Le Conseil de sécurité conclut un débat « historique » sur la participation des femmes à la réalisation de la paix et de la sécurité
Le Conseil de sécurité a achevé, cet après-midi, un débat à l’occasion du quinzième anniversaire de la résolution 1325 (2000) intitulée « Femmes, paix et sécurité » qui, avec les 81 orateurs qui se sont exprimés hier, a entendu au total 112 intervenants, une participation exceptionnelle dans l’histoire du Conseil de sécurité.
Certaines délégations, qui ont pris la parole cet après-midi, comme l’Autriche, ont repris à leur compte l’idée, développée dans le rapport du Secrétaire général, de créer un organe subsidiaire du Conseil de sécurité, qui serait chargé de prendre des mesures cohérentes pour mieux protéger les femmes dans les conflits et de convoquer des réunions régulières sur le suivi de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).
À l’inverse, le représentant de la République islamique d’Iran a affirmé que l’organisation de ce débat au Conseil ne devrait pas empiéter sur les travaux d’autres organes de l’ONU habilités à examiner les questions relatives aux femmes, citant en particulier l’Assemblée générale.
Des pays, qui ont connu récemment une situation de conflit se sont exprimés, à l’instar du Libéria. En 2003, a rappelé le délégué du Libéria, des femmes avaient pris part activement aux négociations ayant abouti à l’Accord général de paix. « Le Gouvernement libérien, a-t-il assuré, a été le premier pays à achever l’élaboration d’un plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000). »
Son homologue du Sri Lanka a expliqué qu’au lendemain du conflit qui avait déchiré son pays pendant 30 ans, son gouvernement déploie tous les efforts nécessaires pour intégrer les orphelins, les veuves de guerre et les mères célibataires dans toutes les activités de consolidation de la paix menées sur le territoire national. Le Sri Lanka, a-t-il rappelé, contribue activement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Le Népal, qui est également un important fournisseur de contingents, a assuré son représentant, est déterminé à augmenter le nombre de femmes au sein de ses forces armées et de police et à étendre les programmes de sensibilisation à la question de l’égalité entre les sexes.
De son côté, le représentant de la Tunisie a considéré que l’implication de la société civile, notamment dans la promotion du rôle de la femme, avait permis à son pays « d’éviter toute dérive attentatoire à son processus de transition démocratique ». « Cette approche a été récemment récompensée par l’attribution du prestigieux prix Nobel de la paix 2015 au Quartet du dialogue national de Tunisie, conduit par des institutions pérennes de la société civile tunisienne », s’est-il enorgueilli.
Si la délégation du Népal s’est félicitée de la nouvelle Constitution entrée en vigueur le mois dernier, qui prévoit qu’au moins un tiers des sièges du Parlement fédéral doivent revenir aux femmes, celle du Bangladesh s’est faite l’écho d’une « révolution silencieuse et générale de l’autonomisation des femmes » dans les zones rurales de son pays, où près de 14 000 d’entre elles ont été élues lors de scrutins locaux.
Tandis que la délégation de l’Autriche se ralliait à la proposition, faite hier par le Secrétaire général, de consacrer désormais 15% des fonds de consolidation de la paix à des projets visant à promouvoir la parité et l’autonomisation des femmes, celle de l’Islande a estimé que le taux de 15% ne devrait pas constituer un « plafond », en soulignant que son gouvernement avait porté à hauteur de 20% le financement de tels projets.
Parmi les autres pays donateurs, qui ont pris la parole cet après-midi, l’Australie a annoncé le versement, « au cours des trois prochaines années », de 4 millions de dollars pour contribuer au financement de l’Instrument mondial d’accélération de l’action en faveur des femmes, la paix et la sécurité, et de l’aide humanitaire.
LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
Rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité (S/2015/716)
Lettre datée du 1er octobre 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Espagne auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/749)
Déclarations
M. JAN KICKERT (Autriche) a estimé que l’on pourrait accroître la capacité du Conseil de sécurité à prendre en temps opportun des mesures cohérentes pour mieux protéger les femmes lors de conflits s’il disposait d’un organe spécial et tenait des réunions régulières sur les questions liées à la résolution 1325. De même, a-t-il ajouté, il serait important de prévoir une expertise sur l’égalité entre les sexes dans tous les travaux des Nations Unies relatifs à la paix et à la sécurité. Nous avons aussi besoin de leaders dans ce domaine, a-t-il dit, en appuyant l’idée de relancer le réseau des femmes leaders. Il a précisé que l’Autriche serait prête à travailler avec les autres États Membres.
Se ralliant à la position des autres délégations sur la question des femmes, la paix et la sécurité, l’Autriche, a assuré son représentant, s’engage à consacrer au moins 15% du budget de ses programmes de coopération au développement pour la consolidation de la paix en vue de contribuer à l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes. Elle dépensera aussi plus d’un million d’euros dans les trois prochaines années dans la coopération avec la société civile en faveur du développement. L’Autriche s’engage, enfin, à intensifier ses efforts pour réaliser l’objectif à long terme de 10% de femmes soldats dans les forces armées autrichiennes et à créer la structure organisationnelle nécessaire pour institutionnaliser l’intégration de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes au sein du Ministère de la défense et dans ses forces armées.
M. THEMBILE JOYINI (Afrique du Sud) a noté que 42% des parlementaires dans son pays étaient des femmes. Il a rappelé que la responsabilité principale de poursuivre les auteurs de crimes graves, y compris les violences sexuelles perpétrées contre les femmes, incombait aux États Membres, avant d’inviter le Conseil à élaborer à ce sujet un cadre plus large de prévention. Une référence spécifique à la violence sexuelle dans les conflits pourrait figurer dans les résolutions pertinentes, a-t-il dit. M. Joyini a ensuite souligné la nécessité d’associer les femmes aux efforts de médiation et de maintien de la paix, en estimant que cela faciliterait la recherche de solutions. En conclusion, le délégué de l’Afrique du Sud a souligné l’importance de renforcer la collecte de données statistiques en vue de développer les politiques répondant aux aspirations des femmes.
M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a fait état d’un plan national d’action, adopté il y a cinq ans, à l’occasion du dixième anniversaire de la résolution 1325 (2000), que son pays a mis en œuvre avec succès. Ce plan national d’action, a-t-il expliqué, prévoit notamment la création d’un réseau d’institutions et de mécanismes pour la parité au sein du Gouvernement. « Les femmes, qui représentaient en 2010, 27,4% du personnel de sécurité serbe, représentent aujourd’hui 31,47% », s’est félicité le représentant. Un nouveau plan d’action pour la période 2016-2020 est en cours d’élaboration, a ajouté le délégué. Il a également indiqué que la Serbie avait œuvré à renforcer la représentation des femmes au cours de sa présidence de l’Organisation de sécurité et de coopération en Europe (OSCE), 2015.
M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a affirmé que son pays, qui est l’un des principaux contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, était déterminé à augmenter le nombre de femmes dans ses forces et à renforcer la formation dispensée aux effectifs devant être déployés sur le terrain sur les questions de parité entre les sexes. « Nous saluons la politique de tolérance zéro prônée par le Secrétaire général concernant les violences sexuelles et sexistes », a-t-il dit, en ajoutant que cette politique était similaire au plan d’action sur la violence sexuelle appliqué par le Népal depuis 2010.
Le représentant a affirmé que les actes de violence sexuelle étaient considérés comme des crimes graves en application de la législation pénale népalaise et que la polygamie, les mariages forcés et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail sont punis par la loi. Enfin, le délégué a assuré que la nouvelle Constitution du Népal, en vigueur depuis le mois dernier, était « extraordinairement progressive ». En vertu de cette Constitution, au moins un tiers des membres du Parlement fédéral doivent être des femmes, a indiqué M. Bhattarai, en précisant que les fonctions électives de Président et de Vice-Président ne pouvaient être assumées par des personnes de même sexe ou de la même communauté.
Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam), au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est dit convaincue que la question sur « les femmes, la paix et la sécurité » devrait être replacée dans le contexte plus large de la prévention et du règlement des conflits. Elle a plaidé pour que les femmes jouent un rôle important en tant qu’intervenantes actives dans le règlement des conflits et les processus de paix. Elle a prôné l’adoption d’approches concernant la question du genre pour résoudre les conflits et réagir face aux urgences de manière plus inclusive. La représentante a ensuite dénoncé la violence sexuelle dont sont victimes les femmes et les filles lors des conflits, en particulier lorsque cette violence est utilisée comme tactique de guerre, avant d’appeler la communauté internationale à agir sans attendre pour les faire cesser. En outre, elle a estimé qu’il était vital de traiter des causes profondes de cette violence et des conflits, telles que la pauvreté, les inégalités et l’injustice, ce qui implique, a-t-elle précisé, de mettre pleinement en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Enfin, la représentante a souligné le rôle important que jouent les organisations régionales pour mettre en œuvre les engagements pris en vue de mieux protéger les femmes de la violence sexuelle, de la discrimination et de l’exclusion sociale. À cet égard, elle a mentionné un atelier organisé par l’Institut de l’ASEAN pour la paix et la réconciliation, en mars dernier aux Philippines, sur le renforcement de la participation des femmes au processus de paix et au règlement des conflits.
Mme CATHERINE BOURA (Grèce), tout en se félicitant de la feuille de route qu’offre la résolution adoptée hier, a averti qu’il resterait encore beaucoup à faire pour traduire les dispositions qu’elle contient en résultats concrets sur le terrain. Elle a invité à reconnaître que la participation des femmes dans les efforts en faveur de la paix et la sécurité offrait des avantages importants. Les femmes doivent participer activement à toutes les étapes des processus de règlement des conflits et de consolidation, a-t-elle ajouté, avant d’expliquer les mesures prises par son pays dans ce sens. La Grèce s’attache, en effet, à parvenir à une participation équilibrée des femmes et des hommes dans toutes les institutions, y compris dans la police et l’armée. Le pays s’est également doté d’un programme d’action pour l’égalité entre les sexes, ainsi que d’un secrétariat général pour l’égalité entre les sexes.
M. EDITA HRDÁ (République tchèque) a déclaré que son pays s’était doté d’un plan national établi dans le respect des obligations qui incombent à son pays en vertu de la résolution 1325 (2000). Son gouvernement accorde en outre une importance particulière à la lutte contre les violences sexuelles, dans le cadre d’une approche transversale appliquée à un certain nombre de situations de conflits dans le monde, a indiqué le délégué. C’est sur la base de sa propre expérience en matière de réconciliation et de démocratisation que la République tchèque assiste d’autres pays. La République tchèque a ainsi initié des projets en Iraq et en Égypte visant à renforcer la participation des femmes aux processus de paix ou à faciliter leur accès à la prise de décisions.
M. IB PETERSEN (Danemark) a réaffirmé l’engagement de son gouvernement en faveur de la résolution 1325 (2000), en rappelant que son pays avait été le tout premier à formuler un plan national d’action de mise en œuvre. « L’an dernier, a-t-il ajouté, nous avons adopté le troisième plan de ce type pour la période 2014-2019 ». Le représentant a expliqué que le Danemark avait, en particulier, l’intention de promouvoir les femmes à des postes de « consolidatrices de la paix » dans les pays fragiles ou émergeant d’un conflit. En outre, les troupes militaires danoises déployées au sein des opérations de maintien de la paix recevront une formation obligatoire sur l’importance du rôle des femmes et de la parité dans les activités d’appui à la paix, a assuré M. Petersen. Il a également indiqué que le Danemark continuera à mettre l’accent sur le recrutement de policières danoises dans les missions des Nations Unies, y compris à des postes de responsabilités.
M. ERVIN NINA (Albanie) a indiqué que toutes les structures militaires placées sous l’autorité du commandement armé et du Ministère albanais de la défense étaient dotées d’un point focal pour l’égalité entre les genres. Les femmes représentent 17,7% des forces armées de l’Albanie, s’est félicité M. Nina. Il a rappelé que le Sommet régional des Balkans sur les moyens de contrer l’extrémisme violent, qui s’est tenu à Tirana en mai 2015, avait souligné la nécessité d’associer les femmes aux stratégies de lutte contre cet extrémisme. « N’oublions pas que la résolution 1325 (2000) avait été adoptée après une décennie marquée par une incapacité tragique à protéger les femmes, y compris dans le territoire de l’ex-Yougoslavie », a conclu le représentant de l’Albanie.
Mme GILLIAN BIRD (Australie) a centré son intervention sur plusieurs annonces, notamment le versement, au cours des trois prochaines années, d’un montant de 4 millions de dollars pour contribuer au financement de l’Instrument mondial d’accélération de l’action en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité, et de l’aide humanitaire. En outre, a-t-elle indiqué, les Forces de défense australiennes augmentent actuellement le nombre de femmes aux postes de responsabilités et mettront par ailleurs à la disposition d’ONU-Femmes, à partir de 2016, une experte spécialiste des questions sur les femmes, la paix et la sécurité. L’Australie a aussi contribué au financement des mesures visant à répondre aux violences infligées aux femmes dans le cadre du conflit syrien pour un montant de 7 millions de dollars, sur les 59 millions qu’elle a débloqués au cours de l’année écoulée pour faire face à ce type de violences dans le monde, a également indiqué le représentant. Son gouvernement, a-t-elle ajouté, entend réévaluer son plan national d’action à la lumière de l’étude mondiale.
M. MURAT UĞURLUOĞLU (Turquie) a souligné l’imprécision de certains éléments contenus dans l’Étude mondiale et indiqué qu’en conséquence, son pays réservait sa position sur ces éléments. Soulignant que le monde connaissait, aujourd’hui, la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale, le délégué a plaidé pour une approche renforcée et inclusive qui viserait notamment à autonomiser les femmes, éliminer les causes profondes des conflits et élaborer une stratégie globale contre le terrorisme.
Il a ensuite salué l’établissement d’un comité technique sur l’égalité des genres dans le cadre des pourparlers en cours concernant la situation à Chypre. « Nous espérons que ce comité contribuera aux efforts des deux parties, les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs, en vue de parvenir, dans les plus brefs délais, à un règlement durable de la situation à Chypre », a-t-il déclaré. Enfin, il a rappelé que la Turquie avait accueilli plus de deux millions de réfugiés syriens et que plus de 66 000 bébés étaient nés dans les hôpitaux se trouvant dans les zones de protection temporaire établies en Turquie. « Nous pensons que les femmes et les enfants ont un rôle crucial à jouer dans la reconstruction de la Syrie », a-t-il conclu.
M. U KYAW TIN (Myanmar) a indiqué qu’au Myanmar, la violence sexuelle était un crime strictement interdit par les valeurs traditionnelles et puni sévèrement par le Code pénal, n’assurant ainsi aucune impunité pour les auteurs d’un tel crime. Il a ensuite indiqué que son gouvernement mettait en œuvre le plan stratégique décennal pour la promotion de la femme (2013-2023) qui prévoit, notamment, des mesures pour traiter de la violence contre les femmes. Le pays a également entériné la Déclaration d’engagement pour mettre fin à la violence sexuelle en temps de conflit, que le Royaume-Uni a initiée. Le représentant s’est aussi prévalu de l’ouverture de son pays qui, au cours des quatre dernières années, a œuvré pour la promotion des valeurs démocratiques et une plus grande liberté politique et de la presse. Ce climat encourage davantage la dénonciation des crimes et des abus, a-t-il assuré. Parmi d’autres mesures prises par son gouvernement, il a cité les Journées portes ouvertes sur la question « femmes, paix et sécurité », organisées au Myanmar en 2013, avec la coopération de l’ONU.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a déclaré que les femmes occupent les plus hauts postes politiques dans son pays. « Notre Premier Ministre, le Président du Parlement, le Vice-Président du Parlement, le Ministre de l’agriculture, le Ministre d’État aux questions des femmes et des enfants sont des femmes », s’est-il félicité, en faisant observer que le leader de l’opposition politique était également une femme. Cela demeure cependant insuffisant, a-t-il dit, en notant qu’une « révolution silencieuse et générale de l’autonomisation des femmes » avait lieu actuellement dans les zones rurales du pays. Près de 14 000 femmes ont été élues lors de scrutins locaux, s’est enorgueilli M. Momen. La participation des femmes est passée, au cours des 25 dernières années, de 7 à 36%. Le Bangladesh, qui est un important contributeur de troupes, a rappelé son représentant, s’est distingué en déployant une unité de police constituée entièrement de femmes en Haïti, au lendemain du séisme qui l’avait dévasté en 2010.
M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a affirmé que son pays attachait une grande importance à la question de l’égalité entre les sexes et avait élaboré plusieurs plans pour lutter contre les violences faites aux femmes. « Mon gouvernement veille à ce que l’on tienne compte des besoins des femmes déplacées dans les centres d’accueil au Darfour et dans les États du Kordofan du Sud et du Nil bleu », a-t-il dit. Le délégué a ajouté qu’un procureur était chargé de recenser les cas de violences commises contre les femmes au Darfour.
Le délégué a ensuite précisé que les femmes représentaient 30% des parlementaires au Soudan et occupaient des postes de rang élevé comme celui de conseiller du Président. Le Soudan a promulgué une loi contre la traite des femmes et des enfants, a-t-il ajouté. Des projets ont été initiés en faveur de l’autonomisation des femmes en milieu rural, grâce notamment à des microcrédits, a assuré le représentant. Avant de conclure, il a dénoncé l’intransigeance des groupes rebelles qui empêchent au Darfour l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones qu’ils contrôlent.
Mme CHARLENE ROOPNARINE (Trinité-et-Tobago) a assuré que l’égalité des droits entre les hommes et les femmes était garantie par la Constitution de son pays et que la politique nationale de 2009 sur la parité guidait son gouvernement dans la promotion de la participation des femmes et des hommes au processus de développement national. De plus, celles-ci occupent des postes d’officier supérieur dans les forces de police nationale et au sein des trois corps d’armée du pays, a fait observer la représentante. Au niveau régional, a-t-elle dit, Trinité-et-Tobago travaille en étroite liaison avec le Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies sur des initiatives visant à renforcer le rôle participatif des femmes d’Amérique latine et des Caraïbes dans la lutte contre le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre. Avant de conclure, a annoncé Mme Roopnarine, son pays présente sa candidature à un siège au sein du Comité exécutif d’ONU-Femmes pour la période 2017-2019.
« Les zones contrôlées par des groupes non étatiques et des groupes terroristes, de même que les territoires placés sous une occupation militaire étrangère illégale, sont des zones lourdes de péril pour les femmes », a affirmé M. KAHA IMNADZE (Géorgie). Il a souligné la nécessité d’agir en utilisant tous les moyens onusiens à disposition afin de faire face à cette situation. Il a ensuite rappelé que 2015 avait été proclamée année de la femme en Géorgie et qu’une loi importante contre les discriminations vient d’être adoptée par le Parlement. Les femmes vivant dans les territoires occupés illégalement par les forces de la Fédération de Russie continuent de voir leurs droits fondamentaux bafoués, a-t-il déploré, en ajoutant que la situation humanitaire dans ces territoires devrait recevoir une attention immédiate. En conclusion, M. Imnadze a, de nouveau, exhorté la Fédération de Russie à respecter les principes fondamentaux du droit international.
M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a évoqué devant le Conseil un projet que son pays avait initié récemment au niveau régional, intitulé « Femmes pour la prévention des conflits et consolidation de la paix dans le Caucase-Sud », et qui a pour objectif de sensibiliser au rôle des femmes dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux. Son gouvernement, a-t-il assuré, prend également des mesures visant à réintégrer les femmes déplacées dans la société et à promouvoir leur participation à la vie politique, économique et publique en Azerbaïdjan. Le représentant a tenu à rappeler le rôle que sa délégation avait joué pendant sa présidence du Conseil de sécurité, en octobre 2013, dans l’adoption de la résolution 2122 (2013) intitulée « Femmes, paix et sécurité ».
M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a fait part de l’expérience de son pays, qui a fait « du dialogue, du compromis et de la participation active » de la société civile le « modus operandi » de la gestion de crise ou de conflit interne. La Tunisie a ainsi évité toute dérive attentatoire à son processus de transition démocratique, a-t-il indiqué. « Cette approche a été récemment récompensée par le prestigieux prix Nobel de la paix 2015 au Quartet du dialogue national en Tunisie, conduit par des institutions pérennes de la société civile tunisienne », s’est enorgueilli le représentant. La société civile, a expliqué M. Khiari, est un partenaire indispensable dans les situations postconflit et peut contribuer de manière significative au renforcement des mécanismes d’alerte rapide, permettant ainsi d’anticiper l’escalade de la violence contre les femmes et de soutenir les initiatives de sensibilisation menées dans ce domaine. Les organisations de la société civile, a-t-il estimé, peuvent également jouer un rôle essentiel dans le développement des capacités des femmes et les habiliter à participer activement au processus de prévention, de médiation et de résolution des conflits.
M. MILOŠ VUKAŠINOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a appelé à maintenir le niveau de vigilance nécessaire pour continuer à améliorer le programme d’action prévu par la résolution 1325 (2000). Cela nécessite, a-t-il précisé, de se concentrer sur la prévention et de placer les droits de l’homme au centre des travaux en matière de sécurité et de protection, ainsi que dans les domaines politique, humanitaire, de consolidation de la paix et de développement économique et social. La Bosnie-Herzégovine a contribué de manière constructive à l’Étude mondiale sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), a indiqué son représentant, en ajoutant que les autres pays des Balkans avaient également entrepris des efforts dans ce sens. Au plan national, il a précisé que son pays avait mis en place un solide cadre juridique et institutionnel pour la promotion de l’égalité des sexes, citant notamment le plan d’action sur l’égalité entre les sexes pour la période 2013-2017 et le plan d’action sur les mesures prioritaires dans ce domaine, établi pour la période 2014-2017.
M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a expliqué que le nouveau Gouvernement, en place depuis janvier 2015, s’était engagé en faveur du respect des valeurs démocratiques et, notamment, pour la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Il a rappelé les étapes historiques franchies dans ce domaine par le Sri Lanka qui, dès 1931, avait prévu l’éducation gratuite pour les garçons comme pour les filles. Le pays avait en outre adopté une charte pour les femmes deux ans avant l’adoption du Programme d’action de Beijing. Il s’est aussi doté d’un plan national d’action sur les femmes qui est en cours de mise à jour. Le conflit, qui avait déchiré son pays pendant 30 ans, a fait de très nombreuses victimes, a-t-il rappelé, en précisant que le Gouvernement essaie d’intégrer les orphelins, les veuves de guerre et les mères célibataires à toutes les activités de consolidation de la paix. Le Sri Lanka contribue activement aux forces de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il indiqué par ailleurs, en assurant qu’il était pleinement engagé à faire participer les femmes dans les processus de prise de décisions dans ce domaine.
Mme MARJON V. KAMARA (Libéria) a assuré qu’au lendemain de 14 années de guerre civile, son pays avait mis en évidence, au cours de son parcours vers la paix, à la contribution vitale des femmes à la paix, la sécurité et au règlement des conflits. Elle a rappelé la présence de femmes libériennes lors des négociations, en 2003, qui avaient conduit à l’Accord général de paix. Le Gouvernement libérien, a-t-elle assuré, continue à donner aux femmes l’occasion de participer aux efforts de consolidation de la paix. Le Libéria, a rappelé sa représentante, a été le premier pays à achever l’élaboration d’un plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000). Pour l’avenir, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement du Libéria a décidé de renforcer la protection des femmes en promulguant une loi sur la violence domestique, un texte qui a été approuvé par le Parlement en juin dernier. Une chambre de la Cour d’assises a été spécialement créée pour connaître des affaires de violence sexuelle et sexiste, a-t-elle ajouté.
M. EINAR GUNNARSSON (Islande) a fait sienne la recommandation de l’Étude globale selon laquelle il est nécessaire de renoncer à une approche ad hoc de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) afin d’opter, plutôt, pour une approche plus structurée et systémique. Le financement est évidemment un élément déterminant pour y parvenir, a noté le représentant, qui est revenu sur la proposition, faite hier, de consacrer au moins 15% du budget des opérations de maintien de la paix à la réalisation des objectifs fixés par ce texte. « De notre point de vue, le taux de 15% devrait être considéré comme un niveau et non pas comme un plafond », a estimé M. Gunnarsson. Il a souligné que plus de 20% des contributions de l’Islande en faveur de la consolidation de la paix en 2014 finançaient des projets axés, en priorité, sur la parité et l’autonomisation des femmes. Il s’agit là d’une part que nous comptons maintenir dans les années à venir, a assuré le délégué, avant d’annoncer qu’un troisième plan national d’action consécutif pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) serait adopté l’an prochain.
M. ŽELJKO PEROVIĆ (Monténégro) a souligné l’importance d’associer plus étroitement les femmes aux processus de paix. L’expérience montre que les femmes soldats peuvent établir avec les communautés locales des canaux de communication qui ne seraient pas ouverts à leurs homologues masculins, a-t-il fait remarquer. « Les femmes aident à bâtir la confiance et peuvent alerter sur les besoins spécifiques des femmes et des filles. » Notant la difficulté de modifier des conceptions culturelles profondément enracinées, M. Perojic a appelé à redoubler d’efforts dans ce domaine afin que les femmes et filles, dans chaque pays ou communauté, soient autant valorisées que les hommes et les garçons. La promotion de l’égalité entre les sexes et la lutte contre les violences faites aux femmes sont des priorités du Gouvernement du Monténégro, a souligné le délégué.
M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a déclaré que l’autonomisation des femmes et des filles, le respect des droits de la personne et de la dignité des femmes et la promotion de leur bien-être étaient des priorités de la politique étrangère du Gouvernement canadien. Face à l’expansion des violences ciblant les femmes, qui sont perpétrées notamment par de nouveaux acteurs comme Boko Haram et l’État islamique, le Canada appuie la réalisation de projets spécifiques, a-t-il dit. Le représentant a ainsi cité l’intervention vigoureuse dans des situations de conflit, en particulier en République démocratique du Congo (RDC), en Iraq et en Syrie. « Nos programmes permettent notamment de fournir un accès à la justice à des survivants et d’amener les auteurs de crimes à rendre compte de leurs actes par le déploiement d’experts de l’Initiative d’intervention rapide au service de la justice », a précisé le délégué du Canada. Ces efforts, a-t-il précisé, sont menés dans le cadre du Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité du Canada. Il a par ailleurs annoncé que son pays s’était engagé à verser trois millions de dollars, « pour les trois prochaines années », en vue d’appuyer les travaux du Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.
Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a indiqué que son pays avait connu des souffrances indicibles lors du génocide commis contre les Tutsis, un grand nombre de femmes ayant été violées et tuées. « Nous avons tiré les enseignements de cette tragédie, ce qui nous a permis de promouvoir l’autonomisation des femmes avec force », a-t-elle déclaré. La représentante a ensuite mentionné les initiatives prises par son pays pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) et souligné que 64% des parlementaires au Rwanda étaient des femmes. Avant de conclure, la représentante a mis l’accent sur les mesures prises pour lutter contre la violence sexuelle comme, par exemple, la création de refuges pour les victimes.
Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a rappelé que son pays était attaché, de longue date, à la défense des droits des femmes et des filles, en particulier leur protection dans les situations de conflits armés. Elle a assuré que son pays était fermement engagé à mieux représenter les femmes dans les opérations de maintien de la paix, les missions humanitaires et la gestion de crises. Le Portugal continuera à promouvoir la mise en œuvre de la résolution 1325 dans tous les organes multilatéraux où ce pays siège, ainsi qu’à conduire des programmes de sensibilisation à la parité et de lutte contre les violences infligées aux femmes, en particulier la violence sexuelle, a indiqué Mme Pucarinho. La déléguée a assuré, avant de conclure, que le Portugal était engagé à intégrer la question des femmes, la paix et la sécurité dans tous ses programmes nationaux pour le développement.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a passé en revue les études soulignant que la participation des femmes permet d’améliorer l’efficacité de l’aide humanitaire, de renforcer la protection des civils et de contribuer au règlement des différends politiques. La propagation de l’extrémisme violent est une menace sans précédent pour les femmes et les filles de notre région, a prévenu le délégué. C’est pourquoi, il a invité la communauté internationale à agir de manière ferme contre ceux qui soumettent les femmes et les filles aux actes les plus inhumains. « Il est également très regrettable que les femmes et filles soient souvent les premières victimes des bombardements au Yémen et de la violence en Syrie », a dit le délégué. En conclusion, il a estimé que ce débat au Conseil de sécurité ne devrait pas empiéter sur les travaux des organes compétents pour discuter des questions relatives aux femmes, en particulier l’Assemblée générale.
M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a affirmé que son pays avait toujours été aux avant-postes de la promotion et de la protection des droits des femmes. Il a précisé que les éléments clefs de la résolution 1325 (2000) relatifs aux femmes et à la sécurité ont déjà été mis en œuvre par son pays par le biais, notamment, de deux plans d’action nationaux visant à combattre, respectivement, la violence sexuelle et la traite d’êtres humains. Le délégué a ensuite déploré que la sécurité physique et la survie des habitants du Nagorno-Karabakh soient toujours menacées. « De même, les civils résidant dans les territoires arméniens frontaliers sont la cible, de manière indiscriminée et systématique, des forces armées azerbaidjanaises », a-t-il affirmé. Le représentant de l’Arménie a ensuite déclaré que l’emprisonnement d’activistes, comme Mme Leyla Yunus, par l’Azerbaïdjan constituait une entrave insurmontable à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).
Le représentant de la Fédération de Russie a rejeté les allégations portées contre son pays par la Géorgie selon lesquelles le sort des femmes en Abkhazie et en Ossétie du Sud prêterait à s’inquiéter.
Réagissant à ces commentaires, le représentant de la Géorgie a tenu à rappeler que son pays était une société démocratique caractérisée par une société civile vibrante. Il a accusé Moscou d’exercer un contrôle sur une portion du territoire géorgien, d’où des civils ont été chassés par les forces militaires russes. Le représentant a donc demandé à la Fédération de Russie d’autoriser le retour des populations victimes de « nettoyage ethnique » dans leur région d’origine et de se retirer de tous les territoires que ses forces occupent.
Le délégué de la Fédération de Russie a brièvement repris la parole pour qualifier d’« indécente » la dernière intervention du représentant géorgien.
Reprenant la parole, la représentante de l’Azerbaïdjan a estimé que la déclaration faite préalablement par l’Arménie était de détourner l’attention de la communauté internationale des « atrocités de masse » commises. Elle a mentionné un incident qui se serait produit le 3 septembre dernier, au cours duquel des forces arméniennes auraient ouvert le feu sur une cérémonie religieuse se déroulant dans la « zone contestée », en violation flagrante du droit international.
Le délégué de l’Arménie a repris la parole pour rejeter les allégations faites par la délégation de l’Azerbaïdjan qu’il a qualifiées de « mensongères ». Nous le savons tous, c’est ce pays qui a lancé, il y a plus de 20 ans, une agression militaire au Nagorno-Karabakh afin d’y exterminer la population arménienne, a-t-il dit, avant d’ajouter que cette population continuait de subir une violence indicible. Il a invité la délégation de l’Azerbaïdjan à remédier à l’emprisonnement d’activistes, plutôt que de se livrer à des déclarations de propagande. « Peut-on promouvoir le programme femmes, paix et sécurité et régler les différends quand des femmes activistes sont systématiquement emprisonnées? » a demandé le délégué arménien.