En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session
11e & 12e séances – matin & après-midi
AG/EF/3426

Des délégations de la Deuxième Commission appellent de tous leurs vœux à une mondialisation plus humaine et solidaire afin de ne laisser personne de côté

Au cours du débat de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur la « mondialisation et l’interdépendance », de nombreuses délégations, dont celle du Maroc, ont appelé à ce que la mondialisation devienne plus humaine et soit marquée par la solidarité internationale, dans le contexte de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Au cours de la journée, les délégations ont discuté, entre autres, du « Rôle des Nations Unies dans la promotion du développement à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance », à la lumière d’un rapport du Secrétaire général sur la question.  Pour de nombreux intervenants, l’ONU doit être la force motrice du multilatéralisme et stimuler la réforme des structures de gouvernance mondiale afin qu’elles soient plus ouvertes, plus justes et davantage démocratiques.

Le constat actuel, a noté le représentant de l’Inde, montre que les pays en développement ne tirent pas d’énormes avantages de la mondialisation.  Le délégué du Bangladesh, qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a pour sa part proposé que les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) soient négociés et mis en œuvre « par toutes les parties prenantes », afin que le système commercial international soit plus juste et équitable.

Face à cette mondialisation qui ne tient pas compte des plus faibles, l’Observateur du Saint-Siège a rappelé qu’à la tribune de l’Assemblée générale le 25 septembre dernier, le pape François avait mis en garde contre la « mondialisation de l’indifférence » qui devrait, avait-il préconisé, se transformer en « mondialisation de la solidarité ».

Dans cette perspective de solidarité, « des solutions technologiques innovantes et abordables devront être mises au point, transférées et diffusées à une échelle sans précédent pour éliminer la pauvreté et parvenir à un développement durable au niveau mondial d’ici à 2030 », a recommandé le Secrétaire général dans son rapport sur la question de la science et la technologie au service du développement. 

Un certain nombre de délégations ont rappelé que le document final de la troisième Conférence sur le financement du développement (A/CONF.227/20) comprend une décision visant la création d’un mécanisme de facilitation de la science et de la technologie, qui serait composé, entre autres, d’un groupe de travail interinstitutions des Nations Unies sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable.

La représentante de l’Afrique du Sud, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G-77), a souhaité que ce mécanisme soit mis en place dans les mois à venir pour faciliter justement la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Soulignant l’importance du lien entre la culture et le développement durable, les intervenants se sont dit convaincus que la culture pourrait offrir des opportunités d’emploi décent, aidant ainsi les pays à stimuler la croissance économique.  Le représentant du Brésil, allant plus loin, à même estimé que la culture contribuerait à mieux préserver l’environnement, non seulement en créant un lien entre diversité culturelle et biodiversité, mais aussi en exerçant son influence sur les modèles de production et de consommation.

Le dernier sous-thème de discussion de la journée était consacré à la « coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire ».  Dans son rapport sur la question, le Secrétaire général a évoqué la notion de « trappe du revenu intermédiaire », en expliquant que les pays à revenu intermédiaire, après avoir assuré un certain niveau de revenu par habitant, ne pouvaient plus continuer à l’augmenter, car le niveau de leur croissance économique demeurait médiocre.  En conséquence, ces pays qui connaissent de nombreux obstacles structurels, perdent leur compétitivité par rapport aux pays à faible revenu, mais n’ont pas les capacités technologiques nécessaires pour rattraper les pays à revenu élevé.  

Compte tenu de cette impasse, de nombreuses délégations ont estimé que le principal critère de classement du niveau de développement des pays, notamment le revenu par habitant, ne reflétait pas toujours avec précision les réalités et les défis des pays à revenu intermédiaire.  En outre, une large partie des intervenants, dont le Honduras, ont fait remarquer que 70% de la population totale des pays à revenu intermédiaire étaient très pauvres.  Comme il n’existe pas de mécanisme de coopération entre cette catégorie de pays et le système des Nations Unies, des inégalités économiques et sociales persistent encore dans ces pays.

D’aucuns ont plaidé pour que la communauté internationale affecte aux pays à revenu intermédiaire une masse critique de ressources, tout en adoptant une stratégie renforcée qui soit adaptée aux besoins spécifiques de ces pays.  Le représentant de l’Équateur, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a même prévenu que la présence de l’ONU dans les pays à revenu intermédiaire était vitale pour leur permettre de mieux répondre à leurs besoins spécifiques et, ainsi, de « ne laisser personne de côté ».

La Deuxième Commission organisera demain, vendredi 16 octobre, à 10 heures, une manifestation parallèle sur le thème « Promouvoir la croissance pour tous: passer de l’économie informelle à l’économie formelle ».

Mondialisation et interdépendance

Rapport du Secrétaire général sur le rôle des Nations Unies dans la promotion du développement à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance (A/70/326)

Dans ce rapport, présenté par M. Joop Theunissen du Bureau de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination, Departement des affaires economiques et sociales, le Secrétaire général indique que la mondialisation et l’interdépendance pourraient à la fois ouvrir des perspectives et poser des difficultés dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La répartition plus équitable des bénéfices de la mondialisation et le renforcement de la stabilité et de la résilience demeurent un objectif essentiel, précise-t-il.

L’un des grands défis à relever dans l’exécution du Programme intégré et universel de développement durable à l’horizon 2030, souligne le rapport, est de faire en sorte que la mondialisation devienne une force d’impulsion du développement durable pour tous les peuples du monde, qu’ils appartiennent aux générations présentes ou aux générations futures.

Dans cette optique, le Secrétaire général invite les gouvernements à ratifier et mettre en œuvre l’Accord sur la facilitation de l’Organisation mondiale du commerce visant à réduire les coûts commerciaux et à développer les échanges.  Il leur suggère également de mener à bien le Cycle de négociations de Doha pour le développement afin de mettre en place un système commercial multilatéral plus ouvert et non discriminatoire et de créer de nouveaux débouchés commerciaux.

Rapport du Secrétaire général sur la science et la technologie au service du développement (A/70/276)

Ce rapport, présenté par M. Dong Wu, Chef de la section de la science et de la technologie de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), établit que le manque de capacités nationales pour la science, la technologie et l’innovation a été un frein pour progresser vers la réalisation de certains des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier dans les pays les moins avancés.  Il s’agit notamment d’un manque de capacités à formuler des politiques cohérentes en matière de science, de technologie et d’innovation et à les intégrer dans les plans de développement; un manque de ressources humaines en science, en technologie, en ingénierie et en mathématiques; et un manque de capacités d’absorption des entreprises locales et d’aptitude à innover.

La science, la technologie et l’innovation et le renforcement des capacités connexes sont essentiels pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable et le programme de développement pour l’après-2015, souligne le Secrétaire général.  Des solutions technologiques innovantes et abordables, recommande-t-il, devront être mises au point, transférées et diffusées à une échelle sans précédent pour éliminer la pauvreté et parvenir à un développement durable au niveau mondial d’ici à 2030.  Dans la perspective d’un tel défi, précise-t-il, des efforts spéciaux seront nécessaires pour le renforcement des capacités en matière de science, de technologie et d’innovation et les environnements politiques favorables et pour faciliter la mise au point, le transfert et la diffusion des technologies pour un développement durable inclusif.

Rapport du Secrétaire général sur la coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire (A/70/227)

Ce rapport, présenté par M. Matthias Kempf, du Département des affaires économiques et sociales (DAES), note que les pays à revenu intermédiaire se heurtent à un certain nombre de difficultés ayant trait aux trois dimensions du développement durable.  Leur croissance économique est demeurée robuste, mais elle a néanmoins ralenti tant en raison de conditions extérieures moins favorables que de fragilités intérieures.  Cette situation a également créé des conditions plus difficiles sur le marché du travail, s’ajoutant à des problèmes structurels accentués dans le domaine de l’emploi dans un certain nombre de ces pays.

Le Secrétaire général indique que s’ils ont enregistré des progrès remarquables dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, les pays à revenu intermédiaire rencontrent toutefois de grandes difficultés en termes de développement durable.  Ces difficultés sont souvent propres aux pays et dépendent du niveau de revenu, de la structure de l’économie, des indicateurs de développement humain, de l’endettement extérieur, des conditions d’accès aux financements extérieurs et d’autres facteurs.

Ce large éventail de difficultés souligne la nécessité de prendre des mesures concertées et cohérentes, indique le Secrétaire général, tout en faisant observer que souvent, lorsque les pays quittent la catégorie des faibles revenus et accèdent à celle des revenus intermédiaires, l’assistance qui leur est apportée au titre de l’aide publique au développement est sensiblement réduite, limitant leur capacité à faire face à ces difficultés.  Ce constat montre la nécessité d’assurer une action continue de la communauté internationale dans les pays à revenu intermédiaire, qui soit adaptée à leurs besoins nationaux propres, et de développer plus avant la coopération pour le développement au sein du système des Nations Unies.

Mme BALENI (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a estimé que la mondialisation doit être au service de la lutte contre la pauvreté afin qu’elle puisse contribuer efficacement à la réalisation du développement durable.  Elle a indiqué que la mondialisation pourrait être une force dynamique pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, tout en faisant observer que les bénéfices de la mondialisation étaient inégalement répartis, les pays en développement n’en recevant qu’une faible part.  La représentante a souligné l’importance de la coopération Nord-Sud, de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, ainsi que de la coopération internationale visant à faciliter l’accès à la science et aux technologies écologiquement viables.  Dans le contexte de la mise en œuvre du nouveau Programme de développement, elle a noté que le partenariat en matière de science et de technologie serait de la plus grande importance, notamment, a-t-elle précisé, pour faire face aux défis complexes et interdépendants du XXIème siècle.  À ce propos, la représentante a plaidé pour la mise en place, dans les mois à venir, du Mécanisme de facilitation des technologies, en assurant qu’il s’agit là d’une des recommandations phares du Plan d’action d’Addis-Abeba, adopté par la troisième Conférence internationale sur le financement du développement. 

La représentante a, par ailleurs, noté que la culture est une source d’identité, d’innovation et de créativité pour les individus et les communautés, et qu’elle se présente aussi comme un important facteur d’inclusion sociale et d’éradication de la pauvreté.  Elle a expliqué que la culture pouvait offrir des opportunités d’emplois décents, aidant ainsi les économies en promouvant la croissance. 

Les pays à revenu intermédiaire ont fait des efforts dans l’éradication de la pauvreté, a ensuite déclaré la représentante.  Le Groupe des 77 appelle à des stratégies de coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire qui tiennent compte des besoins spécifiques de ce groupe de pays, a-t-elle indiqué.  Le critère principal de classement du niveau de développement des pays, notamment le revenu par habitant, a-t-elle estimé, ne reflète pas toujours avec précision les réalités et les défis des pays à revenu intermédiaire.

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines), qui s’exprimait au nom de l’Association des États de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que, sur le plan économique, les pays de l’Association avaient réalisé des progrès considérables vers la création d’une Communauté économique pour la région.  Elle a notamment indiqué que le volume commercial global de l’ASEAN en 2014 s’était stabilisé à hauteur de 2,53 trillions de dollars.  S’agissant de l’environnement économique et social, elle a déclaré que la Communauté socioculturelle de l’ASEAN avait renforcé ces liens de coopération dans des domaines aussi importants que la gestion des catastrophes naturelles et de la réduction des risques.  La Vision de la Communauté économique de ASEAN en 2025 est ancrée dans le renforcement de la participation et de la responsabilité sociale des peuples de l’Association, a encore fait observer la représentante.  Sur ce même sujet, elle a ajouté que la Vision 2025 et la Déclaration commune sur la collaboration entre l’ASEAN et l’ONU étaient liées dans le domaine de la coopération et alignées sur les objectifs du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030. 

M. ABDUL MOMEN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a souligné que pour améliorer l’aide aux PMA, les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent être négociés et mis en œuvre « par toutes les parties prenantes ».  Il a ensuite insisté sur la nécessité de donner un emploi décent aux jeunes populations des pays les moins développés, dont le nombre augmentera de plus de 30% au cours des 15 prochaines années.  Les jeunes devront être en mesure de jouer un rôle dans la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il dit.  M. Momen a rappelé ensuite l’importance pour les PMA de rattraper leur retard technologique et scientifique pour lutter plus efficacement contre la pauvreté.  Il a ainsi salué la décision de l’Assemblée générale, à travers ses résolutions 68/224 et 69/231, de rendre opérationnels une banque technologique en Turquie et d’éventuels centres régionaux installés dans les PMA.  Enfin, le représentant du Bangladesh a souhaité la mise en place de synergies entre le Programme d’action et celui pour le développement durable à l’horizon 2030. 

M. SERGIO SHCHERBAKOV (Équateur), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné que les technologies de l’information et des communications pouvaient avoir un rôle de catalyseur du développement dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, de la croissance économique inclusive et du développement durable.  Il a ainsi appelé à combler le fossé numérique entre pays développés et ceux à revenu intermédiaire et à faciliter l’accès de tous à l’information numérique.  Sur la culture et le développement durable, le délégué a souligné l’importance, pour la CELAC, du respect de la diversité culturelle et de l’identité multiethnique, multiculturelle et multilingue des sociétés de la région.  La culture est un moteur du développement durable, l’un des piliers pour réduire les inégalités, a-t-il rappelé, en indiquant que la promotion de valeurs telles que le respect de la vie, de la dignité humaine, de la multiculturalité était une priorité des États de la CELAC.  Il a conclu que la présence de l’ONU dans les pays à revenu intermédiaire était vitale afin de mieux répondre aux besoins spécifiques de ces derniers et, ainsi, « ne laisser personne derrière ». 

M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a rappelé que le groupe des pays à revenu intermédiaire était le seul groupe ne disposant pas d’un mécanisme de coopération dans le système des Nations Unies.  Ces pays, a-t-il rappelé, représentent plus du tiers du PIB mondial, plus de la moitié de la population mondiale et abritent la plus grande partie de la population vivant dans la pauvreté.  « C’est dans les pays à revenu intermédiaire qu’il faut concentrer les efforts si on veut parvenir à réaliser les objectifs de développement durable définis dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a-t-il déclaré, avant de déplorer que les organes du système des Nations unies « agissent de manière fragmentée, sans coopération efficace ».

Il a regretté que les ressources disponibles pour les pays à revenu intermédiaire ne soient pas prévisibles car elles dépendent des bailleurs de fonds et non du budget ordinaire des Nations Unies.  « Nous devons intensifier notre coopération et fournir des ressources financières et techniques en fonction des besoins propres des pays à revenu intermédiaire », a-t-il encore demandé, en soulignant que « sans planification et sans coopération clairement établies, ces pays ne seront pas en mesure de réaliser les progrès escomptés ».  Le représentant a estimé que ces problèmes liés à l’aide fournie aux pays à revenu intermédiaire pourraient être surmontés « en mettant en place des mécanismes qui renforcent la coopération entre les organes des Nations Unies » et « établissent des critères clairs » pour la coopération et l’assistance.

M. SALVADOR DE LARA RANGEL (Mexique) a insisté sur l’importance centrale de la coopération internationale pour éliminer la pauvreté et combler les facteurs d’inégalités.  Il a prévenu que « beaucoup de pays à revenu intermédiaire risquaient de basculer dans la catégorie des pays les moins avancés car, a-t-il dit, ils sont encore vulnérables aux crises extérieurs ».  Dans ce contexte, il a insisté sur le caractère  « essentiel » d’une stratégie de développement mondial qui s’adapte aux spécificités des pays à revenu intermédiaire.

« Les problèmes auxquels nous sommes confrontés ne sont pas les mêmes car, a-t-il fait remarquer, tout dépend de l’ordre de classement des pays à revenu intermédiaire. »  C’est pourquoi il a appelé à engager une « réflexion sur les critères de classement », en particulier celui des revenus qui a des conséquences sur l’octroi de l’aide publique au développement.  « En 1990, la région d’Amérique latine recevait 9% de l’aide au développement alors qu’en 2009, elle n’avait reçu que 7% quand l’Afrique et l’Asie recevaient respectivement 37% et 30% de cette aide », a-t-il précisé.  Il est temps de « repenser les critères de classement » pour refléter la réalité et tenir compte des caractéristiques propres de chaque pays à revenu intermédiaire, a-t-il estimé.  Le représentant a également plaidé pour un renforcement des synergies entre les différents organes et acteurs du système des Nations Unies, en particulier pour parvenir à réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

Mme JAIME SEAH (Singapour) a déclaré qu’une mauvaise gestion de la mondialisation fait courir le risque d’une marginalisation des économies et de millions de personnes dans les pays en développement.  Une bonne gestion permettra, au contraire, de mieux intégrer ces économies et sortir des millions de gens de la pauvreté.  Car l’Histoire, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a montré qu’aucun pays n’a pu sortir seul de la pauvreté, sans avoir participé à l’économie mondiale.  C’est pourquoi il est primordial de travailler ensemble pour pousser les forces positives de la mondialisation et pour le bénéfice de tous, en particulier des pays en développement, a dit la représentante. 

En tant que État-cité, sans arrière-pays naturel, ni marché intérieur pour créer des emplois suffisants et une économie stable et durable, Singapour s’est intégré à l’économie mondiale et cherché au-delà de sa région des ressources et des capitaux tant financiers qu’humains.  Cela l’a aidé à établir une économie de marché forte, ouverte et compétitive.  Mais cette ouverture à l’économie mondiale présente aussi un risque pour l’identité nationale, « raciale et religieuse » de Singapour, qui n’entend pas pour autant se retirer de la mondialisation, a déclaré Mme Seah.  Le Gouvernement a ainsi mis en place une commission nationale de pilotage sur la race et l’harmonie religieuse, qui a pour objectif de construire un dialogue entre les communautés.  Au niveau local, des cercles de confiance entre les races et les religions ont également été créés dans le but de renforcer les relations interethnique et les groupes de communauté, a-t-elle ajouté.

Mme Seah a également déclaré qu’il y a un besoin urgent de redéfinir la gouvernance de l’économie mondiale et les processus de décision.  Dans ce cadre, les Nations Unies, avec les institutions financières internationales comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international doivent s’assurer que les cadres de l’économie mondiale visent à assurer une croissance économique.  Ces institutions doivent également s’assurer qu’elles-mêmes s’adaptent aux changements du monde et apportent des réponses idoines aux défis auxquels sont confrontés les  pays en développement, a conclu la représentante. 

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines), se félicitant du rapport du Secrétaire général, a souligné qu’au cours des cinq dernières années, les Philippines avaient connu une croissance pérenne avec un taux de 5,8% pour l’année 2014.  Elle a toutefois expliqué que l’inflation des prix de l’alimentation, en particulier du riz, menaçait de ramener 23,82 millions de Philippins dans la pauvreté.  Rappelant que 73% de la population mondiale la plus pauvre vivaient dans les pays à revenu intermédiaire, elle a insisté sur la nécessité de renforcer la mobilisation de ces pays et de leurs ressources nationales par l’aide publique au développement, le renforcement de l’assistance technique et une participation accrue du secteur privé.

Saluant ensuite l’adoption des objectifs de développement durable du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la représentante a appelé la communauté internationale à reconnaître les défis à relever pour les pays à revenu intermédiaire, ainsi que leur spécificité, à savoir la taille, l’expérience de développement et les objectifs de développement économique et social.  Elle a également indiqué que la détermination de l’aide publique au développement devrait prendre en compte le niveau de développement de chaque pays à revenu intermédiaire, en appelant à un recalibrage du spectre de l’assistance en fonction des besoins propres à chaque pays.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a plaidé pour la restructuration de la dette souveraine.  La réforme de la structure de gouvernance du Fonds monétaire international (FMI), lancé en 2010, a-t-il noté, n’a pas beaucoup avancé, ce qui ne renforce nullement la légitimité de l’institution.  Il a, en outre, invité les membres du G-20 et de la communauté internationale à s’impliquer dans le cadre du processus d’assainissement de la restructuration de la dette souveraine des États, en droite ligne de la résolution 69/319 de l’Assemblée générale portant sur les « Principes fondamentaux des opérations de restructuration de la dette souveraine ». 

Le représentant a, par ailleurs, salué les initiatives de coopération mises en œuvre dans la région eurasiatique à laquelle appartient la Fédération de Russie.  L’intégration régionale, a-t-il expliqué, constituait un facteur important dans le contexte d’interdépendance et de mondialisation.  Il a ensuite appelé l’ONU à renforcer la culture de la coopération afin de favoriser le transfert des technologies propres en faveur des pays en développement.  Il a également plaidé pour que le système de développement de l’ONU collabore avec les pays à revenu intermédiaire, en rappelant que ce groupe de pays étaient confrontés à des défis de développement spécifiques.

M. SERGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a plaidé pour que les Nations Unies soient en première ligne de la mise en œuvre d’une vision plus intégrée, plus inclusive et durable de la mondialisation.  À cet effet, il a invité l’ONU à établir des directives pour faire face aux inégalités économiques et sociales croissantes et aux modèles non durables de production et de consommation.  Dans ce contexte de mondialisation, il a estimé qu’il était temps de renforcer la voix et la représentation des pays en développement au sein des institutions financières internationales.  Pour ce faire, il a affirmé que les Nations Unies ont un rôle central à jouer dans cette optique à travers notamment l’Assemblée générale, le système de développement des Nations Unies, le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Forum politique de haut niveau.

M. Rodrigues a noté que la culture facilite la durabilité environnementale, non seulement en créant le lien entre diversité culturelle et biodiversité, mais aussi par son influence sur les modèles de production et de consommation, et à travers les méthodes de gestion durable de l’environnement qui découlent de la vulgarisation des systèmes de savoirs traditionnels.  Il a ainsi assuré que la culture avait un rôle important à jouer pour changer les modèles non durables de consommation et de production, notamment le consumérisme inhérent aux sociétés riches.

Le Mécanisme de facilitation des technologies est une initiative innovante qui devrait permettre aux États Membres et aux parties prenantes concernées de travailler ensemble pour exploiter le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable. 

M. YAROSLAV GOLITSYN (Ukraine) a souligné l’importance de la coopération internationale et des partenariats dans les domaines des sciences, de la technologie et de l’innovation.  Appelant à un renforcement des interactions « entre Nord et Sud », il a passé en revue les initiatives de son pays pour participer à ces efforts.  « Nous sommes fiers de créer et de fournir des produits novateurs et de disposer d’experts de haut niveau dans des domaines critiques, qui représentent, a-t-il dit, une valeur ajoutée pour la plupart de nos partenaires internationaux. ».  Il a cité en exemple les innovations présentées récemment par les experts de son pays, dans les domaines de l’eau, de l’énergie et de la cyberéconomie, à des responsables des pays les moins développés de l’Afrique.

Le représentant a ensuite apporté son soutien aux recommandations du Secrétaire général pour construire ou renforcer les capacités technologiques des pays à revenu intermédiaire et des pays les moins avancés, pour leur permettre de rattraper leur retard, notamment dans les domaines de l’éducation et de la formation.  « Nous pensons qu’un soutien considérable des gouvernements et de la communauté internationale à l’éducation, par le biais de bourses d’étude, de formations et des résultats de la recherche et du développement pour les institutions éducatives, contribuera à assurer des synergies et un développement durable», a-t-il insisté, avant d’annoncer que son pays avait créé 200 bourses d’études à l’intention des étudiants des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés.

M. MOURAD MEBARKI (Algérie) a souhaité que l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement entraîne un renouvellement du partenariat mondial « afin d’atténuer les conséquences économiques et sociales négatives de la mondialisation ».  Il s’est également dit convaincu que le système financier international devrait être renforcé par la création d’un mécanisme de restructuration des dettes souveraines, afin de préserver cet important outil de financement du développement.  Le représentant de l’Algérie a, par ailleurs, mis l’accent sur l’intérêt de renforcer les politiques de sécurité sociale afin de protéger les populations des changements brusques sur le marché du travail.  À son tour, il a considéré que l’ONU était la seule institution universelle capable de promouvoir le développement à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance.

M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a souligné que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 créait un nouveau paradigme, dont la mise en œuvre réelle nécessitera l’engagement total des États Membres.  « Si notre engagement est sérieux, nous devons alors prendre des mesures qui permettent de revoir le système qui reproduit les inégalités à l’échelle mondiale », a-t-il déclaré, avant d’appeler les États Membres à « être les champions de l’inclusion sociale, économique et politique ». 

Estimant ensuite qu’il était impossible de parler de progrès, « si les femmes, les filles et les minorités de genre continuent d’être confrontées quotidiennement à une multitude d’inégalités », le représentant a rappelé la résolution 68/220 du 20 décembre 2013, dans laquelle l’Assemblée générale souligne le rôle vital des sciences, de l’innovation et des technologies, notamment de l’information, pour faciliter les efforts visant à la réalisation des objectifs de développement communément fixés.

Dans ce contexte, le délégué a insisté sur le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourra pas être réalisé si des opportunités d’accéder au monde des sciences et des technologies ne sont pas offertes aux femmes et aux filles pour devenir des professionnelles de la santé, des économistes, des scientifiques ou des expertes en politique.  « Malte présentera un projet de résolution proposant de créer une Journée mondiale des femmes dans la science, qui sera célébrée le 11 février de chaque année, pour attirer l’attention du public sur ce problème de l’accès des femmes à tous les domaines scientifiques », a-t-il annoncé avant de conclure.

Mme YAIMA DE ARMAS (Cuba) a souhaité que soit renforcé le rôle central de l’Assemblée générale, l’organe le plus représentatif des Nations Unies.  Elle a aussi demandé de respecter les décisions souveraines de chaque pays.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action sur le financement du développement d’Addis-Abeba ne peuvent donner de résultats tangibles qu’avec la participation de tous les pays, a-t-elle ajouté.  Soulignant les écarts de développement entre le Nord et le Sud, elle a appelé au partage des connaissances, notamment par le biais du Mécanisme de facilitation des technologies.  Mme de Armas a également invité à renforcer les politiques dans le domaine de la culture, celle-ci étant au service du développement.  La représentante a également jugé limité le système de calcul du niveau de développement d’un pays par rapport au revenu moyen par habitant et a proposé de tenir compte de tous les autres problèmes auxquels les pays les moins avancés sont confrontés.  En ce qui concerne Cuba, elle a rappelé le blocus qui a fait obstacle à son développement, tout en soulignant l’aide que son pays a toujours apportée aux autres pays en développement.

M. AMIT NARANG (Inde) a estimé que pour faire de la mondialisation une force positive pour le développement durable, il faudrait renforcer le multilatéralisme à travers des structures de gouvernance mondiale, ouvertes et démocratiques.  La réalité actuelle montre que la mondialisation est injuste, a-t-il regretté, en précisant qu’elle ne procure pas de véritables avantages aux pays en développement.  La réforme de la gouvernance mondiale qu’il appelle de tous ses vœux ne se limite pas au Conseil de sécurité, a-t-il dit.  Il a ainsi expliqué que cette réforme de la gouvernance concernait également les règles de taxation mondiale, et aussi le système de développement des Nations Unies au sein duquel les agences engagées dans les activités de développement demeurent dominées par les donateurs.  Dans le contexte de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Narang a invité la communauté internationale à s’inspirer du génie indien d’harmonie avec la nature.  Il a fait observer que ce génie enseigne aux Indiens à traiter la nature avec respect, sans volonté de la dominer ou de la surexploiter.

Mme ALMANSOOR (Bahreïn) a déclaré que la science et la technologie sont des éléments cruciaux pour le développement, en déplorant en outre le fossé technologique entre les pays en développement et les pays développés.  Elle a indiqué que le Bahreïn va continuer à s’engager pour le développement international dans le contexte de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a souligné que cet engagement va se manifester surtout dans le domaine de la promotion et la vulgarisation des technologies de l’information et des communications en faveur des pays en développement.  Elle s’est félicitée des avancées réalisées par son pays dans ce domaine.  La gouvernance électronique est de mise à Bahreïn, facilitant ainsi la délivrance de services en ligne aux usagers, a-t-elle expliqué. 

M. OUMIYER (Maroc) a souligné que les inégalités mondiales entre pays et au sein des pays s’étaient accrues avec la mondialisation.  Rappelant « les effets dévastateurs » de la crise économique et financière de 2008, il a estimé que « pour rétablir la confiance dans l’économie mondiale », il faudrait « plus de transparence, une réglementation saine et de l’intégrité dans les marchés pour immuniser le système financier contre les dérapages et la spéculation ».  Dans ce contexte, il a appelé à une réforme des institutions financières internationales, notamment celles de Bretton Woods, à la conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha et à « l’abandon des mesures protectionnistes au profit d’un système commercial multilatéral, ouvert, transparent, inclusif, non discriminatoire, fondé sur des règles claires, visant une intégration et une prise en compte des spécificités des pays en développement et des pays les moins avancés ».  Il a également insisté sur l’importance pour les institutions financières internationales de devenir « plus démocratiques, équitables et représentatives ».

Concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le représentant a souligné la nécessité impérative de mettre en place des mécanismes de financement fiables et d’explorer de nouvelles sources de financement.  « L’accent doit être mis sur la mobilisation des ressources nationales, la levée de fonds, la mise à contribution du secteur privé, les investissements directs étrangers et la transformation par les infrastructures », a-t-il précisé.  Avant de conclure, le représentant a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était une « occasion unique de donner un visage humain à la mondialisation », en créant des liens de solidarité entre pays développés et pays en développement « pour un monde prospère et pacifique ».

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a soutenu la promotion, dans le système des Nations Unies, de la coopération entre les pays à revenu intermédiaire.  Il a regretté que les progrès en ce sens soient si lents et que l’ONU n’ait pas réussi à établir un plan d’action pour promouvoir cette coopération pour ce groupe de pays.  C’est le groupe de pays en développement le plus large, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a expliqué que les pays sont classés dans ce groupe non pas parce qu’ils le souhaitent, mais parce qu’ils doivent répondre aux conditions requises pour l’accès au crédit que détermine une institution financière internationale.  Le seul critère retenu à ce jour pour cette classification, a-t-il rappelé, est le revenu par habitant.  Cette situation, a-t-il indiqué, oblige ces pays à prendre des mesures intégrées qui tiennent compte de la nature multidimensionnelle de la pauvreté.  Il a donc demandé au système des Nations Unies de répondre de manière adéquate aux défis de développement de ce groupe de pays, avant de plaider en faveur de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire afin de ne laisser personne de côté.

M. LEULSEGAD TADESSE ABEBE (Éthiopie) a souligné qu’il était important d’utiliser la mondialisation comme une force positive qui facilite la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a fait remarquer que l’ONU, en tant qu’organisation inclusive, contribue à faire de la mondialisation un catalyseur du partenariat mondial en faveur du développement durable.  Même si la science et les technologies ont joué un rôle important pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), leur potentiel n’a pas été pleinement utilisé, a cependant noté le représentant à la lumière du rapport sur la question.  Le délégué a réaffirmé l’importance de ces outils pour accélérer les transformations structurelles et parvenir au développement durable.  En Éthiopie, un conseil pour la science, la technologie et l’innovation a été créé, a-t-il dit en signalant aussi l’augmentation du budget alloué à la recherche scientifique.  Il a toutefois demandé l’aide de la coopération internationale dans ce domaine pour pouvoir utiliser pleinement les sciences et les technologies au service du développement.

M. TLHALEFO BATSILE MADISA (Botswana) a estimé que les pays à revenu intermédiaire, qui comptent 70% des pays les plus pauvres du monde et subissent par conséquent les plus profondes inégalités, devraient bénéficier d’une coordination et d’une coopération améliorées du système des Nations Unies.  L’ONU, comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, doit répondre plus efficacement aux besoins spécifiques des pays à revenu intermédiaire, a ajouté M. Madisa.  À cet égard, il a indiqué que son pays appuyait pleinement l’élaboration d’un cadre stratégique global de coopération pour le développement basé, notamment, sur une mesure de la richesse qui ne se limite pas au seul critère du PIB.

M. ABDULMONEM A. H. ESHANTA (République arabe libyenne) a noté que les défis posés par la mondialisation, notamment l’impact de la crise financière internationale, continuent à freiner le développement.  Il a souligné l’importance de la science, des technologies et de l’innovation comme outils pour faire avancer de nombreux pays sur la voie du développement.  Il faudrait ainsi améliorer le transfert de technologies, notamment par le biais du mécanisme d’appui à la science, à la technologie et à l’innovation, qui a été récemment lancé.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur du respect de la culture qui, a-t-il précisé, est un moteur de développement économique et social.  Il a expliqué en effet que la culture assurait la cohésion des sociétés et, de ce fait, contribuait au développement durable.  Il a donc lancé un appel pour que l’on respecte ces cultures, ainsi que la souveraineté des pays, les droits de l’homme et la bonne gouvernance.

M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay) a appelé à respecter la diversité culturelle et à promouvoir le multilinguisme, ainsi que les valeurs de tolérance et de justice qui sont essentielles à l’édification d’une culture de paix.  Il a ainsi plaidé pour que les connaissances traditionnelles soient préservées et pour que l’on mette fin au trafic illicite de biens culturels.  Le représentant s’est exprimé en faveur d’un programme multidimensionnel de développement et d’éradication de la pauvreté, en soulignant qu’il était nécessaire de prendre en compte les besoins particuliers des pays en développement sans littoral.  Il a également estimé qu’il était nécessaire de combler les écarts technologiques entre les pays.  Enfin, il a plaidé en faveur du Mécanisme de facilitation pour la science et la technologie, avant d’encourager une plus grande participation des pays enclavés au commerce international.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a rappelé que la mondialisation ne profitait pas de manière égale à tous les pays, en citant en premier lieu les pays les moins avancés (PMA) et les pays insulaires en développement qui sont « plus vulnérables dans un environnement de plus en plus compétitif ».  Il a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre de manière effective le Programme d’action d’Istanbul et le Programme d’action de Vienne, en espérant que les objectifs et cibles définis par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pourraient être réalisés.

Abordant la question des migrations générées par la mondialisation, le représentant a ensuite souligné que si celles-ci offraient des ressources humaines pour le progrès et la prospérité de nombreux pays développés, elles privaient cependant les pays d’origine de ressources indispensables à leur propre développement.  Dans ce contexte, il a estimé que des efforts coordonnés devraient être entrepris pour protéger et promouvoir les droits de l’homme des travailleurs migrants.

S’exprimant, par ailleurs, sur le rôle des technologies de l’information et des communications comme « facilitateur du processus de globalisation », le représentant a rappelé que celles-ci pouvaient contribuer à réduire la pauvreté et le fossé numérique en facilitant « l’autonomisation des milliards de personnes laissées pour compte ».  Il a également plaidé pour un soutien spécifique aux pays les moins avancés (PMA), par le biais notamment de la création d’une banque mondiale des technologies opérationnelles pour les PMA, de politiques d’assistance plus vastes et mieux ciblées, de mécanismes de facilitation pour les échanges commerciaux, l’accroissement des investissements et le respect des engagements pris en faveur de l’aide publique au développement.  « Le Népal répète que les fruits de la mondialisation devraient être répartis équitablement entre les pays et, notamment, au sein des institutions financières internationales comme celles de Bretton Woods ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC) », a–t-il conclu.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que les petits États insulaires en développement (PEID) de la région des Caraïbes font face à de nombreux obstacles qui freinent leur développement.  Il a ainsi cité, entre autres, le taux élevé de chômage, la pauvreté, les inégalités de revenus ainsi que les inégalités touchant en particulier les femmes, sans oublier la vulnérabilité de ces pays aux phénomènes naturels et aux effets néfastes des changements climatiques.  Il a également évoqué le poids de la dette qui pèse sur les économies de ces pays, ainsi que le manque d’infrastructures ou encore leur assiette fiscale très réduite.

Pour véritablement œuvrer en faveur du développement durable, le représentant a estimé que les institutions internationales actives en matière de développement doivent harmoniser les différentes politiques sectorielles.  Certaines de ces politiques vont à l’encontre des mesures prises par les autres et c’est pourquoi, a-t-il dit, il est urgent de créer des synergies, à l’échelle internationale, dans des domaines tels que la préservation durable de l’environnement, les migrations, la dette, le commerce ou le financement du développement.  Il a aussi plaidé pour une mondialisation qui fasse avancer le développement durable inclusif, tant à l’intérieur qu’entre les pays.

S’exprimant au nom du Groupe des amis de la culture et du développement, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a rappelé l’importance accordée à la culture dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui contribue de manière considérable, a-t-il dit, aux dimensions économique, sociale et politique du développement durable. 

Dans ce contexte, le représentant a appelé la Deuxième Commission à créer une sous-rubrique « Culture et développement durable » dans le cadre de la mise en œuvre de ce Programme.  Il a également souhaité que l’Assemblée générale adopte une nouvelle résolution qui se concentre sur le suivi de la mise en œuvre des différentes dispositions du Programme relevant de la culture.  Il a cité en particulier le renforcement des efforts de protection du patrimoine culturel et naturel (cible 11.4), la promotion des politiques qui soutiennent l’innovation et la créativité en lien avec l’industrie (cibles 8.3 et 8.9). 

Cette résolution devrait également mettre l’accent sur la création d’outils pour évaluer l’impact du développement durable sur le tourisme, créateur d’emplois et promoteur des cultures et des produits locaux (cible 12b), la promotion d’une culture du développement durable, de la paix, de la non-violence, de la diversité et de la citoyenneté mondiale (cible 4.7), ainsi que sur la promotion de l’accès et le partage équitable des bénéfices de l’utilisation des ressources génétiques et des savoirs traditionnels associés.

M. FREDERICK SHAVA (Zimbabwe) a déploré que les pays en développement ne profitent toujours pas des avantages qu’offre la croissance économique au niveau mondial et continuent de faire face à une augmentation de la pauvreté, aux inégalités et à la dégradation de l’environnement.  Il a appelé à une répartition plus équitable des fruits de la mondialisation, en soulignant qu’elle devrait permettre aux pays en développement d’extraire leurs populations de la pauvreté et d’améliorer leur niveau de vie.  « Il faut que ces pays fassent entendre leur voix et qu’ils renforcent leur représentation et leur participation dans les organes de décision économique », a-t-il insisté, avant de défendre « une réforme urgente et démocratique de l’architecture financière et commerciale mondial, en particulier les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce ».

Souhaitant que les Nations Unies prennent l’initiative de ces réformes, le représentant a indiqué que les pays en développement « ne devraient pas être forcés d’abandonner leurs politiques et programmes nationaux pour le développement qui offrent des services sociaux à leurs populations » et qu’ils ne « devraient pas être contraints d’embrasser un modèle idéologique de développement qui n’a pas fait la preuve de son succès ».  « Les programmes d’ajustement culturel qui se concentrent exclusivement sur la réduction des dépenses et le libéralisme économique renforcent le niveau de pauvreté et d’inégalités », a-t-il regretté avant de conclure.

M. PREMCHIT (Thaïlande) a rappelé qu’au cours de ces dernières années, les pays à revenu intermédiaire avaient connu une croissance relativement soutenue qui leur avait permis de réduire le niveau de pauvreté, tout en précisant que des inégalités économiques et sociales persistaient encore.  Il a ensuite passé en revue les initiatives de son pays pour remédier à ces inégalités, en renforçant en particulier la compétitivité de l’économie rurale et ses liens avec l’économie nationale et internationale.  Il a notamment cité en exemple la création d’une Banque de l’agriculture, de coopératives agricoles et de fonds d’investissement spécialisés pour améliorer la compétitivité des productions locales.

Mettant aussi l’accent sur l’importance de maintenir l’équilibre entre développement des économies rurales et urbaines, le représentant a mis en avant la création de zones économiques spéciales destinées à promouvoir en milieu rural le développement de l’industrie et des services.

Insistant par ailleurs sur l’importance des ressources humaines et des technologies de l’information et des communications dans le développement économique et social, le représentant a souligné la création d’une Agence internationale de coopération de la Thaïlande, chargée d’offrir une assistance financière et une expertise technique aux pays en développement.

En conclusion, le représentant a rappelé l’importance des liens entre les sphères économiques locale, nationale, régionale et internationale, en insistant notamment sur l’accès des produits locaux au marché mondial.  Il a ainsi plaidé pour la mise en place d’un système commercial international multilatéral, équitable, non discriminatoire et universel, et pour la promotion d’une libéralisation du commerce régional afin de faciliter son intégration au commerce mondial. 

M. VELASQUEZ (Honduras) a recommandé de renforcer la coopération internationale dans le domaine de la science, de la recherche, de la technologie et de l’innovation, sur la base de l’intérêt commun et des bénéfices mutuels.  Il a souligné trois éléments essentiels du mécanisme de facilitation pour la science et la technologie, à savoir le Groupe d’étude interinstitutionnel des Nations Unies sur la science, la technologie et l’innovation; le forum des acteurs intéressés par ces questions; ainsi qu’une plateforme en ligne.  Le Honduras, en tant que pays à revenu intermédiaire, n’est pas considéré comme un bénéficiaire prioritaire de l’aide publique au développement (APD), a-t-il indiqué.  Il a rappelé que 70% de la population mondiale vivent dans ces pays.  Leur taux de croissance économique est un des plus élevés mais 70% des personnes vivant sur leur territoire sont pauvres, a-t-il fait remarquer.  Il est donc important, a-t-il souligné, qu’ils parviennent rapidement à une transformation économique et sociale.  Il a également plaidé en faveur de l’utilisation de l’indice de pauvreté multidimensionnelle.

Mme KHANIM IBRAHIMOVA (Azerbaïdjan) a indiqué que les technologies de l’information et des communications (TIC) apparaissaient aujourd’hui comme un élément fondamental pour le développement durable.  Elle a regretté qu’en raison de la fracture numérique, de nombreux pays ne bénéficient pas de larges bandes passantes, ce qui a, a-t-elle déploré, un impact sur leur essor économique.  Elle s’est félicitée des avancées de l’Azerbaïdjan en matière de TIC.  L’Azerbaïdjan entend promouvoir la diversité culturelle dans le monde, a-t-elle assuré, en soulignant que son pays oeuvrait pour la promotion de la diversité culturelle et la tolérance interculturelle.

Mme MARIA CONCEPCION CASTRO MAZARIEGOS (Guatemala) a souhaité que, dans un monde interconnecté, les Nations Unies soient perçues comme un espace où s’élaborent les règles mondiales dans les trois domaines clefs du développement durable.  Sur le plan économique, par exemple, elle a plaidé pour que soit créé un cadre juridique multilatéral de restructuration de la dette.  Il faudrait également, a-t-elle ajouté, que les questions de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale et de paradis fiscaux soient abordées aux Nations Unies.  La représentante a invité la Deuxième Commission à jouer le rôle de chef de file dans le débat sur la coopération en faveur des pays à revenu intermédiaire, dont 70% de leur population totale vivent dans la pauvreté.  Ces pays font face à des problèmes particuliers qui doivent susciter collaboration et solidarité, a-t-elle expliqué, en soulignant leur besoin de renforcer leurs capacités sur les plans technique et institutionnel.  Elle a demandé aux institutions spécialisées du système des Nations Unies et aux commissions régionales de jouer un rôle moteur dans les efforts visant à assurer un bien-être qui ne soit pas mesuré uniquement sur la base du PIB. 

M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a appelé à la concrétisation rapide du mécanisme de facilitation de la science et de la technologie, créé par le Programme d’Action d’Addis-Abeba, en se disant convaincu que l’apport de la science, de la technologie et de l’innovation sera d’une importance capitale pour réaliser, entre autres, les objectifs et cibles portant sur la santé, l’éducation, l’énergie, les infrastructures, la diversification économique, l’industrialisation, l’atténuation et l’adaptation aux effets des changements climatiques. 

Le représentant a ensuite estimé que le classement actuel des pays, fondé sur le critère du revenu national brut par habitant, était de plus en plus inapte à rendre compte de l’ampleur de la pauvreté dans les pays où les agences de développement sont appelées à intervenir.  Le réexamen des critères de classification, a-t-il estimé, pourrait tenir compte d’autres paramètres, sans pour autant totalement faire abstraction du niveau de développement économique réel de chaque État.  Il a en outre plaidé pour que la communauté internationale affecte aux pays à revenu intermédiaire une masse critique de ressources, tout en adoptant une stratégie renforcée qui soit adaptée aux besoins spécifiques de ces pays.

Mgr JOSEPH GRECH, Observateur du Saint-Siège, a déclaré que la mondialisation pouvait œuvrer en faveur du bien ou du mal, en fonction de l’éthique et des politiques qui l’accompagnent.  Citant le discours du pape François devant l’Assemblée générale le mois dernier, il a dit que l’exclusion économique et sociale revenait à nier complètement la fraternité humaine.  Cette exclusion est le résultat soit d’un manque d’information et d’expertise technique, soit d’un manque de détermination et d’action politique.  Le Saint-Père n’a cessé de mettre en garde contre la « mondialisation de l’indifférence », qui devrait se transformer en « mondialisation de la solidarité », a-t-il ajouté.  À ses yeux, la solidarité est non seulement un impératif éthique, mais aussi un objectif politique raisonnable.  Mgr Grech a souligné les besoins particuliers des pays les moins avancés et la nécessité de créer des emplois pour les jeunes de ces pays.  Reconnaissant que les gouvernements ne peuvent agir seuls, il leur a conseillé d’adopter des politiques économiques qui encouragent le secteur privé à investir dans des domaines créateurs d’emploi.  Le nonce a enfin soulevé le problème complexe des migrations, en appelant à le gérer dans un esprit de solidarité et de coopération.

S’exprimant au nom de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), M. ASHRAF EL NOUR a estimé que des politiques d’intégration cohérentes seraient indispensables pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui souligne la contribution positive des migrants à une croissance inclusive et un développement durable.  « En intégrant les migrations dans ce nouvel agenda, nous nous sommes lancés le défi de traiter les causes et les conséquences de ces migrations au travers d’une approche générale, cohérente et humaine qui passe en revue toutes les facettes de la mobilité humaine », a-t-il poursuivi, avant d’appeler au renforcement de la coopération et du dialogue sur cette question majeure des migrations internationales.

« Pour avoir une approche vraiment intégrée, nous appelons tous les gouvernements et le système des Nations unies à bâtir des partenariats qui fassent levier sur les organes existants et évitent la création de nouveaux mécanismes qui feraient double emploi », a encore insisté le représentant.  Il a enfin rappelé l’expertise de l’OIM dans ce domaine, qui travaille avec les gouvernements, les organisations intergouvernementales ou non gouvernementales pour promouvoir la coopération internationale et trouver des solutions pratiques permettant d’assurer que les migrations se fassent dans la sécurité, la dignité et de manière ordonnée. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse à la suite de la déclaration faite par l’Azerbaïdjan, la représentante de l’Arménie a regretté que cette délégation ait avancé dans son discours des revendications non pertinentes qui, a-t-elle tenu à préciser, ne reflètent pas la situation actuelle sur le terrain.  Cette situation, a-t-elle argué, est le résultat d’une guerre déclenchée par l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh.  Après avoir rappelé le processus de paix engagé avec la médiation du Groupe de Minsk, elle a renvoyé aux déclarations du 26 septembre dernier qui, selon elle, montrent clairement laquelle des deux parties ne souhaite pas faire preuve d’un esprit constructif.  Ce n’est pas l’Arménie, a-t-elle précisé.  Enfin, elle a demandé à son homologue de l’Azerbaïdjan de se limiter à faire des déclarations sur les questions à l’ordre du jour de la Deuxième Commission et d’éviter, ainsi, de s’écarter du débat en cours.

La représentante de l’Azerbaïdjan a répondu que ces allégations étaient fallacieuses et s’effondreraient comme un château de cartes.  Elle a espéré que l’Arménie cesserait de s’opposer à la paix.  Ce pays doit respecter les résolutions adoptées aux Nations Unies, a-t-elle insisté, en demandant que l’Arménie retire ses forces des territoires occupés en Azerbaïdjan.

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