie des trois pays, a insisté, à son tour, M. LIU JIEYI (Chine).  La communauté internationale doit accélérer les efforts contre la pauvreté et pour le développement pour empêcher la résurgence de l’épidémie dont la principale cause est la pauvreté, a-t-il insisté, en mettant l’accent sur la création d’emplois, l’amélioration des moyens de subsistance, la bonne gouvernance et la mise en place de systèmes de santé efficaces dont les mécanismes de réaction aux crises, la prise en charge des maladies et la formation du personnel médical.  Il faut créer des synergies entre les parties prenantes et renforcer la coopération internationale.  Dans cette coopération doivent prendre part le Conseil de sécurité, l’OMS, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). 

Le représentant a rappelé que la Chine a octroyé 100 millions de dollars aux trois pays touchés et déployé 12 000 experts en maladies infectieuses.  En juillet dernier, les experts chinois ont procédé au test de 5 000 échantillons et ont traité 800 patients.  Il a évoqué la visite du Ministre des affaires étrangères de la Chine dans ces pays dont l’objectif visait le développement.  La Chine envisage de nouvelles mesures d’assistance dont 5 millions de dollars supplémentaires pour le processus de relèvement des pays touchés, a conclu le représentant.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a particulièrement salué la contribution significative de l’Union africaine à la lutte contre Ebola, laquelle a dépêché 800 bénévoles, dont 400 Nigérians.  Il a rappelé que le « US Centers for Disease Control and Prevention » avait prévenu en 2014 que nous risquions de connaître un million de cas d’ici à la fin 2015.  « Aujourd’hui, alors que nous avons limité le nombre de cas totaux à 27 000 et maitrisé l’épidémie, nous devons tirer les leçons de ce succès », a-t-il dit.  Si 11 000 personnes sont malheureusement décédées, ce nombre aurait été bien plus élevé sans l’engagement exceptionnel des différents acteurs, a-t-il dit.  Il a indiqué que le Royaume-Uni a fourni 600 millions de dollars et déployé 1 300 agents civils et militaires.  Pour atteindre l’objectif « zéro cas », il a estimé que la communauté internationale doit prendre des mesures efficaces de relèvement post-Ebola, dont le renforcement des capacités de prévention et de réaction.  « Nous devons établir des liens entre les secteurs humanitaire et sanitaire pour gagner en efficacité », a-t-il encore ajouté avant de mettre l’accent sur l’importance d’une approche multilatérale.   

M. FRANCISCO JAVIER GASSO MATOSES (Espagne) a estimé que la crise et ses leçons devaient être l’occasion de renforcer la capacité de prévention et de riposte de la communauté internationale.  Il a particulièrement salué l’importance des initiatives de coopération régionale émanant de l’Union du fleuve Mano et de la CEDEAO.  Il a dit l’importance du travail de relèvement initié avec la Conférence de haut niveau du Secrétaire général en faveur des trois pays affectés.  Il a estimé que nous étions à « un moment d’espoir prudent ».  Si Ebola ne fait plus la une des journaux, nous n’avons pas encore atteint l’objectif « zéro cas », a prévenu le représentant avant de souligner la nécessité de progresser dans les efforts de recherche, de développement de capacités de réaction rapide, d’assistance au relèvement et d’amélioration des systèmes sanitaires des pays touchés.  Il a souhaité que cette expérience nous encourage à examiner la façon de pouvoir intégrer davantage aux activités de consolidation de la paix les leçons tirées de la gestion de la crise Ebola. 

Il n’y a tout simplement pas lieu de se jeter des lauriers lorsqu’on fait face à des épidémies de ce type, a prévenu Mme DOVYDAS ŠPOKAUSKAS (Lituanie).  Maintenant que nous envisageons des stratégies post-Ebola, nous devons garder à l’esprit les leçons apprises.  L’épidémie, a-t-elle estimé, a une nouvelle fois prouvé que la prévention et la réaction rapide sont les clefs pour faire en sorte que les futures crises soient moins dévastatrices et moins coûteuses.  L’épidémie a en effet démontré combien sont importants les premiers efforts des gouvernements et combien est vital le rôle des communautés de base.  L’implication à temps des organisations régionales et sous-régionales a été essentielle.  Le système des Nations Unies a prouvé sa capacité à mobiliser et à assurer une contribution immédiate, effective et coordonnée.  L’engagement du Conseil de sécurité a aussi contribué à concentrer l’attention de la communauté internationale sur la menace à la paix et à la sécurité internationales posée par Ebola.  La Conférence d’annonces de contributions de juillet dernier a aussi montré la capacité de la communauté internationale à garder son attention sur les pays les plus touchés et leurs besoins s’agissant du relèvement.  La confirmation par l’OMS que le vaccin développé est extrêmement efficace nous donne l’espoir qu’avec la mobilisation, les mécanismes de prévention et les ressources nécessaires, une épidémie de cette ampleur ne se reproduira plus jamais, s’est réjouie la représentante. 

L’épidémie, a-t-elle rappelé, a interrompu les efforts de consolidation de la paix des pays touchés.  Elle a affecté très durement les femmes et les enfants, produisant quelque 30 000 orphelins.  Les stratégies post-Ebola doivent donc inclure des mesures de protection en faveur de ces enfants.  Renforcer la résilience des pays touchés veut dire que tous les groupes vulnérables doivent avoir leur mot à dire s’agissant de leur avenir.  Cela ne peut être fait que par le renforcement des institutions, la promotion de l’état de droit, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme, y compris le dialogue entre toutes les parties prenantes et l’engagement de la société civile.  Le système des Nations Unies et la communauté internationale doivent rester vigilants et appuyer le relèvement à long terme des pays touchés, maintenant qu’Ebola ne fait plus la « une » des journaux.  Nous devons faire en sorte que les leçons douloureuses de l’épidémie ne soient pas perdues, en améliorant notre état de préparation et nos réponses aux futures situations d’urgence sanitaire, a conclu la représentante.  

Mme MARÍA GABRIELA CHÁVEZ COLMENARES (Venezuela) a déclaré que ce dossier relève des prérogatives de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC), compte tenu des conséquences socioéconomiques de l’épidémie sur les pays touchés qui ont besoin de l’aide internationale pour se relever.  Elle a salué la coopération internationale dans la lutte contre l’épidémie, notamment l’envoi de 450 médecins cubains dans les pays touchés.  Elle a souligné le rôle fondamental que ces pays doivent jouer dans l’élaboration des stratégies de relèvement, notamment dans l’identification des causes de la crise.  Pour la représentante, c’est le système capitaliste qui a provoqué l’appauvrissement des pays du Sud, à l’origine de l’épidémie.  Les pays touchés ont besoin de l’aide internationale pour lutter contre la pauvreté.  Ils doivent être dotés de systèmes efficaces d’alerte rapide et avoir accès aux vaccins et aux traitements à des prix abordables.

L’épidémie d’Ebola est l’occasion de réfléchir à la situation postconflit et à leur résilience, a estimé, à son tour, M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie).  Il a appelé à la concrétisation des aides promises à la Conférence internationale de juillet 2015.  Au niveau national, le représentant a mis en avant l’importance de l’intégration sociale et de la bonne gouvernance pour rendre plus efficace la lutte contre l’épidémie et surtout le relèvement.  Ces pays doivent pouvoir sortir de la crise plus résilients et plus forts, a-t-il dit, en rappelant que la Malaisie avait débloqué en son temps la somme 100 000 dollars. 

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a estimé, à son tour, que le Conseil de sécurité ne devrait pas rater l’occasion d’apprendre des succès et des échecs de la MINUAUCE.  D’abord, il faut tout faire pour assurer des réactions rapides et ciblées aux prochaines crises.  Les réponses internationales doivent être coordonnées entre les régions et la vitesse avec laquelle le Fonds d’affection spéciale des Nations Unies a mobilisé les ressources doit servir de critère pour la création des futurs fonds d’urgence.  Il faut ensuite admettre que la crainte d’une épidémie ne devrait en aucun cas conduire les États à imposer des restrictions inutiles et finalement contreproductives à la libre circulation.  Dans un continent aussi grand que l’Afrique et ses plus de 50 pays, des approches plus nuancées doivent être privilégiées.  L’épidémie nous a aussi appris que le fardeau logistique d’une vaste réponse internationale, en un court laps de temps, peut drainer l’énergie des systèmes locaux.  Une coordination entre les pays est donc vitale et la valeur d’une réponse coordonnée par un seul donateur a été prouvée. 

Enfin, le représentant a prévenu que les progrès dans le développement des vaccins sont certes encourageants mais nous savons tous que la prochaine crise peut provenir d’une menace non encore identifiée.  Dans la région du Pacifique, le travail de préparation mené dans le contexte d’Ebola pour répondre aux maladies infectieuses aura des efforts durables sur la capacité de combattre des menaces sanitaires émergentes, a affirmé le représentant.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que l’épidémie d’Ebola a permis de mettre à jour les lacunes des systèmes de santé des pays touchés.  Dans ce contexte, elle a salué l’engagement, la solidarité et la détermination des organisations internationales et régionales, des États membres ainsi que des acteurs de la société civile et du secteur privé.  « Si le monde s’est félicité le 29 mai 2015 de ce que le Libéria se soit débarrassé du virus Ebola, l’apparition de nouveaux cas en Sierra Leone nous rappelle que nous devons tous rester vigilants, a dit la représentante.  Elle a expliqué que le Nigéria a entamé une campagne de sensibilisation sur la maladie pour éviter les rumeurs et les mouvements de panique injustifiés.  Au niveau international, la représentante a dit ne pas douter que la résolution 2177 a constitué un jalon, en poussant la communauté internationale à agir de façon coordonnée. 

Ce qu’il nous faut aujourd’hui, ce sont des mécanismes de réaction rapide s’appuyant sur des systèmes de santé renforcés.  Elle a salué les résultats de la Conférence internationale de juillet dernier et souligné que les pays africains doivent être les premiers à pouvoir réagir face aux futures épidémies.  Il faut donc les ressources humaines dont un personnel médical bien formé.  La représentante a aussi reconnu l’efficacité des approches régionales et espéré que les essais cliniques en cours se traduiront vite par la mise en circulation d’un vaccin.   

Nous pouvons maintenant nous montrer optimistes, a conclu M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) en voulant tout de même que l’on tire les leçons de la crise.  Si les pays africains doivent assumer la responsabilité de la réponse, ils doivent aussi pouvoir bénéficier du soutien de la communauté internationale.  Cette crise nous a fait prendre conscience de la nécessité de renforcer notre système de santé », a admis le représentant.  Il a appelé à des efforts scientifiques et diplomatiques nationaux et internationaux, sans chevauchement des compétences.  Ebola peut ressurgir n’importe où et n’importe quand, a-t-il prévenu.  Il s’est dit convaincu que toute la communauté internationale aurait été menacée par Ebola si les pays concernés n’étaient pas parvenus à coordonner leurs efforts au niveau sous-régional.  Restons vigilants et travaillons à la résilience, a-t-il conclu.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité crée un mécanisme d’enquête pour identifier et poursuivre ceux « qui ont perpétré, organisé ou commandité l’utilisation comme armes de produits chimiques » en Syrie

Conseil de sécurité,
7501e séance – matin
CS/12001

Le Conseil de sécurité crée un mécanisme d’enquête pour identifier et poursuivre ceux « qui ont perpétré, organisé ou commandité l’utilisation comme armes de produits chimiques » en Syrie

Le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui par un consensus, salué par ses 15 membres, la résolution 2235 (2015) sur la création d’un Mécanisme d’enquête conjoint entre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et l’ONU chargé d’identifier les personnes, entités, groupes ou gouvernements qui ont perpétré, organisé ou commandité l’utilisation comme armes, en République arabe syrienne, de produits chimiques, y compris le chlore ou d’autres produits toxiques. 

Dans un délai de 20 jours, le Secrétaire général est prié de soumettre au Conseil de sécurité des recommandations concernant la création et le fonctionnement du Mécanisme créé pour une période d’un an, avec possibilité de prorogation.  Le Mécanisme devrait présenter son premier rapport dans les 90 jours après le lancement de ses activités.  Il est prié de conserver tous éléments de preuve se rapportant à des cas d’utilisation éventuelle d’armes chimiques en République arabe syrienne autres que celles de la Mission d’établissement des faits de l’OIAC et de présenter ces éléments de preuve à cette dernière et au Secrétaire général dès que possible.

Cette résolution est nécessaire parce que malgré les efforts pour mettre fin à l’utilisation des armes chimiques en Syrie, les attaques ont continué, s’est expliquée la représentante des États-Unis, auteur du texte.  Jusqu’à aujourd’hui, a-t-elle fait observer, il n’y avait aucun mécanisme pour entamer l’étape « évidente » qui consiste à déterminer qui est impliqué dans ces attaques.  La faculté d’accuser a son importance, a insisté la représentante, car comment imaginer que l’on demande à une équipe d’enquête –la Mission d’établissement des faits de l’OIAC- de déterminer si oui ou non des atrocités ont été commises sans lui demander de déterminer qui est impliqué. 

Évidemment, a-t-elle reconnu, nous savons tous que nous n’avons pas de mécanisme efficace pour tenir les auteurs pénalement responsables de leurs actes et quand ce jour viendra, « car il viendra », les preuves réunies par le Mécanisme d’enquête feront partie du dossier pas seulement sur ce qui a été fait mais sur qui a fait quoi.  La représentante s’est réjouie que la résolution ait été adoptée avec l’appui « unanime » du Conseil.  C’est un message « clair et puissant » à ceux qui sont impliqués dans les attaques chimiques en Syrie.  « Nous devons faire preuve de la même unité pour trouver de toute urgence une solution politique à la crise syrienne », a-t-elle conclu.

La résolution, a renchéri le représentant de la France, permet de retrouver l’unité du Conseil de sécurité sur la Syrie, alors que le conflit syrien, « le pire depuis ce début du XXIe siècle », dure depuis plus de 4 ans, causant la mort de plus de 230 000 personnes, dont une majorité de civils.  Le Conseil ne pouvait s’enfermer dans le silence alors qu’en dépit de deux résolutions les condamnant, des attaques chimiques d’une cruauté sans nom se sont poursuivies en Syrie en 2014 et 2015, « de manière répétée ». 

Les États devraient éviter les déclarations politiques à des fins de propagande, a conseillé le représentant de la Fédération de Russie qui a rappelé que la résolution 2118 (2013) sur la destruction des armes chimiques syriennes, adoptée à l’initiative de son pays et des États-Unis, avait déjà été l’un des principaux succès du Conseil de sécurité.  Le représentant russe s’est dit convaincu aujourd’hui que le Gouvernement syrien saura apporter l’aide nécessaire au Mécanisme d’enquête conjoint et a émis l’espoir que l’opposition en fasse de même. 

Sans la coopération « constructive » de la Syrie, l’OIAC n’aurait jamais connu le succès qu’il a connu avec sa Mission d’établissement des faits, a fait remarquer le représentant syrien pour prouver la bonne foi de son pays.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, n’utilisera jamais d’armes chimiques, contrairement à Daech et el-Nosra qui le font dans de nombreuses parties de la Syrie. Neutralité, transparence, intégrité et coopération totale avec le Gouvernement syrien, tels doivent être les principes directeurs du Mécanisme d’enquête, a insisté le représentant, en demandant que l’on évite de reproduire les erreurs du passé avec des enquêtes fondées sur des faux témoignages ou menées en dehors de la Syrie. 

Le Conseil de sécurité et le Mécanisme d’enquête doivent travailler en coordination avec le Gouvernement syrien pour garantir le meilleur établissement possible des responsabilités, a conclu le représentant qui n’a pas résisté à la tentation de rappeler qu’il y a exactement 70 ans, les États-Unis utilisaient l’arme nucléaire contre les populations d’Hiroshima et de Nagasaki et qu’en 2003, en tant que membre du Conseil de sécurité, la Syrie avait présenté un projet de résolution sur l’interdiction des armes de destruction massive au Moyen-Orient lequel s’est heurté à l’opposition d’un membre permanent qui souhaitait préserver les stocks d’un certain pays. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Lettre datée du 25 février 2015, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2015/138)

Texte du projet de résolution S/2015/602

Le Conseil de sécurité,

Rappelant le Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CIAC) et ses résolutions 1540 (2004), 2118 (2013) et 2209 (2015),

Rappelant que la République arabe syrienne a adhéré à la CIAC, faisant observer que l’utilisation comme arme chimique en République arabe syrienne de tout produit chimique toxique, tel que le chlore, constitue une violation de la résolution 2118 (2013), et faisant observer également que toute utilisation de tels produits constituerait une violation de la CIAC,

Condamnant avec la plus grande fermeté toute utilisation comme arme, en République arabe syrienne, de quelque produit chimique toxique que ce soit et notant avec une profonde indignation que des civils continuent d’être tués ou blessés par des produits chimiques toxiques utilisés comme arme dans le pays,

Réaffirmant que l’emploi d’armes chimiques constitue une violation grave du droit international et souligne à nouveau que ceux qui y ont recouru de quelque manière que ce soit doivent répondre de leurs actes,

Rappelant qu’il a prié le Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et le Secrétaire général de lui faire rapport de manière coordonnée sur les cas de non-respect des dispositions de la résolution 2118 (2013),

Prenant note de la lettre datée du 25 février 2015 que le Secrétaire général a adressée au Président du Conseil de sécurité (S/2015/138) pour lui transmettre le texte de la note du Directeur général de l’OIAC, concernant la décision datée du 4 février 2015 dans laquelle le Conseil exécutif de l’OIAC exprimait sa vive préoccupation face aux conclusions de la Mission d’établissement des faits, préparées avec un degré de certitude élevé, que du chlore avait été utilisé à plusieurs reprises et de façon systématique en tant qu’arme en République arabe syrienne,

Notant que des produits chimiques toxiques auraient été utilisés en tant qu’armes après l’adoption le 6 mars de la résolution 2209 (2015),

Conscient que la Mission d’établissement des faits de l’OIAC n’est pas habilitée à tirer des conclusions concernant la question de savoir à qui imputer la responsabilité de l’emploi d’armes chimiques,

Rappelant que, dans sa résolution 2118 (2013), il a décidé que la République arabe syrienne et toutes les parties syriennes devaient apporter leur pleine coopération à l’OIAC et à l’Organisation des Nations Unies,

1.    Condamne à nouveau avec la plus grande fermeté toute utilisation comme arme, en République arabe syrienne, de quelque produit chimique toxique que ce soit, y compris le chlore;

2.    Rappelle qu’il a décidé que la République arabe syrienne devait s’abstenir d’employer, de mettre au point, de fabriquer, d’acquérir d’aucune manière, de stocker et de détenir des armes chimiques ou d’en transférer, directement ou indirectement, à d’autres États ou à des acteurs non étatiques;

3.    Réaffirme qu’aucune des parties syriennes ne doit employer, mettre au point, fabriquer, acquérir, stocker, détenir ou transférer des armes chimiques;

4.    Se dit résolu à identifier les auteurs de ces actes, réaffirme que les personnes, entités, groupes ou gouvernements responsables de l’utilisation comme arme de produits chimiques, y compris le chlore ou tout autre produit chimique toxique, doivent répondre de leurs actes et engage toutes les parties en République arabe syrienne à apporter leur pleine coopération à cet égard;

5.    Prie le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, en coordination avec le Directeur général de l’OIAC, de lui soumettre, pour autorisation, 20 jours après l’adoption de la présente résolution, des recommandations concernant la création et le fonctionnement d’un mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, y compris des éléments du mandat de celui-ci, mécanisme qui serait chargé d’identifier dans toute la mesure possible les personnes, entités, groupes ou gouvernements qui ont perpétré, organisé ou commandité l’utilisation comme armes, en République arabe syrienne, de produits chimiques, y compris le chlore ou tout autre produit chimique toxique, ou qui y ont participé d’une manière ou d’une autre, dans les cas où la Mission d’établissement des faits de l’OIAC détermine ou a déterminé que des produits chimiques, y compris le chlore ou tout autre produit chimique toxique, ont été utilisés ou ont probablement été utilisés comme arme en République arabe syrienne, et exprime son intention de donner suite aux recommandations, y compris celles portant sur les éléments du mandat, dans les cinq jours qui suivent leur réception;

6.    Prie également le Secrétaire général, en coordination avec le Directeur général de l’OIAC, de prendre sans tarder les dispositions et mesures nécessaires, une fois autorisée la création du Mécanisme d’enquête conjoint, pour que le Mécanisme soit constitué et devienne pleinement opérationnel le plus tôt possible, y compris pour ce qui est du recrutement d’un personnel impartial et expérimenté justifiant des compétences et connaissances spécialisées voulues, conformément au mandat qui aura été arrêté, et note que l’importance d’un recrutement effectué sur une base géographique aussi large que possible doit être dûment prise en considération;

7.    Rappelle que, dans sa résolution 2118 (2013), il a décidé que la République arabe syrienne et toutes les parties en Syrie coopéreront pleinement avec l’OIAC et l’Organisation des Nations Unies et souligne qu’elles sont ainsi notamment tenues de coopérer avec le Directeur général de l’OIAC et sa Mission d’établissement des faits, le Secrétaire général et le Mécanisme d’enquête conjoint, que cette coopération consiste notamment à accorder un accès illimité à tous les lieux, individus et matériels de la République arabe syrienne que le Mécanisme d’enquête conjoint juge utiles à l’enquête et lorsque celui-ci estime, après évaluation des faits et des circonstances dont il a connaissance à l’époque, qu’il existe des motifs raisonnables de croire que l’accès est justifié, y compris dans les zones situées à l’intérieur du territoire syrien mais hors du contrôle de la République arabe syrienne, et que cette coopération s’étend également à l’aptitude du Mécanisme d’enquête conjoint d’examiner des informations et éléments de preuve supplémentaires qui n’ont pas été recueillis ou établis par la Mission d’établissement des faits, mais qui ont un lien avec le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint énoncé au paragraphe 5;

8.    Demande à tous les autres États de coopérer sans réserve avec le Mécanisme d’enquête conjoint, et en particulier de fournir à celui-ci et à la Mission d’établissement des faits de l’OIAC toutes informations pertinentes dont ils pourraient disposer au sujet de personnes, d’entités, de groupes ou de gouvernements qui ont perpétré, organisé ou commandité l’utilisation comme arme de substances chimiques, y compris le chlore ou tout autre produit chimique toxique, en République arabe syrienne, ou qui y ont participé d’une manière ou d’une autre;

9.    Prie la Mission d’établissement des faits de collaborer avec le Mécanisme d’enquête conjoint dès le début des travaux du Mécanisme afin de lui assurer un accès total à l’ensemble des informations et des preuves qu’elle a recueillies ou établies, y compris, mais non exclusivement, les dossiers médicaux, les enregistrements et transcriptions d’entretiens et les documents, et prie le Mécanisme d’enquête conjoint, en ce qui concerne les allégations qui font l’objet d’enquêtes menées par la Mission d’établissement des faits, de travailler en coordination avec celle-ci dans l’exécution de son mandat;

10.   Prie le Secrétaire général, en coordination avec le Directeur général de l’OIAC, de lui présenter un rapport sur les progrès réalisés et d’en informer le Conseil exécutif de l’OIAC, à compter de la date à laquelle le Mécanisme d’enquête conjoint commencera pleinement ses activités et tous les 30 jours par la suite;

11.   Prie le Mécanisme d’enquête conjoint d’établir son premier rapport dans les 90 jours suivant la date à laquelle il a commencé pleinement ses activités, telle que notifiée par le Secrétaire général, et d’établir d’autres rapports s’il y a lieu par la suite, de lui présenter le ou les rapports et d’en informer le Conseil exécutif de l’OIAC;

12.   Prie également le Mécanisme d’enquête conjoint de conserver tous éléments de preuve se rapportant à des cas d’utilisation éventuelle d’armes chimiques en République arabe syrienne autres que ceux dans lesquels la Mission d’établissement des faits détermine ou a déterminé que, lors d’un incident particulier survenu en République arabe syrienne, des produits chimiques, y compris le chlore ou tout autre produit chimique toxique, ont effectivement ou probablement été utilisés comme arme, et de présenter ces éléments de preuve à la Mission par l’intermédiaire du Directeur général de l’OIAC et au Secrétaire général dès que possible;

13.   Affirme que les mesures qu’il a prises au titre du paragraphe 5 sont suffisantes pour permettre la création du Mécanisme d’enquête conjoint;

14.   Décide de créer le Mécanisme d’enquête conjoint pour une période d’un an, avec possibilité de prorogation à l’avenir s’il le juge nécessaire;

15.   Réaffirme la décision qu’il a prise d’imposer des mesures en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies en réponse à des violations de la résolution 2118;

16.   Décide de demeurer activement saisi de la question.

Déclarations

La résolution adoptée aujourd’hui est nécessaire parce que, s’est justifiée Mme SAMANTHA POWER (États-Unis), malgré les efforts pour mettre fin à l’utilisation des armes chimiques en Syrie, les attaques ont continué.  Nous le savons, a-t-elle dit, non seulement par les témoignages des survivants et du personnel médical ou par les images de ceux qui souffrent de l’effet des attaques mais surtout par l’OIAC qui, après une enquête « approfondie et impartiale », a fini par conclure à l’utilisation des armes chimiques.   La représentante s’est attardée sur le témoignage d’un enquêteur, « pour ne pas que l’on oublie combien sont épouvantables les effets des armes chimiques ».   

Jusqu’à aujourd’hui, a-t-elle fait observer, il n’y avait aucun mécanisme pour entamer l’étape « évidente » qui consiste à déterminer qui est impliqué dans ces attaques.  Même quand il y avait des signes tout aussi évidents pointant vers les parties responsables, les enquêteurs n’étaient pas habilités à les pointer du doigt, ce qui participait d’un sentiment déjà généralisé d’impunité en Syrie.  La faculté d’accuser a son importance, a insisté la représentante, car comment imaginer que l’on demande à une équipe d’enquête de déterminer si oui ou non des atrocités ont été commises sans lui demander de déterminer qui est impliqué.  L’identification lie les auteurs aux crimes et ce lien est essentiel pour l’établissement des responsabilités et la prévention d’autres abus.  C’est ce que le Mécanisme d’enquête conjoint fera. 

Évidemment, a-t-elle reconnu, nous savons tous que nous n’avons pas de mécanisme efficace pour tenir les auteurs pénalement responsables de leurs actes et quand ce jour viendra, « car il viendra », les preuves réunies par le Mécanisme d’enquête feront partie du dossier non seulement sur ce qui a été fait mais aussi sur qui a fait quoi.  La représentante a conseillé à ceux qui croient que l’impunité perdurera à regarder tous les criminels qui aujourd’hui sont forcés de répondre des actes qu’ils ont commis, il y a des années voire des décennies.  « Regardez ceux qui ont été condamnés pour les crimes de génocide et les crimes de guerre dans les Balkans et ceux qui sont poursuivis aujourd’hui à La Haye.  Regardez Hissène Habré qui est jugé aujourd’hui pour des atrocités commises au Tchad, il y a trois décennies. » 

La résolution d’aujourd’hui a été adoptée avec l’appui « unanime » du Conseil, a poursuivi la représentante.  C’est un message « clair et puissant » à ceux qui sont impliqués dans les attaques chimiques en Syrie.  « Le Mécanisme d’enquête vous identifiera si vous gazez les gens. »  Il faut le répéter: nous devons faire faire preuve de la même unité pour trouver de toute urgence une solution politique à la crise syrienne, a conclu la représentante.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné que l’adoption de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité concernant la destruction des armes chimiques syriennes, adoptée à l’initiative de la Fédération de Russie et des États-Unis, a été l’un des principaux succès du Conseil de sécurité.  L’enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) avait en effet permis de constater l’utilisation d’armes chimiques dans un certain nombre de localités au printemps 2015.  Le représentant a jugé « intolérable et contraire au droit international » le recours à ces armes chimiques et donc estimé indispensable d’identifier les auteurs de ces actes, tout en exhortant les États à éviter les déclarations politiques à effet de propagande.  La mise en place d’un Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU constituera un obstacle crédible pour ceux qui veulent employer des armes chimiques, a estimé le représentant, en espérant que ledit Mécanisme pourra fonctionner de manière efficace et transparente.  Il s’est dit convaincu que le Gouvernement syrien saura apporter l’aide nécessaire et a émis l’espoir que l’opposition en fasse de même. 

La position de mon pays est « claire et constante », a déclaré M. LIU JIEYI (Chine).  La Chine s’oppose au recours et à l’utilisation d’armes chimiques non seulement en Syrie mais partout ailleurs dans le monde et quels qu’en soient les utilisateurs.  Le représentant a demandé une enquête « juste et professionnelle » sur les attaques chimiques en Syrie, en prévenant de l’importance qu’il y a à respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale du pays.  Il a espéré que la résolution donnera un élan à la recherche d’une solution politique, la seule sortie de crise possible s’agissant du conflit syrien.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a estimé que le Conseil de sécurité démontrait, avec l’adoption de cette résolution, sa volonté de rejeter toute violation grave des droits de l’homme, du droit international et du droit international humanitaire.  Ceux qui font fi des décisions du Conseil de sécurité doivent être condamnés, a insisté le représentant qui a invité le Conseil de sécurité à continuer d’agir avec cohérence.  « Lorsque ce Mécanisme d’enquête sera opérationnel, le Conseil de sécurité devra agir en conséquence », a-t-il encore insisté.  « Nous avons envoyé un message de détermination », a-t-il explicité, en souhaitant que cette unité s’élargisse à d’autres volets du dossier syrien pour parvenir à une solution.

M. ALEXIS LAMEK (France) a estimé que l’adoption de la résolution permet de retrouver l’unité du Conseil de sécurité sur la Syrie, alors que le conflit syrien, « le pire depuis ce début du XXIsiècle, dure depuis plus de 4 ans.  Le Conseil ne pouvait s’enfermer dans le silence alors qu’en dépit de deux résolutions les condamnant, des attaques chimiques d’une cruauté sans nom se sont poursuivies en Syrie en 2014 et 2015, « de manière répétée ».  Plusieurs enquêtes de l’Organisation d’interdiction des armes chimiques de La Haye ont affirmé l’emploi de gaz de chlore en Syrie, mais, sans clair mandat pour le faire, celles-ci n’ont pu identifier les auteurs des attaques.  Le mécanisme d’investigation que le Conseil de sécurité établit aujourd’hui permettra de confier à un organe neutre et indépendant la charge d’établir les responsabilités des attaques chimiques en Syrie de ces dernières années.  Il travaillera à cet effet en étroite concertation avec l’OIAC.

Le représentant a jugé que ce vote est important car, par l’établissement de ce Mécanisme, c’est bien la fin de l’impunité pour des attaques contre la population civile syrienne dont nous parlons.  Nous ne faisons là que répondre à une exigence de justice, avec rigueur et impartialité.  Ce vote est important, a poursuivi le représentant, car il envoie un message clair de dissuasion à toutes les parties au conflit armé syrien.  Ces attaques inhumaines doivent cesser.  Le conflit a causé la mort de plus de 230 000 personnes, dont une majorité de civils.  Au-delà des attaques chimiques, les attaques indiscriminées et disproportionnées contre les populations civiles continuent, comme en ce moment à Zabadani, en violation du droit international humanitaire et des résolutions du Conseil de sécurité.  Il est essentiel, a conclu le représentant que « nous nous engagions pour la fin des violences en Syrie et la reprise rapide du dialogue et du processus politique ».  Il a apporté tout son soutien aux efforts en cours de l’Envoyé spécial pour la Syrie, M. Staffan de Mistura.

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a jugé positive la coopération dont a fait preuve le Gouvernement syrien dans l’élimination de son stock d’armes chimiques.  Il s’est dit persuadé que les liens entre la Syrie et l’OIAC mais aussi l’ONU continueront de se renforcer dans le cadre de ce Mécanisme d’enquête conjoint.  Il a reconnu la nécessité d’identifier les personnes, entités, groupes ou gouvernements qui auraient utilisé ou donné l’ordre d’utiliser des armes chimiques.  Il a insisté sur une enquête transparente et objective pour obtenir des résultats concrets.  Au-delà du Mécanisme d’enquête et de ses objectifs, le représentant a aussi insisté sur le fait que la solution au conflit syrien doit être « politique, pacifique et négociée ».  « Si les organisations terroristes parviennent à imposer une idéologie totalitaire, les conséquences seront terribles pour tout le Moyen-Orient », a-t-il prévenu, en appelant le Conseil de sécurité à appuyer toutes les initiatives de paix. 

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a rappelé que si le consensus international a permis, il y a deux ans, d’adopter une résolution historique sur le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie, les attaques chimiques et au gaz de chlore ont continué.  La Jordanie a condamné ces attaques et continue aujourd’hui de les condamner.  C’est pourquoi, a ajouté la représentante, elle a voté en faveur de la résolution créant le Mécanisme d’enquête conjoint.  Soulignant que l’utilisation des armes chimiques constitue une grave menace à la paix et à la sécurité internationales, la représentante a demandé que l’on suive de près le travail du Mécanisme.  Elle a déclaré que le consensus qui a conduit à la création du Mécanisme devra permettre d’aller de l’avant dans la recherche d’une solution au conflit fondée sur le Communiqué de Genève afin que la stabilité revienne en Syrie et que les réfugiés puissent retourner volontairement dans leur pays.

Les attaques ne sont pas arrêtées après les conclusions de la Mission d’établissement des faits en septembre 2014.  Elles ne se sont pas non plus arrêtées quand le Conseil a, il y a à peine 5 mois, adopté une seconde résolution sur la question, a souligné Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie).  La résolution adoptée aujourd’hui, a-t-elle estimé, est une question de responsabilité.  Le Mécanisme d’enquête conjoint offre une voie claire pour identifier les responsables des attaques à l’arme chimique.  C’est une étape cruciale puisqu’il s’agit de mettre un visage sur les auteurs qui tapissent dans l’ombre de leur sale besogne et d’envoyer un message clair aux aspirants criminels selon lequel la communauté internationale ne tolèrera pas ce type de crimes.  Le Conseil, a dit la représentante, doit n’épargner aucun effort pour que les responsables soient traduits en justice.  Mais cette responsabilité ne doit pas se limiter aux seuls auteurs d’attaques à l’arme chimique.  Elle doit s’étendre à tous ceux qui ont répandu morts, destructions et souffrances « inimaginables » parmi la population syrienne pendant un conflit qui a commencé, il y a plus de 4 ans.  Le Conseil ne doit pas perdre de vue son objectif ultime, a insisté la représentante, car il le doit à la mémoire des centaines de millions de gens qui ont perdu leur vie et aux millions de personnes dépouillées et déplacées par le « carnage » en Syrie.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a estimé que la création du Mécanisme d’enquête conjoint constitue une mesure essentielle pour l’avenir, dans la mesure où il contribuera à prévenir l’impunité et prévoit l’établissement des responsabilités dans les attaques chimiques en Syrie.  Le représentant a demandé que le Mécanisme, qui doit être indépendant et exhaustif, commence son travail rapidement.  Il a aussi demandé la coopération de toutes les parties prenantes et estimé que la résolution offre une possibilité d’entente pour résoudre le conflit syrien.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a estimé que l’adoption de la résolution 2118 était une étape importante du Conseil de sécurité pour parvenir à la destruction des stocks d’armes chimiques en Syrie.  Pourtant les informations laissent entendre que ces armes sont toujours utilisées.  Il est donc juste, a jugé le représentant, que le Conseil de sécurité adopte cette résolution dont l’objectif est d’identifier les auteurs des attaques chimiques en Syrie.  Il a salué l’adoption unanime du texte, « un consensus rare », qui doit marquer le début de l’unité du Conseil de sécurité dans la recherche d’une solution définitive au conflit syrien.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que la résolution adoptée aujourd’hui est venue combler une lacune de la résolution 2118 (2013) sur les armes chimiques en Syrie.  La représentante a précisé que son pays n’avait pas d’idées préconçues sur l’identité des auteurs des attaques en Syrie.  Il fait confiance au Mécanisme d’enquête conjoint, a-t-elle indiqué, avant de lancer un appel à la coopération de toutes les parties avec ledit Mécanisme. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé qu’il y a exactement 70 ans, les États-Unis ont utilisé l’arme nucléaire contre les populations d’Hiroshima et de Nagasaki.  La Syrie quant à elle a adhéré au Traité de 1968 sur la non-prolifération des armes nucléaires, à la Convention internationale de 1975 sur les armes biologiques et plus récemment à la Convention internationale de 1993 sur les armes chimiques.  Le Gouvernement syrien, qui a adhéré à toutes ces Conventions, n’est responsable de l’utilisation ni des armes nucléaires, ni des armes chimiques, ni des armes biologiques.  En tant que membre du Conseil de sécurité en 2003, a poursuivi le représentant, la Syrie avait présenté un projet de résolution sur l’interdiction des armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Mais, a-t-il fait observer, ce projet s’est heurté à l’opposition d’un membre permanent du Conseil de sécurité qui souhaitait préserver les stocks d’un certain pays. 

Le représentant a rappelé que son pays a mis le Conseil de sécurité en garde contre les risques d’utilisation des armes chimiques par certains groupes armés dont quelques-uns sont affiliés à Al-Qaida.  Il y a deux ans, le Gouvernement syrien avait demandé en vain au Secrétariat de l’ONU de mener une enquête à Kan El Hassan près d’Alep.  La Syrie, a affirmé le représentant, a tenu les engagements auxquels il a souscrits en vertu de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et de la résolution 2118 du Conseil de sécurité.  Sans la coopération constructive de la Syrie, le travail de l’OIAC n’aurait pu être couronné de succès, a fait remarquer le représentant.  Le Gouvernement syrien n’utilisera jamais les armes chimiques, contrairement à Daech et el-Nosra qui le font dans de nombreuses parties de la Syrie. 

Neutralité, transparence, intégrité et coopération totale avec le Gouvernement, tels doivent être les principes directeurs du Mécanisme créé par la résolution adoptée aujourd’hui, a insisté le représentant.  Il a demandé que l’on évite de reproduire les erreurs du passé avec des enquêtes fondées sur des faux témoignages ou menées en dehors de la Syrie.  Il faut que toutes les parties respectent les résolutions 2170, 2178 et 2199 du Conseil de sécurité.  Ce dernier et le Mécanisme d’enquête doivent travailler en coordination avec le Gouvernement syrien pour garantir le meilleur établissement possible des responsabilités, a conclu le représentant.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en République centrafricaine signale une amélioration de la situation sécuritaire qui « reste toutefois fragile »

Conseil de sécurité -
7500e séance – matin
CS/11997

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en République centrafricaine signale une amélioration de la situation sécuritaire qui « reste toutefois fragile »

Le Conseil de sécurité a entendu aujourd’hui le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) parler de l’amélioration de la situation sécuritaire imputable aux avancées du processus politique, notamment le Forum de Bangui, et au déploiement de la MINUSCA dans près de 40 localités.  Cette amélioration, a prévenu le général Babacar Gaye, « reste toutefois fragile », ce que n’a pas contredit M. Abderrazzak Laassel du Maroc, au nom du Président de la formation RCA de la Commission de consolidation de la paix.

M. Babacar Gaye, qui est Chef de la MINUSCA et Représentant spécial du Secrétaire général en RCA, a expliqué que l’amélioration de la situation sécuritaire a permis le retour des déplacés internes et une reprise de l’activité économique.  Cependant, de nombreuses parties du territoire demeurent affectées par les exactions de bandes ou groupes armés.  Dans la partie ouest du pays, l’augmentation récente d’incidents violents sur l’axe principal qui relie Bangui au Cameroun est préoccupante, a-t-il insisté, rappelant que depuis le mois de mai, trois Casques bleus ont été blessés et que le 18 juillet, des hommes armés ont tiré sur un véhicule du Programme alimentaire mondial (PAM) tuant le chauffeur camerounais. 

Dans le secteur du centre, les tensions entre factions de l’ex-Séléka et anti-Balaka dans les zones de Bambari et de Kaga continuent de constituer des menaces pour la protection des civils.  À l’est, les ex-Séléka ont toujours une présence militaire importante alors que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) continue d’opérer. 

À Bangui, la sécurité s’améliore progressivement.  Boy-Rabe, le siège des anti-Balaka et le quartier PK5 majoritairement musulman sont toujours les points chauds de la capitale. 

Malgré les efforts de la MINUSCA, la situation humanitaire demeure préoccupante: plus de 2,7 millions de personnes ont besoin d’aide, 450 000 Centrafricains sont réfugiés et 400 000 autres déplacés.  À ce jour, 30% seulement de l’appel humanitaire a été financé. 

Après le succès du Forum de Bangui, le Représentant spécial a jugé que la décision du Conseil national de transition de priver les réfugiés du droit de vote est un recul alarmant qui souligne la nécessité de se concentrer encore plus sur la réconciliation. 

Le 25 mai, la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) a annoncé sa décision de considérer une extension de la transition politique jusqu’à la fin 2015 mais les autorités centrafricaines ont annoncé le calendrier électoral dont le référendum constitutionnel, le 4 octobre, le premier tour des élections présidentielle et législatives, le 18 octobre et le second tour, le 22 novembre.  Le Représentant spécial a exhorté la communauté internationale à prendre des engagements financiers en faveur d’un processus qui accuse encore un déficit de 11 millions de dollars.  Il a aussi demandé à cette même communauté d’apporter des ressources financières et humaines au futur tribunal pénal spécial en état de gestation pour connaître des crimes graves commis depuis le 1er janvier 2003.

Malgré les progrès dans le désarmement des ex- Séléka à Bangui, il faut encore regrouper et désarmer les combattants dans tout le pays, a poursuivi le général Gaye.  Si tous les signataires souhaitent respecter les engagements pris en vertu de l’Accord sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR), les derniers développements ont suscité des doutes, en particulier parmi les ex-Séléka.

La RCA est à la croisée des chemins, a-t-il conclu.  Les étapes à venir sont difficiles car elles nécessitent du dépassement de la part des leaders, du pardon de la part des populations et de la justice au bénéfice de tous.  La communauté internationale a rempli une bonne partie de ses obligations morales envers la RCA, notamment en y déployant des forces africaines, françaises, européennes et depuis septembre 2014 les Casques bleus onusiens.  Aujourd’hui, la stabilisation de ce pays requiert un soutien multiforme destiné à ouvrir une page nouvelle à travers des élections libres, transparentes et ouvertes à tous, a-t-il insisté avant d’ajouter que « nous avons allumé la flamme de l’espoir, il ne faut pas qu’elle s’éteigne, c’est notre responsabilité morale ». 

Nous sommes tous conscients que la réussite de la transition n’est pas une fin en soi, a souligné M. Abderrazzak Laassel du Maroc, au nom du Président de la formation RCA de la Commission de consolidation de la paix.  Depuis son retour de Bangui, le Président de la formation RCA a entamé une campagne de sensibilisation à New York, principalement au sujet du déficit dans le budget des élections.  Par ailleurs, après sa participation à une rencontre organisée par la Mission permanente de la RCA, le 27 mai dernier avec le Ministre centrafricain de la justice, le Président de la formation a souscrit à l’idée de créer un groupe de référence sur l’état de droit et le futur tribunal pénal spécial, qui sera une structure souple et informelle ayant pour but d’informer toutes les délégations intéressées sur les avancées en matière de renforcement de l’état de droit ainsi que sur la mise en place du tribunal pénal. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine les problèmes des petits États insulaires en développement qui affectent la paix et la sécurité internationales

Conseil de sécurité
7499e séance – matin
CS/11991

Le Conseil de sécurité examine les problèmes des petits États insulaires en développement qui affectent la paix et la sécurité internationales

Presqu’un an après la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui s’était tenue à Samoa en septembre 2014, le Conseil de sécurité a abordé aujourd’hui les défis auxquels sont confrontés ces pays sous l’angle de la menace posée à la paix et la sécurité internationales.  Sous la présidence du Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, les chefs d’État et de gouvernement de plusieurs petits États insulaires se sont succédé à la table du Conseil pour alerter la communauté internationale sur la nécessité pressante d’une réponse collective à leurs problèmes.

La Conférence de Samoa avait permis d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la contribution de ces pays au développement durable ainsi que sur leurs vulnérabilités particulières, a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en se prononçant pour l’adoption d’un programme de développement pour l’après-2015 qui traite des besoins des PEID.  Il s’est d’ailleurs félicité que, lors de la récente Conférence sur le financement du développement qui a eu lieu à Addis-Abeba du 13 au 16 juillet, les inquiétudes de ces pays aient été reflétées.

Sur les 44 petits États insulaires en développement, qui représentent environ un cinquième du nombre des États Membres de l’ONU, seulement 6 d’entre eux ont siégé au Conseil de sécurité jusqu’à présent, a souligné le Ministre néo-zélandais des affaires étrangères, M. Murray McCully, pour illustrer qu’il est nécessaire de faire entendre leur voix au sein de ce Conseil.  Il est surtout apparu évident que, si les PEID ne connaissent pas de conflits interétatiques, ils sont néanmoins, en raison de leurs vulnérabilités, plus exposés aux menaces à la paix et la sécurité internationales.

C’est ce qui explique que le débat d’aujourd’hui au Conseil de sécurité a été placé dans le cadre du chapitre du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Président de Kiribati, M. Anote Tong, a rappelé, à cet égard, que les dirigeants du Pacifique avaient, dans la déclaration de Majuro adoptée en 2013, déclaré les changements climatiques comme une menace à la sécurité des îles du Pacifique.  En effet, les PEID souffrent particulièrement de l’élévation du niveau des mers, de la destruction des massifs de corail, ainsi que de la fréquence croissante et de la gravité des catastrophes naturelles, celles-ci continuant de causer des déplacements de population.  Le Secrétaire général de l’ONU n’a pas manqué de rappeler, à ce propos, que les pays des Caraïbes étaient parfois frappés par cinq ouragans par saison.

Les changements climatiques ont le potentiel de « rayer de la carte des pays entiers », a affirmé le Président de Kiribati, M. Anote Tong.  « Nous avons la preuve qu’on s’approche d’un point de non-retour », a-t-il déclaré, en regrettant que les actions qui s’imposent soient toujours remises à plus tard.

Les changements climatiques ne sont toutefois pas le seul défi en matière de paix auxquels sont confrontés les PEID, a-t-on fait observer au cours de la séance qui s’est déroulée toute la journée.  La criminalité transnationale organisée est, pour sa part, responsable de grands maux pour les petites îles, notamment du fait des trafics de drogues et d’armes, du blanchiment d’argent et de la traite des personnes.  Il y a aussi la piraterie et les crimes commis contre la flore et la faune, ainsi que les pêches illicites.  Sur le plan économique, a-t-on souligné au cours du débat, l’isolement et la petite taille de ces pays rendent difficiles leurs efforts d’exportation et ralentissent leurs efforts de développement, causant ainsi d’autres risques pour leur sécurité.

La question prioritaire restant la lutte contre les changements climatiques, le Secrétaire général et de nombreuses délégations parmi les 75 orateurs de la journée ont lancé un appel pour que soit conclu en décembre prochain, à Paris, un accord universel significatif sur cette question, à l’occasion de la vingt et unième session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21).  Il faudra aussi mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, dans l’espoir que le Fonds vert mondial sera opérationnel prochainement.

Le représentant de la France, pays hôte de la COP21, a rappelé une proposition qu’il avait faite lors de la dernière Conférence sur la réduction des risques de catastrophe à Sendai, au Japon, pour inviter la communauté internationale à accompagner les pays les plus vulnérables, notamment les PEID et les pays les moins avancés, dans le développement de systèmes d’alerte face aux risques climatiques.

Placer les PEID au centre de la discussion a permis de voir ces pays, au-delà de leurs problèmes, comme des modèles d’efficacité dans la lutte contre les changements climatiques, beaucoup ayant pris des mesures d’adaptation et fixé comme objectif de passer complètement à l’énergie renouvelable.  Samoa s’y est engagé pour 2017, a rappelé son Premier Ministre, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi.  Aux Seychelles, un département pour l’économie bleue a été créé au début de l’année, a indiqué le Ministre des finances, du commerce et de l’économie bleue, M. Jean-Paul Adam.

La discussion a aussi fait apparaître la capacité de ces pays à attaquer de front leurs problèmes de sécurité, avec les moyens dont ils disposent.  Le Premier Ministre de la Jamaïque, Mme Portia Simpson Miller, par exemple, a indiqué que son pays investissait dans les technologies et la formation en matière de sécurité.  De leur côté, Maurice et les Seychelles ont été à l’avant-poste de la lutte contre la piraterie, un phénomène qui touche particulièrement l’océan Indien.  S’agissant du Pacifique, le Premier Ministre de Samoa a mentionné les efforts de coordination au plan régional et de partage d’informations entre les entités chargées du maintien de l’ordre.

La lutte contre la criminalité et le terrorisme en mer nécessite également une meilleure gouvernance financière et des meilleures pratiques contre le blanchiment de l’argent sale, ainsi qu’un renforcement de la transparence fiscale, a ajouté le Ministre des finances des Seychelles, M. Jean-Paul Adam.

La conclusion qui a été tirée de ce débat par de nombreux intervenants est que ces petits pays, malgré leurs politiques proactives, ne peuvent s’en sortir seuls face aux risques qu’ils encourent sur le plan sécuritaire.  De nombreux appels ont donc été lancés pour que la communauté internationale appuie leurs efforts et, en priorité, lutte efficacement et de toute urgence contre les changements climatiques.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Les petits États insulaires en développement face aux menaces contre la paix et la sécurité

Lettre datée du 15 juillet 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Nouvelle-Zélande auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/543)

Déclarations liminaires

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui s’était tenue à Samoa en septembre dernier, avait permis d’attirer davantage l’attention du monde à la fois sur la contribution de ces pays au développement durable et sur leurs vulnérabilités.  Rappelant la responsabilité collective pour faire face à ces défis, il a souligné que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) était la première priorité car, a-t-il expliqué, les progrès ont été inégaux pour ces pays.  Nous avons aussi besoin d’un programme de développement pour l’après-2015 qui traite des besoins des PEID, a-t-il ajouté.  Lors de la récente Conférence sur le financement du développement, qui a eu lieu à Addis-Abeba du 13 au 16 juillet, les inquiétudes des PEID ont été reflétées, notamment en ce qui concerne les domaines critiques de la dette, du commerce, des technologies et de l’aide publique au développement (APD).  Nous devons aussi parvenir à conclure un accord universel significatif sur les changements climatiques à Paris en décembre prochain, a-t-il insisté.

M. Ban a rappelé que le cyclone Pam, qui a frappé Vanuatu, était le dernier d’une longue série de destructions que les PEID ont endurés et continueront à subir tant qu’il n’y aura pas de réponse aux changements climatiques.  Il a indiqué que les pays des Caraïbes sont parfois frappés par cinq ouragans par saison.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait souligné que les changements climatiques constituaient bien une menace à la paix et à la sécurité internationales, à cause de l’élévation du niveau des mers, de la destruction des massifs de corail et de la fréquence croissante et de la sévérité des catastrophes naturelles, celles-ci continuant de causer des déplacements de population.  Le Secrétaire général a relevé que ces pays montraient l’exemple dans la lutte contre les changements climatiques, en passant à l’énergie renouvelable et en prenant des mesures d’adaptation.  Il nous faut, a-t-il rappelé, mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, en espérant que le Fonds vert mondial serait opérationnel avant la tenue de la vingt et unième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en décembre et qu’un accord universel et solide serait adopté.

Les changements climatiques ne sont pas le seul défi en matière de paix auxquels sont confrontés les PEID, a-t-il fait observer, en citant, en particulier, les problèmes que pose la criminalité transnationale organisée, y compris le trafic de drogues, la traite des personnes, la piraterie et les crimes commis contre la flore et la faune.  Les PEID, qui ont souvent des zones économiques exclusives plus grandes que leurs territoires, doivent gérer les pêches et prévenir les activités illégales dans ce domaine, a-t-il expliqué.  L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a-t-il rappelé à cet égard, a un programme sur la criminalité maritime qui travaille en coopération avec les États pour les aider à adopter les lois nécessaires.  M. Ban a aussi parlé de ce que font Maurice et les Seychelles qui ont été à l’avant-poste de la lutte contre la piraterie.

La CARICOM et les îles du Pacifique ont attiré l’attention de la communauté internationale sur les vulnérabilités accrues des PEID, mais ceux-ci n’ont pas les ressources pour lutter à eux seuls contre ces menaces, a souligné le Secrétaire général.

Il y a 20 ans, à la Barbade, les États ont pris des engagements en faveur de ces pays, qui ont été réaffirmés à Maurice en 2005 et repris dans le Document « La Voie à suivre » qui a été adopté à Samoa, en 2014.  Enfin, il a lancé un appel pour voir se développer davantage de partenariats, ainsi que le renforcement des capacités et un véritable leadership.

« Aucune région, aucun groupe de pays et aucune situation sécuritaire spécifique ne saurait continuer de monopoliser le temps, l’attention et les ressources du Conseil », a affirmé M. Ban

M. TUILAEPA LUPESOLIAI SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a déclaré que les voix des PEID méritaient d’être entendues et leurs défis dûment considérés.  Nous sommes parfois tentés de penser que la région du Pacifique est calme, dans la mesure où elle ne connaît pas de conflits et, ainsi, n’est pas confrontée à des défis sécuritaires.  « Rien ne serait plus éloigné de la vérité », a-t-il fait remarquer.

Le Premier Ministre a souligné que des activités relevant de la criminalité organisée avaient été constatées dans la région, telles que le trafic de drogues et d’armes, le blanchiment d’argent et la traite d’êtres humains.  Pour y faire face, la région du Pacifique a adopté une approche régionale afin de coordonner les efforts des entités chargées du maintien de l’ordre et de faciliter le partage des informations, a-t-il indiqué.  Il a également déclaré que Samoa avait commencé à remédier aux risques posés par Internet dans la facilitation desdites activités criminelles mais avait besoin de ses partenaires pour aboutir à des solutions durables.

Le Conseil, « arbitre de la paix internationale », est important pour les PEID, qui risquent de voir une remise en cause de leurs gains de développement en raison de causes extérieures sur lesquelles ces pays n’ont que peu de prise, a souligné le Premier Ministre de Samoa.  Il a rappelé la menace existentielle que les changements climatiques font peser sur les pays de la région Pacifique et souligné les engagements pris dans le cadre des « Orientations de Samoa ».  Il a assuré qu’il ne ménagerait aucun effort pour que les Nations Unies, y compris ce Conseil, prennent dûment en compte les implications sécuritaires des changements climatiques.  « Alors que le Conseil a traditionnellement porté son attention sur les conflits interétatiques, il n’a pas non plus hésité à résolument agir pour remédier aux causes profondes d’autres questions sécuritaires, telles que le virus du VIH/sida, les enfants dans les conflits armés ou encore l’épidémie causée par le virus Ebola », a-t-il dit.  Avant de conclure, le Premier Ministre a affirmé que les PEID entendaient profiter de cette réunion du Conseil pour l’informer des défis auxquels ces pays font face, ajoutant qu’il serait « malheureux » qu’un tel débat ne se renouvelle pas.

Mme PORTIA SIMPSON MILLER, Premier Ministre de la Jamaïque, a présenté les perspectives des Caraïbes en ce qui concerne les défis que connaissent ces îles en matière de sécurité.  « Nous dépendons des marchés extérieurs et des technologies, ce qui rend difficile la riposte face aux menaces », a-t-elle expliqué.  Elle a mentionné le blanchiment d’argent parmi les activités illicites des réseaux criminels dans les régions insulaires.  La majorité des homicides dans nos pays sont commis par des armes à feu, a-t-elle déploré.  Le Premier Ministre a assuré que son pays avait pris très au sérieux la lutte contre cette criminalité, en investissant dans les technologies et la formation en matière de sécurité.  « Notre riposte a fait l’objet d’une coordination entre les différentes antennes de notre gouvernement, mais cela reste insuffisant », a-t-elle reconnu en demandant l’aide de la communauté internationale.  Elle a toutefois mentionné l’importance de la coopération qui existe entre les pays de sa région dans ce domaine.  Mme Simpson Miller a également apprécié la discussion sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) au Conseil de sécurité et l’adoption du Traité sur le commerce de ces armes.  Les petits pays comme le nôtre doivent adopter des stratégies pour lutter contre le trafic des stupéfiants, a-t-elle dit.

Le Premier Ministre de la Jamaïque a ensuite parlé de la non-prolifération des armes de destruction massive, en assurant que son pays était déterminé à participer à l’action internationale.  Il a lancé une initiative internationale pour mettre en œuvre la résolution 1540 du Conseil de sécurité, avec le soutien de plusieurs pays, ce qui lui a permis de renforcer ses capacités dans ce domaine, a-t-elle assuré.  Par ailleurs, la Jamaïque contribue au maintien de la paix des Nations Unies par l’envoi de Casques bleus et des policiers, notamment au Darfour et en Haïti.  Le Premier Ministre a souligné que son pays avait besoin d’un appui financier pour réaliser les objectifs de développement, s’associant ainsi à la proposition faite par la Commission régionale pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes en faveur d’un allègement de la dette des pays insulaires de la région.  Elle a aussi prôné en faveur de politiques de lutte contre les changements climatiques, en appelant à l’adoption d’un texte juridiquement contraignant à Paris en décembre prochain.  La Jamaïque, a-t-elle indiqué, investit dans l’énergie renouvelable et éolienne.  Face à tous ces risques, elle a prévenu qu’il ne faudrait pas adopter une démarche unique, tout en soulignant que la paix, la sécurité et le développement étaient des domaines intrinsèquement liés.

M. JEAN-PAUL ADAM, Ministre des finances, du commerce et de l’économie bleue des Seychelles, a expliqué que les défis de la sécurité des petits États insulaires en développement étaient situés dans le contexte du caractère géographique unique de son pays.  Entourées par les océans, les îles sont les « gardiennes bleues » de la planète, a—t-il dit.  Mais la gouvernance des espaces océaniques du monde est loin des attentes de sécurité que le monde a à l’égard de ses espaces terrestres. 

La petitesse et l’isolement des petits États insulaires en développement sont des éléments structuraux de leur vulnérabilité, les menaces croissantes autour des océans et l’absence relative de gouvernance augmentant celle-ci.  La planète étant constituée de 75% d’océans, les faibles capacités pour assurer la gouvernance mondiale de ses espaces océaniques menacent la sécurité mondiale, a—t-il prévenu, en soulignant que les Seychelles, comme de nombreux petits États insulaires en développement, n’avaient pas toutefois accepté d’être simplement un observateur de ces processus.

En début d’année, a rappelé M. Adam, le Ministère des finances avait créé un département pour l’économie bleue.  Les Seychelles jouent en effet leur avenir économique sur une meilleure exploitation du potentiel de développement de l’océan, a-t-il assuré, en mettant l’accent sur la nécessité de casser les moules existants de développement économique et de forger de nouvelles opportunités à partir d’anciennes pratiques non viables. 

Il a ainsi fait état d’un plan spatial marin, par lequel sont définies les activités économiques et de conservation à développer dans les zones économiques exclusives.  Les mesures prises dans ce cadre s’inscrivent dans le contexte d’un mouvement régional visant à renforcer l’économie bleue, notamment par les engagements de l’économie bleue de l’Union africaine dans l’Agenda 2063 ainsi que par sa stratégie maritime intégrée.  La Commission de l’océan Indien et l’Association de coopération régionale des pays du pourtour de l’océan Indien développent également des approches d’économie bleue lesquelles forgent des opportunités économiques durables par la recherche, le commerce, l’énergie renouvelable et l’infrastructure maritime.

Le phénomène de la piraterie dans l’océan Indien a souligné les défis de la sécurité dans la régionalisation mais aussi dans la mise en œuvre de l’état de droit en mer, a—t-il en outre expliqué.  Malgré leurs contraintes de capacité, les Seychelles ont pris un rôle de chef de file dans les poursuites pour piraterie, en reconnaissant que l’état de droit est la première étape vers la stabilité économique et la croissance.  Tant que les océans ne seront pas régis et protégés par des lois, nous ne serons pas en mesure d’exploiter correctement leur potentiel de développement, a-t-il déclaré.

Le Ministre a également mis l’accent sur le problème de sécurité majeur pour de nombreux petits États insulaires en développement que constitue l’afflux de victimes des trafics de stupéfiants.  Tous ces défis de sécurité nécessitent un renforcement de la coordination régionale, en se félicitant notamment de la mise en œuvre du Programme régional de sécurité maritime de l’Union européenne, lequel vise à renforcer et à développer les capacités à travers l’Afrique de l’Est et l’océan Indien.

Enfin, M. Adam a insisté sur le fait qu’une lutte efficace contre la criminalité et le terrorisme en mer impliquait également une meilleure gouvernance financière et des meilleures pratiques contre le blanchiment de l’argent sale ainsi qu’un renforcement de la transparence fiscale et de l’échange d’informations.

Déclarations

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, qui présidait la séance, a rappelé que sur les 44 petits États insulaires en développement, seulement 6 d’entre eux avaient siégé au Conseil de sécurité.  La Nouvelle-Zélande a convoqué ce débat pour donner au Conseil de sécurité cette occasion unique d’examiner la question de la sécurité des petits États insulaires en développement, qui constituent environ un cinquième des membres de l’ONU, et de leur donner la chance de faire entendre leur voix au sein de ce Conseil, a—t-il expliqué.

La Nouvelle-Zélande, a ajouté M. McCully, considère que sa propre paix et sa propre sécurité sont touchées directement par la prospérité et la stabilité des petits États insulaires en développement dans la région, le Pacifique.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, la question stratégique importante pour le Conseil et pour la communauté plus large des Nations Unies est de déterminer comment nous pourrions prendre des mesures significatives pour rendre les petits États insulaires en développement moins vulnérables face aux menaces que les catastrophes naturelles et les défis d’origine humaine font peser sur leur sécurité.  Il est possible de renforcer la résilience des petits États insulaires en développement en les aidant à tirer pleinement profit de l’utilisation durable de leur base de ressources souvent limitée, a-t-il dit, en s’appuyant en particulier sur la pêche au thon.  Les petits États insulaires en développement ont besoin de coopérer avec la communauté internationale pour faire en sorte qu’ils reçoivent une juste rétribution de leurs actifs économiques.

Le Ministre néo-zélandais a aussi mis l’accent sur la nécessité d’un effort international concerté pour éradiquer la pêche illégale.  De même, a-t-il convenu, il faudrait s’attaquer au défi posé par l’insécurité de l’énergie causée par la dépendance extrêmement coûteuse aux combustibles fossiles.  Le coût du pétrole pour l’électricité représente jusqu’à un tiers de la facture totale des importations des petits États insulaires en développement, a-t-il dit, en soulignant les efforts réalisés par la Nouvelle-Zélande pour convertir ces pays à l’électricité renouvelable.

Mme DELCY ELOÍNA RODRÍGUEZ GÓMEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a rappelé qu’un cinquième des pays membres des Nations Unies étaient des PEID.  Elle a détaillé les défis auxquels ces pays font face, y compris les assauts d’une économie mondiale ultra libérale, les conséquences d’une histoire marquée par le colonialisme et les changements climatiques.  Les défis doivent être réglés par le biais d’une coopération solidaire, notamment avec les pays développés, a-t-elle dit.  Mme Rodríguez a encouragé les PEID à renforcer leur présence au sein des organisations régionales et internationales et souligné la nécessité que leurs voix soient entendues.

La coopération Sud-Sud est également importante pour appuyer les PEID, a-t-elle estimé, avant de détailler les efforts de coopération de son pays avec les « pays frères » de la région des Caraïbes.  « Nous sommes des peuples liés par la solidarité », a-t-elle affirmé.  La Ministre vénézuélienne des affaires étrangères a ensuite assuré que son pays était épris de paix et participait à la défense des plus faibles.  « Unissons-nous pour construire un monde multipolaire », a-t-elle dit, avant de défendre une diplomatie mondiale qui s’inspire des valeurs du « bolivarisme » et fasse la promotion du droit international.  Enfin, elle s’est dite convaincue que les pays des Caraïbes triompheront face aux prétentions coloniales de ceux qui veulent imposer leur modèle économique.

M. MANUEL AUGUSTO, Secrétaire d’État aux relations extérieures de l’Angola, a mis l’accent en particulier sur la nécessité de contrer l’impact des changements climatiques par le biais de meilleures pratiques environnementales et de parvenir à un développement économique et social durable.  Ceci doit constituer la pierre angulaire des politiques visant à faire face à d’énormes défis qui menacent les moyens de subsistance des populations des petits États insulaires en développement, a-t-il précisé.

Le manque d’opportunités économiques dans un grand nombre de petits États insulaires en développement, les défis des changements climatiques et la criminalité transnationale sont des questions graves qui ne peuvent être surmontées, a-t-il estimé, qu’avec l’aide internationale.

La surpêche a atteint des proportions alarmantes, mettant en péril la survie même de nombreuses espèces maritimes, avec un impact négatif sur les écosystèmes extrêmes maritimes et les fondements économiques des petits États insulaires en développement, a—t-il notamment expliqué.  La perte de territoire, causée par l’élévation du niveau de la mer, a prévenu M. Augusto, pose une autre menace importante pour les petits États insulaires en développement et pour leur développement durable, certains d’entre eux faisant face à une véritable menace existentielle.

Le besoin urgent se fait sentir de développer une stratégie à deux voies dans le traitement de ces défis: fournir une assistance spécifique dans les domaines liés aux changements climatiques et à la réduction des risques de catastrophe; et développer des approches du développement durable les mieux adaptées à leurs réalités, contraintes et défis.

Le Secrétaire d’État angolais aux affaires extérieures a dit souhaiter que le nouvel accord international sur les changements climatiques, en cours de négociation pour être adopté lors de la Conférence de Paris d’ici à la fin de 2015, contribuera à soulager une partie du fardeau économique des petits États insulaires en développement, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre mondiaux et l’impact des changements climatiques.

M. EDGARDO RIVEROS MARÍN, Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, a estimé que les vulnérabilités des petits États insulaires en développement découlaient de l’incapacité à faire face aux nouveaux défis et à des situations ayant des implications mondiales, qui peuvent mettre en péril la stabilité et la subsistance de ces pays, de même que la paix et la sécurité régionales et internationales.

La coopération pour le développement est essentielle pour faire face à ces menaces.  Le Chili a pris un engagement en faveur des petits États insulaires en développement et a donc contribué, avec les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), au transfert des compétences et à la formation du capital humain grâce à la coopération Sud-Sud, a-t-il indiqué.

En outre, avec tous les pays de la CARICOM, le Chili met en œuvre des programmes de coopération dans l’enseignement de l’espagnol, les relations internationales, la prévention des catastrophes et le soutien aux systèmes de santé animale et végétale.  Cela implique toujours, a-t-il précisé, une approche Sud-Sud, l’expérience étant partagée dans une relation horizontale, notamment en vue de créer des capacités pour la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.

Le Vice-Ministre a par ailleurs déploré l’exploitation et la traite illégales des ressources naturelles, y compris la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, qui crée, à son avis, un climat d’instabilité, en empêchant l’accès aux moyens de subsistance de base.  Il a souligné en conclusion que la gouvernance mondiale devait intégrer des moyens de protéger les petits États insulaires en développement de ces vulnérabilités.

M. JESÚS GRACIA, Secrétaire d’État au développement de l’Espagne, a fait remarquer que les PEID constituent un cas particulier en ce qui concerne le développement durable, du fait de leurs vulnérabilités particulières.  Il a mentionné notamment l’élévation du niveau des mers qui représente une grave menace pour leur survie et la viabilité, ainsi que la fréquence des catastrophes naturelles.  Faisant observer que leur contribution aux émissions de gaz à effet de serre était minime, il en a appelé à la responsabilité de la communauté internationale pour réagir aux conséquences dévastatrices des changements climatiques en demandant la conclusion d’un accord juridiquement contraignant à Paris en décembre prochain, en tenant compte de la responsabilité commune mais différenciée.  Il a indiqué que l’Espagne et la Malaisie avaient organisé une réunion de « formule Arria » le 30 juin dernier sur la question des changements climatiques qui a entendu des appels à actualiser le rapport de 2009 du Secrétaire général sur cette question.

Après avoir recensé les difficultés des PEID, M. Gracia a parlé du Mémorandum d’accord conclu par l’Espagne avec 13 de ces pays pour appuyer les projets de coopération en matière de financement, par le biais du Fonds Espagne-PNUD pour les objectifs de développement durable et du Fonds d’aide humanitaire de l’Agence espagnole de coopération au développement.  En outre, l’Espagne a contribué à hauteur d’un million d’euros au Mémorandum conclu par l’Italie et d’autres pays pour financer les mesures prioritaires des PEID en matière de résilience face aux changements climatiques.  En ce qui concerne la lutte contre la piraterie, le trafic de drogues, la violence et la criminalité transnationale organisée, l’Espagne appuie notamment les projets de coopération de prévention de la violence et de la marginalisation des jeunes.  M. Gracia a aussi mentionné ce que fait son pays pour contribuer à la lutte contre les pêches illégales.  À cet égard, il a annoncé que l’Espagne accueillera, en octobre prochain, la célébration du vingtième anniversaire du Code de conduite pour la pêche responsable de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

M. BANTE MANGARAL (Tchad) a souligné les vulnérabilités spécifiques des PEID et indiqué que des menaces à la sécurité internationale pouvaient émaner de la nature.  « Nous devons apprendre à écouter la nature afin de mieux répondre aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il affirmé, avant d’inviter le Conseil à repenser son rôle afin de les prendre en compte.

Le représentant a ensuite passé en revue les défis auxquels les PEID font face, tels que la criminalité organisée ou les conséquences des changements climatiques.  S’agissant de cette dernière question, il a souligné qu’il était important de mettre en place des systèmes d’alerte précoce aux niveaux national, régional et international et de renforcer la coopération internationale.  Enfin, il a souhaité que les spécificités de ces pays en matière de développement soient reflétées dans le programme de développement pour l’après-2015 qui doit être adopté en septembre prochain.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est félicité de ce débat qui, selon lui, fournit une plateforme précieuse pour discuter et échanger des vues sur la façon dont nous pouvons collectivement faire face aux défis de paix et de sécurité auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement dans leurs quêtes vers le développement durable et la prospérité universelle.

M. Ibrahim a souligné que les impacts négatifs des changements climatiques, tels que la montée du niveau de la mer et l’érosion côtière, menaçaient l’intégrité territoriale, la sécurité alimentaire, l’eau, l’énergie, la santé, et plus largement, les efforts déployés par les petits États insulaires en développement pour éradiquer la pauvreté.  À long terme, les changements climatiques constituent un défi existentiel pour les petits États insulaires en développement.

Les efforts plus vigoureux en vue de réduire les impacts des changements climatiques sur les petits États insulaires en développement devront être entrepris si un accord sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas trouvé lors de la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a-t-il dit.

En vue de mieux comprendre ces défis, la Malaisie a rejoint l’Espagne en organisant conjointement, en juin dernier, une réunion du Conseil de sécurité selon la « formule Arria » sur un sujet similaire.  Au cours de cette réunion, a-t-il précisé, les délégations avaient souligné la nécessité pour le Conseil d’être plus engagé sur l’impact des changements climatiques sur la sécurité.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a souhaité que l’on mette l’accent sur les PEID maintenant, au moment où la communauté internationale élabore le programme de développement pour l’après-2015 qui, a-t-il demandé, doit refléter de manière adéquate les besoins de ces pays.  Pour sa délégation, on ne peut lutter efficacement contre la criminalité transnationale organisée et la piraterie que sous l’égide de la communauté internationale et de l’ONU.  Il a jugé important d’apporter aux PEID une assistance technique ciblée pour améliorer leur sécurité, notamment aux frontières.  Il faudrait aussi que les partenariats privés contribuent à la protection de ces îles.  Passant à la question des changements climatiques, le représentant a rappelé la position de son pays en faveur d’une approche intégrée et globale pour résoudre les questions qui se posent en la matière, notamment dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il faudrait aussi mobiliser l’aide financière et faciliter le transfert de technologies en faveur de ces pays, a-t-il demandé, en souhaitant notamment la concrétisation du fonds vert pour le climat.  Le représentant russe a également demandé de mettre en œuvre rapidement le Document final de la troisième Conférence sur les risques de catastrophes naturelles adopté à Sendai, en mars dernier.  La Russie a déboursé 20 millions de dollars depuis 2010 pour aider les PEID à relever leurs défis, a-t-il rappelé, avant de reconnaître le rôle complémentaire que peut jouer le Conseil de sécurité pour contribuer à résoudre les questions de sécurité auxquelles sont confrontés les PEID.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France), qui s’exprimait au nom de la Secrétaire d’État au développement et à la francophonie, Mme Annick Girardin, a souligné qu’il n’y a pas de développement sans sécurité, et pas de sécurité sans développement.  C’est un message que la France porte, en Afrique, au Mali, en République centrafricaine, mais qui est vrai partout.  Et la sécurité dans les petits États insulaires en développement, c’est aussi l’anticipation des risques climatiques!  En cette année 2015, qui marquera l’adoption des objectifs de développement durable en septembre prochain et la tenue de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) à Paris, en décembre, il a voulu proposer un projet concret pour avancer dans cette voie.

Lors de la dernière Conférence sur la réduction des risques de catastrophe à Sendai (Japon), la France avait proposé un objectif simple: mobiliser la communauté internationale pour accompagner les pays les plus vulnérables, notamment les petites îles et les pays les moins avancés (PMA) dans le développement de systèmes d’alertes face au climat.  C’est pour la France un enjeu de responsabilité, que de partager son savoir-faire et ses compétences au service des pays les plus exposés au dérèglement climatique.

Ce sujet est central pour la réussite de la COP21, a expliqué M. Delattre.  Le représentant de la France a mis l’accent également sur les systèmes d’alerte qui permettent de sauver des vies et de réduire considérablement le coût économique des catastrophes.  C’est pour cela que la France, en coordination étroite avec la Norvège, le Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes et la Banque mondiale, avait lancé une coalition appelée CREWS.

Ses objectifs, a-t-il dit, sont simples: renforcer et amplifier l’action de la communauté internationale en appui des systèmes d’alerte dans les pays vulnérables; mobiliser des financements complémentaires pour appuyer et renforcer les actions déjà mises en œuvre afin de tenter de parvenir à une couverture globale des populations exposées aux évènements climatiques extrêmes d’ici à 2020.

S’agissant de la question des moyens, le représentant de la France a estimé qu’en mobilisant environ 100 millions de dollars d’ici à 2020, nous devrions pouvoir changer la donne dans la plupart des pays.  Sur ce point, la France est prête à s’engager et souhaite que les autres États Membres puissent en faire de même.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a indiqué que les PEID étaient des membres précieux de la famille des Nations Unies.  Ces pays, a-t-il fait remarquer, sont confrontés à des défis qui sont pertinents pour ce Conseil.  C’est pourquoi, il a invité le Conseil à porter une attention sur la situation de ces pays, « car leurs défis, si l’on ne fait rien, pourraient rapidement devenir les nôtres ».

Il a ensuite prévenu contre les conséquences à terme des changements climatiques, telles que des migrations massives.  Le Royaume-Uni ne restera pas inactif devant les changements climatiques, a-t-il dit, en rappelant que son pays avait débloqué 6 milliards de dollars entre 2011 et 2016 pour lutter contre les conséquences des changements climatiques.  « Si l’on ne fait rien, les changements climatiques pourraient devenir une menace à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il poursuivi. 

Le représentant du Royaume-Uni a également cité le phénomène préoccupant de la criminalité organisée dans la région des Caraïbes et appelé de ses vœux une coopération renforcée en vue d’y répondre.  « Nous espérons que nous poursuivrons la démarche que nous avons commencée aujourd’hui avec les PEID », a-t-il conclu.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a appelé à consacrer des ressources suffisantes pour aider les PEID à survivre.  Elle a demandé au Conseil de sécurité de jouer un rôle primordial pour aider à relever ces défis, en expliquant que ceux-ci peuvent nourrir l’insécurité.  En ce qui concerne les changements climatiques, elle a appelé les pays à atteindre un accord en décembre prochain à Paris.  En ce qui concerne le trafic des armes légères et de petit calibre, elle a mis l’accent sur les conséquences dévastatrices de ce phénomène sur la situation économique et sociale des PEID, ainsi que sur les investissements locaux et étrangers.  Ces pays doivent recevoir une aide internationale pour contrer ce fléau, a-t-elle estimé.  Au plan régional, la représentante a recommandé une coopération plus étroite entre les pays concernés.  Notant ensuite que la réponse aux menaces à la paix et à la sécurité internationales avait évolué pour passer des embargos généralisés à des sanctions mieux ciblées, elle a fait remarquer que l’application des 15 régimes de sanctions actuellement en cours posait de grandes difficultés aux PEID, ces régimes étant complexes et difficiles à mettre en œuvre.  La Jordanie plaide donc pour le renforcement des capacités des PEID afin qu’ils puissent s’acquitter de leurs obligations juridiques internationales, a-t-elle dit avant de conclure. 

M. LIU JIEYI (Chine) a affirmé que les PEID apportaient des contributions précieuses au maintien de la paix.  La communauté internationale devrait apporter une attention accrue aux défis spécifiques que ces pays connaissent, a-t-il affirmé.  Estimant que le développement était l’élément clef de toute solution, il a appelé de ses vœux la pleine mise en œuvre des documents pertinents relatifs aux PEID, dont les « Orientations de Samoa », et le renforcement des partenariats avec ces pays.  Il a également plaidé pour un meilleur accès de ces pays aux marchés mondiaux et souhaité un renforcement de la coopération Sud-Sud.  Les pays développés doivent augmenter les transferts technologiques en faveur de ces pays et honorer leurs promesses en matière d’aide au développement, a-t-il affirmé.  Aucun pays ne peut répondre seul aux menaces non traditionnelles telles que les changements climatiques, a-t-il dit, avant d’inviter les organisations régionales à jouer un rôle plus important face à ces nouvelles menaces.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a rappelé que la question des changements climatiques ne devait pas être reléguée aux générations futures.  L’hiver dernier a été le plus chaud que le monde n’ait jamais enregistré, a-t-il dit pour illustrer l’urgence de la situation.  Il a attiré l’attention sur la nécessité de réduire les activités qui provoquent ces changements, en assurant que les États-Unis s’engageaient à être chef de file dans ce domaine.  Il a mentionné, à cet égard, les décisions prises par le Président des États-Unis en mars dernier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% en dessous des niveaux de 2005 d’ici à 2025.  Mais, a-t-il fait observer, pour pouvoir réduire l’augmentation de température de 2ºdegrés Celsius, il faudrait que tous les pays s’engagent à réduire leur empreinte carbone et travaillent de concert pour atteindre un accord ambitieux sur les changements climatiques à la COP21, à Paris en décembre prochain.  Il a aussi salué les engagements pris par les PEID, comme les Îles Marshall, tout en prévenant qu’ils ne pouvaient agir seuls.  Le représentant a cité, à cet égard, l’aide apportée par son pays en matière d’adaptation pour les pays de l’Asie et du Pacifique.  En ce qui concerne la sécurité énergétique, il a noté que les PEID étaient des exemples à suivre dans le développement des énergies renouvelables, comme Samoa qui s’est engagé à atteindre 100% d’électricité renouvelable d’ici à 2017.  Il a aussi indiqué qu’une réunion s’était tenue récemment, à Hawaï, pour discuter de l’échange des pratiques optimales en matière d’énergie propre.  La protection des océans, a-t-il souligné, est une question de sécurité internationale essentielle.  Les États-Unis ont apporté leur soutien à un programme de Nature Conservancy sur cinq ans qui vise la conservation de la diversité biomarine dans la région des Caraïbes.  Il a aussi parlé de ce que fait son pays pour lutter contre la pêche illégale qui menace, a-t-il dit, la viabilité des mers.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a affirmé que les PEID avaient affiché leur détermination à régler les défis qui se posent.  Compte tenu de la nature transnationale du nombre de ces défis, il est nécessaire de renforcer les mécanismes régionaux de coopération entre ces pays, a-t-elle avancé.  Elle a plaidé en faveur de la pleine mise en œuvre des documents tels que le Programme d’action de la Barbade ou les Orientations de Samoa, et souligné l’importance d’un accroissement des investissements directs étrangers pour le développement de ces pays.

La représentante du Nigéria a souhaité un renforcement de l’interaction entre ces pays et le Conseil, par le biais notamment de la création d’un mécanisme spécifique qui permettrait d’augmenter les capacités de réaction du Conseil et de déterminer plus spécifiquement les besoins sécuritaires de ces pays.  Le Conseil est idéalement placé pour prendre la tête des efforts en faveur des PEID, a-t-elle conclu.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a rappelé que le Document final de la troisième Conférence internationale des petits États insulaires en développement, à Samoa, en septembre dernier, avait reconnu la vulnérabilité particulière de ceux-ci et appelé à une action coordonnée de la communauté internationale pour y faire face d’une manière cohérente et globale.  À son avis, la mise en œuvre de ce Document est d’une importance vitale pour les petits États insulaires en développement, dont certains sont aujourd’hui confrontés, selon leurs propres mots, à une menace existentielle.

Mme Murmokaitė a plaidé pour une action résolue, cohérente et consolidée de la part de la communauté internationale visant à renforcer les capacités nationales et régionales pour gérer les effets des changements climatiques, la promotion de la résilience, de la durabilité, ainsi que les ressources et la sécurité énergétique à l’échelle mondiale.  Dans ce contexte, il est urgent de parvenir à un accord sur les changements climatiques ambitieux et universel, à Paris, en décembre, a-t-elle affirmé.

La déléguée a également souligné l’importance des défis que constituent pour les petits États insulaires en développement, en raison de leur taille, de leur éloignement et de leurs capacités institutionnelles, le trafic de drogues et la criminalité transnationale organisée, l’insécurité maritime et la piraterie, ainsi que les menaces moins immédiates liées à la cyber-sécurité et au terrorisme.

M. BERETITENTI ANOTE TONG, Président de Kiribati, a estimé que la communauté internationale devrait dépasser le débat sur ce qui constitue ou non une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a rappelé, à cet égard, que les dirigeants du Pacifique avaient, dans la déclaration de Majuro adoptée en 2013, déclaré les changements climatiques comme une menace à la sécurité des îles du Pacifique.  Tout en se félicitant que cette question soit de plus en plus reconnue, il a regretté le manque de leadership et de responsabilisation sur cette question qui, a-t-il dit, demeure accessoire pour ceux qui ont la capacité de la régler.  Il a déploré que ceux qui ont le moins de moyens et de capacités pour faire face à ce problème soient les mêmes qui en subissent les plus grandes conséquences.  C’est pourtant un problème de sécurité qui a le potentiel de rayer de la carte des pays entiers, a-t-il prévenu.  « Nous avons la preuve qu’on s’approche d’un point de non-retour », a déclaré le Président de Kiribati, en constatant pourtant qu’on continue de faire de la procrastination et d’hésiter à prendre les mesures qui s’imposent car, a-t-il remarqué, « on préfère que ce soient les voisins qui fassent le premier pas ».

« Des efforts très coûteux ont été entrepris pour nous permettre de participer à ce débat, car cela est très important pour nous », a-t-il dit.  « Pouvons-nous, en tant que dirigeants, rentrer chez nous et rassurer nos populations sur l’engagement de la communauté internationale d’adopter des solutions qui permettront de répondre à ces défis avant qu’il ne soit trop tard? »  s’est-il interrogé.  Le Président a ensuite alerté sur l’urgence de la situation et prévenu que les changements climatiques étaient un « assaut silencieux » qui donne un faux sentiment de sécurité.  Il a aussi fait remarquer que le prix de cette lutte étant élevé, on préfère le faire supporter par la génération suivante, avant de prévenir que c’est la communauté internationale tout entière qui risque de subir cette menace.  C’est pourquoi, il a lancé un appel pour que des mesures urgentes soient prises afin de régler les problèmes de sécurité et de survie des pays les plus vulnérables, en faisant appel à l’obligation morale qui pèse sur le monde.

M. TOKE TALAGI, Premier Ministre de Niue, a déclaré que la réponse actuelle apportée aux défis des changements climatiques était une réaction à court terme à des catastrophes naturelles.  « Cela ne marche pas », a-t-il dit, avant de souligner que la communauté internationale devait se fixer pour cible « visionnaire » la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre à 1,5% en 2100.  Il a expliqué qu’aujourd’hui, chaque pays déterminait sa propre cible et qu’il y avait une vaste différence dans les perceptions d’une catastrophe et dans les réponses à y apporter.

Le Premier Ministre a ensuite mentionné les conséquences psychologiques d’une catastrophe naturelle pour les populations qui ont été frappées, en ajoutant que les retards de décaissement des agences de pays donateurs pouvaient aggraver une situation déjà difficile.  « La plupart du temps, 80 à 90% des fonds sont absorbés par les coûts de recrutement des consultants chargés de nous montrer comment remplir un formulaire », a-t-il déploré.

Le Premier Ministre a ensuite invité le Conseil à jouer un rôle majeur pour contribuer à mieux répondre aux changements climatiques, avant de passer en revue les questions sécuritaires auxquelles les PEID sont confrontés, notamment la lutte contre les pêches illégales ou la protection des ressources naturelles.  Enfin, il a rappelé que la terre était la seule planète où la vie est possible et qu’il faudrait, ainsi, tout faire pour la protéger.

M. CHARLES HENRY FERNANDEZ, Ministre des affaires étrangères et du commerce international d’Antigua-et-Barbuda, a souligné que les PEID font face à des défis à facettes multiples en matière de sécurité, qui exigent une réaction préventive, avec un volet évaluation et un volet planification.  « Nos difficultés ne font pas les gros titres des journaux », a-t-il fait remarquer, en notant qu’elles doivent pourtant être affrontées pour préserver l’existence même de ces pays.  Il a estimé que les mécanismes et structures internationales actuels en matière de sécurité, en particulier le Conseil de sécurité, n’étaient pas appropriés pour répondre à ces défis.  Le Ministre a expliqué que les menaces à la sécurité, dont souffrent ces pays ne sont pas de nature militaire mais vont bien au-delà de cette dimension, car elles sont intrinsèquement liées aux piliers social, économique et environnemental du développement durable.  Il a souligné que les changements climatiques et l’élévation du niveau des mers étaient des menaces à l’environnement et au développement durable des PEID auxquelles il faudrait répondre de manière urgente.  Les pertes économiques résultant des changements climatiques se font sentir notamment dans le secteur du tourisme, a-t-il dit, en précisant que cette activité représente 70% du PNB de son pays.  C’est donc une question de survie économique, a-t-il dit.

Le Ministre a aussi expliqué que la population et les activités économiques de ces pays étaient concentrées dans les zones côtières, les rendant d’autant plus vulnérables aux effets des changements climatiques.  Il a fait observer que ces difficultés avaient aggravé le manque de capacité et de financement qui sont nécessaires à la mise en œuvre de politiques et de mécanismes d’atténuation.  Il s’est également inquiété de l’impact du trafic de drogues et de la prévalence des petites armes sur la sécurité internationale.  Les PEID sont dépendants des marchés étrangers et vulnérables économiquement du fait de leur éloignement et de leur petite taille, a ajouté le Ministre.  À cet égard, il s’est plaint de la diminution des préférences commerciales dont les pays des Caraïbes bénéficiaient avec leurs partenaires internationaux traditionnels, un problème dont son pays souffre depuis 10 ans.  Le Ministre a aussi attiré l’attention sur le problème d’endettement de ces pays et des effets d’autant plus grands qu’ils ont subi de la crise économique mondiale, Antigua-et-Barbuda ayant ainsi perdu 25% de son PIB.  C’est là encore un problème de sécurité car l’existence même des PEID est menacée, a-t-il dit, avant d’alerter sur les conséquences de la misère humaine qui pousse les gens à quitter leur pays.

M. FREDERICK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, a déclaré que les priorités sont l’environnement, la lutte contre le crime organisé et l’immigration illégale, le chômage et l’économie.  Cependant, a-t-il ajouté, les changements climatiques représentaient le défi environnemental et de développement le plus sérieux.  Les implications sécuritaires des changements climatiques doivent être affrontées en premier au niveau multilatéral par des organes qui sont inclusifs, représentatifs et transparents, a-t-il estimé, en soulignant que si des actions ambitieuses étaient prises pour affronter les changements climatiques, elles permettraient de réduire les implications sécuritaires associées aux changements climatiques, y compris les menaces auxquelles font face les PEID.

Il a déclaré que son pays était convaincu de la nécessité pour la communauté internationale d’attacher la plus grande priorité à la conclusion des négociations en cours sur les changements climatiques dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques sur un nouvel accord juridiquement contraignant, ce qui aboutirait à la réalisation de la réduction substantielle des émissions des gaz à effet de serre et à l’augmentation du niveau de ressources disponibles pour les pays en développement vulnérables, y compris les PEID.  Le Ministre a aussi rappelé le rôle du Conseil de sécurité dans la lutte contre les conséquences des changements climatiques et des défis qu’elles représentent et a appelé à la réforme du Conseil qui consisterait à doter les PEID d’un siège parmi les sièges tournants des membres du Conseil.

M. MAXINE MCCLEAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Barbade, a rappelé que la troisième Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement, qui s’était tenue à Samoa en 2014, avait été l’occasion de rappeler l’importance de la paix et de la sécurité.  Il a souligné les vulnérabilités particulières des PEID, en citant les ressources de base, la petite taille des marchés nationaux, la fragilité de ces pays face aux chocs externes et la vulnérabilité environnementale.  Il a salué la décision de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) de rétablir une présence dans les Caraïbes.  Il a rappelé que les États Membres avaient appelé dans le cadre des « Orientations de Samoa » l’importance critique de la coopération internationale et des partenariats pour réaliser le développement durable des petits États insulaires en développement.  Il a mis l’accent sur l’importance de préserver les océans sains, en se disant inquiet de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, de l’acidification des océans et de l’érosion des côtes.  Il a estimé que le processus des négociations sous les auspices de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques restait le cadre le plus approprié pour débattre des changements climatiques.

M. RATU INOKE KUBUABOLA, Ministre des affaires étrangères des Fidji, a affirmé que les changements climatiques étaient la principale menace qui se posait aux petits États insulaires en développement (PEID).  « Nous sommes les victimes de problèmes que nous n’avons pas créés », a-t-il déclaré, en mentionnant l’augmentation du niveau de la mer et du nombre croissant de tempêtes tropicales.  Il a souligné l’urgence de parvenir au développement durable, en souhaitant que davantage de fonds soient consacrés au développement des énergies renouvelables.  Il a indiqué que l’environnement marin offrait des opportunités de développement et de croissance à condition de pouvoir protéger les océans et les ressources halieutiques.  Il a particulièrement dénoncé la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui prive les communautés côtières des moyens de subsistance, et exhorté le Conseil de sécurité à aider les petits États insulaires à renforcer le contrôle et la surveillance des océans.  Il a par ailleurs invité le Conseil de sécurité à aider les petits États insulaires à confronter les menaces liées à la criminalité transfrontalière organisée, qui représente, à son avis, une réelle menace à la stabilité de ces pays.    

M. RIMBINK PATO, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a estimé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques restait le forum principal pour débattre des questions relatives aux changements climatiques.  Il a néanmoins invité toutes les institutions de l’ONU à rester engagées dans ce processus, notamment l’Assemblée générale, la Banque mondiale, l’Institut mondial de la croissance verte, le Fonds vert de Copenhague pour le climat, le Fonds pour l’environnement mondial, ainsi que les plans de PEID dont la mise en œuvre souffre d’un manque de financement.  Il a par ailleurs indiqué que son pays avait décidé de consacrer 150 millions de dollars durant les cinq prochaines années pour aider les petits États insulaires en développement à faire face à l’impact des changements climatiques.  Il a également exhorté la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de la migration clandestine ainsi qu’aux difficultés rencontrées par les pays de transition comme la Papouasie.  Il a appelé la communauté internationale à aider les PEID à faire face à leur manque de ressources pour garantir une exploitation durable des ressources halieutiques en vue de l’avènement d’une économie bleue, et prié le système de l’ONU à appuyer le Secrétariat du Forum des îles du Pacifique à lutter contre la pratique de la pêche illégale.  

M. CAMILLO GONSALVES, Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-Les Grenadines, a indiqué que son pays était candidat pour siéger au Conseil de sécurité en 2019-2020 en vue de faire avancer la cause des petits États insulaires en développement.  Il a regretté que seulement huit petits États insulaires en développement aient siégé au Conseil de sécurité depuis sa création et que 40% des États n’ayant jamais siégé au Conseil de sécurité soient des petits États insulaires en développement. 

Il a mis l’accent sur la vulnérabilité particulière des petits États insulaires en développement aux catastrophes naturelles mais aussi à la criminalité.  « Si un gang peut poser un problème au niveau municipal dans un grand pays, il peut être une réelle source d’instabilité dans un petit pays insulaire en développement », a-t-il prévenu. 

Il a rappelé que presque la moitié des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) participaient à des programmes d’ajustement structurel.  Il a espéré que le débat d’aujourd’hui serait l’occasion de faire prendre conscience au Conseil de sécurité qu’il a trop souvent tourné le dos aux petits États insulaires en développement et que le moment était venu de reconnaître que les changements climatiques, la criminalité transfrontalière, les influences négatives des acteurs non étatiques sur l’économie posaient des menaces spécifiques à la sécurité des petits États insulaires en développement.

M. WINSTON DOOKERAN, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a dit que pour lutter contre la criminalité transnationale organisée, la communauté internationale avait l’obligation de coopérer et de relever ensemble les défis.  Illustrant ses propos, il a indiqué que Trinité-et-Tobago, aux côtés des pays des Caraïbes, avait coopéré dans la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes et s’était prononcée en faveur de l’adoption de la résolution sur les combattants terroristes étrangers.  Le Ministre a également évoqué le rôle important des femmes qui sont les piliers de la paix et du développement.  S’agissant de la préservation de la paix et de la sécurité internationales, il a estimé que tous les États Membres avaient un rôle à jouer.  Il a aussi rappelé la candidature de son pays pour accueillir le secrétariat du Traité sur le commerce des armes.  Nous avons les infrastructures nécessaires, a affirmé le Ministre, évoquant par ailleurs le principe de la répartition géographique équitable des sièges des différentes agences des Nations Unies.     

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a affirmé qu’il était du devoir de la communauté internationale d’entendre l’appel de détresse des petits États insulaires en développement et d’y répondre sans plus tarder.  Il faut, a—t-il dit, agir dès maintenant afin d’éviter les conséquences catastrophiques des changements climatiques auxquelles sont confrontés les petits États insulaires en développement.

Le Conseil de sécurité devrait prendre certaines mesures préventives afin d’éviter les problèmes et les tensions possibles causées par les migrations et les déplacements forcés qui peuvent être de très longue durée.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’aborder le statut juridique des personnes qui sont obligées de quitter leur pays en raison de la perte de surfaces de leur territoire provoquée par l’élévation du niveau océanique.

Mme ISABELLA LÖVIN, Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, qui a parlé au nom des pays nordiques, a présenté un certain nombre de réponses aux défis en matière de paix et de sécurité des PEID, à savoir: l’atténuation ou la suppression des effets des changements climatiques qui touchent en particulier les petits États insulaires en développement, auxquels les pays nordiques se proposent de participer à l’aide aux PEID; l’intégration de politiques visant à atténuer les changements climatiques, avec un accent particulier sur l’énergie renouvelable, la sécurité énergétique et des programmes de développement sur le long terme, pour réduire la dépendance des énergies fossiles; renforcement des capacités destinées à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, y compris la pêche illégale, non déclarée et non réglementée; la mise en œuvre des conventions et des cadres existants, y compris le Traité sur le commerce des armes et les Orientations de Samoa, pour lutter contre la criminalité transnationale organisée; l’importance d’une approche inclusive, qui vise la participation de la société civile, des autorités locales et du secteur privé, aux efforts des PEID visant à atténuer et éliminer les problèmes liés au réchauffement climatique.  Mme Lövin a estimé que la signature d’un accord juridiquement contraignant lors de la conférence internationale sur les changements climatiques prévue à Paris en décembre serait une étape importante vers l’édification d’un monde plus sûr et affirmé que le développement durable n’était pas un choix mais une nécessité pour la sécurité internationale.

M. MARK BROWN, Ministre des finances des Îles Cook, a indiqué que les petits États insulaires en développement étaient en charge de 165 millions de kilomètres carrés d’océans et que son pays avait à lui seul la charge de 2,2 millions de kilomètres carrés.  Il a rappelé que les richesses des océans représentaient les principales ressources économiques des petits États insulaires, avant d’exhorter la communauté internationale à aider les petits États insulaires à faire face à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. 

Il a expliqué que les Îles Cook avaient créé la plus grande zone protégée au monde, sur la moitié de ses eaux territoriales, en essayant ainsi de trouver un équilibre entre les activités touristiques et l’exploitation des fonds marins.  Il s’est félicité de la tendance croissante à la création de zones de gestion durale dans l’océan Pacifique.

Il a fait état des accords conclus avec les gardes-côtes des États-Unis et des programmes de surveillance des bateaux et des avions en collaboration avec les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la France.  Il a dit que ces efforts nationaux et régionaux n’avaient de sens qu’avec la coopération de tous les États Membres qui doivent démontrer leur volonté de respecter ces accords.  Il a dit la nécessité pour les petits États insulaires de bénéficier d’une protection des eaux internationales de nature à garantir la durabilité du secteur des pêches. 

Il a espéré que les États Membres parviendront à un accord lors de la prochaine Conférence de Paris sur le climat en décembre en souhaitant un texte qui prendra en compte les spécificités et attentes des petits États insulaires en développement.  

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a estimé qu’aider les PEID à améliorer leur sécurité alimentaire, la protection de leurs mers, leurs systèmes d’énergie renouvelable, la gestion des risques naturels et leur compétitivité économique, était l’occasion de développer un modèle de développement durable qui pourra être bénéfique aux autres pays.  L’Italie a une grande expérience en matière de lutte contre les effets négatifs des changements climatiques, notamment pour lutter contre l’élévation du niveau des mers dans l’Adriatique.  Elle a en effet mis au point un système hautement sophistiqué de protection des villes contre les marées d’une hauteur supérieure à trois mètres.  M. Della Vedova a aussi annoncé que son pays accueillerait un évènement au niveau ministériel pour faire le point, un an après la Conférence de Samoa, qui se tiendra les 14 et 15 octobre.  L’Italie apporte aussi son soutien au Partenariat mondial des îles (GLISPA) dont une réunion du Comité de direction se tiendra à Turin, en octobre prochain.  Passant à la question des énergies renouvelables, le Sous-Secrétaire d’État a parlé de la coopération de son pays avec les PEID du Pacifique, par le biais d’un partenariat environnemental régional.  L’Italie a par ailleurs développé un programme de coopération avec les pays des Caraïbes et a accueilli, à ce titre, une formation sur les flux financiers illicites pour les experts de la CARICOM.  Elle lance aussi un nouveau programme de coopération régionale dans les Caraïbes dans le domaine de la réduction des risques de catastrophe.  Enfin, M. Della Vedova a émis l’espoir que la réforme du Conseil de sécurité assurerait une meilleure représentation aux PEID.

M. ROBERTO SARMENTO DE OLIVEIRA SOARES, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération de Timor-Leste, a affirmé que les changements climatiques n’étaient pas qu’une question environnementale mais sont aussi une question de sécurité nationale et internationale.  Il a souligné que son pays était exemplaire en matière de gestion des ressources naturelles et gérait de maniéré transparente et efficace les activités de ses industries d’extraction.  « Si l’industrie pétrolière est cruciale pour la croissance du Timor-Leste nous notons aussi que les populations locales ne tirent pas toujours bénéfice de cette exploitation », a-t-il déclaré. 

Par ailleurs, il a dit que la criminalité transnationale constituait une menace grave pour la stabilité des petits pays insulaires.  Il a invité la communauté internationale à répondre aux défis multiples des petits États insulaires de manière coordonnée.  Il a indiqué que son pays avait consacré 38 millions de dollars durant la période 2008-2014 à l’assistance aux pays affectés par des catastrophes naturelles.

M. ALI NASSEER MOHAMED, Secrétaire aux affaires étrangères des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a rappelé que les PEID ont assumé des responsabilités au niveau international en envoyant des troupes dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies à travers le monde, et accueilli de nombreuses missions sur leurs territoires.  Leur voix au Conseil de sécurité reste toutefois largement sous-représentée, a-t-il déploré.  Depuis 25 ans, a-t-il souligné, seuls 6 PEID ont été élus au Conseil sur les 125 États Membres de l’ONU élus pendant la même période.  Il faudrait que cette situation change, a affirmé le Ministre, évoquant par la suite les effets des changements climatiques dans les PIED, ainsi que les conséquences des trafics illicites comme le commerce des armes, la piraterie et le trafic de drogues et les catastrophes naturelles.  Les PEID font partie de la solution à ces questions, a-t-il dit, car il s’agit d’États viables avec une capacité à vivre et à prospérer dans le monde politique turbulent actuel.  M. Mohammed a également souligné le lien entre les dangers des changements climatiques et la pleine jouissance des droits de l’homme, affirmant qu’un véritable partenariat durable des PEID permettrait de surmonter les obstacles rencontrés par ces États dans leur lutte contre ces problèmes existentiels.

M. MIKE EMAN, Premier Ministre d’Aruba, s’exprimant au nom des Pays-Bas, a affirmé que les pays en développement et les États fragiles étaient les plus affectés par les effets des changements climatiques.  Ce sont des pays qui ont peu de ressources et des moyens pour y faire face, a-t-il dit.  Les Pays-Bas reconnaissent la nécessité d’améliorer la résilience face aux risques liés à la fragilité climatique.  M. Eman a souligné que les Pays-Bas organisaient la première Conférence internationale sur la paix et la coopération dans le domaine des changements climatiques et des défis environnementaux mondiaux, les 2 et 3 novembre 2015 à La Haye.  Cette Conférence deviendra une manifestation annuelle afin de maintenir l’attention en cours sur cette question importante. 

En outre, Aruba organise, pour la sixième fois, la Conférence internationale « Aruba verte » sur le thème de la transition des énergies fossile vers les sources d’énergie renouvelable, l’île visant à abandonner les énergies fossiles avant 2020.  Le deuxième problème est le défi de la criminalité organisée contre laquelle Aruba manque de capacités, notamment de patrouilles dans les eaux qui entourent l’île.  La coopération internationale doit être renforcée à cet égard, a—t-il dit.  Cette situation est susceptible, en effet, d’encourager l’exploitation illicite des ressources naturelles, y compris la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. 

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a déclaré que son pays, qui comptait de nombreuses petites îles, était conscient que les problèmes rencontrés par les PEID pouvaient avoir des incidences sur la sécurité régionale et internationale.  Cela exige que le Conseil de sécurité élargisse son approche de la paix et de la sécurité internationales en relation avec le développement durable, a-t-il affirmé, estimant qu’il était nécessaire d’aider les petits États insulaires à préserver leurs ressources halieutiques, à lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et à prévenir les catastrophes naturelles, et que la sécurité des PEID était indissociable du développement.  Notant que de nombreux pays insulaires en développement sont victimes d’inondations en raison des changements climatiques, il était d’avis qu’il fallait accorder la priorité à une meilleure intégration de la prévention des risques de catastrophe dans les plans de développement.     

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. MAHE’ULI’ULI SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga) a rappelé que les dirigeants du Pacifique appelaient continuellement à la volonté politique et à des actions ambitieuses pour faire face aux effets et à l’impact des changements climatiques.  Il a ajouté que cet impact était évident dans la région du Pacifique, mais avait aussi des incidences sur le reste du monde.  Le Groupe des petits États insulaires en développement du Pacifique demandait la nomination immédiate d’un représentant spécial sur le climat et la sécurité avec la responsabilité d’abuser les impacts sécuritaires potentiels des changements climatiques de manière à aider les membres du Conseil de sécurité à se préparer à faire face à ces menaces et leurs conséquences.  De plus, il a jugé indispensable que le Conseil de sécurité demande une évaluation de la capacité du système des Nations Unies de réagir de la manière la plus adéquate à ces impacts.  Le représentant a estimé que la lutte contre l’impact des changements climatiques devait avoir la même attention que la lutte contre le VIH/sida, en expliquant que les questions liées aux changements climatiques pouvaient créer des situations d’instabilité si elles n’étaient pas traitées de manière adéquate. 

M. CALEB OTTO (Palaos) s’est particulièrement inquiété des conséquences des pêches illicites, du virus VIH/sida, de la criminalité transnationale et des maladies non transmissibles sur la stabilité des petits États insulaires en développement.  Parmi les plus importantes menaces, il a cité la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui menace la sécurité alimentaire de nombreux petits États insulaires en développement et a exhorté le Conseil de sécurité à faire face aux conséquences des changements climatiques qui compromettent l’existence même de ces pays.

Le représentant a jugé indispensable que la question des changements climatiques soit inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, avant d’encourager les États Membres à parvenir, en décembre, à Paris, à un accord juridiquement contraignant dans ce domaine.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a axé son intervention sur la criminalité organisée contre laquelle son pays a élaboré un partenariat international avec les pays voisins de la région.  En septembre prochain, a-t-elle annoncé, la Colombie accueillera le troisième séminaire antidrogue des Caraïbes avec la participation de 16 pays.  Elle a également évoqué la lutte contre le trafic de drogues dont la nécessité d’élaborer un ensemble de mesures pour contrer les menaces qu’il représente.  Au sujet des changements climatiques, la représentante a affirmé que le Conseil de sécurité pourrait jouer un rôle important, en adoptant notamment des mesures humanitaires en faveur des pays concernés.  Elle a estimé que l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015 et la tenue de la conférence internationale sur le climat prévue pour décembre prochain à Paris devraient contribuer à l’édification d’un monde plus prospère.

Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a déclaré que l’un des défis des petits États insulaires en développement était le fléau des effets des changements climatiques qui entraînent notamment l’élévation du niveau de la mer et une augmentation des catastrophes naturelles, illustrée récemment par le cyclone Pam au Vanuatu et à Tuvalu.

L’Estonie a donné 60 000 euros à travers l’UNICEF pour aider les enfants et les familles victimes dans les deux pays.  Dans ce contexte, la représentante a salué le cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe y compris la référence aux vulnérabilités des petits États insulaires en développement.  Elle a expliqué que l’Estonie avait fait un engagement à long terme avec les petits États insulaires en développement. 

Le pays a contribué à hauteur de 100 000 euros à un projet visant à établir ou améliorer la connectivité Internet dans les zones vulnérables et les plus éloignées du Pacifique.  Elle a ajouté que parmi les menaces auxquelles faisaient face les petits États insulaires en développement se trouvaient la cybercriminalité et les cyberattaques.  L’Estonie, a-t-elle dit, a élargi sa coopération avec ces pays dans le domaine de la cybersécurité en coopération avec l’Organisation des États américains (OEA).  Elle a terminé en espérant une représentation adéquate des petits États insulaires en développement au Conseil de sécurité dans un avenir proche.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne (UE), a rappelé que les vulnérabilités particulières des petits États insulaires en développement ont été reconnues par la communauté internationale lors de la troisième Conférence internationale sur les PEID qui s’est tenue à Samoa en septembre 2014.  Il a estimé que la diversité des menaces auxquelles font face les PEID est responsable d’un niveau d’instabilité qui dépasse leurs frontières.  Saluant l’importance des Orientations de Samoa qui offrent de nombreux outils de lutte contre les vulnérabilités particulières des PEID, le représentant a expliqué que l’Union européenne était en train de réorienter son soutien afin de faire de la résilience une priorité de sa coopération avec les pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles.  Il a précisé que l’Union européenne travaillerait avec les PEID pour les aider à mieux intégrer la gestion du risque et la résilience dans leurs politiques et stratégies, et souligné la nécessité de continuer les efforts pour prévenir les effets négatifs des changements climatiques.  Il a par ailleurs rappelé que les changements climatiques pouvaient entraîner des tensions liées au déplacement de population et des conflits liés à la raréfaction des ressources.  Il a salué la mise à jour du rapport du Secrétaire général de 2009 sur « les changements climatiques et ses implications en matière de sécurité » et affirmé que l’UE appuyait les efforts des pays des Caraïbes et de l’Amérique centrale en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée et contre le trafic de stupéfiants.  Il a également plaidé pour la mise en œuvre immédiate des engagements internationaux conclus pour renforcer la gouvernance en mer, et notamment la lutte contre la pêche illégale et non réglementée.

Mme KAREN TAN (Singapour) a estimé que les conséquences des changements climatiques constituaient une grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  « Ces risques sont clairs et connus de tous », a-t-elle dit, en citant des études montrant que les changements climatiques sont la première menace à laquelle font face les pays d’Amérique latine, de l’Afrique subsaharienne, d’Asie et du Pacifique.  Les Orientations de Samoa reconnaissent que la montée du niveau de la mer constitue une menace importante aux efforts de développement des petits États insulaires en développement, a-t-elle précisé, estimant que les PEID constituaient un cas particulier du développement durable à la lumière de leurs vulnérabilités spécifiques.  « Que nous parvenions ou non à un accord juridiquement contraignant à Paris en décembre, il nous faudra financer et mettre en place des mesures d’adaptation pour renforcer la résilience des PEID », a-t-elle déclaré.  Elle a affirmé que son pays s’était engagé à appuyer les efforts des PEID par le biais d’un programme de trois ans pour aider ces pays a développer des programmes de développement durable et renforcer leur résilience.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a dit que la mise en œuvre des « Orientations de Samoa » implique une coopération internationale plus orientée vers les besoins des PEID.  Elle a rappelé l’existence d’autres instruments internationaux qui peuvent aider à préserver la paix et la sécurité dans ces pays, évoquant notamment le Traité sur le commerce des armes.  Concernant les effets des changements climatiques, elle a exprimé l’espoir que les États parviendraient à des engagements sur le climat à la conférence de Paris en décembre prochain et soutenu la mise en œuvre du cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe.

La représentante a également insisté sur les objectifs de développement durable (ODD, en particulier l’ODDº15 « Préserver et remettre en état les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité ».  Elle a appelé au renforcement de la coopération régionale comme le programme de patrouille commune dans le Pacifique, le prépositionnement des articles de secours en vue des catastrophes naturelles, le renforcement institutionnel, les programmes de formation et de bourses, et l’égalité homme-femme qui peuvent aider les PEID.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que le Conseil de sécurité n’avait ni les moyens, ni l’expertise, ni la représentativité, ni la légitimité pour traiter les aspects économiques, sociaux, environnementaux, humanitaires et technologiques de la question des changements climatiques.  Au lieu de débattre des changements climatiques dans ce forum où les petits États insulaires en développement eux-mêmes sont rarement représentés, nous devrions, a-t-il dit, chercher des solutions à travers la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dans laquelle la voix des petits États insulaires en développement a acquis une résonance accrue. 

Les changements climatiques ne peuvent pas être considérés comme une menace à la paix et la sécurité internationales en soi, ou un « multiplicateur de menaces », il est le plus important défi du développement durable de notre temps pour lequel les pays en développement et les petits États insulaires en développement ont besoin de ressources adéquates pour prendre des mesures adaptées à la situation. 

Le représentant a estimé que la voie la plus efficace pour répondre aux préoccupations des petits États insulaires en développement est de renouveler nos efforts pour un accord ambitieux, sous la Convention, qui est basé sur le principe des responsabilités communes mais partagées et des capacités respectives.  Le Brésil attend qu’un tel résultat soit atteint à la Conférence de Paris sur les changements climatiques en décembre 2015.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a jugé évident que les petits États insulaires en développement sont concernés au premier chef par les conséquences des changements climatiques alors que l’augmentation du niveau de la mer met en péril leur intégrité territoriale.  Elle a prévenu que les flux migratoires provoqués par les effets néfastes des changements climatiques peuvent être sources de tensions s’ils ne sont pas bien gérés.  

Elle a souligné la nécessité de parvenir à Paris, en décembre, à un accord juridiquement contraignant qui permettra de limiter l’augmentation des températures à moins de 2ºdegrés.  Elle a jugé indispensable que le Conseil de sécurité se penche sur les implications sécuritaires des changements climatiques dans une logique de prévention des conflits.

M. COLLIN D. BECK (Îles Salomon) a dit que les changements climatiques bouleversaient l’équilibre de notre système planétaire déjà fragile.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus dynamique pour faire face aux impacts des changements climatiques en envisageant de nouvelles façons de garantir la présence de l’ONU dans les petits États insulaires en développement.

« Si le Conseil de sécurité veut être plus efficace pour réduire les menaces auxquelles font face les petits États insulaires en développement, il doit s’appuyer sur les données scientifiques », a-t-il dit, avant de rappeler que le dialogue d’experts de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a montré que l’augmentation des températures doit être impérativement limitée à 1,5 degré et non 2 degrés Celsius.  C’est pourquoi, il a estimé que l’accord de Paris devra permettre de stabiliser des températures en dessous de 1,5 degré.   

Mgr SIMON KASSAS (Saint-Siège) a indiqué que les préoccupations découlant des changements climatiques étaient inséparables de celles liées au développement humain.  Le Pape François propose le paradigme d’une écologie intégrale permettant de répondre tout à la fois à la crise sociale et à la crise environnementale, a-t-il expliqué.  Il a affirmé que le soin de la terre ne devait pas être seulement une attitude verte mais également une attitude sociale, « les êtres humains faisant partie de la nature ».

Il a ensuite souhaité que les États Membres dépassent leurs intérêts de court terme lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques et que des ressources financières suffisantes soient allouées pour lutter contre les changements climatiques.  Enfin, il a appelé les pays les plus riches à aider les pays les plus pauvres à développer des systèmes de production d’énergie moins polluants.

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a jugé indispensable de renforcer l’appui aux petits États insulaires en développement au regard des défis environnementaux et sociaux considérables que ces pays doivent relever.  Il a également souhaité que la Conférence de Paris  sur les changements climatiques aboutisse à des résultats ambitieux.  Soulignant la prévalence de la malnutrition dans ces pays, il a insisté sur la nécessité d’éviter que ne s’installe une insécurité alimentaire chronique qui poserait à terme une menace à la paix et à la stabilité internationales.

Il a ensuite déclaré que le défi de la criminalité internationale se posait en termes plus aigus pour les petits États insulaires en développement, ajoutant que ces pays pouvaient servir de points de transit pour le trafic illicite d’armes.  Le représentant du Mexique a invité le Conseil à prévoir des mécanismes spécifiques permettant d’appuyer les petits États insulaires en développement dans l’exécution des résolutions qu’il adopte, notamment en ce qui concerne l’application des régimes de sanctions.

Ces pays ne peuvent s’acquitter des mêmes obligations que les autres États sans un accompagnement spécifique, a-t-il estimé.  Enfin, il s’est dit favorable à l’élargissement du nombre de sièges non permanents du Conseil afin que les petits États insulaires en développement soient mieux représentés.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a rappelé que son pays hébergeait le centre régional de l’ONU qui discute des questions qui intéressent les petits États insulaires en développement.  Il a aussi mentionné un nouveau plan d’action Asie-Pacifique pour le développement de ces pays.  En ce qui concerne le changement climatique, il a rappelé que le premier débat sur ce sujet au Conseil avait eu lieu il y a huit ans.  Le système des Nations Unies devrait mobiliser d’urgence tous les efforts nécessaires dans ce domaine et parvenir à la conclusion d’un accord à Paris en décembre, a-t-il demandé. 

Si le changement climatique est une menace à la paix et à la sécurité, il a également regretté que ses conséquences sapent les efforts visant à éliminer la pauvreté.  Les Nations Unies doivent notamment aider ces pays à développer une agriculture durable et à améliorer l’accès à l’eau salubre, a-t-il recommandé.  L’exploitation illicite des ressources naturelles est une autre question à régler, a-t-il poursuivi en parlant notamment du problème des pêches illégales.  Il s’est félicité que l’utilisation durable des mers et des océans soit prévue dans un objectif séparé dans le programme de développement pour l’après 2015, l’objectif 14, avant d’insister sur le suivi de la mise en œuvre des efforts pour l’atteindre.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a déclaré que son pays était prêt à soutenir les pays vulnérables, ce qui rend un accord ambitieux sur le climat plus accessible.  À cette fin, l’Allemagne a récemment promis de doubler son financement des questions relatives au climat à 4 milliards d’euros par an.  Le pays se sert aussi de sa présidence du G7 pour apporter son appui aux petits États insulaires en développement. 

Les dirigeants du G7 se sont mis d’accord au cours de leur dernier sommet pour augmenter à 400 millions, avant 2020, le nombre de personnes dans les pays les plus vulnérables ayant accès à une couverture d’assurance contre les effets du changement climatique.  Ils se sont aussi accordés pour aider à développer des systèmes d’alerte précoce dans les pays les plus vulnérables.  Les dirigeants du G7 se sont engagés à entreprendre des actions pour combatte les déchets marins.  En avril dernier, les ministres des affaires étrangères du G7 ont signé une déclaration sur la sécurité maritime en s’attaquant à des questions qui préoccupent les petits États insulaires en développement comme la piraterie et la pêche illégale.

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a apprécié que le Conseil de sécurité reconnaisse les risques sécuritaires qui résultent des changements climatiques.  Il a indiqué que son pays, qui est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques, s’attache à préserver la sécurité humaine.  La connaissance de la pluviométrie annuelle est très importante pour un pays comme le sien, a-t-il dit, avant de préciser que la République dominicaine avait construit des usines hydroélectriques qui ont permis de multiplier par 2 la quantité de terres cultivables en deux décennies, malgré le coût important de ces installations.  La période de sécheresse qui touche la République dominicaine tous les 5 à 7 ans est une question qui affecte aussi son voisin, Haïti, a-t-il souligné.  Ce phénomène climatique risque d’engendrer des conflits sociaux qui auraient des incidences sur la sécurité mondiale.  Enfin, il a assuré qu’il n’y avait pas eu d’expulsions, ni d’actes de violence contre des étrangers dans son pays depuis de nombreuses années.

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a souligné les vulnérabilités spécifiques des PEID, citant notamment leur éloignement géographique, leur manque de ressources et leur exposition aux changements climatiques.  Il a indiqué que ces changements climatiques étaient l’une des causes profondes des défis que doivent relever ces pays insulaires en développement et estimé que les intérêts des PEID étaient le mieux servis au sein du système onusien.  Les PEID comptent sur la solidarité internationale, a-t-il dit.  Indiquant que paix et développement allaient de pair, le représentant de Chypre a plaidé pour une intensification des efforts en vue d’améliorer la résilience des PEID.  Il y va de l’intérêt de la communauté internationale, a-t-il conclu.

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a mentionné le lancement récent du Forum Inde-Pacifique pour la coopération avec les îles, qui a vocation à susciter un dialogue.  Il a apprécié l’implication du Conseil de sécurité sur les questions intéressant les petits États insulaires en développement, comme il l’a fait en créant un groupe de contact sur la piraterie au large de la Somalie aux termes d’une démarche démocratique et transparente qui, à son avis, a donné de bons résultats. 

Les préoccupations des petits États insulaires en développement doivent se retrouver dans le Document final de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), a-t-il souhaité par ailleurs, demandant que le fonds vert pour le climat prévoie aussi l’aide à apporter à ces pays.  Le représentant a insisté sur l’importance de l’objectif 14 de développement durable qui reflète la participation active des petits États insulaires en développement dans la préservation des océans et des ressources maritimes.

Enfin, il a lancé un appel pour que la majorité des États Membres plaident en faveur de la réforme des structures de l’ONU, afin d’entendre plus souvent les représentants des petites îles au Conseil de sécurité.

M. RON PROSOR (Israël) a rappelé qu’un cinquième des États Membres des Nations Unies étaient des petits États insulaires en développement.  Il a indiqué que ce n’était pas la taille d’un pays qui importait dans la bataille pour la préservation des océans mais bel et bien la détermination des peuples.  Il a salué à ce titre l’annonce des Palaos d’établir dans ses eaux le premier sanctuaire marin national, afin de permettre la reconstitution de ressources halieutiques.  « La communauté internationale n’a pas d’autre choix que de se tenir aux côtés des petits États insulaires en développement pour protéger les océans et combattre les changements climatiques », a-t-il dit.

Il a ensuite affirmé qu’Israël et ses pays partenaires insulaires en développement des Caraïbes œuvraient de conserve afin de développer des énergies alternatives dans cette région.  Il a salué la part prise par les petits États insulaires en développement dans le maintien de la paix et dit son appréciation de la contribution des Casques bleus des Fidji présents dans le Golan et au Liban.

« Israël est une île en quelque sorte, un État au milieu d’une mer d’hostilité souvent démontée », a continué M. Prosor, indiquant que l’une des menaces sécuritaires les plus essentielles pesant sur son pays était le manque en ressources hydrauliques.  En conclusion, il a affirmé que les priorités des petits États insulaires en développement devaient être reflétées dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a précisé que le Japon avait accueilli en mai 2015 la septième réunion des dirigeants des îles du Pacifique à Fukushima pour examiner des questions liées à la réduction des risques, aux changements climatiques et des questions maritimes et de pêcheries.  Il a indiqué que le Premier Ministre du Japon avait annoncé que son pays consacrerait 55 milliards de yen au cours des trois prochaines années aux priorités des petits États insulaires du Pacifique et fait part de l’intention de son pays de soutenir le développement du Centre du changement climatique du Pacifique.  Le représentant a également cité la tenue du premier sommet entre le Japon et la Caricom en juillet 2014, au cours duquel le Japon a annoncé une aide de 1,5 milliard de yen pour aider huit pays des Caraïbes dans leur lutte contre les impacts des changements climatiques.

Mme MARLENE MOSES (Nauru) a affirmé que les actions en faveur de la préservation environnementale avaient été trop souvent contrariées par des puissants intérêts économiques.  Ceci a conduit aux échecs de la gouvernance économique mondiale, a-t-elle affirmé, indiquant que les pays avaient échoué à enrayer une industrie financière prédatrice qui privilégie la spéculation effrénée sur les investissements.  Les pays les plus riches et les plus puissants écrivent les règles que le reste d’entre nous doit suivre, a-t-elle poursuivi, et les décisions qu’ils prennent dans des forums politiques isolés concernant le commerce international, la finance ou la coopération militaire ont des implications sur le développement des petits États insulaires en développement.  Les pays vulnérables ont été laissés à supporter le fardeau croissant de la sécurité avec une aide minimale, a estimé la représentante, selon laquelle la gouvernance mondiale de l’environnement, la gouvernance économique et la gouvernance de la sécurité devraient avoir une influence énorme sur la manière dont les PEID peuvent prospérer ou stagner. 

M. JORGE DOTTA (Uruguay) a estimé qu’il n’y avait plus de barrières bien définies entre les questions de santé, d’environnement, économique et de paix et de sécurité internationales.  Notant les menaces graves que doivent affronter les PEID sur le plan de la sécurité, il a jugé indispensable de reconnaître les responsabilités de chaque enceinte internationale dans ce domaine, en particulier celles des Nations Unies et du Conseil de sécurité.  L’Uruguay a contribué aux efforts visant la stabilisation d’Haïti, a-t-il rappelé, en mettant l’accent sur la contribution des PEID et de son pays au maintien de la paix et de la sécurité, notamment par l’envoi de Casques bleus dans les missions de l’ONU.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a déclaré que développement et paix allaient de pair, avant d’insister sur les vulnérabilités spécifiques des PEID.  Elle a affirmé que son pays était prêt à appuyer les PEID dans la mise en œuvre des « Orientations de Samoa ».  Lors du dernier Sommet des Amériques qui s’est tenu au Panama, le Gouvernement panaméen a souhaité devenir membre observateur au sein de la CARICOM, a-t-elle dit.

La représentante a ensuite plaidé pour un Conseil de sécurité élargi à 24 membres, dont 2  petits États insulaires en développement, qui seraient placés sur un pied d’égalité avec un mandat de trois ans renouvelable.  Le fait que Panama siège à l’ONU entre les Palaos et la Papouasie-Nouvelle-Guinée nous a permis de mieux connaître la réalité des PEID, a-t-elle dit.  Enfin, elle a indiqué que son pays restait engagé en faveur de la stabilité et du développement des PEID.

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a salué la qualité de la noté préparée par la Nouvelle-Zélande qui met l’accent sur quatre menaces particulières pour les PEID que sont la criminalité transfrontalière et la piraterie; l’exploitation illicite des ressources naturelles; le changement climatique et le développement.  Il a dit espérer que la COP 21 de Paris en décembre serait l’occasion pour les États et la société civile de prendre conscience que le changement climatique est un amplificateur de menaces.  Il a réaffirmé par ailleurs la nécessité d’approcher les problèmes des PEID d’une manière plus intégrée par le biais d’actions complémentaires permettant une gestion du risque plus complète. Il a appelé à renforcer les cadres juridiques afin de promouvoir un développement résilient au niveau local. 

M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a déclaré que les effets néfastes des changements climatiques obligent certains habitants des PEID à une émigration forcée qui est leur seule perspective à long terme.  Étant donné les risques que courent ces pays en matière de sécurité en lien avec les changements climatiques, il a souhaité que le rapport du Secrétaire général de 2009 sur « les changements climatiques et les possibles implications pour la sécurité » soit mis à jour.  La Belgique, a-t-il indiqué, soutient entièrement l’engagement de l’Union européenne à parvenir à la conclusion d’un instrument juridiquement contraignant lors de la vingt et unième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris, en décembre prochain.  Le représentant a ensuite relevé que le document « Orientations de Samoa » mettait l’accent sur la nécessité d’un partenariat fort pour répondre aux défis de ces pays.  Il a encouragé ces États à renforcer leurs positions en tant que groupe lors des négociations dans le cadre de la CCNUCC.  M. Buffin s’est aussi félicité de l’inclusion de l’objectif 14 dans le programme de développement pour l’après-2015, qui met en lumière l’importance des océans et de leur protection des ressources marines.  Enfin, il a noté les nombreuses références aux PEID dans le Document final de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il a aussi indiqué que la Belgique était un partenaire actif en matière de lutte contre le trafic de drogues, le trafic d’armes et la traite d’êtres humains.

Mme DEBORAH BARKER-MANASE (Îles Marshall) a déclaré que son pays ne disposait que de deux bateaux pour patrouiller une superficie marine plus large que le Mexique.  Notre ligne de départ est la « fragilité de l’État », a-t-elle indiqué.  Avec la croissance rapide du nombre des jeunes dans la population totale et le chômage de masse, les risques à long terme sont de plus en plus présents, a-t-elle estimé.  L’effet cumulatif de l’instabilité intérieure au sein des nations fragiles est une menace à long terme pour la sécurité internationale, a précisé Mme Barker-Manase, pour qui le traitement de la sécurité ne peut être examiné en dehors de celle beaucoup plus grande des interactions géostratégiques.  La représentante a également évoqué d’autres menaces comme la piraterie, l’habitabilité des îles et même le stockage des déchets nucléaires, qui est devenu un risque en raison de la montée des eaux.  Elle a invité le Conseil à prendre des actions directes dans le traitement des problèmes des petites îles de faible altitude dans son ordre du jour officiel.        

Mme JANE J. CHIGIYAL (États fédérés de Micronésie) a estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait plus fermer les yeux face aux défis spécifiques des petits États insulaires, et en particulier les impacts des changements climatiques.  Elle a encouragé le Conseil de sécurité à aller au-delà du débat afin d’assurer concrètement la sécurité des habitants des PEID.  Elle a invité le Conseil de sécurité à inscrire à son ordre du jour les changements climatiques en tant que source d’insécurité, en expliquant que cette question ne pourrait être réglée que par le biais de la coopération internationale.  La représentante a par ailleurs affirmé qu’une des principales menaces au développement durable de son pays était la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et a exhorté la communauté internationale et les membres du Conseil de sécurité à s’engager à parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant à l’issue de la COP21 à Paris en décembre prochain.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) s’est dit en faveur d’une coopération entre pays insulaires et pays non insulaires.  Il a dit préférer une approche intégrée de tous les acteurs du développement à la définition des défis particuliers auxquels sont confrontés les pays insulaires en développement.  Ces efforts doivent s’accompagner d’un plan d’action de la communauté internationale pour aider les pays à revenu intermédiaire, a-t-il précisé, en plaidant également pour que le Fonds vert pour le climat devienne opérationnel.  Il a réitéré son appel aux pays développés pour qu’ils mobilisent 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020.  Enfin, il a lancé un appel à tous les États Membres pour qu’ils n’oublient pas tous les défis mentionnés aujourd’hui lors des négociations de la COP21 à Paris en décembre.

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a déclaré que son pays s’acheminait résolument vers la tenue d’élections législatives, municipales et présidentielle crédibles, devant garantir le bon fonctionnement des institutions et permettre le renouvellement du personnel politique à tous les niveaux ainsi qu’une transition pacifique et ordonnée du pouvoir en 2016.  Toutefois, ces avancées ne sauraient occulter l’ampleur des difficultés ni de la gravité des défis auxquels le pays demeure confronté.  Car aussi longtemps que les infrastructures publiques indispensables feront défaut, que la pauvreté n’aura pas été éradiquée ou réduite, la démocratie risque d’apparaître comme une coquille vide aux yeux de la grande majorité de la population confrontée aux dures réalités économiques quotidiennes, a-t-il expliqué. 

Le représentant a estimé qu’aider les petits États insulaires en développement à relever le défi de la paix et de la sécurité, c’est les aider à faire face aux menaces, internes et externes qui exercent un impact considérable sur leur développement, sur leur stabilité et sur la durabilité de ce développement.  C’est aussi les aider à faire face aux crises environnementales qui menacent de réduire à néant leurs efforts de développement, et de compromettre des acquis et des résultats obtenus de haute lutte dans les domaines de la santé, de l’agriculture ou de la durabilité environnementale.  Cela suppose, a-t-il dit, un renforcement des partenariats existants en vue de soutenir leurs efforts de développement.  En outre, les engagements pris par la communauté internationale dans le cadre du Programme d’action de la Barbade pour le développement durable des petits États insulaires en développement, de la Stratégie de Maurice et de Samoa, la « Voie à suivre », ne doivent pas rester lettre morte mais être suivis d’actions concrètes « coordonnées, équilibrées et intégrées » qui, dans bien des cas, revêtent un caractère d’urgence, a exhorté le représentant.

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a souligné la nécessité d’appuyer les petits États insulaires en développement dans leur lutte contre les conséquences négatives des conflits, de la criminalité organisée, de la traite d’êtres humains et du terrorisme.  Il a affirmé que l’adaptation aux changements climatiques demandait une réponse mondiale et la formulation d’engagements très ambitieux lors de la Conférence de Paris de décembre prochain.

Il a indiqué que la fonte des glaciers, il y a quelques jours, avait provoqué une inondation dans la capitale de son pays et souligné l’intention du Kazakhstan d’adopter un engagement quantitatif s’agissant de la réduction des gaz à effet de serre.  Enfin, il a indiqué que l’Expo 2017 qui doit se tenir à Astana, en 2017, sera centrée sur le développement d’énergies alternatives.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a souligné la nécessité d’appuyer les efforts des PEID dans leur lutte contre la traite des personnes, la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogues et la piraterie internationale.  L’exploitation illicite de ressources naturelles a des conséquences dévastatrices pour les PEID, a-t-il dit, avant de plaider pour l’établissement de partenariats visant à renforcer les capacités des PEID dans la lutte contre ce phénomène.  Il a également jugé vital l’appui de la communauté internationale dans la lutte contre les catastrophes naturelles, la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse qui entravent les efforts de développement des PEID.  Enfin, il a estimé qu’un engagement politique fort était impératif pour appuyer les efforts des PEID en vue d’assurer la pleine mise en œuvre des « Orientations de Samoa ».

M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a souligné les vulnérabilités spécifiques des PEID et appelé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à appuyer ces pays dans leurs domaines de compétence respectifs.  Il a par ailleurs invité les PEID qui ne l’ont pas encore fait à signer le Traité sur le commerce des armes, et le Conseil à rester vigilant face au phénomène de la piraterie.  Il ne saurait y avoir de paix durable sans développement, a-t-il dit, avant d’exhorter les États Membres à n’épargner aucun effort pour que le droit au développement se concrétise.  À ce titre, il a souligné l’importance cruciale du programme de développement pour l’après-2015 qui doit être adopté en septembre prochain.  La communauté internationale ne peut rester indifférente aux défis que doivent relever les PEID et dont certains sont de nature, à terme, à poser des menaces à la paix et à la stabilité internationales.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a souhaité que le renforcement des partenariats constructifs existants dans le cadre du développement durable des petits États insulaires en développement prenne en considération l’établissement de projets concrets au service du développement durable des petits États insulaires en développement.  Il a regretté que le plan d’action de la Barbade de 1994 et la Stratégie de Maurice de 2005 n’aient pas connu le succès escompté. 

Après avoir recensé les problèmes auxquels sont confrontés ces pays, qui ont des conséquences sur le plan de la sécurité, le représentant a souligné leur besoin urgent d’une mobilisation importante de l’aide publique au développement, d’investissements étrangers directs, de transferts de technologies et d’accès aux marchés.  En matière de changements climatiques et de catastrophes naturelles, il est nécessaire, a-t-il dit, de renforcer les capacités de prévention et d’adaptation de ces pays, prônant la mise en œuvre de programmes d’accompagnement des politiques nationales avec le soutien des institutions internationales. 

Dans cet esprit, a-t-il ajouté, il faut mettre à profit les résultats de la Conférence Rio+20, notamment en ce qui concerne la gouvernance mondiale du développement durable.  Le Maroc a contribué activement à la première réunion des États insulaires du Pacifique organisée à Rabat le 13 décembre 2012, a-t-il indiqué.  Le Maroc a aussi toujours plaidé aux plans régional et international pour une coopération efficiente et la conjugaison des efforts en vue de renforcer les systèmes de sécurité dans le monde.

M. LEVENT ELER (Turquie) a mentionné des réunions ministérielles que son pays avait accueillies dans le cadre de l’Année internationale des petits États insulaires en développement (PEID), en 2014, qui ont abouti à la Déclaration du Bosphore et à la Déclaration d’Istanbul.  En tant que Président en exercice du G20, la Turquie a introduit une perspective pour les pays en développement à faible revenu, axé sur les besoins des PEID.  Nous avons ainsi organisé une rencontre du Groupe de travail sur le développement du G20 avec le Dialogue de la région des Caraïbes et Trinité-et-Tobago, à Washington en avril dernier, a-t-il indiqué.  Le représentant a été d’avis qu’affronter les problèmes que posent les changements climatiques exigeait une solidarité mondiale et des mesures effectives.  Il a souligné à cet égard l’importance de la résilience et de la préparation.  Le G20 a aussi un intérêt particulier pour le financement en matière de climat, a-t-il ajouté, en précisant qu’un groupe d’étude réfléchissait aux moyens de faciliter l’accès des PEID aux fonds pour le climat.  Une « trousse à outils » et une « étude sur l’inventaire des fonds sur le climat » ont ainsi été préparées, a-t-il indiqué.  Il a également estimé que le Document final de la Conférence d’Addis-Abeba offrait un bon précédent pour le sommet sur le développement durable, en septembre, et la COP21 en décembre.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a indiqué que son pays était engagé depuis 2010 dans la lutte contre la piraterie, notamment par le biais de partenariats avec le Mozambique et la Tanzanie, par des actions qui ont déjà porté des fruits.  Récemment, l’Afrique du Sud a commencé à concentrer ses opérations navales sur les opérations antipiraterie dans le golfe de Guinée, a-t-il indiqué, affirmant que son pays soutenait les efforts des PEID en matière de lutte contre la traite des personnes, la cybercriminalité, le trafic de drogues et la piraterie internationale, ainsi que dans le domaine juridique et le renforcement des institutions pour protéger les victimes de la traite sexuelle.  À son avis, la seule façon de faire face aux défis mondiaux que posent les changements climatiques est de prendre des mesures au niveau national, couplées d’une coopération mondiale.  Il a notamment jugé important de conclure un accord ambitieux à Paris lors de la COP21 au mois de décembre.  Cet accord devrait donner une même priorité aux questions d’atténuation et d’adaptation, a-t-il précisé.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a affirmé que les changements climatiques étaient un défi pour la sécurité dans le monde.  À long terme, aucun pays, qu’il soit insulaire, montagneux, enclavé, en développement ou développé, ne sera épargné par les catastrophes naturelles, a-t-il prévenu.  Le représentant a indiqué que la réduction de la vulnérabilité des pays appelait des efforts sans précédent, notamment dans les domaines de l’innovation, de la gestion des conséquences de catastrophes et de la planification des stratégies de développement.  La Géorgie, a-t-il assuré, est engagée en faveur de la mise en œuvre des « Orientations de Samoa ».  Son pays fait face à de nombreux défis similaires à ceux que connaissent les PEID, mais aussi à des menaces sécuritaires résultant de l’occupation étrangère de 20% de son territoire, a-t-il affirmé.  Enfin, M. Imnadze a expliqué que son pays était activement engagé en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Mme SUNEMA PIE SIMATI (Tuvalu) a estimé que les changements climatiques étaient le plus grand défi qu’affrontait son pays.  « Son impact menace nos moyens de subsistance, notre sécurité et notre bien-être », a-t-elle déclaré, estimant que les impacts des changements climatiques méritaient la même attention que la lutte contre Ebola.  Elle a rappelé que les inondations récurrentes causées par les changements climatiques étaient responsables de la destruction des récoltes et des déplacements de population et précisé que les dégâts causés à Tuvalu par le cyclone Pam en mars 2015 étaient évalués à 92 millions de dollars.  Elle a indiqué que quatre îlots de Tuvalu avaient disparu depuis 2000 et qu’il était urgent de passer des paroles aux actes, en soulignant la pertinence des orientations de Samoa pour traiter des questions de résilience et vulnérabilité des PEID.  « Nous devons limiter l’augmentation de la température à moins de 1,5 degré et parvenir à un accord crédible à Paris », a-t-elle conclu.

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a souligné les défis sécuritaires auxquels les PEID doivent faire face, ainsi que l’appui apporté par son pays afin d’aider ces derniers à y répondre.  La République de Corée reste engagée en faveur de la lutte contre la piraterie internationale et contre la criminalité transnationale organisée, a-t-elle dit, en mentionnant sa contribution à la mise en œuvre du Code de conduite adopté lors du premier Sommet pour la sécurité maritime du golfe de Guinée.  Elle a également indiqué que son pays coopérait étroitement avec les pays de la région du Pacifique en vue de préserver les ressources halieutiques de l’océan Pacifique.  « Mon pays reste engagé en faveur des efforts internationaux en vue d’établir un nouveau cadre relatif aux changements climatiques qui conjugue développement durable et faibles émissions de gaz à effet de serre », a assuré la représentante de la République de Corée.  En conclusion, elle a souligné l’importance d’un appui résolu de la communauté internationale aux PEID en vue de trouver une solution durable aux défis qu’ils connaissent.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte la première résolution sur la surveillance du trafic des espèces sauvages

Assemblée générale,
100e séance plénière – matin
AG/11666

L’Assemblée générale adopte la première résolution sur la surveillance du trafic des espèces sauvages

L’Assemblée générale a adopté sans vote, ce matin, une résolution* sur la « Surveillance du trafic des espèces sauvages » et une décision** selon laquelle sa réunion de haut niveau consacrée à l’examen d’ensemble de la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information se tiendra les 15 et 16 décembre 2015.  Elle a également nommé*** M. Takeshi Akamatsu (Japon), comme membre du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires jusqu’au 31 décembre 2016.

S’agissant de la résolution sur la « Surveillance du trafic des espèces sauvages », le Président de l’Assemblée, dont le message a été lu avant l’adoption du texte par le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Denis G. Antoine (Grenade), a estimé qu’il était important de prendre des actions décisives au niveau national pour prévenir, combattre et éradiquer le trafic illégal des espèces sauvages en s’attaquant à la fois à l’offre et à la demande, y compris par le renforcement de la législation sur la prévention, l’enquête et la poursuite contre ce commerce illégal.  Nous avons aussi besoin de renforcer davantage la coopération régionale et internationale pour faire face efficacement à ce défi, a-t-il dit. 

Le Président de l’Assemblée a indiqué que le trafic illégal des espèces sauvages menaçait non seulement les espèces et l’écosystème, mais aussi les moyens de subsistance des communautés locales.  Ce trafic compromettait également les efforts de lutte contre la pauvreté et pour la réalisation du développement durable.  Étant donné le rôle des réseaux du crime organisé, des groupes armés et même des groupes terroristes dans le trafic illicite des espèces sauvages, ce fléau avait des implications sécuritaires graves pour de nombreux pays et régions.  L’adoption de cette résolution et sa mise en œuvre effective seront cruciales dans nos efforts collectifs pour lutter contre le trafic illicite des espèces sauvages, a conclu la déclaration du Président de l’Assemblée. 

Le Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et de l’intégration régionale du Gabon, M. Emmanuel Issoze-Ngondet, qui a présenté le projet de résolution, a rappelé que le trafic illicite d’espèces sauvages était estimé à environ 19 milliards de dollars par an, soit le quatrième trafic illégal au monde.  Il a estimé que le trafic avait un impact néfaste sur l’environnement et la santé, entravait le développement économique et constituait une menace sécuritaire dans certaines régions, en Afrique particulièrement. 

Il a souligné que la résolution invitait à une intensification de la coopération et de la coordination régionales dans ce domaine et priait les Nations Unies, surtout ses institutions spécialisées, de poursuivre leur soutien aux États Membres par le biais notamment du renforcement des capacités.  Le texte prévoit également la possibilité pour le Secrétaire général de désigner un envoyé spécial qui serait chargé de susciter l’intérêt et mobiliser l’opinion en faveur de la lutte contre ce fléau.

Pour sa part, le représentant du Secrétariat a indiqué que la demande contenue dans le paragraphe 14 du projet de résolution entraînerait un budget supplémentaire d’un montant de 504 300 dollars qui devrait permettre à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime d’établir un rapport sur les modèles et les flux du trafic illicite d’espèces sauvages, y compris la collecte de données et l’étude des cas sur le trafic des espèces protégées des flores et faunes sauvages.

Après l’adoption de la résolution, le représentant de l’Allemagne a affirmé que « ce jour est un bon jour pour la lutte contre le trafic illicite d’espèces sauvages », tout en rappelant que la pratique du braconnage avançait de plus en plus vers le Sud.  Les espèces sauvages sont de plus en plus menacées aux niveaux national et international et, faute d’une réaction rapide, rhinocéros, éléphants et autres espèces risquent de disparaître, a-t-il dit, affirmant qu’aucun pays ni aucune région n’est en mesure de régler ce problème à lui tout seul et que la seule solution viable passe par une action concertée de la communauté internationale. 

Le délégué de l’Union européenne a, quant à lui, affirmé que l’adoption de cette résolution témoignait de l’engagement politique des États Membres dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages et estimé qu’il faudrait présenter tous les ans, à partir de l’année prochaine, un rapport de suivi de cette question à l’Assemblée générale.  Il s’est prononcé pour la mise en œuvre effective des engagements pris aujourd’hui, affirmant que « nous ne connaîtrons pas le repos tant que le braconnage n’est pas éradiqué ».

Soulignant qu’il s’agit de la première résolution jamais adoptée sur la surveillance du trafic des espèces sauvages, les représentants du Botswana, de la Guinée équatoriale et du Royaume-Uni ont souligné l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre ce trafic.  Le représentant de l’Argentine a rappelé une résolution**** du Conseil économique et social (ECOSOC) sur les « Mesures de prévention du crime et de la justice pénale visant à lutter contre le trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages protégées ».

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité échoue à créer un tribunal spécial pour poursuivre les responsables de la destruction du vol MH17 en Ukraine

Conseil de sécurité,
7498e séance – après-midi
CS/11990

Le Conseil de sécurité échoue à créer un tribunal spécial pour poursuivre les responsables de la destruction du vol MH17 en Ukraine

La Fédération de Russie a exercé son droit de veto, tandis que l’Angola, la Chine et le Venezuela se sont abstenus

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, en raison du droit de veto exercé par un de ses membres permanents, la Fédération de Russie, rejeté un projet de résolution visant à créer un tribunal international pour juger les responsables de la destruction du vol MH17 de la compagnie Malaysia Airlines, abattu en juillet 2014, dans l’est de l’Ukraine.

Outre la Fédération de Russie, qui a voté contre le projet de résolution, l’Angola, la Chine et le Venezuela se sont abstenus.  Le texte avait recueilli les votes favorables de 11 délégations.

Après le vote, le Ministre des transports de la Malaisie, M. Liow Tiong Lai, qui avait présenté le texte de résolution, s’est dit très déçu de cet échec qu’il a qualifié de « pas en arrière et de message confus aux familles des 298 victimes par rapport à la résolution 2166 (2014) ».

Par cette résolution du 21 juillet 2014, a-t-il rappelé, le Conseil de sécurité demandait à ce que les responsables de la tragédie répondent de leurs actes.  Plusieurs délégations ont estimé que ce veto russe envoyait un message dangereux d’impunité et constituait une menace à la sûreté de l’aviation civile.

La Ministre des affaires étrangères de l’Australie, Mme Julie Bishop, qui a perdu 39 de ses compatriotes dans la catastrophe, a prévenu que « les responsables ne pourront se cacher derrière le veto russe et ne pourront pas échapper à la justice ».  À l’instar des représentants des États-Unis et du Royaume-Uni, elle a estimé que ce veto représentait un affront à la mémoire de l’ensemble des 298 victimes et à leurs familles.

Le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Bert Koenders, a également exprimé sa profonde déception par le recours au droit de veto en expliquant que son pays ne cesserait jamais de rechercher la justice pour les 196 victimes néerlandaises de cette catastrophe.

« Lorsque l’on a peur de la vérité, on se retrouve isolé, y compris au sein de ce Conseil », a, lui, lancé à la Fédération de Russie, son homologue ukrainien, M. Pavlo Klimkin.

Expliquant son vote, le représentant russe a estimé que ce projet de tribunal était « prématuré, mal pensé et non fondé sur le plan juridique » alors que toutes les opportunités de la résolution 2166 n’ont pas été exploitées.  Il s’est, par ailleurs, demandé comment un tel tribunal résisterait aux pressions de ceux qui semblent avoir désigné par avance les coupables.

Le délégué de la Fédération de Russie a regretté que la proposition de son pays de créer un poste de représentant spécial du Secrétaire général, qui, selon lui, aurait pu contribuer à une véritable enquête internationale transparente, n’eût pas été entendue, qualifiant par ailleurs d’« indignes d’un diplomate » les propos tenus par le Ministre ukrainien.

« Si nous comprenons les sentiments des coauteurs de ce projet de résolution et sommes conscients de la douleur des familles des victimes, nous regrettons que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de s’entendre sur un projet de consensus qui aurait permis d’avancer de la manière la plus opportune pour rechercher la vérité », a expliqué, pour sa part, le représentant de la Chine pour expliquer l’abstention de sa délégation.

Le texte du projet de résolution soumis au Conseil de sécurité constatait que « cet acte de violence et ses conséquences pour la sécurité de l’aviation civile constituent une menace pour la paix et la sécurité internationales », et suggérait que le fonctionnement et la compétence du tribunal pénal international ainsi créé agirait au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

À cet égard, les représentants de l’Angola et du Venezuela ont expliqué leurs abstentions par la référence inappropriée, à leurs yeux, au Chapitre VII.  « La qualification de menace à la paix et la sécurité internationales rend politique le traitement du dossier alors que nous sommes encore à une phase technique », a regretté le délégué vénézuélien, avant de rappeler que les responsables de l’attentat de 1976 contre le vol 455 de la compagnie Cubana Airlines, qui avait fait 73 morts, n’avaient jamais été poursuivis. 

Tout en notant que le vote d’aujourd’hui marquait un grave échec pour ce Conseil, le représentant de la France a estimé que le rejet de ce projet de résolution n’abrogeait pas la résolution 2166 (2014) qui appelle à l’élucidation du drame, à l’établissement des responsabilités et à l’exigence de justice. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclaration avant le vote

M. LIOW TIONG LAI, Ministre des transports de la Malaisie, a dit que la communauté internationale avait été « choquée » par l’accident du MH17.  Le Conseil a réagi avec une rapidité exemplaire en adoptant la résolution 2166 (2014) et en demandant que les responsables soient jugés.  L’enquête mixte a été appuyée par de nombreux pays, y compris par la Fédération de Russie, l’Ukraine et les Pays-Bas, a-t-il dit.

Il est temps que le Conseil prenne les mesures qui s’imposent contre les responsables de l’accident du MH17 et envoie un signal clair aux groupes non étatiques que les attaques contre les aéronefs sont inadmissibles, a-t-il dit.  Il a affirmé qu’un tribunal spécial serait le mieux placé pour rendre justice aux familles des victimes.  Le statut du tribunal permettra de veiller sur l’indépendance des juges, a-t-il affirmé.  Les familles des victimes n’attendent pas moins de nous, a-t-il conclu.

Déclarations après le vote

M. LIOW TIONG LAI, Ministre des transports de la Malaisie, après le vote et le rejet du texte, a repris la parole pour regretter le manque d’unité du Conseil autour de la création de ce tribunal spécial malgré les efforts de son pays pour rapprocher les positions.  Le Conseil a fait un pas en arrière aujourd’hui en envoyant un signal négatif aux familles, a-t-il dit, précisant que le Conseil n’était pas parvenu à appliquer la résolution 2166 (2104) qu’il avait adoptée il y a un an.  

La Malaisie ne sera pas intimidée par l’événement regrettable de ce jour et cherchera à identifier les responsables de cet accident, a-t-il affirmé, précisant que son pays allait étudier d’autres mécanismes, « compte tenu du revers d’aujourd’hui ».  « Nous ne renoncerons jamais », a promis le Ministre.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a dit que son pays avait toujours été en faveur d’une enquête pour déterminer au plus vite les causes de la catastrophe et poursuivre les coupables.  « C’est pourquoi nous avons appuyé l’adoption de la résolution 2166 (2014) et la nécessité de procéder à une enquête internationale », a-t-il insisté.  Le représentant russe a regretté que des délégations aient souhaité agir sur la base d’accords bilatéraux avec l’Ukraine plutôt que dans le cadre d’un consensus avec toutes les parties concernées. 

Il a indiqué que son pays avait transmis à la partie néerlandaise en charge de l’enquête toutes les données sollicitées à cet égard et que le Ministère de la défense russe avait organisé très tôt une séance d’information au cours de laquelle avaient été présentées des données satellites.

Il a souligné que l’avion avait été abattu par des missiles de type « Buk ».  Il a dit qu’un an après l’adoption de la résolution 2166 (2014), les experts russes n’avaient toujours pas eu un accès égal aux données de cette enquête, notamment aux études métallurgiques qui permettraient d’établir qui a abattu l’avion.  Il a dit que son pays s’opposait à la création d’un tribunal dont on se demande comment il résisterait aux pressions de ceux qui semblent avoir décidé par avance qui étaient les coupables. 

Il a regretté que la proposition russe de créer un poste de représentant spécial du Secrétaire général qui aurait pu contribuer à une véritable enquête internationale transparente n’eût pas été entendue.  Il a estimé que ce projet de tribunal était prématuré, mal pensé et non fondé sur le plan juridique alors que toutes les opportunités de la résolution 2166 n’ont pas été exploitées. 

L’expérience et l’exemple des tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda ne sont guère encourageants, a-t-il dit, en notant la lourdeur de ces juridictions.  Il a rappelé que la Fédération de Russie avait proposé en 2010 la création d’un tribunal international pour lutter contre la piraterie au larges des côtes somaliennes et que cette proposition n’avait pas été adoptée parce que certaines délégations invoquaient la lourdeur d’un tel mécanisme. 

Il a regretté que certaines délégations aient souhaité soumettre au Conseil de sécurité ce projet de résolution tout en sachant qu’il ne pourrait pas être adopté.  Il a estimé que cette démarche démontrait que les délégations concernées privilégiaient des objectifs de propagande aux objectifs pratiques.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a livré des éléments biographiques de certains passagers disparus dans l’accident du MH17.  Les pertes sont incommensurables, a-t-elle dit, ajoutant que ce qui s’était passé il y a un an aurait pu arriver à n’importe qui.  Les victimes font partie de nos familles, a-t-elle poursuivi.  

Mme Power a souligné que les efforts visant à empêcher que justice fût rendue aux familles des victimes ne faisaient qu’aggraver leur douleur.  En opposant son veto, la Russie fait fi de l’appel des familles des victimes et des opinions publiques dans de nombreux pays en vue de poursuivre les responsables de cette tragédie, a-t-elle affirmé.  Elle a déclaré que le veto, qui est un privilège ayant été indûment utilisé aujourd’hui, n’empêchera pas ces familles de chercher à identifier les responsables de l’accident du MH17.  Nous sommes scandalisés aujourd’hui, a conclu Mme Power.

M. DAINIUS BAUBLYS (Lituanie) a plaidé pour que le Conseil de sécurité apporte une réponse face à un crime odieux.  Il faut, a-t-il dit, que tous les États coopèrent pleinement à la reddition de comptes, ce que la résolution 2166 (2014) avait précisément demandé.  Le veto russe n’a pas permis, pour l’instant, d’ouvrir « une avenue » pour rendre justice aux familles des victimes, a-t-il regretté, tout en soulignant qu’elle n’était pas surprise.

Il a en effet estimé que la Russie s’était comportée depuis le début comme si elle avait quelque chose à cacher.  Le représentant a dit que des groupes armés illicites soutenus par la Russie avaient manipulé les preuves sur le lieu du crash et restreint l’accès aux experts internationaux et aux inspecteurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), alors qu’au contraire l’équipe d’enquête indépendante internationale menée par les Pays-Bas jouissait de toute la confiance des pays concernés et de la communauté internationale.

En tant que pays qui a parrainé le projet de résolution proposé par la Malaisie, la Lituanie a voulu que soit envoyé un message clair: les actes de violences contre les civils ne restent pas impunis.  Il a estimé que la constitution d’un tribunal international aurait été le meilleur moyen de garantir l’impartialité et l’indépendance du processus.  « Nous soutiendrons tous les efforts à venir qui viseront à rendre justice, avec ou sans la coopération de la Russie », a-t-il annoncé.

À son avis, le flux d’armes, de mercenaires et de soldats russes qui entraient sur le territoire souverain de l’Ukraine avait créé les conditions propices à cette tragédie.  Il en a voulu pour preuve que, plusieurs semaines avant le crash de l’appareil du vol MH17, des séparatistes s’étaient vantés d’avoir acquis un système de missile SA-11 « Buk » et de l’avoir utilisé pour abattre le cargo An-26 à haute altitude.  De telles armes ne peuvent pas être achetées sur le marché du centre-ville de Louhansk, ni être manipulées par des mineurs de fonds du Donbass, a-t-il remarqué.

Le représentant a ensuite dénoncé la poursuite du conflit orchestré par l’étranger dans l’est de l’Ukraine et le fait que la Russie continue de nier son implication.  Il a rapporté des éléments, comme les mouvements de troupes russes et la concentration d’armes lourdes dans les zones aux mains des rebelles, qui démontrent selon lui le contraire.

Regrettant que des civils meurent chaque jour dans le Donbass et soulignant qu’il y a 1,4 million de personnes déplacées qui ont besoin d’aide humanitaire, il a dénoncé les obstacles que placent les militants pour empêcher la fourniture de l’aide internationale.  Il a lancé un appel pour que le plan de réponse humanitaire pour l’Ukraine soit financé et pour que les Accords de Minsk soient mis en œuvre.

M. CHERIF MAHAMAT ZENE (Tchad) a rappelé que 85 enfants avaient trouvé la mort dans l’accident du vol MH17.  Il a rappelé que la résolution 2166 (2014), adoptée par le Conseil quelques jours après la tragédie, demandait que les responsables soient jugés.  La création d’un tribunal spécial aurait permis d’honorer la mémoire des victimes de cette catastrophe, de mettre en œuvre la résolution précitée et d’envoyer un signal fort à tous ceux qui, dans les zones de conflit, voudraient attenter à un aéronef civil.

C’est pourquoi nous avons voté pour, a-t-il dit, avant de profondément regretter le rejet du texte.  Enfin, le représentant du Tchad a appelé les membres du Conseil à tout mettre en œuvre pour que justice fût rendue aux familles des victimes.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a exhorté le Conseil de sécurité à veiller à ce que les responsables de l’accident de l’appareil du vol MH17 de la compagnie Malaysia Airlines rendent compte à la justice conformément à la résolution 2166 (2014).  Il a salué le rôle du système des Nations Unies et en particulier via l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour le soutien à l’Équipe d’enquête mixte.

Il a estimé que la création d’un tribunal international enverrait un message ferme pour lutter contre l’impunité et rendre justice aux victimes.  Il permettrait aussi de montrer combien des actes exécrables de ce type sont inadmissibles et constituerait une démarche en faveur de la défense de la paix et de la sécurité internationales et renforcerait la sécurité de l’aviation civile internationale.   

M. LIU JIEYI (Chine) a dit l’importance d’une enquête internationale transparente pour tirer au clair ce qui s’est passé et pour définir les culpabilités.  « Si nous comprenons les sentiments des coauteurs de ce projet de résolution et sommes conscients de la douleur des familles des victimes, nous regrettons que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de s’entendre sur un projet de consensus qui aurait permis d’avancer de la manière la plus opportune pour rechercher la vérité », a-t-il dit. 

Il a exhorté le Conseil de sécurité à éviter les affrontements politiques sur cette question et à rechercher un consensus.  Il a regretté que plusieurs membres du Conseil de sécurité aient demandé un vote, lequel, a-t-il estimé, représente une source de division néfaste au processus de recherche de vérité. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a regretté le rejet du projet de résolution instaurant un tribunal international pour juger les responsables de l’accident du vol MH17 de la Malaysia Airlines.  Pour autant, les dispositions de cette résolution ne sont nullement abrogées par ce rejet.  L’appel à ce que toute la vérité soit faite sur les circonstances du drame, que les responsables soient poursuivis et que justice soit rendue ne disparaîtra pas.  L’enquête menée par l’Équipe d’enquête mixte, à laquelle les Nations Unies ont été associées via l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), doit se poursuivre. 

Il est profondément choquant qu’un an après la catastrophe, ce Conseil se montre divisé sur l’action à mener pour répondre à la douleur et à la préoccupation de nations entières, comme en témoigne la présence parmi nous aujourd’hui de plusieurs membres de gouvernement des pays concernés.  « Nous regrettons le veto de la Russie », a encore ajouté le représentant, qui a estimé que « la Russie a un rôle essentiel à jouer au sein de ce Conseil, autant pour maintenir la crédibilité des décisions qui y sont prises, que pour le règlement de la crise en Ukraine ».

M. Delattre a ajouté que les problèmes restaient entiers et la discussion demeurait ouverte.  « Nous serons bientôt amenés à poursuivre la réflexion sur les suites à donner à l’enquête internationale qui rendra prochainement ses conclusions », a-t-il conclu.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a affirmé que son pays aurait souhaité que le Conseil envoyât un signal uni aux familles des victimes.  Le Chili était en faveur de la création d’un tribunal spécial qui aurait permis de mettre en œuvre la résolution 2166 (2014), a-t-il dit, ajoutant qu’il avait voté en faveur du projet de résolution.  Enfin, il a espéré que les pays surmonteraient leurs différences pour que justice soit rendue aux familles des victimes.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est dit très déçu par le veto de la Fédération de Russie.  Ce veto insulte les familles des victimes, a-t-il poursuivi, en déplorant que le Conseil n’ait pas saisi l’occasion de mettre en œuvre un mécanisme pénal qui aurait permis de rendre justice aux familles des victimes.  Il a ensuite affirmé qu’il y avait des précédents à l’établissement d’un tel mécanisme pénal, tels que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), mais aussi à la suite de l’attaque d’un avion au-dessus de Lockerbie.

Un an après cette tragédie, il était temps de mettre en œuvre ce tribunal spécial, a-t-il dit, avant de rejeter les allégations de la Russie selon lesquelles le Conseil aurait dû attendre la fin de l’enquête.  Mettre en place un tribunal prend du temps, a-t-il déclaré.  Il a également indiqué que ce tribunal aurait précisément permis de donner suite aux résultats de l’enquête sitôt ceux-ci connus.  Les auteurs répondront de leurs actes et la communauté internationale doit s’unir afin d’y parvenir, a-t-il conclu.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a dit que la justice devait prévaloir.  Il a expliqué son abstention lors du vote de ce projet car celui-ci contenait, selon lui, des éléments de friction politique qui risquaient de miner la collaboration et le déroulement positif de l’enquête en cours.  Par ailleurs, il a considéré que la référence au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies dépassait le cadre politique et juridique tracé par la résolution 2166 (2014) qui, à ses yeux, « prévoit des options et variantes suffisantes ». 

« La qualification de menace à la paix et la sécurité internationales rend politique le traitement du dossier alors que nous sommes encore à une phase technique », a aussi regretté le représentant du Venezuela.  « Nous souhaiterions éviter que les souffrances des populations soient exploitées à des fins politiques », a-t-il ajouté, en rappelant que les responsables de l’attentat de 1976 contre le vol de Cubana Airlines, qui avait fait plus de 70 morts, n’avaient jamais été poursuivis.  Le représentant du Venezuela a souhaité que l’on évitât de politiser ce dossier et que l’on laissât se poursuivre les enquêtes en cours afin qu’elles puissent déterminer les responsabilités. 

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a condamné dans les termes les plus forts la destruction de l’appareil du vol MH17.  Il a dit la nécessité d’exiger la justice pour les familles des victimes afin de montrer que ces actes ne peuvent rester impunis et que l’aviation civile doit être protégée.

Néanmoins, il a expliqué son abstention en estimant que la résolution 2166 (2014) restait le cadre juridique applicable pour ce qui est de la coopération internationale à obtenir pour la conduite de l’enquête internationale en cours.  La création d’un tribunal internationale est prématurée et il convient d’attendre les conclusions de l’enquête en cours, a-t-il insisté.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a regretté le rejet de ce texte qui aurait permis de rendre justice aux familles des victimes et d’avoir un effet dissuasif à l’égard de ceux qui projettent des attaques contre des avions commerciaux.  Le rejet du projet de résolution démontre la nécessité que le Conseil présente un front uni sur les questions qui requièrent son leadership, a-t-elle conclu.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a indiqué que son pays avait voté en faveur du projet de résolution en vue de traduire en justice les responsables de la destruction du vol MH17.  Il est également nécessaire de dissuader toute velléité d’attaque contre des aéronefs civils, a-t-elle affirmé, ajoutant que la communauté internationale ne devait pas tolérer que des civils soient pris pour cible.  Enfin, Mme Kawar a souligné la nécessité d’une coopération internationale robuste afin de rendre, à l’avenir, justice aux familles.  

M. MURRAY MCCULLY (Nouvelle-Zélande) a rappelé que les événements tragiques du 17 juillet 2014 avaient causé la mort d’un citoyen et d’un résident de son pays.  Il a ensuite exprimé sa déception face à l’absence d’unanimité au sein du Conseil de sécurité aujourd’hui, qui n’a pas permis d’adopter un projet de résolution visant à créer un mécanisme pour rendre justice.

En agissant ainsi, « le Conseil a abandonné les familles et les amis des passagers du vol MH17 qui sont décédés.  Et il s’est abandonné lui-même.  C’est une question sur laquelle le Conseil aurait dû pouvoir s’entendre », a-t-il ajouté, en soulignant qu’il s’agissait d’un tir sur un appareil d’une ligne aérienne commerciale ayant fait 298 morts.  Il ne peut pas y avoir de zone grise en la matière, a-t-il dit, en expliquant qu’il fallait soit demander des comptes soit laisser l’impunité prévaloir. 

« Je regrette vraiment que le Conseil ait choisi cette dernière option aujourd’hui », a-t-il dit, en assurant que, en tant que Président du Conseil de sécurité, il avait fait son possible pour tenter d’obtenir un consensus.  Il a regretté en particulier que la décision eût été rejetée du fait de l’utilisation du droit de veto, un droit auquel la Nouvelle-Zélande est fermement opposée, et ce, depuis 1945.  Il a aussi rappelé que les pays qui ont connu le plus de pertes humaines étaient l’Australie, la Malaisie et les Pays-Bas, des pays amis du sien.

M. BERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a dit que les familles des 196 ressortissants néerlandais tués lors de la destruction de l’appareil du vol MH17 attendaient que les responsables fussent traduits en justice.  Il a affirmé que l’enquête technique était presque terminée et que l’enquête pénale conduite par l’Équipe mixte était très avancée.  Ceci nous amène à l’objectif ultime de traduire en justice les responsables, a-t-il expliqué.

Il a rappelé que ce projet de résolution demandait à tous les États de coopérer pour favoriser la recherche de la vérité et afin que les responsables pussent être traduits en justice.  « Notre objectif est de créer un mécanisme opportun dépolitisé et crédible pour poursuivre et condamner les responsables de cet acte », a insisté M. Koenders.  Il s’est dit extrêmement déçu par le recours au veto par la Fédération de Russie pour empêcher le Conseil de sécurité de rechercher activement à ce que justice fût rendue.  Il a dit la nécessité de parvenir à une procédure indépendante et dépolitisée avant la conclusion de l’enquête et la désignation des responsables.

Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a rappelé que 39 Australiens, dont 6 enfants, se trouvaient parmi les victimes de la destruction de l’appareil du vol MH17.  Elle a expliqué que ce projet de résolution ne visait rien de plus que de traduire en actes les exigences de la résolution 2166 (2014).  Il est de notre souci de dissuader ceux qui menacent l’aviation civile internationale, a-t-elle dit.

Elle a estimé que le veto russe d’aujourd’hui ne faisait qu’aggraver cette tragédie, aucun veto ne pouvant, selon elle, s’opposer à la justice.  Elle a affirmé que ce veto représentait un affront à la mémoire des 298 victimes de la catastrophe et aux familles des victimes.  Répondant à ceux qui ont jugé prématurée la création d’un tribunal international, Mme Bishop a estimé que l’instauration d’un mécanisme de poursuite avant la conclusion de l’enquête était totalement conforme aux pratiques du Conseil de sécurité.

« Les responsables ne pourront se cacher derrière le veto russe et ne pourront pas échapper à la justice », a dit la Ministre avant d’assurer que la détermination de l’Australie ne cesserait pas.  « Mettons au défi le veto d’aujourd’hui et veillons à ce que la résolution 2166 (2014) soit mise en œuvre totalement », a-t-elle insisté.

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a affirmé que l’accident du vol MH17 était une tragédie nationale qui sera toujours au cœur du peuple ukrainien.  Il faut maintenant rendre justice aux familles des victimes et faire en sorte que la vérité soit établie, a-t-il dit.  Il n’y a aucune raison de s’opposer à ce que les auteurs de la destruction de ce vol soient jugés, « à moins que l’on ne soit une entité impliquée », a-t-il dit. 

Il a ensuite déclaré que l’utilisation d’une arme contre un aéronef civil constituait une menace à la paix et à la sécurité internationales.  La seule manière d’empêcher que cela ne se reproduise est de condamner, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, les auteurs de l’attaque contre le vol MH17, a-t-il dit.

Il a ensuite déploré que la Russie fasse l’amalgame entre son soutien aux activités terroristes menées sur le territoire ukrainien et la responsabilité individuelle des auteurs de la destruction du vol MH17.  Le Ministre a déclaré que la Russie ne pouvait pas cacher le rôle qu’elle jouait en Ukraine, puisque des milliers de chars et de soldats continuaient de traverser la frontière depuis la Russie.

La Russie déçoit les victimes des familles, a-t-il dit, qualifiant son attitude de « pitoyable ».  L’abus du droit de veto ne fera que renforcer notre détermination à mettre en œuvre les mécanismes crédibles pour que justice soit faite, a-t-il assuré.  Enfin, le Ministre a affirmé que « lorsque l’on a peur de la vérité, on se retrouve isolé, y compris au sein de ce Conseil ».

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a regretté que malgré des bases juridiques solides et le large soutien dont le projet de résolution jouissait, il n’eût pas été possible de dégager un accord sur celui-ci au sein du Conseil.  « Mais nous devons restés engagés pour que la justice soit rendue car c’est une responsabilité que nous portons à l’égard des victimes et de leurs proches », a expliqué la représentante.  Celle-ci a indiqué que « nous sommes prêts à aller de l’avant et à intensifier nos contacts et démarches afin que ce que nous demande la résolution 2166 (2014) devienne réalité: tous les États s’associent pleinement aux efforts déployés pour établir les responsabilités ». 

Ceci doit se faire dans le respect du droit et sans tomber dans le piège d’une politisation quelconque, a-t-elle averti.  L’Équipe d’enquête mixte dont font partie les autorités judiciaires belges, poursuit son travail de manière totalement indépendante et objective, et en coopération avec toutes les parties intéressées.  « Nous devons faire en sorte que ce travail essentiel connaisse une suite judiciaire à la hauteur des attentes des familles et des proches des victimes et ceci dans les meilleurs délais, pour que l’impunité ne prenne pas le pas sur le respect du droit et de la dignité humaine », a déclaré la représentante.

M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a dit que son pays continuait de pleurer la perte terrible de vies à bord de l’appareil de la Malaysia Airlines MH17 qui a été abattu le 17 juillet 2014 alors qu’il survolait une région sous contrôle des forces pro-Russes dans l’est de l’Ukraine.  Il est important pour le Conseil de sécurité de prendre des mesures décisives pour veiller à ce que les responsables de l’attentat contre le MH17 répondent de leurs actes et pour envoyer un message clair que les attaques perpétrées contre des avions civils ne seront pas tolérées.  Le Canada exhorte tous les États à coopérer afin de faire en sorte que ceux qui ont commis ce crime odieux répondent de leurs actes, a insisté le représentant.

Il a ajouté qu’il était primordial que les auteurs du crime soient poursuivis sans délai de façon indépendante et impartiale.  Il convient donc d’adopter dès maintenant des mesures pour établir un tribunal international à cette fin.  Le Canada presse tous les acteurs concernés à prêter leur entière collaboration à l’Équipe d’enquête mixte.  « Toute action visant à entraver l’enquête ou la poursuite des responsables est inacceptable », a averti le représentant qui a déclaré que le Canada exprimait sa profonde déception quant au résultat du vote d’aujourd’hui au Conseil de sécurité sur la mise sur pied d’un tribunal pénal international visant à poursuivre les responsables de la destruction du vol MH17. 

« Le Canada déplore que l’obstruction d’aujourd’hui prive les proches des 283 passagers et des 15 membres de l’équipage qui ont perdu la vie de l’occasion de voir les responsables de ce terrible crime traduits en justice par un tribunal international », a conclu le délégué.   

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a regretté qu’un veto eût été opposé à un engagement non équivoque du Conseil de sécurité en faveur de la responsabilisation et de la justice.  Rappelant que le Conseil s’était engagé, en adoptant il y a un an la résolution 2166(2014), à traduire en justice les auteurs du crime odieux qui a causé la tragédie du vol MH17, il a estimé que celui-ci avait aujourd’hui échoué dans cette tâche.  Il a indiqué que son pays avait coparrainé le projet de résolution qui a été rejeté car la création d’un tribunal international aurait permis d’avancer dans le sens de la reddition de comptes.

Le représentant a ensuite dénoncé la poursuite du conflit dans l’est de l’Ukraine où, chaque jour, des personnes sont tuées, blessées, ou perdent leurs maisons à cause du conflit.  Il faut que cela cesse, a-t-il dit, en demandant de tout mettre en œuvre pour faire retomber les tensions et pour mettre en œuvre les accords de Minsk. 

Il a rappelé que l’Allemagne, avec la France, l’Ukraine, la Russie, dans le cadre du « format Normandie », ainsi que d’autres partenaires, travaillaient dur pour mettre un terme à ce conflit.  Il s’est appuyé sur les résultats atteints sur la question du programme nucléaire iranien pour prouver qu’il est possible de trouver des solutions quand les parties adoptent une attitude constructive. 

Mme LOURDES ORTIZ YPARRAGUIRRE (Philippines) a déclaré que 12 mois après l’incident et l’adoption de la résolution 2166 (2014), le monde cherchait encore des réponses.  Les auteurs de cette tragédie restent libres de toute responsabilité, a-t-il déploré. 

« Nous regrettons profondément que le Conseil ne fut pas capable d’adopter ce projet de résolution à cause d’un simple veto, ce qui représente un immense mauvais service à ceux qui ont péri, à leurs familles, à leurs pays et au monde », a ajouté le représentant, pour qui la recherche des réponses et de la justice continuera.  Les Philippines sont prêtes à soutenir et à collaborer avec d’autres pays pour veiller à ce que les responsables soient enfin traduits en justice et que ce genre de tragédie ne se reproduise jamais, a conclu le délégué.

M. TIM MAWE (Irlande) a rappelé qu’il y avait un citoyen irlandais à bord du vol MH17.  Après la résolution 2166 (2014) adoptée il y a un an qui visait à enquêter sur ce crash et à traduire en justice ses auteurs, il a apprécié les progrès accomplis depuis pour identifier et rapatrier les victimes et pour créer un mécanisme d’enquête professionnel et indépendant mené par des experts internationaux.  La seule tâche qui reste à accomplir est de mettre en place un mécanisme de reddition de comptes indépendant et impartial, a-t-il souligné. 

Il s’est rappelé que la résolution 2166 (2014) cherchait à s’assurer que le mépris affiché par les auteurs de cet acte pour les vies humaines ne resterait pas sans conséquences.  Il a estimé que le texte proposé aujourd’hui aurait permis à la communauté internationale de prouver son engagement en faveur de la création d’un mécanisme de responsabilisation transparent et efficace.  Cela aurait évité toute politisation des rapports d’enquête, a-t-il ajouté.  De l’avis du représentant, les tribunaux créés par le Conseil de sécurité ont fait leurs preuves et il ne serait pas anormal d’en créer un avant la fin de l’enquête, car c’est exactement ce qui s’est passé pour les tribunaux créés au lendemain des conflits dans l’ex-Yougoslavie, au Rwanda et au Liban.

Enfin, soulignant l’importance de l’aviation civile pour un pays insulaire comme le sien, il a regretté que la sécurité du ciel fût compromise par le manque de justice pour le vol MH17.

M. RON PROSOR (Israël) a affirmé que l’appareil du vol MH17 avait été détruit à la suite d’une attaque délibérée.  Cette attaque est une tentative d’instaurer la peur dans le cœur de ceux qui utilisent les moyens aériens, a-t-il affirmé, estimant que le Conseil devait envoyer un signal clair et fort afin que de telles attaques ne se reproduisent pas.  Il a ensuite indiqué que parmi les victimes se trouvait un citoyen israélien de 27 ans Itamar Avnon, qui étudiait en Australie et venait de rendre visite à sa famille aux Pays-Bas.  « Itamar vivait la vie pleinement et apportait l’amour et le rire à tous ceux qui le connaissaient », a-t-il dit.  En conclusion, il a salué les progrès effectués jusqu’à présent dans l’enquête sur les causes de cette tragédie.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a réitéré l’appui de son pays en faveur d’une enquête sur l’accident du vol MH17 qui soit « indépendante, transparente et objective », dans le droit fil de la résolution 2166 (2014).  Les responsables de la destruction du vol MH17 doivent être jugés par le biais de mécanismes appropriés conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies, a-t-elle affirmé.

M. DESRA PESCAYA (Indonésie) a regretté le rejet du texte et demandé que des mesures soient prises pour juger les responsables de la destruction du vol MH17.  Des mesures claires doivent également être adoptées pour empêcher que des incidents similaires ne se reproduisent, a-t-il affirmé.  M. Pescaya a apporté son soutien à la résolution 2166 (2014) du Conseil et souligné l’importance d’une enquête qui soit approfondie et mette l’accent sur la transparence et l’impartialité, en vue d’établir les responsabilités dans ce drame.

Reprenant la parole afin de réagir aux interventions de certaines délégations, le représentant de la Fédération de Russie a jugé insultante celle du représentant de l’Ukraine qu’il a qualifiée de déclaration indigne d’un diplomate.  « Nous ne comprenons pas pourquoi et comment l’absence d’un accord sur ce projet de résolution se traduit par des propos sur l’impunité », a dit le représentant russe.  

Il a regretté que le représentant de l’Ukraine ait adopté une position quasi religieuse en jugeant indispensable de demander pourquoi l’aviation civile avait laissé des avions civils survoler une zone touchée par un conflit.  Il a mis l’accent sur la nécessité de déterminer les responsabilités de ceux qui ont abattu l’avion mais aussi de ceux qui ont permis que l’avion survole une zone de conflit.  « Nous sommes prêts à coopérer et nous vous proposons de reprendre ce travail de coopération dès demain », a-t-il déclaré.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Staffan de Mistura propose de constituer des groupes de travail composés de Syriens pour préparer l’application du Communiqué de Genève

7497e séance – matin
CS/11988

Staffan de Mistura propose de constituer des groupes de travail composés de Syriens pour préparer l’application du Communiqué de Genève

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a exhorté, ce matin, les membres du Conseil de sécurité à appuyer la proposition de son Envoyé spécial pour la Syrie, qui vise à lancer un processus politique permettant aux Syriens de négocier un accord cadre sur les aspects de la mise en œuvre du Communiqué de Genève.  Si le Conseil ne soutient pas cette proposition, le monde attendra de lui qu’il trouve une autre solution viable, a-t-il prévenu, en dénonçant une situation qui constitue un « symbole honteux des divisions et de l’échec de la communauté internationale ».

Après avoir entendu, hier, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires décrire une crise humanitaire de plus en plus grave en Syrie, le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, examiné le volet politique de cette crise qui pourrait ouvrir un nouveau chapitre.  Le Secrétaire général, comme son Envoyé spécial, ont rappelé que le processus politique devrait continuer à se baser sur le Communiqué de Genève, qui constitue selon eux « le seul document internationalement agréé ».

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, a donc formulé une proposition qui consiste à inviter les Syriens à discuter de plusieurs thèmes, parallèlement aux Consultations de Genève lancées le 5 mai qui avaient déjà réuni 216 personnes à Genève et dans d’autres capitales.  Il s’agit d’approfondir, au sein de « groupes de travail », les points clefs du Communiqué qui ont été identifiés comme tels lors de la première phase de ces consultations, a-t-il expliqué.

Pour M. de Mistura, il est important que la transition soit graduelle et bien gérée afin d’éviter les problèmes qui ont surgi en Libye et en Iraq.  Il a expliqué que sa proposition s’appuyait sur l’analyse des consultations menées auprès du peuple syrien qui a été consulté, pour la première fois, sur ces sujets.  « Nous avons ainsi conclu qu’il était possible de mettre en œuvre progressivement le Communiqué de Genève, a-t-il dit, même s’il reste des divergences, en particulier concernant un organe de gouvernement de transition.

Comme il est encore très difficile d’obtenir un accord sur la mise en œuvre du Communiqué de Genève dans le contexte actuel, et que beaucoup ne sont pas prêts à convoquer une conférence internationale Genève II, a indiqué M. de Mistura, il a demandé aux Syriens de constituer des groupes de travail pour parler des quatre thématiques suivantes: « sécurité et protection pour tous », ce qui inclut la fin du siège, l’accès aux services médicaux et la libération des détenus; « questions politiques et constitutionnelles », dont les principes essentiels, l’organe de gouvernement de transition et les élections; « questions militaires et de sécurité », dont la lutte contre le terrorisme, les cessez-le-feu et l’intégration des forces; et « institutions publiques, reconstruction et développement ».  Ce dernier point comprend les institutions chargées de fournir des services publics sous la direction d’un gouvernement acceptable par tous et agissant dans le respect des principes de la bonne gouvernance et des droits de l’homme.

M. de Mistura a espéré que ces groupes de travail pourraient commencer à travailler pour aboutir à un « document-cadre » de mise en œuvre du Communiqué de Genève qui émane des Syriens eux-mêmes.  Il a estimé que ces travaux pourraient tirer parti d’autres travaux importants menés dans le cadre d’autres initiatives, dont celles de Moscou, du Caire, de Paris et d’Astana.

Un comité directeur ou un organe de coordination composé de Syriens devrait diriger les efforts de ces groupes de travail et les autres efforts en cours si possible, a-t-il proposé avant de souligner également la nécessité de prévoir, dans le « document-cadre » attendu, un organe de gouvernement transitoire, des procédures de dialogue national, le processus de rédaction de la Constitution et des questions de justice transitionnelle.

À l’instar du Secrétaire général, M. de Mistura a mis l’accent sur la nécessité d’obtenir l’appui du Conseil de sécurité afin de convaincre tous les Syriens et les acteurs régionaux de s’engager dans ce processus.  Il a indiqué qu’il envisageait aussi de former un groupe de contact pour concrétiser un mécanisme international de soutien à ce processus.

De son côté, le Secrétaire général s’est dit prêt à convoquer une conférence internationale de haut niveau pour entériner toutes les recommandations ou tout accord qui résulteraient de ce processus politique mené par les Syriens. 

« J’exhorte le Conseil de sécurité, les voisins de la Syrie et les puissances régionales qui appuient les parties syriennes à faire tarir les flux d’armes vers le pays », a lancé M. Ban, réfutant l’idée que cette guerre puisse être résolue par la voie militaire.  Il a aussi conseillé de s’appuyer sur l’élan donné par l’unanimité qui a prévalu lors de la signature de l’accord sur le programme nucléaire iranien.

« Le statu quo en Syrie est inacceptable », a dit le Secrétaire général après avoir rappelé le lourd bilan de « plus de quatre années de massacres » dans un pays qui est confronté à « la plus grande crise humanitaire au monde ».  Au moins 250 000 Syriens ont été tués tandis que près de la moitié de la population du pays, soit 12 millions de personnes, ont dû quitter leur foyer pour se réfugier en Turquie, au Liban, en Jordanie ou en Iraq.  Il a aussi parlé de ceux qui tentent la traversée de la mer Méditerranée dans des « embarcations de la mort ».

Il s’est élevé contre l’absence totale de reddition de comptes pour les graves violations de droits de l’homme qui ont été commises dans ce pays au cours de ces quatre dernières années de conflit et de décennies de répression, dénonçant notamment l’utilisation d’armes chimiques et d’engins létaux tels que le largage de barils d’explosifs.  En outre, a-t-il constaté, le conflit a permis aux groupes terroristes comme Daech et le Front Al-Nosra de monter en puissance et a nourri les divisions sectaires et la radicalisation.  Il a aussi regretté que le financement des activités humanitaires soit toujours dépassé par l’ampleur titanesque des besoins.

« Nous devons donc examiner ce que nous pouvons faire de plus pour mettre fin au carnage et nous acquitter de nos responsabilités », a insisté le Secrétaire général.

Le 28 mars dernier, a rappelé M. Ban, il avait demandé à son Envoyé spécial pour la Syrie de redoubler d’efforts pour permettre l’application du Communiqué de Genève, document qui avait été entériné par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2118.  Il a souligné que ce document restait la seule base agréée sur le plan international pour régler la crise par la voie politique.

Avant l’exposé de son Envoyé spécial, le Secrétaire général a précisé que M. de Mistura se limiterait à présenter la synthèse de ce qu’il a entendu au cours de sa rencontre avec un groupe inclusif et représentatif des parties syriennes et non syriennes.  Il a aussi expliqué qu’il y avait des points de rapprochement sur lesquels il était possible d’édifier un processus politique crédible.

« Personne ne veut risquer le chaos que provoquerait une transition non contrôlée à Damas », a assuré le Secrétaire général, en faisant siennes les préoccupations de nombreux syriens, convaincus que leur pays entre maintenant dans un cycle de radicalisation et de fragmentation.  Certains craignent aussi une « guerre régionale par procuration » à laquelle les Syriens ne pourraient y faire face.  Alors que la situation se détériore, les Syriens estiment que l’espoir de parvenir à une solution politique s’éloigne.

M. Ban a également souligné la volonté des Syriens de rester les maîtres de leur propre avenir, sans intervention extérieure.  Le peuple syrien rejette la violence, l’extrémisme et le terrorisme.  Il est favorable à une société multiconfessionnelle, inclusive, qui soit érigée sur la base des droits de l’homme et de l’état de droit, a-t-il dit.

Il ressort des consultations que la question d’un organe de transition doté de pouvoirs exécutifs pleins et entiers reste la priorité absolue pour l’opposition, a-t-il ajouté, tout en faisant observer que le Gouvernement syrien juge inconstitutionnelle la création d’un tel organe.

Même si la situation est difficile, il n’y a pas d’obstacle insurmontable, a assuré le Secrétaire général en soutenant la proposition de son Envoyé spécial.

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