En cours au Siège de l'ONU

La Cinquième Commission évalue l’impact des fonctions d’audit et de contrôle sur l’efficacité et la crédibilité de l’ONU

Soixante et onzième session,
2e séance – matin
AG/AB/4204

La Cinquième Commission évalue l’impact des fonctions d’audit et de contrôle sur l’efficacité et la crédibilité de l’ONU

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires s’est penchée, aujourd’hui, sur les fonctions d’audit et de contrôle interne de l’Organisation des Nations Unies, « déterminante pour garantir l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation ».

Les représentants de l’Union européenne et du Groupe des 77 et de la Chine (G-77) ont particulièrement insisté sur le fait que la performance de l’audit et du contrôle, notamment dans la gestion et la prévention des risques de fraudes ou d’abus sexuels, était essentielle à la crédibilité de l’ONU.  Le représentant du G-77 a ainsi reconnu la « haute valeur ajoutée » des travaux du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) dans l’amélioration de l’efficacité organisationnelle et de la transparence de l’ONU.

Le représentant a réaffirmé l’importance de la séparation entre les mécanismes de contrôle interne et externe à l’Organisation, avant que son homologue des États-Unis ne demande que l’on mette tout en œuvre pour que le BSCI affirme son rôle « d’organe indépendant en matière de suivi » conformément au mandat qui lui a été assigné lors de sa création en 1994.  Avec la représentante de la Suisse, qui intervenait aussi au nom du Liechtenstein, elle a estimé qu’une plus grande autonomie financière et de gestion du BSCI serait de nature à garantir cette indépendance.  Le représentant du G-77 a aussi appelé à des mesures supplémentaires pour « restaurer la crédibilité du BSCI, qui a été remise en cause, en certaines occasions, par les États Membres ».

En réponse à ces remarques, la Secrétaire générale adjointe aux services de contrôle interne, Mme Heidi Mendoza, a mis en avant le nouveau système de gestion des affaires, « goCASE », qui a permis d’améliorer l’efficacité des enquêtes complexes sur les cas de fraude et la planification des activités en fonction des risques.  En dépit de cette initiative, le Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA) continue d’insister sur la mise en place d’un mécanisme central de réception des éléments d’information qui, selon lui, aurait le mérite de donner une vue d’ensemble de la situation, de permettre une hiérarchisation des affaires et de promouvoir une utilisation plus efficace des ressources.

Alors que l’Assemblée générale doit adopter, la semaine prochaine, le plan-programme du projet de budget biennal 2018-2019, la représentante du G-77 a souligné la tâche cruciale du Comité de programme et de la coordination (CPC) pour donner des conseils au Secrétariat de l’ONU et l’aider à traduire les mandats intergouvernementaux en programmes applicables.  Elle a tout de même rappelé que « fixer les priorités de l’Organisation reste la prérogatives des États Membres ».  Les priorités à long terme de l’Organisation doivent refléter les décisions des États Membres, particulièrement en ce qui concerne la promotion d’une croissance économique soutenue et le développement durable, a-t-elle insisté.

Des délégations ont appuyé la recommandation du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA) invitant les hauts responsables à continuer à diriger activement les travaux menés dans le domaine de la gestion du risque institutionnel, afin que le recensement systématique et la gestion de ces risques deviennent effectivement le mode de fonctionnement habituel de l’ensemble de l’Organisation.  Présentant le rapport du CCIQA, son Président, M. Christopher Mihm a jugé qu’il était temps que le Secrétariat soit doté des moyens de mener une politique de gestion des risques et exhorté le Secrétariat à étudier l’influence des bailleurs de fonds privés sur la détermination des priorités.

Le Chef du Service de la coordination des politiques et du contrôle, du Département de la gestion, M. Mario Baez, a présenté le rapport sur l’exécution des programmes pour l’exercice biennal 2014-2015 et le Directeur de la Division de la planification des programmes et du Budget, M. Johannes Huisman, le projet de cadre stratégique pour la période 2018-2019 et les modifications à apporter au plan-programme biennal à la suite de l’élaboration du projet de budget biennal 2016-17.

En fin de séance, la Commission a adopté, sans vote, un projet de résolution* par lequel elle invite l’Assemblée générale à laisser les Comores, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie participer aux votes jusqu’à la fin de la session, en septembre 2017.  Par ce texte, l’Assemblée générale conviendrait que le non-paiement par ces pays du montant minimum requis pour éviter l’application de l’Article 19 de la Charte relatif au droit de vote est dû à des circonstances indépendantes de leur volonté.

La Cinquième Commission, qui tiendra sa prochaine réunion mercredi 5 octobre, examinera la situation financière de l’ONU, les activités du Bureau de l’ONU sur les partenariats et les prestations du personnel.

* A/C.5/71/L.2.

Planification des programmes

Pour l’examen de cette question, la Commission était saisie du Rapport du Comité du programme et de la coordination (A/71/16); du projet de Cadre stratégique pour l’exercice biennal 2018-2019 (A/71/6); du Rapport du Secrétaire général sur la récapitulation des modifications à apporter au plan-programme 2016-2017 (A/71/85), et du Rapport du Secrétaire général sur l’exécution du programme 2014-2015.

Ce dernier Rapport contient des renseignements sur les résultats obtenus par l’Organisation au cours de l’exercice biennal par rapport aux réalisations escomptées et sur les produits, mesure classique des résultats.  Les principaux résultats obtenus par l’Organisation pour ses 10 éléments de programme donnent aux États Membres une vue d’ensemble exacte de l’exécution du budget du Secrétariat (voir chap. II).  L’analyse de l’exécution des programmes au regard des 34 150 produits prescrits et ajoutés (voir chap. III) fait apparaître une augmentation des taux d’exécution, passés de 91 à 94% pour les produits prescrits et de 92 à 94% pour tous les produits, par rapport aux taux enregistrés au cours de l’exercice biennal précédent.  Le rapport présente également un compte rendu détaillé des résultats obtenus pour chacun des chapitres du budget pour un total de 808 réalisations escomptées exécutées au titre des 36 chapitres du budget-programme (voir chap. IV).  Il contient également un bref résumé des principales difficultés rencontrées dans l’exécution de chaque programme et les enseignements tirés de l’expérience afin d’améliorer les résultats.  Associant une analyse axée sur les résultats et une démarche qui privilégie les produits, le présent rapport offre un panorama complet des principaux faits survenus et du travail accompli par le Secrétariat au cours de l’exercice biennal 2014-2015.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIF (Thaïlande) a souligné la tâche cruciale du Comité du programme et de la coordination (CPC) pour donner des conseils au Secrétariat et l’aider ainsi à traduire les mandats intergouvernementaux en programmes applicables.  L’activité du CPC est aussi au cœur de la faculté de l’Assemblée générale de garantir la mise en œuvre du projet de cadre stratégique pour la période biennale 2018-2019.  Tout en saluant les recommandations et commentaires précieux du CPC, elle a rappelé que la tâche de fixer les priorités de l’Organisation reste la prérogative exclusive des États Membres.  Elle a espéré que le Secrétariat, conformément aux recommandations du CPC, prendra pleinement en compte la nécessité de consulter les États Membres.  « S’il y a des dépenses supplémentaires, la décision appartient aux organes intergouvernementaux », a encore insisté la représentante du G77.  Elle a aussi salué les recommandations du CPC s’agissant des changements apportés au budget biennal 2016-2017 en cours.

Pour ce qui est du projet de cadre stratégique 2018-2019, la représentante, à l’instar des recommandations du CPC, a dit que les priorités à long terme de l’Organisation doivent refléter les décisions des États Membres, particulièrement en ce qui concerne la promotion d’une croissance économique soutenue et du développement durable.

Elle a précisé que l’Assemblée générale doit adopter la semaine prochaine le plan-programme biennal 2018-2019, et que ce sera le premier budget biennal mis en œuvre par le nouveau secrétaire général.  Alors que la mise en œuvre des objectifs de développement durable concerne les 15 prochaines années, elle a rappelé que les réalisations escomptées et les indicateurs de succès vont devoir évoluer.

La représentante a jugé indispensable de mettre l’accent sur la façon dont la cadre de mobilité, les Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS) et le progiciel de gestion intégré (Umoja) pourront faciliter la mise en œuvre des programmes et réaliser des économies.  Elle a appelé à la recherche des moyens d’améliorer la productivité, en s’appuyant sur les enseignements tirés de l’expérience.  Toutes les dépenses supplémentaires doivent être soumises aux organes de gouvernance pertinents de l’ONU avant d’être autorisées.

S’agissant du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), elle a appuyé le Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, avant de s’inquiéter du manque de financement disponible pour les cadres mondiaux et régionaux de développement en Afrique.  Elle a conclu sur l’importance du Corps commun d’inspection (CCI) en tant que seul organe externe indépendant d’évaluation et de suivi.

Mme NOBUKO IWATANI (Japon) a salué les « efforts inlassables » que le Comité du programme et de la coordination (CPC) a déployés, en juin dernier, pour organiser des discussions sur le projet de cadre stratégique de l’exercice 2018-2019.  Mon pays, a-t-elle dit, soutient les conclusions et recommandations contenues dans le dernier rapport du CPC qui joue un « rôle fondamental » dans l’établissement du budget ordinaire et qui a le souci d’une plus grande efficacité, en identifiant les chevauchements et les doubles-emplois potentiels.  Le Japon, a promis la représentante, continuera à participer activement aux délibérations du CPC dans les années à venir.

Rapport d’activités du Bureau des services de contrôle interne

Pour l’examen de cette question la Commission était saisie du Rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sur ses activités pour la période allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016 (A/71/337(Part I) et A/71/337 (Part I)/Add.1/Rev.1); et du Rapport du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit sur ses activités pour la période du 1er août 2015 au 31 juillet 2016 (A/71/295).

Dans ce dernier rapport, le Comité consultatif déplore vivement, en dépit de la réponse du BSCI, que la recommandation essentielle de mettre en place un mécanisme central de réception des éléments d’information ne soit toujours pas suivie.  Le Comité demande au BSCI de la mettre en place dès que possible, ce qui nécessitera les efforts concertés du Comité de gestion.

Le Comité consultatif note ensuite que le risque d’exploitation et d’atteintes sexuelles dans les opérations de maintien de la paix et la nécessité plus générale de protéger les civils sont des domaines dans lesquels le BSCI a accompli un travail important dans chacune de ses trois divisions.  Il recommande que le Bureau s’appuie sur ces progrès, ainsi que sur les informations pertinentes fournies par d’autres analyses, pour déterminer quels contrôles spécifiques doivent être mis en place dès le lancement d’une opération de maintien de la paix.  Le Bureau pourrait ensuite évaluer la qualité de ces contrôles à mesure que de nouvelles opérations seraient mises en place.

Le Comité se réjouit, par ailleurs, de l’engagement pris par la Secrétaire générale adjointe d’améliorer le fonctionnement du BSCI et reste convaincu qu’un examen d’ensemble contribuerait aux efforts qu’elle déploie pour répondre aux importantes préoccupations que suscitent de toutes parts le fonctionnement, les relations de travail internes et l’efficacité de la Division des investigations.  Le Comité avait recommandé que l’examen porte notamment sur les problèmes qui se posaient de longue date, notamment le taux élevé de vacance de postes et la dynamique intra et interservices.

Le Comité constate avec satisfaction que le BSCI prend l’initiative de démontrer le lien existant entre la stratégie de gestion du risque institutionnel de l’Organisation et son programme de travail et qu’il en fait un moyen de renforcer l’intégration entre ses divisions.  Cette initiative permettra également de renforcer l’intégration entre le plan de travail du BSCI, son projet de budget et les principaux risques encourus par l’Organisation.  Le Comité reviendra sur cette question lors de sessions ultérieures.

Le Comité trouve très encourageantes les initiatives menées par le BSCI pour élaborer une stratégie de contrôle détaillée et un plan de travail associé pour les activités menées en lien avec la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que l’engagement qu’il a pris de fournir à l’administration et à l’Assemblée générale les informations importantes dont elles auront besoin pour évaluer les progrès accomplis et repérer les possibilités d’amélioration des efforts déployés par le Secrétariat.  Le Comité est également déterminé à continuer de suivre les activités du BSCI dans ce domaine essentiel.

Au nom du groupe des 77 et de la Chine, M. DHISADEE CHAMLOMGRASDR (Thaïlande) a reconnu la « haute valeur ajoutée » des travaux du BSCI dans le renforcement du contrôle interne, de l’efficacité organisationnelle et de la transparence de l’ONU.  Il a également réaffirmé l’importance de l’indépendance du BSCI au sein de l’Organisation.

M. Chamlomgrasdr a toutefois demandé que le Secrétaire général prenne des mesures supplémentaires pour « restaurer la crédibilité du BSCI, qui a été remise en cause, en certaines occasions, par les États Membres ».  Il a réaffirmé l’importance de la séparation entre les mécanismes de contrôle interne et externe à l’Organisation.

S’agissant des activités annuelles du BSCI, le représentant a pris bonne note des recommandations formulées par le Bureau, visant à réduire les coûts et dépenses inutiles de l’ONU, ainsi qu’à gagner en efficacité et améliorer la gestion des risques.  Il a également noté que le BSCI a formulé 1 068 recommandations durant l’exercice à l’examen, dont 75 qualifiées de « vitales pour l’Organisation ».  M. Chamlomgrasdr a salué les économies d’un montant total de 2,1 millions de dollars, engendrées au cours de l’exercice à l’examen, grâce à la mise en œuvre des recommandations formulées par le BSCI lors des exercices précédents.  Il a voulu que l’on redouble d’efforts pour mettre en œuvre toutes les recommandations du Bureau.

Le représentant a rappelé que le taux de vacance du BSCI sur le terrain a été, et reste, l’un des principaux enjeux.  Il a appelé le BSCI à tout faire pour relever ce défi et se doter de la capacité nécessaire à une exécution efficace de son mandat.

M. Chamlomgrasdr a pris note des recommandations formulées par le BSCI concernant le plan-cadre d’équipement, la Commission d’indemnisation des Nations Unies (CINU) et le Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux (MTPI) à Arusha.  Il a noté que la construction des infrastructures supplémentaires à la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a été finalisée en juillet, mais n’a pas été incluse dans le présent rapport du BSCI.  Le représentant a insisté sur la nécessité de présenter tous les rapports non liés aux questions de maintien de la paix en temps voulu.  Il faut éviter les retards, a tancé le représentant.

S’agissant du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA), M. Chamlomgrasdr a salué les travaux de ce dernier pour renforcer l’efficacité et l’impact des activités d’audit.  Il a noté les recommandations du CCIQA, en particulier celles ayant trait au réexamen de l’indépendance opérationnelle du fonctionnement du BSCI, qui fera l’objet de « discussions exhaustives » en consultations informelles.

Au nom de la Suisse et du Liechtenstein, Mme ALEXANDRA BAUMANN (Suisse) a souligné l’importance du BSCI pour rendre le fonctionnement du Secrétariat de l’ONU plus transparent et plus efficace.  Premièrement, nous voudrions insister sur le fait que toute fonction de contrôle a pour préalable indispensable une marge d’autonomie « suffisante, réelle et visible », a déclaré la représentante, ajoutant que le BSCI doit être en mesure d’assumer son mandat de manière « impartiale et objective ».

« Deuxièmement, nous tenons à souligner le rôle capital de la gestion du risque institutionnel, un outil important de gestion intégré de l’Organisation », a déclaré la représentante qui a soutenu sur ce point la recommandation du Comité consultatif selon laquelle les hauts responsables doivent continuer à diriger activement les travaux menés dans le domaine de la gestion du risque institutionnel, afin que le recensement systématique et la gestion des risques deviennent effectivement le mode de fonctionnement habituel dans l’ensemble de l’Organisation.

Enfin, la représentante a estimé que le BSCI a accompli un travail important, mais pas suffisant, dans le domaine de la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles dans l’ensemble du système onusien et en ce qui concerne la nécessité, plus généralement, de protéger les civils.  La représentante a ajouté que le BSCI doit déterminer les contrôles spécifiques devant être mis en place sur cette question dès le lancement d’une opération de maintien de la paix, puis vérifier dans un second temps la qualité de ces contrôles.  Elle a estimé que le BSCI doit disposer des ressources nécessaires pour pouvoir enquêter rapidement sur les allégations d’abus sexuels.

Mme SIMONA PILLERI, Union européenne, a réaffirmé le soutien « appuyé et ancien » de l’Union européenne au BSCI.  « Nous sommes fermement convaincus que les travaux du BSCI contribuent à faire des Nations Unies une Organisation plus forte, plus efficace et plus efficiente », a-t-elle déclaré, saluant au passage les efforts du Bureau pour améliorer la qualité de sa propre performance.  La représentante a également salué les efforts entrepris pour renforcer la coordination et la coopération entre toutes les entités en charge du contrôle interne à l’ONU.  À ce titre, elle a encouragé le BSCI à « étendre et intensifier les activités visant à échanger les expériences, informations et pratiques de ces entités, et à éviter des chevauchements et redondances potentiels dans leurs travaux ».

Mme Pilleri a souligné l’importance de la mise en œuvre exhaustive des recommandations critiques du BSCI.  Elle a insisté sur le besoin de réaliser un meilleur suivi de ces processus de mise en œuvre.  À cette fin, elle a appelé les responsables de l’exécution des programmes à établir des dates réalistes pour la mise en œuvre des recommandations du BSCI et a salué, pour finir, les travaux et les conclusions du dernier rapport du Comité consultatif.

Mme CHERITH NORMAN (États-Unis) a remercié le Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA) pour ses évaluations franches du travail du BSCI.  La dénonciation des cas de fraudes demeure essentielle pour un bon fonctionnement de l’Organisation, a-t-elle souligné.  Elle a insisté sur les efforts visant à prévenir et éviter les fraudes, gaspillages et autres abus.  Elle a voulu que l’on forme les enquêteurs nationaux aux cas d’abus sexuels et estimé, par ailleurs, que le BSCI aurait plus d’efficacité s’il avait davantage de pouvoir sur son budget.  La représentante a aussi salué la démarche du BSCI de mettre l’accent sur la gestion du risque.  Cette nouvelle politique doit s’accompagner d’une politique de formation et d’enseignement.  Elle a encouragé le BSCI à mener une démarche globale et intégrée en matière de gestion de risque et a voulu que l’on mette tout en œuvre pour que le BSCI affirme son rôle « d’organe indépendant en matière de suivi » conformément au mandat qui lui a été assigné lors de sa création en 1994.

Tout en renouvelant le soutien de son pays à un BSCI « fort et indépendant », Mme CHAY YUEN TING (Singapour) a noté que l’importance du taux de vacance de postes du Bureau, notamment sur le terrain, est une source d’inquiétude.  Ce problème, a-t-elle insisté, a le potentiel de remettre en cause les réalisations du BSCI.  Il faut donc déployer tous les efforts pour régler cette question pour que le Bureau soit pleinement capable de remplir son mandat.  La représentante a salué le rôle du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA), en particulier les « renseignements précieux » contenus dans son rapport sur le fonctionnement du BSCI.  Ce rapport, a-t-elle ajouté, prouve l’importance de la séparation entre les mécanismes internes et externes de contrôle interne.

M. JUSTIN KISOKA (République-Unie de Tanzanie) s’est interrogé sur le coût estimé à 7,9 millions de dollars d’une équipe de gestion du projet des nouveaux bureaux du Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux (MTPI) à Arusha.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le responsable d’OCHA fait état d’une situation humanitaire « honteuse » en Syrie

7780e séance – matin       
CS/12539

Conseil de sécurité: le responsable d’OCHA fait état d’une situation humanitaire « honteuse » en Syrie

Le Secrétaire général adjoint, M. Stephen O’Brien, demande au Conseil d’agir, sous peine de le voir basculer du « mauvais côté de l’Histoire »

« C’est avec tristesse, désarroi, frustration et colère que je vous fais rapport sur la situation humanitaire honteuse que connaît la Syrie aujourd’hui, en particulier dans l’est d’Alep », a déclaré, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, aux membres du Conseil de sécurité, dans le cadre de la réunion d’information mensuelle sur ce sujet.  Il leur a demandé d’agir, sous peine de voir basculer le Conseil « du mauvais côté de l’Histoire ».

« La Syrie saigne », alors que les dirigeants du monde entier se sont réunis la semaine dernière à New York, « sans obtenir de résultats tangibles ».  Au contraire, la violence n’a fait que s’intensifier, s’est indigné le Secrétaire général adjoint, pour qui il est temps que ce Conseil rejette le « mépris total des dispositions les plus élémentaires du droit international humanitaire ».

Les sept derniers jours, en effet, ont été marqués par une intensification des attaques à travers tout le pays, a constaté le haut fonctionnaire, en citant les frappes aériennes contre les gouvernorats de Deïr el-Zor, Alep, Hama, Homs, Idlib et du Damas rural, où sont également menées des attaques au sol, au mépris du rétablissement de la cessation des hostilités pourtant agréé le 19 septembre par le Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS).

M. O’Brien a ainsi demandé au Conseil de sécurité d’agir « maintenant »: si les parties à ce conflit en sont incapables, alors « le seul espoir au monde », c’est vous, membres du Conseil, qui devez faire preuve d’unité, a-t-il lancé.  La Nouvelle-Zélande, dont la présidence du Conseil de sécurité s’achèvera demain, a regretté l’absence de décisions « sur les sujets les plus brûlants » par l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales au cours de ce mois.

Nulle part ailleurs que dans l’est d’Alep, les combats ont été plus soutenus, a fait remarquer le Secrétaire général adjoint en rappelant que 320 civils ont été tués, dont une centaine d’enfants, et 765 personnes blessées au cours des premiers jours qui ont suivi l’offensive lancée le 22 septembre par les forces syriennes et leurs alliés.

Devant l’étendue des destructions, notamment de deux hôpitaux hier matin, M. O’Brien a repris à son compte l’accusation brandie hier par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, devant ce même Conseil, qui avait qualifié l’utilisation de certaines armes de « crimes de guerre ».

« Soyons clairs: l’est d’Alep n’est pas au bord du gouffre, il est plongé dans une catastrophe humanitaire infernale, sans accès possible pour l’ONU depuis le 7 juillet, au moment où le secteur de la santé est sur le point de s’y effondrer totalement », a résumé le Secrétaire général adjoint.

En raison du siège, les vivres se raréfient, avec des stocks à peine suffisants pour alimenter 40 000 personnes au cours du prochain mois.  Des décès sont imputables à la malnutrition, aux maladies et à l’empoisonnement causé par les ordures ménagères.  L’eau potable manque cruellement et des maladies d’origine hydrique, pourtant évitables, devraient faire leur apparition très prochainement, alors que plus de 100 000 enfants sont pris au piège dans l’est d’Alep, a déploré le Coordonnateur des secours d’urgence.

« Nous devons mettre fin à ce cauchemar », a imploré le Secrétaire général adjoint, qui a rappelé qu’il réclame, depuis juillet dernier, une « pause humanitaire hebdomadaire de 48 heures ».  Le moment est venu de reconnaître l’« horreur » qui se déroule sous nos yeux et de rétablir la cessation des hostilités, sous peine de faire basculer ce Conseil du « mauvais côté de l’Histoire », a-t-il prévenu, en précisant que le nombre total de personnes assiégées en Syrie s’élève désormais à 861 200. 

En l’absence de solution politique, le rôle des personnels humanitaires est de venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin en leur fournissant des vivres, des abris, une protection et des moyens de subsistance, a expliqué M. O’Brien.  Or, la semaine dernière, un « coup cruel » a été porté à ces efforts, avec une attaque dévastatrice contre un convoi humanitaire, qualifiée d’« insensée » par le représentant de l’Uruguay.

Le 19 septembre, a-t-il rappelé, après que 31 camions ont livré de l’aide à l’ouest d’Alep, des personnels humanitaires ont été pris pour cibles et 18 de leurs membres ont été brutalement tués.  Quinze autres pilotes ont été blessés, de nombreux civils tués et blessés, et l’entrepôt où les stocks avaient été déposés gravement endommagés, de même qu’une clinique médicale à proximité. 

« Si les assaillants savaient qu’il s’agissait d’un convoi humanitaire et que l’attaque était délibérée, alors il s’agit d’un crime de guerre et les auteurs doivent savoir qu’ils seront tenus pour responsables de leurs actes », a averti M. O’Brien.  Rappelant que le Secrétaire général avait demandé l’ouverture d’une enquête, il a demandé à toutes les parties de soutenir cette investigation.

En dépit des difficultés qu’elles essuient, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence, les Nations Unies ont réussi à assister, ces derniers jours, 84 000 personnes à Talbiseh; 35 000 personnes à Moadsmiyeh; 70 000 personnes à Homs; et 60 000 personnes dans les localités de Madaya, Zabadani, Foah et Kefraya.  De plus, a-t-il noté, l’ONU poursuit ses opérations de parachutage et d’acheminement par pont aérien, avec pas moins de 126 livraisons effectuées de la sorte à Deïr el-Zor depuis avril dernier et 90 à Qamishly depuis août. 

Le Secrétaire général adjoint s’est toutefois dit déçu par les restrictions qui, « avec une régularité alarmante », font obstacle au déplacement des personnels humanitaires, constamment retardés par des « manœuvres bureaucratiques ».  À cela, a-t-il observé, s’ajoute la tactique consistant pour les Forces de sécurité syriennes à retarder la délivrance de l’aide, voire à « laisser périr » les articles de première nécessité.

« Rien qu’hier, un convoi en partance pour Douma, bien que muni de toutes les autorisations nécessaires, s’est vu refuser l’accès au dernier poste de contrôle gouvernemental. »  « Après avoir patienté plus de huit heures au dernier poste de contrôle syrien, il a été contraint de faire demi-tour », a relaté le haut fonctionnaire.

L’ONU attend maintenant la réponse du Gouvernement syrien au plan de convois interinstitutions prévus pour le mois d’octobre, et qui a été déposé le 19 septembre.  L’objectif de ce plan, a-t-il précisé, est de « venir en aide à 962 800 personnes dans 29 localités assiégées, difficiles à atteindre ou situées de part et d’autre des lignes de front ».  Dans l’imminence d’une réponse des autorités syriennes, qu’il a souhaitée « positive », le Secrétaire général adjoint a déclaré qu’il n’était pas permis d’attendre trois semaines avant que le premier convoi ne soit autorisé à passer.

Pour la délégation de l’Uruguay, le Conseil de sécurité doit maintenant assumer les responsabilités du Conseil de sécurité, « sous peine d’entrer dans l’Histoire pour son incapacité à mettre un terme à l’un des pires conflits ».  C’est pourquoi, elle a appelé les États-Unis et la Fédération de Russie à poursuivre le dialogue et à appliquer les accords existants en vue de mettre fin aux hostilités et d’instaurer la paix en Syrie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: ouverture de la session et appels pour la négociation des fonds nécessaires à l’exécution des tâches assignées à l’ONU dans le Programme 2030

Soixante et onzième session,
1re séance - Matin
AG/AB/4202

Cinquième Commission: ouverture de la session et appels pour la négociation des fonds nécessaires à l’exécution des tâches assignées à l’ONU dans le Programme 2030

Aujourd’hui à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, de nombreux groupes régionaux ont réclamé des négociations sur les fonds nécessaires à l’exécution des tâches assignées au Secrétariat de l’ONU dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  La Cinquième Commission, qui devrait terminer ses travaux le 9 décembre prochain, sera présidée Mme Inga Rhonda King de Saint-Vincent-et-les Grenadines.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre davantage de temps », s’est impatienté le représentant du Groupe des 77 et de la Chine au sujet de la mise en œuvre par l’ONU du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, tous deux adoptés l’an dernier.  Il a appelé les États à apporter un « soutien fort » à cette mise en œuvre et à débloquer les fonds nécessaires.  Ce soutien est d’autant plus crucial, a estimé le représentant de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), que la mise en œuvre du Programme 2030 a pris du retard.  Un retard, a ajouté celui de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui s’explique aussi par le fait qu’aucune proposition concrète n’a été soumise à ce jour par le Secrétariat de l’ONU.  Le représentant de la Norvège a conseillé de commencer déjà l’amélioration du financement du système des coordonnateurs résidents dont le rôle, a-t-il souligné, est essentiel pour les objectifs de développement durable.

Son homologue des États-Unis a mis en garde contre « la redondance entre les mandats » et demandé que les ressources soient allouées et hiérarchisées davantage en fonction des résultats.  Elle a insisté sur « la discipline budgétaire », arguant que l’importance accordée par le Secrétaire général sortant à cette discipline a permis de plafonner l’augmentation effrénée des dépenses budgétaires, « qui a eu cours pendant trop longtemps ».  Pour la troisième fois en 50 ans, s’est-elle réjouie, le budget biennal approuvé pour la période 2016-2017 est inférieur au montant de départ du budget biennal précédent.  « Une telle discipline budgétaire doit continuer. »

Le délégué de la Fédération de Russie n’a pas dit autre chose quand il a exigé que toute proposition allant dans le sens de la hausse des prévisions budgétaires soit « soigneusement expliquée ».  Toutes les mesures doivent être prises pour éviter l’augmentation du budget agréé, a renchéri le représentant de l’Union européenne qui a appelé à la prudence quant à l’adoption de résolutions ayant des incidences financières.  Son homologue de la Norvège a rappelé l’accord sur le partage des coûts conclu entre les organismes de l’ONU et les bureaux du Secrétariat.  « Ce n’est pas une question de moyens mais une question de principe. »

Pour avancer sur le financement, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a insisté sur la responsabilité qu’ont tous les États Membres de régler leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU « dans leur totalité, à temps et sans conditions préalables ».  Il a rejeté toute modification de la méthode de calcul du barème des quotes-parts car elle reflète « fidèlement » les évolutions économiques récentes.

Son homologue du Japon n’a pas semblé d’accord.  Il a défendu l’idée d’une nouvelle méthodologie qui refléterait davantage la « capacité réelle» des États à payer leur contribution, sur la base des données « les plus récentes, les plus exhaustives et les plus comparables possibles ».  L’amélioration de la méthodologie permettrait, en effet, de garantir une « répartition plus équitable » des contributions, a acquiescé le représentant de l’Union européenne, conseillant aux pays qui ont des arriérés d’établir des échéanciers de paiement pluriannuels lesquels, a-t-il argué, démontreraient leur volonté de s’acquitter de leurs obligations financières.

Ces échéanciers de paiement pluriannuels doivent être négociés sur une base volontaire, a contré le représentant du Groupe des 77 et de la Chine, et ne pas être utilisés comme un moyen de pression sur des pays qui éprouvent déjà des difficultés.

La Cinquième Commission tiendra une autre séance publique demain vendredi 30 septembre à partir de 10 heures.

ORGANISATION DES TRAVAUX (A/C.5/71/1 Et A/C.5/71/L.1)

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme CHUMLAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande) a appelé à ce que suffisamment de temps soit accordé aux délégations pour qu’elles puissent examiner les questions soigneusement.  Elle a insisté sur la nécessité d’avoir les documents de travail « suffisamment à l’avance » et dans toutes les langues officielles de l’Organisation.

Pour le Groupe des 77 et de la Chine, il est important que la Commission examine cette année la question de la mise en œuvre par l’ONU de certaines dispositions du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  « Nous ne pouvons nous permettre de perdre davantage de temps », s’est-elle impatientée.  Les États doivent débloquer des ressources suffisantes.

La représentante a aussi souligné l’importance des questions liées à la réforme de la gestion des ressources humaines, à la gestion des biens immobiliers de la Commission économique pour l’Afrique et de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, ainsi qu’à Umoja et au plan-cadre d’équipement.  Elle s’est dite prête à coopérer de manière constructive, inclusive et transparente avec le Bureau et toutes les autres délégations pour assurer le succès à cette session.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a, lui aussi, insisté sur les questions de la mise en œuvre par l’ONU du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, sur le projet de budget 2018-2019 et celui des missions politiques spéciales, sans oublier l’appui à la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), aux chambres extraordinaires des Tribunaux cambodgiens et au travail « critique » du Bureau des services de contrôle interne (BSCI).  Le Secrétariat, a-t-il aussi insisté, doit donner suffisamment de ressources pour la bonne exécution des mandats confiés par l’Assemblée générale.

La Commission, a poursuivi le représentant, a un agenda « chargé et complexe » et à cet égard, la publication en temps voulu des documents est « essentielle ».  La Commission doit aussi prévoir suffisamment de temps pour examiner les questions et il faut espérer que le Secrétariat travaillera étroitement avec le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  L’année dernière, et « contre toute attente », la Commission a fini ses travaux avant la saison des fêtes.  Poursuivons sur cet élan, a encouragé le représentant, en promettant de travailler dans un esprit constructif.

Au de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. FRANCISCO CORTORREAL (République dominicaine) a, à son tour, insisté sur l’importance de la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba par l’ONU et dénoncé à cet égard les retards pris par le Secrétaire général de l’ONU.  Après avoir insisté également sur la réforme du barème des quotes-parts et salué la Colombie pour avoir mis fin à plusieurs décennies de guerre civile, il a souligné que la Cinquième Commission a désormais la responsabilité de faire en sorte que la Mission de l’ONU reçoive les ressources et le soutien suffisants de la part des États Membres pour mettre en œuvre efficacement son mandat.

Le représentant s’est aussi attardé sur la question de la représentation géographique au sein du personnel de l’ONU, en particulier s’agissant des postes de direction.  Il a ensuite regretté que la Cinquième Commission n’ait pas été en mesure d’avancer sur la question du financement des missions politique spéciales, en arguant des conséquences néfastes sur le budget et la transparence de l’Organisation.  Le représentant a conclu en demandant, à son tour, que les délégations aient suffisamment de temps pour discuter efficacement des questions à l’ordre du jour.  Les documents de travail doivent être présentés à l’avance et dans toutes les langues officielles de l’Organisation, a-t-il insisté.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. BACHAR BONG ABDALLAH (Tchad) a salué l’élection d’une femme à la tête de la Cinquième Commission et le fait que les rapports de la présente séance aient été publiés à temps, émettant le vœu de voir cette tendance se perpétuer afin de faciliter un travail « harmonieux » de la Commission.  Il a rappelé que l’année devrait être consacrée à la gestion des ressources humaines, souhaitant de ce fait que cette question soit prioritaire dans le programme de travail.  Il a averti que son Groupe n’allait pas quitter la salle tant qu’une décision finale ne sera pas prise sur cette question.

Le représentant a aussi indiqué que son Groupe entend accorder une attention particulière à des sujets tels que le Régime des pensions des Nations Unies et le Régime commun des Nations Unies et ce, en attendant la publication des propositions concernant le financement de la mise en œuvre par l’ONU du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a également mis l’accent sur la mise en œuvre des aménagements et des projets immobiliers, notamment dans le « Africa Hall » de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Parmi les intérêts du Groupe, il a aussi évoqué le financement des missions politiques spéciales, y compris la proposition de renforcement du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, ainsi que des sujets dont l’examen est inachevé et concernant le financement et l’appui de ces missions politique spéciales.  Il a ajouté que son Groupe va également examiner en détail les questions en rapport avec le travail du Comité des commissaires aux comptes, du Bureau des services de contrôle interne, du Corps commun d’inspection, et le financement des missions de maintien de la paix, en particulier les Missions au Mali, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo et en Côte d’Ivoire.

Au sujet du barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses de l’Organisation des Nations Unies, notamment sur la question mentionnée par l’Article 19 de la Charte et portant sur la non-participation aux procédures de vote pour des États en retard dans le paiement de leur contribution aux dépenses de l’Organisation, M. Bong Abdallah a indiqué que son Groupe souhaiterait que les décisions soient prises dans la célérité afin que les États Membres puissent pleinement participer aux travaux de l’Assemblée générale.  Il a en outre dit ne pas partager les avis de certaines délégations au sujet des retards permanents dans les travaux de la Commission, indiquant qu’un travail collectif acharné, un engagement constructif, le dévouement et le sacrifice restent l’une des solutions viables face aux défis auxquels la Commission est confrontée.  « Nous sommes prêts à sacrifier notre temps pour le bien-être des gens que nous servons », a-t-il promis, souhaitant également que les négociations au sein de la Commission se déroulent de manière ouverte, inclusive, transparente et dans les délais impartis.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. WALTON WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a estimé qu’il était crucial que les documents officiels du Secrétariat comme du CCQAB soient mis à temps à la disposition de la Commission pour lui permettre de travailler de la façon la plus efficace et informée possible.  La date de publication des rapports ne doit toutefois pas déterminer l’ordre de priorités des États Membres: « seul le programme de travail reflète les priorités accordées par les États aux questions examinées, ces priorités ne pouvant être modifiées en raison des dates auxquelles les documents sont mis effectivement à notre disposition », a-t-il insisté.

M. Webson a déploré qu’aucune proposition étayée sur la mise en œuvre par l’ONU du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba n’ait été soumise pour examen à la Commission.  Or la CARICOM, a-t-il dit, est persuadée que le Secrétariat de l’ONU a un rôle déterminant à jouer dans l’exécution des mandats de l’Assemblée générale.  Enfin, M. Webson s’est dit convaincu que le Bureau de la Cinquième Commission continuerait de faire en sorte que le programme de travail reflète l’intérêt collectif de l’Assemblée générale et que les délibérations soient conduites de manière ouverte, inclusive et transparente plutôt que des négociations en petits comités.

M. JAN DE PRETER, Union européenne, a, à son tour, insisté sur la publication en temps voulu et dans les six langues officielles de l’ONU de toute la documentation attendue.  Nous resterons « vigilants », a-t-il prévenu.  Le représentant s’est dit également convaincu que la Commission est « tout à fait capable » de parvenir à des décisions consensuelles « dans les heures normales », sans rogner sur les week-ends et sans passer de nuits.  Le travail en dehors de ces heures doit être « l’exception » et non « la règle ».  La Commission, qui a un rôle clef à jouer pour instaurer l’ouverture, la transparence, l’efficacité dans l’exécution des mandats, ne devrait laisser aucune place « aux accords négociés en catimini derrière des portes closes ».

Malgré la prouesse de l’année dernière, a poursuivi le représentant, la gestion du temps reste un problème « grave » dans cette Commission qui continue de se saisir de nouvelles questions à un stade déjà avancé de ses travaux.  Certes, quatre semaines pour une seconde reprise de session qui succède directement à la session du Comité de la coordination et des programmes ne suffisent pas.  Nous espérons donc, a dit le représentant, que la Commission saura trouver une solution durable dans l’intérêt du multilinguisme, de la transparence, de l’ouverture et du personnel dont les moyens de subsistance dépendent des décisions budgétaires que nous prenons ici.  « Ensemble, nous pouvons le faire », a encouragé le représentant, avant de s’attarder sur « des principes généraux ».

L’efficacité et la discipline budgétaire, s’est-il expliqué, sont « cruciaux » pour le bon fonctionnement de l’ONU, surtout maintenant que les défis qui émergent ou qui se compliquent conduisent à de nouvelles fonctions et à de nouveaux mandats.  L’Union européenne estime, à cet égard, que les initiatives comme celle des technologies de l’information et de la communication et UMOJA n’ont pas encore atteint leur plein potentiel.  Nous espérons des progrès à cet égard, a-t-il prévenu.  Il faut aussi réadapter les priorités et réaffecter les ressources vers les nouveaux mandats, à la lumière des nouveaux défis de l’Organisation.

Le représentant a insisté sur la position de l’Union européenne selon laquelle toutes les mesures doivent être prises pour éviter l’augmentation du budget agréé.  Il a donc appelé ses homologues au strict respect de l’article 153 du règlement intérieur de l’Assemblée générale et des autres procédures pertinentes relatives aux nouvelles ressources et à l’adoption de résolutions ayant des incidences financières.  L’Union européenne est déterminée à doter l’ONU des ressources nécessaires mais, a conclu le représentant, elle est fermement convaincue que l’on peut encore améliorer « substantiellement » l’efficacité dudit travail.

M. GUO XUEJUN (Chine) a appelé la Cinquième Commission à apporter un « soutien fort » aux efforts déployés par l’ONU pour s’acquitter de ses mandats, en particulier « l’allocation de ressources prévisibles » pour la mise en œuvre du Programme 2030.  « Nous souhaitons également que cette Commission formule une esquisse budgétaire raisonnable pour 2018-2019 », a-t-il ajouté.  M. Guo Xuejun a également appelé à améliorer la planification et la gestion du budget de l’Organisation, insistant sur la nécessité de faire preuve de discipline budgétaire.  Il a appelé les États Membres à travailler dans un esprit de compromis afin de terminer l’examen de tous les points à l’ordre du jour dans les délais prévus.

Le représentant a enfin regretté la publication tardive, voire, dans certains cas, l’absence totale des documents de travail.  Il a, par conséquent, appelé à ce que ces derniers soient mis à la disposition des États Membres en temps voulu.

Mme ISOBEL COLEMAN (États-Unis) a souhaité saisir l’occasion offerte par l’élection prochaine d’un nouveau secrétaire général pour faire le bilan des réformes entamées sous le mandat du Secrétaire général actuel, M. Ban Ki-moon.  Mme Coleman a salué ce dernier pour avoir entrepris des réformes allant dans le sens d’une plus grande transparence dans le fonctionnement de l’Organisation et d’une meilleure rationalisation de ses activités.

« L’importance accordée par le Secrétaire général à la discipline budgétaire a permis de plafonner l’augmentation effrénée des dépenses budgétaires, qui a eu cours pendant trop longtemps », s’est-elle réjouie, notant que, pour la troisième fois seulement en 50 ans, le budget biennal approuvé pour la période 2016-2017 est inférieur au montant de départ du budget biennal précédent.  « Une telle discipline budgétaire doit continuer. »

La représentante a souligné les progrès réalisés, durant les mandats de M. Ban, en matière d’utilisation des ressources.  La mise en œuvre des normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS) et du progiciel de gestion intégré Umoja ont contribué à l’amélioration de la transparence dans la gestion.  Mme Coleman a appelé à prendre appui sur ces outils pour améliorer encore l’efficacité des méthodes employées par l’ONU.

S’agissant des priorités de son pays pour cette nouvelle session, elle a appelé, en premier lieu, à définir et mettre en œuvre une gestion des ressources humaines capable « d’attirer et de retenir le mieux possible les talents ».  Elle a ajouté que cette question est d’autant plus importante que le personnel représente 70% des dépenses de l’ONU.

En second lieu, avec le déploiement d’Umoja, Mme Coleman a appelé à rationaliser davantage les services fournis par l’Organisation, notamment en réduisant leurs coûts.  « Il faut éviter la redondance entre les mandats », a déclaré la représentante, ajoutant que trop de services sont en concurrence pour l’allocation de ressources, alors même que « l’efficacité des résultats dans l’exécution de leurs mandats n’est jamais évaluée ».  Mme Coleman a par conséquent appelé à ce que les ressources soient allouées et hiérarchisées davantage en fonction des résultats.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a exhorté le Bureau de la Cinquième Commission à coopérer étroitement avec les différents groupes régionaux sur les questions d’organisation pour garantir la transparence et l’ouverture.  « Nous estimons que la présidence a un rôle important en ce qui concerne l’allocation de temps à chaque point en fonction de sa complexité et de son importance.  Le représentant a jugé prioritaire d’appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable et du Programme d’action d’Addis-Abeba.  « Nous ne pouvons plus perdre de temps », s’est impatienté M. Munir.

En ce qui concerne la réforme de la gestion des ressources humaines, il a jugé vital d’amender le règlement du personnel et de s’attaquer à la question des prestations de la fonction publique internationale.  En outre, il s’est dit préoccupé par la distribution tardive des documents dans les six langues officielles, en estimant que ce retard « chronique » retarde la bonne prise de décisions et nuit à la qualité des débats et au bon déroulement des travaux.  « L’heure est venue de s’attaquer à ce vieux problème », a estimé le représentant.

M. KATSUHIKO chine (Japon) a vu un ordre du jour chargé de nombreuses questions importantes dont les prévisions budgétaires 2018-2019, la réforme de la gestion des ressources humaines et d’autres questions dont l’examen avait été reporté lors des sessions précédentes.  Le représentant a appelé les États à faire preuve de « cohésion » pour permettre à l’Assemblée générale d’adopter une résolution sur la réforme de la gestion des ressources humaines maintenant que nous nous apprêtons à nommer le prochain secrétaire général de l’ONU.  Il faut, à cet égard, préserver la tradition du consensus de la Cinquième Commission.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a espéré que la Cinquième Commission pourra cette année, comme l’année dernière, finir ses travaux avant Noël.  Nous nous apprêtons au mois de janvier à accueillir un nouveau secrétaire général qui aura la tâche « immense » d’adapter l’Organisation aux enjeux majeurs qui nous attendent.  Même si cette session est consacrée principalement à la gestion des ressources, le représentant a insisté qu’elle devra aussi lancer le cycle de planification du projet de budget biennal 2018-2019.  Il a mis l’accent sur trois aspects dont le financement des missions politiques spéciales, celui des bureaux des coordonnateurs résidents de l’ONU, et celui du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  Il a estimé que ces trois aspects étaient incontournables pour garantir l’efficacité mais aussi la crédibilité de notre Organisation.

Alors que l’augmentation du nombre des missions politiques spéciales et la nature de plus en plus complexe de leur mandat depuis 15 ans se confirment, le représentant s’est notamment félicité de la création de la nouvelle mission politique spéciale pour encadrer la mise en œuvre des Accords de paix qui mettent fin à 52 années de conflit en Colombie.  Il a jugé « indispensable » de trouver les moyens de renforcer l’efficacité et le bon fonctionnement de ces missions et « cela passe par les bonnes ressources humaines et la bonne connaissance des spécificités de chaque mission », a-t-il insisté avant d’appuyer l’idée d’un financement distinct et séparé de chaque mission politique.

Il a aussi appelé à améliorer le financement du système des coordonnateurs résidents dont le rôle est essentiel pour les objectifs de développement durable.  Dans ce contexte, il a voulu que la Cinquième Commission respecte l’accord de partage des coûts conclu entre les organismes de l’ONU et les bureaux du Secrétariat dans le cadre du Groupe des Nations Unies pour le développement.  « Ce n’est pas une question de moyens mais une question de principe » a-t-il insisté.

Enfin, il a plaidé pour le renforcement du pilier « droits de l’homme » pour trouver un meilleur équilibre entre les trois piliers du travail de l’ONU.  Il a ainsi regretté que la Commission n’ait pas été en mesure de trouver un accord sur le financement de la restructuration du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme.  Il a jugé indispensable une restructuration qui rapprochera les droits de l’homme du terrain et stimulera l’interaction du Haut-Commissariat avec les partenaires régionaux.

M. MARCIO SANDRO ALEIXO PEREIRA BURITY (Angola) a souligné l’atmosphère positive qui a prévalu lors de la précédente session de la Cinquième Commission.  Il a toutefois appelé le Secrétariat à fournir aux États Membres les documents de travail en temps opportun, et non en retard, comme cela a « souvent été le cas par le passé ».  Il a souhaité que les délibérations de la Commission se fassent dans un climat « ouvert, inclusif et transparent » et à ce titre, il a appelé à éviter les « discussions en petits comités » et souhaité que des propositions concrètes soient formulées rapidement concernant l’établissement du barème des quotes-parts.

M. SERGEY V. KHALIZOV (Fédération de Russie) a mis en garde contre la tendance de ces dernières années à revoir à la hausse les prévisions budgétaires.  « Toute proposition allant dans ce sens doit être soigneusement expliquée », a-t-il insisté, tout en soulignant que ces propositions doivent se faire dans le respect des principes de discipline budgétaire et d’efficacité.  Le représentant a annoncé l’intention de son pays « d’étudier avec soin » la possibilité de réduire les dépenses liées à Umoja.

Concernant la gestion des ressources humaines, il s’est dit préoccupé par l’absence d’informations sur la politique de mobilité du personnel et a espéré que la Commission pourra adopter, durant cette session, une résolution sur cette question.  De manière générale, il a appelé le Secrétariat à fournir aux États Membres des informations claires sur la gestion du personnel.

S’agissant de la modification des méthodes de travail de la Cinquième Commission, le représentant a douté du bien-fondé de la proposition visant à prolonger la durée de la session de la Commission car les nombreuses réunions officieuses permettent déjà « une bonne analyse des rapports ».  Il s’est d’abord prononcé pour des mesures visant à améliorer la préparation des travaux de la Commission.  C’est seulement dans un second temps, a-t-il estimé, que pourra être envisagée l’opportunité de prolonger la durée de la session.  Une telle prolongation, a-t-il prévenu, aurait des répercutions budgétaires et devrait respecter les procédures établies par l’Assemblée générale et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).

BARÈME DES QUOTES-PARTS POUR LA RÉPARTITION DES DÉPENSES DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/71/11 ET A/71/73

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) a rappelé que l’Organisation devait obtenir de la part des États Membres les moyens nécessaires pour mettre en œuvre ses mandats.  Elle a insisté sur la responsabilité de tous les États Membres, conformément à la Charte de l’ONU, de régler leurs contributions dans leur totalité, à temps et sans conditions préalables.  Mettant l’accent sur les réelles difficultés des pays en développement pour faire face à leurs obligations financières, elle a insisté sur la pertinence de l’Article 19 de la Charte.  Dans ce contexte, elle a fait siennes les recommandations du Comité des contributions de permettre aux Comores, à la Guinée-Bissau, à Sao Tomé-et-Principe et à la Somalie de voter jusqu’à la fin de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale.  Les échéanciers de paiement pluriannuels doivent être volontaires et ne pas être utilisés comme un moyen de pression sur des pays qui ont déjà des difficultés.

Conformément à la Déclaration ministérielle du Groupe des 77 et de la Chine datant du 23 septembre 2016, Mme Wairatpanij a rejeté toute modification de la méthode de calcul des quotes-parts.  La méthodologie utilisée reflète fidèlement les changements économiques intervenus.  Par ailleurs, elle a précisé que le Groupe des 77 et la Chine réaffirment la pertinence des éléments clefs de la méthode actuelle, tels que le produit national brut, les taux de conversion, le dégrèvement accordé aux pays à faible revenu par habitant, l’ajustement au titre de l’endettement, les taux plancher et les taux plafond pour les pays les moins avancés.  Ces éléments ne sont pas négociables et doivent demeurer intacts.  Toutefois, la représentante a estimé que le plafonnement des quotes-parts à 22%, produit d’un compromis politique, est contraire au principe de la capacité de paiement et constitue une distorsion du barème.  Elle a donc demandé à l’Assemblée générale de réexaminer cet arrangement à la lumière des dispositions du paragraphe 2 de la résolution 55/5 C de l’Assemblée générale

Mme CARMEN CSERNELHAZI, Union européenne, a appelé à mettre en œuvre les recommandations du Comité des contributions s’agissant de la méthodologie du barème des quotes-parts car ce point de vue est « très complet ».  Il faut améliorer la méthodologie de calcul pour garantir une répartition plus équitable des dépenses de l’Organisation, en tenant compte de la réelle capacité de payer.  S’agissant de l’Article 19 de la Charte, elle a souligné que le paiement des contributions est « le devoir » de tous les États Membres.  Elle a tout de même reconnu que des éléments indépendants de la volonté des États peuvent les empêcher de régler leurs contributions à temps.  Les échéanciers de paiement pluriannuels peuvent aider les États à réduire le montant de leurs arriérés et à démontrer ainsi leur volonté de s’acquitter de leurs obligations financières à l’égard de l’Organisation.

M. KATSUHIKO IMADA (Japon) a déclaré que son pays, « l’un des principaux contributeurs au budget de l’ONU », attache une grande importance à l’établissement du barème des quotes-parts.  Le Japon, a-t-il argué, a continué de s’acquitter fidèlement de sa contribution, malgré les difficultés financières et économiques auxquelles il continue à faire face.  Il a plaidé pour le maintien du principe de base actuel selon lequel chaque État Membre doit s’acquitter du versement de sa contribution « en fonction de sa capacité de paiement ».

Il a appelé à une méthodologie qui reflète davantage « la réalité » de cette capacité de paiement, « de façon plus équitable » et sur la base des « données les plus récentes et les plus exhaustives et les plus comparables possibles ».  À ce titre, il a annoncé que son pays prendra une part active aux négociations.

Concernant l’Article 19 de la Charte des Nations Unies, M. Imada a appuyé les recommandations du Comité des contributions concernant les exemptions à son application.  Parallèlement, il a encouragé les États placés sous le coup de cet article à envisager de présenter des échéanciers de paiement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation ouvre sa session le 3 octobre avec un record de 133 demandes d’audition

Soixante et onzième session 
1re séance – matin
CPSD/605

La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation ouvre sa session le 3 octobre avec un record de 133 demandes d’audition

La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation commence ses travaux de fond le 3 octobre, avec l’examen des 17 territoires non autonomes inscrits à son ordre du jour dont un nombre record de 133 demandes d’audition de la part des représentants de ces territoires.*

Du 3 au 10 octobre, la Commission tiendra un débat général sur tous les points relatifs à la décolonisation et dans ce cadre, un nombre record de 133 pétitionnaires a demandé à être entendu dont le Président de la Polynésie française, le Vice-Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, le Ministre principal de Gibraltar et d’autres personnalités des Îles Falkland (Malvinas), des Îles Vierges américaines, des Îles Vierges britanniques et du Sahara occidental. 

La Commission a prévu d’examiner la question de la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace les 11, 12 et 13 octobre.  Mais comme la fête du « Yom Kippour » tombe, cette année, le 12 octobre, elle ne tiendra ce jour-là qu’une séance informelle.  

Après les questions relatives à l’information, du 14 au 19 octobre, la Commission se penchera sur celles des opérations de maintien de la paix jusqu’au 27 octobre, puis s’attaquera aux effets des rayonnements ionisants, le 28 octobre. 

Les 31 octobre et le 1er novembre, ce sera le moment d’examiner le rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, puis, les 2 et 3 novembre, celui de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

La Commission a souligné son intention de poursuivre la pratique des débats interactifs avec les chefs des départements ou bureaux chargés des questions relatives aux utilisations pacifiques de l’espace, à l’information, au maintien de la paix, aux missions politiques spéciales, aux effets des rayonnements ionisants et à l’UNRWA. 

Le Président de la Quatrième Commission, M. Vladimir Drobnjak, de la Croatie, a rappelé que toutes les séances publiques seront retransmises en direct sur le site de l’ONU et les communiqués de presse seront publiés en anglais et en français  https://www.un.org/press/fr.  Le Secrétariat de l’ONU a aussi créé un site Internet à l’intention des délégations de la Quatrième Commission.

Outre le Président, le Bureau de la Commission est composé des Vice-Présidents MM. Juan Antonio Benard Estrada du Guatemala, Hossein Maleki de la République islamique d’Iran et Wouter Poels de la Belgique.  M. Awale Ali Kullane de la Somalie fera office de Rapporteur.

La Commission, qui devrait achever ses travaux le 8 novembre, tiendra sa prochaine séance plénière, lundi 3 octobre 2016, à partir de 15 heures.

 

A/C.4/71/L.1, A/C.4/71/INF/1, A/C.4/71/INF/4

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Secrétaire général exhorte le Conseil de sécurité à agir pour renforcer la protection des soins médicaux en période de conflit, au cours d’une séance hantée par le « carnage » à Alep

7779e séance – matin
CS/12536

Le Secrétaire général exhorte le Conseil de sécurité à agir pour renforcer la protection des soins médicaux en période de conflit, au cours d’une séance hantée par le « carnage » à Alep

« Imaginez un abattoir.  C’est pire.  Même un abattoir est plus humain. »  C’est par ces mots sur le « carnage » qui se poursuit à Alep que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a ouvert la réunion que le Conseil de sécurité a consacrée, ce matin, aux services de santé en période de conflit armé, quelques mois après l’adoption de la résolution 2286 (2016) qui exhorte États Membres et parties à un conflit à garantir leur protection.

Dans un contexte marqué par les bombardements qui ont frappé, ce matin, deux nouveaux hôpitaux à Alep –« des crimes de guerre » selon lui- le Secrétaire général a détaillé certaines de ses recommandations formulées dans une lettre* en date du 18 août 2016 en vue de renforcer la protection des personnes blessées, malades, du personnel médical et des installations médicales.  Il a notamment proposé de les protéger lors de la planification et la conduite d’opérations militaires et demandé que les auteurs de violations soient punis.  « Ce Conseil a un rôle clef à jouer », a insisté M. Ban.

Ces recommandations ont été accueillies favorablement par les Présidents du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de Médecins sans frontières (MSF) qui se sont exprimés aujourd’hui et par la plupart des délégations, à commencer par celle de la Fédération de Russie qui s’est dite prête à en débattre « de manière circonstanciée ».  Aux représentants des États-Unis et du Royaume-Uni qui ont accusé la Fédération de Russie de frapper des hôpitaux en Syrie, il a rétorqué qu’il s’agissait « d’une politique de déstabilisation inadmissible » menée par leurs pays.

« Soyons clairs, ceux qui usent d’armes toujours plus destructrices savent exactement ce qu’ils font.  Ils savent qu’ils commettent des crimes de guerre », a affirmé, au début de son intervention, le Secrétaire général à propos des nouveaux bombardements d’hôpitaux à Alep.  Il a demandé aux membres du Conseil d’imaginer la destruction commise à Alep, les personnes « aux membres arrachés », les enfants « en train de mourir, avec nulle part où aller et aucune lumière au bout du tunnel ».  

Il a indiqué que 95% du personnel de santé présent à Alep avant la guerre avaient fui, étaient emprisonnés ou avaient été tués.  « Une guerre est menée contre le personnel de santé à Alep », a déclaré le Secrétaire général.  L’opinion publique, a-t-il dit, ne sait qu’une chose: « le monde les a abandonnés, nous les avons abandonnés ».  C’est pourquoi, a-t-il souligné, il faut prendre des actions concrètes pour y remédier, s’agissant notamment de la prévention, qui est le premier volet de ses recommandations.

M. Ban a ainsi appelé les États Membres à mettre leur législation en conformité avec le droit international humanitaire et à faire en sorte que leurs décisions de politique étrangère, telles que les ventes et transferts d’armes, respectent la protection des soins médicaux.  S’agissant du second volet, « la protection », il a demandé la protection des centres de soin et du personnel de santé dans la planification et la conduite d’opérations militaires.

Concernant la reddition de comptes, le Secrétaire général a appelé les États Membres et parties à un conflit armé à faire en sorte que les auteurs de violations soient poursuivis et punis.  Cela signifie que des enquêtes systématiques et impartiales doivent être conduites sur des incidents spécifiques, a-t-il précisé.  De son côté, la Présidente international de Médecins sans frontières, Mme Joanne Liu, a exhorté les États Membres « à respecter leurs engagements ».

Celle-ci a également appelé les membres du Conseil à « révoquer le permis de tuer », octroyé au nom de la lutte contre le terrorisme à « quatre des cinq membres permanents » du Conseil impliqués dans des attaques ciblant régulièrement des personnels et infrastructures de santé au Yémen et en Syrie.  Pour sa part, le Président du CICR, M. Peter Maurer, a demandé la nomination d’un représentant spécial chargé de signaler et de documenter les attaques contre des infrastructures et personnels de santé et patients. 

La plupart des délégations ont accueilli favorablement les recommandations du Secrétaire général, à commencer par le représentant de la Malaisie qui a jugé qu’elles constituaient « un cadre directeur satisfaisant ».  Même son de cloche du côté du délégué de la Nouvelle-Zélande qui a estimé que, si elles étaient toutes appliquées, elles assureraient la mise en œuvre des mesures prévues par la résolution 2286 (2016).  Les délégués ont également insisté sur l’importance de mettre fin à l’impunité, à l’instar du représentant de la France qui a jugé crucial de mener des enquêtes impartiales et indépendantes d’établissement des faits.

La situation à Alep a été largement commentée, notamment par le représentant du Royaume-Uni qui a accusé les forces de la Fédération de Russie et du régime syrien d’attaquer des installations médicales dans cette ville.  « Les civils à Alep sont mutilés par des frappes de la Fédération de Russie et du régime d’Assad et ne peuvent se faire soigner en raison du siège de la ville du fait de ces deux mêmes acteurs », a appuyé son homologue des États-Unis.

Cette position a été balayée par le représentant russe.  Certains pays, a-t-il dit, utilisent le Conseil pour accuser la Russie sur la foi de données peu fiables.  Il a également regretté que les militaires américains responsables de l’attaque d’un hôpital à Kunduz, en Afghanistan, l’année dernière, n’aient pas été sanctionnés pénalement.  « Nous avons assumé nos responsabilités et exprimé nos regrets les plus sincères », a assuré, à ce propos, la déléguée des États-Unis.  Les résultats de l’enquête sur cet incident, a-t-elle précisé, ont été rendus publics.

*S/2016/722

PROTECTION DES CIVILS DANS LES CONFLITS ARMÉS

Les soins de santé en période de conflit armé

Lettre datée du 18 août 2016, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2016/722)

Déclarations liminaires

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord rendu hommage au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et à Médecins sans frontières (MSF) pour leur dévouement et leur professionnalisme.  « Ce matin, nous nous sommes réveillés en apprenant que de nouvelles frappes ont visé deux hôpitaux à Alep », a-t-il dit.  « Soyons clairs, ceux qui usent d’armes toujours plus destructrices savent exactement ce qu’ils font.  Ils savent qu’ils commettent des crimes de guerre », a-t-il soutenu.  M. Ban a demandé aux membres du Conseil d’imaginer la destruction commise à Alep, les personnes mutilées, les enfants pris dans des douleurs atroces, « en train de mourir, avec nulle part où aller et sans lumière au bout du tunnel ».  « Imaginez un abattoir », a-t-il insisté, en disant que la situation à Alep était encore plus grave.  « Même un abattoir est plus humain. »

Il a indiqué que 95% du personnel de santé présent à Alep avant la guerre avaient fui, étaient emprisonnés ou encore tués.  « Une guerre est menée contre le personnel de santé à Alep. »  Citant les mots suivants d’un professionnel de la santé à Alep, le Secrétaire général a dit: « Nous n’avons pas le temps d’avoir peur, chaque jour, nous sommes écrasés comme des insectes et le monde nous a abandonnés ».

L’opinion publique, a fait observer M. Ban, ne fait pas de distinction entre États Membres, le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de l’ONU.  « Elle ne sait qu’une chose: le monde les a abandonnés, nous les avons abandonnés », a-t-il dit, avant de souligner la nécessité de prendre des actions concrètes pour y remédier.  Il a ensuite rappelé que le droit international était pourtant clair: le personnel médical et les centres de soin doivent être protégés, les personnes blessées et malades –civils comme combattants– doivent être épargnées, les attaques délibérées contre des hôpitaux constituent des crimes de guerre et le refus de soins essentiels viole le droit international humanitaire.

Le Secrétaire général a ensuite rappelé la résolution 2286 (2016) sur la protection des soins médicaux en période de conflit armé, adoptée le 3 mai dernier par le Conseil de sécurité.  « Depuis mai, il n’y a pas eu de répit », a poursuivi le Secrétaire général, en mentionnant les 19 personnes mortes dans l’attaque d’un hôpital géré par MSF à Hajjah au Yémen le mois dernier et les 70 personnes décédées au Pakistan le 8 août dans un attentat-suicide perpétrée contre un hôpital. « Et en Syrie, le carnage se poursuit et personne n’est épargné. »

Il a affirmé que le Sommet humanitaire mondial avait réaffirmé que la protection de l’humanité lors de conflits armés était une priorité.  Ce Conseil a, à ce titre, une responsabilité et une influence sans équivalent, a-t-il affirmé.

Le Secrétaire général a rappelé que la résolution précitée exhortait les parties à un conflit armé et les États Membres à prendre des mesures concrètes, avant de détailler les recommandations qu’il a soumises à ce Conseil.  « Premièrement, la prévention », a-t-il dit, en appelant chaque État Membre à promouvoir la protection des soins médicaux en période de conflit armé.  Il a également appelé les États Membres à mettre leur législation nationale en conformité avec le droit international humanitaire, à établir un dialogue entre personnel médical, organisations de la société civile et autorités et à faire en sorte que les décisions de politique étrangère, telles que les ventes et transferts d’armes, respectent la protection des soins médicaux.

« Deuxièmement, la protection », a déclaré le Secrétaire général, en appelant les États Membres et les parties à un conflit à protéger les centres de soin et le personnel de santé dans la planification et la conduite d’opérations militaires.  Mes recommandations concernent les directives militaires, la localisation des cibles, une présence militaire visible dans et autour des installations médicales, des mesures de sommation et les évacuations, a précisé M. Ban.

« Troisièmement, la reddition de comptes », a affirmé le Secrétaire général, en demandant aux États Membres et parties à un conflit armé de faire en sorte que les auteurs de violations soient poursuivis et punis.  Il a précisé que cela signifiait la conduite d’enquêtes systématiques et impartiales sur des incidents spécifiques, ainsi que la collecte et analyse des données de bonne qualité.

Estimant que les restrictions de soins médicaux constituaient le signe d’une érosion plus globale du droit international humanitaire, le Secrétaire général a indiqué que l’échec à agir était un affront à « notre commune humanité ».  Cela sape les obligations juridiques des États et le système multilatéral dans son ensemble, a affirmé M. Ban.  Il est nécessaire de faire fond sur les engagements pris lors du Sommet humanitaire mondial et de mener des efforts internationaux pour promouvoir le respect des normes protectrices de l’humanité, a-t-il souligné, avant d’assurer que le Conseil avait un rôle clef à jouer.  En conclusion, le Secrétaire général a exhorté les États Membres du Conseil à surmonter leurs divisions et à assumer leurs responsabilités en Syrie et dans le monde.

Mme JOANNE LIU, Présidente internationale de Médecins sans frontières, a déclaré que, la semaine dernière, le monde avait été témoin d’une attaque sauvage contre un convoi humanitaire conjoint des Nations Unies et du Croissant-Rouge arabe syrien et contre un hôpital près d’Alep.  « Juste quand on pensait que les choses ne pouvaient pas être pires, on descend encore d’un niveau dans l’horreur », a-t-elle dit, en citant le Secrétaire général.  En effet, nous y sommes descendus.  La conduite de la guerre ne connaît aujourd’hui aucune limite, c’est une course vers le vide, a poursuivi Mme Liu.  L’assaut sans relâche perpétré par les forces russes et syriennes au cours des derniers jours, sans évacuation possible, et des corps gisant sans sépulture, le démontrent amplement. 

Pourtant, vous, les membres du Conseil de sécurité, vous vous êtes engagés à protéger les civils et les services médicaux en adoptant à l’unanimité la résolution 2286 (2016), a rappelé la Présidente, en constatant que sa mise en œuvre était restée lettre morte.  Cet échec reflète un manque de volonté politique, entre États Membres combattant au sein de coalitions et « ceux qui leur en donnent les moyens ».  Respectez vos engagements, a-t-elle insisté, en rappelant que le terme d’« erreur » ne saurait s’appliquer aux « attaques horribles » commises en août dernier contre l’hôpital d’Abs, au Yémen, ou ce matin même, contre deux hôpitaux de l’est d’Alep, en Syrie.

Au Yémen et en Syrie, « quatre des cinq membres permanents » du Conseil de sécurité sont impliqués dans les attaques qui prennent régulièrement pour cibles des personnels et des infrastructures de santé, a soutenu Mme Liu, qui a précisé qu’un « permis de tuer » avait ainsi été reçu au nom de la lutte contre le terrorisme.  Elle a appelé les membres du Conseil à « révoquer » ce permis et à établir les responsabilités en menant des enquêtes crédibles.  « Je vous adresse ce message presque un an jour pour jour après la destruction, par les États-Unis, de l’hôpital de MSF à Kunduz, en Afghanistan.  Nous attendons toujours qu’une enquête indépendante sur les circonstances dans lesquelles 42 patients et personnels de santé ont été tués », a-t-elle dit. 

Non seulement, elle a demandé la mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général s’agissant de l’ouverture d’enquêtes impartiales, mais aussi que celui-ci nomme un représentant spécial chargé de signaler et de documenter les attaques contre des infrastructures et personnels de santé et patients.  « L’impunité doit finir », a-t-elle tranché.

M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), s’exprimant par visioconférence depuis Genève, a dénoncé les attaques lancées ce matin contre deux hôpitaux à Alep.  Il a rappelé les pays qui ont connu de telles attaques, comme le Soudan, la République centrafricaine ou bien encore l’Afghanistan.  La tendance se poursuit, a-t-il regretté, en pointant la désintégration des systèmes de santé dans les pays en proie à un conflit.  Il a ensuite affirmé que, même dans les circonstances les plus difficiles, la communauté devait agir pour porter des soins aux personnes qui en ont besoin, avant de se féliciter de l’adoption de la résolution 2286 (2016) en mai dernier.  Beaucoup doit être encore fait, a-t-il néanmoins assuré.  Le CICR a été associé aux recommandations présentées par le Secrétaire général, a-t-il indiqué.

« Les États doivent renforcer leur législation pour protéger l’accès aux soins médicaux », a-t-il dit.  M. Maurer a ensuite encouragé la mise en place de systèmes de collecte de données s’agissant des attaques perpétrées contre le personnel de santé et installations médicales.  En ce qui concerne la reddition de comptes, il a demandé que les auteurs de violations soient punis et souhaité la conduite d’enquêtes systématiques et impartiales sur des incidents spécifiques.  Le Président du CICR a également demandé l’adoption de plans d’urgence pour porter assistance aux personnes blessées et de directives militaires permettant de garantir la fourniture de soins médicaux lors de la conduite d’offensives. Il a, en outre, défendu la mise en place d’un dialogue entre personnel médical, organisations de la société civile et autorités.  M. Maurer a souligné qu’il était important de promouvoir le consensus entre parties belligérantes afin de garantir la fourniture de soins médicaux.  « Nous devons tous prendre nos responsabilités », a-t-il dit.  Enfin, le Président du CICR a souligné la nécessité d’un engagement accru du Conseil.  « Je vous exhorte à agir », a-t-il insisté avant de conclure.  

Déclarations

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a réaffirmé le soutien de sa délégation à la résolution 2286 (2016).  Il a déclaré qu’il souhaitait se plier à un « exercice d’autocritique » en se demandant comment le Conseil de sécurité pourrait répondre aux préoccupations exprimées par le Secrétaire général quant à la mise en œuvre intégrale de ce texte pionnier, adopté en mai dernier.  Cela pourrait commencer par l’interdiction de stocker des armes à proximité d’hôpitaux et de dispensaires ainsi qu’à recourir à des technologies de surveillance pour détecter les violations de cette disposition.  La résolution 2286 peut fournir la base d’un « changement de culture » au sein du Conseil de sécurité, ses membres pouvant prendre des contacts plus réguliers avec les organisations dont les représentants ont pris la parole aujourd’hui. 

Membre du Groupe des amis de la résolution 2286, l’Espagne a fait part de son intention que ce Groupe, basé à Genève, se réunisse au moins une fois par an à New York.  Car nous sommes « en train d’échouer », comme en témoignent les attaques commises ce matin même dans l’est d’Alep, a-t-il déclaré.  C’est pourquoi, le Conseil de sécurité doit donner une réponse, d’autant qu’il dispose des outils nécessaires pour ce faire.  « Ce qui lui manque, c’est la volonté politique. »  Il pourrait ainsi se mettre d’accord pour demander une cessation immédiate des attaques, a-t-il estimé, en s’adressant tout particulièrement aux membres permanents qui participent aux opérations militaires au sein de coalitions.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a déclaré que les informations reçues ce matin en provenance d’Alep soulignent plus que jamais la nécessité de prendre en main la protection des installations et des personnels de santé en temps de guerre.  Se félicitant à cet égard des recommandations émises par le Secrétaire général, il a estimé qu’il serait pertinent de renforcer le rôle des opérations de maintien de la paix au moment de l’élaboration de leurs mandats, par exemple.  Pour le représentant du Sénégal, il faut aussi veiller à ce que les auteurs de violences contre des personnels de santé et des patients soient tenus pour responsables de leurs actes et identifier toutes les entraves à la fourniture de soins.  La délégation a enfin plaidé pour que les organismes de santé sur le terrain parviennent à fournir des soins de base, demandant aux forces en présence de s’abstenir de toute belligérance vis-à-vis des personnels et infrastructures de santé.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay), après avoir exprimé sa tristesse devant la disparition de Shimon Peres, a dénoncé les attaques perpétrées ce matin contre deux hôpitaux à Alep.  L’adoption de la résolution 2286 (2016) en mai dernier n’a donc pas suffi pour empêcher de telles attaques, a-t-il regretté.  M. Rosselli a ensuite appuyé la proposition de nommer un Représentant spécial du Secrétaire général chargé d’enquêter sur les attaques commises contre les centres de soins et le personnel médical.  Il a souscrit à l’intégralité de l’intervention du représentant de l’Espagne.  Il est nécessaire de diligenter une enquête rapide et transparente pour chaque incident et de punir les responsables d’attaques, a-t-il estimé.  Les crimes de guerre doivent être sanctionnés de manière implacable, a conclu M. Rosselli.

Depuis l’adoption de la résolution 2286 (2016), les attaques contre les personnels de santé se sont poursuivies, a constaté M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Aujourd’hui encore, a-t-il déploré, les deux plus grands hôpitaux dans la partie est d’Alep, en Syrie, ont été touchés par des frappes aériennes, les mettant temporairement hors service.  Il a appuyé les principales recommandations du Secrétaire général présentées en application de cette résolution. 

« La multiplication des attaques contre les installations médicales et les personnels de santé nous rappelle que les principes d’humanité portés par le droit international humanitaire ont besoin à la fois d’être appliqués, d’être renforcés et d’être soutenus partout et en toutes circonstances », a déclaré M. Delattre.  Au-delà des attaques, l’obstruction aux soins de santé est de plus en plus utilisée par les parties aux conflits comme « arme de guerre », a-t-il poursuivi.  Or, en Syrie, l’obstruction des autorités en matière de fourniture médicale se poursuit, en dépit des engagements.   

Le représentant a estimé que la protection des personnels médicaux ne peut pas être efficace sans lutte contre l’impunité.  Pour le représentant de la France, « les attaques contre les hôpitaux, les installations médicales ou contre les personnels de santé sont constitutives de crimes de guerre » et les « responsables doivent être poursuivis en justice ».  À cet égard, il a jugé indispensable de mener des enquêtes impartiales et indépendantes d’établissement des faits.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a fait remarquer que le massacre d’Alep était de la même horreur que celle dont Henry Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge, avait été le témoin à Solferino.  Les hôpitaux manquent de tout à Alep.  Dans les rues de la partie est de la ville les habitants fouillent les décombres pour retrouver les dépouilles de leur proches, s’est-elle indignée.  Des civils à Alep sont mutilés par des frappes aériennes lancées par la Fédération de Russie et « le régime d’Assad » et ne peuvent se faire soigner en raison du siège de la ville du fait de ces deux mêmes acteurs, a-t-elle affirmé.  Alep est le « Solferino » de notre temps, a déclaré la déléguée.  Depuis le début du conflit 269 installations médicales ont été frappées en Syrie, a-t-elle précisé.  Pas une semaine ne se passe sans qu’un hôpital ne soit frappé, a-t-elle dénoncé, avant de demander la cessation de ces frappes.

De telles attaques sont également perpétrées au Soudan du Sud, a-t-elle indiqué, en insistant pour que les pays de la région et les membres de ce Conseil usent de leur influence afin que les parties sud-soudanaises mettent fin à la violence.  La représentante des États-Unis a fait siennes les préoccupations exprimées concernant les attaques commises contre les installations médicales au Yémen.  Mon pays a engagé la coalition dirigée par les Saoudiens à minimiser les incidents et à protéger les civils et installations civiles, a-t-elle assuré, en indiquant que des enquêtes étaient diligentées sur chacun de ces incidents.  Elle a également demandé la fin des tirs de roquette contre l’Arabie saoudite.

La représentante est ensuite revenue sur la destruction par son pays d’un hôpital à Kunduz en Afghanistan l’an dernier.  « Nous assumons nos responsabilités et avons exprimé nos regrets les plus sincères », a-t-elle déclaré, en ajoutant que les résultats de l’enquête sur cet incident avaient été rendus publics.  Elle a précisé que le Président Obama avait récemment pris un décret engageant toutes les composantes de son gouvernement à œuvrer afin de réduire le nombre de victimes civiles dans la conduite de ses opérations.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, coopèrent avec le CICR pour établir la distinction entre combattants et civils.  Elle a promis que son pays ferait tout son possible pour réduire les victimes civiles.  En conclusion, elle a pointé les conséquences des restrictions des soins de santé pour les enfants, comme au Nigéria, où la poliomyélite a réapparu.  Nous devons faire davantage pour les enfants en Syrie, au Soudan du Sud, au Nigéria et au Yémen, a demandé la déléguée des États-Unis. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a salué le travail fourni par les organisations humanitaires ayant participé à cette séance du Conseil de sécurité qui, a-t-il rappelé, avait adopté la résolution 2286 (2016) le 3 mai dernier sous la présidence de l’Égypte.  Après avoir souligné le large consensus autour de ce texte, y compris en dehors du Conseil, puisque 85 pays s’en étaient portés coauteurs, il s’est dit déçu que des mois après son adoption, ce texte soit resté lettre morte et que les entraves par certains belligérants se multiplient.  Sa délégation insiste pour éviter toute sélectivité ou instrumentalisation politique lorsqu’il s’agit de garantir la protection des personnels et infrastructures de santé.  Le représentant de l’Égypte s’est ensuite déclaré d’accord avec les trois grands axes définis par le Secrétaire général dans son rapport, à savoir la protection des blessés, des personnels de santé, et des hôpitaux et autres installations de santé.  De même, M. Aboulatta a reconnu l’importance de la reddition de comptes pour les auteurs d’attaques contre de telles cibles.  Son pays, a-t-il assuré, n’épargnera aucun effort pour réaliser les objectifs de la résolution 2286.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a jugé inacceptable que les personnels de santé soient devenus des cibles militaires dans les zones de guerre.  Le fait que des blessés, des malades et des médecins soient assassinés dans leurs propres hôpitaux, comme c’est le cas en Afghanistan, en Palestine ou au Yémen, entre autres, est selon lui intolérable.  Le Venezuela, a-t-il souligné, n’a jamais participé à une guerre ou à une confrontation depuis son indépendance, il y a plus de 200 ans.

À une époque où les armes sont utilisées avec la plus haute précision technologique, M. Ramírez Carreño a trouvé difficile de comprendre comment des installations médicales peuvent être bombardées.  Il a fustigé certains acteurs qui, dans un conflit armé, « qualifient d’erreurs des attaques délibérées ».  Appuyant les dernières recommandations du Secrétaire général sur les mesures à prendre pour renforcer la protection des blessés et des malades, du personnel médical et des agents humanitaires, il a demandé à tous les États d’adhérer aux instruments internationaux pertinents.

Le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour documenter et analyser tous les incidents qui affectent la sécurité des personnels de santé.  Il faut mener des enquêtes impartiales, indépendantes et rapides, et traduire en justice les auteurs de tels actes, a-t-il conclu.

Après avoir rendu hommage au personnel médical sur le terrain, M. WU HAITAO (Chine) a souligné la nécessité de mettre l’accent sur les processus politiques, en rappelant que les parties à un conflit devaient s’efforcer d’œuvrer en faveur du dialogue.  Si la communauté internationale doit adhérer à une « position juste et objective », il incombe aux gouvernements concernés de protéger les personnels de santé et les installations où ils opèrent, a-t-il estimé.  Ces pays devraient mener des enquêtes sur les violences et attaques prenant pour cibles ces personnels et installations de santé.  La communauté internationale devrait également prêter assistance sur la base d’une consultation des parties concernées et dans le respect de la Charte des Nations Unies.  Les institutions des Nations Unies, a-t-il dit, doivent travailler en synergie et examiner les risques encourus par les personnels humanitaires sur le terrain, en échangeant des informations pertinentes.  

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a souligné la sombre réalité qui prévaut dans plusieurs zones de conflit où des violations du droit international humanitaire sont commises de manière flagrante.  La résolution 2286 (2016) n’a rien changé sur le terrain, a-t-il affirmé, en demandant que des mesures concrètes soient prises.  Il a déploré que les travailleurs médicaux continuent d’être la cible d’attaques en Syrie malgré l’accord du 9 septembre sur la cessation des hostilités.  La situation est également intenable dans le nord du Yémen où Médecins sans frontières a dû se retirer en raison de la violence, a-t-il déclaré.

Le délégué de la Malaisie a estimé qu’il était temps d’aller au-delà des condamnations.  Les recommandations présentées par le Secrétaire général au Conseil de sécurité, a-t-il estimé, pourraient constituer un « cadre directeur » satisfaisant.  Il a ensuite demandé que des enquêtes sur les attaques perpétrées contre le personnel de santé et les installations médicales soient engagées afin d’établir la responsabilité des attaques et mettre un terme au règne de l’impunité.  Tous les auteurs de violations doivent être punis, a conclu le représentant de la Malaisie, en souscrivant, ainsi, à l’une des recommandations du Secrétaire général.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) s’est déclaré préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire dans plusieurs théâtres de conflits, marquée par des entraves à l’acheminement de l’aide et par des attaques délibérées contre des personnels et infrastructures de santé.  Le Soudan du Sud, la Syrie et le Yémen en sont des exemples, a-t-il précisé.  Malgré des cadres normatifs robustes qui découlent des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, nous continuons d’être les témoins de violations incessantes.  Les parties au conflit portent la responsabilité première de la protection des personnels médicaux et de leurs patients, a-t-il insisté à la suite de nombreux autres intervenants.  Il est important d’assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2286, a souligné le représentant de l’Angola, qui a dit que l’heure de se réunir était passée.  « Il faut maintenant agir », a-t-il tranché, avant qu’il ne soit trop tard. 

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a estimé que l’adoption à l’unanimité de la résolution 2286 (2016) le 3 mai dernier démontre la volonté du Conseil de sécurité de s’assurer que les infrastructures médicales soient protégées même en temps de combat.  Le représentant du Japon a partagé la colère de Médecins sans frontière (MSF) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui nous ont rappelé que des attaques contre des infrastructures médicales ont de nouveau été commises après l’adoption de la résolution 2286.  « Nous estimons qu’un des principaux facteurs derrière notre incapacité à prévenir les attaques récurrentes contre les infrastructures médicales est le manque de redevabilité », a tenu à faire remarquer le représentant du Japon.  Dans ce contexte, il a particulièrement souligné l’importance de la recommandation 11 du Secrétaire général qui invite les « États Membres à élaborer des protocoles et des procédures garantissant l’ouverture d’enquêtes, pour mener sans délai des enquêtes impartiales, complètes, indépendantes et efficaces sur les allégations de violations graves du droit international relatif à la protection des soins médicaux en temps de conflit armé ». 

Le représentant du Japon a aussi salué le contenu du troisième paragraphe de la recommandation 11 qui invite le Conseil de sécurité –si les États Membres ne mènent pas ces enquêtes– à envisager de créer des missions internationales d’établissement des faits ou d’avoir recours à la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits créée par l’article 90 du premier Protocole additionnel aux Conventions de Genève, afin d’enquêter sur les allégations de violations graves du droit international relatif à la protection des soins médicaux en temps de conflit armé.  Le Japon, a-t-il assuré avant de conclure, continuera d’appuyer financièrement le fonctionnement de la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits (CIHEF). 

M. EDUARD FESKO (Ukraine) a considéré la Syrie comme le « pire exemple » en matière d’attaques contre des installations médicales.  Il a jugé particulièrement « ignobles » les attaques récemment portées contre un convoi humanitaire et contre une unité médicale mobile.  La situation, a-t-il regretté, n’est pas meilleure au Yémen ou en Afghanistan. 

Parmi les recommandations faites par Secrétaire général, le représentant a appuyé l’idée de mieux documenter les actes de violence commis contre le personnel de santé dans les conflits armés.  Ensuite, il a estimé que le Conseil de sécurité devrait organiser des exposés sur les situations de pays où le personnel de santé est attaqué.  Il convient aussi d’examiner de près toute recommandation concernant la création de missions internationales d’établissement des faits ou de commissions d’enquête.  Enfin, il faut tenir pour responsables les auteurs de tels crimes de guerre.  « Lorsque les mécanismes nationaux de reddition de comptes sont insuffisants, les États Membres devraient coopérer pleinement avec les institutions judiciaires internationales existantes, y compris la Cour pénal internationale (CPI), pour combattre l’impunité », a conclu M. Fesko.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a condamné les attaques perpétrées contre le personnel de santé et les installations médicales et demandé qu’une enquête soit menée sur chacun de ces incidents.  Il a indiqué que sa délégation allait examiner avec attention les recommandations formulées par le Secrétaire général et qu’elle était prête à en discuter de manière circonstanciée aujourd’hui.  Il a cependant rappelé qu’il incombait en premier lieu aux parties à un conflit d’assurer la protection du personnel de santé.

Les rapports du Secrétaire général présentés en vertu de la résolution 2286 (2016), a-t-il estimé, devraient inclure des données fiables.  Reconnaissant l’émotion avec laquelle de nombreux intervenants ont parlé aujourd’hui de la Syrie, il n’a pas souhaité répéter la position exprimée par la Fédération de Russie lors des deux réunions du Conseil la semaine dernière.  Il a en revanche regretté que la plupart des attaques perpétrées contre les civils en Syrie soient imputées à la Fédération de Russie et au régime syrien.  Il s’agit là d’une politique de déstabilisation inadmissible menée par les États-Unis et leurs alliés, a-t-il accusé, en faisant remarquer que ces derniers mènent des attaques destructrices.

Nous avons tous en mémoire l’attaque perpétrée contre un hôpital à Kunduz l’an dernier, a poursuivi le délégué russe.  Il a également mentionné les attaques commises contre des centres médicaux au Yémen et déploré que des pays européens continuent de fournir des armes aux pays de la coalition.  « Que représentent les mesures prises après l’incident de Kunduz? » a demandé M. Zagaynov.  Les militaires responsables n’ont pas été sanctionnés pénalement, a-t-il rappelé, en notant que les mesures d’indemnisation avaient été symboliques.  Quelle est la valeur des mesures annoncées pour mieux encadrer les frappes de l’aviation américaine lorsqu’on les compare aux bombardements à Deir ez-Zor? a-t-il voulu savoir.  Les pays responsables de la guerre en Syrie utilisent le Conseil de sécurité pour accuser la Russie sur la base de données peu fiables émanant de groupes qui veulent discréditer son pays et le régime syrien, a-t-il soutenu.

Décrivant les exposés d'aujourd’hui comme une « alarme » pour le Conseil, M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a regretté que, cinq mois après l’adoption de la résolution 2286 (2016), le personnel et les installations médicales continuent d’être la cible d’attaques perpétrées par les parties au conflit, en particulier à Alep, en Syrie.  Les deux derniers hôpitaux de l’est de la ville ont été détruits ce matin même, a-t-il déploré à l’instar d’autres membres du Conseil.  Les forces aériennes syriennes et russes, a-t-il dit, mènent ces attaques dans cette ville, dont le nom est devenu synonyme de souffrance.  Alors que 400 000 personnes auraient perdu la vie en conséquence directe du conflit, le nombre de décès « secondaires » est susceptible d’être beaucoup plus élevé.  C’est une ville où les personnels médicaux travaillent parfois à la lumière d’une lampe de poche, a expliqué le représentant, qui s’est dit alarmé par l’apparition d’épidémies suite à la destruction des infrastructures de base.  Avec le retrait forcé des fournitures médicales de convois humanitaires, les attaques contre les installations médicales sont équivalentes à un démantèlement délibéré du système de soins de santé de la Syrie.  Le représentant a également dénoncé le fait que les forces gouvernementales refusent d’évacuer des blessés d’Alep. 

M. Wilson a ensuite déclaré « prendre très au sérieux » les informations faisant état d’attaques perpétrées contre des personnels et établissements de santé au Yémen.  Le Royaume-Uni félicite le Secrétaire général pour avoir attiré l’attention sur la nécessité d’établir les responsabilités dans ce type d’attaques, y compris pour des groupes terroristes comme Daech, a-t-il dit.  C’est la raison pour laquelle sa délégation rappelle la proposition faite, la semaine dernière, par le Secrétaire d’État britannique, M. Boris Johnson, « pour que les pays recueillent les éléments de preuve relatifs aux agissements de Daech en Iraq ».  Avant de conclure, M. Wilson a réaffirmé l’attachement de son pays au droit international humanitaire

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que le Conseil de sécurité avait adopté en mai dernier la résolution 2286 (2016) dans l’optimisme et avec un sentiment d’unanimité, d’autant que 85 pays l’avaient coparrainée.  Depuis cette adoption, le nombre des attaques contre le personnel médical, les installations médicales et les convois humanitaires fournissant du matériel médical ont augmenté, a-t-il regretté.  Au Yémen, a rappelé le représentant, une attaque sanglante en août contre un des hôpitaux gérés par MSF a amené l’organisation à se retirer des six centres qu’elle gérait dans le nord du pays.  Concernant la Syrie, le représentant a accusé le Gouvernement syrien de prendre pour cibles de manière systématique les hôpitaux, cliniques ou ambulances, de faire obstruction au travail du personnel médical et de confisquer leur matériel.  L’attaque apparemment délibérée contre un convoi humanitaire près d’Alep représente une nouvelle escalade dans un conflit caractérisé par des violations flagrantes du droit international humanitaire par les États qui les pratiquent mais aussi par ceux qui les soutiennent, a tenu à faire remarquer M. Van Bohemen.

Pour le représentant de la Nouvelle-Zélande, les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général, si elles étaient toutes appliquées, assureraient la mise en œuvre des mesures prévues par la résolution 2286.  Rappelant que le droit international humanitaire est contraignant et non optionnel, il a demandé aux États de traduire ce droit dans leur législation nationale, y compris dans les manuels militaires, règles d’engagements et autres lignes de conduite opérationnelles.  Les États devraient en outre promouvoir la compréhension du droit international humanitaire par leurs forces armées.  Enfin, ils devraient poursuivre et condamner sérieusement les auteurs d’attaques contre des installations ou du personnel médical.

À cet égard, même s’il ne peut être le garant du respect de l’ensemble du droit international humanitaire, le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer en utilisant les outils à sa disposition, a souligné le représentant.  La Nouvelle-Zélande demande donc au Secrétaire général d’attirer l’attention du Conseil sur ces questions dans ses rapports.  Il faut aussi collecter les données nécessaires grâce à un partage d’informations avec d’autres organisations telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Le Conseil devrait aussi profiter de la réunion annuelle sur l’application de la résolution 2286 pour faire pression sur les États et les inviter à respecter et faire respecter le droit international humanitaire.  Quant aux membres du Conseil, ils devraient commencer par respecter eux-mêmes le droit international humanitaire.  Sans quoi ils remettront en question le sens même de cet organe et leur droit d’y siéger, a prévenu M. Van Bohemen avant de conclure.

Reprenant la parole, M. ZAGAYNOV de la Fédération de Russie a attiré l’attention sur le fait que le passage de sa déclaration appelant à mettre fin aux souffrances en Syrie avait été mal traduit par l’interprète de langue anglaise.  Il a donc renvoyé au texte écrit de cette déclaration. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission économique et financière entame sa session le 3 octobre avec un débat sur les déséquilibres mondiaux face au Programme 2030

   
Soixante et onzième session - 1re séance – matin       
AG/EF/3446

La Commission économique et financière entame sa session le 3 octobre avec un débat sur les déséquilibres mondiaux face au Programme 2030

« S’attaquer aux déséquilibres mondiaux pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », c’est le thème qu’a choisi cette année pour son débat général la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières pour son débat général.  Entre le 3 octobre et le 23 novembre, la Commission examinera un ordre du jour de 12 points et d’une cinquantaine de rapports articulés autour de la promotion d’une croissance économique et d’un développement durable.* 

Les travaux de la Commission, a expliqué son Président, M. Dian Triansyah Djani de l’Indonésie, s’inscrivent en effet dans la mise en œuvre du Programme  2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

Le coup d’envoi sera lancé, le 3 octobre, avec un débat général de trois jours et l’intervention de l’économiste zambienne, Mme Dambisa Moyo, sur le thème « Un monde, une vision: S’attaquer aux déséquilibres mondiaux pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Mme Moyo met en avant sa « rare » capacité à prédire l’impact de la tendance des marchés, des politiques et des règlementations sur le monde des affaires.

La Commission a aussi prévu une réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC) sur le thème « Évolution de l’économie politique de la mondialisation: les institutions multilatérales et le Programme 2030 ».  Les 13, 19 et 26 octobre, elle tiendra des manifestations parallèles sur « le rôle des instances publiques chargées de la gouvernance et de toutes les parties prenantes dans la promotion de l’informatique et des communications à l’appui du développement durable »; « les stratégies durables d’élimination de la pauvreté grâce à l’emploi des jeunes et la promotion de l’esprit d’entreprise », et « la question de la dette ».

Ces manifestations parallèles sont une tradition « unique » de la Commission, s’est réjoui, son Président.  Il a ajouté que les thèmes, qui sont étroitement liés à l’ordre du jour, ont pour but d’avancer dans l’appréhension des questions clefs et émergentes.  C’est l’occasion, a-t-il anticipé, de faire du « brainstorming » sur des idées nouvelles voire provocatrices et de penser « librement, en dehors des positions classiques ».

Le Président de la Commission a annoncé que, cette année encore, des séances seront consacrées à la question de la revitalisation des travaux, rappelant que l’Assemblée générale a demandé à ses six commissions de faire des propositions sur la possibilité de n’examiner certaines questions que tous les deux ou trois ans, d’en regrouper certaines voire d’en éliminer d’autres de l’ordre du jour. 

L’Assemblée a aussi demandé de réfléchir aux chevauchements entre la Deuxième Commission, la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Forum politique de haut niveau sur le développement durable.  M. Dian Triansyah Djani a rappelé, dans ce cadre, le processus initié par le Président de la session précédente de l’Assemblée générale visant à aligner « stratégiquement » l’ordre du jour des futures sessions avec le Programme 2030.

M. Dian Triansyah Djani sera épaulé au cours de cette session par les Vice-Présidents Mme Galina Nipomici de la République de Moldova et MM. Arthur Andambi du Kenya et Ignacio Diaz de la Guardia Bueno de l’Espagne.  M. Glauco Seoane du Pérou fera office de Rapporteur.  À l’issue de ses travaux, la Commission soumettra pour approbation à l’Assemblée générale des projets de résolution « concis, ciblés et orientés vers l’action ».

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Virachai Plasai a salué la flexibilité de la Commission qui a consenti à des réaménagements pour permettre aux délégations de prendre part à la troisième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat III) qui aura lieu du 17 au 21 octobre à Quito, en Équateur, sur le thème « le logement et le développement urbain durable ».

La prochaine séance plénière de la Deuxième Commission aura lieu lundi prochain, 3 octobre, à 10 heures.

 

*A/C.2/71/1, A/C.2/71/L.1, A/C.2/71/L.1/Add.1

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Somalie: le Représentant spécial du Secrétaire général fait état devant le Conseil de sécurité d’un processus électoral à haut risque

7778e séance – matin  
CS/12534

Somalie: le Représentant spécial du Secrétaire général fait état devant le Conseil de sécurité d’un processus électoral à haut risque

De nouveau retardé, le processus électoral en Somalie suscite des « craintes », même si des progrès ont été accomplis au cours des derniers mois, a indiqué, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Nicholas Keating.

« Il y a tout juste 24 heures, l’Équipe chargée d’organiser les élections indirectes au niveau fédéral a annoncé que ce processus nécessiterait 30 jours de plus, au terme desquels un nouveau président sera élu le 30 novembre », a expliqué le haut fonctionnaire, en rappelant que la dernière élection en date dans ce pays troublé de la Corne de l’Afrique remonte à 1969.  Les élections parlementaires se tiendront quant à elles « entre le 23 octobre et le 10 novembre », a-t-il précisé.

Venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, sur la situation en Somalie, qui couvre la période allant du 1er mai au 3 août, M. Keating a expliqué que ce retard pouvait laisser supposer une manipulation du processus électoral. 

Il s’est toutefois voulu rassurant, en précisant que ce nouveau retard n’était pas imputable « à un acteur politique en particulier », mais que l’Équipe avait besoin d’un délai supplémentaire pour pleinement tenir compte des « objections » émises par la communauté internationale et le Conseil de sécurité.

L’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales a, de manière répétée, y compris dans sa déclaration présidentielle en date du 19 août, dit que la Somalie devait éviter une prorogation du mandat des institutions fédérales, un appel repris aujourd’hui à son compte par l’Uruguay.  

Pour le Représentant spécial, le plus urgent, c’est de veiller à ce que ce report du scrutin n’ouvre pas la voie à « des manipulations ou à des perturbations », d’autant que le mandat du Président du Gouvernement fédéral de transition, M. Hassan Cheikh Mohamud, a expiré le 10 septembre, au risque de créer un « vide institutionnel ».

Optimiste, le Ministre des affaires étrangères de la Somalie, M. Abdusalam Hadliye Omer, s’est réjoui du « véritable bon en avant en termes de démocratisation » que représente d’après lui le processus électoral en cours. 

Le Président Mohamud, le Forum national des dirigeants et toutes les parties prenantes se sont engagés, a-t-il souligné, en faveur du processus électoral « crédible et inclusif » appelé de ses vœux par le Conseil, conformément au calendrier prévu, et avec l’assurance que 30% des sièges parlementaires seraient occupés par des femmes.

Le Chef de la diplomatie somalienne a rappelé qu’avec le concours de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), les forces gouvernementales avaient repris, au cours des quatre dernières années, des villes clefs au groupe terroriste Chabab et « prouvé que [ceux-ci] sont vulnérables, divisés, et peuvent être battus grâce à une action militaire coordonnée ».

S’exprimant par visioconférence depuis Mogadiscio, le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano José Madeira, a cependant prévenu qu’il serait « matériellement impossible » de garantir un niveau de sécurité suffisant pour tous les candidats en lice aux élections, comme le prévoie le plan conjointement élaboré par l’ONU, l’AMISOM et le Gouvernement fédéral somalien. 

Si une sécurité collective sera fournie dans certains hôtels ou zones résidentielles, M. Madeira s’est alarmé du risque de voir des éléments des Chabab « se mêler » aux clans qui convergent vers Mogadiscio pour les élections.

Autre motif d’inquiétude pour M. Keating: la déclaration selon laquelle les élections au Hiran et au Moyen-Chébéli devraient se tenir à Mogadiscio plutôt que dans ces deux régions, « les seules aspirant encore à devenir des États membres de la fédération », comme le précise le Secrétaire général dans son rapport.  Devant l’exacerbation possible des tensions claniques, la présence de l’AMISOM demeure « vitale », a affirmé le Représentant spécial.

Le Ministre des affaires étrangères, conscient que les effectifs de cette Mission doivent être réduits « d’ici à la fin de 2018 », a reconnu l’urgente nécessité de réformer le secteur de la sécurité somalien en vue de le rendre pleinement opérationnel.  Il a donc lancé un appel aux bailleurs de fonds internationaux pour qu’ils fournissent à son armée « formation, encadrement et équipements ».  M. Madeira a formulé une demande similaire pour l’AMISOM auprès du Conseil de sécurité, relevant le manque « cruel » de moyens de la Mission.

La délégation de l’Uruguay a elle aussi insisté sur l’importance du « développement rapide » de l’Armée nationale somalienne, y compris en privilégiant « l’intégration planifiée et coordonnée » des forces régionales, notamment afin de garantir la participation accrue aux opérations conjointes avec l’AMISOM.

Pour le Représentant spécial, l’approbation donnée par le Forum national des dirigeants à la politique nationale de sécurité et au nouveau régime de police, de même que l’établissement d’un Comité de sécurité nationale, sont des signes encourageants de l’appropriation par la Somalie de ses priorités sécuritaires.  Selon lui, ces éléments participent d’une approche holistique englobant « police, relèvement des communautés, extension de l’autorité de l’État et lutte contre l’extrémisme violent ».

Outre les défis électoraux, sécuritaires et logistiques, M. Keating a fait état du rapatriement volontaire en Somalie d’un nombre « sans précédent » de réfugiés en provenance du camp de Dadab, situé au Kenya.  Ces populations pèsent lourdement sur des communautés d’accueil déjà fragiles, alors que le nombre de personnes déplacées est estimé à plus d’un million.  Le Plan de réponse humanitaire de l’ONU n’est financé qu’à hauteur de 32%, a-t-il déploré.

* S/2016/763

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Optimisme prudent au sein de la réunion plénière de haut niveau pour promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires

Soixante et onzième session,  
Réunion plénière de haut niveau - Matin & après-midi           
AG/11833

​​​​​​​Optimisme prudent au sein de la réunion plénière de haut niveau pour promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires

Convoquée par le Président de l’Assemblée générale, la Réunion plénière de haut niveau pour célébrer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires,  marquée chaque 26 septembre,  a été l’occasion, aujourd’hui, pour des responsables des Nations Unies et des Ministres des affaires étrangères de plusieurs États Membres de demander la relance des efforts internationaux en matière de désarmement et de non-prolifération, lesquels ont stagné ces dernières années.

Les dangers liés aux quelque 15 000 armes nucléaires qui subsistent encore dans le monde n’ont pourtant jamais été aussi grands, a estimé le Vice-Secrétaire général de l’ONU, qui a condamné, comme l’ensemble de la quarantaine de délégations intervenues aujourd’hui, le dernier essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) le 9 septembre.  Pour répondre à cette situation, les intervenants ont appelé de leurs voeux l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la création de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient, ou bien encore la convocation en 2017 d’une conférence de l’Assemblée générale pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.

En août dernier, le Groupe de travail à composition non limitée sur le désarmement nucléaire, créé en décembre 2015 par l’Assemblée générale, avait recommandé la tenue d’une telle conférence.  « C’est une avancée historique », a estimé la représentante de la Thaïlande, qui a aussitôt déploré que cette avancée n’ait pas été célébrée par tous.  Cette proposition a, en effet, été balayée par le représentant de la Fédération de Russie, qui a jugé qu’elle n’avait « aucun sens » et assuré que les autres puissances nucléaires partageaient cet avis.

Ouvrant la Réunion plénière de haut niveau, M. Eliasson et le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Durga Prasad Bhattarai, ont, tous deux, insisté sur la gravité de la menace que posent les armes nucléaires.  « Aussi longtemps que les armes nucléaires continueront d’exister, la menace qu’elles font planer, que ce soit par leur utilisation intentionnelle ou accidentelle,  demeure à un niveau inacceptable », a ainsi affirmé M. Bhattarai.  La détermination des acteurs non étatiques à se procurer des armes nucléaires, a-t-il averti, ne devrait pas être sous-estimée.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éradiquer ces armes.

Le monde ne peut pas se permettre une nouvelle fois, a mis en garde M. Eliasson, de ne pas agir lors de la prochaine Conférence examen du Traité sur la non-prolifération en 2017.  En 2015, la dernière Conférence d’examen du Traité, qui est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, s’était conclue sans qu’un document final n’ait été agréé.

« Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de bonnes nouvelles dans ce domaine », a commenté le délégué du Bélarus, dont le pessimisme a été partagé par de nombreux intervenants.  La Vice-Ministre de l’Inde a ainsi regretté que la Conférence du désarmement, dont les travaux sont dans l’impasse depuis plusieurs années, ne se soit pas encore dotée d’un programme de travail équilibré, malgré les efforts de son pays.

Face aux « provocations » de la RPDC, plusieurs délégations, dont celle du Japon, ont plaidé pour une universalisation du TICE.  La ratification de ce Traité est essentielle, a ainsi affirmé la représentante de l’Uruguay, en invitant les pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  « Les activités nucléaires de mon pays ne sont rien d’autre que la conséquence d’une politique hostile menée depuis plus d’un demi-siècle contre la RPDC », s’est défendu le représentant de ce pays, en accusant les États-Unis d’exercer un véritable « chantage nucléaire ».

Appuyé par de nombreux intervenants, dont le représentant du Soudan, le Ministre algérien des affaires étrangères a demandé, quant à lui, la création de zones exemptes d’armes nucléaires « partout dans le monde, y compris et surtout au Moyen-Orient ».  Il a également exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à donner des garanties de sécurité négative aux États non dotés, faisant ainsi écho aux propos du Conseiller auprès du Ministre iranien des affaires étrangères.  Ce dernier a souligné que les États dotés avaient l’obligation juridique de parvenir à l’élimination totale et irréversible de leurs arsenaux. 

Le délégué de l’Ukraine a rappelé que la décision de son pays de renoncer aux armes nucléaires reposait sur les garanties de sécurité fournies dans la cadre du Protocole de Budapest, signé notamment par la Fédération de Russie, pays « qui menace aujourd’hui l’intégrité de l’Ukraine ». Certains intervenants ont néanmoins affiché leur optimisme, à commencer par la Directrice générale adjointe, au sein du Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande.

À l’instar du délégué péruvien, elle a souligné l’importance historique de la recommandation du Groupe de travail à composition non limitée pour la tenue d’une conférence de l’Assemblée générale en 2017 en vue d’élaborer une convention interdisant les armes nucléaires, un objectif auquel ont souscrit de nombreux intervenants, dont le Ministre indonésien des affaires étrangères.  « L’absence d’un soutien des États dotés de l’arme nucléaire n’empêchera pas l’adoption d’un tel instrument », a affirmé le représentant de l’Équateur.

Cette affirmation a été quelque peu tempérée par le délégué de la Fédération de Russie, qui a estimé que « forcer la main des puissances nucléaires n’était pas la bonne stratégie ».  Tranchant toutefois avec la tonalité pessimiste des autres interventions, il a indiqué qu’il n’y avait pas de « stagnation » en matière de désarmement, en prenant pour preuve les efforts de désarmement stratégique menés par son pays, conjointement avec les États-Unis.

Clôturant cette réunion de haut niveau, le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, M. Kim Won-soo, a résumé la teneur des débats en soulignant l’ampleur de la tâche à accomplir dans le domaine du désarmement compte tenu des « divergences de vues » et des « frustrations » des États Membres.  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », a-t-il toutefois prévenu, avant d’appeler les États Membres à faire preuve de « créativité ».

RÉUNION PLÉNIERE DE HAUT NIVEAU, CONVOQUÉE PAR LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR CÉLÉBRER ET PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION TOTALE DES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal), Vice-Président de l’Assemblée générale, faisant lecture de la Déclaration du Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a indiqué que cette Journée permettait de se rappeler des conséquences désastreuses des armes nucléaires, de la destruction qu’elles peuvent immédiatement causer et de la menace existentielle qu’elles font peser sur l’humanité.  « Il va sans dire qu’aussi longtemps que les armes nucléaires continueront d’exister, la menace qu’elles font planer, que ce soit par leur utilisation intentionnelle ou accidentelle, demeure à un niveau inacceptable », a-t-il dit.  L’avenir du monde peut se jouer, a-t-il assuré, sur une simple faute technique ou une erreur de jugement.  Il a ajouté que la détermination des acteurs non étatiques à se procurer des armes nucléaires et à causer de manière délibérée des dommages à la plus grande échelle possible ne pouvait être sous-estimée.

L’essai nucléaire auquel a procédé au début de ce mois la République populaire démocratique de Corée (RPDC) nous rappelle clairement le danger toujours actuel que représentent les armes nucléaires et la raison pour laquelle nous devons trouver les moyens de régler ce défi, a-t-il déclaré.  Appelant la communauté internationale à redoubler d’efforts afin de parvenir à un consensus sur la question, il a tout d’abord souligné qu’il était nécessaire de traduire les engagements pris par des actions concrètes.  Nous devons également davantage sensibiliser l’opinion publique aux risques posés par ces armes, en particulier les jeunes, a-t-il recommandé.  En conclusion, il a indiqué que seule l’élimination des armes nucléaires permettrait de prévenir leur utilisation future et promis qu’il continuerait d’œuvrer à la non-prolifération et au désarmement.

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’en février prochain la communauté internationale célébrera le cinquantième anniversaire du Traité de Tlatelolco qui a été le premier instrument juridique qui a fait d’une région densément peuplée une zone exempte d’armes nucléaires.  Il a mentionné également le vingtième anniversaire, il y a quelques jours, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et la résolution adoptée par le Conseil de sécurité pour promouvoir ce Traité.  « Mais cette résolution ne peut se substituer à l’entrée en vigueur du TICE », a-t-il dit, avant de préciser que cette résolution soulignait la nécessité d’accélérer les efforts en vue de l’universalisation de ce Traité.  M. Eliasson a ensuite insisté sur les dangers grandissants liés aux armes nucléaires, en mentionnant les dizaines de milliards de dollars dépensés dans l’amélioration de ces armes ou bien encore le manque de progrès accomplis dans le domaine du désarmement.

La RPDC a, à plusieurs reprises, défié la communauté internationale dans sa quête irresponsable de capacités nucléaires et balistiques, a affirmé M. Eliasson.  Le Vice-Secrétaire général a également déploré le fait que de nombreux pays continuent d’inclure la dissuasion nucléaire dans leur doctrine de défense nationale, ainsi que les nombreuses divergences relatives à l’avenir du désarmement nucléaire.  Rappelant que le prochain examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires commençait en 2017, il a prévenu que le monde ne pouvait pas se permettre une nouvelle fois de ne pas agir.  Enfin, M. Eliasson a souligné la nécessité d’éliminer totalement les armes nucléaires.

Au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), M. HENRY SUÁREZ (Venezuela) s’est dit extrêmement inquiet face à la lenteur des progrès concernant le désarmement des États dotés de l’arme nucléaire.  Il a insisté pour que les pays dotés de l’arme nucléaire s’acquittent de la responsabilité principale en matière de désarmement nucléaire.  Il a estimé que le développement de nouveaux types d’armes violait les engagements faits au titre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  S’appuyant sur la résolution 70/34 de l’Assemblée générale, le représentant du NAM a souligné l’urgence de commencer des négociations, dans le cadre de la Conférence du désarmement, sur une convention d’interdiction des armes nucléaires.  Il a aussi appuyé la décision de l’Assemblée générale de tenir, au plus tard en 2018, une conférence du haut niveau sur le désarmement nucléaire pour examiner tous les progrès réalisés en la matière. 

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé les engagements des pays de la Communauté de contribuer à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a plaidé, à cette fin, en faveur d’une mobilisation internationale accrue et exhorté les gouvernements de passer des paroles aux actes.  Soulignant que la région d’Amérique latine avait été déclarée zone de paix, il a salué la décision de l’Assemblée générale de tenir, en 2018 au plus tard, une conférence de haut niveau sur le désarmement nucléaire afin d’y examiner les progrès réalisés en la matière. 

Sur ce dernier point, M. Cortorreal a considéré que la priorité devrait être l’élimination des arsenaux existants et, au-delà, l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant interdisant la possession, le développement, la production, le stockage, le transfert ainsi que l’utilisation d’armes nucléaires.  Le représentant a également rappelé les conséquences humanitaires de l’usage d’armes de ce type et le risque que font peser sur l’existence même de la planète leur présence et leur placement en état d’alerte.  Il a ainsi appelé les États dotés de l’arme nucléaire de réduire le niveau d’alerte de leurs arsenaux.  Il les a également exhortés à donner des assurances de sécurité négatives aux États non dotés.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a, elle aussi, plaidé en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant interdisant purement et simplement les armes nucléaires.  L’expansion des organisations terroristes, qui pourraient mettre la main sur ces armes, attise l’urgence de parvenir au plus vite à une élimination des armes nucléaires, dont l’existence, a-t-elle précisé, est exclusivement délétère.  Elle a aussi estimé qu’un monde sans armes nucléaires « est également une obligation humanitaire », tant leur usage et leur développement pèsent sur la sécurité des peuples du monde et sont potentiellement néfastes à l’environnement.

M. MANSUR MUHAMMAD DAN-ALI, Ministre de la défense du Nigéria, a assuré que son pays ne ménageait aucun effort, « aucune négociation pour faire avancer le monde sur la voie d’un instrument juridiquement contraignant de désarmement nucléaire ».  Il en va de la survie de l’humanité et de la planète, a-t-il dit.  Pour le Ministre nigérian des affaires étrangères, le monde est prêt à lutter contre le terrorisme mais ses dirigeants ont encore du mal à s’engager dans des délibérations approfondies sur le désarmement nucléaire international complet.  Il a invité instamment les États dotés à donner l’exemple en prenant des mesures plus solides en matière de réduction des arsenaux et de niveau d’état d’alerte de ces derniers.

M. SEYYED ABBAS ARAGHCHI, Conseiller auprès du Ministre iranien des affaires étrangères, a enjoint tous les États sans exception à redoubler d’efforts pour progresser dans le domaine du désarmement nucléaire.  Se référant à la Charte des Nations Unies et invoquant le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a souligné que les États dotés de l’arme nucléaire avaient la responsabilité particulière et l’obligation juridique de parvenir à l’élimination totale et irréversible de leurs arsenaux.  Or, a-t-il dit, certains de ces États continuent d’investir des sommes importantes dans le perfectionnement de leur système de défense, agissant ainsi en violation de l’article VI du TNP.  Comme l’approche étape par étape « ne donne aucun résultat », a-t-il estimé, il est temps d’envisager la mise au point d’une convention globale sur les armes nucléaires interdisant la détention, la mise au point, la fabrication, l’acquisition, la mise à l’essai, l’accumulation, le transfert et l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes et prévoyant leur destruction.

Rien ne justifie que l’humanité demeure aujourd’hui menacée par l’existence de près de 16 000 armes nucléaires, a affirmé M. ABELARDO MORENO FERNANDEZ, Ministre adjoint des affaires étrangères de Cuba, avant de rappeler que 4 000 d’entre d’elles pouvaient être déployées immédiatement.  Il a demandé que le rôle de ces armes dans les doctrines de défense nationales soit éliminé une fois pour toutes.  Il a ensuite espéré que l’instrument juridiquement contraignant relatif à l’interdiction des armes nucléaires, qui doit commencer à être négocié en 2017, soit adopté en 2018 à l’occasion de la Conférence internationale de haut niveau sur le désarmement nucléaire.

Jugeant cependant qu’un tel instrument ne sera pas suffisant, le Ministre adjoint a plaidé pour l’adoption, dès que possible, d’une convention globale qui prévoit leur élimination selon un calendrier défini, assortie d’un contrôle international strict.  Il a également souligné la nécessité d’élaborer un instrument international par lequel les États dotés de l’arme nucléaire donneraient des garanties de ne jamais l’utiliser contre des États qui n’en sont pas dotés.  Enfin, le Ministre adjoint a demandé la tenue sans attendre de la Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. VALENTIN RYBAKOV, Ministre adjoint des affaires étrangères du Bélarus, a dit que son pays participait à toutes les activités de désarmement dans le cadre du TNP.  Le Bélarus, a-t-il rappelé, a volontairement renoncé à l’emploi des armes nucléaires qui étaient présentes sur son territoire après la dissolution de l’Union soviétique.  Il s’est dit convaincu que les efforts internationaux devraient aboutir à une élimination totale des armes nucléaires, avant de déplorer le manque de progrès accomplis dans le domaine du désarmement.  « Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de bonnes nouvelles dans ce domaine », a-t-il déploré, en dénonçant le récent essai nucléaire de la RPDC.  Enfin, M. Rybakov a souligné la nécessité d’examiner les questions nucléaires en lien avec d’autres questions essentielles traitées par l’ONU, telles que le développement durable.

M. ARIEL Y. ABADILLA, Ministre adjoint des affaires étrangères des Philippines, a insisté sur la gravité de la menace posée par les armes nucléaires, « en particulier lorsqu’un pays continue de ne pas répondre aux appels pour un arrêt des essais nucléaires et lorsque les groupes terroristes essayent à tout prix de se procurer de telles armes ».  « Avec les armes nucléaires, nous n’avons aucune garantie de sécurité. »  Il a ensuite plaidé pour l’universalité du TNP, Traité qui constitue la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Enfin, le Ministre a demandé des actions concrètes et immédiates et invité la communauté internationale à agir, notamment lors de la conférence de l’Assemblée générale en vue de la négociation d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires qui doit se tenir l’année prochaine.  « Nous pensons que le dialogue et la diplomatie seront les éléments clefs pour surmonter nos divergences », a conclu M. Abadilla.

M. FERNANDO SIMAS MAGALHAES, Vice-Ministre à la politique multilatérale, aux affaires européennes et nord-américaines du Brésil, a souligné l’importance de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL).  Malgré les risques et les défis, il a estimé que l’année 2016 présentait des motifs de satisfaction avec des débats parmi les plus riches depuis des décennies sur le désarmement nucléaire.  II a rappelé que la Première Commission, qui débute ses travaux la semaine prochaine, aura comme mission de convenir en 2017 d’une conférence de négociation.  Il a estimé que la résolution 2310 adoptée par le Conseil de sécurité le 23 septembre dernier était trop complaisante, dans le sens où elle laissait entendre que l’on pouvait arriver à des progrès en matière de stabilité régionale et de renforcement de la confiance sans l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il s’est aussi inquiété du contenu de la déclaration conjointe, signée le 16 septembre par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, soulignant que la gestion des stocks et la vigilance de ces cinq pays est en accord avec les objectifs du TICE et du TNP.  Ceci ne reflète pas l’avis de la majorité des États Membres de l’ONU.

M. HENRY ORYEM OKELLO (Ouganda) a estimé que la réalisation d’un monde sans armes nucléaires était un objectif devant être au cœur des délibérations de l’Assemblée générale sur la sécurité et la paix.  La non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement nucléaire et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, soit les trois piliers du régime multilatéral de non-prolifération, doivent déjà être mis en œuvre de manière complète, a-t-il insisté, en souligant qu’il s’agit là d’un préalable à l’élaboration d’un instrument juridique contraignant.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a assuré que son pays n’épargnerait aucun effort pour parvenir à l’objectif d’un monde libéré des armes nucléaires.  Après avoir souligné que l’Algérie présiderait, cette année, les travaux de la Première Commission de l’Assemblée générale, il a insisté sur le fait que seule l’élimination de toutes les armes nucléaires pourrait garantir qu’elles ne seront jamais plus utilisées, contribuant ainsi « véritablement » au renforcement de la paix et de la sécurité internationales.  Il a ensuite relevé que si le TNP a contribué à juguler la prolifération des armes nucléaires, les arsenaux de ce type restaient la colonne vertébrale des doctrines sécuritaires et de défense de nombreux États.  Le Ministre a ainsi plaidé pour la conclusion à terme d’une convention globale sur les armes nucléaires « pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre d’un désarmement progressif, étape par étape ».  Pour l’heure, il a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire de donner des garanties de sécurité négative aux États non dotés, à l’entrée en vigueur du TICE et appelé à la création de zones exemptes d’armes nucléaires « partout dans le monde, y compris et surtout au Moyen-Orient ».  

Mme PATRICIA FLOR (Allemagne) a proposé de continuer à adopter une approche étape par étape, conforme à la philosophie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en matière de désarmement nucléaire.  Pour elle, l’étape la plus pressante est l’instauration d’un système de contrôle partagé des arsenaux des États-Unis et de la Fédération de Russie, qui possèdent à eux deux plus de 70% des armes nucléaires.  Mme Flor a également souligné la nécessité d’une entrée en vigueur sans délais du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du démarrage de négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, afin de « donner des assurances de sécurité négative aux États non dotés et renforcer la confiance dans un environnement complexe où l’atteinte de consensus est particulièrement difficile ».

Mme SUJATA MEHTA, Vice-Ministre de l’Inde, a demandé l’adoption d’un cadre international global et non discriminatoire relatif au désarmement.  Elle a demandé que le rôle des armes nucléaires soit restreint dans les doctrines de défense nationale.  Estimant que la Conférence du désarmement était l’enceinte adéquate pour discuter des questions de désarmement, elle a souhaité que cette Conférence se dote d’un programme de travail équilibré.  Elle a déploré que la proposition de son pays visant à la création d’un organe subsidiaire pour appuyer les travaux de la Conférence n’ait pas été retenue.  Enfin, Mme Mehta a espéré que la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires contribuera à sensibiliser davantage le public sur les dangers posés par les armes nucléaires.

M. ANTONIO GARCIA REVILLA, Directeur général pour les affaires multilatérales et internationales du Pérou, a indiqué que son pays, épris de paix, était partie à tous les accords relatifs au désarmement.  Le Pérou, a-t-il rappelé, a été l’un des premiers pays à ratifier le TICE.  Il a réaffirmé l’attachement de son pays au TNP, ainsi qu’au droit inaliénable des pays de développer un programme nucléaire à des fins pacifiques.  M. Garcia Revilla a également appuyé les efforts en cours en vue de la négociation d’un instrument juridiquement contraignant en vue de l’élimination totale des armes nucléaires.  Enfin, il a souligné l’acuité de la menace posée par les armes nucléaires et plaidé pour leur interdiction totale, appuyant toutes les initiatives prises à cette fin.

Mme MORAKOT SRISWASDI, Directrice générale adjointe au Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a indiqué que l’espoir était, cette année, de mise après la déception de l’année dernière liée à l’absence d’un document final lors de la Conférence d’examen du TNP.  Elle a en effet rappelé que le Groupe de travail à composition non limitée a recommandé, en août 2016 à Genève, la tenue d’une conférence en 2017 en vue de négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires afin de parvenir à leur élimination complète.  « Malheureusement, cette avancée historique n’a pas été célébrée par tous », a-t-elle déploré, en notant qu’un petit nombre d’États étaient en faveur du statu quo.  À cette aune, elle a souligné la nécessité de sensibiliser davantage le public sur la nécessité d’éliminer les armes nucléaires. Mme Sriswasdi a également mentionné l’avancée positive que constitue l’Engagement humanitaire, appuyé par 127 pays.  Enfin, elle a affirmé que les efforts de désarmement et de non-prolifération complétaient les efforts consentis dans le cadre de l’objectif 16 du Programme de développement à l’horizon 2030.

M. OMAR HILALE (Maroc) a considéré qu’il était impératif que les dispositions du TNP et des obligations qui en découlent soient respectées par « tous les États ».  De même, a-t-il dit, les mesures préconisées par les décisions des conférences d’examen constituent des contrats dont le plein respect nous permettra d’avancer collectivement vers la réalisation des objectifs du Traité.  Il a insisté sur le fait que l’émergence de nouveaux défis sécuritaires et risques de prolifération ne devaient en aucun cas servir de prétexte pour ne pas mettre en œuvre les obligations et les engagements pris en matière de désarmement nucléaire. 

Le représentant du Maroc a également appelé à la cessation de toute modernisation des arsenaux nucléaires et à la réduction de leur rôle dans les doctrines de défense.  Des assurances de sécurité négatives aux États non dotés, parties au TNP, constitueraient des mesures de confiance dans un tel processus de désarmement, a-t-il encore indiqué.  Évoquant le blocage de la Conférence du désarmement à Genève, l’enceinte où se négocient les traités multilatéraux, M. Hilale a averti qu’une grande majorité d’États Membres n’acceptaient plus la stagnation des efforts de désarmement.  Il a insisté sur la nécessité « d’une percée et une avancée réelle vers l’élimination totale des armes nucléaires ».

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré que la tâche principale des Nations Unies au XXIe siècle devrait être la mise en œuvre d’une stratégie destinée à éliminer « pour de bon » le risque de guerre, « ses causes et ses armes ».  Il a estimé que la réalisation d’une sécurité réellement globale ne pouvait reposer que sur la réunion préalable des conditions propices au développement humain.  Il ne peut y avoir de développement sans paix et sans sécurité, a-t-il ainsi affirmé.  Le représentant du Kazakhstan a de plus indiqué qu’en tant que coprésident du TICE aux côtés du Japon, son pays, faisant siens les objectifs et la portée de la résolution 2310 du Conseil de sécurité, exhorte tous les États Membres à prendre les mesures nécessaires à l’entrée en vigueur sans délais du Traité.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a regretté que nous attendions toujours l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires 20 après son ouverture à la signature.  Parmi les mesures de satisfaction, il a noté que le Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire venait de terminer ses travaux à Genève en recommandant le lancement de travaux en faveur d’un traité juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. 

M. HAMZA A. B. ALOKLY (Libye) s’est dit en faveur de l’abolition des armes nucléaires, « dont nous ne connaissons que trop bien les conséquences catastrophiques de leur utilisation ».  Il a ajouté que cette interdiction était le seul moyen concret et durable d’établir la paix et la sécurité aux plans régional et international.  Il s’est en outre dit favorable, dans l’immédiat, à la création de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde, « y compris au Moyen-Orient ».  Enfin, il a invité tous les États Membres à participer « activement, de bonne foi et en tenant compte des leçons du passé » aux négociations sur l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a affirmé que les États dotés de l’arme nucléaire n’assumaient pas leurs responsabilités dans le domaine du désarmement.  Il a rappelé que le Groupe de travail à composition non limitée avait recommandé, en août 2016 à Genève, la tenue d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.  Il a néanmoins regretté que cette recommandation ait été obtenue à l’issue d’un vote et non par consensus.  L’absence d’un soutien des États dotés de l’arme nucléaire, a-t-il dit, n’empêchera pas l’adoption d’un tel instrument.  M. Sevilla a indiqué que le Conseil de sécurité, en adoptant récemment une résolution relative au TICE, avait empiété sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Il s’est dit peu surpris que cette résolution ait été parrainée par un État figurant à l’annexe 2 du TICE.  Enfin, le délégué de l’Équateur a exprimé ses doutes sur la véritable intention des États dotés de l’arme nucléaire de s’en débarrasser.

M. Jan KICKERT (Autriche) a rappelé que l’Engagement humanitaire a été signé par 127 États Membres de l’ONU.  La dissuasion nucléaire, a-t-il dit, crée une illusion de sécurité.  Il a ensuite qualifié d’inacceptable le cinquième acte nucléaire effectué récemment par la RPDC.  Il est temps d’assurer l’universalité du TICE, a estimé M. Kickert, en appelant les pays qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  Le délégué a affirmé que la convocation d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète, était conforme aux objectifs du TNP.  Enfin, M. Kickert a appelé les États Membres à appuyer ces efforts.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déploré que des voix soutenant qu’il existe une « stagnation » dans le domaine du désarmement prédominent.  Nous sommes en désaccord avec elles, a-t-il dit, en soulignant les progrès accomplis.  Il a indiqué que débarrasser le monde des armes nucléaires était une priorité absolue de son pays, mentionnant, comme éléments de preuve, les efforts de son pays visant, avec les États-Unis, à diminuer le nombre d’armes stratégiques dans le cadre du Traité START.  Par ailleurs, notre arsenal nucléaire a été diminué par trois et est proche du niveau qu’il avait dans les années 1950, a-t-il assuré.  « Dès lors, de quelle stagnation parle-t-on? » a-t-il demandé.

Le délégué s’est ensuite dit vivement préoccupé par les tentatives « anti-nucléaires radicales » conduites dans certaines enceintes en vue de l’interdiction des armes nucléaires.  « Forcer la main des puissances nucléaires, a-t-il dit, n’est pas la bonne stratégie. ».  Il a précisé que les efforts pour une élimination des armes nucléaires, objectif que son pays partage, ne devraient pas, dans le même temps, faire entrer le monde dans le chaos et l’incertitude.  Il ne faut pas, à ce stade, interdire les armes, mais nous lancer dans un travail conjoint visant à réunir les conditions concrètes pour avancer sur cette voie, tout en assurant la sécurité, a-t-il estimé.

Le délégué a indiqué que toute tentative visant à modifier le Plan d’action dans le cadre du TNP était contreproductive.  Il a également affirmé que le principe du consensus devait continuer à guider les travaux de la Conférence du désarmement.  « Forcer les puissances nucléaires à renoncer à leur arsenal ne facilitera pas la réalisation d’un monde sans armes mais ne fera, au contraire, que nourrir les antagonismes », a-t-il prévenu, avant d’ajouter que l’intégrité du TNP pourrait en souffrir.  Il a également jugé que l’apparition d’une autre instance de négociation était néfaste.  « La Russie ne participera pas à de telles tentatives douteuses et nous pensons que les autres puissances nucléaires sont de notre avis », a-t-il conclu, convaincu qu’une conférence en 2017 pour interdire les armes nucléaires n’avait aucun sens.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a rappelé que le Pakistan avait développé sa capacité nucléaire uniquement à des fins de défense en réponse au développement de capacités similaires par son voisin.  Il a précisé que la politique nucléaire du Pakistan était guidée par les principes de retenue et de responsabilité.  Il a souligné la volonté de son pays d’éviter d’entrer dans une course aux armements et de s’en tenir à une dissuasion minimale afin de renforcer la stabilité stratégique de l’Asie du Sud. 

Le Pakistan, a assuré M. Munir, est prêt au dialogue avec l’Inde sur toutes les questions en suspens dont celle du Jammu-et-Cachemire.  Il a rappelé que le Pakistan maintenait un moratoire unilatéral sur les essais nucléaires depuis 1998 et proposait à l’Inde de traduire cette démarche par un arrangement bilatéral sur l’interdiction des essais nucléaires.  S’agissant de la sûreté et de la sécurité des matériaux et bâtiments nucléaires, le représentant du Pakistan a indiqué que son pays avait adopté un régime de contrôle des exportations en accord avec les normes internationales en la matière. 

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a demandé aux États dotés de l’arme nucléaire de contribuer plus activement à la réalisation de l’objectif ultime d’un monde libéré des armes nucléaires.  Il a invité instamment les États dotés de ces armes de participer « sans arrière-pensées » à un dialogue constructif formel ou informel pour faciliter dans un premier temps une réduction rapide du volume des arsenaux actuellement déployés.  Le représentant a rappelé que, pour son pays, le TNP reste le pilier de la non-prolifération et le respect de son article VI, relatif à l’élimination, une obligation que toutes les parties doivent honorer.  Il a par ailleurs recommandé de prendre les mesures de confiance inspirées des demandes formulées dans les documents finaux des différentes conférences d’examen du TNP.

M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a rappelé que son pays avait éliminé ses armes nucléaires pendant les années 1980.  Il a ensuite déploré que les armes nucléaires soient les seules armes de destruction massive à n’être pas encore interdites par un instrument juridique international.  Le TNP est le seul outil interdisant leur prolifération et demandant l’élimination progressive complète des arsenaux existants, a-t-il soutenu, en déplorant que le régime de non-prolifération du Traité connaisse des tensions sapant sa portée. 

L’application de l’article VI par les États dotés de l’arme nucléaire et la relance volontaire du processus de création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient contribuerait au renforcement de la sécurité régionale et à la crédibilité du régime multilatéral de non-prolifération, a encore jugé le représentant.  M. Matjila a par ailleurs soutenu le droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, dont les applications « peuvent contribuer à une plus forte croissance économique en Afrique et au développement de la santé humaine et animale des peuples du continent ».

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a indiqué que son pays avait renoncé, il y a 70 ans, à l’institution militaire.  À l’égard du désarmement nucléaire, il s’est dit favorable à une démarche maximaliste pour avancer sur la voie d’une élimination totale et irréversible de tous les arsenaux.  Quinze-mille ogives nucléaires sont encore déployées dans le monde et des milliards de dollars sont dépensés chaque année pour les entretenir, a-t-il déploré.  Pour M. Mendoza-García, l’existence de ces armes n’est justifiable ni juridiquement ni sur le plan sécuritaire: « Elles ne sont que des remparts de la souveraineté des pays », a-t-il affirmé.  Il a souhaité que les futures négociations sur un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, et « qui se substituera aux doctrines de dissuasion nucléaire en vigueur », intègrent la société civile.

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a reaffirmé l’attachement de son pays au TNP qui est, a-t-elle dit, la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Elle a plaidé pour une élimination totale des armes nucléaires, en estimant que le monde était sans défense face à une utilisation accidentelle ou intentionnelle de telles armes.  Elle a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts en vue de parvenir à cet objectif et appuyé les récentes recommandations du Groupe de travail à composition non limitée.  La représentante a également demandé la tenue d’une Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Elle a ensuite déploré les provocations de la RPDC, en se disant convaincue qu’il est nécessaire de dénucléariser la péninsule coréenne.  Pour sa délégation, la ratification du TICE est essentielle.  Elle a ainsi invité les pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.

M. OMAR CASTANEDA SOLARES (Guatemala) a déploré l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP en 2015, ainsi que l’impasse dans laquelle est plongée la Conférence du désarmement depuis de longues années.  Il a demandé aux pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE.  Il est indispensable de maintenir le moratoire sur les essais nucléaires jusqu’à l’entrée en vigueur du TICE, a-t-il affirmé, en condamnant fermement les essais de la RPDC.  Il a critiqué la récente adoption par le Conseil d’une résolution sur le TICE, qui constitue, selon lui, un empiètement sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Enfin, il a appuyé les efforts pour la tenue d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) s’est inquiété de l’absence de progrès dans l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Par ailleurs, il s’est inquiété que plusieurs essais nucléaires aient été menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 2016.  Il s’est inquiété aussi que la dissuasion nucléaire restait au cœur des politiques de défense de nombreux États nucléaires.  Face à cette réalité, il a jugé indispensable de continuer à travailler à l’avènement d’un cadre juridique interdisant les armes nucléaires.  

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a tout d’abord rappelé que son pays était frappé d’une occupation militaire dans certaines parties de son territoire.  Le TNP est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, a-t-il souligné, en demandant une réduction du nombre des armes nucléaires.  Il a ensuite rappelé que la décision de son pays de renoncer aux armes nucléaires reposait sur les garanties de sécurité fournies dans la cadre du Protocole de Budapest, signé notamment par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Aujourd’hui, notre intégrité est menacée par la Fédération de Russie, a-t-il dit.  Il a souligné la nécessité que les États dotés de l’arme nucléaire fournissent des assurances renforcées de non-emploi des armes nucléaires.  Il a plaidé pour une universalisation du TICE et dénoncé le dernier essai nucléaire effectué par la RPDC.  Le TICE, a-t-il affirmé, doit entrer en vigueur.  Enfin, le délégué de l’Ukraine a souligné l’importance de créer des zones exemptes d’armes nucléaires, notamment dans les régions qui sont des foyers de tension.

M. OLOF SKOOG (Suède) a qualifié d’« irrationnel économiquement, compte tenu des besoins humanitaires au niveau mondial », le maintien et le développement des doctrines nucléaires de défense.  Il a en outre déploré l’affaiblissement de la dynamique du désarmement nucléaire.  La prochaine conférence d’examen du TNP, qui se tiendra en 2020, devra réaffirmer les engagements internationaux et mettre l’accent sur les risques humanitaires d’une catastrophe nucléaire, a ainsi estimé M. Skoog.  On ne peut pas commémorer année après année la mémoire des victimes de l’utilisation de bombes atomiques et tolérer, en même temps, l’existence d’arsenaux nucléaires toujours plus performants et modernisés, a-t-il lancé.  M. Skoog a souhaité que les travaux de la Première Commission de l’Assemblée générale contribuent à la relance du processus multilatéral de désarmement et de non-prolifération nucléaires.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a assuré que son pays attachait la plus grande importance au désarmement nucléaire et à la non-prolifération.  Il a estimé qu’il faudrait comprendre la dimension technique du désarmement nucléaire pour envisager concrètement la création d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a souligné l’importance de continuer de promouvoir l’universalité des instruments multilatéraux en vigueur, à commencer par le TNP, et d’améliorer la relation, dans le cadre des travaux de la Première Commission, entre États dotés et États non dotés de l’arme nucléaire.  M. Moritán a par ailleurs noté que l’entrée en vigueur du TICE permettrait de renforcer la confiance interétatique et de contraindre plus efficacement le régime de la RPDC, qui continue à se livrer à des essais nucléaires qui risquent de déstabiliser la péninsule coréenne et sa région et dont on mesure encore mal les conséquences humanitaires. 

M. JOEL HERNÁNDEZ (Mexique) a rejeté les doctrines qui glorifient la détention d’armes nucléaires en tant que garantes de la souveraineté et qu’outils de dissuasion.  Tant que ces armes existent, a-t-il fait remarquer, le risque existe d’une détonation accidentelle aux conséquences inimaginables pour des millions de personnes et leur environnement.  La réduction des arsenaux stratégiques est insuffisante car elle n’est pas assujettie à un régime de vérification international, comme le demande pourtant le TNP, a encore noté M. Hernández.  Le représentant a également rappelé l’obligation internationale de poursuivre des négociations de bonne foi, et informé des conséquences au plan humanitaire d’une détonation nucléaire, en vue de parvenir à une élimination complète et irréversible des armes nucléaires.  En 1967, la région d’Amérique latine et Caraïbes est devenue la première zone exempte d’armes nucléaires, a-t-il rappelé, en plaidant pour la création d’autres zones de ce type partout dans le monde.

Mme AMATLAIN KABUA (Îles Marshall) a rappelé que son pays a été le site de 67 essais nucléaires de grande ampleur entre 1946 et 1958, avec l’équivalent de 1,6 bombe d’Hiroshima lâchée chaque jour pendant 12 ans.  Elle a précisé que les dirigeants des Îles Marshall se sont rendus aux Nations Unies en 1954 et 1956 pour demander la cessation de ces essais.  Elle a expliqué que l’ONU a répondu à cette requête par le biais des résolutions 1082 et 1493, qui constituent les deux seuls documents par lesquels un organe de l’ONU a autorisé des essais nucléaires. 

Elle a souligné les conséquences désastreuses de ces essais, qui se sont traduits par des décès précoces, des cancers, des malformations à la naissance et autres problèmes de santé qui persistent depuis des générations.  « Des communautés qui n’ont pu retourner chez elles attendent toujours des compensations », a-t-elle dit, avant de souhaiter que l’ONU s’approprie l’objectif d’un monde sans armes nucléaires pour son centième anniversaire en 2045. 

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a regretté que l’existence de 15 ogives nucléaires menacent toujours la sécurité du monde, 71 ans après les bombardements de Nagasaki et d’Hiroshima.  « Pire, nous avons été, cette année, témoins d’activités nucléaires inacceptables de la part de la République populaire démocratique de Corée », a ajouté le représentant du Japon.  Il a souligné l’importance de la déclaration d’Hiroshima sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération signé par les Ministres des affaires étrangères du G7 en avril 2016.  Il a expliqué que la priorité de son pays était, cette année, de s’assurer du succès de la Conférence d’examen 2017 du TNP et de favoriser le début de négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. 

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a souligné l’importance de parvenir à une adhésion universelle au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a estimé que cet objectif dépendait de la volonté des État dotés de l’arme nucléaire et de leurs obligations au titre de l’article VI du TNP.  Il a jugé indispensable de lancer des négociations pour parvenir à un traité d’interdiction totale d’armes nucléaires.  Un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires représenterait, a-t-il assuré, une étape décisive vers l’universalisation du TNP.  Il s’est félicité des progrès et de la vitalité du processus international sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires.  Le représentant égyptien a ensuite salué le « succès sans précédent » de la communauté internationale qui s’est traduit par la conclusion des travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a regretté la lenteur des progrès réalisés dans le domaine du désarmement nucléaire.  Le seul fait que les armes nucléaires soient au centre des doctrines de défense de plusieurs États est à la fois déplorable au plan éthique et inquiétant, a-t-il estimé.  M. Momen a demandé à ces derniers de donner des assurances de sécurité négatives aux États non dotés d’armes nucléaires et enjoint les médias, la société civile et les chercheurs de poursuivre leur plaidoyer anti-nucléaire, sachant, a-t-il dit, « que les armes nucléaires ne peuvent nulle part garantir la paix et la sécurité internationales ».

M. SALAHALDIEN KHAIR (Soudan) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du TNP et appelé les pays dotés de l’arme nucléaire à l’éliminer.  Il a souligné la nécessité d’assurer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et appuyé la création de zones exemptes d’armes de destruction massive, notamment au Moyen-Orient.  Il s’est ensuite dit très préoccupé devant les obstacles opposés à la création d’une telle zone, laquelle serait pourtant favorable à la paix internationale.  En conclusion, il a réaffirmé le droit inaliénable des pays à produire et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

M. YU PENG (Chine) a plaidé pour un abandon de la mentalité de guerre froide en vue d’élaborer de nouvelles doctrines de sécurité, de nature à diminuer les risques de prolifération.  Il s’est également dit en faveur d’une interdiction complète des armes nucléaires et rappelé que la Chine s’est engagée à ne pas utiliser en premier de telles armes.  Enfin, le délégué de la Chine a demandé une intensification des efforts internationaux en vue de parvenir à un monde débarrassé de l’arme nucléaire.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a jugé qu’il était inacceptable que des sommes colossales soient dépensées pour des programmes nucléaires alors que les besoins de développement n’ont jamais été aussi pressants.  Le seul moyen d’empêcher que les armes nucléaires ne tombent entre les mains de groupes non étatiques est de les éliminer complètement, a-t-il affirmé.  Le représentant a salué l’Engagement humanitaire signé par 127 pays et plaidé pour un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires.  Enfin, il a déploré le manque de volonté politique de certains États Membres dans la réalisation de l’objectif de débarrasser le monde de l’arme nucléaire.

Mme DELFINA JANE ALOYSIUS DRIS (Malaisie) a réaffirmé la nécessité pour chaque État de respecter le droit humanitaire international, y compris en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  La représentante a souligné l’importance de travailler « en toute bonne foi en vue de l’obtention de résultats probants sur la voie d’un monde libéré d’armes nucléaires ».  Elle a appuyé l’idée d’élaborer un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires, et annoncé que son pays présenterait encore une fois, à la Première Commission de l’Assemblée générale, cette année, une résolution sur la licéité de l’utilisation des armes nucléaires.

M. RI TONGIL (République populaire démocratique de Corée) a rejeté les remarques d’autres États Membres sur les activités nucléaires de son pays, « qui ne sont rien d’autre que la conséquence d’une politique hostile menée depuis plus d’un demi-siècle contre la RPDC ».  « Les États-Unis exercent un chantage nucléaire qui prend la forme d’une menace d’utilisation de l’arme nucléaire contre la population nord-coréenne », a indiqué le représentant, qui a imputé à ce chantage la séparation de 10 millions de familles coréennes.  En ce moment, a-t-il assuré, les B21 américains survolent l’espace de la ligne de démarcation, qui est l’endroit le plus sensible au monde.  À cette aune, il a insisté sur le fait que les armes nucléaires étaient le seul moyen de dissuasion dont dispose son pays, « le seul outil pour maintenir de fragiles paix et sécurité dans la péninsule coréenne ».  M. Ri Tongil a déclaré que la RPDC poursuivrait ses activités de défense nucléaire « tant que durera le chantage des États-Unis et de leurs alliés en Asie ». 

Mgr TOMASZ GRYSA (Saint-Siège) a déclaré que le monde n’a pas d’autres options moralement que d’interdire toutes les armes nucléaires.  Il s’est particulièrement inquiété du risque de voir les armes nucléaires ou autres armes de destruction massive tomber entre les mains de groupes terroristes et autres acteurs non étatiques.  « Même si l’objectif d’un monde sans armes nucléaires semble relever de l’utopie, il n’y a pas d’autre alternative que de travailler ensemble vers cet objectif », a insisté le représentant du Vatican.  

M. AHMED FATHALLA, Observateur permanent de la Ligue des États arabes auprès des Nations Unies, a appelé les pays à redoubler d’efforts en matière de sécurité dans la région arabe, confrontée à une escalade des hostilités provoquée par les agissements d’acteurs non étatiques.  Devant l’échec de la Conférence d’examen du TNP en 2015, il est nécessaire, a-t-il souligné, de poursuivre et intensifier les discussions sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant 2020, date à laquelle se tiendra la prochaine conférence d’examen du TNP.  La communauté internationale doit, à cet égard, honorer ses engagements et faire pression sur les États dotés de l’arme nucléaire pour qu’ils réduisent le rôle de leurs arsenaux dans leur doctrine de défense et n’aident pas Israël à moderniser le sien, a-t-il indiqué.  M. Fathalla a conclu en plaidant en faveur de l’universalisation du TNP et au placement des installations nucléaires sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

M. GENXIN LI, Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a rappelé que 15 000 armes nucléaires subsistaient à travers le monde.  Le TICE est un jalon important vers l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il assuré, avant de se dire préoccupé par les activités nucléaires de la RPDC.  Il s’est ensuite félicité que le Myanmar et le Swaziland aient dernièrement ratifié le TICE.  À ce jour, huit États de l’annexe 2 ne se sont pas encore acquittés de leurs engagements, y compris la Chine et la RPDC, a-t-il fait remarquer, avant d’appeler ces pays à ratifier le Traité afin qu’il puisse entrer en vigueur.

Au nom de International Coalition Against Nuclear Weapons qui fédère 440 organisations de 98 pays, Mme SUSAN SOUTAHRD a indiqué qu’elle représentait une organisation qui se bat depuis 70 ans pour s’assurer que Nagasaki soit le dernier bombardement atomique.  Elle s’est félicitée que 107 États Membres aient appuyé -le mois dernier à Genève lors de la clôture des travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire– la convocation en 2017 d’une conférence pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires.  Elle a prévenu que le monde était maintenant exposé à d’immenses risques de catastrophe, à la fois humanitaire et environnemental, en rappelant que les armes atomiques sont aujourd’hui bien plus puissantes que celles qui ont frappé Hiroshima et Nagasaki.  Elle s’est inquiétée des risques d’attaques atomiques non seulement à la suite d’une décision militaire, mais également accidentelles ou résultant d’actes terroristes. 

M. CHRISTIAN N. CIOBANU, Coordinateur de l’organisation non gouvernementale Ban All Nukes Generation (BANG), a déclaré qu’il ne représentait pas seulement la société civile, mais également toute une génération dont le futur continue d’être mis en péril par les armes de destruction massive.  « Je suis certain que tout le monde, dans cette salle, se souvient d’avoir été jeune et d’avoir rêvé de bâtir un monde meilleur », a-t-il dit, en soulignant que l’ONU se fondait précisément sur ces idéaux.  Pour M. Ciobanu, certains ont perdu de vue leur idéalisme de jeunesse et leur engagement en faveur d’un monde dénucléarisé.  « Les investissements ininterrompus dans les armes nucléaires et leur modernisation constante ne constituent pas seulement une menace pour tous, mais accaparent également des ressources qui pourraient être utilisées au service de l’éducation, de la santé et du développement », a-t-il déploré.

Par ailleurs, M. Ciobanu a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires exigeait des signataires qu’ils s’engagent, « de bonne foi », dans des négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.  Rejetant les arguments concernant l’effet dissuasif des armes nucléaires et l’idée selon laquelle elles contribueraient à la sécurité des populations, il a appelé l’Assemblée générale de l’ONU à entamer des négociations, dès l’an prochain, pour la signature d’un futur traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en vue de leur élimination.

M. KIM WON-SOO, Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, a souligné l’importance de parvenir à un monde débarrassé de l’arme nucléaire.  Le désarmement fait partie de l’ADN des Nations Unies, a-t-il souligné, en appelant de ses vœux une revitalisation des efforts de désarmement.  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », a-t-il estimé, en déclarant qu’une seule des 15 000 armes nucléaires était une de trop.  Il a également souhaité qu’une coopération accrue remplace le statu quo actuel, avant de reconnaître les divergences des vues entre les États Membres, ainsi que les frustrations.  « N’oublions pas que la réalisation de l’objectif zéro arme nucléaire exigera des efforts de tous les pays », a-t-il insisté, en appelant les États Membres à faire preuve de créativité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: le débat général se termine sur un constat, « l’érosion du décorum »

Assemblée générale,
Soixante et onzième session - 23e séance plénière - matin
AG/11832

Assemblée générale: le débat général se termine sur un constat, « l’érosion du décorum »

L’Assemblée générale a refermé, cet après-midi, la page de son débat général avec 17 dernières interventions, portant à 187 le nombre des personnalités qui se sont exprimées ces six derniers jours, dont 119 chefs d’État et de gouvernement, 10 vice-présidents, un prince héritier et 57 vice-premiers ministres, ministres et vice-ministres.  Malgré ce succès, le Vice-Président de l’Assemblée, qui lisait le message du Président, s’est dit préoccupé par l’érosion du « décorum » du débat général.

Le thème de cette soixante et onzième session étant « les objectifs de développement durable: un élan universel pour transformer notre monde », le Président de l’Assemblée s’est félicité aujourd’hui du nombre d’États qui ont déjà intégré ces objectifs à leurs plans nationaux, lesquels objectifs ont été adoptés au cours d’un sommet en septembre 2015.

C’est aussi par un sommet que les chefs d’État et de gouvernement ont commencé leurs travaux cette année, choisissant de réfléchir ensemble à la question préoccupante des déplacements massifs des réfugiés et des migrants.  Le Sommet a donné lieu à la « Déclaration de New York » qui propose un cadre d’action global et prévoit la signature en 2018 de deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations sûres, régulières et ordonnées.

Le débat général, qui s’est ouvert le 20 septembre, a déclenché des appels au rapprochement entre gouvernants et gouvernés.  « Nous nous trouvons aujourd’hui face à un choix: soit poursuivre nos efforts en mettant en place un meilleur modèle d’intégration mondiale, soit reculer vers un monde plus divisé, au risque d’aller vers des conflits entre nations, races, tribus et religions », a par exemple déclaré le Président des États-Unis, M. Barack Obama, dans sa dernière apparition à l’Assemblée générale. 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dont c’était également la dernière apparition, s’est dit « plus convaincu que jamais » de la capacité de la communauté internationale à mettre fin à l’extrême pauvreté, aux persécutions, au fossé entre les riches et les pauvres et aux conflits.

« Il y a aujourd’hui une guerre de moins sur cette planète, et c’est la guerre en Colombie », a annoncé solennellement le Président colombien, M. Juan Manuel Santos Calderón qui s’est exprimé, le 21 septembre, le jour même de la Journée internationale de la paix.  Si le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a promis à son pays « un avenir brillant à l’ONU », le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a réitéré ses doutes sur la volonté politique d’Israël de faire la paix, une paix qui avance dans un autre continent, l’Afrique dont les États hôtes des missions de l’ONU ont énuméré les défis qu’ils doivent encore relever.  La situation pressante en Syrie a été sur toutes les lèvres, faisant encore l’objet hier d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.  

Dans sa déclaration de clôture aujourd’hui lue par son Vice-Président, le Président de l’Assemblée générale s’est félicité de l’adhésion à l’Accord de Paris sur le climat, signé dans la capitale française, en décembre 2015.  Pendant le débat général, les petits États insulaires en développement ont prévenu que limiter l’élévation de la température en dessous de 2 degré Celsius comme l’Accord le préconise n’est pas viable.  « Même en fixant ce chiffre à 1,5ºC, de nombreuses îles seront rayées de la surface de la terre », s’est par exemple alarmé le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston Alphonso Browne.  Dans son message, le Président de l’Assemblée générale a tout de même exhorté les États à ratifier rapidement le document pour qu’il entre en vigueur cette année.  Comme l’a rappelé le représentant permanent des Palaos, à ce jour, 60 pays représentant 47,76% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ont ratifié l’Accord dont l’entrée en vigueur nécessite un taux de 55%. 

Les petits États insulaires en développement ont dit miser sur la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-22), prévue en novembre au Maroc, et avant cela, sur la Conférence Habitat III consacrée à l’urbanisation et au développement durable, en octobre.  Ils ont aussi dit attendre beaucoup de la Conférence des Nations Unies relative à la conservation et à l’exploitation durables des océans, des mers et des ressources marines, prévue en juin 2017. 

Ces pays ont soulevé d’autres problèmes aujourd’hui dont « l’hyperrèglementation » du secteur bancaire, dénoncée par le Ministre des affaires étrangères des Bahamas.  M. Frederick A. Mitchell a ironisé sur le fait que les Caraïbes « paradis sur terre » selon les guides touristiques seraient en fait, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « l’enfer sur terre » avec ses « paradis fiscaux ».  Accuser nos systèmes bancaires de jouer sur la concurrence est à bien des égards « immoral », a tranché le Ministre, avant que son homologue de la Trinité-et-Tobago, M. Dennis Moses, ne dénonce le critère du revenu par habitant qui barre l’accès des pays comme le sien aux financements concessionnels pourtant « essentiels» pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

À la veille du coup d’envoi des travaux de la plénière et des six grandes commissions de l’Assemblée générale, le Président a, dans son message, promis de promouvoir la transparence et la redevabilité dans le processus d’élection du prochain secrétaire général de l’ONU.  Le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliasson, a relayé les remerciements de M. Ban Ki-moon pour toutes les déclarations faites sur son action durant ses deux mandats.

En conclusion, le Président de l’Assemblée générale avoue dans son message: je suis préoccupé par l’érosion du « décorum » du débat général caractérisée par une réelle pollution sonore dans la salle de l’Assemblée et ses abords immédiats, par les dépassements du temps de parole, par l’absence des délégations au fur et à mesure que les jours passent et par la multiplication des réunions et autres manifestations parallèlement au débat général.  Le Président a dit avoir demandé au Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale de se saisir de cette question au cours de cette session

Suite et fin du débat général

M. YOUSUF BIN ALAWI BIN ABDALLAH, Ministre des affaires étrangères d’Oman, a souligné que la vie a sa part de défis et de tragédies qui restent inévitablement gravés dans la mémoire de l’humanité.  Ces défis devraient nous motiver pour déployer plus d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  Chaque problème trouve une solution si les intérêts convergent, si la volonté politique est là et si les efforts sont concertés.  Le Sultanat d’Oman, a affirmé le Ministre, figure parmi les États qui ont fait du dialogue, de la négociation et de la conciliation les moyens de résoudre les différends, conformément au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, des normes et du patrimoine humain.

Le Ministre a souligné l’importance de la question palestinienne pour la stabilité du Moyen-Orient.  Si l’on ne parvient pas à trouver une solution juste et globale à cette question, il serait difficile de normaliser les relations entre les États et les peuples de la région et d’instaurer la confiance mutuelle et la coexistence.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts et à tracer une nouvelle perspective qui permettrait aux parties concernées de mettre fin à ce long conflit.

Saluant les efforts des Envoyés spéciaux du Secrétaire général pour les crises qui secouent le Moyen-Orient en particulier en Syrie, au Yémen et en Libye, le Ministre a déploré les sérieux revers qui menacent la paix et la sécurité internationales.  Le Sultanat d’Oman a cherché, avec les parties concernées, à concilier les points de vue, à trouver des points de convergence et à reprendre les négociations.  Avant de terminer, le Ministre a rendu hommage aux efforts du Koweït pour avoir abrité les négociations sur le Yémen en particulier les efforts de l’Émir.  L’objectif est de parvenir à une solution « gagnant-gagnant » par des négociations pacifiques.

CHEIKH KHALID BIN AHMED AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a souhaité que l’Accord de Paris sur le climat entre en vigueur d’ici à la fin de l’année.  Il a affirmé que son pays est sur la bonne voie pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a rappelé que le 23 septembre le « Prix du développement durable Prince Khalifa Bin Salman Al Khalifa » a été décerné au professeur Anna Tibaijuka.  « Un développement qui n’aurait pas comme cible les citoyens est inutile et indésirable », a prévenu le Ministre, en paraphrasant son Roi.  Le développement va main dans la main avec sécurité et stabilité, cela suppose la bonne gouvernance, des institutions efficaces et un gouvernement stable et cela vaut aussi pour le Moyen-Orient, confronté à d’énormes défis qui représentent de graves menaces à la paix et la sécurité mondiales. 

Pour le Ministre il faut protéger les fondations des États-nations.  Ensemble, il faut s’engager à éradiquer le terrorisme en s’attaquant à ses causes sous-jacentes et mettre fin à toutes les sources de financement dont il bénéficie tout en protégeant « nos sociétés » des discours de haine et de l’extrémisme violent.  Toutefois, a prévenu le Ministre, les mesures antiterroristes seront vouées à l’échec si elles s’appuient sur des législations contraires à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international comme la loi que vient d’adopter le Congrès américain « Justice contre les parrains des actes de terrorisme ».  Cette loi, a estimé le Ministre, remet en cause les relations internationales et constitue un dangereux précédent et une menace à la stabilité du système international.

S’agissant de la Syrie, il a exhorté la communauté internationale à agir à l’unisson et à aborder ce problème sous tous ses angles.  Le Ministre a salué les efforts de l’Arabie saoudite, du Koweït, de la Jordanie, de la Turquie et du Liban et a invité la communauté internationale à les appuyer.  Il a lancé un appel à tous les pays qui ont des « leviers » dans la crise syrienne, en particulier les États-Unis et la Fédération de Russie, pour qu’ils unissent leurs forces et obtiennent des parties une solution politique, préservant l’intégrité territoriale de la Syrie, garantissant un accès sans entrave de l’assistance humanitaire et mettant un terme aux ingérences régionales, qu’elles soient directes ou indirectes, qui empêchent un règlement pacifique de ce conflit. 

Le Bahreïn encourage en outre tous les efforts pour faciliter la reconstruction des institutions en Iraq et la matérialisation de la volonté du peuple iraquien sans pressions extérieures.  Il a par ailleurs invité Israël à répondre favorablement à l’Initiative de paix arabe « qui est toujours sur la table ».

En tant que membre de la Coalition arabe pour la restauration de la légitimité au Yémen, le Bahreïn, a promis le Ministre, ne ménagera aucun effort et aucun sacrifice pour que le Gouvernement légitime du Président Hadi reprenne le contrôle de tout le territoire yéménite.  Il a tenu à souligner la détermination des forces de la Coalition à épargner les civils.  Le Ministre a également affirmé que malgré les efforts du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de tous les pays arabes, les appels aux relations de bon voisinage avec l’Iran sont restés lettre morte.  Il a reproché à l’Iran un discours « sectaire irresponsable » et des actes de provocation vis-à-vis de l’Arabie saoudite ou même du Bahreïn où l’Iran soutient des groupes terroristes comme le Hezbollah. 

Le Ministre a aussi accusé l’Iran d’occuper illégalement deux îles émiraties et de refuser toute médiation pour un règlement pacifique.  Pour le Ministre, à moins d’avoir un changement fondamental de la politique étrangère de l’Iran et la fin à ses pratiques « hostiles envers nos pays », il ne peut y avoir de progrès sur la voie de la stabilité et du développement de la région.

Mme SUSHMA SWARAJ, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a fait remarquer que les objectifs de développement durable correspondaient à la vision du Premier Ministre de son pays, M. Narendra Modi.  Plus de 400 000 toilettes ont été installées dans les écoles, le programme « Éduquer les filles, sauver les filles » est devenu une mission nationale, la marque « Fabriquée en Inde » est internationalement reconnue et plus de 250 millions de comptes bancaires ont été ouverts pour les pauvres, s’est-elle félicitée.  « L’Inde numérique est en train de transformer le pays » lequel abrite un sixième de l’humanité, a rappelé Mme Swaraj.

Le Premier Ministre indien, a dit la Ministre, défend un nouveau concept, « la justice climatique ».  « Si nous respectons la nature, la nature nous respectera et nous nourrira, nous et les générations futures ».  Mais il faut pour cela réfréner la consommation, a-t-elle averti.  La Ministre a souligné l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée entériné par l’Accord de Paris sur le climat.  L’Inde veut faire en sorte que 40% de son énergie provienne de combustibles non fossiles d’ici à 2030.  L’Alliance solaire vise à rendre accessible à tous l’énergie solaire.  La Ministre a d’ailleurs annoncé que l’Inde ratifiera l’Accord de Paris le 2 octobre prochain.

Le terrorisme constitue un crime contre l’humanité, a poursuivi Mme Swaraj.  Mais, a-t-elle insisté, il faut s’interroger: « Qui finance les terroristes, qui les arme et qui leur offre un refuge? »  Elle a noté que l’Afghanistan avait, à cette tribune, posé la même question.  Pour mettre en échec l’hydre du terrorisme, il faut une stratégie globale.  « En notre sein, il y a des nations qui parlent le langage du terrorisme, qui l’alimentent, le colportent et l’exportent », a-t-elle accusé.  Il faut identifier ces nations et les rendre responsables de leurs actes.

Mme Swaraj a reproché au Pakistan d’avoir porté contre l’Inde des accusations infondées à propos de prétendues violations des droits de l’homme.  À son tour, elle a condamné la façon dont le Pakistan oppresse la population du Baloutchistan. 

« Le Premier Ministre du Pakistan a aussi dit que l’Inde avait posé pour les pourparlers des préconditions inacceptables », s’est-elle indignée.  « Quelles préconditions? » a-t-elle demandé deux fois.  « Nous avons pris l’initiative de résoudre des questions, non pas sur la base de conditions, mais sur la base de l’amitié! » s’est-elle exclamée.  Selon elle, le prisonnier Bahadur Ali est « la preuve vivante qu’un terroriste est venu de l’autre côté de la frontière ».  Elle a conseillé au Pakistan d’abandonner « son rêve ».  « Le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et il le restera », a-t-elle tranché.    

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a dit que dans un monde incertain, les petits États doivent travailler beaucoup plus dur pour rester à flot.  Pour notre survie et notre prospérité, nous devons rester ouverts et connectés au monde.  Mais cette ouverture nous rend vulnérables aux chocs et menaces de l’extérieur.  Nous n’avons pas le choix de nous isoler ou de nous retirer du système.

Trois éléments sont fondamentaux pour notre survie et notre prospérité: un système multilatéral fondé sur le droit, la coopération internationale et le développement durable.  Un système multilatéral fondé sur le droit permettra à tous les États de traiter avec les autres de manière transparente, équitable et prévisible.  Comme ils rejettent « la loi du plus fort », les petits États sont les plus ardents défenseurs des Nations Unies.  Un ordre international fondé sur le droit est une précondition essentielle pour une bonne coexistence entre États indépendants et souverains.

Pourquoi la coopération internationale?  Parce que, a dit le Ministre, certains défis sont intrinsèquement transnationaux comme les changements climatiques et le terrorisme.  L’Accord de Paris sur le climat est un bon exemple du partenariat international pour résoudre ensemble un problème d’intérêt commun. 

Pour ce qui est du développement durable, Singapour estime qu’il y a deux impératifs pour le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le premier est l’état de droit au niveau national car sans une bonne gouvernance, sans la transparence, sans des institutions fortes et un cadre juridique clair, le développement ne peut être ni durable ni bénéfique pour les gens ordinaires.

Le deuxième impératif est le partenariat international.  Les objectifs de développement durable ne seront réalisés que par la collaboration.  Le Ministre a souligné dans ce cadre que la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), prévue en octobre, devrait insister sur le lien entre l’urbanisation et le développement durable et donner le cadre aux villes et aux gouvernements des pays du monde.

Les questions de la gestion durable des forêts, et de la prévention des sols et de la biodiversité appellent à la coopération.  En Asie du Sud-Est, les nuages de pollution transfrontières et les incendies de forêts compromettent la santé de millions de personnes, sans oublier la sécurité aérienne, l’économie régionale et le climat.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a adopté la feuille de route sur la création d’une zone exempte de nuages de pollution transfrontières, a annoncé le Ministre.

M. LUIS FILIPE LOPES TAVARES, Ministre des affaires étrangères de Cabo Verde, a indiqué que son pays fondait sa politique étrangère sur les principes consacrés par la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit préoccupé par les conflits et les sources de tension qui perdurent sur le continent africain, en Libye, au Soudan du Sud, en Somalie et au Mali.  Il s’est cependant félicité de la décision récente du Maroc de rejoindre l’Union africaine. 

Le Ministre a vu dans le droit au développement un principe fondamental pour la cohésion et la réduction des inégalités sociales à l’intérieur des nations et entre elles.  Il a salué la déclaration adoptée lors de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida qui s’est tenue en juin dernier, défendant l’accès des plus vulnérables aux traitements.  Pour le Cabo Verde, a-t-il poursuivi, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 implique l’augmentation des financements, le transfert de technologies, le renforcement des capacités, un suivi, et l’élargissement du système commercial international. 

La communauté internationale devra tenir compte de la situation particulière des petits États insulaires en développement, a poursuivi M. Tavares.  Du fait d’un manque de ressources, il est en effet difficile pour ces États d’attirer des investissements étrangers.  Il a appelé à un cadre juridique international « fort et transparent » pour la préservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.  Citant les effets des changements climatiques, il a également jugé urgent d’appliquer l’Accord de Paris et les recommandations du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.   

Voulant faire « quelque chose de spécial », M. FREDERICK A MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, est venu accompagné de dirigeants de la société civile, des communautés religieuses et de l’opposition pour illustrer le consensus multipartite qui prévaut dans son pays s’agissant de la politique étrangère.

Le Ministre a attaqué d’emblée sur le front économique et financier.  Aujourd’hui dans les Caraïbes, une région où la tradition veut que l’on ouvre à un enfant un compte en banque à l’occasion de son baptême, il est de plus en plus difficile pour « des gens comme nous » de le faire, certains pensant même que c’est une politique voulue pour nous dissuader de pénétrer le système financier.  Le problème, a diagnostiqué le Ministre, c’est « l’hyperrèglementation » imposée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Tout à coup, être un politicien ou de la famille d’un politicien, c’est être menacé d’être rejeté par les services bancaires parce que « les risques » sont trop élevés.  Dans le monde développé, en particulier aux États-Unis, les banques refusent même d’endosser les chèques de certaines banques des Caraïbes parce que le risque qu’elles ne respectent pas les règles établies est trop élevé et que leur niveau de transactions est trop bas.

Nous parlons ici, s’est emporté le Ministre, des Bahamas et des Caraïbes que des dizaines de millions d’Américains et d’Européens visitent chaque année.  Ces gens-là, a-t-il ironisé, s’attendent à tous les services modernes quand ils atterrissent pour « tremper l’orteil dans l’eau et faire la crêpe sur les plages » mais leurs Caraïbes, décrites dans leurs brochures touristiques comme « le paradis sur terre », sont pourtant traitées comme « l’enfer sur terre » par des règles financières qui n’hésitent pas à utiliser des expressions péjoratives comme « paradis fiscaux » et à imposer des mesures et des sanctions iniques sans se préoccuper une seule seconde de leur impact sur les envois de fonds des expatriés ou la capacité des parents à payer les études de leurs enfants. 

Mais dans le même temps, on n’hésite pas à faire du lobbying auprès de ces petits pays pour les amener à voter « pour ci ou pour ça » dans l’intérêt exclusif des pays développés. « Mais dans ce prétendu jeu du donnant-donnant, que reçoivent les petits États? » s’est une nouvelle fois emporté le Ministre.  Les Bahamas, comme tous les pays de la Communauté des Caraïbes, ne protègent aucun criminel.  Ils adhèrent à toutes les mesures contre le blanchiment d’argent et la fuite des capitaux.  Les attaques contre eux sont donc « non fondées et injustes ».  Accuser nos systèmes bancaires de jouer sur la concurrence est à bien des égards « immoral » car tout le monde sait que l’argent déposé dans les comptes offshores repart toujours d’où il vient, à savoir dans les pays développés. 

S’il est effectivement légitime de combattre l’évasion fiscale, il faut néanmoins assumer la « responsabilité morale » de comprendre que « l’hyperréglementation » et le maintien d’un système financier international « inique » peuvent avoir des conséquences « immorales » comme « la destruction de millions de familles ».  Ce problème doit être réglé par ceux-là même qui veulent imposer les règles.  Il s’agit d’un « impératif moral », a tranché le Ministre.

Le Ministre a poursuivi en annonçant que son pays vient de déposer les instruments de ratification de l’Accord contre la pêche illicite.  Les Bahamas ont aussi l’intention d’obtenir un autre mandat au Conseil de l’Organisation maritime internationale (OMI) et un tout premier mandat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.  Le Ministre a également plaidé pour l’élargissement et la modernisation des indicateurs utilisés pour évaluer le niveau et les besoins de développement.  Nous continuons à arguer que le PNB par habitant ne doit plus être le facteur déterminant de l’accès à l’aide économique ou aux financements concessionnels.

M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a évoqué les difficultés et les attaques auxquelles son pays a dû faire face depuis son indépendance en 1991.  « Rares sont ceux qui ont laissé une chance à l’Érythrée », s’est-il plaint.  Malgré cela, l’Érythrée remonte la pente, a-t-il assuré.  La plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été atteints, l’économie repart, les infrastructures se construisent, les conditions favorables sont créées pour l’éducation, la formation et la participation des jeunes, et l’engagement régional et international du pays se renforce.  Le Ministre a considéré que la politique consistant à isoler l’Érythrée est en train d’échouer.

Les 20 dernières années dans la Corne de l’Afrique ont été marquées par des occasions manquées, des matchs nuls, des conflits à répétition et des reculs, a reconnu M. Saleh.  Même aujourd’hui, la situation reste tendue.  Mais le Ministre a vu la possibilité d’un nouveau départ.  Il a parlé de relancer « la vision des années 1990 pour une Corne de l’Afrique pacifique, progressive et économiquement dynamique ».  L’Érythrée, a-t-il conclu, s’engage à réaliser les objectifs de développement durable en se fondant sur l’énergie, les qualifications de ses ressources humaines et l’utilisation judicieuse de ses ressources naturelles. 

 M. WILFRED ERLINGTON, Procureur général et Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Belize, a regretté que 35 ans après son entrée aux Nations Unies, le Belize n’a toujours pas réussi à obtenir le règlement du différend territorial avec le Guatemala.  Le Belize est un pays de migrants qui vit dans la paix et la liberté, a affirmé le Ministre, qui a dit n’avoir pas peur des menaces proférées par le Guatemala.  Le Belize défendra sa souveraineté et son intégrité territoriale, a prévenu le Ministre, et ses diplomates n’épargneront aucun effort pour résoudre cet ancien différend maritime de manière pacifique.  Le Ministre a toutefois regretté que ces 18 derniers mois, des incidents « hostiles » aient eu lieu entre les personnels militaire et civil le long du fleuve Sarstoon, sur la frontière sud, alors que le côté nord du fleuve appartient au Belize.  Par le truchement de l’Organisation des États américains (OEA), le Belize a engagé des pourparlers avec ses homologues guatémaltèques qui, a accusé le Ministre, sont responsables du pillage des temples maya, de la déforestation et de la production de marijuana sur le territoire bélizien.

Le Ministre a également signalé d’autres incidents de ce type et a dénoncé le refus du Guatemala de reconnaître les rapports d’enquête d’une Commission indépendante de l’OEA.  Le Belize veut vivre dans la paix et l’harmonie avec tous ses voisins, y compris le Guatemala avec lequel il veut parvenir rapidement à un règlement pacifique de cette revendication territoriale « anachronique », a insisté le Ministre.

À Belize, l’essence même du développement durable est inscrite dans la Constitution.  Le modèle de développement économique a intégré les priorités sociales et environnementales et depuis les années 90, le Belize s’est doté d’un cadre juridique progressiste pour assurer la protection de l’environnement.  Le pays est en effet l’un des pionniers de l’écotourisme.  Aujourd’hui, plus de 36% du territoire sont protégés.  Le Ministre a précisé que progressivement l’éducation gratuite, tant au niveau primaire que secondaire, est mise en place et que la couverture santé s’élargie.  Le pays cherche également à promouvoir l’égalité hommes-femmes et vient de dépénaliser l’homosexualité, une décision contre laquelle l’on a interjeté appel.  Le Belize a été l’un des premiers pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat qu’il a déjà ratifié, a encore indiqué le Ministre, avant de s’associer aux efforts des Nations Unies pour un nouveau traité international sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine.  Le Ministre a également indiqué que les cadres règlementaires du secteur financier sont constamment mis à niveau pour les rendre conformes aux nouvelles normes bancaires internationales.

Mme NIERMALA BADRISING, Ministre des affaires étrangères du Suriname, a fait part de sa préoccupation face à la multitude de défis et de menaces auxquels le monde est confronté dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social, y compris la récession mondiale et le ralentissement économique qui engendrent la baisse de la croissance et de la productivité et aggravent les inégalités qui sont elles-mêmes à l’origine de l’augmentation de la violence, de l’instabilité politique et de la dégradation sociale, du crime international organisé, du terrorisme et de la manipulation des technologies de l’information et de la communication.

Parlant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Badrising a souligné l’écart entre ce qui est promis à nos peuples dans les fora internationaux et régionaux et ce qui est effectivement réalisé.  Elle a appelé à une réforme « structurelle » de l’ordre socioéconomique et à la promotion de l’innovation, des technologies, de la connaissance, des capacités et des compétences.

La taille relativement petite du Suriname le rend particulièrement vulnérable aux défis environnementaux et aux chocs économiques extérieurs, a poursuivi la Ministre.  Le pays étant un État côtier à basse altitude, ses efforts de développement durable sont gravement menacés.  La Ministre a donc appelé la communauté internationale à développer non seulement des mécanismes d’appui techniques et financiers dans le contexte des cadres financiers existants mais aussi à débloquer des financements supplémentaires. 

Les prix des produits de base que le Suriname exporte ayant chuté, le pays a dû mettre en œuvre des programmes de réformes et d’ajustement, l’année dernière, qui ont exigé des mesures difficiles mais nécessaires.  Pour alléger l’ajustement et sécuriser une aide technique au programme de réforme, le Gouvernement a signé, au début de cette année, un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).  À la lumière des résultats obtenus en peu de temps, Le Gouvernement continuera de travailler avec le FMI, avec pour objectif de sécuriser la stabilité macroéconomique et de poursuivre les réformes institutionnelles et juridiques pour rétablir la croissance économique et la stabilité sociale.

M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères et pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM) de Trinité-et-Tobago, a indiqué que son Gouvernement place les principes des objectifs de développement durable au cœur de son plan national de développement intitulé « Vision 2030 », et qui est en cours d’élaboration.  Dans ce cadre, il a souligné que son gouvernement a adopté plusieurs lois, politiques et autres mesures pour la promotion de la femme.

En dépit de leur contribution minime aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, les petits États insulaires en développement (PEID) comme la Trinité-et-Tobago, font face à une menace « existentielle » du fait des changements climatiques.  Leur existence-même dépend de l’urgence et du niveau d’ambition de la réponse mondiale pour inverser la tendance non viable de l’augmentation de la température terrestre.  Le Ministre a salué l’Accord de Paris, indiquant qu’il s’agit d’un « signe d’espoir ».  Il a annoncé que son gouvernement avait lancé la procédure de ratification et réitéré le fait que l’élévation de la température terrestre ne devrait pas dépasser 1,5ºdegré Celsius. 

Consciente que son économie est fortement dépendante des hydrocarbures et des industries pétrochimiques, la Trinidad-et-Tobago, a poursuivi le Ministre, a institué des mesures d’incitation pour les investissements et la création d’emplois dans les domaines des énergies renouvelables et des technologies propres.  Le Gouvernement mène également une stratégie de diversification économique qui va permettre aussi de renforcer la résilience du pays face aux chocs externes du marché mondial.

Le Ministre a dénoncé, à son tour, l’arrêt des relations avec les banques des Caraïbes ou les restrictions imposées, lesquels ont déstabilisé les secteurs financiers et perturbé la croissance économique des pays de la région qui respectent dûment les recommandations du Groupe d’action financière contre le blanchiment d’argent et celles du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

Le Ministre a poursuivi en relevant que la criminalité transfrontalière organisée, la piraterie, le trafic des êtres humains, la cybercriminalité et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre sont autant de défis sécuritaires de la région.  Il a saisi l’opportunité de cette Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires pour appeler à une dénucléarisation de toutes les régions du monde, se félicitant en outre d’appartenir à la région qui a établi la première zone exemptes d’armes nucléaire.

Il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome, afin que la Cour pénale internationale (CPI) puisse remplir pleinement son mandat de tribunal universel.  Il a également appelé à l’adoption d’un instrument universel juridiquement contraignant, sous l’égide de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales. 

Saluant, une nouvelle fois, l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a prévenu que les pays à revenu intermédiaire continuent de subir un statut qui les rend inéligibles à l’aide internationale au développement, alors qu’ils font face à toutes les vulnérabilités des petits États insulaires en développement.  Il est pour le moins « étonnant » que le statut de pays à revenu intermédiaire, fondé exclusivement sur le revenu par habitant, prive la Trinité-et-Tobago d’une aide qui pourrait compléter les ressources limitées qu’elle consacre au développement socioéconomique durable.  Le système de développement des Nations Unies, a plaidé le Ministre, devrait adopter une approche multidimensionnelle de l’aide au développement, laquelle devrait être plus conforme aux priorités et besoins nationaux spécifiques et renoncer à « habiller le progrès socioéconomique d’un modèle à taille unique ».

M. AUGUSTINE PHILLIP MAHIGA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Afrique de l’Est de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son pays avait intégré les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 dans ses plans nationaux de développement, en collaboration avec un ensemble de parties prenantes, et qu’il s’appuyait également sur l’Agenda 2063 de l’Afrique.  Toutefois, a-t-il prévenu, sans partenariat et sans financement, le pays ne pourra pas réaliser seul ces objectifs ambitieux. 

La Tanzanie, a assuré M. Mahiga, s’est engagée à promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes.  Les lois discriminatoires ont été abolies, notamment pour leur permettre l’accès aux terres.  Depuis les dernières élections de 2015, 36,9% des parlementaires sont des femmes.  À cette occasion, le Président John Magufuli a nommé la première femme Vice-Présidente de la République. 

Par ailleurs, pour combattre la corruption, la Tanzanie a promu la transparence, l’efficacité et l’obligation redditionnelle, ainsi que des normes éthiques, dans les services publics.  À ce sujet, a estimé le Ministre, les pays développés doivent aussi s’assurer que les investisseurs et les sociétés multinationales payent les taxes dues.  M. Mahiga a souligné que l’un des objectifs de la Tanzanie était d’améliorer la qualité de l’éducation au XXIe siècle.  En arrivant au pouvoir, le Président a déclaré la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire pour tous.

Pour faire face aux changements climatiques, le Gouvernement a préparé des plans d’adaptation et il compte sur les ressources du Fonds vert et d’autres fonds.  Le Ministre a estimé à 500 millions de dollars par an les besoins de son pays en la matière.  Alors qu’elle s’apprête à ratifier l’Accord de Paris, la Tanzanie a été l’un des premiers pays à soumettre ses contributions prévues déterminées au niveau national pour couvrir l’adaptation aux effets des changements climatiques et leur atténuation.  « Avec plus de 48 millions d’hectares de terres forestières, soit plus de 54% de sa surface, la Tanzanie offre déjà une contribution importante à la communauté mondiale en termes de puits de carbone », a fait valoir M. Mahiga.

La Tanzanie est fermement engagée dans la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants qui traversent ses frontières, a-t-il dit.  Elle coopère également avec la communauté internationale pour combattre le terrorisme et son financement, et a promulgué une série de lois à cette fin.  Enfin, le Ministre a espéré que les efforts entrepris par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), auxquels participe l’ancien Président tanzanien Kaguta Yoweri Museveni, aideront à résoudre le conflit au Burundi. Il a également appelé les parties au conflit à honorer l’accord de paix conclu avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en août 2015.      

M. VALENTIN RYBAKOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a mis en garde contre un possible échec du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en raison du chaos actuel provoqué par les conflits non résolus et les insuffisances du système international.

Ces difficultés, a estimé le Ministre, résultent en grande partie de la guerre froide et de la période qui lui a succédé.  « Les vainqueurs de la guerre froide n’ont pas voulu inclure les vaincus dans l’ordre mondial », a-t-il en effet regretté, ajoutant que ces vainqueurs ont tenté « d’imposer un ordre mondial de manière unilatérale ».  Cette attitude, a-t-il dit, est responsable des problèmes actuels, y compris des conflits larvés et des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.

M. Rybakov a regretté l’effacement progressif de l’État au profit de la logique de marché, « dont la seule préoccupation est de générer des profits ».  Quant au domaine culturel, il a dénoncé les tentatives d’imposer à l’échelle mondiale certaines cultures, y compris « les principes de la contre-culture », à des pays issus d’autres cultures radicalement différentes.

Pour inverser ces différentes tendances, M. Rybakov a appelé les États à faire des concessions pour construire un nouvel ordre mondial.  Citant le philosophe allemand du XVIIIsiècle Emmanuel Kant, il a déclaré: « Construire un monde et un système international juste est la plus difficile des tâches ».  Pour y parvenir, le Ministre a insisté sur le fait que ce nouvel ordre mondial devait avant tout être façonné par les États, « sous peine d’anarchie et de violence ».  Il a également estimé que ce nouveau système devait être « non exclusif » et « non imposé ».

Sur le plan économique, le Ministre a salué la remise en cause récente de la logique libérale de marché, un phénomène qui se manifeste, selon lui, par un retour de l’État sur la scène économique.  À ce titre, il a appelé à renforcer le rôle de la coopération régionale pour résoudre les problèmes, une approche qu’il a qualifiée « d’intégration de l’intégration ». 

Du point de vue culturel, M. Rybakov a appelé à reconnaître les différences nationales et régionales.  « Il n’est pas efficace d’imposer des valeurs culturelles », a-t-il insisté, tout en plaidant en faveur du dialogue entre les cultures.  Prenant l’exemple de la famille, il a affirmé que le Belarus « voit l’individu avant tout comme un membre de la famille », et non comme préexistant à cette dernière, ce qui n’est pas le cas, selon lui, de toutes les cultures.  Il a insisté sur le fait qu’il s’agissait-là d’une différence fondamentale.

Concernant le rôle de l’ONU sur la scène internationale, le Ministre des affaires étrangères a regretté que le Secrétariat de l’Organisation soit souvent en décalage avec les réalités sur le terrain.  Il a par conséquent appelé l’Organisation, dans la perspective d’un nouvel ordre mondial, à « trouver des solutions concrètes » aux problèmes internationaux, « au lieu de rédiger des rapports sans fin ».

M. CALEB OTTO (Palaos) s’est inquiété de la menace que les effets des changements climatiques font peser sur l’existence même des Palaos et des petits États insulaires en développement (PEID), en particulier l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des ouragans, l’élévation du niveau de la mer et l’acidification des océans.

Pour lutter contre ces phénomènes climatiques, M. Otto a rappelé que les Palaos ont été le deuxième État à ratifier l’Accord de Paris sur le climat.  Il a souligné qu’à ce jour, 60 pays représentant 47,76% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde ont procédé à cette ratification, précisant que le taux requis pour que l’Accord de Paris entre en vigueur est de 55%.  Le Représentant des Palaos a salué les 127 autres États à avoir signé jusqu’à présent le texte et s’est dit confiant quant à une entrée en vigueur de l’Accord de Paris d’ici à la fin de l’année 2016. 

M. Otto s’est par ailleurs prononcé en faveur de la nomination rapide d’un représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour les changements climatiques et la sécurité, afin que ce dernier puisse coordonner les efforts entre l’Assemblée générale, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité sur les questions de paix et de sécurité liées aux changements climatiques.

S’agissant de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Représentant des Palaos a insisté sur l’importance que revêtent pour son pays l’objectif 13, relatif à la lutte contre les effets des changements climatiques, et l’objectif 14, sur la gestion durable des océans.  À ce titre, a-t-il indiqué, les Palaos ont lancé en 2015 l’initiative Sanctuaire marin national, qui a instauré un moratoire sur l’exploitation des ressources maritimes dans 80% de sa zone économique exclusive, soit un demi-million de kilomètres carrés d’océan.  Cela « permettra à notre océan de se fortifier, de renouveler son stock de poissons et sa biodiversité », a-t-il expliqué.

Pour garantir le succès de cette initiative, M. Otto a souligné l’importance de la coopération entre les petits États insulaires en développement.  Il a également salué le soutien apporté à cette initiative par les États-Unis, le Japon, l’Australie, l’Union européenne, l’Italie, l’Inde et la République de Chine de Taiwan. 

En vertu de ce soutien, le Représentant des Palaos a appelé la communauté internationale à intégrer pleinement Taiwan dans le processus de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris.  Il a par ailleurs appelé à un règlement pacifique de la situation en Papouasie occidentale et à une levée de l’embargo contre Cuba.

M. Otto a enfin plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, en particulier l’ajout de trois sièges permanents, dont deux pour l’Afrique et un pour les petits États insulaires en développement.

Mme MARIE-LOUISE POTTER, Représentante permanente des Seychelles a indiqué que son pays, après avoir atteint la plupart des cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’efforçait aujourd’hui d’intégrer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine dans sa stratégie nationale de développement.  Elle a insisté sur l’importance du partenariat mondial et de l’appui financier pour la mise en œuvre du Programme 2030.  À cet égard, elle a estimé qu’un « index de vulnérabilité » permettrait de mesurer plus justement les économies que le traditionnel produit intérieur brut (PIB) par habitant.

« Championnes de l’économie bleue », les Seychelles reconnaissent l’importance cruciale que la conservation et l’utilisation durable des océans et de leurs ressources revêtent pour les petits États insulaires en développement, a ajouté Mme Potter.  L’initiative des « obligations bleues » et l’accord d’échange de créances exemplifient le discours des Seychelles sur ce point.  Le pays, a-t-elle averti, est exposé aux effets dévastateurs des changements climatiques.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la bataille contre les changements climatiques », a-t-elle prévenu.  C’est pour cette raison que les Seychelles ont fait partie des 20 premiers pays ayant ratifié l’Accord de Paris.

La représentante a également réitéré sa détermination à lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et contre la piraterie, à travers le Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes (CGPCS). 

M. IB PETERSEN (Danemark) a déclaré que les défis mondiaux devaient être surmontés par des efforts collectifs avec une attention particulière sur les droits et les libertés de chaque être humain.  La vision du Danemark repose sur la dignité, le développement et le dialogue.  Ces trois éléments caractérisent notre approche du travail des Nations Unies, et ils sont à la base de notre candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2020.

Au Mali, le Danemark contribue activement à la promotion de la paix et de la stabilité, participe à la Mission des Nations Unies et contribue au développement.  En Syrie et en Iraq, le Danemark prend part à la lutte contre l’État Islamique, y compris par le soutien aux communautés locales après le conflit.  Nous devons faire en sorte que les victoires militaires contre Daech soient suivies par des efforts déterminés et coordonnés pour maintenir la paix.  Sans cela, nous ne réussirons pas.  Cet automne, le Danemark lancera un programme de stabilisation de trois ans pour la Syrie et l’Iraq dont le principal objectif est de soutenir les efforts de stabilisation immédiate des régions libérées des mains de Daech.

Notre sécurité commune dépend aussi de l’adhésion des pays aux normes et aux règles des Nations Unies et toutes les nations doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international, y compris la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a condamné les derniers essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, et exhorté la communauté internationale à y répondre de manière forte et unie.

S’agissant de la migration, le Danemark figure parmi l’un des gros donateurs par habitant dans le monde et continuera de l’être.  Réaliser le développement durable et éradiquer l’extrême pauvreté sont des chemins vitaux vers un monde libre, pacifique et prospère et pour faire face aux causes fondamentales des migrations.

Depuis 1978, le Danemark a satisfait l’engagement de consacrer 0,7% de son produit intérieur brut à l’aide publique au développement et exhorte les autres pays à faire autant.  Nous devons également relever tous les défis de l’Accord de Paris sur le climat.  Le Gouvernement du Danemark présentera au Parlement l’Accord pour ratification, le 5 octobre prochain.

Pour réaliser le Programme 2030, le système de développement des Nations Unies doit être reformé et adapté aux enjeux.  Ce système doit repenser totalement son approche opérationnelle et reléguer dans le passé les cloisonnements et la course à l’argent.  Le Danemark estime que nous devons accorder une attention particulière au rôle des jeunes et au partenariat avec la société civile et le secteur privé pour réaliser et mettre en œuvre le Programme 2030.  Pour cette raison, le Premier Ministre du Danemark a annoncé la semaine dernière un nouveau fonds d’investissement pour les objectifs de développement durable qu’il a doté de 15 millions de dollars.  L’objectif est de lever des capitaux du secteur privé et d’atteindre un capital de base de 750 millions de dollars qui serviront à améliorer l’énergie, le climat, l’industrie et les infrastructures, la production alimentaire et la santé afin de créer une croissance durable, des empois et des revenus fiscaux dans les pays en développement.

Nous avons besoin du libre-échange mondial pour améliorer le développement et la croissance économique à long terme.  Le Danemark milite activement pour créer les conditions d’un meilleur accès aux marchés des pays en développement et pour améliorer le climat des affaires, y compris à l’Organisation mondiale du commerce. 

Le Danemark estime enfin que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont des éléments clefs pour réaliser le Programme 2030.  Des études ont montré qu’une année supplémentaire d’éducation peut aider une fille à accroître de plus de 20% ses revenus.  Grand partisan de la lutte contre la torture, le Danemark a, avec le Chili, le Ghana, l’Indonésie et le Maroc, lancé l’Initiative sur la Convention contre la torture dont l’objectif est la ratification universelle et la mise en œuvre de la Convention avant 2024.

M. KOKOU KPAYEDO (Togo) a rappelé que son pays s’est proposé volontairement à l’exercice du rapport d’avancement de l’intégration des objectifs de développement durable dans les stratégies et programmes nationaux de développement en juillet dernier.  À cette occasion, a-t-il dit, le Togo a pu démontrer les avancées dans la mise en œuvre de sa feuille de route mais aussi partager les progrès non négligeables qu’il a accomplis dans la mise en œuvre d’action phares pour ne laisser personne pour compte.  Reconnaissant que la redevabilité pour les résultats et l’apprentissage mutuel entre les pays sont déterminants pour accélérer la marche vers les objectifs de développement durable, le Togo participera à l’examen volontaire qui aura lieu lors du prochain segment politique de haut niveau sur la mise en œuvre de ces objectifs. 

Le Togo, qui est confronté à l’érosion côtière, aux inondations, à la désertification et à l’irrégularité des pluies, renouvelle son ferme engagement en faveur de l’Accord de Paris sur le climat qu’il a signé et dont le processus de ratification devrait aboutir avant la fin 2016. 

Comme aucun programme de développement ne saurait réussir sans paix, le représentant a indiqué que le Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale, récemment créé, a organisé en juillet 2016 un atelier de réflexion et d’échanges pour asseoir les bases des réformes qui restent encore à opérer.  Le Togo, qui a entrepris de nombreuses réformes, se prépare à se soumettre pour la deuxième fois au à l’examen périodique universel que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a prévu, du 31 octobre au 11 novembre 2016.  

Le représentant a aussi indiqué que son pays accueillera du 10 au 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sureté maritime et le développement en Afrique, dont l’objectif est de s’accorder sur une déclaration commune pour mieux prévenir et faire face à l’insécurité en mer et promouvoir un développement durable et inclusif de l’économie bleue, en adéquation avec les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris.

Au nom du Secrétaire général de l’ONU actuellement à Bogota pour la cérémonie de signature de l’Accord de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC, le Vice-Secrétaire général, M. JAN ELIASSON, a rappelé que le débat général est l’occasion de prendre la température du monde qui s’est révélée « élevée » sans pour autant obscurcir les raisons d’espérer, comme en témoigne l’attachement exprimé dans les déclarations à la Charte des Nations Unies et au multilatéralisme.  Si nous nous montrons suffisamment sérieux et persévérants, nous trouverons aux problèmes mondiaux des solutions qui sont dans l’intérêt de tous les États Membres.  M. Eliasson s’est dit très heureux de l’attachement affiché par les États aux objectifs de développement durable et à l’Accord de Paris sur le climat.  Il a rappelé le problème des migrants et des réfugiés et estimé que toutes les déclarations faites se sont toutes opposées à la xénophobie et au racisme.  Le Sommet organisé en parallèle par le Président Obama a été très utile, a-t-il affirmé. 

M. Eliasson a aussi rappelé le « cauchemar » vécu en Syrie, saluant le travail de l’ONU, lequel devra se poursuivre même quand le conflit aura baissé d’intensité.  Il faut mettre fin à cette guerre, a poursuivi le Vice-Secrétaire général, qui a salué la notion de pérennisation de la paix élaboré par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Enfin, M. Eliasson a relayé les remerciements du Secrétaire général pour toutes les déclarations faites sur son action durant ses deux mandats.

Déclaration de clôture

Au nom du Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, le Vice-Président, M. DURGA PRASAD BHATTARAI du Népal, s’est félicité de ce qu’au cours de ces six derniers jours, les États aient réaffirmé l’esprit et les principes de la Charte des Nations Unies et leur confiance dans le rôle central de l’Organisation en matière de coopération internationale.  Conformément au thème retenu cette année pour le débat général, chefs d’État et de gouvernement et ministres des affaires étrangères se sont engagés en faveur de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il relevé, se disant encouragé par le nombre de nations qui ont déjà intégré les objectifs et cibles identifiés par le Programme dans leurs plans et politiques.  La réunion sur la résistance antimicrobienne qui s’est déroulée mardi, parallèlement au débat général, a consacré l’urgente nécessité d’une réponse internationale pour relever ce défi, qui menace des millions de vies chaque année et ralentit les progrès dans la mise en œuvre du Programme.  « Je réitère mon appel aux États Membres pour que les objectifs de développement durable relatifs à l’éducation soient inscrits dans les programmes d’enseignement dispensés dans tous les pays du monde », a ajouté M. Bhattarai.

Évoquant la lutte contre les changements climatiques, le Vice-Président a félicité le Secrétaire général pour le succès de la cérémonie de ratification de l’Accord de Paris sur le climat, notant que la communauté internationale avait maintenant besoin de ratifications « couvrant simplement 7,5% de plus d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial » pour que cet instrument juridique entre en vigueur.  M. Bhattarai s’est dit confiant que cet objectif sera atteint à la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prévue en novembre au Maroc.  J’exhorte tous les États parties non seulement à ratifier l’Accord rapidement, mais aussi à se montrer plus ambitieux en s’engageant à limiter la hausse des températures à 1,5ºC au-dessus des niveaux préindustriels et à mobiliser les ressources nécessaires pour financer les mesures d’adaptation et d’atténuation dont les petits États insulaires en développement et d’autres ont besoin, a dit le Vice-Président.

Il a également relevé au cours de ce débat général que les dirigeants avaient identifié la Conférence Habitat-III, prévue octobre en Équateur, et la Conférence des Nations Unies relative à la conservation et à l’exploitation de manière durable des océans, des mers et des ressources marines, en juin 2017,comme des occasions de promouvoir les objectifs de développement durable.

Qualifiant d’« étape importante » l’adoption, la semaine dernière, de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, M. Bhattarai a déclaré qu’il promouvra le processus enclenché par ce texte tout au long de la session qu’il présidera, avec pour finalité l’adoption, en 2018, de deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations sûres, régulières et ordonnées.  Relevant les appels lancés en faveur d’une reprise du processus de paix au Moyen-Orient, il a aussi noté que plusieurs intervenants s’étaient prononcés en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité et d’autres en faveur du désarmement.  Les États Membres ont également été nombreux à souligner les liens entre droits de l’homme, paix et développement durable, a encore relevé le Président, un lien qui a été consacré dans la Déclaration de New York sur le droit au développement. 

Quant à la nomination du prochain secrétaire général des Nations Unies, évoquée « par pratiquement tous les États Membres », M. Bhattarai a déclaré qu’il approcherait cette question « avec le plus grand soin » au cours des prochains mois, conformément aux principes de transparence et de responsabilité et en vue d’une « transition sans heurt ». 

En conclusion, il a fait les observations suivantes: Je suis préoccupé de voir l’érosion du « décorum » du débat général caractérisée par une réelle pollution sonore dans la salle de l’Assemblée et ses abords immédiats, par les dépassements du temps de parole, par l’absence des délégations au fur et à mesure que les jours passent et par la multiplication des réunions et autres manifestations parallèlement au débat général.  Le Vice-Président a dit avoir demandé au Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale de se saisir de cette question au cours de cette session.

Droits de réponse

Le représentant des Îles Salomon a répondu à la déclaration faite par l’Indonésie concernant la situation des droits de l’homme en Papouasie occidentale.  L’Indonésie, a-t-il dit, a certes ratifié dès 1988 la Convention contre la torture mais elle n’a rien fait pour définir et pénaliser la torture dans sa législation.  De même, l’Indonésie n’a pas présenté de rapport au Comité contre la torture depuis 2008.  Affirmant détenir des informations sur les violations des droits de l’homme de la population mélanésienne en Indonésie, le représentant a demandé à cette dernière d’autoriser les experts des droits de l’homme de l’ONU à venir enquêter en Papouasie occidentale.  Il a rappelé les dispositions du Pacte international sur les droits civils et politiques que l’Indonésie a ratifié et conseillé à cette dernière d’avouer ses problèmes et d’en discuter plutôt que de fermer les yeux, pour qu’aucune vie ne soit plus jamais perdue, celle des Mélanésiens ou celle des autres.  Le représentant a aussi rappelé que plusieurs États insulaires du Pacifique ont essayé en vain d’entamer un dialogue avec l’Indonésie.

Son homologue du Pakistan s’est dite obligée de réagir à la déclaration de l’Inde, qu’elle a jugée truffée d’allégations sans fondement, dans le seul but de détourner l’attention des atrocités commises au Jammu-et-Cachemire.  Le comportement de l’Inde dans cette région relève du terrorisme d’État, a affirmé la représentante.  L’Inde doit accepter l’enquête proposée par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et savoir que le Jammu-et-Cachemire ne fera jamais partie de son territoire.  Le statut n’est pas tranché puisque les Nations Unies ont promis l’exercice de l’autodétermination à la population, a argué la représentante, en estimant que cette population mène donc une lutte légitime pour son autodétermination, laquelle doit être soutenue par la communauté internationale. 

La dernière attaque contre une base est aussi, selon la représentante, une autre tentative de détourner l’attention.  Elle a accusé l’Inde de pratiquer et d’encourager le terrorisme, alors qu’elle ferait mieux de se préoccuper de ses nombreux problèmes internes.  Elle a également accusé l’Inde d’avoir refusé les offres de pourparlers du Pakistan, y compris celle faite ici dans cette salle de l’Assemblée générale par le Premier Ministre pakistanais.

C’est le Pakistan qui essaye de détourner l’attention, a rétorqué la représentante de l’Inde.  Il s’agit en effet, s’est-elle expliquée, de faire oublier les sanctuaires du terrorisme qui continuent de prospérer sur le territoire pakistanais.  La représentante a accusé le Pakistan d’exporter le terrorisme comme politique d’État et de laisser son territoire devenir une base des attaques terroristes, y compris contre l’Inde.  Elle a accusé l’armée pakistanaise d’avoir commis des « crimes de génocide et de haine » notamment en 1971 et a dénoncé le fait que la société civile pakistanaise a été réduite au silence par des milices lourdement armées.  La représentante a enfin rappelé que son Ministre des affaires étrangères a dit on ne peut plus clairement, ce matin même, que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et le restera.

À son tour, le représentant du Guatemala a répondu à la délégation du Belize, concernant le différend « frontalier terrestre, insulaire et maritime » entre les deux pays.  Il a en premier lieu rappelé la volonté de son pays de résoudre « ce contentieux territorial, dont les deux pays ont hérité », devant la Cour internationale de Justice.  Il a également souligné l’intention de son pays d’entretenir des relations privilégiées avec le Belize, basées sur le respect mutuel.  « C’est pour cette raison que nous rejetons vivement les accusations infondées de la délégation de Belize, dans la mesure où elles ne correspondent pas à la vérité », a-t-il déclaré.

Il a souligné que, depuis la création de l’ONU, son pays n’a jamais recouru à la force ou à la menace pour régler ce différend territorial, vieux de 157 ans.  En effet, a expliqué le représentant, le Guatemala a été victime d’une dépossession et d’une mutilation de son territoire, en raison de la politique expansionniste et prédatrice de la puissance impériale et colonisatrice qui, prenant appui sur sa force militaire, au mépris flagrant des traités signés, en particulier les Traités Clayton–Bulwer et Wyke-Aycinena, plus connu sous le nom de « Convention anglo-guatémaltèque de 1859 », s’est emparée par la force d’un territoire qui ne lui appartenait pas, a-t-il estimé. 

Le représentant a souligné que son pays a fait tout son possible pendant plus de 120 ans pour régler ce différend de manière pacifique.  « En dépit de l’abus et de la dépossession dont nous avons été victimes, le Guatemala a reconnu le droit du peuple de Belize à l’autodétermination et à l’indépendance, mais il a maintenu sa demande légitime concernant la partie correspondante à ce territoire spécifique », a-t-il souligné.

Mon pays, a-t-il poursuivi, est désormais victime « d’un autre type de violence, caractérisé par une conduite abjecte, incompatible avec les liens d’amitié sur lesquels doivent se baser les relations entre Nations ».  Le représentant a en effet précisé qu’au cours des 10 dernières années, 10 paysans guatémaltèques « sans défense » ont été tués à Belize, simplement parce qu’ils se trouvaient sur le territoire administré par ce dernier.  Il a qualifié ces incidents « d’actes barbares », « d’aberration morale » et de « conduite irrationnelle et injustifiable ».

Il a par ailleurs rejeté les conclusions des experts mentionnés par le Belize dans sa déclaration, concernant le dernier de ces « incidents tragiques », en avril dernier.  Il a dénoncé l’usage disproportionné de la force par les forces de Belize, qui a conduit à la mort d’un adolescent guatémaltèque.  « La présence non autorisée de personnes ne justifie en aucun cas l’usage disproportionné et létal de la force », a-t-il rappelé.

Son homologue de la République islamique d’Iran a quant à lui répondu à la déclaration des Émirats arabes unis, qui ont, selon lui, proféré des accusations « sans fondement » et « sans preuve ».  En l’absence de preuves, il a qualifié « d’absurdes et d’hypocrites » ces accusations, concernant la soi-disant ingérence de l’Iran dans les affaires d’autres pays.  Ces accusations ne sont pas crédibles et viennent de toute façon « de responsables qui bombardent des innocents aux Yémen ».  « C’est d’autant plus honteux », a-t-il estimé, « que les Émirats arabes unis arment des terroristes en Iraq et ailleurs ».  Le représentant a également qualifié d’infondées les accusations concernant l’occupation par l’Iran d’îles du Golfe persique, « car ces îles continuent de faire partie du territoire iranien », a-t-il asséné.  Il a ensuite dénoncé l’alliance formée par les Émirats arabes unis et Israël, au sein d’une coalition qui revient, selon lui, « à trahir le peuple palestinien ». 

Le représentant a commenté la déclaration de Bahreïn sur la prétendue ingérence de l’Iran.  « C’est un mensonge! » a-t-il contré, ajoutant qu’un rapport récent sur la question n’avait pas permis d’établir de lien clair entre les incidents récents survenus à Bahreïn et l’Iran.  Le représentant a aussi mentionné les incidents survenus l’an dernier pendant le pèlerinage annuel de La Mecque, en Arabie saoudite, qui ont entraîné la mort de nombreux citoyens iraniens.  Il a reproché à l’Arabie saoudite l’absence d’enquête sur ce qui s’est réellement produit et le silence face aux demandes répétées de l’Iran qui veut savoir la vérité.

Il a souligné que son pays a toujours tout fait pour développer de bonnes relations avec ses voisins, y compris dans ceux du Golfe Persique.

Répondant aux Îles Salomon, la représentante de l’Indonésie a vu dans la déclaration l’utilisation des droits de l’homme comme prétexte pour appuyer des mouvements séparatistes en violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un État et donc la Charte des Nations Unies.

Son homologue du Pakistan a rejeté « les allégations et les mensonges » de l’Inde.  Le Jammu-et-Cachemire est un territoire contesté, a-t-il répété, et il ne sert à rien de tenir à l’Assemblée générale des propos qui vont à l’encontre du droit international.  L’Inde ne fait que réprimer depuis 70 ans la population du Jammu-et-Cachemire plutôt que d’entendre sa voix. 

La représentante de l’Inde a dit avoir fait preuve de patience en écoutant le Pakistan.  J’attends maintenant qu’il parle de choses réellement importantes pour le monde, a-t-elle taclé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la situation à Alep est marquée par de profondes divergences entre les pays occidentaux et la Fédération de Russie

7777e séance – matin  
CS/12533

La réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la situation à Alep est marquée par de profondes divergences entre les pays occidentaux et la Fédération de Russie

L’Envoyé spécial de l'ONU, M. Staffan de Mistura, assure que l’ONU n’abandonnera jamais le peuple syrien

Réuni en urgence à la demande de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni, pour examiner les derniers développements tragiques de la situation en Syrie et notamment à Alep, le Conseil de sécurité a été ce dimanche, 25 septembre, le théâtre d’un nouvel affrontement verbal entre les États-Unis, le Royaume-Uni et la France d’une part, et la Fédération de Russie d’autre part.  D’autres membres du Conseil, comme l’Égypte, l’Angola ou le Venezuela, ont, quant à eux, affirmé que la Syrie ne saurait continuer d’être la scène d’un affrontement par procuration entre puissances régionales ou internationales. 

« Ce sont des jours terribles pour la Syrie », a déclaré l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, M. Staffan de Mistura, qui, quatre jours seulement après une réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel sur la même question, est venu présenter les tous derniers développements, marqués par ce qu’il a considéré comme une intensification « sans précédent » des attaques.  Faisant état de l’utilisation de bombes incendiaires et de bombes capables de percer des bunkers, il a répété que le recours à de telles armes dans des zones à forte concentration de civils constitue des crimes de guerre, avant de dresser un tableau apocalyptique des souffrances de la population civile.

L’Envoyé spécial a estimé que ni le bombardement américain de Deir ez-Zor contre les forces syriennes, ni l’attaque menée contre le convoi humanitaire du Croissant-Rouge syrien ne sauraient justifier cette violence sans précédent.  Il a rappelé que l’accord conclu le 9 septembre entre les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) –États-Unis et Fédération de Russie- était compliqué et avait pris du temps.  Mais, a-t-il ajouté, les premiers jours, il avait réellement permis d’améliorer la situation de la population, qui était même ressortie dans les rues de l’est d’Alep pour se réjouir.  Avertissant que la reconquête d’Alep ouvertement souhaitée par le Gouvernement syrien impliquerait des combats de rue sanglants et destructeurs, l’Envoyé spécial a répété, une nouvelle fois, qu’il ne pourrait y avoir de solution militaire à Alep, ni en Syrie.  Il faut donc un cessez-le-feu et une solution politique crédible.  En même temps, a-t-il déploré, la confiance a été sapée, tout en disant vouloir croire, « en tant qu’Envoyé naïf des Nations Unies », que les auteurs de l’accord y croyaient réellement qu’ils l’ont signé.  Le conflit ne pourra pas être résolu sans l’aide des coprésidents du GISS, a répété M. de Mistura, qui a rappelé que l’accord du 9 septembre concerne non seulement Alep mais aussi toute la région.  « Les petits progrès réalisés ne doivent pas être enterrés sous les débris d’Alep », a-t-il imploré, tout en refusant de toute idée de démission.  Un tel geste, a-t-il estimé, reviendrait à dire que la communauté internationale abandonne les Syriens.  « Nous n’abandonnerons jamais le peuple syrien », a-t-il affirmé.

Lors du débat, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande s’en sont vivement pris à la Fédération de Russie.  La représentante des États-Unis, qui a rappelé que son pays avait aussitôt reconnu son « erreur » concernant la frappe aérienne de Deir ez-Zor et avait présenté ses excuses, a accusé la Russie d’abuser du « privilège historique » que lui confère son siège permanent au Conseil de sécurité.  Il est grand temps, a-t-elle rappelé, de dire qui mène les frappes qui tuent les civils.  Le représentant britannique a accusé la Russie d’avoir « noué un partenariat » avec le régime syrien pour commettre des crimes de guerre » et ces deux pays de s’être « enfoncés dans de nouveaux abîmes », alors que la représentante de la Nouvelle-Zélande dénonçait « un véritable carnage dans l’est d’Alep » provoqué par « des avions syriens qui, de toute évidence, intervenaient avec le soutien de la Russie ».  Enfin, le représentant de la France, qui a comparé Alep à « ce que Sarajevo fut pour la guerre en ex-Yougoslavie », a dit attendre de la Russie la preuve qu’elle est véritablement disposée à cesser de soutenir l’option militaire et qu’elle voulait rechercher une solution négociée avec tous les moyens dont elle dispose. 

Le représentant de la Fédération de Russie a répliqué en appelant à établir les faits avant de porter des accusations concernant les attaques à Alep et affirmé que les frappes menées à l’est de la ville visaient des combattants terroristes du Front el-Nosra.  Il a également rejeté la non–application de l’accord du 9 septembre sur l’opposition syrienne et reproché à la partie américaine de n’avoir pas, elle non plus, contribué à sa mise en œuvre, préférant maintenir les capacités militaires des groupes armés présents sur le terrain et pratiquer un « unilatéralisme » doublé de voltefaces.

La reprise du processus politique a été demandée par la Fédération de Russie, comme par plusieurs autres membres du Conseil, qui ont une nouvelle fois demandé aux pays qui ont une influence sur les parties d’en faire usage.  Ainsi, le représentant de l’Uruguay a salué le courage de M. de Mistura en le qualifiant de « héros ».  Il a cependant fait remarquer que l’Envoyé spécial ne pouvait rien faire de plus tant que « la Fédération de Russie et les États-Unis ne redoublent pas d’efforts pour relancer le processus en Syrie ».  Ces pays ont donc demandé que soit appliqué l’accord du 9 septembre car seul un cessez-le-feu immédiat peut permettre d’améliorer l’accès humanitaire, la protection des civils et de reprendre le processus politique.  Certains ont toutefois exigé des clarifications.  L’Angola juge ainsi essentiel de séparer les groupes terroristes de l’opposition, et l’Espagne a affirmé qu’« aucune ambiguïté ne sera tolérée ».  Les membres du Conseil ont également insisté sur la nécessité d’un accès humanitaire à Alep.

Réagissant à ces interventions, le représentant de la République arabe syrienne a tenu à préciser que son gouvernement entendait reprendre toute la ville d’Alep, « une des deux villes principales de la Syrie avec Damas, qui est sa capitale ».  Il a accusé les pays occidentaux d’avoir voulu, en demandant cette réunion, envoyer un signal de soutien politique au Front el-Nosra.  Il a également démenti tout usage par l’armée syrienne d’armes interdites et décrit le bombardement américain de Deir ez-Zor comme étant une « tentative délibérée de saboter l’accord du 9 septembre.  Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, s’est engagé à parvenir à un accord politique, mais « grâce à des pourparlers intra-syriens » et non du fait de pressions extérieures.  Il a rejeté l’idée de négocier avec des terroristes, même « génétiquement modifiés ».  Le Gouvernement est prêt à discuter avec un ensemble spécifique de membres de l’opposition, « ceux qui ont confiance dans l’avenir de la Syrie, et pas des personnes qui viennent pour passer la nuit dans des hôtels cinq étoiles ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposé

M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a parlé de « jours terribles » pour la Syrie et la population d’Alep en particulier, en précisant que la semaine écoulée avait été une des pires pour le pays depuis le début du conflit il y a six ans.  Il a rappelé qu’il avait déjà déploré mardi devant le Conseil de sécurité que l’accord, conclu le 9 septembre entre les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), ait été menacé.  Il a rappelé le bombardement américain de Deir ez-Zor contre les forces syriennes, en notant que les États-Unis avaient reconnu qu’ils avaient commis une erreur, et l’attaque menée contre le convoi humanitaire du Croissant-Rouge syrien. Mais aucun de ces deux incidents ne peut justifier la recrudescence d’une violence sans précédent, a-t-il ajouté.

Après l’accord du 9 septembre, accord « compliqué qui a pris du temps », a rappelé M. de Mistura, le cessez-le-feu, entré en vigueur trois jours plus tard, a réellement permis de faire baisser la violence et on a vu les gens sortir et se réjouir dans les rues de l’est d’Alep, alors que des frappes aériennes se poursuivaient en dehors de la ville.  Mais lorsque le Gouvernement syrien a déclaré la fin du cessez-le-feu le 19 septembre, on a appris que des frappes aériennes et des attaques au baril d’explosifs avaient repris dans l’est d’Alep, où il y a une forte concentration de la population civile.

Depuis le 19 septembre, on constate une détérioration quotidienne de la situation à Alep, a poursuivi l’Envoyé spécial, qui a fait état de frappes aériennes, notamment samedi 24 septembre, contre des quartiers résidentiels.  Les secours semblaient débordés et incapables de gérer la situation, a-t-il ajouté.  Trois des centres gérés par les Casques blancs à Alep auraient été touchés et les secours ne parviennent même plus à sortir les victimes des décombres, du fait de la destruction du matériel de la défense civile.  M. de Mistura a indiqué que  quelque 213 personnes avaient été tuées dans la province d’Alep, dont des dizaines d’enfants, tout en reconnaissant n’avoir pas de chiffres de sources indépendantes.  Il a toutefois jugé « sans précédent » les attaques, en faisant état de bombes incendiaires, de bombes capables de percer des bunkers, et a affirmé qu’on avait pu voir des cratères bien plus larges que ceux causés par les bombardements précédents.  L’Envoyé spécial a répété une nouvelle fois que l’utilisation de telles armes dans des zones à forte concentration de civils pouvait constituer des crimes de guerre.  Il a ajouté qu’un centre des Nations Unies avait été touché par deux tirs de la part de l’opposition.

M. de Mistura a rappelé que ce sont 272 000 personnes dans l’est d’Alep qui sont de facto soumis à un siège depuis 20 jours, alors que les réserves de nourriture ne suffisent que pour 60 000 personnes et qu’on ne peut les reconstituer.  Les boulangeries sont prises pour cibles et on ne trouve du pain que trois fois par semaine, s’est indigné l’Envoyé spécial.  Le carburant manque également.  Le PAM dispose d’un convoi de 40 camions prêts chaque matin capable de venir en aide à 130 000 personnes.  Or, ce convoi n’a jamais pu démarrer car il n’a jamais reçu de garanties, de la part de chacune des parties qui, de toute évidence, incitaient au blocage du convoi, a-t-il accusé.  Il a également rappelé que 2 millions de personnes n’avaient plus accès à l’eau potable.  La population d’Alep est donc exposée aux épidémies de maladies transmises par l’eau.  L’Envoyé spécial a donc demandé au Conseil d’insister pour assurer la protection des civils, pour qu’il y ait chaque semaine une pause humanitaire de 48 heures et pour assurer des évacuations médicales d’urgence.

Revenant à la situation militaire sur le terrain, l’Envoyé spécial a constaté la volonté du Gouvernement syrien de reconquérir Alep.  Pourtant, a-t-il fait remarquer, le Gouvernement avait annoncé sa volonté d’éradiquer le terrorisme sans toucher la population civile.  Les civils continuent d’être la cible d’attaques aériennes et meurent en grand nombre.  Il a fait état d’informations selon lesquelles plus de la moitié des combattants à l’est d’Alep appartiendrait à l’organisation, Front el-Nosra, et de l’utilisation d’infrastructures médicales à des fins militaires.  La seule chose qui est sure, c’est qu’il n’y aura pas de victoire militaire et que le peuple syrien est le grand perdant, a averti M. de Mistura, qui a estimé que la conquête d’Alep impliquerait des combats de rue sanglants et destructeurs.

La solution militaire est impossible à Alep comme en Syrie, a martelé l’Envoyé spécial, pour qui il faut un cessez-le-feu et une solution politique crédible.  En même temps, la confiance a été sapée, a-t-il dit, avant s’ajouter qu’il voulait croire, « en tant qu’Envoyé naïf des Nations Unies », que MM. Kerry et Lavrov voulaient croire à leur accord le 9 septembre.  Il s’est dit prêt à informer de nouveau le Conseil de sécurité mais il a rappelé la responsabilité de ce dernier à assurer la cessation des hostilités sans tarder.  Le conflit ne pourra pas être résolu sans l’aide des coprésidents du GISS, a répété M. de Mistura, qui a rappelé que l’accord du 9 septembre concernait non seulement Alep mais aussi toute la région.  « Je vous en prie, élaborez un plan d’action commun pour que les hostilités en Syrie prennent fin », a-t-il imploré.  « Les petits progrès réalisés ne doivent pas être enterrés sous les débris d’Alep. »

Faisant allusion aux appels de certains à sa démission pour lancer un « signal fort », M. de Mistura a affirmé qu’il continuerait de rejeter cette option, car ce « signal fort » serait vite oublié et reviendrait en fait à dire que la communauté internationale abandonne les Syriens.  Nous n’abandonnerons jamais le peuple syrien, a-t-il conclu.

Déclarations

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a dénoncé l’offensive aérienne lancée au cours des 72 heures par le Gouvernement syrien et ses alliés russes contre Alep, parachevant la destruction d’une ville martyre.  « Le régime Assad ne croit qu’en une solution militaire »: au lieu d’œuvrer pour la paix, la Russie et Bachar Al-Assad ont choisi la guerre.  Anticipant les justifications selon lesquelles ces attaques participeraient à la lutte antiterroriste, la représentante a rappelé que de nombreuses victimes avaient été faites parmi les civils, dont des enfants.  Alep continue d’être assiégée alors que nous ne réunissons pas aujourd’hui à imposer une cessation des hostilités, a poursuivi Mme Power, qui a fait état de la destruction d’infrastructures de base, notamment d’hôpitaux, et des nombreux blessés ne cessent d’affluer dans ces hôpitaux.  Les patients qui ont besoin d’un traitement en dehors de la ville sont pris au piège, a-t-elle souligné.

Nous pensons que tout doit être mis en œuvre pour rétablir la cessation des hostilités et retrouver le chemin de la transition politique.  « On ne peut pas mener d’offensive militaire massive tout en se disant pour la paix », a tranché la représentante.  Mercredi dernier, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, a déclaré que son pays avait toujours été en faveur d’une solution pacifique au conflit syrien.  La Russie va, sans aucun doute, accuser les États-Unis d’être responsables de cette situation, en s’appuyant sur la frappe aérienne accidentelle du 17 septembre imputable aux États-Unis, « et pour laquelle nous avons présenté des excuses et engagé une enquête ».  Pour Mme Power cependant, il est temps de dire qui mène ces frappes, « qui tue les civils ».  La Russie abuse du « privilège historique » que lui confère son siège au sein du Conseil de sécurité, a-t-elle dit.  L’Histoire jugera durement ces membres du Conseil qui restent silencieux devant le carnage.  Vendredi dernier, des images de frappes aériennes contre Alep ont été diffusées par les médias, dont une où l’on voit une enfant littéralement enterrée vivante sous les décombres.  « Elle s’appelle Rohan. »  On pourrait se réjouir de la savoir rescapée de l’attaque, a fait observer Mme Power.  Pourtant, tous les membres de sa famille ont perdu la vie.  « Quelles sont les chances de cette petite fille? » a-t-elle demandé.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a expliqué que son gouvernement avait convoqué cette session d’urgence parce que les images qui nous parviennent d’Alep depuis 24 heures marquent un nouveau tournant dans le conflit syrien.  « Elles témoignent d’un degré de violence sans doute encore jamais atteint en cinq années de conflit et viennent d’être corroborées par l’exposé de l’Envoyé spécial », a-t-il accusé.  Alep est aujourd’hui une ville martyre et représente pour le conflit syrien « ce que Sarajevo fut pour la guerre en ex-Yougoslavie », « un nouveau Guernica ».  Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 101 civils, dont de nombreux enfants, ont été tués, « en trois jours », dans les bombardements du régime, a déploré le représentant.  « Horrifiée » par cette nouvelle surenchère militaire du régime syrien, « qui s’acharne à faire tomber Alep avec ses soutiens », la France a dénoncé l’usage systématique d’un nouveau type d’armement incendiaire et de munitions perfectionnées permettant de perforer des bunkers et de causer l’effondrement d’un immeuble entier en un seul impact.  Comme l’a rappelé le Secrétaire général hier, a souligné l’Ambassadeur Delattre, l’usage indiscriminé et systématique de telles armes dans des zones peuplées par des civils est constitutif de crimes de guerre. 

Si nous ne faisons rien pour empêcher la destruction totale d’Alep, cette semaine demeurera dans les mémoires comme celle qui a vu échouer la diplomatie et triompher la barbarie et la brutalité, a-t-il prévenu.  Aujourd’hui, sauver Alep doit être notre priorité, en appliquant immédiatement l’accord conclu entre la Russie et les États-Unis, qui est « notre seul espoir ».  La France demande également la mise en place d’un mécanisme robuste de surveillance de la cessation des hostilités qui, seul, permettra de recréer la confiance nécessaire et d’assurer la consolidation de la trêve, d’abord à Alep puis sur l’ensemble du territoire.  Pour le représentant de la France, le Conseil de sécurité se trouve aujourd’hui à un moment de vérité et doit se montrer à la hauteur de ses responsabilités.  Nous attendons de la Russie qu’elle donne la preuve de sa réelle disposition à cesser de soutenir l’option militaire et de vraiment rechercher une solution négociée au conflit syrien avec tous les moyens dont elle dispose. 

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé que les habitants d’Alep étaient des « syriens ordinaires » victimes d’une cruauté systématique sans précédent qui, selon lui, dépasse clairement les capacités aériennes du régime syrien à lui seul.  Il a accusé « le régime syrien et la Russie » de s’être « enfoncés dans de nouveaux abîmes » pour faire régner l’enfer à Alep, en dressant une vision apocalyptique de la situation sur le terrain.  Nul ne peut nier que la Russie a noué un partenariat avec le régime syrien pour commettre des crimes de guerre, a accusé le représentant, qui a parlé à plusieurs reprises des attaques chimiques menées par le régime syrien.  Il y a quatre jours, a-t-il rappelé, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, avait énoncé les engagements de la Russie.  On voit le résultat aujourd’hui, a-t-il noté.

Pour M. Rycroft, la Russie devrait faciliter et non entraver l’acheminement de l’assistance humanitaire, et elle devrait créer et non détruire les conditions d’un accord politique.  À défaut, elle ne pourra que confirmer son statut de « paria international ».  Il a accusé la Russie d’être dépourvue de toute crédibilité.  Certes, la Syrie abrite des terroristes qu’il faut détruire.  Mais les frappes aériennes menées par la Russie ne prennent pas seulement pour cibles des terroristes, elles tuent également des dizaines de civils syriens, a soutenu M. Rycroft, qui a cependant fait remarquer que le régime syrien avait tué plus de civils syriens que Daech et le Front el-Nosra réunis.

Le peuple syrien n’oubliera jamais que la Russie a soutenu un dictateur qui fait la guerre à sa population, a poursuivi le représentant.  Il n’oubliera pas non plus l’inaction de la communauté internationale, une inaction dont le représentant britannique a rendu responsables la Russie et le veto exercé à quatre reprises sur la situation en Syrie au sein du Conseil de sécurité ces dernières années.  Ces décisions discréditent la diplomatie, a accusé le représentant, qui a estimé qu’il faut maintenant agir.  « Que pouvons-nous faire pour lever le siège et permettre l’acheminement à Alep de l’aide humanitaire? » a ajouté le représentant.  Ce n’est qu’en agissant en ce sens que la Russie « pourra compenser son action déplorable en Syrie », a-t-il dit.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré qu’en 2011, Washington et plusieurs autres capitales occidentales avaient décidé de poursuivre « leurs manœuvres géopolitiques » au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, « un processus qui avait commencé avec l’invasion criminelle de l’Iraq en 2003 par les États-Unis et le Royaume-Uni ».  Ils ont continué à donner des « coups de hache » en Libye et en Syrie et n’ont pas hésité à accepter l’appui de groupes terroristes.  Les conséquences inévitables –la désintégration des deux pays et la création de millions de réfugiés– ont été passées par profits et pertes comme un « désagrément imprévu », a lancé le représentant.  Le résultat, a-t-il estimé, c’est que des centaines de groupes armés opèrent en Syrie, le pays est bombardé « par n’importe qui s’en sent l’envie » et le rétablissement de la paix est devenu presque impossible.

Des mois de travail par les experts russes et américains sous les auspices du Ministre russe des affaires étrangères et du Secrétaire d’État des États-Unis, avec la participation des Présidents des deux pays, ont abouti à un plan détaillé qui, s’il avait été appliqué de bonne foi, aurait pu nous permettre d’apaiser la situation sur le terrain, d’améliorer considérablement la situation humanitaire et d’amorcer une reprise des négociations entre Syriens sous l’égide des Nations Unies, a fait remarquer l’Ambassadeur Churkin.  Mais, a-t-il regretté, le début de la mise en œuvre du plan n’a cessé d’être reporté en raison des « actes de sabotage inadmissibles commis par l’opposition ».  Les États-Unis ont reconnu qu’ils étaient incapables d’exercer une influence sur les groupes sous leur tutelle, et donc de « distinguer les groupes modérés des terroristes et les séparer sur le terrain ».  « C’était écrit noir sur blanc dans tous les documents.  Mais rien n’a été fait.  Même sur la question de la définition des groupes terroristes, il y a eu énormément de flou, ce qui laisse entendre que l’objectif principal demeure de maintenir la capacité militaire des opposants au Gouvernement de la Syrie, quels qu’ils soient », a accusé le représentant russe.

Par ailleurs, on ne cesse de poser de nouvelles conditions et de lancer des ultimatums qui changent à une « vitesse vertigineuse », assurant que les demandes de cessez-le-feu, « parfois pendant 48 heures, parfois pendant 72 », sont devenues « monnaie courante ».  « Résultat des courses », les militants se sont regroupés, ont reçu des renforts et lancé de nouvelles offensives, a martelé le représentant.  Ensuite, a-t-il dit, il a été exigé que le Gouvernement syrien cesse unilatéralement, en tant que condition préalable, les vols de ses forces aériennes.  On nous a d’abord dit que ce serait pour trois jours, et nous y avons consenti.  Ensuite, « on a dit non », le Président des États-Unis aurait changé d’avis et il était alors question de sept jours.  Ces manœuvres tactiques ne peuvent se poursuivre indéfiniment.  Nous ne consentirons plus à aucune mesure unilatérale, a-t-il martelé.

Le bombardement des positions de l’armée syrienne défendant la ville de Deir ez-Zor contre les terroristes de Daech, bombardement qui a été mené par les « forces de la coalition et plus précisément, par les forces britanniques », a porté un sérieux coup aux accords, a estimé M. Churkin.  Par ailleurs, s’agissant du bombardement du convoi humanitaire, la Fédération de Russie en aurait entendu parler pour la première fois de la part du Secrétaire d’État américain, assurant que deux avions russes se seraient trouvés « pendant quelques minutes » à proximité de la zone que traversait le convoi.  « Il nous a dit de ne pas nous inquiéter et qu’il n’allait pas rendre publique cette information, car il fallait d’abord établir les faits. »  Or, le lendemain, le Secrétaire d’État a fait de la tragédie la « pièce centrale de sa déclaration dramatique » au Conseil de sécurité.  « Voilà ce que c’est que de travailler avec nos collègues américains! » a-t-il ironisé.  Par ailleurs, si les avions russes se trouvaient pendant quelques minutes à proximité de la zone, comment les bombes auraient-elles pu pleuvoir sur le convoi pendant sept heures, comme M. Churkin a dit l’avoir lu quelque part?

À Alep, la situation humanitaire aurait pu être normalisée dès le mois d’août.  « Mais nous en avons été empêchés par les groupes armés, qui ont continué d’ouvrir le feu sur les corridors humanitaires. »  L’est de la ville serait sous le contrôle de plus de 20 groupes armés comptant au total quelque 3 500 combattants, la principale force étant le Front el-Nosra, avec environ 2 000 membres, a assuré le délégué russe.  « Depuis le 1er  septembre, le bombardement de la partie est de la ville a entraîné la mort de plus de 50 soldats et 120 civils et sept exécutions collectives de personnes favorables aux négociations ou qui souhaitaient quitter la ville ont été signalées », a détaillé M. Churkin.

Se tournant vers l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, le représentant de la Fédération de Russie a dit ne pas comprendre pourquoi aucune mesure décisive n’avait été prise depuis le mois de mai sur le processus de transition.  « Je voudrais poser la question suivante à M. de Mistura: Qui a refusé de participer à des pourparlers directs pendant tout ce temps?  Nous connaissons la réponse, mais j’aimerais l’entendre de sa bouche », a lancé M. Churkin.  S’il y a des représentants de l’opposition syrienne qui veulent vraiment sortir leur pays de cette crise, « et nous savons qu’ils existent », « qu’ils se présentent ».  Revenant sur le cessez-le-feu, il a déclaré qu’il faudrait « nous convaincre qu’il existe une volonté sincère de dissocier l’opposition -qui coopère avec la coalition dirigée par les États-Unis- du Front el-Nosra », organisation qu’il faudra ensuite « éliminer ».

M. LIU JIEYI (Chine), notant les lourdes pertes civiles causées récemment par le conflit ainsi que le bombardement de forces syriennes, s’est dit préoccupé par cette escalade des frappes aériennes.  Les parties doivent agir de manière responsable et coordonnée.  Il a estimé que la communauté internationale devrait travailler sur les volets du cessez-le-feu, de l’assistance humanitaire, de la solution politique et de la lutte contre le terrorisme.  La délégation de la Chine espère que l’accord du 9 septembre sera dûment mis en œuvre.  La communauté internationale doit coopérer pour exhorter toutes les parties en Syrie à respecter l’Accord.  Plus la situation en Syrie est complexe, plus il faut insister sur une solution politique, a estimé le représentant, qui a assuré l’Envoyé spécial, M. de Mistura, du soutien de son pays.  Il a également demandé que les États de la région jouent un rôle positif.

Toutes les parties syriennes doivent faire en sorte que l’assistance humanitaire soit apportée le plus rapidement possible et la communauté internationale devrait renforcer cette assistance.  Le confit syrien a contribué à l’expansion du terrorisme.  Tant que celui-ci ne sera pas éradiqué, le peuple syrien ne connaîtra pas la paix, a poursuivi le représentant, qui a demandé un renforcement du renseignement international dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et une lutte renforcée sur les réseaux sociaux. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que l’action de la coalition contre les forces syriennes, le 17 septembre dernier, était la raison de la rupture de la trêve conclue quelques jours plus tôt.  Le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, avait affirmé lors du dernier débat du Conseil de sécurité sur cette question qu’il s’agissait d’une erreur, « une erreur qui a porté un coup fatal à la cessation des hostilités », a affirmé Le représentant vénézuélien.  Cette attaque déplorable a été suivie d’une autre contre des convois humanitaires à proximité d’Alep, que le représentant a condamnée avec la même fermeté.  Le règlement du conflit syrien ne peut se faire qu’à travers le dialogue, a tenu à rappeler le représentant, en assurant que la poursuite de la guerre n’aboutirait à aucun résultat. 

Comme l’ennemi principal dans la région est le terrorisme, a souligné le représentant du Venezuela, la « soi-disant » opposition modérée doit se dissocier des groupes armés.  Après avoir dénoncé les graves violations des droits de l’homme commises à Alep, le représentant a regretté les tentatives de faire de cette réunion d’urgence du Conseil de sécurité un procès contre la Russie.  Il a émis l’espoir que les Nations Unies, sous les auspices de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, parviendront à ramener les parties au conflit à la table des négociations.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déploré que la présente séance se tienne dans un contexte de divergences de vues entre puissances internationales, lesquelles ne semblent pas s’être rendues compte que la partie qui souffre le plus du conflit est le peuple syrien.  Il y a eu, ces derniers jours, plusieurs réunions consacrées à la Syrie, au sein du Conseil de sécurité ou du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), a rappelé le représentant.  Elles permettent à chaque fois de s’accorder sur le fait que le conflit syrien est une guerre par procuration et que le bain de sang doit cesser.  Seul l’accord conclu au sein du Groupe international de soutien pour la Syrie peut créer les conditions d’une négociation politique, a assuré le représentant, qui a regretté que les deux coprésidents du GISS ne soient pas en mesure de faire appliquer leur accord.

M. Aboulatta s’est également dit surpris par les présentations très divergentes de la situation sur place qu’ont faites les États-Unis et la Fédération de Russie, alors que les moyens techniques dont disposent ces deux pays devraient leur permettre de savoir ce qui se passe.  Pour le représentant de l’Égypte, ces deux pays devraient donc éviter toute confrontation dans les medias qui risque de nuire au processus politique.  L’Égypte appelle toutes les parties concernées à appliquer de bonne foi l’accord du 9 septembre et demandé à l’Envoyé spécial de poursuivre ses efforts.  Le temps est venu de penser avant tout à l’intérêt du peuple syrien, a encore déclaré le représentant égyptien, qui a souhaité que cesse toute polarisation externe.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a condamné les attaques brutales commises ces derniers jours, qui témoignent de la volonté évidente, selon lui, du Président syrien, M. Bachar al-Assad, de reprendre l’est d’Alep.  Les membres du Conseil de sécurité qui ont une influence directe sur les parties au conflit, en particulier la Fédération de Russie, doivent maintenant en faire usage, a-t-il souhaité.  Pour la délégation de l’Espagne, il est urgent de faire cesser les hostilités, de garantir l’accès humanitaire et de créer les conditions propices à la relance des négociations.  L’heure pour l’opposition syrienne de faire un choix est venue, a souligné le représentant, en précisant qu’elle doit comprendre qu’« aucune ambiguïté ne sera tolérée ».  Le représentant de l’Espagne a indiqué, avant de conclure, que sa délégation suivrait de près les conclusions de l’enquête ouverte par le Secrétaire général pour déterminer la responsabilité des auteurs de l’attaque perpétrée contre un convoi des Nations Unies et en tenir responsables les auteurs.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a salué la détermination de M. de Mistura à ne pas baisser les bras et a dénoncé l’effet dévastateur de la nouvelle escalade, déplorant que les États-Unis et la Fédération de Russie n’aient pas en mesure de mettre en œuvre leur accord du 9 septembre.  L’Angola aurait souhaité que le GISS fût un mécanisme plus efficace pour rechercher la paix.  Il a jugé essentiel de séparer les groupes terroristes de l’opposition.  La Fédération de Russie devrait s’associer aux différentes parties prenantes pour s’accorder sur les modalités d’un accord de cessez-le-feu.  La Syrie ne peut continuer d’être la scène d’un affrontement par procuration entre puissances régionales ou internationales.  Comme les négociations bilatérales secrètes n’ont donné presque aucun résultat, l’Angola demande un processus plus ouvert et un réengagement des coprésidents du GISS.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a repris à son compte les propos de son Président, M. Macky Sall, pour qui ce qui se passe en Syrie est « insoutenable ».  C’est tout un peuple qui agonise, et pour combien de temps? a-t-il demandé.  Le représentant a ensuite déploré que la cessation des hostilités soit sérieusement compromise et que les espoirs placés dans le récent accord conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie s’évanouissent.  À l’occasion du débat de haut niveau du Conseil de sécurité de mardi dernier, le Sénégal avait lancé un appel aux coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) pour préserver la cessation des hostilités. 

« Au vu de la gravité de la situation, a souligné M. Seck, mon pays est plus que jamais convaincu que la paix passera par le respect du droit international. »  C’est pourquoi, le Sénégal a demandé que la priorité soit accordée à la protection des infrastructures, et qu’une pause humanitaire de 48 heures soit respectée. L’Ambassadeur Seck a également appuyé la mise en place d’un centre de commandement commun pour le partage d’informations pour la lutte contre le terrorisme.  Pour l’heure, un consensus fort et durable parmi les membres du Conseil de sécurité et du GISS est nécessaire dans la lutte contre le terrorisme, sous peine de voir les groupes armés continuer d’attirer les combattants étrangers dans leurs rangs, a-t-il estimé.

« Les enfants, les femmes, les personnes âgées meurent à Alep pendant que nous prononçons nos discours », a affirmé M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay).  Il a souligné la gravité de la violence à Alep, en s’indignant qu’un véritable « massacre » y a lieu.  « Rien ne peut justifier un massacre, rien », a-t-il estimé, avant de s’interroger sur ce que le Conseil fait véritablement face à une telle horreur.  Malheureusement, nous nous contentons de nous indigner, a-t-il dit.  Le délégué de l’Uruguay a ensuite qualifié l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, de « héros » et loué son indéfectible optimisme.  « Mais ce n’est pas un super héros et il ne peut rien si deux membres du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie et les États-Unis, ne redoublent pas d’efforts pour relancer le processus en Syrie », a prévenu le représentant.  Il a ensuite appelé ces deux pays à œuvrer en ce sens afin de mettre un terme aux atrocités en Syrie. « Les autres membres du Conseil vous apporteront le soutien nécessaire », a-t-il assuré avant de conclure.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a déploré la détérioration de la situation en Syrie, où l’escalade de la violence a réduit à néant l’accord en date du 9 septembre sur la cessation des hostilités.  Il a réitéré la nécessité de ménager un accès sans entraves aux personnels humanitaires et médicaux sur le terrain, ainsi que la demande en faveur d’un Mécanisme de surveillance à cette fin.  Pour la délégation malaisienne, il est nécessaire d’aller au-delà de la condamnation et d’agir.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a condamné la décision du régime à Damas et de ses alliés de lancer une offensive contre la partie est d’Alep, en estimant qu’elle constituait une violation « flagrante » des résolutions du Conseil de sécurité.  Les actions du régime syrien et de ses alliés vont à l’encontre des principes fondamentaux du droit international humanitaire, a-t-il souligné, avant de se dire consterné par l’escalade militaire à Alep.  « Tout au long de l’année, ma délégation a émis, de manière répétée, doutes et réserves sur la véritable nature de l’implication russe dans le conflit syrien », a-t-il rappelé, avant d’ajouter que les faits lui avaient donné raison.

Le délégué a ensuite affirmé que les espoirs de parvenir à un arrangement fiable avec la Russie et le régime Assad à cet instant étaient infondés.  « Aussi longtemps que ces deux parties seront engagées en faveur d’une solution militaire, toute pause dans les combats, tout accord de cessez-le-feu, toute hésitation politique seront impitoyablement exploités par les faucons à Damas et à Moscou pour améliorer leurs positions militaires et renforcer leur position dans les négociations », a-t-il déclaré.  Jugeant qu’il n’y avait pas de perspective pour une solution militaire en Syrie, il a mis en garde contre « le fantasme » dangereux qui voudrait qu’une victoire du régime en Syrie conduirait à une stabilité administrée en Syrie.  « La réalisation d’un scénario à la Grozny n’est ni possible, ni souhaitable », a-t-il dit avant de conclure.

M. YOSHIFURI OKAMURA (Japon) a déclaré qu’après l’accord conclu le 9 septembre, on pouvait espérer une percée dans la crise syrienne lors de la semaine de débat de haut niveau de l’Assemblée générale.  Au contraire, la semaine a commencé avec les informations choquantes concernant l’attaque d’un convoi conjoint des Nations Unies et du Croissant-Rouge syrien ainsi que la destruction d’entrepôts de ce dernier.  Le Japon demande une enquête sur cet incident et la publication de ses conclusions.  Il demande aussi à toutes les parties impliquées d’assurer la sécurité des travailleurs humanitaires qui fournissent une assistance humanitaire à la Syrie.

Selon les informations disponibles, les conséquences de l’escalade des combats à Alep sont dévastatrices.  Le représentant du Japon a exprimé sa plus profonde préoccupation.  Il faut garantir au plus l’accès humanitaire et la protection des civils, a-t-il insisté.  Un test particulièrement important aura lieu demain, a-t-il dit, puisque des convois humanitaires qui attendent à la frontière turque doivent se rendre à Alep pour livrer de la nourriture.  Le Japon appelle le Gouvernement syrien, les groupes de l’opposition et les États qui ont une influence sur eux à faire en sorte que les camions puissent entrer dans l’est d’Alep.

Pour le Japon, seul un cessez-le-feu immédiat peut améliorer la situation, a indiqué M. Okamura car, a-t-il précisé, on ne pourra jamais améliorer l’accès humanitaire, la protection des civils, ni reprendre le processus politique.  Il est donc important de remettre l’accord russo-américain du 9 septembre sur les rails et de surmonter nos divergences face à l’horrible intensification des combats et la situation humanitaire catastrophique, a-t-il souligné avant de conclure.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a rappelé qu’il y a quatre jours, le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande avait présidé une réunion du Conseil de sécurité au cours de laquelle les dirigeants présents sont tombés d’accord sur plusieurs points.  Ils ont convenu qu’il ne saurait y avoir d’issue militaire au conflit syrien et qu’il y avait un besoin urgent de mettre fin aux combats et de redoubler collectivement d’efforts pour mettre en œuvre l’accord conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie en vue de maintenir la cessation des hostilités.  Ils sont aussi tombés d’accord sur la nécessité de créer les conditions de la reprise des pourparlers politiques.  « C’est pourquoi, nous sommes consternés de nous retrouver à nouveau dans cette salle alors que des avions syriens, de toute évidence avec le soutien de la Russie, sont en train de faire un véritable carnage dans l’est d’Alep », a déclaré la représentante.  Ces actions « indescriptibles », dans le cadre desquelles des bombes incendiaires seraient utilisées aveuglément contre des civils, anéantissent les derniers espoirs de maintenir la cessation des hostilités et de sauver le processus de paix.

Les mots sont insuffisants pour décrire cette situation, il est temps de les appuyer par une action, a déclaré la représentante, qui demande que le Gouvernement syrien cesse immédiatement le bombardement de civils et fasse preuve d’une volonté sincère de réaliser une paix négociée, avec le soutien des pays ayant le plus d’influence sur les parties au conflit.  « La Nouvelle-Zélande en appelle aux Gouvernements de la Fédération de Russie et de l’Iran: si vous êtes sérieux au sujet de la paix, faites tout ce qui est en votre pouvoir dans les jours à venir pour mettre fin aux hostilités et donner à l’accord américano-russe une chance », a lancé la représentante, qui a également dit que l’opposition avait, elle aussi, des responsabilités. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé, que contrairement à ce qu’a avancé l’Ambassadeur Matthew Rycroft, du Royaume-Uni, jamais la Syrie n’a été brisée.  « Les trois membres du Conseil qui ont demandé cette réunion d’urgence du Conseil nous ont donné l’impression de réinventer la roue, ils ont redécouvert, a-t-il dit, que le Gouvernement syrien essayait de rependre Alep. »  « Quelle découverte! » s’est-il étonné.

Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, veut reprendre toute la ville d’Alep « qui est la ville principale de la Syrie, après Damas ».  « Si Shakespeare, Jean Génet, Kafka et autres pionniers du théâtre absurde devaient ressusciter, ils écriraient de meilleures tragédies », a-t-il fait remarquer, en soulignant que les mensonges proférés aujourd’hui étaient dignes du Roi Lear.  Le délégué a fait observer que le terroriste français Mohammed Merah, qui fait régner le chaos à Toulouse, n’avait jamais été décrit comme étant modéré, ou comme appartenant à un groupe d’opposition modéré.  « Si, par exemple, l’Espagne renonce au pays basque, la France à la Corse, les États-Unis au Texas ou encore Royaume-Uni à l’Écosse, le Gouvernement syrien ne renoncera à aucun centimètre carré de son territoire national », a-t-il affirmé.

Le délégué a ensuite dénoncé le soutien que ces trois membres permanents apportent à des groupes terroristes qu’ils qualifient à tort de modérés.  Cette réunion d’urgence est un signal envoyé par ses pays au Front el-Nosra consistant à dire que le soutien politique se poursuivra, a-t-il soutenu.  Il a ensuite déclaré que les opérations militaires de l’armée syrienne et de ses alliés prévoyaient des mesures de protection des citoyens, alors que les groupes terrorises utilisent les civils comme boucliers humains.  L’Ambassadeur Ja’afari a dénoncé les accusations proférées par certains membres du Conseil et du Secrétaire général selon lesquelles son gouvernement utiliserait des armes interdites, tout en rappelant que les groupes terroristes tels que Daech avaient utilisé des armes chimiques.  Il a déclaré que des éléments terroristes comptaient utiliser du phosphore contre des civils syriens en se déguisant en militaires syriens afin d’accuser l’armée syrienne.  Sa délégation, a-t-il assuré, dispose de nouvelles informations selon lesquelles des produits chimiques seraient stockés par des groupes terroristes dans des entrepôts à 20 kilomètres d’Alep.

« Nous voulons, plus que tout autre, mettre un terme au bain de sang en Syrie », a-t-il affirmé, en se félicitant de l’accord conclu le 9 septembre par les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), à savoir les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a ensuite dénoncé la tentative délibérée de saboter cet accord résultant du bombardement de soldats syriens par des avions de la coalition internationale.  Il est déplorable que certains membres du Conseil de sécurité continuent d’exiger de la Syrie et de ses alliés qu’ils respectent l’accord de cessation des hostilités malgré des preuves tangibles du soutien de ces pays à des « groupes terroristes armés ».  Ces derniers, a-t-il avancé, n’ont jamais eu l’intention d’assurer le succès de cet accord.  Le représentant a ensuite indiqué que les « groupes terroristes » et la coalition internationale avaient agi en violation de l’accord de cessation des hostilités du 9 septembre, tout en accusant les États-Unis d’avoir échoué à faire la distinction entre le Front el-Nosra et les groupes qu’ils disent modérés.  « Cela montre l’absence de volonté politique de ceux qui soutiennent le terrorisme et ne veulent pas mettre fin au bain de sang en Syrie », a-t-il tenu à préciser, en estimant que certains membres du Conseil mentaient à eux-mêmes.

En conclusion, l’Ambassadeur Ja’afari a demandé à certains membres du Conseil de cesser d’exploiter les souffrances du peuple syrien, dont ils sont, par ailleurs, à l’origine du fait de la politisation du conflit.  « Nous nous sommes engagés à parvenir à un accord grâce à des pourparlers intersyriens sans ingérence extérieure », a-t-il conclu, en assurant qu’une « victoire syrienne était imminente ».

Répondant à la question que lui a directement posée le représentant de la Fédération de Russie, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a expliqué que son mandat s’alignait sur les dispositions du Communiqué de Genève du 30 juin 2012.  Il a ajouté avoir été le témoin du refus d’une certaine délégation de participer à des pourparlers directs, une délégation dont l’ambassadeur avait dit qu’il ne voulait pas parler avec des représentants de groupes terroristes.  « Lors de la précédente réunion du Conseil de sécurité sur la question à l’ordre du jour, j’avais dit que l’ONU souhaitait que la mise en œuvre de cet accord facilite la reprise des efforts en vue d’un règlement politique par les Syriens et pour les Syriens, comme le demande la résolution 2254 (2015) ».  C’est ce que j’espère toujours, et vous donne l’assurance que j’œuvrerai à des pourparlers directs.

Réagissant à ces commentaires, le représentant de la République arabe syrienne a déclaré que, lorsque la Conférence de Genève II avait eu lieu, la Jordanie s’était vue confier la tâche de « déterminer qui était terroriste et qui ne l’était pas et l’Arabie saoudite « qui était dans l’opposition et qui ne l’était pas ».  Ni l’une ni l’autre n’ont préparé de définition, une question soulevée lors de la Conférence de Genève, « où des terroristes ont été invités, avant d’être exclus, puisque tout le monde a découvert qu’il s’agissait de terroristes ».  Nous ne sommes pas prêts à négocier avec des terroristes ou avec des centaines de groupes terroristes « génétiquement modifiés », mais avec un ensemble spécifique de membres de l’opposition.  « Nous aimerions négocier avec ceux qui ont confiance dans l’avenir de la Syrie, et non pas avec des personnes qui viennent « pour passer la nuit dans des hôtels cinq étoiles. »

 

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