En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité dresse le bilan d’un mois d’août caractérisé par « une unité retrouvée » autour du dossier syrien

7516e séance – matin
CS/12031

Le Conseil de sécurité dresse le bilan d’un mois d’août caractérisé par « une unité retrouvée » autour du dossier syrien

Faisant le bilan des travaux mensuels du Conseil de sécurité, plusieurs de ses membres ont salué, ce matin, au cours de la dernière séance publique du mois, une « unité retrouvée » qui a permis l’adoption de décisions importantes les 7, 17 et 28 août.

La plupart des 15 membres du Conseil de sécurité qui se sont livrés à cet exercice visant à améliorer les pratiques et capacités de réaction de cet organe principal des Nations Unies ont salué une « unité retrouvée » autour du dossier syrien avec l’adoption de la résolution 2235 (2015) du 7 août, établissant une mission d’investigation et d’attribution sur l’usage de chlore comme arme chimique en Syrie. 

Ils ont cité l’adoption de la déclaration présidentielle du 17 août exhortant les parties syriennes à continuer de participer aux consultations initiées par l’Envoyé spécial du Secrétaire général et priant le Secrétaire général à leur rendre compte dans un délai de 90 jours des résultats de la prochaine phase de consultations. 

Les délégations ont aussi fait état de la déclaration présidentielle du 28 août par laquelle le Conseil a salué la signature de l’Accord de paix par le Président Salva Kiir, du Soudan du Sud et menacé de sanctions toute partie qui ne l’appliquerait pas.

La Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’août, Mme Joy Ogwu, du Nigéria, s’est félicitée de l’accent mis sur trois thèmes que constituent le renforcement du secteur de la sécurité et de la mise en œuvre de la résolution 2151 (2014), la coopération entre l’ONU et les organisations régionales en matière de maintien de la paix et de la sécurité et les leçons et expériences tirées de la Mission de lutte contre Ebola. 

De son côté, le représentant de la Fédération de Russie, dont le pays assumera la présidence du Conseil au mois de septembre, a indiqué qu’il saisirait cette opportunité pour étendre le mandat de l’équipe d’enquête créée par la résolution 2235 (2015) à l’Iraq en notant des allégations de recours à des armes chimiques par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL).  Estimant que la situation au Moyen-Orient ne présentait aucun motif de satisfaction, le représentant russe a déclaré que « les conflits au Moyen-Orient ne pourront être résolus que par le biais du droit international, sans deux poids deux mesures ». 

« Si tout ne s’est pas passé comme nous avons souhaité », a dit le représentant de la Nouvelle-Zélande, dont le pays présidait le Conseil de sécurité au mois de juillet, « nous avons pu parvenir à des résultats importants grâce à l’unité retrouvée autour des décisions prises ».

Outre des exposés sur les situations humanitaires en Syrie, en Iraq, au Soudan du Sud, en République centrafricaine, au Yémen et en Libye, le Conseil était aussi saisi d’un exposé du Chef des affaires politiques, lequel, le 19 août, a préconisé une nouvelle approche globale « à trois niveaux » pour avancer vers une situation à deux États sur la question de la Palestine.

Si des délégations ont rappelé que le Conseil de sécurité avait été saisi de la situation en Guinée-Bissau qui est à nouveau plongée dans une « zone de turbulences politiques », d’autres, dont les représentants de la France et des États-Unis, se sont aussi inquiétés de l’absence de dialogue au Burundi, en rappelant toutes les conséquences que cette crise pouvait avoir sur la stabilité régionale. 

Le 26 août, les délégations ont aussi discuté de la « situation sécuritaire mitigée » en Libye, un mois et demi après la signature, sous l’égide de l’ONU, de l’Accord politique libyen, qui prévoit un cadre de négociations futures relatif à la formation d’un gouvernement d’entente nationale.  

Soulignant la situation catastrophique de l’Iraq et de la Libye, le représentant du Venezuela a estimé que le Conseil de sécurité devrait approfondir son examen des conséquences de l’effondrement des institutions de ces pays en matière de proliférations des groupes terroristes.  À l’instar du représentant du Tchad, ce dernier a aussi regretté le manque de transparence dont ont fait preuve les membres permanents du Conseil de sécurité pour rédiger la déclaration présidentielle du 17 août sur la Syrie. 

S’agissant des allégations d’exploitation sexuelle par des Casques bleus en République centrafricaine, l’ensemble des intervenants a appelé à la politique de tolérance zéro.  « Ce mois d’août a vu la liste des allégations d’abus sexuels en République centrafricaine s’étendre.  Ce Conseil a pu exprimer son émotion et sa colère, et soutenir l’action résolue du Secrétaire général pour la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro », a dit le représentant de la France, avant d’exprimer l’entière détermination de son pays à faire la lumière sur les allégations qui concernent les soldats français. 

Des délégations ont salué la tenue le 24 août de la première réunion en « formule Arria », à l’initiative des États-Unis et du Chili, qui a porté sur les attaques sélectives de l’EIIL contre des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGTB).

L’ensemble des membres du Conseil de sécurité ont saisi l’opportunité de cette séance pour rendre hommage au défunt général brésilien José Luiz Jaborandy, Commandant de la force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud: le Conseil salue la signature de l’Accord de paix par le Président Salva Kiir et menace de sanctions toute partie qui ne l’appliquerait pas

7515e séance – après-midi
CS/12029

Soudan du Sud: le Conseil salue la signature de l’Accord de paix par le Président Salva Kiir et menace de sanctions toute partie qui ne l’appliquerait pas

Le Conseil de sécurité s’est félicité, cet après-midi, de ce que le Président sud-soudanais, M. Salva Kiir, ait signé, le 26 août dernier, l’Accord pour le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, après le Président du M/APLS dans l’opposition, Riek Machar Teny, et le représentant des anciens détenus, Pagan Amum Okiech, qui avaient déjà apposé leur signature 10 jours plus tôt.  Le Conseil de sécurité s’est néanmoins déclaré préoccupé par des déclarations qui feraient planer le doute sur la réelle volonté d’appliquer l’Accord.

Dans une déclaration présidentielle rendue publique par la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’août et Représentante permanente du Nigéria, Mme Joy Ogwu, le Conseil se déclare en effet préoccupé par « toute déclaration de quelque partie que ce soit qui laisserait entendre que celle-ci n’est pas déterminée à appliquer l’Accord ».  Le Conseil se dit donc disposé à envisager de prendre les mesures voulues pour veiller à ce que l’Accord soit mis en œuvre « intégralement et sans exception » et punir toute partie qui n’en respecterait pas les dispositions, y compris par l’imposition d’un embargo sur les armes et d’autres sanctions ciblées.

Le Conseil estime que l’Accord constitue une première mesure permettant d’améliorer la difficile situation politique et économique et d’enrayer la catastrophe humanitaire et sécurité que la crise a causée.  Il confirme son intention d’actualiser rapidement le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) pour la charger d’appuyer l’exécution des principales tâches prévues dans l’Accord. 

En orientant la Mission vers ces tâches, avait prévenu, le 25 août dernier, la Chef de la MINUSS, Mme Ellen Margrethe Løj, il faudra être prudent et ne pas retirer leurs ressources aux composantes essentielles du mandat actuel.  Les quatre piliers dudit mandat à savoir, la protection des civils, la surveillance de la situation des droits de l’homme, la création des conditions favorables à l’acheminement de l’aide humanitaire et l’appui à la mise en œuvre de l’accord sur la cessation des hostilités, seront « essentiels » pour créer un environnement dans lequel la paix peut s’enraciner.

L’Accord, dont le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, s’est félicité le 26 août dernier, est publié dans l’annexe du document S/2015/654.

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité se félicite de ce que l’Accord pour le règlement du conflit en République du Soudan du Sud a été signé par le Président Salva Kiir Mayardit le 26 août 2015 et par le Président du M/APLS dans l’opposition, Riek Machar Teny, et le représentant des anciens détenus, Pagan Amum Okiech, le 17 août 2015, ainsi que par d’autres parties prenantes, et considère que par cet acte, les parties se sont engagées à appliquer l’Accord, dont le texte figure dans l’annexe au document publié sous la cote S/2015/654.  Il se déclare préoccupé par toute déclaration de quelque partie que ce soit qui laisserait entendre que celle-ci n’est pas déterminée à appliquer l’Accord.

Le Conseil exprime sa profonde gratitude à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui dirige les efforts de médiation depuis le début de la crise, et salue l’action récemment menée dans le cadre élargi de la configuration IGAD-Plus, qui rassemble 19 pays, des organisations, dont l’Organisation des Nations Unies, et les amis d’Afrique et de l’extérieur du Soudan du Sud, pour concevoir et mettre en œuvre une solution globale qui a permis de jeter les bases de la paix au Soudan du Sud.  Il prie instamment les partenaires de l’IGAD et de l’IGAD-Plus à continuer de jouer un rôle actif dans la période décisive qui s’annonce.

Le Conseil estime que l’Accord constitue une première mesure permettant d’améliorer la difficile situation politique et économique et d’enrayer la catastrophe humanitaire et sécuritaire que la crise a causée, demande aux parties, avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies et de la communauté internationale, de mettre pleinement en œuvre l’Accord, dont le texte figure exclusivement dans l’annexe au document publié sous la cote S/2015/654, et réitère son appui sans faille au peuple sud-soudanais.

Le Conseil engage les parties à respecter le cessez-le-feu permanent sans plus tarder et confirme son intention d’actualiser rapidement le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) pour charger celle-ci d’appuyer l’exécution des principales tâches prévues dans l’Accord, et se déclare disposé à envisager de prendre les mesures voulues pour veiller à ce que l’Accord soit mis en œuvre intégralement et sans exception et punir toute partie qui n’en respecterait pas les dispositions, y compris par l’imposition d’un embargo sur les armes et d’autres sanctions ciblées.

Le Conseil note que, dans sa déclaration à la presse du 24 août 2015, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a souligné que tous ceux qui feraient obstacle au règlement durable du conflit, y compris l’application de l’Accord, seraient amenés à répondre de leurs actes.

Le Conseil souligne qu’il faut veiller d’urgence à ce que les auteurs de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire répondent de leurs actes.  Il note à cet égard le chapitre V de l’Accord. Il se félicite en outre des travaux de la Commission d’enquête de l’Union africaine concernant la conduite d’activités indépendantes et publiques de surveillance, d’enquête et d’établissement de rapports en matière de droits de l’homme, attend avec intérêt les conclusions et recommandations qu’elle formulera et se déclare favorable à ce que son rapport final sur le Soudan du Sud soit rendu public dès que possible.

Le Conseil exprime de nouveau sa profonde gratitude envers le personnel de la MINUSS et les pays qui lui fournissent des contingents et du personnel de police pour l’action courageuse qu’ils mènent en vue de protéger des dizaines de milliers de civils vivant sous la menace de violences physiques et de stabiliser la situation sur le plan de la sécurité dans tout le Soudan du Sud.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine la situation en Guinée-Bissau à nouveau plongée dans une « zone de turbulences politiques » selon le Chef du BINUGBIS

7514e séance – matin
CS/12028

Le Conseil de sécurité examine la situation en Guinée-Bissau à nouveau plongée dans une « zone de turbulences politiques » selon le Chef du BINUGBIS

Le Représentant spécial du Secrétaire général en Guinée-Bissau, M. Miguel Trovoada, a, ce matin, fait le point devant le Conseil de sécurité sur la crise accentuée par la destitution, le 12 août dernier, du Gouvernement du Premier Ministre Domingos Simões Pereira par le Président José Mario Vaz, soit un an après le rétablissement de l’ordre constitutionnel, plongeant ainsi à nouveau le pays « dans une zone de turbulences politiques ».

« Il est évident que, dans un scénario de crises à répétition, sans paix et sans stabilité durable, le soutien de la communauté internationale ne saurait trouver de terrain propice à la pleine réalisation des objectifs escomptés », a estimé M. Trovoada, qui présentait les rapports du Secrétaire général sur la situation en Guinée-Bissau et les activités du BINUGBIS*, ainsi que sur les « progrès accomplis en ce qui concerne la stabilisation et le retour à l’ordre constitutionnel » dans le pays**.

Le représentant de la Guinée-Bissau, M. João Soares Da Gama, a appelé les partenaires de son pays à rester engagés aux côtés du pays et à ne pas abandonner sa population.  « Nous sommes conscients que nous, Bissau-Guinéens, avons la responsabilité première de résoudre nos différends et d’éviter les problèmes et l’instabilité.  Mais sans un engagement constant et fort de la communauté internationale ainsi que des stratégies de surveillance étroites et efficaces, tous les efforts déployés peuvent être compromis », a-t-il déclaré.

M. Trovoada, qui est également Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS), a affirmé que le Président Mario Vaz, qui avait envisagé de prendre la parole au cours de cette réunion du Conseil de Sécurité, avait finalement décidé d’y renoncer en raison des événements récents. 

Le 20 août, M. Baciro Djá, Ministre démissionnaire de la présidence du Conseil des ministres du gouvernement destitué, a été nommé Premier Ministre par décret présidentiel et investi, le même jour, par le Président de la République.  II s’agit là, a-t-il dit, d’une situation inattendue, dans la mesure où les principales institutions de l’État, formées à la suite des élections générales d’avril et mai 2014, sont toutes issues d’une même famille politique, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et de Cabo Verde (PAIGC) ».

Le Chef du BINUGBIS a souligné que le Gouvernement démis était « inclusif, composé de la quasi-totalité des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale populaire, ce qui lui assurait une base confortable de soutien parlementaire ».  « II semblait donc, à priori, que les principales conditions étaient réunies pour garantir un cadre de stabilité politique, favorable à la bonne marche de l’État », a-t-il dit.

À l’initiative du Gouvernement et avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et de l’Union européenne, une table ronde des partenaires de coopération de la Guinée-Bissau s’est tenue à Bruxelles, en mars dernier, dont les résultats ont ouvert au pays la perspective d’obtenir d’importantes ressources financières pour la matérialisation de sa « Vision stratégique et plan opérationnel 2015-2020 ».

« Depuis quelques temps, des déclarations faites en public par les plus hauts dignitaires de l’État laissaient percevoir l’existence d’un climat de crispation politique, entre eux, qui risquait d’aboutir à une rupture institutionnelle, s’ils ne cherchaient pas à surmonter leurs mésententes, par le dialogue », a fait observer M. Trovoada.  « L’absence de ce dialogue indispensable a laissé la voie libre à l’aggravation d’une méfiance réciproque et à l’approfondissement des antagonismes, faisant en sorte que le pays soit arrivé au point où il en est, aujourd’hui. »

Le Chef du BINUGBIS s’est félicité de ce que les partis politiques et tous ceux qui ont un rôle à jouer dans le dénouement de cette crise avaient proclamé « leur ferme détermination à défendre, démocratiquement, leurs droits et leur légitimité, dans le strict respect de la Constitution et des lois ».

De plus, « les manifestations populaires organisées jusqu’à présent, se sont déroulées pacifiquement, dans l’ordre, sans heurt ni violence ».  Autre motif de satisfaction, selon lui, « les militaires ont affirmé avec force qu’ils sont décidés à se tenir totalement à l’écart de la scène politique et à observer une attitude républicaine de soumission au pouvoir civil et d’obéissance à la Constitution et aux institutions démocratiques de l’État ».

Le Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Antonio de Aguiar Patriota, du Brésil, a estimé que la crise actuelle comportait « le risque d’avoir un impact négatif sur la situation économique déjà fragile, sur la stabilité du pays et sur ses acquis démocratiques ».  « Notre principal but devrait être d’empêcher que l’escalade de la crise politique sape les progrès réalisés jusqu’ici », a-t-il déclaré.

M. Patriota a en effet rappelé que les efforts entrepris avaient « grandement contribué à la tenue d’élections libres, justes et transparentes, aboutissant à un Gouvernement légitime, compétent et inclusif pour la première fois dans l’histoire du pays ».

La nature de cette crise, a-t-il expliqué, « illustre le fait qu’il peut y avoir un espace pour les débats sur une meilleure délimitation des domaines de compétence du Président et du Premier Ministre afin d’éviter qu’elle ne devienne une source d’instabilité et de fragilité dans un environnement pourtant prometteur ».  Selon lui, le BINUGBIS et la CPP sont, à cet égard, « bien placés pour fournir l’expertise qui peut être exigée par une révision de la Constitution ».

M. Patriota a en outre observé que les différents partenaires de la Guinée-Bissau avaient été « constants dans leur engagement au cours de la crise ».  « Le rôle joué par la région ainsi que la cohérence démontrée par les partenaires internationaux resteront un élément clef pour atteindre toute solution durable », a-t-il assuré.

Le Président de la formation Guinée-Bissau a affirmé que « l’impasse politique actuelle ne peut être surmontée que par les Bissau-Guinéens eux-mêmes, à travers un dialogue constructif fondé sur le plein respect des dispositions constitutionnelles et de l’état de droit ».  « Le succès de la Guinée-Bissau est dans les mains de son gouvernement et de son peuple », a-t-il déclaré.

La représentante du Timor-Leste, Mme Sofia Borges, qui s’exprimait au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a jugé « essentiel » pour la Guinée-Bissau et sa population que les acquis engrangés depuis les élections pacifiques, libres et équitables de 2014 « ne soient pas compromis et que les réformes continuent à être mises en œuvre ».

« Les États membres de la CPLP regrettent les récents développements politiques et restent profondément préoccupés par la situation actuelle en Guinée-Bissau », a-t-elle dit, appelant toutes les parties prenantes, à savoir les organes de souveraineté, les partis politiques représentés au Parlement, la société civile et d’autres à « engager un dialogue politique constructif ».  

Selon la CPLP, il est « primordial pour le maintien de la stabilité du pays que les réformes engagées soient poursuivies, en particulier les réformes des secteurs de la sécurité et de la justice, ainsi que la lutte contre l’impunité ».

Mme Borges a appelé la communauté internationale à « continuer de soutenir la Guinée-Bissau et son peuple dans la mise en œuvre des réformes de l’État et des plans de développement, tout en soulignant que la responsabilité clef pour la réalisation d’un environnement stable nécessaire à la coopération politique et institutionnelle repose sur les parties prenantes nationales ».

La déléguée du Timor-Leste a, enfin, informé les membres du Conseil de sécurité que la CPLP avait décidé, dans sa réunion du Conseil des ministres, à Dili en juillet, de déployer prochainement en Guinée-Bissau une mission conjointe du Président du Conseil des ministres et du Secrétaire exécutif de la Communauté.

Au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le représentant du Sénégal, M. Fodé Seck, a indiqué le Chef de l’État sénégalais, M. Macky Sall, en tant que Président en exercice de la CEDEAO, avait offert ses bons offices et tenté de faire renouer le dialogue entre les principales parties.

Le représentant a appelé « les différentes parties à la retenue afin de donner plus de chance aux efforts diplomatiques visant l’instauration d’une atmosphère de confiance et de paix ».  M. Sall, a-t-il dit, qui a regretté le limogeage du Premier Ministre Preira, est « convaincu que la consolidation de la paix et la stabilité en Guinée-Bissau ne sauraient se réaliser que dans le cadre d’un processus consensuel ».  

Ce processus, a-t-il ajouté, « se doit d’être inclusif avec un ancrage national où le respect de l’ordre constitutionnel, l’intérêt et le bien-être du peuple de Guinée-Bissau seront au cœur des discussions pour renforcer la réconciliation nationale, la démocratie, la bonne gouvernance et le développement.

Pour M. Seck, néanmoins, « ces tensions politiques ne devraient nullement occulter les progrès jusque-là réalisés par la Guinée Bissau, notamment dans le processus de révision de la Constitution, la lutte contre la corruption à travers le renforcement du système judiciaire, l’amélioration de l’administration, la poursuite de la réforme du secteur de la défense et de la sécurité et la création, par l’Assemblée nationale, d’une Commission pour la paix et la stabilité afin d’accélérer le processus de réconciliation ».

Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de poursuivre les réformes structurelles en matière de défense, de sécurité et de justice, d’état de droit, de développement socioéconomique, de protection des droits de l’homme et de lutte contre l’impunité.

La CEDEAO, a-t-il ajouté, invite les partenaires internationaux à « rester fortement mobilisés et engagés dans leur soutien au processus de stabilisation en Guinée-Bissau, notamment par la concrétisation des engagements pris » lors de la Table ronde des donateurs, à Bruxelles.

Consciente de l’importance de la réforme du secteur de la défense et de la sécurité pour le processus de stabilisation, la quarante-septième Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, qui s’est tenue à Accra le 19 mai dernier, a prorogé jusqu’au 31 décembre 2015 le mandat de sa Mission en Guinée Bissau (ECOMIB).

« Le calme et la civilité » dont font montre jusqu’ici le peuple et l’Assemblée nationale bissau-guinéens, ont été salués par le représentant de la Guinée-Bissau qui a rappelé que l’Assemblée avait choisi de demander l’avis de la Cour suprême sur la constitutionnalité de la nomination d’un nouveau premier ministre par le Président de République.

« Cette façon démocratique de trouver une solution aux divergences existantes auprès des plus hautes instances du pays montre que, bien que difficilement, on trouvera une voie de sortie à ces crises politiques à travers les procédures constitutionnelles », a avancé M. Da Gama.

« La position jusqu’à présent neutre de l’armée face aux crises politiques est très appréciée », a-t-il ajouté, espérant qu’elle maintiendra cette « position de non-ingérence ».

« Nous comprenons la frustration de nos partenaires », a concédé le représentant qui a ajouté: « le soutien de la communauté internationale à une résolution pacifique de la situation actuelle est très important » et « contribuera à rétablir la confiance » et à « promouvoir un environnement propice pour le versement des fonds promis, la mise en œuvre des réformes et des programmes stratégiques de développement tels que proposés par les autorités nationales ».

Le représentant bissau-guinéen a jugé que la communauté internationale « devrait faire plus » pour aider à consolider des institutions plus fortes, être toujours en alerte et travailler plus étroitement avec les autorités nationales et tous les acteurs politiques à travers un « dialogue ouvert et franc » afin d’éviter de telles crises.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans son rapport sur la situation en Guinée-Bissau, publié 13 août dernier, constatait encore qu’au cours des six derniers mois celle-ci était « globalement restée calme », bien qu’elle fût « marquée par des désaccords croissants entre les organes de souveraineté ainsi qu’au sein du principal parti politique, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et de Cabo Verde (PAIGC), notamment entre le Président et le Premier Ministre ».

Il y « exhorte les organes de souveraineté à coopérer, de mettre de bonne foi leurs différends entre parenthèses et d’entretenir des relations constructives dans le respect de la Constitution aux fins de la stabilité, de la paix à long terme et du développement durable ».

Il appelle en outre les autorités à « mettre en œuvre le programme national de réforme de la justice (2015-2019), le plan national de lutte contre la criminalité transnationale organisée et les recommandations formulées dans le cadre de l’examen périodique universel de la Guinée-Bissau conduit par le Conseil des droits de l’homme en janvier 2015 ».

 

 

*     S/2015/626
**    S/2015/619

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Chef des affaires humanitaires se dit « en colère » face à l’incapacité de la communauté internationale de protéger les Syriens

7513e séance – matin
CS/12025

Conseil de sécurité: le Chef des affaires humanitaires se dit « en colère » face à l’incapacité de la communauté internationale de protéger les Syriens

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, a présenté au Conseil de sécurité, ce matin, un exposé sur la situation humanitaire en Syrie, appelant la communauté internationale à « faire davantage » pour protéger les civils dans un conflit qui, a-t-il dit, a déjà fait « plus d’un quart de million de morts et plus d’un million de blessés ».

De retour de Syrie, M. O’Brien a confié qu’il était « difficile de trouver les mots pour décrire avec justesse la profondeur de la souffrance que les Syriens endurent au quotidien ».  « J’ai quitté le pays profondément attristé et scandalisé », a-t-il déclaré, avant d’ajouter: « Je suis en colère, parce que nous, la communauté internationale, nous ne sommes ni autorisés ni capables de faire davantage pour protéger les Syriens qui ont plus que jamais besoin de notre soutien sans faille ».

Le Secrétaire général adjoint a ainsi demandé instamment aux membres du Conseil de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à cette crise.  « Avec toute la volonté du monde, l’action humanitaire ne peut pas être un substitut à l’action politique.  Le Conseil doit exercer un leadership pour pousser à une solution politique. »

M. O’Brien avait entamé son intervention en égrenant les chiffres terribles de la situation humanitaire consécutive au conflit syrien.  « Quelque 7,6 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays.  Pour cette seule année, plus d’un million de personnes ont dû fuir.  Plus de 4 millions de personnes ont traversé les frontières en quête désespérée de survie et d’avenir, plaçant les pays et communautés d’accueil sous pression, « jusqu’à un point, aujourd’hui, de rupture ».

« Au nom, à la fois, de la sécurité et de l’humanité, nous devons trouver une meilleure façon, plus durable pour la communauté internationale dans son ensemble, de partager le fardeau en accueillant des réfugiés syriens », a affirmé le Coordonnateur des secours d’urgence.

La violence a continué d’augmenter à travers le pays, a expliqué M. O’Brien.  « Les attaques indiscriminées et ciblées par toutes les parties au conflit ont fait des morts, détruit des infrastructures, tandis que l’accès à des services de base, comme l’eau, a été refusé à des centaines de milliers de Syriens. »

Les 12 et 16 août, a-t-il rappelé, des frappes aériennes des forces gouvernementales ont visé un marché à Duma, tuant plus de 100 personnes et faisant beaucoup de blessés.  Cette attaque a eu lieu quelques jours après le bombardement aveugle de Damas par des groupes armés non étatiques, a-t-il précisé, avant de faire état d’une série d’autres bombardements contre des civils. 

« Le mépris total des parties pour la vie humaine et la survie n’a apparemment aucune limite », a estimé le Secrétaire général adjoint.  « Les attaques contre des civils sont illégales, inacceptables et doivent cesser », a-t-il poursuivi, lançant un appel à toutes les parties engagées dans la lutte contre la violence pour qu’elles protègent les civils.  « Toutes les parties impliquées dans des violations du droit international humanitaire doivent être tenues pour responsables », a ajouté M. O’Brien.

« La destruction des infrastructures civiles a continué au cours de la période considérée.  Des groupes armés non étatiques et des groupes terroristes ont délibérément coupé l’accès aux services essentiels tels que l’eau et l’électricité.  De tels actes violent le droit international humanitaire et doivent cesser immédiatement. »

Malgré un environnement de plus en plus difficile, des millions de personnes continuent de recevoir une aide.  Au cours de la première moitié de 2015, les agences onusiennes et les organisations non gouvernementales ont fourni une aide alimentaire à 5,9 millions de personnes en moyenne par mois; des médicaments et d’autres biens à 9 millions de personnes; de l’eau et de l’assainissement à plus de 5 millions de personnes; et des articles essentiels de secours à plus de 4 millions de personnes.

Le Secrétaire général adjoint s’est néanmoins dit « particulièrement préoccupé » par l’accès très limité aux 4,6 millions de personnes vivant dans des zones difficiles à atteindre et assiégées.  Les parties au conflit continuent de restreindre fortement l’accès à ces zones.  Il a également exprimé son extrême préoccupation à l’égard de la situation des réfugiés palestiniens en Syrie.

M. O’Brien a indiqué que lors de sa visite en Syrie, il avait discuté avec des représentants gouvernementaux de haut niveau de la nécessité de renforcer la protection des civils et la réponse humanitaire globale.  Il a dit avoir exhorté le Gouvernement à accorder un accès complet et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a annoncé qu’il se rendrait également en Turquie et en Jordanie en septembre afin d’évaluer par lui-même les efforts d’intervention en cours pour répondre aux besoins des réfugiés et des communautés que ces deux pays accueillent.

« La proie, c’est nos peuples », a lancé, de son côté, le représentant de la République arabe syrienne, M. Bashar Al-Jaafari, dénonçant en particulier le terrorisme, « qui détruit la civilisation, le patrimoine culturel ».

Pour l’Ambassadeur syrien, la visite de M. O’Brien dans son pays « n’est qu’un préambule pour placer les choses dans le bon chemin en vue de renforcer une coopération transparente avec l’ONU dans le domaine humanitaire ».

M. Jaafari a dit espérer la poursuite des discussions avec l’ONU « pour le bien de la Syrie et des Syriens », exprimant à cet égard l’engagement de son gouvernement à favoriser « l’accès de l’assistance humanitaire à ceux qui en ont besoin ».

Selon M. Jaafari, « les souffrances du peuple syrien ne peuvent prendre fin avec la seule assistance humanitaire ».  Le délégué syrien a en outre vivement critiqué « les ingérences étrangères dans son pays sur les plans économique, politique et militaire », lesquelles sont la « cause principale », à ses yeux, de la poursuite de la crise humanitaire en Syrie.  « On ne pourra mettre fin à cette situation humanitaire sans mettre fin à cette ingérence grossière », a-t-il observé.

Le représentant a dénoncé les bombardements de populations civiles par des « groupuscules militaires dits modérés » et certains membres du Conseil de sécurité qui demeurent, selon lui, « silencieux devant leurs crimes ».

Il a ainsi fait état d’une « campagne médiatique » visant à protéger l’« opposition militaire modérée », avant de brandir devant les membres du Conseil de sécurité le quotidien « New York Times » et l’article qu’il a consacré, il y a deux jours, à un « allié des États-Unis en Syrie », le groupe Ahrar al-Sham.

« Le Gouvernement syrien ne peut rester silencieux lorsque des terroristes visent les populations civiles, comme à Damas, à Alep ou dans d’autres villes », a-t-il souligné, ajoutant que l’armée syrienne agissait « conformément au droit international pour protéger les civils et contrer ces attaques ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Libye fait état d’une situation sécuritaire mitigée, après la signature de l’Accord politique

7512e séance – matin
CS/12022

​Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Libye fait état d’une situation sécuritaire mitigée, après la signature de l’Accord politique

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Bernardino León, a décrit, ce matin devant le Conseil de sécurité, une situation sécuritaire mitigée dans le pays, un mois-et-demi après la signature, sous l’égide de l’ONU, de l’Accord politique libyen, qui prévoit un cadre de négociations futures relatif à la formation d’un gouvernement d’entente nationale.  Le peuple libyen commence à sentir que cette crise pourrait être réglée, a commenté le Représentant spécial de la Libye, M. Ibrahim Dabbashi, jugeant que le Représentant spécial et le Conseil de sécurité « doivent orienter les participants au dialogue politique » et prendre une « position ferme pour mettre un terme à la procrastination et aux retards inutiles ».

M. Bernardino Léon s’est dit convaincu que sept mois après son lancement par la Mission d’appui des Nations Unies dans ce pays (MANUL), dont il est le Chef, le processus de dialogue politique entrait désormais dans sa « phase finale ».  Ce fut un « processus difficile et exigeant », a-t-il dit, se félicitant que les acteurs politiques de la Libye aient pu « forger un accord sur une feuille de route qui définit une vision en vue de mettre fin immédiatement à la crise politique et aux conflits militaires qui ravagent la Libye depuis plus d’un an ».

Le 11 juillet dernier, une importante percée a été enregistrée lorsque la plupart des participants au dialogue politique inter-libyen, tenu sous l’égide de l’ONU, ont paraphé l’Accord politique libyen qui prévoit un cadre de négociations futures relatif à la formation d’un gouvernement d’entente nationale.

Dans son rapport sur les activités de la MANUL*, que M. León présentait au Conseil de sécurité, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, assure que les Nations Unies s’emploieront à aider les Libyens à conclure l’Accord politique du 11 juillet et affirme son « intention de dépêcher une mission d’évaluation technique en Libye pour formuler des propositions sur la manière dont l’ONU devrait s’adapter, en particulier, au nouveau contexte opérationnel qui apparaîtra à la suite de la formation d’un gouvernement d’entente nationale ».

Le rapport du Secrétaire général « dresse un tableau mitigé de l’évolution des dynamiques de la sécurité en Libye », a souligné M. León.

Si le Chef de la MANUL a fait état d’une réduction des tensions militaires dans l’ouest du pays et la région de Tripoli après des initiatives de cessez-le feu et de réconciliation entre les différentes communautés locales, il a en revanche décrit un état de « guerre de tranchées » à Benghazi, dans l’est, où plus de 100 000 personnes restent déplacées et 70% des centres de santé sont inaccessibles ou non fonctionnels.

Il a présenté une « situation tout aussi épouvantable » dans le sud, en proie à la concurrence locale de groupes rivaux pour le pouvoir et les ressources, « un conflit qui a ses racines dans des décennies de marginalisation et de négligence des autorités centrales ».

« Au niveau national, l’ampleur de la souffrance humaine est énorme pour un pays qui possède de grandes réserves de pétrole et un fort potentiel économique », a-t-il poursuivi.  « On estime que 1,9 million de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence », a-t-il dit, précisant que la nourriture était devenue désormais un « problème majeur pour quelque 1,2 million de personnes, pour la plupart à Benghazi et dans l’est ».

Le nombre des personnes déplacées à travers la Libye s’élève aujourd’hui à environ 435 000, a-t-il indiqué, faisant aussi état d’un système de santé « au bord de l’effondrement », avec de nombreux hôpitaux surpeuplés, ayant une « capacité fortement réduite » et connaissant de « graves pénuries de médicaments, de vaccins et de matériel médical ».  « Les coupures d’électricité sont endémiques dans de nombreuses régions du pays », a-t-il également souligné.

De même, le nombre des migrants dans le pays ou y transitant est évalué à près de 250 000, beaucoup d’entre eux faisant face à des problèmes de protection importants, y compris des arrestations et des détentions arbitraires et abusives, à des abus sexuels, au travail forcé, à l’exploitation et à des extorsions de fonds.

M. León a ainsi rappelé que cette année, plus de 2 000 migrants se sont noyés en Méditerranée, une grande majorité d’entre eux tentant désespérément de rejoindre les rives de l’Europe à partir de la Libye.

Sur le plan économique, le pays est confronté à une diminution importante de ses recettes pétrolières en raison de la chute du prix du pétrole et d’une faible production.  Les réserves financières de la Libye se sont également fortement appauvries en grande partie à cause de larges dépenses dans des domaines non productifs.

« Dans ce contexte sombre de difficultés et de misère croissantes résultant de la détérioration de la sécurité et de l’anarchie générale, les violations et les abus généralisés des droits de l’homme et du droit international humanitaire se poursuivent impunément à travers le pays », a affirmé le Représentant spécial.

« Les groupes armés de tous bords continuent d’enlever des civils en raison de leur opinions politiques ou de leur identité, souvent dans l’espoir de les échanger en contrepartie d’une rançon ou des combattants et autres civils pris par des groupes rivaux », a-t-il expliqué, ajoutant que même les agents humanitaires n’étaient pas épargnés.

Le Chef de la MANUL a réitéré son appel à toutes les parties au conflit pour qu’elles prennent les « mesures nécessaires pour protéger les civils contre les attaques directes et aveugles, faciliter leur évacuation et permettre un accès sans entrave et en toute sécurité à l’aide humanitaire ».

M. León a en outre déclaré que le danger posé par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL)/Daech était « réel, imminent et palpable » en Libye.  Selon lui, les acteurs de la sécurité et les militaires libyens, pleinement conscients de cette menace, « doivent reconnaître qu’aucune stratégie visant à la contenir, voire à l’éliminer, ne sera viable si elle ne vient pas d’efforts concertés, unifiés et coordonnés qui rassemblent tous les Libyens sous une seule bannière ».

« Le message aux dirigeants de la Libye est clair: il n’y a tout simplement pas d’autre alternative qu’une action unifiée et collective pour empêcher une répétition des avances catastrophiques que Daech a faites dans des pays comme la Syrie ou l’Iraq. »

« Surmonter la polarisation politique et la division en Libye ne sera pas facile » et « l’ampleur des défis ne doit pas être sous-estimée », a observé le Représentant spécial, jugeant que « le plus important sera la détermination et l’engagement des Libyens eux-mêmes, plus particulièrement leurs dirigeants politiques, à préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale, et à épargner le peuple du fléau d’une longue guerre civile et de l’instabilité ».

M. León a lancé un appel aux membres du Congrès général national pour qu’ils « ne gaspillent pas l’occasion historique et unique qu’ils ont devant eux d’être les artisans de la paix ».  « L’accord qu’ils ont négocié n’est peut-être pas parfait, mais il est juste et raisonnable, et les seuls gagnants en sont les Libyens », a-t-il dit.

Selon le Chef de la MANUL, « toute tentative de faire dérailler le processus politique par des moyens non démocratiques ne doit pas être tolérée », le processus de dialogue demeurant « le seul mécanisme crédible et légitime par lequel les Libyens peuvent assurer la continuité du processus démocratique dans leur pays ».

« Le temps est compté » et « il incombe aux dirigeants de la Libye de tous les côtés, et à tous les niveaux, de faire ce dernier effort de paix », a-t-il lancé.  Le Représentant spécial du Secrétaire général a appelé la communauté internationale à « agir rapidement pour présenter une stratégie clairement articulée autour de l’appui à l’État libyen et aux efforts déployés par le Gouvernement pour contenir et éliminer la menace que des groupes comme Daech posent non seulement à la stabilité de la Libye, mais aussi à la sécurité régionale et internationale ».

De son côté, le Représentant permanent de la Libye, M. Ibrahim Dabbashi, a affirmé que son pays traversait « la phase la plus critique de son histoire contemporaine » et était « menacée dans son existence même en tant qu’État libre et souverain ».

« Récemment, le peuple libyen a commencé à sentir que cette crise pourrait être réglée », a-t-il expliqué, soulignant que cet « optimisme est lié à la formation d’un gouvernement d’entente nationale », lequel, selon lui, « doit avoir les connaissances minimums du fonctionnement d’un État, appliquer les règles de bonne gouvernance et être capable de discuter avec toutes les parties ».

M. Dabbashi a souligné l’« importance essentielle du rôle joué par le Représentant spécial du Secrétaire général et du Conseil de sécurité » car, a-t-il dit, ceux-ci « doivent orienter les participants au dialogue politique ».  « L’objectif doit être de choisir un nouveau leadership pour le pays loin des intérêts partisans et personnels. »

Le représentant a ajouté que les Libyens attendaient du Chef de la MANUL et du Conseil de sécurité une « position ferme pour mettre un terme à la procrastination et aux retards inutiles ».

Pour M. Dabbashi, « la formation d’un gouvernement d’entente nationale n’est pas la fin du processus » et « le travail direct de la MANUL est utile pour permettre de désamorcer la crise actuelle dans le pays ». 

Le délégué a cependant assuré que les efforts du Représentant spécial seraient vains si l’on ne définissait pas « clairement la carte du terrorisme en Libye ».  « L’ampleur du danger posé par les djihadistes d’Al-Qaida en Libye dépasse celui posé par ceux de Daech », a-t-il jugé, notant que ces derniers étaient localisés dans des zones précises, tandis que les premiers occupaient plusieurs régions.

« Al-Qaida va reprendre le devant de la scène et mènera une résistance féroce lorsqu’il se sentira désarmé », a prédit l’Ambassadeur libyen, qui a espéré que les États sauront choisir, dans ce contexte, d’« appuyer le peuple libyen ».

* S/2015/624

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Président Salva Kiir est sur le point de signer l’accord de paix proposé par l’IGAD, annonce la Chef de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud

7511e séance – matin
CS/12021

Conseil de sécurité: le Président Salva Kiir est sur le point de signer l’accord de paix proposé par l’IGAD, annonce la Chef de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud

La Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a annoncé aujourd’hui aux membres du Conseil de sécurité que le Président sud-soudanais, M. Salva Kiir, devrait signer demain, 26 août, l’Accord de paix proposé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD Plus) auquel avaient déjà adhéré, le 17 août dernier, le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (M/APLS) et les anciens détenus*.  

Mme Ellen Margrethe Løj, qui est intervenue avant le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires (OCHA) et le Président du Comité des sanctions imposées au Soudan du Sud, a prévenu que l’accord ne sera qu’un premier pas.  La paix, la sécurité et la prospérité ne viendront pas en une nuit et le processus nécessitera un effort concerté et constant de la part des acteurs nationaux et des partenaires internationaux.  Il faudra aussi prêter attention à l’éventail des conflits intercommunautaires et autres qui, dans certains États, sont tout simplement aussi violents que les luttes politiciennes.  En jetant les bases d’une paix et d’un développement à long terme, nous devons trouver les moyens d’aider le peuple sud-soudanais à s’attaquer aux moteurs du conflit, a-t-elle insisté.

L’accord implique un certain nombre de tâches importantes pour la MINUSS mais aussi d’autres activités qui nécessiteront son soutien.  En orientant la Mission vers ces tâches, a voulu la Représentante spéciale, il faudra être prudent et ne pas retirer leurs ressources aux composantes essentielles du mandat actuel.  Les quatre piliers dudit mandat à savoir, la protection des civils, la surveillance de la situation des droits de l’homme, la création des conditions favorables à l’acheminement de l’aide humanitaire et l’appui à la mise en œuvre de l’accord sur la cessation des hostilités, seront « essentiels » pour créer un environnement dans lequel la paix peut s’enraciner.

La Représentante spéciale a en effet parlé d’une situation humanitaire « terrible » et sur le front des droits de l’homme, elle s’est dite profondément choquée par le non-respect de la vie humaine.  Son homologue des affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, qui était au Soudan du Sud, du 22 au 25 juillet, a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur la portée et le niveau de cruauté qui caractérisent les attaques contre les civils et qui révèlent « un gouffre d’antipathie allant bien au-delà des divergences politiques ».

M. Stephen O’Brien a indiqué qu’à cette date, plus de 2,2 millions de personnes ont fui de chez eux, soit une augmentation de 200 000 depuis le début de cette année.  Plus de 1,6 million de personnes sont déplacées, tandis que plus de 616 000 autres sont parties vers les pays voisins.  Près de 200 000 déplacés ont trouvé refuge dans les bases de la Mission, contre 121 000, il y a seulement quatre mois.  L’énorme afflux de déplacés et les tensions politiques, ethniques et tribales qu’il entraîne, sans compter les activités criminelles, soulignent une nouvelle fois le caractère « intenable » de ces sites à long terme, a prévenu la Chef de la MINUSS.

Pour aider à relever les défis humanitaires, la communauté internationale devrait, selon le Coordonnateur des secours d’urgence, faire pression sur les parties au conflit pour qu’elles protègent les civils et luttent contre l’impunité; appeler toute personne ayant une influence sur les parties à faire en sorte que la réponse humanitaire ne soit pas entravée; assurer un financement adéquat aux opérations humanitaires, sachant que seulement la moitié des besoins du Plan d’intervention humanitaire de 2015 a jusqu’ici été assurée, et d’abord et avant tout, obtenir une cessation « crédible » des hostilités suivi d’un accord de paix durable.

Ce qui s’est passé le 17 août dernier, a rappelé le Président du Comité des sanctions imposées au Soudan du Sud**, n’est que la dernière de la dizaine de fois où l’une ou l’autre partie ne s’est pas tenue au délai fixé, au niveau international, pour la fin du conflit.  Si toutes les parties signaient un accord, la question primordiale ne serait pas seulement celle de sa mise en œuvre et de la fin de la violence, mais aussi celle de la promotion de la réconciliation nationale et d’un règlement politique inclusif et durable, y compris l’établissement des responsabilités pour les crimes graves commis pendant la guerre.  Le rôle des sanctions, envisagé par la résolution 2206, serait tout aussi essentiel pendant cette période voire plus. 

M. Cristian Barros a relayé au Conseil la recommandation de son Groupe d’experts d’imposer un embargo total et général sur les armes au Soudan du Sud et à exhorter l’Union africaine à rendre public le rapport de sa Commission d’enquête sur les violations graves du droit international.  Suivant une autre recommandation du même Groupe, le Comité des sanctions, a expliqué son Président, a inclus, le 1er juillet dernier, six autres noms sur la liste des individus et entités frappés par l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.  M. Barros a annoncé son intention de se rendre au Soudan du Sud dès le mois de novembre.

* S/2015/655** S/2015/656

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

Mme ELLEN MARGRETHE LØJ, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a indiqué qu’après la signature « partielle », le 17 août, de l’accord de paix de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD Plus), les partenaires régionaux et internationaux ont tous exhorté le Président Salva Kiir à le signer dans les 15 jours et appelé toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités.  À son retour d’Addis-Abeba, le Président Salva Kiir a mené d’intenses consultations.  Un mini-Sommet est prévu demain au cours duquel le Gouvernement du Soudan du Sud devrait signer l’accord proposé. 

Malgré cette évolution pleine d’espoirs, a poursuivi la Représentante spéciale, la situation en matière de sécurité a été volatile et tendue.  Les combats de la région du Nil Supérieur sont demeurés intenses et l’escalade s’est aggravée dans le sud de l’État de l’Unité, avec des conséquences de plus en plus graves pour la population civile.  Je suis déçue, a avoué Mme Loj, que les parties n’aient pas respecté la cessation des hostilités à laquelle elles ont adhéré à Addis-Abeba. 

Le 16 août, les quatre Gouverneurs élus des États de l’Équatoria-central, du Nil Supérieur, de Warrap et de l’Équatoria-occidental, ont démissionnés ainsi que le Gouverneur de l’État du Bahr El-Ghazal du nord.  Le 20 août, les cinq nouveaux gouverneurs ont prêté serment devant le Président. 

Quant à la MINUSS, elle protège désormais plus de 200 000 déplacés répartis dans six sites de protection.  Mais, a prévenu la Représentante spéciale, l’énorme afflux de déplacés et les tensions politiques, ethniques et tribales qu’il entraîne, sans compter les activités criminelles, soulignent, une nouvelle fois, le caractère « intenable » de ces sites à long terme.  Il faut faire plus pour que ces sites n’attirent pas ceux qui recherchent que les services qu’ils offrent mais bien ceux qui ont vraiment besoin de protection.  La MINUSS a certes multiplié les patrouilles pour renforcer la sécurité des populations locales en dehors des sites et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire mais il lui manque des capacités et des ressources, sans compter les obstacles qu’érigent les parties à son action.   

La Représentante spéciale a parlé d’une situation humanitaire « terrible » et sur le front des droits de l’homme, elle s’est dite profondément choquée par le non-respect de la vie humaine dont font preuve les parties.  Elle n’a pas oublié de mentionner les obstacles à la liberté de la presse. 

Le succès des discussions de paix, a-t-elle prévenu, aura des implications importantes quant aux ressources à débloquer.  L’accord implique un certain nombre de tâches importantes pour la Mission mais aussi d’autres activités qui nécessiteront son soutien.  En orientant la Mission vers ces tâches, il faut être prudent et ne pas retirer les ressources aux composantes essentielles du mandat actuel, dont la protection des civils.  Les quatre piliers dudit mandat ne perdront rien de leur validité et seront essentiels pour créer un environnement où la paix peut s’enraciner, a souligné la Représentante spéciale. 

Aussi important soit-il, l’accord ne sera qu’un premier pas.  La paix, la sécurité et la prospérité ne viendront pas en une nuit.  Le processus nécessitera un effort concerté et constant de la part des acteurs nationaux et des partenaires internationaux.  Il faudra aussi, a conclu la Représentante spéciale, prêter attention à l’éventail des conflits intercommunautaires et autres qui, dans certains États, sont tout simplement aussi violents que les luttes politiciennes.  En jetant les bases d’une paix et d’un développement à long terme, nous devons trouver les moyens d’aider le peuple sud-soudanais à s’attaquer aux moteurs du conflit.

M. STEPHEN O’BRIEN, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, qui relatait aux membres du Conseil de sécurité la visite qu’il a effectuée au Soudan du Sud du 22 au 25 juillet, la première dans ce pays depuis sa prise de fonctions, a indiqué avoir rencontré le Président Salva Kiir et le Ministre des affaires du Cabinet, M. Elias Lomuro, ainsi que les ambassadeurs de la région et des pays donateurs.

M. O’Brien a également pu aller à la rencontre de personnes directement touchées par le conflit dans le site de protection des civils de Juba, de même qu’à Bentiu et à Nyal, dans le sud de l’État de l’Unité, témoignant ainsi des conséquences de plus de 20 mois de conflit brutal sur la vie des hommes, des femmes et des enfants, une « expérience profondément pénible », a-t-il dit.

La situation humanitaire globale continue de se détériorer fortement, a souligné le Secrétaire général adjoint, précisant qu’à la date d’aujourd’hui, plus de 2,2 millions de personnes ont fui le conflit, une augmentation de 200 000 depuis le début de cette année.  Plus de 1,6 million de personnes sont déplacées, tandis que plus de 616 000 autres ont fui vers les pays voisins.  Près de 200 000 déplacés cherchent désormais refuge dans les bases de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), contre 121 000, il y a seulement quatre mois.

Une grave insécurité alimentaire affecte 4,6 millions de personnes cette année, a poursuivi M. O’Brien.  Bien que le Programme alimentaire mondial (PAM) et ses partenaires aient aidé plus de 2,3 millions de personnes en 2015, la famine constituera une menace grave l’année prochaine, surtout si les combats continuent, a-t-il estimé.  

La vie de plus d’un quart de million d’enfants est exposée au risque d’une aggravation rapide de la malnutrition, a-t-il expliqué, ajoutant que dans la moitié des États du Soudan du Sud, un enfant sur trois souffre de malnutrition aiguë.  La situation des enfants dans les sites de protection des civils est particulièrement inquiétante.  Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) fait en effet état d’une malnutrition aiguë globale plus élevée à l’intérieur du site de Bentiu (12,9%) que pour les nouveaux arrivants (1,6%), laquelle pourrait être attribuée à des services de base débordés et aux maladies.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a également constaté un nombre exceptionnellement élevé de cas de paludisme et de décès évitables, lesquels touchent particulièrement les moins de 5 ans et les femmes enceintes.

La situation est particulièrement alarmante dans les zones directement touchées par les affrontements armés, en particulier dans les États de l’Unité et du Haut-Nil, a-t-il dit, se déclarant très préoccupé par les atrocités qui continuent d’y être signalées.  La portée et le niveau de la cruauté qui a caractérisé les attaques contre les civils révèlent un gouffre d’antipathie qui va bien au-delà des divergences politiques, a-t-il dit craindre.

M. O’Brien a ainsi fait état de meurtres, de viols, d’enlèvements, de pillages, d’incendies et de déplacements forcés, et même d’actes horribles au cours desquels des personnes sont brûlées vives à l’intérieur de leurs maisons.  Il existe, a-t-il dit, des preuves de ciblage ethnique délibéré et de représailles contre les femmes et les filles.  Des centaines de ces femmes et filles ont été enlevées et des centaines d’autres ont été victimes de violence sexuelle, y compris de viols collectifs, a-t-il précisé.  

Par exemple, une survivante de Koch County a raconté comment elle avait été traînée hors de son tukul puis violée aux côtés de sa voisine par des soldats de l’armée nationale sous les yeux de son enfant de 3 ans.  De même, un témoin de Rubkona a raconté avoir vu des éléments des forces gouvernementales violer une mère qui allaitait son bébé après lui avoir arraché celui-ci, le jetant sur le côté.

Bien que l’insécurité ait rendu difficile le maintien d’une présence humanitaire dans le sud de l’État de l’Unité, tous les efforts possibles sont entrepris pour venir en aide aux personnes déplacées et aux communautés d’accueil dans le besoin, a affirmé M. O’Brien.  Afin de renforcer ces efforts, le Secrétaire général adjoint vient d’approuver une ponction de plus de 5 millions de dollars du Fonds central pour les interventions d’urgence pour des kits de survie contenant des aliments, des semences, des moustiquaires et autres articles essentiels.  

Le Coordonnateur des secours d’urgence s’est déclaré préoccupé par les civils attaqués dans les sites de distribution dans le sud de l’État de l’Unité.  Ces attaques sont inhumaines et illégales, et la communauté internationale devrait réitérer son appel à toutes les parties au conflit pour qu’elles respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et protègent les civils, a-t-il dit.

M. O’Brien a également exprimé sa vive préoccupation face à la sécurité des agents humanitaires au Soudan du Sud.  Au moins 29 agents ont été tués depuis le début du conflit, tandis que beaucoup d’autres ont été blessés ou enlevés, et font souvent l’objet de ciblage ethnique.  Cette situation est inacceptable, a-t-il dit, rappelant les obligations des parties à protéger et à respecter le personnel et les biens humanitaires.

Malgré cet environnement difficile, il s’est dit heureux de souligner qu’en 2015, les humanitaires ont atteint plus de 2,3 millions de personnes, leur fournissant des vivres et des moyens de subsistance et que plus de 1,6 million de civils ont pu bénéficier de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène.  Les agents de santé ont vu plus de 1,1 million de patients dans les États touchés par le conflit, et plus d’un demi-million de personnes ont obtenu des articles essentiels, comme des bâches, des couvertures et des ustensiles de cuisine, tandis que plus de 200 000 enfants ont eu accès à des espaces aménagés pour eux.  

L’épidémie de choléra, qui a touché 1 644 personnes et fait 45 décès, a été largement contenue.  

Les défis demeurent, notamment la nécessité d’intensifier les moyens de répondre rapidement aux besoins sans cesse croissants, en particulier dans les sites de Bentiu ou de Malakal, où les gens continuent d’arriver chaque jour par centaines.

Pour aider à relever les défis humanitaires, la communauté internationale devrait aborder les quatre domaines prioritaires suivants: la cessation crédible des hostilités suivi d’un accord de paix durable; la multiplication des appels aux parties au conflit pour qu’elles protègent les civils et le renforcement de la lutte contre l’impunité; l’appel à toute personne ayant une influence sur les parties à faire en sorte que la réponse humanitaire ne soit pas entravée; enfin, la mise à disposition d’un financement adéquat pour les opérations humaines, sachant que seulement la moitié des besoins du Plan d’intervention humanitaire de 2015 a jusqu’ici été assurée.

Cette déclaration a été suivie par celle du Président du Comité créé en vertu de la résolution 2206 (2015) sur l’interdiction de voyager et le gel des avoirs imposés à tout responsable ou complice d’activités ou de politiques faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité au Soudan du Sud.  M. CRISTIAN BARROS a indiqué que le Groupe d’experts chargé d’aider son Comité à remplir son mandat a présenté un rapport intérimaire recommandant que, pour réaliser les objectifs de la résolution 2206 et changer le calcul des parties au conflit, la liste des personnes tombant sous le coup des sanctions s’élargisse à celles qui ont la faculté de perpétuer le conflit ou d’y mettre fin, qui en profitent économiquement et politiquement et qui sont responsables de crimes graves en vertu du droit international et des droits de l’homme.

Le Groupe d’experts recommande aussi que le Conseil de sécurité impose un embargo total et général sur les armes au Soudan du Sud.  Le Conseil devrait également exhorter l’Union africaine à rendre public le rapport de sa Commission d’enquête, sans plus de délai et quel que soit l’issue du processus de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il s’agirait là de connaître ceux qui commettent des violations.  Le Coordonnateur du Groupe d’experts a prévenu que ce qui s’est passé le 17 août n’est que la dernière de la dizaine de fois, depuis le début de 2014, où l’une ou l’autre partie ne s’est pas tenue au délai fixé, au niveau international, pour la fin du conflit.  Si toutes les parties signaient un accord, la question primordiale ne serait pas seulement celle de sa mise en œuvre et de la fin de la violence, mais aussi celle de la promotion de la réconciliation nationale et d’un règlement politique inclusif et durable, y compris l’établissement des responsabilités pour les crimes graves commis pendant la guerre.  Le Coordonnateur du Groupe d’experts a aussi prévenu que le rôle des sanctions, envisagé par la résolution 2206, serait tout aussi essentiel pendant cette période voire plus. 

Le Président du Comité des sanctions a avoué qu’au sein de son organe, plusieurs délégations ont rejeté la recommandation concernant le rapport de la Commission d’enquête de l’Union africaine.  Une délégation a demandé d’étudier plus avant l’idée d’un embargo sur les armes, rejetant en outre l’option d’une

justice de transition au Soudan du Sud.  Le Comité a pris note de la seule recommandation qui lui était adressée à savoir l’inscription d’autres noms sur la liste des personnes tombant sur le coup des sanctions.  Le 1er juillet, il a ainsi inclus six individus qui sont désormais interdits de voyager et ont leurs avoirs gelés.  Le Président du Comité a conclu en annonçant son intention de se rendre au Soudan du Sud dès le mois de novembre.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU au Kosovo fait preuve d’un « optimisme prudent » quant à la poursuite du dialogue et des compromis politiques dans l’intérêt de tous les Kosovars

7510e séance – matin
CS/12020

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU au Kosovo fait preuve d’un « optimisme prudent » quant à la poursuite du dialogue et des compromis politiques dans l’intérêt de tous les Kosovars

Aucun progrès n’est irréversible mais nous avons toutes les raisons de faire preuve d’un « optimisme prudent » quant à la poursuite du dialogue et des compromis politiques et à la multiplication de résultats plus tangibles dans l’intérêt de tous, a déclaré aujourd’hui le Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et Représentant spécial du Secrétaire général, avant que les Vice-Premiers Ministres de la Serbie et du Kosovo ne se livrent à « des discours nationalistes » décriés par plusieurs délégations. 

Le Représentant spécial, M. Farid Zarif, qui quitte ses fonctions le 31 août, remplacé par son compatriote afghan, M. Zahir Tanin, a salué l’amendement constitutionnel sur la création des chambres spécialisées chargées de connaître des crimes de guerre et des crimes organisés y compris les actes commis par l’UCK contre la communauté serbe.  Une mise en garde est venue du Vice-Premier Ministre du Kosovo.  M. Hashim Thaçi a prévenu qu’aucun Kosovar et encore moins lui-même n’acceptera que l’on mette sur un pied d’égalité les actes génocidaires commis par la Serbie et les actes perpétrés par des individus désespérés d’appartenir à la communauté des oppressés.  La guerre de la Serbie contre le Kosovo était menée avec l’implication de l’armée, de la police et des unités paramilitaires, et appuyée par les intellectuels serbes.  « C’était purement et simplement du fascisme. »

Dans son intervention, le Chef de la MINUK a aussi salué l’attachement exprimé par le Premier Ministre du Kosovo à la stricte conformité avec la Constitution de la future loi globale relative à la protection du patrimoine culturel serbe.  M. Zarif a également fait part des avancées dans le dialogue entre Pristina et Belgrade, facilité par l’Union européenne.  Le 25 août, a-t-il rappelé, les dirigeants se retrouveront au plus haut niveau pour trouver un accord sur « la très importante » mise en place d’un cadre détaillé pour la création d’une association des municipalités à majorité serbe.  Le représentant de la France a jugé qu’une telle association, essentielle pour l’avenir des populations serbes du Kosovo, est « un dossier symbolique ».  Il a estimé que le statut unitaire du Kosovo ne sera nullement remis par une mesure attendue depuis 2013.  Le Vice-Premier Ministre kosovar a tenu à préciser que l’association n’aura aucun pouvoir exécutif.  « Nous avons largement décentralisé le niveau municipal de gouvernance et cela sera la base de notre démocratie. ». 

Le Représentant spécial du Secrétaire général a espéré que le dialogue s’élargira aux questions « difficiles » dont le sort des personnes disparues et les réparations aux familles, la revitalisation du transport et des liens commerciaux, les questions complexes des droits de propriété, le retour et la réinstallation des réfugiés et des déplacés et le statut de l’Église orthodoxe.  M. Zarif a d’ailleurs dénoncé le raisonnement juridique « très discutable » de la Cour suprême du Kosovo qui vient de casser une décision relative aux droits de propriété sur des terres situées au sein des zones spécialement protégées du monastère de Visoki Dečani.  Le Vice-Premier Ministre serbe, M. Ivica Dačić, s’est en effet inquiété de la « désacralisation » des monastères serbes, laquelle n’a jamais cessé et laquelle est un moyen d’intimider les Serbes qui sont restés dans la province. 

Depuis 1999, 235 églises, monastères et autres monuments ont fait l’objet d’attaques, des attaques qui visent l’identité serbe et qui affectent directement leur sentiment d’acceptation.  La destruction du patrimoine culturel au Moyen-Orient par l’État islamique est accueillie dans le monde par des cris d’indignation et des condamnations du terrorisme alors que ceux qui détruisent le patrimoine serbe au Kosovo sont reçus chaleureusement aux portes de l’UNESCO « avec une tape sur l’épaule ».

Le Vice-Premier Ministre a jugé cette situation « inacceptable ».  « Un territoire administré par les Nations Unies en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité n’est pas et ne peut pas être considéré comme un État et à ce titre, être admis dans une organisation internationale. »  Oui, a répondu le Vice-Premier Ministre kosovar, le Kosovo peut devenir membre de l’UNESCO avant de devenir un État Membre de l’ONU si deux-tiers des voix de l’Assemblée générale lui sont favorables.  « Nous aurons le verdict en novembre. »  M. Thaçi s’est dit préoccupé par les méthodes de la Serbie qui a convoqué « un large front chrétien » pour barrer l’accès du Kosovo à l’UNESCO.  La guerre du Kosovo n’était pas une guerre de religions, c’était un génocide commis par la Serbie.  Nous refusons les propos inacceptables et indignes qui promeuvent la discorde et l’intolérance religieuse. 

Le représentant du Royaume-Uni a estimé que « le Conseil ne saurait servir de tribune à des discours nationalistes ».  « L’échange d’aujourd’hui aurait été beaucoup plus productif si l’on n’était pas revenu à des discours nationalistes », a acquiescé son homologue de la Malaisie.  « Les élans nationalistes » n’ont pas lieu d’être au Conseil, a renchéri le représentant des États-Unis qui a préféré, malgré la tonalité des échanges voir « la main tendue par les deux parties ».  Il a apporté son appui à la candidature du Kosovo à Interpol et à l’UNESCO car, a-t-il dit, « isoler le Kosovo ne ferait qu’handicaper nos efforts collectifs ».  La résolution 1244 doit rester en vigueur, a contré le représentant de la Fédération de Russie, car elle est une base « contraignante » du droit international pour régler la question du Kosovo.  

Le Vice-Premier Ministre de la Serbie a d’ailleurs invoqué la résolution pour exprimer sa « forte opposition » à la réduction de la MINUK dont la présence « neutre et intacte » est importante pour la création de conditions favorables à une solution durable à la question du Kosovo.  Vous devriez, a dit au contraire son homologue du Kosovo, être fiers, de vous. Il a ainsi demandé aux membres du Conseil de faire en sorte que le mandat du prochain Représentant spécial soit marqué par des discussions sérieuses sur la manière de transférer les ressources dépensées dans un « Kosovo calme » aux populations du Moyen-Orient ou d’ailleurs là où les menaces existentielles sont bien réelles.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Résolutions du Conseil de sécurité 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) et 1244 (1999)

Déclarations

Présentant le rapport du Secrétaire général, S/2015/519, M. FARID ZARIF, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a salué les mesures importantes que viennent de prendre les institutions du Kosovo, dont l’amendement constitutionnel et les lois sur la création des chambres spécialisées et le bureau du procureur spécial.  L’adoption de ce dispositif et sa promulgation hier par le Président Jahjaga, sont un signe de la détermination croissante du Kosovo à honorer ses obligations et ses engagements fondamentaux qui impliquent le plein respect de l’état de droit et de l’impartialité de la justice ainsi que la responsabilité et l’égalité devant la loi.

La pleine consolidation de l’état de droit se heurte à d’autres défis importants, a poursuivi le Chef de la MINUK, en arguant que l’un deux est la protection juridique du patrimoine culturel et religieux.  Au mois de juin, la Chambre d’appel de la Chambre spéciale de la Cour suprême du Kosovo a cassé une décision clef prise en 2012 par le collège de juges de la Chambre spéciale de la Cour suprême.  Cette décision concernait les droits de propriété sur des terres situées au sein des zones spécialement protégées du monastère de Visoki Dečani.  La décision de 2012 avait rejeté les prétentions de deux entreprises publiques.  La décision de la Chambre d’appel, a estimé le Chef de la MINUK, s’est fondée sur un raisonnement juridique « très discutable » pour renvoyer la question à un tribunal local qui, sans aucun doute rouvrira le différend et potentiellement à de nouvelles tensions graves autour de ce « précieux » site culturel et religieux. 

Le respect, la protection et la préservation du patrimoine culturel orthodoxe serbe sont un devoir « fondamental » et ils testent la responsabilité des institutions de gouvernance du Kosovo.  Tout échec, a prévenu le Chef de la MINUK, remettrait en question plusieurs autres fonctions et responsabilités importantes.  Il est, en conséquence, de la plus grande importance que le cadre juridique de protection, consacré par la Constitution, soit respecté avec la plus grande rigueur, y compris dans l’examen futur de la loi globale sur la protection du patrimoine culturel.  Le Chef de la MINUK a salué le Premier Ministre du Kosovo qui vient d’assurer qu’il n’acceptera aucun projet de loi ne respectant pas strictement la Constitution. 

Les avancées énormes enregistrées dans le dialogue entre Pristina et Belgrade, facilité par l’Union européenne, exige un engagement constant des parties mais aussi de la communauté internationale, a poursuivi le Chef de la MINUK.  Le 25 août, les dirigeants se retrouveront au plus haut niveau pour trouver un accord sur des questions toujours controversées, même si elles le sont moins.  Le Chef de la MINUK a cité la très importante mise en place d’un cadre détaillé pour la création d’une association/communauté des municipalités à majorité serbe.  Déjà, s’est-il réjoui, la mise en œuvre de l’accord sur la reconnaissance mutuelle des polices d’assurance automobile qui a débuté la semaine dernière est en train de prouver les bénéfices de la normalisation des relations.  Il est important, a dit le Chef de la MINUK, de ne pas sous-estimer le potentiel de ce progrès « historique ».   

Les compromis équitables qui aident à surmonter l’héritage du conflit et à offrir aux deux côtés des bénéfices concrets ne doivent pas se limiter au premier Accord du 19 avril 2013.  Il faut espérer, a dit le Chef de la MINUK, que le dialogue s’élargira aux questions difficiles dont le sort des personnes disparues et les réparations aux familles, la revitalisation du transport et des liens commerciaux, les questions complexes des droits de propriété, le retour et la réinstallation des réfugiés et des déplacés et le statut de l’Église orthodoxe.

Le Représentant spécial, qui quitte ses fonctions, a tenu à faire part des progrès qu’il a vus en quatre ans.  Aujourd’hui, a-t-il dit, des maires serbes kosovars, élus pour la première fois en vertu d’un cadre juridique unifié, dirigent toutes les 10 municipalités à majorité serbe.  Des ministres et députés serbes kosovars occupent des positions importantes dans les institutions centrales pas simplement pour promouvoir les intérêts vitaux de leur communauté mais de plus en plus ceux de l’électorat dans son ensemble.  Les structures de police sont pleinement intégrées et donc plus réactives.  Des progrès réels ont été enregistrés dans l’intégration de toutes les composantes du système judiciaire.  Grâce à un processus de dialogue et de compromis politiques, les besoins et aspirations concrets du peuple, et peut-être pour la première fois depuis le conflit, se font entendre plus fortement dans les discours publics que les insinuations du passé. 

Naturellement, a admis le Chef de la MINUK, aucun progrès n’est irréversible.  Mais nous avons toutes les raisons de faire preuve d’un « optimisme prudent » quant à la poursuite de ce processus et à la multiplication de résultats plus tangibles dans l’intérêt de tous. 

M. IVICA DAČIĆ, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a d’emblée souligné la grande importance d’une présence » neutre et intacte » de la MINUK pour la stabilité et la création de conditions favorables à une solution durable à la question du Kosovo-Metohija sur la base de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  La Serbie réitère donc sa « forte opposition » à la réduction de la Mission et de ses activités.  La Serbie, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, « en des termes pratiques », exprime son plein engagement en faveur du dialogue facilité par l’Union européenne.  Outre la formation de la Communauté des municipalités serbes, les questions principales pour la Serbie restent celles des personnes déplacées, de l’Église orthodoxe serbe et du droit de propriété.

Le Vice-Premier Ministre a donc jugé « inacceptable » de voir que Pristina essaye d’être admise dans des organisations internationales en dehors de l’Accord sur la représentation et la coopération régionales.  Le dernier exemple en est la tentative du Kosovo de devenir membre de l’UNESCO et d’Interpol.  Un territoire administré par les Nations Unies en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité n’est pas et ne peut pas être considéré comme un État et à ce titre, être admis dans une organisation internationale.  Si un jour, le problème se fait jour, il fera l’objet de discussions entre Belgrade et Pristina, a tranché le Vice-Premier Ministre.

Il a poursuivi en regrettant que 16 ans après la fin du conflit et malgré une longue présence de la communauté internationale, il n’y a toujours au Kosovo aucune condition favorable à un retour durable et sans encombre des personnes déplacées.  Sur les 200 000 personnes qui ont quitté le Kosovo depuis 1999, seul 1,9% sont revenues alors que la moyenne des retours dans le monde est de 25%.  La Serbie abrite toujours environ 204 000 personnes du Kosovo.  Les conditions nécessaires aux retours sont la sécurité, à savoir la liberté de circulation, la restitution des biens, la protection contre la discrimination, l’accès aux institutions et la promotion de l’indépendance économique.  Au lieu de cela, a dénoncé le Vice-Premier Ministre, nous voyons une situation exacerbée par un climat d’impunité pour des crimes contre les Serbes, comme l’illustre le fait qu’aucune peine n’a jamais été prononcée contre aucun auteur des crimes qui ont envoyé plus de 1 000 Serbes à la mort depuis 1999.  

Le Vice-Premier Ministre s’est aussi inquiété de la désacralisation des monastères serbes, laquelle n’a jamais cessé et laquelle est un moyen d’intimider les Serbes qui sont restés dans la province.  Depuis 1999, 235 églises, monastères et autres monuments ont fait l’objet d’attaques, des attaques qui visent l’identité serbe et qui affecte directement leur sentiment d’acceptation.  Le Vice-Premier Ministre a pointé du doigt un projet de loi sur le patrimoine culturel qui nie à l’Église orthodoxe serbe ses droits de propriété sur les églises et les monastères et consacre le fait que ce patrimoine est celui de « l’État du Kosovo ».  La destruction du patrimoine culturel au Moyen-Orient par l’État islamique est accueillie dans le monde par des cris d’indignation et des condamnations du terrorisme alors que ceux qui détruisent le patrimoine serbe au Kosovo sont reçus chaleureusement aux portes de l’UNESCO « avec une tape sur l’épaule ».

Cela est tout simplement « inacceptable », a dit le Vice-Premier Ministre car après tout, la résolution 1244 est toujours le seul cadre juridique applicable à la question du Kosovo.  « Sinon, Madame la Présidente, que faisons-nous ici? » a demandé M. Dačić à la Présidente du Conseil pour le mois d’août.  Il a dénoncé la fermeture, sans consultation aucune, de la liaison au Kosovo du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  Le Vice-Premier Ministre a aussi parlé de la question des privatisations qui inévitablement conduit à la conclusion que le motif fondamental de ce processus et sa connotation ethnique sont la destruction des ressources économiques des communautés serbes.  Il a dénoncé un projet de loi qui est une violation flagrante de l’Accord technique sur le cadastre. 

M. Dačić a espéré que l’EULEX continuera à assumer son rôle dans le secteur de l’état de droit.  Il a donc dit avoir appris avec inquiétude que cette dernière entend transférer des cas au système judiciaire du Kosovo, soit 500 affaires dont 300 liées à des crimes de guerre parmi lesquelles 270 étaient aux mains de la MINUK.  Cette initiative n’est en aucun cas compatible avec l’intention de la communauté internationale de créer un tribunal spécialisé pour les crimes de guerre commis par l’UCK au Kosovo.  Le processus de réconciliation ne saurait être complet sans la comparution en justice des anciens membres de l’UCK, a prévenu le Vice-Premier Ministre.

M. HASHIM THAÇI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Kosovo, a d’emblée déclaré que le Kosovo vient de vivre certains des défis les plus difficiles de ces dernières années.  Mais ces défis lui ont offert l’occasion de démontrer qu’il est passé d’un pays importateur de ressources en matière de sécurité à un pays exportateur d’initiatives de paix et de stabilité.  Le Parlement vient d’amender la Constitution pour créer un Tribunal spécial chargé de connaître des crimes dénoncés dans le rapport du Conseil de l’Europe.  Il y a 17 ans pourtant, la résistance du peuple kosovar ne pouvait s’apparenter qu’au combat de David contre Goliath.

Le Vice-Premier Ministre a néanmoins prévenu qu’aucun Kosovar et encore moins lui-même n’acceptera que le Tribunal spécial mette sur un pied d’égalité les actes génocidaires commis par Slobodan Milosevic et l’État de Serbie, et les actes perpétrés par des individus désespérés d’appartenir à la communauté des oppressés.  La guerre de la Serbie contre le Kosovo était menée avec l’implication de l’armée, de la police et des unités paramilitaires, et appuyée par les intellectuels serbes.  « C’était purement et simplement du fascisme. »  Le Kosovo ne restera impassible devant une réécriture de son histoire visant à gommer la différence entre le chasseur et sa proie.  Nous protégerons l’héritage de la guerre, notre liberté et notre indépendance, a promis le Vice-Premier Ministre qui a invité les pays de l’Union européenne a signé dès septembre la libéralisation des visas et a appelé tous les membres du Conseil de sécurité à appuyer la pétition signée par plus de 150 000 Kosovars réclamant justice pour les femmes violées pendant la guerre.

Le Kosovo, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, veut devenir membre de l’UNESCO mais il s’est rendu compte que l’ONU ne veut jouer aucun rôle dans cette démarche.  Oui, a-t-il dit, le Kosovo peut devenir membre de l’UNESCO avant de devenir un État Membre de l’ONU si deux-tiers des voix de l’Assemblée générale lui sont favorables.  Nous aurons le verdict en novembre, a annoncé le Vice-Premier Ministre.  En quoi l’adhésion du Kosovo à l’UNESCO compromettrait-il le dialogue en cours avec Belgrade?  Le Kosovo, s’est-il expliqué, est déjà membre de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).  Son adhésion à d’autres organisations internationales ne peut que, contrairement à ce que dit la Serbie, consolider la stabilité et renforcer le dialogue sur la normalisation des relations avec Belgrade.  Ce n’est certainement pas l’isolement du Kosovo qui renforcerait ce dialogue, a ironisé le Vice-Premier Ministre. 

Quant à la protection du patrimoine culturel au Kosovo, bien sûr qu’il est protégé, a-t-il affirmé, en ajoutant « sûrement plus que pendant ce dernier millénaire ».  Ce patrimoine est protégé par un cadre très consolidé et moderne approuvé par l’ancien Envoyé spécial de l’ONU, appuyé par le Secrétaire général de l’ONU et adopté par le Parlement du Kosovo.  Notre police protège 95% des sites de l’Église orthodoxe, a insisté le Vice-Premier Ministre. 

Il s’est dit préoccupé par les méthodes de la Serbie pour barrer l’entrée du Kosovo à l’UNESCO.  La Serbie, a-t-il accusé, convoque « un large front chrétien » contre cette entrée, incitant ainsi au choc des religions avec des relents racistes.  La guerre du Kosovo n’était pas une guerre de religions, c’était un génocide commis par la Serbie qui a détruit des vies dans trois pays et conduit à trois différents conflits armés.  Nous voulons plutôt « un choc des arguments » avec la Serbie sur les mérites de notre candidature à l’UNESCO mais nous refusons les propos inacceptables et indignes qui promeuvent la discorde et l’intolérance religieuse. 

Le Vice-Premier Ministre a dit avoir entendu aujourd’hui des mots très durs de la part de son homologue serbe qui, en campagne électorale, est peut-être obligé de recourir à un langage nationaliste.  Le dialogue avec la Serbie s’est poursuivi et se poursuit pour la normalisation des relations dans le contexte du processus d’intégration à l’Union européenne, a-t-il insisté.  La semaine prochaine, nous nous retrouvons à Bruxelles où nous espérons signer un accord sur une série d’importantes questions dont les télécoms, l’énergie, la barricade dite « Parc de la paix » et l’Association des communautés à majorité serbe.  Cette Association n’aura aucun pouvoir exécutif.  Nous avons largement, a expliqué le Vice-Premier Ministre, décentralisé le niveau municipal de gouvernance et cela sera la base de notre démocratie.  Nous devrions signer cet accord la semaine prochaine avant de trouver les leaders des Balkans occidentaux à Vienne au prochain Sommet organisé dans le contexte du Processus de Berlin.  Mon pays, a dit le Vice-Premier Ministre défendra une nouvelle autoroute qui liera la Serbie à la côte albanaise et monténégrine via le Kosovo. 

Y-a-t-il encore des problèmes au Kosovo, Oui comme il y en a dans chacune des républiques de l’ex-Yougoslavie.  Le Kosovo est-il plus sûr aujourd’hui?  Oui, plus sûr que 80% des capitales européennes selon Interpol.  Le Vice-Premier Ministre a déclaré: nous combattons l’extrémisme, nous coopérons avec la communauté internationale et nous essayons d’édifier une démocratie prospère.  Vous devriez, a-t-il dit aux membres du Conseil de sécurité, être fiers de vous et faire en sorte que le mandat du prochain Représentant spécial soit marqué par des discussions sérieuses sur la manière de transférer les ressources dépensées dans un « Kosovo calme » aux populations du Moyen-Orient ou d’ailleurs là où les menaces existentielles sont bien réelles, a conclu le Vice-Premier Ministre.

M. THOMAS MEEK (Royaume-Uni) a estimé que, compte tenu des progrès, le rythme des réunions du Conseil de sécurité sur le Kosovo devrait être réduit.  Le Conseil ne saurait servir de tribune à des discours nationalistes.  Les progrès sont tangibles et concrets et la situation sécuritaire est stable.  Le représentant a repris certains points du rapport du Secrétaire général pour souligner l’importance qu’il y a à mettre en œuvre l’accord conclu, sous les auspices de l’Union européenne, sur l’intégration de l’appareil judiciaire certes difficile mais nécessaire si le Kosovo veut être un état de droit et lutter contre l’impunité.  Il faut créer un programme de protection des témoins et la juridiction spécialisée doit être opérationnelle le plus rapidement possible.  Le représentant a demandé aux parties de faire davantage d’efforts pour l’intégration européenne, la lutte contre les migrations illégales et contre la violence sexuelle.

M. FRANCISCO JAVIER GASSO MATOSES (Espagne) a appuyé la création de la juridiction spécialisée.  Il s’est dit préoccupé par les incidents du mois de mai en pointant un doigt accusateur vers certains partis politiques dans ces actes.  Pristina, a-t-il tancé, doit faire preuve d’une meilleure volonté politique dans le processus de réconciliation régionale.  Le représentant a salué les avancées du dialogue facilité par l’Union européenne et demandé que l’on continue à honorer les engagements pris.  La situation reste fragile, ce qui explique l’importance du rôle de la MINUK.  Le représentant a appelé toutes les parties à continuer de collaborer étroitement avec la Mission.

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a déclaré que la résolution 1244 reste la base juridique d’un règlement de la situation au Kosovo, respectueux de la souveraineté de la Serbie.  Il a salué les efforts d’intégration judiciaire, la mise en place de nouveaux points de passage le long de la frontière et d’autres progrès encore.  Il a dit la nécessité d’accélérer le retour des personnes déplacées, de garantir la protection du patrimoine culturel et religieux et d’assurer la libre circulation des biens et des personnes.  Même si le rapport du Secrétaire général rend compte d’une légère diminution des incidents dans les sites religieux et culturels, les parties doivent travailler encore pour éviter tout impact négatif sur la cohabitation entre les populations.  Le processus de réconciliation nécessite que se poursuivent les activités de Groupe de travail sur les personnes disparues.  Le représentant a, à son tour, salué la création d’une juridiction spécialisée et l’appui de l’Union européenne pour la conclusion du deuxième pacte sur la primauté du droit.  Il a enfin espéré que la création d’une Commission interministérielle des retours permettra de faire évoluer la question. 

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a salué l’évolution positive de la situation au Kosovo en citant l’amendement constitutionnel sur la juridiction spécialisée.  C’est là, a-t-il commenté, une évolution décisive vers la réconciliation.  « L’échange d’aujourd’hui aurait été beaucoup plus productif si l’on n’était pas revenu à des discours nationalistes », a regretté le représentant qui a appelé les parties à jeter des ponts entre les communautés, en citant l’exemple de la Conférence interconfessionnelle de Pristina.  Il a salué le rôle essentiel de la MINUK dans la promotion de la stabilité et de l’état de droit au Kosovo.  

M. BANTÉ MANGARAL (Tchad) a pris note, avec satisfaction, des progrès enregistrés au Kosovo et a encouragé la poursuite des négociations techniques et politiques de haut niveau entre Belgrade et Pristina sous les auspices de l’Union européenne, visant à sceller des liens pérennes entre les deux parties.  La signature, le 14 mai, du deuxième pacte relatif à l’état de droit au Kosovo permettra d’avancer sur les questions de la responsabilité, la corruption, les crimes interethniques, la criminalité organisée, la problématique hommes-femmes, l’inclusion ethnique et le renforcement du système de protection des témoins au Kosovo ainsi que les litiges fonciers en suspens.  Face aux défis transnationaux, en particulier du fait de la radicalisation des jeunes et de l’extrémisme violent, le représentant a encouragé les autorités kosovares dans leur lutte contre les facteurs socioéconomiques susceptibles de favoriser les activités de recrutement de groupes radicaux.

Il a estimé que le travail de justice pour la réconciliation et le renforcement de la confiance au sein des communautés et des sociétés de la région reste un objectif prioritaire.  Il a salué l’adoption, le 3 août dernier par l’Assemblée du Kosovo, des amendements constitutionnels visant l’établissement d’une juridiction spécialisée.  Dans le domaine de la coopération régionale, des pas importants ont été franchis, en termes de sécurité et de promotion de la réconciliation, a constaté le représentant qui a déploré et condamné les actes de violence, notamment les affrontements survenus les 9 et 10 mai à Kumanovo en Macédoine, ayant occasionné la mort de 8 policiers et 37 blessés.

M. RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a réitéré l’appui de sa délégation aux efforts continus de l’Union européenne visant à faciliter le dialogue entre les autorités à Belgrade et celles à Pristina.  Des étapes concrètes ont été prises dans la mise en œuvre de l’accord du 19 avril sur les principes de normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, y compris l’intégration de la protection juridique et civile des personnes.  Des questions sur l’énergie, les télécommunications, la création d’associations ou de communautés dans les municipalités à majorité serbe au Kosovo et la liberté de mouvement sur le pont de Mitrovica continuent de faire l’objet de discussions dans le cadre de ce dialogue.  Le représentant a aussi réitéré l’appui de sa délégation aux efforts d’intégration européenne entrepris par le Kosovo et la Serbie.

La voie vers l’intégration exige la mise en œuvre effective des réformes.  L’Union européenne est engagée depuis longtemps à appuyer les efforts des pays de la région.  « Nous espérons une signature rapide de l’Accord de stabilisation et d’association de l’Union européenne avec le Kosovo », a-t-il ajouté.  Cet Accord devrait renforcer les relations entre le Kosovo et l’Union européenne et continuer de fournir un cadre solide pour les nécessaires réformes sociales et économiques.  Le délégué a salué les mesures prises par les autorités kosovares pour combattre l’extrémisme violent.  Ces efforts, a-t-il dit, pourraient être soutenus par le biais d’une coopération renforcée avec les pays de la région.  Avant de conclure, le représentant a reconnu les progrès réalisés dans la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina et la stabilité au Kosovo.  Ces progrès devraient conduire, a-t-il estimé, à réduire la fréquence des débats du Conseil de sécurité sur la MINUK.   

M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a salué, à son tour, l’évolution positive de la situation au Kosovo en citant aussi l’adoption de l’amendement constitutionnel sur la juridiction spécialisée.  Il a encouragé toutes les initiatives visant à protéger la minorité serbe et son patrimoine culturel et religieux.  Il a appelé les autorités kosovares à déférer en justice tous ceux qui commettent des crimes contre les minorités et portent atteinte à ce patrimoine culturel.  Il a dit la nécessité de progresser dans le règlement des différends liés au cadastre, aux disparues et au retour des déplacés.  Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, a insisté le représentant, c’est que toutes les parties acceptent de tourner définitivement la page du conflit ethnique et mettent en œuvre un partenariat de sécurité et de développement dans les Balkans. 

M. WANG MIN (Chine) a dit comprendre les inquiétudes légitimes de la Serbie.  Il a salué les efforts du Gouvernement serbe pour trouver une solution politique et s’est félicité que Belgrade et Pristina continuent leur dialogue de haut niveau.  Il s’agit, a insisté le représentant, de protéger les intérêts légitimes de toutes les communautés au Kosovo.  Il a salué le travail réalisé de la MINUK, d’EULEX et de la KFOR et les a invités à renforcer leur coordination pour parvenir à une solution acceptable par tous au Kosovo.  

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a dit que la création d’une juridiction spécialisée est nécessaire pour faire avancer la justice et le droit notamment la lutte contre l’impunité à laquelle toutes les autorités doivent participer.  Il a souligné le rôle central de la MINUK pour la stabilité de la région, pour le respect des droits de l’homme et entre les communautés, conditions essentielles de la réconciliation.  Le représentant a parlé des réparations pour les plaintes déposées contre la MINUK s’agissant des violations des droits de l’homme qui auraient été commises de juin 1999 à février 2008.   

M. ALEXIS LAMEK (France) a salué l’adoption par le Parlement kosovar des amendements constitutionnels permettant l’établissement des chambres spécialisées afin que toute la lumière puisse être faite sur les accusations de crimes de guerre contenues dans le rapport Marty, présenté au Conseil de l’Europe en 2011 et instruites par la « Special Investigation Task Force ».  Il a jugé important que cette décision courageuse du Parlement kosovar soit suivie de tous ses effets en estimant que la résolution de cette question est cruciale pour montrer l’engagement du Kosovo dans la lutte contre l’impunité et constitue un marqueur essentiel du processus de normalisation de ses relations avec la Serbie, essentiel notamment dans le cadre du rapprochement européen.

Le représentant a jugé que la mise en place d’une union des municipalités serbes du Kosovo, essentielle pour l’avenir des populations serbes du Kosovo, était un dossier symbolique.  Il a estimé que le statut unitaire du Kosovo ne sera nullement remis en cause par la création d’une telle structure.  Cette mesure ne peut souffrir de retard supplémentaire, alors que deux ans déjà ont passé depuis l’accord du 19 avril 2013.  Nous attendons des autorités de Pristina qu’elles redoublent d’efforts pour enfin concrétiser ce volet essentiel de la réconciliation avec Belgrade.

Ces deux processus sont indissociables pour renforcer la confiance de l’ensemble de la population dans le cadre institutionnel kosovar.  Il a salué les progrès progressifs dans le cadre du dialogue politique entre le Kosovo et la Serbie, engagé sous les auspices de l’Union européenne.  Il a exhorté les parties à maintenir des échanges tournés vers l’avenir, pour construire sur le long terme d’authentiques relations de bon voisinage. 

Rappelant que l’avenir du Kosovo passait par la consolidation de l’état de droit, le représentant a réitéré son soutien à EULEX.  Nous appelons à ce titre la Serbie à s’investir pleinement dans le mécanisme d’« assistance juridique mutuelle », dans un esprit de coopération active.  Nous appelons aussi les autorités kosovares qui aspirent à devenir membre de l’UNESCO à garantir la protection des sites religieux, notamment du monastère de Visoki Decani.  Il s’agit d’une exigence tout à fait « fondamentale ».  Le représentant a félicité la Serbie pour ses efforts importants pour se rapprocher de l’Union européenne, que ce soit par des réformes internes qu’elle a engagées ou par l’amélioration de ses relations avec son voisinage.  Il a espéré que la Serbie intégrera l’UE dès que possible, quand les conditions seront remplies.  « Nous soutenons la volonté du Kosovo de suivre le même chemin tout aussi nécessaire pour l’avenir du pays », a dit M. Stehelin.

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a dit que malgré la tonalité entendue aujourd’hui au Conseil, il faut plutôt voir la main tendue par les deux parties.  Les élans nationalistes n’ont pas lieu d’être au Conseil de sécurité, a-t-il néanmoins prévenu.  Les États-Unis restent attachés à la justice s’agissant des crimes commis dans les Balkans et le Kosovo doit répondre aux accusations sur les crimes commis en 1998 et 2000.  La meilleure façon d’y parvenir est d’établir les responsabilités individuelles.  À cet égard, il a souligné l’importance de la juridiction spécialisée.  Les crimes ont été répertoriés et ils doivent faire l’objet d’enquête pour que justice soit rendue, a-t-il insisté.  Il a mis l’accent sur l’importance de l’engagement du Kosovo aux valeurs des droits de l’homme, de démocratie et d’état de droit.  En ce qui concerne les autres questions en suspens, le représentant a demandé aux parties de trouver un accord pour améliorer la vie quotidienne des populations de la région.  Il a apporté son appui à la candidature du Kosovo à Interpol et à l’UNESCO car, a-t-il dit, « isoler le Kosovo ne ferait qu’handicaper nos efforts collectifs ».

M. VLADIMIR SAFRONKOV (Fédération de Russie) a estimé que la déclaration de M. Hashim Thaçi confirme la persistance de problèmes sérieux au Kosovo qui résultent des blessures des conflits récents dans les Balkans.  Les Balkans continuent d’être confrontés à de nombreux défis dont la montée de l’extrémisme islamiste et le taux de chômage des jeunes qui atteint 55%.  Il a jugé important de ne pas baisser la garde face aux conséquences des conflits qui ont ravagé le territoire de l’ex-Yougoslavie.  Il a rappelé que des centaines de milliers de personnes déplacées ne sont toujours pas retournées chez elles.       

Le représentant s’est inquiété des affrontements du mois de mai et a cité « les graves lacunes et défis transnationaux, en particulier du fait de la radicalisation des jeunes et de l’extrémisme violent ».  Nous devons, a-t-il dit, continuer à tout faire pour punir, de manière objective et sans deux poids deux mesures, les responsables des crimes graves perpétrés au Kosovo.  Il s’est félicité que Pristina se soit enfin résolu à une juridiction spécialisée.  Concernant le dialogue entre Belgrade et Pristina sous les auspices de l’Union européenne, le représentant s’est dit très préoccupé par le fait que l’Association des municipalités à majorité serbe n’ait toujours pas fait l’objet d’un accord.  Il s’est aussi dit très inquiet de la persistance du différend relatif aux droits de propriété sur les terres situées au sein et en dehors des zones spécialement protégées du monastère de Visoki Dečan.  Il a regretté la décision d’un tribunal de casser les jugements antérieurs de 2012 en rappelant que la MINUK a regretté le caractère irrégulier et politique de cette décision judiciaire. 

Le représentant a souligné que la résolution 1244 ne prévoit pas de formations armées au Kosovo autre que la présence internationale et celle convenue d’un certain nombre de militaires serbes.  La résolution 1244 doit rester en vigueur, car elle est une base « contraignante » du droit international pour régler la question du Kosovo, a tranché le représentant.

Mme CHARLOTTE DARLOW (Nouvelle-Zélande) s’est réjouie de constater que l’Assemblée du Kosovo ait approuvé récemment un amendement constitutionnel pour créer un tribunal spécial.  Cela démontre, a-t-elle dit, un engagement important en faveur non seulement de la justice et de la reddition de comptes, mais également, à long terme, en faveur de la réconciliation.  La décision de l’Assemblée du Kosovo, même si ce n’est qu’une première étape, vise à faire face aux graves allégations qui sont faites.  Il reste encore beaucoup à faire avant que le tribunal spécial et son bureau du procureur ne soient établis et puissent entrer en fonctions.  C’est pourquoi, elle a exhorté toutes les parties concernées à saisir cette occasion pour prendre les mesures qui s’imposent et faire avancer ce processus le plus rapidement possible.

Concernant la situation politique, la Nouvelle-Zélande se félicite de l’engagement de haut niveau pris par les autorités à Belgrade et à Pristina dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne, a indiqué la représentante, qui a encouragé les deux parties à utiliser ce dialogue de manière constructive.  Plus de progrès sont réalisés pour normaliser les relations, a-t-elle estimé, plus de souplesse de la part des dirigeants sera nécessaire pour régler les questions en suspens au nord du Kosovo.  La coopération, comme l’ont démontré les maires de Mitrovica-Nord et de Mitrovica-Sud, a largement contribué à ce processus.  Sa délégation encourage les deux parties à faire des progrès sur les autres questions identifiées dans le rapport du Secrétaire général, y compris en ce qui concerne la protection des sites culturels et religieux, la question des personnes déplacées et celle des personnes disparues.  Avant de conclure, Mme Darlow a réitéré la position exprimée par la Nouvelle-Zélande lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Kosovo concernant l’organisation des travaux du Conseil.  Elle a fait remarquer qu’il est important pour le Conseil de sécurité d’entendre ceux qui sont affectés par ses décisions, il faudrait également faire preuve de souplesse sur la manière dont le Conseil suit la situation au Kosovo afin que cela puisse refléter de manière appropriée la situation sur le terrain.

M. FIDEL CASIMIRO (Angola) a réitéré le fait que la résolution 1244 (1999) reste le cadre pour traiter de la question du Kosovo.  Il a fermement appuyé l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale de la Serbie, déclarant « comprendre » la position de cette dernière.  Il a dit espérer l’assainissement de l’environnement politique et l’opérationnalisation de la juridiction spécialisée.  Le représentant a fait part de sa préoccupation s’agissant de la radicalisation des jeunes kosovars et demandé aux autorités de s’occuper de la situation.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria) s’est dite encouragée par la poursuite du dialogue entre le Kosovo et la Serbie.  Elle a cependant dit craindre un recul dans les relations entre les communautés si les parties ne trouvent pas un compromis sur les questions en suspens.  Elle a souligné devant elles la nécessité de faire preuve de souplesse et de rester engagées dans le processus.  La représentante a insisté sur le lien « inextricable » entre justice et réconciliation.  Elle a salué les initiatives sur la juridiction spécialisée avant de souligner le rôle de la MINUK pour la stabilité de la région.  « La MINUK est le pont et le constructeur du pont entre les deux communautés », a-t-elle conclu. 

Reprenant la parole, le Premier Vice-Premier Ministre de la Serbie a regretté que certaines délégations aient qualifié de « rhétorique nationaliste » les inquiétudes qu’il a exprimées au sujet de la destruction d’un patrimoine culturel et religieux datant du XIIe, XIIIe et XIVe siècle.  Il a regretté que son homologue du Kosovo n’ait su répondre que par « génocide, fascisme et racisme » aux inquiétudes légitimes des Serbes.  Il a rappelé aux délégations française et américaine que les Serbes ont combattu à leurs côtés contre le fascisme durant la Deuxième Guerre mondiale.  Aux États-Unis, qui appellent les États à reconnaître l’indépendance du Kosovo, il a demandé pourquoi ils ne lançaient pas le même appel pour l’indépendance de la Palestine.  Le Vice-Premier Ministre a dénoncé cette politique de deux poids deux mesures, en assurant néanmoins de la volonté de son pays de trouver une solution pérenne à la situation au Kosovo. 

« La guerre est terminée et l’indépendance est reconnue par 111 États et dans quelques jours, nous allons signer un accord de démarcation de notre frontière commune avec le Monténégro », a répondu le Vice-Premier Ministre du Kosovo qui a insisté sur le fait que le Kosovo est sur la voie de son intégration à l’Union européenne et à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 31 août 2016 le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban

7509e séance – matin
CS/12019

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 31 août 2016 le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, à l’unanimité de ses 15 membres, la résolution 2236 (2015) qui proroge jusqu’au 31 août 2016 le mandat actuel de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Le Conseil a suivi ainsi les recommandations du Secrétaire général* qui souligne que la FINUL continue de jouer un rôle crucial en assurant tant la paix et la stabilité au Sud-Liban que le plein respect de la Ligne bleue aussi bien de la part du Liban que d’Israël.

Dans sa résolution, le Conseil demande à la FINUL et à l’armée libanaise de coopérer encore plus et que l’appui international apporté à cette armée s’intensifie, en particulier pour la lutte antiterroriste et la protection des frontières. 

Le Conseil engage le Gouvernement israélien à procéder sans plus tarder au retrait de son armée de la partie nord de Ghajar, en coordination avec la FINUL, qui a activement collaboré avec Israël et le Liban pour faciliter ce retrait.  Il demande à nouveau à tous les États d’appuyer et de respecter pleinement l’instauration, entre la Ligne bleue et le Litani, d’une zone d’exclusion de tous le personnel armé, biens et armes autres que ceux du Gouvernement libanais et de la FINUL.

Au 15 juillet 2015, les effectifs militaires de la FINUL s’établissaient à 10 501 soldats au total, et la composante civile à 260 membres recrutés sur le plan international et 585 sur le plan national.

* S/2015/598

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Texte du projet de résolution S/2015/652

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions précédentes concernant le Liban, en particulier les résolutions 425 (1978), 426 (1978), 1559 (2004), 1680 (2006), 1701 (2006), 1773 (2007), 1832 (2008), 1884 (2009), 1937 (2010), 2004 (2011), 2064 (2012), 2115 (2013) et 2172 (2014), les déclarations de son président concernant la situation au Liban, en particulier celle du 19 mars 2015, et sa déclaration à la presse en date du 4 février 2015,

Répondant à la demande formulée par le Gouvernement libanais dans la lettre que le Ministre libanais des affaires étrangères a adressée au Secrétaire général le 14 juillet 2015, tendant à ce que le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) soit prorogé, sans modification, pour une nouvelle période d’un an, et accueillant avec satisfaction la lettre que le Secrétaire général a adressée à la Présidente du Conseil le 5 août 2015 (S/2015/598) pour recommander cette prorogation,

Réaffirmant son ferme attachement à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban,

Réaffirmant son attachement à l’application intégrale de toutes les dispositions de la résolution 1701 (2006) et conscient de la responsabilité qui lui incombe d’aider à parvenir à un cessez-le-feu permanent et à une solution à long terme du conflit, comme l’envisage ladite résolution,

Demandant à toutes les parties concernées de redoubler d’efforts pour appliquer intégralement sans plus tarder toutes les dispositions de la résolution 1701 (2006),

Exprimant la vive préoccupation que lui inspirent toutes les violations liées à la résolution 1701 (2006), en particulier la grave rupture de la cessation des hostilités qui s’est produite le 28 janvier 2015, et comptant que l’enquête de la FINUL sera rapidement achevée, l’objectif étant que de telles violations ne se reproduisent plus,

Soulignant que ces événements risquent de déclencher un nouveau conflit, que ni les parties ni la région ne peuvent se permettre,

Exhortant toutes les parties à n’épargner aucun effort pour prolonger la cessation des hostilités, à faire preuve du plus grand calme et de la plus grande retenue, et à s’abstenir de tout acte ou discours susceptible de compromettre la cessation des hostilités ou de déstabiliser la région,

Soulignant qu’il importe que l’interdiction de la vente et de la fourniture d’armes et de matériels connexes imposée par la résolution 1701 (2006) soit strictement respectée,

Rappelant qu’il est extrêmement important que toutes les parties concernées respectent la Ligne bleue dans sa totalité, se félicitant que les progrès se poursuivent dans le marquage de la Ligne bleue, et encourageant les parties à redoubler d’efforts, en coopération avec la FINUL, notamment par l’intermédiaire du mécanisme tripartite, pour continuer à s’employer à marquer la Ligne bleue de façon visible sur toute sa longueur et progresser dans la matérialisation des points litigieux, comme le recommande le bilan stratégique,

Condamnant dans les termes les plus vifs toutes les tentatives d’atteinte à la sécurité et à la stabilité du Liban,

Réaffirmant qu’il est déterminé à ce que de tels actes d’intimidation n’empêchent pas la FINUL de s’acquitter de son mandat conformément à sa résolution 1701 (2006), et rappelant à toutes les parties qu’elles sont tenues de garantir la sécurité des soldats de la paix et de faire en sorte que la FINUL jouisse d’une liberté de circulation complète et sans entrave,

Rappelant les principes pertinents énoncés dans la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé,

Rendant hommage au dynamisme et au dévouement du personnel de la FINUL, exprimant sa vive gratitude aux États Membres qui apportent leur contribution à la FINUL, et soulignant qu’il faut impérativement doter celle-ci de tout le matériel et de tous les moyens nécessaires à l’exécution de son mandat,

Rappelant la demande du Gouvernement libanais tendant à ce qu’une force internationale soit déployée pour l’aider à exercer son autorité sur l’ensemble du territoire, et réaffirmant que la FINUL est autorisée à prendre toutes mesures nécessaires dans les secteurs où opèrent ses forces et, quand elle le juge possible dans les limites de ses capacités, à veiller à ce que son théâtre d’opérations ne soit pas utilisé pour des activités hostiles de quelque nature que ce soit, et à résister à toute tentative visant à l’empêcher par la force de s’acquitter de son mandat,

Saluant le rôle crucial que jouent l’armée et les services de sécurité libanais pour ce qui est d’étendre et de maintenir l’autorité du Gouvernement libanais, en particulier dans le sud du Liban, et de répondre aux autres problèmes de sécurité, y compris la menace que fait peser le terrorisme, et l’engagement résolu de la communauté internationale à appuyer l’armée libanaise, contribuant ainsi à ce que l’armée soit mieux à même d’assurer la sécurité au Liban,

Se félicitant des efforts que déploie le Secrétaire général pour suivre de près toutes les activités de maintien de la paix, y compris celles de la FINUL, et soulignant qu’il est nécessaire que lui-même adopte une approche rigoureuse et stratégique en ce qui concerne le déploiement des missions de maintien de la paix,

Exprimant son soutien sans réserve aux priorités stratégiques et aux recommandations formulées par le Secrétaire général dans sa lettre du 12 mars 2012 (S/2012/151) à l’issue du bilan stratégique de la FINUL, et priant le Secrétaire général de continuer à le tenir informé de la suite donnée à ce bilan,

Appelant les États membres à fournir au besoin une assistance à l’armée libanaise en la dotant des moyens nécessaires pour s’acquitter de sa mission, conformément à la résolution 1701 (2006),

Constatant que la situation au Liban continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 31 août 2016 le mandat actuel de la FINUL;

2.    Salue le rôle positif de la FINUL, dont le déploiement avec l’armée libanaise a contribué à créer un nouvel environnement stratégique dans le sud du Liban, se félicite que la FINUL et l’armée libanaise coordonnent davantage leurs activités, et demande à celles-ci de coopérer encore plus;

3.    Se félicite à cet égard que la FINUL et l’armée libanaise poursuivent le dialogue stratégique ayant pour but d’analyser les forces terrestres et les moyens maritimes et de définir une série de critères reflétant la corrélation entre les capacités et responsabilités de la FINUL par rapport à celles de l’armée libanaise afin de déterminer ce dont cette dernière a besoin pour mener à bien les tâches prescrites dans la résolution 1701 (2006);

4.    Demande instamment à cet égard que l’appui international apporté à l’armée libanaise s’intensifie, aux fins de l’exécution de son plan de développement des capacités et dans le contexte du Groupe international d’appui au Liban, sous la forme d’une assistance supplémentaire et rapide dans les domaines où l’armée libanaise a le plus cruellement besoin de soutien, en particulier la lutte antiterroriste et la protection des frontières;

5.    Demande instamment à toutes les parties intéressées de respecter la cessation des hostilités, de prévenir toute violation de la Ligne bleue et de respecter celle-ci dans sa totalité, et de coopérer pleinement avec l’ONU et avec la FINUL;

6.    Salue le rôle constructif joué par le mécanisme tripartite pour faciliter la coordination et désamorcer les tensions, ce qui a aidé à stabiliser davantage la situation le long de la Ligne bleue et à instaurer la confiance entre les parties, et exprime à cet égard son ferme appui à la FINUL dans l’action qu’elle mène auprès des deux parties pour faciliter la mise en place de dispositifs de liaison et de coordination et l’établissement de dispositifs pratiques sur le terrain et pour continuer de veiller à ce que le mécanisme tripartite permette aux parties d’examiner un éventail de questions plus large;

7.    Demande instamment à toutes les parties d’honorer scrupuleusement l’obligation qu’elles ont de respecter la sécurité du personnel de la FINUL et des autres membres du personnel des Nations Unies et de veiller à ce que la liberté de circulation de la FINUL soit pleinement respectée et exempte d’entrave, conformément à son mandat et à ses règles d’engagement, notamment en évitant toute conduite qui mette en danger le personnel des Nations Unies, demande à cet égard que la FINUL et l’armée libanaise continuent de coopérer, surtout en menant des patrouilles coordonnées et adjacentes, salue la détermination des autorités libanaises à protéger le personnel de la FINUL lors de ses déplacements et demande à nouveau que l’enquête ouverte par le Liban sur les attentats du 27 mai, du 26 juillet et du 9 décembre 2011 soit rapidement menée à bien afin que les auteurs soient traduits en justice;

8.    Prie instamment toutes les parties de coopérer pleinement avec lui et avec le Secrétaire général à la réalisation de progrès tangibles vers un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme, comme le prévoit la résolution 1701 (2006), ainsi qu’au règlement de toutes les questions laissées en suspens dans l’application de ses résolutions 1701 (2006), 1680 (2006) et 1559 (2004) et de ses autres résolutions pertinentes;

9.    Engage le Gouvernement israélien à procéder sans plus tarder au retrait de son armée de la partie nord de Ghajar, en coordination avec la FINUL, qui a activement collaboré avec Israël et le Liban pour faciliter ce retrait;

10.   Demande à nouveau à tous les États d’appuyer et de respecter pleinement l’instauration, entre la Ligne bleue et le Litani, d’une zone d’exclusion de tous personnel armé, biens et armes autres que ceux du Gouvernement libanais et de la FINUL;

11.   Se félicite des dispositions que prend la FINUL pour appliquer la politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles décidée par le Secrétaire général et pour faire intégralement respecter le code de conduite de l’ONU par son personnel, prie le Secrétaire général de continuer à faire tout le nécessaire en ce sens et de le tenir informé, et engage vivement les pays qui fournissent des contingents à prendre des mesures préventives et disciplinaires pour que les actes de ce type fassent l’objet d’enquêtes en bonne et due forme et soient dûment sanctionnés toutes les fois que leur personnel serait en cause;

12.   Prie le Secrétaire général de continuer à lui faire rapport sur l’application de la résolution 1701 (2006) tous les quatre mois, ou toutes les fois qu’il le jugera nécessaire;

13.   Souligne combien il est important et nécessaire de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur le fondement de toutes ses résolutions pertinentes, notamment ses résolutions 242 (1967) du 22 novembre 1967, 338 (1973) du 22 octobre 1973, 1515 (2003) du 19 novembre 2003 et 1850 (2008) du 16 décembre 2008;

14.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réfléchit à la manière d’améliorer l’appui de l’ONU à la réforme « éminemment politique » du secteur de la sécurité dans les pays postconflit

7508e séance – matin
CS/12017

Le Conseil de sécurité réfléchit à la manière d’améliorer l’appui de l’ONU à la réforme « éminemment politique » du secteur de la sécurité dans les pays postconflit

Depuis la résolution inédite 2151 (2014), l’ONU a-t-elle réellement amélioré son appui aux efforts nationaux de réforme du secteur de la sécurité?  C’est ce qu’a demandé aujourd’hui à ses collègues la Représentant permanente du Nigéria et Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’août, Mme Joy Ogwu, touchant là une question « éminemment politique », selon les mots du délégué de l’Espagne.  Au cours des 16 derniers mois, le Conseil a adopté pas moins de 20 résolutions portant sur des pays particuliers, confiant à 10 opérations de paix de l’ONU le mandat d’accomplir des tâches d’une diversité croissante liées à cette réforme*.

La réforme du secteur de la sécurité, a expliqué le représentant de la France, est un processus au moins autant politique que technique.  Ses objectifs, qui sont la reconstitution des forces armées et des forces de sécurité intérieures ainsi que de la justice et de l’administration pénitentiaire, touchent aux fonctions régaliennes fondamentales de l’État.  Sa finalité, qui est de restaurer une chaine de commandement rétablissant un sentiment de sécurité, d’appartenance et de confiance dans l’État, en plaçant en son cœur la protection des civils et le respect des droits de l’homme, correspond aux exigences démocratiques fondamentales.  Les missions des Nations Unies doivent donc disposer de moyens adéquats, c’est-à-dire de moyens adaptés à la phase de la crise, et c’est ce que le Conseil de sécurité tente de refléter dans son approche des mandats.

Cette réforme ne peut être réalisée sans le consentement des pays hôtes, a souligné le Sous-Secrétaire général pour l’état de droit et les institutions de sécurité.  Personne ne peut imposer ni importer un système de sécurité, a dit avoir constaté M. Dmitry Titov.  Les maître-mots sont appropriation, leadership et responsabilité au niveau national, a renchéri la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la violence sexuelle en temps de conflit.  Le rôle de l’ONU doit se limite strictement à un rôle d’appui et en l’occurrence, l’expertise du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a été vantée par son Administratrice assistante, Mme Izumi Nakamitsu.   

Admettant en effet que l’ONU se heurte à des situations difficiles quand les autorités nationales ne s’engagent pas aussi fermement dans la réforme que les résolutions les y invitent, le représentant français a prôné le dialogue permanent et inclusif entre ces autorités, les entités de l’ONU en charge de la réforme et la société civile, lequel dialogue est un des éléments « indispensables » au succès du processus.  Nous devons, a reconnu son homologue britannique, apprendre à collaborer avec des institutions qui ne sont pas toujours des références en matière de redevabilité et de transparence.  Les gouvernements concernés doivent faire preuve de courage et savoir que les solutions qu’ils s’approprieront seront toujours plus efficaces que celles imposées de l’extérieur.

Avec d’autres, il s’est félicité de l’idée avancée par le Département des opérations de maintien de la paix de demander au pays hôte et à l’ONU de se mettre d’accord sur un « pacte » qui faciliterait ainsi la mise en œuvre de la réforme et l’allocation durable des ressources, en fonction du degré d’engagement national.  Une telle initiative est à saluer dans une réforme dont les difficultés tiennent à la mauvaise compréhension du contexte national, à l’absence ou l’insuffisance des ressources et au faible engagement des autorités, a estimé le représentant du Tchad.  Si les efforts nationaux s’affaiblissent, l’ONU pourra toujours invoquer le « pacte » pour rappeler le pays hôte à ses responsabilités, a acquiescé le représentant des États-Unis.

Mais avec la multiplication des acteurs, a tempéré la Représentante du Nigéria, il est impératif de déterminer clairement le rôle des uns et des autres et de répartir judicieusement les tâches.  L’effort de l’ONU doit être un effort « séquencé », adapté à la phase de la crise, centré sur quelques priorités initiales et en étroite relation avec la multiplicité des acteurs internationaux dont l’Union européenne, a insisté, à son tour le représentant de la France qui a réitéré son appel à ce que les représentants spéciaux du Secrétaire général détaillent encore mieux ces processus lors des différents briefings avec le Conseil de sécurité. 

Une de ces Représentantes spéciales, Mme Bangura a d’ailleurs fait quatre recommandations.  La collaboratrice de M. Ban Ki-moon, chargée de la violence sexuelle en temps de conflit s’est attardée sur « le nexus vital » entre la violence sexuelle et une réforme du secteur de la sécurité dysfonctionnelle ou un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) incomplet.  Elle a prôné le renforcement du rôle des institutions de sécurité dans la prévention de la violence sexuelle par une intégration de la question dans les processus de réforme du secteur de la sécurité.  Cette prévention, a-t-elle dit ensuite, doit être considérée comme un critère de succès des programmes de réforme et être incluse dans les évaluations.  Il faut aussi aider les institutions nationales de sécurité à renforcer leurs capacités de prévention et garantir une représentation proportionnelle des femmes dans ces institutions, comme élément fondamental de la mise en place de forces de sécurité propres à respecter et protéger les femmes et les enfants, en temps de guerre comme en temps de paix. 

* S/2015/614

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Le renforcement de l’action du Conseil de sécurité au service de la réforme du secteur de la sécurité: pour une pleine application de la résolution 2151 (2014)

Déclarations

M. DMITRY TITOV, Sous-Secrétaire général pour l’état de droit et les institutions de sécurité, a rappelé que, l’année dernière, le Secrétaire général avait déclaré: « l’objectif de la réforme du secteur de la sécurité vise à rendre la vie des gens plus sûre ».  On ne peut que soutenir cette position.  Des militaires et des policiers bien formés, bien encadrés et bien préparés représentent, a souligné M. Titov, la meilleure défense d’un pays contre la violence et l’instabilité qui menacent à la fois la population et les biens.  Pour le Département des opérations de maintien de la paix, le Conseil a raison de faire plus pour renforcer les institutions légitimes et la gouvernance, non seulement pour rompre les cycles de violence, mais également pour assurer la sécurité des citoyens, la justice et la croissance économique.  Selon l’index 2015 de Foreign Policy, les cinq pays les plus fragiles -Soudan du Sud, Somalie, République centrafricaine, Soudan et République démocratique du Congo– montrent combien le secteur de la sécurité d’un pays est étroitement lié à la fois à la perception de la légitimité de l’État et aux progrès dans les domaines politique, économique et social.  C’est pourquoi, le Département des opérations de maintien de la paix estime que, compte tenu des circonstances particulières, la gestion du secteur de la sécurité et la professionnalisation des militaires et de la police devraient être au cœur des mandats et des activités des opérations de maintien de la paix.  Toutefois, a-t-il fait remarquer, la réforme du secteur de la sécurité ne peut être réalisée que si les pays hôtes y consentent.  Personne ne peut imposer, ni importer un système de sécurité, a-t-il insisté, en précisant que les Nations Unies ne peuvent qu’appuyer les efforts entrepris par les pays concernés.  

Les Nations Unies considèrent la réforme du secteur de la sécurité comme étant un processus politique, a indiqué M. Titov.  Comme cela a été démontré dans le cadre de diverses missions des Nations Unies, la gestion du secteur de la sécurité ne peut être très efficace que si elle est engagée dans le cadre de réformes plus vastes.  Au Mali, la MINUSMA a fourni une expertise technique pendant l’élaboration de l’Accord de paix récemment signé.  Elle aide maintenant les autorités maliennes dans l’intégration de groupes armés dans les forces nationales de sécurité et à réviser le décret présidentiel sur le Conseil national de la réforme du secteur de la sécurité.  En République centrafricaine, a-t-il ajouté, la MINUSCA a assisté le Gouvernement dans la rédaction du projet de constitution qui prévoit maintenant des dispositions sur la défense et la sécurité.  Pour sa part, la communauté internationale doit axer les efforts sur la nécessité d’intégrer d’autres aspects que la simple défense, à savoir la justice et les services pénitentiaires, les services de l’ordre public et la gestion des frontières.  En Somalie, la Mission des Nations Unies et le Gouvernement somalien examinent actuellement la mise en place du secteur de justice et de sécurité afin d’assurer une architecture de la sécurité durable dans le pays.  Les Nations Unies assurent un appui multidimensionnel similaire en Guinée-Bissau, a assuré M. Titov, en rappelant que le Département des affaires politiques avait informé le Conseil de sécurité de la situation politique dans le pays, vendredi dernier.

Dans l’esprit d’une appropriation nationale, les Nations Unies appuient les gouvernements dans leurs efforts visant à établir des plans et à faire participer des partenaires internationaux, a indiqué le Sous-Secrétaire général, en citant le plan de transition en matière de sécurité au Libéria où la MINUL a formé près de 3 000 officiers de police.  En Haïti, l’appui apporté à la Police nationale par la MINUSTAH a permis de certifier 1 221 officiers de police supplémentaires.  Aujourd’hui, la Police nationale haïtienne, grâce à l’appui des Nations Unies et de donateurs, dispose de 14 000 officiers de police et de 200 officiers des services pénitentiaires.  L’édification de secteurs de la sécurité solides et démocratiques permet aux Nations Unies de jouer son rôle dans des domaines clefs comme la protection des civils ou la prévention de la violence sexuelle.  En RDC, par exemple, a rappelé M. Titov, la Police des Nations Unies déployée aux côtés de la Police nationale congolaise, assiste dans la protection des civils à Béni, où les groupes armés ont lancé des attaques meurtrières contre la population.  La MONUSCO gère également le Programme d’appui en matière de poursuites qui aide la justice militaire à réduire l’impunité et à faire face aux violences sexuelles commises pendant le conflit.  D’autres efforts sont entrepris en coopération avec les partenaires régionaux comme l’Union africaine, ce qui a permis d’adopter le cadre de politique de cette organisation en matière de réforme du secteur de la sécurité, a-t-il également indiqué avant de conclure.

Mme ZAINAB HAWA BANGURA, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a mis l’accent sur le « nexus vital » entre la violence sexuelle et une réforme du secteur de la sécurité dysfonctionnelle ou un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) incomplet.  Nous savons, a-t-elle poursuivi, qu’un certain nombre de policiers et de soldats sont parmi les auteurs de violence sexuelle dans les zones de conflit.  C’est pourquoi, nous avons encouragé les autorités nationales à répondre à cette question de manière appropriée et c’est pourquoi nous les aidons dans le processus visant à renforcer leurs capacités institutionnelles de contrôle et à garantir la responsabilisation dans les forces de sécurité. 

Le point de départ, a insisté la Représentante spéciale, est l’appropriation nationale, le leadership et la responsabilité.  Je fais donc tout, a-t-elle affirmé, pour obtenir des engagements aux plus hauts niveaux politiques.  Ces deux dernières années, en particulier, nous avons pu informer le Conseil de sécurité des engagements obtenus auprès des leaders politiques et militaires, lesquels engagements sous-tendent l’élaboration de plans opérationnels et de mise en œuvre concrets, intitulés « Plans d’action pour prévenir la violence sexuelle liée aux conflits ».  Cela a été le cas en République démocratique du Congo et en Côte d’Ivoire.

Mme Bangura a conclu par quatre recommandations.  Elle a d’abord souligné que le rôle des institutions de sécurité dans la prévention de la violence sexuelle pourrait être renforcé par une intégration de la question dans les processus de réforme du secteur de la sécurité.  Cela veut dire que le Conseil de sécurité doit faire une référence « explicite » à la prévention de la violence sexuelle dans les dispositions liées à la réforme et au DDR ainsi que dans tous les accords de paix et cadres de cessez-le-feu.  Prévenir la violence sexuelle et assurer l’établissement des responsabilités, a-t-elle dit ensuite, doivent être considérés comme un indicateur fondamental et un critère de succès des programmes de réforme dans leur ensemble et à ce titre, être inclus dans les cadres d’évaluation.  Il faut aussi, a-t-elle ajouté, faire en sorte que l’appui bilatéral et multilatéral à la réforme inclut des ressources et une formation spécifiques pour aider les institutions nationales de sécurité à renforcer leurs capacités de prévention et à répondre aux crimes de violence sexuelle.  Enfin, Mme Bangura a jugé essentiel de garantir une représentation proportionnelle des femmes dans les institutions de sécurité à tous les niveaux, comme élément fondamental de la mise en place de forces de sécurité propres à respecter et protéger les femmes et les enfants, en temps de guerre comme en temps de paix. 

Mme IZUMI NAKAMITSU, parlant au nom de l’Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé les trois éléments essentiels pour le succès de la mise en œuvre d’une réforme du secteur de la sécurité dans les situations postconflit, en soulignant tout d’abord qu’une telle réforme exigeait à la fois des efforts concertés pendant le mandat de l’opération de maintien de la paix qui est déployée et des efforts soutenus et un appui à long terme qui vont au-delà de cette opération.  Un solide appui politique du Conseil de sécurité pour soutenir les Nations Unies dans ce cadre est indispensable.  En même temps, les efforts axés sur le renforcement des capacités nationales doivent être appuyés par des ressources financières prévisibles et adéquates.  Ils doivent également tenir compte de la situation sensible d’un pays sortant d’un conflit et envisager un programme d’aide au développement à long terme.

Au niveau national, a estimé Mme Nakamitsu, il est important d’établir un équilibre entre, d’une part, l’expertise technique et les conseils nécessaires et, d’autre part, l’appui politique qui permettront d’assurer le succès de la réforme du secteur de la sécurité.  Elle s’est félicitée que le rapport du Groupe de haut niveau indépendant sur les opérations de maintien de la paix ait reconnu le rôle que les institutions du système des Nations Unies et, en particulier le PNUD, jouent pour appuyer les opérations de maintien de la paix dans ce domaine.  Le fait que le Conseil de sécurité ait invité le PNUD à présenter ses travaux sur cette question témoigne également, a-t-elle dit, de l’importance de l’expertise technique qu’il fournit dans la mise en œuvre des mandats établis par le Conseil.  Le PNUD travaille avec les partenaires du Point focal mondial, le Département des opérations de maintien de la paix et ONU-Femmes, ainsi que la Mission des Nations Unies en Somalie, pour établir un programme en matière d’état de droit qui prévoit la formation des forces de la Police du Puntland.  À travers ce programme, le PNUD assiste 25 officiers de police, dont 6 femmes, pour étudier la criminologie, grâce à une bourse octroyée par l’Université de l’État du Puntland.  Une initiative conjointe avec la MINUSCA, ONU-Femmes et le Point focal mondial a permis à des forces de police et de gendarmerie redéployées en République centrafricaine de bénéficier d’une indemnité pour les repas et de recevoir leur salaire.

Pour réussir, la réforme du secteur de la sécurité exige que soient pris en compte tous les acteurs impliqués –Nations Unies, organisations régionales et États Membres-, ainsi qu’une appropriation nationale et un engagement politique des parties prenantes du pays concerné, a rappelé Mme Nakamitsu.  Le succès de cette réforme, a-t-elle précisé, exige également l’appui et des investissements de la part des États Membres, qu’il s’agisse d’appui au développement, de déploiement de personnel ou de participation directe aux activités sur le terrain, afin de renforcer les efforts des Nations Unies.  En outre, la coordination entre les missions des Nations Unies et les équipes de pays des Nations Unies devrait être engagée dès que les mandats du Conseil de sécurité en matière de réforme du secteur de la sécurité sont établis et devrait se faire en lien avec la

planification conjointe entreprise par le Point focal mondial qui couvre les aspects importants de ce domaine, en particulier la réforme de la police.  Avant de conclure, Mme Nakamitsu a souligné que le système des Nations Unies a besoin de traduire la réforme du secteur de la sécurité au lendemain d’un conflit en résultats tangibles qui ont un impact immédiat sur des gens ordinaires.  Cette réforme est un processus à long terme que le PNUD considère comme étant la priorité numéro un d’un mandat de maintien de la paix des Nations Unies.

M. PETR ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé qu’il faut inscrire la réforme du secteur de la sécurité dans le processus plus large de l’amélioration des conditions économiques et sociales des pays.  Le succès de la réforme dépend du degré d’appropriation des actions par l’État concerné.  C’est une armée non représentative de la composition sociographique du Soudan du Sud et de la République centrafricaine qui a été la principale cause de la dégradation de la situation.  La réforme doit s’appuyer sur l’accord de l’État concerné et tenir dûment compte des spécificités nationales.  L’ONU peut apporter sa contribution avec les nombreux instruments dont elle dispose, dont le Fonds de consolidation de la paix.  Le représentant a aussi jugé important de tenir compte de ce que peuvent apporter les organisations régionales et sous-régionales dans la réforme du secteur de la sécurité.  

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a estimé que depuis l’adoption, l’année dernière, de la résolution 2151, on peut se poser plusieurs questions.  La voix des femmes, des jeunes, de la société civile a-t-elle été entendue par ceux qui sont chargés de la réforme du secteur de la sécurité?  Les policiers et les militaires qui ont commis des viols et des abus ont-ils été jugés et déchus de leurs fonctions?  Les besoins des pays concernés ont-ils été pris en compte?  La représentante l’a répété: assurer l’appropriation nationale des processus de réformes du secteur de la sécurité est « essentiel ».  Elle s’est félicitée de l’initiative « Compact » du Département des opérations de maintien de la paix qui vise à mieux coordonner les responsabilités entre l’ONU et les gouvernements.  Ces derniers doivent faire en sorte que la réforme et tous les segments de la société répondent aux préoccupations des groupes les plus touchés et les plus vulnérables, a insisté la représentante.  Une armée ou une police composée exclusivement d’une seule ethnie, d’une seule tribu ou d’une seule religion dans une communauté multiethnique et multiconfessionnelle poserait le problème de la partialité, de la réticence à protéger toute la population et de la suspicion.  Des situations comme les heurts interreligieux en République centrafricaine l’année dernière l’ont amplement démontré. 

De la même manière, une force de police composée uniquement d’hommes poserait le problème de l’insensibilité à la sécurité des femmes et empêcherait certainement celles-ci de porter plainte en cas d’abus sexuels et autres.  Intégrer une dimension sexespécifique dans le travail quotidien de l’armée, de la police et des institutions judiciaires conduirait à davantage d’intégration et de responsabilisation, renforcerait la confiance de l’opinion publique et améliorerait l’efficacité globale de la réforme du secteur de la sécurité.  Dans ce contexte, des programmes spécifiques contre la violence sexuelle sont essentiels. 

La justice et la redevabilité sont des parties intégrantes des efforts de paix et de réconciliation, a poursuivi la représentante.  La réforme du secteur de la sécurité doit inclure une formation solide dans les droits de l’homme et une bonne compréhension de la responsabilité individuelle, à tous les niveaux, s’agissant des abus.  Des mécanismes de reddition de comptes doivent être prévus pour en finir avec les abus et mettre en place des forces disciplinées et respectueuses des droits de l’homme.  « Nettoyer les rangs » est une façon, s’est expliquée la représentante, de renforcer la confiance de la population vis-à-vis de l’armée et sa foi dans le caractère irréversible de la paix.  Le succès de la réforme du secteur de la sécurité exige que l’on ait une image claire de ce qui marche et de ce qui ne marche pas et de la manière d’éviter les erreurs « typiques ».

M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a insisté sur les nouveaux défis de la réforme du secteur de la sécurité, dans le contexte d’une augmentation sans précédent du nombre des mandats des opérations de maintien de la paix.  Ne négligeons pas, a-t-il mis en garde, la nature politique de cette réforme.  Il a appelé à des efforts concertés entre les Départements des opérations de maintien de la paix et des affaires politiques à chaque étape de la réforme.  Le Conseil de sécurité pourrait être plus efficace en définissant plus clairement les mandats de maintien de la paix et la place que doit y tenir la réforme du secteur de la sécurité, a insisté le représentant.

La résolution 2015 a bien fait de mettre l’accent sur l’appropriation nationale comme un élément clef de la réforme du secteur de la sécurité, a souligné M. DAVID PRESSMAN (États-Unis).  Les réformes conduites par la sphère nationale ont donné de bons résultats au Timor-Leste, au Libéria et en Sierra Leone.  Mais, a-t-il dit avoir constaté, quand l’attention de la communauté internationale s’affaiblit, la réforme conduite par l’État s’affaiblit aussi.  En République centrafricaine, les progrès étaient là jusqu’à ce que la réforme soit poussée de côté par des tensions internes qui ont conduit à une reprise du conflit.  L’appropriation nationale, en a conclu le représentant, ne veut pas dire que la communauté internationale doit rester passive.  Il a donc salué l’idée de créer un « pacte » entre l’ONU et les pays hôtes parce que lorsque les efforts nationaux s’affaiblissent, l’ONU pourra toujours invoquer le « pacte » pour rappeler le pays hôte à ses responsabilités.  Le représentant a insisté sur l’urgence qu’il y a à ce que le Soudan du Sud signe l’accord de paix qu’il a sur la table, le statu quo étant « une recette pour le viol et le meurtre ».  Il a aussi insisté sur le fait que l’ONU doit améliorer sa formation pour permettre à davantage de femmes d’intégrer le secteur de la sécurité.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a déclaré que le rétablissement de l’autorité de l’État après un conflit est un élément fondamental de la réforme du secteur de la sécurité.  Il a souligné l’importance de la volonté et du dialogue politiques mais surtout celle de l’appropriation nationale.  Les gouvernements doivent pouvoir déterminer leurs propres priorités et en assumer les résultats.  Le processus de réforme ne saurait être imposé aux États.  Le représentant a, à son tour, insisté sur l’importance qu’il y a à ne pas oublier la réintégration des ex-combattants dont l’exclusion pourrait les contraindre à reprendre les armes.  L’effondrement des institutions publiques en Iraq et en Libye doit inciter la communauté internationale, en général, et le Conseil de sécurité, en particulier, à la réflexion sur une situation qui a conduit à l’émergence de l’État islamique et autres groupes terroristes.  C’est une réalité « terrible et désastreuse » dont le Conseil de sécurité doit débattre et tirer les enseignements pour éviter qu’elle ne se reproduise.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a dit que la réforme du secteur de la sécurité constitue un élément fondamental pour la paix et le développement durable.  Il a réitéré le fait que cette réforme doit se fonder sur l’appropriation nationale et que son succès passe par la disponibilité des ressources et l’engament politique de tous.  En Angola, a ajouté le représentant, la réforme a été accompagnée de programmes de formations technique, professionnelle et de réinsertion sociale des ex-combattants de la très longue guerre civile.  Le processus continue et certains de ces ex-combattants formés sont désormais recrutés au sein de la police.  La réforme doit s’ouvrir à la participation de tous, dont celle de la société civile.  Elle doit être flexible et adaptée aux besoins nationaux, et le grand défi reste l’absence de volonté politique.  Reformer le secteur de la sécurité, a insisté le représentant, est un effort politique et pas uniquement technique.  La réforme doit permettre le dialogue politique et prévenir les violences dont la violence électorale. 

Le représentant a souligné l’importance du partenariat avec les organisations sous-régionales lesquelles doivent permettre aux représentants spéciaux du Secrétaire général de l’ONU d’établir une répartition claire des tâches.  Dans les pays qui ont développé des programmes de démobilisation, désarmement et réintégration (DDR), l’ONU doit travailler en évitant d’exclure les ex-combattants.  La Commission de consolidation de la paix doit jouer son rôle de plaidoyer, sachant que la réforme ne s’impose pas seulement aux pays postconflit puisqu’elle concerne aussi les secteurs de la justice et de l’état de droit.

Des milliers de personnes ont été tuées dans les conflits depuis l’adoption de la résolution 2151, s’est alarmé M. PETER WILSON (Royaume-Uni), voyant là l’urgence de progresser en matière de réforme du secteur de la sécurité.  Cette réforme est « cruciale » et mal gérée, elle peut alimenter l’insécurité.  Évitons de saper les efforts en se montrant trop enthousiastes.  Il faut apprendre à collaborer avec des institutions qui ne sont pas des références en matière de redevabilité et de transparence, a conseillé le représentant, en se félicitant de l’inclusion dans les futurs objectifs de développement durable, un objectif relatif à la paix, à la sécurité et à la justice.  Les gouvernements concernés doivent faire preuve de courage et promouvoir eux-mêmes la réforme de leur secteur de la sécurité.  Les solutions qu’ils s’approprieront seront toujours plus efficaces que celles imposées de l’extérieur.  Nous devons utiliser tous les outils, a dit le représentant en appelant à une coopération renforcée avec les organisations régionales et sous-régionales pour une réforme « cohérente et intégrée ».  

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a jugé indispensable que la réforme du secteur de la sécurité soit intégrée dès les premières phases d’une opération de maintien de la paix.  Il a, à son tour, salué le « pacte » entre l’ONU et les gouvernements, en jugeant indispensable de lier les critères et l’efficacité de la réforme à la stratégie de sortie des missions de maintien de la paix.  Si la résolution 2151 est un pas très important, nous devons encore faire des progrès pour que la réforme soit la plus efficace possible, a insisté le représentant.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a demandé que les chefs de missions des opérations de paix, les commandants des forces, les représentants et les envoyés spéciaux des Nations Unies prêtent une attention accrue à la réforme du secteur de la sécurité dans les pays hôtes.  Il a insisté sur leur rôle de coordination avec les autorités nationales.  La réforme doit bénéficier de capacités institutionnelles existantes et tenir compte des réalités nationales.  Le suivi des programmes doit faire l’objet d’une attention particulière du Conseil de sécurité.  Il faut, a estimé le représentant, un accord « large et inclusif » au niveau national pour le succès d’une réforme qui implique en outre la réadaptation du système judiciaire et pénitentiaire.  Sans une amélioration des conditions économiques et sociales, la réforme se déploierait dans le vide, ce qui explique l’importance de la réconciliation entre la population, l’armée, la police, les groupes armés et les gouvernements.  Le représentant a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud sur cette question et s’est enorgueilli que 60 officiers et sous-officiers haïtiens par an soient formés dans les académies militaires chiliennes.  Il a souligné, à son tour, l’importance de la participation des femmes dans la réforme car elle implique un changement culturel dont l’impact est important sur le relèvement postconflit.  Le représentant a enfin mis en exergue l’importance qu’il y a à élaborer des mandats de maintien de la paix adaptés aux priorités nationales en matière de réforme du secteur de la sécurité.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a reconnu que la réforme du secteur de la sécurité est une entreprise difficile et de longue haleine qui requiert des conditions politiques favorables qui n’existent pas souvent dans les pays concernés.  À cet égard, il a jugé « nécessaire et essentielle » la contribution de l’ONU dans une réforme dont les difficultés tiennent à la mauvaise compréhension du contexte national, au faible engagement des autorités, et à l’absence ou l’insuffisance des ressources.  Le Conseil de sécurité doit négocier avec les pays hôtes pour déterminer leurs priorités nationales.  Il revient en effet à l’État hôte de déterminer les composantes concernées par la réforme comme l’armée, la police, le système pénitencier ou encore la police des frontières.  Mais dans un contexte de transition, sans accord de paix, l’appui de l’ONU est « indispensable ».

Le Conseil de sécurité doit améliorer son interaction avec l’Union africaine qui dispose d’un cadre stratégique sur la réforme du secteur de la sécurité.  Le représentant a souligné l’importance des programmes DDR pour les ex-combattants.  Le Tchad, a-t-il rappelé, a connu une longue guerre civile à l’issue de laquelle il a donné la priorité à la mise en place de tels programmes et à l’amélioration de ses relations avec les pays voisins.  Le représentant a en effet souligné l’importance qu’il y a à renforcer la sécurité aux frontières dans la région du Sahel et a appelé l’ONU et les autres partenaires à appuyer son pays à cet égard. 

M. WANG MIN (Chine) a salué les progrès de l’ONU, en précisant que c’est grâce à cette dernière que la Sierra Leone et le Libéria ont progressivement rétabli leur secteur de la sécurité.  À cet égard, il a insisté à son tour sur l’appropriation nationale et le respect, par l’ONU, des principes de souveraineté nationale et d’intégrité nationale.  Il faut adapter la réforme aux réalités nationales.  L’ONU doit renforcer sa communication et sa coordination grâce au partage des pratiques optimales, a-t-il conclu. 

La réforme du secteur de la sécurité est un exercice difficile pour un pays postconflit mais il n’y a pas d’autres alternatives, a prévenu M. FANCISCO JAVIER GASSO MATOSES (Espagne).  Il faut une meilleure collaboration entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales et savoir que les efforts n’auront aucun sens sans la participation de la société civile.  Si la réforme a une composante technique, elle est surtout « éminemment » politique et son but ultime doit être le renforcement de la confiance de la population envers ses institutions.  La participation des femmes à toutes les étapes de ce processus s’avère « essentielle » pour l’appropriation nationale.  La réforme du secteur de la sécurité est un processus qui par nature dure plus longtemps que les mandats de maintien de la paix de l’ONU, à tenu à souligner le représentant.    

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a souligné l’importance de la réforme du secteur de la sécurité dans les pays où les forces de l’ordre sont devenues les bourreaux de la population.  Il a mis l’accent sur la Commission de la consolidation de la paix (CCP) qui peut assumer un rôle de coordination entre les acteurs de la réforme dans les pays hôtes.  Il a appuyé l’idée d’une nécessaire complémentarité entre la réforme du secteur de la sécurité et les programmes de développement.  La CCP peut insister sur les aspects nationaux de la réforme, et surtout sur l’importance d’avoir des institutions résilientes pendant la phase de retrait d’une opération de paix.  Le représentant a insisté sur l’importance de la coordination entre les bailleurs de fonds et les bénéficiaires pour garantir de bons résultats.  Il a salué le Cadre stratégique de l’Union africaine sur la réforme du secteur de la sécurité et a mis l’accent sur la nécessité d’avoir un certain niveau de flexibilité dans l’élaboration et la mise en œuvre de la réforme.  La lutte contre les armes légères et de petit calibre est un élément clef de la réforme du secteur de la sécurité, a tenu à dire le représentant.

M. ALEXIS LAMEK (France) a rappelé que la réforme du secteur de la sécurité est une activité qui est de nature bien plus politique que technique tout en étant déterminante dans la stabilisation et la consolidation post-crise.  Elle nécessite un travail conséquent en appui à l’État hôte.  En situation de sortie de crise, a dit le représentant, il est important de mettre en place des institutions de sécurité transparentes, efficaces et justes, œuvrant dans un système de bonne gouvernance, dans le respect des principes démocratiques et des droits de l’homme.  Mais l’appropriation par l’État hôte, la volonté politique et le dialogue permanent et inclusif entre les entités en charge de la réforme, la société civile et les autorités constituent des éléments indispensables au succès du processus.  Les Nations Unies sont d’ailleurs confrontées à des situations difficiles quand les autorités locales ne s’engagent pas aussi fermement dans la réforme que les résolutions les y invitent, a dit avoir constaté le représentant.

Il ne faut pas oublier que la réforme est un processus au moins autant politique que technique et que ses objectifs, qui sont la reconstitution des forces armées et des forces de sécurité intérieures ainsi que la justice et l’administration pénitentiaire, touchent aux fonctions régaliennes fondamentales de l’État.  Sa finalité, qui est de restaurer une chaine de commandement rétablissant un sentiment de sécurité, d’appartenance et de confiance dans l’État, en plaçant en son cœur la protection des civils et le respect des droits de l’homme, correspond aux exigences démocratiques fondamentales.  Afin de mener ces activités, les missions des Nations Unies doivent disposer de moyens adéquats, c’est-à-dire de moyens adaptés à la phase de la crise, et c’est ce que le Conseil de sécurité tente de refléter dans son approche des mandats, a-t-il assuré.  La réforme est un processus « long et délicat ».  Les Nations Unies doivent améliorer l’expertise des missions et son accès aux acteurs locaux, ce qui pose la question de la langue des experts.  Les Nations Unies doivent aussi nouer des relations étroites avec les autres acteurs sur place, comme c’est le cas de la Mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) avec la mission de formation de l’Union européenne, EUTM Mali. 

Le représentant a aussi souligné que le déploiement immédiat de sections de taille conséquente en charge de la réforme du secteur de sécurité n’est pas forcément nécessaire dans les opérations de maintien de la paix.  Ces opérations n’ont pas vocation à assumer un rôle opérationnel direct, mais plus une fonction de conseil stratégique, d’impulsion ou de coordination.  Il a ajouté que ce rôle ne substitue pas à celui des autorités locales qui doivent mener une analyse précise des besoins et définir les besoins d’appui international.  Des priorités et une séquence doivent donc plutôt être établies: parmi les mesures généralement urgentes, la réhabilitation de services de police et de gendarmerie et le redémarrage d’une chaîne pénale intégrale sont prioritaires, comme le Conseil l’a constaté en République centrafricaine.  Le Conseil, a insisté le représentant, joue son rôle légitime lorsqu’il identifie certaines de ces priorités, comme lorsqu’il évoque la nécessité d’une capacité militaire de réaction rapide en République démocratique du Congo. 

L’effort des opérations de maintien de la paix en la matière doit être un effort « séquencé », adapté à la phase de la crise, centré sur quelques priorités initiales qui impliquent des experts en nombre et en qualification ajustés aux besoins et aux capacités de l’État, en étroite relation avec la multiplicité des acteurs internationaux que sont l’Union européenne, les partenaires bilatéraux et les autres bailleurs.  Il est important que le Conseil dispose d’éléments précis sur la mise en œuvre des programmes de réforme du secteur de la sécurité et malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.  Le représentant a donc réitéré son appel à ce que les représentants spéciaux du Secrétaire général détaillent encore mieux ces processus lors des différents briefings.  Ce Conseil doit pouvoir disposer d’une évaluation régulière des résultats et des améliorations à apporter, a insisté le représentant.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria) a estimé que cette réunion donne l’occasion au Conseil de sécurité de progresser dans le débat relatif à la réforme du secteur de la sécurité et d’envisager des exemples concrets de la mise en œuvre de la résolution 2151.  Le nombre de mandats confiés par le Conseil en matière de réforme du secteur de la sécurité ne cesse d’augmenter, a constaté la représentante en saluant le travail du PNUD.  Avec la multiplication des acteurs, il est impératif de déterminer clairement le rôle des uns et des autres et de répartir judicieusement les tâches, a-t-elle estimé.  Elle a appuyé la proposition de M. Titov d’établir un « pacte » entre les opérations de maintien de la paix, les partenaires internationaux et les pays hôtes pour éviter les doublons et garantir la redevabilité et la transparence.  Les États hôtes doivent jouer un rôle de chef de file, en déterminant leurs priorités.  La représentante a particulièrement salué le Cadre stratégique de l’Union africaine qui souligne la complexité des relations avec les cadres des anciens secteurs de la sécurité et le rôle et la résilience des autorités coutumières.  Elle s’est félicitée aussi de la mise en place d’un Cadre par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui pourrait compléter le processus de la réforme au niveau régional.  Si nous avons maintenant une plateforme d’action avec la résolution 2151, nous devons faire davantage et promouvoir l’implication concertée de tous les acteurs, a conclu la représentante.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Choqué » par les souffrances « presque incompréhensibles » au Yémen, le Chef des affaires humanitaires demande au Conseil de « lier l’acte à la parole » pour mettre fin au conflit

7507e séance – après-midi
CS/12016

« Choqué » par les souffrances « presque incompréhensibles » au Yémen, le Chef des affaires humanitaires demande au Conseil de « lier l’acte à la parole » pour mettre fin au conflit

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Stephen O’Brien, a avoué aujourd’hui aux membres du Conseil de sécurité qu’il est revenu « choqué » par les souffrances humaines « presque incompréhensibles » qu’il a vues au Yémen.  Quatre Yéménites sur cinq ont besoin d’aide humanitaire et près d’1,5 million de personnes ont fui de chez eux.  Plus de 1 000 enfants ont été tués ou blessés et le nombre de jeunes gens recrutés ou utilisés comme combattants ne cesse d’augmenter. 

Les besoins sont « énormes », a prévenu le Secrétaire général adjoint, après que le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu d’un risque de famine si les agences humanitaires n’obtiennent pas un accès immédiat et illimité aux gens dans le besoin et si la pénurie de ressources perdure.  À ce jour, seuls 18%, soit 282 millions de dollars, du 1,6 milliard demandé ont été reçus et même si l’Arabie saoudite verse enfin les 274 millions de dollars promis en avril dernier, ce taux ne s’élèverait qu’à 33%.

Il faut des ressources additionnelles et substantielles et il faut des mesures immédiates pour mettre fin à une violence qui détruit la vie de millions de Yéménites.  « La communauté internationale doit lier l’acte à la parole », a exigé le Secrétaire général adjoint.

Neuf ans jour pour jour après l’attentat terroriste qui a fait 22 morts et 100 blessés au Siège des Nations Unies à Bagdad en 2003, M. Stephen O’Brien a tenu à souligner la détérioration des conditions dans lesquelles travaillent les acteurs humanitaires pour porter assistance à plus de 100 millions de personnes dans le monde.

En cette Journée mondiale de l’aide humanitaire, le Secrétaire général adjoint a précisé qu’en 2014, le monde perdait 10 agents humanitaires par mois.  En Syrie, 77 agents sont morts depuis le début du conflit et au Yémen, cette année, 5 agents ont été tués, de nombreux autres blessés et deux kidnappés.  Ces 10 dernières années, 17 agents humanitaires sont morts au Yémen et 44 ont été enlevés.  

Dans sa déclaration, M. Stephen O’Brien, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a qualifié l’ampleur des souffrances humaines au Yémen de « presque incompréhensibles », « choqué » par ce qu’il a vu.  Quatre Yéménites sur cinq ont besoin d’aide humanitaire et près d’1,5 million de personnes ont fui de chez eux.  Plus de 1 000 enfants ont été tués ou blessés et le nombre de jeunes gens recrutés ou utilisés comme combattants ne cesse d’augmenter. 

Les besoins sont « énormes » et l’aide humanitaire ne pourra pas seule répondre aux 26 millions de Yéménites.  Les aéroports et les ports doivent être rouverts pour les importations de biens et l’arrivée des produits humanitaires.  J’ai vu de mes propres yeux « l’angoisse » dans le regard des gens qui se demandaient d’où allait venir leur prochain repas, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, en décrivant les files d’attentes kilométriques pour du carburant et des gens qui attendent depuis plusieurs jours. 

« J’ai visité l’hôpital de Al-Thawar où les lumières clignotent à cause du manque de carburant et où les patients dorment sur des cartons. »  À Aden, des rues entières sont détruites et recouvertes de carcasses de tanks et de munitions non explosées.  Le Gouverneur a indiqué que les gens reviennent doucement et que les services de base sont rétablis mais pas partout.  Les gens sont « dépassés » par l’ampleur des destructions et l’idée de tout reconstruire.  L’électricité indispensable pour les pompes à eau et les moulins est rare, s’est alarmé le Secrétaire général adjoint.

Rendant hommage aux acteurs humanitaires à l’occasion de cette Journée mondiale de l’aide humanitaire, il a prévenu qu’il faut faire plus et que le succès dépendra de la disponibilité de ressources adéquates.  Aujourd’hui, le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu, une nouvelle fois, que l’absence d’un accès immédiat et illimité aux gens qui ont besoin de toute urgence d’une aide alimentaire et la pénurie de fonds font courir à des millions de Yéménites le risque d’une famine. 

À ce jour, a indiqué le Secrétaire général adjoint, seuls 18%, soit 282 millions de dollars, du 1,6 milliard demandé, ont été reçus.  Les agences de l’ONU n’ont toujours pas reçu les 274 millions de dollars que l’Arabie saoudite a promis en avril dernier.  Le versement de cette somme ne porterait qu’à 33% les fonds collectés.  Il faut des ressources additionnelles et substantielles pour appuyer les Yéménites jusqu’à la fin de l’année et au-delà, a précisé le Secrétaire général adjoint. 

M. O’Brien a affirmé qu’au cours de sa visite, il n’a cessé de souligner que la paix est « essentielle » pour mettre fin aux souffrances du peuple.  Il a dit avoir rappelé qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit et que la paix ne pourra être obtenue que par « le dialogue des mots et pas celui des armes ».

La communauté internationale, a-t-il insisté, doit lier l’acte à la parole et prendre des mesures immédiates pour mettre fin à une violence qui détruit la vie de millions de gens dans le pays.  Nous devons obtenir des parties qu’elles cessent les combats et qu’elles retournent à la table des négociations, « avant que ce ne soit trop tard » et qu’il n’y ait plus rien pour lequel se battre. 

Alors que l’on réfléchit à l’action humanitaire en cette Journée mondiale, a conclu le Secrétaire général adjoint, nous voyons malheureusement une situation en détérioration et des souffrances inutiles « véritablement choquantes ».  Nous devons agir.  Nous devons faire plus pour que ceux d’entre nous qui peuvent influencer fassent en sorte que ceux qui commettent des abus contre ceux qui ne peuvent rien les cessent, et que ceux qui continuent soient punis.

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