Quatrième Commission: l’espace, patrimoine commun de l’humanité, doit être préservé pour le bien commun
L’espace extra-atmosphérique est un « bien commun de l’humanité » qui, à ce titre, doit rester ouvert aux activités pacifiques de tous les États, a affirmé cet après-midi le représentant de l’Iraq devant la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation. Lors de cette deuxième séance consacrée aux utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, plusieurs délégations ont mis en avant l’importance de la coopération internationale, citant notamment le Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER). Les délégations ont aussi plaidé pour un accès égal à l’orbite géostationnaire et se sont inquiétées de la gestion des débris spatiaux.
Dans un contexte marqué par une saturation de plus en plus marquée de l’espace extra-atmosphérique, plusieurs délégations, dont l’Iran et l’Argentine, ont rappelé le rôle particulier joué par l’orbite géostationnaire dont l’accès doit être assuré de manière responsable et viable à tous les États.
Pour sa part, l’Algérie a estimé que la coopération internationale en matière spatiale devrait garantir un accès équitable aux positions orbitales, conformément aux principes d’utilisation pacifique et de non-appropriation de l’espace extra-atmosphérique. Le représentant de ce pays a notamment dénoncé le principe inéquitable de « premier arrivé, premier servi » qui tend à prévaloir dans l’utilisation de l’orbite géostationnaire.
La plupart des intervenants ont présenté les activités les plus récentes de leurs programmes spatiaux en soulignant leur aspect pacifique et leur vocation à contribuer au développement durable. Étant donné le coût élevé de la recherche et des activités spatiales, le représentant d’Israël a estimé que la coopération était impérative, position partagée par les représentants de l’Inde et du Nigéria, pays en développement n’ayant pas encore ou peu de capacités spatiales. Ces délégations ont rappelé le caractère essentiel de cette coopération tant pour le développement de la science et des technologies spatiales et de leurs applications que pour les transferts de technologies mutuellement profitables.
Les discussions en cours sur la gestion et la destruction des débris spatiaux ont également été évoquées. À l’instar de la représentante de la Corée, l’Algérie a encouragé les États Membres à mettre en œuvre sur une base volontaire les lignes directrices pertinentes élaborées par le Comité de coordination interinstitutions sur les débris spatiaux. Pour sa part, la Fédération de Russie a insisté sur la responsabilité urgente pour les États de conceptualiser un régime de sécurité des opérations spatiales pour en assurer la viabilité à long terme.
La Quatrième Commission poursuivra l’examen de la question des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique le jeudi 22 octobre, à partir de 15 heures.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
Déclarations
M. SALEH (Iraq) a rappelé que son pays avait lancé son premier satellite en juin 2014, grâce à un financement italien. L’Iraq a pu développer ses activités et sciences spatiales grâce à la coopération internationale, notamment avec la Corée, a précisé le représentant, qui a également remercié les partenaires iraniens d’avoir soutenu l’Iraq en matière de développement de petits satellites. Son pays souhaite pouvoir tirer parti des applications pacifiques des sciences et technologies spatiales, notamment en matière de prévention de catastrophes et d’amélioration de la gestion de ses capacités hydrauliques. Mon pays accorde une grande importance à la facilitation de l’utilisation de l’espace par tous et sans discrimination et condamne toute vocation militaire dans l’espace, affirmant que cet espace n’appartient à personne en particulier et qu’il s’agit d’un patrimoine commun de l’humanité, a conclu le représentant.
M. MOHD RIDZWAN SHAHABUDIN (Malaisie) a souligné que l’année 2015 est décisive pour le développement durable et que les technologies spatiales peuvent servir à une mise en œuvre fructueuse des programmes grâce aux données recueillies par les satellites, notamment les données météorologiques pour les changements climatiques. Cependant, cela nécessite d’importants investissements financiers et le représentant a invité les pays développés et les organisations internationales à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités. Il a rappelé l’initiative de la Malaisie de lancer un satellite de communication pour desservir l’Asie du Sud-Est et a exprimé sa reconnaissance aux partenaires, notamment le Japon, qui ont aidé au renforcement de ses capacités spatiales.
Pour M. BENJAMIN KRASNA (Israël), compte tenu des coûts élevés de la recherche et du développement spatial, il est impératif que les leaders dans ce domaine aillent au-delà de leurs compétences nationales et s’engagent dans la coopération internationale, le milieu universitaire et le secteur privé. Mon pays est à l’avant-garde de la science et de l’innovation, ce dont témoignent notamment ses capacités spatiales et ses satellites actifs, a-t-il déclaré, précisant que l’agence spatiale israélienne a signé des accords de coopération avec des agences d’autres pays, dont la NASA et cherche à promouvoir des projets qui sauront profiter à l’humanité tout entière. Israël est connu pour son travail en innovation et en technologie qui est de nature à contribuer aux préparatifs du voyage vers Mars, a-t-il poursuivi, indiquant que près de 50% de son budget spatial était alloué à la coopération internationale dans ce domaine, comme l’atteste la récente tenue de la Conférence sur l’astronautique internationale à Jérusalem.
M. Krasna a rappelé la coopération de l’agence israélienne avec les agences spatiales de l’Union européenne, ISA et ESA, et sa contribution active à l’initiative Horizons 2020. Il a également évoqué les partenariats avec la France sur le Projet Venus et l’Italie sur le projet Shalom. Par ailleurs, Israël coopère également avec les agences spatiales de l’ONU, notamment avec UN-Spider, a affirmé le représentant israélien, qui a par ailleurs énuméré d’autres expériences dans le domaine spatial, notamment l’utilisation prochaine par Facebook d’un satellite de communication israélien, Amos-6, pour apporter l’accès à l’Internet aux nations subsahariennes. Ce satellite sera lancé en 2016, a-t-il précisé, soulignant que les réseaux satellites permettent de relier des personnes qui n’ont pas accès aux infrastructures matérielles. C’est ainsi qu’Amos-6 devrait permettre à 14 millions de personnes d’être connectées à l’Internet, a ajouté le représentant.
Mme SAIMA SAYED (Pakistan) a souligné que les technologies spatiales ont énormément évolué vers des applications pragmatiques pour la sécurité nationale et l’avancée économique des populations. Le Pakistan travaille au développement des dernières technologies pour les applications géospatiales, a précisé la représentante, affirmant qu’il était du devoir de la communauté internationale de veiller à une utilisation pacifique de l’espace pour qu’il réponde aux besoins des générations futures. Concernant les débris spatiaux, elle a signalé que les pays émergents n’ont pas les capacités financières et technologiques pour s’acquitter des obligations fixées par les directives du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) et a invité les États Membres à les soutenir. Le Pakistan est contre le déploiement d’armes et la course aux armements dans l’espace, qui représentent une menace pour l’humanité et pour l’avenir des activités spatiales, ces dernières devant au contraire être mises au service de tous et du bien-être de l’humanité, a conclu la représentante.
M. MOHAMED H. S. ELMODIR (Libye) a invité les États Membres à approfondir l’élaboration des régimes juridiques existants en termes de droit spatial et a proposé un instrument juridique international pour la gestion de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique en avançant une définition claire de cet espace. Sa délégation s’est félicitée des initiatives facilitant l’accès de l’espace à toutes les nations sur un pied d’égalité et souligné l’importance de la non-militarisation de l’espace. L’utilisation de l’espace peut être une menace pour certains États, a-t-il fait remarquer, proposant l’élaboration d’outils obligatoires destinés à diminuer les risques que posent les débris spatiaux. La Libye attend une coopération active en termes d’échanges d’informations et de données spatiales avec les nations ayant des programmes spatiaux, a souligné le représentant, notamment dans le domaine de l’alerte précoce en cas de catastrophes naturelles.
M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador), considérant que l’espace extra-atmosphérique est une opportunité pour renforcer les capacités techniques et humaines, a exhorté les pays qui ont développé des capacités d’exploration et d’exploitation spatiales à partager leurs expériences. Il s’est déclaré favorable à des négociations multilatérales sous l’égide des Nations Unies dans le but d’encadrer et d’assurer la protection et le maintien de l’espace, patrimoine de l’humanité, à des fins pacifiques. Le Salvador aspire à devenir membre du COPUOS et, comme pays très vulnérable aux changements climatiques, souhaite participer activement à l’utilisation de la technologie spatiale, a dit le représentant.
Mme NOEMI DIAZ (Philippines) a souligné l’immense potentiel des technologies spatiales pour les pays développés comme pour les pays en développement. Il faut promouvoir un accès égal et sans discrimination aux activités spatiales, indépendamment du niveau de développement des nations, a-t-elle dit, affirmant que les Philippines accordaient un intérêt majeur à l’application des technologies spatiales, à l’alerte rapide des catastrophes naturelles et aux prévisions météorologiques, domaine où le Gouvernement philippin investit par le biais du projet NOAH. Le représentant a indiqué que son pays avait activement participé au dialogue de haut niveau sur la réduction des risques de catastrophe au cours de la Conférence des Nations Unies de Sendai et a salué que le cadre adopté à Sendai insiste sur l’application des technologies spatiales et l’importance des partages d’informations et des technologies spatiales dans ce domaine. S’agissant du code international de conduite, elle a estimé nécessaire de renforcer la confiance et la tolérance et d’améliorer les mécanismes du cadre légal international. Il faudrait pleinement associer les pays en développement à ce processus, a-t-elle estimé, soulignant en outre l’importance de la question des risques posés par les débris spatiaux et celle de la non-militarisation de l’espace.
M. MAMOUDOU MANA (Cameroun) s’est félicité des progrès scientifiques et technologiques considérables apportés par l’exploration et l’utilisation de l’espace ces dernières années, qui jouent un rôle clef dans la vie quotidienne, notamment dans les secteurs de la télémédecine, du système de navigation par satellite, de la télédétection, de la prévention et de la gestion des catastrophes, de la surveillance de l’environnement, des prévisions météorologiques ou encore d’Internet. Cependant, il a regretté la tendance croissante à la militarisation de l’espace due à la course aux armements, ainsi qu’à la prolifération des débris spatiaux. La communauté internationale est amenée à examiner la question de l’utilisation sûre de l’espace et il est nécessaire de renforcer la coopération régionale et interrégionale pour assurer la primauté du droit et la sauvegarde du caractère pacifique de l’espace extra-atmosphérique, a-t-il souligné. L’ONU et le COPUOS constituent à son avis des lieux d’échanges tout indiqués en vue de trouver des solutions durables à ces défis.
M. SERGEY A. LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) a rappelé que son pays avait repris sa coopération avec le Programme d’applications spatiales de l’ONU en organisant un atelier de travail sur les systèmes internationaux de navigation spatiale. La réorganisation de l’agence spatiale russe, Roscosmos contribuera aux objectifs de coopération avec l’ONU, a déclaré le représentant, pour qui le succès du COPUOS dépendra de sa capacité à mettre en œuvre un programme de sécurité de l’espace. Les États ont la tâche de conceptualiser un régime de sécurité des opérations dans l’espace, mais le consensus sur cette question n’est pas chose facile et il faudra faire preuve de volonté politique, a poursuivi le représentant, soulignant que depuis février 2012, le Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales du Sous-Comité scientifique et technique avait réussi à renforcer la présentation de ces risques, mais qu’il avait plus de mal à définir la réglementation à mettre en œuvre un certain nombre de pays n’étant pas prêts à se montrer solidaires. « Ils veulent simplifier le texte et limiter les paramètres de réglementation au point de les vider de tout sens et de tout poids fonctionnel », a-t-il déploré. Le représentant russe a par ailleurs exprimé le souhait que les principaux aspects de la réglementation de la sécurité spatiale soient abordés par des approches pratiques. Les solutions proposées par la Fédération du Russie sont motivées par la recherche de la paix dans l’espace et contribueraient à renforcer la transparence et la confiance dans les activités spatiales, a expliqué le représentant. « C’est bien la Russie qui a défini l’ensemble des instruments qui contribuent au maintien de la paix dans l’espace en suivant les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux et les mesures de confiance et principes directeurs du document A/AC.105/1080/Add.2 », a rappelé le représentant.
Il a également estimé que l’approche à adopter pour aborder cette discussion devrait être la réglementation de la sécurité des activités spatiales, faute de quoi la règlementation du trafic cosmique n’aurait aucun sens et risquerait à la longue de saper la viabilité de ce type d’activités. Souhaitant que le Groupe de travail du sous-comité scientifique et technique se penche sur ces questions pour la période 2015-2016, le représentant a affirmé que les négociateurs russes feraient preuve de souplesse dans une certaine mesure pour représenter les intérêts des pays en développement.
M. KENNETH HODGKINS (États-Unis) a souligné les progrès réalisés dans le COPUOS et la nécessité de trouver des accords pour réduire les risques que les opérations spatiales font courir aujourd’hui à tous. Pour « répondre aux accusations malveillantes » de la Fédération de Russie, il a fait remarquer que les États-Unis et la France ont été parmi les principaux membres du sous-comité scientifique et technique alors que la Russie n’y a pas participé. Le comité a travaillé dans le consensus et les technologies spatiales contribuent à la croissance économique et à améliorer la qualité de vie dans le monde entier, a-t-il relevé. De même, le COPUOS a réussi à favoriser la coopération spatiale internationale sur son exploration à des fins pacifiques. En conclusion, il a regretté la politisation de la demande d’adhésion au COPUOS de six pays.
M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a affirmé que son pays avait adopté en 2006 son programme spatial national « Horizon 2020 » qui constitue un instrument de référence en matière de politique spatiale et un moyen d’appui au développement durable. Ce programme a connu une intensification des activités en 2015, notamment avec la première opération d’intégration de satellite au titre du programme Alsa-2B et les activités de formation et de recherche par le biais de l’École doctorale des technologies et applications spatiales créée en 2007, a-t-il indiqué. Au plan régional, l’Algérie appuie toutes les initiatives en vue de promouvoir la coopération interafricaine dans le domaine des technologies et applications spatiales au service du développement durable, a précisé son représentant. Il a par ailleurs annoncé que le programme de constellation de satellites d’observation de la Terre pour la gestion des ressources africaines et de l’environnement (ARMC), un projet de plan de développement conjoint des satellites algériens et sud-africains, était en cours de finalisation. Par ailleurs, a-t-il rappelé, son pays accueille le Bureau d’appui régional du Programme des Nations Unies de prévention et de gestion des catastrophes majeures par l’outil UN-Spider. À ce titre, l’Algérie a organisé en octobre 2015 une Conférence internationale sur la problématique des changements climatiques et la pertinence de l’outil spatial, en collaboration avec le Bureau des affaires spatiales de l’ONU.
Le représentant a également souligné l’importance de définir et de délimiter l’espace extra-atmosphérique; de garantir un accès équitable aux positions orbitales, fondées sur les principes d’utilisation pacifique et de non-appropriation de l’espace extra-atmosphérique. L’objectif consiste à mettre un terme au fait accompli inéquitable du « premier arrivé, premier servi » dans l’utilisation de l’orbite géostationnaire des satellites, a-t-il fait remarquer. Le représentant s’est prononcé en outre en faveur de la mise en œuvre volontaire des lignes directrices relatives à la réduction des débris spatiaux établies par le Comité de coordination interinstitutions sur les débris spatiaux. Enfin, la délégation algérienne a dit souscrire à l’idée d’un cadre réglementaire régissant la commercialisation des données satellitaires à haute résolution pour prévenir une utilisation malveillante.
M. JOSÉ EDUARDO PROAÑO (Équateur) a déclaré que son pays reconnaissait le COPUOS comme l’unique forum international pour le développement du droit spatial international, et qu’aucun cadre législatif ou code de bonne conduite ne pourrait inclure de clauses qui, directement ou indirectement, limiteraient le droit à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique des pays en développement. De même, ils ne devraient en aucun cas se substituer à d’autres instruments juridiques interdisant le déploiement de tout type d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, la course aux armements représentant une menace très grave pour la paix internationale. Comme les autres pays latino-américains et caribéens, l’Équateur a estimé importants la durabilité à long terme des activités spatiales et les travaux d’analyse dont ces activités font l’objet au sein du COPUOS, l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique par un nombre croissant d’acteurs étant susceptible de générer des impacts imprévisibles sur l’environnement de l’espace. Le représentant a exprimé sa préoccupation à propos de la course aux armements et au déploiement d’armes, y compris nucléaires, dans l’espace extra-atmosphérique et des problématiques générées par la saturation de l’orbite géostationnaire. La délégation s’est déclarée favorable au soutien accru à la mise en marche du système Spider, outil efficace d’alerte, de secours et de résilience en cas de catastrophes naturelles.
M. GONZALO MAZZEO (Argentine) a souligné que son pays reconnaissait l’intérêt commun de l’humanité et le droit souverain de tous les États à participer à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins exclusivement pacifiques, indépendamment de leur niveau de développement scientifique et technique. L’Argentine mise sur le développement spatial comme outil essentiel de développement et de bien-être, grâce aux satellites d’observation pour la recherche scientifique et aux satellites de télécommunications, qui ont déjà permis de faire des progrès dans l’étude et la préservation de l’environnement, la médecine, l’éducation, a-t-il dit. Toutefois, la saturation de l’orbite géostationnaire, la gestion des débris spatiaux, l’utilisation de l’énergie nucléaire dans l’orbite terrestre et le déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique pourraient affecter la durabilité des activités spatiales, s’est inquiété le représentant, qui a estimé par ailleurs que la coopération internationale et régionale dans le domaine des activités spatiales devait être renforcée.
M. ZHOU WU (Chine) a mis l’accent sur la viabilité à long terme des activités spatiales, question dont est saisi le sous-comité scientifique et technique du COPUOS. En tant que membre actif du Groupe de travail sur cette question, la Chine salue les progrès significatifs réalisés et estime que le projet de guide soumis par le Groupe de travail était une base solide pour les négociations à venir, tout en tenant compte des considérations de chacun et de la réalité de la technologie spatiale. Il est également revenu sur les deux nouveaux points inscrits cette année à l’ordre du jour du sous-comité juridique du COPUOS, notamment la gestion du trafic cosmique. Il convient, selon lui, de tenir compte de la cohérence de cette question avec le droit spatial et de veiller à ce qu’elle ne dépasse pas le cadre légal fixé par le Traité sur l’espace extra-atmosphérique.
Le représentant a annoncé que son pays avait organisé six lancements dans l’espace et la mise en service de son satellite de haute résolution Gaofen-2. Mon pays consolide graduellement ses capacités de services mondiaux, a expliqué le représentant, soulignant l’importance de l’accès équitable de l’espace extra-atmosphérique par toutes les nations pour promouvoir les usages pacifiques au service du développement. Un tel projet suppose des échanges et une coopération internationale renforcés pour aider les pays en développement à améliorer leurs propres capacités en matière de technologies spatiales, a expliqué M. Wu, ajoutant que le Gouvernement chinois cherchait à promouvoir la coopération bilatérale et multilatérale dans ce domaine. À ce titre, il a cité les 11 accords bilatéraux passés entre les autorités spatiales chinoises, des agences intergouvernementales et 10 pays. Au plan multilatéral, la Chine est restée activement impliquée dans les travaux du COPUOS et ses sous-comités et comités de coordination, a-t-il dit.
En matière de coopération internationale, la Chine accorde une importance particulière à la prévention des catastrophes, comme en témoigne sa réponse à sept demandes de mécanismes d’intervention rapide. Le délégué a également évoqué l’entrée en fonction du Centre régional pour l’éducation aux sciences et technologies spatiales de l’Asie Pacifique qui est affilié aux Nations Unies et installé à l’Université de Beihang à Beijing.
M. HOSSEIN MALEKI (Iran) a souligné que son pays attachait une importance particulière au rôle du COPUOS pour distribuer les bénéfices de l’exploration spatiale au service de l’humanité, en particulier dans les domaines de l’environnement, de la santé, de l’éducation, de la gestion des ressources et des catastrophes. L’espace extra-atmosphérique est devenu un bien économique et l’hôte des technologies de l’information et des communications (TIC), et l’Iran est convaincu qu’il doit être maintenu ouvert à l’ensemble des États à des fins pacifiques, a-t-il précisé. De ce fait, un code de conduite devrait régir toute mesure visant à limiter son accès, en particulier aux pays en développement, a indiqué le représentant, insistant sur le fait que tous les États devraient se considérer responsables du maintien de l’espace extra-atmosphérique en dehors de toute course aux armements et qu’aucun pays n’avait le droit de monopoliser l’espace. En outre, l’orbite géostationnaire étant limitée, son utilisation devrait être rationnalisée, a-t-il estimé.
Mme YOON SEOUNGMEE (Corée) a estimé que l’environnement des activités de l’espace avait radicalement changé ces dernières années. Cet espace est de plus en plus congestionné et compétitif et il existe aujourd’hui un risque accru de collision de débris spatiaux, a-t-elle estimé. Par conséquent, sa délégation est favorable à l’établissement d’un code de conduite international sur les activités spatiales qui serait une mesure pratique pour renforcer la sécurité de l’espace extra-atmosphérique et renforcer la transparence et la confiance dans ce domaine. Elle a salué le rôle du COPUOS qui œuvre notamment à la définition de lignes directrices de la viabilité à long terme des activités spatiales. La Corée rappelle que la responsabilité première en matière d’activités spatiales revient aux États, y compris pour réglementer les activités du secteur privé dans ce domaine.
S’agissant du programme spatial national de la Corée à l’horizon 2040, elle a indiqué qu’il comprenait le lancement d’un véhicule (KSLV) ainsi que d’un satellite (KOMPAST). Elle s’est dit préoccupée par les abus du droit spatial et du principe de l’utilisation pacifique de l’espace par la République populaire démocratique de Corée qui continue à utiliser la technologie de missiles balistiques.
M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a rappelé les progrès réalisés par son pays au cours de l’année écoulée en termes d’activités spatiales, notamment sa « Mars Orbiter mission » et les deux nouveaux satellites mis en orbite dans le cadre du système régional de satellites de navigation (IRNSS). Le Satellite de communication avancée GSAT-16 a également été lancé de Kourou en décembre 2014 ainsi que trois satellites d’observation de la Terre. L’Inde a également mis en place des instruments formels de coopération avec 36 pays et 3 organismes internationaux dans le domaine des activités spatiales. Elle participe en outre à un projet de l’ASEAN pour une station terrestre au Viet Nam qui recevrait et traiterait des données à partir de satellites indiens dans le domaine de la gestion des catastrophes.
M. JO JONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a indiqué que la capacité de développement spatial de son pays, depuis le lancement de son premier satellite de communication en 1998, lui donnait les moyens de lancer n’importe quel type de satellite à n’importe quel moment. La RPDC a aussi adopté une loi sur le développement de l’espace extra-atmosphérique et mis en place l’Administration nationale du développement de l’espace, a indiqué le représentant, avant de regretter les obstructions de la part de « forces hostiles » et en particulier les tentatives des États-Unis visant à montrer que les satellites de la RPDC violaient les résolutions du Conseil de sécurité. Le représentant a accusé les États-Unis d’utiliser l’espace extra-atmosphérique dans « l’objectif militaire de dominer le monde ». Utiliser l’espace à des fins pacifiques pour le bien commun est essentiel pour la paix et la sécurité internationales et pour soutenir le développement, a affirmé le représentant, affirmant la détermination de la RPDC de poursuivre et d’accélérer le développement de son programme spatial.
M. TAKEDA (Japon) a assuré que son pays contribuerait à la sécurité et la stabilité dans le monde par le biais de l’espace. Le COPUOS a un rôle important à jouer à cet égard grâce aux échanges d’informations, a-t-il dit. Le Japon déploie d’importants efforts dans le cadre des travaux du COPUOS sur la viabilité à long terme des activités spatiales, a précisé le représentant, réaffirmant par ailleurs l’attachement de son gouvernement à la coopération internationale dans les utilisations pacifiques de l’espace. À ce titre il a précisé que le Japon appuyait APR Soft.
Le représentant a également brièvement présenté les activités spatiales de son pays pour l’année en cours, notamment le projet de lancement du satellite Astro 8 et d’un autre satellite d’observation.
M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a fait remarquer que l’évolution de la technologie spatiale avait favorisé la lutte contre les changements climatiques et d’autres outils essentiels au développement économique. Il s’est félicité de l’initiative en faveur de l’adoption d’un code de conduite sur les activités spatiales fondé sur la sécurité mondiale. Conscient des difficultés d’accès universel aux bénéfices de la technologie spatiale en raison des droits de propriété intellectuelle, il a estimé impératif de veiller à ce que cette tendance ne mette pas de nouvelles entraves aux efforts pour mettre un terme aux inégalités économiques et sociales. À cet égard, il a salué les initiatives de certains pays développés de fournir des formations aux technologies dans le domaine des télécommunications, des satellites, de la météorologie et de la télédétection aux pays en développement.
Droits de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a affirmé que les lancements de satellites de son pays sont des projets pacifiques alors que certains pays s’obstinent à parler d’utilisation à des fins militaires. Il a déploré que certains pays s’arrogent le monopole de lancer des satellites et a réfuté les accusations de lancement de missiles balistiques.
La représentante de la Corée a rappelé que le Conseil de sécurité avait clairement affirmé en avril 2013 que les lancements effectués par la RPDC constituaient une grave violation même s’ils sont présentés comme des lancements pacifiques. La RPDC a une longue histoire de provocations et ne peut prétendre à des utilisations pacifiques de l’espace.
Le représentant de la RPDC a affirmé que l’espace est le patrimoine commun de l’humanité et ne devrait pas être l’apanage de certains. Pour la représentante de la Corée seuls les pays proches des USA et des pays occidentaux auraient le droit aux utilisations de l’espace, a-t-il poursuivi, soulignant que le principe de souveraineté égale était prévu par la Charte des Nations Unies et les lancements pacifiques de la Corée du Nord constituaient un droit.
La représentante de la Corée a estimé que les arguments avancés par la République populaire démocratique de Corée prouvent que ce pays n’a aucune intention de respecter les normes et obligations internationales. Il lui semble évident que la Corée du Nord est liée par les résolutions du Conseil de sécurité.