Sixième Commission: les délégations déplorent une nouvelle fois l’incapacité à mettre au point une convention générale sur le terrorisme international
La Sixième Commission a entamé, aujourd’hui, ses travaux au titre de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale par l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international. Les délégations se sont une nouvelle fois prononcées pour la mise au point d’une convention générale sur le terrorisme international mais se sont montrées en désaccord sur la définition du terrorisme.
Présidée cette année par M. Danny Dannon (Israël), la Sixième Commission devra examiner d’ici au 11 novembre 27 points, dont la liste figure dans une lettre du Président de l’Assemblée générale datée du 16 septembre 2016.
Toutes les délégations intervenues à l’ouverture du débat ont été unanimes dans leur rejet et condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Elles y ont vu une violation du droit positif, un crime injustifiable, une menace à la paix et la sécurité internationales, au développement économique et social, qu’absolument rien ne peut justifier. Même si la région du Moyen-Orient est devenue, avec l’interventionnisme militaire de certains pays, un terreau fertile, comme l’ont dit notamment les Émirats arabes unis, le terrorisme ne saurait être associé à une région en particulier, par plus qu’à une culture, une religion ou une nationalité. Le représentant des Maldives, pays islamique, a même jugé anti-islamique par nature le terrorisme, ajoutant que son pays refusait que les terroristes utilisent l’Islam pour justifier leurs actions.
Cela dit les causes du terrorisme sont connues, et il va de soi qu’en dépit des efforts déployés, la communauté internationale a échoué à combattre ce phénomène, ont pour leur part estimé plusieurs délégations, dont celles du Venezuela, du Burkina Faso, du Pakistan, du Japon ou encore de la Libye. Pour la première, les sources du terrorisme et de l’extrémisme violent sont à chercher dans l’occupation et les interventions militaires injustifiées en Iraq et en Libye. Des interventions qui ont renversé des régimes, déstabilisé des États et laissé place au chaos qui, à son tour, a favorisé le commerce illégal, la circulation d’armes légères et de petit calibre, l’émergence des groupes terroristes et le recrutement de combattants.
À ces causes, il faut ajouter les injustices nés des conflits prolongés, la violation du droit à l’autodétermination, la marginalisation et autres discriminations diverses à l’encontre de groupes entiers, ou encore la paupérisation et les déplacements de populations, qui favorisent le recrutement par les groupes terroristes, ont complété les représentants pakistanais et burkinabé.
En dépit de ces échecs, il faut reconnaître que les efforts pour combattre le terrorisme commencent à porter leurs fruits, ont de leur côté estimé les États-Unis, affirmant qu’au cours de l’année écoulée, les flux de combattants étrangers avaient commencé à être endigués, 31 pays utilisant des mesures de contrôle des voyageurs. Par ailleurs le Conseil de sécurité a adopté récemment une résolution relative aux menaces sur l’aviation civile, qui est un signe très fort, ont estimé avec les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays du groupe CANZ. Il est vrai, mais d’autres menaces entachent maintenant ces progrès, en particulier l’islamophobie grandissante ou encore les tentatives dangereuses de faire des différences entre les extrémismes violents et l’utilisation de groupes terroristes pour des visées politiques, ont déploré respectivement le Qatar et la Fédération de Russie, pour qui, par ailleurs, la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doit se faire avec prudence, en respectant l’équilibre des pouvoirs entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale.
Il y a aussi consensus sur la nécessité de poursuivre et de renforcer le combat contre le terrorisme, ont ensuite souligné les délégations, qui ont en général salué la Stratégie antiterroriste mondiale, dont le cinquième examen biennal a eu lieu cet été. Il s’agit maintenant de la mettre en œuvre, mais dans l’intégralité de ses quatre piliers, a insisté la grande majorité des délégations, notamment les groupes de pays. Dans ce contexte, elles ont estimé que parmi les actions prioritaires à prendre figurent le renforcement de la coopération internationale par le biais de l’échange d’informations et de la traduction en justice des auteurs d’actes terroristes, la lutte contre les discours extrémistes en ligne, ou encore le tarissement des sources de financement du terrorisme et le contrôle des frontières pour endiguer le phénomène des combattants étrangers.
De nombreuses délégations ont également insisté sur la nécessité d’adopter au plus vite une convention générale sur le terrorisme, qui fournirait un cadre multilatéral pour cette lutte car l’absence de définition du terrorisme laisse une marge de manœuvre aux groupes terroristes, comme l’a déploré le Brésil. Les délégations restent toutefois en désaccord sur la définition du terrorisme, que certains veulent distinguer de la lutte légitime des peuples pour l’autodétermination, tandis que d’autres sont en désaccord sur l’inclusion et la définition d’un « terrorisme d’État ». Ainsi, le représentant du Liechtenstein a rappelé que la Sixième Commission avait échoué 11 ans de suite à élaborer une telle convention et a suggéré, si ce devait être le cas cette année encore, de retirer cette question de son ordre du jour.
La Sixième Commission se réunira de nouveau demain, à 15 heures, pour poursuivre l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.
MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/71/182, A/71/182/Add.1 et A/71/182/Add.2)
Déclarations
M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé que les États membres de ce groupe régional condamnaient le terrorisme sous toutes ses formes, y compris lorsqu’il implique des États. La CELAC appuie également la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, de même que le cinquième processus d’examen de cette stratégie. Ses États membres soulignent cependant l’importance d’une mise en œuvre intégrale de ses quatre piliers car, en tant que menace pour la paix et la sécurité internationales, le terrorisme ne pourra être mis en échec que par une coopération internationale accrue, mais aussi en s’attaquant aux causes profondes de ce phénomène, a poursuivi M. Cortorreal.
Si la CELAC reste d’avis que rien ne peut justifier le terrorisme, elle refuse toutefois que l’on associe le terrorisme à quelque culture, religion ou groupe que ce soit. La CELAC plaide pour le dialogue entre les cultures et le respect du droit international et des droits de l’homme dans la lutte antiterroriste, sans quoi on risque de mettre à bas les valeurs défendues par la communauté internationale et préparer un terreau fertile et une justification à l’extrémisme, a encore déclaré le représentant.
En tant que région qui a été victime du terrorisme, la CELAC rejette par ailleurs les listes noires unilatérales qui sont dressées et qui ciblent certains États. Elle demande en outre que tous les auteurs d’actes terroristes, quels qu’ils soient, soient traduits en justice. À cet égard, le représentant a rappelé que l’on commémore cette année les 40 ans d’une attaque terroriste qui a visé un aéronef cubain. Enfin, les États membres de la CELAC sont en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international et appelle en ce sens à la tenue d’une conférence internationale sur le terrorisme. Ces deux étapes permettraient d’avancer sur le sujet, a conclu le représentant.
M. ALI NASIMFAR (République islamique d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Le terrorisme constitue une violation odieuse du droit humanitaire, c’est une menace pour la paix internationale et régionale, a-t-il déclaré. De plus, le terrorisme affecte la stabilité des États et entrave leur développement social et économique. Le représentant a toutefois souligné que le terrorisme ne saurait être comparé à la lutte légitime des peuples pour le droit à l’autodétermination, car ces peuples luttent contre le joug d’oppresseurs. Il faut garantir le droit inaliénable à l’autodétermination, a ajouté le représentant, qui a en outre souligné que le terrorisme ne pouvait être assimilé à une religion.
Face au terrorisme, M. Nasimfar a déclaré qu’il était nécessaire de prendre des mesures rapides. Il a exhorté tous les États à respecter leurs engagements, notamment en procédant à l’extradition des personnes ayant commis des actes terroristes. Le Mouvement des pays non alignés rejette le recours à la force contre des États non alignés au motif qu’ils ont été classés unilatéralement comme soutenant le terrorisme. C’est une forme inacceptable de pression contre ces États, a-t-il déclaré.
M. Nasimfar a en outre noté que le statut de réfugié ne saurait être utilisé pour couvrir des activités terroristes. Le représentant a mis l’accent sur la menace que représentent les combattants terroristes étrangers. Le Mouvement des pays non alignés estime qu’il faut s’atteler à cette question conformément aux résolutions de l’ONU et est très préoccupé par la mauvaise utilisation de la religion par ces groupes terroristes. À cet égard, il faut créer un cadre complet internationale pour s’attaquer à ses racines, a encore estimé le représentant.
M. Nasimfar a encouragé tous les États à mettre en œuvre les instruments internationaux conçus pour lutter contre le terrorisme. Il a appelé à la convocation d’une conférence chargée de négocier une convention générale sur le terrorisme international, en soulignant le rôle du Comité ad hoc établie par la résolution de l’Assemblée générale 51/210 du 17 décembre 1996, ainsi que les efforts globaux à cette fin. Il a appelé tous les États à coopérer dans ce sens.
M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que l’Union africaine avait adopté une convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en 1999, qui est entrée en vigueur en 2002. Il a précisé que cette adoption avait été suivie de la mise en œuvre d’un plan d’action africain à l’issue d’une réunion intergouvernementale de haut niveau tenue en septembre 2002, et qu’avait été mis en place, à Alger, un Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme. Pour le représentant, toutes ces initiatives démontrent l’engagement des États membres africains à s’attaquer au terrorisme.
M. Matjila s’est inquiété des conséquences des enlèvements et prises d’otages dont le seul objet est d’obtenir des financements. Il a exhorté les États membres à mieux coopérer sur cette question du paiement des rançons aux groupes terroristes. Il a particulièrement salué le lancement de l’Initiative trans-sahélienne de lutte contre le terrorisme, produit d’une coopération entre le Centre africain de recherche sur le terrorisme et le Centre d’études stratégiques sur l’Afrique des États-Unis.
Mme LIZANNE ACHING (Trinité et Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a déclaré que le terrorisme constituait une menace sérieuse pour la paix et la sécurité mondiales, ainsi que pour le développement social et économique des États. Il constitue une violation flagrante des principes de la Charte. À cet égard, la CARICOM condamne fermement sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations le terrorisme, lequel ne respecte pas les frontières, les races, l’âge, le genre ou les classes sociales. La représentante a souligné que sa région n’avait pas été épargnée par le terrorisme et qu’elle attend toujours que justice soit rendue aux victimes d’un acte terroriste qui s’est produit, il y quatre décennies suite au détournement d’un avion dans la mer des Caraïbes. Mme Aching a également estimé qu’à la lumière de l’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux, il était nécessaire de détecter les comportements illégitimes en ligne.
Mme Aching s’est déclarée résolue à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale. Nous avons adopté différentes actions pour lutter contre le terrorisme et son financement et, en tant que membre de l’Équipe spéciale pour les questions financières, nous nous sommes engagées à mettre en œuvre les mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent, qui finance le terrorisme, a-t-elle déclaré. La représentante a insisté sur la nécessité d’adopter des législations complètes pour mettre pleinement en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale. Elle a noté que le projet de convention générale sur le terrorisme constituerait l’instrument adéquat pour aider les petits États à lutter contre ce fléau et a appelé tous les États à faire preuve de conciliation pour mettre un terme aux différends sur cette question, notamment en ce qui concerne la définition du terrorisme. Enfin, elle a souligné que les mesures prises pour lutter contre le terrorisme devaient respecter les droits de l’homme ainsi que le droit international humanitaire.
Mme EGLANTINE CUJO, déléguée de l'Union européenne, a déclaré que le terrorisme continuait de représenter une très grave menace pour la paix et la sécurité mondiales, ajoutant que, plus que jamais, la communauté internationale devait apporter une réponse commune en condamnant le terrorisme international et en unissant ses efforts pour le combattre le terrorisme, quelles que soient ses formes et ses manifestations.
En tant qu’acteur majeur dans la lutte mondiale contre ce phénomène, l’Union européenne a révisé et renforcé sa stratégie élaborée en 2014 concernant le terrorisme et les combattants étrangers, axée sur l’Iraq et la Syrie, a précisé la représentante. Mais la politique globale de l’Union européenne vise en outre à freiner et détruire définitivement Daech au moyen de mesures militaires et antiterroristes, à lutter contre la menace que représentent les combattants étrangers, et à remédier aux causes politiques, économiques et sociales qui ont permis l’éclosion de ce groupe en Iraq et en Syrie. L’Union européenne est également engagée sur d’autres terrains, notamment en Afrique du nord et au Moyen-Orient. Elle y coopère avec la Tunisie, l’Égypte, le Liban, la Jordanie ou encore la Turquie, des pays auxquels elle fournit une assistance en matière de sécurité, de prévention du radicalisme et du recrutement de combattants étrangers et pour le retour et la réinsertion d’anciens combattants étrangers. L’Union européenne a également augmenté son aide financière, soit plus de 150 millions d’euros, visant à aider ses partenaires qui travaillent à l’élaboration de nouvelles stratégies pour prévenir l’extrémisme violent, comme en Tunisie ou en Somalie.
Les États membres de l’Union européenne sont, en outre, engagés dans les enceintes internationales comme les Nations Unies, a fait observer Mme Cujo. Ils appuient à ce titre l’approche stratégique du Secrétaire général, qui met l’accent sur la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, car ils estiment que sur toutes ces questions, les Nations Unies peuvent jouer un rôle. Cela dit, l’Union européenne est d’avis que les travaux et initiatives du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, dont l’Union européenne est membre et finance les activités, devraient être mieux intégrés dans l’agenda des Nations Unies. Le forum a ainsi récemment lancé une initiative nommée « boîte à outils », sur le processus de radicalisation et disponible en ligne. L’Union européenne soutient en outre l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI), a conclu la représentante.
Mme CATHERINE BOUCHER (Canada), au nom du groupe CANZ -Canada, Australie et Nouvelle-Zélande- a estimé que la Communauté internationale devrait fournir plus d’efforts pour lutter contre le terrorisme international et a souligné notamment le rôle du Secrétaire général dans la lutte contre le terrorisme. La représentante a en outre déclaré qu’il fallait prendre des mesures pour lutter contre l’extrémisme violent et souligné que celui-ci n’était pas spécifique à une nationalité, une culture ou une religion spécifique ni à une ethnie en particulier.
Les pays du groupe CANZ exhortent tous les États qui ne le sont pas encore à devenir partie à tous les instruments des Nations unies permettant de lutter contre le terrorisme. La représentante a regretté qu’une convention globale sur la question du terrorisme reste insaisissable. Cela doit passer par un leadership fort, a-t-elle déclaré, ajoutant: « Il nous tarde que le nouveau Secrétaire général puisse prendre des mesures fortes cette question ».
Il est important de coordonner nos efforts au sein des Nations Unies et au-delà, a poursuivi la représentante, qui a dit apprécier la résolution 2309 (2016) adoptée le 22 septembre dernier par le Conseil de sécurité et relative aux menaces sur l’aviation civile. « C’est un signe très fort, cette résolution montre qu’il faut une collaboration renforcée pour faire face au terrorisme », a estimé Mme Boucher. Les pays du groupe CANZ continueront à jouer un rôle important pour lutter contre le terrorisme, a-t-elle souligné, ajoutant que de telles mesures devaient être prises collectivement. La représentante a estimé, en outre, que la résolution 1373 des Nations Unies pour supprimer le financement du terrorisme a fourni un cadre idoine à la communauté internationale. « Nous sommes déterminés à collaborer avec les autres États Membres pour lutter contre le terrorisme international », a-t-elle encore déclaré.
M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie), au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a dit condamner également le terrorisme et le radicalisme, ajoutant que rien ne peut justifier le recours au terrorisme. Compte tenu du caractère transfrontalier que représente ce phénomène, les pays membres de l’OTSC plaident en faveur d’une coalition antiterroriste vaste, sous l’égide des Nations Unies, a poursuivi le représentant, qui a appelé à la mise sur pied, sans conditions préalables, de cette coalition. À côté de cet effort, il faudra également adopter une convention générale sur le terrorisme, a-t-il ajouté.
Du point de vue des pays de l’OTSC, l’objectif premier de la communauté internationale devrait être d’éradiquer le terrorisme et les groupes qui le véhiculent, notamment Daech, Al-Qaeda et le Front el-Nosra, entre autres. Tous les États ont l’obligation de lutter contre ce fléau, a dit le représentant, ajoutant que le premier combat devait consister à lutter contre la propagande terroriste. Mais le combat ne pourra être totalement gagné si l’on ne parvient pas à endiguer les sources de financement du terrorisme, a-t-il poursuivi, affirmant que les résolutions de l’Assemblée générale, de même que les normes du Groupe d’action financière (GAFI) offraient un cadre pertinent dans ce domaine.
M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a jugé qu’en tant que phénomène croissant, le terrorisme menaçait non seulement, et de plus en plus, la paix et la sécurité internationales, mais aussi la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la recherche d’une paix globale. C’est pour cette raison que l’ASEAN soutient la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies contre le terrorisme et souligne qu’elle doit être mise en œuvre dans ses quatre piliers.
Compte tenu du fait que personne ne peut seul lutter contre le phénomène, l’ASEAN plaide pour une coopération internationale dans ce domaine. Elle salue à cet égard le plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent, qui fournit une bonne base de travail. En tant que membres d’une région très engagée dans la lutte contre le terrorisme, les pays de l’ASEAN se sont dotés de la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme, aujourd’hui ratifiée par les dix États membres, a indiqué le représentant, ajoutant que sa sous-région est disposée à travailler avec les autres partenaires sur cette question.
Mme TANIERIS DIEGUEZ LA O (Cuba) a souligné la « volonté inébranlable » de son pays de lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, quelles que soient les revendications exprimées par les auteurs de tels actes. La représentante a salué l’adoption cette année, dans le cadre du processus de révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, d’une résolution reconnaissant les efforts de coopération réalisés par les États et les organisations internationales, compte tenu de leurs différentes situations nationales et régionales. « Cependant, il manque une condamnation claire des actes de terrorisme commis unilatéralement par certains États qui s’octroient le droit d’approuver certains comportements et de dresser des listes avec des motifs politiques, contrairement au droit international », a déploré Mme La O.
La représentante a ajouté que la pratique nocive adoptée par certains États consistant à financer, appuyer et promouvoir des « actions subversives de changement de régime », ainsi que des messages de haine contre d’autres peuples, cultures et systèmes politiques, était également contraire au droit international et à la Charte des Nations Unies. Elle a, par ailleurs, dénoncé le fait que certains États, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, se livraient à des actes d’agression directs ou indirects contre des peuples souverains. « Nous rejetons l’instrumentalisation d’un sujet aussi sensible que le terrorisme international à des fins politiques contre d’autre pays », a-t-elle insisté.
Mme La O a, par ailleurs, rappelé que Cuba était partie aux 18 conventions et protocoles de lutte contre le terrorisme des Nations Unies. Elle a renouvelé le soutien de son pays en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, « afin de combler les lacunes des textes existants ». Elle a en outre appelé à l’organisation d’une conférence internationale, sous l’égide de l’ONU, pour élaborer une réponse collective face au terrorisme « sous toutes ses formes et manifestations ».
« Cuba est un de ces pays qui, pour défendre son indépendance et sa dignité, a été victime pendant des décennies d’actes de terrorisme, qui ont coûté la vie à plus de 3478 personnes », a également affirmé Mme La O, tout en précisant que, à l’inverse, Cuba n’avait jamais participé à l’organisation ou au financement d’actes de terrorisme dans quelque pays que ce fût.
Mme DAMARIS CARNAL (Suisse) a condamné fermement toute attaque délibérée contre les civils, ainsi que le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Elle a regretté qu’à ce jour la Commission ne soit pas parvenue à répondre à l’appel lancé dans le Document final du Sommet mondial de 2005, visant à conclure une convention générale sur le terrorisme international. Elle s’est déclarée pleinement déterminée à mettre en œuvre les conventions et protocoles de l’ONU ainsi que la Stratégie antiterroriste mondiale, « qui demeure le cadre de référence ».
La représentante a salué le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, estimant qu’il contribue grandement à donner un nouvel élan aux activités de prévention des Nations Unies et aux piliers I et IV de la Stratégie antiterroriste mondiale. Elle a, à cet égard, réitéré la préoccupation de la Suisse concernant l’impact des mesures adoptées dans la lutte contre le terrorisme sur l’assistance humanitaire et médicale. Elle a encouragé à préserver l’action humanitaire des impacts négatifs des mesures législatives et autres mesures adoptées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
La représentante a noté qu’une des tendances récentes du terrorisme était le nombre élevé d’enfants impliqués dans des activités liées au terrorisme. « Nous soutenons un projet de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui vise à élaborer des stratégies et mesures pour prévenir l’implication des enfants dans des groupes terroristes et renforcer les capacités des acteurs de la justice pénale et de la protection des enfants », a expliqué Mme.Carnal, qui s’est par ailleurs dit satisfaiet de l’adoption, le 21 septembre dernier, du « Mémorandum de Neuchâtel » sur les bonnes pratiques de la justice pour mineurs dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.
Enfin, la Suisse estime qu’il ne devrait pas y avoir de résolution dans le contexte de la Sixième Commission suite à l’examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale par l’Assemblée générale. La résolution de la Sixième Commission sur ce point devrait être présentée en alternance tous les deux ans. Si cette année une résolution devrait être présentée, cette dernière ne devrait faire l’objet que d’une actualisation technique, a estimé la représentante.
M. SAOUD AL QAHTANI (Qatar) a condamné le terrorisme et a estimé que les actes terroristes constituent une violation du droit positif. Il a noté que les terroristes sont souvent actifs dans des États faibles. Le représentant a souligné qu’établir un lien entre terrorisme et religion ou race donnait une occasion aux thèses terroristes de se propager. L’islamophobie nie les efforts pour lutter contre le terrorisme, a-t-il ajouté. C’est pour cela que le monde a cruellement besoin d’une Convention globale sur le terrorisme, a poursuivi le représentant, pour qui il faut d’abord trouver une définition au terrorisme, celle-ci ne devant pas faire référence à la religion, ni au droit légitime des peuples à lutter pour l’autodétermination.
Conformément aux politiques mises en place par mon pays dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, il est nécessaire de poursuivre la coopération avec les Nations Unies, a encore affirmé le représentant du Qatar. Au Qatar, cela se fait avec l’institution, qui permet de mettre en place des formations pour les jeunes afin de leur éviter de sombrer dans le terrorisme, a précisé M. Qahtani.
À travers la lutte contre le blanchiment d’argent, le Qatar lutte contre le terrorisme, a encore déclaré le représentant, qui s’est dit prêt à travailler avec toutes les institutions internationales pour parvenir à l’adoption d’une convention générale permettant de lutter contre le terrorisme.
M.PATRICK LUNA (Brésil), a déclaré que son pays, État partie à la Convention interaméricaine contre le terrorisme et dont la Constitution condamne le terrorisme, est d’avis qu’une réforme du Conseil de sécurité permettrait de mieux lutter contre ce phénomène. Le Brésil est en effet préoccupé par l’augmentation du nombre de lettres soumises au Conseil de sécurité au titre de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, cherchant à justifier le recours à la force militaire pour lutter contre le terrorisme, dans la plupart des cas après les faits. Au cours du dernier débat sur la réforme des méthodes de travail du Conseil de sécurité, le Brésil a plaidé pour le suivi de ces lettres et pour examiner leur bien fondé au titre de la Charte des Nations Unies. Peu importe la difficulté du sujet, il faut avancer sur la question de la base légale du recours à la force, a déclaré le représentant.
M.Luna a également observé que si tous les objectifs de la lutte antiterroristes sont partagés, les divergences juridiques qui persistent laissent une marge de manœuvre aux groupes terroristes. Il a déploré que certains tombent dans ce piège. L’absence actuelle de définition du terrorisme devrait pousser la communauté internationale à s’entendre au plus vite sur une convention générale sur le terrorisme, a-t-il estimé, ajoutant que, dans la tendance actuelle du terrorisme, il est important de bien comprendre les liens entre terrorisme, radicalisme et extrémisme violent.
Mme IPEK ZEYTINOĞLU ÖZKAN (Turquie) a fait observer que son pays poursuivait sa campagne antiterroriste contre diverses organisations comme Fetullah Gullen (FETO), Daech, ou encore le PKK/PYD (Parti des travailleurs du Kurdistan). Elle a remercié les États qui ont soutenu la Turquie, notamment lors du coup d’État avorté du 15 juillet. En tant que membre de la coalition contre Daech, la Turquie contribue activement à la mise en œuvre de résolutions du Conseil de sécurité. Elle a souligné que ce qu’elle a décrit comme des actes révoltants du PKK avaient causé de nombreux morts lors d’attentats. Ce groupe essaie d’exploiter la situation en Syrie et Iraq pour se dépeindre comme un groupe légitime ; nous espérons que nos alliés ne se feront pas abuser, a-t-elle souligné.
La lutte contre le terrorisme ne peut se passer de la coopération internationale, a poursuivi la représentante. Tous les États doivent prendre les mesures nécessaires et un message clair doit être donné aux terroristes, à savoir qu’aucun acte terroriste ne sera toléré. La représentante a souligné que toutes les organisations terroristes devaient être combattues de la même façon, une approche sélective étant impossible. En outre, le terrorisme ne peut être assimilé à une religion, a-t-elle averti.
La Turquie considère que les Nations Unies constituent la plateforme idoine pour une discussion concertée sur le sujet du terrorisme international et qu’elles aident les États Membres dans leurs efforts nationaux. Nous sommes partie à la plupart des instruments des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, a-t-elle noté.
La représentante a salué la résolution de l’Assemblée générale sur la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée le 1er juillet 2016 , estimant qu’elle avait lancé un message fort à la communauté internationale pour lutter contre les combattants terroristes étrangers. Des conflits prolongés offrent aux terroristes des opportunités de recrutement, a-t-elle rappelé. Ces faits nous appellent à renforcer la cohérence et la complémentarité dans les mesures anti terroristes existantes en développant de nouvelles approches et de nouveaux instruments. La représentante a conclu en réaffirmant l’engagement de la Turquie à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.
M. NAGIB I S KAFOU (Libye) a condamné le terrorisme et refusé qu’on l’associe à une culture, une religion ou à groupe donnés. La Libye estime en outre qu’il est nécessaire de faire une distinction entre le terrorisme et le droit légitime des peuples à lutter pour leur autodétermination. Pour la Libye, la lutte contre le terrorisme passe par la prise en compte de ses causes profondes et par des mesures pour stabiliser les pays en conflit. Cela est primordial, car les groupes terroristes profitent des situations de conflit pour recruter des jeunes, a expliqué le représentant, ajoutant que l’option militaire, à elle seule, ne pouvait venir à bout de ce phénomène.
Dans ce contexte, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle appuie son pays, pour l’aider à lutter contre ces groupes et contre le recrutement de combattants étrangers. La Libye demande également une aide en termes d’échanges d’informations et de formation des forces de sécurité. Mais elle demande par-dessus tout que la communauté internationale coopère pour traduire en justice tous les auteurs d’actes de terrorisme et tarisse les sources de financement du terrorisme en mettant en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
M. HECTOR ENRIQUE CELARIE LANDAVERDE (El Salvador) a noté que son pays était prêt à mettre en œuvre les mesures qui s’imposent pour lutter contre le terrorisme. « Nous avons ratifié la plupart des instruments de lutte contre le terrorisme », a-t-il fait observer. Dans le domaine judiciaire interne, la Cour suprême de justice d’El Salvador a adopté une résolution qui reflète notre engagement dans la lutte antiterroriste, a-t-il noté. Mais la lutte contre le terrorisme ne peut être menée à bien qu’avec des mesures contrôlables, a poursuivi le représentant, qui a rappelé que le terrorisme nuit aussi au développement socioéconomique des États. Il s’est déclaré en faveur de la rédaction d’une convention générale sur le terrorisme international, estimant qu’il fallait adopter une définition universelle du terrorisme.
M. ANGEL V. HORNA (Pérou) a condamné les actes terroristes sous toutes leurs formes et dans toutes leurs manifestations. Les États doivent adopter une stratégie commune de collaboration sur cette question, a-t-il ajouté. Le Pérou pense qu’il est important de travailler sur le plan conceptuel. À cet égard, il existe un premier élément à considérer: la prévention du terrorisme, pour éviter sa propagation. Le représentant a souligné que cette nécessité est bien présentée dans le rapport du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent.
Selon le représentant, il faut harmoniser les politiques de mise en œuvre de la lutte contre le terrorisme, notamment du fait que la montée en puissance des groupes terroristes dépend de leurs financements. « Nous devons améliorer le travail de renseignement financier pour lutter contre le blanchiment d’argent », a-t-il souligné. Il a en outre constaté que les groupes terroristes tentaient de recruter des adeptes dans l’espace public et a estimé qu’il fallait lutter contre la propagande qui fait l’apologie des actes criminels odieux.
Le représentant a également souscrit à la nécessité d’une convention générale sur le terrorisme international. Il a noté qu’en application de la résolution 70/120 de l’Assemblée générale, sa délégation avait tenté de collaborer aux efforts pour rédiger une telle convention. Il faudrait régler cette question avant la fin de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, a-t-il conclu.
M. ELSADIG ALI (Soudan) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, y compris le terrorisme d’État. Il a insisté sur l’importance d’un renforcement de la coopération internationale sur la base d’une collaboration inclusive et intégrée. Par ailleurs, le Soudan est actif au sein de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré le représentant, qui a estimé que les mécanismes internationaux devaient compléter les stratégies nationales. Outres les commissions nationales techniques chargées d’appliquer les résolutions des Nations Unies, le Soudan mis en place des mesures politiques internes pour lutter contre la criminalité organisée et transfrontière, a poursuivi M. Ali. Afin de lutter contre l’extrémisme, nous nous efforçons de modérer les milieux religieux et nous efforçons de donner les moyens aux autorités compétentes, ainsi de renforcer les contrôles à la frontière, a-t-il expliqué. En outre, le Soudan organise des ateliers, comme celui, qui s’est tenu en août en 2016 à Khartoum, dont le but était de débattre du rôle des médias. Le représentant a également souligné que la lutte contre le terrorisme nécessitait la levée des sanctions unilatérales, lesquelles ne font qu’aggraver la pauvreté, ce qui est un facteur de développement du terrorisme.
M. ISAIAS ARTURO MEDINA MEJIAS (Venezuela) a déclaré que l’occupation et les interventions militaires nourrissaient le terrorisme et l’extrémisme violent. Pour le représentant, on ne peut parler du terrorisme sans parler des interventions militaires qui ont frappé l’Iraq et la Libye, renversé des gouvernements et divers régimes. Les situations de chaos nées de ces interventions, avec l’affaiblissement de l’État qu’elles ont provoqué, ont fait le creuset des groupes tels que Al-Qaida et Daech, favorisé le commerce illégal et la circulation d’armes légères et de petit calibre et le recrutement de combattants. Il faut le dire: le groupe « État islamique » n’est que la conséquence de l’intervention militaire en Iraq, a ajouté M. Mejias.
Au Venezuela, pays partie à la Convention interaméricaine sur le terrorisme, toutes les mesures de contrôle nécessaire ont été prises pour lutter contre le terrorisme et en particulier son financement. Il faut que la communauté internationale coopère dans le cadre de cette lutte, notamment en facilitant la traduction en justice des auteurs d’actes terroristes, a encore déclaré le représentant, appelant à ce que Luis Posada Carriles, responsable de l’attaque terroriste qui a détruit il y a 40 ans un avion cubain, faisant 74 morts, soit remis aux mains de la justice vénézuélienne, qui l’a condamné. Par ailleurs, le Venezuela est d’avis que les Nations Unies sont le cadre le plus pertinent pour évoquer les questions de terrorisme et se félicite des mesures préconisées par le comité ad hoc sur les mesures visant à lutter contre le terrorisme. Le Venezuela est en faveur d’une convention générale sur le terrorisme, a-t-il conclu.
Mme CHULAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande) a souligné l’engagement de son pays en faveur de la prévention et de la répression du terrorisme international. Au titre de cet engagement, la représentante a rappelé que la Thaïlande avait inscrit, en 2003, le terrorisme au nombre des infractions pénales du pays. Elle a également indiqué qu’en 2013, la Thaïlande avait adopté une loi nationale visant à mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. Une autre loi est aussi en cours d’élaboration pour mettre en œuvre l’ensemble des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU relatives à la prolifération des armes de destruction massive, a-t-elle précisé.
Au niveau régional, Mme Chartsuwan a réaffirmé la détermination de son pays à mettre en œuvre la Convention de l'Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la lutte contre le terrorisme, qui constitue le principal cadre juridique dont dispose l’ASEAN pour lutter contre ce phénomène.
Sur le plan international, la représentante a rappelé l’importance que revêtait pour la Thaïlande la coopération entre États pour mettre fin à la menace terroriste. À ce titre, elle a souligné que son pays était partie à neuf des 18 conventions et protocoles des Nations Unies de lutte contre le terrorisme. Elle a ajouté que, s’agissant des neuf instruments juridiques restants, la Thaïlande procédait actuellement à leur ratification, voire, dans les cas précis de la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime et de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, aux modifications de la loi nationale nécessaires pour permettre leur adoption. Mme Chartsuwan a également mentionné le rôle actif joué par la Thaïlande dans le cadre de l’Initiative de sécurité contre la prolifération et de l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire.
Par ailleurs, la représentante a exprimé sa volonté de coopérer avec l’ONU et les États Membres pour traduire en termes pratiques la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Elle a également appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international. Ce projet, a-t-elle estimé, devrait comporter une définition « claire et précise » du terrorisme, sans faire référence au « terrorisme d’État ». Mme Chartsuwan a enfin appelé à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, y compris la pauvreté, la marginalisation sociale et le manque d’accès à la justice.
Mme INA H. KHRISNAMURTI (Indonésie) a souligné combien il était important que le Conseil de sécurité et tous les organes des Nations Unies concentrent leurs efforts pour éliminer les causes du terrorisme. Le Conseil de sécurité doit être uni et doit travailler plus dur pour trouver des solutions, a-t-elle noté. La représentante a souligné l’importance de l’examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. C’est toujours l’occasion de faire le bilan de notre action, a-t-elle déclaré.
L’Indonésie estime que de plus amples efforts doivent être consentis pour renforcer les synergies sur tous les aspects de la coopération anti terroriste et ce, à tous les niveaux, régional et international, avec la prévention comme objectif prioritaire. Sans aucun doute, il y a parfois des motivations personnelles qui font que l’on embrasse le terrorisme, et elles sont parfois extrêmement complexes, a souligné la représentante. Pour elle, il faut faire le choix du dialogue et de la déradicalisation afin de lutter contre l’idéologie du terrorisme. Mme Khrisnamurti a en outre expliqué qu’en ce qui concerne la lutte contre la radicalisation, l’Indonésie utilisait l’Internet pour détecter les actes de terrorisme.
L’Indonésie a aussi encouragé la participation des partis islamiques au gouvernement, a expliqué Mme Khrisnamurti, qui a ajouté que le respect de l’état de droit et le respect des droits de l’homme étaient essentiels pour lutter contre le terrorisme. Enfin, elle a jugé dangereux d’associer le terrorisme a certaines religions, nationalités, civilisations et ou groupes ethniques.
M. ERIC Y.TIARE (Burkina Faso) a rappelé que son pays avait subi depuis 2004 plusieurs attentats terroristes, le dernier ayant fait une trentaine de morts en janvier 2015. Il a déclaré que la coopération transfrontalière, aussi bien que judiciaire, restait un des moyens les plus efficaces pour faire face à la menace terroriste. Au regard des liens que le terrorisme entretient avec la criminalité transfrontalière, il est plus qu’impératif de renforcer la coopération et de mettre au point des mesures pour prévenir l’expansion du phénomène, a poursuivi M.Tiare. C’est pourquoi le Burkina Faso se félicite des mesures prises par le G5 Sahel, un groupe de pays dont il est par ailleurs membre.
Le Burkina Faso estime également qu’il est important d’avoir une approche équilibrée dans la mise en œuvre de la stratégie antiterroriste mondiale, en accordant une attention accrue à la prévention et en particulier la lutte contre l’extrémisme violent. À cet égard, le représentant a pris bonne note du plan d’action du Secrétaire général et des recommandations qu’il contient. Le Burkina attend maintenant des progrès sur le projet de convention générale sur le terrorisme, en dépit des divergences de vues. Un tel document prendrait en compte tous les aspects du terrorisme, notamment sa prévention, ses sources de financement, sa répression. Le Burkina Faso est enfin d’avis que la lutte contre le terrorisme doit également tenir compte des causes profondes qui l’engendre, à savoir la paupérisation des populations, les discriminations diverses et les déplacements de population, soit des phénomènes qui favorisent le recrutement de combattants par les groupes terroristes.
Mme ALINA ARGUELLO (Nicaragua) a déclaré être concerné par le concept de guerre contre le terrorisme, qui engendre le déplacement des populations. Au cours de l’année, nous avons vu des centaines d’actes de terrorisme à travers le monde et nous adressons nos condoléances aux victimes de ces actes, a ajouté la représentante. Il est du devoir de chaque pays de condamner le terrorisme, mais pas seulement en parole, a poursuivi Mme Arguello. Il faut poursuivre ceux qui commettent ces actes. Il ne faut pas pratiquer le « deux poids deux mesures » dans cette situation. En outre, la représentante a souhaité que tout soit mis en œuvre pour arriver à l’adoption d’une convention sur le terrorisme. À chaque instant, notre pays a eu la sagesse de préserver l’unité pour le bien de tous, a-t-elle conclu.
M. MOHAMED SALEH ALSHAMSI (Émirats arabes unis) a souligné qu’il existait un consensus international sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, comme le montre l’adoption de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. La région du Moyen-Orient est devenue, avec l’intervention de certains pays, un terreau fertile du terrorisme, a déploré le représentant. Pour combattre ce fléau, la priorité est de lutter contre les discours de haine que véhiculent les groupes terroristes, a affirmé le représentant. Il faut montrer le vrai visage de ces groupes, a-t-il dit, indiquant que son pays travaille avec les États-Unis à lutter contre la propagande de Daech en ligne tout en expliquant ce qu’est vraiment l’islam. Alors que les Émirats arabes unis sont parties à plus de quinze conventions régionales et internationales sur les questions ayant trait au terrorisme, ils restent d’avis qu’une convention générale serait un acquis, si elle permet de définir ce qu’est le terrorisme tout en tenant compte des luttes légitimes des peuple pour l’autodétermination, a conclu le représentant.
M. JOM OLIVER EIERMANN (Liechtenstein) a appelé le Conseil de sécurité à travailler à des procédures claires et justes dans l’application de régimes de sanctions contre les États accusés de soutenir ou de pratiquer le terrorisme. Le représentant a notamment rappelé la nécessité de sauvegarder l’état de droit. Il a en outre regretté que des opérations militaires ne fassent pas toujours la distinction entre les mesures qui ciblent les terroristes et celles qui ciblent les civils.
M. Eiermann a noté que la Sixième Commission avait rédigé par le passé de nombreuses conventions utiles pour lutter contre le terrorisme. Cependant, a-t-il déploré, la Commission est surtout connue pour n’avoir pas réussi à rédiger une convention antiterroriste mondiale. Nous avons échoué onze fois à remplir ce mandat, a-t-il souligné. La crédibilité de la Sixième Commission est en jeu. Si nous ne parvenons pas à achever notre mandat, il faudrait acter que nous sommes incapables de remplir cette tâche, a poursuivi le représentant pour qui il faudrait à tout le moins éviter les doublons dans différentes enceintes de débats. En conséquence, le Liechtenstein suggère, si les membres de la Sixième Commission ne parviennent pas à se mettre d’accord, de retirer cette question de son ordre du jour.
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a constaté qu’en dépit des efforts de la communauté internationale, le terrorisme et l’extrémisme violent persistent. Pour la représentante, ceci devrait pousser la communauté internationale à dresser son bilan et faire son autocritique. Du point de vue du Pakistan, cette situation tient en premier lieu au fait que la communauté internationale n’a pas su aborder les causes profondes de ces phénomènes, à savoir les injustices qui perdurent, la marginalisation de groupes sociaux, les confits prolongés, les interventions militaires injustes ou encore la violation du droit international et le refus de respecter le droit à l’autodétermination. Sur tous ces points la communauté internationale n’a pas su faire la différence, en dépit du consensus sur la nécessité de lutter contre le terrorisme, a encore déclaré la représentante. Dans ce contexte, le Pakistan redit la nécessité de progresser vers une convention générale sur le terrorisme, qui non seulement contiendrait une définition, mais tiendrait également compte du droit légitime des peuples à lutter contre l’occupation et le droit à l’autodétermination.
M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a condamné sans réserve le phénomène du terrorisme international sous toutes ses formes, jugeant que les Nations Unies et le Conseil de sécurité devaient jouer un rôle central pour promouvoir la coopération dans ce domaine. Selon lui, il est évident que la menace à grande échelle que représentent Daech, Al-Qaida, Boko Haram, Harakat el-Chabab el-Moujahidin et leurs affiliés ne peut être traitée efficacement que par le biais d’actions conjointes, aux niveaux national et international. Toutefois, a-t-il relevé, la composante terroriste réside également dans des guerres hybrides et non déclarées telles que celle que mène la Russie en Ukraine. Des organisations terroristes liées aux « républiques populaires de Donetsk et Louhansk » y ont été créées par des « marionnettes » du Kremlin, a dénoncé M. Tsymbaliuk, accusant la Russie de détourner l’attention de la communauté internationale au travers de conflits comme celui qui fait rage en Syrie.
Pour le représentant, la Russie viole les engagements qui la lient à des textes internationaux juridiquement contraignants comme la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans ce contexte, a-t-il dit, l’Ukraine soutient l’appel de l’Union européenne en faveur d’une rationalisation des travaux de la Sixième Commission, à condition qu’aucune décision ne vienne entraver la mise au point du projet de convention générale sur le terrorisme international, qui constitue à ses yeux l’une des priorités de cette session de l’Assemblée générale.
Mme.LOURDES ORTIZ YPARRAGUIRE (Philippines) a indiqué que son pays avait approfondi ses relations avec l’ONU en matière de lutte contre le terrorisme. Elle a notamment cité la collaboration des Philippines avec le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme sur la question des renseignements préalables concernant les voyageurs (RPCV). Elle a indiqué que les Philippines travaillaient aussi avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour développer son cadre national de protection des victimes du terrorisme.
En outre, les Philippines ont mis en place un cadre de lutte contre l’extrémisme violent par le biais d’une approche intitulée Whole of Nation, qui implique les agences gouvernementales, l’Université, le secteur privé ainsi que tous les acteurs de la lutte contre la radicalisation. « Par le biais du Centre philippin pour l’islam et la démocratie nous avons réuni les dirigeants et enseignants musulmans -particulièrement les femmes– autour d’un réseau national prônant la modération, la paix, la démocratie et le développement » s’est félicité la représentante. Elle a aussi cité l’adoption d’une loi sans précédent en novembre 2015- le Republic Act 10697 – visant à sécuriser le commerce pour éviter la prolifération de armes de destruction massive dans le pays.
M. YOUSSEF HITTI (Liban) a rappelé qu’année après année, dans cette Commission, sa délégation a condamné de façon catégorique le terrorisme dans toutes ses formes et manifestations, ajoutant que le terrorisme n’a pas d’identité religieuse. En tant que pays qui a été la cible constante du terrorisme, le Liban continue à travailler pour le contrer, a expliqué le représentant. Le mois dernier, le Liban a lancé des consultations avec des acteurs clefs pour élaborer un plan national pour éradiquer le terrorisme. Un tel plan sera élaboré en accord avec les standards légaux internationaux en particulier avec la Stratégie antiterroriste mondiale, ainsi qu’avec les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.
Nous ne pouvons plus laisser les terroristes exploiter les faiblesses de nos sociétés, a rappelé M. Hitti. Nos efforts de prévention doivent être redoublés, notamment par la promotion de la jeunesse et des femmes. L’éducation est aussi centrale pour endiguer la violence et faire naître la tolérance en s’appuyant sur une culture du dialogue. Le représentant a rappelé l’engagement du Liban en faveur de la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale, notamment en ce qui concerne les piliers I et IV, qui traitent respectivement des conditions propices au développement du terrorisme et du respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il a mis en garde contre la confusion consistant à lier le terrorisme à une religion ou au droit légitime de lutter contre l’occupation. Il a souligné la nécessité de parvenir à une définition explicite du terrorisme, qui doit être élaborée dans le cadre d’une convention antiterroriste mondiale.
M. VASSANA MOUNSAVENG (République démocratique populaire Lao) s’exprimant à titre national, a précisé que le terrorisme mine également les efforts de développement des États. Il a indiqué que son pays est partie à treize conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, dont la Convention de l’ANASE sur le terrorisme.
M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a condamné le terrorisme sur toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. En tant qu’État, nous avons été témoin de l’apparition de l’extrémisme violent qui a été diffusé par ces groupes terroristes, tels que « l’État isIamique » ou Boko Haram, a souligné le représentant. Toutes les mesures de lutte doivent être mises en œuvre en respectant les droits de l’homme, a toutefois ajouté le représentant, pour qui les victimes du terrorisme doivent être entendues et protégées.
Après des décennies de conflit interne en Colombie, lors desquelles une forme de terrorisme a été utilisée comme technique de combat, un processus de négociation a été engagé pendant quatre années en répondant aux caractéristiques uniques du pays, a poursuivi M. Blanco. En dépit du résultat du référendum d’hier, nous avons réussi à atteindre un accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a-t-il conclu.
M. AHMED SAREER (Maldives) a déclaré que le terrorisme était, par nature, anti-islamique. En tant que pays islamique, les Maldives refusent que les terroristes utilisent l’islam pour justifier leurs actions. Pour le représentant, le terrorisme trouve ses origines dans le lien qu’il entretint avec l’extrémisme violent et le crime organisé. La lutte contre le phénomène suppose donc la lutte contre l’extrémisme violent et le crime organisé. Elle ne doit pas cibler des personnes en raison de leur religion, au risque de créer un cercle vicieux, a poursuivi le représentant, pour qui le combat contre le terrorisme doit au contraire se faire dans le cadre de la coopération internationale et dans le respect du droit international.
M. JONATHAN DOWDALL (Royaume-Uni) a souligné que l’enjeu mondial du terrorisme nécessitait un nouveau type de réponse. Cela signifie que nous devons redoubler d’efforts dans sa lutte et il faut que l’ONU joue un rôle de figure de proue dans ce combat. C’est pourquoi le Royaume-Uni a présenté un projet de déclaration qui souligne un certain nombre de principes pour un leadership mondial des Nations Unies sur la prévention de l’extrémisme violent. « Nous vous invitons à souscrire à cette déclaration d’ici le 7 octobre », a déclaré le représentant.
Le représentant a en outre salué l’attention internationale qui a été donnée pour contrer les menaces terroristes qui pèsent sur l’aviation civile à l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité tenue le 22 septembre. C’est pourquoi le Royaume-Uni a proposé au Conseil de sécurité le projet de résolution sur l’aviation civile, qui a été adopté à l’unanimité le 22 septembre 2016 sous le nom de résolution 2309(2016), a rappelé M. Dowdall.
M. BASHAR ABDULAH E R S ALMOWAIZRI (Koweït) a déclaré que le terrorisme était un « crime injustifiable » qui ne saurait être associé à une culture, une nationalité ou une religion. Il doit se combattre par la coopération internationale, la lutte contre son idéologie, mais aussi par l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme, laquelle devra toutefois tenir compte de la résistance légitime des peuples sous occupation étrangère pour l’autodétermination. Dans le cadre de sa contribution aux efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme, le Koweït, qui est partie à de nombreuses conventions de lutte contre le terrorisme, accueillera le 24 octobre prochain une réunion du groupe chargé de lutter contre le financement du groupe « État islamique », a en outre indiqué le représentant.
M. KASWAMU KATOTA (Zambie) a indiqué que l’intérêt commun des pays dans la lutte contre le terrorisme l’emportait de beaucoup sur les divergences qu’ils pourraient avoir. Les Nations Unies sont l’enceinte appropriée pour une campagne durable contre le terrorisme, respectueuse des principes de liberté, de justice et de dignité, a-t-il ajouté. Le représentant a ensuite passé en revue les efforts de son pays dans la lutte antiterroriste, mentionnant notamment la création d’un centre chargé d’appliquer les résolutions 1267 (1999) et 1373 (2001) du Conseil de sécurité. La Zambie a également mis en place une structure robuste contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a affirmé M Katota.
Le représentant a toutefois indiqué que beaucoup restait à faire dans la mise en œuvre des instruments forgés par la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme. Il a, en particulier, regretté que les négociations pour l’élaboration d’une convention générale pour combattre le terrorisme international soient actuellement au point mort. Soulignant l’importance d’une telle Convention, M. Katota a encouragé les États Membres à faire preuve de flexibilité afin de se rapprocher de cet objectif. En conclusion, le représentant a exhorté la communauté internationale à fournir une assistance technique aux pays en développement afin de renforcer leurs institutions engagées dans la lutte contre le terrorisme.
M. JUN HASABE (Japon), a déploré qu’en dépit des efforts consentis, la communauté internationale soit loin d’être venue à bout de la menace terroriste internationale, ajoutant que, face à ce phénomène étendu, la moindre carence nationale dans la lutte contre le terrorisme risquait désormais d’avoir des implications globales. « Il est par conséquent vital pour la communauté internationale d’aider les pays à renforcer leurs capacités de lutte contre le terrorisme », a-t-il déclaré. À cette fin, le représentant a souligné que le Japon fournissait à d’autres États des équipements, tels que des lecteurs d’empreintes digitales et des caméras de surveillance, et leur dispensait des formations pour améliorer le contrôle de leurs frontières.
Soucieux d’adopter une approche exhaustive, M. Hasabe a indiqué que son pays s’efforçait également de lutter contre l’extrémisme violent, notamment en appuyant la création d’économies plus robustes et de sociétés plus résilientes, en particulier en Asie. Le Japon jouera un rôle plus important dans la stabilisation de la région et pour faire de l’Asie une terre de résistance au terrorisme, notamment en mobilisant tous les outils disponibles, y compris l’aide publique au développement, a affirmé le représentant. Il a ainsi précisé que son pays fournirait environ 45 milliards de yens au cours des trois prochaines années pour lutter contre le terrorisme et fomenter la création de société modérées dans la région.
M. Hasabe a par ailleurs salué l’adoption, en juillet dernier, du cinquième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Il a plaidé en faveur d’une plus grande coopération entre les différentes instances onusiennes dédiées à la lutte contre le terrorisme, ainsi que d’une rationalisation de leur fonctionnement. Il a également souligné l’attachement de son pays à l’établissement d’une convention générale sur le terrorisme international, afin de compléter les conventions existantes.
M. STEPHEN TOWNLEY (États-Unis) a réaffirmé sa condamnation du terrorisme, indépendamment de ses motivations. Il a salué le rôle clef de l’ONU pour assurer l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale et des résolutions pertinentes, notamment la résolution 2309(2016) sur l’aviation civile adoptée il y a deux semaines par le Conseil de sécurité.
Les efforts pour combattre le terrorisme commencent à porter leurs fruits, a estimé le représentant, qui a noté qu’au cours de l’année écoulée, les flux de combattants étrangers avaient commencé à être endigués et qu’au moins 31 pays utilisaient des mesures de contrôle des voyageurs. Nous avons tous à apprendre des uns des autres dans ce domaine, a-t-il rappelé. Que ce soit sur l’aviation civile, la lutte contre les combattants étrangers ou la lutte contre le financement, ces mesures montrent le rôle prépondérant de l’ONU dans la lutte contre le terrorisme, a poursuivi M. Townley qui a ajouté qu’en dépit de difficultés, les États-Unis avaient apprécié de participer à la Stratégie antiterroriste mondiale. Les piliers de la Stratégie restent le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme, a estimé le représentant.
M. Townley s’est également félicité des efforts déployés par les Nations Unies pour faire respecter l’état de droit et a encouragé les États Membres à les soutenir. Au plan interne, le gouvernement américain a pour sa part mis en place une équipe spéciale pour lutter contre l’extrémisme violent et étudie toutes les options possibles. Alors que nous conjuguons nos efforts, l’objectif commun de lutte contre le terrorisme ne doit pas être utilisé pour faire taire l’opposition dans certains pays, a toutefois mis en garde le représentant. Il a encouragé les États Membres à rejoindre son pays pour lutter contre l’extrémisme violent. « Nous pensons qu’en élargissant la base des donateurs, nous pourrons renforcer les instruments pertinents », a-t-il ajouté. Cependant, il reste beaucoup à faire. À cet égard, le représentant a exhorté les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’ensemble des 18 instruments de lutte contre le terrorisme. En conclusion, Il a souligné qu’il était essentiel que les Nations Unies envoient un message clair et sans ambiguïté aux terroristes.
M. SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a déclaré que son pays condamnait dans les termes les plus forts toutes les formes de terrorisme, ajoutant qu’il en avait souffert pendant 30 ans. Il s’est particulièrement inquiété de l’évolution du phénomène des combattants terroristes étrangers. Il a indiqué que le Sri Lanka était partie à 13 conventions de lutte contre le terrorisme ainsi qu’à la convention de lutte contre le terrorisme de l’Association sud-asiatique de coopération régionale. Il a aussi mis l’accent sur l’importance du Comité spécial de l’Assemblée générale sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international pour renforcer le cadre juridique international en matière de lutte contre le terrorisme. Il a regretté l’incapacité de la communauté internationale depuis 2006 de conclure les négociations sur un projet de convention internationale sur la lutte contre le terrorisme. À l’aune du défi que constitue aujourd’hui le terrorisme international, le représentant a jugé urgent pour les États membres de dépasser leurs divergences pour traduire en réalité ce projet de convention internationale sur le terrorisme.
M. MAXIM V. MUSIKHIN (Fédération de Russie) a estimé que l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies avait permis de constater qu’elle était la mieux à même de lutter contre le phénomène. La bonne mise en œuvre de cette stratégie exige le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Mais il faut voir que l’on assiste en même temps à une tendance qui consiste à distinguer entre les extrémismes violents, certains étant considérés comme moins graves que d’autres. Par ailleurs, on a recours à des groupes terroristes pour des visées politiques, a déploré le représentant, soulignant le caractère dangereux de cette tendance.
Le représentant a également déclaré que la coopération internationale était la base de la lutte mondiale contre le terrorisme. En ce qui concerne les combattants terroristes étrangers, il faut lutter contre l’idéologie terroriste, accroître le contrôle aux frontières mais aussi élargir le partage d’informations. La Fédération de Russie a préparé un projet de résolution au Conseil de sécurité sur la nécessité de lutter contre le discours extrémistes et espère un soutien des autres membres du Conseil sur le sujet. S’agissant de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le représentant a préconisé une approche prudente, estimant qu’il fallait veiller à maintenir un équilibre des forces entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité. La Fédération de Russie s’est dite en outre disposée à aider à trouver un compromis sur le projet de convention générale des Nations Unies sur le terrorisme.
M. JAMES NDIRANGU WAWERU (Kenya) a déclaré que mettre fin aux conflits était incontournable pour lutter contre le terrorisme. Il a dit la nécessité d’améliorer la coordination aux niveaux national, régional et international en matière de partage d’information et de meilleures pratiques. Il a estimé que l’investissement dans la déradicalisation, la réhabilitation et la réintégration était une clef pour gagner la guerre des idées contre les groupes violents.
Après avoir invité les gouvernements à formuler des politiques inclusives s’attaquant aux différents aspects économiques et sociaux qui peuvent favoriser les discours extrémistes, le représentant a jugé indispensable que les capacités de lutte contre le terrorisme soient suffisamment financées aux niveaux local, national, régional et international. Il a conclu sur la nécessité de prévenir les conflits, de favoriser l’appropriation nationale et de séparer la religion de la politique avant de mettre l’accent sur l’importance du pardon dans les politiques de réhabilitation et de réintégration.
Mme SEMHAR PETROS (Érythrée) a déclaré que le terrorisme empêchait le développement socioéconomique des pays les moins développés. En outre, elle a déploré que nous soyons témoins du recrutement par les terroristes de personnes de plus en plus jeunes alors que l’on pourrait leur offrir un avenir meilleur. Nous reconnaissons la nature transfrontière de ces crimes haineux, a poursuivi la représentante, pour qui les États devraient être appuyés dans leur lutte pour éradiquer ce fléau.
Il faut par ailleurs se pencher sur les causes du terrorisme, a poursuivi la représentante. Au niveau national, l’Érythrée s’est dotée d’un nouveau code pénal et a adopté des mesures sur le blanchiment de l’argent. Par ailleurs, elle est partie à de nombreuses conventions internationales et appuie sans réserve l’initiative de l’Arabie saoudite pour lutter contre le terrorisme. En tant que membre des Nations Unies, l’Érythrée s’est engagée à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, a encore rappelé la représentante, qui a plaidé pour que les sanctions contre son pays soient levées.
Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a rappelé que, dans tous les forums régionaux et internationaux, le Panama a signalé sa ferme intention de combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations dans le strict respect des normes internationales, en particulier en ce qui concerne la protection des droits de l’homme, le droit international humanitaire, la Charte des Nations Unies, la Charte de l’Organisation des États américains et l’état de droit. « En conséquence, nous avons ratifiés les 18 conventions internationales en matière de terrorisme, nous avons harmonisé nos normes juridiques et renforcé la coopération internationale afin de prévenir, réprimer, combattre et sanctionner les actes terroristes sous toutes leurs formes », a déclaré la représentante. En 2001, le Panama a créé le Conseil de coordination de lutte contre le terrorisme international, avec l’objectif d’appliquer les Conventions internationales et leurs protocoles, ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité. Le Panama a soutenu les efforts internationaux pour lutter contre le financement du terrorisme, a notamment souligné la représentante. Ainsi, en 2015, le Panama a inclus des moyens spécifiques dans son corpus répressif en matière de financement du terrorisme, prévoyant des peines de prison allant de 20 à 30 ans. En outre, un ensemble de règles a entouré la supervision des banques, des institutions financières et d’autres activités de blanchiment d’argent.
En 2017, le Panama présidera le Comité interaméricain contre le terrorisme (CICTE), ce qui montre qu’en tant que pays, « nous aspirons à continuer à fortifier un travail constructif et à coopérer pour relever cet important défi », a conclu la représentante.