7539e séance – matin & après-midi
CS/12088

Conseil de sécurité: le Président de l’Assemblée générale et de nombreuses délégations préconisent un processus de sélection du prochain Secrétaire général « plus transparent et inclusif »

« Les candidatures de femmes à ce poste doivent retenir toute notre attention », estime M. Lykketoft, appuyé par plusieurs délégations

À l’occasion de son débat annuel sur ses méthodes de travail, le Conseil a entendu, aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale, appuyé en ce sens par la majorité de la cinquantaine de délégations ayant pris la parole, plaider en faveur d’un processus de sélection du prochain Secrétaire général qui soit « plus transparent et inclusif ».  M. Mogens Lykketoft a également suggéré que le prochain Secrétaire général, qui sera désigné en 2016 et entrera en fonctions le 1er janvier 2017, soit pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, une femme.  « Les candidatures de femmes à ce poste doivent retenir toute notre attention », a-t-il estimé, à l’instar de certains orateurs.

Saisis d’une note* du Président leur demandant de mettre en œuvre les dispositions énoncées dans un document** datant de 2010, les membres du Conseil ont tout d’abord entendu le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui a détaillé les adaptations considérables des méthodes de travail du Conseil, « organe numéro 2 de l’Organisation », au fil des années.  Il a notamment cité l’envoi, à intervalles réguliers, d’une délégation de ses membres dans les pays accueillant des opérations de maintien de la paix et l’organisation de dialogues interactifs et de débats thématiques.  M. Eliasson a également mentionné la pratique mensuelle suivie par le Département des affaires politiques, consistant à informer les membres du Conseil sur les situations susceptibles de poser des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  « Des signaux d’alerte précoce pourraient jouer un rôle encore plus important pour empêcher que des situations se détériorent », a suggéré le Vice-Secrétaire général.  De son côté, le Vice-Président du Conseil économique et social, M. Sven Jürgenson, a mis en exergue le lien « intrinsèque » entre développement pérenne et paix durable.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constituait l’occasion d’aborder la relation organique entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC de manière novatrice. 

S’exprimant au nom du Chili, de la Jordanie, de la Malaisie et de la Nouvelle-Zélande –les représentants de ces pays membres du Conseil n’ont donc pas pris la parole- le délégué de l’Angola a, pour sa part, estimé que le Conseil devrait faire preuve  « davantage de discipline » et resserrer l’éventail de ses initiatives car, a-t-il fait observer, une trop grande diversité de sujets le « distrait des réels problèmes » et affaiblit son impact.  Il a également estimé qu’il faudrait envisager des processus plus inclusifs dans la rédaction des résolutions ou des déclarations du Président.

Mais c’est bien l’allocution du Président de l’Assemblée générale qui a nourri les discussions, et ce, d’autant qu’un Président de cet organe n’avait pas pris la parole devant le Conseil depuis 8 ans.  M. Lykketoft a tenu à replacer le débat dans le contexte de la prochaine nomination du Secrétaire général, en rappelant que l’Assemblée avait, le 11 septembre dernier, adopté une résolution relative à la revitalisation de ses travaux, dans laquelle elle prie les Présidents du Conseil et de l’Assemblée de commencer à solliciter des candidatures à ce poste. Pour que cette Organisation soit dirigée avec la plus grande efficacité, le processus de désignation du prochain Secrétaire général doit être, autant que possible, ouvert et minutieux », a-t-il précisé.  Selon l’Article 97 de la Charte des Nations Unies, le Secrétaire général est nommé par l’Assemblée générale, sur recommandation du Conseil de sécurité.  Le Président a assuré qu’il enverrait une lettre à tous les États Membres décrivant le processus suivi.  Tous les États Membres, a-t-il ajouté, recevront la liste des candidats et leurs biographies.  « Je suis convaincu qu’il y a un nombre de femmes candidates qui remplissent les conditions pour devenir Secrétaire général », a dit M. Lykketoft, en faisant remarquer qu’à ce jour, aucune femme n’avait été désignée à ce poste.  « C’est pourquoi, les candidatures de femmes doivent retenir toute notre attention. »

Ce vœu a été partagé par les représentants du Royaume-Uni, de la Colombie ou encore de l’Allemagne, ce dernier rappelant, au terme d’une déclaration conjointe avec la France, que la résolution précitée de l’Assemblée invite les États Membres à considérer la candidature de femmes.  « Nous soutenons fermement cet appel », a-t-il déclaré.  Son homologue de la Pologne s’est dit en faveur de ce « pas significatif pour l’égalité entre les sexes », tout en demandant la mise en place d’une rotation régionale pour ce poste.  

Si la quasi-totalité des délégations ont plaidé pour un processus de sélection « plus transparent et inclusif » du Secrétaire général, le délégué de la Fédération de Russie a estimé qu’il était prématuré que les États Membres débattent, à ce stade, de cette question, en rappelant que l’échéance de la sélection du prochain Secrétaire général de l’Organisation était fixée à 2016.  « Cela met plus de pression sur les épaules de l’actuel Secrétaire général et risque d’introduire à l’ONU le concept de canard boiteux », a-t-il prévenu.  

Comme à l’accoutumée, un certain nombre de délégations ont saisi cette occasion pour réclamer une réforme approfondie du Conseil de sécurité.  Le Mexique, conjointement avec la France, avait proposé une initiative visant à encadrer l’usage du veto lorsque le Conseil examine des cas de crimes les plus graves, à laquelle 80 États se sont ralliés, a rappelé son représentant.  « Le droit de veto est une responsabilité et non pas un privilège », a-t-il tenu à préciser.  Comme d’autres intervenants, il a également salué l’initiative « complémentaire » du Groupe ACT -« Responsabilité, Cohérence et Transparence » - présentée par la Suisse, qui a élaboré un de code de conduite appuyant cette initiative.

De nombreux États Membres ont souhaité une réforme de la composition du Conseil afin de donner à ses décisions, comme l’a affirmé le délégué de l’Inde, « la légitimité nécessaire » et de l’adapter, selon l’expression du représentant de la Suède, « aux réalités géopolitiques qui ont considérablement changé depuis sa création ».  Le Président de l’Assemblée générale a fait part, à ce sujet, de son intention de faire progresser le processus de négociation intergouvernemental relatif à la réforme du Conseil.  L’Espagne va donner suite à la réunion de ce jour sous la forme d’un résumé des recommandations qui ont été avancées, a conclu le représentant de l’Espagne, Président du Conseil pour le mois d’octobre. 

 

*  S/2010/507
**S/2015/793

 

MISE EN ŒUVRE DE LA NOTE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (S/2010/507)

Lettre datée du 15 octobre 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Espagne auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/793)

Déclarations

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que lorsque les gens pensent aux Nations Unies, ils pensent souvent au Conseil de sécurité.  « Sur vos épaules repose une lourde responsabilité, celle de maintenir la paix et la sécurité internationales dans un monde complexe, interconnecté et globalisé.  Les attentes placées en vous et les Nations Unies sont élevées », a-t-il déclaré, en soulignant la pertinence de ce débat.  Le Conseil, reconnu comme étant l’organe numéro 2 de l’Organisation, a considérablement adapté ses méthodes de travail au fil des années, notamment en dépêchant à intervalles réguliers une délégation de ses membres dans les pays accueillant des opérations de maintien de la paix et en organisant des dialogues interactifs et des débats thématiques.  Après avoir rappelé que le Secrétariat était un partenaire vital du Conseil, notamment pour donner effet à ses décisions, il a évoqué le récent rapport rendu par le Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix.  M. Eliasson a, en particulier, souligné les propositions dans le domaine de la consolidation de la paix et du développement.  « En outre, le Secrétariat facilite les délibérations quotidiennes du Conseil, ce qui suppose d’être constamment au courant de ses pratiques et méthodes de travail », a-t-il assuré, en se félicitant de l’« interface » que constitue à ses yeux le Groupe de travail informel sur la documentation et autres questions de procédure. 

Le Département des affaires politiques, a également indiqué M. Eliasson, a établi une pratique mensuelle consistant à informer les membres du Conseil sur les situations susceptibles de poser des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  « Des signaux d’alerte précoce pourraient jouer un rôle encore plus important pour empêcher des situations de se détériorer », a suggéré le Vice-Secrétaire général.  Le Secrétariat, a-t-il continué, a également activement soutenu le principe des visioconférences permettant à des bureaux des Nations Unies de participer aux réunions du Conseil partout où l’Organisation est présente dans le monde.  Par ailleurs, le site Internet du Conseil présente désormais un bilan historique des activités du Conseil et liste des informations pertinentes relatives à ses travaux.  Citant un autre exemple de la relation organique qui unit le Conseil au Secrétariat, M. Eliasson a mis l’accent sur l’appui fourni par le Secrétariat aux 16 Comités des sanctions et les 71 experts servant les 12 groupes de surveillance des sanctions.  Il a également fait valoir l’amélioration de la coopération en matière de sanctions à travers le Groupe de travail interinstitutions sur les sanctions des Nations Unies.  Le Vice-Secrétaire général a déclaré, avant de conclure, qu’il attendait avec impatience les propositions qui permettront d’améliorer davantage les méthodes de travail du Conseil, en particulier dans sa relation avec les autres organes de l’ONU.

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé qu’il était le septième Président de l’Assemblée à s’exprimer devant le Conseil dans toute l’histoire de l’ONU.  Cela fait huit ans qu’un Président de l’Assemblée générale n’avait plus pris la parole devant cet organe, a-t-il dit.  M. Lykketoft a replacé l’interaction entre l’Assemblée et le Conseil dans le contexte de la prochaine nomination du Secrétaire général.  Les relations entre nos deux organes sont complémentaires et se renforcent mutuellement, a-t-il dit, avant de mentionner les tâches éminentes du Conseil et la coopération étroite entre cet organe et l’Assemblée concernant certaines questions, notamment les questions de paix et de sécurité ou la nomination des juges des Tribunaux pénaux internationaux.

Les méthodes du Conseil sont une question d’un intérêt majeur, et ce, d’autant qu’un nouveau Secrétaire général va être désigné en 2016, a-t-il dit.  Le Président a rappelé que 178 États Membres de l’ONU ne sont pas à l’heure actuelle membres du Conseil et que 35% des membres n’ont jamais siégé au sein de ce Conseil.  Il a ensuite mentionné la résolution adoptée par l’Assemblée le 11 septembre dernier relative à la revitalisation de ses travaux, dans laquelle elle prie les Présidents du Conseil et de l’Assemblée de commencer à solliciter des candidatures au poste de Secrétaire général.

« Je continuerai d’œuvrer avec le Président du Conseil en envoyant une lettre à tous les États Membres décrivant le processus suivi », a-t-il dit, en ajoutant qu’il était envisagé que les noms et parcours des candidats soient distribués à tous les États Membres.  M. Lykketoft a rappelé les critères, notamment en termes de compétences et de professionnalisme, que doit remplir tout candidat prétendant au poste de Secrétaire général.  « Je suis convaincu qu’il y a un nombre de femmes candidates qui remplissent ces critères », a-t-il dit, en faisant remarquer qu’à ce jour, aucune femme n’avait été désignée au poste de Secrétaire général.  « Les candidatures de femmes doivent retenir toute notre attention. »  Le Président a mentionné les appels pour que le processus de désignation soit achevé trois mois avant l’entrée en fonctions du prochain Chef de l’ONU.  « Pour que cette organisation soit dirigée avec la plus grande efficacité, le processus du prochain Secrétaire général doit être, autant que possible, ouvert et minutieux », a-t-il affirmé.

M. Lykketoft a ensuite relayé les appels de certains membres visant à améliorer et rendre plus analytique le rapport du Conseil de sécurité qui est soumis à l’Assemblée générale.  Concernant l’élection des membres non permanents du Conseil, il a indiqué que l’Assemblée organisera deux élections pendant une session, ce qui permettra aux nouveaux membres élus de mieux se préparer à leur mandat.  Enfin, le Président a souligné l’aspect délicat des discussions relatives à la réforme du Conseil.  Ce thème est crucial pour un grand nombre d’États Membres, a-t-il dit, avant de dire son intention de faire progresser le processus de négociation intergouvernemental s’y rapportant.  Enfin, le Président a espéré que cette session historique soit l’occasion d’un nouvel engagement de la part des 193 États Membres.

S’exprimant au nom du Président du Conseil économique et social (ECOSOC), son Vice-Président, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), a déclaré que cette réunion constituait un pas dans la bonne direction.  Par le passé, l’ECOSOC, afin de répondre à une demande de l’Assemblée générale, avait créé les groupes consultatifs sur la Guinée-Bissau et le Burundi, actifs de 2003 à 2006, a-t-il rappelé.  « Ces groupes laissaient présager ce que seraient les formations spécifiques de pays de la Commission de consolidation de la paix », a-t-il fait observer, en expliquant qu’ils avaient permis de resserrer les liens existant entre les deux Conseils. Dans ce contexte, le Groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique a également joué un rôle significatif.

Le Vice-Président a reconnu que la relation de l’ECOSOC avec le Conseil s’était considérablement distendue depuis quelques temps.  C’est pourquoi, il a estimé qu’il était temps de la revitaliser.  Il est d’autant plus temps de le faire que plusieurs conflits mettent en exergue le lien « intrinsèque » entre développement pérenne et paix durable.  La promotion d’un développement durable inclusif, a-t-il souligné, est essentielle pour mettre fin à des conflits potentiels.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue, pour lui, l’occasion d’aborder la relation organique entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC de manière novatrice.  « L’Objectif 16 portant sur la promotion des sociétés inclusives et pacifiques met en lumière la nécessité de s’attaquer à la violence, à la corruption et à la criminalité.  Le lien entre paix, stabilité et développement ne pouvait pas être exprimé plus clairement », a affirmé M. Jürgenson.  Le Vice-Président de l’ECOSOC a soutenu que le rôle des femmes et des jeunes ne saurait être sous-estimé dans ce contexte.  Le débat d’aujourd’hui devrait ouvrir la voie à une approche systémique et organique des liens unissant le Conseil et les autres organes de l’ONU.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola), s’exprimant au nom du Groupe sur les méthodes de travail (Angola, Chili, Jordanie, Malaisie, Nouvelle-Zélande et Espagne), a fait valoir qu’un changement efficace devrait être motivé par la pratique, l’esprit d’initiative et par l’exemple.  Cela montre que le Conseil doit améliorer ses résultats en adaptant ses méthodes de travail aux situations spécifiques et non pas sur recommandations d’un groupe de travail informel.  Si le consensus peut être l’objectif final, il ne doit pas non plus être érigé à un niveau qui signifierait le veto de 15 États membres, non seulement au Conseil mais dans les organes subsidiaires dont les Comités des sanctions.  « Ce n’est pas l’intention exprimée dans la Charte des Nations Unies », a tenu à rappeler le représentant.  Il a également insisté sur les sujets dont s’empare le Conseil, en estimant que le Conseil devrait faire preuve « davantage de discipline » et resserrer l’éventail de ses initiatives car une trop grande diversité de sujets le « distrait des réels problèmes » et affadit son impact.

Le recours au veto ne doit pas, par ailleurs, constituer une méthode de travail en soi en raison de ses effets négatifs, « en cascade », sur le travail du Conseil, en excluant régulièrement les membres élus non permanents sans autre raison que le poids de l’habitude, a-t-il déclaré.  Le représentant a estimé qu’il faudrait envisager des processus plus inclusifs dans la rédaction des résolutions ou des déclarations du Président.  Ainsi, la récente introduction du système de « responsabilité de rédacteur du texte » a sans doute renforcé l’efficacité du Conseil.  Il garantit que les premières versions d’une résolution sont rédigées par des délégations qui connaissent le sujet et le suivent de longue date.  Mais, il a aussi considérablement restreint l’implication des autres membres du Conseil, en particulier celle des non-permanents et accru le risque de ne produire que des textes voulus par les membres permanents.  C’est pourquoi, chaque fois que cela sera possible, a-t-il insisté, il faudrait changer de système.  Le Conseil, enfin, doit améliorer sa coopération avec les autres organes et bureaux de l’ONU mais aussi avec les partenaires complémentaires et régionaux de l’ONU, en particulier avec l’Union africaine pour la prévention et la gestion des conflits.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a souligné l’importance que le Conseil améliore ses méthodes de travail.  Elle a déclaré qu’elle était une fervente partisane des réunions convoquées selon la « formule Arria », en précisant que le Conseil avait tenu 13 réunions de ce type en 2015 sur des thèmes tels que la situation des droits de l’homme en Syrie ou le terrorisme.  Elle a dit son attachement à la Commission de consolidation de la paix (CCP) et espéré que le Conseil et la CCP renforceront leur interaction.  L’Assemblée générale et le Conseil ont chacun un rôle à jouer dans la désignation du prochain Secrétaire général, a-t-elle estimé.  La représentante des États-Unis s’est dit favorable à un processus qui se déroule de manière transparente et inclusive, garantisse l’implication de chaque membre et aboutisse au meilleur candidat possible.  En conclusion, la déléguée s’est félicitée que la résolution, adoptée en septembre dernier par l’Assemblée, relative à la revitalisation de ses travaux ait ouvert la voie au processus de désignation du prochain Secrétaire général.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a reconnu que des progrès avaient été accomplis dans les travaux du Conseil de sécurité, comme en témoigne la hausse du nombre de réunions « formelles », 263 en 2014.  « Cette fréquence accrue des réunions publiques, souvent non assorties de décisions concrètes, ne doit pas masquer la nécessité absolue d’engager des réformes plus profondes », a toutefois souligné le représentant, en stigmatisant l’incapacité du Conseil à trouver une solution au conflit israélo-palestinien depuis plusieurs décennies et son impuissance devant la crise syrienne.  Le représentant du Tchad a ensuite apporté son soutien à la proposition de la France de renoncer à l’usage du droit de veto en cas de situations d’atrocités de masse.  Il s’est toutefois dit sceptique devant cet « autoencadrement » de l’usage du droit de veto, dans la mesure où l’un des membres permanents peut toujours en faire usage s’il estime que ses intérêts directs sont menacés.

Pour sa délégation, le véritable changement passe par « une réforme de la Charte des Nations Unies ».  Après avoir plaidé en faveur d’un processus plus ouvert et inclusif dans la désignation du Président du Conseil, et davantage de transparence dans les travaux de ses organes subsidiaires, le représentant a estimé que le rôle de « pen holder » chargé de rédiger les projets de résolution lui semblait être un « anachronisme » et une « forme de tutelle » à bannir.  Il est grand temps, a-t-il ajouté, que les pays africains remplissent ces fonctions de « porte-plume » pour les situations les concernant directement.  En outre, le Conseil doit promouvoir la diplomatie préventive en vue d’éviter le recours trop fréquent au Chapitre VII de la Charte.  Le Tchad soutient le principe de l’élection du futur Secrétaire général de l’ONU par l’Assemblée générale, à partir d’une liste de plusieurs candidats qui ne pourraient effectuer qu’un seul mandat, a indiqué son représentant avant de conclure.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a posé trois ensembles de questions et suggéré qu’il y soit répondu dans les prochains jours via Twitter. « Comment pouvons-nous améliorer la transparence de nos travaux? » a-t-il demandé, tout se disant preneur des idées qui pourraient être avancées.  « Quel est l’intérêt de disposer de meilleures méthodes de travail lorsque un membre peut opposer son veto? » a-t-il voulu savoir, en se disant fier que le Royaume-Uni ait signé le code de conduite relatif aux atrocités de masse.  Il a salué l’allocution, faite ce matin, par le Président de l’Assemblée générale qui envoie un signal fort pour que le processus de désignation du prochain Secrétaire général soit plus transparent et inclusif.  « Nommer une femme enverrait un signal encore plus fort », a-t-il assuré.  « Comment dès lors disposer de femmes candidates présentant les compétences requises? »  Enfin, le délégué britannique a posé une dernière question: « Comment faire pour que le Conseil renforce ses efforts de prévention des conflits et lie davantage le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à ses travaux? »

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a tout d’abord résumé l’équation des Nations Unies, « avec 15 membres du Conseil de sécurité qui légifèrent et attendent que 193 mettent en œuvre leurs décisions », en qualifiant de « capital » la nécessité de garantir une plus grande transparence, une plus grande responsabilité devant les autres et une plus grande ouverture.  Pour le Comité contre le terrorisme, en particulier, il est indispensable d’impliquer un plus grand nombre d’États afin de partager expériences et meilleures pratiques et d’augmenter le nombre de réunions d’information publiques et de séances extraordinaires.  La « machinerie » de l’ONU doit s’adapter à cette nouvelle réalité, a ainsi estimé le représentant.  S’agissant des comités des sanctions, elle a souligné les efforts d’échanges faits avec les pays concernés, leurs pays voisins et les acteurs régionaux pertinents et pour mesurer les effets des mesures sur le terrain.  À cette fin, il faudrait aussi renforcer les liens avec le Secrétariat de l’ONU, a-t-elle estimé.

Alors que le Conseil est confronté à un nombre de crises simultanées sans précédent, la représentante a plaidé pour un plus grand nombre de briefings informels et ouverts de la part du Secrétariat, du Département des affaires politiques ou du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme afin de renforcer l’approche préventive.  La représentante a également plaidé pour revoir le cycle des mandats, surtout là où les situations demeurent statiques pendant longtemps et ne nécessitent pas forcément une évaluation quatre fois par an.  En revanche, a-t-elle jugé, les débats ouverts restent un outil important du Conseil, car il est parfois « douloureux » de voir des ministres de pays non membres venir s’exprimer devant le Conseil avec seulement de jeunes technocrates pour les écouter.  Enfin, la délégation de la Lituanie soutient l’idée de restreindre l’usage du veto car il est « inadmissible » qu’il serve à protéger les auteurs d’atrocités.

M. LIU JIEYI (Chine) a reconnu que le Conseil de sécurité devrait continuer à améliorer ses méthodes de travail, en affirmant toutefois qu’il ne devrait pas cesser de concentrer son énergie et ses ressources à l’exécution du mandat que lui a confié la Charte des Nations Unies, « pour éviter autant que faire se peut les doublons ».  Pour le représentant, le Conseil devrait s’efforcer d’accorder davantage d’importance à la diplomatie préventive pour s’abstenir d’avoir recours à des méthodes telles que les sanctions.  Il devrait également accorder davantage d’importance à l’opinion des pays concernés, ce qui l’aiderait à prendre des décisions « plus rationnelles », comme l’ont montré les réunions avec les pays contributeurs de troupes, a ajouté la délégation.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a souligné qu’il était nécessaire d’engager une réforme en profondeur des méthodes du Conseil afin que ses travaux soient plus inclusifs et transparents.  Le règlement du Conseil ne doit plus être provisoire, a-t-il dit.  Le délégué du Venezuela a déploré que l’avis des membres non permanents du Conseil ne soit pas davantage entendu, notamment en ce qui concerne les comités des sanctions.  Ces comités doivent exister en parallèle d’un processus politique et respecter une date butoir pour la conclusion de leurs travaux, a-t-il dit, en regrettant que cela soit loin d’être le cas dans la pratique.  Il a appelé le Conseil à tenir davantage de séances publiques au cours desquelles les pays ou organisations jouant un rôle dans la situation examinée seraient entendus.  Il a ainsi vivement déploré que le représentant de l’Union africaine n’ait pas été invité à s’exprimer lors d’une séance d’information consacrée à la question du Sahara occidental.  Le représentant a invité l’Assemblée générale à jouer un rôle de premier plan dans le processus de sélection du prochain Secrétaire général en gardant à l’esprit le souci de l’équité géographique.  M. Ramirez a défendu l’idée selon laquelle une femme devrait être nommée à la tête de l’ONU.  Enfin, le délégué du Venezuela a déploré l’utilisation du droit de veto, notamment en ce qui concerne la situation au Moyen-Orient.

Mme JOY OGWU (Nigéria) s’est félicitée de ce débat qui donne l’occasion au reste des États Membres de faire entendre leur voix sur les méthodes de travail du Conseil.  Pour elle, l’adoption d’une approche progressive pour conduire les travaux du Conseil permettrait davantage de donner de meilleurs résultats.  Après avoir reconnu les changements positifs survenus dans les méthodes de travail, comme la multiplication des débats publics, elle a estimé qu’il faudrait en faire plus.  La représentante a noté que les contacts avec les organisations régionales étaient de plus en plus fréquents, comme en témoignent les partenariats existants avec l’Union africaine.  Mme Ogwu a souhaité que ce partenariat se renforce, dans la mesure où la majorité des points à l’ordre du jour du Conseil concernent l’Afrique.  S’agissant de la Commission de consolidation de la paix, la déléguée a estimé qu’une meilleure coordination était indispensable avec cet organe, avec lequel le Conseil peut faire fond au moment de la révision des mandats.  La représentante du Nigéria a, en conclusion regretté l’interaction pratiquement négligeable avec l’ECOSOC, en dépit d’une relation inhérente entre paix et développement.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé que la question des méthodes de travail et de leur modification relevait de la seule compétence du Conseil de sécurité.  Le seul objectif de ce débat doit être d’améliorer l’efficacité de notre action car, a-t-il prévenu, « sombrer dans le populisme est contreproductif ».  Préoccupé par l’empiètement du Conseil sur les compétences de l’Assemblée générale, il a rejeté les suggestions qui visent à ce que le Conseil débatte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a également déploré le grand nombre de débats publics tenus par le Conseil, ce qui équivaut à un « déménagement de l’Assemblée dans la salle du Conseil ».  Le grand nombre de points inscrits à l’ordre du jour du Conseil empêche, a-t-il estimé, que le Conseil n’examine d’autres points qui sont pourtant cruciaux.  « Est-ce par manque de temps que le Conseil prend parfois des décisions hâtives? » s’est-il interrogé.

En ce qui concerne la désignation du prochain Secrétaire général, le représentant de la Fédération de Russie a émis des doutes sur l’opportunité de tenir un tel débat maintenant alors que la sélection du prochain Chef de l’ONU aura lieu l’année prochaine.  « Cela met plus de pression sur les épaules de l’actuel Secrétaire général et risque d’introduire à l’ONU le concept de canard boiteux », a-t-il dit.

M. Churkin a ensuite indiqué que les États-Unis avaient abusé de leur privilège de pays hôte en donnant la parole, le 30 septembre dernier, aux représentants albanais du Kosovo lors d’une réunion sur l’extrémisme violent.  « Il y a une attitude de deux poids deux mesures au sein de ce Conseil », a-t-il dit, en regrettant que certaines délégations ne veuillent pas entendre des pays africains comme le Soudan, qui participent pourtant à des opérations de maintien de la paix, ou bien encore l’Union africaine.  Il a ensuite déploré le détournement des réunions organisées selon la « formule Arria » en véritables « shows de propagande » financés sur les deniers de l’Organisation.  « Cela est inacceptable. »  Enfin, il a jugé que le droit de veto est une disposition essentielle de la Charte des Nations Unies qui permet d’arriver à un consensus au sein de ce Conseil.  « Ceux qui veulent saper ce droit veulent faire prévaloir les intérêts d’un groupe de pays en faisant fond sur la composition arithmétique du Conseil », a conclu M. Churkin.

M. FRANCOIS DELATTRE (France), dans une intervention partagée avec l’Allemagne, « initiative sans précédent », a-t-il souligné, a souhaité insister sur deux « partenaires importants » du Conseil de sécurité que sont le Conseil des droits de l’homme et la Cour pénale internationale (CPI).  Le respect des droits de l’homme est inséparable des enjeux de paix et de sécurité.  Pour cette raison, la France et l’Allemagne « encouragent des exposés plus fréquents » au Conseil du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ou de son adjoint, des Représentants spéciaux du Secrétaire général pour la prévention du génocide et pour la responsabilité de protéger, ainsi que des représentants d’autres « mécanismes » sur la question.  De même, a poursuivi le représentant de la France, il n’y a pas de paix durable sans justice et lutte contre l’impunité et c’est pourquoi, les deux pays sont favorables à des contacts plus poussés du Conseil avec la CPI, à travers des visites du Procureur au Siège de l’ONU ou du Conseil à La Haye et un meilleur partage d’informations à travers les missions de paix quand la CPI a ouvert une enquête.

Enfin, l’exigence de protection des populations passe par la capacité du Conseil à éviter les blocages quand il s’agit de mettre fin aux atrocités de masse.  La France, a-t-il rappelé, a proposé avec le Mexique une initiative visant à encadrer l’usage du veto s’agissant des crimes les plus graves, tels que définis par le Statut de Rome.  L’Allemagne et 80 États lui ont apporté leur soutien, a-t-il noté, en ajoutant que les deux pays avaient décidé de soutenir les travaux du groupe ACT (Responsabilité, cohérence et transparence).

S’exprimant dans un premier temps en sa qualité de Président de la Commission de consolidation de paix (CCP), M. OLOF SKOOG (Suède) a souligné trois aspects des travaux de la CCP qui font d’elle une « plateforme intergouvernementale unique » au service du Conseil de sécurité.  Tout d’abord, il a mis en évidence le fait que les perspectives locales et nationales figuraient constamment au centre des délibérations de la Commission.  Ensuite, il a souligné les partenariats avec des organisations et acteurs régionaux et sous-régionaux, et les principes de consultations inclusives et de renforcement du consensus qui président à l’élaboration de toutes les stratégies de la CCP.  En outre, le Président a estimé que le renforcement de la relation de la Commission avec le Conseil était indispensable, dans la mesure où elle dispose d’une connaissance unique des situations sur le terrain.

Prenant ensuite la parole en sa qualité nationale, mais aussi au nom du Groupe des pays nordiques, M. Skoog a estimé que la réforme du Conseil passait par la restriction du droit de veto et une meilleure représentativité, alors que les réalités géopolitiques ont considérablement changé depuis sa création.  Par ailleurs, davantage de transparence et d’efficacité sont nécessaires, a indiqué le représentant de la Suède.  Avant de conclure, il a plaidé pour une approche holistique plus systématique des travaux du Conseil, comme tous les rapports sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) l’ont montré de manière évidente.

M. JÜRG LAUBER (Suisse), au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (ACT), a rappelé que le Groupe avait élaboré un code de conduite visant à écarter le droit de veto dans des situations d’atrocités de masse et à soutenir toute action du Conseil.  « Jusqu’à présent, 80 États se sont engagés en faveur de ce code », a-t-il dit, en précisant que le lancement de ce code aura lieu le 23 octobre prochain.  Par ailleurs, il a demandé aux Présidents du Conseil et de l’Assemblée générale de commencer à solliciter des candidatures dans le droit fil de la résolution adoptée par l’Assemblée le 11 septembre dernier.  Le processus de sélection doit être ouvert et inclusif, a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il attendait avec impatience la tenue de réunions permettant d’entendre les candidats déclarés.  Il a appuyé la tenue de réunions selon la « formule Arria », ainsi que la tenue d’un plus grand nombre de débats publics qui permettent, notamment, aux pays contributeurs de troupes de s’exprimer.  M. Lauber a également invité le Conseil à renforcer ses efforts de prévention des conflits.  Rappelant que le Conseil agissait au nom de tous les États Membres, M. Lauber a conclu en faisant part de la détermination du Groupe ACT d’œuvrer pour l’amélioration de la transparence des travaux du Conseil.

Prenant à son tour la parole, M. HARALD BRAUN (Allemagne) a souligné la nécessité de réviser les méthodes de travail du Conseil pour les rendre plus efficaces.  Les deux pays défendent aussi un processus de sélection du Secrétaire général « plus transparent et plus inclusif », a-t-il cependant fait observer.  Sur ce point, le travail devrait être guidé par le consensus, atteint en septembre dernier, sur la revitalisation de l’Assemblée générale et envisager la nomination d’une femme à ce poste.  Par ailleurs, la France et l’Allemagne appuient tous les efforts qui permettront de renforcer la transparence du Conseil en incluant les États non membres à travers des réunions organisées selon le « format Arria » et de séances de synthèse mensuelles.  Enfin, tout cela ne saurait être atteint sans une réforme « urgente » structurelle du Conseil garantissant une représentation « équitable » et l’élargissement du Conseil, a-t-il rappelé en conclusion.

M. BHARTRUHARI MAHTAB (Inde) a d’abord regretté que les États Membres qui ne siègent pas au Conseil de sécurité aient un temps de parole limité à trois minutes.  Il a ensuite souligné l’importance de la désignation à venir du prochain Secrétaire général, en déplorant que le Conseil de sécurité n’ait « pas recommandé deux ou trois noms de candidats » comme l’Inde l’a demandé.  Il a appelé à abandonner le vote secret qui permet aux membres permanents d’utiliser leur droit de veto « sans en assumer la responsabilité ».  Le représentant a ensuite estimé que l’organe subsidiaire du Conseil de sécurité le moins transparent était le Comité des sanctions 1267 concernant Al-Qaida.  « Aucune information n’est partagée sur les critères qui déterminent comment des individus ou des organisations sont inscrits ou non sur la liste établie par le Comité, et n’importe lequel des 15 membres peut exercer son droit de veto sans explication préalable et sans en informer les autres membres du Conseil », a-t-il déploré. 

Le représentant a ensuite rappelé que l’Article 44 de la Charte des Nations Unies prévoyait des consultations avec les pays contributeurs de troupes avant que les mandats des missions de maintien de la paix soient finalisés.  « Malheureusement, cela ne s’est jamais produit », a-t-il déclaré, avant d’appeler les États qui ne sont pas membres permanents du Conseil mais y siègent en ce moment, à profiter de la présidence tournante du Conseil de sécurité pour avancer sur cette question.  Enfin, le représentant a réclamé plus de transparence dans la détermination de l’ordre de passage des intervenants lors des débats ouverts, en estimant que les États, même lorsqu’ils ne sont pas membres permanents, doivent passer avant les organisations qui ont un statut consultatif.  En conclusion, il a souligné que le problème du Conseil de sécurité allait bien au-delà de ses méthodes de travail et qu’une réflexion sur ce point ne pouvait en aucun cas se substituer à une réforme profonde du Conseil de sécurité, de manière à donner à ses décisions la légitimité nécessaire.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a rappelé que le processus de réforme du Conseil de sécurité avait débuté en 1993, en mettant l’accent sur les relations complémentaires de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a toutefois regretté qu’en dépit de certains progrès, il n’ait pas été possible de régler un certain nombre de conflits à travers le monde.  Après avoir salué la proposition conjointe de la France et du Mexique de limiter l’usage du droit de veto des membres permanents, la délégation saoudienne a plaidé pour une plus grande transparence dans le processus de désignation du Secrétaire général de l’ONU.

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a salué le travail du Groupe ACT et espéré que son code de conduite, complémentaire de la proposition franco-mexicaine de suspendre le droit de veto en cas d’atrocités de masse, recevra un large soutien.  Le droit de veto est une responsabilité et non pas un privilège, a-t-il dit, en soulignant qu’il était crucial de limiter ce droit de veto dans les cas d’atrocités de masse.  Il a appelé de ses vœux une interaction accrue du Conseil avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) et les pays contributeurs de troupes.  Il a cependant noté une amélioration des informations sur le programme du Conseil transmises aux États non membres du Conseil. Le refus des pays assumant la présidence du Conseil d’organiser des séances récapitulatives ne fait que cultiver le secret autour des activités du Conseil, a-t-il dit.

Le processus de désignation du prochain Secrétaire général devrait être plus transparent et inclusif, a-t-il espéré, en recommandant d’établir un calendrier précis.  Il a également demandé la tenue de réunions permettant des échanges de vue avec les candidats à ce poste.  En conclusion, il a affirmé que la réforme du Conseil de sécurité était possible pour autant que les États Membres fassent preuve d’ouverture.  « Nous avons besoin d’un Conseil plus représentatif et transparent », a-t-il rappelé. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a estimé que les membres du Conseil avaient beaucoup amélioré la conduite et la transparence des travaux de cet organe, mais qu’il restait encore beaucoup à faire.  Elle a défendu l’idée d’adopter une approche plus intégrée de la consolidation de la paix.  Par ailleurs, la représentante a demandé la mise en œuvre, dans les meilleurs délais, de la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, à laquelle son pays a participé.  Pour la Colombie, davantage de transparence est également nécessaire dans le processus de désignation du Secrétaire général de l’ONU.  Des réunions officieuses doivent donc être organisées avec les candidats et, dans ce contexte, la représentante a souhaité que le prochain Secrétaire général soit une femme.  C’est une « occasion historique » que les États Membres doivent se saisir, a-t-elle dit.

M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a rappelé que la procédure de nomination du prochain Secrétaire général devrait être « plus transparente, plus inclusive » et impliquer « plus d’interactions avec les candidats potentiels ».  Il a ensuite défendu la candidature d’une femme au poste de Secrétaire général, en soulignant que cela constituerait « un pas significatif pour avancer vers l’égalité des sexes ».  Rappelant, par ailleurs, le principe de la représentation régionale qui guide nombre de nominations au sein des Nations Unies, il a déploré que dans le passé, aucun Secrétaire général n’ait été originaire du bloc des pays de l’Europe de l’Est, et défendu la mise en place d’une rotation régionale pour ce poste.  Tout en insistant sur l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité, il a estimé qu’il était nécessaire d’engager une véritable réforme du Conseil de sécurité.  « Plus de transparence des activités du Conseil ne servirait pas seulement l’ensemble des États Membres, mais aussi le Conseil de sécurité lui-même », a-t-il assuré avant de conclure.

Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a affirmé que le droit de veto ne servait pas le maintien de la paix et de la sécurité internationales et appuyé la proposition conjointe de la France et du Mexique de suspendre l’utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse.  La déléguée a jugé cruciale d’appliquer les décisions du Conseil, avant de dire sa préoccupation devant la légalité de certaines lettres envoyées à la présidence du Conseil relatives aux décisions prises en vertu du Chapitre VII de la Charte.  La résolution de l’Assemblée générale, adoptée le 11 septembre dernier, montre qu’il est possible de changer les procédures anachroniques suivies à l’ONU, a-t-elle noté.  « Le moment est venu d’agir et de revitaliser le processus de désignation du prochain Secrétaire général », a conclu la déléguée du Guatemala. 

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a fait plusieurs propositions visant à améliorer les travaux du Conseil, en citant tout d’abord la nécessité de renforcer les liens du Conseil avec l’Assemblée générale et l’ECOSOC.  Il s’est ensuite déclaré en faveur d’un plus grand nombre de débats publics, en estimant par ailleurs que les nouveaux membres devraient assister aux réunions du Conseil pendant la période intérimaire entre le moment de leur élection et celui de leur entrée au Conseil.  Pour le représentant, la liste des candidats au poste de Secrétaire général devrait être partagée avec l’Assemblée générale, afin de lui donner davantage de poids dans le processus de sélection du plus haut fonctionnaire de l’Organisation.  M. Abdrakhmanov a, lui aussi, encouragé une restriction du droit de veto.  Celui-ci, a-t-il précisé, devrait être invoqué avec la plus grande prudence et nécessite donc des directives très précises pour en encadrer l’usage.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a suggéré que les Présidents de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et des formations pays participent aux débats qui pourraient les concerner, ainsi qu’aux discussions informelles.  Il a appelé de ses vœux la pleine application de la résolution adoptée par l’Assemblée générale en septembre dernier relative à la revitalisation de ses travaux.  M. Yoshikawa a appuyé l’initiative conjointe de la France et du Mexique et celle du Groupe ACT concernant l’exercice du droit de veto.  Il a indiqué que les débats publics du Conseil n’avaient pas rempli leurs objectifs.  Il a déploré notamment le fait que les États non membres du Conseil de sécurité s’exprimant lors de ces débats ne reçoivent pas de « retour » de la part du Conseil.  Enfin, il a souligné l’importance de procéder à une « codification des coutumes et pratiques invisibles » du Conseil et salué le travail du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure du Conseil. 

S’exprimant au nom de la Belgique et du Luxembourg, M. KAREL JG VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé que les crises actuelles nécessitaient plus que jamais l’ouverture du Conseil de sécurité, avec des méthodes de travail adaptées, qui lui permettent d’être plus efficace, plus transparent et plus inclusif.  « Si des progrès ont été faits, il reste beaucoup à faire », a-t-il poursuivi, avant de développer trois domaines où des améliorations sont possibles.

Au plan de la transparence d’abord, il a appelé à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, particulièrement pour le processus de nomination du nouveau Secrétaire général qui va débuter dans les prochains mois.  « Nous encourageons le Conseil de sécurité à plus de transparence, en organisant notamment des réunions ouvertes à tous les États Membres et la société civile », a-t-il indiqué.

Au plan de l’inclusion, le représentant a salué la coopération grandissante entre les États Membres qui siègent au Conseil de sécurité et ceux qui n’y siègent pas, mais qui y sont invités parce qu’ils sont directement concernés par la situation inscrite à l’ordre du jour ou parce qu’ils contribuent directement aux opérations de maintien de la paix à l’ordre du jour.  « Dans la même veine, impliquer plus le Comité de coordination technique et le Comité de coordination des projets dans les débats sur les opérations de maintien de la paix renforcerait encore le soutien à ces opérations », a-t-il ajouté.  M. Van Oosterom a également défendu l’organisation de comptes rendus publics des représentants/envoyés spéciaux et des hauts-représentants du Secrétaire général, et une plus grande coopération avec la Commission de consolidation de la paix.

Enfin, au plan de l’efficacité, le représentant a réitéré son appel au Conseil de sécurité à intervenir en cas de crimes de masse, en déplorant que celui-ci n’ait pu exercer cette responsabilité dans le passé à cause de l’usage du droit de veto.  Dans ce contexte, il a apporté son soutien à l’initiative de la France et du Mexique visant à limiter l’usage du droit de veto en cas de génocide, crime de guerre ou crime contre l’humanité.

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a souligné que le Conseil et ses organes subsidiaires doivent être efficaces, transparents et bénéficier d’une participation inclusive.  Le Conseil ne devrait recourir aux sanctions qu’avec la plus grande prudence, les différents régimes en vigueur devant minimiser autant que possible l’impact que de telles mesures pourraient avoir sur les plans économique et social.  S’agissant des délibérations du Conseil, le représentant a estimé qu’elles devraient se faire autant que possible en séances publiques, même s’il a reconnu la nécessité des réunions privées et des consultations à huis clos.  Il a apporté son soutien à la proposition franco-mexicaine d’un code de conduite en vertu duquel les membres permanents du Conseil renonceraient au droit de veto dans les cas de crimes de masse.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a insisté sur la nécessité pour le Conseil de sécurité d’entendre les appels en faveur du renforcement du multilatéralisme.  Il a mis en avant plusieurs domaines dans lesquels des avancées notoires pouvaient être faites.  Le Conseil pourrait mieux utiliser les outils à sa disposition, notamment les réunions et comptes rendus informels, pour renforcer les synergies avec les autres organes des Nations Unies et se pencher sur des problèmes de sécurité plus vastes.  Il a cité en exemple la sécurité des petits États insulaires en développement menacés par les changements climatiques, mis à l’ordre du jour du Conseil par la présidence néo-zélandaise.  Le représentant a ensuite souligné l’importance de la prévention.  « Il faut agir en amont plutôt que de réagir », a-t-il insisté, en appelant à renforcer encore l’appui au Département des affaires politiques et la coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Une revitalisation de l’application des Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies, a-t-il défendu, pour privilégier les solutions pacifiques, par le biais des missions de bons offices et des médiations, ainsi que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.

Le représentant a poursuivi en estimant qu’en attendant la réforme du Conseil de sécurité destinée à le rendre « plus transparent, démocratique, efficace, responsable et représentatif », le Conseil pourrait déjà prendre d’autres mesures pour améliorer ses méthodes de travail.  Il a ainsi apporté son soutien à l’initiative conjointe de la France et du Mexique visant à limiter l’exercice du droit de veto aux crimes de masse reconnus par le Statut de Rome.  Enfin, il a appelé le Conseil de sécurité à se pencher systématiquement sur les questions de justice pénale internationale afin de combattre l’impunité. 

M. AMR ABOULATTA (Égypte), qui prenait la parole pour la première fois devant le Conseil depuis l’élection de son pays comme membre non permanent, a estimé que cette « délégation de responsabilité » requiert ouverture et transparence afin de renforcer la légitimité et la crédibilité du Conseil.  Si de nombreux progrès ont été faits ces dernières années, il est toujours nécessaire de faire mieux.  Le Conseil est une instance collective qui suggère une participation égale de ses membres, permanents ou non permanents.  Il doit pouvoir organiser des débats plus inclusifs et plus participatifs, une approche qui permettrait de démocratiser les travaux.  Au moment où le nombre de crises exige l’attention du Conseil à un niveau sans précédent, une plus grande inclusion s’impose d’évidence.  Le Conseil doit impliquer dans sa prise de décisions les pays affectés mais aussi ceux qui ont fourni des contingents militaires ou policiers.

Il est indispensable de renforcer la coopération entre le Conseil et les autres organes de l’ONU, dont l’Assemblée générale et l’ECOSOC mais aussi le Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Le Conseil ne doit non plus oublier de resserrer les liens avec les organisations régionales et sous régionales.  L’une des tâches les plus importantes du Conseil et de l’Assemblée générale, l’an prochain, sera de nommer le nouveau Secrétaire général.  L’Assemblée générale a identifié les nombreuses imperfections du processus depuis 70 ans et avec la résolution 69/321, dont le représentant s’est félicité, elle a noté que cette responsabilité désormais « nous incombe collectivement ».  L’exigence d’efficacité et d’ouverture est réelle, les solutions existent et il est important de faire le bilan de toutes les propositions et de les transformer en mesures concrètes, a conclu le représentant.

Pour Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie), si un élargissement du Conseil permettait de mieux prendre en compte les réflexions et suggestions venues de l’extérieur, le but principal à rechercher serait d’accroître l’appropriation des travaux du Conseil par tous les pays.  « Nous avons pu mesurer l’importance d’une communication substantielle et efficace entre les membres permanents du Conseil et une audience élargie à l’occasion de la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale », a-t-elle indiqué.  Le Groupe ACT, avec le Costa Rica et l’Estonie, s’est trouvé en première ligne et se félicite de l’adoption de cette résolution.  Le plus important reste, cependant, d’en assurer la mise en œuvre, a-t-elle rappelé, en regrettant que de nombreux textes n’aient jamais été appliqués. Il faut changer cette tendance, a-t-elle martelé.

La représentante a également insisté sur le processus de désignation du futur Secrétaire général en demandant de s’assurer que « tous les meilleurs candidats » pourront être considérés sur la base d’une sélection précise.  « Nous voudrions être sûrs que la communauté internationale au sens large aura la possibilité d’entendre les candidats et que nous aurons la possibilité d’interagir avec eux », a-t-elle tenu à préciser.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a énuméré les points sur lesquels son pays attend des avancées.  En ce qui concerne d’abord la prévention des atrocités, elle a apporté son soutien à la proposition visant à limiter l’usage du droit de veto en cas de crime de masse.  Concernant la prévention des conflits, elle a estimé que le Conseil de sécurité devrait faire plus dans ce domaine, en évitant la fragmentation de l’examen de cette question entre les différents organes des Nations Unies et en s’appuyant plus sur les recommandations et avis de la Commission de consolidation de la paix.  Elle a également estimé que le Conseil de sécurité pourrait mieux utiliser les mécanismes d’alerte existants sur les menaces émergeantes.

« Le Conseil de sécurité doit être plus efficace », a souligné la représentante, en défendant une utilisation plus régulière de la palette de réunions, comptes rendus et autres mécanismes de consultation existants.  Abordant les questions de procédure, la déléguée a salué la pratique du consensus.  Elle a cependant estimé qu’en l’absence de consensus, le Conseil ne devrait pas pour autant s’empêcher de prendre les décisions nécessaires.  Insistant sur la nécessité d’améliorer les interactions avec l’Assemble générale, la représentante a salué l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution réclamant plus de transparence dans la procédure de nomination du prochain Secrétaire général.  Elle a ainsi appelé le Conseil à répondre aux attentes exprimées par tous les États Membres avec cette résolution.

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a qualifié la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies de « cruciale ».  Il a estimé que le dialogue et les interactions avec les États qui ne siègent pas au Conseil de sécurité devraient être menés de manière plus régulière et plus poussée, en particulier quand les États sont directement concernés par l’ordre du jour du Conseil de sécurité ou qu’ils sont contributeurs de troupes aux missions de maintien de la paix.  Il a appelé le Conseil à exploiter au mieux les Chapitres VI et VIII de la Charte des Nations Unies, pour renforcer les mécanismes de coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, et porter plus d’attention à la prévention des conflits et à la recherche de solutions politiques.

Le représentant a défendu une coopération « plus harmonieuse et plus équilibrée » entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, soutenant en particulier la résolution de cette dernière qui appelle à plus de transparence dans la procédure de désignation du prochain Secrétaire général.

Déplorant que l’exercice ou la menace du droit de veto ait empêché le Conseil de sécurité d’agir par le passé, le représentant s’est prononcé pour la suppression de ce droit et, à défaut, son abandon dans les cas impliquant des crimes de masse.  L’amélioration des méthodes de travail du Conseil est nécessaire mais sa réforme est « indispensable » pour qu’il soit à la hauteur des attentes de l’opinion publique.  L’Indonésie va continuer à appeler à des efforts constants pour que le Conseil soit plus démocratique, plus transparent, plus inclusif, plus efficace et plus comptable de ses actes et qu’il reflète le pluralisme de tous les peuples, a-t-il conclu.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souligné que les peuples de la planète attendent du Conseil qu’il les protège des génocides et des crimes les plus graves.  Or, comme au Rwanda ou en Bosnie et, en ce moment même, en Syrie et ailleurs, le Conseil n’y arrive pas toujours.  Ce sont là, a dit le représentant, des exemples qui illustrent le coût de l’inaction.  Certaines crises en cours ne sont même pas inscrites à l’ordre du jour du Conseil, a-t-il fait observer.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, nous nous sommes réunis pour envisager une réforme et proposer un code qui créerait une culture de responsabilité.  Par ce code, les États s’engageraient à appuyer toutes les décisions et initiatives visant à prévenir ou mettre fin aux crises et à ne pas voter contre une résolution allant en ce sens.  À ce jour, 83 États dont 7 membres du Conseil actuel et trois des cinq nouveaux élus qui siègeront à partir de janvier ont déjà signé ce code.  Le représentant s’est dit convaincu que d’autres les rejoindront. 

M. DAVID CAROLL, Observateur du Saint-Siège, a souhaité que les États Membres soient représentés, de manière plus équitable, au sein du Conseil de sécurité, le seul organe des Nations Unies ayant le pouvoir de prendre des décisions contraignantes.  Il a également souhaité que le Conseil base ses décisions sur les avis du nombre le plus large possible de délégations, les vues des États Membres devant être exprimées à l’occasion de « véritables » débats publics sur les différents conflits dont est saisi le Conseil de sécurité.  Pour M. Caroll, les décisions du Conseil seraient plus légitimes si ses résolutions étaient adoptées après qu’un nombre élargi de délégations aient pu s’exprimer, « et non pas avant ».  Il a par ailleurs souligné que le Saint-Siège appuyait toute initiative susceptible de rendre plus efficace l’application du principe de la responsabilité de protéger, en particulier en cas d’atrocités de masse.

Au nom du Mouvement des non-alignés, M. GOLAM ALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a rappelé que la transparence, l’ouverture et la cohérence devaient être les éléments clefs guidant l’action du Conseil.  Il a souligné que l’ensemble des propositions de son Mouvement était contenu dans le « Document final I ».  Il a passé en revue plusieurs priorités: les règles de procédure doivent être formalisées pour améliorer la transparence du Conseil; le nombre de réunions publiques doit être augmenté, en particulier quand elles font intervenir des États qui ne siègent pas au Conseil; les réunions à huis clos ou les consultations informelles doivent être l’exception et pas la règle, et doivent inclure les comptes rendus des envoyés spéciaux et des représentants spéciaux du Secrétaire général; la création des organes subsidiaires doit se faire dans le respect des règles et de l’esprit de la Charte; les rapports annuels du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale doivent être plus précis et plus analytiques et mettre en avant les succès mais aussi les échecs; les résolutions de l’Assemblée générale sur les questions de paix et de sécurité doivent être prises en considération; les tentatives de s’approprier des questions inscrites à l’agenda de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social (ECOSOC) doivent cesser.

Le représentant a déploré que le Conseil de sécurité soit mis au service des intérêts politiques de quelques États, réitérant l’appel de son Mouvement en faveur d’un travail « non sélectif, impartial et responsable ».  Il faut que le Conseil agisse strictement dans le cadre des attributions accordées par la Charte, a-t-il ajouté, avant d’insister sur le rôle central de l’Assemblée générale pour la nomination du prochain Secrétaire général.

M. JOSEPH TEO (Singapour) a tout d’abord déclaré que les membres permanents du Conseil de sécurité devraient s’abstenir de faire usage de leur droit de veto dans les cas d’atrocités de masse et de crimes contre l’humanité, appuyant lui aussi la proposition de code de conduite du Conseil de sécurité faite par le Groupe « Responsabilité, cohérence et transparence (ACT) ».  Il a ensuite encouragé le Conseil à adopter ses règles de procédure, qui ne sont actuellement que « provisoires », et ce, afin d’améliorer la transparence et la responsabilité de ses travaux.  En outre, a expliqué le représentant, le Conseil devrait engager les États Membres à prendre part à un « cycle vertueux de dialogue et de prise de décisions efficaces ».  La nomination, l’an prochain, du nouveau Secrétaire général devrait fournir au Conseil l’occasion de travailler en étroite coopération avec l’Assemblée générale dans le cadre de ce processus de sélection, a ajouté le délégué avant de conclure. 

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) , dont le pays est nouvellement élu au Conseil pour siéger à partir de janvier, a souligné qu’en tant qu’État soutenant les opérations de maintien de la paix, l’Uruguay souhaite particulièrement voir aboutir le processus d’examen de l’architecture du maintien et de consolidation de la paix de l’ONU.  Le rapport du Groupe d’experts indépendants, a-t-elle souligné, préconise que la priorité soit accordée aux consultations avec les pays fournisseurs de contingents et de police pour améliorer l’exécution des mandats voire leur l’élaboration.  La représentante a souligné l’importance qu’il y a à aller vite car on assiste, a-t-elle remarqué, à une recrudescence des attaques violentes contre les contingents qui partent avec des mandats de plus en plus offensifs.

Il faut entendre les acteurs sur le terrain.  Nous avons les outils mais encore faut-il les utiliser.  La résolution 1353 et les déclarations de la présidence consacrent des mécanismes de consultations avant tout déploiement.  Il est toujours possible d’améliorer le partage des informations et l’interaction entre ceux qui fixent les mandats et ceux qui les appliquent sur le terrain, a insisté la représentante. 

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a estimé que les changements « cosmétiques » apportés aux méthodes de travail du Conseil n’étaient pas de nature à promouvoir la réforme dont a besoin cet organe, à commencer par l’élargissement du nombre de ses membres.  De plus, a-t-il dit, le Conseil doit travailler en étroite coopération, mais dans la limite de leurs mandats respectifs, avec l’Assemblée générale dans la recherche de solutions à la pléthore de défis qui se posent aujourd’hui à la communauté internationale.  Par ailleurs, une coordination renforcée est nécessaire entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  D’une manière générale, a estimé le délégué, le renforcement de la relation entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales contribue à assurer le succès dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil, a-t-elle dit, doit faire des progrès en direction de l’adoption de son règlement intérieur, qui continue d’être provisoire 70 ans après la création de cet organe.  

M. ÁLVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a souhaité rendre les débats publics plus efficaces, par exemple en arrivant à les clore en une seule séance si chacun concentre ses messages comme l’a souhaité la présidence espagnole.  Il a également suggéré des réunions régulières avec l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix.  Le Conseil, a-t-il insisté, doit réfléchir à la façon de mieux utiliser les organes subsidiaires de l’ONU pour répondre aux menaces à la paix et la sécurité internationales comme les changements climatiques ou les pandémies.

« Nous n’appuyons pas les réunions sans fin pour retarder la prise de décision », a-t-il insisté, car le Conseil a vocation à décider et n’est pas une enceinte de débat.  Mais les réunions « rondement menées » peuvent être importantes pour prendre des décisions cohérentes.  La diversité de l’ONU est sa force et la sécurité est liée à tellement d’aspects que le Conseil ne peut s’affranchir de l’expérience des autres États.  Bien au contraire, a insisté le représentant, il peut en bénéficier.  Les membres du Conseil doivent réfléchir à institutionnaliser les échanges interactifs.

Mme ELIF ÇALIŞKAN (Turquie) a, lui aussi, apporté son soutien à la proposition défendue par la France et le Mexique, ainsi que par le Liechtenstein au nom du « Groupe responsabilité, cohérence et transparence » concernant la restriction de l’exercice du droit de veto.  Il a aussi attiré l’attention sur le processus de sélection du Secrétaire général, une question qui met précisément en lumière les liens entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  S’il s’est félicité de la décision que vient de prendre l’Assemblée sur la revitalisation de ses travaux, il a toutefois regretté qu’aucune référence n’ait été faite à une date butoir ou à un nombre de candidats.  Après avoir insisté sur l’importance de l’interaction entre le Conseil et les autres entités de l’ONU à savoir l’Assemblée mais aussi l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix, il a aussi mis l’accent sur les liens entre l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales et les pays qui n’en font pas partie.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a appelé à développer les relations entre le Conseil de sécurité et les autres organes de l’ONU, en particulier avec l'Assemblée générale.  Il a appelé à une coopération étroite entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale pour toutes les questions relevant des prérogatives de l’Assemblée, mais aussi avec l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Le Conseil de sécurité devrait faire un meilleur usage des fonctions de conseil de la CCP, a insisté le représentant du Brésil avant de mettre l’accent sur la valeur ajoutée des rencontres informelles entre les présidents des configurations pays de la CCP et les membres du Conseil de sécurité.  Il a souligné qu’il était indispensable que le Conseil de sécurité s’appuie sur les rôles de prévention et d’alerte précoce de la CCP.  Les membres non permanents du Conseil de sécurité doivent non seulement participer aux négociations, mais aussi prendre l’initiative de la rédaction et des propositions.  Le délégué du Brésil a rappelé, à cet égard, que l’une des initiatives les plus constructives relative à la Syrie, qui avait conduit à l’adoption de la résolution 2139 (2014) sur l’accès humanitaire au pays, avait été conduite par trois membres non permanents.  Il a également indiqué que l’adoption de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité a abouti grâce à la persistance de membres non permanents, sous la direction de la Namibie il y a 15 ans. 

Pour M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay), transparence, participation et responsabilité sont les principes fondamentaux à respecter pour les travaux du Conseil de sécurité.  La transparence, à chaque étape des travaux, est nécessaire alors que les réunions publiques ne sont aujourd’hui que l’exception et non pas la règle.  C’est pourquoi, les États non membres du Conseil ne peuvent pas influencer ses décisions.  S’agissant de la participation, il a indiqué que celle des membres non permanents du Conseil doit être égale à celle des membres permanents, sinon ces derniers continueront d’imposer leur position aux autres et affaibliraient ainsi le processus démocratique des décisions.  Les États qui ne siègent pas au Conseil doivent pouvoir être associés aux travaux qui les concernent.  Pour ce faire, ces travaux doivent être annoncés suffisamment à l’avance, a demandé le représentant.  Enfin pour la responsabilité, « quand on agit au nom de tous, on doit devoir rendre des comptes », a estimé le représentant, en regrettant que les rapports annuels du Conseil à l’Assemblée générale n’apportent pas une analyse de fond, au lieu d’une simple liste de réunions présentées par ordre chronologique.  Il a ensuite souhaité que le choix du prochain Secrétaire général soit « transparent et inclusif », et soit assuré à la fois par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.

En conclusion, a-t-il résumé, le Conseil a pris en considération un certain nombre de propositions transmises par l’Assemblée et des États Membres et certaines ont été intégrées. Il a ainsi appelé les membres du Conseil à tenir compte des propositions issues du présent débat.

M. JUAN CARLOS MENDOZA (Costa Rica) a souligné la nécessité d’une communication plus fluide et dynamique entre le Conseil de sécurité et les autres organes, non seulement avec l'Assemblée générale, l’ECOSOC et le Secrétariat, mais aussi avec la Commission de consolidation de la paix (CCP), les représentants et envoyés spéciaux du Secrétaire général et surtout la Cour pénale internationale et la Cour internationale de Justice.  Cette communication devrait être étendue aux commissions régionales et sous-régionales, a estimé M. Mendoza.  Il a salué la contribution des membres non permanents du Conseil de sécurité en les invitant à s’assurer que le Conseil de sécurité améliore la transparence de ses travaux.  Il a souligné l’importance du rôle du Secrétaire général à travers son rôle de bons offices ou son initiative « Les droits avant tout ».  M. Mendoza s’est dit convaincu que l’élection du prochain Secrétaire général sera une opportunité de gagner encore en transparence et de renforcer les relations entre l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Il s’est félicité que le processus de sélection du prochain Secrétaire général de l’ONU permettra, pour la première fois, aux États Membres de dialoguer avec les divers candidats. 

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a souligné qu’il était important de débattre des travaux du Conseil dans la perspective de l’élection du prochain Secrétaire général avec deux concepts essentiels -la transparence et l’éthique- qui doivent prévaloir à tous les niveaux du processus et de l’organisation.  Les structures internes de l’ONU n’ont pas toujours évolué en 70 ans, ainsi de la composition du Conseil, a-t-elle constaté.  L’idée est donc simplement de faire en sorte que l’Organisation soit composée de manière à mieux correspondre aux réalités géopolitiques actuelles.  L’ONU et le Conseil doivent se montrer à la hauteur des enjeux et il convient de renforcer le débat pour des prises de décisions appropriées au nom des 193 États Membres.  Les fonctions attribuées au Conseil par la Charte, 70 ans après, demeurent pertinentes mais il doit se montrer plus transparent, plus efficace et plus responsable. 

Elle a souhaité que le recours au veto soit limité en cas de crime grave et a appuyé le code de conduite proposé par le Liechtenstein, tout en suivant « de près » l’initiative conjointe de la France et du Mexique.  Enfin, le Panama souhaite une large participation des États au Conseil de sécurité, surtout des pays en développement, qui demandent une plus grande transparence dans la prise de décisions.  Le veto a peut-être eu son utilité en 1945 mais, aujourd’hui, les pays, même les plus petits, exigent un principe d’égalité.

M. JIRI ELLINGER (République tchèque) a souhaité que le débat insiste sur la possibilité de rendre le Conseil plus transparent.  À ses yeux, l’élection du Secrétaire général est un aspect « essentiel »  de la transparence.  Il a souhaité une réforme du mode d’élection et salué l’idée que les candidats viennent se présenter devant l’Assemblée générale pour garantir la transparence et l’éthique du processus.  Le représentant a rappelé que la République tchèque présentera demain sa candidature à l’ECOSOC.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est rallié à la déclaration faite par la Suisse, au nom du Groupe ACT, en insistant, en particulier, sur la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale qui appelle à une procédure inclusive et transparente pour la désignation du prochain Secrétaire général de l’ONU.  Il a ensuite indiqué que, par souci de transparence, le Conseil de sécurité devrait tenir plus de réunions publiques sur des questions de fond.  « Les débats ouverts permettent aux pays qui ne siègent pas au Conseil de sécurité de s’exprimer », a-t-il insisté.

Abordant la question de la démocratisation du Conseil de sécurité, il a estimé que « l’objectif ultime est l’élimination du droit de veto », avant d’appuyer tous les efforts visant à le limiter, notamment l’initiative conjointe de la France et du Mexique qui limite l’usage du droit de veto en cas de crimes de masse ou de violations du droit international humanitaire.  Il a précisé que le Groupe ACT travaillait également sur un code de conduite qui limite la possibilité de voter contre une résolution dont l’objectif est de mettre fin à un génocide ou des crimes contre l’humanité.  En conclusion, il a souhaité une intensification des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  « Les membres du Conseil de sécurité doivent tenir compte de l’avis des pays contributeurs quand ils fixent les mandats ou les reconduisent », a-t-il insisté.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a salué l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité au cours des dernières années, mais il a souhaité revenir sur plusieurs points qui restent des priorités pour son pays.  Il a souligné que le Conseil de sécurité devait continuer de renforcer son ouverture, sa transparence et son inclusion dans les processus de prise de décisions.  Il a demandé un élargissement des débats et l’organisation de plus de réunions publiques ou de comptes rendus pour impliquer les pays qui ne siègent pas au Conseil mais sont directement concernés, notamment les pays contributeurs de troupes.  Le représentant a ensuite mis en avant la nécessité de mettre réellement en œuvre les décisions destinées à améliorer les méthodes de travail du Conseil, citant en exemple une initiative proposée par le Pakistan lorsqu’il occupait la présidence.

Il a poursuivi en défendant des procédures plus transparentes et une représentation plus équilibrée dans les panels d’experts désignés par le Conseil de sécurité.  Il a également plaidé pour plus d’indépendance du Bureau du Médiateur, estimant qu’il n’y avait aucune justification pour que son rôle soit limité aux seuls comités des sanctions.  Pour renforcer les relations entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, il a souhaité que soient organisées plus de réunions publiques.  Abordant la question de la désignation du prochain Secrétaire général, le représentant a déploré une procédure « opaque » qui nuit à l’ensemble des Nations unies, avant de qualifier le Conseil de sécurité de « maître dans l’établissement de ses propres règles de procédure » et d’appeler à plus de responsabilité de la part de ses membres permanents.  

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a estimé que les réformes apportées jusqu’à présent n’étaient que « purement formelles » et ne garantissaient pas de véritables changements dans l’organisation des travaux du Conseil de sécurité.  Seuls les membres permanents sont amenés à prendre les décisions fondamentales et parfois, certains d’entre eux ne sont même pas consultés.  Quant aux membres élus du Conseil, ils doivent soit accepter le fait accompli, soit décider de ne pas se rallier à la décision sans pour autant avoir la possibilité de faire approuver des amendements.  Le débat public doit permettre aux membres du Conseil d’apporter leur analyse, ce ne sont pas des exercices de pure forme, a-t-il dit, en faisant remarquer que les membres du Conseil n’attendaient même pas la fin d’un débat pour prendre une décision.

Le représentant a ainsi demandé que le Conseil organise davantage de réunions publiques.  L’État concerné par le point à l’ordre du jour doit pouvoir participer à la réunion du Conseil convoquée pour examiner la question.  Dans les résolutions et déclarations du Conseil, il faudrait tenir compte des avis des autres États Membres de l’Organisation et des autres organes de l’ONU, a-t-il recommandé.  Le représentant de Cuba s’est dit préoccupé de constater que de plus en plus, ce Conseil assume des fonctions qui ne lui sont pas attribuées et qui sont dévolues à d’autres organes de l’ONU.  Avant de conclure, « le veto est un privilège anachronique » et « antidémocratique » qui doit être éliminé.  Un Conseil plus transparent sera plus légitime et tiendra compte de tous les membres, a-t-il estimé, en précisant que les idées ne manquent pas, mais il faut agir immédiatement.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a rappelé que son pays était membre non permanent du Conseil pour la période 2016-2017 et qu’il entendait à cette occasion œuvré pour une amélioration des méthodes de travail du Conseil, conformément aux engagements pris par l’Ukraine lors de sa « campagne électorale ».  Il s’est engagé à renforcer l’interaction avec chaque État Membre et plus généralement à promouvoir le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies.  « C’est par le dialogue permanent, les consultations et l’accès au Conseil de toutes les délégations que l’Ukraine entend maintenir ses contacts rapprochés avec tous ceux qui ont un intérêt dans les travaux quotidiens du Conseil », a déclaré le représentant.

Soulignant que le Conseil de sécurité était attendu sur la nomination du prochain Secrétaire général, il a défendu une mise en œuvre complète de la résolution de l’Assemblée générale 69/321 qui stipule que « le processus doit être guidé par les principes de transparence et d’inclusion ».  Il a défendu la présence des pays contributeurs de troupes aux travaux du Conseil dès lors que les débats portent sur une mission de maintien de la paix dans laquelle ils sont impliqués.  « Cette participation doit s’étendre à toute la durée des missions. »

Le représentant a également souligné que la diplomatie préventive, les médiations et les missions politiques visant à une résolution pacifique des conflits devaient devenir la priorité du Conseil.  Il a aussi estimé que le droit de veto n’était plus utilisé pour les raisons initialement prévues.  Il a donc soutenu la proposition de la France et du Mexique d’y renoncer dans les cas de crimes de masse.  L’étape suivante pourrait être « l’interdiction du droit de veto en cas d’agression contre un État Membre des Nations Unies », a-t-il suggéré.  Il a également proposé que les États qui ont recours au veto soient contraints d’en expliquer les raisons.  Il a enfin demandé qu’un État membre du Conseil, permanent ou non permanent, ne puisse pas participer aux votes dès lors qu’il est partie prenante à un conflit.

M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a rappelé que le Conseil de sécurité avait de nombreuses responsabilités qui rendent nécessaire la coordination de cet organe avec d’autres entités du système des Nations Unies.  Soucieux d’éviter les doublons, le représentant a dénoncé la tendance du Conseil à empiéter sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Tout en reconnaissant que des liens évidents existent entre stabilité et développement, il a tenu à souligné que « la paix n’est pas le seul facteur à peser sur le développement ».  Sa délégation a en outre regretté le manque de progrès accomplis au cours de ces dernières années en ce qui concerne le respect des procédures, y compris pour l’inscription et la radiation d’individus et d’entités des listes établies par les comités de sanctions.  C’est pourquoi, le représentant a souhaité la généralisation du mécanisme du Médiateur à l’ensemble des régimes de sanctions en vigueur.  Concernant l’élection du prochain Secrétaire général de l’ONU en 2016, le représentant de l’Argentine a plaidé pour que le processus de sélection corresponde à une véritable élection.  À cet égard, il a estimé que la résolution, adoptée le 11 septembre dernier, « si elle n’est pas parfaite », n’en reste pas moins un pas dans la bonne direction. 

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a souhaité la tenue d’un plus grand nombre de débats publics au Conseil et la formalisation des règles de procédure, lesquelles, a-t-il fait remarquer, sont « provisoires depuis 70 ans ».  Le Conseil doit établir des organes subsidiaires en conformité avec la Charte des Nations Unies et ces organes, a-t-il dit, doivent fréquemment faire le point sur leurs activités devant l’ensemble des États Membres.  M. Boukadoum a souligné que la coopération du Conseil avec les organisations régionales et sous-régionales était cruciale.  Les questions examinées par l’ECOSOC ne devaient pas être inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a-t-il soutenu.  Le rapport du Conseil soumis à l’Assemblée doit être plus détaillé, a recommandé M. Boukadoum.  Enfin, le délégué de l’Algérie a rappelé que l’amélioration des méthodes de travail du Conseil faisait partie intégrante de la réforme de cet organe et rappelé la position africaine commune à ce sujet, telle que contenue dans le Consensus d’Ezulwini.

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération et la coordination entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies.  Il a déploré que les propositions formulées ces dernières années par les États Membres n’aient pas encore été concrétisées, citant en premier lieu le processus de désignation du Secrétaire général.  Réaffirmant le soutien de sa délégation à la résolution 69/321 de l’Assemblée générale qui appelle à une procédure plus transparente et inclusive, le représentant a souhaité que le processus commence le plus tôt possible, qu’une liste de critères pour le poste de Secrétaire général soit clairement établie et que des consultations démarrent avec l’ensemble des États Membres.  Il a également estimé que les noms et les biographies des candidats circulent afin que les délégations puissent avoir un échange officiel avec les avec les candidats sur leurs projets.  Il a également appelé le Conseil de sécurité à proposer plusieurs noms à l’Assemblée générale, afin de laisser l’ensemble des États Membres choisir. 

Le représentant s’est ensuite félicité de la coopération qui existe entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine.  Il a toutefois appelé à l’organisation de réunions consultatives plus régulières afin de formuler des stratégies adaptées au cas par cas.  Se félicitant ensuite des débats en cours visant à éliminer ou à limiter l’usage du droit de veto, le représentant a souligné que la question fondamentale était, d’abord et avant tout, celle d’une réforme profonde du Conseil de sécurité et de ses méthodes de travail.  Il a ainsi plaidé pour une refonte de sa représentativité pour qu’elle corresponde aux réalités géopolitiques actuelles.  À cet égard, il a rappelé le Consensus d’Ezulwini, qui accorderait au continent africain deux sièges permanents et cinq sièges non permanents au Conseil de sécurité.   

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) s’est rangé derrière les déclarations faites par l’Iran au nom du Mouvement des non-alignés.  Il a souhaité que la réforme des méthodes de travail du Conseil de sécurité ne soit pas « une demi-mesure » mais renforce son efficacité et sa légitimité.  Plaidant pour des changements « progressifs », le représentant a mis en avant la nécessité d’avancer l’élection des membres non permanents pour qu’ils disposent d’une année pour se préparer à exercer leurs responsabilités.

« Le Conseil de sécurité ne devrait pas continuer à donner l’impression qu’il prend en otage l’agenda d’autres organes des Nations Unies, qu’il passe son temps à s’en autocongratuler et qu’il se contente de petites actions qui font porter à d’autres organes de l’ONU les conséquences de son inaction », a poursuivi le représentant, avant de dénoncer aussi la pratique consistant à adopter des conclusions avant même la tenue des débats.  Il a également appelé à changer la pratique qui permet aux États Membres de voter deux fois, au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, citant en exemple la désignation des juges à la Cour internationale de Justice.

Enfin, il a estimé que le mandat du Secrétaire général des Nations Unies ne devrait pas être renouvelable, pour être sûr qu’il produise des résultats « forts » et « efficaces » et qu’il ne soit pas « focalisé sur sa réélection ».  Le représentant a appelé les États Membres à s’inspirer de la nouvelle Constitution du Népal pour mettre en œuvre l’égalité des sexes aux postes les plus élevés.

M. SANA MABONEZA (Rwanda) a plaidé en faveur d’un processus de désignation du Secrétaire général plus transparent, plus inclusif et plus crédible dans le droit fil de la résolution que l’Assemblée générale a adoptée le 11 septembre dernier.  Il a appuyé la proposition de la France et du Mexique visant à renoncer au droit de veto pour les crimes graves.  Il a souligné l’importance des réunions tenues en vertu de la « formule Arria » et des dialogues informels, avant de souhaiter une interaction plus systématique entre le Conseil, les pays contributeurs de troupes et les organisations régionales et sous-régionales.  Tous les États Membres devraient pouvoir participer aux séances récapitulatives du Conseil pour évaluer ses travaux, a-t-il déclaré, avant d’appeler de ses vœux à la réforme du Conseil, dans les deux catégories de membres, avec le maintien des prérogatives actuelles, y compris le droit de veto.

S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a déclaré que la communauté internationale faisait face à de nombreux défis, de plus en plus complexes auxquels le Conseil devrait répondre.  Pour la délégation, l’efficacité de cet organe dépend principalement de l’amélioration de ses méthodes de travail, à commencer par l’adoption d’un règlement intérieur permanent.  Le représentant a également plaidé pour que les États concernés par les points inscrits à l’ordre du jour du Conseil puissent participer à ses délibérations et y faire des contributions pertinentes.  Par ailleurs, a-t-il dit, il est nécessaire de réduire au minimum les réunions officieuses et à huis clos, « qui doivent devenir l’exception et non plus la règle ».  Le Groupe des États arabes, a ajouté le délégué, engage en outre les organes subsidiaires du Conseil à produire des rapports sur leurs travaux dont pourraient prendre connaissance les États Membres.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a souligné la nécessité d’améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité.  La réforme du fonctionnement est nécessaire afin de rendre le Conseil plus représentatif, a-t-il dit, en déplorant que le continent africain ne soit pas représenté de manière permanente au sein de ce Conseil.  Il a déploré que la plupart des réunions du Conseil se déroulent à huis clos, même si le nombre de débats publics, a-t-il reconnu, a augmenté.  Au nom de la transparence, il a souhaité que les États concernés participent aux consultations du Conseil.  Enfin, le délégué du Soudan a rappelé que le Conseil devrait agir en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies « avec soin et à bon escient ». 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a déclaré qu’il était impératif pour le Conseil d’améliorer la transparence de ses travaux et sa communication avec l’ensemble des États Membres des Nations Unies.  Dans ce contexte, si elle s’est félicitée des récents progrès accomplis dans la mise en œuvre de la note présidentielle S/2010/507, la Tunisie a estimé que des efforts redoublés devraient être fournis pour améliorer les relations entre le Conseil et les pays qui n’en sont pas membres, particulièrement ceux qui sont concernés par les décisions de cet organe.  De même, la coordination entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies, y compris l’Assemblée générale et l’ECOSOC, devrait être renforcée, a poursuivi le représentant. Pour M. Khiari, le processus de sélection du prochain Secrétaire général devrait être davantage transparent et inclusif et prendre en considération les critères de genre et de répartition géographique des candidats et encourager les candidatures de femmes.  Par ailleurs, s’agissant des restrictions applicables à l’usage du droit de veto par les membres permanents, il a estimé lui aussi que la proposition française de « code de conduite » était bienvenue. 

M. HAH CHOONG-HEE (République de Corée) a rappelé l’importance d’améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, plaidant en premier lieu pour un accroissement des réunions publiques et autres consultations ou comptes rendus avec les représentants spéciaux et les conseillers spéciaux du Secrétaire général.  Il a également insisté sur la nécessité de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies, notamment l’Assemblée générale, l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix.  Le représentant a ensuite réitéré son appui à la mise en œuvre des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix et visant à renforcer les actions préventives du Conseil de sécurité et le dialogue qu’il entretient avec les pays contributeurs de troupes.  Enfin, le représentant a salué l’adoption de la résolution 69/321 de l’Assemblée générale qui appelle à un processus de désignation du Secrétaire général « plus transparent et plus inclusif. »      

M. ROMAN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a pris la parole pour résumer les principales tendances qui se sont dégagées lors du débat d’aujourd’hui.  Il a mis en exergue la proposition de l’Angola visant à rendre plus inclusive l’élaboration des textes du Conseil et celle du Japon en vue d’une meilleure interaction avec les organes subsidiaires.  Il a évoqué la question du veto et la proposition franco-mexicaine de le limiter en cas de crimes graves.  Il a noté le souhait de certains États Membres pour que le Conseil tienne un plus grand nombre de débats publics et, à la fin de chaque présidence tournante du Conseil, des séances récapitulatives.  Il a également mentionné les pays qui appuient un processus de désignation du Secrétaire général ouvert et inclusif, ainsi que ceux qui souhaitent la candidature d’une femme à ce poste.  L’Espagne va donner suite à la réunion d’aujourd’hui sous la forme d’un résumé des recommandations qui ont été avancées, a-t-il assuré avant de conclure.

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