Première Commission: les délégations font de la lutte contre les armes classiques un moyen de parvenir au développement durable
Elles réaffirment leur soutien au Traité sur le commerce des armes
La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a souligné, cet après-midi, la nécessité de lutter activement contre la prolifération et la présence excessive des armes classiques. Au cinquième jour de son débat général, la Commission a ainsi entendu une vingtaine de délégations saluer l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes le 24 décembre dernier et appeler à son universalisation.
Pour les États d’Asie, d’Amérique latine et des pays africains, dont les régions sont particulièrement touchées par les conséquences de l’utilisation et de la circulation illicite d’armes classiques, ce Traité doit permettre de réduire l’impact humanitaire de la violence armée au sein des populations et de reconstituer le tissu social des communautés.
En effet, nombre d’intervenants ont attiré l’attention sur le lien entre sécurité humaine et développement. Le représentant des Maldives, résumant le sentiment général, a déclaré que « chaque dollar dépensé dans la production d’armes est un dollar qui devrait être consacré au développement ».
La représentante du Guatemala a, pour sa part, souligné que les armes légères et de petit calibre entraînaient « chaque année » la mort de centaines de milliers de morts à travers le monde, sapant les capacités de développement de sociétés entières pendant des décennies. Elle a en outre appuyé la mise en œuvre mutuellement nécessaire du Traité sur le commerce des armes et du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.
En écho à ces propos, la délégation du Burkina Faso, estimant que le Traité sur le commerce des armes représente une réponse appropriée pour « réguler et assainir » les importations, les exportations et les transferts internationaux des armes, a souhaité que son application renforce les instruments sous-régionaux déjà existants, comme la Convention de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes. « La persistance et l’ampleur de la prolifération de ces armes demeurent, de loin, la première menace à la paix à la sécurité en Afrique, en particulier dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest », a indiqué le représentant.
D’autres délégations, comme celle de l’Uruguay, ont insisté sur le besoin de renforcer les obligations internationales relatives aux munitions et au contrôle frontalier et salué l’engagement, en ce sens, du Conseil de sécurité de l’ONU. Celui-ci, en adoptant cette année sa résolution 2220, a renforcé l’arsenal onusien de mesures de prévention de l’accumulation et du détournement des armes légères et de petit calibre.
Le Traité sur le commerce des armes a fait l’objet de quelques réserves, l’Égypte, notamment, déclarant qu’il convenait de respecter le droit des États à la légitime défense, conformément à la Charte de l’ONU, et d’éviter toute politisation de l’interprétation des traités juridiquement contraignants.
La Première Commission poursuivra son débat général demain, 15 octobre, à 15 heures. Elle entendra, en début de séance, une allocution du Président de l’Assemblée générale.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Déclarations
Mme HELENA NOLAN (Irlande) a salué l’accord intervenu sur le programme nucléaire iranien, tout en soutenant le travail qui incombe à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans la mise en œuvre de cet accord. La représentante a en outre fait part de sa consternation face aux informations faisant état de l’usage d’armes chimiques par les acteurs étatiques et non étatiques en Syrie. Mme Nolan a par ailleurs fait part de l’intention de l’Irlande d’œuvrer à l’établissement d’un groupe de travail à composition non limitée à Genève dans l’optique d’arriver à un accord sur des mesures légales concrètes sur la question du désarmement nucléaire. Elle a précisé qu’afin que ce groupe ait un impact significatif, il devrait être ouvert à tous, y compris à la société civile, et ne pas être lié par la nécessité du consensus pour prendre des décisions.
La représentante a ensuite salué la tenue des trois conférences internationales, en Norvège, au Mexique et en Autriche sur les conséquences humanitaires de l’usage des armes atomiques. Elle a indiqué que ces conférences avaient permis, entre autres, de souligner que les radiations ionisantes ont plus d’impact sur les femmes et les filles que sur les hommes et les garçons. Elle a souhaité que l’engagement humanitaire en rapport aux explosions nucléaires fasse l’objet d’une résolution de la Commission.
Mme Nolan a également déploré le fait que la circulation des armes légères et de petit calibre soit en hausse, alimentant les conflits et contribuant à la criminalité et à la violence sexiste. Elle a appelé les pays qui ne l’ont pas fait à signer le Traité sur le commerce des armes, se félicitant en outre que le seizième des 17 objectifs de développement durable vise notamment à réduire le trafic illicite des armes d’ici à 2030. Elle a estimé que les munitions devraient également être incluses dans les systèmes de contrôle international de ces armes, soulignant que l’usage des drones nécessitait également un examen sérieux de la part de la communauté internationale.
Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a réitéré la nécessité de parvenir à l’universalisation des instruments juridiques existants en matière de désarmement, de non-prolifération et de contrôle des armements, déplorant le manque d’accord sur un document final à l’occasion de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Elle s’est en revanche félicitée de la tenue de la première réunion des États parties du Traité sur le commerce des armes et de son entrée en vigueur dans un délai record.
Elle a souhaité que la prochaine réunion biennale du Programme d’action des Nations Unies pour la prévention et l’éradication du trafic illicite d’armes légères et de petit calibre permette de considérer son application aux niveaux national, régional et mondial, rappelant que 60% des violations des droits de l’hommes sont commises avec ce type d’armes.
M. ANDREW M. KIHURANI (Kenya) a réitéré son soutien aux instruments juridiques internationaux du désarmement nucléaire, en particulier le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), rappelant que son pays appartenait à la zone exempte d’armes nucléaires en Afrique. Il a estimé que les discussions sur la création d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles devaient être une priorité, avec la mise en œuvre d’une convention d’interdiction des armes nucléaires qui soit vérifiable et transparente.
Déplorant le blocage persistant au sein de la Conférence du désarmement, il a rappelé qu’elle devait rester le seul organe de négociation du désarmement international, saluant les efforts pour organiser le premier Forum de la société civile sur la Conférence du désarmement.
Abordant le fléau de la circulation illicite des armes légères et de petit calibre, le représentant a rappelé que son pays en avait lui-même été victime, celles-ci ayant été utilisées notamment dans plusieurs attaques terroristes ces dernières années. Il a salué le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, se prononçant pour un renforcement de la coopération internationale pour éradiquer la vente illicite de ces armes aux acteurs non étatique, en particulier par la pleine mise en œuvre de l’Instrument de traçage.
M. RAMLAN IBRAHIM (Malaisie) a déploré les blocages qui perdurent au sein des mécanismes de désarmement, en particulier la Conférence du désarmement, où il a souhaité que les États Membres lèvent toutes les préconditions à la mise en œuvre d’un programme de travail qui vise en premier lieu la création d’une Convention d’interdiction des armes nucléaires.
Déplorant que le Document final de la Conférence d’examen du TNP de 2015 n’ait pu être adopté, faute de consensus, le représentant a appelé les États Membres à maintenir l’équilibre entre les trois piliers du TNP: désarmement, non-prolifération et utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Il s’est aussi félicité de la tenue des Conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, estimant que l’approche « humanitaire » du désarmement était l’un des outils pour parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires. Il a précisé qu’au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Malaisie présenterait deux projets de résolution, l’un sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-est, l’autre sur le Suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l’usage des armes nucléaires.
En conclusion, le représentant s’est félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, réitérant la volonté de son pays de rejoindre le Traité, après l’harmonisation de la législation nationale de la Malaisie avec le texte.
M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déploré l’échec de la dernière Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui aurait dû consacrer la nécessité d’entamer des négociations sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Le Secrétaire général doit appeler instamment les pays de la région à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour parvenir à l’établissement d’un traité portant création d’une telle zone, a-t-il affirmé. L’Égypte et le Groupe des États arabes continuent d’appeler à la mise en œuvre du Plan d’action du Traité de 2010, a-t-il poursuivi, appelant les États dotés à assumer pleinement leurs obligations au titre de l’article VI dudit Traité sur le désarmement nucléaire. « Ces derniers ne doivent pas en outre entraver l’exercice du droit des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à utiliser l’énergie nucléaire à des fins civils, pacifiques et de développement socioéconomique. » Le représentant égyptien a ensuite exhorté Israël, seul pays de la région à ne pas l’avoir encore fait, à devenir partie au Traité et à placer toutes ses installations sous la vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Par ailleurs, le représentant a réitéré les réserves de son pays s’agissant du Traité sur le commerce des armes. « Il convient de respecter le droit des États à la légitime défense, comme le prévoit la Charte de l’ONU et éviter également toute politisation de l’interprétation des traités juridiquement contraignant », a-t-il conclu.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a plaidé pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. L’élimination de ce type d’armes dans la région sera couronnée de succès seulement lorsqu’Israël aura adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et soumis, sans condition préalable, ses installations au régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le représentant a fustigé, à ce propos, le comportement de « membres permanents du Conseil de sécurité », qui, a-t-il assuré, ont permis à Israël de produire des armes nucléaires et leurs vecteurs, « menaçant ainsi la sécurité internationale ». « Les États-Unis et le Royaume-Uni, deux parties très importantes au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, utilisent leur droit de veto au Conseil de sécurité pour y bloquer toutes les résolutions exhortant Israël à adhérer au TNP. » « Ils protègent de fait le programme nucléaire israélien », a-t-il déploré. Après avoir noté que la Conférence du désarmement était le seul forum multilatéral de négociations des traités de désarmement, il a indiqué que son pays était contre tout usage des armes chimiques, « comme le prouve notre adhésion à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ». « Nous coopérons et continuerons de coopérer avec le Mécanisme d’enquête conjoint entre l’ONU et l’OIAC », a-t-il conclu.
Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a notamment qualifié d’avancée majeure l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes en décembre dernier, ainsi que les résultats enregistrés lors de la première Conférence des Parties. Elle a mis l’accent sur la nécessité de parvenir rapidement à son universalisation et à sa pleine mise en œuvre. Pour la représentante, le Traité permettra de réduire la violence dans les zones de conflit, qui frappe prioritairement les civils innocents. Elle a ajouté que cet instrument juridiquement contraignant, le premier du genre voté par l’Assemblée générale des Nations Unies, contribuera à faire progresser la cause des droits de l’homme dans le cadre de la réalisation du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030. N’oublions pas, a-t-elle souligné, que le Traité sur le commerce des armes établit un lien inextricable entre la violence sexiste et le commerce mondial des armes. La déléguée a également rappelé l’attachement de son pays à l’application du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, à laquelle il participe activement, en particulier dans la région du Sahel, à travers l’envoi d’experts.
Mme LANA NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a souhaité que l’accord sur le programme nucléaire iranien permette à ce pays de démontrer la nature pacifique de ce programme. La représentante a exprimé la déception de son pays face à l’impasse de la Conférence d’examen de 2015 des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui n’a pas pu adopter un document final et regretté qu’il n’ait pas été possible à ce jour de fixer les étapes devant mener à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Elle a lancé à nouveau un appel en direction d’Israël, l’invitant à ratifier le TNP, précisant aussi que c’est le seul pays de la région qui ne l’a pas fait, et exprimé sa préoccupation face aux essais nucléaires conduits par la République populaire démocratique de Corée.
Mme MARIANNE FOFANA (Burkina Faso) a estimé que le Traité sur le commerce des armes constituait une réponse appropriée et collective pour réguler et assainir les importations, les exportations et les transferts internationaux des armes. Elle a exprimé sa confiance que le Traité renforcerait les instruments sous-régionaux déjà existants, notamment la Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes, adoptée le 14 juin 2006. La persistance et l’ampleur de la prolifération de ces armes demeurent, de loin, la première menace à la paix à la sécurité en Afrique, en particulier dans la région de Afrique de l’Ouest, a-t-elle rappelé. Par ailleurs, Mme Fofana a réitéré l’appel de son pays à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des essais nucléaires et souligné l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires, en précisant que le Traité de Pelindaba avait permis à l’Afrique de devenir l’une de ces zones.
M. RUBEN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a regretté le peu de progrès réalisés pour l’élimination totale des armes nucléaires et estimé prioritaire la lutte contre le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre. Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation face à la course accélérée à l’armement dans l’espace. Sur le premier point, il a cité en exemple l’effort des États d’Amérique latine et des Caraïbes qui, grâce au traité de Tlatelolco de 1967, se sont déclarés première zone libre d’armes nucléaires et a exprimé le soutien de son pays à l’initiative du Kazakhstan de faire de même en Asie centrale. Quant au trafic d’armes légères et de petit calibre, qui représente « une grave menace pour notre sécurité et le développement », le délégué a indiqué que son pays avait été l’un des premiers des 60 pays signataires du traité sur le commerce des armes.
M. FEDERICO ALBERTO GONZALEZ FRANCO (Paraguay) a qualifié la non-prolifération de principe essentiel de sécurité pour la communauté internationale. Pour nos communautés et sociétés, les armes légères et de petit calibre et tous les délits qui y sont associés sont le pire des fléaux et la première cause d’instabilité, a-t-il ajouté. Il faut éliminer les conséquences humanitaires dévastatrices de ces armes, a-t-il souligné, assurant qu’au plan national, son pays avait adapté les législations pertinentes au cadre normatif prévu par le Traité sur le commerce des armes. Enfin, le délégué a insisté sur la nécessaire coopération en matière de formation, en particulier afin de mieux utiliser les technologies existantes de traçages et de marquage des armes légères et de petit calibre.
M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a souligné « la responsabilité primordiale » des Nations Unies dans le maintien de la sécurité et de la paix internationales et réitéré son appui au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, « pierre angulaire du régime de non-prolifération ». Il a fait toutefois part de sa profonde préoccupation après l’échec de l’adoption du Document final de la Conférence d’examen du TNP, en mai dernier. Il a également appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, la qualifiant d’« étape décisive vers le désarmement nucléaire ».
« L’accumulation excessive et la dissémination incontrôlée des armes légères et de petit calibre posent une menace sérieuse à la paix et mine les efforts déployés pour assurer la sécurité internationale », a-t-il poursuivi, rappelant l’engagement de son pays à mettre effectivement en œuvre le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Il a également défendu la mise en œuvre du Traité sur les forces armées en Europe, estimant que celui-ci avait joué « un rôle clef » dans la réduction des équipements militaires et la création d’une « culture du contrôle des armes ». Il a toutefois déploré que le traité ait connu « ces derniers temps de sérieux problèmes de mise en œuvre ». Soulignant « la nouvelle situation sécuritaire en Europe », il a appelé à une réévaluation du régime actuel de contrôles des forces armées, en s’appuyant sur le traité « qui a prouvé sa viabilité ».
Le représentant a par ailleurs indiqué que si l’Arménie n’était pas partie à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction « en raison de son environnement sécuritaire spécifique », elle « adhère à ses principes et ses objectifs ». « En tant que défenseur du renforcement du droit international humanitaire et de ses objectifs humanitaires, l’Arménie considère le document comme un instrument important pour parvenir à l’objectif d’éradication de cette catégories d’armes », a conclu le représentant.
M. JOHN KHOO (Singapour) a déploré que le Document final de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire n’ait pu être adopté, s’inquiétant également de la faible mise en œuvre du Plan d’action adopté lors de la précédente conférence d’examen de 2010, en particulier celui visant à l’élaboration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Rappelant l’attachement de Singapour aux zones exemptes d’armes nucléaires, il a exprimé sa préoccupation quant au report successif de la Conférence internationale prévue à cet effet, réitérant son appel à la tenue de celle-ci « aussi vite que possible ».
« En dépit des imperfections, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération », a poursuivi le représentant, avant de réaffirmer le plein soutien de son pays au Traité. Il a par ailleurs salué le succès grandissant des Conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, soulignant que 119 États Membres y participaient désormais, dont Singapour.
Abordant ensuite la question du Traité sur le commerce des armes, le représentant a renouvelé son soutien au texte, indiquant qu’après avoir signé le traité, Singapour travaillait à l’harmonisation de sa législation nationale pour pouvoir le ratifier.
Le représentant a souligné en conclusion l’importance d’empêcher toute course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, appelant au renforcement du cadre juridique encadrant les activités extra-atmosphériques.
M. SVEN JURGENSON (Estonie) a estimé que le Traité sur le commerce des armes était un instrument extrêmement important pour lutter contre le transfert illicite d’armes conventionnelles vers les zones de conflit. Beaucoup reste néanmoins à faire pour rendre pleinement opérationnel le Traité, a-t-il noté, appelant à son universalisation. Les États parties au Traité sur le commerce des armes qui en ont les moyens doivent prêter assistance à ceux dotés de capacités moindres et d’une expérience limitée dans la mise en œuvre de traités de désarmement juridiquement contraignants, a encore indiqué le représentant estonien. Il a affirmé que son pays, à travers les programmes prévus par l’l’Union européenne, était disposé à partager sa compétence et ses connaissances en matière de contrôle des armes. Sur la situation en Ukraine, le représentant a condamné l’agression des forces armées russes contre ce pays, l’annexion de la Crimée et les atteintes brutales à la souveraineté politique et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine constituant selon lui des violations flagrantes du mémorandum de Budapest. Il a appelé à la pleine mise en œuvre des accords de Minsk.
M. JAMAL ALROWIEI (Bahreïn) a appelé la communauté internationale à entamer sans délai des négociations sur un traité interdisant les armes nucléaires, leur production comme leur modernisation. Il a plaidé en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et appelé instamment Israël à devenir partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et à placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Il a également souligné l’importance de permettre à toutes les parties au TNP d’exercer leur droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
M. NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a estimé que les efforts internationaux devaient être intensifiés pour parvenir à un désarmement global, en trouvant de nouveaux moyens de renforcer la transparence et les mesures de confiance pour de nouvelles avancées permettant de maintenir la paix et la sécurité. Dans ce contexte, il a salué l’organisation des conférences sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, soulignant qu’elles rassemblaient désormais 119 États Membres, qu’elles constituaient une « preuve du profond désir de la communauté internationale de mettre un terme aux menaces de destruction des armes nucléaires » et qu’elles pouvaient servir de nouvelles plateformes pour lancer des négociations en vue de la conclusion d’une convention d’interdiction des armes nucléaires.
Le représentant a, par ailleurs, réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du TNP. Déplorant l’absence de consensus qui a empêché l’adoption d’un document final lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de mai dernier, il a appelé à la mise en œuvre complète des 64 points du Plan d’action adopté lors de la précédente Conférence d’examen de 2010. Il a également rappelé l’attachement de son pays au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), appelant tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte pour permettre son entrée en vigueur.
Qualifiant la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est à laquelle le Viet Nam appartient « d’outils parmi les plus efficaces pour assurer la paix, la stabilité et la coopération de la région », le représentant a appelé les puissances nucléaires qui ne l’ont pas encore fait à lever leurs réserves et à rejoindre le Protocole du Traité de Bangkok instaurant cette ZEAN.
Le représentant a ensuite rappelé que son pays avait été l’un des plus touchés par les mines antipersonnel, les explosifs rémanents de guerre et les armes à sous-munition, appelant les États Membres à poursuivre leurs efforts pour parvenir à l’universalisation des Conventions d’interdiction des mines antipersonnel et des armes à sous-munition.
En conclusion, il a défendu un renforcement des mécanismes de désarmement, en particulier la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement et de la Commission du désarmement.
Mme ANA CRISTINA PINEDA (Guatemala) a déploré la paralysie d’importants mécanismes du désarmement multilatéral. Malgré l’absence de progrès concrets dans ce domaine, elle s’est dite néanmoins encouragée par les manifestations de plus en plus virulentes des opposants aux armes nucléaires. Les initiatives de la société civile ou de groupes d’États Membres ne doivent cependant pas faire doublon avec les feuilles de route existantes, a-t-elle souligné, affirmant que le désarmement nucléaire était l’affaire de tous. La représentante a ensuite souligné que les armes légères et de petit calibre entraînaient la mort de centaines de milliers de morts chaque année à travers le monde, qu’elles fragilisaient le tissu social des sociétés et sapaient les capacités de développement de communautés entières pendant des décennies. Lutter contre ce fléau est une priorité de notre Gouvernement, a-t-elle assuré. Pour la déléguée, cette lutte doit s’intégrer dans le cadre de réalisation du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030, tant la présence excessive de ces armes compromet le développement socioéconomique, l’instauration d’une justice pour tous et la réalisation de l’égalité entre les sexes. Elle a également appuyé la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes et du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.
M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a plaidé en faveur de négociations dans le cadre de la Conférence du désarmement, en vue de l’adoption rapide d’une convention globale relative aux armes nucléaires interdisant leur détention, leur mise au point, leur transfert et leur emploi ou menace d’emploi, ainsi que des engagements concernant la destruction des stocks existants de ces armes. Il a également estimé impératif que la volonté politique nécessaire se manifeste au sein de la Commission du désarmement en vue d’accomplir des progrès considérables sur les questions dont elle est saisie. Le représentant a ensuite salué les efforts des Nations Unies dans la promotion de la sécurité sur le continent africain, en particulier l’assistance et l’appui au renforcement des capacités, fournit aux pays africains, par le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarment basé à Lomé au Togo. Il a aussi réaffirmé l’attachement du Bénin au Programme des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, insistant sur la nécessité de réaliser les efforts nécessaires en vue de renforcer les capacités des pays africains, tel que le Bénin, afin de leur assurer le transfert des technologies appropriées pour maîtriser le contrôle efficace, le traçage et le marquage des armes légères et de petit calibre.
M. GYORGY MOLNAR (Hongrie) a souligné que l’année 2015 avait été témoin de développements positifs et négatifs dans le domaine du désarmement. Au chapitre des échecs, il a déploré l’absence de consensus qui a empêché l’adoption du document final de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en mai dernier. « Le TNP reste la pierre angulaire du régime international de non-prolifération et le cadre fondamental pour poursuivre le désarmement nucléaire multilatéral », a-t-il réaffirmé, en appelant à la mise en œuvre complète du Document final de la précédente Conférence d’examen qui avait fait consensus, en 2010.
Estimant que l’un des outils manquant à l’architecture légale du désarmement était le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, le représentant a rangé au chapitre des avancées positives, le fait que trois États d’Afrique ont rejoint le Traité, avant d’appeler les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte pour permettre son entrée en vigueur. Soulignant également l’importance de disposer d’un instrument juridique encadrant la production de matières fissiles, il a appelé au lancement de négociations pour un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, rappelant le rapport rendu par le Groupe d’experts gouvernementaux auquel la Hongrie a participé. « Avec ses recommandations, ce rapport peut faciliter le lancement de négociations sans délai sur un tel texte, dans le cadre de la Conférence du désarmement », a-t-il ajouté.
Abordant le thème des armes à sous-munition, le représentant a fait part de sa profonde préoccupation quant au regain d’usage de ces armes dans différentes zones de conflit de la planète. Il s’est toutefois félicité que 96 États Membres aient désormais rejoint la Convention d’interdiction des armes à sous-munition, soulignant l’importance de poursuivre l’universalisation de la Convention. « Le Traité sur le commerce des armes a été une priorité importante de la Hongrie », a souligné le représentant, se félicitant que le texte ait pu entrer en vigueur dès décembre 2014. Il a toutefois rappelé que sa mise en œuvre restait « un défi majeur » et qu’il était nécessaire de mettre en place un système de rapports réguliers sur les avancées réalisées. « Nous devons aussi garder à l’esprit que des acteurs clefs du marché mondial des armes n’ont pas encore ratifié le Traité et nous devons continuer les efforts pour les convaincre et achever l’universalisation du texte », a-t-il conclu.
M. JEFFREY SALIM WAHEED (Maldives) a rappelé que son pays n’était producteur d’aucune arme mais qu’il soutenait néanmoins les objectifs de désarmement et de non-prolifération. Déplorant la présence de quelque 16 000 têtes nucléaires encore en activité ou l’usage d’armes chimiques dans le conflit en Syrie, il a réitéré son soutien aux principaux mécanismes du désarmement et souligné que son pays jouait son rôle en remplissant ses obligations dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et des conventions relatives aux armes chimiques ou biologiques. Il a également rappelé que son pays appuyait la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans l’océan Indien.
Le représentant a ensuite souligné que les armes conventionnelles faisaient peser une menace similaire sur l’humanité. « L’accès aux armes légères et de petit calibre ou le fait qu’elles puissent tomber dans de mauvaises mains constituent une véritable menace de déstabilisation quand les situations sont déjà fragiles », a-t-il déclaré, avant de se féliciter de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes en décembre 2014. Il a précisé que son pays était sur le point d’achever la procédure de signature et de ratification du traité, « qui renforcera encore la législation nationale et la capacité des Maldives à empêcher que leurs eaux territoriales soient utilisées comme point de transbordement de ce trafic illicite ».
En conclusion, le représentant a rappelé l’adoption en septembre dernier des objectifs du développement durable à l’horizon 2030. « Chaque dollar dépensé dans la production d’armes nucléaires ou d’autres armes est un dollar qui n’est pas investi dans l’avenir commun de l’humanité », a-t-il déclaré.