En cours au Siège de l'ONU

Des pays d’accueil de réfugiés et de déplacés insistent devant la Troisième Commission sur la nécessité de partager le fardeau de l’assistance

Soixante-dixième session,
41e & 42e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4150

Des pays d’accueil de réfugiés et de déplacés insistent devant la Troisième Commission sur la nécessité de partager le fardeau de l’assistance

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a terminé, aujourd’hui, son débat sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés, plusieurs pays dressant le bilan des situations prolongées de réfugiés auxquelles ils font face dans un contexte socioéconomique parfois très difficile.

Les délégations ont également achevé, cet après-midi, les discussions sur la promotion et protection des droits de l’homme en insistant sur le fait que la réalisation des objectifs de développement durable allait de pair avec le respect des principes des droits de l’homme. 

Le représentant du Kenya, dont le pays accueille plus de 500 000 réfugiés, pour la plupart originaires de la Somalie, a souligné que l’assistance apportée par les autorités kényanes représentait un lourd fardeau.

Le délégué, qui a donné des assurances quant à la détermination du Gouvernement à contribuer aux efforts d’accueil, ainsi qu’au processus de rapatriement des réfugiés somaliens, a laissé entendre que 50 000 réfugiés devaient rentrer dans leur pays en 2016, alors que 2 969 d’entre eux étaient déjà retournés volontairement en Somalie, grâce à un accord tripartite Kenya-Somalie et Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  

Pour autant, il n’a pas manqué d’attirer l’attention sur le fait que cette solidarité pouvait avoir des limites car la présence des réfugiés sur le sol kényan est source de problèmes difficiles à occulter, à savoir la menace terroriste, la dégradation de l’environnement et surtout l’insuffisance des ressources destinées à leur venir en aide.

De son côté, la représentante du Pakistan qui, rappelant que son pays était une terre d’accueil d’un grand nombre de réfugiés afghans, a également souligné que ses capacités pour répondre aux besoins de ces personnes étaient limitées.

Selon les dernières estimations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Pakistan accueille environ 1,5 million de réfugiés de l’Afghanistan.

La déléguée du Pakistan qui a dénoncé la lenteur de la réaction de la communauté internationale face à la situation des réfugiés qui ne cesse de gagner du terrain à travers le monde, a plaidé pour l’accroissement du soutien aux États qui accueillent des millions de personnes vulnérables.

Quant à la représentante de l’Algérie, elle a fait part de ses vives préoccupations concernant la situation des réfugiés en Afrique subsaharienne dont le nombre a évolué de manière significative en un an, passant de 2,9 millions à 3,7 millions, soit 26% du nombre total des réfugiés dans le monde. 

La situation prolongée des réfugiés, comme c’est le cas en Algérie avec les populations sahraouies présentes dans les camps de Tindouf, nécessite le renforcement de la solidarité internationale sur la base du principe du partage des fardeaux, a insisté la déléguée de l’Algérie, rappelant que les États donateurs se doivent de continuer à appuyer les efforts du HCR.

Lors de ce débat devant la Troisième Commission, la représentante du Cameroun a également interpellé les États Membres sur les difficultés auxquelles fait face son pays en raison de l’accroissement du nombre de réfugiés venant de pays voisins, notamment la République centrafricaine et le Nigéria, où les attentats de la secte Boko Haram entretiennent un climat d’insécurité dans l’extrême nord camerounais.  

Ces agressions, a-t-elle dit, ont eu pour conséquences de perturber la vie sociale et économique des régions concernées et de provoquer un afflux de réfugiés.  Les camps de réfugiés participent également de ce climat d’insécurité car des infiltrations ne sont pas à exclure, a-t-elle affirmé.

Le Nigéria qui est également confronté aux attentats de Boko Haram, a aussi exhorté le système de l’ONU à poursuivre son assistance aux États et à développer les mécanismes d’alerte précoce et de réponses d’urgence en faveur des déplacés.

La déléguée du Nigéria a présenté une initiative de son pays, en faveur de deux millions de déplacés dans les États de Borno, de Yobe et d’Adamawa, laquelle nécessitera 584 millions de dollars pour sa mise en œuvre à long terme.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux jeudi, 5 novembre, à partir de 10 heures.

RAPPORT DU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS, QUESTIONS RELATIVES AUX RÉFUGIÉS, AUX RAPATRIÉS ET AUX DÉPLACÉS ET QUESTIONS HUMANITAIRES (A/70/12, A/69/12/ADD.1 ET A/70/337)

Suite et fin du débat général

Mme ANWAAR ALTHEFEERI (Koweït) a souligné l’importance de poursuivre l’appui au Haut-Commissariat pour les réfugiés et aux autres agences spécialisées des Nations Unies.  Les institutions gouvernementales et non gouvernementales koweïtiennes accordent une assistance financière à la cause des réfugiés.  La représentante s’est attardée sur la crise des réfugiés syriens et les conditions pénibles auxquelles ils doivent faire face.  Ils sont quatre millions de réfugiés et huit millions de déplacés en Syrie.

Le Koweït a abrité trois conférences internationales au cours des trois dernières années pour aider le peuple syrien et lever des fonds, a-t-elle ajouté.  Elle a salué le Plan régional 2015-2016 du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), pour faire face à la crise en Syrie et soutenir les cinq pays qui abritent les réfugiés syriens.  Le Koweït a également versé des fonds pour couvrir les besoins humanitaires des personnes réfugiées et déplacées en Iraq, à cause des actions de l’État islamique, et au Yémen, du fait de l’instabilité créée par les actions des groupes Houthis.

Mme AMINA SMAILA (Nigéria) a déclaré que l’augmentation du nombre de réfugiés, de migrants et de déplacés internes était alarmante, déplorant le fait que ces millions de personnes, y compris des femmes et des enfants, sont la cible d’attaques, de même que les travailleurs humanitaires.  Ces actes perturbant la fourniture d’une assistance aux personnes dans le besoin sont à condamner, a souligné la déléguée.  Prenant note du déficit récurrent des financements de l’aide, elle a appelé le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à accroitre son soutien aux réfugiés et aux personnes déplacées. 

Elle a également exhorté le système de l’ONU à poursuivre son assistance aux États et à développer les mécanismes d’alertes précoces et de réponses d’urgence en faveur des déplacés.  À cet égard, elle a salué l’initiative d’ONU-Femmes baptisée « Espace sûr » dans les zones de réinstallation des femmes déplacées dans les zones de guerre.  Pour sa part, a-t-elle dit, le Nigéria a lancé un programme d’intervention pour les victimes de Boko Haram.

Le Gouvernement a initié un plan Marshall du nord-est en faveur de deux millions de déplacés dans les États de Borno, de Yobe et d’Adamawa, et dont la mise en œuvre à long terme coûtera aux autorités 584 millions de dollars.  Par ailleurs, un plan de communication a été élaboré par le Nigéria afin de contrecarrer les discours de propagande de Boko Haram, a déclaré la déléguée.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déclaré que l’intervention et la réaction de la communauté internationale avaient été lentes, laissant penser que ce désintérêt face à cette situation fût à dessein.  Face à « cette attitude honteuse », la Troisième Commission doit examiner cette crise et présenter des recommandations à l’Assemblée générale, a-t-elle préconisé.  Elle a plaidé pour l’accroissement du soutien aux États qui accueillent des millions de personnes. 

Selon la déléguée, cette tragédie est exacerbée par le fait que la moitié des réfugiés sont des enfants, lesquels ne sont pas alimentés et ne bénéficient d’une scolarisation de qualité.  La déléguée a estimé que si ces enfants continuaient à ne pas être scolarises, l’on pourrait assister à la perte de toute une génération.

Elle a exhorté l’ONU à mettre l’accent sur la résolution et la prévention des conflits pour lutter effacement contre cette crise des réfugiés et des déplacés.  Expliquant que son pays accueillait un grand nombre de réfugiés afghans, elle a précisé que ses capacités pour répondre aux besoins de ces personnes étaient limitées, notamment en raison du fait que les ressources sont également sollicitées par les personnes ayant quitté les zones tribales à cause d’opérations contre les groupes terroristes.

M. TARO TSUTSUMI (Japon) a souligné l’importance de promouvoir l’autosuffisance des personnes déplacées sur le long terme, en impliquant les communautés d’accueil et en fournissant une aide humanitaire d’urgence, tout en créant des conditions propices à leur autonomisation.  C’est pour cette raison que les acteurs humanitaires doivent œuvrer de concert avec les partenaires du développement, notamment le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dès l’émergence des crises.  À ce sujet, le représentant a estimé que le Sommet humanitaire de 2016 sera l’occasion de partager les meilleures pratiques.

M. Tsutsumi a rappelé que l’expérience du Japon en la matière a commencé à la fin des années 70 avec le flux de réfugiés d’Asie du Sud-Est et que le pays avait alors accueilli 11 000 personnes.  S’agissant de la crise de la migration en Europe, il a jugé vital de se pencher sur ses causes profondes, à savoir le conflit syrien.

M. ANTONY ANDANJE (Kenya) a déclaré qu’en dépit de la lourdeur du fardeau que représente l’assistance apportée aux réfugiés, le Kenya continue ses efforts d’accueil.  Cependant, il a prévenu que sa solidarité ne pouvait être infinie.  La présence des réfugiés sur le sol kényan pose des problèmes dont la menace terroriste, la dégradation de l’environnement et l’insuffisance des ressources pour leur venir en aide, a affirmé le délégué.

Il a donc proposé la mise en place de stratégies globales en vue de trouver des solutions sur la situation de réfugiés prolongés.  S’agissant du rapatriement des réfugiés somaliens, il a fait état de progrès tout en soulignant que le processus était grippé.  Annonçant que 50 000 réfugiés devaient rentrer dans leur pays en 2016, il a précisé que 2 969 d’entre eux étaient déjà retournés volontairement en Somalie grâce à un accord tripartite Kenya-Somalie et le HCR. 

Néanmoins, dans certaines régions où la sécurité est jugée précaire, le rapatriement des réfugiés va être interrompu, a déclaré le représentant.  En outre, il a plaidé pour une meilleure formation de l’armée et de la police pour assurer la sécurité dans les zones visées et éviter que les réfugiés somaliens ne reviennent au Kenya.  Pour le délégué, la crise actuelle des migrants en Europe doit être l’occasion pour la communauté internationale d’afficher sa compassion vis-à-vis de ces réfugiés et de ne pas attendre de voir des photos d’un enfant de 3 ans mort sur une plage turque pour le faire. 

M. RAHUL KASWAN (Inde) a reconnu que la recherche de solutions durables pour les réfugiés et les personnes déplacées était la meilleure forme de protection.  À cette fin, les pays en développement, qui accueillent aujourd’hui 86% des réfugiés, contre 77% il y a 10 ans, ont besoin d’assistance.  Il faut également renforcer la sécurité de ces personnes.

M. Kaswan a souligné que la responsabilité de s’occuper des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays revenait au premier chef aux autorités nationales.  L’action internationale, et notamment celle du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, devrait « rester dans les limites du concept de souveraineté, qui ne saurait être dilué d’aucune façon », et se produire « uniquement à la demande des pays concernés ».  En tant que pays d’origine, de transit et de destination, l’Inde considère qu’il faut une réponse globale pour endiguer la migration illégale et créer de véritables réponses pour la migration légale.

M. SEMERE AZAZI AMIR (Érythrée) a assuré que son pays maintenait une politique de rapatriement volontaire de ses concitoyens partout où ils se trouvent, soulignant que toutes les personnes rentrées en Érythrée n’étaient pas confrontées à la persécution.  Au contraire, a-t-il dit, ils bénéficient d’une assistance afin de réintégrer la société et leurs familles.  Cette réalité contraste avec celle dépeinte par certaines organisations, y compris le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui continuent de véhiculer une image erronée sur les risques de persécution encourus par les personnes qui retournent volontairement dans le pays, a déploré M. Amir. 

Cette attitude justifie le traitement préférentiel des Érythréens qui vont essentiellement d’un pays à un autre dans la perspective de meilleures opportunités économiques.  Cette approche expose de nombreux Érythréens aux passeurs et trafiquants, y compris les voyages périlleux parfois au risque de leur vie.  Il a expliqué que certains pays européens, dans leurs efforts d’apporter une réponse à cette tragédie humaine, s’étaient rendus en Érythrée pour vérifier la réalité sur le terrain, a-t-il déclaré, soulignant que ces derniers ont revu leur approche depuis lors sur le problème.  Par conséquent, il a réitéré la disponibilité de son pays pour une coopération constructive avec les pays et les organisations pour adopter des politiques qui correspondent à la réalité du terrain.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a estimé que la cause profonde du problème actuel des réfugiés résidait dans « le déséquilibre dans le développement et l’instabilité régionale ».  C’est pour cette raison que, tout en fournissant une aide humanitaire aux réfugiés, la communauté internationale devrait se pencher d’urgence sur les questions de pauvreté et d’instabilité sociale dans les pays d’origine.  Elle devrait notamment saisir l’opportunité offerte par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour accroître son appui aux pays en développement.

Les pays en développement accueillent plus de 80% des réfugiés du monde, a souligné M. Yao.  Il a appelé les pays développés à « agir dans un esprit de partage du fardeau ».  D’après lui, les mécanismes internationaux de protection des réfugiés doivent adhérer strictement aux principes d’objectivité, de neutralité et d’humanitarisme, et « éviter d’être politisés ».  Il a, en outre, estimé qu’il fallait renforcer la protection des femmes, des enfants et des autres groupes de réfugiés vulnérables.  Pour sa part, la Chine a déjà apporté 37 millions de dollars à la cause du peuple et des réfugiés syriens.      

M. MOHAMED IBRAHIM ELBAHI (Soudan) a noté que, conformément à ses traditions et à ses valeurs religieuses, le pays a accueilli, « pendant des décennies », des réfugiés des pays voisins et créé une administration spéciale pour répondre à leurs besoins.  Soulignant que plus de 70% des réfugiés étaient passés des camps aux villes, il a demandé un partenariat international fondé sur le partage du fardeau.  

Récemment, le Soudan a connu un grand flux de réfugiés du Soudan du Sud à cause du conflit, a ajouté le représentant.  Le Président soudanais, a-t-il dit, a ordonné de les traiter comme des citoyens.  De même, le pays a accueilli un nombre accru de réfugiés de la Syrie et du Yémen et il poursuit la même coopération avec eux.  Le Soudan, qui doit lutter contre la contrebande et la traite des êtres humains, demande à la communauté internationale et aux donateurs d’accroitre leur aide et que soient levées les sanctions économiques unilatérales qui lui sont imposées.

Mme TAMTA KUPRADZE (Géorgie) a déclaré que le problème des déplacements n’était pas étranger à la Géorgie, car étant elle-même à la fois un pays de départ et de destination des déplacés et des réfugiés.  Elle a ainsi affirmé que son pays assumait pleinement sa responsabilité en fournissant des solutions durables à ceux que ce phénomène affecte, y compris les réfugiés, les apatrides et les demandeurs d’asile résidant sur son territoire. 

Elle a également souligné que près d’un demi-million de personnes avaient été expulsées des régions de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud par la Fédération de Russie.  Par ailleurs, elle a regretté l’installation de barbelés et d’autres obstacles le long de la ligne d’occupation qui affectent la vie quotidienne des populations locales, et qui représentent des entraves aux droits civiques, sociaux, économiques et culturels de ces populations. 

Pour autant, elle a insisté sur le fait que la Géorgie continuait ses efforts en vue de remédier aux souffrances des déplacés dans le cadre des principes directeurs de l’ONU relatifs au déplacement interne.  Mme Kupradze a fait part d’une enquête conduite par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui démontre qu’une majorité écrasante de déplacés souhaitent retourner chez eux dès que l’occasion se présentera.

Mme ASILA WARDAK (Afghanistan) a appelé la communauté internationale à ne pas ignorer la question des réfugiés afghans qui atteignent des chiffres record et dure depuis longtemps.  « Un nombre important d’Afghans ont grandi et ont été élevés comme réfugiés », a-t-elle souligné.  Aujourd’hui, le retour du terrorisme et d’Al-Qaida et les préoccupations socioéconomiques entraînent des flux de réfugiés et de déplacés dans des régions qui ne sont pas sûres. 

« La radicalisation, l’extrémisme et les guerres par procuration », ont poussé les Afghans à se réfugier dans les pays voisins, notamment au Pakistan et en Iran, et ailleurs, a insisté la représentante.  Les Afghans représentent 15% des personnes arrivées cette année en Europe par bateau.

Le Gouvernement afghan s’est engagé à faire du rapatriement librement consenti l’une de ses priorités.  Un cadre a été établi pour trouver des solutions durables et faciliter le retour et la réintégration des personnes et une commission pour les migrations a été créée sous l’égide du Président.

M. SAEED MOHAMED BAOMRAN (Émirats arabes unis) a déclaré que l’aide au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés était nécessaire pour qu’il puisse atteindre ses objectifs.  Soulignant que son pays était l’un des plus grands donateurs du HCR, il a expliqué que les Émirats arabes unis lui avaient octroyé 4 millions de dollars pour venir en aide aux réfugiés. 

Le délégué qui a souligné que son pays avait accueilli 100 000 réfugiés de Syrie, a ajouté qu’il avait fourni près de 600 millions de dollars depuis le début du conflit.  Il a également fait allusion à l’assistance financière accordée à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour garantir un accès à l’éducation, aux services de santé en vue d’une amélioration des conditions de vie dans les camps.

Pour le délégué, il est impératif de s’attaquer aux causes profondes du phénomène des réfugiés et déplacements en mettant l’accent sur la pauvreté, l’extrémisme violent et le terrorisme dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies.

M. ANDRIY BESHTA (Ukraine) a indiqué que son pays respectait « à la lettre » ses obligations internationales en mettant l’accent sur le développement et la protection des réfugiés.  Plus d’1,5 million de personnes sont déplacées en Ukraine et dans la Crimée occupée, a-t-il signalé, dont 887 000 retraités, enfants et personnes handicapées.  Dans des circonstances très difficiles, le Gouvernement déploie tous les efforts possibles pour les assister.  Il donne la priorité à la reconstruction du Donbass, et fait en sorte de réunir des conditions propices au retour des populations dans leurs foyers.

« Nous ne pourrons régler le problème humanitaire qu’en nous attaquant à ses causes profondes, à savoir l’occupation de la Russie », a toutefois ajouté le représentant.  « La question des soit-disant convois humanitaires de la Russie, sans l’inspection de la part des autorités ukrainiennes doit cesser immédiatement ».  Il a condamné « le sabotage par les séparatistes du travail humanitaire ».  Enfin, l’arrivée prochaine de températures inférieures à zéro entrainera une dégradation de la situation humanitaire, a-t-il averti, non sans avoir salué l’aide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Mme ANA ILIĆ (Serbie) a souligné que son pays se trouvait sur l’un des principaux axes d’une énorme vague de réfugiés et de migrants.  Depuis le début de cette année et jusqu’à présent, plus de 330 000 personnes ont traversé les frontières de la Serbie, et le fait que seules 600 d’entre elles aient déposé des demandes d’asile prouve que la destination escomptée n’est pas la Serbie mais les États Membres de l’Union européenne.  Le Gouvernement a fait montre, à tous les niveaux, de sa volonté politique d’affronter cette situation inédite jusqu’aux limites de ses capacités nationales.  « Nous faisons de notre mieux pour fournir un accueil adéquat, une assistance, de la nourriture et des médicaments, de même qu’un logement temporaire », a expliqué Mme Ilić, qui a souligné le respect par son pays des dispositions de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et autres accords et recommandations.

Aucun pays, y compris la Serbie, n’est en mesure de porter, seul, un tel fardeau, compte tenu des capacités, ressources financières et moyens de réception limités.  D’autre part, le pays a investi des ressources extraordinaires pour fournir une assistance appropriée, améliorer la gestion aux frontières, prévenir les activités criminelles comme les passeurs et les trafiquants d’êtres humains, qui exploitent la vulnérabilité de ces personnes.  Elle a rappelé en outre que, depuis deux décennies, 44 000 personnes ont encore le statut de réfugiés en Serbie, et plus de 200 000 sont des déplacés internes, forcés de quitter leurs foyers au Kosovo et à Metohija en 1999.  Pour cette raison, la stratégie nationale pour la période 2015-2020 a été adoptée en juillet dernier.

M. LESETLA ANDREAS TEFFO (Afrique du Sud) a reconnu les efforts de renforcement du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) de sa capacité institutionnelle de réponse aux urgences par une reconfiguration de sa structure et un nouveau cadre de politique qui clarifie les responsabilités ainsi que le leadership interne et la coordination.  Il a préconisé un changement dans le financement des situations humanitaires en Afrique et apprécié les appels lancés aux donateurs en vue d’un accroissement de leurs contributions, y compris par des fonds non réservés, et des efforts pour attirer de nouveaux pays donateurs, des économies émergentes plus particulièrement, et du secteur privé.

Le représentant sud-africain a en outre encouragé à affermir le lien entre interventions humanitaires et développement.  Face à la situation actuelle en mer Méditerranée, la solidarité internationale, la coopération et le partage du fardeau et des responsabilités sont plus que jamais de mise pour remédier à la crise humanitaire.  

En Afrique du Sud, a-t-il dit, la législation accorde aux demandeurs d’asile la liberté de mouvement, d’emploi et l’accès à l’éducation.  Les réfugiés peuvent bénéficier d’une large gamme de services sociaux, notamment des subventions de l’État et un logement.  Il est également possible de convertir le statut de réfugié en résidence à long terme.  Le pays dépense 1,3 milliard de rand pour l’éducation des étrangers. 

Mme DIANA SANTAMARÍA RAMÍREZ (Colombie) a déclaré qu’aujourd’hui même, environ 40 000 personnes dans le monde abandonneront leur foyer à la hâte pour fuir un danger et chercher protection ailleurs.  Dès lors, il importe que les États soient à la hauteur de ces circonstances et œuvrent, collectivement, dans le cadre de leurs responsabilités partagées. 

La Colombie a connu une telle situation au lendemain de 50 années d’un conflit qui a fait, depuis 1985, plus de 7,6 millions de victimes, dont plus de 6,5 millions sont des déplacés internes, soit 13% de la population totale du pays.  Elle a fait remarquer que le taux de déplacement forcé avait baissé à 47% entre 2010 et 2014, et qu’un registre unique des victimes avait été établi dans le cadre de la loi sur les victimes et la restitution des terres.

Aujourd’hui, les victimes du déplacement forcé sont visibles tant pour l’État que pour la société.  Le Gouvernement les reconnaît et progresse dans l’exécution de mesures garantissant la restitution et le respect de leurs droits. 

Mme CÉCILE MBALLA EYENGA (Cameroun) a salué le soutien financier et les contributions des donateurs au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour lui permettre de remplir ses missions en faveur des réfugiés et des déplacés.  Toutefois, relevant que les défis restaient énormes, elle a lancé un appel à la générosité renforcée et, à un accroissement de l’aide financière des donateurs et des bailleurs de fonds. 

La déléguée a mis en exergue l’insécurité à l’est de son pays en raison de la crise en République centrafricaine et à l’extrême nord avec les attentats de la secte Boko Haram.  Ces agressions, a-t-elle dit, ont eu pour conséquences de perturber la vie sociale et économique des régions concernées, et de provoquer un afflux de réfugiés.  Les camps de réfugiés participent également de ce climat d’insécurité car des infiltrations ne sont pas à exclure, a-t-elle affirmé.

Malgré toutes ces difficultés, le Cameroun réaffirme sa volonté d’offrir sa contribution dans le cadre du partage des responsabilités et la solidarité internationale en faveur de la gestion des réfugiés.

M. FESSEHA A. TESSEMA (Éthiopie) a rappelé que son pays accueillait, depuis de nombreuses années, des réfugiés des pays voisins.  Avec 700 000 réfugiés, répartis dans 26 camps et 5 sites de transit, l’Éthiopie est le plus grand pays d’accueil en Afrique, et le cinquième dans le monde.  Il a évoqué le sort des jeunes réfugiés qui, venant de zones urbaines dans leur pays d’origine, ont du mal à rester dans les camps, et partent dans des pays tiers, au péril de leur vie.  Pour les aider, l’Éthiopie s’efforce de leur fournir une éducation ou des documents de voyage.

M. Tessema a encouragé le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à renforcer les liens entre les trois piliers que sont des solutions durables, le rapatriement librement consenti, et la réintégration, et avec les partenaires du développement. 

S’inquiétant du déclin du rapatriement librement consenti depuis la fin des années 80, il a incité les pays sortant de conflits et en phase de reconstruction à créer des infrastructures pour favoriser le retour des réfugiés et leur offrir des opportunités.  De même, la communauté internationale doit contribuer au renforcement des capacités des pays d’accueil.

Mme AMY MUEDIN, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré qu’au cours de ces dernières années, l’OIM avait considérablement étendu le champ, ainsi que la portée de ses interventions humanitaires, y compris sa réponse à la crise des réfugiés.  Cette approche s’est traduite par un appui aux activités du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) dans des régions telles que le Moyen-Orient et l’Afrique, pour répondre aux crises notamment en Syrie, au Soudan du Sud, ainsi qu’en République centrafricaine. 

Dans un monde où la mobilité est de plus en plus accrue, il est indispensable que l’OIM et le HCR s’adaptent pour travailler ensemble sur les flux migratoires, a affirmé la déléguée.  Ainsi, au Yémen, les deux organisations ont appuyé l’élaboration et le lancement d’un plan d’intervention régionale qui, pour la première fois, englobait la situation des migrants, en plus des populations réfugiées, s’est-elle félicitée.  Selon Mme Muedin, le partenariat et la collaboration entre le HCR et l’OIM est l’exemple de la manière dont la communauté internationale devrait s’unir pour apporter une réponse aux questions liées aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés. 

« Ce à quoi nous assistons trop souvent aujourd’hui, je veux dire des violations généralisées du droit international humanitaire donnant lieu à des déplacements massifs et de longue durée, ne devrait jamais être accepté comme étant normal », a déclaré Mme ANN KYUNG UN DEER, déléguée du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Le CICR réitère son appel pour que les gouvernements s’engagent plus fermement sur les plans diplomatique et politique afin de mieux faire respecter le droit international humanitaire. 

Si les parties aux conflits armés s’acquittaient de leurs obligations envers les populations civiles et les biens civils, cela permettrait d’éviter la plupart des phénomènes de déplacement, et les personnes déplacées souffriraient beaucoup moins et seraient beaucoup plus nombreuses à pouvoir rentrer chez elles, a-t-elle ajouté.

C’est aux États qu’incombe au premier chef la responsabilité de prévenir le déplacement et d’assurer protection et assistance aux personnes déplacées relevant de leur juridiction.  Le CICR estime à cet égard qu’il faut, pour prendre des mesures appropriées, « avoir une connaissance précise des types de vulnérabilité spécifiques correspondant à chaque phase du déplacement ».

Ensuite, la déléguée a rappelé que des acteurs humanitaires tels que le CICR ne peuvent pas prendre part à des processus mus par des intérêts politiques s’ils veulent préserver leur accès aux victimes de tous les bords.   

M. AJAY MADIWALE, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a affirmé que le monde était confronté à la plus grande crise de déplacement depuis la création des Nations Unies et que, depuis quelques mois, tous les regards étaient braqués sur les souffrances sur les rives de l’Europe et ailleurs, ce qui doit bien faire comprendre que le problème est fondamentalement d’envergure mondiale.  Dans ce contexte, la Fédération appelle à répondre aux besoins à court et à long termes des populations déplacées et, simultanément, à épauler les pays hôtes, sachant que la durée moyenne du déplacement est de 17 années.  Les communautés humanitaires et de développement vont devoir travailler ensemble, et les donateurs fournir des ressources financières d’une manière plus prévisible et à même de couvrir des situations d’envergure et de longue durée.

M. Madiwale a en outre exhorté à une réponse coordonnée, globale et humaine à la crise sur les rives de l’Europe.  Environ 600 000 personnes y sont arrivées pour cette seule année 2015 et, bien que certains pays d’accueil aient fait preuve de générosité et d’amabilité envers les nouveaux arrivants, la réponse collective a été davantage caractérisée par une indifférence et une apathie. 

Or, ce n’est pas la première fois que l’Europe est confrontée à un tel afflux massif, a-t-il dit, rappelant qu’il y a 60 ans, la communauté humanitaire s’était réunie à Vienne en réponse à la crise des réfugiés hongrois, 200 000 réfugiés ayant alors désespérément besoin d’une assistance et d’une réinstallation.  Les réfugiés de cette crise-là avaient fait l’objet d’un appui, d’une coopération et d’un accès sûr, et une réponse coordonnée avait été conjointement lancée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ce qui est devenu depuis l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le Gouvernement autrichien.  Il a invité à répondre de la même façon à « l’appel d’humanité » et à transcender les politiques xénophobes et aveugles du présent.  Pour tout être humain, la « décision de fuir son foyer est toujours prise en dernier ressort », a-t-il conclu.       

Mme BAKHTA SELMA MANSOURI (Algérie) est préoccupée par la situation des réfugiés en Afrique subsaharienne où leur nombre a évolué en un an passant de 2,9 millions à 3,7 millions.  Elle a ainsi lancé un appel à ne pas perdre de vue la situation prolongée des réfugiés, ainsi qu’à mettre l’accent sur les causes durables de cette situation.  Elle a également plaidé pour une solidarité accrue sur la base du principe du partage des fardeaux, en réitérant son appel aux États donateurs de continuer à appuyer le HCR en vue d’améliorer le travail des humanitaires.

Par ailleurs, déclarant que l’Algérie accueille des réfugiés venant de pays voisins, elle fait état de la situation des réfugiés prolongés dont les Sahraouis.  Elle a souligné l’engagement de l’Algérie à fournir un appui à ces réfugiés, tout en appelant la communauté internationale à appuyer les programmes du HCR pour aider ces personnes qui dépendent de cette aide.

M. OMAR RABI (Maroc) s’est dit préoccupé par les causes diverses et croissantes des déplacements massifs et par la multiplication des situations d’urgence simultanées.  L’Afrique est particulièrement touchée par les flux des déplacés, dans la mesure où elle accueille un quart des réfugiés du monde.  À cet égard, il a salué la tradition d’hospitalité de l’Afrique subsaharienne.

Avec la crise de la migration en Méditerranée et en Europe, la communauté internationale a été obligée de repenser les approches traditionnelles de l’aide humanitaire, a constaté le représentant.  D’après lui, il faut se concentrer sur « une approche humaine, plutôt que sécuritaire ».  En outre, il faut consentir davantage d’efforts pour trouver des solutions durables aux crises.  « Recenser et enregistrer les réfugiés est un préalable fondamental pour leur prise en charge », a-t-il insisté.  « Les populations du camp de Tindouf en sont malheureusement privées. »  Il a exhorté le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés  et la communauté internationale à tout faire pour garantir la protection des droits fondamentaux de ces populations.  

Droits de réponse

La Fédération de Russie a répondu à la Géorgie en soulignant que « l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie sont deux États souverains indépendants ».  Par ailleurs, pour régler les problèmes humanitaires en Ukraine, « il faut un règlement politique sur la base de l’ensemble de mesures de Minsk ».  La Russie a appelé l’Ukraine à arrêter le blocus du Donbass.  En outre, le peuple de Crimée a exercé son droit à l’autodétermination conformément au droit international.

La Géorgie a constaté que la Russie refusait de reconnaître qu’elle est partie à ce conflit qui oblige les personnes à quitter leurs foyers. 

Régissant à l’intervention de la Fédération de Russie, l’Ukraine lui a demandé de ne pas bloquer les activités humanitaires et d’agir de façon constructive par rapport à l’Accord de Minsk.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME (A/70/40

a) Application des instruments relatifs aux droits de l’homme (A/70/44, A/70/48, A/70/55, A/70/223, A/70/273, A/70/299, A/70/302 et A/70/425)

d) Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne (A/70/36)

Suite du débat général

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone), au nom du Groupe des États d’Afrique, a appuyé les efforts entrepris par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour injecter une perspective des droits de l’homme dans le débat mondial sur la migration.  Il a salué le travail accompli pour renforcer les capacités et l’expertise des pays en développement, des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement, y compris à travers le Fonds de contributions volontaires pour la participation à l’examen périodique universel.  

Cependant, le Groupe africain est préoccupé par le fait que, depuis plusieurs années, « il y a une tentative de saper le système international des droits de l’homme en cherchant à imposer des concepts ou des notions concernant des questions sociales qui sont en dehors du cadre à l’étude ».  Le risque est de voir des ressources consacrées à l’avancement de ces notions aux dépens de droit au développement, a insisté le représentant.  Le respect des engagements relatifs aux droits de l’homme incombe au premier chef aux États Membres qui font tous face à des défis différents.

Le Groupe des États d’Afrique s’inquiète également des ramifications et de l’ambiguïté de la résolution 24/24 du Conseil des droits de l’homme qui recommande la nomination d’un point focal de haut niveau pour la prévention, la protection ou la reddition de comptes en matière de représailles et d’intimidation contre ceux qui coopèrent avec l’ONU.  Jusqu’à présent, le Groupe n’a pas obtenu les clarifications qu’il souhaitait et la résolution est dans une impasse.  Par ailleurs, les États d’Afrique constatent qu’une seule région compte pour 49% de la composition du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, contrairement au principe de la répartition géographique équitable.

M. PIT KOEHLER, délégué de l’Union européenne, a rappelé que l’Union était pleinement engagée à garantir l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance de tous les droits de l’homme, et appuyait sans conditions le rôle des organes des Nations Unies chargés de promouvoir la promotion et la protection des droits de l’homme à travers le monde.

Faisant état du cinquantième anniversaire de la Convention internationale relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, M. Koehler a réaffirmé que l’Union européenne était fermement opposée à ce phénomène, ainsi qu’à l’intolérance qui rappellent l’importance de la mise en place de normes juridiques internationales en vue de promouvoir et protéger les droits de l’homme. 

Ainsi, il s’est félicité de l’accroissement du nombre des ratifications de la Convention et a lancé un appel à l’adhésion aux instruments et à leurs protocoles facultatifs.  Appuyant les organes conventionnels des droits de l'homme pour leur rôle visant à transformer les normes des droits de l’homme en mesures pratiques, l’Union européenne a marqué son attachement à la durabilité, à l’efficacité et au bon fonctionnement des organes conventionnels, a déclaré son représentant.

À cet égard, l’Union, a-t-il dit, fut honorée que l’année 2015 eût consacré le premier examen périodique des Nations Unies qui mît en exergue la façon dont l’Union européenne se conformait à ses obligations en vertu de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Plusieurs rapporteurs spéciaux ont ainsi effectué des visites dans plusieurs États membres, et l’Union européenne a accueilli pour la deuxième fois à Bruxelles le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants.  Celui-ci a répondu en public aux questions liées au dernier rapport sur la gestion de la crise des migrants par l’Union européenne, a précisé M. Koehler.  Réaffirmant l’engagement de ses États membres à l’examen périodique universel, il a appelé tous les pays à s’engager pleinement dans ce mécanisme et à mettre en œuvre ses recommandations.

L’Union européenne a également salué l’initiative du Bureau du Conseil des droits de l’homme visant à accroître son efficacité et son impact, ainsi qu’à intensifier les opportunités de coopération avec les États Membres.

Mme ALMA BIBIANA PÉREZ GÓMEZ (Colombie) a déclaré que, depuis cinq années, la Colombie s’est engagée dans un processus historique de réparation intégrale aux victimes du conflit armé.  Aujourd’hui, la loi sur les victimes et la restitution des terres a permis des réparations à plus de 500 000 personnes, et la restitution de plus de 172 000 hectares à ceux qui avaient été forcés de quitter leurs terres.

Le conflit armé demeure un des défis majeurs en termes de promotion et de protection des droits de l’homme et les Colombiens œuvrent au processus d’accord de paix dans le cadre des critères de vérité, justice, garanties de réparations et de non-répétition.

Le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme a grandement facilité le travail national, en particulier dans le cadre du renforcement des capacités des entités étatiques et des organisations de la société civile.  La déléguée a espéré que ce bureau puisse rester en Colombie où il constitue une pièce maîtresse des efforts d’instauration de la paix. 

Elle a également salué la visite de la Haut-Commissaire adjointe, Mme Flavia Pansieri, qui a aidé à l’évaluation des acquis et des défis nationaux, notamment dans la lutte contre la discrimination, l’impunité, ainsi qu’au renforcement de l’obligation redditionnelle, de l’état de droit et de l’intégration des droits de l’homme dans le développement. 

Mme EMILIA GATTO (Italie) a indiqué que son pays avait récemment ratifié la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.  En tant que Vice-Présidente de la Conférence des États parties à la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées pour 2015-2016, l’Italie a également décidé de parrainer une résolution visant à créer un environnement plus accessible aux personnes handicapées à l’ONU. 

Pour prévenir la violation des droits de l’homme, les mécanismes d’alerte rapide sont essentiels, a estimé la représentante.  À ce sujet, le Bureau des conseillers spéciaux pour la prévention du génocide a élaboré des directives pour l’analyse des risques, en mettant l’accent sur le rôle des acteurs non étatiques, comme les dirigeants religieux et les médias.   

Mme DAYLENIS MORENO GUERRA (Cuba) a confirmé la volonté de son pays de coopérer avec les institutions des Nations Unies qui sont « d’application universelle et non discriminatoire ».  Elle a également réitéré son appui à la résolution A/RES/68/268 de l’Assemblée générale qui a tracé des lignes directrices pour renforcer et améliorer le fonctionnement des organes conventionnels des Nations Unies. 

À cet égard, la représentante a jugé que les organes conventionnels ne doivent pas outrepasser leurs mandats, comme dans le cas de l’adoption, par les présidents des organes conventionnels de lignes directrices sur l’intimidation et les représailles.  Elle a assuré que son pays s’efforçait de respecter le délai imparti pour la présentation des rapports périodiques à ces organes.  « Il est essentiel que ces organes ne créent pas de nouvelles obligations juridiques à travers les observations générales ou les procédures de suivi », a-t-elle néanmoins recommandé. 

La déléguée a mis en garde contre « la manipulation et la politisation » du rôle des organes et a souhaité une représentation géographique équitable de leurs membres.

Mme ARISA SUKONTASAP (Thaïlande) a estimé que la réalisation des objectifs de développement durable allait de pair avec les principes des droits de l’homme.  À cet égard, la Thaïlande a adopté le douzième plan quinquennal national de développement social et économique, lequel est centré sur la personne, avec un accent mis sur les problématiques clefs telles que la réduction des inégalités et l’amélioration de la qualité de l’éducation.

Elle a souligné que la mise en place d’un cadre juridique fort, appuyé par une application de la loi, était le meilleur moyen d’arriver à la pleine jouissance des droits de l’homme.  Ainsi, le Royaume a adopté son troisième plan national des droits de l’homme qui permettra aux agences gouvernementales d’appliquer la promotion et la protection des droits de l’homme de manière plus efficiente et plus intégrée, a dit le délégué.

Parallèlement, un nouvel amendement du Code pénal criminalise la pédopornographie en vue d’assurer une protection renforcée aux enfants victimes d’exploitation sexuelle, a-t-il dit.  La lutte contre le trafic des êtres humains est également une priorité pour les autorités de la Thaïlande qui sont en faveur d’une tolérance zéro, traduite dans une loi qui prévoit des sanctions plus lourdes pour les personnes qui s’y adonnent et des compensations financières pour les victimes, a-t-elle précisé.

La Thaïlande a, en outre, retiré sa déclaration interprétative de l’article 18 de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées sur la liberté de mouvement et sur la nationalité.

M. GRIGORY LUKIYANTSEV (Fédération de Russie) a déclaré que l’application stricte des principes contenus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme est une gageure de la stabilité et de la paix mondiales, surtout en cette période trouble.  Il s’est érigé cependant contre plusieurs pays qui recourent à des politiques de deux poids, deux mesures et à la politisation, observées dans certaines des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. 

« Il ne faut pas assumer la fonction de juge lorsqu’on en pas le mandat », a insisté le représentant, avant de répéter qu’il était intolérable de s’écarter des accords obtenus par consensus.  Pour évaluer la situation des droits de l’homme dans un pays donné, l’examen périodique universel est la seule procédure où il existe une atmosphère de travail tout à fait sérieuse et positive.  En cette année du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, il est très important de lutter contre le nazisme, le néonazisme et le racisme, a-t-il conclu.

M. ANWAR EID SAEED SAIF ALAZEEZI (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays avait contribué à hauteur d’un million de dollars aux travaux du Conseil des droits de l’homme en 2015.  « Notre société est tolérante et multiculturelle », a-t-il affirmé.  Les Émirats arabes unis sont attachés à la modération et au pluralisme, et à la lutte contre toute forme de discrimination.  Ils investissent dans l’éducation, l’énergie et la croissance économique.

Les Émirats arabes unis occupent « une position de chef de file dans le monde arabe dans le domaine de l’égalité entre les sexes », s’est enorgueilli le représentant.  Des femmes ont été élues à 38% des sièges au Parlement lors des dernières élections.  En outre, le pays apporte un soutien financier important à ONU-Femmes.  Pour ce qui est de la protection des droits des travailleurs et de la couverture sociale, ses efforts sont également reconnus. 

M. OSBOEI (République islamique d’Iran) a encouragé le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à appuyer le processus de renforcement des organes conventionnels, conformément à la résolution 68/268 de l’Assemblée générale.  La République islamique d’Iran a poursuivi sa coopération étroite avec les mécanismes des droits de l’homme, notamment en soumettant des rapports périodiques aux organes conventionnels, comme elle s’est positivement engagée au deuxième cycle de l’examen périodique universel dont un grand nombre de recommandations sont en cours de mise en œuvre.  Le pays a également collaboré avec le Haut-Commissariat par la tenue de réunions de haut niveau en vue de l’amélioration de la coopération technique entre les deux parties. 

Le représentant a réaffirmé l’attachement de son pays aux droits de l’homme et aux principes d’universalité, d’interdépendance et d’indivisibilité de ces droits sur la base de la non-sélectivité et d’une approche non politisée.  Il a regretté que certains États continuent à cibler des pays spécifiques, ce qui est contraire aux principes mentionnés.  Il a plus particulièrement critiqué l’élaboration de rapports et l’adoption de résolution, au sein de la Troisième Commission, sur la situation des droits de l’homme dans des pays spécifiques, ce qui porte préjudice à la cause de ces droits.

Il a enfin appelé à mettre fin aux mesures coercitives unilatérales qui créent des obstacles au commerce et aux relations entre les États.  En conclusion, il a estimé que le moment était venu pour une évaluation globale sur les lacunes dans le suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne de la Conférence mondiale sur les droits de l’homme.

Mme SUPRIYA SADANAND SULE (Inde) a déclaré que le succès continu du Conseil des droits de l’homme en tant que principale plateforme de promotion du respect universel de la protection des droits de l’homme reposait sur sa capacité à fonctionner de manière non sélective, apolitique et transparente.  À cet égard, le Conseil et ses mécanismes doivent éviter de tomber dans le piège d’un suivi intrusif et sélectif des pays; une approche qui s’est avérée à plusieurs reprises contre-productive, a-t-elle renchéri. 

À l’approche du troisième cycle de l’examen périodique universel et du dixième anniversaire du Conseil des droits de l’homme, elle a plaidé pour que l’efficacité et l’impact de cet examen soient renforcés en rationalisant ses recommandations.  Par ailleurs, elle a lancé un appel en vue de trouver les moyens d’appuyer les pays en développement, en particulier les pays les moins développés dans la mise en œuvre des recommandations consensuelles, par le biais du renforcement de capacité et des programmes d’assistance technique.  L’Inde, en sa qualité de plus grande démocratie du monde, est attachée à l’idée d’une société juste et équitable, a déclaré Mme Sadanand Sule.  

Mme MARÍA CLARISA GOLDRICK (Nicaragua) a déclaré que son pays avait établi un bureau du médiateur, conformément aux Principes de Paris, ainsi qu’un bureau pour la diversité sexuelle.  Récemment, le Parlement a adopté une législation intégrale sur la violence à l’égard des femmes, qui met l’accent sur la prévention de la violence dans l’espace public et familial, et sur l’amélioration de l’accès des victimes à la justice.

D’autre part, des efforts ont été déployés pour améliorer la situation des détenus, et leur offrir un meilleur accès à l’éducation. 

M. DIYAR KHAN (Pakistan) a souligné l’engagement du Pakistan aux principes fondamentaux des droits de l’homme et des libertés, justifiant le fait que la Constitution de son pays contenait un chapitre qui garantit leur respect aux citoyens sans discrimination.  De plus, le Gouvernement a, au fil des années, promulgué plusieurs lois et élaboré des politiques en vue de promouvoir et de protéger les droits fondamentaux de toutes des couches marginalisées de la société, a-t-il déclaré. 

Pour sa part, le Parlement a voté des lois visant à protéger les femmes des crimes d’honneur, des attaques à l’acide, des harcèlements sur leur lieu de travail et les autres pratiques les dévalorisant, a affirmé le délégué.  En outre, des avancées ont été observées pour l’autonomisation politique et économique des femmes avec des sièges leur étant accordés dans les organes législatifs et l’accès équitable aux plans de crédit de microfinance, s’est félicité M. Khan. 

Le Pakistan a également pris des mesures pour garantir le respect et la protection des libertés religieuses et les droits des minorités, a-t-il assuré.  Les autorités pakistanaises sont parfaitement conscientes de leurs responsabilités en matière de protection des journalistes et de la liberté des médias, en atteste la création récente d’une commission des médias par le Premier Ministre, ainsi que la nomination de procureurs spéciaux pour traiter des cas impliquant des attaques contre les journalistes, a-t-il souligné.

Par ailleurs, le représentant du Pakistan a précisé que le moratoire sur la peine de mort avait été suspendu cette année à la demande unanime de tous les partis politiques après l’attaque terroriste « barbare et inhumaine » qui a touché une école à Peshawar.  Déclarant que la peine de mort n’était pas interdite par le droit international, il a précisé qu’au Pakistan, elle ne s’appliquait qu’aux crimes les plus graves en vertu de la loi.

« Il y a une crise des droits de l’homme en Palestine », a résumé Mme NADYA RASHEED, observatrice de l’État de Palestine.  Israël porte atteinte à tous les droits de l’homme des Palestiniens et empiète sur tous les aspects de leur vie, en violation du droit international.  Elle a mentionné, entre autres, les crimes commis par « les colons terroristes », la confiscation des terres, la destruction des maisons et des biens, la détention de plus de 6 000 Palestiniens, y compris des enfants, la profanation des lieux saints, « le mur de l’apartheid », et les centaines de points de contrôle.

Depuis le début du mois d’octobre, plus de 73 Palestiniens, dont 10 enfants, ont été tués, et plus de 2 200 Palestiniens ont été blessés, a précisé Mme Rasheed.  Des centaines de personnes ont aussi été arrêtées.  « Les Palestiniens ne peuvent pas rester l’exception à la responsabilité de protéger les civils contre les atrocités », a-t-elle insisté.  « Ils ne sont pas seulement des statistiques, mais des êtres humains dont les vies sont constamment brisées par un occupant brutal. » 

La déléguée a évoqué ensuite l’insécurité, le désespoir et la misère induits par la guerre israélienne contre Gaza pendant l’été 2014, qui s’ajoutent à la catastrophe humanitaire délibérément infligée depuis huit ans par le blocus.  À Gaza, 80% de la population reçoit une aide, le taux de pauvreté est de 39%, 90% de l’eau n’est pas potable, et il y a des coupures d’électricité pendant 12 à 16 heures tous les jours.           

M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a déclaré que son pays accordait une attention spéciale à l’amélioration de sa législation, conformément à ses obligations internationales.  Soulignant que de nombreux changements avaient été introduits dans le Code pénal du pays, il a affirmé que la torture était maintenant considérée comme un crime grave et sévèrement puni.  Il a annoncé qu’en 2013, un centre national pour la prévention de la torture dont les recommandations doivent être prises en compte par les autorités de l’État, avait été ouvert et bénéficiait d’un accès illimité aux lieux de détention, ses équipes ayant le droit d’y effectuer des missions sans préavis. 

Par ailleurs, le délégué a souligné qu’un formulaire spécial d’examen des prisonniers avait été approuvé et permettait de détecter à temps les blessures physiques et les traumatismes mentaux dont ils pourraient être victimes.  Toujours en 2013, a-t-il déclaré, des mesures ont été approuvées en vue de mettre en place des mécanismes pour la stricte observance par la police de l’éthique professionnelle et des droits de l’homme.

Par ailleurs, l’Académie de police et le centre de formation du système pénitentiaire ont introduit une nouvelle série de cours dans les domaines de la prévention de la torture et les normes internationales concernant le traitement des prisonniers, a-t-il souligné.

Mme ARINO YAGUCHI (Japon) a souligné que son pays s’était efforcé de prendre des mesures sur les questions relatives aux droits de l’homme avec l’instauration par le Gouvernement de dialogues bilatéraux dans le domaine, ainsi qu’une participation active à de nombreux foras internationaux.  À cet égard, le Premier Ministre japonais, M. Shinzo Abe, se penche sérieusement sur la question de la protection et de la promotion des droits des femmes, a déclaré la déléguée.

En outre, son pays a fidèlement mis en œuvre les recommandations de l’examen périodique universel et les autres traités pertinents en matière de droits de l’homme.  L’année prochaine, le Japon soumettra son rapport sur la Convention relative aux droits des personnes handicapées et celle relative aux droits de l’enfant.  Mme Yaguchi a souligné que depuis la ratification de cette deuxième Convention par son pays, celui-ci avait introduit et amendé sa législation en prenant en compte les conclusions des organes conventionnels.

Par ailleurs, en prélude à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes handicapées, le Japon continuera à renforcer les mesures visant à leur pleine participation et engagement, a expliqué Mme Yaguchi.

Mme ZAYTOON FARAJ ABDULLAH ABDULLAH (Iraq) a brièvement souligné que la Constitution de 2005 incluait un certain nombre de garanties en matière de droits de l’homme.  Pour ce qui est de la ratification et du suivi des instruments internationaux pertinents, le Gouvernement œuvre en consultation avec la société civile iraquienne. 

M. YAO SHAOJUN (Chine) a plaidé en faveur de la pleine participation des États parties au suivi de la résolution 68/268 sur le fonctionnement des organes conventionnels.  S’agissant des activités et des mandats de ces organes, ils doivent être accomplis suivant les principes d’objectivité, d’impartialité et d’indépendance.  Notant l’adoption des Directives contre l’intimidation et les représailles (dites « Directives de San José »), le représentant a été d’avis que la responsabilité de protéger les individus contre ces pratiques incombe au premier chef aux États parties. 

De telles directives devraient, selon lui, être formulées à l’issue de consultations avec l’ensemble des États parties, « au lieu d’être unilatéralement décidées par les présidents des organes conventionnels ».

De plus, la Chine réitère que la participation des organisations non gouvernementales aux délibérations des organes de traités doit se faire dans le cadre des normes de l’ONU, comme indiqué dans la résolution 1996/31.  Les organes de traités doivent attacher de l’importance aux informations fournies par les États parties et filtrer celles qui proviennent d’autres organisations et d’individus pour en vérifier « la véracité et la fiabilité », a ajouté M. Yao.

Mme KULCZER (Australie) s’est enorgueillie des performances australiennes en matière de droits de l’homme, d’égalité, d’inclusion et de défense de ces droits en général.  Elle a également mis l’accent sur la candidature de son pays à un siège au Conseil des droits de l’homme pour 2018-2020. 

La déléguée a mis en valeur la force du plaidoyer australien en faveur de la protection des droits et libertés des femmes et des filles dans le monde entier, de même que son engagement contre la peine de mort.  Elle s’est réjouie du fait que les Fidji, Madagascar et le Suriname aient tous formellement aboli cette sentence au cours de cette année. 

L’Australie est profondément engagée dans la promotion des droits des peuples autochtones de par le monde et célèbre leurs cultures.  Elle a appuyé l’autonomisation de ces peuples pour qu’ils soient à même de manifester leurs préoccupations tant à l’échelon national qu’international.

Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a expliqué que « sans paix, aucun développement n’est possible, voire viable », raison pour laquelle le système de gouvernance de son pays repose sur le principe de la séparation des pouvoirs qui crée les conditions favorables au respect des droits de l’homme.  Le dispositif juridique comprend les instruments internationaux relatifs à ces droits, la Constitution et les textes législatifs et réglementaires.

Au titre des initiatives tendant au renforcement du cadre normatif de protection des droits de l’homme, elle a cité la révision en cours du Code pénal pour y inclure les dispositions des conventions internationales relatives à la lutte contre le travail des enfants, la torture et les violences faites aux femmes.

Une loi a aussi été adoptée en mai 2014 portant prévention et répression de la torture et des pratiques assimilées, et une autre sur la protection de l’enfant en conflit avec la loi ou en danger.  Plusieurs autres droits civils et politiques ont en outre fait l’objet de campagnes de sensibilisation et de collaboration entre différents acteurs.

Outre la gratuité de l’éducation publique, la représentante a mis en avant les droits culturels, qui connaissent une évolution satisfaisante, avec l’organisation du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), de la Semaine nationale de la culture (SNC), du Salon international de l’artisanat ou du Jazz à Ouaga qui valorisent les cultures nationales tout en faisant la renommée du Burkina Faso au niveau international. 

M. ACHSANUL HABIB (Indonésie) a jugé important que tous les organes conventionnels remplissent leurs mandats respectifs « de façon holistique » pour éviter les doublons.  Quant aux membres de ces organes, ils doivent maintenir leur indépendance, leur professionnalisme et leur sens des responsabilités.  De même, il a souhaité que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, dont la charge de travail augmente sans cesse, reçoive un engagement politique et un financement adéquat.  Il a également appuyé les évaluations indépendantes de la gestion et de l’administration du Haut-Commissariat.

Pour sa part, l’Indonésie a adopté, en juin dernier, « la quatrième génération » de son plan national en matière de droits de l’homme.  Le pays prépare une nouvelle législation, notamment sur les personnes handicapées, contre la torture, pour la protection des travailleurs domestiques, ou dans le domaine de la justice pour mineurs.   

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a affirmé que le Mozambique se basait sur les principes de la démocratie, de l’état de droit et de la justice pour tous, soulignant que la Constitution du pays prévoyait un ensemble de dispositions pour la protection des droits fondamentaux et des libertés.  Le délégué en veut pour preuve l’engagement du Mozambique à adhérer à tous les traités pertinents sous-régionaux, régionaux et internationaux, ainsi qu’à toutes les conventions qui promeuvent les droits de l’homme. 

M. Gumende a précisé que son pays avait volontairement souscrit à l’examen périodique universel et se préparait à participer au second cycle en janvier 2016.  Il s’est dit convaincu que le respect des droits de l’homme était la pierre angulaire de la gouvernance démocratique et des éléments fondamentaux à la promotion du développement durable. 

Par ailleurs, il a insisté sur le fait que les autorités du Mozambique étaient préoccupées par la question de la discrimination sociale et l’assassinat de personnes atteintes d’albinisme sur la base de pratiques obscurantistes rétrogrades.  À cet égard, le Gouvernement du Mozambique a décidé de constituer un Groupe de travail afin d’identifier les éléments nécessaires pour développer une stratégie en vue de s’attaquer à ce phénomène social inquiétant.

M. MUAZ MOHAMAD A-K AL-OTOOM (Jordanie) a déclaré qu’en dépit des difficultés que traversait sa région, la Jordanie a procédé à la transformation sociale, grâce à des amendements de la Constitution en vue de la séparation des pouvoirs.  Un plan national d’élaboration des rapports aux organes conventionnels a permis une plus grande cohérence dans la coopération avec les mécanismes des droits de l’homme. 

Le pays accueille un très grand nombre de réfugiés suite aux conflits sectaires régionaux et aux agissements des terroristes dont les actes abominables défient toute constitution ou religion révélée.  Il a ensuite appelé à la création d’un État de Palestine libre et indépendant pour garantir la pleine jouissance de tous les droits du peuple palestinien.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a indiqué que son pays avait ratifié une série de traités internationaux relatifs aux droits de l’homme au cours de l’année écoulée, et que sa législation nationale était alignée sur leurs dispositions.  Le Parlement est en train d’examiner le projet de code pénal révisé qui prévoit l’abolition de la peine de mort et criminalise toute forme de torture.  Pendant sa session de fond, qui dure jusqu’en février 2016, le Parlement reprendra également l’examen des lois sur la Commission nationale des droits de l’homme, les droits et la protection de l’enfant, la violence domestique, et le travail.

Le Gouvernement de la Mongolie vient d’organiser, en collaboration avec l’Équipe de pays des Nations Unies, deux jours de dialogue avec une quarantaine de gouvernements et d’organisations non gouvernementales sur le processus de l’examen périodique universel.

M. ERVIN NINA (Albanie) a appuyé l’indépendance des organes conventionnels pour garantir un traitement impartial des droits de l’homme dans tous les États parties aux conventions dont ces organes ont en charge le suivi.  Il a fortement appuyé le Conseil des droits de l’homme et de tous ses mécanismes, qui permettent de répondre d’urgence à toutes les atteintes à ces droits.  Il a affirmé que l’Albanie s’opposerait à toute tentative visant à entraver leurs travaux et réduire leur mandat. 

Le processus de l’examen périodique universel est un outil précieux pour faire progresser le respect des droits de l’homme au niveau national en particulier.  L’Albanie a adressé une invitation permanente aux rapporteurs spéciaux et autres titulaires de mandats.  La Déclaration de principe de Vienne entérine le droit au développement et il importe de garder cela à l’esprit lors de la réalisation des objectifs du développement durable à l’horizon 2030 pour transformer l’avenir commun de l’humanité et le rendre plus sûr.

M. HAILESELASSIE SUBBA GEBRU (Éthiopie) a indiqué qu’un tiers de la Constitution éthiopienne était dédiée aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.  Le respect et la protection des droits des groupes vulnérables, tels les femmes, les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées, ou celles vivant avec le VIH/sida, sont au centre de toutes les activités de développement du pays.  Les droits économiques, sociaux et culturels des habitants ont été renforcés par les progrès réalisés en matière de sécurité alimentaire, de santé, d’éducation, de logement, d’eau et d’emploi.

De plus, l’Éthiopie a placé les questions de la démocratie, de la bonne gouvernance et des droits de l’homme au cœur de ses priorités pour les cinq prochaines années, a indiqué M. Gebru. Le deuxième plan national d’action sur les droits de l’homme est en cours d’élaboration et il tiendra compte des recommandations faites à l’Éthiopie dans le cadre de l’examen périodique universel.

Mme ZHUNUSSOVA (Kazakhstan) a déclaré que la communauté internationale avait reconnu son pays comme une nation encline au respect de tous les instruments internationaux.  La récente ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées jette les bases d’une nouvelle politique d’appui à ces membres de la société.  La paix interethnique et interconfessionnelle est aussi très importante pour le Kazakhstan. 

Elle a conclu que 20 ans après son indépendance, le pays avait déjà fait de grands pas vers la consolidation de la démocratie et espère poursuivre ses efforts pour améliorer la situation des droits de l’homme.  Un bureau du médiateur, un mécanisme de prévention de la torture et une commission nationale des droits de l’homme ont également été mis en place ces dernières années.  Une instance de dialogue a été en outre créée pour faciliter le dialogue et l’échange entre différentes composantes des secteurs public et privé et de la société civile.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a dit que son pays avait fait de la protection des droits de l’homme une priorité.  Le Rwanda a ratifié la quasi-totalité des instruments internationaux et régionaux en la matière, les intégrant automatiquement dans sa législation nationale.  À la suite du génocide perpétré contre les Tutsis, le Rwanda s’est penché de très près sur les conséquences de tels actes qui privent les individus de leurs droits fondamentaux.

Le Rwanda a réussi à rétablir un pays fondé sur l’état de droit, s’est félicitée la représentante.  Il s’est doté d’institutions solides et d’un système de justice indépendant.  La gouvernance inclusive et une approche axée sur l’individu ont aussi contribué à améliorer le niveau de vie de la population. 

Le Gouvernement a réussi à garantir la paix et la stabilité.  Il prend très au sérieux toute allégation de violation des droits de l’homme et dissuade quiconque de nier le génocide.  Forts de leur histoire, les dirigeants poursuivent leurs efforts en faveur de l’éducation, de la réconciliation et du développement.

Droit de réponse

Israël a réitéré que le discours de la représentante de la Palestine est un triste exemple du déni des faits.  Des dizaines de civils israéliens ont été tués, dont des enfants ces dernières semaines.  Le Président de l’Autorité palestinienne a accusé, à la radio, Israël d’avoir également tué un enfant palestinien alors qu’en fait celui-ci n’était pas mort et qu’il recevait des soins dans un centre médical israélien.

L’État de Palestine a rejeté les allégations de sa collègue israélienne, lui reprochant d’omettre de mentionner l’occupation étrangère des territoires arabes, sujet même de la Troisième Commission.  Aujourd’hui encore, des enfants ne vont pas à l’école à cause de cette situation d’occupation.  Elle a regretté que tous les Palestiniens, quel que soit leur âge, sont considérés comme des terroristes.  « C’est à la fois trop pratique et simpliste », a commenté la représentante.

Elle a rejeté les affirmations absurdes qui sont le produit d’une rhétorique raciste d’Israël qui s’évertue à répéter que toute la population palestinienne incite les jeunes et les enfants même à attaquer la population civile israélienne.  Le monde a été témoin, depuis maintenant des décennies, de l’échec répété du processus de paix.  L’on a assisté à l’érection d’un mur, au siège de Gaza et à des exactions multiples contre toute la population palestinienne: voilà ce qu’ils entendent par « processus de paix », a-t-elle conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Des délégations de la Deuxième Commission insistent sur des partenariats transparents et respectueux des valeurs de l’ONU dans la réalisation du développement durable

Soixante-dixième session,
28e séance – après-midi
AG/EF/3436

Des délégations de la Deuxième Commission insistent sur des partenariats transparents et respectueux des valeurs de l’ONU dans la réalisation du développement durable

Au cours du débat de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur le thème « Vers des partenariats mondiaux », de nombreuses délégations ont souligné, cet après-midi, que les partenariats étaient déterminants pour réaliser le développement durable, tout en rappelant qu’ils devraient se faire de manière transparente et dans le respect des valeurs et principes des Nations Unies.

Dans ce contexte, le représentant de la République démocratique populaire lao, à l’instar de plusieurs délégations, a insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats entre les gouvernements, le système des Nations Unies, le secteur privé et d’autres acteurs pertinents pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui exigerait la mobilisation d’un énorme volume de ressources. 

Que ce soit dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté par l’Assemblé générale le 25 septembre dernier, ou dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, adopté à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement en juillet dernier, la communauté internationale a reconnu que la participation de tous les acteurs était un élément clef de la réalisation d’un développement durable, appelant ainsi à un partenariat mondial revitalisé.  Ce vœu est cristallisé par l’objectif 17 de développement durable, assorti de 19 cibles qui détaillent les moyens de sa mise en œuvre.

La voie à suivre pour des partenariats réussis passe également par le renforcement des acquis du Pacte mondial, ont souligné des délégations.  Cette initiative volontaire d’entreprises responsables, lancée en juillet 2000 par l’ONU, entend faire adhérer les entreprises aux principes établis par les Nations Unies tout en promouvant leur application dans la réalisation des objectifs de développement définis par les Nations Unies.  À ce jour, plus de 13 000 entreprises s’y sont engagées.

Par ailleurs, évoquant les « allégations très graves » -qui ternissent, selon le Secrétaire général de l’ONU, le prestige et la réputation de l’ONU- à l’encontre du Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, quelques délégations, comme celle du Brésil, ont averti que le manque de transparence, de reddition des comptes et de gouvernance pourrait constituer un obstacle à la création de partenariats entre les Nations Unies et des partenaires légitimes, sapant ainsi les efforts entrepris pour parvenir à un développement durable.

Il a mis en garde contre les sommes colossales promises par le secteur privé dans le cadre des initiatives lancées par les Nations Unies, et insisté sur la nécessité d’en vérifier la provenance et le mode d’utilisation.

À ce propos, la Directrice exécutive du Pacte mondial, Mme Lise Kingo, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur le sujet à l’ordre du jour, a mis l’accent sur le besoin de « renforcer les efforts en matière de transparence et de reddition des comptes dans toutes les activités du système des Nations Unies impliquant le secteur privé ».

Plusieurs orateurs ont, en outre, souhaité que les fonds issus du secteur des affaires soient alignés sur les mandats et priorités agréés internationalement.  Le représentant du Cameroun précisant, pour sa part, que les agences onusiennes devraient davantage privilégier les contributions aux ressources de base plutôt qu’aux ressources extraordinaires, afin de ne pas aggraver le déséquilibre existant entre ces deux types de ressources.

« Il faudrait se garder de transformer le système des Nations Unies en un instrument de sous-traitance des acteurs du secteur privé », a-t-il aussi rappelé, tout en plaidant pour une plus grande transparence des partenariats entre l’ONU et le secteur privé, notamment par la divulgation de l’identité des partenaires, le montant des contributions reçues et des dons de contrepartie.

Les partenariats que les délégations ont appelés de leurs vœux pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 devraient être établis dans le respect des principes d’appropriation nationale, de confiance mutuelle, de transparence et de reddition des comptes, comme l’a déclaré le représentant des Maldives qui parlait au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement.  D’autres orateurs ont par ailleurs précisé que ces partenariats ne devraient en aucun cas se substituer à l’aide publique au développement (APD), ni à la coopération Sud-Sud ou à la coopération triangulaire, et encore moins à la coopération Nord-Sud.

La Deuxième Commission se réunira à nouveau demain, jeudi 5 novembre à 10 heures.  Elle entendra la présentation de projets de résolution.

VERS DES PARTENARIATS MONDIAUX 

Présentation du rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et tous les partenaires intéressés, en particulier le secteur privé (A/70/296)

Dans ce rapport, le Secrétaire général indique que l’inclusion de représentants du secteur privé à des consultations mondiales d’aussi grand renom que celles qui ont eu lieu cette année témoigne d’une importante évolution de la collaboration public-privé.  Les gouvernements et les organismes internationaux sont de plus en plus conscients des avantages apportés par la participation du secteur privé, note le Secrétaire général.  Il ajoute qu’un nombre croissant d’entreprises recherchent des créneaux stratégiques en vue de les exploiter et d’aligner leurs opérations commerciales sur les priorités nationales et internationales du développement.  Les entreprises délaissent l’approche essentiellement philanthropique au profit d’une vision plus stratégique et plus globale de leur responsabilité à l’égard du développement durable.

Les partenariats entre le secteur public et le secteur privé s’ajoutent aux mesures gouvernementales et les complètent et ils peuvent produire des résultats positifs qu’il appartient aux gouvernements d’exploiter dans le meilleur intérêt de la société, souligne le Secrétaire général.  Pour mettre à profit cette collaboration au service du développement durable, suggère-t-il, le secteur privé a besoin des orientations et des connaissances spécialisées de l’Organisation pour déterminer comment jouer le rôle le plus constructif possible.

À mesure que les intersections entre l’intérêt du public et celui du privé s’approfondiront, estime-t-il, la nécessité et la demande de nouveaux partenariats entre l’Organisation et le secteur privé ne pourront que croître.  L’Organisation devrait ainsi prendre des mesures efficaces relatives à l’intégrité afin de maîtriser les risques inhérents à cette collaboration.

Le Secrétaire général recommande aussi que les organismes des Nations Unies qui mettent à contribution le secteur privé devraient être encouragés à s’investir davantage dans cette collaboration à l’échelle du système, en utilisant les plateformes existantes, telles que le réseau des agents de liaison des Nations Unies avec le secteur privé, pour renforcer les capacités, la cohésion et la diffusion des meilleures pratiques en matière de partenariat.

Débat général

Mme JANINE COYE FELSON (Belize), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a mis l’accent sur l’évolution des partenariats établis au cours de ces 15 dernières années grâce, a-t-il dit, à l’expérience acquise dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement agréés sur le plan international.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et le Programme de développement durable à l'horizon 2030 adoptent, à cet égard, une nouvelle dynamique, a-t-elle aussi noté.  Ces deux programmes prévoient des mesures et des politiques qui doivent être mises en œuvre à différents niveaux, conformément aux priorités nationales, a-t-elle rappelé en invitant ainsi à renforcer la vision de partenariat mondial qui en résultera.  Mme Coye Felson a encouragé le partenariat entre le secteur public et le secteur privé et appelé les « nouveaux acteurs mondiaux » à s’acquitter de leurs responsabilités dans ce domaine.  La CARICOM, a-t-elle dit, a pris note des initiatives du Pacte mondial qui encouragent le secteur privé à s’acquitter de ses engagements dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Bélize estime qu’il faudrait renforcer la coopération entre le secteur privé et le système des Nations Unies, sur la base des directives qui existent en la matière.  Enfin, elle a appelé à conclure un accord solide sur la question des changements climatiques, en souhaitant qu’il soit accompagné d’un solide partenariat dans ce domaine.

M. AHMED SAREER (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, a rappelé qu’il incombe, en premier lieu, aux États Membres de financer leur développement.  Il a néanmoins ajouté que compte tenu des nombreux défis de développement, l’apport du secteur privé était tout aussi important.  Il a ainsi expliqué que les partenariats étaient importants pour mobiliser les ressources humaines et financières, l’expertise, les technologies et les connaissances nécessaires au développement.  Il a également souligné l’importance du rôle que jouent les fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies pour élargir les partenariats entre les secteurs public et privé.  Le représentant a rappelé que ces partenariats devraient être établis dans le respect des principes d’appropriation nationale, de confiance mutuelle, de transparence et de reddition des comptes.  De même, a-t-il précisé, ils doivent être menés dans le respect des réalités propres à chaque pays.

Le délégué a par ailleurs salué l’élargissement des partenariats conduits sous l’égide des Nations Unies, tout en regrettant que les rapports d’activités y afférents n’étaient pas toujours produits.  Il a rappelé que « Les Orientations de Samoa », le Document final de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, adopté à Samoa en septembre 2014, appelle ainsi à mettre l’accent sur les partenariats en vue de promouvoir l’essor spécifique de ce groupe de pays.  Le délégué a par ailleurs prévenu que tout en encourageant les partenariats, il faudrait garder à l’esprit que ceux-ci ne peuvent se substituer à l’aide publique au développement (ADP).

Mme CHANDA (Zambie), au nom du groupe des 32 pays en développement sans littoral, a souligné que les partenariats étaient très importants pour assurer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et pour progresser dans les domaines prioritaires identifiés par le Programme d’action de Vienne sur les pays enclavés.  Elle a mis l’accent, en particulier, sur le rôle pivot du secteur privé.  Dans les pays enclavés, les partenariats sont utiles pour soutenir la mise en place d’un système de transport efficace, permettant ainsi de réduire les coûts des transactions et d’accroître la compétitivité sur les marchés internationaux.  Il faudrait également aider les pays en développement sans littoral à renforcer leurs capacités productives et à diversifier la production.  En outre, a-t-elle ajouté, les partenariats pourraient renforcer le financement du développement durable.  Mme Chanda a également souligné le rôle important des partenariats dans le cadre de la coopération Sud-Sud, notamment pour renforcer les infrastructures, les capacités et le transfert de technologies.

Mme KAREN TAN (Singapour), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est dit convaincue que le succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dépendrait d’un partenariat mondial revitalisé.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, les gouvernements, le secteur privé, le système des Nations Unies et tous les autres acteurs doivent unir leurs efforts.  L’aide publique au développement (APD) continue à jouer un rôle central dans ce partenariat, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral, a-t-elle rappelé.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, a-t-elle souligné, ne doivent pas se substituer à la coopération Nord-Sud ou à l’APD.  La représentante a, par ailleurs, noté le rôle croissant que joue le secteur privé dans l’appui aux efforts de développement, tout en souhaitant que ce rôle soit davantage étendu à travers le Pacte mondial.  Il faudrait également consolider la reddition des comptes et la transparence dans ces partenariats, a-t-elle ajouté.

Dans le cadre de l’ASEAN, les partenariats sont très importants, a assuré Mme Tan, citant notamment les partenariats public-privé pour lesquels l’ASEAN a adopté des directives en 2014.  Elle a mentionné une liste de projets gérés par l’ASEAN, ainsi qu’une base de données sur l’atténuation de risques.  Mme Tan a aussi mis l’accent sur ce que fait le réseau de responsabilité sociale des entreprises de l’ASEAN.  Pour encourager les flux privés, les gouvernements devraient mettre en place, a-t-elle encouragé, les cadres nécessaires.  Elle a également demandé aux organisations internationales comme l’ONU, les fonds, programmes et institutions spécialisées, ainsi que le FMI, d’assister les pays concernés dans ces efforts.  Enfin, elle a plaidé en faveur de nouvelles sources de financement pour le développement, à la fois publiques et privées, en préconisant notamment d’explorer des sources innovantes.

M. ANTONIO PARENTI, de l’Union européenne, a salué les avancées réalisées, ces dernières années, en matière de partenariats pour la réalisation d’un développement durable.  Il a aussi salué les efforts consentis par les acteurs du secteur privé en vue de lutter contre les changements climatiques, et il les a invités à aller plus loin lors de la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), qui ouvrira ses travaux le 30 novembre.  Il a annoncé que l’Union européenne présentera un projet de résolution sur les partenariats, semblable aux précédents sur le même sujet, et coparrainé par tous les membres de l’Union européenne.  Il a souligné que ce texte en appelle à des partenariats respectueux des valeurs et principes des Nations Unies.  Il a invité tous les États Membres favorables à ce texte à se porter coauteurs.

M. FEDERICO GONZALEZ (Paraguay) a souligné la participation active du secteur privé, des organisations civiles et du monde universitaire aux préparatifs de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, en se félicitant aussi de l’adoption du Programme d’action de Vienne relatif à ces pays.  Le représenant a demandé aux États Membres de stimuler les efforts des pays en développement sans littoral en appuyant leur projet de résolution sur les associations mondiales de collaboration.  Il a suggéré aux délégations d’aborder les discussions sur cette question en explorant les activités conjointes possibles entre le secteur public et le secteur privé, ainsi que le rôle des petites et moyennes entreprises dans l’économie.  Il faudrait aussi envisager cette question sous l’angle du renforcement des capacités nationales en matière de collecte et d’analyse de données, a-t-il ajouté.

M. CARLOS DUARTE (Brésil) a déploré le fait que le développement de partenariats entre le secteur privé et les Nations Unies ne soit pas suivi par un renforcement des mesures de reddition des comptes et de transparence.  Il faudrait adopter des mesures visant à assurer que tout partenariat entre les Nations Unies et des entreprises privées soit respectueux des droits de l’homme, soucieux de la protection de l’environnement et de l’égalité des genres.  Il a évoqué des évènements récents qui ont montré les risques graves pouvant résulter de l’absence de suivi des relations engagées par le secteur privé avec des institutions du système des Nations Unies.  Le délégué a ainsi cité les allégations concernant les liens qu’aurait entretenus le Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale avec des partenaires privés.  Il a précisé que le manque de transparence, de reddition des comptes et de gouvernance pourrait constituer un obstacle à la création de partenariats entre les Nations Unies et des partenaires légitimes.  Il a ainsi mis en garde contre les sommes colossales promises par le secteur privé dans le cadre des initiatives lancées par les Nations Unies et insisté sur la nécessité d’en vérifier la provenance et leur mode d’utilisation.

Le délégué s’est dit préoccupé par les larges sommes d’argent qui sont utilisées dans le cadre de ces partenariats et en particulier les conflits d’intérêts résultant de partenariats avec les Nations Unies pour le financement d’activités opérationnelles de développement.  Le représentant a également prévenu que le Programme de développement à l’horizon 2030, récemment adopté, n’avait pas été conçu pour laisser libre court aux actions du secteur privé et des marchés.  Tout en reconnaissant le rôle important que le secteur privé pourrait jouer dans la réalisation de ce programme, il a tout de même plaidé pour que les États Membres respectent les droits de l’homme et l’égalité des genres.  Il a également souhaité que les fonds issus du secteur des affaires soient alignés sur les mandats et priorités agréés internationalement.

M. CAO ZHIYONG (Chine) a appelé à mobiliser toutes les ressources possibles pour assurer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, en précisant que cela exigeait un partenariat mondial solide.  Il a demandé aux pays développés de respecter les engagements qu’ils ont pris en faveur de l’aide publique au développement (APD) et en appuyant davantage les efforts entrepris par les pays africains.  Les pays en développement devraient aussi être encouragés à renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, qui facilitent un partage d’expériences, sans pour autant se substituer à la coopération Nord-Sud.  La Chine et les Nations Unies ont organisé une table ronde sur la coopération Sud-Sud lors du récent Sommet sur le développement durable, a-t-il rappelé en insistant sur l’importance de cet outil.

M. YUTTALID MEK BUNNAG (Thaïlande) a estimé que des partenariats dynamisés étaient nécessaires pour relever les défis que pose le développement.  La coopération Nord-Sud et l’aide publique au développement (APD) doivent rester au cœur des partenariats mondiaux, a-t-il recommandé tout en attirant l’attention sur l’importance que joue de plus en plus la coopération Sud-Sud.  Celle-ci ne pourra cependant jamais remplacer la coopération Nord-Sud, a-t-il affirmé.  Le délégué a ensuite parlé de l’agence thaïlandaise de coopération pour le développement qui assiste les pays voisins et des pays d’Afrique.  La Thaïlande a en outre créé six zones économiques spéciales visant à accroître les échanges commerciaux transfrontaliers, a-t-il dit avant de plaider en faveur de la responsabilité sociale des entreprises (RSE).  À cet égard, il a soutenu le Pacte mondial de l’ONU.  Un institut de la RSE a été créé en Thaïlande, a-t-il indiqué.  Avant de conclure, le représentant a plaidé en faveur de mesures internationales favorables aux pays en développement, en souhaitant notamment un système de commerce équitable qui leur donne un accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent.

M. YOUNHO KANG (République de Corée) a invité tous les acteurs de développement à apporter leur pierre à l’édifice du développement durable.  Il a déclaré que ces partenariats devraient se faire en accord avec les ambitions du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi souhaité que dans le cadre de l’amélioration des partenariats, les discussions y afférentes se poursuivent au sein d’instances appropriées comme le Conseil économique et social.

M. BANKOLE ADEOYE (Nigéria) a souligné que les partenariats entre les secteurs public et privé devraient permettre de mobiliser des fonds additionnels et prévisibles pour le développement, tout en permettant de faciliter le transfert des technologies nécessaires pour les pays en développement.  Il a aussi souhaité que ces partenariats soient dans le respect des priorités nationales de développement des pays bénéficiaires.  Le délégué a ensuite salué les succès remportés par le Pacte mondial des Nations Unies et souhaité également que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire soient renforcées.

M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a estimé que la contribution du secteur privé à la réalisation des objectifs de développement durable ne devrait pas entraîner une compétition pour les ressources entre les entités du système de développement des Nations Unies.  Les fonds, programmes et institutions spécialisées, a-t-il ajouté, devraient privilégier les contributions aux ressources de base plutôt qu’aux ressources extraordinaires, sachant que celles-ci constituent 75% du financement total des activités opérationnelles de développement, afin de ne pas aggraver le déséquilibre existant entre ces deux types de ressources.  Il a cité plusieurs résolutions de l’Assemblée générale selon lesquelles les ressources extraordinaires ne peuvent pas se substituer aux ressources ordinaires, ces textes soulignant en outre que ces ressources présentent des risques de dispersion, de compétition ou de chevauchement entre entités.

Le renforcement des partenariats avec le secteur privé, a-t-il souligné, ne devrait donc pas déboucher sur l’érosion de l’impartialité et du caractère multilatéral du système des Nations Unies.  « En un mot, a-t-il dit, il faudrait se garder de transformer le système des Nations Unies en un instrument de sous-traitance des acteurs du secteur privé. »  Le représentant s’est défendu de vouloir imposer une rigidité excessive aux accords de partenariat entre l’ONU et le secteur privé.  Il a expliqué que sa délégation voulait, au contraire, garantir la transparence, la cohérence et la redevabilité.  M. Biya a ainsi fait plusieurs propositions et, en particulier, celle de divulguer, pour chaque partenariat, l’identité des partenaires, le montant des contributions reçues et des dons de contrepartie.  Il a aussi suggéré aux entités du système des Nations Unies de faire rapport à leurs structures de gouvernance respectives, tandis qu’un compte-rendu des partenariats de l’ONU devrait être soumis aux États Membres dans le cadre du Forum annuel de l’ECOSOC sur le suivi du financement du développement qui est prévu dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.

M. ARTHUR A. ANDAMBI (Kenya) a souligné qu’il faudrait renforcer les partenariats afin que les pays en développement ne dépendent plus seulement de l’APD.  Il a déclaré que le Gouvernement kényan entendait établir des partenariats plus solides avec des institutions internationales en vue, notamment, d’améliorer les conditions de vie des groupes vulnérables tels que les femmes, les jeunes et les enfants.  Il a par exemple fait observer que le Kenya, dans l’optique de la mise en œuvre de son plan national de développement pour la période 2014-2018, coopérait avec la Banque mondiale en vue d’éradiquer la pauvreté, grâce à des investissements financés à hauteur d’un milliard de dollars par an par la Banque.

Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) a fait remarquer que les défis actuels exigeaient un cadre cohérent de financement du développement qui intègre les trois dimensions du développement durable, à savoir économique, sociale et environnementale.  Elle a indiqué que les efforts de développement de son pays avaient été soutenus par une aide étrangère.  Celle-ci a diminué au fur et à mesure que le pays progressait sur la voie du développement, a-t-elle fait observer.  Au moment où l’Albanie poursuit sa stratégie d’intégration à l’Union européenne, a précisé Mme Prizreni, le pays accorde davantage d’importance à la gestion des fonds de l’Union européenne et moins aux sources bilatérales traditionnelles.  L’Albanie, a-t-elle rappelé, avait approuvé, en 2007, un programme au titre de l’Initiative « Une seule ONU » dont l’objectif est de mieux soutenir les efforts de développement de l’Albanie.  Ce programme permet d’aligner plus efficacement l’aide extérieure avec les priorités nationales.

Mme IRINA MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a préconisé l’adoption d’une démarche systématique visant à guider les partenariats entre les Nations Unies et le monde des affaires.  Elle a souhaité, dans ce contexte, que le Pacte mondial des Nations Unies soit renforcé.  Elle a également plaidé pour une plus grande transparence du secteur privé envers les gouvernements, en précisant que ces derniers sont responsables en premier lieu du développement de leur population.  Elle a aussi salué les retombées positives issues du partenariat entre le système des Nations Unies et le secteur privé dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola.  La déléguée a précisé que ces partenariats avec le système des Nations Unies devraient se faire sous l’égide de l’ECOSOC.  Elle a en outre souhaité que ces partenariats soient plus transparents et responsables, tout en soulignant l’importance d’en divulguer les informations y afférentes.  La Fédération de Russie, a-t-elle dit, se félicite de la participation du secteur privé russe dans les activités de développement des Nations Unies.

M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao), a prévenu que la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 exigerait la mobilisation d’un énorme volume de ressources.  Cela nécessite, par conséquent, un renforcement des partenariats entre les gouvernements, le système des Nations Unies, le secteur privé et d’autres acteurs pertinents.  Il a estimé que l’aide publique au développement (APD) continuerait à jouer un rôle central dans ce domaine, en particulier pour les pays les plus vulnérables.  Tout en soulignant l’utilité de la coopération Sud-Sud, il a rappelé qu’elle ne devrait pas se substituer à la coopération Nord-Sud.  Le représentant a ensuite misé sur le secteur privé engagé dans des partenariats avec le secteur public, en soulignant son rôle crucial pour appuyer les efforts de développement dans de nombreux pays.  Les gouvernements doivent ainsi identifier leurs priorités en matière de développement pour lesquelles le secteur privé peut apporter sa contribution.  L’APD est très importante pour les Laos, qui fait partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), a-t-il souligné avant de mentionner le processus de tables rondes créé pour en débattre, ainsi que la déclaration de Vientiane sur l’efficacité de l’aide.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: Abstentions record lors du vote des résolutions sur le commerce des armes, les armes à sous-munitions, les mines antipersonnel et le multilatéralisme dans le désarmement

Soixante-dixième session,
24e séance – matin
AG/DSI/3540

Première Commission: Abstentions record lors du vote des résolutions sur le commerce des armes, les armes à sous-munitions, les mines antipersonnel et le multilatéralisme dans le désarmement

La Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale a adopté ce matin 11 projets de résolution au titre des groupes thématiques des armes classiques et des autres mesures de désarmement et de sécurité internationale.  Si tous les textes ont été adoptés à l’immense majorité, l’abstention a bien été au rendez-vous.

Ainsi, pas moins de 51 délégations se sont abstenues lors du vote du projet de résolution sur la promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.  Pour autant, la Commission a adopté ce texte dans lequel elle recommanderait à l’Assemblée générale de demander à tous les États de participer sans discrimination et dans la transparence aux négociations multilatérales sur la réglementation des armements, la non-prolifération et le désarmement.

Par ailleurs, 40 délégations se sont abstenues sur le projet de résolution sur l’application de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Leurs représentants, qui sont intervenus ce matin, ont justifié leur vote par le fait que cet instrument a été négocié en dehors du cadre onusien, et que certaines d’entre elles n’avaient pas participé au processus d’Oslo qui a abouti à l’adoption de cet instrument.  D’autres délégations ont estimé que les questions relatives aux armes à sous-munitions devaient relever de la Convention sur certaines armes classiques, qui a bien été négociée dans le cadre des Nations Unies.  Une autre délégation a affirmé que, même si les considérations humanitaires figurant dans le document sont légitimes, il fallait toutefois aboutir à un juste équilibre avec les besoins sécuritaires des États.  L’une des deux délégations ayant voté contre le texte, avec le Zimbabwe, la Fédération de Russie a indiqué ne pas pouvoir accepter que les « fabricants occidentaux d’armes » puissent, à travers cette Convention, continuer de produire des armes à sous-munitions qualifiées d’« humaines ».

De plus, 26 délégations se sont abstenues lors du vote de la résolution sur le Traité sur le commerce des armes, dans laquelle l’Assemblée générale se féliciterait d’avoir adopté ce Traité et inviterait tous les États qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  Pour certaines délégations, le caractère déséquilibré et discriminatoire de ce texte ainsi que son adoption précipitée par l’Assemblée générale ont été les raisons citées pour expliquer leurs abstentions.  À leur avis, le document, dans sa forme actuelle, contient des lacunes juridiques de nature à entraver le droit souverain des pays à la légitime défense et privilégie les intérêts des fabricants d’armes, en plus de permettre le transfert d’armes à des groupes étatiques non autorisés.

La nature déséquilibrée de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction a également justifié l’abstention de 19 délégations lors du vote de la résolution y afférente.  Le représentant de l’Égypte a fait valoir que ce texte, négocié en dehors des Nations Unies, n’imposait aucune obligation de déminage aux États qui ont placé des mines antipersonnel dans des pays tiers.  De son côté, le représentant des États-Unis a expliqué son abstention par le fait que cette Convention n’était pas adaptée à la politique adoptée par son pays en la matière.

La Commission a cependant trouvé un consensus sur les autres projets de résolution examinés au titre du groupe des armes classiques.  Il en a été ainsi pour les textes portant sur l’assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre, sur les problèmes découlant de l’accumulation de stocks de munitions classiques en surplus, sur la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination.

Un consensus a également été trouvé sur les résolutions relatives au respect des normes environnementales dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements, sur l’information objective sur les questions militaires, y compris la transparence des dépenses militaires, et la relation entre désarmement et développement.

La Première Commission poursuivra demain jeudi 5 novembre, à partir de 10 heures, l’adoption d’autres projets de résolution.

DÉCISION SUR TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Explications de vote après le vote des résolutions d’hier

Le représentant du Japon a indiqué, concernant la résolution L.47, que son pays s’était abstenu.  Nous travaillons sans relâche pour prévenir la militarisation de l’espace, et nous appuyons la mise au point d’un code de conduite régulant les activités spatiales, c’est pourquoi nous avons voté en faveur de la résolution L.3, estimant qu’il faut renforcer la viabilité à long terme des activités spatiales, a-t-il ajouté.

Le représentant de l’Inde a fait savoir que son pays avait voté en faveur de la résolution L.47, « car le régime d’utilisation pacifique de l’espace doit être renforcé par des mesures pratiques et qui responsabilisent tous les États ».  Le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace ne saurait cependant se substituer à des mesures juridiques, a-t-il dit.

Le représentant de la Suisse a dit que sa délégation s’était abstenue sur le projet de résolution L.47: « Nous soutenons d’abord l’élaboration d’un ou plusieurs instruments juridiquement contraignants », a-t-il indiqué, notant toutefois avec satisfaction que ce texte intégrait désormais le fait que la préservation à long terme de l’espace nécessite que des armes n’y soient pas placées et que l’espace ne puisse devenir une arène de conflit.  Toutefois, a-t-il ajouté, le non-déploiement n’est qu’un élément d’une panoplie de mesures devant être plus complète.

Le représentant de la République islamique d’Iran a indiqué que la résolution L.47 était conforme à l’objectif d’une prévention d’une course aux armements dans l’espace.  Le paragraphe 5 prie tous les États à s’engager de ne pas déployer des armes dans l’espace en attendant la conclusion d’un instrument juridiquement contraignant, a-t-il souligné.  Par conséquent, nous avons voté en faveur de ce projet de résolution, a-t-il indiqué.

Armes classiques

Déclaration générale

La délégation du Mali, au nom des 15 États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), présentant le projet de résolution sur l’assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre, a estimé qu’en dépit de quelques modifications techniques, ce texte reprenait mot pour mot le projet de texte adopté l’an dernier par consensus.  Pour cette raison, la délégation appelle la Commission à adopter ce texte par le même moyen.  S’exprimant cette fois à titre national, le représentant a affirmé que son pays, avec l’appui de ses partenaires, prenait des mesures efficaces pour le contrôle, le marquage et la collecte des armes légères et de petit calibre en circulation au Mali.

Explications de vote avant le vote

La représentante de Cuba a déclaré que sa délégation s’abstiendrait lors du vote du projet de résolution sur le Traité sur le commerce des armes, en raison du vote prématuré de ce Traité à l’Assemblée générale, sans qu’il ne soit tenu compte des points de vue de tous et de la règle du consensus qui prévaut en la matière.  Ce Traité est en outre déséquilibré, car il ne privilégie que les intérêts des producteurs d’armes, avec des critères subjectifs en matière de transfert d’armes qui peuvent être politiquement utilisés.  Le texte permet également le transfert d’armes à des groupes étatiques non autorisés, sans le consentement des États concernés, constituant ainsi une flagrante violation de la souveraineté des États.

Le Maroc a déclaré que sa délégation voterait en faveur de la résolution sur la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, car le pays a activement contribué au processus préparatoire de cette Convention et déploie de nombreux efforts en ce qui concerne le déminage et l’assistance aux pays touchés par ces armes.

Le représentant du Venezuela a estimé que l’adoption précipitée du Traité sur le commerce des armes par l’Assemblée générale a favorisé le déséquilibre et la partialité du texte.  À ce stade, a-t-il poursuivi, ce Traité ne tient pas compte des excédents de production d’armes par les grands pays producteurs, ni du droit légitime des États de posséder des armes à des fins de défense.  Le Traité permet en outre le transfert d’armes à des groupes non étatiques, ignorant ainsi que ces groupes sont à l’origine du commerce illicite des armes légères et de petit calibre que la communauté internationale tente de combattre.  Le Venezuela s’était abstenu lors du vote de ce Traité devant l’Assemblée générale, et il fera de même lors de l’examen du projet de résolution sur le Traité sur le commerce des armes, a déclaré le représentant.

Le représentant du Viet Nam a indiqué que sa délégation ne voterait pas en faveur de la résolution L.49, affirmant qu’un certain nombre de dispositions du texte le préoccupaient.  « La limite de temps prévue par la Convention sur les armes à sous-munitions pour éliminer ces armes devrait être beaucoup plus importante », a-t-il  estimé.

Le représentant de l’Arménie a déclaré, au sujet de la résolution sur le Traité sur le commerce des armes, que pour qu’il devienne un instrument inclusif, ce texte aurait dû être adopté par consensus.  Le processus de négociation n’a pas été respectueux des intérêts et vues de toutes les délégations, a-t-il regretté.  « Le Traité, dans sa forme actuelle, contient des vides juridiques entravant le droit souverain des pays à la légitime défense. »  « Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons sur le projet de résolution L.54 », a déclaré le délégué arménien.

Le représentant de la Bolivie a déploré que la résolution L.54 n’ait pas fait l’objet d’un consensus, « ce qui indique que ce texte contient des lacunes et des faiblesses ».  « Nous nous abstiendrons lors de la mise aux voix sur ce texte », a-t-il fait savoir.

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que le fonctionnement de la Convention sur les armes à sous-munitions était entravé par les agissements contreproductifs de certains États parties.  Cette Convention n’est pas viable, puisqu’elle a été négociée en l’absence des pays producteurs d’armes à sous-munitions.  « Les producteurs occidentaux veulent produire de nouvelles armes ‘humaines’ à sous-munitions. »  Nous ne pouvons approuver cette démarche et voterons contre ce projet de résolution L.49, a-t-il indiqué.

Le représentant du Nicaragua a déclaré que sa délégation s’abstiendrait lors du vote de la résolution sur le Traité sur le commerce des armes pour les mêmes raisons que les autres délégations qui s’abstiennent, notamment le flou juridique, la possibilité de transfert à des groupes non étatiques et le déséquilibre en faveur des pays producteurs qui détiennent d’énormes stocks non contrôlés d’armes, entre autres.

Adoption des projets de résolution

Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre (A/C.1/70/L.6)

Par ce projet de résolution, adopté sans vote, l’Assemblée générale engagerait la communauté internationale à appuyer la mise en œuvre de la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes.  Elle engagerait aussi les pays de la sous-région sahélo-saharienne à faciliter le bon fonctionnement des commissions nationales qui luttent contre la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre.  L’Assemblée générale prierait enfin le Secrétaire général de poursuivre l’examen de la question et de lui présenter, à sa soixante et onzième session, un rapport sur l’application de la présente résolution.

Problèmes découlant de l’accumulation de stocks de munitions classiques en surplus (A/C.1/70/L.16)

Aux termes de ce texte, également adopté sans vote, l’Assemblée générale, demanderait à tous les États intéressés de déterminer le volume et la nature de leurs stocks excédentaires de munitions classiques et d’établir s’ils représentent un risque pour la sécurité.  Elle engagerait également les États en mesure de le faire à aider les États intéressés, dans un cadre bilatéral ou au sein d’organisations internationales ou régionales, à titre volontaire et en toute transparence, à élaborer et à mettre en œuvre des programmes d’élimination des stocks excédentaires ou d’amélioration de leur gestion.  L’Assemblée générale préconiserait en outre que la gestion des stocks de munitions dans des conditions de sécurité physique et matérielle fasse partie intégrante de la planification et de la conduite des opérations de maintien de la paix.

Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination (A/C.1/70/L.24)

Aux termes de ce projet de résolution, adopté sans vote, l’Assemblée générale, demanderait à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de prendre toutes les mesures pour devenir parties à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques et aux Protocoles y afférents.  Elle demanderait aussi à tous les États parties à la Convention qui ne l’ont pas encore fait d’exprimer leur consentement à être liés par les Protocoles à la Convention et par l’amendement élargissant le champ d’application de la Convention et des Protocoles y afférents aux conflits armés n’ayant pas un caractère international.  L’Assemblée générale prierait par ailleurs le Secrétaire général, en sa qualité de dépositaire de la Convention et des Protocoles y afférents, de continuer à l’informer régulièrement, par voie électronique, des ratifications, acceptations et adhésions concernant la Convention, son article premier modifié et les Protocoles afférents à la Convention.

Application de la Convention sur les armes à sous-munitions (A/C.1/70/L.49)

Aux termes de ce texte, adopté par 130 voix pour, 2 contre (Fédération de Russie et Zimbabwe) et 40 abstentions, l’Assemblée générale, prenant acte de la déclaration politique, du plan d’action et des documents finals de la première Conférence d’examen de la Convention sur les armes à sous-munitions, qui s’est tenue à Dubrovnik (Croatie) du 7 au 11 septembre 2015, demanderait aux États qui ne sont pas encore parties à la Convention de le devenir sans tarder.  Elle se déclarerait vivement préoccupée par les allégations, les rapports et les éléments concrets portés récemment à sa connaissance, selon lesquels des armes à sous-munitions seraient utilisées dans plusieurs parties du monde, et demanderait instamment à tous les États parties de fournir au Secrétaire général toutes les informations visées à l’article 7 de la Convention, afin d’améliorer la transparence et de favoriser le respect de la Convention.

Mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction (A/C.1/70/L.50)

Aux termes de ce texte, adopté par 160 voix pour et 18 abstentions, l’Assemblée générale, notant avec regret que des mines antipersonnel continuent d’être employées dans des conflits dans diverses régions du monde, où elles causent des souffrances humaines et entravent le développement après les conflits, inviterait tous les États qui n’ont pas signé la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction à y adhérer sans tarder.  Elle demanderait de nouveau à tous les États et aux autres parties concernées de collaborer pour promouvoir, soutenir et améliorer les soins dispensés aux victimes des mines, de même que leur réadaptation et leur réinsertion sociale et économique, les programmes de sensibilisation aux dangers des mines, ainsi que l’enlèvement et la destruction des mines antipersonnel disséminées ou stockées dans le monde.

Traité sur le commerce des armes (A/C.1/70/L.54)

Avec ce texte, adopté par 150 voix pour et 26 abstentions, l’Assemblée générale, se félicitant d’avoir adopté le Traité le 2 avril 2013 et de son entrée en vigueur le 24 décembre 2014, et notant qu’il reste ouvert à l’adhésion de tout État ne l’ayant pas encore signé, inviterait tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier, accepter ou approuver le Traité ou à y adhérer, selon leurs procédures constitutionnelles respectives.  Elle inviterait également les États qui sont en mesure de le faire à offrir leur aide, notamment sous la forme d’un appui juridique ou législatif, d’un renforcement des capacités institutionnelles ou d’une assistance technique, matérielle ou financière, aux États demandeurs, en vue de promouvoir l’universalisation du Traité.  L’Assemblée générale soulignerait en outre qu’il importe au plus haut point que les États parties au Traité en appliquent effectivement et intégralement l’ensemble des dispositions et les engage à s’acquitter des obligations qu’il met à leur charge.  Elle engagerait également les États parties à renforcer leur coopération avec la société civile, notamment les organisations non gouvernementales, les milieux professionnels et les organisations internationales concernées, et à collaborer avec les autres États parties aux niveaux national et régional, aux fins de l’application effective du Traité.

Explications de vote après le vote

Le représentant de l’Inde a indiqué que son pays a appuyé le projet de résolution L.50, ayant respecté ses engagements au titre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.  Nous sommes prêts à continuer à apporter une assistance technique aux pays qui en auraient besoin, a-t-il ajouté.  Il a également indiqué que son pays s’est en revanche abstenu sur le projet de résolution L.50 sur le Traité sur le commerce des armes.

La représentante de l’Argentine a indiqué s’être abstenue sur le projet de résolution L.49, la Convention sur les armes à sous-munitions excluant certaines armes produites exclusivement par certains pays.  La Convention ne couvre que 10% des armes à sous-munitions, a-t-elle souligné.  L’interdiction des armes à sous-munitions doit être totale et sans discrimination, a également estimé la déléguée.

Le représentant de la Chine a indiqué que son pays avait voté en faveur du projet de résolution L.54: « Nous étudions avec sérieux la possibilité d’adhérer au Traité sur le commerce des armes », a-t-il dit, estimant toutefois que la situation sécuritaire actuelle dans certaines régions avait mis en lumière des lacunes du Traité.

Le représentant des États-Unis a expliqué que sa délégation s’était abstenue sur le projet de résolution L.49, « qui ne s’applique qu’aux États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions ».  D’ici 2018, les États-Unis n’utiliseront plus ces armes et ne les transféreront à aucun pays, a-t-il assuré, rappelant l’attachement de son pays au principe d’humanité.  Nous nous sommes également abstenus sur le projet de résolution L.50 sur la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, qui n’est pas adapté à la politique que nous menons en la matière, a poursuivi le représentant.  À ce stade, a-t-il ajouté, nous ne pouvons toujours pas adhérer à la Convention.  Chaque année, les États-Unis consacrent deux milliards de dollars d’aide à la mise en œuvre de programmes de déminage à travers le monde, a encore précisé le représentant américain.

L’Équateur s’est abstenu lors du vote de la résolution sur le Traité sur le commerce des armes pour les mêmes raisons que les autres délégations, à savoir son déséquilibre et la possibilité qu’il offre de transférer des armes à des acteurs non étatiques, a dit son représentant.

La nature déséquilibrée de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel a également justifié l’abstention de l’Égypte, a dit son représentant, observant que ce texte, négocié en dehors des Nations Unies, n’impose aucune obligation de déminage aux États qui ont placé des mines antipersonnel dans des pays tiers.  L’Égypte s’est également abstenue lors du vote du texte relatif au Traité sur le commerce des armes, en raison de son déséquilibre entre les États producteurs et les autres.

Le représentant de la Libye a déclaré que sa délégation a voté en faveur de la résolution sur la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, en dépit de son caractère déséquilibré.  Ce texte n’impose aucune obligation aux États qui ont placé des mines dans des pays tiers de les enlever à leur frais, a déploré le représentant, indiquant que son pays continue de souffrir de ces armes placées par les « puissances coloniales ».

La Pologne a déclaré appuyer les objectifs humanitaires de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Pour autant, la Pologne estime que la question des armes à sous-munitions devrait être abordée dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques et pour cette raison, sa délégation s’est abstenue lors du vote.

Le représentant de la République arabe syrienne a déclaré que sa délégation s’était abstenue sur le projet de résolution L.54 sur le Traité sur le commerce des armes.  Nous devons parvenir à l’opérationnalisation d’un instrument équilibré, a-t-il estimé, et pour l’heure, le Traité ne sert que les intérêts de certains pays au détriment d’autres, comme la Syrie, que le Traité sur le commerce des armes ne prend pas en compte.

Le représentant de la République de Corée a indiqué que son pays s’est abstenu sur le projet de résolution L.49, en raison de la situation sécuritaire particulière dans la péninsule coréenne.  Nous ne pouvons adhérer à la Convention sur les armes à sous-munitions, a déclaré le représentant, précisant en outre que la République de Corée s’est également abstenue sur le projet de résolution relative à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, à laque elle n’a pas pu adhérer, là encore en raison de la situation sécuritaire dans la région.  Nous prônons une utilisation limitée et responsable des catégories d’armes visées par ces Conventions et finançons d’importants programmes de déminage à travers le monde, a-t-il aussi expliqué.

Le représentant de l’Autriche a indiqué que son pays a voté en faveur de la résolution L.49 et regretté que certaines vues de son pays n’aient pas été reflétées dans son libellé.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que son pays s’est abstenu sur la résolution relative à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel « en raison du climat sécuritaire dans la péninsule coréenne marqué, notamment, par l’insistance des États-Unis à recourir aux mines contre mon pays ».

Le Mexique a voté en faveur de la résolution sur les armes à sous-munitions, a fait savoir son représentant.

La représentante de Singapour a indiqué que sa délégation a voté en faveur des résolutions sur les armes à sous-munitions et celle sur les mines antipersonnel, bien qu’elle estime que l’interdiction totale de ces armes serait contreproductive et que les préoccupations sécuritaires de chaque pays ne sauraient être ignorées. 

La délégation de Chypre s’est abstenue lors du vote de la résolution sur les armes à sous-munitions car mon pays a adhéré à cet instrument en 2009 mais ne l’a pas encore ratifié en raison de la situation sécuritaire « anormale » sur l’île, a précisé son représentant.

La Lettonie s’est abstenue sur le vote de cette résolution, car elle estime que les préoccupations humanitaires doivent être équilibrées par rapport aux questions sécuritaires des pays, a indiqué sa représentante.

Le représentant du Venezuela a indiqué que son pays a voté en faveur de la résolution L.49, « même si nous ne sommes pas parties à la Convention sur les armes à sous-munitions ».  Tant que la Convention ne couvrira pas davantage d’armes à sous-munitions, donc tant que la Convention ne sera pas globale, nous ne pourrons pas y adhérer, a-t-il ajouté.

La représentante de Cuba a indiqué que sa délégation a voté pour le projet de résolution L.49, qui reflète bien à son avis les propositions de son pays en faveur de l’élimination totale des armes à sous-munitions et de la condamnation systématique de leur usage.  Nous nous sommes abstenus sur le projet de résolution portant sur la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, car il n’est pas possible à ce stade de renoncer aux mines pour protéger notre pays, conformément au droit à la légitime défense consacré par la Charte des Nations Unies, a également souligné la déléguée.

Le représentant du Pakistan a expliqué, au sujet du projet de résolution L.16, que les pays producteurs d’armes les plus importants devraient être aux avant-postes de la prévention du développement de surplus de stocks d’armes.  Nous nous sommes abstenus sur la résolution sur la Convention sur les armes à sous-munitions, qui a été négociée en dehors du système des Nations Unies, a-t-il précisé.  Sur la résolution L.50, nous nous sommes abstenus en raison de nos besoins sécuritaires et de protéger nos frontières en utilisant notamment des mines antipersonnel, a également fait observer le représentant pakistanais.  Il a par contre indiqué avoir voté en faveur de la résolution relative au Traité sur le commerce des armes.  Il faudra concilier la rhétorique et les actes pour renforcer la mise en œuvre non discriminatoire de ce Traité, a-t-il estimé.

Le représentant de la République islamique d’Iran a indiqué que son pays s’est abstenu sur le projet de résolution sur le Traité sur le commerce des armes, « qui pâtit de lacunes majeures ».  « Les intérêts commerciaux l’ont emporté sur les intérêts humanitaires », a-t-il estimé, déplorant que « le Traité ne vise pas les actes d’agression ».  Le représentant a également indiqué que sa délégation s’est abstenue sur la résolution relative à la Convention sur les armes à sous-munitions, car son pays n’est pas signataire de la Convention.

La représentante du Maroc a indiqué que sa délégation s’est abstenue lors du vote de la résolution sur les armes à sous-munitions.

Le Brésil s’est abstenu sur la résolution sur les armes à sous-munitions, a expliqué son représentant, du fait qu’il n’a pas participé au processus d’Oslo ayant conduit à l’adoption de ladite Convention.  Le texte contient des lacunes, a estimé le représentant, observant qu’il autorise le recours aux armes à sous-munitions dans des cas particuliers que seuls certains États peuvent remplir.

Autres mesures de désarmement et de sécurité internationale

Déclaration générales

La représentante de la Suède, au nom d’un groupe d’États, a affirmé que sa délégation s’associerait au consensus sur le projet de texte relatif à l’Information objective sur les questions militaires, y compris la transparence des dépenses militaires, car ils attachent une grande importance aux libertés en ligne et hors ligne.  Ils estiment aussi que le cyberespace doit être préservé à des fins pacifiques.

La représentante de Cuba a estimé que les normes environnementales doivent être prises en compte dans le cadre de l’armement et du désarmement et que le multilatéralisme et la coopération doivent être la norme conjointe en matière de désarmement.  Elle a par ailleurs indiqué que, de l’avis de sa délégation, il était inacceptable que des trillions de dollars soient dépensés pour les armements, alors que le développement des pays a besoin de financement, appelant les délégations à apporter leur soutien à toutes les résolutions présentées sur ces questions.

Autres mesures de désarmement et de sécurité internationale

Par le projet de résolution sur le respect des normes environnementales dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements (A/C.1/70/L.7), adopté par consensus, lAssemblée générale demanderait aux États d’adopter des mesures pour faire en sorte que l’application des progrès scientifiques et techniques aux domaines de la sécurité internationale, du désarmement et d’autres domaines connexes ne porte pas atteinte à l’environnement.

Elle inviterait tous les États Membres à communiquer au Secrétaire général des informations sur les mesures qu’ils auront adoptées pour promouvoir les objectifs énoncés dans la présente résolution, et prie le Secrétaire général de faire figurer ces informations dans un rapport qu’il lui présentera à sa soixante et onzième session.

Par le projet de résolution sur la promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération (A/C.1/70/L.9), adopté par 122 voix pour, 4 contre (Israël, Micronésie, États-Unis, Royaume-Uni) et 51 abstentions, l’Assemblée générale demanderait instamment à tous les États intéressés de participer sans discrimination et dans la transparence aux négociations multilatérales sur la réglementation des armements, la non-prolifération et le désarmement.

Elle inviterait les États parties aux instruments relatifs aux armes de destruction massive à se consulter et à coopérer aux fins du règlement des problèmes résultant du non-respect de ces instruments et à s’abstenir de recourir ou de menacer de recourir à des mesures unilatérales ou de se lancer mutuellement des accusations non vérifiées de non-respect pour régler leurs problèmes.

L’Assemblée générale prierait enfin le Secrétaire général de solliciter les vues des États Membres sur la question de la promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération et de lui présenter un rapport à ce sujet à sa soixante et onzième session.

Par le projet de résolution sur la relation entre le désarmement et le développement (A/C.1/70/L.10), adopté par consensus, l’Assemblée générale inviterait la communauté internationale à consacrer au développement économique et social une partie des ressources libérées par la mise en œuvre d’accords de désarmement et de limitation des armements, afin de réduire l’écart toujours croissant entre pays développés et pays en développement.

Elle inviterait de nouveau les États Membres à communiquer au Secrétaire général des renseignements sur les mesures et les efforts visant à consacrer au développement économique et social une partie des ressources libérées par la mise en œuvre d’accords de désarmement et de limitation des armements.  Elle prierait enfin le Secrétaire général de lui rendre compte, à sa soixante et onzième session, de l’application de la présente résolution.

Par le projet de résolution intitulé Information objective sur les questions militaires, y compris la transparence des dépenses militaires, (A/C.1/70/L.17), adopté par consensus, l’Assemblée générale inviterait les États Membres, à rendre compte chaque année au Secrétaire général de leurs dépenses militaires et à accompagner, à titre facultatif, les données présentées, de notes explicatives.

La résolution prierait en outre le Secrétaire général de continuer à envoyer chaque année aux États Membres une note verbale pour leur demander de communiquer leurs rapports sur les dépenses militaires.  Il serait également prié d’adresser aux États Membres une note verbale précisant quels rapports ont été communiqués et sont disponibles en ligne.

L’Assemblée générale déciderait enfin d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-douzième session, au titre de la question intitulée « Réduction des budgets militaires », la question subsidiaire intitulée « Information objective sur les questions militaires, y compris la transparence des dépenses militaires ».

Dans le projet de décision sur le rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement (A/C.1/70/L.22), adopté par consensus, l’Assemblée générale déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante et onzième session la question intitulée « Rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement ».

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission entame l’examen des chapitres VI à VIII du rapport de la Commission du droit international

Soixante-dixième session,
19e & 20e séances – matin & après-midi
AG/J/3508

La Sixième Commission entame l’examen des chapitres VI à VIII du rapport de la Commission du droit international

Devant la Commission, le Président de l’Assemblée générale demande des efforts pour mettre au point une convention mondiale contre le terrorisme

La Sixième Commission (Commission des questions juridiques) a entamé, aujourd’hui, l’examen des chapitres VI à VIII du rapport de la Commission du droit international (CDI), qui traitent respectivement de la « Détermination du droit international coutumier », des « Crimes contre l’humanité » et des « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités ».

Le Président de la Commission, M. Narinder Singh, a fait le point des travaux sur ces trois sujets.  Concernant la « Détermination du droit international coutumier », le Rapporteur spécial, M. Michael Wood, a présenté, cette année, son troisième rapport et la Commission a pris note des projets de conclusions 1 à 16, adoptés à titre provisoire par le Comité de rédaction.  La CDI a examiné le premier rapport du Rapporteur spécial sur les crimes contre l’humanité, M. Sean D. Murphy, et a adopté provisoirement les projets d’articles 1 à 4 et les commentaires s’y rapportant.  Quant au thème des « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités », la Commission, qui avait déjà adopté 10 projets de conclusions, en a examiné un autre, le projet 11, présenté, cette année, par le Rapporteur spécial, M. Georg Nolte, qui porte sur les « Actes constitutifs d’organisations internationales ».

Les organisations internationales doivent être prises en compte pour leur contribution à la détermination du droit international coutumier, a plaidé l’Union européenne, qui a souhaité que l’étude adopte une approche qui se penche précisément sur la nature de l’organisation internationale en question.  Les pays nordiques ont également appelé à tenir compte du rôle des organisations internationales, en particulier quand les États leur ont transféré certaines compétences.  L’Autriche a, pour sa part, estimé que le projet de conclusion 4 qui rejette la pratique d’autres acteurs non étatiques aux fins de la formation et de la détermination du droit international coutumier, ne rendait pas justice à la contribution importante du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à la pratique internationale.

Un des points sensibles du projet d’article sur les « Crimes contre l’humanité » portait sur ses relations avec le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.  À cet égard, les pays nordiques se sont félicités de l’approche générale adoptée par le Rapporteur spécial, qui a repris la définition des crimes contre l’humanité donnée par le Statut de Rome.  La Grèce, en revanche, n’est pas entièrement convaincue par la nécessité d’une convention traitant exclusivement de cette catégorie de crimes.  Pour elle, le Statut de Rome offre une base juridique suffisante pour des poursuites nationales et son universalisation rendrait inutile la mise en œuvre d’une nouvelle convention.  La République tchèque a salué les propositions de certains États Membres d’élaborer un traité multilatéral sur l’assistance juridique mutuelle et l’extradition en cas de crimes atroces.

La Sixième Commission avait auparavant achevé l’examen du premier groupe de chapitres du rapport de la CDI, déjà étudiés lundi et mardi et notamment des études sur la clause de la nation la plus favorisée (clause NPF) et la protection de l’atmosphère, ainsi que du jus cogens, nouveau sujet inscrit à son programme de travail.

Plusieurs délégations ont salué le rapport final du Groupe d’étude sur l’interprétation de la clause NPF, estimant qu’il offrait des outils d’interprétation et rassemblait la jurisprudence contemporaine sur la question tout en mettant en avant le rôle de la Convention de Vienne sur le droit des traités.  En revanche, la Jamaïque a regretté que le Groupe d’étude n’ait pas donné de directives utiles aux conseillers juridiques des gouvernements quand ils négocient et appliquent des accords bilatéraux d’investissement.  Quant au Venezuela, il a estimé que la CDI ne s’était pas attaquée aux problèmes fondamentaux de ces clauses et n’offrait pas de solution au conflit d’interprétation par les tribunaux arbitraux, ajoutant que le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États ne « devait pas élever les investissements transnationaux au rang d’État souverain et autoriser les investisseurs à défier les gouvernements qui régulent et déterminent leurs propres affaires internes ». 

L’inscription du jus cogens au programme de travail de la Commission a continué de susciter des réactions variables.  La Slovénie y est favorable car elle estime que les contours et les effets juridiques spécifiques du jus cogens restent mal définis, ce qui pose des questions d’interprétation.  Le Portugal et l’Argentine estiment qu’il s’agit d’un thème de la plus haute importance mais qu’il faut l’aborder avec une grande prudence, alors que la France n’y voit pas d’intérêt et que la Turquie estime qu’il n’y avait pas de demandes émanant des États Membres pour le développement de la codification de ce concept.

Le thème de la protection de l’atmosphère a continué lui aussi de susciter soutien, interrogations et réticences.  L’Allemagne a souligné l’urgence et le caractère global de la protection de l’atmosphère et la France a dit accueillir favorablement les actuels projets de directives et de préambule, et notamment l’emploi de la formule « préoccupation pressante de la communauté internationale ».  En revanche, la Russie est peu convaincue de la nécessité d’élaborer cette question sans aborder les changements climatiques et la Slovaquie a appelé la Commission à « repenser ce concept et le rendre plus acceptable, plus concret ».  Quant aux États-Unis, ils restent opposés à cette étude par la CDI, estimant qu’elle complique les négociations en cours et à venir sur les questions environnementales plus qu’elle ne les facilite.

La Sixième Commission a par ailleurs accueilli le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, qui a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts notamment pour mettre en place une convention mondiale contre le terrorisme.  « Vous êtes les garants de l’égale application de l’état de droit envers tous les États, les organisations internationales, y compris les Nations Unies et ses principaux organes », a-t-il déclaré.

La Sixième Commission poursuivra l’examen des chapitres VI à VIII de son rapport vendredi 6 novembre à partir de 10 heures.  Elle recevra en outre le Président de la Cour internationale de Justice (CIJ), M. Ronny Abraham.

Déclaration du Président de l’Assemblée générale devant la Sixième Commission

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de l’Assemblée générale, intervenant devant la Sixième Commission, où étaient présents de nombreux conseillers juridiques des États-Membres, a estimé que les commémorations autour du soixante-dixième anniversaire de l’ONU devraient inspirer aux représentants une réflexion sur l’immense responsabilité qui incombe aux États Membres.  Il a rappelé que la Charte des Nations Unies donne comme objectif l’établissement des conditions de maintien de la justice et du respect des obligations internationales découlant des traités et d’autres sources de droit international.  Il a rappelé à cette occasion que le développement et la promotion du droit international est un des tous premiers buts de l’Organisation.  Au cours des 70 dernières années, la Sixième Commission a démontré, à maintes reprises, à quel point son travail pouvait changer pour le mieux l’ordre juridique international, a-t-il ajouté.

Le Programme pour le développement durable à l’horizon 2030, qui a été récemment adopté par l’Assemblée générale, est l’illustration de ce qu’il est possible de faire lorsque l’on s’écoute les uns les autres pour atteindre des objectifs prioritaires, a poursuivi M. Lykketoft.  En assumant l’engagement de 17 objectifs de développement durable, les dirigeants du monde ont reconnu le lien entre le développement économique, la pauvreté, l’inégalité, la dégradation de l’environnement et la paix, a estimé le Président de l’Assemblée générale. 

M. Lykketoft a ensuite passé en revue les sujets qui ont été traités par la Sixième Commission depuis l’ouverture de la présente session.  Il a estimé qu’il fallait redoubler d’effort pour mettre au point une convention mondiale contre le terrorisme.  Il a exhorté les États Membres à saisir l’élan qui a été lancé à cette occasion.  L’expertise et l’implication de tous aura pour résultat des avancées substantielles, a-t-il ajouté, lançant aux représentants à la Sixième Commission: « Vous êtes les garants de l’égale application de l’état de droit envers tous les États, les organisations internationales, y compris les Nations Unies et ses principaux organes ».  En conclusion, M. Lykketoft a invité les représentants à examiner leurs réalisations passées et à avoir confiance, à reconnaître les défis actuels et à avancer dans un esprit de consensus.

RAPPORT DE LA COMMISSION DU DROIT INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE-SEPTIÈME SESSION (A/70/10)

Fin de l’examen des chapitres I à V et XII

Déclarations

M. SERGEY A. LEONIDCHENKO (Fédération de Russie) a estimé que le Groupe d’étude sur la clause de la nation la plus favorisée (clause NPF) avait, avec son rapport, conclu ses travaux avec succès.  Le rapport pourra être utilisé par les États lorsqu’ils mettront en œuvre les procédures, s’est-il félicité.  Toutefois, a-t-il estimé, la Commission pourrait élaborer des rapports qui n’imposent pas d’avis aux États et fournissent une vue d’ensemble sur les divers points de vue en matière de droit international.  Le représentant a en effet estimé que, pour ce qui concerne les interprétations de la clause NPF, notamment au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), on trouvait dans le rapport une préférence pour les cours arbitrales plutôt que pour celles des États.  Le rapport note les contradictions qui existent parfois dans les différentes pratiques des États concernant l’application de la clause de la nation la plus favorisée, mais la Fédération de Russie estime que la Commission devrait tenir compte de la pratique des États.  Dans ce contexte, les conclusions du Groupe d’étude sont essentielles; elles mettent en avant les dispositions de la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969.  Le représentant a répété qu’il fallait apporter plus de précisions et que la clause NPF ne devait être appliquée en matière d’interprétation que si les accords conclus entre signataires la mentionnent.

M. Leonidchenko a fait part de son scepticisme concernant le thème de la protection de l’atmosphère.  Il a cependant appuyé l’approche de la Commission consistant à aborder cette question complexe de façon précise.  Il a noté que le projet de directive 1 parlait de pollution de l’atmosphère et de rejets par l’homme dans l’atmosphère qui peuvent avoir des conséquences sur d’autres États.  Il a noté que le projet de directive 2 exclut la pollution locale, qui peut pourtant avoir des conséquences internationales.  Il a appuyé l’idée que la protection de l’atmosphère est une préoccupation de la communauté internationale, mais il s’est dit peu convaincu de la nécessité d’élaborer cette question sans aborder les changements climatiques.  À propos de la directive 5 sur la nécessité de coopération internationale en matière de protection de l’atmosphère, le représentant a soutenu que cette question n’avait rien à voir avec le droit international.  Enfin, il a fait observer que le rapport précise qu’en matière de dégradation de l’atmosphère la région de l’Arctique est concernée.  Se demandant sur quelles conclusions ou études cette assertion se fondait, le représentant a par ailleurs estimé qu’il ne fallait pas viser une région en particulier si l’on souhaitait élaborer des règles de droit international générales.

Mme SHARIFAH NURUL FARIHEEN (Malaisie) a salué le rapport final du Groupe d’étude sur l’interprétation de la clause de la nation la plus favorisée (clause NPF), estimant qu’il offrait des outils d’interprétation et rassemblait la jurisprudence contemporaine relevant de cette question.  Elle a ensuite réitéré son soutien à une interprétation basée sur la Convention de Vienne sur le droit des traités et s’est rangé derrière la position du Groupe d’étude, qui laisse aux États qui négocient la clause NPF le soin de déterminer si cette clause englobe ou pas les dispositions prévues en cas de litige.

Abordant la protection de l’atmosphère, la représentante a salué les efforts du Rapporteur spécial.  À propos du projet de directive 1 sur l’usage des termes, elle a toutefois demandé davantage de clarification sur le statut des autres éléments de l’atmosphère qui ne sont pas couverts par la définition proposée.  Elle a également défendu une formulation « plus subtile » de la définition de « pollution atmosphérique » et de « dégradation atmosphérique ».  Elle a également demandé des clarifications sur les types de rejets et émissions effectuées « par l’homme ».

En ce qui concerne le champ d’application de la notion de protection de l’atmosphère, objet du projet de directive 2, Mme Fariheen a souligné qu’elle se concentrait sur les causes humaines de la pollution atmosphérique et de la dégradation de l’atmosphère, et n’incluait donc pas les causes naturelles, comme des éruptions volcaniques ou la chute de météorites.  Elle a jugé essentielles de plus amples consultations avec les agences et les experts techniques compétents.  En conclusion, elle a souligné que le paragraphe 4 du préambule –qui vise à ce que le projet de directives n’empiète pas sur les négociations politiques en cours- traitait de questions liées à la portée du texte et indiqué que son pays préfèrerait donc que ces dispositions soient intégrées au projet de directive 2 sur le champ d’application.

M. MICHAEL KOCH (Allemagne) a salué les travaux de la CDI sur la protection de l’atmosphère, en particulier sa décision de reconnaître dans le préambule l’importance de l’atmosphère et son rôle essentiel pour la vie sur terre, la santé humaine et l’écosystème.  Il s’est également félicité que le préambule reconnaisse l’urgence et le caractère global de la protection de l’atmosphère et stipule que celle-ci est une « préoccupation pressante de l’ensemble de la communauté internationale ».  Il a toutefois estimé que la proposition du Rapporteur spécial visant à classer la protection atmosphérique au rang des « préoccupations communes de l’humanité » était justifiée, soulignant que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) reconnaissait déjà les changements climatiques comme « une préoccupation commune de l’humanité ».  Il a conclu en saluant le fait que le projet de directive 5 souligne « l’obligation des États de coopérer dans la protection de l’atmosphère », rappelant que cette obligation figurait aussi dans le Protocole de Kyoto et la CCNUCC.

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a noté que les clauses NPF établissent un principe d’égalité de traitements internationaux en disposant que les citoyens ou les personnes contractantes peuvent apprécier les privilèges accordés par l’une des parties à l’autre, laquelle est la nation la plus favorisée.  Sous le régime de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les exceptions à la clause NFP sont privilégiées pour les pays en développement, les régions de libre-échange et les unions douanières, a-t-elle déclaré.  Le projet de directives de 1978, bien que toujours utile, a été distancé par d’autres développements, a ajouté la représentante.  Mme Natividad s’est dite en accord avec la CDI sur le fait que l’interprétation des clauses NPF est une question clef et que le bénéfice que l’on peut en tirer dépend de l’interprétation de la clause elle-même.

Si les parties ne peuvent tomber d’accord ou n’arrivent pas à utiliser un libellé clair et explicite, les clauses NPF dans les traités d’investissement bilatéraux peuvent s’étendre des obligations principales jusqu’aux questions de procédure ou de règlement des différends, a relevé la représentante.  C’est l’essence même de l’affaire Maffezini, qui est controversée.  On peut en effet avoir une autre argumentation, a déclaré la représentante, qui a toutefois noté que la question de savoir si le traitement préférentiel des investisseurs pourrait aussi concerner le règlement des différends avait été soulevée, ce qui fait le bonheur des juristes spécialisés dans les litiges en matière d’investissement.  Elle a remercié le Groupe d’étude pour avoir mis en avant le rôle de la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969 pour aider à interpréter les traités.  Elle a estimé que les conclusions du rapport final aideraient les autorités des Philippines à rédiger plus clairement des traités d’investissement bilatéraux, afin d’éviter les problèmes dans l’avenir.

Concernant la protection de l’atmosphère, Mme Natividad a déclaré que l’atmosphère était notre ressource la plus importante et qu’elle faisait l’objet d’une préoccupation commune.  Elle a approuvé les projets de directives, ainsi que le préambule.  Par ailleurs, elle a dit partager la déception de la CDI concernant la réduction de l’initiative de publication de la Division de la codification.  Quelle est la valeur du travail de la CDI et celui des Nations Unies sur l’état de droit s’il n’est pas publié en temps et en heure, s’est-elle demandée en conclusion.

M. STEPHEN TOWNLEY (États-Unis) a estimé que le rapport sur la clause de la nation la plus favorisée était une ressource « utile pour les gouvernements et les acteurs intéressés par cette question ».  Il a soutenu la décision du Groupe d’étude d’utiliser comme base d’interprétation la Convention de Vienne sur le droit des traités.

Le représentant a réitéré ses préoccupations quant à l’opportunité pour la Commission de se pencher sur la protection de l’atmosphère.  Les États-Unis ne pensent pas que ce sujet soit utile, des instruments juridiques variés offrent déjà des directives aux États, a-t-il souligné, avant d’ajouter que ce sujet « complique les négociations en cours et à venir plus qu’il ne les facilite » et risque d’amener les États à freiner les chances de nouvelles avancées dans le domaine de l’environnement.  Dans ce contexte, M. Townley a indiqué que sa délégation restait opposée à l’inclusion de ce sujet dans le calendrier de la Commission du droit international.  Il a précisé que « les préoccupations les plus sérieuses » des États-Unis concernaient le paragraphe 1 du projet de directive 5 qui impose aux États une obligation de coopérer dans le domaine de la protection de l’atmosphère.  Il s’est également dit « particulièrement préoccupé » par le programme de travail proposé par le Rapporteur spécial sur ce thème, estimant qu’il sortait du champ d’action de la Commission du droit international.  Il a en revanche appuyé l’inclusion du thème du jus cogens dans le programme de travail de la CDI, appelant celle-ci à se concentrer clairement et attentivement sur la pratique des traités, en particulier à la lumière de la Convention de Vienne, et sur la pratique des États.

Mme RITA FADEN (Portugal) a déclaré que le chapitre III du rapport de la Commission du droit international -qui concerne les thèmes à l’étude pour lesquels la Commission juge particulièrement utile de recevoir des observations de la part des États- est d’une grande utilité.  Elle a reconnu qu’il était parfois difficile pour les États de fournir les informations sur leur pratique et leurs législations nationales, mais elle a encouragé la Commission à poursuivre ses sondages sur la pratique des États.  Elle a aussi rappelé que, pour augmenter la participation des États et garantir des processus aussi inclusifs que possible, il faudrait en priorité aider les pays en développement à améliorer leurs services juridiques, notamment par le biais du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international.

Rappelant l’Article 13 de la Charte des Nations Unies et l’article 1 du statut de la CDI, la représentante a estimé que la promotion du droit international venait avant sa codification.  Toutefois, nous pourrions bénéficier d’une analyse plus prudente en ce qui concerne la codification, a-t-elle noté.  Afin d’aider à la diffusion et la promotion du droit international, elle a déclaré que la priorité devait être donnée à l’assistance juridique ainsi qu’aux ressources humaines. 

Abordant la question du jus cogens, Mme Faden a estimé que c’est un sujet de la plus haute importance qui requiert encore des précisions, malgré les contributions de la jurisprudence.  S’agissant des travaux à venir de la Commission, elle s’est félicitée que la Commission ait demandé au Secrétariat de passer en revue les sujets essentiels établis en 1996.  Mme Faden a également rendu hommage au Groupe d’étude pour son travail sur la clause de la nation la plus favorisée en matière de l’interprétation des traités d’investissement internationaux et a mis en exergue un  chevauchement entre les règles substantielles et les règles procédurales.

Concernant la protection de l’atmosphère, Mme Faden a appuyé l’adoption du concept de « préoccupation commune de l’humanité », proposée par le Rapporteur spécial mais mis de côté par la CDI.  Énumérant les divers instruments et conventions ayant repris cette notion, elle a déclaré qu’elle impliquait que toute dégradation de l’atmosphère avait des effets néfastes pour l’ensemble de l’humanité et que la communauté internationale devait prendre des mesures pour protéger cette ressource naturelle.

M. JOHN ADANK (Nouvelle-Zélande) a salué le rapport de la Commission du droit international (CDI), y compris les conclusions du Groupe d’étude sur la clause de la nation la plus favorisée (clause NPF).  Il a noté en particulier la nature en constante évolution de la jurisprudence relative à la clause NPF, ce qui limite les possibilités de définir de manière arbitraire la façon dont la clause NPF devrait s’appliquer dans le droit international.  Pour M. Adank, le projet d’articles de 1978 donne des indications pour interpréter les clauses NPF, et il n’y a pas de raison de revoir ces articles pour fournir une base exhaustive en ce qui concerne cette interprétation et l’application des clauses NPF.

M. Adank a accueilli favorablement l’inclusion du jus cogens dans le programme de travail de la CDI.  Il a réitéré son soutien à une plus grande coopération entre la CDI et la Sixième Commission et a salué l’augmentation du nombre des réunions informelles.  Pour continuer dans cette voie, la Nouvelle-Zélande appuie la proposition de tenir des demi-sessions de la CDI à New York.  M. Adank a par ailleurs salué l’évolution positive du nouveau site Internet de la CDI, estimant qu’un tel site satisfait une position ancienne de la Nouvelle-Zélande sur la dissémination du droit international.

Mme İPEK ZEYTINOĞLU OZKAN (Turquie) a souligné le rôle de la Commission du droit international dans le développement et la codification du droit international.  Évoquant le chapitre XII du rapport, relatif aux « autres décisions et conclusions de la Commission », elle a salué la volonté de la CDI d’améliorer ses méthodes de travail et s’est félicitée de ses interactions avec la Sixième Commission lors de la précédente session.  Elle a également salué la création du nouveau site Internet de la CDI, estimant qu’il permettrait une meilleure diffusion de son travail et de ses activités.

Mme Zeytinoğlu Ozkan a ensuite estimé qu’il n’y avait pas de demande émanant des États Membres sur le développement de la codification du jus cogens et a rappelé que la CDI avait déjà dû, une fois, renoncer à inscrire cette question à son programme de travail, faute de renseignements suffisants.  Dans ce contexte, elle a demandé de plus amples explications sur la manière dont un examen plus poussé du jus cogens par la Commission du droit international pourrait avoir un impact sur la pratique en vigueur.

M. METOD ŠPAČEK (Slovaquie) a salué les travaux du Groupe d’étude sur la clause de la nation la plus favorisée, estimant qu’ils offraient un outil utile pour l’interprétation de ces clauses et de points de référence pour les tribunaux arbitraux.  Le Groupe d’étude a identifié les principaux problèmes d’interprétation et analysé les tendances issues des dernières décisions pour consolider ces interprétations, a-t-il insisté, avant de saluer la recommandation appelant à utiliser la Convention de Vienne sur le droit des traités comme base d’interprétation.

Abordant la protection de l’atmosphère, le représentant a souligné que le Rapporteur spécial avait opté pour une approche qui fait de l’atmosphère l’objet de la protection.  « Cela nous semble ambigu et sans fondement dans le droit international », a-t-il expliqué, avant d’estimer que la protection de l’atmosphère devait être considérée comme l’objectif d’une régulation juridique, plutôt que comme l’objet même de cette régulation.  La Slovaquie considère que les projets de directives 3 et 4 devaient faire l’objet davantage de considération.  M. Spacek a appelé la CDI à saisir l’opportunité de sa prochaine session pour « repenser ce concept et le rendre plus acceptable, plus concret » et fondé sur une formation juridique qui intègre l’état de la législation internationale sur le sujet de la protection de l’atmosphère.

M. Špaček a appuyé l’inclusion du thème du jus cogens dans le programme de travail de la CDI.  Les contours et les effets juridiques spécifiques du jus cogens restent mal définis, ce qui pose des questions d’interprétation, a-t-il indiqué. 

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a déclaré que les clauses de la nation la plus favorisée n’avaient pas évolué depuis le projet d’articles de 1978.  Il s’est dit tout à fait convaincu par la conclusion du Groupe d’étude, pour qui la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969 est le point de départ de l’interprétation des règles concernant les traités d’investissements.  Le représentant a noté que la Convention et le projet d’articles continuaient à être la base de l’interprétation et de l’application des clauses NPF, même s’ils ne fournissent pas de réponses à toutes les questions soulevées par l’interprétation.

Concernant la protection de l’atmosphère, le représentant a pris note des progrès réalisés dans les travaux par l’adoption des projets de directives 1, 2 et 5, ainsi que des quatre alinéas du préambule.  Il a noté qu’en l’absence de définition fournie par les instruments internationaux pertinents, la Commission avait décidé de donner une définition de ce qu’il faut entendre par « atmosphère », sans préjudice des processus politiques en cours.  M. Remaoun a également salué le projet de directive 2 sur la portée des directives, estimant qu’il permet d’éviter toute interférence entre le travail en cours à la CDI et d’autres processus internationaux ou d’autres forums.  En ce qui concerne le projet de directive 5 sur la coopération aux fins de la protection de l’atmosphère, le représentant a relevé que les deux paragraphes proposés ne concernaient pas tous les aspects de la coopération internationale et a estimé qu’il fallait étendre la notion de coopération en gardant à l’esprit les différents niveaux de développement entre les pays développés et ceux en développement, ce qui implique une notion d’assistance aux pays en développement, qui suppose elle-même des transferts de technologies.

Mme KATHY-ANN BROWN (Jamaïque) a fait part de sa préoccupation face à la perte d’influence de la Commission du droit international et de la Sixième Commission.  Elle a salué la décision de la CDI d’envisager d’organiser une partie des sessions au Siège des Nations Unies, à New York, estimant que cela permettrait de renforcer les liens et la coopération entre les deux entités.

La représentante a ensuite rappelé que la nature contraignante du droit international reposait sur sa clarté et via « un corps de règles cohérent qui promeut l’équité, la prédictibilité et la sécurité dans les relations entre les États ».  La fragmentation du droit international mine son existence même, a-t-elle expliqué, précisant que cela complique la tâche des pays en développement, qui tentent d’envoyer des signaux positifs aux investisseurs au travers de la négociation de traités bilatéraux.  Cela pose aussi des difficultés pour la renégociation des accords d’investissement existants, a-t-elle ajouté.

Abordant le thème de la clause de la nation la plus favorisée, la représentante a salué les travaux du Groupe d’étude mais estimé que la Commission du droit international ne devait pas se retenir de se pencher sur les questions relevant de traités qui gouvernent les relations commerciales entre les États et les société transnationales.  Elle s’est ensuite rangée à l’analyse du Groupe d’étude, qui souligne le rôle fondamental de la Convention de Vienne sur le droit des traités dans l’interprétation des clauses de la nation la plus favorisée.

Soulignant ensuite que le rapport du Groupe d’étude met en exergue « la variété des interprétations quand elles sont intégrées à des accords d’investissements bilatéraux », la représentante a regretté que le Groupe d’étude ne donne pas plus de détails sur l’application de la clause de la nation la plus favorisée dans ce contexte et « ne donne pas les directives utiles aux conseillers juridiques des gouvernements quand ils négocient et appliquent des accords bilatéraux d’investissement ».  Rappelant également que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dispose d’un organe d’appel qui constitue « un mécanisme pour rendre cohérentes les interprétations des clauses de la nation la plus favorisée dans la sphère commerciale », elle a estimé que les clauses de la nation la plus favorisée dans le contexte commercial n’avait pas besoin de faire l’objet d’études, compte tenu du rôle central joué par l’organe d’appel de l’OMC.

En conclusion, la représentante a fait part de son intérêt pour le travail mené par la Commission du droit international sur la protection de l’atmosphère.  C’est une préoccupation pressante de la communauté internationale que nous considérons comme une préoccupation commune de l’humanité, a-t-elle conclu.

M. HOLGER MARTINSEN (Argentine) a rendu hommage aux travaux de la Commission du droit international, en rappelant que son pays avait participé aux travaux sur la clause de la nation la plus favorisée.  Cette clause vise à éviter que la règle de l’épuisement des règles internes soit validée, a précisé le représentant, qui a souligné la nécessité de disposer d’une analyse, au cas par cas, sur cette question.  Cependant, a-t-il ajouté, il faut tenir compte de l’accord exprimé -ou non- par les États parties.

M. Martinsen a salué l’incorporation du sujet du jus cogens au programme de travail de la CDI.  Il a noté qu’en la matière, il fallait faire preuve d’extrême prudence.  Tout en prenant note de la demande adressée aux États par la Commission de lui fournir des informations concernant leur pratique en matière du jus cogens, il a souligné que la pratique nationale en la matière risquait d’être limitée.  Enfin, le représentant a salué l’amélioration du site Internet de la Commission du droit international.

M. ISAÍAS ARTURO MEDINA MEJÍAS (Venezuela) a estimé que le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États ne « devait pas élever les investissements transnationaux au rang d’État souverain et autoriser les investisseurs à défier les gouvernements qui régulent et déterminent leurs propres affaires internes ».  Citant l’Article 103 de la Charte des Nations Unies, il a rappelé que les accords de libre-échange qui contiennent des dispositions qui sont en conflit avec la Charte doivent être révisés.  Citant également plusieurs articles de la Convention de Vienne sur le droit des traités, il a insisté sur l’importance de la conformité des traités à la Charte.  Dénonçant « un mécanisme inacceptable », il a appelé à la création d’un système alternatif, « peut-être un système de tribunal comme présenté par le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement ». 

Tout en saluant le travail de la Commission du droit international sur la question de la clause de la nation la plus favorisée, le représentant a toutefois estimé qu’elle ne s’attaquait pas aux problèmes fondamentaux de ces clauses et n’offrait pas de solution au conflit d’interprétation par les tribunaux arbitraux.  Les investisseurs étrangers ont usé et abusé, ces dernières années, de la clause de la nation la plus favorisée, a-t-il affirmé, déplorant aussi que la fonction première du Groupe d’étude ait été d’offrir une analyse juridique plutôt que de s’attaquer aux raisons économiques sous-jacentes à ces traités.  Estimant enfin que les « États n’ont en général aucune idée de la manière dont le concept de la clause de la nation la plus favorisée s’applique, le représentant a rejeté l’utilisation de cette clause, appelant les délégations à identifier de nouveaux sujets pour la Commission du droit international dans les accords internationaux prévoyant des mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États.

M. SHINYA MURASE, Rapporteur spécial sur la protection de l’atmosphère, a indiqué qu’il prendrait en compte dans son troisième rapport, qui sera publié en 2016, l’ensemble des commentaires et propositions formulées par les États Membres lors de ces débats.  Il a souligné l’importance du dialogue et des consultations entre la Commission du droit international et la communauté scientifique pour la préparation du rapport et l’étude du thème de la protection de l’atmosphère, citant en exemple la coopération avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ou le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  M. Murase a, par ailleurs, expliqué que son prochain rapport se pencherait en particulier sur les modalités d’usage de l’atmosphère et sur leurs conséquences juridiques, notamment pour ce qui a trait au développement durable.

Examen des chapitres VI, VII et VIII du rapport

M. NARINDER SINGH, Président de la Commission du droit international, a présenté les chapitres VI, VII et VIII du rapport de la CDI, qui portent sur la détermination du droit international coutumier, les crimes contre l’humanité et les accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités.

Il a rappelé que le thème « Détermination du droit international coutumier », du chapitre VI avait été inscrit à l’ordre du jour de la CDI en 2012.  En 2015, le Rapporteur spécial, M. Michael Wood, a présenté son troisième rapport et la Commission a pris note des projets de conclusions 1 à 16, adoptés à titre provisoire par le Comité de rédaction.

Le troisième rapport retrace l’historique du sujet et revient sur le lien entre la pratique générale et l’opinio juris.  Il traite ensuite du rôle de l’inaction comme forme de pratique et/ou preuve de l’acceptation comme étant le droit, puis examine diverses autres formes particulières de pratique et de preuves.  Il examine la pratique des États Membres, ainsi que le rôle des traités et des résolutions des organisations et conférences internationales dans la formation du droit international coutumier, que ce soit en codifiant une règle existante, en aboutissant à la cristallisation d’une règle en voie de formation ou en créant une nouvelle règle.  Le rapport examine deux moyens auxiliaires de détermination des règles du droit international coutumier, à savoir la jurisprudence et la doctrine.  Il s’intéresse à l’importance des organisations internationales et de la pratique des acteurs non étatiques.  Il traite enfin de l’application ratione personae des règles de droit international coutumier, et notamment de la coutume particulière et de l’objecteur persistant.

M. Singh a noté que le thème « Crimes contre l’humanité » a été inscrit au programme de travail à long terme de la CDI en 2013, et à son programme de travail en 2014.  Cette année, la Commission a examiné le premier rapport du Rapporteur spécial, M. Sean D. Murphy.  Le rapport évalue les avantages potentiels de l’élaboration d’une convention sur les crimes contre l’humanité, énonce un certain nombre de généralités concernant les crimes contre l’humanité et examine quelques aspects des conventions multilatérales existantes favorisant la prévention de la criminalité, l’incrimination et la coopération interétatique en la matière.  Le Rapporteur spécial examine en outre l’obligation générale, énoncée dans divers régimes conventionnels, qui incombe aux États de prévenir et de punir les crimes contre l’humanité, ainsi que la définition des « crimes contre l’humanité » aux fins du sujet.  À l’issue de ses débats, la CDI a adopté provisoirement les projets d’articles 1 à 4, et les commentaires s’y rapportant.  Ces projets d’articles portent respectivement sur le champ d’application du thème « la prévention et la répression des crimes contre l’humanité »; sur l’obligation générale faite aux États de prévenir et à punir les crimes contre l’humanité, qu’ils soient ou non commis en temps de conflit armé, car ils sont des « crimes au regard du droit international ».

Le thème « Les accords et la pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités » a été inscrit initialement au programme de travail de la CDI, en 2008, sous le titre « Les traités dans le temps », avant de prendre son intitulé actuel en 2013.  La Commission a, à ce jour, adopté 10 projets de conclusion et en a examiné un autre qui lui a été présenté, cette année, dans le troisième rapport du Rapporteur spécial, M. Georg Nolte.  Les conclusions adoptées portent sur la règle générale et moyens d’interprétation des traités; les accords et pratique ultérieurs en tant que moyens d’interprétation authentiques; l’interprétation des termes d’un traité comme susceptibles d’évolution dans le temps; la définition de l’accord ultérieur et de la pratique ultérieure; l’attribution d’une pratique ultérieure; l’identification des accords ultérieurs et de la pratique ultérieure; les effets possibles des accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation; le poids des accords ultérieurs et de la pratique ultérieure comme moyens d’interprétation; les accord des parties au sujet de l’interprétation d’un traité; les décisions adoptées dans le cadre d’une conférence des parties.  Le projet de conclusion 11 présenté, cette année, porte sur les actes constitutifs d’organisations internationales.

M. LUCIO GUSSETTI, Union européenne, a d’abord abordé le thème de la détermination du droit international coutumier, se concentrant sur les aspects du rapport concernant les organisations internationales.  Il a soutenu l’analyse du Rapporteur spécial selon laquelle, du fait de leur rôle croissant, les organisations internationales doivent être prises en compte pour leur contribution à la constitution du droit international coutumier.  Il a ensuite mis en avant la grande diversité des organisations internationales, rejetant l’approche consistant à se baser sur la notion formelle d’organisation internationale et plaidant pour une approche qui se penche précisément sur la nature de l’organisation internationale.  L’Union européenne considère ainsi que la notion d’organisation internationale ne devrait pas être traitée de manière isolée et demande que cette approche soit reflétée de manière adéquate dans les conclusions ou les commentaires du rapport.  M. Gussetti a précisé que des observations similaires pouvaient être faites à propos du rôle du pouvoir judiciaire car « il n’est pas rare ou exceptionnel que le pouvoir judiciaire européen traite de questions de droit public international ».

Le représentant a ensuite estimé que l’usage fait dans le rapport de la notion d’organisation internationale ne reflétait pas non plus de manière appropriée la capacité de l’Union européenne d’adopter des traités, ni ses pouvoirs législatifs et judiciaires.  Il a proposé d’introduire un langage plus approprié dans les conclusions de la CDI ou, à défaut, dans ses commentaires généraux.  Les projets de conclusions traitent de la question des organisations internationales mais pas encore de manière entièrement consistante, a-t-il ajouté, avant de suggérer notamment une reformulation de la fin du projet de conclusion 5 et l’ajout de la formule « et autres décisions judiciaires » dans les projets de conclusions 6, 10 et 13.

Abordant la question des accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités, le représentant a indiqué que l’Union européenne pouvait se rallier au projet de conclusion 11, provisoirement adopté par la Commission, qui porte sur les « Actes constitutifs d’organisations internationales ».  Il a toutefois souligné l’importance du principe selon lequel l’applicabilité aux organisations internationales des articles 31 et 32 de la Convention de Vienne sur le droit des traités se fait « sans préjudice » des règles de ces organisations.  Il a également salué le fait que le rapport relevait les spécificités de l’Union européenne, précisant que l’Union européenne apprécierait si ces spécificités se reflétaient de manière appropriée dans les commentaires du projet de conclusions.

Revenant sur des références du Rapporteur spécial à des « situations particulières », et notamment la difficulté de déterminer si une décision est prise par l’organe d’une organisation internationale ou par un État Membre individuellement quand il participe à une réunion plénière de cette organisation internationale, M. Gussetti a souhaité attirer l’attention du Rapporteur spécial sur de récentes décisions de la Cour de justice de l’Union européenne qui fournissent des éléments de réponse.

M. ANDERS RÖNQUIST (Suède), au nom des pays nordiques, est revenu sur le thème des crimes contre l’humanité, saluant « l’excellent travail » du Rapporteur spécial.  Il a salué son approche générale visant à prendre la définition des crimes contre l’humanité donnée dans l’article 7 du Statut de Rome comme base de travail.  Il a également appuyé le caractère complémentaire d’un éventuel traité avec le Statut de Rome, saluant la volonté du Rapporteur spécial de se concentrer sur la coopération entre les États.  Les pays nordiques soutiennent « fermement » la volonté du Rapporteur spécial de se concentrer sur l’obligation de prévention des crimes contre l’humanité.  Pour que cette obligation devienne plus précise et efficace, les pays nordiques suggèrent que des termes soient ajoutés sur la nature concrète et les méthodes de prévention.  Le représentant a proposé d’ajouter un article qui pose l’obligation pour les États d’adopter des législations et des politiques nationales axées sur la prévention des crimes contre l’humanité.  Tout en saluant les avancées dans les domaines de la prévention et de la coopération entre États, il a souligné que de telles obligations ne pouvaient pas être interprétées de manière à limiter le champ d’application à d’autres obligations similaires.

Abordant ensuite le thème des accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités, M. Rönquist a souligné que les commentaires généraux exprimés dans un cas spécifique par des organes de traités constitués d’experts indépendants devaient être considérés comme des moyens d’interprétation et non comme juridiquement contraignants ou ayant la capacité d’amender un traité.

S’il a, par ailleurs, apporté son plein soutien au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, qui considère que les travaux des organes sur les traités des droits de l’homme contribuent pleinement au développement du droit international, non seulement par la jurisprudence mais aussi par les commentaires généraux, le représentant a estimé que ces commentaires généraux devaient être vus « comme des déclarations interprétatives », qui peuvent servir de moyens pour assurer la dynamique du droit international humanitaire ».  Enfin, le représentant a appelé à tenir compte du rôle des organisations internationales dans la détermination du droit international coutumier, en particulier quand les États ont transféré à ces organisations internationales certaines compétences.

M. FRANCOIS ALABRUNE (France), qui est intervenu sur l’ensemble des chapitres du rapport, a estimé qu’en ce qui concerne la clause de la nation la plus favorisée, le rapport présentait un caractère succinct et n’apportait pas de réponses à certaines questions d’interprétation.  Il a noté que le droit international des investissements est une branche jeune du droit international et traversée par d’importantes controverses. 

S’agissant de la protection de l’atmosphère, M. Alabrune a noté que tout éclairage sur l’orientation générale des travaux serait le bienvenu.  Il a en outre accueilli favorablement les trois projets de directives et quatre alinéas du préambule, et notamment l’emploi de la formule « préoccupation pressante de la communauté internationale », qui lui a paru « bien meilleure » que celle initialement proposée de « préoccupation commune » de l’humanité. 

Concernant la détermination du droit international coutumier, M. Alabrune a approuvé l’approche dite des deux éléments, à savoir l’exigence d’un élément matériel, la pratique des États, et d’un élément psychologique, constitué par la conviction des États qu’une telle pratique est requise par le droit, sachant que chaque élément doit être établi séparément.  Il a toutefois estimé qu’un même document pourrait éventuellement être utilisé pour la détermination des deux éléments du droit international coutumier.  II a estimé que la prise en compte de l’inaction pour déterminer l’existence de règles de droit international coutumier est pertinente, mais qu’il convient d’apprécier cet élément avec prudence, en tenant compte des circonstances propres à cette inaction.  Sur le point spécifique de la portée de certains moyens de détermination du droit international coutumier, M. Alabrune a estimé que le projet de conclusion mériterait d’être illustré par des exemples concrets dans le commentaire qui sera adopté.  Il a en outre jugé opportun de distinguer le rôle de la jurisprudence et de la doctrine dans la détermination du droit international coutumier.  Il a estimé qu’une conclusion distincte devrait être préparée, qui porterait sur le rôle des travaux de la CDI comme preuve d’une règle de droit international coutumier.

Sur la question des crimes contre l’humanité, M. Alabrune a fait part de quelques interrogations.  La première concerne la portée exacte de l’obligation de prévention: il conviendrait de déterminer précisément le contenu de l’obligation, qui semble être traduite de façon trop large et devrait donc être précisée.  La formulation utilisée par le Rapporteur spécial pour qualifier les crimes contre l’humanité de « crimes au regard du droit international » a paru contestable au représentant, qui a rappelé qu’il existait aujourd’hui d’autres crimes au regard du droit international, qui ne sont pas des crimes contre l’humanité, comme par exemple la criminalité internationale.  Il a donc suggéré qu’on parle de « crime particulièrement graves » au regard du droit international.  Quant au futur travail de la Commission sur ce thème, prévoir la création d’un organe conventionnel de contrôle ne lui apparaît pas opportun. 

Concernant la protection de l’environnement en rapport avec les conflits armés, le représentant a fait part de ses doutes sur l’utilisation des termes « environnement » et « environnement naturel » sans cohérence apparente.  Il a en outre estimé qu’il faudrait déterminer les différences d’approche et de traitement du sujet si l’étude doit s’appliquer à la fois aux conflits armés internationaux et aux conflits armés non internationaux.

Concernant l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, M. Alabrune a noté que les travaux de la CDI s’étaient concentrés sur la définition de « l’acte accompli à titre officiel ».  Il a estimé que, pour exclure certains actes du champ de l’immunité, il serait préférable de consacrer un article aux exceptions. 

Concernant le thème de l’application provisoire des traités, le représentant a dit n’être pas persuadé que la Convention de Vienne sur le droit des traités entre États et organisations internationales ou entre organisations internationales reflète dans son intégralité le droit international coutumier.  M. Alabrune a également exprimé des doutes sur l’intérêt pour la Commission d’étudier le jus cogens.

Enfin, le représentant a estimé que la Commission devrait limiter le nombre de ses études, dont la liste lui paraît « beaucoup trop longue ».  Il a également souhaité qu’on évite la multiplication des groupes de travail et des projets, car cela ne facilite pas l’étude approfondie des travaux et ralentit leur progression.  Il a estimé par ailleurs que les conditions de travail de la CDI, à Genève, sont « parfaitement adaptées » et ne voit donc pas l’intérêt pour celle-ci de tenir des sessions à New York.  En conclusion, M. Alabrune a salué les efforts de la Commission pour veiller au respect du principe de l’égalité des langues, estimant qu’il existait « un lien entre les langues et le droit » et que la confrontation des textes juridiques en différentes langues contribuait à leur qualité.  Il a, à cet égard, suggéré qu’on avance les dates des sessions de la CDI afin que les délégations puissent disposer plus tôt du rapport de la Commission dans les différentes langues officielles.

M. AUGUST REINISCH (Autriche) a salué l’intention de la Commission du droit international de clarifier certains aspects de la détermination de la source du droit international coutumier en formulant des conclusions assorties de commentaires.  L’Autriche estime que la CDI a un rôle important à jouer dans la détermination du droit international coutumier.  Le résultat du travail de la Commission mène normalement à des résolutions de l’Assemblée générale, que l’on retrouve dans le projet de conclusion 13 adopté par le Comité de rédaction concernant « les résolutions d’organisations internationales et des conférences intergouvernementales ».  Or, a estimé M. Reinisch, le travail restant à ce sujet devrait faire partie du projet de conclusion 14 qui a trait à la jurisprudence et la doctrine.  En ce qui concerne les autres projets de conclusions, M. Reinisch a estimé que le paragraphe 3 du projet de conclusion 4 –« exigence d’une pratique »- qui rejette la pratique d’autres acteurs non étatiques aux fins de la formation et de la détermination du droit international coutumier, ne rendait pas justice à la contribution importante du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à la pratique internationale.  Il a, par ailleurs, estimé qu’en ce qui concerne le rôle des traités -projet de conclusion 11, paragraphe 1, alinéa c- il faudrait clarifier le sens de la « pratique générale » à laquelle un traité a donné naissance.  Cela doit aussi inclure la pratique des parties non étatiques concernées et pas seulement la pratique des États.

Concernant la question des crimes contre l’humanité, M. Reinisch a noté que, d’après le projet d’article 1 –le champ d’application de l’étude- l’éventuelle future convention s’appliquerait à la prévention et à la répression en cas de crimes contre l’humanité.  Il s’est dit favorable à ce que le champ d’application de la convention soit étendu pour qu’elle prenne en considération la prévention de tels crimes.  À propos du projet d’article 2, concernant l’obligation générale de prévenir et de punir les crimes qualifiés de crimes contre l’humanité en tant que crime tombant sous le droit international, le représentant a noté que les crimes devaient être incorporés dans les lois nationales.  Le qualitatif utilisé indique que ces crimes sont passibles de peines, même s’ils ne sont pas incorporés dans les tribunaux nationaux; cela ne fonctionne donc qu’au niveau de la justice internationale; il est donc utile de citer la nécessité de l’incorporer dans les lois nationales pour que cela soit effectif, a-t-il expliqué.

Passant à la question des accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités, M. Reinisch a salué les dispositions du projet de conclusion 11 sur les actes constitutifs des organisations internationales.  La pratique des organisations internationales est essentielle pour leurs actes constitutifs.  Certaines précisions sont encore nécessaires, notamment en ce qui concerne le terme « organisation ».  Ce terme doit faire référence uniquement à des organisations intergouvernementales.  Concernant le paragraphe 2 du projet de conclusion 11, l’Autriche aimerait avoir des précisions concernant la pratique des organisations internationales.  M. Reinisch s’est félicité à cet égard des nombreuses informations qui ont été données concernant la pratique.  La délégation autrichienne s’est déclarée en faveur de refléter la pratique des autres organisations internationales dans le projet de directives.

Mme MARIA TELALIAN (Grèce), abordant le thème de la détermination du droit international coutumier, a salué la formulation du projet de conclusion 10, qui fait la différence entre l’inaction et l’inaction en cas de circonstances appelant à une réaction.  À propos du projet de conclusion 3 « appréciation de la preuve des deux éléments constitutifs: la pratique générale et l’opinio juris », elle a estimé que le commentaire devrait distinguer les deux types de preuve pour les deux éléments constitutifs.  Elle a poursuivi en appuyant les projets de conclusions 13 et 14, soulignant qu’ils considéraient les décisions et écritures judiciaires comme des moyens subsidiaires d’identification d’un droit international coutumier.

Abordant ensuite la question des crimes contre l’humanité, la représentante a indiqué ne pas être entièrement convaincue par la nécessité d’une convention traitant exclusivement de cette catégorie de crimes, soulignant que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale offrait une base juridique suffisante pour des poursuites nationales et que son universalisation rendrait inutile la mise en œuvre d’une convention.  Dans le même ordre d’idée, elle a souligné que si le Statut de Rome ne régissait pas la coopération entre États pour les crimes relevant de sa compétence, il en était de même pour d’autres crimes.  Dans ce contexte, elle a donc estimé que les efforts de la communauté internationale devraient se concentrer, d’une part, sur l’universalisation et la mise en œuvre effective du Statut de Rome, et, d’autre part, sur la création d’un mécanisme de coopération interétatique pour les enquêtes et les poursuites des crimes les plus graves au plan national.  À propos enfin du paragraphe 1 du projet d’article 4 relatif à l’obligation de prévention, elle a souhaité plus de clarifications et d’exemples quant à son contenu.

La représentante a conclu en abordant le thème des accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités.  À propos du paragraphe 3 du projet de conclusion 11, elle a estimé qu’il serait approprié de réintroduire le projet de texte proposé initialement par le Rapporteur spécial.  Elle a également demandé plus de clarifications et d’informations à propos des différences qu’il peut y avoir entre « pratique générale d’une organisation internationale » et « pratique établie d’une organisation internationale ».

M. PETR VÁLEK (République tchèque) a d’abord abordé le thème de la détermination du droit international coutumier.  Concernant l’appréciation de la preuve pour les deux éléments constitutifs du droit international coutumier, il a estimé que le commentaire serait une meilleure place pour expliquer plus en profondeur comment fonctionne la vérification des deux éléments de preuve (pratique générale et opinio juris).  Concernant le projet de conclusion 4 –exigence d’une pratique-, il a estimé qu’il était suffisant que le commentaire explique comment les activités des acteurs non gouvernementaux peuvent éventuellement contribuer à collecter des preuves de pratique de droit international coutumier.  Concernant le projet de conclusion 13 -résolutions des organisations internationales et des conférences intergouvernementales– M. Válek s’est dit d’accord avec le principe selon lequel une résolution adoptée par une organisation internationale ou lors de conférences intergouvernementales ne peut constituer une règle de droit international coutumier.  Il a souligné qu’il en était de même pour les traités.

Concernant les crimes contre l’humanité, le représentant a salué les premiers projets d’articles, en particulier ceux définissant les crimes contre l’humanité, qui reprennent les termes du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  Il s’est félicité aussi de l’adoption provisoire du projet d’article 4 portant sur les obligations de prévention de ces crimes par les États.  Il a aussi salué les propositions de certains États Membres d’élaborer un traité multilatéral sur l’assistance juridique mutuelle et l’extradition en cas de crimes atroces.

À propos des accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités, le représentant a salué l’adoption provisoire du projet de conclusion 11 (Actes constitutifs d’organisations internationales).  Il a indiqué que le commentaire accompagnant le projet de conclusion offrait des éléments de pratique et d’interprétation.  À propos du paragraphe 2, le représentant a en revanche estimé que la conclusion n’offrait pas de conseils supplémentaires pour identifier des accords ou pratique subséquents et faire la différence entre la pratique d’un État partie à un traité et d’une organisation internationale partie à un traité.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: Impatience face à l’absence d’accord sur la création d’un compte distinct pour financer les missions politiques spéciales

Soixante-dixième session
12e séance – matin
AG/AB/4174

Cinquième Commission: Impatience face à l’absence d’accord sur la création d’un compte distinct pour financer les missions politiques spéciales

« Quatre sessions sans consensus ne sauraient excuser l’inaction aujourd’hui», a prévenu le représentant du Mexique, alors que la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires examinait la proposition budgétaire de 34,5 millions de dollars pour 14 missions politiques spéciales en 2016, soit des équipes de surveillance et des groupes d’experts liés aux différents régimes de sanctions décidés par le Conseil de sécurité.  Avec trois autres de ses homologues, le représentant mexicain a, une nouvelle fois, demandé pour le financement de ces missions, la création d’un compte distinct, calqué sur le cycle budgétaire des opérations de maintien de la paix.

Cela fait cinq ans, a rappelé la représentante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), que nous échouons à réformer le financement et les arrangements de soutien logistique des missions politiques spéciales.  Le budget ordinaire de l’ONU diminue mais la part de ces missions continue d’y augmenter.  En supposant que le Conseil de sécurité ne crée pas de nouvelles missions, ces deux prochaines années, leur coût devrait quand même augmenter de 8,4 millions de dollars et représenter 20% du budget ordinaire, « cannibalisant » inévitablement les autres priorités budgétaires comme le développement, a dénoncé la représentante. 

Il est important de garantir l’équilibre dans la répartition des ressources afin de ne pas porter préjudice aux objectifs de l'ONU, a renchéri son homologue du Conseil de coopération du Golfe.  On ne peut qu’être déçu du manque de volonté de certaines délégations de participer de manière constructive aux discussions, a ajouté le représentant de la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et pourtant, a expliqué la représentante de l’ASEAN, la validité des recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) vient d’être confirmée par le rapport du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix. 

À ce rapport, son homologue du Mexique a ajouté celui du Groupe d’experts sur l’architecture de consolidation de la paix, la déclaration du Secrétaire général demandant « une action immédiate » et le rapport du Comité des commissaires aux comptes qui s’inquiète de divers aspects techniques du fonctionnement des missions politiques spéciales.  Tous les rapports et recommandations, a-t-il tenu à souligner, ont été rédigés par des experts techniques et politiques de toutes les régions du monde qui se sont ainsi faits l’écho du souci des États Membres.  « Ce ne sont pas des gens pauvres qui auraient un agenda caché. », a taclé le représentant. 

La réforme des missions politiques spéciales est « essentielle, techniquement viable et absolument justifiée par les faits », a-t-il souligné.  Échouer sur une question que tous veulent faire avancer et que tous ont dit et redit vouloir négocier, serait « injuste, inéquitable, et surtout, invivable et dangereux», a-t-il prévenu, en insistant sur la nécessité de créer un compte distinct calqué sur le cycle budgétaire des opérations de maintien de la paix.  Quelque 34 des 36 missions politiques spéciales actuelles découlant d’une décision du Conseil de sécurité, la représentante de l’ASEAN a promis, qu’au cours des négociations, son Association se souviendra des résolutions de l’Assemblée qui demandent que l’on garde à l’esprit la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Son homologue du Groupe des États d’Afrique a dit compter que cette question sera réglée par consensus d’ici la fin de la session.  « Notre Groupe se tient prêt à apporter des idées innovantes ».  Le Contrôleur des Nations Unies, Mme Bettina Tucci Bartsiotas, qui présentait le rapport du Secrétaire général, a précisé qu’afin de conserver les performances des 14 équipes de surveillance des sanctions et de groupes d’experts, il faut pour 2016 des crédits de 34,5 millions de dollars, ce qui représente une baisse de 3,9% par rapport à 2015.  Le Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, M. Carlos Ruiz Massieu, a recommandé à la Commission d’approuver globalement ce projet de budget, mais d’y inclure la baisse du budget alloué au Groupe d’experts sur le Libéria. 

La Cinquième Commission poursuivra ses travaux vendredi 6 novembre, à partir de 10 heures.

Budget-programme de l’exercice biennal 2016-2017

Missions politiques spéciales (A/70/348/Add.2 et A/70/7/Add.12)

Présentation et débat général

Au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme KAREN TAN (Singapour) a estimé que le fonctionnement optimal des missions politiques spéciales devait être la priorité des États Membres. Nous avons néanmoins échoué, a-t-elle avoué, à réformer le financement et les arrangements de soutien logistique  de ces missions au cours des cinq dernières années, alors que nous avons des recommandations formulées par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) depuis 2011 et dont la validité a été confirmée par d’autres entités dont le Groupe de travail indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix.

Il est temps de mettre en œuvre ces recommandations, a martelé la représentante, au risque de compromettre l’efficacité et les capacités de l’Organisation.  Le budget ordinaire diminue en termes absolus, a-t-elle poursuivi, notant que le Secrétaire général propose un montant de 5,57 milliards de dollars pour 2016 et 2017, soit 1,6% de moins que l’exercice biennal précédent.  Or, a fait observer la représentante, la part des missions politiques spéciales continuent de croître dans ce budget en baisse.  En supposant que le Conseil de sécurité ne crée pas de nouvelles missions politiques spéciales, ces deux prochaines années, leur coût devrait quand même augmenter de 8,4 millions de dollars, ce qui veut dire qu’elles représenteront 20% du budget ordinaire.  Dans un contexte budgétaire que certains États Membres veulent maintenir inchangé, chaque augmentation du budget des missions politiques spéciales « cannibalise » inévitablement les autres priorités budgétaires comme le développement, important pour de nombreux pays.

Les missions politiques spéciales exigent notre attention urgente depuis cinq ans, a insisté la représentante, avant de plaider pour la création d’un compte distinct qui s’alignerait avec le cycle budgétaire des opérations de maintien de la paix et qui faciliterait ainsi la mise en œuvre des recommandations relatives au transfert entre les missions et les ressources auxquelles n’ont accès que les opérations de maintien de la paix.  La solution, a insisté la représentante, doit être holistique.  Une approche fragmentée fondée sur des intérêts politiques plutôt que sur ce qui fonctionne le mieux risque de créer des problèmes.

La représentante a noté que 34 des 36 missions politiques spéciales actuelles découlaient d’une décision du Conseil de sécurité, dont quelques-unes se rapprochent plus d’une opération de maintien de la paix que d’une véritable mission politique.  L’ASEAN, a conclu la représentante, se souviendra, au moment des négociations, des résolutions de l’Assemblée qui demandent que l’on garde à l’esprit, lorsque l’on discute des contributions au financement des opérations de paix, la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a exprimé sa préoccupation face au financement actuel des missions politiques spéciales et à l’absence d’un accord sur un soutien efficace à ces missions.  Notant, à son tour, que le budget de ces missions était « monté en flèche », ces dernières années, avec des effets de distorsion sur le budget ordinaire, le représentant a souligné l’urgence de revoir les mécanismes en vigueur.  Il s’est dit déçu du manque de volonté de certaines délégations de participer de manière constructive aux discussions.  Les mécanismes de financement actuels, a-t-il insisté, ne suffisent plus.  La CELAC est favorable à la création d’un compte distinct, sur le modèle des opérations de maintien de la paix afin d’améliorer l’efficacité et la transparence.  Contributeur important au budget des missions politiques spéciales, la CELAC est particulièrement attachée à l’amélioration de leur gestion et de leur supervision.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. JUSTIN KISOKA (République-Unie de Tanzanie) a pris note du fait que l’enveloppe budgétaire proposé en 2016 pour 14 missions politiques spéciales est de 34,5 millions de dollars, soit une baisse de 1,40 million par rapport aux ressources approuvées en 2015.  Il a aussi noté qu’aucune ressource extrabudgétaire n’a été demandée ni pour 2015 ni pour 2016 pour le Groupe d’experts, à l’exception de l’appui au Comité créé en vertu de la résolution 1540 du Conseil de sécurité et à la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme.  Le représentant a d’ailleurs demandé plus de détails sur la composition des différents groupes d’experts, leur processus de sélection et leur rentabilité, soulignant l’importance de faire appel à davantage d’experts qui sont déjà sur place.  Il a aussi voulu en savoir plus sur le soutien fourni au Groupe d’experts par les Départements des affaires politiques, de la sécurité et de la sûreté et de l’appui aux missions.  Il a souligné la nécessité pour l’ONU de travailler en partenariat avec l’Union africaine et ses organisations sous-régionales dans ce domaine.  Il a d’ailleurs voulu en savoir plus sur les efforts déployés pour renforcer les arrangements existants.  Enfin, s’agissant du financement et des arrangements de soutien logistique des missions politiques spéciales, il a dit compter que cette question soit réglée par consensus d’ici la fin de la session. « Notre Groupe se tient prêt à apporter des idées innovantes au cours des consultations », a conclu M. Kisoka.

Au nom des États Membres du Conseil de coopération du Golfe, M. GHANIM AL-HUDAIFI AL-KUWARI (Qatar) a rappelé que les missions politiques spéciales s’acquittent de tâches de plus en plus complexes, ce qui a abouti à une augmentation de leur nombre et donc à un besoin de ressources supplémentaires, ce qui a un impact sur le budget ordinaire de l’ONU.  Il est important de garantir l’équilibre dans la répartition des ressources afin de ne pas porter préjudice aux objectifs de l’ONU, a souligné le représentant.  Préoccupé par le fait que la Commission n’ait pu trouver de solutions après les recommandations que le CCQAB a faites en 2011, le représentant a rappelé qu’il était nécessaire d’accroître la transparence et la budgétisation, proposant que les critères appliqués aux missions politiques spéciales soient calqués sur ceux des opérations de maintien de la paix, ce qui pointe vers la création d’un compte distinct.

M. FELIPE GARCÍA LANDA (Mexique) a souligné la nécessité de régler la question du financement et des arrangements de soutien logistique des missions politiques spéciales.  « Quatre sessions sans consensus ne sauraient excuser l’inaction aujourd’hui», a prévenu le représentant.  Dire que les arrangements actuels ne sont pas l’idéal serait faux, la situation est à bien des égards « grave », a insisté le représentant, jugeant « inacceptable » de rester sourd aux appels et supplications des missions déployées dans des endroits aussi critiques que l’Iraq, le Burundi ou encore le Yémen.  Le représentant a aussi rappelé que ces derniers mois, trois documents de grande importance sont venus confirmer l’urgence d’une réforme, à savoir le rapport du Groupe d’experts sur l’architecture de consolidation de la paix, celui du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix et la déclaration du Secrétaire général demandant « une action immédiate ». 

À ces documents, le Mexique, a dit le représentant, voudrait ajouter le rapport du Comité des commissaires aux comptes qui s’inquiète de divers aspects techniques du fonctionnement des missions politiques spéciales.  Un des moyens de répondre à ces préoccupations, a suggéré le représentant, serait de créer un compte spécial et distinct aligné avec le cycle budgétaire des opérations de maintien de la paix.  Tous les rapports et recommandations, a-t-il tenu à souligner, ont été rédigés par des experts techniques et politiques de toutes les régions du monde qui ont ainsi fait écho aux soucis des États Membres.  « Ce ne sont pas des gens pauvres qui auraient un agenda caché. » 

La réforme des missions politiques spéciales, a poursuivi le représentant, est « essentielle, techniquement viable et absolument justifiée par les faits ».  Pour y parvenir, nous devons prendre en compte les recommandations du CCQAB car il est on ne peut plus clair que la majorité des États veulent que des mesures soient prises pour corriger « ces anomalies injustifiables ».  Dans ce cadre, il faut se rappeler que tenir compte des différentes positions et travailler ensemble pour parvenir à une solution négociée est la condition d’un bon fonctionnement de l’ONU, surtout à la Cinquième Commission qui travaille par consensus.  Échouer, en particulier sur une question que tous veulent faire avancer et que tous ont dit et redit vouloir négocier, serait « injuste, inéquitable, et surtout, invivable et dangereux», a prévenu le représentant. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: la question des mandats robustes avec possibilité de recours à la force soulève toujours des réserves

Soixante-dixième session,
18e séance – après-midi
CPSD/596

Quatrième Commission: la question des mandats robustes avec possibilité de recours à la force soulève toujours des réserves

« Certaines interventions robustes confiées aux forces de l’ONU risquent de transformer ces forces, et la Mission tout entière, en partie au conflit », a prévenu, cet après-midi, le représentant du CICR qui participait au débat sur l’examen de l’ensemble des opérations de maintien de la paix à la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.

Les opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations Unies ne sauraient se transformer en opérations d’imposition de la paix, ont souligné certaines délégations, dont celles de l’Inde et du Pakistan.  Si certains ont invoqué la validité des principes fondamentaux du maintien de la paix, notamment l’impartialité, le consentement des parties et le non-recours à la force à l’exception des cas de légitime défense, pour justifier leurs réticences vis-à-vis du concept des mandats robustes, d’autres ont exigé que le cadre juridique qui régit ce type d’interventions musclées soit clarifié.  Comme l’a expliqué la représentante du Pakistan qui s’est prononcée en faveur d’une approche « prudente » et « mesurée » vis-à-vis du concept d’« imposition de la paix », ces délégations se refusent à considérer les Casques bleus comme les agents d’une « sorte d’intervention extérieure » dans des conflits internes ou régionaux. 

Construire une paix durable nécessite un renforcement de la coopération à l’échelle des Nations Unies et la constitution de partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous régionales, ont souligné certains intervenants pour lesquels une approche compartimentée ne reflète pas la réalité du terrain.  Au plan régional, le représentant du Mali, à l’instar d’autres délégations africaines, a salué le partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine, qui devrait permettre d’instituer un mécanisme souple, prévisible et durable reposant sur l’utilisation des contributions au budget des Nations Unies mises à recouvrement, en vue d’appuyer les opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA avec le consentement du Conseil de sécurité.

Notant que le terme « opérations de paix » est utilisé par les experts pour nommer toute opération relative à la paix et à la sécurité sur le terrain, qu’il s’agisse de missions politiques mandatées par le Conseil de sécurité et/ou l’Assemblée générale, d’opérations de maintien de la paix ou de missions politiques spéciales, la délégation des Philippines a demandé une approche plus cohérente et globale des missions afin de lier effectivement paix, sécurité, droits de l’homme et développement.

Par ailleurs, de nombreuses délégations ont réaffirmé l’importance de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.  Les pays fournisseurs de contingents ont à nouveau demandé à être associés à toutes les étapes de prise de décisions et de modification des mandats en matière de maintien de la paix.

La Quatrième Commission poursuivra son débat sur cette question, demain, jeudi 5 novembre, à partir de 15 heures.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS (A/70/95 ET A/70/357)

Suite du débat général

M. RAHUL KASWAN (Inde) a estimé que la question la plus pressante du maintien de la paix était la manière dont les mandats de la paix étaient formulés par le Conseil de sécurité, « en l’absence de toute responsabilisation ou de transparence ».  Il a par conséquent appelé à des consultations « plus directes et formelles » entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil lors de la phase d’élaboration des mandats, dans l’esprit de l’article 44 de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a ensuite exhorté les Nations Unies, et en particulier le Conseil de sécurité, à veiller à l’inclusion obligatoire, dans tous les mandats de maintien de la paix, de dispositions juridiquement contraignantes relatives aux poursuites judiciaires, à la pénalisation et à la neutralisation de tous les groupes armés non étatiques qui s’en prennent aux opérations de maintien de la paix.  Après avoir reconnu que les opérations n’étaient pas adaptées à des activités de « contreterrorisme militaire », le représentant a estimé que les principes fondamentaux que sont le consentement du pays hôte, l’impartialité et le non-usage de la force sauf dans ces circonstances très précises, demeuraient « complètement pertinents » aujourd’hui.

M. CHABEL WEHBI (Liban) a salué le fait que le Sommet des leaders du maintien de la paix, qui a eu lieu en septembre 2015, ait permis de réaffirmer la volonté politique collective pour faire en sorte que les missions pluridimensionnelles de paix soient plus souples, adaptables et réactives aux priorités nationales.  Pour sa délégation, le Comité des 34 reste le Forum idoine pour examiner des politiques et stratégies de maintien de la paix, qui doit reposer sur une plus forte coopération régionale et triangulaire, sans oublier le renforcement de partenariats entre différents départements au Siège, ou entre le Siège et le terrain.  Le succès de ces partenariats dépend, de l’avis du représentant, d’une relation forte avec le pays hôte et les populations locales.  Il a par conséquent invité les Départements des opérations de maintien de la paix (DOMP) et de l’appui aux missions (DAM) à augmenter la participation accrue des femmes aux opérations de paix à tous les niveaux de la prise de décisions.  Pour le Liban, les opérations de maintien de la paix (OMP) ne sont pas l’objectif final, mais plutôt un moyen pour faciliter une transition en douceur vers des solutions politiques durables et l’appropriation nationale.

S’agissant de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) et de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le représentant a souligné l’excellente relation entre les forces armées libanaises et ces opérations de la paix de l’ONU, et, en termes de coopération, il a mentionné le plan quinquennal de renforcement des capacités des forces libanaises.  Il a lancé un mot de précaution contre les tentatives d’Israël de saper cette coopération, en affirmant que la FINUL peut éviter toute action de nature à entraîner une escalade des tensions.  Il a également souligné la nécessité de veiller à la sécurité des Casques bleus et appelé au plein respect de la résolution 1701 (2006), appelant la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il respecte ses obligations conformes à cette résolution.

Mme TIN MARLAR MYINT (Myanmar) a salué les travaux du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies, souhaitant que ces recommandations puissent servir de base aux délibérations des États Membres.  Elle a rappelé que les gouvernements accueillant des opérations de l’ONU avaient l’obligation de protéger les civils, en particulier les femmes et les enfants dans des situations de conflit.  Pour la représentante, il est ainsi capital que les missions de la paix jouent un rôle d’appui aux autorités nationales, leur mandat dans ce domaine devant être réaliste et respectueux des principes de la Charte des Nations Unies.  Elle a par ailleurs indiqué que son pays, après avoir signé un cessez-le-feu historique avec huit groupes ethniques armés et récupéré son statut de pays contributeur de troupes, était prêt à participer activement au succès des opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

Mme DULCE SANCHEZ (Honduras) a rappelé que son pays fournit à l’heure actuelle des effectifs à plusieurs opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), où servent 12 de ses observateurs militaires, et la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), qui compte 37 de ses ressortissants.  Elle a ensuite plaidé en faveur de la mise en œuvre intégrale de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, afin d’accroître le nombre de celles qui peuvent jouer un rôle dans le maintien et la consolidation de la paix au lendemain des conflits.  La représentante a également appuyé la mise en œuvre de la résolution 69/287 de l’Assemblée générale, qui prie le Comité spécial de se livrer à une étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, en gardant à l’esprit la nécessité d’accroitre l’efficacité de ces mêmes opérations.  Soulignant enfin la primauté de la diplomatie préventive dans le règlement pacifique des conflits, Mme Sanchez a rappelé les liens étroits qui existent entre maintien de la paix et réalisation du développement durable.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Vietnam) a souligné l’importance de la sécurité du personnel de maintien de la paix, et a préconisé une meilleure formation précédant le déploiement ainsi que le recours responsables aux technologies « rentables ».  Sa délégation a salué les priorités fixées par le Secrétaire général, en particulier un recentrage sur la médiation et la prévention des conflits.  À cet égard, elle a recommandé de renforcer les partenariats de l’ONU avec les organisations régionales et inter-régionales. 

Par ailleurs, la représentante a insisté sur le fait que les buts et principes de la Charte restaient applicables aux OMP, notamment l’impartialité, le non-recours à la force hormis en cas de légitime défense et le consentement des parties.  Par ailleurs, elle a recommandé une plus forte consultation avec les pays contributeurs de contingents et le plein respect de ces principes lors de la définition des mandats des opérations de paix.  Le Vietnam fait partie des pays contributeurs de troupes et s’engage à fournir un hôpital de niveau deux et un soutien en engineering au DOMP, a-t-elle indiqué.

Mme IRENE SUSAN NATIVIDAD (Philippines) a rappelé que depuis 1963 son pays compte parmi les importants contributeurs financiers et de troupes aux opérations de paix des Nations Unies.  Leur première participation remonte à leur déploiement au Congo et depuis, des milliers d’hommes et de femmes des Philippines ont servi au sein de 23 missions dans 15 pays.  Aussi, le Conseil national pour les opérations de paix de l’ONU continue-t-il de conduire des analyses minutieuses des développements sur le terrain en fonction de nos engagements et de notre participation, a-t-elle souligné.  Comme le souligne le rapport, le nombre d’actes hostiles visant les Casques bleus a plus que doublé chaque année sur les trois dernières années, le nombre de tués a augmenté de 50% en un an et celui des blessés a triplé, a-t-il indiqué, estimant que ces statistiques dramatiques imposaient une étude approfondie des mandats opérationnels et des règles d’engagement des troupes de l’ONU, sans parler de la place de mesures de sûreté et de sécurité.  Sur ce point, la représentante a réitéré son appel à de nouvelles consultations pour envisager des moyens de protéger les Casques bleus.

S’agissant de la représentation féminine au sein des opérations de paix de l’ONU, sur 161 soldats et policiers philippins déployés au sein de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en Haïti, 15 sont des femmes, a-t-elle précisé.  À ce sujet, a souligné la représentante, mon pays soutient totalement la politique de tolérance zéro du Secrétaire général sur les abus sexuels qui ternissent l’image de l’Organisation et desservent celle des Casques bleus.  Par ailleurs, le Groupe d’experts remarque que les États n’ont pas assez investi dans la médiation et la prévention des conflits et que l’ONU doit encore se doter d’une « culture de la prévention », a poursuivi la représentante.  Notant que le terme « opérations de paix » est utilisé par les experts pour nommer toute opération relative à la paix et à la sécurité sur le terrain, qu’il s’agisse de missions politiques mandatées par le Conseil de sécurité et/ou l’Assemblée générale ou d’opérations de maintien de la paix ou de missions politiques spéciales, elle a demandé une approche plus cohérente et globale des missions afin de lier effectivement paix, sécurité, droits de l’homme et développement.

M. ALI AL-HASHMI (Qatar) a exprimé son attachement au principe selon lequel les opérations de maintien de la paix doivent respecter les mandats que le Conseil de sécurité leur a confiés.  Il a en outre réitéré l’importance de la coordination des efforts déployés dans le maintien de la paix, et de toutes les activités y afférentes.  Par ailleurs, il a recommandé que, lors du déploiement, les missions aient à l’esprit les spécificités culturelles et linguistiques de chaque pays et théâtre de conflit.  Sa délégation a salué les nouvelles activités de partenariat envisagées dans le cadre de l’étude d’ensemble des opérations de maintien de la paix, comme de l’élaboration de nouvelles procédures.  M. Al-Hashmi a en outre apporté son soutien à l’application de la politique de tolérance zéro du Secrétaire général vis-à-vis des abus et de l’exploitation sexuels commis par des Casques bleus et personnels de l’ONU.

M. DIANGUINA DIT AYAYA DOUCOURE (Mali) a estimé que si les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont contribué au règlement de nombreux conflits dans le monde, force est de constater qu’il existe un décalage entre les défis sécuritaires émergeants et la doctrine des Nations Unies en matière de maintien de la paix, vieille de plusieurs décennies qui mérite d’être adaptée au contexte actuel.  Le représentant a rappelé un passage du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies indiquant que les mandats et les missions sont trop souvent élaborés sur la base de modèles standards, au lieu d’être spécialement conçus pour appuyer les stratégies politiques adaptées à chaque situation.  Il en est ainsi pour la Mission de l’ONU au Mali, qui fait régulièrement l’objet d’attaques asymétriques perpétrées par des forces hostiles.

Face à ce drame, a continué le représentant, le Mali encourage les Nations Unies à œuvrer de concert avec les organisations régionales concernées et les pays contributeurs de troupes pour établir des mandats mieux ciblés et plus réalistes pour répondre à la spécificité des conflits, y compris dans le contexte d’attaques menées par des groupes terroristes.  Il a plaidé pour que les contingents déployés soient dotés d’équipements et de compétences appropriés et utilisent tous les moyens mis à leur disposition pour prévenir et empêcher les menaces contre les populations civiles ainsi que les installations et le personnel des Nations Unies. 

Au plan régional, a dit le représentant, le Mali se reconnaît dans la position africaine commune sur la revue des opérations de la paix des Nations Unies et salue le partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine, qui devrait

permettre à son avis d’instituer un mécanisme souple, prévisible et durable reposant sur l’utilisation des contributions au budget des Nations Unies mises à recouvrement, en vue d’appuyer les opérations de soutien à la paix conduites par l’Union africaine (UA) avec le consentement du Conseil de sécurité.

Mme LILA NADIA ANDRIANANTOANDRO (Madagascar) a affirmé que son pays était fier de participer activement aux opérations de maintien de la paix en envoyant des officiers au Mali (MINUSMA), en République centrafricaine (MINUSCA), en Côte d’Ivoire (ONUCI), au Darfour (UNAMID) et en Haïti (MINUSTAH).  La représentante s’est félicitée de l’initiative sur l’examen des OPM et des efforts envisagés pour la réforme de l’architecture actuelle de ces opérations, qui permettrait de faire face à la nature changeante des conflits, auxquels s’ajoute notamment le terrorisme.  À cet égard, elle a également salué les engagements pris par les États Membres étant donné que les OMP nécessitent non seulement des ressources humaines qualifiées mais aussi des ressources financières et logistiques.  Rendant hommage à ceux qui ont perdu la vie sous la bannière de l’ONU, elle a indiqué que l’Organisation devait s’atteler au problème relatif à la sécurité du personnel des OMP face aux attaques multiples dont il est la cible.  La protection des civils est également une priorité et, a poursuivi le représentant, Madagascar condamne fermement les actes d’abus sexuels commis par certains personnels de maintien de la paix contre des civils, qui entachent le travail exceptionnel de milliers de soldats de la paix.  La représentante a ainsi apporté son soutien à la politique de tolérance zéro prônée par l’ONU et a réitéré l’importance de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat, sans oublier les partenariats stratégiques avec les organismes régionaux.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a indiqué l’intention de son pays d’intensifier sa présence dans les missions de maintien de la paix de l’ONU.  Compte tenu de la complexité croissante des OMP, a-t-il estimé, la réforme dans ce domaine doit veiller en premier lieu à leur durabilité.  Pour assurer un soutien continu de la part des États Membres aux opérations de paix, il a préconisé d’une part, une plus grande cohérence entre mandats et ressources allouées aux missions; des mandats clairs et réalistes qui correspondent à la réalité changeante sur le terrain, ce qui suppose qu’ils soient définis en étroite consultation avec les pays contributeurs de troupes et les pays hôtes et, d’autre part, la mise en place d’institutions nationales, le renforcement des structures de sécurité nationale et de justice transitionnelle.  De plus, il ne faut pas perdre de vue les causes profondes des conflits pour pouvoir disposer de renseignements fiables et veiller à la protection des civils, a poursuivi M. Perera.

En vue de parvenir à plus de cohérence entre le Siège des Nations Unies et le terrain, il a souligné les avantages à tirer d’une plus grande coopération avec les organismes régionaux et sous-régionaux de l’Organisation.  Le Sri Lanka souhaite en outre que les OMP soient assorties de stratégies de sortie claires.  Le représentant a en conclusion félicité le Secrétariat pour ses efforts en vue de renforcer et mettre à niveau les systèmes logistiques d’appui aux missions et les procédures opérationnelles pour permettre un déploiement plus rapide des missions.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) est revenu sur l’une des conclusions les plus saillantes du rapport du Secrétaire général et du Groupe indépendant de haut niveau, à savoir que « les opérations de paix des Nations Unies ne sont pas conçues ni équipées pour imposer des solutions politiques par un emploi continu de la force », pas plus qu’elles ne sont « l’instrument approprié pour les opérations militaires de lutte antiterroriste ».  Sa délégation estime par ailleurs qu’il est indispensable de respecter les principaux piliers du maintien de la paix des Nations Unies, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force à l’exception des situations d’autodéfense ou de « défense du mandat ».  En tant que pays contributeur de troupes, la Mongolie a assuré qu’elle continuerait à prendre une part active à l’examen des rapports de la Quatrième Commission au Comité spécial des opérations de maintien de la paix, exhortant tous les États Membres à veiller à l’inclusion des recommandations dans les documents stratégiques et politiques pertinents.  M. Sukhee a en conclusion évoqué l’expérience de son pays dans la formation, conforme aux normes exigées par les Nations Unies, de Casques bleus de plusieurs nationalités, au sein du « Centre de soutien à la paix » que son gouvernement a ouvert près de la capitale mongole d’Oulan-Bator.

M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie) a souhaité que tous les aspects des opérations de maintien de la paix incluent une perspective sexo-spécifique, avant de demander un renforcement des efforts de prévention des violences sexuelles commises dans le cadre de ces opérations.  L’efficacité des opérations de maintien de la paix exige un partenariat robuste et efficace avec les pays contributeurs de troupes, a-t-il précisé.  Le représentant a par ailleurs souligné la nécessité d’associer étroitement ces pays à l’élaboration de toutes les modalités de ces opérations, en les faisant participer notamment au processus de prise de décisions et de modification des mandats.  Le représentant s’est également prononcé pour une interaction accrue entre ces pays et le Conseil de sécurité, invitant ce dernier à tirer profit de l’expérience de ceux-ci dans ce domaine.  Enfin, le représentant de la Tunisie a appelé de ses vœux une coopération accrue entre l’ONU et l’Union africaine dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix, qu’il a qualifié d’équilibrées avant d’encourager leur mise en œuvre.  Il a expliqué que l’Afrique accordait un intérêt particulier au processus d’examen des opérations de paix compte tenu du nombre de missions qui sont y déployées.  Sa délégation encourage une plus forte coopération ONU-Union africaine et un soutien, au cas par cas, aux OMP de l’UA autorisées par le Conseil de sécurité.  Cette recommandation du Groupe de haut niveau devrait contribuer à remédier considérablement, selon lui, aux contraintes financières de ces opérations.

En tant que l’un des plus importants pays contributeurs de troupes, l’Éthiopie est déterminée à jouer un rôle encore plus actif, comme l’a affirmé son Président lors du Sommet des leaders du maintien de la paix, a précisé le représentant.  Il s’est engagé à fournir deux bataillons supplémentaires, en plus des 8 000 Casques bleus éthiopiens déjà déployés et des 4 000 hommes déployés sous la bannière de l’Union africaine en Somalie.  En outre, l’Éthiopie a mis en place un Centre de formation pour le personnel de maintien de la paix qui a une vocation régionale, a indiqué le représentant.

Citant le vingt-et-unième rapport semestriel du Secrétaire général au Conseil de sécurité sur l’application de la résolution 1559 (2004), M. BENJAMIN SHARONI (Israël) a jugé trompeur le « calme relatif » qui semble régner au Sud-Liban.  « Le fait que le Hezbollah continue de disposer d’importants moyens militaires de pointe échappant au contrôle de l’État libanais demeure une préoccupation extrême, car cela crée un climat d’intimidation, compromet la sécurité des civils libanais et remet en question la prérogative de l’État pour ce qui est du recours légitime à la force », a-t-il dit.  Le Hezbollah, a-t-il indiqué, continue de former une armée équipée de dizaines de milliers de missiles, « davantage que les arsenaux dont disposent plusieurs membres de l’OTAN », et dispose aussi de missiles sol-sol et de drones militaires.  Le représentant a estimé que la responsabilité de ce qui se passe sur le territoire libanais incombe au Gouvernement libanais lui-même, qui est également tenu de mettre en œuvre la résolution 1701.  Israël, a affirmé M. Sharoni, soutient les forces des Nations Unies déployées à ses frontières.  « Toutefois, a-t-il prévenu, l’histoire a montré que nous ne pouvons tout simplement pas compter sur les autres pour assurer notre sécurité.  Dès les premiers jours de notre nation, nous avons dû nous défendre contre ceux qui ont cherché à nous annihiler.  Nous avons toujours su que, lors de périodes difficiles, notre pays devrait assurer sa propre défense, très possiblement seul », a-t-il conclu.

M. WILLY LOUIS (Haïti) a estimé que le rapport du Secrétaire général définissait de façon remarquable la manière dont les opérations de maintien de la paix pouvaient contribuer à l’effort mondial quand elles sont bien ciblées, conçues et exécutées fondamentalement en fonction des besoins des populations, et qu’il présentait un programme d’action fondé sur la promotion des mesures de prévention et de règlement des conflits plus rapides, plus efficaces et mieux adaptées aux besoins, de même qu’un ensemble équilibré et hiérarchisé de réformes pour s’attaquer aux problèmes les plus urgents auxquels les OMP doivent faire face.  En ce sens, le représentant s’est félicité de la proposition du Groupe indépendant de haut niveau de mettre en œuvre des mécanismes de maintien de la paix selon une approche holistique qui tienne compte des défis visant l’efficacité opérationnelle des OMP.  Il a jugé encourageant que les OMP reçoivent désormais de façon plus rapide les autorisations d’engagement, les stocks nécessaires pour des déploiements stratégiques et une force de police permanente, et que l’accent soit mis sur le renforcement des capacités des États hôtes, l’élaboration des orientations, le développement des partenariats, la protection des civils, la médiation et l’appui au processus électoral.  Il a déploré que, malgré la mise en place d’un cadre intégré de déontologie et de discipline en 2012, plusieurs cas d’exploitation et d’agressions sexuelles aient été signalés au sein d’un certain nombre de missions ces cinq dernières années, notamment en Haïti.  Aussi, la délégation a exhorté les autorités onusiennes à prendre des mesures strictes d’application des normes en vigueur en vue de prévenir ces déviances qui sont de nature à ternir l’image de l’Organisation.

En ce qui concerne la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), établie en 2004 et en cours de reconfiguration, le représentant s’est dit convaincu que le transfert de ses responsabilités aux autorités nationales devait se faire graduellement et de façon ordonnée, en tenant compte des progrès accomplis et des vulnérabilités.  Soulignant que la réussite des OMP dépendait d’un véritable partenariat mondial et d’un soutien politique unifié, il a remercié les nombreux pays qui lui ont apporté soutien et contributions financières. 

M. AMA AKYAA POBEE (Ghana) a estimé que la réussite du maintien de la paix allait au-delà du déploiement des Casques bleus et que d’importantes conditions préalables devaient être remplies, notamment les formations des Casques bleus, l’élaboration de mandats réalisables qui traitent des causes réelles de chaque conflit, la nomination de dirigeants capables des missions et des mécanismes de consolidation de la paix appropriés.  Le représentant a jugé que le maintien de la paix a considérablement changé en réponse à des conflits de nature complexe et qu’en Afrique, ces conflits se caractérisaient par la multiplicité des acteurs qui ont différentes raisons sous-jacentes, des méthodes de combat non conventionnelles, y compris le terrorisme, les enlèvements, le ciblage délibéré des civils et des graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Les missions de maintien de la paix et les missions politiques doivent faire face à ces défis ou perdre leur utilité et leur impact, a-t-il dit. 

Le représentant a par ailleurs souligné la nécessité de bâtir des partenariats efficaces avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, dans leurs efforts de médiation et de maintien de la paix.  La Force africaine en attente qui permet le déploiement rapide de troupes pour la résolution efficace de conflit sur le continent, est ainsi d’une importance stratégique, a soutenu le représentant, qui a indiqué que les efforts de l’Union africaine à cet égard devaient être soutenus pour permettre que le concept devienne opérationnel et durable avec des mécanismes de financements flexibles et prévisibles.  Il a souligné que ce serait hautement bénéfique pour les Nations Unies de prendre le rôle principal et assurer le financement et le transfert des pratiques modernes de maintien de la paix à l’Union africaine pour construire la capacité nécessaire à la réalisation de cet objectif louable. 

Mme ELSA HAILE (Érythrée) a estimé que les missions de maintien de la paix n’étaient pas supposées être permanentes ou se substituer au règlement des causes profondes des conflits.  À son avis, la paix durable ne saurait être réalisée par des engagements militaires et techniques mais plutôt par des solutions politiques.  Le maintien de la paix n’est pas la seule option pour la communauté internationale qui devrait faire un recentrage sur la prévention des conflits, a-t-elle estimé.  La représentante a également insisté sur la nécessité de respecter les buts et principes du maintien de la paix.  Face à la tendance marquée d’assumer plus de responsabilités de maintien de la paix au niveau régional, elle a prévenu contre toute tentative de contourner l’ONU.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a estimé que les questions abordées aujourd’hui n’étaient pas nouvelles car il s’agit des mêmes défis qui continuent d’imprégner nos efforts de maintien de la paix.  L’objectif reste le même, à savoir combler les lacunes qui caractérisent les opérations dans ce domaine, a dit la représentante, soulignant que ce but pouvait être atteint en changeant les vieux modèles et en affinant les mécanismes qui marchent.  La représentante a par ailleurs estimé que la priorité accordée aux solutions politiques des conflits permettrait aux pays de ne plus en être victimes et aux Nations Unies de se tourner vers la prévention et la médiation.  Pour réussir, a-t-elle ajouté, il faudrait également développer une compréhension commune des efforts à faire et une définition claire des mandats à remplir. 

Les succès reposent aussi largement sur le Conseil de sécurité et le Secrétariat qui doivent être reformés, a-t-elle indiqué, mettant en outre l’accent sur une série de mesures pratiques à envisager, notamment l’amélioration des capacités de déploiement rapide, le renforcement des partenariats régionaux, une présence plus active sur le terrain et centrée sur les personnes, et une augmentation du nombre et du rôle des femmes dans les opérations de paix des Nations Unies.  Elle a aussi indiqué que dans les types de partenariats opérationnels, les efforts régionaux devraient être soutenus par des contributions permettant un financement cohérent et adéquat. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que les pays contributeurs de troupes devaient être pleinement associés à l’élaboration des mandats des opérations de paix des Nations Unies, jugeant « inacceptable » leur absence au processus de prise de décisions.  Après avoir rappelé la nécessité de respecter les principes fondamentaux de maintien de la paix, la représentante a préconisé une distinction très claire des notions de « maintien » et d’« imposition » de la paix.  Plaidant pour que des ressources suffisantes soient mises à la disposition des missions des Nations Unies, Mme Lodhi a estimé que le maintien de la paix devait aller de pair avec des processus politiques et de médiation, et la gestion de ces processus doit être confiée au Secrétariat de l’ONU.  S’il a fourni 150 000 personnels à 41 missions déployées dans 23 pays depuis 1960, le Pakistan, a rappelé la délégation, accueille lui-même une mission, le Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies en Inde et au Pakistan, qui continue de surveiller le cessez-le-feu entre les deux pays dans l’État de Jammu et Cachemire.  La représentante s’est en conclusion prononcée en faveur d’une approche « prudente » et « mesurée » vis-à-vis du concept d’« imposition de la paix », se refusant à considérer les Casques bleus comme les agents d’une « sorte d’intervention extérieure » dans des conflits internes ou régionaux.  Les précédents en ce domaine, a-t-il assuré, ont été « désastreux ».

Notant que les opérations de maintien de la paix doivent s’adapter à de nouvelles réalités, y compris les menaces asymétriques, M. MAMOUDOU MANA (Cameroun) a regretté qu’un consensus soit de plus en plus difficile à obtenir sur les pistes de réforme de ces missions.  Par ailleurs, a indiqué le représentant, le Cameroun compte à ce jour près de 1 400 femmes et hommes déployés dans différentes missions, dont un officier commandant la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine.  Le Cameroun a aussi créé en 2008 l’École internationale des forces de sécurité, qui a pour objectif de former aux OMP et a déjà organisé des stages pour des personnels originaires de 16 pays d’Afrique, et qui est en train d’harmoniser ses programmes d’enseignement avec le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il précisé.  En vue d’un maintien de la paix durable, sa délégation souhaiterait qu’un accent soit mis sur la prévention et la médiation; sur la recherche des solutions adéquates aux crises en adaptant les missions au contexte et à l’environnement; sur la nécessité de la mise en place de partenariats efficaces avec de nombreux autres acteurs œuvrant pour la paix, en particulier l’Union africaine; sur l’adhésion des États Membres à l’adoption de mesures de veille permanente par la mise en place de contingents hautement qualifiés et de capacités en attente à la disposition de l’ONU.  En conclusion, le représentant a rappelé la nécessité d’aboutir à une réforme de consensus fondée sur les principes de neutralité, de respect de la souveraineté, d’appropriation, de coordination et de cohérence d’ensemble, et de partenariats aux niveaux régional et sous-régional.

M. AHMED ABDELRAHMAN AHMED ALMAHMOUD (Émirats arabes unis) a déclaré qu’il est important de renforcer la cohésion entre le maintien de la paix et le renforcement de la paix.  Il a expliqué que les efforts de maintien de la paix doivent être accompagnés de mesures de reprise économique et de renforcement de capacités nationales, tout en tenant compte du principe d’appropriation nationale.  Il a fait mention de la participation de son pays aux activités onusiennes de maintien de la paix au Liban, en Somalie, au Kosovo et en Afghanistan, soulignant en outre que les Émirats arabes unis avaient organisés des débats portant sur la participation égale des genres dans toutes les initiatives de maintien de la paix.  Le délégué a aussi dit que son pays soutient la politique de tolérance zéro dans les cas d’abus ou d’exploitation sexuels par les soldats de la paix.    

M. PHILIP SPOERRI, au nom du Comité international de la Croix Rouge (CICR), a remarqué que le CICR était souvent présent dans les mêmes zones de conflit que l’ONU, et même si leurs mandats diffèrent, les opérations humanitaires se heurtent à des défis similaires.  S’agissant de l’usage de la force dans le cadre des OMP, il a noté que cette tendance était à la hausse depuis quelques années et qu’elle risquait de transformer ces interventions « robustes » confiées aux forces des Nations Unies et la Mission tout entière, en parties au conflit armé.  Le CICR estime qu’il faut clarifier et bien comprendre le cadre juridique qui régit l’usage de la force dans les OMP, quel que soit le contexte dans lequel elles sont menées, a-t-il déclaré.  Il faut en particulier déterminer quand et comment le droit international humanitaire s’applique à une mission onusienne, surtout quand celle-ci a reçu un mandat « robuste », a-t-il ajouté, précisant que pour le CICR, la nature du conflit armé ou les causes défendues par les parties ne changent rien au fait que le droit international, quand il est applicable, devra régir la participation de ces parties au conflit pendant toute la durée de cette participation.

Le représentant du CICR a en outre attiré l’attention sur une question non abordée dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau, à savoir que les missions des Nations Unies sont de plus en plus souvent amenées à procéder à la détention de personnes, qu’il s’agisse de criminels de droit commun ou de personnes à déférer devant la Cour pénale internationale.  Le CICR insiste sur le fait que les lieux de détention fonctionnent dans le respect des règles et des normes du droit international applicable.  À ce propos, le CICR salue les efforts déployés par les Nations Unies pour élaborer en 2010 un cadre juridique régissant « les procédures opérationnelles provisoires relatives à la détention dans le cadre des OMP ».

S’agissant du personnel de maintien de la paix, le représentant du CICR a souligné que c’est aux États Membres qu’incombe en premier lieu de veiller à ce qu’une formation adéquate soit dispensée en vue des OMP, et affirmé que le CICR continuerait à apporter son soutien dans ce domaine avant comme après déploiement sur le terrain.

Tout en reconnaissant la responsabilité morale des Nations Unies à protéger les civils et à faire respecter le droit international humanitaire, le représentant a souligné que les organisations humanitaires jouent un rôle, certes complémentaire, mais néanmoins essentiel dans la protection des civils, et que dans certaines situations, une coordination rapide entre ces organisations et les forces de paix était indispensable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Après l’inauguration du Mémorial aux victimes de l’esclavage, l’Assemblée générale insiste sur la lutte contre les formes contemporaines d’asservissement

Soixante-dixième session,
46e séance – matin
AG/11718

Après l’inauguration du Mémorial aux victimes de l’esclavage, l’Assemblée générale insiste sur la lutte contre les formes contemporaines d’asservissement

L’Assemblée générale a insisté, ce matin, sur la nécessité d’éliminer les formes contemporaines d’asservissement telles que la traite des femmes et des filles et le travail forcé des enfants, en se félicitant de l’installation du Mémorial permanent dédié aux victimes de l’esclavage au Siège de l’ONU à New York.

« L’Arche du retour », grande voile de marbre blanc signée par l’architecte américain d’origine haïtienne Rodney Leone, a été inaugurée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le 25 mars dernier.  Ce Mémorial appelle à « reconnaitre la tragédie » et à « porter l’héritage » de ces quelque 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, arrachés pendant 400 ans à l’Afrique par la traite transatlantique.

Rendre hommage aux victimes du passé et sensibiliser aux dangers du racisme et des préjugés contemporains: c’est tout le sens qu’a voulu donner le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, à cette réunion sur le suivi de la commémoration du bicentenaire de l’abolition de l’esclavage.  Il a fait valoir que la lutte des millions de descendants d’esclaves africains n’a pas cessé avec la fin de ce sombre chapitre de l’histoire.

M. Lykketoft a appelé à prendre « des mesures concertées » pour éliminer toutes les formes de discrimination, dont le racisme institutionnel et la discrimination, et les formes et manifestations contemporaines de l’esclavage, y compris l’esclavage sexuel qui vise les femmes et les filles en premier lieu.

Présentant la résolution* sur le Mémorial permanent et commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves que l’Assemblée générale a adoptée sans vote et qui appelle les États Membres à faire connaître et à transmettre l’histoire de l’esclavage, la représentante de la Jamaïque a, elle aussi, souligné que le travail ne s’arrête pas aux commémorations.  « Dans chacun de nos pays, beaucoup reste à faire pour lutter contre cet héritage systémique qui entraine encore injustice, discrimination et marginalisation », a-t-elle insisté.  Les cicatrices sociales, économiques et psychologiques persistent et il faut les soigner pour avancer.

Son homologue de la Colombie a estimé que la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) offre justement l’occasion de réparer cette « erreur atroce » du passé.  Car il n’est « pas possible d’ériger des nations en niant l’existence de l’autre ».  Les descendants des Africains déportés dans les Amériques et les Caraïbes ont laissé d’importantes contributions dans ces sociétés, a souligné le représentant, liant à jamais ces pays à l’Afrique.  Le représentant de la Sierra Leone a d’ailleurs raconté comment à Cuba on chante encore des chants que les anciens de son pays connaissent.

Pour le représentant de la République-Unie de Tanzanie, commençons par appliquer la Déclaration universelle des droits de l’homme et par rendre effectifs la Déclaration de Durban et son Programme d’action, adoptés il y a 15 ans et toujours pertinents.  La pauvreté, les inégalités, l’exclusion socioéconomique et politique ainsi que les conflits exposent les membres vulnérables de la société aux « mauvaises fortunes », comme les abus et la violence sexuels. 

De nombreuses délégations, dont celle de l’Inde, ont appelé la communauté internationale à profiter de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour redoubler d’efforts et promouvoir la dignité humaine, en particulier celle des femmes et des filles vulnérables et pour lutter pour l’abolition complète de l’esclavage dans toutes ses manifestations et formes contemporaines.

L’Assemblée générale a, par ailleurs, poursuivi et conclu le débat largement entamé hier sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, pour laquelle la résolution 69/321 adoptée le 11 septembre dernier ouvre de nombreuses pistes.

Une nouvelle fois, les délégations ont privilégié deux axes dans leurs déclarations: l’un concerne le fonctionnement du Bureau du Président de l’Assemblée, après l’arrestation de son homologue de la soixante-huitième session, M. John Ashe, contre lequel pèsent de graves allégations de corruption.  Pour le représentant de l’Argentine, le Bureau se doit de respecter les normes de transparence les plus élevées.  Certes, ses ressources financières sont clairement insuffisantes et il faut les augmenter mais il faut aussi en connaître avec précision l’origine et l’affectation.  « Nous ne pouvons continuer de repousser une décision sur ce sujet, il faut agir maintenant », a insisté le représentant.

Le second axe concerne le processus de sélection du futur Secrétaire général, qui doit associer le plus largement possible la totalité des États Membres, et si possible promouvoir les candidatures de femmes afin que l’une d’elles assume cette éminente fonction pour la première fois en 70 ans.  Le représentant du Costa Rica a insisté sur une élection ouverte, transparente et fondée sur le mérite, « pour un mandat unique de 7 ans ».  Le prochain Secrétaire général, a-t-il souligné, devra exercer son mandat « avec intégrité et courage », se montrer « fort, impartial et déterminé » et « s’attacher aux préoccupations qui sont les nôtres ».  

L’Assemblée générale tiendra une séance demain jeudi 5 novembre à partir de 10 heures sur le rapport de la Cour internationale de Justice (CIJ).

*A/70/L.5

SUIVI DE LA COMMÉMORATION DU BICENTENAIRE DE L’ABOLITION DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES (A/70/221 ET A/70/136)

Déclarations

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a jugé opportun de réfléchir à l’histoire, aux enseignements tirés et aux progrès faits depuis l’abolition de l’esclavage et de la traite des esclaves.  Sans aucun doute, l’esclavage demeure l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire et de ce soixante-dixième anniversaire de l’ONU.  Le Président a salué du Département de l’information pour avoir choisi le thème « les femmes et l’esclavage » pour cette année, car l’a rappelé un historien, être une femme esclave était une « épée à triple tranchant »: une femme était esclave noire dans une société blanche, esclave dans une société libre et femme dans une société dominée par les hommes.  Malgré ces difficultés, ce sont bien les femmes esclaves africaines qui ont, pour l’essentiel, préservé et transmis leurs culture et traditions qui sont une partie si intégrante de la diaspora africaine dans les Amériques et les Caraïbes que l’on connaît aujourd’hui.  Il était donc opportun et pertinent de leur rendre hommage, a jugé le Président.

Cependant, en dépit des progrès importants depuis l’abolition de l’esclavage et de la traite des esclaves, la lutte des millions de descendants d’esclaves africains n’a pas cessé avec la fin de ce chapitre sombre de l’histoire.  Nous devons aujourd’hui prendre des mesures concertées pour éliminer toutes les formes de discrimination, dont le racisme institutionnel et la discrimination à l’égard des femmes, et éradiquer les formes et manifestations contemporaines de l’esclavage, y compris l’esclavage sexuel dont les femmes et les filles sont les premières victimes.  Nombre de ces questions sont au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dont la mise en œuvre doit être une priorité pour tous les gouvernements.  Il est tout aussi crucial que l’on garde notre volonté politique face aux principes de la Charte de l’ONU, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de tous les autres instruments des droits de l’homme pertinents, a conclu le Président.

Mme SHORNA-KAY RICHARDS (Jamaïque) a présenté le projet de résolution dont était saisie l’Assemblée générale en soulignant que beaucoup a été fait au cours de l’année écoulée, dont l’inauguration de l’Arche du retour, le 25 mars au Siège de l’ONU à New York.  L’appui financier massif reçu durant les dernières semaines de la levée de fonds a permis d’achever dans les délais le budget prévus pour le Mémorial permanent commémorant les victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique.  Mais le travail ne s’arrête pas là, comme en témoigne le programme d’action éducative visant à éclairer les générations futures sur les causes, les conséquences, les enseignements et les séquelles de la traite des esclaves, à les éduquer et à leur faire connaître les dangers du racisme et des préjugés.  Le programme d’action éclaire sur la manière dont l’esclavage a été entretenu et combattu et quel est l’héritage que nous en tirons.  Dans chacun de nos pays, a-t-elle souligné, beaucoup reste à faire pour lutter contre cet héritage systémique qui entraine encore injustice, discrimination et marginalisation.  Les cicatrices sociales, économiques et psychologiques persistent et nous devons les soigner pour avancer.  Pour guérir, nous devons travailler de l’intérieur mais il y a aussi beaucoup à faire à l’extérieur.  Ainsi, la représentante a jugé « décevant » que si peu d’États aient fait le point sur les actions et programmes entrepris chez eux pour sensibiliser l’opinion publique à ces questions.  Enseignons les faits et les conséquences, attaquons nous aux déséquilibres et corrigeons les erreurs d’aujourd’hui pour ne jamais oublier, a conclu la représentante.

M. RATAN LALA KATARIA (Inde) a rappelé la déclaration du Premier Ministre indien, M. Jawaharlal Nehru, à la Conférence Asie-Afrique de Bandung en 1955, sur la traite transatlantique des esclaves.  Il n’y a rien de plus terrible, avait-il dit, rien de plus horrible que l’infinie tragédie que l’Afrique a vécue durant ces derniers siècles.  L’inauguration du Mémorial permanent en mars dernier, a poursuivi le représentant, est un geste « modeste » mais important pour rendre hommage aux victimes de l’esclavage jetés dans un sombre oubli.  Le Mémorial symbolise la condamnation de l’esclavage par la communauté internationale et rappelle aux générations futures les quatre siècles de douleur et de tragédie subis par les victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.

Le représentant a rappelé que l’Inde a contribué à hauteur de 260 000 dollars au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies et parrainé le projet de résolution sur le Mémorial permanent.  Il a ajouté que le projet « La route de l’esclave » de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a contribué énormément à faire connaître l’histoire et les conséquences de la traite.  La proclamation de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine nous donne l’occasion, a ajouté le représentant, de montrer et de reconnaître l’importante contribution des Africains aux sociétés modernes.  La communauté internationale doit saisir l’occasion de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour redoubler d’efforts et allouer plus de ressources à la promotion de la dignité humaine, en particulier celle des femmes et des filles vulnérables, et lutter pour l’abolition complète de l’esclavage dans toutes ses manifestations et formes contemporaines.

M. MORDEHAI AMIHAI BIVAS (Israël) a estimé qu’avec l’achèvement du Mémorial, un chapitre est maintenant clos mais qu’il est temps de se tourner vers le travail à venir.  Comme la résolution le souligne, l’éducation et les enseignements à tirer de l’esclavage nous incombent à tous, individus et États, au-delà des cultures et des générations.  En adoptant cette résolution, a-t-il souligné, les États Membres reconnaissent « l’esprit indomptable » des millions de victimes de l’esclavage.  L’une des fêtes les plus importantes du calendrier juif est la Pâque qui rappelle les siècles d’esclavage du peuple juif et les joies de la liberté après l’asservissement.  L’une des célébrations, « le festin de la liberté » vise à enseigner cette histoire aux générations nouvelles car l’objectif essentiel d’enseigner le passé est de nourrir les actions d’aujourd’hui.  La compréhension des injustices passées doit guider notre action aujourd’hui, a-t-il insisté.  L’esclavage et ses séquelles perdurent dans le monde moderne comme en témoignent les inégalités, les préjugés, le racisme et les discriminations.  Le meilleur hommage aux victimes est donc de continuer à lutter contre les formes modernes d’esclavage tels que le travail des enfants ou la traite des êtres humains à des fins de prostitution.

M. NOEL KAGANDA (République-Unie de Tanzanie) a souligné l’importance d’éduquer les générations actuelles et futures à la tragédie, aux leçons et aux conséquences de l’esclavage et de la traite des esclaves qui « représentent l’un des points le plus sombre de l’histoire de l’humanité ».  Le représentant a insisté sur les droits de l’homme et la dignité humaine de tous sans distinction.  Nous devons appliquer la Déclaration universelle des droits de l’homme et rendre effectifs la Déclaration de Durban et son Programme d’action qui sont pertinents aujourd’hui comme ils l’étaient il y a 15 ans.  Dans ce cadre, le représentant a souligné l’importance de la lutte contre la pauvreté et des inégalités chroniques qui persistent dans et entre les pays et les communautés.  Nous savons que la pauvreté, les inégalités, l’exclusion socioéconomique et politique ainsi que les conflits exposent les membres vulnérables de la société comme les femmes, les filles et les garçons à la myriade des mauvaises fortunes, y compris l’esclavage moderne, les abus et la violence sexuels.  Il faut faire face à ces défis, y compris dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de la Vision 2063 de l’Union africaine.  Nous avons besoin de forger des partenariats car l’échec n’est pas une option, a dit le représentant qui a conclu, en rendant hommage aux nombreuses femmes esclaves qui ont souffert et été abusées.

M. MIGUEL C. RUIZ BLANCO (Colombie) a rappelé que la Déclaration et le Programme d’action de Durban reconnaissent que la traite a constitué une tragédie atroce dans l’histoire de l’humanité et qu’elle constitue un crime contre l’humanité.  Les communautés d’ascendance africaine qui vivent aujourd’hui dans toutes les régions du monde ont parcouru un long chemin pour faire entendre leurs droits, laissant également dans nos sociétés leurs contributions.  En Colombie, dans des villes comme Carthagène ou Popayan, cet héritage est présent dans la langue, la gastronomie, la culture, l’art, comme ailleurs dans les Amériques.  Nos pays et ceux d’Afrique sont donc liés par des liens historiques.  La culture africaine a nourri nos nations, a insisté le représentant.  La Colombie, a-t-il souligné, est multiethnique et revendique son « africanité ».  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine offre l’occasion de réparer cette « erreur atroce ».  Il n’est pas possible d’ériger des nations en niant l’existence de l’autre.  Les communautés d’ascendance africaine ont le droit à l’égalité, à l’éducation et à l’éthno-éducation, à la participation et à l’inclusion sociale.  En commémorant le 200e anniversaire de l’abolition de la traite des esclaves, nous reconnaissons les victimes et leur immense apport, a-t-il conclu.

Mme CASSANDRA BUTTS (États-Unis) a rappelé que son pays a contribué à la création du Mémorial permanent.  En tant que pays multiculturel, les États-Unis estiment qu’il est important de sensibiliser l’opinion publique au sort des victimes de l’esclavage, a-t-elle indiqué.  Elle a noté que de nombreux dirigeants historiques du mouvement abolitionniste étaient des femmes noires et que leurs sacrifices se font toujours ressentir.  Il faut guérir les séquelles du passé, a-t-elle dit, en se félicitant que chaque jour, les délégués et le public peuvent visiter l’Arche du retour qui leur rappelle non seulement les injustices du passé mais aussi le fait que la communauté internationale doit continuer à étudier l’héritage de l’esclave, un héritage à ne jamais oublié.  La représentante s’est dite fière que plus de 120 maires américains se soient joints à la « Coalition des villes américaines contre le racisme et la discrimination » lancée par l’UNESCO en 2013. 

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a estimé que cette commémoration était l’occasion de rappeler que la discrimination perdure dans le monde, sous différentes formes: femmes piégées par la prostitution ou enfants contraints au travail forcé.  Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), 21 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont affectés par une forme ou l’autre d’esclavage frappant sans distinction d’âge, de sexe ou de race.  Le Kazakhstan, qui compte 130 groupes ethniques et 20 religions, s’est doté d’un organe constitutionnel inédit qui assure l’harmonie interethnique, à savoir l’Assemblée du peuple du Kazakhstan, une entité publique qui a neuf sièges au Parlement.  Pour le Kazakhstan, la traite transatlantique est une des pages les plus tragiques de l’histoire de l’humanité et aujourd’hui, l’érosion du droit international exige que nous réaffirmions ses principes cardinaux.  Le Président kazakh a d’ailleurs proposé de convoquer en 2016 une conférence internationale des Nations Unies pour réaffirmer les principes fondamentaux du droit international, a souligné le représentant sans oublier de signaler que sa délégation s’est portée coauteur du projet de résolution sur le Mémorial.

M. OSCAR LEÓN GONZALEZ (Cuba) a dit que dans son pays, les conséquences de la traite transatlantique des esclaves restent visibles.  Plus d’un million d’Africains sont arrivés à Cuba dans le cadre de cette traite, alimentant l’identité de la nation cubaine, avec les autres peuples de l’île.  Les Cubains sont une race mêlée d’Africains, d’Européens, d’Asiatiques et autres.  Nous sommes fiers de nos racines africaines et célébrons les esclaves africains affranchis qui ont participé à l’émancipation de l’île et à la lutte pour le droit à l’autodétermination.  Cuba n’a pas hésité à contribuer à la libération de l’Afrique du joug du colonialisme.  Il appuie la demande d’indemnisation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et condamne l’égoïsme et l’opulence d’une poignée de pays.  

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a salué la « résilience » des descendants d’esclaves, alors que nous commémorons toutes ces vies perdues.  L’esclavage n’a pas totalement disparu et c’est à nous de rester attentifs pour qu’un monde libéré de l’esclavage devienne une réalité.  L’avenir n’est pas certain et il nous incombe à nous, diplomates et tous ceux qui façonnent l’opinion publique, de rester vigilants, a-t-il souligné.  Le représentant a raconté que dans un village de Cuba, il avait rencontré des descendants d’esclaves qui chantaient des chants pour le moins familiers.  Une équipe de film les avait alors enregistrés avant d’aller faire écouter leurs bandes en Afrique de l’Ouest.  Les chants ont été immédiatement reconnus par les anciens en Sierra Leone.  Grâce à cette découverte, les Cubains sont venus rencontrer la population locale et malgré la barrière de la langue, il est une expression qu’ils ont réussi à comprendre: « They Are We », eux, c’est nous.  Si l’esclavage a réuni les gens dans la misère, leurs descendants peuvent aujourd’hui contribuer à l’avenir que nous voulons, a conclu le représentant.

M. CHARLES WHITELEY, Union européenne, a déclaré que le Mémorial permanent nous rappelle et continuera de rappeler après nous, le tragique héritage de la traite des esclaves et la nécessité de continuer de lutter contre le racisme et les préjugés.  Le projet n’est qu’un début.  Le Mémorial nous aide à nous rappeler le passé et ce que le racisme et les préjugés peuvent faire.  Le vrai projet est maintenant de travailler ensemble pour sensibiliser l’opinion publique et éduquer et informer les générations actuelles et futures des causes, des conséquences et des leçons de l’esclavage et de la traite transatlantique.  Il ne faut épargner aucun effort et l’Union européenne sera toujours en première ligne pour combattre toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations

M. FRANCISCO DE ANTUENO (Argentine) a insisté sur la nécessité de renforcer le Bureau du Président de l’Assemblée générale, un Bureau qui doit pouvoir disposer de ressources humaines et budgétaires suffisantes pour fonctionner de manière indépendante et continue.  Les ressources financières sont clairement insuffisantes et n’ont pas été augmentées depuis 1998, a-t-il noté.  Le Fonds d’affectation spéciale « n’est ni le plus efficace ni le plus transparent » des moyens.  Ce qu’il faut, ce sont des ressources dont on connaît avec précision l’origine et l’affectation.  Il faut réfléchir à la manière de faire en sorte que le Bureau respecte les normes de transparence les plus élevées, a-t-il martelé.  « Nous ne pouvons continuer de repousser une décision sur ce sujet, il faut agir maintenant. »

Il a également insisté sur la nécessité de garantir l’équilibre géographique au sein de l’Organisation et la parité entre les sexes, d’où le besoin de présenter des candidates au poste de Secrétaire général.  Après 70 ans, l’heure est venue qu’une femme exerce cette fonction, a-t-il estimé.  Enfin sur l’application des résolutions de l’Assemblée générale, il a estimé que c’est là « l’un des problèmes les plus importants de l’Assemblée générale » qui fait aussi « qu’elle a perdu son rôle de chef de file » avec le temps.  Il est « inutile » de débattre pendant des heures si nous ne respectons pas nos engagements et si les États Membres n’appliquent pas les résolutions.

Mme ALINA ARGÜELLO GONZÁLEZ (Nicaragua) a dit que la démocratisation des Nations Unies est fondamentale et pour cela, il faut que l’Assemblée générale retrouve son autorité.  Elle a souligné le succès qu’a été l’adoption de la résolution 69/321.  Concernant la sélection du Secrétaire général, elle a demandé au Président de l’Assemblée générale de tenir sa promesse d’envoyer une lettre aux États Membres les invitant à proposer leurs candidats et à insister sur la candidature de femmes.  La représentante a défendu la division du travail des organes des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité doit respecter ses prérogatives et celles des autres organes.  L’Assemblée générale est là pour faire entendre la voix de tous les États Membres et des peuples qu’ils représentent.  Elle doit pleinement assumer ce rôle pour recouvrer son autorité.

M. JUAN C. MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) qui copréside le Groupe Responsabilité, Cohérence et Transparence (ACT), a souligné que la résolution 69/321 définit pour la première fois ce que les États Membres peuvent et doivent faire pour sélectionner le prochain Secrétaire général.  Le Costa Rica, a-t-il, prévenu « souhaite que ce soit une femme ».  Il demande, à son tour, au Président de l’Assemblée générale d’envoyer sans plus tarder aux États Membres une lettre les invitant à présenter leurs candidats, dont des femmes, a-t-il insisté.  Dès lors que la lettre aurait été envoyée, nous connaîtrons les noms des candidats et pourrons alors entamer le dialogue avec eux et se familiariser avec leur vision et programme d’action.  « Ce sera décisif », a-t-il estimé.

Le Costa Rica, a-t-il poursuivi, estime aussi que le Conseil de sécurité devra recommander plusieurs noms à l’Assemblée générale.  En quoi un tel processus affecterait de quelque manière que ce soit le mandat du futur Secrétaire général?  Bien au contraire, a dit le représentant.  Nous insistons aussi, a-t-il ajouté, sur un mandat unique de 7 ans pour garantir l’indépendance du poste.  Le prochain Secrétaire général devra exercer son mandat « avec intégrité et courage », se montrer « fort, impartial et déterminé » et ne pas être préoccupé par des campagnes et des promesses pour sa réélection.  Au contraire, il devra s’attacher aux préoccupations qui sont les nôtres.  Aussi, est-il important que tous les États Membres soient associés au processus de sa sélection, a insisté le représentant, réclamant une « élection ouverte, transparente et fondée sur le mérite ».

Il a jugé que le Bureau du Président de l’Assemblée générale doit être financé totalement par le budget ordinaire de l’ONU, pour le soustraire à la dépendance vis-à-vis d’un pays ou d’un bailleur de fonds.  Le fait que le budget du Bureau n’ait pas augmenté depuis 20 ans reflète « le peu de réflexion stratégique que nous avons sur ses fonctions ».  Le changement à l’ONU c’est maintenant, a-t-il conclu.  « Nous avons les outils, agissons maintenant. »

Mme NOUR ZARROUK BOUMIZA (Tunisie) a estimé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale nécessite l’ajout à son ordre du jour des questions qui préoccupent aujourd’hui la communauté internationale, comme la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la lutte contre le terrorisme, sans oublier les débats thématiques.  La représentante a, à son tour, plaidé pour une amélioration de la qualité des rapports du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale.  Elle a d’ailleurs demandé au Conseil d’organiser des réunions régulières avec les autres organes des Nations Unies et de renforcer sa coopération avec eux.  Concernant la sélection du prochain Secrétaire général, la représentante a dit attendre la lettre du Président de l’Assemblée générale, soulignant d’emblée l’importance des candidatures féminines.

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que la résolution 69/321 introduit des innovations de taille dans les procédures de sélection du Secrétaire général.  Il a salué la disposition relative à l’envoi d’une lettre commune des Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Il a encouragé les candidats à déposer officiellement leurs candidatures dans un délai suffisant afin que les échanges avec les États Membres ne se fassent dans la précipitation.  Il a soutenu le principe de la répartition géographique plus équilibrée et de l’égalité des sexes.  Le représentant a estimé qu’un processus démocratique, transparent et inclusif marquera un tournant décisif dans la sélection du prochain Secrétaire général.  En concluant, il a plaidé pour que l’on dote le Bureau du Président de l’Assemblée générale du personnel adéquat et des ressources nécessaires étant donné que les activités dudit Président ont évolué au cours des ans et que l’Assemblée examine de plus en plus de questions relatives aux défis mondiaux. 

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a dit que le processus de sélection du Secrétaire général doit respecter les principes de la Charte, les résolutions précédentes et le paragraphe 141 du Règlement intérieur de l’Assemblée générale.  Tous les États Membres doivent pouvoir participer à ce processus, des États Membres qui doivent d’ailleurs respecter les prérogatives de l’Assemblée générale.    

M. DANIELE D. BODINI (San Marin) a souhaité que soit donné plus d’autorité au Président de l’Assemblée générale et que soient augmentées les ressources financières et humaines dévolues à son Bureau.  Il a également souhaité une meilleure coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et la Deuxième Commission des questions économiques et financières dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi jugé que l’Assemblée générale devrait réduire le nombre de ses débats thématiques de haut niveau, non seulement pour obtenir une plus grande participation des dirigeants mais aussi pour aider les petits pays comme le sien à y participer.  On peut améliorer les méthodes de travail de l’Assemblée et de ses Grandes Commissions en rationalisant les ordres du jour par des résolutions « biennales » ou « triennales » et en coordonnant les manifestations pour permettre la participation de toutes les Missions.  On peut aussi avoir une plus grande interaction et moins de discours formels pour créer un environnement plus amical et accélérer les négociations.  L’Assemblée générale ne devrait pas se substituer au Conseil de sécurité dans la sélection du Secrétaire général mais elle a tout à fait le droit de tenir des réunions informelles avec les candidats, a conclu le représentant. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), qui est aussi Coprésident du Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, a indiqué que conformément à la demande du Président de l’Assemblée générale, « nous nous focaliserons en particulier sur la question de la transparence, de l’efficacité et

de la redevabilité du Bureau du Président de l’Assemblée générale ».  Dans le même temps, a-t-il annoncé, nous porterons notre attention sur d’autres sujets, en ayant à l’esprit le dernier rapport du Groupe de travail qui est un important point de départ et notre point de référence.

Le représentant a ajouté qu’il a pris bonne note du débat et qu’il fera de tout ce qui a été dit ses lignes directrices.  Nous restons à la disposition des États Membres pour des consultations, des échanges de vues et l’exploration de nouvelles idées, a assuré le représentant.  Les Coprésidents du Groupe de travail, a-t-il affirmé, ont relevé les préoccupations sur la transparence du Bureau du Président de l’Assemblée générale.  Plusieurs discussions seront donc organisées cette année, a promis le représentant qui a dit s’attendre à une autre année fructueuse.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le nombre record de déplacés oblige le HCR à repenser l’aide humanitaire, affirme le Haut-Commissaire pour les réfugies devant la Troisième Commission

Soixante-dixième session,
39e & 40e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4149

Le nombre record de déplacés oblige le HCR à repenser l’aide humanitaire, affirme le Haut-Commissaire pour les réfugies devant la Troisième Commission

Près de 60 millions de personnes dans le monde se trouvent dans des situations de déplacement forcé à la suite de conflits ou de persécutions, a déclaré cet après-midi, devant la Troisième Commission, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. António Guterres.

Des records ont été atteints cette année en Europe, où 6 000 et 8 000 personnes arrivent chaque jour dans les îles grecques.

Aucun État ne peut, à lui seul, s’atteler à la tâche qui consiste à les accueillir et à les assister, a renchéri le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, qui s’est également adressé à la Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.

M. Lykketoft a annoncé qu’il organiserait, le 20 novembre prochain, une réunion sur la tragédie mondiale des migrants, en mettant l’accent sur les réfugiés syriens. 

Aujourd’hui, pour la première fois depuis longtemps, la protection des réfugiés est au centre de l’attention internationale, a constaté le Haut-Commissaire, en présentant son rapport annuel.

Les événements dramatiques en Europe, où des centaines de milliers de personnes, en majorité syriennes, sont venues chercher refuge au cours des derniers mois, ont contribué à cet état de fait, mais, a-t-il dit, « n’oublions pas que nous faisons face à un problème mondial ».

M. Guterres a évoqué les déplacés et les réfugiés d’Iraq, de Libye, du Yémen, d’Afghanistan, du Soudan du Sud, de la République centrafricaine, du Burundi, du Nigéria et de l’Ukraine. 

Soumis à des pressions sans précédent, comme l’ensemble du système humanitaire international, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a dû renforcer sa capacité institutionnelle d’intervention d’urgence.

Dans un contexte où les enfants non accompagnés sont de plus en plus nombreux, le HCR s’efforce aussi de repenser ses approches traditionnelles de l’aide humanitaire, a indiqué le Haut-Commissaire.

S’agissant des contributions financières au HCR, M. Guterres a souligné que 46% de ses besoins en ressources n’étaient pas couverts.

Lors du débat général qui a suivi le dialogue interactif avec le Haut-Commissaire, le délégué de l’Union européenne a souligné que 750 000 personnes avaient demandé l’asile en Europe au cours des neuf premiers mois de l’année 2015.  L’Union européenne a pris des mesures face au phénomène de la traite des personnes, a-t-il assuré.  Les opérations maritimes coordonnées en mer Méditerranée ont contribué à sauver la vie de plus de 208 000 personnes. 

Ce matin, la Commission a terminé son débat sur l’élimination du racisme et de la discrimination raciale et sur le droit des peuples à l’autodétermination.

Demain, la Troisième Commission poursuivra, à partir de 10 heures, le débat sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés.  

ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE

a) Élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée

b) Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION

Débat général

Mgr JOSEPH GRECH, observateur du Saint-Siège, a dressé un bilan sombre des conflits et des persécutions dans le monde qui, a-t-il dit, demeurent les principales causes des mouvements de réfugiés et de déplacés à travers le monde.  Leur nombre, a-t-il déclaré, a presque quadruplé depuis l’année dernière, passant d’environ 11 000 à 42 500 par jour.  En dépit du caractère complexe, ainsi que la dimension juridique que revêt la migration, il a attiré l’attention sur la nécessité de plutôt voir la face humaine de ce phénomène en vue de traiter les migrants comme des êtres humains et ayant des droits.

Mgr Grech s’est également dit attristé par le fait que dans les pays d’origine de certains migrants et réfugiés, les crimes les plus odieux contre la liberté de religion continuent d’être commis, notamment les exécutions, les conversions forcées, ainsi que la confiscation de propriétés comme punition pour avoir professé une autre religion.  À cet égard, il a lancé un appel à la communauté internationale à mettre tout en œuvre pour empêcher les acteurs non étatiques de continuer à violer les droits fondamentaux.

M. SEMERE AZAZI AMIR (Érythrée) a rappelé les principes de la Charte des Nations Unies relatifs à la dignité et au respect des droits fondamentaux de tous les êtres humains.  Le racisme continue d’exister et cause des souffrances et des tragédies.  La Conférence de Durban a marqué un tournant décisif pour remédier à cette situation et les documents qui en sont issus apportent des directives claires sur la voie à suivre. 

La recrudescence d’expressions relevant du colonialisme et de l’esclavage sur la base de préjugés raciaux a des incidences sociales et économiques pour de nombreuses personnes, y compris celles d’ascendance africaine.  Dans ce cadre, il convient d’assurer la participation pleine et entière de cette catégorie de personnes, conformément au plan d’action de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

La protection des migrants et des familles demeure d’une importance cruciale et il s’agit de régler d’une façon humaine et collective la question de la migration.  L’Érythrée a enduré, par ailleurs, des décennies de guerre, pour affirmer le droit de son peuple à l’autodétermination.

M. LIANG HENG (Chine) a estimé que toutes les formes de racisme avaient des causes historiques, politiques, sociales et économiques qui sont profondes et complexes.  Il faut prendre des mesures dans tous les domaines pour éliminer ces causes.  La Chine appuie une politique de « tolérance zéro » pour ce qui est du racisme aux niveaux national et international. 

Le droit à l’autodétermination est le droit politique « sacrosaint » des peuples de tous les pays de s’opposer à l’agression extérieure et à la colonisation; il sauvegarde la souveraineté nationale, l’indépendance et la dignité des peuples.  Toutefois, l’exercice du droit à l’autodétermination doit respecter les buts et les principes de la Charte des Nations Unies, a ajouté M. Liang.  Il ne doit pas être faussé et utilisé comme excuse pour briser des États souverains et pour inciter à la haine entre les groupes ethniques.    

M. JOHAN ARIEF JAAFAR (Malaisie) a déclaré, pour ce qui est du droit à l’autodétermination, que la Malaisie reste convaincue que la solution au conflit israélo-palestinien est celle des deux États avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  Ainsi, il a dit que son pays continuerait à militer pour la création d’un État souverain de Palestine en mesure de vivre en paix avec Israël. 

À cet effet, il a rappelé que la Malaisie avait organisé, en juillet dernier, une réunion formule Arria, la première depuis plus de 20 ans, en vue de mettre en lumière la situation insoutenable dans les territoires palestiniens occupés.  Elle visait également à donner l’impulsion à la communauté internationale pour agir de manière urgente afin de mettre un terme à l’occupation la plus longue de l’histoire moderne, a déclaré M. Jaafar.  Il est plus que crucial de s’efforcer de respecter le droit légitime à l’autodétermination, lequel constitue l’un des principes fondamentaux des Nations Unies depuis sa création, a-t-il conclu.

M. ACHSANUL HABIB (Indonésie) a rigoureusement condamné toute manifestation de racisme et d’intolérance et dit son inquiétude face à la montée en puissance des discours et actes de violence haineuse contre des groupes ou des communautés.  Il est de l’obligation des États d’encourager la tolérance, la diversité et la coexistence pacifique, a souligné le représentant en insistant sur la Déclaration et le Programme d’action de Durban issus de la Conférence sur l’élimination du racisme.

Il a dénoncé l’utilisation de l’Internet, à mauvais escient, par des groupes fascistes ou radicaux, pour divulguer des discours de haine et d’incitation à la violence contre des communautés données.  L’Indonésie s’est dotée d’une loi qui élargit la protection de la personne de toutes formes d’intolérance. 

Les États doivent aussi mener des enquêtes en cas d’incidents violents ou de ciblage de personnes et de communautés spécifiques.  L’Indonésie a ensuite appuyé, sans réserve, les efforts du Groupe de travail sur les personnes d’ascendance africaine, qui a déjà fait de grandes avancées depuis le début de son mandat l’année dernière.  Les Nations Unies doivent garantir l’application intégrale du plan d’action de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

Le représentant a réitéré l’attachement de l’Indonésie à l’élimination du racisme, insistant que la Convention sur ce sujet est très importante et fournit une série d’orientations aux États. 

Mme NADYA RASHEED, observatrice de l’État de Palestine, a rappelé que, depuis plus de 50 ans, le peuple palestinien était privé de son droit à l’autodétermination par Israël, la Puissance occupante.  Les colonies de peuplement qu’Israël continue de construire, en violation du droit international, en sont la manifestation la plus flagrante. En 2014, les constructions ont augmenté de 40% par rapport à 2013 et ce sont aujourd’hui 600 000 colons qui vivent en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, contre 192 768 en 2009.  

D’après le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, l’impact des colonies illégales de peuplement israéliennes sur la contigüité territoriale des terres palestiniennes et sur l’environnement et les ressources naturelles pourrait avoir un caractère irréversible.  De plus, a poursuivi la déléguée, les droits du peuple palestinien sont constamment violés par les colons israéliens, « souvent armés et fanatiques », qui ont été illégalement transférés dans l’État occupé de Palestine.        

Mme Rasheed a souligné ensuite que les activités israéliennes de peuplement dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, s’apparentaient à une « ségrégation de facto ».  Les Palestiniens et les colons israéliens sont traités de façon inégale pour ce qui est de l’usage des routes et des infrastructures, ou de l’accès aux services de base et aux ressources hydriques.  Les lois israéliennes en Cisjordanie favorisent les Israéliens, a ajouté Mme Rasheed.

La représentante a reproché à Israël de poursuivre sa politique d’« apartheid » aux dépens de tout un peuple et de la paix.  Elle a déploré « une épidémie de violence au sein des forces d’occupation israéliennes » et la montée des actes racistes antiarabes et xénophobes, des manifestations et des discours, en particulier de la part des colons israéliens qui attaquent les Palestiniens et leurs biens et jouissent d’un haut degré d’impunité.  Le mois dernier, a-t-elle souligné, plus de 70 Palestiniens ont été tués.  Des membres du Gouvernement israélien appellent ouvertement les Israéliens « à prendre les armes » et cette culture de la haine et de l’incitation à la violence a conduit à « des attaques terroristes » contre des familles palestiniennes.

M. NIKULAS PETER JOHN HANNIGAN (Islande) a encouragé à œuvrer en vue d’une mise en œuvre totale de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et a instamment exhorté tous les États à devenir parties.

Le mouvement massif de personnes qui fuient les affres des conflits, ou la pauvreté extrême, rend le combat contre le racisme d’autant plus urgent.  Il a noté, pour la déplorer, l’intensification des discours de haine partout dans le monde et plus particulièrement en Europe.  Il a estimé qu’il fallait supprimer les effets affaiblissants et les divisions engendrées par le racisme en vue de continuer à édifier des sociétés solides et résilientes en Europe.

D’un autre côté, de par son histoire, l’Islande a toujours défendu le droit des peuples à l’autodétermination, consacré par la Charte des Nations Unies et affirmé dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Il a enfin réaffirmé son appui continu à la réalisation de ce droit par le peuple palestinien, notamment à travers la candidature de l’État de Palestine aux Nations Unies.

M. ERVIN NINA (Albanie) s’est enorgueilli de l’histoire de son pays du fait de sa diversité et appuyé les droits des Roms.  Dans cette optique, l’éducation est une priorité nationale qui contribue au respect mutuel et à la cohésion sociale, a-t-il déclaré, en mettant en exergue les mesures législatives et institutionnelles de garantie de l’inclusion des enfants roms dans le système scolaire, de même que la prise en compte des droits de la communauté rom, en lui offrant des services de qualité. 

L’amélioration du quotidien des groupes marginalisés demeure l’une des priorités du Gouvernement, en coopération avec des programmes des Nations Unies.  Les services médicaux, d’emploi et d’aide économique ont également été mis à la disposition des Roms. 

Aujourd’hui, les phobies n’oublient personnes, a-t-il dit, en regrettant que les principes inscrits dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ne soient pas pleinement appliqués alors même que cet instrument célèbre son cinquantième anniversaire cette année.  Il a encouragé à des efforts conjoints contre le racisme en se gardant de tentatives visant à diluer l’importance des principes de lutte contre le racisme.

M. RATTAN LAL KATARIA (Inde) a dit que son pays était « le meilleur exemple d’une société multireligieuse, multiethnique et multiculturelle ».  La Constitution indienne consacre l’égalité de tous et interdit la discrimination raciale.  L’Inde est une démocratie où le pouvoir judiciaire et les médias sont indépendants, et où la société civile est active, contribuant efficacement à la lutte contre la discrimination raciale.

Abordant la question du droit à l’autodétermination, M. Kataria a estimé que « l’ONU et d’autres forums internationaux ne devraient pas être utilisés pour redéfinir de manière sélective certains principes de base de la Charte ».  Il a déclaré que l’État du Jammu-et-Cachemire faisait partie intégrale de l’Union de l’Inde.  Le peuple du Jammu-et-Cachemire a exercé son droit à l’autodétermination au moment de l’indépendance de l’Inde et a, depuis lors, participé régulièrement à des élections libres, justes et ouvertes à tous les niveaux.  Le représentant a condamné l’occupation illégale d’une partie de cet État par le Pakistan.

Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) a affirmé que le pays avait été, pendant des siècles, un creuset de civilisations, d’où l’importance pour l’État de lutter contre l’extrémisme et contre tous ceux qui prônent la supériorité d’une communauté sur une autre.  Elle a remarqué que l’occupation étrangère ne favorisait pas la lutte contre les incidents violents et qu’il fallait y mettre fin. 

La déléguée a regretté que l’Arménie, pays monoethnique puisqu’il a tout fait pour l’expulsion de populations locales, occupe illégalement une partie du territoire de l’Azerbaïdjan.  L’Arménie cultive une culture de la haine contre tous ceux qu’elle considère inférieurs, a-t-elle dénoncé, en invoquant les diatribes de hauts responsables politiques de ce pays qui prônent la haine raciale et un nationalisme dangereux.

M. SAHAK SARGSYAN (Arménie) s’est attardé sur la situation au Nagorno-Karabakh où la population autochtone arménienne mène une lutte depuis plus de deux décennies pour se libérer de la discrimination, du harcèlement, de l’arbitraire, ainsi que du déni de ses droits.  Le délégué a dénoncé la répression brutale, ainsi que les pogroms dont la population du Nagorno-Karabakh ont été la cible de la part de l’Azerbaïdjan, pour avoir voulu exercer leur droit à l’autodétermination.  Il a donc renouvelé son appel à un règlement pacifique de ce conflit grâce à des négociations consensuelles appuyées par la communauté internationale, et basées sur les principes du droit international, y compris le droit impératif à l’autodétermination.

Cependant, il a noté des défis, y compris le bellicisme, la propagande haineuse, et les violations du cessez-le-feu par l’Azerbaïdjan, qui constituent des entraves au processus de paix.  M. Sargsyan a loué la bravoure du peuple du Nagorno-Karabakh qui, face aux fléaux que sont le racisme et l’agression, a été capable de se défendre et de créer un État libre et démocratique.  Par conséquent, il a relayé l’appel de l’Arménie à la communauté internationale à reconnaître le droit des peuples du Nagorno-Karabakh à déterminer librement leur destin, et à être débarrassé de la discrimination, du harcèlement et des menaces constantes de guerre et d’extermination.

M. MUAZ MOHAMAD A-K AL-OTOOM (Jordanie) a appuyé le droit à l’autodétermination, pilier fondamental des droits de l’homme sans lequel ceux-ci ne sauraient être pleinement réalisés.  Il a affirmé qu’il est impossible de priver tout un peuple de son autodétermination sous aucun prétexte que ce fut. 

La cause palestinienne reste le point central de la situation qui prévaut au Moyen-Orient, d’où l’urgence de l’établissement de l’État de Palestine avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a invité Israël à accorder une attention spéciale aux différents points qui posent encore problème, en particulier la question des colonies de peuplement, la construction du mur et les réfugiés palestiniens.

Mme AICHA ISSOUFOU (Niger) a rappelé que son pays avait ratifié, en 1967, et sans aucune réserve, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et qu’il avait présenté, en août 2015, son rapport périodique combiné au Comité chargé du suivi de son application. 

Après avoir énuméré des dispositions de la Constitution nigérienne assurant à tous l’égalité devant la loi, la représentante a ajouté que le Niger protégeait également les croyances, soulignant qu’aucune religion ni croyance ne peut s’arroger le pouvoir politique, ni s’immiscer dans les affaires de l’État. 

En outre, toute propagande « particulariste de caractère régionaliste », raciale ou ethnique, toute manifestation de discrimination raciale, sociale, sexiste, ethnique, politique ou religieuse, sont punies par la loi.  De la même façon, les partis politiques à caractère ethnique, régionaliste ou religieux sont interdits.  Elle a réaffirmé, en conclusion, l’engagement du Niger à la Déclaration et au Programme d’action de Durban qui constituent le cadre idoine pour la lutte contre le racisme.

M. OUSMAN F. NJIE (Gambie), qui a salué les mesures prises au sein des Nations Unies en vue de lutter contre le colonialisme et rappelé le souvenir des victimes de l’esclavage, a également noté que les résolutions prises pour lutter contre les effets dévastateurs de l’esclavage ne s’étaient pas limitées qu’à de simples déclarations.  Selon le délégué, le débat sur l’esclavage et ses effets négatifs sur l’Afrique doit être amplifié tout en prenant en pleine considération les dimensions morales et sociologiques du problème. 

C’est donc à dessein que sa délégation a préparé un projet de résolution portant sur l’esclavage, le colonialisme, la réparation, ainsi que les restitutions, a-t-il affirmé, tout en soulignant que des consultations régionales sont en cours pour soutenir ce projet qui sera présenté lors de cette session de l’Assemblé générale.  Il a ainsi formé le vœu que toutes les délégations apporteront leur appui à ce projet de résolution en vue de corriger cette grande injustice historique.

M. PIERRE FAYE (Sénégal) a dénoncé les violations des droits du peuple palestinien, en particulier son droit à l’autodétermination, sapé par l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Préoccupé par la situation délétère qui règne dans les territoires palestiniens occupés, il a réitéré l’attachement de son pays à la solution des deux États.  

Par ailleurs, le représentant a déploré la recrudescence du racisme dans le monde, notamment contre les personnes d’ascendance africaine, les migrants, les peuples autochtones, les demandeurs d’asile, les réfugiés ou les personnes déplacées.  S’il a noté des progrès au cours de la première année de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, il a dit que des efforts restaient nécessaires dans l’accès à la justice et aux droits économiques, sociaux et culturels, et, en particulier, qu’il fallait « s’attaquer à la question lancinante du profilage racial ».

Enfin, il a jugé important de « trouver une solution viable à la question des migrants dans le monde », en tenant compte du développement et des droits de l’homme, et en faisant participer les pays d’origine, de transit et de destination.

Droits de réponse

La représentante d’Israël a noté que son homologue de la Palestine avait eu un « discours victimaire » qui exonère les prétendues « victimes » de toute responsabilité, sans évoquer, à aucun moment, les souffrances infligées aux civils israéliens.  Elle a cité à cet égard l’assassinat par trois Palestiniens d’un jeune enseignant israélien qui travaillait aussi bien avec les Arabes qu’avec les Juifs. 

Pour le seul mois d’octobre, une dizaine d’Israéliens ont été tués par des terroristes palestiniens et 135 autres ont été blessés.  Elle a constaté que bien qu’ils ne soient pas des soldats, les civils israéliens voient leur vie menacée en permanence.  La déléguée a regretté cette répétition de discours creux par les Palestiniens et les a appelés à revenir à la table des négociations.

Le Pakistan a voulu préciser certains faits soulevés par l’Inde, notamment concernant le Jammu-et-Cachemire qui, pour le Pakistan, ne fait certainement pas partie de l’Inde.  Au contraire, ce territoire est litigieux et le Pakistan a appelé depuis longtemps à un plébiscite libre, sous les auspices des Nations Unies pour régler cette question. 

Les élections orchestrées dans le Jammu-et-Cachemire ne sont pas reconnues par le Conseil de sécurité ni par la population même.  Le représentant a aussi demandé de ne pas passer sous silence le droit légitime du peuple de Jammu-et-Cachemire à l’autodétermination.  Le Pakistan exige la réalisation de ce droit pour tous les habitants de cette région.

L’Azerbaïdjan a jugé que les commentaires de la délégation de l’Arménie interprètent mal l’intervention de l’Azerbaïdjan.  Elle a regretté que la démarcation des frontières des deux pays ait été illégalement décidée par l’Union soviétique en 1993.  Ce que l’Arménie présente comme un acte d’autodétermination n’est en fait qu’une utilisation de la force et des actes illégaux. 

Le Président actuel, ancien Ministre de la défense de l’Arménie, n’a-t-il pas déclaré que le plus important n’est pas le territoire mais bien la préservation d’un groupe ethnique, ce qui n’a pas fini d’indigner la communauté internationale.  Dénonçant une rhétorique belliqueuse et des crimes de haine, elle a dit le choc provoqué par l’expression « compatibilité ethnique » utilisée par ledit Président, qui a recours à des études honteuses pour justifier sa falsification flagrante de l’histoire. 

L’Inde a condamné « les commentaires hors contexte et non fondés du Pakistan », qui constituent une ingérence dans ses affaires intérieures.  « Le peuple du Jammu-et-Cachemire a choisi pacifiquement son destin », mais le Pakistan continue d’appuyer les groupes terroristes qui opèrent dans cet État.  L’Inde s’est dite prête à traiter toutes les questions en suspens par le dialogue bilatéral.

L’État de Palestine a répondu à Israël qui détourne l’attention de son occupation illégale et brutale de la Palestine.  « Israël se moque de la communauté internationale et de sa proposition d’une solution des deux États » et alimente la spirale de la violence.

L’Arménie a rejeté « les mensonges » de l’Azerbaïdjan et dénoncé le racisme de ce pays vis-à-vis de ses propres minorités ethniques et religieuses.  « Il n’a aucune tolérance et désapprouve toutes les critiques », au lieu de contribuer à la paix générale.

Le Pakistan a reproché à l’Inde de modeler à sa guise l’autodétermination.  Le droit à l’autodétermination du peuple du Jammu-et-Cachemire doit s’exercer sous les auspices de l’ONU. 

L’Azerbaïdjan, jugeant que l’Arménie n’avait pas d’arguments à offrir, a défendu son esprit de tolérance.  « L’Arménie a expulsé des centaines de milliers de personnes d’un territoire azerbaïdjanais. »

L’Inde a estimé que le droit à l’autodétermination ne devrait pas être interprété de façon erronée.  « Le Pakistan devrait examiner sa propre situation avant de parler de l’Inde. »

L’Arménie a réfuté l’allégation d’agression et reproché à l’Azerbaïdjan de violer de façon répétée les résolutions du Conseil de sécurité. 

« Qu’ont fait les enfants, les femmes et les hommes israéliens pour mériter ce qu’il se passe et qu’ont-ils à voir avec la colonisation? », a demandé Israël.

« Les Palestiniens souffrent d’un système total d’oppression totale et Israël est responsable de la situation sur le terrain », a rétorqué l’État de Palestine.  

Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés et questions humanitaires aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés et questions humanitaires (A/70/12)

Déclarations liminaires

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a déclaré qu’il avait décidé de mettre l’accent sur la valeur et la dignité de chaque être humain et sur l’interdépendance des droits de l’homme, sans lesquelles les Nations Unies ne sauraient aller de l’avant.  Il a appelé à réitérer l’engagement en faveur de la pleine jouissance des droits de l’homme. 

Passant au thème abordé cet après-midi par la Troisième Commission, il a indiqué que, cette année, environ 60 millions de personnes ont été forcées de quitter leur foyer, et qu’aucun État ne peut, à lui seul, s’atteler à la tâche qui consiste à les accueillir et à les assister.  Lors de la semaine de haut niveau et de la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, il a décidé d’organiser, le 20 novembre prochain, une réunion sur la tragédie mondiale des migrants, en mettant l’accent sur les réfugiés syriens. 

La séance d’aujourd’hui, en Troisième Commission, sur les réfugiés, les rapatriés et les déplacés dans le monde, est essentielle pour trouver des solutions et une réponse humanitaire à la crise des migrants en mer Méditerranée et ailleurs, a commenté M. Lykketoft.

Le Président de l’Assemblée générale a ensuite recommandé de trouver un compromis afin de mettre fin aux conflits et aux violences.  Une solution durable consisterait à trouver les moyens pour que chacun puisse jouir pleinement des dividendes du développement, a-t-il dit.  Dans ce cadre, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un vecteur qui favorisera la traduction, sur le terrain, des engagements des États.

À l’avenir, l’Assemblée générale, et surtout les Deuxième et Troisième Commissions, et autres institutions de l’ONU, devront s’adapter à ce Programme, en se fondant sur l’approche très riche qui a permis l’adoption des objectifs du développement durable.  Pour avancer rapidement dans la mise en œuvre de ce Programme, le Président de l’Assemblée générale a annoncé qu’il avait convoqué un débat de haut niveau en juillet pour aborder la problématique des hommes, femmes et enfants frappés par les conflits.

M. OMAR HILALE, Président de la Commission chargée des questions sociales, humanitaire et culturelles (Troisième Commission), a salué la « feuille de route » ébauchée par le Président de l’Assemblée générale, notamment sur la situation dramatique des réfugiés et migrants qui frappent aux portes de l’Europe.  Il a pris note du prochain débat de haut niveau de l’Assemblée générale sur les droits de l’homme en temps de conflit car il y va de la dignité humaine, et de toute une série de droits comme le déplacement, le droit d’association ou tout simplement le droit à la vie en général.

Toutes les grandes commissions ont l’obligation statutaire de faire tout leur possible pour que soit dûment inscrite dans leur agenda la question du respect de tous les droits de l’homme, intrinsèquement imbriqués avec celle du développement, a affirmé M. Hilale.  L’ONU est là pour leur mise en œuvre et leur défense, a-t-il conclu.

Quant à la Troisième Commission, elle est très consciente de l’obligation d’inscrire son action dans le cadre de l’adoption historique du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. Hilale enfin a rappelé que la Troisième et la Deuxième Commissions tiendraient d’ailleurs une réunion conjointe pour voir comment procéder en synergie.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. ANTÓNIO GUTERRES, a présenté son rapport portant sur la période allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 (A/70/12).

Aujourd’hui, pour la première fois depuis longtemps, la protection des réfugiés est au centre de l’attention internationale, a constaté le Haut-Commissaire.  Les événements dramatiques en Europe, où des centaines de milliers de personnes sont venues chercher refuge au cours des derniers mois, ont contribué à cet état de fait, mais, a-t-il dit, « n’oublions pas que nous faisons face à un problème mondial ».

Dans le monde, 60 millions de personnes se trouvent dans des situations de déplacement forcé à la suite de conflits ou de persécutions.  Le nombre de personnes forcées de quitter leur domicile chaque jour a presque quadruplé, passant de 11 000 en 2010 à 42 500 en 2014.  Les besoins humanitaires dépassent la capacité de réponse de la communauté humanitaire internationale.

La liste des crises humanitaires de grande ampleur simultanées est plus longue que jamais, a dit M. Guterres.  Les mégacrises en Syrie et en Iraq ont déraciné plus de 15 millions de gens.  En 2015, deux millions de personnes ont été déplacées au/du Yémen et 300 000 en Libye.  Quelque 2,5 millions de réfugiés afghans se trouvent en exil prolongé en Iran et au Pakistan.   

En Afrique, le Soudan du Sud compte 1,6 million de déplacés internes et 760 000 réfugiés.  Pour la République centrafricaine, ces chiffres sont respectivement de 415 000 et 470 000.  La violence dans le nord-est du Nigéria a également déplacé 2,5 millions d’habitants, et plus de 200 000 Burundais se sont réfugiés dans les pays voisins depuis la crise survenue en avril dernier.

De même, a poursuivi M. Guterres, la situation en Ukraine a déplacé au moins 2,6 millions de personnes dans le pays et à l’extérieur.

Pas moins de 750 000 personnes sont arrivées en Europe depuis janvier, a précisé le Haut-Commissaire.  Plus de 3 400 ont péri noyées.  En ce moment, ce sont entre 6 000 et 8 000 personnes par jour qui arrivent dans les îles grecques.  « L’Union européenne est en mesure de gérer cette crise, mais, pour cela, il faut une approche régionale unie et globale », a-t-il dit.  D’après lui, la décision de relocaliser 160 000 demandeurs d’asile dans l’Union européenne était « un pas dans la bonne direction », mais sa mise en œuvre a été « bien trop lente ».

Pour que le système fonctionne, a-t-il avancé, il faut établir des procédures et des accords de réception adéquats près des points d’entrée, afin de pouvoir aider, enregistrer et filtrer des dizaines de milliers de personnes.

C’est à la fois une crise de la migration et une crise de réfugiés, a continué M. Guterres.  La dignité et les droits de l’homme des personnes qui arrivent aujourd’hui en Europe doivent être respectés.  Selon lui, le Sommet Union européenne-Afrique sur la migration, qui se tiendra à Malte la semaine prochaine, devrait être l’occasion de développer des politiques communes tenant mieux compte de la mobilité humaine.

Les Syriens représentent la majorité des réfugiés arrivés eu Europe cette année.  Il a trois raisons à cela, a analysé M. Guterres: la plupart d’entre eux ne croient plus en une solution politique pour arrêter la guerre; leurs conditions de vie se sont détériorées; l’assistance humanitaire internationale a diminué du fait d’un financement insuffisant.    

Au cours de la période considérée, a expliqué le Haut-Commissaire, le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a dû renforcer sa capacité institutionnelle d’intervention d’urgence.  En 2014 et 2015, 650 missions d’urgence ont été déployées sur le terrain.

Dans un contexte où les enfants non accompagnés sont de plus en plus nombreux, le HCR aide des États à élaborer des systèmes nationaux d’asile.  Il y a exactement un an, le HCR a lancé la campagne mondiale pour mettre fin à l’apatridie d’ici à 2024. 

Le HCR s’efforce en outre de repenser ses approches traditionnelles de l’aide humanitaire, a indiqué le Haut-Commissaire.  Les mesures visant à favoriser l’autosuffisance des personnes déplacées en exil ont constitué un changement important par rapport aux modèles de « prise en charge et d’aide de subsistance ».  Il s’agit notamment d’aider les réfugiés à accéder au marché de l’emploi et à trouver des moyens de subsistance. 

S’agissant des contributions au HCR, M. Guterres a souligné que 46% de ses besoins en ressources ne sont pas couverts.  Il a évoqué l’impact dramatique des coupes financières au Programme alimentaire mondial (PAM) sur des millions de réfugiés qui ont vu leurs rations diminuer de 34% en 2015.

Les partenariats restent un élément central de l’action du HCR, a poursuivi M. Guterres.  Pour la vaste majorité des réfugiés, il n’y a pas de solutions durables en vue.  Le HCR redouble donc d’efforts pour trouver des stratégies de protection et de recherche de solutions. 

Plus que tout, a fait valoir le Haut-Commissaire, « nous devons pouvoir comprendre et examiner les causes profondes du déplacement ».  Ce sera d’ailleurs le thème du dialogue de décembre sur la protection.  S’il est évident que les conflits armés sont les principaux vecteurs du déplacement, il faut aussi se pencher sur l’interaction entre les effets de la croissance démographique, de l’insécurité alimentaire et énergétique et de la pénurie d’eau.

En conclusion, M. Guterres a dit que le Sommet humanitaire mondial de 2016 sera l’occasion de faire en sorte que le système humanitaire dans son ensemble puisse répondre aux défis croissants.  D’une manière générale, il a préconisé de nouveaux engagements en faveur de la protection et de la participation des réfugiés, et de la responsabilité à leur égard.    

Dialogue interactif

La déléguée de l’Algérie a mis en avant la situation dans les camps de Sahraouis, tout en demandant au HCR d’aider à l’amélioration de la situation humanitaire dans ces camps.  À cet égard, elle a souhaité avoir des informations détaillées sur ce qui est fait en matière de coordination avec d’autres institutions pour apporter une réponse aux inondations qui ont touché ces camps.

Pour sa part, la représentante de la Norvège a souhaité avoir l’avis du Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés en termes de solutions que peut apporter la communauté internationale pour prévenir les cas de déplacement et trouver des solutions plus systématiques.  Par ailleurs, elle l’a interrogé sur la manière de répondre aux besoins d’assistance le long des routes utilisées par les réfugiés pour fuir les conflits.

De son côté, le délégué de l’Iraq a voulu savoir comment le HCR évaluait la réponse des donateurs face à la situation des réfugiés en Iraq.   En outre, il a demandé si le HCR, dans le cadre de ses efforts en vue de lutter contre les violences sexuelles, initiait des programmes visant à aider les femmes victimes de violences sexuelles pour les aider à être intégrées dans la société.

Le Cameroun, notant la prochaine tenue du sommet humanitaire du HCR, a émis le vœu de voir M. Guterrez apporter des éclairages concernant la tolérance et la solidarité internationale pour répondre aux défis des réfugiés et des déplacés.

Le délégué du Soudan a demandé ce que le HCR comptait faire pour aider les pays touchés fortement par les mouvements de déplacés et de réfugiés.  De plus, il a rappelé que son pays avait organisé, en novembre dernier, une réunion sur la traite des êtres humains.  Aussi, il a demandé quel type d’appui technique serait apporté aux pays de la région pour renforcer leurs capacités.

Le Maroc qui a axé son intervention sur les recommandations du Conseil de sécurité notamment l’enregistrement des réfugiés du camp de Tindouf, a attendu de M. Guterrez qu’il fournisse des explications sur les mesures prises par le HCR à cet égard.

La déléguée de la République démocratique du Congo (RDC) s’est dite préoccupée par l’annonce de la fermeture en janvier 2016 du Bureau du HCR de Ifondo en raison de contraintes budgétaires.  Elle a rappelé que cette zone hébergeait le plus grand nombre de réfugiés en RDC et a lancé un appel pour que le centre ne ferme pas ses portes et continue ses activités.

Pour la Turquie, il est urgent que la communauté internationale unisse ses efforts au regard des conflits actuels, estimant que le Sommet humanitaire d’Istanbul en 2016 sera le lieu idéal pour répondre à toutes ces préoccupations.

Avant la réponse du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, le Président de la Troisième Commission a estimé que les contributions volontaires avaient baissé face aux défis auxquels fait face le HCR.  Il a dit être optimiste quant à l’issue du sommet humanitaire de l’année prochaine qui devrait permettre à l’ONU d’avoir une vision et une feuille de route pour une meilleure gestion du flux migratoire mondial dû aux crises. 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a répondu que les camps de réfugiés avaient été dramatiquement affectés par les inondations.  Des réunions ont eu lieu entre les différents acteurs humanitaires et il a été décidé d’envoyer par voie aérienne une assistance et des biens de première nécessité.  Il a salué la Norvège pour son insistance à assurer la protection des enfants migrants et réfugiés par air, terre et mer.  Il a dit son appui à l’initiative norvégienne d’axer le forum sur les questions liées aux enfants sur cette question précise. 

Il a rappelé que dans les Balkans, il n’avait pas été aisé de recueillir l’assentiment de tous les pays concernés par la vague de réfugiés, notamment dans la perspective de l’arrivée de l’hiver.  Les activités des trafiquants et des passeurs sont connues et menées au grand jour, en particulier en ligne, donc il est essentiel de redoubler d’efforts et de coopération pour combattre la traite des personnes, les réseaux de passeurs et les trafiquants de drogues. 

Les États ne semblent pas accorder suffisamment d’attention à la traite des personnes, a-t-il dit, soulignant que le moment était venu pour des opérations robustes contre les trafiquants, dans toutes les régions.  L’Iraq, bien qu’il dispose de ressources pétrolières, est loin d’être une nation riche et, à l’évidence, la communauté internationale n’en fait pas assez pour la population de ce pays. 

La guerre en Syrie a des répercussions significatives en Iraq, qui pâtit également de la chute des prix du baril de pétrole.  Il a remercié le Gouvernement de l’Iraq pour son assistance aux réfugiés syriens en dépit de sa situation difficile.

Le Haut-Commissaire a déclaré ne pas réellement comprendre les critiques de certains pays africains ayant participé au dialogue, notamment le Cameroun, quant au manque d’efficacité du HCR, en particulier en République démocratique du Congo.  Les agences d’aide et les donateurs doivent faire des efforts plus spécifiques en cette direction, a-t-il estimé.  Des programmes urbains sont fortement recommandés par le Haut-Commissariat, y compris au Soudan.  Il a abondé dans le sens de la Libye et a remercié, en outre, le Gouvernement iranien qui vient de décider de faciliter l’accès des réfugiés afghans à l’éducation et à la couverture médicale.

Le Maroc a joué un rôle très important car il a sans cesse appelé le Haut-Commissariat à la transparence à travers un service d’audit et de contrôle.  Il reste toutefois que le Haut-Commissariat est très limité pour certaines choses.

M. Guterres a ensuite plaidé en faveur de la garantie des droits des demandeurs d’asile.  Quant à l’appui à la Turquie, pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens, il a espéré que les priorités du développement figureront au premier plan des décisions des donateurs et des pays industrialisés.

Débat général

Avant le début du débat général de l’après-midi, les membres de la Commission ont applaudi la présence de Mme HALIMA EMBAREK WARZAZI, fervente partisane des droits de l’homme au Maroc et aux Nations Unies, qui, selon les termes du Président de la Commission, est « une pasionaria de la Troisième Commission, une femme qui a présidé ses travaux en 1963 et pris part à plus de 50 de ses sessions ».

Mme HANTASOA FIDA CYRILLE KLEIN (Madagascar), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SACD), a appuyé la recommandation du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés appelant à l’adoption d’approches novatrices dans l’assistance et la réponse humanitaires.  Elle s’est inquiétée du nombre sans précédent de 60 millions de personnes déplacées enregistré en 2014, et du fait que l’Afrique subsaharienne accueille 26% des réfugiés et plus de 11 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

La situation dans les États de la SADC n’est pas reluisante, a-t-elle dit, puisqu’ils ont également un certain nombre de réfugiés, déplacés à l’intérieur, rapatriés et demandeurs d’asile.

L’insécurité récurrente, les instabilités politiques en République démocratique du Congo RDC) et dans les pays voisins ont conduit au mouvement massif de dizaines de milliers de personnes.  Les pays de la SADC accueillent plus de 130 000 réfugiés, 270 000 demandeurs d’asile et plus de 1 500 rapatriés. 

Dans ce contexte, elle a réitéré l’attachement au Mémorandum d’entente de juillet 1996 entre la SADC et le Haut-Commissariat.  Elle a mis l’accent sur l’initiative et le plan stratégique de la SADC pour la période 2010-2015 centrés sur la réinsertion sociale des réfugiés, et a évoqué les besoins en termes d’harmonisation des politiques, procédures et gestion des réfugiés.  La Convention sur la protection des réfugiés de l’Union africaine est un instrument clef, a-t-elle affirmé.

M. CHARLES WHITELEY, délégué de l’Union européenne, a noté que 750 000 personnes avaient demandé l’asile en Europe au cours des neuf premiers mois de l’année 2015.  Les conflits dévastateurs en Syrie et dans certaines parties de l’Iraq, la pauvreté et l’insécurité en Afghanistan, dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Ouest, et le chaos en Libye ont poussé des masses de gens à partir vers des pays voisins et en Europe.  L’Europe, a-t-il insisté, assiste à un nombre d’arrivées sans précédent, soit plus d’un million de réfugiés et de migrants en 2015, essentiellement via les îles grecques.

L’Union européenne a pris des mesures face au phénomène de la traite des personnes.  Ainsi le renforcement des opérations maritimes coordonnées en mer Méditerranée a-t-il contribué à sauver la vie de plus de 208 000 personnes.  En outre, a poursuivi le délégué, l’Union européenne coopère avec ses partenaires dans les Balkans, en Turquie, au Liban et en Jordanie.  Les 11 et 12 novembre prochains, un sommet Union européenne-Afrique sur la migration se tiendra à La Valette, à Malte.

M. Whiteley a jugé essentiel de se pencher sur les causes profondes du problème, en prenant notamment en compte le fait que le nombre de réfugiés vivant dans des situations prolongées augmentait et que le temps moyen passé en exil approchait de 20 ans. 

Il a reconnu que les organisations humanitaires, comme le HCR, subissaient une pression énorme, d’autant plus que ses besoins financiers ne sont pas entièrement satisfaits.  Le nombre de mineurs non accompagnés, un groupe particulièrement vulnérable, a cru au cours des dernières années, représentant 4 demandeurs d’asile sur 100.    

M. IHOR YAREMENKO (UKRAINE), s’exprimant au nom de l’Organisation pour la démocratie et le développement économique (GUAM), a déclaré que les civils continuaient de payer un lourd tribut et que les réfugiés ne cesseraient d’alimenter les flux migratoires tant que les causes de leurs malheurs ne seraient pas prises en compte.  Ainsi, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts en vue de faciliter le règlement des conflits sur la base de normes consensuelles et des principes du droit international, en particulier le respect de la souveraineté des États touchés. 

Il a souligné que plusieurs pays du GUAM étaient confrontés aux problèmes de déplacement de masse, rappelant la nécessité d’apporter des solutions immédiates et à long terme afin de protéger les personnes déplacées.  Il est indispensable d’améliorer les moyens de subsistance de ces personnes, l’accès au logement, à la santé et au monde du travail, a-t-il déclaré.  Il s’est dit encouragé par le partenariat entre le HCR et les acteurs humanitaires et du développement, en lançant un appel à continuer son engagement auprès des pays du GUAM.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a souligné qu’il y a plus d’un siècle, son pays avait accueilli des millions d’Asiatiques, d’Européens et d’Arabes, et qu’aujourd’hui, il avait aussi reçu des réfugiés haïtiens et syriens, en particulier.  Des visas sont aussi accordés aux demandeurs d’asile.  Suite à un accord avec le Haut-Commissariat, plusieurs mesures de facilitation ont été prises et un deuxième bureau d’accueil a été ouvert à São Paulo pour favoriser la gestion puis l’intégration des personnes au sein de la société brésilienne dès leur arrivée.  Une protection physique et juridique est également offerte aux personnes vulnérables, et le programme « Bolsa familia », de transfert monétaire, a été élargi aux réfugiés. 

Les pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés du Moyen-Orient doivent bénéficier de plus d’aide, a-t-il exhorté, avant de défendre également le droit des 10 millions d’apatrides dans le monde à une nationalité.  Il s’est en outre félicité du plan régional de résilience des réfugiés, qui tient également en considération les besoins et les aspirations des communautés d’accueil.

Le délégué a encouragé à persévérer dans l’approche liant les activités de développement à l’assistance humanitaire, en particulier des efforts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) pour améliorer la sécurité alimentaire des déplacés et des réfugiés en leur permettant de participer à des activités agricoles.

Le Brésil a remarqué, par ailleurs, que des athlètes réfugiés pourront participer aux Jeux olympiques dans le pays.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a déclaré que son pays était touché de près par le phénomène d’afflux de migrants, soulignant que près de 3 000 migrants avaient vu leur bateau faire naufrage en Thaïlande.  Son pays, a-t-il dit, a apporté l’aide nécessaire pour secourir ces personnes.  Il a précisé que la Thaïlande avait organisé une réunion sur les migrations avec des représentants du Gouvernement et des partenaires pour élaborer des solutions visant à aider les migrants et les personnes victimes d’exploitation. 

Le délégué a soutenu que son pays avait adopté une nouvelle loi en vue d’indemniser les victimes d’exploitation, précisant qu’elle s’attaquait à toute entreprise impliquée dans l’exploitation des personnes, et qu’elle autorisait la fermeture de ces sociétés.

Il a indiqué que son pays mettait tout en œuvre pour combler les lacunes dans la législation nationale en augmentant le nombre des naturalisations des personnes victimes d’apatridie.  En outre, il a précisé que des certificats de naissance avaient été attribués à plus de 3 000 enfants issus de parents migrants.

Mme KYLIE HOLMES (États-Unis) a affirmé que son pays avait contribué à hauteur d’1,3 million de dollars aux efforts du Haut-Commissariat en faveur des  réfugiés, des déplacés et des apatrides.  Avec la recrudescence des crises, des victimes en mer et de l’afflux de nombreuses personnes en Europe, le Haut-Commissariat a revu ses approches et a œuvré dans la perspective du développement durable. 

Cependant, comme les besoins dépassent les ressources disponibles, le Haut-Commissariat devrait trouver les moyens de renforcer ses capacités organisationnelles en menant des campagnes afin d’améliorer ses ressources pour son travail sur le terrain.  L’approche fondée sur le processus et les résultats est correcte, a-t-elle encore estimé. 

M. MOHAMED MOUSSA (Égypte) a déclaré être préoccupé par la restriction de l’espace accordé aux demandes d’asile des réfugiés, appelant au respect les dispositions du régime des réfugiés.  Pour le délégué, la question du déplacement des personnes doit être examinée d’un point de vue du développement et de l’humanitaire.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une base solide pour une approche humanitaire et de développement, a-t-il déclaré. 

L’Égypte prône un appui financier et politique en vue d’aider les pays se relevant de conflit, ainsi que les femmes et enfants qui restent les plus vulnérables dans les situations de conflit.  Évoquant la charge énorme que font peser les réfugiés sur les pays voisins, il a affirmé que près de 400 000 Syriens étaient enregistrés en Égypte et bénéficiaient du même droit à l’éducation, à l’accès à la santé, au même titre que les Égyptiens; des avantages dont bénéficient également environ deux millions de Palestiniens qui résident en Égypte, a-t-il renchéri.

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a affirmé que la crise des réfugiés était une partie des nombreuses situations pénibles vécues par le peuple syrien en raison de l’ingérence de certains gouvernements dans les affaires de la Syrie, qui utilisent les réfugiés pour exercer un chantage et des pressions sur le Gouvernement syrien. 

Pour un retour effectif des Syriens, il est indispensable, comme condition préalable, de mettre fin aux crimes perpétrés par les groupes terroristes, de même qu’aux mesures coercitives unilatérales contre la Syrie.

Mme GALINA S. KHVAN (Fédération de Russie) a jugé indispensable de préserver les mécanismes universels de protection des réfugiés, des déplacés et des demandeurs d’asile.  La coopération avec le Haut-Commissariat est incontournable partant du fait que c’est la structure internationale chargée de cette question.  Elle a toutefois mis en exergue la nécessité d’objectivité, d’indépendance et d’impartialité de ce mandat.  Le seul moyen de mettre un point final à la crise passe par une solution politique en Syrie, a-t-elle affirmé.

En 2014 et 2015, la Russie a accordé un million de dollars à l’assistance aux réfugiés, ainsi que 10 millions de dollars pour aider le Liban et la Jordanie aux fins de répondre aux besoins urgents des réfugiés syriens sur place.  Depuis avril 2014, la Russie a accueilli plus d’1,1 million d’Ukrainiens, dont la majorité ne souhaite pas retourner dans le pays.

Elle a insisté sur les dispositions des Accords de Minsk à ce propos.  La déléguée s’est félicitée de l’approche concrète et non politisée du Haut-Commissariat en Ukraine, puis a appelé les personnes qui ont fui cette région à regagner le Sud-est de l’Ukraine.  La Russie continuera à fournir au Haut-Commissariat tout le soutien nécessaire.

Mme MATTHIAS HALTER (Suisse) a estimé que les conflits qui déchirent le Moyen-Orient et l’Afrique ainsi que les tragédies de la Méditerranée et les défis humanitaires étaient en constante mutation.  Elle a mis l’accent sur l’importance des efforts à déployer, la responsabilité partagée et le fait que l’assistance humanitaire ne se substituera jamais à la responsabilité des États de protéger leur population. 

La Suisse a aussi insisté sur le respect du droit humanitaire, du respect des droits de l’homme et de la protection de la population civile.  L’ampleur de la catastrophe humanitaire en Syrie marque particulièrement la population civile et surtout les enfants, alors que l’insuffisance des ressources financières contraste dangereusement avec l’accroissement presque quotidien des besoins.  En augmentant son budget de près de 70 millions de francs suisses, la Suisse s’engage à contribuer à la protection et à l’assistance des réfugiés, des déplacés internes ainsi que des communautés hôtes.

L’action humanitaire a atteint aujourd’hui ses limites, ce qui dénote une absence de volonté politique pour résoudre les conflits.  Elle a exhorté à rechercher, en priorité, une solution politique rapide à la guerre en Syrie.  La Suisse s’est déclarée prête à accueillir de nouvelles négociations à Genève.  Elle a rappelé que, le 13 octobre dernier, s’est achevée à Genève la consultation mondiale de l’initiative Nansen au cours de laquelle le programme pour la protection des déplacés au-delà des frontières dans le cadre des catastrophes et des effets des changements climatiques a été adopté par 110 États.

M. KANG SANGWOOKI (République de Corée) a déclaré qu’il était indispensable d’accélérer le processus du développement durable et de s’assurer que personne ne soit laissé à la traîne comme le recommande le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

D’un point de vue humanitaire, il est essentiel qu’un cadre plus inclusif soit mis en place dans le domaine du partenariat entre les acteurs humanitaires et ceux du développement, lorsqu’une crise éclate.  Par conséquent, il a lancé un appel au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour qu’il continue de jouer un rôle constructif dans le suivi du Sommet mondial humanitaire.

M. YIĞIT CANAY (Turquie) a estimé que la réponse aux besoins des réfugiés devait être considérée comme une réponse à la menace à la paix et à la sécurité internationales.  Aussi, il s’est dit convaincu que les responsabilités devaient être partagées entre les pays de départ, de transit et d’accueil.  Pour le délégué, le prochain sommet humanitaire qui se tiendra en Turquie en mai permettra de mieux élaborer les réponses garantissant la vie de milliers de personnes.

Il a donné des assurances quant à la volonté de son pays à maintenir ses portes ouvertes pour les personnes qui fuient, mais l’ampleur du phénomène dépasse les capacités d’un seul pays, a-t-il expliqué.  Il a souligné qu’au début de la crise des migrants qui touche son pays, la Turquie avait réclamé une aide internationale pour répondre aux besoins de 200 000 Syriens vivant sur le sol turc et recevant des soins de santé, une formation, ainsi qu’un accès à l’éducation.  Il a insisté notamment sur la nécessité de construire de nouvelles infrastructures rappelant le caractère indispensable du partage du fardeau international.

M. MOHAMMAD HASSANI-NEJAD (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays avait accueilli trois millions de réfugiés, entraînant un coût sur l’économie, en particulier sur le marché du travail.  Il a souligné que son pays avait supporté ce fardeau avec des ressources limitées et sans l’aide de la communauté internationale.

Ainsi, en 2015, environ 400 000 enfants ont été scolarisés sans frais, et ont reçu une éducation au même titre que les enfants iraniens.  Il a également ajouté que tous les réfugiés avaient bénéficié d’une assurance santé.  Le délégué a noté le besoin de s’attaquer aux causes du problème, en soulignant que les autorités iraniennes mettaient un point d’honneur à assurer le rapatriement consenti des Afghans dans leur pays.  Cette approche permet de contribuer au développement et à la reconstruction de l’Afghanistan, a-t-il dit, insistant sur la nécessité pour la communauté internationale de continuer à investir dans ce processus.

M. HARRISON WINGIA MSEKE (République-Unie de Tanzanie) a indiqué avoir accueilli avec générosité et détermination 110 812 nouveaux réfugiés cette année venus du Burundi.  Le problème des réfugiés est une responsabilité collective, a-t-il rappelé, en notant cependant le déficit financier dans les opérations humanitaires, celle en Tanzanie étant très largement sous-financée.  La Tanzanie s’est acquittée de son rôle en accueillant les réfugiés mais la communauté internationale ne fait pas la part qui lui revient, a regretté le représentant.  L’intégration socioéconomique de l’immense population de réfugiés de longue durée va aussi exiger des efforts accrus, a-t-il poursuivi, avant de signaler que certaines mesures très positives prises par le Gouvernement tanzanien sont restées invisibles pour la communauté internationale.  La Tanzanie coopère aussi dans le domaine du développement.  Il a félicité le Gouvernement américain qui a proposé de recevoir sur son territoire des milliers des réfugiés qui se trouvent actuellement dans son pays.

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a déclaré que son pays s’engageait à apporter son appui aux réfugiés, précisant que les autorités avaient récemment sauvé plus de 1 000 réfugiés en mer.  Soulignant que le phénomène de la traite des êtres humains était très complexe au Myanmar, il a mis en garde contre les rapports d’organisations et de médias qui donnent des chiffres fantaisistes sur la situation dans le pays. 

Il a expliqué que les réfugiés secourus dans son pays étaient des réfugiés économiques.  Face aux crimes odieux commis par les passeurs, le Myanmar a pris des mesures pour partager des renseignements avec les pays voisins, mais également lancer des campagnes de sensibilisation dans les zones à risque, a dit le délégué.  Parallèlement, il a affirmé que le Myanmar préparait un projet de loi sur la traite des êtres humains depuis 2015, et qu’un organe central chargé de la lutte contre la traite des migrants avait été mis en place.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a regretté les chiffres record de réfugiés et déplacés depuis la Seconde Guerre mondiale.  Les requérants d’asile arrivent en masse et les opérations humanitaires sont très nombreuses dans presque toutes les régions du monde.  Face à cette situation, il est impératif d’examiner avec plus de responsabilités les causes sous-jacentes à la mobilité soudaine de tant d’êtres humains. 

Les États doivent s’évertuer à trouver des solutions sûres pour toutes ces personnes, dans le respect de leurs droits fondamentaux.  Les gens doivent pouvoir rentrer chez eux dans la dignité et avoir la possibilité de subvenir à leurs besoins tout en étant protégés de toute forme de violence.  Il a rappelé les principes de base de la Charte des Nations Unies, notamment la résolution pacifique des conflits par la négociation et le dialogue.  Le Haut-Commissariat pour les réfugiés restera toujours un allié d’importance pour les Mozambicains qui ont aussi, dans une époque pas si lointaine, connu les affres de la guerre, a-t-il conclu.

Droits de réponse

La déléguée de la Lettonie, répondant à la Fédération de Russie, a souligné que son pays protégeait les personnes victimes d’apatridie.  Dénonçant une désinformation, elle a précisé que les anciens citoyens de l’Union soviétique n’étaient pas des apatrides car le Gouvernement leur assure une protection.

Pour l’Estonie, il faut souligner que l’intégration dans la société est une priorité.  En effet, la citoyenneté est facilitée par le processus de naturalisation des personnes qui veulent obtenir la nationalité.  La déléguée a déclaré que l’Estonie était parmi les rares pays où tous les résidents de longue date ont le droit de voter lors des élections locales.

Quant au représentant de la Fédération de Russie, il a demandé que la Lettonie et l’Estonie mettent en œuvre les recommandations des experts des mécanismes des droits de l’homme, afin de faire cesser le phénomène honteux de l’apatridie et de respecter les droits des minorités nationales.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Protection de l’atmosphère, jus cogens et clause de la nation la plus favorisée continuent d’occuper les débats de la Sixième Commission

Soixante-dixième session,
18e séance – matin
AG/J/3507

Protection de l’atmosphère, jus cogens et clause de la nation la plus favorisée continuent d’occuper les débats de la Sixième Commission

Au deuxième jour de l’examen du rapport de la Commission du droit international (CDI), les thèmes de la protection de l’atmosphère, de la clause de la nation la plus favorisée et du jus cogens sont restés au centre des discussions.

La protection de l’atmosphère est-elle une « préoccupation commune de l’humanité?  Pour les États fédérés de Micronésie comme pour Sri Lanka, la dégradation de l’atmosphère, et donc la nécessité de la protéger, ne fait pas de doute.  Ils estiment que c’est uniquement par la mise en place d’un régime général pour réguler la protection de l’atmosphère que l’on pourra sauvegarder les moyens d’existence des générations actuelles et futures.  C’est pourquoi ils regrettent que la CDI ait décidé que la notion de « préoccupation commune de l’humanité » n’était pas assez claire et établie au niveau du droit international et manquait de mise en œuvre.

D’autres pays, comme la République islamique d’Iran et la Chine, ont toutefois mis l’accent sur le caractère juridiquement incertain de la notion de « préoccupation commune de l’humanité » et lui ont préféré la formule actuellement retenue par la CDI, de « préoccupation pressante de l’ensemble de la communauté internationale ».  Certains pays ont salué le fait que la notion ait été retirée du projet de directives et placé dans un projet de préambule.  C’est le cas de l’Inde, ou encore du Japon, qui a néanmoins noté que le concept avait déjà été utilisé dans d’autres traités, mais aussi qu’il n’entraînait pas nécessairement un lien juridique entre États.  Le Japon estime, en revanche, que l’obligation de coopération internationale pour protéger l’atmosphère est l’un des aspects les plus importants du projet de directives de cette session. 

II reste à savoir quelle forme devrait prendre cette coopération.  À cet égard, le Viet Nam a regretté que le projet de directives ait mis en exergue une seule forme de coopération: l’échange d’information et suivi conjoint sur les connaissances scientifiques.  Par ailleurs, la Chine et le Royaume-Uni se sont félicités des dispositions du projet de directives qui veillent à ce qu’elles n’interfèrent pas avec les négociations politiques en cours, par exemple sur le climat ou la pollution transfrontière.  L’Iran a toutefois estimé que la CDI devait aussi étudier « toutes les sources de polluants et substances préjudiciables dans l’atmosphère, en particulier les émissions radioactives ou nucléaires », tandis que la République de Corée estimait que le concept de « substance » utilisé dans la définition de la pollution atmosphérique devrait aussi inclure les « énergies ».  Pour plusieurs de ces pays, des clarifications sur les termes utilisés sont encore nécessaires.

Concernant la clause de la nation la plus favorisée (clause NPF), les délégations ont en général exprimé leur satisfaction face au rapport final du Groupe d’étude.  Plusieurs intervenants ont en effet rappelé, à l’image du Japon ou du Viet Nam, que l’on avait assisté à une fragmentation progressive du droit international dans le domaine des investissements internationaux, du fait d’une interprétation divergente concernant la portée de la clause de la nation la plus favorisée par différentes organisations internationales, fragmentation encore accélérée du fait de décisions arbitrales.  Face à cette insécurité juridique grandissante, les travaux de la CDI offrent un cadre d’analyse qui facilite l’interprétation de la clause NPF et confirment qu’il existe des restrictions dans son application, a estimé le Canada.  L’Afrique du Sud s’est félicitée que les travaux n’aient pas remis en cause le projet d’articles de 1978 sur la question et a salué une approche qui offre « des directives d’interprétation aux négociateurs de traités, aux responsables politiques et aux acteurs qui en dépendent ».  Ces pays ont également félicité le Groupe d’étude pour avoir souligné l’importance d’adopter une approche d’interprétation des clauses NPF fondée sur la Convention de Vienne sur le droit des traités.  Quelques pays ont toutefois fait part d’une certaine déception, comme l’Espagne, qui a dit ne pas être sûre que les conclusions du rapport permettent d’avancer sur la question, et la Thaïlande, qui aurait souhaité plus de clarté.

L’inclusion du thème « jus cogens » dans le programme de travail de la CDI a été en général bien accueilli par les délégations.  Le Japon a noté que le jus cogens était reconnu dans la Convention de Vienne sur le droit des traités.  En revanche, Israël a fait part de son doute sur l’opportunité d’une codification des normes du jus cogens, soulignant les controverses qui entourent la notion.  Israël a mis en garde contre une tendance des milieux universitaires à se précipiter dans l’élévation d’une norme au rang du jus cogens, rappelant qu’une norme devait faire l’objet d’une analyse approfondie avant d’être ainsi élevée au rang du jus cogens.  Dès lors, la CDI devrait adopter une approche « conservatrice » et limitative des normes ayant rang du jus cogens.  La Chine a, elle aussi, invité la Commission à bien étudier les pratiques des États, ajoutant qu’il serait difficile d’expliquer la nature du jus cogens tant que l’on n’aura pas assez d’informations concernant la pratique des États. 

Plus généralement, les États se sont prononcés sur le rôle de la CDI dans la promotion du droit international au niveau international.  Si la Thaïlande l’a salué, le Japon a déploré que la Commission ait perdu son influence dans l’élaboration de la règle de droit et ne soit plus considérée comme le principal organe de détermination du droit international.  L’Espagne et la République de Corée ont, pour leur part, déploré « un nombre excessif de sujets » au programme de travail de la Commission, soulignant que la difficulté de certains des thèmes à l’étude ne rendait pas la situation plus facile.

Par ailleurs, la Sixième Commission a autorisé son Président à envoyer au Président de l’Assemblée générale une lettre dans laquelle il présente un résumé des débats tenus le 26 octobre sur la question de l’administration de la justice à l’Organisation des Nations Unies. 

La Sixième Commission poursuivra l’examen du rapport de la Commission du droit international sur les travaux de sa soixante-septième session, mercredi 4 novembre à 10 heures.  Dans l’après-midi, elle entendra le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, avant de tenir un débat interactif sur trois autres chapitres du rapport de la CDI: la détermination du droit international coutumier, les crimes contre l’humanité et les « accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités ».

RAPPORT DE LA COMMISSION DU DROIT INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SA SOIXANTE-SEPTIÈME SESSION (A/70/10)

Déclarations

Mme SARAH WEISS MA’UDI (Israël) a indiqué qu’elle n’était pas en faveur d’une interprétation extensive de la clause de nation la plus favorisée qui irait au-delà de ce qui a été convenu par les parties lors de la négociation d’un accord.  Pour elle, cette clause ne s’applique pas aux dispositions procédurales, y compris celles relatives au règlement des différends, à moins que les parties l’aient expressément prévu.  Elle a ajouté que cette clause ne saurait étendre la compétence d’une juridiction de règlement des litiges à des domaines qui n’ont pas été expressément prévus dans le traité d’origine, « en particulier lorsque cette compétence fait l’objet de limitations spécifiques dans ledit traité ».

Soulignant les controverses qui entourent la notion du jus cogens, Mme Weiss Ma’udi a expliqué qu’une norme devait faire l’objet d’une analyse approfondie avant d’être élevée au rang du jus cogens.  Elle a souligné avec préoccupation la tendance des milieux universitaires consistant à se précipiter dans l’élévation d’une norme au rang du jus cogens et, ce, même si ladite norme ne remplit pas les critères dans la pratique ou fait l’objet de contestations.  La Commission doit faire tout son possible pour éviter de créer une liste trop longue de normes du jus cogens, a-t-elle préconisé, estimant qu’une telle liste serait contreproductive puisqu’elle ne reflèterait probablement pas la volonté de la communauté internationale.  La représentante a aussi fait observer que l’adoption d’une approche « conservatrice » dans l’identification de ces normes faciliterait l’engagement international s’agissant des conséquences juridiques desdites normes.  Enfin, elle a rappelé que la Cour suprême israélienne a reconnu l’existence de normes du jus cogens en 1962 lors du procès Eichmann, avant même la Convention de Vienne, dans le cadre de l’interdiction de génocide et des crimes contre l’humanité.  De même, la Cour suprême a reconnu la torture comme relevant d’une norme du jus cogens en 1999.  « Le Gouvernement d’Israël doute de l’opportunité d’une codification des normes du jus cogens à ce stade et exhorte pour le mois la Commission à faire preuve d’une grande prudence », a-t-elle conclu.

M. IAIN MACLEOD (Royaume-Uni) a salué l’inclusion du thème du jus cogens dans le programme de travail de la Commission du droit international (CDI) et la nomination de M. Dire Tladi au poste de Rapporteur spécial.  Il a estimé que le travail de la Commission sur ce point pourrait offrir une assistance considérable, en particulier pour les juridictions nationales.  M. Macleod a également salué le rapport final du Groupe d’étude sur la clause de la nation la plus favorisée, estimant qu’il offrait une assistance pour l’interprétation et la mise en œuvre de cette clause.

À propos de la protection de l’atmosphère, M. Macleod s’est rangé derrière la décision de la Commission de reconnaître l’importance d’un engagement total de la communauté internationale et de ne pas interférer dans les négociations politiques, dont celles qui concernent les changements climatiques, les alternatives à l’ozone et la pollution transfrontalière.  Il a, en outre, salué le retrait de la référence au concept de « préoccupation commune de l’humanité » du projet de directives.

M. CLEMENT YOW MULALAP (États fédérés de Micronésie) a salué les travaux du Rapporteur spécial sur le sujet de la protection de l’atmosphère.  Après avoir dressé un tableau très sombre de l’état de l’environnement mondial, il a expliqué que les États fédérés de Micronésie sont profondément convaincus que la protection de l’atmosphère reste le défi le plus pressant pour l’humanité.  À ce titre, ils ont soumis des commentaires à la CDI sur ce sujet en janvier dernier, a ajouté M. Mulalap, qui a précisé que ces commentaires soulignaient que « c’est uniquement par la mise en place d’un régime général pour réguler la protection de l’atmosphère que l’on pourra sauvegarder les moyens d’existence des générations actuelles et futures ».

Dans ce contexte, M. Mulalap a fait part de ses préoccupations quant à la décision de la CDI d’intégrer certains éléments de la version initiale des projets de directive du Rapporteur spécial dans un paragraphe du préambule du projet.  Il a regretté que la Commission du droit international ait ainsi décidé que le concept de « préoccupation commune de l’humanité » n’était pas assez clair et établi au niveau du droit international et manquait de mise en œuvre par les États.  « Ces explications ne s’accordent pas vraiment avec l’état actuel du droit international », a-t-il estimé, avant d’insister sur le fait que les États fédérés de Micronésie sont « profondément convaincus que la dégradation de l’atmosphère relève bien de préoccupations communes de l’humanité ».  En conclusion, il a appelé la Commission à revoir sa position sur cette question.

M. XU HONG (Chine) a dit apprécier les échanges informels qui ont eu lieu avec la communauté scientifique et la Commission du droit international sur le sujet de la protection de l’atmosphère.  Il a souligné que l’objet et la portée du projet de directives méritaient d’être davantage clarifiés.  Il a noté que la Commission avait incorporé, dans le préambule et dans le projet de directive 2, le fait que les directives ne devaient pas empiéter sur diverses négociations politiques concernant, notamment, les changements climatiques, l’appauvrissement de la couche d’ozone ou la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance, ne visaient pas non plus à « combler » les lacunes des régimes conventionnels actuels ni à compléter ceux-ci par de nouvelles règles ou de nouveaux principes juridiques, et ne traitaient pas d’un certain nombre de questions relatives, par exemple, au principe « pollueur-payeur », au principe de précaution, aux responsabilités communes mais différenciées, à la responsabilité de l’État et de ses ressortissants, et au transfert de fonds et de technologies, y compris des droits de propriété intellectuelle, vers les pays en développement, mais était aussi sans préjudice de ces questions.  Pour M. Xu, ces exclusions peuvent faciliter les relations entre le projet de directives et les régimes politiques et juridiques pertinents dans ce domaine.  Il a noté que les commentaires des projets de directives démontraient qu’ils requièrent la plus grande attention.

M. Xu a également noté que certains termes cruciaux du projet de directives méritaient d’être mieux définis.  Il a salué le fait que la CDI, tenant compte du caractère juridiquement incertain de la notion de « préoccupation commune de l’humanité », lui ait préféré la notion de « préoccupation pressante de l’ensemble de la communauté internationale » et ait placé celle-ci dans le préambule du projet de directives.  Il a toutefois jugé nécessaire de préciser certains termes plus avant.  Par exemple, la « dégradation de l’atmosphère » signifie des « problèmes atmosphériques mondiaux ».  En outre, la Commission devrait tenir compte des priorités des pays en développement concernant la protection de l’atmosphère, qui ne sont pas les mêmes que celles des autres États. 

M. Xu a estimé que la Commission devrait étudier les pratiques des États concernant le jus cogens.  Il demeure difficile d’expliquer la nature du jus cogens tant que l’on n’aura pas assez d’informations concernant la pratique des États, a-t-il expliqué.  La Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969 mentionne le concept du jus cogens, c’est vrai, mais il n’y a pas de définition de la notion, pas plus que dans les arrêts de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Enfin, en ce qui concerne les méthodes de travail de la CDI, M. Xu a souligné la nécessité d’éviter les doubles emplois et de privilégier et écouter les commentaires des États Membres.

Mme MAOKO SAIKI (Japon) a souligné qu’à l’occasion des 70 ans de l’ONU, les Nations Unies avaient maintenu l’état de droit comme étant un de ses piliers et un des principes devant être poursuivi.  Toutefois, a-t-elle ajouté, de nouveaux défis apparaissent concernant les missions de la Commission du droit international.  Elle a ainsi déploré que la Commission ait perdu son influence dans l’élaboration de la règle de droit et ne soit plus considérée comme le principal organe de détermination du droit international.  La CDI doit évoluer en conséquence, y compris pour ce qui concerne ses méthodes de travail, a poursuivi Mme Saiki, qui a pourtant aussitôt noté qu’il n’existait pas d’autres institutions réussissant les juristes de haut niveau représentant les différents systèmes juridiques de l’ensemble de la planète.  La CDI doit donc continuer à recenser et codifier les principes émergeant du droit international.  Le Japon espère qu’elle jouera ce rôle et continuera à contribuer au développement du droit international.  En outre, Mme Saiki a dit apprécier l’idée que la CDI tienne une demi-session à New York au cours des cinq années à venir si cela ne génère pas un coût additionnel.

Mme Saiki a noté que le jus cogens était reconnu dans la Convention de Vienne sur le droit des traités.  Cependant, la notion manque de substance, ce qui explique que la CDI ait une première fois renoncé à inscrire ce thème à son programme de travail.  La situation n’a pas beaucoup changé depuis lors, a estimé Mme Saiki, qui a invité la CDI à délibérer de façon prudente sur ce thème.

Mme Saiki a noté que l’on avait assisté à une fragmentation progressive du droit international dans le domaine des investissements internationaux, du fait d’une interprétation divergente concernant la portée de la clause de la nation la plus favorisée (NPF) par différentes organisations internationales comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ou encore l’ Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), fragmentation encore accélérée du fait de décisions arbitrales.  Il en est résulté une certaine incertitude juridique.  Le Japon salue donc les efforts de la CDI et de son Groupe d’étude, en particulier pour examiner les techniques d’interprétation des clauses NPF.  Mme Saiki a par ailleurs souligné que les clauses de la nation la plus favorisée incluses dans les accords régionaux étaient élaborées en fonction des intérêts de chaque partie.  Leur interprétation doit donc se faire sur la base des règles définies dans les articles 31 à 33 de la Convention de Vienne sur le droit des traités.  Le travail du Groupe d’étude est le résultat d’une recherche, qui n’est pas contraignante, a encore noté Mme Saiki, qui a salué les conclusions de la CDI selon lesquelles c’est en dernier recours aux parties de décider si les clauses NPF sont applicables.

Concernant la protection de l’atmosphère, Mme Saiki a dit apprécier que la notion de « préoccupation commune de l’humanité » ait été incluse dans le projet de préambule du projet de directives.  En effet, il s’agit là d’une notion importante que l’on retrouve dans d’autres instruments internationaux, par exemple dans le préambule de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques; en même temps, ce concept n’entraîne pas nécessairement un lien juridique entre États.  En ce qui concerne le projet de directive 5, qui traite de l’obligation de coopération internationale, elle a estimé que c’est l’un des sujets les plus importants de cette session.  Contraindre les États à coopérer entre eux et avec les organisations internationales pour protéger l’atmosphère est une règle nécessaire qui doit être reprise dans le projet de directives.  Enfin, elle a salué la séance de dialogue tenue par la Commission avec les scientifiques sur les aspects techniques de l’atmosphère.

Mme RITI PATHAK (Inde) a salué les conclusions du Groupe d’étude de la Commission du droit international sur la question de la clause de la nation la plus favorisée, pour qui la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969 doit servir de base à l’interprétation de cette notion.  Cela éviterait des interprétations sélectives, a-t-elle indiqué.

Concernant la protection de l’atmosphère, Mme Pathak a salué les travaux du Rapporteur spécial et ses cinq projets de directives.  Elle a salué la décision d’introduire la notion de « préoccupations commune de l’humanité » dans le préambule, ainsi que les projets de directives 1, 2 et 5.  Elle a également appelé la CDI à continuer ses recherches théoriques pour clarifier encore les directives qui le nécessitent.  En conclusion, elle a également salué la décision de la CDI d’inclure le thème du jus cogens dans son programme de travail.

M. REZA DEHGHANI (République islamique d’Iran) a salué les « efforts considérables » du Rapporteur spécial sur la protection de l’atmosphère.  Il a estimé que la CDI devait aussi « étudier toutes les sources de polluants et substances préjudiciables dans l’atmosphère, en particulier les émissions radioactives ou nucléaires, en raison des risques transfrontaliers et à long terme de telles substances ».  Il a également déploré que, dans le paragraphe 3 de la directive 2, des substances spécifiques comme le carbone noir, l’ozone troposphérique et d’autres substances aient été exclus du champ d’application de la directive.  Il a estimé qu’une mention selon laquelle les directives seraient « sans préjudice » de certains polluants serait « plus appropriée que l’exclusion de certaines substances » comme c’est le cas actuellement.

Le représentant a estimé, par ailleurs, que la décision de la CDI de remplacer le terme de « préoccupation commune de l’humanité » par celui de « préoccupation pressante de l’ensemble de la communauté internationale » dans le préambule du projet de directives était « appropriée » pour inclure un concept plus juridique dans les directives.  Il a estimé que cette formule était plus adaptée et se référait à la notion juridique « d’atmosphère ».

Abordant enfin la question de l’extension de la coopération internationale dans le domaine de la protection de l’atmosphère -thème du projet de directive 5- M. Dehghani a jugé impératif de conduire des études plus poussées pour explorer les aspects techniques de ce problème.  Il faut aussi s’entendre sur les éléments de cette coopération, a-t-il ajouté, avant d’exprimer des préoccupations similaires quant aux principes du droit international environnemental relatifs au développement durable.  Le second rapport du Rapporteur spécial examiné par la CDI fait références à ces principes, élaborations et analyses, a-t-il noté, avant de souligner que la relation entre la protection de l’atmosphère et les concepts du droit international de l’environnement devrait être étudiée avec plus de considération par la CDI.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a noté que la clause de la nation la plus favorisée (NPF) revêt une importance particulière en tant que principe des traités des investissements bilatéraux.  Les types de dispositions NPF figurant dans les accords bilatéraux d’investissement soulèvent des questions d’interprétation, à savoir: qui est en droit de bénéficier d’une clause NPF?  En quoi le traitement NPF consiste-t-il?  Quelle est la portée de la clause NPF?  C’est une des questions les plus complexes, a déclaré M. Perera, et qui reste au cœur des controverses actuelles.  Peut-elle être invoquée pour étendre le champ d’application d’un traité pour le règlement des différends?  C’est ce qu’on appelle la « question Maffezini », a-t-il noté, en référence à l’affaire Emilio Agustin Maffezini c. Royaume d’Espagne de 2000.  Pour M. Perera, une clause NPF ne peut pas altérer les conditions de l’accès au règlement des différends, à moins que cette altération ne soit expressément exprimée dans le traité lui-même.

En ce qui concerne la protection de l’atmosphère, M  Perera a noté que le thème présentait des aspects complexes, du point de vue scientifique comme juridique.  Il a souligné la nécessité d’associer la communauté scientifique à l’étude de la CDI et a salué, à cet égard, le dialogue organisé entre la Commission et des scientifiques de haut niveau.  Rappelant que l’atmosphère est essentielle à la vie sur terre, il a estimé que sa protection était bien une « préoccupation commune » de l’humanité.

M. WILLIAM CROSBIE (Canada) a salué les travaux du Groupe d’étude de la CDI sur les aspects modernes de la clause de la nation la plus favorisée, estimant qu’ils offrent un cadre d’analyse qui facilite l’interprétation de la clause et confirment qu’il existe des restrictions dans son application, notamment qu’elle ne peut être utilisée pour élargir les pouvoirs d’un tribunal.  M. Crosbie s’est également félicité que le Groupe d’étude souligne l’importance d’adopter une approche d’interprétation fondée sur les articles 31 à 33 de la Convention de Vienne sur le droit des traités.  Il a également salué la recommandation visant à inclure une formulation explicite pour régler l’application de la clause à la résolution de conflits dans un traité, la qualifiant de « solution pratique qui permet d’éviter l’incertitude interprétative ».  Il a toutefois estimé en conclusion qu’il faudra étudier en profondeur les solutions possibles en ce qui concerne les traités qui n’ont pas de positions claires, appelant les États « à jouer un plus grand rôle à l’égard de l’interprétation de leurs traités ».

Mme PILAR ESCOBAR (El Salvador) a félicité le Groupe d’étude pour son rapport final sur la clause de la nation la plus favorisée, estimant qu’il offre des lignes directrices aidant à l’interprétation et à l’application des clauses de la nation la plus favorisée.  Ce sujet présente en effet de nouveaux défis avec la pratique récurrente de négociation de traités bilatéraux d’investissement dont le manque d’uniformité des critères est jugé préoccupant.  L’arbitrage est par nature un type de solution aux controverses fondé sur l’autonomie de la volonté et il serait donc très contestable d’apporter à toutes les clauses de la nation la plus favorisée un sens unique ou une extension non acceptée par les parties sur la base de simples présomptions, a ajouté la représentante, qui a par ailleurs jugé souhaitable de conserver l’asymétrie qui existe lors de la négociation des traités.

En ce qui concerne la protection de l’atmosphère, Mme Escobar a relevé la complexité des concepts techniques et noté avec satisfaction les définitions comprises dans le projet de directive 1, tout en estimant qu’il était prématuré de considérer celui-ci comme un texte définitif.  La représentante a précisé qu’il lui semblait important que les définitions proposées se concentrent sur la pollution et la dégradation de l’atmosphère comme processus anthropogéniques, étant donné que l’activité humaine est, directement ou indirectement, la principale responsable de ces phénomènes ainsi que des changements climatiques.  En ce qui concerne le projet de directive 5 se référant à l’obligation de coopérer, elle a trouvé insuffisant de n’inclure que les organisations internationales alors que d’autres entités sont mobilisées sur la question de la pollution de l’air, telles que les organisations non gouvernementales (ONG) ou la société civile.  Par ailleurs, le projet gagnerait à préciser les modalités de coopération, ce qui permettrait d’élargir les mesures concrètes de protection de l’atmosphère, a encore estimé Mme Escobar.

Mme Escobar a également remercié la CDI d’avoir inclus le jus cogens à l’ordre du jour de ses travaux et s’est félicitée du nouveau site Internet de la CDI.

M. IDREES MOHAMMED ALI MOHAMMED SAEED (Soudan) a souligné l’importance de la communication entre la Commission du droit international et la Sixième Commission.  Il s’est déclaré satisfait du nouveau site Internet de la CDI, « une contribution importante pour la diffusion du droit international, notamment dans les pays en développement ».  Il a noté l’importance de la coopération entre la CDI et d’autres organes, notamment avec les pays en développement.  Le droit international est en effet avant tout le résultat des travaux des pays développés, a-t-il souligné.

Concernant le jus cogens, le représentant a noté l’importance de cette question, qui concerne la formation du droit international.  Il a encouragé les représentants spéciaux à communiquer avec les membres de la Sixième Commission.  M. Saeed a, par ailleurs, salué le travail du Groupe d’étude en charge de la clause de la nation la plus favorisée et a souligné l’importance du thème de la protection de l’atmosphère, tout en rappelant qu’il était important de ne pas créer d’interférences entre les travaux de la CDI et divers processus politiques en cours.  Il a aussi noté l’importance pour la CDI de tenir des réunions et a émis l’espoir que ce serait prochainement le cas.

M. ANDRZEJ MISZTAL (Pologne) s’est félicité de l’introduction de nouveaux thèmes dans le programme de travail de la Commission du droit international.  Il a rappelé que son pays avait proposé d’inclure deux thématiques ces dernières années: l’« obligation de ne pas reconnaître comme illégale une sérieuse entorse faite par un État à la mise en œuvre d’une obligation découlant d’une norme de droit international » et l’« immunité des responsables étatiques devant des juridictions criminelles étrangères ».  Nous continuons de penser qu’il serait utile et pratique pour la communauté internationale de se pencher sur ces thèmes et de produire des directives concrètes et réalisables, a ajouté M. Misztal.

Le représentant a salué les travaux de la Commission du droit international (CDI) sur la clause de la nation la plus favorisée, estimant que les interprétations techniques du Groupe d’étude pouvaient significativement faciliter l’interprétation et l’application des mesures relevant de la clause de la nation la plus favorisée.  La Pologne est d’accord en particulier avec la question centrale de lejusdem generis, en vertu de laquelle la portée et la nature de l’avantage qui peut être obtenu en vertu d’une clause NPF dépendent de l’interprétation de la clause NPF elle-même, et doivent être déterminés au cas par cas.  M. Misztal a en outre souligné le danger de faire, à partir des interprétations d’un accord sur l’investissement, des interprétations automatiquement applicables à d’autres accords.

Concernant la protection de l’atmosphère, le représentant a salué les projets de directives et les paragraphes du préambule adoptés provisoirement par la CDI mais a regretté le manque de directives couvrant les obligations générales des États de protéger l’atmosphère de la pollution.

Mme MARIA PALACIOS (Espagne) a salué la décision de la Commission du droit international d’inclure le thème du jus cogens dans son programme de travail, tout en l’appelant à maintenir le caractère ouvert et flexible du processus d’élaboration des règles du jus cogens.  Elle a en revanche déploré que la CDI traite « un nombre excessif de sujets », soulignant que la difficulté de certains des thèmes à l’étude ne rendait pas la situation plus facile.

Concernant la clause de la nation la plus favorisée, Mme Palacios a indiqué ne « pas être sûre que les conclusions du rapport permettent d’avancer sur cette question ».  Elle a reconnu que ce rapport serait utile aux futurs négociateurs car il règle un certain nombre de problèmes d’interprétation, mais a estimé que ce type de rapport ne semble pas relever des fonctions de la CDI, laquelle consiste à contribuer à la progression du développement du droit international et à la codification du droit international.

À propos de la protection de l’atmosphère, Mme Palacios s’est félicitée que le préambule du projet de directives n’utilise pas l’expression « préoccupation commune de l’humanité » mais celle de « préoccupation pressante de l’ensemble de la communauté internationale ».  Elle a salué ensuite une « approche focalisée sur les activités humaines » pour la définition des termes « pollution de l’air » et « dégradation atmosphérique ».  Elle s’est toutefois interrogée sur l’existence d’éléments transfrontières dans le concept de pollution de l’air.  À propos enfin des paragraphes 2 et 3 du projet de directive 2, Mme Palacios s’est félicitée qu’ils reflètent l’accord trouvé par la CDI concernant l’exclusion de certaines questions du projet.  Elle a souligné que le commentaire lié au paragraphe 4      –relatif au statut de l’espace aérien et de l’espace extra-atmosphérique- distinguait bien atmosphère et espace aérien.  L’Espagne suggère toutefois de préciser que « l’espace aérien » est un terme de droit international alors que « l’atmosphère » est « une notion purement physique ».

M. VILAWAN MANGKLATANAKUL (Thaïlande) a déclaré que la clause de la nation la plus favorisée (clause NPF) nécessitait plus de clarté.  Une analyse plus complète dans l’interprétation des clauses NPF serait utile aux administrateurs, négociateurs et praticiens de ce domaine.  La Thaïlande considère que l’analyse sur l’applicabilité des clauses NPF pour les dispositions en matière de règlement des différends dans les traités d’investissement est d’un vif intérêt.  Par principe, un investisseur privé n’a pas de rôle dans la création des obligations naissant des traités.  Pour éviter les différends au tribunal dans l’interprétation des clauses NPF sur une base de cas par cas, les États devraient dire clairement dans le traité si les clauses NPF comprennent des provisions concernant le règlement des différends.  En l’absence de ces provisions, ce seront les règles du droit coutumier qui s’appliqueront, ainsi que codifiés dans la Convention de Vienne.

Concernant la protection de l’atmosphère, le représentant de la Thaïlande a encouragé la Commission à continuer son travail sur la protection de l’atmosphère.  Plus généralement, la Thaïlande apprécie le rôle de la CDI dans la promotion du droit international au niveau international.  M. Mangklatanakul a rappelé en conclusion l’engagement de son pays dans la promotion du droit international.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a salué les travaux sur l’interprétation de la clause de la nation la plus favorisée.  Il a toutefois souligné que, compte tenu des divergences dans l’utilisation de cette notion qui existent dans les traités internationaux, rechercher l’uniformisation dans l’interprétation et la mise en œuvre de la clause de la nation la plus favorisée risquait de contrevenir aux règles établies par les articles 31 à 33 de la Convention de Vienne sur le droit des traités.  L’Afrique du Sud soutient la position du Groupe d’étude, pour qui il n’aurait pas été prudent de revisiter le projet d’articles de 1978 et salue l’approche retenue, qui vise à offrir « des directives d’interprétation aux négociateurs de traités, aux responsables politiques et aux acteurs qui en dépendent ».

Concernant la protection de l’atmosphère, M. Mminele a déclaré que les efforts de la communauté internationale étaient « cruciaux pour le développement durable et le bien-être ».  La protection de l’atmosphère devrait autant que possible relever du droit international, a-t-il précisé.  Saluant le travail de la Commission et du Rapporteur spécial, il a apporté son soutien à leur approche, estimant qu’elle n’interfère pas avec les différentes négociations politiques qui se déroulent sur la pollution atmosphérique, l’épuisement de la couche d’ozone et les changements climatiques et se fait sans préjudice des principes de droit international déjà en place.  Dans ce contexte, il s’est particulièrement félicité de l’adoption du projet de directives par la Commission.  En conclusion, le représentant a encouragé la CDI à continuer sa réflexion et son travail sur les principes du droit international liés à la protection de l’atmosphère, en s’appuyant sur les sources « les plus larges possibles », afin de servir de toile de fond accessible, compréhensible et cohérente au processus de création de nouvelles normes.

M. VU MINH NGUYEN (Viet Nam) a jugé très importants les travaux de la CDI sur la clause de la nation la plus favorisée.  Il a rappelé que son pays était importateur de capital et qu’il avait conclu plus de 80 accords bilatéraux d’investissements et des dizaines d’accords de libre-échange en rapport avec l’investissement, dont la plupart contient des clauses de la nation la plus favorisée classiques.  Il a souligné que la plupart de ces dispositions étaient rédigées de manière générale et, en conséquence, largement sujettes à interprétation par les parties, ainsi que par les arbitres devant résoudre les différends.  Il a noté des points de vue antagonistes entre arbitres concernant les interprétations de ces clauses.  Selon lui, certaines de ces approches sont éloignées de l’interprétation consacrée par la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969.  Cela peut mener à des résultats qui n’étaient pas attendus au moment où les parties ont conclu l’accord, a-t-il relevé.  De l’autre côté, on ne peut attendre une uniformité d’interprétation ou d’application de la clause NPF, en raison des libellés très différents de cette clause selon les traités.  En l’absence de doctrine formelle sur la question en droit international, l’exercice d’interprétation devrait se faire sur la base du droit coutumier de l’interprétation des traités, tel que codifié aux articles 31 et 32 de la Convention de Vienne sur le droit des traités.  Il a encouragé les décideurs, les négociateurs gouvernementaux, les arbitres et les praticiens à utiliser utilement le rapport du Groupe d’étude de la CDI dans leur pratique du droit international des investissements.

Passant au sujet de la protection de l’atmosphère, le représentant a pris note du projet de directive 5, qui fait obligation aux États de coopérer à la protection de l’atmosphère contre la pollution atmosphérique et la dégradation atmosphérique.  Les modalités et formes de coopération varient, celles-ci peuvent revêtir la forme de partage de connaissance, la création de capacités, la coordination d’actions, a estimé le représentant, pour qui la forme de cette coopération doit être laissée à la discrétion des États.  Il a dit, à cet égard, avoir une difficulté concernant le paragraphe 2 du projet de directive 5, qui met en exergue une seule forme de coopération –échange d’information et suivi conjoint sur les connaissances scientifiques- aux dépens des autres.  « Cela peut perturber le choix des États à coopérer de la manière la plus appropriée », a estimé M. Nguyen.  En conclusion, le représentant a rendu hommage au travail de la CDI dans la promotion du droit international et a salué sa décision d’inclure « jus cogens » dans son programme de travail.

M. RHEE ZHA HYOUNG (République de Corée) a salué les travaux du Rapporteur spécial sur la protection de l’atmosphère et appuyé l’adoption provisoire par la CDI du préambule et des directives 1, 2 et 5 du projet.  Il a en particulier salué les efforts de la CDI pour préciser dans sa directive 1, les définitions des termes « pollution atmosphérique » et « dégradation atmosphérique ».  Il a toutefois souligné que le terme « substance » utilisé dans la définition de la pollution atmosphérique devrait aussi inclure les « énergies » et demandé plus de clarification dans la définition de ce terme.

Le représentant a ensuite reconnu l’importance de la coopération internationale pour protéger l’atmosphère, soulignant qu’elle était au cœur de tous les autres projets de directives.  Il a toutefois émis des doutes sur la pertinence de l’usage de la formule « les États ont l’obligation de coopérer » dans le projet de directive 5, préférant y substituer l’expression « les États devraient coopérer ».  Il a également mis en garde contre l’usage de la formule « selon qu’il convient », soulignant que si cette formule offrait « flexibilité et latitude », elle peut aussi accroître l’ambiguïté de la disposition.

Le représentant a, par ailleurs, qualifié le rapport final du Groupe d’étude sur l’interprétation de la clause de la nation la plus favorisée d’« utile et pratique ».  En conclusion, il a jugé « trop vaste » le programme de travail de la Commission pour 2016-2020 tel que décrit dans le rapport, estimant qu’il risquait de « ne pas être achevé ».

ADMINISTRATION DE LA JUSTICE À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/70/151, A/70/187, A/70/188 ET A/70/189)

Le Président de la Sixième Commission, M. Charles Eden, a demandé à la Commission l’autorisation de signer et d’envoyer au Président de l’Assemblée générale une lettre dans laquelle il présente un résumé des débats de la Commission, tenus le 26 octobre, sur la question de l’administration de la justice à l’Organisation des Nations Unies.  La Sixième Commission lui a accordé cette autorisation sans vote ni intervention.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: les mesures de prévention d’une course aux armements dans l’espace divisent les délégations

Soixante-dixième session
23e séance – matin
AG/DSI/3539

Première Commission: les mesures de prévention d’une course aux armements dans l’espace divisent les délégations

Les délégations adoptent également deux projets de résolution sur les armes de destruction massive

 

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, ce matin, l’adoption de ses projets de décision et de résolution. 

Si des mesures liées aux armes de destruction massive ont fait l’objet d’un large consensus, les deux résolutions adoptées sur ce point l’ayant été sans être mises aux voix, la prévention d’une course aux armements dans l’espace a divisé les délégations. 

C’est ainsi que le projet de résolution de la Fédération de Russie sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace, adopté par 122 voix pour, a été rejeté par 4 États, dont les États-Unis.  Près de 50 délégations se sont en outre abstenues.  Si ce texte était adopté par l’Assemblée générale, il demanderait que des travaux de fond démarrent au plus tôt à la Conférence du désarmement sur la base du projet de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace présenté par la Chine et la Fédération de Russie. 

Le représentant russe, présentant ce texte, a souligné la nécessité que les activités spatiales deviennent « prévisibles et sûres » par le biais de mesures pratiques.  Rappelant l’engagement de son pays à ne pas placer en premier des armes dans l’espace, il a indiqué que cette initiative était soutenue par un nombre croissant de pays.  « Si tous les États prennent le même engagement, nous aurons la garantie politique que personne, jamais, n’osera placer des armes dans l’espace », a-t-il assuré, déplorant qu’un « seul État, qui veut dominer l’espace, s’oppose à notre action commune pour empêcher une course aux armements dans l’espace en exerçant des pressions sur les États membres de l’Union européenne ».

Pour sa part, le représentant des États-Unis a indiqué que ce projet de résolution était problématique « car il ne reprend pas les propositions du Groupe d’experts gouvernementaux, ne définit pas ce qu’est une arme dans l’espace extra-atmosphérique et ne se concentre que sur les armes déployées dans l’espace et non les armes antisatellites déployées sur terre ».  C’est pour ces raisons que sa délégation a voté contre ce texte, a-t-il précisé.

S’exprimant après l’adoption du projet de résolution, le représentant du Luxembourg a déclaré que les 28 États membres de l’Union européenne s’étaient abstenus, réservant leur préférence « à des mesures volontaires pour les activités dans l’espace, comme le propose le projet de code de conduite de l’Union sur le sujet ».  « Les pays membres de l’Union européenne sont en outre inquiets par l’ambiguïté découlant de la notion de « premier à déployer des armes dans l’espace », qui insinue que des États pourraient continuer à développer des capacités militaires dans l’hypothèse où ils seraient les seconds à y déployer des armes », a souligné le représentant luxembourgeois.

La Première Commission a, par ailleurs, entériné un projet de résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  S’il était adopté par l’Assemblée générale, celui-ci demanderait à tous les États, en particulier aux États dotés de capacités spatiales importantes, de contribuer activement à la réalisation de l’objectif consistant à utiliser l’espace à des fins pacifiques et à prévenir la course aux armements dans l’espace, et de s’abstenir d’actes incompatibles avec cet objectif et avec les traités en vigueur en la matière, afin de maintenir la paix et la sécurité dans le monde et de favoriser la coopération internationale. 

Les délégations ont en outre adopté, par consensus, deux projets de résolution sur les armes de destruction massive.  Aux termes du premier de ces textes, relatif à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, l’Assemblée générale, rappelant qu’il a été décidé à la septième Conférence d’examen que la huitième Conférence d’examen se tiendrait à Genève au plus tard en 2016, soulignerait l’importance d’une préparation transparente et ouverte à tous de cette réunion.

Enfin, par le projet de résolution sur les mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive, l’Assemblée générale demanderait à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.  Elle lancerait aussi un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et de la ratifier.

Intervenant sur ce texte, le représentant du Pakistan a déclaré qu’il gagnerait, à l’avenir, à refléter au plus près la réalité du risque de possession d’armes de destruction massive par des groupes de terroristes.  « Ce risque reste beaucoup plus grand que la possibilité que des acteurs non étatiques ne s’emparent de telles armes », a-t-il précisé à cet égard.  Il a aussi estimé qu’il conviendrait de lier la lutte antiterroriste et la non-prolifération. 

La Première Commission poursuivra demain, à 10 heures, l’adoption de ses projets de résolution et de décision.

DÉCISION SUR TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Explications de vote sur les résolutions adoptées hier

La représentante de la France a indiqué que la résolution L.26 rappelait que les efforts conduisant au désarmement nucléaire ne pouvaient être menés que sur la base du principe de sécurité non diminuée pour tous, conformément à la résolution 1887 du Conseil de sécurité.  Elle a expliqué l’abstention de son pays sur ce texte en raison des références aux conséquences humanitaires d’un éventuel emploi de l’arme nucléaire.  La France continue d’œuvrer à un monde plus sûr pour tous et à créer les conditions d’un monde sans armes nucléaires, conformément aux termes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-elle indiqué.  Pour son pays, l’arme nucléaire est un moyen de dissuasion destiné à la seule protection de ses intérêts vitaux, a souligné la déléguée.

Le représentant de l’Inde a notamment indiqué que sa délégation s’est abstenue sur la résolution L.2, ce texte devant, selon lui, se concentrer sur la région qu’elle entend traiter.  L’Inde s’est également abstenue sur la résolution L.23, « car il n’est pas question de devenir État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant qu’État non doté d’armes nucléaires ».  Les armes nucléaires font partie intégrante de notre sécurité nationale, a indiqué le délégué.  Nous avons voté en faveur de la résolution sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, car la discussion sur ce sujet doit se poursuivre dans les enceintes multilatérales du désarmement, de la sécurité internationale et du développement, a poursuivi le représentant indien.  Sur la résolution L.38, nous nous sommes abstenus car l’engagement humanitaire n’est pas le résultat recherché par les mécanismes de désarmement, a-t-il encore souligné.  En matière de désarmement nucléaire, l’accent doit être mis sur la réduction des arsenaux et le renforcement des régimes de vérification, a-t-il encore estimé.  La dimension éthique du désarmement nucléaire étant importante, nous avons salué plusieurs dispositions de la résolution sur le sujet, mais les impératifs éthiques ne doivent pas supplanter les dimensions juridiques, ce qui nous a amené à nous abstenir sur ce texte, a-t-il expliqué.  Nous nous sommes aussi abstenus sur la résolution L.44 sur le désarmement nucléaire, mais cette abstention ne signifie pas que nous rejetons ces dispositions, a conclu le représentant.

Le représentant du Japon a affirmé qu’en tant que seul pays à avoir subi des bombardements nucléaires, le Japon a voté en faveur des trois résolutions portant sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.  Le Japon s’est, en revanche, abstenu sur les projets de résolution portant sur le désarmement nucléaire et l’illicéité des armes nucléaires, car sa délégation ne partage pas l’approche de ces deux textes et estime que les conditions ne sont pas réunies pour un désarmement nucléaire complet, a expliqué le représentant.  

La délégation du Royaume-Uni, s’exprimant également au nom de la France et des États-Unis, a expliqué l’opposition de ces trois pays aux projets de textes sur le désarmement nucléaire, par le fait que les auteurs semblent s’écarter du consensus de 2010 et introduisent des concepts non inscrits au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Pour ces puissances nucléaires, le désarmement nucléaire ne peut se faire que par une approche progressive et lorsque les conditions de sécurité pour tous le permettront, a indiqué le représentant.  

La représentante d’Israël a déclaré que sa délégation a adhéré au consensus sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient en dépit des réserves sur ce projet de texte.  Cette attitude prouve la bonne volonté d’Israël de parvenir à cet objectif, comme il l’a toujours fait en participant aux processus de négociation à cette fin, a rappelé sa représentante.  Cependant, a-t-elle souligné, cet objectif ne pourra devenir réalité tant que des obstacles persistent dans la région, notamment l’absence d’un forum régional permanent qui permettrait une discussion entre États de la région.  Le refus de certains États de reconnaître l’existence d’Israël constitue en outre un obstacle à la discussion, a-t-elle poursuivi.  La délégation a également voté en faveur du projet de texte relatif au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, car Israël a toujours appuyé cette résolution depuis qu’il a signé ce Traité en 1996; toutefois Israël n’appuie pas les paragraphes 6 du préambule et 1 du dispositif, a précisé la représentante. 

Le représentant de l’Espagne a précisé, à propos de la résolution L.55, que la création de zones exemptes d’armes nucléaires était une contribution à la paix et à la sécurité régionales, y compris en Afrique où la paix doit ouvrir la voie à la réalisation du développement durable.  Il a toutefois indiqué que son pays ne signerait pas le Protocole III du Traité de Pelindaba portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, l’Espagne étant liée avec de nouveaux pays africains par des traités bilatéraux « qui vont plus loin en matière de désarmement nucléaire ».  C’est pourquoi, nous nous sommes abstenus sur ce texte, a-t-il signalé.

Le représentant de l’Allemagne a déclaré, au nom d’un groupe de pays « qui se sont abstenus ou opposés aux résolutions sur les conséquences humanitaires et l’engagement humanitaire », que ce point de l’ordre du jour « doit être une force qui nous unit ».  Pourtant la nécessité d’accorder la même attention au désarmement nucléaire et à la sécurité humaine n’est pas reflétée dans ces résolutions, a-t-il regretté. 

Le représentant de la Bulgarie a dit croire à un monde sans armes nucléaires, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires étant l’instrument qui doit permettre « d’atteindre ce noble objectif ».  Il a indiqué que son pays ne soutenait pas la réunion d’une conférence extraordinaire en vue d’établir une convention interdisant l’utilisation d’armes nucléaires: car à son avis, une telle initiative parallèle, aux objectifs louables, affaiblirait le régime de non-prolifération ».

Le représentant du Brésil a indiqué avoir voté pour la résolution sur l’élimination des armes nucléaires, même si la délégation estime que le projet de résolution aurait pu être plus ambitieux en faisant référence au non-respect de l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) par les puissances nucléaires.  La délégation a également voté en faveur du texte sur l’interdiction des essais nucléaires, même si elle regrette que le texte ne fasse pas référence aux déclarations adoptées lors des conférences sur l’interdiction des essais nucléaires, notamment en ce qui concerne le développement de nouvelles armes nucléaires. 

La représentante de la Finlande a déclaré avoir voté en faveur de la résolution sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires en raison de l’urgence de cette question.  Elle n’a cependant pas appuyé le projet sur les engagements humanitaires en faveur de l’interdiction et de l’élimination des armes nucléaires en raison du manque d’ambition de ce texte, a dit la représentante.

Le représentant de la Norvège s’est abstenu lors du vote du projet de texte sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, en dépit de sa conviction sur les conséquences catastrophiques et indiscriminées d’une frappe nucléaire.  La délégation partage l’avis de ses « alliés de l’OTAN » selon lequel le désarmement nucléaire doit se faire sur une base progressive et non par l’imposition d’un cadre normatif contraignant, a expliqué le représentant.  

La représentante de la Nouvelle-Zélande, au nom d’un groupe d’États, a déclaré à propos de la résolution L.15 que, cette année encore, « nous avons voté en faveur de ce texte en raison de la mention explicite à l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et aux dimensions humanitaires des armes nucléaires qui y figurent ».  En sa capacité nationale, elle a indiqué que son pays avait voté contre la résolution L.20 sur la réduction du danger nucléaire du fait « qu’elle mentionne uniquement les cinq États dotés de l’arme nucléaire dans la mission de réduction du risque nucléaire ».  Concernant le projet de résolution L.21, la représentante a indiqué que son pays avait voté contre également « car nous ne sommes toujours pas convaincus par ses objectifs et son appel à des négociations sur une convention interdisant les armes nucléaires, l’accent devant être prioritairement mis sur l’élimination vérifié des arsenaux existants ».  Au sujet de la résolution L.26; elle a déclaré avoir voté pour ce texte soulignant les conséquences humanitaires de « toutes les armes nucléaires ».  Son pays a également soutenu les projets de résolution L.38 et L.40, a-t-elle indiqué.

La représentante de Cuba a notamment déclaré qu’hier, pour la première fois, « nous avons eu trois résolutions sur la dimension humanitaire des armes nucléaires, que nous avons appuyées ».  Il faut avancer sans délai sur la voie d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, dont le développement et le perfectionnement coûtent des milliards de dollars qui pourraient être consacrés au développement, a-t-elle estimé 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que sa délégation avait voté en faveur de la L.44 sur le désarmement nucléaire, « qui doit l’emporter sur la non-prolifération ».  « Les États dotés des plus importants arsenaux devraient être les chefs de file en la matière », a-t-il précisé.  Il a noté que son pays avait voté pour la résolution L.2, « car nous sommes en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ».  « Nous nous dissocions toutefois des références à l’appel universel au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », a-t-il précisé.  « Nous nous sommes abstenus sur les résolutions relatives aux dimensions humanitaires des armes nucléaires, car la doctrine de la République populaire démocratique de Corée ne représente aucune menace à la paix et à la sécurité internationales », a souligné le représentant, expliquant en outre que, cette année encore, sa délégation avait rejeté le projet de résolution L.46 sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, « car nous rejetons les références qui y sont faites aux résolutions arbitraires du Conseil de sécurité qui visent notre pays ».  « Les essais auxquels nous procédons relèvent de la légitime défense et je rappelle qu’à ce jour, les cinq États dotés d’armes nucléaires les plus puissants ont procédé à eux seuls à 99% des essais nucléaires », a-t-il précisé. 

Le représentant de la Suisse, s’exprimant d’abord au nom de la Suède et de son pays, a déclaré qu’ils avaient voté en faveur de la résolution sur l’engagement humanitaire car ces deux pays partagent les objectifs et l’appel lancé aux puissances nucléaires dans ce texte.  Les deux délégations sont en faveur d’instruments juridiques efficaces, notamment pour interdire les armes nucléaires, avec la participation des puissances nucléaires et de leurs alliés, a indiqué le représentant.  S’exprimant cette fois à titre national, il a indiqué que la Suisse avait voté en faveur du texte sur le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient, car son pays soutient l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région.  La Suisse a aussi voté en faveur de la résolution sur le suivi de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire de 2013, car elle est compatible avec les consensus sur les trois piliers du TNP, a-t-il précisé.  En revanche, a-t-il poursuivi, son pays a voté contre les résolutions relatives à l’interdiction des armes nucléaires et à la réduction du danger nucléaire car elle rejette l’approche de ces deux textes.  

La Chine s’est abstenue sur les projets de résolution sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, de l’engagement humanitaire et sur les aspects éthiques des armes nucléaires, a indiqué son représentant.

La Suède s’exprimant aussi au nom de la Suisse, a déploré que la résolution sur les impératifs éthiques pour un monde exempt d’armes nucléaires ne fasse pas de différence entre le droit, la morale et l’éthique. 

Le représentant de la République islamique d’Iran a déclaré, concernant la résolution L.1, que sa délégation avait voté en faveur de ce texte appelant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Nous appuyons cet objectif important, qui est une priorité pour l’Iran depuis 1979, date à laquelle nous avions proposé l’établissement d’une telle zone pour la première fois, a-t-il rappelé.  Pour le délégué iranien, l’État d’Israël, détenteur d’un arsenal nucléaire, continue d’être la seule entrave aux efforts régionaux pour réaliser cet objectif et représente la principale menace à la sécurité des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de la région.  Concernant le projet de résolution L.26, il a déclaré que son pays partageait l’objectif de ce texte demandant l’élimination totale des armes nucléaires.  « Toutefois, des demandes y figurant sont inacceptables, notamment celles liées à la région de l’Asie de l’Est », a-t-il indiqué.  « Il n’est pas normal que le texte ne mentionne pas les risques que pose le fait que les installations nucléaires d’Israël ne sont pas placées sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », a-t-il souligné.  Enfin, le représentant a indiqué que sa délégation avait voté en faveur du projet de résolution L.46  sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, « dont nous sommes parties ».  « Nous rejetons toutefois les dispositions mentionnant explicitement notre pays », a-t-il dit. 

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que son pays s’est opposé à la résolution présentée par le Japon sur l’élimination des armes nucléaires, en raison de son caractère inacceptable pour son pays et de la dangereuse tendance à réécrire l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale.  Plus de 27 millions de Russes et 35 millions de Chinois ont péri dans ce conflit, tandis que les États-Unis ont largué « sur un Japon déjà à terre » deux bombes nucléaires en guise de « tests cyniques sur les populations civiles », a souligné le représentant.  Pour sa délégation, insister sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires est une tentative de détourner l’attention de la communauté internationale, a-t-il jugé, ajoutant qu’il faut au contraire prendre en compte tous les aspects du désarmement nucléaire, y compris les aspects stratégique et de sécurité pour tous. 

Autres armes de destruction massive

Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (L.12)

Aux termes de ce texte adopté par consensus, l’Assemblée générale, rappelant qu’il a été décidé à la septième Conférence d’examen que la huitième Conférence d’examen se tiendrait à Genève, au plus tard en 2016, soulignerait l’importance d’une préparation transparente et ouverte à tous de la huitième Conférence d’examen, et encouragerait les États parties à mettre en œuvre un processus préparatoire qui facilite une étude rigoureuse et équilibrée des questions de fond et de procédure concernant l’examen de la Convention et son application.  Elle prierait le Secrétaire général de continuer de prêter l’assistance voulue aux gouvernements dépositaires de la Convention, de fournir tous services nécessaires aux fins de l’application des décisions et recommandations issues des conférences d’examen et d’offrir l’assistance et les services que peuvent nécessiter la dernière réunion des États parties durant le processus intersessions en cours ainsi que la préparation et le déroulement de la huitième Conférence d’examen.

Par le projet de résolution sur les mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive (L.19) adopté par consensus, l’Assemblée générale demanderait à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.  Elle lancerait aussi un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et de la ratifier.

Explications de vote

Le représentant du Pakistan, au sujet de la résolution L.19, a déclaré que sa délégation appuyait ce texte qui, a-t-il indiqué, gagnerait néanmoins à être renforcé en reflétant au plus près la réalité des risques de possession des armes de destruction massive par des groupes de terroristes.  Ce risque reste beaucoup plus grand que la possibilité que des acteurs non étatiques ne s’emparent de telles armes, a-t-il ajouté.  Le contrôle des armes biologiques devrait concerner davantage les grandes puissances industrielles, a-t-il aussi souligné.  Il conviendrait, par ailleurs, de lier la lutte antiterroriste et la non-prolifération, a-t-il conclu.

Espace extra-atmosphérique (aspects de désarmement)

Déclarations

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que son pays soutenait activement les efforts visant à maintenir l’espace extra-atmosphérique exempt d’armes.  Il faut parvenir à la prévisibilité et à la sécurité des activités spatiales en adoptant des mesures pratiques, a-t-il ajouté, rappelant l’engagement de son pays à ne pas placer en premier des armes dans l’espace.  Cette initiative est soutenue par un nombre croissant de délégations, s’est-il réjoui, notant que le nombre de coauteurs de la résolution L.47 était proche des 50.  Si tous les États prennent le même engagement, nous aurons la garantie politique que personne, jamais, n’osera placer des armes dans l’espace, a-t-il dit.  Seul un État, qui veut dominer l’espace, s’oppose à notre action commune pour empêcher une course aux armements dans l’espace en exerçant des pressions importantes sur les États membres de l’Union européenne, a-t-il relevé.  L’espace ne doit jamais devenir une arène de confrontations armées, a ajouté le délégué. 

La représentante de Cuba a indiqué que son pays s’était porté coauteur des deux résolutions.  « Tous les États ont le droit d’explorer l’espace à des fins pacifiques. »  Par contre, a-t-elle prévenu, « une course aux armements dans l’espace entraînerait de graves dangers pour la paix et la sécurité internationales ».  Cuba s’est engagé à ne pas placer d’armes dans l’espace, et appelle à la création d’un instrument juridique contraignant contre la militarisation de l’espace extra-atmosphérique, a-t-elle indiqué.

La représentante de l’Ukraine a déclaré que sa délégation voterait contre le projet de résolution proposé par la Fédération de Russie sur le non-déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, car cette proposition « n’est pas crédible », compte tenu du comportement de la Fédération de Russie qui déploie des armes en Crimée, a dit la représentante.

La Chine, qui est coauteure des trois résolutions présentées au titre du groupe thématique sur l’espace extra-atmosphérique, a dit les soutenir toutes, en particulier celle sur la prévention et le non-déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique. 

Explications de vote

Les États-Unis, après un examen profond du projet de texte, voteront contre le projet de résolution sur le non-déploiement en premier des armes dans l’espace extra-atmosphérique, a dit le représentant américain.  Ce projet est problématique à de nombreux égards, car il ne reprend pas les propositions du Groupe d’experts gouvernementaux, ne définit pas ce qu’est une arme dans l’espace extra-atmosphérique et ne se concentre que sur les armes déployées dans l’espace et non sur les armes antisatellites déployées sur terre, a-t-il indiqué.

Le Luxembourg, au nom d’un groupe d’États, a déclaré que les pays de ce groupe, qui comprend les 28 États membres de l’Union européenne, s’abstiendront lors du vote sur le non-déploiement en premier des armes dans l’espace extra-atmosphérique.  Les États de ce groupe sont plutôt favorables à des mesures volontaires pour les activités dans l’espace, comme le propose le code de conduite de l’Union européenne sur le sujet.  Ces pays sont en outre inquiets par l’ambiguïté découlant de la notion de « premier à déployer des armes dans l’espace », qui insinue que des États pourraient continuer à développer des capacités militaires dans l’hypothèse où ils seraient les seconds à y déployer des armes.  L’absence de définition claire de ce qu’est une arme dans l’espace est aussi source de préoccupation, de même que l’accent mis sur les armes dans l’espace extra-atmosphérique et non sur les armes antisatellites sur terre, a conclu son représentant.

Le Mexique appuiera le projet de texte sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, car il refuse que l’espace extra-atmosphérique soit le prochain théâtre d’une course aux armements.  Cette position a été appuyée par le Costa Rica et le Chili.

Par un projet de résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace (L.3), adopté par 173 voix pour et trois abstentions (Israël, États-Unis, Palaos), l’Assemblée générale demanderait à tous les États, en particulier aux États dotés de capacités spatiales importantes, de contribuer activement à la réalisation de l’objectif qui consiste à utiliser l’espace à des fins pacifiques et à prévenir la course aux armements dans l’espace, et de s’abstenir d’actes incompatibles avec cet objectif et avec les traités en vigueur en la matière, afin de maintenir la paix et la sécurité dans le monde et de favoriser la coopération internationale.  Elle inviterait la Conférence du désarmement à créer un groupe de travail au titre du point de son ordre du jour intitulé « Prévention d’une course aux armements dans l’espace » le plus tôt possible pendant sa session de 2016.

Avec le projet de résolution sur le non-déploiement d’armes dans l’espace en premier (L.47), adopté par 122 voix pour, 4 contre (Israël, Géorgie, Ukraine, États-Unis) et 47 abstentions, l’Assemblée générale demanderait instamment que des travaux de fond débutent au plus tôt, à la Conférence du désarmement, sur la base du projet révisé de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux présenté par la Chine et la Fédération de Russie.  Elle soulignerait qu’en l’absence d’un tel accord, d’autres mesures peuvent contribuer à faire en sorte que des armes ne soient pas déployées dans l’espace et engagerait tous les États, en particulier ceux qui mènent des activités spatiales, à envisager de s’engager politiquement à ne pas être les premiers à déployer des armes dans l’espace.

Explication de vote

La délégation de l’Australie a déclaré s’être abstenue lors du vote de la résolution sur le non-déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, car le texte présentait des lacunes, notamment en termes de définition de ce qu’est une arme et dans la non-prise en compte des menaces représentées par les armes antisatellites.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, la Fédération de Russie a présenté ses condoléances au « peuple frère de l’Ukraine » pour les morts causés après le coup d’État constitutionnel soutenu par l’Union européenne et les États-Unis.  Le régime de Kiev utilise des armes contre son propre peuple, a dit le représentant, affirmant ensuite que la Fédération de Russie n’a pas mené d’offensive contre l’Ukraine et ne le ferait jamais.

Exerçant également son droit de réponse, la délégation des États-Unis a déclaré que son pays avait appuyé les forces et le changement démocratiques en Ukraine.  La Fédération de Russie doit cesser de saper la démocratie dans ce pays, a lancé le représentant.

Répondant aussi à la Fédération de Russie, la représentante de l’Ukraine a déclaré que la seule manière pour ce pays de montrer son amour pour le peuple ukrainien est de cesser de le tuer.   

 

 

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