7570e séance – après-midi
CS/12146

M. Ladsous souligne qu’il est nécessaire d’encourager l’adhésion des parties sud-soudanaises au processus de paix

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a souhaité, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, un engagement politique actif de la communauté internationale afin de préserver le processus de paix au Soudan du Sud, qui est « dans une phase critique ».  « Dans le cas contraire, les progrès effectués à ce jour seraient vains », a-t-il averti. M. Ladsous a également préconisé d’adapter le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et d’augmenter ses effectifs.

« Nous devons œuvrer collectivement afin d’accroître l’adhésion des parties à la mise en place de l’accord de paix et soutenir les institutions établies par cet accord pour mettre fin à un conflit insensé », a affirmé le Secrétaire général adjoint, qui présentait deux rapports du Secrétaire général portant, respectivement, sur la situation au Soudan du Sud* et sur l’examen du mandat de la MINUSS**.

M. Ladsous a détaillé les « quelques progrès » enregistrés sur le plan politique dans le pays, en mentionnant tout d’abord l’accord sur la répartition des forces prévues pour garantir la sécurité dans la ville de Juba.  Le 20 octobre, l’armée ougandaise a commencé à retirer ses troupes du Soudan du Sud comme le stipule l’accord, a-t-il noté. 

Le Secrétaire général adjoint a également rappelé le soutien apporté par le  Président Kiir à l’accord de paix ainsi qu’à la constitution d’un gouvernement d’union nationale de transition.  Le 27 novembre, la Commission mixte de suivi et d’évaluation, présidée par l’ancien Président du Botswana, M. Festus Mogae, a tenu sa première réunion, a-t-il indiqué, tout en regrettant que l’opposition armée n’y ait pas assisté.

« La mise en œuvre de l’accord de paix avance très lentement et difficilement », a cependant concédé M. Ladsous.  De nombreuses violations de l’accord de cessez-le-feu, a-t-il dit, ont eu lieu dans plusieurs régions depuis août 2015.  La poursuite des affrontements opposant les deux parties, en particulier dans l’État d’Unité, a entraîné des pertes lourdes, provoqué le déplacement de nouveaux flux de personnes et accru les besoins d’assistance humanitaire, a-t-il déclaré.

La cessation complète et immédiate des hostilités est « la première vraie contribution » au processus de paix que les deux parties doivent à leurs peuples, a tenu à souligner M. Ladsous.  « Malheureusement, nous sommes témoins sur le terrain d’une poursuite continue des combats destinée à reprendre ou consolider des positions militaires avant le début de la transition », a-t-il dit, tout en déplorant que cette dynamique soit également notable sur le plan politique.

Le Secrétaire général adjoint a cité la décision controversée du Président Kiir d’établir 28 « États » au Soudan du Sud et l’approbation d’amendements à la Constitution de transition sud-soudanaise qui supprime toute référence au Soudan du Sud comme étant constitué d’« un certain nombre d’États ».  « Cette initiative pourrait rendre plus difficile encore un rapprochement entre les parties à un moment important de la formation du gouvernement d’union nationale de transition », a-t-il prévenu.

À ce stade du processus de paix, a déclaré le Secrétaire général adjoint, toute initiative politique unilatérale prise par l’une des parties est contreproductive.  « Notre message aux deux parties doit être clair et sans équivoque: nous avons besoin de toute urgence de la totalité de l’accord et rien que de cet accord ».

M. Ladsous a ensuite détaillé la proposition du Secrétaire général visant à apporter un certain nombre d’ajustements au mandat de la MINUSS et à reconfigurer la Mission.  Aux termes de cette proposition, la Mission apporterait un soutien aux institutions clefs de la transition, tout en fournissant un appui technique au gouvernement de transition, notamment pour la planification des élections nationales.  Ces nouvelles tâches s’ajouteraient aux tâches antérieures de la Mission, dont la surveillance du cessez-le-feu et la protection des civils, a précisé M. Ladsous.

Le Secrétaire général adjoint a expliqué que la MINUSS veillerait par ailleurs à accroître la protection des civils présents sur les sites qu’elle a ouverts.  Selon les rapports du Secrétaire général précités, au 9 novembre 2015, la Mission assurait la protection de 178 906 personnes déplacées sur six sites.  C’est pourquoi, M. Ladsous a recommandé le déploiement, à titre de renfort, de 500 soldats et de 600 membres de la police.  « Il faudra compter une année pour donner suite aux changements recommandés et en évaluer l’impact sur la situation dans le pays », a-t-il ajouté.

Le Gouvernement du Soudan du Sud, a insisté M. Ladsous, doit « prendre la décision stratégique de soutenir et de faciliter, plutôt que de simplement tolérer, le travail de la MINUSS ».  « Aucune troupe ou aucun élément de police supplémentaires ne peuvent remplacer la volonté politique des dirigeants du Soudan du Sud de mettre un terme à leur conflit », a-t-il précisé.

Après cet exposé, le représentant du Soudan du Sud, M. Francis Mading Deng, a invité les Nations Unies à veiller à ce que le mandat de la Mission soit davantage axé sur le renforcement des capacités, en y associant le Gouvernement sud-soudanais.  Le rapport du Secrétaire général va d’ailleurs en ce sens, s’est félicité M. Deng.

« Par ailleurs, le Gouvernement du Soudan du Sud et la MINUSS devraient trouver les moyens d’encourager les civils accueillis dans les centres de protection à retourner dans leur foyer d’origine, dans la mesure où le statu quo actuel ne peut s’éterniser, comme le montrent les conditions de vie déplorables sur place et de récents incidents », a avancé le représentant.  Il a également mis l’accent sur la nécessité d’étendre la protection des civils à l’extérieur des camps.

Sur le plan politique, le Gouvernement du Soudan du Sud est fermement engagé en faveur de « la lettre et l’esprit » de l’accord de paix, a assuré M. Deng.  Son gouvernement, a-t-il dit, est prêt à former un gouvernement d’union nationale de transition dès que toutes les parties prenantes à l’accord de paix se rendront à Juba.  Soulignant les faibles ressources financières dont dispose le Gouvernement sud-soudanais pour s’acquitter de ses engagements, M. Deng a appelé la communauté internationale à lui apporter un appui solide. 

 

*    S/2015/902
**  S/2015/899

 

 

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