Assemblée générale: le 70e débat général s’ouvre par un hommage à l’ONU, « née des cendres de la guerre », et avec de nettes divergences sur le conflit syrien

Soixante-dixième session
13e, 14e & 15e séances plénières, matin, après-midi & soir
AG/11692

Assemblée générale: le 70e débat général s’ouvre par un hommage à l’ONU, « née des cendres de la guerre », et avec de nettes divergences sur le conflit syrien

Le débat général de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale s’est ouvert, aujourd’hui, avec un vibrant hommage des dirigeants du monde à l’Organisation des Nations Unies, « née en 1945 des cendres de la guerre » comme l’a rappelé une vidéo projetée en ouverture, et dont le rôle, de l’aveu des chefs d’État et de gouvernement, est d’empêcher que ne règne la loi du plus fort.

Soixante-dix ans plus tard, le monde n’en a pourtant pas fini avec la guerre puisque le Roi de Jordanie a qualifié la lutte contre les forces obscurantistes de l’Islam de « Troisième guerre mondiale », tandis que le Président de la Fédération de Russie, dont les vues sur M. Bashar Al-Assad, Président de la Syrie, ont radicalement divergé de celles des Présidents américain et français, a appelé à la mise sur pied d’une coalition mondiale contre le groupe terroriste Daech, « comme cela avait été décidé face au nazisme ». 

« Pourquoi est-il plus facile de trouver l’argent pour détruire les peuples et la planète que pour assurer leur protection? »  C’est par cette question que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a inauguré cette première journée qui a rassemblé 36 chefs d’État et de gouvernement dont ceux de la Chine, de la République islamique d’Iran, du Brésil ou encore de l’Éthiopie.

Rappelant qu’au moins 60 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer ou leur pays, le Secrétaire général, qui présentait son rapport sur l’activité de l’Organisation, a expliqué que le système humanitaire était « ruiné ».  Il a exhorté l’Europe à en faire davantage, « elle qui a bénéficié après la Seconde Guerre mondiale de l’assistance du reste du monde ».  « Nous n’avons pas reçu assez d’argent pour sauver assez de vies », s’est alarmé le Secrétaire général.

Un vœu entendu par le Président de la Chine qui, pour sa première allocution devant l’Assemblée générale depuis son élection, a affirmé que son pays allait établir un fonds de développement d’un milliard de dollars sur 10 ans pour soutenir les activités de l’ONU en faveur du développement et affecter 8 000 soldats aux forces en attente du maintien de la paix.  Son homologue des États-Unis a, sous les applaudissements, fait une annonce similaire. 

Le Secrétaire général s’est en revanche félicité de l’adoption, le 25 septembre dernier, des 17 objectifs « inspirants » de développement durable en insistant sur le but visé: mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et garantir la paix et la dignité à chacun.  « Une décision véritablement transformatrice et révolutionnaire dans son ambition, et qui a prouvé une fois de plus la pertinence et la valeur universelle de l’ONU », a commenté le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale. 

« Pour atteindre les objectifs, soyons créatifs, faisons tomber les murs! » a exhorté le Secrétaire général.  Parmi les autres satisfécits, il a cité l’accord sur le programme nucléaire iranien, « un nouveau chapitre sur les relations de l’Iran avec le monde », a commenté le Président de la République islamique d’Iran.

Le Secrétaire général a également félicité le Président cubain pour son rôle dans l’ouverture des relations diplomatiques avec les États-Unis, tandis que le Président américain s’est dit certain que le Congrès lèvera un embargo qui n’a plus lieu d’être.  Mais la tonalité de l’intervention du Chef de l’ONU était bel et bien sombre, en raison de la dérive du processus de paix au Moyen-Orient, de la menace posée par les groupes terroristes et, au premier chef, de la crise syrienne « qui a échappé à tout contrôle ».

« Il ne suffit pas de s’en remettre à la seule Syrie pour trouver une solution », a prévenu le Secrétaire général, pour qui cinq pays sont appelés à jouer un rôle clef: la Fédération de Russie, les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie.  « Tant qu’ils ne sont pas prêts au compromis, il serait vain d’attendre un changement sur le terrain. »

« Nous pensons que c’est une énorme erreur de refuser de coopérer avec le Gouvernement syrien et ses forces armées qui combattent si vaillamment le terrorisme », a estimé le Président de la Fédération de Russie qui s’exprimait pour la première fois depuis 10 ans devant l’Assemblée générale.  Un point de vue balayé par son homologue des États-Unis qui a rappelé que c’est « Assad qui a réagi à des manifestations pacifiques en accentuant la répression et les meurtres, créant l’environnement actuel ».

« Le réalisme exige une transition gérée sans Assad, avec un nouveau leader et un gouvernement inclusif », a-t- il argué.  « Assad est à l’origine du problème; il ne peut pas faire partie de la solution », a renchéri le Président de la France qui a indiqué que son pays avait entrepris une action armée en Syrie.  C’est sans scrupule, a également dit le Chef d’État américain, que les États-Unis ont engagé leurs troupes contre l’État islamique.  Mais le Président russe a jugé « irresponsable » de vouloir anéantir les réseaux terroristes après les avoir manipulés.  Alors que son homologue américain a reconnu que « la puissance militaire ne suffira pas à résoudre la situation », il a proposé la création d’une coalition à portée mondiale contre Daech qui rallierait les forces prêtes à agir, au premier chef celles des pays musulmans, comme cela avait été décidé face au nazisme.  « Nous voulons travailler avec tous ceux qui le voudront », a assuré M. Hollande, qui a souhaité une large coalition car « le monde est gravement menacé aujourd’hui par le « khawarej », les « gangs de hors-la-loi » de l’Islam qui sévissent dans le monde entier, alimentant la suspicion et exploitant l’ignorance pour étendre leur pouvoir », a confirmé le Roi Abdullah II Bin Al Hussein de Jordanie. 

« J’ai nommé cette crise « la troisième guerre mondiale » et je crois qu’il faut y répondre avec la même intensité, à savoir par une action mondiale sur tous les fronts », a-t-il dit, avant de rappeler que la guerre la plus importante est celle qu’on livrera sur le terrain des cœurs, des esprits et de la conscience.  Le seul moyen de déraciner le terrorisme au Moyen-Orient est de s’attaquer à ses causes sociale, économique et culturelle sous-jacentes, a souligné le Président iranien, qui a proposé le lancement d’un « Front uni contre l’extrémisme et la violence » créant un mouvement collectif et mondial pour s’attaquer sérieusement aux problèmes régionaux par le dialogue.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION: PRÉSENTATION PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE SON RAPPORT ANNUEL (A/70/1)

Présentation du rapport par le Secrétaire général

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé en ouvrant le débat général les 17 objectifs « inspirants » de développement durable en insistant sur le but visé: mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et garantir la paix et la dignité à chacun.  Ce qui suppose, a-t-il souligné, de traduire dans les faits les engagements sur le papier.

La dynamique enclenchée peut servir à conclure un accord robuste sur les changements climatiques en décembre à Paris, a-t-il espéré, mais les objectifs nationaux présentés à ce stade par les États Membres ne suffiront pas, prévient-il: ne pas revoir ces ambitions à la hausse risque de conduire au dépassement du seuil de deux degrés de réchauffement admissibles selon les scientifiques.

Pour atteindre les objectifs, soyons créatifs, faisons tomber les murs! a exhorté le Secrétaire général en demandant aux pays développés de se conformer à leurs engagements financiers qui devront atteindre 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour abonder le Fonds vert pour le climat.

Le monde continue de perdre des milliards en dépenses militaires, pourquoi est-il plus facile de trouver l’argent pour détruire les peuples et la planète que pour assurer leur protection?

Aujourd’hui, a rappelé le Secrétaire général, des centaines de millions d’êtres humains nécessitent une assistance humanitaire, au moins 60 millions ont été contraints de fuir leur foyer ou leur pays.  Les Nations Unies ont demandé six fois plus qu’il y a 10 ans.

Mais le système humanitaire est ruiné.  Nous n’avons pas reçu assez d’argent pour sauver assez de vies, constate M. Ban, citant la moitié des besoins couverts pour l’Iraq, le Soudan du Sud et le Yémen, et le tiers pour la Syrie.  En Ukraine, la réponse apportée atteint 39% des besoins estimés.

Les peuples ont besoin d’une aide d’urgence mais aussi de solutions durables, a poursuivi le Secrétaire général alors que partout, sur tous les continents et comme jamais par le passé ils se jettent sur la route.  L’Europe notamment doit faire davantage, elle qui a bénéficié après la Seconde Guerre mondiale de l’assistance du reste du monde.  M. Ban a annoncé la convocation d’une réunion de haut niveau le 30 septembre afin de promouvoir une approche globale de la crise des réfugiés et des migrations: nous devons en finir avec les trafiquants et alléger le fardeau des pays de destination, a-t-il estimé.

Mais surtout, il faut réfléchir aux racines des conflits qui causent ces déplacements.  Ainsi, la paralysie du Conseil de sécurité au cours des quatre dernières années a fait que la crise syrienne a échappé à tout contrôle.  Mais il ne suffit pas de s’en remettre à la seule Syrie pour trouver une solution, prévient le Secrétaire général, pour qui cinq pays sont appelés à jouer un rôle clef: la Fédération de Russie, les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie.  Mais tant qu’ils ne sont pas prêts au compromis entre eux il serait vain d’attendre un changement sur le terrain.

En attendant, les souffrances auxquelles sont exposées les populations syriennes innocentes devront conduire à traduire devant la Cour pénale internationale les responsables de ces crimes atroces.

Au Yémen, 80% de la population soit 21 millions de personnes, réclament une assistance humanitaire alors que toutes les parties font preuve de la même indifférence pour la vie humaine.  La plupart des victimes sont causées par les frappées aériennes or, juge M. Ban, il n’y a pas de solution militaire à ce conflit.

Il a également mis en garde contre la dérive du processus de paix au Moyen-Orient, tandis que les groupes Daech, Boko Haram et les rebelles Al-Chabab constituent toujours une menace majeure en particulier pour les femmes et les filles, systématiquement ciblées.

Le Secrétaire général a annoncé à cet égard qu’il présenterait au tout début de l’année prochaine un plan global d’action pour contrer la menace des extrémismes violents.

M. Ban a aussi jugé qu’il était temps de renouer le dialogue pour apaiser la tension persistante au sein de la péninsule coréenne.

Les atteintes à la démocratie constituent par ailleurs une autre forme de menace dans de nombreux points du globe quand les dirigeants cherchent à rester au pouvoir au-delà des limites de leur mandat, a-t-il souligné.

Prises ensembles, ces crises nous font atteindre les limites des outils vitaux dont nous disposons pour la résolution des conflits et les réponses que nous pouvons apporter, relève le Secrétaire général qui réclame un engagement renouvelé en faveur de la prévention, des partenariats régionaux et un soutien déterminé à la consolidation de la paix.

Ouverture du débat général

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé que, vendredi dernier, les chefs d’État et de gouvernement avaient approuvé le Programme de développement durable à l’horizon 2030, une décision véritablement transformatrice et révolutionnaire dans son ambition, et qui a prouvé une fois de plus la pertinence de la valeur universelle de l’Organisation des Nations Unies.

Désormais, a poursuivi M. Lykketoft, nous sommes confrontés à la tâche encore plus difficile de transformer notre vision en action.  Le Président s’est félicité qu’avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), au cours des 15 dernières années, le nombre de personnes extrêmement pauvres eût été réduit de moitié.  Néanmoins, avec les objectifs de développement durable, nous reconnaissons que l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes n’est possible qu’avec une transformation beaucoup plus complexe de l’ensemble de l’économie mondiale, de l’environnement et des structures sociales.

Nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas compter uniquement sur le modèle de croissance traditionnel du passé, des 15 dernières années ou des 70 dernières années, a-t-il déclaré.

Nous reconnaissons que chaque personne peut légitimement prétendre à une vie décente.  Mais le nombre de personnes sur notre planète ayant triplé au cours des 70 dernières années, nous devons répondre à cette demande sans épuiser les ressources naturelles que nous transmettons aux générations nouvelles.

Nous reconnaissons aussi que les populations des pays développés ne peuvent plus continuer à consommer et à produire de la même manière, et que des milliards de personnes qui travaillent ailleurs sur la voie de la prospérité ne devraient pas se contenter d’adopter le même comportement que celui des pays riches d’aujourd’hui.

Pour construire une infrastructure mondiale durable au cours des 15 prochaines années, des milliards de dollars doivent être mieux investis.  Les pays les moins avancés (PMA) ne peuvent le faire si les pays riches ne respectent pas leurs engagements de longue date de consacrer un minimum de 0,7% de leur revenu national à l’aide au développement.

M. Lykketoft a également déclaré qu’il était temps de mettre un terme à des conflits dévastateurs et de commencer à investir de manière importante dans le développement durable.  Il faut agir maintenant, a-t-il dit.  Si nous échouons, nous courons le risque de dommages destructeurs et ingérables de l’équilibre politique, social, écologique et climatique de notre planète.  Si nous échouons, les objectifs de développement durable ne seront jamais atteints, parce que les ressources nécessaires seront englouties dans la résolution des crises et des conflits.

Le Président de l’Assemblée générale a estimé que les tensions entre les grandes puissances augmentaient, tout comme les investissements dans tous les types d’armements.  De même, a-t-il déploré, les négociations sur le désarmement à Genève sont au point mort depuis des années.

Il faut, a-t-il dit, faire un effort extraordinaire pour briser tous les cercles vicieux.  Nous devons agir en conformité avec l’accord de principe derrière le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en reconnaissant les liens étroits entre le développement, la paix et la sécurité et le respect des droits de l’homme, et prendre des mesures spécifiques pour faire des progrès dans chacun de ces domaines.

Ce sera, a-t-il précisé, le point central de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale et de sa présidence.  Il a indiqué qu’il offrirait son appui à de nouvelles idées sur la façon de renforcer la paix et la sécurité internationales, le rôle des femmes, la prévention, la médiation et le règlement des conflits, des opérations de paix de l’ONU à l’architecture de consolidation de la paix globale en passant par la réforme du Conseil de sécurité.

M. Lykketoft a exprimé son espoir sincère de voir l’ONU tenir un rôle plus direct dans la réconciliation et la consolidation de la paix, y compris dans des conflits où nous avons échoué jusqu’à présent, et aller de l’avant dans les efforts communs pour prévenir et combattre le fléau du terrorisme.

Il a estimé que l’Accord nucléaire avec l’Iran, soutenu par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne, pouvait être une contribution très importante pour éviter la prolifération nucléaire.

Le Président de l’Assemblée générale a dit attendre avec impatience le jour où les grandes puissances et les acteurs régionaux uniront également leurs forces pour arrêter l’effusion de sang insensée et horrible dans et autour de la Syrie, et, ce faisant, traiter les causes profondes de la crise des réfugiés.

M. Lykketoft a conclu qu’en tant que Président de l’Assemblée générale, il appuierait les États Membres dans leurs ambitions pour la revitalisation et la réforme, y compris un nouveau processus, plus transparent pour la sélection du prochain Secrétaire général.

Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil, a souligné que dans un monde où les biens, les capitaux, les données et les idées circulent librement, il est absurde d’entraver la libre circulation des personnes.  Le Brésil est un pays d’accueil qui a reçu des Syriens, des Haïtiens, des hommes et des femmes du monde entier tout comme il a accueilli, il y a un siècle, des millions d’Européens, d’Arabes et des Asiatiques.  Nous sommes un pays multiethnique où les différences coexistent, s’est enorgueillie Mme Rousseff.  Nous avons besoin, a-t-elle dit, d’une ONU capable de promouvoir une paix durable et d’agir rapidement et efficacement face aux crises, aux conflits régionaux et aux crimes contre l’humanité.  Nous ne pouvons plus, par exemple, retarder la création d’un État de Palestine cohabitant pacifiquement et harmonieusement avec Israël.  Dans le même esprit, l’expansion des colonies dans les territoires palestiniens occupés ne peut plus être tolérée », a estimé Mme Rousseff.

Une réforme complète de ses structures est primordiale pour donner à l’ONU la centralité qu’elle mérite.  Le Conseil de sécurité doit être élargi dans les catégories de membres permanents et non permanents pour devenir plus représentatif, plus légitime et plus efficace.  La plupart des États Membres refusent tout report de cette question.  Nous nous attendons à ce que cette session entre dans l’histoire comme un tournant dans la trajectoire de l’ONU, qu’elle donne des résultats concrets dans le long, et jusqu’ici peu concluant, processus de réforme de l’Organisation, a voulu Mme Rousseff.

La Présidente a rappelé que le groupe BRICS « Brésil-Fédération de Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud » a créé une nouvelle banque de développement qui contribuera à l’élargissement du commerce et des investissements et probablement à la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle estimé, décrit le futur que nous voulons.  Il exige la solidarité mondiale, la détermination de chacun et l’engagement à s’attaquer aux changements climatiques, à battre la pauvreté et créer des opportunités.

À Paris, en décembre, nous devrons renforcer la Convention sur le climat et les obligations, qui seront énoncées, doivent être ambitieuses et conformes au principe de responsabilité commune mais différenciée.  La Présidente a réitéré la contribution prévue déterminée au niveau national (INDC) du Brésil qui sera une réduction de 43% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, l’année de base étant 2005.  Le Brésil, a souligné la Présidente, est l’un des rares pays en développement à s’engager en faveur d’un objectif absolu en matière d’émissions.  Après avoir fait part des progrès enregistrés par son pays, en particulier dans la lutte contre la corruption, la Présidente a attiré l’attention sur le fait qu’il y a quelques jours, la fresque « Guerre » et « Paix » de l’artiste brésilien Candido Portinari, offert en 1957 aux Nations Unies par le Brésil, a fait son retour au Siège de l’ONU.  L’artiste disait: il n’est pas d’art qui ne s’identifie aux peuples », a souligné la Présidente en arguant que ce message est toujours aussi valide et qu’il parle non seulement des victimes de la guerre mais aussi des réfugiés qui partent dans des embarcations fragiles pour braver la Méditerranée et des gens qui recherchent la protection, la paix et le bien-être que l’ONU est censée leur apporter. 

Après 70 ans, les progrès sont réels, a déclaré M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis.  Pourtant aujourd’hui, nous nous réunissions en sachant que le travail n’est pas terminé et que des courants dangereux risquent de nous faire reculer dans un monde plus sombre et plus désordonné.  Comment répondre à ces tendances? a demandé M. Obama à ceux qui disent que les principes de la Charte sont irréalisables ou dépassés et que la loi du plus fort doit prévaloir.  Nous voyons ainsi des grandes puissances asseoir leur pouvoir en contrevenant au droit international.  Selon elles, nous devons appuyer des tyrans comme Bashar al-Assad qui bombardent leur peuple parce que l’alternative serait certainement pire.  Le scepticisme croissant face à l’ordre international est aussi de mise dans les démocraties les plus avancées, a fait observer le Président, en admettant que son propre pays n’est pas épargné puisque l’on entend des gens défendre la force contre les vieux ennemis à savoir une Chine montante, une Russie renaissante, un Iran révolutionnaire ou un Islam incompatible avec la paix. 

Le Président s’est dit convaincu que les nations du monde ne peuvent retourner aux vieux réflexes des conflits et de la coercition.  Quelle que soit la puissance de son armée ou la force de son économie, un pays comme les États-Unis ne peut résoudre seul les problèmes du monde.  Il l’a appris en Iraq.  Mais, a poursuivi le Président, la répression non plus ne peut forger la cohésion sociale dont les pays ont besoin pour réussir.  Aujourd’hui, la force ne se mesure plus au contrôle d’un territoire.  La force des nations dépend du succès de ses citoyens, des droits individuels, de la bonne gouvernance et de la sécurité humaine.  La répression et l’agression étrangère sont les symptômes de l’échec.  Une politique de solidarité qui se fonde sur la diabolisation des autres ou qui s’alimente du sectarisme montrera tôt ou tard ses faiblesses.  Les nations fortes ont, par-dessus tout, la responsabilité de respecter l’ordre international actuel, a estimé le Président qui a illustré ses propos par le succès du processus lié au dossier nucléaire iranien.  La même fidélité à l’ordre international a guidé nos réponses aux autres défis du monde dont l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie et l’agression de l’est de l’Ukraine.  L’imposition des sanctions n’est en aucune façon une volonté de retourner à l’ère de la guerre froide, a assuré le Président.  De même, pour la mer de Chine méridionale, les États-Unis défendront les principes du droit international tout en encourageant la Chine et les autres à résoudre leurs différends par la voie pacifique.

La diplomatie est difficile, a reconnu le Président, ses résultats peuvent décevoir et elle est rarement populaire.  Mais les grandes nations ont l’obligation de prendre ce risque surtout qu’elles sont assez puissantes pour protéger leurs intérêts si et quand la diplomatie échoue.  Nous devons aussi être assez forts pour admettre que ce que nous faisons ne fonctionne pas, a poursuivi le Président en parlant du cas de Cuba.  S’il est de l’intérêt des grandes puissances de respecter le droit international, il l’est aussi du reste de la communauté des nations, a estimé le Président en appelant l’Iran, qui continue à faire jouer ses pions, à emprunter cette voie et scander « mort à l’Amérique » ne créera pas d’emplois et ne rendra pas l’Iran plus sûr.  Promettant l’aide de son pays à la Libye, le Président a, sous les applaudissements, annoncé que tout comme les 50 autres pays, les États-Unis déploieront des capacités pour renforcer le maintien de la paix de l’ONU. 

Nulle part ailleurs, notre engagement à l’ordre international n’a été autant mis à l’épreuve qu’en Syrie, a admis le Président.  C’est sans scrupule que les États-Unis ont engagé leurs troupes contre l’État islamique mais la puissance militaire ne suffira pas à résoudre la situation.  Les États-Unis sont prêts à travailler avec tout le monde, y compris la Fédération de Russie et l’Iran, pour résoudre le conflit.  Mais après tant de sang et de carnages, il est hors de question que l’on revienne à la situation qui existait avant la guerre.  C’est « Assad qui a réagi à des manifestations pacifiques en accentuant la répression et les meurtres, créant l’environnement actuel », a accusé le Président.  Le réalisme exige une transition gérée sans Assad et avec un nouveau leader et un gouvernement inclusif qui reconnaissent qu’il faut mettre fin à ce chaos pour que les Syriens puissent se reconstruire.  Avec l’État islamique, une partie de nos efforts doit être de rejeter les musulmans qui déforment l’Islam et qui prêchent l’intolérance et la violence mais aussi les non-musulmans ignorants qui croient qu’Islam égale terreur.  Le travail prendra du temps.  Il n’y a pas de réponse facile en Syrie ni de réponses simples aux changements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Les États-Unis, a annoncé le Président, ont déjà décidé d’augmenter le nombre de réfugiés qu’ils accueilleront à leurs frontières, au nom de la sécurité collective et c’est la même sécurité qui a présidé aux engagements américains en faveur des objectifs de développement durable.  Les États-Unis travailleront avec tout le monde pour qu’à Paris, on puisse confronter de manière décisive le défi des changements climatiques. 

M. Obama a conclu par un vibrant plaidoyer en faveur de la démocratie.  La démocratie, à savoir la lutte constante pour l’exercice universel des droits et pour donner sa voix au peuple, est ce qui a fait des États-Unis la nation la plus puissante au monde.  Ce qui est vrai pour l’Amérique l’est aussi pour les autres démocraties, a ajouté M. Obama.  Nos systèmes, a-t-il insisté, se fondent sur le postulat que le pouvoir absolu corrompt absolument, que les peuples sont fondamentalement bons et que la famille, l’amitié, la foi et la dignité exigent un effort.  Croire en la dignité de chacun, en la possibilité de jeter des ponts, en la coopération au détriment du conflit, n’est pas de la faiblesse.  C’est de la force, c’est une exigence concrète de notre monde interconnecté et c’est ce que ceux qui ont créé l’ONU, il y a 70 ans, avaient compris, a conclu le Président des États-Unis.

La paix et le droit, a déclaré M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne.  Ces deux mots clefs nous aident à réaliser et à apprécier l’importance des Nations Unies, au cours de ces 70 dernières années.  La paix et le droit, deux mots sans lesquels il est impossible d’imaginer la coexistence entre nations, groupes ethniques et fidèles des différentes religions.  Deux mots qui englobent de « belles » notions, importantes mais fragiles dont il faut prendre soin et qu’il faut cultiver avec de plus en plus de détermination.  L’année 1945 n’est pas seulement celle de la fin de la guerre mais aussi celle de la naissance de l’ONU, le mécanisme « le plus fondamental » d’une coopération internationale voulue au nom de la paix et de la sécurité.  Mais malheureusement, les traités internationaux sont toujours violés aujourd’hui, les promesses solennelles négligées et les droits de l’homme fréquemment foulés au pied.  La Pologne, qui a été si gravement affectée par la Deuxième Guerre mondiale et par plus de 40 ans d’oppression communiste, est particulièrement sensible à l’usage de la force dans les relations entre États, à l’agression armée et aux violations des droits de l’homme.  La communauté internationale doit condamner toute agression qui conduit à un fait accompli, grâce à des tanks, à des missiles et à des bombes. 

La Pologne, a insisté le Président, estime donc qu’il est crucial de continuer à travailler à l’efficacité du Conseil de sécurité, en rappelant à ses membres que le privilège du siège permanent est lié au devoir de prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre les objectifs fondamentaux de l’ONU, comme le dit l’Article 1 de la Charte.  Ces dernières années, le droit de veto a trop souvent conduit à des impasses sur les questions les plus importantes.  C’est la raison pour laquelle la Pologne appuie la proposition de la France d’adopter un code de procédure prévoyant l’abandon du droit de veto en cas de crimes graves au sens du droit international, y compris le crime de génocide.  Le Président a dit rejeter un monde caractérisé par des zones d’influence et par les agressions de ceux qui, ne suivant que leurs propres intérêts, ignorent le droit international et contrarient les 70 ans de l’entreprise commune qu’est l’ONU. 

Le Président a aussi rappelé que les conflits mènent partout dans le monde à la violation de la liberté de conscience et de religion.  Aujourd’hui, les minorités religieuses, en particulier les Chrétiens, sont exposés à la persécution, comme le montrent la situation alarmante du Moyen-Orient et les actes de Daech.  La liberté d’expression veut dire le devoir de dire la vérité et rien n’est plus nocif que des relations entre nations qui se fondent sur la manipulation de la vérité, le mensonge et les stéréotypes.  C’est pourquoi, la vérité mais aussi la vérité sur l’histoire est un facteur si crucial des relations entre États.  Le Président a pris la défense des journalistes et des blogueurs qui braquent les projecteurs sur les régimes totalitaires, les atrocités commises par les terroristes et la brutalité des agents de l’ordre.  Le Président a conclu en affirmant son attachement au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et annoncé l’intention de son pays d’accroître sa contribution directe au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  C’est la raison pour laquelle la Pologne se porte candidate à un siège non permanent du Conseil de sécurité. 

M. XI JINPING, Président de la Chine, a rappelé que le 3 septembre dernier, la Chine avait célébré le soixante-dixième anniversaire de sa victoire contre l’occupation japonaise, soulignant ainsi sa contribution à la victoire du monde antifasciste.  Il faut examiner l’histoire avec une forte conscience humaine, a-t-il dit.  Selon le Président chinois, le passé ne peut être modifié, mais l’avenir peut être façonné.  Il ne faut pas que l’humanité oublie les enseignements de l’histoire, le but étant de transmettre le flambeau de la paix d’une génération à l’autre.

Le monde connaît un processus historique d’évolution accélérée, a-t-il déclaré.  La mondialisation et l’avènement de l’ère de l’information ont favorisé l’ascension des forces sociales productives, mais a provoqué dans le même temps de nouvelles menaces et de nouveaux défis que nous devons relever.  Nous devons renouveler nos buts et engagements en faveur de la Charte des Nations Unies et créer une communauté pour un avenir partagé, a poursuivi M. Xi.

Le Président de la Chine a appelé à la mise en place de partenariats pour permettre aux pays de travailler sur un pied d’égalité et de mieux se comprendre.  Tous les pays sont égaux, les pays puissants ne devant pas intimider les plus faibles, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité de respecter le principe de souveraineté.

Il convient de forger un partenariat aux niveaux mondial et régional, a insisté M. Xi, pour qui la recherche de partenariats est préférable à celle d’alliances.  Il faut privilégier la justice contre la défense des intérêts particuliers, a-t-il ajouté.

La loi de la jungle fait que les faibles sont à la merci des forts, a déclaré le Président chinois.  Ce n’est pas ainsi, selon lui, que les relations doivent fonctionner.  Ceux qui agissent de la sorte se tirent une balle dans le pied, a-t-il estimé, invitant certains États à abandonner la logique de la guerre froide, et appelant à privilégier le rôle central de l’ONU et du Conseil de sécurité pour maintenir la paix internationale.

M. Xi a également plaidé pour la promotion d’un développement ouvert, novateur et inclusif, qui profite à tout un chacun.  La prospérité mondiale ne peut être fondée sur un marché qui n’a pas de contraintes morales.  Le fossé entre riches et pauvres n’est pas viable et est injuste, a-t-il expliqué, jugeant que le développement n’avait de sens que s’il est inclusif et durable.  Il faut, a-t-il dit, un esprit d’ouverture, une aide mutuelle et une coopération dite « gagnant-gagnant ».

De même, est-il nécessaire, selon le Président chinois, de concilier le développement industriel et la protection de la nature et de trouver l’harmonie entre l’humanité et la nature.  Un environnement fort est vital pour l’avenir de l’humanité.  La Chine, a-t-il ajouté, assumera sa part de responsabilité et continuera à jouer son rôle pour la cause commune de la réduction des émissions des gaz à effet de serre.

La Chine est attachée au développement pacifique, a déclaré M. Xi.  Quelle que soit sa puissance future, elle ne cherchera jamais d’expansion ou à asseoir une sphère d’influence.  Elle continuera d’apporter des contributions au développement mondial.  Nous sommes prêts à mettre en commun nos expériences en matière de développement, a-t-il dit, invitant d’autres pays à monter à bord du train rapide de la Chine.  Le vote de la Chine à l’ONU appartiendra toujours aux pays en développement, a-t-il lancé.

M. Xi a annoncé, sous les applaudissements, que la Chine avait décidé d’établir un fonds de développement d’un milliard de dollars sur dix ans pour soutenir les activités de l’ONU en faveur du développement.  En outre, a-t-il déclaré, la Chine va affecter 8 000 soldats aux forces en attente du maintien de la paix.  Elle octroiera enfin 100 millions de dollars à l’Union africaine pour appuyer la force africaine en attente et renforcer ainsi sa capacité à résoudre les crises sur le continent.

Je suis ici, a dit le Roi ABDULLAH II BIN AL HUSSEIN de Jordanie, parce que, comme vous, je veux que mes enfants vivent dans un monde de compassion et de paix.  Or un tel monde est gravement menacé aujourd’hui par le « khawarej », les « gangs de hors-la-loi » de l’Islam qui sévissent dans le monde entier, alimentant la suspicion et exploitant l’ignorance pour étendre leur pouvoir.  J’ai nommé cette crise « troisième guerre mondiale » et je crois qu’il faut y répondre avec la même intensité, à savoir par une action mondiale sur tous les fronts.  Mais, a prévenu le Roi, la guerre la plus importante est celle qu’on livrera sur le terrain des cœurs, des esprits et de la conscience.  Rappelons-nous d’abord, a-t-il encouragé, que ce qui sépare l’humanité est « minuscule » par rapport à ce qu’elle a en commun, à savoir les valeurs profondes de l’amour, de la paix, de la justice et de la compassion.  Ensuite, changeons de ton, a-t-il exhorté, car nous sommes tous en danger quand la violence, la peur et la colère dominent nos discours, que ce soient dans les leçons en classe, dans les sermons hebdomadaires ou dans les relations internationales.  Vivons notre foi dans nos actes quotidiens, amplifions la voix de la modération et ne laissons par nos écrans, nos ondes et nos médiaux sociaux se faire envahir par ceux qui posent le plus grand danger au monde. 

Sachons reconnaître les pièges et disons-nous que dans une communauté musulmane de 1,7 milliard de personnes, soit un quart de l’humanité, les « gangs de hors-la-loi » ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan.  Mais une goutte de poison peut tuer et il nous faut protéger la pureté de notre foi.  Montrons-nous, a ajouté le Roi, « intolérant à l’intolérance » et soyons « hyper-connectés », en nous réunissant dans une conscience et une cause communes. 

Aujourd’hui, a alerté le Roi, les réfugiés syriens représentent 20% de la population jordanienne; l’aide apportée à la Jordanie n’étant qu’une petite fraction du coût qu’elle a déjà payé.  Il est grand temps que la communauté internationale agisse collectivement pour résoudre cette crise humanitaire sans précédent et vienne enfin en aide à la Jordanie et au Liban qui font les frais de ce fardeau depuis plus de 4 ans.  « En toute chose, nous devons agir ensemble.  Les valeurs que nous partageons –égalité compassion et espoir– doivent être connectées à tout ce que nous faisons.  De même, nous devons restés liés les uns aux autres, pour le bien de tous », a conclu le Roi de Jordanie. 

« C’est à Yalta, en Crimée, dans mon pays, que se sont rassemblés en 1945 les dirigeants de la coalition antihitlérienne afin de jeter les bases  de ce qui sera le système de l’ONU », a déclaré M. VLADIMIR PUTIN, Président de la Fédération de Russie.  Il a évoqué les critiques récurrentes dont l’ONU est l’objet et qui ont trait à son manque d’efficacité et aux contradictions insurmontables que connaît le Conseil de sécurité.  Les différends ont toujours existé au sein de l’ONU et le droit de veto a été utilisé par chacun des cinq membres permanents du Conseil, a-t-il rappelé, indiquant que, s’il ne saurait toujours y avoir unanimité, la conciliation devait être en permanence recherchée au sein des Nations Unies.  « Les décisions passent ou ne passent pas », a-t-il dit, ajoutant que ceux qui ignoraient cela contrevenaient à la Charte des Nations Unies.

M. Putin a déclaré qu’après la fin de la guerre froide, il n’y avait plus qu’un seul centre de domination.  Le sommet de la pyramide a pu penser qu’il n’était plus nécessaire de prendre en compte les Nations Unies, a-t-il dit, mentionnant les rumeurs qui avaient circulé sur l’obsolescence de l’Organisation.  Le Président Putin a qualifié de « très dangereuses » les tentatives visant à saper la légitimité de l’ONU car elles menacent l’architecture internationale dans son ensemble et ouvrent la voie à un monde où règnerait la loi du plus fort.  Ce serait alors un monde de protectorats, a-t-il dit.

Estimant que la souveraineté c’est la liberté, M. Putin a estimé que les États étaient tous différents et qu’il fallait respecter cet état de fait.  Nous ne devons pas nous adapter à un seul modèle de développement, a-t-il affirmé, avant d’inviter à se souvenir du précédent de l’Union soviétique.  Il a expliqué que « l’exportation de ses propres clichés idéologiques en vue de tel ou tel changement » ne saurait aboutir qu’à des reculs.  « Nous assistons aujourd’hui à l’exportation de soi-disant révolutions démocratiques. »  Il a demandé à ceux qui ont prôné de telles révolutions, notamment en Iraq, s’ils avaient conscience de ce qu’ils avaient fait.  « J’en doute. »  L’invasion de l’Iraq a eu pour conséquence de créer des « zones d’anarchie » qui ont attiré les extrémistes, dont des anciens soldats iraquiens en déshérence.

S’agissant de la situation en Libye, théâtre d’une intervention décidée en violation des résolutions du Conseil de sécurité, le Président de la Fédération de Russie a affirmé que des éléments libyens dits modérés se retrouvaient maintenant aux côtés de Daech qui a été nourri et choyé par ceux qui pensaient qu’ils pouvaient en faire un instrument contre les régimes laïques indésirables, a-t-il affirmé.  Il a qualifié « d’hypocrite et d’irresponsable » la position consistant à dénoncer la menace du terrorisme tout en fermant les yeux sur les soutiens apportés aux groupes terroristes.  Il est irresponsable de manipuler les réseaux terroristes en espérant les anéantir ensuite, a poursuivi le Président russe.

« Qui manipule qui? » a-t-il demandé, ajoutant que si les terroristes étaient cruels, ils n’étaient pas stupides.  M. Putin a déclaré que la Fédération de Russie apportait un soutien à la Syrie et à l’Iraq.  « Nous pensons que c’est une énorme erreur de refuser de coopérer avec le Gouvernement syrien et ses forces armées qui combattent le terrorisme si vaillamment. »  Il a aussi déploré que la Fédération de Russie se voie accusée d’avoir des ambitions dans la région « comme si ceux qui brandissent de telles accusations n’avaient pas, eux-mêmes, des ambitions ».

Le Président Putin a proposé la création d’une coalition à portée mondiale contre Daech qui rallierait les forces prêtes à agir comme cela avait été décidé face au nazisme.  Les pays musulmans en seraient des éléments clefs, a poursuivi M. Putin, car les terroristes profanent l’une de plus grandes religions qui soient: l’islam.  Le plus sûr remède qui puisse être apporté au phénomène des réfugiés est le renforcement des structures publiques en place, par la fourniture notamment d’un soutien militaire.  « Toute assistance doit être proposée et non pas imposée », a-t-il dit, avant de souligner la nécessité de soutenir ces structures en Iraq et en Libye, ainsi que le Gouvernement légitime syrien.

M. Putin a vivement critiqué la persistance d’une mentalité de guerre froide et la logique de confrontation qui ont abouti à une grave crise en Ukraine, où, à un moment donné, le changement politique a été instrumentalisé.  Il faut appliquer de bonne foi les Accords de Minsk et respecter le choix des populations du Donbass, a-t-il dit.

Le Président russe a ensuite déploré le détournement des règles du commerce international au profit de quelques-uns et qui visent à éliminer de manière indue des rivaux commerciaux.  « On veut nous mettre devant le fait accompli », a-t-il affirmé, regrettant que certaines négociations commerciales soient menées à l’insu des États.

En ce qui concerne le défi des changements climatiques, M. Putin a jugé que l’introduction de quotas de gaz à effet de serre ne serait pas suffisante et qu’il fallait développer des technologies novatrices, en harmonie avec la biosphère.  Il a proposé la tenue d’un forum spécial sous l’égide de l’ONU pour traiter de ces questions, la Fédération de Russie étant prête à jouer un rôle de coordinateur.  En conclusion, le Président Putin a affirmé qu’il fallait privilégier la bonne coopération et fait part de sa foi dans la faculté de l’ONU à éviter la confrontation.

Mme PARK GEUN-HYE, Présidente de la République de Corée, a constaté que le monde d’aujourd’hui ne manquait pas de conflits ni de guerres civiles, citant l’émergence de l’État islamique, source d’une inquiétude mondiale qui doit être rapidement traitée.

Mais les changements climatiques constituent une autre menace pour l’humanité, a-t-elle rappelé, comme l’épidémie d’Ebola ou d’autres maladies infectieuses qui causent de très nombreux décès or, personne aujourd’hui, dans ce village mondial, ne peut penser qu’il sera épargné.

Afin de répondre à ces menaces, la République de Corée ne ménage pas ses efforts pour soutenir les Nations Unies, car le « Miracle coréen » doit beaucoup à l’assistance et à la coopération de la communauté internationale, a souligné la Présidente.

S’atteler aux changements climatiques constitue une tâche urgente sur l’agenda de l’ONU qui ne saurait être renvoyée à plus tard, a estimé la Présidente Park.  Il est indispensable qu’en décembre à Paris la communauté internationale parvienne à un accord concret: car, selon elle, la lutte contre les changements climatiques n’est pas une charge mais une réelle occasion de lancer les moteurs d’une future croissance basée sur l’innovation technologique.

Pour cette raison, la République de Corée a soumis sa contribution en juin dernier et participera activement aux négociations tout en recherchant une transition vers une économie à basse intensité carbone.  Elle est prête également à développer des modèles de croissance industrielle basés sur de nouvelles énergies et à les partager avec les pays en développement.

En tant que pays qui a vécu une guerre dévastatrice et qui reste profondément éprouvé par sa partition, la République de Corée est engagée en faveur de la paix et participe aux efforts de l’ONU pour la préserver, a souligné la Présidente dont le pays a déployé 13 500 soldats dans 18 missions de maintien de la paix de l’ONU.  Puisqu’en juin, un accord a pu être trouvé sur le nucléaire iranien, il est temps que la communauté internationale concentre ses efforts sur le nucléaire de la « Corée du Nord », a-t-elle insisté, évoquant les nouveaux actes de provocation de son voisin qui vient encore de violer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Si la République populaire démocratique de Corée devait abandonner ses ambitions nucléaires et choisir la voie de la paix, la République de Corée s’attèlerait avec la communauté internationale à soutenir activement ses efforts pour développer son économie et améliorer la qualité de vie de sa population, a-t-elle assuré.

M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a déploré la mort de milliers de pèlerins musulmans au cours du pèlerinage du hadj, victimes de l’incompétence et de la mauvaise gestion des autorités.  L’opinion publique exige que les responsables saoudiens honorent rapidement leurs obligations internationales et accordent immédiatement l’accès consulaire pour l’identification rapide des corps et leur rapatriement.  Le Président a estimé que les conditions sont réunies pour une enquête indépendante et précise sur les causes de cette catastrophe et les moyens de les prévenir.

Aujourd’hui, un nouveau chapitre sur les relations de l’Iran avec le monde s’ouvre, a poursuivi M. Rouhani, en parlant du Plan d’action global commun (JCPOA) entre l’Iran et six puissances mondiales lequel s’est immédiatement transformé en un instrument international ratifié par le Conseil de sécurité.  Du point de vue du droit international, cet instrument crée un précédent où, pour la première fois, deux parties, plutôt que de négocier la paix après la guerre, se sont engagées dans un dialogue avant l’éclatement du conflit.  La clef de la réussite est le fait que chaque acteur qui avance des exigences propres et qui ne fait pas de place à l’autre ne peut parler de paix, de stabilité ou de développement.  Comme dans le commerce et l’économie où les intérêts des deux parties doivent être pris en compte, en politique et dans les relations internationales, les solutions mutuellement bénéfiques doivent être la base de l’engagement.

Si nous contestons les résolutions injustes et les sanctions qui résultent d’un malentendu ou parfois de l’hostilité ouverte de certains, l’Iran dit: « plus tôt tu arrêteras de faire du mal, plus d’avantages tu tireras ».  L’heure où le mal s’arrête à enfin sonné.  La résolution 2231 du Conseil de sécurité en dépit de certaines lacunes importantes, constituait un développement important et la base de la fin des sanctions.  L’Iran, a répété le Président, n’a jamais eu l’intention de se doter de l’arme nucléaire.  Les sanctions étaient donc injustes et illégales.  Nous avons prouvé au cours des négociations qu’il n’y avait rien d’autre sur la table de l’Iran que la logique, la raison et l’éthique et là où c’était nécessaire, de la légitime défense contre l’agression.  Parallèlement à la mise en œuvre du Plan d’action, les États dotés de l’arme nucléaire devraient jouer un rôle positif dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et faire en sorte que le « régime sioniste » ne soit plus l’unique  obstacle à la réalisation de cette importante initiative.

L’accord nucléaire, qui est un excellent exemple de la « victoire sur la guerre » n’est pas l’objectif final mais peut être la base d’un changement fondamental dans la région.  La menace plus grave aujourd’hui est représentée par la volonté des organisations terroristes à se muer en États terroristes.  Le Président a donc proposé que la lutte contre le terrorisme soit incorporée dans un document international juridiquement contraignant et qu’aucun pays ne puisse recourir au terrorisme comme moyen d’ingérence dans les affaires intérieures des États.  Nous l’avons toujours dit, a affirmé le Président, le seul moyen de déraciner le terrorisme au Moyen-Orient est de s’attaquer à ses causes sociale, économique et culturelle sous-jacentes.

Le Président a proposé le lancement d’un « front uni contre l’extrémisme et la violence » qui créerait un mouvement collectif et mondial pour s’attaquer sérieusement aux problèmes régionaux par le dialogue, qui préviendrait le massacre des populations innocentes et les bombardements de civils, qui fournirait la stabilité en coopération avec les gouvernements et qui renforcerait la diplomatie et la gouvernance démocratique dans la région du Moyen-Orient. 

     Les problèmes de l’Iraq, de la Syrie et du Yémen persistent, a dit le Président, à cause de la mauvaise politique des nouveaux venus et de la naïveté de certains acteurs transrégionaux.  N’oublions pas que ces guerres trouvent leurs racines dans les occupations, les invasions et les interventions militaires d’hier.  Si les États-Unis n’avaient pas envahi l’Afghanistan et l’Iraq, s’ils n’avaient pas offert un appui malvenu à l’action inhumaine au « régime sioniste », les terroristes d’aujourd’hui n’auraient aucun argument pour justifier leurs crimes, a souligné le Président. 

L’Émir du Qatar, M. TAMIN BIN HAMAD AL-THANI, a jugé encourageante l’adoption, par les États Membres, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, estimant qu’une bonne répartition des fruits du développement était une condition préalable à la réalisation de la justice sociale, à la dignité humaine, et au renforcement de la cohésion des communautés, et par conséquent, l’amélioration de la sécurité.

De la même façon qu’il n’y a pas de stabilité durable sans développement et justice sociale, le développement est également impossible dans des circonstances de guerres et de troubles.

Selon l’Émir, l’absence de consensus international est un obstacle face aux questions importantes, et la sélectivité dans le respect de la justice et du droit international est encore répandue, a-t-il déploré.

Le conflit au Moyen-Orient continuera de poser une constante menace à la paix et à la sécurité internationales en raison de son impact direct sur un grand nombre de crises que connaissent la région et le monde, a-t-il déclaré.  La solution juste et durable de la question palestinienne ne peut être reportée à la prochaine génération, a—t-il dit.  La réalisation d’un règlement juste et durable qui puisse mettre fin à l’occupation israélienne des terres palestiniennes et permettre l’établissement d’un État palestinien exige un partenaire israélien pour la paix, un partenaire qui fait défaut, a-t-il estimé.

L’Émir a déclaré que la poursuite de la cause palestinienne sans une solution permanente et juste constituait un stigmate sur la face de l’humanité.  La communauté internationale, représentée par le Conseil de sécurité, doit assumer ses responsabilités, prendre une position ferme obligeant Israël à se conformer aux résultats attendus de la paix, à savoir, l’arrêt de toutes les formes d’activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, la levée du siège injuste de la bande de Gaza, la mise en œuvre des résolutions qui reconnaissent au peuple palestinien le droit de reconquérir leurs droits nationaux légitimes et de créer un État palestinien selon les frontières 1967, selon le principe de la solution à deux États.

La crise syrienne génère des conséquences catastrophiques pour le Moyen-Orient, et même le monde, à la lumière de la poursuite des atrocités et des crimes horribles commis par le régime contre le peuple syrien, a-t-il ajouté.  Selon l’Émir Al-Thani, le régime syrien a manipulé le concept de terrorisme, en dépeignant des manifestations pacifiques en terrorisme, alors que lui-même pratiquait des actes réels de terrorisme.

Il incombe à la communauté internationale d’arrêter les massacres et de fournir les conditions pour une alternative civile et équitable à la tyrannie.  L’échec de la communauté internationale à prendre les décisions et les mesures nécessaires pour mettre fin à cette catastrophe est un crime majeur, a—t-il jugé.  Dans ce contexte, le rôle de l’Assemblée générale doit être activé et renforcé.

Il a également estimé que l’accord entre l’Iran et le Groupe 5 + 1 était positif et représentait une étape importante.  Il a appelé à aller de l’avant et à désarmer toute la région des armes nucléaires et de destruction massive.  Dans ce contexte, et compte tenu de l’importance stratégique de la région du Golfe, la réalisation de la stabilité dans le Golfe est essentielle pour les pays de la région et la communauté internationale dans son ensemble.

L’Émir a par ailleurs assuré que les relations bilatérales entre le Qatar et l’Iran évoluaient de manière régulière sur la base des intérêts communs et de bon voisinage.  Selon lui, les antagonismes actuels ne proviennent pas d’un conflit entre chiites et sunnites, mais plutôt de différences résultant d’intérêts politiques ou d’intérêts de forces politiques et sociales qui entretiennent les préjugés sectaires.

Il a affirmé l’engagement de son pays pour l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté du Yémen, et son appui à l’achèvement du processus politique, conformément à l’initiative du Golfe, à son mécanisme de direction, aux résultats du dialogue national en janvier 2014, à la Déclaration de Riyad de mai 2015 et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2216 (2015).

M. FRANCOIS HOLLANDE, Président de la France, a salué les progrès immenses accomplis depuis la création de l’ONU.  Malheureusement, 70 ans après, il y a toujours des tragédies, des conflits et des guerres, et le monde doit relever des défis considérables.

Le Président a évoqué les millions de réfugiés qui fuient au Moyen-Orient et en Afrique; le terrorisme qui frappe les populations civiles; les conflits qui demeurent sans règlement depuis des années; les catastrophes naturelles, « les îles qui vont bientôt disparaître, les glaciers qui fondent et les dérèglements climatiques ».

La France, qui « ne refuse jamais son concours » dans beaucoup de domaines, « a voulu la Conférence sur le climat à Paris », a assuré M. Hollande.  « Nous devrons nous poser une seule question: l’humanité est-elle capable de prendre la décision de préserver la vie sur la planète? »  Si ce n’est pas décidé à Paris, « ce sera trop tard pour le monde », a-t-il averti.

Les choses ont bien avancé depuis plusieurs mois, a reconnu le Président en saluant notamment les États-Unis et la Chine qui ont pris « des engagements qui contribuent à changer la donne ».  M. Hollande, auquel on demande souvent son « pronostic », a affirmé que « rien n’est gagné pour l’accord à Paris », mais que « tout reste possible ».  Pour cela il faut trois conditions.  Premièrement, il faut pouvoir conclure un accord universel contraignant et différencié.  À ce jour, a-t-il précisé, 90 États représentant 80% des émissions de gaz à effet de serre ont remis leurs contributions nationales.  Il a donc invité « l’autre moitié du monde » à répondre.

Deuxièmement, a poursuivi le Président, il faut être capable d’inscrire notre action dans la durée.  « Paris ne devra pas être un aboutissement mais un point de départ », a-t-il estimé.  Il a préconisé un mécanisme de révision intégré à l’accord pour mesurer tous les cinq ans nos contributions nationales et nous assurer qu’à la fin du siècle « la planète ne se sera pas réchauffée de plus de 2 degrés ».

Troisièmement, les pays développés auront à apporter des engagements financiers pour que les pays en développement puissent s’adapter aux changements climatiques.  À cette fin, il faudra rassembler 100 milliards de dollars en 2020, a prévenu M. Hollande.  L’OCDE fera une première estimation et il faudra continuer à mobiliser la Banque mondiale, les institutions financières, les États et les acteurs privés pour atteindre ce chiffre.  « Chacun doit montrer l’exemple et la France n’échappe pas à cette règle », a-t-il dit.  Il a annoncé que les financements annuels de la France pour le climat, qui sont de 3 milliards aujourd’hui, dépasseront 5 milliards en 2020 sous la forme de prêts mais aussi de dons.

Mais s’il faut que le monde soit vivable à la fin du siècle, il faut aussi qu’il soit « déjà supportable aujourd’hui », a continué le Président français.  « La Syrie appelle une fois encore notre mobilisation et notre intervention », a souligné M. Hollande en évoquant la tragédie qui frappe la population syrienne et a fait 250 000 victimes.  Or, « le drame syrien a commencé avec la révolution qui a voulu mettre en cause la dictature de Bachar al-Assad », a martelé le Président.  Il a fait remarquer qu’« avant, il n’y a avait pas de terroristes, de réfugiés, de déplacés ».  Huit millions de personnes n’ont pas fui simplement une guerre mais le régime de Bachar al-Assad, a-t-il insisté.  « C’est ce même régime qui déverse des bombes sur des populations civiles innocentes. »

Ce n’est pas parce qu’un groupe terroriste massacre, pille, viole qu’il devrait y avoir « pour autant une forme de pardon et d’amnistie pour le régime qui a créé cette situation », a continué le Président.  Il a estimé qu’aucune solution ne pourra être trouvée hors d’un processus politique.  La France qui entend prendre ses responsabilités a entrepris une action armée; elle n’écarte aucun pays.  « Nous voulons travailler avec tous ceux qui le voudront », a assuré M. Hollande, en souhaitant une large coalition.  « Une telle coalition doit avoir une base claire ou elle ne verra jamais le jour », a-t-il toutefois considéré.  D’après lui, cette base a été donnée à Genève il y a plus de trois ans et il faut l’utiliser.  « On ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et les bourreaux », a répété M. Hollande.  «  Assad est à l’origine du problème ; il ne peut pas faire partie de la solution. »

Enfin, « nous devons aussi penser à tous les réfugiés qui commencent aujourd’hui une longue marche ».  Le Président a constaté que 80% des réfugiés dans le monde sont au Sud et que c’est le Sud qui assure la solidarité.  «  Ce sont les plus démunis qui accueillent les plus pauvres », a-t-il dit.  « Pour éviter les drames, il faut agir. »  L’Europe fait son devoir en accueillant des réfugiés de Syrie, d’Iraq, d’Érythrée et du Soudan, a précisé M. Hollande.  Le monde doit aider les réfugiés, a-t-il ajouté, en proposant de doter davantage le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’aider les pays voisins, comme le Liban, la Jordanie et la Turquie, ainsi que les pays de transition en Afrique.  Pour sa part, la France a augmenté de 100 millions d’euros son appui.

« La légitimité d’une organisation comme l’ONU repose sur la crédibilité », a souligné M. Hollande.  « Nous n’échapperons pas à une réforme », a-t-il estimé, en plaidant pour l’élargissement du Conseil de sécurité et une représentation différente en son sein.  Il a rappelé que la France s’est engagée à ne jamais utiliser son droit de veto lorsqu’il y a des atrocités de masse.  « Nous devons agir ! Nous pouvons agir pour régler les drames d’aujourd’hui et sauver la planète demain », a-t-il conclu.

À l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a constaté que malgré les succès, l’Organisation n’avait pas réussi à garantir la paix et la sécurité internationales.  D’anciens et de nouveaux défis émergent, des conflits inter et intra-étatiques prolifèrent et le phénomène du terrorisme prend de l’ampleur.  Pour lui, ces échecs ne doivent pas être considérés comme des fatalités mais plutôt comme des défis à relever au-delà des mots, par des actes et des actions concrets, tangibles, structurés et concertés de la communauté internationale.  « L’engagement à agir », qui est le thème de cette année, devrait s’appuyer davantage sur la diplomatie préventive, et mettre en place des plateformes de dialogue entre cultures et civilisations en tant qu’outil de promotion de la tolérance et de la paix.

S’agissant du développement, le Mozambique, qui a fait des progrès remarquables sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), se réjouit de l’adoption du nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 « qui défend la dignité humaine par la lutte contre la pauvreté ainsi que la protection des personnes et de la planète ».  Toutefois, le succès de ce Programme passe par une mobilisation des ressources nécessaires; le respect du principe de responsabilité commune mais différenciée; des partenariats qui honorent les engagements pris; une aide au développement sans conditions politiques ainsi que des transferts de technologies vers les pays en développement, a précisé le Président Nyusi.  Il a également insisté sur la notion d’appropriation nationale.

Quant à la question de l’efficacité et de la pertinence de l’ONU aujourd’hui, il a déclaré qu’il « n’était pas compréhensible que les Nations Unies soient un obstacle à la mise en œuvre de leur propre mandat », en précisant qu’il aurait fallu pouvoir également célébrer cette année la finalisation du processus de réforme du Conseil de sécurité ce qui représente, selon lui, l’un des piliers du succès du nouveau Programme.  S’agissant de la crise humanitaire « sans précédent » des réfugiés et migrants, M. Nyusi a estimé qu’on n’arrivera à rien si l’on continue à chercher des mesures à court terme qui ne font que répondre « à la manifestation du problème », comme le besoin de limiter le flux de réfugiés.  Il faut s’attaquer aux causes profondes de la crise, a-t-il exigé.  Le Président a également saisi cette occasion pour annoncer que son pays avait enfin finalisé son programme de déminage.

Soixante-dix ans après sa création, l’ONU reste, pour le Roi WILLEM-ALEXANDER des Pays-Bas, une organisation dont les activités contribuent toujours à améliorer le monde, et la première organisation internationale de la paix, de la justice et du développement.  « Félicitations et merci pour avoir combattu pendant 70 ans le cynisme et le fatalisme », a déclaré le Roi, dont le pays est candidat à un poste non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2017-2018.  Reconnaissant le rôle capital joué par l’Organisation, il l’a invité toutefois à se pencher sur « les objectifs qu’elle n’a pas pu atteindre ». 

Les Pays-Bas sont préoccupés par le mépris des droits de l’homme et la terreur qui prévalent dans certaines régions où des millions de personnes désespérées ont été déplacées, forcées de fuir la violence.  « Ce sont les victimes innocentes de l’intolérance, d’un comportement affligeant de tyrans », s’est-il indigné avant de souligner que cela remet en cause des années de travail pour le développement durable et qu’on ne pouvait plus regarder ailleurs.

En tant que l’un des plus grands donateurs humanitaires, les Pays-Bas lancent un appel aux autres nations pour qu’elles soutiennent aussi les Nations Unies.  Les Pays-Bas plaident également pour plus d’efficacité et d’efficience dans les efforts collectifs de paix et de sécurité.  Pour le Roi Willem-Alexander, c’est bien souvent le manque d’opportunités qui pousse des jeunes gens vers les organisations terroristes.  La discrimination et l’exclusion sont, selon lui, les causes profondes des maux du monde et, pour y remédier, il a proposé une approche en « 3D »: une combinaison entre défense, développement et diplomatie.  Dans ce domaine, les Pays-Bas ont une longue expérience, a-t-il assuré.  Fier de représenter le pays hôte de la Cour pénale internationale, le Roi a insisté sur l’importance de la lutte contre l’impunité.

Revenant à la catastrophe aérienne du vol Malaysia Airlines 17, pour laquelle des centaines de familles malaisiennes, australiennes et hollandaises sont toujours en deuil, il a rappelé qu’elles attendaient toujours les résultats de la résolution 2166 du Conseil de sécurité qui exige que les responsables de cet incident soient traduits en justice et que tous les États coopèrent pleinement à l’enquête.  Les Pays-Bas ne ménageront aucun effort tant que justice ne sera faite, a-t-il assuré.  Aucune organisation ne peut rester pertinente sans s’adapter aux nouvelles circonstances, a souligné le Roi qui a jugé particulièrement important pour l’ONU qu’elle fasse le bilan de ses propres performances et se pose la question de savoir si ses méthodes de travail sont toujours appropriées.  « Un tel examen est devenu urgent au bout de 70 ans », a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité, a-t-il insisté, doit être en mesure d’agir plus énergiquement face aux atrocités de masse et faire preuve de plus de retenue dans le recours au véto.  À cet égard, il a salué la proposition de la France. 

Allant plus loin, il a abordé la question de la légitimité du Conseil de sécurité où beaucoup de peuples ne se sentent suffisamment représentés, en particulier l’Afrique.  « Cela doit changer », a estimé le Roi.

M. NURSULTAN NAZARBAYEV, Président du Kazakhstan, a d’emblée proposé pour le centenaire de l’ONU, un plan stratégique 2045 en faveur de l’accès de tous aux infrastructures, aux ressources et aux marchés, et en faveur de la reddition des comptes s’agissant des politiques de développement humain.  Le Président a proposé de transformer le Conseil économique et social (ECOSOC) en un « Conseil mondial de développement » qui serait une sorte de « gendarme économique » travaillant à la croissance dans le monde.  Le Président a aussi rappelé l’idée, discutée aujourd’hui au Forum économique d’Astana, d’un plan mondial anticrise.  En la matière, nous devrions commencer par des règles claires sur les émissions et l’échange des devises.  Notre monde a en effet besoin d’« instruments qualitativement novateurs », a dit le Président qui a plaidé pour la création d’une « monnaie supranationale » qui serait plus pertinente pour les cibles du Programme de développement durable et la prospérité. 

Le Président a aussi proposé la rédaction d’une « déclaration universelle des Nations Unies pour la création d’un monde exempt d’armes nucléaires » et, face au défi de l’érosion du droit international et de l’affaiblissement des institutions mondiales, il a jugé nécessaire de prévenir les sanctions arbitraires contraires à la Charte.  Il n’y a pas d’alternative à l’ONU, a insisté le Président, en rappelant que son pays a toujours défendu le règlement pacifique de la crise ukrainienne et la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk.  Il a proposé la convocation en 2016 d’une conférence internationale de l’ONU au plus haut niveau pour réaffirmer les principes du droit international.  Il a aussi proposé la création, sous les auspices de l’ONU, d’un réseau mondial contre le terrorisme qui serait précédé d’un document global contre le terrorisme.  Le Président a enfin annoncé la tenue en 2017 à Astana d’une exposition intitulée « Future Energy ».  Revenant à son plan stratégique 2045, il a estimé que le meilleur moyen de le mettre en œuvre serait de développer, sous les auspices de l’ONU, le concept de « NEW FUTURE ».  Le Président n’a pas oublié de mentionner la candidature du Kazakhstan à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2017-2018.  Le centre de la croissance étant aujourd’hui en Asie, continent qui abrite deux tiers de la planète et ou d’énormes ressources sont concentrées, le Président a proposé de déménager le Siège de l’ONU en Asie.

M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, a rappelé que son pays avait une tradition de médiateur dans les conflits de sa région, et qu’il avait toujours promu la solution pacifique des différends.  Il a salué le rétablissement récent des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et a souhaité la fin de l’embargo contre Cuba.  Il s’est également félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.  Le Mexique, a poursuivi le Président, est fier de siéger au Conseil des droits de l’homme de 2014 à 2016, et de recevoir bientôt la visite du Haut-Commissaire aux droits de l’homme.

M. Peña Nieto s’est dit préoccupé par « les nouveaux populismes », de gauche comme de droite, qui menacent le monde du fait des inégalités croissantes, de la crise économique mondiale et de la frustration sociale qui en résulte.  Dans cette seconde décennie du XXIe siècle, « nous ne devons pas répéter les erreurs qui ont causé tant de douleur au monde durant le siècle passé », a-t-il mis en garde.  Selon lui, il est temps de réaffirmer les principes qui sont à l’origine de la création de l’ONU.  « Nos sociétés méritent que soient respectés les migrants, les femmes, toutes les races et religions, la diversité et la pluralité politique, et, plus que tout, la dignité humaine », a-t-il ajouté, en mettant l’accent sur « la valeur de la confiance ».

Le Président du Mexique a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Cadre de Sendai pour la réduction du risque des catastrophes naturelles sont « des décisions historiques qui promeuvent un nouveau paradigme, un changement dans la façon dont pensent et agissent les nations ».  Dans la perspective de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, le Mexique a en outre été le premier pays en développement à annoncer ses contributions, s’est-il félicité.

Évoquant la réforme et la modernisation du Conseil de sécurité, M. Peña Nieto a jugé « inacceptable que l’on continue à utiliser le droit de veto à des fins exclusivement nationales en freinant l’action internationale ».  Il a appuyé l’initiative de la France en vue de limiter le recours au droit de veto dans les cas de violations graves du droit international et des droits de l’homme que constituent les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide.

Notant ensuite que des millions de gens immigrent « à la recherche de meilleures conditions de vie », le Président mexicain a souhaité la création d’un cadre mondial de protection des droits des migrants et une réponse globale initiée par les Nations Unies.   

Par ailleurs, il a considéré que l’humanité devait revoir sa perception du problème mondial des drogues et se pencher sur la question de façon « plus efficace, plus juste et plus humaine ».  À la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les drogues, qui aura lieu l’année prochaine, la communauté internationale devra « rompre avec l’inertie » et développer des politiques centrées sur le bien-être et la dignité des personnes, a-t-il insisté.  

M. ANÍBAL ANTÓNIO CAVACO SILVA, Président du Portugal, s’est félicité de l’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable et rappelé que 17 ans après le Protocole de Kyoto, 2015 serait une année clef pour la lutte contre les changements climatiques.  Il est impératif de parvenir à Paris, en décembre, à un accord mondial, équitable et contraignant pour tous, a-t-il insisté.  Compte tenu de l’histoire du Portugal, a souligné son Président, les océans jouent un rôle de première importance.  Le Portugal a d’ailleurs présidé le Groupe de travail des Nations unies sur la définition d’un système d’informations fiable et précis sur l’environnement maritime.  La publication du premier rapport d’évaluation globale sur l’état des océans a constitué, à cet égard, un pas dans la bonne direction, a-t-il estimé, promettant l’engagement de son pays dans la préparation d’un instrument juridiquement contraignant de conservation et de préservation des ressources maritimes dans les eaux internationales.

Face à la multiplication des crises et des affrontements violents dans le monde, le Président du Portugal a estimé que le Conseil de sécurité avait un rôle essentiel à jouer mais qu’il devait refléter l’état du monde, ce qui impose d’augmenter le nombre de pays membres, permanents et non permanents, et de revoir ses méthodes de travail.  La résolution des crises en Syrie, en Iraq et en Libye, en particulier, avec le flot de réfugiés qu’elles suscitent, le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale, ne peut plus demeurer l’otage des blocages qui prolongent et aggravent la misère et les souffrances des populations, a insisté M. Cavaco Silva.

« Comment peut-on comparer le monde d’aujourd’hui à celui de nos grands-parents? » a demandé M. LARS LØKKE RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark.  La réponse est simple: des millions de personnes sont sorties de la pauvreté et de plus en plus d’enfants ont été scolarisés et même le nombre et l’ampleur des conflits armés sont sur le déclin.  Pourtant cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de nouveaux défis à relever.  « Nous vivons dans un monde en évolution où les conflits restent la plus grande menace pour l’humanité, notre planète est mise sous pression et l’extrémisme est en montée », a constaté le Premier Ministre pour lequel, dans ce monde complexe, il n’existe pas de solution toute faite.  Pour son gouvernement, la paix et la sécurité restent une priorité absolue, et il a regretté que trop souvent la coopération et le dialogue soient remplacés par l’usage de la force.  Dénonçant les violations inacceptables du droit international et du principe d’intégrité territoriale, il a expliqué que le Gouvernement danois continuait d’appuyer les efforts visant un règlement politique en Syrie et qu’il faisait partie de la coalition internationale contre Daech.  En Afrique, le Danemark a décidé de revoir à la hausse sa contribution à la Mission de l’ONU au Mali.

Tous ces conflits ont pour conséquence des flux de réfugiés sans précédent et « nous devons les protéger », a déclaré M. Rasmussen pour lequel il s’agit d’une responsabilité collective que le Danemark prend très au sérieux.  Il en a voulu pour preuve que l’année dernière, son pays était le deuxième pays européen à accueillir le plus de réfugiés syriens.  

Les motivations des migrants économiques sont compréhensibles, selon lui.  Il a insisté sur le fait que la réponse doit impérativement passer par une croissance inclusive de toutes les nations.  À cet égard, le Danemark tient à remarquer qu’il a systématiquement honoré l’engagement pris d’allouer 0,7% de son PNB à l’aide publique au développement (APD) et qu’il vient d’allouer 100 millions d’euros supplémentaires aux efforts humanitaires pour faire face à la situation des réfugiés syriens.  M. Rasmussen en appelle à tous les États pour revoir à la hausse leur APD.

M. Rasmussen a également abordé la question de la crédibilité des Nations Unies et a estimé qu’il fallait un Conseil de sécurité qui puisse réellement faire face aux conflits en temps et en heure et qui soit le reflet du monde tel qu’il existe aujourd’hui. 

S’agissant des droits de l’homme, « qui sont le fondement de la liberté et de la justice dans le monde », il a regretté que beaucoup de personnes ne vivent toujours pas en démocratie.  Les femmes sont, selon lui, le moteur du développement durable et, par conséquent, le Danemark est un fervent défenseur du droit de la femme.  Dans cet esprit, il organisera l’année prochaine une conférence sur le rôle des femmes dans le développement durable, a dit le Premier Ministre qui a aussi rappelé que le Danemark se portait candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.

Abordant la question du développement durable, il a lancé un appel à l’action qui nécessitera des financements importants qui ne pourront être levés qu’en partenariat avec le secteur privé et la société civile.  À ce titre, il a espéré que sur la question des changements climatiques, qui font intrinsèquement partie de l’agenda du développement durable, il sera possible de parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant à Paris en décembre.

Au cours des 70 dernières années, les progrès ont été remarquables et nous sommes tombés d’accord sur un nouveau Programme.  Maintenant il faut agir pour prouver « à nos petits enfants que nous sommes à la hauteur des promesses faites ».

M. HAILEMARIAM DESALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a estimé que les adoptions, à quelques mois d’intervalle, du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, et des objectifs de développement durable, témoignent d’un véritable tournant dans l’histoire des Nations Unies.  Prenant note de la « volonté politique » à l’œuvre sur le plan multilatéral, le Chef de gouvernement s’est déclaré confiant qu’un accord contraignant sur le climat serait adopté à la Conférence des États Parties à la Convention-cadre qui se tiendra en décembre à Paris.  Insistant sur les contributions régulières de son pays aux buts et objectifs de la Charte de l’ONU, M. Desalegn s’est dit heureux de noter que l’Éthiopie est désormais le second plus important contributeur aux opérations de maintien de la paix.   

Parcourant les 70 années d’existence de l’ONU, le Premier Ministre a prévenu que ce qui a été fait jusqu’ici est très loin des défis « herculéens » qu’il reste à relever et des nombreuses lacunes de l’ONU qu’il faudra combler.  Une chose est sûre, a-t-il concédé, le monde ne peut se permettre de vivre sans les Nations Unies.  Mais les pères fondateurs n’avaient pas prévu la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent ni les conséquences dévastatrices des changements climatiques et d’autres défis émergents de notre temps.  La nécessité de réformer l’ensemble du système des Nations Unies est reconnue depuis longtemps.  Il est essentiel de faire en sorte que l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité, se mette à la hauteur des objectifs « historiques » de développement durable.  Le Premier Ministre a plaidé pour une pleine représentation de l’Afrique dans les organes décisionnels de l’ONU, y compris le Conseil de sécurité, comme le prévoient le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. 

L’Éthiopie, a conclu le Premier Ministre, s’est engagée dans une voie ambitieuse avec pour objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2023.  Nous avons aussi l’intention, a-t-il ajouté, de parvenir à une croissance neutre en carbone en privilégiant une économie verte résiliente, telle qu’inscrite dans notre plan de développement national.  Encourageants, les résultats obtenus en ce sens au cours des cinq dernières années ont poussé le Gouvernement à en faire davantage et à adopter un second plan de croissance et de transformation qui sera mis en œuvre prochainement, a annoncé M. Desalegn.

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a rappelé qu’il n’y a pas longtemps la race humaine était divisée entre un petit groupe de grandes puissances, d’un côté, et un grand nombre de pays sous-développés, de l’autre.  « Les ODD proclament aujourd’hui de manière ambitieuse l’importance du concept de la prospérité universelle, une première dans l’histoire de l’humanité », a-t-il constaté.  Il s’est félicité de l’emploi de l’expression « transformation économique » qu’il a préféré « aux mots vagues comme développement durable ».  Concernant la question de la paix mondiale, le Président a évoqué l’expérience de son pays en se référant à la Bible: « on récolte ce que l’on a semé ».  L’Ouganda a eu, entre 1966 et 1986, de nombreux problèmes sécuritaires, dont nombre d’exécutions extrajudiciaires, mais « a toujours tenu à construire ses propres capacités, sans s’appuyer sur l’aide extérieure ».  M. Kaguta Museveni a mis en garde les délégations contre le danger d’être « les marionnettes des acteurs extérieurs ».  En conclusion, il a souhaité « que les Nations Unies ne deviennent pas partie du problème mais de la solution ».

Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, a appelé à la solidarité internationale pour faire face aux nombreuses crises, particulièrement celles qui affectent les populations civiles contraintes de fuir leur pays pour sauver leur vie et espérer un avenir meilleur.

Son gouvernement, a-t-elle annoncé, a décidé d’accueillir des réfugiés syriens et va étendre sa coopération avec l’Afrique, en participant dès 2016 aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies sur le continent.

Pour Mme Bachelet, cette soixante dixième session de l’Assemblée générale restera dans les annales comme le moment important où la communauté internationale sera parvenue à s’entendre sur l’Agenda 2030, programme « prometteur et contraignant » qui entend en finir avec l’injustice sous toutes ses formes, principal défi posé à l’Amérique latine « et bien sûr au Chili », a-t-elle insisté.

C’est là l’occasion de s’attaquer aux « marques de désespoir » et au « manque de confiance » dans les institutions qui infusent nos sociétés, a-t-elle poursuivi.

Si le développement durable ressort en premier lieu de la responsabilité des individus, y parvenir suppose aussi un environnement favorable qui ne peut être garanti par un pays, isolément des autres.  Commerce international, flux financiers asymétriques et volatiles, dettes, les pays les plus pauvres vont éprouver « de grandes difficulté » à atteindre les objectifs convenus, a estimé Mme Bachelet.  Par conséquent, pour se donner une chance, il faut commencer à renforcer le système et les institutions de coopération multilatérale.

Pour avoir siégé au Conseil de sécurité en 2014 et 2015, le Chili réaffirme sa conviction qu’il faut une réforme du Conseil, en augmentant le nombre de ses membres permanents et en limitant le droit de veto « au moins lorsqu’il y a crimes contre l’humanité », a-t-elle indiqué.

Enfin, dans la perspective de la Conférence de Paris sur le climat, fin décembre, Mme Bachelet a réaffirmé l’engagement du Chili à réduire de 30% ses émissions de CO2 d’ici à 2030 et même de 45% « si nous pouvons compter sur un soutien international ».  « L’Agenda nous offre un horizon partagé, maintenant à nous de jouer », a-t-elle lancé.

M. RAÚL CASTRO RUZ, Président de Cuba, a dénoncé le fait que malgré la création de l’ONU, il y a 70 ans, les guerres d’agression, l’ingérence dans les affaires internes des États, les coups d’États « doux » et la recolonisation de territoires n’ont cessé d’être à l’ordre du jour, sous prétexte de violations des droits de l’homme et par le recours à des méthodes non classiques et aux nouvelles technologies.  « La jouissance des droits de l’homme reste une utopie pour des millions de personnes et on refuse à l’humanité de vivre en paix et de lui reconnaître le droit au développement », a encore dit M. Castro Ruz.  Pour lui, c’est dans la pauvreté et les inégalités qu’il faut aller chercher les causes de conflits et l’engagement pris, en 1945, de « favoriser le progrès social et de meilleures conditions de vie » reste une chimère quand on sait que 795 millions de personnes ont faim, que 781 millions d’adultes sont analphabètes et que 17 000 enfants meurent tous les jours de maladies curables tandis que les dépenses militaires mondiales se chiffrent chaque année à 1,7 milliard de dollars.  Il a également remarqué la disparition « de l’État providence » au profit de systèmes électoraux régis par l’argent et la publicité.

S’agissant des changements climatiques, il a mis l’accent sur le fait que tous les pays n’en sont pareillement responsables.  Par conséquent, M. Castro Ruz a demandé un traitement spécial et différencié ainsi que des technologies et des ressources financières pour les pays les plus vulnérables, comme les petits États insulaires en développement.

Rappelant l’adoption de la Proclamation de l’Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix par les pays de la CELAC en janvier 2014, il a saisi cette occasion pour réaffirmer la solidarité de Cuba avec le Venezuela et l’Équateur face « aux tentatives de déstabilisation.  Cuba rejette les visées de l’OTAN de « s’étendre jusqu’aux frontières de la Russie et les sanctions unilatérales imposées injustement à cette nation ».  Le Gouvernement cubain se félicite par contre de l’accord nucléaire avec l’Iran qui prouve que le dialogue et les négociations sont le seul instrument efficace pour régler les différends.  Abordant également les conflits au Moyen-Orient, M. Castro Ruz a accusé les tentatives de déstabilisation de l’OTAN de provoquer les vagues de réfugiés qui déferlent depuis des semaines en Europe.  « L’Union européenne doit assumer pleinement et sans retard ses responsabilités vis-à-vis de cette crise humanitaire qu’elle a contribué à générer », a-t-il déclaré.

S’agissant de la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, le Président a affirmé que c’était le fruit de 56 ans de résistance du peuple cubain.  « S’enclenche maintenant une évolution longue et complexe vers la normalisation des relations, laquelle ne sera véritable que lorsque le blocus économique, commercial et financier sera levé et que le territoire occupé illégalement par la base navale américaine dans la baie de Guantanamo sera rendu », a précisé le Président Castro Ruz qui a également demandé, au nom de son peuple, une indemnisation pour les pertes humaines et économiques qu’il a subies.

M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que « l’Assemblée générale continue de donner une voix aux sans-voix et aux opprimés ».  À cet égard, il s’est félicité de voir le drapeau palestinien flotter au Siège de l’ONU.  Notant que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU coïncide avec le dixième anniversaire du Document final du Sommet mondial de 2005, il a salué les mesures prises pour réformer l’Organisation.  Il a toutefois regretté la quasi-absence de progrès en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité.

En effet, M. Zuma a jugé « inacceptable et injustifiable » le fait que plus d’un milliard de personnes en Afrique soient encore « exclues en tant que membres permanents du Conseil de sécurité ».  Un continent avec une population inférieure à celle de l’Afrique est représenté dans cet organe par trois pays ayant le statut de membres permanents, a-t-il ainsi fait remarquer.  « L’ONU ne peut prétendre que le monde n’a pas changé depuis 1945 », a-t-il insisté.  « Nous ne sommes plus des colonies.  Nous sommes des États souverains libres et indépendants. »

Le Président a aussi estimé que le Conseil des droits de l’homme devrait garantir un équilibre entre les droits civils et politiques et les droits économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement.  Ce doit être « un mécanisme indépendant et impartial », a-t-il ajouté.  Il a assuré que l’Afrique du Sud continuera de combattre le fléau du racisme, de la xénophobie, de la discrimination raciale et de l’intolérance qui y sont associées.

Évoquant les conflits en Afrique, M. Zuma a de nouveau souhaité que le Conseil de sécurité prenne en compte les vues du continent africain et de ses organisations sous-régionales.  D’après lui, la situation actuelle en Libye et dans le Sahel est directement liée au fait que « certains membres du Conseil n’ont pas écouté les conseils de l’Union africaine ».  Il a également considéré que le principe de la responsabilité de protéger a été « abusé par des intérêts politiques étroits n’ayant rien à voir avec les aspects fondamentaux de la prévention des atrocités de masse ».

Le Président sud-africain a salué l’accord de paix récemment signé par les parties au Soudan du Sud et a demandé à l’ONU d’appuyer le peuple soudanais alors qu’il s’efforce de surmonter ses défis.  Par ailleurs, M. Zuma a salué l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui reconnaît clairement le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Pour l’Afrique du Sud, qui préside le Groupe des 77, un accord à Paris sur le climat qui serait « vide et faible » ne serait pas acceptable, a-t-il averti.   

M. ABDEL FATAH AL-SISI, Président de l’Égypte, a présenté une initiative qu’il se prépare à lancer, en coordination avec les Nations Unies et les États Membres, à destination de la jeunesse.  Baptisée HAND selon l’acronyme anglais (Hope and action for a New Direction - Espérer et Agir pour une Nouvelle Direction), elle représentera la main tendue par l’Égypte pour abattre les forces extrémistes et leurs idées, a-t-il expliqué.  Alors que les efforts pour contrer le terrorisme sont essentiellement défensifs, HAND permettrait d’explorer des alternatives positives qui détourneraient les jeunes des extrémistes en mobilisant leurs capacités de création.

Dieu a créé l’humanité avec un esprit pour la rendre capable de choisir, a dit le Président Al-Sisi: face à cette réalité, les arguments des extrémistes de toutes religions s’effondrent.  Mais alors que « plus d’un milliard et demi » de Musulmans refusent de souscrire aux vues d’une minorité qui prétendrait parler en leur nom, « combien devront tomber, victimes des atrocités du terrorisme et de l’extrémisme » avant que le monde ne reconnaisse que musulmans et non-musulmans partagent le même ennemi, a-t-il lancé.

M. Al-Sisi a cité la Libye et sa longue spirale descendante, exprimant les « grandes inquiétudes » de son pays pour l’avenir de son voisin et sa sécurité.  Il a également invoqué la Syrie, et « la manière dont les extrémistes ont exploité les aspirations légitimes du peuple » pour parvenir à leurs fins, excluant finalement tous les autres protagonistes.

Puisque les organisations terroristes n’hésitent pas à exploiter les crises politiques à leur avantage, le Président a mis en garde contre le danger de la propagation de la menace à d’autres crises et à d’autres régions, en premier lieu à la Palestine.  Résoudre ce conflit, a-t-il insisté, et garantir au peuple palestinien l’exercice de son droit à l’autodétermination et à un État souverain, « éliminerait l’un des principaux facteurs de déstabilisation de la région ».

Mme SIMONETTA SOMMARUGA, Présidente la Confédération suisse, a souligné que l’ONU avait atteint son but premier, épargner à la génération des dirigeants actuels une guerre mondiale.  « À l’heure du bilan, nous devons cependant rester critiques, a-t-elle ajouté, notant qu’aujourd’hui il y a 60 millions de personnes déplacées, « soit plus qu’il n’y en a jamais eu depuis la création de l’Organisation ».  Mme Sommaruga a également déploré que le réchauffement climatique soit venu s’ajouter aux autres défis mondiaux et que les pays aient échoué à faire de l’État de droit la norme et à mettre un terme à la corruption.  Ella est revenue sur la crise des réfugiés syriens en prévenant que la communauté internationale serait jugée sur la façon avec laquelle elle saura relever ce « terrible défi humanitaire ».  « Nous savons tous que face à la pauvreté et aux défis migratoires, aux conflits, au terrorisme, au crime organisé, aux changements climatiques, l’action collective est indispensable aux besoins des États et de leurs citoyens », a déclaré la Présidente de la Suisse. 

Elle a prôné le renforcement des piliers « développement et paix et sécurité », en considérant qu’aucun conflit ne pouvait être résolu par une approche purement militaire.  « L’ONU doit fonder chacune de ses interventions sur une stratégie politique visant à apporter une solution durable au conflit », a-t-elle affirmé.  Après avoir insisté sur la nécessité de renforcer tout autant le pilier « droits de l’homme » de l’ONU et le « système humanitaire » international, Mme Sommaruga a conclu en rappelant l’attachement de la Suisse à la rénovation du Palais des Nations, à Genève qui permettra de doter l’ONU d’infrastructures performantes et d’utiliser ce lieu d’une manière encore plus efficace, comme un instrument au service de a paix, des droits de l’homme et du développement durable, a-t-elle dit.

Pour M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, alors que le monde a profondément changé depuis 1945, les Nations Unies et l’architecture même de la gouvernance mondiale sont restées les mêmes.  « Cette hiérarchie archaïque entre les nations » risque d’éroder la confiance et le soutien dont bénéficie l’ONU, a-t-il prédit, s’avouant « déçu » que ce soixante-dixième anniversaire ait raté l’occasion d’engager une réforme du Conseil de sécurité et de répondre ainsi aux attentes d’une « majorité » de pays.

« Je veux réitérer ici le profond attachement de l’Afrique à la réforme du Conseil de sécurité », a-t-il martelé, en appelant les « vrais amis de l’Afrique et tous ceux qui ont foi en la justice ».  De même, le Président Mugabe a réclamé une « revitalisation » de l’Assemblée générale, « seul organe universellement représentatif et démocratique », qui devrait jouer un « rôle plus significatif » dans la désignation du Secrétaire général, a-t-il estimé.

M. Mugabe a par ailleurs dénoncé les tentatives d’imposer « de nouveaux droits contraires à nos valeurs, traditions et croyances ».  Au plan international, il a souhaité que l’ONU « finalise le processus de décolonisation » du Sahara occidental et qu’elle « prenne ses responsabilités » au Moyen-Orient pour mettre un terme à un conflit insensé.

La situation « tragique » des réfugiés qui arrivent en Europe, fuyant pour la majorité d’entre eux la Syrie et d’autres zones de guerre, aurait pu être évitée, a-t-il estimé, par le respect de l’indépendance des pays et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Dans le cas de la Libye, « nous assistons aux conséquences d’un abus d’autorité de la part du Conseil de sécurité des Nations Unies » qui a « ignoré » le point de vue des organisations régionales dont l’Union africaine.

Avant de conclure, le président du Zimbabwe a dénoncé les sanctions « illégales » imposées par l’Union européenne et les États-Unis à son pays et réclamé en conséquence leur levée immédiate.

Mme CRISTINA FERNÁNDEZ DE KIRCHNER, Présidente de l’Argentine, s’est félicitée de la résolution adoptée le 10 septembre 2015 par l’Assemblée générale, par 136 voix pour, pour approuver les principes fondamentaux applicables à la restructuration de la dette souveraine, y voyant un véritable « triomphe ».  Elle a énoncé les principes qui doivent régir les négociations et le règlement de la dette, comme le respect de la souveraineté des pays, la bonne foi, la transparence ou encore l’impartialité.  Elle a rappelé que le défaut de paiement de l’Argentine, en 2001, a été causé par un endettement qui avait commencé en 1978 après le coup d’État.

Après que le Gouvernement a repris les commandes de l’économie, le 25 mai 2003, un processus de désendettement a pu commencer avec une première restructuration en 2005 puis une autre en 2010, a-t-elle rappelé.  N’oublions pas que la croissance la plus forte était dans les pays émergents, chez les « géants », a-t-elle dit en parlant des pays asiatiques comme la Chine.  L’Argentine, a-t-elle poursuivi, contribuait à la croissance de l’économie mondiale, malgré les fonds vautours qui exigeaient des remboursements à un taux de 92%.  Elle a dénoncé la logique capitaliste de ces « véritables prédateurs ».  Si nous leur avions payé une partie de notre dette, nous nous serions retrouvés dans une situation terrible, a-t-elle imaginé.  Elle a au contraire cité le bon exemple des lois antifonds vautours adoptées en Belgique, et insisté sur le fait que l’Argentine est en train de rembourser sa dette à des fonds qui viennent d’« un pays qui promeut le rêve américain mais où 1% de la population détient plus de 30% de la richesse ».

La Présidente s’est félicitée de l’accord conclu sur le dossier nucléaire iranien.  Elle a saisi cette occasion pour s’expliquer sur des accusations la concernant à propos d’un attentat survenu en 1994.  Elle a indiqué qu’un conseiller de la Maison Blanche sur les questions nucléaires était venu en Argentine, en 2013, pour lui demander de fournir du combustible nucléaire à l’Iran.  Elle a dit avoir alors exigé une demande par écrit et signée.  La démarche n’a pas abouti et maintenant que l’accord avec l’Iran a été signé, elle s’est demandé pourquoi son pays ne pourrait pas signer un simple accord de coopération judiciaire avec l’Iran, voyant là de l’« hypocrisie dans les relations diplomatiques ».  Elle a demandé au Congrès américain d’approuver l’accord.

Revenant sur l’affaire de l’attentat, elle s’est étonné que le jugement intervienne avec 14 ans de retard, au moment où on commence à avoir des informations sur les relations entre des éléments extérieurs et les fonds vautours.  Pourquoi l’agent du service des renseignements argentin qui était chargé de l’enquête au moment des faits se trouve maintenant aux États-Unis?  Chaque année, nous demandons la collaboration de l’Iran et des États-Unis pour faire toute la lumière sur cet attentat.  Tout est lié, s’est-elle dite convaincue.

« Vous pourriez vous demander pourquoi je passe tant de temps sur cette question?. »  On ne peut plus continuer avec l’hypocrisie et les politiques de « deux poids, deux mesures », a-t-elle lancé en invoquant « des intrigues internationales dignes de John Le Carré ».  Notre Gouvernement recherche toute la vérité et demande la collaboration de tous les pays, notamment celle des États-Unis, a-t-elle répété.

Après s’être félicité de l’adoption des objectifs du développement durable, M. ALEXANDER LUKASHENKO, Président du Bélarus, a identifié trois domaines dans lesquels se posent d’après lui des défis d’ampleur considérable et tout d’abord, l’expansion des conflits militaires et la nouvelle donne géopolitique, marquée par des tensions et des menaces « pratiquement sans précédent ».  Le Chef d’État a cité la crise grave dans laquelle se trouve selon lui l’architecture de sécurité internationale, ainsi que les efforts déployés pour imposer à certains pays un modèle de développement.  « À cause d’une intervention étrangère, de l’exportation de révolutions de ‘couleur’ et de changements de régime, des pays auparavant stables sont plongés dans le chaos et l’anarchie », a-t-il déploré.  Au lieu de la prospérité et de la démocratie promises, les peuples de ces pays font l’expérience de la pauvreté extrême et sont contraint de fuir.  Des foules de migrants « assiègent » l’Europe aujourd’hui, un problème qui est en train de devenir international, a prévenu M. Lukashenko.  Aussi s’est-il déclaré favorable à une discussion plus large au sein des Nations Unies sur les principes d’une coexistence future des États et des peuples.  Selon lui, l’Organisation ne doit pas devenir le lieu d’accusations mutuelles et de confrontations interétatiques. 

Le second défi, a poursuivi le Président du Bélarus, ce sont les menaces économiques à la stabilité mondiale, qu’il s’agisse des guerres de devises, des sanctions, de la volatilité des produits de base, de la concurrence déloyale.  « Seule une coopération totale des économies et le développement durable permettront de sortir de cette impasse », a estimé M. Lukashenko, partisan d’un rapprochement plus étroit entre l’Union européenne et l’Union économique eurasienne, par exemple.  Le troisième défi qui se pose est d’ordre social, humanitaire et environnemental, a-t-il affirmé, ajoutant qu’un « culte artificiel » des droits et des libertés individuels primait aujourd’hui sur le sens de l’intérêt collectif. 

« Sous prétexte de protéger les droits humains, le renversement des gouvernements, la destruction des États et les guerres d’appropriation des ressources deviennent justifiables », a dénoncé le Président, ajoutant que de telles approches étaient responsables d’une dégradation de la « conscience humaine » et du « tissu social » des États.  Le Bélarus, a-t-il assuré, continuera de faire du droit international le fondement de sa politique étrangère, tout en s’efforçant de mettre en place les conditions d’une vie décente pour chaque individu.  Mais M. Lukashenko a ajouté être « profondément préoccupé » par la « destruction en cours » de la cellule familiale « traditionnelle » dans plusieurs pays et par « certaines déviances morales » et « innovations sociales », qu’il a jugées contre nature.  En conclusion, le Chef d’État a annoncé que son pays continuerait d’être un contributeur de la sécurité régionale et internationale.

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a affirmé que son pays, même lorsque des jugements sont rendus en sa défaveur, notamment dans le cadre de différends territoriaux avec d’autres pays, a toujours respecté l’état de droit et la Charte des Nations Unies, comme en témoigne aussi son engagement « incomparable » au service du maintien de la paix de l’ONU.  Il a ensuite expliqué que les objectifs de développement durable relatifs à l’éradication de la faim et de la pauvreté étaient inscrits au cœur du programme du nouveau Gouvernement nigérian.

Le Président a attiré l’attention des États sur le combat que mènent son pays et son peuple contre la terreur provoquée par Boko Haram.  « La guerre menée par Boko Haram au Nigéria, au Tchad, au Niger et au Cameroun ne retient peut-être pas l’attention comme celles du Moyen-Orient, mais les souffrances qu’elles engendrent sont tout aussi considérables et le bilan humain aussi lourd », a-t-il assuré.  Selon lui, il s’agit d’une « guerre des valeurs » entre « progrès et chaos », « démocratie et état de droit ».  Boko Haram, a-t-il tranché, célèbre la violence à l’encontre des faibles et des innocents et, de façon déplorable, se dissimule derrière une « interprétation pervertie » de l’Islam, alors que ce groupe est aussi « éloigné » que possible de cette religion.

Pour défaire Boko Haram, le nouveau Gouvernement nigérian s’est doté d’une stratégie audacieuse et robuste dans le cadre de la Commission du bassin du lac Tchad, avec un groupe de travail conjoint multinational.  Après plusieurs succès, « un de nos objectifs majeurs est de retrouver les filles de Chibok saines et sauves ».  Nous travaillons d’arrache-pied pour assurer leur sûreté et les retrouvailles avec leurs familles, a souligné le Chef d’État.  M. Buhari a précisé que le terrorisme n’était pas le seul fléau contre lequel lutte son gouvernement, citant la corruption, la criminalité financière transfrontalière, la cybercriminalité, le trafic d’êtres humains, les maladies transmissibles, la prolifération des armes et les changements climatiques.  Dans ce contexte, il a déclaré attendre avec impatience la Conférence des Nations Unies sur le climat prévue en décembre à Paris.  Pour sa part, a ajouté le dignitaire, le Nigéria est engagé dans la lutte contre la désertification et l’érosion des terres, là aussi sous les auspices de la Commission du bassin du lac Tchad.

M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a constaté que 70 ans après la création des Nations Unies, la paix et la sécurité internationales continuent d’être menacées par l’apparition de défis nouveaux.  Il a notamment cité le terrorisme, la piraterie maritime, les trafics de toutes sortes et le braconnage.

Il s’est félicité de l’adoption d’une résolution à l’initiative du Gabon, le 31 juillet par l’Assemblée générale, sur le trafic d’espèces sauvages qui traduit selon lui la volonté commune, entre pays d’origine, de transit et de destination, de venir à bout de ce fléau.

Mais M. Bongo Ondimba s’est également inquiété d’une menace terroriste qui « ne cesse de s’amplifier » dans le monde, notamment en Afrique, devenue le théâtre d’opérations de nombreux groupes, de Boko Haram à l’ouest et au centre au groupe Al-Chabab dans l’est du continent.  « Il faut mutualiser nos efforts », a–t-il jugé, en suggérant notamment « d’accroitre la surveillance des circuits financiers qui alimentent ce phénomène ».

Par ailleurs, le Président du Gabon a appelé de ses vœux une nécessaire réforme du Conseil de sécurité et sa « démocratisation » pour relever ces défis: il s’agit d’associer toutes les régions à l’élaboration et à la mise en œuvre des décisions du Conseil, a-t-il plaidé.  La question du veto doit, elle aussi, être considérée en faveur de son usage « rationnel » tel que l’ont proposé la France et le Mexique, a-t-il précisé.

Enfin, le Chef de l’État gabonais s’est inquiété des lenteurs de la lutte contre les changements climatiques, jugeant qu’à deux mois de la Conférence de Paris « ces négociations sont encore bien loin du préaccord que nous attendons avant d’entamer les véritables travaux de la COP 21 ».  Or, prévient-il, apporter des réponses aux changements climatiques permettrait de réduire l’extrême pauvreté et de fixer les populations dans leur pays.

M. HORACIO MANUEL CARTES JARA, Président du Paraguay, a dit que la visite du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, au Paraguay avait été l’occasion de renforcer encore les liens entre le Paraguay, l’ONU et le multilatéralisme.  Il a appelé à lutter contre les inégalités qui fragilisent l’ordre mondial en expliquant que son pays fait de la lutte contre la pauvreté extrême une priorité.  « Nous sommes l’un des pays qui connait le taux de croissance le plus élevé de la région grâce à une discipline budgétaire stricte et l’amélioration de notre compétitivité », a dit le Président du Paraguay.  Il s’est aussi félicité de la transformation des matières premières grâce à des investissements appropriés.  Il a particulièrement souligné la richesse que représente la jeunesse et indiqué que 75% de la population du Paraguay est âgée de moins de 40 ans.  Il a dit l’importance de la formation en estimant qu’il était temps que la révolution du savoir succède à la révolution industrielle.  Il a appelé à augmenter le financement de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). 

Le désarmement, a poursuivi le Président, est le meilleur moyen de parvenir à la paix et à la sécurité internationales et d’aider les pays en développement à réaliser le développement durable.  Citant le Saint-Père, il a attiré l’attention sur le défi mondial que constituent les changements climatiques et rappelé que la dégradation de l’environnement touche d’abord les populations les plus vulnérables.  « Nous devons redoubler d’efforts pour atténuer, réduire et inverser les conséquences dévastatrices des changements climatiques », a insisté le Président, en soulignant l’urgence de parvenir à un accord à Paris.  Il n’a pas conclu sans saluer l’importance du nouveau processus de paix lancé en Colombie.    

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a souligné les difficultés auxquelles se heurte le maintien de la paix et de la sécurité internationales, face à des théâtres d’opération toujours plus complexes, que ce soit au Moyen-Orient ou en Afrique, et en particulier dans la région des Grands Lacs, dans la Corne de l’Afrique et au Sahel.  La situation sécuritaire précaire en Afrique de l’Est et au-delà est tout particulièrement préoccupante pour son pays, a-t-il expliqué, rappelant que le Kenya continuait d’investir des milliards de shillings dans l’architecture de paix et de sécurité régionale, alors que nombre de ses citoyens ont déjà péri.  Aussi le Président a-t-il « imploré » la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, d’assumer ses responsabilités de manière à contribuer directement à la résolution de la situation.  Rappelant que les milices Al-Chabab viennent de prendre pour cible la population civile du Kenya au prétexte du déploiement de troupes kényanes en Somalie, M. Kenyatta a déclaré que la communauté internationale devait entreprendre une action contre ce groupe terroriste et se pencher sur les causes profondes de la radicalisation de la jeunesse.

Se félicitant ensuite des relations de bon voisinage du Kenya et de la Somalie, le Chef d’État a assuré que les Forces de défense kenyanes continueraient de coopérer étroitement avec l’Armée nationale somalienne dans le cadre de la Mission de l’Union africaine dans le pays (AMISOM), ainsi qu’avec son gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de sa Vision 2016.  Fier du rôle important joué par son pays dans l’élaboration du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Kenyatta a noté que la phase de mise en œuvre était enclenchée.  Il a fait part des attentes placées dans la vingt et unième session de la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en décembre prochain à Paris, à laquelle le Kenya, a assuré le dignitaire, participerait de manière constructive.  Parallèlement, le pays poursuivra son intégration régionale au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est, a-t-il précisé en conclusion.

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a estimé que 70 ans après la création de l’ONU, l’une de ses missions, à savoir la paix, reste menacée par la pauvreté extrême, la faim, la maladie et la détérioration sans précédent de l’environnement.  Il a émis le vœu de voir la Conférence de Paris (COP21) couronnée de succès grâce à « des engagements contraignants pour contenir le réchauffement climatique, mobiliser des ressources financières adéquates et des transferts de technologies écologiquement rationnelles ».  Il a aussi relevé que la tragédie de la guerre ne peut laisser aucun pays indifférent.  Il a souligné qu’en tant que pays d’accueil et d’hospitalité, le Sénégal lance un appel à plus d’ouverture et de générosité à l’endroit des personnes forcées de quitter leurs pays pour sauver leur vie.

M. Sall a noté que la promesse d’un monde meilleur est toujours à notre portée, mais que nous ne la réaliserons qu’en acceptant que le monde est pluriel, que toutes les cultures et toutes les civilisations sont d’égale dignité, et que le changement est la principale dynamique qui façonne la marche de l’histoire.  Le monde de 2015 n’est pas celui de 1945, a souligné le Président, précisant que « si nous voulons tenir les promesses de la Charte, nous ne pouvons plus faire les choses comme avant ».  « Le bon sens commande que nous changions notre vision du présent et du futur », a-t-il plaidé, arguant que c’est à ce prix que notre Organisation restera fidèle à sa vocation de « centre unique où s’harmonisent nos efforts vers nos fins communes ».  Dans ce contexte, il a proposé que la composition du Conseil de sécurité soit élargie, « pour qu’il reflète les nouvelles réalités que nous représentons tous ici ».  Il a souligné que le Sénégal, candidat à un poste de membre non permanent du Conseil, réaffirme son attachement à la position africaine commune sur la réforme du Conseil, conformément au Consensus d’Ezulwini.

Le Président a par ailleurs appelé à la réforme de la gouvernance économique et financière mondiale, prônant une représentation plus équitable des réalités nouvelles et l’assouplissement des règles d’accès au crédit, afin de mettre fin au « paradoxe des ressources disponibles, mais non accessibles ».  Il a aussi appelé à la lutte contre les flux financiers illicites qui font perdre à l’Afrique entre 30 et 60 milliards de dollars par an, « un préjudice supérieur au montant de l’aide publique au développement », a-t-il souligné.  Il a en outre affirmé que « si l’Afrique percevait la juste rémunération de ses ressources, et si elle recouvrait seulement l’équivalent de 17% de ses avoirs frauduleusement placés à l’étranger, elle pourrait solder la totalité de sa dette et financer, par elle-même, ses besoins de développement ».

En vertu de ses prérogatives de Président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), M. Macky Sall a fait part de l’attachement de la CEDEAO à l’Accord de paix au Mali, dans le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du pays.  Il a aussi souhaité une transition réussie au Burkina Faso et la stabilité institutionnelle en Guinée-Bissau.  Il a fait mention de la solidarité de la CEDEAO au Nigéria et aux autres pays engagés dans la lutte contre les terroristes de Boko Haram.  Il a promis que l’Afrique de l’Ouest allait travailler à l’éradication des derniers signes de résistance de la maladie à virus Ebola dans les trois pays conernés.  Il a annoncé que le Sénégal, en tant que Président du Groupe d’Oslo sur la « politique étrangère et santé mondiale » allait engager, au cours de la présente session, des consultations pour tirer les leçons de cette crise sanitaire.

Évoquant ensuite la paix comme « notre bien commun », M. Sall s’est félicité du fait que le Sénégal soit le 7e des 128 pays contributeurs de troupes, avec plus de 3 600 éléments déployés dans huit missions.  Il a aussi salué le fait que le Conseil de sécurité ait créé une médaille à la mémoire de son compatriote, le capitaine Mbaye Diagne, tombé en pleine action au Rwanda en 1994.

M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, a rappelé que la date d’aujourd’hui marquait le cinquante-cinquième anniversaire de l’admission de son pays à l’ONU.  Il a affirmé que, sous son autorité, le Mali, dans sa quête permanente de la paix, avait toujours privilégié la voie du dialogue au langage des armes dans le règlement de la grave crise multidimensionnelle de laquelle il est en train de se remettre.

Le Président malien a présenté à l’Assemblée générale l’Accord pour la paix et la réconciliation du Mali, issu du Processus d’Alger, signé à Bamako le 20 juin dernier.  Le Mali, a-t-il dit, a désormais un accord de paix consensuel qui sert de cadre général pour la résolution durable de toutes les dimensions de la plus grave crise de l’histoire du pays.  Il crée, a-t-il précisé, un compromis équilibré prenant en compte les préoccupations légitimes de toutes les parties, dans le respect de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali, ainsi que du caractère laïc et de la réforme républicaine de l’État.

M. Keita a solennellement réitéré l’engagement du Gouvernement malien à respecter tous ses engagements découlant de l’Accord et a lancé un appel pressant à la communauté internationale, en particulier les amis du Mali, en vue de la mobilisation effective des ressources techniques, matérielles et financières nécessaires à sa mise en œuvre.

S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Président malien a expliqué que son pays, sahélien par excellence, subissait de plein fouet les effets des changements climatiques à cause de la fragilité naturelle de son écosystème.  Il a ainsi dit souhaiter que les conclusions de la vingt et unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), à Paris, en décembre, puissent aboutir à un accord juridiquement contraignant afin de préserver ce qui peut encore l’être.

Au sujet du défi posé par la migration internationale, il a plaidé pour l’intensification du dialogue entre les pays d’origine, de destination et de transit afin de trouver les solutions idoines qui puissent lier les impératifs de sécurité, de développement, de respect de la dignité humaine et de solidarité.

Sur le plan sécuritaire, il est nécessaire, selon M. Keita, que l’ONU renforce ses outils et mécanismes existants, dans l’optique de s’attaquer véritablement aux nouvelles menaces liées à la montée du terrorisme, de l’extrémisme violent, du narcotrafic et autres crimes connexes.  Il y a également, de toute évidence à ses yeux, un besoin urgent de corriger le décalage existant entre les défis sécuritaires actuels et la doctrine des Nations Unies en matière de maintien de la paix, qui a été conçue il y a bientôt 60 ans.

M. RAFAEL CORREA DELGADO, Président de l’Équateur, a espéré que le prochain Secrétaire général des Nations Unies sera une femme et souligné que l’Amérique du Sud avait des femmes de valeurs comme Mmes Dilma Rousseff et Michelle Bachelet.  Il a ensuite rappelé que la paix n’est pas que l’absence de guerre, la paix passe par la justice et la dignité des plus vulnérables.  « Les 164 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté en Amérique latine attendent toujours la justice, la liberté et la vraie démocratie, et pas seulement la possibilité de participer régulièrement à des élections », a ajouté le Président de l’Équateur.  Il s’est inquiété que la pauvreté ne soit plus le fruit d’un manque de ressources mais qu’elle soit devenue la conséquence d’un système d’exclusion né de structures institutionnelles malsaines.  Le pillage est devenu un mode de vie pour certains.  Il a jugé « intolérable » que l’on veuille, d’un côté, promouvoir la libre circulation des biens et des capitaux et de l’autre, pénaliser la libre circulation des personnes qui ne cherchent qu’un un travail décent. 

L’habitant des pays riches émet 38 fois plus de carbone qu’un habitant des pays pauvres, a encore dénoncé le Président, en insistant sur la question de la responsabilité.  Ila demandé l’élaboration d’une déclaration universelle des droits de la nature pour qu’elle puisse continuer d’exister et nourrir la vie.  « Une démarche écologique est toujours une démarche sociale », a insisté M. Correa Delgado.  Si nous échouons à la Conférence de Paris en décembre et si nous ne parvenons pas à un accord juridiquement contraignant, nous pouvons aussi bien commencer à creuser la tombe de notre civilisation, a prévenu le Président.  Il s’est félicité de nouvelles relations entre les États-Unis et Cuba, en refusant toute forme de tutelle.  Il a aussi appelé au respect de la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas.  L’Équateur, a-t-il indiqué, accueillera au début de 2016 le quatrième Sommet Afrique-Amérique du Sud et en octobre la troisième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat III).  En concluant, le Président a promis de continuer à poursuivre Texaco/Chevron pour la pollution massive que la société a causée dans son pays.

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a estimé qu’alors que les Nations Unies célèbrent leur soixante-dixième anniversaire, l’heure n’est pas aux réjouissances compte tenu des conflits qui essaiment à travers le monde.  L’une des causes de ces conflits, a-t-il estimé, est l’ambition de certains pays et les régimes oligarchiques soutenus par des multinationales.  La situation en Libye est due à l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui, ne comptait pas éliminer le dirigeant libyen mais bien s’accaparer des ressources naturelles. 

Le capitalisme, a poursuivi le Président Morales Ayma, est un modèle qui a échoué.  Les famines, les crises et autres conflits visibles partout dans le monde en témoignent.  Le capitalisme n’est pas la solution, mais le problème.  Il méprise la Terre nourricière alors même qu’elle est le socle du bonheur des humains.  En conséquence, les services de base tels que l’eau et l’électricité, vitaux pour le bien-être du peuple, ne sauraient être privatisés ou cédés à des entrepreneurs étrangers.  Le Président a pris l’exemple de la nationalisation des ressources pétrolières boliviennes, une mesure, a-t-il expliqué, qui a permis d’augmenter de manière significative les revenus de l’État.  Nous avons, a-t-il poursuivi, une responsabilité à Paris.  Si nous ne sauvons pas la Terre nourricière, nous serons responsables d’une catastrophe, a-t-il averti.

Le Président a parlé de deux types de démocratie, la démocratie du peuple et celle des multinationales.  Il a invoqué la déclaration d’un candidat à la présidentielle américaine qui a dit soutenir tous les partis politiques, le parti républicain et le parti démocrate, illustrant ainsi un modèle démocratique dominé par le pouvoir de l’argent.

Le Président a aussi déploré que l’on présente les migrants comme des criminels.  Il a 500 ans, a-t-il rappelé, les Européens ont envahi l’Amérique du Sud, sans se faire expulser.  Aujourd’hui quand les Latino-Américains vont en Occident chercher du travail, ils sont traités comme des criminels.  Face à la crise des migrants, il faut, a dit le Président, créer « une citoyenneté universelle ».  Pourquoi la mondialisation ne vaudrait que pour les biens et pas pour les personnes?  Le Président a salué l’accord historique entre les États-Unis et Cuba et la normalisation avec l’Iran.  Il a rappelé non sans ironie qu’après sa prise de fonctions, les responsables américains lui avaient conseillé de ne coopérer ni avec ces deux pays ni avec le Venezuela.  Ancien catholique déçu, le Président a dit s’être réconcilié avec cette religion après avoir entendu le « Frère pape » dénoncer le capitalisme. 

M. ABDULLAH ABDULLAH, Chef de l’exécutif de la République islamique d’Afghanistan, a estimé qu’à un moment donné, il faudra que l’ONU et ses agences spécialisées se montrent prêtes à devenir le moteur de l’agenda mondial et à devenir la plateforme requise pour la prise de décisions.  Il a voulu que les réformes tiennent compte de ces exigences et offrent la souplesse et l’agilité nécessaires au travail à accomplir.  Le Chef de l’exécutif afghan a illustré les défis de notre temps par l’exemple de l’Afghanistan, un pays en transition, exposé à de multiples dangers et aux prises avec le terrorisme international et l’extrémisme.  Il a insisté sur le fait que sans l’appui extérieur, l’accès aux armes, le financement et la formation que les terroristes ont grâce à leur collusion stratégique avec des éléments puissants du voisinage, cette guerre à basse intensité de type guérilla ferait déjà partie de l’histoire. 

Nous appelons le Pakistan, a dit le Chef de l’exécutif, à faire ce que ses autorités promettent de faire depuis des mois quand elles ont accepté d’anéantir les ennemis de l’Afghanistan.  Nous nous étions mis d’accord pour changer le paradigme de nos relations et engager des pourparlers de paix avec les Taliban mais, a rappelé M. Abdullah, les choses ont changé lorsque l’on a appris que leur chef était mort depuis plusieurs années et que tout ce rapprochement n’était qu’un jeu.  Une perte de confiance aux conséquences « irréparables », a-t-il rappelé, en voulant que l’on en tire les leçons.  Le Chef de l’exécutif afghan a appelé les parties prenantes régionales et les partenaires internationaux à réaliser la gravité de la situation et à enclencher des missions de bons offices pour contribuer à l’espoir d’un processus de rétablissement de la confiance véritable et durable conduisant à des pourparlers avec les Taliban de bonne volonté et autres groupes armés de l’opposition.  Après avoir fait part des progrès enregistrés dans son pays, entre autres contre la corruption et le trafic de drogues, et ce, grâce à l’appui de la communauté internationale, le Chef de l’exécutif afghan a souligné la forte volonté politique de son gouvernement de mettre en œuvre le Programme de développement à l’horizon 2030, toujours avec l’aide de la communauté internationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale achève son Sommet sur le développement durable par l’appel de nombreux dirigeants à renforcer la Convention sur le climat

Soixante-dixième session,
10e, 11e & 12e séances plénières, matin, après-midi & soir
AG/11691

L’Assemblée générale achève son Sommet sur le développement durable par l’appel de nombreux dirigeants à renforcer la Convention sur le climat

L’Assemblée générale a achevé, ce soir, sa réunion plénière de haut niveau de trois jours au cours de laquelle les 193 États Membres ont adopté un programme de développement durable destiné, d’ici à 2030, à « transformer notre monde »*.  Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont, au cours de cette dernière journée, appelé à renforcer la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, lors de la Conférence des États parties (COP 21), en décembre, à Paris.

Avec l’achèvement du cycle de 15 ans des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), une nouvelle ère s’ouvre en effet avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui comprend 17 objectifs et 169 cibles, et par lequel les États Membres se sont unanimement engagés, vendredi, à mettre fin à l’extrême pauvreté, à lutter contre les inégalités et les effets des changements climatiques.

Prenant la parole à l’ouverture de la séance de cet après-midi, le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a estimé possible, grâce à une action collective, de « briser le cycle de pauvreté ».  « Le cynisme est notre ennemi », s’est-il exclamé, avant de demander à tout un chacun de croire dans la dignité de la personne.  « Le développement est menacé par les changements climatiques », a également noté M. Obama, précisant que ce sont les pays les plus démunis qui en portent le fardeau le plus lourd.  Faisant sien « l’appel moral » lancé par le pape François quant à la nécessité de sauver la planète, deux jours auparavant à la tribune de l’Assemblée générale, le Président américain s’est dit confiant dans la capacité de présenter un front uni à Paris. 

La prochaine Conférence sur le climat qui se tiendra en décembre à Paris a fait aussi l’objet de l’attention des chefs d’État et de gouvernement depuis vendredi.  Le Président français a ainsi invité les États Membres à y signer un texte qui engagera tous les pays sur des décennies.  Une absence d’accord signifierait la disparition de nombreux pays provoquée par le réchauffement planétaire, a averti M. François Hollande.

« Nos obligations doivent être ambitieuses et cohérentes, conformément au principe de responsabilité commune mais différenciée », avait déclaré plus tôt la Présidente du Brésil Dilma Rousseff.  Le Brésil, l’un des rares pays en développement à s’engager en faveur d’un objectif absolu de réduction des émissions de gaz à effet de serre œuvrera pour sa part, d’ici à 2030, à éliminer la déforestation illégale, à assurer la reforestation de 12 millions d’hectares et à restaurer 15 millions d’hectares de pâturages dégradés, a-t-elle indiqué.

Le Président de l’Équateur, M. Rafael Correa, s’est félicité, pour sa part que son pays soit l’un des rares au monde à prévoir, dans sa Constitution, des droits spécifiques à la nature. 

Le Président du Venezuela, M. Nicolas Maduro Moros, a lui aussi utilisé une image employée par le pape François, celle de « maison commune ».  Si l’on veut réaliser les 17 objectifs et les 169 cibles définis dans le nouveau programme de développement durable, il faudra construire un nouveau modèle économique et social, de nouvelles relations de pouvoir au cours des 15 prochaines années, a-t-il affirmé.

Le Chef du Gouvernement grec, M. Alexis Tsipras, a souhaité que tous les forums compétents, y compris l’Assemblée générale, accueillent des débats au sujet de la restructuration de la dette publique et de son lien avec le développement.  M. Tsipras a invité la communauté internationale à s’éloigner de l’idée néolibérale selon laquelle les marchés sont le socle de l’économie.

Par ailleurs, le Président sud-africain, M. Jacob Zuma, et de nombreux autres responsables politiques ont invité les pays développés à maintenir l’aide publique au développement (APD), la jugeant cruciale pour les pays les moins avancés (PMA). 

Le Premier Ministre belge, M. Charles Michel, a indiqué que son pays s’engagerait à réserver 50% de son APD à ces pays.  Son homologue britannique, M. David Cameron, s’est dit fier que le Royaume-Uni ait réalisé l’objectif de consacrer 0,7% de son PIB au développement et a appelé les autres pays à suivre son exemple.

Plusieurs dirigeants, dont le Président de Djibouti, ont également mis l’accent sur la nécessité d’assurer l’appropriation nationale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Les priorités nationales, les lois et spécificités sociales, culturelles, morales et religieuses de chaque État et de chaque société doivent être au cœur de la mise en œuvre du Programme », a déclaré M. Ismail Omar Guelleh.

Le Premier Ministre italien, M. Matteo Renzi, a parlé du « drame absolu » qui se déroule actuellement en Méditerranée, « berceau de la civilisation devenu un lieu de souffrance indicible ».

Enfin, le Président du Costa Rica, M. Luis Guillermo Solís Rivera, a convié les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, dont les dépenses militaires sont les plus importantes au monde, et qui comptent parmi les plus grands producteurs d’armes, à « réorienter leurs dépenses vers le développement durable », affirmant « qu’il n’y a pas de meilleure formule pour assurer la sécurité de leurs pays que d’investir dans le développement durable dans le monde ».

Parallèlement à cette réunion plénière de haut niveau, qui précède l’ouverture, demain, du débat général de l’Assemblée générale, se sont déroulés au cours de ces trois jours six dialogues interactifs dont les résumés ont été présentés aujourd’hui, en fin de séance.

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (7e, 8e & 9e séances)

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes; Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire: Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015: projet de résolution (A/70/L.1)

Déclarations

M. HEINZ FISCHER, Président fédéral de l’Autriche, a plaidé afin que la vingt et unième Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Cop21), prévue à Paris en fin d’année, soit couronnée de succès.  Il a salué l’action du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui publie régulièrement des données scientifiques sur l’évolution du climat mondial.  Il a en outre annoncé que l’Autriche a proposé la candidature de l’un de ses ressortissants à la présidence du GIEC, invitant à cet effet les États Membres à lui accorder leur soutien.

Le Président a par ailleurs relevé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 traçait la feuille de route pour la réalisation d’un monde durable pour tous.  Les objectifs de développement durable qui le constituent sont applicables pour tous et personne ne doit être laissé en marge, a-t-il déclaré.  Il a, dans cette optique, souligné l’engagement de l’Autriche à prendre ce message d’inclusion « très au sérieux », notamment à travers des politiques nationales idoines.

Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil, a affirmé que le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 exigeait une solidarité mondiale, la détermination de tous et l’engagement à s’attaquer aux changements climatiques, à la pauvreté et à créer des opportunités pour tous.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la Convention sur le climat, tout en appliquant ses dispositions et en respectant ses principes.  « Nos obligations doivent être ambitieuses et cohérentes, conformément au principe de responsabilité commune mais différenciée », a-t-elle déclaré, précisant que la Conférence de Paris présentait une occasion unique de répondre de manière commune au défi mondial des changements climatiques.

La Présidente du Brésil a, à cet égard, cité un certain nombre de mesures prises par son pays en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Ainsi, la déforestation de l’Amazonie a été réduite de 82%, tandis que les investissements portent sur l’agriculture à faible carbone.  Mme Rousseff a également annoncé que, d’ici à 2025, la contribution du Brésil à la diminution des émissions de gaz à effet de serre atteindra 37%, l’objectif étant d’arriver à une baisse de 43% d’ici à 2030, à garantir un partage de 23% des sources d’énergie renouvelables et à accroître de 10% le taux d’efficience électrique.

À cet égard, le Brésil œuvrera notamment, d’ici à 2030, à éliminer la déforestation illégale, à assurer la reforestation de 12 millions d’hectares et à restaurer 15 millions d’hectares de pâturages dégradés.  Le Brésil, a-t-elle dit, est l’un des rares pays en développement à s’engager en faveur d’un objectif absolu de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Enfin, selon Mme Rousseff, les efforts en vue d’éliminer la pauvreté et de promouvoir le développement doivent être collectifs et mondiaux.

M. RAFAEL CORREA, Président de l’Équateur, a salué le succès de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il s’est aussi félicité du fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 mette l’accent sur l’équité, ajoutant que cela devrait appeler à une meilleure redistribution des ressources de nature à prévenir les spéculations sur les ressources naturelles.  Il faut réduire les fractures sociales, répondre à de nouveaux défis, a-t-il préconisé.

M. Correa a en outre exprimé sa satisfaction du fait que les objectifs de développement durable consacrent la protection de la planète.  À cet effet, il s’est félicité que l’Équateur soit l’un des rares pays au monde à prévoir, dans sa constitution, des droits spécifiques à la nature.  Il a également prôné une nouvelle logique économique qui ne privilégie pas seulement le gain matériel, déplorant le fait que notre monde favorise la libre circulation des biens, tout en empêchant le déplacement des personnes à la recherche d’un travail décent.  Le nouveau Programme de développement devrait accorder une place plus importante à l’examen de cette question, a-t-il conclu.

M. DRAGAN ČOVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, s’est dit persuadé que le monde pourra être dans 15 ans une place de respect universel des droits de l’homme.  Il a appelé à continuer la promotion du rôle des femmes pour le développement de nos sociétés et a mis l’accent sur le lien très fort entre paix, stabilité et développement durable.  Il a assuré que son pays continuerait de travailler avec ses voisins et partenaires internationaux, dans un esprit de respect mutuel, au renforcement de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans la région.  Il a également réaffirmé la volonté de son pays de réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030, précisant que ces objectifs ne pourraient être réalisés que par le biais d’institutions démocratiques fonctionnelles.  Il a expliqué que c’est dans ce contexte que la Bosnie-Herzégovine vient d’adopter son programme de réforme 2015-2018. 

Par ailleurs, le Président a estimé que l’investissement dans l’éducation, les institutions, les capacités technologiques et humaines était d’une importance capitale pour des pays en développement comme la Bosnie-Herzégovine, plaidant pour le renforcement du Partenariat mondial pour le développement durable afin d’en faire une plateforme d’échange de bonnes pratiques dans les domaines du financement, du commerce, des technologies et du renforcement des capacités.  En conclusion, il a exprimé l’espoir d’une conclusion positive de la Conférence de Paris sur les changements climatiques en décembre, avant de saluer l’importance du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a rappelé l’image employée par le pape François, il y a deux jours, à la même tribune de l’Assemblée générale, de « maison commune ».  Si l’on veut réaliser les 17 objectifs et les 169 cibles définis dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il faudra construire un nouveau modèle économique et social, de nouvelles relations de pouvoir au cours des 15 prochaines années, a-t-il estimé.  Il n’y a, selon lui, pas d’autre façon de procéder. 

La révolution bolivarienne, inspirée par les idées de Simon Bolivar, et mise en œuvre par l’ancien Président Hugo Chavez, a consisté à assurer l’indépendance politique et économique du pays et à restituer les droits fondamentaux du peuple opprimé pendant des décennies.  M. Maduro Moros a plaidé en faveur d’une modification profonde des systèmes imposés par une pensée unique et libérale par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.  Il faut des modèles économiques qui rétablissent l’égalité et garantissent la liberté et la sécurité des peuples, a-t-il affirmé, avant d’évoquer la situation de conflits au Moyen-Orient, résultat, selon lui, de guerres impérialistes.  « Nous voulons une maison commune de fraternité, sans guerre, une maison commune des peuples », a conclu le Président vénézuélien.

M. TOMISLAV NIKOLIĆ, Président de la Serbie, a affirmé que son pays, en tant que membre du Groupe de travail à composition non limitée, avait activement contribué à la formulation du nouveau Programme mondial pour le développement durable.  Il a ajouté que la Serbie avait aussi participé aux travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur le financement du développement durable.  Le Président serbe a par ailleurs précisé que son pays en transition, à revenu intermédiaire et enclavé, portait le lourd fardeau de la présence d’un grand nombre de réfugiés et personnes déplacées sur son sol, suite aux conflits qui ont frappé la région.  Il a expliqué que l’afflux massif et incontrôlé de dizaines de milliers de migrants qui transitent par la Serbie dans l’espoir de se rendre dans l’Union européenne est un défi auquel les États Membres ne pourront trouver une solution que de manière collective.  Rappelant que le développement n’est pas possible sans paix et stabilité, le Président serbe a dit la nécessité d’investir dans les relations de bon voisinage dans sa région.  « Il n’y a pas d’alternative à la réconciliation et à la coopération », a affirmé M. Nikolić. 

Par ailleurs, le Président Nikolić a mis l’accent sur le taux élevé de chômage, la faiblesse du taux de croissance économique et la persistance de la spirale de la récession depuis la crise financière internationale.  Il a expliqué que la Serbie avait accompli de grands progrès en matière de consolidation  fiscale grâce au soutien du Fonds monétaire international (FMI), réussissant à réduire de 7 à 3% cette année la part de sa dette fiscale.  Il a également indiqué que son pays, dans le cadre de sa candidature à l’accès à l’Union européenne, avait harmonisé son cadre juridique avec celui de l’Union européenne, et entamé la réforme de son économie, la reconstruction de ses infrastructures, la promotion des énergies renouvelables et la protection de son environnement. 

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a expliqué qu’en tant que pays pilote de la mise en œuvre des OMD, il attachait une grande importance à l’amélioration du processus de mise en œuvre du précédent programme de développement dans l’intérêt de la mise en œuvre du programme de développement durable pour l’après-2015.  Il a affirmé que son pays avait pris une part active à la formulation des objectifs de développement durable en conduisant une série de consultations nationales visant à prendre en compte les aspirations d’un spectre aussi large que possible de sa population dans le contexte du programme « l’Avenir que nous voulons ».  Il a indiqué que son pays développait une nouvelle stratégie nationale pour le développement à l’horizon 2030 ainsi qu’un programme de développement national 2016-2020 prenant en compte les objectifs de développement durable.  L’objectif principal de cette stratégie et de ce programme de développement était de parvenir au bien être de la population par le biais du développement socioéconomique durable, a-t-il indiqué. 

Le Président a également estimé que les pays en développement ou à revenu intermédiaire ne pourraient mettre en œuvre les objectifs de développement durable sans un financement approprié.  Dans ce contexte, il a réaffirmé l’importance de l’aide publique au développement, en souhaitant que la question du niveau de l’APD soit réglée de manière urgente.  Il a souligné l’importance de revitaliser le commerce international en précisant que les investissements demeuraient le principal moteur de la croissance et la nécessité de promouvoir le transfert de nouvelles technologies respectueuses de l’environnement.  En conclusion, il a appelé à soutenir les efforts des pays ayant besoin d’une aide particulière, notamment les pays enclavés en développement montagneux et les pays les moins avancés (PMA). 

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a fait observer que pour la première fois de l’histoire, un document de portée mondiale place les êtres humains au premier plan, afin de ne laisser personne en marge du développement.  Il a indiqué qu’en tant que membre du « Groupe des amis de l’enfant et des objectifs de développement durable », la Bulgarie a œuvré en faveur de l’intégration des droits de l’enfant dans tous les domaines de développement, plaçant ainsi les enfants au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi salué le fait que pour la première fois, les enfants et les jeunes ont été considérés comme des acteurs de tous les processus qui affectent leur vie.

Le Président a ensuite relevé que les ODD définis sont ambitieux et ont besoin, pour être mis en œuvre, d’actions audacieuses.  Il a également indiqué qu’une responsabilisation nationale et internationale robuste doit être de mise, avec la participation des gouvernements, de la société civile, du secteur privé et des milieux universitaires.  Il a aussi précisé que la mise en œuvre de ce Programme de développement doit être guidée par les principes de responsabilisation, de transparence et d’inclusion.  Il a souligné que le suivi et l’évaluation de cette mise en œuvre doivent s’appuyer sur un ensemble d’indicateurs bien définis et sur des données statistiques probantes.  Le Programme n’est peut-être pas parfait, a-t-il reconnu, mais il s’agit d’un effort consensuel et « la seule solution viable est de confronter les défis qui nous interpellent », a-t-il conclu.

M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a affirmé que des progrès avaient été enregistrés pour certains des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  En Afrique du Sud, a-t-il dit, il y a d’importantes améliorations, dans plusieurs domaines, comme ceux de l’éducation, de la santé ou de l’égalité entre les hommes et les femmes.  Pour M. Zuma, le triple défi de la pauvreté, du chômage et des inégalités, que se propose de relever le Programme de développement durable est le défi principal auquel s’attaquent le Gouvernement et le peuple sud-africains.  Les objectifs, a-t-il précisé, sont alignés sur ceux du Plan national de développement de l’Afrique du Sud, ainsi que sur le Programme de l’Union africaine à l’horizon 2063.

Le Président Zuma a appelé les partenaires en développement à non seulement respecter leurs engagements actuels, mais aussi à faire en sorte que l’aide publique au développement demeure la source principale d’aide au développement de nombreux pays en développement.

M. NURSULTAN NAZARBAYEV, Président du Kazakhstan, s’est félicité des réalisations de son pays dans le cadre des OMD, notamment le projet de conservation de la mer d’Aral.  Il a affirmé aussi que les objectifs de développement durable sont un tournant pour les pays et peuples du monde, un guide pour le développement mondial et la prospérité sur terre.  Sa mise en œuvre repose désormais sur chaque État, a-t-il dit.

M. Nazarbayev a en outre plaidé pour la « renaissance de la route de la soie », saluant au passage un ensemble de travaux en cours qui visent à relier l’Asie centrale à l’Europe occidentale par des voies de communication modernes.  Il a par ailleurs déploré les dépenses militaires excessives de certains pays, invitant à cet effet la communauté internationale à soutenir l’initiative visant à faire que chaque pays contribue 1% de son budget militaire aux efforts de développement engagés par le système des Nations Unies.

M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, a affirmé que la paix et la sécurité, objectifs des Nations Unies, ne peuvent être promues sans accorder une attention particulière au développement.  Le Président roumain a souligné que la crise actuelle des migrants et des réfugiés, en Europe, était une crise complexe, qui contient des aspects humanitaires, d’intégration et financiers.  Si l’on ne s’attaque pas à ce problème, chaque vague de migrants sera plus importante que la précédente, a-t-il prévenu.

Chaque pays est responsable au premier chef de son propre développement, a insisté M. Iohannis.  La Roumanie, a-t-il dit, appuie l’idée selon laquelle le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devra être appliqué par les institutions locales et répondre aux besoins des citoyens. 

M. ALEXANDER LUKASHENKO, Président du Bélarus, a réaffirmé la nécessité de rétablir l’équilibre d’un monde multipolaire.  « Nous devons reconnaître que nous sommes tous différents et que chaque pays doit avoir le droit de choisir sa propre voie de développement », a déclaré le Président du Bélarus, précisant que le respect de la diversité était une condition indispensable au progrès commun et au succès de chacun.  « Une telle volonté d’équilibre sera de nature à restaurer la confiance dans nos relations internationales », a déclaré M. Lukashenko, en appelant les principaux acteurs internationaux à « se retrouver et à se parler ».  Il s’est dit convaincu qu’une approche qui tienne compte des différentes attentes nationales aurait permis de sauver des centaines de milliers de vies en Syrie, en Iraq, en Libye et dans d’autres pays, d’éviter la naissance de l’État islamique et la guerre civile en Ukraine. 

Il a estimé que les Nations Unies ne devaient pas servir pour satisfaire les intérêts d’une seule nation et qu’une nouvelle prise de conscience de la diversité du monde serait de nature à rétablir la confiance entre les acteurs des relations internationales.  « Cette confiance retrouvée nous permettrait de nous réunir, de sauvegarder la paix et la sécurité et de trouver des réponses collectives à toutes les menaces et défis mondiaux », a conclu M. Lukashenko.

M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président du Sri Lanka, a déclaré que la protection des ressources naturelles était une priorité pour son pays, indiquant que son pays formulerait une politique nationale sur la consommation des ressources en tenant compte des objectifs de durabilité de son environnement.  Il a assuré qu’une attention particulière serait donnée au concept de bonne gouvernance environnementale et précisé que son gouvernement faciliterait la participation du secteur privé et de la société civile à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Par ailleurs, le Président a estimé que le développement durable ne pourrait pas être mis en œuvre par un seul pays, affirmant que le Sri Lanka envisageait de développer un cadre de coopération avec l’ONU, des organisations régionales et d’autres pays afin de faciliter la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national.  Il a indiqué que son pays était engagé à la mise en œuvre des 13 objectifs de développement durable liés aux changements climatiques.  « En tant que pays à revenu intermédiaire », a conclu le Président du Sri Lanka, notre attention se concentrera sur la mise en œuvre de l’éradication de la pauvreté (ODD 1), de la sécurité alimentaire (ODD 2), de l’énergie (ODD 7) de l’éducation (ODD 4) de la disparité des revenus (ODD 10) et du développement urbain (ODD 11).  

Mme MARIE LOUISE COLEIRO PRECA, Présidente de Malte, a déclaré que la communauté internationale devait mettre fin aux injustices sociales et aux inégalités qui freinent le progrès.  Mais comment pouvons-nous parler de progrès sans parler de la situation des femmes, des minorités sexuelles et d’autres laissés-pour-compte? s’est demandée la Présidente, réaffirmant l’importance du respect des droits de tous.  Elle a, en outre, invité les dirigeants du monde à être les « champions de l’inclusion » et à se faire les avocats de la paix et de la prospérité pour tous.  La Présidente a, par ailleurs, souligné que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté par l’Assemblée générale, devait donner lieu à un partenariat entre États et tous les autres acteurs pour sa mise en œuvre.  « Les pauvres n’ont que trop attendu et il est maintenant temps d’agir », a-t-elle conclu.

M. ISMAIL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a affirmé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 prenait en compte les lacunes et les défis observés dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notant les progrès tangibles obtenus par certains pays, dont le sien.  Il est essentiel en cette année importante pour le développement durable que les défis et les déficits qui ont ralenti la réalisation des OMD soient dûment corrigés, a-t-il estimé.

À son avis, l’aide au développement est cruciale pour les pays les moins avancés.  Chaque objectif du Programme doit être accompagné de financements adéquats et d’indicateurs pertinents, a-t-il indiqué.  Le Président de Djibouti a également mis l’accent sur la nécessité d’assurer l’appropriation nationale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les priorités nationales, les lois et spécificités sociales, culturelles, morales et religieuses de chaque État et de chaque société doivent être au cœur de la mise en œuvre du Programme, a-t-il conclu.

M. JAMES WANI IGGA, Vice-Président du Soudan du Sud, a fait valoir que son gouvernement avait la volonté de promouvoir le développement durable, mais les moyens lui en manquaient cruellement.  Il a rappelé que la longue guerre civile, qui a mené à la naissance du Soudan du Sud, avait eu pour origine le besoin d’exploiter les hydrocarbures, au détriment des terres humides très riches pour l’agriculture.  Le Vice-Président a affirmé que son pays était très riche en ressources minières non encore utilisées, mais, qu’il entendait emprunter le chemin d’un développement écologiquement viable.  À ce propos, il s’est félicité du fait que son pays n’émette pas de gaz à effet de serre, invitant par cette occasion la communauté internationale à prévoir des réunions internationales au Soudan du Sud.  Il a également estimé que les avancées en matière de développement national seraient encore plus prononcées lorsque son pays connaîtra une période de paix et de stabilité renforcées.

M. MUHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un programme de changement avec une vitalité inhérente et une large dimension sociale.  Il ne s’agit que d’un début, a-t-il affirmé, soulignant notamment l’importance du développement de synergies entre les priorités clefs, notamment dans les domaines de l’emploi, de la sécurité énergétique, de la réduction des risques de catastrophe, de la démographie et de la gouvernance, et de l’augmentation de l’accès à l’énergie et à l’infrastructure.  Des données crédibles et réalistes seront les moteurs du succès, a-t-il estimé, réclamant également un financement adéquat.

Le Premier Ministre a, par ailleurs, mis l’accent sur l’appropriation de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Pakistan, a-t-il expliqué, a lancé une série de réformes de vaste portée pour étendre la base de ressources et endiguer les flux de capitaux illicites.  Une coordination et un suivi des procédures ont, en outre, été mis en place, a-t-il indiqué.  En conclusion, M. Sharif a plaidé pour qu’un accord juste et équitable soit signé à Paris, lors de la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, a affirmé que « ce n’est plus l’heure des constats ou des rapports, mais celle d’agir », en mettant l’accent sur la réponse à apporter « aux besoins des générations présentes, sans hypothéquer les besoins des générations futures ».  Il a indiqué que son pays défendait l’approche fondée sur les libertés fondamentales, rappelant que l’égalité entre les femmes et les hommes, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté de la presse et l’état de droit étaient la voie vers le développement et l’amélioration des conditions de vie.  Il a aussi souligné que sans paix et sécurité, les efforts de développement seraient toujours réduits à néant.

Le Premier Ministre a en outre déploré les discriminations dont souffrent certains groupes, notamment les discriminations fondées sur le sexe ou l’orientation sexuelle, et lançant un appel au respect des droits des homosexuels.  Il a, par ailleurs, estimé que la digitalisation peut être un potentiel de développement, expliquant que le droit d’accès à l’Internet s’inscrit parfaitement dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi promis que la Belgique s’engagerait à réserver 50% de son aide publique au développement (APD) pour les pays les moins avancés (PMA).  Il a souhaité qu’un large éventail de ressources soient également mobilisées par la communauté internationale en faveur de la mise en œuvre de ce nouveau Programme de développement.

Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a expliqué que son pays avait mobilisé ses ressources nationales et renforcé ses capacités aux fins de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  « Nous avons aligné nos politiques et stratégies de développement et nous nous sommes engagés dans un partenariat avec un large éventail d’acteurs locaux et internationaux », a-t-elle dit, en soulignant la volonté de son gouvernement de réduire les inégalités et de s’assurer que les actions entreprises bénéficient au peuple. 

Outre la mise en œuvre des objectifs de développement durable adoptés vendredi, Mme Sheikh Hasina a souligné l’importance de parvenir à un accord mondial en décembre à Paris sur le changement climatique 

M. KEITH MITCHELL, Premier Ministre de la Grenade, a estimé que l’ensemble de la civilisation humaine était arrivé à un carrefour, et se trouvait, grâce au Programme de développement durable à l’horizon 2030, sur la voie d’un monde plus vert, plus propre, plus juste.  Les habitants de Grenade, qui ont subi deux ouragans récemment, se voient de plus en plus comme des gardiens de l’environnement, a-t-il dit.  L’économie bleue de la Grenade est essentielle, a-t-il dit, soulignant que le tourisme côtier était un moteur de l’économie.  C’est la raison pour laquelle le pays s’est engagé à conserver 20% ou plus de ses ressources maritimes, a indiqué le Premier Ministre.

M. Mitchell a également déclaré que son pays accueillerait en avril 2016 une conférence mondiale sur la croissance bleue, dans le but de placer les États océaniques dans une meilleure position pour obtenir des résultats positifs dans la perspective du processus d’examen de 2017, à Fidji, de l’objectif 14.

M. DATO’ SRI MOHD NAJIB TUN ABDUL RAZAK, Premier Ministre de la Malaisie, a affirmé que l’éradication de la pauvreté qui est au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue la priorité de la Malaisie au cours des dernières décennies.  La pauvreté a été fortement réduite en Malaisie, alors que l’extrême pauvreté n’y existe plus, a-t-il précisé.  Le Premier Ministre a par ailleurs annoncé que le plan quinquennal national de 2015-2020 serait consacré au renforcement des progrès du pays, dans le respect des principes du développement durable, et en privilégiant les ressources humaines.   

M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, a estimé que le moment était venu d’éliminer la pauvreté et la faim et d’assurer un meilleur environnement pour les générations futures.  Chaque nation est en mesure d’essayer de relever ce défi, a-t-il dit, insistant sur le fait que tout le monde avait un rôle à jouer.  L’Italie est prête à faire un excellent travail dans ce domaine, a-t-il déclaré.

M. Renzi a également parlé du drame absolu qui se déroule actuellement en Méditerranée, berceau de la civilisation devenu un lieu de souffrance indicible.  La tragédie des migrants est le résultat de la pauvreté et de la guerre, du manque de développement et de l’extrémisme, a-t-il dit.  L’Italie est consciente de sa responsabilité morale avec l’Union européenne, a souligné le Premier Ministre, plaidant pour une stratégie coordonnée du règlement de ce problème. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un message d’espoir aux générations futures, a—t-il conclu. 

M. HABIB ESSID, Premier Ministre de la Tunisie, a affirmé que son pays avait adopté une politique de développement à la mesure de l’évolution de la société, tenant compte des facteurs démographiques et environnementaux.  La Tunisie postrévolutionnaire a entrepris de profondes réformes politiques, démocratiques et en matière des droits de l’homme, a déclaré M. Essid.

À son avis, les fléaux dont pâtissent bien des sociétés, comme le terrorisme, le manque de sécurité, les conflits confessionnaux et ethniques nécessitent un travail sérieux qui prenne en compte la notion de développement.

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a noté que la question qu’il revient de se poser aujourd’hui est « comment s’assurer que les erreurs du passé ne se répètent pas au cours des 15 prochaines années? »  Il a fait observer que les mêmes défis sécuritaires, économiques, sociaux et environnementaux de ces 30 dernières années restent toujours d’actualité.  Il a aussi affirmé que son pays faisait face à trois crises graves.  La première est la crise économique de la zone euro, une crise née des politiques néolibérales qui ont fait diminuer le PIB de la Grèce de 25%, a-t-il indiqué.  La seconde crise est d’ordre sécuritaire en raison de l’instabilité qui règne dans cette région, notamment en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et autour de la mer Noire.  Enfin, a-t-il dit, son pays est affecté par la crise des refugiés consécutive aux migrations de masse de centaines de milliers de gens à la recherche d’une vie meilleure en Europe.

Il a, par ailleurs, affirmé que la question de la dette était un défi international au centre du système financier mondial.  Il a souhaité que tous les forums compétents, y compris l’Assemblée générale, accueillent des débats au sujet de la restructuration et du reprofilage de la dette publique, et son lien avec le développement.  M. Tsipras a, en conclusion, invité la communauté internationale à s’éloigner de l’idée néolibérale selon laquelle les marchés sont le socle de l’économie.

M. FRANS TIMMERMANS, Premier Vice-Président de l’Union européenne, a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était plus universel que les précédents Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il faut redéfinir nos sociétés, nos relations avec la nature, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité de revoir tout ce que nous faisons.  C’est à notre tour, pays développés, de sortir de notre zone de confort, de réfléchir à la manière de remanier notre économie pour la rendre circulaire, a affirmé M. Timmermans. 

Il a également appelé à placer la durabilité dans tout ce que nous faisons.  Nous avons un monde à transformer et ce Programme nous montre comment le faire, a-t-il conclu.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a affirmé que son pays avait fait reculer du tiers le taux de pauvreté avant que l’agression russe ne vienne compromettre les statistiques.  « Il ne saurait y avoir de développement durable sans paix et liberté », a affirmé le Président.  Il a souhaité que le renforcement de la paix universelle et des libertés soit le moteur des actions entreprises dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  En raison de l’annexion russe de la Crimée et les combats dans le Donbass, l’Ukraine avait perdu environ le cinquième de son potentiel économique et enregistré les déplacements forcés de plus de 1,5 million d’habitants fuyant les combats dans l’est du pays.  Il a également indiqué que son pays dépensait tous les jours 5 millions de dollars dans le Donbass du fait de la crise qui y prévaut.  Cet argent aurait pu être orienté dans les projets de développement, a-t-il regretté.  « L’Ukraine aspire à la paix et déploie tous les moyens pour trouver une solution pacifique à la crise », a conclu le Président ukrainien.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a affirmé que certains États qui ne pouvaient pas réaliser les objectifs de développement devraient pouvoir bénéficier d’un appui international massif.  Il a notamment souligné la volonté de son pays d’utiliser les sciences et les technologies de pointe, comme les technologies de l’information et des communications (TIC), qui représentent une part intégrante du développement mondial, pour combler le fossé entre pays développés et en développement.

La tâche principale est l’élimination de la pauvreté, a-t-il affirmé, mettant l’accent sur la nécessité de procéder à l’allègement du fardeau de la dette.  La Fédération de Russie demeure un partenaire sûr pour les pays en développement, a-t-il indiqué, notant la contribution de son pays à l’aide publique au développement.  Il a ajouté que son pays était favorable à la création d’un ordre économique mondial juste, afin de garantir une meilleure durabilité de l’économie mondiale.  M. Lavrov a appelé à des efforts plus réguliers pour réformer les instances économiques mondiales, en particulier le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

Le Ministre russe des affaires étrangères a également souligné le rôle de chef de file de son pays dans la limitation des émissions de gaz à effet de serre, ayant réduit les siennes de 37% au cours des dernières années.  Il a mis l’accent sur la nécessité de parvenir à un accord en décembre, à Paris, lors de la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

M. KHALID BIN MOHAMED AL-ATTIYAH, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a plaidé pour la levée des obstacles à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a également estimé que les pays en développement soient prioritaires dans ce programme.  Affirmant que les partenariats sont essentiels dans l’optique du développement durable, il s’est prononcé pour la participation de tous les acteurs dans cette entreprise et émis le vœu que l’APD soit non politisée et sans contrainte pour les pays récipiendaires.  Il a rappelé que son pays a consacré 0,76% de son PIB à l’APD au cours de l’année 2014, estimant que le développement durable ne pouvait être réalisé sans la sécurité alimentaire, et en l’absence de paix, de sécurité et de stabilité, y compris dans le contexte des territoires occupés. 

Mme DUNYA MAUMOON, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a souligné les défis à relever, comme l’élimination de la pauvreté.  De même, a-t-elle dit, les femmes continuent à être payées 24% de moins que les hommes, tandis que les émissions de carbone augmentent toujours.  Elle a exprimé l’engagement de son pays à remplir les 17 objectifs de développement durable et les 169 cibles du programme. 

Mme Maumoon a également souligné que les effets des changements climatiques constituaient une menace à la civilisation moderne et une menace pour la survie de certains États insulaires, dont le sien.  À son avis, les déclarations fortes dans ce domaine doivent être accompagnées d’instruments juridiquement contraignants qui devront être décidés, notamment, lors de la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il s’agit de sauver les Maldives et 40 autres États côtiers, a-t-elle déclaré. 

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre de l’environnement et des ressources hydrauliques de Singapour, a fait valoir la vulnérabilité de son pays en tant que petit État insulaire en développement (PEID) et petit État tout court, tout en précisant que malgré des obstacles naturels, Singapour avait pu s’engager vers un développement durable et préserver son environnement.  Il a indiqué que deux facteurs majeurs expliquaient le progrès de Singapour: son pragmatisme dans sa gouvernance et les partenariats noués en vue de renforcer les capacités de ses habitants, une manière de pallier le peu de ressources naturelles du pays.

Le Ministre a par ailleurs annoncé que son pays lancerait prochainement un nouveau programme de développement durable dans le cadre des activités du programme de coopération de Singapour, afin de soutenir la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a relevé que ce programme serait mis en place en collaboration avec des institutions onusiennes et avec la participation d’autres partenaires.

M. IBRAHIM AL-JAAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a affirmé que les inégalités économiques persistaient dans les pays en développement, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA).  Il a mis l’accent sur la nécessité de relever le défi de l’insécurité internationale, en raison du terrorisme, de l’extrémisme et des conflits.  La communauté internationale, a-t-il dit, doit prendre en compte la situation particulière que connaît l’Iraq, confronté au terrorisme transnational.

Le Ministre iraquien a appelé à renforcer les institutions spécialisées de l’ONU, dont le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un effort indispensable pour relever les défis, notamment dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Al-Jaafari a salué les pays amis de l’Iraq et les bailleurs de fonds, ainsi que les agences des Nations Unies spécialisées dans l’accueil des réfugiés, en particulier ceux qui fuient l’organisation Daech.

M. ADEL AHMED AL-JUBEIR, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, s’est félicité que son pays appartienne au groupe des 20 plus gros contributeurs en matière de développement, selon les statistiques onusiennes.  Il a déclaré que le développement ne pouvait se réaliser sous occupation, citant ainsi la situation difficile de la Palestine et d’autres territoires arabes occupés.  Il a en outre fait valoir le droit souverain de son pays de refuser les conceptions en matière de famille qui ne sont pas en adéquation avec les préceptes de l’Islam, notamment le fait qu’un mariage n’unisse pas un homme et une femme pour fonder une famille.  Il a en outre réaffirmé l’engagement de l’Arabie saoudite à contribuer au succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. SILVAN SHALOM, Vice-Premier Ministre d’Israël, a affirmé qu’en travaillant en partenariat, la communauté internationale avait pu faire des choses extraordinaires, mais que beaucoup restait à faire.  Le Ministre a souligné qu’Israël avait appris à utiliser chaque goutte d’eau, son pays étant devenu un chef de file dans la gestion de l’eau.  La vision d’Israël du développement durable vient du principe juif: « Être une lumière par élévation ». 

Il ne faut pas perdre de vue dans nos sociétés les personnes qui se sont vues dénier leurs chances au développement, a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de placer les femmes et les filles sur un pied d’égalité.  Le développement durable ne peut être assuré sans l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, a-t-il dit. 

En outre, M. Shalom a estimé qu’il ne pourrait y avoir d’espoir en un monde meilleur tant que des pays de la région continueraient d’investir dans la violence plutôt que dans leur propre peuple.  Il a dit espérer que le jour viendra où les dirigeants palestiniens placeront le bien-être de leur peuple au-dessus de la guerre avec Israël, le jour où ils cesseront de lancer de fausses accusations et entameront de réels efforts en vue d’améliorer la vie de leurs enfants et des générations futures.

M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis d’Amérique, a déclaré que, dans les nations développées, existait désormais une compassion véritable envers ceux qui sont dans le besoin, les peuples des pays développés ayant pris conscience de « la pauvreté abjecte » dans laquelle vivent tant de personnes.  Le Président américain a exhorté les États à ne pas se résoudre au scepticisme et à l’impuissance, des progrès considérables ayant été accomplis ces dernières années en matière de lutte contre la faim et de scolarisation des enfants.  « Soixante millions de vies humaines ont été sauvées de certaines maladies, et 1 milliard d’êtres humaines se sont extirpés de l’extrême pauvreté », a-t-il indiqué, soulignant que « le développement fonctionne ».  Pour M. Obama, il est possible, grâce à une action collective, de « briser le cycle de pauvreté ».  « Le cynisme est notre ennemi », s’est-il exclamé, avant de demander à tout un chacun de croire dans la dignité de l’individu. 

Le Président Obama a rappelé que, quotidiennement, 11 garçons et filles mourraient de maladies « que nous savons prévenir », et que des millions de femmes et d’hommes vivaient avec 1,25 dollar par jour.  Il a assuré les Nations Unies que son pays s’engagerait pleinement dans la réalisation des ODD pour parvenir à l’éradication de la pauvreté et sauver ainsi « l’humanité qui nous définit ».  « Appuyer le développement, ce n’est pas faire la charité », a encore souligné M. Barack Obama, qui a notamment rappelé que les États-Unis demeuraient le premier bailleur de fonds en APD.

« Comment obtenir de meilleurs résultats et mieux utiliser les ressources? » s’est demandé le Président des États-Unis.  Appelant à tirer les enseignements du passé, il a formé le souhait que le « nouveau chapitre du développement » qui « s’ouvre aujourd’hui ne soit plus l’otage des anciennes divisions entre pays développés et en développement.  Il a indiqué que son pays, qui s’est engagé à mobiliser plusieurs milliards de dollars dans le développement, devait être rejoint par les autres nations.  « Cette œuvre est celle du monde », a-t-il  déclaré.  M. Obama a attiré l’attention sur l’importance de rompre le cycle de la dépendance pour permettre aux individus d’être pleinement indépendants.  « Le nouveau chapitre du développement doit libérer la croissance économique, une croissance dans laquelle chacun ait sa place », a-t-il également souligné, en appelant à l’adoption de réformes destinées à attirer des investissements et à encourager la vocation de commercer et d’entreprendre.

Le Président américain a par ailleurs désigné les menaces pesant sur le développement, notamment la mauvaise gouvernance qui doit être corrigée en combattant la corruption « qui siphonne des millions de dollars qui devraient financer des hôpitaux et des écoles ».  « Le développement est aussi menacé par les illégalités, un fléau auquel chaque pays fait face, y compris les États-Unis », a-t-il ajouté.  Concernant l’égalité entre hommes et femmes, il a affirmé qu’à son avis, le meilleur des indicateurs de succès pour un pays est celui qui mesure la manière dont il « traite ses femmes ».  Rappelant que quand les femmes sont éduquées et ont un emploi leurs familles sont plus saines et prospères.  M. Obama a estimé que les traditions ne sauraient être une excuse pour justifier l’inégalité d’accès des femmes à l’éducation et à l’emploi.  

Après avoir insisté sur l’importance d’aider l’Afrique à continuer de « s’épanouir » économiquement, le Président des États-Unis a mis l’accent sur les conséquences des guerres sur le développement.  « La moitié des populations pauvres vivent dans des zones touchées par la violence chronique et les conflits », a-t-il indiqué, considérant qu’il fallait accueillir ces réfugiés dont « les enfants sont comme les nôtres ».

« Le développement est menacé par le changement climatique », a enfin noté M. Obama.  Précisant que si tous les pays sont touchés par ce phénomène, ce sont les pays les plus démunis qui en portent le fardeau le plus lourd, il a évoqué la Conférence sur le climat qui se tiendra à Paris à la fin de l’année.  Faisant sien « l’appel moral » lancé par le pape François quant à la nécessité de sauver la planète, il s’est dit confiant dans la capacité de présenter un front uni à Paris, dans deux mois.  Citant la lettre d’une jeune tanzanienne, vivant dans la pauvreté et rêvant d’aller un jour à l’université, M. Barack Obama lui a répondu en affirmant que les États-Unis, aux côtés des Nations Unies, resteraient engagés à mettre fin aux injustices et à l’extrême pauvreté.  « Le monde ne peut pas être aveugle au combat de ces enfants qui sont comme les nôtres », a-t-il dit.

Pour M. HORACIO MANUEL CARTES JARA, Président du Paraguay, l’adoption du nouveau Programme pour le développement durable marque le début d’une feuille de route ambitieuse pour l’amélioration de la qualité de vie de tout un chacun, et tout particulièrement des personnes les plus vulnérables.  L’une des priorités de son gouvernement est précisément la lutte contre la pauvreté et, depuis l’adoption des OMD en 2000, le Paraguay a réduit de plus de 50% la pauvreté extrême, a-t-il dit.  L’autre objectif principal de son gouvernement est de garantir la sécurité de toute la population.  À cet effet, une politique alimentaire dans les écoles a été mise en place qui correspond à un investissement total de 95 millions de dollars, a affirmé le Président.  D’autre part, l’accent a été mis sur l’universalisation de la scolarisation dans le cycle primaire qui est presque de 100% à ce stade, a-t-il poursuivi, se disant conscient du lien direct qui existe entre éducation et développement.  Le Président Jara a également signalé que la présence des femmes aux postes de responsabilité de son pays est désormais de 17%, en augmentation par rapport aux années précédentes.

Le Paraguay a en outre réussi à atteindre l’OMD relatif à l’eau potable et à l’assainissement.  Pour M. Jara il ne fait pas de doute que la réalisation des OMD contribue à l’amélioration des conditions de vie dans son pays même s’il reste beaucoup à faire.  Le succès de ce Programme passe, à son avis, par la solidarité et la coopération internationales.  Les ODD sont ambitieux, a-t-il constaté, mais si les consensus politiques nécessaires à leur réalisation sont dégagés aux plans national, régional et international, ces objectifs pourront être atteints.  Il faut, pour cela dégager les ressources nécessaires et mettre en place des mécanismes transparents de responsabilisation et de mise en œuvre, a poursuivi le Président Jara, qui a également réaffirmé la nécessité de mettre l’accent sur la protection de la planète.

M. FRANÇOIS HOLLANDE, Président de la France, a évoqué les trois priorités après l’adoption du Programme de développement à l’horizon 2030 et en vue de la Conférence de Paris sur le climat en décembre.  La première priorité est la préservation du climat, le Président français estimant qu’il faudrait signer un texte qui engagerait l’ensemble de la communauté internationale sur des décennies.  Si notre planète subissait un réchauffement supérieur à 2°C, cela signifierait la disparition d’un certain nombre de pays, a prévenu le Président français, pour qui le caractère urgent de ce problème nécessitait des changements dans les modes de consommation et un financement approprié pour sa mise en œuvre.  À son avis, 100 milliards de dollars seraient nécessaires pour assurer la transition énergétique et pour la lutte contre le réchauffement climatique.  La deuxième priorité est la lutte contre la pauvreté, qui devra être menée avec le fonds de la transition énergétique.  La troisième priorité concerne la mobilisation de ressources pour la réalisation des trois piliers du développement durable pour assurer que tous les peuples de la planète jouissent pleinement de leurs droits fondamentaux en toute égalité et dignité dans un monde pacifique.

Le Président a par ailleurs annoncé que la France avait décidé d’augmenter son aide publique au développement à partir de 2020, à 4 milliards d’euros.  Il a aussi annoncé la réforme de l’APD française en conjonction avec l’Agence française du développement et la Caisse des dépôts, qui deviendrait ainsi la plus grande banque européenne pour le développement.  Il a également évoqué la mise en place de la taxe sur les transactions financières à partir de 2017, dont une partie serait affectée à la lutte contre les inégalités et contre la pauvreté. 

M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président du Costa Rica, s’est dit satisfait de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, d’autant que son pays, a depuis longtemps pour ambition « d’inscrire dans son ADN » le développement durable.  Il a rappelé les acquis de son pays dans la lutte pour l’égalité de genre et les efforts pour permettre l’égalité des chances tant en termes d’accès aux ressources économiques et à l’emploi, que sur le plan de la participation à la vie politique et l’éducation.  Pour M. Solís Rivera, il s’agit de l’une des conditions nécessaires à la « transformation profonde dont le monde a un besoin urgent ».  Il a également passé en revue les efforts de son pays en faveur d’un secteur énergétique indépendant des hydrocarbures et à très faibles émissions de carbone.  Le plus grand défi à relever aujourd’hui est de parvenir à une consommation et à des modes de production durables, a-t-il souligné.

Invitant la communauté internationale à se pencher sur la question de la mise en application des ODD, il a expliqué que le fait que son pays ait renoncé à son armée lui a permis de dégager des ressources considérables pour les investissements sociaux.  « Le désarmement est un mécanisme qui permet de mobiliser des ressources significatives à allouer au développement durable », a-t-il souligné, sans oublier que « le pari du désarmement est un pari en faveur de la paix ».  Il a invité les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, qui font partie des six pays aux plus fortes dépenses militaires et des plus grands producteurs d’armes, à « réorienter leurs dépenses vers le développement durable », affirmant « qu’il n’y a pas de meilleure formule pour assurer la sécurité de leurs pays que d’investir dans le développement durable dans le monde ».

Soulignant que 70% des « pauvres » du monde vivent dans des pays à revenu intermédiaire, comme le Costa Rica, il a lancé un appel pour que le problème des inégalités et de la mauvaise distribution des revenus soit adressé en priorité.  M. Solís Rivera a enfin plaidé pour la définition d’un index de mesure de la pauvreté qui reflète sa nature pluridimensionnelle et un autre qui tienne compte de critères allant au-delà du revenu individuel.

M. JOHN DRAMANI MAHAMA, Président du Ghana, a déclaré que la mise en œuvre, dans son pays, du Programme pour la transformation, avait notamment pour objectif de diversifier la production de biens exportables et de rendre son pays plus compétitif sur les marchés internationaux.  Il a également assuré que le Ghana poursuivrait ses efforts en matière de santé et d’éducation et de développement des infrastructures en vue de réduire les inégalités et de renforcer le rôle du secteur privé dans l’essor économique du pays.  Assurant que son pays avait accompli des résultats remarquables dans la réalisation des OMD, M. Mahama a jugé que ces progrès faciliteraient la mise en œuvre des 17 ODD.  À son avis,  l’exécution du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 passait par l’intégration et le partage accéléré des innovations technologiques, se félicitant du lancement prochain du Mécanisme de facilitation des technologies destiné à appuyer la mise en œuvre de l’Agenda 2030, en particulier en Afrique.  En conclusion, le Président ghanéen a demandé que le Comité d’audit de l’ONU devienne une agence de l’ONU à part entière afin de donner à l’Organisation les moyens de lutter contre la fuite illicite des capitaux des pays en développement « qui appauvrissent nos nations ».

M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, a souligné les contributions de son pays à l’élaboration des ODD.  Il a évoqué à cet effet l’objectif sur l’insertion sociale et économique qui est un des axes principaux du développement, de l’économie durable, de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, des droits des migrants et de la reconnaissance de leurs contributions dans les pays d’accueil et dans les pays d’origine.  Le Président a ensuite souligné l’importance de la préservation de la biodiversité et indiqué que son gouvernement organiserait en 2016 la Conférence des parties sur la biodiversité.  En outre, M. Peña Nieto a estimé qu’après l’adoption du Programme de développement à l’horizon 2030, les pays doivent encourager la participation citoyenne et une gouvernance ouverte.  À cet égard, il a estimé que la mise en œuvre efficace des ODD passait par une stratégie nationale et par une mission collective.

Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de la Lituanie, a estimé que sans paix et sans sécurité il ne serait pas possible de construire des sociétés résilientes et de répondre aux attentes du plus grand nombre.  « Le matériau de base du développement, c’est la démocratie », a-t-elle lancé, ajoutant que la crise en Ukraine montrait combien la voix de l’ONU était essentielle pour ceux qui demandent l’autodétermination et la liberté.  Après avoir appelé la communauté internationale à aider plus activement les pays en développement à bâtir des institutions inclusives pour perpétuer les efforts de développement socioéconomique, elle s’est déclarée confiante dans la réussite de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Tout partenariat mondial suppose le plein respect de la responsabilité partagée », a conclu la Présidente lituanienne.

M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a souligné l’ampleur de la tâche qui attend la communauté internationale dans la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030 et dans le suivi de ladite mise en œuvre.  Les principes fondamentaux d’inclusion, d’autonomisation, de transparence et de respect des droits humains devront être, à cette fin, respectés, a-t-il dit.  M. Vujanović a ensuite rappelé que chaque pays était responsable de son propre développement économique, avant d’appeler à la préservation du droit au développement des prochaines générations.  Enfin, le Président du Monténégro a affirmé que la mise en œuvre du Programme devra s’inscrire dans le cadre d’un partenariat mondial revitalisé et s’appuyer sur les politiques et actions identifiées dans le Programme d’action d’Addis-Abeba adopté en juillet dernier.

M. MILNER TOZAKA, Ministre des affaires étrangères des Îles Salomon, a déclaré que les petits États insulaires en développement ne pouvaient pas envisager le développement durable sans parler de changement climatique.  La fréquence et l’intensité des catastrophes climatiques l’an dernier dans son pays est à l’origine de dégâts représentant plus de 9% du PIB, et, jusqu’à présent en 2015, deux cyclones ont maintenu le pays sous une pression constante de préparation et de réponse.  Les ODD ne consistent pas seulement à éradiquer la pauvreté, mais aussi à assurer la « guérison » de la Terre, a poursuivi le Ministre.  De ce point de vue, a-t-il dit, l’Objectif 13 relatif aux changements climatiques est une satisfaction, dans la mesure où les autres objectifs en dépendent étroitement, qu’il s’agisse de changer les modes de consommation et de production ou d’assainir la planète. 

Les ODD reflètent de manière équilibrée les trois piliers du développement durable: la croissance économique durable, le développement social et la protection de l'environnement, a observé M. Tozaka.  « Ceci est notre dernière chance de bien faire les choses », a-t-il dit.  Les ressources et les technologies disponibles sont suffisamment nombreuses pour « changer les choses ».  Atteindre ces objectifs nécessite seulement une nouvelle forme de coopération et de volonté politique, a jugé le chef de la diplomatie des Îles Salomon.  Préoccupé par la lenteur des négociations sur un accord mondial sur les changements climatiques, il a indiqué que le mois dernier, les dirigeants des îles du Pacifique avaient adopté la Déclaration de Suva, qui demande que la hausse des températures se situe bien en-dessous de 1,5°C.

M. NIKOLA GRUEVSKI, Président du Gouvernement de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a affirmé que son gouvernement avait intégré les principes du développement durable dans ses politiques nationales.  « Nous avons augmenté de plus de 50% les transferts sociaux aux personnes les plus vulnérables », a-t-il dit, ajoutant que, grâce aux investissements étrangers et à un soutien robuste au secteur privé, le taux de chômage avait été réduit de 11%.  M. Gruevski a ensuite détaillé les progrès enregistrés par son pays dans le domaine de l’éducation, expliquant notamment que l’apprentissage de la langue anglaise commençait dès l’école primaire et qu’un ordinateur était fourni à chaque enfant du primaire et du secondaire.

En ce qui concerne la promotion de l’égalité entre les genres et l’émancipation des femmes et des filles, il a indiqué que son pays avait reçu la meilleure évaluation possible de la part du Département d’État des États-Unis s’agissant de la lutte contre la traite des êtres humains.  Enfin, le Président du Gouvernement de l’ex-République yougoslave de Macédoine a affirmé que chaque pays devait endosser une juste part de son propre développement.

M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a déclaré que le nouveau Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 devrait permettre d’éradiquer « définitivement » la pauvreté et rendre la planète durable d’ici à 2030.  Il a ajouté que l’Agenda 2030 ne pourrait être mis en œuvre que si le Nord et le Sud parviennent à surmonter leurs divisions dans le cadre d’un partenariat englobant pays développés et en développement, société civile et gouvernements.  « Le Japon redoublera d’efforts pour mettre en œuvre ce Programme en incorporant dans ses propres plans la notion de sécurité humaine, qui insiste sur le sort de chaque individu et promeut une croissance de qualité, durable, résiliente et sans exclusive », a expliqué M. Abe.  Après avoir rappelé que son pays était l’un des chefs de file mondiaux de l’investissement massif dans les infrastructures en Asie et en Afrique, il a réitéré la demande du Japon d’instaurer une journée internationale sur les tsunamis « pour attirer l’attention sur les risques que représentent ces événements climatiques ».

« M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande, a déclaré qu’il est possible de continuer dans la voie d’un consumérisme effréné et maximiser la croissance à tout prix ou vivre de manière soutenable et chercher la tempérance, la qualité et l’équilibre de la vie, indiquant que son pays avait réussi à surmonter la crise financière de 1997 et le tsunami de 2004 grâce à une philosophie fondée sur la raison, la modération et la résilience.

Le Premier Ministre a souligné la nécessité d’adopter des lois efficaces pour lutter contre les inégalités et de reconnaître la valeur de chaque vie humaine.  « Le Gouvernement thaïlandais offre une protection sociale et juridique aux travailleurs migrants sans qualification », a-t-il indiqué, précisant que l’année dernière 1,6 million de migrants avaient ainsi été protégés.

Il a exprimé sa conviction que les inégalités devaient non seulement être réduites au sein de chaque pays mais aussi entre les pays grâce notamment à des partenariats pour le développement. « Nous œuvrons à rapprocher les niveaux de développement en Asie du Sud-Est continentale, à commencer par nos voisins, en promouvant la connectivité et en établissant six zones économiques spéciales le long de nos frontières », a-t-il précisé.

En conclusion, le Premier Ministre thaïlandais a estimé que grâce au Programme de développement à l’horizon 2030, le monde devrait enregistrer une réduction spectaculaire de la pauvreté et des inégalités au cours des 15 prochaines années.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a qualifié de « capital » le suivi rigoureux des ODD, afin de pouvoir en mesurer objectivement les résultats.  « L’horizon 2030 paraîtra très éloigné à certains, alors que c’est demain », a-t-il affirmé, estimant que les générations futures jugeront la présente génération sur sa capacité d’action.  « C’est le dialogue entre égaux et sur des sujets qui nous concernent tous qui nous permettra d’assurer les bases d’un monde plus égalitaire et interdépendant », a-t-il poursuivi.

Relevant que les nouveaux ODD nécessiteront des sources de financement diversifiées et mutuellement complémentaires, M. Bettel a invité tous les pays développés à respecter leurs engagements et à investir 0,7% de leur RNB dans l’aide publique au développement, la contribution nationale du Luxembourg s’élevant depuis plusieurs années à 1% du PNB.  « Ne tombons pas dans les propos simplistes et populistes qui veulent faire croire qu’il y a assez de problèmes chez nous alors pourquoi aider les autres », a-t-il affirmé.

Le Premier Ministre a par ailleurs souligné la nécessité de débloquer les moteurs d’une économie verte –ce qui pour son pays exclut l’usage de l’énergie nucléaire– et de rendre les économies plus durables et équitables.  « Nous ne résoudrons pas la crise de la pauvreté et celle des migrations sans résoudre les crises dans le domaine climatique et environnemental », a conclu M. Bettel.

M. DAVID CAMERON, Premier Ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, a estimé que la réalisation des ODD demanderait des actions et non des mots.  Je suis fier que le Royaume-Uni ait réalisé l’objectif de consacrer 0,7% de son PIB au développement et j’appelle les autres pays à suivre notre modèle, a dit le Premier Ministre, indiquant que pour éliminer la pauvreté, il fallait s’attaquer aux changements climatiques afin de préserver les ressources pour les générations futures, lutter contre les inégalités entre les homme et les femmes et combattre toutes les causes de la pauvreté.  M. Cameron s’est réjoui que chaque pays du monde s’engage aujourd’hui à lutter contre la corruption, à bâtir des institutions transparentes, et à promouvoir les libertés fondamentales dans le cadre des ODD.  Le Royaume-Uni se veut le leader de la lutte contre la corruption, a annoncé le Premier Ministre, qui a évoqué l’organisation d’une conférence internationale sur la lutte contre la corruption dans son pays l’année prochaine.  En outre, il a exhorté le secteur privé à investir dans les jeunes et les énergies renouvelables et les gouvernements à supprimer les obstacles au développement des entreprises et du commerce. 

M. ANEROOD JUGNAUTH, Premier Ministre de Maurice, a mis l’accent sur le rôle incontestable que les OMD ont joué, depuis 2000, dans la lutte contre la pauvreté dans le monde et salué le fait que les ODD s’inscrivent dans le prolongement de cette approche, tout en mettant l’accent sur la viabilité à long terme de l’environnement et de l’inclusion sociale.  Il a expliqué que le nouveau PDD est très proche de l’agenda pour le développement durable adopté par son gouvernement le 22 août dernier, qui met l’accent, entre autres, sur l’élimination de la pauvreté, la dignité, l’eau potable, la santé, l’éducation et les sources énergétiques abordables et fiables.  Ce programme est également centré sur les personnes, leurs droits et libertés, ainsi que leur accès à la justice et à l’information, a indiqué le Ministre.

Il a également souligné la nécessité de parvenir à un accord juridiquement contraignant sur les changements climatiques lors de la Conférence de Paris en décembre prochain, indiquant que son pays était particulièrement exposé aux risques liés à cette question.  Le Ministre a par ailleurs demandé à la communauté internationale de tenir compte de la situation particulièrement vulnérable des petits États insulaires lors des prochaines négociations et de prévoir un traitement privilégié pour que ces pays puissent accéder aux financements des fonds pour la lutte contre les changements climatiques et bénéficier d’une assistance technique.

M. AHMET DAVUTOĞLU, Premier Ministre de la Turquie, s’est réjoui des progrès obtenus dans la réalisation des OMD, notant toutefois que ces progrès avaient été inégaux.  Il a estimé que la mise en œuvre du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 représentait une opportunité de « terminer le travail », en aidant davantage les pays les plus vulnérables.  Il a souligné que le développement durable ne pourrait devenir une réalité sans la paix et la sécurité.  « Voyez les conséquences dramatiques de la crise humanitaire au Proche-Orient », s’est-il exclamé, rappelant que son pays accueillait 2 millions de Syriens et avait déjà consacré des millions de dollars à la construction et à la gestion de camps de réfugiés.  Selon lui, la première des priorités est de s’attaquer aux urgences humanitaires en cours qui nécessitent de mener de front développement et diplomatie humanitaire.  M. Davutoğlu a par ailleurs souligné que la Turquie avait fait de l’inclusion et du soutien aux pays les moins avancés (PMA) l’un des axes prioritaires de sa présidence du G20 et assuré que son pays accroîtrait encore dans les années à venir le montant de son APD, actuellement de 0,45% du PIB.

M. MIROSLAV LAJČÁK, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a estimé que la réforme du Conseil de sécurité était un paramètre important pour réaliser l’ODD 16 sur les sociétés pacifiques et inclusives.  L’absence d’un environnement favorable peut avoir des impacts négatifs sur les autres ODD comme l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes ou la croissance économique inclusive, a-t-il affirmé.

Affirmant que le nouveau programme de développement établissait des cibles spécifiques pour la préservation de l’environnement et la gestion durable des ressources naturelles, le Ministre a affirmé qu’un ensemble clair d’objectifs environnementaux créerait un élan critique et préparerait la voie pour la réussite de la Conférence sur le climat à Paris en décembre.  « Nous sommes en bon chemin », a-t-il indiqué, indiquant que son pays appuyait un partenariat mondial revitalisé tel que proposé dans l’ODD 17.  

M. ARSENIO M. BALISACAN, Secrétaire de la planification socioéconomique des Philippines, s’est dit encouragé par l’inclusion des questions migratoires dans le Programme de développement à l’horizon 2030.  Les Philippines ont milité pour que le Programme reconnaisse les contributions positives des migrants au développement durable des pays d’origine, de transit et de destination, a-t-il précisé.  Il a souligné la nécessité d’augmenter les investissements en vue de renforcer la résilience des économies face aux changements climatiques et appelé de ses vœux l’adoption d’un accord universel et équitable lors de la prochaine Conférence de Paris sur les changements climatiques.

M. Balisacan s’est également félicité que l’ODD 14 soit consacré à la préservation et à la gestion durable des océans et des mers.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à accroître son soutien technique et financier afin de renforcer les capacités nationales de collecte de statistiques.  « Les Philippines s’engagent à faire du Programme de développement à horizon 2030 une réalité afin que personne ne soit laissé en marge », a-t-il conclu.

M. RUI MACHETE, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a affirmé que les défis actuels comme les changements climatiques, les épidémies et la situation dramatique des migrants sont bien la preuve qu’il est impossible de penser au bien-être et à la sécurité « individuellement » ou le long de divisions géographiques.  L’universalité du Programme de développement durable est, par conséquent, essentielle, et traduit bien la notion de « responsabilités partagées » à la recherche d’un avenir meilleur, au-delà de l’approche traditionnelle et dépassée Nord-Sud, et des divisions entre secteurs public et privé et de l’idée que l’aide publique au développement est la seule réponse possible aux défis communs, a poursuivi le Ministre.  Ce programme exige, selon lui, une approche axée sur les résultats et une plus grande efficacité et cohérence des politiques à tous les niveaux.

« Le moment est venu pour définir le nouveau paradigme de la coopération internationale et pour appliquer concrètement les engagements pris dans ce contexte » a souligné M. Machete, qui a invité les Nations Unies à assumer un rôle prépondérant à cet égard, même si tous les autres acteurs comme les gouvernements, la société civile, les parlements et autres, doivent impérativement s’approprier le PDD et ses 17 objectifs.  Il est important, à son avis, de tenir compte des difficultés particulières des pays les moins développés, des petits États insulaires et des pays fragilisés dans ce processus.  Le Portugal, qui a souscrit aux engagements d’Addis-Abeba en termes d’aide publique au développement, tient à mettre l’accent sur les liens entre paix, sécurité et développement durable dans sa coopération, a conclu le Ministre.

Tout en reconnaissant les avancées réalisées dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. GILBERT SABOYA SUNYÉ, Ministre des affaires étrangères d’Andorre, a déclaré qu’il n’était pas permis de tomber dans l’autocomplaisance.  C’est la raison pour laquelle nous devons nous engager à nouveau avec les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il estimé: « Une vie digne pour nous et pour les prochaines générations ne peut l’être sans égalité, sans sécurité, sans démocratie et sans respect des droits humains, aspects essentiels d’un environnement sain et durable pour les prochaines générations ».  Les témoignages de tragédies qui nous arrivent chaque jour des quatre coins du monde, spécialement depuis le continent africain, mais aussi aux frontières de l’Europe, avec une crise des réfugiés qui mérite toute notre attention et notre solidarité, sont encore trop graves, nombreux et inadmissibles, a souligné le Ministre.  M. Sunyé a ensuite attiré l’attention sur l’importance cruciale de l’éducation des jeunes, considérée comme une arme de lutte contre l’intolérance.  Andorre, a-t-il ajouté, consacre d’ailleurs 20% du budget de sa coopération au développement à des projets

M. RI SU YONG, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a estimé que la réalisation de l’objectif d’élimination totale de la pauvreté et de développement socioéconomique durable passait par l’établissement d’un environnement pacifique et durable.  Il est généralement connu que certains pays ont créé des obstacles artificiels dans le règlement pacifique des problèmes internationaux pour faciliter leurs objectifs politiques et militaires, a-t-il précisé.  Si les sanctions économiques imposées contre les aspirations des pays en développement ne sont pas levées, les excellents objectifs de développement ne seront pas atteints, a affirmé le Ministre, dénonçant les États-Unis pour leurs « tentatives d’étrangler des secteurs de la vie de nos populations par tous les moyens. »  Ce que les États-Unis ne savent pas est que plus les sanctions contre la RPDC sont lourdes, plus la volonté et l’esprit de notre peuple se renforcent pour défendre notre État socialiste », a dit le Ministre, précisant que la priorité de son gouvernement était d’offrir à ses populations un bon niveau de vie fondé sur l’utilisation prioritaire  de la science et de la technologie.

Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a affirmé que le Programme de développement à horizon 2030 consacrait une conception plus moderne des moteurs du développement.  Elle a indiqué que la promotion de la paix et de la bonne gouvernance serait cruciale pour l’éradication de l’extrême pauvreté.  Mentionnant le Programme d’action adopté en juillet à Addis-Abeba, elle a rappelé que les ressources intérieures constituaient la première source de financement du développement.  L’Australie va doubler son investissement en faveur du renforcement des systèmes nationaux de collecte des ressources domestiques, a-t-elle annoncé.

Mme Bishop a ensuite exprimé l’espoir que la prochaine Conférence de Paris sur le climat pourrait s’appuyer sur l’élan généré à New York, avant de rappeler que l’engagement de son pays en faveur du Fonds vert pour le climat s’élevait à 200 millions de dollars.  Elle a mentionné les actions prises par l’Australie pour une gestion durable des terres, des forêts et des ressources marines, y compris la grande barrière de corail.  Enfin, la Ministre des affaires étrangères a affirmé que c’est en travaillant ensemble que les États Membres se montreront à la hauteur de l’ambition du Programme à l’horizon 2030.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie, a déclaré que son pays, dont le développement est aligné sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a pu atteindre « avant terme », la majorité des OMD, notamment l’éradication de la pauvreté, l’accès à l’éducation, la réduction de la mortalité infantile et maternelle et la promotion d’un environnement durable.  Au moment d’amorcer la mise en œuvre du nouveau Programme de développement à horizon 2030, il semble important de maintenir la dynamique et l’enthousiasme générés par les OMD, a-t-il poursuivi, se réjouissant de l’approche participative et inclusive adoptée par les Nations Unies dans la conduite du processus de finalisation des objectifs de développement durable (ODD), qui a offert une « voix aux sans-voix ».

M. Lamamra s’est également félicité que l’Afrique, « reléguée à un rôle secondaire dans la préparation des OMD », ait joué, cette fois-ci, un rôle actif et constructif.  « L’adoption par les pays africains, lors du vingt-deuxième Sommet de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba en janvier 2014 », d’une position africaine commune sur ce futur programme s’inscrit dans cette ambition légitime, a-t-il affirmé.  Le chef de la diplomatie algérienne, a en conclusion, formulé l’espoir que les programmes pluriannuels ou décennaux découlant de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du premier plan décennal 2015-2025 pour le développement des infrastructures en Afrique puissent recevoir la contribution des partenaires au développement.

M. HÉCTOR MARCOS TIMERMAN, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et de la culture de l’Argentine, a rappelé que son pays avait été l’un des rares à avoir réalisé chacun des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à temps.  Se félicitant de l’adoption vendredi du Programme de développement à horizon 2030, il a rappelé que son pays avait participé activement aux négociations des ODD, soulignant que le principe de responsabilité commune mais différenciée était plus que jamais d’actualité.  Consciente des défis qui se posent à elle, a-t-il dit, l’Argentine s’est déclarée favorable à une approche intégrée des problématiques.  Ainsi, a indiqué M. Timerman, le droit au développement ne peut être garanti en l’absence de respect des droits de l’homme, une des raisons pour lesquelles la croissance économique s’est toujours accompagnée dans son pays de mesures en faveur de la population.

Notant par ailleurs dans le document portant création des ODD des « déséquilibres » dans les différents engagements, le Ministre s’est dit tout particulièrement préoccupé par ceux relatifs aux questions de mise en œuvre et de financement.  Les pays les plus industrialisés doivent contribuer à hauteur de leurs « responsabilités historiques » en respectant les seuils d’aide publique au développement déjà agréés, a affirmé le Ministre.  De son côté, son pays contribuerait de manière significative au Fonds fiduciaire pour la coopération Sud-Sud ainsi qu’au Fonds de coopération triangulaire, a conclu le Ministre.

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a affirmé que même si les OMD n’ont pas tous été atteints, d’énormes progrès ont néanmoins été obtenus depuis 15 ans.  Pourtant, a-t-il fait remarquer, force est de constater qu’il reste toujours 836 millions de personnes qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, soit 50% de moins qu’en 2000; que le VIH/sida, quoiqu’en perte de vitesse de 40%, n’est toujours pas éradiqué et que 660 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable.  Il a estimé qu’à l’avenir il ne faudrait plus se satisfaire de succès dans l’un des 17 ODD, mais veiller à assurer le progrès sur tous les fronts et dans tous les domaines prioritaires.

Le Président polonais a également abordé la question du financement des ODD et exigé plus de rigueur dans l’allocation des ressources.  L’aide au développement ne doit pas être liée à des actions qui sont vécues par les autres comme une imposition d’un système de valeurs ou d’une idéologie, a affirmé le Président Duda, pour lequel l’accent devrait être mis sur des valeurs comme l’état de droit, la liberté, des modèles de société inclusifs et les actions visant à promouvoir le développement.  « Venons en aide aux pays qui en ont besoin aujourd’hui, mais faisons-le de manière judicieuse en leur donnant les moyens de tenir sur leurs propres jambes à terme », a prôné le Président Duda, selon lequel cette approche devrait leur permettre de devenir des acteurs, à part égale, du système économique mondial.

Dialogues interactifs du Sommet consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015 

Dialogue interactif: « Construire des institutions efficaces, responsables et inclusives en vue de réaliser un développement durable »

La création d’institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous étant essentielle à la réalisation du développement durable, il faut promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques, ouvertes à tous et justes.  Tel est en substance l’objectif 16 du Programme de développement durable à l'horizon 2030 sur lequel une trentaine de participants provenant de tous les secteurs, dont plusieurs chefs d’État, ont discuté, ce matin, dans le cadre du cinquième dialogue du Sommet sur le développement durable.

En ouvrant la discussion, la Présidente de la République de Corée, Mme PARK GUEN-HYE, a rappelé que son pays avait pu s’extirper de la pauvreté la plus noire en une génération grâce au rôle que jouent les pouvoirs publics.  Ces derniers, a-t-elle expliqué, avaient pris les initiatives nécessaires pour lancer le processus de développement après la Deuxième Guerre mondiale.  Elle a ainsi cité l’exemple du système de développement des zones rurales et urbaines mis en place en Corée du Sud.

Efficacité, inclusion, responsabilité sont les trois dimensions de cette question, a souligné la Présidente du Chili, Mme MICHELLE BACHELET JERIA, l’autre Coprésidente de ce dialogue.  Elle a confirmé le caractère essentiel de l’adoption de politiques appropriées par les gouvernements, tout en précisant qu’il faudrait aller au-delà des politiques d’assistance.  Le Chili a ainsi mené plusieurs réformes, dont une pour garantir un enseignement de qualité et une autre pour assurer l’autonomisation des femmes.  Le Chili a aussi eu un rôle pionnier pour promouvoir la transparence et l’intégrité dans la politique et dans la vie des affaires.

Une paix durable ne peut être réalisée s’il n’existe pas d’institutions efficaces et responsables, a reconnu la Présidente de la Croatie, Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, en exprimant les souhaits de ses concitoyens qui sont en faveur d’une plus grande transparence dans l’adoption des politiques.  Il faut des systèmes solides de budgétisation et de gestion des dépenses, a-t-elle recommandé en appelant à lutter efficacement contre la corruption.  Ces efforts des pouvoirs publics, a-t-elle ajouté, doivent s’accompagner de pratiques responsables dans le secteur privé.  Elle a aussi prôné la participation de tous les groupes sociaux aux prises de décisions politiques.

Faisant écho à ces recommandations, la Présidente de la Suisse, Mme SIMONETTA SOMMARUGA, a rappelé que les citoyens et les citoyennes constituaient la pierre angulaire de la démocratie.  Elle a expliqué que les Suisses s’expriment quatre fois par an par voie de référendum.  Selon elle, le citoyen qui paie ses impôts a son mot à dire sur l’utilisation des finances publiques.  Elle a aussi fait remarquer que la culture politique n’était pas immuable, en souhaitant qu’on travaille pour la faire évoluer.

La démocratie ne fonctionne pas sans redevabilité, a affirmé le Président de la Mongolie, M. ELBEGDORJ TSAKHIA, en insistant sur la reddition de comptes.  Plaidant dans le même sens, le Président de l’Union interparlementaire (UIP), M. SABER CHOWDHURY, a conseillé de procéder à un rééquilibrage des relations entre les trois branches du pouvoir.  Il a souligné le rôle crucial des parlements dans les efforts de développement, tandis que le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, M. JESÚS GRACIA ALDAZ, a mis l’accent sur l’indépendance du pouvoir judiciaire.  Il s’agit d’« améliorer la qualité de la démocratie », a précisé le Secrétaire général de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (International Idea), M. YVES LETERME.  Il a regretté que les inégalités entre les hommes et les femmes continuent de faire obstacle à la réalisation de cet objectif dans de nombreux pays.

Le principe directeur est celui de l’état de droit, a dit le Premier Ministre du Liechtenstein, M. ADRIAN HASLER, à l’instar du Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, M. IGOR LUKŠIĆ, qui a demandé de consolider « la culture de l’état de droit ».  Tout en reconnaissant la primauté du droit, la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD), Mme IRENE KHAN, a prévenu que les lois n’étaient pas forcément synonymes de justice, car elles entraînent parfois des discriminations.  Elle a aussi alerté les États Membres de l’importance, dans certains cas, des systèmes informels de justice, ainsi que sur la nécessité de prévoir comment les institutions peuvent répondre aux besoins des femmes.  Les intervenants ont tous souhaité que les systèmes de gouvernement et de justice ne laissent de côté aucun groupe social, notamment les marginalisés, comme l’a dit notamment le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne, M. KONRAD PAWLIK.  Le maire d’Istanbul, M. KADIR TOPBAS, a pour sa part invité les villes à se préparer à accueillir des réfugiés.

Pour le Premier Ministre du Timor-Leste, M. RUI MARIA DE ARAÚJO, l’ODD 16 est tout simplement la « pierre angulaire » du nouveau Programme de développement.  Il a illustré cet argument en partageant l’expérience récente de son pays.  Au début de notre démocratie, a-t-il dit, nous avons dépensé beaucoup pour la paix et le développement, mais cela n’a pas porté les fruits escomptés.  Nous avons alors dû changer notre fusil d’épaule pour instaurer les conditions d’un État responsable, a-t-il expliqué en soulignant que le Gouvernement avait décidé de mettre l’accent sur la transparence et sur l’efficacité du système juridique.  Son pays a également lancé un dialogue national pour informer la population.

Beaucoup ont exigé la participation de la société civile aux décisions politiques, comme au Togo où le Programme de développement a été adopté après un long processus participatif, a indiqué le Ministre et Secrétaire général du Gouvernement du Togo, M. PALOUKI MASSINA.  Le dialogue s’est d’ailleurs déroulé aujourd’hui avec des représentants de la société civile.  La porte-parole du Grand groupe des peuples autochtones, Mme JOAN CARLING, parlant au nom d’« Asia Indigenous Peoples Pact », a demandé que l’on reconnaisse et respecte le savoir et les traditions des institutions coutumières autochtones et des systèmes de gestion durable des ressources de ces populations.

Le secteur privé a aussi prodigué quelques conseils pour améliorer l’efficacité des institutions, comme le représentant de Safaricom, M. ROBERT COLLYMORE, qui a demandé de prévoir l’utilisation de langues compréhensibles par toutes les populations pour les lois et la justice, ainsi que des programmes de réhabilitation dans les systèmes carcéraux.  Quant au représentant de la Fondation ICT4Peace, M. DANIEL STAUFFACHER, il a conseillé d’utiliser au mieux les technologies de l’information et des communications (TIC).

Du côté du système de l’ONU, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) continuera de contribuer à la mise en place d’institutions efficaces et inclusives pour mieux lutter contre la criminalité internationale et la corruption, en suivant une approche basée sur les droits de l’homme, a assuré son Directeur exécutif, M. YURY FEDOTOV.  Le Secrétaire général adjoint et Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE), M. CHRISTIAN FRIIS BACH, a expliqué, pour sa part, ce que faisait la division statistique de la CEE pour améliorer les données permettant de repérer les populations à la traine.  « Si nous voulons aller vite, agissons seuls, mais si nous voulons aller loin, agissons de manière collective. »  C’est le proverbe africain cité par la Présidente du Comité des Nations Unies sur la sécurité alimentaire mondiale, Mme GERDA VERBURG, pour illustrer l’importance de la contribution de chacun dans des institutions ouvertes à tous et efficaces qui permettront de poursuivre le développement durable du monde.

Dialogue interactif: Protéger notre planète et lutter contre les changements climatiques

Cet après-midi, M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, et M. FRANÇOIS HOLLANDE, Président de la France, ont coprésidé le dialogue interactif consacré au thème « Protéger la planète et lutter contre les changements climatiques ».

Ils ont été relayés par le Ministre de l’environnement du Pérou, M. Manuel Pulgar Vidal, et le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Laurent Fabius.

Intervenant en cours de débat, le Président de la France, M. FRANÇOIS HOLLANDE, a commencé par remercier Mme Gro Harlem Brundtland, Vice-Présidente du Conseil d’administration de la Fondation pour les Nations Unies, d’avoir lancé le processus de lutte contre les changements climatiques et « inventé le développement durable ».  « C’est maintenant à nous de rendre possible l’exécution de vos propositions », a-t-il déclaré.  M. Hollande a refusé de tolérer « l’écart entre les paroles et les actes », pour que la planète ne connaisse pas cette progression du réchauffement climatique.  Selon lui, « c’est une vue de l’esprit de penser que la planète cessera de se réchauffer le 1er janvier 2016 parce qu’un accord aura été conclu à Paris ». 

Soulignant les étapes jusqu’à décembre, le Président a rappelé que « toutes les contributions doivent être adressées avant la fin du mois d’octobre ».  Aujourd’hui, il y a 80 pays sur 190 qui l’ont fait.  Il a souhaité qu’il puisse y avoir un accord avant la Conférence.  À cette fin, a-t-il annoncé,  les chefs d’État et de gouvernement se réuniront le 30 novembre « pour être sûrs du dénouement ».  Il va falloir introduire une clause de révision tous les cinq ans pour vérifier que les engagements soient tenus et rassembler des financements qui permettront aux pays en développement de passer à l’étape supérieure sans utiliser les énergies fossiles.  Évoquant « l’agenda des solutions », il a considéré que « ce qui permettra de réussir l’accord,  ce n’est pas seulement l’adhésion des États et des gouvernements, c’est aussi la mobilisation de tous ».  Quand le monde affronte un défi, il est plus capable d’intelligence et d’inventions pour créer des opportunités nouvelles et de la richesse et la distribuer différemment.  « Tout est encore possible », a conclu M. Hollande.

Le Président du Tadjikistan, M. EMOMALI RAHMON, préoccupé par le changement du cycle hydrologique, a déploré la dégradation des glaciers qui jouent un rôle vital pour toute l’Asie centrale. Son pays, qui a pris des mesures pour moderniser et accroître la capacité des centrales hydroélectriques, appuie l’adoption de mesures pour l’adaptation aux changements climatiques afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement en eau de la région.

Pour le Président du Mozambique, M. FILIPE JACINTO NYUSI, « les changements climatiques sont une sonnette d’alarme qui nous met en garde contre le statu quo » et requiert notre action concertée pour honorer les engagements pris et garantir la survie de l’humanité.  La fréquence des sécheresses et des inondations s’est intensifiée compromettant la sécurité alimentaire de la population.

Au nom des pays les moins avancés (PMA), le Président du Bénin, M. BONI YAYI, a lancé un appel pour que la Conférence de Paris soit une réussite.  Les PMA ne polluent pas mais subissent les changements, a-t-il souligné, en saluant la démarche qui consiste à sensibiliser la communauté internationale pour aller de l’avant, parce que « le monde est malade ».  À son tour, le Président du Nigéria, M. MUHAMMADU BUHARI, a souligné que son pays connaissait « des variations climatiques extrêmes », avec des effets dévastateurs qui menacent son écosystème.  À la veille de la Conférence de Paris, il s’est prononcé en faveur d’un accord juridiquement contraignant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, reflétant ainsi la position africaine.  

Le Président de la Finlande, M. SAULI NIINISTO, a fait remarquer que nous étions « la dernière génération à pouvoir relever ce défi gigantesque », alors que les températures ne cessent d’augmenter.  « Nous devons tous opter pour des énergies renouvelables et chacun doit participer à l’effort visant à mettre un prix sur le carbone », a-t-il ajouté.

La Reine MAXIMA des Pays-Bas, Mandataire spéciale du Secrétaire général pour la promotion de services financiers accessibles à tous qui favorisent le développement, a proposé d’aider les communautés démunies à mieux faire face aux risques imprévisibles.  Il faut garder à l’esprit les 500 millions de petits exploitants et leurs familles qui vivent dans les pays en développement, a-t-elle dit, et protéger les populations des pertes causées par les catastrophes naturelles en leur permettant d’être plus résilientes.

Le Premier Ministre de la Barbade, M. FREUNDEL JEROME STUART, a dit avoir été témoin récemment des effets « dévastateurs » d’une tempête tropicale sur un petit État insulaire en développement des Caraïbes.  Pour lui, le revenu par habitant ne doit pas être le seul indicateur à prendre en compte pour déterminer la situation d’un  pays.  Le Ministre des affaires étrangères et des affaires de la CARICOM de Trinité-et-Tobago, M. DENNIS MOSES, a précisé que la Dominique avait vécu « un avant-goût de la souffrance des petits États insulaires en développement dans un monde plus chaud ».

« Nous ne résoudrons pas la crise de la pauvreté et celle des migrations sans résoudre les crises dans le domaine climatique et environnemental », a averti le Premier Ministre du Luxembourg, M. XAVIER BETTEL.  « Paris ne peut pas être un fiasco », a-t-il mis en garde, avant de déplorer le « dumping environnemental » qui a lieu aujourd’hui.  Son pays s’est engagé à augmenter de façon significative le financement climatique international, avec une contribution totale de 120 millions d’euros pour les années 2014 à 2020.

L’image d’une planète commune doit toujours être présente dans l’esprit des dirigeants, a conseillé le Premier Ministre du Bhoutan, M. LYONCHOEN TSHERING TOBGAY.  Son pays est probablement le seul au monde à être « un puits de carbone », s’est-il enorgueilli.

Le Premier Ministre de Fidji, M. JOSAIA VOREQUE BAINIMARAMA, a évoqué les attentes des petits pays du Pacifique qui subissent déjà les effets des changements climatiques et défendent tout particulièrement le quatorzième ODD.  Il a insisté pour que l’accord de Paris soit contraignant pour toutes les parties et reconnaisse les pertes déjà subies.  Le Premier Ministre de Tonga, M. SAMIUELA AKILISI POHIVA, a renchéri en déclarant que son pays, dont l’existence est menacée par la montée du niveau des mers, faisait partie des pays les plus vulnérables du monde.  Il a réitéré son appel pour que soit nommé « un représentant spécial sur le climat et la sécurité ».  Espérant un accord équilibré à la COP21, le Ministre des affaires étrangères des Tuvalu, M. TAUKELINA FINIKASO, a jugé, quant à lui, que toute élévation supérieure à plus d’1,5 degré du niveau de la mer serait « catastrophique ». 

De même, a souligné, le Ministre des affaires étrangères et des transports des Seychelles, M. JOËL MORGAN, le résultat de la Conférence de Paris, dont la question du financement est au cœur des négociations, est crucial.

Le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. KENNY ANTHONY, a déploré « un taux de perte de biodiversité inquiétant ».  Il a souhaité que l’on puisse suivre les progrès accomplis dans la réalisation des ODD qui, à la différence des OMD, concernent tous les secteurs.  Les pays comme le sien, a-t-il fait valoir en insistant sur les partenariats, ont besoin d’une aide pour rester neutres du point de vue du carbone.  Plus optimiste, le Ministre de l’environnement d’Antigua-et-Barbuda, M. WINSTON BALDWIN SPENCER, a estimé que les défis peuvent être relevés et que l’humanité peut modifier son mode de vie et utiliser de l’énergie renouvelable.

Cet été, la capitale de son pays, Tbilissi, avait souffert de graves inondations, a indiqué le Premier Ministre de la Géorgie, M. IRAKLI GARIBASHVILI, en soulignant la vulnérabilité des communautés exposées aux changements climatiques.  Son pays a lancé une stratégie pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Mme GRO HARLEM BRUNDTLAND, Vice-Présidente du Conseil d’administration de la Fondation pour les Nations Unies, a fait remarquer que les recommandations qu’elle avait formulées il y a plusieurs années sont toujours d’actualité.  Les ODD, a-t-elle estimé,  contribueront à relever les défis liés aux changements climatiques.  Elle a toutefois souligné que la coopération de la communauté internationale était « prioritaire » pour améliorer le bien-être de la planète.  « Nous avons des solutions », a-t-elle affirmé, en se disant convaincue que l’énergie durable permettait « de passer de la pauvreté à la prospérité » sans pour autant détruire l’environnement.

M. GIAN LUCA GALLETTI, le représentant de l’Italie, a préconisé une vision intégrée, « comme l’a dit le pape François », pour relever les défis complexes auxquels nous devons faire face.   Dans le même esprit, Mme INGER ANDERSON, Directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (IUCN), a reconnu que les valeurs éthiques étaient importantes dans la manière dont nous prenons soin de la nature.

Pour Mme BARBARA HENDRICKS, Ministre fédérale de l’environnement, de la protection de la nature, de la construction et de la sûreté nucléaire de l’Allemagne, il faut s’éloigner des énergies fossiles « en investissant là où il faut ».  En plus de règles juridiquement contraignantes solides et de contributions nationales de toutes les parties, l’accord de Paris doit s’accompagner de mesures d’adaptation et d’atténuation efficaces.

Le Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), M. ACHIM STEINER, a expliqué que les solutions aux problèmes de l’environnement mondial sont systémiques.  Dans le cadre d’une démarche intégrée, il faut « transformer le dilemme énergétique » et, en particulier, la situation de l’Afrique dont beaucoup d’habitants n’ont pas encore accès à l’électricité. 

Le Ministre de l’environnement du Sénégal, M. ALI HAIDAR, a constaté que l’évolution du climat est en train de modifier le visage de la planète avec des conséquences catastrophiques pour la population, notamment dans son pays.  Il a souhaité que l’accord puisse inclure des mesures urgentes relatives à l’adaptation et que soit reconnu le principe de responsabilité commune mais différenciée.  « Mobilisons les ressources nécessaires au Fonds vert pour le climat ».  Le représentant du Burkina Faso a déploré la désertification et la réduction des surfaces cultivables dans les pays enclavés, la pollution de l’eau et de l’air. « L’environnement aujourd’hui est une question de vie et de survie de l’humanité », a-t-il reconnu à son tour, soulignant qu’il était urgent de prendre des actions « concrètes et diligentes » à tous les niveaux. 

C’est dans les communautés rurales que les changements climatiques se font le plus sentir, a précisé la Ministre des affaires étrangères du Botswana, Mme PHANDU TC. SKELEMANIX, en insistant sur le rôle des femmes dans les domaines de l’énergie, de l’alimentation et du logement.

La Ministre des affaires étrangères de Grenade, Mme CLARICE MODESTE-CURWEN, a indiqué que les dommages subis par les petits États insulaires en développement en cas de catastrophe naturelle peuvent être équivalents à 200% du PIB, contre 2% pour la tempête Katrina aux États-Unis en 2005.  Dans le même ordre d’idées, le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des îles Salomon, M. GEORGE MILNER TOZAKA, a indiqué que les inondations dans son pays en 2014 avaient coûté plus de 9% de son PIB.  

« L’un des points forts des ODD est qu’ils sont logiques », a estimé le Premier Ministre des Pays-Bas après avoir rappelé qu’une grande partie du territoire de son pays se trouve en dessous du niveau de la mer et qu’il comprend six îles des Caraïbes.

Pour le Ministre des affaires étrangères et des transports des Seychelles dont le pays fait face à des menaces existentielles, le résultat de Paris, dont le financement est une pierre angulaire, est crucial.

La Ministre du logement et de l’aménagement du territoire de l’Uruguay a insisté sur la réduction de la pauvreté et la perte des forêts naturelles dans son pays et l’importance des politiques publiques durables.  À son tour, la Ministre de l’environnement de l’Équateur a évoqué « une dette à l’égard de l’humanité » de la part des pays qui ont pollué l’atmosphère.

« Nous ne pouvons pas rater le rendez-vous de Paris », a déclaré le Ministre des affaires étrangères d’Andorre dont l’économie est basée sur le tourisme, les sports d’hiver et le patrimoine naturel.

« Il y a urgence », a plaidé le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Michel Jarraud.  L’année 2015 sera probablement l’année la plus chaude jamais observée.  Se concentrant sur le renforcement des infrastructures, il a souligné que 70 pays ne disposent pas d’informations suffisantes pour s’adapter de manière optimale aux changements climatiques. 

La représentante du Parlement européen, Mme Linda McAvan, a proposé d’intégrer le changement climatique dans tous les programmes.  Le représentant de l’Égypte, au nom du Groupe des États d’Afrique, a encouragé un système d’alerte précoce pour faire face aux changements climatiques et l’accès à des ressources énergétiques renouvelables grâce à la coopération accrue de la communauté internationale.

« Il faut avoir un accord équitable à Paris », a dit le Secrétaire d’État à l’environnement du Portugal dont le pays a déjà 25% d’énergies renouvelables.

Par ailleurs, une sénatrice du Kazakhstan a indiqué que son pays avait proposé 15 à 25% de réduction des émissions de gaz à effet de serre et développé des modèles de croissance verte, tandis que le Vice-Ministre de l’environnement de la République tchèque a jugé important de « tenir compte des ODD dans notre vie quotidienne ».  Enfin, le représentant du Japon a mis l’accent sur l’investissement privé dans les projets climatiques qui peut jouer un rôle de catalyseur.  

« Le changement climatique est une réalité incontournable qui nous interpelle tous », a conclu le représentant de Chypre en refusant de se résigner à l’idée d’un échec.

Les participants ont également entendu le représentant du Conseil national des traités indiens, M. Robert Mukuro Borrero, qui a défendu le droit aux ressources et au patrimoine et plaidé pour la participation des peuples autochtones aux décisions qui les affectent.  

Le représentant du Réseau Action Climat, M. Wael Hmaidan, a appelé de ses vœux un accord avec une vision à long terme pour « la décarbonisation des économies », puis le Directeur de la société Novozymes a proposé de se concentrer sur l’innovation et la production biologique.

Enfin, la représentante de l’organisation non gouvernementale Enda Energy, M. Aby Dram, a demandé la généralisation de l’accès aux services énergétiques durables et le renforcement des financements dédiés à l’adaptation dans les pays les plus affectés.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sommet mondial sur le développement durable: les délégations insistent sur les moyens de mise en œuvre et sur le lien entre progrès socioéconomiques et sécurité

Soixante-dixième session,
7e, 8e & 9e séances plénières, matin, après-midi & soir
AG/11690

Sommet mondial sur le développement durable: les délégations insistent sur les moyens de mise en œuvre et sur le lien entre progrès socioéconomiques et sécurité

Les chefs d’État, premiers ministres et ministres participant au Sommet mondial de trois jours qui a adopté, hier au Siège de l’ONU à New York, les 17 objectifs et 169 cibles du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » ont insisté aujourd’hui sur les moyens de mise en œuvre, dont l’apport du secteur privé, et sur le lien entre progrès socioéconomiques et sécurité qu’il s’agisse des répercussions du conflit syrien ou des menaces terroristes.

La clef de la concrétisation des promesses faites dans le nouveau Programme de développement durable est l’attention qui sera accordée aux moyens de mise en œuvre, non seulement dans le Document lui-même, mais aussi dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, a prévenu, le Premier Ministre de Tonga, M. Samuela’Akilisi Pohiva.  Bien appliqué, le Programme d’Addis-Abeba, adopté en juillet dernier, est de nature à nous éviter les désillusions des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a estimé, à son tour, le Président des Comores, M. Ikililou Dhoinine, après que son homologue du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, eut imputé le bilan « mitigé » des OMD à l’inadéquation des mécanismes de financement proposés alors. 

Le Président gabonais a aussi attribué les échecs à l’inadéquation avec les réalités structurelles et économiques des pays.  « Nourris-toi selon la taille de ton estomac et habille-toi selon la taille de ton corps », a dit en écho le Président Xi Jinping, citant un proverbe chinois.  Les pays, s’est-il expliqué, doivent pouvoir formuler leur propre stratégie de développement, en se fondant sur leur situation et leurs circonstances particulières.  Sous les applaudissements de la salle, le Président chinois a annoncé la création d’un fonds d’aide à la coopération Sud-Sud doté d’un montant initial de 2 milliards de dollars.  La Chine continuera par ailleurs à augmenter ses investissements dans les pays les moins avancés (PMA), avec l’objectif de parvenir à un total de 12 milliards de dollars d’ici à 2030, a-t-il assuré.

Le Koweït s’est également posé en champion de l’aide publique au développement (APD).  L’Émir Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a rappelé que son pays alloue « depuis des années » 2,1% de son produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement.  La Ministre de la coopération des Émirats arabes unis n’a pas été en reste.  Mme Sheikha Lubna Bint Khalid Al Qassimi a affirmé que son pays est devenu le donateur le plus généreux au monde ces deux dernières années, consacrant plus de 0,7% de son PIB à l’APD. 

D’autres initiatives, impliquant cette fois le secteur privé, ont été mises en exergue.  Le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Mark Rutte, a attiré l’attention sur la Charte néerlandaise post-2015, associant plus de 60 entreprises, universités et des organisations spécialistes du développement et en vertu de laquelle les brasseries Heineken installées en Afrique et au Moyen-Orient ont, par exemple, pris l’engagement de s’approvisionner en produits locaux à hauteur de 60%.  Le commerce n’est pas une fin en soi, il est la voie du développement, a affirmé Mm Arancha Gonzalez, du Centre du commerce international, qui a plaidé pour « le chainon manquant » de la croissance inclusive que sont les petites et moyennes entreprises (PME), moteur des progrès dans tous les 17 objectifs de développement durable, en particulier ceux relatifs à la création d’emplois et à la réduction des inégalités.  

L’action du secteur privé a aussi été soulignée par le Liban.  Le Président du Conseil des ministres d’un pays, qui subit de plein fouet la crise des réfugiés syriens, a mis l’accent sur l’importance des envois de fonds de la diaspora.  M. Tammam Salam a déclaré que les problèmes humanitaires causés par la présence d’1,2 million de Syriens constituent l’un des plus grands défis au développement du Liban.  « Cette crise nous a coûté un tiers de notre PIB », a-t-il affirmé, jugeant que celle qui frappe l’Europe n’est que la répercussion directe de la faible réponse internationale au conflit syrien.

Imputant la fuite des Syriens au terrorisme et aux sanctions qui dégradent les conditions de vie, le représentant de la Syrie a déclaré que cette situation ne se serait jamais produite s’il n’y avait pas eu des politiques erronées de la part de certains États et un manque de vision d’autres.  « L’afflux des migrants a fait prendre conscience à l’Union européenne, pourtant dotée de capacités économiques considérables, du fardeau qui accable la Jordanie », a renchéri le Ministre jordanien du plan et de la coopération internationale, M. Imad Najib Fakhoury.

Le Ministre des relations extérieures du Cameroun, M. Pierre Moukoko Mbonjon, dont le pays est visé par la secte Boko Haram et subit les contrecoups de l’instabilité en République centrafricaine, s’est réjoui que l’engagement renouvelé en faveur de la paix et des droits de l’homme constitue l’ossature du nouveau Programme de développement durable.  Face aux urgences humanitaires complexes ou au terrorisme, les solutions nationales ne sont plus suffisantes, a acquiescé le Président mauritanien, M. Mohammed Ould Abdel Aziz.  Grâce à l’appui de la communauté internationale, a assuré le Chef de l’État de la transition de la République centrafricaine, Mme Catherine Samba-Panza, le Gouvernement a pu créer un environnement favorable à la réconciliation nationale et à la reprise des activités socioéconomiques.

Le lien « intrinsèque » entre économie et écologie, a été souligné par le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Kenny Davis Anthony, après que son homologue de Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, se fut félicité de constater que les priorités définies dans les « Orientations de Samoa » pour les petits États insulaires en développement fassent partie intégrante du Programme de développement durable et de celui d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Cela n’a pas empêché le Premier Ministre de Sainte-Lucie de dénoncer la lenteur des négociations en prévision de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, déplorant l’insuffisance des engagements pris jusqu’à présent et la « léthargie » dans la mise en place des outils de financement.

Le Sommet mondial sur le développement durable tiendra ses dernières séances demain, dimanche 27 septembre, à partir de 9 heures. 

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (4e, 5e & 6e séances)

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes; Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire: Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015: projet de résolution (A/70/L.1)

Déclarations

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a plaidé pour une approche logistique dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « au lieu de s’attaquer isolément à chacun des objectifs ».  Il a avoué l’inquiétude de son pays face au manque d’ambition de la communauté internationale s’agissant de la lutte contre le changement climatique.  Ce péril demeure l’un des plus grands défis de notre temps en ce qu’il continue de menacer l’existence même de notre île et de saper nos efforts de développement, a-t-il dit.  M. Waqa a exhorté les États Membres à parvenir à un instrument juridiquement contraignant à la Conférence sur le climat, qui se tiendra à Paris à la fin de l’année.  Il a demandé que Nauru soit davantage protégé contre les évènements climatiques les plus dévastateurs, par le biais, notamment, du programme « 5-10-50 » du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visant à aider les pays vulnérables à mettre en œuvre le Cadre de réduction des catastrophes post-2015.  Assurant qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans des océans et des littoraux sains, productifs et résilients, M. Waqa a souligné que le Pacifique était la source de toutes les possibilités de développement de son pays.  L’exploitation du phosphate et la pêche constituent le cœur de notre économie, a-t-il expliqué, et nous saluons le fait que l’Agenda 2030 ait fait de l’utilisation durable des ressources marines un objectif spécifique.

Le Prince Albert II de MONACO a rappelé que son pays avait fait sien le devoir de s’adapter aux défis d’un développement urbain durable.  « Nous avons opté pour des solutions écologiquement rationnelles, notamment dans les domaines des transports et de l’efficacité énergétique, en privilégiant le cadre de vie et l’aménagement d’espaces verts et nous nous sommes fixés un objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 50% à l’horizon 2030 par rapport à 1990 ».  Rappelant que dans 15 ans, les trois quarts de la population mondiale vivront en zones urbaines et que les pays en développement compteront parmi eux la plus jeune population, le Prince a déclaré que Monaco était résolu à poursuivre l’effort de mobilisation auprès des jeunes, en leur offrant les opportunités nécessaires à leur réussite.  Il a ajouté qu’il s’impliquerait personnellement en faveur d’océans sains et productifs, « régulateurs du climat et garants de services écosystémiques ».  « Ayons le courage et donnons-nous les moyens de ne pas décevoir ceux qui voient toujours en l’océan une mer d’espoir », a-t-il conclu.

Pour M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, un nouveau chapitre de l’histoire du monde s’est ouvert hier avec l’adoption du Programme du développement durable à l’horizon 2030.  « Un chapitre d’espoir et d’optimisme pour les peuples et la planète, pour un avenir où les valeurs démocratiques, le respect des droits de l’homme, l’état de droit et l’environnement sont au cœur du développement durable ».  Ce programme illustre, selon lui, les principes et les valeurs d’un multilatéralisme efficace et d’une coopération étroite entre nations.  C’est un engagement renouvelé de la communauté internationale pour achever la tâche des OMD et aller au-delà, a encore précisé le Président Anastasiades.

Chypre a activement participé au processus consultatif sur les objectifs de développement durable et leurs 169 cibles, et se félicite du programme ambitieux et inclusif, centré sur l’élimination de la pauvreté et le développement durable, qui vient d’être adopté.  Le Président a relevé un changement d’attitude s’agissant des ressources naturelles et la manière dont on les utilise dans le monde.  Il a salué le fait que les personnes, leur prospérité et leur développement soient au cœur du nouveau Programme.  La paix et la stabilité sont toutefois des conditions essentielles au succès de ce Programme, a-t-il poursuivi.  S’agissant des changements climatiques, il lui a semblé essentiel de parvenir à un accord juridiquement contraignant à la Conférence de Paris.  En effet, pour M. Anastasiades, les changements climatiques représentent un défi mondial prioritaire compte tenu de l’impact grave et pluridimensionnel qu’ils ont sur l’humanité et la planète.

M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré que les problèmes environnementaux relèvent d’une responsabilité collective et qu’il n’était pas possible d’envisager la paix et la sécurité aujourd’hui sans coordination avec les autres États.  « Une destinée commune exige un objectif commun, ce qui ne signifie pas que les responsabilités sont toutes les mêmes », a-t-il souligné.  Il serait impossible selon lui de réaliser les objectifs de développement durable sans prendre en considération les responsabilités qui incombent aux autres États, a poursuivi le Chef d’État.  Pour M. Rouhani, la région de l’Asie occidentale ne fait pas seulement face à un problème de réchauffement et de sécheresse récurrent, mais aussi au terrorisme et à la violence extrémiste.  Ces facteurs conjugués ont un impact regrettable sur l’environnement, a-t-il observé.  Pour sa part, après avoir contribué de manière sérieuse à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Iran s’est impliqué dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a indiqué le Président.  « Parallèlement, notre gouvernement s’est doté de politiques équilibrées entre développement économique et protection environnementale », a souligné M. Rouhani, assurant être prêt à promouvoir le développement durable de la région par le biais d’une « diplomatie environnementale ».

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a défendu le bilan de son pays en matière d’OMD.  Il a ainsi indiqué que le Mozambique scolarisait désormais au primaire 80% de ses enfants, l’accent ayant été mis sur la scolarisation dans les zones rurales les plus reculées.  Il a ajouté que, depuis 2000 et l’adoption de la Déclaration du Millénaire, le pays avait réduit drastiquement la mortalité infantile: « nous sommes passés d’un décès d’enfant de moins de 1 an sur 100 naissances à 1 sur 1 000 naissances », a-t-il précisé.  M. Nyusi a expliqué ces réussites par la mise en œuvre volontaire de programmes nationaux de développement social et humain.  « Le Gouvernement va poursuivre ses efforts sur le front de la santé sexuelle et reproductive et les droits des adolescents et des jeunes, afin d’accroître l’espérance de vie », a-t-il également indiqué.  Concluant son intervention, il a réitéré l’attachement de son pays aux principes des Nations Unies.

M. HASSANAL BOLKIAH, Sultan et Yang Di Pertuan de Brunéi Darussalam, a reconnu qu’il n’avait pas été facile de parvenir à un plan d’action mondial acceptable par toutes les nations, et s’est félicité de l’adoption du programme de développement durable pour l’après-2015.  Saluant les progrès faits jusque-là dans la réalisation des OMD, il a toutefois noté qu’il s’agissait d’un bilan mitigé et qu’il était important que le nouveau Programme s’inscrive dans le prolongement des OMD.  Ce nouvel Agenda, centré sur l’être humain, inclusif et global nécessite, à ses yeux, un renforcement à la fois des actions individuelles et collectives des États, ainsi qu’un partenariat axé sur la mise en place des capacités, et le partage des expériences et des meilleures pratiques.  À ce titre, le Sultan a réaffirmé l’importance que son pays accorde à la coopération bilatérale et multilatérale et a annoncé son intention de renforcer les relations du sultanat avec les différentes agences des Nations Unies en vue de soutenir les plans de développement nationaux dans l’esprit des objectifs de développement durable.  Il a également espéré que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sera en mesure de mettre en place sa communauté cette année et qu’elle adoptera sa propre vision complémentaire du programme mondial.  Il s’agit aujourd’hui de se consacrer à la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable, en mettant le développement durable au cœur de tous les efforts et avec une attention particulière sur les jeunes, a encore précisé le Sultan.

M. CHOUMMALY SAYASONE, Président de la République démocratique populaire lao, a reconnu qu’au cours des 15 dernières années, des progrès sensibles avaient été enregistrés vers les OMD.  Toutefois, a-t-il dit, il reste beaucoup à faire, comme en témoigne le chiffre de 800 millions de personnes qui continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté, une situation aggravée par l’expansion des conflits à travers le monde et la récurrence de catastrophes naturelles.  Mon pays, a dit le Président, a adopté un plan qui met l’accent sur la réduction de la pauvreté et l’accès universel à l’éducation.  Ainsi, s’est félicité M. Sayasone, le taux de scolarisation primaire a été de 98,5% en 2014 contre 84% en 2005.  En outre, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a adopté le principe de la gratuité des soins de santé.  Le Programme de développement durable adopté hier par le Sommet revêt une importance capitale aux yeux des pays les moins avancés (PMA), a assuré le Chef d’État.  Il a affirmé en conclusion que son gouvernement était déjà engagé dans l’intégration de nombreuses cibles des objectifs de développement durable à son programme quinquennal 2016-2020, en vue de faire sortir le pays de la catégorie des PMA d’ici à 2020.

Pour Mme PARK GEUN-HYE, Présidente de la République de Corée, l’adoption du Programme de développement durable marque une étape importante vers un monde qui ne laisse personne à la traîne et un avenir dans lequel l’homme et la nature coexistent harmonieusement.  Cet avenir doit être, selon lui, plus que de simples idées.  Il doit se traduire en objectifs concrets à atteindre dans notre propre intérêt mais aussi celui des générations futures.  « Nous avons une responsabilité historique envers les générations à venir et devons faire de notre mieux pour mettre en œuvre, de bonne foi, les 17 objectifs du Programme », a insisté Mme Park.

À ce titre, elle a fait un certain nombre de recommandations visant notamment à ce que les pays mobilisent toutes les ressources nécessaires pour la réalisation des objectifs dans la mesure où ces derniers sont à la fois un investissement dans l’avenir et un moteur des changements sociaux.  Cela suppose des stratégies de mise en œuvre qui tiennent compte des circonstances nationales.  Elle a également plaidé pour la bonne gouvernance et la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme et l’égalité des sexes qui, selon lui, constituent les bases institutionnelles de réalisation des objectifs de développement durable.  Nous sommes dans un effort collectif où gouvernements, secteur privé et société civile doivent travailler main dans la main, a encore insisté Mme Park avant de passer en revue les différentes initiatives lancées en République de Corée qui s’inscrivent d’ores et déjà dans le nouveau Programme qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, du développement rural mais surtout de l’aide au développement.  À ce titre, la République de Corée continuera à soutenir activement le Partenariat mondial pour une coopération efficace dans le domaine du développement (GPEDC) et a l’intention de devenir membre de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA).  En conclusion, la Présidente a mis l’accent sur l’importance des mécanismes de suivi et d’évaluation des objectifs de développement durable.

M. AGILA SALEH ESSA GWAIDER, Président de la Chambre des représentants et Chef d’État par intérim de la Libye, a estimé que la mise en œuvre du Programme de développement durable adopté hier pouvait se heurter à de nombreux problèmes, à commencer par des défis d’ordre sécuritaire.  « Il ne peut y avoir de développement sans sécurité ni sécurité sans développement », a-t-il rappelé, soulignant la nécessité pour la communauté internationale de coopérer dans la lutte contre le terrorisme et de se pencher sur les causes profondes de ce phénomène plutôt que de s’en prendre à ses manifestations.  Selon M. Gwaider, la Libye a redoublé d’efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mettant tout en œuvre pour les intégrer dans les plans de développement, une volonté contrariée par l’instabilité politique et l’insécurité qui secouent le pays.  Les autorités libyennes comptent pouvoir rétablir la sécurité et la stabilité pour pouvoir développer un plan national de développement à long terme, conforme au Programme de développement durable, aux spécificités religieuses et culturelles et aux priorités nationales.  Le Président a donc tenu à souligner les réserves de son pays face à « certains des objectifs, cibles et interprétations de quelques concepts contenus dans le document ».  Il a demandé que ces « réserves et interprétations » soient vues comme un « élément essentiel » de la position de la Libye sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il n’a pas manqué d’appeler les pays qui abritent les fonds détournés par l’ancien régime d’aider son gouvernement à les récupérer, pour son peuple et le financement du développement et des infrastructures.

Cheik SABAH AL-AHMAD AL-JABER AL-SABAH, Émir du Koweït, a déclaré que la mise en œuvre des objectifs de développement durable nécessitait des États qu’ils se montrent créatifs dans la mobilisation des ressources.  Le financement du développement durable doit être prévisible et adapté à l’évolution des besoins d’ici à 2030, a-t-il souligné.  Il a également indiqué que son pays continuerait d’exhorter les États à honorer leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD).  Le Koweït alloue depuis des années 2,1% de son PIB à cette aide et a organisé un nombre considérable de conférences de haut niveau sur les questions économiques, humanitaires et de développement, a-t-il ensuite rappelé.  Ajoutant que le Koweït était à l’origine de nombreuses initiatives, dont le Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes, l’Émir du Koweït s’est réjoui de ce que son pays ait été classé, en 2014, en tête des pays fournisseurs d’assistance humanitaire dans le rapport annuel de « Global Development Initiative ».

M. RAÚL CASTRO RUZ, Président des Conseils d’État et de Ministres de Cuba, a estimé que les moyens mis à la disposition du Programme de développement durable, « sans engagements quantifiables », « ni calendriers qui plus est », ne sont pas proportionnels à la portée de ses 17 objectifs.  « Si nous voulons bâtir un monde habitable, nous devrions adopter au plus tôt des engagements tangibles en aide au développement, régler le problème de la dette qui a déjà été payée plusieurs fois, mettre en place une autre architecture financière internationale, éliminer les monopoles dans la technologie et les connaissances, et changer l’ordre économique mondial en place. »  Pour lui, les pays industriels doivent accepter leurs responsabilités « historiques » et mettre en pratique le principe de la « responsabilité commune mais différenciée ».  On ne saurait prétexter du manque de ressources, a-t-il dit, quand on sait que les dépenses militaires mondiales se chiffrent chaque année à des milliards de dollars, au point que le développement et la paix ne seront possibles sans une réduction de ces dépenses.  S’il s’est félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre son pays et les États-Unis, M. Castro a déclaré qu’il n’en restait pas moins que le blocus économique, financier et commercial était maintenu, constituant un obstacle majeur au développement de l’île.

M. XI JINPING, Président de la Chine, a jugé prioritaire de renforcer les capacités nationales de développement.  Après tout, le développement est le travail des nationaux.  Citant un proverbe chinois, le Président a dit: « Mange selon la taille de ton estomac et habille-toi selon la taille de ton corps ».  En effet, les pays doivent pouvoir formuler leur propre stratégie de développement adaptée à leur situation et à leurs circonstances particulières.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit contribuer au renforcement de leurs capacités.  Le Président a estimé qu’i faut aussi améliorer l’environnement international du développement.  Les institutions financières doivent embrasser la réforme de leur gouvernance et les agences multilatérales de développement, faciliter l’accès aux ressources.  Il faut également, a poursuivi le Président, actualiser le partenariat au développement.  Les pays développés doivent tenir leurs engagements et la communauté internationale doit, tout en maintenant le rôle de la coopération Nord-Sud comme « canal principal », renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération tripartite, sans oublier d’encourager le secteur privé et les autres parties prenantes à jouer un plus rôle actif. 

Enfin, le Président a plaidé pour qu’on renforce les mécanismes de coordination.  Les pays doivent améliorer leur politique de coordination macroéconomique pour éviter les débordements négatifs.  Les organisations régionales doivent accélérer leur processus d’intégration et améliorer leur compétitivité, en tirant parti de leurs avantages comparatifs.  En la matière, l’ONU doit jouer un rôle de chef de file.  Le Président a annoncé la création par son pays d’un fonds d’aide à la coopération Sud-Sud doté d’un montant initial de 2 milliards de dollars.  La Chine continuera par ailleurs à augmenter ses investissements dans les pays les moins avancés (PMA), avec l’objectif de parvenir à un total de 12 milliards de dollars d’ici à 2030.  Elle poursuivra sa politique d’effacement de la dette en faveur des PMA, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement.  La Chine entend aussi créer un centre d’excellence sur le développement durable et encourager des discussions sur la création sur Internet d’une page dédiée à l’énergie pour jeter un pont entre la demande énergétique et les alternatives vertes et propres qui existent. 

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a déclaré que contenir l’émission des gaz à effet de serre permettrait de mobiliser les ressources nécessaires au financement du Fonds vert pour le climat, de soutenir les efforts d’adaptation aux changements climatiques et de contribuer au transfert des technologies adaptées aux besoins des pays cibles.  Le Président sénégalais a appelé les États à taire leurs égoïsmes nationaux et a souhaité que la mise en œuvre du nouvel agenda des objectifs de développement durable soit accompagnée d’un renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale et du financement des infrastructures indispensables au développement à long terme.  En ma qualité de Président du Comité d’orientation du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), je renouvelle l’appel de l’Afrique à la mise en œuvre de l’initiative CONNEX du G7 sur le soutien aux pays en développement dans les négociations de contrats complexes, en particulier ceux relatifs à l’industrie extractive, a souligné M. Sall.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente pour M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, une promesse aux générations futures que « nous tiendrons ensemble de notre mieux afin de leur laisser un monde plus prospère grâce au développement durable ».  Pour cela, il a estimé qu’il va falloir tirer les leçons des OMD, qui, malgré leurs succès réels, n’ont pas pu venir à bout des inégalités et de la pauvreté dans le monde.  « Le travail reste inachevé et il va falloir intensifier nos efforts et booster nos responsabilités partagées conformément aux capacités nationales pour pouvoir aller de l’avant avec le nouveau Programme de développement durable », a estimé M. Kalla.  Il a également passé en revue les actions menées en Indonésie en termes d’objectifs de développement durable, et notamment le fait que son pays a réussi à faire baisser de plus de la moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté.

Enfin, le Vice-Président a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le partenariat mondial qui doit être inclusif, tout en tenant compte des spécificités nationales et des priorités de développement de chaque pays.  À ce titre, il a exigé que les engagements pris en termes d’APD soient honorés et a proposé de lier les mécanismes de financement du développement à des structures de partage des connaissances et de transfert de technologies.  Enfin ce partenariat devrait s’étendre, selon lui, aux acteurs non étatiques, à la société civile, au secteur privé et au monde philanthropique.  Le Vice-Président a en effet insisté sur la notion de « responsabilité sociale », avant d’insister aussi sur le fait que sans paix, entre États et au sein des États, il ne peut y avoir de développement et que, par conséquent, la prévention des conflits et la reconstruction postconflit devraient être une priorité de l’Agenda mondial.

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce du Samoa, s’est félicité de constater que les priorités définies dans les Orientations de Samoa pour les petits États insulaires en développement faisaient partie intégrante des objectifs de développement durable.  Il a réaffirmé ce qui avait été reconnu lors de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement d’Addis-Abeba, à savoir que ce groupe de pays a des besoins de développement durable spécifiques et des vulnérabilités intrinsèques liées à des facteurs indépendants de leur volonté.  Le Chef de Gouvernement s’est aussi déclaré convaincu de la nécessité de reconnaître que des approches différenciées sont nécessaires en fonction des réalités nationales pour garantir le succès du programme de développement pour l’après-2015.  Pour sa part, le Samoa s’est fait le champion des partenariats dans l’espoir de mettre en œuvre les priorités inscrites dans le programme adopté hier.  « Notre prochaine stratégie quinquennale débutera en 2016, et s’appuiera sur les Orientations et les objectifs de développement durable pour mettre notre pays sur la voie du développement », a-t-il assuré en conclusion.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, a attiré l’attention sur le rôle du secteur privé de son pays dans le financement à long terme de projets de développement.  L’an dernier, a-t-il indiqué, plus de 60 partenaires économiques de mon gouvernement ont signé la Charte post-2015, une initiative associant les entreprises néerlandaises, les universités et autres organisations spécialisées dans le développement.  M. Rutte a donné comme exemple l’engagement pris par les brasseries Heineken installées en Afrique et au Moyen-Orient de s’approvisionner en produits locaux à hauteur de 60%.  Le Gouvernement appuie ces efforts en formant les fermiers du cru, a ajouté M. Rutte, expliquant qu’au Burundi un partenariat similaire avait permis à 18 000 fermiers de toucher des revenus réguliers.  Le Premier Ministre néerlandais a également évoqué la création du Fonds d’assurance santé, un organisme public-privé soutenu par certaines des plus importantes compagnies d’assurance néerlandaises.  Rien qu’en 2014, le Fonds a fourni une assurance médicale et agricole à quelque 460 000 habitants de pays subsahariens, s’est-il réjoui.  Il a par ailleurs ajouté que le projet Amsterdam initiative Against Malnutrition, qui associe le Gouvernement, des ONG mais également des multinationales du secteur alimentaire, fournissait désormais un meilleur accès aux aliments nutritifs à 26 millions de personnes.  En conclusion, M. Rutte a fait observer que l’engagement de son pays à promouvoir le développement dans le cadre prévu par l’ONU était l’une des principales raisons pour lesquelles les Pays-Bas brigueront un siège au Conseil de sécurité en 2017.

Pour M. PAKALITHA B. MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, la fin du cycle des OMD marque un espoir nouveau quant à un engagement fort en vue de finir le travail engagé en 2000.  Le nouveau Programme de développement durable est un « agenda pour la croissance au XXIe siècle », un plan d’action pour mettre un terme à la pauvreté partout dans le monde qui place l’être humain au centre des actions.  Les 17 objectifs de développement durable, qui sont intégrés et indissociables, sont la preuve de l’ambition et de l’universalité du Programme, a-t-il estimé.  Compte tenu de la large portée de ces nouveaux objectifs, il s’est dit rassuré de voir que les moyens de leur mise en œuvre, tels qu’ils figurent dans le document final, sont à la hauteur des ambitions, s’agissant du financement, du transfert des technologies, de la mise en place des capacités requises et de la collecte des données statistiques pour pouvoir mesurer efficacement les progrès réalisés.  Avant de conclure, le Premier Ministre a lancé un appel pour que ce Programme ambitieux soit traduit dans les plans de développement nationaux pragmatiques et viables dotés des moyens nécessaires.  « Sans une véritable volonté politique de tous les dirigeants du monde, la réalisation des objectifs de développement durable ne sera qu’un mirage lointain », a averti le Premier Ministre pour lequel il ne s’agit pas d’une option mais d’un impératif de notre temps.

M. SIGMUNDUR DAVID GUNNLAUGSSON, Premier Ministre de l’Islande, a attiré l’attention des États Membres sur le lien étroit entre sécurité, développement et droits de l’homme, illustré de manière saisissante par la situation des migrants à travers le monde.  Pour son gouvernement, les objectifs de développement durable constituent un défi majeur dont la mise en œuvre exigera un engagement et une énergie de tous les pays et de tous les peuples.  M. Gunnlaugsson s’est félicité de ce que l’Islande ait d’ores et déjà fait une réalité de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles.  Dans ce contexte, il a exhorté hommes et garçons à s’impliquer activement dans la « bataille » en faveur de la parité, pour laquelle le Parlement islandais a garanti un financement adéquat.  Il a également expliqué que son pays était pratiquement autosuffisant dans le domaine des énergies renouvelables tout en continuant de partager son expertise en matière de géothermie avec un certain nombre de pays en développement.

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a salué le fait que la nouvelle feuille de route soit universelle, aucun pays ne pouvant se soustraire à sa responsabilité en matière de développement durable.  « Cependant, l’engagement seul des gouvernements ne suffit pas.  Des efforts sont nécessaires à tous les niveaux, dans tous les secteurs et par tous les acteurs », a, à son tour, souligné M. Lӧfven.  À cet égard, il a expliqué que la Suède avait lancé une initiative aux côtés de 10 dirigeants internationaux au sein d’un groupe de soutien de haut niveau visant à imprimer un véritable élan à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Liant égalité et développement, il a affirmé que promouvoir l’égalité générerait du talent et des ressources.  Les emplois décents pour tous renforcent la compétitivité et le développement de solutions nouvelles aux émissions de gaz à effet de serre fait que « nous enrayerons les changements climatiques et créeront de nouveaux emplois ».  M. Lӧfven a rappelé que son pays demeurait le principal bailleur de fonds au Fonds vert pour le climat et qu’il restait fidèle à l’objectif d’1% de son revenu national brut à l’APD.

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a mis l’accent d’emblée sur la nécessité de faciliter la transition entre les objectifs du Millénaire pour le développement et les objectifs de développement durable, en rappelant que l’adoption des OMD en 2000 avait été véritablement « révolutionnaire » dans la mesure où, pour la première fois, on adoptait un langage commun pour affronter les défis mondiaux.  En Géorgie, les OMD ont été un outil de discussion, de priorisation et d’orientation dans le domaine du développement et, selon lui, les objectifs de développement durable vont donner un nouvel élan à cette dynamique et à ces efforts.  Il faut faire en sorte que ce nouveau Programme de développement jouisse du plus large soutien possible du grand public. 

Le Premier Ministre a mis l’accent sur l’objectif 7 qui vise l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable.  À ce titre, il a expliqué que depuis 2007, la Géorgie est devenue un exportateur net d’électricité grâce à une réforme majeure de son secteur électrique.  L’objectif 9, qui a trait à la mise en place d’une infrastructure résiliente et à la promotion d’une industrialisation durable qui profite à tous, est également une des priorités de la Géorgie qui mise sur des petites et moyennes entreprises dans l’agriculture et l’industrie. 

Enfin l’objectif 16, qui porte sur la promotion de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, l’accès de tous à la justice et la mise en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes, fait également partie des objectifs prioritaires du Premier Ministre qui estime que la réalisation de cet objectif repose sur la bonne gouvernance, la transparence et l’accès à l’information publique.  Le Gouvernement est en train de finaliser la nouvelle loi consolidée sur la liberté d’information.  Tous ces objectifs devront également s’appliquer « aux deux territoires sous occupation étrangère », a encore précisé le Premier Ministre.

M. SAMDECH AKKA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a estimé qu’un nouveau chapitre de l’humanité s’ouvrait avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui s’inscrit dans le prolongement des OMD.  À ce titre, il a passé en revue les transformations significatives qu’a connues le Cambodge au cours des 20 dernières années notamment en termes de paix et de stabilité politique ainsi que de croissance économique qui se situe autour de 7,7% par an.  Le pays a également atteint l’OMD relatif à la réduction de la pauvreté extrême passant de 53% en 2004 à 16% en 2013.  Le Ministre s’est dit confiant que son pays parviendrait à réaliser les autres OMD d’ici à la fin de l’année.  En tant que pays en transition vers le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2016, le Cambodge accueille favorablement les nouveaux objectifs de développement durable qui faciliteront cette transition.  Toutefois, le pays tient à incorporer « le déminage » comme objectif supplémentaire aux objectifs de développement durable pour qu’ils reflètent pleinement la réalité sur le terrain, a expliqué le Premier Ministre dont le Gouvernement appuie le Programme d’action sur le financement du développement adopté, cette année, à Addis-Abeba. 

Il demande néanmoins à pouvoir bénéficier d’une « extension » du soutien financier dont il bénéficie en tant que PMA, en attendant de consolider son nouveau statut de pays à revenu intermédiaire.  Le succès du nouveau Programme de développement durable passe par une mobilisation des ressources, et, pour cela, le Premier Ministre a exhorté les donateurs à honorer l’engagement de consacrer 0,7% du revenu national brut à l’APD et de 0,15% à 0,2% pour les PMA.  Le Premier Ministre a également mis l’accent sur l’importance des partenariats entre tous les acteurs du développement, y compris bilatéraux et multilatéraux, le secteur privé et les autres acteurs du développement.

M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a noté avec satisfaction que les objectifs de développement durable 13 et 14 portaient sur le changement climatique et sur les océans et les mers, respectivement, deux sujets d’importance particulière pour un petit pays insulaire en développement comme le sien.  Qualifiant de « menace existentielle » le changement climatique, M. Harris a fait état d’une réalité préoccupante marquée par l’érosion progressive du littoral de l’archipel et une sécheresse persistante, ce qui a conduit au rationnement de l’eau.  Il a également mis en cause la pollution, la dégradation des récifs de corail, ainsi que la surpêche, alors que Saint-Kitts-et-Nevis dépend étroitement des ressources halieutiques à l’intérieur de son plateau continental.  Dans un tel contexte, le pays consent des investissements significatifs dans les sources d’énergies renouvelables, notamment géothermique, éolienne et solaire, et s’est doté d’un cadre législatif destiné à préparer le pays à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, que le Premier Ministre a comparé à une véritable feuille de route quotidienne pour son gouvernement et pour son peuple.  Toutefois, a-t-il prévenu, une assistance internationale sera indispensable à l’appui de ces efforts.  À cet égard, a ajouté M. Harris, une attention devrait être accordée aux propositions des ministres des finances du Commonwealth, qui préconisent des « stratégies innovantes pour aider les petits États insulaires en développement à avoir accès aux sources de financement internationales ».

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a déclaré d’emblée que les problèmes humanitaires provoqués par la crise des réfugiés syriens constituaient l’un des plus grands défis au développement de son pays.  Le Liban, pays de 4 millions d’habitants, le plus petit de la région, fait les frais du déplacement forcé des Syriens, a-t-il lancé, rappelant que le Liban accueille sur son sol plus de 1,2 million de ressortissants syriens, « soit l’équivalent d’un tiers de notre population ».  M. Salam s’est ainsi attardé sur l’impact dévastateur de cette crise sur le développement, l’activité économique et le progrès social et environnemental du Liban.  Cette crise nous a coûté un tiers de notre PIB, a-t-il dit avant de juger que la crise des réfugiés qui sévit à présent en Europe était une répercussion directe de la faiblesse de la réponse initiale de la communauté internationale aux conséquences du conflit syrien. 

M. Salam a salué le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaisse que les déplacements forcés de populations résultent de l’escalade de la violence, de l’extrémisme et du terrorisme.  « Nous devons renforcer les capacités de résilience des communautés d’accueil, en particulier dans les pays en développement », s’est-il exclamé.  M. Salam a précisé qu’au Liban, la résilience était directement liée aux efforts du secteur privé ainsi qu’aux envois de fonds de la diaspora libanaise.  « Il serait utile de revoir les restrictions inutiles pesant sur ces envois de fonds », a-t-il considéré à cet égard, fustigeant les coûts élevés des transferts qui pénalisent directement les destinataires.  « Ces restrictions affectent la consommation, qui est une des principales composantes du PIB et, par conséquent, l’un des moteurs du développement de nos nations », a insisté M. Salam.

M. RUI MARIA DE ARAÚJO, Premier Ministre du Timor-Leste, s’est déclaré particulièrement fier d’avoir participé à l’élaboration du Programme de développement durable et s’est engagé à remplir le rôle qui revient à son pays dans sa mise en œuvre.  Il a annoncé que le Conseil des ministres timorais avait d’ores et déjà approuvé les objectifs, ouvrant la voie à leur opérationnalisation dans le contexte du Plan de développement stratégique.  « Notre vision est celle de la transition du pays à faible revenu que nous sommes à un pays à revenu intermédiaire, avec une population en bonne santé, bien éduquée et en sécurité d’ici à 2030 », a-t-il annoncé.  Avec de telles fondations, nous pouvons et continuerons à consolider notre économie et à créer davantage d’emplois décents pour notre peuple, a poursuivi le Premier Ministre, qui a encouragé en conclusion tous les pays à faire leur le Programme de développement durable adopté hier.

M. FRANCOIS L. FALL, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, a notamment indiqué que son pays s’était engagé à faire de l’autonomisation des femmes et de l’emploi-jeunes un levier du développement national.  Il a expliqué que d’importantes sommes avaient été mobilisées pour permettre aux femmes d’accéder au microcrédit et aux jeunes de bénéficier de formations et d’emplois décents.  « Naturellement, les services de santé dont la fragilité s’est illustrée lors de la gestion de la crise sanitaire Ebola bénéficieront d’une grande attention afin d’accroître leurs capacités de riposte aux pandémies », a-t-il ajouté.  M. Fall a ensuite souligné le lien entre développement durable et protection de l’environnement, souhaitant que la vingt et unième Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) débouche sur un instrument juridiquement contraignant « garant » de l’avenir « radieux » des générations futures.

M. MANUEL DOMINGOS VICENTE, Vice-Président de l’Angola, a souligné la nécessité de financer, par le biais de mécanismes concrets, la réalisation des objectifs de développement durable, afin de permettre à ceux-ci d’être des catalyseurs efficaces des politiques publiques et des bonnes pratiques tenant compte des réalités de chaque pays.  Il a ajouté, qu’à ce titre, l’Angola mettrait en œuvre, « en l’interprétant à l’aune de ses valeurs, de ses lois nationales et de ses priorités en matière de développement », le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Vicente a réaffirmé la volonté politique de son gouvernement de contribuer activement à l’accroissement de la représentation des femmes à tous les niveaux de décision, cela dans le cadre de la campagne « Parité 2030: avancer plus vite vers l’égalité des sexes ».

Mme RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré que des efforts importants devraient être consentis par l’ensemble de la communauté internationale.  Elle s’est déclarée convaincue de la nécessité de garantir l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, mais aussi de changer les modes de production et de consommation qui prévalent dans le monde aujourd’hui.  La Ministre a également plaidé pour un changement des règles du commerce international.  Si nous n’avons pas un environnement sain, s’est-elle demandé, comment pourrons-nous envisager un développement durable?  Les mesures prises au niveau mondial pour atténuer les effets du changement climatique n’empêchent pas l’Uruguay d’agir au niveau national, a assuré la Ministre, pointant toutefois la responsabilité qui revient aux plus grands pollueurs.  Notre pays, a-t-elle affirmé, a été pionnier dans la reconnaissance de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et c’est la raison pour laquelle elle se félicite que cette cible figure bien dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui ne se réalisera, a-t-elle prévenu, que si nous reconnaissons l’universalité de tous les objectifs, mais aussi la diversité des moyens d’y parvenir. 

M. IBRAHIM AHMED GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a annoncé que son pays avait d’ores et déjà pris des mesures pratiques pour intégrer les objectifs de développement durable, adoptés hier, dans son cadre de développement et ses politiques économiques nationales.  Le Soudan compte aller plus loin dans la mise en œuvre du nouveau Programme grâce à des partenariats publics-privés et à la société civile, tout en comptant sur le rôle constructif des Nations Unies et de la communauté internationale.  Pour M. Ghandour, il est toutefois important que la mise en œuvre du Programme tienne compte du droit interne et des pratiques religieuses, culturelles et sociales du peuple soudanais.  Le Ministre a tenu à mettre l’accent sur le fait que le développement durable ne peut se faire sans la paix, et a affirmé que son gouvernement s’était engagé sur cette voie, avec le soutien de l’Union africaine.  Il a dénoncé les sanctions unilatérales, les mesures coercitives et les embargos commerciaux et financiers imposés à certains pays en développement, dont le sien, qui sont un frein au développement.  Après avoir exigé leur levée immédiate, le Ministre a abordé le problème de la dette étrangère et a demandé un compromis et un accord mutuel entre les parties concernées. 

Le Ministre a insisté sur l’importance d’un partenariat mondial constructif pour la réalisation du Programme, tel que le souligne le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Pour lui, la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation des 17 objectifs restera « un défi » pour tous.  Déclarant pour conclure que « la pauvreté ici menace la prospérité partout », il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse preuve de la solidarité nécessaire face aux défis majeurs de l’humanité et maintienne son engagement dans le prolongement des OMD.

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, s’est félicité de l’engagement de la communauté internationale de placer, à travers le Programme de développement durable, l’éradication de la pauvreté comme objectif principal.  Il a ensuite appelé à la mise en place des infrastructures de transport, d’énergies, sociosanitaires et agricoles et a dit attendre avec beaucoup d’intérêt l’opérationnalisation du Mécanisme de facilitation et de transfert des technologies.  Nous devons assurer le renforcement des capacités de résistance aux chocs extérieurs et climatiques par le soutien aux initiatives telles que la réalisation du programme Grande Muraille verte au Sahel et au Sahara, a poursuivi le Ministre.  Il a également rappelé que le lac Tchad, qui est une source de survie pour plus de 30 millions d’habitants, était en danger d’assèchement.

« Nous ne saurons parler de développement sans prendre en compte la dimension paix et sécurité », a-t-il dit, jugeant que sans celle-ci la mise en œuvre du nouveau Programme sera difficile.  « L’universalité de l’Agenda 2030 ne peut se réaliser sans un engagement pour la mise en œuvre efficace de tous les objectifs et cibles du développement durable. »  Estimant que la mobilisation des ressources domestiques ne sera pas suffisante, le Ministre des affaires étrangères du Tchad a souligné que la communauté internationale devra mobiliser « les moyens financiers et non financiers adéquats ».  Enfin, il a affirmé que son pays avait pris des dispositions pour mettre en cohérence la vision « Tchad horizon 2030 » avec le Programme.

M. PIERRE MOUKOKO MBONJO, Ministre des relations extérieures du Cameroun, qui lisait une déclaration du Président PAUL BIYA, a attiré l’attention sur le fait que son pays, qui a connu la stabilité et la paix pendant des décennies, était confronté à l’insécurité provoquée par le désordre régnant en République centrafricaine et les attaques de Boko Haram.  « Ces agressions ont eu pour conséquences de perturber la vie économique et sociale des régions concernées, d’y instaurer un climat d’insécurité et de provoquer un afflux de centaines de milliers de réfugiés », a-t-il souligné.  M. Moukoko Mbonjo s’est ainsi réjoui que l’engagement renouvelé des Nations Unies en faveur de la paix, de la sécurité et des droits de l’homme constitue l’ossature du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030.  Ce Programme, a-t-il ajouté, a le mérite d’affirmer que personne ne sera laissé pour compte.  Je renouvelle ici la proposition du Cameroun de voir créer une instance internationale d’éthique chargée de promouvoir entre les nations et à l’intérieur de celles-ci des valeurs humaines fondamentales et universelles, a-t-il conclu.

M. CHRISTIN PARADIS, Ministre du développement du Canada, s’est félicité de ce que les objectifs de développement durable consacrent la réduction de la pauvreté comme une priorité.  Il a souligné la nécessité de faire des progrès suffisants s’agissant de la santé des femmes, exprimant sa satisfaction quant à la prise en compte de cette question dans les objectifs.  La communauté internationale a dû réfléchir à de nouvelles formes de mobilisation des ressources à l’appui des objectifs de développement durable, qui combinent des sources de financement publiques et privées, a rappelé le Ministre canadien, qui a indiqué que son pays avait soutenu le développement de nouvelles plates-formes de levée de fonds.  Cela est crucial pour canaliser les milliards de dollars nécessaires à la réalisation des objectifs dans le monde entier, a-t-il ajouté.  Grâce à des modèles de financement innovants et mixtes, les objectifs de développement durable pourront être réalisés, a assuré le Ministre.

M. IMAD NAJIB FAKHOURY, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Jordanie, a rappelé le poids que font peser sur son pays les turbulences régionales, et tout particulièrement l’accueil des réfugiés syriens.  Soulignant l’importance de soutenir la Jordanie pour qu’elle renforce ses infrastructures et accroisse ses investissements en vue d’atténuer les effets de la crise syrienne, il a déclaré que son pays devait être considéré comme une « première ligne de défense » face à l’expansion du conflit, « non seulement pour la région, mais aussi pour le reste du monde ».  L’afflux des migrants en Europe a fait prendre conscience aux États Membres de l’Union européenne, pourtant dotés de capacités économiques considérables, la mesure du fardeau qui accable la Jordanie et entrave son développement au moment où le Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 vient d’être adopté. 

Alors que certains pays européens évoquent la possibilité de limiter le nombre d’arrivants chaque année, notre pays, a indiqué M. Fakhoury, a absorbé en l’espace de quatre ans l’équivalent de 20% de sa population, « ce qui reviendrait pour les États-Unis à accueillir 64 millions de personnes supplémentaires et pour l’Union européenne 100 millions ».  La Jordanie, a observé le Ministre, s’est engagée sur la voie de réformes ambitieuses pour réaliser les objectifs de développement durable et il est essentiel que toutes les options pour soutenir les pays d’accueil soient examinées, notamment celle qui permettrait de changer les critères d’éligibilité des pays à revenu intermédiaire à l’APD, lorsqu’ils font face à des situations comme la crise syrienne. 

M. WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a dit reconnaître que des progrès importants avaient été réalisés dans la mise en œuvre des OMD dans la plupart des pays à divers degrés, bien que des défis restent à être relevés, en particulier dans les PMA.  Il a souligné que son pays avait réalisé lui-même des progrès notoires, en particulier la réduction de la pauvreté, de la faim et de l’analphabétisme; l’élimination des inégalités entre les sexes dans l’éducation primaire, secondaire et tertiaire; la baisse des taux de mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle et le développement du partenariat mondial au développement.  Il s’est félicité que le nouveau Programme vise à réaliser les OMD non achevés.  Il a mis l’accent sur la nécessité de reconnaître les particularités nationales, les différents niveaux de développement et les besoins particuliers des pays, dont les PMA.  

Mme BÉATRICE ATALLAH, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a estimé qu’avec l’avènement des objectifs de développement durable s’ouvrait une nouvelle ère, « riche en perspectives » et devant permettre d’accomplir « le saut qualitatif vers le mieux-être et le développement de nos peuples ».  Qualifiant le Programme du développement durable à l’horizon 2030 de « contrat multilatéral », Mme Atallah a affirmé que celui-ci correspondait à la vision d’un Madagascar moderne et prospère, tourné vers la valorisation du capital humain et naturel.  Conscient des enjeux, Madagascar est à pied-d’œuvre pour mobiliser toutes les ressources propres tant financières, humaines que matérielles pour arpenter le chemin du développement, s’est exclamée la Ministre malgache des affaires étrangères.

M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, a indiqué qu’un million de Péruviens étaient sortis de la pauvreté ces quatre dernières années.  « La consolidation démocratique dans mon pays a été, à ce titre, capitale », a-t-il affirmé.  Il a ensuite souligné l’importance d’œuvrer à l’intégration des trois piliers du développement durable, avant de se dire en faveur d’un partenariat mondial renouvelé pour faire advenir un monde débarrassé de la pauvreté.  La pauvreté est un défi qui pourra être relevé en assurant notamment l’éducation des femmes et la promotion de la santé publique, a-t-il dit, soulignant que la responsabilité première dans l’éradication de la pauvreté incombait aux États.

Il a ensuite détaillé les investissements consentis par le Pérou dans les domaines des infrastructures, de l’éducation et de l’innovation, précisant que le renforcement du potentiel industriel était l’axe essentiel de la stratégie suivie par son pays.  Soulignant l’importance de remédier aux changements climatiques, le Président du Pérou a souhaité que la Conférence qui doit se tenir en décembre à Paris se solde par un succès.  Si nous avons la volonté politique et que nous nous montrons à la hauteur de nos responsabilités, alors le paradis céleste existera aussi sur terre, a-t-il conclu.

MSWATI III, Roi du Swaziland, a exprimé l’engagement de son pays en faveur du Programme de développement durable.  Le défi le plus important, a-t-il estimé, est le manque de ressources financières adéquates pour mettre en œuvre les objectifs à court, moyen et long termes.  Le financement des donateurs et l’appui des institutions financières internationales sont essentielles, a-t-il déclaré.  Le Roi a également mis l’accent sur le partenariat mondial pour le développement, essentiel, à ses yeux, pour la réussite de l’entreprise.  Citant la « Vision 2063 » de l’Union africaine, il a affirmé que le Royaume avait développé sa propre « Vision nationale à l’horizon 2022 », étroitement alignée sur les objectifs continentaux afin de faire du Swaziland un pays développé.  Il a également fait état des progrès réalisés par le Swaziland dans cinq des huit OMD.

M. IKILILOU DHOININE, Président des Comores, a indiqué que la réduction de la pauvreté avait souffert d’un manque de financement adéquat, les pays les plus démunis ayant souvent un accès très limité aux ressources de l’aide au développement.  Les ressources intérieures de bien des pays sont insuffisantes pour assurer le financement du développement, a-t-il dit.  Il a détaillé les progrès de son pays en vue d’atteindre les OMD.  Les taux de mortalité infanto-juvénile et maternelle ont accusé des baisses substantielles, a-t-il dit, ajoutant que le taux net de scolarisation avait enregistré une avancée notable, grâce aux politiques pertinentes mises en place aux Comores.

Mon pays n’a pas pu mobiliser les ressources requises pour financer les infrastructures économiques et promouvoir une croissance forte et durable, à même de réduire la pauvreté et les inégalités, a-t-il convenu.  Il a dit souscrire au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à la Position commune africaine qui prône la transformation structurelle de l’Afrique.  « Le Programme d’action d’Addis-Abeba, s’il est appliqué, est de nature à nous éviter les désillusions encourues dans la mise en œuvre des OMD. »  Enfin, le Président a rappelé que les nouveaux objectifs de développement durable prenaient parfaitement en compte les OMD et intégraient de nouveaux domaines cruciaux pour le développement durable.  « Chaque pays de la planète est appelé à mettre en œuvre les nouveaux objectifs et à rendre compte, ce qui permettra une meilleure appropriation mondiale du nouvel agenda », a conclu le Président des Comores.

M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a estimé que le bilan global des OMD était mitigé.  Les progrès sont inégaux, en particulier en Afrique et dans les PMA.  L’inadéquation avec les réalités structurelles et économiques et les mécanismes de financement proposés ont été des obstacles dans cette entreprise, a-t-il dit.  M. Bongo a néanmoins fait état des avancées significatives obtenues, aux niveaux national, régional et mondial.  Le Gabon, a-t-il ajouté, se réjouit de la portée du nouveau Programme de développement durable qui traduit une volonté commune et unanime pour instaurer un nouveau partenariat mondial avec pour objectif d’aller au-delà des objectifs précédents.

Il s’est félicité du fait que les principaux objectifs qui y sont contenus figurent dans le plan de développement visant à faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025.  Le Président gabonais a noté en particulier la place de choix accordée aux politiques et programmes visant à la valorisation de la jeunesse.  Il a précisé par ailleurs avoir amené son gouvernement à accorder une attention toute particulière au développement de l’agriculture et de l’élevage, dans le cadre du nouveau programme agricole « GRAINE », dont l’objectif est de garantir la sécurité alimentaire du pays.

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a affirmé que la force essentielle des objectifs de développement durable résidait dans leur caractère global.  La paix et la sécurité sont le premier pilier et le préalable à tout développement durable, a-t-il dit, faisant allusion aux crises en Syrie et en Ukraine.  Répondre aux catastrophes naturelles est un autre pilier, a-t-il poursuivi, soulignant les espérances fortes qui entourent la prochaine Conférence de Paris sur les changements climatiques.  Plaidant pour des politiques publiques robustes en vue de promouvoir la croissance économique, le développement humain et la bonne gouvernance, le Président estonien a fait remarquer que de telles politiques permettaient aussi de renforcer le lien entre les citoyens et l’État.

Il a ensuite souligné les effets vertueux des technologies de l’information et des communications pour le développement, indiquant que son pays était en pointe dans l’utilisation de telles technologies.  L’utilisation intelligente de l’Internet et des technologies digitales peuvent être essentielles pour la croissance économique, a-t-il affirmé, ajoutant que seuls les gouvernements pouvaient mettre en œuvre les politiques publiques nécessaires.  « Il est temps que les dirigeants du monde placent les technologies digitales tout en haut du Programme de développement », a conclu M. Ilves.

M. BONI YAYI, Président du Bénin, s’est félicité du fait que le Programme de développement durable intègre harmonieusement les trois dimensions du développement durable que constituent la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection de l’environnement.  Avec les 17 objectifs de développement durable, on dispose de repères pour intensifier les efforts afin de mener à son terme le chantier inachevé des OMD.  M. Yayi a appelé les États Membres à prendre en compte la spécificité des pays les plus vulnérables que sont les PMA, face aux effets des changements climatiques, notamment à l’occasion de la Conférence de Paris, en décembre.

« Transformer le monde, nous le pouvons et nous le devons », a affirmé M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali.  Il a indiqué que les efforts en vue de réaliser l’Objectif 8 des OMD sur la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement avaient manqué de constance et de régularité dans son soutien aux sept autres objectifs.  « Au Mali, malgré le contexte difficile et la crise, nous avons pu réduire la prévalence du sida, faire partir plus d’enfants à l’école, instituer la gratuité de la césarienne et améliorer la participation des populations dans la gestion de leurs affaires à travers une décentralisation poussée », a-t-il dit.  Il a affirmé que le sort des milliers de jeunes migrants, qui font le choix de « l’occident ou la mort » ne pouvait qu’interpeller, « surtout si l’on sait que cette jeunesse devrait être à l’avant-garde du combat pour le développement de nos pays ».

Le Président du Mali s’est dit heureux que toutes les parties maliennes aient signé l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.  « Je renouvelle mon engagement que l’État du Mali va honorer tous les engagements pris dans cet Accord », a-t-il déclaré, avant de lancer « un appel pressant » à la communauté internationale pour la mobilisation des ressources techniques, matérielles et financières nécessaires à l’application dudit Accord.  M. Keita a enfin assuré que son gouvernement ne ménagera aucun effort pour mobiliser les ressources internes.

M. MOHAMMED OULD ABDEL AZIZ, Président de la République islamique de Mauritanie, a affirmé que le nouveau Programme de développement durable constituait un tournant essentiel et l’aboutissement d’un parcours géré avec lucidité.  Les OMD ont permis de grandes réalisations, comme la réduction de la pauvreté et l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé, a-t-il estimé.  M. Aziz a déclaré que l’aggravation des menaces en matière de sécurité devait être prise en compte, citant en particulier les activités de terrorisme et de crime organisé qui représentent des obstacles au développement.  Les solutions nationales ne sont plus suffisantes pour répondre aux questions de sécurité qui sont très complexes et vont au-delà des frontières, a-t-il expliqué, mettant en exergue un plan régional développé par cinq pays sahéliens, dont le sien, pour faire face à ce défi.

Mme CATHERINE SAMBA-PANZA, Chef de l’État de la transition de la République centrafricaine (RCA), a déclaré que son pays s’était « radicalement éloigné de la trajectoire des OMD, devenant un État fragile et vulnérable avec plus de 80% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté ».  Cette pauvreté, a-t-elle expliqué, est entretenue et renforcée dans certaines zones du pays où sévissent encore les groupes politico-militaires qui entretiennent l’insécurité et s’adonnent au pillage des ressources locales et des recettes de l’État.  Elle s’est rendue à l’évidence: aucun des huit objectifs visés n’a pu être atteint par la RCA.  Toutefois, Mme Samba-Panza a souligné que le Gouvernement de transition avait élaboré un programme d’urgence pour le relèvement durable de la RCA sur la période 2014-2016.  Elle a reconnu l’« impérieuse nécessité » d’accomplir le travail inachevé, notamment en ce qui concerne la santé maternelle et infantile, ainsi que l’élimination des multiples formes de discrimination et de violence subies par les femmes, les jeunes et autres groupes de la population.  « La situation en RCA n’est pas désespérée », a assuré la dirigeante.  Le pays a su démontrer par son histoire récente sa volonté de se transformer et de devenir un État responsable du bien-être de ses populations.  Sous son impulsion, a-t-elle ajouté, les activités gouvernementales appuyées par la communauté internationale ont permis de créer un environnement favorable à la réconciliation nationale, à la reprise du fonctionnement de l’administration publique et à la reprise des activités socioéconomiques sur l’ensemble du territoire.

MM. ANDREA BELLUZZI et ROBERTO VENTURINI, Capitaines régents de San-Marin, ont estimé qu’avec l’adoption du Programme de développement durable, le processus entamé avec les OMD serait mené à son terme, à condition de se doter d’institutions innovantes, efficaces et transparentes.  Il sera également nécessaire, selon eux, de mobiliser à cette fin les ressources suffisantes afin de répondre aux besoins des plus faibles et des plus vulnérables.  Soucieux que soient mesurés les progrès réalisés, les deux hommes ont estimé que des « indicateurs spécifiques et universels » soient mis au point, ainsi qu’un « mécanisme de contrôle » pour identifier les lacunes.  MM. Belluzzi et Venturini ont ajouté que les contributions ne devaient pas simplement être financières, mais aussi culturelles, au travers d’une éducation à la portée des jeunes générations, afin de leur inculquer une culture « inhérente » de la solidarité et de l’hospitalité, dans le respect du développement durable.

M. DANILO MEDINA SANCHEZ, Président de la République dominicaine, a indiqué que les OMD avaient déjà inspiré la stratégie nationale de développement de son pays à l’horizon 2030.  Il s’agit de faire de la République dominicaine une société durable sur les plans économique, social et environnemental et fondée sur l’état de droit.  Le Président a indiqué que les principaux OMD avaient été réalisés, notamment la réduction de l’extrême pauvreté, qui est passée de 16,6% à 5,8%.  La malnutrition a également baissé de 34,4% à 12%, et l’objectif de la parité des sexes a été atteint à tous les niveaux de l’éducation.  M. Sanchez s’est félicité de voir le pape François défendre la cause du développement durable.  Son Encyclique sur l’écologie a été publiée « juste au bon moment », a-t-il estimé.  Pour les Dominicains qui vivent sur une petite île où de nombreuses personnes souffrent encore de la pauvreté, et que les changements climatiques rendent vulnérable, la dimension morale du développement durable est évidente.  Pourtant, a conclu le Président, « la pauvreté et les inégalités ne sont pas des fatalités, mais des défis » auxquels il faut se préparer.

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a souligné que dans le plan de développement national, la lutte contre les effets des changements climatiques occupait la première place.  M. Lungu a exprimé l’engagement de son pays à utiliser des données fiables pour fixer les priorités afin de parvenir à un développement économique inclusif.  La Zambie, qui est au nombre des PMA sans littoral, aura besoin d’un appui pour parachever la réalisation de ses objectifs de développement, a-t-il insisté.  Le Président a appelé les pays développés à tenir leurs promesses d’aide et jugeant tout autant essentiel que les pays en développement mettent en place de bons cadres en vue d’établir des partenariats avec une vision commune. 

M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président de la Guinée équatoriale, a souligné la persistance des défis qui empêchent la réalisation du développement durable.  Il a appelé de ses vœux l’intensification des efforts internationaux dans les domaines de la lutte contre la piraterie et de l’APD.  Le Vice-Président a ensuite mentionné le plan à l’horizon 2020 adopté par son pays en vue de réaliser les OMD.  La première phase de l’application de ce plan s’est soldée par un succès, s’est-il félicité.  M. Obiang Mangue a notamment indiqué que le nombre des personnes vivant sous le seuil de pauvreté avait diminué de 50% et que le taux d’alphabétisation des femmes était désormais de 96%.  La mortalité maternelle a quant à elle, diminué de 80%, a-t-il continué, avant d’insister sur la gratuité des soins pour les personnes atteintes du VIH/sida.  En conclusion, le Vice-Président a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. JOSEPH BUTORE, Vice-Président du Burundi, a estimé que l’optimisme était de mise à trois mois de l’échéance des OMD.  Néanmoins, le monde reste confronté à de multiples défis, a-t-il dit, citant en particulier l’extrême pauvreté et les effets des changements climatiques.  L’Afrique, a-t-il expliqué, demeure le continent le plus pauvre de la planète.  L’amélioration de la sécurité et de la gouvernance économique et politique devrait être au nombre des grandes priorités de l’Afrique, a-t-il affirmé.  Il a souligné qu’à l’instar des autres communautés des nations, le Burundi consentirait ses efforts de développement en tenant compte de la volonté commune d’établir des partenariats communs.

M. KENNY DAVIS ANTHONY, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a affirmé que très peu de choses avaient changé pour les petits États insulaires en développement (PIED) ces 15 dernières années.  La promesse d’un monde mis à l’abri de la pauvreté et de la dictature demeure un rêve illusoire que l’on poursuit mais que l’on atteint jamais, a-t-il déploré.  Il a ensuite insisté sur la vulnérabilité des pays comme le sien face aux catastrophes naturelles, indiquant que Sainte-Lucie avait essuyé deux ouragans ces cinq dernières années.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnaît les besoins spécifiques de ces pays, a-t-il rappelé.  « Nous avons besoin d’actions car l’existence même de nos pays en dépend », a-t-il affirmé, avant de souligner le lien intrinsèque entre écologie et économie.  « Ce lien est-il compris dans toutes ses dimensions? » a-t-il demandé, avant de déplorer la lenteur des négociations en prévision de la Conférence sur les changements climatiques.  Le Premier Ministre de Sainte-Lucie a notamment déploré l’insuffisance des engagements pris jusqu’à présent et la « léthargie » dans la mise en place des outils du financement de la lutte contre les changements climatiques.

Il a affirmé que l’utilisation du PIB par habitant pour calculer le niveau de développement et la qualification de paradis fiscaux réservée à certains pays des Caraïbes entravaient leurs efforts de développement.  « Que va-t-il se passer si nos pays s’effondrent?  Nos peuples deviendront-ils des réfugiés sur d’autres rivages? » s’est-il interrogé tout haut.  Rappelant que les petits États insulaires en développement n’étaient pas à l’origine du réchauffement climatique mais qu’ils devaient faire partie de toute solution visant à y remédier, le Premier Ministre a jugé qu’il était temps de « mettre un terme aux promesses creuses ».

M. MELTEK SATO KILMAN LIVTUVANU, Premier Ministre de Vanuatu, a indiqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est porteur de la promesse du développement de l’humanité au cours des 15 prochaines années, après les OMD qui ont permis de faire des progrès comme jamais auparavant.  Se félicitant que le programme prenne en compte la situation unique des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID), le Premier Ministre a estimé que le succès dépend de trois facteurs principaux: l’accès aux financements; l’accès aux technologies appropriées et la présence des capacités nationales.  S’agissant de l’accès aux financements, il a souhaité que les pays développés respectent les engagements pris en matière de financement du développement, dont ceux de consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD et 0,20% pour les PMA, à l’horizon 2020.

Le Premier Ministre a souligné que les changements climatiques représentent l’un des plus grands défis au développement durable des pays comme le sien.  Il a rappelé qu’en mars dernier, Vanuatu a été frappé par un cyclone tropical de catégorie 5 qui a affecté plus de 60% de sa population, inversant ainsi la courbe des progrès économiques.  Pour pouvoir mettre en œuvre efficacement le nouveau Programme de développement durable, il a souhaité que l’ONU soit reformée.  Le respect du principe d’appropriation nationale est essentiel.

M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, s’est félicité du fait que les objectifs de développement durable aient repris les OMD non réalisés, et visent en particulier l’élimination de l’extrême pauvreté d’ici à 2030.  Pour réaliser ce Programme, la question des moyens de mise en œuvre devrait être prioritaire.  La Tanzanie reconnaît la responsabilité de chaque pays à mobiliser ses propres ressources, mais, a-t-il dit, les efforts des pays en développement seuls ne suffiront pas.  Il s’est ainsi réjoui des objectifs de partenariat définis dans le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fiji, a affirmé que les 17 objectifs de développement durable qui viennent d’être adoptés constituaient une feuille de route vers l’espoir et le changement.  Estimant « que le temps n’est pas de notre côté », il a déclaré que l’insuffisance du financement devait être l’une des questions clefs débattues lors de ce Sommet.  « Afin de bénéficier de dons et de prêts, les pays en développement doivent se montrer dignes de confiance », a-t-il dit, ajoutant que le principe de transparence devait prévaloir et la corruption être éradiquée.

Le Premier Ministre a ensuite affirmé que l’objectif de Fiji était de construire une économie qui promeuve les intérêts de tous ses citoyens, tout en établissant des critères environnementaux stricts pour les projets de développement.  Il a également insisté sur l’importance de l’Objectif 14 sur la préservation et la gestion durable des océans et des mers.  « Lorsque je pense à l’océan que j’ai connu enfant, je me demande si mes petits-enfants le verront comme je l’ai vu. »  Enfin, le Premier Ministre a demandé aux États de ne pas laisser passer la chance de transformer le monde, d’éradiquer la pauvreté et la faim et de faire advenir un futur d’espoir pour tous les peuples.  « Si nous faisons montre de volonté politique et de courage et que nous agissons avec le sens des responsabilités pour lequel nous avons été élus, nous atteindrons nos objectifs », a-t-il conclu.

M. PATRICE EMERY TROVOADA, Premier Ministre de Sao-Tomé-et-Principe, a estimé que le chemin demeurait long vers la réalisation des objectifs de développement tant que les investissements publics et privés ne seront pas renforcés, notamment pour la création d’emplois.  Il a souhaité, grâce au Programme de développement durable à l’horizon 2030, une forme de gouvernance mondiale moins égoïste et plus inclusive et pleinement engagée dans la résolution des conflits.  La recherche dans chaque État du consensus national autour de la réalisation des objectifs de développement durable est fondamentale, a—t-il dit.

M. SAMUELA ’AKILISI POHIVA, Premier Ministre de Tonga, a indiqué que le Programme de développement durable est un accord dont l’universalité est le reflet de la diversité des besoins auxquels il est censé répondre.  Il a relevé que l’un des défis majeurs est la menace des changements climatiques.  En tant que petit État insulaire en développement, Tonga est particulièrement vulnérable à ce phénomène.  Pour les îles du Pacifique, les océans occupent une place centrale dans le développement durable.  Leur conservation et l’usage durable de leurs ressources sont cruciaux pour l’éradication de la pauvreté et une croissance économique durable.  Le Premier Ministre a donc salué un Programme de développement qui prenne en compte cette question.  Il a également salué le fait que le nouveau Programme reconnaisse que nous devons satisfaire nos besoins énergétiques de façon moderne et viable.  Mon pays est largement dépendant de l’importation des hydrocarbures, a fait savoir le Premier Ministre, ajoutant que Tonga a mis en place une feuille de route sur l’énergie, non seulement pour réduire sa vulnérabilité aux chocs externes, mais également pour élargir son accès aux sources d’énergie moderne.  La clef de la concrétisation des promesses du nouveau Programme est l’attention qui sera accordée aux moyens de mise en œuvre, non seulement dans le document lui-même mais aussi dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

M. RAMI HAMDALLAH, Premier Ministre de l’État de Palestine, a insisté sur les souffrances des Palestiniens et déploré les activités de peuplement poursuivies par Israël.  Ce pays détruit systématiquement les infrastructures économiques palestiniennes, a-t-il dit, avant de souligner les graves conséquences économiques du blocus de Gaza.  Il a ensuite regretté l’impossibilité pour l’État de Palestine d’émettre sa propre monnaie et la mainmise d’Israël sur tous les secteurs de l’économie palestinienne.  Le tribut payé à l’occupation israélienne dépasse de beaucoup l’aide allouée par la communauté internationale au peuple palestinien, a-t-il affirmé.  M. Hamdallah a demandé qu’une attention plus grande soit portée aux souffrances du peuple palestinien, ajoutant que ces souffrances devaient être prises en compte dans le cadre du développement durable.

Mme NATALIA GHERMAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a mis l’accent sur la nécessité de concilier les objectifs économiques et environnementaux.  Elle a plaidé en faveur d’un véritable Partenariat mondial au-delà des modèles traditionnels de coopération, en faisant preuve de plus de cohérence.  Les efforts entrepris dans son pays, a-t-elle indiqué, visent à renforcer la résilience économique et la cohérence sociale tout en maintenant des conditions de prospérité, de stabilité et de paix qu’il convient de préserver dans toute la région, a-t-elle déclaré.  Mme Gherman a exprimé son sentiment d’optimisme et de confiance, qualifiant d’engagement conjoint « authentique et sincère » le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. LEO DION, Vice-Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a salué l’adoption du Programme de développement durable, appelant au respect du principe d’appropriation nationale et au renforcement des Partenariats mondiaux.  Nous ne pouvons réussir véritablement que si les pays gèrent leurs propres plans et stratégies de développement.  S’agissant de son pays, M. Dion a estimé que le défi actuel consiste à transformer la croissance en gains sociaux, conformément à la « Vision 2050 ».  Le Vice-Premier Ministre s’est dit heureux de l’Objectif 13 sur les changements climatiques et du 14 sur la conservation et l’usage durable des océans.  Il a rappelé, à son tour, que les changements climatiques représentent la plus grande menace à la vie, à la sécurité et au bien-être des peuples du Pacifique.  Il a émis le vœu que la Conférence de Paris déboucherait sur un accord ambitieux et juridiquement contraignant.

M. PAVEL BĚLOBRÁDEK, Vice-Premier Ministre de la République tchèque, s’est félicité que le concept de développement durable soit désormais synonyme d’une mise en œuvre équilibrée de ses trois dimensions, économique, environnementale et sociale.  Saluant la conclusion heureuse de la Conférence d’Addis-Abeba, il a appelé de ses vœux la mise en place d’un mécanisme de financement efficace en vue de l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a également demandé l’instauration d’un processus d’évaluation des progrès enregistrés, avant de souligner la nécessité de renforcer les capacités de collecte statistique des administrations nationales.  « Des analyses scientifiques pertinentes sont cruciales afin de comprendre les répercussions des tendances démographiques actuelles, des migrations et des changements climatiques », a-t-il dit.  En conclusion, il a affirmé que le respect des droits humains, la pleine participation des femmes, la bonne gouvernance et l’éradication de la corruption étaient essentiels à la réalisation des objectifs de développement durable.

M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a affirmé que son pays, dont la croissance économique est l’une des plus rapides, avait enregistré des résultats impressionnants dans le domaine du développement, et ce, en dépit des crises économique et financière.  Après avoir énuméré un certain nombre de ces succès, il a exprimé l’attachement de son pays à la promotion du dialogue interculturel, de la tolérance et de la compréhension entre les peuples, précisant que l’Azerbaïdjan accueillerait en 2016, le septième Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations Unies.  Le Ministre a en revanche souligné que l’actuelle occupation militaire par l’Arménie de près de 20% des territoires de l’Azerbaïdjan, en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, continuait de constituer une menace grave à la paix et à la sécurité internationales.

M. SAMURA KAMARA, Sierra Leone a indiqué que le plus grand défi pour le succès des objectifs de développement durable (ODD) sera de mettre sur pied une stratégie proactive et efficace qui va permettre d’assurer une transition souple entre les OMD et les objectifs de développement durable et de développer de nouvelles approches qui incluent l’appropriation multipartite, les partenariats institutionnels ou, l’universalité.  Il a insisté sur les défis de l’Afrique que sont le manque d’infrastructures, la faiblesse des institutions, l’absence d’une main-d’œuvre qualifiée et d’un financement prévisible, en dépit de la volonté de promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance.

Le représentant a rappelé que l’APD est l’une des sources majeures de financement.  Il a plaidé pour une « APD intelligente » orientée vers les orphelins de l’aide que sont les pays affectés par les conflits, dans le même esprit que le « New Deal » qui devrait être inscrit de manière transversale dans le système des Nations Unies.  Il a promis que la Sierra Leone va continuer à exploiter les progrès remarquables de la stabilité politique, cruciale pour le développement.  C’est une bonne thérapie pour un pays sortant d’un conflit dévastateur et de l’épidémie d’Ebola, a—t-il dit.  Il s’est félicité de ce que la Sierra Leone soit passée du statut de pays inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité à celui de « cas d’école » de la transition vers la paix et le développement.

Mme SHAIKA LUBNA BINT KHALID AL QASSIMI, Ministre de la coopération et du développement international des Émirats arabes unis, a déclaré que même si son pays était relativement jeune et en développement, il est devenu le donateur le plus généreux au monde ces deux dernières années, consacrant plus de 0,7% de son PIB à l’APD et fournissant une aide plus élargie aux pays en développement.  Nos contributions ont déjà appuyé un certain nombre de domaines importants dans le nouveau Programme de développement, y compris les infrastructures, la santé, l’énergie renouvelable ainsi que l’aide humanitaire.  Les Émirats arabes unis ne sont pas uniquement un important donateur.  Ils sont aussi un important promoteur du dialogue sur la durabilité, comme en attestent la Semaine annuelle sur la durabilité d’Abou Dhabi, la Réunion préparatoire d’Abou Dhabi en prévision de la Conférence de Paris et l’Expo 2021 de Dubaï qui mettra en valeur le développement durable.  « Nous sommes aussi fiers d’accueillir l’Agence internationale pour les énergies renouvelables », a ajouté la Ministre, avant de promettre que les Émirats arabes unis continueront d’offrir ces forums pour renforcer les partenariats et intensifier la recherche de solutions pratiques. 

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que l’attention de son pays était concentrée sur le Pacifique, où est dépensé 60% de l’aide au développement néo-zélandaise.  Sur les 14 États du Forum du Pacifique, 2 seulement ont réalisé tous les OMD.  Trois d’entre eux en ont réalisé plus de la moitié, tandis que plusieurs nations n’ont atteint aucun objectif.  Le Ministre a espéré que les objectifs de développement durable remporteront plus de succès que les OMD.  Il a attribué cet échec au fait que les institutions financières internationales ont mis au point des processus lourds, inventés pour des projets qui coûtent des milliards ou des centaines de millions de dollars.  Or, dans le Pacifique, il suffit de quelques dizaines de millions de dollars pour des projets clefs de développement.  Le Ministre a évoqué deux objectifs qui sont, pour la Nouvelle-Zélande et ses voisins, catalyseurs de changement: les énergies renouvelables et les océans.  Par exemple, a-t-il indiqué, le coût du diesel dans le Pacifique est deux fois plus élevé qu’à New York.  Les Îles Tokelau ont réussi l’objectif de 100% d’énergie solaire.  Quant à la pêche au thon, le plus grand atout économique de la région, le Ministre a affirmé que cette pêche dans le Pacifique est la plus viable de toute la planète.  Il faut qu’elle le reste, a-t-il dit.

Mme LOUISE MUSHIKIWABO, Ministre des affaires étrangères du Rwanda, a assuré que son pays pourra réaliser les objectifs fixés dans les objectifs de développement durable.  Pour y parvenir, il faudra tenir compte de la valeur ajoutée des OMD, se baser sur les ressources nationales, la redevabilité et l’appropriation nationale.  La Ministre a souligné l’importance de la participation citoyenne dans la réalisation de ces objectifs.  Elle a ajouté que les 15 prochaines années donneront l’occasion de mettre davantage l’accent sur l’égalité des sexes, la participation du secteur privé et l’utilisation des technologies de l’information et des communications.  Elle a terminé en disant que le Rwanda est fier d’abriter le Centre du développement durable en Afrique qui apportera sa contribution à l’édification d’un monde plus équitable et plus juste.

M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’élimination de la pauvreté grâce à des politiques sociales et économiques progressistes, avec la participation des populations.  « En dépit des campagnes de désinformation et de dénigrement orchestrées de l’extérieur », l’Érythrée a réussi à réaliser des progrès notables dans tous les OMD, a-t-il assuré.  Le Ministre a évoqué des avancées dans la réduction de la mortalité infantile et maternelle, et dans l’accès à la santé et à l’éducation, sans oublier l’autonomisation des femmes « qui est sur la bonne voie ».  « L’Érythrée est une oasis de paix dans la Corne de l’Afrique et au-delà », a déclaré le Ministre qui, après s’être attardé sur la campagne nationale de reforestation et de conservation de l’eau, a condamné le régime « injuste » des sanctions qui a un impact négatif sur le bien-être des populations.  Aucun État, petit ou grand, ne doit être laissé en marge, a-t-il ajouté.

M. REYAD YASSIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a dit que malgré les gains obtenus dans la réalisation des OMD, l’absence de vision de l’ancien Président, M. Saleh au pouvoir pendant plus de 30 ans, le terrorisme et la guerre ont privé les Yéménites de développement.  Le Ministre a dit compter sur la résolution 2260 (2015) du Conseil de sécurité, « garant du redressement et du développement du Yémen ».  Concernant le problème de la faim et de la pauvreté au Yémen, le Ministre a déclaré que des mesures ont été prises mais comme la majeure partie des pauvres vivent en milieu rural, le Gouvernement a du mal à les approcher.  La situation a été aggravée par le coup d’État et les groupes armés, a-t-il accusé.  Il a appelé les Nations Unies et les partenaires à aider son pays à améliorer la situation dans les régions pauvres.  Le Yémen, a-t-il conclu, compte sur la Conférence de Paris pour avancer face aux menaces qui pèsent sur l’environnement. 

M. ABDUSALAM H. OMER, Ministre des affaires étrangères et de la promotion des investissements de la Somalie, a dit qu’étant donné qu’il n’est pas possible pour chaque État Membre d’avoir tout ce qu’il veut, le Programme de développement durable offre un cadre solide pour faire face aux plus grands défis auxquels le monde fait face collectivement.  Il a relevé que tous les partenariats: Nord-Sud, Sud-Sud, gouvernements-secteur privé et la société civile doivent se renforcer mutuellement.  Il s’agit là de la seule voie pour faire accéder aux ressources abondantes et trouver des solutions collectives à la mise en œuvre des objectifs à réaliser d’ici à 2030.  M. Omer a souligné que la Somalie est une nation postconflit désormais sur la route de la reconstruction.  Il a demandé un soutien accru à cette catégorie de pays et prévenu que le vrai défi commencera quand les délégations auront quitté New York et regagné leur pays.  Les Somaliens sont connus de la communauté internationale comme des survivants.  Un nouveau chapitre s’ouvre à eux, un chapitre où ils seront connus comme des bâtisseurs, travaillant en faveur de la stabilité et de la paix.

M. PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, a apprécié le fait que le Programme de développement durable mette l’accent sur l’élimination de la pauvreté et de la faim dans le monde.  Le pape François, a-t-il rappelé, a souligné hier que l’exclusion économique et sociale constituait un affront aux droits de l’homme et à l’environnement.  Pour M. Gallagher, ce Programme doit permettre à tous d’accéder aux biens matériels essentiels.  Il a insisté sur « la dimension éthique » des objectifs de développement durable et sur les valeurs spirituelles, morales et religieuses qui les sous-tendent.

« Pour notre bien et celui des générations futures, il nous faut des modèles de développement qui ne remettent en cause ni la dignité humaine, ni la santé de l’environnement », a insisté le représentant.  En adoptant le nouveau Programme, la communauté internationale a choisi la solidarité avec les exclus d’aujourd’hui et les pauvres de demain, a-t-il ajouté.  Pour le Saint-Siège, la famille, qui est l’unité naturelle et fondamentale de la société, est « le principal agent du développement durable, et, par conséquent, le modèle de communion et de solidarité entre les nations et les institutions internationales ».  

M. TONY DEBRUM, Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, a souligné que « les océans définissent l’identité et le futur » de son pays et de ses voisins du Pacifique.  Il a notamment demandé aux pays pratiquant la pêche hauturière de faire preuve de volonté politique et d’aider les petits États insulaires à mieux bénéficier de leurs propres ressources.  Les États Parties à l’Accord de Nauru, a-t-il rappelé, se sont engagés à faire progresser la pêche au thon homologuée et écologiquement viable.  Par ailleurs, le Ministre a fait remarquer que les inégalités entre les sexes persistaient, bien que les femmes aient « un rôle important » dans la culture traditionnelle de son pays.  Il a ensuite fait remarquer que le succès des objectifs de développement durable reposait non seulement sur les épaules des gouvernements mais aussi sur celles d’un ensemble d’acteurs, dont le secteur privé et les partenaires régionaux.  Il a souhaité un appui dans la collecte des données statistiques.  

Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Ministre des relations extérieures du Nicaragua, a relevé que, malgré les difficultés, quelques pays avaient réussi à progresser sur la voie de la réduction de la pauvreté et de la faim.  En ce qui concerne le Programme de développement durable, elle a voulu que l’on fonde les actions sur le principe de responsabilité commune mais différenciée, afin de transformer l’ordre économique actuel et créer un nouveau modèle économique et financier et une autre façon plus viable de produire et de consommer.  Elle a dit avoir apprécié l’Encyclique du pape François, appelant à s’en inspirer dans la mise en œuvre du nouveau Programme de développement.  Le Nicaragua, s’est-elle réjouie, n’est pas loin de la réalisation de tous les OMD.  En l’occurrence, la Vice-Ministre s’est targuée de l’efficacité du modèle chrétien, socialiste et solidaire.  Elle a notamment indiqué que le Nicaragua était l’un des premiers pays à compter des femmes dans les trois branches du pouvoir.

M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a fait valoir que la souveraineté territoriale des États est la base sur laquelle il faut travailler pour le développement.  La Syrie, a-t-il dit, connait les souffrances provoquées par le terrorisme qui détruit son économie, ses infrastructures et son patrimoine et menace d’anéantir le rôle des jeunes et des femmes.  D’après lui, « cela ne se serait jamais passé s’il n’y avait pas eu des politiques erronées de la part de certains États et un manque de vision d’autres États qui poursuivent des aspirations non éthiques ou ne combattent pas le terrorisme ».  Le représentant a condamné ce conflit qui oppose les modérés aux radicaux, et la civilisation à l’arriération.  Il a appuyé la référence à la lutte contre le terrorisme en tant que priorité pour réaliser le développement durable.  Le terrorisme, a-t-il souligné, a contraint beaucoup de Syriens à quitter leur pays.  Le représentant a déploré les sanctions unilatérales imposées par certains États qui provoquent une dégradation des conditions de vie des Syriens et des pénuries considérables.  « Le peuple syrien ne doit pas être puni économiquement. » 

M. JOAO SOARES DA GAMA (Guinée-Bissau) a déclaré que pour un pays qui s’est battu contre l’instabilité depuis longtemps, le développement durable exige une importante réforme des secteurs de la justice, de la défense et de la sécurité.  La modernisation des institutions de l’État est nécessaire pour renforcer la démocratie et la cohésion sociale afin de maintenir une paix durable, promouvoir une croissance économique inclusive et soustraire la population de la pauvreté.  Le délégué a ajouté que comme nous sommes d’accord sur la nécessité d’un monde plus juste, nous devrions accepter l’urgence de réduire l’écart entre les riches et les pauvres pour aider les pays comme le nôtre à se rapprocher du développement.  La question qui se pose est de savoir comment le faire sans une aide adéquate et un engagement de nos partenaires.  C’est impossible, a avoué le représentant qui a reconnu que les partenariats et un engagement sincère et total sont nécessaires, comme l’a dit le Saint-Père hier dans cette salle.

M. VINCE HENDERSON (Dominique) a déclaré que pour réaliser les objectifs de développement durable, nous devons nous engager à réinventer la gouvernance de nos institutions multilatérales et reconnaître nos responsabilités communes mais différenciées pour parvenir à l’équité, à la justice, à la paix et à la sécurité pour tous.  Ceci doit commencer avec les pays industrialisés qui doivent accepter et assumer leurs responsabilités dans le péril vers lequel court notre planète.  Les changements climatiques sont réels et non un danger potentiel pour l’existence de nos îles.  Pour des pays comme la Dominique, il devient inutile de parler des objectifs de développement qui s’adressent à un futur peut-être non existant.  Le délégué a appelé les États Membres à prendre des engagements pour inverser la tendance des changements climatiques à la Conférence de Paris.  La vulnérabilité à ce phénomène et le niveau d’endettement des pays à revenu intermédiaire doivent être pris en compte pour leur ouvrir l’accès à l’APD et aux financements concessionnels. 

M. THOMAS BACH, Président du Comité international olympique (CIO), a dit que le nouveau Programme de développement durable reconnait, à juste titre, la contribution croissante du sport à la tolérance et au respect, à l’autonomisation des femmes, à la santé et à l’intégration sociale.  Le sport est un partenaire « naturel » de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le CIO souhaite poursuivre son partenariat avec l’ONU et les pays pour la réalisation desdits objectifs.  Le sport est un instrument à faible coût mais à impact élevé.  Il contribue à un style de vie sain, conformément à l’Objectif 3 sur l’accès à la santé.  En favorisant la mobilité, le sport est un outil essentiel de la réduction des soins de santé.  Il contribue aussi à l’amélioration des résultats scolaires, servant ainsi l’Objectif 4 sur l’accès à l’éducation.  C’est un instrument puissant de l’égalité entre les sexes, comme le veut l’Objectif 5.  Le mois dernier, le CIO a pris la décision d’imposer un nombre égal de femmes et d’hommes aux Jeux olympiques.  Le Président a aussi vanté les mérites du sport au service de la paix, donnant pour exemple le fait que le mouvement olympique a reconnu en août 2015 le Comité national olympique du Soudan du Sud.  

Mme IRENE KHAN, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement, a rappelé que l’Objectif 16 des ODD reconnait que l’accès à la justice, l’état de droit et des institutions inclusives et efficaces sont des éléments essentiels au développement durable.  « Un gouvernement propre est tout aussi important que l’eau propre », a-t-elle argué.  Elle a relevé que l’état de droit est transversal à tous les objectifs de développement durable, car sans accès à la justice et sans état de droit, le développement ne peut prospérer, les investissements ne peuvent prendre pied, la planète ne peut survivre, le pauvre ne peut s’extraire de la pauvreté, et les femmes ne peuvent lutter contre la discrimination et devenir les agents de leur propre destin.  Plus les gouvernements et la communauté internationale investiront dans l’état de droit, moins ils devront se presser pour gérer les échecs catastrophiques du développement, notamment les famines et les crises de réfugiés.

M. YVES LETERME, Secrétaire général d’« International IDEA (Institut pour la démocratie et l’assistance électorale), a fait remarquer que son organisation avait plaidé pour que la démocratie soit définie dans le Programme de développement durable.  S’il a regretté que le Programme n’ait pas insisté davantage sur l’importance de la gouvernance démocratique, il a néanmoins salué le fait que la déclaration souligne l’importance de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a reconnu l’importance de la parité des sexes et de la réduction des inégalités extrêmes et s’est félicité de l’ouverture, de la transparence et du caractère inclusif qui ont caractérisé les négociations.  M. Leterme a souhaité que la mise en œuvre du Programme passe par des stratégies nationales citoyennes.  La « responsabilité démocratique » sera, d’après lui, un facteur essentiel pour faire en sorte que la mise en œuvre des objectifs réponde véritablement aux besoins de tous, comme cela a été souligné aujourd’hui lors d’un évènement de haut niveau organisé par « International IDEA » avec les Gouvernements de la Suisse, du Botswana et de la Mongolie.

Mme MIREILLE BALLESTRAZZI, Présidente d’Interpol, a assuré que la relation entre sécurité et développement est étroite, mais ambiguë.  Il n’y a pas de développement sans sécurité, a-t-elle relevé, arguant que des routes non sûres, des frontières poreuses, la corruption ou encore les grands trafics criminels sont des obstacles majeurs à un développement durable.  D’autre part, a-t-elle poursuivi, la sécurité a besoin d’un environnement économique et social favorable pour financer un recrutement de qualité, une formation selon les standards les plus modernes et des rémunérations permettant de résister à la corruption.  Mme Ballestrazzi a indiqué que dans la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, la pérennité dépendra de l’établissement de normes, de concepts, d’instruments réellement mondiaux et partagés, élaborés en commun, et fondés sur des valeurs universelles.

Mme JILL HELKE, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a applaudi le fait que le Programme de développement durable souligne « la contribution positive des migrants à une croissance inclusive et au développement durable ».  Elle a préconisé de s’atteler aux causes et aux conséquences des migrations, afin d’organiser des migrations dans la dignité, ordonnées et sûres, dans l’intérêt de tous.  Un habitant de la planète sur sept, soit environ un milliard de personnes, est un migrant, a rappelé la représentante.  « Les migrations sont aujourd’hui un phénomène inévitable qui ne fera que se poursuivre à l’horizon 2030 », a-t-elle averti.  Il faut les gérer et les planifier d’autant plus qu’aujourd’hui le nombre des personnes déplacées par la violence et les conflits est le plus élevé depuis la Deuxième Guerre mondiale.  La communauté internationale doit travailler de concert « pour rendre le discours sur les migrations plus positif », en mettant en évidence ce que les migrants apportent dans les pays de destination et d’origine.  L’OIM, a conclu la représentante, est en train d’établir un indice de gouvernance des migrations pour aider les pays.

M. AMEEN MADANI, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a souligné que son Organisation reconnaît la pertinence du Programme de développement durable et qu’elle partage les promesses qu’il contient.  L’OCI, a-t-il dit, est en train d’élaborer le successeur de son Programme d’action décennal, qui se concentrera sur 17 priorités dont la paix et la sécurité, la Palestine et Al-Qods et la lutte contre la pauvreté.  Il s’agit d’un agenda global de coopération et de partenariat qui reconnaît la centralité d’une action islamique conjointe et du partenariat entre toutes les parties prenantes.  Le Programme décennal et celui du développement durable à l’horizon 2030 sont largement complémentaires dans les objectifs et dans l’action.

M. LAMBERTO. ZANNIER, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a souligné que le Programme de développement durable est fondé sur cinq piliers que sont la paix, les gens, la planète, la prospérité et les partenariats.  Il a salué le fait que ledit Programme renforce la relation étroite existante entre la paix, la sécurité et le développement.  L’une des contributions majeures de l’OSCE à la mise en œuvre des objectifs sera de continuer d’œuvrer dans la prévention, la résolution des conflits et la réhabilitation postconflit. 

M. PATRICK GOMES, Secrétaire général du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), a relevé que l’engagement en faveur des objectifs de développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté et la fin des inégalités entre nations est un impératif pour les 79 États du Groupe des ACP.  Afin que les objectifs soient couronnés de succès, il faut un Forum des ACP sur les petits États insulaires en développement afin de compléter les « Orientations de Samoa ».  Le Groupe des ACP doit aussi devenir le coordonnateur de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire et promouvoir les sciences et la technologie entre ses pays membres.

M. COLIN TUKUITONGA, Directeur général de la Communauté du Pacifique, a déclaré que l’élimination de la pauvreté requiert un changement de pratique pour se focaliser sur les investissements dans la jeunesse et surtout les jeunes vulnérables et faire en sorte que personne ne soit laissé en marge.  Le Directeur général a ajouté que l’un des défis auxquels fait face la communauté du Pacifique est la santé des océans qui est fondamentale pour la résilience et le développement durable.  Est également important, l’Objectif 13 préconisant une action urgente pour combattre les changements climatiques et ses impacts, a dit le Directeur général qui a rappelé que la région ne contribue qu’à hauteur de 0,03% aux émissions de gaz à effet de serre alors qu’elle ressent le plus les impacts des changements climatiques.  L’échec à trouver un accord juridiquement contraignant à la Conférence de Paris dégradera automatiquement les conditions de vie de la population du Pacifique.  Le Directeur général a insisté sur l’importance du suivi des objectifs de développement durable et a indiqué que sa « Community » a transmis à l’ONU une liste provisoire de 62 indicateurs régionaux.  On ne saurait souligner assez l’importance des données pour les petits États insulaires et les PMA, ce qui nécessitera des investissements importants. 

Mme ARANCHA GONZALEZ, Centre du commerce international, a prévenu que l’adoption du Programme de développement durable est une première étape.  En traduire les promesses en réalité exigera des politiques déterminées, des changements fondamentaux dans la manière dont le secteur privé travaille et des décisions plus responsables de la part des consommateurs.  Mettre en œuvre le Programme donnera des avantages économiques et humains « incroyables » mais il y aura un coût, à savoir un savant mélange d’aide au développement traditionnelle, de ressources domestiques et d’apport du secteur privé.  Pour bien exploiter le moindre centime d’aide, d’impôt sur le revenu et d’investissement privé, il faudra un partenariat fort entre gouvernement, monde des affaires et société civile, en collaboration avec les Nations Unies.  Il faudra aussi innover.  La transition à une économie à basse émission de carbone restera incomplète sans un accès à l’énergie des milliards de personnes qui comptent encore sur le bois.  Mettre en œuvre le nouveau Programme n’impliquera pas seulement de nouvelles façons de faire mais exigera aussi que l’on capitalise sur ce qui s’est déjà révélé efficace. 

Le commerce des biens et services transformés est essentiel au développement.  Une économie où aucun pays ne reste sur le bord de la route ou bloqué dans la commercialisation des matières premières est le meilleur moyen de multiplier les offres d’emplois productifs.  La représentante s’est donc félicitée que le nouveau Programme parle d’intégration commerciale, d’ouverture, de réformes de la politique des subsides à l’agriculture et du renforcement du système commercial multilatéral que représente l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Le Programme lie directement l’« Aide pour le commerce » au plein emploi.  Mais le commerce n’est pas une fin en soi.  Il est la voie de la croissance et du développement.  Il permet des progrès dans les 17 objectifs de développement en particulier ceux relatifs à la création d’emplois et à la réduction des inégalités.  Dans ce contexte, la représentante a souligné l’importance des PME, d’autant que la courbe démographique mondiale indique qu’il faudra générer 500 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2030.  Dans certains endroits du monde, ces emplois voudront dire dividendes démographiques ou bombe à retardement sociale.  En l’occurrence, les PME sont le chainon manquant de la croissance inclusive.  Pensons d’ores et déjà à la manière d’intégrer celles des pays en développement dans la division mondiale du travail.  Donnons-leur du pouvoir et faisons-en les vecteurs de la croissance qu’elles peuvent être. 

M. JOAN CLOS, Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif d’ONU-Habitat, a relevé que le monde connait une urbanisation rapide, comme en témoigne le fait que la moitié de la population mondiale vit désormais dans les zones urbaines.  D’ici à 2050, 3 milliards de personnes vont s’ajouter aux populations urbaines actuelles, ce qui devrait représenter 70% de la population mondiale et la plupart de cette croissance aura lieu dans les pays en développement.  M. Clos a relevé que les villes sont des moteurs de croissance et de la création d’emplois, et responsables de 80% du PIB mondial.  Bien planifiées et bien gérées, les villes sont le catalyseur de la croissance économique.  Aucun pays ne peut accéder au

statut de pays à revenu intermédiaire sans une urbanisation adéquate.  Les problèmes que le monde connait aujourd’hui sont dus au fait que la plupart des nouvelles urbanisations sont spontanées et non planifiées.  Pour une bonne urbanisation, il faut des règles adéquates, une meilleure planification spatiale et un plan de financement qui assure la prospérité économique des villes.  Il n’y aura pas de développement durable sans développement urbain durable, a-t-il conclu.

M. STEVE LALANDE, Forum international des plateformes des ONG des Seychelles, a déclaré que « l’heure est venue de passer des politiques à l’action pour éliminer la pauvreté et les inégalités dans le monde ».  À cette fin, il faut s’engager dans des partenariats à long terme avec les autorités locales, les  organisations de la société civile, les milieux universitaires, les médias et le secteur privé.  Des « mécanismes de redevabilité » démocratiques doivent être conçus et comprendre des initiatives citoyennes.  Les Seychelles, s’est félicité le représentant, ont été identifiées « comme un pays en développement ayant réalisé la plupart des OMD ».  Pour le développement durable, a ajouté M. Lalande, il faut bâtir la paix et prévenir les conflits.  Il est impératif de mobiliser des ressources importantes et prévisibles et d’assurer la participation active des populations.  « L’union fait la force », a-t-il conclu en évoquant la mise en œuvre prochaine des objectifs de développement durable.

Mme EVELYN NGULEKA, Présidente de l’Organisation mondiale des agriculteurs, a déclaré que les agriculteurs sont ravis d’avoir participé à l’élaboration des objectifs de développement durable.  Les agriculteurs, les pêcheurs et les éleveurs sont des acteurs essentiels du développement.  Ils s’occupent de la terre, de l’eau et de l’environnement.  Ils doivent s’adapter au changement du climat.  Ils créent des emplois locaux et travaillent chaque jour pour que la planète soit plus viable.  C’est pourquoi, ils souscrivent aux objectifs de développement durable bien qu’il n’existe qu’un objectif consacré à l’agriculture.  L’agriculture n’est pas un passe-temps.  Les agriculteurs sont des agents et veulent faire des profits.  Si leur activité n’est plus profitable, les paysans deviendront des laissés-pour-compte.  Ils comptent donc sur un partenariat entre les pouvoirs publics et le secteur privé pour réaliser les objectifs de développement durable.  Les agriculteurs souhaitent aussi participer à la collecte des données agricoles.  Pour ce faire, ils demandent un accès au savoir et aux compétentes et des investissements dans la formation et le renforcement des capacités. 

Droits de réponse

Le représentant de l’Arménie a répondu à l’intervention du Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan en notant que les revenus de la croissance économique de ce pays « n’ont pas été consacrés à la paix et à la sécurité dans la région mais à l’acquisition d’armes ».  Contestant les données qui ont été utilisées sur le nombre de réfugiés vivant en Azerbaïdjan, il a déploré les mensonges proférés par cette délégation.  « Qu’en est-il des réfugiés arméniens? » a-t-il demandé en souhaitant le retour des réfugiés chez eux.

Son homologue de l’Azerbaïdjan a déploré « la vaine tentative » du représentant arménien d’induire en erreur la communauté internationale qui a toujours condamné l’utilisation de la force militaire contre l’Azerbaïdjan et reconnu l’inviolabilité de ses frontières.  Pendant son agression, l’Arménie s’est livrée à des nettoyages ethniques dans les territoires occupés, a-t-il insisté.  C’est l’Arménie qui a fait dérailler le processus de paix et violé délibérément le cessez-le-feu et le droit d’un million d’Azéris de rentrer chez eux.

Le représentant de l’Arménie a fait valoir que « l’histoire du Haut Karabakh remonte à des milliers d’années » et qu’elle est « bien plus ancienne que l’Azerbaïdjan ».  Il a souhaité que ce pays se montre disposé à régler le conflit.

Le délégué de l’Azerbaïdjan a, une nouvelle fois, contesté les informations « erronées » de l’Arménie qui préfère « la provocation et l’escalade » qui auraient des conséquences imprévisibles et qui perpétuent le conflit.

Dialogues interactifs du Sommet consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015

Dialogue interactif: « Stimuler une croissance économique durable, transformer et promouvoir une consommation et une production durables »

Coprésidé par M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, et SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, ce troisième dialogue interactif du Sommet consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015 a entendu une quarantaine d’intervenants -dont le Président du Ghana, le Vice-Président du Burundi et une dizaine de ministres– présenter leurs efforts de transformation et de promotion d’une consommation et d’une production durables. Sont également intervenus M. MARK ZUCKERBERG, PDG de Facebook, et M. KAILASH SATYARTHI, prix Nobel de la paix.

L’objectif de développement durable 12 concerne la mise en œuvre de modes de consommation et production durables et vise notamment à parvenir d’ici à 2030 à assurer une gestion durable et une utilisation rationnelle des ressources naturelles et à réduire de moitié à l’échelle mondiale le volume de déchets alimentaires par habitant au niveau de la distribution comme de la consommation.  L’une des cibles de cet objectif vise aussi à instaurer d’ici à 2020 une gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques et de tous les déchets tout au long de leur cycle de vie.  Au-delà de l’importance des investissements et de la rentabilité croissance des énergies renouvelables, plusieurs intervenants ont mis l’accent sur la formation au développement durable en soulignant qu’il était nécessaire de s’appuyer sur l’idéalisme et la capacité transformative des jeunes. 

Le Président du Ghana, M. JOHN DRAMANI MAHAMA, a fustigé les modes de consommation de masse en expliquant qu’il faudrait six planètes pour répondre aux besoins de la population mondiale si tout le monde continuait à faire ses courses dans des supermarchés.  Pour faire face aux abus de la consommation non durable, a-t-il dit, l’énergie solaire est un élément essentiel pour parvenir aux objectifs de consommation durable sur le continent africain.  Sur le même ton, le Ministre des finances du Bangladesh, M. ABUL MAAL ABDUL MUHITH, a souligné les efforts entrepris par son pays en matière de lutte contre la déforestation.  Il a également cité une initiative visant à construire un objectif de 3 millions de maisons couvertes de panneaux solaires.  Le Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, M. ERLAN ABDYLDAEV, a estimé que l’économie verte était un modèle de croissance économique avant de mettre l’accent sur l’hydroélectricité.  « À la source des efforts de transformation, il y a l’investissement », a estimé le deuxième Vice-Président du Burundi, M. JOSEPH BUTORE, en jugeant indispensable que les pays développés aident ceux en développement à investir en faveur d’une croissance économique durable.  En écho à cette intervention, le Secrétaire général de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. IRWIN LAROCQUE, a mis l’accent sur le frein que constitue la dette pour parvenir aux objectifs de développement durable.  Les pays de la CARICOM figurent parmi les plus endettés du monde, a-t-il rappelé.  C’est pourquoi, il a demandé à constituer un fonds spécial pour aider les pays de la CARICOM à investir dans la consommation et la production durables.   

Mettant l’accent sur la rentabilité croissante des énergies renouvelables, le Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), M. ADNAN AMIN, a indiqué que le coût moyen des énergies renouvelables a chuté de 75% en 15 ans.  Pour illustrer le volume d’investissements dans ce domaine, il a précisé que 270 milliards de dollars avaient été consacrés aux sources d’énergie renouvelables en 2014, soit une augmentation de 14% par rapport à 2013.  Pour stimuler l’investissement, le Chef d’IRENA a particulièrement salué la proposition du Premier Ministre du Danemark, M. LARS RASMUSSEN, de fusionner les sources privées et publiques de financement des énergies renouvelables

« La consommation durable ne veut pas dire consommer moins mais consommer mieux », a fait remarquer le représentant de la Zenith Bank, M. JIM OVIA, avant d’appeler à des stratégies de consommation africaines novatrices.  Ce dernier a rappelé que l’Afrique n’exploitait actuellement que 7% du potentiel de son énergie hydraulique.   

« Nous avons besoin d’entendre l’idéalisme des enfants et des jeunes », a insisté le lauréat du prix Nobel de la paix, M. Kailash Satyarthi, qui a prévenu que nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de développement durable sans mettre fin au travail forcé des enfants.  Il a rappelé que les enfants et les jeunes qui représentent actuellement 40% de la population mondiale doivent devenir des acteurs de ce changement en faveur de la transformation de nos modes de consommation.  En écho à cette intervention, la Ministre des affaires étrangères de Madagascar, Mme BÉATRICE ATALLAH, a dit combien son pays était conscient que les enfants et les jeunes étaient des agents de transformation efficaces.  Elle a cité la mise en œuvre de la feuille de route nationale pour la transformation de l’économie malgache, en précisant que son pays ne pourra réaliser les objectifs de développement durable sans un transfert adéquat de financement et de technologies et sans un meilleur accès aux marchés internationaux.  

Le Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, M. SEBASTIAN KURZ, a mis l’accent sur l’importance de l’éducation et de la formation pour exploiter la créativité en matière de consommation et production durables.  Les gouvernements doivent investir pour favoriser la dynamique des petites et moyennes entreprises spécialisées dans le développement durable.  Toujours dans le domaine de la formation, le Directeur général du Bureau international du Travail(BIT), M. GUY RIDER, a assuré que le BIT allait œuvrer tout particulièrement, à travers la formation à la mise en œuvre de l’objectif 8 qui vise à promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.

Des intervenants ont rappelé que l’accès aux énergies, notamment l’électricité, était indispensable pour produire, consommer et se connecter et aussi pour lutter contre la pauvreté.  « Chaque fois que 10 personnes ont accès à l’Internet, une personne sort de la pauvreté », a soutenu M. MARK ZUCKERBERG, PDG de Facebook, avant de regretter que 4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’Internet.  Notant que l’Internet est plus qu’une connexion mais un moteur essentiel de progrès économique et social, M. Zuckerberg a souhaité que l’accès à internet soit considéré comme un élément des droits de l’homme.

« Vaincre la pauvreté n’est pas un acte caritatif mais un acte de justice », a martelé la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme NKOSAZANA DLAMINI-ZUMA, qui s’est dite convaincue que l’élimination de la pauvreté était possible à condition d’y consacrer toute notre énergie et notre sagesse collective.  L’Afrique a trop longtemps négligé la ressource que constituent les océans, a déploré Mme Nkosazana Dlamini-Zuma.  Le meilleur moyen de stimuler la transformation et la promotion d’une consommation et d’une production durables, a-t-elle estimé, est de réaliser l’objectif 5 qui vise à parvenir à la parité entre les sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles.

Le dialogue social entre les salariés et le patronat doit être au cœur de cette transformation a estimé le Premier Ministre de la Suède, M. STEPHAN LÖFVEN, avant de rappeler la référence que constitue le Pacte mondial lancé en juillet 2000 par l’ONU pour rassembler les entreprises, les organismes des Nations Unies, le monde du travail et la société civile autour de 10 principes universels, dont le respect des droits de l’homme.

« L’urbanisation, si elle est bien gérée, peut être une grande source de richesse », a assuré le Directeur exécutif d’ONU-Habitat, M. JOAN CLOS, qui a appelé à saisir toutes les opportunités de l’urbanisation comme un nouvel outil de développement.  « La transformation économique des zones rurales est essentielle à la réalisation des objectifs de développement durable », a estimé la Vice-Présidente du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) en appelant tout particulièrement à investir dans les droits des femmes rurales pour faire face à la diminution attendue de 25% des rendements agricoles en raison des conséquences des changements climatiques.    

Au nom de la société civile et de l’organisation IBON International, M. PAUL QUINTOS s’est dit alarmé par les objectifs de croissance et la place faite aux acteurs privés en notant qu’il faudra 3,5 planètes d’ici à 2030 pour gérer nos déchets à ce rythme.  Il a jugé nécessaire de démocratiser la propriété des ressources naturelles et de changer fondamentalement nos paradigmes de consommation.  Réagissant à cette déclaration, le représentant de la Banque mondiale, M. MAHMOUD MOHIELDIN, a rappelé que la croissance économique avait été la principale force motrice dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les pays qui règlementent le secteur privé de manière excessive, a-t-il fait observer, ne sont pas ceux qui réussissent le mieux en matière de création d’emplois et de lutte contre la pauvreté.      

Dialogue interactif « Obtenir des résultats sur un partenariat mondial revitalisé »

La mise en œuvre d’un cadre de développement mondial renouvelé nécessite un Partenariat mondial revitalisé.  Tel était le postulat du dialogue de cet après-midi, qui s’est tenu dans le cadre du Sommet sur le développement durable, sous la présidence du Président du Sénégal, M. MACKY SALL, et du Premier Ministre de la Turquie, M. AHMET DAVUTOĞLU.

Avant toute chose, le Président du Sénégal a rappelé qu’il faudrait à la fois prendre en compte les besoins des générations actuelles et préserver les intérêts des générations futures.  « Notre engagement de ne laisser personne de côté est important », a assuré le Premier Ministre turc avant de poser aux participants les questions suivantes: comment assurer que les sources de financement privées et publiques se complètent et comment revitaliser le Partenariat mondial en faveur du développement?

Une trentaine d’intervenants qui représentaient des États Membres, des institutions internationales et le secteur privé, y ont répondu en se basant sur l’expérience acquise dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et en donnant des orientations pour le développement de partenariats efficaces.

Les partenariats doivent avant tout permettre de mobiliser les ressources publiques et privées, nationales et internationales, a expliqué le Président du Sénégal.

Le principal partenariat basé sur la générosité internationale est l’aide publique au développement (APD), une aide qui constitue la plus grande ressource pour les pays en développement en dehors de leurs finances publiques nationales.  Plusieurs ministres ont ainsi lancé un appel aux pays développés pour qu’ils tiennent leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD, notamment le Premier Ministre de Vanuatu.  M. SATO KILMAN a souligné que cette assistance était d’une importance cruciale pour les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien car elle leur permet de financer les moyens de renforcer leur résilience face aux conséquences dramatiques des changements climatiques.

Le Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, M. TAIEB BACCOUCHE, a déclaré que son pays comptait, lui aussi, sur le niveau d’APD promis par les pays développés.  L’APD doit être non seulement maintenue mais aussi assurée de manière effective sans être assortie de conditions, a tenu à préciser le Ministre des affaires étrangères du Népal, M. MAHENDRA BAHADUR PANDEY, avant de plaider en faveur de la création d’une banque de technologies.

Le mécanisme de facilitation pour le partage des technologies a également été soutenu par la représentante de Third World Network, Mme RANJA SENGUPTA.  De son côté, la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a forgé des partenariats très solides pour donner à des pays en développement un accès aux technologies de pointe et permettre un échange de savoirs en matière d’économie verte.  C’est ce que la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive de la CESAP, Mme SHAMS HAD AKHTAR, a indiqué après avoir invité les pays en développement à renforcer la gestion de leurs finances publiques, une condition indispensable pour susciter la confiance nécessaire aux partenariats.  Dans le même ordre d’idées, le représentant de l’Académie internationale anti-corruption, M. MARTIN KREUTNER, a fait remarquer que si l’on demandait au secteur privé de participer au financement du développement, il faudrait prévoir des mécanismes lui permettant de participer aux prises de décisions.  D’un autre côté, il faut établir un processus de prise de décisions qui favorise la responsabilisation des organisations de bénévoles, a conseillé la représentante de l’Union des jeunes de l’Amérique latine, Mme JENNIFER VINAS-FORCADE, qui parlait au nom du Grand groupe des enfants et des jeunes.  

Il est ainsi apparu évident aux yeux des orateurs qu’une grande transparence était nécessaire pour favoriser l’établissement de partenariats.  Cela ne peut se faire que dans le cadre d’une bonne gouvernance et avec la jouissance de libertés fondamentales, a fait remarquer la représentante du Grand groupe des femmes, Mme SIVANANTHI THANENTHIRAN, parlant au nom du Centre Asie-Pacifique de ressources et de recherches (ARROW), voulant que les organisations de la société civile continuent de jouer un rôle de catalyseur dans les partenariats.  Au cours de ce dialogue, plusieurs partenaires ont annoncé ce qu’ils faisaient déjà ou ce qu’ils prévoyaient de mettre en place pour accompagner les pays en développement dans la réalisation de leur développement en 800 semaines seulement.  Pour contribuer à la réalisation de l’Objectif 16 visant l’avènement de sociétés pacifiques, justes et inclusives, la Présidente d’Interpol, Mme MIREILLE BALLESTRAZZI, a indiqué que Interpol avait établi un Partenariat mondial entre l’Organisation des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui prévoit un Plan d’action conjoint ainsi que des échanges d’information et le partage d’expertise.

Par ailleurs, un partenariat pour optimiser l’utilisation des données est mis en place par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a indiqué son Secrétaire général, M. ANGEL GURRIA.

Du côté des institutions financières, le Président de la Banque européenne d’investissement (BEI), M. WERNER HOYER, a indiqué que les prêts accordés aux pays en développement par la BEI avaient atteint 80 milliards de dollars l’an dernier et que la Banque s’était engagée à créer d’importants partenariats dans ces pays.  Le Fonds monétaire international (FMI) a également promis son aide et déjà exécuté les décisions prises à Addis-Abeba, lors de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement, a déclaré son représentant, M. AXEL BERTUCH-SAMUELS.  Il a notamment signalé que le Fonds avait amélioré l’accès des pays en développement aux facilités de crédit.

Sur le plan du commerce international, le Secrétaire général de la Chambre de commerce international, M. JOHN DANILOVICH, a recommandé que la communauté internationale s’engage à ratifier et mettre en œuvre les accords de facilitation du commerce de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à achever les négociations du Cycle de Doha d’ici à la fin de l’année et à faciliter le commerce dans les pays en développement.  Une fois que les partenariats sont conclus et mis en application, il faut assurer un suivi, ont également prévenu les intervenants dont certains ont proposé de nouveaux outils à cet effet.  Le prince Albert II de Monaco a, par exemple, appuyé la proposition d’établir un mécanisme de suivi propre à l’ODD 14 sur la protection des océans, par le biais de conférences triennales.  De nouveaux outils doivent être développés en commun pour mesurer l’impact non financier des partenariats, a recommandé, pour sa part, le représentant de Mirova, M. PHILIPPE ZAOUATI, qui exprimait les préoccupations des investisseurs privés.

Faisant remarquer que « 17 objectifs et 169 cibles, c’est trop pour un homme d’affaires ordinaire », M. PETER BAKKER, de World Business Council for Sustainable Development, a annoncé une initiative décidée aujourd’hui par le secteur privé pour créer le « Compas ODD », un guide destiné à assister les responsables du monde des affaires à prendre des mesures pour accompagner la réalisation des ODD.

Le résumé du débat de cet après-midi sera présenté demain à 17 h 30, avant la clôture du Sommet sur le développement durable, a indiqué le Président du Sénégal en concluant le débat.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte un Programme de développement durable ambitieux pour « transformer notre monde » d’ici à 15 ans

Soixante-dixième session,
4e, 5e & 6e séances plénières – matin, après-midi & soir
AG/11688

L’Assemblée générale adopte un Programme de développement durable ambitieux pour « transformer notre monde » d’ici à 15 ans

«C’est Une promesse faite par les dirigeants à tous les habitants de la planète », déclare M. Ban Ki-moon devant les États Membres réunis en sommet

L’Assemblée générale des Nations Unies, dont un sommet réunit pendant trois jours à New York plus de 160 chefs d’État et de gouvernement et de ministres, a adopté à l’unanimité, aujourd’hui, un « Programme de développement durable* à l’horizon 2030 », assorti de 17 objectifs « ambitieux » pour « transformer notre monde ».

Ce programme, « universel, intégré et porteur de transformation qui nous conduira à un monde meilleur », est une « promesse faite par les dirigeants à tous les habitants de la planète », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a appelé, pour le mettre en œuvre, à un « partenariat mondial renouvelé ».

Pour le Secrétaire général, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont l’adoption fut accueillie par une ovation debout dans un tonnerre d’applaudissements, « incarne les aspirations des hommes et des femmes du monde entier, qui veulent vivre en paix, en sécurité et dans la dignité sur une planète en bonne santé ».

« Nous, chefs d’État et de gouvernement et hauts représentants, réunis au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York du 25 au 27 septembre 2015 alors que l’Organisation célèbre son soixante-dixième anniversaire, (…) au nom des peuples que nous servons, nous avons adopté un accord historique portant sur une série complète d’objectifs et de cibles à caractère universel, qui sont ambitieux, axés sur l’être humain et porteurs de changement… .»

Avec l’achèvement du cycle de 15 ans des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), une nouvelle ère s’ouvre avec ce plan de développement durable également sur une période de 15 ans par lequel l’ensemble des 193 États Membres, et plus seulement les pays en développement, s’engagent, entre autres, à mettre fin à l’extrême pauvreté, à lutter contre les inégalités et les changements climatiques.

Au nombre de 17, contre 8 pour les OMD, les objectifs de développement durable contenus dans ce programme mondial comptent au total 169 cibles.  Convenus lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio+20, en juin 2012, ils sont le résultat d’un processus de négociation qui a impliqué les 193 États Membres des Nations Unies et engagé la participation sans précédent de la société civile et d’autres acteurs.  À l’inverse, les OMD, eux, avaient été élaborés par un groupe d’experts à huis clos.

De même, les objectifs de développement durable abordent les différentes dimensions du développement durable: la croissance économique, l’intégration sociale et la protection de l’environnement, tandis que les OMD étaient axés principalement sur les questions sociales.

Coprésident de cette réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, avec le Premier Ministre du Danemark, M. Lars Løkke Rasmussen, le Président de l’Ouganda, M. Yoweri Kaguta Museveni, a déclaré que cette journée marquait une nouvelle aune pour la transformation de l’économie en vue de préserver la planète, saluant ainsi le caractère ambitieux des 17 objectifs de développement durable. 

M. Rasmussen a assuré, de son côté, que la présidence danoise de la soixante-dixième session montrerait la voie des objectifs de développement durable pour garantir que nos paroles soient suivies d’effets.

Représentant la société civile lors de l’ouverture de ce sommet de trois jours, le Secrétaire général d’Amnesty International, M. Salil Shetty, a souligné l’importance de n’exclure personne, estimant que l’inégalité et l’exclusion sont la conséquence de l’échec à protéger les droits des marginaux, des peuples autochtones, des minorités, des migrants, des personnes handicapées, des enfants et des personnes âgées.  « La société civile se tiendra, coûte que coûte, aux côtés des pauvres et des marginaux », a-t-il dit.

Lors du débat, la Présidente de la Croatie, Mme Grabar-Kitarović, si elle a jugé que 2015 signifiait un tournant dans l’histoire du développement, elle a néanmoins observé qu’elle était également l’occasion de reconnaître que tous les OMD n’avaient pas été atteints.  « Cela doit nous servir de leçon pour l’avenir », a-t-elle insisté, avant de souligner que l’ambition des États devrait être adaptée à leur capacité à tenir leurs engagements.

Le Premier Ministre et Ministre des finances des Bahamas, M. Perry Gladstone Christie, a, quant à lui, mis l’accent, à la lumière de l’intervention, juste avant la réunion de haut niveau, du pape François, sur la responsabilité commune de protéger la Terre, ses ressources et ses populations.  « Les partenaires économiques internationaux, les investisseurs privés et les institutions financières internationales ont tous un rôle à jouer pour garantir la résilience des pays en développement face aux effets des changements climatiques », a déclaré M. Christie.

La Chancelière de l’Allemagne, Mme Angela Merkel, s’est dit convaincue que si les pays ont réussi à réduire de moitié la pauvreté entre 2000 et 2015, ils pourront aussi éliminer cette pauvreté d’ici à 2030, tandis que le Premier Ministre de l’Inde, M. Narendra Modi, a plaidé en faveur d’un partenariat mondial public pour utiliser la technologie, les innovations et la finance afin de faciliter l’accès à l’énergie propre et renouvelable.

Parallèlement à cette réunion plénière de haut niveau, qui précède l’ouverture, lundi, du débat général de l’Assemblée générale, se sont déroulés au cours de la journée deux dialogues interactifs intitulés « Éliminer la pauvreté et la faim » et « Lutter contre les inégalités, autonomiser les femmes et les filles et ne laisser personne en marge ».

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (1re, 2e & 3e  SÉANCES)

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes; Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire: Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015: projet de résolution (A/70/L.1)

Déclarations liminaires

M. LARS LOKKE RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, en sa qualité de Coprésident de la Réunion plénière de haut niveau, a mis l’accent sur le potentiel de transformation des objectifs de développement durable.  Il a rappelé que la mise en œuvre des OMD avait permis en 15 ans à un milliard de personnes de sortir de la pauvreté.  Il a précisé que 90% de la population avaient aujourd’hui accès à l’eau potable grâce aux OMD.  « Nous allons continuer nos efforts pour éliminer la pauvreté et parvenir à une croissance durable », a-t-il assuré.  Le Premier Ministre a déclaré que le Danemark mettra l’accent sur l’autonomisation des femmes et le respect de leurs droits fondamentaux.  Il a assuré que la présidence danoise de la soixante-dixième session montrera la voie des objectifs de développement durable pour garantir que nos paroles soient suivies d’effets.

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, Coprésident de la Réunion plénière de haut niveau, a déclaré que cette journée marquait une nouvelle aune pour la transformation de l’économie en vue de préserver la planète.  Il a salué le caractère ambitieux des 17 objectifs de développement durable (ODD) qui intègrent les trois piliers du développement durable que sont le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement.  Il a expliqué que l’Ouganda avait réussi à baisser de 56 à 19% entre 2000 et 2015 la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté et à baisser de manière considérable les taux de mortalité infantile et maternelle.  Le Président Museveni a souligné l’importance de promouvoir l’industrialisation et un meilleur accès aux marchés pour les produits des pays en développement.  Avant de conclure, il s’est félicité que le nouveau Programme de développement durable fasse de la lutte contre les changements climatiques une priorité.  

 M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a affirmé que « nous avons atteint un moment décisif dans l’histoire humaine ».  Le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 « est une vision universelle, intégrée et de transformation pour un monde meilleur », a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il constituait un « ordre du jour pour les gens visant à mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes », un « ordre du jour pour la planète, notre maison commune » et un « ordre du jour pour la prospérité partagée, la paix et les partenariats ».  Il exprime « l’urgence de l’action climatique », tout en étant « enraciné dans l’égalité des sexes et le respect des droits de tous ».  « Surtout, il promet de ne laisser personne derrière. »

 Pour M. Ban, « le véritable test de l’engagement en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sera sa mise en œuvre ».  « Nous avons besoin de l’action de tous, partout », a-t-il déclaré, en précisant que les 17 objectifs de développement durable allaient constituer « notre guide ».

 « Pour atteindre ces nouveaux objectifs mondiaux, nous aurons besoin de votre engagement politique de haut niveau », a lancé le Secrétaire général à l’adresse des États Membres.  « Nous aurons besoin d’un partenariat mondial renouvelé. »

 M. Ban a expliqué que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient montré ce qu’il était possible de faire lorsque l’on travaillait ensemble, tandis que le Programme d’action d’Addis-Abeba avait établi un « cadre de financement solide ».  Le Secrétaire général a ainsi appelé à bâtir sur ces fondations, en soulignant que le système des Nations Unies était « fermement engagé à soutenir les États Membres dans cette grande nouvelle entreprise ».

 « Nous devons entrer du bon pied dans l’ère nouvelle », a poursuivi M. Ban, cette fois-ci en français.  Il a ainsi demandé à tous les gouvernements d’adopter à Paris, en décembre, « un accord sur le climat qui soit solide et universel ».  Il a également dit avoir constaté avec satisfaction le fait que « plusieurs pays sont déjà en train d’intégrer le Programme 2030 dans leurs stratégies nationales de développement ».

 Sachant que « nul ne peut réussir seul », il a invité tous les intéressés à « être mobilisés, comme pour l’élaboration du Programme ».  C’est pourquoi, a-t-il estimé, il est nécessaire de « collaborer avec les parlements et les collectivités locales, et travailler avec les villes comme avec les zones rurales », de « mobiliser les entreprises et leurs dirigeants », d’« associer la société civile à nos politiques et lui donner la possibilité de nous demander des comptes », d’« écouter les scientifiques et les universitaires » et de « nous lancer dans la révolution des données ».  « Et surtout, nous devons nous mettre au travail.  Tout de suite », a insisté M. Ban.

 Le Secrétaire général a estimé, en conclusion, et de nouveau en anglais, que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 incarnait « les aspirations des gens de partout à une vie de paix, de sécurité et de dignité sur une planète saine ».  « Engageons-nous aujourd’hui à éclairer le chemin de cette vision transformatrice. »

M. SALIL SHETTY, Secrétaire général d’Amnesty International, a indiqué qu’il s’exprimait aujourd’hui au nom du mouvement global « Amnesty international », fort de 7 millions d’activistes, et de nombreuses organisations de la société civile du monde entier.  Le monde que les peuples souhaitent, a-t-il affirmé, est celui que projettent les objectifs du développement durable.  Ces objectifs, a-t-il dit, représentent les aspirations des peuples ainsi que leurs droits.  Afin de faire taire les sceptiques et de réaliser ces objectifs, a estimé M. Shetty, il faudrait que les couches marginalisées de la société deviennent des décideurs à chaque étape de la mise en œuvre des plans de développement durable.  « Il faut également qu’un droit à l’information sur ce que les gouvernements ont effectivement fait puisse prévaloir. » 

« Si les dirigeants n’ont pas tenu leurs promesses, alors les peuples doivent être en mesure de leur demander des comptes par le biais de mécanismes indépendants », a considéré M. Shetty.  Il a également souligné l’importance de n’exclure personne, rappelant que l’inégalité et l’exclusion étaient, selon lui, la conséquence de l’échec à protéger les droits des marginaux, des peuples autochtones, des minorités, des migrants, des personnes handicapées, des enfants et des personnes âgées.  « La société civile se tiendra coûte que coûte aux côtés des pauvres et des marginaux.  Et nous continuerons à demander des comptes aux gouvernements comme aux entreprises », a-t-il assuré.  M. Shetty a appelé de ses vœux un leadership intègre et une mise en œuvre « avec le cœur » des objectifs de développement durable.

Déclarations

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a qualifié les 17 objectifs de développement durable de plan pour le développement des 15 prochaines années, et, « au-delà, de cadre et d’instrument au service d’un avenir meilleur ».  « ’Transformer notre monde’: ce ne sont pas des paroles, mais une obligation qui incombe à tous », a-t-elle ajouté avant de saluer le fait que la Déclaration ne laisse aucun pays de côté.  La Déclaration, a-t-elle dit, est ambitieuse et axée sur l’être humain, ce qui signifie que nous sommes tous impliqués, pays développés et en développement, fournisseurs et récipiendaires de l’aide, Nord et Sud, grands et petits.  Mme Grabar-Kitarović a ensuite estimé que 2015 marquait un tournant dans l’histoire du développement et était l’occasion de reconnaître que tous les OMD n’avaient pas été atteints. 

« Cela doit nous servir de leçon pour l’avenir », a ainsi insisté la Présidente croate avant de souligner que l’ambition des États devrait être adaptée à leur capacité à tenir leurs engagements.  Se référant à la crise actuelle des migrants, Mme Grabar-Kitarović a indiqué que cette « marée » avait un impact profond sur son pays et la région de l’Europe du Sud-Est.  « J’évoquerai en détail ce point la semaine prochaine, au cours du débat général, mais je tenais à prendre aujourd’hui cet exemple frappant pour montrer combien le monde global est devenu interdépendant », a expliqué la Présidente de la Croatie.  Après avoir assuré que la Croatie assurerait pleinement sa part dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable d’ici à 2030, Mme Grabar-Kitarović a conclu en affirmant que sans le leadership nécessaire, rien de durable ne pourrait être accompli.

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a mis l’accent sur les progrès obtenus avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment en Afrique.  Investir dans la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes est un pas direct vers l’élimination de la pauvreté et pour la prospérité, a-t-il déclaré.  Il convient, selon le Président Niinistö, de changer notre façon d’agir et notre façon de réfléchir.

Le Président de la Finlande a également estimé que pour faire face aux changements climatiques et assurer l’accès de l’eau à tous exigeaient un suivi coordonné des facteurs sociaux, économiques et environnementaux, ce qui, a-t-il précisé, devrait donner lieu à un accord ambitieux sur les changements climatiques à la Conférence de Paris sur le climat en décembre 2015.  S’agissant de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a estimé qu’il n’y avait pas d’échec possible.  « Nous devons réussir! » a-t-il lancé.

M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a déclaré que les 17 objectifs de développement durable et les 169 cibles que nous venons d’adopter témoignent de l’ampleur de ce nouveau Programme universel et montrent à quel point il est ambitieux.  Il a estimé que ce programme traduit la détermination de la communauté internationale de parvenir au développement durable.  Jugeant que la réalisation de ces ODD au cours des 15 prochaines années était liée à l’amélioration des mécanismes de partenariat en place, le Président du Turkménistan a invité le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) à mettre en place un nouveau mécanisme de coordination mondiale pour la mise en œuvre des objectifs.  Pour éliminer la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire, les États Membres doivent travailler en étroite collaboration avec les fonds et programmes du système des Nations Unies. 

Dans ce contexte, le Président a invité l’Assemblée générale à organiser, dès que possible, un forum de haut niveau sur l’alimentation.  Il a exprimé la volonté de son pays de travailler en étroite collaboration avec l’ONU dans le domaine de l’éducation et la pleine égalité entre les sexes.  « Il est de notre devoir à tous de parvenir à la totale autonomisation des femmes », a insisté le Président turkmène, en saluant la décision du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, de convoquer, le 27 septembre, un sommet mondial sur les femmes.  Il a rappelé que 2015 marquait le vingtième anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution reconnaissant la neutralité permanente du Turkménistan. 

M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a rappelé que son pays avait proposé des objectifs qui intégraient les trois piliers du développement durable, lesquels ont été repris par la Conférence de Rio+20 en 2012.  Au cours des 15 prochaines années, a-t-il déclaré, tous les pays du monde devront de concert répondre aux trois principaux défis: éradication de la pauvreté sous toutes ses dimensions, lutte contre les inégalités et les injustices et lutte contre les effets des changements climatiques.

 M. Calderón a affirmé que son pays avait adopté un programme de développement visant à éliminer la pauvreté extrême et à permettre l’éducation pour tous en une décennie, le tout dans une stratégie globale de croissance verte.  Le Président colombien a mis l’accent sur la nécessité de disposer d’indicateurs fiables qui montrent où nous en sommes et où se situent les progrès et les lacunes.  Il faudrait, a-t-il dit, agir et transformer en profondeur nos pays pour assurer un avenir meilleur et plus humain.

M. ABDEL FATTAH AL-SISI, Président de l’Égypte, a souligné l’importance d’un développement équilibré qui réponde aux besoins de tous, en particulier les femmes qui jouent un rôle crucial car, a-t-il dit, elles ont un sens aigu de la responsabilité.  Il a souhaité que ce nouveau Programme universel de développement durable tienne compte du droit des pays souverains d’adopter des programmes économiques et sociaux en phase avec les spécificités des régions concernées.  Il a rappelé que l’Égypte avait inauguré la semaine dernière le nouveau canal de Suez, lequel représente, aujourd’hui, un élément clef du nouveau programme de développement égyptien.  Le nouveau canal de Suez, a-t-il ajouté, fera de ce pays un pôle régional et international de commerce et de développement.  Le Président Al-Sisi a exprimé la volonté du peuple égyptien de lutter contre le terrorisme avant de souhaiter que les pays en développement puissent obtenir l’appui nécessaire pour les aider à mettre en œuvre les 17 objectifs de développement durable et les 169 cibles adoptés aujourd’hui. 

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a déclaré que faire de la planète Terre un meilleur endroit pour tous pour y vivre signifie que nos déclarations se traduisent en actes.  Le monde, avec ses contradictions, est un endroit compliqué et l’humanité n’était pas parfaite.  Il n’est pas acceptable que l’économie mondiale, établie en application de certaines pratiques, condamne près d’un milliard de personnes à vivre dans des conditions abjectes. 

 Le modèle pervers et destructeur du capitalisme mondial, qui détruit l’environnement, doit être revu de manière fondamentale pour que les ODD soient réalisés.  Ils ne seront pas atteints s’il y a un échec dans la réalisation de l’ODD 17 sur la revitalisation du partenariat mondial au service du développement durable.

M. Gonsalves a ajouté qu’en tant que pays insulaire en développement, Saint-Vincent-et-les Grenadines était particulièrement vulnérable aux effets délétères des changements climatiques.  Les pauvres souffrent beaucoup plus de l’accélération du réchauffement climatique alors que les pays insulaires en développement ne contribuent pas à ce danger menaçant, a-t-il expliqué.  Le Premier Ministre a rappelé que, depuis 15 ans, son pays avait fait d’immenses progrès en vue d’atteindre les OMD concernant l’élimination de l’extrême pauvreté, la réalisation de l’enseignement primaire pour tous, la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle, la lutte contre le VIH/sida et d’autres maladies contagieuses et la promotion d’un environnement durable.  Son pays, a-t-il assuré, s’est engagé à consolider et construire sur ces réalisations et à mettre en œuvre, de manière ciblée, les ODD avec l’aide des partenaires internationaux, au cours des 15 prochaines années.

M. JOSÉ MARIA PEREIRA NEVES, Premier Ministre de la République de Cabo Verde, a déclaré que son pays était aujourd’hui une référence en termes de liberté, de démocratie, d’état de droit, de promotion et de protection des droits de l’homme et de la dignité humaine.  Mais nous sommes conscients des grands défis auxquels nous devons faire face, en particulier la pauvreté qui frappe un quart de la population, et le taux élevé du chômage en particulier chez les jeunes et les femmes disposant de peu de qualifications professionnelles.  Nous devons aussi faire face aux changements climatiques et à leurs conséquences dévastatrices, en particulier dans les petits États insulaires, a-t-il ajouté. 

« Notre ambition est de faire passer le produit intérieur brut par habitant de 3 800 à 12 000 dollars en 2030 pour réaliser un indice de développement humain élevé sur la base d’investissements importants dans l’éducation, la santé, la sécurité sociale, le logement, la planification et la gestion territoriale, les infrastructures et l’accès à l’eau.  Pour atteindre ces objectifs, nous devons accélérer le rythme de la croissance économique et bâtir une économie verte et bleue qui soit dynamique, durable et innovante et qui soit capable de créer des emplois et d’engendrer des progrès et le bien-être social.  Cela devrait aboutir à une économie juste et inclusive qui peut éradiquer la pauvreté, mettre fin aux inégalités et créer des opportunités pour tous. 

M. Neves a rappelé qu’en tant que petit État insulaire en développement (PIED), Cabo Verde est confronté à d’énormes obstacles pour son développement durable, à des difficultés liées à l’accès au financement, aux coûts élevés des transports, de l’énergie et des infrastructures, et à des vulnérabilités sociales, économiques et environnementales.  Les PEID, les pays africains et les pays les moins avancés, ainsi que les pays en développement sans littoral méritent une attention particulière de la part de la communauté internationale pour qu’ils puissent tenir leurs engagements dans le cadre des ODD, a plaidé le Premier Ministre avant de conclure. 

M. PERRY GLADSTONE CHRISTIE, Premier Ministre et Ministre des finances du Commonwealth des Bahamas, a mis l’accent, à la lumière de l’intervention du pape François, sur la responsabilité commune de protéger la Terre, ses ressources et ses populations.  Les partenaires économiques internationaux, les investisseurs privés et les institutions financières internationales ont tous un rôle à jouer pour garantir la résilience des pays en développement face aux effets des changements climatiques, a déclaré M. Christie.

Le Premier Ministre des Bahamas a également fait état des niveaux d’endettement importants au sein des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Il est de plus en plus important, a-t—il dit, de renouveler les partenariats mondiaux pour mettre en œuvre le nouveau programme de développement, y compris les objectifs de développement durable.  S’agissant de la lutte contre les effets des changements climatiques, il faudrait, a-t-il estimé, un cadre juridique contraignant afin d’inverser les tendances actuelles des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.

Mme ANGELA MERKEL, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, a rappelé que son pays s’apprêtait à fêter le vingt-cinquième anniversaire de sa réunification qui, a-t-elle fait observer, avait longtemps semblé impossible à réaliser.  La Chancelière s’est dite convaincue que si les pays ont réussi à réduire de moitié la pauvreté entre 2000 et 2015, ils pourront aussi éliminer cette pauvreté d’ici à 2030.  « En Allemagne, nous allons renforcer notre stratégie de développement durable à la lumière des objectifs de ce nouveau Programme universel de développement durable.  En 2016, nous serons un des premiers États à faire rapport sur notre stratégie nationale dans le cadre du Forum politique du haut niveau », a assuré Mme Merkel. 

Elle a estimé qu’il était nécessaire de créer un groupe de haut niveau pour tirer les enseignements de la récente crise Ebola afin que l’ONU puisse, à l’avenir, intervenir plus rapidement face à de telles crises.  Elle a souligné l’importance de mettre en place des structures résilientes afin d’utiliser plus efficacement les ressources consacrées au développement durable.  L’Allemagne, a-t-elle assuré, est engagée à consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement (APD).  Elle a émis l’espoir que l’on parviendra à un accord sur les changements climatiques à Paris en décembre prochain visant à définir une vision mondiale partagée pour parvenir à la décarbonisation d’ici à la fin du siècle.   

Soulignant que le programme de développement de l’Inde intégrait les ODD, M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, a indiqué que l’Inde s’était acquittée de ses responsabilités en tant que partenaire de développement en Asie et en Afrique et avec les petits États insulaires en développement.  « Nous sommes aujourd’hui aux Nations Unies parce que nous croyons tous que le partenariat mondial doit être au centre de nos efforts, qu’il s’agisse du développement durable ou de la lutte contre les changements climatiques.  Il a réitéré que les principes de responsabilités communes mais différenciées constituaient le fondement de notre entreprise collective.

En s’attaquant aux changements climatiques, il est important d’axer les efforts sur les solutions qui peuvent nous aider à atteindre nos objectifs.  Nous devons forger un partenariat mondial public pour utiliser la technologie, les innovations et la finance pour rendre accessible l’énergie propre et renouvelable.  Nous devons également changer nos styles de vie afin de moins dépendre de l’énergie, a suggéré M. Modi, pour qui il était important de lancer un programme mondial d’éducation qui prépare notre future génération à protéger et conserver la nature. 

Le Premier Ministre a espéré que les pays développés tiendront leur engagement financier pour le développement et le climat « sans aucun moyen de mettre à la fois les deux dans la même tête » et que le Mécanisme de facilitation des technologies fera de la technologie et de l’innovation un instrument efficace pour le bien commun universel et non seulement pour les rendements privés.    

M. ENDA KENNY, Premier Ministre de l’Irlande, a souligné que l’Europe était confrontée à une grave crise de réfugiés qui trouvait ses racines non pas seulement dans les conflits mais dans la pauvreté.  Le Premier Ministre a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes qui incitent des milliers de personnes à quitter leurs foyers vers un avenir incertain. 

L’aide au développement continuera d’être au cœur de la politique étrangère de l’Irlande, a-t-il assuré.  M. Kenny a rappelé que son pays avait cofacilité les négociations intergouvernementales du programme de développement pour l’après-2015 aux côtés du Kenya.

M. ARNOLD NICHOLSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Jamaïque, a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté aujourd’hui, se veut transformateur en plaçant l’homme au centre des préoccupations des pays.  Il a estimé que ce Programme de développement durable est un plan d’action pour l’humanité, la planète et la prospérité qui libèrera le monde de la pauvreté extrême et garantira la prospérité pour tous.  Un des enseignements que nous avons tirés de la mise en œuvre des OMD est de nous engager en faveur de partenariats solides et de nouvelles sources de financement, du renforcement des capacités et du transfert de technologies idoines.  Il a estimé que l’accès à la recherche scientifique et à la technologie ainsi que l’innovation doivent être au cœur des efforts de mise en œuvre des ODD.  Le Ministre a appelé à tenir compte des difficultés particulières des petits États insulaires en développement.  Il a souligné la nécessité d’aider les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de collecte des données statistiques qui, a-t-il dit, sont indispensables pour mesurer les progrès réalisés mais aussi le chemin restant à courir. 

 M. CHARLES KOFFI DIBY, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, a rappelé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient connu des avancées notables dans son pays sur la période 2012-2015 dans plusieurs domaines, notamment ceux de la santé et de la lutte contre le VIH/sida et de l’éducation.  Il a affirmé que les 11 grands thèmes au cœur des objectifs de développement durable figuraient en bonne place dans les priorités de la Côte d’Ivoire.  L’une des tâches majeures à laquelle le Gouvernement de la Côte d’Ivoire s’attache à présent est d’œuvrer de concert, avec les élus, la société civile et le secteur privé, à l’appropriation nationale des objectifs de développement durable.

M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a déclaré que la mise en œuvre du Programme de développement durable pour son pays axera les efforts sur 12 priorités stratégiques avec une attention particulière sur l’autonomisation sociale et économique à travers une croissance durable incitative et diversifiée, une stabilité macroéconomique, notamment l’emploi décent et la protection de l’environnement.  Il a ajouté qu’en dépit de son statut de pays à revenu intermédiaire mais comme petit État insulaire en développement, Trinité-et-Tobago fait face à de nombreux défis de développement exacerbés par sa superficie, le manque d’économie d’échelle, d’ouverture et une dépendance à un nombre limité de ressources.  Cette situation résulte en un niveau élevé de vulnérabilité aux chocs économiques et environnementaux extérieurs.  Le Ministre a souligné l’importance de la revitalisation du partenariat mondial pour le développement dont les paramètres ont été établis dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

M. ABDULLAH ABDULLAH, Chef de l’exécutif de l’Afghanistan, a rappelé que les OMD, que certains pays n’ont pas encore réalisés, ont attiré notre attention sur le développement axé sur les résultats, forçant les gouvernements et leurs partenaires de développement à réfléchir aux liens entre la politique, la livraison, les mesures, la surveillance et la reddition des comptes, ainsi qu’à la mobilisation et à la gestion des ressources publiques. 

Les OMD, qui sont restés inachevés dans les pays les plus pauvres, et les conséquences involontaires de la focalisation sur certains objectifs, exigent que l’on accorde une attention accrue à la manière d’agir sur la base des leçons tirées.  Tandis que le système des Nations Unies fait un excellent travail en établissant les programmes mondiaux, ses outils de développement exigent cependant une transformation majeure si l’on veut qu’ils servent de catalyseur pour le programme 2030. 

 M. Abdullah a ensuite expliqué que dans le cas de pays comme l’Afghanistan, il était essentiel de garantir un accord de paix avant de réorienter l’utilisation des ressources de la sécurité politique et physique à la sécurité humaine.  Pour respecter ce programme, nous devons comprendre les coûts et les compromis nécessaires pour assurer le développement durable.

 La levée des obstacles régionaux au commerce entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud sortirait des dizaines de millions de personnes de la pauvreté et les aiderait à vivre avec dignité.  Plus significatif encore, le spectre du terrorisme qui pèse sur nos vies sera éliminé grâce à une coopération véritable en matière de paix et de sécurité.  M. Abdullah a ajouté qu’une grande partie de la Décennie de transformation de l’Afghanistan (2015-2025) coïncidait avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Afghanistan restera engagé à développer des stratégies et des politiques à intégrer à notre programme de développement national. 

Il a parlé des efforts du Gouvernement à fournir aux villages dans tout le pays un niveau minimum de services de santé, d’éducation, d’eau potable, et à améliorer l’agriculture à travers une « Charte des citoyens ». 

M. MARK WILSON, représentant du secteur privé, qui s’exprimait au nom de l’organisation Aviva, a proposé à l’Assemblée générale de l’ONU d’adopter, « dès cette année », une résolution sur le financement durable qui, a-t-il dit, « entraînerait la création de marchés financiers eux-mêmes durables ». 

M. JIM YONG KIM, Président de la Banque mondiale, a affirmé que les ODD reflétaient « notre rêve pour un monde dans lequel chacun pourrait exploiter pleinement son potentiel ».  Il a assuré que la Banque mondiale mettrait au service de leur réalisation son expertise de plus de 50 ans en matière de financement du développement.  « Nous aiderons notamment les pays à bas revenus à collecter leurs impôts de 2 à 4% du PIB. »  « Nous tiendrons compte de ce qui a été efficace et de ce qui a échoué dans le cadre de la réalisation des OMD », a-t-il également déclaré.  Pour M. JIM, « la mise en œuvre des 17 ODD suppose un changement dans la manière insuffisamment audacieuse avec laquelle nous avons combattu la pauvreté pendant tant d’années ».  « Pour passer des millions aux trillions de dollars et promouvoir une prospérité partagée, les banques de développement et le FMI devront travailler main dans la main », a encore souligné le Président de la Banque mondiale, qui a vu dans la Déclaration « une feuille de route ambitieuse » devant permettre à « notre génération » de mettre un terme à la pauvreté extrême.

49 Mme CHRISTINE LAGARDE, Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a estimé que la stabilité macroéconomique était l’une des conditions, au niveau des pays, pour permettre l’émergence d’une économie réellement durable.  Une autre condition est l’inclusion, a-t-elle ajouté, en précisant que plus la croissance était inclusive, plus elle avait de chance d’être soutenue.  Nous devons impliquer toutes les populations en vue de donner à chacun les moyens et la possibilité d’exprimer pleinement son potentiel, a en outre indiqué Mme Lagarde qui a estimé que lever les obstacles à l’emploi des femmes contribuera « non seulement à booster la croissance, mais aussi à lutter contre les inégalités et la pauvreté ».  Pourquoi notre action doit-elle être collective? a ensuite demandé la responsable du FMI.  Elle a répondu que stabilité économique, inclusion et amélioration de l’environnement nécessitaient une action globale et cohérente. 

« Le FMI, avec ses 188 pays membres et ses 70 ans d’expérience dans la promotion de la coopération économique globale, comprend mieux que quiconque le pouvoir d’une action collective », a-t-elle renchéri.  Parmi les moyens mis en œuvre par son institution pour accompagner les pays en développement, elle a cité l’appui technique du Fonds à ces pays pour renforcer la mobilisation des revenus domestiques destinés au financement des objectifs de développement.  « De manière tout aussi importante, nous maintenons à un taux zéro notre Facilité de crédit rapide », a encore souligné Mme Lagarde.  « En encourageant la globalisation de l’économie et la stabilité financière, le FMI, aux côtés de ses membres et de ses partenaires internationaux, contribuera à la mise en œuvre des ODD », a-t-elle assuré avant de conclure.

Pour M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, le nouveau Programme de développement durable offre aux pays du monde « une destination commune mais aussi des moyens pour y arriver ».  Il reflète les défis énormes partagés auxquels est confrontée l’humanité et qu’aucun pays ne saurait surmonter seul.  À ce titre, il a évoqué les questions relatives aux changements climatiques, à la pollution et à l’eau potable, à l’éducation de qualité, à la protection sociale, aux systèmes de santé ou encore à la bonne gouvernance et à l’état de droit.  Il s’est félicité que ces deux derniers aspects aient été reconnus dans le nouveau Programme de développement comme étant des principes universels.  Forte de son expérience de transition, la Lettonie est consciente du fait que l’état de droit et la bonne gouvernance sont la pierre angulaire de toute transformation sociale et économique et devraient être ancrés dans les systèmes de valeur nationaux, en particulier la tolérance zéro de toute forme de corruption, a expliqué M. Vējonis. 

Ce nouveau programme propose des opportunités pour mettre un terme à toute forme d’inégalités, de discrimination et de violence que les femmes et les filles subissent toujours dans le monde, a-t-il poursuivi.  À son avis, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes sont non seulement une question de justice sociale, mais également de croissance économique et de développement durable.  À ce titre, il a évoqué l’expérience de son pays où les femmes occupent des postes de haut niveau, à la fois dans le Gouvernement et dans le monde des affaires, ce qui est encouragé par l’égalité des droits et d’opportunités entre les hommes et les femmes.

« Les défis environnementaux, sociaux et économiques sont étroitement liés et aujourd’hui, chaque pays et chaque partie prenante doit jouer un rôle décisif pour engager le monde sur une voie durable », a conclu M. Vējonis.

M. SALVADOR SÁNCHEZ CERÉN, Président d’El Salvador, a déclaré que son pays avait réalisé des progrès substantiels en matière d’OMD, malgré d’énormes difficultés économiques et écologiques.  Sécheresses, tremblements de terre et tempêtes tropicales ont causé des dommages équivalant à 4% du PIB en 2011.  Pourtant, dès 2009, l’État a donné la priorité aux politiques sociales, notamment la santé universelle, et à la protection de l’environnement.  De même, le plan quinquennal de développement pour la période 2014-2019 est axé sur le bien-être de la population.

La vie sur la planète avec toute sa diversité biologique et culturelle est en danger, a constaté le Président.  Pour lui, « Mère Nature se plaint des siècles de mauvais traitements que nous lui avons fait endurer ».  Il a estimé qu’il faudrait saisir cette occasion pour décider, par consensus, d’une nouvelle voie pour améliorer la vie des peuples.  À cette fin, il faudrait construire un nouveau modèle de coopération internationale, élargir la coopération Sud-Sud, modifier la structure actuelle du financement du développement et faire en sorte que les pays en développement soient impliqués dans le processus de prise de décisions.

M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a déclaré que le premier facteur de succès pour la réalisation « des nouveaux objectifs » serait leur appropriation par les peuples « que nous représentons à ce Sommet ».  « Nous devons adapter ces objectifs à nos contextes régionaux et nationaux et à la diversité de nos culture », a ajouté le Président togolais, qui a estimé que le développement auquel aspirent les populations ne saurait se faire au détriment de leurs valeurs fondamentales, « notamment celles concernant la famille et la vie ». 

M. Essozimna Gnassingbé s’est ensuite réjoui que son pays ait été associé au processus de préparation du programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’avoir été choisi avec le Belize en tant que pays pilotes.  « Grâce à cette initiative, le Togo a consolidé son programme national de renforcement des capacités et de modernisation de l’État en vue d’un développement durable », a-t-il dit à cet égard.  Le Président du Togo a attiré l’attention sur le fait que l’efficacité nationale de développement dépendait aussi de l’environnement international.  Après avoir rappelé que la mer était au cœur des enjeux du développement durable des pays africains, M. Essozimna Gnassingbé a annoncé l’organisation, en 2016, par son pays et la Commission de l’Union africaine, d’un sommet de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine consacré aux thèmes liés de la sécurité maritime et du développement durable.

« Ce que nous faisons ou manquons de faire aujourd’hui déterminera le sort des décennies à venir », a déclaré Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, dont le pays salue le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle aurait préféré un programme plus circonscrit, ce qui aurait permis, selon elle, de faciliter sa mise en œuvre.  Elle a également regretté que certaines questions comme celle de la diversité sexuelle ne fassent pas partie de ses cibles.  Toutefois, Mme Bachelet, reconnaît le mérite du Programme « à l’élaboration duquel la société civile a contribué, ce qui ne le rend que plus fort ».

Soulignant que ce Programme n’est pas sorti du néant, mais qu’il s’inscrit dans le prolongement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Mme Bachelet a rappelé qu’en Amérique latine, la mise en œuvre des OMD s’était notamment traduite par la réduction de la pauvreté de 20% et une meilleure distribution des revenus. 

Ce nouveau Programme de développement durable repose, a-t-elle estimé, sur des actions combinées aux plans national, régional et mondial.  Compte tenu de la complexité des nouveaux défis, toute action individuelle d’un État doit s’accompagner d’actions conjointes, a souligné Mme Bachelet, qui a également insisté sur le fait que chaque pays aura désormais la possibilité de participer aux mécanismes de financement nécessaires en fonction de ses propres capacités et caractéristiques.

« Ce qui compte aujourd’hui est d’agir maintenant, de travailler pour faire en sorte que nos efforts nationaux coïncident avec les 17 objectifs de développement durable », a-t-elle souligné en affirmant que le Chili s’acquittait déjà de cet engagement à travers les réformes en cours. Chaque pays a, selon elle, une obligation de réussite, et le Chili est disposé à venir en aide aux pays d’Amérique latine et des Caraïbes pour promouvoir l’intégration économique, la sécurité et la paix  et la coopération Sud-Sud.

Tirant la sonnette d’alarme, Mme Bachelet a affirmé qu’« aujourd’hui, nous pouvons  encore prendre les mesures nécessaires pour réaliser un monde plus juste et permettre à des millions de personnes d’avoir une meilleure qualité de vie.  En revanche, si nous n’agissons pas de manière décisive et avec la volonté et l’engagement requis par la gravité de la situation, nous n’aurons plus la possibilité de le faire à l’avenir ».

M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Président du Malawi, a expliqué que son pays avait mis en œuvre les OMD au moyen d’une série de stratégies de développement à moyen terme.  Le Malawi n’a atteint que la moitié des OMD: réduction de la mortalité infantile; lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies; environnement durable; développement de partenariats mondiaux pour le développement.  Par contre, a reconnu le Président, le pays n’a pas réussi à réaliser les objectifs liés à la parité des sexes.  Il s’agira donc d’une priorité dans la mise en œuvre des ODD.

M. Mutharika a souligné que le document final relatif au Programme de développement pour l’après-2015 reflétait les aspirations de son peuple.  Pour lui, la « localisation des engagements internationaux », dans le cadre d’activités sectorielles, est le plus sûr moyen de les mettre en œuvre.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président du Guyana, a souligné que la mobilisation de toutes les sources de financement serait nécessaire pour mettre en œuvre les ODD à l’horizon 2030.  « Tous les pays, développés et en développement, devront contribuer positivement à cet effort et en tenant compte de leur propre situation nationale », a-t-il ajouté.  Notant que son pays reconnaît les liens entre paix, sécurité et état de droit, M. Granger a appelé les pays à améliorer leurs relations en les plaçant sous les auspices du droit international et de l’esprit de solidarité et d’entraide.  Pour le Président du Guyana, « l’éducation est la mère des 17 ODD, la voie à suivre pour pouvoir mettre fin aux inégalités sociales et de genre ».  « Avec la compréhension et la coopération, nous aiderons à assurer le succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et le Guyana œuvrera sans relâche à cette réalisation qui représente les aspirations les plus nobles de l’humanité », a indiqué M. Granger, avant de conclure.

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a rappelé l’impact des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui avaient été adoptés il y a 15 ans, sans perdre de vue la disparité des progrès réalisés dans le monde et au sein même des pays.  Il a ainsi évoqué la pauvreté rurale et la poussée des taux de mortalité maternelle et infantile dans certaines parties de l’Afrique subsaharienne.  Au Kenya, les progrès ont été considérables, a-t-il affirmé, en particulier en termes de scolarisation primaire des garçons et des filles, de santé ou encore de promotion de la femme et des jeunes dans le domaine de l’emploi.

« Les leçons tirées de la mise en œuvre de OMD ont prouvé qu’il est possible de réaliser d’importants progrès lorsque le monde partage une vision et des objectifs communs », a fait remarquer M. Kenyatta pour lequel le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 est « un plan ambitieux pour une action collective qui devrait déterminer l’avenir de l’humanité, en éliminant la pauvreté tout en restant en harmonie avec notre planète ». 

Les objectifs de ce Programme sont extrêmement ambitieux et supposent, par conséquent, des moyens de mise en œuvre tout aussi importants, a-t-il poursuivi.  « Sans les ressources nécessaires, le programme adopté aujourd’hui pourrait ne jamais se réaliser », a averti M. Kenyatta.  Il reconnaît que la responsabilité première revient aux pays eux-mêmes, tout en estimant que les ressources mises à disposition par « nos partenaires de développement » joueront un rôle essentiel.  Par conséquent, il leur demande d’augmenter les ressources allouées à l’aide publique au développement de manière substantielle.

Avant de conclure, M. Kenyatta a rappelé que son pays accueillera, en novembre 2016, la deuxième Réunion de haut niveau sur un partenariat mondial pour une coopération efficace en faveur du développement.

Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était « le fruit du processus le plus consultatif de l’histoire ».  En dépit des progrès réalisés depuis 15 ans pour appliquer les OMD, la pauvreté, notamment dans les zones rurales, reste le plus grand défi à relever.  La Présidente s’est félicitée de voir la position africaine commune reflétée dans le Programme de développement durable et dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Elle a estimé que « des sociétés pacifiques et un partenariat global renouvelé » étaient essentiels pour réaliser ces aspirations.

Le monde n’a jamais été aussi riche, autant intégré et mieux éduqué qu’aujourd’hui, a constaté ensuite Mme Johnson-Sirleaf.  Nous avons donc les moyens d’offrir à chacun et chacune les moyens de développer au mieux leur potentiel.  Si les OMD et leurs cibles sont universels par nature, il appartiendra à chaque pays de définir ses propres priorités dans le cadre de leur mise en œuvre.  Le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dépendra des mesures concrètes prises aux niveaux national, régional et mondial, a-t-elle ajouté, en insistant par ailleurs sur l’importance des mesures prises au niveau local. 

M. ANOTE TONG, Président de Kiribati, a estimé que l’adoption du nouvel Agenda pour le développement ne signifiait pas l’abandon des OMD.  Il a indiqué à ce sujet que son pays, à l’instar d’autres petits États insulaires en développement, n’avait pu réaliser pleinement nombre d’OMD en raison de leur vulnérabilité aux conséquences des changements climatiques.  C’est pourquoi, il a insisté sur l’importance de l’objectif 13, « Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions ».  « Le péril climatique pose la question de notre survie en tant que pays de faible altitude, et si la réalisation de l’objectif 13 ne fait pas l’objet de toute l’attention nécessaire c’est la totalité des efforts en vue du développement durable qui seront réduits à néant », a poursuivi M. Tong.  À son avis, le premier test de la détermination de la communauté internationale à mettre en œuvre les ODD sera la COP 21 : « Le nouvel Agenda pour le développement ne sera rien si la Conférence de Paris ne donne lieu à aucun instrument juridiquement contraignant », a-t-il estimé.  M. Tong n’a pas manqué de saluer par ailleurs l’engagement personnel du pape sur le climat et le rôle de lanceur d’alertes de la société civile.  Il nous faut maintenant passer de toute urgence des paroles et des messages aux actes, a conclu le Président de Kiribati. 

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, a estimé qu’une alliance mondiale forte entre les pays impliquant les gouvernements, la société civile et les citoyens était le seul moyen de transformer la vie de millions de personnes qui vivent aujourd’hui dans l’exclusion.  Pour sa part, le Panama prépare un plan stratégique d’investissements publics pour la mise en œuvre des ODD à l’horizon 2030.  Afin d’éliminer la pauvreté, le Gouvernement de mon pays a élargi la couverture sociale dont bénéficie actuellement 20% de la population et fait de l’accès à l’eau potable et à la santé de base des priorités, a précisé le Président.

En outre, a-t-il poursuivi, l’éducation à 100% est un objectif clef du Panama.  L’économie continue de progresser de manière soutenue à un taux de 6% et de créer des emplois bien rémunérés, le pays étant sur le point d’être le premier de la région à avoir éliminé le travail des enfants.  M. Varela Rodríguez a estimé par ailleurs que les nouvelles technologies et les bases de données devaient être utilisées de façon constructive pour faire avancer les objectifs.  Par ailleurs, le Panama s’est fixé comme objectif de récupérer 50% de ses forêts au cours des 20 prochaines années, a conclu le Président panaméen.

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a salué une « Déclaration à la hauteur de l’urgence qu’il y a à agir ».  « Nous avons pris la décision d’agir ensemble sans oublier personne et en identifiant des cibles objectives dans les trois dimensions du développement durable », a-t-il ajouté, en considérant que le nouveau cadre du développement durable qui se met en place « facilitera l’achèvement du travail entrepris dans la réalisation des OMD ».  Le Président nigérian a noté que des progrès importants avaient été accomplis en matière de reddition de comptes en cas de violations flagrantes des droits de l’homme et pour sortir des millions de personnes de l’extrême pauvreté.  « Certaines maladies ont été éradiquées de nos pays grâce à des efforts conjoints », s’est-il réjoui avant de mettre l’accent sur le fait que, « désormais », le terrorisme était une priorité universelle.  « Lutter contre la pauvreté et l’analphabétisme à l’échelle mondiale permettra de combattre plus efficacement et durablement le fléau des réseaux terroristes », a-t-il affirmé.  Par ailleurs, pour M. Buhari, la réalisation du développement durable doit sauver le « milliard d’en bas » de son indignité.  À cette fin, il a plaidé pour une mobilisation partagée et cohérente des ressources par les pays développés et en développement. 

M. TOMMY ESANG REMENGESAU, Président de la République des Palaos, a déclaré que son pays avait des défis énormes à relever.  Un milliard de personnes n’ont pas assez à manger pour leurs familles et pour elles-mêmes.  Les changements climatiques font déjà des ravages dans mon pays, dans la région du Pacifique où nous risquons à présent la montée des mers, les tempêtes, la sècheresse, les inondations et l’acidification des océans qui menacent notre approvisionnement en eau et en nourriture et notre biodiversité marine, a-t-il dit.  Évoquant les efforts entrepris par son pays, le Président a déclaré que les Palaos avaient décidé de consacrer 20% des énergies aux ressources renouvelables avant 2020.  Le pays compte devenir neutre en carbone avant 2050.  La politique nationale sur les changements climatiques a été finalisée, a-t-il assuré.  Le Président a souligné aussi que pour les petits États insulaires en développement, c’est seulement à travers un véritable partenariat mondial pour le développement durable, avec la participation de tous les pays, de toutes les parties prenantes, qu’ils peuvent mettre en œuvre leur nouvelle liste d’ODD rapidement et de manière étendue pour répondre d’urgence à leur situation. 

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a estimé qu’il fallait se demander « quelles sont les causes de la pauvreté et des inégalités planétaires ».  Il a dénoncé « les politiques du système capitaliste » qui ne permettent pas à son avis de répondre aux problèmes de l’humanité.  « On assiste à une concentration de richesses dans un petit nombre de mains et de pays développés », a-t-il déploré.

Le capitalisme met l’environnement à son service en pillant les ressources naturelles et plonge les peuples dans la pauvreté, a poursuivi M. Morales Ayma.  « La guerre est son négoce principal », a-t-il dénoncé, en critiquant les capacités destructrices des armes et les dépenses militaires « astronomiques » de certains pays.  « Suite aux guerres impériales, les océans sont devenus des cimetières de réfugiés », a-t-il affirmé. 

Le Président a par ailleurs indiqué que l’État plurinational de Bolivie avait adopté des politiques patriotiques visant à se libérer du modèle libéral et axées sur le bien-être.  Il a ainsi nationalisé les ressources naturelles.  « Aujourd’hui, c’est le peuple qui est aux commandes en Bolivie », a assuré M. Morales Ayma.  « Si l’on veut en finir avec la pauvreté en 2030, il faut en finir avec les valeurs du système capitaliste marqué par une consommation excessive et l’individualisme », a-t-il conclu.

M. TRUONG TAN SANG, Président du Viet Nam, s’est engagé, au nom de son pays, à appuyer pleinement la mise en œuvre des ODD et à mobiliser toutes les ressources nécessaires à cette fin.  Premièrement, a-t-il souligné, paix et développement sont étroitement liés et les objectifs ne pourront pas être réalisés en cas de guerre, de conflit ou d’instabilité.  Ensuite, la volonté politique est essentielle; grâce à elle, le Viet Nam a réalisé en avance la plupart des OMD.  Enfin, a affirmé M. Sang, il est impératif de renforcer le partenariat mondial pour le développement durable, et, à cet égard, l’ONU devrait jouer le rôle principal de coordination.

Le Président a remercié tous les partenaires qui ont aidé son pays dans son développement socioéconomique au cours des dernières années.  Le Viet Nam œuvre avec les autres États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour construire la communauté de l’ASEAN d’ici à la fin de l’année 2015 et faire de la région une zone de paix, de stabilité et de coopération, notamment en matière de navigation en mer de Chine méridionale, a conclu le Président vietnamien.

Pour M. JÁNOS ÁDER, Président de la Hongrie, le développement sans limite n’est pas viable.  « Il aura fallu 40 ans pour s’entendre sur des objectifs de développement durable », a-t-il constaté à regret, avant de souligner que le monde avait changé pendant cette période: la population mondiale a augmenté, l’eau douce et les terres agricoles sont devenues plus rares, les gaz à effet de serre ont augmenté, la biodiversité a baissé.  Axant son intervention essentiellement sur l’un des 17 objectifs du Programme de développement durable, à savoir les changements climatiques, M. Áder a mis en garde que « nous n’avons plus 40 années à notre disposition pour parvenir à un accord fort sur cette question, mais simplement quelques mois avant la Conférence de Paris ». 

« Nous n’avons pas hérité de cette Terre pour en faire ce que nous voulons.  Nous ne faisons que l’emprunter à nos enfants », a-t-il insisté, avant de souligner l’urgence de parvenir à un accord ambitieux sur les changements climatiques à Paris en décembre 2015.  Il n’est pas difficile, selon lui, de comprendre que si l’on continue à réduire la surface des terres agricoles et à gaspiller les ressources en eau douce il ne sera bientôt plus possible de nourrir la population mondiale et les catastrophes naturelles seront encore plus nombreuses.  Une telle situation engendrera à son tour plus de pauvreté, des conflits et des migrations massives.  L’homme n’a pas le droit d’abuser de la nature et de détruire l’environnement, comme l’a souligné le pape ce matin.  Notant que ces propos avaient été reçus avec des applaudissements, le Président hongrois a lancé aux délégations présentes que « si cet enthousiasme est authentique et sincère, alors veuillez reconsidérer votre position avant la Conférence de Paris et réfléchissez aux risques que l’échec possible de cette manifestation pourraient représenter ».

M. ELBEGDORJ TSAKHIA, Président de la Mongolie, a estimé que la communauté mondiale avait été à la hauteur en adoptant les ODD.  C’est un « document historique », a-t-il dit, en saluant ce plan d’action « universel et ambitieux » pour les 15 prochaines années et en faisant remarquer qu’on n’avait jamais atteint un accord aussi unanime et universel.  Il nous incombe à nous, États Membres, d’assurer la pleine mise en œuvre de ce programme, a-t-il affirmé.  Afin d’en assurer sa réalisation, le Président de la Mongolie a plaidé en faveur d’un partenariat mondial revitalisé, d’un engagement actif de la part des gouvernements et d’un renforcement de la résilience et de la synergie de la société civile et du secteur privé.

Si chaque pays a la responsabilité de son propre développement, il ne faut pas oublier que la communauté internationale a besoin d’aide, notamment les pays sans littoral, a prévenu M. Tsakhia.  Il a aussi rappelé l’importance de la bonne gouvernance et des droits de l’homme, ce qui implique à son avis des politiques robustes, inclusives et ouvertes.  Il nous faut également, a-t-il indiqué, des mécanismes de suivi efficaces pour surveiller la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Enfin, le Président de la Mongolie a demandé aux États Membres de s’entendre pour parvenir à un accord sur le climat en décembre à Paris.

Le Roi d’Espagne, DON FELIPE VI, a affirmé que la politique de coopération de son pays était alignée sur le programme de développement 2030.  Il a indiqué que l’Espagne, à l’instar des pays de l’Union européenne, s’était engagée à consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à 2030, notamment à destination des pays les moins avancés.  Il a rappelé par ailleurs qu’une importante partie de la pauvreté se trouvait concentrée dans les pays à revenus intermédiaires.  Le Roi d’Espagne a également souligné l’importance de garantir l’accès à l’éducation et de promouvoir l’emploi des jeunes.  Il est par ailleurs essentiel de garantir l’égalité d’opportunités pour les femmes, a-t-il affirmé, avant d’appeler à garantir les droits sociaux, économiques et politiques des femmes.  Le Roi d’Espagne a souligné en conclusion la nécessité de construire au niveau mondial une communauté de citoyens conscients de leurs droits et responsabilités vis-à-vis des autres dans le respect de l’environnement où ils habitent.

Mme SIMONETTA SOMMARUGA, Présidente de la Confédération suisse, a expliqué qu’en définissant les nouveaux objectifs, la Suisse avait donné une importance particulière à cinq objectifs dont un objectif sur l’eau qui va au-delà de l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires; l’objectif ambitieux sur l’égalité entre les sexes, la promotion des femmes et des mesures correspondantes; et l’objectif indépendant sur la paix et des sociétés exclusives afin de promouvoir l’état de droit, l’accès à la justice, le respect des droits de l’homme, la lutte contre la violence et la corruption.  La Présidente a ajouté l’objectif sur les soins de santé qui couvrent également les maladies non transmissibles, la santé et le droit à la santé reproductive et le renforcement des systèmes de santé; et l’objectif spécifique sur la réduction des risques de catastrophes, le rôle des migrants et la consommation et la production durables. 

En Suisse, nous avons un système de démocratie directe avec des droits très étendus allant jusqu’à l’autodétermination.  Notre société et nos citoyens sont habitués à avoir un mot sur le processus politique.  Au cours des 200 dernières années, plus du tiers de tous les référendums organisés dans le monde a eu lieu en Suisse.  Pour nous, il n’est pas difficile d’inclure, dès le début, les représentants de la société civile, du secteur privé, les politiciens, le milieu universitaire dans le processus de définition de nos priorités pour le Programme de développement 2030.  Dans la mise en œuvre de ce programme, nous procéderons avec la même approche: quand le processus se déroulera dans un cadre politique, les citoyens auront l’occasion de contribuer », a déclaré la Présidente qui a révélé que dans la nouvelle stratégie du Gouvernement fédéral sur le développement durable pour la période 2016-2019, et sa stratégie sur la coopération internationale pour la période 2017-2020, « nous indiquerons comment la Suisse a l’intention de mettre en œuvre les ODD ».

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a fait part des efforts de son pays pour faire face aux flux migratoires, en particulier ceux des enfants non accompagnés en mettant l’accent sur la lutte contre le trafic de drogues.  « Moins de drogue, plus de sécurité, plus de développement, plus d’opportunités mènent à la réduction du flux migratoire », a affirmé le Président qui a souligné la nécessité de faire plus de progrès dans la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile et maternelle et le contrôle des maladies, en particulier le VIH/sida.  Ces défis constituent une dette sociale, économique, politique et surtout morale qui ne peut pas être ignorée et ne peut attendre dans leur solution, a-t-il précisé. 

M. Hernández Alvarado a ajouté à ces défis la lutte contre les effets des changements climatiques, d’autant que le Honduras est le troisième pays le plus vulnérable au monde dans ce domaine d’après l’indice de risque de l’organisation Germanwatch.  En raison d’El Niño et des changements climatiques, a-t-il indiqué, le Honduras est aujourd’hui confronté à la nécessité de changer radicalement son modèle de production et d’énergie.  « Nous devons immédiatement mettre en œuvre notre Plan directeur de l’eau, des sols et des forêts, pas l’année prochaine ou la prochaine décennie mais immédiatement, maintenant », a dit le Président, soulignant que « du point de vue des changements climatiques, nous ne sommes pas les mêmes.  Nous ne sommes pas les mêmes dans ses causes ou dans ses effets ».  Il a estimé en conclusion que ceux qui ont contribué le plus à générer la crise devaient contribuer le plus à la résoudre.

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a remarqué les progrès inégaux enregistrés dans la réalisation des OMD, d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre.  La Déclaration adoptée aujourd’hui confirme notre détermination commune à transformer le monde, a-t-il affirmé, soulignant que le succès du nouveau programme dépendrait des mesures concrètes prises au plan national pour l’appliquer.  Il a évoqué les priorités de son pays qui s’articulent autour des piliers suivants: sécurité alimentaire et nutrition, services sociaux et élimination de la pauvreté, infrastructures et services publics, et valeur ajoutée.  Faute de ressources, il sera difficile de tout réaliser immédiatement, a-t-il cependant reconnu, en expliquant la nécessité de fixer des priorités.  Il a mentionné l’importance de procéder avant tout aux réformes nécessaires pour favoriser les investissements.  Cependant, a-t-il prévenu, ces réformes ne porteront des fruits que si son pays ne fait plus l’objet des sanctions qui lui sont imposées depuis 15 ans.

Le Président du Zimbabwe a ensuite souligné la nécessité de mobiliser les ressources financières adéquates pour la mise en œuvre du nouveau programme de développement.  Il a reconnu que cette mise en œuvre devait être menée non seulement sur le plan national mais aussi sur le plan international.  À ce propos, le Président a dénoncé l’évasion fiscale et appelé de ses vœux la mise en place d’un système commercial universel, inclusif et non discriminatoire.  La réforme des institutions de Bretton Woods aurait dû avoir lieu depuis longtemps, a-t-il estimé, avant de demander le règlement de la question de la dette.  Le succès du programme adopté aujourd’hui dépendra de la coopération et de la solidarité internationales, a-t-il conclu, en appelant à l’édification d’un monde nouveau.

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Vice-Président du Botswana, a jugé impératif que la communauté internationale trouve la volonté politique et les ressources nécessaires pour appliquer avec succès le nouveau programme de développement « qui promet la dignité pour tous ».  Ce programme est dans l’esprit du plan national de développement du Botswana, de sa « Vision 2030 » et de sa stratégie de diversification économique, a-t-il expliqué.  À cet égard, il a estimé que chaque État Membre avait l’obligation morale de garantir la durabilité des modes de consommation et de production pour guérir la planète.

« Nous ne sommes pas là pour enterrer les OMD », a rappelé M. Keabetswe Masisi, mais pour rebondir sur le tremplin qu’ils ont fourni.  Les OMD sont parvenus à réduire l’extrême pauvreté dans le monde.  L’accès à l’éducation, l’égalité entre les filles et les garçons à l’école, les services de santé, l’emploi des jeunes, et la qualité de vie des citoyens en général, ont progressé au Botswana.  Dans la perspective des ODD, le Vice-Président a salué le Programme d’action sur le financement du développement adopté à Addis-Abeba en juillet dernier et souligné l’importance de la coopération technologique.

M. JUAN ALFONSO FUENTES SORIA, Vice-Président du Guatemala, a estimé que la force et l’indépendance de l’administration de la justice représentaient les fondations des libertés économiques et politiques.  Il s’est félicité que la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), créée en 2006 à la suite d’un accord entre l’ONU et le Gouvernement ait pu enquêter et démanteler la criminalité organisée affectant les droits fondamentaux de la population.  Mettant l’accent sur l’importance de la parité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, il a reconnu que trop peu de femmes étaient impliquées dans les processus de décisions des organes gouvernementaux.  Le Vice-Président a souligné la nécessité de promouvoir les droits des femmes afin de créer une nouvelle ère, dans laquelle hommes et femmes auront une responsabilité partagée pour garantir la paix.  Il s’est dit solidaire de la tragédie humanitaire vécue par les migrants aux portes de l’Europe mais aussi les migrants d’Amérique centrale, en particulier celle des enfants non accompagnés.  Il a indiqué que le Guatemala était particulièrement marqué par une forte émigration.

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a souligné que le nouveau Programme de développement était applicable de manière universelle, en insistant pour dire qu’il concernait tous les pays.  Cela signifie, a-t-il dit, que chaque pays doit renforcer l’état de droit, les valeurs démocratiques et l’harmonie sociale.  Il a cité le pape François qui a présenté l’harmonie interreligieuse en Albanie comme un exemple pour le monde entier.  Son pays continuera d’être un exemple de coexistence, a-t-il assuré, en rappelant pourtant qu’il avait vécu une transition difficile en matière de développement.

Le Premier Ministre albanais a indiqué que l’intégration des jeunes sur le marché du travail, l’inclusion des personnes handicapées et l’autonomisation des femmes et des filles étaient des éléments clefs du programme de développement de son pays.  Il a aussi mentionné les réformes judiciaires en cours.  Nous nous embarquons, a-t-il assuré, dans un processus irréversible d’intégration qui touche tous les domaines, notamment le développement rural.  Sur le plan régional, nous ferons ce que nous pourrons pour rallier toutes les populations des Balkans aux efforts de développement.  Ce qui compte, ce n’est pas ce que nous dirons ici mais ce que nous réaliserons dans nos pays respectifs, a-t-il conclu, avant de plaider pour la conclusion d’un accord sur le climat à Paris en décembre.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que le monde se réunit aujourd’hui pour s’engager en faveur d’un avenir plus prospère, au moment même où une crise grave se déroule sous nos yeux: 60 millions de personnes sont désormais réfugiées ou déplacées, fuyant les conflits, la pauvreté et la mauvaise gouvernance.  À elle-seule, la crise en Syrie a jeté sur les routes 12 millions de personnes.  « Nous devons changer notre manière de faire si nous voulons vraiment réaliser le développement durable », a prévenu le Premier Ministre, en faisant écho à l’appel du Secrétaire général de l’ONU en faveur de la dignité humaine.  Il faut d’abord, a-t-elle dit, renforcer l’aide humanitaire car il s’agit d’un investissement dans la résilience et le développement humain.  C’est la raison pour laquelle la Norvège a proposé d’accueillir une conférence internationale des donateurs sur la Syrie et qu’elle a doublé son aide humanitaire à ce pays, une aide qui est gravement sous-financée. 

Il faut ensuite, a poursuivi le Premier Ministre, investir dans l’éducation et la santé.  Près de 60 millions d’enfants ne sont pas inscrits à l’école primaire et 60 millions d’autres à l’école secondaire.  En la matière, l’égalité entre les sexes doit être la priorité des priorités car lorsque les filles vont à l’école secondaire, elles en tirent des bénéficies non seulement pour leur santé mais aussi pour celle de leurs enfants, de leur famille et de leur communauté.  C’est la raison pour laquelle, la Norvège a doublé son aide à l’éducation qui, avec la santé constituent les facteurs clefs d’une croissance inclusive et de la création d’emplois.  Il faut aussi, a ajouté le Premier Ministre, investir dans la stabilité et la résilience des sociétés fragiles.  Elle s’est félicitée de l’Objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qu’elle a qualifié d’« innovation importante ».  Il faut enfin protéger les écosystèmes et prévenir les changements climatiques.  « Nos objectifs sont universels », a insisté le Premier Ministre.  La réduction de la pauvreté dépend d’abord et avant tout de la mobilisation des ressources et de la croissance économique, au niveau national, en partenariat avec le secteur privé.  Nous ne résoudrons pas ce problème sans parvenir à une meilleure redistribution des richesses.  Les gouvernements doivent s’approprier les politiques et voir l’aide extérieure comme un catalyseur.

M. ADRIAN HASLER, Premier Ministre du Liechtenstein, a rappelé que son pays, aux plans national et international, avait consenti d’importants efforts en vue du développement durable au cours des dernières années.  Il a notamment souligné que le Liechtenstein avait atteint et même dépassé l’objectif de 0,7% d’APD en 2012 ainsi que celui de consacrer entre 0,15 et 0,2% du revenu national brut aux pays les moins avancés.  « Nous concentrons nos efforts sur le développement à long terme », a-t-il précisé, en expliquant que le Liechtenstein appuyait des projets sur l’inclusion des femmes aux processus de paix, des projets de déminage ou encore de promotion de la bonne gouvernance et de l’état de droit dans les pays touchés par des conflits.  Assurant que son pays n’était pas un refuge pour les fonds illicites, il a mis en avant l’expertise du Liechtenstein en matière de lutte contre la corruption, contre le blanchiment d’argent et dans le domaine de la fiscalité internationale.  Enfin, il a estimé que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable serait le catalyseur de la mise en œuvre de l’Agenda 2030.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a rappelé qu’un certain nombre de déclarations antérieures à celle du présent Sommet n’avaient pas réussi à tenir leurs promesses, notamment celle du Millénaire puisque la réalisation des OMD reste inachevée.  Il a demandé aux pays développés de continuer à tenir leurs engagements passés et notamment à respecter les promesses faites au titre de l’APD.  La coopération Nord-Sud reste au cœur de ce partenariat, a-t-il souligné en souhaitant qu’elle ne soit pas remplacée par la coopération Sud-Sud.  Le Premier Ministre a ensuite abordé le problème des changements climatiques qui continuent de dévaster les petits pays des Caraïbes et du Pacifique, en insistant pour que le partenariat mondial dans ce domaine soit renforcé.

M. Browne s’est également plaint des conséquences des accords commerciaux injustes et déséquilibrés qui sont imposés aux pays en développement.  Si, dans la Déclaration adoptée, nous exhortons les États à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales économiques, financières ou commerciales, nous ne leur interdisons pas de le faire et nous ne condamnons pas ceux qui le font, a-t-il regretté.  Cette Déclaration, en a-t-il déduit, reconnaît que les pays vivent toujours dans un monde de disparités, un monde où les riches et les pauvres sont divisés.  Il a recommandé de ne pas se réjouir trop tôt de l’accord obtenu mais d’attendre qu’il soit réalisé pour célébrer cet accomplissement.

En ce qui concerne la catégorie des petits États insulaires en développement (PEID), le Premier Ministre a insisté pour que ces pays ne soient pas exclus parce qu’ils sont fragiles, vulnérables et petits.  Au contraire, a-t-il insisté, pour ces mêmes raisons, il faudrait leur donner la priorité.  Il a émis le vœu que cette déclaration ne soit pas « une déclaration de plus », mais un document qui produise des résultats.  « J’espère que, dans 15 ans, nos peuples ne nous jugeront pas durement », a-t-il dit.

M. MIROSLAV CERAR, Premier Ministre de la Slovénie, a estimé que le nouveau Programme de développement durable répond aussi aux défis de la migration.  La crise actuelle, qui ne touche pas seulement l’Europe, exige une action urgente et d’abord et avant tout que l’on s’attaque à ses causes sous-jacentes et que l’on prévienne d’autres pertes en vies humaines.  La Slovénie, a déclaré le Premier Ministre, a, avec l’Union européenne, fondé sa réponse sur l’humanité et la solidarité mais aussi sur la sécurité.  Nous devons, a dit le Premier Ministre, intensifier nos efforts pour combattre la migration illégale et s’attaquer aux trafiquants de migrants et d’êtres humains.  Cette responsabilité ne saurait incomber à un seul pays.  Il s’agit d’une responsabilité que doit partager la communauté internationale tout entière, a-t-il insisté. 

Au titre des autres questions urgentes qui requièrent l’attention de la communauté internationale, le Premier Ministre a cité les changements climatiques en espérant que le succès d’Addis-Abeba, en juillet dernier, et celui de New York, aujourd’hui, seront complétés en décembre à Paris, par un accord ambitieux, viable, universel et juridiquement contraignant.  Il va sans dire, a-t-il insisté, qu’un tel accord est « essentiel » pour le développement durable.  Le temps passe et presse, a-t-il prévenu.  Revenant au Programme de développement durable, le Premier Ministre a souligné l’intention de son pays d’accroître son aide publique au développement (APD) et d’en améliorer la qualité.  La Slovénie, a-t-il révélé, adoptera deux approches: la mise en œuvre du nouveau Programme au niveau national et la contribution à l’élimination de la pauvreté et au développement durable sur la base des documents stratégiques et juridiques relatifs à la coopération internationale au développement.  Le but, a conclu le Premier Ministre, est de montrer que les efforts d’un petit pays donateur peuvent être une contribution importante à la réalisation des objectifs de développement.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, a estimé qu’il fallait venir en secours en priorité aux populations pauvres et les plus vulnérables, et à ceux qui sont marginalisés du fait de leur situation géographique.  D’après lui, le nouveau Programme de développement devra s’accompagner de réformes institutionnelles au sein de l’ONU, qu’il s’agisse du Secrétariat, de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité, pour mieux remplir les mandats et servir les peuples au niveau local.  Ainsi le Conseil de sécurité devrait-il inscrire les changements climatiques à son ordre du jour comme une question sécuritaire, compte tenu notamment des impacts de ce phénomène sur les petits États insulaires en développement.

M. Sopoaga a par ailleurs salué le futur rôle du Forum politique de haut niveau sous l’égide du Conseil de développement économique et social et souhaité que les vulnérabilités particulières des pays les moins développés soient prises en considération.  Il a plaidé pour un leadership qui soit à la hauteur des nouveaux ODD.  Saluant la reconnaissance du statut spécial des petits États insulaire en développement dans « La Voie à suivre » de Samoa, le Premier Ministre a appelé de ses vœux « un accord crédible et exhaustif » lors de la prochaine Conférence de Paris sur le climat (COP 21).  À son avis, un tel accord devrait permettre la mobilisation de ressources pour « des actions urgentes d’adaptation ».  Pour un pays éloigné comme Tuvalu, la présence de l’ONU et son implication sur le terrain sont impératives, a-t-il conclu.

Pour M. FREUNDEL J. STUART, Premier Ministre de la Barbade, l’adoption du nouveau Programme de développement durable (PDD), à l’instar de celui des Objectifs du Millénaire pour le développement(OMD), marque un moment fort dans les affaires mondiales où les différences entre pays et cultures sont mises de côté pour la poursuite d’un objectif commun supérieur au service de toute l’humanité.  Face à l’impatience des citoyens du monde, il faut aujourd’hui, selon lui, capitaliser sur les connaissances et les technologies existantes en vue de concevoir les outils et mécanismes capables de permettre la réalisation des ODD.  La feuille de route définie par le PDD doit devenir réalité et assurer une transition sans heurts des OMD vers les ODD, a poursuivi le Ministre, qui s’est dit conscient des défis sans précédent à relever par « un monde interconnecté à la fois tant sur le plan environnemental, qu’économique et social ».

À cet égard, le Ministre est revenu sur le Programme d’action de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue cette année à Addis-Abeba, et notamment le besoin de développer des mesures transparentes des progrès en termes de développement « qui vont bien au-delà du PNB ».  Les petits États insulaires en développement ne doivent plus être pénalisés pour le développement limité qu’ils ont été capables de réaliser, a estimé le Ministre, qui a mis l’accent sur la situation particulière de ces États en termes de développement durable compte tenu de leurs particularités, notamment leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques qui leur posent « une menace existentielle ».  La Barbade et d’autres pays de la CARICOM sont convaincus que les changements climatiques ne peuvent être abordés que dans le cadre d’un effort international global s’inscrivant dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Par conséquent, le Ministre a lancé un appel pour l’adoption d’un accord fort à Paris lors de la vingt et unième Conférence des parties de la CCNUCC et plaidé en faveur d’une stratégie d’allègement de la dette pour sa région, en mettant l’accent sur la nécessité de mobiliser et d’allouer les ressources financières nécessaires à la réalisation des objectifs du PDD.

M. HAILEMARIAM DESALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a remarqué qu’avec les OMD, la communauté internationale avait pris un engagement plus audacieux que jamais, celui d’éradiquer la pauvreté extrême dans un délai relativement court.  Cependant, a-t-il relevé, ces objectifs n’ont pas tous été achevés.  Il faut donc que le nouveau cycle de développement soit accompagné d’efforts plus soutenus et plus concertés qu’avant.  Il a conseillé de tirer les enseignements de l’application des OMD qui a souffert de l’insuffisance de moyens de mise en œuvre.  Cela implique, a-t-il prévenu, une pleine mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, adopté au terme de la conférence qui s’était tenue dans son pays en juillet dernier.  Le Premier Ministre a aussi souligné les responsabilités communes mais différenciées des pays dans cette mise en œuvre.  Il a assuré que son pays était engagé dans ce sens, en citant le plan de développement quinquennal.  L’Éthiopie s’efforce aussi de mobiliser ses ressources nationales, a-t-il ajouté.

M. TSHERING TOBGAY, Premier Ministre du Bhoutan, a déclaré que la vision et les principes du Programme de développement 2030 résonnent fortement dans la philosophie de développement du bonheur national brut (GNH).  Le GNH est une approche holistique du développement visant à améliorer le bonheur et le bien-être de notre peuple, a-t-il expliqué.  Pour cela, nous équilibrons la croissance matérielle avec l’inclusion sociale et la durabilité environnementale dans le cadre de la bonne gouvernance.  La démocratie au Bhoutan est unique car elle a été imposée par notre Souverain contre la volonté de son peuple, a indiqué le Premier Ministre.

Il a par ailleurs estimé que le programme de développement 2030 était un testament passionnant de la volonté et de la sagesse collectives de toutes les nations pour transformer considérablement notre monde.  Mais pour transformer le monde, nous devons nous transformer nous-mêmes, nous devons transformer les Nations Unies pour l’adapter aux objectifs, qui doivent être efficaces et refléter les réalités géopolitiques d’aujourd’hui, a-t-il précisé.  Abordant la question de la composition du Conseil de sécurité, le Premier Ministre du Bhoutan a affirmé que des pays comme l’Allemagne, le Brésil et le Japon devaient servir en tant que membres permanents du Conseil de sécurité.  L’Afrique doit y être également représentée, a-t-il dit.  Si nous ne réformons pas les Nations Unies, nous risquons de rendre cette importante institution inefficace et sans importance.  Cela nuirait à toutes les nations mais les petits pays comme le Bhoutan pourraient en pâtir encore plus, a-t-il conclu.

M. PRAKASH MAN SINGH, Premier Ministre adjoint du Népal, a estimé que le PDD était de nature transformatrice et d’une portée universelle.  Ce Programme témoigne, selon lui, de la promesse commune en faveur d’un développement durable pour les 15 prochaines années, mais sa réalisation nécessite de vastes ressources, des capacités nationales et des partenariats internationaux vigoureux, a-t-il souligné.  À son avis, il faudra que les populations soient au cœur de la gouvernance et puissent s’approprier ce Programme.  Il s’est par ailleurs déclaré convaincu que grâce aux ODD il sera possible de réaliser de gros progrès en matière de paix, de prospérité et de démocratie dans les prochaines années.  Toutefois un appui international renforcé sera nécessaire, notamment dans le cas du Népal qui est en phase de reconstruction à la suite du tremblement de terre qui l’a frappé cette année.  Le Ministre a également plaidé en faveur de l’allégement de la dette et d’investissements directs étrangers.  Fort de l’expérience des OMD, il a rappelé qu’il existait souvent un fossé entre les engagements pris et les fonds nécessaires à leur réalisation, se prononçant pour une amélioration de cette situation dans le cadre du PDD.

Mme NETUMBO NANDI-NDAITWAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des relations et de la coopération internationales de Namibie, a affirmé que l’élimination de la pauvreté doit rester l’objectif principal du Programme de développement pour l’après-2015 afin de continuer de transformer la vie de la majorité des populations vivant dans la pauvreté absolue et renforcer l’engagement de la communauté internationale pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes avant 2030.  La Ministre a précisé que son pays avait déclaré la guerre à la pauvreté.  Réaliser un programme de développement ambitieux pour l’après-2015 demandera également une approche ambitieuse, complète, holistique et transformative à l’égard des moyens de mise en œuvre, a-t-elle ajouté, en précisant que des ressources financières supplémentaires, des investissements directs étrangers, l’aide publique au développement et la finance publique et privée restaient les sources majeures de financement pour l’élimination de la pauvreté et le développement. 

À cet égard, Mme Nandi-Ndaitwah a appelé les pays développés à honorer leurs engagements et à augmenter leurs aides publiques au développement aux pays en développement pour que ces derniers réalisent leurs ODD.  Elle a ajouté que les changements climatiques étaient aussi un problème mondial et exigeaient une réponse mondiale de tous, pays en développement et pays développés.  La Namibie fait face aux immenses défis de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse.  La Ministre a par ailleurs souligné que la réunion de décembre devrait permettre d’adopter un accord juridiquement contraignant qui contribuerait à faire face aux défis posés par les changements climatiques, pour cette génération et les générations à venir.  

M. JOËL MORGAN, Ministre des affaires étrangères et du transport des Seychelles, a affirmé que son pays avait réalisé tous les OMD, parfois même avant la date butoir.  Les Seychelles ont ainsi voulu donner un plus grand élan à ces efforts afin de mieux répondre aux défis fixés par les nouveaux objectifs.  « Nous devons avoir confiance en notre capacité d’éradiquer la pauvreté, a-t-il dit en plaçant son espoir dans la réalisation du nouveau programme de développement.  Il a indiqué que les Seychelles s’étaient dotées d’un document stratégique national devant guider les politiques en vue de la réalisation des ODD.

Cette année, nous avons fait passer l’âge obligatoire pour la scolarisation de 10 à 11 ans, a signalé le Ministre.  Il a mis l’accent sur les objectifs visant la préservation des océans, s’inquiétant de la vulnérabilité des pays comme le sien face à ce défi.  Il a dit vouloir donner l’exemple en matière de bonne gouvernance des océans, citant les mesures prises pour la conservation des ressources maritimes.  Le Ministre a insisté sur le renforcement des capacités des pays en développement afin que ces derniers puissent pleinement exploiter les ressources des océans, a-t-il dit.  Avant de conclure, il s’est prononcé en faveur du concept d’économie bleue, puis il a annoncé la tenue d’un deuxième sommet sur cette question, l’année prochaine.

Pour Mme FAEQA BINT SAEED AL SALEH, Ministre du développement social du Bahreïn, le nouveau Programme de développement est « un acte collectif » qui offre la possibilité d’assurer plus de prospérité pour tous les pays tout en tenant compte des spécificités de chaque société et culture, y compris religieuses.  Dans le passé, le Bahreïn avait encouragé et mis en œuvre la plupart des OMD, a expliqué la Ministre, en ajoutant que cette stratégie de développement global avait joué un grand rôle pour contribuer au succès des politiques nationales du Gouvernement du Bahreïn.  Elle a émis l’espoir que cette expérience positive pourra être appliquée à nouveau avec les ODD.  C’est pourquoi, elle a mis en avant la vision de son gouvernement qui a déjà donné lieu à des résultats concrets en matière de développement humain.  Témoignant de l’engagement positif de son pays en faveur des ODD, le Bahreïn a décidé d’organiser la première Conférence de suivi de l’application du Programme de développement pour l’après-2015 les 6 et 7 décembre prochain. 

M. ERLAN ABDYLDAYEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a apprécié que le nouveau Programme de développement prévoie des mécanismes de reddition de compte et de transparence, ainsi que son souci pour les pays vulnérables, comme les pays sans littoral tels que le sien.  La réalisation des objectifs de développement durable dépendra de la manière dont les questions de financement international seront réglées, a-t-il prévenu, en souhaitant que le programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement soit pleinement mis en œuvre.  Il a recommandé en même temps aux pays en développement de mobiliser au mieux leurs ressources nationales.

Atteindre les objectifs passera par une nouvelle démarche inclusive, a-t-il poursuivi en recommandant de faire une place à chacun des trois piliers du développement durable.  Le Ministre a invité les dirigeants du monde entier à faire preuve de volonté politique pour atteindre un accord sur les changements climatiques à Paris en décembre.  En 2013, son pays a adopté une stratégie nationale de développement durable, a-t-il dit, tout en relevant les obstacles géographiques, comme la haute montagne, et les obstacles climatiques, notamment la fonte des glaciers.  Redoutant aussi la pénurie en eau, il a plaidé en faveur d’une utilisation rationnelle des ressources hydriques.

Mme AÏCHATOU BOULAMA KANÉ, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur de la République du Niger, a déclaré que son pays considérait l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme un engagement capital pour la planète.  « Nous y percevons l’expression d’une solidarité et d’un partage agréés et librement consentis pour assurer la survie de tous », a-t-elle affirmé, avant d’aborder la situation dans son pays.  À ce sujet, Mme Boulama Kané a indiqué qu’en dépit d’un contexte peu favorable, le Niger avait réalisé des progrès importants dans les domaines cruciaux de la réduction de la pauvreté et de la faim, de l’éducation, de la santé et de la réduction de la mortalité infantile.  Elle a ensuite réitéré l’engagement de son pays et de son peuple à contribuer activement à la mise en œuvre des 17 ODD, un effort « ambitieux et difficile » qui exigera à son avis l’engagement de tous les pays de la planète. 

M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République du Congo, a affirmé que les OMD avaient indéniablement transformé la vie des gens, même si, en Afrique notamment, l’éradication de la pauvreté demeure « un objectif éloigné de la réalité ».  Pour M. Gakosso, l’évaluation des OMD devrait permettre d’avancer et d’agir ensemble en vue d’un monde répondant aux aspirations des États et des peuples.  Le Ministre congolais des affaires étrangères a par ailleurs estimé que la mise en œuvre efficace du nouveau cadre de développement pour l’après-2015 nécessiterait des financements internes et externes « adaptés et suffisants, capables d’inscrire nos nobles ambitions dans la durée ».  Il a plaidé à cet égard en faveur d’une refonte du système de gouvernance mondial et de l’émergence d’un système doté de nouvelles règles donnant aux États la capacité de mobiliser des ressources pour le financement.  « Tel est, à notre sens, la pertinence du programme d’action issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, tenue à Addis-Abeba en juillet dernier », a-t-il conclu.

Mme NIERMALA BADRISING, Ministre des affaires étrangères du Suriname, a salué le fait que le Programme de développement durable ait repris les OMD non atteints et pris en compte les trois dimensions du développement durable.  Elle a expliqué qu’au cours des cinq dernières années, son pays avait mis l’accent sur la réduction des inégalités avec un accent particulier sur l’éducation, la santé et les conditions socioéconomiques.  Toutefois, le déclin des prix internationaux des matières premières représente un important défi pour son gouvernement qui cherche à poursuivre sur la voie du développement du pays et a décidé de s’orienter vers une économie plus diversifiée.  La Ministre a également souligné la menace que posent les changements climatiques pour son pays, alors même que plus de 80% de l’île reste couverte de forêts et que le taux de déforestation n’est que de 0,2%.  Par conséquent, le Suriname attend de la Conférence des parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques, qui aura lieu à Paris en décembre prochain, d’adopter un accord fort.  Reprenant les paroles du Secrétaire général, elle a rappelé « que le monde ne peut pas se permettre un plan B parce qu’il n’y a pas de planète B ».

M. ABDULAZIZ KAMILOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a indiqué que son pays occupait la cinquième place mondiale dans la catégorie des pays connaissant une croissance économique rapide.  Alors que 60% du budget de l’État est consacré au développement social, notamment au secteur de l’enseignement, des mesures ont également été prises sur le plan environnemental pour réduire les émissions, et d’autres ont réussi à faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes.  Il a estimé que l’expérience ainsi acquise servirait de base pour réaliser les ODD.  Son pays, a-t-il dit, s’est doté d’un programme de réformes et de changements structurels pour moderniser l’économie pour 2016-2020.  Il s’est fixé pour objectif de rejoindre, d’ici à 2030, les rangs des pays à revenu moyen.  Les conditions de vie décentes pour la population rurale sont un des domaines auxquels son gouvernement attache une attention particulière, a indiqué le Ministre.

Passant aux problèmes écologiques, le Ministre a attiré l’attention sur une « catastrophe à l’échelle planétaire », la tragédie de la mer d’Aral qui est sur le point de disparaître complètement.  Il a expliqué les conséquences de l’assèchement de cette mer qui fait apparaître un désert de sel et qui empoisonne les eaux jusqu’à la côte de l’Antarctique, les glaciers du Groënland et les forêts norvégiennes.  Il a donc espéré que cette catastrophe écologique, qui a une nature universelle, serait prise dûment en compte dans la mise en œuvre des ODD.  Il est urgent, a-t-il ajouté, de créer un fonds d’affectation spéciale sous les auspices de l’ONU pour la mer d’Aral et la région de la mer d’Aral.  Enfin, il a dénoncé la construction d’une grosse station d’énergie hydraulique et de barrages gigantesques à Amudarya et Syrdarya, laquelle perturbe l’approvisionnement en eau et aggrave les problèmes de la mer d’Aral.

M. WILFRED P. ELRINGTON, Ministre de la justice et Ministre des affaires étrangères de Belize, a déclaré que son pays, dont l’économie est fondée sur les ressources naturelles et le capital humain, a développé une stratégie nationale qui intègre pleinement les 17 objectifs de développement durable et leurs cibles.  Le Gouvernement de Belize a également adopté une stratégie nationale pour la croissance économique et le développement durable, qui avait été élaborée avec l’appui du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.  Cette stratégie combine les objectifs du cadre national de développement Horizon 2030 et l’Agenda 2030 des Nations Unies.  S’appuyant sur la « Voie à suivre de Samoa » et le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Partenariat mondial que consacre l’Agenda 2030, le Gouvernement de Belize appelle à l’adoption de meilleures politiques visant à faciliter l’accès à des sources publiques internationales de financement, en particulier les prêts consentis aux petits États insulaires en développement, l’accès aux marchés et de meilleures structures de gouvernance qui prennent en compte les particularités de ces pays.  Belize réaffirme l’engagement pris dans le cadre de la « Voie à suivre », adoptée à Samoa, en faveur de véritables partenariats durables, lesquels sont essentiels, a assuré M. Elrington, pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030.  Avant de conclure, il a souligné qu’il était nécessaire d’adopter, à la Conférence de Paris sur le climat en décembre prochain, un accord robuste qui réponde de manière ambitieuse aux défis que posent les changements climatiques.

M. RAYMOND TSHIBANDA N’TUNGAMULONGO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République démocratique du Congo, a déclaré que l’évaluation de la mise en œuvre des OMD avait révélé une situation contrastée.  Dans plusieurs secteurs, l’évolution tendancielle laisse entrevoir que nous ne sommes pas loin d’atteindre les cibles fixées pour 2015.  En ce qui concerne notamment l’incidence de la pauvreté, l’éducation, la santé maternelle et le taux de prévalence du VIH/sida, des progrès ont été réalisés.  En revanche, s’agissant de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, beaucoup reste à faire pour briser les barrières de la tradition et améliorer la représentativité des femmes dans les instances de décisions politiques, a reconnu le représentant.  Il a ajouté que le nouveau programme de développement, s’il est appliqué par tous, peut briser les disparités flagrantes et transformer positivement l’avenir de l’humanité.  Il a fait observer que sans la paix, aucune démocratie, aucune justice ne peut être garantie et aucun développement envisagé.  Investir dans la paix et la sécurité internationales a, par contre, pour effet de générer des dividendes importants à travers le monde, y compris sous formes de retombées économiques.  Pour parvenir à l’avenir que nous voulons, et réaliser les aspirations de tous nos peuples, l’ONU reste le creuset naturel, le Conseil économique et social, particulièrement le Forum politique de haut niveau, ainsi que les organismes du système des Nations Unies, sont des partenaires irremplaçables.  Il a dit, en conclusion, que la responsabilité ultime de l’action et de résultats résidait au niveau de chacun des États Membres.

Pour M. YVES GERMAIN JOSEPH, Ministre de la planification et la coopération externe d’Haïti, le bilan de la stratégie des OMD est un bilan contrasté, malgré le fait que cette stratégie a contribué à sortir près de 700 millions de personnes de l’extrême pauvreté en 20 ans.  Toutefois, « la diminution de la pauvreté est souvent trompe l’œil », a estimé le Ministre qui a déclaré que l’on ne saurait ignorer la tragique réalité de milliards d’individus qui continuent de souffrir de sous-alimentation et de précarité, des migrants, des réfugiés, des personnes déplacées et déportées.  En Haïti, des progrès significatifs ont été accomplis en termes d’OMD, a affirmé le Ministre, tout en reconnaissant qu’il restait encore beaucoup à faire, notamment en termes d’infrastructures de base et de problèmes environnementaux.  Il est confiant que les leçons tirées de la réalisation des OMD s’avèreront utiles dans la perspective de la mise en œuvre du Programme de développement pour l’après-2015.

Son gouvernement considère que le rôle de l’État, en tant qu’acteur essentiel du développement, est incontournable, en particulier dans les secteurs où le secteur privé n’a qu’un intérêt limité.  Par conséquent, il convient de renforcer sa capacité à définir et à mettre en œuvre des politiques publiques et des réformes cohérentes appuyant la réalisation des ODD.  De même, il s’avère indispensable, a souligné le Ministre, de renforcer les mécanismes gouvernementaux de coordination permettant d’améliorer l’efficacité de l’aide, tant bilatérale que multilatérale, dans le cadre de la poursuite des ODD.  S’agissant des donateurs, il prône des procédures plus souples permettant d’éliminer les goulots d’étranglement qui limitent souvent la capacité et le rythme d’absorption de l’aide, en particulier dans le cas des pays les moins avancés.

Mme NENEH MACDOUALL-GAYE, Ministre des affaires étrangères de la Gambie, a salué la réalisation des OMD dans de nombreux domaines, citant les objectifs atteints par son pays en ce qui concerne notamment la réduction du taux de mortalité infantile et des enfants de moins de 5 ans, ainsi que celui qui concerne la faim.  Elle a aussi mentionné les progrès accomplis dans l’éducation des filles et l’accès à l’eau potable.  En même temps, elle a relevé les obstacles qui subsistent comme les changements climatiques et la dégradation de l’environnement.  Elle a appelé les pays à atteindre un accord sur les changements climatiques à Paris.  Elle a aussi souhaité les voir investir davantage dans la jeunesse, notamment par le biais des formations professionnelles.

Les conflits demeurent les plus grandes difficultés sur la voie de la réalisation du développement, a noté la Ministre en se désolant du nombre de vies perdues alors qu’elles représentaient un fort capital humain.  Elle a appelé la communauté internationale à régler les conflits actuels de toute urgence.  Elle a aussi recommandé de renforcer les capacités et de mettre l’accent sur le financement et la technologie pour garantir la réalisation des ODD.  Les pays en développement, a-t-elle expliqué, doivent donc mobiliser davantage de ressources nationales par le biais de pratiques innovantes.  Elle a aussi lancé un appel pour que les pays développés tiennent leur promesse de verser une aide publique au développement correspondant à 0,7% de leur PNB, et pour que les partenariats multipartites de partage des connaissances se développent.

Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a estimé que le nouveau Programme de développement durable interpelle tous les États Membres sur la nécessité de poursuivre le travail déjà engagé dans le cadre des OMD.  C’est un nouveau cycle qui démarre et qui offre aux États l’opportunité de tracer des perspectives nouvelles plus ambitieuses et en adéquation avec les aspirations profondes et légitimes des peuples, a-t-elle poursuivi.  Sa délégation tient à plaider spécifiquement en faveur de l’objectif 8 relatif à la jeunesse.  Elle met également l’accent sur la nécessité de mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs du Programme de développement durable, et souhaite que les mécanismes du financement de ce programme tiennent compte de la capacité des États à s’adapter aux changements climatiques, ce qui suppose une action conjuguée des États et un engagement responsable de toute la communauté internationale. 

La question des changements climatiques demeure centrale dans le nouvel agenda et, à ce titre, mérite une attention particulière dans le processus de mise en œuvre des ODD, a souligné Mme Fofana.  Par ailleurs, elle a fait valoir qu’il n’était pas juste que les responsables politiques se dérobent de leurs obligations en matière d’aide publique au développement pour prôner un rôle plus accru du secteur privé, sous le label « Partenariat public-privé », comme une solution miracle en matière d’investissements, quand on sait que les investissements sociaux -qui ne génèrent pas de rente financière- ne sont pas la priorité du secteur privé.  La réussite du PDD dépendra, selon sa délégation, de la parfaite intégration des stratégies de développement aux niveaux national, sous-régional et régional ainsi que des moyens de planification et des mécanismes de suivi et d’évaluation qui seront mis en place.

M. ANTHONY MOTHAE MARUPING, Union africaine, a salué les progrès réalisés dans certains domaines et les leçons à tirer de la mise en œuvre des OMD.  L’Union africaine se félicite de l’adoption du nouveau Programme de développement qui est « une feuille de route pour le monde que nous voulons demain et pour l’achèvement de ce qui restait encore à faire concernant les OMD.  L’Afrique a contribué au processus consultatif dans le cadre des travaux préparatoires du PDD, a rappelé le représentant.  Elle a également organisé la treizième Conférence internationale sur le financement du développement à Addis-Abeba, en juillet dernier.  L’Agenda africain 2063, qui inclus les ODD, aidera le continent à accélérer un développement et une croissance économique menant à un développement social et économique inclusif, a affirmé le représentant de l’Union africaine.  En outre, l’intégration et le commerce intégré, le transfert des technologies devraient mener à une plus grande compétitivité de l’Afrique.  Dans le cadre de ces efforts, le continent mettra en place des mesures pour gérer de façon durable le continent et sa biodiversité.  Par ailleurs, les jeunes et les femmes seront essentiels à la réussite de l’Agenda 2063, a encore précisé le représentant.  Sur le front social, l’Agenda 2063 prévoit notamment un accès universel à l’éducation et à l’eau potable.  Avant de conclure, le représentant a affirmé que l’Afrique devrait être en mesure de réaliser les ODD à temps dans le cadre de l’Agenda africain 2063.

M. DMITRY PANKIN, Président du Conseil d’administration de la Banque eurasienne de développement, s’est interrogé sur la façon dont on allait s’organiser pour arriver à réaliser les ODD.  Il a prévenu qu’il ne faudrait pas en privilégier certains par rapport à d’autres.  Notant l’augmentation des revenus des personnes ayant un emploi dans les pays de sa région, il a noté cependant que la croissance des économies n’avaient pas suivi le même rythme.  Les grandes banques internationales ont réduit leurs opérations dans les pays en développement, a-t-il aussi remarqué en évoquant une fuite des capitaux.  Qui va alors financer les grands projets d’infrastructures dans les pays en développement? a-t-il lancé, tout en relevant que certaines institutions bancaires, comme la Banque asiatique de développement ou la Banque mondiale, restaient présentes dans la région.  Sa recommandation a donc été de faire jouer à l’ONU un rôle de coordination des travaux des banques internationales de développement. 

M. SABER CHOWDHURY, Président de l’Union interparlementaire (UIP), a estimé que ce Sommet présentait une occasion unique pour mener le monde vers un avenir plus intégré.  « Le monde que nous avons connu va changer grâce à l’adoption des ODD », a-t-il affirmé ajoutant que l’Union interparlementaire, qui a contribué à la définition des ODD, est solidaire dans leur mise en œuvre.  C’est précisément l’accent qui y est mis sur les gens, leurs droits, leur dignité et leurs aspirations qui fait de l’ONU et de l’UIP des partenaires naturels, a souligné M. Chowdhury.  L’UIP salue la prise en compte de la bonne gouvernance et de l’état de droit dans les ODD, et s’engage à les appuyer par le biais des parlements nationaux.  « Nous pouvons ensemble créer le monde que nos citoyens veulent », a-t-il conclu.

M. ZHANG XINSHENG, Président de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a appelé à utiliser les ressources de la nature de manière viable, une vision que reflète le nouveau Programme de développement durable.  Pour réaliser les 17 ODD, il va falloir des écosystèmes qui fonctionnent bien, a-t-il prévenu.  À cet égard, il a apprécié la façon dont la « dimension environnement » avait été intégrée dans le Programme de développement pour l’après-2015.  À ses yeux, les ODD sont essentiels pour démontrer que le développement durable ne peut avoir lieu que si l’on protège la planète et ses écosystèmes.  Faisant aussi référence au Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, il a rappelé la nécessité pour chaque pays de développer ses propres ressources.

« Nous allons tous être jugés sur la base de résultats concrets dans un monde en pleine ébullition », a averti M. MARTIN KREUTNER, de l’Académie internationale de lutte contre la corruption (IACA).  Il faut d’une part réaliser les 17 ODD d’ici à 2030, et, d’autre part, intensifier les efforts de lutte contre la corruption dans le monde, a-t-il estimé.  Pour M. Kreutner, ces deux tâches sont complémentaires.  Il en veut pour preuve que la corruption a été un obstacle majeur à la réalisation des OMD.  Toutefois, il est confiant que si l’on redouble d’efforts dans la lutte contre la corruption, tant au plan national qu’au plan international, cela aura un impact positif sur la réalisation des ODD. 

À ce jour, il estime le coût de la corruption à 5% du PNB mondial est entre 5 et 10% de tout contrat dans le milieu des affaires.  Ceux qui sont très touchés par la corruption sont les personnes les plus vulnérables.  Pour lui, la corruption est l’antithèse des droits de l’homme et le poison de la prospérité et du développement.  Elle entame la confiance et contribue à l’implosion des sociétés et des économies.  L’IACA a participé au processus consultatif dans le contexte du Programme de développement à l’horizon 2030 en mettant l’accent sur l’importance de la bonne gouvernance et de l’état de droit, y compris des régimes anticorruption forts et justes.  M. Kreutner s’est félicité de la prise en compte de cette dimension dans l’objectif 16 du Programme.

M. AS SY, Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, s’est félicité de l’accent que le nouveau programme de développement mettait sur les plus vulnérables et les plus marginalisés.  Il a en outre remarqué que les crises humanitaires, les catastrophes naturelles et les épidémies sanitaires dans le monde pouvaient inverser les succès en termes de développement.  « Si nous voulons parvenir au développement durable, il faudrait y répondre de la même manière que pour faire face à la situation des déplacements forcés, des migrations, à la violence et aux atteintes à la dignité humaine », a noté M. Sy.  Pour illustrer son propos, il a rappelé qu’aujourd’hui plus de 250 millions de personnes étaient affectées par des crises humanitaires qui sont souvent liées aux catastrophes naturelles ou à de mauvais secteurs de la santé.  De plus, 60 millions de personnes sont déplacées de force, ce qui met à l’épreuve notre humanité internationale.  Le PDD doit être en mesure de répondre à ces problèmes, impliquant ainsi des milliards de dollars et une diversification des sources de financement, a-t-il poursuivi.  En conclusion, M. Sy a soutenu le programme de développement et assuré que le réseau de la Fédération, et ses 17 millions de volontaires, étaient prêts à contribuer à sa réalisation par le biais de partenariats avec les gouvernements, les institutions du système des Nations Unies, la société civile et le secteur privé.

Mme MICHAËLLE JEAN, Secrétaire générale de la Francophonie, a assuré que « l’OIF s’engage résolument aujourd’hui en faveur de ce programme ambitieux de développement pour l’après-2015 ».  Elle a aussi assuré que l’OIF resterait mobilisée jusqu’au bout pour qu’un accord ambitieux et durable soit atteint dans quelques semaines à Paris, mentionnant à cet égard les actions qu’a menées l’Organisation pour renforcer les capacités des équipes de négociation des pays les plus vulnérables, en particulier en Afrique.  Mme Jean a fait remarquer qu’il faudrait répondre à la mondialisation des problèmes par une mondialisation de la solidarité et des partenariats.  Sans renier la responsabilité propre de chaque État dans la réalisation des objectifs, elle a rappelé que la responsabilité était aussi collective, impliquant les organisations internationales, régionales, non gouvernementales, ainsi que les entreprises privées.

Mme Jean a également prévenu qu’il faudrait ajouter aux objectifs fixés aujourd’hui les conséquences des « conflits que nous avons laissé métastaser » et les conséquences de « cette pauvreté sur laquelle nous avons trop longtemps fermé les yeux et qui se compte aujourd’hui en centaines de milliers de migrants ».  Soulevant l’urgence, elle a appelé à « poser des gestes concrets, tout de suite, maintenant », sans se contenter de gérer ces conséquences au coup par coup mais en agissant plutôt sur les causes.  Elle a ainsi donné l’exemple de ce que fait l’OIF en matière d’éducation et de formation, en matière de paix, de démocratie et de droits de l’homme, ainsi que sur le plan économique avec notamment une stratégie axée sur l’emploi des femmes et des jeunes.

M. BADRE EDDINE ALLALI, Secrétaire général adjoint aux affaires sociales de la Ligue des États arabes, a donné la preuve de son engagement politique au plus haut niveau en faveur du développement durable en citant les résolutions adoptées pour mettre au point les efforts à mener pour appliquer le nouveau programme de développement.  La Ligue a adopté, en mars dernier, une décision qui prévoit d’organiser des conférences ministérielles sur la mise en œuvre du Programme de développement durable dans les pays arabes, a-t-il dit.  M. Allali a encouragé la coopération internationale afin qu’elle contribue à l’application de ce plan ambitieux, avant de dire qu’il comptait sur les jeunes arabes dans cette entreprise.

Mme BRENDA KILLEN, Directrice adjointe de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a assuré que cette organisation entendait apporter sa contribution à la réalisation de progrès qui bénéficient à tous les peuples, grâce à sa grande expertise en politique et aux partenariats qu’elle a mis en place dans 100 pays.  Elle a dénoncé une dépendance des énergies fossiles qui dure depuis trop longtemps et présenté le rapport sur l’économie à faible teneur en carbone élaboré cette année par l’OCDE.  Ce rapport démontre l’incohérence de certaines politiques fiscales et commerciales avec les objectifs environnementaux.  Elle a ainsi offert les services de l’OCDE à tout pays qui veut adopter de meilleures politiques en vue d’atteindre les ODD. 

Mme Killen a ensuite rappelé les sources importantes de financement du développement, comme l’APD et les investissements privés.  Le cadre de politique en faveur de l’investissement de l’OCDE aide plus de 30 pays en développement à stimuler les investissements et l’innovation.  En outre, a-t-elle ajouté, l’OCDE soutient les efforts des pays dans la lutte contre l’évasion fiscale.  Mme Killen a assuré que l’OCDE était disposée à soutenir les partenariats, la collecte de données et la responsabilisation, dans la perspective de la mise en œuvre du nouveau programme de développement.

Mme FANG LIU, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de l’aviation civile (OACI), a affirmé que les objectifs de l’OACI étaient étroitement liés à 13 des 17 ODD.  Elle a expliqué les domaines dans lesquels l’aviation pouvait servir de moteur au développement social et économique.  Avec plus de 8,5 millions de personnes qui travaillent dans ce secteur et 700 milliards de dollars de revenus, l’aviation représente 3,5% des revenus dans le monde.  L’aviation, a expliqué Mme Liu, contribue à la transformation des vies et de sociétés en reliant le monde et en permettant l’accès aux nouvelles technologies.  Elle facilite en outre la connectivité des pays en développement sans littoral ainsi que des petits États insulaires permettant de promouvoir le tourisme.  En conclusion, Mme Liu a affirmé que l’OACI avait le privilège de coopérer avec les États et les organisations dans l’adoption et la réalisation des ODD.

M. JOSÉ GRAZIANO DA SILVA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a salué l’engagement que les États Membres ont pris aujourd’hui non seulement en faveur de la réduction, mais aussi de l’éradication de la pauvreté, la faim et la malnutrition de manière durable.  Il a souligné que le nouveau programme de développement reconnaissait le caractère central de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de l’agriculture durable, comme cela est prévu dans le deuxième ODD.  M. Da Silva a rappelé qu’il y avait 200 millions de personnes de moins, par rapport à 1990, qui souffrent de la faim.  En outre, 73 pays en développement sur les 120 qui sont suivis par la FAO ont réalisé l’OMD relatif à la faim.  Mais 800 millions de personnes continuent de souffrir de faim chronique, s’est-il inquiété avant de recommander de concentrer les efforts sur le développement rural.  Il a plaidé en faveur de méthodes de production et de consommation durables et résilients, avec en outre des systèmes de protection sociale bien conçus.  En termes d’investissements, selon les trois institutions des Nations Unies basées à Rome, il faudrait 160 dollars de plus, par an et par personne vivant dans l’extrême pauvreté, pendant les 15 années à venir.

Pour M. MUKHISA KITUYI, Secrétaire général de la CNUCED, le PDD à l’horizon 2030 est un programme ambitieux, inclusif qui témoigne d’une vision collective pour transformer le monde et qui correspond à la vision fondamentale de la CNUCED à savoir: dignité, une meilleure planète pour tous et prospérité pour tous.  Satisfait de voir que le PDD reconnait le rôle essentiel du commerce et du développement dans le développement durable, M. Kituyi a assuré que la CNUCED ferait une contribution durable à l’élimination de la pauvreté dans le monde et au passage à une économie mondiale à faible teneur en carbone.  « Il faut maintenant passer des décisions à l’action; des négociations à la mise en œuvre » et le rôle de la CNUCED et du système de développement des Nations Unies a été renforcé par le processus de financement du développement.  Selon les estimations de la CNUCED, il faudra 2,5 milliards de dollars tous les ans pour aider les pays en développement à atteindre les ODD.  Or, cela semble difficile dans le contexte actuel mondial et les faibles taux de croissance, a averti M. Kituyi.  Pour lui, les PMA seront les terrains d’essais des ODD.  Leurs besoins massifs en termes d’infrastructures et d’investissements devront être satisfaits ce qui ne pourra se faire sans une coopération internationale renforcée.

Mme MARIE-PAULE ROUDIL, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), notant que l’Agenda 2030 avait été élaboré d’une manière nouvelle, a estimé qu’il faudrait que sa mise en œuvre se fasse également de façon innovante et transformative.  Nous sommes appelés à y contribuer par tous les moyens, a-t-elle souligné avant d’assurer que l’UNESCO était pleinement engagé dans ce sens, de par son travail normatif, son dialogue politique et ses partenariats inclusifs.  Elle a souligné la nécessité de débloquer des financements bien ciblés et de mettre l’accent sur l’éducation qui est un droit de l’homme et un facteur d’égalité entre les hommes et les femmes.  Après avoir salué l’inclusion de l’ODD 4 relatif à l’éducation dans le nouveau programme de développement, elle a fait observer que l’Agenda 2030 reconnaissait la force de la culture, de la diversité culturelle, comme moteur de développement durable.  Elle a aussi invité à renforcer les capacités des pays à recueillir des données fiables et transparentes pour comprendre les mécanismes de développement et augmenter l’efficacité des investissements.

Mme JAN BEAGLE, représentante d’ONUSIDA, a demandé à la salle d’imaginer le monde en 2030 si la mise en œuvre du nouveau programme de développement était couronnée de succès, créant ainsi un monde sans pauvreté, sans épidémies et sans endettement.  Ouvrant la voie de la réalisation des objectifs fixés, les personnes affectées par le VIH/ sida ont refusé le statut quo et ont exigé des médicaments à des prix abordables à l’horizon 2015, ce qui a été possible tout en enregistrant une baisse de plus de 35% des nouvelles infections.  C’est un bel exemple de promesses tenues à partir du moment où l’on dispose des outils nécessaires, a noté la représentante.  Pour ONUSIDA, il faudrait renforcer les programmes de lutte contre le VIH/sida d’ici à 2030.  Dans cet esprit, ONUSIDA est fière d’être l’une des premières entités de l’ONU associée aux ODD, notamment à la réalisation du troisième objectif.

Mme SUSAN HOPGOOD, Education International, qui est un mouvement international de syndicats dont la raison d’être est la lutte contre la pauvreté, la réduction des inégalités ainsi que la dignité au travail, a expliqué que son organisation ouvrait la voie là où les gouvernements ne font pas assez.  Se félicitant de l’adoption du Programme de développement 2030 qui appelle à une éducation primaire et secondaire de qualité pour tous, elle a affirmé que les générations futures en seront très reconnaissantes.  « Il va falloir maintenant atteindre ces objectifs », a-t-elle estimé, en faisant observer qu’il faudrait maintenant trouver des sources de financement pour en assurer la mise en œuvre et établir un cadre de suivi et d’évaluation efficace.  « Les engagements pris ne sont réels que lorsqu’ils sont contraignants, et l’intérêt public n’est pas protégé si le secteur privé a un accès inconditionnel aux ressources publiques », a encore averti Mme Hopgood.

Mme SYLVIA BEALES, HelpAge International, a apprécié que les ODD prennent en compte les personnes âgées.  Aujourd’hui, dans le monde, deux personnes atteignent l’âge de 60 ans par seconde, tandis qu’il y a un nouveau cas de démence toutes les 3 secondes.  D’ici à 2030, 16% de la population mondiale aura plus de 60 ans, a-t-elle ajouté, en précisant que près de 47% des personnes de plus de 65 ans vivent avec un handicap.  Elle a énuméré les difficultés que pose la vieillesse dans le monde en développement, notamment l’insuffisance de ressources et la vulnérabilité face aux abus.  Mme Beales a toutefois invité à voir dans le vieillissement de la population un triomphe de l’humanité plutôt qu’un fardeau.  Il faut, a-t-elle recommandé, des plans nationaux pour investir dans cette tranche de la population, avec des programmes de financement qui prévoient les besoins des personnes âgées.  Elle a aussi proposé d’intégrer ces personnes comme des acteurs essentiels des mécanismes régionaux et mondiaux visant la mise en œuvre du cadre de développement durable.  Enfin, elle a demandé aux pays d’investir dans la collecte de données sur le vieillissement.

Dialogues interactifs du Sommet consacré à l’adoption du Programme de développement pour l’après-2015

Dialogue interactif 1: éliminer la pauvreté et la faim

Sous la coprésidence des Premiers Ministres de la Slovénie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, MM. MIRO CERAR et RALPH GONSALVES, le dialogue interactif inaugural, auquel ont participé les chefs d’État et de gouvernement et ministres de l’Éthiopie, de la Norvège, du Canada, du Viet Nam, de la République centrafricaine, du Mali, de la Turquie, du Soudan ou encore de la France, était consacré aux Objectifs 1 et 2 du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 », adopté plus tôt par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement.  Intitulés « éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde » et « éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable », les Objectifs 1 et 2 sont assortis de sept et neuf cibles, respectivement. 

S’inscrivant dans la continuité directe du premier Objectif du Millénaire pour le développement (OMD), ils reprennent les choses là où 15 ans d’efforts dans le monde les ont laissés.  L’OMD 1 visant à « éliminer l’extrême pauvreté et la faim » a été atteint.  Au plan mondial, le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour a diminué de plus de la moitié, passant de 1,9 milliard en 1990 à 836 millions en 2015, soit 14% de la population mondiale, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie.  La proportion de personnes sous alimentées dans les régions en développement a aussi baissé de près de la moitié, passant de 23,3% entre 1990 et 1992 à 12,9% entre 2014 et 2016.

Comme avec le « Programme de développement durable à l’horizon 2030 », le but est d’éliminer « complètement » l’extrême pauvreté et la faim dans le monde entier, il s’avère nécessaire de remobiliser les États dans un combat qui « plus que jamais » exige leur rapprochement avec le système des Nations Unies, la société civile et le secteur privé, représenté entre autres aujourd’hui par BILL et MELINDA GATES, à la tête de la Fondation du même nom.

Une quarantaine de délégations, de hauts fonctionnaires, de chefs d’entreprise et de représentants d’ONG ont soulevé les questions de l’établissement de « socles de protection sociale » et des « droits aux ressources économiques » ainsi que celle de la « résilience » des communautés face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, qui pèsent lourdement sur les budgets nationaux.  La donnée fondamentale de la mobilisation des ressources est revenue avec insistance parmi les intervenants, dont le moindre n’était pas M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, pays-hôte de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui vient d’adopter le « Programme d’action d’Addis-Abeba ».

Une des cibles de l’Objectif 2 sur l’élimination de la faim parle d’investir dans le renforcement des capacités productives agricoles des pays en développement, en particulier des pays les moins avancés (PMA).  Cette idée a été défendue vigoureusement par plusieurs intervenants, dont M. PAUL POLMAN, PDG d’UNILEVER, une des plus anciennes multinationales au monde, qui s’est lancé dans un plaidoyer en faveur d’une approche « transversale » associant toutes les parties prenantes dont les pauvres eux-mêmes, qui peuvent devenir les « agents de changement » que Mme Melinda Gates a appelés de ses vœux.  La multiplication des opportunités pour les femmes et les enfants aura des retombées positives à l’échelle de leurs communautés, a-t-elle argué.  « C’est ici, dans cette salle même, que nous devons commencer », a-t-elle lancé.

Cet appel a été repris par la société civile, notamment les ONG « Action on Disability and Development » et « Hunger Project », mais aussi par le Premier Ministre de la Norvège.  Mme ERNA SOLBERG s’est en effet déclarée convaincue de la primauté de l’éducation et de l’égalité entre les sexes, qui constituent à ses yeux, les moteurs fondamentaux de la croissance économique donc de la mobilisation des ressources, tout comme « les partenariats visant à améliorer la santé maternelle et infantile ».  Plus connus sous le terme anglais de « stunting », les retards de croissance chez 200 millions d’enfants dans le monde, tout particulièrement en Afrique, ont été dénoncés par Mme Solberg comme « un mal silencieux » qui s’attaque directement à la future main-d’œuvre des pays concernés.

Face à un tel « péril générationnel », les femmes enceintes et allaitantes doivent avoir accès à une alimentation « adéquate et nutritive », a plaidé la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme ERTHARIN COUSIN, rejointe sur ce point par M. Bill Gates, ennemi déclaré de la malnutrition chronique.  Le Canada, a rappelé son Ministre du développement international et de la francophonie, M. CHRISTIAN PARADIS, a également fait « des mères et des nouveau-nés » une priorité de ses programmes d’aide.

M. ROBERTO AZEVEDO, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a rappelé qu’un dollar investi dans le commerce se traduisait au moins par huit dollars dans les exportations.  Cela tombe à point nommé puisque le « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » enjoint aux États de « corriger et prévenir » les restrictions et distorsions commerciales des marchés agricoles mondiaux, y compris par les subsides à l’exportation. 

Des mesures pour « contribuer à limiter l’extrême volatilité du prix des denrées alimentaires » sont une cible en faveur de laquelle s’est prononcé le Directeur de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. JOSE GRAZIANO DA SILVA, plus généralement partisan d’une réforme des modes de production et de consommation alimentaire.  La FAO et le PAM, en coopération avec le Fonds international de développement agricole (FIDA), ont d’ailleurs « calculé que les investissements à consentir dans les domaines de la protection sociale et du développement rural en vue d’éradiquer la faim d’ici à 2030 s’élèvent à 270 milliards de dollars par an, soit une fraction du coût annuel de la faim », a indiqué la Directrice exécutive du PAM.

C’est donc une approche holistique qui a été privilégiée par des participants soucieux de formuler une réponse à la hauteur d’un problème multidimensionnel, une approche fondée sur des partenariats respectueux du principe d’appropriation nationale.  Par la voix de son Vice-Premier Ministre, le Viet Nam s’est fait l’avocat d’une telle démarche, en précisant que son pays s’était doté d’un programme axé sur cinq facteurs interdépendants de la lutte contre la pauvreté: revenu, santé, logement, eau potable et assainissement, et accès à l’information. 

Présentant le point de vue d’un pays en conflit, la Présidente de la transition de la République centrafricaine, Mme CATHERINE SAMBA-PANZA, a expliqué: « La pauvreté découle des inégalités.  Certaines régions ayant été laissées pour compte en raison de leur éloignement géographique ou de leur difficulté d’accès, leurs habitants n’ont eu d’autre choix que de prendre les armes.  Il faut offrir aux jeunes des opportunités et dépasser le stade de l’urgence humanitaire en proposant des projets de développement qui redonnent espoir à l’ensemble de la population ».

C’est ce que s’efforce de faire le Mali, a assuré à sa suite son Président, M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, qui a déclaré qu’en dépit d’une stabilité encore fragile au lendemain des accords de paix, son gouvernement venait de s’engager à allouer 15% du budget de l’État au secteur agricole et le même pourcentage à l’éducation, conscient que la « volonté politique » peut faire la différence, du moment que les bailleurs de fonds sont présents.  Tandis que le Vice-Premier Ministre de la Turquie, M. CEVDET YILMAZ, soulignait les difficultés supplémentaires que font peser sur la lutte contre la pauvreté dans son pays les réfugiés de la Syrie et de l’Iraq voisins, le Ministre de la santé et de la sécurité sociale du Soudan, M. MASHAIR AHMED ELAMIN ABDALLA, dénonçait le fardeau de la dette et des sanctions. 

Enfin, Mme ANNICK GIRARDIN, Secrétaire d’État au développement et à la francophonie de la France –pays qui accueillera début décembre la vingt et unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21)-, a déclaré que « lutter contre les changements climatiques, c’est agir pour la santé, pour l’emploi et la résilience des infrastructures et pour des migrations dignes et surtout choisies ».

Dialogue interactif 2 « Lutter contre les inégalités, autonomiser les femmes et les filles et ne laisser personne en marge »

Coprésidé par les Présidents de la Croatie et du Kenya, MM  KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ et UHURU KENYATTA, le dialogue a été l’occasion de réaffirmer que l’égalité des sexes est une question des droits de l’homme.  Cette égalité et l’autonomisation des femmes et des filles constituent l’Objectif 5 du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 », lequel Objectif se décline en six cibles.  L’ancien Objectif 3 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) a connu des progrès: dans leur ensemble, les régions en développement ont atteint la cible consistant à éliminer la disparité entre les sexes dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur.  Aujourd’hui, les femmes représentent 41% des travailleurs rémunérés non agricoles, en augmentation par rapport à 35% en 1990.  Entre 1991 et 2015, la proportion de femmes dans l’emploi précaire par rapport à l’emploi total des femmes a diminué de 13 points de pourcentage.  Pendant les 20 dernières années, les femmes ont gagné du terrain dans la représentation parlementaire dans près de 90% des 174 pays disposant de données.  La proportion moyenne des femmes au parlement a presque doublé lors de cette période.  Mais seulement, un parlementaire sur cinq est une femme.

Dans le « Programme de développement durable à l’horizon 2030 », il s’agit de mettre fin à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles.  Les inégalités entravent le développement durable, et les femmes en sont les principales victimes, a dit aujourd’hui en écho la cinquantaine d’États et de représentants, d’organisations internationales, de la société civile et du secteur privé qui a pris part au dialogue.  Les inégalités sont parfois institutionnalisées, a avoué le Premier Ministre du Lesotho, M. PAKALITHA MOSISILI, expliquant que dans son pays, la Constitution stipule que seul le premier enfant mâle du souverain peut prétendre au trône.  Il a également parlé des obstacles culturels, comme l’attitude des femmes qui choisissent d’épouser des hommes prompts « à la bastonnade », preuve de virilité selon elles.

Pour lutter contre les inégalités entre les sexes, l’éducation doit être la priorité, ont dit en chœur les participants au dialogue.  Le Vice-Président du Guatemala, M. JUAN ALFONSO FUENTES SORIA, a fait part des efforts de son gouvernement en faveur de la scolarisation des femmes et des filles autochtones, « une dette nationale envers ces femmes rurales qui ont été laissées en marge du développement ».  L’éducation est l’instrument le plus puissant pour faire changer le statut des femmes dans la société, a aussi affirmé le représentant de l’Agence israélienne de développement international (MASHAV), M. GIL HASKEL.  Malheureusement, 32 millions de filles dans le monde sont en décrochage scolaire, a rappelé la Présidente du « Global Partnership for education », Mme CAMILLA CROSO.

La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Mme IRINA BOKOVA, a insisté pour un meilleur accès des filles aux filières scientifiques et technologiques.  Ce qu’il faut, c’est démocratiser les systèmes éducatifs et faire barrage à la « commercialisation de l’éducation », ont plaidé les participants au dialogue.  De nombreuses initiatives ont été citées, comme celle de la « Fondation Mastercard » qui a investi 1,5 milliard de dollars dans l’éducation et la formation professionnelle des filles et femmes en Afrique.

Mais comment juger du succès de telles initiatives, en particulier celles visant l’autonomisation des femmes?  Tout simplement, en ayant plus de femmes dans des salles comme celle-ci, a répondu la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA.  Dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes, 5 femmes président à la destinée de leur pays sur les 33 pays du continent, a relevé la Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Mme ALICIA BARCENA. 

Outre l’accès universel à l’éducation, il faut donc aller plus loin, a-t-elle suggéré, et travailler à l’égalité économique par l’égalité d’accès au crédit et l’égalité salariale qui, à elle seule, permettrait de réduire la pauvreté de 1% en Argentine et de 17% en Bolivie.  C’est la priorité de mon gouvernement, a affirmé le Premier Ministre de l’Islande, M. DAVID GUNNLAUGSSON, qui a appelé les hommes à œuvrer avec les femmes à l’égalité entre les sexes.

« Sans femme, point de développement », c’est le leitmotiv de l’Union européenne, a rappelé son Commissaire à la coopération internationale et au développement, M. NEVEN MIMICA qui a exhorté les bailleurs de fonds à placer les femmes au centre de tout programme de coopération au développement.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a annoncé la mise sur pied d’un programme mondial sur le suivi de l’Objectif 5 et de ses cibles.  « Nous saurons que nous avons réussi quand toutes les femmes auront les mêmes avantages que les hommes », a-t-elle averti.

Le nouveau Programme de développement durable ne sera efficace que si toutes les inégalités sont combattues, a insisté le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, qui a parlé des inégalités horizontales, entre les groupes sociaux et ethniques, et des inégalités verticales, entre les patrons et leurs employés, par exemple.  Il a également dénoncé les inégalités entre pays, les inégalités dans le système de gouvernance mondiale, « qui tendent à favoriser les pays les plus puissants, en violation flagrante des principes de la Charte ».  Les pays en développement n’ont même pas voix au chapitre quand sont discutés leurs programmes économiques, a renchéri la Ministre des affaires étrangères des Maldives, Mme DUNYA MAUMOON. 

La communauté internationale doit aussi faire le lien entre le « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » et la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, a plaidé, à son tour, le représentant de l’Alliance internationale des handicapés, M. VLADIMIR CUK.  S’agissant des inégalités, la situation des migrants a été abordée par le Directeur général de l’Organisation internationale des migrations (OIM), M. WIILIAM SWING qui a dénoncé le fait que « le sentiment de haine contre les migrants soit aujourd’hui à son paroxysme ».

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Dans son allocution à l’Assemblée générale, le pape François prône la défense de l’environnement, la lutte contre l’exclusion et le respect de la dignité humaine

Soixante-dixième session,
3e séance plénière – matin
AG/11686

Dans son allocution à l’Assemblée générale, le pape François prône la défense de l’environnement, la lutte contre l’exclusion et le respect de la dignité humaine

C’est la première fois, au cours des 70 années de l’histoire de l’Organisation des Nations Unies, qu’un pape prend la parole à l’ouverture de l’Assemblée générale, et devant tant de dirigeants mondiaux, a fait remarquer le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en accueillant ce matin le pape François.

Le souverain pontife a prononcé une allocution à l’Assemblée avant l’ouverture du Sommet des chefs d’État et de gouvernement qui doivent adopter le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

« Merci d’écrire l’histoire », a dit le Secrétaire général au pape François, « un homme de foi pour toutes les fois ».

Le pape François, qui interpelle un large public et dont la liberté de ton est appréciée dans le monde entier, a prôné la défense de l’environnement et la lutte contre l’exclusion. 

Évoquant les différents conflits dans le monde, il a également appelé « ceux qui sont en charge de la conduite des affaires internationales » à « un examen de conscience ». 

Avant tout, a déclaré le pape, il faut affirmer qu’il existe un « vrai droit de l’environnement ».  Pour lui, l’environnement comporte des limites éthiques que l’action humaine doit connaître et respecter et toute atteinte à l’environnement est une atteinte contre l’humanité.

La visite du pape François à l’occasion de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est pas une coïncidence, a ainsi souligné M. Ban dans son introduction.  La récente Encyclique papale sur l’écologie humaine a défini les changements climatiques comme étant le principal défi auquel doit faire face l’humanité, ainsi qu’une question morale.

Avant l’adoption des nouveaux objectifs de développement durable, et dans la perspective de la prochaine Conférence de Paris sur le climat, le pape a mis les délégations en garde « contre les déclarations à effet tranquillisant sur les consciences ». 

Dans le même esprit, le Saint-Père a considéré que « l’exclusion économique et sociale est une négation totale de la fraternité humaine et une très grave atteinte aux droits humains et à l’environnement », qui affecte les plus pauvres.  Il a plaidé pour plus d’équité, y compris au sein des institutions internationales.

Le pape a demandé aux gouvernants de « faire tout leur possible afin que tous puissent avoir les conditions matérielles et spirituelles minimum pour exercer leur dignité, comme pour fonder et entretenir une famille qui est la cellule de base de tout développement social ».

« Chaque jour, vous aspirez à inclure les exclus », s’est félicité M. Ban.  « Comme les Nations Unies, vous êtes mu par la passion d’aider les autres. »

Pour le Secrétaire général, l’exemple du Saint-Père « nous inspire tous ».  « Sa Sainteté est une voix retentissante de la conscience », a reconnu le Secrétaire général, en évoquant notamment la compassion du pape François pour les réfugiés et les migrants du monde et sa solidarité pour les personnes piégées par les conflits et la pauvreté.

Le pape a affirmé qu’il faudrait mobiliser le monde au-delà des différences religieuses ou politiques afin d’établir une vision partagée, « une vie de dignité pour tous », a rappelé M. Ban. 

« Bienvenue à la tribune du monde », a conclu le Secrétaire général avant de céder la parole au pape.

Pour sa part, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, a fait remarquer que le pape avait traité directement des trois piliers de l’Assemblée générale -paix, développement et sécurité-, et identifié le besoin de « remédier aux politiques de division et de corruption qui alimentent les conflits et retardent le développement ».

« Nous sommes unis par la même préoccupation », a affirmé le Président de l’Assemblée, et « nous devons trouver la sagesse et le courage d’adopter un accord ambitieux pour le climat ».

Il faut mettre un terme aux conflits et aux extrémismes violents qui affectent de nombreuses régions, a-t-il poursuivi, avant d’évoquer le sort de millions de réfugiés et de personnes déplacées pour lesquels « la réponse est inadéquate et constitue un échec pour l’humanité ».  M. Lykketoft a proposé de s’attaquer aux problèmes dans un esprit de spiritualité et de dialogue.

Au début de son allocution, le pape François a réaffirmé l’importance que l’Église catholique accorde à l’Organisation des Nations Unies et l’espérance qu’elle met dans ses activités.

Le Saint-Père a reconnu que chacun des progrès politiques, juridiques et techniques réalisés par l’ONU depuis sa création « est un chemin d’accomplissement de l’idéal de fraternité humaine et un moyen pour sa plus grande réalisation ».

L’expérience de ces 70 années montre que la réforme et l’adaptation aux temps sont toujours nécessaires, « progressant vers l’objectif ultime d’accorder à tous les peuples, sans exception, une participation et une incidence réelle et équitable dans les décisions », a-t-il estimé.

Pour le pape François, « cette nécessité de plus d’équité » vaut en particulier pour les corps dotés d’une capacité d’exécution effective, comme c’est le cas du Conseil de sécurité, des organismes financiers et des mécanismes spécialement créés pour affronter les crises économiques.  Les organismes

financiers internationaux doivent veiller au développement durable des pays, et à ce qu’ils ne soient pas soumis, de façon asphyxiante, à des systèmes de crédit qui, loin de promouvoir le progrès, assujettissent les populations à des mécanismes de plus grande pauvreté, d’exclusion et de dépendance.

Avant tout, a déclaré le pape François, il faut affirmer qu’il existe un « vrai droit de l’environnement » pour un double motif. 

En premier lieu, a-t-il précisé, parce que nous, les êtres humains, nous faisons partie de l’environnement.  « Nous vivons en communion avec lui, car l’environnement comporte des limites éthiques que l’action humaine doit connaître et respecter. »  Toute atteinte à l’environnement est une atteinte contre l’humanité, a résumé le pape.

En second lieu, a-t-il poursuivi, parce que « chacune des créatures, surtout les créatures vivantes, a une valeur en soi, d’existence, de vie, de beauté et d’interdépendance avec les autres créatures ».  « L’homme ne peut abuser de la création et il est encore moins autorisé à la détruire », a insisté le pape.  Pour toutes les croyances religieuses, l’environnement est un bien fondamental.

Le souverain pontife a constaté que l’abus et la destruction de l’environnement étaient accompagnés par « un processus implacable d’exclusion ».  Il a considéré que la soif égoïste et illimitée de pouvoir et de bien-être matériel conduisait autant à abuser des ressources matérielles disponibles qu’à exclure les faibles et les personnes ayant moins de capacités. 

« L’exclusion économique et sociale est une négation totale de la fraternité humaine et une très grave atteinte aux droits humains et à l’environnement », qui affecte les plus pauvres, a dit le pape.  Il a vilipendé « la culture de déchet » aujourd’hui si répandue et inconsciemment renforcée.

Le pape François a vu ensuite dans l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 « un signe important d’espérance ».  De même, il a espéré que la Conférence de Paris sur les changements climatiques aboutira à des accords fondamentaux et efficaces.  Cependant, a-t-il averti, « les engagements pris solennellement ne suffisent pas ».  

Le pape a mis en garde « contre les déclarations à effet tranquillisant sur les consciences ».  À aucun moment, a-t-il dit, « il ne faut oublier que l’action politique et économique est efficace seulement lorsqu’on l’entend comme une activité prudentielle, guidée par un concept immuable de justice, et qui ne perd jamais de vue qu’avant, et au-delà des plans comme des programmes, il y a des femmes et des hommes concrets, égaux aux gouvernants, qui vivent, luttent et souffrent, et qui bien des fois se voient obligés de vivre dans la misère, privés de tous droits ».  Pour qu’ils puissent échapper à l’extrême pauvreté, « il faut leur permettre d’être de dignes acteurs de leur propre destin », a-t-il recommandé.

Le développement humain intégral et le plein exercice de la dignité humaine, a rappelé le Saint-Père, ne peuvent être imposés.  Ils doivent être édifiés et déployés par chacun, par chaque famille, en communion avec les autres hommes et dans une juste relation avec tous les cercles où se développe la société humaine.  En même temps, les gouvernants doivent faire tout leur possible afin que tous puissent avoir les conditions matérielles et spirituelles minimum pour exercer leur dignité, comme pour fonder et entretenir une famille qui est la cellule de base de tout développement social.

« Ce minimum absolu a, sur le plan matériel, trois noms: toit, travail, et terre; et un nom sur le plan spirituel: la liberté de pensée, qui comprend la liberté religieuse, le droit à l’éducation et les autres droits civiques », a expliqué le pape François.  Ces piliers du développement humain intégral ont un fondement commun, qui est le droit à la vie, et, plus généralement, « ce que nous pourrions appeler le droit à l’existence de la nature humaine elle-même ».

La crise écologique peut mettre en péril l’existence même de l’espèce humaine, a insisté le Saint-Père.  À cet égard, il a fait valoir que « la défense de l’environnement et la lutte contre l’exclusion exigent la reconnaissance d’une loi morale inscrite dans la nature humaine elle-même, qui comprend la distinction naturelle entre homme et femme et le respect absolu de la vie à toutes ses étapes et dans toutes ses dimensions ».

La guerre étant « la négation de tous les droits et une agression dramatique contre l’environnement », le pape a estimé qu’il faudrait assurer l’incontestable état de droit et le recours inlassable à la négociation, aux bons offices et à l’arbitrage, conformément à la Charte des Nations Unies et aux normes internationales. 

Le souverain pontife a déploré la tendance à la prolifération des armes, notamment les armes de destruction massive, et proposé d’œuvrer pour un monde sans armes nucléaires.  Pour lui, une éthique et un droit fondés sur la menace de destruction mutuelle sont contradictoires et constituent une manipulation de toute la construction des Nations Unies, qui finiraient par être « Nations Unies par la peur et la méfiance ».

Par ailleurs, le pape François a réitéré ses appels concernant la douloureuse situation de tout le Moyen-Orient, du Nord de l’Afrique, et d’autres pays africains, où les chrétiens, avec d’autres groupes culturels et ethniques, y compris avec les membres de la religion majoritaire qui ne veulent pas se laisser gagner par la haine et la folie, ont été forcés à être témoins de la destruction de leurs lieux de culte, de leur patrimoine culturel et religieux, de leurs maisons comme de leurs propriétés.  Ils ont été mis devant l’alternative de fuir ou bien de payer de leur propre vie, ou encore par l’esclavage, leur adhésion au bien et à la paix, s’est-il lamenté.

Le pape a appelé ceux qui sont en charge de la conduite des affaires internationales « à un examen de conscience ».  Il a rappelé que dans les cas de persécution religieuse ou culturelle, mais aussi dans chaque situation de conflit, comme en Ukraine, en Syrie, en Iraq, au Soudan du Sud et dans la région des Grands Lacs, avant les intérêts partisans, aussi légitimes soient-ils, il y a des visages concrets.

Le Saint-Père a également mentionné le phénomène du trafic des stupéfiants, qui tout en étant condamné, reste faiblement combattu et qui provoque la mort de millions de personnes. 

Enfin, le pape François a souhaité que « la maison commune de tous les hommes » continue de s’élever sur une juste compréhension de la fraternité universelle et sur le respect de la sacralité de chaque vie humaine, de chaque homme et de chaque femme, des pauvres, des personnes âgées, des enfants, des malades, des enfants à naître, des chômeurs, des abandonnés, « de ceux qui sont jugés bons à exclure, parce que l’on ne les perçoit plus que comme des chiffres de l’un ou l’autre sacrifice ».  La maison commune de tous les hommes, a-t-il plaidé, doit aussi s’édifier sur la compréhension d’une certaine sacralité de la nature créée.

La construction juridique internationale de l’ONU peut être le gage d’un avenir sûr et heureux pour les futures générations, « si les représentants des États savent laisser de côté des intérêts sectoriels et idéologiques, et chercher sincèrement le service du bien commun », a conclu le pape François.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission économique et financière tiendra ses travaux du 7 octobre au 25 novembre, juste avant la Conférence de Paris sur le climat

Deuxième Commission,
1re séance – après-midi
AG/EF/3419

La Commission économique et financière tiendra ses travaux du 7 octobre au 25 novembre, juste avant la Conférence de Paris sur le climat

La Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, s’est réunie cet après-midi pour compléter son Bureau et organiser une session qui se tiendra sous la présidence de M. Andrej Logar, de la Slovénie.  Les travaux devant se tenir du 7 octobre au 25 novembre, le Président de la Commission a appelé ses collègues à une grande discipline pour respecter les délais prévus pour la négociation et la présentation des textes à adopter.  Il leur a aussi suggéré de soumettre des idées créatives pour rationaliser le travail de la Commission.

Mme Chantal Uwezira, du Rwanda, a été élue au poste de Rapporteur de la Commission, tandis que les Vice-Présidents, élus précédemment, sont MM. Purnomo Ahmad Chandra, de l’Indonésie, Enrique José María Carrillo Gómez,  du Paraguay, et Reinhard Krapp, de l’Allemagne.

Selon le programme de travail révisé oralement, les travaux* de la Deuxième Commission s’ouvriront le 7 octobre, avec un débat général de trois jours.  La fin des travaux prévue pour le 25 novembre 2015 est une échéance d’autant plus importante que de nombreuses délégations seront mobilisées à Paris pour la vingt et unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), prévue du 30 novembre au 11 décembre.

« Les débats auront une résonnance particulière cette année », a fait remarquer le Président de la Commission, en rappelant la tenue, en juillet dernier à Addis-Abeba, de la troisième Conférence sur le financement du développement et le Sommet de septembre qui s’apprête à s’ouvrir à New York pour adopter les 17 objectifs et 169 cibles du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Quatre manifestations parallèles seront organisées au cours de la session, a indiqué le Président, en attirant l’attention sur cette pratique « unique à la Deuxième Commission » qui permet d’entrer plus rapidement dans le vif du sujet et d’examiner des « idées nouvelles et parfois controversées ».  Les thèmes sont l’égalité entre les sexes et le développement durable, la croissance inclusive, le renforcement de la résilience des pays en situation particulière, et la gestion de l’eau dans les pays arides.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), le représentant de l’Équateur a estimé que ces thèmes montrent que les besoins spécifiques de sa région n’ont pas été pris en compte, dont la nécessité d’inventer un nouveau calcul des progrès en matière de développement durable qui aille au-delà du revenu par habitant et qui reconnaisse la pauvreté dans toutes ses formes, les dimensions sociale, économique et environnementale du produit national et les faiblesses structurelles à tous les niveaux.  Le représentant a donc dit s’attendre à une révision de la liste actuelle des manifestations parallèles.  

La Deuxième Commission organisera en outre deux séances communes avec le Conseil économique et social (ECOSOC), l’une sur les flux financiers illicites et le financement du développement en Afrique, le 23octobre, et l’autre sur les questions fiscales, le 11 novembre.

« J’ai l’intention de faire de l’amélioration des méthodes de travail une priorité », a dit le Président, en rappelant une résolution adoptée au début de ce mois par l’Assemblée générale qui demande à chacune de ses grandes commissions d’aborder cette question.  Il a en effet souligné la nécessité d’éliminer les chevauchements entre les organes de l’Assemblée générale et ceux de l’ECOSOC, tout en promouvant la complémentarité des travaux. 

Le Président a souligné le caractère « urgent » de cet examen.  C’est le bon moment, a-t-il ajouté, en pensant à la mise en œuvre et au suivi du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Il a annoncé une réunion sur cette question, le 9 octobre.  « Je vous invite à présenter des idées audacieuses et créatives », a-t-il lancé à l’adresse des délégations.

Le Président les a aussi invitées à faire en sorte que les travaux de la Commission soient aussi efficaces que possible, en optimisant l’utilisation du temps imparti, comme l’exige la décision 65/530 de l’Assemblée générale.

En ce qui concerne les projets de résolution, il a demandé de faire démarrer les négociations aussi rapidement que possible et d’adopter les textes au fur et à mesure de l’avancement de la session.  Le Bureau de la Commission a fixé des dates butoir pour la soumission des projets de résolution, tout en prenant en compte la complexité des propositions, a assuré le Président en exigeant le respect strict des échéances qui sont à son avis « réalistes ».

Il a toutefois précisé les conditions requises pour faire une demande « exceptionnelle » de prorogation des délais impartis, rappelant le délai de 48 heures requis par les services de traduction de l’ONU pour publier les textes dans les six langues officielles de l’ONU, condition préalable à l’examen des textes et à leur adoption.  Les textes doivent être plus concis et davantage orientés vers l’action, a plaidé le Président.

Au cours de cette séance d’organisation, la Deuxième Commission a également pris note du document** contenant la date de parution des différents rapports à l’examen.

Les membres de la Commission ont aussi appris qu’ils peuvent utiliser l’espace électronique commun « QuickPlace ».  Rappelant les nombreux problèmes rencontrés l’année dernière, le représentant du Libéria a demandé au Secrétariat de l’ONU de prévoir l’aide nécessaire pour en faire le meilleur usage possible.

La Deuxième Commission commencera son débat général mercredi 7 octobre à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale tiendra sa première partie de session du 28 septembre au 16 décembre et examinera la question de la sensibilisation au drame des migrants clandestins

Soixante-dixième session,
2e séance plénière – matin
AG/11685

L’Assemblée générale tiendra sa première partie de session du 28 septembre au 16 décembre et examinera la question de la sensibilisation au drame des migrants clandestins

L’Assemblée générale a décidé aujourd’hui de tenir la première partie de sa session 2015-2016, du lundi 28 septembre au mercredi 16 décembre 2015 et d’inscrire à son ordre du jour un point relatif à « la sensibilisation de l’opinion mondiale* au drame des migrants en situation irrégulière, en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen ».

Le débat général, segment durant lequel chefs d’État, premiers ministres et ministres font des déclarations de politique générale, se tiendra du lundi 28 septembre au samedi 3 octobre.  La plénière de l’Assemblée générale et ses six grandes commissions ne commenceront qu’après avec obligation pour la Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale de terminer ses travaux le lundi 9 novembre; la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières et la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, le 25 novembre; la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, le 17 novembre; la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, le 11 décembre, et la Sixième Commission chargée des questions juridiques le 20 novembre.

C’est la plénière de l’Assemblée générale qui se chargera des discussions sur le nouveau point inscrit à l’ordre du jour sur proposition de la Turquie et intitulé « sensibilisation de l’opinion mondiale au drame des migrants en situation irrégulière, en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen ».  Déjà aujourd’hui, le représentant de la Syrie s’est posé des questions sur les intentions « du régime turc ».  Quels sont les objectifs de la Turquie? s’est demandé le représentant dont le pays est frappé par « un terrorisme alimenté par l’ingérence étrangère, y compris celle de la Turquie ».  Ce sont ces crimes et cette terreur qui obligent les Syriens à fuir.  Ce sont les attaques contre la population, les infrastructures, les services publics et les mesures unilatérales contre leur pays qui poussent les Syriens à fuir.

Le régime turc est responsable de cette tragédie, a accusé le représentant, dénonçant le fait que la Turquie fait tout pour aider des groupes terroristes comme Daech.  Daech n’est pas né du vide: il a été financé, aidé et armé, a insisté le représentant, dénonçant le fait que la Turquie s’est approprié quelque 1 400 usines à Alep.  « La proposition turque sert une quête et des intentions non éthiques ».  L’Assemblée générale doit se montrer « attentive et vigilante » face aux intentions « amorales » de la Turquie », a averti le représentant syrien, avant que le représentant de la Turquie ne renouvelle sa confiance dans la faculté de l’Assemblée de sensibiliser l’opinion publique à la nécessité de trouver des réponses viables à la crise des réfugiés.  « La Turquie n’est pas concernée, c’est l’humanité qui attend une réponse », a-t-il tranché.

Le Président de l’Assemblée générale a demandé aux deux délégations de garder leurs arguments pour le débat de fond.  Le représentant de l’Arménie a tout de même eu le temps de se « dissocier » de la décision d’inscrire à l’ordre du jour « La situation dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan ».

Le débat général, qui sera précédé du 25 au 27 septembre, par une intervention du pape François et par le Sommet consacré à l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour l’après-2015, et le travail des six grandes commissions est ce qui constitue la première partie de la session 2015-2015.  Elle prendra fin le mercredi 16 décembre 2015.  La deuxième partie, qui reprendra dès janvier, s’étendra jusqu’au lundi 12 septembre 2016.

La session 2015-2016 est présidée par M. Mogens Lykketofft, Président du Parlement danois.

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Conseil de sécurité: malgré des développements positifs, la stabilité n’est pas acquise en Afghanistan, prévient le Chef de la Mission d’assistance de l’ONU dans le pays

Conseil de sécurité,
7526e séance – matin
CS/12050

Conseil de sécurité: malgré des développements positifs, la stabilité n’est pas acquise en Afghanistan, prévient le Chef de la Mission d’assistance de l’ONU dans le pays

La stabilité n’est pas acquise, a prévenu aujourd’hui le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), au débat public que le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui sur ce pays.  M. Nicholas Haysom a tout de même fait part d’un certain nombre de développements positifs, dont le fonctionnement du Gouvernement d’unité nationale, la réforme électorale et l’adoption du nouveau Cadre de responsabilité mutuelle.* 

Le Représentant spécial du Secrétaire général, qui est intervenu avant le Chef de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le délégué de l’Afghanistan et 27 autres délégations, a souligné que cette année a été l’année la plus intense pour les Forces afghanes de sécurité, avec la recrudescence des attaques des Taliban et autres groupes extrémistes violents.  Cette situation montre l’importance d’un processus de paix viable et fondé sur un dialogue direct entre les Taliban et le Gouvernement.  M. Nicholas Haysom a insisté sur le fait que, comme les insurgés viennent des pays voisins, il est de la responsabilité des leaders de la région et des autres parties prenantes de donner la priorité à l’édification d’un Afghanistan pacifique. 

« Choquée » que certains en Afghanistan ait imputé la recrudescence de la violence à son pays, la représentante du Pakistan a rappelé que c’est à la demande du Président afghan lui-même que son pays a facilité un dialogue entre Kaboul et les Taliban.  Le 7 juillet, les parties se sont mises d’accord pour continuer le dialogue, prévoyant même la date du 31 juillet pour un second cycle de discussions.  Mais peu avant cette date, certains événements ont eu lieu avec des conséquences « prévisibles », à savoir la rupture de ce qui aurait pu être un processus de paix prometteur.  Le Gouvernement afghan est convaincu, a répondu son représentant, que, malgré quelques reculs apparents, après l’annonce de la mort du leader Taliban Mollah Omar et les changements de leadership, la perspective d’un règlement politique ne s’évanouira pas mais qu’il exigera une attitude responsable de la part de toutes les parties ainsi que de la détermination et un engagement véritable.

Parmi les développements positifs, le Représentant spécial du Secrétaire général a cité le fonctionnement satisfaisant du Gouvernement d’unité nationale, la réforme électorale, la mise en place du nouveau Cadre de responsabilité mutuelle » et le succès de la sixième Conférence sur la coopération économique régionale avec l’Afghanistan.  Le Directeur exécutif de l’ONUDC, M. Yury Fedotov, a ajouté la diminution des cultures de drogues, surtout dans les provinces les plus concernées et l’éradication accélérée des champs de pavot.  Mais, a-t-il mis en garde, « la situation demeure indéniablement difficile »: l’augmentation de la production d’opium ces dernières années s’est accompagnée d’une augmentation sensible de la consommation locale. 

Autant de succès et de défis qui ont été reconnus par toutes les délégations.  Dans ce contexte, a estimé le représentant de la Nouvelle-Zélande, il est important de maintenir l’intégrité et l’effectivité des régimes de sanctions contre les Taliban et Al-Qaida.  En tant que Président du Comité des sanctions créé en vertu de la résolution 1988, le représentant a estimé qu’il faut recourir plus largement aux procédures d’exception prévues pour l’interdiction de voyager si l’objectif est de permettre aux individus soumis aux sanctions de participer aux négociations de paix.  Il a par ailleurs demandé aux États de lui signaler le nom des individus membres des groupes associés aux Taliban qui ne manifestent aucun intérêt pour la paix et qui ont des enjeux financiers dans le commerce de drogues et l’exploitation illégale des ressources naturelles. 

Le succès de la « Décennie de transformation » dépend en effet largement de l’engagement et de l’appui constants des partenaires internationaux, a insisté le représentant de l’Afghanistan.  À la demande** du Conseil de sécurité, la MANUA a d’ailleurs mené un examen du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités des Nations Unies en Afghanistan.  Les discussions, a indiqué le Représentant spécial du Secrétaire général, ont permis de clarifier les besoins et les attentes de l’Afghanistan.  Elles ont aussi permis à l’ONU de voir comment elle peut aligner au mieux ses projets avec les priorités de l’Afghanistan et se concentrer sur le renforcement des capacités institutionnelles et humaines.

D’emblée, le représentant de la Fédération de Russie a jugé que la nouvelle mission de l’OTAN n’est pas plus efficace que la défunte Force internationale d’appui à la sécurité (FIAS) puisque l’armée afghane continue de subir des pertes importantes, sans être en mesure de répondre aux assauts des groupes extrémistes.  Le représentant a dit vouloir privilégier les efforts régionaux dont la plateforme de l’Organisation de coopération de Shanghai.

L’ensemble de la communauté internationale doit maintenir son appui, a estimé le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MANUA, invoquant l’exode actuel des Afghans qui illustre le découragement d’un peuple guettant avec angoisse les signes de désengagement. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

La situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales Rapport du Secrétaire général sur l’Afghanistan (S/2015/684)

Lettre datée du 15 septembre 2015, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2015/713)

Déclarations

La stabilité et l’autosuffisance de l’Afghanistan ne peuvent être tenues pour acquises, a réitéré aujourd’hui M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  L’exode actuel illustre le découragement de nombreux Afghans.  Ce peuple, qui a clairement en mémoire son passé récent et violent et qui fait face à un avenir opaque, guette avec angoisse les signes de désengagement international ou, avec espoir, les signes de stabilisation intérieure.  Un signal clair que la communauté internationale maintiendra son appui atténuerait l’incertitude qui pousse à cet exode.

Après les nombreux points de friction au sein du Gouvernement d’unité nationale, et entre ce dernier et les éléments de l’élite politique, un certain nombre de développements positifs, y compris des signes de progrès dans le fonctionnement du Gouvernement d’unité nationale, ont commencé à émerger, a reconnu le Chef de la MANUA.  Le Gouvernement a aussi fait des progrès dans la réforme électorale qui, « essentielle » pour la construction des fondations démocratiques, devrait être une source de stabilité, d’unité et non de division.  La Réunion des hauts responsables tenue à Kaboul au début du mois de septembre a mis en place « un nouveau cadre de responsabilité mutuelle », nécessaire pour redonner confiance aux donateurs, en prévision des réunions importantes de Varsovie et de Bruxelles en 2016.  Il faut cependant noter, a précisé M. Haysom, que les promesses de contributions au-delà de 2017 se feront non pas pendant ces conférences, mais dans les mois à venir.  Avant cela, le Gouvernement aura à présenter les indicateurs agréés de performance, et plus particulièrement, des indicateurs qui démontrent que la corruption est effectivement combattue. 

En outre, à la sixième Conférence sur la coopération économique régionale avec l’Afghanistan, tenue un jour avant la Réunion des hauts responsables, la région a réaffirmé la nécessité d’une plus grande coopération économique, d’une plus grande intégration et d’une plus grande connectivité.

M. Haysom a regretté que le conflit continue de faire des victimes parmi les civils afghans, la majorité d’entre elles étant imputables aux éléments antigouvernementaux même si celles des Forces de sécurité afghanes continuent de croitre.  Le Chef de la MANUA a dit compter que la politique d’atténuation des dégâts parmi les civils inclura tous les éléments énoncés dans le rapport à mi-parcours de la MANUA sur la protection des civils.

Cette année a été l’année la plus intense pour les Forces nationales de sécurité de l’Afghanistan, ce qui souligne l’importance de relancer un processus de paix viable, a estimé le Chef de la MANUA.  Il a réitéré son appel à un dialogue direct entre les Taliban et le Gouvernement, en insistant sur le fait que, comme les insurgés viennent des pays voisins, il est de la responsabilité des leaders de la région et des autres parties prenantes de donner la priorité à l’édification d’un Afghanistan pacifique et sécurisé.  La MANUA continuera de parler avec le Gouvernement, les Taliban, les pays voisins et la communauté internationale pour promouvoir un processus qui permettra aux Afghans de trouver un arrangement par lequel ils peuvent vivre en paix. 

À la demande du Conseil de sécurité, la MANUA a mené un examen du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités des Nations Unies en Afghanistan.  Les discussions ont permis de clarifier les besoins et les attentes de l’Afghanistan.  Elles ont aussi permis à l’ONU de voir comment elle peut aligner au mieux ses projets avec les priorités de l’Afghanistan et se concentrer sur le renforcement des capacités institutionnelles et humaines.

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a indiqué que l’an dernier, l’Afghanistan représentait 85% de la production mondiale d’opium et 77% de la production d’héroïne.  L’opium, a-t-il dit, est la première activité économique de l’Afghanistan avec une valeur brute de 2,84 milliards de dollars.  Représentant 13% du PNB, le volume des exportations d’opiacées dépasse largement toutes les exportations de biens et de services.  Le trafic illicite de drogues est à l’origine de l’instabilité, des rebellions, de la corruption, de la criminalité organisée et de l’affaiblissement des institutions publiques incapables de promouvoir la paix et la bonne gouvernance, s’est alarmé le Directeur exécutif.  Il a affirmé que depuis sa dernière intervention devant le Conseil de sécurité en décembre 2014, le Gouvernement a fait des efforts pour s’attaquer à la production et au trafic d’opium et à la criminalité économique. 

L’ONUDC et le Ministère de la lutte antidrogues ont lancé un Système d’information sur les drogues, à la suite de quoi, le Ministre a jugé bon de lancer une « Mobilisation générale contre les drogues » pour impliquer les communautés, la société civile, les médias et les agences de développement.  L’ONUDC soutient tous ces efforts ainsi que le futur plan d’action national sur le contrôle des drogues.  L’Initiative triangulaire entre l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan et celle entre l’Afghanistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et autres sont des plateformes importantes de coopération régionale. 

L’ONUDC prévoit aussi une réunion de haut niveau en décembre à Vienne, avec les partenaires de l’Afghanistan et les pays voisins avant la Réunion du Groupe consultatif de la politique du Pacte de Paris.  Après avoir détaillé les différents aspects de l’appui que son Office fournit à l’Afghanistan, s’agissant aussi du blanchiment d’argent, du financement du terrorisme ou encore de la lutte contre la corruption, M. Fedotov a prévenu que « la situation demeure indéniablement difficile »: l’augmentation de la production d’opium ces dernières années s’est accompagnée d’une augmentation sensible de la consommation locale.  En conséquence, appuyer et élargir des services de prévention et de traitement, y compris pour le VIH, est un défi majeur tout comme appuyer les initiatives liées aux moyens de subsistance alternatifs.  L’année dernière, l’opium représentait en moyenne 12% des revenus agricoles dans la région du sud et près de 30% dans la province d’Helmand.  Or, l’appui de la communauté internationale aux programmes liés aux moyens de subsistance alternatifs n’a jamais été concrétisé par des fonds.  En 2013, les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) n’avaient consacré que 0,1% de leur aide publique au développement (APD) à ces programmes. 

Dévoilant les conclusions de l’édition 2015 du rapport que son Office est en train de finaliser, M. Fedotov a affirmé que les chiffres montrent une diminution des cultures de drogues, surtout dans les provinces les plus concernées.  Si cette tendance peut être imputée en partie à l’autorégulation du marché de l’héroïne, elle n’en reste pas moins une bonne nouvelle par rapport à l’édition 2014 du rapport qui montrait une augmentation sensible de la culture du pavot et de la production d’héroïne en Afghanistan.  L’édition 2015 montre aussi que l’éradication du pavot s’intensifie, avec une augmentation de 787 hectares en 2014 à 1 747 en 2015. 

M. ZAHIR TANIN (Afghanistan), quittant son poste pour de nouvelles fonctions, a déclaré que ces derniers mois son pays a vécu une situation difficile en matière de sécurité comme l’ont illustré la violence accrue et les attaques odieuses menées par les Taliban et les autres groupes extrémistes violents.  Le représentant s’est félicité de ce que ces groupes se soient heurtés au rempart des Forces de défense et de sécurité nationales.  Le Gouvernement, a-t-il expliqué, a tendu la main de la paix et de la réconciliation non seulement aux Taliban et à tous ceux qui sont prêts à cesser les combats et à se joindre au processus de paix, mais aussi aux pays voisins.  Le premier geste du Président Ghani a été de s’embarquer dans un processus pour mettre fin à l’état de guerre larvée entre l’Afghanistan et le Pakistan et à lancer une nouvelle ère de paix et de coopération.  En conséquence, les premiers cycles de négociations avec les Taliban ont conduit à un certain optimisme quant à la perspective de mettre fin à la violence.  Le Gouvernement est convaincu que, malgré quelques reculs apparents, après l’annonce de la mort du leader Taliban Mollah Omar et les changements de leadership, la perspective d’un règlement politique ne s’évanouira pas mais qu’il exigera une attitude responsable de la part de toutes les parties ainsi que de la détermination et un engagement véritable.

L’agenda de la coopération régionale ne se limite pas à la paix et à la sécurité mais il s’élargit aussi à l’économie, au développement et à la prospérité, a dit le représentant en passant en revue les progrès en la matière.  Au niveau national, il a fait part des avancées dans la mise en œuvre des réformes vitales dont la lutte contre la corruption qui inclut aussi des mesures contre le trafic illicite de drogues.  Le Gouvernement a également pris l’initiative de réviser la loi électorale; le calendrier des élections législatives et provinciales devant être annoncé dans un avenir proche.

Sur le plan international, le représentant a indiqué que la Commission tripartite et son gouvernement sont embarqués dans le réexamen du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités de l’ONU en Afghanistan.  Le succès de la Décennie de transformation dépend largement de l’engagement et de l’appui constants des partenaires internationaux non seulement aujourd’hui mais aussi dans les jours à venir.  L’accord conclu au début de ce mois sur un nouveau cadre mutuel de responsabilisation est une étape décisive des relations entre l’Afghanistan et la communauté internationale.  Le pays attend avec intérêt les prochaines conférences prévues à Bruxelles et à Varsovie, a affirmé le représentant.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) s’est félicité des mesures prises par le Gouvernement en matière de sécurité, de réforme électorale et de lutte contre la corruption.  « Les autorités afghanes peuvent compter sur le soutien de l’Espagne », a-t-il assuré, avant de saluer « prudemment » les progrès relevés dans la lutte contre la culture et le trafic de stupéfiants.  La culture et le trafic de drogues restent une menace pour l’Afghanistan, a-t-il dit, s’inquiétant aussi de l’impasse du processus de paix et de réconciliation.  La voie choisie par le Gouvernement doit être claire pour toutes les parties et les pays voisins doivent soutenir la stabilité de l’Afghanistan. 

Après avoir salué le Plan d’action national sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, le représentant a aussi salué les mesures contre l’enrôlement des enfants et a exigé que les auteurs de violations soient comptables de leurs actes.  Il a préconisé la création d’unités de protection des enfants dans tous les camps de l’armée.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de ce que la Commission tripartite Gouvernement-MANUA-système des Nations Unies ait achevé des travaux qui permettront d’aligner le travail de l’ONU avec les priorités nationales.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé que 1 500 civils ont été tués en Afghanistan entre janvier et juin et que la persistance de cette violence demeure un frein au développement du pays.  Il a exprimé le soutien du Royaume-Uni à la formation des officiers de l’armée afghane en précisant que l’Afghanistan venait d’avoir sa première femme officier.  Il a souligné la nécessité pour la communauté internationale d’aider le Gouvernement afghan à mettre en œuvre son Plan de développement.  Il a aussi souligné l’importance d’un Partenariat eurasiatique productif.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est félicité de la stratégie annoncée par les autorités afghanes qui prouve la volonté du Gouvernement de procéder à des réformes.  Il a regretté la nette aggravation de la violence et la recrudescence des attaques contre les écoles et les enseignants.  Il a appelé à optimiser le potentiel des ressources de la MANUA et de la communauté internationale pour appuyer les efforts de reconstruction et de développement de l’Afghanistan.  Il a salué les efforts de lutte contre le trafic de stupéfiants et la coopération entre l’Afghanistan et l’ONUDC.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) s’est dit conscient que dans la situation sécuritaire actuelle, le rythme des progrès devient de plus en plus difficile à maintenir.  Mais les efforts doivent être soutenus, a-t-il encouragé, en appuyant fermement les initiatives du Gouvernement en faveur de la réconciliation, alors que les Taliban, Al-Qaida, Daech et les autres groupes associés cherchent de plus en plus à gagner une ascendance sur la région.  Dans ce contexte, a estimé le représentant, il est important de maintenir l’intégrité et l’effectivité des régimes de sanctions contre les Taliban et Al-Qaida.  Le Conseil doit réfléchir soigneusement à la manière dont il peut utiliser le régime de sanctions de la résolution 1988 pour appuyer au mieux les efforts de paix et de réconciliation.  Il faut, a-t-il dit, recourir plus largement aux procédures d’exception prévues pour l’interdiction de voyager si l’objectif est de permettre aux individus soumis aux sanctions de participer aux négociations de paix.  En tant que Président du Comité créé en vertu de la résolution 1988, le représentant a reconnu la nécessité de faire en sorte que les processus de son Comité appuient une telle participation. 

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, il faut être franc quand il s’agit des groupes associés aux Taliban qui ne manifestent aucun intérêt pour la paix.  Ces individus ont des enjeux financiers dans le commerce de drogues et l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Le représentant a encouragé les États Membres à soumettre à son Comité le nom des individus qu’ils veulent inscrire sur la Liste des personnes frappées de sanctions.  Il a dit avoir reçu avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la Commission tripartite qui permettra d’affiner le rôle de l’ONU en Afghanistan.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que la complexité des défis exige un appui international sur le long terme fondé sur le respect de la souveraineté nationale.  La Chine appuie les efforts de réforme du Gouvernement d’unité nationale et est encouragée par les progrès enregistrés jusqu’ici.  La communauté internationale doit aider le processus de réconciliation et la Chine se tient prête à jouer un rôle positif et constructif.  La communauté internationale doit aussi aider l’Afghanistan à améliorer ses capacités dans le domaine de la sécurité et la Chine appuie les efforts nationaux et régionaux en ce sens.  La paix et la prospérité en Afghanistan sont de l’intérêt de la région toute entière et la Chine soutient l’idée de tirer parti des atouts géographiques de l’Afghanistan pour le bien de tous.

Mme MARIE AUDOUARD (France) a salué les efforts du Gouvernement d’unité nationale pour faire avancer les réformes et notamment la réforme électorale.  L’engagement du Gouvernement à faire progresser le processus de paix, en concertation avec les pays voisins, mérite également d’être salué.  Le soutien des pays de la région est primordial pour que le processus afghan de réconciliation soit un succès et pour garantir ainsi les conditions d’un développement durable en Afghanistan, a insisté la représentante.  Mais, a-t-elle reconnu, les défis restent nombreux, en particulier au plan sécuritaire.  Les capacités des forces de sécurité doivent encore être renforcées, car la situation reste fragile dans de nombreuses provinces.  Sur le plan des droits de l’homme, la représentante s’est félicitée du Plan d’action national « Femmes, paix et sécurité ».  Elle s’est également dite attachée à ce que l’ONU assume un rôle accru face au défi de la lutte contre les stupéfiants et l’économie illicite, en particulier en matière de coordinations des agences impliquées.  Elle a salué la revue tripartite et les réflexions actuellement menées conjointement sur l’évolution souhaitable de l’appui que la MANUA et l’ONU peuvent fournir au pays. 

La France quant à elle, a conclu la représentante, continuera de se tenir aux côtés de l’Afghanistan dans le cadre du traité d’amitié et de coopération franco-afghan et au travers de sa contribution à l’engagement de l’Union européenne qui représente 1,4 milliard d’euros sur la période 2014-2020, ainsi qu’à la construction d’un partenariat durable de l’Alliance avec Kaboul.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a appelé de ses vœux le succès du processus de réconciliation en Afghanistan, dans le cadre d’une stratégie globale de protection et de promotion des droits de l’homme.  Il a salué les efforts déployés par le Gouvernement pour résoudre les différends avec les Taliban par le biais du dialogue, notant à cet égard la réunion organisée le 7 juillet au Pakistan.  Il a cependant exprimé sa préoccupation de voir les actions terroristes et le niveau de violence aller crescendo, appelant les parties à s’engager en faveur du dialogue et à cesser la violence. 

Le représentant chilien s’est aussi inquiété du recrutement des enfants, ainsi que de l’augmentation du nombre d’attaques visant des écoles ou l’utilisation de celles-ci à des fins militaires.  Il a salué le lancement du Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité relatif aux femmes et aux conflits armés, avant de mettre l’accent sur l’importance de la participation de la femme dans les efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix.  Enfin, M. Barros Melet a plaidé en faveur de la cohésion politique et sociale au niveau national, en appelant à travailler en ce sens dans tous les secteurs.  En ce qui concerne la réforme électorale, il a souhaité qu’elle soit menée dans un processus inclusif avec la participation de la société civile et des dirigeants religieux.

M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a jugé encourageants les progrès constatés dans le domaine de la gouvernance ou la lutte contre la corruption et les efforts des autorités pour assoir l’autorité de l’État.  Compte tenu du nombre important des victimes de la violence, le représentant a jugé indispensable et prioritaire de renforcer les capacités des Forces afghanes.  Il a dit l’importance de campagnes nationales de sensibilisation sur les droits de l’homme.  La Jordanie, a-t-il conclu, soutient les activités de l’ONUDC et appelle à une approche globale contre le trafic de stupéfiants en Afghanistan.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a estimé que les autorités ont fait des progrès réels en matière de réformes politiques, administratives, de réconciliation nationale et de lutte contre la drogue moins d’un an après l’élection présidentielle.  Néanmoins, il a reconnu les difficultés qui subsistent en ajoutant que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et la porosité des frontières nécessitent une coopération totale des pays de la région et un soutien multiforme de l’ensemble de la communauté internationale.  Il a appelé à appuyer d’avantage la lutte contre les combattants étrangers et les militants extrémistes.  Il faut une conjugaison des efforts au niveau régional et une plus grande attention de la communauté internationale. 

M. JULIO HELDER DE MOURAS LUCAS (Angola) a noté que ces trois derniers mois, malgré les difficultés, le Gouvernement continue de relever les défis de la sécurité et de la réconciliation.  Il a encouragé les parties à reprendre le dialogue, en se disant préoccupé par la résurgence de la violence et les attaques des Taliban.  Il a dénoncé la situation sécuritaire dans l’est et le sud qui constitue un défi pour le personnel humanitaire.  Il a salué le lancement du Plan national d’action sur la mise en œuvre de la résolution 1325.  Sur le plan régional, il a espéré que l’Afghanistan et le Pakistan trouveront un terrain d’entente.  Le représentant a aussi estimé que le trafic de drogues doit être combattu avec l’aide de la communauté internationale.  Les défis sont immenses et les Afghans doivent coopérer entre eux pour oublier le passé.  La communauté internationale doit honorer ses engagements, a conclu le représentant.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a évoqué trois domaines clefs: les récentes mesures prises par le Gouvernement, les défis sécuritaires et les jalons à venir qui pourraient faire la différence en Afghanistan.  La représentante a rappelé d’emblée que la semaine prochaine marquera le premier anniversaire du Gouvernement d’unité nationale dont elle a salué notamment l’engagement contre la corruption et pour la réforme électorale.  Elle a noté l’augmentation du nombre des femmes dans la Commission électorale.  Elle a ajouté que les efforts pour la stabilité politique de ce pays passent par le processus de réconciliation avec les Taliban et salué les pays voisins pour leur appui.  Mais Mme Sison s’est dite en revanche préoccupée par la recrudescence des attentats aveugles.  Elle a salué la publication prochaine du Plan national contre le trafic de stupéfiants.  Pour ce qui est de l’avenir, la déléguée a noté plusieurs rendez-vous ces prochains mois, dont les Conférences de Bruxelles et de Varsovie.  « Nous devons continuer d’être de bons partenaires pour l’Afghanistan », a-t-elle conclu.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a salué les progrès accomplis en Afghanistan en matière de consolidation de la paix, tout en exprimant ses préoccupations face à la décision de la direction des Taliban de reprendre la lutte armée.  Il a plaidé en faveur de la participation de tous les secteurs de la société à la réconciliation nationale, notamment celle des femmes, saluant à cet égard l’initiative du Gouvernement afghan visant à mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Le représentant s’est par contre dit préoccupé par la fragilité des conditions de sécurité en Afghanistan, notamment à cause de la présence de groupes affiliés à l’EIIL qui, a-t-il noté, souhaite étendre ses méthodes terroristes au territoire afghan.  Il a appelé la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, à prendre des mesures fortes pour endiguer le flux de combattants étrangers.

La lutte contre le terrorisme passe par le renforcement des Forces de sécurité afghanes, a-t-il aussi fait remarquer.  En ce qui concerne le trafic des stupéfiants, il a plaidé en faveur de la coopération internationale pour éradiquer ce fléau et s’est félicité des efforts menés dans ce sens par le Gouvernement afghan et l’ONUDC, avec notamment le lancement du Système d’information sur les drogues.  M. Ramírez Carreño a également déploré le nombre de déplacés et appelé les parties à protéger le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Enfin, il a appuyé la recommandation visant à ce que la MANUA reste en place en Afghanistan pour aider ce pays et son peuple.

M. DAINIUS BAUBLYS (Lituanie) a salué les efforts menés par le Gouvernement afghan pour poursuivre les réformes entreprises et finaliser la nomination des hauts fonctionnaires.  Il a regretté le rejet par le Parlement de la nomination de celle qui aurait pu être la première femme à siéger à la Cour suprême et d’une autre comme ministre de la défense.  La présence des Nations Unies dans des régions reculées du pays a été cruciale, selon lui, pour arriver à une paix, une autonomie et une croissance.  Il a souligné en même temps les nombreux défis qui persistent, ce qui nécessite toujours de la MANUA qu’elle exerce ses bons offices dans la région.  

Le représentant s’est inquiété des attaques perpétrées par des Taliban et des terroristes, qui font toujours plus de victimes parmi les civils.  Il a donc encouragé le Gouvernement afghan à rester concentré sur le renforcement de ses capacités en matière de sécurité, tout en menant des négociations exploratoires avec les Taliban.  Le représentant s’est également inquiété du niveau de pauvreté dans ce pays qui entraine un fort taux d’analphabétisme, notamment chez les femmes.  Seulement 17% des Afghanes savent lire, a-t-il indiqué, tout en notant les efforts consentis par le Gouvernement pour pallier ces carences.  Il a aussi invité à restaurer la confiance dans le système électoral et appelé les dirigeants afghans à prévoir sans retard la date des élections législatives.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a salué les progrès du Gouvernement afghan et la nomination de quatre femmes à des postes ministériels dans le contexte du Plan d’action national « Femmes, paix et sécurité ».  Le développement de la démocratie dépendra du succès des progrès de la réforme électorale, a-t-elle prévenu, avant de saluer aussi les efforts pour éradiquer la culture du pavot.

M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la situation afghane reste « compliquée ».  Dans ces conditions, la perspective d’un règlement pacifique du conflit se brouille.  Il s’est inquiété de la situation à la frontière avec le Turkménistan, des attaques des Taliban contre des soldats turkmènes et de la présence de militants de l’EIIL.  Il a soutenu les initiatives du Gouvernement afghan pour favoriser la réconciliation nationale et promis que la Fédération de Russie continuera d’aider à la formation des Forces de sécurité afghanes.  Il a jugé la FIAS « inefficace » au motif qu’elle n’a pas été en mesure de remplir un seul de ses objectifs en 12 ans.  La nouvelle mission de l’OTAN n’est pas plus efficace puisque les Forces afghanes subissent des pertes importantes et qu’elles ne sont pas en mesure de répondre aux assauts des groupes extrémistes.  « Nos sommes convaincus qu’il faut promouvoir les efforts régionaux en utilisant la plateforme de l’Organisation de coopération de Shanghai », a dit le représentant.  Il s’est particulièrement inquiété de l’impact du trafic de stupéfiants et a mis en garde contre le fait qu’une nouvelle graine de pavot permet trois récoltes par an.

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a rappelé que son pays est le premier partenaire stratégique de l’Afghanistan et qu’il reste prêt à faire tout ce qui est possible pour réaliser « notre vision commune ».  Le représentant s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général conforte la position de l’Inde selon laquelle c’est le terrorisme et non les tensions tribales ou les rivalités ethniques qui est la source de l’insécurité et de l’instabilité en Afghanistan.  Cette situation est alarmante et le Conseil de sécurité doit agir d’urgence.  La recrudescence de la violence arrive au moment où l’Afghanistan est dans une période « sensible et historique » de transition politique.  À cet égard, la communauté internationale doit évaluer avec un regard neuf la façon dont se déroule la réduction de la présence militaire internationale en Afghanistan.  Le Conseil de sécurité doit aussi chercher les moyens de lutter contre les organisations terroristes et d’en bloquer le financement alimenté par le trafic illicite de drogues. 

Alors que le Président Ghani a pris des étapes importantes pour lancer le processus de réconciliation, ses efforts sont constamment contrés, le poussant à demander au Pakistan à prendre des mesures urgentes contre les Taliban, en particulier leur interdire d’utiliser le territoire pakistanais pour préparer ses opérations.  L’Inde, a dit le représentant, continue d’appuyer un processus de réconciliation dirigé par les Afghans eux-mêmes dans le cadre de leur Constitution et des lignes rouges agréées sur le plan international.  Il serait judicieux que le Conseil évalue la manière dont la MANUA peut aider l’Afghanistan à réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a conclu le représentant.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a souligné que la communauté internationale est parvenue au consensus qu’en Afghanistan la paix passe par une solution négociée avec les insurgés afghans, conduits par le « Tehrik e Taliban » d’Afghanistan.  La réconciliation et le dialogue doivent se faire entre les Afghans eux-mêmes.  Ils doivent s’approprier le processus et le mener eux-mêmes.  Les parties extérieures ne peuvent que le faciliter mais elles ne peuvent imposer aucune solution aux Afghans.  Le Pakistan lui-même, a dit la représentante, a toujours pour priorité de battre les terroristes auxquels il est confronté, à savoir le « Therik e Taliban » du Pakistan et ses associés.  C’était à la demande du Président Ghani lui-même que le Pakistan a facilité un dialogue entre Kaboul et les Taliban afghans.  Notre unique objectif était d’établir un contact direct entre eux et le Gouvernement d’unité nationale.  Le 7 juillet, les parties se sont mises d’accord pour continuer le dialogue, prévoyant même la date du 31 juillet pour un second cycle de discussions.

Mais peu avant cette date, certains événements ont eu lieu avec des conséquences « prévisibles », à savoir la rupture de ce qui aurait pu être un processus de paix prometteur.  Par conséquent, les Taliban ne pouvaient plus revenir à la table des négociations et de manière tout aussi inévitable, le niveau de violence en Afghanistan est monté.  Le Pakistan n’a pu qu’être « choqué » que certains en Afghanistan lui ait imputé cette escalade.  Nos efforts pour encourager les dirigeants taliban à reprendre le dialogue ne doivent pas être confondus avec une quelconque forme d’acceptation de leur violence, après le sabordage des pourparlers.  En Afghanistan, il y a de vastes zones incontrôlées à partir desquelles la violence fuse contre des cibles afghanes et contre le Pakistan.

Refusant de répondre à ces allégations, le Premier Ministre pakistanais a au contraire dépêché un émissaire le 5 septembre à Kaboul pour réaffirmer le souhait du Pakistan de contribuer au processus de réconciliation et de prendre part à la sixième Conférence économique régionale sur l’Afghanistan.  « Les ennemis de l’Afghanistan sont aussi les ennemis du Pakistan », a insisté le représentant.  Nous devons connaître nos ennemis et ceux qui travaillent en coulisses pour saboter et empoisonner les relations entre le Pakistan et l’Afghanistan ne sont pas les amis de l’Afghanistan. 

Le conflit en Afghanistan n’est pas dans l’intérêt national du Pakistan, a clamé la déléguée.  La paix en Afghanistan et la coopération avec Kaboul nous permettra de battre la menace commune des groupes violents.  Elle ouvrira la voie du retour volontaire des millions de réfugiés afghans que le Pakistan a accueillis et à des plans ambitieux pour l’intégration et le développement au niveau régional, a insisté la représentante. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) s’est dit alarmé par les conditions de sécurité en Afghanistan, notant l’augmentation du nombre de victimes civiles depuis 2009 ainsi que la recrudescence récente de la violence.  Il a réitéré le soutien de son pays aux efforts du Gouvernement d’unité nationale qui visent à garantir la paix, la stabilité et le développement.  L’Italie participe notamment à cet égard à la mission « Soutien résolu » qui est menée par l’OTAN, a-t-il dit.  Le représentant a salué les progrès accomplis, notamment l’augmentation des revenus de l’État, obtenue grâce à des mesures fiscales.  Il s’est félicité que l’Union européenne ait accepté d’accueillir à Bruxelles et de coprésider la prochaine conférence ministérielle sur l’Afghanistan.  S’agissant de la violence faite aux femmes et aux enfants, il a salué l’adoption, le 30 juin dernier, du Plan national sur les femmes, la paix et la sécurité, en application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Il a apprécié l’engagement du Gouvernement afghan en faveur du respect des droits des femmes et des enfants.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé que son pays a consacré 5,8 milliards de dollars à l’Afghanistan depuis 2001 pour couvrir un grand nombre de domaines.  Il a mis l’accent sur le grand potentiel de l’agriculture pour favoriser l’autosuffisance, en rappelant que 37% de l’Afghanistan est toujours vide et non cultivé.  Il a cité la transformation d’un désert aride de 16 500 hectares dans la province de Nangarhar en espace agricole grâce à la coopération japonaise entre 2005 et 2012.  Il a expliqué que l’augmentation de la productivité agricole s’est traduite par davantage de stabilité sociale et une baisse de la criminalité.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a mis l’accent sur les défis sécuritaires, le développement, la gouvernance et le fonctionnement de l’ONU en Afghanistan.  Il s’est particulièrement inquiété de l’augmentation du nombre de victimes civiles et a salué la Réunion des hauts responsables pour promouvoir un nouveau cadre de responsabilité mutuelle.  S’agissant du fonctionnement, il a appuyé les recommandations formulées dans le rapport du Secrétaire général et appuyé le rôle de coordination que l’on veut confier à la MANUA.  À l’instar du représentant du Japon, il a souligné l’importance de l’autosuffisance.     

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a condamné toutes les violentes attaques commises par les Taliban et tous les autres groupes terroristes ainsi que toute coopération avec eux.  Le représentant a estimé que cela les encouragerait dans leurs comportements odieux et serait contreproductive pour la paix en Afghanistan.  La paix, la sécurité et le développement de la région exigent que l’Afghanistan devienne l’objectif de la coopération régionale et internationale et non l’objet d’une concurrence malsaine.  Avec l’émergence de plus en plus accentuée de Daech et de ses affilés en Afghanistan, sans compter le large spectre des groupes terroristes et extrémistes, les puissances régionales et internationales ont la responsabilité plus grande de récolter les dividendes de l’aide au Gouvernement d’unité nationale, en particulier dans la lutte contre le terrorisme.

L’Iran est prêt à renforcer sa coopération bilatérale avec l’Afghanistan, a affirmé le représentant, compte tenu du potentiel à explorer dans les domaines du commerce et du transit.  L’accord tripartite sur le port de Chah Bahar entre l’Inde, l’Afghanistan et l’Iran devrait d’ailleurs être finalisé d’ici à la fin du mois de septembre.  Le représentant a appelé la communauté internationale à s’attaquer de manière globale et sérieuse au trafic de stupéfiants.  Il a salué les initiatives régionales, appelant à un plus grand appui international à l’Initiative triangulaire sur la coopération contre le narcotrafic lancée par son pays, l’Iran et le Pakistan.  S’agissant des réfugiés afghans en Iran, le délégué a dit que son pays continue de participer aux travaux de la Commission tripartite afin de planifier leur rapatriement volontaire, sécurisé, digne et progressif.  Il a conclu en estimant que le rôle de la MANUA devrait être rationalisé, en tenant compte du travail de la Commission tripartite.

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est félicité des résultats de l’examen de la MANUA fait par la Commission tripartite, d’autant plus que la perspective d’un dialogue sur la paix, malgré les efforts régionaux et internationaux, est menacée par les attaques répétées contre la population civile.  Les évènements récents, a-t-il poursuivi, ont apporté un lot « préoccupant » de victimes civiles.  L’universalité des droits de l’homme ne saurait être compromise et il est important que les auteurs des violations répondent de leurs actes devant la justice et que les mécanismes de reddition de comptes soient renforcés.  Le représentant s’est aussi félicité de la Réunion des hauts responsables au cours de laquelle l’autosuffisance par le cadre de responsabilité mutuelle a été renforcée.  Il a rappelé que la Suède contribue à la Décennie de la transformation à hauteur d’1,2 milliard de dollars.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a dit qu’il était important de préserver tous les acquis obtenus et continuer à appuyer les efforts du Gouvernement, notamment dans le domaine de la sécurité et la réforme électorale.  Déplorant les pertes en vies humaines parmi les civils et les militaires provoquées par la recrudescence des attentats, le représentant a encouragé le Gouvernement à mettre en œuvre le processus de réconciliation auquel tous les responsables et tous les afghans doivent participer.  Il a invité toutes les parties à prendre part au dialogue qui a été récemment lancé et a indiqué que son pays apporte son appui à la coopération et à l’intégration régionale de l’Afghanistan.  Avant de terminer, il a annoncé que l’Allemagne présentera une résolution à l’Assemblée générale sur l’appui à l’Afghanistan.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir le Gouvernement afghan dans la défense de leur nation.  L’Australie fournit une aide financière de 300 millions de dollars sur trois ans (2015-2017), a-t-elle dit, en ajoutant que déjà 25 000 Australiens ont servi en Afghanistan, dont 400 sont encore en poste.  Elle a salué les mesures positives prises par le Gouvernement d’unité nationale pour la réconciliation, notamment les pourparlers directs avec les Taliban à Muree au Pakistan.  En outre, elle a apprécié les engagements pris par le Gouvernement afghan en faveur des droits de l’homme et de l’autonomisation des femmes.  Nous allons, a-t-elle assuré, poursuivre notre soutien au Gouvernement afghan en fournissant des abris et une aide à plus de 2 300 femmes et filles, ainsi qu’une formation à plus de 2 800 membres des secteurs de la police et de la justice chargés du respect des droits de la femme.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a salué la mise en place d’un nouveau Cadre de responsabilité mutuelle et d’autosuffisance qui contient des indicateurs sur les droits de l’homme et ceux de la femme et le renforcement des institutions de reddition de comptes.  L’insécurité menace les progrès du développement économique et social, a-t-il déploré, soulignant que l’Union européenne a accepté l’offre du Gouvernement afghan de coorganiser la prochaine Conférence ministérielle sur l’Afghanistan à Bruxelles.  Il a souhaité que cette Conférence soit l’occasion d’envoyer un message d’espoir, de confiance et de changement.  Il a salué l’adoption par l’Afghanistan d’un Plan d’action national « Femmes, paix et sécurité », assurant de la volonté de l’Union européenne d’appuyer les efforts dans ce domaine et de préserver les acquis depuis la chute du régime taliban.  Notant que les pays d’Asie centrale et d’Asie du Sud figurent parmi les moins intégrés du monde, le représentant s’est dit persuadé de l’importance de la coopération économique régionale comme moteur de la prospérité et de la sécurité.  Il a estimé que la mise en œuvre des accords commerciaux entre l’Afghanistan et le Pakistan est de nature à stimuler la prospérité.  

Étant donné, a déclaré M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie), que les problèmes auxquels font face les pays de la région comme le terrorisme et le crime organisé n’ont pas frontière, une coopération régionale étroite est importante.  Le représentant a estimé que les plateformes multilatérales existantes devraient être utilisées plus efficacement.  À cet égard, le Processus d’Istanbul demeure un modèle de coopération efficace, capable d’apporter des solutions pratiques aux défis actuels dans le « Cœur de l’Asie ».  Quand le climat de la coopération et la solidarité prévaudra, il sera possible pour les pays de la région de tirer profit de leur potentiel économique important.  Le délégué a annoncé que la Turquie poursuivra son appui au Gouvernement afghan dans ses efforts pour la paix, la stabilité et la prospérité en Afghanistan.  Au niveau bilatéral, le programme d’aide au développement au peuple afghan doté de 150 millions de dollars pour la période 2015-2017 se poursuivra ainsi que les programmes de renforcement des capacités sécuritaires, dans le cadre de l’OTAN.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie), après avoir salué les initiatives de la MANUA en faveur d’un dialogue inclusif entre toutes les parties prenantes en Afghanistan, a invité le Gouvernement et tous les partis à assurer l’organisation des élections prévues l’an prochain.  Il a exprimé sa préoccupation face aux défis sécuritaires qui pourraient entraver ces élections.  À cet égard, il a noté les contributions financières de son pays pour aider les Forces de sécurité nationales et pour accélérer le développement.  Il a ajouté qu’il attendait les détails sur la façon dont la communauté internationale compte contribuer au Plan d’action national contre le trafic de drogues.  Il a également souligné la nécessité d’un soutien continu aux dirigeants afghans au cours de ces années cruciales de la transition alors qu’ils sont confrontés à autant de défis, y compris l’intensification du terrorisme en Asie centrale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL)

Conseil de sécurité,
7525e séance – matin
CS/12049

Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL)

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) jusqu’au 30 septembre 2016, en rappelant que le Gouvernement libérien assumera pleinement l’ensemble des compétences en matière de sécurité le 30 juin 2016 au plus tard.  Étant donné la réduction des effectifs qu’il prévoie, le Conseil encourage les États Membres et les organisations multilatérales à continuer d’apporter aux autorités libériennes un appui financier, technique et autre en matière de sécurité.

Le Conseil a ainsi, par sa résolution 2239 (2015) adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, entériné les recommandations du Secrétaire général telles qu’elles figurent dans son rapport* du 13 août 2015.  Il confie à la MINUL un mandat simplifié qui va de la protection des civils et du personnel des Nations Unies à la promotion et la protection des droits de l’homme, en passant par l’assistance au Gouvernement libérien dans la mise en œuvre de la réforme de l’appareil judiciaire et des institutions chargées de la sécurité.

En ce qui concerne la structure de la force de la MINUL, le Conseil de sécurité continue à réduire les effectifs militaires et de police, comme il avait commencé à le faire en avril dernier avec l’adoption de la résolution 2215.  Il décide ainsi de ramener de 3 590 à 1 240 personnes l’effectif militaire autorisé de la MINUL d’ici au 30 juin 2016, et de ramener de 1 515 à 606 personnes l’effectif de police.

Pour assurer la sécurité des civils, il prie la MINUL d’aider, à compter du 1er juillet 2016, les organismes de sécurité libériens à protéger les civils au cas où les conditions de sécurité se détérioreraient au point de remettre en cause la stratégie adoptée sur le plan de la paix et de la stabilité dans le pays, en tenant compte de la réduction des capacités et des zones de déploiement de la MINUL.

Le Conseil de sécurité prie en outre la MINUL de continuer à communiquer, y compris sur les ondes de sa radio, avec la population et le Gouvernement libériens pour faire mieux connaître et comprendre son mandat et ses activités compte tenu de la transition en matière de sécurité.

Au Gouvernement libérien, il demande de redoubler d’efforts pour que soient prises des mesures garantissant la bonne gestion des armes et des munitions, notamment d’adopter les lois qui s’imposent, d’assurer un contrôle et une gestion efficaces des régions frontalières du Libéria et d’enregistrer et de localiser les armes et le matériel connexe utilisés et importés par les forces de sécurité.

Le Conseil de sécurité envisagera d’ici au 15 décembre 2016 un éventuel retrait de la MINUL et le passage à une présence des Nations Unies permettant de continuer d’aider le Gouvernement libérien à consolider la paix.  À cet égard, il prie le Secrétaire général d’organiser une mission d’évaluation au Libéria en vue de lui faire des recommandations d’ici au 15 novembre 2016.

*A/2015/620

LA SITUATION AU LIBÉRIA

Trentième rapport périodique du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Libéria (S/2015/620)

Texte du projet de résolution S/2015/711

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures, en particulier les résolutions 1509 (2003), 2066 (2012), 2116 (2013), 2177 (2014), 2190 (2014), 2215 (2015) et 2237 (2015) sur la situation au Libéria, et 2162 (2014) et 2226 (2015) sur la situation en Côte d’Ivoire,

Affirmant son ferme attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité du Libéria, et rappelant les principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,

Affirmant également que le Gouvernement libérien est responsable au premier chef du maintien de la paix, de la stabilité et de la protection de la population civile dans le pays, ainsi que de la réforme du secteur de la sécurité, en particulier de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation,

Soulignant qu’il n’y aura de stabilité durable au Libéria que si le Gouvernement veille à ce que les institutions publiques soient efficaces et responsables, en particulier dans les secteurs de la sécurité et de la justice, de manière à gagner la confiance de tous les Libériens, et exhortant le Gouvernement libérien à apporter la preuve concrète des progrès accomplis en ce qui concerne la réforme, la restructuration et le fonctionnement effectif des secteurs de la sécurité et de la justice afin d’assurer la protection de tous les Libériens,

Accueillant favorablement les progrès d’ensemble accomplis sur la voie du rétablissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Libéria, saluant la volonté inentamée du peuple et du Gouvernement libériens de bâtir la paix et des mécanismes et institutions démocratiques et d’opérer d’importantes réformes, se félicitant des mesures efficaces prises par le Gouvernement libérien, avec l’aide de la communauté internationale notamment, pour faire face à l’épidémie d’Ebola dans le pays, saluant à cet égard la résilience du peuple et du Gouvernement libériens et des institutions en charge de la sécurité, et engageant toutes les forces vives libériennes à intensifier leurs efforts afin de parvenir à une plus grande cohésion sociale,

Attendant avec intérêt que soit menée une révision de la Constitution globale et ouverte à tous et que soit appliquée la Feuille de route pour la promotion de la réconciliation nationale, demandant instamment que des efforts soient faits pour renforcer la Commission nationale indépendante des droits de l’homme, qui pourrait jouer un rôle clef d’institution des droits de l’homme accessible au public et de mécanisme chargé de surveiller l’application des recommandations de la Commission Vérité et réconciliation et d’en assurer le suivi, et soulignant que la responsabilité de la préparation, de la sécurité et de la conduite d’élections présidentielles libres, équitables et transparentes en 2017 incombe aux autorités libériennes,

Notant avec préoccupation qu’il pourrait y avoir un conflit au sujet des ressources naturelles du Libéria et des différends relatifs à la propriété foncière, et notant également que des problèmes de corruption continuent de menacer la stabilité et l’efficacité des institutions publiques,

Saluant la coopération entre le Gouvernement libérien et la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et les efforts importants qu’ils font pour planifier et préparer le transfert aux autorités libériennes des responsabilités en matière de sécurité le 30 juin 2016, se déclarant préoccupé par le fait que le Gouvernement n’a pas prévu de ressources prévisibles et durables pour financer les coûts associés au déploiement de son personnel et de ses équipements de sécurité dans tout le pays, notamment pour assurer le fonctionnement et l’entretien des sites de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation en dehors de Monrovia, et se félicitant que les Forces armées du Libéria aient commencé à procéder au marquage des armes,

Saluant les efforts que le Gouvernement libérien continue de faire pour renforcer la coopération en matière de sécurité dans la sous-région, notamment avec les Gouvernements guinéen, sierra-léonais et ivoirien, et constatant que l’instabilité qui règne dans l’ouest de la Côte d’Ivoire continue de poser des problèmes de sécurité transfrontaliers pour le Libéria et la Côte d’Ivoire,

Exprimant sa gratitude au peuple et au Gouvernement libériens pour l’aide qu’ils continuent d’apporter aux réfugiés ivoiriens dans l’est du Libéria en attendant le rapatriement volontaire de ceux-ci en Côte d’Ivoire,

Saluant la contribution, l’engagement et la résolution constants du personnel des Nations Unies, ainsi que des pays qui fournissent des contingents et du personnel de police à la MINUL, au service de la consolidation de la paix et de la stabilité au Libéria,

Exprimant ses remerciements à la communauté internationale, notamment à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, à l’Union africaine et à l’Union du fleuve Mano, pour l’appui qu’elle apporte à la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Libéria, se félicitant, en particulier, du concours apporté par les partenaires bilatéraux et les organisations multilatérales, ainsi que par la Commission de consolidation de la paix, qui soutiennent le Libéria dans la réforme du secteur de la sécurité et dans les domaines de l’état de droit et de la réconciliation nationale, et qui l’aident durant la période de relèvement qui suit l’épidémie d’Ebola, encourageant vivement la communauté internationale à continuer d’apporter son appui à cet égard, conscient que les efforts de relèvement déployés au lendemain de l’épidémie doivent tenir pleinement compte des grandes priorités en matière de consolidation de la paix, notamment la revitalisation du développement socioéconomique, et soulignant la nécessité de conjuguer de manière cohérente maintien de la paix, consolidation de la paix et développement, afin d’assurer une intervention efficace au sortir d’un conflit,

Conscient de l’ampleur des défis qui restent à relever dans tous les secteurs, y compris la persistance des crimes violents, notamment l’incidence élevée des cas de violence sexuelle et sexiste, en particulier sur la personne d’enfants, rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010) et 2106 (2013) sur les femmes et la paix et la sécurité, se félicitant que le Gouvernement libérien redouble d’efforts pour promouvoir et protéger les droits de l’homme, en particulier des femmes et des enfants, et soulignant que les obstacles qui continuent d’entraver l’application intégrale de la résolution 1325 (2000) ne pourront être éliminés que moyennant un engagement résolu en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes, ainsi que de l’exercice des droits de l’homme par les femmes, dans le cadre d’initiatives concertées et grâce à des informations, des mesures et un appui cohérents visant à accroître la participation des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux,

Prenant note du rapport du Secrétaire général daté du 13 août 2015 (S/2015/620) et des recommandations qui y figurent sur les modifications à apporter au mandat de la MINUL et sur la reconfiguration de celle-ci dans le cadre de la transition en matière de sécurité,

Considérant que la situation au Libéria continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Gouvernance, état de droit, réforme du secteur de la sécurité et réconciliation nationale

      1.    Souligne qu’il incombe en premier et dernier ressorts au Gouvernement libérien d’assurer la sécurité et la protection de sa population et lui demande instamment de hiérarchiser ses priorités pour développer ses organismes de sécurité rapidement et efficacement, en particulier la Police nationale libérienne, qui est le premier service de maintien de l’ordre chargé d’assurer la police civile, notamment en fournissant des ressources financières et tout autre appui en temps utile et en offrant des stages de formation et de perfectionnement à l’intention des hauts responsables;

      2.    Encourage le Gouvernement libérien à donner la priorité à la réconciliation nationale et au redressement économique, à lutter contre la corruption et à favoriser l’efficacité et la bonne gouvernance, en particulier en continuant à faire en sorte que les pouvoirs publics agissent de façon plus transparente et responsable, notamment en gérant efficacement les ressources naturelles du pays, souligne qu’il importe d’appliquer une stratégie de réconciliation nationale et de cohésion sociale au moyen de mesures concrètes propres à promouvoir un apaisement national, la justice et la réconciliation à tous les niveaux et avec la participation de tous les intervenants libériens et salue les efforts faits par le Gouvernement libérien pour faciliter la participation accrue des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, notamment en tant que décideuses dans les organes de gouvernance créés au sortir du conflit, ainsi qu’aux diverses entreprises de réforme;

      3.    Souligne qu’il faut que les autorités libériennes poursuivent les réformes constitutionnelles et institutionnelles entreprises, notamment des secteurs de l’état de droit et de la sécurité, et les processus de réconciliation nationale, compte tenu en particulier des conséquences de l’épidémie d’Ebola sur les populations et de la nécessité de renforcer le relèvement à long terme du Libéria et, à cet égard, prie le Représentant spécial du Secrétaire général de continuer de concourir à ces efforts en offrant ses bons offices et un appui politique;

      4.    Exhorte le Gouvernement libérien à intensifier ses efforts en faveur de la rétrocession aux autorités nationales, par la MINUL, des compétences en matière de sécurité, notamment pour ce qui est d’arrêter des priorités et de combler les lacunes les plus graves pour faciliter le succès de cette rétrocession, en améliorant les moyens de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation ainsi que du secteur de la justice, y compris les tribunaux et les établissements pénitentiaires, en assurant la promotion des droits de l’homme et de la réconciliation, et la supervision efficace, le professionnalisme et la transparence de toutes les institutions chargées de la sécurité, ainsi que le respect du principe de responsabilité par celles-ci, et en renforçant les institutions démocratiques et l’extension de l’autorité de l’État et des services publics à l’ensemble du pays, au bénéfice de tous les Libériens;

      5.    Affirme qu’il compte que le Gouvernement libérien assumera pleinement l’ensemble des compétences en matière de sécurité exercées par la MINUL le 30 juin 2016 au plus tard et encourage les États Membres et les organisations multilatérales à continuer d’apporter aux autorités libériennes un appui financier, technique et autre à cet égard, notamment dans le cadre de l’appui à long terme dont le pays aura besoin pour faire fonctionner ses institutions et les professionnaliser, et pour développer ses infrastructures;

      6.    Demande au Gouvernement libérien de redoubler d’efforts pour renforcer les capacités du secteur de la sécurité en coordination avec la reconfiguration en cours à la MINUL, en particulier en ce qui concerne la direction, la coordination, la supervision et les ressources, les mécanismes de contrôle, l’adoption rapide des projets de loi sur la police et sur le Bureau de l’immigration et de la naturalisation et de nouvelles réformes des politiques en matière de promotion et d’effectifs, en vue de décentraliser les institutions nationales chargées de la sécurité, en particulier la Police nationale libérienne, pour assurer la sécurité de tous sur l’ensemble du territoire libérien et demande également au Gouvernement libérien de redoubler d’efforts pour que soient prises des mesures garantissant la bonne gestion des armes et des munitions, notamment d’adopter les lois qui s’imposent, d’assurer un contrôle et une gestion efficaces des régions frontalières du Libéria et d’enregistrer et de localiser les armes et le matériel connexe utilisés et importés par les forces de sécurité;

      7.    Souligne qu’il importe que le Gouvernement libérien continue de se doter d’institutions pleinement opérationnelles et indépendantes dans le domaine de la sécurité nationale et de l’état de droit et, à cette fin, encourage la mise en œuvre accélérée et coordonnée des plans de développement des secteurs de la sécurité et de la justice et du Plan d’action national en faveur des droits de l’homme, et exhorte le Gouvernement libérien à gérer de façon efficace, transparente et rationnelle l’aide qu’il reçoit, notamment de partenaires bilatéraux et multilatéraux, à l’appui de la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité;

      8.    Demeure préoccupé par le fait qu’au Libéria, les femmes et les filles continuent d’être victimes de nombreux actes de violence sexuelle et sexiste, demande à nouveau au Gouvernement libérien de continuer de lutter contre la violence sexuelle, en particulier dirigée contre les enfants, et la violence sexiste et de combattre avec vigueur l’impunité des auteurs de tels crimes, et de fournir aux victimes réparation, appui et protection, notamment par des campagnes d’information de la population et en continuant à renforcer la capacité de la Police nationale dans ce domaine et à faire mieux connaître la législation nationale sur la violence sexuelle, et encourage le Gouvernement à renforcer son engagement à cet égard, y compris en finançant la mise en œuvre de son plan d’action national contre la violence sexuelle et sexiste et en améliorant l’accès des femmes et des filles à la justice;

Mandat de la MINUL

      9.    Décide de proroger le mandat de la MINUL jusqu’au 30 septembre 2016;

      10.   Décide de confier à la MINUL le mandat suivant:

      a)    Protection des civils

      i)    Protéger la population civile contre la menace de violences physiques, dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, sans préjudice de la responsabilité première des autorités libériennes en la matière;

      b)    Réforme de l’appareil judiciaire et des institutions chargées de la sécurité

      i)    Aider le Gouvernement libérien à élaborer et mettre en œuvre, en étroite coordination avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux, selon qu’il convient, sa stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité;

      ii)   Conseiller le Gouvernement libérien sur sa stratégie de réforme du secteur de la sécurité et l’organisation de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation, ainsi que sur les questions liées à l’appareil judiciaire et pénitentiaire, en mettant particulièrement l’accent sur l’établissement de leurs systèmes de direction et de gestion interne et de leurs mécanismes d’application du principe de responsabilité;

      iii)  Aider le Gouvernement libérien à coordonner ces efforts avec tous les partenaires, y compris les donateurs bilatéraux et multilatéraux;

      c)    Promotion et protection des droits de l’homme

      i)    Mener des activités de sensibilisation, de protection et de surveillance des droits de l’homme au Libéria en attachant une attention particulière aux violations et abus commis à l’encontre des enfants et des femmes;

      ii)   Contribuer au renforcement des efforts faits par le Gouvernement libérien pour lutter contre la violence sexuelle et sexiste, y compris ses efforts visant à mettre fin à l’impunité des auteurs de tels crimes;

      d)    Protection du personnel des Nations Unies

      i)    Protéger le personnel, les installations et le matériel des Nations Unies et assurer la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé;

      11.   Décide que la MINUL, conformément aux paragraphes 4, 5, 6 et 10 b) ci-dessus, redoublera d’attention pour aider le Gouvernement libérien à réussir le transfert aux autorités libériennes de toutes les compétences liées à la sécurité grâce au renforcement de la capacité des organismes de sécurité compétents à gérer le personnel existant et à améliorer les programmes de formation pour accélérer leur préparation en vue d’assumer la responsabilité de la sécurité sur l’ensemble du territoire libérien et prie la MINUL de continuer à communiquer, y compris sur les ondes de sa radio, avec la population et le Gouvernement libériens pour faire mieux connaître et comprendre son mandat et ses activités compte tenu de la transition en matière de sécurité;

      12.   Prie la MINUL de veiller à ce que tout appui fourni à des forces de sécurité non onusiennes soit strictement conforme à la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme dans le contexte d’un appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes (S/2013/110);

      13.   Prie le Secrétaire général de doter la MINUL de conseillers spécialisés qualifiés dont les compétences et l’expérience professionnelles conviennent pour cette phase de transition afin de renforcer l’encadrement, le but étant d’accroître les capacités du Gouvernement, en particulier de la Police nationale libérienne et du Bureau de l’immigration et de la naturalisation, et d’accélérer la mise en œuvre de programmes durables dans les domaines de l’état de droit, de la justice, de la gouvernance et de la réforme du secteur de la sécurité, y compris des mécanismes permettant de juger les auteurs de violences sexuelles et sexistes;

      14.   Encourage la MINUL, dans les limites de ses capacités et de ses zones de déploiement et sans préjudice de son mandat, à continuer d’apporter une aide au Gouvernement libérien, au Comité établi en application du paragraphe 21 de la résolution 1521 (2003) et au Groupe d’experts et de s’acquitter des tâches à elle assignées dans de précédentes résolutions, dont sa résolution 2237 (2015);

Structure de la Force

      15.   Décide de ramener de 3 590 à 1 240 personnes l’effectif militaire autorisé de la MINUL, réduction qui comprend un bataillon d’infanterie et les unités de soutien qui s’y rattachent, d’ici au 30 juin 2016, et de ramener de 1 515 à 606 personnes l’effectif de police autorisé de la MINUL, réduction qui comprend trois unités de police constituées ainsi que des conseillers pour les questions d’immigration et de police, d’ici au 30 juin 2016;

      16.   Prie la MINUL de s’employer, à compter du 1er juillet 2016, à aider les organismes de sécurité libériens à protéger les civils au cas où les conditions de sécurité se détérioreraient au point de remettre en cause la stratégie adoptée sur le plan de la paix et de la stabilité dans le pays, en tenant compte de la réduction des capacités et des zones de déploiement de la MINUL;

      17.   Prie le Secrétaire général de continuer de rationaliser les activités des composantes de la MINUL – civile, policière et militaire – et de réduire le mandat tel que décidé dans la présente résolution et le prie également de s’employer à accélérer la consolidation de la présence civile, policière et militaire de la MINUL compte tenu de la transition en matière de sécurité;

      18.   Affirme son intention d’envisager, sur la base de l’examen par le Conseil de sécurité, d’ici au 15 décembre 2016, de la capacité globale du Libéria à assurer la sécurité et la stabilité à l’issue de la transition en matière de sécurité qui s’achèvera le 30 juin 2016 et des conditions de sécurité sur le terrain, un éventuel retrait de la MINUL et le passage à une présence des Nations Unies permettant de continuer d’aider le Gouvernement libérien à consolider la paix et, à cet égard, prie le Secrétaire général d’organiser une mission d’évaluation au Libéria en vue de faire des recommandations au Conseil de sécurité d’ici au 15 novembre 2016;

Coopération régionale et coopération entre missions

      19.   Reconnaît qu’il importe de reprendre pleinement et d’intensifier les activités conjointes des Gouvernements libérien et ivoirien au moment où la MINUL et l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) réduisent leurs effectifs, demande aux Gouvernements libérien et ivoirien de continuer à renforcer leurs liens de coopération, en particulier concernant la région frontalière, notamment en intensifiant les contrôles et le partage de l’information, en coordonnant leur action et en exécutant une stratégie commune concernant la frontière, notamment pour concourir au désarmement et au rapatriement des éléments armés de part et d’autre de la frontière ainsi qu’au retour volontaire des réfugiés en toute sécurité et dignité et pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et des tensions et demande à cet égard à toutes les entités présentes en Côte d’Ivoire et au Libéria, y compris à toutes les composantes concernées de l’ONUCI et de la MINUL, dans les limites de leur mandat, de leurs capacités et de leurs zones de déploiement, ainsi qu’aux deux équipes de pays des Nations Unies, lorsque cela est pertinent et approprié, d’intensifier leur appui aux autorités ivoiriennes et libériennes;

      20.   Affirme l’importance des mécanismes de coopération entre missions au moment où la MINUL et l’ONUCI réduisent leurs effectifs, réaffirme les dispositions du cadre de coopération entre missions énoncées dans sa résolution 1609 (2005), rappelle qu’il a fait sienne, dans sa résolution 2062 (2012), la recommandation du Secrétaire général consistant à transférer de la MINUL à l’ONUCI trois hélicoptères armés, qui seront utilisés en Côte d’Ivoire et au Libéria le long de leur frontière commune et rappelle aussi sa décision, contenue dans sa résolution 2162 (2014), que tous les hélicoptères militaires polyvalents de la MINUL et de l’ONUCI seront utilisés dans les deux pays en vue de faciliter des interventions rapides et la mobilité sans que cela porte atteinte aux domaines de compétence de l’une ou l’autre mission;

      21.   Se félicite que la force de réaction rapide créée par sa résolution 2162 (2014) pour exécuter le mandat de l’ONUCI visé au paragraphe 19 de sa résolution 2226 (2015) et appuyer la MINUL, comme prévu au paragraphe 33 de sa résolution 2226 (2015), soit désormais pleinement opérationnelle, tout en déclarant qu’elle continuera de relever principalement de l’ONUCI;

      22.   Rappelle que, dans ses résolutions 2162 (2014) et 2226 (2015), il a autorisé le Secrétaire général à déployer cette force au Libéria pour renforcer temporairement la MINUL, sous réserve de l’assentiment des pays fournisseurs de contingents concernés et du Gouvernement libérien, en cas de grave détérioration de la situation sécuritaire sur le terrain, dans l’unique objectif de permettre à la MINUL d’accomplir son mandat et rappelle en outre qu’il a prié le Secrétaire général de l’informer immédiatement du déploiement éventuel de cette force au Libéria et d’obtenir son autorisation pour tout déploiement pour une période allant au-delà de 90 jours;

Rapports du Secrétaire général

      23.   Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la situation au Libéria et de l’exécution du mandat de la MINUL et de lui présenter un rapport à mi-parcours au plus tard le 28 février 2016 et un rapport final au plus tard le 15 août 2016 concernant la situation sur le terrain et l’application de la présente résolution;

      24.   Décide de demeurer saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil économique et social élit deux de ses vice-présidents

Session de 2016,
2e séance – matin
ECOSOC/6721

Le Conseil économique et social élit deux de ses vice-présidents

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a, ce matin, procédé à l’élection de 2 de ses 4 vice-présidents afin de combler les postes laissés vacants par les groupes des États d’Europe orientale et des États d’Europe occidentale et autres États.

Ont ainsi été désignés par acclamation M. Sven Jürgenson, de l’Estonie, et M. Jürg Lauber, de la Suisse, lesquels remplacent, respectivement, jusqu’à la fin de la session de 2016 de l’ECOSOC, MM. Vladimir Drobnjak, de la Croatie, et Paul Seger, de la Suisse.

En outre, le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, de la République de Corée, a dévoilé la répartition des affectations au sein du Bureau concernant la session de 2016. 

Lui-même présidera ainsi le Segment de haut niveau et le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, de même que la session d’organisation concernant le programme de travail du Conseil de juillet 2016 à juillet 2017.

Les activités opérationnelles du Segment du développement seront sous la responsabilité de la Vice-Présidente Maria Cristina Perceval, de l’Argentine, tandis que MM. Jürgenson et Lauber auront respectivement en charge ceux de l’intégration et des affaires humanitaires.

Enfin, le Vice-Président Frederick Musiiwa Makamure Shava, du Zimbabwe, aura la responsabilité des Segments de coordination et de gestion, ainsi que des débats généraux de la session de fond, y compris les élections visant à combler les sièges vacants des organes subsidiaires de l’ECOSOC.

Le Conseil a également élu la Suisse, dont la candidature était proposée par le groupe des États d’Europe occidentale et autres États, au Conseil d’administration du Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA) pour un mandat débutant le 1er janvier 2016 et s’achevant le 31 décembre 2018.

De la même façon, il a élu le Panama au Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM), dont la candidature était présentée par le groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, et qui succèdera au Guatemala à partir du 31 décembre 2015 pour assumer le reste de son mandat jusqu’au 31 décembre 2017.

L’ECOSOC a par ailleurs invité le Réseau international de recherche sur le bambou et le rotin, créé en 1997, à participer de manière continue à ses délibérations*.  Le siège mondial du Réseau est à Beijing, en Chine, le Réseau ayant des antennes régionales en Équateur, en Éthiopie, au Ghana et en Inde.

Le Conseil a décidé de reporter à une date ultérieure le vote d’un projet de décision intitulé « Répartition des sièges entre les huit experts désignés par les États Membres pour siéger au sein de l’Instance permanente sur les questions autochtones ».

Enfin, M. Oh a annoncé que l’ECOSOC tiendrait deux réunions conjointes avec la Deuxième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions économiques et financières, les matins du 23 octobre et du 11 novembre, respectivement sur les flux financiers illicites en Afrique et la coopération internationale en matière fiscale.

La prochaine séance publique du Conseil économique et social sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* E/2016/L.3

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.