Mali: trois mois après la signature de l’Accord de paix, le Chef de la MINUSMA fait état d’une situation fragile, émaillée de violations du cessez-le-feu

7528e séance – matin
CS/12068

Mali: trois mois après la signature de l’Accord de paix, le Chef de la MINUSMA fait état d’une situation fragile, émaillée de violations du cessez-le-feu

« Le chemin vers la paix au Mali sera jonché d’obstacles », avait prévenu le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays lors de son précédent exposé devant le Conseil de sécurité.  « Il l’est, en effet.  Les difficultés rencontrées ont été plus importantes et ont surgi plus tôt que prévu », a confirmé aujourd’hui M. Mongi Hamdi devant les 15 membres de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Venu présenter le rapport du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, sur la situation au Mali au cours des trois derniers mois, le Chef de la MINUSMA a indiqué que le « calendrier de mise en œuvre » de l’Accord de paix a subi de « graves revers » depuis sa signature le 20 juin dernier, à commencer par de fréquentes violations du cessez-le-feu, « dans un contexte marqué par des actions de groupes terroristes et des activités liées au trafic transnational illicite ».

La signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali par la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a marqué le début de la phase de mise en œuvre de cet Accord, qui avait déjà été approuvé un mois plus tôt par le Gouvernement malien et les groupes armés loyalistes de la Plateforme.

Chef de file de la Médiation internationale, l’Algérie a aussitôt créé le Comité de suivi de l’Accord.  Au cours d’une des réunions de ce Comité, le Gouvernement malien a présenté un « plan d’action » pour la mise en œuvre de l’Accord de paix, assorti d’un « plan d’urgence » pour la période intérimaire, a noté le Représentant spécial.

De son côté, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), que dirige M. Hamdi, a commencé d’élaborer un « plan de reconfiguration » conforme au mandat que lui a confié le Conseil de sécurité, le 29 juin dernier, pour appuyer la mise en œuvre « effective et intégrale » de l’Accord de paix. 

Dans ce contexte, la prise de contrôle, le 17 août, de la localité d’Anefis par la Plateforme a constitué une « violation flagrante » de l’Accord et conduit la CMA à suspendre sa participation au sein du Comité de suivi.  « Tout progrès sur des questions cruciales, notamment relatives au cantonnement, a été stoppé », a résumé le Chef de la MINUSMA, en déplorant cette action unilatérale.

Suite à l’occupation d’Anefis par la Plateforme, la CMA a étendu sa présence autour de Tombouctou, également en violation de l’Accord.  Après le retrait, mi-septembre, de la Plateforme d’Anefis, ses forces ont pris des positions plus au nord.  « Ces mouvements ont accru les tensions avec la CMA et débouché sur des affrontements dans les environs d’In Khalil, près de la frontière avec l’Algérie », a signalé M. Hamdi.

Au cours de cette période, la MINUSMA a redoublé d’efforts, notamment en affectant ses ressources militaires à la protection des civils à Kidal et Anefis.  Le Représentant spécial a précisé qu’il avait convoqué, le 23 septembre à Bamako, une réunion conjointe « sans précédent » entre les chefs militaires de la Plateforme et du CMA pour tenter de sortir de l’impasse.

Lors de cette réunion, les parties ont accepté de mettre fin aux hostilités, notamment le déploiement de troupes comme acte de provocation.  Ensuite, elles ont accepté « sur le principe » de revenir aux positions qui étaient les leurs avant la signature de l’Accord de paix, de reprendre leur participation au processus et de poursuivre le dialogue intercommunautaire.

« Les termes de ces accords sont respectés », s’est félicité le Représentant spécial.  Mais il a toutefois affirmé que les difficultés rencontrées ces derniers mois révèlent à quel point un engagement international est plus que jamais nécessaire pour prévenir l’escalade et remettre le processus de paix sur la bonne voie, notamment en facilitant les activités de cantonnement.

Dénonçant par ailleurs les pillages et actes de banditisme auxquels se sont livrés des criminels à la faveur des troubles récents, le Chef de la MINUSMA a souligné que le sentiment d’insécurité et le manque de confiance dans le processus de paix parmi la population malienne sont devenus problématiques.  « Des appels à la formation de milices d’autodéfense ont été lancés, ce qui ne pourrait qu’ajouter aux défis sécuritaires actuels », a-t-il averti.

Le représentant du Mali, M. Sekou Kasse, a lui aussi blâmé « le terrorisme, le narcotrafic et toutes les autres formes de criminalité organisée dans la région sahélo-saharienne » pour expliquer les difficultés auxquelles se heurte l’application de l’Accord de paix.  Expliquant que ces menaces transfrontalières concernaient tous les pays de la sous-région, « voire au-delà », il a appelé le Conseil à soutenir la volonté des Chefs d’États membres du Processus de Nouakchott de créer « une force d’intervention rapide ».

Mais il a reconnu que la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord est essentiellement imputable aux violations du cessez-le-feu.  « Ces incidents ne doivent pas servir de prétexte pour les mouvements armés signataires de prendre le processus de paix en otage », a-t-il dit, avant de rappeler la nécessité de procéder à l’activation des mécanismes sécuritaires prévus par l’Accord pour assurer le suivi de telles violations.

Le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2227 (2015), avait exprimé sa volonté de prendre des « sanctions ciblées » à l’encontre de ceux qui feraient obstruction ou menaceraient la mise en œuvre de l’Accord et violeraient le cessez-le-feu.

Enfin, estimant qu’un autre défi majeur était la mobilisation des ressources nécessaires pour mettre en œuvre l’Accord intégralement, M. Kasse a lancé un appel à tous les partenaires internationaux pour qu’ils participent à la conférence pour le financement du développement du Mali, prévue le 22 octobre prochain à Paris.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des droits palestiniens qualifie d’« historique » la date du 30 septembre et entend l’Observateur de Palestine demander une protection internationale pour son peuple

372e séance – matin
AG/PAL/1348

Le Comité des droits palestiniens qualifie d’« historique » la date du 30 septembre et entend l’Observateur de Palestine demander une protection internationale pour son peuple

« Le 30 septembre, le drapeau de l’État de Palestine a été hissé pour la première fois au Siège de l’ONU, ici à New York, lors d’une cérémonie à laquelle ont participé le Président de l’État de Palestine, le Président de l’Assemblée générale, le Secrétaire général de l’ONU ainsi que plusieurs ministres et ambassadeurs », s’est félicité, ce matin, le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.  M. Fodé Seck, par ailleurs Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies, a estimé que cet « évènement historique » symbolisait le soutien de la communauté internationale au peuple palestinien dans son combat pour réaliser ses droits inaliénables.

« Nous remercions le Comité du soutien apporté à la résolution disposant que le drapeau des États non membres observateurs serait hissé au Siège et dans les offices des Nations Unies après ceux des 193 États Membres », a réagi l’Observateur permanent de la Palestine.  M. Riyad Mansour a indiqué que quelque 170 pays « au moins » étaient représentés à la cérémonie, les délégations qui s´étaient abstenues lors du vote de la résolution ayant tout de même envoyé ministres et ou représentants permanents.  « Nous n’oublierons jamais cette journée historique », a-t-il confié.

M. Mansour a qualifié la situation dans le Territoire palestinien occupé de « très dangereuse en raison des agissements du Gouvernement d’extrême droite israélien, qui exerce une forte influence sur les colons ».  Il a accusé Israël d’intensifier les provocations dans les lieux saints de Jérusalem-Est et dans sa vieille ville, et, en déployant des milliers policiers et de gardes-frontière, « d’alimenter une atmosphère de confrontation ».

Les Palestiniens se défendent comme ils peuvent face aux actes « inqualifiables » des forces israéliennes et des colons, a-t-il dit.  Il a ajouté qu’après « l’attentat terroriste » de juillet dernier ayant entraîné la mort d’une famille palestinienne de Cisjordanie occupée, les autorités israéliennes, « au lieu de calmer le jeu et d’écouter les appels du Secrétaire général à apaiser les tensions et à empêcher les colons de menacer la vie de notre peuple », n’ont pas honoré leurs obligations internationales en matière de protection des civils.  Les populations de nombreux villages cisjordaniens près de Ramallah et d’autres localités ne se rendent plus en ville de peur d’être attaquées par les colons « qui s’en prennent aux véhicules des civils ».

« Parce que les forces israéliennes cherchent à soumettre les Cisjordaniens à la volonté des colons extrémistes et à détruire nos institutions, nous allons appeler le Conseil de sécurité de l’ONU à mettre en place une protection internationale pour notre peuple », a annoncé M. Mansour.  Indiquant que sa délégation était sur le point d’envoyer une lettre en ce sens aux Présidents du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ainsi qu’au Secrétaire général de l’ONU, il a affirmé que « la Puissance occupante ne respectant pas ses obligations internationales en matière de protection des civils », la communauté internationale devait prendre le relais « jusqu’à la fin de l’occupation ».

« Avec le drapeau de Palestine hissé au Siège de l’ONU, notre espoir grandissait, mais les forces israéliennes et les colons terroristes continuent de nous prendre pour cible et cherchent à détruire cet espoir.  Ils veulent imposer la voie militaire et anéantir la volonté de notre peuple: ils n’y arriveront pas », a conclu fermement l’Observateur permanent de la Palestine.

M. Christopher Grima, Rapporteur du Comité et Représentant permanent de Malte, a présenté le rapport annuel que le Comité doit soumettre le 6 octobre à l’Assemblée générale*.  Dans ses conclusions et recommandations, le Comité exhorte, entre autres, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale d’examiner favorablement toutes les propositions présentant un moyen de sortir de l’impasse actuelle.  S’agissant de Gaza, le Comité appelle à des mesures immédiates pour solidifier le cessez-le-feu et accélérer les efforts de reconstruction.  Il appelle aussi les Nations Unies et les donateurs à garantir le financement « à long terme » de ces efforts, y compris ceux de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Une fois le rapport adopté à l’unanimité des membres du Comité, le Représentant permanent de la Namibie, Coprésident du Comité, a noté que dans ses recommandations, le Comité aurait pu insister davantage sur la nécessité pour que « ceux qui ont annoncé des contributions financières en faveur des Palestiniens, à commencer par les habitants de Gaza, les honorent sans délai ».  « Sans la reconstruction de Gaza, point de retour possible à la normale dans les territoires occupés », a-t-il averti.  Le Président Seck a fait siens ces propos.  

M. Desra Percaya, Vice-Président du Comité et Représentant de l’Indonésie, a ensuite présenté les conclusions les plus saillantes de la Réunion internationale sur la question de Palestine tenue, les 7 et 8 septembre derniers, à Bruxelles.**  Au cours de cet événement, M. Ban Ki-moon avait, dans un message, pointé du doigt l’expansion des colonies israéliennes et l’impunité qui entoure la question comme la « cause première » de l’escalade de la violence dans le Territoire palestinien occupé.  Ces actes unilatéraux sont difficilement conciliables avec la volonté affichée du Gouvernement de réaliser la solution à deux États, ajoutait le Secrétaire général.  M. Percaya a cité les chiffres avancés pendant la Réunion selon lesquels, le nombre de colons est d’environ 400 000 en Cisjordanie et de 200 000 à Jérusalem-Est.  Faisant le point d’une réunion tenue le 9 septembre avec 15 organisations de la société civile, il s’est attardé, au titre des recommandations, sur celles visant à ce que le Comité propose à l’Assemblée générale un projet de résolution sur des directives que les États Membres devraient appliquer aux entreprises qui tirent profit de l’expansion des colonies.

Au titre des questions diverses, Le Président du Comité a notamment annoncé que la Réunion spéciale, organisée dans le cadre de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, aurait lieu le 23 novembre prochain, de 10 heures à 13 heures, dans la salle du Conseil de tutelle.

M. Percaya a pour sa part indiqué que son pays organiserait, à Jakarta, à la mi-décembre, la deuxième Réunion internationale sur la question de Jérusalem.  La première édition avait eu lieu à Ankara, en Turquie, les 12 et 13 mai 2014. 

 

 

 

*     A/AC.1983/2015/CRP2
**    A consulter sur le site Web du Système d’information des Nations Unies sur la question de Palestine (UNISPAL)

 

   

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: un débat général marqué par le conflit syrien, la crise des réfugiés et des appels à un accord contraignant contre les changements climatiques

Soixante-dixième session,
28e séance plénière - Matin
AG/11701

Assemblée générale: un débat général marqué par le conflit syrien, la crise des réfugiés et des appels à un accord contraignant contre les changements climatiques

La situation en Syrie et l’ampleur inédite des migrations qu’elle suscite, en conjonction avec les autres crises au Moyen-Orient ou en Afrique, ont dominé les six jours de débat général de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, cette semaine à New York.

Les quelque 160 chefs d’États et de gouvernement qui se sont succédé à la tribune de marbre vert depuis lundi, le plus grand nombre à ce jour, a souligné aujourd’hui le Président de l’Assemblée M. Mogens Lykketoft, ont également pressé la communauté internationale de parvenir à un accord juridiquement contraignant contre les changements climatiques.

Le débat s’est ouvert le 28 septembre par un vibrant hommage à l’ONU, « née des cendres de la guerre » et avec les félicitations du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, pour l’adoption des 17 objectifs « inspirants » de développement durable (ODD) qui, d’ici à 2030, doivent permettre de mettre fin à l’extrême pauvreté. 

Mais, « pourquoi est-il plus facile de trouver de l’argent pour détruire les peuples et la planète que pour leur protection? » s’est interrogé M. Ban alors que plus de 60 millions de personnes dans le monde ont fui pour se mettre à l’abri, chiffre jamais atteint par le passé selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Face aux atrocités commises par l’État islamique en Iraq et en Syrie, unanimement condamnées, la communauté internationale est restée divisée sur les solutions à apporter, sources d’une première passe d’armes lundi dernier entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Pour le Président russe, qui a lancé depuis les premières frappes aériennes en Syrie, la communauté internationale ferait « une erreur en refusant de coopérer avec le Gouvernement syrien ».  Son homologue américain a défendu une « transition gérée sans Assad », appuyé par la France pour qui le Président syrien étant « à l’origine du problème, il ne peut faire partie de la solution ».

Plusieurs pays d’Europe ont réclamé de l’aide aux autres continents pour l’accueil des réfugiés, la Hongrie suggérant aujourd’hui la mise en place d’une « force conjointe de l’Union européenne pour protéger les frontières du continent », qui risque sinon « elle-même d’être déstabilisée », a prévenu le Ministre des affaires étrangères.  La Turquie, en première ligne, avec le Liban et la Jordanie, de l’accueil des réfugiés syriens, a réclamé la création d’une « zone de sécurité », épargnée par tous les belligérants.

Les autres conflits qui secouent le monde, en Ukraine dont le Président a tourné les talons quand parlait la Fédération de Russie, en Afrique, « l’un des épicentres des conflits armés, du terrorisme et des migrations » selon le Tchad, et bien sûr au Moyen-Orient, ont été également très présents.

Alors que le drapeau palestinien a été hissé mercredi pour la première fois sur le parvis de l’ONU, le Président de l’Autorité Palestinienne s’est affranchi des Accords d’Oslo signés en 1992 et a affirmé « qu’il ne servait à rien de perdre du temps à négocier pour négocier » avec l’État d’Israël.  Le lendemain, le Premier Ministre israélien dénonçait l’accord sur le nucléaire iranien et se taisait pendant 44 secondes à la tribune, mimant le silence de l’Assemblée générale -« une institution en échec »- face aux menaces iraniennes contre le peuple d’Israël.

Tout au long de la semaine, de nombreuses voix donc celles de l’Inde et du Pakistan et de beaucoup d’autres sur les autres continents, se sont élevées pour réclamer une réforme de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, qui doit augmenter le nombre de ses membres, permanents et non permanents, pour mieux refléter les réalités géopolitiques de l’époque.  À l’instar de l’Angola, de nombreux États africains ont plaidé pour une représentation de leur continent.  Le droit de veto a été souvent contesté et la proposition de la France de le lever dans le cas d’atrocités commises ou de crimes contre l’humanité, maintes fois reprise.

De nombreux responsables ont exprimé leurs vues sur la nomination du Secrétaire général souhaitant, comme le Costa Rica, que le processus de sélection qui sera lancé en 2016 soit « plus démocratique et plus transparent » et, pourquoi pas, ouvert à une femme, a complété la Bulgarie.

Mais pour les petits États insulaires en développement des Caraïbes et du Pacifique ou les petits États côtiers comme le Belize, c’est la menace sur les océans et la dégradation du climat qui apparaissent comme la menace première à leur survie.  Le Tuvalu, la Dominique, la Grenade et bien d’autres ont réclamé un accord fort à la Conférences des États Parties à la Convention–cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en décembre à Paris, limitant le réchauffement de la planète à 2 degrés Celsius et le financement du Fonds vert pour le climat à la hauteur des enjeux.  Ce sont les plus pauvres qui seront les plus vulnérables, ont rappelé les Fidji, tandis que Saint-Kitts-et-Nevis a souligné le besoin de « simplifier » l’accès à ces financements.

Face à cette masse d’urgences et de crises, le Président de l’Assemblée qui a conclu le débat aujourd’hui, a aussi voulu retenir « l’espoir » que beaucoup de dirigeants placent dans l’examen de haut niveau de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité qui doit se tenir l’an prochain.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/70/1)

Suite du débat général

M. HUGO ROGER MARTÍNEZ BONILLA, Ministre des relations extérieures d’El Salvador, a appelé de ses vœux un réel et profond changement, notamment, la restructuration de l’architecture financière internationale et la refonte des mécanismes de coopération et de la dette souveraine des pays en développement, car les dernières crises financières et économiques ont particulièrement affecté les pays les plus vulnérables.  Le responsable d’El Salvador a évoqué le problème du trafic de drogues en rappelant qu’en avril 2016, l’Assemblée générale tiendra une session extraordinaire dont il a espéré qu’elle permettrait de revitaliser la lutte contre ce phénomène et de procéder à un échange de pratiques exemplaires.

El Salvador, qui est coordonnateur du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, mise également sur une réglementation internationale contre le crime organisé pour éviter de nouveaux transferts illégaux d’armes: « Je lance un appel fervent à la communauté internationale pour qu’elle travaille à l’application effective du Traité sur le commerce des armes », a insisté le Ministre qui n’a pas manqué de se féliciter de la détente entre Cuba et les États-Unis, car si elle est positive pour les relations entre les deux pays, elle l’est aussi pour tout le continent, a-t-il souligné en réclamant la levée, « dans les plus brefs délais » de l’embargo américain qui persiste à l’encontre de Cuba.

M. YOUSEF BIN AL-ALAWI BIN ABDULLA, Ministre des affaires étrangères d’Oman, a émis le vœu que le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies serait l’occasion de renouveler la confiance en l’action internationale, grâce à des initiatives contribuant à un ordre économique international fondé sur la justice pour tous.  Il s’est félicité de l’accord conclu entre le Groupe des 5+1 et l’Iran sur le programme nucléaire de ce dernier.  Cet accord, a-t-il estimé, constitue un modèle pour le règlement de questions « controversées et complexes ».  Il a espéré que cet « accord historique » ouvrirait une nouvelle ère de relations fondées sur la coopération, le respect et la confiance mutuelle.  Se félicitant également que le drapeau de la Palestine soit hissé à l’ONU, il a exhorté Palestiniens et Israéliens à retourner à la table des négociations.

S’agissant du Yémen, le Chef de la diplomatie omanie s’est déclaré particulièrement inquiet devant des organisations terroristes, dont certaines sont visées par les sanctions de l’ONU, qui se servent du pays comme base de leurs activités, ce qui pose une menace directe à la sécurité et à la stabilité de la région.  Dans ce contexte difficile, il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général et a appelé toutes les parties au respect du droit international, en particulier les Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et sur les relations consulaires.  De la même façon, il a appuyé le travail de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  M. Al-Alawi Bin Abdulla a exhorté à la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.    

« Aucune raison » de se réjouir 70 ans après la création de l’ONU, a estimé M. PETER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, en énumérant les nombreux défis auxquels est confrontée l’Europe, dont un conflit en Ukraine depuis deux ans et une myriade de « conflits gelés » menaçants.  L’Union européenne se heurte actuellement « au plus dur conflit » depuis sa création avec l’arrivée massive de migrants, « sans trouver encore les bonnes réponses » car il n’y a « pas de consensus en Europe ni dans le monde sur l’ampleur, le volume et la nature de ces migrations », a-t-il indiqué.

La crise est beaucoup plus « complexe » qu’une crise de réfugiés car elle implique aussi des « migrants économiques et des combattants étrangers ».  Cette situation, la pire depuis la création du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), avec 60 millions de personnes qui ont fui cette année dans le monde, est notamment « due à des mauvais choix politiques ».  Le résultat est qu’une partie importante du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord est déstabilisée et que face à l’État islamique qui progresse, la Coalition internationale n’a obtenu que des « succès limités ».  Or, sans rétablir la paix en Syrie, qui passe « par la négociation », le flux migratoire ne cessera pas, a prévenu le Ministre, en insistant: « il n’y aura pas de paix réelle sans accord et sans coopération entre la communauté transatlantique et la Fédération de Russie ».

En même temps, la communauté internationale doit lutter contre un autre défi, les changements climatiques qui encouragent de nouveaux mouvements migratoires.  Ces mouvements massifs ont déjà commencé dans le monde et appellent « une réponse mondiale et une implication mondiale », a-t-il martelé, notant que « l’Union européenne supporte actuellement la plus grande partie » du fardeau et risque « elle-même d’être déstabilisée ».  « Si nous ne pouvons maitriser nos frontières, nous allons nous retrouver sans défense », a prévenu le Ministre, en appelant à la mise en place d’une « force conjointe de l’Union européenne pour protéger les frontières extérieures du continent ».

M. OSMAN SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a dénoncé d’emblée les inégalités flagrantes entre les pays et régions, y compris au sein de l’ONU qui reflètent un « ordre mondial injuste, inégal et non démocratique », où l’immense majorité des États est marginalisée.  L’Assemblée générale même, qui devrait être un organe puissant et jouissant d’un pouvoir et d’une influence réels, est dominée par une poignée d’États, a-t-il fustigé, encourageant, en revanche, à redoubler d’efforts en vue de la revitalisation de cet organe.

M. Saleh a dénoncé le fait que son pays soit encore une des victimes de l’ONU, depuis le temps où et pendant 30 longues années, son mouvement de libération a été écrasé sans ménagement par des bombardements injustes et dévastateurs.  Aujourd’hui, l’Érythrée indépendante fait face à une autre forme d’injustice que sont les sanctions « injustes et illégitimes » et les accusations sans fondement, tandis que l’ONU et le Conseil de sécurité continuent d’appuyer l’occupation illégale de son territoire souverain en violation du droit international et de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.  L’Érythrée, qui poursuit sa marche contre vents et marées, a fait des progrès remarquables dans l’édification d’une nation fondée sur l’intégration, la dignité humaine et les droits, a déclaré M. Saleh. 

M. FRANÇOIS LOUCÉNY FALL, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, a déclaré que la prospérité que nous voulons partager est gravement menacée par la violence sur fond d’extrémisme et d’intolérance.  L’exclusion, source de frustration, met également en péril la démocratie et la bonne gouvernance, tandis que le Proche-Orient est toujours en proie aux pires souffrances, notamment avec l’occupation de la Palestine.  La Guinée exhorte donc la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour la reprise des négociations entre Israël et l’État de Palestine, condamnés à vivre côte à côte, a-t-il ajouté.

Concernant l’Afrique, il a déclaré qu’elle sort peu à peu de sa torpeur, en renouant notamment avec la croissance économique et en investissant dans le renforcement de ses capacités de défense et de sécurité.  Mais elle fait également face à la flambée du terrorisme et c’est pour cela qu’il faut trouver les voies et moyens pour endiguer ce fléau, y compris en éliminant les inégalités et en renforçant la culture démocratique, les droits humains et les libertés fondamentales, a-t-il aussi déclaré.

M. Fall a dit que la réalisation des 17 objectifs ambitieux du Programme de développement durable à l’horizon 2030 nécessitera une mobilisation de ressources adéquates.  La Guinée fonde l’espoir que la Conférence de Paris sur le climat débouchera sur un accord juridiquement contraignant et appelle d’ores et déjà les États à contribuer au Fonds vert pour le climat.  Il faut adapter notre vision de la gestion des affaires du monde aux réalités actuelles, a poursuivi le Ministre.  Le système international doit être réformé et permettre la pleine participation de tous à l’évolution du monde.  Il faut donc renforcer l’Assemblée générale et démocratiser le Conseil de sécurité.  La Guinée, a dit le Ministre, soutient l’initiative de la France et du Mexique visant à encadrer l’usage du droit de veto, « à condition que cette mesure s’applique de manière équitable à toutes les régions du monde ».

Il s’est réjoui de la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, en arguant que l’Histoire prouve une fois de plus qu’en privilégiant la négociation et le dialogue au détriment de l’usage de la force, il est possible d’aplanir les divergences les plus profondes.  C’est dans ce contexte que le Ministre s’est aussi réjoui de l’aide apportée par les Nations Unies et les autres partenaires dans la signature de l’accord global du 20 août dernier entre la mouvance présidentielle et l’opposition guinéenne.  Les élections qui doivent se tenir le 11 octobre prochain marqueront pour la Guinée un nouveau départ vers son véritable développement économique et social, a-t-il assuré, sans oublier de remercier la communauté internationale pour l’aide qu’elle a apportée à la lutte contre la pandémie d’Ebola.  

Mme FRANCINE BARON, Ministre des affaires étrangères de la Dominique, a insisté sur la menace « disproportionnée » pour des États comme le sien que constitue la forte concentration d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, rappelant que le seul passage de l’ouragan Erika en août sur son île a dévasté plus de 90% de l’économie locale en 24 heures.  Ce phénomène « sape nos progrès vers le développement durable », a-t-elle souligné car il détourne des ressources destinées à relever les défis actuels, et qu’ils sont déjà la résultante des changements climatiques, a-t-elle estimé.  Entre 2000 et 2014, les catastrophes naturelles ont coûté plus de 30 milliards de dollars aux pays des Caraïbes et 40% de la dette d’un État comme la Dominique résulte des emprunts contractés pour répondre à ces cataclysmes.  « Une seule catastrophe naturelle peut faire reculer le PIB de nos pays de 10 ans », a-t-elle rappelé.

Pour cette raison, Mme Baron a réclamé la création d’un fonds international, fondé sur des contributions volontaires, pour aider les petits États insulaires à faire face à ces phénomènes extrêmes.  La Dominique attend donc que les États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies contre les changements climatiques écoutent les appels de la communauté scientifique et que tous prennent des engagements sérieux à Paris à savoir la mise en place d’un système limitant la hausse des températures à 2 degrés maximum, a-t-elle réclamé.  « Mais nous demandons aussi à la Conférence de créer un nouveau mécanisme qui fournira des ressources aux petits États insulaires car les effets des changements climatiques vont perdurer », a-t-elle insisté.

Mme DUNYA MAUMOON, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a rappelé que les premiers mots de la Charte des Nations Unies sont « Nous les peuples ».  Soixante-dix ans après, il faut se demander si le peuple a été bien servi au-delà des promesses et confirmation des principes, a-t-elle estimé.  Alors que les Nations Unies sont et restent le meilleur espoir de l’humanité, elles restent aussi piégées, prisonnières des excuses et coincées dans les mandats de ses organes.  Pourquoi le Conseil de sécurité ne peut-il débattre que des questions d’armes et de bombes?  Pourquoi le Conseil économique et social ne pourrait-il aussi discuter de la paix et de la sécurité?  Pourquoi le développement et la guerre ne peuvent avoir une dimension « droits de l’homme »?  Pourquoi chaque thématique relève de la compétence exclusive d’un organe? s’est interrogée la Ministre.   

Les Maldives sont d’avis que chaque problème doit être examiné sous ses différents aspects et cela implique une redéfinition du concept de sécurité, incluant toutes les questions liées aux menaces visant l’humanité, dont les changements climatiques.  Pour les Maldives, les changements climatiques sont une menace à la paix et à la sécurité.  Ils affectent l’économie, entravent l’exercice des droits de l’homme et compromettent le mode de vie des populations.  Les Maldives sont prêtes à agir.  Elles ont d’ailleurs déjà commencé, avec les autres petits États insulaires en développement, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à travailler à un instrument juridiquement contraignant en prévision de la Conférence de Paris sur le climat, a souligné la Ministre.  

La question des océans est une autre source de préoccupation pour les Maldives, car ils représentent une grosse partie de leur économie et de leur mode de vie.  L’exploitation illégale des ressources naturelles et maritimes par des bandes criminelles menace également la paix et la sécurité.  C’est pour cela que depuis 1980, le braconnage des tortues est interdit et que la biosphère est protégée depuis 2012.  Les Maldives investissent aussi dans les capacités de résilience de ses communautés à l’intérieur, comme à l’extérieur du pays, notamment en promouvant l’autonomisation des jeunes et des femmes et en renforçant la démocratie. 

La Ministre a également déclaré que « la crise des migrants » ne devrait pas s’appeler ainsi, mais plutôt « crise des réfugiés », car a-t-elle ajouté, ils fuient la violence, la barbarie et le terrorisme insensé de groupes qui agissent au nom de l’islam et nourrissent ainsi le courant islamophobe.  La communauté internationale ne doit pas laisser ces groupes dénaturer la religion islamique, « religion de paix et de tolérance », a-t-elle ajouté.  Elle s’est ensuite réjouie que le drapeau palestinien flotte désormais aux Nations Unies.  C’est une étape historique, s’est-elle félicitée, ajoutant qu’une solution permanente à la situation en Palestine serait le retrait complet d’Israël des territoires occupés et la proclamation d’un État palestinien.  

Mme NIERMALA BADRISING, Ministre des affaires étrangères du Suriname, a indiqué que les sept dernières décennies ont permis de grandes réalisations socioéconomiques, notamment dans l’égalité entre les sexes; le retour à la démocratie; le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Au chapitre des défis à relever, Mme Badrising a attiré l’attention sur les conflits armés, la montée du fondamentalisme, le non-respect des droits de l’homme, les préoccupations liées à la santé, comme le VIH/sida et les maladies non transmissibles, de même que sur les effets pervers des changements climatiques et des catastrophes naturelles.  

La lutte contre les changements climatiques demeure une haute priorité pour le Suriname, le plus petit pays d’Amérique du Sud qui abrite pourtant pas moins de 8% de la forêt tropicale vierge du monde et dont environ 94% du territoire est recouvert par cette forêt, ce qui en fait la « nation la plus verte de la Terre », a expliqué la Ministre.  Dans ce contexte, elle a dit attendre du rendez-vous de Paris un « nouvel accord mondial » incluant des mesures spécifiques d’atténuation des effets des changements climatiques et des engagements relatifs à l’adaptation.  Elle a aussi demandé que la priorité soit donnée à la mobilisation des ressources financières, en particulier pour les petits États insulaires et côtiers en développement.  Épris de paix, le Suriname se réjouit des pas positifs dans le processus de normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis, a indiqué la Ministre, en invitant à la levée du blocus économique.  

M. DANIEL JEAN, Vice-Ministre des affaires étrangères du Canada, s’est inquiété du financement des objectifs de développement durable, les projections montrant que l’on ne dispose pas encore des milliers de milliards nécessaires pour les appliquer, a-t-il dit en appelant à trouver de nouvelles sources de financement, privées notamment, pour combler ce fossé.  Ceci est d’autant plus important que, du jour au lendemain, les progrès peuvent être anéantis par les conflits, les guerres, les catastrophes et ou les crises alimentaires aigües.

En 2014, le Canada a augmenté de 32% son aide humanitaire pour venir en appui aux pays en crise comme l’Iraq, la Syrie, les Philippines ou la République centrafricaine, a-t-il relevé.  Mais le Canada souhaite aujourd’hui faire face à la crise des réfugiés et des migrants qui touche l’Europe.  Dans certains cas, comme celui des Syriens, le problème est « pressant », dans d’autre, il s’inscrit dans la durée.  « Nous collaborerons avec nos partenaires pour surmonter ces difficultés en accueillant et réinstallant des réfugiés syriens au Canada », a-t-il promis.  Mais, a poursuivi le Ministre, sans l’engagement collectif des États Membres pour résoudre les crises, les engagements de la Chartes de l’ONU seront des « paroles creuses ».  Il a ajouté que son pays « appuiera » les minorités religieuses dont l’existence même est menacée par l’État islamique.  Le Canada s’engage à « attirer l’attention » sur les « violences barbares » à l’encontre des femmes et des filles.

M. DANIELE BODINI (Saint-Marin) a rappelé que son pays, un petit pays sans armée et aux ressources limitées, ne peut compter que sur les Nations Unies et que face à la multitude des défis, une réforme de l’ONU, pour la rendre « plus efficace », est devenue « fondamentale ».  La question doit être au cœur des travaux de l’Assemblée générale en ce soixante-dixième anniversaire, a insisté le représentant.  L’Assemblée générale doit être revitalisée et le Conseil de sécurité, dont la réforme doit se faire dans un esprit de consensus, doit élargir la composition de ses membres non permanents afin de se prévaloir d’une « représentation géographique plus équilibrée ».

Face à l’afflux massif de réfugiés vers l’Europe, le représentant a dénoncé « la férocité sans précédent » exercée sur les populations en Iraq et en Syrie et espéré une solution diplomatique sous la direction de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  Le représentant a rappelé que les femmes font toujours l’objet de discriminations et de violence en bien des points du monde, y compris dans les pays développés.  La traite des femmes est loin d’être un problème résolu.  De même, les enfants, le groupe le plus vulnérable, sont toujours soumis à la violence, aux abus et à l’exploitation.

M. CARLOS RAÚL MORALES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a souligné qu’il n’y a pas eu un seul incident regrettable, ni blessé, ni acte de vandalisme, pendant les 22 semaines de manifestations populaires contre la corruption, qui ont conduit à la démission du Président et de la Vice-Présidente ainsi que de leur déferrement devant la justice.  Les Nations Unies ont joué un rôle dans ce processus, a dit le Ministre, indiquant que les nouvelles autorités sont chargées de conduire le pays aux élections du 25 octobre.  La démocratie a montré sa force, a-t-il dit, soulignant que pendant ces manifestations, aucun ordre constitutionnel n’a été renversé ni changé.

Cette force est celle des Guatémaltèques qui exigent des changements sociétaux et des réformes politiques et sociales.  Il est donc important que l’État y réponde adéquatement pour renforcer encore plus la démocratie.  Le Gouvernement doit surtout répondre aux revendications sociales des jeunes car la migration doit être une option et pas la solution.  Le représentant a chiffré à plus de deux millions, le nombre de Guatémaltèques qui vivent en dehors du pays, et notamment aux États-Unis.  Même s’il s’agit d’un mouvement séculaire, la migration impose des responsabilités aux États qu’il soit d’origine, de transit ou de destination.

C’est pour cette raison que le Guatemala, le Honduras et El Salvador ont rejoint le triangle de l’Amérique centrale et du Nord, pour travailler, avec les États-Unis et la Banque mondiale, à un plan de l’Alliance pour la prospérité, qui analyse les raisons de la migration pour offrir de meilleures opportunités économiques aux jeunes.  En 2016, ce Plan sera doté de 2,8 milliards de dollars, a-t-il chiffré.  Le Guatemala apprécie en outre les efforts et les réformes envisagés par le Président Obama en faveur des migrants et continue de demander que ses ressortissants bénéficient du statut de protection temporaire accordé aux migrants aux États-Unis. 

Le Ministre a également déclaré que son pays est dans un processus de normalisation avec ses voisins.  Avec le Belize, la décision est de se tourner vers la Cour internationale de Justice (CIJ) pour régler les différends territoriaux.  La coopération avec le Mexique est au plus haut niveau et avec le Honduras, la création d’une première union douanière est sur la bonne voie, a affirmé le Ministre, avant de se réjouir du renouveau des relations entre Cuba et les États-Unis et d’appeler à la levée de l’embargo contre Cuba.  Il s’est en revanche dit très préoccupé par la situation au Moyen-Orient, notamment en Palestine et en Syrie.  Il a exprimé la disposition de son pays à contribuer à l’amélioration des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Le Ministre a conclu sur l’importance d’un instrument juridiquement contraignant contre les changements climatiques.  

M. CALEB OTTO (Palaos) a espéré que d’ici à une génération, l’on repense à la présente session de l’Assemblée générale comme un événement déterminant au cours duquel le monde a résolument décidé d’inverser la tendance du développement et de l’exploitation de la planète, de redoubler d’efforts pour en finir avec la pauvreté et de protéger les plus vulnérables par un véritable engagement en faveur d’une transformation réelle.  L’adoption d’une nouvelle série de 17 objectifs de développement durable, a-t-il dit, montre clairement que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) aurait été bien plus impressionnante si le monde avait pris la peine de remédier aux causes sous-jacentes de la pauvreté et de la dégradation de l’environnement et de mettre en pratique l’OMD 8 sur les partenariats.

La troisième Conférence internationale sur le financement du développement a été, en juillet dernier à Addis-Abeba, le « premier test du degré d’engagement des pays développés.  Il a déploré que le Programme d’action d’Addis-Abeba ait, grosso modo, réitéré les engagements des OMD, sans s’inquiéter de l’écart entre les grands discours et le faible niveau des engagements financiers.  Dès lors, il s’avère qu’un Partenariat mondial « ambitieux et revigoré » soit clairement requis, a insisté le représentant.  Il a cité les partenariats fructueux entre son pays et les États-Unis, le Japon et Taiwan.  Il a d’ailleurs exhorté le système de l’ONU à impliquer Taiwan dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et dans les mécanismes pertinents sur l’environnement, comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, compte tenu en particulier de ses capacités techniques.       

M. CLAUDE BOUAH-KAMON (Côte d’Ivoire) s’est déclaré interpellé par l’insupportable tragédie humaine du phénomène migratoire actuel et s’est incliné devant la mémoire de « nombreux disparus de la Méditerranée ».  Face à ce drame humanitaire, a-t-il dit, la communauté internationale doit, dans une approche concertée, globale et cohérente, trouver une réponse humaine à la crise des migrants et des réfugiés, qui fuient la pauvreté, la misère, la violence et les guerres au péril de leur vie.  « Il en va de notre responsabilité commune », a-t-il insisté.

M. Bouah-Kamon a voulu que l’on réfléchisse à l’avenir de l’ONU dans ce monde en proie à des mutations de tous ordres.  Boko Haram, a-t-il dit, qui est devenu « l’État islamique en Afrique de l’Ouest » continue de semer désolation et terreur tandis que la cybercriminalité prend de l’ampleur, et la pauvreté, en dépit des efforts engagés pour son éradication, est toujours une préoccupation et un facteur qui handicape le développement et le bien-être des peuples.  S’agissant de son pays, le représentant a estimé que l’année 2015 est une « année charnière » en raison de la tenue, à partir du 25 octobre prochain, des élections générales ouvertes et inclusives.  Il s’est félicité de la récente décision du Conseil de sécurité, dans sa résolution 2226 (2015) du 25 juin dernier, autorisant l’ONUCI à apporter un appui logistique aux élections.

Le Gouvernement a mis en place le « Cadre permanent de dialogue avec l’opposition » et mettra tout en œuvre afin de garantir la crédibilité du processus électoral en vue de consolider la paix retrouvée ».  Le représentant a aussi indiqué que la Commission nationale pour la réparation et l’indemnisation des victimes (CONARIV), mise en place par le Gouvernement en vue de parachever les travaux de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), procède actuellement à l’indemnisation des victimes.  Le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) a été achevé avec succès avec un taux de réinsertion de 85% des ex-combattants, a ajouté le représentant.       

Déclaration de clôture

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a déclaré que ce débat a vu la participation du plus grand nombre de chefs d’État et de gouvernement de l’histoire de l’ONU.  Il a été agréable de les entendre réitérer les valeurs et principes qui fondent la Charte des Nations Unies et l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été un moment historique, a-t-il dit.   

Résumant les thématiques abordées au cours du débat général, il a dit que l’un des messages entendu au cours de ces six derniers jours a porté sur le sort des migrants dans le monde.  Il a été dit que cette crise appelle une réaction mondiale, ancrée dans une approche des droits de l’homme.  Concernant la crise en Syrie, beaucoup de dirigeants ont appelé à l’implication des grandes puissances afin qu’elles contribuent à la recherche d’une solution politique.  Il a également été demandé que les obstacles à la paix entre Israël et la Palestine soient levés, tandis que les agissement des groupes extrémistes et terroristes ont été condamnés et qualifiés d’affront à la civilisation, a encore dit le Président.  Les dirigeants ont aussi souligné la nécessité de renforcer les préventions des conflits et de même, ils ont dans leur grande majorité, en particulier les petits États insulaires en développement, jugé impératif de parvenir à un accord juridiquement contraignant à la Conférence de Paris sur le climat.

Dans le domaine de la santé, des nouvelles rassurantes sont venues du côté de l’Afrique l’Ouest, où les pays concernés ont pu se sortir de la maladie à virus Ebola, notamment avec l’appui des Nations Unies et d’autres partenaires internationaux.  Les chefs d’État et de gouvernement ont par ailleurs placé beaucoup d’espoirs dans l’examen de haut niveau de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité qui doit se tenir l’an prochain.  Concernant les questions organisationnelles et institutionnelles, ils ont à nouveau demandé une réforme du Conseil de sécurité, afin qu’il respecte les équilibres mondiaux, et plaidé pour plus de transparence dans la désignation du Secrétaire général des Nations Unies, a résumé le Président.  

Droits de réponse

La représentante de l’Indonésie a réagi aux propos des délégations des Tonga et des Îles Salomon, en rejetant les allégations sur de prétendues violations des droits de l’homme en Papouasie occidentale.  Tenant à rétablir les faits, elle a rappelé que la Constitution et la législation indonésiennes offrent toutes les garanties de protection des droits.  En tant que quatrième plus grande démocratie au monde, l’Indonésie a mis en place des mécanismes solides et travaille avec une société civile dynamique qui suit avec attention les problèmes des droits de l’homme qui surgissent dans le pays.  L’Indonésie est aussi très engagée aux niveaux régional et international, s’agissant notamment du renforcement des capacités.  La représentante a dénoncé les motivations politiques des Tonga et des Îles Salomon et affirmé que son pays accorde une grande importance aux relations avec les peuples des îles du Pacifique et cherche à s’en rapprocher au nom de la paix et de la sécurité régionales.

Son homologue des Tonga a dit apprécier les relations diplomatiques avec l’Indonésie mais a insisté sur les préoccupations face aux allégations de violations des droits de l’homme.  Il a espéré qu’une mission conjointe d’établissement des faits serait mise sur pied et appelé à un dialogue plus large avec l’Indonésie à ce propos.

Le représentant des Îles Salomon a réitéré son attachement et son profond respect pour la souveraineté de l’Indonésie.  Il a pris bonne note de la déclaration de cette dernière, en priant les délégations de garder à l’esprit les trois piliers de la Charte de l’ONU.  Tous les États ont le droit et l’obligation de respecter, promouvoir et protéger les droits de l’homme.  Il a réitéré la volonté de son pays de travailler de concert avec tous les États, dont l’Indonésie, en faveur des droits de l’homme.   

La déléguée de la République islamique d’Iran a quant à elle dénoncé les allégations infondées du représentant de Bahreïn, des accusations « fabriquées de toutes pièces » dont l’objectif est d’occulter les exactions du Gouvernement bahreïni contre sa propre population.  La déléguée a rappelé que la dénomination historique du golfe est bien « Golfe persique », une dénomination qui remonte au Ve siècle avant Jésus-Christ et qui figure dans les anciens textes arabes.  Pourquoi certaines délégations arabes continuent d’utiliser d’autres expressions? s’est-elle demandée, avant de réitérer la souveraineté de l’Iran sur les trois îles « persiques » d’Abou Moussa, de la Petite Tunb et de la Grande Tunb.  Toute affirmation contraire à cette « vérité » serait une ingérence, a-t-elle prévenu.  La souveraineté de l’Iran sur ces trois îles « n’est pas négociable ».  Commentant ensuite les propos de la délégation du Canada, la représentante a vu un pays qui « poursuit ses années d’attaques » contre l’Iran.  Ce pays s’est même opposé à l’accord sur le programme nucléaire, a-t-elle taclé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: plaidoyer du Président de la Transition du Burkina Faso contre « l’arbitraire et l’injustice »

Soixante-dixième session
25e & 26e séances plénières, matin & après-midi
AG/11700

Assemblée générale: plaidoyer du Président de la Transition du Burkina Faso contre « l’arbitraire et l’injustice »

La Syrie et les changements climatiques de nouveau au cœur du débat

À la veille de la clôture de son débat général annuel, l’Assemblée générale a entendu, aujourd’hui, plus d’une trentaine d’orateurs dont le Président du Burkina Faso, M. Michel Kafando, et le Ministre syrien des affaires étrangères, M. Walid al-Moualem.  Ce dernier a annoncé que son pays acceptait le principe de discussions « non contraignantes » de paix sous l’égide de l’ONU.

Les déclarations ont également porté sur les conséquences dramatiques, pour les petits États insulaires en développement et les pays de faible altitude, d’un échec à maintenir le réchauffement planétaire à 2% par rapport à l'ère préindustrielle.  La Conférence de Copenhague de 2009 sur le climat a adopté cet objectif que  l’accord devant être adopté par la « COP21 », à Paris en décembre prochain, devrait en accélérer la mise en œuvre. 

« Je suis venu ici pour dire non à l’arbitraire, au népotisme et à l’injustice d’un régime antidémocratique et pour plaider pour la liberté et la démocratie! » s’est exclamé, sous les applaudissements de l’Assemblée, le Président de la Transition et du Burkina Faso, M. Kafando.  « Oui, devant cette Assemblée, je suis venu exalter la liberté.  Pour en avoir été privé un moment, j’en mesure désormais le prix », a-t-il ajouté avant de revenir sur les événements du 16 septembre, lorsque son pays avait été victime d’un coup d’État « perpétré par des officiers à la solde de politiciens revanchards ».  Il a ainsi rappelé qu’au Burkina Faso, « des prétoriens d’un autre âge, ramant à contre-courant de l’histoire », avaient tenté de confisquer la démocratie « pour assouvir leurs ambitions sordides ». 

C’était sans compter avec le peuple burkinabé, a-t-il souligné, en précisant que la riposte nationale et populaire avait été « spontanée » pour barrer la route aux putschistes.  Le Président burkinabé a tenu à remercier la communauté internationale, grâce à laquelle « je parle librement devant vous, chose impensable il y a seulement deux semaines lorsque je me suis retrouvé dans les geôles de la sédition ».  Il a en outre demandé aux Nations Unies de continuer à soutenir les efforts du peuple burkinabé pour instaurer une « démocratie réelle » au Burkina Faso, à travers notamment « la tenue d’élections libres et transparentes que nous allons bientôt organiser ». 

La crise syrienne, qui fait rage depuis plus de quatre ans et a provoqué l’exode du plus grand nombre de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale, a encore été au cœur de cette journée de débat. 

Vice-Premier Ministre et Ministre syrien des affaires étrangères, M. Walid al-Moualem a d’abord fermement soutenu l’initiative russe de créer une coalition internationale pour contrer le terrorisme, car « le terrorisme ne peut pas être combattu seulement par la voie aérienne ».  « Les tirs aériens ne sont utiles que s’ils sont menés en coopération avec l’armée syrienne, la seule force en Syrie qui combat le terrorisme! » a-t-il martelé.

Interpellant ensuite les pays qui diffusent des idéologies extrémistes, y compris en Europe, il a prévenu que le califat que souhaite créer l’État islamique d’Iraq et du Levant ne se limiterait pas à la Syrie ou à l’Iraq.  « La Syrie a toujours demandé un dialogue politique basé, en priorité, sur la lutte contre le terrorisme », a-t-il rappelé avant d’annoncer que son pays pourrait participer aux discussions proposées par l’ONU.  M. al-Moualem faisait référence aux quatre groupes de travail mis en place par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura.  Il a qualifié ces discussions de « consultations préliminaires non contraignantes », en précisant que si elles devaient avoir lieu, cela ne signifierait pas que l’armée syrienne s’affaiblit face au terrorisme.

Les pays les plus vulnérables aux conséquences des changements climatiques ont de nouveau lancé l’alerte et refusé l’idée même d’un échec de la « COP21 ».  « Si les pays les plus riches échouent à maintenir le réchauffement climatique à 2% par rapport l’ère préindustrielle, les nôtres, qui sont de petits États insulaires en développement ou de faible altitude, disparaîtront », a averti M. Wilfred Elrington, le Ministre des affaires étrangères de Belize. 

« Le financement de la lutte contre les changements climatiques est primordial pour les petits États insulaires », a insisté, de son côté, M. Timothy Harris, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis.  Pour lui, l’accès aux mécanismes de financement comme le Fonds vert pour le climat doit être « simplifié ». 

Le Premier Ministre de la Barbade a, quant à lui, estimé que la Conférence de Paris devrait déboucher sur un accord assorti d’un mécanisme de vérification quinquennal des réductions de gaz à effet de serre.  « Toutes les parties doivent s’engager à soutenir les pays les plus vulnérables », a encore déclaré M. Freundel Stuart.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/70/1)

Suite du débat général

M. ANTONI MARTI PETIT, Président du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a fait remarquer qu’aucun pays ne peut résoudre seul les problèmes du monde, ce qu’un pays de la taille du sien, a-t-il dit, comprend mieux que d’autres.  Il a expliqué ce qu’avait fait l’Andorre pour s’ouvrir géographiquement sur les pays voisins, la France et l’Espagne, afin de surmonter son isolement, lui permettant ainsi de développer les secteurs du tourisme, du commerce et des finances.  Il a notamment mentionné les efforts déployés pour améliorer la transparence fiscale.

M. Marti Petit a ensuite expliqué que son pays avait adhéré à la Déclaration politique sur la suspension du droit de veto au Conseil de sécurité pour les cas d’atrocités de masse, une initiative de la France et du Mexique, pour garantir que les institutions restent au service des valeurs et des personnes, et non l’inverse.

Le Président du Gouvernement a aussi indiqué vouloir accueillir des réfugiés, dans le cadre d’une solution convenue au niveau européen.  Il a regretté que les pays développés aient mis plus de temps à réagir à cette crise que les pays défavorisés, avant de plaider en faveur d’une politique d’anticipation qui passe, a-t-il insisté, par la prévention des conflits.  C’est dans cet esprit que son pays soutient l’accord conclu sur le programme nucléaire iranien, a-t-il expliqué.

La Principauté d’Andorre, a-t-il poursuivi, a accepté les amendements de Kampala, un texte qui définit le crime d’agression et qui prévoit, à cet égard, la compétence de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a souligné qu’il n’y avait pas de solution pérenne aux conflits sans justice.  Les régimes et les tyrans qui commettent des massacres et agissent en violation flagrante des droits de l’homme ne peuvent pas faire partie de la solution car, a-t-il estimé, ils font partie du problème.

M. Marti Petit a vanté la façon dont son pays promeut la diversité et l’intégration sociale, disposant d’un bon système éducatif en trois langues et c’est la raison pour laquelle il s’est impliqué dans l’Initiative pour l’accélération de l’éducation pour tous promue par le Secrétaire général de l’ONU.

Passant à la question des changements climatiques, M. Marti Petit s’est inquiété de ses conséquences pour le monde et, en particulier, pour le sien qui vit du tourisme, en particulier dans les montagnes pour les sports d’hiver.  La Principauté d’Andorre a été l’un des premiers pays à contribuer à la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), qui aura lieu à Paris en décembre, en promettant de réduire ses émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre de 37% d’ici à 2030.

M. NIKOLA GRUEVSKI, Président du Gouvernement de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a tout d’abord déclaré que, depuis sa création, il y a 70 ans, l’Organisation des Nations Unies n’avait pas eu de Secrétaire général élu parmi les États d’Europe orientale.  Son pays, a-t-il dit, appuie la demande faite par ce Groupe régional.  Il a ajouté que la région d’Europe du Sud-Est est entrée dans une phase positive de développement.  Mais malgré les progrès enregistrés, certaines questions bilatérales non résolues ou partiellement résolues continuent d’avoir un impact négatif sur le présent et l’avenir.  Pour la « République de Macédoine »  qui fait face à un différend ouvert, cela est devenu un obstacle sérieux à son intégration aux organisations internationales. 

« Notre région est confrontée à deux défis stratégiques importants », a-t-il dit.  Le premier est la crise des réfugiés et le deuxième, qui est plus dangereux, est celui des aspirations de l’État islamique pour une grande pénétration en Europe et qui constitue un grave danger pour l’économie et le développement durable des pays de la région », a affirmé M. Gruevski.  L’ensemble de la région des Balkans et le reste de l’Europe font aujourd’hui face à des milliers de réfugiés qui affluent chaque jour, fuyant les horreurs de la guerre dans leur pays d’origine.  Pour sa part, son pays a vu transiter, depuis le début de l’année, près de 160 000 réfugiés dont la plupart sont des Syriens. 

La situation au Moyen-Orient, a-t-il dit, reste une grave préoccupation.  L’État islamique pose désormais une menace mondiale dont aucun pays n’est exempt  et, en particulier, les pays d’Europe du Sud-Est où « nous assistons déjà à la réalisation des premières aspirations de l’État islamique pour une plus grande pénétration et à son influence accrue sur la population dans le but d’un recrutement ».  M. Gruevski a estimé que rétablir la paix et la sécurité au Moyen-Orient, notamment en Iraq et en Syrie, est une question de la plus grande importance. 

« Nous avons besoin d’une mise en œuvre concrète d’une politique de prévention de conflit que nous avons débattue aux Nations Unies et dans la région.  Avec l’engagement commun de l’ONU et des systèmes de sécurité collectifs comme l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union européenne, nous pouvons éliminer le danger du radicalisme sous toutes ses formes, l’expansion de l’État islamique, et la prévention des conflits isolés ou des efforts de déstabilisation de la région », a-t-il poursuivi.

M. Gruevski a tenu aussi à rappeler que « l’objectif principal de la politique stratégique et étrangère de l’ex-République yougoslave de Macédoine est de devenir membre de l’Union européenne et de l’OTAN.  Toutes les réformes entreprises au pays sont en conformité avec ce but.  Tous les problèmes nationaux sont résolus avec cet esprit en tête.  « Indépendamment des défis en matière de politique intérieure, je voudrais souligner qu’il ne devrait pas y avoir d’obstacle à nos aspirations d’intégrer les institutions euro-atlantiques. »

« Mais il reste une question non résolue qui est le différend avec la Grèce sur le nom de mon pays », a poursuivi M. Gruevski qui a rappelé que le règlement de ce différend avec « notre voisin du Sud est notre priorité dans le cadre des résolutions des Nations Unies et du droit international qui définissent le cadre des négociations visant à aboutir à une solution mutuellement acceptable ».  Le droit international devrait être respecté dans tous les cas.

M. Gruevski a lancé un appel « au nouveau Gouvernement en Grèce, dans un esprit de bon voisinage et d’amitié, de résoudre cette question en suspens ».  « En tant que pays voisin respectant l’Accord intérimaire de 1995, pierre angulaire de nos relations, conclu sous les auspices des Nations Unies et qui aurait dû apporter une solution au différend, et non son renvoi, nous avons récemment accepté une liste des mesures pratiques de renforcement de la confiance lesquelles seront mises en œuvre entre les deux pays et qui constituent une étape positive qui pourrait conduire à créer un climat propice pour surmonter les différends sur le nom », a déclaré M. Gruevski. 

M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, a déclaré que son pays n’était pas présent à la Conférence de San Francisco qui avait créé l’Organisation des Nations Unies en 1945, mais qu’il participerait parmi les 196 délégations attendues à la Conférence de Paris sur le climat, en décembre prochain.  Il s’agit là d’une question existentielle pour tous et, en particulier, pour les petits États insulaires en développement comme le sien, a-t-il dit.  À l’époque de la rédaction de la Charte des Nations Unies, la seule menace qui existait était la résurgence d’une autre guerre mondiale.  Aujourd’hui, même si cette crainte persiste, le péril serait de ne pas parvenir à un accord sur les conséquences destructrices des changements climatiques, a-t-il prévenu. 

La Barbade, à l’instar des autres pays de la région des Caraïbes, estime que la Conférence de Paris doit conduire les participants à un engagement individuel et collectif sur la réduction des gaz à effet de serre, visant à réduire la température de 1,5 degré Celsius.  Toutes les parties doivent également s’engager à coopérer pour atteindre cet objectif et se soumettre à un cycle de vérification quinquennal.  Toutes les parties doivent enfin s’engager à soutenir les pays les plus vulnérables, notamment les petits États insulaires en développement, a expliqué M. Stuart, en appelant en outre la communauté internationale à aider la République dominicaine qui a récemment subi les conséquences dévastatrices de l’ouragan Erika. 

M. Stuart a ensuite observé qu’en dépit des changements positifs intervenus dans le système international, en particulier en termes de régression du colonialisme, de souveraineté des États et d’intégration au système des Nations Unies, peu de progrès ont été faits: les États Membres ont échoué à éliminer le fléau de la guerre, les relations entre États ne sont pas partout amicales, la coopération internationale peine à régler les défis économiques, sociaux et humanitaires, ni même à promouvoir la pleine jouissance des droits de l’homme.  Les Nations Unies elles-mêmes n’ont pas prouvé leur capacité à harmoniser les actions des États pour atteindre les objectifs communs.  Or, il ne peut y avoir de développement là où ne règne pas la paix.  Dans ce contexte, la Barbade se réjouit de la baisse des tensions entre le Venezuela et le Guyana, grâce aux bons offices du Secrétaire général, tout en réitérant son soutien au respect de l’intégrité territoriale du Guyana, a-t-il aussi déclaré. 

La Barbabe a ratifié le Traité sur le commerce armes, dans l’espoir que cet instrument permettra de prévenir et d’éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, a assuré le Premier Ministre.  Ces armes sont de véritables armes de destruction massive, souvent à l’origine de conflits armés, du trafic de drogues et de la criminalité transnationale organisée, affectant par ailleurs les capacités de développement et déstabilisant des sociétés, a-t-il soutenu.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la Barbade appuie toutes les initiatives visant à rendre possible l’adoption dudit traité et s’engage à jouer son rôle en la matière.  M. Stuart s’est en outre réjoui de la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, tout en déclarant attendre avec impatience la levée de l’embargo qui frappe l’île.  Il a aussi souhaité qu’une attention particulière soit accordée à la question de la réparation et de la justice dans le cadre du programme de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, comme il est spécifiquement mentionné dans le programme d’activités de ladite Décennie, établi par l’Assemblée générale et dont le thème est « reconnaissance, justice et développement », a-t-il conclu.    

« Je suis venu ici pour dire que la transition que je dirige est le fruit de l’insurrection populaire d’octobre 2014, pour dire non à l’arbitraire, au népotisme et à l’injustice d’un régime antidémocratique et pour plaider pour la liberté et la démocratie », a déclaré M. MICHEL KAFANDO, Président de la transition, Ministre de la défense nationale et des anciens combattants, Ministre de la sécurité du Burkina Faso.

« Oui, devant cette Assemblée, je suis venu exalter la liberté, la vraie liberté. »  « Je veux exalter la liberté tout court.  Pour en avoir été privé un moment, j’en mesure désormais le prix », a solennellement ajouté M. Kafando.  S’attardant sur la situation dans son pays, il a déploré qu’au Burkina Faso, « des prétoriens d’un autre âge, ramant à contre-courant de l’histoire », aient tenté de confisquer la démocratie « pour assouvir leurs ambitions sordides ».  Le Président du Burkina Faso a remercié la communauté internationale, grâce à laquelle « je parle librement devant, chose impensable il y a seulement deux semaines lorsque je me suis retrouvé dans les geôles de la sédition ». 

M. Kafando est revenu sur les événements du 16 septembre dernier, lorsque son pays avait été victime d’un coup d’État « ignoble, perpétré par des officiers à la solde de politiciens revanchards ».  « C’était sans compter avec le peuple burkinabé », a-t-il dit, en précisant que la riposte nationale et populaire avait été spontanée pour barrer la route à « ces aventuriers-là ».  M. Kafando a tenu à dire merci « à tous les pays sans exception, ainsi qu’aux organisations internationales, sans oublier les journalistes de par le monde, qui se sont rapidement mobilisés pour faire échouer ce coup de force, permettant ainsi un retour à la normalité et à la légitimité ».  Il a conclu cette partie de son discours en demandant aux Nations Unies de continuer à soutenir les efforts du peuple burkinabé pour ancrer une démocratie réelle au Burkina Faso, notamment « à travers la tenue d’élections libres et transparentes que nous allons bientôt organiser ». 

Il a ensuite assuré que son pays était pleinement engagé en faveur de l’action initiée par l’ONU pour parvenir à des résultats en matière de développement durable « tangibles et obtenus sur la base de programmes ambitieux et pragmatiques ».  « Le Programme d’action adopté à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, jette les bases d’une mise en œuvre efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030 que nous venons d’adopter », a-t-il noté, en fondant l’espoir que le consensus forgé autour des objectifs du développement durable (ODD) sera porteur de bien-être social et économique pour les peuples.  À cet égard, il a jugé qu’un pacte environnemental signé à la COP21 pourrait permettre de renforcer la protection de la planète contre les changements climatiques et les agressions environnementales découlant des abus de la société de consommation.

S’exprimant ensuite sur la paix et la sécurité internationales, M. Kafando a déclaré que le Burkina Faso contribuerait aux efforts de la communauté internationale pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, et qu’il encourageait une solution politique concernant le Sahara occidental: « Le Burkina Faso réaffirme son adhésion à l’Initiative du Maroc pour un statut d’autonomie de la région du Sahara occidental, comme alternative crédible et réaliste dans le dénouement de ce différend », a-t-il ainsi dit.  Après avoir, à son tour, demandé la levée totale de l’embargo sur Cuba, M. Kafando a estimé indispensable d’intensifier la coopération internationale pour permettre le relèvement des pays durement éprouvés par l’épidémie d’Ebola.

M. ANEROOD JUGNAUTH, Premier Ministre de Maurice, s’est dit favorable à des partenariats plus solides entre les organisations mondiales et régionales, en soulignant les fruits que cette coopération a pu porter, notamment à Madagascar.  Maurice condamne fermement le récent coup d’État au Burkina Faso, a-t-il dit en se félicitant des initiatives prises rapidement par l’ONU, l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour maintenir ce pays sur la voie de la démocratie. 

En ce qui concerne les menaces à la paix et à la sécurité mondiales, M. Jugnauth a indiqué que son pays poursuivait sa lutte contre la piraterie en tant que membre du Groupe de contact chargé de cette question.  Il a indiqué que Maurice avait adhéré, cette année, au Traité sur le commerce des armes et qu’il avait déposé, hier, les instruments de ratification de la Convention sur les bombes à sous-munitions.  La plus grande menace constitue cependant la peur, a-t-il estimé, la peur que les terroristes utilisent pour entraver notre liberté de penser et d’expression. 

M. Jugnauth a ensuite appelé de ses vœux la conclusion d’un accord sur le climat à la COP21, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, en plaidant également en faveur d’un financement prévisible et d’un partage des technologies pour affronter la menace que posent les changements climatiques.  Il s’est félicité que son pays accueille le Centre du Commonwealth sur les compétences en matière de financement pour le climat, qui sera lancé prochainement.  Il a aussi soutenu l’objectif 5 relatif à l’autonomisation des femmes et des filles.  À cet égard, il a attiré l’attention sur le fait que trois femmes occupent les fonctions de Présidente de la République, de Vice-Présidente et de Présidente de l’Assemblée nationale.

Sur le plan de l’économie, le Premier Ministre a assuré que, malgré les difficultés, son pays visait une croissance de 5,5% à partir de 2017.  Il a invité les partenaires de développement à accompagner les efforts de Maurice, un pays qui souffre de ses vulnérabilités de petit État insulaire en développement (PEID), a-t-il souligné.  Il a ainsi compté sur les résultats de la Conférence sur le financement du développement qui s’est tenue à Addis-Abeba en juillet.  Il a également fait part des efforts de son pays pour améliorer la transparence fiscale.

M. Jugnauth a plaidé en faveur de la représentation de pays africains au Conseil de sécurité, en demandant aussi que les PEID, qui représentent un quart des États Membres de l’ONU, y soient également représentés.  Il a demandé de résoudre le différend de souveraineté qui l’oppose au Royaume-Uni sur l’archipel des Chagos et l’île de Tromelin qui, a-t-il affirmé, font partie intégrante de Maurice.  Il a cité, à cet égard, la décision du Tribunal arbitral du droit de la mer en date du 18 mars 2015.  Il a cependant regretté que le Royaume-Uni ait lancé des consultations sur le supposé relogement de Mauriciens d’origine chagossienne dans l’archipel dans des conditions qui sont à son avis des violations des droits de l’homme.  Maurice, a-t-il dit, rejette ces consultations.  Enfin, il a plaidé en faveur de la mise en place par l’Assemblée générale de l’ONU d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de ses résolutions relatives à la décolonisation.

Le financement de la lutte contre les changements climatiques est primordial pour les petits États insulaires, a insisté M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, rappelant que pour son pays, la menace était « existentielle ».  C’est pourquoi, a-t-il insisté, l’accès aux mécanismes de financement comme le Fonds vert pour le climat doit être « simplifié » car les procédures complexes les ont longtemps « paralysés ».  M. Harris a salué la décision du Fonds vert pour le climat de réserver la moitié des fonds d’adaptation aux seuls petits États insulaires en développement. Mais là encore, a-t—il répété, « l’accès aux financements doit être simplifié et ajusté ».  Simultanément, il a présenté les choix de son État en faveur des énergies renouvelables –éolienne, solaire et bientôt géothermique- pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et, ainsi, son empreinte carbone.

Par ailleurs, le Premier Ministre a insisté sur le combat mené par son gouvernement contre la violence et les activités criminelles.  Ce combat, a-t-il assuré, a déjà donné lieu à des « résultats encourageants » qui témoignent d’une réduction sensible des principaux crimes. Pour surmonter les défis posés par la criminalité transnationale organisée, le Premier Ministre a souligné que les pays producteurs d’armes doivent contribuer à la lutte contre ce phénomène en s’engageant à réduire la circulation des armes légères et des munitions.  « Ces pays doivent faire davantage pour empêcher que ces armes n’atteignent nos rivages », a-t-il dit avant de conclure.

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a rappelé la joie des populations de l’Albanie lors de la visite du pape François il y a un an dans le pays.  Le pape avait qualifié l’Albanie de « fraternité religieuse », a indiqué le Premier Ministre pour expliquer la coexistence pacifique entre les différentes communautés du pays. 

Se réjouissant d’être parvenu à la paix avec les pays voisins, M. Rama a salué les discussions entre le Kosovo et l’Albanie qui ont permis de trouver des solutions aux questions en suspens.  Il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître le Kosovo.  La reconnaissance du Kosovo par l’Assemblée générale sera bénéfique pour la Serbie, a-t-il assuré. 

S’agissant des relations avec la Serbie, qui avaient été marquées par la visite historique du Premier Ministre serbe dans son pays,  M. Rama a mis l’accent sur l’établissement de coopération avec la Serbie en faveur de la jeunesse.  Les jeunes ont été largement consultés pendant l’élaboration des ODD qui tiennent compte de leurs attentes, a-t-il déclaré.  Soulignant aussi l’importance de l’éducation, il a parlé de la réforme du cursus scolaire, notamment l’introduction d’une charte des valeurs comme la justice, la lutte contre la criminalité, la tolérance et le respect des différences. 

Pour peindre le monde d’aujourd’hui, il faut utiliser les nuances de gris et non le noir et le blanc, a estimé M. Rama pour qui ces valeurs peuvent constituer des ponts qui relieront les esprits et les cœurs afin de réaliser un avenir meilleur.  « Il faut montrer aux jeunes la bonne voie et ils la suivront », a-t-il conclu.

M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, a déploré que des pays soutiennent encore les terroristes dans sa région, regrettant que des États Membres puissants intimident d’autres États Membres qui veulent appliquer le droit international.  Des pays diffusent des idéologies extrémistes, y compris en Europe, a-t-il prévenu.  Il a énuméré les horreurs commises dans son pays par les groupes terroristes, à savoir Daech/EIIL, le front el-Nosra et les autres groupes affiliés aux organisations terroristes.    

La Syrie continuera à lutter contre le terrorisme, a-t-il affirmé, en assurant que l’armée syrienne était capable de s’en débarrasser.  Il a prévenu que le califat que souhaitaient créer les terroristes ne se limiterait pas à la Syrie ou à l’Iraq.  La Syrie, a-t-il rappelé, a toujours demandé un dialogue politique basé, en priorité, sur la lutte contre le terrorisme.  « Nous voulons maintenir les institutions de l’État et améliorer leur fonctionnement », a-t-il déclaré, en précisant que ce dialogue national devait être géré par la Syrie sans ingérence étrangère.

M. Al-Moualem a rappelé avoir voulu participer aux conférences de Genève II et à Moscou I et II, avant d’annoncer son intention de participer aux quatre comités d’experts proposés par l’Envoyé spécial du Secrétaire général en Syrie, M. de Staffan de Mistura.  Le peuple syrien est uni contre le terrorisme, a-t-il martelé, en invoquant tous les sacrifices faits pendant quatre ans.  Il a insisté sur le fait que « la décision du peuple syrien appartient au peuple syrien ».

Le Vice-Premier Ministre a indiqué que son gouvernement soutenait l’initiative russe de créer une coalition internationale pour contrer le terrorisme, car « le terrorisme ne peut pas être combattu seulement par la voie aérienne ».  Les tirs aériens ne sont utiles que s’ils sont menés en coopération avec l’Armée syrienne, la seule force en Syrie qui combat le terrorisme, a-t-il expliqué.

M. Al-Moualem a ensuite dénoncé les attaques commises par Israël contre la Syrie, l’accusant de fournir des armes aux terroristes.  Il a aussi exprimé sa volonté de récupérer le Golan syrien occupé.  La question palestinienne, a-t-il dit, est essentielle aux yeux du peuple syrien qui soutient le droit à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant.

Enfin, il a rappelé que son pays avait adhéré à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et rempli les obligations qui en découlent.  Il a aussi salué l’accord historique conclu avec l’Iran sur son programme nucléaire et appelé de ses vœux la levée des sanctions contre ce pays.  La création d’une zone exempte d’armes de destruction massive dans la région ne sera pas possible sans la participation d’Israël, la seule puissance nucléaire de la région, a-t-il estimé.  Le Vice-Premier Ministre s’est aussi félicité de l’accord conclu entre Cuba et les États-Unis pour lever le blocus, avant d’appeler à lever toutes mesures unilatérales coercitives contre son pays et d’autres, notamment la République populaire démocratique de Corée.

M. GUNNAR BRAGI SVEINSSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande, a notamment salué l’objectif 5 sur l’égalité entre les sexes qu’il a présenté comme la clef du développement durable, et l’objectif 2 sur la « faim zéro », convaincu qu’il peut être atteint en préservant et assurant la gestion durable des deux sources alimentaires que sont l’océan et la terre.  Il a rappelé que la gestion des « pêches inefficaces » et le manque d’infrastructure dans ce secteur coûtent près de 50 milliards de dollars chaque année.  Aussi, les terres arables, qui représentent la même taille que celle de l’Afrique du Sud, se dégradent chaque année, s’est alarmé le Ministre qui a proposé « un plan pour faire face à ce problème ».  Concernant les changements climatiques, il a indiqué qu’à la Conférence de Paris sur le climat, en décembre prochain, l’Islande s’engagera vers un accord mondial à long terme et a l’intention, avec les pays en Europe, de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre avant 2030. 

S’exprimant ensuite sur la question des droits de l’homme, M. Sveinsson s’est dit préoccupé par le sort de M. Ali Mohammed al-Nimr, un mineur de 17 ans condamné en Arabie saoudite à la peine capitale.  Il a appelé l’Arabie saoudite à respecter ses obligations en vertu du droit international et à commuer sa peine.  Il a ensuite qualifié la terrible crise des réfugiés de véritable exode.  « Nous avons vu en une seule année plus de 500 000 réfugiés et migrants traverser la mer Méditerranée qui ont fui leur pays en conflit pour se rendre en Europe et des millions d’autres qui ont trouvé refuge dans les pays voisins », a-t-il rappelé.  En Syrie, le Conseil de sécurité doit unir ses forces pour arrêter le bain de sang.  Il incombe à toute la communauté internationale de rechercher une solution pour réduire la souffrance des réfugiés.  L’Islande a consacré 16 millions de dollars pour contribuer au financement de l’aide à ces réfugiés et soutenir les travaux des organismes des Nations Unies sur le front.

Le Ministre s’est dit convaincu que la solution des deux États reste la seule voie viable pour instaurer la paix entre Israël et la Palestine.  Il a aussi appelé à ne pas oublier le Sahara occidental.  Concernant la réforme des Nations Unies, il a dit qu’il était temps pour des femmes candidates d’être sérieusement considérées pour les postes de Secrétaire général de l’ONU et de Président de l’Assemblée générale.  S’agissant du Conseil de sécurité, il a appuyé l’initiative conjointe de la France et du Mexique sur l’utilisation du veto et le code de conduite contre le génocide et les crimes contre l’humanité présentée par le Groupe ACT (Responsabilité, cohérence et transparence). 

CHEICK KHALID BIN AHMED BIN MOHAMED AL KHALIFA, Ministre des affaires étrangères du Royaume de Bahreïn, a tout d’abord présenté ses condoléances aux familles des victimes de la bousculade qui a causé des centaines de morts à la Mecque la semaine dernière, ainsi qu’au monde musulman tout entier. Le Royaume frère d’Arabie saoudite déploie tous les efforts pour assurer la sécurité des pèlerins.  Quiconque le nie ignore les responsabilités dont s’acquitte l’Arabie saoudite.  C’est pourquoi le Bahreïn déplore les allégations exprimées devant l’Assemblée par le Président iranien, M. Hassan Rohani, et rejette les tentatives d’affaiblir les efforts entrepris, a-t-il dit.

Le Ministre a ensuite déclaré que son pays avait fait d’énormes progrès en matière de développement durable, alors que l’Assemblée générale vient d’adopter le Programme de développement pour l’après-2015.  Bahreïn a ainsi obtenu de remarquables résultats dans les domaines de l’éducation, de l’autonomisation de la jeunesse, de la lutte contre la pauvreté, l’illettrisme et pour la promotion du concept de droits de l’homme.  Avec un taux de croissance moyen de 5% par an ces cinq dernières années, Bahreïn a répondu aux  aspirations de son peuple. Le monde a pu témoigner de ces progrès en décernant à Bahreïn le prix 2015 du développement durable, a-t-il encore assuré.  

Le Ministre a ensuite partagé le consensus selon lequel tous les objectifs de Nations Unies n’avaient pas été atteints, en particulier au Moyen-Orient.  Cette région, a-t-il regretté, connaît encore des guerres, des conflits, l’occupation, ou l’ingérence de puissances étrangères qui agissent en violation de la souveraineté des États, en exploitant et finançant les activités de groupes terroristes armés dans le but de détruire ou de modifier les identités nationales et culturelles.  Parmi ces pays qui violent le principe de non-ingérence et de bon voisinage, il a cité l’Iran qui, a-t-il dit, par le biais de groupes terroristes, porte atteinte à la souveraineté de Bahreïn.  Il y a deux jours, les autorités du Bahreïn ont découvert la cache et une fabrique de bombes de l’un de ces groupes, situées dans un quartier densément peuplé.  À de nombreuses occasions, Bahreïn a appelé l’Iran à entretenir de meilleures relations de bon voisinage, a-t-il dit, en ajoutant que la paix et la sécurité dans la région en dépendait. 

Le Ministre des affaires étrangères a aussi indiqué qu’avec les autres pays du Conseil de coopération du Golfe, Bahreïn apportait un soutien au peuple du Yémen, qui se bat contre les groupes armés soutenus par l’Iran. La confrontation militaire est inévitable, a-t-il prévenu, avant de préciser que son pays se tenait aux côtés du peuple du Yémen et de ses aspirations. Il est regrettable que de nombreux pays nourrissent des groupes terroristes dans le but d’étendre leur sectarisme religieux et mettre en œuvre leur agenda politique et contrôler des pays.

M. Al Khalifa a en outre condamné l’occupation de la mosquée Al-Aqsa par les autorités israéliennes, en soulignant que cette occupation illégale risquait d’exacerber les tensions et la haine dans la région.  Bahreïn se réjouit que le drapeau de l’État de Palestine flotte au Siège de l’Organisation des Nations Unies.  C’est un premier pas vers la reconnaissance complète de ce pays en tant que membre à part entière des Nations Unies, a-t-il estimé. 

Tout en se réjouissant de l’accord sur le nucléaire iranien, Bahreïn reste convaincu que cet accord ne règle pas tous les problèmes et n’élimine pas toutes les tensions dans la région.  L’Iran continue de représenter une menace pour les pays de la région, avec son soutien aux groupes terroristes armés et par son ingérence permanente dans les affaires intérieures des autres.  L’Iran continue par exemple d’occuper trois îles appartenant aux Émirats arabes unis, en l’occurrence les îles d’Abu Moussa, de Grande et de Petite Tunb, a averti le Ministre des affaires étrangères.  C’est pour cette raison que le Bahreïn reste en faveur d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, incluant y compris Israël.  Bahreïn appuie par ailleurs les autorités de l’Égypte et se félicite de la construction du nouveau canal de Suez.  Bahreïn appuie en outre l’intégrité territoriale du Maroc concernant le Sahara occidental ainsi que l’initiative de paix marocaine sur le sujet.  

M. WILFRED ELRINGTON, Ministre des affaires étrangères de Belize, a estimé que de tous les périls pesant actuellement sur le monde, ce sont les changements climatiques qui menacent véritablement son existence.  Se basant sur des études scientifiques, il n’a pas écarté que les changements climatiques puissent provoquer à terme l’érosion irréversible des sources naturelles d’approvisionnement alimentaire et, par conséquent, « une famine planétaire de masse ».  Pour M. Elrington, « il faut s’attaquer au problème vital des changements climatiques de la même manière que l’on traite, dans l’urgence, un malade en phase terminale ».  Il a ainsi exhorté la communauté internationale à déployer tous les efforts possibles, et ce qu’en soit leur coût.  « Les pays riches doivent cesser de croire que les objectifs qu’ils se sont fixés en matière de réduction de CO2 relèvent de la philanthropie ou de l’altruisme. »  « Leurs investissements ne sont pas autre chose que des investissements vitaux pour la survie de la planète et de tous ses habitants, à commencer par ceux des petits États insulaires en développement et des pays de faible altitude ! » s’est-il exclamé. 

M. Elrington a fait remarquer que si les nations les plus riches échouent à maintenir le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, ces pays disparaîtront.  « Ce sont d’autres peuples vulnérables qui paient le prix de l’opportunisme politique », a-t-il poursuivi, en citant les souffrances endurées, en particulier par les femmes et enfants syriens, palestiniens et nigérians.  Assurant que son pays appuyait les initiatives en cours pour rendre l’ONU plus efficace dans le maintien de la paix et la résolution des conflits, il a exhorté l’Organisation à entendre « enfin » l’appel de 23 millions de Taiwanais désireux d’apporter leur contribution au règlement des grands problèmes de notre époque. 

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a estimé que, même si l’ONU est investie d’une tâche monumentale, elle ne peut pas justifier son échec dans l’accomplissement de sa mission centrale, donnant l’exemple des abus sexuels par des Casques bleus et celui de la Syrie.  « Nous devons mieux faire! » a-t-elle lancé.  Elle a rappelé les dégâts les plus importants causés par les échecs du Conseil de sécurité: le Rwanda, Srebrenica et maintenant la Syrie.

La Ministre a ainsi expliqué pourquoi son pays avait mené une discussion dans le cadre du Groupe ACT (responsabilité, cohérence, transparence) qui a débouché sur un code de conduite pour le Conseil de sécurité en cas de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre.  Ce code de conduite est un engagement politique volontaire auquel tout État peut adhérer, a-t-elle précisé.  Il prône l’adoption de mesures décisives et rapides par le Conseil de sécurité pour mettre fin ou prévenir des atrocités de masse, ainsi que l’engagement de ne pas s’opposer à des projets de résolutions crédibles visant cet objectif.  Il s’agit donc d’être constructif et de ne pas faire obstruction aux mesures que peut prendre le Conseil de sécurité.  La Ministre a précisé que 60 États s’étaient déjà engagés à le respecter, espérant qu’il y en aurait encore beaucoup d’autres d’ici le lancement du code, le 23 octobre prochain.

Mme Frick a ensuite appelé à investir davantage, tant politiquement que financièrement, dans la diplomatie préventive, et ce en incluant les femmes.  Elle a aussi soutenu la Cour pénale internationale en invitant les pays qui ne sont pas encore parties au Statut de Rome à y adhérer, avant de recommander également de ratifier l’amendement de Kampala qui prévoit le crime d’agression.  En concluant son intervention, elle a exprimé le souhait de son pays de contribuer à une solution durable aux conflits actuels, une solution basée sur le droit international et les droits de l’homme.

Mme CLARICE MODESTE-CURWEN, Ministre des affaires étrangères de la Grenade, a souligné les conséquences des changements climatiques sur le monde et en particulier sur les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à continuer à donner toute l’attention nécessaire aux circonstances particulières de ces pays face aux préoccupations sécuritaires traditionnelles et non traditionnelles.  Elle a aussi appelé de ses vœux la conclusion d’un accord juridiquement contraignant à la COP21 en décembre prochain, afin de maintenir l’élévation de la température mondiale à moins de 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.  Il faut dès maintenant un consensus sur les changements climatiques, y compris sur le financement, a-t-elle exigé.  La Ministre a saisi cette occasion pour remercier les partenaires internationaux qui soutiennent les capacités d’adaptation et d’atténuation dans son pays.

Le Gouvernement de la Grenade, a-t-elle poursuivi, avait lancé un programme, il y a deux ans, pour ajuster les politiques fiscales et mener une réforme structurelle, afin de stimuler la croissance et la compétitivité et de renforcer le secteur financier.  Le pays a ainsi accompli des progrès significatifs, a-t-elle dit, avant d’appeler la communauté internationale à tenir ses promesses en matière d’aide publique au développement.  Elle a averti du risque de faire passer de manière trop prématurée les PEID dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Elle a plaidé, à cet égard, en faveur d’indicateurs plus holistiques car, a-t-elle expliqué, le revenu par habitant ne doit pas être la seule mesure du développement dans le contexte de la vulnérabilité aux changements climatiques.

Mme Modeste-Curwen a aussi plaidé en faveur du renforcement des partenariats, notamment ceux prévus dans les Orientations de Samoa, pour mettre en œuvre le programme de développement durable.  Elle a en outre plaidé la cause des personnes déplacées à la suite de conflits dans le monde, avant d’appeler les États Membres à mettre en œuvre l’ODD 11 en promouvant le dialogue et la diplomatie dans la résolution des conflits.  À cet égard, elle s’est félicitée du rapprochement entre les États-Unis et Cuba et appelé à lever totalement l’embargo en vigueur à Cuba.  Enfin, elle a demandé que l’on poursuive la réforme du Conseil de sécurité et le renforcement de l’Assemblée générale de l’ONU.

M. JEAN CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères de la République du Congo, a mis en exergue les difficultés de l’Afrique centrale, citant en particulier les atrocités commises au Nigéria, au Niger, au Cameroun et au Tchad par le groupe Boko Haram.  « Face à la gravité de cette menace terroriste d’un genre nouveau, les États de la région ont pris conscience de la nécessité de lui opposer une réponse commune », a indiqué le Ministre congolais en expliquant que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale s’est mobilisée contre cette organisation terroriste et sectaire.  À ce tableau préoccupant, s’ajoute la persistance de tensions au Mali et au Soudan du Sud, a-t-il dit, avant de préciser que la République du Congo conduisait avec détermination la médiation internationale de la crise en République centrafricaine. 

Il a expliqué que le Forum de réconciliation, qui s’est tenu à Bangui en mai 2015, a abouti à des conclusions qui illustrent la volonté des Centrafricains de tourner définitivement la page des crises récurrentes.  L’aspiration légitime à la paix reste subordonnée à l’heureux aboutissement du processus électoral, a rappelé M. Gakosso.  Il a insisté sur l’appui de l’ensemble de la communauté internationale pour faire aboutir la transition à l’échéance du 31 décembre.  Le Ministre des affaires étrangères congolais s’est inquiété surtout de la fragilité du processus de transition en notant que les douloureux évènements de ces derniers jours risquent de compromettre tous les efforts consentis.  Il a remercié l’engagement constant du Groupe international de contact et les efforts de toutes les forces engagées en Centrafrique, tout d’abord dans le cadre de la MISCA puis de la MINUSCA, puis dans le cadre de l’opération Sangaris et enfin dans le cadre de l’EUFOR. 

Par ailleurs, le Ministre congolais des affaires étrangères a précisé que son pays faisait partie de ceux qui disposent d’une stratégie nationale de développement durable qu’il a définie comme un instrument essentiel de planification stratégique.  « Son pays est aussi parmi ceux où la pratique démocratique se consolide et se renforce chaque jour davantage, notamment à travers un processus de consultations citoyennes permanentes entre opposition et majorité, en vue de scrutins apaisés, a-t-il encore dit.  Grâce à la paix et la stabilité dont il jouit et conscient que les manifestations sportives contribuent à la promotion de l’éducation, de la santé, du développement et de la paix, le Gouvernement congolais avait organisé, avec succès, du 4 au 9 juillet dernier, les onzièmes Jeux africains « dont Brazzaville est le berceau historique », a-t-il dit avant de conclure.

M. MANUEL SALVADOR DOS RAMOS, Ministre des affaires étrangères et des communautés de Sao Tomé-et-Principe, a mentionné six piliers en vue du développement économique et durable de l’Afrique, parmi lesquels une croissance inclusive, l’innovation et la technologie, un environnement durable et la paix et la sécurité.  Il a également exhorté les Nations Unies à adapter leurs programmes aux réalités spécifiques du continent africain.

Estimant que la résolution de la question du Sahara occidental exigeait un engagement accru de la communauté internationale, il a appelé toutes les parties à revenir à la table des négociations et à s’accorder sur une solution politique mutuellement acceptable.  Il s’est en revanche félicité du récent règlement de la situation politique en Guinée-Bissau.  « Nous condamnons dans les termes les plus forts les crimes répétés et odieux commis par le groupe Boko Haram dans le pays frère et voisin du Nigéria », a-t-il dit, en ajoutant que rien ne pouvait justifier de telles atrocités.

Le Ministre des affaires étrangères et des communautés de Sao Tomé-et-Principe a ensuite affirmé que les individus de tous âges qui fuient des zones en guerre pour se rendre en Europe ne sont pas des migrants.  « Ce sont des réfugiés! Ils ne fuient pas la pauvreté et la faim, ils cherchent littéralement à échapper à la mort! » a-t-il affirmé.  Invitant à tirer les enseignements de cette crise, il a mis en garde contre les tentatives visant à promouvoir et à exporter la démocratie d’une manière exogène et intrusive, ou pire, par l’agression ou la violence.

Soulignant la vulnérabilité de son pays aux conséquences des changements climatiques, dont l’érosion graduelle de ses côtes et le débit moindre de ses rivières, M. Dos Ramos a déclaré qu’il était essentiel d’aboutir à un accord lors de la prochaine Conférence de Paris sur le climat. « Nous espérons qu’un tel accord renforcera l’obligation internationale de toutes les parties signataires de débloquer des fonds en faveur du suivi scientifique des changements climatiques et du transfert de technologies en faveur des pays en développement. »

En conclusion, le Ministre a plaidé pour la levée de l’embargo commercial qui frappe Cuba et recommandé, à la lumière des « progrès politiques accomplis par les parties des deux côtés du détroit de Taïwan », que Taïwan participe aux institutions spécialisées des Nations Unies, comme cela est déjà le cas pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

M. IBRAHIM AHMED GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a déclaré que son pays avait prêté une attention particulière aux négociations intergouvernementales ayant abouti à l’adoption du programme de développement pour l’après 2015.  Le Soudan réaffirme ainsi sa détermination à atteindre les objectifs inscrits dans ce document, en renforçant le processus de paix et en promouvant la stabilité et le développement économique, en dépit des sanctions économiques unilatérales qui le frappe, a-t-il assuré.  Le Ministre a également déclaré que son pays avait placé de grands espoirs après la signature de l’Accord de paix global en 2005 et la signature de l’Accord de paix de Doha en 2011. Le Soudan avait souhaité qu’en application de ces accords, une attention serait accordée aux problèmes économiques auxquels il est confronté, en particulier la question de la dette extérieure qui mine ses capacités de développement.  Il avait également espéré un traitement identique à celui accordé à d’autres pays sortant d’un conflit.  Mais en dépit de tous les efforts entrepris par le pays en faveur de la paix et la stabilité, le Soudan a subi des pressions sans fin, des  sanctions, le boycottage ou encore des mesures coercitives unilatérales, politiquement motivées et sans aucune justification légale, a-t-il dit.

Le Soudan a fait des progrès significatifs, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, dans le domaine de l’éducation, de l’égalité entre les sexes. Le Soudan a également renforcé les valeurs de démocratie et de bonne gouvernance, comme en témoignent les élections parlementaires transparentes qui se sont tenues en avril dernier, ou encore l’initiative de dialogue national inclusif lancée en janvier 2014, à laquelle avaient participé plus de 87 parties pour discuter des questions de paix, de pauvreté, de politique internationale ou de libertés fondamentales et de droits de l’homme.  Le Soudan a également fait des progrès en matière de droits de l’homme, avec notamment l’adoption d’une stratégie nationale, aujourd’hui mise en œuvre par toutes les administrations du pays.  Le Soudan coopère par ailleurs pleinement avec tous les mécanismes des Nations Unies, dont l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Soudan, l’Examen périodique universel et avec tous les envoyés spéciaux du Secrétaire général.  Il combat aussi le crime transfrontalier.  Il a ainsi signé plusieurs accords bilatéraux avec les pays voisins,  la Libye, le Tchad, la République centrafricaine et le Soudan du Sud, dans le but de mieux lutter contre la criminalité organisée, le trafic d’armes et la traite des personnes, a encore assuré M. Ghandour.

Le Soudan est en revanche opposé à toute tentative de récupération politique du droit international.  La relation entre le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale en est un exemple, a-t-il dit, en affirmant que cette relation était devenue un outil pour cibler exclusivement les dirigeants africains.  Or, le monde ne pourra pas changer sans un ordre international juste, équitable et universellement acceptable, a prévenu le Ministre.  Le système international actuel ne peut plus être maintenu, alors que le monde s’est considérablement transformé.  C’est pour cette raison que le Soudan appelle à une réforme structurelle des Nations Unies et du Conseil de sécurité qui intègre une représentation équitable de tous les pays, a conclu M. Ghandour.  

CHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a observé que la recrudescence de la violence ces dernières années était la plus forte depuis la Deuxième Guerre mondiale.  Les méthodes employées par les groupes terroristes tels que Al-Qaida ou Daech n’ont aucun lien avec l’Islam, qui est une religion de paix, a-t-il tenu à préciser.  Les Émirats arabes unis condamnent fermement ces méthodes et appellent la communauté internationale à renforcer la position stratégique de l’Égypte dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme, a encore déclaré le Ministre.

La participation de son pays dans la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite au Yémen témoigne de la volonté d’éradiquer ces groupes, a ensuite expliqué le Ministre.  Les Émirats, a-t-il précisé, n’interviennent pas que militairement dans ce conflit.  Ils répondent aussi aux besoins humanitaires et, à ce jour, ils ont participé à hauteur de 200 millions de dollars pour assurer l’accueil des réfugiés résultant de cette intervention, a-t-il ajouté.  Les Émirats sont en outre préoccupés par la situation en Libye et demandent la levée de l’embargo qui frappe ce pays, afin d’aider ses autorités à mieux lutter contre les groupes qui y sèment le chaos.  La situation en Syrie est aussi une source de préoccupation pour les Émirats arabes Unis.  Ils appellent la communauté internationale à aider les parties à trouver une solution politique pour la sortie de crise.  Pour leur part, les Émirats ont accordé plus de 530 millions de dollars au titre de l’assistance humanitaire et de l’accueil des réfugiés fuyant les combats en Syrie, a souligné le Ministre.  

S’agissant de la crise iraquienne, M. Al Nahyan a appelé les autorités à s’engager dans un dialogue politique inclusif, afin de sortir des divergences sectaires qui ont miné le pays et qui aujourd’hui servent les intérêts de ceux qui veulent déstabiliser la région.  La lutte contre les milices Al-Chabab en Somalie exige des efforts concertés de la communauté internationale, a estimé le Ministre.  Pour rétablir la sécurité et la paix, il faudrait respecter la souveraineté des États et s’abstenir de s’ingérer dans les affaires intérieures des États, a-t-il rappelé.  C’est pour cela que l’Iran ne peut pas parler de la sécurité des pèlerins en Arabie saoudite et doit se retirer des îles Abou Moussa, Grande Tunb et Petite Tunb, a fait remarquer le Ministre avant de conclure.   

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a déclaré que l’Onu avait été créée au moment où son pays accédait à l’indépendance, il y a 70 ans.  Avec 2 700 soldats de la paix, l’Indonésie, s’est-il félicité, se targue d’être le onzième contributeur aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  L’un des succès de l’ONU, a-t-il noté, a été remporté dans le domaine du maintien de la paix.  Il a néanmoins regretté le fait qu’il y ait toujours de nombreux conflits à travers le monde, citant ainsi la question de Palestine ou les crises en Libye, au Yémen et en Syrie.  Pour ce dernier cas, il a dénoncé la destruction par Daech de vestiges d’une grande civilisation qui font partie du patrimoine commun de l’humanité.

Il a également dénoncé le terrorisme qui sévit à travers le monde, en rappelant que l’Indonésie avait toujours apporté sa contribution à la lutte contre ce fléau.  L’Indonésie est prête à apporter son appui aux efforts visant à régler pacifiquement les conflits, a assuré le Vice-Président.  M. Kalla a ainsi rappelé qu’en août dernier, son pays avait commémoré le dixième anniversaire de la signature des Accords d’Helsinki entre le Gouvernement indonésien et les séparatistes du Mouvement de libération d’Atje (GAM), qui avaient mis fin à plus de 30 années de guerre civile.   La communauté internationale doit déployer davantage d’efforts en matière de désarmement, notamment le désarmement nucléaire, et prendre des mesures vigoureuses pour lutter contre le terrorisme et le trafic illégal des armes légères et de petit calibre.

M. Kalla a par ailleurs regretté le fait que les « nations riches », représentant à peine 20% de la population mondiale, consomment 70% des ressources de la planète.  Il a aussi déploré le peu de progrès en matière de lutte contre les changements climatiques, 20 ans après la première Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP1).  Il a également fait part de sa déception face au peu d’avancées en vue de conclure le Cycle de négociations de Doha pour le développement.  Le Vice-Président de l’Indonésie a estimé que la cause de ces nombreux blocages et défis résulte des faibles progrès dans la réforme de l’ONU, convaincu que les organisations régionales telles que l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) devraient jouer un rôle accru pour compléter les efforts de l’ONU.  Il a plaidé pour une ONU plus inclusive et reflétant mieux les nouvelles réalités géopolitiques.  Il a également appelé l’ONU à œuvrer davantage en coopération avec les organisations régionales, afin de mieux gérer les crises régionales.  Il a en outre plaidé pour le renforcement de la coopération Sud-Sud, avant d’annoncer que l’Indonésie entendait créer le Centre afro-asiatique visant à revitaliser le partenariat entre les deux continents.

M. ALBERT F. DEL ROSARIO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a réaffirmé l’attachement de son pays aux causes de la paix et du développement durable à travers ses priorités et positions nationales sur des questions allant des changements climatiques à l’état de droit; de l’adhésion à l’Association de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) et à l’ASEAN au désarmement et la non-prolifération; sans oublier les migrations, la traite des êtres humains, le maintien de la paix et la réforme des Nations Unies.  Le Programme de développement durable et l’architecture mondiale du développement doivent, selon lui, mettre l’accent sur le pilier de la résilience des populations face aux changements climatiques.  Pour faire partie des pays qui sont régulièrement frappés par des catastrophes naturelles, les Philippines ne sont que trop conscientes de l’urgence d’une économie qui résiste aux aléas climatiques.  Il a expliqué que son pays restera activement engagé, en particulier dans les domaines de la résilience, la réduction des risques de catastrophe et leur gestion ainsi que dans la lutte contre les dérèglements climatiques. 

En tant que Président du Forum des pays vulnérables aux changements climatiques (CVF), les Philippines n’épargneront aucun effort pour parvenir à un résultat significatif lors de la Conférence de Paris sur le climat (COP 21) et plaident en faveur d’un accord juridiquement contraignant universel et équitable.  En matière de réduction des risques de catastrophe, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, qui reconnaît la responsabilité première des États, doit s’appliquer même si, a estimé M. del Rosario, cette responsabilité doit être partagée avec le gouvernement local, le secteur privé et d’autres parties prenantes.

S’agissant du différend maritime dans le sud de la mer de Chine, les Philippines ont placé leur confiance dans les règles et institutions internationales, notamment l’arbitrage, parce qu’elles reconnaissent le mérite du droit international qui place les petits États sur un pied d’égalité avec les plus forts, a assuré le Secrétaire d’État.  M. del Rosario est également revenu sur le rôle de l’ASEAN et l’intégration prochaine des économies de ses 10 États membres pour en faire « la communauté de l’ASEAN ».  Il reste convaincu que le partenariat ONU-ASEAN a profité à la paix et la stabilité de la région.  Concernant la question des migrations, il a estimé que cela relevait de la responsabilité collective des États et que les droits de l’homme des migrants devraient être respectés en toute circonstance.

La réforme des Nations Unies, le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée générale et une rationalisation de son ordre du jour et des grandes commissions de l’Assemblée sont des questions prioritaires pour les Philippines qui demandent en outre une réforme du Conseil de sécurité pour qu’il devienne plus inclusif, démocratique, transparent et redevable, a souligné M. del Rosario.  Il a ajouté que son pays était en faveur de la désignation d’une femme à la tête de l’ONU, tout en tenant compte du principe de la rotation géographique.

M. ARNOLD NICHOLSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Jamaïque, a souhaité que les réalités des petits États insulaires en développement, dont l’existence même est menacée par les changements climatiques, soient prises en compte dans la mise en œuvre du nouveau programme de développement.  Il s’est inquiété pour « l’île sœur » de la Dominique, ravagée par la récente tempête tropicale Erika, et pour les Bahamas, frappées en ce moment même par l’ouragan Joaquin.  Mais il s’est dit encouragé par les engagements pris dans le cadre de « La voie à suivre » du Samoa et du Programme d’action d’Addis-Abeba.  En outre, en tant qu’hôte de l’Autorité internationale des fonds marins, la Jamaïque suit avec grand intérêt « les développements qui ont un impact sur la préservation et l’utilisation durable des ressources de l’océan pour le bienfait de l’humanité ». 

M. Nicholson a rappelé que lors de son deuxième sommet, qui s’était tenu en 2014 à Cuba, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a proclamé l’Amérique latine et les Caraïbes « Zone de paix ».  Vantant les mérites du dialogue et du respect mutuel, il a salué le réchauffement des relations entre les États-Unis et Cuba et a demandé la levée complète de l’embargo.  Particulièrement préoccupé par la prolifération des armes à feu qui « mettent en danger la vie des citoyens ordinaires, sapent l’état de droit, menacent la stabilité économique et sociale et alimentent la criminalité violente », il a appuyé l’application du Traité sur le commerce des armes.  

Le Ministre a défendu les droits des personnes handicapées et souligné que la Jamaïque avait depuis longtemps promu les droits des femmes.  Après avoir salué le lancement de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, en décembre dernier, il s’est félicité de voir que le monument intitulé « L’Arche du retour », érigé en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, avait trouvé sa place au Siège de l’ONU.

M. U WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a rappelé les efforts déployés ces dernières années par son gouvernement en matière de désarmement, notamment en signant le protocole additionnel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en septembre 2013 et en ratifiant la Convention sur les armes biologiques et de la Convention sur les armes chimiques en décembre 2014.  Le Chef de la diplomatie du Myanmar a ensuite fait état des progrès enregistrés par son pays pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de sa volonté de faire de même pour les objectifs de développement durable (ODD).  Mais il a dénoncé les sanctions « unilatérales » imposées aux pays en développement, appelant à leur « levée immédiate ».

Abordant la situation dans son pays, le Ministre a rappelé que des réformes démocratiques avaient débuté en 2011 et qu’une nouvelle culture politique fondée sur le dialogue prenait racine au Myanmar.  Il a indiqué que d’anciens prisonniers avaient été amnistiés et autorisés à prendre part au processus de consolidation de la nation, tandis que des activistes, des journalistes, des entrepreneurs et des universitaires en exil ont pu rentrer chez eux.  M. Lwin s’est également félicité des succès obtenus par les réformes du secteur économique, marqué par un taux de croissance de 8% en moyenne au cours des quatre dernières années.  Assurant ensuite que son pays était engagé en faveur de la liberté confessionnelle, il a estimé que son gouvernement avait non seulement réussi à prévenir de nouvelles violences dans l’État de l’Arakan, mais aussi à y promouvoir une culture de paix grâce à un dialogue interconfessionnel.  « La paix et la stabilité ont été rétablies », a insisté le Ministre.  « À l’heure où je m’adresse à vous, plus de 20 organisations différentes fournissent un assistance humanitaire dans cet État », a-t-il poursuivi, avant de préciser qu’un Groupe de l’amitié interconfessionnel au Myanmar avait été établi pour « établir des passerelles » entre les communautés à travers tout le pays.

Convaincu que la paix est une condition sine qua non pour la réconciliation nationale, le Président U Thein Stein, a noté le Ministre, a « tendu une branche d’olivier » aux groupes armés peu de temps après avoir pris ses fonctions, dans le but avoué de rétablir une paix durable dans le pays.  Les négociations se poursuivent pour déterminer le calendrier et les modalités de la signature de l’accord de cessez-le-feu national.  Pour sa part, a-t-il ajouté, le Gouvernement du Myanmar est acquis à ce document.  Parallèlement, les efforts se poursuivent pour promouvoir et protéger les droits de l’homme dans le pays, comme en témoignent la reconstitution de la Commission nationale des droits de l’homme en 2014 et la signature du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  M. Lwin a rappelé en conclusion à quel point 2015 est une année importante pour son pays, qui tiendra des élections générales « libres, transparentes et justes » le 8 novembre prochain.

Mme AÏCHATOU BOULAMA KANÉ, Ministre d’État en charge des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine et des nigériens de l’étranger, a salué les nombreux succès de l’ONU au cours de ses 70 ans d’existence, notamment en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a noté que les opérations du maintien de la paix, menées de plus en plus avec la coopération des organisations régionales, avaient nettement évolué à travers le temps.    

Elle  s’est cependant dite préoccupée par la crise sécuritaire au Soudan du Sud, en Centrafrique et en Libye.  Elle a aussi appelé à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger pour la paix au Mali.  Soulignant que le terrorisme constitue un grand défi à la paix et la sécurité internationales, elle a salué la mobilisation de la communauté internationale pour mettre fin à ce fléau.  Elle a en outre salué la mobilisation des États membres de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) et du Bénin pour neutraliser le groupe Boko Haram.  Ce groupe extrémiste et violent n’a pas d’avenir et sera vaincu, a-t-elle dit, en précisant par ailleurs que ces terroristes se réclamant de l’Islam n’en font pas partie.

Au sujet des migrations, la Ministre a assuré que le Niger entendait tout mettre en œuvre pour résoudre le problème, car il est lui-même un territoire d’origine, de transit et de destination de migrants.  Elle a ainsi prôné des solutions d’ordre sécuritaire, économique et écologique, compte tenu du nombre de personnes fuyant leur foyer à cause de l’insécurité ambiante ou de contraintes économiques, ou encore pour se protéger d’un phénomène climatique extrême, a-t-elle expliqué.  À cet égard, elle a souhaité que la COP21, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, permette de trouver un accord universel juridiquement contraignant pour tous.  Elle a aussi dit espérer que le nouveau programme de développement permettra de finaliser la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 

Avant de conclure, Mme Kané a plaidé pour la réforme de l’ONU.  Elle a souhaité que le multilatéralisme soit renforcé au niveau de l’Assemblée générale, et que l’Afrique, absente à la création des Nations Unies, puisse bénéficier de deux sièges de membres permanents au sein du Conseil de sécurité, et de cinq non permanents.

M. LYONPO DAMCHO DORJI, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a assuré que malgré des ressources limitées et les exigences parfois concurrentes du développement, son pays restait déterminé à préserver son patrimoine naturel et à lutter contre les changements climatiques, s’acquittant en la matière de « bien plus que sa part ».  Il a ainsi noté que, conformément aux engagements pris en 2009, le Bhoutan limite les émissions de carbone.  Il espère même, d’ici à 2025, contribuer à éliminer environ 35 millions de tonnes de carbone par an des émissions de la région en vendant son hydroélectricité, même si le Bhoutan n’est responsable que de 7% de ce volume, a-t-il relevé.

Pour le Ministre, tenir les objectifs de l’Agenda 2030 est cependant une tâche colossale qui va réclamer des pays les moins avancés et enclavés comme le sien « innovation et créativité ».  Le principal défi, estime-t-il sera de bâtir une économie verte qui garantisse aux jeunes à la fois emploi, croissance et autonomie.  « Une réorientation prudente de notre économie est impérative, si nous voulons nous assurer d’un développement inclusif et durable », a-t-il insisté en soulignant que le soutien et la coopération des partenaires pour le développement seront déterminants. L’accord qui devrait être adopté à la Conférence de Paris sur le climat en décembre prochain constituera, a-t-il assuré, un premier test important pour le succès de la mise en œuvre de l’Agenda 2030.  Enfin, le Ministre a souhaité une réforme du Conseil de sécurité afin qu’il « reflète les réalités géopolitiques » contemporaines.

M. TAUKELINA FINIKASO, Ministre des affaires étrangères des Tuvalu, a déploré qu’il y ait encore de nombreux laissés-pour-compte.  Le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit être mis en œuvre de manière inclusive, a-t-il insisté.  C’est pourquoi, chaque communauté doit s’approprier ce programme de développement, notamment en maîtrisant chacun des 17 objectifs, et en déterminant leurs droits découlant de chacun des objectifs.  Il a annoncé que les Tuvalu entendaient organiser, en novembre prochain, un sommet national sur l’adoption et la mise en œuvre du nouveau programme national de développement, établi sur la base des « Orientations de Samoa » et du Programme de développement à l’horizon 2030.

Le Ministre a ensuite indiqué que les inondations, consécutives aux phénomènes extrêmes liés aux changements climatiques, affectent les PEID, y compris les Tuvalu.  Il a expliqué que cette situation donnait lieu à des déplacements massifs de populations.  Il a cependant regretté que les « migrants victimes des changements » ne soient pas considérés au même titre que les réfugiés.  « Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’aura de sens pour nous, PEID, que si la COP21 de Paris permet de conclure un accord sur le climat qui soit ambitieux et orienté vers l’action », a prévenu le Ministre. 

Il a souhaité que cet accord prévoie la réduction des gaz à effet de serre, et limite le réchauffement de la planète à 1,5ºC d’ici à 2050.  Il a également proposé que cet accord prenne en compte le fait que les changements climatiques représentent, pour de nombreux PEID, une question de sécurité et de survie de première urgence.  Il a aussi suggéré que la COP21 mette en place une architecture de compensation, afin que les plus grands pollueurs réduisent leurs émissions, ou alors qu’ils payent pour réparer les dommages causés par leurs activités préjudiciables, notamment par des fonds en faveur de l’adaptation et de l’atténuation dans les pays les plus vulnérables.

M. Finikaso a aussi mentionné l’objectif de développement durable numéro 14, relatif à la conservation et l’exploitation durables des océans, des mers et des ressources marines aux fins du développement durable.  Il a en outre appelé à une modification des méthodes de calcul qui président au classement des pays dans la catégorie des pays les moins avancés, en estimant que ces calculs statistiques ne tiennent pas compte de la réalité de la vulnérabilité des PEID.

Pour M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères et des affaires de la CARICOM de Trinité-et-Tobago, l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est la preuve « de la puissance du multilatéralisme ».  Il a mis l’accent sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité pour permettre à l’ONU de mieux faire face aux défis sécuritaires et autres dans le monde et pour que le Conseil soit représentatif du monde actuel.  Soulignant le lien entre paix et sécurité et développement durable, le Ministre a fait part de ses préoccupations liées au fait que la Trinité-et-Tobago se trouve dans une région marquée par le trafic d’armes de petit calibre et le trafic de la drogue ainsi que par les réseaux criminels internationaux.  C’est la raison pour laquelle son pays, à l’instar des autres pays de la CARICOM, souscrit pleinement au Traité sur le commerce des armes qui représente, selon lui, un instrument utile pour mieux faire face au trafic illicite d’armes.

Le Ministre a également mis l’accent sur la nécessité de placer les femmes, les enfants et les personnes les plus vulnérables ainsi que les populations autochtones au cœur des priorités en matière de développement, et a passé en revue un certain nombre de mesures prises par son pays pour promouvoir le bien-être des femmes et des filles.  Veillant en outre à la sécurité de ses citoyens, son gouvernement a mis en place une stratégie ambitieuse de défense, de protection des frontières et de gestion des risques liés aux catastrophes naturelles.  Il a saisi cette occasion pour souligner la gravité de la menace des changements climatiques, en particulier pour les petits États insulaires en développement, comme le sien, et les pays les moins avancés.  Selon lui, on ne pourra pas faire face à cette menace en se limitant à tenir « des discussions diplomatiques de haut niveau ».  Les changements climatiques ont un effet négatif sur le développement et c’est pourquoi, les pays de la CARICOM souhaitent que la Conférence de Paris sur le climat, en décembre prochain, parvienne à adopter un accord juridiquement contraignant et fort qui mette le monde sur la voie de la « dé-carbonisation » avant la fin de ce siècle.

Par ailleurs, le Ministre s’est félicité de la reprise des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba et a émis l’espoir que ce processus débouchera rapidement sur la levée de l’embargo économique.  Il s’est toutefois dit préoccupé par le différend frontalier qui oppose le Venezuela à Guyana et souhaite qu’il soit réglé de manière pacifique.

M. ALVA ROMANUS BAPTISTE, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et de l’aviation civile de Sainte-Lucie, a déclaré que le moment est venu de s’engager dans un processus d’introspection et de réflexion tendant à une réorientation et une revitalisation des activités de l’ONU afin qu’elle continue à s’occuper de questions plus complexes liées à la survie de l’humanité.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi à titre d’exemple, trop de personnes au Moyen-Orient, en Iraq, en Libye, en Syrie et ailleurs, voient leur existence transformée par des expériences traumatisantes, et dans bien des cas, subissent des souffrances physiques et mentales terribles.  C’est là une tragédie humaine aux proportions impensables, s’est indigné le Ministre, en regrettant  l’énorme exode de populations qui vivaient, encore récemment, dans des pays stables.

Face à la magnitude de ce défi, il a encouragé l’Europe à faire « ce qu’il convient de faire » pour accueillir ces réfugiés et migrants.  Des nations plus petites et plus pauvres ont fait montre d’humanisme et de générosité, a-t-il encore commenté, en ajoutant que cette assistance avait fait toute la différence.  Il a précisé que dans la région des Caraïbes, Cuba, malgré l’embargo économique en vigueur depuis plus de 50 ans, a continué à offrir des bourses pour former, chaque année, des milliers de professionnels des pays des Caraïbes et d’Amérique latine.  L’aide de Cuba dans la lutte contre plusieurs épidémies dans le monde, notamment la récente crise causée par le virus Ebola en Afrique, est tout aussi exemplaire et légendaire, a souligné M. Baptiste.  En dépit de l’ampleur du défi, l’Europe, en tant que groupe de pays puissants, est en mesure de répondre efficacement dans le contexte de son cadre intégré, a-t-il estimé.  « Soyez conforté et inspiré par l’exemple de Cuba », a déclaré le Chef de la diplomatie de Sainte-Lucie.

Par ailleurs, il a mis l’accent sur la situation des petits États insulaires qui, en raison des mesures commerciales en vigueur, du déclin de l’aide publique au développement et du financement du développement, s’endettent de plus en plus pour mettre en œuvre leurs politiques économiques et sociales.  Parallèlement, les coûts accrus pour répondre aux répercussions négatives du commerce illicite des armes de petit calibre et du trafic des stupéfiants, de même que le coût de reconstruction après les catastrophes naturelles, absorbent une portion significative du produit intérieur brut.

Mgr PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États, a déploré la poursuite du conflit au Moyen-Orient, dans une région qui est « un berceau des civilisations ».  Les atrocités et les violations indicibles des droits de l’homme qui caractérisent les conflits actuels sont retransmises en direct et en boucle dans les médias, ce qui, selon lui, risque d’engendrer « une familiarité et une indifférence anesthésiantes ».

Évoquant la réponse des pays face aux migrations massives, Mgr Gallagher a constaté « un retour de la pratique consistant à édifier des murs et des barrières entre les peuples ».  Il y a vu « un triste exemple d’inhumanité, une solution hâtive et inefficace ».  Le Saint-Siège exhorte les États à surmonter leurs intérêts nationalistes et à reconnaître l’unité de la famille humaine.  L’histoire, a rappelé le représentant, nous a appris que les migrants avaient toujours une contribution positive à apporter aux pays d’accueil.

Mgr Gallagher a mis l’accent sur « la responsabilité de protéger » en demandant aux États Membres de définir des critères clairs pour l’application de ce concept.   Il s’est ensuite référé aux principes énoncés dans l’Article 2 de la Charte de l’ONU et à ce qu’il a appelé « la responsabilité d’observer le droit international existant ».  Toutefois, a-t-il estimé, l’Article 2 ne peut servir d’alibi pour excuser des violations flagrantes des droits de l’homme.  Pour lui, un examen de conscience est nécessaire pour reconnaître « le rôle que certaines interventions unilatérales ont joué dans la crise humanitaire qui cause aujourd’hui tant de peine au monde ».

Par ailleurs, le Secrétaire du Saint-Siège a défendu l’idée d’un monde exempt d’armes nucléaires, conformément à l’esprit et à la lettre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Pour le pape François, la dissuasion nucléaire est incompatible avec l’éthique de la fraternité et de la coexistence pacifique entre les peuples et les États.  Enfin, il a espéré qu’un accord sur les changements climatiques sera conclu lors de la Conférence de Paris en décembre prochain.  Le climat, a-t-il fait valoir, est un bien commun, une responsabilité qui incombe à chacun, surtout vis-à-vis des groupes les plus vulnérables des générations présentes et futures.

Mme NGUYEN PHUONG NGA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a affirmé que les menaces à la survie de l’humanité subsistaient, en citant en particulier les arsenaux d’armements nucléaires, les effets des changements climatiques ou la pauvreté.  Le Viet Nam, a-t-elle dit, se félicite de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La pleine et effective mise en œuvre du Programme, avec un partenariat mondial en son centre, permettra de s’attaquer en profondeur aux causes des problèmes actuels et d’orienter le monde vers un avenir plus durable.

Pour transformer le monde, l’ONU doit se transformer elle-même, a déclaré la Ministre, en estimant que l’Assemblée générale devrait être revitalisée afin de la rendre plus efficace, plus attentive et plus pertinente et le Conseil de sécurité plus représentatif, plus démocratique, plus transparent et également plus efficace.  Le système de développement des Nations Unies mérite d’être renforcé, a-t-elle ajouté.

La Ministre a rappelé que, tout comme les Nations Unies, le Viet Nam célébrait cette année le soixante-dixième anniversaire de son indépendance, laquelle est intervenue après près d’un siècle de colonialisme.  Depuis son entrée à l’Organisation des Nations Unies en 1977, le Viet Nam s’est toujours efforcé au mieux de respecter les valeurs de leur Charte et de contribuer de manière constructive et responsable au travail de l’Organisation, a-t-elle assuré.

Au niveau régional, le Viet Nam joint ses efforts à ceux de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en vue d’assurer la paix, la prospérité et la stabilité de la région, a souligné la Ministre, en appelant notamment toutes les parties à s’abstenir de recourir à la menace ou à l’usage de la force et à régler par des moyens pacifiques tous leurs différends, conformément au droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) s’est félicitée de l’adoption du Programme de développement durable pour l’après-2015.  Elle a ensuite indiqué que son gouvernement souhaitait l’ouverture d’un centre régional des Nations Unies sur les changements climatiques, afin de répondre aux défis « gigantesques » qui se posent en Asie centrale, où les effets délétères du réchauffement planétaire touchent indifféremment plusieurs pays.  Plaidant pour la création d’un tel mécanisme pour coordonner l’ensemble des activités, Mme Ataeva a précisé que son pays était prêt à accueillir un tel centre dans le pays et à y mettre des locaux à disposition.

Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) doit pleinement inclure l’Afghanistan, pays que la communauté doit assister de manière soutenue.  Le règlement des problèmes afghans doit continuer de se faire de manière négociée avec l’ensemble des parties prenantes et le processus de réconciliation nationale s’accompagner de l’aide internationale, a observé la déléguée.  L’Afghanistan doit par ailleurs pouvoir prendre part aux projets énergétiques et logistiques qui relient entre eux les pays de la sous-région, ce qui permettrait de générer de nouveaux emplois dans ce pays et d’y assurer une stabilité politique.

La délégation a ensuite déclaré qu’il était nécessaire de fournir une aide suffisante aux pays en développement et aux pays les moins avancés (PMA) pour qu’ils puissent réaliser le programme de développement durable pour l’après-2015, ce qui devrait avoir un impact positif sur les relations internationales.  « Le principal ODD, c’est de surmonter les graves inégalités qui persistent d’un continent à l’autre », a-t-elle estimé.  Dans ce contexte, a noté la représentante, la coordination avec le système des Nations Unies sera plus que jamais nécessaire et la présente session de l’Assemblée générale devrait fournir des orientations claires à cet égard.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré que le Pérou accordait une importance capitale à l’Agenda du développement durable à l’horizon 2030 car, pour la première fois de l’histoire, l’humanité s’est engagée à travers un instrument à portée universelle à éradiquer la pauvreté dans toutes ses formes, à promouvoir le développement durable au cours des 15 prochaines années sans que personne ne soit laissé de côté.  C’est dans cette perspective que le Pérou accorde une priorité à l’inclusion sociale et appelle à ce que les groupes marginalisés, en particulier les peuples autochtones, les personnes handicapées ou les migrants ne soient pas oubliés, a-t-il ajouté.  Mais pour que ce programme soit efficacement mis en œuvre, il faut des ressources appropriées et des investissements massifs dans les domaines de la santé et de l’éducation, en tenant compte des besoins des jeunes, de l’égalité entre les genres et de l’autonomisation de la femme.  Il faut parallèlement que la Conférence de Paris sur le climat aboutisse à un résultat ambitieux.  En tant que Président en exercice de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le Pérou aidera à parvenir à ce résultat, en coopération avec l’Appel de Lima pour l’action sur le climat, a assuré M. Meza-Cuadra. 

Comme pour le développement durable, les Nations Unies doivent aussi avancer dans le domaine de la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, le Pérou salue les progrès réalisés dans le processus de paix en Colombie, ainsi que le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, même s’il continue d’appeler à la levée de l’embargo qui frappe l’île.  La question de Palestine devrait, pour sa part, être relancée avec l’appui du Conseil de sécurité.  Il devrait promouvoir un dialogue et pousser Israéliens et Palestiniens à vivre en paix, dans des frontières sécurisées.  Le statu quo n’est pas soutenable, a prévenu le représentant. 

Il faut aussi que la communauté internationale renforce ses capacités de réponse humanitaires et de lutte contre l’impunité.   La responsabilité de protéger ne saurait être éludée pour quelque pays que ce soit, a-t-il dit, en déplorant la situation en Syrie et les crimes qui y sont commis, notamment par le groupe extrémiste État islamique.  Le Pérou est en outre en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, afin de le rendre plus légitime.  Cette réforme implique une restriction du droit de veto.  C’est à cette fin que le Pérou a rejoint le Groupe ACT (Responsabilité, cohérence et transparence), chargé de rédiger un code de conduite pour l’action du Conseil de sécurité dans les crimes atroces, a encore déclaré le représentant.  Pour la première fois, a-t-il indiqué, son pays enverra des troupes en République centrafricaine, dans le cadre de la MINUSCA.

M. Meza-Cuadra a également indiqué que son pays avait fait des progrès significatifs en matière de lutte contre le trafic de drogues.  La stratégie nationale a ainsi permis, en 2013, une réduction de près de 14% des cultures illégales et une augmentation de plus de 40% des saisies de cocaïne.  Alors que l’Assemblée générale tiendra l’année prochaine une session extraordinaire sur le problème de la drogue, il est primordial de rappeler la primauté des conventions internationales et des stratégies nationales pour lutter contre ce phénomène.  En application du principe de responsabilité commune et différenciée, la communauté internationale doit renforcer la coopération internationale et le rôle de la Commission des stupéfiants des Nations Unies, a-t-il souligné en terminant son intervention.

Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a fait remarquer que chaque pays réagissait à la tribune de l’Assemblée générale « en fonction de sa propre réalité ».  Ainsi, les valeurs humaines ne sont-elles pas interprétées de la même façon par la victime qui doit malheureusement quitter sa patrie à la recherche d’un monde meilleur, pour fuir la pauvreté extrême ou la violence, et par celui qui vit dans la sécurité et le confort.  Or, a dit Mme Flores, tant qu’il n’y aura pas la paix et le bien-être pour tous, il n’y aura de tranquillité pour personne.  « Aucun mur de pierre ne peut contenir les flux humains créés par le droit à la vie », a-t-elle dit.

Les migrations massives, a insisté la représentante, sont la conséquence de problèmes graves qu’il faut régler, non pas avec des promesses, mais avec des résultats.  La réponse réside à la fois dans « les principes divins de la spiritualité » et dans les principes de la Charte des Nations Unies, a-t-elle résumé en plaidant pour « la solidarité universelle ». 

« Mon peuple vit sur des atolls qui se trouvent seulement à trois mètres au-dessus du niveau de la mer », a affirmé M. BAARO (Kiribati).  Il a cité les phénomènes climatiques extrêmes que son pays a connus cette année, tels que le cyclone Pam et les typhons Maysak et Dauphin, avant de se dire très préoccupé par la fréquence et la gravité de ces phénomènes.  « Nous devons remédier aux défis critiques et pressants des changements climatiques, ‘ici et maintenant’, avant même que nous puissions parler de développement durable ou du nouveau programme de développement ».  Il a d’ailleurs indiqué que ce programme serait dénué de toute signification si la prochaine Conférence de Paris sur le climat ne débouchait pas sur un accord ambitieux juridiquement contraignant.  « Pour ceux qui sont en première ligne, l’accord devant être adopté à Paris doit inclure un objectif à long terme visant à réduire la température en-dessous de 1,5ºC, a-t-il dit.  Le représentant a également demandé l’inclusion dans ce futur accord de dispositions sur les pertes et les indemnisations en tant qu’élément distinct des mesures d’adaptation.  Le représentant a souhaité que les organisations internationales et onusiennes accueillent Taiwan en leur sein comme vient de le faire l’Organisation mondiale de la Santé.

« Le défi que posent les changements climatiques exige que nous nous élevions au-dessus de nos priorités nationales et pensions avec une conscience globale », a-t-il affirmé, avant de se féliciter d’un changement de cap concernant le dialogue sur les changements climatiques.  Il a en effet salué les engagements d’un nombre grandissant d’acteurs comme le signe que la communauté internationale a entendu « nos messages ».  Puis, il a détaillé la stratégie suivie par son pays pour assurer la survie de son peuple, en citant notamment l’achat de terres offshore et la considération de mesures visant à exhausser les îles par rapport à leur niveau actuel au-dessus de la mer.  « Mais nous ne pouvons pas agir seuls », a-t-il dit, en soulignant la nécessité d’un effort collectif international.  Saluant l’assistance apportée par les partenaires de son pays, y compris Taiwan, il a souhaité que les engagements pris en faveur du Fonds vert se traduisent dans les faits.  « Mon peuple et ceux qui sont en première ligne face aux changements climatiques risquent d’être laissés sur le bord de la route », a-t-il prévenu, en disant que l’assistance demandée doit être apportée maintenant.

M. JOÃO SOARES DA GAMA (Guinée-Bissau) a reconnu que son pays continuait à faire l’expérience de l’instabilité, et d’être en proie à des difficultés pour cimenter les fondations propices à la création d’un État axé sur le développement « et la réalisation du rêve d’Amílcar Cabral, le père de la nation bissau-guinéenne ».  Toutefois, notre détermination reste intacte, a-t-il assuré, en soulignant qu’avec le retour à l’ordre constitutionnel, le Gouvernement ayant émergé des élections législatives d’avril 2014 a redoublé d’efforts pour mettre en place les conditions nécessaires au redémarrage de l’économie nationale.  À cette fin, a fait observer le représentant, la stratégie de développement Terra Ranka 2015-2025 a été approuvée, avec le soutien de la communauté internationale, et en accord avec les objectifs de développement durable (ODD).  Dans ce contexte, M. da Gama a lancé un appel aux donateurs et aux partenaires de la Guinée-Bissau pour qu’ils respectent les engagements pris en mars 2015 à Bruxelles, où cette stratégie leur avait été présentée.

Le délégué a ensuite plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité qui réserve deux sièges permanents à l’Afrique, où sont actuellement déployées 9 des 16 opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans le monde.  Il a également proposé que des sièges permanents reviennent au Brésil, à l’Inde, au Japon et à l’Allemagne.  Partisane de la diplomatie préventive, la Guinée-Bissau, a indiqué M. da Gama, estime que le meilleur moyen de résoudre les conflits reste la lutte contre la pauvreté et les discriminations sociales, la promotion de l’égalité entre les sexes et de l’éducation, ainsi que la préservation de l’environnement.  Le représentant de la Guinée-Bissau s’est par ailleurs félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, rompues depuis 1961.  Son représentant a toutefois demandé la levée complète du blocus américain imposé au peuple cubain.  Il s’est également félicité de l’accord conclu entre la communauté internationale et l’Iran sur le dossier nucléaire de ce pays, avant de placer beaucoup d’espoirs dans la Conférence des États Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre prochain.

Droits de réponse

Le représentant de la Serbie a répondu à la déclaration prononcée par le Premier Ministre de l’Albanie en indiquant que son pays consacrait tous ses efforts pour renforcer la coopération régionale, la stabilisation et la coopération.  Pour lui, l’Albanie « a induit en erreur les États Membres » en affirmant qu’un dialogue avait lieu entre la Serbie et le Kosovo.  Or, a-t-il affirmé, le Kosovo n’est ni un État indépendant, ni un Membre de l’ONU.   Toutes les questions en souffrance concernant la normalisation des relations des deux pays sont examinées sous la houlette de Bruxelles.

Le représentant de l’Albanie a rappelé à son homologue de la Serbie que, depuis 2008, « le Kosovo est un État indépendant reconnu par 110 pays », qui a renforcé son identité géopolitique dans le monde et contribué à la stabilité de la région.  Le Kosovo et la Serbie, a-t-il ajouté, « ont lancé un dialogue couronné de succès », pour le bien de leurs peuples.

Rejetant catégoriquement les « allégations » de certains pays, le représentant de la Turquie a assuré que son pays continuerait de faire preuve de solidarité avec le peuple syrien.

Revenant sur les propos tenus aujourd’hui par le Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, le représentant de la Chine a déclaré que la revendication de certaines îles de la mer de Chine occupées illégalement par les Philippines avait des « fondements juridiques ».  Nous souhaitons obtenir un règlement pacifique de cette question sur la base des faits historiques et du droit international, considérant qu’« agir en justice » ne ferait que compliquer la situation et mettre en péril la stabilité en mer de Chine méridionale.  Dans l’intervalle, nous sommes opposés à la pratique qui consiste pour certains pays à tirer parti de cette situation, a ajouté le représentant.

En réponse à cette intervention, le représentant des Philippines a déclaré que le différend avec la Chine devait être réglé en vertu du droit international et dans le cadre d’un arbitrage conforme à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, plutôt que par des mesures coercitives.

Reprenant de nouveau la parole, le représentant de la Chine a jugé que l’invasion illégale et l’occupation de certaines îles dans la mer de Chine sont à l’origine du différend.  La position de la Chine est la non-acceptation et elle ne changera pas.

Le Royaume-Uni a réagi aux propos du Premier Ministre de Maurice, en déclarant qu’il n’avait aucun doute quant à la « souveraineté britannique » sur un archipel également revendiqué par Maurice.  Il est évident que la décision rendue par le « Tribunal arbitral » ne changeait pas la situation, l’arrêt rendu soulignant que le Royaume-Uni aurait dû consulter Maurice et encourageant les deux parties à ouvrir un dialogue, « sans mentionner la question de la souveraineté ».  Pour notre part, nous sommes prêts à travailler avec Maurice sur la question de cette zone maritime protégée.

Reprenant la parole, le représentant de la Serbie a déploré « un acte hostile pour la Serbie et les pays voisins ».  Son pays, a-t-il assuré, continuera par tous les moyens diplomatiques à sa disposition à défendre sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: méfiance d’Israël face à l’accord sur le nucléaire iranien et détermination de l’Afrique à relever les défis de la paix

Soixante-dixième session,
22e & 23e séances plénières, matin, après-midi
AG/11697

Assemblée générale: méfiance d’Israël face à l’accord sur le nucléaire iranien et détermination de l’Afrique à relever les défis de la paix

Au quatrième jour du débat général, le Premier Ministre israélien n’a pas caché ses doutes quant à une mise en œuvre effective de l’accord sur le programme nucléaire iranien.  En tout, l’Assemblée générale a entendu aujourd’hui une quarantaine de chefs d’État, de premiers ministres et de ministres dont certains ont évoqué leurs efforts pour consolider la paix et le développement, malgré la persistance de l’insécurité, notamment en Afrique.

Le Premier Ministre d’Israël a pris le contrepied de la majorité des délégations en se montrant dubitatif face au « Plan d’action conjoint sur le programme nucléaire iranien » signé le 14 juillet dernier à Vienne, après 14 années de négociations, entre lIran et le « P 5+1 » - Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne.  Pendant trois jours, a dit le responsable israélien, j’ai entendu les dirigeants du monde se féliciter de l’accord et je me dois de leur dire de laisser leur enthousiasme à la porte.  Il a dénoncé un accord « qui va permettre à l’Iran de gagner des milliards de dollars, sans rendre la paix plus plausible » et accusé les autorités iraniennes de fournir des armes au « régime brutal d’Assad », aux Houthis et au Hezbollah.  « Imaginez ce que l’Iran fera une fois que les sanctions seront levées ».  Si l’Iran veut être traité comme un pays normal, qu’il agisse comme un pays normal et pas comme une théocratie cherchant à conquérir ses voisins et à détruire Israël, a dit le Premier Ministre en prévenant que la plus grande menace est « un Islam militant doté de l’arme nucléaire ».

Le Chef du Gouvernement israélien s’est par ailleurs dit prêt à reprendre immédiatement des négociations directes avec l’Autorité palestinienne sans condition préalable.  Mais « comment faire la paix avec un partenaire qui refuse de venir à la table de négociations? » s’est-il demandé même s’il a dit comprendre « la position difficile » du Président Mahmoud Abbas.  Fier que l’accord sur le nucléaire iranien soit intervenu pendant la présidence néo-zélandaise du Conseil de sécurité, le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande a qualifié d’« invivable » le statu quo actuel dans le processus de paix au Moyen-Orient.  Nous ne pouvons laisser la situation sur le terrain nous dicter notre action si notre action peut précisément contribuer à faire avancer les choses, a-t-il dit avant de se livrer à une critique en règle du fonctionnement du Conseil de sécurité.

Il l’a traité d’institution qui connait des échecs et qui ne doit pas devenir « une institution en échec ».  Le problème, a-t-il dit avoir constaté, est en partie « structurel » à cause du droit de veto qui crée « un déséquilibre extraordinaire », exacerbé par la pratique des négociations à cinq avant d’impliquer les 10 membres non permanents et celle de tout arrêter dès qu’un membre permanent n’est pas d’accord.  Le problème est aussi en partie « comportemental »: les membres permanents sont habitués à exercer le pouvoir et ils y tiennent.  

Occupant une très grande partie de l’agenda du Conseil de sécurité, l’Afrique, a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Tchad, est sans conteste l’un des épicentres des conflits armés, du terrorisme et de la migration.  Néanmoins, au titre des avancées, il a mentionné la Force mixte multinationale mise sur pied par les pays de la Commission du bassin du lac Tchad pour mettre fin aux exactions de Boko Haram.  Il a dit attendre des Nations Unies qu’elles apportent un soutien matériel, financier et logistique à la Force.

Un appel similaire a été lancé par le Premier Ministre somalien qui, annonçant la « nouvelle » Somalie qui s’efforce de « sortir des ténèbres », a demandé une aide pour les soldats somaliens « sous-payés, mal-nourris et mal équipés ».  Le Deuxième Vice-Président du Burundi a considéré que le processus électoral récent avait été « une grande réussite » malgré les contestations violentes.  Il a annoncé la mise en place de la Commission nationale de dialogue interburundais.  En dépit de l’Accord de paix du 26 août dernier, le Vice-Président du Soudan du Sud a reconnu que le cessez-le-feu n’était pas respecté dans toutes les régions du pays, ce qu’il a attribué « principalement à l’absence d’un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification » sur le terrain.

Ailleurs, les progrès en Haïti ont été rendus possibles grâce, « en partie », au soutien de la Mission de l’ONU, qui est en voie de s’adapter à un contexte nouveau, a reconnu le Président haïtien, en souhaitant que la Mission poursuive son retrait de manière « progressive et ordonnée ».  En République démocratique du Congo (RDC), après la défaite du M23 et la reddition de plusieurs groupes rebelles, la volonté est de consolider la paix retrouvée et de revenir à une vie normale, a déclaré son Ministre des affaires étrangères qui a appelé à « repenser » la présence onusienne et à réduire les effectifs de la MONUSCO.

Plus gros fournisseur de contingent des Casques bleus, avec un total de 180 000 personnes déployées depuis la première opération, dont 8 000 aujourd’hui, l’Inde a, par la voix de sa Ministre des affaires étrangères, répondu au Premier Ministre du Pakistan, qui s’est exprimé hier: s’agissant du Jammu-et-Cachemire, l’Inde n’a pas besoin d’une initiative de paix en quatre points, mais d’une seule, à savoir renoncer au terrorisme et discuter.

Le Premier Ministre grec, qui a fustigé l’imposition de politiques d’austérité au détriment de la croissance économique, a comme plusieurs dirigeants, enchaîné sur une autre crise européenne, celle des migrants.  « Nous avons besoin d’une solution européenne! » s’est écrié le Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, qui, depuis le début de l’année, a accueilli 600 000 réfugiés.  Nous devons être guidés par les principes d’humanité et de solidarité », a affirmé le Président du Monténégro, ajoutant que les capacités de chaque État de recevoir des migrants et de leur prêter assistance devaient être prises en considération. 

Un appui inattendu lui est venu du Vice-Président du Botswana qui a estimé qu’il est «injuste » de blâmer les pays européens.  « La solution ne pouvant être l’imposition de quotas obligatoires », le Vice-Président a préconisé la création d’un fonds spécial placé sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), que l’Europe ou idéalement la communauté internationale financerait en fonction du principe selon lequel « le pays qui accepterait le plus grand nombre de réfugiés aurait le plus grand appui du fonds et ses contributions au dit fonds diminueraient en proportion ».

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 2 octobre, à partir de 9 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/70/1)

Suite du débat général

M. DRAGAN ČOVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a salué l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui « ne doit pas rester une utopie ».  Le soixante-dixième anniversaire de l’ONU doit être aussi l’occasion d’évaluer les progrès individuels et collectifs réalisés dans les objectifs de la Charte.  La crise en Syrie, qui était « jusqu’à hier » une crise du Moyen-Orient, est aujourd’hui aux portes de l’Europe et la Bosnie-Herzégovine voit tous les jours arriver des vagues de réfugiés.  C’est bien la preuve de l’interconnexion du monde.  Mais, a prévenu le Président, ces vagues de réfugiés sont un fardeau beaucoup plus lourd que ce que peuvent le supporter la majorité des pays où elles se jettent.  La solidarité humaine et l’empathie sont mises à l’épreuve, des solutions efficaces sont attendues d’urgence.  La Bosnie-Herzégovine, a affirmé le Président, appuie les efforts de l’ONU pour trouver une solution politique en Syrie, conforme au Communiqué de Genève. 

« Le terrorisme et l’extrémisme violent sont l’une des plus graves menaces pour l’humanité », a poursuivi le Président, en appelant à la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et en soulignant l’urgence qu’il y a à améliorer les capacités des pays dans ce domaine.  La Bosnie-Herzégovine, a rappelé le Président, est membre de la Coalition internationale contre l’État islamique et un des pays qui offre un appui matériel à l’Iraq.  En tant que Présidente du Conseil de l’Europe, la Bosnie-Herzégovine veille à la mise en œuvre des mesures prises pour la lutte contre le terrorisme, dont le Protocole à la Convention pour la prévention du terrorisme est « un pas important ».  Le Président a d’ailleurs insisté sur l’article 7 dudit Protocole qui offre un cadre d’échange d’informations et a exhorté chaque pays à nommer un point focal qui travaillerait 24 heures sur 24 et sept jours par semaine.

Estimant que les actions militaires n’apportent que des succès à court terme dans la lutte contre le terrorisme, il a voulu qu’elles soient accompagnées d’une stratégie globale pour remédier aux causes profondes de l’extrémisme violent et du terrorisme, comme la pauvreté et les inégalités, le manque d’accès à l’éducation et à l’emploi.  De la même manière, éliminer les préjugés et la xénophobie dans les sociétés et les communautés demeure essentiel pour stopper la propagation de l’extrémisme violent. 

Il y a 20 ans nous avons obtenu une paix tant attendue et aujourd’hui nous travaillons à des réformes pour améliorer la situation socioéconomique et l’état de droit, a expliqué le Président qui a ajouté que son pays s’attache aussi à honorer ses obligations en vertu de l’Accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne qui est entré en vigueur, il y a quatre mois.

L’expérience de la Bosnie-Herzégovine et les leçons qu’elle a tirées de son pays peuvent contribuer à relever de nombreux défis régionaux et internationaux.  C’est dans ce sens, a expliqué le Président, que le pays a présenté sa candidature au Conseil économique et social (ECOSOC) pour la période 2017-2019.  Ayant vécu les conséquences des changements climatiques avec les inondations dévastatrices de l’année dernière, la Bosnie-Herzégovine, a conclu le Président, attend beaucoup de la Conférence de Paris sur le climat, prévue en décembre. 

M. MICHEL JOSEPH MARTELLY, Président d’Haïti, a estimé que le 9 août dernier, une étape importante avait été franchie dans la consolidation de la démocratie.  Un Conseil électoral indépendant, choisi par la société civile, a démarré le processus électoral qui doit aboutir, avant la fin de cette année, à la tenue des élections présidentielles, législatives, municipales et territoriales.  Il y a un an, a-t-il rappelé, dans son rapport au Conseil de sécurité sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le Secrétaire général signalait que la tenue d’élections inclusives était « essentielle pour la consolidation de la démocratie et de l’état de droit et la promotion du développement, condition nécessaire à l’amélioration des conditions de vie de la population haïtienne et à la réalisation d’une stabilité durable ». 

Affirmant que son pays est sur la bonne voie, le Président haïtien a souligné que le succès des élections sera un indicateur important de la bonne performance et de la réussite de la MINUSTAH.  Sous mon Administration, a-t-il poursuivi, des progrès significatifs ont été accomplis depuis quatre ans: la démocratie s’est consolidée, les institutions garantes de l’état de droit se sont affermies, la situation sur le plan de la sécurité s’est nettement améliorée, et les droits de l’homme ont été promus et respectés.  « Jamais le nombre de Conventions internationales ratifiées par le pays, portant sur la protection des droits de l’homme, des droits de l’enfant, des femmes et des personnes vulnérables, n’a été aussi élevé », a poursuivi le Chef d’État.

La pauvreté a reculé, l’investissement direct étranger a connu une nette expansion et après des décennies de stagnation, l’économie a renoué avec la croissance.  Au Chapitre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), nombreux aussi sont les progrès enregistrés.  Haïti a atteint, selon lui, « trois ans avant l’échéance », la cible de réduction de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de cinq ans.  « Grâce au programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire, plus d’un million d’enfants ont pu fréquenter l’école. Des progrès ont aussi été enregistrés en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, la baisse du taux de mortalité infantile, la réduction de la pauvreté extrême et la lutte contre l’exclusion sociale », a fait valoir le Chef d’État qui a ajouté que dans le domaine de la santé publique, le pays a remporté des succès indéniables contre le VIH/sida et le paludisme. 

Ces progrès ont été rendus possibles grâce, « en partie », au soutien de la MINUSTAH qui est en voie de s’adapter à un contexte nouveau, « différent de celui qui l’a vue naître ».  Prônant un plan de reconfiguration qui tient compte de l’évolution de la situation, le Président a souhaité que la Mission poursuive son retrait de manière « progressive et ordonnée ».  Le désengagement et le transfert aux institutions haïtiennes des responsabilités en matière militaire, de police et de développement, devront s’effectuer selon un calendrier concerté.  Ceci évitera tout vide préjudiciable à la sécurité interne et externe du pays, a-t-il jugé.  

En conclusion, M. Martelly a évoqué le renforcement de la Police nationale et l’élaboration d’une nouvelle politique de défense, chantiers auxquels il a œuvré, dans le cadre d’un Livre blanc préconisant la création d’une force de défense, qui aura un rôle décisif à jouer dans le développement et la stabilisation du pays.  Au moment où son mandat touche à sa fin, le Président s’est dit « heureux et fier » d’avoir œuvré et de continuer d’œuvrer à la stabilité de son pays. 

Pour M. HERY RAJAONARIMAMPIANINA, Président de Madagascar, l’ONU reste une tribune où le monde est témoin d’un périple, au service de « l’Humain avec un grand H ».  Si les OMD ont largement contribué à la croissance des pays, les nouveaux objectifs de développement durable marquent un nouvel engagement de la communauté internationale pour des actions tangibles et durables au bénéfice de toute l’humanité, a–t-il poursuivi.  Soulignant les menaces qui pèsent sur la sécurité mondiale, comme le terrorisme, les changements climatiques et les problèmes récurrents de pauvreté, il a estimé qu’il s’agissait d’autant de facteurs qui poussent les populations à l’exode dans l’espoir « d’un meilleur lendemain et tout simplement de vivre dans la dignité ». 

L’agenda post-2015 apporte des solutions qui permettront aux gouvernements d’agir efficacement en tenant compte du fait que les ressources ne sont pas intarissables.  Le capital humain est l’acteur et le bénéficiaire des objectifs de développement durable, a fait remarquer le Président pour lequel la paix et la sécurité demeurent le talon d’Achille de toutes les stratégies de développement.  « C’est en épousant cette vision que Madagascar poursuit sa route vers la démocratie et la stabilité. »

Pour Madagascar, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sera un référentiel et un soutien à la réalisation de son Plan de développement national, a assuré le Président qui a mis l’accent sur la menace des changements climatiques.  « Nous sommes tous soumis à une obligation de résultat face à ce fléau mondial et la COP21 à Paris sera le cadre idéal » pour en témoigner.  Madagascar s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 14% et d’augmenter de 32% sa capacité d’absorption d’ici 2030.  En outre, l’Ile applique le Cadre de Sendai sur la prévention des catastrophes et a décidé d’héberger le Centre de fusion d’Information maritime dans la zone de l’Océan indien et de l’Afrique orientale et australe, pour lutter, entre autres, contre la piraterie, le trafic et le terrorisme.

Le Président a également passé en revue les efforts de son gouvernement en matière de réduction de la mortalité maternelle, de protection sociale, de sécurité alimentaire, d’éducation et de respect des droits de l’homme.  Il a annoncé, pour la première fois, que son pays allait déployer un bataillon d’infanterie dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU à l’horizon 2017.

M. PETER CHRISTIAN, Président des États fédérés de Micronésie, a évoqué les rives de nombreux atolls où il ne reste rien des plages de sable et des palmiers d’autrefois.  Il a exprimé sa peur non seulement de voir s’élever le niveau de la mer, mais aussi de subir les autres effets du réchauffement climatique comme des courants plus forts et des typhons plus fréquents.  On nous dit que les causes sont connues et qu’il existe des moyens de ralentir ce phénomène, a-t-il dit, en espérant que l’on passe à l’action.  Je suis encouragé, a-t-il ajouté, par la tournure espérée dans les discussions sur les changements climatiques qui doivent s’accélérer et être plus sérieuses.  Il a également remarqué que la question intéresse davantage les États Membres.

« Nous devons être plus cohérents dans nos actions pour conclure un accord qui permette d’atténuer la menace du naufrage des îles et de prévenir un éventuel génocide des peuples et des cultures de l’océan », a lancé M. Christian.  Il a rappelé que le Parlement micronésien avait, en 1995, donné son feu vert à l’accession du pays au Protocole de Montréal qui vise à protéger la couche d’ozone.  En 2009, a-t-il précisé, son pays a fait une première proposition d’amendement à ce Protocole pour réduire les hydrofluorocarbures (HFCs) qui sont de puissants gaz à effet de serre, donnant ainsi un élan qui a abouti à une réduction dans plus de 100 pays.  Les parties au Protocole envisagent maintenant de se mettre d’accord sur un mandat pour négocier cette réduction, a-t-il dit.

Le Président micronésien a salué les initiatives prises dans cette voie par son homologue américain, celui-ci ayant annoncé, avec le Président de la Chine, vouloir accélérer la réduction des HFC super polluants.  Il a apprécié en outre les engagements qui s’en sont suivis de la part de l’Inde et du Brésil.

L’autre stratégie des États fédérés de Micronésie, a-t-il poursuivi, c’est d’être à Paris en décembre, lors de la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP21), pour soutenir la cause des petites îles.  Il a aussi exposé l’objectif du « Micronesian Challenge » par lequel ces îles ont décidé de préserver 30% des zones côtières et 20% des zones terrestres.  M. Christian a réitéré son engagement en faveur d’une paix universelle dans le monde où doivent régner l’amitié, le partenariat, la coopération et le respect.

M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a affirmé que son pays prêtait une attention particulière aux questions de discrimination et de violence et de protection des droits des enfants, des personnes en situation de handicap et des personnes homosexuelles, transsexuelles et bisexuelles. Il a rappelé que la mobilisation de toutes les ressources disponibles et l’inclusion du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les politiques nationales étaient des conditions essentielles pour assurer le succès de la mise en œuvre dudit Programme au niveau international.

Le Président du Monténégro a salué l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes et l’accord obtenu s’agissant du programme nucléaire iranien.  Il a également prôné une approche visant à prévenir les violations du droit international avant de plaider pour l’inclusion d’une perspective sexospécifique dans tous les efforts de maintien et de consolidation de la paix.  Le déploiement de soldats et d’officiers monténégrins dans les missions de paix internationales confirme notre volonté d’assumer des responsabilités internationales, a-t-il dit.  M. Vujanović a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du concept de responsabilité de protéger soulignant l’importance de prévenir la commission d’atrocités de masse.

« Face à l’actuelle crise migratoire, nous devons être guidés par les principes d’humanité et de solidarité », a-t-il affirmé, ajoutant que les capacités de chaque État de recevoir des migrants et de leur prêter assistance devaient être prises en considération.  En conclusion, M. Vujanović a rappelé que son pays, dont la population jusqu’à une date récente était composée à un cinquième de réfugiés, comprenait le devoir de solidarité envers des personnes en danger. 

M. MANUEL DOMINGOS VICENTE, Vice-Président de l’Angola, a réitéré l’engagement de son pays à prendre des mesures pour renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en notant que l’ONU doit, dans les prochains jours, s’impliquer dans trois processus importants à savoir, l’examen de la mise en œuvre de la résolution sur les femmes, la paix et la sécurité, le fonctionnement des opérations de maintien de la paix et la solidité de l’architecture de consolidation de la paix.  Le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation devrait aussi donner un élan supplémentaire aux réformes visant à revitaliser le système des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, en augmentant le nombre de ses membres permanents et non permanents pour que cet organe soit plus représentatif et mieux à même de relever les défis auxquels le monde fait face.  L’Angola réaffirme le droit du continent africain d’être représenté parmi les membres permanents du Conseil.

Au mois de novembre, a fait observer M. Vincente, l’Angola va célébrer le quarantième anniversaire de son indépendance dans un environnement de paix, de tolérance et de réconciliation.  La création du Groupe de travail des pays du bassin du Lac Tchad et du Bénin est un exemple de la réponse collective qui mérite l’appui de la communauté internationale, a estimé le Vice-Président.  La situation en République centrafricaine demeure un défi et l’Angola encourage toutes les parties à respecter les engagements pris au Forum de Bangui, condition « fondamentale » d’un processus électoral inclusif, pacifique et transparent.

Après avoir parlé du Soudan du Sud, de la Guinée-Bissau, du Sahara occidental, du conflit israélo-palestinien, de la Libye, de la Syrie et de l’Iraq, le Vice-Président a indiqué qu’en tant que Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’Angola s’efforce de trouver des solutions aux problèmes qui affectent la région, sur les fronts bilatéral et multilatéral.

Conscient de ses responsabilités dans un contexte international de plus en plus « fluide et complexe » et des défis sécuritaires auxquels font face les États limitrophes du golfe de Guinée, l’Angola, avec l’appui des États-Unis et de l’Italie, accueillera dans les prochains jours à Luanda une Conférence internationale sur la sécurité maritime et énergétique afin de répondre à la menace du terrorisme et de la piraterie dans le golfe de Guinée.  Le Vice-Président a conclu sur la question des changements climatiques, en disant attendre de la Conférence de Paris un protocole qui régirait l’action mondiale pour protéger le système climatique.  La Conférence de Paris devrait donner lieu à un nouvel accord sur des instruments visant à protéger le droit du développement et à renforcer la résilience des pays.

M. JOSÉ MARIA PEREIRA NEVES, Premier Ministre de Cabo Verde, a appelé les Nations Unies à faire le bilan des progrès réalisés en 70 ans pour pouvoir aller de l’avant avec une Organisation forte, unie et capable de faire face aux défis de la paix et de la sécurité internationales, tout en apportant des contributions concrètes à un monde plus juste, plus équitable et plus viable.  À ce titre, il a mis l’accent sur la nécessité de réformer le système des Nations Unies et souhaité des négociations constructives pour revitaliser le travail de l’Assemblée générale et élargir la composition du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et plus équitable.

Le Premier Ministre a appuyé le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en soulignant que les nations les plus vulnérables ont des aspirations légitimes à un développement durable, et en particulier les petits États insulaires en développement, dont son pays fait partie.  À ce titre, il a mis l’accent sur la menace des changements climatiques et a demandé que les petits États insulaires en développement fassent l’objet d’une attention particulière dans le processus des objectifs de développement durable.  Compte tenu du lien intrinsèque entre développement durable et changements climatiques, il a exigé des résultats tangibles en termes de réduction des gaz à effet de serre et a souligné que l’accord qui sortira de la Conférence de Paris doit prévoir impérativement des dispositions en termes de « dégâts et pertes » et d’assistance technologique et financière « prévisible et claire » aux pays les plus vulnérables.

Le Cabo Verde est prêt à assumer sa part de responsabilité et s’est d’ores et déjà engagé à atteindre l’objectif de 100% d’énergie renouvelable.  Le Premier Ministre s’est dit fier des acquis de son pays en termes de liberté, de démocratie, d’état de droit, de droits de l’homme et de dignité humaine.

Convaincu que la paix et la sécurité, associées à la stabilité politique, sont des « ingrédients essentiels et les bases de tout développement durable », le Premier Ministre s’est dit préoccupé par la prolifération des conflits dans le monde.  L’une des conséquences directes de ces conflits sont les millions de réfugiés, « le plus grand défi de l’humanité » qui exige une action collective.  Il a appelé à redoubler d’efforts dans la lutte commune contre l’extrémisme violent sous toutes ses formes.

Le Premier Ministre n’a pas voulu conclure sans rappeler qu’en septembre 2014, « dans un acte exemplaire de coopération régionale », sept pays d’Afrique de l’Ouest, y compris le sien, ont présenté une demande commune au Secrétaire général de l’ONU pour l’établissement des limites du plateau continental au-delà de 200 milles marin conformément à l’article 76 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  En août dernier, ces pays ont eu l’occasion de faire une présentation technique à la Commission des limites du plateau continental et comptent sur une réponse favorable. 

M. PAKALITHA B. MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, a constaté qu’en dépit des progrès considérables réalisés par l’ONU en matière de développement, le monde était toujours marqué par les inégalités, une « intolérable pauvreté » et la faim.  Il a ainsi réaffirmé l’engagement de son pays à contribuer pleinement à la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable, au premier rang desquels l’objectif 3 sur la santé et le bien-être de tous à tout âge, adoptés la semaine dernière.  Sur la situation politique du Lesotho, il a indiqué que les partenaires de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) reconnaissaient que la réforme de la Constitution représente le premier pas vers une stabilité durable.  « Nous demandons à la Communauté de rester saisie de ce processus et de nous fournir le soutien nécessaire pour le mener à bien », a ajouté M. Misisili. 

S’agissant de la paix et de la sécurité internationales, il a mis l’accent sur la crise des réfugiés provoquée par la crise syrienne.  « Le problème des réfugiés est une mise à l’épreuve des limites de l’Europe en termes de générosité », a-t-il jugé avant de se pencher sur le fléau du terrorisme.  Pour le Premier Ministre du Lesotho, « nous pouvons frapper militairement les réseaux terroristes, mais si nous ignorons le fait que l’instabilité politique et religieuse et les autres formes d’intolérance alimentent la radicalisation, nos efforts pour supprimer cette menace seront voués à l’échec ».  Par ailleurs, M. Misisili a abordé la double question de la réforme du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU.  « Un Conseil de sécurité doté de la voix permanente de l’Afrique renforcerait la légitimité des décisions », a-t-il dit, estimant en outre que les résolutions de l’Assemblée générale ne pouvaient plus être de simples « recommandations à ignorer tranquillement ». 

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a cité un rapport de la Banque mondiale sur la gouvernance, publié cette semaine, qui révèle les progrès réalisés par la Géorgie en matière de gouvernance.  Son gouvernement, a-t-il assuré, est déterminé à renforcer l’état de droit, et la liberté des médias, et à « construire une économie moderne ».  Il y a 20 ans, a-t-il rappelé, la Géorgie était un pays isolé déchiré par la guerre civile avec peu d’institutions fonctionnelles.  Aujourd’hui, « nous écrivons un nouveau chapitre dans l’histoire de notre nation », a-t-il résumé.

En juin 2014, la Géorgie a signé l’Accord d’association avec l’Union européenne, s’est félicité le Premier Ministre.  Un pacte social a été établi pour « récompenser le travail et l’entreprise », et offrir à la population un programme de soins de santé, tout en consolidant la démocratie et l’éducation.  La Banque mondiale, a précisé M. Garibashvili, a également placé la Géorgie en quinzième place sur la liste des pays « avec lesquels il est le plus facile de faire des affaires ».  En août dernier, Tbilisi, la capitale, a accueilli le Festival olympique de la jeunesse et la Super Coupe de l’Union des associations européennes de football (UEFA). 

Toutefois, le Premier Ministre a regretté que la Fédération de Russie ait signé les « traités d’intégration » avec Sokhumi et Tskhinvali.  « La Russie continue d’étendre illégalement son contrôle sur le territoire souverain de la Géorgie », a-t-il déploré, avant de condamner « cette annexion rampante et le mépris de la Russie pour le droit international ».  Il a réitéré l’importance de la résolution annuelle de l’Assemblée générale sur « le statut des personnes déplacées dans leur propre pays et les réfugiés d’Abkhazie, Géorgie, et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud ».  Depuis 2012, a souligné M. Garibashvili, la Géorgie a logé près de 10 000 familles déplacées.  Il a souhaité néanmoins établir « des relations pragmatiques » avec la Fédération de Russie dans des domaines comme le commerce ou le tourisme.  Appelant de ses vœux une résolution pacifique du conflit, il a assuré les peuples d’Abkhazie et d’Ossétie qu’ils partageront les fruits de la croissance économique.

Dans quelques semaines, a annoncé le Premier Ministre, Tbilisi accueillera le premier Forum de haut niveau sur la route de la soie dont la réouverture promet de renforcer les relations économiques et culturelles entre l’Asie et l’Europe.  Enfin, il a rappelé l’engagement des soldats géorgiens dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, notamment en Afghanistan, et dans le cadre des efforts de l’Union européenne en République centrafricaine.

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a déclaré que le plus grand défi qui se pose aujourd’hui à la communauté des Nations était de nature « existentielle »: faut-il garder les mêmes recettes de l’exclusion sociale, de la fragmentation politique et de l’agression économique ou reprendre en main notre destin, avec confiance mais aussi avec la faculté d’apprendre de nos erreurs.  Comme tant d’autres pays, a-t-il dit, la Grèce été frappée durement par la crise économique de 2008, en raison des faiblesses structurelles de son économie, du niveau de sa dette et de ses déficits budgétaires.  « Pourtant, la recette néolibérale que nous avons été sommés, avec d’autres pays, d’appliquer, s’est soldée par un coût social dévastateur et a contribué à aggraver la crise économique et fiscale, au lieu d’y mettre fin », a tranché le Chef de Gouvernement, qui a fait état d’une perte de 25% du PNB et d’une montée en flèche du ratio dette/PNB, qui est désormais à 180%.  Le taux de chômage ayant atteint les 27%, l’exode des jeunes diplômés dans le reste de l’Europe se poursuit, a déploré le dignitaire. 

Face à des pays déterminés et à leur idée que la Grèce devait quitter la zone Euro et que les réformes institutionnelles et structurelles devaient être conjuguées à des mesures d’austérité et à la baisse des salaires, la Grèce, après des mois de négociations, a rappelé son Premier Ministre, a accepté un nouveau programme de stabilisation comprenant des réformes de l’administration publique, du système des pensions et des impôts.  « Malheureusement, ce programme impose des mesures qui pèsent sur la société et l’économie », a-t-il regretté.  Ces mesures auraient dû être évitées, a-t-il estimé.  Nous devions et devons toujours lutter étape par étape pour faire valoir un agenda de la croissance plutôt qu’un agenda de l’austérité.

Cette situation doit vous être familière, a dit le Premier Ministre en regardant l’assemblée.  Combien de fois depuis les années 70, les pays du monde développés et plus tard du monde en développement ont fait face aux mêmes problèmes?  Ce qu’il faut, a préconisé le Premier Ministre, c’est un système économique et financier orienté vers le renforcement de stratégies nationales de croissance et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nous devons discuter de la question de la restructuration de la dette et de son lien avec la croissance et pas des stratégies d’austérité.

La Grèce, a poursuivi le Chef de gouvernement tout juste réélu, est en première ligne d’une autre crise européenne, celle des migrants, 300 000 d’entre eux étant entrés depuis le début de l’année dans le pays, principalement en provenance de Syrie, d’Iran et d’Afghanistan, avec pour objectif de se rendre dans des pays d’Europe occidentale.  Comme d’autres pays européens, la Grèce s’est retrouvée démunie mais elle a fait preuve de solidarité à l’égard de ces nouveaux arrivants, en coopération avec l’Union européenne et d’autres organisations internationales, a souligné M. Tsipras.  « Nous ne pouvons croire que l’avenir de l’Europe et du monde soit fait de murs toujours plus haut et d’enfants qui viennent mourir à nos portes », a-t-il déclaré. 

Il a aussi défendu l’idée d’établir un mécanisme onusien de réinstallation des réfugiés se trouvant dans les pays voisins de la Syrie.  Pour la Grèce, un danger supplémentaire est sa situation géographique au sein d’un « triangle de déstabilisation », avec l’Ukraine au Nord et les conflits en Libye et au Moyen-Orient, au Sud-Ouest et au Sud-Est.  Il a par ailleurs demandé un règlement juste, acceptable et global de la situation à Chypre, au bénéfice des communautés grecques et turques.  Dans ce contexte, a ajouté le Premier Ministre, la Grèce s’emploie aussi à améliorer la coopération avec la Turquie par la promotion du dialogue et le renforcement des mesures de confiance mutuelle, a indiqué M. Tsipras.

M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a déclaré qu’après avoir entendu pendant 3 jours les dirigeants du monde se féliciter de l’accord sur le nucléaire iranien, il se doit de leur dire de laisser leur enthousiasme à la porte.  Cet accord, qui va permettre à l’Iran de gagner des milliards dollars, ne rend pas la paix plus plausible.  Au contraire, il sape la paix.  Réfléchissez à ce qu’a fait l’Iran ces six derniers mois, notamment ses livraisons d’armes et de combattants à la Syrie où il défend le régime brutal d’Assad, a conseillé M. Netanyahu.  Il a rappelé que c’est l’Iran qui arme les Houthistes au Yémen et qui fournit des missiles au Hezbollah pour mener des frappes précises sur Israël.  Le Chef suprême iranien aurait même déclaré vouloir vaincre sur deux fronts de la terreur, à savoir en Cisjordanie et dans le Golan.  Israël continuera d’agir pour prévenir tout transfert d’armes stratégiques au Hezbollah à partir de la Syrie, a assuré le Premier Ministre qui a accusé l’Iran et le Hezbollah de semer la terreur dans les villes du monde entier, y compris à Chypre, en Jordanie et au Koweït où des cellules terroristes viennent d’être mises à jour, « trois parmi des milliers ». 

Dans ce contexte, M. Netanyahu a invité l’assemblée à imaginer ce que l’Iran fera une fois que les sanctions seront levées.  En 2013, le Président Rohani a entamé son « offensive de charme » ici aux Nations Unies, et, deux ans plus tard, son pays a réussi rapidement à élargir son réseau de terreur », a-t-il affirmé.  Le Premier Ministre s’est indigné du fait que dans le cas de l’Iran, ce ne sont pas les actes qui parlent plus fort que les discours, lançant à la salle: ceux qui pensent que l’accord de Vienne va changer la politique iranienne devraient revoir leur position.

En tant que Chef d’un pays « qui se défend chaque jour contre la multiplication  des agressions iraniennes », M. Netanyahu a dit ne  pas pouvoir croire à cet accord qui impose « à juste titre » des limites au programme nucléaire de l’Iran  tant qu’il ne change pas de comportement.  Les limites les plus importantes de cet accord seront levées au bout de 10 ou 15 ans mais cela n’a pas de sens car, a-t-il dit, je ne crois ni à un changement de comportement ni à une modification du modus operandi de l’Iran.  « Si l’Iran veut être traité comme un pays normal, qu’il agisse comme un pays normal et pas comme une théocratie à la conquête de ses pays voisins et de la destruction d’Israël. »

Le Premier Ministre a prévenu que pour l’humanité, la plus grande menace est un Islam militant doté de l’arme nucléaire.  « L’accord sur le nucléaire iranien va être le certificat de mariage de cette union. »  Une des leçons que l’on retient le moins de l’histoire, a-t-il poursuivi, est que les meilleures intentions n’empêchent pas les pires résultats.  La majorité des Israéliens est contre cet accord, a-t-il averti, dénonçant le fait que d’ores et déjà le monde se précipite pour faire des affaires avec un Gouvernement qui dit ouvertement vouloir « annihiler Israël », comme l’explique en détail, dans son dernier livre, le Chef suprême iranien.  Tenant en main le livre en question, M. Netanyahu a tenu à préciser que l’Iran n’est pas seulement un danger pour Israël.  « Ses ambitions vont bien au-delà », a-t-il dit en pointant le doigt sur les missiles balistiques intercontinentaux qui ont pour seule vocation de transporter des ogives nucléaires.

« Il est difficile de s’opposer à une chose qui est saluée par les grands de ce monde », a reconnu le Premier Ministre qui, même si cela aurait été plus facile, a rejeté toute idée de se taire.  « Le jour où le peuple juif restait passif face à ses ennemis génocidaires n’est plus.  Nous nous sommes défendus, nous nous défendons encore et nous nous défendrons toujours. »  Israël refusera toujours que l’Iran entre dans le club des puissances nucléaires, a confirmé M. Netanyahu.  Il a averti l’Iran que son plan de détruire Israël échouera et a prévenu tous les pays représentés ici à l’ONU que quelles que soient les résolutions qu’ils vont adopter, Israël fera ce qu’elle doit faire pour défendre sa population.

« Si cet accord reste valide, j’espère que vous le suivrez avec un peu plus de rigueur que les six résolutions du Conseil de sécurité sur l’Iran qui ont été oubliées aujourd’hui et assurez-vous que les violations de l’Iran ne soient pas tout simplement cachées comme la poussière sous le tapis persan. »  Le Premier Ministre a estimé que la communauté internationale a une triple responsabilité: s’assurer que l’Iran respecte ses obligations nucléaires; se pencher sur ses agressions régionales et utiliser les sanctions et tous les outils à sa disposition pour « détricoter » les ambitions dangereuses de ce pays.  Tout empire qui s’est attaqué au peuple juif au fil des 4 000 ans d’histoire, de Babylone au Troisième Reich, a fini par disparaître, a-t-il prévenu.

Après avoir expliqué qu’Israël était activement engagé avec d’autres États au Moyen-Orient et ailleurs pour lutter contre Daech, il  a insisté sur le fait que l’Iran et Daech sont « nos ennemis communs » et qu’il faut les affaiblir tous les deux.  Il a réaffirmé que, malgré les divergences sur l’accord nucléaire, les États-Unis restaient l’allié inébranlable de son pays.  Les accords de paix avec l’Égypte et la Jordanie sont « la pierre angulaire de la stabilité d’Israël » qui s’engage à parvenir à la paix avec les Palestiniens également.  M. Netanyahu s’est dit prêt à reprendre immédiatement les négociations directes avec l’Autorité palestinienne sans condition préalable et a regretté que le Président Abbas ne partage pas cette volonté.  Espérant qu’il changera d’avis, le Premier Ministre a accusé la partie palestinienne d’avoir fait capoter un processus de paix qui a commencé il y plus de 20 ans et malgré les meilleurs efforts de six premiers ministres israéliens. 

« Comment peut-on faire la paix avec un partenaire qui refuse de venir à la table de négociations? » a-t-il demandé même s’il a dit comprendre la position difficile du Président Abbas.  Mais, a-t-il souligné, « nous le devons à nos populations ».  Quant au rôle des Nations Unies, M. Netanyahu les a invitées à œuvrer en faveur de la paix en soutenant des négociations directes et sans conditions entre les parties.  Les Nations Unies n’y parviendront pas en essayant d’imposer des solutions et elles devraient enfin se débarrasser de cette tendance à toujours critiquer Israël, a-t-il préconisé.  Au lieu de continuer à dénigrer Israël, rejoignez le plutôt dans la lutte contre le fanatisme, a-t-il lancé à la salle.

M. DATO’ SRI MOHD NAJIB BIN TUN HAJI ABDUL RAZAK, Premier Ministre de la Malaisie, a noté d’emblée que les conflits et menaces qui pèsent sur le monde actuel ne connaissent pas de frontières, et a dénoncé le fait que des acteurs non étatiques, comme l’État islamique (EI), puissent menacer des États souverains.  Pour lui, il n’existe pas de plus grande atteinte à l’Islam -religion de paix, de modération et de justice- que l’exploitation qu’en font ces extrémistes.  À eux seuls, les moyens militaires traditionnels ne seront pas en mesure de les combattre efficacement, a poursuivi le Ministre qui a réitéré son appel à un Mouvement mondial –de toutes les religions modérées et de tous les pays- pour marginaliser les extrémistes, réoccuper le centre et définir ensemble un agenda pour la paix et le pragmatisme.  Pour cela, il est essentiel de réaffirmer la « vraie nature de l’Islam » et d’admettre que « nous ne sommes pas en train de gagner la guerre de propagande lancée contre l’État islamique ».  Leur discours « déformé » n’est pas correctement contrecarré pour éviter que de jeunes induits en erreur ne rejoignent leurs rangs. 

Le Premier Ministre a rappelé que l’Islam interdit sans équivoque le meurtre de civils pendant un conflit.  Le dogme protège explicitement les minorités et respecte toutes les autres religions.  Il incite à la recherche du savoir et met l’accent sur la justice et la compassion.  Ayant fait ce rappel, le Premier Ministre a affirmé qu’il ne devrait pas y avoir de dissension entre chiites et sunnites et a lancé un appel pour combattre l’État islamique et son idéologie « pervertie », en expliquant en quoi elle est non islamique et en quoi elle se moque de l’Islam.

La Malaisie a donné un nombre important d’érudits qui font précisément cela et a accueilli un Groupe international d’érudits sunnites et chiites à Kuala Lumpur dans le but de définir ce que serait « un État islamique, inscrit dans la continuité de la pensée islamique depuis 14 siècles », a précisé le Premier Ministre pour lequel l’État islamique est en violation flagrante avec la volonté divine et désacralise « notre religion par un califat auto-proclamé ».  Voilà le message qu’il voudrait voir largement diffusé aux musulmans et aux non-musulmans.  Il a demandé à l’« Oumma » de dire haut et fort: « Vous ne nous représentez pas ».

Le Premier Ministre a assuré que son pays combattait efficacement les extrémistes et les potentielles recrues, même si 39 Malaisiens ont rejoint l’État islamique.  Après les dernières violations de la mosquée al-Aqsa, la Malaisie a lancé un appel au Gouvernement israélien pour qu’il soit à la hauteur des plus hauts principes du judaïsme et du message de la Torah qui dit que « « Ce qui t’est haïssable ne le fais pas à autrui ».  Le Premier Ministre s’est dit déçu que le projet de résolution sur la mise en place d’un tribunal international sur l’incident du vol MH17 n’ait pas pu passer au Conseil de sécurité à cause de la menace de veto d’un membre permanent.  Il a assuré que son Gouvernement exploitera toutes les autres voies légales à sa disposition.  Il a également annoncé que la Malaisie allait accueillir 3 000 réfugiés syriens sur les trois prochaines années.

M. MIROSLAV LAJČÁK, Vice-Premier Ministre de la Slovaquie, s’est félicité de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « un programme pour une meilleure planète », qui ne concerne pas les chiffres mais qui parle du changement de notre état d’esprit.  Un programme, a-t-il poursuivi, qui offre une nouvelle philosophie de la vie dans un futur viable.  C’est le pilier « de la pleine intégration et de la disparité zéro ».

La sécurité mondiale n’a jamais été aussi dynamique et aussi incertaine qu’aujourd’hui, a dit le Vice-Premier Ministre, en citant la Banque mondiale qui estime qu’un cinquième de la population mondiale est affecté par l’une ou l’autre forme de violence et d’insécurité.  M. Lajcak a rappelé que les personnes déplacées et les réfugiés ont atteint un nombre sans précédent de 60 millions en 2014.  La crise des migrants actuelle est le défi le plus complexe auquel la communauté internationale est confrontée.  Face à elle, le Vice-Premier Ministre a plaidé pour une action « globale et systématique », une coopération étroite entre pays d’origine et de destination et une lutte contre les causes profondes de la migration que sont les conflits, l’intolérance, la violence, la pauvreté et l’absence d’une vie décente, pour ne parler que de celles-là.

Le Vice-Premier Ministre s’est félicité de ce que les deux Groupes de travail de l’ONU sur les opérations de maintien de la paix aient mis l’accent sur la prévention des conflits, l’engagement diplomatique et l’appui à la médiation.  Il a aussi estimé que le dixième anniversaire de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doit être l’occasion de gagner en efficacité et de conclure les négociations sur une convention internationale contre le terrorisme international.  « Sommes-nous prêts à relever les défis du XXIe siècle? » a demandé le Vice-Premier Ministre.  Sommes-nous capables de tirer les enseignements de la réponse à Ebola qui a prouvé son efficacité?

Réformer la gestion en favorisant les technologies modernes et l’amélioration du travail et des structures, à la lumière des changements dans le monde est « crucial » pour toute organisation, en particulier pour l’ONU, a prévenu le Vice-Premier Ministre.  Nous devons examiner tous les « défis existentiels » avec la même acuité et « agir, lutter et servir comme un seul homme une planète, une humanité et une destinée » grâce à une ONU plus forte, plus efficace, plus rationalisée et plus réactive.  « Si l’ONU devait survivre, alors que ceux qui la représentent la renforcent, que ceux qui la défendent s’y soumettent et que ceux qui croient en elle, plaident sa cause », a conclu le Vice-Premier Ministre en citant, Norman Cousins, journaliste et universitaire américain, et lauréat de la Médaille de la paix de l’ONU en 1971.

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a relevé une différence majeure entre le monde d’il y a 70 ans et le monde actuel: aujourd’hui tout est « étroitement interconnecté et les frontières deviennent indistinctes ».  Si le monde est bien devenu « un village », alors « nous sommes tous voisins », s’est-il exclamé. 

Depuis le début de l’année, a souligné le Ministre, l’Allemagne a accueilli 600 000 réfugiés.  Chaque jour, ce sont 10 000 nouveaux réfugiés qui arrivent.  L’Allemagne ne peut supporter seule ce défi à long terme.  « Nous avons besoin d’une solution européenne », s’est-il écrié, en comptant sur l’appui des pays voisins de la Méditerranée, notamment la Turquie.  Pour résoudre le sous-financement « scandaleux » du HCR, du PAM, de l’UNRWA et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), il a dit s’être réuni avant-hier avec les États du G7 et d’autres partenaires pour porter à 1,8 milliard de dollars, dont 100 millions de la part de l’Allemagne, leurs contributions aux agences humanitaires de l’ONU. 

Toutefois, les règles de bon voisinage exigent que les frontières et la souveraineté des uns et des autres soient respectées, a poursuivi M. Steinmeier.  «  Nous condamnons unanimement l’annexion de la Crimée par la Russie et ses actions dans l’est de l’Ukraine », a-t-il dit.  À cet égard, il a salué le rôle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont l’Allemagne assurera la présidence en 2016, pour désamorcer le conflit.

Par ailleurs, le Ministre s’est félicité de l’accord conclu cet été entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne avec l’Iran pour faire en sorte que ce pays n’ait jamais la bombe atomique.  Sur le dossier syrien, M. Steinmeier a dit qu’il fallait « mettre un terme à la dictature brutale d’Assad », stopper l’État islamique, faire taire les armes, préserver l’intégrité territoriale de la Syrie et créer les conditions pour que tous les groupes ethniques et religieux puissent vivre en paix.  Il a souhaité que la Russie, au lieu de mener seule une action militaire directe en Syrie, s’engage politiquement en faveur d’une transition dans ce pays, ce qui contribuerait à surmonter l’impasse.

En conclusion, M. Steinmeier a fait remarquer que l’Allemagne appuyait la réforme du Conseil de sécurité, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui vient d’être adopté et des objectifs ambitieux pour combattre les changements climatiques.  

« Les Nations Unies n’ont pas été créées pour conduire l’humanité au paradis, mais pour la sauver de l’enfer », a affirmé M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, citant l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld.  Se félicitant de l’agrément du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a affirmé qu’il fallait tout faire pour aboutir lors de la Conférence sur les changements climatiques, à Paris, à un accord ambitieux et contraignant.

« Ce n’est que tous ensemble, pays d’origine, de transit et d’accueil des migrants, que nous saurons apporter une réponse au défi posé par les mouvements migratoires, dans le bassin méditerranéen, dans les Balkans et ailleurs », a-t-il dit, rappelant la décision prise récemment par l’Union européenne de relocaliser en son sein 120 000 personnes.  Au-delà de la gestion de la crise, il a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des migrations et des flux de réfugiés, à savoir aux inégalités de développement, aux conflits et à la violence, à l’absence d’état de droit et à l’impunité.

Estimant que la solution au conflit syrien ne peut être que politique, le Ministre a appelé de ses vœux une transition politique, qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien, conformément au Communiqué de Genève. « Vous pouvez compter sur l’appui du Luxembourg pour contrer Daech et l’extrémisme violent », a également affirmé M. Asselborn.

Le Ministre a plaidé pour un changement de méthode afin de sauver la solution de deux États au Moyen-Orient, « l’heure n’étant plus à la répétition des démarches qui n’aboutissent à rien ».  « Il faut promouvoir un nouveau format de négociation, élargir le cercle en y associant davantage les Européens et les pays arabes, réactiver le rôle du Conseil de sécurité et fixer un délai raisonnable pour l’aboutissement des négociations », a-t-il proposé.

Jugeant que les prochaines élections régionales seront cruciales en Ukraine,  il a souligné l’obligation qu’elles se tiennent dans tout le pays, « donc également dans le Donbass, sous l’autorité de la loi ukrainienne ».  « À chacun de respecter les engagements souscrits dans les accords de Minsk, pleinement et entièrement. »  Enfin, le Ministre des affaires étrangères du Luxembourg a encouragé tous les États Membres à soutenir le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre et plaidé pour une réforme du Conseil afin de le rendre plus efficace, plus transparent et plus représentatif.

Mme SUSHMA SWARAJ, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, s’interrogeant, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, pour savoir si l’Organisation avait réussi à atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés, a reconnu que la réponse était positive dans certains cas, comme la prévention d’une troisième guerre mondiale, et négative dans d’autres puisque, par exemple, l’ONU n’a pas réussi à régler les nouveaux défis en matière de paix et de sécurité.  Elle a remarqué que les méthodes traditionnelles qui reposent sur la force n’avaient fait qu’exacerber les problèmes.

L’Inde est le plus gros fournisseur de contingent de Casques bleus, a poursuivi la Ministre, avec un total de 180 000 personnes déployées depuis la première opération, dont 8 000 aujourd’hui.  Exprimant la détermination de son Gouvernement à rester impliqué dans le maintien de la paix, elle s’est toutefois préoccupée du fait que les pays contributeurs de troupes soient écartés de la formulation de mandats qui sont souvent amendés sans consultations préalable.  Elle a estimé que cela était une violation de l’Article 44 de la Charte de l’ONU.

La Ministre a insisté sur l’importance de la sécurité du personnel de maintien de la paix et du monde entier face au terrorisme.  Le monde, a-t-elle exigé, doit démontrer sa tolérance zéro pour les terroristes.  Elle a demandé que les pays qui soutiennent ces terroristes soient comptables de leurs actes devant la communauté internationale.  Elle a appelé de ses vœux l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international, rappelant que son pays avait proposé cette idée il y a déjà 19 ans.

Mme Swaraj a saisi cette occasion pour exposer les difficultés auxquelles est confronté son pays du fait du Pakistan, dénonçant des attaques visant à déstabiliser l’Inde et à légitimer l’occupation illicite de parties de l’État du Jammu-et-Cachemire.  L’Inde, a-t-elle assuré, reste ouverte au dialogue.  La Ministre a répondu au Premier Ministre du Pakistan, qui s’est exprimé hier à la même tribune, en lui disant qu’elle n’avait pas besoin d’une initiative de paix en quatre points, mais plutôt d’une seule, à savoir renoncer au terrorisme et discuter.

Venant aux questions de développement, Mme Swaraj a plaidé en faveur de l’autonomisation des filles et donné l’exemple de la politique indienne appelée « Éduquer la fillette pour l’autonomiser ».  Soulignant la responsabilité de notre génération envers les autres, elle a appelé à la conclusion d’un accord sur le climat, à Paris en décembre prochain, qui soit « complet et équitable », tout en prévoyant des mesures concrètes.  Les pays développés, a-t-elle dit, doivent faire davantage d’efforts pour aider les pays en développement, en matière de financement, de transfert de technologies et de renforcement des capacités.

Enfin, la Ministre a souligné la place de plus en plus grande que son pays, qui a la croissance économique la plus rapide au monde, prend sur la scène internationale.  Quant à l’avenir de l’ONU, Mme Swaraj a émis des vœux pour que le Conseil de sécurité inclue désormais davantage de nations en développement, espérant que des mesures seraient prises en ce sens au cours de la présente session.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie, a déclaré que la paix et la stabilité restaurées dans de nombreuses régions du monde tranchent singulièrement avec la persistance de la colonisation et de l’occupation étrangère dans un certain nombre de régions.  Elles contrastent aussi avec l’aggravation de la pauvreté et de la famine.  Ces situations demeurent le plus grand défi des Nations Unies, aux côtés des nouvelles menaces que sont le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic de drogues et la traite des êtres humains.  C’est pour cette raison que l’Algérie souligne la nécessité de poursuivre la réforme de l’ONU et d’adapter ses mécanismes pour lui permettre d’accomplir ses missions.  Il faut dans ce cadre réaffirmer le rôle de l’Assemblée générale en matière de coopération internationale et réformer le Conseil de sécurité afin qu’il reflète les composantes de la communauté internationale, en particulier le continent africain, a-t-il dit. 

M. Lamamra a ensuite indiqué que son pays avait atteint, avant terme, la majorité des Objectifs du Millénaire pour le développement, et s’est vu distingué par les agences des Nations Unies à cet égard.  Par sa position centrale et par ses principes politiques, l’Algérie n’a, par ailleurs, jamais cessé d’œuvrer pour la paix, la sécurité et la concorde dans son voisinage immédiat.  L’Algérie est ainsi à la tête de l’Équipe de médiation internationale au Mali, qui a permis la conclusion d’un accord de réconciliation nationale entre le Gouvernement et les autres parties.  Elle est également aux côtés du peuple libyen depuis le déclenchement de la crise et ne ménagera aucun effort pour l’aider à restaurer la paix et la stabilité.  L’Algérie soutient en outre, et avec conviction, le droit du peuple sahraoui de déterminer librement son destin.  Elle appuie à cet égard les efforts déployés par l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Christopher Ross.  Elle exhorte en outre les parties en Syrie et au Yémen, dont les peuples souffrent, à s’engager résolument dans la recherche de solutions pacifiques aux crises qui affectent ces deux pays, a encore déclaré le Ministre algérien.   

Il s’est aussi félicité de la prise de conscience grandissante quant à la nécessité de lutter contre le terrorisme international et ses causes premières.  Il faut, dans ce cadre, renforcer la coopération internationale, y compris en tarissant les sources de financement et en interdisant le versement de rançons, a-t-il plaidé.  Dans ce contexte, l’Algérie a organisé au cours de cette année, une conférence sur la déradicalisation dont les recommandations ont souligné l’importance de promouvoir des valeurs de tolérance.  

Le Ministre a dit partager les espoirs du peuple palestinien au moment où son emblème flotte désormais au Siège de l’ONU.  Cette victoire symbolique, qui intervient après la reconnaissance internationale de l’État de Palestine, constitue un soutien à la solution juste et définitive de la question palestinienne, garantissant la création d’un État souverain avec Jérusalem-Est comme capitale.  S’agissant des problématiques liées aux changements climatiques et ses retombées politiques et socioéconomiques, il a dit attendre que la COP-21 soit au niveau des défis qui menacent la disparition de pays et régions entiers.  L’Algérie appelle à des investissements majeurs dans le domaine de la désertification, car, a-t-il conclu, les coûts seront inférieurs à ceux éventuellement engendrés par la charge de leurs conséquences.

M. SEBASTIAN KURZ, Ministre des affaires étrangères et européennes de l’Autriche, a rappelé que chaque jour plus de 40 000 personnes fuient pour se mettre en sécurité, ce qui appelle un règlement global de la crise.  « Si l’ONU ne sert pas de base à ce règlement, qui le pourrait? » a-t-il demandé en énonçant trois points de départ: tout d’abord s’attaquer aux causes profondes des migrations -misère, violence, guerres et terrorisme.  Dans le cas de la Syrie, il a appelé les pays de la région à « travailler de concert » et a répété la nécessité d’amener toutes les parties au conflit à la table de négociation.  Ce qui « ne signifie pas que la direction actuelle de la Syrie puisse rester à long terme », a-t-il cependant nuancé.

M. Kurz a ensuite appelé à « une meilleure unité » à l’échelle internationale, en particulier de la Russie et des États-Unis qui « doivent marcher dans le même sens » au Conseil de sécurité, pour parvenir notamment à la création de « zones tampons » afin d’améliorer la sécurité des populations.  Enfin, selon lui, il faut permettre aux réfugiés, qui meurent trop souvent en route, de demander l’asile dès leur pays d’origine ou dans les pays voisins.  L’ONU, estime-t-il, pourrait aider à la mise en place de tels centres.

Le Ministre autrichien a regretté qu’au cœur de l’Europe, le conflit perdure en Ukraine et rappelé que pour son pays, « les Accords de Minsk restent la seule option sur la table et toutes les parties doivent respecter leur engagement ».  « On a aujourd’hui besoin de l’ONU comme jamais » a-t-il conclu, mais à condition de la réformer, avec un Conseil de sécurité uni, réactif, plus représentatif et plus transparent et qui renoncerait au droit de véto en cas d’atrocités et de crimes contre l’humanité.

M. CHARLES FLANAGAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a fait remarquer avec fierté que 370 soldats irlandais étaient actuellement engagés dans sept opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Soucieux de leur réputation, il s’est dit « outré et choqué » par les abus sexuels commis par certains Casques bleus et a demandé « une action décisive » pour punir de tels comportements, conformément à la politique de « tolérance zéro » prônée par le Secrétaire général.

Fervente partisante du désarmement et de la non-prolifération, l’Irlande a salué l’accord récent sur le nucléaire iranien.  Toutefois, le Ministre s’est dit déçu par le résultat de la Conférence des parties chargées d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui s’est tenue en mai dernier.  Aujourd’hui, s’est-il inquiété, « 17 000 armes nucléaires menacent notre existence ».  Dans le même esprit, l’Irlande a été l’un des premiers pays à ratifier le Traité sur le commerce des armes et a offert un appui financier pour encourager son application.

Pour M. Flanagan, la crise de la migration représente un énorme défi pour l’Europe.  Il a encouragé les États à œuvrer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Peter Sutherland, qui est lui-même irlandais, pour résoudre cette « catastrophe mondiale ».  L’Irlande a déployé des navires de recherche et de sauvetage en Méditerranée et s’est engagée à réinstaller plus de 4 000 réfugiés. Le Ministre a également salué la décision du Secrétaire général de constituer un groupe de haut niveau pour examiner la disparité croissante entre les besoins humanitaires et les ressources.

Par ailleurs, l’Irlande, qui est membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2013-2015, insiste sur le rôle crucial des défenseurs des droits de l’homme.  M. Flanagan s’est dit préoccupé par les attaques perpétrées contre les minorités religieuses dans le monde.  Il a ensuite fait remarquer que l’Irlande a été le premier pays au monde à légaliser « l’égalité du mariage » à la suite d’un vote populaire et appelé les États à promouvoir les droits des citoyens LGBT.  

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a déclaré que la réussite de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 passera par les réponses appropriées que nous aurons à trouver ensemble aux nombreux défis mondiaux du moment.  Les plans et stratégies nationaux de développement sont contrariés quotidiennement par les crises que traversent les États, le terrorisme et la chute des prix de leurs produits d’exportation.  Le succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable sera également en fonction de la solidarité des pays développés à l’égard des pays en développement, en termes de financement effectif.  C’est pourquoi, nos attentes de voir appliquer les conclusions d’Addis-Abeba sur le financement du développement restent toujours fortes. 

Le Ministre a ajouté que l’Afrique est sans conteste l’un des épicentres des conflits armés, du terrorisme et de la migration.  Le Ministre a, entre autres, parlé de la Force multinationale mixte mise sur pied par les pays de la Commission du Bassin du Lac Tchad pour mettre fin aux exactions de Boko Haram, « cette secte maléfique ».  Il a dit attendre des Nations Unies qu’elles apportent un soutien matériel, financier et logistique à la Force.  S’agissant de la Libye, par exemple, le Ministre a souligné que la situation constitue une source d’inquiétude supplémentaire voire de déstabilisation pour toute l’Afrique, en particulier pour les pays voisins, dont le Tchad.  Pour ce qui est du Soudan du Sud, le Ministre a demandé aux acteurs politiques de se surpasser pour se consacrer à la construction de leur jeune état.

En Afrique, a poursuivi le Ministre, les États aux prises avec le terrorisme sont contraints de consacrer l’essentiel de leurs ressources aux dépenses de sécurité, au détriment du développement économique et social, y compris le Tchad qui, avec la centaine de morts qu’il a eu à déplorer, paie son engagement au Mali et au Nigéria.  Mais le Tchad, qui a infligé de lourdes pertes, ne pliera pas, a promis le Ministre.  « Nous souhaitons seulement de nos partenaires qu’ils nous fournissent des appuis concrets aussi bien techniques que matériels pour nous permettre de donner la riposte qu’il faut à cette guerre sans visage. »

La capacité de nuisance transnationale des groupes terroristes et extrémistes implique une réponse collective et adaptée.  La voie à suivre pour combattre ensemble le terrorisme est la mutualisation des moyens et des stratégies de riposte, à travers l’intensification de la coopération régionale et internationale, a insisté le Ministre.  Il a donc proposé que l’année 2016 soit déclarée « Année de lutte contre le terrorisme » pour réfléchir sereinement aux causes profondes de ce phénomène, aux stratégies et moyens de le contenir et, à terme, de l’éliminer.

Nous devons aussi trouver des solutions pour ces milliers de réfugiés et de déplacés à travers le monde.  Le Tchad est le deuxième pays africain par le nombre des réfugiés, des rapatriés et des déplacés, soit 500 000, a précisé le Ministre qui a conclu en disant qu’en tant que pays sahélien menacé par la sécheresse et la désertification assistant, impuissant, à l’assèchement progressif du lac Tchad, le Tchad souhaite que les négociations à la Conférence de Paris aboutissent à un accord qui serait synonyme d’espoir de sauvegarde de notre planète mais aussi du lac Tchad en péril.

« Alors que le crépuscule descend sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, le Gouvernement du Botswana a commencé à se préparer avec enthousiasme à l’aurore du nouveau cadre international pour le développement », a affirmé M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Vice-Président du Botswana.  Il a expliqué que ce nouveau cadre représentait une vision globale pour promouvoir une prospérité durable de l’humanité et concrétiser « l’avenir que nous voulons ».  Il a rappelé que les pays en développement sans littoral s’étaient réunis en novembre dernier à Vienne pour adopter leur Programme d’action qui s’articule autour de six domaines prioritaires à savoir les infrastructures, le développement, le commerce international, l’intégration régionale, la coopération et la transformation structurelle des économies.  Le Botswana, comme les autres pays en développement sans littoral et à revenu intermédiaire, aura besoin de voir ses capacités substantiellement renforcées afin de mettre en œuvre chacun de ces six domaines d’action.  S’agissant du financement, il faut répondre aux besoins et aux défis des pays à revenu intermédiaire plutôt que recourir à des solutions à taille unique, a insisté M. Masisi.

En ce qui concerne la crise migratoire en Europe, il a estimé qu’il était injuste de blâmer certains pays d’Europe pour leur politique migratoire dans la mesure où chaque pays doit pouvoir évaluer ses capacités d’accueil.  La tragédie n’a pas été créée par l’Europe mais par les pays d’origine.  L’imposition de quotas obligatoires de migrants n’est pas la meilleure solution, a-t-il dit.  Il a plaidé pour la création d’un fonds spécial placé sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), que l’Europe ou idéalement la communauté internationale financerait, conformément au statut économique de chacun et à son statut de pays d’accueil.  S’il faillait une approche obligatoire, ça devrait être celle-là, a estimé le Vice-Président.  En résumé, le pays qui accepterait le plus grand nombre de réfugiés aurait le plus grand appui du fonds et ses contributions au dit fonds diminueraient en proportion.

Après avoir passé en revue les conflits dans le monde, le Vice-Président a rappelé que son pays figurait parmi les 58 signataires de la pétition qui, en 2013, exhortait le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale (CPI) de la situation en Syrie.  Devant l’échec de cette initiative, le Vice-Président a appuyé la proposition de la France visant à ce que l’on renonce au droit de veto en cas d’atrocités de masse.  Le Conseil de sécurité ne peut être un exemple de démocratie avec un nombre de membres permanents limité à cinq et le droit de veto, a tranché le Vice-Président.  « Il ne devrait y avoir ni membre permanent ni droit de veto », a-t-il estimé.  Il est peut-être temps, a-t-il aussi estimé, que le concept de responsabilité de protéger soit inscrit formellement à l’ordre du jour de l’Assemblée générale, ce qui pourrait peut-être, a-t-il ajouté, inciter le Conseil à améliorer ses relations avec la Cour pénale internationale.  Le Vice-Président a tenu à dire en conclusion que « plus tôt le monde sera débarrassé du piètre leadership de Sepp Blatter à la FIFA, mieux ce sera ».  La corruption, la mauvaise gouvernance et un leader qui a largement dépassé sa « date de péremption » nous montrent que la FIFA s’apparente à un « État failli ».  La bonne gouvernance ne devrait pas seulement s’appliquer aux hommes et femmes politiques mais à toutes les institutions, en particulier les organisations internationales.

M. JAMES WANI IGGA, Vice-Président du Soudan du Sud, s’est félicité de l’accord de paix du 26 août dernier qui a mis fin aux effusions de sang dans son pays et fut aussitôt suivi d’une déclaration de cessez-le-feu permanent.  Tout en remerciant la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) pour son rôle depuis la proclamation de l’Indépendance en 2011, le responsable a prévenu que « tout renouvellement du mandat de la Mission sans consultation et sans consentement de notre gouvernement ne serait ni juste ni acceptable », car les décisions de cette nature sont « souveraines » et exigent des consultations préalables, a-t-il insisté.

Le Vice-Président a également reconnu que le cessez-le-feu n’était pas respecté dans toutes les régions du pays, ce qu’il a attribué « principalement à l’absence d’un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification » sur le terrain.  Aussi a-t-il pressé l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) d’accélérer la création et la formation d’un tel « instrument vital » au respect de tout cessez-le-feu.  À l’aube d’un cessez-le-feu et de la mise en œuvre de l’accord de paix, le Vice-Président a réclamé la levée des sanctions, dont l’interdiction de voyager imposée à des responsables du Soudan du Sud.  « Ce n’est plus une option » a-t-il estimé.  Il a également rappelé aux bailleurs internationaux « les promesses faites autrefois et jamais tenues », car plus que jamais, les défis de l’après-guerre, comme les efforts de réhabilitation et de désarmement, requièrent le soutien financier et technique des amis du Soudan du Sud, a-t-il conclu en promettant de « corriger le passé ».

M. JOSEPH BUTORE, Deuxième Vice-Président du Burundi, a déclaré que son pays venait de terminer le processus électoral prévu par la Constitution de 2005 qui n’a connu aucune modification jusqu’à ce jour, « contrairement à ce que certains veulent faire croire ».  Le processus a été une grande réussite malgré les contestations violentes qui se sont vite transformées en un mouvement insurrectionnel dans quelques quartiers de la capitale Bujumbura.  Avant, pendant et après les élections, des actes de sabotage se sont manifestés et le pays est devenu victime des machinations de certains politiciens dont le plan était simplement de déstabiliser les institutions.  Le Vice-Président a déploré que tout cela se soit passé avec le soutien de certains pays.

Les décisions des cours constitutionnelles du Burundi et de la Communauté est-africaine, confirmant la légalité de la candidature de Pierre Nkurunziza, n’ont pas suffi pour arrêter le mouvement insurrectionnel initié par l’opposition et la société civile, ce qui a prouvé une fois de plus leur agenda caché de déstabiliser le pays, a accusé le Vice-Président.  Les instigateurs du mouvement étaient cautionnés par certains partis politiques sans assise populaire qui savaient donc qu’ils allaient perdre les élections et qui ne recherchaient que des arrangements transitoires à l’image des négociations d’Arusha pour accéder au pouvoir.  Leur objectif était de semer, avec l’aide de certains médias et ONG, le trouble pour justifier l’impossibilité d’organiser le processus électoral.  Ce que l’on ignorait c’est que ce mouvement insurrectionnel cachait un putsch en préparation.  Après l’échec de ce coup d’État, certains détracteurs ont pris la fuite vers l’un des pays voisins qui les héberge et leur facilite les campagnes de déstabilisation.  Le Burundi reste vigilant et condamne cette attitude inamicale qui va à l’encontre de la Charte des Nations Unies, a dit le Vice-Président.

Prenant acte du putsch manqué, le Sommet de la Communauté des États d’Afrique de l’Est a recommandé le report des élections.  Les élections communales, législatives et présidentielle ont effectivement été reportées à deux reprises mais les prolongations ne pouvaient pas aller au-delà des délais constitutionnels.  Après les élections, des consultations entre les différentes forces politiques du pays ont permis de mettre en place les bureaux des deux chambres du Parlement, avec la participation du leader historique de l’opposition, M. Agathon Rwasa.  Le nouveau Gouvernement, qui a été nommé le 24 août, comprend 20 ministres dont 5 issus de l’opposition, dans le strict respect de l’Accord d’Arusha et des équilibres constitutionnels. 

Après la page des élections, le Gouvernement vient d’ouvrir une autre phase politique, a conclu le Vice-Président, celle du dialogue « inclusif, sincère et ouvert à toutes les thématiques », d’où la mise en place de la Commission nationale de dialogue interburundais.  Toujours dans l’optique de réinstaurer un bon climat de paix et de sécurité, le Président a signé un décret qui permet aux détenteurs illégaux d’armes de les remettre sans crainte de poursuites.  Quant à la liberté de la presse, le Vice-Président a précisé que sur une vingtaine de médias privés, seules quatre stations font face à des investigations judiciaires sur leur rôle présumé dans le coup d’État manqué.  S’agissant des personnes arrêtées, elles bénéficieront d’une justice équitable, a assuré le Vice-Président.

M. MOISÉS OMAR HALLESLEVENS ACEVEDO, Vice-Président du Nicaragua, a accusé le capitalisme global d’être, particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique, à l’origine des guerres et des frustrations qui alimentent le fanatisme et le terrorisme.  « L’ONU devrait promouvoir plus activement le respect, la paix, la souveraineté, la justice et la solidarité », a-t-il ajouté, appelant les Nations Unies à répondre aux défis actuels dans l’intérêt « suprême » des peuples.  M. Halleslevens Acevedo a fustigé les invasions et les guerres impérialistes, qui, en Syrie, au Libye et en Iraq ont fait le lit du terrorisme.  Il a vu la main de l’impérialisme « partout sur la terre », la mainmise de l’empire prenant selon lui la forme d’agressions, de manipulations et d’ingérences pour affaiblir les gouvernements et les mettre sous l’influence des institutions nationales. 

Pour M. Halleslevens Acevedo, la réalisation des objectifs de développement durable ne peut passer que par la restauration de la souveraineté des États et le respect de leur indépendance, afin que chaque peuple puisse jouir de l’exploitation de ses ressources naturelles comme de sa culture.  « Pour œuvrer en faveur de la justice, de la paix et de la souveraineté, nous devons impérativement transformer la manière de travailler de l’ONU pour qu’elle se mette véritablement au service de tous ses Membres », a renchéri Halleslevens Acevedo.  Il a invité les États Membres à se replonger sans tarder dans le document élaboré, en 2008, par le Président de l’Assemblée générale, M. Miguel D’Escoto Brockmann, et intitulé « Réinventer les Nations Unies ».

Alors que les Nations Unies entrent dans leur soixante et onzième année, a indiqué M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, les petits États comme le sien devraient bénéficier du même respect que « les riches et les puissants », d’autant que l’éloignement, les échanges au prix fort, les menaces des changements climatiques et la limite des activités économiques rendent difficile, voire impossible, le financement du développement sans aide extérieure, a-t-il souligné.

Or, 11 ans après qu’un différend commercial a été tranché en faveur de son pays, le jugement reste ignoré par la partie adverse, une grande puissance, a poursuivi le responsable qui a dénoncé « un déni de justice ».  Son pays, avec ses 100 000 habitants, ne peut être traité par le système régissant le commerce international comme le Canada, les États-Unis ou le Japon, mais « nécessite un traitement différent », a-t-il fait valoir.  Il a dénoncé le fait que l’Union européenne ait inscrit son pays sur la liste des « paradis fiscaux », « ternit à tort » son image et porte préjudice à son système bancaire.

Le Premier Ministre a rappelé qu’à ses yeux les changements climatiques présentaient « la pire menace pour l’humanité » en particulier pour les États insulaires des Caraïbes, du Pacifique et de l’océan Indien.  « Toutes les nations industrialisées doivent assumer la responsabilité de leurs taux élevés d’émission de gaz à effet de serre », a-t-il jugé, ajoutant que la Conférence de Paris sur le climat sera un succès si toutes les nations s’engagent à limiter la hausse de la température terrestre à au-dessous de 1.5°C.

M. JOHN KEY, Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, s’est dit particulièrement fier que l’accord sur le dossier nucléaire iranien soit intervenu pendant la présidence néo-zélandaise du Conseil de sécurité.  L’accord a été signé et c’est un exemple à suivre, a dit le Premier Ministre.  Il a indiqué que la Nouvelle-Zélande a rejoint la Coalition internationale contre l’État islamique et que l’armée néo-zélandaise participait à la formation de l’armée iraquienne.  Nous voyons aujourd’hui les conséquences de l’échec du Conseil de sécurité à agir au cours de ces quatre dernières années.  Il est temps, a dit le Premier Ministre, d’arrêter de parler de ce qu’il faut faire et de commencer à faire ce qu’il faut.  Il est temps que le Conseil de sécurité fasse ce pour quoi il a été créé, et il est temps que ses membres mettent de côté leurs intérêts dépassés et leurs alliances historiques pour faire cesser la violence et les souffrances. 

Nous ne pouvons laisser le Conseil, une institution qui a connu des échecs, devenir « une institution en échec », a poursuivi le Premier Ministre.  Il faut une solution politique au conflit en Syrie et elle doit venir maintenant.  Le problème n’est pas Assad ou Daech, le problème, c’est Assad et Daech et nous sommes devant un cas où la perfection est l’ennemi du bien car la solution ne sera pas parfaite.  Elle exigera en effet des compromis.  De même, a encore dit le Premier Ministre, le statu quo est invivable dans le processus de paix au Moyen-Orient.  Nous ne pouvons laisser la situation sur le terrain nous dicter notre action si nos actions peuvent précisément contribuer à faire avancer les choses. 

Le Premier Ministre n’a pas caché la difficulté pour un petit État comme le sien de se faire entendre au Conseil de sécurité.  Le problème est en partie « structurel » parce que le droit de veto a créé « un déséquilibre extraordinaire », exacerbé par la pratique des négociations à cinq avant d’impliquer les 10 membres non permanents et la pratique de s’abstenir de tout dès qu’un membre permanent n’est pas d’accord.  La Nouvelle-Zélande avait donc raison de s’opposer au droit de veto quand on négociait la Charte, a dit le Premier Ministre.  Le droit de veto est un frein à l’efficacité et à la réalisation des aspirations légitimes des États Membres de l’ONU.  Le Premier Ministre a donc appuyé la proposition de renoncer à l’exercice du droit de veto en cas d’atrocités de masse et le fait que deux membres permanents appuient cette proposition est déjà un progrès.  Mais le problème au Conseil est aussi en partie « comportemental ».  Les membres permanents sont habitués à exercer le pouvoir et ils y tiennent.  Ils veulent contrôler l’agenda du Conseil et déterminer tous les processus.

  Le Premier Ministre n’a pas manqué de se féliciter de l’adoption des objectifs de développement durable (ODD) et de prévenir qu’il attend de la Conférence de Paris sur le climat un accord substantiel.  Il a rappelé la création au début de la semaine d’un sanctuaire marin de 620 000 km2 autour des îles néo-zélandaises de Kermadec.  Il s’est félicité de ce que ce sanctuaire soit l’une des plus grandes zones marines protégées au monde.  Il a précisé que la Nouvelle-Zélande avait consacré un milliard de dollars au développement de pêches durables dans le Pacifique.

M. RUI MARIA DE ARAÚJO, Premier Ministre du Timor-Leste, a demandé aux Nations Unies d’impulser une dynamique nouvelle non seulement en matière de développement mais aussi de paix et de sécurité et de droits de l’homme, « autant de piliers de son action ».  Soulignant que le monde était confronté aux flux de réfugiés les plus massifs depuis la Seconde Guerre mondiale, il a lancé un appel au dialogue, seul moyen d’après lui de mettre un terme aux conflits et aux crises violentes qui affectent l’économie, la vie sociale et la stabilité de régions entières.  À ce titre, il a salué le rétablissement en cours des relations diplomatiques entre les États Unis et Cuba, souhaitant l’ouverture d’un dialogue franc et ouvert entre les deux pays sur la levée des obstacles qui empêchent toujours Cuba de faire pleinement partie du système commercial international.  Concernant les changements climatiques, M. de Araújo a souhaité que la Conférence de Paris reflète le consensus actuel quant à la nécessité et l’urgence de combattre les effets du réchauffement de la planète en intégrant à cet effort toutes les forces de la société civile. 

Nous sommes une jeune nation, a-t-il dit, mais cela ne saurait être une raison de nous tenir à l’écart des réalités de ce monde.  Nous avons ainsi annoncé de manière officielle notre intention de rejoindre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et d’adhérer aux principaux mécanismes internationaux de promotion de la paix, de la démocratie, de la justice et des droits de l’homme, a poursuivi le Premier Ministre timorais.  Il a par ailleurs insisté sur le fait que son pays était résolu à renforcer sa souveraineté nationale dans le respect du droit international.  Concernant la question de la démarcation des frontières maritimes avec l’Indonésie et l’Australie, il a assuré que son pays, lorsque les négociations échouaient, se tournait vers les mécanismes internationaux de résolution des conflits en vigueur.

M. MANASSEH SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, a noté qu’alors que plus des deux tiers des membres des Nations Unies sont issus du monde en développement, « on dépense plus, au plan multilatéral, pour la sécurité que pour le développement » avec 16 missions de maintien de la paix actuellement déployées.  Pour cette raison notamment, son État plaide pour une réforme de l’ONU, en premier lieu celle du processus de désignation du Secrétaire général qui, depuis sept décennies, a été choisi par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  Il a appelé à un processus « plus responsable, plus démocratique et plus transparent » dans lequel l’Assemblée générale jouerait un « rôle central ».

Par ailleurs, le Premier Ministre a rappelé que pour les États insulaires comme le sien, les changements climatiques étaient une question de « survie » et appelé de ses vœux un accord global et réellement inclusif à Paris en décembre.  Mais il a aussi exprimé son « inquiétude face à la lenteur des progrès dans les négociations » qui cause de nombreuses incertitudes, alors que la dégradation du climat est susceptible de déclencher de nombreux conflits.  « Cette incertitude conduit les Îles Salomon à viser un siège au Conseil de sécurité pour la période 2031-2032 », un an après la conclusion de l’Agenda 2030, a-t-il fait valoir.  Il a également apporté son soutien à une réforme du Conseil qui ménagerait un siège aux petits États insulaires.  « Cela permettrait de garantir que les questions touchant à leur sécurité soient bien traitées », s’est-il justifié.

M. OMAR ABDIRASHID ALI SHARMARKE, Premier Ministre de la Somalie, a rappelé que son pays a été l’un des premiers Membres africains des Nations Unies.  Il y a 25 ans, la Somalie a eu son propre « printemps arabe » avant le phénomène qui a déferlé dans le monde arabe au cours des dernières années écoulées, a-t-il poursuivi, soulignant que le monde a ainsi vu les risques encourus lorsque l’on ne répond pas comme il se doit aux doléances de la société.  Après avoir compati avec les pays arabes et musulmans, le Chef du Gouvernement somalien a indiqué que le thème de cette année « paix, sécurité et droits de l’homme », correspond à celui de son propre gouvernement alors que la nouvelle Somalie s’efforce de prendre forme et de « sortir des ténèbres ».  Présentant une image forte de son pays, loin de celle, trop commune, du conflit dans lequel elle était plongée depuis deux décennies, M. Sharmarke s’est enorgueilli de ce que la Somalie soit le pays d’un peuple fier et industrieux.  « En dépit de l’adversité, nous sommes devenus des athlètes de renommée mondiale, des économistes, des écrivains, poètes, musiciens, entrepreneurs et inventeurs », a-t-il déclaré, rappelant que même sans gouvernement, le monde des affaires a continué à fonctionner.

Le Premier Ministre somalien a déclaré que la reconstruction de son pays, des institutions publiques plus particulièrement, était une priorité, conformément à la Vision 2016.  Des progrès considérables ont été accomplis: trois nouveaux États intérimaires ont été formés, la population est consultée en vue de l’organisation d’élections libres et démocratiques, et des commissions ont été constitutionnellement établies pour garantir la redevabilité.  À cet égard, M. Sharmarke a insisté sur le caractère transparent et inclusif du système électoral, rappelant que la Somalie a été le premier pays d’Afrique où un président démocratiquement élu a perdu les élections suivantes et a cédé le pouvoir avec grâce.  « Cette histoire doit définir notre avenir », a-t-il affirmé.

Il a toutefois averti qu’une insurrection active est encore à l’œuvre, signalant au passage que l’an dernier, avec l’appui des forces de l’Union africaine, la plupart des grandes régions de la Somalie ont été libérées d’Al-Chabab.  Cependant, les soldats somaliens sont sous-payés, mal-nourris et mal équipés alors qu’on leur demande de mettre leur vie en danger pour sauver leur pays.  Il a souligné, à cet égard, qu’il faut investir afin de rendre les forces de police et de sécurité plus professionnelles.  Notant que les femmes avaient trop souffert du conflit « brutal », il a assuré –en tant que père et mari- vouloir « battre en brèche le terrorisme », avant d’attirer l’attention sur le sort des réfugiés somaliens et migrants sans papiers vivant encore dans des camps provisoires, soit depuis plus de 25 ans pour certains.  Dans ce contexte, il a exhorté la communauté internationale à trouver des solutions durables.

Enfin, le Premier Ministre, critique à l’égard de certaines ONG, a déclaré: « nous ne voulons pas de charité, nous voulons des investissements directs », avant de proposer une sorte de Plan Marshall pour la Somalie, baptisé « Grand Plan de développement », qui consistera essentiellement en la reconstruction sociale et des infrastructures sociales et sera aligné sur les nouveaux objectifs de développement durable.

Pour M. NAMHONG HOR, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Cambodge, la pauvreté et l’insécurité alimentaire avec plus de 800 millions d’humains mal nourris demeurent les deux principaux obstacles à lever pour la communauté internationale.  Or les changements climatiques constituent un grave défi supplémentaire pour les pays en développement.  Ce sont eux qui en payent les plus lourdes conséquences, alors que ce sont les pays industrialisés qui ont émis les plus larges quantités de gaz à effet de serre, a-t-il remarqué.  Par conséquent, le Cambodge espère « fortement » que la Conférence de Paris sur le climat débouchera sur un accord contraignant, a-t-il dit, rappelant le principe de « responsabilités partagées mais différenciées » pour faire réellement face à la menace.

Au plan international, le Vice-Premier Ministre s’est inquiété des actes criminels commis par des groupes extrémistes violents comme l’État Islamique et d’autres au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie et appelé « toutes les nations » à conduire des efforts « concertés » pour les combattre.  Face aux réalités du monde, le Cambodge soutient l’idée d’une réforme de l’ONU vers plus de démocratie, a-t-il indiqué: il souhaite que le rôle de l’Assemblée générale soit renforcé et que le Conseil de sécurité soit rendu « plus démocratique et plus représentatif », aussi bien dans le choix des membres permanents que non permanents.

M. PRAKASH MAN SINGH, Vice-Premier Ministre du Népal, a souligné que son pays vient d’adopter une nouvelle Constitution, un fait qui marque la fin d’un processus de paix et de transition.  Les 70 ans de l’ONU ont été marqués par des avancées notables, a poursuivi le Vice-Premier Ministre même si, a-t-il noté, les Nations Unies font toujours face à de nombreux défis, notamment en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales, et de développement socioéconomique.  Il a plaidé pour une ONU plus forte, capable de produire des résultats tout en respectant les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale, d’indépendance politique et de non-ingérence.  Il a plaidé pour des réformes au sein du système onusien.

M. Singh a souligné que le Népal a toujours contribué aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies depuis 60 ans, comme en témoignent les plus de 120 000 soldats de la paix que le pays a déployés dans plus de 40 missions à travers le monde.  Au vu de l’expérience acquise, le Népal est prêt à travailler aux plus hauts niveaux de l’architecture du maintien de la paix des Nations Unies.

Le Vice-Premier Ministre a condamné toutes les formes de terrorisme, appelant à une plus grande coopération internationale afin de lutter contre ce fléau, sous l’égide des Nations Unies.  Il a suggéré que les fonds qui sont investis dans l’armement, au niveau international, soient réinvestis dans le développement.  Il a rappelé que depuis la création de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) en 1971, le nombre de ces pays est passé de 25 à 48, alors que seulement 4 d’entre eux en sont sortis.  Il a salué les résultats de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement de juillet dernier et a dit attendre avec intérêt la réunion d’examen du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA en 2016.  Il a aussi appelé à une bonne mise en œuvre du Programme d'action de Vienne sur les pays en développement sans littoral 2014-2024.  Il a vigoureusement plaidé pour le droit de transit des pays sans littoral.  

Le Vice-Premier Ministre a ensuite fait part de la gratitude de son pays vis-à-vis de la communauté internationale qui a soutenu le Népal après les tremblements de terre d’avril et de mai derniers.  Il a indiqué que son pays a toujours besoin de soutien et de solidarité dans cette phase de réhabilitation et de reconstruction. 

M. RI SU YONG, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, a regretté qu’au cours des 70 dernières années, les pratiques « arbitraires et non démocratiques » du Conseil de sécurité n’aient pas été corrigées, permettant à des puissances individuelles « d’abuser en permanence et de façon monopolistique » de cette arène.  Pour le Ministre, l’ONU n’a cessé depuis sa création d’être « instrumentalisée pour violer la souveraineté, la dignité, la paix et la sécurité de notre pays ».  Même au XXIe siècle, le Conseil de sécurité « a poursuivi ses actions arbitraires contre la RPDC en violation de la justice et du droit international », a-t-il assuré.

La « tragédie », pour le responsable, est que le Conseil continue d’être « ridiculisé » par une seule puissance et que lorsqu’on parle de « Commandement de l’ONU » l’équation se résume à un « Commandement des USA », puisque les « Forces de l’ONU » ne sont que des « Forces américaines » dans la péninsule coréenne.  Même si les relations intercoréennes sont entrées dans une phase de « détente », a-t-il souligné, les récents incidents du mois d’août, lors des manœuvres conjointes entre la Corée du Sud et les États-Unis, ont montré que « la moindre provocation pouvait entraîner un regain de tension ».  Aussi, a-t-il jugé, « il est grand temps que les États-Unis acceptent de signer un traité de paix » pour remplacer l’accord d’armistice et garantir un climat de paix et de sécurité dans la péninsule coréenne.

M. RAYMOND TSHIBANDA N’TUNGAMULONGO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré que « 70 ans après avoir été porté sur les fonts baptismaux, notre Organisation universelle demeure plus que jamais pertinente, ses objectifs et principes d’actualité brûlante », car la paix et le développement sont des « vœux unanimes et intemporels de tous les peuples ».  Aujourd’hui, a-t-il souligné, la lutte contre le terrorisme doit être une des priorités de l’Organisation, et le soutien et la participation à la Stratégie antiterroriste mondiale, une obligation pour chacun des États.  Pour le Chef de la diplomatie congolaise, rester passif face à la montée du radicalisme et de l’extrémisme, dans leurs formes les plus barbares et meurtrières, serait, ni plus ni moins, cautionner la déshumanisation du monde.

Il a ajouté que son pays mène à un coût « souvent prohibitif, vu ses moyens limités », des opérations militaires en vue de la neutralisation des « forces négatives et groupes armés qui, depuis une quinzaine d’années, sèment la mort et la désolation » dans l’est de son territoire.  Il a aussi rappelé que son pays a détaché plusieurs de ses « fils et filles », militaires et policiers, pour servir sous le drapeau des Nations Unies à travers le monde.

M. Tshibanda s’est en outre dit interpellé par la crise migratoire actuelle et dans ce contexte, les objectifs du développement durable incarnent tous les espoirs pour les peuples du monde, a-t-il encore déclaré, invitant à tout mettre en œuvre pour leur matérialisation.  La RDC est également activement impliquée dans la préparation de la Conférence de Paris sur le climat, a-t-il indiqué.  De l’avis de M. Tshibanda, « l’urgence est donc à la conclusion d’un accord universel, juridiquement contraignant » à même de permettre que l’élévation de la température moyenne de la planète soit contenue en-dessous de 2 degrés centigrades par rapport aux niveaux préindustriels.  Au plan national, il a souligné l’engagement à consentir « des sacrifices responsables, sans hypothéquer notre développement », avec des mesures d’atténuation axées sur quatre secteurs prioritaires: agriculture, forêts, énergie et transports; ainsi que des mesures d’adaptation qui concernent en outre la protection du littoral, le tout pour un taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 17%, soit 77 millions de tonnes équivalent CO2 à l’horizon 2030.

Il a mis l’accent, sur le plan politique, sur le fait qu’après la défaite du M23 et la reddition de plusieurs groupes rebelles, la RDC veut consolider la paix retrouvée et revenir à une vie normale.  Pour ce faire, il a appelé à repenser la présence onusienne sur le territoire congolais et à réduire les effectifs des contingents de la MONUSCO.

M. ERLAN ABDYLDAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a estimé bien ironique que le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, symbole d’unité et de collaboration, coïncide avec une situation internationale on ne peut plus alarmante, avec des relents de guerre froide et la menace de replonger dans un monde polarisé.  Il a dénoncé en particulier les nouveaux « murs invisibles » des sanctions, les interdits et les barrières commerciales et les différends accrus entre les membres du Conseil de sécurité, ce qui met en question la capacité de ce même Conseil de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a dit craindre, dans ce contexte, que la confiance placée dans l’ONU s’érode, ce qui ne fera que conduire à une insécurité qui risquerait même de mener à une nouvelle et dangereuse course aux armements.

En sa qualité de dépositaire et coordonnateur des États parties au Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, le Kirghizistan a invité les États-Unis à la ratification rapide du Protocole sur les garanties négatives de sécurité.  Le Ministre a en outre félicité l’Iran pour le Plan d’action conjoint sur le programme nucléaire iranien, et enfin exhorté les pays du Moyen-Orient à établir dans leur région une zone exempte d’arme nucléaire et de toutes les armes de destruction massive. 

Il a assuré par ailleurs que le Kirghizistan fera tout son possible pour la pleine mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable, tout en plaidant pour un appui financier suffisant de la part de la communauté internationale.  M. Abdyldaev a renvoyé aux débats houleux de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement et défendu le droit de chaque pays de protéger son droit égal au développement. Il a indiqué, par la même occasion, qu’il serait temps de reconnaître « le droit d’un État au développement » comme partie intégrante du droit international, et proposé que ce droit soit examiné au niveau des experts.

S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a estimé que la résolution 2178 du Conseil de sécurité constitue un pas décisif dans la lutte contre les combattants terroristes étrangers. Le Kirghizistan a d’ailleurs, en février et mai derniers, interdit les activités de l’État islamique et du Front Al-Nosra ainsi que d’autres organisations extrémistes et terroristes. Parallèlement, le pays a renforcé les contrôles aux frontières, la sécurité aérienne, les capacités des agences de maintien de l’ordre et l’amélioration de l’échange d’information. Le Ministre a notamment salué les élections en Afghanistan et assuré que son pays est prêt à développer le commerce et les projets de communication, au niveau régional. 

M. FREDERICK A. MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, a déclaré que cette année, en plus du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, on célèbre les 30 ans des Accords de Nassau.  Ces Accords, signés dans la capitale des Bahamas en octobre 1985, ont imposé des sanctions au régime d’apartheid de l’Afrique du Sud, et, plus tard, contribué à la libération de Nelson Mandela et à l’avènement d’un État démocratique en Afrique du Sud, a-t-il rappelé.

M. Mitchell a voulu que l’on prête attention aux défis que rencontre sa région, notamment l’escalade de la violence due au trafic de drogues, la traite et le trafic des êtres humains ou encore la violence juvénile.  Ces défis expliquent le soutien apporté par son pays au Traité sur le commerce des armes car, le carnage provoqué dans la jeunesse par la circulation des armes n’est ni justifiable, ni acceptable.  Dans ce contexte, tous les fabricants d’armes doivent cesser leurs exportations illégales dans la région.  Les Bahamas restent très attachées à la mise en œuvre effective du Traité, même si elles sont déçues que la candidature de Trinité-et-Tobago, pays de la CARICOM comme les Bahamas, n’ait pas été retenue pour en accueillir le Secrétariat.

Les Bahamas attachent aussi une grande importance aux missions de maintien de la paix et restent disposées à s’acquitter de leurs obligations financières en la matière.  Mais elles estiment que la grande vulnérabilité des petits États insulaires doit être prise en compte.  Le revenu national brut ne saurait être le seul élément déterminant le montant des contributions, et les pays en développement ne doivent plus être catégorisés au-dessus du niveau « C »de ces contributions, a plaidé M. Mitchell. 

Les Bahamas soutiennent aussi le droit à l’autodétermination des Îles Turques et Caïques.  Elles appuient également Belize dans son désir de sécuriser ses frontières et sont préoccupées par les tentatives d’atteinte à l’intégrité territoriale du Guyana.  Elles se félicitent en outre du rapprochement entre Cuba et les États-Unis, qui améliorera le climat de paix dans la région.  À cet égard, le pays appuiera cette année encore le projet de résolution sur la levée de l’embargo qui frappe Cuba, a encore dit M. Mitchell.

S’agissant des questions climatiques, il s’est félicité du lancement hier, de l’Initiative sur l’énergie durable des petits États insulaires en développement, conduite conjointement par le Centre pour les changements climatique de la Communauté des Caraïbes, le Secrétariat du Programme régional pour l’environnement du Pacifique Sud et l’Alliance des petits États insulaires.  Sur ce sujet, les Bahamas restent déterminées à parvenir à un instrument juridiquement contraignant à la Conférence sur le climat de Paris, a encore assuré le Ministre.  Elles restent aussi déterminées à protéger leurs frontières de l’immigration clandestine, tout en respectant leurs obligations internationales en termes d’accueil de réfugiés, a encore dit M. Mitchell, avant d’indiquer que son pays est candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui se tiendra en novembre de cette année.  Cette élection permettrait un équilibre dans l’examen des problèmes relatifs aux droits de l’homme, a-t-il conclu.

M. ADEL AHMED AL-JUBEIR, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a rappelé que son pays fut l’un des signataires de l’acte de création de l’ONU.  Il a regretté le fait que la question palestinienne figure toujours, depuis des décennies, au titre des questions examinées par l’ONU, et cela en dépit de nombreuses résolutions adoptées à la fois par l’Assemblée générale et par le Conseil de sécurité.  Il a appelé à trouver une solution à cette question, notamment par la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-est comme capitale.

Le Ministre a en outre déploré les affres de la crise syrienne, regrettant que la communauté internationale soit impuissante face à ce désastre.  Il a indiqué que le Président Bashar Al-Assad a une responsabilité dans cette crise, et qu’il est hors de question qu’il soit associé à une quelconque transition politique, encore moins tous ceux qui ont du sang sur les mains en Syrie.

Il s’est ensuite vanté des actions de la Coalition militaire au Yémen, se félicitant qu’elles aient permis de libérer Aden, à la demande des autorités légitimes qui ont été chassées par le coup d’État des Houthis.  Il a appelé à une solution politique se fondant sur les initiatives du Conseil de coopération du golfe.  Les Houthis font bien sûr partie du tissu social du Yémen, mais que cela ne leur donne pas le droit de déstabiliser le pays, a dit le Ministre qui a également accusé certaines parties de vouloir déstabiliser le pays en faisant entrer illégalement des armes au Yémen.

Le Ministre a par ailleurs rappelé que l’Arabie saoudite est l’un des premiers pays à avoir plaidé en faveur d’un Moyen-Orient exempt d’arme de destruction massive.  Il a salué l’accord sur le programme nucléaire iranien et exprimé la volonté de son pays d’avoir de bonnes relations avec l’Iran, « sur la base d’un respect mutuel ».  Il a aussi invité l’Iran à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres États.  Il a par ailleurs rappelé que son pays a été parmi ceux qui ont été affectés par le terrorisme, dénonçant par la même occasion la volonté des terroristes d’invoquer l’Islam pour justifier leurs crimes.

M. RIMBINK PATO, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déploré les nombreux conflits qui ont cours à travers le monde, rappelant aussi que son pays contribue aux opérations de maintien de la paix au Soudan du Sud et au Darfour.  Il a indiqué que la crise migratoire internationale affecte la Papouasie-Nouvelle-Guinée, car le pays a accueilli de nombreux réfugiés et demandeurs d’asile depuis son indépendance.  Il a déclaré que son pays collabore avec l’Australie pour faire face à cette crise, notamment par l’ouverture d’un centre de traitement des demandes d’asile pour l’Australie sur leur sol.

Le Ministre a par ailleurs salué l’adoption, en mars dernier, du Cadre d’action de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, expliquant que ce fait est d’autant plus important au vu de l’augmentation du nombre des catastrophes naturelles dues aux changements climatiques dans la région du Pacifique.  Il a aussi fait part du soutien de la Papouasie-Nouvelle-Guinée aux réformes du Forum des îles du Pacifique, dont le Cadre pour le régionalisme dans le Pacifique, afin de promouvoir davantage la coopération, l’intégration et la connectivité régionales.  Il a déclaré que dans cette optique, son pays s’est engagé à débloquer 100 millions de dollars, pour la période 2014-2018, dans le cadre de son programme de sensibilisation régional, et pour soutenir les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique dans des domaines tels que le développement, la gouvernance, l’éducation, la santé, le renforcement des capacités, les changements climatiques et l’assistance en cas de catastrophe naturelle.  Il a en outre fait mention de l’importance, pour les pays de la région, de la gestion durable des ressources de l’océan Pacifique.

M. Pato a ensuite insisté sur le fait que les changements climatiques posent des dangers imminents dans la région du Pacifique.  Il a affirmé que la « loi sur la gestion des changements climatiques » adoptée par son pays, la première initiative du genre dans les îles du Pacifique, permet de consacrer des fonds nécessaires et de prendre des mesures adéquates pour atténuer les effets des changements climatiques et s’y adapter.  Il a émis le vœu que la Conférence de Paris permettrait d’arriver à un accord juridiquement contraignant, avertissant que les petits États insulaires du Pacifique sont exposés à des déplacements forcés de populations à cause des inondations.  Les inquiétudes de la région sont résumées dans la Déclaration des dirigeants du Forum des îles du Pacifique, faite récemment à Port Moresby.

Droits de réponse

Le représentant du Pakistan a déclaré que les arguments de l’Inde pour justifier son occupation du Jammu-et-Cachemire contredisent les faits historiques.  Des organisations indépendantes des droits de l’homme ont confirmé l’existence de plus de 6 000 fosses communes anonymes.  Le représentant pakistanais a plutôt conseillé à l’Inde de retirer ses troupes et de laisser le peuple du Jammu-et-Cachemire décider de son propre avenir.  Il a aussi appelé à l’organisation d’un referendum et à un règlement durable de ce différend.  L’Inde, qui prétend vouloir négocier, a pourtant posé des conditions préalables « inacceptables » pour le Pakistan.  Alors que le monde entier s’est soudé contre le terrorisme, l’Inde soutient unilatéralement le terrorisme au Pakistan.  Aujourd’hui même, le Pakistan a remis au Secrétaire général de l’ONU des dossiers qui montrent l’implication des organes de sécurité indiens dans des actes terroristes, a indiqué le représentant du Pakistan.

Son homologue de la République islamique d’Iran a regretté que le représentant du « régime sioniste » ait déployé, une fois de plus, son « écran de fumée » pour masquer ses propres agissements.  Israël et ses alliés continuent à maintenir la Palestine sous occupation, en réprimant la résistance dans tous les territoires occupés.  Le régime israélien gagne à attiser les tensions régionales et a tout fait pour empêcher la conclusion de l’accord nucléaire avec l’Iran.  La représentante iranienne a dit avoir pris comme « une insulte » l’attitude d’Israël à la tribune de l’Assemblée générale.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée examine, dans le cadre du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, les défis à relever en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales

Débat thématique de haut niveau,
Matin & après-midi
AG/11698

L’Assemblée examine, dans le cadre du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, les défis à relever en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales

L’Assemblée générale a tenu, aujourd’hui, un débat thématique de haut niveau portant, dans le cadre du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales, qui a été l’occasion pour nombre des quelque 50 ministres et représentants d’États Membres de souligner l’urgence d’une réforme de l’Organisation pour lui permettre de mieux affronter les défis actuels et à venir.

Ouvrant ce débat, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a appelé à renforcer la prévention, la médiation et le règlement pacifique des différends, ainsi que la consolidation de la paix, tout en insistant sur la nécessité de s’attaquer aux racines des conflits, en accordant notamment une attention plus soutenue aux violations des droits de l’homme, lesquelles sont souvent les signes avant-coureurs du pire à venir, et de fournir des ressources adéquates et prévisibles.

Décidé par l’Assemblée générale dans sa résolution 69/316*, sur une initiative du Groupe des États d’Afrique, ce débat thématique vise à tirer les enseignements de l’expérience acquise au cours des 70 années écoulées et à faire le point des défis actuels dans ce domaine.  Ce fut l’occasion pour les États Membres et les États observateurs de réaffirmer leur attachement à la Charte des Nations Unies.

Le Secrétaire général a rappelé que l’Organisation comptait aujourd’hui quatre fois plus de Membres qu’au moment de sa création en 1945.  De même, les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales déploient à travers le monde plus de 128 000 personnes, un nombre plus élevé que jamais auparavant, tandis que le personnel humanitaire s’efforce de porter secours à un nombre record de personnes dans le besoin.  Les mécanismes des Nations Unies en vue de régler l’instabilité et la fragilité ont atteint leurs limites, a-t-il dit.

M. Ban a également annoncé qu’il présenterait, à l’Assemblée générale dans les mois à venir, un plan de renforcement des efforts visant à prévenir l’extrémisme violent.  Le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul, qui se tiendra en mai 2016, sera une occasion essentielle de consolider les efforts en vue de sauver des vies humaines et d’alléger les souffrances.

La paix, a déclaré le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, n’est « pas seulement l’absence de conflit, c’est aussi un état d’esprit ».  « En cette année anniversaire, nous devons nous rapprocher de la vision de la Charte des Nations Unies », a-t-il proposé.

Afin de faire progresser les synergies entre les trois principaux examens en cours sur le maintien de la paix, sur la consolidation de la paix et sur les femmes, la paix et la sécurité, et d’échanger des vues concernant le rôle et l’efficacité de l’ensemble du système des Nations Unies en matière de paix et de sécurité, un débat thématique de haut niveau aura lieu les 10 et 11 mai 2016, a-t-il annoncé.

Pour le Président de l’Assemblée générale également, « notre préoccupation pour la sécurité, la paix, les droits de l’homme et le développement doit trouver son expression dans la façon dont nous répondons à la crise actuelle des réfugiés ».  Il a ainsi indiqué qu’il convoquerait prochainement une réunion de l’Assemblée générale consacrée à la réponse à apporter à certains des défis dans ce domaine.

Le Président de la Commission indépendante sur le multilatéralisme, M. Kevin Rudd, a fait observer que le maintien de la paix et de la sécurité internationales demeurait le principal mandat des Nations Unies.  « Soixante-dix ans est la durée d’une vie humaine », a-t-il déclaré, en notant qu’aucune autre institution internationale n’avait atteint un tel âge.

M. Rudd a souligné le caractère central de la prévention.  La Syrie, a-t-il dit, est l’exemple de ce qui peut se passer lorsque l’on n’arrive pas à prévenir un conflit, l’émergence d’un groupe comme celui de Daech ou la gestion des réfugiés.  Il a déploré le cynisme qui s’installe face à ceux qui appellent à la réforme de l’Organisation.  « Nos ancêtres, il y a 70 ans, ont réussi à surmonter le cynisme de la guerre.  Nous devons aujourd’hui les imiter. »

La plupart de la cinquantaine de ministres et de représentants qui ont pris la parole lors de cette première journée de débat ont souligné l’urgence d’une réforme visant à renforcer les Nations Unies.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, le Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, M. Javad Zarif, a exprimé la détermination du Mouvement à défendre les principes de souveraineté, d’égalité, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires intérieures des États.

En outre, selon le Mouvement des pays non alignés, la Charte des Nations Unies contient suffisamment de dispositions sur l’usage de la force pour maintenir la paix et la sécurité internationales, le Conseil de sécurité devant s’y conformer strictement.  Ainsi, recourir au Chapitre VII de la Charte, qui prévoit le recours à la force, pour tenter de régler des questions qui ne posent pas de menace à la paix et à la sécurité internationales doit être évité, a insisté M. Zarif, en précisant que les Chapitres VI ou VIII –règlement pacifique des différends et accords régionaux- étaient les plus appropriés.

Le Ministre des affaires étrangères du Pakistan, M. Sartaj Aziz, dont le pays est, depuis des décennies, l’un des plus gros contributeurs de soldats de la paix, a réitéré la position de son pays en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, lequel devrait comprendre, a-t-il précisé, davantage de membre élus et de membres permanents afin de rendre cet organe moins opaque.

La Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Inde, Mme Sushma Swaraj, a dit que le Conseil de sécurité a tendance à surcharger son programme de travail avec des questions qui pourraient être examinées par d’autres organes des Nations Unies.  « La réforme du Conseil de sécurité est une des tâches les plus urgentes dont nous sommes saisies », a-t-elle déclaré, en exhortant à conclure les négociations sur ce sujet au cours de la soixante-dixième session.

La position commune africaine sur la réforme du Conseil de sécurité a été réaffirmée par l’Observateur de la Commission pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, M. Ismail Chergui.  Définie dans le Consensus d’Ezulwini, elle demande à ce que l’Afrique soit « dûment représentée au sein du Conseil de sécurité avec tous les pouvoirs et les privilèges de ses cinq membres permanents actuels ».

La Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne, Mme Henryka Mościcka-Dendys, et son homologue belge, M. Didier Reynders, ont tous deux soutenu l’initiative de la France et du Mexique visant à empêcher l’usage par les membres permanents du Conseil de sécurité du droit de veto en cas d’« atrocités de masse ».  En application de cette proposition, qui a accueilli à ce jour l’appui de 70 États, les membres permanents du Conseil s’engageraient volontairement et collectivement à ne pas exercer ce droit.  « Un veto trop longtemps utilisé entache la crédibilité du Conseil de sécurité et de l’ensemble de l’ONU », a estimé le représentant du Royaume-Uni, M. Matthew Rycroft.

Certains, tel le Ministre nigérian des affaires étrangères, M. Aminu Wali, ont prôné l’« expansion de l’approche régionale, qui est une passerelle entre les efforts nationaux et mondiaux dans le règlement des conflits ».  Il faut ainsi parfois, selon lui, « construire des passerelles quel que soit le conflit ».  

M. Wali a, en particulier, étayé sa démonstration avec l’exemple de la lutte contre Boko Haram dans sa région.  De même, « le lien entre l’Union africaine, l’Union européenne et l’ONU démontre ce qui peut être fait avec le Programme conjoint d’appui qui, en matière de coopération, a donné des résultats tangibles ».

M. Chergui a, pour sa part, présenté les principes qui devraient guider les différentes configurations de partenariat entre l’Union africaine et l’ONU et d’autres, comme ceux de la sécurité collective dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, de l’appui à l’appropriation et à l’établissement de priorités par le continent africain ou de la division des tâches sur la base de la complémentarité.

Enfin, le représentant de la Chine, M. Liu Jieyi, a indiqué que son pays, qui établira un fonds de développement d’un milliard de dollars sur 10 ans pour soutenir les activités de l’ONU en faveur du développement, affecterait 8 000 soldats aux forces en attente du maintien de la paix.  Elle octroiera enfin 100 millions de dollars à l’Union africaine pour appuyer la force africaine en attente et renforcer ainsi sa capacité à résoudre les crises sur le continent.

* A/RES/69/316

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les dirigeants de toutes les régions du monde s’inquiètent des répercussions de la crise migratoire et ébauchent des solutions

Soixante-dixième session,
19e, 20e & 21e séances plénières, matin, après-midi & soir
AG/11695

Les dirigeants de toutes les régions du monde s’inquiètent des répercussions de la crise migratoire et ébauchent des solutions

Le Président de l’État de Palestine, dont le drapeau est hissé à l’ONU pour la première fois, envisage de ne plus être lié par les Accords d’Oslo

La tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui poursuivait aujourd’hui le débat général de sa soixante-dixième session, a vu se succéder aujourd’hui 17 chefs d’État et 15 chefs de gouvernement, ainsi que le Président d’un État observateur non membre, l’État de Palestine, dont le drapeau a été hissé pour la première fois aujourd’hui à l’ONU. 

M. Mahmoud Abbas s’est félicité de voir le drapeau de la Palestine flotter au Siège et dans les bureaux de l’ONU, en application de la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 10 septembre 2015, exprimant l’espoir que « le jour approche où le drapeau de la Palestine se lèvera à Jérusalem–Est, capitale de l’État de Palestine.

Affirmant par ailleurs que « cela ne servait plus à rien de perdre du temps à négocier pour négocier », le Président palestinien a annoncé qu’il ne pouvait pas rester lié par les Accords d’Oslo si Israël refusait toujours de se conformer aux accords qu’il a signés, de cesser ses activités de peuplement et de libérer le quatrième groupe de prisonniers palestiniens.  « La situation actuelle est intenable », a-t-il estimé, avant d’appeler les Nations Unies à fournir une protection internationale au peuple palestinien, conformément au droit international humanitaire.  M. Abbas a également exprimé sa détermination à préserver l’unité de sa terre et de son peuple, en précisant qu’il n’accepterait pas « des solutions temporaires ou un État fragmenté ».

Le poids du conflit israélo-palestinien sur les relations internationales a cependant été moins évoqué au cours des débats de la journée que celui des autres crises en cours, notamment le conflit en Syrie.  Les dirigeants mondiaux se sont notamment inquiétés de la crise migratoire qu’entraînent les conflits et le terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont les causes profondes étaient d’ailleurs examinées aujourd’hui au Conseil de sécurité.

Le Premier Ministre de la Turquie, dont le pays est en première ligne avec le Liban pour accueillir les réfugiés syriens, a rappelé avoir offert une protection à plus de 2 millions de Syriens et 200 000 Iraquiens, ce qui en fait le pays avec le plus de réfugiés sur son sol.  Il a appelé la communauté internationale à agir sans plus tarder pour confronter ce problème, notamment en créant une « zone de sécurité » qui serait épargnée par les frappes aériennes du régime syrien et par les attaques sur le terrain de Daech et d’autres groupes terroristes.

Pour sa part, le Président du Conseil des ministres du Liban, pays qui accueille un million et demi de réfugiés syriens, l’équivalent d’un tiers de sa propre population, a prévenu que les infrastructures publiques et les communautés d’accueil étaient étirées au maximum.  Il a demandé aux donateurs internationaux de tenir les promesses faites dans le Plan de réponse, lancé en décembre dernier, en collaboration avec l’ONU.

Des solutions ont été ébauchées par plusieurs pays d’Europe, continent qui se retrouve maintenant en première ligne pour accueillir les réfugiés.  Le Premier Ministre de la Suède a notamment proposé d’accroître massivement le nombre de sites de réinstallation et de développer les voies légales de migration fondées sur le droit d’asile.  Pour sa part, le Premier Ministre de Malte a précisé cependant que « ceux qui ne peuvent pas prétendre à l’asile doivent rentrer chez eux ».

« Les Membres des Nations Unies doivent faire preuve à la fois de responsabilité et d’humanité », a affirmé le Président de la Serbie en évoquant la répercussion de l’influx de réfugiés sur les Balkans.  La Présidente de la Croatie a quant à elle recommandé la recherche de solutions multilatérales dans la lutte contre le terrorisme, et de mesures diplomatiques préventives, en fixant « des lignes directrices claires et des politiques globales ».  

S’agissant du phénomène de migration des citoyens libyens, conséquence de la crise institutionnelle et sécuritaire en Libye, le Chef d’État par intérim de ce pays a exprimé sa détermination à prévenir tout passage illégal de migrants et à sauver des vies en Méditerranée, tout en prévenant qu’il fallait aider son gouvernement à renforcer ses capacités de contrôle de son territoire. 

Les dirigeants du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Europe n’ont pas été les seuls à exprimer leur inquiétude face au problème des migrants.  Le Président du Panama, par exemple, a réitéré son engagement à traiter dignement les centaines de migrants qui transitent chaque mois par son pays, tandis que le Premier Ministre du Bangladesh a annoncé l’organisation d’un forum mondial de la migration et du développement en 2016.

Parmi les autres sujets abordés, plusieurs dirigeants de petits États insulaires en développement ont exigé des efforts plus soutenus dans la lutte contre les changements climatiques, comme l’a formulé notamment le Président des Îles Marshall en évoquant « une menace qui nécessite une réponse collective ».  Les regards étaient naturellement tournés vers Paris où se déroulera, en décembre, la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Par ailleurs, certains chefs d’État ont saisi l’occasion de ce débat annuel pour exprimer leurs vues sur la nomination du prochain Secrétaire général de l’ONU, dont la sélection doit se faire en 2016.  Le Président de la Bulgarie, après avoir souligné que ce poste n’était jamais revenu à un ressortissant d’Europe de l’Est ni à une femme, s’est déclaré disposé à présenter la candidature d’une personne hautement qualifiée.

Un vœu entendu par le Président du Costa Rica qui a invité les États Membres à présenter des femmes candidates.  Se plaignant de l’« opacité » du processus d’élection, il a rappelé que son pays et l’Estonie dirigeaient les efforts de près d’une trentaine d’États visant à établir « un processus transparent, démocratique, équitable, inclusif et conforme à la Charte ».

Le débat général se poursuivra demain, jeudi 1er octobre, à partir de 9 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/70/1)

Suite du débat général

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, est revenu sur le thème de la célébration des 70 ans des Nations Unies: « Une ONU forte pour un monde meilleur », et s’est demandé si « nous sommes vraiment plus forts en tant que communauté aujourd’hui, et si nous sommes réellement en train de forger un monde meilleur pour nos enfants ».  Dans ce monde turbulent, marqué par des conflits de plus en plus fréquents, des États défaillants, le terrorisme et les guerres, les responsables politiques doivent agir avec détermination pour régler, non pour faire exacerber les crises, a-t-il estimé.

Le Président bulgare a également abordé les conflits en Syrie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et la montée de l’extrémisme qui représente une véritable menace pour la communauté internationale puisqu’il ne connaît pas de frontières.  S’agissant de la crise en Syrie en particulier, il a estimé que la crise des réfugiés risquait de durer aussi longtemps que le conflit s’y poursuit. Le Président bulgare a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts pour y mettre un terme et à l’Europe en particulier pour développer un mécanisme de solidarité permettant la réinstallation des réfugiés dans tous ses États membres, en tenant compte des craintes d’infiltration d’éléments extrémistes et des risques de traite des êtres humains.

M. Plevneliev a par ailleurs averti des dangers des partis nationalistes qui entretiennent la xénophobie, les incitations à la haine, le populisme et le nationalisme agressif qui connaissent une nouvelle hausse.  À son avis, il est temps d’agir de concert pour remédier aux causes profondes de ces conflits et non pas uniquement aux conséquences, a-t-il poursuivi, en mettant l’accent sur le lien qui existe entre sécurité, développement, droits de l’homme et état de droit qui sont des valeurs universelles se renforçant mutuellement.

Par ailleurs, la Bulgarie s’engage pleinement à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi M. Plevneliev, estimant qu’il s’agissait d’un programme de transformation qui reflète la complexité des problèmes actuels.  Parmi ces défis figurent les changements climatiques.  Les négociations sur cette question sont entrées dans une phase critique qui, selon lui, devrait déboucher sur l’adoption d’un protocole global et juridiquement contraignant à Paris.

En conclusion, le Président bulgare a souligné qu’à ce jour aucun Secrétaire général n’a été originaire d’un pays de l’Europe de l’Est ou une femme.  Mon pays est prêt à nommer une candidate hautement qualifiée pour ce poste, a-t-il indiqué.

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, a indiqué que la politique extérieure de son pays était fondée sur le dialogue et le consensus, la recherche permanente de la paix sociale et le bien commun.  Il a félicité les États-Unis et Cuba pour leur rapprochement, de même que la Colombie et le Venezuela qui s’efforcent de normaliser leurs relations, et a salué le processus de paix en Colombie.

« Nous ne pouvons pas accepter au XXIe siècle que des êtres humains soient brûlés vifs ou décapités en raison de leur foi », a poursuivi M. Rodríguez en condamnant le terrorisme.  À son avis, le monde fait face à deux types de guerres: les conflits armés et « la guerre quotidienne contre la pauvreté, l’inégalité, le manque d’opportunités et le crime organisé ».  À l’ère des télécommunications et des réseaux sociaux, le Panama reconnaît que l’échange d’informations entre gouvernements est clef.  « Conscient de sa responsabilité en tant que pays de transit », le Panama œuvre à l’établissement d’un centre de sécurité régionale pour combattre la délinquance de façon coordonnée, a ajouté le Président.

M. Rodríguez a réitéré son engagement à traiter dignement les centaines de migrants qui transitent chaque mois par le Panama.  « Nous devons continuer à trouver des solutions pour régler les problèmes qui poussent nos frères à quitter leurs pays », a-t-il indiqué.  Dans un monde qui connaît tant de richesses, la pauvreté qui affecte des millions de personnes, en particulier les femmes,  est injustifiable.  

Le Président a appelé toutes les nations à conclure un accord définitif, universel et inclusif lors de la prochaine Conférence de Paris sur les changements climatiques.  À ce sujet, la Coalition des nations avec des forêts tropicales, composée de 52 pays et présidée par le Panama, propose d’y inclure un compromis sur la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts, allant de pair avec les mécanismes de financement pour l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets.

Enfin, a affirmé M. Rodríguez, grâce à sa position géographique privilégiée, l’économie du Panama continue de croître et ses programmes sociaux et d’infrastructures publiques, dont l’élargissement du Canal, progressent.

M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président de Sri Lanka, a indiqué que depuis le 8 janvier 2015, une nouvelle ère de démocratie, de justice, de liberté et d’égalité s’est ouverte dans son pays.  Il a indiqué que l’approche du développement social était désormais fondée sur le pluralisme et le développement durable, qu’un nouveau président et un gouvernement regroupant les deux grands partis avaient été élus et que des amendements constitutionnels ont renforcé les fondations de la bonne gouvernance par la réforme des institutions qui raffermit le pluralisme et la démocratie.  Notre nouvelle vision pour le pays inclut la réalisation des deux objectifs de développement durable et de réconciliation dont l’exigence fondamentale est de regarder le passé avec honnêteté et de construire une nation moderne, a dit le Président.

S’agissant du développement mondial, M. Sirisena a estimé qu’il est aussi important d’avoir un dialogue Sud-Sud que Nord-Sud.  Le Sri Lanka peut contribuer considérablement au dialogue Sud-Sud, a affirmé le Président, car son pays se trouve parmi les plus anciennes démocraties dans la région d’Asie du Sud malgré le long conflit qui y a fait ravage.  Nous avons réussi à maintenir un taux de croissance économique élevé et des politiques de protection sociales depuis l’indépendance, y compris la gratuité de l’enseignement et des soins de santé, a indiqué le Président, indiquant que le développement pourrait être la conséquence de l’autonomisation des femmes et des jeunes et de la sécurité pour les enfants.   

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a estimé qu’il fallait changer d’approche au sujet de la crise des migrants qui ont déferlé dans de nombreux États européens.  Ce qui manque, ce sont des lignes directrices claires et des politiques globales, a-t-elle dit.  « Nous avons besoin de solutions juridiques, sociales, économiques, humanitaires et logistiques », a-t-elle ajouté.  À son avis, aucun État ne peut faire face seul à cette crise qui est un problème multidimensionnel exigeant des solutions multilatérales en termes de défense contre le terrorisme, de diplomatie préventive et de développement. 

Depuis la mi-septembre, a indiqué la Présidente, la Croatie a accueilli près de 80 000 réfugiés.  C’est un problème qu’elle doit considérer à partir de ses perspectives nationales, tout en gardant à l’esprit les tendances politiques et historiques actuelles et futures.  « Nous devons porter notre attention sur la gestion de cette crise sans oublier qu’il s’agit de sauver des vies humaines et d’assurer l’avenir de nombreux individus et de leurs familles », a continué la Présidente.

À son avis, la solution à cette crise devra revêtir plusieurs formes: défense contre le terrorisme qui, avec l’extrémisme, doit être combattu et défait, octroi d’aides financières et matérielles suffisantes aux camps de réfugiés en Turquie, en Jordanie, au Liban et ailleurs dans le monde, gestion efficace des frontières et élimination des réseaux de passeurs qui profitent des souffrances des migrants.

Concernant l’Ukraine, la Présidente a estimé que la mise en œuvre et la viabilité du processus de paix doivent être assurées.  Le cessez-le-feu doit être respecté et toutes les parties doivent adhérer au plan de paix de Minsk, a-t-elle conclu.

M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président du Costa Rica, a réaffirmé le rôle central de l’Assemblée générale au sein de l’ONU et proposé d’élire le Secrétaire général « de manière plus démocratique ».  Depuis 1946, a-t-il en effet regretté, le processus qui consiste à choisir la personne qui occupe le poste le plus important de la communauté internationale est « caractérisé par l’opacité ».  Avec l’Estonie, le Costa Rica dirige les efforts de près d’une trentaine de pays visant à établir « un processus transparent, démocratique, équitable, inclusif et conforme à la Charte ».  De même, il invite les États Membres à présenter des femmes candidates au poste de Secrétaire général.

Le Président a également reproché au Conseil de sécurité de ne pas mettre suffisamment l’accent sur la prévention des conflits et la protection des populations civiles.  Les crises actuelles, a-t-il constaté, n’ont pas surgi du jour au lendemain; elles se sont développées au fil des ans.  À son avis, certains États tentent de manipuler les buts et principes de la Charte pour empêcher l’ONU de relever les défis.  Ainsi le concept de souveraineté ne peut-il plus « servir d’excuse » pour ne rien faire, a-t-il estimé.  C’est pour cette raison que le Costa Rica appuie le plan d’action du Secrétaire général intitulé « Les droits avant tout », ainsi que la proposition de la France visant à limiter le recours au droit de veto en cas d’atrocités de masse.

M. Rivera s’est félicité ensuite de voir l’état de droit occuper une place clef dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a appelé tous les États à ratifier le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale (CPI) et à appliquer le Traité sur le commerce des armes.  Il a également encouragé les États à participer à l’Engagement humanitaire contre les armes nucléaires.  Par ailleurs, le Président a jugé indispensable de renforcer le troisième pilier des Nations Unies que constituent les droits de l’homme, y compris le droit au développement, et qui ne reçoit que 3% du budget ordinaire.  Il a souhaité une meilleure coordination des efforts de tous les mécanismes impliqués.  Le Costa Rica a lancé l’Engagement de Genève sur les droits de l’homme et les changements climatiques, a précisé M. Rivera à cet effet.  

Après avoir condamné le terrorisme sous toutes ses formes, le Président s’est dit particulièrement préoccupé par la violence sexuelle utilisée comme tactique de guerre, la restriction des droits des femmes et le recours aux drones armés hors des zones de conflit.  Enfin, il a rappelé que l’Université pour la paix, basée dans son pays, fêtait son trente-cinquième anniversaire.  

M. JOHN DRAMAMI MAHAMA, Président du Ghana, a affirmé que la paix n’était pas juste l’absence de guerres, mais la dignité dans la vie, l’égalité des opportunités et le respect de notre humanité et des droits qui s’y rattachent. 

Il a indiqué que son pays était en train de revoir ses règles d’engagement en essayant de trouver un équilibre entre maintien de l’ordre et respect de la loi et des droits fondamentaux et la liberté d’expression.  Il a par ailleurs affirmé que son gouvernement luttait également contre les inégalités de revenu par le biais du programme LEAP; et en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’éducation, objectifs qui correspondent aux OMD.  Saluant l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Président ghanéen a noté que la survie de la planète dépendait de la façon de gérer la modernité.  Cela exigeait une redéfinition de notre relation avec la nature et d’une prise de conscience de l’appartenance universelle à un écosystème plus large.  « Il nous faut réaliser que nous dépendons de la nature et non pas l’inverse », a déclaré M. Mahama.

Le Président a par ailleurs indiqué que, compte tenu de la croissance économique que son pays a connue depuis une vingtaine d’années, son gouvernement s’est fixé comme priorités la discipline fiscale, une diversification de son économie, et une politique énergétique susceptible de répondre à la demande croissante par des sources renouvelables.  À la veille de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, le Président a appelé à limiter « notre tendance au consumérisme, au nom du respect de l’environnement, mais aussi dans l’exercice de la tolérance et des bonnes règles de vie en commun ».

M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a reconnu que son pays avait « beaucoup reçu de la grande famille des Nations Unies » et que le dernier exemple de cette coopération remontait à l’élection présidentielle du 25 avril dernier.  Aujourd’hui, a-t-il assuré, « le peuple togolais entend s’appuyer pleinement sur ce succès pour continuer à affermir sa démocratie et à poursuivre sa marche vers le progrès ».  Le Togo compte faire de l’inclusion économique et sociale le premier vecteur de la cohésion nationale.

Le Président, en sa qualité de Coordonnateur de la lutte contre la maladie à virus Ebola dans l’espace de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), n’a pas oublié le lourd tribut payé à l’épidémie.  « Ebola a tué, détruit des communautés, fragilisé des économies avec des pertes de l’ordre de 2 milliards de dollars de PIB pour les trois pays affectés », a-t-il rappelé. « Aujourd’hui, Ebola est affaibli, mais pas totalement vaincu. »  Il a donc exhorté tous les partenaires à rester actifs et engagés, y compris dans les pays jusqu’ici épargnés.

Par ailleurs, M. Gnassingbé a souhaité qu’à la suite de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement, « la communauté des bailleurs de fonds ne ménage aucun effort pour accompagner, de façon plus constructive et moins restrictive, les pays africains dans leur volonté de diversification des sources de financement et dans leurs efforts visant à élargir leur espace budgétaire interne ».

Le Togo, dont l’économie est largement tributaire de l’arrière-pays ouest-africain, mesure à sa juste valeur l’importance de la sécurité dans la sous-région et en Afrique, a poursuivi le Président, affirmant que la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram et toutes les formes d’extrémisme et de racisme devait se poursuivre sans merci. 

M. Gnassingbé a par ailleurs expliqué que son pays vivait déjà au quotidien les effets des changements climatiques, dont l’érosion côtière qui se traduit par une avancée de la mer de 12 à 15 mètres chaque année, menaçant ainsi les populations du littoral.  Il a jugé crucial que les futurs financements internationaux destinés à lutter contre les changements climatiques, notamment ceux qui viendront alimenter le Fonds vert, ne viennent pas en déduction de l’aide publique au développement traditionnelle.  Enfin, il a rappelé que les défis économiques, sécuritaires et environnementaux liés au milieu marin seraient examinés lors du sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique que le Togo accueillera l’an prochain à Lomé, sous l’égide de l’Union africaine.  

Le Sultan HASSANAL BOLKIAH MU’IZZADDIN WADDAULAH de Brunei Darussalam, a affirmé que malgré les critiques qui lui sont adressées, l’ONU a connu des succès réels, comme la lutte contre les épidémies et pandémies comme Ebola ou la variole, ou ses opérations de maintien de la paix et à caractère humanitaire.

« Avec 193 États Membres, les attentes sont inévitablement très élevées par rapport à ce que l’Organisation peut faire pour répondre aux différentes situations qui affectent le quotidien des peuples que nous représentons », a poursuivi le Sultan qui s’est félicité de l’adoption du Programme de développement durable, « un Programme qui répond à la plupart de nos préoccupations ».  Son caractère inclusif témoigne, à son avis, de la confiance renouvelée des États Membres dans les Nations Unies.  Le Sultan a préconisé en outre l’intensification des échanges culturels comme moyen d’une meilleure compréhension mutuelle et plus de compassion pour vivre ensemble comme une « famille de nations ».  Pour ce qui est de la prévention des conflits, il a affirmé que la diplomatie préventive restait l’un des moyens les plus efficaces et les moins coûteux, saluant à ce sujet, le travail de bons offices du Secrétaire général, de ses Envoyés spéciaux et des missions politiques.  En outre, l’ONU devrait pouvoir s’appuyer sur les organisations régionales, qui maitrisent leurs environnements respectifs, pour atténuer les tensions, a-t-il poursuivi.  À titre l’exemple, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) œuvrait depuis longtemps à créer un climat de confiance dans la zone, comme l’atteste l’adoption de son plan de travail pour la diplomatie préventive, il y a deux ans.

Le Sultan a par ailleurs fermement condamné le terrorisme, l’extrémisme et le radicalisme et réaffirmé le soutien de son pays aux efforts internationaux de lutte contre toute forme de terrorisme.  Le succès de la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme passe également par une approche globale qui s’attaque aux causes profondes de ces phénomènes, a conclu le Sultan, évoquant par ailleurs la nécessité de régler définitivement le conflit palestino-israélien.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de la Palestine, a exprimé son inquiétude au sujet des incursions de groupes extrémistes israéliens à proximité de la mosquée Al-Aqsa et a demandé au Gouvernement israélien de cesser son recours à la force brutale visant à compromettre les lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem.  La question de Palestine ayant été l’une des premières questions soumises à l’ONU après sa création, M. Abbas est revenu ensuite sur « l’injustice historique » infligée au peuple palestinien. 

« Nous demandons la légitimité, la justice et la paix », a plaidé le dirigeant palestinien.  La Palestine mérite d’être pleinement reconnue et de devenir membre à part entière des Nations Unies, a-t-il insisté.  Il a jugé le maintien du statu quo « complètement » inacceptable, alors qu’Israël étend ses colonies de peuplement en Cisjordanie, notamment dans Jérusalem-Est occupée, et poursuit son embargo contre la bande de Gaza.  « Les votes de pays démocratiques contre les résolutions sur la Palestine et les droits légitimes de son peuple servent-ils la paix et ceux qui croient à la solution à deux États? », s’est-il interrogé.  « Ou encouragent-ils les extrémistes, en augmentant la haine et le racisme? ».

M. Abbas a affirmé ne pas avoir le temps de passer en revue toutes les violations israéliennes commises contre le peuple palestinien.  « Nous ne répondons pas à la haine et à la brutalité de l’occupation israélienne de la même façon », a-t-il souligné.  La Palestine, a-t-il assuré, s’efforce de promouvoir une culture de paix et de coexistence.  En dépit de tous les obstacles imposés par l’occupation, et depuis la création de l’Autorité nationale palestinienne, la Palestine s’efforce de consolider les fondations de son État, son infrastructure et ses institutions nationales souveraines.

« Nous sommes déterminés à préserver l’unité de notre terre et de notre peuple », a poursuivi le Président palestinien en précisant qu’il n’accepterait pas « des solutions temporaires ou un État fragmenté ».  Il a indiqué qu’il cherchait à former un gouvernement d’unité nationale et à organiser des élections présidentielles et législatives.  M. Abbas s’est félicité de voir le drapeau de la Palestine flotter au Siège de l’ONU.  « Le jour approche où le drapeau de la Palestine se lèvera à Jérusalem–Est, capitale de l’État de Palestine », a-t-il ajouté, appelant les États ne l’ayant pas encore fait à reconnaître l’État de Palestine.

« Cela ne sert plus à rien de perdre du temps à négocier pour négocier », a estimé M. Abbas.  Il faut mobiliser les efforts internationaux pour qu’il soit mis un terme à l’occupation.  Par conséquent, il a appelé les Nations Unies à fournir une protection internationale au peuple palestinien, conformément au droit humanitaire international.

« Tant qu’Israël refusera de se conformer aux accords qu’il a signés avec nous et tant qu’Israël refusera de cesser ses activités de peuplement et de libérer le quatrième groupe de prisonniers palestiniens, nous ne pourrons pas rester les seuls engagés dans l’application de ces accords, alors qu’Israël continue de les violer », a averti M. Abbas.  Ainsi, a-t-il déclaré, la Palestine ne resterait pas liée par ces accords et Israël devra assumer toutes ses responsabilités en tant que puissance occupante.  « La situation actuelle est intenable », s’est-il justifié, précisant qu’il commencerait à mettre en œuvre cette décision « par tous les moyens pacifiques et légaux ».  « Soit l’Autorité nationale palestinienne conduit le peuple palestinien de l’occupation à l’indépendance, soit Israël assume ses responsabilités en tant que puissante occupante », a-t-il conclu.

M. AHMET DAVUTOĞLU, Premier Ministre de la Turquie, a affirmé que son pays avait assumé sa juste part du fardeau en offrant protection à plus de 2 millions de Syriens et 200 000 Iraquiens, ce qui en fait le pays avec le plus de réfugiés sur son sol.  « Nos portes resteront ouvertes », a-t-il assuré, avant d’avancer le chiffre de huit milliards de dollars investis à ce jour pour faire face à cette crise humanitaire, dont seulement 417 millions  sont des contributions internationales.  La Turquie a par ailleurs permis la scolarisation de 230 000 enfants; en outre ses organismes chargés de l’application de la loi ont intercepté 235 000 migrants illégaux depuis 2011 et inscrit 20 000 personnes sur ses listes de combattants terroristes étrangers, dont 2 000 ont été déportés, a précisé le Ministre.  Estimant qu’à ce jour plus de 4 millions de Syriens ont cherché à échapper aux bombardements du régime d’Assad ainsi qu’aux attaques de l’organisation terroriste Daech sur le terrain, et qu’il y a plus de 12 millions de personnes déplacées en Syrie, dont la moitié des enfants, le Ministre a affirmé  que cette tragédie ne finira pas tant qu’il n’y aura pas un Gouvernement syrien légitime représentant la volonté de la population et bénéficiant de son soutien.

Fort de cette expérience récente, a indiqué le Ministre, la Turquie a été à l’origine de la proposition d’inclure un point relatif à la « prise de compte internationale des tragédies des migrants dans le bassin méditerranéen, avec une attention particulière pour les demandeurs d’asile syriens », dans l’Agenda de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, proposition qui a été retenue le 18 septembre et qui est devenue une priorité pour l’humanité.

M. Davutoğlu a également affirmé que la crise syrienne avait débordé sur la Turquie, qui combat à son tour les terroristes de Daech et du PKK.  À son avis, la question épineuse des combattants terroristes étrangers, dont le nombre est estimé à plus de 25 000 personnes par l’ONU, doit être « réglée à la source » mais pose toujours problème.  En tant que Président du G20, la Turquie a mis l’accent sur la coopération, la coordination et la solidarité internationales pour faire face à ces menaces et défis, a-t-il poursuivi.  Par ailleurs, a-t-il dit, face à la crise de financement du système humanitaire international, la Turquie s’apprête à accueillir le Sommet mondial humanitaire en mai 2016 pour y trouver des solutions.  En conclusion, le Premier Ministre a lancé un appel pour finaliser la réforme de l’ONU sans plus tarder et parvenir à un Conseil de sécurité plus démocratique, représentatif, transparent, efficace et responsable.

Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a affirmé que 2015 était une année importante pour le développement durable.  Le sommet du financement du développement à Addis-Abeba et le Sommet du développement durable de New York ont donné un nouvel espoir aux populations du monde.  Avec notre volonté de parvenir à un accord sur les changements climatiques à Paris, nous espérons en finir avec la pauvreté, limiter les changements climatiques et préserver notre planète, a-t-elle indiqué.

Toutefois, a-t-elle poursuivi, deux défis mondiaux posent aujourd’hui une grande menace à la civilisation humaine.  Le premier est le terrorisme et l’extrémisme violent qui constituent des obstacles majeurs à la paix et au développement.  Les terroristes n’ont pas de religion, a-t-elle dit, estimant que tous les pays devraient s’unir pour affronter efficacement ce fléau.  Le second défi est les changements climatiques.  « Le nouveau Programme de développement définit clairement que toutes nos actions doivent être appuyées par notre ferme engagement à protéger et à préserver notre planète, notre biodiversité et notre climat », a-t-elle dit. 

Mme Hasina a par ailleurs estimé que la coopération régionale était importante pour le développement durable et l’établissement de sociétés pacifiques et stables.  À cette fin, le Bangladesh a décidé d’organiser un forum mondial de la migration et du développement en 2016, a annoncé Mme Hasina, invitant par ailleurs les pays développés à honorer leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement pour les pays en développement et 0,2% du PIB aux pays les moins avancés. 

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a déclaré que « nous n’oublierons jamais la vie de Dag Hammarskjöld, ancien Secrétaire général de l’ONU, et nous nous félicitons de la nouvelle résolution qui examinera sa disparition; mais aujourd’hui, plus que jamais, nous devons garantir que son idée de solidarité internationale perdure ». 

Il a ajouté que, concernant la situation actuelle des réfugiés, le système onusien et les dirigeants du monde entier devaient faire front commun pour que les personnes fuyant la guerre et la répression soient traitées dans la sécurité, l’ordre et la dignité.

Le Premier Ministre a proposé d’accroître massivement le nombre de sites de réinstallation, développer les voies légales de migration et fonder le processus d’accueil sur le principe de non-refoulement et le droit de demander l’asile.  Il y a urgence pour que l’ensemble des pays de l’Union européenne traitent les personnes cherchant refuge dans l’Union dans un esprit d’humanité, de solidarité et de responsabilité partagée, a-t-il indiqué.

M. Löfven a par ailleurs estimé que le règlement de la crise des migrants impliquait également la fin des atrocités en Syrie, indiquant que son pays contribuait aux efforts déployés pour fournir une aide humanitaire au peuple syrien et accueillait favorablement la proposition de l’Envoyé spécial pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, de créer un groupe de travail avec une participation syrienne afin de mettre en œuvre le communiqué de Genève.  Afin de soutenir ce processus, nous souhaitons la création d’un groupe de contact international comprenant des acteurs clefs principaux et nationaux, a-t-il précisé.

Le Premier Ministre suédois a aussi affirmé que les pourparlers de paix au Moyen-Orient devaient se poursuivre pour que l’État d’Israël puisse vivre aux côtés d’un État palestinien démocratique, cohérent et viable.  En conclusion, il a estimé qu’agir pour le maintien de la paix impliquait aussi le respect des engagements mutuels sur le désarmement et la recherche de solutions légales, pratiques et techniques afin de débarrasser le monde des 16 000 armes nucléaires restantes, détruire les armes biologiques et chimiques et combattre la prolifération des armes de petit calibre et armes légères, y compris les munitions. 

M. MUHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, s’est réjoui de la levée du drapeau palestinien au Siège des Nations Unies mais a déploré que la solution à deux États, dans le conflit entre Israël et la Palestine, paraisse aujourd’hui aussi lointaine que jamais en raison de l’intransigeance de la Puissance occupante.  Affirmant que les musulmans souffraient partout dans le monde, il a cité l’exemple des Palestiniens et des Kashmiris opprimés par l’occupation étrangère et des populations musulmanes fuyant la persécution ou la guerre.  La communauté internationale doit corriger ces injustices contre le peuple musulman, a-t-il dit.

Il a par ailleurs salué l’amélioration des relations entre l’Afghanistan et le Pakistan depuis l’avènement du gouvernement d’union nationale à Kaboul, affirmant que son pays avait fait des efforts ardus pour faciliter le processus de réconciliation afghan, notamment le dialogue entre le Gouvernement afghan et les Taliban.  Et même si des incidents ont arrêté le processus, le Pakistan persistera à aider à la reprise du dialogue et à promouvoir la paix et la stabilité en Afghanistan, a-t-il précisé.

Le Premier Ministre a également proposé une nouvelle initiative de paix en quatre points avec l’Inde, qui consisterait, premièrement, à rendre officiel et respecter le cessez-le-feu de 2003 sur la ligne de contrôle au Cachemire, M. Sharif appelant à ce sujet à l’accroissement du Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies en Inde et au Pakistan pour surveiller le respect du cessez-le-feu; deuxièmement, a-t-il poursuivi, le Pakistan et l’Inde réaffirmeraient leur volonté de ne pas recourir à la menace ou à l’usage de la force en toutes circonstances; troisièmement, des étapes seraient fixées pour la démilitarisation du Cachemire; et, quatrièmement, un accord serait conclu sur un retrait sans condition du glacier de Siachen, a proposé le Premier Ministre pakistanais.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a affirmé que les quatre graves crises humanitaires dans le monde actuellement sont en fait des crises politiques.  Des politiciens avides de pouvoir, des groupes armés et des chefs militaires ont ignoré la situation critique de leurs peuples en Iraq, au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen.  Quand les autorités étatiques ignorent l’état de droit ou ne respectent pas leurs obligations en matière de droits de l’homme, le résultat est souvent le chaos et le conflit, a-t-elle indiqué.  En 2015, a-t-elle rappelé, les Nations Unies ont procédé à trois importants examens des opérations de paix, de l’architecture de consolidation de la paix et de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Ces examens seront d’importants outils pour améliorer notre travail sur la paix, la sécurité, les droits de l’homme, la médiation et la prévention de conflit, a-t-elle dit.  En outre, elle a exhorté tous les États Membres à se joindre à la proposition de code de conduite permettant au Conseil d’agir de manière décisive contre les atrocités de masse et a apporté son appui à l’initiative française de suspendre le recours au droit de veto dans ces situations.

Concernant le conflit en Syrie, l’expansion des groupes extrémistes doit être arrêtée, a poursuivi le Premier Ministre, indiquant que la Norvège adhèrera aux normes internationales en réponse à la crise des migrants.  « Nous sommes d’accord pour recevoir un nombre élevé de réfugiés qui viennent des pays voisins de Syrie », a précisé Mme Solberg, annonçant l’organisation dans son pays d’une conférence des donateurs en coopération avec l’Allemagne et les Nations Unies. 

Elle a estimé également que le développement durable ne serait pas possible sans le respect des droits de l’homme, se prononçant pour que l’ONU dispose d’un pilier fort et affirmé sur les droits de l’homme.  Par ailleurs, les Nations Unies ne doivent pas être vues comme un fardeau coûteux mais comme une organisation proposant des solutions mutuellement avantageuses aux États Membres.  Elle a cité en exemple la Convention sur le droit de la mer et le Sommet sur les changements climatiques de Paris, qui sera à son avis une occasion pour assumer nos responsabilités et à entreprendre des actions.

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, s’est réjoui que l’établissement d’une société plus juste dans son pays permettait aussi de renforcer l’économie nationale, avec une croissance de plus de 4% depuis plusieurs années et même plus de 5% en 2014.  Les Fidjiens croient en eux-mêmes, en leur démocratie et à l’avenir de leur pays, et ceux qui critiquaient leur pays par le passé croient en lui aujourd’hui, a-t-il indiqué.

Pourtant, a-t-il poursuivi, cet avenir est aujourd’hui menacé par les changements climatiques, alors que Fidji fait « d’énormes efforts » et que sa part d’émissions polluantes est négligeable, a-t-il affirmé, en appelant les pays développés et ceux en développement à « faire davantage » car il est impossible aux pays les moins avancés (PMA) d’accéder à un niveau de vie élevé avec une dégradation des terres et des mers ou de bâtir leur économie comme l’ont fait les grands pays développés il y a des années.

« Le temps des excuses est passé, celui de l’action est venu », a plaidé le Premier Ministre.  À cette fin, les États insulaires en développement ont adopté une déclaration demandant que l’accord de Paris permette de limiter la hausse des températures à 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels, que cet accord soit juridiquement contraignant pour toutes les parties et impose des mesures d’adaptation entièrement financées.

« Nous devons pouvoir convaincre nos populations de faire les sacrifices nécessaires », a-t-il justifié, expliquant que Fidji a déjà prévu de déplacer 45 villages vers des sites plus élevés afin d’éviter qu’ils « ne soient avalés à jamais par l’océan ».

« Le climat est en train de changer sous nos yeux, le temps est venu de mettre fin à l’indifférence », a lancé le Premier Ministre.

Il a par ailleurs rappelé que de nombreux Fidjiens servent dans les missions des Nations Unies, comme au Soudan, en Iraq ou dans le Sinaï, et en sont « fiers ».  Fidji, a-t-souligné, est membre de l’ONU depuis son indépendance en 1970 et a participé à toutes les assemblées générales.  Aussi, selon lui, « le moment est venu pour un État insulaire du Pacifique de présider enfin cette Assemblée », a conclu le Premier Ministre, invitant les autres pays insulaires à soutenir la candidature de son représentant.

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, s’est dit très préoccupé par le sort des migrants en Méditerranée, d’autant plus que Malte est située à la croisée du Moyen-Orient, de l’Europe et de l’Afrique.  « Nous sommes le seul pays d’Europe, et probablement le seul pays du monde, à consacrer 100% de ses ressources militaires au secours des gens en mer », a-t-il fait remarquer.  Il a rappelé que des milliers de migrants perdaient la vie pendant des traversées périlleuses.  Cette année, tous les records ont été battus.  Il ne s’agit pas d’un problème méditerranéen ou européen, a poursuivi M. Muscat.  Il s’agit d’un phénomène mondial, qui nécessite des réponses mondiales.

Le Premier Ministre a annoncé qu’en novembre prochain Malte accueillerait un sommet à La Valette avec les dirigeants de l’Union européenne et de nations africaines pour aborder la situation des migrants dans un esprit de partenariat et de coopération.  « La priorité reste de sauver des vies. »  Mais il faut aussi une réponse plus engagée pour combattre les trafiquants, des individus qui exploitent le désespoir de personnes innocentes et s’enrichissent au profit d’activités criminelles, dont le terrorisme.  M. Muscat a appelé les pays d’origine, de transit et de destination à mieux partager leurs informations et à renforcer la répression du trafic des migrants.

« Nous devons continuer à faire de notre mieux pour accueillir ceux qui fuient la guerre et sont demandeurs d’asile », a poursuivi le Premier Ministre.  Mais, a-t-il insisté, il ne s’agit pas d’accueillir tout le monde.  Ceux qui ne peuvent pas prétendre à l’asile doivent rentrer chez eux.  Les pays d’origine sûrs qui n’aident pas au retour devraient être sanctionnés, tandis que ceux qui coopèrent devraient être récompensés avec une aide supplémentaire et l’accès aux marchés, a-t-il préconisé.

« La seule solution véritable à long terme est d’aborder les causes profondes de la migration », a toutefois reconnu M. Muscat, en saluant 2015 comme une année clef pour le développement durable et l’élimination de la pauvreté.  À son avis, il serait illusoire de croire que la résolution du conflit en Syrie réglerait le phénomène de la migration.  Il a évoqué la Somalie, l’Érythrée et la liste de conflits oubliés qui génèrent des déplacements humains massifs, et s’est inquiété des effets futurs des changements climatiques.  C’est la raison pour laquelle il faut des outils et des institutions pour s’attaquer au problème de façon permanente, pour anticiper et gérer les flux d’un point de vue humanitaire, économique, social et environnemental.  Préoccupé par la situation et les activités criminelles en Libye, le Premier Ministre a également appuyé les efforts des Nations Unies afin de lancer un dialogue national pour la réconciliation et la formation d’un gouvernement national d’unité dans ce pays.

« Préserver les générations futures du fléau de la guerre », a rappelé M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, voilà quel était l’objectif des fondateurs de l’ONU il y a 70 ans.  « J’ai 40 ans » et les conflits, les défis sont de plus en plus complexes et interdépendants, a-t-il constaté, affirmant que, compte tenu de son âge, il n’éprouvait « ni nostalgie ni culpabilité » pour la colonisation qu’il n’avait pas connue et qu’il entendait « porter un regard lucide et optimiste » sur le continent africain, dans le cadre d’une relation « franche et sincère, d’égale à égale ».

Estimant que la première condition du développement était le respect du droit et la garantie des libertés, le Premier Ministre belge a affirmé qu’il n’y aurait pas de démocratie sans légitimité « ni respect du pacte constitutionnel qui unit les dirigeants à leur peuple ».  Il a salué le Nigéria et le Sénégal qui « ont montré la voie de la sagesse » mais condamné les tentatives de coup d’État « comme au Burkina Faso » et appelé tous les chefs d’État à respecter les cycles électoraux définis par la constitution.

Au Burundi, « l’entêtement à se maintenir au pouvoir » a gravement menacé les équilibres et le pays est aujourd’hui « menacé de division ».  En République démocratique du Congo (RDC), « grand pays au cœur de l’Afrique », aux ressources abondantes et aux conflits tragiques, le « respect de l’état de droit est le seul chemin pour la stabilité » et, a-t-il ajouté, « chacun attend que les responsables démontrent leur intérêt supérieur pour leur pays et leur peuple ».

Au plan économique, à côté de l’aide publique, l’initiative privée doit être encouragée, ainsi que la lutte contre la corruption pour favoriser les investissements a-t-il estimé.

Face au terrorisme « qui veut détruire les valeurs universelles », tous les moyens doivent être mobilisés, a jugé le Premier Ministre belge, mais « l’honneur des démocrates est de combattre les fanatiques dans le respect des droits », en appelant à « valider au plus vite une convention internationale contre le terrorisme, aujourd’hui au point mort ».

En Syrie, a-t-il poursuivi, la Belgique refuse de faire un choix entre « la barbarie fanatique de l’État islamique et la tyrannie et les massacres de Bachar al-Assad ».  À son avis, l’éradication du Daech doit aller de pair avec une transition politique à Damas: « La Syrie a besoin d’un gouvernement légitime, seul chemin possible vers la paix », a-t-il dit.

Par ailleurs, alors que le drapeau palestinien a été hissé aujourd’hui pour la première fois au Siège des Nations Unies, le Ministre a salué le symbole. « Toutefois celui-ci n’est pas suffisant », a-t-il jugé, l’objectif devant être la reconnaissance d’un État souverain et indépendant dans le plein respect de l’existence d’Israël.  Aussi, pour lui, l’Europe doit se mobiliser davantage avec ses partenaires, et la Belgique, à cet égard, « soutient l’idée de la France » d’un groupe de contact entre pays de bonne volonté.

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, tout en saluant les efforts des pays européens pour accueillir de nombreux réfugiés syriens, a prévenu que la meilleure solution à ce problème était de traiter les sources de cette tragédie humaine.  Il a lancé un nouvel appel à la communauté internationale, en particulier à toutes les grandes puissances, à faire cesser les combats sur le sol syrien en trouvant une solution politique qui préserve l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays, tout en comblant les besoins d’un peuple qui aspire à vivre dans la liberté et la dignité.

Le Président a souligné le poids énorme que pèsent sur le Liban les réfugiés syriens, au nombre d’un million et demi, ce qui représente un tiers de sa propre population.  Les capacités des infrastructures publiques et des communautés d’accueil sont étirées au maximum, a-t-il dit, en constatant que, dans un même temps, les donateurs internationaux invoquaient une « soi-disant fatigue » pour diminuer le niveau de leur aide.  Il leur a cependant demandé de respecter leurs obligations internationales en tenant les promesses faites dans le plan de réponse lancé en décembre dernier en collaboration avec l’ONU et a souligné le principe de responsabilité partagée et de partage du fardeau entre les pays.

Le problème des personnes déplacées est seulement l’une des répercussions que subit le Liban du fait de la crise syrienne, a indiqué le Président, en évoquant la détention par des groupes terroristes d’un groupe de militaires libanais depuis plus d’un an.  

M. Salam a fait remarquer que son pays, « oasis de la coexistence entre les membres de différentes religions et sectes », était fier de sa diversité, au moment précis où les évènements au Moyen-Orient menacent cette diversité sociale, culturelle et religieuse.  Il a donc jugé important de préserver l’entité libanaise pour protéger ce qui reste de pluralisme au Moyen-Orient. 

En ce qui concerne l’accord récemment conclu avec l’Iran sur son programme nucléaire, M. Salam a espéré qu’il ouvrirait un nouveau chapitre dans les relations internationales qui se refléterait positivement sur la situation du Liban.  Il a plaidé en faveur de relations normalisées entre les pays de la région, sans ingérence dans leurs affaires intérieures ou de manipulation.  Enfin, le Président du Conseil des ministres libanais a remercié la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et appelé la communauté internationale à obliger Israël à cesser ses violations de la souveraineté du Liban.  Il a aussi dénoncé l’occupation des terres palestiniennes et le blocus imposé à la bande de Gaza.

M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, a jugé indispensable d’aller de l’avant dans la réforme du Conseil de sécurité en appelant à restreindre le recours au veto dans des situations impliquant des crimes de masse.  Il a suggéré la rédaction d’un code de conduite pour les États membres du Conseil de sécurité.  Il a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de mettre fin à l’agression de l’Ukraine et de trouver les responsables de la destruction du vol MH017 abattu au-dessus de l’Ukraine.  Le Président de la Lettonie a aussi exhorté la Russie à cesser de soutenir les séparatistes dans l’est de l’Ukraine et à mettre en œuvre l’Accord de Minsk.  « L’annexion illégale de la Crimée ne sera jamais reconnue », a dit le Président letton avant de s’inquiéter de la stigmatisation dont sont victimes les Tatars de Crimée et les populations d’origine ukrainienne.

Pour ce qui est du conflit syrien « qui déstabilise toute la région », il a estimé que la communauté internationale ne devait pas tourner le dos au peuple syrien et exiger un règlement politique.  Il a souhaité que les situations de conflit en Transnistrie, au Nagorny Karabakh, en Ossétie du Nord et Abkhazie restent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et s’est félicité de l’examen effectué par l’ONU sur ses capacités de consolidation de la paix.  M. Vējonis a jugé que l’Union européenne était un partenaire essentiel à l’ONU en Centrafrique et au Mali et a annoncé l’intention de son pays de participer prochainement à sa première opération de maintien de la paix.  Il a par ailleurs demandé des initiatives en matière d’adaptation aux changements climatiques, dans l’espoir que la Conférence de Paris en décembre se traduirait par l’adoption d’un accord juridiquement contraignant.

Dans le contexte de la nomination en 2016 du prochain Secrétaire général de l’ONU, le Président letton a souligné que le Groupe des pays de l’Est est le seul à n’avoir jamais accédé au poste de Secrétaire général des Nations Unies.

M. TOMISLAV NIKOLIĆ, Président de la Serbie, a fait valoir que son pays était le seul, en Europe, dont une partie du territoire avait été saisie et la population expulsée et qu’il faisait aujourd’hui l’objet de tentatives de détournement de son patrimoine culturel de la part de son voisin albanais.

Outre les nombreux monuments historiques et religieux détruits avant 1999, la Serbie risque de se voir aujourd’hui privée d’une partie de son héritage, revendiquée devant l’UNESCO par l’Albanie, a-t-il dénoncé.  « Si cette requête devait aboutir, un dangereux précédent serait créé qui ouvrirait la voie à la légalisation de la violence au mépris de l’identité nationale, culturelle et religieuse des peuples », a-t-il prévenu, appelant « tous les présidents » à ne pas permettre que les Serbes soient privés de leur âme.

Par ailleurs, a poursuivi le Chef de l’État serbe, les vagues de migrations massives en provenance du Moyen-Orient constituent à ses yeux le principal défi de l’époque, conséquence de la crise qui secoue la Syrie depuis quatre ans et à laquelle aucune « réponse adéquate » n’a été apportée.

En dépit de ses difficultés économiques, a-t-il souligné, la Serbie fait son possible pour accueillir décemment ces réfugiés.  Mais si la communauté internationale, en premier lieu l’Union européenne, « ne fait pas de réels efforts pour résoudre le problème, une catastrophe humanitaire de bien plus grande ampleur menacera le sud-est de l’Europe », a-t-il prévenu.

« Nos frontières sont ouvertes pour les accueillir et les laisser partir », a poursuivi le Premier Ministre.  Mais il est pressant de mettre au point un plan global, a-t-il prévenu.  « Les États Membres des Nations Unies doivent faire preuve de responsabilité et d’humanité, car cette situation aura des répercussions mondiales », a-t-il conclu.

M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a souligné les efforts de son pays en matière de lutte contre les changements climatiques.  « En dépit d’une contribution marginale à l’émission de gaz à effet de serre, nous avons récemment accueilli une conférence en partenariat avec l’Institut pour le climat et l’énergie de la prestigieuse Université de Yale qui a développé un modèle climatique très pertinent présentant tous les scénarios sur les impacts des changements climatiques sur notre région. »  Il a proposé de créer à Djibouti un observatoire régional de l’environnement en s’engageant à conduire une politique d’exploitation des énergies renouvelables avec comme objectif de bannir les énergies fossiles d’ici à 2020.  « Nous avons réalisé avec l’Éthiopie un projet d’hydroélectricité et commencé à exploiter un formidable potentiel de géothermie, d’énergie solaire et marémotrice », a précisé le Président djiboutien.          

Il a souligné par ailleurs que l’Afrique de l’Est a été l’une des premières régions victimes d’attaques terroristes, notamment de la part du groupe Al-Chabab, affirmant que cette expérience douloureuse avait permis à Djibouti de développer une connaissance qui mérite d’être partagée sur le fonctionnement, les pratiques et stratégies des groupes terroristes.  Le Président a également réaffirmé la solidarité de son pays avec le Yémen, se disant prêt à accueillir des réfugiés yéménites et exhorté les Nations Unies à redoubler d’efforts pour faciliter la relance d’un dialogue et la reprise d’un processus de transition politique pacifique au Yémen.  Il a également jugé déterminante la mise sur pied d’une armée somalienne bien équipée et bien formée, capable de répondre aux menaces qui pèsent sur l’unité et l’intégrité territoriale de ce pays.   

Pour M. CHOUMMALY SAYASONE, Président de la République démocratique populaire lao, l’heure est venue de renforcer la volonté politique, l’assistance mutuelle et la coopération, sous la bannière de l’ONU pour pouvoir faire face collectivement aux défis actuels comme le terrorisme, la faim et la pauvreté, les maladies infectieuses, les conflits armés et les changements climatiques.  À cette fin, il jugerait opportun que les Nations Unies revoient leurs méthodes de travail et que son soixante-dixième anniversaire devienne l’occasion de mener à bien la réforme globale de l’Organisation.  Saluant l’adoption du nouveau programme de développement durable, qui est « le fruit d’un processus de négociation intergouvernemental inclusif », il a mis en avant les effets dévastateurs des changements climatiques, surtout pour les pays les moins développés auxquels « la communauté internationale doit venir en aide pour leur permettre de créer les infrastructures à long terme capables de résister à de tels défis ».  Il a dit espérer que la Conférence de Paris serait l’occasion d’adopter une série de mesures en ce sens.

La région d’Asie du Sud-Est, qui est en phase d’intégration économique dans le cadre de l’ASEAN, a connu la paix et une croissance économique continue, s’est-il félicité.  En 2016, le Lao présidera l’ASEAN, et il espère que la communauté internationale, et en particulier les partenaires de dialogue de l’ASEAN, continueront à soutenir les mécanismes sous son leadership, a-t-il précisé.

En cette année de quarantième anniversaire de l’indépendance du Lao, le Président Sayasone en a appelé à ses partenaires de développement à apporter leur aide pour que son pays puisse réaliser les objectifs de développement durable.  Il a indiqué que les vestiges de la guerre d’Indochine pesaient toujours sur le développement de son pays, en particulier sur la production agricole et le développement des infrastructures en raison des mines et engins non explosés (ENEX) ainsi que sur les programmes d’investissement dans les régions concernées.  Les programmes de déminage nécessitent du temps et des ressources considérables, a précisé en outre M. Sayasone, dont le gouvernement contribue activement à promouvoir la Convention des Nations Unies sur les armes à sous-munitions ainsi que son universalisation.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a proposé de renforcer la légitimé de l’ONU en se fondant sur trois principes: universalité, adaptabilité et responsabilité.  Saluant l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a apprécié le fait que d’autres indicateurs que le PIB ou le revenu par habitant soient pris en compte pour mesurer le progrès humain.  Pour Nauru, a-t-il expliqué, « l’océan est la source de pratiquement toutes les possibilités de développement ».  Il a dénoncé les navires qui pratiquent la pêche illégale, non déclarée et non réglementée dans les eaux territoriales des petit États insulaires en développement. 

Le Président a estimé qu’il fallait « repenser la façon dont nous coopérons au niveau international ».  L’aide doit être prévisible et durable, a-t-il indiqué.  Elle ne doit pas être utilisée à des fins politiques.  M. Waqa a souhaité que les agences internationales et régionales et les partenaires du développement engagent des ressources pour aider les pays à renforcer leurs institutions, remerciant l’Australie, Taiwan, la Russie et Cuba pour leur appui. 

Par ailleurs, le Président a appelé le Conseil de sécurité à inscrire la question des changements climatiques à son ordre du jour, et le Secrétaire général à nommer un représentant spécial sur le climat et la sécurité.  À cet égard, il a jugé cruciale la conclusion d’un accord juridiquement contraignant lors de la prochaine Conférence de Paris, assorti d’un mécanisme de financement et de compensation.  Il a espéré que les grandes puissances économiques accepteraient les changements nécessaires pour atteindre les objectifs fixés.

Le soixante-dixième anniversaire de l’ONU coïncide avec le soixante-dixième anniversaire du retour des habitants de Nauru chez eux, a-t-il poursuivi.  Lors de l’occupation de leur pays pendant la Seconde Guerre mondiale, les habitants avaient été évacués par la force en Micronésie et la population était passée à moins de 1 500 personnes.  « Nous étions menacés d’extinction », a conclu M. Waqa.  « Les Nauruans savent très bien ce qui arrive à des petits pays vulnérables quand les grands pays n’arrivent pas à répondre à leurs problèmes de manière responsable ».

M. AGILA SALEH ESSA GWAIDER, Chef d’État par intérim de la Libye, a indiqué que son pays avait vu l’émergence de l’État islamique qui revendique le contrôle des villes de Derna et Syrte et cherche à assujettir toute la région.  Il a rejeté l’idéologie des groupes terroristes qui se réclament de la « règle de l’Islam », et qui ne sont, à son avis, que les marionnettes de pays étrangers qui leur fournissent des armes et des munitions.  Il s’est plaint que les efforts des autorités libyennes dans la lutte contre le terrorisme soient entravés par l’appui extérieur dont ces groupes bénéficient, ainsi que par l’embargo sur les armes imposé à son pays et les décisions contradictoires prises par le Conseil de sécurité à ce sujet.

Le Chef d’État par intérim a déploré que certains des membres permanents du Conseil de sécurité cherchent à le justifier en affirmant vouloir éviter les impacts négatifs sur le dialogue politique libyen.  Or, a-t-il expliqué, l’accord auquel ils font référence a été rejeté par le Congrès national général représentant les milices qui occupent la capitale et qui sont liées à Al-Qaida/Ansar al-Charia.  La menace du terrorisme de ce groupe et de l’État islamique ne se limite pas à la Libye, a-t-il dit, en invitant tous les États Membres à réaliser la gravité de la position du Conseil de sécurité.  Rien ne divise le peuple libyen, a-t-il assuré, tout en déplorant qu’il soit l’otage de groupes armés.

Le dirigeant libyen a indiqué que la Chambre des représentants appuyait toujours le dialogue en vue de résoudre la crise sécuritaire et institutionnelle en Libye.  Il a souhaité qu’on n’impose aucun accord au futur gouvernement sur les mesures à prendre en ce qui concerne les organisations terroristes inscrites sur la liste des sanctions, précisant que la guerre contre le terrorisme à Benghazi, Derna et Syrte ne devrait pas être inclue dans un accord de cessez-le-feu, sauf s’il est lié à la reddition des terroristes.  La Chambre des représentants espère en outre recevoir un projet final d’accord qui ne récompense pas les auteurs de crimes et de destruction des propriétés de l’État, a-t-il précisé.

Le Chef d’État par intérim a ensuite abordé la crise migratoire en Méditerranée, en réaffirmant son soutien aux efforts internationaux visant à réduire les risques de migration illégale.  Il a assuré que son pays était déterminé à prévenir tout passage illégal de migrants et à sauver des vies en Méditerranée, tout en appelant à aborder cette crise humanitaire de manière globale, en s’attaquant aux causes profondes de ce phénomène.  Il a demandé qu’il soit permis à son pays d’étendre son contrôle sur tout son territoire et à ses frontières, en l’aidant à renforcer ses capacités.  Il a enfin exprimé son soutien à la cause palestinienne et espéré que le peuple syrien pourrait résoudre sa crise de manière pacifique, de même que celui du Yémen.

M. CHRISTOPHER J. LOEAK, Président des Îles Marshall, a constaté avec satisfaction que les changements climatiques étaient maintenant considérés par tous les grands dirigeants mondiaux comme une menace qui nécessite une réponse collective.  Il a exhorté toutes les nations à respecter leur engagement en termes de réduction des émissions.  Il a mis l’accent sur la fragilité des petits États insulaires face aux chocs externes, ajoutant que ces îles ne pouvaient faire face seules aux grands défis émergents.  Il a remercié la Nouvelle-Zélande pour avoir organisé dans le cadre de sa présidence et du Conseil de sécurité une réunion spéciale sur les menaces auxquelles font face les petits États insulaires en développement, se félicitant que cette réunion ait permis de révéler des préoccupations souvent ignorées.  Il a invité le Conseil de sécurité à aborder régulièrement les questions sécuritaires des petits États insulaires en développement. 

Par ailleurs, le Président a annoncé l’établissement de relations diplomatiques avec Cuba, avant de soutenir la participation de Taiwan aux travaux des agences spécialisées de l’ONU, dont l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l’Organisation de l’aviation civile internationale.  Le Président des Îles Marshall a appelé à préserver les ressources halieutiques du Pacifique en déclarant que le pillage de ces ressources à un rythme non durable menaçait l’avenir.  Le Président a par ailleurs affirmé que son pays et les parties à l’Accord de Nauru restaient attachées aux avantages du système de contingentement des jours de pêche et de non-accès à certaines zones de haute mer comme condition sine qua non à toute autorisation de pêche.    

M. IKILILOU DHOININE, Président des Comores, a souligné que l’Union des Comores est le seul pays au monde qui, lors de son accession à l’indépendance, n’a pas eu droit au respect du droit.  En effet, a-t-il dit, contrairement à toutes les anciennes colonies, l’archipel des Comores composé des îles de Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore, admis à l’ONU comme État indépendant, est amputé d’une partie de son territoire par l’ancienne Puissance coloniale, la France, au mépris du toutes les normes et principes qui régissent les relations internationales.

Contre la volonté du peuple comorien, la France a opposé son veto et continue à exercer son pouvoir sur notre territoire, a rappelé le Président, pour qui « aujourd’hui, face à ce qui se passe en Europe de l’Est, on se demande quel sens donne l’Union européenne au respect du droit international, en acceptant l’île comorienne de Mayotte comme région ultrapériphérique européenne, au mépris des résolutions pertinentes de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes, de l’Organisation de la coopération islamique et du Mouvement des non-alignés?

Le Président a précisé que « lors des précédentes sessions, il avait informé l’Assemblée générale de l’ONU de la signature, avec le Président François Hollande, à Paris, d’une Déclaration politique permettant d’espérer qu’au niveau bilatéral, il serait possible de trouver une solution qui rende aux Comoriens leur dignité.  « Malheureusement, à ce jour, la partie française refuse d’admettre que tous les Comoriens, quelle que soit l’île dont ils sont originaires, puissent circuler librement chez eux », a déploré le Président comorien, en lançant un appel aux autorités françaises « pour qu’ensemble, nous trouvions les moyens de mettre fin aux drames humains qui endeuillent chaque jour des familles comoriennes ».

M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président de la Guinée équatoriale, a rappelé que l’ONU constitue la seule instance mondiale qui mérite la confiance de tous les États, puisqu’ils sont tous représentés sur la base de l’égalité.  Il a toutefois relevé les faiblesses de cette institution en matière de prévention et d’élimination des conflits entre États, ainsi qu’en matière de développement.  Il s’est notamment inquiété de la prolifération des conflits armés en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient, ainsi que de l’instabilité que connaissent certains pays en développement et a souhaité que les États Membres se soumettent davantage aux normes du droit international, de la justice et du respect des droits de l’homme.

La Guinée équatoriale, a poursuivi M. Nguema Obiang Mangue, survit grâce à la prudence de son Gouvernement, à la disponibilité de son peuple et à la coopération solidaire des pays amis.  Il a rappelé que son pays avait souffert de l’invasion de mercenaires et d’accusations infondées de violations des droits de l’homme.  La Guinée équatoriale a réussi à progresser dans la poursuite des OMD, a-t-il indiqué, dans le cadre de son plan de développement à l’horizon 2020.

S’agissant de la réforme des Nations Unies, le Président a appuyé la position de l’Union africaine, fondée sur le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, pour réclamer deux sièges de membres permanents et cinq de membres non permanents au Conseil de sécurité pour le continent africain.  Enfin, sur la question des changements climatiques, il a souhaité que la Conférence de Paris sur le climat accorde toute l’attention voulue à l’Amazonie qui constitue les poumons du monde en termes de conservation de la biodiversité.

M. MIROSLAV CERAR, Premier Ministre de la Slovénie, a rappelé que 10 ans auparavant, les dirigeants du monde s’étaient retrouvés à New York afin d’établir le Conseil des droits de l’homme et la Commission de consolidation de la paix.  Il a affirmé qu’à cette occasion, la communauté internationale avait également pris l’engagement de réformer le Conseil de sécurité des Nations Unies et de revitaliser l’Assemblée générale.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, les Nations Unies doivent continuer de s’adapter à de nouveaux défis, notamment les changements climatiques, souhaitant à ce propos que la COP21 de Paris, en décembre prochain, puisse adopter un accord ambitieux, durable et juridiquement contraignant sur le climat.

Le Premier Ministre a relevé que la Slovénie était engagée dans la protection de l’environnement, se félicitant des activités apicoles menées dans le pays, et plaidant pour que des solutions soient trouvées aux nombreux dangers qui entourent les abeilles.  Il a aussi souligné l’importance du rôle des abeilles dans la production durable de nourriture et pour la biodiversité.  Nous proposons l’établissement d’une journée mondiale des abeilles, a déclaré M. Cerar, qui a appelé les Nations Unies à soutenir cette initiative.

Il a par ailleurs annoncé que la Slovénie accordait une grande importance au respect des droits de l’homme, et que son pays était candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2016-2018.  Il a en outre plaidé pour un soutien appuyé à la Cour pénale internationale (CPI) « qui joue un rôle important pour l’établissement de l’état de droit ».  Il a affirmé que son pays continuerait de plaider pour une CPI forte et indépendante et pour l’universalité du Statut de Rome ainsi que des amendements de Kampala y afférents.  Il a aussi jugé important que la responsabilité première de poursuites judiciaires, en cas de crimes de portée internationale, soit du ressort de chaque État Membre.

Citant certains des conflits qui se déroulent dans le monde, le Premier Ministre a invité les membres permanents du Conseil de sécurité à transcender leurs désaccords, afin de trouver des solutions pour mettre fin à ces conflits, notamment par l’application des Accords de Minsk concernant le conflit en Ukraine.  Il a par ailleurs plaidé en faveur des milliers de réfugiés qui fuient les conflits, estimant qu’il fallait augmenter l’aide qui leur est apportée dans les pays d’accueil et appliquer des mesures décisives dans les pays d’origine des migrants, notamment la mise en place de solutions politiques durables.  Il a en outre salué l’accord sur le programme nucléaire iranien, appelant également pour l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes et à la création d’un monde exempt d’armes nucléaires.

M. MELTEK SATO KILMAN LIVTUVANU, Premier Ministre du Vanuatu, a réclamé un appui technologique aux pays comme le sien, notamment pour le développement de leurs outils statistiques, afin qu’ils puissent réaliser les objectifs de développement durable.

Pour un État insulaire comme le Vanuatu, la principale menace à affronter est le changement climatique et l’Agenda 2030, qui la reconnaît également, ne pourra être rempli qu’à la condition d’un accord solide à Paris en décembre; sinon, « il n’y aura pas de développement durable pour les petits États insulaires », a-t-insisté, citant l’ouragan de catégorie 5 qui a frappé son pays en mars.  Quelque 500 millions de dollars seront nécessaires pour redresser l’économie, a-t-il précisé.

Avec le Forum du Pacifique, a rappelé le Premier Ministre, le Vanuatu a réclamé la conclusion d’un accord contraignant qui limiterait la hausse des températures à 1,5ºC au-dessus de leurs niveaux préindustriels et demandé une contribution financière de la part des pays développés, de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour financer les mesures d’atténuation et d’adaptation.

M. TUILAEPA LUPESOLIAI SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce du Samoa, a estimé que les changements climatiques représentaient le défi le plus grand de l’humanité.  Ce problème ne concerne pas que les petits États insulaires en développement (PEID), même si, a—t-il relevé, ces phénomènes ont un plus grand impact dans ces pays du fait de leur faible capacité à y répondre rapidement et efficacement.  Il a rappelé que les PEID ont toujours plaidé pour la mise en place de mesures d’atténuation ambitieuses de la part de pays qui en ont les capacités, et pour l’établissement d’un objectif mondial d’augmentation du niveau de la température terrestre de 1,5ºC au maximum, afin d’empêcher que des îles qui sont en basse altitude ne soient submergées.  

Le Premier Ministre a en outre appelé à la mise en place d’un « mécanisme d’indemnisation » qui pourrait être consacré à la COP21 de Paris, en décembre, et qui serait complètement différent des mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Il a également invité les représentants des PEID, siégeant au Conseil d’administration du Fonds vert pour le climat, de s’assurer que l’esprit et la lettre des normes de gouvernance du Fonds sont appliqués, notamment en ce qui concerne les sujets concernant directement les PEID.  Rappelant que certains pays développés font aussi face à des effets néfastes des changements climatiques, sous la forme de cyclones, de feu de brousse ou d’inondations, M. Malielegaoi a émis le vœu que cette réalité contribue à faire modifier les relations entre ces pays et les PEID, du stade de donateur à récipiendaire ou de donateur à victime, à celui de partenaire à partenaire.

Le Premier Ministre a par ailleurs rappelé que le temps pressait, et que l’accord de Paris qui découlerait de la COP21 devrait mettre l’accent sur des actions nationales audacieuses et la prise en compte des besoins de tous les acteurs.  Il a affirmé que le Samoa serait partie prenante des solutions, invitant en outre les dirigeants du monde à s’engager dans la lutte contre les changements climatiques, en tant que « gardiens de l’environnement mondial », et « par devoir pour nos enfants et les générations futures ». 

M. HAIDER AL ABADI, Premier Ministre d’Iraq, a fait valoir que son pays, dans des conditions difficiles, avait engagé de nombreuses réformes sur la voie de la démocratie et du développement avec le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale.

L’Iraq est déterminé à poursuivre sur cette voie, sans négliger pour autant son « rôle important » dans les opérations sécuritaires et militaires qui doivent être conduites contre Daech, a-t-il assuré.  « Je dois ici rendre hommage, au nom du peuple iraquien, aux efforts de la coalition internationale et aux pays amis qui nous ont apporté leur soutien dans cette guerre » ainsi qu’à ceux qui ont accueilli et sont venus en aide aux personnes déplacées, a-t-il poursuivi.

M. al Abadi a salué l’adoption de la déclaration en faveur du développement durable en estimant qu’il ne s’agissait pas seulement d’atteindre un meilleur niveau de développement, « mais aussi de s’assurer de le conserver, en promouvant un environnement plus sûr, en protégeant les droits des futures générations et en répandant la paix et la sécurité ».

M. VALERIU STRELET, Premier Ministre de la République de Moldova, a affirmé que son pays appuyait les initiatives et les actions des Nations Unies et des États Membres en vue de lutter contre les effets des changements climatiques à travers des mesures ambitieuses destinées à promouvoir une énergie propre aux niveaux national et international.  Il a indiqué que son pays était en mesure de ratifier la Stratégie de développement à faible intensité de carbone et, pendant la Conférence de Paris des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, d’appuyer les mécanismes de l’Union européenne en vue d’atteindre ces objectifs.

Le Premier Ministre a ajouté que le premier anniversaire de l’Accord d’association avec l’Union européenne était l’occasion d’affirmer que les progrès réalisés dans plusieurs domaines confirmaient une fois de plus la pertinence du choix fait par la République de Moldova d’intégrer l’Europe.

M. Strelet s’est également attardé sur le conflit en Ukraine, en affirmant que l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie constituait une violation flagrante du droit international, tandis que l’éclatement du conflit armé dans les régions de l’est de l’Ukraine défiait directement la paix et la sécurité internationales.  Il a souligné que son pays plaidait pour un règlement pacifique du conflit dans le Donbass, conformément aux Accords de Minsk et dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  M. Strelet a en outre réaffirmé la position de son pays en faveur d’un retrait des forces militaires russes de son territoire.

Le Premier Ministre a, par ailleurs, défendu une réforme de toutes les structures des Nations Unies, y compris de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Conseil de sécurité.  Il a ainsi réitéré la position de son pays pour l’octroi d’un siège de membre non permanent au sein d’un Conseil de sécurité réformé à un pays du Groupe des États d’Europe orientale, ainsi que pour une rotation régionale équitable dans l’élection du Secrétaire général de l’ONU en portant à la tête de l’Organisation, pour la première fois, un représentant d’un pays d’Europe orientale.

Le Roi du Maroc MOHAMMED VI, dans un discours lu par le Prince MOULAY RACHID, a dit espérer que les objectifs de développement durable contribueraient à mettre au point un programme ambitieux susceptible de changer la donne à tous les niveaux, sur les plans national, régional et international.  La coopération internationale, a-t-il dit, doit être en phase avec la nouvelle réalité internationale.  Elle doit s’affranchir de l’héritage du passé, des calculs géopolitiques et des conditions rédhibitoires attachées à l’obtention d’un soutien.

L’Afrique, a-t-il estimé, doit être au cœur de la coopération internationale pour le développement afin d’aider le continent à s’affranchir de son passé colonial et à libérer ses énergies.  Le Maroc, a-t-il ajouté, lance un appel à l’ONU et aux institutions financières internationales pour qu’elles élaborent un plan d’action pour la transformation économique en Afrique et fournir des ressources pérennes pour son financement.

Le Maroc appelle également à ce que la paix et la stabilité soient placées en tête des priorités pour prévenir les conflits, faire face à l’extrémisme et au terrorisme et régler la problématique migratoire.  Ceci devrait se faire suivant une approche qui tienne compte de la dignité des immigrés et de la préservation de leurs droits fondamentaux, et qui s’attaque aux causes profondes de ce phénomène.

Selon le Maroc, ce sont ces mêmes principes et ces mêmes valeurs qui doivent régir l’action de la communauté internationale pour régler les conflits régionaux.  Le Maroc, a-t-il affirmé, refusera toute aventure irresponsable concernant le différend régional autour du Sahara marocain.  En conclusion, le Roi a exprimé son espoir de voir l’ONU poursuivre ses efforts pour régler les différends par des voies pacifiques, et à maintenir son engagement à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États comme moyen de réaliser la paix, la sécurité et la stabilité internationales.

M. LIONEL ZINSOU, Premier Ministre du Bénin, s’est félicité des dispositions pertinentes du Plan d’action d’Addis-Abeba en ce qu’elles offrent de nouvelles possibilités de coopération dans la lutte contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.  La lutte contre la corruption, à travers une entraide judiciaire coordonnée, permettra de juguler les effets néfastes sur la croissance économique et les investissements.  Le Gouvernement béninois déploie à cet égard d’intenses efforts pour éradiquer le phénomène de la corruption, a-t-il expliqué, citant en particulier la création de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption.

Le Bénin, a-t-il poursuivi, milite fortement en faveur de mesures politiques, économiques, juridiques et diplomatiques propres à prévenir et à éradiquer le fléau du terrorisme.  Il a indiqué que son pays entendait prendre une part active à la mobilisation régionale, aux côtés du Nigéria, du Niger, du Cameroun et du Tchad pour mettre un terme aux actes de violence meurtrière que constituent les enlèvements de masse, les assassinats, les attaques-suicide et les mariages forcés.

Par ailleurs, a-t-il dit, le Bénin exhorte à approfondir l’institutionnalisation des relations entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans une optique de consolidation du système de sécurité collective établi par la Charte des Nations Unies.

Pour M. GILLES TONELLI, Conseiller de Gouvernement pour les relations extérieures et la coopération de la Principauté de Monaco, les chefs d’État et de gouvernement ont adopté un accord historique avec le programme de développement durable dont les objectifs visent à éliminer la pauvreté et à rendre à chaque individu sa dignité, afin que tous puissent jouir de leurs droits et libertés fondamentales.  Le XXIsiècle doit concilier les attentes des peuples pour une justice sociale plus grande, une prospérité partagée et un environnement sain et respectueux des générations futures, a-t-il souligné.

Dénonçant le drame qui perdure en Syrie et les méthodes « barbares » des extrémistes qui se propagent en Afrique de l’Ouest et au Moyen-Orient, il a également condamné la destruction du patrimoine humain commun, tels les temples de Palmyre.  Par conséquent, Monaco soutient l’initiative du Secrétaire général, « les droits de l’homme avant tout », ainsi que son plan d’action relatif à la prévention contre l’extrémisme violent.  À cet égard, la Principauté met en œuvre les décisions du Conseil de sécurité sur le gel de fonds et les sanctions économiques appliquées aux personnes affiliées à des réseaux terroristes et renforce également un arsenal législatif dans le domaine de la sécurité intérieure et la lutte contre le blanchiment des capitaux provenant d’activités illicites, a souligné M. Tonelli.  Il a également plaidé en faveur d’une réponse multilatérale coordonnée aux flux migratoires de ces derniers mois en Europe et estimé que le Plan de l’Union européenne y apportait une réponse.  Le fondement de cette action collective doit être le principe de la responsabilité de protéger, a-t-il affirmé. 

Saluant également l’initiative « courageuse » de la France qui appelle à la suspension volontaire et collective par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité du veto en cas d’atrocités de masse, il a exprimé la reconnaissance de la Principauté à ceux qui promeuvent ces mesures concrètes et éthiques « pour renforcer l’efficacité du Conseil de sécurité » ainsi que le « Code de conduite » proposé par le Groupe ACT (Groupe Responsabilité, cohérence et transparence).

M. Tonelli a également appelé la communauté internationale à définir un nouveau cadre de déploiement humanitaire à même de répondre aux besoins croissants et complexes qui se multiplient, et d’en assurer le financement prévisible, tout en complétant l’opération par un effort de planification de développement à long terme.

S’agissant de la question des changements climatiques, Monaco attend la conclusion en décembre à Paris d’un accord ambitieux, universel et contraignant qui soit en mesure d’impulser la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone.  Pour sa part, M. Tonelli a rappelé que le Prince Albert II avait engagé la Principauté à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% à l’horizon 2030 par rapport à 1990.

M. ELMAR MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a affirmé que son pays, au cours des dernières années, avait accompli des résultats impressionnants sur de nombreux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier dans l’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim, de l’accès universel à l’éducation primaire et dans la promotion de l’égalité entre les sexes.

L’Azerbaïdjan adapte sa stratégie nationale de développement durable en intégrant les objectifs de développement durable contenus dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a indiqué le Ministre, soulignant les efforts entrepris par son pays dans les domaines des infrastructures énergétiques, des transports et des technologies de l’information et des communications.

M. Mammadyarov a déclaré, qu’hier, le Président de l’Arménie avait fait devant l’Assemblée générale une intervention marquée par des falsifications et de mensonges.  Il a affirmé que la communauté internationale se souvenait des massacres brutaux commis par les troupes arméniennes contre des civils azerbaïdjanais, ainsi que de la dictature militaire en Arménie qui a conduit à assassiner toute l’élite politique du pays et à tuer des manifestants pacifiques.

Le Ministre a indiqué que l’Azerbaïdjan rejetait catégoriquement la déclaration fallacieuse prononcée le 26 septembre par le Président arménien où il fait référence à la région azerbaïdjanaise occupée du Nagorno-Karabakh comme étant partie de l’Arménie.  Il est essentiel, a-t-il poursuivi, que les Forces armées arméniennes se retirent sans délai de ces territoires.  La région du Nagorno-Karabakh a toujours été et restera une partie inaliénable de l’Azerbaïdjan, a-t-il affirmé.  Le plus tôt l’Arménie se conformera à cette réalité, le plus tôt le conflit sera résolu, alors que les pays et les peuples de la région pourront bénéficier des perspectives de coopération et de développement économique, a souligné M. Mammadyarov.

M. JOSÉ MANUEL GARCÍA MARGALLO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération d’Espagne, a affirmé que l’ONU était une organisation forte, en faisant valoir la normalisation progressive des accords entre les États-Unis et l’Iran et entre les États-Unis et Cuba.  Il a en outre souhaité que le processus de décolonisation de Gibraltar s’accélère, appelant la partie britannique à faire preuve de bonne foi et d’ouverture face aux propositions de la partie espagnole.

Le Ministre a aussi souhaité que la COP21 de Paris, prévue en décembre prochain, permette de trouver des solutions concrètes pour faire face aux changements climatiques qui affectent le monde entier.  Il s’est félicité de la contribution de l’Espagne au Fonds mondial pour le développement durable.  Il a par ailleurs souligné que le XXIsiècle serait celui de la femme, annonçant également une allocation financière conséquente de son gouvernement pour un Fonds national pour l’égalité des chances. 

M. Margallo a ensuite rappelé que le terrorisme est l’un des fléaux majeurs de notre époque, notant que son pays en a durement souffert, notamment le 11 mars 2004 lorsque 190 personnes ont perdu la vie à Madrid en raison d’un attentat terroriste.  Il a également déploré les actions néfastes de Daech, appelant la communauté internationale à faire front commun contre ce groupe terroriste.  Il a annoncé que la Roumanie et l’Espagne militaient pour la création d’une « Cour pénale internationale contre le terrorisme », indiquant qu’il s’agirait d’un mécanisme international pour lutter contre le terrorisme en complément du travail de la Cour pénale internationale (CPI).

Le Ministre a, par la suite, prôné la mise en place d’un « pacte global » sur les migrations, placé sous l’égide des Nations Unies, et bénéficiant de la participation la plus large possible des pays d’origine, de transit et de destination des migrants.  Il a également plaidé pour une politique d’asile et d’intégration claire des réfugiés, en tenant compte de la dignité des migrants.  Il a noté que de nombreux migrants fuyaient les conflits, notamment en Syrie, où il a appelé à une réponse humanitaire urgente de la communauté internationale et à un soutien au processus politique engagé par l’Envoyé spécial des Nations Unies et de la Ligue des États arabes.  S’agissant de la Libye, il s’est prononcé contre une partition du pays qui serait à son avis une solution inimaginable, notamment avec « le risque de voir le drapeau noir de Daech flotter à quelques kilomètres des côtes européennes ».  Parlant de la crise en Ukraine, il a souhaité que les Accords de Minsk soient respectés afin que cesse « ce conflit d’un autre âge. 

M. SAMUEL RANGBA, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la Francophonie de la République centrafricaine, a relevé qu’en 18 mois de transition, des progrès considérables ont été réalisés.  Au plan politique il a noté qu’après la signature des Accords de cessation des hostilités à Brazzaville le 23 juillet 2014, des consultations populaires, organisées dans tout le pays, ont abouti à la tenue du Forum national de mai 2015, regroupant toutes les forces vives de la nation, y compris les groupes armés.  Il a indiqué que le processus électoral se déroule normalement et que le Gouvernement centrafricain s’est engagé à organiser les élections, conformément au chronogramme établi par l’Autorité nationale des Élections (A.N.E) qui a fixé les échéances à la fin du mois de décembre 2015.  « Ce processus est irréversible et la population centrafricaine est déterminée à aller aux urnes pour choisir démocratiquement ses dirigeants », a-t-il affirmé.

Sur le plan sécuritaire, M. Rangba a noté que depuis le déploiement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), le 15 septembre 2014, jusqu’aux derniers évènements survenus en fin de semaine dernière, la situation se normalisait progressivement sur toute l’étendue du territoire national, et la capitale Bangui commençait à reprendre ses activités économiques.  Toutefois, a-t-il déploré, la situation humanitaire est redevenue alarmante: depuis « cette date fatidique du 25 septembre 2015, le nombre de déplacés à Bangui se situe à 30 000 personnes, alors que le nombre de réfugiés est passé de plus d’un million de personnes en 2014 à environ 460 000 de nos jours.

Il a regretté qu’au moment où il aurait été possible d’annoncer aux Nations Unies les résultats encourageants du processus de la Transition, « les ennemis de la paix ont, une fois de plus, porté un coup dur au processus ».  Il a fait valoir que cette situation démontrait que la paix et la réconciliation restaient fragiles et exigeaient des actions plus vigoureuses et soutenues pour éviter que la RCA ne retombe dans un nouveau cycle de violence généralisée qui risque de remettre en cause tous les acquis de la transition.

Au vu de la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays, M. Rangba a demandé au Conseil de sécurité de « renforcer le mandat de la MINUSCA afin de mieux combattre les ennemis de la paix et redonner espoir au peuple centrafricain meurtri ».  Il a également demandé au Conseil « d’envisager l’allègement du régime de sanction à l’égard de l’État centrafricain, notamment en ce qui concerne la formation et l’équipement des forces de défense et de sécurité dans le cadre de la coopération bilatérale ».  Il a, dans ce contexte, estimé comme prioritaire l’accélération du processus de la réforme du secteur de la sécurité, du pré-DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) et du DDR, afin de « reconstituer une armée républicaine, multiethnique et représentative de toutes les régions du pays et capables d’appuyer les actions des forces internationales ».

Le Ministre a par ailleurs rappelé qu’en plus des groupes armés qui massacrent impunément la population civile, le pays fait aussi face, depuis plus d’une décennie, à l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony qui sème la désolation dans le sud-est du pays.  Il a indiqué que la porosité des frontières de la Centrafrique fait du pays un sanctuaire potentiel, sinon probable, du terrorisme, notamment de Boko Haram.  « C’est pourquoi le rétablissement de la sécurité et la restauration de l’autorité de l’État sur tout le territoire national constitue la priorité des priorités », a dit M. Rangba.

Il a en outre relevé que la Centrafrique, qui fait partie du bassin du Congo, participait ainsi à travers ses forêts à la préservation de l’équilibre écologique mondial.  Il a appelé à plus de soutien de la part de la communauté internationale pour aider le pays à mieux s’adapter aux effets néfastes des changements climatiques et plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif des différents continents et plus accessible aux pays du Sud.

Le représentant de l’Inde a pris la parole pour déplorer le fait que le Pakistan ait dépeint, la veille, une situation qui n’est pas vraie, soulignant que les territoires occupés dont a parlé le Pakistan sont occupés par cet État et non pas par l’Inde.  Il a également noté que les échanges de coups de feu entre les deux camps, sur la ligne de démarcation, ont éclaté du fait de la tentative de passage de terroristes venant du camp opposé.

Le représentant de l’Arménie a pour sa part réagi aux propos de son homologue de l’Azerbaïdjan en les qualifiant de « déjà vu », que les faits historiques laissent pourtant voir que c’est son pays qui avait été attaqué.  Il a invité les autorités de l’Azerbaïdjan à être ouvertes aux négociations et à ne pas agiter le spectre de la guerre.  

Le représentant de l’Azerbaïdjan a affirmé que le représentant de l’Arménie racontait des contes de fées, estimant que qui ne respecte pas les droits de ses citoyens et ne pourrait pas se permettre de parler de droits de l’homme.  Il a rappelé que son pays a demandé depuis longtemps des enquêtes sur tous les crimes de la région.

Le représentant de l’Arménie a souhaité que l’ONU prenne des mesures pour que des pays tiers cessent d’interrompre des réunions afin de porter des accusations fallacieuses à l’encontre de dirigeants d’autres pays.  Il a affirmé que certaines régions qui étaient peuplées d’Arméniens en sont dépourvues de nos jours, notamment après le conflit du Haut-Karabagh.

Le représentant de l’Azerbaïdjan a fait valoir que les propos du représentant arménien n’étaient pas fondés.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Unanimes pour renforcer la lutte contre la menace terroriste en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les États Membres sont cependant divisés sur la manière de régler le conflit syrien

7527e séance – matin & après-midi
CS/12064

Unanimes pour renforcer la lutte contre la menace terroriste en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les États Membres sont cependant divisés sur la manière de régler le conflit syrien

À l’instar du Secrétaire général de l’ONU, plus de 70 délégations, dont la plupart au niveau ministériel, ont souligné la nécessité de renforcer la lutte contre le terrorisme en s’attaquant, notamment, aux causes profondes de l’extrémisme violent, au cours d’un débat sur le règlement des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et la lutte contre la menace terroriste dans la région*, que présidait le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov.  Ils ont cependant affiché leurs divergences sur la manière dont les conflits qui déchirent plusieurs pays de ces deux régions, en particulier la Syrie, doivent être réglés.

« Les situations en Iraq, en Libye, en Syrie et au Yémen sont une préoccupation commune et leur résolution relève de notre responsabilité partagée », a affirmé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture du débat.  Face à « l’émergence de Daech et des autres groupes extrémistes » et à « la spirale négative » que connaît la région, M. Ban a demandé une application concrète de la Stratégie globale antiterroriste, tout en respectant les droits de l’homme.  « Nous devons prévenir l’extrémisme violent tout en prenant soin de ne pas prendre des mesures qui ne feraient qu’alimenter le ressentiment et l’aliénation sur lesquels l’extrémisme violent prospère », a-t-il affirmé.

Le Secrétaire général a également indiqué qu’il allait présenter aux États Membres un Plan d’action global qui « recommandera les moyens par lesquels les États Membres peuvent remédier aux causes de l’extrémisme violent aux niveaux global, régional, national et local ».  « Ce Plan exposera la manière dont le système des Nations Unies appuiera les États Membres par le biais d’une approche ‘ toute onusienne ’ basée sur la paix et la sécurité, le développement durable, les droits de l’homme et l’action humanitaire », a-t-il expliqué.

Cette approche a été appuyée par la grande majorité des États qui se sont exprimés aujourd’hui.  Rejetant l’idée que les différents conflits qui sévissent au Moyen-Orient opposeraient sunnites et chiites, le Vice-Premier Ministre de la Jordanie, M. Nasser Judeh, a ainsi affirmé que le premier front de la guerre contre le terrorisme se livrait sur le « plan intellectuel ».

Le Secrétaire d’État des États-Unis a prôné une approche globale en matière antiterroriste « visant notamment à lutter contre l’afflux de combattants terroristes étrangers et à battre en brèche les mensonges des groupes terroristes », tandis que son homologue du Tchad a défendu une coopération internationale antiterroriste plus robuste par le biais, notamment, d’un échange accru de renseignements.

Dans le droit fil de l’allocution du Secrétaire général qui a réaffirmé que les crimes graves commis en Syrie ne resteront pas impunis, le Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, M. Jose Manuel Garcia Margallo, a présenté la proposition, faite conjointement avec la Roumanie, de créer une « cour pénale internationale de lutte contre le terrorisme », qui n’interviendrait qu’en complément des juridictions nationales, lorsqu’un pays ne serait pas en mesure de poursuivre et de condamner des terroristes.  Il a également appuyé la désignation d’un Représentant spécial du Secrétaire général pour la lutte contre l’extrémisme violent.  Les pays ont, en revanche, exprimé des divergences sur les moyens de régler le conflit en Syrie, qui s’avère, de l’aveu du Chef de l’ONU, « le conflit le plus difficile à résoudre », un péril ne faisant qu’en entraîner un autre: « l’utilisation d’armes chimiques, l’ascension de Daech et d’autres groupes extrémistes, la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale et le déplacement de 8 millions de personnes à l’intérieur du pays ».

« Les forces de Daech ne pourront pas être vaincues si Al-Assad reste au pouvoir », a affirmé le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, qui a jugé  impossible que le Président syrien puisse mener un processus de réconciliation en Syrie.  Il a fait observer que M. Al-Assad n’avait pas cherché à contrecarrer les visées de Daech mais s’était, au contraire, concentré sur l’opposition syrienne. « Nous rejetons ceux qui pensent que le poison d’Al-Assad est le remède au mal qu’il a causé », a renchéri le Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni.  Ce dernier a également fait observer que l’intervention russe de ces dernières semaines avait redonné un « second souffle » au régime de Bachar Al-Assad, avant de rappeler que les premières frappes aériennes russes avaient débuté ce matin.  « Dans ce contexte, il est important que la Fédération de Russie puisse confirmer que son action militaire est bien dirigée contre Daech et les groupes extrémistes sur le terrain », a-t-il dit.

« Les forces armées iraquiennes et syriennes, les brigades de l’armée patriotique syrienne, et toutes les parties qui s’opposent aux actions de Daech doivent être soutenues dans ce combat », a affirmé le Ministre russe des affaires étrangères, qui a estimé que la menace la plus évidente était celle posée par Daech.  Il a assuré que la Russie était prête à « ouvrir des canaux de communication permanents » avec les forces de la coalition dans le cadre de leurs propres frappes.

« Ceux qui veulent combattre le terrorisme sur le territoire syrien doivent coopérer avec le Gouvernement syrien dont l’armée mène seule la bataille », a affirmé le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Syrie, M. Walid Al-Moualem, qui a applaudi l’initiative du Président russe d’appeler à une coalition internationale et régionale au sein de laquelle la Syrie serait une partie « essentielle ». 

Afin de relancer le processus prévu par le Communiqué de Genève qui, selon le Secrétaire général, doit être à la base d’une transition crédible en Syrie, le Ministre des affaires étrangères de la France a, de son côté, proposé la mise en place d’une large négociation sous le contrôle d’un groupe de contact dont le noyau pourrait être le P5 élargi à quelques partenaires régionaux clefs.

« Face à la barbarie sans limite de Daech », M. Laurent Fabius a également regretté que le Conseil de sécurité ait été malheureusement, le plus souvent, le « conseil de l’impuissance ».  Un constat partagé par le Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, M. Murray McCully, qui a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pas adopté, aujourd’hui, de résolution, « pas même de déclaration présidentielle ».

*S/2015/678

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Règlement des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et lutte contre la menace terroriste dans la région

Lettre datée du 1er septembre 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/678)

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que les conflits en Iraq, au Yémen et en Syrie se caractérisaient par les mêmes atrocités.  « Le conflit syrien, a-t-il dit, s’avère être le conflit le plus difficile à résoudre. »  Il a relevé qu’un péril en entraînait un autre: « l’utilisation d’armes chimiques, l’ascension de Daech et d’autres groupes extrémistes, la pire crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale et le déplacement de 8 millions de personnes à l’intérieur du pays ».

Le Secrétaire général a souligné qu’il était nécessaire de protéger les civils des violations massives du droit international humanitaire et réaffirmé l’obligation vis-à-vis du peuple syrien que les crimes graves commis ne restent pas impunis.  « J’appelle le Conseil à appuyer fermement les efforts de mon Envoyé spécial en vue de promouvoir une transition complète et crédible basée sur le Communiqué de Genève », a-t-il dit.  « Les situations en Iraq, en Libye, en Syrie et au Yémen sont une préoccupation commune et leur résolution relève de notre responsabilité partagée. »

Appelant de ses vœux une application concrète de la Stratégie globale anti-terroriste, le Secrétaire général insiste sur le respect des droits de l’homme et sur la nécessité d’éviter toute conséquence inattendue.  « Ce n’est pas suffisant de lutter contre le terrorisme, nous devons aussi prévenir l’extrémisme violent tout en s’abstenant de prendre des mesures qui ne feraient qu’alimenter le ressentiment et l’aliénation sur lesquels l’extrémisme violent prospère », a-t-il affirmé.

M. Ban a affirmé qu’il allait présenter aux États Membres pendant la présente session de l’Assemblée générale un Plan d’action global esquissant les voies qui permettront de travailler ensemble à cette fin.  « Ce Plan d’action recommandera les moyens par lesquels les États Membres peuvent remédier aux causes de l’extrémisme violent aux niveaux mondial, régional, national et local », a-t-il dit.  Ce Plan, a ajouté M. Ban, exposera la manière dont le système des Nations Unies appuiera les États Membres par le biais d’une approche « toute onusienne » basée sur la paix et la sécurité, le développement durable, les droits de l’homme et l’action humanitaire.  L’examen en cours des opérations de maintien et de consolidation de la paix souligne également la nécessité de remédier aux causes profondes, a-t-il affirmé.

Nous devons travailler ensemble pour arrêter cette spirale négative au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en utilisant à cette fin tous les moyens de l’ONU, a conclu le Secrétaire général.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé qu’il y a tout juste un an, le Conseil de sécurité s’était réuni au niveau ministériel pour examiner le problème que pose la présence des combattants terroristes étrangers dans les pays en conflits et, en particulier la Syrie.  Il a regretté qu’entretemps, « à tout point de vue », la situation se soit encore dégradée au Moyen-Orient, au point que l’on peut dire que « la carte dessinée par les anciennes puissances coloniales est en train de se désagréger ».  En Iraq, en Libye ou encore en Syrie, on a cherché à évincer des régimes jugés indésirables par certains sans réfléchir à des stratégies de long terme, a affirmé le Chef de la diplomatie russe, en rappelant que les « printemps arabes » ont rapidement laissé place à l’« horreur » et à une menace terroriste d’une ampleur sans précédent, avec pour visages ceux du Front al-Nosra, de l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) et, en Afrique, d’Al-Qaida, des Chabab et de Boko Haram.  La déferlante de réfugiés dans la région et en Europe résulte directement de ces tentatives de déstabilisation, a observé M. Lavrov.  « Il n’est pas possible de faire face à une telle crise de réfugiés sans réfléchir aux causes profondes du terrorisme », a-t-il tranché. 

La leçon principale à retenir aujourd’hui, c’est qu’il faut déployer des efforts collectifs et concertés avec l’assentiment du Conseil de sécurité.  Il nous semble que la menace la plus évidente est celle que pose l’État islamique.  Les Forces armées iraquiennes et syriennes, les brigades armées des forces patriotiques syriennes, et toutes les parties qui s’opposent aux actions de l’État islamique doivent être soutenues dans ce combat.  Il faut aussi intensifier le dialogue inter-syrien sur la base du Communiqué de Genève de juin 2012 et le soutien aux bons offices de l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura et, d’une manière plus générale, accompagner de manière inclusive le processus politique dans le pays.  Dans ce contexte, un rôle constructif revient à l’Union européenne et à la Chine « pour aider les Syriens à empêcher l’émergence d’un califat ».

Le Ministre a ensuite annoncé qu’il ferait circuler auprès des membres du Conseil un projet qui se fonde sur plusieurs décisions antérieures du Conseil.  « Nous comptons sur une discussion constructive autour de ce texte au cours du mois prochain », a-t-il souhaité.  Le 30 septembre, à la suite d’un appel de la Syrie, le Kremlin a autorisé des frappes aériennes contre l’État islamique, a précisé M. Lavrov, en assurant que la Russie était prête à « ouvrir des canaux de communication permanents » avec les forces de la coalition dans le cadre de leurs propres frappes.  Par ailleurs, a-t-il souligné, il est désormais indispensable d’inscrire l’État islamique sur les listes établies par les comités de sanctions du Conseil de sécurité.  Il a fait remarquer que les retards pris en ce domaine étaient « contreproductifs ».  Le Ministre a proposé l’élaboration d’une base de données qui reprenne toutes les informations relatives aux mercenaires qui prennent part à ces conflits.  Pour ce qui est de la prévention du terrorisme, il est important que les initiatives prises se fondent sur le droit international, a-t-il dit avant de conclure.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a qualifié de « grave » la situation au Moyen-Orient.  « Nous sommes réunis aujourd’hui non pas pour prononcer des paroles vides de sens mais pour réfléchir aux causes profondes des turbulences que connaît la région et mettre en place un cadre de paix acceptable par toutes les parties », a-t-il rappelé.

Seuls le dialogue et la promotion de l’amitié entre les peuples permettront, a-t-il dit, de résoudre les difficultés au Moyen-Orient.  Les religions devraient apprendre les unes des autres, a-t-il estimé, avant de prôner une politique de la tolérance.  Il a également souhaité que l’ordre régional soit façonné par les pays de la région sur la base de la Charte des Nations Unies.

La communauté internationale ne doit pas rester les bras croisés devant la crise en Syrie mais ne doit pas non plus intervenir de manière arbitraire, a souligné le Ministre.  Il a appelé les parties syriennes à trouver un terrain d’entente afin de s’accorder sur une solution qui convienne à la Syrie.  « Toutes les parties impliquées doivent être consultées », a-t-il suggéré.  Le Ministre chinois des affaires étrangères a émis l’espoir que toutes les parties se rallieront aux efforts de l’ONU en Syrie en vue d’une sortie de crise.  Il a également appelé de ses vœux une reprise des pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens.

En conclusion, le Ministre des affaires étrangères de la Chine a affirmé que la coopération mondiale antiterroriste devrait avoir notamment pour objectifs de prévenir l’extrémisme violent et de renforcer les échanges d’information tout en octroyant au Conseil de sécurité un rôle de premier plan.

M. NASSER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a déclaré qu’en raison de sa situation géographique, son pays était directement touché par l’instabilité au Moyen-Orient et ses conséquences.  Amplifiées dans le contexte des printemps arabes, les causes profondes des conflits dans la région résident, a-t-il estimé, dans la privation des droits des populations civiles.  Il s’est également appesanti sur le rôle joué, historiquement, par l’occupation illégale de Jérusalem-Est et de ses lieux saints, « dont le Roi de Jordanie est le gardien », a-t-il rappelé.  À l’origine de l’instabilité régionale, se trouve le sort réservé au peuple palestinien, que seule la création de deux États coexistant en paix et en sécurité dans des frontières légitimes pourrait changer, a estimé M. Judeh.

Pour son gouvernement, défaire les terroristes en Syrie, en Iraq et en Libye ne sera possible qu’en donnant vie à un processus politique inclusif auquel doivent prendre part toutes les parties concernées.  La Jordanie, a-t-il dit, rejette complètement l’idée que les différents conflits qui sévissent au Moyen-Orient seraient de nature sectaire, opposant sunnites et chiites.  « Pour nous, il ne s’agit pas d’une confrontation d’ordre religieux, ce qui rend la recherche d’une solution politique plus nécessaire que jamais. »  Dans son allocution à l’Assemblée générale, a noté M. Judeh, le Roi de Jordanie a aussi souligné que le premier front de cette guerre se livrait sur le « plan intellectuel ».  Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs attiré l’attention sur le fait que Jordanie accueille, à l’heure actuelle, près d’un million de réfugiés, en dépit de capacités limitées et de l’absence d’une aide de la communauté internationale.  « Nous devons tout mettre en œuvre pour faire appliquer les résolutions pertinentes du Conseil concernant la menace du terrorisme », a-t-il insisté en conclusion.

M. LAURENT FABIUS, Ministre des affaires étrangères de la France, a constaté que « Daech » demeurait une menace majeure, le groupe terroriste ayant, en Syrie, « prospéré avec la complicité de fait du régime de Bachar Al-Assad ».  Ajoutant que les flux des combattants étrangers n’avaient cessé de croître, M. Fabius a estimé que la solution militaire ne pouvait constituer, seule, une réponse suffisante.  Le Ministre français des affaires étrangères a ensuite donné la position de la France sur la proposition russe de former, en Syrie, une grande coalition contre Daech. 

Après avoir rappelé que la France « frappait » Daech en Iraq depuis plus d’un an, et en Syrie depuis quelques mois –des avions français sont intervenus contre un camp d’entraînement « où se préparaient des attentats contre notre pays »- M. Fabius a posé trois conditions à ceux qui voudraient se joindre à l’action en cours. 

« Ceux que nous devons battre ce sont les terroristes de Daech et les autres groupes radicaux qui veulent imposer leurs lois barbares, et évidemment par les forces de l’opposition modérée qui défendent leur vision, qui est aussi la nôtre, d’une Syrie unie, démocratique, respectueuse de toutes les communautés, face à cette forme de terreur que constitue la répression sanglante de Bachar Al-Assad », a-t-il ainsi souligné. 

Pour M. Fabius, il faut en outre qu’il soit mis fin aux violences qui alimentent l’extrémisme et le flot dramatique des réfugiés, 80% des 250 000 victimes du drame syrien et 80% des millions de réfugiés l’ayant été du fait des bombardements indiscriminés de Bachar Al-Assad.  « Le Conseil de sécurité doit, une fois pour toute, interdire l’usage en Syrie des bombardements aux barils d’explosifs et à la chlorine », a-t-il exhorté.  M. Fabius a par ailleurs insisté sur le fait que la lutte contre Daech passait par une transition politique « qui puisse redonner espoir au peuple syrien ». 

« Ce que nous devons rechercher figure noir sur blanc dans le Communiqué de Genève de juin 2013: un gouvernement doté des pleins pouvoirs exécutifs rassemblant à la fois des éléments du régime et des éléments de l’opposition refusant le terrorisme », a poursuivi le Ministre français des affaires étrangères.  Afin de relancer le processus prévu par le Communiqué de Genève, il a proposé la mise en place d’une large négociation sous le contrôle d’un groupe de contact dont le noyau pourrait être le P5 élargi à quelques partenaires régionaux clefs.

S’agissant de la protection des civils, M. Fabius a jugé nécessaire d’étudier toutes les propositions concrètes de création de zones de sécurité et de zones interdites au survol.  Abordant de nouveau la lutte contre Daech, il a mis en garde contre les fausses solutions qui ne feraient que prolonger le drame et aggraver la situation.  « Une coalition dont les bases mêmes interdiraient tout rassemblement des Syriens contre les terroristes, alimenterait en réalité la propagande de Daech et renforcerait son pouvoir d’attraction », a-t-il averti.  « Ce serait une faute morale et politique, que le peuple syrien, le Moyen-Orient, l’Europe et le monde paieraient pour des décennies », a encore estimé M. Fabius.

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a souligné les facteurs économiques et sociaux de la situation explosive que connaît le Moyen-Orient.  Cette situation, a-t-il affirmé, a été aggravée par les ingérences extérieures.  Il a rappelé qu’en Libye, l’Union africaine était sur le point de trouver une solution négociée mais n’avait pas été écoutée.  Le chaos qui s’en est suivi a des répercussions en Afrique mais aussi en Europe avec la crise des réfugiés, a estimé le Ministre.  Le transfert d’armes à des groupes non étatiques, a-t-il ajouté, est un autre facteur aggravant.

M. Mahamat a ensuite indiqué que le conflit israélo-palestinien était un facteur majeur d’instabilité dans la région, avant d’appeler le Conseil à exercer des pressions sur les parties afin de faire de la solution à deux États une réalité.

En Syrie, seule une solution politique remédiant aux causes profondes du conflit permettra de ramener la paix, a-t-il dit, en appelant de ses vœux une mise en œuvre du Communiqué de Genève.  En Libye, le Ministre des affaires étrangères du Tchad a plaidé pour une politique de réconciliation nationale afin d’éviter un effondrement du pays. 

Soulignant que la menace terroriste ne cessait de croître, M. Mahamat a enfin défendu une coopération antiterroriste plus robuste par le biais, notamment, d’un échange d’informations et qui assurerait un rôle de premier plan au Conseil de sécurité mais aussi aux acteurs régionaux, tels que la Ligue des États arabes.

Après avoir affirmé qu’il n’était pas permis de négocier avec des terroristes, M. JOSÉ MANUEL GARCIA-MARGALLO, Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a assuré qu’il faudrait renforcer la coopération internationale, en donnant à la société civile la place qui lui revient.  Il s’est pour sa part attardé sur l’enracinement de l’État islamique en Libye, que la guerre que s’y livrent deux factions a facilité, comme en Syrie.  Il a expliqué que l’Espagne s’était activement impliquée dans la lutte contre ce phénomène, notamment en organisant des réunions avec l’opposition syrienne à Cordoue et à Barcelone.  Au cours de la plus récente d’entre elles, pas moins de 28 pays de l’Union européenne et au-delà avaient participé, avec pour résultat des projets de renforcement institutionnel en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. 

Hier, a rappelé le Chef de la diplomatie espagnole, notre délégation a présenté, conjointement avec la Roumanie, un projet de création de « cour pénale internationale de lutte contre le terrorisme », qui n’interviendrait qu’en complément des juridictions nationales, lorsqu’un pays ne serait pas en mesure de poursuivre et de condamner des terroristes.  Il a saisi l’occasion pour rappeler également l’attachement de l’Espagne à la désignation d’un Représentant spécial du Secrétaire général pour la lutte contre l’extrémisme violent, qui serait chargé de coordonner les nombreuses initiatives prises à ce sens.  M. Margallo a en outre annoncé que le Club de Madrid se réunirait en octobre en présence de nombreux chefs d’État pour analyser le phénomène du terrorisme.  Avant de conclure, il a annoncé que, sous la présidence de l’Espagne, le Conseil de sécurité tiendra une réunion en application de la formule « Arria » sur les victimes de terrorisme.

M. LINAS LINKEVICIUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a déclaré que c’est la guerre menée par le Gouvernement syrien contre sa population qui est la cause de la prolifération de la violence extrémiste et du terrorisme dans ce pays.  Il a précisé que les Syriens constituent 70% des réfugiés qui traversent la mer Méditerranée.  Il a estimé que cette situation demeurait le résultat de l’échec du Conseil de sécurité.  Il a dit que ceux qui ont eu recours au veto au Conseil de sécurité portent la responsabilité des morts et des destructions en Syrie.  Dans ce contexte, il a salué l’initiative de la France relative à la restriction de l’usage du veto.  Il a exhorté le Gouvernement syrien à cesser de bombarder son peuple et à mettre en œuvre le Communiqué de Genève de 2012.  Il a regretté que certains critiquent la réponse de l’Europe face à la crise des réfugiés.  L’Europe, a-t-il assuré, fait beaucoup pour répondre à la crise syrienne de manière globale.  Il a espéré que le Conseil de sécurité appuiera le programme européen sur la migration adopté début 2015. 

Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères lituanien a appelé à ne pas oublier que l’agression russe contre l’Ukraine et l’annexion de la Crimée avaient causé des déplacements massifs et laissé 5 millions de personnes dépendre de l’aide humanitaire.  Il a indiqué que la récente décision de militants soutenus par la Russie d’expulser les institutions onusiennes et humanitaires de l’est de l’Ukraine ne fera qu’aggraver la situation humanitaire.  S’agissant de l’État islamique, il a souligné qu’il était nécessaire d’adapter nos réponses pour lutter contre cette nouvelle forme de terrorisme.  Pour en finir avec la menace du terrorisme, il faudrait éliminer ses sources de financement et d’approvisionnement.  Cela exige aussi, a-t-il dit, que l’on s’attaque aux causes du terrorisme telles que les injustices et les abus qui rendent les populations fragiles et vulnérables. 

Mme DELCY RODRIGUEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a déploré que la question palestinienne ne soit pas encore réglée.  Ce conflit politique, a-t-elle affirmé, découle de l’occupation illégale israélienne.  Elle a défendu la solution des deux États, laquelle, a-t-elle dit, débouche véritablement sur l’existence de deux États égaux.

Les groupes terroristes ne sont pas nés de manière spontanée, a-t-elle ensuite fait remarquer.  « Qui les finance?  Qui leur apporte un soutien logistique? » s’est-elle interrogée, en estimant que le Conseil devrait réfléchir à ces questions.  Mme Rodriguez a vivement critiqué les interventions impérialistes qui ont été menées dans la région.  « Quels sont les résultats en Iraq et en Libye si ce n’est la destruction d’États souverains? » a-t-elle voulu savoir, avant de demander si la communauté internationale voulait la même chose en Syrie.  Mme Rodriguez a souhaité une redéfinition de la géopolitique mondiale visant à promouvoir la tolérance et l’entente entre les peuples.  « Nous ne pourrons pas vaincre le terrorisme par une violence supérieure », a-t-elle soutenu.  C’est pourquoi, il est nécessaire de respecter les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale des États.  « Qui finance les groupes terroristes? » a-t-elle répété avant de conclure.

La Ministre a enfin demandé la fin de l’hypocrisie et du deux poids deux mesures si la communauté internationale veut véritablement éliminer la menace terroriste.  « Nous devons nous attaquer aux causes du terrorisme et non pas aux conséquences », a-t-elle dit, avant de critiquer vivement les pays dotés de puissantes armées qui soutiennent des occupations étrangères.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déploré que le Conseil de sécurité n’adopte pas, aujourd’hui, de résolution, « pas même de déclaration présidentielle ».  « Nous n’allons pas faire cesser les combats », a-t-il ajouté.  Pour M. McCully, cela symbolise « malheureusement » les disfonctionnements et le manque de confiance qui auront caractérisé l’attitude du Conseil de sécurité vis-à-vis de la crise syrienne et d’autres conflits faisant rage dans la région.  Il a exhorté les membres du Conseil à travailler ensemble à la résolution du conflit syrien, cela en privilégiant une approche pragmatique en vue d’imposer collectivement un processus de transition aux acteurs.  Le Ministre néo-zélandais des affaires étrangères a également souligné que les principes de la justice et du droit international devront s’imposer à tous les auteurs d’atrocités de masse.  Enfin, M. McCully a considéré que tant que le Conseil de sécurité sera incapable de parvenir à des compromis, de faire preuve de leadership et de faire l’objet d’une réforme approfondie, « nous continuerons de vivre dans un monde déstabilisé par les rivalités au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».

M. GEORGES REBELO PINTO CHIKOTI, Ministre des affaires étrangères de l’Angola, a attribué la montée de l’extrémisme au Moyen-Orient à l’ingérence étrangère et à l’appropriation d’armes par des acteurs non étatiques.  Pour sa délégation, l’extrémisme ne peut être combattu efficacement qu’en se lançant dans un « combat d’idées » contre l’intolérance et en adoptant des « politiques de dialogue et d’inclusion ».  Le « printemps arabe », dans un premier temps accueilli comme une période de changement et de démocratie, a eu pour corollaire la montée en puissance du terrorisme et l’émergence d’instabilités nouvelles, a estimé M. Chikoti. 

Ainsi, le chaos qui a prévalu en Libye a eu des conséquences humanitaires très graves puisque la porosité de ses frontières a facilité l’arrivée de migrants toujours plus nombreux, fuyant les dangers auxquels ils sont exposés dans leurs pays d’origine.  Il est évident que le terrorisme ne peut être vaincu qu’en s’attaquant aux idéologies extrémistes, à l’absence d’éducation et à l’analphabétisme, a assuré le Ministre.  Offrant son aide pour trouver des solutions constructives, le Chef de la diplomatie angolaise a souhaité que le Conseil de sécurité, divisé sur les moyens de rétablir la paix au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, montre l’exemple et réaffirme l’importance d’un règlement pacifique des conflits, comme le prévoit la Charte des Nations Unies. 

M. DATO’ SRI ANIFAH AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que l’intégrisme le plus pernicieux devrait être combattu par les armes mais aussi pour reconquérir « les esprits, les cœurs et les volontés ».  Il a ensuite indiqué qu’au plan national, la Malaisie avait intensifié ses efforts pour empêcher des cellules terroristes d’opérer sur son sol, en axant les efforts sur la lutte contre le recrutement et le financement.  M. Aman a par ailleurs attiré l’attention sur la nécessité d’intégrer aux législations nationales un volet consacré à la déradicalisation, le terrorisme ne pouvait, a-t-il dit, être vaincu uniquement par la force ou des mesures punitives.  À cet égard, il a expliqué que son pays encourageait le dialogue multiconfessionnel et la diffusion d’information claire et précise sur les divers enseignements religieux.  Le Ministre malaisien des affaires étrangères a également estimé que la lutte contre le terrorisme exigeait un réexamen objectif de la situation au Moyen-Orient, une région minée par les injustices et les violations flagrantes des droits de l’homme.  De ce point vue, a-t-il précisé, une solution juste et durable à la situation des Palestiniens doit être trouvée sans délai car, a-t-il prévenu, « l’occupation prolongée de la Palestine nourrit aussi le discours des extrémistes et contribue à la radicalisation ».

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a indiqué que le débat aujourd’hui n’avait pas trait aux objectifs poursuivis.  Nous sommes tous contre les groupes terroristes mais comment agir? a-t-il demandé aux autres délégations.

Il faudrait, a suggéré M. Kerry, adopter une approche globale en matière antiterroriste visant notamment à lutter contre l’afflux de combattants terroristes étrangers et à battre en brèche les mensonges des groupes terroristes.  Il faut faire plus car, a-t-il dit, les combattants étrangers sont encore trop nombreux à se rendre en Syrie et en Iraq.  Il a rappelé que si les jeunes de la région ne trouvent pas d’emploi, ils deviennent des proies pour les groupes extrémistes.  M. Kerry a également invité la communauté internationale à intensifier ses efforts pour mieux répondre à la crise humanitaire dans ces pays.

Le Secrétaire d’État américain a ensuite affirmé que les États-Unis appuyaient tout effort légitime visant à lutter contre Daech.  Si la Russie a pris des mesures pour vaincre cette organisation, alors nous sommes prêts à reconnaître ces efforts à condition que nous ne fassions pas d’erreur sur la nature de la lutte, a-t-il prévenu.  Cet appui ne signifie nullement un appui au régime d’Al-Assad, a précisé M. Kerry.  Il a ensuite exprimé la volonté de son pays d’avoir des entretiens avec la Russie sur les actions décidées par leurs deux pays pour combattre Daech en Syrie.  « Soyons clairs, les États-Unis et la coalition internationale continueront leurs frappes en Syrie », a-t-il dit, avant de passer en revue les succès engrangés par la coalition en Iraq.

M. Kerry a affirmé que les actions de la coalition suivaient des procédures bien établies et étaient fondées sur les dispositions de la Charte des Nations Unies.  En Syrie, la coalition a lancé 3 000 frappes aériennes contre Daech et va poursuivre ses opérations ciblées contre cette organisation afin qu’elle ne dispose pas de sanctuaires, a-t-il affirmé.

Jugeant que la situation en Syrie ne pourra pas être réglée par des moyens militaires, M. Kerry a insisté sur l’importance de parvenir à une solution politique.  Les forces de Daech ne pourront pas être vaincues si Al-Assad reste au pouvoir, a-t-il affirmé, avant de retracer la genèse du conflit syrien.  Les jeunes Syriens qui ont manifesté pour un avenir meilleur ont été battus et tués par les forces d’Assad, a-t-il rappelé.  Le Président syrien, a-t-il assuré, ne sera jamais accepté par le peuple syrien.  M. Kerry a jugé impossible que Bachar Al-Assad reste un dirigeant légitime et puisse mener un processus de réconciliation en Syrie.  « Al-Assad ne peut pas gouverner », a-t-il poursuivi, avant d’indiquer que les États-Unis étaient prêts à coopérer avec la Russie et l’Iran.  « Mais il faut reconnaître que l’on ne peut pas revenir à la situation qui existait avant le conflit. »

M. Kerry a affirmé que Bachar Al-Assad n’avait pas choisi de vaincre Daech.  Il n’a pas cherché à contrecarrer les visées de Daech mais s’est, au contraire, concentré sur l’opposition syrienne, a-t-il fait observer.  Le Secrétaire d’État américain a soutenu que le règlement de la situation en Syrie ne pouvait pas découler d’une solution militaire à laquelle participerait Bashar Al-Assad mais d’une transition négociée, conforme au Communiqué de Genève.  « Ensemble, nous pouvons porter un coup fatal aux terroristes », a lancé M. Kerry en concluant son intervention.

M. PHILIP HAMMOND, Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni, a rappelé que son pays faisait partie de la coalition regroupant 60 pays qui mène actuellement des frappes aériennes contre l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL).  Des succès ont déjà été obtenus, en particulier en Iraq, où l’expansion de ce groupe terroriste a été contenue, a-t-il fait valoir.  Par ailleurs, il a rappelé que son pays avait débloqué jusqu’à présent plus d’un milliard de livres sterling pour prêter assistance aux réfugiés syriens dans la région.  Consciente qu’une aide humanitaire ne peut être fournie indéfiniment, sa délégation s’est déclarée convaincue qu’il n’y aurait pas de solution durable en Syrie sans solution politique.  Mais il a écarté, comme son homologue américain, l’idée que Bachar Al-Assad puisse être partie à cette solution.  « C’est le régime de Bachar Al-Assad qui a donné lieu à la montée en puissance de l’EIIL.  Nous rejetons ceux qui pensent que le poison d’Al-Assad est le remède au mal qu’il a causé. »  Al-Assad demeure l’une des principales raisons pour lesquelles les combattants étrangers continuent de rejoindre les rangs de l’EIIL, qui se considèrent comme étant le rempart sunnite au régime d’Al-Assad.  La Syrie, a estimé le Chef de la diplomatie britannique, peut être un partenaire précieux si Al-Assad est remplacé par un dirigeant légitime, dans le cadre d’une transition politique qui permettrait d’entamer la reconstruction du pays, sous l’égide de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura.

Au cours des semaines écoulées, a poursuivi M. Hammond, la situation a évolué.  L’intervention russe a redonné un « second souffle » au régime de Bachar Al-Assad.  Mais de telles actions sont « incompatibles » avec une poursuite de la guerre contre l’EIL.  « Il ne s’agit pas d’un jugement moral, mais de pragmatisme », a-t-il lancé.  Ce matin, les premières frappes aériennes russes ont débuté, a observé le Secrétaire d’État.  Dans ce contexte, a-t-il estimé, il est important que la Fédération de Russie puisse confirmer que son action militaire est bien dirigée contre l’EIIL et les groupes extrémistes sur le terrain.  Revenant sur les propos de certains concernant la tenue d’élections, le Secrétaire d’État britannique a également rejeté cette idée, en affirmant que les conditions d’une telle élection n’étaient pas réunies et que seul le départ immédiat d’Assad était acceptable.  « La question qui se pose à ce Conseil, c’est de savoir si ceux qui ont une influence auprès de ce régime sont prêts à en user », a-t-il tranché avant de conclure.

M. HERALDO MUÑOZ, Ministre des relations extérieures du Chili, a déclaré que la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord était une source d’inquiétudes pour la communauté internationale, parce que l’action des groupes armés terroristes ne fait qu’aggraver le cycle d’instabilité et les tensions entre communautés.  L’expérience montre que le recours à la force peut réduire la capacité militaire des groupes terroristes mais ne peut faire obstacle à une plus grande diffusion d’une idéologie appelant à la violence et source de nouveaux recrutements, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, cette idéologie de terreur doit être combattue grâce à un partenariat fondé sur des valeurs communes qui aboutirait à l’adoption d’approches préventives multidimensionnelles.  Il a appelé à ne pas sous-estimer la capacité de voix de personnalités de la société civile à influencer les populations pour encourager le dialogue interculturel et interreligieux.  Soulignant les effets déstabilisateurs du groupe extrémiste EIIL, le Ministre chilien des relations extérieures a appelé le Conseil de sécurité à une action concertée et effective pour faire face à la crise humanitaire qui affecte des millions de Syriens et les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

Mme U. JOY OGWU (Nigéria), a rappelé que le conflit le plus ancien dans la région était le conflit israélo-palestinien.  Elle a exhorté les parties à faire preuve de volonté politique et à revenir à la table des négociations afin que la solution des deux États devienne réalité.  La brutalité des groupes terroristes exige que la communauté internationale s’emploie à les neutraliser, a-t-elle dit.  L’augmentation du nombre de combattants terroristes étrangers en Syrie et en Iraq est alarmante, a-t-elle dit.  Ces combattants terroristes étrangers posent une véritable menace pour les pays d’origine, de transit et de destination, a-t-elle prévenu.  En conclusion, la représentante du Nigéria a plaidé pour une coopération internationale renforcée, par le biais notamment d’un échange accru d’informations, afin de combattre la menace terroriste.

M. IBRAHIM AL-ESHAIKER AL-JAAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a déclaré que les attaques de Daech dans plusieurs gouvernorats du pays avaient provoqué le déplacement de plus de 2,5 millions de ses concitoyens.  « Nous faisons face à d’immenses défis en raison des attaques sauvages lancées par les combattants de l’État islamique » contre la population iraquienne.  Pour sa part, son gouvernement, a-t-il affirmé, œuvre à la promotion de la paix et de la stabilité et s’efforce de consacrer l’unité nationale face à l’extrémisme en Iraq.  Avec le soutien de la coalition internationale, les forces iraquiennes poursuivent leur lutte contre les terroristes qui occupent une partie du territoire, ce qui a conduit à leur défaite dans plusieurs localités, a assuré M. Al-Jaafari.  Mais, a-t-il prévenu, alors que l’an dernier, les combattants étrangers étaient originaires de 82 pays, ils affluent désormais de plus de 100 cette année, ce qui montre que le terrorisme est un phénomène qui se développe bien au-delà du Moyen-Orient.  Le Ministre a appelé en conclusion la communauté internationale à s’unir face à cette menace.

CHEIKH SABAH AL KHALED AL HAMAD AL SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, qui s’exprimait au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a condamné les agissements de groupes extrémistes qui sabotent les principes et les idées de base de la « tolérante charia ».  « L’islam est une religion de paix et d’amour qui appelle à la tolérance, la solidarité et la modération, et qui rejette tout fanatisme et extrémisme », a-t-il déclaré.  Le Ministre a également déploré l’intensification du phénomène de l’islamophobie dans les pays occidentaux, et dont souffrent des millions de musulmans vivant dans ces pays.  M. Al Sabah a également fustigé l’échec du Conseil de sécurité à résoudre les conflits et les graves crises politiques et sécuritaires au Moyen-Orient.  Faisant de la question palestinienne le centre du conflit israélo-arabe, il a affirmé que la situation dégradée du peuple palestinien avait créé un état prolongé de désespoir et de découragement dans la région.  « Nous exhortons le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités en assurant la mise en œuvre de ses résolutions relatives aux droits des Palestiniens à l’autodétermination et à l’établissement d’un État indépendant », a déclaré M. Al Sabah.

Qu’a fait le Conseil de sécurité, chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, pour combattre le terrorisme qui s’est propagé en Syrie et en Iraq et répandu dans beaucoup d’autres pays à travers le monde, a demandé M. WALID AL-MOUALLEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Syrie.  Qu’a-t-il fait pour mettre en œuvre ses résolutions et aider notre peuple qui paye le prix du sang et de la destruction?  Qu’a fait le Conseil face aux pays qui appuient, financent, arment, forment et abritent « Daech », le Front Al-Nosra et les autres groupes associés à Al-Qaida et facilitent leur départ en Syrie.  Le Conseil a tout simplement « rien fait », a répondu le Vice-Premier Ministre.  Quels résultats la coalition internationale menée par les États-Unis pour éliminer Daech en Iraq et le contenir en Syrie a-t-elle obtenus? 

Ces groupes terroristes augmentent en puissance, en force de frappe, en assise financière et en férocité et, ce, grâce à la protection de pays comme la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie et d’autres États occidentaux « connus de vous tous », a tranché le Vice-Premier Ministre.  Ceux qui veulent combattre le terrorisme sur le territoire syrien doivent coopérer avec le Gouvernement syrien dont l’armée mène seule la bataille.  Les opérations militaires du Royaume-Uni et de la France sont une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et des normes du droit international ainsi qu’une « agression flagrante » de la souveraineté syrienne, a accusé le Vice-Premier Ministre. 

Il a en revanche applaudi l’initiative du Président russe qui appelle à une coalition internationale et régionale à laquelle la Syrie serait une partie « essentielle ».  Nous exhortons, a dit le Vice-Premier Ministre, tous les pays de la région à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme et à se joindre à la coalition, comme moyen « préventif » de se protéger eux-mêmes.  « Je demande au Conseil de sécurité, a insisté le Vice-Premier Ministre, de rester du côté de la vérité et de mettre en œuvre ses résolutions pour empêcher les terroristes, qui affluent en Syrie, de créer ce qu’ils appellent un ‘ califat ’ qui, a prévenu M. Al-Mouallem, ne se limiterait pas à la Syrie ou à l’Iraq parce que leurs leaders ont répété à l’envi que leur objectif est d’étendre la Mecque à l’Europe. »  Si vous préférerez vous abstenir, alors les crimes brutaux que ce terrorisme commet ne s’arrêteront pas en Syrie, en Iraq ou en Libye.  Ils se propageront ailleurs et finiront par affecter ceux qui appuient le terrorisme aujourd’hui, a-t-il prévenu. 

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a estimé que les chefs d’État et de gouvernement, qui sont réunis cette semaine au Siège de l’Onu à New York, devraient saisir cette occasion unique pour faire preuve d’unité sur le dossier syrien.  « En dépit des différences entre les États-Unis et la Russie et les acteurs régionaux, nous partageons un intérêt commun dans le cadre du processus politique qui doit être mené à son terme avant l’effondrement des dernières structures étatiques en Syrie et avant que l’idéologie nauséeuse de l’État islamique ne gagne davantage de terrain sur les ruines de la société syrienne », a préconisé le Chef de la diplomatie allemande.  Il a ensuite plaidé pour que la résolution 2139 (2014) serve de base à ces discussions.  Le Conseil de sécurité doit également faire preuve d’unité en ce qui concerne la Libye et le Yémen, afin de donner un nouvel élan aux processus politiques en cours pour mettre fin aux conflits dans ces deux pays, a souligné le Ministre.  L’Allemagne, a assuré M. Steinmeier, est prête à appuyer les efforts qui seront déployés en ce sens.

M. SAMEH SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a appelé le Conseil de sécurité à intensifier ses efforts pour régler les conflits au Moyen-Orient.  Partageant l’analyse de la Fédération de Russie, il a souligné la nécessité d’identifier la nature et les causes profondes des conflits.  Revenant à l’année 2011, il a rappelé que certains avaient parié sur des courants qu’ils pensaient modérés mais qui se sont révélés être des courants extrémistes.  Rejetant la politisation de la religion, la société égyptienne a refusé de donner le pouvoir à une clique qui voulait soumettre les Égyptiens, musulmans comme chrétiens, a-t-il dit.  M. Shoukry a également souligné la nécessité de respecter la diversité des pays arabes.

La multiplicité des guerres agit comme un aimant qui attire les combattants terroristes étrangers, a-t-il déploré.  Pour remédier à cette situation et sortir de l’affrontement en Syrie entre gouvernement, opposition modérée et groupes terroristes, le Ministre a plaidé pour une « simplification » du conflit suivant deux fronts, le front de l’État et celui de l’opposition.  Concernant la Syrie, nous devons appuyer la création d’un front avec l’État syrien, sur la base du Communiqué de Genève, a-t-il affirmé en ajoutant, avant de conclure, qu’une logique similaire devait être suivie en Iraq.

Mme FEDERICA MOGHERINI, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a déclaré que la lutte contre le terrorisme et la recherche de solutions politiques aux crises, en particulier en Libye et en Syrie, devraient être menées de concert.  L’Union européenne, a-t-elle indiqué, a lancé des initiatives de déminage dans les zones libérées du joug de l’État islamique.  « La puissance militaire ne résoudra pas la crise en Syrie ou ailleurs, seul un processus politique y parviendra », a assuré la cheffe de la diplomatie européenne.  Aussi, a-t-elle estimé qu’il était temps de rassembler l’ensemble des acteurs syriens autour d’une table.  Seule une coopération intensifiée nous donne l’espoir de rétablir la paix en Syrie, en Iraq et en Libye, pays où un gouvernement d’union nationale devrait être formé dans les jours qui viennent, s’est-elle félicitée.  C’est la volonté politique qui fera la différence, a insisté Mme Mogherini.  « Comme le Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne l’a fait remarquer à l’instant, les éléments sur lesquels nous sommes d’accord sont suffisamment nombreux pour permettre de définir une position commune », a-t-elle estimé, en appelant le Conseil à faire preuve d’unité.

M. IVICA DAČIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a fait part de la détermination de son pays en faveur de l’éradication de la menace terroriste et de la promotion du dialogue au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Il a également appuyé les actions concertées décidées à cette fin sous l’égide des Nations Unies.  Son pays est déterminé à prendre toute sa part dans le règlement de la crise migratoire actuelle, a-t-il assuré, en précisant qu’il ne pouvait cependant endosser seul le fardeau de l’accueil des réfugiés.  « Depuis le début de cette année, plus de 170 000 migrants sont entrés en Serbie », a-t-il dit.

Le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a appelé de ses vœux la promotion d’une culture de paix, de confiance et de compréhension commune, citant ainsi l’exemple de son pays.  Les résultats peuvent être atteints grâce au renforcement de la tolérance et du dialogue régional, a estimé M. Dacić, en prévenant que la paix ne peut être instaurée par la force.

M. MOHAMMAD JAVAD ZARIF, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a réitéré son appel à un « Front uni contre l’extrémisme violent » et au Plan d’action global qui devrait en découler pour opposer un front culturel et idéologique à l’extrémisme, en s’attaquant aux facteurs tels que les dictatures, la pauvreté, la corruption et la discrimination, sans oublier l’islamophobie.  En vertu du Plan, les États s’engageraient à ne pas financer ou recruter les terroristes et faciliter les mouvements aux frontières.  Le Plan devrait aussi s’attaquer à l’occupation de la Palestine et aux atrocités israéliennes qui ont alimenté l’extrémisme et d’autres crises dans la région et au-delà.  Le Ministre s’est dit heureux de voir émerger une nouvelle appréciation de la réalité en Syrie.  Espérant ensuite que ceux qui se battent au Yémen finiront par réaliser qu’ils n’ont pas d’autre voie que celle du processus politique, le Ministre a en revanche regretté qu’« un ou deux voisins » de l’Iran continuent de nier la menace extrémiste, choisissant l’irresponsabilité et l’arrogance.  Le monde n’a pas encore oublié leur complicité avec Al-Qaida et les Taliban ni leurs propres crimes, sans compter ceux de Saddam Hussein.  C’est cela, a dit le Ministre, qui a contribué à l’émergence dangereuse de l’extrémisme takfiri.  Mais, a-t-il assuré, les Iraniens sont assez prudents pour savoir qu’il ne faut pas vivre dans le passé et qu’il faut s’engager dans un dialogue sérieux et dans la coopération régionale.  Nous espérons tout de même que « le ou les deux » voisins restés en marge reconnaîtront la réalité et répondront positivement à l’appel à une action responsable, au dialogue et à la coopération régionale, a conclu le Ministre. 

Pendant que les autres se torturaient les méninges pour comprendre la menace, la Turquie, a souligné son Ministre des affaires étrangères, M. FERIDUN SINIRLIOGLU, déployait déjà tous les efforts possibles pour contrer Daech.  Ne nous faisons guère d’illusion, a mis en garde le Ministre.  Daech n’est pas né soudainement pour se répandre comme un cancer dans la région.  Non, il a été aidé par le « régime totalitaire d’Assad » qui, dans un effort désespéré de se maintenir au pouvoir, a déployé tous les moyens en sa possession pour tuer, blesser, opprimer et terroriser son propre peuple.  En fait, c’est l’appui tactique et opérationnel du « régime terroriste d’Assad » qui a permis l’expansion rapide de Daech en Syrie.  Que les méthodes certes répréhensibles de Daech ne nous jettent pas dans la confusion.  La communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent s’attaquer aux causes du problème en Syrie et d’abord vaincre les organisations terroristes telles que Daech, le PKK et le DHKPC.  « Dans la lutte contre la terreur, il n’y a pas de place pour le relativisme moral. »

Il faut ensuite créer des zones sécurisées en Syrie à l’abri de Daech pour protéger les civils contre les attaques aériennes.  De telles zones pourraient « garder les Syriens en Syrie », déclencher les retours volontaires et encourager les gens à croire une nouvelle fois en un avenir stable.  Il faut aussi travailler à une solution au conflit qui réponde aux aspirations du peuple syrien et assure une transition politique bien menée vers une Syrie unie, démocratique, séculaire, non sectaire et multiculturelle, a dicté le Ministre. 

M. GEBRAN BASSIL, Ministre des affaires étrangères du Liban, a jugé que le système de sécurité collective établi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale n’avait pas apporté au Moyen-Orient la protection à laquelle il aspirait.  « Nous ne pourrons pas empêcher que la région ne sombre dans des luttes interconfessionnelles sans l’aide de la communauté internationale », a-t-il prévenu.  À l’instar de nombreux intervenants, M. Bassil a réaffirmé la primauté du dialogue pour résoudre les crises, citant en exemple la résolution de la crise entre Cuba et les États-Unis et l’heureuse issue du dossier nucléaire iranien.  Mais, dans tous les cas, notre action doit bénéficier à la fois d’une légitimité morale et politique.

M. PAOLO GENTILONI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a estimé qu’à ce jour, des progrès importants ont été réalisés contre Daech, grâce à la Coalition internationale.  Mais, il faut faire plus, a-t-il prévenu, non seulement sur le front militaire mais aussi sur le front politique, en sachant que le vide du pouvoir et l’instabilité politique forment le contexte idéal dans lequel Daech a montré qu’il pouvait s’épanouir.  La communauté internationale doit renforcer son appui à l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Steffan de Mistura, pour qu’il parvienne à une transition crédible et viable, conforme au Communiqué de Genève. 

Après avoir parlé de la situation en Iraq, en Libye et au Liban, et détaillé les efforts de son gouvernement dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, le Ministre s’est dit convaincu du rôle « crucial » du développement humain, de l’éducation et de la prospérité économique dans le maintien de la paix et de la sécurité.  En plus des liens économiques avec la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, l’Italie est déterminée à aider les jeunes générations et à les extraire des conditions qui les mènent à la radicalisation.  Tout en luttant contre Daech et toutes les organisations terroristes dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, nous devons, a conclu le Ministre, plaider pour le dialogue et la réconciliation, qui sont les principaux ingrédients de l’avenir pacifique de la région.  Seul un engagement déterminé à résoudre les conflits par la négociation et les moyens pacifiques peut apporter une solution durable à des problèmes apparemment insolubles. 

M. MOHAMED ELHADI, Ministre des affaires étrangères de la Libye, a souligné la nécessité de parvenir à une stratégie globale contre Daech.  Il s’agit d’un impératif pour prendre à bras le corps tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés en Syrie mais aussi dans les autres pays qui sont touchés par ce phénomène, à commencer par l’Iraq et bien sûr la Libye a-t-il ajouté.  Après avoir rappelé les récentes exactions de Daech dans son pays, M. Elhadi a indiqué que l’armée libyenne n’avait pas de ressources adaptées à cette menace diffusée, qui a frappé plusieurs grandes villes du pays.  Redoutant un scénario à la syrienne et à l’iraquienne, le Ministre a estimé qu’il incombait à tous de lutter contre l’infiltration des terroristes, dans les pays arabes comme dans les pays occidentaux.

M. NABIL ELARABY, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a affirmé que la Palestine subissait depuis 1948 le terrorisme d’Israël, « dont le Conseil a omis de parler aujourd’hui ».  Israël gagne du temps pour ne pas avoir à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité et accroître son emprise territoriale dans la région, a-t-il ajouté.  Pourquoi le Conseil n’agit-il pas contre les actions des forces israéliennes dans les lieux saints de l’Islam? a encore demandé M. Elaraby.  Sur la Syrie, il a considéré que c’étaient les manquements du Conseil qui avaient contribué à l’instabilité croissante dans le pays.  Le Conseil échoue à faire appliquer les accords internationaux en matière de paix et de sécurité, accords dont il est pourtant à l’origine, a déploré M. Elaraby.  Concluant son intervention, il a attiré l’attention sur le fait que, depuis 70 ans, le Conseil de sécurité ne s’était pas doté d’un règlement intérieur permanent.  L’exercice du droit de veto s’effectue donc dans un cadre mal défini, a-t-il estimé. 

M. KHALID BIN MOHAMMAD AL-ATTIYAH, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a prévenu que la politique de deux poids, deux mesures et les doubles critères faisaient naître une suspicion grandissante quant à la justice internationale, d’où la nécessité d’une réforme des Nations Unies, et en particulier du Conseil de sécurité.

Le Ministre a dénoncé l’impuissance du Conseil de sécurité à imposer la paix au Moyen-Orient, et notamment à régler le conflit israélo-palestinien, une telle impuissance constituant, à ses yeux, une menace.  Il est inacceptable que l’inaction se poursuive, a souligné le Ministre, estimant que toutes les lignes rouges avaient été franchies par Israël. 

L’impuissance internationale face aux crimes de guerre, de génocide et contre l’humanité en Syrie signifie l’écroulement du système international.  La communauté internationale doit prendre toutes les mesures de dissuasion pour mettre un terme à ce conflit, a-t-il insisté.

Relever les défis en Iraq requiert la participation de tous les segments de la société iraquienne, ce qui nécessite, a-t-il ajouté, la sécurité et la stabilité de la société iraquienne.

Après avoir jugé important de lancer un dialogue d’ensemble en Libye, il a observé que la révolte des factions contre le régime légitime au Yémen créait un environnement favorable au terrorisme.  Le seul moyen de mettre fin au conflit est d’aider le Gouvernement légitime et de se conformer à la résolution pertinente du Conseil de sécurité, a déclaré le Ministre qatari.

Mme VESNA PUSIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a déclaré que l’arrêt immédiat des violences et le rétablissement de la paix au Moyen-Orient doivent aller de pair avec la recherche de solutions de long terme, qui tienne compte des causes profondes du terrorisme et de l’instabilité dans la région.  En Syrie, les efforts des Nations Unies doivent porter sur la création de conditions propices à un règlement négocié de la crise, sur la base du Communiqué de Genève de juin 2012.  S’agissant spécifiquement de la crise des migrants, a suggéré Mme Pusić, il faudrait réfléchir aux possibilités de sécuriser à l’intérieur de la Syrie des zones dans lesquelles une partie des réfugiés syriens pourraient revenir s’installer, ainsi que les personnes déplacées à l’intérieur même du pays.  En Libye, l’ONU doit continuer d’appuyer le processus politique en cours, tandis qu’en Iraq, la communauté internationale doit rester engagée auprès du Gouvernement pour l’aider à mettre en œuvre les réformes nécessaires, a préconisé le Ministre.  S’agissant de l’État islamique en Iraq et au Levant, a-t-il ajouté, elle gagnerait à prêter assistance aux pays de la région pour les aider à développer des capacités antiterroristes, y compris en mobilisant la société civile, qui pourrait contribuer à la déradicalisation des jeunes, par exemple.

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a choisi d’examiner les causes profondes de la menace terroriste.  Tout d’abord, il a estimé que la montée en puissance des groupes terroristes ne saurait être séparée de leur contexte politique régional.  Par exemple, en Syrie, « nous devons combattre les terroristes sans faire le jeu du régime d’Assad ni oublier les crimes que ce régime commet au quotidien », a-t-il dit.  En Iraq, selon lui, « c’est le sentiment de marginalisation, de dépossession et d’humiliation des populations sunnites qui a fait le jeu des extrémistes ».

Parmi les causes profondes qui favorisent la radicalisation et le terrorisme, il y a l’absence de perspectives et d’opportunités économiques pour les jeunes, a indiqué ensuite M. Asselborn.  Les difficultés d’emploi qu’ils rencontrent sont « un terreau fertile pour la radicalisation ».  À ce sujet, le Luxembourg s’est engagé, avec l’appui de l’UNICEF, pour que le Programme de développement pour l’après-2015 tienne pleinement compte des besoins et du potentiel spécifique des enfants et des jeunes en général.  Enfin, il a estimé que la voie de la réconciliation et de la négociation entre Israéliens et Palestiniens « est le meilleur rempart contre le terrorisme ».   

M. IONNIS KASOULIDES, Ministre des affaires étrangères de Chypre, a estimé que la complexité des crises actuelles exigeait de renforcer les efforts multilatéraux et de s’attaquer aux causes profondes de la radicalisation: l’exclusion socioéconomique et politique, le chômage des jeunes et l’accès limité à l’éducation.  Il a ajouté s’agissant de la Libye qu’une fois le gouvernement d’unité nationale en place, l’ONU, l’Union européenne et les autres parties prenantes devront lui fournir un appui dans les domaines clefs de la sécurité et de la création des institutions.  Pour ce qui est de la crise syrienne, le Ministre a insisté sur le fait que le Communiqué de Genève demeurait la seule feuille de route susceptible d’activer un processus de transition politique « réaliste ».

Daech, a dit M. MIROSLAV LAJCÁK, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des affaires européennes de la Slovaquie, est une alternative de gouvernance « fausse, cynique et dangereuse », exploitant la peur et la violence.  Mais la réaction militaire n’est qu’un « fragment » de la solution et le reste doit consister en un engagement fort en faveur d’une meilleure gouvernance, meilleure que celle de Daech mais aussi meilleure que celle qui prévalait auparavant.  Nous ne pouvons pas laisser naître de nouveaux foyers d’instabilité dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.  Tous les acteurs, locaux et internationaux, doivent user de leur influence pour éviter l’escalade.  Nous croyons que la démocratie est le bon choix et que les transitions politiques doivent se faire de manière pacifique.  Au Moyen-Orient, le succès des transitions semblent requérir un appui international fort et consensuel.  Toute implication étrangère en faveur de l’un ou l’autre partie peut briser une confiance déjà fragile.  Le rôle du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme demeure crucial, c’est la pierre angulaire du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’Assemblée générale aussi a un « potentiel considérable » et la Slovaquie attend avec intérêt le plan d’action du Secrétaire général contre l’extrémisme violent et espère qu’il tiendra compte des nombreuses propositions intéressantes faites pendant les conférences régionales.

M. IYAD AMEEN MADANI, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a affirmé que son organisation faisait tout ce qui était en son pouvoir pour trouver des solutions aux problèmes que connaissent les régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.  Il s’est interrogé sur le rôle que peuvent jouer les mécanismes de paix et de sécurité internationaux et régionaux pour faire face aux défis d’aujourd’hui.

Les reliquats du colonialisme et des stratégies mal conçues de la guerre froide ont laissé le peuple palestinien souffrir des conséquences d’une occupation injuste et illégale, tandis que l’invasion de l’Iraq a dévasté la constitution sociale du pays, avec de graves conséquences régionales, a-t-il dit.

M. Madani a estimé que ceux qui considéraient l’islam comme une source de division et de violence ignorent tout simplement, a-t-il dit, l’histoire de la grande civilisation musulmane.  Au lieu de prendre en otage la région, il faut s’attaquer aux dimensions multiples de ses conflits et écouter ses populations, a—t-il poursuivi, avant de citer les initiatives de l’OCI.

M. DIDIER REYNDERS, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a salué le fait que les États soient unis dans la volonté commune maintes fois exprimée d’éradiquer le terrorisme.  Il a précisé que pour éradiquer ce fléau, il fallait également prendre des mesures « dans nos pays » pour tarir le flux de combattants étrangers.  Pour M. Reynders, il sera impossible de vaincre le terrorisme si les aspirations des populations ne sont pas prises en compte et si les droits humains ne sont pas respectés.  Le déchaînement de violence en Syrie nourrit le terrorisme comme la dictature qui massacre son peuple, a-t-il noté.  Plaidant pour la mise en œuvre du Communiqué de Genève prévoyant la mise en place d’un processus de transition politique, il a indiqué qu’il allait falloir négocier « avec le régime d’Assad comme avec les forces d’opposition », cela « parallèlement aux frappes militaires contre Daech ».

M. MAURO VIEIRA, Ministre des relations extérieures du Brésil, s’est dit las de la manière dont les règles sont déformées et réinterprétées et de l’invocation de droits exceptionnels pour justifier les interventions militaires.  Ces stratégies ont affaibli le système multilatéral et aggravé la situation sur le terrain.  L’Iraq et la Libye sont deux exemples flagrants de l’échec des approches fondées sur le cercle vicieux des menaces, des sanctions et de la violence, a souligné le Ministre.  Les interventions militaires, a-t-il estimé, ne conduisent qu’à l’affaiblissement des institutions publiques, à l’aggravation du sectarisme, au vide du pouvoir et à la prolifération des armes, ouvrant la voie à la montée des groupes radicaux.  Il est grand temps, a prévenu le Ministre, que le Conseil de sécurité fasse l’inventaire des tragédies que l’on aurait pu éviter et tirer les enseignements des erreurs du passé.  « Nous devrions tous montrer notre détermination à nous concentrer sur le dialogue politique et l’action préventive », a dit le Ministre.  Le recours aux sanctions et à la force devrait toujours être le dernier recours et rester conforme aux dispositions de la Charte.  Ce qu’il nous faut, c’est une meilleure diplomatie face aux nombreux défis que nous devons relever, a insisté le Ministre.  Pays de la plus grande population d’immigrés syriens au monde, le Brésil est prêt à assumer ses responsabilités diplomatiques et humanitaires.

M. ERLAN IDRISSOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a appelé les dirigeants israéliens et palestiniens à faire preuve de bonne volonté pour aboutir à un accord historique.  Concernant la Syrie, le Kazakhstan, a—t-il dit, appuie les efforts des Nations Unies, de la Ligue des États arabes, des États-Unis, de la Fédération de Russie et des autres parties prenantes, en estimant que la crise ne pourra être résolue qu’à travers un dialogue politique efficace entre les autorités syriennes et l’opposition en vue d’un avenir pacifique sans violence ni bain de sang.

Le Ministre, soulignant que son pays est convaincu que les dirigeants spirituels et religieux avaient un rôle important à jouer, a rappelé que celui-ci avait convoqué et accueilli le Congrès triennal des dirigeants du monde et des religions traditionnelles, qui constitue une plateforme pour le dialogue entre les leaders religieux et politiques pour la recherche de la paix.

M. NIKOLAOS KOTZIAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a affirmé à son tour que l’État islamique ne pouvait pas être vaincu uniquement par des moyens militaires.  Nous devons tarir les sources de financement des organisations djihadistes et démanteler leurs filières de recrutement, y compris celles qui prospèrent en ligne et à travers les médias sociaux, a insisté M. Kotzias.  Concernant la situation en Syrie, il a appelé la communauté internationale à travailler de manière collective et unie afin d’initier sans délais un processus de transition politique inclusif et réaliste.  La guerre en Syrie doit cesser, et le pays doit se retrouver autour d’une vaste alliance pour la paix qui, seule, redonnera l’espoir à la jeunesse syrienne et aux pays de la région d’un avenir meilleur, a conclu le Ministre grec des affaires étrangères.

M. KARL ERJAVEC, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a mis l’accent sur la prévention, laquelle passe par l’éducation et l’emploi, susceptibles de créer un environnement d’espoir, en particulier pour les jeunes.  Le Ministre a également insisté sur la notion de responsabilité, la Cour pénale internationale (CPI) ayant un rôle important à jouer dans la lutte contre l’impunité.  Il a appelé la communauté internationale à tout faire pour tenter de rétablir la paix au Moyen-Orient. 

M. M. ABDULLAH GHOBASH, Ministre adjoint des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a noté que l’idéologie et l’action terroristes s’étaient amplifiées au cours de ces cinq dernières années, en prospérant sur le vide politique de plusieurs pays du Moyen-Orient.  La paix et la sécurité pourront être restaurées dans la région lorsque la communauté internationale aura su régler les problèmes majeurs qui ont trop duré, comme ceux touchant à la question de Palestine, a-t-il estimé.  M. Ghobash a également appelé le Conseil de sécurité à répondre aux appels du Groupe des États arabes d’adopter une résolution demandant une reprise de pourparlers de paix directs et sérieux entre Israéliens et Palestiniens.  Concernant la crise syrienne, il a considéré que la création récente de quatre groupes de travail thématiques à l’initiative du Secrétaire général pourrait contribuer à l’atteinte d’une solution politique.  Enfin, après avoir noté que les interventions étrangères hier en Libye et aujourd’hui au Yémen « ne font qu’ajouter des tensions au conflit », il a déclaré que les organisations régionales devraient pouvoir participer pleinement aux processus de prise de décisions en matière de paix et de sécurité internationales.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et des affaires européennes de la Hongrie, a affirmé que le terrorisme était une menace devenue un aspect de la vie quotidienne en Europe.  Après avoir dénoncé les crimes commis par Daech, le Ministre a estimé que différentes mauvaises décisions de la communauté internationale avaient contribué à créer des zones de guerre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

L’Union européenne, a-t-il dit, est confrontée aujourd’hui à un problème de migration massive.  Il a estimé à entre 30 et 35 millions le nombre de personnes autour de l’Europe qui pourraient prendre la décision de quitter leurs foyers pour se mettre en route vers l’Europe, d’où le risque potentiel majeur de déstabiliser le continent. 

Il a mis l’accent sur la nécessité de faire davantage pour lutter contre Daech et veiller à ce que ce groupe ne puisse conquérir d’autres territoires et faire en sorte qu’il se retire de ceux qu’il occupe.  Il faut également déployer les efforts pour mettre un terme à la guerre et chercher une solution politique avec le plus large éventail de parties.

Si les relations entre la Fédération de Russie et la communauté transatlantique ne s’améliorent pas, la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord continuera de se déstabiliser, a-t-il également observé.

M. DIDIER BURKHALTER, Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a estimé que les mouvements massifs de réfugiés et le développement du terrorisme transnational appellent une réponse rapide et résolue.  « Mais il faut avant tout résoudre les conflits violents qui ont plongé la région dans le chaos.  Les blocages ont beaucoup trop duré.  Il est temps d’agir », a-t-il tranché.  En Syrie, un dialogue national doit être instauré pour préparer la fin de la guerre meurtrière que se livrent le gouvernement de Damas et l’opposition.  La Suisse soutient fermement les efforts déployés par l’Envoyé spécial de l’ONU pour encourager des discussions thématiques parallèles au sein des groupes de travail syriens créés pour aborder les principaux aspects du Communiqué de Genève de 2012.

Le Conseiller fédéral a soutenu par ailleurs la formation rapide d’un groupe de contact international chargé de soutenir la recherche d’une solution politique.  « La seule voie qui mènera à la paix est celle d’un dialogue inclusif associant le Gouvernement syrien et visant à définir les paramètres d’une transition dirigée », a assuré M. Burkhalter.  Un tel dialogue et des arrangements de partage du pouvoir ne sont pas seulement vitaux pour la Syrie, ils le sont également pour stabiliser l’Iraq et résoudre les conflits au Yémen et en Libye, a-t-il estimé.  Soulignant le rôle clef qui incombe à l’ONU dans la lutte contre le terrorisme, il s’est déclaré préoccupé par le manque apparent de coordination entre différentes actions militaires contre le soi-disant « État islamique », et il a demandé au Conseil de sécurité d’assumer sa responsabilité en conduisant les efforts visant à combattre le terrorisme et à rétablir la paix et la sécurité en Syrie.

M. DANIEL MITOV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a indiqué que son pays attendait avec impatience de découvrir le plan d’action du secrétaire général pour prévenir l’extrémisme violent.  Il a ajouté que la Bulgarie, après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2178 (2015), avait pris des mesures législatives spécifiques pour combattre le phénomène des combattants étrangers, l’accent étant mis sur la déradicalisation et le tarissement des sources financières des terroristes.

M. KRISTIAN JENSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a appelé à la mise en place d’une approche antiterroriste globale faisant intervenir les dimensions politiques, militaires et économiques.  Il s’est dit préoccupé par l’intervention russe de ce matin en Syrie: Daech était-il vraiment la cible? s’est-il interrogé. 

M. ABDELKADER MESSAHEL, Ministre des affaires magrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes de l’Algérie, a déclaré que la poursuite de la politique d’occupation, de colonisation et d’annexion des territoires palestiniens, « en violation flagrante du droit international », ainsi que les atteintes répétées par Israël à la mosquée d’al-Aqsa, alimentaient les frustrations au sein de la communauté musulmane.  Après avoir jugé que ces frustrations étaient récupérées par la propagande terroriste, il a indiqué que son pays était très préoccupé par l’aggravation de la menace terroriste, « du Moyen-Orient au Sahel en passant par la corne de l’Afrique ».  Dans ce contexte, il a plaidé pour la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et son adaptation régulière aux mutations rapides de la menace terroriste.  « Les solutions aux crises et conflits actuelles doivent être politiques », a également souligné M. Messahel, qui a demandé à la communauté internationale de renforcer les capacités institutionnelles, humaines et techniques des pays les plus durement touchés par le péril terroriste. 

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des relations extérieures de l’Uruguay, a recommandé que les réponses de la communauté internationale au terrorisme ne se concentrent pas uniquement sur l’application de mesures coercitives conformes au droit international, mais qu’elles tiennent également compte des facteurs structurels qui sont à l’origine du phénomène.  La pauvreté, le manque d’opportunités professionnelles, l’exclusion sociale, la xénophobie et la discrimination, ainsi que les défis qui se posent dans l’accès à l’éducation, créent un environnement favorable à la formation de nouveaux groupes terroristes et au recrutement.

Outré par les crimes commis par l’État islamique, le Ministre a demandé à la communauté internationale d’agir de toute urgence pour arrêter ce groupe terroriste.  Il a également condamné les attaques menées par Boko Haram contre les populations civiles, en particulier des femmes et des enfants, et souhaité que ces actes de barbarie ne demeurent pas impunis.  Pour sa part, a annoncé M. Novoa, l’Uruguay est en train de mettre au point une stratégie nationale contre le terrorisme qui devrait lui permettre de collaborer plus efficacement aux efforts internationaux en la matière. 

M. RETNO MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a considéré que les conflits doivent être résolus par une solution politique à travers la diplomatie, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Selon lui, il faut respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de tous les États, et s’attaquer aux causes profondes des phénomènes de l’État islamique et des combattants terroristes étrangers.  Tout en reconnaissant le rôle de la contrainte, il a préconisé une approche basée sur la conviction pour prévenir le terrorisme.

Pour sa part, a assuré le Ministre, l’Indonésie est engagée à s’attaquer au « cycle de la radicalisation », notamment à travers un dialogue interconfessionnel et en faisant en sorte que l’islam en tant que religion soit correctement enseigné.  Il a encouragé la participation des femmes et des mères, des modérés et de la société civile en général dans la lutte contre le terrorisme.  Enfin, il a souhaité que le rôle de l’ONU soit renforcé à cet effet et que des synergies soient établies avec des initiatives extérieures. 

M. BORGE BRENDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a rappelé qu’un contingent militaire norvégien était désormais pleinement déployé en Iraq, dans le cadre de la coalition internationale mobilisée contre l’État islamique.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, nous œuvrons à entraver l’accès de ce groupe terroriste à ses ressources financières et jouons un rôle actif dans le cadre des efforts internationaux pour lutter contre la radicalisation et l’idéologie pervertie de ces extrémistes.  « Il était clair dès le départ qu’en l’absence d’un processus politique en Iraq, Daech ne pourrait être défait.  Il est tout aussi évident qu’une réponse efficace exige des progrès crédibles vers la résolution du conflit qui fait rage en Syrie », a jugé le chef de la diplomatie norvégienne.  Il s’est félicité que les membres du Conseil soient désormais engagés dans des discussions sur les moyens d’y parvenir.

M. CARLOS RAUL MORALES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a invoqué l’expérience de son pays qui a vu à quel point le Conseil de sécurité peut échouer dans sa manière de s’attaquer aux racines des conflits, bien souvent, à cause de la sensibilité politique différente de ses membres.  Mais, a rassuré le Ministre, nous avons aussi vu des situations où il a été possible de mobiliser suffisamment de volonté politique pour faire les changements structurels nécessaires et combattre les fléaux qui ouvrent la voie aux conflits.  Face à la situation au Moyen-Orient, nous sommes clairement à ce moment où il faut mobiliser cette volonté politique et s’attaquer à ces questions épineuses qui contribuent à aggraver la menace terroriste, comme l’exclusion économique et sociale, les flux d’armes et les violations des droits de l’homme. 

Il est temps que la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, surmonte ses divergences et active les mécanismes qu’elle a à sa disposition pour réunir les parties au conflit et chercher de nouveaux moyens de réduire la violence, d’atténuer la souffrance des populations et de rétablir la confiance pour la reprise des négociations.  Le Conseil peut avoir une grande influence sur le cours des évènements mais au bout du compte, ce sont les parties elles-mêmes qui préservent la paix ou la restaurent.  Il faut aussi reconnaître que le nombre croissant des conflits sectaires et tribaux exige que l’on évalue le caractère adéquat des instruments dont dispose le Conseil.  « Nous devons en effet nous rappeler qu’il n’est pas possible de combattre le terrorisme par la seule force militaire. »  La légitimité des actions de l’ONU est « vitale », a soutenu le Ministre. 

Mme MARINA KALJURAND, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, s’est elle aussi dit convaincue que seule la coopération internationale est de nature à contrecarrer Daech, ajoutant que le terrorisme exigeait une réponse globale, unifiée et cohérente.  Il est également clair selon elle que la stabilité de long terme ne pourra être obtenue qu’en atténuant les tensions actuelles entre les différents groupes politiques, ethniques et religieux non extrémistes.  Que ce soit en Syrie, en Libye et au Yémen, a ajouté la Ministre, un élément clef pour venir à bout de Daech est la recherche de solutions politiques de long terme, sous l’égide des Nations Unies.  Quant à la lutte contre le terrorisme, a noté Mme Kaljurand, elle doit s’inscrire dans un cadre général, où toutes ses manifestations seraient combattues avec une même énergie, même si elles s’observent souvent dans des pays où l’islam est instrumentalisé à des fins terroristes.

M. TIMO SOINI, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a estimé que l’attention doit se porter sur les causes profondes des conflits.  Des millions de jeunes sont sans emploi et sans perspective d’avenir, et donc dans l’exclusion économique, sociale et politique.  Malheureusement, les organisations terroristes exploitent ce mécontentement et cette marginalisation pour servir leurs intérêts.  La démocratie, les droits de l’homme et le développement économique sont des éléments « fondamentaux » d’une société stable, a dit le Ministre.  Le mot clef est intégration, a ajouté celui dont le pays a parrainé la création du Réseau des pacifistes qui réunit des leaders religieux et traditionnels, hommes et femmes, autour des efforts de paix dans les zones de conflit.  Il faut aussi, a poursuivi le Ministre, une action décisive contre les groupes terroristes comme Daech et ce faisant, faire en sorte que les mesures antiterroristes soient conformes au droit international.  L’état de droit et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales sont des éléments « essentiels » de la lutte contre le terrorisme.  Les conflits ne naissent jamais dans le vide, a conclu le Ministre.  Le commerce des armes, licite ou illicite, est un aspect important.  Il a exhorté tous les États à adhérer au Traité sur le commerce des armes.

L’expérience nous a enseigné, a déclaré Mme HENRYKA MOSCICKA-DENDYS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne, que les peuples, qu’ils soient polonais, d’Europe centrale et orientale ou d’ailleurs, n’acceptent pas de vivre indéfiniment sous un régime totalitaire, en tolérant l’absence d’état de droit, en acceptant la brutalité et en renonçant à toute aspiration d’une vie meilleure.  Les révolutions arabes n’ont pas créé la menace terroriste mais elles ont en revanche créé un vide du pouvoir qui a donné lieu à des conditions favorables à l’extrémisme violent du terrorisme.  Comment faire pour désamorcer la situation, en tenant compte d’un certain nombre de facteurs externes et de leurs intérêts contradictoires? s’est demandée la Vice-Ministre.  Répéter à l’envi qu’« il faut trouver une solution politique » ne résoudra pas le problème ni d’ailleurs la réponse sécuritaire que d’aucuns semblent privilégier.  Ce qu’il faut, a suggéré la Vice-Ministre, c’est une réponse globale qui vise les causes profondes des conflits comme les inégalités socioéconomiques et l’incapacité d’exercer ses droits de l’homme.  Sans une solution globale et inclusive comprenant des éléments politiques et de développement, la paix ne sera pas possible. 

Mais il faut aussi mettre davantage l’accent sur la prévention du terrorisme, en inversant la courbe des recrutements par les groupes terroristes et en conséquence, en se concentrant sur l’avenir des jeunes générations.  La « déradicalisation » incombe d’abord et avant tout aux pays arabes et musulmans, a dit la Vice-Ministre en se référant aux propos et aux initiatives de la Jordanie.  Elle n’a pas voulu conclure sans parler de la destruction du patrimoine culturel mondial.  Elle a donc exprimé le ferme appui de son pays au Plan de l’UNESCO en Syrie et en Iraq, rappelant le soutien sans précédent de 137 États à la Déclaration conjointe que la Pologne a présentée au Conseil des droits de l’homme au nom d’un groupe interrégional.  Il faut une nouvelle stratégie pour renforcer l’action de l’UNESCO dans la protection de la culture dans les conflits armés, a-t-elle insisté.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a souhaité que le Conseil de sécurité avalise l’idée d’établir un groupe de contact international qui appuierait les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  Le but ultime, a-t-elle dit, est une transition politique véritable qui réponde aux aspirations du peuple syrien.  Elle a affirmé que le régime syrien pouvait participer à la lutte contre Daech et le terrorisme en s’engageant en faveur de la transition précitée et en cessant ses attaques contre les civils.  En Iraq, les efforts militaires et de stabilisation doivent être appuyés par un processus politique de réconciliation nationale, a-t-elle affirmé.

Mme Wallström a ensuite souligné la nécessité de remédier aux violences systématiques commises contre les femmes et les enfants.  « En faisant des femmes et des filles des esclaves sexuelles, a-t-elle soutenu, le régime syrien et les groupes terroristes tels que Daech ont commis des violations flagrantes des droits fondamentaux. »  Elle a également insisté pour que cette question reste inscrite à l’ordre du jour du Conseil.  Enfin, au-delà du combat contre Daech, elle a souligné la nécessité de répondre aux défis sécuritaires plus larges que connaît la région, au premier chef la revitalisation du processus de paix.

M. SEBASTIAN KURZ (Autriche) a appelé de ses vœux l’intensification de la lutte contre Daech et souligné la nécessité de stopper l’afflux de combattants terroristes étrangers.  Il a également rappelé que son pays faisait partie de la coalition internationale contre Daech.  « Nous pouvons changer les choses si les États-Unis et la Fédération de Russie sont déterminés à agir au sein de ce Conseil », a-t-il déclaré.  Le représentant de l’Autriche a affirmé que le récent accord sur le programme nucléaire iranien offrait une lueur d’espoir.  Ce qui a été possible pour le programme iranien peut également l’être pour le règlement du conflit en Syrie, même si cela sera difficile, a-t-il affirmé en conclusion.

M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a déclaré qu’au Moyen-Orient, le terrorisme était devenu à lui seul une arme de destruction massive.  Ce fléau détruit l’intégrité du système de sécurité collective, a-t-il asséné, en se déclarant convaincu que la seule option viable était d’agir au niveau du Conseil de sécurité.  Après avoir reconnu le rôle fondamental joué par l’ONU dans le cadre de sa Stratégie antiterroriste mondiale, M. Rybakov a indiqué que le Bélarus participait à la mise en œuvre des accords régionaux pertinents.  Par ailleurs, en janvier 2013, son pays avait organisé un séminaire sur l’application de la résolution 1540, relative à la prolifération des armes de destruction massive.  Affirmant qu’il n’était pas possible de rester un « simple spectateur » dans le contexte actuel, le Vice-Ministre a assuré que la contribution de chaque État importe dans ce combat.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a estimé que la plupart des conflits au Moyen-Orient, notamment celui qui sévit actuellement en Syrie, peuvent être vus comme des échecs de diplomatie préventive.  « Ce n’est pas pour critiquer les Envoyés de l’Organisation des Nations Unies et leurs équipes, qui font de leur mieux en dépit des circonstances particulièrement difficiles.  Le problème réel, c’est que la diplomatie préventive intervient souvent trop tard et manque des soutiens politiques et financiers nécessaires », a-t-elle déclaré.  C’est d’autant plus regrettable qu’elle peut porter ses fruits, comme en témoigne l’accord conclu sur le dossier nucléaire iranien.  Consciente des divisions du Conseil de sécurité sur des situations de conflit, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  C’est pourquoi, la Ministre a invité ses membres à adhérer au Code de conduite volontaire sur l’action du Conseil contre les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité ou les crimes de guerre, préparé par le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (ACT). 

Mme TZIPI HOTOVELY, Ministre adjointe d’Israël, a rappelé que son pays était cerné par les groupes terroristes, Hezbollah et al-Nosra au nord, Daech au sud du Sinaï et le Hamas à Gaza.  « L’un des plus grands défis est le fait que les groupes prônant la terreur exploitent et détournent souvent les principes du droit international afin de promouvoir leurs objectifs », a-t-elle dit, prenant comme exemple l’utilisation par le Hamas de boucliers humains.  Elle a affirmé que tel un « syndicat du crime », le terrorisme au Moyen-Orient ne serait rien sans son « parrain », l’Iran.  Revigoré par l’accord sur son programme nucléaire, a-t-elle soutenu, l’Iran n’a pas fait mystère pour mettre à profit l’allègement des sanctions afin d’augmenter son financement du Hezbollah et du Hamas.  « La terreur a deux objectifs, d’une part mutiler et tuer et, d’autre part, décourager », a-t-elle ajouté.  Mme Hotovely a souligné la détermination de son pays à jouer un rôle actif dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste globale de l’ONU.  « Comme l’a appris Israël au cours de sa longue campagne contre la terreur, la source ultime de notre capacité à la vaincre réside dans notre respect du caractère sacré de la vie humaine », a-t-elle assuré en conclusion.

M. ALBERT KOENDERS (Pays-Bas) a indiqué que son pays travaillait étroitement avec les 29 membres du Forum mondial de lutte contre le terrorisme qui a œuvré à l’adoption de la résolution 2178 (2014) sur les combattants terroristes étrangers.  À ce sujet, a-t-il précisé, 210 Néerlandais ont rejoint les rangs d’organisations terroristes à l’étranger.  Dans le cadre du Forum mondial, les Pays-Bas ont alloué 43 millions d’euros pour le renforcement des capacités de ceux qui luttent contre le terrorisme.  À cet égard, le représentant s’est dit convaincu qu’il est possible de combiner les exigences de la sécurité et du respect de la vie privée.

M. Koenders a regretté le manque de volonté politique sur le dossier de la Syrie, « même si le régime syrien a mené une horrible campagne de terreur contre son propre peuple et même s’il a favorisé la création de Daech ».  Il a déploré ces violations flagrantes des droits de l’homme et les abus commis contre le peuple syrien.

M. PETER VARGHESE, Australie, a affirmé que son pays avait étendu ses opérations aériennes contre Daech en Syrie, en s’appuyant pour cela sur les opérations déjà menées en Iraq.  Notre action vise notamment à mettre en échec la capacité de Daech à poursuivre ses opérations en Iraq en utilisant le territoire syrien, a-t-il dit, en ajoutant que cette action était conforme à la Charte des Nations Unies.  Soulignant l’intention de la Fédération de Russie de procéder à des frappes aériennes contre des cibles terroristes en Syrie, il a invité ce pays à concentrer ses frappes contre Daech, organisation qui pose la menace terroriste la plus grave en Syrie et en Iraq.  M. Varghese a enfin appuyé les efforts déployés par l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, M. Staffan de Mistura, en vue d’une transition politique négociée en Syrie.  « Toutes les options pour une telle transition doivent être envisagées », a-t-il dit avant de conclure.

M. GUNNAR BRAGI SVEINSSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, s’est livré à un rapide état des lieux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où les « printemps arabes » ont laissé place à un « véritable enfer », en particulier en Syrie, et conduit à la fragmentation de la Libye.  Simultanément, la Turquie, le Liban et la Jordanie sont confrontés à de gigantesques défis humanitaires que pose la présence des réfugiés toujours plus nombreux.  Pour sa part, l’Islande a consacré 16 millions de dollars à l’appui du travail fourni par les agences du système des Nations Unies auprès de ces populations déracinées, a indiqué le Ministre, avant de rappeler au Conseil de sécurité la responsabilité qui est la sienne de trouver un terrain d’entente pour mettre fin au conflit en Syrie.

M. ABDULAZIZ AL-AMMAR, Observateur permanent du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, a dénoncé l’occupation du Territoire palestinien, y compris Jérusalem-Est, qui a notamment « changé le statut juridique » de l’Esplanade des Mosquées.  « C’est pourquoi nous appelons le Conseil de sécurité à assumer, à cet égard, ses responsabilités », a-t-il déclaré.  M. Al-Ammar a ensuite blâmé le régime de Bachar Al-Assad pour la crise qui sévit dans son pays, rappelant que les États Membres du Conseil de coopération avait fourni, à ce jour, une aide d’un montant total de plus 3,4 milliards de dollars pour contribuer à l’accueil des réfugiés syriens.  Soulignant la nécessité de mettre en œuvre la résolution 2116 du Conseil de sécurité pour défaire Daech, l’Observateur a également plaidé pour la recherche d’une solution politique au conflit syrien.

Mgr. PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, a souligné l’acuité des besoins des 12 millions de Syriens qui ont besoin d’une aide humanitaire et dénoncé la destruction insensée du patrimoine culturel de la Syrie.  La résolution du conflit en Syrie, a-t-il souligné, doit être la plus haute priorité de ce Conseil et de toutes les autorités en Syrie et au Moyen-Orient.  Il a déclaré que toute solution durable aux conflits que connaît le Moyen-Orient doit reconnaître la dignité inviolable de la personne humaine.  Les terroristes ne doivent pas être autorisés à détruire des siècles de coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans dans la région, a-t-il affirmé.  En conclusion, M. Gallacher a cité les mots prononcés par le pape François la semaine dernière devant l’Assemblée générale: « la guerre est la négation de tous les droits de l’homme ».

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a indiqué que certaines dispositions des résolutions du Conseil relatives aux combattants terroristes étrangers s’appliquaient à la situation en Ukraine, compte tenu de la présence dans la région du Donbass de militants et d’éléments terroristes venant de Russie.  Il a ensuite appuyé les opérations militaires conduites par la coalition internationale contre Daech, pour autant qu’elles s’accompagnent d’une transformation politique positive de la Syrie.  « Combattre les activités des groupes terroristes est insuffisant si le problème des États qui les parrainent n’est pas réglé », a-t-il dit, en ajoutant que cela était vrai au Moyen-Orient mais aussi dans la région du Donbass, en Ukraine.  Il s’est dit très préoccupé par les informations en provenance de Syrie faisant état de victimes civiles en raison des frappes aériennes conduites par les forces russes.  En conclusion, il s’est félicité des déclarations des dirigeants de la coalition contre Daech, selon lesquelles une association plus étroite avec la Russie contre Daech se ferait au détriment de leurs positions vis-à-vis de ce pays en raison de questions qui se posent dans d’autres parties du monde.

M. SARTAJ AZIZ, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a jugé que la situation dans le Territoire palestinien occupé constitue la principale cause de l’instabilité au Moyen-Orient.  Nous devons expliquer pourquoi Daech est devenu le « monstre » qu’il est aujourd’hui.  Le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale auraient-ils pu faire davantage?  Oui, a répondu le Ministre.  Pour M. Aziz, l’extrémisme violent se nourrit d’un environnement de désespoir, qui pousse des gens à passer à l’acte.  Le Conseil de sécurité doit donc jouer pleinement son rôle pour veiller à ce que les peuples puissent réaliser l’autodétermination à laquelle ils aspirent, et la communauté internationale « gagner les cœurs et les esprits » pour que les individus puissent se voir offrir des perspectives optimistes pour l’avenir.

M. IGOR LUKŠIĆ, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, a indiqué que son pays souhaite accueillir en 2016 la Conférence annuelle sur les migrations en Méditerranée.  Les solutions politiques au Moyen-Orient doivent s’accompagner d’une aide humanitaire suffisante, a-t-il fait observer.  L’absence de ces éléments essentiels risquerait de mettre en danger la paix et la sécurité internationales, comme l’illustre le cas de la Syrie.  Il faut donc faire preuve d’unité pour mettre fin à la crise le plus rapidement possible, a demandé M. Lukšić.  Mais quand on parle de crises durables, on pense au conflit israélo-palestinien, qui est pour sa délégation la raison sous-jacente de la plupart des tensions existantes.  C’est pourquoi il faudrait ramener les parties concernées à la table des négociations, a estimé le Vice-Premier Ministre.  Il a indiqué en conclusion que son pays était plus que jamais disposé à mettre en œuvre la résolution 2178 (2015) du Conseil de sécurité, relative à la lutte contre le phénomène des combattants étrangers.

Même à la lumière de ces évènements tragiques, a estimé le Ministre, il y a des raisons de croire aux vertus de la diplomatie comme en attestent le Plan d’action conjoint sur le programme nucléaire iranien et les résolutions sur les armes chimiques en Syrie qui montrent que, quand la volonté politique existe, les accords sont possibles même sur des questions complexes et hautement sensibles.  L’efficacité et l’autorité du Conseil dépendent de la perception qu’a l’opinion publique de sa légitimité et de sa représentativité, a prévenu le Ministre.  Après 70 ans de travail, un Conseil réformé, avec de nouveaux membres permanents et non permanents, serait mieux positionné pour relever adéquatement les défis d’un monde multipolaire et conduire une nouvelle phase d’engagement diplomatique actif pour résoudre les différends.  Il suffit de regarder la situation en Syrie, en Palestine, en Libye et au Yémen pour se convaincre de l’urgence de la tâche, a conclu le Ministre.

M. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a affirmé que le régime d’Al-Assad ne pouvait pas faire partie d’une solution en Syrie car ce régime est de nature terroriste.  Les pays qui veulent combattre Daech ne peuvent pas simultanément soutenir le régime d’Al-Assad, a-t-il affirmé.  Il s’est ensuite dit très préoccupé par les opérations militaires conduites par la Fédération de Russie aujourd’hui à Homs, ville dans laquelle aucun élément de Daech n’a été recensé.  Au Yémen, il a vivement dénoncé l’appui iranien apporté aux Houthis, dont les menées menacent la sécurité du pays.  La résolution de ce conflit passe par un dialogue entre les parties yéménites conformément à la résolution 2216 (2015) du Conseil, a-t-il dit.  Enfin, le représentant de l’Arabie saoudite a regretté la politisation par l’Iran de la récente tragédie qui a endeuillé le pèlerinage à la Mecque.

M. ASOKE K. MUKERJI, Inde, a affirmé qu’il ne saurait y avoir de solution militaire en Syrie, avant d’appuyer les efforts déployés par l’Envoyé spécial de Mistura.  Il a résolument appuyé une solution négociée au Moyen-Orient débouchant sur un État de Palestine souverain, viable et indépendant.  M. Mukerji a exhorté les parties concernées au Yémen à résoudre pacifiquement leurs différends.  Il a ensuite déclaré que le règlement des conflits dans la région devait se faire dans le respect des prérogatives des autorités nationales.  Toute tendance interventionniste, sous couvert de préoccupations humanitaires, court le risque d’exacerber le conflit à l’intérieur et entre les pays, a-t-il dit.  En conclusion, il a appelé de ses vœux une réforme du Conseil afin de remédier à son inefficacité.

M. LAASSEL (Maroc) a déclaré qu’il n’était pas possible de parler de maintien de la paix et de la sécurité internationales sans évoquer la situation dans le Territoire palestinien occupé où, a-t-il dénoncé, de nouvelles violations ont été perpétrées par Israël sur l’Esplanade des Mosquées.  Il a donné l’assurance que son pays continuerait d’apporter son soutien au peuple palestinien dans ses efforts pour réaliser son autodétermination et accéder à son indépendance.  « Nous avons tenu une réunion, organisée par le groupe de contact de l’Organisation de la Conférence islamique, en marge du débat général de l’Assemblée générale », a déclaré le représentant et « nous avons adopté une déclaration condamnant fermement les actions des Forces de défense israéliennes ».  Le Maroc a ensuite dénoncé les crimes commis par Daech en Iraq et en Syrie, où cette organisation terroriste a fédéré plus de 25 000 combattants étrangers en provenance d’une centaine de pays, qui ont rejoint ses rangs, le plus souvent en faisant usage des réseaux sociaux et d’Internet.  Pour sa part, a ajouté le représentant, le Maroc a pris des initiatives pour contrecarrer un tel phénomène, notamment en intégrant les dispositions de la résolution 2178 du Conseil de sécurité à sa législation.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé l’annonce faite par le Premier Ministre, M. Shinzo Abe, concernant l’allocation d’une aide aux réfugiés syriens et d’Iraq d’un montant de 810 millions de dollars.  En outre, a-t-il dit, quelque 2,5 millions de dollars seront affectés aux pays européens comme la Serbie et Macédoine qui se sont engagés à recevoir des réfugiés.  Défendant la notion de sécurité humaine développée par la diplomatie japonaise, le représentant a souligné l’importance de s’attaquer aux causes sous-jacentes à l’instabilité, en particulier le manque d’opportunités économiques et sociales et les violences contre les communautés.  « L’histoire de Malala résume tout.  Comme elle, répétons que l’éducation est synonyme d’espoir, qu’elle est source de paix », a ajouté M. Yoshikawa.  « Le renforcement de la sécurité humaine dans les pays en crise dont nous débattons aujourd’hui, faciliterait l’atteinte de solutions politiques », a-t-il encore estimé.

M. KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) s’est déclaré sceptique à l’égard de l’approche unique qui prévaut au Conseil de sécurité lorsqu’il s’agit de résoudre les conflits.  La situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord révèle, selon lui, à quel point un engagement renouvelé de la part de cet organe est nécessaire auprès de toutes les parties prenantes et des organisations régionales concernées.  « La proximité des organisations régionales et sous-régionales sur le terrain permettrait au Conseil d’élargir son approche pour y inclure des éléments importants susceptibles de contribuer à la prévention des conflits, comme l’orientation culturelle, les préférences et l’expertise locales », a expliqué M. Mamabolo.

M. OH JOON (République de Corée) a estimé que les Nations Unies devraient intensifier leurs efforts afin de surmonter le statu quo qui prévaut actuellement dans le cadre du conflit israélo-arabe, identifié comme l’une des causes profondes de l’extrémisme violent qui sévit aujourd’hui à travers le monde.  « Tout d’abord, nous devons clarifier notre stratégie commune et nos priorités », a préconisé le représentant, pour qui Daech est la question la plus urgente à l’ordre du jour.  Ensuite, a poursuivi M. Oh, les transitions politiques au Yémen et en Libye devraient être « mutuellement » inclusives, loin de toute tentative de régler les conflits sur le plan militaire.  Il a aussi souhaité que les nouvelles menaces qui pèsent sur la région ne relèguent pas le conflit israélo-palestinien au second plan.  Enfin, rappelant que l’extrémisme violent constitue une véritable idéologie, M. Oh a rappelé qu’il ne pourra être défait que si les jeunes générations sont convaincues que ce sont bien nos sociétés libres et diverses qui dessinent la voie de la dignité humaine, de l’espoir et du bonheur. 

Reprenant la parole, le représentant de la République islamique d’Iran a rejeté les allégations « déplacées » et « hors-sujet » faites par le « régime israélien », en réaffirmant que l’occupation constitue la plus grave forme de terrorisme.  Il a accusé ce régime d’être responsable de crimes graves, y compris du déplacement de populations palestiniennes en détresse.  S’agissant des propos de l’Arabie saoudite, il a estimé que l’agression contre le Yémen a créé une « véritable plaie » dans la région, ouvrant la voie à la prolifération de groupes extrémistes.  « Nous n’avons pas non plus oublié le financement d’Al-Qaida et les crimes commis contre l’Iraq », a poursuivi le représentant, en déclarant l’Arabie saoudite responsable de la propagation du terrorisme dans la région.  Ce que nous demandons par ailleurs, c’est que les autorités saoudiennes s’acquittent de leurs obligations et qu’une enquête soit ouverte sur les causes de la tragédie qui a coûté la vie à des centaines de pèlerins, il y a quelques jours à la Mecque.

Le représentant de la République arabe syrienne a, lui aussi, dénoncé les propos du représentant de l’Arabie saoudite, qui cite la Syrie dans toutes ses déclarations.  Aujourd’hui, il a déclaré que nous aurions « dévié de la juste voie » et que le processus initié par la Russie en organisant le présent débat du Conseil risquait de nous détourner de la lutte contre Daech.  Au contraire, a soutenu le représentant syrien, nous savons quel rôle l’Arabie saoudite a joué dans l’émergence et le financement de groupes terroristes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débat général: les États Membres, à tour de rôle, insistent sur le succès d’initiatives multilatérales pour régler des conflits militaires ou des différends territoriaux

Soixante-dixième session
16e, 17e & 18e séances plénières , matin, après-midi & soir
AG/11694

Débat général: les États Membres, à tour de rôle, insistent sur le succès d’initiatives multilatérales pour régler des conflits militaires ou des différends territoriaux

Au deuxième jour de son débat général, l’Assemblée générale des Nations Unies a résonné des appels lancés par ses États Membres pour continuer de faire de l’Organisation, 70 ans après sa création, une enceinte où conflits militaires et différends territoriaux se règleraient de manière pacifique et négociée, en menant au besoin les réformes jugées nécessaires par plusieurs dirigeants, dont 27 chefs d’État et 6 chefs de gouvernement.

Dénonçant l’« annexion » de la Crimée et l’« occupation » du Donbass par la Fédération de Russie, le Président de l’Ukraine s’est ainsi prononcé pour une limitation progressive du droit de veto, prérogative des membres permanents du Conseil de sécurité, dont la Russie fait partie.  « Le droit de veto ne devrait pas devenir un acte de grâce et de pardon pour le crime commis, et qui pourrait être ‘tiré du chapeau’ dès qu’il s’agit de se soustraire à une sanction appropriée », a tranché le dirigeant ukrainien, après avoir fustigé l’opposition constante de la Russie à toute action du Conseil sur le dossier de l’Ukraine.

« Au cours de ces derniers jours, nous avons entendu des déclarations conciliantes de la partie russe, qui appelle à former une coalition antiterroriste et à prévenir les dangers de flirter avec les terroristes », a noté le Président ukrainien, qui a pu compter sur le soutien de plusieurs intervenants, dont le Président du Conseil de l’Union européenne.  « Comment mobiliser une telle coalition quand vous encouragez le terrorisme à votre porte? » s’est-il interrogé à la veille du débat thématique qu’organisera, sous la présidence de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité sur les causes profondes du terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et les moyens d’y remédier.  Tandis que le Président de la Roumanie se joignait à son homologue ukrainien pour soutenir la proposition franco-mexicaine de restreindre l’usage du droit de veto à la seule prévention des atrocités de masse, d’autres voix se sont fait entendre pour demander une réforme plus large du Conseil du sécurité, comme celle du Premier Ministre du Japon ou des Présidents du Malawi, de la Namibie et de la Sierra Leone.

La situation en Ukraine n’a pas été le seul différend territorial à s’inviter aujourd’hui à la tribune de l’Assemblée, puisque le Président de l’Arménie y a évoqué l’« épineuse » question du Haut-Karabakh, qui se trouve toujours dans l’impasse.  Pour lui, la seule raison réside dans la « politique agressive » de l’Azerbaïdjan voisin, qui aurait commencé à stationner sur ce territoire des armes lourdes et à commettre des actes de provocation, notamment en tirant sur les campements pacifiques établis à la « frontière commune » de l’Arménie et de la « République du Haut-Karabakh ».  De son côté, le Président de Guyana a accusé le Venezuela d’occuper une partie de son pays et de l’empêcher d’exploiter pleinement ses ressources naturelles depuis son accession à l’indépendance, en 1966.  Rejetant les « visées expansionnistes » vénézuéliennes sur « cinq régions » du Guyana, le Chef d’État a invoqué la Charte des Nations Unies et appelé aux bons offices du Secrétaire général pour dénouer cette situation de manière pacifique, en plaçant en l’ONU de « grands espoirs ».

À l’inverse, des exemples d’intégration régionale réussie ont été mis en avant, notamment par le Président du Tadjikistan, qui a déclaré qu’il comptait renforcer les relations de son pays avec l’Afghanistan, auquel la communauté internationale, a-t-il estimé, doit continuer de prêter assistance.  De son côté, le Président de la Mongolie a réaffirmé son engagement en faveur de la création d’un « Forum de l’Asie » pour promouvoir l’égale représentation des intérêts de tous les pays asiatiques, « grands ou petits ».

Toutefois, en 2014, pas moins de « 42 conflits armés ont éclaté ou se poursuivent dans le monde, faisant près de 180 000 victimes », a observé le Président de la Finlande.  L’ONU a été encouragée à s’ouvrir aux réformes proposées par le Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix, notamment par la Présidente du Libéria, qui depuis 2003 est le pays hôte de l’une d’entre elles.

« À l’âge de 70 ans, l’ONU a la sagesse de reconnaître ses erreurs et la force de les corriger », a assuré pour sa part le Premier Ministre de l’Italie, en réaffirmant la solidarité de son pays et de l’Europe en faveur des migrants qui fuient les théâtres de conflits, comme ceux qui font rage en Syrie ou au Yémen, dont le Président a lancé un appel vibrant pour fournir une aide humanitaire accrue à son peuple.

Dans un contexte où l’« inaction n’est plus de mise », la Roumanie a quant à elle annoncé, par la voix de son Président, une initiative conjointe avec l’Espagne sur « la création d’un tribunal international chargé de juger les crimes de terrorisme », tandis que le Premier Ministre du Japon a fait état d’un nouveau projet de résolution pour promouvoir une « action unifiée » de la communauté internationale sur l’élimination totale des armes nucléaires.

Porteur d’une « nouvelle historique », le Président de la Colombie a présenté l’accord conclu il y a quelques jours à La Havane, à l’issue de près de trois ans de négociations, et qui prévoit un « système de justice transitionnelle » pour garantir qu’aucun des délits les plus graves commis à l’occasion du conflit de son pays avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ne reste impuni.  « C’est la première fois dans l’histoire des conflits du monde qu’un gouvernement et un groupe armé illicite créent, aux termes d’un accord de paix, un système de justice devant un tribunal national pour les crimes internationaux et les graves délits », s’est-il félicité, en espérant que ce précédent servirait de modèle à d’autres situations de conflits armés.

Un esprit réformateur a également été invoqué dans le domaine du développement.  Ainsi, le Président du Rwanda a regretté les « hiérarchies » et « préjugés » qui minent la confiance nécessaire à une bonne coopération multilatérale.  Estimant que la notion de « légitimité politique » n’est pas suffisamment reflétée dans le Programme de développement durable pour l’après-2015 adopté vendredi dernier, il a rappelé que cet objectif-là n’était pas mesurable par des indicateurs: « Nous ne pouvons pas, a-t-il ajouté, exclure des membres de la communauté internationale en leur imposant des normes qui ne s’appliquent pas à eux ».

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/70/1)

Suite du débat général

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a remarqué que les progrès accomplis en matière de développement entraînent de nouveaux défis pour les pays en développement, notamment en matière d’environnement et de gouvernance.  La coopération est la seule voie viable, a-t-il souligné en s’adressant à la communauté internationale.  Il a jugé incomplet le nouveau consensus car, a-t-il dit, il ne contient pas de définition de la « légitimité politique ».  Celle-ci est pourtant nécessaire pour accompagner les efforts internationaux.  Il y a encore, a-t-il regretté, « des hiérarchies et des préjugés » qui minent la confiance nécessaire au fonctionnement d’une bonne coopération multilatérale.

Le Président du Rwanda a demandé de ne pas ignorer cette exigence de légitimité politique, un objectif que l’on peut d’ailleurs mesurer avec des indicateurs.  « Nous ne pouvons pas, a-t-il ajouté, mettre de côté des membres de la communauté internationale en leur imposant des normes qui ne s’appliquent pas à eux.  Après avoir cité le cas de la crise récente des migrations, il a appelé à adopter de bonnes politiques, c’est-à-dire des politiques qui aboutissent à des résultats pour les citoyens.  C’est une question de « dignité humaine » et de « survie des êtres humains », a-t-il rappelé.  M. Kagame a précisé qu’aucun pays n’avait le monopole de la sagesse et ne pouvait s’octroyer une supériorité morale.  Personne ne peut gérer le changement seul, a-t-il déclaré.  Se félicitant des « bons engagements » pris, il a lancé un appel pour qu’ils soient concrétisés.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président du Guyana, a placé son intervention sous le signe de la sécurité des petits États dans le système international, posant les questions de savoir comment les peuples de ces pays seront protégés d’une agression étrangère?  « Comment leurs territoires seront-ils préservés d’une invasion et comment l’indépendance des plus récents d’entre eux sera garantie? » s’est-il également demandé devant l’Assemblée générale.

Pour lui, la réponse tient à un engagement renouvelé de la communauté internationale sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et de sa Charte.  Rappelant que le 26 mai 2016, le Guyana fêterait le cinquantième anniversaire de son indépendance, M. Granger a déploré qu’au cours des cinq dernières décennies, son pays ait été empêché d’exploiter pleinement ses ressources naturelles par le Venezuela, « qui a menacé et dissuadé des investisseurs et contrarié notre développement économique ».  Depuis 50 ans, a-t-il poursuivi, le Venezuela occupe une partie de notre territoire, violant l’intégrité territoriale du Guyana.  L’incident le plus récent remonte au 10 octobre 2013, lorsqu’une corvette navale est entrée dans la zone maritime de notre pays pour en expulser un bateau qui conduisait des études sismiques, a précisé le Président.  Rejetant les prétentions du Venezuela sur « cinq régions » du Guyana, le Chef d’État a invoqué la Charte des Nations Unies, qui prévoit un règlement pacifique et négocié des conflits.

Affirmant que depuis 116 ans, le monde entier avait reconnu l’intégrité territoriale de Guyana à l’exception du Venezuela, M. Granger a dénoncé les visées expansionnistes de son voisin.  Mais il a aussi donné l’assurance que son gouvernement était engagé à continuer de faire des Caraïbes une zone de paix.  Il a réitéré que la « voie de la paix » serait la seule à être privilégiée.  Le Président en a donc appelé aux bons offices du Secrétaire général pour identifier des solutions dans le cadre de ce différend territorial.  « Les Nations Unies restent notre plus grand espoir », a conclu le Président.

« La Namibie est l’enfant de la solidarité internationale, et sa sage-femme a été l’ONU », a déclaré son Président, M. HAGE GEINGOB, qui s’est dit reconnaissant du soutien international dont son pays avait bénéficié sur la voie de l’indépendance.  « Avec l’aide des Nations Unies, nous avons fait preuve de patience dans les préparatifs permettant d’exercer notre autodétermination » et, aujourd’hui, la Namibie connaît la paix et la démocratie, a-t-il poursuivi.  Depuis son indépendance, son pays a toujours participé, « par une contribution cependant modeste », aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Revenant sur les 70 ans de l’ONU, M. Geingob a salué les progrès réels accomplis en termes de lutte contre la pauvreté, d’autonomisation des femmes, de promotion des droits de l’homme ou encore de décolonisation.  Pour lui, l’Afrique est en train « d’écrire sa propre histoire telle qu’elle est racontée par ses fils et ses filles », sous la houlette de l’Union africaine, en tournant la page des coups d’État pour s’engager sur la voie de la démocratie électorale.  La manière dont le récent coup d’état au Burkina Faso a pu être neutralisé illustre bien, selon lui, la politique de tolérance zéro de l’Afrique face à ceux qui saisissent le pouvoir par des moyens illégaux.  Il a mis l’accent sur l’importance des processus, systèmes et institutions pour accompagner les démocraties électorales et pour faire en sorte que ceux qui perdent par les urnes acceptent les résultats.  Pour cela, l’indépendance des commissions électorales est cruciale, a-t-il souligné, en précisant qu’il faudrait veiller à ce que les systèmes gouvernementaux continuent de fonctionner même si le pays se trouve dans une impasse politique.  La Namibie s’est engagée sur cette voie et est aujourd’hui classée à la sixième place en termes de bonne gouvernance en Afrique et à la septième place en tant que pays « propre ou non polluant », a précisé le Président Geingob.

Toutefois une démocratie électorale sans démocratie économique n’est pas viable « parce que les gens ne mangent pas la paix, la sécurité et une bonne constitution ».  La Namibie connaît encore des inégalités sociales énormes et un problème de logement, a reconnu le Président Geingob dont le Gouvernement, a-t-il rappelé, avait déclaré, en mars dernier, « la guerre à la pauvreté ».  À ce titre, l’un des meilleurs moyens de lutte est, selon lui, l’autonomisation des femmes.  La Namibie est en bonne position en termes d’égalité de genre et de chance avec 47% de femmes qui siègent au Parlement et une femme Premier Ministre ainsi qu’à d’autres postes de ministre, s’est félicité M. Geingob.

Abordant la question épineuse de la distribution des richesses dans le monde, il a demandé de faire preuve de prudence dans la « classification arbitraire de pays sur la base du revenu (PNB) », qui est utilisée par la Banque mondiale, le FMI et les Nations Unies, et qui ne reflète pas, selon lui, la justice car elle ignore les inégalités dans la distribution des richesses et des opportunités au sein du pays et a un effet négatif sur la mobilité sociale.  La Namibie a été « l’une des victimes de cette approche », et a ainsi été classée à tort comme pays à revenu moyen supérieur sans tenir compte du fait que les richesses du pays étaient restées aux mains d’une minorité blanche, et que la population noire vivait en marge de ce processus, a expliqué M. Geingob.  Cela lui a valu des difficultés d’accès aux financements internationaux de son Programme national de développement.  Il espère qu’avec l’adoption du nouveau Programme pour le développement durable, aucun pays ne restera en marge de ce processus et lance un appel à un engagement commun pour la paix dans le monde.  La Namibie souhaite en outre une réforme de l’Organisation des Nations Unies, en particulier de son Conseil de sécurité où elle soutient la position de l’Afrique qui demande une représentation équitable au sein de cet organe.

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a déclaré que l’accroissement du nombre des conflits armés et des actes de terrorisme, les crises alimentaires, énergétiques, financières et économiques, la dégradation de l’environnement, les changements climatiques, la propagation de maladies contagieuses nous demandent une réponse concertée et complète.  Dans ce contexte, les Nations Unies restent la plateforme clef pour la réalisation de consensus sur les questions de sécurité internationale et de développement, et aussi pour la coordination des actions conjointes de la communauté internationale.  La lutte contre le terrorisme international et l’extrémisme est devenue la principale priorité.

Il est nécessaire de développer des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux visant l’élimination des infrastructures militaires, les réseaux de financement et d’appui logistique, le recrutement, la propagande de la violence, et l’utilisation des technologies modernes d’information et de communication pour le terrorisme.  Il est important qu’à travers des efforts conjoints, les pays explorent les voies permettant d’éliminer la pauvreté, de faire face aux impacts négatifs de la mondialisation, prévenir et résoudre les conflits régionaux. 

Il est aussi important de renforcer le dialogue interculturel et interreligieux, la confiance mutuelle et la tolérance.  C’est dans notre intérêt commun que les États Membres mettent en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité pour combattre efficacement toute forme et manifestation du terrorisme, y compris l’utilisation de l’Internet à des fins terroristes. 

La lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée devrait devenir une prévention du commerce illégal de stupéfiants, qui a augmenté d’année en année, et souvent l’argent gagné dans ce trafic a servi à financer des actes de terrorisme et des activités de la criminalité organisée.  À cet égard, la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les stupéfiants, en 2016, offrira une occasion non seulement pour examiner et mettre en place une déclaration politique et un plan d’action mais aussi pour développer des nouvelles mesures efficaces pour combattre ce fléau.

Le Président a ajouté que le Tadjikistan compte développer ses relations avec l’Afghanistan et a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts du gouvernement afghan à réaliser la paix et la stabilité en faisant face aux problèmes économiques et sociaux, en continuant le processus de réconciliation nationale et le dialogue, et en impliquant le pays dans la coopération régionale.  Concernant les changements climatiques, le Président a estimé qu’il était important de réexaminer les pratiques actuelles sur la gestion et l’utilisation des ressources en eau afin d’assurer non seulement une adaptation adéquate aux changements climatiques mais également à la croissance démographique et économique dans le monde, ainsi que la rareté des ressources en eau.

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, s’est appesanti sur les crises en Syrie, en Iraq et dans certaines parties de l’Afrique du Nord, qu’il a qualifiées d’« extrêmement dangereuses », et qui sont à l’origine d’une « catastrophe humanitaire sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale ».  En raison de cette multiplication de guerres et de conflits, nous sommes confrontés à une nouvelle ère en matière de migrations, comme en témoigne le chiffre terrifiant de 60 millions de réfugiés, a-t-il constaté.  « Bien que les pays voisins subissent le fardeau le plus lourd, la crise des réfugiés résulte de graves tensions politiques en Europe.  Pour sa part, a assuré M. Niinistö, la Finlande accueille un nombre proportionnellement très élevé de demandeurs d’asile.  Il a estimé qu’on ne règle pas le problème en refusant de les aider.  Au contraire, nous devons trouver des moyens plus efficaces et durables d’aider ceux qui ont besoin d’aide.  Résoudre le conflit en Syrie et ailleurs est essentiel pour toute solution durable », a estimé le Chef de l’État finlandais.  La communauté internationale, a-t-il insisté, doit continuer de réfléchir à une solution politique à la crise syrienne.

M. Niinistö a ensuite regretté que le conflit en Ukraine n’ait pas été résolu, bien qu’un accord ait été approuvé à cette fin.  « Nous saluons les mesures prises dans la mise en œuvre de l’Accord de Minsk.  Toutes les mesures illégales comme l’annexion de la Crimée ne peuvent et ne doivent pas être reconnues », a-t-il souligné.  Ces conflits au Moyen-Orient et en Europe orientale ne sont pas les seuls, a poursuivi le Président, en rappelant que l’an dernier, 42 conflits armés avaient fait rage dans le monde, faisant près de 180 000 victimes.  La Finlande, a-t-il dit, adhère à l’idée de réfléchir aux moyens d’adapter l’architecture du maintien de la paix des Nations Unies à des théâtres d’opérations toujours plus complexes.  C’est la raison pour laquelle il a salué le rapport produit par le Groupe d’experts présidé par M. Ramos-Horta, qui met l’accent sur la recherche de solutions politiques.  Le Président de la Finlande a rappelé que son pays était, historiquement, le deuxième contributeur européen le plus important de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec un total de 50 000 hommes et femmes depuis la création de l’Organisation.  Se félicitant de l’adoption des objectifs de développement durable (ODD), le Chef de l’État a souhaité, avant de conclure, que des femmes se portent candidates au poste de Secrétaire général. 

M. TSAKHIAGIIN ELBEGDORJ, Président de la Mongolie, a indiqué que les 70 dernières années étaient les meilleures que l’humanité a connues, grâce notamment à l’ONU et à l’émergence d’une nouvelle génération.  Estimant que l’humanité n’avait pas le droit d’échouer, il s’est félicité de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qu’il a qualifié d’historique.  « La famille des nations a besoin d’un mécanisme robuste, inclusif et ouvert afin d’avancer les nouveaux objectifs de développement durable », a-t-il dit.

Le Président de la Mongolie a ensuite passé en revue les progrès enregistrés par son pays au cours des 25 dernières années, expliquant ainsi que l’espérance de vie des Mongols avait augmenté de sept années et que le PIB avait été multiplié par 20. « Mon pays, en une seule génération, est passé pacifiquement de l’un des régimes les plus isolés et fermés du monde à l’une des démocraties les plus ouvertes et les plus vigoureuses ».  M. Elbegdorj a également détaillé la contribution de son pays au « bien-être mondial » en assurant qu’à ce jour, 14 000 Casques bleus mongols avaient servi à travers le monde.

La Mongolie est un pays non aligné, « un honnête courtier » qui promeut la paix et la sécurité, a-t-il dit, en ajoutant que son pays avait avancé l’idée de créer le « Forum de l’Asie » qui vise à promouvoir l’égale représentation des intérêts de tous les pays asiatiques, « grands ou petits ».  Déclarant que son pays était pour la première fois candidat au Conseil des droits de l’homme, le Président de la Mongolie a réaffirmé son engagement en faveur de la promotion des droits de l’homme et souligné sa volonté de partager les enseignements tirés de la transition démocratique de son pays.

En conclusion, M. Elbegdorj s’est dit convaincu que les Nations Unies resteront au cœur de notre commune humanité.  « Leur mission découlera d’une nouvelle et plus profonde conscience du caractère sacré et de la dignité de chaque vie humaine », a-t-il dit, en espérant que les 70 prochaines années soient encore meilleures que les 70 qui ont précédé.  « Essayons d’aller chercher la victoire.  Soyons tous des champions.  Levons tous nos drapeaux en franchissant la ligne d’arrivée! »

M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, a salué le projet visionnaire à l’origine de la création de l’ONU, qui visait à préserver les générations à venir du fléau de la guerre.  Même si l’Organisation n’est pas la panacée, nous savons, a-t-il expliqué, que le nombre croissant des tâches qui lui ont été confiées n’a pas été suivi de l’augmentation de ses ressources.  Il a apprécié en même temps que les Nations Unies aient su préserver leur légitimité et que leurs actions couvrent tous les secteurs, en soulignant aussi l’importance de leur travail de prévention.  La Roumanie a toujours fait confiance à l’ONU, a-t-il assuré, en évoquant l’aide dont le pays avait bénéficié, notamment avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).     

La Roumanie apporte sa contribution aux travaux de l’ONU, a poursuivi le Président, dans des domaines comme le désarmement, les bonnes relations entre pays voisins, la promotion du rôle de la science et des technologies, la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, ou encore la consolidation de la démocratie.  Il a aussi rappelé que son pays accueillait le Centre d’excellence pour la formation en matière de protection des civils, destiné aux Casques bleus.  L’ONU, a-t-il souhaité, doit être prête à agir afin de galvaniser son rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a notamment voulu que l’ONU réagisse efficacement dans la lutte contre le terrorisme international.  À cet égard, le Président Iohannis a soutenu l’initiative de la France et du Mexique selon laquelle les membres permanents du Conseil de sécurité devraient s’accorder pour ne pas utiliser le droit de veto dans des situations où l’on cherche à prévenir des atrocités de masse.  Il a également plaidé en faveur de la notion de « responsabilité de protéger ».

L’ONU devrait être plus active en ce qui concerne les conflits en Géorgie et au Haut-Karabagh, a ensuite demandé le Président roumain.  L’inaction laisse penser que l’on tolère de telles situations, comme c’est aussi le cas avec la situation en Ukraine pour laquelle, a-t-il regretté, le Conseil de sécurité et les Nations Unies n’ont pas pu faire respecter la Charte de l’ONU.  La Roumanie salue l’accord pris sur le programme nucléaire iranien, a-t-il poursuivi en saluant les efforts de l’AIEA.  Cela démontre, a-t-il dit, les vertus de la démocratie et des négociations menées de bonne foi et avec patience.  Il a émis l’espoir que cet accord aura des retombées positives dans le contexte plus large de la situation au Moyen Orient. 

En ce qui concerne les changements climatiques, le Président roumain a invité les États qui contribuent largement à ce problème à suivre la position de l’Union européenne pour mieux préserver la planète.  Avant de conclure, il a appelé à consolider les principes du droit international.  Son pays, qui fête cette année le soixantième anniversaire de son adhésion à l’ONU, a été le soixante-douzième État Membre à accepter la compétence de la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il rappelé, avant d’indiquer que la Roumanie et l’Espagne avaient lancé conjointement une discussion sur la création d’un tribunal international qui serait chargé de juger les crimes de terrorisme.

Le Roi MSWATI III du Swaziland s’est réjoui de l’adoption des objectifs de développement durable, ainsi que du rôle joué par les Nations Unies dans la lutte contre Ebola.  Son pays, a-t-il affirmé, est l’un de ceux qui ont enregistré des progrès notables dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dans le cadre d’un plan national, « Vision 2022 », qui ambitionne de faire à terme du Swaziland un pays développé.  Le Royaume s’est appuyé sur l’émergence de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités d’investissement pour lancer des réformes audacieuses qui ont amélioré la manière de faire des affaires dans le pays, s’est enorgueilli le souverain.  Le développement des infrastructures a également amélioré l’accès direct aux marchés mondiaux au travers de l’opérationnalisation d’un nouvel aéroport international, qui s’avère déjà d’une importance capitale pour la croissance économique du Swaziland, un petit pays en développement sans littoral.

Par ailleurs, avec un taux de scolarisation de 97% dans le cycle primaire, son pays, a poursuivi le Roi Mswati III, a fait une avancée majeure sur la voie de l’éducation pour tous.  Son gouvernement s’est également impliqué dans le développement de son secteur agricole, avec des programmes destinés à soutenir les petits exploitants en leur fournissant des semences et en construisant puits et barrages.  À cette fin, le soutien constant des institutions internationales est nécessaire, a souligné le souverain, qui s’est toutefois déclaré préoccupé par le caractère conditionnel de cette aide.  « Nous en appelons donc à l’ONU pour qu’elle se penche sur ce phénomène qui compromet sérieusement la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a-t-il déclaré.  Le Roi Mswati III a ensuite rappelé que son pays était en paix et en sécurité depuis longtemps, une stabilité qu’il a attribuée à une tradition de dialogue et de consultation.

M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, s’est félicité du thème choisi pour cette soixante-dixième session de l’Assemblée générale: un nouvel engagement en faveur de l’action.  Après les plans élaborés pour atteindre les objectifs de développement durable, notamment le cadre de financement du développement adopté à Addis-Abeba en juillet dernier, il ne nous reste plus qu’à passer à l’action sur tous les fronts, a-t-il dit en invitant à s’appuyer sur l’expérience acquise avec les OMD.

Rendre notre Organisation plus démocratique et plus juste fait partie de notre lutte en faveur de l’inclusion, a souligné le Président.  En tant que coordinateur du Comité de dix chefs d’État de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, il a rappelé une fois de plus la nécessité urgente de réformer cette instance et exprimé à nouveau les inquiétudes de l’Afrique quant aux échecs du Conseil à mener à bien cette réforme.  Le statu quo sape l'équité, la légitimité et la transparence, a-t-il argué, en  s’inquiétant aussi de ses conséquences sur l’efficacité des travaux du Conseil de sécurité.  L’Afrique, a-t-il rappelé, exige deux sièges de membres permanents et deux sièges de membres non permanents.  Il s’est félicité de la décision prise récemment par l’Assemblée générale de poursuivre les négociations intergouvernementales sur cette question.

Le Président a souligné la contribution importante de son pays aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies et s’est dit prêt à aller plus loin dans ce sens.  Il a condamné les attaques perpétrées contre les Casques bleus et appelé à poursuivre les auteurs de ces actes lâches. Il s’est aussi félicité de la création du mécanisme chargé de mener les activités résiduelles du Tribunal spécial pour la Sierra Leone.

Passant à la question des changements climatiques, M. Koroma a appelé à passer à l’action, pas seulement pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour renforcer les capacités de réaction aux effets des changements climatiques.  Aucun pays, a-t-il insisté, n’est à l’abri de ces conséquences sur l’environnement, la situation sociale et économique, la sécurité et la santé.  C’est pourquoi il a invité à intégrer ces préoccupations aux décisions prises dans tous les secteurs.

Le Président a également souligné les efforts de plus en plus grands du continent africain pour prévenir et résoudre les conflits, tout en appelant à développer la solidarité mondiale dans ce domaine.  Il a mentionné le Plan de développement durable adopté par son pays, l’« Agenda pour la prospérité » qui démontre sa détermination à s’engager sur la voie de la résilience et de la durabilité.  Il a souligné les progrès accomplis par son pays grâce à la réforme du secteur de la justice et à la protection des droits fondamentaux des personnes, ainsi que grâce aux investissements dans les infrastructures, l’agriculture, l’éducation et la santé, les jeunes et les femmes.

La Sierra Leone, a assuré M. Koroma, a presque éradiqué le virus Ebola, avec un seul cas enregistré en août et aucun autre cas depuis cette date.  Il a salué le soutien apporté par la communauté internationale dans la lutte contre l’épidémie et dans les efforts de redressement après Ebola.  « Je félicite en particulier le Secrétaire général qui a mobilisé, pour la première fois à l’ONU, un système d’intervention coordonné et intégré pour aider les pays de la région affectés par le virus.  Cela a aussi permis de relever le niveau de préparation à une épidémie du même genre pour l’avenir.  Il a signalé que le plan de redressement de son pays prévoyait à la fois des activités de réhabilitation et le renforcement des systèmes de résilience comprenant un système de santé viable et un système de prévention des catastrophes. 

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a dénoncé l’agression que subit son pays depuis février 2014 à cause de la Fédération de Russie, qui siège cependant comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, qui est chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales et qui est en outre l’un des garants de la sécurité de l’Ukraine en vertu du Mémorandum de Budapest.  Regrettant l’annexion « illégale » de la Crimée, le Chef de l'État ukrainien s’est également élevé contre la guerre menée par la « Russie » dans la région orientale ukrainienne du Donbass.  « Pour tromper la communauté internationale, les dirigeants russes ont donné l’ordre à leurs troupes de retirer les insignes militaires et autres marques d’identification, d’abandonner sur le champ de batailles les soldats capturés, et d’user cyniquement de crématoires mobiles pour effacer les traces de leurs crimes sur le sol ukrainien », a affirmé M. Poroshenko.  Des millions d’Ukrainiens se trouvent ainsi sous occupation russe dans les territoires ukrainiens du Donbass et de la Crimée, qui couvrent près de 44 000 kilomètres carrés, sur fond de « rhétorique perfide » faisant la part belle à de supposées « fraternité des peuples » et « histoire commune », a-t-il soutenu.

« Au cours de ces derniers jours, nous avons entendu des déclarations conciliantes de la partie russe, qui appelle, en particulier, à l’établissement d’une coalition antiterroriste, et à prévenir les dangers de flirter avec les terroristes », a noté le Président ukrainien.  « Comment mobiliser une telle coalition quand vous encouragez le terrorisme à votre porte? » s’est-il interrogé.  Il a assuré qu’il y avait assez d’arsenaux et d’équipements militaires dans les territoires occupés pour faire rêver la majorité des États Membres des Nations Unies.  Depuis l’invasion russe, a poursuivi le dignitaire ukrainien, plus de 8 000 de ses concitoyens, dont 6 000 civils, sont morts aux mains de terroristes appuyés par les Russes et de la puissance occupante dans le Donbass.  Plus largement, M. Poroshenko a considéré que la Fédération de Russie avait créé autour d’elle une « ceinture d’instabilité », formée, a-t-il précisé, du Haut-Karabakh, de la Transnistrie, de l’Abkhazie, de l’Ossétie du Sud, de la Crimée et du Donbass.  Mais le Kremlin irait plus loin encore, a assuré le Président, qui a fait état de la présence d’« hommes en vert » russes en Syrie.

Exprimant sa déception devant l’opposition constante de la Russie à ce que l’Ukraine puisse  faire entendre sa voix devant les membres du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays, le Président a estimé que l’exercice du droit de veto devrait être limité progressivement et, éventuellement, supprimé.  « Le droit de veto ne devrait pas devenir un acte de grâce et de pardon pour le crime commis, et qui pourrait être ‘tiré du chapeau’ dès qu’il s’agit de se soustraire à une sanction appropriée », a estimé le Président ukrainien, qui a apporté son soutien à la proposition du Président de la France de restreindre son usage dans les cas d’atrocités de masse.  Réaffirmant enfin son adhésion à l’Accord de Minsk, M. Poroshenko a demandé un accès sans entraves de la mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à tous les territoires occupés, le retrait des forces russes et de leurs équipements militaires, ainsi que des mercenaires se trouvant en Ukraine, et le rétablissement de l’intégrité et de la souveraineté territoriale de l’Ukraine.

M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a annoncé une « nouvelle historique ».  « Parmi la vingtaine de conflits armés qui ont lieu sur la planète, il y en a un, celui de mon pays, la Colombie, qui est sur la voie d’un véritable règlement », a-t-il dit en se réjouissant de la perspective de voir s’achever le conflit armé le plus ancien de l’hémisphère ouest.  Citant le pape François, lors de son intervention il y a quelques jours devant le Congrès des États-Unis, il a souligné que le règlement d’un tel conflit exigeait du courage et beaucoup d’audace, tout en acceptant les responsabilités.  C’est justement ce qui a caractérisé le processus suivi en Colombie et qui porte aujourd’hui des fruits, a-t-il fait remarquer.  Après plus de 50 années de conflit, nous sommes déterminés à y mettre fin, a-t-il dit en soulignant que la paix était avant tout un processus de transformation culturelle collective qui commence par un changement d’état d’esprit individuel.

Se disant plus optimiste que jamais, le Président de la Colombie a présenté l’accord conclu il y a quelques jours à La Havane, à l’issue de près de trois ans de négociations.  Il prévoit un système de justice transitionnelle pour garantir qu’aucun des délits les plus graves commis à l’occasion du conflit ne restent impunis.  Cet accord, qui respecte les principes de droit international et la Constitution colombienne, prend en compte pour la première fois le droit des victimes à la justice, a-t-il dit.  C’est la première fois également dans l’histoire des conflits du monde qu’un gouvernement et un groupe armé illicite créent, aux termes d’un accord de paix, un système de justice devant un tribunal national pour les crimes internationaux et les graves délits.  Il s’agit d’un précédent qui pourra servir de modèle pour d’autres conflits armés dans le monde, a-t-il espéré.

Une nouvelle meilleure encore, a-t-il poursuivi, c’est la date limite que la Colombie a fixée pour la signature de l’accord final, à savoir le 23 mars 2016.  Les FARC devront commencer à déposer les armes au plus tard 60 jours après cet accord final.  Aux yeux du Président Santos, ce processus de négociation avec les FARC jette une lueur d’espoir sur le monde assombri par la guerre, la violence et le terrorisme.  Il a rendu hommage aux 48 millions de Colombiens et à la communauté internationale pour leur volonté de soutenir cette étape.

Le Président a fait valoir que son pays avait une des plus grandes biodiversités de la planète par rapport à sa taille, mais il était en même temps un des plus vulnérables aux effets des changements climatiques.  Il a, dès lors, insisté sur la dimension environnement des ODD et a appuyé la conclusion d’un accord sur cette question à Paris à la fin de l’année.  M. Santos Calderón a aussi parlé de la stratégie intégrale de son pays pour régler le problème de la culture de drogues illicites et assuré se préparer à la session spéciale des Nations Unies, prévue l’an prochain, qui sera consacrée à cette question.  Il a plaidé en faveur d’une nouvelle stratégie mondiale dans ce domaine, en demandant qu’elle soit plus intelligente et plus humaine, avant de mentionner le plan intégral de substitution des cultures adopté en Colombie.  La guérilla, a-t-il espéré, devrait se convertir en allié dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.  Enfin, il a souligné combien la paix obtenue en Colombie serait un facteur de réussite dans la mise en œuvre des ODD dans son pays.

M. NICOS ANASTASIADES, Président de la République de Chypre, tout en se réjouissant de l’adoption d’un programme de développement ambitieux, a déploré que le monde soit confronté à des troubles, à l’extrémisme violent, au sectarisme, ou à des guerres civiles, en particulier au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans d’autres régions du monde.  Les effets de ces troubles sont devenus les caractéristiques déterminantes de la vie quotidienne des populations affectées: la mort, la persécution, la dépossession des biens, le déplacement, la destruction de l’héritage culturel et la migration forcée. 

« Nous devons être vigilants, a dit le Président, car au moment où nous établissons les principes fondamentaux de la paix, de la stabilité et du développement durable, nous  observons, chaque jour, l'augmentation du nombre de migrants qui sont forcés de fuir leurs maisons pour rechercher un futur meilleur.  De même, alors que nous mettons en place des objectifs et des buts à long terme, les évènements actuels pourraient les rendre irréalisables et hors sujet.  Sans ignorer que seuls la Jordanie, la Turquie, le Liban et l’Europe ont été affectés par la crise des réfugiés, d’autres pays et d’autres continents seront affectés par cette crise si aucune solution n’est trouvée. »

Afin d’inverser cette situation, nous devrions réorienter nos efforts pour que ces pays et régions, en particulier le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, puissent faire du développement durable une réalité.  Le Président a suggéré que ce n’était pas suffisant de prendre des actions contre les individus responsables des attaques terroristes, nous devrons réorienter nos efforts vers ceux qui facilitent le terrorisme.  Il ne suffit pas de secourir les populations du naufrage.  Nous devons surtout axer nos efforts sur la lutte contre le trafic des êtres humains.  Il ne suffit pas d’aider financièrement les migrants, nous devons aussi faire en sorte que des conditions économiques et sociales soient établies dans leur pays d’origine pour qu’ils ne le fuient pas.

S’agissant toujours du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, il a estimé que la communauté internationale avait sous-estimé les complexités de la région.  Les efforts internationaux ont échoué à prendre en compte et à appréhender les particularités propres des pays en crise ou en conflit, a-t-il déploré.      

M. TABARÉ VÁZQUEZ, Président de l’Uruguay, constatant que les progrès dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’étaient pas réalisés de façon uniforme, a souligné l’ampleur de la tâche qui attend les pays pour réaliser maintenant les objectifs de développement durable.  Abordant la question de la crise de la migration, le Président a assuré que son pays, dont le peuple a bénéficié de la solidarité internationale au moment où il en avait besoin, s’engageait à faire le nécessaire pour remplir son devoir en la matière.  Il a souhaité que l’on affronte les causes qui ont conduit à cette crise, ce qui implique la nécessité de progresser sur la voie de la démocratie, dans les secteurs de l’enseignement et de l’emploi, ainsi que sur la protection de l’environnement.  Prévenir, a-t-il ajouté, c’est aussi rejeter tout type de terrorisme et de discrimination.

La santé publique, a poursuivi M. Vásquez, est une composante essentielle de la souveraineté des États, un droit des personnes, un facteur de développement, ainsi qu’une responsabilité des États.  S’inquiétant que plus de 60% de la mortalité dans le monde soit due aux maladies chroniques non transmissibles, il a souhaité que la réponse à apporter va au-delà des frontières nationales.  Il a donné l’exemple du cancer qui, en Amérique latine représente 4 500 millions de dollars en coûts directs et indirects.  Si on ne prend pas les mesures qui s’imposent, plus de 7 millions de personnes perdront la vie chaque année d’un cancer d’ici à 2030, dont un million de Latino-américains, alors que cette maladie peut être prévenue et traitée. 

Le Président de l’Uruguay a appelé à adopter les décisions politiques et les stratégies nécessaires à l’élimination de la pauvreté, l’inclusion sociale, l’éducation, et au renforcement des systèmes de santé comprenant la prévention et la détection des maladies.  « Notre expérience nous a prouvé qu’il faut gérer les problèmes du tabac et de la drogue dans les politiques de lutte contre les stupéfiants », a-t-il précisé en présentant son pays comme un leader dans ce domaine.  M. Vásquez a ensuite plaidé en faveur de la coopération internationale, conseillant de renforcer la volonté politique.  Il n’est pas éthique, a-t-il estimé, que certains tribunaux d’organismes multinationaux donnent la priorité aux aspects commerciaux au détriment des droits de l’homme comme la santé.

En tant que Président d’un pays d’Amérique latine, M. Vásquez s’est réjoui du rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba et exprimé son intention de voter en faveur du projet de résolution portant sur la levée de l’embargo contre Cuba.  Il a aussi appelé la Colombie et le Venezuela à poursuivre un dialogue serein et respectueux pour surmonter leur différend frontalier.  L’Uruguay, a-t-il assuré, appuie le dialogue de paix en Colombie.  Enfin, il a souhaité que son pays puisse contribuer activement, à travers ses valeurs, ses engagements et son travail, au rôle du Conseil de sécurité en siégeant en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2016-2017.

M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Président du Malawi, s’est réjoui que pendant les 70 ans des Nations Unies, le monde ait pu empêcher une autre guerre mondiale même si durant la même période, « nous avons vécu dans la peur, et l’incertitude, dans un monde assailli de conflits, de pauvreté et de violence qui ont menacé notre propre existence ».  Le Président a ajouté que « comme nous vivons dans un monde imparfait, la poursuite de la paix devrait être notre principal objectif si nous voulons créer un monde de promesses pour notre future génération ». 

À cet égard, il a attiré l’attention sur plusieurs questions qu’il a qualifiées d’importantes.  Tout d’abord, les missions de paix devraient être focalisées sur les solutions politiques et la prévention de conflit par des moyens politiques qui mettent la population au centre des solutions ainsi que la protection des civils.  Ensuite, des partenariats pour la paix et la sécurité impliquant le Conseil de sécurité, les mécanismes et les acteurs régionaux sont nécessaires.  Les Nations Unies devraient aussi prendre la responsabilité de dédommager les victimes des abus et enfin, une forte volonté politique de tous les acteurs des missions de paix est nécessaire.

S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, le Président a dit que le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte étaient ses principales lignes directrices.  Concernant les objectifs de développement durable, il a appelé la communauté internationale à mettre fin au sida comme une menace à la santé publique et finir le travail sur le VIH/sida avant 2030.  Cela demande des réponses rapides aux infections au VIH, des financements pour les programmes de lutte contre le VIH et la production nationale des médicaments pour qu’ils soient accessibles aux populations.

En outre, le Président a déclaré que ces programmes seront réalisés lorsque la jeunesse et les femmes ne sont pas laissées en marge.  Elles doivent être bien représentées à tous les niveaux de prises de décision de la société.  Concernant l’objectif 4 sur l’éducation, il a déploré que cet objectif ne tienne pas compte du rôle central de l’enseignement supérieur pour réaliser toutes les cibles des objectifs de développement durable.  Il a aussi promis que son gouvernement continuera la promotion des droits de l’homme, l’accès équitable aux opportunités, le renforcement de la protection juridique des populations et la lutte contre la fraude, la corruption et le détournement des ressources publiques. 

M. DONALD TUSK (Pologne), Président du Conseil de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne gardera son cap malgré les défis auxquels elle fait face sur son flanc et avec la crise en Ukraine, où la Charte de l’ONU est bafouée, et sur son flanc sud avec un afflux sans précédent de migrants et réfugiés.  « Pour l’Europe, l’isolationnisme ne sera jamais une solution envisageable », a insisté le Président du Conseil de l’Union européenne.  Au-delà de la richesse, ce qui attire les réfugiés pour leurs enfants, c’est aussi la tolérance et le niveau de démocratie et de respect de la diversité qu’offre l’Europe, a-t-il dit.  Si nous avons des débats aussi animés sur les quotas d’installation c’est parce que nous souhaitons être aussi inclusifs que possible, a-t-il ajouté. 

S’agissant de la source et cause d’afflux de ces réfugiés, le Président du Conseil de l’Union européenne a prévenu que la crise syrienne ne sera pas réglée sans un dénominateur commun entre les différents acteurs.  Cette crise, a-t-il également prévenu, ne sera pas résolue par une simple formule qui permettra une répartition entre les différentes sphères d’influence.  Il a ensuite fait remarquer que la stabilité ne pouvait être instaurée avec les armes chimiques et les barils d’explosif lancés sur les civils.  À ceux qui estiment que Bachar al-Assad peut être une partie de la solution, le Président du Conseil de l’Union européenne a rappelé que des millions de civils syriens avaient fui les exactions du camp de Bachar al-Assad.  Il a expliqué que la seule option crédible était celle qui permettra au peuple syrien de recommencer une vie normale dans la région.

Par ailleurs, sur le front des changements climatiques, le Président du Conseil de l’Union européenne a espéré que la Conférence de Paris en décembre prochain permettra une percée qui servira, a-t-il dit, d’exemple d’action commune et harmonieuse face à ce défi.  Il a précisé que l’Union européenne s’engageait à réduire de 40% ses émissions de CO2 par rapport aux niveaux de 1990 en tête de ce processus.  « Sans un accord mondial, les efforts isolés de l’Europe ne pourront pas donner de résultats », a insisté le Président du Conseil de l’Union européenne, en estimant que les défis mondiaux ne pourront être levés que par le biais du multilatéralisme.

M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a promis que son gouvernement renforcera son aide aux réfugiés et aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et en Iraq.  Cette année, cette aide a atteint 810 millions de dollars.  Au Liban, le Japon mettra en œuvre de nouvelles mesures d’un montant total de 2 millions de dollars.  Le Premier Ministre a indiqué que 2,5 millions de dollars d’aide humanitaire seront consentis aux pays voisins de l’Union européenne comme la Serbie et l’ex-République yougoslave de Macédoine qui ont accepté d’accueillir des réfugiés et des migrants.  Le Japon prépare actuellement un projet d’aide de 750 millions de dollars pour contribuer à restaurer la paix au Moyen-Orient et en Afrique.

M. Abe s’est aussi appesanti sur l’importance que son gouvernement accorde à la santé maternelle et infantile et a évoqué la distribution de carnets de santé maternelle et infantile dans les camps de réfugiés en Palestine, en Syrie et en Jordanie.  En outre, il a souligné l’importance de l’état de droit et des principes de l’égalité devant la loi dans le renforcement de la capacité humaine.  Afin de rompre avec les causes mêmes de la violence et de la peur, il est essentiel d’assurer une bonne gestion et une bonne organisation des effectifs de police.  Le Japon contribue à ces efforts en Afghanistan et en République démocratique du Congo depuis 2004.  Plus de 20 000 policiers dont des femmes policières ont participé à une formation.

S’agissant de la « Corée du Nord », M. Abe a déclaré que le Japon travaillera avec les autres pays pour la résolution complète des questions en suspens, y compris les enlèvements, et les questions sur le nucléaire et les missiles.  Il a aussi demandé que les autres pays possédant l’arme nucléaire doivent continuer de réduire leurs arsenaux.  Le Japon prépare un nouveau projet de résolution pour promouvoir une action unifiée de la communauté internationale sur l’élimination totale des armes nucléaires.

Concernant la réforme du Conseil de sécurité, M. Abe a réaffirmé que le Japon entendait devenir un membre permanent du Conseil et qu’il apportait une contribution en rapport avec cette position.  Il a terminé en disant que son pays avait strictement maintenu son statut de nation éprise de paix depuis 70 ans, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et a accumulé un record de succès d’efforts visant à favoriser la paix et la prospérité dans le monde en citant l’exemple, notamment, du Cambodge et du Timor-Leste.  

M. JABER AL MOUBARAK AL HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a fait valoir que son pays était le premier fournisseur d’aide humanitaire au niveau mondial proportionnellement  à son PNB.  À cet égard, il a rappelé que, depuis sa création en 1961, le Fonds du Koweït pour le développement économique arabe avait financé des programmes dans plus de 100 pays, à hauteur de 18 milliards de dollars.  Au cours des 15 prochaines années, il consacrera 15 milliards de dollars au développement durable.

Le Premier Ministre a considéré que le Yémen faisait face à de graves défis « dus à l’intransigeance de milices houthistes », qui ne respectent pas leurs engagements et menacent la paix et la stabilité des pays de la région.  Les parties concernées dans le pays doivent appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2216, et coopérer avec les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, a-t-il insisté.  Le Koweït a débloqué 100 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires du peuple yéménite.

Évoquant ensuite la tragédie en Syrie, le Premier Ministre a réitéré que la solution ne pouvait être trouvée qu’à travers des moyens politiques pacifiques.  Il a salué les efforts entrepris par le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura.  Depuis 2013, le Koweït a accueilli trois conférences internationales des donateurs pour appuyer les efforts humanitaires dans ce pays. 

« Les crimes brutaux commis par Daech, qui sèment la mort et la destruction, en particulier en Iraq et en Syrie, constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales qui ont requis la formation d’une coalition internationale », a souligné le Cheikh.  Le Koweït y a pris part en apportant un appui logistique.  Le Ministre a rappelé que son pays avait été frappé par un attentat dans une mosquée pendant le mois du Ramadan.  Il s’est opposé à toutes les formes de terrorisme, de radicalisation et d’intolérance, quels qu’en soient les causes ou les motifs, ou l’identité de leurs auteurs.  La politique du Koweït, « dérivée de la charia islamique tolérante », adopte une approche intégrée du développement, de la sécurité et des droits de l’homme, a-t-il assuré.

Enfin, le Premier Ministre koweïtien a espéré que l’Iran continuera de coopérer et de mettre en œuvre le Plan d’action conjoint global conclu avec le groupe des cinq plus un, et qu’il s’acquittera de ses responsabilités dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a saisi cette occasion pour appeler Israël à adhérer au TNP.

M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, a rappelé que son pays « s’est engagé à sauver des centaines de frères et de sœurs en Méditerranée ».  Il a proposé à l’Assemblée de rejeter la dictature de l’instant et de tenter une réflexion approfondie.  L’Italie, a-t-il souligné, jette un pont entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest.  Le problème de la migration ne se limite pas à des chiffres.  « L’Europe est née pour faire tomber les murs et non pas pour les construire », a insisté M. Renzi.  C’est la raison pour laquelle l’Italie est à l’avant-garde du combat pour sauver des vies, mais, pour cela, elle a besoin de capacités pour réagir aux flux migratoires.

« À l’âge de 70 ans, l’ONU a la sagesse de reconnaître ses erreurs et la force de les corriger », a assuré le Premier Ministre.  L’Italie a présenté sa candidature au Conseil  de sécurité pour un siège de membre non permanent avec le slogan « Édifier la paix de demain ».  Le pays est attaché à la mise en œuvre de l’accord sur l’Iran et à la reprise des négociations sur le conflit israélo-palestinien, a expliqué M. Renzi.  S’agissant de la crise en Syrie, l’Italie privilégie la solution politique et considère qu’il faut mettre en place « une véritable transition ».

« Un ennemi très dangereux est à nos portes », s’est inquiété le Premier Ministre, en évoquant Daech, le terrorisme et l’extrémisme.  L’Italie, a-t-il précisé, fait partie de la coalition de ceux qui forment les forces de sécurité en Iraq.  Elle joue un rôle important dans la lutte contre le financement de Daech.  De plus, M. Renzi s’est dit prêt « à jouer un rôle de chef de file dans un mécanisme pour la stabilisation de la Libye, avec l’autorisation de la communauté internationale ».

« L’Italie est fière de ses racines », a affirmé le Premier Ministre, avant de rappeler que son pays comptait le plus grand nombre de sites de l’UNESCO dans le monde.  Souhaitant être « le garant de la culture dans le monde », il a proposé « la création d’un groupe de travail international pour protéger et reconstruire les sites historiques », qui pourrait être déployé dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU.

À l’occasion de l’Exposition universelle 2015, qui se tient à Milan, M. Renzi a revendiqué le message suivant: « Alimenter la planète pour la vie ».  L’Italie est engagée avec les pays africains « pour que tous aient de quoi s’alimenter ».  Il a insisté sur le rôle des femmes dans le domaine de l’agriculture et sur la protection des petits exploitants.

En conclusion, le Premier Ministre italien a souhaité associer les noms des enfants migrants morts en Méditerranée à ceux des enfants nés sur les bateaux des garde-côtes de son pays, « pour que la politique retrouve sa dignité et que l’Europe ne se voile pas la face au nom de la crainte ».

Après avoir remercié tous les pays qui ont reconnu le « génocide arménien », M. SERZH SARGSYAN, Président de l’Arménie, a déclaré que sa détermination à maintenir la prévention de crime de génocide à l’ordre du jour international était démontrée par les résolutions que nous mettons sur la table du Conseil des droits de l’homme dont la dernière a été adoptée l’année dernière.  Le Président a rappelé que l’Assemblée avait, quelques jours plus tôt, fait du 9 décembre la « Journée internationale de commémoration et de dignité des victimes du crime de génocide et de prévention de ce crime ».

M. Sargsyan a ajouté que le règlement pacifique de Haut-Karabakh restait un des problèmes aigus de la région.  Il a fait remarquer que la politique agressive de l’Azerbaïdjan avait provoqué l’absence de progrès significatifs dans les pourparlers visant à résoudre ce conflit, et que la situation risquait de donner lieu à des tensions plus graves.  « Le régime dictatorial de ce pays a fait de la répression honteuse un instrument pour mettre fin aux revendications de la population à la suite des difficultés économiques.  Aujourd’hui, ce régime a besoin d’images de la ligne de front pour détourner l’attention du public. »  Le Président a ainsi expliqué que l’Azerbaïdjan avait commencé à déployer des armes de gros calibre, aux côtés de diverses actions provocatrices, en tirant sur les campements pacifiques dans les districts qui se trouvent à la frontière commune de l’Arménie et la République du Haut-Karabakh. 

Il est étrange, a ensuite fait observer le Président, que l’Azerbaïdjan refuse depuis des années de retirer les tireurs isolés et de créer un mécanisme d’enquête sur ces incidents.  Pendant les Jeux européens organisés par l’Afghanistan, quand il avait alors besoin de promouvoir une image de stabilité, il avait fait cesser les tirs à la frontière, mais ces tirs, a-t-il assuré, avaient repris immédiatement après la fin des Jeux.  Il est étrange également, a dénoncé M. Sargsyan, qu’au XXIsiècle, notre voisin se dit fier d’accumuler des armes et multiplie son budget militaire, continue de faire des menaces pour relancer les hostilités militaires et cela au plus haut niveau de l’État.  Le Président a, avant de terminer, indiqué que son pays accueillait 16 000 réfugiés de Syrie faisant ainsi de l’Arménie l’un des premiers pays d’accueil en Europe.   

M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a souligné l’importance de mécanismes de suivi pour éviter les lacunes que son pays a connues pour mettre en œuvre les OMD faute de ces mécanismes.  M. Kikwete a jugé indispensable que l’Organisation des Nations Unies investisse dans les capacités des États Membres pour prévenir et anticiper les conflits en Afrique.  Il est incompréhensible, a-t-il dit, que le Conseil de sécurité reste avec la même composition depuis des décennies avant d’appeler à une composition plus représentative de la réalité du monde.  « Nous devons en même temps appuyer la revitalisation des activités de l'Assemblée générale », a-t-il dit.  M. Kikwete a noté que 125 000 personnes étaient actuellement déployées dans 16 opérations de maintien de la paix de l’ONU, avant de préciser que la Tanzanie avait fourni cette année 1 322 personnes pour contribuer aux efforts de maintien de la paix. 

Par ailleurs, le Président tanzanien a estimé que la crise causée par la pandémie du virus Ebola avait appris au monde à mieux se préparer pour faire face à ce type d’événement.  Citant une estimation de la Banque mondiale, il a indiqué que les pays touchés par Ebola avaient perdu 2,2 milliards de dollars des suites de ce fléau.  S’agissant de l’impact humanitaire, il a indiqué que 7 000 enfants étaient devenus orphelins et que 5 millions d’enfants n’avaient pas pu aller à l’école durant la crise.  « Il faut donc entreprendre des efforts surhumains pour remettre ces pays sur les rails du développement », a déclaré le Président tanzanien.  En outre, il a salué la décision historique de rétablir les relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, avant d’appeler les États-Unis à lever l’embargo en vigueur qui condamne le peuple cubain à la pauvreté.  Au moment de sa dernière intervention à l’ONU, M. Kikwete, dont le deuxième mandat arrive à terme, s’est dit heureux d’avoir pu collaborer avec l’ONU pour préserver la paix et la sécurité internationales.

M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a salué « l’aboutissement de la bataille menée par nos peuples pour mener une vie de dignité et ouvrir la voie à un monde qui respecte leur identité plurielle ».  Il y a 200 ans, a-t-il rappelé, Simón Bolivar avait défini une politique anticoloniale et anti-impérialiste.  À l’Assemblée générale vendredi dernier, le pape François lui-même avait plaidé pour un monde de paix, de coexistence et d’égalité.

Après 70 ans, a insisté M. Maduro Moros, la Charte des Nations Unies reste d’actualité.  Pour lui, elle doit garantir le droit à l’autodétermination et à l’indépendance de tous les peuples du monde.  Il a évoqué la guerre froide et ses séquelles et le passage d’un « monde bipolaire de la confrontation » à un « monde unipolaire, qui impose une pensée unique ».  Le néolibéralisme a semé derrière lui la misère pour les peuples du Sud.  Le temps est venu d’un monde multipolaire, un monde d’égaux qui respecte les peuples et reconnaisse les nouveaux régionalismes, a martelé le Président.

Le Venezuela a ouvert « une voie rebelle et révélatrice », s’est félicité le Président.  On n’a pas le droit de juger les régimes d’autres pays, a-t-il dit.  En Iraq, en Afghanistan et en Libye, a-t-il dit, « on a détruit un peuple stable ».  Le Venezuela pense que le système des Nations Unies a les moyens d’arrêter la tragédie humanitaire en Syrie, a déclaré le Président Maduro Moros.

Seule la paix peut garantir la viabilité du Programme à l’horizon 2030 et la viabilité des relations internationales, a poursuivi M. Maduro Moros.  «  En Amérique latine et dans les Caraïbes, on est en train de définir un nouveau régionalisme » et de consolider l’union dans la diversité, s’est–il félicité.  Selon lui, « c’est une clameur qu’il faut entendre ».  Dans cet esprit, il a salué la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et souhaité que les relations entre ce pays et les gouvernements de la région « portent le sceau du dialogue et du respect ». 

Le Président vénézuélien a estimé qu’il faudrait rendre à Panama le canal de Panama et à Cuba le territoire de Guantanamo.  De même, le Royaume-Uni devrait prendre la décision de venir à la table des négociations pour examiner le droit de l’Argentine sur les îles Malouines.

En conclusion, M. Maduro Moros a souligné les défis auxquels fait face le Venezuela « dans l’édification d’un modèle social et économique » humaniste.  Il a demandé au monde d’être attentif à toute ambition visant à enfreindre la volonté politique de son pays à l’approche des élections parlementaires.

Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, a affirmé que la communauté internationale était hantée par les menaces grandissantes posées par les forces déstabilisatrices telles que Daech et Boko Haram et par les tentatives visant à remettre en question les progrès démocratiques comme au Burkina Faso.  Elle a rappelé que les changements climatiques exigeaient « que nous changions » et que les femmes, dans de nombreux pays du monde, étaient encore traitées comme des citoyens de seconde catégorie.

En ce qui concerne le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, Mme Johnson-Sirleaf s’est demandé si l’Organisation n’était pas trop bureaucratique.  « Est-ce que la structure actuelle de l’ONU lui permet de jouer son rôle dans le processus mondial de transformation des 15 prochaines années? » a-t-elle interrogé.  La Présidente du Libéria s’est, à ce titre, dite encouragée par l’examen approfondi des opérations de paix lancé par le Secrétaire général.  « Le Libéria peut témoigner, avec gratitude, de l’indispensable nature des opérations onusiennes de maintien et de consolidation de la paix. »

En ce qui concerne l’autonomisation des femmes, la Présidente du Libéria a souhaité que l’égalité morale entre les sexes se traduise par des actions concrètes.  « En 70 ans, seules trois femmes ont été Présidentes de l’Assemblée générale », a-t-elle dit, avant de faire remarquer qu’à ce jour, aucune femme n’a occupé le poste de Secrétaire général de l’ONU.

Mme Johnson-Sirleaf a ensuite exprimé sa gratitude pour le soutien apporté à son pays, à la Guinée et à la Sierra-Leone, face à l’épidémie d’Ebola, « la menace contemporaine la plus grave à la santé publique mondiale ».

Avant de conclure, elle a expliqué que son pays était en train de mettre en œuvre un plan de relèvement et de stabilisation économique post-Ebola et espéré, à cette fin, le soutien des partenaires bilatéraux et multilatéraux de son pays.

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a rappelé qu’il avait été élu le sixième Président de la République de la Zambie le 20 janvier 2015, en précisant que la Zambie était un exemple de bonne gouvernance et de démocratie.  Il s’est inquiété de ce que la lenteur de la mise en œuvre des trois piliers du développement durable risque de remettre à néant les gains réalisés jusqu’à présent.  Le Président de la Zambie a déclaré que son pays accordait une grande importance aux objectifs de développement durable concernant l’éradication de la pauvreté et la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, en particulier dans les zones rurales.  Par ailleurs, il a jugé inadmissible que les pays africains soient exclus du processus de prise de décisions du Conseil de sécurité alors que le continent africain est le plus touché par les conflits.  Il a prévenu que l’ODD-10 qui concerne la réduction des inégalités entre les pays ne pourra pas être réalisé tant que persisteront les inégalités entre les pays au sein du Conseil de sécurité.  Il a précisé que la Zambie fournissait un contingent de Casques bleus pour contribuer aux efforts de maintien de la paix en République centrafricaine.  Il est difficile pour la Zambie, pays enclavé, de jouir de son indépendance tant que les pays qui l’entourent sont en conflit, a-t-il dit. 

Par ailleurs, le Président de la Zambie a précisé que son pays faisait surtout face à l’insuffisance d’énergie et aux effets des changements climatiques.  Il a expliqué que les variations du système des précipitations affectaient les capacités de production hydroélectriques de nombreux pays africains.  Il a appelé à plus d’efforts en matière de stratégies d’atténuation pour mieux répondre aux conséquences des changements climatiques.  Notant que 70% de la population de la Zambie dépendaient directement des ressources agricoles, il a souligné que l’agriculture était une priorité de son gouvernement.  Le Président zambien a estimé qu’il était nécessaire de rapidement identifier les sources de financement des 100 milliards de dollars qui seront nécessaires chaque année pour financer les infrastructures en Afrique, en appelant à tenir compte des objectifs du Programme d’action de Vienne de 2014 sur les pays sans littoral.  En outre, il a exprimé la volonté de la Zambie de réduire les écarts entre les femmes et les hommes, en mentionnant une campagne de sensibilisation pour lutter contre les mariages précoces et forcés.  Il a aussi cité le développement d’un programme touchant les jeunes de 15 à 21 ans visant à encourager le développement d’une génération non violente.  

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de conflits dans le monde.  Il a espéré que l’accord historique conclu sur le programme nucléaire iranien ouvrirait la porte à une plus grande stabilité au Moyen-Orient et au-delà.  En même temps, il a craint les conséquences de l’émergence de l’EIIL, avant de faire le lien entre les conflits actuels et la crise des migrants que connaît actuellement l’Europe.  Il a alerté l’Assemblée générale sur le fait que c’est avant tout un problème mondial, citant les statistiques de l’ONU à ce sujet: une personne sur 122 est maintenant soit un réfugié, soit un demandeur d’asile et 42 000 personnes s’enfuient chaque jour de chez elles. 

À ce propos, le Président de l’Estonie s’est inquiété de la montée de mouvements politiques d’extrême droite ou d’extrême gauche, souvent alimentés par des sentiments racistes et contre les migrants.  Il a rappelé que l’Union européenne était le principal donateur en faveur des efforts visant à alléger la crise des réfugiés syriens, avec 4 milliards d’euros mobilisés à cet effet.  Le but est de traiter les causes profondes de cette crise, a-t-il expliqué.  Sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie, M. Ilves a appelé de ses vœux un dialogue et des efforts diplomatiques en vue de trouver une solution qui garantisse la sécurité européenne et mondiale.

Sur la question des droits de l’homme, le Président a demandé de soutenir les droits des femmes et des filles et de promouvoir l’autonomisation de celles-ci, ainsi que de lutter pour l’élimination de la violence sexiste.  Il a également mis l’accent sur l’importance de l’investissement dans l’éducation et la santé des enfants.  Concernant la liberté de parole et de conscience, le Président a rendu hommage aux journalistes et aux bloggeurs, avant d’exhorter les gouvernements à cesser de porter atteinte à la vie privée des citoyens et de ne plus appliquer de censure.

Passant au chapitre développement durable, M. Ilves a plaidé en faveur de la promotion de sociétés inclusives, du respect des droits de l’homme, de l’égalité entre les hommes et les femmes, de l’état de droit et de la bonne gouvernance, qui sont les bases, selon lui, du nouveau partenariat mondial.  Il a ensuite émis l’espoir que la Conférence sur le climat de Paris aboutirait à un accord.  Le Président a aussi invité à tirer parti de l’Internet et des technologies numériques pour favoriser la croissance économique et le développement, ce qui nécessite un environnement juridique prévisible, une condition essentielle pour les investisseurs étrangers.  Il faut également un système d’éducation capable d’enseigner de nouvelles compétences.  Notant que 90% des personnes privées d’accès à l’Internet vivent dans le monde en développement, il a appelé à combler le fossé numérique tant entre les pays qu’au niveau national.  En 2016, l’Internet deviendra la cinquième plus grande économie mondiale, après les États-Unis, la Chine, le Japon et l’Inde, a-t-il prévenu avant d’inviter les dirigeants du monde à placer ce potentiel en haut de leur liste de priorités dans les programmes de développement.

Enfin, M. Ilves a exprimé son fort soutien à la Cour pénale internationale (CPI), tout en rappelant la responsabilité première qui incombe aux pays de rendre la justice pour les crimes concernés.  L’Estonie a apporté sa coopération aux pays qui en avaient besoin pour appliquer les dispositions du Statut de Rome, a-t-il indiqué.  En outre, à l’occasion du dixième anniversaire de la responsabilité de protéger, il a réaffirmé le soutien de son pays à ce principe, en demandant à la communauté internationale de s’engager à nouveau pour prévenir tout génocide, crime de guerre, nettoyage ethnique et crime contre l’humanité.   Il a regretté que le Conseil de sécurité ait échoué à assumer ses responsabilités en la matière en ce qui concerne la Syrie et l’Ukraine.  Il a dit soutenir l’initiative du Mexique et de la France en faveur d’une plus grande responsabilité et cohérence au sein du Conseil de sécurité.

Pour M. DANILO MEDINA SÁNCHEZ, Président de la République dominicaine, le Programme à l’horizon 2030 offre l’opportunité de placer au centre des priorités « le plus grand ennemi du développement durable: l’inégalité ».  L’Amérique latine et les Caraïbes sont une région marquée par les inégalités, a-t-il expliqué.  Les 10% les plus riches de la population y concentrent 32% des revenus, tandis que les 40% les plus pauvres n’en touchent que 15%.  Dans chaque pays d’Amérique latine, il existe au moins trois niveaux de développement différents.  « Dans le voyage vers le progrès, non seulement il y a des wagons distincts et des classes distinctes, mais il y a aussi des voies et des vitesses différentes », a-t-il poursuivi.  C’est la raison pour laquelle de grands changements sont nécessaires.  Il faut transformer la structure productive, rompre avec les vieux schémas, pour avancer vers un modèle qui bénéficie à tous.  Le Président a souligné que l’État avait également un rôle important à jouer dans la redistribution des richesses, la création d’opportunités et la défense des droits de tous les citoyens, d’autant plus que la pauvreté augmente, frappant la moitié de la population latino-américaine.  Il a considéré que la politique d’austérité choisie par certains États avait aggravé la situation et retardé le progrès.  Or, les politiques économiques doivent aller de pair avec les politiques sociales, a-t-il estimé.  C’est pourquoi, il a souligné qu’il était important pour son pays d’assurer une éducation de qualité aux jeunes.

M. Sánchez a déploré la violence et l’insécurité qui marquent sa région, la seule où le taux d’homicide ait augmenté au cours des 15 dernières années.  Évoquant le débat sur la relation entre la violence et l’inégalité, il a constaté que les effets de la violence sur les biens et les personnes coûtaient aux pays de la région environ 14,2% de leur PIB.  « Il nous faut repenser notre politique de lutte contre les drogues », a-t-il plaidé.  Les dizaines de milliers de morts que cette « guerre contre le trafic des stupéfiants » a causés en Amérique latine et dans les Caraïbes ne peuvent pas être traités comme des « dommages collatéraux ».

Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de la Lituanie, s’est inquiétée des menaces qui pèsent sur les principes même de l’ONU avec l’émergence de nouvelles crises, guerres, conflits et extrémismes violents qui ont provoqué le déplacement de plus de 60 millions de personnes.  Avec les « criminels » de l’État islamique, coexistent les pratiques les plus barbares et celles des plus sophistiquées de l’information.

Au centre de l’Europe, la Charte des Nations Unies a été violée en toute impunité.  De nombreux défis en matière de sécurité sont nés avec la situation en Crimée et en Ukraine, en violation flagrante du droit international.

« On ne peut dire qu’on respecte la Charte des Nations Unies et ignorer ces violations », a lancé la Présidente.  Le non-respect de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine a de profondes répercussions sur l’ordre international, a-t-elle insisté.  « Si vous fermez les yeux sur les actes commis, ils ne disparaîtront pas pour autant », a-t-elle encore mis en garde.

Face à ces situations, pour garder sa crédibilité, le Conseil de sécurité devrait « au moins » mettre fin au droit de veto en cas de crime contre l’humanité ou de crime de guerre.

Si le Conseil avait pu garantir l’accès humanitaire et, si des mesures avaient été prises pour éviter des bombardements cruels, où en serions-nous en Syrie aujourd’hui? a-t-elle demandé.  Mais « il n’a pas agi et des millions de Syriens sont obligés de s’enfuir ».  Le monde assiste, aujourd’hui, à la plus grave crise humanitaire de l’histoire.

« Le non-respect du droit crée le pire et nous ne pouvons vivre une telle situation », a déclaré la Présidente de la Lituanie.  L’ONU doit s’adapter aux réalités du siècle et disposer des outils nécessaires pour  mieux combattre les nouvelles menaces et leurs causes profondes.

Au XXIe siècle, le monde a besoin d’une ONU forte: ou bien on agit maintenant et on partage les fruits de la mondialisation, ou bien les crises et conflits d’un monde interdépendant nous obligeront à réagir à un coût encore plus lourd, a estimé la Présidente avant de conclure que, 70 ans après la création des Nations Unies, « il nous faut démontrer que nous croyons encore fermement à cette Organisation ».

M. JAMES ALIX MICHEL, Président des Seychelles, a déclaré que les petits États insulaires en développement sont « les sentinelles de la nature et les gardiens des océans ».  Cependant, a-t-il regretté, « les actions ou l’inaction des autres menacent nos moyens de subsistance et notre existence même ».  Il a cité le pape François qui a appelé à donner la primauté à la nature et à minimiser ainsi les effets des changements climatiques.  Ceux-ci ne sont pas le fait des petits États insulaires en développement, a-t-il rappelé, en précisant que ce sont pourtant eux qui en subissent de plein fouet les conséquences.

La durabilité sera toujours au cœur des efforts de développement des Seychelles, a assuré le Président.  Il s’est dit encouragé par l’engagement des Nations Unies et du Secrétaire général pour répondre aux préoccupations et aux besoins de pays comme le sien.  Il a souhaité que les promesses soient traduites en actions concrètes, notamment en ce qui concerne le principe du traitement spécial et différencié des petits États insulaires en développement.  Pour lui, le modèle unique n’est pas d’actualité.  Il s’agit d’une approche « injuste et moralement inacceptable », alors qu’il faut mettre au point un « index de vulnérabilité » approprié.

L’objectif 14 du Programme à l’horizon 2030, intitulé « Conserver et exploiter de manière durable les océans et les ressources marines aux fins de développement durable », revêt une importance particulière pour les îles et les États côtiers, a souligné M. Michel.  Il est au cœur de ce que l’on appelle l’économie bleue.  À cet égard, le Programme d’action de la Barbade, la Stratégie de Maurice et « La voie à suivre » de Samoa sont essentiels.  De plus, la sécurité maritime est une priorité pour ces pays.  Même si la piraterie a diminué dans l’océan Indien, le Président des Seychelles a estimé qu’il faudrait continuer à faire preuve de vigilance.  En conclusion, il a souhaité l’adoption d’un accord à la prochaine Conférence de Paris sur le climat et appelé les pays à mobiliser, d’ici à 2020, 100 milliards de dollars en faveur du Fonds vert pour le climat.

M. MILOŠ ZEMAN, Président de la République tchèque, a axé son intervention sur la lutte contre le terrorisme international qu’il a qualifié d’« un outrage à la civilisation ».  C’est une grave menace, a-t-il dit, en faisant remarquer que presque tous les pays européens sont maintenant confrontés à des vagues d’immigration considérables, « qui sont la conséquence d’actes terroristes au Proche-Orient et en Afrique ».  Il a mis en garde contre des « idées fausses » qui voudraient que le terrorisme « disparaisse » ou qu’il soit possible d’éliminer ou de réduire les actions terroristes.  Au contraire, le mouvement ne fait que croître, avec un nombre croissant d’États voyous, d’actes cruels et de destructions de patrimoine comme à Palmyre, a-t-il prévenu.  Cette liste est longue, a-t-il dit, en énumérant les groupes responsables comme l’État islamique, Boko Haram, les Taliban, el-Nosra ou d’autres.

Il est également faux de penser qu’il n’existe qu’une seule forme de lutte contre le terrorisme, a poursuivi M. Zeman, qui s’est dit convaincu qu’il est possible de définir de nouvelles formes de lutte pour le combattre.  Puisque les actions unilatérales n’ont eu « aucune incidence, comme en Iraq », il n’est pas question d’aller occuper un territoire quelconque.  Le Conseil de sécurité peut, en revanche, adopter une action coordonnée pour vaincre ce fléau. Pour lui, « les cinq membres permanents du Conseil ont des intérêts différents mais un ennemi commun, le terrorisme, et rien ne peut les unir davantage ».  Il a ainsi cité le succès des efforts qui ont abouti à l’adoption de la résolution du Conseil contre la piraterie en mer.  « Pensez-vous que ces pirates étaient plus dangereux que les terroristes? » a-t-il demandé, en s’adressant à l’Assemblée.

La Charte des Nations Unies comporte de nombreux articles envisageant des actions militaires dont certains n’ont jamais été utilisés, a-t-il fait remarquer, en estimant qu’« il est maintenant temps de les appliquer ».  À cette fin, il faudrait constituer des unités militaires réduites, appuyées de drones et d’hélicoptères, de commandos et soutenues par les services de renseignements.  Ces « petites missions de casques bleus » seraient chargées d’éliminer les chefs des organisations terroristes et le centre névralgique de ces organisations, a-t-il assuré en souhaitant que certains membres permanents du Conseil de sécurité puissent présenter une résolution en ce sens.  « Quand je reviendrai l’an prochain, du fond de mon cœur, je pense que ma proposition aura été discutée » et qu’en 2017, « elle sera devenue une évidence », a-t-il conclu.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, s’est déclaré consterné de voir le degré de destruction de la ville d’Aden par les « milices criminelles », le nombre des morts atteignant 1 300 et celui des blessés 11 150, a-t-il dit.

Le Président yéménite a relaté les différentes étapes du processus politique en cours, en saluant l’appui politique de la communauté internationale et de l’ONU.  La tragédie que l’on peut décrire de « génocide » à Aden et dans d’autres villes constitue une tentative désespérée visant à imposer le modèle iranien par la force, a déclaré M. Mansour.  Le Président a dénoncé la politique d’expansion des milices houties envers les pays voisins, mettant ainsi à mal la paix et la sécurité nationales, régionales et internationales.

De plus grand efforts internationaux sont nécessaires pour aider à mettre fin à la tragédie humaine actuelle afin que le Yémen et les Yéménites ne tombent pas dans l’oubli.  Bien que les Nations Unies aient lancé un appel à l’aide humanitaire au Yémen, les contributions demeurent insuffisantes par rapport aux nombreux besoins.  M. Mansour a lui-même lancé un appel aux pays donateurs pour qu’ils fournissent leur assistance.

Il a mis l’accent sur le mécanisme de surveillance des convois humanitaires visant à garantir le retour à une vie économique normale, ainsi que l’accès de l’aide humanitaire par tous les ports yéménites.  Il a réaffirmé que tous les efforts de règlement pacifique et politique sont à appuyer.  Il a demandé aux putschistes de remettre leurs armes et de faire prévaloir la raison et d’œuvre de façon sincère à appliquer la résolution 2216 (2015) du Conseil de sécurité. 

Mme AJA ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la Gambie, a condamné ces « idéologies sataniques » qui sont non seulement une représentation erronée de l’Islam mais qui insultent également « Allah le tout-puissant ».  « L’augmentation des attaques contre des régions en paix exige de nous, les Nations Unies, que nous nous unissions pour exterminer ces monstres barbares qui n’ont aucun égard pour le caractère sacré de la vie humaine », a-t-elle dit.  Mme Njie-Saidy a ensuite affirmé que le virus Ebola posait encore un risque en Afrique de l’Ouest et souligné la nécessité d’investir dans des campagnes de sensibilisation et de vaccination afin d’assurer la sécurité sanitaire de la communauté internationale en son entier.

La Vice-Présidente de la Gambie a plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité afin d’améliorer la représentation des pays africains.  Il convient de rappeler que les pays africains représentent plus d’un milliard d’individus et 54 États souverains, a-t-elle dit, avant d’expliquer que l’Afrique méritait d’obtenir deux sièges de membres permanents et deux sièges de membres non permanents.

Elle a ensuite condamné les insultes contre les traditions religieuses de certains pays, avant d’expliquer que la Déclaration universelle des droits de l’homme consacrait la famille comme étant « l’unité naturelle et fondamentale de la société ».  L’esprit de la Déclaration exclut toute reconnaissance internationale de relations entre des personnes de même sexe en tant que famille, comme cela est le cas avec l’union civile homosexuelle et avec les soi-disant mariages entre personnes de même sexe, a-t-elle affirmé.

Enfin, la Vice-Présidente a rappelé que l’Afrique avait été, pendant des siècles, la cible d’agressions, de vols et des desseins esclavagistes des puissances étrangères.  À la lumière de la brutalité et de l’inhumanité de l’esclavagisme, des effets persistants du colonialisme et du vol des ressources africaines, elle a suggéré que l’ONU soumette au monde l’idée de réparations financières dont les gouvernements souverains des pays d’Afrique seraient les bénéficiaires.

M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande, a affirmé que la Thaïlande était déterminée à fournir un appui aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, en particulier dans le domaine du développement, de l’ingénierie et du personnel médical lorsque des besoins sont requis.  Il a souligné que son pays avait toujours accordé la priorité à la protection des droits de l’homme pour tous les groupes de la société et appuyé le renforcement des capacités de nations individuelles dans leurs efforts de protection et de promotion des droits de l’homme.

L’ONU peut se prévaloir d’un bilan honorable en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales et de prévention des abus des droits de l’homme, a-t-il dit.  M. Prayut a néanmoins estimé que de nombreux défis persistaient et nécessitaient une approche holistique, en particulier dans les efforts visant à assurer le développement.

Dans le domaine du développement durable, le Premier Ministre a réaffirmé entre autres l’attachement de son pays, pour lutter contre les effets des changements climatiques, à réduire de 20 à 25% les gaz à effet de serre d’ici à 2030, conformément à ses engagements.

En vue de lutter contre l’insécurité alimentaire, M. Prayut a appelé les États à joindre leurs forces pour aider les pays en développement, en particulier dans le cadre de la coopération Nord-Sud et Sud-Sud, en renforçant le secteur agricole afin de jeter les bases d’un secteur réel résilient et fort.

Concernant les autres défis transnationaux majeurs, le Premier Ministre thaïlandais a indiqué que son gouvernement attachait la plus haute priorité au problème de la traite des êtres humains, un problème grave qui constitue une violation grave des droits de l’homme et nécessite une assistance humanitaire, a-t-il dit.

Enfin, pour participer plus activement aux efforts internationaux visant à s’attaquer aux défis mondiaux, M. Prayut a annoncé que son pays se porterait candidat à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour le mandat 2017-2018.

M. RALPH GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a rappelé que son pays, un petit archipel montagneux de 32 îles dans les Caraïbes, était aujourd’hui gravement menacé par les changements climatiques.  Sécheresse et inondations lui ont coûté des millions de dollars au fil des ans.  Il y a un mois, la tempête tropicale Erika a frappé la Dominique voisine avec des conséquences catastrophiques et Saint-Vincent-et-les Grenadines lui a apporté des secours.  À deux mois de la Conférence de Paris sur le climat, M. Gonsalves a regretté le manque d’ambition des partenaires par rapport aux enjeux et s’est inquiété du risque d’aboutir à un « autre ballet diplomatique vide de sens ».  Pour sa part, Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est engagée à passer des combustibles fossiles aux énergies solaire, hydraulique et géothermale.  D’ici à trois ans, les 80% de son électricité seront produits par de l’énergie renouvelable, a assuré le Premier Ministre.

Par ailleurs, les répercussions de la crise économique et financière mondiale qui ont entravé la réalisation des OMD menacent celle des nouveaux ODD, a averti M. Gonsalves.  C’est pourquoi, il a réitéré l’appel de la Communauté des Caraïbes pour que ceux qui ont participé de la traite transatlantique des esclaves dédommagent leurs descendants.  Ensuite, il a demandé réparation pour les citoyens d’ascendance haïtienne qui se sont vus privés de leur nationalité en République dominicaine et déportés en Haïti, ce qu’il a qualifié de « tragédie au cœur de notre civilisation caraïbe » et de « violation flagrante des droits de l’homme ».  Saluant la détente entre Cuba et les États-Unis, il a souhaité la levée complète de l’embargo.

M. HABIB ESSID, Chef du Gouvernement de la Tunisie, a rappelé que les changements régionaux, rapides et successifs des dernières années, avaient aggravé la menace terroriste qui pèse sur la stabilité de nombre d’États dont la Tunisie.  Il a d’ailleurs cité les deux attentats contre le musée Bardo à Tunis et contre la ville de Sousse, qui étaient, a-t-il dit, des « tentatives désespérées » pour saper l’approche de modération et tolérance prise par son pays et nuire à son économie en ciblant son secteur touristique, vital.

La prévalence du terrorisme et de l’extrémisme désormais partout dans le monde suppose, selon lui, une nouvelle approche pour le contrer de façon multilatérale.  Pour cette raison, M. Essid a renouvelé l’appel lancé ici au Siège de l’ONU en faveur d’une conférence de haut niveau contre le terrorisme « afin d’unifier les efforts internationaux contre ce fléau ».  La communauté internationale doit aussi multiplier les efforts pour mettre un terme aux conflits qui encouragent le terrorisme, a-t-il ajouté en évoquant « la cause palestinienne qui demeure au cœur des préoccupations de la Tunisie ».

Le Premier Ministre a condamné la politique de colonisation israélienne qui « viole la loi internationale » et sape « la solution de deux États » garantissant paix et stabilité dans la région.  En Libye, a-t-il poursuivi, « le peuple frère » voit également sa sécurité menacée et, avec elle, celle de ses voisins dont la Tunisie.  Il a souhaité un accord politique et l’instauration d’un gouvernement d’unité nationale dans ce pays.  La présence de Daech en Libye appelle davantage de coopération entre les États voisins, ainsi que le soutien de la communauté internationale pour endiguer la menace.

Par ailleurs, quatre ans ont passé et la crise syrienne s’aggrave toujours davantage, a-t-il dit, en demandant que la communauté internationale se coordonne pour mettre un terme « immédiat » à la violence.  De même, elle doit apporter tout son soutien au Yémen pour réduire les souffrances de la population, tandis que la Tunisie appelle toutes les parties à revenir à la table de négociation.  Tout en saluant les efforts des Nations Unies en faveur de la paix et de la stabilité dans le monde, le responsable a jugé qu’il faudrait travailler davantage, en particulier pour élargir le cercle des prises de décisions ».  « Je suis confiant que les points qui nous rassemblent sont bien plus importants que ce qui peut nous séparer », a-t-il conclu.

M. SAMUELA 'AKILISI POHIVA, Premier Ministre des Tonga, a indiqué que les orateurs qui s’expriment à cette tribune se rendent souvent coupables d’une abstraction: la volonté politique.  « Cette abstraction nous détourne de la nécessité de faire montre d’engagement et de courage moral », a-t-il dit.

Il a rappelé que les « Orientations de Samoa » reconnaissent les défis spécifiques que les petits États insulaires en développement, tels que les Tonga, doivent relever, avant de souligner la nécessité que la prochaine Conférence de Paris sur le climat se solde par un succès.  « Les Tonga demeurent hautement vulnérable aux catastrophes naturelles », a-t-il dit.  M. Pohiva a également appuyé l’idée qu’un représentant spécial sur le climat et la sécurité soit nommé par le Secrétaire général.  Le Premier Ministre a également souhaité que le critère du PIB/habitant qui détermine l’accès au financement du développement soit remplacé par un critère plus approfondi qui reconnaisse la vulnérabilité spécifique de son pays.

Le Premier Ministre des Tonga a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la préservation et de la gestion durables des ressources situées dans des zones au-delà de toute juridiction nationale et appuyé l’idée d’un instrument international relatif auxdites ressources.  Avant de conclure, il a appelé de ses vœux une réforme du Conseil de sécurité afin de rendre sa composition plus équitable et représentative.

Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a affirmé que le monde était confronté aujourd’hui à un nombre sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale de conflits apparemment insolubles, entraînant des déplacements de masse à grande échelle et créant des besoins humanitaire terribles.  Le terrorisme constitue une menace mondiale, tandis que l’ampleur du développement mondial est un défi immense, a-t-elle dit, en rappelant néanmoins la réussite remarquable qu’est la Charte des Nations Unies. 

La Ministre a souligné que son pays était fier d’avoir pris une part active lors de la Conférence de San Francisco, en 1945, en élaborant un élément central de la Charte, l’Article 56, connu sous le nom de « Promesse australienne ».  Selon Mme Bishop, le Programme de développement durable à l’horizon 2013 est une concrétisation de la Promesse australienne et un signe du rôle fondamental de cette organisation.  Seule l’ONU pouvait obtenir un tel résultat, a-t-elle estimé.

Mme Bishop a ainsi souligné l’importance des 5 premiers des 17 objectifs de développement durable, qui visent à mettre fin partout à la pauvreté extrême et à la fin, à assurer une éducation de qualité, à garantir des vies saines et à réaliser l’égalité entre les sexes. 

La Ministre a en outre mis l’accent sur la nécessité, dans le cadre de la lutte contre les effets des changements climatiques, de parvenir à un engagement de l’ensemble des États Membres des Nations Unies en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Elle a insisté en outre sur l’importance d’intensifier la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles, en précisant que l’Australie avait établi un fonds pour l’égalité entre les sexes de 50 millions de dollars dans son programme de développement dans la région indo-pacifique.

Mme Bishop a par ailleurs rappelé que son pays, membre non permanent du Conseil de sécurité, participait à la coalition militaire visant à combattre Daech en Iraq et en Syrie, en estimant que la victoire contre ce groupe nécessitait une action tant militaire que politique.  L’Australie a également fourni une assistance de 230 millions de dollars depuis le début du conflit en Syrie, a-t-elle dit, en ajoutant que le prochain Sommet humanitaire mondial, en mai 2016, devrait contribuer à mettre en place un système humanitaire souple pour répondre à différents types de crise humanitaire de la manière la plus efficace.

C’est à Londres il y a 70 ans, a rappelé M. PHILIP HAMMOND, Secrétaire d’État des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, que se sont retrouvés les leaders du monde pour « tourner le dos à la guerre » et fonder les Nations Unies.  Son pays est aujourd’hui fier d’être le seul parmi les pays industrialisés à avoir tenu les objectifs d’aide au développement établis par l’ONU.

Le monde d’aujourd’hui, a-t-il relevé, est confronté à de nombreux défis, immédiats et à long terme: déni de libertés fondamentales, violations des droits de l’homme et crises humanitaires.  En outre, des menaces à long terme ont émergé comme les changements climatiques et les pandémies à l’échelle mondiale.  La communauté internationale doit y répondre pour éviter de créer de nouveaux risques pour les générations futures.

Pour M. Hammond, le plus urgent est de faire face à la crise syrienne car M. Bashar Al-Assad et l’État islamique infligent des « souffrances inimaginables » à la population civile.  Il a souligné la générosité de la Turquie, du Liban et de la Jordanie qui accueillent des milliers de réfugiés et promis que son pays veillera à ce que l’appel de fonds pour l’assistance d’humanitaire lancé par les Nations Unies soit honoré.

Le Royaume-Uni continuera par ailleurs de participer à la coalition et de mener des frappes contre l’État islamique, cependant, a-t-il assuré, tout en prévenant que se débarrasser de l’État islamique ne suffira pas à mettre fin à la crise.  Le Chef de la diplomatie britannique a appelé à un règlement politique inclusif et à traduire en justice les auteurs des atrocités commises dans le pays.  Mais, a-t-il regretté, les progrès ont été bloqués depuis quatre ans au sein du Conseil de Sécurité.

Les États doivent respecter l’indépendance et l’intégrité territoriale de leurs voisins, a-t-il insisté.  Pour lui, tout manquement doit être immédiatement « sanctionné ».  Le Royaume-Uni a d’ailleurs choisi de rester solidaire avec l’Ukraine qui a dû faire face aux conséquences d’une agression.

Face aux changements climatiques qui affectent en premier lieu les pays les plus pauvres, parce qu’ils sont plus vulnérables et ne disposent pas des capacités nécessaires pour assurer leur protection, le Royaume-Uni a promis 9 milliards de dollars sur cinq ans et espère qu’à la Conférence de Paris sur le climat, en décembre prochain, les États parviendront à un accord solide pour maintenir la hausse des températures en dessous de 2ºC.

Avant de conclure, M. Hammond a déclaré que le Royaume-Uni entendait défendre une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus efficace et espérait un mode de désignation du futur Secrétaire général « plus transparent et plus démocratique ».

M. HAMADI OULD MEIMOU, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, a dit espérer que le Programme de développement durable à l’horizon 2013 pourra contribuer à relever les défis mondiaux.  Le Ministre a souligné que son pays s’efforçait de garantir le bien-être de la population grâce à de nombreux projets de développement, en coopération avec le secteur privé et les partenaires en développement.

Le Ministre a affirmé que la Mauritanie reconnaissait le lien qui existe entre la sécurité et le développement.  Elle s’attache également à promouvoir une culture du dialogue.  Il a énuméré les défis sécuritaires auxquels son pays fait face, comme le terrorisme, les réseaux de criminalité organisée, le commerce des armes illégales et la traite d’êtres humains.  Le Ministre a fait état du cadre de sécurité et de développement prévu par cinq pays de la région sahélienne, dont le sien, pour coordonner les efforts en vue de promouvoir leur sécurité et leur stabilité pour assurer le succès du développement durable.

Le Ministre mauritanien des affaires étrangères et de la coopération, après avoir parlé des crises au Yémen et en Libye, ainsi que du conflit syrien, a affirmé que le conflit israélo-palestinien constituait une source d’animosité et nuisait à la paix et à la sécurité dans la région.  Il a condamné, en particulier, l’occupation israélienne des territoires palestiniens et le blocus de Gaza.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement nucléaire: les États Membres réitèrent leur appel à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE)

Conférence en vue de faciliter l’entrée en vigueur du TICE,
matin & après-midi
CD/3585

Désarmement nucléaire: les États Membres réitèrent leur appel à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE)

« Près de 20 ans après son ouverture à la signature, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) n’est toujours pas entré en vigueur.  Une percée est attendue car le monde ne peut plus vivre dans l’ombre des armes nucléaires. »  C’est avec ces paroles que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a ouvert ce matin, la neuvième Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du TICE.

« À la veille du vingtième anniversaire du Traité, nous devons passer de l’abstrait au concret », a exhorté de son côté M. Lassina Zerbo, Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire du TICE.

Tenue en marge de la soixante-dixième Assemblée générale de l’ONU, cette Conférence de haut niveau a réuni une cinquantaine de ministres qui ont unanimement salué l’utilité du TICE; son entrée en vigueur, a-t-il été souligné, renforcerait la confiance du régime de non-prolifération entamé par l’échec de la dernière conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP).

À ce jour, a-t-il été rappelé à maintes reprises, 164 États sont parties au TICE.  Toutefois, la ratification du Traité par huit États repris dans son annexe 2, -à savoir les États-Unis, la Chine, l’Égypte, l’Iran, Israël, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l’Inde et le Pakistan- est nécessaire pour son entrée en vigueur effective.

Dans une déclaration1 adoptée en début de séance, la Conférence du TICE a réaffirmé sa détermination à prendre des mesures concrètes en vue d’achever l’universalisation du Traité.  À cet égard, le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Erlan Idrissov, qui préside la Conférence, a affirmé vouloir « imposer une approche plus agressive ».  « Je le dis amicalement à mes amis ici présents, y compris les représentants des pays de l’annexe 2: pour les amener à ratifier le Traité, notre diplomatie sera plus volontaire et sérieuse », a-t-il indiqué. 

Rappelant que l’entrée en vigueur du TICE constituerait une avancée fondamentale vers la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires, M. Idrissov a précisé que son pays avait pris, pendant le débat général de l’ONU, une initiative destinée à faire du centenaire de l’Organisation, le premier anniversaire célébrant la création d’un monde sans armes atomiques.  « Trente ans, cela peut paraître long, mais les points de divergence sont encore nombreux.  Fixons-nous 2025 comme date d’entrée effective en vigueur du Traité! » a-t-il lancé.

La contribution du système de surveillance international mis au point par l’Organisation du TICE, capable de détecter toute explosion atomique sur la planète et de lancer des alertes au tsunami dans l’océan Indien, a également été soulignée dans la déclaration.

M. Antony Blinken, Secrétaire d’État adjoint américain, a rappelé que son pays a été le premier à signer le TICE en 1996.  « En 1999, le consentement à la ratification a été rejeté par le Congrès, qui estimait à l’époque que le TICE compromettrait notre capacité à maintenir en l’état notre système de dissuasion », a-t-il déclaré.  Désormais capables de mener à bien leur programme de dissuasion sans effectuer d’essais nucléaires ni développer de nouvelles armes de cet type: les États-Unis, « conscients du fait que le TICE est bon pour la sécurité du pays et la sécurité internationale », allaient « présenter progressivement ce Traité au peuple américain », a-t-il dit. 

M. Blinken a en outre attiré l’attention sur la nécessité d’appuyer financièrement et techniquement les travaux du Comité préparatoire du TICE afin de renforcer l’opérationnalisation du régime de vérification du Traité. 

Pour sa part, Mme Frederica Mogherini, Haut-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a appelé les États, en cette année de célébration du soixante-dixième anniversaire des bombardements « atroces » sur Hiroshima et Nagasaki, à œuvrer ensemble au désarmement nucléaire et à la non-prolifération « sous tous leurs aspects ».  Elle a salué les récentes ratifications du Congo, de l’Angola et de Niue et noté avec satisfaction la participation, pour la première fois, de Cuba aux travaux de la session de juin 2015 du Comité préparatoire.  « L’Union européenne voit dans cette participation, la première étape de Cuba vers une signature et une ratification rapide au TICE », a déclaré la Haut-Représentante.  

Le Ministre japonais des affaires étrangères, M. Fumio Kishida, Coprésident de la Conférence, a rappelé que quelque 2 000 essais nucléaires ont été menés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la destruction de sa ville natale, Hiroshima.  « Le TICE, qui a mis fin à la course aux armements nucléaires qui a marqué toute la période de la Guerre froide, doit être le catalyseur du désarmement nucléaire complet irréversible », a-t-il estimé.  Il a demandé le maintien du moratoire sur les essais nucléaires jusqu’à l’entrée en vigueur du Traité et souligné que chaque nouvelle ratification renforcerait le système de sécurité internationale.

Plusieurs intervenants ont déploré l’intention affichée par la République populaire démocratique de Corée de procéder à un quatrième essai nucléaire.  Le représentant de la République de Corée, notamment, qui, rappelant que le moratoire instauré par le TICE était devenu « une norme de fait », a exhorté la RPDC à renoncer à la totalité de ses programmes nucléaires.  M. Shin Dong-ik, le Ministre adjoint des affaires étrangères de la République de Corée, a relevé qu’après l’accord sur le nucléaire iranien, « la RPDC était le dernier défi majeur à la viabilité du régime de non-prolifération ».  « La communauté internationale doit concentrer ses efforts sur un retour de la RPDC à des pourparlers sérieux sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne », a-t-il déclaré. 

L’Égypte, autre pays repris à l’annexe 2 du TICE, a fustigé « le comportement irresponsable des trois États » ayant fait échouer, à son avis, la dernière Conférence d’examen du TNP, lors de laquelle aurait dû être avalisé le projet d’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Proche-Orient.  « Un consensus existait », a déploré M. Hisham Badr, le Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Égypte, qui a estimé que cet échec avait contribué à compromettre davantage la crédibilité du régime de non-prolifération.  Ses propos ont été appuyés par le Maroc et l’Algérie, le Ministre algérien des affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra, ajoutant que l’établissement d’une zone de ce type contribuerait grandement à apaiser les tensions dans la région.

Pour sa part, M. Wang Qung, Ambassadeur de la Chine, l’un des huit pays de l’annexe 2, a expliqué que son pays demeurait engagé à faciliter de manière responsable la ratification du TICE.  « Le Gouvernement chinois déploie des efforts constructifs et positifs pour faire avancer le processus au niveau national », a-t-il assuré, soulignant par ailleurs l’importance du renforcement des capacités du système de surveillance du TICE et du strict respect du moratoire par les cinq États dotés de l’arme nucléaire.

Par ailleurs, le représentant de la Suisse s’est félicité de ce que l’aspect des conséquences humanitaires ait été introduit dans la déclaration de la présente Conférence, indiquant que ces conséquences, non seulement suite aux drames d’Hiroshima et de Nagasaki, mais aussi « de Semipalatinsk, au Nevada », étaient suffisamment connues pour ne laisser aucun doute quant aux effets catastrophiques sur la santé et l’environnement de l’utilisation de l’arme nucléaire.

« Les mentions figurant dans la déclaration quant aux conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires nous préoccupent », a déclaré pour sa part, M. Vladimir Smirnov, représentant du Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie, affirmant que l’importance accordée aux considérations humanitaires risquait de détourner l’attention des éléments centraux de l’ordre du jour du désarmement: « Cela pourrait saper les bases du système stratégique international et obscurcir nos objectifs », a-t-il prévenu.

Assurant que la Fédération de Russie considérait le TICE comme un élément essentiel de la sécurité internationale, il a déploré le comportement des États-Unis à son égard.  « Les États-Unis avaient fait miroiter la possibilité d’une ratification imminente, provoquant par la suite une grande déception et cassant une dynamique qui aurait dû être positive », a déclaré M. Smirnov.  Il a appelé à la poursuite des « efforts collectifs et individuels » vers l’universalisation du Traité et à la création de mécanismes de vérification sur le terrain « qui conduiraient les huit pays de l’annexe 2 à réviser leur position ». 

De son côté, le représentant de la France, M. Philippe Bertoux, a tenu à rappeler l’engagement de son pays en faveur des objectifs du TICE, lequel, a-t-il fait observer, a démantelé, en 1998, un site d’expérimentations nucléaires dans le Pacifique, réduit de façon importante son arsenal nucléaire et arrêté définitivement la production de plutonium et d’uranium à des fins militaires.  Il a indiqué que son pays mettait à la disposition de l’Organisation du TICE sa compétence et des moyens scientifiques en matière de surveillance.  S’agissant de l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne le 14 juillet dernier, il a souhaité que, « pleinement mis en œuvre », il contribue à créer le climat propice à la ratification du TICE par tous les pays de la région, « à commencer par l’Iran ».

Au nom de la société civile, l’organisation « Arms Control Association », qui représentait 44 associations, a notamment invité le Japon et le Kazakhstan, deux pays ayant subi les ravages causés par l’explosion d’armes nucléaires, à redoubler d’efforts diplomatiques pour créer les conditions propices à la ratification d’au moins un pays de l’annexe 2 d’ici à la fin de 2016.

En fin de séance, la Conférence a procédé à l’adoption de son rapport, à l’annexe duquel sera portée la déclaration finale.

1CTBT-art.XIV/2015/WP.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.