En cours au Siège de l'ONU

La victoire de Fallouja est une nouvelle preuve que les Iraquiens peuvent vaincre Daech, déclare le représentant spécial

  
7738e séance – matin     
CS/12447

La victoire de Fallouja est une nouvelle preuve que les Iraquiens peuvent vaincre Daech, déclare le représentant spécial

« Les récentes victoires stratégiques enregistrées contre Daech, à Fallouja et à Qayyarah, et les progrès accomplis pour isoler ses forces à Hawjia ont, une nouvelle fois, démontré que les Iraquiens étaient capables de vaincre Daech », a déclaré, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, M. Ján Kubiš, qui a appelé à un soutien international accru en faveur de ce pays, situé « à un tournant de son histoire ».

M. Kubiš, qui est également Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a néanmoins averti que Daech était toujours en mesure de conduire des attaques dévastatrices, comme celles récemment perpétrées à Bagdad.  « Heureusement, celles–ci n’ont, jusqu’à présent, pas réussi à rallumer les tensions sectaires », a-t-il dit, en appelant les responsables iraquiens à passer un compromis historique pour que « la phase post-Daech soit plus stable et prospère » que la précédente. 

Cette séance s’était ouverte par une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attentat de Nice, en France, une « attaque terroriste barbare et lâche », comme l’a qualifiée le représentant du Japon et Président du Conseil pour le mois de juillet, ainsi qu’à celle des victimes des attentats qui ont frappé ce mois-ci le Bangladesh, l’Iraq et l’Arabie saoudite.

M. Kubiš, qui présentait deux rapports du Secrétaire général, le premier* en application de la résolution 2107 (2013), le second** en vertu de la résolution 2233 (2015), a précisé que la libération de Mossoul était désormais le prochain objectif.  Alors que les préparatifs s’accélèrent, le Premier Ministre Haider el-Abadi a donné la priorité aux opérations humanitaires appuyées par l’ONU et demandé à la communauté internationale de fournir le financement nécessaire, a-t-il affirmé.

Le Gouvernement et les acteurs locaux doivent accélérer leurs efforts pour préparer politiquement « l’après-libération », en remédiant aux questions de gouvernance, d’état de droit et d’ordre public à Mossoul, a-t-il poursuivi, en notant la coordination accrue à cet égard entre Bagdad et Erbil.  Il a précisé que l’assistance internationale devait être pleinement coordonnée avec le Gouvernement iraquien et respecter la souveraineté de l’Iraq.

Le Représentant spécial a indiqué que des manifestations antigouvernementales avaient eu lieu la semaine dernière en réponse à la détérioration de la situation sécuritaire à Bagdad suite aux attaques terroristes, notamment à Karrada le 3 juillet, qui ont fait des centaines de victimes civiles. « Les appels répétés, appuyés par de nombreux responsables politiques, d’exécuter, à titre de représailles, les auteurs de ces attaques terroristes sont une source de préoccupation », a dit M. Kubiš.

Il a souligné la nécessité pour les responsables iraquiens, en particulier le Conseil des représentants, de privilégier les efforts de réconciliation sur la base d’une vision unique et d’une approche coordonnée, afin que la phase post-Daech soit plus stable, sûre et prospère que la précédente.  « La paix durable et la sécurité ne pourront être réalisées qu’avec un compromis historique qui mettra un terme aux facteurs politiques de division que sont l’intolérance, l’inégalité et l’injustice sociale et politique. »

Revenant sur la prise de Fallouja, le Représentant spécial a indiqué que le Gouvernement iraquien avait donné, lors des opérations, une priorité sans précédent à la protection des civils.  Il a loué la décision du Premier Ministre de ralentir les opérations lors de la première semaine, permettant à 90 000 personnes de s’enfuir.

La MANUI a néanmoins reçu des informations crédibles de violations des droits de l’homme et de crimes, y compris des actes de torture et des assassinats, depuis l’opération militaire de Fallouja le 22 mai, a précisé M. Kubiš.

Il a jugé essentiel que le Comité d’investigation, mis sur pied par le Premier Ministre Abadi le 6 juin, fasse toute la lumière sur ces violations, y compris la disparition d’hommes et de garçons, dans la région de Al Sejar et à Saqlawiyah.  Les leçons de Fallouja devront être prises en compte lors des préparatifs des opérations de libération de Mossoul, a affirmé le Représentant spécial.

« La reprise de Fallouja ne doit pas laisser planer un doute sur la capacité restante de Daech à conduire des attaques dévastatrices en plusieurs points du territoire, malgré ses pertes en hommes et en territoire et une structure de commandement, un appui local et un moral amoindris », a averti le Chef de la MANUI.  Tandis que le projet de gouvernance de Daech est en train de s’effondrer, ce dernier a de plus en plus recours à des tactiques d’insurrection brutale, telles que l’usage d’attentats-suicide, a-t-il poursuivi.

M. Kubiš a identifié une nouvelle tendance à l’œuvre, consistant en un terrorisme urbain, à forte dimension sectaire, mené contre des civils et des infrastructures.  Si ces attaques n’ont pas réussi à rallumer les tensions sectaires, il a rappelé que les institutions et organes de l’État avaient la responsabilité d’assurer l’état de droit et l’ordre « pour tous les Iraquiens ». 

« Avec les progrès enregistrés dans les combats contre Daech, réformer les institutions sécuritaires iraquiennes et faire en sorte que l’État contrôle pleinement les groupes armés deviennent les priorités », a-t-il dit.

Le Représentant spécial a, en outre, souligné que la situation humanitaire s’était détériorée depuis l’opération militaire de Fallouja, précisant que plus de 10 millions d’Iraquiens avaient désormais besoin d’une assistance humanitaire, y compris les 3,4 millions d’Iraquiens déplacés par l’essor de Daech en 2014.  « Trente-huit pour cent seulement de l’appel humanitaire de 861 millions de dollars en 2016 est financé », a-t-il regretté.

Il a déclaré que la libération de Mossoul donnerait lieu à « l’opération humanitaire la plus importante et la plus sensible de 2016 ».  Chiffrant cette opération à 1 milliard de dollars, il a jugé vital que les ressources soient d’ores et déjà mobilisées pour en financer les préparatifs.  Le Représentant spécial a également chiffré à 300 millions de dollars sur les trois prochaines années la somme nécessaire pour déminer les zones nouvellement libérées.

M. Kubiš a salué la « nouvelle dynamique en cours » s’agissant du dossier du rapatriement et du retour de tous les nationaux du Koweït et d’États tiers ou de leurs dépouilles et de la restitution des biens koweïtiens. 

« Le Gouvernement iraquien doit respecter ses obligations internationales et veiller à parvenir à des résultats tangibles », a affirmé le Représentant spécial.

De son côté, le représentant de l’Iraq, M. Mohamad Ali Alhakim a également salué la reprise, par les forces iraquiennes, de la ville de Fallouja.  Il a relevé que les forces gouvernementales étaient à pied d’œuvre afin de déminer les alentours de la ville et permettre, ainsi, le retour de la population civile.  Il a cité un certain nombre de villes qui ont récemment été reprises aux mains des terroristes avec l’assistance de la coalition internationale, précisant que 60% du territoire qui était aux mains de Daech a été libéré.

Le délégué iraquien a souligné que l’objectif prochain était la libération de la ville de Mossoul.  Dans les zones libérées, le Gouvernement iraquien, avec l’aide de la coalition internationale, a établi des plans pour y rétablir la stabilité, la sécurité et fournir les services de base, afin d’y faciliter le retour des populations déplacées, a—t-il expliqué.  Il s’est félicité du fait que plus de 726 000 Iraquiens aient pu retourner dans leur domicile dans des zones libérées de l’emprise de Daech.

Il a déploré le fait que certains médias participent à la désinformation en servant la cause de Daech.  Il a en outre appelé les États à agir pour mettre fin au flux des combattants terroristes étrangers qui viennent de plus de 120 États Membres de l’ONU et à tarir les sources de financement des terroristes, notamment la contrebande des antiquités et le commerce illégal du pétrole iraquien, des activités menées à travers la frontière avec la Turquie. 

M. Alhakim a appelé les pays de la région à engager des mesures fermes à l’encontre de tous ceux qui soutiendraient financièrement les terroristes.  Il a ainsi rappelé que l’Iraq avait transmis une requête formelle auprès du Gouvernement d’Arabie saoudite afin de faire la lumière sur des activités prétendument sociales et religieuses, menées en Arabie saoudite en faveur d’enfants iraquiens, mais qui seraient en fait des moyens de financer les groupes terroristes tels que Daech.  Il a de nouveau appelé le Conseil de sécurité à inviter la Turquie à retirer ses troupes d’Iraq, celles-ci s’y trouvant sans l’accord formel des autorités iraquiennes.

Le représentant a par ailleurs indiqué que son gouvernement faisait des « efforts extraordinaires » afin de régler la question des personnes et des archives koweïtiennes disparues.  Il a affirmé que les autorités iraquiennes avaient procédé à 1 300 opérations d’excavation dans la localité d’al-Kumaisia, mais ces dernières se sont avérées infructueuses.  Il est donc important de réévaluer les paroles des témoins, a-t-il relevé, appelant de nouveaux témoins éventuels à se rapprocher des autorités iraquiennes. 

Il a aussi fait part de sa gratitude aux autorités koweitiennes qui ont prorogé la date butoir de payement de la compensation de 4,6 milliards de dollars que leur doit l’Iraq au 1er janvier 2018.

Enfin, le délégué a souhaité que le mandat de MANUI soit renouvelé pour une année de plus. 

* S/2016/590

** S/2016/592

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique de haut niveau: les pays vulnérables ont aussi des chances sur lesquelles s’appuyer pour réaliser le Programme 2030

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
7e & 8e séances – matin & après-midi 
ECOSOC/6783

Forum politique de haut niveau: les pays vulnérables ont aussi des chances sur lesquelles s’appuyer pour réaliser le Programme 2030

Quelles que soient les difficultés spécifiques des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement (PEID), des pays en conflit et postconflit, il est évident que chacun a des chances sur lesquelles on peut s’appuyer pour réaliser les objectifs de développement durable, a estimé aujourd’hui le Conseiller spécial sur le développement durable du Groupe d’experts indépendants sur les PMA (South Centre).    

Les situations particulières et les défis liés à la collecte de données nécessaires à une bonne mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont été au centre des débats de ce quatrième jour du Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC).  

Les pays les moins avancés (PMA) ont exposé leurs difficultés à faire face à des défis transfrontaliers ou à parvenir aux 7% de croissance nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable.  Ils ont exhorté la communauté internationale à les aider à diversifier leurs économies et développer leurs infrastructures.  Les pays à revenu intermédiaire, dont la grande diversité a été soulignée, ont, une nouvelle fois, dénoncé le caractère « injuste » du critère PIB par habitant, qui ne tenant compte de leurs vulnérabilités, leur barre l’accès aux prêts concessionnels.

La variété de ces situations a fait dire au Directeur adjoint de l’Institut français sur la recherche pour le développement (IRD), que nous sommes tous des ressortissants de pays avec des spécificités, des fragilités et des défis particuliers.  Tout le monde a des chances à exploiter pour aller de l’avant, mais il faut mobiliser la volonté politique et « faire vite » car « les données empiriques nous enseignent que la fenêtre d’opportunité est en train de se fermer rapidement », a prévenu le Conseiller spécial sur le développement durable du Groupe d’experts indépendants sur les PMA.

C’est la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID) qui a été le plus longuement débattue, le lien entre les « Orientations de Samoa » et le Programme de 2030 étant présenté comme une « symbiose » par le représentant de la Jamaïque.  Du fait de leur petite taille, de leur éloignement, de leurs ressources limitées et de leur exposition et aux chocs économiques externes et aux défis environnementaux, alors même qu’ils ne sont en rien responsables des changements climatiques, ces pays sont considérés comme un cas spécial depuis le Sommet de Rio de 1992.  

Comme l’ont rappelé les Maldives, l’important est désormais de mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  À cet égard, les PEID ont dit attendre avec intérêt les conclusions du Corps commun d’inspection sur la manière dont le système des Nations Unies peut les assister; la Coordonnatrice exécutive de Rio+20 de la Barbade ironisant: les discussions sur la mobilisation des ressources nationales, en particulier fiscales, dans des pays qui comptent parfois moins de 100 000 habitants, est « presque académique et peu concrète ».  Quand à attirer les investisseurs privés étrangers, la Directrice exécutive du Partenariat insulaire mondial a reconnu ne pas en avoir encore trouvé les moyens. 

Les PEID ont également mis en avant leurs grandes difficultés à collecter des statistiques, à la fois du fait de systèmes nationaux très limités et de la dispersion de la population.  Or, disposer de services de statistiques capables de collecter de manière faible les données ventilées nécessaires à un bon suivi du Programme 2030 est une des cibles de l’objectif 17, consacré au « renforcement des moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser ». 

La collecte de données est un enjeu de taille car la Commission de statistiques de l’ONU a prévu 230 indicateurs pour assurer le suivi du Programme 2030, au niveau international, ce qui représente un véritable défi pour les bureaux nationaux de statistiques puisque, dans l’idéal, leurs données devraient constituer la base de tous les indicateurs internationaux et de la coordination au niveau de l’ONU. 

Ce défi a suscité de nombreuses inquiétudes, amenant le représentant de la Malaisie à demander si les pays devaient soumettre des rapports sur chacun des 230 indicateurs.  « Non », chaque pays doit les adapter à sa propre réalité ou, comme le Monténégro, les introduire progressivement dans leur système national.  Ces indicateurs ne sont que des « références », a d’ailleurs tempéré le représentant de la Chine.  

Demain, vendredi 15 juillet à partir de 10 heures, le Forum politique de haut niveau tiendra d’autres tables rondes consacrées à la mise en œuvre du Programme 2030 au plan national et au niveau régional, avant une séance de bilan en fin de journée.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « Mécanismes nationaux pour le suivi des progrès et les rapports sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable »

Présidée par M. JÜRG LAUBER (Suisse), cette première table ronde a examiné les voies et les approches pour un suivi systématique et efficace de la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national, y compris les problèmes de collecte et d’exploitation des statistiques et des indicateurs, et ceux du renforcement des capacités et de la coopération.

Le modérateur, M. JOHANNES PAUL JÜTTING, Directeur du Secrétariat de Paris21 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a expliqué que Paris21 a été créé il y a 16 ans pour aider, en particulier les pays en développement, à évaluer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et à bâtir des capacités statistiques nationales.  On a appris beaucoup, a reconnu le modérateur, et des progrès importants ont été faits dans la disponibilité des données mais aussi avec les plans nationaux pour le développement des statistiques qui sont la base de systèmes statistiques dans la plupart des pays en développement.  Mais, a-t-il avoué, des fossés subsistent en matière de données et de capacités. 

Aujourd’hui, deux tiers des naissances ne sont pas enregistrées surtout celles des filles.  Avec ses 17 objectifs, ses 169 cibles et ses 230  indicateurs, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un véritable défi pour les bureaux nationaux de statistiques.  Le problème n’est pas seulement la disponibilité des données mais aussi leur fréquence, leur granularité et leur ventilation.  Pour identifier ceux qui sont « laissés sur le côté », il faut des données plus nombreuses, de meilleure qualité et produites au niveau national pour informer les décideurs politiques.  La question est de savoir ce qu’il faut faire, sachant que l’intérêt pour les données et les mesures est énorme, ce qui n’était pas le cas pour les OMD, et que la révolution des données est bien réelle avec des innovations telles que la collecte par téléphonie mobile, imagerie par satellite ou géocodification.  Alors, quels sont les défis?  Quelles sont les pratiques exemplaires pour surmonter ces défis?  Quelles sont les mesures concrètes à prendre pour renforcer les capacités nationales?     

Dans un pays comme les Philippines, a estimé Mme LISA GRACE S. BERSALES, Chef de l’Autorité philippine des statistiques, où le système des statistiques a permis au Gouvernement de prendre des décisions éclairées, le défi est de coordonner les différents mécanismes de collecte de données et de renforcer les bureaux locaux des statistiques pour générer des indicateurs spécifiques et s’assurer que personne n’est laissé sur le côté.

En effet par leur nature même, les statistiques peuvent créer la confiance, a estimé M. PALI LEHOHLA, Statisticien en chef de l’Afrique du Sud.  Les statisticiens, qui avaient le sentiment ne pas être reconnus, sont désormais au travail et offrent des indicateurs qui naturellement doivent être affinés.   

C’est précisément « la confiance », a acquiescé M. SIMON ULRICH, Directeur général du Bureau fédéral des statistiques de la Suisse, qui doit prévaloir dans la collaboration entre le Forum politique de haut niveau sur le développement durable et la Commission de statistiques de l’ONU.  Dans la mise en œuvre du Programme 2030, la culture du dialogue, de la coopération et de la « co-construction » sera essentielle.  En toutes choses, il faut une implication claire des bureaux nationaux de statistiques, les données nationales devant être la base de tous les indicateurs internationaux et de la coordination au niveau de l’ONU.

Au Monténégro, ce sont quelque 241 indicateurs qui seront introduits dans l’évaluation de la mise en œuvre du Programme 2030, a indiqué M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Directeur général des affaires multilatérales du Ministère des affaires étrangères du Monténégro.  La complexité des objectifs de développement durable et le nombre des  indicateurs a conduit à une analyse globale du système national laquelle a montré que sur les 241 indicateurs, 27 sont déjà suivis et 35 le sont partiellement.  Entre 2016 et 2024, ce sont 119 des 230 indicateurs de la Commission de statistiques de l’ONU qui seront introduits dans le système national.  En outre, des indicateurs plus complexes seront également introduits pour améliorer les politiques nationales de développement durable d’ici à 2030. 

Le Directeur général a aussi mentionné que 36 autres indicateurs élaborés par des organisations internationales pertinentes seront également intégrés pour mesurer les progrès de la mise en œuvre du Plan national pour le développement des statistiques.  Il a reconnu que la création de systèmes si complexes de suivi et de présentation des informations exige le renforcement des capacités humaines pour améliorer la compilation des données et leur exploitation.  Il faudra aussi revoir la structure institutionnelle et les programmes de travail des producteurs de statistiques. 

Dans cette « centralité » des statistiques, il ne faut pas oublier, a mis en garde la Directrice générale au Ministère des affaires étrangères et du commerce de Samoa, de tenir compte de tous les facteurs, en particulier les caractéristiques des petits États insulaires en développement.  Mme PESETA NOUMEA SIMI a jugé nécessaire de « contextualiser » et de « localiser » les statistiques qui, à ce stade, ne s’avèrent pas toujours pertinents dans certains pays.  Son homologue des Îles Cook, a souligné la difficulté pour un pays comme le sien, éparpillé en plusieurs petites îles sur un vaste territoire, à collecter des données fiables et ventilées. 

Le débat qui a suivi s’est articulé autour de la question posée par le représentant de la Malaisie qui a demandé si les pays doivent soumettre des rapports sur chacun des 230 indicateurs de la Commission de statistiques de l’ONU.  Non, a répondu la Chef de l’Autorité des statistiques des Philippines.  Il faut respecter les priorités de chaque pays et, à ce propos, les 230 indicateurs ne concernent que le suivi mondial.  Les pays doivent les adapter à leur propre réalité, avec l’aide, le cas échéant, du Groupe d'experts sur les indicateurs de développement durable.  Les pays développés doivent aider les pays en développement à renforcer leurs capacités statistiques, qui ne sont que des « références », a souligné le représentant de la Chine.  

Au Viet Nam, a signalé sa représentante, sur les 230 indicateurs de la Commission de statistiques, 141 n’ont jamais donné lieu à une collecte de données et 106 souffriront de la difficulté à réunir des données fiables.  Son homologue de l’Estonie a attiré l’attention sur les technologies de l’information et des communications qui pourraient faciliter le travail.  Eurostat, a dit la représentante de l’Union européenne, jouera un rôle actif dans le suivi de la mise en œuvre du Programme 2030 dans les pays de l’Union.  

La collecte et l’exploitation de données accessibles, opportunes, fiables et désagrégées doit être au centre des agendas nationaux pour avoir des rapports de mise en œuvre conformes aux 230 indicateurs de l’ONU, a prévenu Mme CARLA MUCAVI, Directrice du Bureau newyorkais de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Il reviendra aux agences internationales de faire en sorte que les données soient comparables d’un pays à l’autre et qu’elles soient ventilées aux niveaux régional et international.  Les partenariats joueront un rôle important pour renforcer les capacités statistiques nationales, faire avancer le développement méthodologique du Cadre mondial d’indicateurs et appuyer la coordination avec les autres parties prenantes.  La FAO, a rappelé la Directrice, est chargée de compiler les données sur plus de 20 indicateurs sur 230, liés aux objectifs de développement durable 2, 5, 6, 12, 14 et 15, relatifs à la faim, à l’égalité des sexes, à l’eau et à l’assainissement, aux modes de consommation et de production, aux ressources marines et aux institutions efficaces.

Table ronde 2: « Assurer le succès du Programme 2030 pour les petits États insulaires en développement, donner suite aux modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (SAMOA) »

Sur la base des « Orientations de Samoa « adoptées lors de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), en septembre 2014, le Programme 2030 a appelé à accorder une attention particulière à ces États qui souffrent de vulnérabilités spécifiques s’agissant de leur développement durable.  Ces États sont en effet confrontés à divers défis du fait de leur petite taille, de leur éloignement, de leurs ressources limitées et de leur exposition aux défis environnementaux mondiaux et aux chocs économiques externes.  M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui présidait la table ronde, a voulu que les participants se concentrent sur le lien entre ces deux importants documents, en « symbiose » selon le représentant de la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Quels sont les problèmes rencontrés dans leur mise en œuvre? a demandé M. Jürgenson.        

Les deux documents, a rappelé M. ANOTE TONG, ancien Président de Kiribati, se fondent sur le principe fondamental de « ne laisser personne sur le côté ».  Or, ce risque existe pour tous les petits États insulaires en développement, pour lesquels les changements climatiques représentent sans doute le défi le plus important.  Ne pas s’attaquer à ce phénomène conduira à l’échec les objectifs de développement durable, a-t-il estimé.  L’impact négatif est déjà ressenti: un seul cyclone a détruit tous les progrès réalisés par les Tuvalu.  Pour M. Tong, il faut une approche moins fragmentaire pour renforcer la résilience des PEID et s’il est exact que, sans partenariat, ces pays ne pourront concrétiser les objectifs fixés, il faut néanmoins modifier le type des partenariats, en s’écartant de l’idée que les PEID ne seraient que des pourvoyeurs de matières premières.  Leurs ressources sont limitées, notamment dans le secteur de la pêche, et ces pays ont besoin de taux de retour plus importants.

Deux articles scientifiques de l’Université d’Hawaï ont été invoqués par M. DAVID SMITH, de l’Institut pour le développement durable de l'Université des Indes occidentales.  Le premier met en évidence que le climat commencera à changer de manière significative en 2038 sous les tropiques et plutôt vers 2053 ailleurs.  Le second montre qu’une augmentation de 1,5 degré de la température mondiale –objectif réclamé par les PEID– aurait des effets qui resteraient dans la limite extrême du régime climatique actuel, alors qu’une augmentation de 2 degrés –l’objectif officiellement retenu- ferait entrer le monde dans un schéma climatique totalement inédit. 

Les objectifs de développement durable faisant écho aux « Orientations de Samoa », il est parfaitement inutile de mettre en place des mécanismes de mise en œuvre distincts, a poursuivi le professeur.  Il a suggéré de se concentrer sur la question de l’énergie durable, qui permet d’aborder divers points tels que l’efficacité énergétique, la réduction de la part de l’énergie dans l’économie ou encore celle des importations d’énergie.  Pour M. Smith, le Fonds vert pour le climat est appelé à jouer un rôle très important mais il faudra aussi accorder un rôle important à l’objectif 14 du Programme 2030 sur l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines.  Or, a-t-il ajouté, toutes les études montrent que les barrières de corail sont menacées, alors qu’elles sont essentielles au développement des petits États insulaires en développement.  Concernant le financement et en particulier l’assistance extérieure, M. Smith s’est demandé si le fait de catégoriser les pays en fonction du PIB par habitant était un bon moyen.  Utilisons plutôt comme base de calcul, l’indice de développement humain.

Les objectifs de développement durable sont l’occasion de faire mieux, a poursuivi Mme JUSTINA LANGIDRIK, Secrétaire en chef des Îles Marshall, en soulignant que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’avaient jamais vraiment été intégrés dans les plans régionaux et nationaux.  Elle a aussi relevé que les « Orientations de Samoa », négociées avant les objectifs de développement durable, ne prévoient pas d’indicateurs.  Il faut harmoniser les approches et s’assurer que les objectifs de développement durable seront bien mis en œuvre et garantiront des changements réels en faveur des plus vulnérables.  Ils doivent compléter les efforts nationaux et non être vus comme un processus parallèle descendant de l’international au national.  

Elle a en outre estimé que commencer la mise en œuvre simultanée de tous les objectifs de développement durable représenterait une « surcharge de travail insupportable » pour un État comme le sien qui compte environ 60 000 habitants répartis sur une surface comparable à celle du Mexique.  Laissons aux États le soin de soin d’adopter leur approche nationale, éventuellement séquencée, de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle conseillé, en plaidant pour que soient rapidement entamées des discussions avec les partenaires bilatéraux sur la manière d’intégrer les ODD dans les programmes d’assistance. 

Il faut parler de la mobilisation des ressources, a estimé Mme KATE BROWN, Directrice exécutive du Partenariat insulaire mondial.  À l’heure actuelle, il n’y a pas assez de ressources pour réaliser les objectifs de développement durable dans les petits États insulaires en développement. Le défi est de trouver les moyens de convaincre le secteur privé d’investir dans ces pays et, à ce jour, on ne les pas encore trouvés.  Il ne s’agit pas de trouver un modèle mondial applicable à tous mais un modèle spécifique pour les PEID.  Il faut réfléchir à la manière de travailler ensemble pour concrétiser certaines solutions proposées, comme les partenariats public-privé.  Il y a énormément d’idées et d’initiatives en cours mais la question est aussi de savoir comment mesurer leur efficacité, a précisé Mme Brown.

L’important est désormais de mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a estimé le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, en appelant à la cohérence avec l’Accord de Paris sur le climat, le Cadre d’action de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  La discussion sur la mobilisation des ressources nationales, en particulier fiscales, dans des pays qui comptent parfois moins de 100 000 habitants est « presque académique et peu concrète », s’est désolée la modératrice, Mme ELIZABETH THOMPSON, Coordonnatrice exécutive de Rio+20 et ancienne Ministre de l’énergie et de l’environnement de la Barbade.  Elle a souligné que l’assiette fiscale de ces pays est très réduite, de même que celle du secteur privé, en général limitée à quelques petites ou moyennes entreprises.  Dès lors, comment attirer les investissements nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable?

Il faut parler de l’attractivité financière des petits États insulaires, parfois considérés par les investisseurs comme « à risque » du fait de leur exposition aux aléas climatiques, a expliqué la représentante de Belize.  Elle a ajouté que ces États sont par nature très ouverts au commerce mondial et dépendent donc beaucoup de l’économie mondiale mais aussi des mesures de régulation financière prises par de grands États.  Le représentant de l’Australie a rappelé que son pays travaille avec les institutions financières internationales pour créer dans toute la région du Pacifique un climat des affaires favorable aux entreprises.  Après avoir présenté son pays comme le premier argentier des « Orientations de Samoa », le représentant de l’Italie, un pays qui n’est certes pas un petit État insulaire en développement mais qui est largement entouré d’eau et qui en dépend pour de nombreuses activités, a rappelé le partenariat avec les PEID du Pacifique depuis 2007.  L’Italie a mobilisé en tout plus de 20 millions de dollars et vient de lancer un partenariat du même type avec les petits États insulaires des Caraïbes.

Au nom des 12 petits États insulaires en développement du Pacifique représentés au Nations Unies, le représentant de la Micronésie a insisté sur l’importance des partenariats pour renforcer les capacités nationales.  Il a dit attendre avec intérêt les conclusions du Corps commun d’inspection sur la manière dont le système des Nations Unies peut assister les PEID.  Le représentant de l’Australie, « grand État insulaire ayant beaucoup de petits États insulaires en développement comme voisins et amis », a appuyé l’appel à l’assistance du système des Nations Unies.  Son homologue du Kazakhstan a annoncé qu’Astana accueillera prochainement une conférence sur l’énergie du futur et que son gouvernement est prêt à aider les PEID à participer à la manifestation.

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rappelé que les « Orientations de Samoa » lui fixent comme mandat de faciliter le développement d’un programme d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition.  La FAO soutient la Conférence des Nations Unies sur les océans qui sera coorganisée en juillet 2017 par la Suède et les Fidji.  L’objectif 14 du Programme 2030 sur l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines est essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition dans les PEID.  La FAO y contribue par son « Initiative croissance bleue », qui cherche à canaliser le potentiel productif des océans de manière durable.  Les petits États insulaires en développement ne sont pas responsables des changements climatiques mais sont ceux qui vont en payer le prix le plus élevé, a encore rappelé la représentante.

Table ronde 3: « Pays faisant face à des difficultés particulières »

Présidée par M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) en sa qualité de Vice-président de l’ECOSOC, cette table-ronde s’est concentrée sur les besoins spécifiques des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays en conflit ou postconflit.      

M. DAVID STEVEN, Chargé de recherche et Directeur adjoint du Centre de la Coopération internationale, de l’Université de New York, a insisté sur l’urgence qu’il y a à conjuguer l’universalité des 17 objectifs et 169 cibles du Programme 2030 avec les spécificités nationales.  « Ne laisser personne sur le côté » est un impératif « majeur » mais aussi une nouvelle démarche qui devrait servir à analyser les obstacles rencontrés par les pays et les personnes les plus vulnérables, en faisant en sorte que les obstacles soient traduits en chances, a-t-il estimé.  Chaque pays a ses chances et il faut des stratégies pour les aider à exploiter ses chances tout en gérant au mieux leurs problèmes.   

Au-delà des moyens et des ressources, les intervenants ont mis l’accent sur la cohérence nécessaire entre les différentes politiques et initiatives.  Alors que plusieurs intervenants plaidaient, une nouvelle fois, pour que les pays ne soient plus catégorisés en fonction de leur PIB par habitant, M. JEAN-MARC CHÂTAIGNER, Directeur adjoint de l’Institut français sur la recherche pour le développement (IRD), a prôné la définition d’un nouvel indicateur synthétique pour mesurer l’état de développement des pays vulnérables.  « Tenir compte des spécificités des pays vulnérables permet de sélectionner les priorités sur lesquelles il faut se concentrer, dans un tout. »  La grande diversité des pays à revenu intermédiaire a été mise en avant par M. CLAUDIO HUEPE MINOLETTI, Professeur et Coordonnateur du Centre de l’énergie et du développement durable de l’Université Diego Portales.

Dans un monde en constante mutation, il faut un terrain d’entente pour mieux comprendre les vulnérabilités, a acquiescé le Chargé de recherche et Directeur adjoint du Centre de la coopération internationale.  Il faut une coopération mieux adaptée aux objectifs de développement durable et se fixer 2019 comme date butoir intermédiaire, car nous ne pouvons attendre 2030 pour faire le point, a-t-il insisté.  Pour lutter contre les vulnérabilités, il faut « former, former et encore former », a lancé le professeur, avant d’appeler à investir dans la recherche, la science et le savoir pour trouver les « Einstein » africains et asiatiques qui nous permettront de faire face aux défis des changements climatiques et du développement durable. 

Quelles que soient les difficultés spécifiques de ces pays, il est évident que chacun a ses chances sur lesquelles on peut s’appuyer pour accélérer le développement durable », a dit M. YOUBA SOKONA, Conseiller spécial sur le développement durable du Groupe d’experts indépendant sur les PMA (South Centre).  Mais il faut faire vite et stimuler la volonté politique, a-t-il prévenu, car « les données empiriques nous enseignent que la fenêtre d’opportunité est en train de se fermer rapidement ».

Nous sommes tous des ressortissants de pays qui ont des spécificités, des fragilités et des défis particuliers, qu’il s’agisse des pays développés ou des pays en développement », a estimé le Directeur adjoint de l’Institut français sur la recherche pour le développement (IRD), avant d’appeler à la solidarité internationale pour réduire les disparités dans le domaine de la recherche, des données et du savoir.  Toute situation de pauvreté influe sur le reste du monde.

Donnant l’exemple de la gestion de l’eau entre Israéliens, Jordaniens et Palestiniens, Mme MARINA DJERNAES, Directrice de EcoPeace Center of Environmental Peacebuilding, EcoPeace Moyen Orient, a présenté une démarche qui s’appuie sur les médias pour créer une véritable prise de conscience des communautés et une réaction politique.  C’est aux gouvernements qu’il revient la responsabilité de créer un environnement propice à l’appropriation locale des objectifs de développement durable, a poursuivi M. STEPHEN CHACHA TUMBO, Fondateur de la Fondation africaine de philanthropie et Membre du Groupe de travail des organisations de la société civile.  Il faut communiquer dans les langues parlées par les acteurs locaux et éviter la fragmentation des efforts.        

Réagissant à l’intervention du représentant du Bangladesh sur la difficulté des PMA à faire face à des défis transfrontaliers, la Directrice de EcoPeace Center of Environmental Peacebuilding, EcoPeace Moyen-Orient a estimé que seule une mobilisation internationale des ressources permettra d’aider les PAM à faire face à de tels défis, dont la gestion commune de l’eau d’eau.  La représentante du groupe des femmes, originaire des Fidji, a parlé de « la justice climatique » qui serait est au cœur de tous « nos problèmes ».  Elle a rappelé le lien direct entre changements climatiques et insécurité alimentaire.  Une des choses qui retarde la croissance économique dans les pays vulnérables est l’absence des femmes dans la population active », a mis en garde le Coordonnateur du Centre de l’énergie et du développement durable de l’Université Diego Portales.

Sans vouloir contredire ces propos, la représentante des Bahamas a tout de même insisté, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), sur l’aide internationale pour atteindre les objectifs de développement durable, dont la réduction de la dette et l’augmentation de l’aide publique au développement (APD).  La mobilisation des ressources nationales ne devrait pas empêcher celles d’autres moyens dont l’APD, a renchéri le représentant du grand groupe des jeunes.  Il faut saisir toute la valeur ajoutée qu’offrent les jeunes en matière d’initiatives, de créativité et d’imagination, a plaidé le Fondateur de l’« Afrique Philanthropic Foundation ». 

Justement, face à la fragilité des économies africaines lourdement dépendantes des produits de base, la représentante du Rwanda, à l’instar de celui du Tchad, a exhorté la communauté internationale à aider ces pays à diversifier leurs économies et développer leurs infrastructures pour qu’ils puissent atteindre les 7% de croissance indispensables à la réalisation des objectifs de développement durable.  En la matière, a reconnu la représentante de la Suède, l’APD est très importante pour stimuler l’investissement privé, moteur du développement et de la croissance.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum politique sur le développement durable débat de la manière de concilier universalité du Programme 2030 et spécificités nationales

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
5e & 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6782

Le Forum politique sur le développement durable débat de la manière de concilier universalité du Programme 2030 et spécificités nationales

Nous ne pourrons ni susciter ni favoriser l’appropriation par les citoyens des objectifs universels de développement durable, si nous leur demandons d’oublier ce qu’ils croient savoir, ce qu’ils croient comprendre et ce qu’ils croient logique.  Cette mise en garde a été lancée aujourd’hui au cours de l’une des quatre tables rondes que le Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) a organisé au troisième jour de ses travaux qui se tiennent sur le thème « ne laisser personne sur le côté », principe fondamental des 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Comment concilier l’universalité de ce Programme et les spécificités nationales?  À cette question, le chargé de recherche à l’Université du Massachusetts et à l’Université de Wageningen a répondu qu’il faut s’appuyer sur les valeurs et les traditions et tendre vers « une gouvernance commune mais différenciée » de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et vers l’abandon des « feuilles de route » imposées de l’extérieur ou des prétendues « meilleures pratiques ».  Il est impossible, selon lui, de favoriser l’appropriation de ces objectifs universels en allant contre le savoir, l’appréhension du monde et la logique des citoyens.  L’appropriation exigera « du temps, de la patience et de la planification », a prévenu la Conseillère « environnement » de la Finlande.  Elle exigera que l’on parte de la base et que l’on privilégie les approches participatives, dans le dialogue et la confiance.

Le secret d’une bonne appropriation locale et nationale réside dans la capacité de passer d’une approche gouvernementale à une approche sociétale, tenant compte du potentiel et des attentes de tous les acteurs de la société notamment les plus vulnérables, a précisé le Directeur de l’ONG « Development Cooperation and Advocacy ».  Écouter les gens et leur réalité, c’est écouter les villes », a plaidé le maire d’Istanbul et Président de l’Association des cités et gouvernements locaux unis (UCLG) pour qui les collectivités locales sont « des partenaires déterminants » de la mise en œuvre des ODD.  Les gouvernements centraux ne devraient en aucun cas avoir le monopole du développement durable, ce serait même « effrayant », a estimé le représentant de l’Union interparlementaire.   

Mettre le pilotage de la réalisation des ODD au sommet de l’État n’est pas une mauvaise chose, a pourtant estimé le Directeur de l’Unité des politiques de développement du Ministère français des affaires étrangères.  C’est ce qu’a fait la France, qui a placé le mécanisme de coordination interministérielle pour la réalisation des ODD au niveau des services du Premier Ministre.  Le pays n’a pas pourtant oublié les collectivités locales, bien au contraire.  La France a en effet opéré un rapprochement entre deux institutions très importantes, l’Agence de développement international et la Caisse des dépôts et consignations, chargée des investissements sur le long terme, avec les collectivités locales. 

Mais ces collectivités ont-ils les ressources nécessaires pour travailler? s’est demandé la Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie et du développement des Philippines (NEDA).  Ce qui est sûr, c’est que la réalisation des ODD exigera la mobilisation de ressources très importantes, a prévenu le Secrétaire technique de la Commission interinstitutionnelle de la Colombie pour la mise en œuvre du Programme 2030.  C’est un défi de taille pour un pays à revenu intermédiaire, qui cherche des solutions, y compris pour obtenir le rapatriement des fonds de l’évasion fiscale et gagner la lutte contre les fonds vautours. 

Du fait de la diminution de l’aide publique au développement (APD), un pays comme le Togo a de plus en plus recours à des ressources qui aggravent les risques d’endettement, a avoué l’un de ses ministres.  Les financements extérieurs imposent en effet des conditionnalités très restrictives qui augmentent le nombre « des laissés-pour-compte », a renchéri le représentant de la République démocratique du Congo (RDC), appelant à « dé-serrer » ces conditionnalités.  La Norvège, a promis le Chef de projet à la Section des Nations Unies du Ministère norvégien des affaires étrangères, continuera d’allouer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, proportion actuellement atteinte par seulement six autres États dans le monde.  

Au-delà des ressources financières, il y a aussi le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) pour les ODD, un potentiel de nivellement qui permettra de « ne laisser personne sur le côté », mais aussi un grand potentiel de division et d’inégalités.  Après l’éducation, le secteur des STI est le principal facteur d’inégalités.  Il faut donc appliquer le principe de précaution dans le contexte du Programme 2030, a conseillé le Coprésident du Forum STI qui a présenté les conclusions de la réunion tenue le 6 et 7 juin dernier à New York.  Le représentant du Ministère français des affaires étrangères a annoncé la réunion à Paris au mois de décembre prochain de l’« Open Partnership government » qui permettra d’insister sur la nécessité d’une action transparente de la part des gouvernements et qui sera aussi l’occasion de mettre l’accent sur l’importance des données numériques pour le développement durable.

Le Forum politique de haut niveau, créé au Sommet Rio+20 pour remplacer la Commission du développement durable, poursuivra ses travaux demain jeudi 14 juillet à partir de 10 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « Créer un sentiment d’appartenance au niveau national »

Présidé par M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) en sa qualité de Vice-Président de l’ECOSOC,  ce premier débat a été l’occasion de se pencher sur les moyens, possibilités voire nécessités de concilier la nature universelle des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 avec les spécificités nationales.  

Nous ne pourrons pas susciter et favoriser l’appropriation des objectifs universels de développement durable en disant aux gens d’oublier ce qu’ils croient savoir, ce qu’ils croient comprendre et ce qu’ils croient logique, a déclaré d’emblée M. LOUIS MEULEMAN, Associé principal de recherche à l’Université du Massachusetts et à l’Université de Wageningen (Pays-Bas).  Pour le professeur, il faut au contraire s’appuyer sur les valeurs et les traditions, ce qui revient à « une gouvernance commune mais différenciée » et à l’abandon des « feuilles de route » imposées de l’extérieur ou des prétendues « meilleures pratiques ».  Les gouvernements doivent utiliser les outils de gouvernance avérés et d’autres outils, car on ne peut ignorer ces derniers sous prétexte qu’ils ne sont pas « familiers ».  En l’occurrence, les partenariats et les outils commerciaux ne sauraient être oubliés. 

L’importance des partenariats, surtout avec la société civile, a aussi été soulignée par la Conseillère du Ministre de l’environnement de la Finlande et Coordonnatrice du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Elle a prévenu d’une difficulté, celle qui consisterait à mettre en œuvre le Programme 2030 avec des structures institutionnelles « cloisonnées » au mépris du caractère « interconnectés » des objectifs de développement durable.  Pour Mme ANNIKA LINDBLOM, l’appropriation de ces objectifs exigera « du temps, de la patience et de la planification ».  La capacité de changer la manière de faire les choses sera « capitale » ainsi que la volonté de modifier les moyens et mesures inefficaces.  L’appropriation exige que l’on parte de la base, que l’on privilégie les approches participatives, dans le dialogue et la confiance, car les gouvernements ne devraient pas avoir le monopole de la définition du développement durable.  Il serait en effet « effrayant », a estimé le représentant de l’Union interparlementaire (IPU) que l’on considère que la mise en œuvre des objectifs de développement durable relève exclusivement des ministères.  Peut-être pas, mais les choses dépendront tout de même de la volonté politique des gouvernements, a souligné M. YONGLONG LU, Professeur à l’Académie chinoise des sciences.  Il a appelé à la création d’un mécanisme d’examen par les pairs qui, sous les auspices des Nations Unies se réunirait tous les trois ou cinq ans, armé de données « harmonisées ».  Il faut en effet savoir ce que peuvent faire les Nations Unies pour favoriser l’appropriation nationale du Programme 2030, a commenté le représentant de l’Algérie

En Géorgie, a expliqué, M. IVANE SHAMUGIA, Chef du Groupe de coordination des donateurs de l’Administration du Gouvernement géorgien, le défi est d’éviter d’autres couches bureaucratiques dans « la nationalisation » des objectifs de développement durable, l’autre défi étant la collecte de données fiables.  L’espoir est permis puisque la Géorgie est un des rares États, a-t-il affirmé, qui a su sortir d’une mauvaise gouvernance et de la pauvreté pour lancer la dynamique d’un développement « plus fort ».  La question des couches bureaucratiques est également un défi au Botswana, a avoué sa représentante, l’autre défi étant de jeter un pont entre les institutions traditionnelles du développement et celles qui cherchent l’intégration des politiques en la matière.

Pour le Mexique, l’important est d’informer les gens du contenu du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour qu’ils puissent se l’approprier, a indiqué M. ADOLFO AYUSO, Directeur général adjoint du Service des affaires internationales du Cabinet du Président du Mexique.  L’appropriation est directement liée à la capacité de comprendre le nouveau cadre de développement et d’intégrer l’idée que ce nouveau cadre parle non seulement de droits mais aussi de devoirs.

Le secret d’une bonne appropriation locale et nationale réside dans la capacité de passer d’une approche gouvernementale à une approche sociétale, tenant compte du potentiel et des attentes de tous les acteurs de la société notamment les plus vulnérables, a précisé M. GOMER PADONG, Directeur de l’ONG « Development Cooperation and Advocacy » des Philippines et Représentant de la société civile auprès de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP).  Le principe fondamental du Programme 2030 consistant à « ne laisser personne sur le côté » est un engagement à renoncer aux « solutions rapides » et à toucher chaque individu, en particulier les gens les plus vulnérables et les plus marginalisés qui forment bien souvent la majorité de la population dans les pays en développement.  

Dans notre volonté de nous approprier le Programme 2030, nous avons prévu de revoir notre stratégie nationale de développement durable et d’adapter nos statistiques nationales, a indiqué le représentant de l’Italie en indiquant qu’une étude a été lancée cette année sur la question.  Il faut en effet mettre à jour les données statistiques pour englober tous les groupes « oubliés », a acquiescé la représentante du grand groupe des femmes.  Comment changer les mentalités et comment faire de la « gouvernance commune et différenciée » quand le Fonds monétaire international (FMI) nous demande de réduire le nombre de fonctionnaires? a demandé le représentant du Bénin.  Il est vrai, a confirmé son homologue du Sénégal, que bien souvent nos plans nationaux entrent en contradiction avec les exigences internationales.  Justement, a répondu le professeur à l’Académie chinoise des sciences, le Programme 2030 obligera les leaders et les citoyens à envisager le développement sur le long terme.  On ne peut pas comparer la Chine, les États-Unis et l’Europe car la Chine a ceci de spécifique qu’elle a « une philosophie » de développement durable sur le long terme.

Le représentant de la Malaisie s’est étonné de l’avis du professeur néerlandais sur la préservation des « tours d’ivoire ».  Les détruire ne veut pas dire s’affranchir de ses responsabilités.  Le professeur s'est en effet demandé pourquoi détruire les « tours d’ivoire » et « les cloisonnements mentaux » pour provoquer le changement?, avertissant du danger qu’il y a à passer outre les « frontières institutionnelles » et à imposer des « camisoles de force ».  Dans de nombreux pays, a-t-il répondu au représentant philippin, il est difficile d’obtenir une approche participative.  Le changement des mentalités est un « élément » essentiel du Programme 2030 mais il faut savoir que les objectifs de développement durable ne résoudront pas les luttes de pouvoir dans les pays.  La solution est peut-être d’intégrer les traditions et les cultures à la gouvernance moderne, a suggéré le représentant des Palaos, son homologue de l’Indonésie citant les efforts nationaux pour adapter la mise en œuvre du Programme 2030 aux réalités « sous-nationales ».  Les conséquences des grands projets d’infrastructure comme les barrages hydroélectriques, les oléoducs et autres sur l’existence même des populations locales ont été soulignées par le représentant du grand groupe des peuples autochtones

Table ronde 2: « Intégrer les objectifs de développement durable dans les politiques, plans et stratégies nationaux et incorporer les trois dimensions du développement durable »

Président de séance, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) Vice-Président de l’ECOSOC, a souligné le caractère « essentiel » d’une bonne intégration des objectifs de développement durable dans les politiques, plans et stratégies nationales.  Il s’agit donc ici de discuter comment les États ont commencé ce travail et quels mécanismes, outils de coordination et politiques, ils ont jugé utiles à cette fin.

On a déjà beaucoup parlé des interactions entre les objectifs de développement durable, des liens entre science et développement durable, maintenant il faut voir ce qui se fait aux niveaux national et infranational, a estimé M. NICK ISHMAEL PERKINS, Directeur de SciDev.net et modérateur de la séance, en rappelant que 22 États allaient bientôt présenter au Forum leur examens nationaux.

Justement, M. KOICHI AIBOSHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a présenté les premières mesures prises par son pays pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Le long voyage ne fait que commencer et on ne sait pas trop où cela va nous mener, le Programme ayant beaucoup élargi les anciens Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le Japon, a expliqué M. Aiboschi, s’est doté d’un cadre national de mise en œuvre avec une plate-forme pour la coordination des différents ministères et agences concernés, présidée par le Premier Ministre.  Chaque ministère devra étudier les politiques qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  De leur côté, les ONG ont créé un réseau de la société civile.  Le Gouvernement entend les consulter, ainsi que d’autres acteurs, comme le secteur privé et les universités.  Le Japon coopère en outre avec les Nations Unies et leur centre d’informations afin d’informer et sensibiliser sa population. 

Depuis le Sommet Rio+20, ce qui est devenu le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a correspondu à la transition entre le premier et le deuxième plan national de développement, a affirmé M. JOSEPH ENYIMU, Économiste au Ministère des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda.  Cela a permis de reprendre les objectifs de développement durable « de manière organique » dans le processus national de planification.  Le développement durable apparaît comme un mouvement perpétuel auquel les politiques doivent s’adapter en permanence pour équilibrer les forces en présence.  Dans ce contexte, la notion d’appropriation nationale signifie que les citoyens doivent se sentir au centre du processus, ce qui suppose une société civile locale vivante et une population alphabétisée capable de s’engager dans un dialogue social constructif et informé.  Le développement durable suppose de la patience pour développer le capital humain de manière cohérente. 

Si l’Ouganda a un bon système statistique, l’économiste a estimé que la communauté internationale pourrait contribuer à la standardisation de ces statistiques.  En conclusion, il a rappelé que le Programme 2030 n’est « pas un concours de beauté » mais la défense des intérêts.  Les citoyens ne s’intéressent pas trop aux institutions, ils veulent des résultats concrets, sans quoi ils perdraient tout intérêt, a-t-il estimé.

La difficulté que semblent éprouver de nombreux pays à mettre en œuvre des cadres institutionnels pour la réalisation des objectifs de développement durable est pourtant une des quatre difficultés identifiées par Mme WARDARINA, Agent de programme du Forum Asie-Pacifique sur les femmes, le droit et le développement et membre du grand groupe des femmes.  Elle a cependant dit avoir constaté des pratiques prometteuses lors de cette première année de mise en œuvre.  Elle a ainsi estimé que le Sri Lanka, qui va être le premier pays de la région à mettre en place un comité commun incluant la société civile, est un modèle de coordination gouvernementale.  Mme Wardarina a cité comme un des principaux obstacles, le financement mais aussi les restrictions imposées à la société civile, qui devrait au contraire pouvoir participer réellement et à tous les niveaux afin de rééquilibrer les pouvoirs.  Parmi les autres obstacles structurels, elle a mentionné la confiscation des terres ou encore le projet d’accord régional de libre échange en cours de négociation en Asie du Sud.  L’impact de ce futur accord sur la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle affirmé, n’a jamais été évalué, alors que des experts des Nations Unies ont mis en garde contre de probables conséquences négatives pour certains droits de l’homme, notamment les droits à la santé ou à la sécurité alimentaire.

M. IZZET ARI, Chef du Département, l’environnement et le développement durable au Ministère du développement de la Turquie, s’est quant à lui intéressé au rôle des plans nationaux de développement qu’il a présentés comme « des documents d’orientation essentiels ».  La Turquie a une longue expérience de planification du développement durable, entamée dès après le Sommet de Rio de 1992.  Il existe une véritable cohérence entre le plan national et les objectifs de développement durable, a affirmé M. Ari.  La Commission nationale turque du développement durable a déjà joué un rôle de coordination très important et ce rôle sera encore renforcé car elle sera chargée d’assurer la participation de toutes les parties prenantes, a poursuivi M. Ari, qui a également précisé que certaines entreprises privées avaient elles aussi déjà commencé à intégrer les objectifs de développement durable dans leurs plans stratégiques.  M. Ari a toutefois reconnu qu’il y a encore des difficultés à intégrer ces objectifs dans les processus de prise de décisions, du fait des cloisonnements et des goulets d’étranglement.  Pour lui, le succès dépendra des capacités de la société à tous les niveaux, ce qui suppose des approches interdisciplinaires, un haut niveau d’éducation et un investissement majeur dans la collecte et le traitement de données précises et ventilées.  Il est clair aussi qu’il faudra un partenariat intégré au niveau mondial pour fournir les ressources nécessaires aux États, a conclu M. Ari, pour qui les fonds et programmes des Nations Unies auront un rôle essentiel à jouer à cette fin.

L’évaluation de l’impact propose une méthodologie intéressante pour les trois composantes du développement durable, a estimé Mme EILI LEPIK, Conseillère sur les questions de développement durable à l’Unité de stratégie du Gouvernement de l’Estonie.  L’Estonie y a eu recours, avec encore des imperfections, mais cherche à améliorer ce type d’évaluation, a poursuivi Mme Lepik, qui a également mis l’accent sur la coopération et l’écoute des autres gouvernements ainsi que sur l’information des citoyens, qui doivent être consultés au stade le plus précoce de la prise de décisions.  En Estonie, cela se pratique grâce au « e-gouvernement ».  L’Estonie a ainsi mis en place une commission du développement, qui inclut des organismes gouvernementaux mais aussi les ONG, qui sont consultées au stade des avant-projets de décision.  Le travail est maintenant d’adapter cette structure au Programme 2030 et il est bon d’adapter et d’améliorer les mécanismes qui ont déjà fait leurs preuves plutôt que de chercher « à réinventer la roue ».

Mettre le pilotage de la réalisation des objectifs de développement durable au sommet de l’État est une bonne chose, a acquiescé M. OLIVIER BROCHENIN, Directeur de l’Unité des politiques de développement au Ministère des affaires étrangères et du développement international de la France.  C’est ce qu’a fait la France, qui a placé le mécanisme de coordination interministérielle pour la réalisation de ces objectifs au niveau des services du Premier Ministre.  La personne désignée à cette fin peut s’appuyer sur des mécanismes déjà existants, en particulier un réseau de hauts fonctionnaires mis en place dès 2004 pour traiter de questions environnementales, qui devra être adapté pour traiter aussi des deux autres dimensions du développement durable.  Il existe aussi des ministères particulièrement importants, comme le Ministère des finances ou encore celui des affaires étrangères.  La France s’appuie aussi sur des institutions prospectives, comme France-stratégie, qui réfléchit à de nouveaux indicateurs de richesses, dont certains sont tout à fait en accord avec ceux qui seront nécessaires pour les objectifs de développement durable. 

M. Brochenin a aussi insisté sur l’importance de la cohérence entre politique intérieure et politique internationale en ce qui touche à ces objectifs.  Le rapport volontaire que la France remettra la semaine prochaine traitera plus avant de cette question complexe et mettra en regard ce qui se fait en France et ce qui pourrait être fait par la France au niveau international, a-t-il expliqué.  Il a notamment précisé que la France avait opéré un rapprochement entre deux institutions très importantes, la Caisse des dépôts et consignations, chargée des investissements sur le long terme, avec les collectivités locales, et l’Agence de développement international.  Rappelant que l’universalité du Programme 2030 s’inscrit dans une dimension d’échanges, l’intervenant a estimé qu’il faut utiliser des mécanismes ad hoc, comme le Mécanisme de facilitation des technologies, adopté en même temps que le Programme 2030.  Il a enfin cité deux partenariats très importants: le partenariat mondial des données pour le développement durable, essentiel pour améliorer la qualité des données, et le « Open Partnership government », qui se réunira à Paris en décembre et permettra d’insister sur la nécessité d’une action transparente des gouvernements et qui sera aussi l’occasion de mettre l’accent sur l’importance des données numériques pour le développement durable.

Le secteur privé a lui aussi un rôle à jouer.  Mme STINE LISE HATTESTAD BRATSBERG, Présidente-Directrice générale de « PURE Consulting », société norvégienne d’experts-conseils, a mis l’accent sur le rôle des entreprises, auxquelles le Programme 2030 donne un nouveau cadre.  Elle a précisé que 80% des chefs d’entreprises interrogés pensent qu’il y a dans les objectifs de développement durable une occasion « unique » pour le développement durable et que 73% estiment que le monde des affaires peut mettre en place des indicateurs valables pour la réalisation de ces objectifs.  Mais les entrepreneurs auront aussi besoin d’incitations à l’échelle nationale, a ajouté Mme Bratsberg.  Pour elle, il faut les motiver pour qu’elles s’impliquent dans la réalisation des objectifs de développement, c’est dans l’intérêt du Programme 2030. 

Lors d’un bref débat, plusieurs représentants ont présenté les mesures prises par leur pays.  Ainsi, la Sri Lanka a lancé un système de convergence des 169 cibles des 17 objectifs de développement durable et a déjà fait de grands progrès dans la préparation d’un nouveau plan national de développement, qui fixera des cibles et indicateurs pour chacun des ministères concernés.  La Chine a adopté un plan de 30 ans aligné sur le Programme 2030, avec de nombreux indicateurs qui correspondent aux trois dimensions  -sociale, économique et environnementale- du développement durable.  Le Nigéria s’est doté des institutions nécessaires et a consulté le milieu universitaire pour définir les domaines dans lesquels la mise en œuvre des objectifs de développement durable serait la plus efficace.  Enfin, la représentante de l’Union européenne s’est félicitée de nombre de pays qui ont déjà pris des mesures au plan national, tout en précisant que l’Union compte y participer aussi en présentant un projet de cohérence entre les dimensions interne et externe du Programme.  Il existe un consensus dans toute l’Union sur les objectifs de développement durable et les grandes conférences internationales, comme celle de Paris sur le climat, devraient permettre de nourrir les discussions du Forum.

Table ronde 3: « Coopération verticale–Autorités locales et gouvernements nationaux travaillant de concert pour l’application du Programme 2030 »

Présidée par M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) en sa qualité Vice-Président de l’ECOSOC, cette troisième table ronde a insisté sur le rôle des collectivités locales, des villes et des gouvernements locaux, et dans ce contexte, la coopération entre les institutions locales et nationales a été présentée comme « décisive » pour stimuler l’appropriation locale du Programme 2030 et créer un environnement propice à sa réalisation.      

M. KADIR TOPBAŞ, Maire d’Istanbul et Président de l’Association des cités et gouvernements locaux unis (UCLG) a rappelé que les villes et les collectivités locales sont en première ligne car elles s’attaquent « quotidiennement » au développement durable.  « C’est nous qui faisons face tous les jours à la pauvreté et aux attentes des groupes vulnérables », a-t-il martelé, présentant les collectivités locales comme « des partenaires déterminants.  « Écouter les villes, c’est écouter les gens et leur réalité », a-t-il lancé au Forum.  Or, les politiques, nationales, régionales et internationales ne tiennent pas compte de leur impact sur les niveaux « sous-nationaux » où les gens vivent et subissent les défis mondiaux.  Pour l’orateur, l’évaluation de la mise en œuvre du Programme 2030 doit effectivement se pencher sur la contribution de chaque pays mais surtout sur les besoins spécifiques des villes et des régions, si l’on veut « ne laisser personne sur le côté ».  Il faut, a-t-il insisté, créer l’environnement nécessaire pour que les gouvernements locaux puissent jouer pleinement leur rôle. 

La « localisation » des ODD doit être vue comme un processus politique mais aussi comme un processus technique qui implique que le leadership local et son caractère « précieux » soient reconnus et qui encourage les leaders locaux à faire leur les ODD.  Les gouvernements locaux, a encore dit l’orateur, ont un mandat qui les rend comptables de leurs actes devant les administrés.  Il s’agit là d’un moteur puissant pour la réalisation des ODD.  La capacité de ces gouvernements à galvaniser le changement doit être dûment reconnue dans les rapports d’étape nationaux.  Ces rapports doivent bénéficier de la contribution des gouvernements locaux mais aussi des communautés de base, des ONG, des groupes de réflexion, des universités, des médias et autres. 

Qu’avons-nous appris de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que pouvons-nous faire de mieux pour les objectifs de développement durable (ODD)? a demandé le modérateur, M. PETER WOLLAERT, Chargé de recherche à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et Directeur du Centre international de formation des acteurs locaux (CIFAL).

Une des leçons fondamentales, a estimé Mme PATRÍCIA IGLECIAS, Secrétaire d’État à l’environnement de l’État de São Paulo, a été de reconnaître l’importance d’expliquer aux fonctionnaires que les ODD ne sont pas une nouveauté mais plutôt une perspective différente de ce qui a déjà été enclenché.  L’État de São Paulo réfléchit désormais à sa propre stratégie de développement durable.

Cela fait longtemps que la République de Corée est leader dans la création d’initiatives à partenaires multiples.  Cela a été le cas depuis Action 21, le Programme d’Action du Sommet de la Terre de 1992, a affirmé M. HYUK-SANG SOHN, Professeur à la « Kyung Hee University » et Président de l’Association coréenne de développement et coopération Internationaux (KAIDEC).  Aujourd’hui, le pays compte plus de 100 conseils du développement durable et beaucoup de localités ont mis en place leur propre plan d’action d’Action 21.  Toute directive du Gouvernement central est stratégiquement liée à la mise en œuvre locale.  Ce sera aussi le cas pour le Programme 2030.  L’engagement politique, au niveau national, est en effet « très important » pour la « localisation » des ODD.

En Allemagne, a indiqué M. STEPHAN CONTIUS, Chef de Division au Ministère allemand de l’environnement, de la protection de la nature et de la sureté nucléaire, les deux tiers des États fédéraux ont déjà leur propre stratégie de développement durable.

Mais les gouvernements locaux ont-ils les ressources nécessaires pour travailler? s’est demandé Mme ROSEMARIE G. EDILLON, Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie et du développement des Philippines (NEDA).  Elle a décelé une autre difficulté, celle de savoir avec précision qui sont « les laissés-pour-compte ».  Une autre difficulté tiendrait au fait que les gouvernements locaux doivent planifier un programme sur 15 ans, alors que leur mandat de trois ans leur impose une vision à court terme.     

La brièveté de certains mandats électifs est en effet un problème, a reconnu Mme PADDY TORSNEY, Observatrice permanente de l’Union interparlementaire auprès des Nations Unies.    

Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a dit que son pays a lancé sa stratégie de développement durable en 2014 après avoir reconnu que les autres stratégies ne sont pas parvenues aux objectifs attendus.  Il a souligné l’importance qu’il y a à maîtriser la croissance démographie et à collecter des données fiables.  Son homologue de la Suède s’est vanté de la coopération entre le Gouvernement central et les municipalités qui ont des compétences fortes.  Mon pays pourra faire des progrès déterminants en matière de santé maternelle et infantile s’il réussit à renforcer la coopération entre les collectivités locales, les ONG et les partenaires bilatéraux, a affirmé le représentant du Sénégal.  Le renforcement du statut de l’élu est aussi une dimension intéressante de renforcement de l’action locale, a-t-il ajouté. 

La représentante des personnes âgées a exhorté les États Membres à se pencher sur les moyens de promouvoir un bon vieillissement, celle des personnes handicapées a dit craindre que les autorités locales n’aient pas les moyens et les ressources de mettre en œuvre les objectifs relatifs aux personnes handicapées.  Justement, a argué la représentante du groupe des jeunes et des enfants, il faut leur donner les moyens.  Elle a exhorté le Forum à reconnaître la valeur des jeunes comme « agent du changement ».

Table ronde 4: « Défis en matière de mobilisation des moyens nécessaires pour la mise en œuvre au niveau national (financement, technologie et renforcement des capacités) »

La table ronde a commencé par une présentation faite par M. Macharia Kamau, coprésident du Forum pour la science, la technologie et l’innovation (Forum STI) qui s’est tenu le 6 et 7 juin dernier à New York.

M. Kamau a d’abord insisté sur l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation (les STI) pour l’avenir des ODD, en rappelant combien les 150 dernières années de l’humanité avaient été marquées par les transformations opérées dans la vie de chacun par les STI.  Chacun peut donc comprendre combien le potentiel des STI est important.  C’est un potentiel de nivellement, qui permettra de « ne laisser personne sur le côté », mais c’est aussi un grand potentiel de division et d’inégalités.  Les STI représentent en fait après l’éducation le principal facteur d’inégalité.  Il faut donc s’en servir avec de grandes précautions dans le contexte du Programme 2030, a averti M. Kamau.

M. Kamau a ensuite présenté les résultats de la réunion du Forum, qu’il a jugée très dynamique et innovatrice, souhaitant que le Forum puisse se tenir chaque année.  Le Forum a défini un certain nombre de priorités pour la mise en œuvre des ODD, a-t-il expliqué.  Il a notamment rappelé que c’est dans le contexte social de chaque pays que les STI sont exploitées.  Il faut donc que l’environnement de chaque pays soit favorable à la science, la technologie et l’innovation: l’interface science-politique dont il a été question hier suppose un contexte social qui ne considère pas l’innovation et la science comme dangereuses ou peu souhaitables.  Les ODD sont extraordinairement ambitieux, a encore fait observer M. Kamau, pour qui il faudra d’énormes investissements dans les STI pour les atteindre.  Étant donné l’urgence des questions environnementales, le Forum doit être orienté vers l’action et chacune de ses sessions doit pouvoir partir des acquis des précédentes éditions.  Au fur et à mesure que nous progresserons, nous nous rendrons compte que certains pays, ou certains groupes au sein de pays, sont laissés pour compte et il faudra alors réfléchir sur les moyens dont les STI peuvent remédier à ces situations.

M. DAVID O’CONNOR, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a estimé que les États ont été eux-mêmes surpris par l’ambition des ODD.  Un an plus tard, nous allons dans la bonne direction, même s’il existe des poches de négligence.  M. O’Connor a rappelé que le Mécanisme pour la science, la technologie et l’innovation a été lancé en septembre et que c’est en un temps record qu’a pu être préparé le Forum des STI.  Il faut poursuivre en ce sens et multiplier les plans des États.  M. O’Connor s’est demandé si on n’était pas trop conservateur en matière d’innovation.  Il s’est aussi demandé comment lutter contre l’aspect diviseur des STI.

Modérateur du débat, M. MANUEL MONTES, Conseiller principal des finances et du développement au « South Centre », a expliqué le défi que représente, pour tous les États mais encore plus pour les pays en développement, la production de nouveaux produits industriels.  Que faire pour séduire et attirer le secteur privé dans un pays, afin que ce dernier puisse innover et contribuer à un développement durable? s’est-il interrogé.

Président de la « Fundação Oswaldo Cruz » et membre du Groupe des 10 experts pour l’appui au Mécanisme de facilitation des technologies, M. PAULO GADELHA a rappelé que le changement technologique ne produit pas toujours une forte croissance et peut au contraire avoir des effets néfastes dans certains domaines.  Au Brésil, le nombre des doctorats a augmenté de 90% en une décennie et celui des maitrises de plus de 280%, mais la progression des diplômes en matière d’innovation a été beaucoup plus faible, a poursuivi M. Gadelha, qui a mis l’accent sur le partage de l’information et la nécessité de véritables stratégies nationales d’innovation.

M. FELIPE CASTRO, Secrétaire technique de la Commission interinstitutionnelle de Colombie pour la mise en œuvre du Programme 2030, a expliqué que la mobilisation des ressources, notamment financières, pour réaliser les ODD était cruciale pour son pays, qui recherche à la fois des apports publics, privés et internationaux.  Ce qui est sûr, c’est que la réalisation des ODD exigera la mobilisation de ressources très importantes.  C’est un défi important pour un pays à revenu intermédiaire comme la Colombie, qui cherche des solutions, y compris pour obtenir le rapatriement des fonds de l’évasion fiscale et gagner la lutte contre les fonds vautours.  À cet égard, la communauté internationale a un rôle à jouer, en particulier pour éviter la concurrence fiscale entre États.  Un autre défi vient de l’approfondissement de l’écart entre pays en matière de connaissances scientifiques.  La Colombie plaide pour un partage des savoirs à un coût équitable.  Dans ce domaine, les partenariats dans le cadre de la coopération Sud-Sud peuvent jouer un rôle important.  Enfin, le fossé n’existe pas seulement entre pays, mais aussi au sein même des pays.  La Colombie, qui vient de signer un accord de paix historique après des décennies de conflits, cherche à utiliser des ressources technologiques pour améliorer l’exploitation de terres restées inutilisées pendant le conflit.

M. MAWUSSI DJOSSOU SEMONDJI, Ministre-expert auprès de la présidence du Togo, a rappelé que plusieurs pays en développement dépendent encore fortement du financement extérieur, avant d’expliquer l’innovation institutionnelle qu’avait représenté pour son pays la création de l’Office togolais des recettes, une fusion des régies des douanes et des impôts, a permis, avec un contrat de performance, d’améliorer la collecte des recettes, passées de 14-16% du PIB à plus de 20,2% en trois ans.  Il faudra toutefois aller plus loin pour définir une fiscalité innovante en faveur des ODD, a-t-il reconnu.  Actuellement, du fait de la diminution de l’aide publique au développement, le pays a de plus en plus recours à des ressources qui augmentent les risques d’endettement, mais il exploite aussi de plus en plus les partenariats public/privé pour les infrastructures.  Le défi à relever est alors celui des capacités juridiques, afin de conclure des contrats équitables tout en améliorant le climat des affaires pour les investisseurs, a aussi noté le Ministre. 

M. Semondji a également expliqué comment son pays utilise la technologie pour améliorer la productivité des plus vulnérables, par exemple en améliorant les semences pour les agriculteurs ou en utilisant les technologies de l’information et des communications pour la communication de l’administration avec les localités reculées, dans le cadre de projets dits E-village et E-gouvernement.  Toutefois, a-t-il reconnu, le Togo est encore loin de mettre en œuvre des programmes de recherche dignes de ce nom.  Enfin le Ministre a précisé que tous les pays qui ont traversé des conflits ou des crises, comme le Togo, ont besoin de temps pour améliorer leurs capacités de conception et de mise en œuvre des politiques de développement.  Le pays compte sur l’appui des agences et départements des Nations Unies mais le défi vient ici du fait que c’est sur le secteur privé qu’est fondée l’accélération de la croissance.  Il faudra donc à l’avenir se concentrer sur les capacités entrepreneuriales, a-t-il constaté.

Dans la même ligne, le représentant de la République démocratique du Congo a fait observer que les pays en développement n’avaient pas suffisamment d’épargne et devaient recourir à des financements extérieurs qui imposent des conditionnalités très restrictives augmentant le nombre « des laissés-pour-compte ».  Il faudra donc réfléchir aux moyens de « dé-serrer » ces conditionnalités.

M. PAUL GULLEIK LARSEN, Chef de projet à la Section des Nations Unies du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, s’est concentré sur l’APD, qui continue de jouer un rôle important.  La responsabilité première de la mise en œuvre du Programme 2030 incombe certes aux États mais la communauté internationale doit aussi se montrer à la hauteur de l’enjeu et manifester de la solidarité, notamment envers les pays les moins avancés, les petits États insulaires et les populations les plus vulnérables.   C’est pourquoi la Norvège continuera d’allouer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, proportion actuellement atteinte par seulement six autres États dans le monde.  Les Nations Unies peuvent continuer d’être une plate-forme essentielle pour le plaidoyer et la mobilisation de partenariats, a estimé M. Larsen.

Le représentant de l’Afrique du Sud a rappelé que le développement durable dépendait d’une transformation structurelle des économies.  L’Afrique devra mobiliser d’énormes ressources, ce qui implique un climat propice au développement et une mobilisation des ressources tant nationales qu’internationales.  L’Afrique du Sud se réjouit donc de la déclaration de la Norvège sur l’APD et de celle de la Colombie sur la nécessité de lutter contre l’évasion des capitaux.  Le représentant de la Chine a rappelé que son pays avait déjà intégré les ODD dans sa planification nationale, y compris dans les STI, domaine pour lequel le nouveau plan quinquennal accorde diverses priorités, par exemple pour la construction de logements verts.  Il a également rappelé que le pays avait développé des zones de démonstration, qui présentent des expériences reproductibles ailleurs.  Il a aussi mis l’accent sur la formation de millier de chercheurs étrangers en Chine et a plaidé pour le partage de la science et de la technologie au plan mondial.

Son homologue de l’Estonie a suggéré de choisir les investissements dans les ODD selon des méthodes de spécialisation intelligente.  En coopération avec les centres de recherche et les universités, le Gouvernement estonien incite ainsi le secteur privé à investir dans certains secteurs comme les cybersolutions.  De même, le « e-gouvernement » a permis d’importants progrès et l’Estonie est prête à partager son expérience en ce domaine.  Le représentant de la République de Corée a dit attacher la plus grande importance à l’innovation et à la science, ayant débloqué 200 milliards de dollars entre 2016 et 2020 pour l’éducation aux STI.

Le représentant du grand groupe des travailleurs et des syndicats a noté la croissance des inégalités dans le monde, entre pays et au sein des pays.  S’il s’est dit conscient de la nécessité d’une double mutation, l’une pour sortir de l’économie carbone et l’autre en direction de l’économie numérique, il a regretté que le dialogue social n’ait été pas reconnu dans le Programme 2030, alors qu’il faut responsabiliser le secteur privé pour garantir un travail décent pour tous et œuvrer à la dimension sociale du développement durable.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Droits de l’homme: plusieurs délégations proposent devant l’Assemblée générale des stratégies pour améliorer l’action des Nations Unies

Soixante-dixième session,     
Débat thématique de haut niveau - matin & après-midi           
AG/11805

Droits de l’homme: plusieurs délégations proposent devant l’Assemblée générale des stratégies pour améliorer l’action des Nations Unies

L’Assemblée générale a achevé, cet après-midi, son débat thématique de haut niveau de deux jours sur « les droits de l’homme au centre de l’action mondiale ». 

Au terme du débat plénier ministériel, auquel ont participé près de 90 États Membres et observateurs et organismes des Nations Unies, plusieurs ont proposé des stratégies visant à améliorer la capacité des Nations Unies à soutenir et à protéger les droits de l’homme.

En clôturant ce débat, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft a affirmé que 50 ans après les conventions internationales sur les droits de l’homme, il avait montré que le combat pour les droits de l’homme était « constant et universel ».  « Qu’il s’agisse de la discrimination, de la protection de l’état de droit et de l’accès à la justice pour tous ou de la protection des libertés fondamentales, tous les pays doivent faire plus pour être à la hauteur de leurs obligations et pour protéger les valeurs qui sont essentielles pour les droits de l’homme, y compris la dignité, la tolérance, la justice et l’égalité. »

Selon M. Lykketoft, il est clair que les Nations Unies et le prochain Secrétaire général doivent continuer la lutte pour les droits de l’homme et pour ceux qui défendent ces droits.  « Cette tâche doit être faite au sein de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social (ECOSOC).  Elle doit être faite par le Conseil des droits de l’homme et les organes de traités, par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et tout le système des Nations Unies.  Avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous avons l’occasion de faire des actions concrètes pour renforcer les liens reconnus entre les droits de l’homme, la paix et le développement. »  

Intitulé « ONU70: les droits de l’homme au centre de l’action mondiale », ce débat thématique de haut niveau de l’Assemblée générale s’inscrivait dans le contexte du cinquantième anniversaire des Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, du trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement et du processus visant à sélectionner et à désigner le prochain secrétaire général de l’Organisation.

Il fut ainsi l’occasion pour les États Membres d’avoir une vision globale de la situation des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui, de renforcer les fondements des droits de l’homme et d’examiner les moyens visant à faire en sorte que ceux-ci contribuent au progrès de la paix et de la sécurité et du développement durable, et réciproquement, de consolider le rôle des Nations Unies dans ce domaine et d’identifier les actions en vue d’obtenir des améliorations rapides dans la réalisation des droits de l’homme au niveau mondial.

Le représentant de la Norvège a, aujourd’hui, appelé à renforcer le respect des droits de l’homme, sous la houlette du prochain secrétaire général, et à combler le fossé croissant entre les normes établies et les réalités sur le terrain. 

De même, convient-il, selon lui, d’assurer la cohérence de toutes les initiatives, notamment celle du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, « Les droits de l’homme avant tout », et tous les autres efforts à cette fin, et d’accroître le budget des Nations Unies alloué aux droits de l’homme.  Enfin, les Nations Unies et les États Membres devraient unir leurs forces pour protéger le rôle légitime de ceux qui protègent les droits des autres.

Ce débat plénier fut aussi l’occasion pour les délégations de faire entendre leurs préoccupations à l’instar du Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme, M. Stavros Lambrinidis, qui a souligné l’importance de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles et de la protection des droits de l’homme des groupes vulnérables. 

S’agissant de la peine de mort, l’Union européenne continue la campagne pour un moratoire universel qui devrait être la pierre angulaire de la promotion des droits de l’homme dans le monde.

Au moment du dixième anniversaire du Conseil des droits de l’homme, l’Union européenne est préoccupée par les signes de polarisation croissante du Conseil et appelle tous les États à éviter les stratégies d’obstruction mettant en péril le succès du mandat du Conseil.  M. Lambrinidis a aussi appelé tous les pays à participer pleinement à l’examen périodique universel et à mettre en œuvre toutes ses recommandations.

Selon lui, pour trouver des solutions politiques durables et prévenir l’extrémisme violent, il faut aussi s’attaquer à leurs causes profondes en promouvant les droits de l’homme, en luttant contre la marginalisation, la discrimination, l’intolérance, la violence, la pauvreté, la corruption, l’autoritarisme et le refus des droits économiques et sociaux de base.

Le représentant de l’Érythrée a, lui, pointé du doigt certains organes comme le Conseil des droits de l’homme et des mécanismes comme l’examen périodique universel, dénonçant la « politisation » et la pratique du « deux poids, deux mesures ».  Le temps est venu de résoudre cette question qui est contre-productive pour la promotion et la protection des droits de l’homme, a-t-il dit.

De son côté, le représentant de la République arabe syrienne a critiqué le fait que certains États Membres aient exploité les droits de l’homme pour s’ingérer dans les affaires d’autres États Membres comme c’est le cas aujourd’hui au Moyen-Orient.  Ce qui s’est passé en Iraq et en Libye en sont des exemples remarquables, a-t-il dit, précisant que le peuple syrien s’était opposé à la répétition de ce même scenario dans son pays.

Le délégué d’Israël a observé que les 10 ans du Conseil des droits de l’homme correspondaient à « 10 années de préjugés outrageants » contre son pays.  « Au sein de ce Conseil et au sein même des Nations Unies, à New York, c’est devenu la norme que certains groupes d’États attaquent Israël à chaque occasion qui se présente », a-t-il déclaré.  « Ce préjudice dont est victime un État Membre sape gravement la crédibilité du Conseil des droits de l’homme.  Il doit être stoppé. » 

Son homologue du Japon a attiré l’attention sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), y compris l’enlèvement de ressortissants étrangers, dont, selon lui, « la gravité n’a pas de parallèle dans le monde contemporain ».  « Cette situation est devenue aujourd’hui un sujet de discussion au Conseil de sécurité.  Il est vital de mobiliser les différents organes des Nations Unies afin de transmettre un message fort de la communauté internationale pour des actions concrètes et améliorer la situation. »

Le représentant de Sri Lanka a souligné qu’afin de mettre les droits de l’homme au centre de l’action mondiale, les États Membres devaient coopérer avec les organes et les mécanismes internationaux des droits de l’homme, reconnaître leurs échecs et apprendre de leurs erreurs, renforcer la société civile et appuyer les groupes nationaux et les communautés des droits de l’homme qui sont le mieux placés pour identifier et contrôler la mise en œuvre des bonnes pratiques internationales au niveau local. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

M. Hervé Ladsous demande au Conseil de sécurité de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud afin de protéger l’accord de paix

7737e séance – matin
CS/12445

M. Hervé Ladsous demande au Conseil de sécurité de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud afin de protéger l’accord de paix

La menace d’imposer un embargo n’a visiblement pas dissuadé les parties à reprendre les armes, comme en témoignent les affrontements survenus à Juba les 7 et 8 juillet entre les soldats de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et ceux de l’APLS dans l’opposition, ainsi que les attaques distinctes commises à Juba le 7 juillet contre des membres du personnel et des sites de l’ONU, a fait remarquer, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix devant le Conseil de sécurité.  Au cours de son exposé, M. Hervé Ladsous a demandé au Conseil de réexaminer d’urgence l’embargo sur les armes au Soudan du Sud, afin de protéger l’Accord de paix et de contenir les hostilités qui ont éclaté à Juba, la capitale sud-soudanaise, à la veille du cinquième anniversaire de l’indépendance du pays.

Des sanctions ciblées doivent être prises immédiatement, a-t-il précisé, à l’encontre des dirigeants et les chefs militaires bloquant la mise en œuvre de l’Accord de paix.  

Les violences de ces derniers jours ont causé la mort de 272 personnes, dont 33 civils, 2 Casques bleus et un employé local de l’ONU, ainsi que des dommages aux bâtiments des Nations Unies, a déploré M. Ladsous, en prévenant que toute attaque délibérée contre les forces onusiennes, son personnel et ses installations pourrait constituer un crime de guerre.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a rappelé que la présente réunion du Conseil de sécurité devait initialement servir à l’examen du rapport du Secrétaire général sur le pays.  Il a estimé que dans les conditions actuelles, la recommandation du Secrétaire général pour un renouvellement technique du mandat de la Mission des Nations Unies en République du Soudan du Sud (MINUSS) restait valide et nécessaire.  Ce renouvellement technique du mandat serait limité à un mois, à compter de la fin juillet, afin de de permettre au Secrétariat de procéder à un examen rapide de la situation, de consulter les acteurs régionaux, notamment l’Union africaine, et de présenter des recommandations au Conseil de sécurité.

Au cas où le Conseil approuverait le renforcement de la Mission, notamment par une augmentation des effectifs militaires et des moyens plus robustes comme l’utilisation d’hélicoptères d’attaques et de drones, pour lui permettre d’assurer la protection des civils, a souligné M. Ladsous, il serait alors impératif que ces mesures s’inscrivent dans la mise en œuvre du même mandat et obéissent à la même chaîne de commandement.

M. Ladsous a indiqué que le Conseil des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avait tenu une réunion d’urgence le 11 juillet à Nairobi, au Kenya, à l’issue de laquelle il avait publié un communiqué demandant une révision du mandat de la MINUSS, qui prévoit de déployer une brigade d’intervention rapide et d’augmenter les effectifs militaires fournis par les pays de la région pour assurer la sécurité à Juba.  Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui s’est réuni hier à Kigali, au Rwanda, a entériné le communiqué de l’IGAD.

Il a par ailleurs relevé que le Vice-Ministre des affaires étrangères, M. Cirino Hiteng, avait été congédié hier par le Président du Soudan du Sud, en raison, semble-t-il, de sa participation à la réunion de l’IGAD.  M. Ladsous a rappelé que le Vice-Ministre avait été désigné par le parti des anciens détenus, conformément à l’Accord de paix, et que la décision du Président Salva Kiir constituait une violation de l’Accord.

Présentant la situation qui prévaut actuellement sur le terrain, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a indiqué qu’un cessez-le-feu unilatéral avait été décrété le 11 juillet par le Président du Soudan du Sud, et soutenu par le Vice-Président, M. Riek Machar.  Le cessez-le-feu, a-t-il dit, est respecté à Juba.

Profitant de ce calme relatif depuis deux jours, la MINUSS a conduit des patrouilles afin d’évaluer la situation de son personnel et de ses installations dans la ville.  Ces déplacements restent tout de même restreints du fait de la forte présence des forces de sécurité.  Il a appelé le Gouvernement sud-soudanais à faciliter l’accès du personnel de la Mission et des travailleurs humanitaires afin qu’ils puissent assister la population civile, en particulier les quelque 36 000 personnes qui ont fui les combats à Juba.

Des affrontements ont eu lieu le 11 juillet dans les localités telles que Laiyna, Kajo-Keiji, Yei et Mundri dans la province de l’Équatoria central et à Torit dans l’Équatoria oriental, a rappelé M. Ladsous.  Il a indiqué que les sites de cantonnement du SPLA dans l’opposition dans la partie ouest du Mont Jebel avaient été abandonnés, et que cela laissait présager de nouveaux combats entre les différents belligérants.  La situation est cependant restée calme dans la province du Haut-Nil, même si la Mission y a observé la mobilisation de combattants du SPLA et du SPLA dans l’opposition.

Le représentant du Soudan du Sud, M. Akuei Bona Malwal, a tout d’abord présenté ses condoléances pour la mort des Casques bleus au cours des tragiques événements à Juba.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement du Gouvernement provisoire d’union nationale d’appliquer pleinement l’Accord pour la résolution du conflit au Soudan du Sud signé en août dernier.  Après avoir rappelé le contexte des évènements malheureux de Juba des 7 et 8 juillet derniers, il a souligné que c’est à cause d’une information erronée, publiée par un porte-parole de M. Machar, que les hommes qui lui sont fidèles avaient déclenché les hostilités.

Le représentant sud-soudanais a tenu à préciser que le Gouvernement provisoire d’union nationale était le seul mécanisme viable de mise en œuvre de l’Accord et appelé le Conseil de sécurité à travailler avec lui afin d’instaurer la paix et la sécurité dans le pays.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique sur le développement durable: énoncé des « dix commandements » pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,     
3e & 4e séances – matin & après-midi                
ECOSOC/6781

Forum politique sur le développement durable: énoncé des « dix commandements » pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles

« Ne laisser personne sur le côté », et surtout pas les femmes et les filles.  Ce principe fondamental sur lequel se fonde le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a fait l’objet de trois tables rondes aujourd’hui, au deuxième jour du Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le développement durable.  Les femmes et les filles étant « des laissées-pour-compte » par excellence, le Forum politique s’est vu édicter les « dix commandements » sans lesquels il faudra encore « un siècle » pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de la moitié de l’humanité, objectif 5 du Programme 2030.

Réuni pour la toute première fois après l’adoption du Programme 2030, le Forum politique de haut niveau a réfléchi aux moyens de mettre les 17 objectifs de développement durable et leurs 169 cibles au service des femmes et les filles, frappées par les inégalités d’accès à l’éducation et à l’emploi rémunéré, mais aussi des 795 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.  Comment mobiliser toute la créativité et l’innovation de la science? 

Le Programme 2030 reconnaît le rôle « essentiel » des femmes et des filles, « la moitié de l’humanité », dans la réalisation du développement durable.  Ce Programme comporte d’ailleurs l’objectif 5, spécifiquement consacré à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles.  Les engagements sont là mais comment les mettre en œuvre concrètement? 

Par les « dix commandements », a répondu la Directrice exécutive d’ONU-Femmes: inspiration, indivisibilité, intégration, institutions, mise en œuvre, investissements, information, inclusion, innovation, et enfin accélération, sans laquelle il faudrait, au rythme actuel, un siècle pour parvenir à l’égalité.  La clef c’est l’éducation-objectif 4-, a argué la fondatrice de la Lira Integrated School.  La clef c’est aussi des données ventilées par sexe et par âge pour mieux cibler les politiques, a ajouté la représentante de « CARE International », sans oublier l’amendement des lois pour mieux défendre les droits et intérêts des femmes et des filles, a ajouté, à son tour, la représentante de la Chine.  Aujourd’hui encore, a dénoncé son homologue du Danemark, 120 États établissent dans leur législation une différence entre les hommes et les femmes. 

Or ces femmes forment la majorité des 795 millions qui souffrent de la faim dans le monde, autres « laissés-pour-compte ».  « Zéro faim d’ici à 2030 », l’objectif 2 du Programme 2030, a conduit la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentaire et l’agriculture (FAO) à insister sur le fait que les causes de la faim sont non seulement très complexes mais également changeantes, avec de nouvelles menaces comme la démographie galopante, l’épuisement des terres et de la pêche et l’urbanisation, sans oublier les changements climatiques qui accroissent la fréquence et l’intensité des sécheresses et des inondations. 

Dans un monde où seule la moitié de la production de céréales est utilisée pour l’alimentation des populations, le reste servant à nourrir le bétail voire à fabriquer du carburant, on oublie trop souvent, a dit la Secrétaire générale de l’Organisation mondiale des agriculteurs, que la grande majorité des personnes qui souffrent de la faim sont les petits paysans, éleveurs ou pêcheurs, c’est-à-dire les producteurs dont la gageure est de produire toujours plus et de manière toujours plus viable.  Changer les modes de production –objectif 12- oui, mais sans perte d’emplois dans un secteur, le secteur agricole, qui est le plus grand employeur au monde, a-t-elle fait observer, avant que le représentant du grand groupe des syndicats ne plaide pour une « transition juste ».

Comment faire?  La science a peut-être une réponse ou plus exactement les interfaces sciences-politiques, ces processus sociaux qui englobent les relations entre les scientifiques et les décideurs politiques pour faciliter la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Rapport mondial sur le développement durable auquel ont participé 240 chercheurs a été présenté par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques comme l’exemple parfait de la contribution scientifique à la prise de décisions politiques.  Il a rappelé que ce rapport a été rédigé dans le souci d’améliorer notre compréhension des stratégies de développement pour ne laisser personne sur le côté; de savoir avec précision qui sont ces laissés-pour-compte et pourquoi ils le sont; et d’identifier comment les stratégies et les politiques peuvent améliorer leur sort.  

En Irlande, le Conseil national de la recherche et le Conseil consultatif de la société civile ont décidé de travailler ensemble pour faire des contributions à la mise en œuvre du Programme 2030, a indiqué un professeur de l’Université de Dublin.  Celui de la « Kedge Business School, Sustainability Literacy Test » a attiré l’attention sur les connaissances accumulées par les 300 universités dans le monde qui enseignent « la durabilité ».  Le représentant du grand groupe des jeunes a voulu que l’on n’oublie pas les jeunes chercheurs, car ce sont eux « les plus passionnés et les plus déterminés ».  Il a aussi pointé le doigt sur les contributions du Forum international sur les innovations techniques et le développement.   

Il faut trouver des chercheurs pionniers, a estimé le représentant de l’Institut de géographie de l’Université de Bern.  Il faut non seulement des scientifiques capables de nous aider à mesurer l’état de mise en œuvre des objectifs de développement durable mais également d’évaluer la qualité des interactions entre les 17 objectifs et ses 169 cibles.  Aucun des objectifs ne sera réalisable si on les cloisonne, a averti le représentant des Seychelles. 

Le Forum politique de haut niveau, créé au Sommet Rio+20 pour remplacer la Commission du développement durable, tiendra d’autres tables rondes demain, mercredi 13 juillet, à partir de 10 heures. 

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte –sécurité alimentaire et l'agriculture durable, l'action climatique, les océans et les écosystèmes terrestres durables- une approche liée »

Président de la séance, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), a rappelé que la sécurité alimentaire et la nutrition sont des éléments essentiels du développement durable.  C’est pourquoi le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comprend l’objectif 2, d’éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.  La table ronde doit permettre d’identifier les éléments liés et les menaces pour l’agriculture, le climat et les écosystèmes marins et terrestres qui sont en même temps nuisibles à la sécurité alimentaire.

Aucun des objectifs de développement durable ne sera réalisé si on les cloisonne, a averti le modérateur, M. RONALD JUMEAU, Représentant des Seychelles, chargé des changements climatiques et des questions relatives aux petits États insulaires en développement.  La faim est une des causes du développement inégal qui caractérise le monde où 190 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, a affirmé Mme DEBORAH FULTON, Secrétaire du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentaire et l’agriculture (FAO).  Elle a attribué la faim à la pauvreté, au chômage, aux fluctuations économiques mais aussi aux changements climatiques.  Les causes de la faim sont non seulement très complexes mais également changeantes, avec de nouvelles menaces qui aggravent les problèmes, y compris une population humaine sans cesse croissante, l’épuisement des terres et des pêcheries, l’urbanisation.  On ne peut traiter de ces questions de manière fragmentaire.  Le Comité le fait donc de manière intégrée, en donnant la parole aux plus démunis.  Mme Fulton a insisté sur la nécessité d’intégrer chaque acteur dès le départ dans l’élaboration des solutions.

Les changements climatiques accroissent la fréquence et l’intensité des sécheresses comme des inondations, ce qui a des conséquences sur la productivité des terres agricoles, a ajouté Mme OMOYEMEN LUCIA ODIGIE-EMMANUEL, Présidente du Centre pour les droits de l’homme et la recherche climatique, qui a aussi fait observer qu’une grande partie des terres sont utilisées pour d’autres usages que la production agricole qui va décliner d’ici à 2030.  Or, le droit à la sécurité alimentaire est liée au droit à la santé et à l’éducation, mais aussi à la stabilité car on observe en période de disette une augmentation des violences et de la criminalité.  Ces interactions rendent encore plus nécessaire une plus grande collaboration entre secteurs.  Le financement des efforts doit se fonder sur le lien entre les différents objectifs de développement durable.  Il est clair que si ces derniers ne sont pas mis en œuvre de manière intégrée, il y aura un grand gaspillage de ressources, du fait des doubles emplois ou tout simplement des oublis.  Pour l’intervenante, il faut impliquer tous les acteurs, y compris les communautés locales et autochtones, mais écarter tout ce qui met l’accent sur le profit.  Le slogan « les affaires comme d’habitude » ne doit pas prévaloir, a-t-elle affirmé.

Des personnes mieux nourries auront de meilleurs résultats à l’école et une meilleure forme physique qui amoindrira les coûts de la santé, a ajouté, à son tour, Mme EVELYN NGULEKA, Secrétaire générale de l’organisation mondiale des agriculteurs.  Or, la grande majorité des personnes qui souffrent de la faim dans le monde sont les petits paysans, éleveurs ou pêcheurs, c’est-à-dire les producteurs.  Mme Ngukela s’est félicitée de l’Accord de Paris sur le climat mais a rappelé la gageure des agriculteurs: produire toujours plus d’aliments pour une population croissante, et le faire de manière viable.  Pour y parvenir, il faudra associer tout le monde, y compris le secteur privé, disposer de techniques adéquates –pour créer une « agriculture intelligente »- et de ressources financières suffisantes, notamment avec des prêts à faible taux.  Elle a cité en exemple la manière dont la Zambie a réussi, avec l’appui du secteur privé, à faire face aux conséquences du phénomène El Niño, grâce à des semences à croissance rapide.

Lors du débat, le représentant du grand groupe des travailleurs et des syndicats a fait remarquer que les premières victimes des changements climatiques n’en sont pas les principaux responsables, et qu’à travers le monde des dizaines de millions de travailleurs de l’économie informelle perdent leur emploi. Constatant que le secteur agricole est plus sensible que d’autres aux changements climatiques, il a mis l’accent sur la nécessité de repenser les modes de production et a appelé à une « transition juste » pour les travailleurs, à savoir changer les modes pour sauver la planète tout en assurant des emplois décents.  Le secteur agricole reste en effet le plus grand employeur au monde, a rappelé la Secrétaire générale de l’organisation mondiale des agriculteurs.  Les agriculteurs contribuent donc à l’économie.

Aujourd’hui, seule la moitié de la production de céréales est utilisée pour l’alimentation des populations, le reste sert à nourrir le bétail voire à fabriquer du carburant, a rappelé, à son tour, le représentant du grand groupe des jeunes et jeunes.  Une agriculture industrielle qui détruit les écosystèmes sans nourrir la planète est-elle durable?  Le représentant du grand groupe des peuples autochtones a une nouvelle fois revendiqué le droit de ces peuples sur leurs terres ancestrales, sur lesquelles, a-t-il affirmé, ne sont produits que des aliments sains.  Il a aussi réclamé la reconnaissance des savoirs traditionnels, y compris dans le domaine alimentaire et médical.  Il s’agit de préserver la biodiversité mais aussi de maintenir la santé de la Terre.

Pour illustrer la complexité des problèmes, la représentante de la Nouvelle-Zélande a rappelé que l’augmentation de la production agricole pourrait augmenter l’émission de gaz à effets de serre.  Mon pays, a-t-elle dit, fait partie d’un groupe qui réfléchit aux moyens de développer une agriculture durable.  Quand on traite des changements climatiques, on devrait parler de l’atténuation de leurs effets plutôt que d’adaptation et il en est de même en matière de sécurité alimentaire, a déclaré M. JAKE RICE, scientifique en chef - émérite à Pêches et Océans Canada, qui a mis l’accent sur l’importance du secteur des pêches sur une planète dont 70% est couverte d’océans.  Alors que l’on s’attend à une réduction des sources alimentaires terrestres, il faudra sans doute rechercher une solution dans les ressources océaniques mais sans les épuiser.  Il ne faut pas croire que tout ce qui peut être fait dans le milieu terrestre peut automatiquement l’être sur les océans, a-t-il averti, avant de mettre en garde sur l’importance de la pêche côtière pour la sécurité alimentaire.  En effet, a-t-il averti, il existe une limite importante à ce que les océans peuvent supporter en matière de prélèvement, que ce soit sur le littoral ou dans le cadre de la pêche industrielle hauturière, laquelle a parfois eu des effets désastreux.

Le débat a montré combien cette préoccupation est partagée par les États insulaire.  Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, la représentante des Maldives a rappelé les menaces qui pèsent sur les océans et leurs ressources, que ce soit leur acidification liée au réchauffement ou les pêcheries illégales et excessives.  De même, au nom des petits États insulaires en développement, le représentant des Palaos a expliqué que les populations de ces pays étaient largement tributaires de la pêche pour l’apport en protéines.  Après avoir rappelé le coût élevé des produits alimentaires dans la région du Pacifique ainsi que le Plan d’action de Samoa, il a déclaré que les petits États insulaires en développement n’avaient pas les moyens de financier eux-mêmes les mesures de préservation indispensables.  Il a demandé l’appui de tous les organes de développement des Nations Unies pour les aider à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Parmi les autres intervenants, le représentant de l’Italie a estimé que l’objectif 2 -Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable– était l’un des plus transversaux du Programme de développement durable.  Il a rappelé la signature de la Charte de Milan, manifeste concret et réalisable qui engage les citoyens de la planète dans la lutte contre la sous-alimentation, la malnutrition et les déchets, tout en favorisant un accès égal aux ressources naturelles et une gestion durable de la production.  Il a en outre rappelé que cette Charte faisait suite à l’Exposition universelle de Milan tenue sur le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie » et s’est dit satisfait que des groupes comme le G20 accordent de plus en plus d’importance à la question.

Le représentant des autorités locales a rappelé les problèmes d’eau.  Il a présenté les gouvernements locaux et régionaux comme des acteurs « essentiels » de la gestion de l’eau et rappelé que l’agriculture durable dépend des liens entre zones urbaines et rurales, ne serait-ce que pour les transports des produits alimentaires ou de l’élimination des déchets.  Il a cité des solutions novatrices préparées par des gouvernements locaux, par exemple au Pérou en matière de souveraineté agricole locale, ou encore au Sénégal, pour la protection et la gestion des forêts.

Pour le représentant de la Finlande, la sécurité alimentaire n’est pas seulement une question de développement.  L’expérience des pays en développement dans ce domaine est essentielle.  Celui de l’Arabie saoudite a mis en avant le Plan d’orientation globale pour le développement de la région et la préservation de l’environnement et des ressources naturelles adopté par son pays, en le présentant comme une « obligation religieuse et morale » à l’égard des générations futures.  La représentante du Kenya a appelé à une modification des modes de production.

Pour sa part, la représentante du groupe sur le vieillissement a regretté l’absence d’indicateur concernant la sécurité alimentaire des personnes âgées dans l’objectif 2, alors que le représentant des personnes handicapées reprochait aux Nations Unies de ne pas avoir adopté de stratégies efficaces tenant compte des réalités concrètes auxquelles les personnes handicapées sont confrontées.  Comment réaliser les objectifs de développement durable en négligeant un groupe qui représente 20% de la population du monde?

Table ronde 2: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte – Construire des sociétés pacifiques et plus inclusives et autonomiser les femmes et les filles »

Président de cette table ronde, M. JÜRG LAUBER (Suisse), Vice-Président du Conseil économique et social, a déclaré que le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comprenne un objectif consistant à promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives –l’objectif 16-,montre clairement que la paix, la justice et le principe d’inclusion sont essentiels pour l’élimination de la pauvreté et la réalisation d’un développement durable.  La violence et l’insécurité sont des problèmes universels qui nuisent au bien-être des populations dans tous les pays et pas uniquement dans ceux qui sont en proie à des conflits, a-t-il ajouté.

L’objectif 16 est « unique » a estimé M. ROBERT J. BERG, Président de l’Alliance pour la paix et membre du Conseil d’administration de l’Académie mondiale des arts et des sciences.  Les conflits ont changé: ils sont désagrégés, ils s’appuient sur la religion ou les groupes ethniques et ils sont parfois motivés par la criminalité.  Face à cette nouvelle donne, il faut de nouvelles stratégies non pour remplacer les anciennes mais pour les compléter.  M. Berg a plaidé pour un soutien du système des Nations Unies à la société civile, affirmant que la consolidation de la paix a réussi quand les Nations Unies avaient aidé la société à comprendre que les chances de succès étaient plus grandes quand il y a cohérence dans la société.  Les Nations Unies devraient travaillent avec l’Église catholique qui va abandonner son concept de « guerre juste » pour celui de « paix juste ».  Il faut inciter les autres religions au même mouvement.

M. Berg n’a pas oublié de mettre l’accent sur l’implication des femmes dans la recherche de la paix, en citant en exemple une femme du Bangladesh, diplômée d’Oxford, qui a préféré rentrer dans son pays pour étudier les relations entre communautés chrétiennes et musulmanes.  Les femmes peuvent devenir de bonnes « faiseuses de paix », a-t-il ajouté, estimant que l’objectif 16 devait permettre d’apprendre aux femmes ce qu’est la « paix intelligente » et la « sécurité intelligente ».

Les jeunes, qui sont souvent présentés comme des victimes, peuvent aussi être des « faiseurs de paix », a rappelé Mme ANCA-RUXANDRA GLIGA, avocate à l’United network of Young Peacebuilders et membre du grand groupe des jeunes et des enfants.  Elle a rappelé que, dans des conflits, les jeunes sont souvent présentés comme des victimes mais ils peuvent aussi être des faiseurs de paix.  Elle a lancé un appel pour l’inclusion des jeunes dans les processus de paix, arguant que quand on parle des laissés-pour-compte, il faut toujours regarder qui n’est pas là, ce qui est souvent le cas des jeunes filles.

Le principe fondamental du Programme 2030 « de ne pas faire de laissés-pour-compte » est ambitieux mais nécessaire à la réalisation des objectifs de développement durable, a souligné la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD) et modératrice du débat, Mme IRENE KHAN.

Mme LAKSHIMI PURI, Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, a rappelé que le Plan d’action de Beijing et d’autres importants textes adoptés depuis lors ont permis de réaffirmer l’importance pour le développement durable de la pleine participation des femmes et des filles et de leur autonomisation.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît le rôle essentiel des femmes et des filles puisqu’elles représentent la moitié de l’humanité.  Mais, il y a aussi dans le Programme, un objectif dédié aux femmes et filles, l’objectif 5, a-t-elle rappelé, qui prévoit de « parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ».  Les engagements en faveur des femmes et filles sont donc là, il reste à savoir comment les mettre en œuvre concrètement.  

Mme Puri a cité à cette fin les « dix commandements » nécessaires: inspiration, indivisibilité, intégration, institutions, mise en œuvre, investissements, information, inclusion, innovation, et enfin accélération, sans laquelle il faudrait, au rythme actuel, un siècle pour parvenir à l’égalité.  Pour Mme Puri, il ne faut pas attendre 2030.

Il faut évaluer les progrès dès 2020 et surtout dans l’accès des filles à l’éducation, a renchéri Mme BEATRICE AYURU, Fondatrice de la Lira Integrated School, qui a dit avoir connu l’ignorance, la violence sexuelle et le manque de perspectives d’avenir.  La clef, c’est l’éducation, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’en la matière, les femmes avaient été laissées pour compte dans de trop nombreux pays.  Aujourd’hui, a-t-elle dénoncé, les programmes d’éducation sont trop théoriques.  Ils n’apprennent pas aux enfants à être créatifs alors qu’il est important que les filles acquièrent des connaissances pratiques.  Les gouvernements devraient élaborer des politiques permettant aux femmes d’acquérir, par exemple, des compétences entrepreneuriales, tout en expliquant à la société l’intérêt de telles mesures.

Il faut des données ventilées par sexe et par âge, car les besoins varient, a souligné Mme GAIA GOZZO, Chef de la gouvernance à CARE International.  Il faut, a-t-elle dit, des indicateurs permettant de vérifier si la représentation des femmes dans une institution, quelle qu’elle soit, a une influence sur les décisions prises.  La société civile ou les acteurs multinationaux pourraient apporter une aide en ce sens.

La représentante de la Chine a estimé qu’il faut d’abord et avant tout que les pays améliorent leurs lois pour défendre les droits et intérêts des femmes et des filles.  À ce propos, celui de la Ligue des États arabes a rappelé la Déclaration du Caire et le Plan stratégique pour le développement des femmes arabes adoptés l’an dernier, qui prévoit notamment la participation politique, l’autonomisation économique et la transformation sociale des femmes.  La représentante de l’Iraq a d’ailleurs demandé l’appui de la communauté internationale pour aider à la réinsertion des femmes victimes du terrorisme.  ONU-Femmes, a indiqué sa Directrice exécutive adjointe, travaille actuellement avec les femmes syriennes à la création d’un conseil syrien des femmes qui traitera de toutes les questions liées à la guerre.

Les inégalités entre hommes et femmes sont la principale forme d’inégalité dans le monde, a rappelé la représentante de l’Afrique du Sud, qui a cité l’écart salarial voire la non-rémunération du travail domestique.  La Suède, a rappelé sa représentante, a une longue histoire d’égalité hommes-femmes qui lui a réussi.  L’accent a toujours été mis sur la nécessité de reconnaître le potentiel « positif » de cette égalité.  Contributeur essentiel au système humanitaire international, la Suède continuera de soutenir la participation des femmes dans les pays affectés par les conflits et d’insister sur l’appropriation nationale, y compris par les femmes.  

En effet, a acquiescé la représentante du grand groupe des femmes, les gouvernements doivent renforcer la participation des femmes dans tous les domaines, et notamment dans les négociations et la reconstruction après les conflits.  La représentante du Danemark a apporté son soutien à toute mesure visant à assurer la participation active des femmes, avant de rappeler que plus de 120 États établissent encore aujourd’hui dans leurs législation une différence entre femmes et hommes.  Au Danemark, qui a un Gouvernement « féministe », tous les ministères sont responsables de l’égalité entre hommes et femmes et le Ministère de l’égalité y veille.

Les laissés-pour-compte ne sont pas que les filles, a rappelé le représentant du Bénin, qui a plaidé la cause de tous les enfants, filles et garçons.  Les mères doivent donner la même éducation à tous leurs enfants.  C’est à la maison et pas à l’école que peuvent d’abord s’acquérir les compétences entrepreneuriales.

Table ronde 3: « Interface science-politique: Idées nouvelles, connaissances et solutions »

Cette table ronde présidée par M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras) en sa qualité de Vice-Président de l’ECOSOC, a été l’occasion de mettre l’accent sur la contribution de la science à la formulation des politiques de développement durable.

Les interfaces entre les sciences et les politiques sont des processus sociaux qui englobent les relations entre les scientifiques et les acteurs du processus de prise de décisions politiques et qui permettent des échanges, une coévolution et une construction commune des connaissances aux fins d'enrichir la prise de décision à différents échelons pour faciliter le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Permettre à la science de servir la mise en œuvre du Programme 2030 revient aussi à trouver les moyens de mettre la science au service du pouvoir, a indiqué Mme LUCILLA SPINI, Chef des programmes scientifiques du Conseil international pour la science (CIUS) et modératrice.  Le Rapport mondial sur le développement durable auquel ont participé 240 chercheurs est, selon M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques, l’exemple parfait de la contribution scientifique à la prise de décisions politiques.  Il a rappelé que ce rapport a été rédigé dans le souci d’améliorer notre compréhension des stratégies de développement pour ne pas faire de laissés-pour-compte; de savoir avec précision qui sont ces laissés-pour-compte et pourquoi ils le sont; d’identifier comment les stratégies et politiques peuvent améliorer leur sort et quelle type de stratégie est le plus approprié.   

Spécialiste de la physique quantique, M. WILLIAM COLGLAZIER, de l’Association américaine pour les progrès de la science, a jugé qu’il faut faire une priorité du renforcement des institutions scientifiques nationales pour leur donner les moyens dinspirer et de guider les décideurs politiques.  Expert du lien entre eau et santé, M. GUELADIO CISSE, Chef du service des sciences de la santé de l’écosystème au Département d’épidémiologie et de santé publique de l’Institut suisse de la santé publique et tropicale, a, à son tour, prôné des liens entre plate-forme scientifique et institutions politiques.  En Irlande, le Conseil national de la recherche et le Conseil consultatif de la société civile ont décidé de travailler ensemble pour faire des contributions à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, a indiqué M. PATRICK PAUL WALSH, Professeur et Président des études internationales sur le développement de l’École des sciences politiques et des relations internationales de l’Université de Dublin.       

M. AURÉLIEN DECAMPS, Professeur assistant à la « Kedge Business School, Sustainability Literacy Test », a vanté les « partenariats multiples » qui permettent de réunir des gens très différents et de créer des espaces pour partager les meilleures pratiques.  Il a aussi attiré l’attention sur les connaissances acquises par les 300 universités dans le monde qui ont des cours sur « la durabilité ».  Il faut, a-t-il dit, promouvoir un dialogue efficace entre les scientifiques et les politiques ainsi qu’avec d’autres intervenants et détenteurs des savoirs, grâce à des mécanismes consultatifs officiels, des dispositifs d’alerte précoce et d’analyse prospective, la communication et autres moyens permettant d’influencer efficacement les décideurs. 

Chercheur en biotechnologie, M. DONOVAN GUTTIERES, Point focal en matière de sciences et de politique du grand groupe des jeunes et des enfants et représentant du Partenariat mondial des jeunes pour les objectifs de développement durable, a attiré l’attention sur les jeunes chercheurs, car ce sont eux qui sont « les plus passionnés et les plus déterminés ».  Au-delà des rapports mondiaux sur le développement durable publiés tous les quatre ans, il a voulu que l’on accorde l’attention voulue à la contribution du Forum international sur les innovations techniques et le développement.    

Il faut trouver les chercheurs pionniers qui travaillent en réseaux, a conseillé M. PETER MESSERLI, Directeur du Centre pour le développement durable et l’environnement (CDE) de l’Institut de géographie de l’Université de Bern.  Il faut non seulement des scientifiques capables de nous aider à mesurer l’état de mise en œuvre des objectifs de développement durable mais aussi des scientifiques capables de mesurer la qualité des interactions entre les divers objectifs et cibles. 

La science et la technologie sont devenues les moteurs du développement en Chine, a dit son représentant.  Il a invité les États à lever les barrières pour que tous puissent bénéficier des connaissances.  Pour la mise en œuvre du Programme 2030, la Chine a décidé de créer des zones de démonstration expérimentales, comme il en existe plusieurs centaines depuis les années 1980.  La Chine a aussi mis en place de nombreux programmes science et développement, que ce soit pour l’agriculture ou la protection de l’environnement.  Elle est prête à renforcer sa coopération scientifique et technique.  Il y a deux ans, a expliqué à son tour la représentante de la Finlande, mon pays a créé un panel d’experts scientifiques pour évaluer et tester les politiques de développement durable sur la base de données irréfutables.  Un tel groupe, très actif dans les médias sociaux, sert aussi à communiquer avec le grand public.  La Finlande cherche à savoir dans quels domaines elle doit mettre l’accent au cours des premières années de mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a vanté les mérites de l’énergie nucléaire pour la santé ou l’agriculture.  

L’élément fondamental est le coût de l’accès aux connaissances, a prévenu le représentant des personnes handicapées.  N’oublions pas, a argué celle du grand groupe des autochtones, que ces peuples ont des connaissances considérables en matière de gestion durable des ressources naturelles.  Alors que leurs connaissances sont de plus en plus reconnues, ces peuples sont tenus à l’écart, quand ils ne sont pas menacés par de grands projets de développement.  Comment peut-on dire que personne ne sera laissé sur le côté si de tels projets continuent de menacer l’existence-même des autochtones.  Les pratiques locales et traditionnelles doivent être prises en compte car elles traitent des questions liées au développement durable depuis la nuit des temps, même si elles ne se fondent pas sur des critères scientifiques, a plaidé la représentante des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement.  

Pourquoi les conseillers scientifiques sont toujours « des hommes âgés », s’est d’ailleurs demandé la représentante de l’Afrique du Sud où l’Académie de la science et le Conseil consultatif de l’innovation sont chargés de formuler des avis et recommandations au Gouvernement.  Elle a vu dans ces « hommes âgés » la parfaite l’illustration d’un problème de transmission du savoir mais aussi de crédibilité du monde scientifique.  La représentante du grand groupe des femmes a invité l’« Interface science-politique » à corriger cette situation, à ouvrir ses portes à tous les acteurs du développement durable et à étudier des normes « éthiques » pour la collecte et la diffusion des données statistiques, notamment dans le domaine de la santé génésique.

L’« Interface science-politique » dépendra de sa capacité de traduire les faits scientifiques en recommandations concrètes aux États Membres, a estimé la représentante de la Suisse, avant que son homologue de l’Australie ne juge indispensable de s’appuyer sur les exemples qui ont permis à la science de contribuer à des changements politiques.  Le représentant de l’Algérie s’est enorgueilli des percées nationales dont le réseau national de fibre optique, la modernisation de l’administration publique par le biais de l’électronique et le lancement d’un programme spatial national à l’horizon 2020 pour développer la télédétection au profit du développement, de la protection de l’environnement, de l’exploitation des ressources naturelles et de l’atténuation de l’impact des changements climatiques.

Il faut des investissements pour transformer les connaissances scientifiques en innovation, a souligné le représentant des États-Unis qui a aussi avoué qu’il faudra surmonter le handicap des chercheurs qui ne sont pas toujours les meilleurs communicants et celui des politiques qui n’ont pas toujours des connaissances suffisantes.  Les ONG, a affirmé le représentant de ce grand groupe, sont le canal de communication entre les scientifiques et les gouvernements et les Nations Unies, une communication qui doit être facilitée par la généralisation d’Internet dans tous les États.  La représentante du grand groupe des jeunes et des enfants a insisté sur la nécessité de bâtir un monde plus scientifique, qui sera plus sûr et meilleur pour tous.  Il faut donner plus d’espace aux jeunes scientifiques pour assurer une « dimension intergénérationnelle » à l’Interface science-politique.  La science ne pourra résoudre tous les problèmes du développement durable, a mis en garde le représentant du grand groupe des entreprises et des industries, sans pour autant nier les avantages que l’on peut tirer des connaissances scientifiques.  Il a parlé du volume de travail effectué par son grand groupe pour comprendre et travailler à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le représentant de l’Arabie saoudite a parlé de la Cité scientifique Roi Adbelaziz, tout en faisant observer que toutes ces initiatives ont besoin d’un soutien des Nations Unies et notamment de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  La représentante de l’Union européenne a souhaité que les chefs d’État et de gouvernement se penchent sur le Rapport mondial sur le développement durable, avant que celui de Together 2030, groupe de la société civile, ne juge « déconcertant » qu’un rapport censé renforcer l’interface science-politiques soit attendu tous les quatre ans.  Il faudrait au moins un supplément annuel qui traite des questions émergentes. 

Il faut institutionnaliser l’Interface science-politique et l’ouvrir aux groupes défavorisés tels que les populations autochtones ou les personnes handicapées, a dit la Présidente de la table ronde. L’Interface doit être institutionnalisée à tous les niveaux de la société, du local à l’international, pour favoriser l’appropriation des enjeux du développement durable par les communautés, a acquiescé le membre de l’Institut suisse de la santé publique et tropicale, son homologue de l’Institut de géographie de l’Université de Bern, insistant sur les connaissances autochtones.

Le monde scientifique doit réfléchir aux paramètres d’une économie solidaire débarrassée des groupes de pression, a estimé, pour sa part, le Professeur à l’Université de Dublin.  S’agissant en particulier de la réalité des changements climatiques, le représentant de l’Association américaine pour le progrès de la science a jugé qu’il faut bien comprendre les questions que se posent les organes décisionnels car ce sont bien les diplomates qui devront gagner cette bataille.  Il faut assurer un accès transparent aux données pour maintenir l’élan, a insisté le représentant de l’Initiative des établissements d’enseignement supérieur en faveur du développement durable (HESI).  Il faut une Interface réellement « interdisciplinaire, intersectoriel et intergénérationnel », a conclu le représentant du Partenariat mondial des jeunes pour les objectifs de développement durable.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au centre de l’action mondiale, « les droits de l’homme sont le moteur le plus puissant de la paix et du développement », déclare M. Ban Ki-moon

Soixante-dixième session,
matin & après-midi               
AG/11803

Au centre de l’action mondiale, « les droits de l’homme sont le moteur le plus puissant de la paix et du développement », déclare M. Ban Ki-moon

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a affirmé aujourd’hui, à l’occasion d’un débat thématique de haut niveau de l’Assemblée générale intitulé « ONU70: les droits de l’homme au centre de l’action mondiale », que ces derniers constituaient « le moteur le plus puissant de la paix et du développement ».

Les violations des droits de l’homme doivent « cesser maintenant » et, à cet égard, « les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités », a déclaré M. Ban, en ouvrant ce débat de haut niveau de deux jours auquel participent près de 90 délégations et qui est articulé autour de plusieurs tables rondes.

Pour le Secrétaire général, qui a rappelé les nombreux abus commis dans diverses parties du monde, « les États Membres ont déjà franchi une importante étape en adoptant unanimement le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Les droits de l’homme sont au cœur des 17 objectifs de développement durable qui vont de l’éradication de l’extrême pauvreté à la réduction de l’inégalité en passant par la promotion de la paix et de sociétés exclusives, a-t-il expliqué.  « En cette première année cruciale de mise en œuvre, nous devons reconnaître la nécessité de souligner l’importance des droits de l’homme dans ce que nous faisons. »

Ainsi que l’a indiqué, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, ce débat thématique de haut niveau s’inscrivait dans le contexte du cinquantième anniversaire des Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, du trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement et du processus visant à sélectionner et à désigner le prochain secrétaire général de l’ONU.

Il est ainsi l’occasion pour les États Membres d’« avoir une vision globale de la situation des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui », de « renforcer les fondements des droits de l’homme et d’examiner les moyens visant à faire en sorte que ceux-ci contribuent au progrès de la paix et de la sécurité et du développement durable, et réciproquement », de « consolider le rôle des Nations Unies dans ce domaine » et d’« identifier les actions en vue d’obtenir des améliorations rapides dans la réalisation des droits de l’homme au niveau mondial ».

M. Lykketoft a rappelé que les droits de l’homme étaient « universels, indivisibles et interdépendants ».  « Ils sont les normes que les dirigeants mondiaux se sont engagés à respecter pour que tous les peuples puissent jouir de la dignité, de la liberté et de l’égalité.  Ils constituent le cadre juridique et moral qui permet aux peuples partout dans le monde de combattre l’injustice. » 

Les États fondateurs des Nations Unies ont créé une institution équilibrée autour de trois piliers que sont la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a souligné pour sa part le Secrétaire général.  Mais, 70 ans après, « cet équilibre est loin d’être réalisé » au sein de la structure de l’Organisation elle-même, de son financement, de ses politiques et de ses actions.  « De la même façon que nous avons pu sortir des populations de la marginalisation, nous devons aussi amener les droits de l’homme au centre de nos discussions et de nos décisions », a dit M. Ban. 

Le Secrétaire général a expliqué que son initiative « Les droits de l’homme avant tout » avait « pour objectif de réunir les trois piliers des Nations Unies, d’assurer que la lutte contre les violations des droits de l’homme reste la priorité et de faire en sorte que la Charte des Nations Unies soit au centre des activités quotidiennes de l’ensemble du système ». 

« Cette initiative a changé la façon d’agir et de penser des Nations Unies », a-t-il observé.  Elle a en effet changé, selon lui, les modes opérationnels « pour se focaliser davantage sur la prévention que sur la réaction ». 

M. Ban a insisté sur le fait que placer les droits de l’homme au centre de notre processus de décision exigeait un « engagement total des États Membres qui ont le pouvoir de changer la vie pour le meilleur ».  « Dans un monde profondément connecté, tous les États Membres ont un intérêt commun à promouvoir les droits individuels et collectifs comme base de la paix et de la prospérité mondiales. » 

De même, à ses yeux, « les politiques répressives contre l’extrémisme violent et le terrorisme n’assurent pas la sécurité ».  « Lorsque les gouvernements prennent des actions contre le terrorisme sans tenir compte des droits de l’homme, ils renforcent les sentiments d’exclusion et accroissent le ressentiment et alimentent l’extrémisme et le terrorisme à travers le monde. » 

Selon, le Secrétaire général, le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent affirmait que la prévention de l’extrémisme et la promotion des droits de l’homme vont de pair.  En outre, « les droits de l’homme offrent aux États une voie claire vers la stabilité et la prospérité.  Ils construisent la confiance et la loyauté ainsi que la prospérité des institutions politiques et économiques ». 

De son côté, le Président de l’Assemblée générale a jugé que si les dirigeants du monde ne relançaient pas leur engagement en faveur des droits de l’homme, ne rejetaient pas les discours de division et de haine, et ne traitaient pas les facteurs des tensions actuelles comme le chômage, les inégalités, les changements climatiques ou les abus de pouvoir, « l’espoir pourrait se transformer rapidement en désespoir ». 

En tout cas, nous ne pouvons pas permettre que la culture des droits de l’homme qui a été forgée durant ces 70 dernières années disparaisse.  Nous devons assurer que les Nations Unies, 70 ans après sa fondation, continuent d’être le rempart contre les menaces aux droits de l’homme. 

Mathilde, Reine des Belges, a reconnu que le chemin vers la paix durable, vers la justice et vers le bien-être était « encore long et ardu ».  « C’est pourquoi, le dialogue d’aujourd’hui aurait tout son sens s’il parvenait à expliciter et à étayer encore davantage ce constat et cette ambition. » 

Elle a souhaité que les efforts se poursuivent « pour aboutir à une intégration harmonieuse de tous les leviers de développement, que ce soient les outils et instruments institutionnels, économiques ou juridiques, actionnés par nombre de parties prenantes tels les autorités, la société civile, les entreprises, le monde académique et culturel ».

La Directrice exécutive d’« Il’laramatak Community Concerns » et représentante des peuples autochtones du Kenya, Mme Agnes Leina Ntikaampi, a assuré pour sa part que les droits de l’homme constituaient « un mirage pour beaucoup de gens dans le monde, un rêve qui attend de devenir réalité ». 

Mme Ntikaampi a également dénoncé l’intolérance contre la société civile qui demande des comptes aux autorités, en particulier concernant la question de la terre qui est vue par les gouvernements et les investisseurs privés comme une opportunité pour une croissance purement économique et une source exclusive de profit aux dépens des peuples autochtones, de leurs cultures de subsistance et d’autres formes d’utilisation des terres.

« Les nouvelles tendances mondiales sur les industries extractives encouragent une nouvelle ruée vers les terres qui se fait souvent aux dépens de pauvres et sans étude d’impact environnemental ou même sans un processus de consentement préalable, libre et éclairé des populations autochtones locales », a-t-elle déclaré.  « C’est en défendant leurs droits que ces groupes de populations perdent leurs vies et leurs moyens de subsistance dans des circonstances injustes et troubles. » 

Selon elle, les États Membres doivent renforcer leurs efforts en matière de redevabilité, prendre des mesures urgentes pour prévenir les exécutions extrajudiciaires, la brutalité policière et les violations des droits de l’homme, dans un esprit de justice, de paix et de sécurité.  Dans le même temps, les citoyens ont besoin d’apprécier le travail des agents de force de l’ordre et des institutions gouvernementales qui sont censés les protéger et les servir, et développent une culture de confiance et de respect à leur égard.

Au cours du débat plénier ministériel qui a suivi les déclarations liminaires, auquel ont pris part ce matin 18 délégations, le Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, M. Jean Asselborn, a dit qu’en tant que communauté internationale, « nous avons une responsabilité collective d’agir lorsque des nettoyages ethniques ou de graves violations du droit humanitaire se produisent et de tout mettre en œuvre pour les prévenir ». 

« Pour promouvoir le respect des droits de l’homme et protéger les individus face aux violations et abus en temps de conflit, l’ONU a les moyens d’agir.  Qu’il s’agisse des représentants spéciaux du Secrétaire général ou des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, tous contribuent dans le cadre de leur mandat spécifique à faire respecter et avancer les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  L’indépendance de leur travail est primordiale et nous devons protéger leur mandat. »

Pour la Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, Mme Susana Mabel Malcorra, « les droits de l’homme doivent sous-tendre nos processus de décision politique ».  « Et dans un monde de plus en plus connecté, nous devons considérer les dimensions nationales, régionales et mondiales des droits de l’homme. » 

La Ministre suédoise de l’égalité des sexes, des personnes âgées et des enfants, Mme Asa Regnér, a soulevé la question de la jouissance des droits de l’homme par les femmes et les filles qui, a-t-elle précisé, est la « pierre angulaire » de tous les efforts de son gouvernement.  « L’autonomisation des femmes et des filles est l’autonomisation de toute l’humanité, y compris l’accès aux droits sexuels et reproductifs », a-t-elle déclaré. »

Trois débats interactifs ont suivi le débat plénier qui ont eu pour thèmes respectifs: « la discrimination et les inégalités »; « les fondements des droits de l’homme: gouvernance, état de droit et accès à la justice »; et « permettre la participation active en société ».

L’Assemblée générale poursuivra et achèvera demain, mercredi 13 juillet, son débat thématique de haut niveau. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Secrétaire général, appuyé par une quarantaine de délégations, défend les recommandations du Quatuor pour « sauver la solution à deux États » entre Israéliens et Palestiniens

7736e séance – matin   
CS/12443

Le Secrétaire général, appuyé par une quarantaine de délégations, défend les recommandations du Quatuor pour « sauver la solution à deux États » entre Israéliens et Palestiniens

Sur un ton résolument grave, le Secrétaire général a demandé, aujourd’hui, au Conseil de sécurité d’appuyer les recommandations du Quatuor pour le Moyen-Orient pour « sauver » la solution à deux États dont les dirigeants israéliens et palestiniens s’éloignent de plus en plus.  « Le temps commence à être très limité », a-t-il prévenu, au cours d’une séance où les délégations de la France et de l’Égypte ont présenté leurs initiatives pour « sauver » cette solution, sans laquelle, selon la quarantaine de délégations ayant pris la parole, il ne saurait y avoir de paix au Moyen-Orient.

M. Ban, rejoint par de nombreux intervenants, a condamné la poursuite de la colonisation israélienne, laquelle, a-t-il dit, ne peut ni contribuer à la solution à deux États, ni renforcer la sécurité des Israéliens.  « Chaque pierre que l’on ajoute à l’édification de l’occupation est une pierre qui est soustraite des fondements d’Israël en tant qu’État démocratique et à majorité juive », a-t-il averti.  Au cours de cette séance, l’Observateur permanent de la Palestine a lu, d’une voix étranglée par l’émotion, la lettre d’un père palestinien qui a perdu son fils au cours des récentes violences, ajoutant d’un degré à la gravité du débat.

« Les 10 recommandations du rapport du Quatuor offrent une approche pratique pour mettre fin à l’impasse politique, favoriser une transition vers une Autorité palestinienne renforcée en Cisjordanie et esquisser la voie d’une reprise des négociations sur toutes les questions du statut final », a estimé M. Ban au début de son intervention.  Dans ce rapport, rendu public à la fin du mois de juin, le Quatuor, qui est composé des États-Unis, de la Fédération de Russie, de l’Union européenne et de l’ONU, souligne également le risque de voir un État unique s’installer si le statu quo venait à perdurer.

Face à ce risque, le Secrétaire général a appelé toutes les parties à entamer « immédiatement » des discussions avec le Quatuor sur la mise en œuvre de ses recommandations et à coopérer avec les acteurs clefs et le Conseil de sécurité.  Tout en affirmant que les Palestiniens qui célébraient ou encourageaient les attaques contre des innocents ne servaient pas les intérêts de leur peuple, il a indiqué que la poursuite de l’implantation des colonies de peuplement contredisait le soutien officiel d’Israël en faveur de la solution à deux États.

L’intention d’Israël, annoncée quelques jours à peine après la publication du rapport du Quatuor, de construire des unités de logement supplémentaires en Cisjordanie et à Jérusalem-Est trahit un « mépris flagrant pour le droit international », a affirmé le Secrétaire général.  « Quand Israël a gelé les constructions dans ces communautés juives, il n’y a pas eu la paix », lui a répondu le représentant israélien.  

Troublé par les conclusions du rapport du Quatuor selon lesquelles les « constructions israéliennes en Judée et en Samarie seraient un obstacle à la paix », le délégué a fustigé ceux qui cherchent à « équilibrer » leurs critiques du terrorisme palestinien en condamnant les constructions israéliennes.  Le rapport a également été critiqué par l’Observateur de l’État de Palestine car, a-t-il précisé, il ne reconnaît pas l’occupation de près d’un demi-siècle des terres palestiniennes par Israël comme étant la source principale de l’instabilité dans la région. 

« Les Palestiniens attendaient mieux du Quatuor », a-t-il déclaré, convaincu que ce rapport était une nouvelle tentative de « gérer le conflit », au lieu de réaffirmer des principes et paramètres pour une solution finale juste, en définissant les moyens d’y parvenir selon un calendrier précis.  « Quelles que soient les divergences des États Membres au sujet dernier rapport du Quatuor, il est important que les uns et les autres s’entendent sur la nécessité de sauver la solution à deux États », a affirmé le délégué du Royaume-Uni, en résumant le sentiment général des délégations.

Son homologue de la Nouvelle-Zélande a soutenu la proposition des États-Unis visant l’adoption « d’une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité, courte et équilibrée, en réponse au rapport du Quatuor ».  Précisant que le projet de déclaration présidentielle qu’il avait pu lire consacrait la centralité de la solution à deux États, il a demandé au Conseil de jouer son rôle afin que les parties reviennent à la table des négociations.  Ce vœu a été partagé par de nombreuses délégations dont celle de la Tunisie qui a invité le Conseil « à rompre son silence sur la question de la Palestine ».

De son côté, le représentant de la France a présenté l’action de son pays, complémentaire à celle du Quatuor, adoptée à la suite de la réunion ministérielle qui s’est tenue à Paris le 3 juin.  La France va préparer un paquet de mesures incitatives qui pourraient être proposées aux parties en cas d’accord de paix et poursuivre son dialogue avec les parties en vue de la tenue d’ici à la fin de l’année d’une conférence internationale les associant, a-t-il expliqué.

« L’Égypte œuvre pour connaître les points de vue des deux parties », a affirmé son représentant, en rappelant que le Ministre égyptien des affaires étrangères s’était rendu en début de semaine en Israël.  Si une paix juste et durable règne entre mon pays et Israël, il est possible de parvenir à une paix  similaire entre Palestiniens et Israéliens, a-t-il affirmé, sur un ton optimiste, appuyé en ce sens par le Vice-Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.

Le délégué israélien a, en revanche, rejeté, cet optimisme en déclarant que les initiatives internationales visant à imposer la solution à deux États aux deux parties envoyaient un message erroné.  « Ce message laisse entendre aux Palestiniens qu’ils pourront atteindre leurs objectifs tout en continuant à encourager la terreur et à refuser de discuter avec Israël. »  Il a également accusé le Liban de n’avoir rien fait pour neutraliser le Hezbollah « depuis la guerre  que ce groupe terroriste a menée contre Israël il y a 10 ans », agissant ainsi en violation de la résolution 1701 (2006) du Conseil.  « Depuis l’adoption de cette résolution, Israël s’est rendu coupable de 11 856 violations de la souveraineté du Liban », a rétorqué le représentant libanais.

Enfin, la situation en Syrie a été abordée par de nombreuses délégations, dont celle de la Fédération de Russie qui a estimé que la priorité de la communauté internationale devrait être de régler le conflit dans ce pays.  Invitant les partenaires américain et européens à adopter à cet égard une approche plus constructive, il a jugé crucial que les pourparlers de Genève puissent reprendre prochainement.  « La Fédération de Russie devrait peser de tout son poids pour que le régime de Bachar Al-Assad cesse d’assiéger les villes et de priver les civils de tout accès à l’aide humanitaire », a insisté la déléguée des États-Unis.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION DE LA PALESTINE

Déclarations

« Le temps commence à manquer », a affirmé M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, en précisant qu’il avait ainsi adressé un message clair et constant aux responsables palestiniens et israéliens lors de la visite qu’il avait effectuée dans la région le mois dernier.  Soulignant les critiques dont fait l’objet le rapport du Quatuor, il a tenu à faire remarquer que le message contenu dans ce dernier était pourtant irréfutable: « alors que les développements négatifs deviennent plus fréquents, la perspective de la solution à deux États s’éloigne de plus en plus ».

Les 10 recommandations du rapport offrent une approche pratique pour mettre fin à l’impasse politique, favoriser une transition vers une Autorité palestinienne renforcée en Cisjordanie et esquisser la voie d’une reprise des négociations sur toutes les questions du statut final, a expliqué M. Ban.  « J’appelle toutes les parties à entamer immédiatement des discussions avec le Quatuor sur la mise en œuvre de ces recommandations et à continuer de travailler en coordination avec les acteurs clefs et le Conseil de sécurité pour restaurer l’espoir en une solution durable. »  Affirmant que les parties devront faire les compromis nécessaires, il a invité les acteurs régionaux et la communauté internationale à les y encourager.

L’échec des responsables palestiniens et israéliens à promouvoir la paix a créé un vide que les voix extrémistes ont comblé, a-t-il dit.  Tout en réaffirmant que les auteurs des récentes attaques terroristes devraient être traduits en justice, il a estimé que les démolitions punitives et les révocations indiscriminées de permis avaient pénalisé des milliers de Palestiniens innocents et s’apparentaient à un châtiment collectif.  « Pendant ce temps, l’entreprise de colonisation d’Israël se poursuit », a-t-il dit, en rappelant que, quelques jours après la publication du rapport du Quatuor, Israël avait annoncé son intention de construire 560 unités de logement supplémentaires en Cisjordanie et 240 à Jérusalem-Est.  « Cela témoigne d’un mépris flagrant pour le droit international », a-t-il déclaré.  Ces actions constituent, a-t-il soutenu, une contradiction évidente avec le soutien officiel d’Israël pour la solution à deux États.

De telles politiques ne favoriseront pas la concrétisation de la solution à deux États et ne renforceront pas la sécurité des Israéliens, a prévenu le Secrétaire général.  « Comme l’ont dit de nombreux membres de l’armée et du renseignement israéliens, elles auront exactement l’effet opposé. »  « En effet, chaque pierre que l’on ajoute à l’édification de l’occupation est une pierre qui est soustraite des fondements d’Israël en tant qu’État démocratique et à majorité juive. ».  Dans le même temps, il a affirmé que les Palestiniens qui célébraient ou encourageaient les attaques contre des innocents ne servaient pas les intérêts de leur peuple.  Ces actes doivent être universellement condamnés, a-t-il insisté.

Évoquant sa visite à Gaza, M. Ban a indiqué que des dizaines de milliers de personnes étaient encore déplacées à la suite du conflit de 2014 et que les fonds pour financer la reconstruction manquaient cruellement.  La situation dans le Golan demeure volatile, menaçant le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie, a-t-il déclaré.

Revenant sur le conflit israélo-palestinien, le Secrétaire général s’est demandé combien de temps encore les parties et la communauté internationale accepteront une telle paralysie politique.  Il a donc encouragé le Conseil de sécurité à appuyer les efforts du Quatuor visant à coopérer avec les parties, les acteurs régionaux et les parties prenantes intéressées.  Les enfants de Palestine et d’Israël ne méritent pas moins, a-t-il tenu à rappeler.  Il est temps pour les parties, a conclu M. Ban, de prendre les mesures nécessaires pour construire un futur d’espoir.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur de l’État de Palestine, a assuré que les États arabes continuaient de tendre la main pour la paix, réaffirmant ainsi leur soutien à l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, y compris leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance.  Tandis que l’initiative de paix arabe, depuis 14 ans, offrait une voie pour avancer vers le règlement du conflit, Israël -la force occupante- était resté intransigeant en faisant obstruction à toute tentative de règlement politique.  Il a aussi rappelé qu’Israël avait rejeté en bloc les efforts multilatéraux consacrés par l’initiative française qui visait la création d’un groupe international de soutien pour la paix israélo-palestinienne.  Il a, à cet égard, salué le communiqué final de la réunion du 3 juin dernier à Paris.

Au sujet du rapport du Quatuor, M. Mansour a estimé qu’il ne répondait pas aux attentes des Palestiniens et qu’il n’avait pas reconnu la gravité de l’occupation de près d’un demi-siècle des terres palestiniennes par Israël comme étant la source principale de l’instabilité, de la violence et des violations que l’on constate aujourd’hui dans la région.  « Après près de 50 ans d’occupation et plus de 20 ans de négociations, les Palestiniens attendaient mieux du Quatuor », a-t-il déclaré.  Ils avaient espéré, a-t-il ajouté, que le Quatuor allait faire des propositions solides, y compris concernant le statut final, afin de mettre fin à l’occupation israélienne qui dure depuis 1967, y compris à Jérusalem-Est.  Il a aussi regretté que le rapport n’ait pas fourni d’éléments clairs pour la réalisation de la solution à deux États, avec un État palestinien indépendant, souverain, vivant côte à côte avec Israël, et dans la paix et la sécurité, à l’intérieur des frontières en vigueur avant 1967, ainsi que pour une solution juste concernant la question des réfugiés palestiniens, sur la base de la résolution 194 (III).

L’Observateur permanent de la Palestine a également fait observer que le rapport du Quatuor était une nouvelle tentative de « gérer le conflit », alors qu’il aurait dû réaffirmer des principes et paramètres pour une solution finale juste, en définissant les moyens d’y parvenir dans un temps précis et avec le soutien international nécessaire garanti.  Il a dénoncé le fait que le rapport ait estimé que les actions entreprises par Israël étaient « des réponses » aux actions palestiniennes.  La sécurité a été reconnue comme étant un droit et une nécessité pour Israël uniquement, alors que le droit du peuple palestinien d’être protégé, du fait de leur statut de peuple sous occupation, a été ignoré dans ce rapport, a-t-il déploré.  Le fait que le rapport n’ait pas identifié les actes incessants de violence, de destruction et d’intimidation et de barbarisme d’extrémistes israéliens comme étant des actes de terroristes, tout en le faisant pour le cas des actions palestiniennes, indique clairement les orientations adoptées dans la rédaction de ce document, a-t-il affirmé. 

M. Mansour a ensuite dénoncé le discours de haine proféré par des colons israéliens et des extrémistes juifs, que les autorités d’Israël approuvent.  Il a également fait part de son étonnement face aux propos de certains dirigeants d’Israël, y compris le Premier Ministre, M. Benjamin Netanyahu, qui ont dit qu’« il n’y aurait jamais d’État palestinien ».  Le rapport du Quatuor, a estimé M. Mansour, aurait dû souligner qu’Israël agit en violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire en implantant ses colonies de peuplement et en essayant, par tous les moyens, d’annexer les territoires palestiniens.  Il a fait observer qu’en réaction au rapport, les autorités israéliennes avaient décidé d’approuver la construction de 800 maisons dans des colonies de peuplement illégales dans ou autour de Jérusalem-Est.  L’Observateur permanent de la Palestine a par ailleurs dénoncé le blocus imposé dans la bande de Gaza, « une catastrophe humanitaire créée par l’homme » dont les détails ont été éludés dans le rapport.  Il a expliqué que « la division entre les principaux dirigeants palestiniens ne devrait pas servir d’excuse pour continuer d’emprisonner près de 2 millions de personnes à Gaza ». 

Il a terminé son propos en lisant la lettre écrite par un père palestinien dont le fils, Mahmoud Badran, âgé de 15 ans, avait été assassiné par les Forces israéliennes le 21 juin dernier.  S’arrêtant par moments au cours de cette lecture, c’est avec la voix étranglée par les sanglots que l’Observateur permanent de la Palestine a terminé ce courrier dans lequel le parent appelle à une vie de paix, de liberté, de justice et de dignité pour les Palestiniens, émettant ainsi le vœu que la vie de leurs enfants ne serait plus en péril.

M. DANNY DANON (Israël) a affirmé que les actes terroristes odieux qui ont récemment frappé son pays étaient le résultat direct des incitations des responsables palestiniens.  Dans le rapport du Quatuor, a-t-il fait observer, nous avons appris que les responsables de l’Autorité palestinienne n’ont jamais condamné les attaques terroristes perpétrées contre Israël.  Il a également affirmé que la récente allégation de M. Abbas, selon laquelle Israël chercherait à empoisonner les réserves en eau des Palestiniens, était un acte de diffamation pure et simple.  De même que certaines accusations dont ont été victimes les Juifs à travers les siècles, a-t-il ajouté.  M. Danon a également cité, au nombre des actes de terreur qui ont frappé son pays, l’assassinat à coups de couteau d’une adolescente israélienne de 13 ans par un Palestinien de 17 ans.  L’acte haineux de ce jeune Palestinien est le résultat direct d’années d’endoctrinement dans les écoles palestiniennes et des appels à mort lancés contre des Juifs sur Facebook et Twitter, a-t-il affirmé.

« Comme le rapport du Quatuor l’a justement souligné, la communauté internationale doit envoyer un message clair aux Palestiniens afin qu’ils mettent un terme à la terreur et s’engagent dans des négociations directes. »  M. Danon a rappelé que le Premier Ministre israélien avait fait part, à plusieurs reprises, de son intention de rencontrer M. Abbas afin de mettre fin au conflit.  « Pourtant, M. Abbas a clairement indiqué qu’il n’avait pas le temps pour parler de paix », a-t-il fait remarquer, avant d’ajouter que ce dernier préférait répandre des mensonges éhontés et colporter des théories du complot antisémites.

L’Ambassadeur Danon a déploré que le refus du Président de l’Autorité palestinienne de négocier soit encouragé par certains membres de la communauté internationale.  Les initiatives internationales cherchant à imposer la solution à deux États aux deux parties envoient un message erroné, a-t-il affirmé.  « Ce message laisse entendre aux Palestiniens qu’ils pourront atteindre leurs objectifs tout en continuant à encourager la terreur et à refuser de discuter avec Israël. »  Pour le représentant d’Israël, le seul moyen d’instaurer la paix repose sur trois piliers: la cessation des activités terroristes, la fin du refus palestinien de reconnaître Israël comme État-nation du peuple juif et la volonté des Palestiniens de négocier directement avec Israël.

M. Danon s’est dit troublé par les conclusions du rapport du Quatuor selon lesquelles les « constructions israéliennes en Judée et en Samarie seraient un obstacle à la paix ».  « Quand Israël a gelé les constructions dans ces communautés juives, il n’y a pas eu la paix », a-t-il fait remarquer.  Critiquant ceux qui cherchent à « équilibrer » leurs critiques du terrorisme palestinien en condamnant les constructions israéliennes, le représentant israélien a rejeté fermement toute tentative visant à assimiler ces constructions à des actes terroristes.

L’Ambassadeur Danon a indiqué que les activités du Hezbollah étaient l’une des causes principales de l’instabilité et du chaos dans la région.  Dix ans après la guerre menée par le Hezbollah contre son pays, la résolution du Conseil visant à désarmer tous les groupes armés au Liban n’avait jamais été mise en œuvre, s’est-il indigné.  Le Liban n’a jamais stoppé le Hezbollah et ce dernier a continué, au contraire, à renforcer ses capacités, a soutenu le représentant d’Israël.  Brandissant la photographie aérienne du village de Shaqra dans le sud du Liban, il a indiqué qu’un bâtiment sur trois dans ce village était utilisé par le Hezbollah à des fins militaires.  Le Hezbollah commet un double crime de guerre en attaquant les civils israéliens et en utilisant les civils libanais comme boucliers humains pour couvrir ses activités terroristes.  L’Ambassadeur Danon a estimé que le Hezbollah était une menace pour son pays, le Liban et toute la région et il a invité le Conseil à reconnaître le Hezbollah comme étant une organisation terroriste.  Avant de conclure, il a affirmé que le Hezbollah n’était pas la seule organisation terroriste que l’Iran soutenait car, a-t-il précisé, 60% du budget des branches militaires du Hamas et du Djihad islamique est financé par l’Iran.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a relevé que des actes de violence avaient été commis de manière régulière ces derniers temps à la fois par les Israéliens et les Palestiniens.  Elle a estimé que les annonces de nouvelles implantations de colonies de peuplement par Israël risquaient de saper les efforts en faveur de la paix.  Depuis la signature des Accords d’Oslo en 1993, la population de ces colonies a doublé.  Si on ne change pas de cap, la solution à deux États va continuer de s’éloigner, a-t-elle prévenu.  Mme Power a ensuite appelé l’Autorité palestinienne et les responsables israéliens à condamner les actes de violence des deux côtés.  Elle a également appelé à mettre fin au blocus à Gaza, en rappelant que près de 3 millions de ses habitants ont besoin en urgence d’une aide humanitaire.  Pour sa délégation, le rapport du Quatuor est « positif » et constitue une initiative importante pour engager des négociations entre les deux parties, a-t-elle dit. 

S’agissant de la situation en Syrie, la représentante des États-Unis a regretté que le régime de Bachar Al-Assad continue d’assiéger les villes et de priver les civils de tout accès.  Elle a appelé la Fédération de Russie à peser de son poids pour que le régime Al-Assad mette fin à cette terrible situation.  Elle a dénoncé les entraves imposées par ce régime à la fourniture de médicaments et de l’aide humanitaire dont la population civile a besoin de manière urgente.  Selon un rapport publié aujourd’hui, le régime Al-Assad impose un siège dans la ville de Madaya, encerclant ainsi la population civile avec ses troupes et des militaires.  Cette situation ne présage nullement la reprise des négociations, a-t-elle averti.  

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a condamné les groupes terroristes actifs dans la région, qui sapent la recherche de solutions pacifiques.  Mon pays a des liens étroits avec Israël et l’État de Palestine, a-t-il assuré, en émettant l’espoir que les deux parties parviennent à une solution pacifique.  Il a jugé inadmissible d’acquérir des territoires par la force et encouragé les parties à retourner à la table des négociations, avec l’appui de la communauté internationale.  Il a estimé que le rapport du Quatuor était important pour contribuer à la réalisation d’une solution.  Le représentant s’est dit cependant préoccupé par les tendances négatives qui entravent une telle solution, dont la poursuite de la colonisation. Quelques jours après la publication du rapport du Quatuor, Israël a annoncé son intention de construire 560 unités de logement supplémentaires en Cisjordanie et 240 à Jérusalem-Est, a-t-il regretté.  Sa délégation, a-t-il ajouté, condamne également les actes terroristes commis contre des civils israéliens innocents.  Il a estimé qu’il était important de mettre en œuvre le rapport du Quatuor pour parvenir à une paix durable.

La situation en Syrie est un affront à la dignité humaine, a déclaré le délégué de l’Uruguay.  Il a condamné les attaques perpétrées contre les hôpitaux et centres de soins et a appelé les parties à respecter la résolution 2286 (2016) du Conseil.  Le représentant a appelé de ses vœux une transition en Syrie, conduite par le peuple syrien lui-même, afin de parvenir à la paix.  Passant ensuite à la situation qui prévaut actuellement au Yémen, il s’est félicité des progrès accomplis en vue de mettre un terme à la crise au Yémen.  Sa délégation est cependant préoccupée par la décision du Secrétaire général de retirer un État de la liste des pays et groupes armés portant atteinte aux droits des enfants dans les situations de conflit. 

M. WU HAITAO (Chine) a appelé au dialogue entre Israéliens et Palestiniens.  Il a indiqué que la défense des droits des Palestiniens était une responsabilité de la communauté internationale.  Une solution complète et juste à la question palestinienne est de l’intérêt de toutes les parties.  C’est pourquoi, la Chine appuie la solution à deux États, notamment avec un État palestinien indépendant, établi à l’intérieur des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Israël et la Palestine doivent renoncer à la violence et s’abstenir de tout acte unilatéral.  Israël doit cesser ses activités d’expansion des colonies pour afficher sa bonne volonté, a recommandé le représentant de la Chine, en appelant cet État à respecter le droit international et à lever le blocus imposé dans la bande de Gaza.  Il a également appelé à la reprise des pourparlers directs entre les protagonistes, en rappelant que la Chine avait toujours apporté un appui humanitaire aux Palestiniens. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a appelé à la reprise des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens, en saluant également l’initiative de la France qui avait organisé une conférence en faveur de la paix au début du mois dernier.  Sa délégation aurait espéré, a-t-il dit, que le rapport du Quatuor soit plus équilibré.  Si ce rapport avait adopté des positions plus fermes, il aurait peut-être engagé les protagonistes à la reprise des négociations en vue d’une paix durable, a-t-il argué.  Le refus d’Israël de mettre fin aux colonies de peuplement et le blocus de Gaza sont les raisons majeures du blocage des négociations.  Il a dénoncé cette attitude d’Israël qui est « consciente de sa puissance armée et du soutien dont elle bénéficie de la part de certains membres du Conseil de sécurité de l’ONU ». 

Il a ensuite dénoncé divers actes de violence commis par Israël contre les Palestiniens, de même que les restrictions des déplacements de biens et des personnes mises en place par Israël.  Il a invité le Conseil de sécurité à sortir de sa torpeur et à agir le plus vite possible pour contribuer à une solution durable.  Le Conseil doit réfléchir à des actions visant à établir des mesures de protection de la population palestinienne, a-t-il encore suggéré.  Avant de conclure, il a appelé le Conseil de sécurité à appuyer l’entrée de la Palestine au concert des nations comme État Membre à part entière de l’ONU.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que le rapport du Quatuor était très important pour préserver les perspectives d’une solution à deux États au Moyen-Orient.  Il a appuyé les recommandations du rapport, notamment celles visant à mettre un terme à la violence et identifiant les activités de colonisation comme étant un obstacle à la paix.  Le rapport parle également de l’importance de restaurer l’unité palestinienne, a-t-il indiqué.  Sa délégation, a-t-il dit, salue les efforts de l’Égypte visant à rapprocher les parties et invité le Conseil à appuyer les efforts du Quatuor.

La priorité de la communauté internationale, a ensuite souligné M. Churkin, est de régler le conflit en Syrie.  Il incombe, en premier lieu, au peuple syrien d’exprimer son choix pour l’avenir du pays et invité les partenaires américains et européens à adopter, à cet égard, une construction plus positive.  Appelant l’Envoyé spécial de l’ONU à intensifier ses efforts, M. Churkin a jugé crucial que les pourparlers de Genève reprennent prochainement.  La Fédération de Russie se tient toujours prête à appuyer la Syrie contre les groupes terroristes, a-t-il affirmé.  Il est nécessaire de mettre fin aux lacunes qui permettent aux combattants terroristes étrangers de traverser les frontières et aux organisations terroristes de recevoir des armes et des fonds, a insisté le représentant russe.  S’agissant de la situation au Yémen, il a appelé les parties à s’abstenir de toute rhétorique agressive qui pourrait saper les efforts fragiles de paix.  Avant de conclure, M. Churkin a regretté que les efforts de paix en Libye demeurent lents.  « Il faut aider les parties libyennes à œuvrer à un rapprochement et à s’abstenir d’élaborer des plans qui ne sont pas viables », a-t-il recommandé.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré qu’il était inacceptable de passer sous silence le fait que le peuple palestinien soit privé de sa liberté.  Il serait judicieux de s’accorder sur la nécessité de contrecarrer toute tentative visant à « déformer » la question palestinienne, a-t-il dit, en ajoutant que ces tentatives étaient contraires au droit international et menaçaient le peu d’espoir que nourrit le peuple palestinien.  Il est erroné de confondre causes et conséquences du conflit, ainsi que les responsabilités de la puissance d’occupation et celles du peuple palestinien, a-t-il tenu à rappeler.  Le représentant égyptien a ensuite détaillé les exactions dont souffre le peuple palestinien et dénoncé les tentatives systématiques visant à affaiblir l’Autorité palestinienne.  Citant le Secrétaire général, il a fait remarquer que la résistance à l’occupation était une expression de la nature humaine.  Le Président égyptien a lancé un appel pour une paix juste et durable, a-t-il dit, avant de rappeler qu’une telle paix est instaurée entre son pays et Israël.  Il est possible de parvenir à une paix  similaire entre Palestiniens et Israéliens en créant un État palestinien et en garantissant la paix et la sécurité pour les deux parties, a estimé le représentant.  L’Égypte œuvre pour connaître les points de vue des deux parties, a assuré le délégué, en réaffirmant que la main de la Ligue des États arabes était toujours tendue. 

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a estimé que la décision des autorités israéliennes de construire de nouvelles colonies de peuplement dans des territoires palestiniens était un acte de défiance à l’égard du Conseil de sécurité.  Il a également prévenu que cela risquait de saper les efforts en faveur de la solution à deux États.  La délégation de l’Angola condamne les actes de violence perpétrés par les Palestiniens contre les Israéliens, mais rappelle que cette situation résulte d’une occupation israélienne qui n’a que trop duré.  Le représentant a ainsi appelé la communauté internationale à engager les deux parties à prendre des mesures concrètes pour rétablir la confiance et reprendre des négociations directes.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré que quelles que soient les divergences des États au sujet du dernier rapport du Quatuor, il est important que les uns et les autres s’entendent sur la nécessité de préserver la solution à deux États.  La violence doit cesser et les dirigeants des deux parties doivent faire davantage pour lutter contre les discours de haine, a-t-il insisté, en faisant observer que les générations futures étaient maintenant victimes d’un conflit qui devrait être relégué au passé.  Il ne suffit pas de mettre fin à la violence car, a-t-il prévenu, l’expansion des colonies de peuplement israéliennes a un impact négatif sur les efforts de paix.  Le représentant britannique a dénoncé les expulsions de Palestiniens de leur maison et la démolition de celles-ci, en estimant que ces actes d’Israël poussent ces populations au désespoir.  Il a aussi indiqué que le refus, par Israël, de permettre tout développement de la Cisjordanie est une tendance qui érode progressivement la solution à deux États. 

Le représentant a en outre appelé le Hamas à s’abstenir de tout acte visant à menacer la vie quotidienne et la sécurité de la population israélienne.  Dans le même temps, les autorités israéliennes doivent lever le blocus de Gaza et permettre à la population civile palestinienne de vivre dans des conditions normales.  Il a exhorté les deux parties à faire preuve d’audace afin de relancer le processus de paix.

Au sujet de la situation en Syrie, le représentant britannique a dénoncé le siège de la ville de Dariyah qui, selon lui, n’abritait pas de groupes terroristes.  Avant de conclure, il a lancé un appel aux États proches du régime syrien pour exercer toute leur influence afin que ces actes de siège prennent fin.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a reconnu que le rapport du Quatuor ne répondait pas aux attentes de toutes les parties.  Ce rapport est néanmoins une étape importante qui montre que la communauté internationale n’a pas abandonné l’espoir de parvenir à une solution définitive, a-t-il estimé.  Faisant remarquer que les tendances négatives sur le terrain n’invitaient pas à l’optimisme, il a appelé les parties à faire preuve d’une volonté forte pour trouver un terrain d’entente.  Elles doivent faire de réels efforts, a-t-il dit.  Dans son rapport, a-t-il noté avec inquiétude, le Quatuor tire la sonnette d’alarme sur la perspective de plus en plus réelle d’un seul État.

S’agissant de la Syrie, le représentant ukrainien s’est dit convaincu que toute solution durable devrait reposer sur une transition politique internationalement reconnue sur la base du Communiqué de Genève.  Il a noté que la volonté du Gouvernement syrien de s’engager dans des discussions véritables semblait manquer, ce qui éloigne la perspective d’un début de transition en Syrie.  Il s’est ensuite dit très préoccupé par l’assistance directe régionale et internationale apportée au régime syrien, en notant que ce dernier semblait croire de plus en plus à une victoire militaire.  Enfin, le délégué ukrainien a reconnu la nécessité absolue de mettre fin à la violence au Yémen et a invité les parties à reprendre des pourparlers directs sans conditions préalables.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a indiqué que le rapport du Quatuor mentionnait le risque d’une disparition progressive de la solution à deux États.  La colonisation israélienne est l’une des principales menaces à la viabilité même d’un futur État palestinien, a-t-il dit, avant de souligner que des progrès vers la réconciliation interpalestinienne étaient indispensables.  Le rapport met l’accent sur la nécessité de prendre des mesures pour préserver la faisabilité de cette solution, a poursuivi M. Delattre.  « Le présumé statu quo est une régression quotidienne que nous ne pouvons pas accepter. »

La réunion ministérielle qui s’est tenue à Paris le 3 juin dernier -la première réunion internationale depuis la Conférence d’Annapolis en 2007- a marqué la première étape pour sauver cette solution, a soutenu le représentant de la France.  Cette réunion a permis une mobilisation politique, une réaffirmation collective du soutien à la solution à deux États et la promotion d’un engagement international en faveur de la reprise et de l’aboutissement du dialogue entre les parties.  « Il est nécessaire en revanche de reconnaître que les conditions ne sont pas aujourd’hui réunies pour une reprise des négociations directes », a-t-il dit, avant de préciser que l’initiative française visait à construire un consensus.

M. Delattre a affirmé que l’action de la France et celle du Quatuor étaient complémentaires et avaient pour objectif commun de rechercher la reprise de négociations crédibles susceptibles d’arriver à une solution sur le statut final.  Le rapport du Quatuor constitue un élément important pour contribuer à la remobilisation de la communauté internationale sur le processus de paix.  Il a précisé que son pays allait lancer le travail de préparation d’un paquet d’incitations qui pourraient être proposées aux parties en cas d’accord de paix.  Ce travail permettra ainsi d’associer des pays qui n’étaient pas présents à la réunion de Paris, a-t-il assuré.  Enfin, le délégué a appelé à la mise en œuvre des recommandations du Quatuor.  La France, a-t-il assuré, poursuivra son dialogue avec les parties en vue de la tenue d’ici à la fin de l’année d’une conférence internationale les associant.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est dit surpris de constater que le rapport du Quatuor n’ait pas taxé d’illégales les activités de peuplement d’Israël.  Elles le sont pourtant au regard du droit international, a-t-il insisté, en rappelant que l’implantation de colonies de peuplement israéliennes est la cause de la réaction des Palestiniens.  Il a également regretté que le Quatuor, dans son analyse de la situation, ait omis de souligner que les causes profondes du conflit sont les activités d’occupation engagées par Israël.  « Gardons-nous d’appliquer la politique de l’autruche et disons clairement que l’occupation est la cause du problème », a-t-il déclaré.

Le représentant de la Malaisie a ensuite appelé la communauté internationale à établir un système de compensation pour les Palestiniens qui, a-t-il dit, n’ont aucun recours légal pour déposer une plainte et demander justice pour les exactions qu’ils subissent.  Il a invité les parties au conflit à prendre des mesures positives pour inverser les tendances actuelles et encourager la reprise du dialogue.  Bien que le Conseil de sécurité ait délégué des pouvoirs au Quatuor sur cette question, il faudrait qu’il s’acquitte de ses responsabilités en prenant des mesures en faveur de la reprise des pourparlers de paix entre les deux parties.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a regretté la tendance affichée par la communauté internationale de toujours « renvoyer dos-à-dos Palestiniens et Israéliens, alors même que l’occupation des territoires palestiniens est la raison de la prolongation du conflit ».  Il a estimé que le rapport du Quatuor pourrait contribuer à la paix si les recommandations qu’il contient sont prises en compte et dûment mises en œuvre.  Il a dénoncé l’occupation de la Zone C par les colons israéliens, ce qui remet en question la volonté des autorités israéliennes de poursuivre la solution à deux États.  Il a ainsi réaffirmé la position de son pays qui plaide pour l’avènement d’un État palestinien souverain à l’intérieur des frontières d’avant 1967, et vivant en paix avec Israël.

C’est l’absence d’un horizon politique clair qui favorise l’émergence d’extrémistes de part et d’autre, a fait remarquer le représentant du Sénégal, en dénonçant l’usage disproportionné de la force par l’armée israélienne et les exactions qu’elle commet à l’encontre des Palestiniens.  Ces actes, a-t-il dit, attisent la haine et la violence entre les deux peuples et accentue l’humiliation ressentie par les Palestiniens.  Il a ensuite dénoncé le blocus dans la bande de Gaza, en appelant le Conseil de sécurité à se mobiliser pour mettre fin à ce conflit qui, a-t-il prévenu, favorise l’extrémisme violent.

Le rapport du Quatuor souligne clairement que la solution à deux États sera bientôt impossible à réaliser si le statu quo se poursuit, a rappelé M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne).  Une chose est sûre, au-delà des diverses évaluations auxquelles ce rapport a donné lieu, cette solution s’éloigne de jour en jour, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, il est urgent d’appliquer les recommandations du rapport pour préserver l’« horizon politique » dans la région.  Le représentant a réaffirmé que la construction de colonies israéliennes était illégale.  Ce n’est pas la seule menace, mais c’est la menace la plus difficile à combattre, a-t-il déclaré. 

Les efforts doivent se poursuivre pour empêcher qu’un État unique devienne une réalité, a souligné le représentant de l’Espagne.  Son pays, a-t-il dit, est disposé à organiser une réunion de chefs religieux en terre sainte pour qu’ils adressent aux parties un message de tolérance.  L’Espagne appuie les efforts pour une réconciliation interpalestinienne, a-t-il assuré, avant de rappeler que le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza était un élément clef.  Pour le représentant de l’Espagne, le Conseil de sécurité devrait appuyer le Quatuor, s’atteler à la préparation d’une conférence internationale et appuyer l’Initiative de paix de la Ligue des États arabes.  Le Conseil doit rester attentif à la manière dont les recommandations du rapport seront mises en œuvre, a-t-il ajouté avant de conclure.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a déclaré que le rapport du Quatuor  soulignait ce que « nous savons tous ».  Les tendances négatives sur le terrain posent une menace majeure pour la viabilité de la solution à deux États, a-t-il dit, ajoutant que, sans cette solution, il sera difficile de parvenir à une paix durable.  Selon lui, le rapport ne va pas assez loin mais il fournit une analyse précieuse des menaces les plus importantes pesant sur le processus de paix.  Il est donc important de noter que les quatre membres du Quatuor –États-Unis, Fédération de Russie, Nations Unies et Union européenne- ont conclu au même diagnostic de la situation.  Le délégué a néanmoins tenu à rappeler que ce rapport ne suffira pas pour changer la situation sur le terrain.

Les parties doivent faire preuve de la volonté politique de négocier et de faire des compromis pour parvenir à un accord, a estimé M. Van Bohemen.  Invitant le Conseil à encourager les parties à cette fin, il a qualifié de constructive la proposition des États-Unis visant l’adoption d’une déclaration présidentielle courte et équilibrée par le Conseil de sécurité en réponse au rapport du Quatuor.  Ce projet de déclaration présidentielle consacre la centralité de la solution à deux États, a-t-il assuré.  Un tel texte ne devrait pas aboutir à la fin des ambitions du Conseil sur ce dossier, a-t-il cependant prévenu, en insistant sur la nécessité pour le Conseil de jouer son rôle pour que les parties reviennent à la table des négociations.

M. KORO BESSHO (Japon) a prévenu que la violence dans la région du Moyen-Orient était une menace pour la paix et la sécurité dans le monde entier, car cette situation attise la montée de l’extrémisme violent.  Il a noté que de nombreux orateurs avaient imputé la responsabilité des uns ou des autres dans ce conflit, mais pour sa délégation, a-t-il fait remarquer, le problème réside davantage dans le leadership.  C’est pourquoi, il est essentiel de renforcer la bonne gouvernance au Moyen-Orient, a-t-il souligné.  L’avènement de sociétés inclusives serait un facteur de stabilité de la région car, a-t-il averti, la marginalisation et l’exclusion sont des facteurs de violence.

Le représentant a en outre déploré les violences qui se poursuivent, notamment, en Syrie et en Iraq.  Le Japon souhaite continuer à construire des sociétés inclusives dans la région.  Pour y parvenir, le pays entend renforcer sa coopération en matière d’amélioration de la gouvernance dans la région.  Il compte aussi poursuivre son assistance humanitaire en faveur, notamment, des réfugiés et des pays qui les accueillent.  Enfin, le Japon entend investir dans le capital humain en œuvrant en faveur de l’éducation et du plein emploi.  Il a conclu en soulignant l’importance du dialogue et du rétablissement de la confiance pour la reprise des pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens.

M. CARLOS RAÚL MORALES MOSCOSO, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a exprimé sa profonde préoccupation face aux attaques terroristes qui ont eu lieu au Moyen-Orient au cours des dernières semaines.  Il a salué les efforts consentis par le Groupe international de soutien pour la Syrie, et il s’est dit inquiet de la situation qui prévaut dans la ville d’Alep, en Syrie.  Il a ainsi déploré que quelque 300 000 personnes se retrouvent piégées dans la partie orientale de la ville en raison d’affrontements continus, et sans bénéficier d’assistance humanitaire. 

Le Ministre a ensuite condamné les violences récentes entre Palestiniens et Israéliens.  La rhétorique incendiaire utilisée par certains responsables israéliens n’encourage pas la reprise des pourparlers de paix, a-t-il prévenu, en demandant à la communauté internationale de maintenir l’espoir en la réalisation d’une solution à deux États.

Nous n’avons cessé d’alerter le Conseil de sécurité du danger des colonies de peuplement dans les territoires occupés, a souligné M. NAWAF SALAM (Liban).  Aujourd’hui, la poursuite de ces colonies est devenue le plus grand obstacle à tout règlement politique négocié.  « Comment accorder plus de crédit à un Premier Ministre qui se déclare prêt à négocier tout en approuvant la construction de 800 logements supplémentaires qu’à un homme qui se dit prêt à négocier le partage d’une pizza tout en continuant de la manger? »  Les mesures de châtiment collectif et la rhétorique incendiaire et provocatrice des responsables israéliens, dont celle sur le kidnapping des Palestiniens, assombrissent en effet la situation. 

Si le représentant s’est tout de même félicité du communiqué conjoint de la réunion de Paris, il n’a pas manqué de rappeler qu’il y a exactement 10 ans, Israël lançait une guerre de 33 jours contre le Liban.  Après avoir insisté sur l’impact des bombes à sous-munitions utilisées alors, le représentant libanais a réaffirmé l’attachement de son pays à la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui a permis de mettre fin au conflit.  Il faut maintenant passer de la situation précaire de cessation des hostilités à un cessez-le-feu permanent, a-t-il déclaré, en rappelant que depuis l’adoption de la résolution 1701, Israël est coupable de 11 856 violations de la souveraineté du Liban, sans compter l’occupation du nord de Ghajjar.  Le représentant a saisi cette occasion pour réaffirmer que son pays était disposé à travailler avec le Secrétaire général pour clore le chapitre de l’occupation des « Fermes de Chebaa » et des collines de Kfarshouba. 

Il a, dans ce contexte, souligné que le Gouvernement du Liban avait sollicité les bons offices du Secrétaire général pour la délimitation de la frontière maritime et de la zone économique exclusive entre le Liban et Israël.  Compte tenu de la réponse du Secrétaire général, le Liban attend avec intérêt de voir la Coordonnatrice spéciale pour le Moyen-Orient, Mme Sigrid Kaag, à l’œuvre.  Le représentant a aussi rappelé que l’Assemblée générale adoptait depuis une décennie une résolution demandant à Israël d’accorder des indemnisations adéquates au Liban pour les dégâts causés par la marée noire après le bombardement de la centrale électrique de Jiyyeh en 2006 sans réussir à la faire appliquer.  Le montant de la réparation, estimé à 856 millions de dollars, avait été fixé par des études indépendantes menées par la Banque mondiale.  Il est presqu’impossible, a conclu le représentant, de maintenir la paix et la sécurité si des États ne sont pas tenus responsables de leurs actes répréhensibles.

Mme MALEEHA LOHDI (Pakistan) a affirmé que le règlement du conflit passait par la création d’un État palestinien viable tenant sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem pour capitale.  Cette perspective, a-t-elle estimé, s’éloigne malheureusement, en particulier en raison de la construction de nouvelles unités de logement.  Le Gouvernement israélien met à mal le processus de paix en proposant des conditions que personne ne saurait accepter.  La communauté internationale, le Conseil de sécurité en particulier, ne peut plus continuer d’ignorer ses responsabilités, a-t-elle dit.

Le peuple syrien souffre également de la guerre avec des millions de déplacés internes et de réfugiés qui affluent dans les autres pays, ce qui a des conséquences sur les frontières supposées être sûres en Europe.  Le Pakistan, a-t-elle dit, condamne les attaques de Daech qui ont fait tant de mal en Iraq, en Syrie et ailleurs.  Pour lutter contre cette organisation, a-t-elle expliqué, il est essentiel que les États frontaliers de la Syrie et de l’Iraq, de même que les puissances extérieures, qui ont été impliqués dans ces conflits, à réconcilier leurs propres priorités et objectifs divergents et à prendre des mesures communes en vue de surmonter les divisions politiques, religieuses et ethniques au sein de ces pays.

M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a salué les efforts de la France visant à créer un groupe de soutien international et à tenir une conférence internationale pour impliquer toutes les parties concernées.  Il a appelé le Conseil de sécurité à ajouter les noms des factions israéliennes extrémistes à la liste des terroristes recherchés en vertu du droit international.

Israël, a-t-il ajouté, doit lever le blocus sur Gaza, conformément à ce qu’a encore demandé le Secrétaire général lors de sa visite sur place en juin dernier.  Il a affirmé que le règlement du conflit passait par la création d’un État palestinien viable et d’un seul tenant sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem pour capitale.

M. JOAO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a, en tant que membre « actif » du Groupe international de soutien pour la Syrie, estimé qu’une transition menée et gérée par les Syriens eux-mêmes conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité et au Communiqué de Genève du 30 juin 2012 est nécessaire pour réaliser une paix durable dans le pays, triompher de Daech et de toutes les organisations terroristes en Syrie, et permettre aux Syriens de retourner chez eux dans des conditions sûres et de contribuer à la reconstruction de leur pays.  Il faut créer les conditions pour des pourparlers directs et sérieux sur un organe de transition élargi, inclusif et non sectaire doté des pleins pouvoirs, comme le recommande le Groupe international de soutien pour la Syrie.  Sans une réelle amélioration des conditions nécessaires à des négociations sérieuses, le processus politique et la cessation des hostilités sont en danger, a estimé le représentant. 

Condamnant les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, il a renouvelé l’appel de l’Union européenne pour que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale (CPI) de la situation en Syrie.  Il faut des négociations sérieuses pour parvenir à un accord d’ici au 1er août sur une transition, a insisté le représentant, en appelant l’opposition à s’unir et le Gouvernement syrien à faire connaître son plan de mise en œuvre pour une transition politique véritable.  Les propos tenus par le Président Bachar Al-Assad, le 7 juin dernier, semblent avoir été calculés pour compromettre le processus des négociations de Genève et, partant, le meilleur espoir de paix, a cru comprendre le représentant.  Il ne peut y avoir de paix durable avec le leadership actuel et sans une réponse aux revendications et aspirations de toutes les composantes de la société syrienne, a-t-il martelé. 

S’agissant du processus au Moyen-Orient, nous sommes à une étape critique, a poursuivi le représentant.  Pour l’Union européenne, il n’y a aucune alternative à la solution à deux États.  Le représentant a salué le rapport du Quatuor et le communiqué conjoint de Paris.  Il a appelé Israël à stopper la construction des colonies de peuplement et la Palestine à condamner « toujours et clairement » les attaques terroristes.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a fait état de toutes les résolutions prises au cours des dernières décennies, lesquelles, a-t-il dit, n’ont pas été appliquées et posent le problème de leur crédibilité.  Il a souligné qu’une partie de son pays, le Golan, était occupée par Israël, lequel pays continue d’y violer le droit international, les conventions de Genève et les résolutions du Conseil de sécurité et poursuit sa politique de colonisation.

La communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent adopter des mesures pour mettre en œuvre les résolutions internationales, en particulier la résolution 497 (1981).  Le représentant syrien a également indiqué qu’il ne répondrait pas directement aux déclarations faites par les délégués des États-Unis et de l’Union européenne à l’encontre de son pays.  Ces déclarations, a-t-il estimé, ont pour but de détourner l’attention sur la question à l’examen, qui est, a-t-il rappelé, la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne et non la situation en Syrie.

M. HALVOR SAETRE (Norvège) a notamment remercié la France pour la convocation de la Conférence de Paris.  Le message clef est l’urgence d’une action décisive pour sauver la solution à deux États.  Il n’y a pas d’autre voie crédible vers une paix durable, a-t-il dit.  Néanmoins, les tendances sur le terrain sont sans équivoque et ne sont incompatibles ni avec cette vision, ni avec les intérêts déclarés par les parties.

La Norvège exhorte les parties à faire face aux menaces imminentes pour la solution à deux États en mettant en œuvre les recommandations du rapport du Quatuor, a-t-il ajouté.  Les parties doivent démontrer leur engagement sérieux et faire preuve de leadership pour inverser les tendances les plus inquiétantes, telles que l’expansion des colonies de peuplement et la poursuite de la violence.

Le représentant a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de jouer un rôle actif dans l’élaboration d’un cadre crédible, fondé sur des accords existants et des résolutions des Nations Unies, pour résoudre toutes les questions sur le statut final.  Il a expliqué que son pays, qui préside le Groupe des donateurs internationaux pour la Palestine, restait activement engagé dans la préparation des institutions palestiniennes pour l’État et pour soutenir l’économie palestinienne sur la voie vers une plus grande autonomie et indépendance.  Ces efforts contribuent à ouvrir la voie à une réalité à deux États, et sont essentiels pour maintenir cette vision vivante, a-t-il déclaré.

La nécessité de trouver une solution politique au conflit en Syrie est plus urgente que jamais, a par ailleurs affirmé M. Saetre, en précisant que la Norvège soutenait pleinement les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura, à cet égard.

En Libye, a-t-il estimé avant de conclure, il est maintenant temps pour toutes les parties de se réunir sous un seul gouvernement légitime de l’entente nationale, conformément à l’Accord politique libyen.

Au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a dénoncé l’occupation illégale et brutale du Territoire palestinien par Israël.  Il a également dénoncé les récentes décisions  de confisquer près de 150 hectares de terres (370 acres) en Cisjordanie et de construire 800 logements dans Jérusalem-Est occupée en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a surtout rejeté le recours excessif à la force à l’encontre des civils palestiniens, dont les femmes et les enfants.  « Le moment est venu d’agir conformément aux résolutions des Nations Unies et au droit international », a insisté le représentant du Mouvement des pays non alignés.  Il a exhorté la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, à franchir une étape historique en mettant fin à l’occupation des terres palestiniennes et arabes et en permettant au peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination.  Il a appelé à mettre fin à la violation presque quotidienne de l’espace aérien libanais par les Forces israéliennes avant d’exhorter Israël à cesser de modifier le statut juridique et démographique du Golan syrien.  

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) s’est inquiété du manque de progrès dans les négociations de Genève entre les parties syriennes.  Le représentant s’est aussi attardé sur le dernier rapport de la Commission indépendante d’enquête dirigée par un de ses compatriotes et qui dépeint un « éventail horrible d’atrocités » commises par Daech contre la communauté yézidie de Sijjar, en précisant que ces atrocités pourraient constituer un crime de génocide.  La publication du rapport sur les circonstances de l’invasion de l’Iraq, en 2003, a-t-il poursuivi, est un triste rappel du danger des interventions militaires sans un mandat clair du Conseil de sécurité.  Les conséquences des choix, malavisés et mal informés faits il y a 13 ans, menacent toujours la sécurité et la stabilité de l’Iraq et de la région du Moyen-Orient, et leurs effets dans d’autres parties du monde ne sauraient être ignorés. 

Le représentant a aussi dit avoir pris note du rapport du Quatuor et estimé, à cet égard, qu’il aurait fallu mettre davantage l’accent sur « l’illégalité » des colonies de peuplement dans les territoires occupés et les défis qu’elles représentent pour un règlement pacifique du conflit.  Le représentant a tout de même espéré que ce rapport, la réunion de Paris et la conférence multilatérale organisée à Genève par le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien conduiront le Conseil de sécurité à assumer pleinement ses responsabilités et à guider les efforts internationaux pour la création d’un État palestinien libre, indépendant, souverain et viable, dans ses frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale et vivant dans la paix et l’harmonie avec Israël.  Depuis plus de sept ans, le Conseil n’a pas adopté de résolution sur cette question « essentielle », a fait remarquer le représentant. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a estimé que la situation dans la région du Moyen-Orient restait très préoccupante et devenait de plus en plus fragile et imprévisible.  La menace croissante du terrorisme et le radicalisme avaient contribué à la complexité de la situation dans la région, embourbée dans des conflits prolongés.

Dans le conflit israélo-palestinien, la situation semble empirer avec l’escalade de la violence des deux côtés et l’absence de retenue et de modération.  La situation humanitaire dans les territoires palestiniens et la violence en Israël exigent des efforts urgents et soutenus sur une partie de la communauté internationale pour reprendre les pourparlers de paix, a-t-il dit, en se félicitant de la récente visite du Secrétaire général en Israël et en Palestine.  Pour l’Inde, une solution à deux États est la seule option viable pour une paix durable dans la région. 

S’agissant du Yémen, le représentant a salué l’annonce de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed, la semaine dernière, d’un accord sur les principes directeurs pour les pourparlers de paix.  Au sujet de la Syrie, l’Inde se félicite de l’exposé de l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie.  Le délégué a espéré un règlement politique global du conflit avec la participation de toutes les parties.  Il a souhaité en outre que les pourparlers intra-syriens, sous les auspices des Nations Unies, assureront une transition politique inclusive dirigée par les Syriens eux-mêmes, afin de mettre un terme à la violence et de contribuer à la stabilisation du pays et de la région.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a déclaré que la solution à deux États, le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et la création d’un État palestinien coexistant pacifiquement à côté d’Israël dans les frontières d’avant 1967 sont les piliers d’une paix durable.  Le représentant du Kazakhstan a appuyé le processus de paix syrien dans le cadre des pourparlers de paix III de Genève et la pleine mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).  Il a exhorté les États Membres à reprendre à leur compte les recommandations du Secrétaire général, de la Ligue des États arabes et du Groupe international de soutien pour la Syrie afin de trouver des solutions viables.  Le Kazakhstan, a-t-il rappelé, a accueilli deux séries de consultations syriennes.  Par ailleurs, le représentant a indiqué que le Président du Kazakhstan avait présenté un document intitulé « Manifesto: Le Monde au XXIe siècle », lors du dernier sommet sur la sécurité nucléaire à Washington, qui suggère la création d’une coalition mondiale pour la paix et la sécurité avec comme objectif de mettre fin à la guerre en Afghanistan, en Iraq, Yémen, Libye, Syrie, et dans l’est de l’Ukraine ainsi qu’une solution à la confrontation israélo-palestinienne.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a jugé inadmissible que l’État palestinien n’ait toujours pas vu le jour au XXIe siècle.  Il s’est dit préoccupé de l’absence de mesures efficaces du Conseil de sécurité et de l’indifférence des puissances directement impliquées.  Il a fait sien l’avis du Quatuor selon lequel la solution à deux États est le seul moyen de parvenir à une paix durable.  Il a souligné la viabilité de cette solution qui, selon lui, doit tenir compte à la fois des aspirations de sécurité d’Israël et du droit du peuple palestinien à l’autodétermination.  Avant de conclure, le représentant de l’Équateur a salué la proposition de la France d’organiser une conférence internationale sur le Moyen-Orient.        

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que, pour sa délégation, la solution à deux États était la meilleure.  Une paix durable restera un rêve lointain et la sécurité demeurera une illusion si Israël et la Palestine ne sont pas d’accord pour exister côte à côte dans les frontières mutuellement convenues et internationalement reconnues. 

La situation en Syrie continue d’infliger des souffrances indicibles aux Syriens, qui sont tués, contraints de survivre sous les bombes ou de fuir vers des zones moins ravagées.  Le Saint-Siège appelle à nouveau l’attention du Conseil de sécurité sur la persécution continue dont sont notamment victimes des chrétiens, des yézidis et d’autres groupes ethniques et religieux minoritaires par des acteurs non étatiques dans certaines parties de la Syrie et de l’Iraq.

Il a demandé à la communauté internationale d’arrêter la fourniture illégale d’armes à des acteurs non étatiques qui ont été récemment reconnus comme responsables de crimes contre l’humanité et d’autres formes d’atrocités de masse et de violations flagrantes des droits de l’homme.

En tant que berceau de grandes civilisations et des trois grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, le Moyen-Orient a les ressources culturelles, intellectuelles et religieuses pour créer un terrain fertile pour la société civile et la diplomatie, y compris la « diplomatie informelle » basée sur la foi.  Religions et croyants, en particulier, doivent se montrer dignes de leur place dans l’ensemble du processus de pacification dans la région, a-t-il dit.  Ils doivent mettre un terme à toute forme de haine mutuelle qui pourrait engendrer un « choc des civilisations ». 

Le Saint-Siège estime que plus la religion est manipulée pour justifier des actes de terreur et de violence, plus les dirigeants religieux doivent être engagés dans l’effort global en vue de vaincre la violence qui tente de la détourner à des fins antithétiques à sa nature.

M. JERRY MATJILA (Afrique du Sud) a réitéré que la responsabilité de la paix incombait aux Palestiniens et aux Israéliens et que la communauté internationale avait, pour sa part, la responsabilité de soutenir et d’encourager les parties dans cette direction.  Le représentant a ajouté que la solution à deux États est menacée par l’augmentation des colonies de peuplement illégales implantées dans les territoires occupés ainsi que les tensions accrues et des actes sporadiques de violence entre Palestiniens et Israéliens.  Il a ensuite estimé que l’initiative française à Paris en juin dernier était un effort visant à ressusciter le processus de paix et à prévenir la disparition de la solution à deux États.

Les deux parties devraient cependant faire preuve d’engagement en faveur de cette solution et résoudre toutes les questions en suspens par des négociations directes sur la base des résolutions 242 et 338.  Il est aussi essentiel que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, les Principes de Madrid, l’Initiative de paix arabe et la Feuille de route du Quatuor constituent le cadre juridique international pour ces négociations.  Le représentant a fait remarquer que la réaction des Palestiniens après la publication, la semaine dernière, du rapport du Quatuor, montrait clairement leur profonde déception à l’égard du Quatuor.  M. Matjila s’est dit convaincu que la conférence internationale proposée à Paris était une occasion pour la communauté internationale de jouer son rôle et il a ainsi appelé le Conseil de sécurité à soutenir ces efforts internationaux.  Avant de conclure, il a déploré l’annonce faite, quatre jours après la publication du rapport, par les autorités israéliennes de leurs intentions de construire de nouvelles unités de logement en Cisjordanie.   

M. OMAR KADIRI (Maroc) a estimé que la communauté internationale négligeait la situation de la Palestine.  Il a applaudi les efforts de la France afin de ramener les parties à la table des négociations et s’est félicité de sa proposition d’organiser une conférence internationale dans les mois qui viennent afin de relancer le processus de paix.  Il a indiqué que l’Organisation de la coopération islamique avait été invitée par le Président Mahmoud Abbas à participer aux efforts visant à mettre un terme au conflit et relancer les espoirs quant à une solution juste et durable.  Il a exhorté le Quatuor à assumer ses responsabilités et à redoubler d’efforts pour travailler avec les deux parties et les autres acteurs pertinents pour parvenir à la solution à deux États.  

M. HAHN CHONG-HEE (République de Corée) s’est félicité de la série d’efforts sérieux entrepris par la communauté internationale pour faciliter la reprise du processus de paix entre Israël et la Palestine, y compris la Conférence de Paris du 3 juin, la visite du Secrétaire général dans la région à la fin du mois dernier et le rapport du Quatuor publié le 1er juillet. 

Tous ces efforts, a-t-il dit, partagent le même objectif, à savoir la relance du processus de solution à deux États.  Malheureusement, les réactions des parties au rapport du Quatuor soulèvent la question de savoir si elles ont des intentions véritables à entrer dans des négociations sérieuses pour réaliser la solution à deux États, a-t-il fait observer.

Concernant la Syrie, le représentant de la République de Corée s’est félicité des efforts déployés par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, et s’est dit rallié à son point de vue selon lequel un cessez-le-feu à l’échelle nationale, un accès humanitaire soutenu et sans entrave et un processus politique parallèle sont étroitement liés et se renforcent mutuellement.

S’agissant du Yémen, le représentant a espéré que les pourparlers de paix, qui sont prévus pour le 15 juillet, produiront des résultats concrets tels que la résolution des différends entre les parties sur les questions clefs de la feuille de route proposée par l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a estimé que le message principal que le monde attend du Conseil de sécurité est d’agir de manière déterminée, visible et continue pour trouver une solution juste et durable à la question palestinienne.  Le Conseil doit faire preuve de détermination pour examiner d’urgence la question palestinienne.  Il a l’obligation morale d’imposer à Israël la cessation immédiate de l’implantation illégale de colonies de peuplement dans les territoires occupés palestiniens, lever les blocus dans la bande de Gaza, et mettre un terme à toutes les formes d’occupation.  Il faut aussi assurer immédiatement une protection internationale au peuple palestinien qui, a-t-il rappelé, souffre depuis plusieurs décennies de punitions collectives.

M. Momen a déclaré que l’injustice continuelle subie autour de la question palestinienne restait la cause de nombreux fléaux qui menacent la paix et la sécurité internationales.  Il s’est dit convaincu que le règlement de cette question assèchera le réservoir idéologique des groupes terroristes et extrémistes.  Le respect des droits inaliénables des Palestiniens permettra de  détruire le message corrosif utilisé par les extrémistes violents pour servir leur propre agenda.  On assiste récemment au Bangladesh à une « expansion démographique de nos terroristes » qui recrutent maintenant parmi les jeunes éduqués et cosmopolites.

Les premières enquêtes après l’attentat de la semaine dernière montrent que certains de ces jeunes avaient été exposés à des discours qui incitent à l'extrémisme violent au nom de la religion et sur la base des injustices réelles ou perçues subies par les peuples du Moyen-Orient, en particulier en Palestine.  C’est un défi auquel nous ne pouvons pas faire face.  Si nous voulons assurer le succès de nos efforts pour vaincre les facteurs internes de l’extrémisme violent et du terrorisme, nous avons besoin de l’aide et de l’engagement de la communauté internationale pour résoudre les facteurs externes, y compris l’occupation étrangère et les conflits prolongés.

M. EINAR GUNNARSSON (Islande), convaincu que le conflit israélo-palestinien doit être résolu, a rappelé que le rapport du Quatuor donnait une description claire des principales menaces et de la voie à suivre pour parvenir à une paix négociée sous la forme de la solution à deux États.  Il a ajouté que le rapport décrivait les effets négatifs de l’expansion des colonies de peuplement israéliennes, de l’attribution de terres pour un usage exclusif des Israéliens, le refus du développement de la Palestine et la destruction des infrastructures palestiniennes.  Le rapport exhorte Israël à procéder à des changements politiques positifs et significatifs, y compris le transfert de pouvoirs et de responsabilités dans la Zone C.

Le représentant a aussi souligné que le rapport du Quatuor appelait chaque partie à montrer, par des politiques et des mesures concrètes, un véritable engagement à la solution à deux États.  M. Gunnarsson a ensuite salué l’initiative de la France visant à aider les parties à trouver une voie pour la paix.  Le Conseil de sécurité doit appuyer de tout son poids les conclusions et recommandations du Quatuor avant d’éviter que les parties ne s’éloignent de la solution à deux États.   

M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie), s’exprimant en sa qualité de Vice-Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que les espoirs s’estompaient parce que la communauté internationale n’avait pas consenti les efforts nécessaires pour régler le différend entre Israéliens et Palestiniens.  La sécurité pour Israël sans aucune perspective de paix durable pour les deux parties n’est qu’illusoire, a-t-il argué.  Pour M. Emvula, empêcher le développement palestinien dans la Zone C notamment, la confiscation des terres et d’autres exactions sont des mesures qui contribuent à faire s’éloigner les perspectives de paix.  Il a notamment condamné la récente annonce faite par le Gouvernement israélien de construire de nouveaux logements en Cisjordanie.  Ce qu’il faut, a-t-il préconisé, c’est un retour fondamental aux principes figurant dans l’Initiative de paix arabe, dans les rapports du Quatuor et dans le communiqué de Paris du mois dernier. 

Les divisions politiques entre Gaza et la Cisjordanie, a-t-il regretté, sapent les efforts de reprise du processus de paix.  Il a rappelé que les discussions pour mettre fin à cette impasse ne doivent pas servir de prétexte à la communauté internationale pour s’abstenir d’apporter son appui à la population civile dans la bande de Gaza qui subit, de manière terrible, le blocus imposé par les autorités israéliennes.  Aucune loi n’interdit de créer les moyens de subsistance ou de développer des services d’éducation et de santé pour les Palestiniens.  Il a conclu en affirmant que la paix était possible, et qu’elle dépendait des efforts de dirigeants des deux peuples.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) s’est dit préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire en Palestine.  Les pratiques du Gouvernement israélien sont illégales et doivent prendre fin, a-t-il indiqué, tout en précisant que c’est ce sentiment d’injustice, ressenti par les victimes, qui alimente l’extrémisme dans la région et au-delà.  Il a estimé que pour sortir de cette impasse, il faudrait convaincre les Palestiniens que leur avenir sera plus radieux que la situation qu’ils connaissent actuellement.  Il a souligné l’importance, pour les Palestiniens, de faire entendre leurs revendications et aspirations légitimes de manière unie et s’exprimant d’une même voix.  Le représentant a rappelé en outre que la Turquie avait prévu de consacrer pas moins de 200 millions de dollars pour des investissements divers en Palestine pour la période allant de 2014 à 2017.

Il a par ailleurs rappelé qu’un mémorandum pour la normalisation des relations entre la Turquie et Israël avait été signé le 26 juin dernier à Rome.  Grâce à cet accord, un premier navire turc est arrivé à Gaza le 4 juillet dernier, s’est-il félicité.  La création d’un État palestinien souverain et indépendant, à l’intérieur des frontières d’avant 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale, reste la seule solution viable à ce conflit.

En ce qui concerne la situation en Syrie, le délégué a relevé que son pays continuait de subir le plus lourd fardeau de cette crise, en affirmant que les répercussions humanitaires et sécuritaires de la crise constituaient une menace sécuritaire directe pour la Turquie.  Il a regretté que le cessez-le-feu, constamment violé par le régime syrien et ses alliés, ait fini par perdre de son importance.

M. ANOUAR MISSAOUI (Tunisie) a affirmé que les activités de colonisation d’Israël continuaient de mettre en péril la solution à deux États.  Quelques jours après le rapport du Quatuor, Israël a annoncé son intention de construire 560 unités de logement supplémentaires en Cisjordanie et 240 à Jérusalem-Est, s’est-il indigné.  Le représentant tunisien a dénoncé la politique du fait accompli menée par Israël et a averti que les parties s’éloignaient de plus en plus de la solution à deux États.  « Nous ne pouvons plus nous taire, a-t-il dit, en fustigeant le silence du Conseil sur ce dossier.  Nous devons aborder la question de la Palestine au sein de ce Conseil, animés par un souci de justice », a-t-il déclaré.  Le délégué de la Tunisie a appuyé l’idée d’assurer une protection internationale des civils palestiniens.  Le processus de paix ne pourra être mené à son terme que lorsqu’Israël se sera retiré de tous les territoires occupés, a-t-il estimé avant de conclure son intervention.

M. AMJAD MOHAMMAD SALEH AL-MOUMANI (Jordanie) s’est demandé si la communauté internationale faisait véritablement tout son possible pour qu’une paix durable soit instaurée au Moyen-Orient.  Le problème principal c’est la question palestinienne, a-t-il rappelé.  Le délégué a précisé que le lien entre la paix dans la région et le règlement de cette question était évident.  Il a ainsi dénoncé les exactions quotidiennes commises par la puissance d’occupation en Palestine.  Le Conseil, a-t-il insisté, doit assumer ses responsabilités et mettre un terme aux activités de colonisation.  Le Roi de Jordanie est profondément affecté par les attaques contre les lieux saints et prend toutes les mesures pour s’opposer aux violations commises par Israël à Jérusalem, a-t-il assuré.  La Jordanie, a-t-il poursuivi, apporte tout son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU, M. Staffan de Mistura, pour assurer une transition en Syrie et un retour des réfugiés syriens dans leur pays.  Le représentant jordanien a souligné la responsabilité morale de son pays qui accueille des réfugiés palestiniens et syriens.  Enfin, il a appelé de ses vœux une solide coopération entre tous les pays pour combattre le terrorisme et mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil.

Mme MARIYAM MIDHFA NAEEM (Maldives) a déploré qu’Israël, par ses décisions et déclarations récentes, rejette l’idée de reconnaître le droit des Palestiniens d’avoir un État souverain.  Leurs actions montrent, a-t-elle estimé, une négation du droit au développement de la Palestine, ce qui est, a-t-elle fait remarquer, en contradiction totale avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La solution n’est pas d’organiser des débats au Conseil de sécurité, mais plutôt de prendre des mesures concrètes pour encourager la reprise des pourparlers directs, a-t-elle expliqué.  La représentante a ensuite plaidé pour la création d’un État palestinien, à l’intérieur des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, et en tant qu’État Membre à part entière des Nations Unies.  Elle a également condamné les violations de l’intégrité territoriale du Liban et du Golan Syrien occupé par Israël.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a jugé inacceptable que le Conseil de sécurité soit l’« otage du veto des États-Unis sur la question du conflit israélo-palestinienne ».  Elle a appelé Israël à mettre fin au blocus dans la bande de Gaza et à cesser de construire des colonies de peuplement.  Elle a invité le Conseil à demander des comptes à Israël face aux crimes perpétrés contre les Palestiniens.   

Le rapport du Quatuor, a-t-elle regretté, insinue que les actes des Palestiniens et ceux des Israéliens sont à mettre au même pied d’égalité.  Elle s’est ainsi dite surprise de voir que les actions d’un peuple occupé soient comparables à celles d’une puissance occupante.  Sa délégation réaffirme son soutien à la solution à deux États, qui prône la création d’un État palestinien souverain, à l’intérieur des frontières en vigueur avant 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Cuba est d’avis que la demande d’adhésion à l’ONU, présentée par la Palestine en 2011, mérite une réponse positive du Conseil de sécurité, a assuré sa représentante.  En cas d’inaction de celui-ci, a-t-elle suggéré, l’Assemblée générale doit prendre ses responsabilités.

Au sujet de la situation en Syrie, la représentante cubaine a déploré le fait que des États attisent le conflit dans ce pays, en dénonçant même des violations de l’intégrité territoriale de ce pays sous le prétexte de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que depuis trop longtemps, la communauté internationale avait fait montre d’incohérence et même de trahison, aux efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien.  Le Conseil a adopté 89 résolutions sur ce conflit dont certaines appellent au retrait de la force d’occupation israélienne.  Malheureusement, aucune de ces résolutions n’a été respectée, y compris par le Conseil lui-même.  Le représentant a ajouté que la fin de l’occupation israélienne était indispensable pour résoudre ce conflit.  Le peuple palestinien doit avoir l’opportunité d’exercer son droit de créer un État indépendant, conformément à la solution à deux États. 

Si nous voulons relancer un processus de paix crédible, nous devons assurer que la douleur, la colère et le sentiment de désespoir du peuple palestinien soient reconnus.  La violence ne peut pas être tolérée, a-t-il insisté car, aussi longtemps que l’occupation continue, le monde sera confronté à plus de violence.  Le représentant a estimé que plus d’efforts doivent être entrepris pour faire avancer la solution à deux États.  Un climat de confiance doit continuer d’être forgé.  L’expansion illégale des colonies de peuplement doit cesser et des mesures doivent être prises pour empêcher que la violence n’éclate. 

Reprenant la parole, la représentante d’Israël a fustigé les délégations qui ont préféré attaquer Israël plutôt que de s’engager dans une discussion sérieuse.  Elle s’est notamment adressé à ceux qui cherchent à « équilibrer » leur condamnation des actes de terrorisme par des Palestiniens en dénonçant la construction de logements par Israël.  Elle a ainsi rejeté fermement toute équivalence morale entre ces mesures par Israël et les actes terroristes commis. Elle a reproché à l’Iran d’avoir accusé son pays d’être la principale source d’instabilité dans la région.  C’est, au contraire, l’Iran qui veut faire disparaître Israël de la carte du monde, tandis que le Hezbollah dispose de centaines de roquettes prêtes à frapper Israël, a-t-elle tenu à rappeler.  « Ceux qui habitent une maison de verre ne doivent pas jeter la première pierre », a-t-elle lancé au délégué du Liban.  La représentante d’Israël a également critiqué le délégué du Koweït qui, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a « comparé Daech à Israël ».  Elle a affirmé qu’Israël veut la paix et que cette paix ne pourra être réalisée que par le biais de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le Forum politique sur le développement durable tient sa première réunion après l’adoption du Programme 2030 sur le thème « ne laisser personne sur le côté »

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
1re & 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6780

ECOSOC: le Forum politique sur le développement durable tient sa première réunion après l’adoption du Programme 2030 sur le thème « ne laisser personne sur le côté »

Un an après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon » 2030, « nous sommes encore au stade de la lune de miel » mais il faut maintenant « redescendre sur terre » et s’attaquer aux défis, dont le principal est le financement, a déclaré ce matin un participant à l’une des quatre tables rondes qui ont marqué l’ouverture du Forum politique de haut niveau sur le développement durable qui se réunit, pour la première fois, muni du Programme 2030.

Élément central de l’architecture de suivi du Programme, de ses 17 objectifs de développement durable (ODD) et 169 cibles, le Forum politique de haut niveau doit faciliter l’échange d’expériences, fournir une direction politique, des orientations et des recommandations et encourager la cohérence et la coordination des politiques de développement durable à l’échelle de l’ensemble du système.  Cette première session, qui durera jusqu’au 20 juillet, est organisée sur le thème « Ne laisser personne sur le côté », principe fondamental du Programme 2030. 

Cette réunion est « d’une importance cruciale pour construire un monde inclusif, durable et prospère », a estimé le Président du Conseil économique et social, M. Oh Joon, qui a aussi précisé que l’accent y serait mis sur l’appropriation nationale, avec l’expérience de 22 pays qui viendront à titre volontaire présenter leurs défis dans la mise en œuvre du Programme 2030. 

« Nous sommes au début d’un magnifique voyage de transformation », a estimé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, pour qui l’efficacité du Forum dépendra de la volonté de tous de mobiliser les synergies.  Le Programme 2030 est « un état d’esprit », a estimé le représentant du Kenya et, si l’on reste dans cet état d’esprit, il est possible de commencer très rapidement à réaliser les objectifs de développement durable.  

Le Secrétaire général a publié un rapport* qui examine les efforts du système des Nations Unies pour intégrer effectivement les trois dimensions du développement durable -économique, environnementale et sociale- dans son appui aux États Membres.  Le rapport présente trois exemples de coordination du système: l’eau, avec « ONU-Eau », les villes, avec la mise en place d’un programme intégré pour des villes et des établissements humains durable, et l’interaction développement/aide humanitaire.

Le rapport, qui passe en revue la réalisation des 17 objectifs de développement durable, un an après leur adoption, met notamment l’accent sur la nécessité, pour mieux comprendre quels groupes de population sont les plus désavantagés, de disposer de statistiques fiables et ventilées.  En la matière, l’élimination de l’extrême pauvreté reste le principal défi.  Or, si la part de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté a diminué de 26 à 13% durant la décennie 2000, quelque 800 millions de personnes souffrent toujours de la faim.  Pour atteindre les objectifs de développement durable, il faudra renforcer les partenariats et mobiliser toutes les ressources disponibles.

Mais, au niveau actuel, les financements ne suffisent pas.  Ancienne Secrétaire générale de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Mme Christiana Figueres a estimé qu’il fallait aller au-delà de la période de « lune de miel » et s’interroger sur notre niveau de tolérance à la situation des personnes vulnérables, y compris sur la nécessité d’un nouveau contrat social.

L’importance d’entendre la voix des communautés les plus défavorisées a été soulignée.  Il a été question notamment des personnes handicapées, des peuples autochtones, des femmes, des jeunes ou encore des populations des pays les moins avancés, mais aussi de l’intégration sociale de chacun dans la marche vers le progrès des pays les plus développés, comme les États-Unis.

Après les quatre tables rondes tenues aujourd’hui, le Forum politique de haut niveau sur le développement durable poursuivra ses travaux demain, mardi 12 juillet, avec trois autres tables rondes consacrées respectivement à la sécurité alimentaire, à la création de sociétés pacifiques et plus inclusives et à l’interface science-politique.

*A/71/76

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Déclarations liminaires

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. OH JOON (République de Corée), a souligné l’importance de ce Forum politique de haut niveau qui est le premier à se tenir après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dont la promesse fondamentale est de ne « laisser personne sur le côté ».  Les prochains jours, a estimé le Président, nous offrent l’occasion d’explorer les moyens de concrétiser cette promesse sous le prisme des 17 objectifs de développement durable. 

Nous allons voir où nous en sommes un an après l’adoption du Programme 2030 et comment renforcer l’appropriation nationale des objectifs de développement durable et intégrer ces objectifs dans les plans de développement de même que les trois dimensions du développement durable.  Les discussions du Forum porteront aussi sur la manière de mettre la science, l’innovation et la technologie au service des objectifs de développement durable. 

Le Président a ajouté qu’il s’agira également de voir si ces objectifs bénéficient vraiment aux pays qui ont des défis spécifiques à relever comme les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les pays en conflit et postconflit, sans oublier les pays à revenu intermédiaire.  La perspective régionale du Programme 2030 sera aussi explorée. 

Les trois jours de réunions ministériels seront l’occasion de faire passer le message du Forum politique aux ministres, a souhaité le Président.  Le rôle du Forum dans le suivi de la mise en œuvre du Programme 2030 est extrêmement important, a-t-il insisté, en attirant l’attention sur les 22 pays qui viendront, de manière volontaire, présenter leurs défis et faiblesses.  Tous les pays ont été encouragés à utiliser les moyens qu’ils veulent pour structurer leur évaluation nationale et partager les enseignements qu’ils ont tirés de leur expérience. 

Le Forum va aussi examiner le rapport que le Secrétaire général a préparé avec le concours du système de l’ONU et les commissions techniques du Conseil économique et social.  Le Forum n’oubliera pas d’impliquer les grands groupes et autres parties prenantes aux discussions et d’évaluer leurs contributions, ce qui deviendra une tradition car un Forum fort veut dire progrès rapides dans la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable, a conclu le Président.   

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DAES), s’est félicité du programme riche et stimulant de ce Forum politique qui se déclinera en 22 présentations volontaires, en plus d’une centaine d’interventions, en une centaine de manifestations parallèles, en quelque 170 contributions diverses, en présence de 1 500 participants.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, comportant 17 objectifs et 169 cibles, constitue un plan d’action pour les individus et la planète qui doit être mis en œuvre par le biais d’un « partenariat international cimenté ».  Il a voulu que l’on s’attaque ensemble aux inégalités croissantes pour édifier des sociétés solidaires et répondre aux besoins de tous.  « Nous serons jugés en fonction du bien-être que nous apporterons aux groupes les plus vulnérables », a prévenu le Secrétaire général adjoint. 

Le succès dépend de six domaines spécifiques: le leadership politique des chefs d’État et de gouvernement; la capacité des institutions de donner aux organes existants les mandats d’application; la capacité des pays de garantir la cohérence des leurs actions respectives; le partage des enseignements tirés de l’expérience; la contribution des grands groupes et parties prenantes dont la société civile, et le secteur privé; et la capacité de la coopération internationale au développement de s’adapter aux enjeux du développement durable. 

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 confère au Forum un rôle de plate-forme mondiale de contrôle et de suivi mais l’efficacité dudit Forum dépend de la volonté de tous de mobiliser les synergies.  « Nous sommes au début d’un magnifique voyage transformateur » a-t-il conclu. 

Table ronde 1: « Où en sommes-nous un an plus tard? »

« Le point annuel sur les objectifs de développement durable » (E/2016/75) a été présenté par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Le rapport du Secrétaire général, qui se base sur les indicateurs mondiaux, fait un premier point de la réalisation des 17 objectifs du Programme 2030 dans le monde.  Certaines cibles ne sont pas prises en compte à ce stade initial, soit parce que les données y relatives ne sont pas disponibles en suffisance, soit parce qu’elles sont mesurées par des indicateurs qui sont toujours en cours de développement.  Pour la plupart des indicateurs considérés, les valeurs représentent des ensembles régionaux et/ou sous-régionaux et sont calculées à partir des données nationales collectées par des institutions internationales auprès des systèmes statistiques nationaux, sur la base de leur mandat respectif et de leur spécialisation.  Les données nationales sont souvent ajustées afin de pouvoir être comparées au niveau international et lorsqu’elles font défaut, les institutions internationales procèdent à des estimations. 

Le rapport comporte trois sections qui traitent des problèmes mondiaux relatifs à la réalisation des objectifs de développement durable.  À la section II, le Secrétaire général résume la situation et les tendances régionales et mondiales pour chaque objectif, sur la base d’une sélection d’indicateurs pour lesquels des données sont disponibles.  S’inspirant du thème principal du Forum politique de haut niveau, il met en évidence, à la section III, certaines des inégalités rencontrées en ce qui concerne l’ensemble des objectifs et cibles, en s’appuyant sur des données ventilées.  Dans la dernière section, il apporte des précisions sur la disponibilité des données et l’utilisation qui en est faite pour mesurer les indicateurs mondiaux.  Il décrit également les difficultés rencontrées par les organismes nationaux de statistique et la communauté statistique internationale. 

Les objectifs de développement ont donc pris leur envol, s’est réjoui M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA, Président de la « Southern Voice on Post-MDG International Development Goals ».  Mais la tâche reste difficile, a-t-il avoué, des défis de deuxième génération ayant émergé.  Au-delà de tous les défis, le principal problème est le financement et à cet égard, les objectifs de développement durable auraient dû être formulés dans des termes « énergiques et contraignants » s’agissant, en particulier du partenariat.

Par souci d’efficacité, commençons par « ceux qui sont les plus loin du développement », a conseillé Mme CHRISTIANA FIGUERES, ancienne Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il faut des mesures nationales d’application du Programme 2030 surtout dans les pays en développement où les données font défaut.  On ne peut plus travailler comme avant.  Nous devons savoir « très exactement » ce que nous voulons en 2030. 

À ce propos, M. JOSÉ MARÍA VIERA, Conseiller aux droits de l’homme et à la politique de développement à « World Blind Union », a souligné que les personnes handicapées sont des participants clefs à la réalisation du Programme 2030.  Il a regretté qu’au niveau international, la voix des personnes handicapées aient été étouffées par celle des autorités.  Notre rôle a été relégué au second plan, s’est-il plaint, en montrant du doigt une » double discrimination ».

Beaucoup de gens ne comprennent pas ce que les objectifs de développement durable signifient, s’est désolé M. MARTIN TSOUNKEU, Représentant général de « Africa Development Interchange Network.  Il a insisté sur des statistiques nationales fiables et leur bonne exploitation. 

En matière de mise en œuvre du Programme 2030, « nous sommes encore au stade de la lune de miel », a reconnu le Président de la « Southern Voice on Post-MDG International Development Goals ».  Nous devons désormais descendre sur terre et s’attaquer aux défis, à savoir les mesures d’application et la collecte des données.   Au niveau de l’ONU, il faut insuffler de la vie aux structures existantes, a commenté à son tour l’ancienne Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Le Programme 2030 est un nouveau contrat social et à ce jour, personne n’a encore pris de mesures remarquées pour sa concrétisation.

Le Programme 2030 est surtout un état d’esprit et si on l’a, on peut commencer très rapidement la réalisation des objectifs de développement durable, a estimé le représentant du Kenya.  Avec une économie mondiale générant énormément de fonds, la question est de savoir comment réorienter cet argent vers les objectifs de développement durable.  Nous avons le Programme 2030, ses 17 objectifs et ses 169 cibles, la question n’est plus de savoir, s’est impatienté le représentant, comment aider les populations à parvenir au développement.

La représentante des grands groupes des femmes et des enfants a appelé les gouvernements à faire participer les grands groupes à l’élaboration des rapports nationaux de mise en œuvre.  À ce propos, celle de la Colombie a voulu que l’on évite les doublons entre les niveaux national et local.  La représentante des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, a plaidé pour un appui au renforcement des capacités statistiques et d’analyse des données.  Son homologue du Brésil a soulevé la question du cadre institutionnel, de la sécurité et des changements climatiques à laquelle il faut réfléchir attentivement, conformément à l’objectif 16 du Programme 2030. 

Table ronde 2: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte: Imaginer un monde inclusif pour 2030 »

« Il n’y aura pas de développement inclusif si les groupes vulnérables n’ont pas voix au chapitre et si les données statistiques ne montrent pas leur réalité », a répété M. HECTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras), Vice-Président de l’ECOSOC.

« Nous ne pouvons pas parler d’un monde inclusif sans parler de l’objectif 10 du Programme 2030 sur la lutte contre les inégalités, a renchéri M. ION JINGA, Président de la Commission du développement social.  Son homologue de l’Instance permanente sur les questions autochtones, M. ALVARO ESTEBAN POP AC, a prévenu qu’un « monde inclusif signifie respect des droits des peuples autochtones ».  Cela signifie aussi respect des droits des personnes handicapées, a ajouté le MIBRAHIM ISMAIL ABDALLAH, Président de l’Organisation arabe des personnes handicapées (AOPD).  Les droits de la femme ont été mis en avant par Mme ONALENNA SELOLWANE, Membre du Comité exécutif du Forum de l’autonomisation socioéconomique des femmes du Botswana.

Les fusillades qui ont eu lieu la semaine dernière au Minnesota, au Texas et en Louisiane ont été invoqué par la représentante du Département de la justice des États-Unis pour montrer que tous les pays ont un long chemin à parcourir pour que « chacun soit inclus dans la marche vers le progrès ».  Mme LISA FOSTER a rappelé les dires du Président Barack Obama selon lesquels les inégalités sont le grand ennemi du développement.  La Maison Blanche prend très au sérieux l’appel à des indicateurs fiables.   

Pour les Africains, le défi est de réussir à trouver la prospérité dans les 15 prochaines années alors que nous n’y sommes pas parvenus lors des 45 dernières, a avoué une membre du Comité exécutif du Forum de l’autonomisation socioéconomique des femmes.  Elle a rappelé que malgré les milliards dépensés dans les Pays les moins avancés (PMA) depuis 45 ans, 70% des plus de 24 ans au Mali, en Gambie ou au Mozambique n’ont jamais été à l’école.  Faisant le lien entre inégalités et insécurité, elle a prévenu que les populations analphabètes sont les plus prédisposées à la violence.

La réalité des populations autochtones doit être reflétée dans les statistiques nationales, a plaidé à son tour le Président de l’Instance permanente sur les questions autochtones.  Il a dénoncé les barrages et les projets hydroélectriques sur les terres autochtones dont la construction provoque des déplacements forcés de population.  Il a aussi dénoncé les conséquences des changements climatiques sur lesquels les peuples autochtones devraient avoir leur mot à dire.  Les personnes handicapées qu’on devrait cesser de considérer comme des dépendants ont aussi leur mot à dire, a ajouté le Président de l’Organisation arabe des personnes handicapées (AOPD), en plaidant pour des systèmes de santé et de protection sociale plus inclusifs.

Le représentant du Sri Lanka s’est enorgueilli de la création d’un Ministère sri-lankais du développement durable en 2015, le seul de la région Asie-Pacifique.  La représentante du grand groupe des femmes a appelé à la fin des « structures patriarcales dépassées.  Celui du grand groupe des jeunes et des enfants a rappelé que les moins de 26 ans représentent 50% de la population mondiale.

La représentante de l’Union européenne a vu une autre preuve de la nécessité d’avoir des données ventilées.  Une société inclusive n’est pas un rêve, c’est un impératif », a déclaré une représentante des « Sœurs des missions américaines », au nom du grand groupe des ONG

Revenant sur la question du financement, le Président de la cinquante-quatrième session de la Commission du développement social a appelé à des coalitions politiques larges entre la société civile, le monde universitaire et le monde des entreprises, « parce que l’APD ne pas peut pas tout faire ».  Il a affirmé que le souci de sa Commission est d’aligner son travail sur celui du Forum et de l’ECOSOC pour plus de complémentarité et d’efficacité vis-à-vis des objectifs de développement durable.

Table ronde 3: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte – Sortir les gens de la pauvreté et répondre aux besoins de base »

Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a rappelé qu’un des grands défis des objectifs de développement durable consistait à trouver le moyen de cibler les services de base sur ceux qui en ont le plus besoin.  Le Programme 2030, a commenté la modératrice, Mme SARINA PRABASI, PDG de WaterAid America, contient des engagements qui représentent un formidable défi pour la communauté internationale.  Ces objectifs sont liés entre eux et, si certains objectifs se voyaient accorder la priorité par rapport à d’autres, on ne pourra y arriver.  Ce qu’il faut, c’est placer les plus démunis au centre de nos politiques.

Les défis sont en effet interconnectés, a insisté Mme ALICE ALBRIGHT, Directrice générale du Partenariat mondial pour l’'éducation.  Malgré les progrès réalisés grâce aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), des millions d’enfants -et surtout des filles- n’ont toujours pas accès à une éducation primaire de qualité et encore moins à l’éducation secondaire.  Il faut, a-t-elle plaidé, renforcer les systèmes d’enseignement, insister sur l’éducation des filles et améliorer l’apprentissage et les systèmes d’évaluation des enseignants.

C’est du secteur de la santé qu’a parlé M. MICHAEL PARK, Directeur de la stratégie et des opérations du partenariat pour la santé de l’Institut Aspen, qui s’est aussi présenté comme le petit-fils d’un agent de santé communautaire en République de Corée.  Ces agents, qui vivent au milieu de communautés isolées, ont pour mission d’alerter sur les risques d’épidémie, d’apporter des services de base tels que la vaccination ou les moustiquaires et de servir de point d’accès à la santé en milieu rural.  En la matière, le manque de ressources et surtout le manque de compétences en matière de gestion rendent les choses difficiles.  Il a donc plaidé pour le renforcement des capacités de ces travailleurs.  Pour assurer les services élémentaires, il faut investir dans les ressources humaines et non dans les nouvelles technologies ou les nouveaux produits, a-t-il prévenu, car, en général, les outils nécessaires existent déjà: ce qu’il faut, c’est savoir les utiliser à bon escient.

La question  des agents de santé communautaire a été abordée par d’autres intervenants.  Le représentant du Bénin a aussi insisté sur leur formation,  regrettant qu’ils n’aient souvent « aucun niveau ».  Son homologue du Rwanda, pays cité en exemple, a expliqué que dans son pays, les agents de santé communautaire sont des bénévoles, dont l’action se place dans la lignée des traditions d’entraide communautaire.  La représentante a mis l’accent sur leur rôle dans le succès des programmes de sensibilisation des femmes à la vaccination ou aux soins génésiques, ajoutant qu’ils permettent de garantir une couverture santé universelle.

Il faut non seulement faire sortir les plus pauvres de la pauvreté mais aussi éviter que d’autres y sombrent, a pour sa part estimé Mme RAJUL PANDYA-LORCH, Chef du personnel et Chef de l’Initiative Vision 2020 à l’International Food Policy Research Institute (IFPRI). En effet, a-t-elle rappelé, il y a eu beaucoup de progrès dans la réduction de la pauvreté et de la faim, mais beaucoup de personnes sont encore laissées pour compte.  Le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue a été réduit de moitié mais elles sont encore 900 millions, les plus vulnérables étant les femmes et les enfants.  En 1950, un milliard de personnes connaissaient la faim.  Aujourd’hui, elles sont 795 millions, dont 280 millions en Asie du Sud, alors que 20% de la population d’Afrique subsaharienne est dans cette situation.  En outre, a prévenu l’oratrice, les changements climatiques, l’urbanisation et les conflits ne feront qu’aggraver la situation.

Mais grâce aux technologies, des progrès rapides sont possibles.  Mme Pandya-Lorch a cité en exemple le Brésil, qui a ciblé des groupes sociaux pour réduire la faim et la Chine, qui a rendu beaucoup plus facile pour les petits paysans d’acheter de la nourriture et des moyens de production, ainsi que la Thaïlande, le Ghana ou encore le Chili.  Il y a là une série d’expériences qui offrent des modèles variés à suivre par d’autres pays.  Le chemin est encore long mais on voit la lumière au bout du tunnel, a assuré la responsable de l’IFPRI, qui a plaidé pour une croissance inclusive, l’amélioration de l’accès au savoir, l’accélération des investissements dans la santé et la nutrition et le renforcement de la résilience des plus vulnérables.  Mme Pandya-Lorch a aussi souhaité que les programmes de lutte contre la pauvreté permettent aux plus démunis de faire entendre leurs points de vue dès le départ.

Cette participation des premiers concernés a été largement réclamée par plusieurs autres intervenants.  Il faut prendre en compte les points de vue et les connaissances des laissés-pour-compte et garantir ainsi leur dignité, a ainsi plaidé Mme CRISTINA DIEZ, Directrice de la formation aux relations internationales du Mouvement international ATD Quart Monde.  Pour elle, le caractère interconnecté et indivisible des différents besoins élémentaires est encore plus vrai quand il s’agit des plus démunis.  Pourquoi ne sont-ils pas impliqués dans la définition de leurs besoins élémentaires?  Ce qu’ils souhaitent est tout aussi important que la méthodologie, a martelé l’oratrice.  Pour elle, il faut surtout étudier les conditions dans lesquelles sont fournis les services de santé ou d’éducation, qui doivent être gratuits et réellement accessibles à tous, dans des sociétés qui accordent trop d’importance à l’argent, aux diplômes et au pouvoir.

C’est un aspect trop souvent oublié par les institutions, programmes et projets, qui multiplient les conditions d’accès aux services sociaux de base, alors que ce sont précisément ces conditions qui, le plus souvent, empêchent les plus démunis d’y accéder.  Si on veut réaliser les objectifs de développement durable, il faudra trouver de nouvelles voies et inclure de nouvelles personnes avec de nouvelles expériences et de nouvelles idées, y compris ici même, a conclu Mme Diez, qui a rappelé qu’une des définitions de la folie est l’utilisation récurrente des mêmes méthodes en espérant qu’elles produiront des résultats différents.

Le même thème de la participation et de la dignité a été repris par les intervenants de différents groupes parmi les plus vulnérables ou les plus soumis à des discriminations.  Ainsi, la représentante du grand groupe des peuples autochtones a souhaité que ces peuples ne soient pas seulement des bénéficiaires de l’assistance, mais des partenaires reconnus comme tels et propres à partager leurs propres connaissances ancestrales.  Parmi les besoins essentiels des peuples autochtones figurent la reconnaissance et le respect de leurs droits collectifs.  Les objectifs d’éradication de la pauvreté devraient donc intégrer la propriété collective des terres et reconnaître les modes de vie et pas seulement le niveau des revenus.  De la même manière, la représentante des personnes handicapées a rejeté l’idée de programmes spécifiques pour les handicapés et demandé que les programmes généraux soient conçus pour assurer la participation de tous handicapés ou non. 

Celle du grand groupe des femmes a estimé que le Programme 2030 n’aborde pas les problèmes systémiques et structurels qui maintiennent femmes et fillettes dans la pauvreté.  Enfin, le représentant du grand groupe des enfants et des jeunes a mis l’accent sur une approche centrée sur les droits, afin de garantir l’accès aux services de base.  Il s’est félicité que ce type d’approche soit utilisé dans le cadre d’Habitat III et dans le contexte du onzième objectif de développement durable sur les habitats humains et les villes durables.

Plus généralement, la représentante du grand groupe des ONG a estimé que, pour jeter des bases solides sur lesquelles les besoins élémentaires des personnes sont satisfaits, il faut renforcer l’implication de la société civile et encourager de nouveaux partenariats, y compris multisectoriels.  Elle a jugé important de disposer de données ventilées pour que les ressources soient allouées aux secteurs où elles sont le plus nécessaires.

Certains des intervenants ont toutefois mis l’accent sur le rôle des autorités publiques.  Le représentant du Bénin a estimé que ce sont les gouvernants, que ce soit dans les pays pauvres ou dans les pays riches, qui doivent changer de mentalité, faute de quoi on n’atteindra pas plus les objectifs de développement durable dans 15 ans.  Celle de la Chine a longuement expliqué ce qu’a fait son pays pour réduire la pauvreté grâce à un effort en faveur de la prospérité commune, dans lequel le Gouvernement a joué un rôle dirigeant, y compris en adoptant des programmes visant des groupes spécifiques - femmes, enfants, handicapés, minorités ethniques– ou des politiques spécifiques pour différentes provinces.  La représentante du Rwanda a insisté sur « l’esprit visionnaire » qui a permis de mettre fin aux conditions qui ont été à l’origine du génocide de 1994 par la construction d’institutions fortes, le renforcement des capacités et une politique de croissance économique durable assurant la participation des citoyens à leur propre développement. 

Celui de la Malaisie a expliqué que son pays avait réduit le taux de pauvreté de 60% en 1990 à 0,6% en 2015, grâce à une démarche multisectorielle visant à créer des emplois dans tous les secteurs d’activités, à améliorer l’éducation et la santé et à créer des filets de sécurité sociale.  Le pays a également mis en place un nouveau système d’évaluation de la pauvreté qui prend en compte non seulement le revenu, mais l’accès à différents services de base et l’autoévaluation du « bonheur national brut ».  Son collègue de la Ligue des États arabes a évoqué les efforts déployés par sa Ligue pour lutter contre la pauvreté par l’éducation, la santé, la productivité sociale, l’action en faveur des petites entreprises ou encore des programmes de formation.  

Enfin, la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que les pauvres des zones rurales représentent les trois quarts des personnes vivant dans la pauvreté.  Tout le monde peut être gagnant si on allie production et protection sociale, par exemple en garantissant l’accès à l’éducation et à la santé des filles et des femmes, qui peuvent ensuite être des actrices économiques beaucoup plus productives.  Elle a également cité en exemple les cantines scolaires qui peuvent garantir la sécurité alimentaire des enfants scolarisés en même temps que des revenus pour les producteurs locaux.

Table ronde 4: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte: Stimuler la croissance économique, la prospérité et la viabilité »

Présidé par M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), Vice-Président de l’ECOSOC, cette table ronde a été l’occasion de rappeler que la croissance économique n’est pas forcément créatrice d’emplois et de prospérité.  Les intervenants ont donc souligné l’importance des politiques publiques pour garantir une croissance orientée vers le respect de l’environnement et le développement social.  La protection sociale a été érigée au rang de « base » de la prospérité.

Nous n’avons pas de plan B, a prévenu le modérateur M. VINICIUS PINHEIRO, Directeur du Bureau de New York de l’Organisation internationale du Travail (OIT), en insistant sur les trois dimensions du développement durable: économique, environnementale et sociale.  Ces trois dimensions doivent être considérées comme d’égale importance.  M. TIM JACKSON, Directeur du Centre pour la compréhension de la prospérité durable (CUSP) à l’Université de Surrey, a en effet souligné que la croissance économique ne conduit pas automatiquement à la création d’emplois ou à l’amélioration de la santé et de l’éducation.  La prospérité ou bien-être social va bien au-delà des considérations purement matérielles.       

C’est là qu’entre en jeu la notion de croissance inclusive.  M. BART VERSPAGEN, Directeur à l’Université de Maastricht et à l’Université des Nations Unies, a appelé à l’innovation.  Attention, a mis en garde M. WELLINGTON CHIBEBE, Secrétaire général adjoint de la Confédération syndicale internationale (CSI/ITUC).  Les beaux mots et les beaux concepts peuvent conduire à « une crise des attentes ».  Ce qu’il faut c’est la protection des droits et des acquis sociaux.  Les politiques publiques pour une croissance inclusive ne peuvent réussir sans un véritable dialogue social, a dit celui qui a défendu « la négociation collective ».  Pour lui, la protection sociale est « la base » de la prospérité.  On ne peut parler de protection sociale sans une discipline fiscale, a argué le Secrétaire général adjoint de la CSI qui en a profité pour parler des flux financiers illicites qui, partant de l’Afrique, sont supérieurs à l’aide publique au développement(APD).  

Ceci montre qu’il faut des institutions publiques fortes pour garantir le développement social, tout particulièrement l’autonomisation des femmes, a ajouté le représentant du Danemark.  Il faut surtout des financements novateurs car les prêts à 40% d’intérêts proposés par les banques traditionnelles ne sont pas viables, a tranché le représentant de l’Association nationale des petits exploitants agricole du Malawi (NASFAM).

Le huitième objectif du Programme 2030 concerne « la promotion d’une croissance économique soutenue, partagée et durable, du plein emploi productif et d’un travail décent pour tous ».  L’objectif 8.1 parle spécifiquement de « maintenir un taux de croissance économique par habitant adapté au contexte national et, en particulier, un taux de croissance annuelle du produit intérieur brut d’au moins 7% dans les pays les moins avancés ».  Dans ce contexte, le représentant du Tchad a insisté sur une exploitation viable des ressources naturelles.  Une croissance durable doit avoir pour condition préalable le respect des droits individuels et collectifs, a souligné la représentante des populations autochtones.  Elle s’est particulièrement inquiétée de l’impact des industries extractives sur les droits des peuples autochtones.  La Chine, a expliqué son représentant, a pris des mesures pour que le PIB ne tombe pas sous la barre des 6,5% pendant la période 2016-2020.  Pour la première fois, la part des services vient de dépasser celle de l’industrie manufacturière.  Des réformes ont été lancées pour promouvoir un développement « vert et partagé ».  Il faut en effet trouver des solutions pour se développer dans les limites de notre planète, a souligné le représentant de la Suisse.  « Ce sont les choix que nous allons faire en termes de technologie qui vont faire la différence dans les 20 ou 30 années à venir », a estimé le Directeur à l’Université de Maastricht et à l’Université des Nations Unies.  Beaucoup d’entreprises dans le monde fonctionnent déjà dans le respect des principes de bonne gouvernance et le souci de leur d’impact social, a affirmé la représentante du grand groupe du secteur privé.  L’emploi étant le meilleur moyen de sortir de la pauvreté, elle a appelé le Forum à se pencher sur les meilleurs moyens de booster ce secteur.

Le représentant de la Serbie a quant à lui proposé au Forum de se pencher sur l’impact qu’aura la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne -Brexit- sur le développement durable.  Le Brexit est le résultat de l’angoisse des gens devant la défaillance des institutions publiques, a affirmé le Directeur du Centre pour la compréhension de la prospérité durable (CUSP) à l’Université de Surrey.  Le Forum, a aussi voulu le représentant de la Serbie, doit également se pencher sur la question des réfugiés.  Quelque 600 000 réfugiés du Moyen-Orient ont traversé la Serbie en 2015 et 300 réfugiés supplémentaires arrivent chaque jour. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

M. Mohamed Ibn Chambas annonce, devant le Conseil de sécurité, la création d’une équipe spéciale pour prévenir l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et au Sahel

7735e séance – matin 
CS/12442

M. Mohamed Ibn Chambas annonce, devant le Conseil de sécurité, la création d’une équipe spéciale pour prévenir l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et au Sahel

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Mohamed Ibn Chambas, a annoncé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, qu’il entendait créer une équipe spéciale régionale des Nations Unies sur la prévention de l’extrémisme violent, afin qu’elle facilite la coordination des efforts de l’ONU dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.

Présentant le tout premier rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel pour la période du 1er janvier au 30 juin 2016, M. Chambas a expliqué que ce nouveau Bureau était issu de la fusion récente du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et du Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahel.

En écho au plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, a-t-il précisé, l’UNOWAS a organisé, les 27 et 28 juin dernier, une conférence régionale à Dakar afin de prévenir l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  C’est à la suite de cette conférence que la mise sur pied d’une équipe spéciale a été envisagée.  Les participants à la conférence avaient insisté sur le renforcement du dialogue avec les femmes et les jeunes, et sur la nécessité d’adopter des approches intégrées pour faire face aux défis liés à la sécurité, au développement et aux droits de l’homme dans la région.

Le Chef du Bureau pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel a également indiqué que Boko Haram avait continué de changer de tactique et avait lancé, à deux reprises, une attaque contre la ville nigérienne de Bosso les 3 et 16 juin dernier, tuant des dizaines de soldats.  Les personnes qui s’y étaient réfugiées, après avoir fui les violences au Nigéria, ont été de nouveau contraintes à chercher un abri ailleurs, abandonnant ainsi la ville.

Il a en outre rappelé les diverses attaques terroristes ayant frappé l’Afrique de l’Ouest, notamment Ouagadougou, au Burkina Faso, le 15 janvier et Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, le 13 mars dernier.  Il a appelé le Conseil de sécurité à empêcher que les réseaux de criminalité organisée et autres groupes ne s’étendent dans la région.

Pour y remédier, a-t-il proposé, il faudrait renforcer la Force multinationale mixte, notamment en matière de collecte d’informations.  M. Chambas a également plaidé pour que des efforts supplémentaires soient consentis afin de subvenir aux besoins de base des populations prises au piège de cette tragédie.  Il a déploré que l’appel aux contributions de l’ONU pour 2016 n’ait recueilli, à ce jour, que 11% des 1,98 milliard de dollars requis..  Il est également important de renforcer la gouvernance qui est essentielle pour la prévention des conflits, a-t-il ajouté.

Dans le Sahel, près de 4,5 millions de personnes sont déplacées, et 6 autres millions ont un besoin urgent d’aide humanitaire.  Des millions de personnes ne peuvent pas cultiver les terres et des millions d’enfants ne sont pas scolarisés, a signalé le Représentant spécial.

C’est pourquoi, il est essentiel d’axer les efforts sur la prévention des conflits.  C’est, a-t-il dit, une dette que la communauté internationale a envers les populations d’Afrique de l’Ouest et du Sahel qui ont démontré une résilience à toute épreuve face à des défis persistants de plusieurs ordres.

Sur le plan politique, M. Chambas s’est félicité du bon déroulement des récentes élections au Niger, au Bénin et au Cabo Verde.  Au cours des six prochains mois, des élections auront également lieu en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Gambie, a-t-il indiqué.  Le Représentant spécial s’est dit cependant préoccupé par la répression qui a suivi les protestations pacifiques d’avril dernier appelant à une réforme du système électoral. 

Dans le même temps, a-t-il fait remarquer, des pays de la région ont engagé des revues de leur constitution afin de les adapter aux besoins de nations modernes.  Il a dit espérer que les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel sortiront de ces processus de réformes en étant plus unis, mieux gouvernés et en faisant participer plus activement les femmes dans les processus de prise de décisions.  Cela permettra, a-t-il assuré, de renforcer leur résilience face aux chocs internes et externes comme la récente épidémie causée par le virus Ebola.

Il a ensuite souligné que la Commission mixte Cameroun-Nigéria avait poursuivi les activités de démarcation de la frontière commune aux deux pays et tenu des consultations à Yaoundé et Abuja.

Au sujet du Nigéria justement, il a indiqué que le pays était confronté à des tensions communautaires et des litiges concernant le partage des ressources, provoqués par des mouvements populaires qui sont actifs dans le nord-est, dans la région du Biafra et dans celle du Delta du Niger.  Il a invité les acteurs nationaux à renforcer les consultations et les réformes économiques alors que la relance de la plus vaste économie du continent est envisagée.  La situation en Côte d’Ivoire, au Sénégal et dans d’autres pays montre que des politiques vigoureuses sont en vigueur pour assurer une économie nationale plus équilibrée et résiliente.

Dans le même temps, l’avancée du désert et la diminution des ressources en eau en appellent à la mobilisation de la communauté internationale, notamment avec l’appui à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, a plaidé M. Chambas.

Le Représentant spécial a par ailleurs salué le caractère historique de la décision judiciaire du 30 mai dernier condamnant l’ancien Président du Tchad, M. Hissène Habré.  C’est la toute première fois qu’une juridiction africaine juge un ancien chef d’État en Afrique pour des crimes commis au cours de son mandat.  Cette condamnation envoie un message fort contre l’impunité, a-t-il souligné, en saluant le Sénégal qui a permis le déroulement du procès sur son territoire.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.