En cours au Siège de l'ONU

L’interdiction de la torture ne saurait être territorialement limitée, affirme le Rapporteur spécial sur la torture devant la Troisième Commission

Soixante-dixième session,
19e & 20e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4139

L’interdiction de la torture ne saurait être territorialement limitée, affirme le Rapporteur spécial sur la torture devant la Troisième Commission

Les actes de torture hors des frontières et la complicité exterritoriaux dans ces actes sont contraires à la Convention contre la torture, a déclaré, aujourd’hui, le Rapporteur spécial sur la torture et autres traitements ou peines cruels, inhumains ou dégradants, M. Juan Méndez, en présentant son rapport, au premier jour de l’examen, par la Troisième Commission, des questions relatives à la promotion et à la protection des droits de l’homme.

La Commission a également dialogué avec le Président du Comité contre la torture, M. Claudio Grossman, le Président du Sous-Comité sur la prévention de la torture, M. Malcolm Evans, son homologue du Comité des droits de l’homme, M. Fabian Omar Salvioli, et le Vice-Président du Comité sur les droits économiques, sociaux et culturels, M. Mikel Mancisisdor de la Fuente.  Le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović, a, lui, introduit plusieurs rapports.

De l’avis de M. Méndez, les actes extraterritoriaux, licites ou illicites des États, « ont indubitablement un effet significatif » sur les droits fondamentaux d’individus se trouvant hors de leurs frontières, et risquent de conduire à des tortures ou mauvais traitements.  À ce titre, il a encouragé les États à prendre « des mesures de sauvegarde de toute personne sous leur juridiction ».  

Il a également exhorté à reconnaître l’importance de la complicité exterritoriale, étant donné l’existence de programmes de remises extrajudiciaires et de détentions secrètes. 

M. Méndez a exhorté en particulier à respecter « l’interdiction absolue du refoulement, qui doit s’appliquer en permanence, même lorsque les États mènent des opérations ou détiennent des individus hors de leur territoire, y compris dans le cadre des opérations de contrôle aux frontières en pleine mer.

« La torture n’est jamais autorisée ni même justifiée, que ce soit en temps de guerre ou dans la lutte contre le terrorisme », a renchéri M. Grossman, Président du Comité contre la torture, gardien de la Convention de 1984 contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, aujourd’hui ratifiée par 158 États.

« La pertinence de ce traité est indéniable, j’en veux pour preuve les vagues de migrations massives dans le monde entier », a-t-il commenté, soulignant, à l’instar du Rapporteur spécial, l’importance de l’interdiction du refoulement définit dans la Convention, comme le fait de renvoyer dans leur pays les victimes de la torture.

« Vous, les États, êtes responsables devant votre population », a lancé avec force le Président du Comité des droits de l’homme, M. Fabian Omar Salvioli, dont les experts sont chargés de veiller à l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et aux Protocoles facultatifs s’y rapportant.  Le Comité prépare actuellement un projet d’observation générale sur le droit à la vie, en vertu de l’article 6 du Pacte.

Dès lors, M. Salvioli a invité à « récupérer l’ordre du jour des droits de l’homme de tous les acteurs impliqués dans le drame actuel de la migration », unique remède, à son avis, contre cette « maladie mondiale » qui est le reflet de la déshumanisation du monde actuel.  Le Comité peut y aider en orientant les États dans l’interprétation des dispositions du Pacte, a-t-il assuré.

Le Vice-Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels a espéré, quant à lui, que les droits inscrits dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels figurant dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 soient effectivement réalisés, compte tenu de l’impact de la crise économique et financière, et des effets préjudiciables des conflits internes et internationaux.

La Commission, qui a tenu son débat général lundi sur les droits des peuples autochtones, a également entendu un exposé de la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz, sur les incidences des investissements internationaux et du libre-échange sur ces droits, sujet de son dernier rapport.

Le nombre d’États de plus en plus mécontents face aux injustices inhérentes aux régimes de libre-échange et d’investissement est aujourd’hui en augmentation, a indiqué la Rapporteuse spéciale qui a réclamé une réforme immédiate des accords d’investissement et de libre-échange aux incidences négatives sur ces peuples.  Elle a demandé en outre que toutes les structures de gouvernement autonomes autochtones devraient être incluses de manière formelle dans le processus de prise de décisions en matière d’accords internationaux d’investissement.

Les dialogues avec les intervenants ont été l’occasion pour certains pays, notamment du Groupe des États d’Afrique, par la voix de la Sierra Leone, de critiquer, parfois avec virulence, l’adoption en juin dernier à San José, Costa Rica, par les présidents des organes conventionnels, des Lignes directrices sur l’intimidation et les représailles à l’encontre d’individus ou groupes qui coopèrent avec les organes des Nations Unies. 

Certains comme le Nigéria et le Bélarus, ont estimé que ces organes avaient outrepassé leur mandat, et que les Lignes directrices n’avaient pas fait l’objet d’un processus de consultations intergouvernementales préalables.

La Troisième Commission reprendra ses travaux mercredi, 21 octobre, à 10 heures.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME: APPLICATION DES INSTRUMENTS RELATIFS AUX DROITS DE L’HOMME

a) Application des instruments relatifs aux droits de l’homme

d) Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne (A/70/36)

Déclarations liminaires

M. IVAN ŠIMONOVIĆ, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a présenté plusieurs rapports.

Le Rapport du Secrétaire général sur le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture (A/70/223) fournit un aperçu de l’atelier d’experts sur l’indemnisation et la réadaptation des victimes de la torture en situation d’urgence et l’assistance à leur apporter pour répondre à leurs besoins à long terme. 

Selon M. Šimonović, la complexité des contextes et des crises actuelles a entraîné, ces dernières années, un accroissement de cette pratique et du nombre des victimes et il est plus urgent que jamais de répondre aux besoins en matière d’indemnisation et de réadaptation.  Le Fonds aura besoin de 20 millions de dollars annuels, a-t-il dit, en invitant à une augmentation des contributions à l’occasion du trente-cinquième anniversaire du Fonds en 2016.

La note du Secrétaire général sur le Fonds sur les formes contemporaines d’esclavage contient des recommandations sur les subventions adoptées par le Conseil d’administration du Fonds à sa dernière session en novembre 2014.  En 2015, le Fonds a appuyé des projets médicaux et sociaux au profit des victimes de l’esclavage moderne.  Il n’a pu recommander que 44 subventions et le Conseil d’administration est préoccupé par le peu de contributions qui ne couvrent qu’un tiers de ses objectifs.

Un autre rapport, présenté dans une note du Secrétaire général (A/70/273) fournit des renseignements sur les activités du Fonds spécial créé par le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.  Le Fonds a appuyé 21 projets dans six régions en vue de la prévention de la torture.  Ce Fonds se trouve aussi dans une situation financière critique, ce qui entrave le travail du Sous-comité pour la prévention de la torture, a souligné M. Šimonović, qui a ensuite encouragé au versement de contributions pour pérenniser le travail du Sous-Comité.

La note du Secrétaire général présente le rapport de la vingt-septième réunion annuelle des présidents des organes conventionnels des droits de l’homme (A/70/302), qui a eu lieu du 22 au 26 juin 2015 à San José, au Costa Rica, avec la participation d’une large gamme de partenaires.  La réunion se tenait dans le cadre de la mise en œuvre de la A/RES/57/202 de l’Assemblée générale de ces organes conventionnels.

Dialogue interactif

La République tchèque a félicité le Soudan du Sud et le Viet Nam, devenus parties à la Convention des Nations Unies contre la torture.  Il a aussi salué les cinq nouveaux membres du Comité contre la torture.

La République islamique d’Iran a pris note du rapport des présidents des organes conventionnels et s’est dissocié, en appelant à la transparence, du paragraphe 41, qui traite des Lignes directrices de San José relatives à l’intimidation et aux représailles contre les personnes ayant coopéré avec les organes des droits de l’homme, précisant qu’aucun processus de consultations intergouvernementales n’a eu lieu à ce propos.

La Fédération de Russie a évoqué les enlèvements dans les États tiers et s’est demandé comment appliquer les principes décrits par le Rapporteur spécial contre la torture sur l’exterritorialité.

Le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme a rappelé la A/RES/68/268 de l’Assemblée générale sur le renforcement des organes conventionnels (paragraphe 8) qui condamne vivement tout acte d’intimidation et de représailles et incite tous les États à prendre les mesures appropriés à ce sujet.  À la lumière de l’accroissement des actes de représailles, les organes de traités ont adopté les Lignes directrices. 

M. Šimonović a laissé au Rapporteur spécial concerné le soin de répondre à la Fédération de Russie.

Déclaration liminaire

M. CLAUDIO GROSSMAN, Président du Comité contre la torture, a présenté son rapport (A/70/44) à la Commission.  Les principes contenus dans la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants restent hautement pertinents aujourd’hui.  « La torture est un crime », a-t-il affirmé. 

« La torture n’est jamais autorisée ni même justifiée, que ce soit en temps de guerre ou dans la lutte contre le terrorisme », a poursuivi M. Grossman.  Ceux qui commettent le crime de la torture seront tenus pour responsables, où que ce soit, et les victimes de la torture ont droit à la réhabilitation et au recours. 

Il a rappelé que la Convention énonce clairement les différentes mesures que les États doivent prendre pour combattre et prévenir la torture.  Ainsi, les États doivent-ils intégrer la définition de la torture dans leur législation.  Ils doivent aussi interdire le refoulement, c’est-à-dire le fait de renvoyer dans leur pays les victimes de la torture. 

« La pertinence de ce traité est indéniable, j’en veux pour preuve les vagues de migrations massives dans le monde entier », a insisté M. Grossman.  

 Aujourd’hui 158 États ont ratifié la Convention et 384 rapports ont été présentés, dont 362 ont été examinés, a précisé le Président du Comité. 

Toutefois, 28 États ayant ratifié la Convention n’ont jamais présenté de rapports au Comité en violation de leurs obligations, a-t-il souligné.  De plus, huit États n’ont pas présenté de rapports depuis plus d’une décennie.

Depuis 1988, le Comité a enregistré 699 plaintes individuelles concernant 35 États parties; 197 d’entre elles ont été abandonnées, 70 jugées irrecevables et des décisions ont été formulées pour 72 d’entre elles.

Malheureusement, il n’y a que 66 États parties qui donnent aux individus la possibilité de soumettre des plaintes au Comité, a regretté M. Grossman.  En outre, 89 États ayant ratifié la Convention n’ont pas encore fait de déclaration reconnaissant la compétence du Comité.  Il a également enjoint tous les États parties à participer à la procédure confidentielle.

En ce qui concerne les travaux, le Comité est à l’avant-garde de la simplification de la présentation des rapports, s’est félicité M. Grossman.  Cette procédure facultative consiste à élaborer une liste préalable de points à traiter et à la transmettre aux États parties avant que ceux-ci ne soumettent le rapport périodique attendu. 

Si le Comité a pris certains retards, c’est qu’il manque de ressources, a noté ensuite son Président.

La mise en œuvre de la Convention doit s’accompagner de la volonté des États parties de l’appliquer sur le terrain, a-t-il conclu.

Dialogue interactif

La Colombie, qui a présenté son cinquième rapport au Comité en mai dernier, a assuré le Président du Comité que le Gouvernement avait déjà lancé l’application des recommandations formulées à son intention et pris en compte le problème de la surpopulation carcérale.

L’Union européenne a salué l’augmentation du nombre d’États qui ratifient la Convention.  Elle a souhaité en savoir plus sur la façon dont les États parties pourraient participer à la rationalisation des procédures au sein du Comité.

Le Royaume-Uni a demandé « quels sont les principaux obstacles pour parvenir à l’universalisation de la Convention ».

Le Liechtenstein, préoccupé par la brutalité imputable aux forces de police et la prévalence de l’impunité, a demandé à l’expert s’il avait constaté des améliorations dans les enquêtes et si les victimes avaient davantage accès à des réparations.

L’Iraq a indiqué qu’il était « en train d’étayer la documentation sur tous les cas de torture pour retrouver les criminels et les traîner devant la justice » et qu’il s’efforçait d’aider les victimes.  Il a demandé l’aide du Comité du fait de la situation d’urgence dans laquelle se trouve le pays.

Le Danemark s’est interrogé sur ce que peuvent faire les États Membres face aux nombreux cas de représailles contre les citoyens ou les groupes qui entrent en contact avec l’ONU.

L’Azerbaïdjan, qui a présenté quatre rapports périodiques au titre de la Convention, a compté sur des discussions constructives.

Le Président du Comité contre la torture a indiqué que son Comité avait été « le premier à utiliser la procédure simplifiée d’établissement de rapports pour réduire les dépenses et mener des dialogues plus ciblés ».  Près de 90% des États parties ont accepté cette procédure facultative, a-t-il précisé.

Lors de sa dernière session, le Comité a adopté des lignes directrices sur les représailles contre les personnes qui le contactent, a ajouté M. Grossman.  « Nous ne voulons pas que les personnes qui dénoncent la torture ou les mauvais traitements subissent des représailles ».

Le Comité a également adopté des lignes directrices sur le suivi des observations finales.  Il a consacré une heure de plus aux États Membres pour qu’ils puissent répondre aux questions lors des dialogues.

S’agissant de la coopération des États Membres, « l’établissement de rapports doit se faire à temps », a rappelé M. Grossman.  Il est rare que des États disent qu’ils pratiquent la torture pour obtenir des aveux, a-t-il reconnu.  « Nous ne sommes pas des juges, mais l’objectif est de voir ce qui se passe dans la pratique grâce à des données ventilées » qui permettent au Comité de remplir son mandat.

L’intervenant a souligné l’importance du renforcement des capacités, indépendamment de la volonté politique.  « L’interdiction de la torture ne découle pas seulement de la ratification de la Convention.  C’est un principe général de droit coutumier », a-t-il rappelé. 

D’après lui, les États peuvent partager de bonnes pratiques et « aider le Comité dans cette tâche difficile qu’est l’édification d’un monde sans torture ».  Ils peuvent aussi lui apporter des ressources supplémentaires.

Le rôle préventif et la formation des forces de police sont essentiels, a-t-il ajouté.  Des caméras doivent être installées dans lieux de détention pour éviter les fausses accusations.

M. Grossman a indiqué que le Comité pouvait offrir à l’Iraq une assistance « pour autant qu’il notifie toutes les violations » de la Convention.

Appelant les États « à enrichir la définition des représailles » et à réagir, il a constaté que « le silence peut empirer la situation ».

Dialogue avec le Président du Sous-Comité pour la prévention de la torture

La Suisse a estimé que le Sous-Comité était un organe unique en ce qui a trait à l’interdiction absolue de la torture.  Elle a ainsi appelé les États à ratifier, dans les meilleurs délais, le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et à le mettre pleinement en œuvre.  La Suisse a aussi estimé que l’adoption de la version révisée de l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Mandela) ouvrait de nouvelles perspectives pour une meilleure prévention et a appelé tous les États à les mettre en œuvre.  La Suisse a demandé comment les Règles Mandela influenceront-elles l’exécution du mandat du Sous-Comité.

La République tchèque a insisté sur le fait que la prévention était le meilleur moyen de lutter contre la torture, raison pour laquelle ce pays apporte des contributions au Fonds pour les victimes de la torture.

L’Union européenne a salué l’accroissement du nombre d’États parties à la Convention et des mécanismes nationaux d’application.  La déléguée a encouragé au bon fonctionnement de tels mécanismes et s’est félicitée du dialogue engagé entre les membres du Sous-Comité et les États parties. 

Le Royaume-Uni a indiqué que de nombreux États n’avaient pas encore ratifié le Protocole facultatif et s’est demandé comment changer cette situation.

L’Azerbaïdjan a dit attendre avec intérêt le rapport du Sous-Comité sur sa visite en Azerbaïdjan et pouvoir poursuivre sa coopération avec les experts.

Le Danemark a voulu avoir plus d’informations sur les lignes directrices sur les représailles adoptées par les présidents des organes conventionnels.  Le Chili a salué le travail du Sous-Comité.

L’Arménie a invité la communauté internationale à une tolérance zéro contre la torture, notamment par le renforcement des mécanismes de prévention au niveau national.  Le représentant a dit sa surprise qu’un Arménien soit mort en détention en Azerbaïdjan et a fait état de plusieurs cas de mauvais traitements et de torture sur des prisonniers arméniens par les forces de l’Azerbaïdjan. 

L’Azerbaïdjan a répliqué que l’Arménien qui avait été capturé était membre des services d’espionnage de l’Arménie.  Il portait une arme et l’analyse de son téléphone mobile a montré qu’il n’était pas juste un simple citoyen.  En revanche, à l’heure actuelle, deux citoyens de l’Azerbaïdjan sont en détention en Arménie alors qu’ils se trouvaient légalement à la frontière de l’Azerbaïdjan.

Le Président du Sous-Comité pour la prévention de la torture s’est réjoui de l’appel des États à la ratification du Protocole facultatif à la Convention.  Les Règles sur le traitement des détenus étaient devenues obsolètes et exigeaient une révision avec de nouvelles approches sur le travail et le comportement du personnel dans les centres de détention et l’importance d’un contrôle extérieur indépendant.  Il a prié les États de respecter et d’appliquer les Règles Mandela, offrant l’appui du Sous-Comité pour faciliter les inspections des centres de détention, entre autres. 

Répondant à la République tchèque, il a remercié ce pays de contribuer de longue date au Fonds spécial pour que le travail vital du Comité puisse se poursuivre.  Selon la Convention, les mécanismes nationaux de prévention doivent être mis sur pied un an après la date de la ratification.  Il a recommandé d’avoir aussi recours à des mécanismes déjà en place dans la région. 

M. Evans a remarqué que la volonté des États ne suffisait pas.  Il a affirmé, à l’adresse du Royaume-Uni, qu’il était nécessaire d’expliquer aux États leurs obligations ainsi que le fonctionnement correct d’un mécanisme de prévention.  L’objectif dorénavant est d’aller de l’avant tout en maintenant le dialogue.

Il a prié les États de communiquer avec les membres du Sous-Comité « au-delà du simple échange d’informations ».  Un article du Protocole facultatif traite spécifiquement des représailles, a-t-il rappelé aux détracteurs des lignes directrices sur cette question.  Depuis longtemps, il existe un point focal pour chaque visite qui procède à une évaluation préalable des risques mais aussi après le départ de la délégation à l’issue de la visite.  Les représailles, a-t-il noté, ne proviennent pas uniquement des autorités mais aussi d’autres prisonniers ou de groupes. 

Concernant l’Arménie, le Président du Sous-Comité a rappelé que ses membres travaillaient dans la confidentialité mais a espéré que le rapport serait publié en temps voulu.  Il a encouragé à la coopération avec les États parties.

Déclaration liminaire

M. JUAN ERNESTO MÉNDEZ, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a abordé dans son dernier rapport intérimaire thématique, la problématique de l’application exterritoriale de l’interdiction de la torture et des autres mauvais traitements et des obligations qu’impose le droit international à cet égard, en particulier la Convention contre la torture. 

Après avoir mis le doigt sur « la nature chaque fois plus transnationale des actions des États », M. Méndez a expliqué que les actes exterritoriaux, licites ou illicites des États, « ont indubitablement un effet significatif » sur les droits fondamentaux d’individus se trouvant hors de leurs frontières, et engagent la responsabilité des États au regard du droit international des droits de l’homme.

Parmi ces actions et pratiques qui ont des effets exterritoriaux: des opérations militaires transfrontières, le recours à la force hors des frontières nationales, l’occupation de territoires étrangers, des opérations de lutte contre les migrations et la piraterie, des opérations de maintien de la paix, de police ou clandestines menées en territoire étranger, la détention de personnes à l’étranger, les extraditions, les remises à la justice et remises extrajudiciaires et l’exercice d’un contrôle ou d’une influence de facto sur des acteurs non étatiques opérant en territoire étranger. 

Toutes peuvent conduire à des cas de torture ou de mauvais traitements tels que définis par la Convention contre la torture, a ajouté M. Méndez, qui a affirmé qu’il est de l’obligation des États de respecter les droits de l’homme et de garantir le droit qu’a toute personne de ne pas être soumise à la torture.  Les tentatives des États de se soustraire à leurs obligations à ce titre sont une atteinte au droit coutumier et conventionnel.  Cela constitue en soi une infraction grave au droit international.

Il a attiré l’attention sur les articles 2 et 16 de la Convention et encouragé les États à prendre des mesures de sauvegarde de toute personne sous leur juridiction.  Par extension, M. Méndez a aussi traité des questions relatives à la complicité exterritoriale, très importantes étant donné le programme de remises extrajudiciaires et de détentions secrètes. 

Il a rejeté les garanties diplomatiques, peu fiables à ses yeux, pour éviter de se soustraire à une obligation redditionnelle.  Les actes illicites de torture doivent être punis, où qu’ils se produisent afin d’empêcher l’impunité, a-t-il encore insisté.

Le Rapporteur spécial sur la torture a ensuite mis l’accent sur l’interdiction absolue du refoulement, qui doit s’appliquer en permanence, même lorsque les États mènent des opérations ou détiennent des individus hors de leur territoire, y compris dans le cadre des opérations de contrôle aux frontières en pleine mer.

M. Mendéz a affirmé que la clause d’exclusion, qui interdit aux États d’invoquer comme preuve en justice des déclarations soutirées par la torture, « n’est pas limitée territorialement, englobe toutes les formes de mauvais traitements et est applicable où que l’infraction ait été commise ».  Le Rapporteur spécial demande aux États de s’assurer que les déclarations admises comme preuves dans toute procédure relevant de leur compétence, y compris les procédures d’extradition, n’ont pas été obtenues par la torture ou d’autres formes de mauvais traitements.

Présentant ses conclusions à l’issue de sa visite, en mars dernier, en Géorgie, il a remarqué que depuis les élections parlementaires d’octobre 2012, ce pays avait consenti de grands efforts de réforme en termes de prévention et de pénalisation.  Il a jugé que la Géorgie était désormais confrontée à la nécessité de consolider cette réforme et de développer les mécanismes pertinents.

Lors de sa visite au Brésil, il a relevé la persistance de la surpopulation carcérale et des situations de mauvais traitements.  Il a encouragé le Gouvernement brésilien à garantir la prévention de mauvais traitements.  À l’occasion de sa visite de suivi au Ghana, il a déclaré que la surpopulation carcérale et l’insuffisance alimentaire avaient été les questions qui avaient le plus attiré son attention.

Il a adressé des demandes de visites aux pays suivants: Albanie, Argentine, Cuba, Égypte, Éthiopie, Indonésie, Kenya, Pakistan, Sri Lanka, Émirats arabes unis et Zimbabwe.

En outre, M. Méndez a été invité en Mauritanie, au Maroc et au Mexique.  Par ailleurs, il a envoyé des rappels de visite au Bahreïn, à la Thaïlande et aux États-Unis.  Au sujet de ce dernier pays, il a déclaré qu’il dialoguait toujours avec le Gouvernement pour garantir un accès sans entraves aux centres de détention tant des États que fédéraux.  Il a regretté que dans beaucoup d’autres cas, ses demandes d’invitation fussent restées sans réponse.

Dialogue interactif

Le Danemark a demandé au Rapporteur spécial ce qu’il avait observé en matière de représailles et d’intimidation contre les individus qui entrent en contact avec des mécanismes des Nations Unies.

Les États-Unis ont appuyé le principe selon lequel « la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants sont inacceptables et prohibés en tout temps et en tout lieu ».  Les États-Unis ont ratifié la Convention contre la torture et font partie du Groupe d’amis contre la torture, qui n’est pas simplement une enceinte pour l’universalisation de la Convention mais l’occasion d’échanger des vues sur les approches pratiques. 

Ainsi les États-Unis s’intéressent-ils au recours aux caméras, aux programmes de prévention, à l’appui à la société civile, à la sensibilisation du public, ou encore à l’amélioration des contrôles pendant les premières heures de la détention.  Que pense le Rapporteur spécial de la façon de protéger les groupes vulnérables, notamment les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants?

Le Liechtenstein a souhaité savoir si la situation avait évolué par rapport à la peine de mort considérée comme un traitement cruel.

Les Fidji se sont dites préoccupées par le fait que « certains États essaient d’éviter leurs obligations » de non-refoulement, notamment en ce qui concerne les demandeurs d’asile et les réfugiés. 

L’Union européenne a évoqué le lien entre l’aspect extraterritorial et la règle d’exclusion. 

La Géorgie s’est félicitée des progrès réalisés dans ce pays, notamment en ce qui concerne le traitement des prisonniers et a annoncé l’élaboration d’un nouveau plan d’action contre la torture.  Elle a demandé à M. Mendez comment il réagissait au fait qu’il n’avait pas pu avoir accès « aux régions occupées » d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud où il n’y a pas de mécanismes de surveillance des droits de l’homme.

La Suisse a appuyé l’appel visant à mettre fin à l’impunité d’agents de la sécurité pour mettre fin à la torture et autres peines inhumaines.  Elle a demandé quelles sont les obligations des États non abolitionnistes en ce qui concerne l’interdiction du refoulement.

La Norvège a estimé qu’« il n’est pas acceptable que les organes conventionnels de l’ONU ne puissent s’acquitter de leur mandat en raison de contraintes financières ».  Elle a préconisé de « lutter contre les causes profondes de la torture ». 

Le Royaume Uni a indiqué avoir lancé « une annexe au manuel sur la torture », une ressource accessible à tous les défenseurs des droits de l’homme qui souhaitent étayer la documentation sur les cas de torture.

La République tchèque a souhaité en savoir plus sur la visite reportée de M. Méndez à Bahreïn.

Le Brésil, rappelant qu’il ne faut pas de vide en matière de protection des droits de l’homme », a évoqué la crise des réfugiés et appelé les États à ne pas les refouler et à ne pas les soumettre à des risques de torture ou de mauvais traitements.  Comment les conclusions du rapport pourraient-elles contribuer à l’application exterritoriale des droits de l’homme?

La Fédération de Russie a attiré l’attention du Rapporteur spécial sur les conflits nationaux et régionaux au cours desquels on a recours à la torture.

L’Azerbaïdjan a estimé que la détention illégale exterritoriale était « une question brûlante dans le cas de l’occupation étrangère », en évoquant le cas de deux citoyens azerbaidjanais détenus en Arménie.

L’Arménie a récusé toutes les accusations contre son pays de la part de la délégation de l’Azerbaïdjan « qui détourne le débat », et a affirmé que « le Haut-Karabakh est libre et indépendant ».

L’Azerbaïdjan a tenu à rappeler que le Haut-Karabakh faisait partie intégrante de son pays.

Le Rapporteur spécial sur la torture a encouragé à inclure, dans un projet de résolution sur la torture lors de la présente session de la Troisième Commission, une mention de l’interdiction de la Commission exterritoriale d’actes de torture ou de mauvais traitements.  Il a reconnu que, parfois, il n’est pas mis au courant de certains cas particuliers de représailles mais qu’il faisait son possible en rappelant régulièrement aux États leurs devoirs.  Le Rapporteur spécial a répété que des acteurs autres que les États pouvaient aussi commettre des actes de représailles.

Il a pris note de la position des États-Unis sur l’exterritorialité et s’est félicité des différentes formes de coopération mises en place par le Groupe d’amis de la Convention contre la torture.  Comment protéger les membres de groupes vulnérables comme les lesbiennes et transsexuelles?  Il a répondu qu’il avait été saisi de plusieurs cas de détention de personnes vulnérables ainsi que dans le cadre de détention des migrants. 

Il a proposé au Sous-Comité pour la prévention de la torture d’aider les États dans ces deux contextes.  Il a rappelé que son rapport de 2012 avait traité de la peine capitale, et du couloir de la mort qui viole les dispositions de la Convention.  Que les États maintiennent ou non la peine capitale, ils ont l’obligation de ne pas infliger de traitements inhumains aux condamnés, a encore déclaré le Rapporteur spécial.  Il a relevé que les États utilisaient des renseignements obtenus par coercition, ce qui est contraire à la Convention.  Il a dit avoir tenté d’aller dans les deux zones de la Géorgie sous occupation étrangère mais que les autorités concernées n’avaient pas répondu ou ne lui avaient pas accordé l’accès.

Le Rapporteur spécial a déclaré à la Norvège qu’il importait de garder à l’esprit que c’est le contrôle efficace qui primait.  Il incombe à l’État d’empêcher le recours à la torture et si l’agent sur place n’a pas pu le faire, il est tenu de rendre des comptes sur les raisons qui l’ont poussé à ne pas le faire.

Le Bahreïn a annulé à deux reprises, à la dernière minute, la visite du Rapporteur spécial. 

S’agissant de la crise des réfugiés, il a insisté que le non-refoulement dans la Convention contre la torture est différent de celui qui figure dans la Convention sur le statut des réfugiés.  Même les personnes qui ne répondent pas aux critères de réfugiés ont le droit de ne pas être renvoyés dans leur pays.  Elles ont le droit de présenter des arguments faisant valoir qu’elles ne sauraient retourner dans un endroit où elles courent un risque de persécution.

Réagissant à l’intervention, dans la matinée, du Rapporteur spécial contre la torture, M. Juan Méndez, le Bahreïn a constaté qu’il avait omis de signaler que, lors des réunions bilatérales en marge des travaux du Conseil des droits de l’homme, il avait fait état d’efforts de réconciliation nationale.  La déléguée a déclaré que la visite du Rapporteur spécial sur la torture n’aurait pas été appropriée à ce moment-là.

Déclaration liminaire

M. FABIAN OMAR SALVIOLI, Président du Comité des droits de l’homme, chargé du suivi de l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, a présenté le rapport annuel du Comité pour la période allant de juillet 2014 à avril 2015 (A/70/40) en déclarant que le document contenait beaucoup de sujets de grande préoccupation comme la persistance de la torture et des mauvais traitements, la discrimination pour des raisons multiples, la violence contre les femmes ou les restrictions injustifiées aux droits invoquant des raisons sécuritaires.

M. Salvioli, qui intervenait pour la première fois devant la Commission, a ajouté que le drame actuel de la migration que connaissait le monde entier, et l’absence de solutions fondées sur les droits de l’homme, attestaient de la déshumanisation du monde dans lequel nous vivions.  Qui pourrait ne pas se sentir affecté par ces horribles images et histoires désolantes de personnes qui, par désespoir, cherchent à fuir un conflit, et par les discours de haine ou de xénophobie face à la migration, a demandé M. Salvioli. 

Il a appelé les États à « récupérer l’ordre du jour des droits de l’homme de tous les acteurs impliqués dans ce drame », unique remède, selon le Président du Comité des droits de l’homme, contre cette « maladie mondiale ».

Le Pacte peut précisément être pertinent dans une crise d’une grande ampleur comme celle des migrants, a-t-il assuré, avant de proposer aux États parties de le faire par un renforcement des dialogues et des procédures de dénonciation pour que les experts du Comité puissent les guider dans l’interprétation et l’application des droits contenus dans le Pacte. 

« Vous, les États, êtes responsables devant votre population », a-t-il rappelé, avant de louer les pays ayant mis en œuvre certaines recommandations du Comité et versé des indemnisations aux victimes des droits civils et politiques décrits dans le Pacte.  Il a instamment invité les pays à l’établissement des mécanismes internes efficaces d’application et de suivi des recommandations. 

Concernant les modalités de fonctionnement du Comité, il a reconnu que les défis étaient nombreux, notamment la nécessité de rattraper les arriérés dans l’examen des rapports périodiques des États parties.  Il a déploré que le temps supplémentaire imparti n’ait pas été accompagné de ressources additionnelles, ce qui a eu un impact négatif sur les rapports en souffrance pour le Protocole facultatif. 

À cet égard, il a encouragé les États parties à adopter la procédure simplifiée d’élaboration des rapports.  La possibilité d’utiliser la procédure simplifiée de présentation de rapports devrait, en principe, être offerte à tous les États parties, et non plus seulement à un groupe restreint d’États parties, à savoir ceux dont le rapport est en retard de 10 ans ou plus. 

M. Salvioli a exprimé son optimisme car la nouvelle équipe du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme chargée du renforcement des capacités des organes conventionnels, créé en vertu de la A/RES/68/268, pourra aider au renforcement des capacités du Comité. 

Par ailleurs, il a qualifié d’inacceptables les représailles et les agressions, en particulier contre les défenseurs les droits de l’homme et des journalistes.  Il a mis en relief le travail du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que la coopération avec celui qu’il préside.  Au cours de sa présente session, le Comité des droits de l’homme va examiner le projet d’observation générale en vertu de l’article 6 du Pacte, relatif au droit à la vie. 

En conclusion, il s’est déclaré convaincu que l’Assemblée générale aidera à célébrer, comme il se doit l’anniversaire du Pacte.  « Nous visons un objectif commun: la défense et la protection des droits de l’homme partout dans le monde », a conclu M. Salvioli.

Dialogue interactif

L’Argentine a salué le travail cohérent et continu du Comité.  Elle a félicité M. Salvioli pour son élection à la tête du Comité en mars dernier.  Elle a rappelé qu’il était un juriste de grande pointure et un fervent défenseur des droits de l’homme non seulement en Argentine, son pays, mais dans le monde entier.  Il est d’une probité et d’une compétence remarquable dans ce domaine, a souligné la représentante, qui a mis en avant la tâche fondamentale du Comité. 

Elle a expliqué que l’Argentine avait décidé de prendre pleinement en compte toutes les recommandations des organes conventionnels.  Les problèmes du Comité, d’ordre administratif ou financier, doivent être résolus, a-t-elle affirmé, appelant les États Membres à assumer leur responsabilité à ce propos.  Elle a accueilli avec satisfaction la signature du Pacte par l’État de Palestine.

Abordant la question des représailles, elle a mis l’accent sur la lutte contre les attaques contre les journalistes pour diffamation.  La déléguée argentine a aussi regretté le manque de ressources de personnel de traduction pour le Comité et s’est interrogée sur les conséquences sur le travail de cet organe.

S’agissant des migrants, elle a rappelé que l’Argentine avait adopté une loi spécifique sur leurs droits et voulu savoir ce que le Comité faisait sur le droit des migrants.

L’Union européenne a partagé l’inquiétude du Comité sur le retard dans l’examen des rapports périodiques.  Elle a demandé quelle était la conséquence de la procédure simplifiée sur le travail du Comité.

La Suisse a estimé que la peine capitale était incompatible avec les droits de l’homme et s’est réjouie du fait que le droit à la vie fasse l’objet d’un travail approfondi de la part du Comité.  Quelles sont les vues du Comité entre les questions des droits de l’homme et des sujets autres que le droit à la vie?

La procédure simplifiée s’inscrit parfaitement dans l’esprit et la lettre de la A/RES/68/268 de l’Assemblée générale sur le renforcement des organes conventionnels.  Quels sont les bénéfices que les États parties peuvent attendre?

Le Bélarus a regretté qu’en dépit des efforts des organes conventionnels, il existait toujours un arriéré.  Si l’on respecte scrupuleusement le Pacte s’agissant des procédures de réception des communications, celles provenant de personnes tierces ne devraient pas être recevables. 

Elle a déploré que cette règle soit régulièrement violée.  Toute décision du Comité a moins d’importance que le Pacte lui-même, a estimé la déléguée, qui a mis l’accent sur la nécessité de coopérer comme il se doit avec les États Membres.  Parfois, les réactions aux rapports des pays sont méprisantes et on leur prête des intentions qu’ils n’avaient pas.

Plaidant pour une meilleure répartition géographique des experts des comités conventionnels, elle a remarqué qu’ils étaient souvent composés, en majorité, d’experts d’États occidentaux.  Comment améliorer la coopération entre le Comité des droits de l’homme et les États parties au Pacte? a-t-elle demandé.

Le Royaume-Uni a exhorté tous les États à soumettre des rapports et a salué l’octroi d’un temps supplémentaire pour les réunions du Comité.  Il a réaffirmé son appui de longue date en faveur de la participation de la société civile aux travaux des organes conventionnels et s’est demandé comment améliorer ses contributions sans crainte de représailles.

Cuba s’est intéressée pour sa part à la procédure simplifiée de présentation des rapports en se demandant si celle-ci pourrait permettre aux États parties de répondre aux préoccupations réelles des membres du Comité.  Qu’est-il prévu pour que la discussion se concentre sur les obligations contractées par les États et pas sur d’autres questions pertinentes certes mais qui n’entrent pas dans les obligations des parties au Pacte.

La Sierra Leone, au nom du Groupe des États d’Afrique, a exprimé sa préoccupation sur l’adoption des Lignes directrices par les présidents des organes conventionnels à San José.  Le représentant a souligné que l’Assemblée générale condamnait tout acte d’intimidation et de représailles contre les individus et les groupes qui coopèrent avec les organes des droits de l’homme des Nations Unies. 

Il a ajouté que le paragraphe 9 du dispositif de la A/RES/68/268 demande aux organes conventionnels de bien respecter leurs méthodes de travail.  Toutefois, les Lignes directrices semblent imposer aux États Membres bon nombre d’obligations sans les avoir préalablement consultés, a-t-il fait remarquer.  Il a encouragé à un dialogue intergouvernemental à Genève et à New York, conformément à la résolution. 

Par l’adoption de ces Lignes directrices, les présidents des organes conventionnels ont outrepassé leur mandat, a-t-il dit.  Il est indispensable qu’ils respectent leurs mandats et s’abstiennent de procéder à des interprétations vagues de certains concepts.

L’Islande, cofacilitatrice de la A/RES/68/268, avec le Mexique et l’Indonésie, a voulu savoir comment le Comité fonctionnerait en deux chambres séparées pour rattraper le retard dans l’examen des rapports.

Le Nigéria a repris à son compte la déclaration de la Sierra Leone, et jugé que les actes de représailles contre les défenseurs des droits de l’homme allaient à l’encontre des normes relatives des droits de l’homme.  Il a affirmé que la proposition des Lignes directrices ne comportait pas de solutions pratiques comme des lancements d’alerte ou autres, et empiétait sur le mandat d’autres mécanismes qui examinaient les obligations des États Membres en vertu des traités internationaux. 

Les organes ne peuvent que formuler des recommandations aux États parties et non pas les obliger à les appliquer.  Qui définit l’intimidation et quelle en est la définition? a-t-il demandé.  Les Lignes directrices de San José risquent aussi d’être utilisées à des fins politiques, a-t-il mis en garde, renvoyant à la note du Secrétaire général sur les mesures prises avant leur adoption. 

Il a en particulier dit ne pas voir le lien entre la santé reproductive et les droits sexuels et procréatifs ou les droits des migrants, ou encore la légitimité des mariages homosexuels.  Il a insisté sur le fait que son pays n’accepterait pas qu’on lui impose certains concepts.

L’Égypte a abondé dans le même sens tout en se satisfaisant de la réponse du Président du Comité des droits de l’homme.  Elle a rappelé que la responsabilité de l’application de la A/RES/68/268, en particulier le paragraphe 8, incombait au premier chef aux États.  Toute évolution normative relative aux droits de l’homme doit se faire dans le cadre de consultations intergouvernementales, a insisté le délégué.

Le Président du Comité des droits de l’homme a constaté avec plaisir que des États qui ne sont pas parties au Pacte ont pris la parole pendant la discussion.

« Le manque de ressources a des conséquences majeures sur notre travail, a-t-il reconnu.  Pour pouvoir maintenir un dialogue sérieux avec tous les États, il est indispensable que chaque expert sache exactement de quoi il retourne et, à cet égard, la traduction est essentielle.

Le Comité aborde la question des migrants au titre de son mandat, a-t-il précisé.

Les conséquences de la nouvelle procédure simplifiée pour la présentation des rapports sont des plus positives, s’est félicité M. Salvioli, même s’il reste préoccupé par les retards.

S’agissant de l’article 6 du Pacte concernant le droit à la vie en relation avec la peine capitale, le Comité a reçu plus de 100 contributions de la société civile, ce qui atteste de l’intérêt pour cette question.

Le Comité souhaite maintenir un dialogue interactif avec les États, a assuré M. Salvioli.  « Le Comité n’est pas là pour juger », a-t-il expliqué, mais il aide les États à mieux s’acquitter de leurs obligations en matière de droits de l’homme.

Ensuite, il s’est dit « satisfait de l’engagement et du professionnalisme dont font montre les membres du Comité ».

Évoquant les Lignes directrices de San José, qui sont adoptées par l’ensemble des présidents des organes conventionnels, il a indiqué que « l’idée n’est pas de créer des obligations supplémentaires mais plutôt de réagir face aux préoccupations avancées par les États et par le Secrétaire général ».

M. MIKEL MANCISIDOR DE LA FUENTE, Vice-Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, a présenté les travaux du Comité au nom de son Président, M. Waleed Sadi.

M. de la Fuente a fait remarquer que, lors de ses dialogues avec les États parties, le Comité a constamment été confronté à l’impact de la crise économique et financière sur la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels.  En 2012, a-t-il rappelé, le Comité a envoyé une lettre à tous les États parties sur le fait que les mesures d’austérité devaient rester conformes au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Ensuite, les conséquences directes et indirectes des conflits internes et internationaux sur la jouissance de ces droits ont été particulièrement marquantes pendant l’examen des rapports des États parties, a poursuivi le Vice-Président.  Il a estimé que cette question méritait une étude approfondie et qu’elle devait être « mieux contextualisée » compte tenu de l’accès à l’eau, à l’alimentation, à la santé ou au patrimoine culturel.  En plus, a-t-il souligné, les flux migratoires récents surgissent dans un contexte de privation des droits économiques, sociaux et culturels.

Le Comité espère que ces droits seront au cœur de la stratégie de mise en œuvre des objectifs de développement durable, a ajouté M. de la Fuente, en mettant l’accent sur le droit au développement.

Le Vice-Président a évoqué les mesures prises pour améliorer les méthodes de travail du Comité, conformément à la A/RES/68/268 de l’Assemblée générale.  Si le Comité a pu résorber en partie les arriérés dans l’examen des rapports, il note que « près de 30 États parties ne sont jamais apparus devant le Comité ».  À cet égard, il a invité l’Assemblée générale à prendre des mesures pour promouvoir le respect de leurs obligations par les États parties.

M. de la Fuente a invité tous les États parties au Pacte à ratifier « le plus rapidement possible » le Protocole facultatif s’y rapportant.  Le Comité a décidé de porter à six membres la composition du Groupe de travail sur les communications. 

En décembre prochain, la communauté internationale célébrera le cinquantième anniversaire de l’adoption des deux Pactes internationaux sur les droits de l’homme, a conclu le Vice-Président.  Il a espéré que ce sera l’occasion d’aborder la question des défis auxquels les droits protégés par ces instruments font face.     

Dialogue interactif

Le Portugal, intervenant an nom du Groupe des amis du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, composé de 16 États, a fait valoir que « le Protocole a corrigé un déséquilibre de longue date en permettant d’étayer cette affirmation selon laquelle tous les droits de l’homme doivent se voir traités sur un pied d’égalité ».

Comment promouvoir les procédures de communication individuelles au niveau national pour renforcer la jurisprudence et attirer l’attention du Comité?  De quelle façon le Comité pourrait-il renforcer sa collaboration avec la société civile et protéger les plus vulnérables?

La Pologne a demandé quelles mesures supplémentaires pourraient être envisagées par le Comité pour aider les États dans l’application du droit à des conditions de travail justes et favorables.  L’une des priorités demeure la mise en œuvre pleine et entière des conventions de l’Organisation internationale du Travail (OIT) dans le monde.

L’Union européenne a souhaité connaître la position du Comité sur la mise en œuvre de systèmes de protection sociale appropriés et demandé quels outils existaient pour faire face aux problèmes de réduction des budgets.  Quelles difficultés sont rencontrées pour répondre aux communications individuelles et quels obstacles existent dans la mise en œuvre des recommandations du Comité par les États parties et de la résolution sur le renforcement du fonctionnement des organes conventionnels?

L’Espagne a demandé quel rôle devrait jouer le Comité pour améliorer la promotion du Protocole.  Elle a souhaité obtenir des renseignements supplémentaires sur le travail du Comité relatif aux droits à l’eau et à l’assainissement et sur la santé sexuelle et génésique.  

Le Nigéria a estimé que « ce Comité est de loin le plus important pour les populations en ce qui concerne la protection de leurs moyens de subsistance ».  Il a souhaité une redéfinition de l’approche des organes conventionnels en ce qui concerne la priorité accordée aux droits économiques, sociaux et culturels au sein du corpus des droits de l’homme.  « Le moment est venu d’y intégrer le droit au développement, en tant que droit de la personne humaine ».  De plus, le Nigéria considère que les capacités des États à fournir des services et des biens sont menacées par la corruption et le flux illicite de capitaux.  

L’Afrique du Sud a indiqué que le Protocole était entré en vigueur en avril dernier.  Elle a proposé de revoir le chapitre IV du Pacte qui est « obsolète » et qui a dissocié les droits de l’homme du travail du Conseil économique et social (ECOSOC).

Le Vice-Président du Comité sur les droits économiques, sociaux et culturels a fait remarquer, qu’il y a 15 ou 20 ans, ces droits n’étaient pas « justifiables », or il est important de pouvoir les invoquer en justice.  Il a souhaité travailler avec tous les acteurs compétents.

Quant aux mesures d’austérité, il a renvoyé les délégations au courrier adressé aux États par le Président du Comité en 2012 et qui reste d’actualité.  Il y est dit que le droit international ne peut pas imposer des limitations aux mesures d’austérité que les États peuvent estimer nécessaires, mais que ces mesures doivent respecter certains critères et être conformes aux obligations faites aux États en vertu du Pacte.

M. de la Fuente a précisé que le Comité travaillait sur les normes de l’Organisation internationale du Travail qui doivent être prises en compte dans l’observation générale relative à l’article 7 du Pacte.  Le Comité doit encore approuver cinq observations générales, dont deux sont prioritaires, a-t-il reconnu.  Celle relative à la santé sexuelle et génésique, en particulier, a du mal à avancer.  Une autre concerne le droit à jouir du progrès scientifique et de ses applications. 

Le Comité a traité des négociations de l’Union européenne sur des programmes d’aide directement dans le cadre des dialogues avec ses États membres.  

En outre, a poursuivi le Vice-Président, le Comité est bien conscient de la nécessité de trouver un équilibre délicat entre les ambitions et un travail rigoureux.

Le Comité est composé de plusieurs membres qui peuvent accepter des invitations de la part d’États Membres à travailler sur les conséquences d’une ratification éventuelle du Protocole facultatif, a-t-il expliqué.

Le seul objectif du Comité est de promouvoir et de protéger les droits économiques, sociaux et culturels, a affirmé l’intervenant.  Les États Membres s’engagent de la même façon et partagent la même démarche par principe, donc l’application de ses recommandations ne devrait pas poser de problème particulier, a-t-il conclu.

Les droits de l’homme sont indivisibles, a reconnu M. de la Fuente.  L’écart a été réduit ces dernières années entre les droits civils et politiques et les droits économiques, sociaux et culturels, d’autant plus que le Protocole permet de présenter des communications individuelles.  Il a ensuite souligné la pertinence des droits énoncés dans le Pacte en matière d’environnement.

Enfin, il a reconnu que la corruption est « une question épineuse » qui est abordée dans de nombreux dialogues avec les États dans la mesure où elle a des effets sur la coopération internationale. 

DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES (A/70/84–E/2015/76 ET A/70/301)

a) Droits des peuples autochtones

b) Suite donnée au document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones

Déclaration liminaire

Mme VICTORIA TAULI CORPUZ, Rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme sur les droits des peuples autochtones, a présenté son dernier rapport centré sur les incidences des investissements internationaux et du libre-échange sur les droits de l’homme des peuples autochtones.

Selon elle, les clauses relatives à l’investissement contenues dans les accords de libre-échange et les traités d’investissement bilatéraux et multilatéraux, tels qu’elles sont actuellement conçues et appliquées, ont des incidences négatives, avérées ou potentielles, sur les droits des peuples autochtones, en particulier sur leurs droits à l’autodétermination, aux terres, aux territoires et aux ressources, à la participation et au consentement préalable, libre et éclairé.  Ces accords ont pour objectif de protéger les investisseurs étrangers et leurs intérêts dans les pays accueillant des projets d’investissement.

Les implications des accords internationaux d’investissement en matière de droits de l’homme et des peuples autochtones sont une question complexe et aux facettes multiples qui exige une attention maintenue et multilatérale de la part des États Membres des Nations Unies, en étroite collaboration avec les peuples autochtones et leurs représentants formels.

Notant que ce type d’accords n’est pas forcément négatif, elle a annoncé que ses prochaines études traiteront des moyens de les rendre bénéfiques, tant pour les peuples autochtones que pour les investisseurs.  Dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle invite à repenser les paradigmes de développement qui ne conduisent pas à un développement durable et inclusif et à une réduction de la pauvreté parmi tous les groupes, y compris les peuples autochtones.

Elle recommande aux États de participer activement au Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée sur les sociétés transnationales et autres entreprises et les droits de l’homme du Conseil des droits de l’homme, afin d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant et de développer des moyens de renforcer les recours et les mécanismes de responsabilité juridiques en cas de violations des droits de l’homme par des entreprises privées

À la fin 2014, les États les plus souvent poursuivis devant un tribunal pour le règlement d’un différend avec des investisseurs étaient: l’Argentine, la République bolivarienne du Venezuela, la République tchèque, l’Égypte, le Canada, le Mexique, l’Équateur, l’Inde, l’Ukraine, la Pologne et les États-Unis, a-t-elle expliqué, ajoutant que les actions des tribunaux n’ont pas les mêmes incidences selon les pays.  En effet, les États-Unis, qui ne lésinent pas pour contester ces actions, n’ont jamais eu à indemniser un investisseur.

Mme Tauli-Corpuz a également fait une synthèse de ses activités depuis la dernière session de l’Assemblée générale.  Elle a notamment visité le Paraguay en novembre 2014.

En septembre 2015, elle a présenté au Conseil des droits de l’homme un rapport thématique sur les droits des femmes et des filles autochtones, qui répertorie une large gamme de violations de leurs droits collectifs, politiques et civils, économiques, sociaux et culturels.  De l’avis de la Rapporteuse spéciale, un changement de paradigme et une approche multidimensionnelle seraient nécessaires pour améliorer leur situation.

À cet égard, la Rapporteuse spéciale juge nécessaire une réforme fondamentale et systémique de la gestion internationale des investissements et du libre-échange.  Mme Tauli-Corpuz soutient que la situation actuelle, qui permet aux entreprises et aux investisseurs de jouir de droits et de recours exceptionnellement puissants, ne saurait être pérennisée.

La Rapporteuse qui relève que le nombre d’États de plus en plus mécontents face aux injustices inhérentes aux régimes de libre-échange et d’investissement est aujourd’hui en hausse, a préconisé aux États de prendre individuellement et dès maintenant des mesures afin de mieux protéger les droits des peuples autochtones.

Concernant la réforme des pratiques relatives à l’investissement et au libre-échange, la Rapporteuse spéciale recommande que sur la base du principe de consentement préalable, libre et éclairé tel qu’il est établi par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et par la Convention no 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), les États Membres devraient étudier, en concertation avec les peuples autochtones affectés, les possibilités de mettre en place des mécanismes participatifs leur permettant d’être impliqués, ou au moins d’avoir leur mot à dire, dans la négociation et l’élaboration de tous les accords d’investissement et de libre-échange concernés.

Dans la même veine, tout en plaidant pour une amélioration du dialogue social, elle propose que la négociation et la rédaction des accords internationaux d’investissement soient soumises à un contrôle parlementaire et à des consultations avec tous les niveaux de gouvernement, avec une inclusion de toutes les structures de gouvernement autonomes autochtones de manière formelle, dans le processus de prise de décisions en matière d’accords internationaux d’investissement.

La Rapporteuse spéciale a également recommandé aux États Membres de s’assurer que tous les accords internationaux d’investissement, nouvellement signés ou renégociés, prennent en compte les devoirs à la fois des gouvernements et des entreprises en matière de respect des droits de l’homme.

S’agissant de règlement des différends entre investisseurs et États devant les tribunaux compétents, elle suggère également aux États Membres de s’assurer automatiquement que le droit international relatif aux droits de l’homme, y compris toutes les dispositions particulières relatives aux peuples autochtones, sert de source de droit dans l’arbitrage des différends.  En conséquence, elle les invite à publier toutes les décisions d’arbitrage prises dans les affaires de règlement de différends entre investisseurs et États, y compris les informations sur des aspects spécifiquement liés aux droits des peuples autochtones.

Dans ce contexte la Rapporteuse spéciale a demandé aux Nations Unies et aux organisations associées de fournir toute assistance technique nécessaire aux États Membres engagés dans une réforme immédiate des accords d’investissement et de libre-échange ou dans toute réforme systémique, en garantissant l’intégration des normes en matière de droits de l’homme, y compris celles relatives aux peuples autochtones, dans toutes les agences des Nations Unies, travaillant sur les questions relatives aux accords d’investissement et de libre-échange, notamment la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Banque mondiale.

Dialogue interactif

L’Australie a pris des mesures pour faire face aux problèmes auxquels les autochtones sont confrontés.  Elle a invité à mettre l’accent sur l’application de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. 

L’Union européenne a trouvé que le commerce et l’investissement pouvaient être « dopants pour le développement » car ils ont eu des effets positifs sur certains pays.  La déléguée a encouragé à appréhender la question des investissements étrangers et les accords de libre-échange à partir d’une approche holistique.

Comment renforcer la coopération entre le mandat de la Rapporteuse et le groupe de travail de l’Union européennes sur les entreprises privées? a-t-elle demandé.  La Norvège s’est inquiétée des conclusions de la Rapporteuse dans son rapport sur la situation des femmes et des filles autochtones.  La représentante a demandé comment mettre en œuvre les recommandations de Mme Tauli-Corpuz contenu dans le rapport.  Elle a encouragé la promotion d’institutions comme le Parlement sami dans d’autres pays.

Le Mexique a fourni des informations sur les nouvelles formules mexicaines de dialogue et de consultations avec les peuples autochtones.  Ainsi, des consultations ont été tenues à Oaxaca auquel un expert observateur a été invité à apporter son analyse et ses connaissances en la matière, particulièrement sur la base du principe de consentement libre et éclairé.  Dans ce sens, il importe que les peuples autochtones participent aux négociations d’accords de libre-échange.

Les États-Unis ont salué les efforts tendant à recueillir les pratiques optimales dans le travail avec les peuples autochtones, ainsi que du guide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur l’extraction minière.  Ces orientations de l’OCDE pourraient aider à avancer sur cette question.  Elle s’est demandée si les directives des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l’homme sont particulièrement pertinentes à cet égard?

Le Panama a insisté sur la nécessité de respecter les coutumes et traditions des peuples autochtones.  Le Gouvernement a délimité les territoires ancestraux et un ministère a été créé en vue d’élaborer une vision intégrale respectant les droits économiques, sociaux et culturels de ces peuples.  

La semaine dernière, le Président a accordé une indemnisation de 5 millions de dollars à des autochtones affectés par la construction d’un parc.  Cette indemnisation a été versée pour « dommages matériels subis », et pour respecter les droits de l’homme de tous les Panaméens.

Le Cameroun a signalé les « effets paralysants de certains accords d’investissements et de libre-échange sur des pays à l’économie faible », auxquels la Rapporteuse spéciale fait référence dans son rapport.  La représentante a appuyé les recommandations de la Rapporteuse spéciale, qu’elle a encouragée à œuvrer de concert avec les titulaires de mandats sur l’incidence de ces investissements.  Elle a invité les défenseurs des droits de l’homme, les États et la société civile à lire le document et a espéré que la Rapporteuse spéciale se fasse entendre sur cette question qui ne touche pas uniquement les peuples autochtones.

La représentante du Congo a indiqué que son pays avait organisé un atelier sur le suivi du Document final de la Conférence mondiale, ce qui atteste de l’intérêt qu’il lui accorde. 

Le Nigéria a aussi estimé que le rapport recense des questions de la plus haute importance pour les pays s’agissant des activités des entreprises et de leur empiètement sur la jouissance des droits de l’homme.  Il a demandé si la Rapporteuse spéciale s’était doté de mécanismes pour analyser et se prémunir contre les méfaits des activités des entreprises privées étrangères.  Il a émis le vœu qu’elle mette davantage l’accent sur la prospérité et le bien-être des personnes d’ascendance africaine.

La Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones a reconnu la nécessité d’améliorer le mécanisme d’experts et d’approfondir le débat quant au rôle qu’il peut jouer avec un mandat renforcé.

Mme Tauli-Corpuz a salué le plan d’action de l’Union européenne sur la démocratie et les droits de l’homme et sa proposition de traiter les droits de l’homme et les droits économiques, sociaux et culturels de façon globale.

Soulignant l’importance pour les États d’appliquer les principes directeurs sur les entreprises et les droits de l’homme, elle a ajouté qu’il fallait « s’assurer que le consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones est obtenu ».  

Mme Tauli-Corpuz a indiqué qu’elle serait présente à la Conférence de Paris sur les changements climatiques.  Elle a insisté sur une démarche fondée sur les droits des peuples autochtones dans ce contexte.

Elle a ensuite appelé la Commission de la condition de la femme à formuler une recommandation générale sur les femmes et les filles autochtones.

Elle a proposé d’impliquer les peuples autochtones dans l’élaboration des protocoles et reconnu que l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant était un travail de longue haleine.

Les États peuvent reconnaître les incidences délétères de certaines activités, même des années plus tard, régler ces questions et verser des indemnisations aux personnes touchées, s’est-elle félicitée en citant l’exemple du barrage construit au Panama.

En outre, elle a dit ne pas souhaiter que les accords d’investissements sapent le respect des normes environnementales et des droits de l’homme.

Le Document final de la Conférence mondiale précise que des plans d’action nationaux doivent être élaborés par les États pour sa mise en œuvre, a-t-elle rappelé en concluant.

Droits de réponse

La Fédération de Russie a déploré le fait que l’Ukraine ait « exploité le débat pour faire des déclarations politiques ».  La Russie a respecté ses obligations en matière de droits de l’homme, y compris en Crimée et à Sébastopol.  L’Ukraine n’agit pas de la sorte par rapport à ses populations autochtones; les Tatars de Crimée sont ignorés depuis des années par Kiev.

L’Ukraine a dit que la Russie avait annexé illégalement la République autonome de Crimée, qui est un territoire ukrainien, et a évoqué des activités illégales au Parlement de la Crimée.

La Fédération de la Russie a demandé à l’Ukraine de traiter du point à l’ordre du jour.

L’Ukraine a rappelé que les Tatars de Crimée relèvent du sujet qui occupe aujourd’hui la Commission.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME: APPLICATION DES INSTRUMENTS RELATIFS AUX DROITS DE L’HOMME

Débat général

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande), s’exprimant au nom de l’Australie, de l’Islande, du Liechtenstein, de la Norvège et de la Suisse, a concentré son intervention sur l’application de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui est ratifiée aujourd’hui par 159 pays.  À cet égard, il a salué la nomination de Mme Catalina Devandas Aguilar, première Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, dont le mandat rappelle « l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance de tous les droits de l’homme et des libertés fondamentales », y compris ceux des personnes handicapées.

M. Van Bohemen a appuyé la conclusion de son rapport, à savoir que les États doivent dépasser l’approche traditionnelle fondée sur la protection des personnes handicapées et se tourner vers la promotion de leurs droits.  Les États doivent développer des indicateurs spécifiques, ventilés en fonction du handicap et du sexe, pour mieux pouvoir évaluer l’impact des programmes sociaux.  Il a également souhaité que les personnes handicapées soient incluses dans toutes les phases du développement durable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Des délégations insistent sur la nécessité de prendre en compte les spécificités de chaque pays dans la réalisation des objectifs de développement durable

Soixante-dixième session,
15e & 16e séances – matin & après-midi
AG/EF/3428

Des délégations insistent sur la nécessité de prendre en compte les spécificités de chaque pays dans la réalisation des objectifs de développement durable

Près d’une centaine de délégations ont pris la parole au cours des deux jours de débat qu'a tenu la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur le « développement durable » pour partager, à la fois leurs espoirs et leurs craintes après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour un certain nombre d’intervenants, le nouveau programme de développement, cristallisé par les 17 objectifs de développement durable (ODD) et les 169 cibles y afférentes, doit être un programme universel certes, mais il est important, ont-ils mis en garde, de tenir compte des niveaux de développement entre pays et des spécificités qui leurs sont propres.

Dans cette optique, le représentant du Libéria a par exemple fait valoir que le développement durable pour les pays africains passe par la mise en oeuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, un programme qui entend « assurer une transformation économique et sociale positive de l’Afrique au cours des 50 années à venir ».   

Pour la représentante du Bhoutan, le développement durable doit tenir compte de la notion d’« harmonie avec la nature ».  Elle a expliqué que c’est dans cette optique que le Bhoutan promouvait la notion de « bonheur national brut », mettant ainsi en avant à la fois la croissance économique, la préservation de l’environnement et le respect de la nature. 

S’appuyant sur ce respect des réalités propres à chaque pays, de nombreuses délégations ont également appelé au respect des principes d’appropriation nationale et de responsabilité commune mais différenciée.  Les pays en développement doivent, à cette fin, recevoir le soutien financier et technique nécessaire pour assurer leur essor, notamment à travers la coopération Nord-Sud, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.

L’un des moyens évoqué serait que les pays développés respectent leurs engagements, ont plaidé plusieurs orateurs qui ont rappelé la promesse faite par les pays développés de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD).  Bien entendu, a rappelé la déléguée du Rwanda, il faudrait aussi accroître les ressources nationales pour éviter de trop dépendre des ressources extérieures.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, il est important de renforcer les partenariats entre le secteur public et le secteur privé.  En outre, ont souligné des délégations, si ces fonds ne sont pas prévisibles, les pays en développement ne pourraient pas réaliser leurs stratégies de développement, faute de moyens sûrs pour les mettre en œuvre. 

Par ailleurs, au moment où la douzième Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification se tient à Ankara, en Turquie, de nombreux pays ont plaidé pour un appui international plus solide contre ce fléau.  Dans ce contexte, de nombreux pays africains, dont 36 sont affectés par la désertification, ont fait part de leur engagement en faveur de l’initiative africaine de la « Grande muraille verte ».  Une initiative qui rassemble une dizaine de pays et qui vise à bloquer l’avancée du désert du Sahara grâce à une muraille de verdure qui sera longue de 7 100 km et large de 15 km, d’ouest en est du continent, ont-ils expliqué en notant que cette question était primordiale pour leur développement sur le long terme.

En outre, un groupe de 38 autres États Membres proposent un projet de résolution pour déclarer 2017 « année internationale du tourisme durable au service du développement », en soulignant que le tourisme représente, aujourd’hui, 30% des échanges commerciaux de services et emploie une personne sur 11.  De plus, en 2014, il y a eu plus de 1,1 milliard de touristes internationaux et ce chiffre pourrait atteindre 1,8 milliard d’ici à 2030.  Outre les avantages qu’il procure, ce secteur économique peut contribuer à améliorer de manière durable les conditions de vie des communautés locales .

Comme cela a été le cas hier, de nombreuses délégations ont encore émis le vœu, aujourd’hui, que la vingt et unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), prévue à Paris en fin d’année, puisse aboutir sur un accord ambitieux et juridiquement contraignant qui remplacera le Protocole de Kyoto.

Enfin, de nombreux orateurs ont souligné le rôle central du Forum politique de haut niveau dans le suivi de la mise en œuvre des ODD.  Pour d’autres encore, l’éducation doit jouer un rôle clef dans la perspective du développement durable, car nombre d’ODD ne seraient pas réalisés si des investissements conséquents n’étaient pas consentis en faveur des systèmes d’éducation, notamment pour former des citoyens avertis et soucieux du bien-être des générations futures.

La prochaine séance plénière de la Deuxième Commission aura lieu vendredi prochain, 23 octobre, à 10 heures.  La Commission tiendra une séance conjointe avec le Conseil économique et social sur le thème « Flux financiers illicites et financement du développement en Afrique ».

DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/70/75–E/2015/55, A/70/137–E/2015/86, A/70/214, A/70/215, A/70/215/ADD.1, A/70/224, A/70/228, A/70/262, A/70/291, A/70/298*, A/70/422 (À PARAÎTRE), A/70/129, A/70/131 ET A/C.2/70/4)

a) Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (A/70/283);

b) Suivi et application des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement (A/70/269);

c) Stratégie internationale de prévention des catastrophes (A/70/282);

d) Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures (A/70/230);

e) Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique (A/70/230);

f) Convention sur la diversité biologique (A/70/230);

g) Harmonie avec la nature (A/70/268);

h) Décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du développement durable (A/70/228).

Déclarations

Mme MIAK AW MIN (Singapour) a indiqué que l’État-ville de Singapour, qui dispose de ressources limitées, a compris la nécessité de développer une économie compétitive et de mettre en place un environnement durable.  Expliquant que ce pays avait beaucoup avancé depuis son indépendance il y a tout juste 50 ans, elle a reconnu qu’il reste encore de nombreux défis à relever, notamment à cause d’une concurrence accrue pour les ressources naturelles.  Elle a mentionné le « Singapore Blueprint 2015 » qui résume la vision nationale et les plans élaborés pour mener le pays vers un avenir plus durable et où la population vit dans la dignité.  Au plan international, elle a conseillé de prévoir un cadre de suivi des objectifs de développement durable et de créer des indicateurs pertinents pour la mise en œuvre aux niveaux national et régional.  Il faut aussi rendre opérationnel le Forum politique de haut niveau, a-t-elle demandé.  Faisant ensuite valoir que la moitié des États Membres sont des petits États, elle a recommandé de prendre en compte leurs préoccupations dans le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle s’est, par ailleurs, réjouie de la célébration de la Journée mondiale des toilettes le 19 novembre.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a souligné qu’il était urgent pour la Deuxième Commission de contribuer à la conclusion d’un accord contraignant et audacieux à la vingt et unième Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ou « COP21 », prévue à Paris à la fin du mois prochain.  Les changements climatiques et toutes les autres menaces exigent une meilleure préparation, a-t-il ajouté, en estimant que le Cadre de Sendai constituait une première étape dans ce sens.  Il a parlé, à cet égard, de l’ouragan Joaquín qui avait détruit le mois dernier des années d’avancées aux Bahamas.  À mi-parcours de la Décennie pour la biodiversité, il faut avancer plus rapidement dans la préservation de cette diversité, a-t-il lancé.  Nous devons également mettre l’accent sur le rôle central de l’agriculture, a-t-il souligné, en citant les défis actuels posés au secteur agricole, comme la volatilité des prix agricoles.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a fait valoir ce que fait la Commission nationale multisectorielle, créée en 1992, qui joue un rôle critique dans la mise en œuvre du programme national et des plans quinquennaux de développement durable.  Nous avons élaboré des cours sur l’écologie et adopté des politiques de protection des zones humides, a-t-il ajouté.  Évoquant la biodiversité unique de son pays, il s’est plaint de la pollution des zones aquatiques, ainsi que de la déforestation, de la dégradation des terres et des déperditions des nappes phréatiques.  Sixième pays le plus vulnérable aux catastrophes dans le monde à cause du risque sismique, l’Iran s’est doté d’un cadre de prévention, a-t-il assuré.  M. Khoshroo a ensuite plaidé en faveur du respect des principes d’appropriation nationale et de responsabilité commune mais différenciée, en voulant aussi que l’accent soit mis sur les trois piliers du développement durable.  Il a dénoncé les conséquences du terrorisme et de l’extrémisme violent qui font obstacle au développement durable en Iran, avant de demander un plan d’action régional pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable qui tienne compte des priorités urgentes.  Il a aussi souhaité la mise en route du Mécanisme de facilitation des technologies.

M. MOHAMED EL BECHIR MOHAMED LEMINE (Mauritanie) a déploré le fait que 36 pays africains continuent de faire partie de la liste des 50 pays les plus affectés par la désertification.  Il a indiqué que la Mauritanie est l’un de ces pays, et que cet état de fait a motivé le gouvernement à prendre des mesures appropriées pour lutter contre le fléau.  Il a notamment parlé du projet « Sanctuaire vert » par lequel le Gouvernement de la Mauritanie entend reboiser 2 000 hectares de terre sur une période de 4 ans.  Il a aussi indiqué que la Mauritanie était partie prenante du projet africain de la « Grande muraille verte » visant à lutter contre la désertification en Afrique par la reforestation de vastes espaces d’est en ouest du continent.  Le représentant a aussi appelé la communauté internationale à renforcer la lutte contre les changements climatiques.

M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique) a rappelé que le Mozambique était l’un des pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles en Afrique, ce qui a amené le gouvernement à adopter, en 2006, un plan-cadre de prévention et de réduction des catastrophes naturelles avec une double approche institutionnelle et opérationnelle.  Le Mozambique a également pris d’autres mesures dans le Cadre de Sendai, s’inscrivant dans les objectifs stratégiques du gouvernement pour la période 2015-2019 et visant à réduire la vulnérabilité des communautés, de l’économie et des infrastructures aux changements climatiques et aux risques de catastrophe naturelle.  Le Gouvernement du Mozambique aimerait faire plus mais se heurte au manque de ressources financières, matérielles et technologiques, a fait remarquer le représentant, qui a appelé la communauté internationale à assister son pays dans ses efforts de développement.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a salué le fait qu’il y ait, au sein de la communauté internationale, une plus grande reconnaissance de la vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID).  Dans ce contexte, il a invité la communauté internationale à trouver un accord universel ambitieux et juridiquement contraignant sur le climat à la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) prévue à Paris en fin d’année.  Il a en outre invité les acteurs au développement à adapter leurs projets à la taille réduite des PEID qui ne nécessitent pas forcément de grands investissements au vu de leur superficie.  Il a aussi appelé les donateurs à réexaminer leurs politiques de prêts en faveur de ces pays, afin de s’assurer, a—t-il souhaité, que personne ne soit laissé de côté.

M MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a insisté sur le rôle du Forum politique de haut niveau pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Il a indiqué qu’avant le déclenchement de la crise interne en Syrie, le pays avait déjà pris de l’avance sur la voie du développement durable.  « Vous avez vu ces opposants modérés qui bombardent les populations et détruisent nos infrastructures? » a demandé le représentant, sur un ton d’ironie.  Il a aussi décrié l’ingérence de forces étrangères qui contribuent à détruire des infrastructures nationales syriennes.  Il a estimé que ces faits avaient conduit à des pertes énormes pour l’économie du pays.   

M. DIANGUINA DITYAYA DOUCOURE (Mali) a indiqué que le record actuel de taux de CO2 dans l’air se manifeste au Sahel d’une part par des sécheresses récurrentes, avec la baisse continue des fertilités des sols, des pertes d’habitats et de biodiversité et, d’autre part, par la multiplication des seuils sableux dans le cours de plusieurs grands fleuves.  Cette situation, a-t-il expliqué, a entraîné une plus grande pauvreté et, de ce fait, un exode massif des populations rurales vers les zones urbaines ou à destination des pays du nord, à bord d’embarcations de fortune fournies par des réseaux de passeurs en bandes organisées.  Une autre conséquence est le recrutement et l’endoctrinement des jeunes à des fins criminelles par les réseaux terroristes et narcotrafiquants, et donc la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Ces phénomènes, a-t-il regretté, ont durement frappé le secteur agricole du Mali qui représente 45% du PNB et occupe près de 80% de la population active.  Le maintien de l’intégrité des milieux naturels est, dès lors, un acte écologique éminemment économique pour le Mali.  Le représentant a ensuite détaillé les mesures prises par son gouvernement, comme la mise en œuvre d’une politique nationale sur les changements climatiques, assortie d’une stratégie et d’un plan d’action, ainsi que la mise en place du Fonds climat-Mali pour renforcer les mécanismes de mobilisation des financements nationaux et internationaux.  Parmi les institutions compétentes dans ce domaine, il a cité l’Agence pour l’environnement et le développement durable et le Comité national des changements climatiques.

M. WAKÉ YAGNINIM (Togo) a souligné que l’agriculture togolaise, très vulnérable, était confrontée aux effets néfastes des changements climatiques, ce qui a conduit le gouvernement à élaborer le projet « Adaptation de la production agricole aux changements climatiques » (ADAPT), en relation avec le programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire en cours de mise en œuvre.  Le représentant a détaillé les actions entreprises et les outils de gestion mis en place afin d’assurer une agriculture durable et protectrice de l’environnement, avant d’indiquer l’un des principaux succès dans cette lutte, à savoir la mise en place de 1 000 « Champs écoles agriculteurs », qui permettent de former et renforcer les capacités des producteurs vulnérables sur l’adoption de bonnes pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et résilientes aux changements climatiques.  Le Togo envisage également un programme national d’envergure sur les énergies renouvelables, le développement de l’agriculture durable, l’écotourisme et le tourisme solidaire, ainsi que sur la promotion d’une gestion écologiquement rationnelle des déchets et leur valorisation.

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a estimé que la responsabilité du développement durable reposait sur les États qui doivent chacun définir leur propre voie de développement économique et social, tout en appelant la communauté internationale à soutenir la mise en œuvre des plans nationaux.  En Afrique, a-t-il fait remarquer, les pays de la région sub-saharienne sont toujours confrontés à des menaces qui leur font faire marche arrière.  Cela prouve, a-t-il ajouté, que ces pays n’ont toujours pas les moyens de s’adapter aux changements climatiques.  Il a donc invité à accroître le niveau d’aide en faveur des pays arides et semi-arides, ainsi que des pays en développement sans littoral.  M. Nkoloi s’est réjoui par avance des résultats qui seront atteints à la COP21 à Paris en décembre prochain, ainsi que de ceux de la douzième session de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification qui se tient actuellement à Ankara, en Turquie.  Le représentant a ensuite demandé de fournir aux pays en développement des moyens de renforcer leurs capacités, afin qu’ils parviennent à réaliser le développement durable.

M. FRED SARUFA (Papouasie-Nouvelle-Guinée) s’est félicité de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui fixe des objectifs axés sur l’être humain et dépend d’actions collectives pour faire face à la faiblesse systémique mondiale, tout en soulignant l’importance d’aligner le système des Nations Unies sur la mise en place effective de priorités nationales de développement.  L’examen de la mise en œuvre du Programme devrait être intégré dans les travaux de l’Assemblé générale et non dispersé dans les différentes Commissions, a-t-il estimé, en soulignant qu’il était important pour le Forum politique de haut niveau de mener son mandat à bien.  En ce qui concerne la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID), un soutien est nécessaire.  De plus, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a considéré que les programmes de développement durable étaient voués à l’échec si l’on ne tient pas compte des principaux responsables des changements climatiques.  Au niveau national, le gouvernement a adopté une stratégie nationale pour un développement durable responsable en 2014, qui reconnaît qu’une population éduquée et en bonne santé est le moteur du développement durable.

M. LOT THAUZENI PANSIPADANA DZONZI (Malawi) a dit espérer que le nouveau programme de développement permettra de mettre véritablement l’accent sur l’éradication de la pauvreté, tout en assurant une bonne transition avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Dans cette optique, il a appelé à une large mobilisation de fonds, en précisant que les gouvernements seuls ne peuvent fournir les fonds nécessaires à la réalisation des ODD.  Il a annoncé que le nouveau plan de développement du Malawi, en cours d’élaboration, va tenir compte des objectifs de développement durable.

Mme MARIA MJOLL JONSDOTTIR (Islande) a rappelé que l’Islande plaidait pour l’initiative de l’énergie durable pour tous, en notant que l’énergie géothermale constitue une source d’énergie renouvelable propre qui est très peu utilisée.  Elle a aussi rappelé l’importance de la gestion durable des océans et des ressources marines.  Elle a, par ailleurs, déploré la tendance mondiale de dégradation des terres, en assurant que si nous agissons vite, cela peut faire changer les tendances actuelles, et les terres ainsi réhabilitées pourraient servir dans la lutte contre la pauvreté et nourrir la population mondiale.  Mme Jonsdottor a aussi déclaré que le développement durable ne pourra se faire sans la prise en compte des femmes, notamment en tenant compte de l’égalité des genres dans toutes les discussions et actions prises dans le cadre du développement durable.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a estimé que la coopération internationale et les partenariats devraient jouer un rôle majeur dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a noté que le mode de vie traditionnel en Mongolie, marqué par le nomadisme, est sous-tendu par l’idée de vivre en harmonie avec la nature, en précisant que cette attitude garantissait la durabilité des temps modernes.  Il a aussi plaidé afin qu’une nouvelle décennie internationale de l’eau soit proclamée par les Nations Unies.

Mme HUA YE (Chine) a estimé qu’il faudrait laisser les pays mettre en œuvre leurs objectifs de développement en fonction de leurs spécificités nationales.  Le Forum politique de haut niveau, ainsi que les institutions spécialisées, programmes et les fonds des Nations Unies, doivent jouer leur rôle dans ce processus, a-t-elle demandé avant de souhaiter en même temps davantage de partenariats pour soutenir les efforts de développement.  Elle a plaidé en faveur de la coopération Sud-Sud, en arguant qu’elle était complémentaire de la coopération Nord-Sud.  Elle a souhaité qu’elle soit améliorée en qualité et en quantité.  En vue de l’accord qui sera conclu à Paris à la COP21, elle a demandé que le texte tienne compte des responsabilités différenciées de chaque pays et qu’il soit fait pression sur toutes les parties pour qu’elles s’engagent à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  En ce qui concerne la Chine, elle a assuré que le pays progressait sur tous les fronts, en indiquant qu’il avait, notamment, adopté une approche responsable face aux changements climatiques qui permet de réduire les émissions de CO2.  La Chine contribue également à la mise en œuvre de la Convention sur la biodiversité et de la Convention sur la lutte contre la désertification, surtout dans les pays africains.  La représentante a insisté, à cette occasion, sur l’aide au développement que son pays fournit depuis longtemps, sur les plans financier et technique.  La Chine, par exemple, a récemment créé un Fonds Nations Unies-Chine pour soutenir la coopération Sud-Sud en matière de climat et d’environnement.

Mme CASSANDRA Q. BUTTS (États-Unis) a demandé de se concentrer sur les actions qui vont porter des fruits dans le processus de développement durable.  Il faut établir des priorités d’action et éviter les doublons, a-t-elle ajouté.  Il faut aussi, a estimé la déléguée, que les efforts soient suivis par toutes les parties prenantes.  Elle a salué la tenue de la Conférence des océans, organisée par le Chili, en saluant ce « forum dynamique de multipartenaires ».  Elle a demandé d’encourager la coopération à tous les niveaux, avant de recommander de concentrer les efforts sur les résultats, sans chercher à créer d’autres mécanismes.  Nous avons, a-t-elle dit, une opportunité unique de faire avancer les idées de plusieurs parties qui ont décidé de fixer des objectifs communs dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Évitons d’utiliser ce Programme comme une excuse pour étendre certains mandats, a-t-elle lancé.  Avant de conclure, elle a souhaité des discussions constructives sur la façon dont la Deuxième Commission peut répondre à cet agenda.

Rappelant l’engagement de son pays à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. MARCELO ELISEO SCAPPINI RICCIARDI (Paraguay) a souligné qu’il était favorable à l’adoption d’une approche multidimensionnelle du développement et de la pauvreté, en priant les autres États Membres de considérer de façon équilibrée les axes économique, social et environnemental du développement durable dans leurs délibérations en Commission.  À cet égard, il a apporté son soutien aux propositions de la délégation de Zambie, au nom du Groupe des pays en développement sans littoral.  La préservation de l’intégrité et de la diversité du patrimoine naturel est une priorité des politiques publiques du Paraguay, en particulier l’utilisation des sources renouvelables d’énergie propre.  Le représentant a souhaité qu’un engagement politique sérieux serait adopté pour atténuer, soulager et inverser les conséquences dévastatrices des changements climatiques lors de la COP21.  Il a prié les autres États Membres, en vertu du Programme d’action de Vienne, d’analyser attentivement, durant la session en cours, l’impact des changements climatiques et des catastrophes naturelles sur les pays en développement sans littoral.

Mme IVA JEMUOVIC (Serbie), s’interrogeant sur la manière dont le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pourrait être mis en œuvre efficacement, a estimé que le Forum politique de haut niveau avait pour mandat de suivre cette mise en œuvre.  Elle a cependant rappelé la responsabilité de chaque pays dans ce domaine.  Son pays a besoin de l’appui international, a-t-elle ensuite indiqué, en prônant des investissements substantiels pour garantir la réalisation des objectifs de développement durable.  La représentante de la Serbie a, par ailleurs, souligné le caractère urgent de l’atténuation des conséquences des catastrophes naturelles et l’importance de la lutte contre les changements climatiques.  Elle a placé beaucoup d’espoir dans la COP21, en soulignant qu’il était nécessaire de protéger les plus vulnérables.  La contribution nationale de son pays est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 9,8% jusqu’à 2030, a-t-elle dit, avant de préciser que la Serbie axait ses efforts sur l’utilisation de l’énergie durable.

Mme FRANCELLA STRICKLAND-SIMONET (Samoa) a assuré être engagé dans la mise en œuvre et le suivi des Orientations de Samoa, document final de la Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui s’est tenue il y a un an dans son pays.  Elle a demandé de ne pas oublier que ces pays restent un cas particulier du fait de leurs vulnérabilités uniques.  Elle a espéré qu’à la présente session, un cadre de partenariats pour les PEID qui garantisse un suivi efficace des engagements pris à Samoa sera lancé.  La représentante a également voulu voir achever l’examen complet du système de soutien des Nations Unies aux PEID mené par le Corps commun d’inspection.  Elle a estimé que le Forum politique de haut niveau restait l’élément central du suivi des Orientations de Samoa et des programmes d’action précédents, en souhaitant que ce suivi soit étroitement lié avec la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action sur le financement du développement d’Addis-Abeba.  La représentante s’est déclarée favorable à la tenue d’une conférence mondiale triennale sur les océans et les mers, la première étant prévue à Fidji.  Elle a indiqué que sa délégation et 38 autres proposaient une résolution pour déclarer 2017 « année internationale du tourisme durable au service du développement ».  Le tourisme, a-t-elle expliqué, représente 30% des échanges commerciaux de services et emploie une personne sur 11.  En 2014, il y a eu plus de 1,1 milliard de touristes internationaux et ce chiffre pourrait atteindre 1,8 milliard d’ici 2030.  Outre ses bénéfices sur le plan économique, elle a fait valoir que le tourisme est une force qui promeut la paix et la compréhension mutuelle.

Mme CEREN HANDE OZGUR (Turquie) a estimé que les catastrophes naturelles étaient des obstacles majeurs sur la voie du développement, d’où l’importance, a-t-elle plaidé, de mettre en œuvre le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe au cours des 15 prochaines années.  La représentante a rappelé que la désertification et la dégradation des terres touchaient près d’un milliard de personnes à travers le monde.  Elle a aussi indiqué que la ville d’Ankara en Turquie accueillait, en ce moment, la douzième Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Au plan national, la Turquie a construit de nombreux barrages et réserves d’eau dans des zones transfrontalières, a-t-elle indiqué, en ajoutant que son pays avait toujours œuvré pour approvisionner les pays voisins en eau.

Mme MARÍA CONCEPCIÓN CASTRO MAZARIEGOS (Guatemala) a déploré les 280 morts dans son pays lors d’un énorme glissement de terrain, près de la capitale du pays, le 1er octobre dernier.  Elle a expliqué que ce drame s’était produit à la suite de pluies diluviennes qui avaient été précédées de 12 semaines consécutives de sécheresse.  Il est important, a-t-elle souligné, de mettre en œuvre le Cadre de Sendai.  Elle a également invité la communauté internationale à avoir une vision plus large du développement durable qui tienne compte des préoccupations de tous les pays.

Mme MARIA ANGELA PONCE (Philippines) a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 impliquait une nouvelle approche du concept de développement durable, qui recoupe les sujets sur la paix, la sécurité et les droits de l’homme.  Aussi, elle a estimé que les travaux de la Deuxième Commission devraient refléter cette nouvelle approche, aussi bien dans les méthodes que dans la substance, afin d’éviter l’écueil de se contenter de changements cosmétiques pour mettre à jour des résolutions déjà examinées au cours de sessions précédentes.  Alors qu’un typhon vient de toucher les Philippines, la délégation a rappelé la nécessité d’intégrer la réduction des risques de catastrophe et le Cadre de Sendai dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans le but de renforcer la résilience des plus pauvres ou en situation vulnérable.  Les Philippines, également touchées par la désertification et l’érosion des sols, ont adopté un plan national d’action pour les cinq prochaines années, qui reconnaît l’implication des communautés locales, et soutiennent les recommandations sur l’application de la Convention sur la biodiversité, en particulier dans le transfert de ressources financières et technologiques pour appuyer les efforts de conservation.

Mme KUNZANG C. NAMGYEL (Bhoutan) a indiqué que la mise en œuvre des ODD exigeait l’élaboration de stratégies nationales propres à chaque pays qui tiennent compte des réalités nationales.  Elle a précisé que pour les pays les moins avancés, cette exigence impliquait également la disponibilité de ressources financières prévisibles et un soutien technique de la part de la communauté internationale.  Elle a ainsi plaidé pour que les promesses de financement du développement soient respectées, notamment l’aide publique au développement.  Elle a insisté sur le fait que si les fonds ne sont pas prévisibles, les pays en développement ne pourraient pas réaliser leurs stratégies de développement, faute de moyens sûrs pour les mettre en oeuvre. 

Mme Namgyel a, par ailleurs, souligné l’importance de la notion d’« harmonie avec la nature ».  Elle a expliqué que c’est dans cette optique que le Bhoutan promouvait la notion de « bonheur national brut », mettant ainsi en avant à la fois la croissance économique, la préservation de l’environnement et le respect de la nature.  Elle a aussi rappelé l’importance vitale de l’éducation, en assurant que nombre d’ODD ne seraient pas réalisés si des investissements conséquents n’étaient pas consentis en faveur des systèmes d’éducation.

M. ISSIAKOU ABDOU (Niger) a indiqué que les engagements pris au titre de l’aide publique au développement, du transfert de technologies, d’aide au commerce, de renforcement des capacités et d’appui à la résilience, tant dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba qu’au titre de l’objectif 17 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, doivent être rigoureusement observés afin que tous les États, particulièrement les plus défavorisés et vulnérables, soient capables d’y faire face.  Le représentant a expliqué que les politiques et stratégies nationales en faveur du développement durable au Niger ont débouché sur la mise en place progressive d’un cadre institutionnel qui permettait l’intégration du Programme 2030.  Outre l’inscription de la question du développement durable dans la Constitution de 2010, le Niger met en place un processus de mise en conformité des textes nationaux avec les instruments internationaux.

M. SEBASTIAN DI LUCA (Argentine) a souligné que le respect des droits de l’homme était une condition indispensable au développement durable.  Il a plaidé notamment en faveur de l’égalité entre les sexes.  Le représentant a aussi abordé la question du développement selon la perspective environnementale, en appelant les pays développés en particulier à prendre des mesures concrètes pour remédier aux problèmes liés aux changements climatiques.  Il a souhaité, à cet égard, que des engagements sérieux soient pris à la COP21 qui se tiendra à Paris le mois prochain.  En ce qui concerne la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a insisté sur la nécessité pour les pays développés de prendre des engagements équilibrés en faveur des pays en développement, qui pourraient contribuer davantage sur le plan financier.  Les pays développés doivent ainsi respecter les engagements à consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement.  Enfin, il a reconnu le rôle central du Forum politique de haut niveau dans le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que celui des commissions régionales.

Mme LYNE CALDER (Suisse) s’est dite convaincue que la réduction des risques de catastrophe était un élément essentiel du développement durable et une condition sina qua non de l’éradication de la pauvreté.  Les changements climatiques, associés à la croissance démographique, à l’accroissement des infrastructures et à la dégradation de l’environnement, aggravent la situation et freinent les efforts de développement.  C’est pouroi,l’accent doit être désormais mis sur la prévention des catastrophes plutôt que sur la gestion de leurs conséquences, a estimé la représentante de la Suisse, en considérant que cela demandait un engagement et un investissement au sein des familles, des communautés, des pays et avec tous les acteurs des secteurs public et privé.  Le système onusien devrait profiter de la dynamique positive de la convergence du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Cadre de Sendai et du Programme d’action d’Addis-Abeba pour promouvoir la cohérence d’action de ses institutions spécialisées, fonds et programmes, d’autant qu’elles ont une énorme influence normative, a rappelé la déléguée, pour qui « il est nécessaire de rompre, une fois pour toutes, avec ce clivage entre les acteurs et les actions de développement et d’aide humanitaire ».

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a relevé les nombreux obstacles qui se posent au développement, parmi lesquels les changements climatiques qui ont un coût élevé pour un pays comme le sien.  Il a émis l’espoir qu’un instrument contraignant serait adopté à Paris à la COP21, dans le respect du principe de responsabilité commune mais différenciée.  Avec 8 des 14 montagnes les plus élevées de la planète et une plaque tectonique fragile, le Népal est conscient des difficultés auxquelles sont confrontés les pays montagneux, a dit le représentant avant de saluer les 13 principes du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe.  Il a aussi appelé à tenir compte des connaissances des autochtones dans les efforts de résilience.  Après avoir exprimé sa reconnaissance pour l’aide internationale que le Népal a reçue lors du dernier tremblement de terre, le délégué a indiqué que la reconstruction du pays durerait jusqu’en 2022.  Le Népal, qui a placé la résilience au cœur de sa Constitution, dépend beaucoup de l’hydroélectricité, a-t-il aussi indiqué.

M. FEH MOUSSA GONE (Côte d’Ivoire) a mentionné le Plan national de développement (PND) adopté par son pays, ainsi que son Programme national de lutte contre les changements climatiques qui est l’une des orientations sectorielles du PND.  Les actions de ce programme portent essentiellement sur les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il précisé.  Le pays a également pris des mesures pour renforcer la résilience et l’atténuation, avec notamment l’aménagement de l’espace rural pour développer l’agriculture et le secteur forestier, ainsi que la promotion de pratiques durables permettant d’améliorer les capacités de production agricole.  La Côte d’Ivoire, a-t-il ajouté, a également entrepris de maîtriser la consommation énergétique par une politique d’efficacité énergétique volontariste.  Après avoir énuméré les conséquences néfastes des changements climatiques dans son pays, le délégué a précisé les mesures d’adaptation prises ou prévues qui visent en priorité le renforcement des capacités humaines, institutionnelles, techniques, financières ainsi que le transfert de technologies.

M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a estimé que la COP21 de Paris sur le climat offrait à la communauté internationale une occasion exceptionnelle de forger le consensus autour des mesures à prendre pour stabiliser le climat de la planète.  Il a aussi appelé au transfert des technologies propres et au renforcement des capacités institutionnelles nécessaire aux pays en développement pour assurer l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.  M. Zinsou a noté que le coût de la réalisation des ambitions d’atténuation des gaz à effet de serre et d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques au Bénin était globalement évalué à 30 milliards de dollars, dont 2 milliards comme contribution du Gouvernement béninois sur la période allant de 2016 à 2030. 

Mme VALERIE S. BRUELL-MELCHIOR (Monaco) a rappelé que Monaco s’était engagé à la pleine mise en œuvre de l’objectif de développement durable relatif à la conservation et à l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines.  C’est dans cette perspective que la principauté soutient également la convocation des conférences triennales sur les océans afin de mesurer les progrès accomplis et d’identifier les efforts nécessaires supplémentaires.  Monaco a axé ses efforts de coopération internationale sur des projets concrets qui bénéficient directement aux communautés des petits États insulaires en développement, par exemple en faveur de l’adaptation aux changements climatiques, de la préservation de la biodiversité, de l’accès à l’eau potable, du développement du tourisme durable et du renforcement des capacités.  Préoccupé par les menaces croissantes causées par l’homme sur des pans entiers de la biodiversité marine, en particulier les mammifères marins, Monaco accorde une grande importance à la Convention sur la diversité biologique, dont la douzième réunion de la Conférence des Parties a reconnu l’importance de l’intégration de la diversité biologique dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, de même que le rôle de cette diversité pour éliminer la pauvreté.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a indiqué qu’une campagne de sensibilisation sur les objectifs de développement durable était menée au Rwanda tandis que les parlementaires ont pris des mesures pour s’approprier ces objectifs et les mettre en œuvre.  Elle a salué le rôle des médias sociaux à cet égard.  Parmi les facteurs qui peuvent favoriser cette mise en œuvre, elle a cité la gouvernance inclusive et la lutte contre la corruption.  Le financement sera en outre crucial, a-t-elle ajouté, souhaitant voir s’accroître les ressources nationales pour éviter de trop dépendre des ressources extérieures.  La représentante a souligné le rôle que peuvent jouer, à cet égard, le secteur privé, les gouvernements et les partenaires de développement.  S’agissant de la dimension environnement du développement durable, elle a prôné une meilleure préparation aux changements climatiques ainsi qu’une plus grande solidarité en faveur des pays en développement, notamment par le biais du Fonds vert pour le climat.

M. SUH SANGPYO (République de Corée) a déclaré qu’un cadre de surveillance et de reddition de comptes efficace garantirait la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il est important que la session de 2016 du Forum politique de haut niveau sur le développement durable établisse l’orientation d’un processus de suivi et d’examen du Programme.  Il devrait avoir pour objectif de faire plus en s’appuyant sur le document final du Sommet du développement durable.  Le Forum devrait aussi donner une orientation stratégique basée sur les faits, la science et l’échange de connaissances.  Le partenariat solide entre les organes de l’ONU et le rapport mondial sur le développement durable est également important pour assurer la réussite du suivi et de l’examen au Forum politique de haut niveau.

Les changements climatiques sont aussi des questions transversales qui doivent être abordées en vue du développement durable.  Le changement de paradigme vers une économie axée sur de faibles émissions de dioxyde de carbone et la croissance verte nous donnera de nouvelles occasions pour l’innovation ainsi que pour promouvoir le développement.  Le représentant a ajouté que sa délégation se focalisera également sur l’ODD 16 visant à « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable » parce que nous estimons que la promotion de la paix, de la justice et d’institutions fortes est une condition préalable au succès des ODD dans l’ensemble.  L’ODD 16 favorisera la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030 en assurant la protection de la dignité humaine et la justice à travers l’état de droit, des institutions inclusives et la bonne gouvernance, a-t-il estimé.

M. ALEXIS MUNUNGI LEKI (République démocratique du Congo) a indiqué que l’une des plus grandes injustices des changements climatiques résidait dans le fait que le continent africain souffre des effets négatifs du phénomène, et pourtant il émet peu de gaz à effet de serre.  Il a plaidé pour la conclusion d’un accord universel, juridiquement contraignant, qui soit à même de permettre que l’élévation de la température moyenne de la planète soit contenue en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.  Il a assuré que la République démocratique du Congo (RDC) s’était engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 17%, soit 77 millions de tonnes de CO2 à l’horizon 2030.  Il a rappelé que les forêts de la RDC couvrent 152 millions d’hectares du territoire national, soit près de 10% des forêts tropicales mondiales, faisant ainsi du pays « le poumon vert de l’Afrique ».  Le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer les initiatives de son pays dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. 

Mme AL ATEIBI (Émirats arabes unis) a fait valoir les différents plans de développement adoptés par son pays depuis 40 ans.  En outre, a-t-elle ajouté, les Émirats versent une aide publique au développement (APD) qui a dépassé la valeur de 1,7% du PIB.  Nous essayons aussi de réaliser l’égalité entre les sexes, comme cela est prévu par la loi, a-t-elle indiqué en précisant qu’une place de plus en plus grande était donnée aux femmes dans les processus de prise de décision, dans les sciences et le génie civil.  En matière de changements climatiques, le pays a adopté une stratégie pour la croissance verte, la première au Moyen-Orient, a-t-elle assuré.  Les Émirats consacrent aussi une part importante de leur budget à l’aide au développement, axée particulièrement sur les énergies vertes.  Nous avons régularisé les prix du pétrole et nous œuvrons pour la valorisation des ressources en eau, a ajouté la représentante.  Elle a aussi parlé de l’utilisation de l’énergie solaire pour la désalinisation de l’eau.  En outre, les Émirats consacrent beaucoup de moyens aux secteurs de la santé et de l’éducation, a-t-elle indiqué, notamment sur le plan international en participant à une campagne de vaccination.

M. BAUDELAIRE NDONG ELLA (Gabon) a encouragé tous les États Membres à contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui oblige, a-t-il précisé, à renforcer la coopération internationale.  Le Gabon, a-t-il indiqué, a anticipé ce processus dans son plan stratégique Gabon Émergent (PSGE), sachant qu’il entend se hisser parmi les pays émergents à l’horizon 2025.  Il souhaite passer d’une économie de rente à une économie d’industries et de services à forte valeur ajoutée, en mettant l’accent tout d’abord sur le capital humain, le développement du numérique et les capacités énergétiques.  Des efforts à court terme porteront aussi sur l’éducation, afin de fournir une main d’œuvre qualifiée, a-t-il dit, avant de parler aussi du développement du secteur agricole. 

Le représentant a ensuite expliqué les mesures prises par son pays pour lutter contre les changements climatiques, en précisant qu’il était le premier pays africain à avoir soumis sa contribution déterminée au niveau national au Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC ).  Il a aussi mentionné le plan d’action national pour le suivi de sa politique en matière d’environnement.  En ce qui concerne la COP21, il a souligné que l’Afrique et l’Amérique du Sud, qui sont les deux poumons de la planète, avaient un rôle fondamental à jouer dans le cadre de ces négociations.  Enfin, il a attiré l’attention sur le problème du braconnage et s’est félicité, à cet égard, de l’adoption, le 30 juillet dernier, d’une résolution à l’Assemblée générale sur le trafic illégal des espèces sauvages.

M. LEULSEGAD TADESSE ABEBE (Éthiopie) a plaidé en faveur d’un système de l’ONU revitalisé pour qu’il puisse contribuer efficacement à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en soutenant les gouvernements nationaux, notamment dans la lutte contre les changements climatiques.  À ce sujet, il a recommandé de faire porter les efforts sur le renforcement de la résilience et des capacités d’adaptation des pays en développement.  L’Éthiopie met en œuvre sa stratégie d’économie verte pour la résilience face au climat, a-t-il assuré, en expliquant comment elle est intégrée dans la planification nationale.  Il a indiqué qu’une attention particulière était accordée à la gestion durable des terres, à la prévention de la dégradation des sols, à la déforestation et à la désertification.  Même si nous n’avons pas contribué aux facteurs causant les changements climatiques, nous nous sommes cependant engagés à réduire les émissions mondiales en soumettant notre « contribution prévue déterminée au niveau national » au Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a déclaré le représentant.  Sa délégation appelle à verser des contributions au Fonds vert pour le climat à hauteur de 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020.  M. Abebe a aussi demandé de mettre en route le Mécanisme de facilitation des technologies.

M. TOBIN (Costa Rica) a rappelé que, selon les scientifiques, les phénomènes extrêmes et puissants constitués par les courants marins comme El Niño, vont avoir un impact de plus en plus dévastateur sur certains pays, dont le Costa Rica.  Il a noté que cette situation intervenait alors que les changements climatiques ont déjà un impact négatif sur les économies de ces pays, comme on a pu le constater après les passages de l’ouragan Joaquim et de la tempête tropicale Erika.  Le représentant a aussi établi que le tourisme durable et la protection de la nature se complétaient mutuellement.  Il a précisé que le tourisme ne serait durable que si les beautés de la nature sont préservées et conservées durablement.  Il a souligné que le Costa Rica accueillait près de 2 millions de touristes chaque année, et que l’activité touristique représentait 5,5% du produit intérieur brut (PIB) du pays.  Il a plaidé pour que le tourisme durable ait droit de cité partout dans le monde, afin, a-t-il expliqué, de contribuer à la création d’emplois décents et à la promotion des cultures locales.

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a recommandé de rechercher une croissance équitable, qui offre des chances d’emploi, et d’établir des structures de gouvernance économique et démocratique mondiales qui soient inclusives et qui représentent toutes les régions du monde sur un pied d’égalité.  Il a aussi appelé à procéder à une transformation durable afin de bénéficier aux générations actuelles et à venir.  En ce qui concerne les moyens de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a cité le Mécanisme de facilitation des technologies, le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Forum politique de haut niveau.  La Deuxième Commission, a-t-il ajouté, devrait servir de plateforme pour mobiliser les actions. 

M. Percaya a aussi souhaité que la COP21 puisse adopter un accord permettant de limiter la hausse de la température mondiale en dessous de 2 degrés Celsius et d’intégrer les risques de catastrophe pour mieux répondre aux changements climatiques.  Enfin, il a recommandé d’intégrer le tourisme dans les discussions internationales et a appuyé le projet de résolution qui propose de consacrer 2017 comme « année internationale du tourisme durable », en faisant valoir les avantages que ce secteur offre sur les plans social, culturel et environnemental.  C’est un secteur qui peut permettre aux communautés locales de réaliser le développement durable, a-t-il estimé. 

M. REMONGAR T. DENNIS (Libéria) a rappelé que le développement durable en Afrique passait par la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il a plaidé pour que le transfert des technologies soit assuré afin de permettre aux pays en développement de réaliser les progrès nécessaires à leur développement.  Il a aussi souhaité que l’assistance des Nations Unies dans les pays en développement tienne compte de la spécificité de chaque pays.  Il a indiqué que le vrai changement transformatif du développement durable devrait être initié par les responsables politiques.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a indiqué que la désertification était un obstacle majeur au développement de l’Érythrée.  L’Érythrée, qui est situé en zone aride dans la Corne de l’Afrique, est affectée par des cycles de sécheresse, de dégradation de terres et de désertification, et, ainsi, le pays est plus vulnérable aux effets des changements climatiques.  Il a indiqué qu’en plus des initiatives nationales engagées par le Gouvernement de l’Érythrée pour lutter contre ces fléaux, le pays est aussi partie prenante de l’initiative africaine de la « Grande muraille verte ».  Il a expliqué que cette initiative à laquelle participent une dizaine de pays vise à bloquer l’avancée du désert du Sahara grâce à une muraille de verdure qui sera longue de 7 100 km et large de 15 km, d’ouest en est du continent.

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a déclaré qu’après l’adoption des ODD, il était nécessaire de mettre à jour, de synchroniser et rationaliser les politiques et programmes aux niveaux national et international.  « Une adaptation soigneuse des nouveaux objectifs au contexte national devrait être une importante priorité comme nous continuons de placer une grande attention au développement du capital humain pour éradiquer la pauvreté », a continué la représentante.  Elle a ajouté qu’en créant ensemble des solutions de développement, nous tendons la main aux jeunes créateurs et entrepreneurs pour améliorer l’engagement des citoyens, construire sur les progrès d’un certain nombre de projets mis en œuvre avec les partenaires de développement.  À travers une meilleure utilisation du potentiel du secteur privé, nous pouvons faire une différence fondamentale et améliorer l’accès à une éducation de qualité et lutter contre l’analphabétisme financier, et assurer l’accès aux systèmes bancaire et financier pour les jeunes et faciliter une meilleure planification des activités.  La représentante a également mis l’accent sur l’apport de la migration au développement ainsi que sur la nécessité de développer les infrastructures et les investissements durables.  Dans les cas des pays enclavés comme l’Arménie, elle a souligné l’importance des voies de dessertes pour faciliter l’accès au commerce international et aux marchés, en particulier en mer Noire et dans les ports du Golfe persique.  

M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a recommandé d’adopter des approches holistiques et équitables en vue de faciliter la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a averti, cependant, de la menace que représentent les changements climatiques pour les efforts entrepris dans cette voie.  La  Zambie, a-t-il indiqué, a soumis sa « contribution prévue déterminée au niveau national » aux changements climatiques pour 2015, en vue de la tenue de la COP21 à Paris, du 30 novembre au 11 décembre prochains.  Il a espéré que cette Conférence serait couronnée de succès, ainsi que la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, qui se tient actuellement à Ankara, en Turquie.  Il a enfin encouragé à définir des jalons dans la planification du développement durable, ce qui exige la mise en place d’indicateurs. 

M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a estimé que la restructuration des travaux de la Deuxième Commission devrait permettre de réexaminer le contenu du point de l’ordre du jour portant sur le développement durable qui, jusqu’ici, a été dominé par la dimension environnementale au détriment des dimensions économiques et sociales.  Il faudrait définir le rôle et repositionner la Deuxième Commission dans l’architecture de suivi de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a ajouté le représentant.  À quelques semaines de la COP21, a-t-il dit, le Cameroun reste attaché à la vision partagée du Plan d’action de Bali qui renvoie à la responsabilité historique des pays développés.  Le Cameroun, a-t-il ajouté, souscrit à la position de l’Union africaine qui exige que le futur accord respecte le principe de responsabilité commune mais différenciée, afin de prendre en compte le niveau de développement de chaque pays.

Le représentant a souligné qu’il était nécessaire de garantir le montant de 100 milliards de dollars par an que le Fonds Vert doit recevoir pour aider les pays en développement à s’adapter aux changements climatiques et à réduire les émissions à effet de serre.  Il a aussi déclaré que la désertification, la sécheresse et la dégradation des écosystèmes posent un défi à la fois environnemental, économique et social.  Le Cameroun, malgré ses potentialités naturelles, n’échappe pas à ces phénomènes.  Dans le cadre de l’opération « Sahel Vert », le gouvernement a poursuivi les campagnes de reboisement et de distribution des foyers améliorés en vue de réduire la pression sur le couvert végétal.  Avant de terminer, le représentant a rappelé la nécessité d’un soutien accru de la communauté internationale à une juste rétribution des efforts de gestion, d’entretien à la fois financier et technologique, de conservation et de régénération des forêts du Cameroun qui, pour l’intérêt général, a pris la courageuse option de renoncer à la pleine utilisation des ressources nécessaires à son développement.

M. GILBERT ZACARIAS MAMANI PACO (Bolivie) a fait part des résultats de la Conférence mondiale des peuples sur les changements climatiques et la défense de la vie qui vient de se tenir dans son pays, à Tiquipaya, du 10 au 12 octobre dernier, et à laquelle le Secrétaire général de l’ONU est venu participer.  Une déclaration a été approuvée à l’issue de cette Conférence qui constitue une proposition pour la COP21.  Parmi les recommandations de ce texte, il a cité l’appel pour aider les peuples du monde qui souffrent encore du colonialisme et qui, de ce fait, voient leurs aspirations pour un meilleur avenir anéanties.  La Déclaration de Tiquipaya propose à l’Assemblée générale un projet de résolution qui reprend les engagements de la Déclaration universelle des droits de la terre mère et invite tous les États Membres à participer à l’élaboration, l’adoption et la mise en œuvre de celle-ci en s’écartant de la vision mercantiliste.  La Déclaration de Tiquipaya demande aussi de supprimer les brevets dans le domaine public et de progresser dans le transfert des technologies, a aussi indiqué le représentant de la Bolivie.  Il invite, en outre, à créer un tribunal international de justice climatique et de la terre mère.

Mgr BERNADITO CLEOPAS AUZA, Observateur Permanent du Saint-Siège, a fait remarquer que le modèle de développement qui recherche l’accumulation souvent aux dépens de l’environnement et de la vie humaine ne peut pas être durable.  Il a fait écho au rapport du Secrétaire général dans lequel celui-ci invite à un changement de paradigme dans la manière de concevoir le développement et, comme le pape François, a insisté pour que ce changement soit guidé par le concept de justice et par la conscience qu’il faut répondre aux besoins d’hommes et de femmes vivant dans la pauvreté.  Il a donc plaidé pour qu’on adopte une approche multidimensionnelle de la pauvreté et du développement, « parce que la personne humaine est multidimensionnelle », a-t-il expliqué.  Le nonce a également souligné que le développement humain ne pouvait pas être imposé, en arguant qu’il faudrait plutôt donner les moyens de se développer à chaque individu, chaque famille et chaque communauté.

M. AJAY MADIWALE, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a indiqué que les catastrophes avaient touché 3 milliards de personnes au cours des 15 dernières années, causant ainsi un million de morts et 2 000 milliards de pertes économiques.  Ce sont les populations les plus vulnérables qui sont touchées, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a salué le Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe adopté en mars 2015, tout en prévenant qu’il faudrait l’appliquer au niveau local où les effets des catastrophes se font le plus sentir.  Il a aussi appelé à consacrer à cet objectif un niveau suffisant de ressources, avant de plaider aussi en faveur de partenariats pour soutenir les efforts des gouvernements.

Mme AMBER BARTH, Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exigera des flux d’investissements importants de façon à transformer les économies et les infrastructures pour conduire la planète vers la prospérité et un meilleur état de santé.  C’est pour cela que l’accent mis sur la relation entre développement durable, travail décent et emplois verts est à la fois pertinent et tombe à point nommé, a dit la représentante. 

Elle a ensuite fait observer que les niveaux d’emplois et, en particulier des plus jeunes, ne sont pas retombés au niveau précédant la crise.  Cette année, 73,3 millions de jeunes sont sans emploi dans le monde, a indiqué la représentante de l’OIT, en ajoutant que la création d’emplois devrait être aujourd’hui une priorité au centre des politiques nationales.  Mais le défi n’est pas seulement de créer des emplois, il faut également s’assurer qu’ils sont productifs et efficaces dans la lutte contre la pauvreté.  Aujourd’hui, plus de la moitié de la force de travail mondial relève du secteur informel, tandis que 780 millions d’hommes et de femmes, qui constituent le lot de travailleurs pauvres ne gagnent pas plus de deux dollars par jour.

Dans ce contexte, l’économie verte apparaît comme une opportunité génératrice d’emplois décents, qui peuvent effectivement et efficacement contribuer à la lutte contre la pauvreté et l’inclusion sociale, a dit la représentante.  Selon une étude de l’OIT, les transformations générées par l’économie verte pourraient créer 60 millions d’emplois supplémentaires.  Cela ne se produira pas sans les bons choix politiques, économiques et les réformes nécessaires, de même que sans une coordination au niveau international des efforts pour le développement, a-t-elle conclu. 

Mme CARLA MUCAVI, Organisation de l’alimentation et de l’agriculture (FAO), a expliqué que cette organisation appuyait les efforts des gouvernements en faveur de la sécurité alimentaire en utilisant son expertise technique et en travaillant dans le cadre de partenariats.  En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la FAO s’attaque à la pénurie d’eau en proposant l’utilisation de technologies modernes.  La représentante a aussi parlé des sécheresses récurrentes en Afrique qui nécessitent une résilience plus forte.  La FAO aide les agriculteurs à obtenir un meilleur rendement de leur production, a-t-elle ajouté.  En Amérique latine et dans les Caraïbes, la FAO appuie la mise en œuvre de la Stratégie de sécurité alimentaire et de nutrition de la CELAC.  La stratégie de croissance bleue de la FAO vise à protéger les océans, a-t-elle aussi indiqué, avant de souligner le rôle des forêts dans le développement durable.  Le mécanisme de facilitation des technologies dont la FAO est membre devrait contribuer utilement à tous ces efforts, a-t-elle dit en concluant son intervention.

M. ASHRAF EL NOUR, Organisation internationale pour les migrations-(OIM), a demandé aux gouvernements de faire le lien entre les migrations internationales, l’environnement et les changements climatiques dans l’accord sur les changements climatiques en cours de négociation et qui devrait être adopté par la COP21 à Paris, le mois prochain.  Les cadres de développement adoptés jusqu’à présent, dont le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les Orientations de Samoa, reconnaissent déjà les liens à facettes multiples qui existent entre migration et développement.  Il a demandé de voir les migrations comme un élément de la stratégie d’adaptation que l’on pourrait intégrer dans le nouvel accord sur le climat.  L’OIM est engagée à contribuer à une action ambitieuse sur le climat et à aider les sociétés à s’adapter aux défis actuels et futurs des changements climatiques, a-t-il assuré.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Président de l’Assemblée générale et de nombreuses délégations préconisent un processus de sélection du prochain Secrétaire général « plus transparent et inclusif »

7539e séance – matin & après-midi
CS/12088

Conseil de sécurité: le Président de l’Assemblée générale et de nombreuses délégations préconisent un processus de sélection du prochain Secrétaire général « plus transparent et inclusif »

« Les candidatures de femmes à ce poste doivent retenir toute notre attention », estime M. Lykketoft, appuyé par plusieurs délégations

À l’occasion de son débat annuel sur ses méthodes de travail, le Conseil a entendu, aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale, appuyé en ce sens par la majorité de la cinquantaine de délégations ayant pris la parole, plaider en faveur d’un processus de sélection du prochain Secrétaire général qui soit « plus transparent et inclusif ».  M. Mogens Lykketoft a également suggéré que le prochain Secrétaire général, qui sera désigné en 2016 et entrera en fonctions le 1er janvier 2017, soit pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, une femme.  « Les candidatures de femmes à ce poste doivent retenir toute notre attention », a-t-il estimé, à l’instar de certains orateurs.

Saisis d’une note* du Président leur demandant de mettre en œuvre les dispositions énoncées dans un document** datant de 2010, les membres du Conseil ont tout d’abord entendu le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui a détaillé les adaptations considérables des méthodes de travail du Conseil, « organe numéro 2 de l’Organisation », au fil des années.  Il a notamment cité l’envoi, à intervalles réguliers, d’une délégation de ses membres dans les pays accueillant des opérations de maintien de la paix et l’organisation de dialogues interactifs et de débats thématiques.  M. Eliasson a également mentionné la pratique mensuelle suivie par le Département des affaires politiques, consistant à informer les membres du Conseil sur les situations susceptibles de poser des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  « Des signaux d’alerte précoce pourraient jouer un rôle encore plus important pour empêcher que des situations se détériorent », a suggéré le Vice-Secrétaire général.  De son côté, le Vice-Président du Conseil économique et social, M. Sven Jürgenson, a mis en exergue le lien « intrinsèque » entre développement pérenne et paix durable.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constituait l’occasion d’aborder la relation organique entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC de manière novatrice. 

S’exprimant au nom du Chili, de la Jordanie, de la Malaisie et de la Nouvelle-Zélande –les représentants de ces pays membres du Conseil n’ont donc pas pris la parole- le délégué de l’Angola a, pour sa part, estimé que le Conseil devrait faire preuve  « davantage de discipline » et resserrer l’éventail de ses initiatives car, a-t-il fait observer, une trop grande diversité de sujets le « distrait des réels problèmes » et affaiblit son impact.  Il a également estimé qu’il faudrait envisager des processus plus inclusifs dans la rédaction des résolutions ou des déclarations du Président.

Mais c’est bien l’allocution du Président de l’Assemblée générale qui a nourri les discussions, et ce, d’autant qu’un Président de cet organe n’avait pas pris la parole devant le Conseil depuis 8 ans.  M. Lykketoft a tenu à replacer le débat dans le contexte de la prochaine nomination du Secrétaire général, en rappelant que l’Assemblée avait, le 11 septembre dernier, adopté une résolution relative à la revitalisation de ses travaux, dans laquelle elle prie les Présidents du Conseil et de l’Assemblée de commencer à solliciter des candidatures à ce poste. Pour que cette Organisation soit dirigée avec la plus grande efficacité, le processus de désignation du prochain Secrétaire général doit être, autant que possible, ouvert et minutieux », a-t-il précisé.  Selon l’Article 97 de la Charte des Nations Unies, le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de sécurité.  Le Président a assuré qu’il enverrait une lettre à tous les États Membres décrivant le processus suivi.  Tous les États Membres, a-t-il ajouté, recevront la liste des candidats et leurs biographies.  « Je suis convaincu qu’il y a un nombre de femmes candidates qui remplissent les conditions pour devenir Secrétaire général », a dit M. Lykketoft, en faisant remarquer qu’à ce jour, aucune femme n’avait été désignée à ce poste.  « C’est pourquoi, les candidatures de femmes doivent retenir toute notre attention. »

Ce vœu a été partagé par les représentants du Royaume-Uni, de la Colombie ou encore de l’Allemagne, ce dernier rappelant, au terme d’une déclaration conjointe avec la France, que la résolution précitée de l’Assemblée invite les États Membres à considérer la candidature de femmes.  « Nous soutenons fermement cet appel », a-t-il déclaré.  Son homologue de la Pologne s’est dit en faveur de ce « pas significatif pour l’égalité entre les sexes », tout en demandant la mise en place d’une rotation régionale pour ce poste.  

Si la quasi-totalité des délégations ont plaidé pour un processus de sélection « plus transparent et inclusif » du Secrétaire général, le délégué de la Fédération de Russie a estimé qu’il était prématuré que les États Membres débattent, à ce stade, de cette question, en rappelant que l’échéance de la sélection du prochain Secrétaire général de l’Organisation était fixée à 2016.  « Cela met plus de pression sur les épaules de l’actuel Secrétaire général et risque d’introduire à l’ONU le concept de canard boiteux », a-t-il prévenu.  

Comme à l’accoutumée, un certain nombre de délégations ont saisi cette occasion pour réclamer une réforme approfondie du Conseil de sécurité.  Le Mexique, conjointement avec la France, avait proposé une initiative visant à encadrer l’usage du veto lorsque le Conseil examine des cas de crimes les plus graves, à laquelle 80 États se sont ralliés, a rappelé son représentant.  « Le droit de veto est une responsabilité et non pas un privilège », a-t-il tenu à préciser.  Comme d’autres intervenants, il a également salué l’initiative « complémentaire » du Groupe ACT -« Responsabilité, Cohérence et Transparence » - présentée par la Suisse, qui a élaboré un de code de conduite appuyant cette initiative.

De nombreux États Membres ont souhaité une réforme de la composition du Conseil afin de donner à ses décisions, comme l’a affirmé le délégué de l’Inde, « la légitimité nécessaire » et de l’adapter, selon l’expression du représentant de la Suède, « aux réalités géopolitiques qui ont considérablement changé depuis sa création ».  Le Président de l’Assemblée générale a fait part, à ce sujet, de son intention de faire progresser le processus de négociation intergouvernemental relatif à la réforme du Conseil.  L’Espagne va donner suite à la réunion de ce jour sous la forme d’un résumé des recommandations qui ont été avancées, a conclu le représentant de l’Espagne, Président du Conseil pour le mois d’octobre. 

 

*  S/2010/507
**S/2015/793

 

MISE EN ŒUVRE DE LA NOTE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (S/2010/507)

Lettre datée du 15 octobre 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Espagne auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/793)

Déclarations

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que lorsque les gens pensent aux Nations Unies, ils pensent souvent au Conseil de sécurité.  « Sur vos épaules repose une lourde responsabilité, celle de maintenir la paix et la sécurité internationales dans un monde complexe, interconnecté et globalisé.  Les attentes placées en vous et les Nations Unies sont élevées », a-t-il déclaré, en soulignant la pertinence de ce débat.  Le Conseil, reconnu comme étant l’organe numéro 2 de l’Organisation, a considérablement adapté ses méthodes de travail au fil des années, notamment en dépêchant à intervalles réguliers une délégation de ses membres dans les pays accueillant des opérations de maintien de la paix et en organisant des dialogues interactifs et des débats thématiques.  Après avoir rappelé que le Secrétariat était un partenaire vital du Conseil, notamment pour donner effet à ses décisions, il a évoqué le récent rapport rendu par le Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix.  M. Eliasson a, en particulier, souligné les propositions dans le domaine de la consolidation de la paix et du développement.  « En outre, le Secrétariat facilite les délibérations quotidiennes du Conseil, ce qui suppose d’être constamment au courant de ses pratiques et méthodes de travail », a-t-il assuré, en se félicitant de l’« interface » que constitue à ses yeux le Groupe de travail informel sur la documentation et autres questions de procédure. 

Le Département des affaires politiques, a également indiqué M. Eliasson, a établi une pratique mensuelle consistant à informer les membres du Conseil sur les situations susceptibles de poser des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  « Des signaux d’alerte précoce pourraient jouer un rôle encore plus important pour empêcher des situations de se détériorer », a suggéré le Vice-Secrétaire général.  Le Secrétariat, a-t-il continué, a également activement soutenu le principe des visioconférences permettant à des bureaux des Nations Unies de participer aux réunions du Conseil partout où l’Organisation est présente dans le monde.  Par ailleurs, le site Internet du Conseil présente désormais un bilan historique des activités du Conseil et liste des informations pertinentes relatives à ses travaux.  Citant un autre exemple de la relation organique qui unit le Conseil au Secrétariat, M. Eliasson a mis l’accent sur l’appui fourni par le Secrétariat aux 16 Comités des sanctions et les 71 experts servant les 12 groupes de surveillance des sanctions.  Il a également fait valoir l’amélioration de la coopération en matière de sanctions à travers le Groupe de travail interinstitutions sur les sanctions des Nations Unies.  Le Vice-Secrétaire général a déclaré, avant de conclure, qu’il attendait avec impatience les propositions qui permettront d’améliorer davantage les méthodes de travail du Conseil, en particulier dans sa relation avec les autres organes de l’ONU.

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé qu’il était le septième Président de l’Assemblée à s’exprimer devant le Conseil dans toute l’histoire de l’ONU.  Cela fait huit ans qu’un Président de l’Assemblée générale n’avait plus pris la parole devant cet organe, a-t-il dit.  M. Lykketoft a replacé l’interaction entre l’Assemblée et le Conseil dans le contexte de la prochaine nomination du Secrétaire général.  Les relations entre nos deux organes sont complémentaires et se renforcent mutuellement, a-t-il dit, avant de mentionner les tâches éminentes du Conseil et la coopération étroite entre cet organe et l’Assemblée concernant certaines questions, notamment les questions de paix et de sécurité ou la nomination des juges des Tribunaux pénaux internationaux.

Les méthodes du Conseil sont une question d’un intérêt majeur, et ce, d’autant qu’un nouveau Secrétaire général va être désigné en 2016, a-t-il dit.  Le Président a rappelé que 178 États Membres de l’ONU ne sont pas à l’heure actuelle membres du Conseil et que 35% des membres n’ont jamais siégé au sein de ce Conseil.  Il a ensuite mentionné la résolution adoptée par l’Assemblée le 11 septembre dernier relative à la revitalisation de ses travaux, dans laquelle elle prie les Présidents du Conseil et de l’Assemblée de commencer à solliciter des candidatures au poste de Secrétaire général.

« Je continuerai d’œuvrer avec le Président du Conseil en envoyant une lettre à tous les États Membres décrivant le processus suivi », a-t-il dit, en ajoutant qu’il était envisagé que les noms et parcours des candidats soient distribués à tous les États Membres.  M. Lykketoft a rappelé les critères, notamment en termes de compétences et de professionnalisme, que doit remplir tout candidat prétendant au poste de Secrétaire général.  « Je suis convaincu qu’il y a un nombre de femmes candidates qui remplissent ces critères », a-t-il dit, en faisant remarquer qu’à ce jour, aucune femme n’avait été désignée au poste de Secrétaire général.  « Les candidatures de femmes doivent retenir toute notre attention. »  Le Président a mentionné les appels pour que le processus de désignation soit achevé trois mois avant l’entrée en fonctions du prochain Chef de l’ONU.  « Pour que cette organisation soit dirigée avec la plus grande efficacité, le processus du prochain Secrétaire général doit être, autant que possible, ouvert et minutieux », a-t-il affirmé.

M. Lykketoft a ensuite relayé les appels de certains membres visant à améliorer et rendre plus analytique le rapport du Conseil de sécurité qui est soumis à l’Assemblée générale.  Concernant l’élection des membres non permanents du Conseil, il a indiqué que l’Assemblée organisera deux élections pendant une session, ce qui permettra aux nouveaux membres élus de mieux se préparer à leur mandat.  Enfin, le Président a souligné l’aspect délicat des discussions relatives à la réforme du Conseil.  Ce thème est crucial pour un grand nombre d’États Membres, a-t-il dit, avant de dire son intention de faire progresser le processus de négociation intergouvernemental s’y rapportant.  Enfin, le Président a espéré que cette session historique soit l’occasion d’un nouvel engagement de la part des 193 États Membres.

S’exprimant au nom du Président du Conseil économique et social (ECOSOC), son Vice-Président, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), a déclaré que cette réunion constituait un pas dans la bonne direction.  Par le passé, l’ECOSOC, afin de répondre à une demande de l’Assemblée générale, avait créé les groupes consultatifs sur la Guinée-Bissau et le Burundi, actifs de 2003 à 2006, a-t-il rappelé.  « Ces groupes laissaient présager ce que seraient les formations spécifiques de pays de la Commission de consolidation de la paix », a-t-il fait observer, en expliquant qu’ils avaient permis de resserrer les liens existant entre les deux Conseils. Dans ce contexte, le Groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique a également joué un rôle significatif.

Le Vice-Président a reconnu que la relation de l’ECOSOC avec le Conseil s’était considérablement distendue depuis quelques temps.  C’est pourquoi, il a estimé qu’il était temps de la revitaliser.  Il est d’autant plus temps de le faire que plusieurs conflits mettent en exergue le lien « intrinsèque » entre développement pérenne et paix durable.  La promotion d’un développement durable inclusif, a-t-il souligné, est essentielle pour mettre fin à des conflits potentiels.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue, pour lui, l’occasion d’aborder la relation organique entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC de manière novatrice.  « L’Objectif 16 portant sur la promotion des sociétés inclusives et pacifiques met en lumière la nécessité de s’attaquer à la violence, à la corruption et à la criminalité.  Le lien entre paix, stabilité et développement ne pouvait pas être exprimé plus clairement », a affirmé M. Jürgenson.  Le Vice-Président de l’ECOSOC a soutenu que le rôle des femmes et des jeunes ne saurait être sous-estimé dans ce contexte.  Le débat d’aujourd’hui devrait ouvrir la voie à une approche systémique et organique des liens unissant le Conseil et les autres organes de l’ONU.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola), s’exprimant au nom du Groupe sur les méthodes de travail (Angola, Chili, Jordanie, Malaisie, Nouvelle-Zélande et Espagne), a fait valoir qu’un changement efficace devrait être motivé par la pratique, l’esprit d’initiative et par l’exemple.  Cela montre que le Conseil doit améliorer ses résultats en adaptant ses méthodes de travail aux situations spécifiques et non pas sur recommandations d’un groupe de travail informel.  Si le consensus peut être l’objectif final, il ne doit pas non plus être érigé à un niveau qui signifierait le veto de 15 États membres, non seulement au Conseil mais dans les organes subsidiaires dont les Comités des sanctions.  « Ce n’est pas l’intention exprimée dans la Charte des Nations Unies », a tenu à rappeler le représentant.  Il a également insisté sur les sujets dont s’empare le Conseil, en estimant que le Conseil devrait faire preuve « davantage de discipline » et resserrer l’éventail de ses initiatives car une trop grande diversité de sujets le « distrait des réels problèmes » et affadit son impact.

Le recours au veto ne doit pas, par ailleurs, constituer une méthode de travail en soi en raison de ses effets négatifs, « en cascade », sur le travail du Conseil, en excluant régulièrement les membres élus non permanents sans autre raison que le poids de l’habitude, a-t-il déclaré.  Le représentant a estimé qu’il faudrait envisager des processus plus inclusifs dans la rédaction des résolutions ou des déclarations du Président.  Ainsi, la récente introduction du système de « responsabilité de rédacteur du texte » a sans doute renforcé l’efficacité du Conseil.  Il garantit que les premières versions d’une résolution sont rédigées par des délégations qui connaissent le sujet et le suivent de longue date.  Mais, il a aussi considérablement restreint l’implication des autres membres du Conseil, en particulier celle des non-permanents et accru le risque de ne produire que des textes voulus par les membres permanents.  C’est pourquoi, chaque fois que cela sera possible, a-t-il insisté, il faudrait changer de système.  Le Conseil, enfin, doit améliorer sa coopération avec les autres organes et bureaux de l’ONU mais aussi avec les partenaires complémentaires et régionaux de l’ONU, en particulier avec l’Union africaine pour la prévention et la gestion des conflits.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a souligné l’importance que le Conseil améliore ses méthodes de travail.  Elle a déclaré qu’elle était une fervente partisane des réunions convoquées selon la « formule Arria », en précisant que le Conseil avait tenu 13 réunions de ce type en 2015 sur des thèmes tels que la situation des droits de l’homme en Syrie ou le terrorisme.  Elle a dit son attachement à la Commission de consolidation de la paix (CCP) et espéré que le Conseil et la CCP renforceront leur interaction.  L’Assemblée générale et le Conseil ont chacun un rôle à jouer dans la désignation du prochain Secrétaire général, a-t-elle estimé.  La représentante des États-Unis s’est dit favorable à un processus qui se déroule de manière transparente et inclusive, garantisse l’implication de chaque membre et aboutisse au meilleur candidat possible.  En conclusion, la déléguée s’est félicitée que la résolution, adoptée en septembre dernier par l’Assemblée, relative à la revitalisation de ses travaux ait ouvert la voie au processus de désignation du prochain Secrétaire général.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a reconnu que des progrès avaient été accomplis dans les travaux du Conseil de sécurité, comme en témoigne la hausse du nombre de réunions « formelles », 263 en 2014.  « Cette fréquence accrue des réunions publiques, souvent non assorties de décisions concrètes, ne doit pas masquer la nécessité absolue d’engager des réformes plus profondes », a toutefois souligné le représentant, en stigmatisant l’incapacité du Conseil à trouver une solution au conflit israélo-palestinien depuis plusieurs décennies et son impuissance devant la crise syrienne.  Le représentant du Tchad a ensuite apporté son soutien à la proposition de la France de renoncer à l’usage du droit de veto en cas de situations d’atrocités de masse.  Il s’est toutefois dit sceptique devant cet « autoencadrement » de l’usage du droit de veto, dans la mesure où l’un des membres permanents peut toujours en faire usage s’il estime que ses intérêts directs sont menacés.

Pour sa délégation, le véritable changement passe par « une réforme de la Charte des Nations Unies ».  Après avoir plaidé en faveur d’un processus plus ouvert et inclusif dans la désignation du Président du Conseil, et davantage de transparence dans les travaux de ses organes subsidiaires, le représentant a estimé que le rôle de « pen holder » chargé de rédiger les projets de résolution lui semblait être un « anachronisme » et une « forme de tutelle » à bannir.  Il est grand temps, a-t-il ajouté, que les pays africains remplissent ces fonctions de « porte-plume » pour les situations les concernant directement.  En outre, le Conseil doit promouvoir la diplomatie préventive en vue d’éviter le recours trop fréquent au Chapitre VII de la Charte.  Le Tchad soutient le principe de l’élection du futur Secrétaire général de l’ONU par l’Assemblée générale, à partir d’une liste de plusieurs candidats qui ne pourraient effectuer qu’un seul mandat, a indiqué son représentant avant de conclure.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a posé trois ensembles de questions et suggéré qu’il y soit répondu dans les prochains jours via Twitter. « Comment pouvons-nous améliorer la transparence de nos travaux? » a-t-il demandé, tout se disant preneur des idées qui pourraient être avancées.  « Quel est l’intérêt de disposer de meilleures méthodes de travail lorsque un membre peut opposer son veto? » a-t-il voulu savoir, en se disant fier que le Royaume-Uni ait signé le code de conduite relatif aux atrocités de masse.  Il a salué l’allocution, faite ce matin, par le Président de l’Assemblée générale qui envoie un signal fort pour que le processus de désignation du prochain Secrétaire général soit plus transparent et inclusif.  « Nommer une femme enverrait un signal encore plus fort », a-t-il assuré.  « Comment dès lors disposer de femmes candidates présentant les compétences requises? »  Enfin, le délégué britannique a posé une dernière question: « Comment faire pour que le Conseil renforce ses efforts de prévention des conflits et lie davantage le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à ses travaux? »

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a tout d’abord résumé l’équation des Nations Unies, « avec 15 membres du Conseil de sécurité qui légifèrent et attendent que 193 mettent en œuvre leurs décisions », en qualifiant de « capital » la nécessité de garantir une plus grande transparence, une plus grande responsabilité devant les autres et une plus grande ouverture.  Pour le Comité contre le terrorisme, en particulier, il est indispensable d’impliquer un plus grand nombre d’États afin de partager expériences et meilleures pratiques et d’augmenter le nombre de réunions d’information publiques et de séances extraordinaires.  La « machinerie » de l’ONU doit s’adapter à cette nouvelle réalité, a ainsi estimé le représentant.  S’agissant des comités des sanctions, elle a souligné les efforts d’échanges faits avec les pays concernés, leurs pays voisins et les acteurs régionaux pertinents et pour mesurer les effets des mesures sur le terrain.  À cette fin, il faudrait aussi renforcer les liens avec le Secrétariat de l’ONU, a-t-elle estimé.

Alors que le Conseil est confronté à un nombre de crises simultanées sans précédent, la représentante a plaidé pour un plus grand nombre de briefings informels et ouverts de la part du Secrétariat, du Département des affaires politiques ou du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme afin de renforcer l’approche préventive.  La représentante a également plaidé pour revoir le cycle des mandats, surtout là où les situations demeurent statiques pendant longtemps et ne nécessitent pas forcément une évaluation quatre fois par an.  En revanche, a-t-elle jugé, les débats ouverts restent un outil important du Conseil, car il est parfois « douloureux » de voir des ministres de pays non membres venir s’exprimer devant le Conseil avec seulement de jeunes technocrates pour les écouter.  Enfin, la délégation de la Lituanie soutient l’idée de restreindre l’usage du veto car il est « inadmissible » qu’il serve à protéger les auteurs d’atrocités.

M. LIU JIEYI (Chine) a reconnu que le Conseil de sécurité devrait continuer à améliorer ses méthodes de travail, en affirmant toutefois qu’il ne devrait pas cesser de concentrer son énergie et ses ressources à l’exécution du mandat que lui a confié la Charte des Nations Unies, « pour éviter autant que faire se peut les doublons ».  Pour le représentant, le Conseil devrait s’efforcer d’accorder davantage d’importance à la diplomatie préventive pour s’abstenir d’avoir recours à des méthodes telles que les sanctions.  Il devrait également accorder davantage d’importance à l’opinion des pays concernés, ce qui l’aiderait à prendre des décisions « plus rationnelles », comme l’ont montré les réunions avec les pays contributeurs de troupes, a ajouté la délégation.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a souligné qu’il était nécessaire d’engager une réforme en profondeur des méthodes du Conseil afin que ses travaux soient plus inclusifs et transparents.  Le règlement du Conseil ne doit plus être provisoire, a-t-il dit.  Le délégué du Venezuela a déploré que l’avis des membres non permanents du Conseil ne soit pas davantage entendu, notamment en ce qui concerne les comités des sanctions.  Ces comités doivent exister en parallèle d’un processus politique et respecter une date butoir pour la conclusion de leurs travaux, a-t-il dit, en regrettant que cela soit loin d’être le cas dans la pratique.  Il a appelé le Conseil à tenir davantage de séances publiques au cours desquelles les pays ou organisations jouant un rôle dans la situation examinée seraient entendus.  Il a ainsi vivement déploré que le représentant de l’Union africaine n’ait pas été invité à s’exprimer lors d’une séance d’information consacrée à la question du Sahara occidental.  Le représentant a invité l’Assemblée générale à jouer un rôle de premier plan dans le processus de sélection du prochain Secrétaire général en gardant à l’esprit le souci de l’équité géographique.  M. Ramirez a défendu l’idée selon laquelle une femme devrait être nommée à la tête de l’ONU.  Enfin, le délégué du Venezuela a déploré l’utilisation du droit de veto, notamment en ce qui concerne la situation au Moyen-Orient.

Mme JOY OGWU (Nigéria) s’est félicitée de ce débat qui donne l’occasion au reste des États Membres de faire entendre leur voix sur les méthodes de travail du Conseil.  Pour elle, l’adoption d’une approche progressive pour conduire les travaux du Conseil permettrait davantage de donner de meilleurs résultats.  Après avoir reconnu les changements positifs survenus dans les méthodes de travail, comme la multiplication des débats publics, elle a estimé qu’il faudrait en faire plus.  La représentante a noté que les contacts avec les organisations régionales étaient de plus en plus fréquents, comme en témoignent les partenariats existants avec l’Union africaine.  Mme Ogwu a souhaité que ce partenariat se renforce, dans la mesure où la majorité des points à l’ordre du jour du Conseil concernent l’Afrique.  S’agissant de la Commission de consolidation de la paix, la déléguée a estimé qu’une meilleure coordination était indispensable avec cet organe, avec lequel le Conseil peut faire fond au moment de la révision des mandats.  La représentante du Nigéria a, en conclusion regretté l’interaction pratiquement négligeable avec l’ECOSOC, en dépit d’une relation inhérente entre paix et développement.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé que la question des méthodes de travail et de leur modification relevait de la seule compétence du Conseil de sécurité.  Le seul objectif de ce débat doit être d’améliorer l’efficacité de notre action car, a-t-il prévenu, « sombrer dans le populisme est contreproductif ».  Préoccupé par l’empiètement du Conseil sur les compétences de l’Assemblée générale, il a rejeté les suggestions qui visent à ce que le Conseil débatte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a également déploré le grand nombre de débats publics tenus par le Conseil, ce qui équivaut à un « déménagement de l’Assemblée dans la salle du Conseil ».  Le grand nombre de points inscrits à l’ordre du jour du Conseil empêche, a-t-il estimé, que le Conseil n’examine d’autres points qui sont pourtant cruciaux.  « Est-ce par manque de temps que le Conseil prend parfois des décisions hâtives? » s’est-il interrogé.

En ce qui concerne la désignation du prochain Secrétaire général, le représentant de la Fédération de Russie a émis des doutes sur l’opportunité de tenir un tel débat maintenant alors que la sélection du prochain Chef de l’ONU aura lieu l’année prochaine.  « Cela met plus de pression sur les épaules de l’actuel Secrétaire général et risque d’introduire à l’ONU le concept de canard boiteux », a-t-il dit.

M. Churkin a ensuite indiqué que les États-Unis avaient abusé de leur privilège de pays hôte en donnant la parole, le 30 septembre dernier, aux représentants albanais du Kosovo lors d’une réunion sur l’extrémisme violent.  « Il y a une attitude de deux poids deux mesures au sein de ce Conseil », a-t-il dit, en regrettant que certaines délégations ne veuillent pas entendre des pays africains comme le Soudan, qui participent pourtant à des opérations de maintien de la paix, ou bien encore l’Union africaine.  Il a ensuite déploré le détournement des réunions organisées selon la « formule Arria » en véritables « shows de propagande » financés sur les deniers de l’Organisation.  « Cela est inacceptable. »  Enfin, il a jugé que le droit de veto est une disposition essentielle de la Charte des Nations Unies qui permet d’arriver à un consensus au sein de ce Conseil.  « Ceux qui veulent saper ce droit veulent faire prévaloir les intérêts d’un groupe de pays en faisant fond sur la composition arithmétique du Conseil », a conclu M. Churkin.

M. FRANCOIS DELATTRE (France), dans une intervention partagée avec l’Allemagne, « initiative sans précédent », a-t-il souligné, a souhaité insister sur deux « partenaires importants » du Conseil de sécurité que sont le Conseil des droits de l’homme et la Cour pénale internationale (CPI).  Le respect des droits de l’homme est inséparable des enjeux de paix et de sécurité.  Pour cette raison, la France et l’Allemagne « encouragent des exposés plus fréquents » au Conseil du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ou de son adjoint, des Représentants spéciaux du Secrétaire général pour la prévention du génocide et pour la responsabilité de protéger, ainsi que des représentants d’autres « mécanismes » sur la question.  De même, a poursuivi le représentant de la France, il n’y a pas de paix durable sans justice et lutte contre l’impunité et c’est pourquoi, les deux pays sont favorables à des contacts plus poussés du Conseil avec la CPI, à travers des visites du Procureur au Siège de l’ONU ou du Conseil à La Haye et un meilleur partage d’informations à travers les missions de paix quand la CPI a ouvert une enquête.

Enfin, l’exigence de protection des populations passe par la capacité du Conseil à éviter les blocages quand il s’agit de mettre fin aux atrocités de masse.  La France, a-t-il rappelé, a proposé avec le Mexique une initiative visant à encadrer l’usage du veto s’agissant des crimes les plus graves, tels que définis par le Statut de Rome.  L’Allemagne et 80 États lui ont apporté leur soutien, a-t-il noté, en ajoutant que les deux pays avaient décidé de soutenir les travaux du groupe ACT (Responsabilité, cohérence et transparence).

S’exprimant dans un premier temps en sa qualité de Président de la Commission de consolidation de paix (CCP), M. OLOF SKOOG (Suède) a souligné trois aspects des travaux de la CCP qui font d’elle une « plateforme intergouvernementale unique » au service du Conseil de sécurité.  Tout d’abord, il a mis en évidence le fait que les perspectives locales et nationales figuraient constamment au centre des délibérations de la Commission.  Ensuite, il a souligné les partenariats avec des organisations et acteurs régionaux et sous-régionaux, et les principes de consultations inclusives et de renforcement du consensus qui président à l’élaboration de toutes les stratégies de la CCP.  En outre, le Président a estimé que le renforcement de la relation de la Commission avec le Conseil était indispensable, dans la mesure où elle dispose d’une connaissance unique des situations sur le terrain.

Prenant ensuite la parole en sa qualité nationale, mais aussi au nom du Groupe des pays nordiques, M. Skoog a estimé que la réforme du Conseil passait par la restriction du droit de veto et une meilleure représentativité, alors que les réalités géopolitiques ont considérablement changé depuis sa création.  Par ailleurs, davantage de transparence et d’efficacité sont nécessaires, a indiqué le représentant de la Suède.  Avant de conclure, il a plaidé pour une approche holistique plus systématique des travaux du Conseil, comme tous les rapports sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) l’ont montré de manière évidente.

M. JÜRG LAUBER (Suisse), au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (ACT), a rappelé que le Groupe avait élaboré un code de conduite visant à écarter le droit de veto dans des situations d’atrocités de masse et à soutenir toute action du Conseil.  « Jusqu’à présent, 80 États se sont engagés en faveur de ce code », a-t-il dit, en précisant que le lancement de ce code aura lieu le 23 octobre prochain.  Par ailleurs, il a demandé aux Présidents du Conseil et de l’Assemblée générale de commencer à solliciter des candidatures dans le droit fil de la résolution adoptée par l’Assemblée le 11 septembre dernier.  Le processus de sélection doit être ouvert et inclusif, a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il attendait avec impatience la tenue de réunions permettant d’entendre les candidats déclarés.  Il a appuyé la tenue de réunions selon la « formule Arria », ainsi que la tenue d’un plus grand nombre de débats publics qui permettent, notamment, aux pays contributeurs de troupes de s’exprimer.  M. Lauber a également invité le Conseil à renforcer ses efforts de prévention des conflits.  Rappelant que le Conseil agissait au nom de tous les États Membres, M. Lauber a conclu en faisant part de la détermination du Groupe ACT d’œuvrer pour l’amélioration de la transparence des travaux du Conseil.

Prenant à son tour la parole, M. HARALD BRAUN (Allemagne) a souligné la nécessité de réviser les méthodes de travail du Conseil pour les rendre plus efficaces.  Les deux pays défendent aussi un processus de sélection du Secrétaire général « plus transparent et plus inclusif », a-t-il cependant fait observer.  Sur ce point, le travail devrait être guidé par le consensus, atteint en septembre dernier, sur la revitalisation de l’Assemblée générale et envisager la nomination d’une femme à ce poste.  Par ailleurs, la France et l’Allemagne appuient tous les efforts qui permettront de renforcer la transparence du Conseil en incluant les États non membres à travers des réunions organisées selon le « format Arria » et de séances de synthèse mensuelles.  Enfin, tout cela ne saurait être atteint sans une réforme « urgente » structurelle du Conseil garantissant une représentation « équitable » et l’élargissement du Conseil, a-t-il rappelé en conclusion.

M. BHARTRUHARI MAHTAB (Inde) a d’abord regretté que les États Membres qui ne siègent pas au Conseil de sécurité aient un temps de parole limité à trois minutes.  Il a ensuite souligné l’importance de la désignation à venir du prochain Secrétaire général, en déplorant que le Conseil de sécurité n’ait « pas recommandé deux ou trois noms de candidats » comme l’Inde l’a demandé.  Il a appelé à abandonner le vote secret qui permet aux membres permanents d’utiliser leur droit de veto « sans en assumer la responsabilité ».  Le représentant a ensuite estimé que l’organe subsidiaire du Conseil de sécurité le moins transparent était le Comité des sanctions 1267 concernant Al-Qaida.  « Aucune information n’est partagée sur les critères qui déterminent comment des individus ou des organisations sont inscrits ou non sur la liste établie par le Comité, et n’importe lequel des 15 membres peut exercer son droit de veto sans explication préalable et sans en informer les autres membres du Conseil », a-t-il déploré. 

Le représentant a ensuite rappelé que l’Article 44 de la Charte des Nations Unies prévoyait des consultations avec les pays contributeurs de troupes avant que les mandats des missions de maintien de la paix soient finalisés.  « Malheureusement, cela ne s’est jamais produit », a-t-il déclaré, avant d’appeler les États qui ne sont pas membres permanents du Conseil mais y siègent en ce moment, à profiter de la présidence tournante du Conseil de sécurité pour avancer sur cette question.  Enfin, le représentant a réclamé plus de transparence dans la détermination de l’ordre de passage des intervenants lors des débats ouverts, en estimant que les États, même lorsqu’ils ne sont pas membres permanents, doivent passer avant les organisations qui ont un statut consultatif.  En conclusion, il a souligné que le problème du Conseil de sécurité allait bien au-delà de ses méthodes de travail et qu’une réflexion sur ce point ne pouvait en aucun cas se substituer à une réforme profonde du Conseil de sécurité, de manière à donner à ses décisions la légitimité nécessaire.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a rappelé que le processus de réforme du Conseil de sécurité avait débuté en 1993, en mettant l’accent sur les relations complémentaires de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a toutefois regretté qu’en dépit de certains progrès, il n’ait pas été possible de régler un certain nombre de conflits à travers le monde.  Après avoir salué la proposition conjointe de la France et du Mexique de limiter l’usage du droit de veto des membres permanents, la délégation saoudienne a plaidé pour une plus grande transparence dans le processus de désignation du Secrétaire général de l’ONU.

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a salué le travail du Groupe ACT et espéré que son code de conduite, complémentaire de la proposition franco-mexicaine de suspendre le droit de veto en cas d’atrocités de masse, recevra un large soutien.  Le droit de veto est une responsabilité et non pas un privilège, a-t-il dit, en soulignant qu’il était crucial de limiter ce droit de veto dans les cas d’atrocités de masse.  Il a appelé de ses vœux une interaction accrue du Conseil avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) et les pays contributeurs de troupes.  Il a cependant noté une amélioration des informations sur le programme du Conseil transmises aux États non membres du Conseil. Le refus des pays assumant la présidence du Conseil d’organiser des séances récapitulatives ne fait que cultiver le secret autour des activités du Conseil, a-t-il dit.

Le processus de désignation du prochain Secrétaire général devrait être plus transparent et inclusif, a-t-il espéré, en recommandant d’établir un calendrier précis.  Il a également demandé la tenue de réunions permettant des échanges de vue avec les candidats à ce poste.  En conclusion, il a affirmé que la réforme du Conseil de sécurité était possible pour autant que les États Membres fassent preuve d’ouverture.  « Nous avons besoin d’un Conseil plus représentatif et transparent », a-t-il rappelé. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a estimé que les membres du Conseil avaient beaucoup amélioré la conduite et la transparence des travaux de cet organe, mais qu’il restait encore beaucoup à faire.  Elle a défendu l’idée d’adopter une approche plus intégrée de la consolidation de la paix.  Par ailleurs, la représentante a demandé la mise en œuvre, dans les meilleurs délais, de la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, à laquelle son pays a participé.  Pour la Colombie, davantage de transparence est également nécessaire dans le processus de désignation du Secrétaire général de l’ONU.  Des réunions officieuses doivent donc être organisées avec les candidats et, dans ce contexte, la représentante a souhaité que le prochain Secrétaire général soit une femme.  C’est une « occasion historique » que les États Membres doivent se saisir, a-t-elle dit.

M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a rappelé que la procédure de nomination du prochain Secrétaire général devrait être « plus transparente, plus inclusive » et impliquer « plus d’interactions avec les candidats potentiels ».  Il a ensuite défendu la candidature d’une femme au poste de Secrétaire général, en soulignant que cela constituerait « un pas significatif pour avancer vers l’égalité des sexes ».  Rappelant, par ailleurs, le principe de la représentation régionale qui guide nombre de nominations au sein des Nations Unies, il a déploré que dans le passé, aucun Secrétaire général n’ait été originaire du bloc des pays de l’Europe de l’Est, et défendu la mise en place d’une rotation régionale pour ce poste.  Tout en insistant sur l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité, il a estimé qu’il était nécessaire d’engager une véritable réforme du Conseil de sécurité.  « Plus de transparence des activités du Conseil ne servirait pas seulement l’ensemble des États Membres, mais aussi le Conseil de sécurité lui-même », a-t-il assuré avant de conclure.

Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a affirmé que le droit de veto ne servait pas le maintien de la paix et de la sécurité internationales et appuyé la proposition conjointe de la France et du Mexique de suspendre l’utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse.  La déléguée a jugé cruciale d’appliquer les décisions du Conseil, avant de dire sa préoccupation devant la légalité de certaines lettres envoyées à la présidence du Conseil relatives aux décisions prises en vertu du Chapitre VII de la Charte.  La résolution de l’Assemblée générale, adoptée le 11 septembre dernier, montre qu’il est possible de changer les procédures anachroniques suivies à l’ONU, a-t-elle noté.  « Le moment est venu d’agir et de revitaliser le processus de désignation du prochain Secrétaire général », a conclu la déléguée du Guatemala. 

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a fait plusieurs propositions visant à améliorer les travaux du Conseil, en citant tout d’abord la nécessité de renforcer les liens du Conseil avec l’Assemblée générale et l’ECOSOC.  Il s’est ensuite déclaré en faveur d’un plus grand nombre de débats publics, en estimant par ailleurs que les nouveaux membres devraient assister aux réunions du Conseil pendant la période intérimaire entre le moment de leur élection et celui de leur entrée au Conseil.  Pour le représentant, la liste des candidats au poste de Secrétaire général devrait être partagée avec l’Assemblée générale, afin de lui donner davantage de poids dans le processus de sélection du plus haut fonctionnaire de l’Organisation.  M. Abdrakhmanov a, lui aussi, encouragé une restriction du droit de veto.  Celui-ci, a-t-il précisé, devrait être invoqué avec la plus grande prudence et nécessite donc des directives très précises pour en encadrer l’usage.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a suggéré que les Présidents de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et des formations pays participent aux débats qui pourraient les concerner, ainsi qu’aux discussions informelles.  Il a appelé de ses vœux la pleine application de la résolution adoptée par l’Assemblée générale en septembre dernier relative à la revitalisation de ses travaux.  M. Yoshikawa a appuyé l’initiative conjointe de la France et du Mexique et celle du Groupe ACT concernant l’exercice du droit de veto.  Il a indiqué que les débats publics du Conseil n’avaient pas rempli leurs objectifs.  Il a déploré notamment le fait que les États non membres du Conseil de sécurité s’exprimant lors de ces débats ne reçoivent pas de « retour » de la part du Conseil.  Enfin, il a souligné l’importance de procéder à une « codification des coutumes et pratiques invisibles » du Conseil et salué le travail du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure du Conseil. 

S’exprimant au nom de la Belgique et du Luxembourg, M. KAREL JG VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé que les crises actuelles nécessitaient plus que jamais l’ouverture du Conseil de sécurité, avec des méthodes de travail adaptées, qui lui permettent d’être plus efficace, plus transparent et plus inclusif.  « Si des progrès ont été faits, il reste beaucoup à faire », a-t-il poursuivi, avant de développer trois domaines où des améliorations sont possibles.

Au plan de la transparence d’abord, il a appelé à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, particulièrement pour le processus de nomination du nouveau Secrétaire général qui va débuter dans les prochains mois.  « Nous encourageons le Conseil de sécurité à plus de transparence, en organisant notamment des réunions ouvertes à tous les États Membres et la société civile », a-t-il indiqué.

Au plan de l’inclusion, le représentant a salué la coopération grandissante entre les États Membres qui siègent au Conseil de sécurité et ceux qui n’y siègent pas, mais qui y sont invités parce qu’ils sont directement concernés par la situation inscrite à l’ordre du jour ou parce qu’ils contribuent directement aux opérations de maintien de la paix à l’ordre du jour.  « Dans la même veine, impliquer plus le Comité de coordination technique et le Comité de coordination des projets dans les débats sur les opérations de maintien de la paix renforcerait encore le soutien à ces opérations », a-t-il ajouté.  M. Van Oosterom a également défendu l’organisation de comptes rendus publics des représentants/envoyés spéciaux et des hauts-représentants du Secrétaire général, et une plus grande coopération avec la Commission de consolidation de la paix.

Enfin, au plan de l’efficacité, le représentant a réitéré son appel au Conseil de sécurité à intervenir en cas de crimes de masse, en déplorant que celui-ci n’ait pu exercer cette responsabilité dans le passé à cause de l’usage du droit de veto.  Dans ce contexte, il a apporté son soutien à l’initiative de la France et du Mexique visant à limiter l’usage du droit de veto en cas de génocide, crime de guerre ou crime contre l’humanité.

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a souligné que le Conseil et ses organes subsidiaires doivent être efficaces, transparents et bénéficier d’une participation inclusive.  Le Conseil ne devrait recourir aux sanctions qu’avec la plus grande prudence, les différents régimes en vigueur devant minimiser autant que possible l’impact que de telles mesures pourraient avoir sur les plans économique et social.  S’agissant des délibérations du Conseil, le représentant a estimé qu’elles devraient se faire autant que possible en séances publiques, même s’il a reconnu la nécessité des réunions privées et des consultations à huis clos.  Il a apporté son soutien à la proposition franco-mexicaine d’un code de conduite en vertu duquel les membres permanents du Conseil renonceraient au droit de veto dans les cas de crimes de masse.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a insisté sur la nécessité pour le Conseil de sécurité d’entendre les appels en faveur du renforcement du multilatéralisme.  Il a mis en avant plusieurs domaines dans lesquels des avancées notoires pouvaient être faites.  Le Conseil pourrait mieux utiliser les outils à sa disposition, notamment les réunions et comptes rendus informels, pour renforcer les synergies avec les autres organes des Nations Unies et se pencher sur des problèmes de sécurité plus vastes.  Il a cité en exemple la sécurité des petits États insulaires en développement menacés par les changements climatiques, mis à l’ordre du jour du Conseil par la présidence néo-zélandaise.  Le représentant a ensuite souligné l’importance de la prévention.  « Il faut agir en amont plutôt que de réagir », a-t-il insisté, en appelant à renforcer encore l’appui au Département des affaires politiques et la coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Une revitalisation de l’application des Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies, a-t-il défendu, pour privilégier les solutions pacifiques, par le biais des missions de bons offices et des médiations, ainsi que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.

Le représentant a poursuivi en estimant qu’en attendant la réforme du Conseil de sécurité destinée à le rendre « plus transparent, démocratique, efficace, responsable et représentatif », le Conseil pourrait déjà prendre d’autres mesures pour améliorer ses méthodes de travail.  Il a ainsi apporté son soutien à l’initiative conjointe de la France et du Mexique visant à limiter l’exercice du droit de veto aux crimes de masse reconnus par le Statut de Rome.  Enfin, il a appelé le Conseil de sécurité à se pencher systématiquement sur les questions de justice pénale internationale afin de combattre l’impunité. 

M. AMR ABOULATTA (Égypte), qui prenait la parole pour la première fois devant le Conseil depuis l’élection de son pays comme membre non permanent, a estimé que cette « délégation de responsabilité » requiert ouverture et transparence afin de renforcer la légitimité et la crédibilité du Conseil.  Si de nombreux progrès ont été faits ces dernières années, il est toujours nécessaire de faire mieux.  Le Conseil est une instance collective qui suggère une participation égale de ses membres, permanents ou non permanents.  Il doit pouvoir organiser des débats plus inclusifs et plus participatifs, une approche qui permettrait de démocratiser les travaux.  Au moment où le nombre de crises exige l’attention du Conseil à un niveau sans précédent, une plus grande inclusion s’impose d’évidence.  Le Conseil doit impliquer dans sa prise de décisions les pays affectés mais aussi ceux qui ont fourni des contingents militaires ou policiers.

Il est indispensable de renforcer la coopération entre le Conseil et les autres organes de l’ONU, dont l’Assemblée générale et l’ECOSOC mais aussi le Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Le Conseil ne doit non plus oublier de resserrer les liens avec les organisations régionales et sous régionales.  L’une des tâches les plus importantes du Conseil et de l’Assemblée générale, l’an prochain, sera de nommer le nouveau Secrétaire général.  L’Assemblée générale a identifié les nombreuses imperfections du processus depuis 70 ans et avec la résolution 69/321, dont le représentant s’est félicité, elle a noté que cette responsabilité désormais « nous incombe collectivement ».  L’exigence d’efficacité et d’ouverture est réelle, les solutions existent et il est important de faire le bilan de toutes les propositions et de les transformer en mesures concrètes, a conclu le représentant.

Pour Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie), si un élargissement du Conseil permettait de mieux prendre en compte les réflexions et suggestions venues de l’extérieur, le but principal à rechercher serait d’accroître l’appropriation des travaux du Conseil par tous les pays.  « Nous avons pu mesurer l’importance d’une communication substantielle et efficace entre les membres permanents du Conseil et une audience élargie à l’occasion de la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale », a-t-elle indiqué.  Le Groupe ACT, avec le Costa Rica et l’Estonie, s’est trouvé en première ligne et se félicite de l’adoption de cette résolution.  Le plus important reste, cependant, d’en assurer la mise en œuvre, a-t-elle rappelé, en regrettant que de nombreux textes n’aient jamais été appliqués. Il faut changer cette tendance, a-t-elle martelé.

La représentante a également insisté sur le processus de désignation du futur Secrétaire général en demandant de s’assurer que « tous les meilleurs candidats » pourront être considérés sur la base d’une sélection précise.  « Nous voudrions être sûrs que la communauté internationale au sens large aura la possibilité d’entendre les candidats et que nous aurons la possibilité d’interagir avec eux », a-t-elle tenu à préciser.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a énuméré les points sur lesquels son pays attend des avancées.  En ce qui concerne d’abord la prévention des atrocités, elle a apporté son soutien à la proposition visant à limiter l’usage du droit de veto en cas de crime de masse.  Concernant la prévention des conflits, elle a estimé que le Conseil de sécurité devrait faire plus dans ce domaine, en évitant la fragmentation de l’examen de cette question entre les différents organes des Nations Unies et en s’appuyant plus sur les recommandations et avis de la Commission de consolidation de la paix.  Elle a également estimé que le Conseil de sécurité pourrait mieux utiliser les mécanismes d’alerte existants sur les menaces émergeantes.

« Le Conseil de sécurité doit être plus efficace », a souligné la représentante, en défendant une utilisation plus régulière de la palette de réunions, comptes rendus et autres mécanismes de consultation existants.  Abordant les questions de procédure, la déléguée a salué la pratique du consensus.  Elle a cependant estimé qu’en l’absence de consensus, le Conseil ne devrait pas pour autant s’empêcher de prendre les décisions nécessaires.  Insistant sur la nécessité d’améliorer les interactions avec l’Assemble générale, la représentante a salué l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution réclamant plus de transparence dans la procédure de nomination du prochain Secrétaire général.  Elle a ainsi appelé le Conseil à répondre aux attentes exprimées par tous les États Membres avec cette résolution.

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a qualifié la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies de « cruciale ».  Il a estimé que le dialogue et les interactions avec les États qui ne siègent pas au Conseil de sécurité devraient être menés de manière plus régulière et plus poussée, en particulier quand les États sont directement concernés par l’ordre du jour du Conseil de sécurité ou qu’ils sont contributeurs de troupes aux missions de maintien de la paix.  Il a appelé le Conseil à exploiter au mieux les Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies, pour renforcer les mécanismes de coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, et porter plus d’attention à la prévention des conflits et à la recherche de solutions politiques.

Le représentant a défendu une coopération « plus harmonieuse et plus équilibrée » entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, soutenant en particulier la résolution de cette dernière qui appelle à plus de transparence dans la procédure de désignation du prochain Secrétaire général.

Déplorant que l’exercice ou la menace du droit de veto ait empêché le Conseil de sécurité d’agir par le passé, le représentant s’est prononcé pour la suppression de ce droit et, à défaut, son abandon dans les cas impliquant des crimes de masse.  L’amélioration des méthodes de travail du Conseil est nécessaire mais sa réforme est « indispensable » pour qu’il soit à la hauteur des attentes de l’opinion publique.  L’Indonésie va continuer à appeler à des efforts constants pour que le Conseil soit plus démocratique, plus transparent, plus inclusif, plus efficace et plus comptable de ses actes et qu’il reflète le pluralisme de tous les peuples, a-t-il conclu.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souligné que les peuples de la planète attendent du Conseil qu’il les protège des génocides et des crimes les plus graves.  Or, comme au Rwanda ou en Bosnie et, en ce moment même, en Syrie et ailleurs, le Conseil n’y arrive pas toujours.  Ce sont là, a dit le représentant, des exemples qui illustrent le coût de l’inaction.  Certaines crises en cours ne sont même pas inscrites à l’ordre du jour du Conseil, a-t-il fait observer.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, nous nous sommes réunis pour envisager une réforme et proposer un code qui créerait une culture de responsabilité.  Par ce code, les États s’engageraient à appuyer toutes les décisions et initiatives visant à prévenir ou mettre fin aux crises et à ne pas voter contre une résolution allant en ce sens.  À ce jour, 83 États dont 7 membres du Conseil actuel et trois des cinq nouveaux élus qui siègeront à partir de janvier ont déjà signé ce code.  Le représentant s’est dit convaincu que d’autres les rejoindront. 

M. DAVID CAROLL, Observateur du Saint-Siège, a souhaité que les États Membres soient représentés, de manière plus équitable, au sein du Conseil de sécurité, le seul organe des Nations Unies ayant le pouvoir de prendre des décisions contraignantes.  Il a également souhaité que le Conseil base ses décisions sur les avis du nombre le plus large possible de délégations, les vues des États Membres devant être exprimées à l’occasion de « véritables » débats publics sur les différents conflits dont est saisi le Conseil de sécurité.  Pour M. Caroll, les décisions du Conseil seraient plus légitimes si ses résolutions étaient adoptées après qu’un nombre élargi de délégations aient pu s’exprimer, « et non pas avant ».  Il a par ailleurs souligné que le Saint-Siège appuyait toute initiative susceptible de rendre plus efficace l’application du principe de la responsabilité de protéger, en particulier en cas d’atrocités de masse.

Au nom du Mouvement des non-alignés, M. GOLAM ALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a rappelé que la transparence, l’ouverture et la cohérence devaient être les éléments clefs guidant l’action du Conseil.  Il a souligné que l’ensemble des propositions de son Mouvement était contenu dans le « Document final I ».  Il a passé en revue plusieurs priorités: les règles de procédure doivent être formalisées pour améliorer la transparence du Conseil; le nombre de réunions publiques doit être augmenté, en particulier quand elles font intervenir des États qui ne siègent pas au Conseil; les réunions à huis clos ou les consultations informelles doivent être l’exception et pas la règle, et doivent inclure les comptes rendus des envoyés spéciaux et des représentants spéciaux du Secrétaire général; la création des organes subsidiaires doit se faire dans le respect des règles et de l’esprit de la Charte; les rapports annuels du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale doivent être plus précis et plus analytiques et mettre en avant les succès mais aussi les échecs; les résolutions de l’Assemblée générale sur les questions de paix et de sécurité doivent être prises en considération; les tentatives de s’approprier des questions inscrites à l’agenda de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social (ECOSOC) doivent cesser.

Le représentant a déploré que le Conseil de sécurité soit mis au service des intérêts politiques de quelques États, réitérant l’appel de son Mouvement en faveur d’un travail « non sélectif, impartial et responsable ».  Il faut que le Conseil agisse strictement dans le cadre des attributions accordées par la Charte, a-t-il ajouté, avant d’insister sur le rôle central de l’Assemblée générale pour la nomination du prochain Secrétaire général.

M. JOSEPH TEO (Singapour) a tout d’abord déclaré que les membres permanents du Conseil de sécurité devraient s’abstenir de faire usage de leur droit de veto dans les cas d’atrocités de masse et de crimes contre l’humanité, appuyant lui aussi la proposition de code de conduite du Conseil de sécurité faite par le Groupe « Responsabilité, cohérence et transparence (ACT) ».  Il a ensuite encouragé le Conseil à adopter ses règles de procédure, qui ne sont actuellement que « provisoires », et ce, afin d’améliorer la transparence et la responsabilité de ses travaux.  En outre, a expliqué le représentant, le Conseil devrait engager les États Membres à prendre part à un « cycle vertueux de dialogue et de prise de décisions efficaces ».  La nomination, l’an prochain, du nouveau Secrétaire général devrait fournir au Conseil l’occasion de travailler en étroite coopération avec l’Assemblée générale dans le cadre de ce processus de sélection, a ajouté le délégué avant de conclure. 

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) , dont le pays est nouvellement élu au Conseil pour siéger à partir de janvier, a souligné qu’en tant qu’État soutenant les opérations de maintien de la paix, l’Uruguay souhaite particulièrement voir aboutir le processus d’examen de l’architecture du maintien et de consolidation de la paix de l’ONU.  Le rapport du Groupe d’experts indépendants, a-t-elle souligné, préconise que la priorité soit accordée aux consultations avec les pays fournisseurs de contingents et de police pour améliorer l’exécution des mandats voire leur l’élaboration.  La représentante a souligné l’importance qu’il y a à aller vite car on assiste, a-t-elle remarqué, à une recrudescence des attaques violentes contre les contingents qui partent avec des mandats de plus en plus offensifs.

Il faut entendre les acteurs sur le terrain.  Nous avons les outils mais encore faut-il les utiliser.  La résolution 1353 et les déclarations de la présidence consacrent des mécanismes de consultations avant tout déploiement.  Il est toujours possible d’améliorer le partage des informations et l’interaction entre ceux qui fixent les mandats et ceux qui les appliquent sur le terrain, a insisté la représentante. 

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a estimé que les changements « cosmétiques » apportés aux méthodes de travail du Conseil n’étaient pas de nature à promouvoir la réforme dont a besoin cet organe, à commencer par l’élargissement du nombre de ses membres.  De plus, a-t-il dit, le Conseil doit travailler en étroite coopération, mais dans la limite de leurs mandats respectifs, avec l’Assemblée générale dans la recherche de solutions à la pléthore de défis qui se posent aujourd’hui à la communauté internationale.  Par ailleurs, une coordination renforcée est nécessaire entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  D’une manière générale, a estimé le délégué, le renforcement de la relation entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales contribue à assurer le succès dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil, a-t-elle dit, doit faire des progrès en direction de l’adoption de son règlement intérieur, qui continue d’être provisoire 70 ans après la création de cet organe.  

M. ÁLVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a souhaité rendre les débats publics plus efficaces, par exemple en arrivant à les clore en une seule séance si chacun concentre ses messages comme l’a souhaité la présidence espagnole.  Il a également suggéré des réunions régulières avec l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix.  Le Conseil, a-t-il insisté, doit réfléchir à la façon de mieux utiliser les organes subsidiaires de l’ONU pour répondre aux menaces à la paix et la sécurité internationales comme les changements climatiques ou les pandémies.

« Nous n’appuyons pas les réunions sans fin pour retarder la prise de décision », a-t-il insisté, car le Conseil a vocation à décider et n’est pas une enceinte de débat.  Mais les réunions « rondement menées » peuvent être importantes pour prendre des décisions cohérentes.  La diversité de l’ONU est sa force et la sécurité est liée à tellement d’aspects que le Conseil ne peut s’affranchir de l’expérience des autres États.  Bien au contraire, a insisté le représentant, il peut en bénéficier.  Les membres du Conseil doivent réfléchir à institutionnaliser les échanges interactifs.

Mme ELIF ÇALIŞKAN (Turquie) a, lui aussi, apporté son soutien à la proposition défendue par la France et le Mexique, ainsi que par le Liechtenstein au nom du « Groupe responsabilité, cohérence et transparence » concernant la restriction de l’exercice du droit de veto.  Il a aussi attiré l’attention sur le processus de sélection du Secrétaire général, une question qui met précisément en lumière les liens entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  S’il s’est félicité de la décision que vient de prendre l’Assemblée sur la revitalisation de ses travaux, il a toutefois regretté qu’aucune référence n’ait été faite à une date butoir ou à un nombre de candidats.  Après avoir insisté sur l’importance de l’interaction entre le Conseil et les autres entités de l’ONU à savoir l’Assemblée mais aussi l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix, il a aussi mis l’accent sur les liens entre l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales et les pays qui n’en font pas partie.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a appelé à développer les relations entre le Conseil de sécurité et les autres organes de l’ONU, en particulier avec l'Assemblée générale.  Il a appelé à une coopération étroite entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale pour toutes les questions relevant des prérogatives de l’Assemblée, mais aussi avec l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Le Conseil de sécurité devrait faire un meilleur usage des fonctions de conseil de la CCP, a insisté le représentant du Brésil avant de mettre l’accent sur la valeur ajoutée des rencontres informelles entre les présidents des configurations pays de la CCP et les membres du Conseil de sécurité.  Il a souligné qu’il était indispensable que le Conseil de sécurité s’appuie sur les rôles de prévention et d’alerte précoce de la CCP.  Les membres non permanents du Conseil de sécurité doivent non seulement participer aux négociations, mais aussi prendre l’initiative de la rédaction et des propositions.  Le délégué du Brésil a rappelé, à cet égard, que l’une des initiatives les plus constructives relative à la Syrie, qui avait conduit à l’adoption de la résolution 2139 (2014) sur l’accès humanitaire au pays, avait été conduite par trois membres non permanents.  Il a également indiqué que l’adoption de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité a abouti grâce à la persistance de membres non permanents, sous la direction de la Namibie il y a 15 ans. 

Pour M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay), transparence, participation et responsabilité sont les principes fondamentaux à respecter pour les travaux du Conseil de sécurité.  La transparence, à chaque étape des travaux, est nécessaire alors que les réunions publiques ne sont aujourd’hui que l’exception et non pas la règle.  C’est pourquoi, les États non membres du Conseil ne peuvent pas influencer ses décisions.  S’agissant de la participation, il a indiqué que celle des membres non permanents du Conseil doit être égale à celle des membres permanents, sinon ces derniers continueront d’imposer leur position aux autres et affaibliraient ainsi le processus démocratique des décisions.  Les États qui ne siègent pas au Conseil doivent pouvoir être associés aux travaux qui les concernent.  Pour ce faire, ces travaux doivent être annoncés suffisamment à l’avance, a demandé le représentant.  Enfin pour la responsabilité, « quand on agit au nom de tous, on doit devoir rendre des comptes », a estimé le représentant, en regrettant que les rapports annuels du Conseil à l’Assemblée générale n’apportent pas une analyse de fond, au lieu d’une simple liste de réunions présentées par ordre chronologique.  Il a ensuite souhaité que le choix du prochain Secrétaire général soit « transparent et inclusif », et soit assuré à la fois par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.

En conclusion, a-t-il résumé, le Conseil a pris en considération un certain nombre de propositions transmises par l’Assemblée et des États Membres et certaines ont été intégrées. Il a ainsi appelé les membres du Conseil à tenir compte des propositions issues du présent débat.

M. JUAN CARLOS MENDOZA (Costa Rica) a souligné la nécessité d’une communication plus fluide et dynamique entre le Conseil de sécurité et les autres organes, non seulement avec l'Assemblée générale, l’ECOSOC et le Secrétariat, mais aussi avec la Commission de consolidation de la paix (CCP), les représentants et envoyés spéciaux du Secrétaire général et surtout la Cour pénale internationale et la Cour internationale de Justice.  Cette communication devrait être étendue aux commissions régionales et sous-régionales, a estimé M. Mendoza.  Il a salué la contribution des membres non permanents du Conseil de sécurité en les invitant à s’assurer que le Conseil de sécurité améliore la transparence de ses travaux.  Il a souligné l’importance du rôle du Secrétaire général à travers son rôle de bons offices ou son initiative « Les droits avant tout ».  M. Mendoza s’est dit convaincu que l’élection du prochain Secrétaire général sera une opportunité de gagner encore en transparence et de renforcer les relations entre l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Il s’est félicité que le processus de sélection du prochain Secrétaire général de l’ONU permettra, pour la première fois, aux États Membres de dialoguer avec les divers candidats. 

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a souligné qu’il était important de débattre des travaux du Conseil dans la perspective de l’élection du prochain Secrétaire général avec deux concepts essentiels -la transparence et l’éthique- qui doivent prévaloir à tous les niveaux du processus et de l’organisation.  Les structures internes de l’ONU n’ont pas toujours évolué en 70 ans, ainsi de la composition du Conseil, a-t-elle constaté.  L’idée est donc simplement de faire en sorte que l’Organisation soit composée de manière à mieux correspondre aux réalités géopolitiques actuelles.  L’ONU et le Conseil doivent se montrer à la hauteur des enjeux et il convient de renforcer le débat pour des prises de décisions appropriées au nom des 193 États Membres.  Les fonctions attribuées au Conseil par la Charte, 70 ans après, demeurent pertinentes mais il doit se montrer plus transparent, plus efficace et plus responsable. 

Elle a souhaité que le recours au veto soit limité en cas de crime grave et a appuyé le code de conduite proposé par le Liechtenstein, tout en suivant « de près » l’initiative conjointe de la France et du Mexique.  Enfin, le Panama souhaite une large participation des États au Conseil de sécurité, surtout des pays en développement, qui demandent une plus grande transparence dans la prise de décisions.  Le veto a peut-être eu son utilité en 1945 mais, aujourd’hui, les pays, même les plus petits, exigent un principe d’égalité.

M. JIRI ELLINGER (République tchèque) a souhaité que le débat insiste sur la possibilité de rendre le Conseil plus transparent.  À ses yeux, l’élection du Secrétaire général est un aspect « essentiel »  de la transparence.  Il a souhaité une réforme du mode d’élection et salué l’idée que les candidats viennent se présenter devant l’Assemblée générale pour garantir la transparence et l’éthique du processus.  Le représentant a rappelé que la République tchèque présentera demain sa candidature à l’ECOSOC.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est rallié à la déclaration faite par la Suisse, au nom du Groupe ACT, en insistant, en particulier, sur la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale qui appelle à une procédure inclusive et transparente pour la désignation du prochain Secrétaire général de l’ONU.  Il a ensuite indiqué que, par souci de transparence, le Conseil de sécurité devrait tenir plus de réunions publiques sur des questions de fond.  « Les débats ouverts permettent aux pays qui ne siègent pas au Conseil de sécurité de s’exprimer », a-t-il insisté.

Abordant la question de la démocratisation du Conseil de sécurité, il a estimé que « l’objectif ultime est l’élimination du droit de veto », avant d’appuyer tous les efforts visant à le limiter, notamment l’initiative conjointe de la France et du Mexique qui limite l’usage du droit de veto en cas de crimes de masse ou de violations du droit international humanitaire.  Il a précisé que le Groupe ACT travaillait également sur un code de conduite qui limite la possibilité de voter contre une résolution dont l’objectif est de mettre fin à un génocide ou des crimes contre l’humanité.  En conclusion, il a souhaité une intensification des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  « Les membres du Conseil de sécurité doivent tenir compte de l’avis des pays contributeurs quand ils fixent les mandats ou les reconduisent », a-t-il insisté.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a salué l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité au cours des dernières années, mais il a souhaité revenir sur plusieurs points qui restent des priorités pour son pays.  Il a souligné que le Conseil de sécurité devait continuer de renforcer son ouverture, sa transparence et son inclusion dans les processus de prise de décisions.  Il a demandé un élargissement des débats et l’organisation de plus de réunions publiques ou de comptes rendus pour impliquer les pays qui ne siègent pas au Conseil mais sont directement concernés, notamment les pays contributeurs de troupes.  Le représentant a ensuite mis en avant la nécessité de mettre réellement en œuvre les décisions destinées à améliorer les méthodes de travail du Conseil, citant en exemple une initiative proposée par le Pakistan lorsqu’il occupait la présidence.

Il a poursuivi en défendant des procédures plus transparentes et une représentation plus équilibrée dans les panels d’experts désignés par le Conseil de sécurité.  Il a également plaidé pour plus d’indépendance du Bureau du Médiateur, estimant qu’il n’y avait aucune justification pour que son rôle soit limité aux seuls comités des sanctions.  Pour renforcer les relations entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, il a souhaité que soient organisées plus de réunions publiques.  Abordant la question de la désignation du prochain Secrétaire général, le représentant a déploré une procédure « opaque » qui nuit à l’ensemble des Nations unies, avant de qualifier le Conseil de sécurité de « maître dans l’établissement de ses propres règles de procédure » et d’appeler à plus de responsabilité de la part de ses membres permanents.  

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a estimé que les réformes apportées jusqu’à présent n’étaient que « purement formelles » et ne garantissaient pas de véritables changements dans l’organisation des travaux du Conseil de sécurité.  Seuls les membres permanents sont amenés à prendre les décisions fondamentales et parfois, certains d’entre eux ne sont même pas consultés.  Quant aux membres élus du Conseil, ils doivent soit accepter le fait accompli, soit décider de ne pas se rallier à la décision sans pour autant avoir la possibilité de faire approuver des amendements.  Le débat public doit permettre aux membres du Conseil d’apporter leur analyse, ce ne sont pas des exercices de pure forme, a-t-il dit, en faisant remarquer que les membres du Conseil n’attendaient même pas la fin d’un débat pour prendre une décision.

Le représentant a ainsi demandé que le Conseil organise davantage de réunions publiques.  L’État concerné par le point à l’ordre du jour doit pouvoir participer à la réunion du Conseil convoquée pour examiner la question.  Dans les résolutions et déclarations du Conseil, il faudrait tenir compte des avis des autres États Membres de l’Organisation et des autres organes de l’ONU, a-t-il recommandé.  Le représentant de Cuba s’est dit préoccupé de constater que de plus en plus, ce Conseil assume des fonctions qui ne lui sont pas attribuées et qui sont dévolues à d’autres organes de l’ONU.  Avant de conclure, « le veto est un privilège anachronique » et « antidémocratique » qui doit être éliminé.  Un Conseil plus transparent sera plus légitime et tiendra compte de tous les membres, a-t-il estimé, en précisant que les idées ne manquent pas, mais il faut agir immédiatement.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a rappelé que son pays était membre non permanent du Conseil pour la période 2016-2017 et qu’il entendait à cette occasion œuvré pour une amélioration des méthodes de travail du Conseil, conformément aux engagements pris par l’Ukraine lors de sa « campagne électorale ».  Il s’est engagé à renforcer l’interaction avec chaque État Membre et plus généralement à promouvoir le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies.  « C’est par le dialogue permanent, les consultations et l’accès au Conseil de toutes les délégations que l’Ukraine entend maintenir ses contacts rapprochés avec tous ceux qui ont un intérêt dans les travaux quotidiens du Conseil », a déclaré le représentant.

Soulignant que le Conseil de sécurité était attendu sur la nomination du prochain Secrétaire général, il a défendu une mise en œuvre complète de la résolution de l’Assemblée générale 69/321 qui stipule que « le processus doit être guidé par les principes de transparence et d’inclusion ».  Il a défendu la présence des pays contributeurs de troupes aux travaux du Conseil dès lors que les débats portent sur une mission de maintien de la paix dans laquelle ils sont impliqués.  « Cette participation doit s’étendre à toute la durée des missions. »

Le représentant a également souligné que la diplomatie préventive, les médiations et les missions politiques visant à une résolution pacifique des conflits devaient devenir la priorité du Conseil.  Il a aussi estimé que le droit de veto n’était plus utilisé pour les raisons initialement prévues.  Il a donc soutenu la proposition de la France et du Mexique d’y renoncer dans les cas de crimes de masse.  L’étape suivante pourrait être « l’interdiction du droit de veto en cas d’agression contre un État Membre des Nations Unies », a-t-il suggéré.  Il a également proposé que les États qui ont recours au veto soient contraints d’en expliquer les raisons.  Il a enfin demandé qu’un État membre du Conseil, permanent ou non permanent, ne puisse pas participer aux votes dès lors qu’il est partie prenante à un conflit.

M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a rappelé que le Conseil de sécurité avait de nombreuses responsabilités qui rendent nécessaire la coordination de cet organe avec d’autres entités du système des Nations Unies.  Soucieux d’éviter les doublons, le représentant a dénoncé la tendance du Conseil à empiéter sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Tout en reconnaissant que des liens évidents existent entre stabilité et développement, il a tenu à souligné que « la paix n’est pas le seul facteur à peser sur le développement ».  Sa délégation a en outre regretté le manque de progrès accomplis au cours de ces dernières années en ce qui concerne le respect des procédures, y compris pour l’inscription et la radiation d’individus et d’entités des listes établies par les comités de sanctions.  C’est pourquoi, le représentant a souhaité la généralisation du mécanisme du Médiateur à l’ensemble des régimes de sanctions en vigueur.  Concernant l’élection du prochain Secrétaire général de l’ONU en 2016, le représentant de l’Argentine a plaidé pour que le processus de sélection corresponde à une véritable élection.  À cet égard, il a estimé que la résolution, adoptée le 11 septembre dernier, « si elle n’est pas parfaite », n’en reste pas moins un pas dans la bonne direction. 

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a souhaité la tenue d’un plus grand nombre de débats publics au Conseil et la formalisation des règles de procédure, lesquelles, a-t-il fait remarquer, sont « provisoires depuis 70 ans ».  Le Conseil doit établir des organes subsidiaires en conformité avec la Charte des Nations Unies et ces organes, a-t-il dit, doivent fréquemment faire le point sur leurs activités devant l’ensemble des États Membres.  M. Boukadoum a souligné que la coopération du Conseil avec les organisations régionales et sous-régionales était cruciale.  Les questions examinées par l’ECOSOC ne devaient pas être inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a-t-il soutenu.  Le rapport du Conseil soumis à l’Assemblée doit être plus détaillé, a recommandé M. Boukadoum.  Enfin, le délégué de l’Algérie a rappelé que l’amélioration des méthodes de travail du Conseil faisait partie intégrante de la réforme de cet organe et rappelé la position africaine commune à ce sujet, telle que contenue dans le Consensus d’Ezulwini.

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération et la coordination entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies.  Il a déploré que les propositions formulées ces dernières années par les États Membres n’aient pas encore été concrétisées, citant en premier lieu le processus de désignation du Secrétaire général.  Réaffirmant le soutien de sa délégation à la résolution 69/321 de l’Assemblée générale qui appelle à une procédure plus transparente et inclusive, le représentant a souhaité que le processus commence le plus tôt possible, qu’une liste de critères pour le poste de Secrétaire général soit clairement établie et que des consultations démarrent avec l’ensemble des États Membres.  Il a également estimé que les noms et les biographies des candidats circulent afin que les délégations puissent avoir un échange officiel avec les avec les candidats sur leurs projets.  Il a également appelé le Conseil de sécurité à proposer plusieurs noms à l’Assemblée générale, afin de laisser l’ensemble des États Membres choisir. 

Le représentant s’est ensuite félicité de la coopération qui existe entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine.  Il a toutefois appelé à l’organisation de réunions consultatives plus régulières afin de formuler des stratégies adaptées au cas par cas.  Se félicitant ensuite des débats en cours visant à éliminer ou à limiter l’usage du droit de veto, le représentant a souligné que la question fondamentale était, d’abord et avant tout, celle d’une réforme profonde du Conseil de sécurité et de ses méthodes de travail.  Il a ainsi plaidé pour une refonte de sa représentativité pour qu’elle corresponde aux réalités géopolitiques actuelles.  À cet égard, il a rappelé le Consensus d’Ezulwini, qui accorderait au continent africain deux sièges permanents et cinq sièges non permanents au Conseil de sécurité.   

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) s’est rangé derrière les déclarations faites par l’Iran au nom du Mouvement des non-alignés.  Il a souhaité que la réforme des méthodes de travail du Conseil de sécurité ne soit pas « une demi-mesure » mais renforce son efficacité et sa légitimité.  Plaidant pour des changements « progressifs », le représentant a mis en avant la nécessité d’avancer l’élection des membres non permanents pour qu’ils disposent d’une année pour se préparer à exercer leurs responsabilités.

« Le Conseil de sécurité ne devrait pas continuer à donner l’impression qu’il prend en otage l’agenda d’autres organes des Nations Unies, qu’il passe son temps à s’en autocongratuler et qu’il se contente de petites actions qui font porter à d’autres organes de l’ONU les conséquences de son inaction », a poursuivi le représentant, avant de dénoncer aussi la pratique consistant à adopter des conclusions avant même la tenue des débats.  Il a également appelé à changer la pratique qui permet aux États Membres de voter deux fois, au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, citant en exemple la désignation des juges à la Cour internationale de Justice.

Enfin, il a estimé que le mandat du Secrétaire général des Nations Unies ne devrait pas être renouvelable, pour être sûr qu’il produise des résultats « forts » et « efficaces » et qu’il ne soit pas « focalisé sur sa réélection ».  Le représentant a appelé les États Membres à s’inspirer de la nouvelle Constitution du Népal pour mettre en œuvre l’égalité des sexes aux postes les plus élevés.

M. SANA MABONEZA (Rwanda) a plaidé en faveur d’un processus de désignation du Secrétaire général plus transparent, plus inclusif et plus crédible dans le droit fil de la résolution que l’Assemblée générale a adoptée le 11 septembre dernier.  Il a appuyé la proposition de la France et du Mexique visant à renoncer au droit de veto pour les crimes graves.  Il a souligné l’importance des réunions tenues en vertu de la « formule Arria » et des dialogues informels, avant de souhaiter une interaction plus systématique entre le Conseil, les pays contributeurs de troupes et les organisations régionales et sous-régionales.  Tous les États Membres devraient pouvoir participer aux séances récapitulatives du Conseil pour évaluer ses travaux, a-t-il déclaré, avant d’appeler de ses vœux à la réforme du Conseil, dans les deux catégories de membres, avec le maintien des prérogatives actuelles, y compris le droit de veto.

S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a déclaré que la communauté internationale faisait face à de nombreux défis, de plus en plus complexes auxquels le Conseil devrait répondre.  Pour la délégation, l’efficacité de cet organe dépend principalement de l’amélioration de ses méthodes de travail, à commencer par l’adoption d’un règlement intérieur permanent.  Le représentant a également plaidé pour que les États concernés par les points inscrits à l’ordre du jour du Conseil puissent participer à ses délibérations et y faire des contributions pertinentes.  Par ailleurs, a-t-il dit, il est nécessaire de réduire au minimum les réunions officieuses et à huis clos, « qui doivent devenir l’exception et non plus la règle ».  Le Groupe des États arabes, a ajouté le délégué, engage en outre les organes subsidiaires du Conseil à produire des rapports sur leurs travaux dont pourraient prendre connaissance les États Membres.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a souligné la nécessité d’améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité.  La réforme du fonctionnement est nécessaire afin de rendre le Conseil plus représentatif, a-t-il dit, en déplorant que le continent africain ne soit pas représenté de manière permanente au sein de ce Conseil.  Il a déploré que la plupart des réunions du Conseil se déroulent à huis clos, même si le nombre de débats publics, a-t-il reconnu, a augmenté.  Au nom de la transparence, il a souhaité que les États concernés participent aux consultations du Conseil.  Enfin, le délégué du Soudan a rappelé que le Conseil devrait agir en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies « avec soin et à bon escient ». 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a déclaré qu’il était impératif pour le Conseil d’améliorer la transparence de ses travaux et sa communication avec l’ensemble des États Membres des Nations Unies.  Dans ce contexte, si elle s’est félicitée des récents progrès accomplis dans la mise en œuvre de la note présidentielle S/2010/507, la Tunisie a estimé que des efforts redoublés devraient être fournis pour améliorer les relations entre le Conseil et les pays qui n’en sont pas membres, particulièrement ceux qui sont concernés par les décisions de cet organe.  De même, la coordination entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies, y compris l’Assemblée générale et l’ECOSOC, devrait être renforcée, a poursuivi le représentant. Pour M. Khiari, le processus de sélection du prochain Secrétaire général devrait être davantage transparent et inclusif et prendre en considération les critères de genre et de répartition géographique des candidats et encourager les candidatures de femmes.  Par ailleurs, s’agissant des restrictions applicables à l’usage du droit de veto par les membres permanents, il a estimé lui aussi que la proposition française de « code de conduite » était bienvenue. 

M. HAH CHOONG-HEE (République de Corée) a rappelé l’importance d’améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, plaidant en premier lieu pour un accroissement des réunions publiques et autres consultations ou comptes rendus avec les représentants spéciaux et les conseillers spéciaux du Secrétaire général.  Il a également insisté sur la nécessité de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies, notamment l’Assemblée générale, l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix.  Le représentant a ensuite réitéré son appui à la mise en œuvre des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix et visant à renforcer les actions préventives du Conseil de sécurité et le dialogue qu’il entretient avec les pays contributeurs de troupes.  Enfin, le représentant a salué l’adoption de la résolution 69/321 de l’Assemblée générale qui appelle à un processus de désignation du Secrétaire général « plus transparent et plus inclusif. »      

M. ROMAN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a pris la parole pour résumer les principales tendances qui se sont dégagées lors du débat d’aujourd’hui.  Il a mis en exergue la proposition de l’Angola visant à rendre plus inclusive l’élaboration des textes du Conseil et celle du Japon en vue d’une meilleure interaction avec les organes subsidiaires.  Il a évoqué la question du veto et la proposition franco-mexicaine de le limiter en cas de crimes graves.  Il a noté le souhait de certains États Membres pour que le Conseil tienne un plus grand nombre de débats publics et, à la fin de chaque présidence tournante du Conseil, des séances récapitulatives.  Il a également mentionné les pays qui appuient un processus de désignation du Secrétaire général ouvert et inclusif, ainsi que ceux qui souhaitent la candidature d’une femme à ce poste.  L’Espagne va donner suite à la réunion d’aujourd’hui sous la forme d’un résumé des recommandations qui ont été avancées, a-t-il assuré avant de conclure.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité adopte son projet de rapport annuel

7538e séance – matin
CS/12087

Le Conseil de sécurité adopte son projet de rapport annuel

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, son projet de rapport annuel à l’Assemblée générale pour la période du 1er août 2014 au 31 juillet 2015.  Cette décision sera reflétée dans une note du Président du Conseil qui sera publiée prochainement sous la cote S/2015/771, a indiqué le Président du Conseil pour le mois d’octobre, M. Román Oyarzun Marchesi, de l’Espagne. 

Le représentant de la Nouvelle-Zélande, M. Gerard van Bohemen, a présenté le projet de rapport en sa qualité de Président du Conseil pour mois de juillet 2015.  Il a ainsi souligné qu’à la demande du Conseil, sa délégation avait adopté une approche révisée en fournissant une introduction de moitié plus courte que les précédentes et en s’efforçant d’y faire un résumé des travaux au cours de la période à l’examen.

Reconnaissant que l’introduction « n’allait pas aussi loin que certains l’auraient souhaité », M. van Bohemen a déclaré qu’une attention supplémentaire aurait dû être accordée aux performances du Conseil.

Le représentant a par ailleurs remercié le Groupe de travail sur la documentation et autres questions de procédure pour ses efforts visant à déterminer « la meilleure approche pour l'avenir ».  Il a exprimé une appréciation particulière aux délégations de la Lituanie et de la Fédération de Russie.

Il a également pris note des appels lancés par des membres du Conseil en faveur du renforcement du dialogue avec l'Assemblée générale.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

République centrafricaine: devant la recrudescence des violences, le Conseil de sécurité menace les responsables de sanctions

7537e séance – matin
CS/12086

République centrafricaine: devant la recrudescence des violences, le Conseil de sécurité menace les responsables de sanctions

Profondément préoccupé par la recrudescence de la violence et de l’instabilité en République centrafricaine, le Conseil de sécurité a condamné, ce matin, avec fermeté toutes les attaques contre des civils et les soldats de la paix des Nations Unies, les violences intercommunautaires et celles visant les femmes et les enfants, ainsi que les pillages des locaux des organisations humanitaires.

Dans une déclaration lue par le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, l’Ambassadeur Román Oyarzun Marchesi, de l’Espagne, le Conseil souligne que ces attaques peuvent constituer des « crimes de guerre » et « qu’il importe d’amener à répondre de leurs actes les responsables de toutes les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire ».

En outre, le texte souligne que ceux qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine, « mettent en péril ou entravent la transition politique » et dirigent des attaques contre des civils ou des soldats de la paix, pourraient être visés par les sanctions prévues par sa résolution 2196 (2015).

Le Conseil réaffirme également son intention d’élargir la liste de personnes et d’entités maintenue par le Comité des sanctions établi en application de sa résolution 2127 (2013) aux responsables de la récente explosion de violence.

Après avoir réaffirmé que certains de ces actes pouvaient constituer des crimes au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, auquel la République centrafricaine est partie, le Conseil souligne aussi le rôle que la Cour pénale spéciale centrafricaine pourrait jouer pour identifier les responsables et les traduire en justice.

Dès lors, ajoute le Conseil, il y a « urgence » à ce qu’elle assume ses fonctions et prie, ainsi, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) d’apporter un appui technique en ce sens et de renforcer les capacités des autorités centrafricaines.

Le Conseil réaffirme aussi « l’importance critique et l’urgence » de tenir, avant la fin 2015, le référendum constitutionnel ainsi que le premier tour des élections présidentielle et législatives, conformément à la Charte constitutionnelle de transition.  À cet égard, les autorités de transition sont invitées « à adopter et publier sans plus tarder un calendrier révisé pour la tenue d’élections le plus tôt possible ».

 

*     S/RES/2196 (2015)
**    S/RES/2127 (2013)

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité s’est dit profondément préoccupé par la recrudescence récente de la violence et de l’instabilité en République centrafricaine visant à déstabiliser le pays et à compromettre le processus de transition. Il condamne avec fermeté cette violence, y compris toutes les attaques contre des civils, les violences intercommunautaires, celles visant les femmes et les enfants, les pillages des locaux des organisations humanitaires et les attaques contre les soldats de la paix des Nations Unies.

Le Conseil souligne que ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre et qu’il importe d’amener à répondre de leurs actes les responsables de toutes les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire et des atteintes à ces droits.

Le Conseil souligne également que ceux qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine, mettent en péril ou entravent la transition politique et dirigent des attaques contre des civils ou des soldats de la paix pourraient répondre aux critères de désignation en vertu des sanctions énoncées dans sa résolution 2196 (2015).

Le Conseil renouvelle sa ferme condamnation de toutes les violations du droit international applicable et exige que toutes les parties concernées respectent strictement les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme et appliquent ses décisions.

Le Conseil réaffirme son soutien aux autorités de transition sous la direction de Mme Catherine Samba-Panza, Chef de l’État de transition, et demande à toutes les parties prenantes centrafricaines de s’engager en faveur de la paix et de la réconciliation en mettant en œuvre les accords adoptés en mai 2015 lors du Forum de Bangui.

Le Conseil renouvelle sa décision d’appliquer les mesures de gel des avoirs et d’interdiction de voyager énoncées aux paragraphes 4 et 7 de sa résolution 2196 (2015) aux personnes et entités se livrant ou apportant un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République centrafricaine conformément aux paragraphes 11 et 12 de la résolution 2196 (2015). Il réaffirme également son intention d’élargir la liste de personnes et d’entités maintenue par le Comité des sanctions établi en application de sa résolution 2127 (2013) aux responsables de la récente explosion de violence, en particulier ceux qui ont fourni un appui à des personnes ou entités déjà sanctionnées par le Comité ou agi pour leur compte, en leur nom ou sur leurs instructions.

Le Conseil réaffirme que les responsables des récentes violences, qu’ils en soient les auteurs ou y aient participé, devront répondre de leurs actes et que certains de ces récents actes de violence peuvent constituer des crimes au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, auquel la République centrafricaine est État partie.  Il accueille avec satisfaction à cet égard la déclaration du 30 septembre 2015 du Procureur de la Cour concernant la flambée récente de violences en République centrafricaine, dans laquelle il a rappelé qu’une année auparavant, sur saisine des autorités centrafricaines, il avait ouvert une enquête sur les infractions pénales commises dans le pays depuis le 1er août 2012.

Le Conseil demande aux autorités de transition de lancer, avec l’assistance technique de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), des enquêtes pour identifier les responsables et les traduire en justice.

Le Conseil souligne le rôle que la Cour pénale spéciale du pays pourrait jouer à cet égard ainsi que l’urgence qu’il y a à ce qu’elle assume ses fonctions et insiste sur la nécessité pour la MINUSCA d’apporter un appui technique et de renforcer les capacités des autorités centrafricaines conformément à l’alinéa g) du paragraphe 32 de la résolution 2217 (2015) définissant le mandat de la Cour.

Le Conseil exprime sa préoccupation devant les évasions de prison qui se multiplient en République centrafricaine et ont des retombées sur la lutte contre l’impunité et les efforts visant à stabiliser le pays, demande aux autorités de transition de redoubler d’efforts, avec l’appui de la MINUSCA, selon que de besoin et conformément à son mandat, pour mener des enquêtes, lancer des poursuites et détenir les prisonniers de manière sûre et humaine. Il se dit également préoccupé par les informations selon lesquelles certains éléments des Forces armées centrafricaines (FACA) auraient participé aux récents incidents à Bangui, ce qui souligne la nécessité d’organiser des formations et d’effectuer rapidement la réforme du secteur de la sécurité, et notamment de mener à bien le processus d’agrément solide et d’appliquer le principe de responsabilité au sein des forces de défense et de sécurité, avant le retour des FACA à des tâches opérationnelles.

Le Conseil exige que tous ceux qui cherchent à affaiblir le gouvernement de transition de l’intérieur et de l’extérieur du pays, y compris les milices et les groupes armés non étatiques, cessent immédiatement toute forme de violence et toute activité de déstabilisation, déposent leurs armes et appliquent intégralement l’Accord de cessation des hostilités en République centrafricaine, signé le 23 juillet 2014 à Brazzaville (Congo), et l’accord de principe sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration et la réforme du secteur de la sécurité adopté lors du Forum de Bangui de mai 2015.

Le Conseil prend note des importants progrès accomplis en République centrafricaine dans le processus d’inscription des électeurs sur les listes électorales, dont le nombre à ce jour est plus élevé que jamais auparavant, demande que ce processus soit mené rapidement à son terme et souligne l’importance d’enregistrer l’ensemble de la population centrafricaine, y compris les réfugiés se trouvant dans les États voisins.

Le Conseil réaffirme l’importance critique et l’urgence de tenir avant la fin de 2015 le référendum constitutionnel ainsi que le premier tour des élections présidentielle et législatives ouvertes à tous, de manière libre, régulière et transparente, conformément à la Charte constitutionnelle de transition. À cet égard, il souligne que les dispositions de la Charte constitutionnelle doivent être strictement et intégralement appliquées et invite les autorités de transition, y compris l’Autorité nationale des élections (ANE) et le Conseil national de transition, à adopter et publier sans plus tarder un calendrier révisé pour la tenue d’élections le plus tôt possible. Il demande également à l’ANE de poursuivre sans délai les préparatifs du référendum et des élections.

Le Conseil souligne qu’il convient de n’épargner aucun effort pour assurer la paix et la réconciliation en République centrafricaine, salue à cet égard l’action conjointe des chefs religieux du pays en faveur de la paix intercommunautaire et demande aux autorités de prendre toutes les mesures nécessaires pour créer les conditions d’une réconciliation durable, notamment en protégeant les civils de toute violence à motivation religieuse ou ethnique.

Le Conseil souligne qu’il est essentiel, pour promouvoir une paix et une stabilité durables en République centrafricaine, que la région, y compris le Médiateur international, le Président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et les pays de la sous-région ainsi que l’Union africaine et le système des Nations Unies, en tant que parties prenantes à la médiation, continuent de jouer leur rôle. Il encourage les pays de la région à continuer de faire usage de leur influence et de tenir des réunions régionales pour encourager les progrès de la transition en direction d’élections et à empêcher les fauteurs de troubles, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, de chercher à compromettre ces processus.

Le Conseil demande aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police à la MINUSCA d’accroître leurs capacités et invite les autres États Membres à fournir l’appui nécessaire pour leur permettre sans autre retard de parvenir aux normes des Nations Unies.

Le Conseil demande par ailleurs à la communauté internationale de continuer de soutenir la République centrafricaine en répondant à ses priorités essentielles des 12 à 18 prochains mois, telles qu’elles ont été exprimées lors du Forum de Bangui, ces priorités couvrant le désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement, la réforme du secteur de la sécurité, la justice et la réconciliation, y compris la mise en place de la Cour pénale spéciale nationale, le renforcement des capacités des tribunaux locaux et l’établissement de la Commission justice, vérité et réconciliation, la restauration et l’élargissement de l’autorité de l’État en soutien de la gouvernance démocratique et économique et le développement économique et social. Le Conseil se félicite de la manifestation de haut niveau tenue en marge de l’Assemblée générale et encourage les États Membres qui ont annoncé des contributions à ces programmes à décaisser les fonds rapidement et à susciter un appui supplémentaire dans les domaines prioritaires où le financement est insuffisant.

Le Conseil renouvelle son soutien à la MINUSCA dans ses activités visant, conformément au mandat qu’il lui a confié dans sa résolution 2217 (2015), à aider les autorités de transition et le peuple centrafricain dans leurs efforts pour amener une paix et une stabilité durables dans le pays, protéger les civils, en particulier contre les violences à motivation ethnique ou religieuse, et restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.

Le Conseil se dit préoccupé par les informations qui lui parviennent selon lesquelles deux personnes visées par les sanctions voyageraient dans la région et souligne que ceux qui facilitent délibérément le voyage de personnes inscrites sur la Liste en violation de l’interdiction de voyager peuvent être considérés par le Comité comme remplissant les critères de désignation pour figurer sur la liste.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: L’application de la compétence universelle doit se faire de bonne foi, sans abus ni politisation

Soixante-dixième session
12e & 13e séances – matin & après-midi
AG/J/3502

Sixième Commission: L’application de la compétence universelle doit se faire de bonne foi, sans abus ni politisation

La Sixième Commission (Commission des questions juridiques) a examiné, aujourd’hui, la question de la portée et l’application du principe de compétence universelle, principe qui, pour la plupart des délégations, demeure un outil fondamental pour combattre l’impunité et renforcer la justice internationale, mais qui doit aussi être utilisé de bonne foi et dans le respect d’autres principes du droit international. 

La Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) voit dans la compétence universelle une institution du droit international de caractère exceptionnel, dont l’application permet de lutter contre l’impunité et de renforcer la justice.  Pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la compétence universelle constitue un outil central pour assurer la prévention et garantir la répression de violations graves du droit international humanitaire: si des personnes ayant commis des violations graves se trouvent sur le territoire d’un État, celui-ci a l’obligation légale de les poursuivre.  Le CICR a d’ailleurs identifié plus d’une centaine d’États qui ont établi ou prévu une forme de compétence universelle au niveau national pour les crimes de guerre, parfois en limitant l’exercice au niveau de leur territoire, parfois en le permettant même lorsque les crimes sont commis à l’extérieur de leurs frontières. 

Plusieurs délégations ont toutefois rappelé la complexité de la question étudiée.  Ainsi, pour la République islamique d’Iran, le principe de compétence universelle doit être bien distingué de l’obligation d’extrader ou de poursuivre, mais aussi des obligations de poursuivre qui découlent de l’adhésion à certains traités internationaux.  Et l’un des problèmes principaux avec la compétence universelle est que son application vient parfois contrevenir à des principes fondamentaux du droit international, comme celui d’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, lequel émane directement du principe d’égalité souveraine des États.

À cet égard, de nombreux pays, dont la Chine et le Groupe des États d’Afrique, ont rappelé que la compétence universelle devait respecter les principes d’égalité souveraine des États, la non-ingérence dans les affaires intérieures, mais aussi les immunités de juridiction dont bénéficient les représentants des États, et notamment les chefs d’État et de gouvernement.

Singapour a rappelé que la légitimité et la crédibilité de la compétence universelle dépendaient de son application, qui doit être complémentaire à celle des juridictions nationales concernées et exercée de façon non arbitraire et non sélective.  Elle doit aussi être de bonne foi, comme l’ont dit le groupe CANZ, la République islamique d’Iran, le Viet Nam, l’Algérie ou encore le Saint-Siège.

Cela signifie que l’application de la compétence universelle ne doit pas être politisée ni abusive, ont prévenu de nombreux États Membres.  L’abus de la compétence universelle est un sujet de préoccupation pour les pays d’Afrique, dont le Kenya et l’Algérie, laquelle a rappelé que, depuis sa création, les activités de la Cour pénale internationale s’étaient concentrées sur l’Afrique, suscitant un sentiment d’abus à l’origine du Sommet de l’Union africaine tenu, en 2013, à Addis-Abeba.  Le Groupe des États d’Afrique a rappelé que la Cour internationale de Justice avait réaffirmé le principe absolu de l’immunité des chefs d’États.

Plusieurs États, dont la Fédération de Russie, ont relevé des divergences persistantes entre États sur la question de la compétence universelle.  La CELAC a suggéré que la Commission débatte désormais de lignes directrices pour l’application de la compétence universelle, sur la base des discussions qui ont déjà eu lieu, mais de nombreuses autres délégations, y compris le Mouvement des pays non alignés, ont appelé à la poursuite des discussions.  La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a demandé que soit menée une étude juridique pour donner un cadre solide aux discussions futures sur cette question importante.  La compétence universelle étant une question éminemment juridique, elle devrait être traitée comme telle et il faudrait donc en saisir la Commission du droit international, ont estimé des délégations aussi variées que la République tchèque, le Guatemala, le Viet Nam, le Liban ou encore la Suisse.

Sans s’opposer à la poursuite des débats au sein de la Sixième Commission, la Fédération de Russie a estimé qu’il faudrait parvenir à savoir si elle peut mettre en place une démarche unifiée autour de la notion de compétence universelle.  Quant au Bélarus, il a demandé que l’examen de la question soit suspendu pour deux ans.

La Sixième Commission reprendra ses travaux le jeudi 22 octobre, à 10 heures, par l’examen rapport du Comité spécial sur la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l'Organisation.

PORTÉE ET APPLICATION DU PRINCIPE DE COMPÉTENCE UNIVERSELLE (A/70/125)

Déclarations

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés, a relevé l’existence de questions et des controverses concernant la compétence universelle.  Il s’est déclaré convaincu que les principes de la Charte devaient être respectés lors de toute procédure judiciaire.  Le Mouvement des pays non alignés est préoccupé par l’élargissement des crimes couverts par la compétence universelle.  Pour le représentant, dans les cas où de hauts représentants de l’État violent le droit international, l’immunité doit être pleinement respectée.  Il faut veiller à ne pas aller trop loin concernant les crimes couverts par la compétence universelle, a ajouté M. Dehghani.  Le Mouvement des pays non alignés encourage les États Membres à participer aux délibérations concernant la compétence universelle.

M. AGUSTÍN FORNELL (Équateur), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes - CELAC), a dressé un historique des travaux du Groupe de travail sur la compétence universelle et rappelé que des discussions avaient eu lieu en 2011, 2012 et 2013, d’où était sortie une feuille de route.  Grâce à ses efforts, le dialogue a pu avancer, a estimé le représentant, qui a rappelé que le Groupe de travail avait exploré plusieurs points communs d’accord sur la portée et application de la compétence universelle, ainsi que d’autres qui pourraient nécessiter davantage de discussions.  La CELAC estime que la Commission devrait désormais débattre des lignes directrices pour l’application de la compétence universelle, sur la base des discussions qui ont déjà eu lieu.

À cet égard, la CELAC rappelle que la compétence universelle est une institution du droit international au caractère exceptionnel, dont l’application permet de lutter contre l’impunité et de renforcer la justice.  Le droit international définit la portée et l’application de la compétence universelle et permet aux États de l’exercer de manière complémentaire à la juridiction nationale normalement compétente.  La CELAC trouve très productif que plusieurs délégations aient voulu distinguer la compétence universelle de celle des tribunaux pénaux internationaux ou encore de l’obligation d’extrader ou de poursuivre « aut dedere aut judicare ».

M. KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud), au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré l’abus du principe de compétence universelle à l’encontre de représentants africains avait été la cause de la demande par le Groupe des États d’Afrique de l’inscription du point relatif à l’examen de la portée et application du principe de la compétence universelle au Programme de l’Assemblée générale.  Le principe de la compétence universelle est bien établi en droit international et le Groupe des États d’Afrique le respecte, a poursuivi M. Mamabolo.  Il a rappelé que c’est le représentant du Rwanda qui avait introduit, en 2009, un projet de résolution sur cette question.

Les États d’Afrique reconnaissent que la compétence universelle est un principe de droit universel qui permet de s’assurer que ceux qui ont commis des crimes seront jugés.  Les auteurs de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de génocide ne doivent pas bénéficier de l’immunité et doivent être jugés.  Toutefois, le Groupe des États d’Afrique rappelle qu’il est important de respecter d’autres normes de droit international dans l’application de la compétence universelle, notamment l’égalité souveraine des États, la compétence territoriale et les immunités des représentants de l’État.  Le représentant a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait réaffirmé le principe absolu de l’immunité des chefs d’États et a dénoncé l’abus du recours à la compétence universelle par des tribunaux d’États non africains à l’encontre de dirigeants africains.

Mme LIZANNE ACHING (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé que de nombreux États avaient exprimé de l’inquiétude face à la question de la compétence universelle.  La CARICOM demande que soit menée une étude juridique pour donner un cadre solide aux discussions futures sur cette question importante.  La CARICOM répète que la crédibilité de l’application de la compétence universelle sera assurée lorsque son application judiciaire sera conforme au droit international.  Elle estime que l’exercice de la compétence universelle offre une base supplémentaire pour assurer la reddition de compte, en abordant la question de l’impunité et le renforcement des systèmes judiciaires internationaux.  La CARICOM réitère que, conformément aux principes fondamentaux de la complémentarité, la compétence universelle ne peut être évoquée que lorsque les États qui devraient assurer leur juridiction ne sont pas en mesure de le faire ou ne veulent pas enquêter sur les auteurs présumés des crimes.  Les tribunaux nationaux de l’État ont ainsi la responsabilité première de mener des enquêtes et de poursuivre les crimes qui auraient été commis par les ressortissants de cet État, sur son territoire ou dans d’autres lieux relevant de sa juridiction.  La CARICOM souligne l’importance de définir clairement les circonstances dans lesquelles il serait approprié d’exercer la compétence universelle.  La CARICOM maintient que l’application de la compétence universelle est nécessaire et justifiable dans les cas où les crimes commis affectent la communauté internationale et que les systèmes nationaux de justice concernés permettent à leurs auteurs de continuer d’agir en toute impunité, ainsi que dans les cas de crime d’atrocité de masse.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle Zélande), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a rappelé que le principe de compétence universelle est établi de longue date.  C’est une base juridique pour les États en cas de crime grave.  Peu importe le lieu, la personne et le lien qui existe entre qui a commis le crime et la raison.  Conscients de cela, les pays du groupe CANZ insistent sur la nécessité d’appliquer la compétence universelle, tout en respectant le droit international et l’égalité devant la loi et l’obligation de procès équitable.  La compétence universelle doit s’appliquer de bonne foi.

La responsabilité première de poursuivre incombe à l’État dans lequel le crime a été commis, a rappelé Mme Schwalger.  Le principe de compétence universelle permet de mener une enquête si le ou les États concernés au premier chef ne sont pas en mesure de le faire.  Ce principe ne peut s’appliquer qu’en cas de crime grave: génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, esclavage, piraterie, torture.  Une critique répétée à l’encontre de la compétence universelle est qu’elle pourrait être utilisée par certains États pour saper l’immunité des représentants de l’État ou la souveraineté des États, a estimé la représentante, qui a rappelé le rôle complémentaire de la compétence universelle.  Il est également important de ne pas confondre la compétence universelle avec d’autres principes du droit international, notamment l’obligation d’extrader ou de poursuivre, a encore rappelé la représentante.  Ce dernier principe, a-t-elle ajouté, ne fournit pas en soi une base permettant de définir la juridiction compétente.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELASQUEZ (Pérou) a rappelé la portée et l’application actuelles du concept de la compétence universelle, ajoutant qu’elles devaient toujours être conformes aux principes de la Charte des Nations Unies.  Il a déploré l’augmentation des crimes de masse ces dernières années ainsi que l’impunité de leurs auteurs et a demandé que des progrès soient réalisés dans les discussions sur la définition de la compétence universelle, sa portée et son application.  Il a réitéré la nécessité d’établir des critères pour l’application de la compétence universelle, notamment la prise en compte des points de vue des victimes des crimes de masse et autres crimes. 

Mme DANIELLE YEOW PING LIN (Singapour) a souligné que certains crimes sont tellement graves que la communauté internationale tout entière s’en trouve concernée, ce qui autorise les juridictions de tous les États à poursuivre leurs auteurs.  Elle a constaté que, lorsque l’application du principe n’est pas contestée, l’appréciation varie en fonction des États.  Par ailleurs, la légitimité et la crédibilité de la compétence universelle dépendent de son application, qui doit être complémentaire à celle des juridictions nationales concernées et exercée de façon non arbitraire et non sélective.  En outre, ni la portée ni l’application de la compétence universelle ne doivent avoir de définition floue.

Mme TANIERIS DIEGUEZ LAO (Cuba) a déclaré que la portée et l’application de la compétence universelle devaient être débattues au niveau de l’Assemblée générale.  La représentante s’est dite préoccupée de l’application sélective de la compétence universelle à l’encontre des ressortissants de pays en développement.  L’objectif du travail de l’Assemblée générale sur cette question est d’établir des principes, notamment pour réaffirmer l’égalité souveraine et l’indépendance politique des États, ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, a affirmé la représentante, pour qui l’application de la compétence universelle doit rester limitée par la souveraineté et la compétence nationale des États.  Il faut la limiter à certaines circonstances dans lesquelles il n’existe pas d’immunité.  En revanche, l’immunité des chefs d’États et des fonctionnaires de haut niveau doit rester à l’écart de toute remise en question.  Mme Dieguez Lao a réitéré l’appui de sa délégation au combat de la communauté internationale contre l’impunité, mais sans sélectivité. 

M. DMITRY SPRESOV (Bélarus) a réitéré la position de principe de son pays: la compétence universelle ne peut être appliquée qu’en vertu du droit international, qu’il découle de traités ou soit issu du droit coutumier.  Il a souligné que l’application de la compétence universelle ne doit pas se faire au détriment de l’intégrité territoriale ou de la souveraineté des États ni résulter en une ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain.  En ce qui concerne la portée de la compétence universelle, le droit international doit définir les crimes qui tombent sous ce principe.  Le représentant a énuméré les nombreux crimes qui sont concernés mais s’est opposé à tout ajout et toute application unilatérale ou imposée de la compétence universelle, y compris de manière indirecte par le biais de mécanismes d’assistance juridique mutuelle.  Le Bélarus propose de reporter le point sur la portée et l’application de la compétence universelle de l’ordre du jour pour deux ans.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a demandé des études plus approfondies du principe de la compétence universelle en ce qui concerne la définition des crimes qui tombent dans son champ d’application.  Pour le Soudan, la compétence universelle doit tenir compte du droit international et des principes de la Charte des Nations Unies.  Les efforts de l’Assemblée générale sur cette question doivent se porter sur la portée et les conditions d’application de la compétence universelle, dans le respect de la souveraineté des États et de leurs systèmes judiciaires.  La compétence universelle doit être complémentaire du droit national.  La question de la justice internationale est très compliquée en raison des différents systèmes judiciaires nationaux, a encore estimé le représentant, pour qui il ne faut pas se précipiter, mais au contraire poursuivre le dialogue sans précipitation pour éviter des définitions erronées de la compétence universelle.

Le représentant s’est, en outre, prononcé contre toute application abusive de la compétence universelle à des fins de visées politiques nationales.  La compétence universelle ne doit pas être évoquée pour intervenir dans les affaires intérieures des autres États, a-t-il rappelé.  L’immunité des chefs d’État ne doit pas être contestée, a-t-il également affirmé, ajoutant que l’on observait une politisation de cette question.  Le Soudan rejette les mandats d’arrêt lancés contre des dirigeants politiques africains. 

M. YASSER ALI AL MALIK (Qatar) a souligné que son pays avait participé à tous les efforts pour lutter contre l’impunité.  Pour le Qatar, le principe de compétence universelle est un des mécanismes permettant d’établir la souveraineté du droit.  Étant donné l’importance des divergences des points de vue sur cette question, le représentant a estimé qu’il fallait d’abord définir les domaines qui font l’objet d’un consensus et ceux qui font encore débat.  L’exercice de la compétence universelle doit en outre se faire de bonne foi et conformément au droit international.  La portée du principe doit être précisément définie.  L’équilibre entre le développement de ce principe et les principes d’équité et de l’égalité souveraine des États doit être assuré.  C’est la nature des crimes qui définit l’application éventuelle du principe de la compétence universelle, a-t-il affirmé.  Le représentant a, en outre, rappelé que le Qatar s’est joint au mouvement demandant la non-utilisation du veto par les membres permanents du Conseil de sécurité en cas de crime de masse et d’atrocités.  La poursuite des travaux sur cette question revêt une grande importance, a-t-il déclaré.

M. LUIS FERNANDO OROZCO BARRERA (Colombie) a rappelé que la compétence universelle était une notion propre à la compétence pénale et l’a comparée à une forme de compétence prescriptive.  Le représentant a rappelé les cinq piliers de la compétence juridictionnelle des États: compétence territoriale, prescriptive, personnelle physique, personnelle morale et universelle.  La nature de la compétence universelle est clairement résiduelle, a ajouté le représentant.  En revanche, elle permet aux États de poursuivre des crimes graves tels que crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou actes de génocide commis hors de leurs frontières ainsi que les auteurs de ces crimes.  Le représentant a rappelé que la compétence universelle était une option et non une obligation lorsqu’il n’y a pas de lien de nationalité dans l’affaire traitée.  Elle doit se distinguer de l’exercice de la justice par les tribunaux internationaux comme la Cour pénale internationale (CPI).  La compétence universelle est conforme à la Constitution de la Colombie et son application suppose le respect de toutes les garanties, comme dans toutes les procédures judiciaires nationales, a conclu le représentant.

M. MATEJ MARN (Slovénie) a souligné que le rôle et l’objectif de la compétence universelle étaient de protéger les victimes des crimes les plus odieux et d’appliquer le droit international.  Un de ces objectifs est aussi de prévenir les crimes en indiquant qu’il n’y a pas de havre où les criminels pourraient se réfugier.  Le représentant a reconnu le bien fondé des travaux nationaux et internationaux afin de cristalliser le principe de la compétence universelle.  Il a souligné que les États avaient l’obligation de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves.

En coopération avec l’Argentine, la Belgique et les Pays-Bas, la Slovénie entend continuer de travailler sur l’« initiative MLA ».  Celle-ci consiste en négociations ouvertes sur les traités afin de mettre au point une assistance juridique mutuelle en matière d’extradition entre les États, ainsi que pour mettre en place des enquêtes nationales et assurer les poursuites en cas de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide.  L’« initiative MLA » a déjà reçu l’appui d’une cinquantaine d’États, a souligné le représentant, qui a rappelé l’importance pour les autorités nationales pertinentes de bien comprendre le principe de la compétence universelle.  M. Marn a également souligné l’importance du réseau de l’Union européenne sur le génocide, qui doit permettre de faciliter les enquêtes sur ce type de crime par la mise en commun des informations.

Mme PETRA BENESOVA (République tchèque) a déclaré que la compétence universelle était une question juridique qui doit être traitée comme telle.  Elle a proposé que la Sixième Commission saisisse la Commission du droit international (CDI) et la charge de donner une définition claire de la compétence universelle.  La CDI est le lieu idoine pour le faire.  Lui confier le dossier permettrait aussi de renforcer sa coopération avec la Sixième Commission.  Cela aiderait, en outre, la Sixième Commission à mieux gérer son ordre du jour et lui permettrait de discuter d’autres questions, comme la lutte contre le terrorisme international. 

M. ANDREAS MOTZFELD KRAVIK (Norvège) a fait observer que son pays avait adopté un nouveau code pénal, entré en vigueur cette année.  Ce dernier ne donne pas de liste de crimes pour lesquels la compétence universelle doit s’appliquer, mais autorise plutôt le recours à la compétence universelle quand l’auteur présumé d’une infraction est présent sur le territoire norvégien, et que l’infraction remplit certains critères, notamment le fait qu’elle doit être punissable dans le pays où elle a été commise et punissable également d’une peine au moins égale à un an d’emprisonnement en Norvège.

Mme DAMARIS CARNAL (Suisse) a dit souhaité que le débat sur la compétence universelle puisse avancer, car elle constitue un outil efficace pour lutter contre l’impunité et permet aux juridictions nationales de jouer un rôle important dans la répression des crimes les plus graves.  C’est notamment en application de ce principe qu’a pu s’ouvrir cette année le procès d’Hissène Habré qui verra, pour la première fois, un ancien Chef d’État être jugé par une juridiction africaine.  La représentante a rappelé la proposition de sa délégation d’envisager l’intervention de la Commission du droit international dans l’examen de la question à l’ordre du jour.  Une telle intervention est souhaitable du fait de la nature foncièrement juridique et du caractère technique du sujet en question, qui devrait être approfondi en premier lieu par des experts juridiques.  Une étude juridique complète analysant l’application pratique du principe de compétence universelle fournirait une base solide pour des discussions futures constructives, a encore estimé la représentante.

M. BORIS HOLOVKA (Serbie) a noté que des questions concernant l’application de la compétence universelle restaient en suspens.  Les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide ne devraient jamais tomber sous le coup de la juridiction exclusive des États sur lesquels ces crimes ont été commis et sont un sujet de préoccupation pour la communauté internationale tout entière.  Toutefois, la Serbie considère que, dans ces cas, les juridictions nationales peuvent jouer un rôle complémentaire aux juridictions internationales et servir d’outils utiles pour combattre l’impunité face à des violations graves du droit international humanitaire.

La pratique de la Serbie sur cette question pourrait intéresser les États Membres, a déclaré le représentant, qui a rappelé qu’une loi de 2003 avait donné aux juridictions de la Serbie compétence pour les crimes de guerre commis sur le territoire de l’ex-Yougoslavie, indépendamment de la nationalité de la victime, du suspect et de la présence de ce dernier sur le territoire de la Serbie, même s’il est exact qu’il n’y a eu, à ce jour, aucun procès in absentia.  Le représentant a justifié cette législation par le fait que, sur les quelque 300 000 personnes qui  ont trouvé refuge en Serbie, certains avaient commis des crimes de guerre atroces.  De fait, les poursuites en vertu de cette loi ont essentiellement concerné des personnes découvertes en Serbie et qui n’avaient pas fait l’objet de poursuite dans les pays voisins.  Les procès menés dans ce cadre ont été suivis par la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en Serbie et font désormais partie du suivi du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie dans le cadre de son processus d’achèvement.

En conclusion, le représentant a rappelé que l’Union européenne reconnaît l’existence d’une compétence universelle pour les crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité et la considère comme bien établie tant en vertu de traités internationaux que du droit international coutumier.  En outre, a-t-il rappelé, plusieurs États membres de l’Union européenne ont adopté des législations qui accordent la compétence universelle à leurs tribunaux pour de tels crimes.

M. PATRICK LUNA (Brésil) a déclaré que, si le Statut de Rome avait un caractère universel, le débat sur la compétence universelle perdrait sa pertinence.  Mais nous ne sommes pas encore là, a regretté le représentant, qui a ajouté que la compétence universelle était un moyen de garantir la reddition de comptes et de renforcer la lutte contre l’impunité.  Par ailleurs, l’exercice de la compétence universelle ne peut avoir lieu que dans le respect du droit international; elle ne peut être arbitraire ni servir des fins autres que la justice.  À cette fin, la compétence universelle doit faire l’objet d’un accord afin d’éviter notamment toute utilisation sélective.  Le Brésil se réjouit que les États s’efforcent de trouver une définition acceptable et avancer sur d’autres notions, notamment la nature des crimes qui devraient tomber sous la compétence universelle.  Le Brésil estime, en revanche, prématuré d’adopter une norme internationale sur la question de l’immunité des chefs d’États.

Mme NGUYEN THI HONG QUYEN (Viet Nam) a déclaré que son pays considère la compétence universelle comme un outil important de lutte contre l’impunité.  Dans le processus de réforme du nouveau code pénal national, le Viet Nam envisage d’appliquer le principe de compétence universelle à certains crimes, en accord avec les traités internationaux auxquels le pays est partie.  Le Viet Nam estime que la compétence universelle doit s’appliquer conformément aux principes de non-ingérence et dans le plein respect des immunités des représentants de l’État.  Elle doit, en outre, être appliquée de bonne foi. Il est important que l’auteur du crime soit présent sur le territoire de l’État qui entend appliquer la compétence universelle.  Le Viet Nam note, en outre, l’existence de forts liens entre compétence universelle et d’autres concepts juridiques de droit international, comme le jus cogens.  La représentante a suggéré que la Sixième Commission confie à la Commission du droit international la préparation des documents de travail sur le cadre juridique et la possibilité de mettre au point un instrument sur la compétence universelle.

Mme RACHEL OBERMAN (Israël) a déclaré que, pour réaliser la lutte contre l’impunité et prévenir toute application à mauvais escient de la compétence universelle, il était important de se mettre d’accord sur la définition de cette dernière et de parvenir à une compréhension commune de sa portée et de son application.  Notant les divergences de vues des États Membres sur cette question, la représentante a encouragé la Sixième Commission à poursuivre son travail.  Elle a estimé qu’il serait constructif d’explorer une notion pratique de la compétence universelle.  Des limites devraient être établies dans les systèmes juridiques nationaux pour assurer un exercice responsable de la compétence universelle dans des cas exceptionnels, a ajouté Mme Oberman, pour qui la légitimité et la crédibilité de la compétence universelle dépendent énormément d’une application conforme aux principes du droit international. 

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a insisté sur la nécessité d’une application de bonne foi de la compétence universelle, afin d’éviter tout abus et toute sélectivité.  Les principes de souveraineté de l’État et les immunités des chefs d’États dans l’exercice de leur fonction doivent notamment s’appliquer.  De même, la compétence universelle ne peut remplacer la primauté des tribunaux nationaux. 

Le représentant a exprimé la préoccupation de son pays face à ce qu’il considère comme un abus de la compétence universelle parfois appliquée à l’encontre des États d’Afrique.  Il a ainsi noté que, depuis sa création, les activités de la Cour pénale internationale s’étaient concentrées sur l’Afrique, alors qu’il existe ailleurs de nombreuses situations dans lesquelles sont commis des crimes qui pourraient relever de sa compétence.  Il a rappelé, à cet égard, que ce sentiment d’abus et d’utilisation du principe de compétence universelle à des fins politiques était à l’origine du Sommet de l’Union africaine tenu, en 2013, à Addis-Abeba.  Il a, en outre, souligné que les ministres du Mouvement des pays non alignés avaient demandé de s’abstenir de toute utilisation arbitraire du principe de compétence universelle.  Enfin, M. Remaoun a pris note de la création du Groupe de travail de la Sixième Commission qui va continuer à mener un débat en profondeur pour déterminer la portée et l’application de la compétence universelle et s’est dit favorable à la poursuite des travaux sur la question au sein de la Commission.

M. PRZEMYSLAW SAGANEK (Pologne) a souligné les différences d’approches dans la définition du principe de juridiction universelle.  Il a rappelé que l’arrêt de la Cour permanente de justice internationale (CPJI) sur l’affaire du Lotus, en 1927, différenciait deux types de juridictions universelles –territoriale ou personnelle-, indépendantes de la juridiction administrative, qui se limite au territoire d’un État.

Il a ensuite souligné la confusion qui peut intervenir entre des juridictions nationales auxquelles les États octroient des compétences universelles et les juridictions internationales, chargées de faire appliquer le droit international.  Il a également mis en avant, comme facteur de confusion, le fait que les États n’octroient pas les mêmes compétences « universelles » à leurs juridictions.

Après avoir passé en revue les différents types de juridictions universelles existantes, M. Saganek a indiqué que son pays appartenait à « un groupe d’États qui ont une très large conception de la compétence universelle ».  Le droit pénal polonais s’applique aux étrangers qui commettent des crimes contre les intérêts de la Pologne (compétence protectrice) ou contre ses ressortissants, hors de son territoire (compétence personnelle passive), a-t-il expliqué.  Il a ensuite énuméré les quatre conditions indispensables pour que le principe de la compétence universelle des juridictions pénales polonaises prévale: que le délit soit puni d’au moins deux ans de prison par le Code pénal polonais, qu’il soit aussi un délit pénal dans l’État où il a été commis, que l’auteur du délit se trouve sur le territoire de la Pologne, et qu’il ne puisse pas être extradé.

En conclusion, il a cité l’arrêt de la Cour de justice du 20 août 2012 qui estime que le meilleur moyen d’appliquer le principe fondamental « aut dedere aut judiciare » (« extrader ou juger ») est de prescrire la compétence universelle dans le droit interne d’un État donné.

L’arrêt, portant sur les compétences d’un État en droit international, a été rendu le 7 septembre 1927.

M. STEPHEN TOWNLEY (États-Unis) a estimé qu’il serait intéressant de comprendre quels critères les États utilisent pour déterminer l’application de la compétence universelle et comment aborder les plaintes des autres États.  Ainsi, les États-Unis pourraient s’abstenir de recourir à la compétence universelle si l’État où un crime a été commis ou l’État dont les ressortissants sont les principales victimes est en mesure de mener des enquêtes et veut les mener.  Le représentant a ajouté que d’autres sujets devraient être examinés, comme la manière dont les États garantissent un procès équitable dans l’exercice de la compétence universelle et la manière dont les tribunaux nationaux aborderaient les défis à la tenue d’un procès équitable. 

Dans le contexte de la piraterie, un tribunal des États-Unis a conclu qu’il n’était pas nécessaire d’établir un lien particulier entre les États-Unis et la défense parce que la condamnation universelle de la piraterie fait que le prévenu peut être poursuivi partout où il se trouve, a fait observer le représentant, qui a demandé si ce genre de cas avait été testé dans d’autres tribunaux d’autres États en ce qui concerne la piraterie ou toute autre infraction.  M. Townley s’est également dit intéressé par la poursuite de l’examen de l’interaction entre l’obligation d’extrader ou de poursuivre et la compétence universelle.  Ce sont des concepts différents qui se chevauchent parfois, en particulier dans les traités qui prévoient l’extradition ou la poursuite et qui requièrent que les États créent une juridiction pour les crimes sous-jacents, a estimé le représentant.  Les États-Unis continuent d’analyser les contributions des autres États et organisations, a également déclaré le représentant en conclusion.

M. SERGEY A. LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) a pris note des importantes divergences concernant la compétence universelle, dues au fait qu’il n’existe pas de définition.  « Ce que je sais, c’est que la compétence universelle doit être conforme au droit international, notamment aux règles concernant l’immunité des représentants de l’État », a ajouté le représentant.  Il a toutefois noté que la communauté internationale disposait d’autres instruments pour lutter contre l’impunité.  M. Leonidchenko a, en outre, souligné que les débats de l’année dernière sur cette question au sein de la Sixième Commission n’avaient pas permis de progresser.  Sans s’opposer à la poursuite de tels débats au sein de la Commission, il a ajouté qu’il faudrait parvenir à savoir si elle peut mettre en place une démarche unifiée autour de la notion de compétence universelle.

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a déclaré qu’aux termes du chapitre 7 du code pénal de son pays avait été établie une juridiction contre les crimes graves contre la sécurité du royaume, le terrorisme, la contrefaçon ainsi que la piraterie en haute mer, même si ces crimes sont commis en dehors du territoire de la Thaïlande.  Le Gouvernement a mis en œuvre des traités internationaux auxquels la Thaïlande est partie et qui visent à réprimer la criminalité internationale organisée et le trafic d’êtres humains.  Le représentant a notamment souligné que le Gouvernement élaborait actuellement un projet de loi pour combattre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui permettra aux tribunaux thaïlandais de poursuivre les auteurs de telles pêches sans tenir compte de l’endroit où elle a lieu ou de la nationalité des auteurs.

Mme AHILA SORNARAJAH (Royaume-Uni) a estimé que la raison d’être de la compétence universelle consistait à permettre que les États puissent poursuivre les criminels de guerre.  Elle a noté que la compétence universelle devait être distinguée de la compétence extraterritoriale.  En vertu du droit international la compétence universelle n’est établie que dans un nombre de crimes restreints, a-t-elle rappelé, tout en notant une absence de consensus international.  Le Royaume-Uni considère comme prématuré de conclure que le temps est venu de réfléchir à l’adoption de nouveaux instruments juridiques sur cette question.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a déclaré qu’il fallait veiller à ne pas utiliser la compétence universelle à des fins politiques.  La compétence universelle doit être appliquée conformément aux principes de la Charte de l’ONU.  Elle peut être exercée lorsque les États ne sont pas en mesure de traiter les crimes les plus graves commis sous leur juridiction ou s’ils ne veulent pas les poursuivre.  Ces crimes doivent faire l’objet de définition claire, a précisé le représentant, qui a apporté son appui au Groupe de travail et à la proposition des autres délégations appelant à saisir la Commission du droit international pour examiner cette question. 

M. JAMES WAWERU (Kenya) a noté que le principe de la compétence universelle n’était pas un principe nouveau.  En revanche, il sera un sujet controversé tant qu’il n’y aura pas de définition claire de la compétence universelle.  Le non-respect du principe peut faire l’objet d’abus, ce qui est très grave, a estimé le représentant, qui a mis en garde contre le risque de remplacer l’impunité au niveau national par une impunité au niveau international. 

Comme pour d’autres États d’Afrique, l’abus de la compétence universelle est un sujet de préoccupation pour le Kenya, a souligné M. Waweru.  Pour le représentant, l’absence d’une vision commune risque de porter atteinte au droit international.  Il faut donc trouver un moyen acceptable d’appliquer la compétence universelle sans nuire à d’autres principes du droit international qui régissent les relations entre les États.  Le Kenya est convaincu que l’Organisation des Nations Unies est l’enceinte idoine pour définir les crimes dans lesquels la compétence universelle peut être appliquée.  Si les États Membres veulent agir, il faut ajuster le système afin de l’adapter aux changements actuels, a-t-il conclu.

M. BHARTRUHARI MAHTAB (Inde) a rappelé qu’au titre du droit international, la piraterie était le seul crime auquel la compétence universelle s’applique.  Le principe de la compétence universelle en relation avec la piraterie a été codifié par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Pour le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et la torture, les traités internationaux ont donné une base pour l’exercice de la compétence universelle, qui est applicable entre les États parties aux Conventions pertinentes.  Cela inclut, entre autres, les quatre Conventions de Genève de 1949 et la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid.  Le représentant a indiqué que la question qui se pose est de savoir si la juridiction prévue pour les crimes graves pourrait être convertie en une juridiction pouvant être appliquée indépendamment de l’adhésion de l’État au traité portant sur le crime commis.  Pour M. Mahtab, plusieurs questions restent en outre sans réponse, y compris celles qui touchent aux lois relatives à l’immunité, au pardon, à l’amnistie et à la question de l’harmonisation avec les lois nationales.  Le représentant a également insisté sur la nécessité d’empêcher toute mauvaise utilisation du principe de compétence universelle en matière pénale et civile par certains États, sur la base de notions de définitions peu claires.

M. ALI NASIMFAR (République islamique d’Iran) a estimé qu’il n’existait pas encore de conception commune de la compétence universelle au sein de la communauté internationale.  Pour lui, la Commission doit se lancer dans des délibérations sur cette notion.  Dans de nombreux systèmes juridiques, la juridiction extraterritoriale doit forcément venir d’un traité multilatéral, ce qui signifie que seuls les auteurs des actes qui sont pénalisés par le traité et qui sont ressortissants d’un État partie à ce traité peuvent être poursuivis.  En ce qui concerne les crimes internationaux, la portée de la juridiction extraterritoriale doit être sans ambiguïté et conforme à l’intention de mettre fin à l’impunité pour certains crimes, spécifiés dans les traités.  Laisser à des juridictions nationales le loisir d’interpréter la portée de tels crimes aurait des effets négatifs pour la stabilité et l’intégrité du droit international, a encore estimé M. Nasimfar.

Pour la République islamique d’Iran, la compétence universelle est une exception aux juridictions conventionnelles.  C’est la juridiction territoriale qui est un principe clef dans cette situation, et elle interdit à un État d’exercer sa juridiction pénale au–delà de ses frontières, ce qui est essentiel pour le respect de l’égalité souveraine des États.  Ainsi, les tribunaux iraniens ont compétence pour certains crimes commis indépendamment du lieu de leur commission ou de la nationalité de l’auteur présumé lorsque ces crimes ont été définis par un traité international auquel la République islamique d’Iran est partie et que l’auteur présumé du crime se trouve sur le territoire iranien, a fait observer M. Nasimfar.  Par ailleurs, la République islamique d’Iran est partie à de nombreux instruments internationaux qui prévoient d’une manière ou d’une autre, une obligation d’extrader ou de juger.  Mais cette obligation ne doit pas être confondue avec la compétence universelle, a déclaré le représentant, qui a rappelé que l’un des problème principaux avec la compétence universelle est que son application vient, dans certains cas, contrevenir à des principes fondamentaux du droit international, comme celui d’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, lequel émane directement du principe d’égalité souveraine des États.  En outre, il est allégué que la compétence universelle a été utilisée, à ce jour, de manière sélective.  Or, la compétence universelle doit être utilisée de bonne foi et ne peut violer les immunités accordées par le droit international aux chefs d’État et de gouvernement ni au personnel diplomatique et aux hauts fonctionnaires en exercice, a encore déclaré le représentant.

M. ISAÍAS ARTURO MEDINA MEJÍAS (Venezuela) a jugé indispensable d’étudier les catégories de crimes susceptibles d’entrer dans la portée de la compétence universelle, en se concentrant sur les crimes contre l’humanité.  Il a demandé une définition restrictive de la portée de la compétence universelle.  En outre, la compétence universelle ne devrait pas être applicable aux représentants des États et elle doit rester complémentaire à la compétence des tribunaux nationaux.  Elle ne peut pas être appliquée dans les États qui n’auraient pas souhaité exercer leur compétence.  Par ailleurs, les crimes en vertu desquels les autorités nationales peuvent évoquer la compétence universelle doivent être établis au niveau international.  Pour le représentant, il est nécessaire de poursuivre les consultations officieuses sur cette question afin de discuter de son renvoi à la Commission du droit international.

M. ZHOU WU (Chine) a estimé que la compétence universelle était une question complexe et a regretté qu’en dépit des années passées, il n’y ait aucun consensus sur la question de son étendue et de son applicabilité.  La priorité de nos débats doit être d’éviter tout abus de l’exercice de la compétence universelle, a ajouté le représentant, qui a souligné que tout État devait respecter le droit international dans l’exercice de la compétence universelle.  La Chine note qu’à l’exception de la piraterie, il existe des divergences notables entre les États sur les crimes qui ressortissent de la compétence universelle.  Elle rappelle, en outre, que la compétence universelle ne se confond ni avec le principe aut dedere aut judicare ni avec la compétence octroyée à des juridictions internationales par des traités.  En l’absence de consensus, les États doivent s’abstenir d’aller au-delà du droit international actuel, a conclu le représentant.

Mme MYRIAM SOULAMA (Burkina Faso) a déclaré que le principe de la compétence universelle etait devenue une arme redoutable contre l’impunité.  La compétence universelle permet la poursuite d’un criminel où qu’il se trouve.  Toutefois, il faut s’accorder sur la portée et l’application de ce principe.  La représentante a également souhaité que les travaux du Groupe de travail contribuent à une plus grande adhésion au principe de compétence universelle. 

Pour le Burkina Faso, le principe de la compétence universelle devait s’intéresser aux crimes les plus graves, comme le génocide, l’esclavage et la piraterie.  La compétence universelle doit reposer sur une base légale.  Au Burkina Faso, une loi de mise en œuvre du Statut de Rome de la Cour pénale internationale a été adoptée en 2010.  Elle s’applique à d’autres crimes pouvant nécessiter l’application de la compétence universelle, a précisé la représentante, qui s’est félicitée de ce que les juges burkinabé disposent de l’outil de la compétence universelle.  Les divergences de point de vues ne devraient pas empêcher la lutte contre l’impunité, a ajouté Mme Soulama, qui a également estimé que la compétence universelle et le principe « aut dedere aut judicare » étaient complémentaires.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a déclaré que la compétence universelle était un thème central pour son pays, de même que pour les États d’Afrique.  Comme de nombreux pays, le Mozambique n’appuiera pas l’utilisation de la compétence universelle par un État tiers tant que la question de sa portée et de son application ne sera pas résolue au plan international, car elle risque en l’état de mettre en péril tous les équilibres internationaux.  Le Mozambique est en faveur d’une approche prudente, car il existe des préalables à l’application de la compétence universelle, notamment la définition du concept et les crimes auxquels la compétence universelle peut s’appliquer.  Le Mozambique, qui ne défend pas l’impunité, reconnaît même que ce principe peut être appliqué aux crimes les plus graves, mais aussi qu’il doit être mis en œuvre en conformité avec le droit international et en particulier avec la Charte des Nations Unies.  Il doit par exemple respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États et les immunités, notamment celles des chefs d’État en exercice, a conclu le représentant. 

M. MOHAMED IBRAHIM ELSHENAWY (Égypte) a déclaré que le principe de compétence universelle était un des outils dans le cadre des efforts internationaux pour combattre l’impunité.  Il existe des discussions sérieuses pour inclure les crimes atroces comme les crimes de guerre dans la législation égyptienne, y compris dans le cadre de la compétence universelle, a-t-il déclaré.  L’application du principe de la compétence universelle devrait être restreinte au cas où l’État concerné ne peut ou ne veut pratiquer sa compétence nationale, a poursuivi le représentant.  L’Égypte estime qu’il faut faire plus d’effort pour parachever les réformes juridiques aux niveaux national et régional, afin de respecter le principe d’appropriation national.  Pour être efficace, le principe de compétence universelle doit être appliqué en toute neutralité et ne doit donc pas être politisé.  Il doit en même temps permettre de respecter les règles du droit international conventionnel et coutumier, ainsi que la jurisprudence de la Cour internationale de Justice (CIJ).  L’Égypte continuera de discuter de cette question au sein des groupes de travail.

M. SEBASTIAN ROGAČ (Croatie) a déclaré que son pays appliquait pleinement le principe de la compétence universelle, quels que soient le lieu du crime, la nationalité de l’auteur ou celle de la victime, respectant toutefois le droit international.  Pour la Croatie, la compétence universelle doit être utilisée de manière exceptionnelle, suivant le principe de subsidiarité.  Elle doit également être appliquée de manière universelle, impartiale et non politique. 

Dans ce contexte, M. Rogač a appelé la Serbie à appliquer la compétence universelle en respectant les principes énumérés, en faisant observer que la Loi serbe de 2003 -sur l’organisation et la compétence des autorités nationales dans la cadre de poursuite contre les crimes de guerre- n’était ni universelle puisqu’elle limite la juridiction des tribunaux à des crimes commis dans un nombre limités de pays spécifiquement mentionnés, ni subsidiaire.  Il y a là un précédent arbitraire qui nuit non seulement à la souhaitable coopération entre États dans le domaine pénal mais aussi à l’objectif ultime supposé, à savoir une lutte efficace contre l’impunité.  Pour le représentant, si la Serbie voulait vraiment lutter contre l’impunité des crimes commis dans l’ex-Yougoslavie, elle aurait pu instituer la compétence universelle pour l’ensemble des graves violations du droit international déjà inscrites dans son propre code pénal sans recourir à cette Loi controversée, dans la mesure où la plupart des personnes poursuivies sont des ressortissants serbes.  Pour les cas beaucoup plus rares concernant des ressortissants de pays voisins, la Serbie aurait pu recourir aux mécanismes d’assistance mutuelle existants en matière criminelle ainsi qu’aux accords bilatéraux en vigueur, a encore estimé M. Rogač.

M. HECTOR ENRIQUE CELARIE LANDAVERDE (El Salvador) a déclaré que le principe de compétence universelle était reconnu dans la législation intérieure d’El Salvador, comme dans les normes juridiques de nombreux États.  L’article 10 du Code pénal salvadorien dispose qu’il suffit d’une atteinte grave aux droits de l’homme au plan international pour que la compétence universelle s’applique.  Ainsi, même si El Salvador n’a pas opté pour une liste exhaustive de crimes, il considère que la nature du crime est le seul élément pertinent.  Si l’on exigeait d’autres éléments, la compétence universelle perdrait de sa pertinence, a déclaré le représentant.

M. Celarie Landaverde a souligné que la question de la portée et l’application de la compétence universelle avait été examinée durant plusieurs sessions de la Sixième Commission.  Pour lui, il faut reconnaître la nature exceptionnelle de la compétence universelle.  Il est, en outre, important de la distinguer d’autres concepts qui ont eux aussi pour but d’éviter l’impunité, comme l’obligation d’extrader ou de poursuivre, ou encore les obligations fixées dans certains traités internationaux.  Le représentant a estimé qu’il est nécessaire de poursuivre les débats sur cette question.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a déclaré que, si la compétence universelle est un principe dérogatoire aux règles classiques du droit international, son application doit tenir compte et respecter les principes de l’égalité souveraine des États, et de leur intégrité territoriale, tels que garantis par la Charte des Nations Unies.  Car, au-delà de la réalisation d’une justice universelle, la compétence universelle engendre un empiètement sur le principe de la souveraineté nationale et celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, a déclaré le représentant.  Le droit marocain prévoit un certain nombre de cas qui relèvent bien de la compétence universelle, dont l’incrimination de la torture, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, du génocide ou encore des disparitions forcées.  La loi encadre cependant l’application de ce principe lorsque les crimes ont été commis hors du territoire marocain, a précisé le représentant. 

M. JOSEPH GRECH, observateur du Saint-Siège, a déclaré qu’une utilisation de la compétence universelle à des fins politiques pourrait nuire à l’équilibre du droit international.  Elle ne doit donc pas être utilisée à mauvais escient, a dit l’Observateur, qui a estimé qu’une étude menée par des experts du droit coutumier international constituerait une contribution valable aux débats.  En revanche, a ajouté M. Grech, bien utilisée, la compétence universelle peut être un outil de lutte contre l’impunité au plan international.

M. OJEDA, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a estimé que le principe de compétence universelle constituait un outil central pour assurer la prévention et garantir la répression de violations graves du droit international humanitaire.  Si des personnes ayant commis des violations graves se trouvent sur le territoire d’un État, celui-ci a l’obligation légale de les poursuivre, a rappelé M. Ojeda.  Il a rappelé également que les « violations graves » sont inscrites dans les Conventions de Genève de 1949 et dans ses Protocoles additionnels I et II de 1977, qui disposent que les États parties ont une obligation légale de poursuivre les personnes qui auraient commis ou ordonné de commettre des crimes graves.

Avec l’intention de renforcer le droit international humanitaire, le CICR continue de promouvoir la prévention des violations les plus graves du droit international humanitaire et la mise en œuvre des mécanismes de sanctions, en mettant l’accent sur la compétence universelle.  Le CICR travaille aussi à mettre au point des instruments techniques sous la forme de documents, comme le Manuel sur la mise en œuvre nationale du droit international humanitaire ou des législations-types, qui servent d’outils aux législateurs, juges et autres parties intéressées.  Les États ont la responsabilité première de diligenter des enquêtes en cas de violation graves des droits de l’homme, a-t-il rappelé.

Le CICR a identifié plus d’une centaine d’États qui ont établi ou prévu une forme de compétence universelle au niveau national pour les crimes de guerre.  Alors que certains ont limité l’exercice de la compétence universelle au niveau de leur territoire, d’autres ont permis l’exercice de la compétence universelle si les crimes sont commis à l’extérieur de leurs frontières.  Le CICR reconnaît qu’il existe des difficultés techniques, juridiques et pratiques à l’application effective de la compétence universelle, mais il encourage fermement les États à chercher les moyens de les surmonter.  Il appelle, en outre, les États à promulguer les législations qui conviennent pour répondre aux violations graves du droit international humanitaire en recourant à tous les types de compétences, y compris la compétence universelle.

Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a déclaré que l’impunité n’avait pas sa place sur la planète, où que ce soit.  Ce sont les États eux-mêmes qui doivent réfléchir à la compétence universelle, y compris en tenant un forum pour définir les normes et les crimes susceptibles de tomber sous sa juridiction.  C’est donc avec intérêt que le Guatemala attend les délibérations du Groupe de travail, qui devra fournir une base intéressante pour la suite des débats.  Le Guatemala reste toutefois d’avis que cette question devrait être envoyée devant la Commission du droit international.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: Le système d’administration de la justice interne témoigne des mauvaises relations entre les employés et les cadres de l’ONU

Soixante-dixième session
7e séance – matin
AG/AB/4169

Cinquième Commission: Le système d’administration de la justice interne témoigne des mauvaises relations entre les employés et les cadres de l’ONU

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives, a examiné ce matin l’évolution du système d’administration de la justice interne qui témoigne, selon les délégations, des mauvaises relations entre les employés et les cadres de l’ONU. Institué en 2009, le système comprend les Tribunaux du contentieux administratif et d’appel, pour la partie formelle, et le Bureau de l’ombudsman, pour la partie informelle.

À l’ONU, la plupart des plaintes ne dépassent pas le Bureau de l’Ombudsman.  En 2014, le Bureau a ouvert 2 236 dossiers, soit 7% de plus qu’en 2013, et a été saisi de 145 requêtes introduites par des non-fonctionnaires à savoir des consultants et des stagiaires, soit une augmentation de 20% par rapport à l’année précédente.  Le Groupe des 77 et la Chine a vu dans ces chiffres des problèmes de gestion et de mauvaises relations entre le personnel et l’administration de l’ONU.  Maintenant que le Secrétariat de l’Organisation est en train de mettre en place des projets à grande échelle comme le progiciel de gestion intégrée (Umoja) et la mobilité du personnel, il faut, a suggéré le Groupe des 77 et la Chine, consulter tous les acteurs pertinents afin de promouvoir une culture du dialogue et prévenir les conflits.

Les délégations ont d’ailleurs appuyé les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB)*, présentées par le Vice-Président, M. Babou Sene, jugeant indispensable que le Bureau de l’ombudsman continue de participer au développement des politiques de gestion des ressources humaines.  Les délégations ont rappelé le Secrétaire général à son obligation de finaliser, conformément à la demande de l’Assemblée générale, le mandat du Bureau de l’ombudsman.  Elles ont espéré que la circulaire serait publiée au plus tard en février 2016. 

Du point de vue formel, le système d’administration de la justice interne dispose qu’un personnel peut contester une décision en demandant un contrôle hiérarchique.  S’il n’est pas satisfait des conclusions de ce contrôle, il peut introduire une requête auprès du Tribunal du contentieux administratif des Nations Unies et saisir par la suite le Tribunal d’appel.  En 2014, 30% des saisines portaient sur l’emploi et la carrière, 23% sur les rapports hiérarchiques et 13% sur les rémunérations et prestations. 

Le Groupe des États d’Afrique a certes salué « le climat de confiance » que le système actuel garantit même si devant les chiffres, il a dit voir aussi « le signe indicateur » d’une gestion déficiente des relations entre personnel et administration. Le représentant des États-Unis a exhorté le Secrétaire général à renforcer la sensibilisation et la formation à la gestion des ressources humaines afin que les employés et les cadres comprennent bien leurs droits et obligations. 

Son homologue de la Suisse a espéré que l’évaluation indépendante intermédiaire du système d’administration de la justice qui a commencé en mai 2015 se traduira par de nouvelles recommandations d’ici fin 2016.  Avec ses homologues, il a souhaité des mesures pour garantir aux non-fonctionnaires un recours judiciaire effectif. Il a aussi insisté sur la protection des lanceurs d’alerte.  

Les délégations ont également dit attendre avec impatience les propositions du Secrétaire général sur le mécanisme compétent pour connaître des plaintes dirigées contre les juges des Tribunaux pour manquement aux règles déontologiques ainsi que sur la question de l’harmonisation des privilèges et immunités des juges. 

La Cinquième Commission reprendra ses travaux demain mercredi 21 octobre à 10 heures pour examiner la planification des conférences. 

* A/70/420

ADMINISTRATION DE LA JUSTICE À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/70/187, A/70/188, A/70/189, A/70/151 et A/70/420)

Au nom, du Groupe des 77 et de la Chine, Mme KAREN LINGENFELDER (Afrique du Sud) a salué les efforts faits par le système d’administration de la justice pour s’attaquer aux affaires en souffrance et faire face aux nouvelles plaintes.  Cependant, elle a estimé qu’il faut encore des progrès en prenant garde de ne pas diminuer les capacités des tribunaux.  Le règlement informel des différends est essentiel, a-t-elle souligné.  Elle s’est en effet déclaré « très inquiète » de l’augmentation du nombre de saisines qui selon elle, témoigne des problèmes de gestion et des mauvaises relations entre le personnel et l’administration.  Alors que le Secrétariat mène des projets de grande ampleur comme Umoja et la promotion de la mobilité du personnel, la représentante a jugé important de consulter tous les acteurs pertinents sur ces questions, afin de promouvoir une culture du dialogue et prévenir les conflits. 

Mme Lingenfelder a dit attendre avec impatience d’examiner, l’automne prochain, les recommandations du Groupe d’experts indépendants chargés de mener une  évaluation indépendante intermédiaire du système d’administration de la justice.  Elle s’est félicitée d’emblée de la coopération entre les systèmes formel et informel du système de justice.  Elle a néanmoins regretté que le Secrétaire général n’ait toujours pas été en mesure, contrairement à la demande de l’Assemblée générale, d’achever la mise au point du mandat du Bureau des services d’ombudsman et de médiation. 

Mon groupe, a-t-elle prévenu, examinera avec la plus grande attention les propositions du Secrétaire général relatives au Mécanisme compétent pour connaître des plaintes dirigées contre les juges du Tribunal du contentieux administratif et du Tribunal d’appel pour manquement aux règles déontologiques et sur la question de l’harmonisation des privilèges et immunités des juges. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. JUSTIN KISOKA (République-Unie de Tanzanie) a salué le climat de confiance garanti par le système d’administration de la justice.  À son tour, il a estimé que l’augmentation du nombre de saisines du Tribunal du contentieux administratif et du Tribunal d’appel pourrait pointer le doigt sur une gestion déficiente des relations entre le personnel et l’administration. S’agissant des catégories de problèmes soulevés dans les dossiers ouverts en 2014, liés à l’emploi et à la carrière, aux rapports hiérarchiques  et aux rémunérations et prestations, sans compter les comportements abusifs et l’incivilité sur le lieu de travail et la situation des fonctionnaires en poste dans des régions dangereuses, il a voulu connaître les mesures proposées pour faire face à ces situations.  

Le représentant s’est inquiété de l’augmentation de 20% en 2014 du nombre d’affaires portées par des non-fonctionnaires, avant de demander des éclaircissements sur les moyens de résoudre cette question.  Tout en saluant les efforts de mise en œuvre de la résolution A/69/203, M. Kisoka a regretté que le Secrétaire général n’ait pas encore publié une version révisée du mandat du Bureau des services d’ombudsman et de médiation.  

Intervenant aussi au nom du Liechtenstein, M. MATTHIAS DETTLING (Suisse) a dit attendre avec impatience les vues de la Sixième Commission chargée des questions juridiques, sur les questions examinées.  Il a espéré que l’évaluation indépendante intermédiaire du système d’administration de la justice qui a commencé en mai 2015 se traduira par de nouvelles recommandations fin 2016.  Il s’est dit convaincu que ces recommandations seront exhaustives et couvriront les aspects importants du système de justice interne, notamment son champ d’application et en particulier l’accès du personnel non fonctionnaire, y compris les stagiaires, à un recours judiciaire effectif.  Le représentant a aussi mis l’accent sur la protection des lanceurs d’alerte.  Tout en respectant pleinement la décision du Tribunal d’appel des Nations Unies en la matière, il a souscrit à l’opinion exprimée par le Conseil de Justice interne, qui suggère que les décisions rendues par le Bureau de la déontologie soient soumises à une certaine forme de contrôle judiciaire.

Le représentant a rappelé qu’une étape cruciale a été franchie, il y a deux ans, lors de la mise en place, à titre expérimental, d’un mécanisme financé par le personnel pour appuyer les ressources du Bureau de l’aide juridique au personnel.  Il a appuyé la proposition du Secrétaire général de prolonger d’un an la phase expérimentale de ce mécanisme en attendant les recommandations qui doivent découler de l’évaluation indépendante en cours.  En outre, il a félicité le Bureau de l’Ombudsman et de la médiation pour l’excellent travail accompli au cours de l’année 2014. 

M. BRIAN CONROY (États-Unis) a dit l’importance d’un système d’administration de la justice interne transparent, impartial, efficace et capable de trancher les doléances et litiges concernant les fonctionnaires y compris les cas de sanctions.  Il a voulu que le nouveau système ait les ressources qu’il faut pour exiger des comptes aussi bien aux gestionnaires qu’aux fonctionnaires.  Il a noté le travail important du Bureau de l’Ombudsman et s’est dit préoccupé par le nombre de plaintes sur des problèmes de gestion.  Dans ce contexte, il a exhorté le Secrétaire général à renforcer la sensibilisation et la formation en matière de bonne gestion afin que les gestionnaires et fonctionnaires comprennent bien leurs droits et obligations.  Le représentant a aussi dit l’importance de développer une jurisprudence claire et de rappeler le rôle de l’Assemblée générale en tant qu’organe délibérant et celui des juges qui doivent rester indépendants.

M. KEISUKE FUKUDA (Japon) a estimé qu’il faut régler les différends le plus tôt possible par le biais d’une coopération accrue entre les éléments informel et formel de l’administration de la justice.  Il s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre des affaires en suspens devant le Tribunal du contentieux.  Il a appuyé la proposition du Secrétaire général de reconduire les contrats des trois juges ad litem, en espérant que le Tribunal en fera une bonne utilisation.  Le représentant s’est félicité de la mise en place du Groupe d’experts indépendants chargés de l’évaluation indépendante intérimaire du système d’administration de la justice.  Il a dit attendre des recommandations exhaustives, y compris en ce qui concerne le financement volontaire du Bureau d’aide juridique au personnel.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: l’espace, patrimoine commun de l’humanité, doit être préservé pour le bien commun

Soixante-dixième session,
10e séance – après-midi
CPSD/588

Quatrième Commission: l’espace, patrimoine commun de l’humanité, doit être préservé pour le bien commun

L’espace extra-atmosphérique est un « bien commun de l’humanité » qui, à ce titre, doit rester ouvert aux activités pacifiques de tous les États, a affirmé cet après-midi le représentant de l’Iraq devant la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation.  Lors de cette deuxième séance consacrée aux utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, plusieurs délégations ont mis en avant l’importance de la coopération internationale, citant notamment le Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER).  Les délégations ont aussi plaidé pour un accès égal à l’orbite géostationnaire et se sont inquiétées de la gestion des débris spatiaux.  

Dans un contexte marqué par une saturation de plus en plus marquée de l’espace extra-atmosphérique, plusieurs délégations, dont l’Iran et l’Argentine, ont rappelé le rôle particulier joué par l’orbite géostationnaire dont l’accès doit être assuré de manière responsable et viable à tous les États.

Pour sa part, l’Algérie a estimé que la coopération internationale en matière spatiale devrait garantir un accès équitable aux positions orbitales, conformément aux principes d’utilisation pacifique et de non-appropriation de l’espace extra-atmosphérique.  Le représentant de ce pays a notamment dénoncé le principe inéquitable de « premier arrivé, premier servi » qui tend à prévaloir dans l’utilisation de l’orbite géostationnaire.

La plupart des intervenants ont présenté les activités les plus récentes de leurs programmes spatiaux en soulignant leur aspect pacifique et leur vocation à contribuer au développement durable.  Étant donné le coût élevé de la recherche et des activités spatiales, le représentant d’Israël a estimé que la coopération était impérative, position partagée par les représentants de l’Inde et du Nigéria, pays en développement n’ayant pas encore ou peu de capacités spatiales.  Ces délégations ont rappelé le caractère essentiel de cette coopération tant pour le développement de la science et des technologies spatiales et de leurs applications que pour les transferts de technologies mutuellement profitables.

Les discussions en cours sur la gestion et la destruction des débris spatiaux ont également été évoquées.  À l’instar de la représentante de la Corée, l’Algérie a encouragé les États Membres à mettre en œuvre sur une base volontaire les lignes directrices pertinentes élaborées par le Comité de coordination interinstitutions sur les débris spatiaux.  Pour sa part, la Fédération de Russie a insisté sur la responsabilité urgente pour les États de conceptualiser un régime de sécurité des opérations spatiales pour en assurer la viabilité à long terme.

La Quatrième Commission poursuivra l’examen de la question des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique le jeudi 22 octobre, à partir de 15 heures.

COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE

Déclarations

M. SALEH (Iraq) a rappelé que son pays avait lancé son premier satellite en juin 2014, grâce à un financement italien.  L’Iraq a pu développer ses activités et sciences spatiales grâce à la coopération internationale, notamment avec la Corée, a précisé le représentant, qui a également remercié les partenaires iraniens d’avoir soutenu l’Iraq en matière de développement de petits satellites.  Son pays souhaite pouvoir tirer parti des applications pacifiques des sciences et technologies spatiales, notamment en matière de prévention de catastrophes et d’amélioration de la gestion de ses capacités hydrauliques.  Mon pays accorde une grande importance à la facilitation de l’utilisation de l’espace par tous et sans discrimination et condamne toute vocation militaire dans l’espace, affirmant que cet espace n’appartient à personne en particulier et qu’il s’agit d’un patrimoine commun de l’humanité, a conclu le représentant.

M. MOHD RIDZWAN SHAHABUDIN (Malaisie) a souligné que l’année 2015 est décisive pour le développement durable et que les technologies spatiales peuvent servir à une mise en œuvre fructueuse des programmes grâce aux données recueillies par les satellites, notamment les données météorologiques pour les changements climatiques.  Cependant, cela nécessite d’importants investissements financiers et le représentant a invité les pays développés et les organisations internationales à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités.  Il a rappelé l’initiative de la Malaisie de lancer un satellite de communication pour desservir l’Asie du Sud-Est et a exprimé sa reconnaissance aux partenaires, notamment le Japon, qui ont aidé au renforcement de ses capacités spatiales.

Pour M. BENJAMIN KRASNA (Israël), compte tenu des coûts élevés de la recherche et du développement spatial, il est impératif que les leaders dans ce domaine aillent au-delà de leurs compétences nationales et s’engagent dans la coopération internationale, le milieu universitaire et le secteur privé.  Mon pays est à l’avant-garde de la science et de l’innovation, ce dont témoignent notamment ses capacités spatiales et ses satellites actifs, a-t-il déclaré, précisant que l’agence spatiale israélienne a signé des accords de coopération avec des agences d’autres pays, dont la NASA et cherche à promouvoir des projets qui sauront profiter à l’humanité tout entière.  Israël est connu pour son travail en innovation et en technologie qui est de nature à contribuer aux préparatifs du voyage vers Mars, a-t-il poursuivi, indiquant que près de 50% de son budget spatial était alloué à la coopération internationale dans ce domaine, comme l’atteste la récente tenue de la Conférence sur l’astronautique internationale à Jérusalem.

M. Krasna a rappelé la coopération de l’agence israélienne avec les agences spatiales de l’Union européenne, ISA et ESA, et sa contribution active à l’initiative Horizons 2020.  Il a également évoqué les partenariats avec la France sur le Projet Venus et l’Italie sur le projet Shalom.  Par ailleurs, Israël coopère également avec les agences spatiales de l’ONU, notamment avec UN-Spider, a affirmé le représentant israélien, qui a par ailleurs énuméré d’autres expériences dans le domaine spatial, notamment l’utilisation prochaine par Facebook d’un satellite de communication israélien, Amos-6, pour apporter l’accès à l’Internet aux nations subsahariennes.  Ce satellite sera lancé en 2016, a-t-il précisé, soulignant que les réseaux satellites permettent de relier des personnes qui n’ont pas accès aux infrastructures matérielles.  C’est ainsi qu’Amos-6 devrait permettre à 14 millions de personnes d’être connectées à l’Internet, a ajouté le représentant.

Mme SAIMA SAYED (Pakistan) a souligné que les technologies spatiales ont énormément évolué vers des applications pragmatiques pour la sécurité nationale et l’avancée économique des populations.  Le Pakistan travaille au développement des dernières technologies pour les applications géospatiales, a précisé la représentante, affirmant qu’il était du devoir de la communauté internationale de veiller à une utilisation pacifique de l’espace pour qu’il réponde aux besoins des générations futures.  Concernant les débris spatiaux, elle a signalé que les pays émergents n’ont pas les capacités financières et technologiques pour s’acquitter des obligations fixées par les directives du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) et a invité les États Membres à les soutenir.  Le Pakistan est contre le déploiement d’armes et la course aux armements dans l’espace, qui représentent une menace pour l’humanité et pour l’avenir des activités spatiales, ces dernières devant au contraire être mises au service de tous et du bien-être de l’humanité, a conclu la représentante.

M. MOHAMED H. S. ELMODIR (Libye) a invité les États Membres à approfondir l’élaboration des régimes juridiques existants en termes de droit spatial et a proposé un instrument juridique international pour la gestion de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique en avançant une définition claire de cet espace.  Sa délégation s’est félicitée des initiatives facilitant l’accès de l’espace à toutes les nations sur un pied d’égalité et souligné l’importance de la non-militarisation de l’espace.  L’utilisation de l’espace peut être une menace pour certains États, a-t-il fait remarquer, proposant l’élaboration d’outils obligatoires destinés à diminuer les risques que posent les débris spatiaux.  La Libye attend une coopération active en termes d’échanges d’informations et de données spatiales avec les nations ayant des programmes spatiaux, a souligné le représentant, notamment dans le domaine de l’alerte précoce en cas de catastrophes naturelles. 

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador), considérant que l’espace extra-atmosphérique est une opportunité pour renforcer les capacités techniques et humaines, a exhorté les pays qui ont développé des capacités d’exploration et d’exploitation spatiales à partager leurs expériences.  Il s’est déclaré favorable à des négociations multilatérales sous l’égide des Nations Unies dans le but d’encadrer et d’assurer la protection et le maintien de l’espace, patrimoine de l’humanité, à des fins pacifiques.  Le Salvador aspire à devenir membre du COPUOS et, comme pays très vulnérable aux changements climatiques, souhaite participer activement à l’utilisation de la technologie spatiale, a dit le représentant.

Mme NOEMI DIAZ (Philippines) a souligné l’immense potentiel des technologies spatiales pour les pays développés comme pour les pays en développement.  Il faut promouvoir un accès égal et sans discrimination aux activités spatiales, indépendamment du niveau de développement des nations, a-t-elle dit, affirmant que les Philippines accordaient un intérêt majeur à l’application des technologies spatiales, à l’alerte rapide des catastrophes naturelles et aux prévisions météorologiques, domaine où le Gouvernement philippin investit par le biais du projet NOAH.  Le représentant a indiqué que son pays avait activement participé au dialogue de haut niveau sur la réduction des risques de catastrophe au cours de la Conférence des Nations Unies de Sendai et a salué que le cadre adopté à Sendai insiste sur l’application des technologies spatiales et l’importance des partages d’informations et des technologies spatiales dans ce domaine.  S’agissant du code international de conduite, elle a estimé nécessaire de renforcer la confiance et la tolérance et d’améliorer les mécanismes du cadre légal international.  Il faudrait pleinement associer les pays en développement à ce processus, a-t-elle estimé, soulignant en outre l’importance de la question des risques posés par les débris spatiaux et celle de la non-militarisation de l’espace.

M. MAMOUDOU MANA (Cameroun) s’est félicité des progrès scientifiques et technologiques considérables apportés par l’exploration et l’utilisation de l’espace ces dernières années, qui jouent un rôle clef dans la vie quotidienne, notamment dans les secteurs de la télémédecine, du système de navigation par satellite, de la télédétection, de la prévention et de la gestion des catastrophes, de la surveillance de l’environnement, des prévisions météorologiques ou encore d’Internet.  Cependant, il a regretté la tendance croissante à la militarisation de l’espace due à la course aux armements, ainsi qu’à la prolifération des débris spatiaux.  La communauté internationale est amenée à examiner la question de l’utilisation sûre de l’espace et il est nécessaire de renforcer la coopération régionale et interrégionale pour assurer la primauté du droit et la sauvegarde du caractère pacifique de l’espace extra-atmosphérique, a-t-il souligné.  L’ONU et le COPUOS constituent à son avis des lieux d’échanges tout indiqués en vue de trouver des solutions durables à ces défis.

M. SERGEY A. LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) a rappelé que son pays avait repris sa coopération avec le Programme d’applications spatiales de l’ONU en organisant un atelier de travail sur les systèmes internationaux de navigation spatiale.  La réorganisation de l’agence spatiale russe, Roscosmos contribuera aux objectifs de coopération avec l’ONU, a déclaré le représentant, pour qui le succès du COPUOS dépendra de sa capacité à mettre en œuvre un programme de sécurité de l’espace.  Les États ont la tâche de conceptualiser un régime de sécurité des opérations dans l’espace, mais le consensus sur cette question n’est pas chose facile et il faudra faire preuve de volonté politique, a poursuivi le représentant, soulignant que depuis février 2012, le Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales du Sous-Comité scientifique et technique avait réussi à renforcer la présentation de ces risques, mais qu’il avait plus de mal à définir la réglementation à mettre en œuvre un certain nombre de pays n’étant pas prêts à se montrer solidaires.  « Ils veulent simplifier le texte et limiter les paramètres de réglementation au point de les vider de tout sens et de tout poids fonctionnel », a-t-il déploré.  Le représentant russe a par ailleurs exprimé le souhait que les principaux aspects de la réglementation de la sécurité spatiale soient abordés par des approches pratiques.  Les solutions proposées par la Fédération du Russie sont motivées par la recherche de la paix dans l’espace et contribueraient à renforcer la transparence et la confiance dans les activités spatiales, a expliqué le représentant.  « C’est bien la Russie qui a défini l’ensemble des instruments qui contribuent au maintien de la paix dans l’espace en suivant les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux et les mesures de confiance et principes directeurs du document A/AC.105/1080/Add.2 », a rappelé le représentant. 

Il a également estimé que l’approche à adopter pour aborder cette discussion devrait être la réglementation de la sécurité des activités spatiales, faute de quoi la règlementation du trafic cosmique n’aurait aucun sens et risquerait à la longue de saper la viabilité de ce type d’activités.  Souhaitant que le Groupe de travail du sous-comité scientifique et technique se penche sur ces questions pour la période 2015-2016, le représentant a affirmé que les négociateurs russes feraient preuve de souplesse dans une certaine mesure pour représenter les intérêts des pays en développement. 

M. KENNETH HODGKINS (États-Unis) a souligné les progrès réalisés dans le COPUOS et la nécessité de trouver des accords pour réduire les risques que les opérations spatiales font courir aujourd’hui à tous.  Pour « répondre aux accusations malveillantes » de la Fédération de Russie, il a fait remarquer que les États-Unis et la France ont été parmi les principaux membres du sous-comité scientifique et technique alors que la Russie n’y a pas participé.  Le comité a travaillé dans le consensus et les technologies spatiales contribuent à la croissance économique et à améliorer la qualité de vie dans le monde entier, a-t-il relevé.  De même, le COPUOS a réussi à favoriser la coopération spatiale internationale sur son exploration à des fins pacifiques.  En conclusion, il a regretté la politisation de la demande d’adhésion au COPUOS de six pays.

M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a affirmé que son pays avait adopté en 2006 son programme spatial national « Horizon 2020 » qui constitue un instrument de référence en matière de politique spatiale et un moyen d’appui au développement durable.  Ce programme a connu une intensification des activités en 2015, notamment avec la première opération d’intégration de satellite au titre du programme Alsa-2B et les activités de formation et de recherche par le biais de l’École doctorale des technologies et applications spatiales créée en 2007, a-t-il indiqué.  Au plan régional, l’Algérie appuie toutes les initiatives en vue de promouvoir la coopération interafricaine dans le domaine des technologies et applications spatiales au service du développement durable, a précisé son représentant.  Il a par ailleurs annoncé que le programme de constellation de satellites d’observation de la Terre pour la gestion des ressources africaines et de l’environnement (ARMC), un projet de plan de développement conjoint des satellites algériens et sud-africains, était en cours de finalisation.  Par ailleurs, a-t-il rappelé, son pays accueille le Bureau d’appui régional du Programme des Nations Unies de prévention et de gestion des catastrophes majeures par l’outil UN-Spider.  À ce titre, l’Algérie a organisé en octobre 2015 une Conférence internationale sur la problématique des changements climatiques et la pertinence de l’outil spatial, en collaboration avec le Bureau des affaires spatiales de l’ONU.

Le représentant a également souligné l’importance de définir et de délimiter l’espace extra-atmosphérique; de garantir un accès équitable aux positions orbitales, fondées sur les principes d’utilisation pacifique et de non-appropriation de l’espace extra-atmosphérique.  L’objectif consiste à mettre un terme au fait accompli inéquitable du « premier arrivé, premier servi » dans l’utilisation de l’orbite géostationnaire des satellites, a-t-il fait remarquer.  Le représentant s’est prononcé en outre en faveur de la mise en œuvre volontaire des lignes directrices relatives à la réduction des débris spatiaux établies par le Comité de coordination interinstitutions sur les débris spatiaux.  Enfin, la délégation algérienne a dit souscrire à l’idée d’un cadre réglementaire régissant la commercialisation des données satellitaires à haute résolution pour prévenir une utilisation malveillante.

M. JOSÉ EDUARDO PROAÑO (Équateur) a déclaré que son pays reconnaissait le COPUOS comme l’unique forum international pour le développement du droit spatial international, et qu’aucun cadre législatif ou code de bonne conduite ne pourrait inclure de clauses qui, directement ou indirectement, limiteraient le droit à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique des pays en développement.  De même, ils ne devraient en aucun cas se substituer à d’autres instruments juridiques interdisant le déploiement de tout type d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, la course aux armements représentant une menace très grave pour la paix internationale.  Comme les autres pays latino-américains et caribéens, l’Équateur a estimé importants la durabilité à long terme des activités spatiales et les travaux d’analyse dont ces activités font l’objet au sein du COPUOS, l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique par un nombre croissant d’acteurs étant susceptible de générer des impacts imprévisibles sur l’environnement de l’espace.  Le représentant a exprimé sa préoccupation à propos de la course aux armements et au déploiement d’armes, y compris nucléaires, dans l’espace extra-atmosphérique et des problématiques générées par la saturation de l’orbite géostationnaire.  La délégation s’est déclarée favorable au soutien accru à la mise en marche du système Spider, outil efficace d’alerte, de secours et de résilience en cas de catastrophes naturelles.

M. GONZALO MAZZEO (Argentine) a souligné que son pays reconnaissait l’intérêt commun de l’humanité et le droit souverain de tous les États à participer à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins exclusivement pacifiques, indépendamment de leur niveau de développement scientifique et technique.  L’Argentine mise sur le développement spatial comme outil essentiel de développement et de bien-être, grâce aux satellites d’observation pour la recherche scientifique et aux satellites de télécommunications, qui ont déjà permis de faire des progrès dans l’étude et la préservation de l’environnement, la médecine, l’éducation, a-t-il dit.  Toutefois, la saturation de l’orbite géostationnaire, la gestion des débris spatiaux, l’utilisation de l’énergie nucléaire dans l’orbite terrestre et le déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique pourraient affecter la durabilité des activités spatiales, s’est inquiété le représentant, qui a estimé par ailleurs que la coopération internationale et régionale dans le domaine des activités spatiales devait être renforcée.

M. ZHOU WU (Chine) a mis l’accent sur la viabilité à long terme des activités spatiales, question dont est saisi le sous-comité scientifique et technique du COPUOS.  En tant que membre actif du Groupe de travail sur cette question, la Chine salue les progrès significatifs réalisés et estime que le projet de guide soumis par le Groupe de travail était une base solide pour les négociations à venir, tout en tenant compte des considérations de chacun et de la réalité de la technologie spatiale.  Il est également revenu sur les deux nouveaux points inscrits cette année à l’ordre du jour du sous-comité juridique du COPUOS, notamment la gestion du trafic cosmique.  Il convient, selon lui, de tenir compte de la cohérence de cette question avec le droit spatial et de veiller à ce qu’elle ne dépasse pas le cadre légal fixé par le Traité sur l’espace extra-atmosphérique.

Le représentant a annoncé que son pays avait organisé six lancements dans l’espace et la mise en service de son satellite de haute résolution Gaofen-2.  Mon pays consolide graduellement ses capacités de services mondiaux, a expliqué le représentant, soulignant l’importance de l’accès équitable de l’espace extra-atmosphérique par toutes les nations pour promouvoir les usages pacifiques au service du développement.  Un tel projet suppose des échanges et une coopération internationale renforcés pour aider les pays en développement à améliorer leurs propres capacités en matière de technologies spatiales, a expliqué M. Wu, ajoutant que le Gouvernement chinois cherchait à promouvoir la coopération bilatérale et multilatérale dans ce domaine.  À ce titre, il a cité les 11 accords bilatéraux passés entre les autorités spatiales chinoises, des agences intergouvernementales et 10 pays.  Au plan multilatéral, la Chine est restée activement impliquée dans les travaux du COPUOS et ses sous-comités et comités de coordination, a-t-il dit.

En matière de coopération internationale, la Chine accorde une importance particulière à la prévention des catastrophes, comme en témoigne sa réponse à sept demandes de mécanismes d’intervention rapide.  Le délégué a également évoqué l’entrée en fonction du Centre régional pour l’éducation aux sciences et technologies spatiales de l’Asie Pacifique qui est affilié aux Nations Unies et installé à l’Université de Beihang à Beijing.

M. HOSSEIN MALEKI (Iran) a souligné que son pays attachait une importance particulière au rôle du COPUOS pour distribuer les bénéfices de l’exploration spatiale au service de l’humanité, en particulier dans les domaines de l’environnement, de la santé, de l’éducation, de la gestion des ressources et des catastrophes.  L’espace extra-atmosphérique est devenu un bien économique et l’hôte des technologies de l’information et des communications (TIC), et l’Iran est convaincu qu’il doit être maintenu ouvert à l’ensemble des États à des fins pacifiques, a-t-il précisé.  De ce fait, un code de conduite devrait régir toute mesure visant à limiter son accès, en particulier aux pays en développement, a indiqué le représentant, insistant sur le fait que tous les États devraient se considérer responsables du maintien de l’espace extra-atmosphérique en dehors de toute course aux armements et qu’aucun pays n’avait le droit de monopoliser l’espace.  En outre, l’orbite géostationnaire étant limitée, son utilisation devrait être rationnalisée, a-t-il estimé.

Mme YOON SEOUNGMEE (Corée) a estimé que l’environnement des activités de l’espace avait radicalement changé ces dernières années.  Cet espace est de plus en plus congestionné et compétitif et il existe aujourd’hui un risque accru de collision de débris spatiaux, a-t-elle estimé.  Par conséquent, sa délégation est favorable à l’établissement d’un code de conduite international sur les activités spatiales qui serait une mesure pratique pour renforcer la sécurité de l’espace extra-atmosphérique et renforcer la transparence et la confiance dans ce domaine.  Elle a salué le rôle du COPUOS qui œuvre notamment à la définition de lignes directrices de la viabilité à long terme des activités spatiales.  La Corée rappelle que la responsabilité première en matière d’activités spatiales revient aux États, y compris pour réglementer les activités du secteur privé dans ce domaine.

S’agissant du programme spatial national de la Corée à l’horizon 2040, elle a indiqué qu’il comprenait le lancement d’un véhicule (KSLV) ainsi que d’un satellite (KOMPAST).  Elle s’est dit préoccupée par les abus du droit spatial et du principe de l’utilisation pacifique de l’espace par la République populaire démocratique de Corée qui continue à utiliser la technologie de missiles balistiques.

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a rappelé les progrès réalisés par son pays au cours de l’année écoulée en termes d’activités spatiales, notamment sa « Mars Orbiter mission » et les deux nouveaux satellites mis en orbite dans le cadre du système régional de satellites de navigation (IRNSS).  Le Satellite de communication avancée GSAT-16 a également été lancé de Kourou en décembre 2014 ainsi que trois satellites d’observation de la Terre.  L’Inde a également mis en place des instruments formels de coopération avec 36 pays et 3 organismes internationaux dans le domaine des activités spatiales.  Elle participe en outre à un projet de l’ASEAN pour une station terrestre au Viet Nam qui recevrait et traiterait des données à partir de satellites indiens dans le domaine de la gestion des catastrophes.

M. JO JONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a indiqué que la capacité de développement spatial de son pays, depuis le lancement de son premier satellite de communication en 1998, lui donnait les moyens de lancer n’importe quel type de satellite à n’importe quel moment.  La RPDC a aussi adopté une loi sur le développement de l’espace extra-atmosphérique et mis en place l’Administration nationale du développement de l’espace, a indiqué le représentant, avant de regretter les obstructions de la part de « forces hostiles » et en particulier les tentatives des États-Unis visant à montrer que les satellites de la RPDC violaient les résolutions du Conseil de sécurité.  Le représentant a accusé les États-Unis d’utiliser l’espace extra-atmosphérique dans « l’objectif militaire de dominer le monde ».  Utiliser l’espace à des fins pacifiques pour le bien commun est essentiel pour la paix et la sécurité internationales et pour soutenir le développement, a affirmé le représentant, affirmant la détermination de la RPDC de poursuivre et d’accélérer le développement de son programme spatial.

M. TAKEDA (Japon) a assuré que son pays contribuerait à la sécurité et la stabilité dans le monde par le biais de l’espace.  Le COPUOS a un rôle important à jouer à cet égard grâce aux échanges d’informations, a-t-il dit.  Le Japon déploie d’importants efforts dans le cadre des travaux du COPUOS sur la viabilité à long terme des activités spatiales, a précisé le représentant, réaffirmant par ailleurs l’attachement de son gouvernement à la coopération internationale dans les utilisations pacifiques de l’espace.  À ce titre il a précisé que le Japon appuyait APR Soft.

Le représentant a également brièvement présenté les activités spatiales de son pays pour l’année en cours, notamment le projet de lancement du satellite Astro 8 et d’un autre satellite d’observation. 

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a fait remarquer que l’évolution de la technologie spatiale avait favorisé la lutte contre les changements climatiques et d’autres outils essentiels au développement économique.  Il s’est félicité de l’initiative en faveur de l’adoption d’un code de conduite sur les activités spatiales fondé sur la sécurité mondiale.  Conscient des difficultés d’accès universel aux bénéfices de la technologie spatiale en raison des droits de propriété intellectuelle, il a estimé impératif de veiller à ce que cette tendance ne mette pas de nouvelles entraves aux efforts pour mettre un terme aux inégalités économiques et sociales.  À cet égard, il a salué les initiatives de certains pays développés de fournir des formations aux technologies dans le domaine des télécommunications, des satellites, de la météorologie et de la télédétection aux pays en développement.

Droits de réponse

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a affirmé que les lancements de satellites de son pays sont des projets pacifiques alors que certains pays s’obstinent à parler d’utilisation à des fins militaires.  Il a déploré que certains pays s’arrogent le monopole de lancer des satellites et a réfuté les accusations de lancement de missiles balistiques.

La représentante de la Corée a rappelé que le Conseil de sécurité avait clairement affirmé en avril 2013 que les lancements effectués par la RPDC constituaient une grave violation même s’ils sont présentés comme des lancements pacifiques.  La RPDC a une longue histoire de provocations et ne peut prétendre à des utilisations pacifiques de l’espace.

Le représentant de la RPDC a affirmé que l’espace est le patrimoine commun de l’humanité et ne devrait pas être l’apanage de certains.  Pour la représentante de la Corée seuls les pays proches des USA et des pays occidentaux auraient le droit aux utilisations de l’espace, a-t-il poursuivi, soulignant que le principe de souveraineté égale était prévu par la Charte des Nations Unies et les lancements pacifiques de la Corée du Nord constituaient un droit.

La représentante de la Corée a estimé que les arguments avancés par la République populaire démocratique de Corée prouvent que ce pays n’a aucune intention de respecter les normes et obligations internationales.  Il lui semble évident que la Corée du Nord est liée par les résolutions du Conseil de sécurité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission poursuit son débat sur la production de matières fissiles et la dénucléarisation

Soixante-dixième session,
10e séance – matin
AG/DSI/3528

La Première Commission poursuit son débat sur la production de matières fissiles et la dénucléarisation

Les activités nucléaires du Japon remises en cause par la délégation de la Chine

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) s’est penchée ce matin sur la question de la production des matières fissiles lors du deuxième jour de son débat thématique sur les armes nucléaires, au cours duquel une vingtaine de délégations ont pris la parole.   

En ouverture de séance, Mme Elissa Golberg, Présidente du Groupe d’experts gouvernementaux chargé de faire des recommandations sur l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, a précisé que, de manière générale, le traité interdirait la production de matières fissiles pour empêcher l’augmentation des volumes disponibles et se pencherait sur les stocks déjà produits ».  Elle a précisé que les stocks existants sur lesquels le traité aurait un droit de regard concerneraient les stocks civils, le combustible naval et les stocks assignés aux armes nucléaires.  La vérification de l’application du traité devra tenir compte des définitions convenues des matières fissiles et des catégories de production passée et future, a-t-elle indiqué, soulignant que le Groupe d’experts entendait examiner plus avant les défis posés en matière de vérification: la sécurité nationale, la non-prolifération et la propriété commerciale.  À cet égard, elle a estimé que l’initiative prise par les États-Unis de constituer un partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire pourrait être un cadre efficace de discussion.  « Nous appelons les délégations de la Première Commission à appuyer le projet de résolution du Canada qui exhorte au lancement, à la Conférence du désarmement, de négociations sur ledit traité », a conclu M. Golberg.

La représentante du Pakistan, Mme Themina Janjua a rejeté catégoriquement l’utilité du Groupe d’experts, « organisme qui a échoué à atteindre un véritable consensus sur la portée et les objectifs du traité ».  « Seule la Conférence du désarmement peut décider de la pertinence de la création d’un instrument juridiquement contraignant de désarmement », a-t-elle tenu à rappeler, avant de déclarer que, le Groupe d’experts n’étant pas mandaté par la Conférence, il n’était pas possible pour son pays d’accepter ni ses conclusions ni ses recommandations.  En outre, se référant aux publications du Groupe d’experts, la déléguée pakistanaise a prévenu que les vastes stocks de matières fissiles à des fins militaires déjà disponibles, couplés à ceux destinés à des usages civils mais pouvant être facilement « militarisés », ne pourraient pas être visés par le traité tel qu’envisagé par le Groupe.  Mme Janjua s’est prononcée pour l’élaboration d’un traité sur les matières fissiles, « non-discriminatoire, doté d’un mécanisme de vérification représentatif et indépendant et reflétant l’équilibre entre les objectifs de désarmement et de non-prolifération déjà agréés au plan international. 

Le niveau et l’utilisation de la production des matières fissiles ont fait l’objet d’un vif échange entre les représentants de la Chine et du Japon.  Réagissant à l’intervention du représentant de la Chine qui a attiré l’attention sur l’accumulation, par le Japon, d’importantes quantités d’uranium et de plutonium hautement enrichis, et les déclarations de certains responsables japonais favorables à la nucléarisation militaire de leur pays, le représentant japonais, dans son droit de réponse, a affirmé que toutes les matières sensibles de son pays étaient placées sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique, « l’Agence ayant de longue date reconnu leur caractère pacifique ».  Le représentant du Japon a par ailleurs précisé que les activités nucléaires de son pays étaient transparentes, y compris celles relatives à l’uranium hautement enrichi.  Pour sa part, le représentant chinois a maintenu que « le Japon est le seul État non doté avec un cycle complet du nucléaire et un immense stock de matières nucléaires, qui, d’ailleurs, n’a cessé d’augmenter.

Pour sa part, le représentant de l’Inde, qui a précisé que son pays « possède des arsenaux nucléaires à un niveau minimum dissuasif et défensif, a présenté plusieurs projets de résolution, dont un proposant la création d’une convention interdisant l’utilisation des armes nucléaires.  « Ce projet de texte, présenté depuis 1982, reflète l’avis des auteurs selon lequel la mise en œuvre d’un tel instrument serait de nature à créer un environnement favorable aux négociations vers l’élimination de ces armes », a souligné le représentant.  Un autre projet de résolution présenté par l’Inde porte sur la réduction du danger nucléaire et souligne la nécessité de revoir les doctrines militaires et de réduire les risques d’une utilisation accidentelle des armes nucléaires.

La Commission poursuivra demain, mercredi 21 octobre à 10 heures, son débat thématique sur les armes nucléaires et procédera à la présentation de ses projets de résolution.

DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Déclarations

Mme ELISSA GOLBERG, Présidente du Groupe d’experts gouvernementaux chargé de faire des recommandations sur les aspects susceptibles de contribuer à l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, sans être mandaté pour le négocier, a rappelé la portée d’un éventuel traité de cette nature, précisant qu’il devrait correspondre aux objectifs généraux de l’instrument, qu’il relève de la non-prolifération et/ou du désarmement général.  Mme Golberg a ajouté que le Groupe d’experts s’était demandé si le futur traité devait concerner les matières fissiles produites par tel État partie avant son entrée en vigueur.  De manière générale, a-t-elle dit, le traité interdirait la production de matières fissiles pour d’emblée empêcher l’augmentation des volumes disponibles et se pencherait sur les stocks déjà produits.  Elle a expliqué que les stocks existants, sur lesquels le traité aurait un droit de regard, concerneraient les stocks civils, le combustible naval et les stocks assignés aux armes nucléaires.  Selon Mme Golberg, l’identification, dans le cadre du traité, de ces types de matières fissiles a représenté l’un des principaux résultats des réflexions menées par le Groupe d’experts.  Elle a souhaité que la discussion sur ce sujet se poursuive lors des délibérations de la Première Commission. 

Mme Golberg a ensuite souligné que la mise en œuvre du traité devrait être internationalement et efficacement vérifiable, ce qui signifie qu’il devra être capable de détecter les cas de non-conformité de manière rapide.  Le régime de vérification du traité devra tout particulièrement se concentrer sur les risques de détournement des matières fissiles et les cas de productions et d’installations non déclarées.  La vérification devra en outre tenir compte des différentes définitions convenues des matières fissiles et des catégories fonctionnelles de production passée et future, a poursuivi Mme Golberg.  Le Groupe d’experts entend partager avec les délégations les défis identifiés en matière de vérification, y compris la sécurité nationale, la non-prolifération et la propriété commerciale, a également affirmé la Présidente du Groupe.  À cet égard, elle a estimé que l’initiative qu’ont prise les États-Unis de constituer un partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire pourrait être un cadre efficace de discussion.

En conclusion, Mme Golberg a appelé les délégations de la Première Commission à appuyer le projet de résolution du Canada qui exhorte au lancement sans délais, à la Conférence du désarmement, de négociations sur ledit traité. 

M. HAMOOD SALIM ABDULLAH AL TOWAIYA (Oman), au nom du Groupe arabe, a exprimé la satisfaction de son Groupe au sujet de la décision prise de faire du 26 septembre, la Journée mondiale de l’élimination des armes nucléaires.  Cet évènement permettra d’accélérer le processus, de même que la tenue d’une conférence sur le désarmement nucléaire en 2018, au plus tard, a-t-il estimé.  Les membres du Groupe arabe, qui ont tous soumis leurs installations au régime de contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), condamnent l’attitude des États dotés qui n’honorent pas leurs promesses de désarmement nucléaire et continuent de menacer des États non dotés, a-t-il poursuivi.  Ils condamnent aussi l’attitude des États, et en particulier des États-Unis qui ont empêché l’adoption d’un texte final à la dernière conférence d’examen du TNP en s’opposant à toute référence au Moyen-Orient dans le texte.  Or, libérer cette région des armes nucléaires est une condition préalable indispensable à la paix et est conforme aux précédents consensus, a-t-il précisé, condamnant aussi le refus d’Israël d’adhérer au TNP et à l’AIEA.  

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a relevé que les coûts associés à l’entretien des arsenaux nucléaires étaient deux fois plus élevés que le montant de l’aide au développement fournie à l’Afrique.  Cet état de fait n’est pas tenable dans un monde où les besoins fondamentaux de milliards d’êtres humains ne sont pas satisfaits, a-t-il ajouté.  Le représentant a déclaré que tant qu’il existerait des armes nucléaires, la prolifération verticale et horizontale « persisterait ».  Sur ce point, il a demandé l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les garanties négatives de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires.  Rappelant que le désarmement nucléaire est une obligation juridique autant qu’un devoir moral, le représentant a annoncé que sa délégation présenterait un projet de résolution intitulé « Impératifs éthiques pour un monde sans armes nucléaires ».

M. JOHN QUINN (Australie) a affirmé que la réduction des arsenaux nucléaires n’est pas seulement conforme à l’article 6 du TNP, mais aussi une condition indispensable pour la paix dans le monde et pour la sécurité de l’humanité.  Les États dotés ont donc la responsabilité de créer un environnement international propice à accélérer le désarmement multilatéral, aussi vite que possible, a-t-il dit, ajoutant qu’il est possible d’aider à ce processus par des mesures pratiques et progressives, qui sont de nature à permettre de réels progrès sur la question.  L’Australie regrette à cet égard l’échec de la conférence d’examen du TNP de 2015, mais rappelle que les consensus atteints en 2000 et 2010 restent valables.  Dans ce contexte, une mesure de confiance serait, par exemple, que les États dotés fassent preuve de transparence en ce qui concerne leurs stocks d’armes nucléaires, a-t-il indiqué.

M. Quinn a également précisé que sa délégation soutenait l’approche pragmatique sur le désarmement nucléaire prônée par les États nucléaires et n’était donc pas favorable à un traité interdisant purement et simplement les armes nucléaires.  Un tel instrument ne mènerait pas à l’élimination de ces armes, a-t-il noté, car les États dotés ne s’en débarrasseront qu’à condition de pouvoir le faire en toute sécurité.  Pour qu’il en soit ainsi, a poursuivi le représentant, il faudra mettre en place des mécanismes de vérification visant à s’assurer de la destruction effective de toutes les armes nucléaires existantes et des capacités de développement de nouvelles armes de ce type.

Le représentant a par ailleurs indiqué que sa délégation, avec celle du Mexique, présenteraient un projet de résolution sur le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, dans le cadre du vingtième anniversaire de l’adoption dudit Traité.  Le projet de texte appellera à l’entrée en vigueur du Traité, a conclu le représentant, avant d’appeler la République populaire démocratique de Corée à abandonner son programme nucléaire et à se conformer à ses obligations internationales, en particulier aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Mme EBUN STRASSER-KING (Sierra Leone), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que les États africains appuyaient l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde.  Le statut de zone exempte de l’Afrique fournit un véritable bouclier préventif au continent, a-t-elle précisé, en empêchant notamment l’installation de dispositifs nucléaires explosifs sur le territoire des pays et la conduite d’essais d’armes de destruction massive.  Elle a réaffirmé que le Groupe africain déplorait l’absence de progrès dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et a souligné l’importance, dans ce contexte de sécuritaire volatile, de parvenir à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  La représentante a par ailleurs indiqué que l’Agence internationale de l’énergie atomique était la seule autorité compétente en matière de vérification et elle a réaffirmé le droit inaliénable des parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Enfin, elle a demandé aux délégations d’appuyer, cette année encore, le projet de résolution sur le Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique (Traité de Pelindaba) présenté par le Groupe des États d’Afrique.

M. HAMAD TAMI AL-HAJRI (Qatar) a déclaré partager l’avis des autres délégations sur l’impossibilité de réaliser l’objectif de la communauté internationale sur le désarmement nucléaire sans l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  L’opposition de certains États ou leur refus d’adhérer au TNP ou de soumettre leurs installations au régime de l’AIEA vont à l’encontre de cet objectif, a-t-il déploré, affirmant que son pays était conscient de ses engagements, en particulier en ce qui concerne les conséquences humanitaires des armes nucléaires.  C’est ainsi que le Qatar a entériné la Promesse humanitaire adoptée à la dernière conférence de Vienne sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et a participé à tous les évènements y afférents, a assuré le représentant.

M. HENK COR VAN DER KWAST (Pays Bas) a indiqué qu’afin de faciliter la mise en œuvre de l’accord sur le programme nucléaire iranien du 14 juillet 2015, son pays avait alloué 600 000 euros à l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Il a souligné, au sujet du Traité sur la non-prolifération, que l’échec de la dernière conférence d’examen ne remettrait pas en cause le statut de pierre angulaire du régime de non-prolifération et du désarmement nucléaire du Traité.  Il a plaidé en faveur d’un monde sans armes nucléaires, cet objectif pouvant être atteint, à son avis, à travers un processus progressif axé sur des mesures pratiques et concrètes.  Le représentant a également noté avec satisfaction l’attention portée à la dimension humanitaire des armes nucléaires: « les considérations humanitaires ne pouvant que renforcer la pertinence de l’Option zéro et nous inciter, tous, à prévenir l’utilisation d’armes nucléaires », a-t-il dit. 

Concernant le projet de traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, le représentant a indiqué que les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux jetaient les bases potentielles d’un démarrage des négociations, « de préférence à la Conférence du désarmement ».  Toutefois, a-t-il prévenu, pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, les stocks de matières fissiles pourraient augmenter.  Il a réaffirmé l’attachement de son pays aux critères de vérification, affirmant que: « les Pays-Bas contribueront activement à l’initiative prise par les États-Unis de constituer un partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire ».

Mme EDITA HRDÁ (République tchèque) a déclaré qu’en dépit de l’échec de la dernière conférence d’examen du TNP, ce Traité reste au cœur du régime de non-prolifération, d’autant que les consensus passés restent en vigueur, en particulier celui de 2010.  La République tchèque estime donc qu’il faut avancer vers l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, y compris en identifiant les opportunités d’un dialogue régional et en prenant en compte les intérêts de sécurité légitimes de chacun.  La délégation a appelé également les États non encore parties au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) à le ratifier rapidement afin d’accélérer son entrée en vigueur, s’est félicitée de la signature de l’accord sur le nucléaire iranien et a invité ce pays à pleinement coopérer avec l’AIEA et à répondre à toutes les questions en suspens. 

Mme Hrdá a également indiqué que son pays a toujours condamné les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, et, dans ce contexte, continue d’appeler ses autorités à abandonner leur programme nucléaire et à rejoindre le TNP et l’AIEA au plus vite.  La République tchèque, comme la vaste majorité des États Membres, est en outre favorable au lancement des négociations sur un Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Ses experts ayant participé aux travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur ce Traité, la République tchèque est convaincue que les recommandations fournies au Secrétaire général faciliteront les négociations sur ce Traité, a conclu la représentante. 

M. STEPHAN TAFROV (Bulgarie) a affirmé qu’en dépit de l’échec de la dernière conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire, le Traité demeurait la pierre angulaire du régime de non-prolifération et le cadre de choix du désarmement nucléaire et des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  Il a ajouté qu’il était important de continuer d’attirer l’attention sur la dimension humanitaire des armes nucléaires, notant néanmoins que seule l’élimination complète de ces armes constituerait une avancée concrète vers un monde plus sûr.  Pour le représentant bulgare, créer les conditions propices à un monde sans armes nucléaires nécessite la prise en compte des dimensions tant humanitaires que sécuritaires de ces arsenaux.  Enfin, il a appelé les États à prendre sans délais les mesures nécessaires à une revitalisation de la Conférence du désarmement, où doivent débuter des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles et l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des essais nucléaires. 

Mme HELENA NOLAN (Irlande), dont le pays est membre de la Coalition pour un Nouvel Ordre du Jour, a demandé qu’une nouvelle impulsion soit donnée au pilier du désarmement nucléaire du TNP et regretté le manque de résultats de la Conférence de révision du TNP de 2015.  « Pas une seule arme nucléaire n’a été désactivée sous le TNP ou dans le cadre d’autres processus multilatéraux et il n’existe pas de structures ou de mesures efficaces pour que cela se fasse », a-t-elle déploré, avant d’estimer qu’il était légitime dès lors de rechercher de nouvelles approches susceptibles de stimuler le débat et provoquer l’action.  Elle a salué le fait que la dimension humanitaire de l’impact de ces armes occupe à nouveau une place prioritaire dans le TNP et a demandé aux délégations d’accueillir favorablement le projet de résolution sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires que l’Union européenne a présenté et que l’Irlande a coparrainé.

Par ailleurs elle a salué le projet de résolution présenté par l’Afrique du Sud et également coparrainé par son pays, sur les impératifs éthiques pour un monde exempt d’armes nucléaires, affirmant que ce texte allait au-delà des intérêts et doctrines étroits pour mettre en avant le développement humain.

M. HALVOR SÆTRE (Norvège) a dressé un bilan mitigé du désarmement nucléaire, avec d’une part, les avancées enregistrées avec l’Accord START signé entre les États-Unis et la Fédération de Russie, la diminution des stocks d’arsenaux nucléaires existants et la conclusion de l’accord sur le nucléaire iranien; et, d’autre part, l’échec de la Conférence d’examen du TNP, la poursuite du programme nucléaire nord-coréen, la poursuite des programmes de modernisation des armes existantes ou encore le silence russe sur la proposition américaine de réduction d’un tiers de leurs arsenaux nucléaires.  Pour la Norvège, a-t-il indiqué, les États dotés ont une responsabilité particulière en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération, ajoutant que sans dialogue constructif il n’y aura pas de progrès sur la question.  Les États non dotés ont aussi un rôle à jouer et la Norvège entend faire sa part, a conclu le représentant.

Mme ROSEMARY MCCARNEY (Canada) a regretté le manque de compromis lors de la Conférence de révision du TNP de 2015 qui s’est soldée sans l’adoption d’un document final.  Toutefois, cela ne signifie pas l’affaiblissement de ce Traité qui reste, selon elle, la pierre angulaire du régime international de désarmement nucléaire.  Cela n’invalide pas non plus son Plan d’action de 2010 qui demeure « la meilleure voie pour renforcer les trois piliers du TNP ».  Le Canada continuera à travailler avec ses partenaires sur la non-prolifération pour faire avancer ces engagements, a-t-elle indiqué.

La sécurité et la stabilité régionales et internationales continuent d’être mises en péril par le non-respect, par la Corée du Nord et la Syrie, de leurs obligations en matière de non-prolifération nucléaire, a souligné la représentante, qui attend de voir si ces États respecteront de manière vérifiable leurs engagements en coopérant de façon franche avec l’AIEA.  Elle a invité tous les États à assurer la pleine mise en œuvre des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord et à continuer de faire pression sur celle-ci pour qu’elle abandonne ses programmes nucléaires et de missiles balistiques dans l’attente de redevenir partie du TNP et de respecter son Accord de garanties généralisées.

S’agissant de l’Iran, la représentante a exprimé sa satisfaction face aux efforts du P5+1 visant à parvenir à un accord sur la mise en place d’un programme nucléaire iranien exclusivement pacifique et visant à empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.  Cependant, le Canada jugera l’Iran par ses actes, et non ses paroles, a prévenu la représentante.  Par ailleurs, elle a encouragé les puissances nucléaires à faire preuve de plus de transparence sur la manière de s’acquitter de leurs obligations dans le cadre du TNP, estimant que le partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire était une initiative judicieuse.  Elle a également estimé que tout progrès en termes de désarmement nucléaire doit tenir compte des dimensions humanitaires et stratégiques de ces armes.  En conclusion, la représentante a à nouveau condamné l’annexion de la Crimée par la Russie ainsi que son implication militaire en Ukraine et lancé un appel à la Russie pour qu’elle cesse de développer de missiles de croisière qui sont interdits par le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.

Mme TEHMINA JANJUA (Pakistan) a constaté que les retards pris en matière de désarmement nucléaire sont dus au comportement de ceux qui souhaitent détourner les travaux de la Conférence du désarmement vers la prise de mesures partiales de non-prolifération, au premier rang desquelles un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.  Un tel traité qui est discriminatoire par nature et ne s’applique pas aux stocks de matières fissiles existants saperait la sécurité de certains États, tout en étant totalement inoffensif pour ceux détenant les stocks les plus importants, a-t-elle jugé.  Pour la représentante, un traité de ce type, contrairement à ce qu’avancent de nombreuses délégations, ne constituerait en rien une avancée majeure en matière de désarmement nucléaire.  Les vastes stocks de matières fissiles à des fins militaires déjà disponibles, couplés à ceux destinés à des usages civiles mais pouvant être facilement « militarisés » ne pourraient pas être visés par le traité, a expliqué Mme Janjua.  Rejetant l’utilité du Groupe d’experts gouvernementaux dirigé par Mme Golberg, organisme qui a échoué à atteindre un véritable consensus sur la portée et les objectifs du traité, la représentante a estimé que seule la Conférence du désarmement pouvait décider de la pertinence de la création d’un instrument juridiquement contraignant de désarmement.  Le Groupe d’experts n’étant pas mandaté par la Conférence du désarmement, nous ne pouvons pas, par conséquent, accepter ses conclusions et recommandations, a déclaré Mme Janjua.  À son avis, un traité sur les matières fissiles, « non-discriminatoire par nature et doté d’un mécanisme de vérification représentatif et indépendant », devrait refléter l’équilibre nécessaire entre les objectifs de désarmement et de non-prolifération déjà convenus au plan international.

M. VENKATESH VARMA (Inde) a déclaré que le désarmement nucléaire ne peut se faire que lors d’un processus « pas à pas », dans le cadre d’un dialogue inclusif entre États dotés.  L’Inde, qui a des arsenaux nucléaires à un niveau minimum dissuasif et défensif, n’a toujours pas l’intention d’adhérer au TNP en tant que pays doté, a réaffirmé le représentant, déplorant que des propositions de nature à diviser les délégations aient été avancées au sein de cette commission.  Le représentant a ensuite présenté trois projets de résolution, dont le premier portant sur la convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires.  Ce projet de texte présenté depuis 1982, reflète l’avis des auteurs selon lequel la mise en œuvre d’un tel instrument serait de nature à créer un environnement favorable aux négociations vers l’élimination de ces armes, a expliqué le représentant, invitant les États qui s’opposent traditionnellement à ce texte à revoir leur position.  Le second projet porte sur la réduction du danger nucléaire; il souligne la nécessité de revoir les doctrines militaires et de réduire les risques d’une utilisation accidentelle des armes nucléaires, a-t-il précisé.  Le dernier projet, a indiqué le représentant, porte sur les mesures visant la prévention d’acquisition d’armes de destruction massive par les groupes terroristes.  Il énumère les différentes mesures à prendre à cette fin, tant aux niveaux national qu’international, a conclu le représentant.    

M. MICHAEL BIONTINO (Allemagne) a déploré que d’autres progrès significatifs de la nature de ceux induits par l’accord sur le nucléaire iranien n’aient pas été enregistrés, en particulier sur les programmes nucléaires nord-coréen et syrien.  Dans ce contexte, le représentant a appelé ces deux États à se soumettre aux contrôles de l’AIEA.  Il a par ailleurs plaidé pour la reprise des négociations entre les États-Unis et la Fédération de Russie en ce qui concerne le contrôle des armes nucléaires, comme l’a proposé le Président Obama, et a exprimé son soutien aux négociations sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  S’il n’est pas possible d’y parvenir aux Nations Unies, il faudra saisir un autre cadre, a indiqué le représentant.  Il a également estimé irréaliste de penser que le désarmement nucléaire pourrait s’envisager sans la participation des États dotés.  La question doit également être étudiée sous l’angle de la sécurité des États dotés, a dit le représentant, appelant à la création d’un groupe gouvernemental à composition non limité pour aborder ces questions.  

M. KANG MYONG CHOI (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la modernisation d’armes nucléaires et le déploiement accéléré de systèmes de défense par la plus importante puissance nucléaire entraînaient une nouvelle course aux armements.  Il a affirmé que, ce faisant, les États-Unis détournaient l’attention du désarmement nucléaire pour faire de la non-prolifération la plus haute des priorités.  Il s’agit, à son avis, d’une atteinte à la souveraineté des États.  Mon pays appelle au lancement sans délais de négociations sur une convention relative aux armes nucléaires destinée à encadrer leur élimination totale, a lancé le représentant, pour qui les États dotés des plus vastes stocks d’armes nucléaires devraient donner l’exemple en abolissant de manière vérifiable leurs arsenaux.  Dans cette attente, a-t-il poursuivi, les États dotés devraient s’abstenir de menacer les États non dotés d’une utilisation contre eux d’armes nucléaires.  Il a également affirmé que la doctrine de dissuasion nucléaire de la République populaire démocratique de Corée ne servait d’autre cause qu’à garantir la sécurité de son pays et d’empêcher que celui-ci soit la cible et la victime d’agressions et d’attaques.

M. ION JINGA (Roumanie) a souligné la nécessité de la revitalisation de la Conférence du désarmement, la Première Commission ayant selon lui le potentiel pour élaborer des mesures pratiques à cette fin.  Il a par ailleurs souligné que la conclusion d’un accord sur le programme nucléaire iranien avait apporté la preuve que la diplomatie et la négociation étaient des instruments efficaces pour renforcer la sécurité internationale.  Il est maintenant crucial que l’Iran coopère pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, a-t-il estimé, ce pays ayant encore à rassurer la communauté internationale quant à la nature de son programme nucléaire. 

Mme ANDA GRINBERGA (Lettonie) a salué l’accord historique intervenu entre l’E3/UE3 et l’Iran sur le dossier nucléaire iranien et s’est dit persuadé que la mise en œuvre complète et rapide de cet accord serait de nature à renforcer les efforts de non-prolifération et désarmement nucléaire mondiaux.  Au-delà des efforts de mise en œuvre du TNP, la représentante de la Lettonie a souligné l’importance de renforcer le processus intersession du TNP.  Elle s’est dit persuadée que le renforcement du lien entre les comités préparatoires et la conférence d’examen serait de nature à apporter de la valeur ajoutée.  « Un lien intersession plus fort nous permettrait de réduire la pression relative à la quantité de travail à fournir par la conférence d’examen à la fin d’un cycle de négociations », a-t-elle estimé.  Elle a aussi réaffirmé l’importance des efforts bilatéraux et multilatéraux pour faire avancer les objectifs du TNP. 

M. VINICIO MATI (Italie) a salué l’accord sur le nucléaire iranien et sa validation par le Conseil de sécurité, tout en appelant la communauté internationale dans son intégralité à appliquer cet accord.  Il a ensuite affirmé que son pays était disposé à participer à l’établissement d’un climat favorable à l’objectif de la communauté internationale, à savoir l’élimination totale des armes nucléaires.  Ce climat ne saurait être atteint, toutefois, sans l’inclusion dans ce processus des pays dotés et sans tenir compte de leurs intérêts sécuritaires, a-t-il estimé, réaffirmant que la sécurité nucléaire constituait une priorité pour son pays.  

M. GORGUI CISS (Sénégal) a réaffirmé la position de son pays qui milite pour l’éradication totale des activités nucléaires à vocation militaire, et non pour leur simple réduction.  L’heure est à la réflexion sur la persistance de telles armes, estimées à plus de 15 000 réparties sur 9 pays, a précisé le représentant, réaffirmant par ailleurs le soutien de sa délégation à « l’Engagement humanitaire » pris lors de la neuvième Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de mai 2015.

« En dépit de notre volonté commune, force est de constater que le désarmement nucléaire auquel nous aspirons, devient de plus en plus une utopie », a déploré le représentant, qui regrette que les traités ne prévoient que la destruction de missiles porteurs et des têtes nucléaires, créant ainsi un potentiel nucléaire réversible.  Il est dès lors indispensable, à son avis, de renforcer l’autorité du TNP, notamment par son universalisation.  À ce titre, il a souligné le rôle de premier plan qu’a à jouer l’AIEA dans l’adoption de mesures efficaces en vue d’enrayer la prolifération des armes nucléaires, ce qui suppose des capacités de vérification et de supervision renforcées lui permettant de disposer des moyens et outils adaptés.  Sa délégation déplore par ailleurs le manque de consensus constaté lors de la Conférence de révision du TNP de 2015 et réaffirme que la tenue de la Conférence pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient constituerait un pas décisif vers le désarmement nucléaire.  En outre, le Sénégal soutient l’idée d’une Conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire en 2018, telle que formulée dans la résolution 68/32 de l’Assemblée générale, a conclu le représentant.

M. SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) s’est associé d’emblée à la centaine de pays qui soutiennent « l’Engagement humanitaire » et a salué le changement d’attitude en cours pour mobiliser davantage de parties prenantes autour des conséquences humanitaires des armes nucléaires.  Son pays a coorganisé la table ronde régionale sur ce sujet, qui a eu lieu à Bangkok en mars dernier, a-t-il indiqué.  Le représentant a par ailleurs appelé à l’ouverture de discussions sur le régime juridique international des armes nucléaires soulignant que l’impact de ces armes touche autant les puissances nucléaires que les autres pays, et que par conséquent, il faut élargir le débat.  En dépit des résultats décourageants de la conférence de révision du TNP de 2015, la Thaïlande reste fermement attachée à ce Traité et à sa mise en œuvre car la sécurité nucléaire, conformément aux garanties de l’AIEA, est une question prioritaire pour mon gouvernement, a-t-il dit.  Le représentant a souligné à ce propos que son pays était sur le point de passer une loi sur « l’énergie nucléaire » qui alignera les engagements de la Thaïlande, tant techniques, institutionnels, qu’éducatifs, avec ses obligations internationales pour lui permettre de pleinement tirer profit des applications pacifiques de l’énergie nucléaire.  Cette loi portera également sur les tests nucléaires, a expliqué le représentant, ce qui permettra à son pays de se « rapprocher » de la ratification du TICEN.  La Thaïlande prend également les mesures nécessaires pour pouvoir signer et ratifier la Convention.

M. FU CONG (Chine) a affirmé que les activités nucléaires de son pays étaient ouvertes et transparentes, la Chine ayant toujours appelé à un désarmement nucléaire complet et participé à tous les efforts à la Conférence du désarmement pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Mon pays est également favorable à un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles, a dit le représentant, précisant qu’il avait en outre ratifié les protocoles facultatifs à diverses zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier celles des sous-régions asiatiques.  Cependant, pour parvenir aux objectifs de la communauté internationale en matière de désarmement nucléaire, il faudra que l’universalité de ce désarmement soit acquise, que le processus se déroule « pas à pas », que les doctrines nucléaires militaires des États changent et que les équilibres stratégiques soient maintenus.

Pourtant, au fil des années, le Japon a accumulé des quantités énormes de matières nucléaires, au-delà même de ses besoins légitimes, a souligné le représentant, estimant que le Japon possédait actuellement près de 1 200 kg d’uranium hautement enrichi, et environ 47,8 tonnes de plutonium séparé, dont 10,8 tonnes sur son territoire.  Cette quantité est suffisante pour fabriquer 1 350 têtes nucléaires, a expliqué le représentant de la Chine, ajoutant que cette situation contredit les positions politiques du Japon concernant les excédents de plutonium.  Cette accumulation de matières nucléaires a interpellé le représentant chinois, qui a en outre souligné que certains responsables politiques japonais plaidaient actuellement ouvertement en faveur de la nucléarisation militaire de leur pays.  La communauté internationale doit se pencher sur ce problème, a–t-il conclu.    

M. NGUYEN KHANH TOAN (Viet Nam) a notamment salué les conférences sur la dimension humanitaire des armes nucléaires, en espérant qu’elles entraîneraient une mobilisation accrue en faveur d’un monde sans armes de ce type.  Il a en outre exhorté les États Membres à dépasser leurs différends en progressant de manière pratique vers l’élimination totale des armes nucléaires.

Droits de réponse

Le Japon a répondu à la Chine que toutes les matières sensibles du pays étaient placées sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique, celle-ci ayant reconnu de longue date leur nature pacifique.  Le représentant a assuré que les activités nucléaires du Japon étaient transparentes « et que nous dévoilons totalement notre situation sur l’uranium hautement enrichi auprès de l’Agence ».  « Nos efforts sont reconnus par l’Agence et la communauté internationale », a-t-il indiqué.

La Chine a déclaré que, quoi qu’en dise le Japon, des faits fondamentaux sont avérés: « Le Japon est le seul État non doté avec un cycle complet du nucléaire et un immense stock de matières nucléaires qui, d’ailleurs, n’a cessé d’augmenter », a affirmé le représentant chinois.  Pourquoi le Japon a-t-il besoin de telles quantités de plutonium séparé? s’est-il demandé.

Le Japon a répondu que la politique de son pays était orientée sur la défense nationale.  Nous sommes un pays épris de paix qui n’a pas l’intention de devenir une puissance nucléaire, a assuré le représentant japonais.

La Chine a déploré que le Japon ne réponde pas à ses questions.  Pourquoi le Japon a-t-il besoin de tant de matières fissiles, en l’occurrence de quoi fabriquer plus de 1 000 bombes atomiques? a de nouveau demandé le représentant chinois.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les États Membres encouragés à aller de l’avant pour une meilleure participation des représentants et institutions autochtones aux travaux de l’ONU

Soixante-dixième session,
18e séance – matin
AG/SHC/4138

Les États Membres encouragés à aller de l’avant pour une meilleure participation des représentants et institutions autochtones aux travaux de l’ONU

Les États Membres ont une nouvelle fois été encouragés, ce matin devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, à promouvoir la participation de représentants de peuples autochtones reconnus aux travaux de l’ONU.

Le Sous-secrétaire général du Département des affaires économiques et sociales, M. Lenni Montiel, qui présentait le rapport* du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones, a ainsi invité les États Membres à « aller de l’avant » dans l’élaboration de mesures visant à permettre aux institutions et aux représentants des peuples autochtones de participer de manière efficace aux réunions des organes pertinents de l’ONU sur les questions qui les concernent. 

Lors de ce débat d’une demi-journée sur les droits des peuples autochtones, M. Montiel a souligné que le Secrétaire général encourageait les États Membres à étudier les pratiques suivies actuellement à l’ONU et reconnues à la fois par les peuples autochtones et les États Membres comme étant de bonnes pratiques. 

De son côté, l’Union européenne s’est déclarée favorable à la proposition du Secrétaire général visant à favoriser une participation accrue des représentants des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies, estimant l’urgence de prendre des mesures concrètes pour la matérialisation de cette requête. 

Pour sa part, le Brésil a fait ressortir l’importance cruciale pour les peuples autochtones de se faire entendre, appelant à accorder une attention plus concrète aux régions faiblement ou non représentées dans les réunions des Nations Unies.

Le Sous-secrétaire général a également affirmé que le Secrétaire général avait proposé au Président de l’Assemblée générale d’étudier la possibilité de procéder à la nomination de cofacilitateurs ou de conseillers, y compris des représentants de peuples autochtones, pour mener une consultation ouverte notamment avec les États Membres, les représentants des peuples autochtones et les mécanismes des Nations Unies.

Lors de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones tenue en septembre 2014 au Siège de l’ONU, les États Membres, ainsi que le système des Nations Unies et les peuples autochtones se sont engagés à entreprendre plusieurs actions afin que le Document final soit pleinement opérationnel.

En plus de ces recommandations, M. Montiel a également mis l’accent sur le renforcement du Mécanisme d'experts, dont le Secrétaire général a salué le travail, lequel a fourni des compétences au Conseil des droits l’homme.  À cet égard, le Conseil a convenu de convoquer un atelier sur le mandat du Mécanisme d’experts en 2016, a-t-il déclaré.

Le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones a été créé par le Conseil des droits de l’homme, en 2007, conformément à la résolution 6/36 en tant qu’organe subsidiaire du Conseil.

Le Groupe d’amis de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, tout en rappelant l’intérêt de revoir le mandat des mécanismes existants, en particulier le Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, s’est félicité des discussions en cours, en soulignant la nécessité de mettre tout en œuvre afin de garantir le caractère inclusif de ce processus, en facilitant la participation concrète des peuples autochtones dans toutes les délibérations.

Par ailleurs, l’Iran a plaidé pour une participation effective à la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra en décembre, à Paris, des peuples autochtones, lesquels souffrent des effets des changements climatiques, insistant également sur la nécessité d’accorder une attention particulière aux effets des investissements étrangers dans les territoires où vivent ces peuples.

La Troisième Commission débutera mardi 20 octobre, à partir de 10 heures, le débat sur l’examen de la promotion et la protection des droits de l’homme. 

En outre, la Rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz, qui n’a pas pu s’exprimer ce lundi, présentera dans l’après-midi son dernier rapport** sur les droits des peuples autochtones.

DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES (A/70/84–E/2015/76 et A/70/301)

a) Droits des peuples autochtones

b) Suite donnée au Document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones

Débat général

M. DIEGO ALONSO TITUAÑA MATANGO (Équateur) (Équateur), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’engagement de la CELAC vis-à-vis du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, qui s’est tenue en septembre 2014 à New York.  Il a salué en particulier la résolution du Conseil des droits de l’homme A/HRC/30/L.9 qui demande la révision du mandat du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, en vue d’améliorer ledit mécanisme pour que celui-ci puisse faire mieux respecter la Déclaration des Nations Unies sur la question.

La CELAC reconnaît que les peuples autochtones jouent un rôle important dans le développement durable, a poursuivi le représentant.  Elle défend les pratiques agricoles traditionnelles durables, associées à la biodiversité et à l’exploitation des ressources des peuples autochtones, leur droit d’accéder à l’eau pour irriguer, les semences locales et le compostage, leur régime foncier, ainsi que leur accès aux financements et aux marchés.

La CELAC demande également que soient prises des mesures pour protéger les brevets liés au savoir traditionnel et ancestral des peuples autochtones et tribaux et des communautés locales.  Elle appuie l’autonomisation et le renforcement des capacités des femmes et des jeunes autochtones, y compris leur participation au processus de prise de décisions dans les domaines qui les intéressent, tels la santé, l’éducation, l’emploi, la protection de leurs terres et la transmission du savoir, des langues et des pratiques traditionnels. 

Enfin, le représentant a rappelé la contribution positive des peuples dans le cadre de la gouvernance, à travers le respect des principes andins: ama suwa (ne vole pas), ama lulla (ne ment pas) et ama qhilla (ne sois pas paresseux).

Mme MELISSA ANN MARIE BOISSIERE (Trinité-et-Tobago), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a noté que la Charte de la société civile pour la Communauté des Caraïbes soulignait la contribution des peuples autochtones au processus de développement et s’attachait à protéger leurs droits historiques et à respecter leur culture et leur façon de vivre.  L’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit permettre d’aborder les questions qui intéressent ces peuples, « qui font partie des groupes marginalisés dans de nombreuses sociétés ».

La CARICOM, a expliqué la représentante, est favorable à un dialogue renforcé entre les États Membres et les peuples autochtones.  À cet égard, elle s’est félicitée de la nomination par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales d’un fonctionnaire de haut niveau chargé, au sein du système des Nations Unies, de coordonner les actions de suivi du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones de septembre 2014.

Alors que les petits États insulaires en développement et les États côtiers de faible altitude doivent faire face aux changements climatiques accrus, et à la montée du niveau des océans, aux typhons, aux ouragans, aux tornades, aux inondations, à la sécheresse, à la désertification, « on aurait tort d’ignorer le savoir traditionnel utilisé par nos peuples autochtones qui continuent à vivre en harmonie avec la nature », a-t-elle averti.

Les peuples autochtones ont été identifiés comme des agents importants de « La voie à suivre de Samoa » et du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030.

Enfin, la représentante de la CARICOM a salué l’Alliance des leaders mayas du Belize et l’Association de développement des peuples du Centre-Sud du Guyana qui ont reçu le Prix de l’Équateur 2015 pour leur travail en faveur du développement durable des populations autochtones.    

Mme GABRIELA COLÍN ORTEGA (Mexique), au nom du Groupe d’amis de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, a encouragé l’action au niveau du système des Nations Unies en vue d’une approche cohérente dans la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et a salué les propositions concrètes contenues dans le rapport préliminaire du Secrétaire général, notamment la nomination de facilitateurs. 

La représentante a aussi exhorté les États Membres et les peuples autochtones à poursuivre leurs consultations autour de l’élaboration du plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies.  Il est indispensable, selon elle, d’inclure les peuples autochtones dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Rappelant que le Document final de la Conférence mondiale invite le Conseil des droits de l’homme à revoir le mandat des mécanismes existants, en particulier le mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, elle s’est félicitée des discussions en cours, en insistant sur la nécessité que ce processus soit également inclusif et facilite la participation concrète des peuples autochtones dans toutes les délibérations.

Elle a aussi salué la résolution récemment adoptée par le Conseil des droits de l’homme qui précise les différentes étapes du processus de discussions sur la réforme du mécanisme d’experts.  Elle a enfin appuyé la proposition du Secrétaire général qui invite le Président de l’Assemblée générale à envisager de nommer des cofacilitateurs, ou des conseillers, y compris des représentants autochtones, dans l’objectif d’aider à un processus de consultation à composition non limitée.

M. CHARLES WHITELEY, délégué de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne appuyait la Déclaration finale sur les droits des peuples autochtones, en se réjouissant des efforts pour la mise en œuvre du document final aux niveaux régional et international.  Il a souligné que l’Union était encouragée par les progrès rapides enregistrés concernant la révision du mécanisme d’experts et a accueilli favorablement la requête du Conseil des droits de l’homme d’organiser un atelier auquel participeraient les représentants des peuples autochtones.  Il a également insisté sur le fait qu’il est nécessaire que les méthodes de travail de ce mécanisme aient un réel impact sur le plan national. 

L’Union européenne, a-t-il dit, appuie la proposition du Secrétaire général de l’ONU visant à favoriser une participation accrue des représentants des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies, affirmant qu’il est temps de prendre des mesures concrètes afin que cette requête se matérialise. 

À cet égard, il est nécessaire que les États Membres se mettent d’accord pour définir les critères de sélection des peuples autochtones sur les questions qui les concernent, a-t-il souligné.  Par ailleurs, il a précisé que l’Union européenne avait lancé des programmes pour traiter des questions relatives au cadre juridico-institutionnel et à l’accès à la justice avec un accent mis sur les défenseurs des droits de l’homme des peuples autochtones.

M. PER THÖRESSON (Suède) a affirmé, au nom des pays nordiques, que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones avait constitué un tournant historique et qu’il fallait l’appliquer pleinement.  Il a également salué le rapport et les propositions du Secrétaire général et jugé positif le fait que les peuples autochtones aient été invités au processus de consultation et que plus de 400 réponses avaient été envoyées au Secrétaire général de la part des États Membres.

Il a aussi remercié la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz, pour son engagement sans faille.  La Suède a vivement défendu les droits des filles et femmes autochtones et a appelé à ce que les violations de leurs droits, leurs causes et conséquences, soient dûment analysées et prises en compte dans les actions nationales, régionales et internationales.  

Il a jugé tout aussi important que le système des Nations Unies élabore une approche plus solide et cohérente en vue de la réalisation des droits des peuples autochtones.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELĀSQUEZ (Pérou) a déclaré que son pays prévoyait dans sa législation la protection des peuples autochtones, en insistant sur l’adoption en 2011 de la loi sur le droit à la consultation préalable.  Il a également souligné la nécessité d’initier un dialogue interculturel pour permettre d’enregistrer de nouvelles avancées sur les questions touchant aux peuples autochtones.  Le Pérou a également créé un fonds de 50 millions de dollars pour améliorer les conditions de vie de ces peuples dont ceux situés dans les zones où se déroulent des activités pétrolières, a déclaré le délégué.  

Par ailleurs, les autorités péruviennes ont créé un groupe de travail, lequel a pour mission de débattre des politiques publiques et implique les peuples autochtones de sept fédérations, a-t-il dit.  Parallèlement, un accord a été conclu pour que les services publics respectent les droits de ces peuples.  À cet égard, un service bilingue a été mis en place afin de mieux faire comprendre à ces peuples les questions qui les touchent de plus près, a fait remarquer le représentant.

Plusieurs autres accords ont été initiés notamment dans les domaines des hydrocarbures, des compensations des terres, ainsi que des accords de propriétés foncières.  Il a conclu, en précisant l’importance de reconnaître les terres et territoires des peuples autochtones.  « Le Pérou a reconnu cinq réserves territoriales afin de protéger les réserves isolées », a-t-il affirmé.

Mme HERNANDEZ (Mexique), dont le pays compte plus de 15 millions d’autochtones, a déclaré que ces peuples parlaient 68 langues et 364 variantes.  Les droits des peuples autochtones sont fondamentaux dans le cadre du lancement du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle dit, assurant que le Mexique ferait tout son possible pour qu’ils ne « soient pas laissés de côté » durant la mise en œuvre. 

Reconnaissant les défis, elle a indiqué que son pays s’efforçait de garantir les droits des groupes particulièrement vulnérables tels les autochtones, les migrants, les enfants et les adolescents, les filles et les femmes ainsi que les handicapés.  Elle a affirmé qu’il était impératif de reconnaître et de respecter l’identité culturelle des autochtones et d’entretenir un dialogue interculturel avec les communautés autochtones pour permettre à l’État d’identifier les possibilités de développement inclusif et d’instaurer une culture de la paix.

S’agissant de la communauté internationale, elle a estimé qu’il convenait d’encourager les États à établir des mécanismes appropriés favorisant la pleine jouissance des droits des autochtones, conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 

La représentante a salué le Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones et a invité à trouver une solution afin de renforcer la représentation de ces peuples à l’ONU.

Mme LAURIE SHESTACK PHIPPS (États-Unis) a souligné que son pays avait encouragé les organes n’ayant pas encore pris de mesures pour faire avancer la condition des peuples autochtones à s’y atteler.  Elle a également appuyé la recommandation du Secrétaire général de permettre une plus grande participation des peuples autochtones aux travaux de l’ONU, estimant que cela procédait d’une volonté de contribuer à leur émancipation et à leur développement.

À cet égard, elle a plaidé pour que les consultations se déroulent au niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) afin que le processus soit transparent et participatif, en précisant que les consultations au niveau de l’Assemblée générale devaient se limiter uniquement aux États Membres.

Les États-Unis ont proposé un texte à la présidence de la Troisième Commission demandant à l’ECOSOC d’assurer un suivi de la Conférence mondiale pour prendre des mesures idoines et engager des négociations sur la réunion de suivi pour une participation accrue des peuples autochtones lors des travaux sur les questions qui les concernent.

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a mentionné la politique du Département de l’éducation en faveur des peuples autochtones de son pays, qui vise à permettre à tous d’avoir accès à un enseignement inclusif et respectueux de leur culture et de leur environnement social. 

Un programme de transfert monétaire aide les enfants, âgés de 3 à 18 ans, de 507 056 familles démunies, à condition que leur taux de fréquentation scolaire atteigne au moins 85%.  En outre, 218 377 familles autochtones, y compris des familles itinérantes ou installées dans des zones très reculées, ont bénéficié cette année de services de santé de base.

La protection des peuples autochtones et de leurs droits, y compris le droit à l’autodétermination et aux domaines ancestraux, est garantie par la Constitution philippine, a précisé Mme Natividad.  Cette protection est traduite dans la loi Bangsamoro qui a résulté des négociations de paix entre le Gouvernement et le Front de libération islamique Moro (MILF).

Mme JUANA SANDOVAL (Nicaragua) a noté que son pays faisait partie du Groupe d’amis des peuples autochtones qui a inspiré la tenue de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones en septembre 2014.  « Le Nicaragua est fier de ses racines autochtones et de sa population d’ascendance africaine », a-t-elle affirmé.  Au niveau international, le Gouvernement a adopté les instruments internationaux pertinents, comme la Convention n 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Au niveau national, a poursuivi la représentante, la loi garantit ces droits, notamment en ce qui concerne l’éducation bilingue interculturelle, la propriété collective de la terre, la santé, l’administration de la justice, la femme et la jeunesse, l’enfance et la famille. 

Le Gouvernement a renforcé les politiques publiques en faveur des régions autonomes de la Côte caraïbe, du Pacifique, du Centre et du Nord, dans le respect de la philosophie autochtone du « Bien vivre/Vivre bien », qui incorpore les facteurs socioculturels et reconnaît la diversité, de même que « la dimension collective du développement et des droits de l’homme ».  Elle a précisé que 30% du territoire national avait été restitué à ses habitants.   

M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay) a déclaré que 1,7% de la population du pays était autochtone, soit 117 000 personnes appartenant à 19 groupes ethniques et 493 communautés réparties sur l’ensemble du territoire.  Il s’est targué du fait que le Paraguay est le seul pays d’Amérique latine qui reconnaisse deux langues officielles dont le guarani, langue des habitants originels.  

Il a mis l’accent sur les politiques de reconnaissance et de protection des communautés autochtones et de leurs membres et sur le fait que la Constitution paraguayenne invalide la doctrine de la découverte car elle reconnaît l’existence des peuples autochtones bien avant l’arrivée des Européens.

Le représentant a souligné que le Paraguay était encore confronté à des difficultés dans les domaines de l’élargissement de l’accès aux terres, de la sécurité alimentaire de la population, de la fourniture de logements convenables, de l’accès à l’énergie électrique et de l’augmentation du nombre de bourses scolaires pour les jeunes autochtones universitaires.

En outre, il a affirmé que la nouvelle loi 5469/15 portait création d’un système de santé autochtone inédit, car elle reposait sur le respect de la diversité culturelle, et créait une direction nationale de la santé des peuples autochtones qui inclut des représentants de chaque peuple autochtone.

Mme TATYANA SHLYCHKOVA (Fédération de Russie) a déclaré que son pays avait toujours appuyé les initiatives visant à contribuer au développement des peuples autochtones notamment dans leurs aspirations à réaliser leurs droits.  Elle a insisté sur la nécessité de renforcer le développement durable des peuples autochtones dans la mise en œuvre du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.

Prenant note des travaux entrepris par le Conseil des droits de l’homme lors de sa trentième session, elle a affirmé qu’il existait déjà des mécanismes et procédures visant au renforcement de la protection des peuples autochtones.  Ainsi, elle a mis en garde contre les doublons qui pourraient rendre inefficaces l’ensemble des mesures visant à favoriser le développement de la condition des peuples autochtones.

Par ailleurs, elle a précisé que la Russie n’avait eu de cesse d’initier des programmes ayant pour but d’aider au respect de leurs droits, notamment dans les domaines des soins de santé et du versement des compensations par les entreprises utilisant les ressources dans les régions où vivent ces peuples.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que son pays s’attachait à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et du Document final de la Conférence mondiale sur ces peuples.  Le Brésil organisera, en décembre prochain, la première conférence nationale sur les politiques nationales, qui fera suite à un large processus de consultations.  

Cette semaine, Palmas accueille les Jeux autochtones, avec des milliers d’athlètes de nombreux pays.  Le représentant a partagé l’avis du Secrétaire général selon lequel le plan d’action sur l’inclusion et la cohérence au sein des Nations Unies d’un mécanisme sur les droits des peuples autochtones était un « chantier inachevé ».  Il est d’une importance cruciale que les peuples autochtones puissent se faire entendre, a-t-il dit, appelant à accorder une attention plus concrète aux régions faiblement ou non représentées dans les réunions des Nations Unies.

Il a appuyé l’élaboration de nouvelles règles nettement plus inclusives de la participation des autochtones aux événements et aux prises de décisions de l’ONU.

M. OMID ASGHARI OSBOUEI (République islamique d’Iran) a déclaré qu’il ne fallait pas sous-estimer le rôle des peuples autochtones qui apprécient la Terre nourricière et seront des partenaires précieux et indispensables dans l’exécution et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

D’autre part, la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra en décembre, à Paris, ne devra pas se passer sans eux, a-t-il plaidé.  Le délégué s’est demandé néanmoins comment les besoins de ces peuples seraient pris en compte, y compris s’agissant des effets délétères des investissements étrangers, thème du dernier rapport de la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones.

Mgr JOSEPH GRECH, observateur du Saint-Siège, a jugé essentiel de tenir compte de la sagesse traditionnelle et de l’expérience des peuples autochtones.  La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 implique que l’on fasse une place à tous ceux qui sont marginalisés, a-t-il insisté en se référant à l’allocution du pape François à l’Assemblée générale, le 25 septembre dernier.  « Les peuples autochtones ont beaucoup à nous apprendre sur la façon de prendre soin et d’aimer notre maison commune », a-t-il résumé.

D’après Mgr Grech, les peuples et les communautés autochtones offrent « un contre-exemple essentiel » par rapport aux pratiques contemporaines qui sont souvent « l’expression d’un consumérisme égoïste et nuisible pour notre environnement ».  Par conséquent, le Saint-Siège appelle au respect des droits des peuples autochtones à leur pays d’origine et à leurs ressources naturelles.

M. LENNI MONTIEL, Sous-Secrétaire général du Département des affaires économiques et sociales, s’est attardé sur le rapport du Secrétaire général relativement aux progrès réalisés dans la mise en œuvre du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.  Le rapport, a-t-il dit, prend note du fait que depuis la tenue de ces assises quelques actions encourageantes ont été entreprises par les États Membres.  

Toutefois, soulignant l’urgence à promouvoir le document final, il a relevé le rôle à jouer des États Membres et l’ONU à cet égard.  Un projet de plan d’action sur le renforcement de la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones a été préparé, a-t-il affirmé.

Le Secrétaire général a encouragé les États Membres à aller de l’avant pour l’élaboration de mesures visant à permettre aux institutions et aux représentants des peuples autochtones de participer de manière efficace aux réunions des organes de l’ONU sur les questions qui les concernent, a expliqué M. Montiel. 

Il a affirmé que le Secrétaire général avait invité l’Assemblée générale à procéder à la nomination de cofacilitateurs ou de conseillers y compris des représentants de peuples autochtones afin de mener un processus de consultations non limité.

Le rapport, a-t-il dit, met également l’accent sur l’examen du Mécanisme d'experts dont le travail a fourni des compétences au Conseil des droits l’homme mais doit être renforcé.  À cet égard, le Conseil a convenu de convoquer un atelier sur le mandat du Mécanisme d'experts en 2016, a-t-il déclaré.

Mme ARINO YAGUCHI (Japon) s’est félicité du fait que son gouvernement ait reconnu, en 2008, le peuple aïnu en tant que peuple autochtone japonais.  Les Aïnus vivent dans le nord de l’archipel, en particulier à Hokkaido.  Ils parlent une langue unique et ont une culture et une religion distinctes.  L’année dernière, des représentants de ce peuple ont participé à la réunion plénière de haut niveau dit Conférence mondiale des peuples autochtones.

Elle a appuyé la pleine réalisation du document final et le processus de consultations et de représentation des autochtones, de même que la pleine participation des femmes dans les processus de prise de décisions, et la prise de mesures législatives favorisant l’accès à une éducation de grande qualité, à la santé, au logement et à d’autres programmes sociaux et économiques pour améliorer le bien-être des autochtones. 

Le Japon s’emploie à présent à coopérer avec les Aïnus pour appuyer le développement de ceux d’entre eux qui vivent à l’extérieur d’Hokkaido, et a établi un système de bourses.

Mme ANA CAROLINA RODRIGUEZ DE FEBRES-CORDERO (Venezuela) a souligné que la révolution bolivarienne avait renforcé les droits des peuples autochtones en les incluant dans la Constitution, qui reconnaît leurs droits sociaux, politiques, économiques et culturels, ainsi que leur identité ethnique et culturelle, leur cosmovision, leurs valeurs, leur spiritualité, leurs lieux sacrés et de culte et leurs droits à leurs terres ancestrales, nécessaires au développement et à la garantie de leurs modes de vie. 

En 2007, un ministère du pouvoir populaire des peuples autochtones a été établi en vue de l’élimination de la pauvreté extrême et de l’inclusion des peuples originaires.  Par ailleurs, en 2014, un Conseil présidentiel du pouvoir populaire pour ces peuples a été institué pour défendre la dignité autochtone, tandis qu’un vice-ministère pour la formation et l’éducation interculturelle et le savoir ancestral a été établi dans le but de donner un élan au processus d’éducation et de formation interculturelle multilingue et à la participation des femmes autochtones dans la vie publique nationale et internationale.

À ce jour, il existe 1 813 institutions autochtones dans 51 municipalités, a précisé le représentant.  Les politiques de santé ont aussi favorisé la création de 50 services d’attention et d’orientation autochtones.  Au sujet de l’attribution de titres fonciers, la représentante a signalé que l’État vénézuélien avait attribué au total 93 titres de terres autochtones, ce qui équivaut à 2,9 millions d’hectares au profit de 79 142 autochtones.

M. SHAOJUN YAO (Chine) a estimé que le concept de peuples autochtones était « le produit de l’histoire coloniale occidentale ».  Tous les pays n’ont pas des peuples autochtones, et les résidents indigènes ne sont pas des peuples autochtones, a-t-il fait valoir.  D’après lui, la distorsion de ce concept n’est pas conforme à l’esprit de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, et elle ne favorise pas la protection et la promotion des droits et des intérêts des « véritables peuples autochtones ».

S’agissant de la participation des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies, M. Shaojun a espéré que le processus de consultations aboutira à une solution acceptable pour tous, qui permette une représentation bona fide des intéressés, et empêche certaines organisations non gouvernementales « de se déguiser en peuples autochtones » lors de réunions de l’ONU.

Enfin, il a souligné l’importance de l’investissement international et du libre-échange pour promouvoir les droits des peuples autochtones.   

M. IGOR BONDIUK (Ukraine) a mis l’accent sur l’occupation de la Crimée par la « force occupante », laquelle exerce des tensions et une intolérance qui ont forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir leur territoire. En outre, ces populations sont contraintes d’acquérir la nationalité de « la puissance d’occupation », a-t-il affirmé, déplorant que la situation des droits de l’homme se détériore à la fois en Ukraine et en Crimée. 

Le représentant est revenu sur les rapports établis par la Turquie, ainsi que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui font état des restrictions de la liberté d’expression et d’assemblée, ainsi que l’utilisation de leurs langues.  Selon le représentant de l’Ukraine, les « forces occupantes » font fi du statut des peuples autochtones de la Crimée.  À cet égard, l’Ukraine a lancé un appel à la communauté internationale afin d’accroître sa pression pour que les droits de l’homme soient respectés en Crimée.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a appuyé la déclaration des Groupes d’amis de la Conférence mondiale dont la Nouvelle-Zélande fait partie.  Il a jugé louable que nombre de pays aient mis en place des politiques qui prennent en considération les droits des peuples autochtones.  Il a rappelé que son pays se fondait, dans ce contexte, sur les principes du Traité de Waitangi, et renvoyé aux réponses de la Nouvelle-Zélande au questionnaire du Secrétaire général. 

M. Taula a trouvé encourageante la tâche du Groupe de travail sur la préparation du plan d’action interinstitutions en vue de l’accélération de l’application de la Déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones.  Il a estimé, d’un autre côté, que le nouveau mandat du Mécanisme d’experts devrait prévoir un rôle accru en termes de facilitation de cette application.

Il a toutefois déclaré que son pays n’était pas réellement favorable à la création de nouvelles modalités qui risquent de faire doublon ou d’entraver le travail d’organes d’ores et déjà fonctionnels.  Il a également incité à la prudence quant à la proposition du Secrétaire général selon laquelle le mandat modifié du Mécanisme d’experts devrait lui permettre de mener des consultations ouvertes avec les États Membres.

M. JOHAN ARIEF JAAFAR (Malaisie) a noté que la Constitution de son pays et une loi spécifique de 1954 protégeaient les peuples autochtones.  En outre, le onzième plan quinquennal national (2016-2020) vise à améliorer l’accès de la communauté autochtone malaisienne à des soins de santé de qualité.  C’est ainsi que 10 millions de dollars ont été alloués à la construction de 165 nouvelles cliniques dans des zones rurales.

Par ailleurs, le Gouvernement a accepté, en juin dernier, toutes les recommandations faites par la Commission nationale des droits de l’homme (SUHAKAM) sur les droits fonciers des peuples autochtones, créant un comité spécial sur cette question, a expliqué le représentant. 

De plus, des programmes vont renforcer l’enseignement et la formation des étudiants des communautés autochtones de la Malaise péninsulaire et des zones éloignées du Sabah et du Sarawak.  Des activités agricoles commerciales ont aussi été introduites pour réduire de 25% la pauvreté parmi ces peuples d’ici à la fin de l’année et des fonds ont été déboursés pour encourager leur participation à la vie socioéconomique.   

M. GENE BAI (Fidji) a signalé que, considérant l’expérience de son pays, les accords d’investissements et les clauses de libre-échange pouvaient s’avérer très onéreux pour les pays en développement.  La manière dont ces clauses sont mises en œuvre favorise principalement les parties ayant un grand pouvoir d’investissement, qui sont généralement des entreprises multinationales, et leur exécution se fait souvent au détriment des industries, de l’emploi et des moyens de subsistance locaux.

Un tel impact est fortement ressenti par les groupes les plus vulnérables d’un pays en développement, qu’il s’agisse des femmes travaillant dans le secteur informel, des travailleurs non qualifiés ou des communautés autochtones.  Il a souligné que la population rurale et semi-urbaine, qui repose sur les économies de subsistance, pouvait également être affectée, de façon disproportionnée, par les décisions prises dans le cadre des accords de libre-échange.

Mme INGRID SABJA (Bolivie) a souligné que la Bolivie avait, avec d’autres pays, été à l’initiative ayant abouti à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, laquelle fut suivie par l’adoption d’un document final.  Elle a déclaré qu’il était essentiel de mettre en exergue la protection des droits des peuples autochtones, notamment dans les domaines du foncier.  À cet égard, son pays a lancé un processus stratégique en faveur de ces peuples parvenus à résister à toute forme de colonisation et à conserver leur culture. 

En effet, la Bolivie a intégré dans ses mesures le savoir-faire des peuples autochtones dans les domaines de la santé et de l’alimentation pour assurer la sécurité alimentaire.  Elle a également insisté sur le rôle joué par ces peuples dans le développement économique et social, ainsi que dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Elle a également plaidé pour le renforcement de l’engagement des États pour la défense et la protection des peuples autochtones en respectant les droits des filles, des personnes handicapées, ainsi qu’en les aidant à lutter contre les effets des changements climatiques.

M. KEVIN CASSIDY, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a brièvement décrit les activités de l’OIT depuis l’adoption, il y a une année, du Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, notamment dans le contexte de la Convention 169 relative aux peuples indigènes et tribaux et de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.

Il a exhorté à diriger les efforts sur la mise en œuvre nationale de sorte que les hommes et les femmes autochtones ressentent les retombées positives dans leur vie quotidienne.  Il a rappelé qu’il y a un an, l’OIT avait célébré le vingt-cinquième anniversaire de la Convention 169, instrument qui a eu un impact de grande portée sur les législations et les sociétés l’ayant ratifiée.

M. LESETLA ANDREAS TEFFO (Afrique du Sud) s’est dit prêt à appuyer l’élaboration d’une convention sur les droits des peuples autochtones.  Il a regretté en effet que « la plupart des avocats de la Déclaration des Nations Unies sur les droits de peuples autochtones s’opposent à la formulation de la mise en œuvre de ses dispositions ». 

S’agissant du suivi du Gocument final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, il a pris note de la recommandation selon laquelle le Président de l’Assemblée générale pourrait étudier la possibilité de nommer des cofacilitateurs ou des conseillers pour mener une consultation ouverte sur les mesures à prendre au plan de la procédure et au plan institutionnel pour permettre la participation des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies.

Par ailleurs, le représentant a salué le rapport de la rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones qui se concentre sur les incidences des investissements internationaux et du libre-échange sur ces droits, une question à laquelle l’Afrique du Sud a été confrontée.  

À cet égard, l’Afrique du Sud et l’Équateur ont lancé un processus visant à répondre à certaines préoccupations soulevées dans le rapport.  Ils préconisent « la création d’un groupe de travail intergouvernemental ayant pour mandat de mettre au point un instrument juridiquement contraignant pour garantir la responsabilité des sociétés transnationales et d’autres entreprises vis-à-vis des violations des droits de l’homme, et prévoir des compensations adéquates pour les victimes ».  

Mme ANA CRISTINA RODRíGUEZ PINEDA (Guatemala) a renvoyé à la résolution 69/159 de l’Assemblée générale et a salué l’adoption de deux autres résolutions pertinentes au Conseil des droits de l’homme, l’une demandant au Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones d’élaborer une étude sur le droit à la santé et les peuples autochtones qui mette l’accent sur les enfants et les jeunes.  L’autre résolution invite le Conseil des droits de l’homme à réviser les mandats de ses mécanismes relatifs aux peuples autochtones, en particulier le Mécanisme d’experts, en prenant en considération les opinions de ces peuples. 

Elle a appelé à procéder à un réexamen « consciencieux » de l’application de la Déclaration à la lumière des objectifs récemment adoptés dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, car il est impossible d’atteindre un développement durable pour tous sans l’inclusion de groupes tels que les autochtones et les personnes d’ascendance africaine.  Elle a enfin assuré que son pays se préparait comme il se doit à la réunion de haut niveau de commémoration du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration prévue en 2017.

M. FERNANDO ANDRÉS MARANI (Argentine) a déclaré que les informations recueillies sur les peuples autochtones étaient essentielles pour leur survie.  À cet égard, l’Argentine protège les  droits des peuples autochtones, a-t-il précisé, soulignant que la Constitution reconnaissait leur existence, ainsi que leur droit, notamment a l’éducation bilingue.  

C’est fort de cet engagement que des programmes et réformes ont été initiés pour leur assurer une meilleure visibilité et leur garantir plus d’avantages dans les domaines de l’éducation et de la construction de logements.  Les autorités ont contribué à l’enregistrement de 500 communautés dans 20 provinces, a expliqué le délégué.  Néanmoins, il a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de faire de la question des peuples autochtones une priorité.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a déclaré que la Constitution avait été amendée en juin 2014 pour pleinement reconnaître « nos ancêtres et notre identité nationale », ce qui témoigne de la volonté manifeste du pays d’adopter des politiques visant au maintien et au développement de l’identité ethnique et culturelle, de la cosmovision, des valeurs et de la spiritualité des peuples autochtones.

D’autre part, le plan quinquennal de développement 2014-2019 a fait de ces peuples un groupe prioritaire en termes de développement, et envisage des mesures progressives dans toutes les politiques sectorielles qui puissent véritablement répondre à leurs besoins et intérêts spécifiques.

Mme ILLA MAINALI (Népal) a déclaré que face à la condition des peuples autochtones, dont un grand nombre vit dans la misère, son pays avait décidé de prêter une attention particulière à leur épanouissement.  Des mesures sont en cours d’adoption pour l’application effective des conventions, y compris le document 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné la déléguée.  

La nouvelle Constitution de Népal, promulguée il y a un mois, propose l’inclusion des populations défavorisées y compris les autochtones, s’est-elle félicitée.  Toutes les langues maternelles sont reconnues au Népal.  Par ailleurs, le respect de leurs droits est assuré en vue d’une participation effective aux processus de prise de décisions et de protection de leur savoir, a-t-elle fait valoir, en insistant sur le fait qu’une femme autochtone a été élue, pour la première fois, présidente du Parlement.

Elle a également mis en avant le fait que les autorités du Népal ont alloué un budget de développement en faveur des groupes autochtones et d’autres groupes défavorisés.  Par ailleurs, elle a souligné que son pays comptait s’appuyer sur le savoir-faire de ces peuples en matière d’environnement pour mettre en œuvre le Programme d’action de développement durable à l’horizon 2030.

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