Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq jusqu’au 31 juillet 2017

Conseil de sécurité,     
7745e séance – après-midi
 CS/12459

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq jusqu’au 31 juillet 2017

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2299 (2016)*, le Conseil de sécurité a décidé, cet après-midi, de proroger le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) jusqu’au 31 juillet 2017.  Il demande également au Gouvernement iraquien d’appuyer l’ONU en Iraq dans le domaine de la sécurité et sur le plan logistique et prie les États Membres d’assurer à la Mission « des ressources et un appui suffisants ».

Le mandat de la MANUI sera réexaminé dans un délai de 12 mois, ou plus tôt si le Gouvernement iraquien en fait la demande, précise le Conseil.  Dans le préambule de la résolution, le Conseil souligne l’importance du soutien de la Mission pour renforcer les institutions démocratiques et favoriser un dialogue politique en Iraq.  Il demande en outre à toutes les formations politiques de redoubler d’efforts pour surmonter leurs divisions et parvenir à un consensus sur un projet de réconciliation et de renforcement de l’unité nationale « qui soit accepté par tous ».

Ce dernier point a été salué par le délégué de l’Égypte en expliquant la position de son pays.  Il a ainsi insisté sur l’importance d’une « dynamique plus active » dans les efforts de réconciliation en Iraq.  Il s’est également félicité de l’appui fourni par certains pays à l’Iraq, en particulier le Koweït qui a accepté le report du recouvrement des dettes de l’Iraq.

LA SITUATION EN IRAQ

Onzième rapport établi par le Secrétaire général en application du paragraphe 4 de la résolution 2107 (2013) du Conseil de sécurité (S/2016/590)

Quatrième rapport du Secrétaire général présenté en application du paragraphe 7 de la résolution 2233 (2015) (S/2016/592)

Texte du projet de résolution S/2016/636

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures concernant l’Iraq, en particulier les résolutions 1500 (2003), 1546 (2004), 1557 (2004), 1619 (2005), 1700 (2006), 1770 (2007), 1830 (2008), 1883 (2009), 1936 (2010), 2001 (2011), 2061 (2012), 2110 (2013), 2169 (2014) et 2233 (2015), ainsi que la résolution 2107 (2013) sur la situation entre l’Iraq et le Koweït,

Réaffirmant l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Iraq,

Soulignant l’importance que revêtent la stabilité et la sécurité de l’Iraq pour le peuple iraquien, la région et la communauté internationale,

Exprimant sa profonde préoccupation face à l’état actuel de la sécurité en Iraq, qui résulte du maintien de la présence de groupes terroristes et de la menace que ces derniers représentent, et tout particulièrement l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), également connu sous le nom de Daech, et des factions armées qui lui sont associées et qui a entraîné des violations du droit international humanitaire, de lourdes pertes civiles, y compris parmi les femmes et les enfants, le déplacement de plus de trois millions de civils iraquiens, le recours systématique à la violence sexuelle et la soumission à l’esclavage sexuel, la persécution de personnes en raison de leur religion, de leurs croyances ou de leur ethnicité et des menaces contre la sécurité des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé, condamnant les attaques commises contre le peuple iraquien par ces groupes terroristes et les factions armées qui leur sont associées, et qui visent à déstabiliser le pays et la région, exprimant sa sympathie aux familles de toutes les victimes des attaques terroristes et redisant son attachement à la sécurité et à l’intégrité territoriale de l’Iraq,

Notant que la présence de l’EIIL (Daech) sur le territoire souverain de l’Iraq représente une grave menace pour l’avenir du pays, soulignant que la seule façon de neutraliser cette menace consiste à faire en sorte que tous les Iraquiens travaillent ensemble afin de répondre aux besoins en matière de sécurité et sur le plan politique, et que le seul moyen pour les dirigeants politiques iraquiens de mettre fin durablement à l’instabilité sera de prendre des décisions qui unifieront le pays, et insistant sur l’importance du soutien de la communauté internationale vis-à-vis de l’Iraq à cet égard,

Demandant à toutes les formations politiques de redoubler d’efforts pour surmonter leurs divisions et d’œuvrer de concert et sans attendre, dans le cadre d’un processus politique sans exclusive visant à parvenir à un consensus sur un projet de réconciliation et de renforcement de l’unité nationale, de la souveraineté et de l’indépendance de l’Iraq qui soit accepté par tous, et aux dirigeants iraquiens d’engager un dialogue susceptible de contribuer à l’émergence d’une solution viable et durable aux problèmes actuels du pays et se déclarant de nouveau convaincu que, grâce à ses institutions démocratiques et en coopération avec la société iraquienne, le Gouvernement iraquien peut s’attaquer aux défis auxquels est confronté le pays dans l’intérêt de tous les Iraquiens,

Soulignant que tous les groupes de la population iraquienne doivent participer au processus politique, à un dialogue politique ouvert à tous et notamment aux femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, et à la vie économique et sociale du pays, qu’ils doivent s’abstenir de faire des déclarations et de commettre des actes qui pourraient aggraver les tensions, trouver une solution globale à la question d’une répartition équitable des ressources, promouvoir la stabilité, régler de façon juste et équitable le problème des frontières intérieures contestées du pays et œuvrer à l’unité nationale, dans le cadre notamment d’une coopération qui relève d’un véritable partenariat entre le Gouvernement iraquien et le Gouvernement régional du Kurdistan, et soulignant qu’il importe d’instaurer un processus politique global et ouvert à tous qui soit dirigé par les Iraquiens, afin de renforcer le dialogue entre tous ceux qui veulent renoncer à la violence, n’ont aucun lien avec des organisations terroristes internationales, y compris l’EIIL (Daech), et respectent la Constitution,

Encourageant le Gouvernement iraquien à continuer d’affermir la gouvernance, de viser la réalisation de réformes plus profondes, en particulier sur les plans économique et institutionnel pour améliorer le niveau de vie de tous les Iraquiens, ce qui passe notamment par la lutte contre la corruption, la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit, l’amélioration de la situation des femmes et des filles, en particulier celles qui sont victimes de l’EIIL (Daech), le renforcement de la sécurité et de l’ordre public, notamment dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, la lutte contre le terrorisme et la violence sectaire, réaffirmant soutenir les efforts que font le peuple et le Gouvernement iraquiens pour bâtir un pays sûr, stable, fédéral, uni et démocratique, fondé sur l’état de droit et le respect des droits de l’homme, et soulignant avec force que le Gouvernement iraquien doit mener de façon indépendante et rapide des enquêtes fouillées, impartiales et efficaces et faire en sorte que les responsables de violations des droits de l’homme ou d’atteintes à ces droits et de violations du droit international humanitaire aient à rendre des comptes,

Soulignant la nécessité de poursuivre les efforts pour promouvoir la coopération internationale et régionale en vue de soutenir la réconciliation et le dialogue politique en Iraq ainsi que la lutte que ce pays mène contre l’EIIL (Daech), et pour empêcher l’EIIL (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités désignés par le Comité suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) d’utiliser les territoires de l’Iraq et des États voisins pour mener des actes de violence ou d’autres actes illicites visant à déstabiliser l’Iraq et la région,

Conscient que le terrorisme fait peser une menace sur la paix et la sécurité internationales et que pour lutter contre cette menace il faut mener une action collective aux niveaux national, régional et international dans le respect du droit international et notamment de la Charte des Nations Unies, se félicitant à cet égard des efforts que font le Gouvernement iraquien et ses partenaires pour lutter contre l’EIIL (Daech), le tenir responsable des violences qu’il commet et rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays, et saluant également les succès remportés par le Gouvernement iraquien, qui est parvenu à libérer Sinjar, Beiji, Ramadi, Hit et plus récemment, Fallouja, de la présence de l’EIIL (Daech), ce qui a marqué une étape importante de la lutte que continue à mener la communauté internationale pour vaincre ce groupe,

Réaffirmant que toutes les parties, y compris les groupes armés et les milices, sont tenues de respecter les droits de l’homme et de se conformer à toutes les obligations que leur impose le droit international humanitaire, notamment à l’obligation de protection des civils, y compris les déplacés ayant quitté des zones libérées de la présence de l’EIIL (Daech) et les civils qui retournent dans ces zones, obligations qui concernent aussi les forces officielles iraquiennes et les États Membres qui les appuient, et, tout en estimant légitimes les mesures de sécurité visant à identifier les membres de l’EIIL (Daech), demandant à toutes les parties de libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement ou illégalement, soulignant que les personnes responsables de violations du droit international humanitaire et de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, notamment ceux relevant de la violence sexuelle et sexiste, doivent répondre de leurs actes,  se félicitant de la création par le Premier Ministre iraquien, Haider al-Abadi, d’un comité chargé d’enquêter sur les allégations de violations et de violences, y compris les informations faisant état de la disparition d’hommes et de garçons à Fallouja, et soulignant qu’il faut que toutes ces allégations, quel que soit l’endroit où elles se produisent, fassent l’objet d’une enquête immédiate et fouillée et donnent lieu, le cas échéant, à des poursuites,

Soulignant que toutes les parties devraient prendre toutes les mesures possibles pour assurer la protection des civils touchés, notamment les enfants, les femmes et les membres de minorités religieuses et ethniques et créer des conditions propices au retour librement consenti, durable, sûr et digne des réfugiés et des déplacés, ou à l’intégration locale des déplacés, en particulier dans les zones récemment libérées de la présence de l’EIIL (Daech), et notamment s’agissant des près de 90 000 déplacés ayant fui Fallouja depuis mai 2016, insistant sur la nécessité de respecter la liberté de mouvement des personnes déplacées et de prévenir toute discrimination, notamment en ce qui concerne la réinstallation, le rapatriement ou la protection, exprimant de nouveau sa gratitude aux communautés d’accueil, insistant sur le fait que ces dernières devraient permettre aux déplacés d’accéder à des zones sûres et que les responsables de violations et d’abus à l’encontre des déplacés devraient répondre de leurs actes, accueillant avec satisfaction les engagements pris par le Gouvernement iraquien pour venir en aide aux déplacés, aux réfugiés et aux rapatriés, et incitant celui-ci à poursuivre ses efforts en ce sens, notant le rôle important que joue le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, conformément à son mandat, en continuant de prodiguer conseils et appui en la matière au Gouvernement iraquien, en coordination avec la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq, et invitant le Gouvernement iraquien à continuer de collaborer avec la Mission et les organisations humanitaires pour faire en sorte que l’aide humanitaire parvienne aux personnes qui en ont besoin,

Soulignant également l’importance des efforts visant à appuyer la stabilisation et le développement durable à long terme, en particulier dans les zones libérées du contrôle de l’EIIL (Daech), demandant instamment au Gouvernement iraquien et à ses partenaires d’accélérer ces efforts afin de créer des conditions propices au retour librement consenti et durable, dans la sécurité et la dignité, des réfugiés et des déplacés, saluant les efforts que font les États Membres pour aider le Gouvernement iraquien et ses partenaires à stabiliser ces zones, encourageant les États Membres à continuer de soutenir la stabilisation et le développement du pays, notamment par l’intermédiaire de l’Organisation des Nations Unies, conscient de la menace que représentent les engins explosifs et se félicitant de ce que les États Membres aident le Gouvernement iraquien et ses partenaires à répondre à l’impératif de sensibilisation de la population aux risques, à la nécessité de procéder aux évaluations de la menace qui s’imposent et d’éliminer ces engins dans les zones concernées, et encourageant les États Membres à poursuivre cet appui,

Insistant vivement sur le fait qu’il est urgent de remédier aux problèmes humanitaires que connaît le peuple iraquien, soulignant la nécessité d’intensifier les efforts visant à planifier et à mettre en œuvre une action coordonnée à cet égard et de fournir des ressources suffisantes pour faire face à ces problèmes, appelant toutes les parties à redoubler d’efforts en ce sens et exhortant tous les États Membres à continuer de financer les appels humanitaires de l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations, invitant les États Membres à prêter appui aux interventions humanitaires des Nations Unies en Iraq, en collaboration avec le Gouvernement iraquien, pour venir en aide à tous les Iraquiens touchés par le conflit en cours et saluant les efforts déployés par les États Membres qui ont contribué à l’action humanitaire,

Demandant instamment à toutes les parties intéressées de permettre aux agents humanitaires d’atteindre en toute liberté tous ceux qui ont besoin d’aide de leur accorder, autant que possible, toutes les facilités nécessaires à leurs opérations, de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, de favoriser la sécurité et la liberté de circulation du personnel humanitaire, du personnel des Nations Unies et du personnel associé, ainsi que de leurs biens, et également de respecter et de protéger le personnel médical et les transports médicaux et les installations de santé,

Priant instamment le Gouvernement iraquien de continuer à promouvoir et à protéger les droits de l’homme ainsi que d’ envisager de prendre des mesures supplémentaires pour aider la Haute Commission indépendante des droits de l’homme à exécuter son mandat, l’engageant à intensifier ses efforts visant à promouvoir et protéger les droits des femmes et réaffirmant ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013) et 2242 (2015) sur les femmes et la paix et la sécurité, et rappelant la nécessité d’une participation pleine et effective des femmes à la vie du pays, à égalité avec les hommes, réaffirmant le rôle clef que les femmes peuvent jouer dans la reconstitution du tissu social, soulignant la nécessité de leur pleine participation à la vie politique, notamment aux efforts de réconciliation aux niveaux local et national et aux processus de paix, à la planification de la stabilisation, à la prise de décisions politiques, et constatant avec préoccupation que le Plan d’action national iraquien pour l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité reste lettre morte, que les fonds nécessaires à sa mise en œuvre ne sont pas mobilisés et qu’il n’existe pas non plus d’organisme national chargé de sa mise en œuvre,

Se déclarant vivement préoccupé par toutes les violations et exactions qui continuent d’être commises à l’encontre d’enfants, telles que le recrutement et l’utilisation d’enfants, les meurtres et les mutilations, les viols et les autres formes de violence sexuelle, les enlèvements et les attaques visant des écoles et des hôpitaux, exhortant les parties au conflit armé à prendre toutes les mesures nécessaires pour les faire immédiatement cesser et les prévenir, rappelant à cet égard ses résolutions 1379 (2001), 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011) et 2225 (2015), et prenant note du rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants touchés par le conflit armé en Iraq (S/2015/852) et des conclusions du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le sort des enfants en temps de conflit armé,

Se déclarant gravement préoccupé par le fait que les actes d’extrémisme violent et de terrorisme perpétrés par l’EIIL (Daech) en Iraq ont systématiquement pris pour cible les femmes et les enfants, notamment ceux issus de minorités, et que l’EIIL (Daech) s’est rendu coupable de graves atteintes aux droits de l’homme ainsi que de violations du droit international humanitaire à l’encontre de tous les segments de la population, en particulier les femmes et les enfants, en commettant notamment des meurtres, des enlèvements, des prises d’otages, des attentats-suicides à la bombe et en pratiquant la réduction en esclavage, la vente ou d’autres pratiques aux fins du mariage forcé, la traite des êtres humains, le viol, l’esclavage sexuel et d’autres formes de violence sexuelle, se déclarant gravement préoccupé également par le recrutement et l’utilisation d’enfants par l’EIIL (Daech) et d’autres groupes armés en violation du droit international, 

Condamnant la destruction du patrimoine culturel en Iraq, en particulier par l’EIIL (Daech), notamment la destruction ciblée de sites et d’objets religieux, et notant avec préoccupation que l’EIIL (Daech) et d’autres personnes, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida tirent des revenus de leur participation directe ou indirecte au pillage et au trafic de biens culturels provenant de sites archéologiques, de musées, de bibliothèques, d’archives ou d’autres lieux en Iraq, revenus qui servent à financer les recrutements et à renforcer les moyens opérationnels dont ils disposent pour organiser et perpétrer des attentats,

Se déclarant prêt à sanctionner d’autres personnes, groupes, entreprises et entités qui soutiennent l’EIIL (Daech), se déclarant gravement préoccupé par les informations indiquant que des groupes terroristes inscrits sur la Liste relative aux sanctions établie par le Comité se sont emparés de gisements de pétrole et d’oléoducs situés en Iraq, condamnant fermement toute participation directe ou indirecte au commerce de pétrole et de produits pétroliers raffinés, d’unités de raffinage modulaires et de matériel connexe, d’autres ressources naturelles et d’antiquités provenant d’Iraq impliquant ces groupes terroristes, ainsi que le trafic de drogues, conformément aux résolutions 2199 (2015) et 2253 (2015), la traite d’êtres humains, la vente de femmes et de filles et les mariages forcés, et soulignant qu’une telle participation équivaut à soutenir financièrement ces terroristes et peut conduire à de nouvelles inscriptions sur la Liste du Comité,

Réaffirmant que tous les États sont tenus de veiller à ce que toute personne qui participe au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la perpétration d’actes de terrorisme, ou qui apporte un appui à des actes de terrorisme, soit traduite en justice,

Considérant qu’aujourd’hui la situation en Iraq est sensiblement différente de ce qu’elle était au moment de l’adoption de la résolution 661 (1990), et considérant en outre qu’il importe que ce pays retrouve la stature internationale qui était la sienne avant l’adoption de ladite résolution,

Se félicitant de l’assistance politique, militaire et financière fournie au Gouvernement iraquien par les États Membres, et engageant ces derniers à poursuivre et à étendre cette assistance,

Soulignant qu’il importe que l’Organisation des Nations Unies, et en particulier la MANUI, apporte conseils, soutien et aide au peuple, y compris la société civile, et au Gouvernement iraquiens pour renforcer les institutions démocratiques, favoriser un dialogue politique ouvert à tous et la réconciliation nationale dans le respect de la Constitution, veiller à la coordination des initiatives de réconciliation, faciliter la concertation régionale, élaborer des mécanismes acceptables pour le Gouvernement iraquien aux fins du règlement de la question des frontières intérieures contestées, venir en aide aux jeunes et aux groupes vulnérables, y compris les réfugiés et les déplacés, et encourager la participation pleine et entière des femmes à la vie politique, aux processus de paix et aux institutions qui promeuvent la paix, l’égalité des sexes et la protection des droits de l’homme, des enfants, des jeunes et des groupes vulnérables, mettant en avant la nécessité de disposer de données précises et de recommandations concrètes concernant les effets du conflit sur la situation des femmes et sur la mise en œuvre des priorités concernant les femmes et la paix et la sécurité et de déployer rapidement sur place des experts, comme des conseillers pour la protection des femmes, pour accélérer la mise en place coordonnée de dispositifs de suivi et d’analyse de la situation et de communication de l’information sur les violences sexuelles en temps de conflit ou d’après conflit, et soulignant également qu’il importe que l’Organisation des Nations Unies, et tout particulièrement la MANUI, donne la priorité aux conseils, au soutien et à l’aide à apporter au peuple, y compris la société civile, et au Gouvernement iraquiens dans la poursuite de ces objectifs,

Prenant note du rapport du Secrétaire général en date du 26 octobre 2015 (S/2015/530) dans lequel il est indiqué que la MANUI a commencé à mettre en œuvre les activités prioritaires recommandées par la mission d’évaluation stratégique et engageant la MANUI à continuer de revoir et de hiérarchiser ses tâches, en consultant le Gouvernement iraquien et en s’adaptant à ses besoins et à l’évolution de la situation dans le pays,

Exprimant sa profonde reconnaissance à tout le personnel des Nations Unies en Iraq pour l’action courageuse qu’il mène sans relâche, et saluant l’autorité et les bons offices du Représentant spécial pour l’Iraq, Ján Kubiš,

1.    Décide de proroger le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) jusqu’au 31 juillet 2017;

2.    Décide également que, comme le Gouvernement iraquien l’a demandé et compte tenu de la lettre adressée au Secrétaire général par le Ministre iraquien des affaires étrangères (S/2016/632), le Représentant spécial du Secrétaire général et la MANUI continueront d’exercer le mandat énoncé dans la résolution 2233 (2015), et rappelle les dispositions de la résolution 2107 (2013);

3.    Considère qu’il est indispensable que la sécurité du personnel des Nations Unies soit assurée pour que la MANUI puisse mener son action en faveur du peuple iraquien, et demande au Gouvernement iraquien de continuer à appuyer la présence de l’Organisation des Nations Unies en Iraq dans le domaine de la sécurité et sur le plan logistique;

4.    Sait gré aux États Membres de fournir à la MANUI les moyens et le soutien dont elle a besoin sur les plans financier et logistique et dans le domaine de la sécurité pour s’acquitter de son mandat, et prie les États Membres de continuer à assurer à la Mission des ressources et un appui suffisants;

5.    Entend réexaminer le mandat de la MANUI dans un délai de douze mois, ou plus tôt si le Gouvernement iraquien en fait la demande;

6.    Prie le Secrétaire général de lui rendre compte tous les trois mois des progrès accomplis par la MANUI dans l’accomplissement de toutes les tâches dont elle est chargée;

7.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Coordonnateur des secours d’urgence appelle les parties syriennes, et celles qui ont de l’influence, à instaurer à Alep une « trêve humanitaire » hebdomadaire de 48 heures

Conseil de sécurité,
7744e séance – matin    
CS/12458

Le Coordonnateur des secours d’urgence appelle les parties syriennes, et celles qui ont de l’influence, à instaurer à Alep une « trêve humanitaire » hebdomadaire de 48 heures

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, a exhorté, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les parties syriennes, ainsi que celles qui ont de l’influence sur ces dernières, à établir une « trêve hebdomadaire » de 48 heures chaque semaine dans la moitié est de la ville d’Alep afin que les agences humanitaires de l’ONU puissent venir en aide au quart de millions de personnes qui sont prises au piège.  « Cet appel ne peut venir que de vous », a lancé M. O’Brien en s’adressant aux membres du Conseil.  La situation est devenue extrêmement critique pour la population civile dans l’est de la ville depuis la fermeture début juillet de la dernière route d’accès en raison des affrontements, a-t-il précisé.

Cet appel a été relayé par plusieurs délégations, dont celle des États-Unis, qui a exhorté la Fédération de Russie à œuvrer pour que cette route soit rouverte.  Le représentant russe, appuyé en ce sens par son homologue syrien, a affirmé que cette route était en réalité utilisée pour fournir une aide aux groupes terroristes.  Les États-Unis et la Fédération de Russie se sont accusés mutuellement, par le biais de leur représentant respectif, d’être responsables des victimes civiles résultant de leurs frappes aériennes en Syrie.  Malgré ces échanges vifs, M. O’Brien s’est félicité du ralliement progressif des membres du Conseil autour de sa proposition.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général en application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014) et 2258 (2015), a centré son intervention sur les développements « perturbants » dans et autour de la ville d’Alep.  Des centaines de mortiers, de missiles et de projectiles ont été lancés dans l’est et l’ouest de la ville ces dernières semaines, faisant de nombreux morts et des centaines de blessés, a-t-il expliqué.

Estimant à entre 250 000 et 275 000 le nombre de personnes prises au piège, M. O’Brien a indiqué qu’il ne devrait plus y avoir de nourriture disponible dans la partie est d’Alep à la mi-août et s’est dit très préoccupé par la poursuite des attaques contre les centres médicaux.  En Syrie, près de 5,5 millions de personnes sont dans le besoin dans des zones assiégées et difficiles d’accès, a-t-il signalé, en s’indignant que 590 000 personnes étaient complètement prises au piège dans ces zones.

Soulignant la nécessité de retrouver un élan pour un meilleur accès humanitaire, le Secrétaire général adjoint a demandé la restauration et la consolidation de la cessation des hostilités et la cessation des attaques indiscriminées contre les civils.  « Il est du pouvoir de toutes les parties, et de celles qui les soutiennent, de réduire au maximum les pertes civiles », a-t-il affirmé.  Ce point de vue a été partagé par le représentant du Royaume-Uni, qui a averti « qu’une autre catastrophe humanitaire nous attend à Alep si nous n’agissons pas immédiatement ».

Il a également demandé à la Fédération de Russie d’œuvrer pour que l’accord de cessation des hostilités soit respecté, en précisant qu’il ne s’agissait pas « d’une requête déraisonnable ».  Quelque 300 000 personnes, privées de tout, sont à la merci du régime à Alep, a rappelé le délégué de la France, avant de faire observer qu’en cautionnant cette attitude du régime, la Fédération de Russie engageait « sa responsabilité et sa crédibilité ».

« Vingt ans après la fin du siège de Sarajevo », a-t-il dit, la France en appelle solennellement à un allié du régime, membres du Conseil de sécurité et Groupe international de soutien pour la Syrie, à prendre ses responsabilités pour que le régime syrien et ses alliés cessent immédiatement l’offensive sur Alep.  « La surenchère du Conseil sur la situation humanitaire en Syrie, l’exigence des demandes faites à Damas et les ultimatums adressés à la Fédération de Russie sont contreproductifs », leur a répondu le délégué de la Fédération de Russie.

Les acteurs qui appuient l’opposition syrienne, a-t-il estimé, n’assument pas leurs responsabilités vis à vis de l’aide humanitaire, en soulignant l’importance du principe de neutralité de l’aide.  « Nous avons l’impression que l’accent est seulement mis sur les zones où le Gouvernement syrien combat le terrorisme », a-t-il affirmé, avant de se dire préoccupé par les pertes civiles occasionnées par les frappes de la coalition.

« La Fédération de Russie, qui n’a jamais reconnu son rôle dans des frappes qui ont fait des victimes civiles, est en mauvaise posture pour mettre en cause les États-Unis au sein de ce Conseil », a réagi la déléguée des États-Unis.  Son pays fait son possible pour que ses frappes aériennes épargnent la population civile, a-t-elle assuré.  Un autre point d’achoppement a été l’attitude adoptée vis-à-vis de certains acteurs présents sur le terrain en Syrie.

« Si les États-Unis avaient respecté leurs promesses d’interrompre les contacts entre les groupes modérés et el-Nosra, nous n’en serions pas là », a ainsi affirmé le délégué russe, ce à quoi son homologue américaine a répondu que « si l’on confond les civils avec Daech, les parties au cessez-le feu et les terroristes, on ne fera que créer un terreau fertile pour plus de terrorisme ».  Certaines délégations, comme celles de l’Égypte de la Malaisie, ont souligné que les groupes supposés modérés avaient de plus en plus tendance à se comporter comme Daech.

Elles ont ainsi condamné la décapitation d’un enfant de 11 ans par des membres d’un groupe longtemps présenté comme étant modéré.  Cela marque un tournant, a déclaré le délégué de la Malaisie, qui a estimé que la lutte contre les éléments terroristes ne devrait pas être menée au détriment de la population syrienne.  « Il n’y a pas de « terrorisme hallal », de terrorisme légitime », a renchéri le représentant de la Syrie, en dénonçant vigoureusement les nombreuses atrocités commises par les « groupes terroristes ».

Il s’est également interrogé sur les raisons qui poussent certains des membres du Conseil de sécurité à continuer de refuser de considérer certains groupes terroristes comme tels.  Les citoyens des pays désormais touchés par le terrorisme mondial auront le droit de se demander pourquoi les autorités de leurs pays se comportent comme elles le font en Syrie, a-t-il affirmé.  Les récentes frappes aériennes lancées par la France contre un village pris en otage par Daech avaient causé la mort de 164 civils.  « Or, Daech avait évacué le village et le bombardement français a causé deux fois plus de victimes que celles de l’attentat de Nice », s’est-il indigné.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014) et 2258 (2015) du Conseil de sécurité (S/2016/631)

Déclarations

« La communauté internationale ne peut pas se permettre de laisser la ville d’Alep devenir une autre, et la plus large, de ces zones assiégées en Syrie », a affirmé le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. STEPHEN O’BRIEN, en qualifiant cette situation de « médiévale et honteuse ».

En conséquence, il a appelé les parties, et celles qui ont de l’influence sur ces dernières, à œuvrer pour instaurer une pause hebdomadaire de 48 heures dans la partie est de la ville d’Alep afin que les agences de l’ONU et leurs partenaires puissent avoir un accès sûr, régulier et soutenu au quart de millions de personnes qui y sont prises au piège.  « Cet appel doit être lancé par l’ensemble des Nations Unies, non seulement par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, et il ne peut venir que de vous », a estimé M. O’Brien.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général en application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014) et 2258 (2015), a centré son intervention sur les développements « perturbants » dans et autour de la ville d’Alep.  Des centaines de mortiers, de missiles et de projectiles ont été lancés contre l’est et l’ouest de la ville ces dernières semaines, faisant de nombreux morts et des centaines de blessés.  Il a précisé que, depuis le 7 juillet, les mouvements de civils, commerciaux et humanitaires avaient cessé dans cette partie est de la ville et que la seule voie d’accès qui demeurait, la route Castello, avait été coupée en raison des combats.

Estimant à entre 250 000 et 275 000 le nombre de personnes prises au piège, M. O’Brien a indiqué qu’il ne devrait plus y avoir de nourriture disponible dans la partie est d’Alep à la mi-août et s’est dit très préoccupé par la poursuite des attaques contre les centres médicaux.  « Je ne pourrais pas suffisamment souligner combien la situation de ceux qui sont pris au piège est critique dans la moitié est de la ville d’Alep », a-t-il dit, en estimant que le temps jouait contre la communauté internationale.

Il s’est ensuite dit préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire à Madaya, Foah, Zabadani et Kefraya, où 62 000 personnes continuent d’être assiégées, en précisant que l’ONU n’avait pu accéder à ces villes.  Les images terribles d’enfants mourant de faim à Madaya plus tôt cette année vont se reproduire si les parties ne permettent pas un acheminement humanitaire inconditionnel et immédiat dans ces quatre villes, a-t-il averti.  M. O’Brien a indiqué que les évacuations médicales devraient être possibles immédiatement, y voyant là non pas une question politique mais humanitaire.

En Syrie, près de 5,5 millions de personnes sont dans le besoin dans des zones assiégées et difficiles d’accès, a-t-il dit, en soulignant que 590 000 personnes étaient complètement prises au piège dans ces zones.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a ensuite rappelé les progrès qui avaient été accomplis cette année.  Nous avons réussi à atteindre chaque zone assiégée au moins une fois cette année, y compris 400 000 parmi les 590 000 personnes qui y vivent, a-t-il affirmé, en insistant sur ce qu’il est possible d’accomplir avec suffisamment de volonté politique.  M. O’Brien a ensuite indiqué que les opérations transfrontalières de l’ONU menées depuis la Turquie et la Jordanie avaient été affectées par l’insécurité autour des zones frontalières et des routes d’approvisionnement clefs.

Soulignant la nécessité de retrouver un élan pour un meilleur accès humanitaire, le Secrétaire général adjoint a demandé la restauration et la consolidation de la cessation des hostilités et la cessation des attaques indiscriminées contre les civils.  « Il est du pouvoir de toutes les parties, et de celles qui les soutiennent, de minimiser les pertes civiles », a-t-il affirmé.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a appelé ces acteurs à permettre un accès humanitaire sûr, continu, sans entrave et inconditionnel.  Cela doit inclure des trêves humanitaires afin que les civils pris au piège puissent être secourus, a-t-il poursuivi, avant de demander la levée des sièges.  « Ne vous méprenez pas sur la situation humanitaire ne Syrie, les conditions se détériorent et le désespoir ne fait que s’accroître », a conclu M. O’Brien.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a affirmé que le Conseil ne pouvait pas rester silencieux face à la situation à Alep. Une autre catastrophe humanitaire nous attend à Alep si nous ne faisons rien, a-t-il dit, en estimant « que temps joue contre nous». Le Conseil doit faire pression pour que l’aide humanitaire soit acheminée et qu’une pause humanitaire soit instaurée, a-t-il poursuivi. Il a demandé à la Fédération de Russie d’œuvrer pour que l’accord de cessation des hostilités soit respecté, en précisant qu’il ne s’agissait pas « d’une requête déraisonnable ». Au cours de ce mois, seulement deux zones assiégées ont pu être atteintes par l’ONU, a-t-il précisé. Le représentant a également indiqué que six  hôpitaux ou centres de soins à Alep avaient été attaqués en 48 heures et que le seul établissement pédiatrique de la ville venait d’être bombardé. Le délégué a donc plaidé pour une pause humanitaire, sous peine que, comme l’a prévenu un pédiatre d’Alep, « tout le monde ne finisse par mourir».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que l’accord sur la cessation des hostilités en Syrie, signé en février dernier, n’avait en fait été qu’un rideau de fumée servant à masquer avec cynisme une stratégie d’encerclement, puis de réduction de toutes les zones tenues par l’opposition.  Ce que le régime ne peut plus contrôler, il s’ingénie à le détruire, a poursuivi M. Delattre, qui a rappelé que, depuis février, le régime syrien n’avait cessé de violer les résolutions du Conseil de sécurité, le droit international humanitaire et les principes d’humanité les plus élémentaires.  La brutalité n’a cessé de se renforcer sur la ville d’Alep, où hier encore des hôpitaux ont été pris pour cibles, et dont la dernière route d’approvisionnement en eau, en vivres et en médicaments, a été coupée.  Quelque 300 000 personnes, privées de tout, sont à la merci du régime, a-t-il rappelé, avant de faire observer qu’en cautionnant cette attitude du régime, la Russie, Coprésidente du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), engage sa responsabilité et sa crédibilité.

Aux termes de la résolution 2254, a rappelé le représentant, c’est le 1er août que devrait être mise en place une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs.  À l’heure actuelle, a-t-il constaté, aucune reprise crédible des négociations n’est envisageable.  Alep est devenue une ville martyre.  La France, qui ne peut fermer les yeux sur le drame d’Alep, fait trois propositions: elle en appelle ainsi solennellement aux alliés du régime, membre du Conseil de sécurité et Groupe international de soutien pour la Syrie, à prendre leurs responsabilités pour que le régime syrien et ses alliés cessent immédiatement l’offensive sur Alep.  Afin d’alléger les souffrances des populations, elle demande la mise en place immédiate d’une trêve humanitaire.  Elle demande, enfin, la levée immédiate de tous les sièges et l’accès rapide, sécurisé et sans entrave à l’ensemble des populations de Syrie.

Pour la France, la mécanisme du GISS, les équipes spéciales de Genève, l’action de l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, M. Staffan de Mistura, les appels à réunir l’opposition, tout cela est réduit à néant par le siège d’Alep.  À ceux qui se rendent coupables de ce crime, il doit être dit clairement qu’il n’y a pas de coopération possible tant que ce crime est commis et que les responsables en portent une lourde responsabilité devant l’histoire, a conclu le représentant. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a jugé utile que les membres du Conseil de sécurité s’expriment publiquement plutôt qu’à huis clos sur la situation humanitaire en Syrie.  La faim est utilisée comme tactique de guerre, a-t-il déploré.  Le représentant uruguayen a ensuite insisté sur les conséquences dévastatrices pour les civils des sièges des villes syriennes et s’est dit préoccupé par la situation qui prévaut actuellement à Alep, où les attaques contre des centres de soin se poursuivent.  Les civils vivent une situation de vulnérabilité extrême, a-t-il dit, en ajoutant que huit millions d’enfants syriens, en Syrie et hors de Syrie, avaient besoin d’une aide humanitaire.  Le délégué a jugé nécessaire de redoubler d’efforts pour que les enfants syriens ne deviennent pas une génération perdue, avant de souscrire à l’appel lancé aujourd’hui par le Coordonnateur des Nations Unies pour des secours d’urgence, M. Stepehn O’Brien.  Seule une solution politique, a-t-il estimé, permettra de mettre un terme aux souffrances du peuple syrien.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a jugé très préoccupante la situation en Syrie en général et, en particulier, à Alep où elle est catastrophique.  L’Ukraine partage les préoccupations exprimées concernant le sort des civils.  L’Ukraine a déjà soulevé la question de la route de Castello lors de séances précédentes.  Aujourd’hui, nos craintes sont devenues des réalités, a déploré le représentant, qui a prévenu que les ressources alimentaires dans l’est de la ville seront épuisées à la fin du mois.  Cette catastrophe humanitaire menace 300 000 personnes.  L’accès humanitaire à Alep doit être restauré sans délai et sans conditions préalable, a insisté le représentant ukrainien.  Il a en particulier mis l’accent sur le principe de non-conditionnalité dans la fourniture de l’assistance et condamne le fait que, dans près de la moitié des zones où de l’aide a été envoyée, les autorités syriennes ont autorisé un nombre de bénéficiaires plus limité que les estimations des Nations Unies.

L’Ukraine demande à toutes les parties s’assurer immédiatement et sans condition un accès humanitaires sécurisé à toutes les populations encerclées ou difficiles à atteindre dans le pays.  On ne pourra améliorer la situation humanitaire en Syrie que par un règlement politique du conflit.  Alors que nous sommes à moins d’une semaine de l’échéance du 1er août, il est malheureusement impossible de constater le moindre progrès qui pourrait mener à une reprise des négociations.  À défaut, a-t-il dit, le mieux que le peuple syrien pourra espérer est de dépendre d’une assistance humanitaire irrégulière de la part des Nations Unies et d’autres acteurs.  Ceci  est consternant après tous les efforts fournis pour essayer de soulager ses souffrances, a estimé le représentant avant de conclure.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déploré que la Syrie soit devenue un terreau fertile pour le chaos et le terrorisme.  Chaque jour est marqué par de nouvelles victimes innocentes, a-t-il affirmé.  Le représentant a appelé la communauté internationale à apporter un appui humanitaire, loin de toute politisation de l’aide humanitaire.  Seule une solution politique permettra d’alléger les souffrances des Syriens, a-t-il estimé, en avertissait que le temps est compté.  Il a réaffirmé que le consensus international actuel sur la Syrie était basé sur la cessation des hostilités, la recherche d’une solution basée sur le Communiqué de Genève, la lutte contre les groupes terroristes et un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  L’Égypte s’engage à coopérer avec les États-Unis et la Fédération de Russie afin de faire respecter la cessation des hostilités, a-t-il assuré.  Le délégué égyptien a ensuite critiqué les liens que certaines parties entretiennent avec des groupes tels qu’El-Nosra.  Ces liens ne doivent pas être passés sous silence, a-t-il rappelé.  Affirmant que les groupes supposés modérés avaient de plus en plus tendance à se comporter comme Daech, le délégué de l’Égypte a souhaité un élargissement de la liste des groupes faisant l’objet de sanctions en Syrie.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a estimé que la catastrophe humanitaire qui prévaut actuellement en Syrie n’était pas due à la simple indifférence des parties et de leurs parrains, mais elle était, dans de nombreux cas, délibérée.  L’accès humanitaire est manipulé pour obtenir des avantages militaires et les hôpitaux sont pris pour cibles de manière routinière, a déploré le représentant, qui a jugé inacceptable que le siège soit imposé dans les villes et qu’on utilise la faim comme méthode de guerre contre la population civile.  Outre les 300 000 personnes d’Alep, le représentant s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation  humanitaire à la frontière syro-jordanienne où 100 000 personnes ont désormais besoin de l’assistance en cours.

M. Van Bohemen a jugé la situation d’autant plus « lugubre » que chaque bombardement éloigne les chances d’une solution politique.  Le représentant a toutefois reconnu quelques progrès, notamment dans la réponse de la Syrie aux plans proposés en juin et juillet par les Nations Unies.  Il a aussi salué les efforts de la Fédération de Russie et des États-Unis, qui coprésident le GISS, pour faire parvenir l’assistance humanitaire à ceux qui en ont le plus besoin.  Malgré les progrès, a-t-il cependant fait remarquer, le niveau d’autorisations accordé par la Syrie en juillet ne permet d’atteindre qu’un peu plus de la moitié des Syriens dans le besoin, et cela, quand toute l’aide parvient à destination, ce qui n’est pas souvent le cas.

Le représentant a reproché au Gouvernement syrien de multiplier les obstacles administratifs à l’accès de l’aide humanitaire.  La Nouvelle-Zélande est d’avis avec le Secrétaire général que l’assistance humanitaire ne peut pas prendre la forme d’un événement unique, ni être limitée à des segments particuliers de la population.  Ce n’est pas un élément de la négociation, c’est une obligation découlant du droit international humanitaire.  Il est donc inacceptable que les autorités syriennes retirent régulièrement des fournitures des convois, en particulier des fournitures médicales.  Quelles justifications peut-il y avoir à retirer des convois humanitaires des kits pédiatriques ou de lutte contre la diarrhée? a demandé M. van Bohemen.

Le représentant de la Nouvelle-Zélande a conclu en appelant toutes les parties à prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils et pour mettre fin aux souffrances de la population, ce qui suppose la cessation des hostilités et notamment des bombardements cyniques contre les civils et les hôpitaux, et permettre l’accès sans entrave de l’aide humanitaire. 

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a affirmé que « l’enfer de la guerre en Syrie n’avait plus aucune limite ».  Les espoirs que nous avions pu nourrir en début d’année sont en voie d’être balayés, a-t-il dit.  Le représentant a fermement condamné les attaques menées contre les centres de soin, dont la dernière a eu lieu à Alep.  Cela est inacceptable, a-t-il martelé, avant de se dire indigné par la décapitation barbare d’un enfant de 11 ans dans cette ville.  Le délégué de l’Espagne a demandé la cessation des hostilités et plaidé pour une pause humanitaire afin d’assurer un accès humanitaire aux civils assiégés.  La proposition de M. Stephen O’Brien est très judicieuse, a-t-il affirmé.  Avant de conclure, il a souhaité un éclaircissement des conditions qui ont conduit à la fermeture de la route de Castello.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a indiqué que l’accès humanitaire avait été amélioré en Syrie et que les autorités de Damas mettaient tout en œuvre pour garantir des conditions de vie décentes pour les civils syriens.  Le nombre de villes et de villages ayant bénéficié du cessez-le-feu est de 209, a-t-il précisé.  Tout en soulignant que l’acheminement de l’aide humanitaire était une priorité, il a précisé qu’il devait se faire avec l’accord du Gouvernement syrien.  Il a également insisté sur l’utilité de parachutages de l’aide humanitaire, comme cela a été récemment le cas à Deir el-Zor.  Le délégué a indiqué que l’acheminement de l’aide en Syrie était entravé par le blocage par la Turquie de sa frontière, avant d’inviter les autorités à Ankara à revoir leur position.  Il a également appelé les États-Unis et les alliés de l’OTAN à faire pression sur la Turquie.

Rappelant qu’il était contraire au droit international d’utiliser des civils comme bouclier, M. Churkin a indiqué que les groupes d’opposition syriens avaient recours à une telle tactique.  Les mesures militaires prises par les autorités syriennes visent à garantir l’ordre et la sécurité, a-t-il affirmé, avant de se dire préoccupé par les pertes civiles occasionnées par les frappes de la coalition.  Les délégués de la France et du Royaume-Uni n’en ont pas parlé, s’est-il étonné, avant de préciser que les États-Unis étaient conscients de la situation.

Le représentant russe a ensuite affirmé que le groupe qui est responsable de la décapitation d’un enfant de 11 ans avait longtemps été présenté comme « modéré ».  Il est temps d’élargir la liste des groupes faisant l’objet de sanctions, a-t-il estimé.  M. Churkin a tenu à rappeler que la route du Castillo n’était pas utilisée pour acheminer de l’aide humanitaire mais pour fournir, au contraire, de l’aide aux terroristes.  La situation à Alep nous préoccupe et il fait éviter une catastrophe, a-t-il insisté, avant de souligner que les sanctions imposées contre Damas n’étaient pas nécessaires.

La surenchère du Conseil sur la situation humanitaire en Syrie, l’exigence des demandes faites à Damas et les ultimatums adressés à la Fédération de Russie sont contreproductifs, a affirmé M. Churkin.  Les acteurs qui appuient l’opposition syrienne n’assument pas leurs responsabilités concernant l’aide humanitaire, a soutenu le représentant russe en mettant l’accent sur l’importance du principe de neutralité de l’aide.  « Nous avons l’impression que l’accent est seulement mis sur les zones où le Gouvernement syrien combat le terrorisme », a-t-il dit, en demandant que cette approche « de deux poids, deux mesures » soit abandonnée.  En conclusion, il a appelé à la reprise de négociations entre Syriens, tout en soulignant l’importance de se fixer des objectifs réalistes.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a rappelé que son pays avait appelé depuis des années à fournir une assistance humanitaire aux populations frappées par la guerre.  Dans certaines régions, cette assistance n’a pu être fournie pendant trois ou deux ans.  Depuis le début de l’année, on a pu fournir une aide, mais très limitée, et non sans que les troupes de Bashar Al-Assad ne prélèvent une partie de l’assistance et, en particulier, des biens médicaux, ce que Mme Power a qualifié d’« obscène ».  La situation à l’est d’Alep est bien pire encore car il s’agit ici de 300 000 personnes.  Mme Power a dénoncé les violations des accords conclus par le régime de Bashar Al-Assad, ainsi que sa politique d’encerclement et de pilonnage d’Alep, y compris des hôpitaux.  La Fédération de Russie, en tant que cosignataire des accords, doit veiller à leur respect et imposer la réouverture de  la route de Castello, a ajouté la représentante des États-Unis, qui a fait une longue et terrible description des pénuries et des bombardements auxquels sont soumis les habitants de la ville.  La représentante a fermement condamné la décapitation d’un enfant et rappelé que l’opposition avait condamné ce geste.

Mme Power a accusé la Fédération de Russie de n’avoir jamais reconnu sa possible implication dans des frappes qui ont fait des victimes civiles.  La Fédération de Russie est en mauvaise posture pour mettre en cause les États-Unis  au sein de ce Conseil, a-t-elle fait remarquer.  La délégation des États-Unis attend que la Fédération de Russie engage une enquête sur les accusations concernant ses forces et ses frappes.  Les États-Unis, quant à eux, font tout leur possible pour éviter les victimes civiles lors des frappes et, s’il y en a, ils les reconnaîtront.

M. WU HAITAO (Chine) a appelé la communauté internationale à venir en aide aux civils syriens, dans et hors de la Syrie.  Une solution politique est la seule possible pour mettre un terme à leurs souffrances, a-t-il dit, avant de souligner la nécessité d’un nouvel élan dans le processus de négociation de Genève.  Le délégué de la Chine a résolument appuyé, à cet égard, les efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.  Enfin, il a précisé que son pays avait envoyé une aide humanitaire en Syrie et continuerait de le faire.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a estimé que les parties au conflit en Syrie méprisaient leurs obligations au regard du droit international humanitaire, de même que les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a noté qu’avec la fermeture d’une des dernières routes d’accès à Alep, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui sont privées d’assistance.  Le représentant a fait observer que les parties régionales et internationales n’étaient pas tenues responsables des blocages de l’assistance humanitaire.  Il a exhorté  les différentes parties à reprendre les négociations pour trouver une solution politique et a apporté son soutien à la proposition de trêves humanitaires présentée par le Coordonnateur des affaires humanitaires.   

M. FODÉ SECK (Sénégal) a dénoncé les attaques perpétrées contre la ville d’Alep et rappelé que les bombardements croisés risquaient de prendre au piège plus de 250 »000 »personnes dans cette ville.  Il a exhorté les parties syriennes, ainsi que les États-Unis et la Fédération de Russie, à œuvrer pour mettre en place des pauses humanitaires hebdomadaires de 48 heures à Alep.  Il a ensuite déploré les difficultés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à se déployer dans le camp de Yarmouk.  Il a réitéré son conviction, « partagée par tous », que seule une solution politique, sur la base du Communiqué de Genève et sous l’égide de l’ONU, permettra de mettre un terme à la crise syrienne.  Après six débats publics sur la dimension humanitaire de cette crise, le Conseil se doit de redoubler d’efforts, a-t-il estimé en conclusion.

M. HENRY ALFREDO SUAREZ MORENO (Venezuela) s’est félicité des progrès réalisés en Syrie au premier semestre 2016, en précisant que ces progrès avaient été reconnus par le Secrétaire général.  Certes, la situation est loin d’être idéale mais il est un fait que des convois d’aide humanitaire ont pu parvenir dans plusieurs endroits du pays où elle était nécessaire.  Les réels progrès humanitaires ont toutefois été limités du fait de la situation que connaît le pays et, notamment, du fait des activités de groupes tels que l’État islamique ou El-Nosra, ainsi que de groupe d’opposition parfois présentée comme « modérée » mais qui combats parfois aux côtés du front el-Nosra.  Les groupes terroristes sont exclus des accords de cessations des hostilités et doivent être combattus, a-t-il insisté.  Le Venezuela appuie les propositions du Coordonnateur des secours d’urgence pour une trêve humanitaire de deux jours chaque semaine, a assuré son représentant.

Le Venezuela condamne la pratique consistant à faire entrave à l’aide humanitaire et met en avant la coopération entre les autorités syriennes et le Programme alimentaire mondial (PAM), a-t-il ensuite indiqué.  Les acteurs humanitaires ne sauraient être des objectifs militaires.  En même temps, les agences humanitaires doivent œuvrer en coordination avec l’État concerné.  Les groupes extrémistes comme El-Nosra ou l’État islamique doivent être combattus.  Le Venezuela condamne également l’assassinat par décapitation d’un enfant de 11 ans à Alep par des membres d’un groupe de la prétendue « opposition modérée », soutenue par certains membres de la communauté internationale, a souligné le délégué.  Son pays, a-t-il ajouté, soutient les efforts de paix de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, et en appelle aux États qui ont une influence sur les différentes parties au conflit pour qu’ils obtiennent la reprise des négociations en vue d’une solution politique, la seule possible.    

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a affirmé que la fermeture de la route du Castello avait pris au piège les civils dans la ville d’Alep.  S’il a pris note de l’importance de lutter contre les éléments terroristes en Syrie, il a estimé que cette lutte ne devrait pas être menée au détriment de la population syrienne.  La décapitation d’un enfant par un groupe modéré marque un tournant, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite indiqué que la libération de la ville de Fallujah, en Iraq, pourrait servir de modèle, dans la mesure où les autorités iraquiennes avaient observé une pause d’une semaine dans leurs opérations permettant aux civils de s’enfuir.  La même chose pourrait être faite à Alep, a conclu le délégué de la Malaisie.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est dit préoccupé par la situation de plus en plus déplorable qui prévaut en Syrie.  Il est intolérable qu’Alep et d’autres villes doivent bientôt être ajoutées à la liste des zones assiégées et que l’assistance humanitaire ne puisse parvenir partout et dans des conditions de sécurité.  Le Conseil de sécurité doit assurer la mise en œuvre de ses propres résolutions et, notamment, de la 2139 (2014) relative à la protection des travailleurs humanitaires, même si cette résolution ne concerne pas précisément la Syrie ou une partie de celle-ci.  Même un cessez-le-feu temporaire permet d’apporter une assistance humanitaire à la population, a estimé le représentant du Japon, en assurant que son pays appuie pleinement la proposition du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires d’une trêve humanitaire de 48 heures chaque semaine.

Reprenant la parole, le délégué de la Fédération de Russie s’est dit étonné devant les propos de la représentante des États-Unis, qui a indiqué qu’une enquête serait conduite sur les pertes civiles occasionnées par les frappes de la coalition avec le concours de la société civile.  Cette coopération avec la société civile nous laisse croire que l’on va encore ignorer les faits, a-t-il affirmé.  « Mme Power, chaque fois que des insinuations ont été brandies contre mon pays, il y a répondu », a-t-il poursuivi, en espérant que les membres de la coalition feront preuve de la même ouverture.  Il a regretté que le Conseil de sécurité s’éloigne de détails concrets.  « On peut parler d’Alep, on peut en discuter mais on s’éloigne de l’élément essentiel, qui est la dynamique en Syrie. »  Il a affirmé qu’une erreur majeure avait été commise en Syrie « dès lors qu’on a commencé à parler de groupes modérés en Syrie », en ajoutant que ces groupes avaient en fait rejoint les groupes terroristes.  « Si les États-Unis avaient respecté leurs promesses d’interrompre les contacts entre les groupes modérés et el-Nosra, nous n’en serions pas là », a-t-il affirmé, tout en ajoutant que son pays continuerait d’œuvrer avec les États-Unis au sein du Groupe de soutien international.

Reprenant à son tour la parole, la représentante des États-Unis a déclaré qu’il serait très utile que la Fédération de Russie fasse part au Conseil de sécurité des résultats de ses enquêtes.  Elle aimerait aussi savoir si, à l’issue de telles enquêtes, la Fédération de Russie a reconnu, ne serait-ce qu’une fois, que des civils ont perdu la vie du fait de ses frappes aériennes.  Si l’on confond les civils avec l’EIIL, les parties au cessez-le feu et les terroristes, on ne fera que créer un terreau fertile pour plus de terrorisme, a-t-elle fait remarquer.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, se sont réellement investis avec la Fédération de Russie, pour obtenir la paix en Syrie.  Ainsi, on a vu dès le début de la cessation des hostilités des progrès, une amélioration de l’accès humanitaire et une baisse des violences qui a réellement soulagé la population civile syrienne.  Mais soyons honnêtes, a ajouté Mme Power: la situation décrite par le représentant de la Fédération de Russie n’est pas celle qui prévaut sur le terrain.  À Alep, 300 000 personnes sont assiégées.  Il faut que le siège d’Alep soit levé et faire également une distinction claire entre les parties modérées au conflit et celles qui prennent délibérément pour cibles les civils.   

Comme son homologue des États-Unis, le délégué de la Fédération de Russie a insisté sur l’importance de la distinction entre l’opposition modérée et El-Nosra.

Intervenant une nouvelle fois, le représentant de la République arabe syrienne a déploré que les terroristes utilisent la région assiégée de la vallée de Barada proche de Damas, en affirmant qu’ils s’étaient emparés de la seule source d’eau potable de Damas, ce qui signifie que les sept millions d’habitants de Damas sont privés d’eau potable par des groupes désignés comme appartenant à l’« opposition modérée ».  Il a déploré aussi que le Secrétaire général adjoint n’ait pas mentionné la famille brûlée vive par l’État islamique parce qu’elle tentait de fuir Raqqa, ni n’ait nommé ceux qui bombardent l’est et l’ouest d’Alep, alors que ce sont des terroristes qui commettent ces actes.  Il faut désigner nommément les auteurs des différentes frappes, a insisté le représentant syrien. 

Répondant aux commentaires et questions des délégations, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a tenu à préciser que la route du Castillo était cruciale.  Une pause est nécessaire car cette route est endommagée et seuls des petits camions peuvent l’emprunter, a-t-il indiqué.  L’assentiment du Gouvernement syrien et des conditions de sécurité garanties sont une condition sine qua non pour tout parachutage de l’aide, a-t-il rappelé, en faisant remarquer qu’il faut six mois pour un hélicoptère pour larguer une livraison qui pourrait être transportée par un seul convoi.  Il a ensuite vigoureusement défendu l’impartialité de l’action humanitaire de l’ONU.  « Nous sommes neutres, impartiaux et indépendants ».  Il s’est enfin félicité de l’appui croissant qu’il a observé au sein du Conseil de sécurité à son appel en faveur de trêves humanitaires hebdomadaires de 48 heures.  « Il y a un feu orange et un feu vert du Conseil, a-t-il dit, en précisant qu’il faut 72 heures d’avance à l’ONU pour planifier l’acheminement de l’aide pendant cette trêve de 48 heures.  

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a fait observer que le Conseil de sécurité examine aujourd’hui le vingt-huitième rapport du Secrétaire général sur la situation dans son pays et qu’à ce jour, quatre résolutions avaient déjà été adoptées par la Conseil de sécurité sur la situation humanitaire en Syrie.  Il a estimé que le représentant de l’Angola avait raison de demander pourquoi on ne demande pas de comptes à la communauté internationale pour les souffrances du peuple syrien qui se poursuivent depuis cinq  ans.  Mettre un terme à cette souffrance ne saurait se faire par la présentation de dizaines de rapports, la tenue de conférences spectaculaires ou la fourniture d’une aide humanitaire, a fait remarquer le représentant, qui a accusé les avions de la coalition internationale de détruire des silos à céréales, des installations électriques et les États qui forment cette coalition de fomenter des alliances douteuses.

M. Ja’afari a appelé que la Fédération de Russie était intervenue à la demande officielle du Gouvernement syrien et que cette intervention avait contribué à améliorer la situation, y compris humanitaire, dans le pays. Il a accusé un certain nombre de pays d’ignorer les causes véritables de la situation actuelle, qui est le terrorisme.  Alep n’avait, durant les 18 premiers mois du conflit, connu aucune opération militaire.  La Syrie avait exhorté la communauté internationale à faire pression sur la Turquie pour qu’elle empêche l’arrivée de terroristes dans cette région.  Or, ces groupes, a fait observer le représentant, ont pu déferler sur Alep sous la pancarte d’« opposition modérée ».  La route de Castello a été coupée du fait de terroristes, a-t-il accusé.

M. Ja’afari a rappelé que, si le terrorisme était la cause profonde de la crise en Syrie, les mesures unilatérales imposées à l’encontre du pays contribuaient largement aux pénuries dont souffre la population.  C’est un groupe terroriste qui a décapité un enfant palestinien de 11 ans et non pas des « rebelles » comme l’a dit la représentante des États-Unis, a-t-il tenu à préciser.  Le délégué syrien a ensuite demandé que la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar cessent de soutenir les troupes terroristes, dont il faut cesser de légitimiser les pratiques en les affublant de noms tels que « opposition armée modérée » ou « groupes armés non étatiques ».  Il faut nommer le terrorisme, sans quoi on envoie un message erroné des groupes terroristes selon lequel leur terrorisme serait légitime dès lors qu’il s’en prend aux autorités syriennes.  Le représentant a déclaré que les avions français avaient récemment bombardé un village pris en otage par Daech, causant ainsi la mort de 164 civils.  Or, Daech avait évacué le village et le bombardement français a causé le double des victimes de celles de l’attentat de Nice, a-t-il affirmé.  

Il n’y a pas de « terrorisme hallal », de terrorisme légitime, a poursuivi M. Ja’afari, qui a dénoncé de nombreuses atrocités commises par les « groupes terroristes » en s’interrogeant sur ce qui pousse certains des membres du Conseil de sécurité à continuer de refuser de les considérer comme tels.  Le Gouvernement syrien fait sa part dans la lutte contre le terrorisme, a assuré le représentant, qui a estimé que les citoyens des pays désormais touchés par le terrorisme mondial auraient le droit de se demander pourquoi les autorités de leurs pays se comportent comme il le font en Syrie, avant de s’en prendre plus spécifiquement à la France.

Le Gouvernement syrien est disposé à poursuivre le dialogue inter-syrien sans conditions préalables, a encore affirmé le représentant, qui a toutefois ajouté que cette coopération ne pouvait être à sens unique.  Les Nations Unies doivent coopérer avec le Gouvernement syrien dans le domaine humanitaire.  Les acteurs humanitaires n’auraient d’ailleurs jamais pu agir aussi efficacement en Syrie depuis cinq ans sans l’accord et la coopération du Gouvernement syrien, a-t-il soutenu avant de conclure.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale convoque le 21 septembre 2016 une réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens

Soixante-dixième session
112e séance plénière – matin
AG/11806

L’Assemblée générale convoque le 21 septembre 2016 une réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens

L’Assemblée générale a décidé aujourd’hui, par une résolution adoptée par consensus, que la réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens se tiendra à New York le 21 septembre 2016.  Après que son Président a lancé son « appel solennel » à la « trêve olympique » à la veille des Jeux de Rio, l’Assemblée a proclamé la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique, maintenu son soutien au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et fait sienne la Déclaration politique d’Antalya sur les pays les moins avancés (PMA). 

« Consciente de la nécessité de maintenir un fort engagement politique à l’échelle nationale, régionale et internationale afin que le problème de la résistance aux agents antimicrobiens soit traité sous tous ses aspects et de manière multisectorielle », l’Assemblée générale a décidé que la réunion de haut niveau sur ce problème, convoquée par son Président, se tiendra à New York le 21 septembre 2016 et sera couronnée par une déclaration « concise et pragmatique ».

Perpétuant par ailleurs « la tradition de l’ekecheiria », née dans la Grèce antique au VIIIe siècle avant J.-C., le Président de l’Assemblée, M. Mogens Lykketoft, a lancé son « Appel solennel », invitant toutes les nations à respecter la « trêve olympique » à la veille des Jeux de Rio prévus du 5 au 21 août 2016.  Pour la première fois, une équipe de réfugiés participera aux Jeux sous la bannière olympique, ce qui sera un symbole fort d’ouverture et d’union entre les êtres humains.  Pour souligner cette communauté d’objectifs, le Comité international olympique (CIO) a décidé que le drapeau de l’ONU flotterait sur le Parc olympique.

En début de séance, le Président de l’Assemblée générale a exprimé « sa colère et sa tristesse » face aux actes terroristes commis à travers le monde, ces derniers temps.  « Je condamne ces attaques qui n’ont pas de place dans un monde civilisé et je ferai tout ce qui peut l’être, avec la communauté internationale, pour combattre ce fléau », a-t-il promis.

Par une autre résolution, l’Assemblée générale a proclamé 2016-2025, troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique.  Elle invite l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) à renforcer l’assistance technique qu’elle apporte aux pays africains et à favoriser les partenariats avec d’autres entités concernées du système des Nations Unies pour le développement. L’ONUDI devrait aussi faciliter la création des liens nécessaires à la mise en place d’initiatives communes en faveur de l’industrialisation, tout en renforçant les partenariats public-privé.  L’Assemblée générale demande, entre autres, au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) de mettre en place un programme pour la troisième Décennie. 

En vertu d’une autre résolution, l’Assemblée réaffirme d’ailleurs qu’elle appuie sans réserve le NEPAD et qu’il importe de soutenir l’Agenda 2063 de l’Union africaine et son premier plan décennal de mise en œuvre (2014-2023).  Le représentant de l’Argentine a insisté sur le fait que tant le Programme de développement durable à l’horizon 2030 que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement souligne l’importance du transfert des technologies.

Aux termes d’une autre résolution, l’Assemblée a fait sienne la Déclaration politique issue de l’Examen approfondi de haut niveau à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2011-2020, adoptée à Antalya en mai 2016.  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de la Thaïlande a réclamé une coopération et une action internationales concertées pour aider les PMA à sortir de leur catégorie d’ici à 2020.  Son homologue de l’Union européenne a promis que ces pays seront au centre des préoccupations commerciales de l’Europe. 

Il a noté la lenteur des progrès dans leur « gradation » mais affirmé qu’avec la Déclaration politique d’Antalya, la communauté internationale peut espérer rattraper son retard.  Après avoir énuméré l’aide du Japon aux PMA africains, son représentant a annoncé que la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) se tiendra pour la première fois en Afrique, en août prochain.  C’est Nairobi, la capitale du Kenya, qui aura cet honneur.

La représentante des États-Unis a indiqué que l’aide américaine aux PMA est passée de 2% à 8% ces dernières années, tandis que son homologue de la Turquie a insisté sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre la Déclaration politique d’Antalya.  La représentante du Nicaragua a exprimé ses réserves sur les paragraphes qui font référence à l’Accord de Paris sur le climat que son pays n’a pas signé.

L’Assemblée générale a aussi adopté une résolution sur l’interaction entre l’ONU, les parlements nationaux et l’Union interparlementaire. Le Président du Parlement du Bénin a voulu que l’on mobilise toutes les énergies pour atteindre les « objectifs normatifs que nous nous sommes fixés ».  Il s’est félicité des nombreuses initiatives prises par les agences, fonds et programmes des Nations Unies pour améliorer la faculté des parlements à promouvoir et à valoriser le rôle clef de la femme dans la société et à la protéger par des lois appropriées.

Les délégations du Myanmar, du Chili, de Chypre ou encore du Maroc ont aussi salué le rôle du système des Nations Unies dans le renforcement des capacités des parlements nationaux.  Ce sont les parlements, a argué le délégué marocain, qui facilitent l’appropriation nationale des programmes de l’ONU.  La représentante du Viet Nam a souhaité une coopération renforcée dans les domaines de la paix et de la sécurité, du développement économique et social, du financement du développement, de la réduction des risques de catastrophes, du changement climatique, du droit international, des droits de l’homme, de la démocratie et de la bonne gouvernance. 

Le Président de l’Union interparlementaire (UIP), M. Saber Chowdhury, a rappelé qu’il y à peine quelques jours, le Secrétaire général de l’ONU et celui de l’UIP ont signé un nouvel Accord de coopération qui tire parti de l’évolution des choses depuis le premier Accord de 1996 et place les relations sur une base plus solide et une coopération encore plus étroite.  Nous avons trouvé en M. Ban Ki-moon, un grand leader et un partisan d’un engagement encore plus robuste avec les parlements et la communauté parlementaire mondiale, a dit le Président de l’UIP.  Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que sa délégation n’ait pas obtenu les visas nécessaires pour pouvoir participer à la toute dernière Conférence mondiale des Présidents de parlement.

L’Assemblée générale a également adopté une résolution aux termes de laquelle elle approuve le projet d’Accord sur les relations entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui entrera en vigueur à la réunion plénière de haut niveau qu’elle consacrera, le 19 septembre 2016, à la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  La représentante des États-Unis a souligné que si les migrants sont une richesse pour leur pays d’accueil, les migrations forcées par les conflits et les catastrophes naturelles sont de vrais défis.  C’est un défi multidimensionnel, a acquiescé le représentant des Philippines, saluant l’Accord entre l’ONU et l’OIM.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum pour la coopération au développement fait des apports majeurs à la mise en oeuvre du « programme des peuples, fait par les peuples et pour les peuples »

Conseil économique et social - Session de 2016,              
42e & 43e séances – matin & après-midi   
ECOSOC/6792

Le Forum pour la coopération au développement fait des apports majeurs à la mise en oeuvre du « programme des peuples, fait par les peuples et pour les peuples »

« Nous, ministres et hauts représentants, nous soulignons les apports majeurs faits par le Forum pour la coopération en matière de développement (FCD), s’agissant de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », un « Programme des peuples, fait par le peuples et pour les peuples ».  Ces mots sont compris dans la Déclaration ministérielle que les États ont adoptée aujourd’hui, à la clôture du FCD, après l’avoir fait le 20 juillet dernier, à la fin du tout premier Forum politique de haut niveau sur le développement durable que le Conseil économique et social (ECOSOC) a organisé depuis l’adoption du Programme 2030, en décembre dernier. 

Ces deux dernières années, a souligné le Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, le FCD a donné les preuves de l’importance de cette coopération pour une mise en œuvre effective du Programme 2030.  « Nous attendons maintenant qu’il joue pleinement son rôle dans l’architecture mondiale d’appui à la mise en œuvre et au suivi des objectifs de développement durable », a dit le Président, arguant qu’il s’agit après tout d’un espace neutre et impartial, permettant la défense de nouvelles perspectives et de nouveaux paradigmes de la coopération.

Après deux jours de travaux, le FCD a achevé ses travaux en adoptant à son tour la Déclaration ministérielle, malgré les réserves du Nicaragua sur la référence à l’Accord de Paris sur le climat.  Les ministres et hauts représentants, s’engagent à ne pas faire de laissés-pour-compte dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030 qu’ils disent axé sur l’être humain, universel et porteur de changement; ses 17 objectifs et ses 169 cibles étant intégrés, indivisibles et fondés sur les trois dimensions du développement durable – économique, sociale et environnementale. 

Il s’agit, disent encore les ministres et hauts représentants, d’un plan d’action qui vise également à renforcer la paix universelle dans une liberté plus grande et dont l’exécution est confiée à tous les pays et à toutes les parties prenantes dans le cadre d’un partenariat collaboratif.  Ils réaffirment que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, y compris l’extrême pauvreté, constitue le plus grand défi auquel l’humanité doit faire face et qu’il s’agit d’une condition indispensable au développement durable.

Le principe du Programme 2030, soulignent-ils, est qu’il s’applique à tous, compte tenu des particularités, des capacités et des niveaux de développement de chaque pays et de la marge de manœuvre qui revient à chacun d’entre eux.  Il doit être mis en œuvre conformément aux devoirs et aux droits souverains des pays au regard du droit international et de la Charte des Nations Unies. 

Les ministres et hauts représentants jugent « encourageants » l’enthousiasme, l’esprit d’innovation et le dévouement dont fait preuve le large éventail d’acteurs ayant déjà entrepris de mettre en œuvre le Programme 2030 dans le cadre de partenariats collaboratifs, et ce, en dépit de défis divers qui sont apparus après son adoption.  C’est la preuve, se réjouissent-ils, qu’il s’agit d’un « Programme des peuples, fait par les peuples et pour les peuples ».

La Déclaration ministérielle montre la voie à suivre, a commenté le Président de l’ECOSOC.  Il s’est dit certain que les recommandations faites, aux cours de ces travaux, donneront aux gouvernements et à toute la palette des acteurs du développement la confiance nécessaire pour accélérer le mouvement dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Hier, à l’ouverture du FCD, le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, avait estimé que la coopération au développement, « un symbole de la solidarité », en ces temps de crise, est plus que jamais nécessaire.

La décision, comprise dans la Déclaration ministérielle, de créer un Groupe indépendant de 15 experts pour finaliser d’ici à 2019 le premier Rapport mondial quadriennal sur le développement durable, a des incidences financières.  C’est une somme de 12 000 dollars qu’il faut débloquer par expert, soit 8 000 pour les billets d’avion et 4 000 pour les frais de substance.  Les experts doivent en effet se réunir une fois en 2016, deux fois en 2017, deux fois en 2018 et une fois en 2019.  Pour 2016-2017, les frais seront compris dans les 540 000 dollars que l’Assemblée générale a déjà prévus dans le budget ordinaire de cet exercice biennal pour la mise en œuvre par l’ONU du Programme 2030. 

Trois tables rondes ont été organisées lors de cette deuxième et dernière journée du FCD ainsi qu’un débat de synthèse sur les principaux points à retenir du Forum pour la coopération en matière de développement de 2016.

Lundi, 25 juillet, l’ECOSOC entamera à partir de 10 heures son segment de coordination.

FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT

Table ronde 1: « Suivi et évaluation de la coopération en matière de développement dans le cadre du Programme 2030: qualité, efficacité et impact du développement durable»

Les systèmes de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et de la coopération au développement doivent être liés à tous les niveaux.  Les cadres nationaux de mesure des résultats (CMR) apparaissant comme un outil essentiel, la table ronde devait permettre de définir les modalités de conception et d’utilisation de ces cadres pour aligner les plans nationaux de développement avec les ODD et de voir comment la coopération au développement peut soutenir l’implication des différentes parties prenantes dans la conception desdits cadres.  Elle a également examiné les moyens de relier les systèmes de suivi et d’examen de la coopération au développement aux niveaux local et national.

M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général pour la coordination des politiques du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES), a souligné le caractère « fondamental » de la transparence et de la responsabilisation mutuelle dans le suivi et l’évaluation, estimant qu’en la matière des progrès ont été réalisés. 

Les Cadres de mesure des résultats ne sont pertinents que s’ils s’appuient sur un bon plan national de développement, a souligné M. FRED TWESIIME, Commissaire adjoint à l’aide au développement au Département de la coopération régionale, Ministère des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda.  Une fois que le Plan national de développement aura intégré les objectifs de développement durable et que le cadre de mesure des résultats national aura été élaboré, les structures seront en place.  Tout cela demande, a précisé le représentant, une bonne planification, une bonne coordination, une bonne gestion et une réaffectation de tous les investissements publics dans le Plan national de développement pour éviter de sortir du CMR.  Comme le Plan de développement, le CMR doit être conçu avec l’ensemble des acteurs à tous les niveaux et s’appliquer à tous, et pas seulement aux autorités nationales.  Il faut aussi prévoir des sanctions lorsque les résultats ne sont pas atteints.

M. Twesiime a appelé à une profonde réforme de la coopération au développement, s’agissant en particulier des conditionnalités de l’aide.  Il a regretté l’absence de représentants de la société civile et du secteur privé qui auraient pu expliquer quelle part doit être la leur et a insisté sur la nécessité de sortir des « structures figées ».

Les cadres nationaux de mesure des résultats sont une bonne chose, a commenté, à son tour, Mme BRENDA KILLEN, Directrice adjointe de la coopération au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  L’OCDE, a-t-elle affirmé, se fonde sur les CMR nationaux de leurs pays bénéficiaires pour affiner son assistance.  Tout, a-t-elle insisté, doit se concentrer sur les résultats attendus par ces pays et non par les bailleurs de fonds.  Les donateurs n’ont pas à réinventer la roue mais plutôt à adapter le cadre de coopération existant aux intérêts de tous.  Mme Killen a mis l’accent sur le rôle des parlements dans le suivi et l’évaluation des résultats obtenus, y voyant là un élément de la responsabilisation voulue.  Elle a également soutenu l’idée d’un système d’examen par les pairs. 

Le rôle des parlementaires a aussi été souligné par Mme PETRA BAYR, Membre du Parlement autrichien.  Il y a quatre semaines, a-t-elle indiqué, une enquête a été menée au sein du Parlement sur la manière dont les structures ont été adaptées à la mise en œuvre des ODD.  Les résultats, qui sont attendus d’ici à quelques semaines, devraient permettre d’adapter les méthodes de travail des parlementaires.  Il faudra peut-être aussi revoir certaines lois et s’interroger sur l’éventuel impact des lois à l’étude sur les ODD.  Les parlementaires, a-t-elle estimé, doivent collaborer davantage avec le secteur privé, la société civile et le milieu universitaire.  Mme Bayr a d’ailleurs mentionné la consultation que son Parlement vient de tenir avec plusieurs dizaines de jeunes.

En effet, les objectifs de développement durable ne sont pas « descendus d’en haut », ils sont le reflet des aspirations de la base, des peuples, a acquiescé M. SACHIN CHATURVEDI, Directeur général du système de recherche et d’information pour les pays en développement (RIS).  Il est donc important d’assurer le suivi et l’évaluation des résultats obtenus à l’échelle des pays en y impliquant tout le monde, même dans la mobilisation des ressources.  À cet égard, les méthodes traditionnelles doivent être abandonnées.  Les objectifs de développement durable étant « un pur produit de les Nations Unies », le suivi-évaluation doit être confié à ceux qui partagent les mêmes valeurs: les parlements, les gouvernements, les peuples. 

Quid des gouvernements locaux? Mme ROSARIO ZEBALLOS ARNEZ, Conseillère pour les institutions et les relations internationales du Gouvernement régional de Villamontes en Bolivie, a expliqué que sa région, relativement petite, produit à elle seule 45% du gaz extrait en Bolivie.  La région doit veiller à ce que son plan local de développement cadre avec le plan national.  Les gouvernements locaux vont donc, par l’intermédiaire du Ministère du plan, participer à l’élaboration du plan national pour y intégrer leurs préoccupations et priorités, a expliqué la Conseillère, regrettant le manque de coopération entre les jeunes régions boliviennes et les institutions d’aide au développement.

Les cadres nationaux de mesure des résultats vont-ils se fonder sur le Cadre mondial d’indicateurs de l’ONU? s’est interrogé le Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales.  Faisant observer que le principe fondamental du Programme 2030 qui est « de ne laisser personne sur le côté » ne fait pas partie de la conception « classique » du développement, il s’est interrogé sur la nature des nouveaux acteurs qu’il faudra dans la coopération au développement.  Il a aussi jugé important de ne pas confondre l’alignement de la coopération avec les priorités nationales et simplification.  Les critères de qualité doivent être les mêmes partout.  Il a également mis l’accent sur la transparence et la disponibilité des données qui doivent être accessibles à tous et pas seulement dans les pays.  Il s’agit là d’un élément important de la redevabilité des États envers leur population.

Quand on regarde les 19 objectifs et les 169 cibles du Programme 2030 et les 241 du Cadre mondial d’indicateurs, sans oublier les rapports d’étape annuels que l’on attend du Secrétaire général, il a fait observer qu’à ce jour, les cases « indicateurs » « sont vides ».  La situation sera sans doute pire si on descend aux niveaux national et local.  Il faut « remplir les cases », a-t-il insisté, en comptant que le Programme 2030 offrira un nouvel espace à la coopération Sud-Sud.   

Comment harmoniser les modus operandi pour que les principes de transparence et de responsabilisation s’appliquent non seulement aux gouvernements mais aussi aux acteurs non étatiques? s’est demandé le représentant de l’Ouganda.  Son homologue du Mexique a attiré l’attention sur l’Alliance mondiale pour la coopération au développement que son pays copréside.  Il s’agit d’une plate-forme de dialogue réunissant bailleurs de fonds et récipiendaires.  À ce propos, le représentant du Togo a appelé la communauté internationale à aider des pays comme le sien à adapter leur cadres nationaux de mesure des résultats aux objectifs de développement durable, d’autant que la réalisation de ces objectifs va impliquer une forte décentralisation pour autonomiser les différents acteurs lesquels ont très rarement des capacités nécessaires.  Il faudra des stratégies locales dotées de leur propre cadre de suivi, a-t-il précisé, demandant un appui au renforcement des capacités.  Des pays comme le Togo ont beaucoup à apprendre à la fois de la coopération Nord-Sud et de la coopération Sud-Sud.

Imposer des conditions qui ne peuvent être respectées est une erreur, a mis en garde la représentante du Ghana, insistant sur l’importance que les cadres nationaux de mesure des résultats soient en tous points conformes aux attentes des populations qui doivent être consultées « du début à la fin ».  L’ONU, a rassuré le représentant du Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique, suit les progrès des pays africains et de leurs partenaires au développement, en collaboration avec la société civile et présente ensuite des recommandations qui peuvent contribuer à améliorer la coopération au développement.  La consultation de la société civile, a prévenu, une de ses porte-parole ne saurait se limitée à des réunions ponctuelles organisées à la discrétion des gouvernements.  Il faut, a-t-elle réclamé, des mécanismes permanents de consultation, en particulier pour les acteurs qui travaillent auprès des plus démunis.  L’Union européenne, a affirmé son représentant, a toujours insisté sur l’inclusion et la participation des premiers bénéficiaires de l’aide.  Il faut abattre tous les cloisons, s’est-il impatienté, en mettant l’accent sur l’importance des partenariats mondiaux pour l’évaluation des ODD.  Le représentant de l’Italie a aussi professé sa foi dans les partenariats multipartites pour une bonne mise en œuvre du Programme 2030.  L’Italie a adopté une loi novatrice qui prévoit des échanges constants entre les différents acteurs de la société, a-t-il expliqué.  Ne serait-il pas utile de mettre en place des cadres de mesure de résultats communs ou régionaux?  L’Union européenne est en train d’en créer un, a indiqué le représentant. 

Le représentant de l’Union interparlementaire a rappelé que la plus efficace des procédures de suivi-évaluation de la coopération pour le développement était la procédure budgétaire.  Il a regretté que les parlementaires n’aient pas davantage de pouvoirs en matière de coopération pour le développement.  Le Membre du Parlement autrichien a rappelé qu’en effet les parlements manquaient souvent de moyens.  Pour qu’ils puissent exercer un contrôle, notamment financier, de l’efficacité de la coopération pour le développement, il faut souvent au préalable renforcer les capacités des parlements eux-mêmes. 

Table ronde 2: « Coopération en matière de développement avec le secteur privé, les autres acteurs non étatiques et la coopération au développement mixte »

Mme MAGDALENA GERGER, Présidente Directrice générale de « Swedish Leadership for Sustainable Development », a affirmé que lorsque les entreprises jouent leur rôle dans la mise en œuvre du Programme 2030, les employés sont contents, les clients ravis et elles-mêmes engrangent des bénéfices.  Le retour sur investissement est garanti si et seulement si les entreprises restent dans le cadre légal et réglementaire, a ajouté Mme Gerger qui a fait part de la « Déclaration d’intention » des sociétés suédoises membres de son groupement.  Ces entreprises ont pris l’engagement de réduire leur dépendance aux ressources naturelles et de respecter l’environnement, de promouvoir l’éthique dans leurs activités et rechercher la parité entre les sexes.  Respecter le rôle et le mandat de chacun est une force pour aller de l’avant, a conclu la Directrice générale.

M. ALEJANDRO GAMBOA, Directeur de l’Agence internationale de la coopération internationale de la Colombie, a parlé de la création d’un fonds d’investissement en partenariat avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID) pour appuyer les investissements du secteur privé national et local.  La Colombie, a-t-il rappelé, est confrontée au double défi de la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Accord de paix conclu entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).  Le pays doit donc faire preuve d’innovation. 

Il est vrai qu’il est difficile de changer le modèle de développement actuel reposant sur l’alignement du secteur privé avec des projets déjà financés par les gouvernements, a reconnu M. PIO WENNUBST, Directeur général adjoint de l’Agence pour la coopération au développement de la Suisse.  Les entreprises qui s’écartent de ces « chantiers battus » sont elles-mêmes traversées par des doutes.  L’innovation est de mise.

L’accompagnement des changements induits par le Programme 2030, le renforcement des capacités techniques et la « coopération financière innovante » ou « financement mixte » sont nos trois piliers, a dit M. JOHN FINNIGAN, Chef du « Development Organizations Corporate and Investment Banking, Citi ».  Il a expliqué que le « financement mixte » est une alliance stratégique entre les fondations et les capitaux privés qui peut avoir des effets multiplicateurs.  Ce type de financement peut multiplier par 9 les fonds disponibles et contribuer à atténuer la perception des risques dans certains pays.  La participation du secteur privé à la mise en œuvre du Programme «030 est une urgence, a insisté M. Finnigan, en plaidant pour l’intégration du financement mixte dans ce que nous faisons tous les jours.

Peut-être est-ce la solution.  M. MOHAMED NIZAR, Président de la « Privatisation » au Ministère des finances des Maldives, a en effet raconté les difficultés rencontrées par son pays pour attirer les capitaux privés.  Le Gouvernement a monté un partenariat public-privé dans un projet d’énergie renouvelable financé par la Banque mondiale à hauteur d’un montant de 40 millions de dollars aux portes duquel les entreprises ne sont pas bousculées.  C’était déjà le cas pour le financement de l’aéroport international où les entreprises ont dit craindre un projet non rentable compte tenu de sa petite taille mais aussi les risques climatiques.  Les secteurs de la construction et même de la pêche sont toujours à la recherche de financements privés, dans un pays à revenu intermédiaire qui n’a donc pas accès aux prêts concessionnels.

Pour les pays les moins avancés (PMA), il s’est avéré que le « financement mixte » n’est pas la panacée, a souligné Mme CORDELIA LONSDALE, Conseillère à « Development Initiatives » du Royaume-Uni.  Ce qu’il faut, c’est utiliser de manière stratégique les fonds disponibles par l’APD « qui est plus que de l’argent » car elle couvre aussi le renforcement des capacités techniques ou le partage des expériences.  L’étude qui a été faite sur le « financement mixte », a estimé la Conseillère n’a rien donné.  Si elle a montré l’importance des données, elle a aussi montré qu’il n’y a pas une langue commune pour les analyser.  Il semble que ces données ne puissent déterminer la part du « financement mixte » et de l’APD dans le financement actuel du développement. 

Le financement actuel et ses échecs pointent sur la nécessité d’un « Plan B », en a conclu M. RAJIV JOSHI, Directeur exécutif de « The B Team ».  Pour lui, ce Plan B » doit couvrir les financements innovants, le transfert de technologies et la participation des citoyens et des entreprises dont dépend le principe fondamental de « ne laisser personne sur le côté ».  Le Programme 2030 implique en effet que les entreprises changent, qu’elles mobilisent des capitaux et qu’elles canalisent ses ressources pour sortir les gens de la pauvreté. 

À une question sur le rôle des petites et moyennes entreprises (PME), le Directeur exécutif de « The B Team » a répondu que son organisation milite pour la participation de ces dernières car elles peuvent « régler les problèmes de façon pratique ».  Il faut qu’elles participent plus avant au travail de l’ONU sur la coopération au développement.  Il faut, a insisté le Directeur exécutif, tendre la main aux innovateurs qui sont en train de développer de nouveaux modèles d’entreprise à travers le monde.  Le Directeur de l’Agence colombienne de coopération internationale est allé plus loin: il a encouragé les gouvernements à faire appel aux développeurs d’application pour les téléphones ou les ordinateurs parce qu’ils disposent d’une quantité énorme d’informations et de connaissances auxquelles on ne pense même pas mais qui peuvent faire la différence sur le terrain.  Le Chef du « Development Organizations Corporate and Investment Banking » de la Citi, a indiqué que son institution a créé une plateforme sur laquelle les « start up » sont invitées à participer à des initiatives en faveur des consommateurs, des autorités locales, de la transparence et de la lutte contre la corruption.

N’oublions pas les entrepreneurs locaux qui ont les compétences nécessaires pour former la nouvelle génération, a ajouté le Directeur général adjoint de l’Agence pour la coopération au développement de la Suisse.  C’est là que l’APD peut jouer un rôle de renforcement de compétences.  Le Président de « Privatization and Corporatization Board » du Ministère des finances des Maldives, a parlé des initiatives nationales pour aider les jeunes à obtenir des microcrédits et à se lancer dans l’entrepreneuriat.  Le Gouvernement a créé un fonds souverain pour que les PME des Maldives puissent emprunter à l’extérieur. 

Quant aux risques tant craints par les investisseurs privés, la Conseillère politique et à la participation à « Development Initiatives » a appelé les gouvernements à la transparence dans l’utilisation des fonds.  Le Directeur général adjoint de l’Agence pour la coopération au développement de la Suisse a soulevé le problème des coûts administratifs élevés rendant impossible la compétitivité des produits.  Il a évoqué les tarifs prohibitifs pratiqués par les compagnies d’assurance. 

Le secteur privé est-il digne de confiance? s’est interrogé le représentant de l’Ouganda.   Les scandales existent mais les gouvernements aussi sont touchés par les affaires de corruption, a répondu la Présidente Directrice générale de « Swedish Leadership for Sustainable Development ».  En Suède, la lutte contre la corruption est une priorité et les entreprises doivent obéir à un Code de déontologie très strict.  Le modérateur, M. MATTHEW MARTIN, Directeur du « Development Finance International », a déclaré que de nombreuses initiatives existent avec le secteur privé, en matière de coopération au développement.  Il faut harmoniser le langage et ne plus parler des mêmes choses avec des mots différents. 

Table ronde 3: « Perspectives de la coopération en matière de développement pour le renforcement des capacités et le rôle du développement et de la facilitation des technologies dans l’application des objectifs de développement durable »

Modérée par M. ELLIOTT HARRIS, Directeur de la liaison newyorkaise du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la table ronde avait pour objectif de discuter de la manière dont la coopération au développement peut contribuer au renforcement des capacités pour la mise en œuvre des ODD à tous les niveaux.  En la matière, quelles leçons peut-on tirer de l’expérience, en particulier dans les domaines de la mobilisation des ressources nationales et des données et statistiques?

L’accès à la science, à la technologie et à l’innovation (STI) est très inégal, a prévenu le représentant du PNUE, appelant les intervenants à débattre de la manière dont la coopération au développement peut contribuer à leur accès et du rôle de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.

Pays en développement et donateur, les Émirats arabes unis, a déclaré Mme MESHGAN AL AWAR, Secrétaire générale de la Fondation internationale Zayed pour l'environnement, accueilleront à la fin du mois d’octobre à Dubaï une exposition internationale sur la coopération Sud-Sud et le renforcement des politiques d’innovation dans le cadre du Programme 2030.  Photos à l’appui, Mme al Awar a rappelé les changements profonds intervenus aux Émirats depuis 1971, qu’elle a attribués à la bonne gouvernance mais aussi à des investissements importants dans des secteurs comme l’éducation. 

Aujourd’hui, 58,6% des diplômés d’université émiratis, dans les sciences, les mathématiques et le génie civil, sont des femmes et des mesures ont été prises pour assurer l’égalité hommes-femmes dans l’emploi.  Les Émirats ont d’ailleurs mis en place au début de l’année un Conseil pour l’égalité hommes-femmes et signé la semaine dernière un accord avec ONU-Femmes pour ouvrir à Abu Dhabi le premier Bureau régional.  La Conférence internationale sur le financement du développement ayant démontré l’importance de l’investissement dans l’énergie verte, Les Émirats ont pris des mesures en partenariat avec des entreprises chinoises ou françaises dans le domaine de l’énergie solaire.  Grâce à des accords de partenariat « très bien faits », cette énergie est désormais la source d’électricité la moins onéreuse à Dubaï.  S’agissant du suivi et de l’évaluation des politiques, les Émirats misent fortement sur des partenariats internationaux pour créer les autorités nationales et locales qu’il faut pour s’atteler à cette tâche.

Les mécanismes de suivi et d’évaluation sont essentiels, a acquiescé M. MUHSIN SYIHAB, Directeur adjoint du développement économique et de l’environnement au Ministère des affaires étrangères de l’Indonésie, qui a demandé un partenariat mondial pour la STI « ouvert, transparent, inclusif », les parties prenantes extérieures à la sphère gouvernementale pouvant y être impliquées.  Les partenaires doivent être cohérents et viser l’appropriation nationale, a-t-il ajouté.  L’Indonésie participe de manière active tant à la coopération Sud-Sud qu’à la coopération triangulaire et a intégré ces deux formes de coopération dans ses plans de développement à moyen terme.  Le pays a en outre mis sur pied depuis 2010 des équipes de coordination nationale, le but étant de créer une agence unique qui regroupera les deux formes de coopération.  Des questions prioritaires ont été identifiées, dont la bonne gouvernance et la consolidation de la paix.  Il faut à cet égard mobiliser les ressources publiques mais aussi prendre en compte l’apport du secteur privé, si tant est qu’il assume sa responsabilité citoyenne.

Nous sommes face à une révolution technologique qui transforme les relations et les méthodes de travail, a commenté Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Doutant que l’humanité réalise le niveau de complexité technologie actuelle, elle a argué que toutes les transformations induites par la révolution technologie peuvent avoir des effets positifs ou négatifs, certes mais on ne parle pas assez des « villes intelligentes ».  Elle a préconisé un nouveau keynésianisme sous la houlette des pays en développement pour contribuer à l’économie verte et la création d’un « marché commun numérique pour l’Amérique latine et des caraïbes », en partenariat avec les gouvernements, les grandes entreprises privées de communication et la société civile, car il faudra renforcer les capacités des instituts nationaux de statistiques en les rattachant au « Big data » qui à l’heure actuelle, sont toujours aux mains du secteur privé.

C’est la création d’une « banque des technologies » pour les pays les moins avancés (PMA) qu’a prônée M. GYAN CHANDRA ACHARYA, Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  Les 48 PMA ont déposé à ce jour moins de brevets que des pays comme la Malaisie ou l’Argentine.  Il faudra mettre en place une démarche adéquate pour mobiliser les ressources « extraordinaires » qui seront nécessaires à la réalisation des ODD.  Comme les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement n’ont que très peu, leur salut réside dans la coopération au développement, d’où l’idée de la « banque des technologies »  Pays hôte de la « Banque des STIP pour les PMA », la Turquie s’est engagée à la rendre pleinement opérationnelle avant 2017.

Le représentant turc a rappelé la contribution de son pays à la coopération au développement et à l’assistance humanitaire.  La Turquie a débloqué 3,9 milliards de dollars en 2015 au titre de la coopération pour le développement, soit 0,54% de son PIB.  Durant les cinq dernières années, elle a consacré 1,5 milliard de dollars aux PMA, allant ainsi au-delà de ses propres engagements.  En 2015.  La Turquie a en outre déboursé 3,2 milliards au titre de l’aide humanitaire, soit le deuxième rang mondial, y compris au profit de pays comme la Somalie, le Mali, le Niger ou la Libye.  Depuis 2011, c’est 10 milliards de dollars qu’elle a consacrés pour répondre aux besoins des réfugiés syriens.

Le Fonds monétaire international (FMI) met aussi beaucoup l’accent sur la mobilisation des ressources, notamment fiscales, a souligné M. MARK LEWIS, Directeur adjoint à l’Institut pour le renforcement des capacités du FMI.  M. Lewis a remercié le Forum d’avoir mis l’accent sur l’importance des statistiques qui, a-t-il insisté, sont « essentielles » à la fois pour évaluer l’état d’avancement du Programme 2030 mais aussi pour aider les décideurs à adopter des politiques optimales, y compris dans le domaine fiscal.  Elles permettront de se montrer plus rapide et plus souple pour réagir à tout retard dans la réalisation des ODD.  Quand on parle de renforcement des capacités, il ne faut pas oublier le renforcement des capacités personnelles de chacun, a fait remarquer la représentante du Ghana, qui a expliqué que l’argument du manque de capacités dans les pays bénéficiaires avait souvent été utilisé pour justifier l’intervention directe des donateurs dans les projets de développement, avec pour conséquence la stagnation des capacités nationales, collectives ou individuelles.

Le représentant de Sri Lanka dont le Gouvernement entend présenter dans quelques semaines un projet de loi sur les ODD a confirmé le problème des ressources et des statistiques.  Il est clair qu’il faudra un financement extérieur additionnel, entre autres pour aider le pays à renforcer ses capacités.  Son homologue de l’Afrique du Sud s’est interrogé sur les possibles implications du retrait d’un certain nombre d’États de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).

Principaux points à retenir du Forum pour la coopération en matière de développement de 2016

Mme ANA CIUTI, Directrice générale de la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, a voulu que l’on retienne que son pays souffre de la réduction de l’aide au développement, d’autant plus que, pays à revenu intermédiaire, il n’a pas accès à certaines facilités financières internationales.  Mais, a-t-elle rassuré, cela n’empêche pas l’Argentine de s’investir dans la coopération Sud-Sud et de fixer comme objectif national « Zéro pauvreté d’ici à 2030 ».

M. JACK MCCONNELL, Membre du Parlement du Royaume-Uni, s’est étonné de ne pas avoir perçu un sentiment d’urgence dans les interventions.  C’est « inquiétant », a-t-il avoué, en dénonçant le gâchis imputable à « des experts embourbés dans la recherche de la perfection ».  L’urgence, a-t-il rappelé, est de combler les fossés, en prenant des actions concrètes contre les inégalités.  Au vu des « atermoiements », il a suggéré aux élus locaux et aux parlementaires, représentants du peuple, d’assumer leur responsabilité et d’obliger le pouvoir exécutif à aller de l’avant.

Il faut changer d’état d’esprit et penser différemment, y compris au sein du système de l’ONU, a commenté, à son tour, M. JUAN SOMAVÍA, Directeur de l’Académie diplomatique du Chili et ancien Président de l’équipe indépendante d’experts du Bureau de l’ECOSOC.  L’appropriation nationale des ODD est certes un défi mais les États doivent impulser leur propre développement et donner leurs directives voulues au système des Nations Unies pour voir les changements qu’il faut.  En la matière, il faudra écouter les gens, car on ne respectera le principe fondamental de « ne laisser personne sur le côté » dans entendre ce que les gens ont à dire, a-t-il insisté.  

Tant que nous n’aurons pas de partenariat avec ceux qui sont privés de leurs droits, nous n’enclencherons pas les transformations auxquelles nous aspirons, a renchéri Mme KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme.  Les droits de l’homme sont au cœur même des ODD et ils exigent que l’on en sache plus sur les inégalités, en les documentant abondamment.  Comment accepter qu’aujourd’hui, la couleur de la peau, l’identité sexuelle ou le handicap soient encore des facteurs qui déterminent nos options d’épanouissement? s’est-elle insurgée.  « Ne laisser personne sur le côté » est un rêve qu’il faut concrétiser et, pour ce faire, les dirigeants doivent en être convaincus.

Le prochain secrétaire général des Nations Unies doit être la tête de proue des changements attendus, « en secouant la maison », a ajouté M. JACK MCCONNELL du Royaume-Uni.  Nos pays doivent accepter de céder certains de leurs avantages pour l’intérêt général, a-t-il plaidé.  Pour l’Afrique, a dit représentante de la République du Congo, c’est l’assistance technologique qui compte, « surtout après le pillage de ses ressources naturelles ».  Pour que cette exploitation irrationnelle des ressources cesse, il faudrait aussi que les dirigeants nationaux établissent des lois et des institutions crédibles pour assurer la reddition de comptes et les sanctions pour mauvaise gestion, a rebondi le représentant du Royaume-Uni.  Dans cette perspective, il faut donner plus de responsabilité aux jeunes dans le suivi de la mise en œuvre des ODD car ils seront plus regardants sur les résultats que leurs parents, étant donné qu’en2030, c’est eux qui seront les adultes et les parents. 

L’une des représentantes de la société civile est revenue sur le changement de mentalité dans le système des Nations Unies qui doit travailler dans la synergie plutôt que dans la concurrence, a ajouté la représentante du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.   

L’animateur du débat, M. CARLOS LOPES, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a conclu les échanges en disant qu’il faut garder à l’esprit que les inégalités ne sont pas une fatalité.  La communauté internationale peut y mettre un terme.

Adoption de la Déclaration ministérielle (E/2016/L.24–E/HLPF/2016/L.2)

Avant l’adoption de la Déclaration ministérielle, le représentant du Nicaragua a réitéré ses réserves sur le paragraphe 19 au motif que son pays continue de s’opposer à l’Accord de Paris sur le climat.  Il a jugé important de tout mettre en œuvre pour transformer nos modes de consommation et de production et parvenir à une société inclusive garante du développement durable pour tous.

Le paragraphe 19 se lit comme suit: « Nous soulignons que la réduction de la vulnérabilité aux changements climatiques est un défi mondial qui nous concerne tous, et en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté.  Nous prenons acte des effets de synergie entre la mise en œuvre de l’Accord de Paris et celle du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nous accueillons avec satisfaction l’Accord de Paris, en vertu duquel toutes les parties prendront d’urgence des mesures visant à faire face aux changements climatiques, et nous comptons que cet Accord fera promptement l’objet d’une ratification, d’une acceptation, d’une approbation ou d’une adhésion et qu’il entrera en vigueur et sera mis en œuvre rapidement.  Nous comptons également que des ressources seront mobilisées pour aider à la mise en œuvre de l’Accord.  Nous sommes conscients que les pays en développement ont des besoins qui leur sont propres et de leur situation particulière, surtout ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques ».

Tout en notant les réserves du Nicaragua, les représentantes de l’Australie et de l’Union européenne se sont félicitées de l’adoption de la Déclaration par acclamation avant de saluer la contribution déterminante de la société civile et des autres acteurs du développement durable.  L’Union européenne s’est particulièrement félicitée de la valeur ajoutée qu’a constituée la présentation volontaire des 22 rapports nationaux de mise en œuvre du Programme 2030.

Déclarations de clôture

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DAES) a parlé de « bon départ » dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Segment de haut niveau de l’ECOSOC a démontré l’importance de l’appropriation nationale des ODD, a-t-il dit, en reconnaissant les défis de plus en plus complexes du développement lesquels imposent l’intégration des politiques et des partenariats mondiaux revitalisés.  Il a insisté sur un suivi « inclusif » et exhorté le système de développement des Nations Unies à aligner son action avec les ambitions du Programme 2030 pour mieux pouvoir soutenir sa mise en œuvre. 

Le Secrétaire général s’est félicité de l’accent mis sur la nécessité de travailler avec les plus pauvres et de respecter les engagements en matière d’aide publique au développement (APD), sans oublier la valeur ajoutée de la coopération Sud-Sud.  Il est revenu sur les problèmes liés à la collecte des données, avant d’appeler, une nouvelle fois, aux partenariats entre toutes les parties prenantes et à une approche du bas vers le haut.  Il a appelé les  participants à s’appuyer sur les initiatives qui sont déjà un succès en matière de coopération au développement

Le Président de l’ECOSOC, M. OH JOON s’est dit certain que les recommandations faites ici donneront aux gouvernements et à toute la palette des acteurs du développement la confiance nécessaire pour accélérer le mouvement dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Au cours des travaux, a-t-il rappelé, des options de politiques intégrées ont été présentées.  Les lacunes ont été identifiées et des appels à une nouvelle façon de penser et de travailler ont été lancés, sans oublier ceux à respecter l’interconnexion entre les secteurs et les domaines prioritaires.  Le Président a aussi rappelé les appels à abattre les cloisons et à privilégier les partenariats inclusifs.  La participation des communautés locales, des scientifiques, du secteur privé et des autres groupes aux investissements dans des infrastructures durables a été réclamée.  Les États sortent d’ici convaincus que l’implication de tous dans la prise de décisions conduit à de meilleurs résultats et à un appui plus fort à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des progrès.

Au niveau mondial, l’architecture du suivi et d’évaluation, est désormais bien établie avec le Forum politique de haut niveau sur le développement durable.  La Déclaration ministérielle montre la voie à suivre.  L’ECOSOC a en effet offert aux gouvernements et aux autres parties prenantes une plateforme pour un vrai leadership et des directives liées à l’intégration des trois dimensions du développement durable; pour l’évaluation des progrès et des tendances du développement durable et de la coopération internationale, pour la création des liens entre le travail normatif et opérationnel du système des Nations Unies, pour une meilleure efficacité des activités opérationnelles du système de l’ONU face aux changements intervenus dans le paysage du développement, pour la promotion des partenariats multipartites; pour la voix des jeunes dans le dialogue international sur le développement, et l’amélioration de la réaction aux défis mondiaux et aux urgences humanitaires. 

Au cours des deux dernières années, le Forum sur la coopération en matière de développement a donné les preuves de l’importance de cette coopération pour une mise en œuvre effective du Programme 2030.  Nous attendons maintenant qu’il joue pleinement son rôle dans l’architecture mondiale d’appui à la mise en œuvre et au suivi des ODD, a dit le Président.  Il s’agit après tout d’un espace neutre et impartial, permettant la défense de nouvelles perspectives et de nouveaux paradigmes de la coopération.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité autorise les États Membres à transférer les armes chimiques restantes en Libye afin de les détruire

7743e séance – après-midi  
CS/12455

Le Conseil de sécurité autorise les États Membres à transférer les armes chimiques restantes en Libye afin de les détruire

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2298 (2016), le Conseil de sécurité a décidé, cet après-midi, d’autoriser les États Membres à « acquérir, contrôler, transporter, transférer et détruire » les armes chimiques restantes en Libye afin de garantir l’élimination du programme d’armes chimiques libyen dans les meilleurs délais et conditions de sécurité. 

« Cette résolution réduit le risque que ces armes chimiques ne tombent entre les mains des groupes terroristes », s’est réjoui M. Boris Johnson, le nouveau Secrétaire d’État des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, qui s’exprimait pour la première fois en cette qualité à l’ONU.  À l’instar de M. Johnson, les représentants de la France, des États-Unis, de la Chine, de la Fédération de Russie et de l’Égypte ont tenu à expliquer le vote de leur pays. 

L’adoption de cette résolution intervient deux jours après la décision du Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) chargeant le Directeur général de l’OIAC d’aider la Libye à établir un plan modifié de destruction de ses armes chimiques.  Le Conseil fait sienne cette décision et demande aux États Membres d’appuyer le Gouvernement d’entente nationale libyen dans son soutien à l’OIAC en vue de l’élimination de ces armes chimiques.

Dans une lettre adressée à l’OIAC mentionnée dans la résolution, les autorités de la Libye précisent que toutes les armes chimiques restantes ont été transférées vers un site d’entreposage dans le nord du pays et sollicitent son appui pour leur destruction.  La Libye a adhéré à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction en 2004.

Le Conseil prie, enfin, le Directeur général de l’OIAC de lui faire rapport, à intervalles réguliers, par l’entremise du Secrétaire général, sur les activités relatives à l’application de la décision de l’OIAC précitée, « jusqu’à ce que la destruction des armes chimiques restantes aura été parachevée de façon complète et vérifiée ».

Après l’adoption de la résolution, M. Johnson a indiqué que cette résolution était le symbole de la bonne coopération internationale sur la Libye et s’est félicité qu’un consensus ait pu être rapidement atteint.  Le Royaume-Uni veut œuvrer pour qu’un monde plus sûr devienne la réalité, a affirmé M. Johnson, en assurant de la volonté de son pays de jouer un rôle de chef de file au sein de l’ONU.

Si les représentants des États-Unis, de la France, de la Chine et de la Fédération de Russie ont salué l’évolution positive que représente cette résolution, le dernier d’entre eux a estimé que la possibilité que des armes chimiques ne tombent entre les mains des terroristes ne faisait pas l’objet d’une attention suffisante et, ce, « pour des raisons politiques artificielles ».  « Nous devons être sûrs et certains que les terroristes ne feront jamais main basse sur des produits aussi toxiques », a prévenu le délégué de la Fédération de Russie.

Enfin, le représentant de l’Égypte a regretté que le texte ne contienne pas l’objectif de faire du Moyen-Orient « une zone exempte d’armes de destruction massive » et ne mentionne pas Daech comme posant une menace en Libye.  Les membres du Conseil n’ont eu que 72 heures pour négocier le texte, a également déploré le délégué.  Expliquant qu’il n’était pas convaincu par les raisons avancées, il a estimé qu’un vote aussi rapide n’était pas de nature à renforcer la transparence des travaux du Conseil.

LA SITUATION EN LIBYE

Texte du projet de résolution (S/2016/635)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye, et son soutien au Gouvernement d’entente nationale,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Rappelant l’objectif de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (« Convention sur les armes chimiques ») d’exclure complètement la possibilité de l’emploi des armes chimiques,

Rappelant l’adhésion de la Libye en 2004 à la Convention sur les armes chimiques et les décisions prises ultérieurement par le Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) concernant la destruction des armes chimiques déclarées en Libye, y compris les précurseurs, et notant la nécessité de continuer de progresser à cet égard pour s’assurer de la destruction totale des armes chimiques en Libye,

Se félicitant de la décision EC-M-52/DEC/CRP.1 prise par le Conseil exécutif de l’OIAC en date du 20 juillet sur la destruction des armes chimiques restantes en Libye,

Prenant note de la lettre adressée par les autorités libyennes au Directeur général de l’OIAC, dans laquelle elles informent le Secrétariat du transfert de toutes les armes chimiques restantes vers un site d’entreposage dans le nord du pays, demandant l’assistance et l’appui du Secrétariat et des États parties à la Convention sur les armes chimiques pour veiller à ce que toutes les armes chimiques de catégorie 2 dont dispose encore la Libye soient détruites de manière accélérée, et font part de leur intention de coopérer pleinement avec l’OIAC,

Rappelant l’annonce conjointe faite le 14 février 2014 par la Libye et l’OIAC au sujet de la destruction totale des armes chimiques de catégorie 2 en Libye,

Considérant que l’acquisition par des acteurs non étatiques d’armes chimiques en Libye représenterait une menace contre la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

     1.    Fait sienne la décision EC-M-52/DEC/CRP.1 du Conseil exécutif de l’OIAC en date du 20 juillet de demander au Directeur général d’aider la Libye à établir un plan modifié de destruction de ses armes chimiques, qui sera soumis pour examen au Conseil exécutif, assorti de recommandations du Directeur général relatives aux mesures complémentaires requises pour veiller au transport, au stockage et à la destruction, de manière accélérée, des armes chimiques en Libye, reflétant la volonté du Conseil exécutif de veiller sans tarder à la destruction du stock d’armes chimiques dans le pays le plus rapidement possible et dans les meilleures conditions de sécurité;

      2.    Engage les États Membres à aider le Gouvernement d’entente nationale à fournir un soutien, y compris du personnel, une assistance technique, des informations, du matériel, des ressources financières et autres, en coordination avec le Directeur général de l’OIAC, afin d’aider cette dernière à procéder à l’élimination des armes chimiques de catégorie 2 en Libye dans les meilleures conditions de sécurité et dans les meilleurs délais possibles;

      3.    Décide d’autoriser les États Membres à acquérir, contrôler, transporter, transférer et détruire les armes chimiques recensées par le Directeur général de l’OIAC, conformément à l’objectif de la Convention sur les armes chimiques, pour garantir l’élimination du programme d’armes chimiques de la Libye dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions de sécurité, à la suite de consultations appropriées avec le Gouvernement d’entente nationale;

      4.    Prie le Directeur général de l’OIAC de lui faire rapport, à intervalles réguliers, par l’entremise du Secrétaire général, sur les activités relatives à l’application de la décision EC-M-52/DEC/CRP.1 du Conseil exécutif de l’OIAC, jusqu’à ce que la destruction des armes chimiques restantes aura été parachevée de façon complète et vérifiée;

      5.    Rappelle les États Membres de leur obligation en vertu de la résolution 1540 (2004) selon laquelle tous les États doivent prendre et appliquer des mesures efficaces afin de mettre en place des dispositifs internes de contrôle destinés à prévenir la prolifération des armes nucléaires, chimiques ou biologiques ou de leurs vecteurs, et réaffirme sa décision selon laquelle les États Membres l’informeront immédiatement de toute violation de sa résolution 1540 (2004), y compris de l’acquisition par des acteurs non étatiques d’armes chimiques, de leurs vecteurs et d’éléments connexes;

      6.    Décide de rester saisi de la question.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité appelle les parties libanaises à négocier un accord de compromis pour mettre fin à la crise politique et institutionnelle du pays

7742e séance – matin
CS/12454

Le Conseil de sécurité appelle les parties libanaises à négocier un accord de compromis pour mettre fin à la crise politique et institutionnelle du pays

Le Conseil a exprimé ce matin, dans une déclaration présidentielle, sa « vive inquiétude » devant la vacance de la présidence du Liban qui dure depuis l’expiration, le 24 mai 2014, du mandat de l’ancien Chef de l’État, M. Michel Sleiman, et l’incapacité répétée du Parlement d’élire un président.  La vacance et la paralysie politique entravent fortement la capacité du Liban de s’attaquer aux problèmes de plus en plus pressants auxquels il doit faire face, tant en matière de sécurité que sur les plans économique, social et humanitaire, note le Conseil.

Face à cette situation, le Conseil prie les dirigeants libanais de convoquer de toute urgence une session parlementaire et d’entreprendre d’élire un président.  Il appelle en outre toutes les parties libanaises à faire usage des mécanismes prévus par la Constitution aux fins de l’élection présidentielle et à négocier un accord de compromis, pour mettre un terme à la crise politique et institutionnelle au Liban.  Les parties doivent agir de manière responsable et placer la stabilité et les intérêts nationaux du Liban avant toute politique partisane, insiste le Conseil.

Les parties au Liban sont également encouragées à faire « de nouveau preuve d’unité et de volonté afin d’éviter de basculer dans la violence et les conflits ».  Le Conseil souligne ainsi l’importance des appels lancés par les dirigeants libanais afin de désamorcer les tensions sectaires et invite la communauté internationale à octroyer une assistance supplémentaire et rapide à l’armée libanaise dans les domaines de la lutte antiterroriste et de la protection des frontières.

Il rappelle aux parties libanaises de s’engager en faveur de la politique de dissociation du Liban et de cesser toute implication dans la crise en Syrie, conformément à l’engagement souscrit dans la Déclaration ministérielle de l’actuel Gouvernement et dans la Déclaration de Baabda du 12 juin 2012.  « La stabilité du Liban est indispensable à la stabilité et à la sécurité régionales », note le Conseil, en encourageant les partenaires régionaux à œuvrer pour mettre fin à la vacance de la présidence et empêcher que les crises dans la région aient des retombées au Liban.

Dans cette déclaration, le Conseil se dit gravement préoccupé par les conséquences de l’accueil au Liban de plus d’un million de réfugiés syriens immatriculés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Ce nombre de réfugiés est proportionnellement plus important par rapport à la population nationale que dans tout autre pays, précise le Conseil, qui se dit conscient « des défis extraordinaires » que le Liban doit relever.

Pour préserver la stabilité et la sécurité du pays, il est indispensable, estime le Conseil de sécurité, de l’aider à gérer les conséquences de l’afflux de réfugiés, notamment sur la fourniture de services dans des domaines essentiels tels que l’éducation et la santé.  Enfin, le Conseil se félicite de la proposition faite par la France, le 16 avril 2016 à Beyrouth, d’organiser une réunion ministérielle du Groupe international d’appui au Liban afin de remédier « aux problèmes croissants qui menacent la sécurité et la stabilité du Liban ».

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle toutes ses résolutions antérieures ainsi que les déclarations de son président concernant la situation au Liban. Il réaffirme son ferme attachement à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban.

Le Conseil souligne que l’élection d’un président, la formation d’un gouvernement d’unité et l’élection d’un parlement d’ici à mai 2017 revêtent une importance fondamentale pour la stabilité du Liban et sa capacité de faire face aux problèmes de la région.

À cet égard, le Conseil tient à exprimer dans les termes les plus énergiques la vive inquiétude que lui inspire la vacance de la présidence du Liban, qui dure depuis deux ans, à savoir depuis l’expiration, le 24 mai 2014, du mandat de l’ancien Chef de l’État, Michel Sleiman. Le Conseil est en outre fortement préoccupé par l’incapacité répétée du Parlement d’atteindre un quorum et d’élire un président. Le Conseil souligne que cette vacance prolongée a entraîné des blocages au Conseil des ministres et empêché l’adoption, par le Parlement, de lois fondamentales. Il rappelle en outre que la vacance et la paralysie politique qui en a résulté entravent fortement la capacité du Liban de s’attaquer aux problèmes de plus en plus pressants auxquels il fait face en matière de sécurité ainsi que sur les plans économique, social et humanitaire.

Le Conseil exhorte les dirigeants libanais à respecter la Constitution et le Pacte national, et appelle toutes les parties à agir de manière responsable, à placer la stabilité et les intérêts nationaux du Liban avant toute politique partisane, à faire preuve de la souplesse nécessaire et à agir d’urgence pour appliquer les mécanismes prévus par la Constitution libanaise en ce qui concerne l’élection.

Le Conseil prie de nouveau tous les dirigeants libanais de faire preuve d’initiative et de souplesse, afin de convoquer de toute urgence une session parlementaire et d’entreprendre d’élire un président. Il demande à toutes les parties libanaises, y compris au Parlement, de faire usage des mécanismes prévus par la Constitution aux fins de l’élection présidentielle. Il appelle en outre toutes les parties à participer à la négociation d’un accord de compromis, pour mettre un terme à la crise politique et institutionnelle au Liban.

Le Conseil salue les efforts déployés par le Premier Ministre, Tammam Salam, pour gouverner dans des circonstances de plus en plus ardues et demande à toutes les parties au Liban de donner au Gouvernement les moyens de véritablement fonctionner. Le Conseil est cependant vivement préoccupé par l’incapacité du Gouvernement de prendre des décisions essentielles et demande aux dirigeants politiques libanais de faire preuve d’unité dans l’intérêt de la nation, malgré leurs divergences politiques.

Le Conseil félicite également le Gouvernement libanais d’avoir organisé des élections municipales dans les temps et encourage de nouveau les autorités libanaises à poursuivre les préparatifs en vue de la tenue des élections législatives selon le calendrier établi.

Le Conseil encourage toutes les parties au Liban à faire de nouveau preuve d’unité et de volonté afin d’éviter de basculer dans la violence et les conflits. Il souligne l’importance des appels plus fermes à la modération lancés par les dirigeants libanais, y compris l’intensification des dialogues en cours et les appels à désamorcer les tensions sectaires.

Le Conseil condamne avec la plus grande fermeté les actes de terrorisme commis sur le territoire libanais et rend hommage à l’armée et aux forces de sécurité libanaises pour leur dévouement et leur rôle essentiel dans la prévention et la répression du terrorisme dans le pays.  Les membres du Conseil ont, à cet égard, de nouveau invité la communauté internationale à continuer d’appuyer l’armée libanaise en octroyant une assistance supplémentaire et rapide dans les domaines où le soutien à cette armée est des plus cruciaux, en particulier la lutte antiterroriste et la protection des frontières.

Le Conseil souligne qu’il a demandé à plusieurs reprises à toutes les parties libanaises de s’engager à nouveau en faveur de la politique de dissociation du Liban et de cesser toute implication dans la crise en Syrie, conformément à l’engagement souscrit dans la Déclaration ministérielle de l’actuel Gouvernement et dans la Déclaration de Baabda du 12 juin 2012.

Le Conseil considère que le maintien de la stabilité du Liban est indispensable à la stabilité et à la sécurité régionales. Il encourage tous les partenaires régionaux à s’employer de manière constructive à mettre fin à la vacance de la présidence et à empêcher que les crises dans la région aient des retombées au Liban et il engage la communauté internationale à maintenir son appui à la stabilité politique et économique du pays, notamment en continuant de lui porter assistance.

Le Conseil est à cet égard gravement préoccupé par les conséquences de l’accueil au Liban de plus d’un million de réfugiés syriens immatriculés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, soit un nombre de réfugiés proportionnellement plus important par rapport à la population nationale que dans tout autre pays, et par les incidences sur les communautés d’accueil, la stabilité et la sécurité du Liban et l’ensemble de la région. Le Conseil souligne que, pour préserver la stabilité et la sécurité du Liban, il est indispensable de l’aider à gérer les conséquences de l’afflux de réfugiés, notamment sur la fourniture de services dans des domaines essentiels tels que l’éducation et la santé. Le Conseil est conscient des défis extraordinaires auxquels le Liban et le peuple libanais continuent de faire face à cet égard et des mesures prises par les autorités pour accueillir, aider et protéger ces réfugiés, ainsi que de l’importance du respect des droits de l’homme et des principes humanitaires.

Le Conseil se félicite à cet égard de la déclaration d’intention présentée par le Liban à la Conférence de soutien à la Syrie et à la région tenue en février 2016 et préconise qu’elle soit appliquée dans son intégralité en vue d’appuyer la stabilité du Liban. Le Conseil remercie les donateurs qui ont versé leurs contributions à ce jour et invite les autres à s’acquitter des engagements qu’ils ont pris.

Le Conseil adresse ses remerciements au Groupe international d’appui au Liban et prie instamment ce dernier de continuer, en coordonnant son action avec celle de la Coordonnatrice spéciale des Nations Unies pour le Liban, à chercher des moyens de concourir au règlement des problèmes croissants qui menacent la sécurité et la stabilité du Liban. Il se félicite à cet égard de la proposition faite par le Président de la République française, le 16 avril 2016 à Beyrouth, d’organiser une réunion ministérielle du Groupe international d’appui au Liban. Le Conseil encourage la Coordonnatrice spéciale, dans le cadre de ses bons offices et en étroite coordination avec les membres du Groupe international d’appui, à intensifier ses contacts avec les partenaires du Liban, à transmettre les messages susmentionnés et à dialoguer avec les principaux acteurs nationaux et régionaux afin d’aider le Liban à mettre fin à la vacance présidentielle. Le Conseil prie en outre le Secrétaire général de faire le point, dans ses prochains rapports sur le Liban, sur la vacance présidentielle et son incidence sur les institutions libanaises.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum pour la coopération au développement cherche à faire de celle-ci un « formidable levier » des objectifs de développement durable

Conseil économique et social , session de 2016,   
40e & 41e séances – matin & après-midi              
ECOSOC/6791

Le Forum pour la coopération au développement cherche à faire de celle-ci un « formidable levier » des objectifs de développement durable

Comment faire de la coopération le « formidable levier » du Programme de développement durable à l’horizon 2030?  C’est la question à laquelle vont tenter de répondre pendant deux jours les participants au cinquième Forum biennal pour la coopération en matière de développement du Conseil économique et social (ECOSOC).

Les enjeux sont de taille comme l’a montré le débat sur les infrastructures au service du développement durable.  Le financement de ces infrastructures coûte cher, le déficit de financement étant dans les pays en développement de 1 000 à 1 500 milliards de dollars.  Pour le combler, il existe trois grandes sources: les fonds publics, l’investissement privé et les partenariats entre secteur public et secteur privé, qui regroupent les ressources des deux parties.

C’est là qu’intervient la coopération au développement, symbole de la solidarité qui, « en ces temps de crise, est plus que jamais nécessaire », selon les mots du Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson.  Cette coopération concerne toutes les activités visant explicitement à soutenir les priorités de développement nationales ou internationales.  Elle n’est pas axée sur le profit et prend des formes diverses: ressources financières, renforcement des capacités, mise au point et transfert de technologies, appui au changement de politiques nationales pour les rendre plus cohérentes, aider au traitement des problèmes systémiques mondiaux, ou encore multipartenariats.

Dans ce contexte, le rôle de l’aide publique au développement (APD) a été beaucoup discuté, y compris au sein des trois tables rondes organisées dans l’après-midi.  L’APD a été présentée comme la seule forme de financement public international visant explicitement à promouvoir le développement et les intérêts des pays en développement, ce qui la distingue des autres financements qui peuvent être tributaires de facteurs comme les résultats obtenus à l’exportation par le pays donateur.  

Bien que faible par rapport aux ressources publiques nationales –respectivement de 160 milliards de dollars et de 5 300 milliards de dollars en 2014- l’APD peut aussi apporter un effet de levier dans divers domaines, y compris pour mobiliser lesdites ressources nationales ou encore pour aider à la conclusion de partenariats public-privé.  Or seul 0,1% de l’APD est utilisée à cette fin, a déploré le représentant de la Belgique.

Cette aide, a dénoncé la Directrice à la Fondation Dag Hammarskjöld, est devenu au fil du temps un levier de la politique néolibérale des marchés.  Elle doit être mieux ciblée, a reconnu le Vice-Secrétaire général de l’ONU.  Mais, comme l’a rappelé le représentant du Brésil, la coopération internationale ne se pas résume à l’APD.  Il y a aussi le secteur privé et les partenariats mixtes.  Le problème est que les informations officielles sur les 45 milliards qu’auraient déboursé, dans un but non lucratif, les entités privées -fondations philanthropiques, mécénat d’entreprise- en faveur du développement manquent.

De nombreuses délégations ont vanté les mérites de la coopération Sud-Sud qui, selon le représentant de l’Inde, permet de « contourner » les insuffisances de l’APD.  Il s’agit, s’est dit convaincu son homologue du Venezuela, d’« un outil d’intégration et de stratégie qui tient compte de l’indépendance de chacun ».  Cette assertion est conforme à une coopération au développement efficace qui doit reposer sur l’appropriation par les pays bénéficiaires des programmes d’aide et leur alignement avec les priorités nationales.

Demain, vendredi 22 juillet, le Forum tiendra trois autres tables rondes à partir de 9 heures avant de clôturer sa session avec l’adoption d’une déclaration ministérielle.

DÉBAT DE HAUT NIVEAU DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC) SUR LE THÈME « METTRE EN ŒUVRE LES ENGAGEMENTS DU PROGRAMME SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030: CONCRÉTISER LES ENGAGEMENTS »

Table ronde 1: « Mettre en œuvre le programme de développement pour l’après-2015: concrétiser les engagements »

Dans la note du Secrétaire général (E/2016/70), qui parle essentiellement des infrastructures économiques, sociales et environnementales, il est expliqué que le terme « infrastructure » désigne aussi bien les structures physiques que les institutions et les capacités humaines.  Les infrastructures économiques englobent les réseaux de transport, de production d’énergie et de communication ainsi que les services financiers.  Les infrastructures sociales et environnementales se rapportent à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement, aux établissements scolaires et hospitaliers et aux systèmes de santé, tandis que les infrastructures institutionnelles comprennent les installations, le matériel et le personnel nécessaires pour assurer la prestation de services et la bonne gouvernance.

Le terme « résilient », qui a pris une grande importance dans le contexte des changements climatiques et de la vulnérabilité, est lié à des notions de durabilité et d’efficacité sur le long terme au regard de certaines normes.  Il désigne la capacité des infrastructures, mais aussi des écosystèmes et des systèmes sociaux auxquels elles sont étroitement liées, de faire face à des bouleversements, de continuer à fonctionner et de maintenir leur capacité structurelle.  La résilience se mesure à la fois par rapport aux risques naturels (séismes, ouragans, inondations, sécheresse, etc.) et aux risques anthropiques (erreurs humaines ou encore attaques malveillantes).

Selon le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le déficit de financement des infrastructures qu’enregistrent annuellement les pays en développement serait de 1 000 à 1 500 milliards de dollars.  Pourtant, des infrastructures de qualité offrent des avantages sur plusieurs plans.  Elles contribuent de façon cruciale au développement économique et industriel, jouent un rôle moteur dans l’amélioration du bien-être individuel et social et de l’accès aux ressources, et ont d’importants effets sur l’environnement.  C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les infrastructures sont visées dans l’ensemble du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et plus particulièrement l’objectif 9.  Ces dernières années, bon nombre d’initiatives ont été lancées aux niveaux mondial, régional et national, notamment par le G20, le Forum économique mondial et plusieurs banques multilatérales de développement.  Conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba, une Instance mondiale dédiée aux infrastructures a été créée et pilotée par des banques multilatérales de développement.  Sa réunion inaugurale s’est tenue en avril 2016 au siège de la Banque mondiale, à Washington, avec la participation des autres banques multilatérales de développement, des agences de l’ONU et des nouvelles banques de développement.  L’Instance pourra s’imposer comme une plateforme de coordination des initiatives relatives à l’infrastructure et constituera un espace de dialogue ouvert à tous.

Il existe en effet trois grandes sources de financement pour les infrastructures: les fonds publics, les partenariats entre secteur public et secteur privé, qui regroupent les ressources des deux parties, et l’investissement privé.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba souligne l’énorme potentiel que représentent le financement mixte et les partenariats public-privé.

Au cours de la table ronde, Mme LAURA CHINCHILLA MIRANDA, ancienne Présidente du Costa Rica et Membre du Club de Madrid, est revenue sur la progression des infrastructures tout au long de l’histoire et leur changement en fonction de la demande de biens et services, influencée par les conditions de vie.  Dans un monde où l’homme a dominé la planète et ses ressources et où des pays font usage du droit de préemption sur les toutes les ressources naturelles du monde, la science et la technologie sont venues prolonger l’espérance de vie.  La question qui se pose aujourd’hui est: quelles sont infrastructures qui répondent à cette nouvelle donne?

Les infrastructures ne sont pas une fin en soi, elles répondent en effet aux besoins de l’homme, avec un nouveau paradigme: la nécessité de protéger l’environnement.  Comment relever ces nouveaux défis?  L’objectif 9 de développement durable sur « l’industrie, l’innovation et l’infrastructure » est une réponse possible, a dit l’ancienne Présidente avant de citer trois domaines d’action: la participation plus poussée des citoyens, des scientifiques, de la société civile à la conception des infrastructures; la viabilité et la résilience de ces dernières; et le renforcement du « rôle d’arbitre » de l’État face à l’amenuisement des ressources.  Le financement est le nerf de la guerre, a souligné le Sous-Secrétaire général aux affaires économiques, M. THOMAS GASS, modérateur.

Un appui financier a été demandé par le Ministre de l’environnement des Maldives, M. THORIQ IBRAHIM, au nom des petits États insulaires en développement (PEID).  Il a insisté sur la nécessité pour ces pays de développer leurs infrastructures liées à l’eau, à l’énergie et aux technologies de l’information et des communications, en assurant leur résilience, compte tenu de leur vulnérabilité aux phénomènes climatiques.  Sans partenariat, les PEID ne peuvent en aucun cas assumer le coût des infrastructures.

L’Ouganda, qui mise sur le développement agricole, le tourisme et l’exploitation des ressources pétrolière et gazière, ne réalise que trop bien le problème épineux des infrastructures, a avoué le Directeur de l’Autorité ougandaise du plan, M. JOHN B. SSEKAMATTE-SSEBULIBA.  Le pays privilégie les partenariats public-privé.  Devant l’urgence de la situation, le Gouvernement a opté pour une politique d’expansion budgétaire, en changeant les niveaux de dépense et de fiscalité, dont les effets pourraient être difficiles à court terme.  Mais sur le moyen et long termes, l’équilibre sera vite trouvé parce que la politique tient compte de l’équilibre entre développement, environnement et social.

Dans son appui aux pays, la Banque africaine de développement (BAD) concentre son action en faveur des infrastructures dans cinq domaines: l’électricité et l’énergie, l’alimentation, l’amélioration du niveau de vie, l’intégration africaine, et l’industrialisation, a expliqué son Envoyée spéciale sur les questions de genre, Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI.  Sur les cinq prochaines, la Banque compte investir entre 60 et 75 milliards de dollars.  En Afrique, les problèmes sont le fossé énorme entre les besoins en infrastructures et les investissements et l’absence de projets structurés, faute de capital humain, et de ressources publiques.  Or, il se trouve que les investisseurs étrangers jugent que l’Afrique est un continent à haut risque. 

L’absence de projets structurés est un vrai problème, a reconnu le Directeur principal du Partenariat public-privé de la Banque mondiale, M. LAURENCE CARTER.  L’Instance mondiale dédiée aux infrastructures a produit une étude qui montre que sur 58 pays en développement, 7 seuls ont des projets d’infrastructures.  Pourtant, le temps presse car le développement de projets viables et durables est un long processus qui doit s’appuyer sur de bonnes données, un capital humain compétent, des normes certifiées, un climat d’affaire attractif pour les investisseurs et une bonne capacité d’entretien des infrastructures.  

Les 20 prochaines années seront déterminantes parce que si les pays en développement ont un besoin d’infrastructures, celles des pays développés vieillissent, a souligné M. AMAR BHATTACHARYA, Brookings Institution.  Des opportunités sont à saisir comme le faible taux d’intérêt actuel sur les marchés mondiaux.  Les technologies sont là et peuvent apporter des avancées extraordinaires, notamment dans le domaine de l’énergie solaire.  Pour M. Bhattacharya, il faut améliorer le rapport qualité/quantité des infrastructures et éliminer les subventions à l’énergie fossile pour libérer des fonds.  Il a encouragé le secteur privé à se montrer plus audacieux et les États à prendre des mesures pour atténuer les risques.  Quant aux banques de développement et banques régionales, « elles ont besoin de stéroïdes pour assumer leur rôle ».

Quels sont les critères d’un bon partenariat public-privé? s’est demandé le Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et socialesLe Directeur chargé de ces partenariats à la Banque mondiale a répondu sur les critères de la résilience, lesquels, a-t-il avoué, n’ont pas été bien intégrés dans le Programme 2030.  Il faut donc les améliorer, les vulgariser et travailler à leur acceptation.  Ce qui est important, c’est obtenir un retour d’informations et faire participer les parties prenantes dès la conception des projets.  En définitive, le partenariat n’est qu’un outil parmi d’autres.

L’Ouganda planifie-t-il sa politique d’infrastructures avec le secteur privé? a demandé le Directeur adjoint du Programme « économie mondiale et développement » de la Brookings Institution.  Le Directeur de l’Autorité ougandaise du plan a révélé que c’est surtout le secteur agricole qui intéresse les investisseurs privés.  Le partenariat public-privé ne peut être considéré comme une panacée car il est difficile d’attirer un secteur privé craintif des risques.  Tout repose donc, a estimé la Brookings Institution, sur capacité des États à gérer et à atténuer les risques.  Ce ne sont pas les risques que le secteur privé craint dans les petits États insulaires en développement.  D’après le Ministre de l’environnement des Maldives, c’est surtout la petite taille des projets considérés comme non rentables et cela se fait dans un contexte où les pays à revenu intermédiaire n’ont pas accès aux prêts concessionnels. 

FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT

Ouverture du cinquième Forum biennal

Le rapport du Secrétaire général sur les tendances et les progrès en matière de coopération internationale au développement (E/2016/65*) souligne que cette forme de coopération s’entend dans la pratique de toute activité qui vise explicitement à soutenir les priorités de développement nationales ou internationales, n’est pas axée sur le profit, favorise les intérêts des pays en développement et est basée sur des relations de coopération tendant à renforcer l’appropriation par les pays en développement.  Cette définition n’est pas un outil de mesure; elle pose simplement les principes permettant d’établir les paramètres nécessaires pour l’examen des objectifs, des caractéristiques et des types de coopération pour le développement dans l’optique des objectifs de développement durable.

Vue sous cet angle, la coopération pour le développement couvre un large pan de l’action internationale et prend plusieurs formes: ressources financières, renforcement des capacités, mise au point et transfert de technologies, changement de politiques (c’est-à-dire veiller à la cohérence des politiques nationales et aider au traitement des problèmes systémiques mondiaux) et multipartenariats.  Toutes ces modalités de coopération auront une importance essentielle, compte tenu de l’ampleur et de l’étendue de l’appui qui devra être fourni pour la mise en œuvre du Programme 2030.  L’accent est mis fortement, et à juste titre, sur le montant extraordinaire des ressources financières requises, mais les objectifs de développement durable mettent aussi en avant l’importance des formes non financières de coopération pour le développement. 

L’aide publique au développement (APD) reste un outil unique et important de coopération pour le développement.  Accordée aux pays qui ont un accès limité aux marchés financiers internationaux, elle est la seule forme de financement public international qui vise explicitement à promouvoir le développement et les intérêts des pays en développement, ce qui la distingue des autres formes de financement public international qui peuvent être tributaires d’autres facteurs, comme les résultats obtenus à l’exportation par le pays donateur.  Les données partielles de 2015 montrent que l’APD demeure stable mais qu’il faudra néanmoins surveiller de près les effets que l’augmentation des dépenses dans les pays donateurs pourrait avoir sur elle. 

Mais l’APD ne représente qu’une très faible proportion de la totalité des ressources combinées dont disposent les pays en développement pour investir dans le développement durable.  En 2014, l’APD fournie aux pays en développement (160 milliards de dollars) a été très largement dépassée par les ressources publiques nationales (5 300 milliards de dollars), qui, globalement, représentent de loin le plus gros volume de ressources disponibles.  Or, d’après des travaux de recherche récents, ce sont les pays enregistrant les plus forts taux de pauvreté qui reçoivent les montants d’aide les plus faibles. 

Selon des estimations prudentes, les flux financiers privés au titre de la coopération pour le développement atteindraient en 2011 un montant de 45 milliards de dollars, soit l’équivalent d’un tiers de la totalité de l’APD fournie par les membres du Comité d’aide au développement la même année.  La coopération Sud-Sud a de son côté continué de croître malgré le ralentissement des économies émergentes et la chute des prix des produits de base.  On estime qu’elle a dépassé les 20 milliards de dollars en 2013.  D’après les données partielles de 2014, elle pourrait avoir largement dépassé ce montant, en raison principalement de l’accroissement considérable de l’aide fournie par l’Arabie saoudite, qui a plus que doublé en 2014.

Les données existantes témoignent également d’une croissance régulière de la coopération au service du développement fournie par la Chine et l’Inde qui a annoncé une enveloppe de 10 milliards de dollars de crédits à des conditions avantageuses à l’Afrique dans les cinq années à venir, ainsi qu’une subvention de 600 millions de dollars en plus des lignes de crédit actuellement ouvertes.  La Chine a annoncé la création d’un fonds de 2 milliards de dollars visant à aider les pays en développement à appliquer le Programme 2030 et a lancé son Fonds chinois de coopération Sud-Sud pour le climat.  Les sources de financement de la coopération Sud-Sud se sont diversifiées et ne se cantonnent plus aux recettes publiques.  Les banques nationales de développement, y compris en Afrique, occupent aussi une place plus importante dans le financement des infrastructures régionales et sous-régionales.

Cela dit, les principes d’une coopération efficace sont de plus en plus souvent invoqués, mais leur application n’a pas fait les progrès correspondants.  Parmi ces principes, on cite de la prise en main des programmes par les pays et l’alignement des activités de coopération au service du développement menées par les partenaires extérieurs.

M. OH JOON, Président de l’ECOSOC, a espéré que cette réunion du Forum biennal sera l’occasion d’aller plus loin dans le partage des bonnes pratiques et de tirer les leçons des échecs dans un domaine crucial, la coopération internationale en matière de développement, pour la mise en œuvre du Programme 2030.

« En ces temps de crise, la solidarité est plus que jamais nécessaire », a affirmé le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan ELIASSON, ajoutant que cette solidarité s’était traduite par les grands accords qui ont jalonné l’année écoulée, tels que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Ces accords, a-t-il prévenu, exigent une plus grande coordination, ce qui est précisément le but de ce Forum.

Le premier objectif de la coopération internationale doit être de protéger les plus pauvres et les plus vulnérables des conflits, des catastrophes naturelles ou des crises financières.  Les sources de financement étant de plus en plus diverses, il a rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnait le rôle clef du secteur privée.  L’APD de son côté doit être augmentée et mieux ciblée en faveur des plus démunis, a poursuivi M. Eliasson.  Il a invité à faire fond sur les avancées enregistrées lors de la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés (PMA), à l’occasion de laquelle les pays développés se sont de nouveau engagés à consacrer de 0,15 à 0,2% de leur revenu national brut aux PMA.

Il a ensuite appelé de ses vœux la mise en place de partenariats dans tous les domaines du développement, s’agissant notamment de la mobilisation de ressources financières et non financières et de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.  L’ONU a un rôle clef à jouer dans la facilitation de ces partenariats, a poursuivi M. Eliasson, ajoutant que l’action de l’Organisation doit être mieux adaptée aux réalités locales.  Pour les pays à revenu intermédiaire, il a demandé à l’ONU un soutien technique et politique.  La coopération en matière de développement doit promouvoir la cohérence entre les différents programmes et activités de développement, en vue d’appuyer une mise en œuvre efficace du Programme 2030, a-t-il dit.  Il a affirmé que l’aide humanitaire, bien que nécessaire, ne devait pas être déboursée aux dépens des investissements sur le long terme.  L’utilisation stratégique de la coopération en matière de développement devrait nous permettre de trouver un équilibre entre les différents programmes et priorités, a conclu M. Eliasson.

Huit cents millions de personnes souffrent de faim et le fossé entre le Nord et le Sud ne fait que grandir, s’est alarmé M. WANG BINGNAN, Vice-Ministre du commerce de la Chine, qui a insisté sur l’éradication de la pauvreté, « notre plus grand défi ».  Il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’APD, en respectant le choix des pays en développement et en insistant sur le renforcement des capacités de ces derniers.  La Chine est le plus grand pays en développement au monde, a-t-il dit, ajoutant que son but était de faire sortir 55 millions de Chinois de la pauvreté.  Le treizième Plan quinquennal servira à mettre en œuvre le Programme 2030 en renforçant la coordination des politiques intersectorielles, 43 agences chinoises étant impliquées.  La présidence chinoise mettra le développement tout en haut de l’ordre du jour du G20, a-t-il dit, précisant que le G20 mettra pour la première fois l’accent sur l’industrialisation des pays africains et des PMA.  

La Chine a offert une assistance de 400 milliards de renminbis ces 20 dernières années, conduit 2 700 projets et formé des milliers de personnes, a-t-il dit, ajoutant que la coopération Sud-Sud était un complément utile de la coopération Nord-Sud.  Il a vanté les mérites d’une coopération Sud-Sud qui respecte les priorités des pays récipiendaires et promis que la Chine allait renforcer ses efforts.  La Chine est un partenaire « fiable » du développement.

M. THOMAS SILBERHORN, Secrétaire d’État du Ministère de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a appelé à l’amélioration de la qualité de la coopération en matière de développement.  Il a défendu la création d’un mécanisme de suivi « rigoureux » du Programme 2030, prévenant que l’APD n’est qu’une part minimale de la somme nécessaire pour atteindre le niveau de transformation recherché par le Programme.  Le financement privé doit donc être augmenté, a-t-il poursuivi.  Appelant à une meilleure collecte de l’impôt, M. Silberhorn a appuyé l’initiative fiscale du Programme d’action d’Addis-Abeba et rappelé les fonds « précieux » qui disparaissent chaque année du fait de la corruption.

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a présenté le rapport du Secrétaire général sur les tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement, a demandé une meilleure adaptation de cette coopération aux situations locales et défendu des partenariats multipartites plus larges, insistant sur le rôle du secteur privé.  

Il reste un long chemin à parcourir pour réaliser la promesse des accords internationaux conclus l’année dernière, a prévenu Mme MARY ROBINSON, Présidente de la « Fondation Mary Robinson - Justice climatique », ancienne Présidente de l’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  Les mécanismes de financement devront être adaptés à la nouvelle ère de développement qui s’ouvre, a-t-elle affirmé.  Le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat sont des « triomphes diplomatiques » et devront être mis en œuvre de concert, a-t-elle dit.  Les objectifs de développement durable sont une fenêtre d’action unique pour lutter contre les changements climatiques, a poursuivi Mme Robinson.

Elle a rappelé que les pays pauvres qui n’ont aucune responsabilité dans le réchauffement climatique étaient les premiers à être frappés.  Elle a appelé à un changement de paradigme pour que personne ne soit laissé sur le côté, insistant sur l’incapacité actuelle de la communauté internationale de régler des questions complexes, comme la famine, les violations des droits de l’homme ou les changements climatiques.  Seule une approche intégrée permettra de résoudre ces questions, a-t-elle dit, citant la question de la justice climatique et d’une utilisation raisonnée des ressources.

Les pays industrialisés doivent prendre au sérieux de l’Accord sur le climat, a poursuivi Mme Robinson qui a reconnu « la tâche ardue » pour les pays en développement de devoir se développer sans combustible fossile.  Tous les pays doivent participer à la transition énergétique, en même temps et ensemble, même si cela parait injuste, a-t-elle dit, ajoutant qu’un appui international devra être fourni.

Les droits de l’homme doivent être au cœur de l’Accord sur le climat « même si la tentation existe » de les mettre à l’écart.  Une stratégie bonne pour la planète mais qui serait mauvaise pour les plus pauvres ne serait pas tout à fait bonne, a-t-elle dit, prenant l’exemple du maïs pour produire de l’éthanol au risque de grimper les prix et d’aggraver l’insécurité alimentaire.  Il faut relever le défi de l’énergie pour la mise en œuvre du Programme 2030, car d’ici à 2040, les 500 millions et plus d’Africains n’auront pas accès à l’électricité, a-t-elle averti.

L’économiste et ancien Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, M. JOMO KWAME SUNDARAM, a avancé l’idée d’un nouveau Plan Marshall pour mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre du Programme 2030, car la coopération internationale ne se résume pas à l’APD, a souligné le délégué du Brésil, en insistant, à son tour, sur le rôle du secteur privé et invitant l’ECOSOC à ne pas mettre l’accent sur des concepts « controversés ».

Le fait que l’APD ne soit pas la seule source de financement n’a pas empêché la représentante de la République dominicaine d’exiger, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CARICOM), le respect des engagements pris, assorti d’un échéancier contraignant.  Elle a attiré l’attention sur les difficultés des pays à revenu intermédiaire, interdits d’accès aux prêts concessionnels, en raison du critère injuste du revenu par habitant.

Interrogée par le délégué de l’Union interparlementaire sur les subventions aux combustibles fossiles –entre 300 et 400 milliards par an-, la Présidente de la Fondation Mary Robinson s’est catégoriquement prononcée pour leur interdiction.  Elle a rappelé que les petits États insulaires en développement demandent « en vain » un traité sur l’interdiction du charbon.

Table ronde 2: « Appuyer les mesures nationales pour parvenir à la réalisation de tous les objectifs du Programme 2030, ne pas faire de laissés-pour-compte? »

Présidée par M. HÉCTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras), Vice-Président du Conseil économique et social, cette table ronde devait permettre de répondre à trois questions principales: comment faire pour que la coopération au développement -sous toutes ses formes– appuie mieux les efforts nationaux et locaux des pays en développement pour réaliser les ODD, sans faire de laissé-pour-compte?  Comment cette forme de coopération peut-elle aider les pays les moins avancés (PMA) et autres à atteindre leurs groupes les plus vulnérables et marginalisés?  Enfin, sachant que l’aide publique au développement (APD) demeure un financement unique, comment mieux la cibler et l’utiliser au profit des personnes les plus démunies et des pays ayant les capacités les plus faibles?

Il faudra faire de nouveaux choix et utiliser de nouveaux outils, a tranché M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone).  Les PMA, dont fait partie la Sierra-Leone, ont besoin de financements supplémentaires pour se blinder contre les chocs internes comme externes.  Dans ce contexte, ils devront renforcer leurs institutions nationales de mobilisation de ressources disponibles.  Mais, a rappelé le représentant, l’Afrique pourrait trouver les ressources nécessaires si l’on mettait fin aux flux financiers illicites, qui lui font perdre près de 50 milliards de dollars par an.   

Se concentrant sur le rôle de l’APD, M. MARK VAN DE VREKEN, Chef de Cabinet adjoint du Ministre de la coopération au développement de la Belgique, a souligné que cette aide est le seul outil qui met l’accent sur l’élimination de la pauvreté.  Elle doit être utilisée de manière très ciblée et plus efficace.  Toutefois, l’APD ne peut être le moteur principal de la coopération au développement.  Elle doit rester l’élément déclencheur de la mobilisation des ressources intérieures.  Or, à l’heure actuelle, seul 0,1% de l’APD est utilisé à cette fin.  Le représentant a également mis l’accent sur le secteur privé et les financements innovants, comme l’émission d’actions à vocation humanitaire à moyen terme –cinq ans– rémunérées en fonction des résultats.  

Recouvrons « le principe de solidarité » de l’APD, a encouragé Mme ANITA NAYAR, Directrice à la Fondation Dag Hammarskjöld, dénonçant le fait que cette aide soit devenue le levier de la politique néolibérale des marchés plutôt que celui de la mise en place d’infrastructures sociales et économiques.  Aujourd’hui, l’argent est en fait donné aux États africains pour qu’ils puissent couvrir le coût des ajustements structurels, c’est-à-dire qu’il ne leur permet pas d’utiliser ces ressources pour un développement fondé sur des priorités nationales librement fixées, a-t-elle affirmé.  Pour Mme Nayar, les objectifs de développement durable ne seront jamais atteints si la formulation des politiques nationales n’est pas « autonome » et alimentée par les populations.  Si c’est pour les marginalisés que l’on met en œuvre les objectifs de développement durable, ils doivent pouvoir contribuer aux efforts.  De plus en plus d’argent est consacré à la crise des réfugiés et de moins en moins au développement, a encore constaté Mme Nayar, qui a rappelé que les budgets de la défense n’ont jamais cessé d’augmenter.   

La coopération au développement est la seule politique qui permette de corriger les asymétries et les inégalités provoquées par les marchés, a estimé, M. JOSÉ ANTONIO ALONSO RODRÍGUEZ, Professeur d'économie appliquée à l’Université Complutense et membre du Comité des politiques de développement des Nations Unies.  Il faut passer de la simple APD au concept plus large de coopération pour le développement dont il faut encore définir le périmètre.  Il faut aussi des règles claires et respecter la marge de manœuvre des États pour développer leur propre stratégie de développement.

La question de la marge de manœuvre dans la formulation des politiques nationales a aussi été soulignée par M. JAIME MIRANDA, Vice-Ministre de la coopération au développement d’El Salvador, qui a expliqué que son pays avait d’abord cherché à « socialiser » les ODD.  Le Plan national de développement a été analysé pour vérifier sa concordance avec le Programme 2030, ce qui a supposé un examen attentif des capacités du système statistique.  El Salvador a établi un conseil national regroupant tous les acteurs concernés pour suivre la réalisation des objectifs de développement durable.  Pour le Vice-Ministre, la coopération au développement doit se concentrer sur l’appui aux changements structurels nécessaires pour mettre en œuvre le Programme 2030.

En la matière, il faut se souvenir de l’« indivisibilité » des objectifs du Programme, a commenté M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), en prévenant qu’il faudra non pas des milliards de dollars comme pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mais « des milliers de milliards de dollars ».  Il faut donc des partenariats entre tous les acteurs, dont le secteur privé.  Le système des Nations Unies peut apporter de nombreuses contributions, a poursuivi le Directeur du FNUAP, mais la première ressource des États, c’est leur population: 67% de la population africaine a moins de 35 ans. 

Les pays doivent investir dans cinq domaines: les services de base –santé, nutrition– en se concentrant sur les plus vulnérables, notamment les femmes et les filles; la collecte et l’analyse des données; les infrastructures, pour les rendre durables et résilientes; les institutions, qui doivent être fortes, y compris pour collecter l’impôt et attirer les investisseurs étrangers; et enfin la paix, a préconisé Mme MINH-THU PHAM, Directrice générale des politiques de la Fondation des Nations Unies.  Elle a avoué avoir l’impression « un peu décourageante » que le financement de la mise en œuvre des objectifs de développement durable avait tendance à devenir moins prioritaire.

Lors du débat, modéré par l’économiste et ancien Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, M. JOMO KWAME SUNDARAM, la représentante du Honduras est revenue sur les problèmes des pays à revenu intermédiaire et a réclamé des propositions sur l’appui du système des Nations Unies à ces pays, sur la base de règles qui ne sauraient se limiter au critère du revenu par habitant.  Celle du Ghana a insisté sur la marge de manœuvre des pays pour fixer leurs propres priorités car il n’existe pas de recette applicable à tous en matière de développement.  L’Union européenne, a confié son représentant, est en train de mettre au point sa nouvelle stratégie de coopération au développement qui aura en son centre l’appropriation nationale.

Son homologue de l’Afrique du Sud a, devant l’œuvre inachevée des OMD, a tout simplement douté de la capacité à mettre en œuvre les objectifs de développement durable à 2030.  Les pays ne sont pas tous confrontés aux mêmes difficultés, a rappelé le représentant d’Haïti où l’instabilité politique nuit à son développement, ne serait-ce que parce que l’appui budgétaire de la communauté internationale y a été suspendu, contraignant le pays à financer sur fonds propres les élections.  La seule aide extérieure venant du Venezuela, ce sont des millions de personnes qui risquent d’être « laissées sur le côté », a prévenu le représentant.

Table ronde 3: « Alignement de la coopération en matière de développement en vue de contribuer aux différents aspects du Programme 2030 »

L’intervenant principal, M. CHOI JONG-MOON, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a plaidé pour que la coopération en matière de développement tienne davantage compte de l’innovation que porte et promeut le secteur privé.  L’APD ne suffisant pas, il faut impliquer davantage le secteur privé.  Il a donc exhorté les gouvernements à élaborer des politiques favorables au secteur privé, reconnaissant aux pays en développement le droit de s’approprier leur propre développement et insistant sur le fait que c’est aux partenaires financiers de s’y adapter et pas le contraire.   

Il est impératif de mobiliser les partenaires, les financements, les projets et les connaissances dans un même élan pour assurer le développement durable, a commenté M. ADMASU NEBEBE, Directeur au Ministère des finances et du développement économique de l’Éthiopie.  Le pays, qui vient d’intégrer les objectifs de développement durable dans son nouveau Plan quinquennal de développement, a déjà procédé aux réformes institutionnelles nécessaires et défend l’idée que les ressources doivent être orientées en priorité vers les investissements à long terme.  

Les partenaires internationaux ont besoin de garanties, a reconnu M PALOUKI MASSINA, Secrétaire général du Gouvernement du Togo et membre du Comité d’experts des Nations Unies sur l’administration publique.  Au Togo aussi, a-t-il ainsi indiqué, une réforme institutionnelle a été menée pour fusionner les administrations de l’impôt et des douanes.  Pour améliorer le climat des affaires, le temps de création d’une entreprise est passé de 52 à 2 jours et la dette publique a été apurée.  En matière de coopération, le Togo insiste sur le transfert des technologies et le renforcement des compétences, avec l’idée de faire participer sa diaspora aux efforts de développement.

Les priorités de la coopération finlandaise, a expliqué Mme RIKKA LAATU, Directrice générale adjointe de la coopération au développement au Ministère des affaires étrangère de la Finlande, sont la promotion des droits des femmes et des filles; le renforcement des économies pour booster la création d’emplois; la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance; et la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et l’énergie, l’exploitation durable des ressources naturelles.  Le Gouvernement collabore avec les ONG qui ont des relais dans les pays bénéficiaires. 

Malgré le Brexit, je voudrais vous assurer que mon pays entend continuer de respecter l’engagement à consacrer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, a déclaré non sans humour M. MARTIN SHEARMAN (Royaume-Uni).  En novembre prochain, un document sur la nouvelle stratégie de la coopération internationale sera publié, dont le premier objectif devrait être l’éradication de la pauvreté, suivi par la paix et la sécurité, la bonne gouvernance et le renforcement de résilience aux crises, climatique ou sanitaire, comme avec l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, il y a deux ans.

Comment pouvons-nous parler de lutte contre les inégalités et continuer de discuter avec des pays qui confisquent les terres des plus démunis ou qui négocient des traités qui ne tiennent pas compte de l’intérêt général de leur population? s’est scandalisé M. ADRIANO CAMPOLINA, Président Directeur général d’« Action Aid ».  La seule manière de mettre fin aux inégalités est de répartir équitablement les fruits de la croissance, a-t-il dit, en dénonçant l’écart salarial entre hommes et femmes et appelant, pour y remédier, à des changements « structurels et systémiques » et à la lutte contre l’évasion fiscale.  Il faut davantage de redevabilité, non seulement envers les donateurs, mais d’abord et surtout envers les populations censées bénéficier de l’aide.    

Toutes les parties prenantes doivent avoir accès à l’information et les processus de prise de décisions doivent être inclusifs, a acquiescé M. MICHAEL O’NEILL, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  

Modérateur, M. DANNY SRISKANDARAJAH, Secrétaire général de « Civicus-World alliance for citizen Participation », a repris, à la fin du débat, une préoccupation partagée par la quasi-totalité des panélistes, à savoir qu’il est crucial d’avoir des données fiables pour de meilleures programmation et évaluation.

Table ronde 4: « Partenaires des pays du Sud pour la progression d’échanges de connaissances et la prévision de la contribution de la coopération Sud-Sud aux fins du développement durable »

Présidée par M. HÉCTOR ALEJANDRO PALMA CERNA (Honduras), Vice-Président de l’ECOSOC, et animée par Mme MARÍA EUGENIA CASAR, Directrice de l’Agence du développement et de la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères du Mexique, cette table ronde a été l’occasion d’entendre les acteurs de la coopération Sud-Sud expliquer comment ils peuvent contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030.  Au-delà des moyens, les intervenants ont estimé que les freins au développement étaient d’abord politiques et pour surmonter les problèmes, ils ont prôné la recherche de paramètres et d’indicateurs pour évaluer la qualité de leur coopération.     

M. RATHIN ROY, Directeur au Ministère des finances de l’Inde, a estimé que la coopération Sud-Sud est un moyen de « contourner » les insuffisances de l’APD dans, par exemple, l’élargissement de l’accès aux technologies.  Il a d’ailleurs salué l’initiative en la matière du « Centre Kofi Annan » pour la promotion de l’accès aux technologies dans les pays du Sud.  Tant qu’il y aura autant de « barrières », la question de l’accès aux moyens financiers et technologiques restera une question politique avant d’être une question de moyens, a-t-il insisté.        

La coopération Sud-Sud a un potentiel unique s’agissant du renforcement des capacités, a déclaré M. ABDIRAHMAN YUSUK A. AYNTE, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Somalie.  La diversité des modalités qu’offre cette coopération est une véritable chance pour développer des stratégies de développement multidimensionnelles, a commenté, à son tour, M. JOÃO ALMINO, Directeur de l’Agence brésilienne de la coopération (ABC).  Il a fustigé la tendance des pays développés à vouloir quantifier la coopération Sud-Sud, en se servant de critères conçus pour d’autres réalités.  Attardons-nous plutôt sur la qualité et la viabilité des résultats et cette session est un moment opportun pour vous annoncer qu’ABC célèbrera son trentième anniversaire en 2017 et le Plan d’action de Buenos Aires pour la coopération Sud-Sud, ses 40 ans, en 2018, a rappelé M. Almino, en estimant que ces étapes devraient être l’occasion d’obtenir de nouveaux engagements internationaux en faveur de cette coopération.     

Alors que de plus en plus de pays du Sud sont devenus des « exemples » de développement, M. JORGE CHEDIEK, Directeur du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, a vu l’occasion rêvée d’apprendre des uns et des autres s’agissant des investissements et de la croissance.     

Le représentant de l’Allemagne est revenu sur l’importance qu’il y a à quantifier toutes formes de contribution au développement durable.  Il s’est interrogé sur la pertinence du concept « pays du Sud », relevant que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale classent parmi les 25 pays au potentiel économique prometteur des membres du Groupe des 77 alors que des pays européens ne viennent qu’à la cinquantième place.  Le point commun de tous ces pays, a répondu M. RATHIN ROY, Directeur au Ministère indien des finances, est qu’ils font tous face à des problèmes de développement asymétrique.  

La coopération Sud-Sud, qui doit être rendue plus visible, selon le représentant de la Colombie, a été expliquée par son homologue du Venezuela comme « un outil d’intégration et de stratégie qui tient compte de l’indépendance de chacun ».  Le Programme « PetroCaribe » est un bon exemple de coopération Sud-Sud qui permet de fournir de l’énergie à 100 millions de personnes en Amérique latine et dans les Caraïbes.  La question qui se pose est celle du coût des transactions financières.

La coopération Sud-Sud doit intensifier le partage des meilleures pratiques, a estimé, à son tour, la représentante de la Thaïlande dont le pays entend faire une contribution de 520 000 dollars au Fonds d’affection spéciale Pérez de Cuéllar pour cette coopération.  Après avoir rappelé que des pays du Groupe du 77 ont des droits de propriété intellectuelle sur l’énergie solaire, le représentant de l’Union européenne a argué que la coopération Sud-Sud fait parfois obstacle au commerce.  La coopération ne doit pas se limiter aux gouvernements, elle doit aussi se faire entre villes, a plaidé le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT).   Dans cette coopération Sud-Sud, la démarche fondée sur les droits fait souvent défaut, a jugé la représentante du grand groupe des ONG, estimant qu’une appropriation démocratique de cette coopération Sud-Sud impose que l’on soit comptable de ses actes devant les bénéficiaires du développement.  Comme exemple de coopération Sud-Sud, le représentant de l’Algérie a dit que depuis 2010, son pays a contribué à la réduction de la dette de 16 pays pour un montant total de 1,6 milliard de dollars et parachevé la route transsaharienne jusqu’au Niger.  Il a aussi cité la coopération entre l’Algérie et le Fonds international de développement agricole (FIDA) pour promouvoir le partage des connaissances et le développement rural.  Comment faire pour que l’ECOSOC et le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud aident les pays du Sud à partager leur expérience en matière de coopération? s’est-il demandé.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum de haut niveau adopte une Déclaration ministérielle engageant les États à « ne laisser personne sur le côté » dans la mise en œuvre du Programme 2030

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
39e séance – matin & après-midi               
ECOSOC/6790

Le Forum de haut niveau adopte une Déclaration ministérielle engageant les États à « ne laisser personne sur le côté » dans la mise en œuvre du Programme 2030

À l’issue du tout premier Forum politique de haut niveau organisé depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en septembre dernier, les ministres et hauts représentants se sont engagés aujourd’hui à « ne laisser personne sur le côté » pendant la mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles agréés.

L’adoption sans vote de la Déclaration ministérielle a toutefois dû être précédée d’un vote, demandé par le Nicaragua, sur le paragraphe 19 qui « accueille avec satisfaction l’Accord de Paris sur le climat », conclu en décembre dernier, et rejeté par le Nicaragua au motif qu’il ne saurait contenir l’augmentation de la température terrestre.  Le paragraphe 19 a été maintenu par 141 voix, l’opposition du Nicaragua et les abstentions de l’Égypte, de la Fédération de Russie et du Myanmar.  L’Union européenne s’est dite déçue par ce « mauvais message » envoyé au monde. 

Nous nous engageons, déclarent les ministres et hauts représentants, dans le cadre des mesures prises pour ne pas faire de laissés-pour-compte, à faire porter notre action sur les domaines dans lesquels les obstacles sont les plus nombreux, notamment en veillant à associer les plus démunis aux activités que nous entreprenons.  Les ministres et hauts représentants rappellent que les personnes dont les besoins sont pris en compte dans le Programme 2030 sont les enfants, les adolescents, les jeunes, les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH/sida, les personnes âgées, les peuples autochtones, les réfugiés, les déplacés, les migrants et les personnes vivant dans des zones touchées par des situations d’urgence humanitaire ou dans des zones en proie à un conflit ou au terrorisme. 

Nous savons, disent-ils dans leur Déclaration de 23 paragraphes, que l’ampleur et la portée du Programme 2030 appellent un Partenariat mondial pour le développement durable revitalisé et renforcé, dans un esprit de solidarité mondiale.  La fourniture de moyens de mise en œuvre est indispensable dont les ressources financières, à la fois publiques et privées, les ressources nationales et internationales.  Nous savons, disent encore les ministres et hauts responsables, que les instances régionales et sous-régionales peuvent jouer un rôle important dans la mise en œuvre du Programme 2030, y compris pour ce qui est de son suivi et de son examen, notamment en promouvant l’apprentissage par les pairs et la coopération, y compris la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, et en aidant à établir des liens entre la mise en œuvre aux niveaux national et mondial.

La Déclaration ministérielle reprend le thème central de la réunion du Forum –« ne laisser personne sur le côté »- et les différentes questions examinées durant cette dernière semaine, marquée par une vingtaine de tables rondes, la présentation de 22 rapports nationaux de mise en œuvre et un Débat de haut niveau auquel ont participé plus de 100 représentants d’États, groupes régionaux et organisations internationales, dont de très nombreux ministres, de même que de nombreuses ONG.

Le premier rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable a été présenté, au cours de cette semaine, ainsi que le premier Rapport mondial sur le développement durable.  À ce propos, dans l’annexe de leur Déclaration ministérielle, les ministres et hauts représentants soulignent que le Rapport mondial est « un élément important du dispositif de suivi et d’examen du Programme 2030 ».  Ils disent tenir à ce que ce Rapport présente des preuves scientifiques et parce qu’il a une visée universelle, qu’il tienne également compte de la dimension régionale, ainsi que des pays ayant une situation particulière.

Les ministres et hauts responsables décident d’une périodicité de quatre ans pour un Rapport qui devrait s’appuyer sur les principes d’objectivité, d’indépendance, de transparence, d’ouverture, de diversité, d’excellence et d’intégrité scientifique et d’intérêt pratique.  Pour le rédiger, ils demandent donc la création d’un groupe de 15 scientifiques indépendants issus de divers milieux, disciplines scientifiques et institutions.  Pour chaque édition du Rapport, un nouveau groupe de scientifiques indépendants sera constitué par le Secrétaire général.  Le premier groupe commencera ses travaux d’ici à la fin de 2016.

Le Forum politique de haut niveau devra s’inspirer du Rapport mondial, qui mettra en évidence les liens entre science et politique générale et fournira aux décideurs un solide instrument fondé sur des données d’observation qui leur servira à promouvoir l’élimination de la pauvreté et le développement durable.  Le rapport sera mis à la disposition d’un large éventail de parties prenantes, y compris des entreprises, la société civile ainsi que le grand public.

Au cours de cette journée, neuf pays ont présenté leur rapport de mise en œuvre et une table ronde sur les « Perspectives pour l’avenir » a été organisée, alors que se clôturait le Débat de haut niveau.

Demain, jeudi 21 juillet, s’ouvrira à 9 heures la cinquième Réunion biennale de haut niveau du Forum pour la coopération en matière de développement.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Présentation, à titre volontaire, des rapports sur la mise en œuvre, au niveau national, du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Togo, Estonie, Philippines

M. KOMI SÉLOM KLASSOU, Premier Ministre du Togo, a affirmé que son pays avait en 2006, grâce à un consensus politique retrouvé, mis en œuvre des réformes qui ont fini par porter leurs fruits.  Le Togo a atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), permettant un important allégement de la dette extérieure, a-t-il dit, ajoutant que le PIB a augmenté de 5% par an en moyenne depuis cinq ans.

Grâce à la stratégie nationale de développement durable dont s’est doté le Togo pour la période 2013-2017, l’incidence de la pauvreté a été notablement réduite puisqu’elle est passée de 61,7% en 2006 à 55,1% en 2015.  Le Premier Ministre a précisé que le processus d’intégration des objectifs de développement durable dans les instruments de planification avait commencé dès 2012, le Togo ayant participé aux différentes phases de consultation sur la vision du développement post-2015.

Il a affirmé que le plan national de développement durable devrait être validé en décembre 2016, ajoutant que les orientations stratégiques de ce plan permettront de combler les insuffisances constatées au niveau des résultats des Objectifs du Millénaire pour le développement et de mieux ancrer la mise en œuvre des objectifs de développement durable en tenant compte des priorités nationales.

En attendant, le Gouvernement, avec l’appui technique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’est engagé dans un vaste programme d’urgence de développement communautaire qui vise à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables vivant dans des zones mal desservies par les services de base et à réduire les inégalités. 

S’agissant du financement, le Premier Ministre a insisté sur les réformes en vue d’une meilleure mobilisation des ressources fiscales, mentionnant la création en 2012 d’un office togolais des recettes regroupant en une seule entité les services de douanes et des impôts, soumis à un contrat de performance.  Grâce à cet office, la collecte de recettes fiscales est passée de 16% du PIB en 2013 à 20,2% du PIB en 2015, a-t-il dit.

Sur le plan externe, le Togo entend réfléchir, avec les autres pays de la région, aux moyens d’asseoir les mécanismes de financement et le captage de ressources appropriées et nécessaires.  Il a invité tous les partenaires à promouvoir un partenariat régional et mondial renforcé pour mobiliser les énergies et les ressources nécessaires à la mise en œuvre du Programme mondial.  Les États du monde doivent être davantage soutenus dans ladite mise en œuvre, a conclu le Premier Ministre.

M. HANNO PEVKUR, Ministre des affaires intérieures de l’Estonie, a indiqué que son pays était en pointe dans l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications, au point d’être qualifié parfois de « Cyber Estonie ».  « Mon pays a une expérience considérable dans le domaine du développement durable », a-t-il dit, ajoutant que l’Estonie a adopté un plan national il y a quelques années.

Le suivi est assuré par une Commission du développement durable qui a été créée en 1996.  Il a précisé que les indicateurs de développement étaient renouvelés périodiquement pour assurer la mise en œuvre du Programme.  Quatorze pour cent des indicateurs de développement durable sont disponibles à l’heure actuelle en Estonie, a-t-il affirmé.

Au titre des éléments positifs, il a dit que 95% des Estoniens déclaraient leurs impôts en ligne.  Une entreprise peut se créer en quelques clics, a-t-il affirmé.  Le Ministre a précisé que 10 000 résidents venant de plus de 100 pays disposaient d’une identité électronique.

S’agissant des actions prioritaires pour son pays, M. Pevkur a mentionné l’amélioration de la productivité, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la diminution des inégalités.  Les technologies de l’information et des communications sont un élément clef pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il affirmé, ajoutant que son pays était pionnier dans ce domaine.

Il a encouragé la promotion de l’innovation dans les secteurs clefs, tels que ceux des services.  Favorable à la solidarité internationale afin de réaliser le Programme, l’Estonie, qui a longtemps été bénéficiaire de l’aide étrangère, a augmenté son aide publique au développement, a affirmé le Ministre.  L’Estonie mène des projets dans 50 pays pour promouvoir la gouvernance électronique.

En conclusion, le Ministre a présenté une vidéo montrant l’incidence des technologies de l’information et des communications dans la vie quotidienne des Estoniens et dévoilant le slogan du pays : « positivement surprenant ».

Mme ROSEMARIE G. EDILLON, Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie nationale des Philippines, a tiré les enseignements de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, mentionnant en particulier la nécessité de disposer de données pour le suivi de la mise en œuvre et une meilleure répartition des responsabilités. 

« Mon pays a participé activement aux discussions sur la mise au point des indicateurs des objectifs de développement durable », a-t-elle dit, ajoutant que l’objectif était d’avoir des indicateurs adaptés à son pays.  Parmi les priorités des Philippines, elle a mentionné la réduction de la pauvreté, la promotion d’une gouvernance pour tous et une meilleure « durabilité environnementale ».  La croissance doit être vue comme pertinente pour tous afin que chacun ait intérêt à sa promotion, a poursuivi Mme Edillon.

Elle a souligné la nécessité d’identifier dès le début les moyens de mise en œuvre des objectifs de développement durable et précisé, à cet égard, que la collecte des recettes fiscales avait été améliorée dans son pays.  « Notre agence de collecte statistique œuvre à un renforcement de ses capacités », a-t-elle poursuivi.

Elle a indiqué qu’un mécanisme centralisé permettra de dessiner la vision à long terme des Philippines s’agissant de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Soixante pour cent des indicateurs mondiaux sont disponibles dans mon pays, a-t-elle affirmé, ajoutant que les Philippines éprouvaient des difficultés s’agissant des objectifs 6, 10, 12 et 14.

Mme Edillon a appelé de ses vœux un partenariat mondial en vue d’une meilleure collecte des données statistiques.  Nous devons changer la manière dont les gouvernements opèrent afin que personne ne soit laissé pour compte, a-t-elle affirmé.

Lors de la courte discussion qui a suivi les présentations de ces trois pays, la modératrice, Mme KATHY CALVIN, Présidente et Directrice exécutive de la Fondation des Nations Unies (FNU), a souligné l’importance des données pour l’élaboration d’indicateurs pertinents. 

De son côté, M. ADIL NAJAM, doyen de la Pardee School d’études mondiales de la Boston University, a demandé si les pays avaient l’impression de disposer de l’appui de la communauté internationale dans la mise en œuvre du Programme de développement.  M. ARVIND PANAGARIYA, Vice-Président de Niti Aayog en Inde, a, lui, estimé que l’Estonie était un exemple à suivre pour l’Inde. 

L’Inde, qui a 1,3 milliard d’habitants alors que l’Estonie en a 1,3 million, a des capacités énormes dans le secteur informatique, a commenté le Ministre estonien, ajoutant qu’il y a avait une pénurie d’experts informatiques dans son pays.  Il a précisé que l’objectif de l’Estonie était désormais d’accéder au même niveau de vie que la Norvège et la Finlande.

Répondant à une question du représentant du Luxembourg sur l’association de la société civile aux stratégies de mise en œuvre du Programme, M. Pevkur a précisé qu’il existait plusieurs organismes réunissant le Gouvernement et les acteurs de la société civile.  La petite taille de l’Estonie rend plus facile la communication, a-t-il dit.

Interrogé par le représentant de la Belgique sur la manière dont les Philippines comptaient réaliser l’objectif 13, sachant qu’elles ont annoncé qu’elles ne respecteraient pas certains engagements pris lors de la Conférence de Paris sur le climat, la Directrice générale adjointe de l’Autorité de l’économie nationale des Philippines a souligné que son pays misait sur la promotion des énergies renouvelables.  Dans ce domaine, les Philippines font mieux que le Japon et les États-Unis, a-t-elle fait observer.

Colombie, Égypte, France, Chine, Venezuela et République de Corée

« Nous avons appris sur le tas », a avoué M. SIMON GAVIRIA, Ministre de la planification nationale de la Colombie, en indiquant que son pays a créé en février 2015 une Commission nationale de haut niveau chargée d’avaliser la mise en œuvre des objectifs de développement durable et organisé 33 dialogues sectoriels pour avancer sur la question.  « Nous établissons des matrices qui permettent d’expliquer au secteur privé, aux universités et à la société civile la contribution que l’on attend d’eux », a-t-il dit.

Distinguant les différents types de cibles associés aux 17 ODD, il a précisé que les autorités nationales ont une responsabilité particulière sur 135 cibles.  Il a précisé que 34 cibles nécessitent une démarche multilatérale, 88, un dialogue avec le secteur privé et 110, l’appropriation sous-nationale et locale.  Le travail consistera aussi à ventiler les données pour comprendre comment les choses fonctionnent par catégorie.  Nous avons un Bureau national des statistiques mais il nous faut des bureaux locaux, a admis le Ministre.  M. Gaviria a par exemple expliqué que les démarches initiées dans le contexte de la mise en œuvre des ODD ont permis de quantifier la production des déchets et de découvrir que la Colombie gaspille 34% de ses ressources alimentaires.  Fort de ce constat, le Congrès a promulgué des lois contre le gaspillage.

Il est indispensable de comprendre les liens entre les différentes cibles des ODD et de les connecter à l’Accord de Paris sur le climat.  Le Ministre a conclu en estimant que le processus de paix en cours est une occasion « unique » de parvenir, pour la première fois depuis 30 ans, à un environnement de paix, « déterminant » pour gagner la bataille du développement durable. 

Réagissant à une intervention du représentant de l’ONG « Together 2030 » sur la nécessité de garantir la participation de tous les segments de la société à la mise en œuvre des ODD, le Ministre colombien a répondu que la priorité est de disposer d’un cadre réglementaire clair et d’une approche pragmatique pour susciter l’intérêt des entreprises et des citoyens.  Commentant les interventions des représentants de la Norvège et de l’Espagne sur les défis de la mise en œuvre des ODD dans le contexte du processus de paix en cours, il a souligné que les ODD doivent être l’occasion de garantir sur l’ensemble du territoire l’égalité devant le développement, « meilleur gage » d’une paix durable.  

Mme SAHAR NASR, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, a indiqué que son pays a mis en place une stratégie appelée « Vision 2030 » reposant sur un programme exhaustif élaboré en collaboration avec la société civile, le secteur privé, les universités et les collectivités locales.  L’Égypte est dans une période de transition « historique », après les soulèvements populaires de 2011 et 2014.  Le pays veut favoriser une approche participative et inclusive pour que tous les segments de la société s’approprient le processus de développement durable. 

Pour la Ministre, les trois éléments essentiels pour le développement durable sont la création d’emplois pour les jeunes par un soutien aux PME, « principaux moteurs de la croissance »; le développement des infrastructures notamment dans le domaine de l’énergie et des transports, l’objectif étant de parvenir à 20% d’énergie renouvelable à l’horizon 2022.  Quelque 3 500 kilomètres de route viennent d’être construits.  La Ministre a aussi cité les logements, « essentiels » pour le bien-être social.  Le pays vient d’ailleurs de lancer un programme de logements sociaux en faveur de 3,6 millions de personnes. 

Au-delà des objectifs spécifiques, la Ministre a mis l’accent sur le caractère « transversal » de l’objectif de la parité entre les sexes, essentiel pour relever les principaux défis que sont la lutte contre la pauvreté et les inégalités.  L’autre défi, a souligné la Ministre, sont les capacités de mise en œuvre.  Si la responsabilité première du développement durable relève des gouvernements, l’aide internationale et les investissements privés sont incontournables.

 Vous pouvez être assurée de notre soutien pour le financement des capacités, en particulier les infrastructures d’énergie renouvelable, a promis le représentant de la Banque mondiale qui s’est proposé d’envoyer une équipe en Égypte.

Mme SÉGOLÈNE ROYAL, Ministre de l’environnement, de l’énergie et des affaires maritimes de la France, a déclaré que l’Accord de Paris sur le climat est « la locomotive » des objectifs de développement durable.  Le préambule de l’Accord comprend d’ailleurs plusieurs objectifs de développement durable dont les droits de l’homme, y compris ceux des peuples autochtones, le droit à la santé, le droit des migrants, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations.

En tant que Présidente de la vingt et unième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-21), elle s’est particulièrement réjouie que les océans et la protection de la biodiversité aient enfin été intégrés aux négociations climatiques.  Les océans ont été longtemps écartés des négociations climatiques car ils n’étaient pas considérés comme des zones habitées.  Cette situation était d’autant plus anachronique que 70% de la population mondiale dépend des océans pour leur alimentation et que les océans sont les premières victimes des dérèglements climatiques.  

Mme Ségolène Royal a parlé de la création d’une Agence nationale de la biodiversité et des actions de transition énergétique.  Elle a mis l’accent sur l’articulation entre le local, le national et le global, en citant l’identification en France de 400 territoires à « énergie positive ».  Mais pour elle, l’objectif de développement durable le plus important est celui de l’éducation et de la formation des jeunes, car « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».  Mme Royal a estimé que nous ne résoudrons pas les questions du climat et du développement sans l’autonomisation des femmes et la parité entre les sexes. 

Elle n’a pas pour autant ignoré l’importance de la démocratie, de l’innovation et de la lutte contre les injustices pour réaliser le développement durable avant de conclure par une citation de Gandhi: « La terre fournit assez pour répondre aux besoins de tous les hommes mais pas assez pour satisfaire la cupidité de chacun ». 

Répondant à une question du représentant de la Chine sur les liens entre l’Accord de Paris et le Programme 2030, la Ministre de l’environnement de la France a estimé que ce lien était l’alimentation et donc la lutte contre la faim – objectif 2 du Programme.  La sécurité alimentaire, s’est-elle expliquée, est une des clefs du bien-être, pilier social du développement durable.  Or elle est particulièrement menacée par le réchauffement climatique qui assèche les rendements agricoles et l’eau potable.  Quant à la représentante du grand groupe des femmes qui a jugé insuffisante la participation de la société civile au Processus français d’examen de la mise en œuvre des ODD, Mme Royal a rappelé que ce Processus avait reçu 500 contributions de la société civile.  Elle a tout de même reconnu qu’il faut progresser et renforcer encore cette participation.  S’agissant de l’aide au développement, la Ministre a rappelé le lancement d’une « Coalition des 10 milliards » pour la promotion des énergies renouvelables en Afrique, dont 2 milliards viendront de la France. 

M. LI BAODONG, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a indiqué que le treizième Plan quinquennal de son pays est axé sur la mise en œuvre « active » du Programme 2030, autour des concepts d’innovation, de coordination, de respect de l’environnement, d’ouverture et de bénéfices partagés.  Un mécanisme de coordination composé d’une douzaine d’agences gouvernementales est chargé de la mise en œuvre du Programme.  M. Li a mentionné les objectifs principaux de son pays pour les cinq prochaines années: faire sortir de la pauvreté plus de 55 millions de personnes vivant en milieu rural, doubler le revenu par habitant en milieux urbain et rural, créer 50 millions de nouveaux emplois en milieu urbain, rénover 20 millions d’unités de logement dans les zones urbaines défavorisées et réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre de 15 et 18%.  Ces objectifs, que M. Li a rassemblés sous le terme de « moisson précoce », guideront nos efforts pour parvenir au développement durable.

La bonne mise en œuvre du Programme dépendra des partenariats « pragmatiques et efficaces », au sein desquels les partenaires travaillent sur un pied d’égalité dans un contrat « gagnant-gagnant », a-t-il dit.  Le Vice-Ministre a indiqué que le Fonds ONU-Chine pour la paix et le développement vient d’être créé et rappelé que son pays, qui préside actuellement le G20, a placé le développement au cœur des efforts de cette organisation.  Pour la première fois et grâce à l’impulsion de la Chine, le G20 va intégrer le développement durable dans son cadre de politique macroéconomique, formuler un plan d’action sur la mise en œuvre du Programme et s’emparer du nouveau sujet qu’est le soutien à l’industrialisation des pays africains et des PMA, a affirmé M. Li. 

Il a précisé que le projet de plan d’action du G20 pour la mise en œuvre du Programme 2030 a reçu un large soutien des membres du G20, témoignant de la volonté du Groupe de servir de modèle.  Le Vice-Ministre a espéré que les principales puissances économiques, par leurs actions collectives et individuelles, apporteront leur concours.  Il n’a pas oublié d’insister sur « le rôle central » de l’ONU pour la mise en œuvre du Programme 2030.

Après avoir souligné les attentes du monde par rapport aux initiatives de la Chine contre le réchauffement climatique, la représentante de la France s’est demandé comment la Chine, championne de la coopération Sud-Sud, va intégrer le climat dans cette forme de coopération.  Répondant à une intervention du représentant du Pakistan, le Ministre chinois a indiqué que 70 pays et organisations internationales ont exprimé la volonté de participer à l’initiative « Route de la Soie » lancée par la Chine en 2013.

M. RICARDO JOSÉ MENÉNDEZ, Vice-Président chargé de la planification et des connaissances du Venezuela, a dit que pour son pays, la priorité est de faire en sorte que « l’oligarchie » n’exploite plus les ressources nationales aux dépens des intérêts du peuple.  Il a appelé au respect de la souveraineté du Venezuela qui s’emploie à diversifier son économie pour diminuer la dépendance au pétrole.  La chute des prix pétroliers est ainsi perçue comme une « chance » de se focaliser sur un développement économique et social durable, un véritable « écosocialisme ».  Notre programme de développement comprend 649 objectifs généraux pour lesquels une commission de statistiques a été créée ainsi qu’un observatoire chargé du suivi.  Le Président a créé cinq vice-présidences structurelles dont la vice-présidence chargée de la planification et des connaissances.  Des conseils populaires ont aussi été créés pour favoriser la participation de tous les segments de la société.  Après avoir mentionné la création du « comité d’approvisionnement » et dénoncé la spéculation sur les produits alimentaires, le Vice-Président a dénoncé les perturbations dont est victime l’économie vénézuélienne, dont la vente de dollars au marché noir et la contrebande de marchandises.  « Si vous voulez le développement durable, il faut la paix durable et pour avoir la paix durable, il faut mettre fin à la tentative de certains pays de s’approprier les terres et les ressources des autres », a prévenu M. Ricardo José Menéndez qui a aussi souligné qu’un des principaux objectif du programme économique triennal est de parvenir à « Zéro pauvreté et zéro faim ».  Il a également insisté sur le droit de tous à l’éducation et à la santé gratuites. 

Répondant à une question de la représentante du grand groupe des jeunes qui s’est interrogé sur la faculté du Venezuela d’atteindre l’objectif « Zéro faim en 2019 », compte tenu de la crise alimentaire, le Ministre a invité tous ceux qui doutent à venir sur place voir ce qui se passe.   Le Venezuela est victime d’une guerre économique liée à l’appétit d’autres pays pour ses réserves pétrolières. 

M. JONG-MOON CHOI (République de Corée) a rappelé que son pays est souvent cité comme « le bon exemple » du développement économique, compte tenu des transformations « fondamentales » opérées ces 50 dernières années.  Mais aujourd’hui, le pays fait face au ralentissement de sa croissance économique qui devrait stagner à 2,5% par an, sans compter que la polarisation de la société s’est aggravée et que l’écart salarial et l’instabilité de la classe moyenne ne cessent de tirer sur le tissu social.  La polarisation régionale est aussi un danger: la moitié de la population coréenne vit à Séoul et les fossés économiques, culturels et sociaux doivent encore être comblés.  

Les changements démographiques sont un autre problème, avec un taux de fertilité de 1,2 -soit le plus bas des 28 membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)-, alors que le pays vieillit rapidement.  Près de 13% de la population est âgée de plus de 65 ans, faisant craindre une crise de la main-d’œuvre et des pressions sur les systèmes de protection sociale et fiscal. 

Aujourd’hui tous les 22 ministères coréens ont des mandats directement ou indirectement liés à la mise en œuvre du Programme 2030, d’où la nécessité d’une franche coopération.  Trois commissions et comités gouvernementaux coordonnent les politiques et plans des différents ministères et autres parties prenantes.  Le Comité sur la coopération au développement international coordonne les politiques liées à l’aide publique au développement (APD).  La Commission présidentielle sur la croissance verte promeut un développement à faible émission de carbone et les technologies et l’industrie vertes.  La Commission du développement durable est en charge de l’élaboration d’un plan fondamental quinquennal et d’un document d’évaluation bisannuel.  Toutes ces institutions et cadres juridiques ont été mis en place avant l’adoption du Programme 2030. 

Avec ce Programme, le Gouvernement a jugé bon d’élaborer un autre plan de développement durable, en janvier dernier, lequel a quatre objectifs: la protection de l’environnement, la sécurité humaine, une économie créative et inclusive et la responsabilité internationale.  Quelque 50 tâches ont été assignées en relation avec les 169 cibles du Programme 2030.  Entretemps, le Bureau national des statistiques et les ministères concernés mettent en place les indicateurs nécessaires à la ventilation et à la fiabilité des données.  Au-delà du plan, des dizaines de politiques, de lois et de plans ont été créés pour la mise en œuvre du Programme 2030. 

S’agissant des partenariats multipartites, le représentant a parlé du Réseau coréen de la société civile pour les ODD.  Il a aussi parlé du secteur privé, engin de la croissance économique.  Maintenant que de plus de plus d’entreprises incorporent la viabilité et la responsabilité citoyenne à leurs pratiques, le potentiel du partenariat public-privé est encore plus grand.  Le rôle des médias ne doit pas non plus être oublié car il est important pour la sensibilisation de l’opinion publique. 

Quant au partenariat international, 1997, a souligné le représentant, a été un grand tournant pour l’histoire de l’APD en République de Corée qui est devenue à cette date un contributeur net.  Ces 50 dernières années, ce sont 12 milliards de dollars qui ont été versés, le peuple coréen étant heureux du devoir de donner plus que ce qu’il a reçu de la communauté internationale.  Aujourd’hui, le pays est le quatorzième grand contributeur d’APD à l’OCDE.  L’APD est passée à 0,14% du PNB et l’objectif est d’arriver à 0,2% en 2020 et à 0,3% en 2030. 

« Choisir et cibler », c’est la philosophie nationale.  Le pays a donc sélectionné 24 pays partenaires principalement en Asie et en Afrique, se concentrant sur les domaines de l’éducation, de la santé, de la science, de la technologie et du développement durable, des domaines dans lesquels la République de Corée a des avantages comparatifs.  La Présidente vient d’ailleurs d’annoncer des initiatives pour la coopération au développement qui couvrent tous ces domaines: « Better Life for Girls », « Safe Life for All », « Science, Technology and Innovation for Better Life » et « New Rural Development Paradigm » lequel est un descendant du mouvement unique de développement rural des années 70, « Saemaul Undong ».  En toutes choses, le test final sera la mise en œuvre, a conclu le représentant.

L’implication des 22 ministères coréens a-t-il été difficile à mettre en place? s’est interrogé le représentant du Réseau coréen de la société civile.  Chaque ministère, a concédé le représentant, a sa propre perspective.  La tâche prioritaire est donc d’assurer la coordination.

Table ronde:« Perspectives pour l’avenir (projections, scénarios et problématiques nouvelles et émergentes) »

L’animatrice de cette table ronde, Mme IRINA BOKOVA, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a d’emblée déclaré que la science, la technologie et les innovations sont des moyens cruciaux pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a ajouté qu’il fallait, dans ce contexte, établir des liens étroits entre décideurs et scientifiques, sachant que ces deux groupes ne parlent pas souvent le même langage, et c’est là qu’intervient l’UNESCO pour vulgariser la science.

M. SIMON GAVIRIA, Ministre de la planification nationale de la Colombie, a axé son propos sur l’urbanisation.  Prenant exemple sur le cas de la Colombie, il a indiqué que les infrastructures de communication et la connectivité sont au cœur d’une urbanisation souple et contrôlée.  Il a en effet expliqué que la connexion entre les zones rurales et zones urbaines permettrait une meilleure circulation des produits agricoles.  De ce fait, il faut résoudre les problèmes des villes, tels que l’assainissement ou l’approvisionnement en eau, d’autant que les perspectives d’avenir prédisent que ce sont les villes qui seront plus à même de créer des emplois et de susciter la création des richesses.

M. EDGAR GUTIÉRREZ ESPELETA, Ministre de l’environnement et de l’énergie du Costa Rica, et Président de la deuxième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA), a parlé de son côté de la nécessité de réduire le gaspillage de nourriture en adoptant des modes de production et de consommation plus durables.  Il a également appelé au renforcement de la résilience en cas de catastrophe, notamment au vu de l’ampleur que prendront les phénomènes extrêmes causés par les changements climatiques.  Il a déploré, dans ce contexte, que le droit à un environnement sain ne soit pas consacré, du moins à l’échelle internationale, par une convention ou tout autre instrument juridiquement contraignant.

Il a également plaidé pour le renforcement du partenariat entre la science et le politique, se targuant d’en parler avec une légitimité que lui confère son appartenance aux deux mondes, vu qu’il est également professeur d’université.  Il a en outre plaidé pour des relations plus étroites entre les diverses agences des Nations Unies dans le domaine de la promotion de la science et de l’innovation.

Mme FUMIKO KASUGA, Directrice de « Future Earth Global Hub » (Japon), chercheuse à l’Institut national pour les études environnementales et Professeur invitée de l’Université de Tokyo, est aussi revenue sur l’importance du partenariat entre la science et la classe politique.  Elle a pris en exemple la ville de Yokkaichi au Japon où la pollution atmosphérique chronique, d’il y a 50 ans, a été vaincue grâce à la collaboration entre les scientifiques et les politiques et l’implication de la société civile.  Ce modèle de partenariat à succès pourrait fort opportunément être exporté vers des pays en développement.

La science doit être à la base de toute initiative de développement, et les scientifiques doivent être disposés à y contribuer dans la neutralité, a-t-elle proposé.  Elle a expliqué que « Future Earth Global Hub » entend créer des partenariats entre les milieux de la recherche et de la politique.  C’est pourquoi un réseau de plus de 50 000 chercheurs dans le monde entier est engagé dans des travaux liés aux objectifs de développement durable.  Le « Hub » a établi un rapport qui recense les domaines majeurs de la recherche susceptibles d’appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.   

M. STEWART LOCKIE, Directeur du « Cairns Institute » à l’Université James Cook en Australie, s’est inquiété des perspectives et des projections qui montrent que d’ici à 2050, plus de la moitié de la population mondiale et les deux tiers des enfants du monde vivront sous les tropiques, alors que la lutte contre la pauvreté est précisément moins efficace dans cette partie du globe.  La réalisation des objectifs de développement durable nécessite une compréhension particulière des relations entre les changements dans les domaines environnemental, social et économique.  Les investissements dans la science et la technologie doivent refléter les caractéristiques uniques et les besoins de tous les écosystèmes climatiques.  Le Directeur a justifié cette assertion, en faisant observer que les régions tropicales ne représentent que 5% du total des sommes investies dans la recherche et le développement.

M. Lockie s’est demandé comment aider les écosystèmes à s’adapter aux changements, arguant que le concept d’« adaptation assistée » semble être la solution.  Il a de ce fait plaidé pour l’intégration de la technologie dans des systèmes de production favorables à l’écologie et à l’intégration sociale.

M. NEBOJSA NAKICENOVIC, Directeur adjoint de l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués de l’Autriche, a relevé que les émissions de gaz carbonique ont déjà causé l’augmentation de la température terrestre de 1ºC.  Pour préserver les chances de développement, il faudra, a-t-il préconisé, prendre des solutions radicales mais réalisables.  Il a prédit qu’en 50 ans, l’humanité peut changer beaucoup de choses.  Il a montré une image juxtaposant deux clichés d’une rue de la ville de New York en 1900 et en 1913.  Sur la deuxième photo, les chevaux ont été remplacés par des véhicules à moteur, témoignant ainsi de la capacité d’innovation de l’homme.  Dans cette volonté d’innovation scientifique, il ne faut pas privilégier certains objectifs de développement durable au détriment des autres.

Il ne faut pas non plus croire, a renchéri le représentant de Sri Lanka, que le développement durable peut se faire en vase clos, car « dans ce monde globalisé, aucun pays ne peut s’engager seul vers l’innovation car nous partageons les mêmes richesses ».

Les représentants du grand groupe des jeunes, du secteur privé et des ONG ont ensuite plaidé pour leur implication dans tous les processus intergouvernementaux.  La représentante du grand groupe des ONG a même précisé que le grand défi pour la société civile est tout simplement d’être là où son avenir est discuté, en particulier les personnes handicapées.  Sans le respect du droit à la participation, on ne pourra pas « ne laisser personne sur le côté ».

Par ailleurs, la représentante de « Together 2030 » a souligné le besoin d’agir pour réduire les conséquences d’El Niño sur les populations des trois continents touchés.  Les plus vulnérables vont continuer à être les plus affectés, notamment les enfants qui sont exposés au décrochage scolaire en cas de catastrophe climatique.  Celle de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a regretté que l’on parle des perspectives d’avenir alors que quatre milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’Internet, d’où l’importance de la connectivité pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.    

Débat général

Libye (à paraitre demain)

M. AMIR MUHAREMI (Croatie) a dit qu’un leadership intelligent était nécessaire pour relever les défis émergents de la mise en œuvre du Programme 2030 laquelle nécessitera un environnement propice.  Au plan national, la Croatie accorde une place particulière à l’autonomisation des femmes et des filles et à l’emploi des jeunes.  L’histoire l’a dotée d’une « expérience mixte » de conflits et de redressement.  La Croatie est donc habituée au changement.  Nous avons, a affirmé le représentant, un niveau élevé d’intégration et en matière de coopération internationale, compte tenu de la modestie de son économie, la Croatie se concentre sur les petites contributions qui peuvent faire la différence notamment dans la prévention de conflit. 

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé que l’une des leçons apprises des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est qu’il faut dépasser les clivages, travailler de manière intégrée et créer des synergies.  Le Luxembourg a ainsi créé une commission interdépartementale qui travaille activement à la mise en place d’un cadre national pour mettre en œuvre les 17 objectifs de développement durable.  Le pays salue, dans ce contexte, l’adoption par la Commission de statistiques du nouveau cadre mondial d’indicateurs.  L’égalité des sexes et la promotion de la condition de la femme et des jeunes filles, le respect des droits de l’enfant et la reconnaissance du rôle spécifique des enfants et des jeunes en tant qu’acteurs du changement doivent être au centre de notre réflexion et de notre action si nous voulons faire en sorte que nul ne soit laissé pour compte, a poursuivi la représentante. 

Assurer un travail décent pour tous, réduire les inégalités sociales et améliorer la situation des plus vulnérables, tout comme garantir un accès universel à la santé, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs, sont d’autres secteurs essentiels de la coopération au développement du Luxembourg.  La représentante a insisté sur la transversalité des efforts pour sauvegarder l’environnement et la biodiversité, et sur la lutte contre le réchauffement climatique.  Le Luxembourg, a-t-elle dit, est fier de compter parmi les sept pays qui consacrent au moins 0,7% de leur RNB à l’aide publique au développement (APD) un catalyseur et levier pour des financements supplémentaires en faveur de la lutte contre la pauvreté et la faim, objectif premier du Programme 2030, a souligné la représentante. 

M. THOMAS SILBERHOM, Secrétaire d’État parlementaire du Ministère fédéral de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a insisté sur les vulnérabilités des pays postconflit et rappelé que les inégalités entre les pays ne faisaient que s’accroître.  Il a détaillé les efforts de son pays pour remédier à cet état de fait, rappelant que l’Allemagne copréside le Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement.  Le représentant a aussi fait part des efforts de son pays s’agissant de la crise des réfugiés, avant d’en venir au défi des changements climatiques.  Protéger l’environnement, c’est protéger les pauvres », a-t-il dit, ajoutant que son pays allait doubler sa contribution laquelle va passer de 2 à 4 milliards par an.  Notre coopération en matière de développement sera importante, a-t-il assuré.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a jugé important de poursuivre l’œuvre inachevée des OMD et de remédier aux défis mondiaux les plus pressants, tels que les changements climatiques et la persistance des conflits.  La paix est l’arme la plus importante pour le développement, a-t-il dit, citant Nelson Mandela.  Les efforts de mise en œuvre du Programme 2030 doivent aller de pair avec les efforts de reconstruction des pays postconflit. Le représentant a détaillé le Plan sud-africain de mise en œuvre du Programme 2030, « un plan de notre peuple, pour notre peuple et par notre peuple », visant à créer une société sans discrimination où personne n’est laissé sur le côté.  Il a souligné le défi essentiel de l’innovation pour promouvoir la croissance et lutter contre les conséquences des changements climatiques.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a déclaré que le Gouvernement se prépare à élaborer les indicateurs nationaux pour commencer la mise en œuvre du Programme 2030 avant la fin de cette année 2016, grâce à un plan de développement « holistique et ambitieux ».  Dans cette optique, il a mis l’accent sur le partenariat public-privé et sur le respect des principes démocratiques.  Il a souligné dans ce contexte que l’agression russe ne vise qu’une chose: démanteler la démocratie ukrainienne ».  Cette agression va à l’encontre de l’évidence selon laquelle « il n’y a pas de développement durable sans paix durable ».

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a dit que son pays a déjà commencé la mise en œuvre du Programme 2030, le Gouvernement ayant créé une plateforme d’action fondé sur un partenariat public-privé, et une stratégie nationale de développement.  Un groupe de travail interministériel aidé par la société civile a été lancé, ainsi qu’un programme 2016-2019 et un système national pour harmoniser les données publiques et privées.  À ce propos, des indicateurs sont en train d’être élaborés avec la participation de la société civile.  Les municipalités ont d’ailleurs été encouragées à publier une liste d’engagements dont le suivi sera assuré par un institut créé spécialement à cette fin.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a dit que son pays avait établi un mécanisme interministériel pour garantir la participation de toutes les parties prenantes, aux plans local et national, à la mise en œuvre du Programme 2030.  Des ressources conséquentes vont être débloquées pour que les stratégies adéquates soient appliquées et pour améliorer la collecte des données statistiques.  Ces cinq prochaines années, la Jamaïque va réviser ses politiques s’agissant de la pauvreté, des changements climatiques, des jeunes et des personnes âgées.  Sur le plan régional, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont décidé de créer un forum régional sur le développement durable, sous les auspices de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), pour assurer le suivi des efforts.  L’un des défis les plus pressants pour les petits États insulaires en développement est l’amélioration de la collecte des données statistiques.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a insisté sur les défis que doit relever la Syrie, en particulier le terrorisme méthodique perpétré par Daech et le Front el-Nosra, « groupes qui sont soutenus par beaucoup de pays de la région ».  Il a indiqué que la tâche de ne laisser personne sur le côté n’est pas facilitée par les mesures coercitives prises contre la Syrie.  Pour le représentant, l’occupation étrangère est l’un des principaux obstacles au développement durable, de même que l’ingérence dans les affaires intérieures des pays ou encore la discrimination contre les réfugiés.  Il a appelé au renforcement de la coopération internationale, sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée, les pays développés devant aider les pays en développement.  Le représentant a insisté sur la nécessité d’éviter de politiser l’aide au développement.

M. ION JINGA (Roumanie) a détaillé les priorités de son gouvernement: la nécessité d’une appropriation nationale forte et d’un leadership fort, la bonne gouvernance et la réduction des inégalités et la création d’un comité interministériel chargé de la mise en œuvre globale des ODD.  Le représentant a reconnu l’importance de la société civile, du secteur privé et des médias ainsi que du Parlement, lequel a d’ailleurs adopté une loi sur les ODD et sur la promotion de la paix et d’une société démocratique.  Il a souligné le défi de la mobilisation des ressources financières lesquelles existent mais qu’il faut orienter vers les programmes en faveur des plus pauvres et de la protection de l’environnement.

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a reconnu que les avancées ont été faibles s’agissant des OMD car ils ne correspondaient pas aux priorités nationales.  L’État a donc repris l’initiative en élaborant un plan national de développement qui associe les différents éléments des ODD.  Ce plan est l’émanation d’une alliance avec le secteur privé et la société civile qui ne cessent d’apporter leur contribution et de veiller à ce que les institutions publiques fassent leur travail de mise en œuvre du Programme 2030.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a rappelé que 1% des personnes dans le monde sont plus riches que tous les 99% restants, 50% de la population mondiale étant paupérisée.  Le délégué a insisté sur l’engagement de son pays à créer une société juste, démocratique et viable, conformément au Programme 2030.  S’agissant du suivi, il a souligné l’importance d’une vision claire et d’un système de collecte et d’analyse des données efficace.  « L’injustice dans le monde ne découle pas d’une insuffisance de ressources mais du problème politique de leur répartition », a conclu le délégué.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a dit que la stratégie à l’horizon 2050 de son pays a pour objectif de rejoindre le G20.  Malgré la crise, le pays va élaborer une stratégie de mise en œuvre du Programme 2030 pour améliorer le fonctionnement des institutions publiques, promouvoir l’état de droit et la bonne gouvernance et renforcer le système de santé.  Les dépenses sociales ont déjà triplé, a affirmé le représentant, indiquant que l’un des autres axes est le renforcement des infrastructures routières.  Il a invité tous les États à participer à « Expo 2017 » sur « l’énergie du futur ».

Il a suggéré au Forum de haut niveau de jouer un rôle plus affirmé dans la mise en œuvre des ODD et proposé que l’ECOSOC soit transformé en un « Conseil du développement durable », réunissant États Membres et chefs des agences spécialisées de l’ONU.  Ce conseil serait un « régulateur mondial » lançant des projets pour promouvoir la croissance économique dans le monde.  Le Président du Kazakhstan a également proposé que chaque pays consacre 1% de son budget de la défense au Fonds onusien pour le développement durable, a-t-il conclu.

M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a déclaré que les indicateurs élaborés par son gouvernement s’alignent avec les ODD dont la réalisation nécessite une approche holistique et intégrée.  Le Gouvernement s’engage à mieux coordonner son action et à faciliter les activités des plaidoyers de la société civile.  Le représentant a tenu à souligner l’importance des jeunes pour la réalisation du Programme 2030 et au niveau international, il a indiqué que la priorité de l’Irlande est l’éradication de la pauvreté en Afrique subsaharienne.  L’Irlande fait en sorte que 50% de son APD aille aux pays les pauvres.

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a dit qu’il faut veiller à la cohérence aux niveaux national, international et local dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Les défis du Népal sont notamment l’isolement géographique, le manque d’énergie et les faiblesses technologiques.  Le pays a d’importants besoins d’infrastructures pour son désenclavement et son commerce.  Son approche du développement est basée sur les droits de l’homme, les autres défis les plus urgents étant la reconstruction après le séisme de l’année dernière, l’accès aux technologies et l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Le tremblement de terre a fait reculer le pays d’un an. 

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a mentionné plusieurs citations attribuées par un livre au Chevalier du Jedi du film « la guerre des étoiles », dont celle-ci: « il faut prêter plus d’attention à ceux qui ne sont pas d’accord avec vous qu’a ceux qui le sont ».  Il a salué les pays qui se sont portés volontaires pour présenter leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030.  Il n’y a pas de paix sans développement et pas de développement sans paix, a insisté le représentant.  La Slovaquie est prête à jouer son rôle dans la mise en œuvre du Programme 2030 et espère présenter son propre rapport dans quelques mois.  La Slovaquie, qui préside l’Union européenne, va faire des questions multilatérales la priorité de son mandat.  Tous les pays doivent pouvoir recevoir l’aide dont ils ont besoin pour mettre en œuvre le Programme 2030. « Que la force soit avec nous », a conclu le représentant.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) s’est vanté de la décision « ambitieuse » de son pays de changer de paradigme dans la « Stratégie nationale pour un développement durable responsable » lequel est centré sur la population et la stabilisation.  Pour la première fois de son histoire, le pays a adopté une loi sur « le suivi de la responsabilité » qui établit un cadre national de planification incluant les ODD qui sont d’ailleurs dans un processus de « localisation ».  La loi lie aussi les budgets annuels aux priorités du développement, renforce le cadre des services publics et offre un cadre de suivi et d’évaluation.  Il s’agit maintenant de rationaliser l’agenda du développement, d’améliorer les capacités, les infrastructures et les mécanismes de collecte des données, de renforcer les mécanismes de coordination et d’examen et de consolider les partenariats multipartites.  Le renforcement des capacités humaines et institutionnelles étant la clef, le pays vient d’introduire dans les universités un cursus sur le développement durable.

M. JOSEPH TEO (Singapour) a affirmé que le développement durable est un élément « intrinsèque » de l’histoire du développement de son pays.  Ville-État de 719 km2 dotée de très peu de ressources, Singapour a reconnu très tôt qu’une économie compétitive, un niveau de vie élevé et un environnement viable sont des parties complémentaires du cycle vertueux du développement.  En célébrant l’année dernière ses 50 ans d’indépendance, le pays a renouvelé son engagement en faveur du développement durable dans son « Sustainable Singapore Blueprint 2015 » qui « parle directement » au Programme 2030 et à son principe de « ne laisser personne sur le côté ». 

À ce propos, le représentant s’est félicité de ce que ce Programme reconnaisse les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires qui d’ailleurs représentent plus de la moitié des États Membres de l’ONU.  Leurs points de vue et leurs préoccupations doivent donc dûment être reflétés dans la mise en œuvre, le suivi et l’examen des objectifs de développement durable.  Le représentant a rappelé que l’année dernière, son pays a annoncé un nouveau Programme en appui au Programme 2030, lequel cherche à intensifier la coopération dans les domaines de la bonne gouvernance et de l’excellence du secteur public, des villes viables et de la planification urbaine; et de l’eau et de l’assainissement.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a dit que 2015 n’a pas été une année « historique » puisque des milliards de personnes vivaient toujours et vivent encore dans la pauvreté.  Il nous faudra 50 ans de dur labeur pour parvenir à cette étape « historique ».  Comment faire?  Le Royaume-Uni réitère son engagement de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD et à mettre en œuvre toutes les dispositions du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Le plus important est de cibler les plus exclus, les plus pauvres et les plus vulnérables et cela implique à terme de combattre la violence faite aux femmes et aux filles comme les mutilations génitales féminines et le mariage précoce.  Il faut aussi renforcer les données statistiques qui peuvent contribuer à cerner précisément la situation.  En toutes choses, il faudra s’appuyer sur les partenariats.

Après avoir cité la loi sur l’amélioration de la participation des femmes dans les institutions nationales, M. DIANGUINA DIT YAYA DOUCOURE (Mali) a aussi cité l’adoption du Plan national pour l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité, celle de la Politique nationale genre, et la lutte « sans merci » contre la violence à l’égard des femmes et l’autonomisation des femmes rurales.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD) qui porte sur la période 2016-2018. Un atelier sur les ODD, a-t-il affirmé, sera aussi organisé pour renforcer la capacité de leadership du Gouvernement. 

Pour le Mali, le succès des ODD réside dans les partenariats techniques et financiers (PTF), à l’échelle nationale et entre les PTF et le niveau national.  Sur ce dernier palier, le représentant a rappelé la création du Comité de pilotage du Plan-cadre des Nations Unies pour le développement au Mali.  Il a aussi réitéré la profonde gratitude de son pays aux entités sous-régionales et régionales.  Il a prévenu que la mise en œuvre de la résolution « historique » du Conseil de sécurité, la résolution 2295 du 29 juin dernier, dépendra de l’application efficiente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.  Il a appelé à l’appui de tous les organismes compétents des Nations Unies, et des partenaires régionaux, bilatéraux et multilatéraux.

M. OMER DAHAD FADL MOHAMED (Soudan) a estimé que « ne laisser personne sur le côté » exige de travailler de concert dans la réalisation des ODD, s’agissant en particulier du transfert de technologies et du financement.  Il faut un partenariat mondial respectueux des priorités nationales.  Le Gouvernement du Soudan a d’ailleurs élaboré ses plans et programmes de mise en œuvre des ODD.  Les défis sont notamment les infrastructures, les problèmes environnementaux, l’énergie, la paix et la reconstruction laquelle requiert le renforcement de capacités spécifiques.  Le représentant a reconnu l’importance des données statistiques, avant d’appeler les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD et de dénoncer les sanctions unilatérales et les mesures économiques coercitives.

M. NAWAF SALAM (Liban) a indiqué que le plan élaboré par son pays pour la mise en œuvre du Programme 2030 couvrira des secteurs économiques clefs pour le Liban, tels que l’agriculture, la finance ou bien encore le tourisme.  Les 17 ODD seront tous couverts par ce plan pour lequel des ressources financières accrues sont prévues.  Le représentant a demandé l’appui de la communauté internationale pour le renforcement des capacités en matière de collecte des données et d’accès aux technologies.  Il s’est dit satisfait par l’allusion faite aux réfugiés dans le projet de déclaration ministérielle car on ne peut ignorer les défis que doivent relever les pays hôtes.  Le Liban, a-t-il rappelé, vit une crise aigüe depuis l’afflux de plus d’un million de réfugiés de Syrie, les perspectives de croissance ayant nettement été revues à la baisse.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a souligné la nécessité de vivre en harmonie avec la Terre nourricière.  Il a en effet dit craindre que la mise en œuvre du Programme 2030 ne soit mise à profit par les grandes multinationales pour s’enrichir davantage et privatiser certains droits fondamentaux, tels que le droit à l’eau.  Le capitalisme patriarcal, ignorant les différences et « assassinant la Terre nourricière », est en train de l’emporter, a-t-il prévenu, avant d’insister sur l’importance de reconnaître les droits de notre Terre.  « Nous voulons que le Programme soit universel », a-t-il affirmé, en appelant à ne pas oublier le sort des pays sous occupation étrangère et en insistant, une nouvelle fois, sur le droit à l’eau et à une éducation de qualité.

M. DIAN TRIANSYAH DHANI (Indonésie) a dit que la mise en œuvre du Programme 2030 exigera le partage des responsabilités dans le cadre d’un partenariat mondial équitable.  Au plan national, le Gouvernement a mis en place son Plan d’action national de suivi et de réalisation et une équipe de mise en œuvre des ODD.  Le Gouvernement entend poursuivre les mesures déjà prises dans la réalisation des OMD notamment les « Prix des OMD » qui seront transformés en « Prix des ODD » pour les meilleurs.  Le représentant a prôné l’échange des meilleures pratiques aux niveaux national et international.  

M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago) a indiqué que son pays a  adopté « Vision 2030 », une stratégie de développement fondé sur le principe de « ne laisser personne sur le côté ».  Dans ce contexte, le Gouvernement a élaboré des objectifs alignés avec les ODD et ancrés dans le principe d’appropriation nationale et du dialogue avec le secteur privé et les ONG.  Tous les ministères, départements et agences sont impliqués, a affirmé le représentant qui a insisté sur l’importance qu’il y a à reconnaître les défis particuliers des petits États insulaires en développement.  Il a réclamé la revitalisation de partenaires multipartites articulés autour du système des Nations Unies.  Il a aussi insisté sur l’appui au renforcement des capacités et au transfert des technologies, comme le disent le Programme 2030 et les « Orientations de Samoa ».

Mme LANA NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a souhaité que le Forum demeure objectif et crédible et continue à examiner chaque année l’état de la mise en œuvre des ODD.  Elle a suggéré quatre domaines d’action: le renforcement des capacités avec l’appui du secteur privé, sans que ce renforcement ne soit imposé de l’extérieure; une utilisation plus intelligente de l’APD, qui seule pourra financer certains secteurs; des investissements accrus dans l’éducation et la santé, le système des Nations Unies devant se concentrer sur ces questions liées tant à l’humanitaire qu’au développement; et enfin l’intensification des efforts en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles.  Les Émirats arabes unis sont un exemple en ce sens: l’accélération de la croissance y correspond à d’importants programmes en faveur de cette autonomisation.

Pour M. NAUMAN BASHIR BHATI (Pakistan), la mise en œuvre du Programme 2030 exige une bonne méthode et une approche systématique à tous les niveaux, sachant que l’appropriation nationale est essentielle.  Le Pakistan a commencé à travailler dès l’adoption du Programme 2030 et son programme à long terme intègre les ODD.  Le Parlement a d’ailleurs adopté le Programme 2030 comme programme de développement national qui a été assorti d’un plan stratégique fixant les priorités.  Une campagne de sensibilisation a été lancée pour faciliter l’appropriation et des moyens de financement sont étudiés.  Le Pakistan a souligné la nécessité les mécanismes internationaux de financement et prévient que le financement de l’action sur le climat ne saurait être considéré comme une partie de l’APD car c’est une obligation « distincte».

Mme EI EI KHIN AYE (Myanmar) a souligné l’existence, au niveau national, de circonstances et de contraintes uniques, notamment la transformation politique, économique et sociale en cours dans son pays qui s’attaque aux racines profondes de la pauvreté.  Après des décennies de conflit, la priorité du Gouvernement est de parvenir à une paix durable et pour atteindre cet objectif, le Gouvernement organisera une conférence de paix inclusive en août 2016 tout en relevant les défis économiques.  Le Gouvernement se focalise aussi sur le renforcement des capacités humaines, la création d’un environnement économique propice, l’élargissement de l’accès aux technologies de l’information et des communications et le renforcement de la résilience aux catastrophes naturelles.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a, à son tour, souligné l’importance du transfert de technologies, de la mobilisation des ressources financières, d’un leadership fort et du partage des meilleures pratiques pour réaliser le développement durable.  Mais le vrai défi est et sera toujours « la compassion du cœur » qui conduit à la solidarité nécessaire.  Rappelant les propos du pape François, l’observateur a déclaré qu’« au-delà des programmes et des plans, on a affaire à des hommes et des femmes qui vivent, luttent, souffrent et sont souvent forcés de croupir dans la grande pauvreté, privés de tous les droits ».

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a rappelé qu’il faudrait faire preuve de volonté politique pour assurer la mise en œuvre du Programme 2030.  Les pays doivent pouvoir identifier leurs priorités au titre des ODD sur la base de leurs priorités nationales car l’appropriation nationale est essentielle.  Pour le représentant, il faut mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté, accorder la priorité aux plus vulnérables et veiller à fournir des emplois aux jeunes, afin de réduire les risques de radicalisation.  Il a mis l’accent sur les résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté et la corruption dans son pays.  Le Gouvernement de l’Azerbaïdjan fait également beaucoup pour diversifier l’économie et développer les énergies renouvelables.  Mais il ne peut y avoir de développement sans paix ni sécurité.  Le monde doit donc faire plus pour prévenir les conflits armés.

M. ARBEN IDRIZI (Albanie) a indiqué que la Stratégie nationale du développement et d’intégration 2015-2020 est le document de référence pour le développement durable.  La marche accélérée de l’Albanie en la matière est propulsée par son engagement à se hisser aux normes européennes en matière de gouvernance et d’état de droit mais aussi dans les domaines économique et social.  Avec l’aide de l’ONU et des autres partenaires, l’Albanie s’attache à peaufiner ses cibles et ses efforts de collecte et d’analyse des données ventilées.  Les résultats sont déjà visibles, s’est enorgueilli le représentant, en parlant d’une croissance économique soutenue, ces deux dernières années, qui a permis de faire chuter le taux de pauvreté de plus de 2%. 

Après avoir donné un aperçu des politiques en matière d’éducation, de formation, d’intégration sociale des Roms et des « Égyptiens », d’égalité des sexes et de protection de l’enfant, le représentant a relevé que l’un des défis du Programme 2030 est la lutte contre les changements climatiques.  Il s’est dit fier d’annoncer que son Parlement vient de ratifier l’Accord de Paris sur le climat.  L’Albanie, a-t-il aussi rappelé, s’est portée volontaire pour servir de pays pilote aux indicateurs de l’objectif 16 du Programme 2030 relatif à la bonne gouvernance et à l’état de droit.  

M. EMILIO GONZÁLEZ SOCA (Cuba) a regretté l’écart entre les objectifs très ambitieux du Programme 2030 et les moyens pour le mettre en œuvre.  Au rythme actuel, on ne pourra pas mettre fin à la faim d’ici à 2030, a prévenu le représentant.  Les ressources existent mais on préfère investir des centaines de milliards de dollars par an dans l’armement plutôt que dans le développement.  Il est donc urgent de changer les choses et de mettre en place une architecture financière internationale favorable aux pays en développement, ainsi que des règles commerciales qui favorisent leur intégration au commerce international.  Cuba espère que l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais rappelle que les mesures doivent être fondées sur le principe de responsabilité commune mais différenciée.  Le représentant a en outre dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui affectent certains pays en développement, dont Cuba, et qui ont un effet négatif sur les progrès économiques.  Cuba en est victime depuis des décennies, ce qui ne l’a toutefois pas empêché de contribuer au développement d’autres pays, a-t-il fait observer.  Il a également affirmé que certains des aspects du programme de développement de Cuba, mis en route depuis 2013, sont plus ambitieux que le Programme 2030.

M. RAMZI LOUATI (Tunisie) a dit que les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine ont été inclus dans le Plan national de développement de la Tunisie pour la période 2019-2020.  Les priorités du pays sont notamment le respect des droits de l’homme, le développement régional et durable et l’économie verte.  Dans ce Plan de développement, la Tunisie vise à faire baisser à 2,5% le taux de pauvreté.  Il prévoit aussi des réformes politiques et de gouvernance qui ont commencé avec les élections législatives et présidentielle, il y a deux ans.  C’étaient des élections libres et crédibles jamais organisées dans le pays.  Des mesures ont également été prises en faveur de la démocratie, de la lutte contre la corruption et pour la justice.  Le représentant a demandé la coopération de la communauté internationale dans la lutte contre les flux financiers illicites et le recouvrement des avoirs nationaux pillés et volés.

M. MARTIN CHUNGONG, Secrétaire général de l’Union interparlementaire, a consacré son intervention à l’objectif 16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces qui seul peut permettre la contribution des individus au Programme 2030.  Cet objectif contribue à faire entendre la voix des exclus et à défendre l’intérêt général.  Il faut donc impliquer les parlements nationaux à la réalisation de cet objectif et du Programme 2030 dans son ensemble.  M. Chungong a énuméré l’aide de son institution aux parlements nationaux pour qu’ils puissent apporter leur contribution à la réalisation des ODD.

M. JEAN-PIERRE NDOUTOM, Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé que l’OIF a adopté son Cadre stratégique opérationnel en 2014, lequel souligne la nécessité pour les États membres d’intégrer les ODD au niveau national mais aussi local.  Le prochain Sommet de l’OIF, qui se tiendra à Antanarivo à Madagascar cet automne, aura pour thème les conditions de la stabilité mondiale et de l’espace francophone, ce qui permettra de contribuer à l’objectif de « ne laisser personne sur le côté ».  L’OIF est en outre fière que 10 des 22 pays qui ont présenté leur rapport de mise en œuvre figurent parmi ses membres.  M. Ndoutom a par ailleurs rappelé que la mise en œuvre des ODD requiert de nouveaux outils d’analyse.  À cet égard, l’OIF et ses États membres ont développé avec les universités, notamment au Québec, le concept d’analyse systémique de la durabilité, qui permet une analyse rapide des ODD, une identification des mesures et des réponses aux enjeux locaux.

Mme BADRE EDDINE ALLALY, Ligue des États arabes, a déclaré que l’effondrement des économies de certains pays arabes, résultat de l’instabilité, représente d’immenses défis, de même que la baisse des cours de certains produits d’exportation comme le pétrole.  Les pays arabes ne peuvent continuer de mettre en œuvre le Programme 2030 dans de telles conditions, a averti la représentante.  Elle s’est pourtant félicitée des efforts consentis par ces pays arabes en faveur des ODD.  Elle a rappelé l’importance des données nationale et régionales.  La représentante a rendu hommage au Maroc et à l’Égypte pour avoir présenté leur rapport de mise en œuvre.

Mme CARLA MUCAVI, Directrice de la liaison newyorkaise de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que la communauté internationale ne doit pas oublier les zones rurales où vivent 70% des pauvres dans le monde.  Elle a dénoncé la course aux ressources naturelles couplées aux changements climatiques qui réduisent la productivité agricole et privent les agriculteurs des moyens de production.  Elle a regretté que les pauvres ruraux ne bénéficient pas de mécanismes de protection lorsqu’ils sont face à ces difficultés alors que le secteur agricole peut aider les pays en développement à lutter contre la faim et la pauvreté, et à contribuer au développement durable.

M. AMJAD AL-MOUMANI (Jordanie) a dit que la Jordanie a mis en place un programme pour les ODD alors que la population a augmenté de 20% ces dernières années à cause notamment de l’arrivée massive de migrants venus de pays en conflit dans la région.  Cet accroissement démographique soudain met la pression sur les infrastructures de base.  La Jordanie ne peut pas seule faire face à cette situation.  Le Gouvernement a tout de même créé un Comité de haut niveau sur le développement durable, une feuille de développement jusqu’en 2025, servie par des indicateurs pour le suivi. 

M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a attiré l’attention sur une résolution de l’OIT sur le travail décent, qui demande aux États d’intégrer des éléments du travail décent dans leurs stratégies de développement durable.

Mme LAKSHMI PURI, Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femme, a rappelé la « mère des discriminations » qu’est la discrimination à l’égard des femmes, alors que les ODD ne pourront être réalisés sans égalité hommes-femmes et autonomisation des femmes et des filles.  Elle a notamment demandé la mise en place de cadres juridiques en faveur des femmes les plus vulnérables.

Mme BRENDA KILLEN, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), est venu donner un message clair: l’OCDE et ses États membres sont déterminés à utiliser le Programme 2030 pour sortir du monde où nous vivons et aller vers l’avenir que nous voulons.  L’Organisation de coopération et de développement économiques aide donc ses membres « à se regarder dans la glace » et à aider les plus vulnérables.  Le Plan d’action de l’OCDE, présenté le mois dernier, décrit la manière dont ses données, ses instruments de politique et ses plateformes de dialogue seront utilisés pour aider les gouvernements à renforcer leur faculté de mettre en œuvre les ODD.  La cohérence des politiques est importante mais tout aussi importante est « la cohérence politique », à savoir passer des mots aux actes, ce qui nécessite une expertise en développement et de la volonté politique et, en la matière, l’OCDE mènera par l’exemple. 

L’Organisation, a indiqué le représentant, est en train de développer des outils pour évaluer le point de départ de ses membres par rapport aux ODD et calculer la distance qu’ils doivent parcourir pour arriver aux cibles spécifiques.  Il s’agira d’examiner l’effet d’entrainement, positif ou négatif, et de déterminer son impact sur la capacité des autres pays à réaliser les ODD.  Le processus vise deux objectifs: démontrer l’engagement en faveur des ODD et mobiliser la force de l’OCDE s’agissant de l’analyse, du renforcement des capacités et des politiques de développement pour appuyer non seulement ses membres mais aussi tous les autres pays.  L’OCDE est en train de moderniser la manière dont elle mesure et utilise le financement du développement.  Elle sait que l’APD a plus d’impact quand elle vient en conjonction avec de nouvelles ressources domestiques, l’investissement, les envois de fonds des migrants ou les contributions des fondations.  Le représentant a invité les participants à la prochaine Réunion de haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération au développement efficace qui aura lieu à Nairobi à la fin du mois de novembre.

M. NEIL MCFARLANE, Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, a insisté sur l’impact des catastrophes sur le développement durable.  Au cours de ces deux dernières décennies, les conséquences de des catastrophes se sont chiffrées à 1 500 milliards de dollars et s’élèvent aujourd’hui à 250 voire 300 milliards par an, sans compter les coûts sociaux et environnementaux ou l’impact intergénérationnel.  Les pays à bas revenu chiffrent leurs pertes annuelles à 22% de leurs dépenses publiques et dans certains pays, ce taux monte à 50%.  Réduire les risques de catastrophe est donc « essentiel » pour ne « laisser personne sur le côté », a dit le représentant, en attirant l’attention sur le Cadre d’action de Sendai 2015-2030 qui prévient que les coûts vont augmenter de manière spectaculaire si les risques de catastrophe ne sont pas incorporés dans les choix de développement. 

Selon l’OCDE, 50 000 milliards de dollars seront investis dans de nouvelles infrastructures dans les décennies à venir.  Mais si ces investissements se font dans des zones sujettes aux inondations, ils augmentent les risques de catastrophe mais s’ils sont bien pensés, ils les réduisent.  Naturellement, diminuer les émissions de gaz à effet de serre aussi vite que possible est sans conteste le moyen le plus efficace d’atténuer ces risques.  Aux Nations Unies, a indiqué le représentant, la cohérence a été consacrée dans le Plan d’action adopté en mai 2016.  Les progrès seront évalués en fonction du Cadre d’action de Sendai et du Programme 2030 qui partageront les mêmes indicateurs de réduction des risques de catastrophe.  En outre, les plateformes internationales et régionales ont été reconnues par l’Assemblée générale comme des instruments clefs pour évaluer les progrès et contribuer au suivi des conférences et sommets de l’ONU.  En conséquence, le résultat de la prochaine Plateforme internationale qui aura lieu à Cancún du 24 au 26 mai 2017 sera un important apport.

Mme RUTH BLACKSHAW, ONUSIDA, a rappelé l’une des résolutions prises pendant la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida en 2016 qui vise à mettre fin à la propagation de l’épidémie, notamment chez les personnes à haut risque comme les femmes et les filles en Afrique, et à élargir l’accès aux antirétroviraux.  En 2015, les États Membres s’étaient déjà engagés à inverser la tendance du VIH/sida, a indiqué la représentante, en énumérant quelques mesures comme l’élargissement de l’accès aux médicaments, les investissements dans la sensibilisation de l’opinion publique, la prise en compte de l’avis des personnes touchées par le VIH/sida dans le processus de décision et la collecte de données fiables.

Le représentant du grand groupe des peuples autochtones a noté l’émergence de certaines bonnes pratiques s’agissant de la consultation des peuples autochtones dans le cadre de l’élaboration et du suivi des politiques nationales, comme en Norvège ou en Suède.  Il a également jugé positive la désagrégation des données en ce qui concerne les populations autochtones et a encouragé les États à traiter des différents problèmes en fonction des bonnes pratiques existantes.

Le représentant du grand groupe du commerce et de l’industrie a plaidé pour l’ouverture des marchés et demandé que l’on commence à penser hors des schémas habituels pour travailler de manière productive.  Le monde du commerce et de l’industrie entend travailler avec tous les autres acteurs à la réalisation des ODD.

Le représentant du groupe des personnes handicapées, a rappelé que 80% des personnes handicapées vivent dans des pays en développement.  S’il s’est félicité que ces personnes soient incluses dans les ODD, à la différence des OMD qui les avait laissées de côté.  Il a affirmé que cela devait encore se traduire dans les faits au niveau national.  Il a déclaré que son groupe avait été actif dans la mise en œuvre des OMD, avant de détailler quelques-uns de ses accomplissements.  Le Groupe a organisé plusieurs ateliers de sensibilisation au Kenya, en Thaïlande, au Mexique ou encore au Samoa, a-t-il dit, ajoutant qu’il avait également élaboré un guide sur le Programme 2030 à l’adresse des personnes handicapées.  Quelque 23 représentants d’associations de personnes handicapées du monde entier sont présents à ce Forum pour rappeler aux dirigeants du monde, aux gouvernements et à l’ONU que « nous ne voulons pas être laissés sur le côté ».  Enfin, il a souhaité que les gouvernements travaillent étroitement avec les associations de personnes handicapées pour mettre en œuvre ces ODD.

Le représentant du grand groupe des travailleurs et des syndicats a déclaré que les inégalités croissantes risquent de faire beaucoup de laissés-pour-compte.  Pour l’éviter, il faut que chacun ait accès à un travail décent et reconnaître l’importance du dialogue social et de la négociation collective.  L’OIT et les partenaires sociaux ont un rôle fondamental à jouer dans la mise en œuvre et le suivi du Programme 2030, a ajouté le représentant. 

La représentante des personnes âgées a estimé qu’il faut planifier la croissance de ce groupe.  Elle a donc demandé la participation des personnes âgées à l’élaboration de programmes de développement et des budgets, sans oublier le suivi du Programme 2030.

La représentante du Partenariat stratégique pour le développement du Mexique a insisté sur la participation des autorités locales et de la société civile à la mise en œuvre du Programme 2030 et au Plan national du Gouvernement du Mexique.

Celle de la Fédération des femmes universitaires a voulu que l’on mette en avant ceux qui sont les derniers, notamment les enfants dont les naissances n’ont pas été enregistrées et les enfants non accompagnés, lesquels sont vulnérables à la traite et à l’exploitation.  Elle a souligné la nécessité de développer des stratégies pour la participation locale.   

Le représentant du Fonds de recherche en matière de fertilité de New York a plaidé pour une lutte renforcée contre la pauvreté et l’imposition d’un plancher pour la sécurité sociale, soulignant en l’occurrence la validité du Cadre mondial d’indicateurs.

Le représentant du Comité pour l’énergie de la Chine a rappelé qu’un tiers des denrées alimentaires produites chaque année sont gaspillés alors que des centaines de millions de personnes souffrent de la faim.  Elle a relevé la situation s’agissant de l’accès à l’électricité, voulant que l’on éduque les gens à la lutte contre les gaspillages.  La durabilité doit devenir un mode de vie.

Adoption de la Déclaration ministérielle (E/2016/L.26)

Avant l’adoption de la Déclaration ministérielle, le représentant du Nicaragua a demandé que le projet de déclaration soit mis aux voix au motif que son pays continue de s’opposer à l’Accord de Paris sur le climat, cité dans le paragraphe 19 de la déclaration.  Cet Accord n’aidera en rien à limiter l’augmentation de la température dans 15 ans, ce qui compromettra le développement durable des pays en développement en général, et de l’Afrique en particulier.  Le représentant de l’Équateur a appuyé la position de la délégation du Nicaragua, au nom de son « droit souverain » de s’opposer à une partie du texte proposé.

Son homologue de l’Algérie a voulu savoir du Président de l’ECOSOC le nom des délégations qui se sont opposées à l’inclusion des principes d’intégrité et d’indépendance des États dans le texte.  Je n’ai pas les informations, a répondu le Président de l’ECOSOC, en précisant que c’est le représentant du Maroc qui a fait savoir que des délégations se sont opposées à cette proposition.

Le représentant de l’Égypte a rappelé que son pays est signataire de l’Accord de Paris sur le climat mais a jugé « déséquilibré » le paragraphe 19 du projet de déclaration ministérielle qui ne reconnait ni l’urgence de remédier aux changements climatiques ni le principe de responsabilité commune mais différenciée, contrairement à l’Accord de Paris.  L’Égypte ne peut adhérer à ce paragraphe 19 qui ne saurait lui être opposable pendant les futures négociations. 

Le paragraphe 19, qui a été adopté par 141 voix pour, l’opposition du Nicaragua et les abstentions de l’Égypte, de la Fédération de Russie et du Myanmar, se lit comme suit: « Nous soulignons que la réduction de la vulnérabilité aux changements climatiques est un défi mondial qui nous concerne tous, et en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté.  Nous prenons acte des effets de synergie entre la mise en œuvre de l’Accord de Paris et celle du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nous accueillons avec satisfaction l’Accord de Paris, en vertu duquel toutes les parties prendront d’urgence des mesures visant à faire face aux changements climatiques, et nous comptons que cet Accord fera promptement l’objet d’une ratification, d’une acceptation, d’une approbation ou d’une adhésion et qu’il entrera en vigueur et sera mis en œuvre rapidement.  Nous comptons également que des ressources seront mobilisées pour aider à la mise en œuvre de l’Accord.  Nous sommes conscients que les pays en développement ont des besoins qui leur sont propres et de leur situation particulière, surtout ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques ».

Rappelant le caractère « transparent » des négociations au cours desquelles tous les points de vue ont été dûment pris en compte, la représentante de la Slovaquie au nom de l’Union européenne s’est déclarée déçue de ce vote, d’autant plus qu’il intervient au tout premier Forum politique de haut niveau que l’ECOSOC tient après l’adoption du Programme 2030.  Ce vote « préoccupant » ne reflète pas « la bonne volonté et l’enthousiasme » constatées ces 10 derniers jours.  C’est un mauvais message que l’on envoie au monde.

Le représentant de Cuba a, à son tour, déploré ce vote, conseillant pour l’avenir, de tenir compte des positions de tous les États, quel que soit leur taille ou leur poids.  On aurait pu accepter la proposition du Nicaragua et éviter ainsi que plusieurs millions de Nicaraguayens soit « laissés sur le côté ».

Son homologue de la Bolivie, qui aussi voté en faveur du texte, a tenu à souligner le droit d’un État souverain à faire valoir sa position.

La représentante du Venezuela s’est félicitée que la Déclaration ministérielle ait mentionné l’Accord de Paris sur le climat auquel son pays a adhéré.  Mais, a-t-elle avoué, le Venezuela fait siennes les préoccupations du Nicaragua s’agissant des procédures de ce Forum qui a refusé de tenir compte de la position d’un État.

Son homologue de la Fédération de Russie a jugé regrettable qu’à l’issue des travaux du tout premier Forum post-Programme 2030, on ait créé un précédent « particulièrement négatif ».  Il faut éviter de discréditer ainsi le Forum.  Que cette expérience serve de leçon, a dit le représentant, en posant la question juridique de savoir comment, ce Forum, qui n’est pas un organe mais un processus, a pu mettre un texte aux voix.  Ce vote est-il légal? s’est-interrogé, en comptabilisant les dommages causés à une instance qui s’occupe de questions aussi fondamentales que le développement durable.  Il faut écouter attentivement ce qu’a dit le Nicaragua sur la nécessité d’entendre tout le monde dans les négociations.  Revenons à un modèle traditionnel de négociations, a-t-il préconisé.

Le représentant de l’Algérie a dit que ce vote n’augurait pas bien du chemin à parcourir ces 15 prochaines années.  Il a lancé un appel pour qu’à l’avenir, le consensus soit la règle.

Son homologue de l’Iran a dit qu’il faudra apprendre de cette erreur, regrettant que l’on n’ait « laissé le Nicaragua sur le côté ». 

Le Président de l’ECOSOC a confié qu’il a cherché en vain, avec les deux cofacilitateurs, le consensus sur le paragraphe 19.

La représentante des États-Unis a admis que tout le monde a fait des sacrifices dans ce Forum.  L’état d’esprit de la semaine écoulée a monté la volonté de tous de réaliser le Programme 2030 même s’il est vrai que le droit au développement n’est pas compris de la même façon partout.  Pour les États-Unis, la priorité ce sont les droits de la femme et s’agissant du transfert de technologies, le consentement des détenteurs de droits de propriétés est un préalable.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a salué la contribution des 22 pays qui se sont portés volontaires pour présenter leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030, un an seulement après son adoption.  Ces expériences sont ce dont a besoin le Forum pour avancer et s’acquitter de son mandat.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique: les premiers rapports nationaux de mise en œuvre du Programme 2030 font ressortir des disparités entre pays, malgré un bon départ

Conseil économique et social - Session de 2016,
38e séance – matin & après-midi      
ECOSOC/6787

Forum politique: les premiers rapports nationaux de mise en œuvre du Programme 2030 font ressortir des disparités entre pays, malgré un bon départ

La présentation des premiers rapports de mise en œuvre nationale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a mis en lumière des disparités entre pays, même si le Secrétaire général de l’ONU y a vu aujourd’hui un « un bon départ ».

Soucieux de répondre de leur action devant leurs citoyens, les États se sont engagés à assurer un suivi et un examen systématiques de la mise en œuvre du Programme 2030, aux plans national, régional et mondial, en vertu de la résolution 70/1 de l’Assemblée générale. 

Le Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le développement durable a ainsi entendu 13 des 22 délégations qui se sont portées volontaires pour présenter leur rapport sur la mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles agréés dans le Programme 2030 de septembre 2015, la mise en œuvre étant jugée à l’aune des 241 critères du Cadre mondial d’indicateurs élaboré par la Commission de statistiques de l’ONU.  Les rapports ont montré des défis différents.

Par exemple, comme tous les petits États insulaires en développement (PEID), le Samoa est caractérisé par sa petite taille, son extrême isolement, ses ressources limitées, sa dispersion géographique, son éloignement des marchés, son absence d’économie d’échelle, ses faibles capacités et sa vulnérabilité aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux crises mondiales.  

De cette première évaluation, le Samoa a appris que la correspondance entre les indicateurs mondiaux et nationaux contribue à renforcer les capacités statistiques.  Le pays a aussi appris l’importance qu’il y à développer des feuilles de route nationales et régionales de mise en œuvre.  Il a travaillé à une mise en œuvre contextualisée mais a décelé la nécessité de renforcer ses capacités et d’élaborer un plan plus facile à comprendre avec des processus simplifiés et une faculté de collecter, d’analyser et d’exploiter les données. 

De l’autre côté du spectre, en Finlande, la lutte contre les changements climatiques, l’exploitation des ressources naturelles, le développement économique et le plein emploi sont les principaux défis, a expliqué le Ministre finlandais de l’agriculture et de l’environnement. 

Le Secrétaire général a félicité les pays qui ont présenté volontairement leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030 à l’issue de la première année.  Il a demandé aux États d’intensifier leurs efforts et de faire participer pleinement le secteur privé et la société civile à la mise en œuvre et au suivi des objectifs de développement durable.

En dépit des différences et des inégalités entre et au sein des nations, il a estimé que « nous avons pris un bon départ », et qu’il s’agissait maintenant de s’engager à ne pas se reposer avant d’avoir atteint un monde de paix, de dignité et de chances offertes à tous.

Pour y arriver, il est essentiel de mener des actions ciblées en faveur de ceux qui sont les plus à la traîne, ce qui ne sera possible que si l’on dispose d’indicateurs pour tous les groupes, a souligné le Secrétaire général, tout en appelant à une mobilisation dans la collecte et l’analyse des données statistiques.

Il faut surtout que cette collecte des données soit plus transparente, a plaidé la représentante des États-Unis.  Trop souvent, s’est-elle expliquée, les gouvernements sont tentés de cacher leurs lacunes derrière des données erronées.  Les États-Unis ont la ferme intention de mettre en place un système de suivi transparent en ligne.  Tous les États devraient faire pareil.    

Le Secrétaire général a en outre annoncé qu’il envisage la tenue, le 21 septembre, au début du Débat général de la soixante-onzième session de l’Assemblée générale, d’une cérémonie de dépôt des instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.  Le Président de la Commission des politiques de développement a quant à lui annoncé pour ce jeudi 21 juillet, une table ronde de haut niveau avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

L’argent étant le nerf de la guerre pour la mise en œuvre des accords internationaux, il s’est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de l’aide publique au développement (APD).  Pour lui, les donateurs doivent respecter leurs engagements et dissocier cette aide des autres apports financiers dont ceux pour le climat et le commerce.  L’APD, qui est par nature une transaction transfrontière, ne devrait pas inclure les dépenses faites chez les donateurs comme la réinstallation des réfugiés ou les coûts administratifs de la coopération.  Le Président a aussi demandé une distinction claire entre les flux privés et l’APD et réclamer pour les pays en développement et les donateurs émergents une place à la table des négociations sur tout nouveau cadre de financement du développement. 

Demain mercredi 20 juillet, le Forum politique de haut niveau sur le développement de l’ECOSOC entendra neuf autres rapports de mise en œuvre nationale avant d’adopter une déclaration ministérielle.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Présentation, à titre volontaire, des rapports sur la mise en œuvre, au niveau national, du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Mexique, Maroc, Sierra Leone, Suisse et Monténégro

M. FRANCISCO GUZMÁN ORTIZ, Chef de Cabinet du Président du Mexique, a indiqué que son pays a créé des mécanismes institutionnels pour assurer le suivi des objectifs de développement durable.  Pour faciliter l’accès des populations à l’information et garantir ainsi le respect du principe de redevabilité, une plate-forme virtuelle a été mise en place laquelle fournit aux citoyens toutes les informations actualisées sur les projets relatifs au Programme 2030.  Pour M. Ortiz, l’ONU devrait créer une plate-forme semblable afin de faciliter le partage des expériences entre États Membres.  Le Gouvernement mexicain a également mis en place un Conseil de haut niveau pour la réalisation des objectifs de développement durable, à la Présidence de la République, pour centraliser toutes les initiatives de développement durable. 

M. MOHAMED EL OUAFA, Ministre délégué chargé des affaires générales et de la gouvernance du Maroc, a cité un ensemble d’investissements dans le développement durable.  Des initiatives ont été engagées pour accélérer le développement industriel et promouvoir les pratiques écologiquement viables, y compris grâce à un programme sur les énergies renouvelables.  Le Maroc se positionne également comme l’un des leaders en matière de lutte contre les changements climatiques, ce qui justifie le choix du pays pour abriter la vingt-deuxième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22).  M. El Ouafa a souligné que certains des objectifs de développement durable étaient déjà inclus dans les stratégies sectorielles du pays, et que maintenant les autorités entendent renforcer les capacités humaines, améliorer la gouvernance et assurer la mobilisation des financements nécessaires.

M. MANUEL SAGER, Secrétaire d’État et Chef de l’Agence de coopération au développement de la Suisse, a indiqué que les mesures concrètes pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable ont été fixées par le Gouvernement suisse en 2015.  Il s’est enorgueilli du fait que le partenariat national en vue de la mise en œuvre de ces objectifs est au beau fixe, comme en témoigne la composition variée de la délégation suisse au Forum politique de haut-niveau.  En Suisse, les objectifs de développement durable ne partent pas de zéro, puisque le Gouvernement a établi des plans dès 1997.  La collecte de données fiables étant primordiale pour des politiques efficaces, la Suisse a dès 2003 mis en place un système statistique qui mesure la qualité de vie de ses citoyens, fournissant ainsi des données désagrégées.  Parlant du financement, le représentant a confirmé l’engagement de la Suisse de poursuivre la restitution aux pays concernés des avoirs détournés.  

Une représentante du secteur privé, Mme SABINE DÖBELI, Présidente du Conseil d’administration de « Sustainable finance », a salué le partenariat établi avec les autorités helvétiques.  Elle a insisté sur la durabilité dans toutes les initiatives de développement, y compris dans le secteur de la finance avec les banques suisses qui s’y sont déjà engagées.    

M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ, Directeur général des affaires multilatérales au Ministère des affaires étrangères du Monténégro, a déclaré que la nouvelle stratégie nationale de développement durable, adoptée en juillet dernier, a en son cœur des buts et des mesures visant la gestion viable des ressources nationales réparties en quatre groupes: le capital humain, le capital économique, le capital social et les valeurs, sans oublier la bonne gouvernance et le financement prévisible.  Cette nouvelle stratégie contient naturellement les dispositions du Programme 2030 et celles du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Quelque 241 indicateurs proposés pour le suivi international des objectifs de développement durable ont été intégrés à la stratégie.  

Cette stratégie a été élaborée avec la participation de tous les acteurs de la société, a souligné la responsable des questions du développement durable du Ministère du développement durable et du tourisme du Monténégro.  Mme JELENA KNEŽEVIĆ a précisé que les priorités nationales ayant été identifiées, le suivi des indicateurs se fera de manière progressive, avec notamment une évaluation portant sur 41% des indicateurs en 2018 et 75% d’ici à 2024.  Les autorités ont procédé à une réforme institutionnelle en créant notamment un Bureau du développement durable qui sera intégré à l’organigramme du Cabinet du Premier Ministre.  Le système de redevabilité va également être réformé afin de permettre au public de suivre l’évolution de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.    

Pour M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone), malgré l’engagement rapide des autorités nationales à mettre en œuvre les objectifs de développement durable, le pays reste fragilisé par les conséquences de l’épidémie d’Ebola et par la chute des prix des produits de base, notamment les minerais.  L’une des priorités est d’établir un système de santé résilient et prêt à réagir promptement à toute nouvelle épidémie.  Le pays a déjà établi un ensemble d’indicateurs inspirés par ceux de la Commission de statistiques de l’ONU.  Un service spécial de suivi a été installé au Ministère des affaires étrangères.  Parmi les faiblesses, le représentant a cité l’absence de données fiables pour identifier les domaines prioritaires et les couches les plus vulnérables, sans oublier le manque de fonds prévisibles.

L’animateur des débats, M. ROBERT GLASSER, Représentant spécial du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a estimé qu’en matière de mise en œuvre des objectifs de développement durable, il faut éviter les cloisonnements, impliquer tous les acteurs sociaux et tenir compte de l’impact des catastrophes dans la planification.

L’importance de l’ouverture à toutes les parties prenantes a aussi été soulignée par Mme RACHEL KYTE, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’initiative Énergie durable pour tous.  Elle a insisté sur la solidarité intergénérationnelle, arguant que le Programme 2030 est l’occasion de renforcer ces liens, pour « ne laisser personne sur le côté », a renchéri Mme SANDRA ADOVSKA, Conseillère pour le développement durable de l’ex-République yougoslave de Macédoine.

Un représentant des personnes handicapées s’est interrogé sur la nature d’un mécanisme qui permettrait que la voix des groupes les plus vulnérables soit entendue.  En impliquant tous les acteurs, a répondu le délégué de la Suisse, on obligera les gouvernements à être comptables de leurs actes devant tout le monde.  La participation de tous exige des « moyens conséquents », a souligné, le représentant du Maroc qui a invité les institutions de Bretton Woods et les principales banques internationales à s’impliquer.

Norvège, Madagascar, Géorgie et Turquie

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a jugé bon que de nombreux pays se soient présentés pour leur premier examen national.  En Norvège, l’exercice a été très utile, a-t-elle déclaré, car il a permis de renforcer le système initial de suivi et de préparer l’avenir.  Chaque ministère a identifié ses cibles et responsabilités, a–t-elle expliqué.  Certains ont déjà été réalisés mais d’autres seront délicats, notamment dans les domaines de la protection de l’environnement et des modes de production et de consommation durable.  Il y a clairement un problème quand on sait que 30% de la production alimentaire mondiale est perdue d’une façon ou d’une autre alors que des centaines de millions de personnes souffrent de la faim.

Des objectifs ont été assignés à un ministère particulier qui devra rendre compte chaque année au Parlement des progrès réalisés lors de la présentation de leur budget.  C’est très important pour le suivi et par ailleurs, le Ministère des finances présentera un résumé consolidé des activités des différents ministères dans le projet de budget national, une manière efficace et bien établie de reddition de comptes.  La participation démocratique est encouragée, afin d’assurer l’appropriation nationale et de faciliter le suivi, a ajouté le Premier Ministre.

Le Parlement norvégien a été impliqué activement dans le processus et a débattu dès l’automne dernier de la manière dont la Norvège devrait contribuer à la réalisation des ODD et renforcer la participation démocratique.  Il existe un large consensus sur le fait que le Programme 2030 doit orienter les efforts nationaux et internationaux du pays, avec pour objectif d’éradiquer la pauvreté extrême, de protéger la planète et de promouvoir la prospérité, la paix et la justice partout dans le monde.

Le processus doit impliquer chacun: l’Assemblée des populations autochtones participe également au dialogue avec les différents ministères via un mécanisme formel qui existe depuis plusieurs années.  Mme Solberg a reconnu que le débat sur l’inclusivité pourrait apparaître aux yeux de certains comme « un luxe ».  Ce serait une erreur car il faut dans tous les pays, intégrer tout le monde, car tous ont des défis à relever.  Le Premier Ministre a, dans ce cadre, souligné la nécessité d’une meilleure coopération économique ne serait-ce que pour éliminer ou réduire les flux financiers illégaux.  Mme Solberg a précisé plusieurs des engagements internationaux de son pays dont l’APD représente environ 1% du PIB.  La Norvège a déjà ratifié l’Accord de Paris sur le climat et s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 40% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, a promis Mme Solberg, qui a ensuite cédé la place à un jeune représentant de la société civile norvégienne.

M. MARTIN ULVESTAD ØSTERDAL, Secrétaire général des enfants norvégiens et du Conseil de la jeunesse, a insisté sur la nécessité d’inclure tout le monde pour réaliser les ODD, même les plus marginalisés.  Les défenseurs des droits de l’homme, syndicalistes et autres subissent des violations de leurs droits un peu partout dans le monde.  Or les ODD ne seront réalisables que si les gouvernements deviennent les gardiens de la société et non leur oppresseur.  En même temps, les membres de la société civile ne peuvent se limiter à un rôle de « chiens de garde », ils doivent participer activement.

M. HERILANTO RAVELOHARISON, Ministre de l'économie et de la planification stratégique de Madagascar, a déclaré que le concept de développement durable n’était pas nouveau dans son pays, puisque la Constitution nationale de 2010 le mentionne déjà et que le pays dispose notamment d’une charte de l’environnement et d’un plan quinquennal pour le développement durable.  Madagascar s’est constituée tout un cadre institutionnel de mise en œuvre des ODD, piloté par un comité d’orientation et de suivi doté d’un comité technique, le tout étant placé sous la direction du Ministère de l’économie et du plan.  Tous les acteurs du développement et les forces vices de la nation sont représentés dans ces organes.

Pour assurer une meilleure appropriation nationale, deux consultations nationales ont déjà été réalisées en un an: la première était consacrée à une ébauche d’analyse de l’alignement des ODD sur les priorités nationales existantes et la seconde a permis aux différents acteurs de se familiariser avec les outils de priorisation des cibles, lesquels ont été fournis par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui reste actuellement l’unique partenaire financier du Ministère s’agissant du Programme 2030.

Le Gouvernement de Madagascar adhère totalement à l’objectif de ne pas faire de laissés-pour-compte, d’autant que trois régions du sud du pays subissent de manière périodique et fréquente les effets de la sécheresse et bénéficient de mesures structurantes dans le cadre des « 21 engagements pour le Sud », un plan national.  Dans le même ordre d’idées, une politique de protection sociale vient d’être élaborée et est en cours de mise en œuvre, s’adressant surtout aux plus vulnérables: personnes âgées, jeunes, femmes et pauvres.  Par ailleurs, la plate-forme des handicapés a activement participé à la préparation du présent examen volontaire et sa déclaration relative au Programme 2030 figure en annexe du rapport national.

Madagascar prévoit également d’intégrer le capital naturel dans la planification, grâce au projet WAVES (Wealth Accounting and Valuation of Ecosystem) pour lequel il est un pays pilote.  Les comptes de trois ressources sont actuellement disponibles: mines, eau et forêts.  Les résultats des analyses faites dans ce cadre doivent aider à l’élaborer des politiques publiques tenant compte du stock de patrimoine et de l’usage qu’on devrait en faire pour la viabilité et le développement.

Pour le Ministre, l’intégration des ODD dans les politiques et stratégies de développement du pays est acquise et les acteurs sectoriels y sont déjà sensibles.  Toutefois, pour être efficace, cette opérationnalisation doit être plus poussée.  En particulier, l’alignement des stratégies de mise en œuvre des secteurs et la priorisation des objectifs sont prioritaires dans les secteurs de l’agriculture et de l’environnement.  Les progrès déjà accomplis pour la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité doivent être soutenus pour assurer que la valorisation des ressources naturelles du pays constitue réellement la base d’un développement durable et soutenu.  Le pays devra également faire un effort particulier en matière d’indicateurs.

Le financement étant le clou de la mise en œuvre des ODD, la mobilisation des ressources est cruciale pour Madagascar.  Si l’efficacité de l’aide au développement s’améliore, il faudra encore renforcer le « Mécanisme de Busan ».  Le Ministère du plan élabore en outre une stratégie de mobilisation des ressources intérieures et une loi vient de fixer les modalités d’un partenariat avec le secteur privé.  En conclusion, le Ministre a expliqué que Madagascar a besoin de renforcement de ses capacités dans de multiples domaines, ce qui se concrétisera prochainement à l’occasion d’une conférence des bailleurs et des investisseurs.  Le pays doit se doter d’une institution forte capable de canaliser les efforts de développement autour des ODD et de traduire les documents cadres en actions cohérentes ayant des impacts en faveur des plus vulnérables.  Madagascar sait, pour en avoir fait l’expérience, qu’une croissance si elle n’est pas suffisamment inclusive, peut être source de crise.

M. DAVID ZALKALIANI, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a expliqué que le processus d’intégration nationale des ODD en Géorgie a été fait en tenant compte des difficultés et possibilités nationales.  Des groupes de travail techniques et des groupes d’experts ont été mis en place pour analyser les enjeux.  Quatorze des 17 ODD ont été identifiés comme des priorités nationales.  Des indicateurs vérifiables ont été mis en place et le tout sera révisé dans cinq ans.  Les priorités politiques du Gouvernement portent essentiellement sur l’égalité des droits, a expliqué M. Zalkaliani, qui a mis l’accent sur la protection des minorités et des personnes déplacées, et sur la lutte contre la corruption, la pauvreté et le chômage.  À cette fin, un plan prévoit une réforme économique pour mieux intégrer le pays dans le marché mondial, tout en garantissant une intégration régionale.  Le pays compte aussi sur les compétences de sa jeunesse et veut garantir une éducation pour tous, tout en accordant une importance capitale à la liberté de mouvement des étudiants. 

La Géorgie accorde une grande importance à la construction d’infrastructures résilientes, conformément à l’objectif 9.  Elle considère l’objectif 16 d’une société plus inclusive comme un pilier des ODD et a décidé une réforme visant une plus grande transparence.  Une réforme du secteur de la santé est aussi en cours, avec le lancement d’un grand programme de santé universelle en 2013.  La Géorgie dispose d’un bon secteur énergétique mais cherche à trouver des sources supplémentaires d’énergie, par le biais des centrales thermiques.

M. Zalkaliani a rappelé que le pays est affecté par un conflit et une occupation qui sapent les efforts de réconciliation et le développement d’une société inclusive.  La Géorgie reste toutefois engagée en faveur d’une politique de dialogue avec les populations des régions occupées.  Le Gouvernement prévoit la création d’un conseil de coordination avec la société civile, le secteur privé et le milieu universitaire pour assurer leur participation à la réalisation des ODD.

Plusieurs difficultés ont été décelées en ce qui concerne la collecte et l’analyse de données ventilées.  Pour la période à venir, la Géorgie va demander à la communauté internationale une assistance à la mise en place d’un système performant de collectes de données ventilées.  M. Zalkaliani a souligné à plusieurs reprises l’importance du Bureau d’information des Nations Unies en Géorgie, qui participe activement aux côté du Gouvernement à la mise en œuvre des ODD.

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a rappelé que le Programme 2030 constitue un cadre ambitieux qui nécessite un leadership fort de la part des gouvernements.  La Turquie est déterminée à prendre toutes les mesures nécessaires pour réaliser les ODD en 2030 et a préparé son rapport volontaire avec la contribution de tous les acteurs de la société, et le Bureau des Nations Unies dans le pays.

M. Çevik a d’abord rappelé que la Turquie avait accompli beaucoup de progrès pour réaliser les OMD, étant l’un des 10 pays qui ont obtenu les meilleurs résultats en moyenne annuelle pendant les 15 ans de l’exercice.  En outre, les efforts réalisés à cette occasion ont permis aux dirigeants politiques et praticiens d’adopter une vision holistique du développement qui sera utile pour la réalisation des ODD.  Lors de la décennie écoulée, la Turquie a lancé un modèle de développement qui tient compte du développement humain.

Le concept de développement durable existe depuis longtemps dans le pays, a poursuivi M. Çevik. Le pays l’intègre dans des plans nationaux depuis le Sommet de Rio de 1992 et leur analyse montre une grande cohérence avec les ODD.  De ce fait, la Turquie entend mettre en œuvre le Programme 2030 en fonction de ses priorités nationales et intégrera les ODD comme un élément essentiel de son nouveau plan national cette année.  Par ailleurs, ses institutions travaillent à intégrer les ODD dans différents plans d’actions et programmes sectoriels.

La Turquie considère la bonne gouvernance comme le quatrième pilier du développement durable.  En Turquie, c’est le Ministère du développement qui est chargé de la programmation et il existe depuis 2004 une Commission nationale du développement durable chargée de la coordination des différentes structures compétentes.  Le Gouvernement examine actuellement la possibilité de monter au plus haut niveau possible le processus de prise de décisions relatif aux ODD, mais les institutions existantes sont considérées comme pratiques et utiles.  Le pays compte aussi mettre en place un système qui assure la participation des autres acteurs: secteur privé, société civile, milieu universitaire.

La Turquie a l’intention de mettre en place un cadre conforme à celui des Nations Unies pour assurer le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des ODD.  Des rapports nationaux seront préparés sur une base périodique et l’Institut central de la statistique jouera un rôle clef.  Le pays dispose depuis 2000 d’un ensemble de 132 indicateurs de développement durable, qui couvre déjà 45% des indicateurs des ODD.  L’institut lancera prochainement une étude sur la manière de combler le fossé actuel.

Les moyens de mise en œuvre des ODD exigent des finances, le transfert de compétences et de technologies et un accès au marché.  Le financement international doit jouer un rôle important mais il est clair que les ODD ne pourront être financés simplement par une hausse de l’APD.  D’autre part, les crises humanitaires à travers le monde sont fortement connectées au niveau de développement des pays concernés, ce qui signifie que l’assistance humanitaire doit marcher main dans la main avec l’aide au développement et non être mise en concurrence avec elle.

Pays à développement relativement rapide, la Turquie est très consciente de la nécessité de ne pas faire de laissé-pour-compte, a encore déclaré M. Çevik.  La Turquie est un pays donateur émergent, qui a versé quelque 3,9 milliards de dollars au titre de l’APD en 2015, soit 0,54% de son PIB, approchant ainsi l’objectif de 0,7%, et ce, malgré la crise humanitaire persistante dans la région.  Le représentant a rappelé à cet égard que son pays accueille 2,7 millions de réfugiés syriens et ressent, en tant que voisin, les multiples effets de cette tragédie.  La Turquie espère que la communauté internationale fera preuve de la solidarité nécessaire et acceptera de porter sa part du fardeau.

Remerciant les quatre intervenants, M. THORIQ IBRAHIM, Ministre de l'environnement et de l’énergie des Maldives, s’est félicité des diverses innovations et a noté l’accent mis sur les priorités nationales.  Il a insisté sur les partenariats lesquels ne doivent pas se faire au détriment des obligations au titre de l’APD et encore moins la remplacer.  Les bailleurs de fonds devraient éviter de fixer des limites étroites aux partenariats et tenir compte des priorités des pays bénéficiaires.  À combien estimez-vous le coût de la mise en œuvre du Programme 2030? a demandé la représentante de l’Argentine aux quatre intervenants.  Le financement est la clef de toute la réalisation des ODD, a souligné le Premier Ministre norvégien.  Les pays qui sont en situation de coopérer avec d’autres, comme la Norvège, doivent continuer de le faire et donner en même temps l’exemple au plan national.  Que fait la Norvège pour changer les modes de consommation? a demandé le représentant du grand groupe des jeunes.  La Norvège, comme tous les pays industrialisés n’a pas de système de consommation durable, a avoué Mme Solberg, qui a précisé, à titre d’exemple, que le pays prend des mesures pour réduire les déchets alimentaires, ramenés à 25% pour une moyenne mondiale de 30%. 

Que fait Madagascar pour créer des emplois décents en faveur des jeunes?  Le sous-emploi représente plus de 70% des personnes actives, a indiqué le Ministre malgache de la planification économique.  La Turquie s’étant vue demander ce qu’elle comptait faire pour les femmes, M. Çevik a déclaré que la priorité consistait à lutter contre les violences qui leur sont faites, à assurer leur accès égal à l’éducation et à les autonomiser.  Il a fait observer que, depuis l’année dernière, l’égalité entre les sexes est acquise au Ministère des affaires étrangères.  Face à la même question, le Ministre géorgien a fait observer que la Géorgie avait fait l’objet d’une évaluation « très positive ».  Le représentant de l’Union interparlementaire s’est pour sa part félicité que le rôle des parlements dans la mise en œuvre et le suivi des ODD ait été reconnu, tout en estimant qu’il reste beaucoup à faire.

Finlande, Samoa, Ouganda et Allemagne

M. KIMMO TIILIKAINEN, Ministre de l’agriculture et de l’environnement de la Finlande, a insisté sur le fait que les droits de l’homme et l’égalité des sexes sont au centre de la mise en œuvre du Programme 2030.  « Ne laisser personne sur le côté » est la pierre angulaire de la société finlandaise.  Des décisions ont été prises pour l’égalité des chances, grâce au système de sécurité sociale.  Mais des inégalités dans l’accès à la santé et au travail décent persistent tout comme l’accès universel à une éducation de qualité. 

La Finlande a une longue tradition de promotion de l’égalité des sexes.  42% des membres du Parlement sont des femmes.  Cette lutte a été gagnée grâce à la réalisation des droits sexuels et reproductifs et à une lutte acharnée contre la violence faite aux femmes et pour l’égalité salariale.  Dès 2016, un mécanisme de coordination a été créé pour la mise en œuvre nationale du Programme 2030 qui regroupe, entre autres, tous les ministères.  Il faudra encore renforcer la sensibilisation des autres parties prenantes, y compris les jeunes et les enfants, les migrants et les personnes handicapées.  La lutte contre les changements climatiques, l’exploitation des ressources naturelles, le développement économique et le plein emploi sont les principaux défis de la Finlande. 

La Finlande s’engage à faire un suivi et un examen systématiques, transparents et participatifs de la mise en œuvre du Programme 2030.  Le rôle du Parlement national est fondamental à cet égard et les indicateurs nationaux seront révisés cette année.  En février dernier, le Gouvernement a renouvelé sa politique de développement guidée par le Programme 2030 dont le centre est l’éradication de l’extrême pauvreté, la réduction des inégalités et les droits de l’homme.  Quatre domaines prioritaires ont été choisis: les droits des femmes et des filles, l’amélioration des économies des pays en développement, l’appui à la création de sociétés démocratiques et la bonne gouvernance, et la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et à l’énergie et la durabilité des ressources naturelles. 

M. SILI EPA, Ministre des finances de Samoa, a mis en exergue les quatre messages clefs du processus d’examen: l’importance d’utiliser les ressources, les systèmes et les institutions existantes pour appuyer la « contextualisation » du Programme 2030; la centralité des données et des statistiques pour le suivi de la mise en œuvre; l’intégration des trois piliers du développement durable dans la stratégie nationale de développement; et les investissements dans les capacités humaines et institutionnelles. 

Comme tous les petits États insulaires en développement, le Samoa est caractérisé par sa petite taille, son extrême isolement, ses ressources limitées, sa dispersion géographique, son éloignement des marchés, son absence d’économie d’échelle, ses faibles capacités, sa vulnérabilité aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux crises mondiales. 

Au regard des 230 indicateurs du Cadre mondial, le Samoa s’est rendu compte que 52 indicateurs font déjà partie des données de son Bureau des statistiques et que 94 indicateurs développés au niveau sectoriel s’alignent sur ceux du Cadre mondial.  Ces 146 indicateurs seront utilisés pour mesurer les progrès et les 80 restants seront classés dans le dernier tiers. 

De cette première évaluation, le Samoa a appris que la correspondance entre les indicateurs mondiaux et nationaux contribue à renforcer les capacités statistiques.  Le pays a aussi appris l’importance qu’il y à développer des feuilles de route nationales et régionales de mise en œuvre.  Il s’est rendu compte de son leadership politique et technique capable d’articuler des plans stratégiques clairs.  Le pays a aussi travaillé à une mise en œuvre contextualisée mais a besoin de renforcer ses capacités et d’élaborer un plan plus facile à comprendre avec des processus simplifiés et une faculté de collecte, d’analyser et d’exploiter les données. 

M. MATIA KASIJA, Ministre de finances, du plan et du développement économique de l’Ouganda, a d’abord souligné que le Programme 2030 complète l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le Gouvernement vient de lancer son deuxième Plan national de développement qui consacre la part belle au développement des secteurs agricole, pétrolier et gazier.  La mise en œuvre du Programme 2030 exige des ressources et c’est la raison pour laquelle, la loi des finances 2015 a été simplifiée et le partenariat public-privé a été renforcé.  S’agissant de la gestion des effets des changements climatiques, l’Accord de Paris est en voie de ratification.  En outre, le Gouvernement a créé un groupe de travail sur les changements climatiques et une autorité nationale sur le climat.  De nouveaux indicateurs ont été mis au point afin de mesurer les progrès et, à moyen terme, le Gouvernement a pour objectif d’accélérer l’industrialisation en vue d’une croissance inclusive. 

M. THOMAS SILBERHORN, Secrétaire d’État chargé de la coopération économique et Mme RITA SCWARZELÜHR-SUTTER, Secrétaire d’État chargé de l’environnement, de la conservation de la nature, de la construction et de la sûreté nucléaire du Gouvernement fédéral de l’Allemagne, ont dit que l’Allemagne s’est engagée à suivre le Programme 2030.  Tous les quatre ans, des rapports de mise en œuvre seront élaborés.  Deux aspects sont très importants: le développement socioéconomique et la protection de l’environnement.  Les questions qui se posent à l’Allemagne sont: comment contribuer au bien-être dans le monde et comment aider les autres?

La priorité reste la lutte contre la faim dans le monde.  Pour y parvenir, l’Allemagne encourage une agriculture saine et un mode de consommation viable.  Au niveau mondial, il est nécessaire de limiter les spéculations sur les produits alimentaires et de créer des initiatives multipartites comme notamment le partenariat sur le textile durable, et améliorer les conditions de vie des producteurs.  D’ici à 2020, l’importation allemande de textile sera dictée par la nécessité de protéger l’environnement et la viabilité.  L’Allemagne a également pris 100 mesures pour la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, militant pour la « décarbonisation » de l’économie mondiale.  Défendre le climat, c’est protéger ceux qui sont les moins capables de résister aux changements climatiques et l’Allemagne a développé un programme en leur faveur.  Les deux Ministres ont reconnu que beaucoup reste à faire pour réaliser le Programme 2030.  Il faut pour cela une nouvelle culture de la viabilité.  Ils ont annoncé que l’Allemagne participera en 2021 aux examens nationaux. 

La représentante du grand groupe des jeunes a dénoncé la baisse de budget de la lutte contre les inégalités en Finlande et en Allemagne.  Les gouvernements ont en effet besoin de la société civile pour leur rappeler ce qu’il faut corriger, a commenté le Ministre finlandais.  Le fait que l’on n’obtienne pas toujours les résultats escomptés ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras.  Le Secrétaire d’État allemand a, s’agissant de l’égalité des sexes, appelé le secteur privé à faire sa part.  Il a tout de même souligné que selon une récente étude de l’OCDE, les inégalités salariales entre les hommes et les femmes en Allemagne sont parmi les plus faibles au monde.

Comment faites-vous pour faire le lien entre le Programme 2030, les « Orientations de Samoa » et l’Accord de Paris sur le climat? a demandé la Ministre des femmes du Paraguay.  Son homologue des finances de Samoa a répondu que les « Orientations de Samoa » constituent l’outil principal pour le développement des pays comme le sien.  Interrogé par la Chargée de recherche principale sur les questions internationales à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, sur le rôle de la société civile en Ouganda, le Ministre ougandais des finances a répondu qu’un mécanisme a été créé afin de consulter la société civile et le secteur privé sur l’élaboration du budget national.  

Le modérateur, M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s’est réjoui que le débat ait parlé des droits de l’homme, de l’équité et des données.  Il a ajouté que parvenir à l’égalité des sexes signifie libérer des fonds pour tout ce qui concerne les femmes et les filles.  Pour ce faire, il faut faire participer le secteur privé et la société civile.  « 2030, c’est déjà demain », a-t-il prévenu.

Débat de haut niveau

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que Le Forum politique de haut niveau tient sa première réunion depuis l’adoption du Programme 2030.  En tant que plate-forme mondiale d’examen et de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Forum compte sur la participation de tous.  Le Programme 2030 représente l’espoir pour les gens, la planète, la paix et la prospérité, a ajouté le Secrétaire général.

M. Ban a ensuite présenté son premier rapport d’étape sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en précisant qu’il se fonde sur les chiffres officiels fournis par le Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable.  Le rapport, qui sera publié chaque année, sera un véritable repère jusqu’en 2030, a estimé M. Ban, puisqu’il fournira des données précises sur la situation du monde au regard des 17 ODD.

Les données montrent qu’une personne sur huit continue de vivre dans la pauvreté extrême, que près de 800 millions de personnes souffrent de la faim, que la naissance de près d’un enfant sur quatre âgés aujourd’hui de moins de 5 ans n’a pas été enregistrée, que 1,1 milliard d’êtres humains vivent sans électricité ou encore que le manque d’eau en affecte plus de deux milliards, a relevé le Secrétaire général.

Les données du rapport montrent qu’il est essentiel de mener des actions ciblées en faveur de ceux qui sont les plus à la traîne, ce qui ne sera possible que si l’on dispose d’indicateurs pour tous les groupes, y compris sur ceux qui, souvent, ne sont pas pris en compte.  Le Secrétaire général a donc appelé à une mobilisation dans la collecte et l’analyse des données statistiques.

M. Ban s’est ensuite attaché à l’un des défis de notre temps qui exige une action immédiate: les changements climatiques, dont l’actualité nous montre chaque jour ses effets néfastes.  Le Secrétaire général a rappelé qu’en avril, la majorité des États avait signé l’Accord de Paris conclu le 12 décembre 2015, avant d’ajouter qu’il fallait désormais le faire entrer en vigueur, ce qui suppose la ratification par 55 pays responsables ensemble d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre.  Or, on ne compte actuellement que 19 ratifications, ce que le Secrétaire général a jugé « absolument pas suffisant », même s’il s’est félicité de ce que 40 États se soient engagés à ratifier l’Accord, avant la fin de l’année 2016.  M. Ban a donc annoncé la tenue, le 21 septembre au matin, au début du Débat général de la soixante-onzième session de l’Assemblée générale, d’une cérémonie de dépôt des instruments de ratification aux Nations Unies.  Pour M. Ban, il serait « merveilleux » de voir entrer en vigueur l’Accord de Paris avant la prochaine réunion des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques –COP22- qui se tiendra à Marrakech au Maroc du 7 au 18 novembre prochain.  Il a en tout cas demandé à tous les États de passer par un processus accéléré de ratification.

Le Secrétaire général a aussi félicité les 22 pays qui ont présenté volontairement leur rapport de mise en œuvre du Programme 2030 à l’issue de la première année.  Il a demandé aux États d’intensifier leurs efforts et de faire participer pleinement le secteur privé et la société civile à la mise en œuvre et au suivi des objectifs de développement durable.

M. Ban a encore rappelé que le Programme 2030 avait besoin d’un système de développement des Nations Unies plus vigoureux, avant de rappeler qu’un Groupe indépendant d’experts avait présenté récemment à l’ECOSOC la vision d’un tel système travaillant à l’unisson.

Nous devons apprendre à réfléchir de manière différente, a poursuivi le Secrétaire général.  Il faut pour cela des politiques ciblées, des données ventilées et des politiques actives.  Il faut briser les cloisons entre les aspects sociaux, économiques et environnementaux du développement durable, mais aussi au sein des gouvernements, entre les gouvernements et la société civile et entre le secteur public et le secteur privé.

Le Secrétaire général a rappelé plusieurs initiatives déjà prises, comme le Mécanisme de facilitation des technologies, la tenue en juin du premier Forum sur la science, la technologie et de l’innovation, le Forum de l’ECOSOC sur le financement du développement ou la publication du rapport mondial sur le développement durable.  Il a rappelé que la quatorzième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIV) réunie actuellement à Nairobi se concentre sur la concrétisation des engagements dans le Programme 2030.

Rappelant que pour réaliser les objectifs de développement durable, il faudra des financements innovants et des partenariats inclusifs, le Secrétaire général a dit attendre beaucoup du Forum de l’ECOSOC sur la coopération pour le développement qui commencera ses travaux jeudi, avant de rappeler que le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement avait donné un cadre d’ensemble.  Il a aussi demandé que les engagements en matière d’aide publique au développement (APD) soient respectés et que la qualité de cette aide soit améliorée, avant d’ajouter que la coopération Sud-Sud devrait aussi jouer un rôle complémentaire. 

À la fin de son allocution, le Secrétaire général a dressé un bilan de son action personnelle, expliquant qu’au cours de ses neufs ans et demi de mandat, il avait donné la priorité absolue à l’établissement des fondations pour un avenir viable de la planète et de sa population.  « Nous avons pris un bon départ, engageons-nous à ne pas nous reposer avant d’avoir atteint un monde de paix, de dignité et d’égalité des chances », a-t-il conclu.

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DAES) a présenté le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 « Concrétiser les engagements » qui relève que le Programme 2030 constitue un changement fondamental de la façon d’envisager le développement et la coopération internationale.  Le rapport expose notamment les mesures qui pourraient être prises pour donner le coup d’envoi décisif de la mise en œuvre du Programme 2030.  Il souligne le rôle central de l’appropriation nationale et la nécessité de faire concorder les politiques et les plans de développement durable existants avec le Programme 2030.

Le rapport précise que l’ONU devra montrer l’exemple en améliorant la cohérence du système et en intégrant les principes et les objectifs du Programme 2030 aux politiques et programmes à tous les niveaux.  En particulier, le système du Conseil économique et social devra renforcer sa contribution aux progrès effectués en matière de développement durable, en favorisant l’établissement de normes mondiales, la constitution d’un socle commun de connaissances et l’élaboration de recommandations pratiques, et en apportant un appui au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme 2030, qui devront se faire de manière cohérente et inclusive.

Le Secrétaire général adjoint a également présenté une note du Secrétaire général consacrée aux infrastructures au service du développement durable pour tous, destinée à éclairer les États Membres sur les tâches qui attendent l’Instance mondiale dédiée aux infrastructures.  Le rapport affirme que les infrastructures sont essentielles au développement durable car elles stimulent la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement.  Il faut retenir des approches intégrées et axées sur l’être humain si l’on veut que les infrastructures contribuent à concrétiser la conception du développement exposée dans le Programme 2030. 

Concevoir et bâtir des infrastructures résilientes, durables et accessibles à tous est un enjeu de portée universelle qui doit, à tous les niveaux, constituer une priorité et servir à cristalliser le développement durable.  Combler les lacunes qui existent en matière d’infrastructures à l’échelle mondiale est aussi un défi de taille.  L’action menée doit cibler les pays où les infrastructures sont le plus déficientes, en particulier les pays qui ont des situations particulières.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba appelle à épauler davantage les pays qui ont besoin d’aide, notamment sur le plan financier et en matière de renforcement des capacités.  Les organismes des Nations Unies doivent intensifier l’action qu’ils mènent, tout en donnant suite à la recommandation formulée dans le Programme 2030, selon laquelle il faut recourir à des moyens novateurs et dynamiser la volonté et l’action politiques.

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité des politiques de développement, s’est attardé sur la capacité de production qui apparaît dans plusieurs objectifs du Programme 2030.  Pour la renforcer, le Président a appelé à un appui international, en particulier pour les pays les moins avancés (PMA) car malgré leur croissance économique, ces pays, s’est-il expliqué, ont du mal à transformer et à diversifier leur économie.  Sans transformations structurelles, ils ne pourront pas réaliser les objectifs de développement durable et comme il n’y a pas de solution à taille unique, le risque de donner ou pas la priorité au détriment ou au profit des autres ODD doit être atténué par des politiques nationales et internationales « sur mesure ». 

Dans sa longue déclaration, le Président a recommandé à l’ECOSOC d’appeler les gouvernements des PMA à élaborer et mettre en œuvre des stratégies visant à accélérer la croissance économique et à promouvoir la transformation de leur économie.  Ces stratégies ne doivent en aucun cas aggraver la situation des défavorisés et abîmer l’environnement.  La communauté internationale devrait de son côté renforcer son appui aux PMA par un accès préférentiel aux marchés et des subsides « aide pour le commerce » pour renforcer les capacités d’innovation et contribuer plus largement aux ODD.  La communauté internationale devrait aussi renforcer la coopération internationale en matière fiscale pour faire en sorte que les investisseurs étrangers payent leur dû au fisc, surtout dans les secteurs des mines et autres ressources naturelles.  Il faut aussi accorder l’attention requise à la lutte contre les flux financiers illicites associés à l’évasion fiscale. 

L’ECOSOC, a poursuivi le Président, devrait également demander aux donateurs de respecter leurs engagements en matière d’APD et de la dissocier des autres apports financiers dont ceux pour le climat et le commerce.  L’APD, qui est par nature une transaction transfrontière, ne devrait pas inclure les dépenses faites chez les donateurs comme la réinstallation des réfugiés ou les coûts administratifs de la coopération.  Les flux privés doivent être distincts de l’APD et les pays en développement comme les donateurs émergents doivent pouvoir participer aux discussions sur tout nouveau cadre de financement du développement, et en toute transparence.  Ce jeudi 21 juillet, a annoncé le Président, la Commission des politiques de développement et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) organisent une table ronde de haut niveau sur ces questions.

Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a plaidé Mme SAMANTHA POWER (États-Unis), il faut que la collecte des données soit plus transparente.  Trop souvent, s’est-elle expliquée, les gouvernements sont tentés de cacher leurs lacunes derrière des données erronées.  Les États-Unis ont la ferme intention de mettre en place un système de suivi transparent en ligne.  Tous les États devraient faire pareil.

Mme Power a invité la communauté internationale à puiser dans l’innovation et la créativité de la société civile, du secteur privé et du monde universitaire.  Il est surprenant de voir, a-t-elle regretté, que malgré le rôle positif qu’elle joue, la société civile soit toujours vue, dans de nombreux États, comme un ennemi.  Elle a, à titre d’exemple, cité le fait que des pays aient bloqué l’octroi du statut consultatif auprès de l’ECOSOC à une organisation de défense des journalistes.  Elle a aussi déploré les obstacles à la participation de la société civile aux travaux de l’Assemblée générale dont viennent d’être victimes certaines organisations LGBT qui œuvrent pourtant activement dans la lutte contre le VIH/sida.

M. LUBOMIR ZAORALEK, Ministre des affaires étrangères de la République Tchèque, a indiqué qu’un nouveau cadre stratégique de développement national est en cours d’élaboration.  Tous les acteurs sociaux y sont associés, et ce cadre qui entrera en vigueur en 2018 mettra l’accent sur les politiques sociales.  Des domaines prioritaires y sont également identifiés, notamment la bonne gouvernance, la gestion durable des ressources naturelles, l’agriculture, ainsi que l’emploi productif, un domaine de première importance dans l’optique de l’éradication de la pauvreté, a-t-il précisé.  Il a aussi souligné l’importance de l’égalité des sexes, arguant que cela aurait un effet multiplicateur sur la réalisation des autres objectifs de développement durable.  Il a affirmé que la République tchèque entend jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, et c’est pour cette raison que son pays a présenté sa candidature à la vice-présidence de l’ECOSOC.

M. LI BAODONG, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a mis l’accent sur la nécessité de créer un sentiment fort de « communauté de destin » et de bâtir un environnement international favorable à la mise en œuvre du Programme 2030.  Sans paix ni stabilité, il y a peu de chance d’aboutir au développement et à la prospérité, a-t-il dit. 

Les États, a-t-il ajouté, devraient suivre les aspirations de leurs peuples, rechercher la coexistence pacifique, respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies, élaborer un nouveau modèle de relations internationales basé sur une coopération « gagnant-gagnant » et créer un environnement pacifique, stable et harmonieux aux niveaux régional et international.

Le représentant a en outre défendu le principe d’une approche centrée sur les personnes, ainsi que la participation de tous au développement durable.  « La tâche principale de gouvernance est d’enrichir les gens », a-t-il ainsi déclaré.  Il convient, selon lui, d’adopter une approche intégrée dans la planification et la mise en œuvre en vue de faciliter des progrès coordonnés dans les différentes instances économiques, sociales et environnementales. 

De même, le délégué chinois a plaidé en faveur d’une amélioration des partenariats mondiaux afin d’aider les pays dans le processus de mise en œuvre.  Le rôle central des Nations Unies doit être appuyé pour renforcer la structure de la coopération internationale au développement, a ajouté M. Li. 

La Chine, plus important pays en développement du monde, et qui assure en 2016 la présidence du G20, a œuvré activement au sein de cette plate-forme macroéconomique mondiale en vue d’y accorder la priorité, pour la première fois, à la question du développement.  Le représentant a ainsi fait état de la formulation d’un Plan d’action du G20 sur la mise en œuvre du Programme 2030.

Pour M. KIMMO TIILIKAINEN, Ministre de l’agriculture et de l’environnement de la Finlande, il n’est pas encore possible d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des ODD mais beaucoup de pays se sont déjà dotés de plans et de procédures.  Ainsi, la Finlande est l’un des 22 États à avoir présenté volontairement un rapport de mise en œuvre.  Le rapport du Secrétaire général a pour sa part donné un bon aperçu de la situation mondiale et les différents groupes ont présenté des contributions importantes.  Le Ministre a insisté sur l’urgence à agir collectivement pour contrer les effets des changements climatiques, tout en assurant le développement durable qui façonne la coopération au développement de la Finlande, laquelle met l’accent sur la promotion des droits de la femme et des filles, la démocratie, l’accès à l’alimentation, à l’eau et à l’énergie, ainsi qu’à l’utilisation durable des ressources naturelles.  Le Forum doit envoyer un message fort aux parties prenantes et au système des Nations Unies sur ce qui doit être fait pour réaliser les ODD.  Une déclaration ministérielle en ce sens pourrait jouer un rôle important.  Il faut aussi des données statistiques efficaces et ventilées pour veiller à ce que personne ne soit laissé à la traîne. 

M. ARDALAN SHEKARABI, Ministre de l’administration publique de la Suède, a rappelé que le Premier Ministre de son pays avait lancé l’an dernier, avec d’autres, un Groupe de haut niveau à l’appui de la mise en œuvre du Programme 2030.  « Action 21 » adopté en 2000 avait déjà montré l’importance de l’action locale, a poursuivi le Ministre.  C’est pourquoi les différents niveaux locaux en Suède sont aussi responsables de la mise en œuvre des ODD.  La Suède s’est fixée par ailleurs des objectifs ambitieux dans certains domaines, par exemple devenir une nation sans combustibles fossiles d’ici à 2040.  Elle a aussi lancé un pacte mondial en faveur du travail décent et reste résolument attachée à l’égalité hommes-femmes.

Mme ANA MARIA BAIARDI, Ministre de la condition féminine du Paraguay, a appelé à des mécanismes adéquats pour assurer le suivi des politiques publiques.  Elle a également plaidé pour l’égalité entre les sexes et l’éradication de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes.  La parité doit être assurée au niveau de la représentation dans les structures de prise de décisions, a-t-elle insisté, soulignant que sans la participation active des femmes à la mise en œuvre du Programme 2030, le développement ne saurait être durable.  La Ministre a également appelé à aider les pays vulnérables, notamment les pays en développement sans littoral.

M. ABDUL SATTAR MURAD, Ministre de l’économie de l’Afghanistan, a indiqué que son pays avait adopté une feuille de route nationale pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Mon pays est entré dans la troisième étape de son processus de transformation, a-t-il dit.  Il a précisé qu’après la transformation sécuritaire et politique, son gouvernement s’attelait à promouvoir une économie qui soit moins dépendante de l’aide étrangère.  « Nous travaillons à de nouvelles réformes pour combler nos déficits budgétaire et extérieur et faire en sorte que chaque dollar soit dépensé de manière efficace », a affirmé le Ministre, ajoutant que plusieurs mesures de lutte contre la corruption ont été prises.  Il a rappelé que la Conférence sur l’Afghanistan qui doit se tenir à Bruxelles début octobre s’appuiera sur une série d’engagements réciproques pris par le Gouvernement afghan et ses partenaires au développement.  C’est un signal fort sur le caractère « irréversible » des gains enregistrés ces 15 dernières années, a-t-il dit.

Le Ministre a ensuite insisté sur les vulnérabilités particulières des PMA.  La bonne mise en œuvre du Programme 2030 exigera qu’une attention spéciale soit portée à ces pays, dont l’Afghanistan, a-t-il dit.  « Dans un tel contexte, remédier au décalage de cinq ans entre les OMD et les ODD est crucial pour mon pays. »  Il a insisté sur l’importance de la transition entre la phase de relèvement et la phase de développement.  Les efforts de l’Afghanistan pour promouvoir la croissance économique et le développement durable sont entravés par un conflit qui s’enracine dans le terrorisme international et l’extrémisme violent, a-t-il prévenu, soulignant à cet égard la pertinence de l’objectif 16 sur les sociétés pacifiques et saluant l’inclusion dans le projet de déclaration ministérielle de la nouvelle donne du G7+.

Mme SAHAR NASR, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, a déclaré que le principal défi de son pays est l’éradication de la pauvreté.  Elle a appelé la communauté internationale à favoriser l’accès des pays en développement au commerce international.  Elle a également indiqué que le terrorisme international est devenu un obstacle majeur au développement, et que de ce fait, des efforts concertés doivent être engagés pour éradiquer ce fléau.  Elle a estimé que les défis du développement durable ne peuvent être surmontés que par l’entremise d’un partenariat mondial, appelant notamment les pays développés à respecter leur promesse en matière d’aide au développement.

M. BOIMA S. KAMARA, Ministre des finances et du développement du Libéria, a expliqué que son pays, dont la fragilité vient d’être aggravée par l’épidémie à virus Ebola, faisait face à des défis conséquents dans la mise en œuvre des ODD.  Ces objectifs ont été promus au niveau national par la Présidente libérienne en janvier dernier, a-t-il dit, soulignant ce faisant la volonté politique de son pays.  M. Kamara a ensuite affirmé que son gouvernement prenait des mesures en vue d’une transformation structurelle de l’économie pour réduire la dépendance aux ressources naturelles et promouvoir une croissance économique inclusive.  Le Libéria va également renforcer ses programmes de protection sociale afin de réduire le taux de pauvreté, remédier aux inégalités et aider les ménages les plus pauvres à gérer les risques de manière plus efficace.

Conscient de l’importance de mesurer les progrès dans la mise en œuvre de ces ODD, le Ministre a affirmé que son pays avait mis en place à cette fin une structure institutionnelle réunissant toutes les parties prenantes.  « Notre expérience s’agissant de la mise en œuvre des OMD nous a appris à nous méfier des cibles trop ambitieuses qui ont de l’attrait sur le papier mais qui ne sont pas réalistes. »  En conclusion, M. Kamara a souhaité que les travaux autour des indicateurs tiennent compte de la marge de manœuvre politique des pays qui doivent pouvoir élaborer leurs propres indicateurs de performance.  Cela demandera une amélioration de la collecte de données, a-t-il affirmé.

M. ALAIN WONG, Ministre de l’environnement, du développement durable et de la gestion des catastrophes naturelles et des plages de Maurice, s’est dit fier que son gouvernement ait placé l’homme au centre du développement économique dès l’indépendance en 1968.  Maurice a utilisé toute l’APD possible pour se transformer.  Le pays est toutefois victime de son succès, étant privé de certaines facilités depuis qu’il n’est plus un PMA.  Maurice a donc élaboré une Vision 2030 basée sur les ODD pour atteindre un autre niveau de développement.  Toutefois, elle fait face à de nombreux défis: les risques d’une stagnation économique, de la hausse du chômage chez les jeunes et de l’augmentation des maladies non transmissibles.  Le pays est aussi exposé aux conséquences des changements climatiques, dont des ouragans très violents qui ont le potentiel de ruiner les efforts réalisés à ce jour. 

Maurice demande donc une assistance internationale, tout en mobilisant ses ressources intérieures, y compris par une collecte plus efficace des impôts.  Elle a aussi besoin de bonnes capacités pour attirer les investissements et développer les cadres réglementaires du secteur privé.  Vision 2030 se fonde notamment sur l’économie bleue, qui représente un potentiel considérable mais qui exige de gros investissements.  Maurice est prête à faire le lien entre le système des Nations Unies et les autres partenaires au développement.  

Mme ROSALIE MATONDO, Ministre de l’économie forestière, du développement durable et de l’environnement du Congo, a déclaré que le Programme 2030 représentait une opportunité indéniable pour répondre aux défis multiples auxquels la planète est confrontée.  La Ministre a rappelé que l’Afrique avait produit son propre document régional de planification pour le développement, l’Agenda 2063.  Le Congo prépare pour sa part son nouveau programme de développement 2017-2021, qui épouse parfaitement les objectifs du Programme 2030.  Il remercie les Nations Unies pour leur assistance, qui lui a permis d’atteindre certaines cibles du développement, en particulier en matière de santé, comme la prise en charge totale du traitement antipaludéen des femmes enceintes et des enfants ou la gratuité depuis 2007 des médicaments antirétroviraux contre le VIH/sida.  Le taux de pauvreté est passé à 36%, contre 50% dans les années 2000 mais reste encore trop élevé, a déploré Mme Matondo. 

La Ministre a ensuite présenté toute une série de mesures de gestion durable des systèmes forestiers, mises en œuvre depuis 2000.  Elle a cité parmi les nombreux défis à relever l’emploi des jeunes, la lutte contre la faim et la pauvreté, l’approvisionnement en eau potable et en électricité.  Elle a estimé que la stratégie nationale de développement durable constituera une avancée majeure en termes de cadre de travail.

M. EDGAR GUTIÉRREZ ESPELETA, Ministre de l’environnement et de l’énergie du Costa Rica, a fait observer que son pays a procédé à un diagnostic de la situation nationale en vue d’établir un plan de développement qui tienne compte des objectifs de développement durable.  Ces derniers ont été du reste classifiés en fonction des priorités nationales.  Le Costa Rica entend continuer à proposer des solutions innovantes pour redonner espoir aux générations futures, a-t-il promis. 

Il s’est ensuite exprimé en qualité de deuxième Président de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA), dont la dernière session, tenue en mai dernier à Nairobi, a permis aux ministres de l’environnement d’adopter des résolutions sur divers sujets relatifs au développement durable.  Il a conclu en soulignant l’importance de l’intégration des politiques et la nécessité de renforcer les liens entre les trois piliers du développement durable, à savoir le pilier économique, le pilier social et le pilier environnemental.  

M. GEORGES WEMBI LOAMBO, Ministre du plan et du suivi de la révolution de la modernité de la République démocratique du Congo (RDC), a parlé du Plan stratégique national de développement visant à faire de la RDC un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2021 et un pays émergent en 2030 et un pays développé en 2050.  Le Plan, qui tient compte des questions relatives aux changements climatiques vu l’implication de la RDC dans l’Accord de Paris, sera opérationnalisé à travers des plans quinquennaux dont le premier concerne la période 2017-2021.  Dans cette perspective, le Gouvernement a lancé la mise en œuvre des ODD dès l’année 2016 et mené des actions de sensibilisation et de vulgarisation.  Il a aussi élaboré un guide de suivi et évaluation qui comprend un dispositif politique et un dispositif technique à deux niveaux: national et provincial.  Pour renforcer le suivi de la mise en œuvre des ODD, un « Observatoire congolais du développement durable » a été créé. 

S’agissant de la contextualisation des ODD, une formation sur l’analyse rapide intégrée (RIA) a été organisée en faveur des cadres nationaux, de la société civile, du monde scientifique et du secteur privé.  Avant de conclure, le Ministre a attiré l’attention sur les questions particulières suivantes: l’assouplissement des conditionnalités des bailleurs de fonds, le renforcement du système statistique national et la diversification des sources de financement.

M. JONG-MOON CHOI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a d’abord parlé des inégalités croissantes, soulignant qu’1% des gens les plus riches détiennent aujourd’hui la moitié des richesses mondiales.  Le Vice-Ministre a ensuite parlé des crises humanitaires, avec un record de 65,3 millions de déplacés dans le monde.  Après les réunions de Paris, de Bruxelles et d’Istanbul qui ont apporté des solutions novatrices et de nouveaux paradigmes depuis l’adoption du Programme 2030, le Vice-Ministre a attiré l’attention sur la réunion sur les vastes mouvements de réfugiés et de migrants prévue à la prochaine session de l’Assemblée générale et sur le Sommet des dirigeants sur les réfugiés, qu’organise le Gouvernement américain. 

De son côté, le Gouvernement coréen ne cesse de renforcer son appui aux pays fragiles et touchés par les conflits.  Il a mis en place, ce faisant, un programme novateur qui prélève 1 dollar sur chaque billet d’avion vendu en République de Corée au profit du Fonds mondial pour l’élimination de la pauvreté.  Près de 25 millions de dollars sont ainsi collectés par an pour promouvoir la santé et la sécurité des populations marginalisées dans les pays confrontés à des défis extrêmes.  En mobilisant l’opinion publique, l’initiative améliore aussi sa sensibilisation à l’importance de l’aide publique au développement (PAD).  Quant aux crises humanitaires, la République de Corée a lancé l’initiative « Better Life for Girls » qui appuie l’éducation, la santé et la formation des filles dans les endroits désavantagés.  Le pays a également, au cours de ces cinq dernières années, multiplié par 5 sa contribution à l’aide humanitaire.  « Ne laisser personne sur le côté » est un principe non négociable, c’est « l’impératif » qui doit être pris en compte dans toutes les politiques, a conclu le Vice-Ministre.

M. NGUYEN THE PHUONG, Vice-Ministre de la planification et des investissements du Viet Nam, a relevé qu’un plan d’action national a été élaboré dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  En tant que pays à revenu intermédiaire durement touché par les changements climatiques, le Viet Nam est préoccupé par la préservation des acquis dans un contexte d’incertitude climatique.  Cette situation renforce la vulnérabilité du pays, a dit le Vice-Ministre avant de plaider pour une résolution des Nations Unies relative aux indicateurs des objectifs de développement durable, afin de permettre aux États de s’appuyer sur une base claire pour le suivi. 

M. JESÚS MANUEL GRACIA ALDAZ, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Espagne, a estimé que le Programme 2030 était évidemment politique et qu’il fallait en faire une politique d’État par un dialogue constant avec les différents acteurs, ce qu’a fait le Gouvernement espagnol.  Celui-ci travaille aussi avec l’Institut national de la statistique pour assurer le suivi du Programme et a lancé un mécanisme de cartographie des politiques actuellement en œuvre afin d’articuler le Programme 2030 avec le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Plus de 50% des indicateurs recensés par la Commission de statistique des Nations Unies sont déjà couverts par les statistiques espagnoles.  Il reste encore à renforcer la mobilisation des ressources nationales et il ne fait pas de doute que les technologies joueront un rôle important.  L’Espagne restera engagée en tant qu’acteur national et international fiable.  Le nouveau contexte mondial est synonyme de défis mais aussi de débouchés, a conclu le Ministre. 

M. MOHAMMAD AL TUWAIJRI, Vice-Ministre de l’économie et de la planification de l’Arabie saoudite, a exprimé l’intérêt de son pays à prendre part à tous les efforts déployés aux plans mondial, régional et national pour mettre en œuvre le Programme 2030, qui est dans la ligne de ce qui a déjà été fait pour les OMD.  L’Arabie saoudite a lancé son programme Vision 2030 et un programme de transition connexe visant à réaliser les ODD sans « laisser personne sur le côté ».  L’Arabie saoudite a publié un décret royal pour désigner un organe chargé de suivre le dossier du développement durable et elle met en place les indicateurs de suivi nécessaires au plan national.  Le Ministre a insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté nationale, les valeurs culturelles et sociales des États et la morale religieuse face à la montée en puissance de l’extrémisme violent et du terrorisme.  La communauté internationale doit être solidaire pour assurer la paix et la stabilité, prérequis du développement durable.  Il faut également reconnaitre le principe de la responsabilité commune mais différenciée dans la réalisation des ODD, a conclu le Ministre.

M. VASSILY NEBENZIA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’est félicité de l’augmentation du volume de l’aide de son pays en faveur du développement international, précisant que cette aide a crû de 30% rien qu’au cours de l’année écoulée.  En Fédération de Russie, un groupe de travail interministériel a été mis en place afin d’assurer la coordination de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le suivi sera quant à lui effectué par les services fédéraux des statistiques.  Les entreprises russes, la société civile et d’autres acteurs sont également invités à apporter leur contribution, a dit le Vice-Ministre qui a insisté sur le rôle que devrait jouer les régions dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, soulignant également le rôle que pourraient jouer les commissions économiques régionales des Nations Unies.

M. MASAKAZU HAMACHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a relevé que le Japon a lancé un programme de promotion des objectifs de développement durable au niveau national.  Il a également rappelé qu’à la réunion du G7 de mai dernier que son pays a abritée, les dirigeants avaient pris l’engagement de soutenir ces objectifs.  Il a présenté un certain nombre d’initiatives que le Japon a mises en place dans le cadre de sa politique de coopération internationale, notamment en direction de l’Afrique.  Il a assuré que le Japon entend investir dans la diversification de l’économie du continent, son industrialisation et la mise en place de systèmes de santé plus résilients.  Son pays est aussi engagé dans la construction d’infrastructures de qualité, c’est pourquoi de grosses sommes ont été prévues pour les cinq prochaines années. 

M. ARVIND PANAGARIA, Vice-Président du Gouvernement NITI Aayog de l’Inde, a rappelé l’attachement de son pays aux ODD, du fait d’une corrélation très forte entre les ODD et la vision du développement du Gouvernement indien, notamment en matière environnementale.  Le Gouvernement prend les mesures initiales nécessaires pour établir un cadre de mise en œuvre des ODD dans un esprit de fédéralisme qui a conduit à l’augmentation des allocations aux différents États.  L’Inde présentera son premier rapport de mise en œuvre l’année prochaine, lequel montrera sans doute que le pays est sur la bonne voie.  Les pays développés doivent prendre la tête du mouvement en réduisant leurs émissions de carbone, en modifiant leur mode de vie et en aidant davantage les pays en développement.

M. MAJID BIZMARK, Directeur général des affaires environnementales et du développement durable du Ministère des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a estimé qu’il fallait passer des vœux à l’action, ce qui suppose la solidarité internationale.  Le principe de responsabilité commune mais différenciée doit rester la pierre angulaire de cette action commune.  Malgré les sanctions injustes et illégales dont elle est victime, la République islamique d’Iran a déjà fait des pas vers la réalisation des ODD.  Le Gouvernement a en outre adopté deux lois pour renforcer la résilience de l’économie aux chocs extérieurs et pour renforcer la protection de l’environnement en mettant l’accent sur la promotion d’une économique verte.  Un véritable partenariat permettra de transformer les engagements pris en actes, a conclu le représentant.

M. HAMISH COOPER, Ministère des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande, a fait état de la mise en place d’un mécanisme interagences transgouvernemental visant à appuyer les efforts de son pays susceptibles d’avoir le plus grand impact.  La Nouvelle-Zélande, a-t-il dit, reconnaît que les objectifs de développement durable sont indivisibles.  Toutefois, a-t-il ajouté, et ainsi qu’il l’est constamment rappelé dans le rapport du Secrétaire général, les pays ont besoin d’accorder la priorité au Programme 2030 en fonction de leur propre situation et de leurs besoins.

Au niveau mondial, a-t-il expliqué, la Nouvelle-Zélande continuera d’assurer son leadership sur un certain nombre de questions telles que l’élimination des subventions aux pêcheries qui contribuent à des activités de pêche illégale et des subventions inefficaces dans le domaine des combustibles fossiles, de pair avec l’amélioration de l’accès à l’énergie renouvelable dans le Pacifique et au-delà, la promotion d’un système commercial ouvert et régi par les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le plaidoyer en faveur des petits États insulaires en développement.

M. ATO AHMED SHIDE, Ministre des finances et de la coopération économique de l’Éthiopie, a indiqué que son pays a dûment intégré les objectifs de développement durable dans son Plan quinquennal de croissance et de transformation 2015-2020.  Après avoir donné un aperçu des efforts déployés dans la lutte contre la pauvreté, la protection sociale, la création d’emplois, le développement du secteur privé et l’économie verte, le Ministre a parlé de la mise en place d’un cadre cohérent et intégré pour le suivi de ces efforts.  La matrice actuelle du sous-développement a intégré les cibles du Programme 2030, ce qui permettra d’élaborer un rapport annuel sur les progrès.  Le Gouvernement s’attache en effet à mettre en place les cadres politiques et institutionnels nécessaires à une mise en œuvre cohérente qui « ne laisserait personne sur le côté ».  Grâce un partenariat revitalisé, au partage des expériences et à la création d’un environnement international favorable, l’Éthiopie est sûre que le monde pourra réaliser la vision d’une élimination « irréversible » de la pauvreté et d’une prospérité planétaire d’ici à 2030.

M. BERNARD KAMPHASA (Zambie) a dit que dans 15 ans, la mise en œuvre du Programme 2030 sera jugée à l’aune de la situation des groupes vulnérables.  Aujourd’hui, chaque pays doit avoir le droit de définir et de choisir ses propres priorités nationales.  Depuis 10 ans, la Zambie a connu un développement économique rapide et le Gouvernement se fonde sur ce succès pour élaborer son plan de développement 2017-2021 qui vise notamment à réglementer l’utilisation des richesses naturelles et accélérer l’industrialisation.  Le Plan a été élaboré dans le cadre d’un processus consultatif et intégré avec pour objectif fondamental la réduction de la pauvreté, le développement rural et la promotion de l’égalité des sexes.  Il vise aussi à augmenter la part des femmes dans les PME et à renforcer la productivité des PME zambiennes.  Les moyens pour y parvenir sont notamment les transferts de technologies et les partenariats, sans oublier les mécanismes nationaux de suivi.

M. DRAGAN ZUPANJEVAC (Serbie) a déclaré qu’en décembre 2015, son gouvernement a créé un groupe de travail interministériel chargé de surveiller et de coordonner la mise en œuvre du Programme 2030.  La prochaine étape est de commencer la « nationalisation » et la priorisation des 17 ODD et des 169 cibles et leur adaptation aux réalités et aux circonstances nationales.  Le développement d’indicateurs pour surveiller la réalisation des objectifs et des cibles est aussi perçu comme une condition essentielle.  Le Rapport mondial sur le développement durable de 2019 sera un indicateur important pour mesurer les progrès, avant 2020.  

Le Gouvernement de la Serbie a conclu avec l’équipe pays des Nations Unies un Cadre de partenariat pour le développement pour la période 2016-2020 qui contient cinq piliers et neuf résultats et couvre les domaines de la bonne gouvernance, l’état de droit, la santé, l’éducation, la croissance économique, l’amélioration de l’emploi, la protection de l’environnement, la culture et le développement. 

Mme ADEJOKE ORELOPE-ADEFULIRE, Assistante spéciale principale du Président du Nigéria chargée des objectifs du développement durable, a renouvelé l’engagement de son pays à opérer tous les changements nécessaires pour parvenir au développement durable.  Les engagements ne sont pas que financiers, a-t-elle fait observer.  En outre, les mesures devront être tant publiques que privées, nationales qu’internationales.  La mise en œuvre du Programme 2030 doit mettre l’accent sur la nécessité pour la communauté mondiale d’appuyer réellement les pays en développement dans la mobilisation de leurs ressources nationales.  Le Nigéria met pour sa part l’accent sur la lutte contre l’évasion fiscale, la diversification des recettes à l’exportation et la lutte contre les flux financiers illégaux.  Le Nigéria met aussi l’accent sur l’intégration et la cohésion des politiques.  Le Programme 2030 et les ODD ont l’avantage de fixer des objectifs clairs en matière de coopération, ce qui n’était pas le cas des OMD.  Il prévoit ainsi le renforcement de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire.  Pour que les pays en développement deviennent autonomes, il faudra aussi améliorer les régimes commerciaux et intensifier le transfert des technologies.

M. NII MOI THOMPSON, Directeur général de la Commission de planification du développement national du Ghana, a expliqué que l’adoption du Programme 2030 avait coïncidé avec le milieu du Plan national 2014-2017.  Cette année, le Ghana a lancé un nouveau plan de développement à moyen terme 2018-2021.  Le Ghana doit aussi intégrer les 10 premières années de l’Agenda 2063 de l’Union africaine dans son cadre de développement national.  Il a adopté une triple stratégie d’alignement, d’adaptation et d’adoption-appropriation des différents programmes de développement en collaboration avec le secteur privé et la société civile.  La première étape du Programme 2030 fixe un horizon à 10 ans, a rappelé le représentant, qui a expliqué que le Ghana allait notamment améliorer ses infrastructures et mener des réformes structurelles -législatives, juridiques et institutionnelles- essentielles, afin d’améliorer la réactivité du Gouvernement aux besoins et aux revendications du peuple ghanéen.

M. BELKACEM BELKAID (Algérie) a indiqué que c’est à la faveur des résultats enregistrés ces 15 dernières années, que son pays a opté, dans la perspective de la mise en œuvre du Programme 2030, pour une approche de continuité et de consolidation des acquis en mettant en place des politiques et stratégies qui ont toutes pour dénominateur commun: le développement humain et social et la garantie d’une vie décente pour tous les citoyens.  Le pays a mis en place le plan d’action 2015-2019 et un rapport national final sur les OMD sera mis incessamment à la disposition du système des Nations Unies et des autres partenaires bilatéraux et multilatéraux.  Il s’agit d’un document de transition des OMD vers les ODD retraçant les progrès réalisés de 2000 à 2015.  Pour ce qui est des ODD, l’Algérie a déjà mis en place une structure nationale de coordination intersectorielle sous l’égide du Ministère des affaires étrangères.  La société civile est pleinement associée à ce processus.

Le représentant a prévenu que la mise en œuvre du Programme 2030 ne pourra se concevoir sans une véritable mobilisation politique et financière de la communauté internationale, en particulier au bénéficie de l’Afrique.  L’Algérie compte poursuivre son effort de solidarité et plaide pour une coopération renforcée et rénovée avec tous les partenaires en vue d’orienter aides et investissements vers les pays en développement.  Le représentant a réitéré son appel aux pays nantis pour qu’ils honorent leurs engagements en matière d’APD, en prévenant que la crise économique et financière mondiale ne saurait servir d’alibi.  Il a souligné que le transfert de technologies constitue un levier fondamental et accentué la nécessité d’une véritable réforme de la gouvernance économique mondiale. 

Mme BUSHRA AL-NUSSAIRY (Iraq) a dit que les priorités de son gouvernement sont notamment la réforme économique, l’amélioration du niveau de vie, la réforme institutionnelle contre les lourdeurs administratives et la lutte contre la corruption.  Pour ce faire, un programme de bonne gestion du développement a été créé.  Grâce à un partenariat avec les États-Unis, un programme de gestion saine du budget national a été établi.  Un plan national stratégique pour l’autonomisation des femmes a aussi vu le jour et, s’agissant de la protection de l’environnement, des efforts ont été fournis afin notamment d’inscrire des villes et des zones iraquiennes dans la liste du Patrimoine mondial de l’humanité.  Les défis de l’Iraq sont le terrorisme et la guerre contre l’extrémisme violent.  Or le conflit entrave les plans de développement.  L’autre défi est la chute du prix du pétrole qui a obligé le Gouvernement à adopter une politique d’austérité.  De même, le retour de réfugiés pose des problèmes en attendant la reconstruction des villes ravagées par la guerre.  La représentante a souligné l’importance de l’appui international « qui doit être à la hauteur des sacrifices de l’Iraq ».

Mme LAURENCE MONNOYER-SMITH, Commissaire générale pour le développement durable de la France, a déclaré que la mise en œuvre du Programme 2030 devrait être une occasion de renforcer la confiance entre les parties prenantes.  L’année 2015 a vu l’émergence d’une gouvernance internationale définie par le partenariat et la subsidiarité.  Cette nouvelle situation exige la confiance et la redevabilité.  La mise en œuvre du Programme 2030 est aussi une occasion de conforter les engagements pris par les gouvernements, les collectivités et les entreprises.  Cet engagement devrait se traduire par la ratification de l’Accord de Paris sur le climat que la France a ratifié en avril 2016.  La représentante a dit que son message aujourd’hui est un appel à l’action dans le cadre du Programme 2030 afin de ne pas oublier les plus vulnérables, un appel à la ratification de l’Accord de Paris et un appel à l’augmentation des contributions nationales pour le climat.  Mme Monnoyer-Smith a affirmé que les États Membres peuvent trouver des solutions aux défis qui se posent au cours de la mise en œuvre.  

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a souligné quatre lignes directrices pour ne pas faire de laissés-pour-compte dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Il faut d’abord atteindre les plus vulnérables, et la Belgique s’appuie ici sur une approche centrée sur les droits de l’homme et la dignité des personnes.  Il faut ensuite prêter main forte en premier lieu aux PMA et aux pays fragiles, qui, pour atteindre les ODD, devront consacrer une proportion de leur PIB trois fois plus grande par rapport à celle des autres États.  C’est pourquoi la Belgique a décidé de consacrer la moitié de son APD aux PMA.  Il faut aussi qu’aucun des ODD ne soit mis de côté, qu’il s’agisse de la préservation de la richesse des océans ou de la paix internationale, par exemple.  Il faut construire un large partenariat pour le développement durable.  En Belgique, cela se fait aussi par la coopération entre le Gouvernement central, les gouvernements régionaux, les communautés et les communes.  Il ne faut pas non plus oublier les autres acteurs non gouvernementaux et la Belgique travaille actuellement à la rédaction d’une charte à cette fin.  Elle assure également la sensibilisation de l’opinion publique pour susciter son appropriation des ODD.  

Mme MARIE-LOUISE POTTER (Seychelles) a rappelé que, en tant que petit Éat insulaire en développement, son pays avait pratiquement réalisé tous les OMD, ce qui l’a mis en bonne position pour se lancer dans la réalisation des ODD.  Les Seychelles, qui auront de nombreux défis spécifiques à relever, se sont engagées une nouvelle fois à mettre les individus au centre des politiques, tout en plaçant l’accent sur de nouvelles sources de développement, dont l’économie bleue, dont elles se font le champion.  Mais le pays a besoin de l’appui de la communauté internationale, alors que l’APD tend à baisser du fait même des succès du pays.  Les Seychelles demandent que l’indice de vulnérabilité soit pris en compte pour l’accès à l’APD.  Le pays a mis en place un comité directeur pour assurer la mise en œuvre du Programme 2030 et fait en outre tout son possible pour assurer le lien entre l’Agenda 2063 de l’Union africaine et ce Programme.

L’engagement d’Israël à « ne laisser personne sur le côté » a façonné les politiques nationales du Gouvernement à tous les niveaux, a indiqué M. MORDEHAI AMIHAI-BIVAS qui a ajouté qu’un Ministère spécifique chargé de l’égalité sociale a été créé afin de réduire les inégalités entre les segments de la société israélienne et autonomiser les groupes vulnérables, y compris les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les minorités.  En 2015, le Gouvernement a introduit dans le budget de l’État la « perspective genre » qui a pour objectif d’intégrer le genre dans tous les aspects de la société.  De plus, chaque ministère est prié de favoriser l’égalité des sexes à travers l’accès des femmes à des rôles de décideurs et des programmes spéciaux d’autonomisation adaptés aux besoins spécifiques des femmes arabes et ultra-orthodoxes ainsi qu’aux mères célibataires.

En Israël, l’éducation à l’innovation commence dès le plus jeune âge.  Faire participer les jeunes de tous les segments de la société leur donne les outils et les chances de générer le changement social et économique de leurs communautés.  S’agissant de la coopération internationale, MASHAV, l’Agence israélienne de la coopération internationale au développement, a démontré l’importance des partenariats efficaces pour le développement.

M. CALEB OTTO (Palaos) a indiqué qu’en octobre 2015, son pays a créé un sanctuaire marin protégeant non pas 10% des eaux comme le demande l’objectif 14 du Programme 2030 mais bien 80% de la Zone économique exclusive.  C’est le « point d’entrée » qu’a choisi le pays pour la mise en œuvre des ODD, s’est enorgueilli le représentant, présentant aussi la décision comme une contribution à l’Initiative mondiale 10x20 menée par le Gouvernement italien et l’Alliance des sanctuaires océaniques.  L’expérience nationale en la matière se fonde sur une pratique traditionnelle nommée « bul » qui remonte à l’antiquité.  Mais, a prévenu le représentant, pour tirer pleinement parti des sanctuaires marins, il faut aussi s’attaquer simultanément à la protection des forêts et des terres, objectifs 13, 14 et 15 du Programme 2030. 

« Notre environnement est notre économie, et notre économie, notre environnement », telle est la philosophie de Palaos.  Dans ce contexte, les nouvelles technologies pourraient faire avancer les choses, en multipliant les options énergétiques basées sur l’océan.  Les partenariats prévus dans le Programme 2030 et dans les « Orientations de Samao » seront aussi déterminants.  Même s’ils servent les objectifs liés à la pauvreté, à la faim, à la santé, à l’éducation, à l’emploi, à l’innovation et aux inégalités du Programme 2030, les sanctuaires marins ne servent pas tous les objectifs, a reconnu le représentant, en promettant le lancement d’autres initiatives très prochainement. 

Tout le monde dans cette salle tapote sur son ordinateur mais dans le monde, 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès à l’Internet, a souligné M. KADIATOU SALL-BEYE, Union internationale des télécommunications (UIT).  Le Programme 2030, a-t-il rappelé, appelle à l’élargissement de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) et à l’accès universel à l’Internet d’ici à 2020.  Or au rythme actuel, on n’arrivera à peine à changer le statut de 20% des gens dans les PMA, « pas 100, 20% ».  Pourtant l’accès aux TIC est essentiel pour régler le problème des 60 millions d’enfants non scolarisés, pour éviter les 38 millions de morts de maladies évitables, pour aider les 950 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’assainissement, et pour régulariser la situation de la moitié des enfants africains de moins de 5 ans dont les naissances ne pas enregistrées.  Il faut faire plus pour connecter le monde.  Il faut faire plus, a insisté l’orateur, pour connecter les hôpitaux avec les cliniques isolées, les cliniques avec les patients, les universités avec les écoles, les écoles avec les élèves et les gouvernements avec les gens.  Si nous réussissons, alors nous n’aurions laissé personne sur le côté.

M. DANIEL FANGBEDJI, Association des conseils économiques et sociaux et institutions similaires, a dit que la réussite des ODD dépend des pays qui doivent repenser leur vision, leurs politiques, leurs approches et leurs stratégies de mise en œuvre du développement.  La société civile est appelée à jouer son rôle dans les domaines de la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, la mutualisation des ressources, la promotion du dialogue interinstitutionnel et le renforcement des instituts nationaux de statistiques pour régler la question des données sans lesquelles on ne peut avoir de politique efficace de développement durable. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine l’efficacité de son fonctionnement dix ans après l’adoption de la « note 507 », « Bible de ses méthodes de travail »

7740e séance – matin
CS/12451

Le Conseil de sécurité examine l’efficacité de son fonctionnement dix ans après l’adoption de la « note 507 », « Bible de ses méthodes de travail »

Le Conseil de sécurité a mené, aujourd’hui, son débat annuel sur les méthodes de travail dans le souci d’améliorer l’efficacité de son action en vue de promouvoir la paix et la sécurité internationales.  Cette année encore, la persistance du droit de veto a été présentée par de nombreuses délégations comme le principal frein à l’efficacité du Conseil.   

Dix ans après la première note sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité (S/2006/507), présentée par la présidence japonaise du Conseil, le 19 juillet 2006, ce débat avait pour objectif de faire le bilan de l’évolution des méthodes de travail et de formuler des propositions concrètes dans les domaines de la transparence, l’efficacité, le caractère inclusif et l’impact. 

Près d’une cinquantaine de délégations intervenues aujourd’hui –dont le Royaume-Uni, qui a qualifié la « note 507 » de « Bible des méthodes de travail du Conseil »- ont salué les récentes initiatives et, en particulier, la note du Président du Conseil pour le mois de juillet, l’Ambassadeur Koro Bessho, du Japon, du 15 juillet 2016 (S/2016/619) qui permet aux membres non permanents nouvellement élus de participer aux travaux du Conseil de sécurité dès le 1er octobre 2016 pour mieux se préparer à leur mandat prenant effet le 1er janvier 2017.  Toutes se sont félicitées que ces membres non permanents soient désormais élus dès le mois de juin, soit six mois avant leur entrée en fonctions. 

De nombreux intervenants ont aussi souhaité que les dernières initiatives visant à assurer la transparence dans le processus de sélection du futur Secrétaire général de l’ONU soient reproduites dans d’autres domaines d’activité du Conseil.  Vingt ans après l’initiative du Venezuela, en 1992, d’établir des échanges directs avec des représentants de gouvernements, d’organisations internationales, ou parties non étatiques –plus connue sous le nom de formule « Arria » du nom de l’Ambassadeur vénézuélien qui l’avait présentée-, de nombreuses délégations ont appuyé la nouvelle initiative de l’Espagne –formule « Tolède »- qui vise à renforcer la transparence en organisant des séances de bilan mensuel, en adoptant soit un format ouvert, soit un format interactif. 

Rappelant que son pays avait initié le premier débat sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité en 1994, le représentant de la France a dit privilégier une codification à droit constant dans la note 507/2010, en intégrant les 13 notes subséquentes, plus celle adoptée la semaine dernière, ainsi que les déclarations présidentielles, dont celles d’octobre 2015 et de février 2016.  Par ailleurs, il a prévenu que l’inclusivité est une promesse vaine si elle ne s’accompagne pas d’un engagement en faveur du multilinguisme. 

« Améliorer les procédures ne suffira pas si nous ne sommes pas en mesure de garantir au Conseil de sécurité un rôle juste et impartial dans le règlement des conflits », a estimé le représentant de l’Indonésie.  « Au-delà des réformes, c’est bien d’un changement d’attitude dont nous avons besoin pour que les membres du Conseil de sécurité fassent preuve de plus de solidarité », a surenchéri son homologue du Kazakhstan.  Pour Cuba, c’est la subsistance du droit de veto, que son représentant a qualifié de « privilège anachronique et antidémocratique » qui demeure le principal frein à l’efficacité du fonctionnement du Conseil de sécurité. 

« Le principe du droit de veto représente à, lui seul, une atteinte à l’unité du Conseil de sécurité », a insisté le représentant du Chili, appuyé en ce sens par les délégations de l’Ukraine et de la Géorgie, affirmant que l’exercice de ce droit par un membre permanent du Conseil a eu un impact négatif sur la stabilité de leur pays.  « Alors que nous venons de commémorer, il y a deux jours, le deuxième anniversaire du crash du vol MH17 abattu au-dessus de l’Ukraine », le représentant ukrainien a regretté que cet acte n’ait pu être condamné par le Conseil de sécurité en raison du recours au droit de veto par un membre permanent.  Pour le délégué de la Géorgie, le recours au droit de veto en 2009 a mis fin à la mission de maintien de la paix en Géorgie et entraîné l’occupation, depuis cette date, de 20% de son territoire. 

Dans ce contexte, la plupart des intervenants ont salué l’initiative franco-mexicaine appelant les membres permanents du Conseil à établir une restriction volontaire du veto dans les situations d’atrocités de masse.  Ils ont aussi salué la pertinence du Code de conduite du Groupe ACT « Groupe Responsabilité, cohérence et transparence », qui appelle les membres du Conseil de sécurité (permanents et non permanents) à ne pas voter contre un projet de résolution destiné à prévenir ou mettre fin à des atrocités de masse.  Deux initiatives qui cherchent à éviter l’inaction face à des menaces plausibles de génocide, crimes de guerre, ou crimes contre l’humanité.  

« Alors que les échecs face à la situation à Srebrenica et au Rwanda ont jeté une ombre sur la crédibilité du Conseil de sécurité, le cas de la Syrie illustre, jour après jour, la paralysie et le dysfonctionnement du Conseil de sécurité », a souligné, pour sa part, le représentant du Liechtenstein, pays ayant initié le Code de conduite ACT, signé par 112 pays. 

Recensant les pratiques éprouvées et les lacunes éventuelles, de nombreuses délégations ont réitéré que les pays fournisseurs de Casques bleus soient consultés dès la planification d’une opération de maintien de la paix et que les membres non permanents du Conseil soient associés à la rédaction des projets de résolution. 

Enfin, concernant la rédaction des projets de résolution ou de déclaration présidentielle sur un pays ou un sujet précis, de nombreux intervenants ont suggéré que le rôle de « porte-plume » ne soit pas limité à des membres permanents afin d’encourager plus de transparence.  Actuellement, cette fonction semble abandonner les efforts visant à prendre en compte la diversité des points de vue, a soutenu le délégué de la Pologne.

APPLICATION DE LA NOTE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (S/2010/507)

Méthodes de travail du Conseil de sécurité

Lettre datée du 1er juillet 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Japon auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/585)

Déclarations

M. KORO BESSHO (Japon) a souligné l’importance de continuer à améliorer et à renforcer les méthodes travail du Conseil de sécurité afin que ses actions en matière de paix et sécurité internationales soient plus efficaces.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait adopté, le 19 juillet 2006, la première note de son président sur ses méthodes de travail (S/2006/507) et qu’il convenait, maintenant, de dresser le bilan de l’évolution des méthodes de travail du Conseil au cours de ces dernières années en vue de formuler des propositions concrètes dans les grands domaines que sont la transparence, l’efficacité, le caractère inclusif et l’impact.  Illustrant des progrès des méthodes de travail réalisés, il a indiqué que la note (S/2016/619) présentée le 15 juillet 2016 par le Président du Conseil de sécurité permet aux membres non permanents nouvellement élus de participer au travail du Conseil dès le 1er octobre 2016 bien avant le début de leur mandat le 1er janvier 2017, afin de gagner en efficacité.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) s’est félicité de la détermination de nombreux États Membres de vouloir améliorer la transparence, l’efficacité, le caractère inclusif et l’impact des travaux du Conseil de sécurité.  Mettant l’accent sur trois domaines clefs jugés prioritaires par sa délégation, le représentant de l’Égypte a estimé que les présidents des comités des sanctions sont bien placés pour assumer la fonction de « délégation porte-plume » sur la situation de tel ou tel pays.  Par ailleurs, il a jugé important que tous les États Membres aient accès aux rapports de groupes d’experts en amont.  Enfin, il a appelé à un dialogue plus dynamique avec les pays concernés par les questions abordées, notamment les pays fournisseurs de contingents et les pays africains lorsqu’il s’agit de la résolution de conflit sur le continent africain. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a souligné que le processus de sélection du Secrétaire général au sein de ce Conseil devrait être le plus transparent possible afin d’élire le meilleur candidat.  L’évolution récente en ce qui concerne cette sélection est positive, a-t-il dit.  Le représentant ukrainien s’est félicité de la note présentée par la présidence japonaise du Conseil de sécurité visant à octroyer davantage de temps aux membres nouvellement élus du Conseil pour se préparer à leur mandat.  Il s’est dit ensuite favorable au Code de conduite et à l’initiative franco-mexicaine visant à restreindre l’usage du droit de veto en cas de commission de crimes graves.  Le droit de veto est un obstacle dans le travail du Conseil, a-t-il soutenu.  Pour illustrer son propos, le délégué a rappelé qu’il y a deux ans l’avion de la compagnie aérienne Malaysia Airlines MH17 s’écrasait en Ukraine.  S’il n’y avait pas eu de veto, le Conseil de sécurité aurait pu envoyer un signal fort concernant ce crash, a-t-il estimé.  Il est grave que le paragraphe 3 de l’Article 27 de la Charte des Nations Unies continue d’être ignoré, a-t-il regretté.  Le délégué de l’Ukraine a encouragé des visites sur le terrain du Conseil et a appelé à un encadrement de ces missions.  À la suite d’évènements importants, la planification des missions doit être bien pensée, a-t-il suggéré, avant de souligner que le Conseil devrait bénéficier de la plus haute crédibilité. 

M. FRANCOIS DELATTRE (France) s’est tout d’abord félicité de l’évolution de ce Conseil vers plus de transparence à un moment d’accroissement sans précédent de son activité.  Il a jugé qu’il n’était pas nécessaire de modifier trop profondément la note 507/2010 pour ne pas porter atteinte à la qualité et à la continuité du travail du Conseil.  La France privilégie une codification à droit constant dans la note 507/2010, en intégrant les 13 nouvelles notes présentées depuis 2010, plus celle adoptée la semaine dernière, ainsi que les déclarations présidentielles, dont celles d’octobre 2015 et de février 2016.

Encourageant le Conseil à veiller à rendre compte de son action à l’ensemble des États Membres, M. Delattre a estimé nécessaire de bien roder le nouveau cycle d’élections des membres non permanents en juin et d’en tirer toutes les conséquences afin d’examiner le rapport du Conseil à l’Assemblée et d’assurer un temps de préparation accru des membres nouvellement élus à l’activité du Conseil et ses organes subsidiaires.  Il s’est également dit favorable à des séances de bilan mensuel du Conseil dans un format ouvert, en salle du Conseil ou en format interactif dit « Tolède ».  Les évolutions récentes en ce qui concerne le processus de désignation du Secrétaire général et du lien entre le Conseil et l’Assemblée doivent être saluées, a-t-il estimé.

Le Conseil ne peut que s’enrichir de la variété des interlocuteurs dans les dialogues interactifs informels et les réunions dites « Arria », s’est dit convaincu M. Delattre, en citant l’exemple de l’adoption de la résolution 2295 (2016) sur la situation au Mali.  Un dialogue interactif informel a eu lieu en présence du Premier Ministre malien permettant aux membres du Conseil de bien saisir les enjeux, a–t-il rappelé.  Ce type de format aura un effet d’entraînement sur l’interaction au sein du Conseil en encourageant des interventions plus courtes et informatives, a-t-il assuré.

Encouragent le Conseil à ne pas céder « à la routine des cycles et l’illusion du productivisme », le représentant de la France a indiqué que toute réunion ne devrait pas nécessairement se conclure par un texte longuement négocié à la valeur ajoutée parfois limitée.  Privilégions des formats innovants, a-t-il recommandé.  L’inclusivité est une promesse vaine si elle ne s’accompagne pas d’un engagement en faveur du multilinguisme, a-t-il fait remarquer.  « La France estime que la dématérialisation du travail et de la gestion ne doit pas entraîner, voire servir de prétexte, à une régression de la place faite à chacune des langues officielles et des langues de travail », a-t-il dit avant de conclure.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) s’est félicitée de la note du Président du Conseil (S/2016/619), du 15 juillet 2016, sur les arrangements de transition qui permet aux membres non permanents nouvellement élus de participer au travail du Conseil de sécurité dès le 1er octobre 2016 bien avant le début de leur mandat le 1er janvier 2017.  Elle a estimé que ce temps supplémentaire était très important pour permettre aux nouveaux membres de gagner en efficacité.  Elle a salué l’initiative de la Nouvelle-Zélande pour mieux intégrer les travaux des organes subsidiaires.  La représentante a appuyé la proposition d’amender et d’améliorer la note 507/2010 et de travailler à la rédaction d’une note unique complète intégrant toutes les notes adoptées depuis 2006.

M. FRANCISCO JAVIER GASSO MATOSES (Espagne) a mis l’accent sur l’importance du travail d’équipe en rappelant que son pays avait lancé, l’automne dernier, l’initiative « Tolède » qui a pour objectif d’organiser une séance officieuse à la fin de chaque présidence mensuelle au cours de laquelle les membres du Conseil de sécurité répondent aux questions des délégations non membres sur ce qui a été fait et n’a pu être réalisé au cours du mois.  Illustrant un autre exemple de travail d’équipe, il a cité un communiqué conjoint publié entre la France, membre permanent, et l’Allemagne, non membre. 

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a indiqué que le Japon avait, avec la note 507/2010, écrit la « Bible » des méthodes de travail du Conseil.  Il a souhaité que ce Conseil soit plus efficace, transparent et axé sur l’action.  S’agissant du temps de parole, il a jugé qu’il était contreproductif pour une délégation de consacrer trop de temps à une déclaration.  Il a donc invité les intervenants à condenser leur déclaration afin que celle-ci ait plus d’impact.  Le délégué a ensuite estimé que le programme de travail du Conseil était trop chargé et se basait davantage sur le cycle d’établissement des rapports que sur ce qui se passe dans le monde.  Le plus grand risque qu’encourt ce Conseil est de sombrer dans des activités qui perdent tout leur sens, a-t-il prévenu, en soulignant qu’il était nécessaire de modifier ses méthodes du travail.  Enfin, il a appuyé les propositions, avancées ce matin, pour atteindre cet objectif.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a indiqué que les différentes notes n’avaient pas réussi à améliorer la performance du Conseil.  « Le Conseil est trop souvent une enceinte utilisée pour des initiatives polarisantes et des projets de dernière minute « à prendre ou à laisser » par de soi-disant porte-plume », a-t-il dit, en jugeant que ces pratiques ne laissaient que trop peu de place pour des discussions pertinentes et, encore moins, pour les interventions des parties.  Il a rappelé que lors de sa présidence du Conseil, la Nouvelle-Zélande avait pris l’initiative d’organiser un déjeuner des ambassadeurs en début de mois, qui est devenue aujourd’hui une pratique régulière du Conseil.  Le délégué a souhaité que les projets de résolution soient introduits lors des consultations, ce qui n’est quasiment jamais le cas.  Les délégations qui ne sont pas porte-plume ont, dès lors, le choix entre accepter le texte tel qu’il est ou encourir le risque d’être accusé de faire obstacle à des textes importants si elles veulent apporter des changements substantiels.  Il a souhaité que les interactions avec les pays contributeurs de troupes soient plus étroites.

Il est trop facile de blâmer les membres permanents et le droit de veto pour expliquer les dysfonctionnements du Conseil, a-t-il estimé, en rappelant que 10 votes positifs sont nécessaires pour adopter un texte et que les résolutions procédurales ne peuvent faire l’objet d’un veto « si 10 délégations s’expriment en faveur du texte, les 5 autres ne pouvant faire prévaloir leurs souhaits, en particulier lorsqu’il s’agit des méthodes de travail qui, par essence, relèvent d’une question de procédure ».  En conclusion, il a invité les 10 membres nouvellement élus à user de leur influence pour rendre le Conseil plus efficace et initier un véritable changement.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a fustigé la culture de domination des membres permanents qui imprègne, de façon négative, la transparence et le manque d’efficacité des délibérations du Conseil de sécurité.  Il a ainsi cité la tendance de voir des membres permanents élaborer des projets de résolution et laisser trop peu de temps aux membres non permanents pour amender ces textes.  Par ailleurs, notant que les délégations « porte-plume » sont toujours des membres permanents, il a exhorté ces derniers à consulter tous les membres du Conseil de sécurité et suggéré de promouvoir l’initiative de « porte-plume conjoint » consistant à associer un membre non permanent à un membre permanent porte-plume.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que cette réunion représentait un « poids supplémentaire » dans la mesure où elle est organisée par le Japon, qui préside également, cette année, le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure.  Évoquant la décision de permettre aux futurs membres non permanents du Conseil de sécurité de participer aux travaux du Conseil de sécurité dès le mois d’octobre, le représentant russe a indiqué que son pays, qui présidera le Conseil de sécurité à cette date-là, aidera ces nouveaux membres « à se jeter à l’eau ».  Par ailleurs, le représentant russe a jugé utile de limiter la surcharge de la documentation du Conseil de sécurité.  Il faut aussi éviter les situations où les résolutions du Conseil de sécurité comportent une cinquantaine de 50 points à leur dispositif et parfois trois pages de texte.  Il a appelé à parvenir à des projets de résolution mieux ciblés, plus concis et clairs.  Avant de conclure, le représentant a aussi invité les délégations à éviter de faire des interventions qui donnent l’impression qu’elles se substituent aux prérogatives de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC ou du Conseil des droits de l’homme.  

M. LIU JIEYI (Chine) a salué les progrès accomplis par le Conseil de sécurité en faveur d’une plus grande transparence de ses travaux.  Il a invité le Conseil à se concentrer sur les dossiers les plus importants  t pressants pour la paix et la sécurité internationales et à éviter les doublons.  Encourageant une simplification de la prise de décisions, il a préconisé des consultations accrues pour régler les divergences, sachant que le consensus est toujours préférable.  Le Conseil doit promouvoir une culture de paix et donner la priorité à des efforts diplomatiques plutôt que de recourir à l’imposition de sanctions et à l’usage de la force, a-t-il dit.  Enfin, le délégué de la Chine a souligné qu’il était nécessaire pour le Conseil d’être plus transparent dans son action et de tenir compte des vœux exprimés par tous les États Membres.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a assuré que sa délégation œuvrait de manière inlassable pour assurer une plus grande « humanité » dans cette salle.  Lors de la dernière présidence du Conseil de sécurité par les États-Unis, nous avons entendu une jeune fille yézidie, qui avait été réduite en esclavage par Daech, afin que les membres du Conseil puissent agir rapidement contre la traite des êtres humains, a-t-elle expliqué.  La prise de décisions au sein de ce Conseil doit être le fruit de discussions réelles abordant les faits, a-t-elle poursuivi, avant d’appuyer les efforts du Groupe de travail informel chargé de présenter une nouvelle mouture de la note 507.  La déléguée a salué les améliorations apportées au processus de désignation du Secrétaire général, ainsi que les efforts entrepris en ce sens par le Président de l’Assemblée.  Bientôt, le Conseil va montrer au monde qu’il est prêt à assumer ses responsabilités, celles que lui a conférées la Charte, afin de désigner le meilleur candidat, a-t-elle dit avant de conclure.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a souhaité que les présidents des organes subsidiaires soient nommés de façon transparente et que les nouveaux membres élus au Conseil de sécurité aient l’occasion de mieux se préparer.  Le représentant du Venezuela a principalement dénoncé le fonctionnement actuel des comités des sanctions, en soulignant que les objectifs visés par ces comités devraient être définis avec plus de précisions.  Il a estimé que ces comités s’affirmaient souvent comme un moyen de punir un pays parce qu’un membre permanent du Conseil de sécurité en a décidé ainsi.

M. MIGUEL RUIZ CABAÑAS, Vice-Ministre aux affaires multilatérales et aux droits de l’homme du Mexique, a rappelé que son pays était membre du Conseil de sécurité en 2010 lorsque la note initiale sur les méthodes de travail avait fait l’objet d’une mise à jour importante avec la note 507.  « L’élection des nouveaux membres dès le mois juin est une évolution positive qui permet d’établir une période de transition substantielle », a estimé le Vice-Ministre mexicain.  Il a jugé indispensable que des membres non permanents œuvrent à la promotion des résolutions et déclarations sur toutes les questions dont est saisi le Conseil de sécurité, conformément à la déclaration S/2014/268.  S’agissant de la nomination du futur Secrétaire général, il a recommandé que le Conseil de sécurité propose plus d’un candidat à l’Assemblée générale afin que le processus soit réellement démocratique.   

M. CARLOS FORADORI (Argentine) a appelé de ses vœux un Conseil plus transparent et représentatif et a souhaité que tous les États Membres de l’Organisation disposent d’un meilleur accès à ses travaux.  À cette fin, l’examen périodique de la note 507/2010 est essentiel, a-t-il estimé.  Il a exhorté le Groupe de travail informel à poursuivre ses efforts afin d’aboutir à une nouvelle mouture de la note 507.  Il faut modifier la culture du Conseil en ce qui concerne sa prise de décisions, a-t-il recommandé, avant d’assurer que sa délégation était favorable au « principe de non-indifférence » entre les États.  Ainsi, il a estimé que la dynamique démocratique qui s’est faite jour au sein de certains organes devrait désormais inclure le Conseil.  Le délégué de l’Argentine a rappelé la nécessité pour le Conseil de sécurité de respecter les principes démocratiques qui régissent ses travaux.

M. JÜRG LAUBER (Suisse), qui parlait au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (ACP), a déclaré que le processus de sélection en cours du prochain Secrétaire général de l’ONU était un exemple d’un intérêt évident pour une plus grande transparence au sein du Conseil de sécurité et une plus grande responsabilité à l’égard de tous les États Membres de l’Organisation.  Comme le premier cycle d’élections aura lieu le 21 juillet, le Groupe ACP estime que tous les États Membres devraient être informés des résultats de ce scrutin et des scrutins ultérieurs.  Il encourage une communication étroite entre le Président du Conseil de sécurité et celui de l’Assemblée générale sur cette question.  Le Groupe rappelle que c’est l’Assemblée générale qui est habilitée à élaborer une résolution sur l’élection du Secrétaire général.

En outre, le Groupe appelle tous les États à adhérer au Code de conduite qui appelle à un engagement de ne pas voter contre un projet de résolution visant à prévenir et à mettre un terme aux crimes internationaux les plus graves.  Le représentant a ajouté que les réunions formelles restaient un élément clef de l’accès et de la transparence et a soutenu les efforts du Conseil à tenir plus de débats publics.  En 2015, a-t-il rappelé, 62% des réunions avaient eu lieu dans le cadre de séances publiques, ce qui représente une augmentation significative en comparaison avec l’année précédente.   

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a affirmé que les auditions des candidats au poste de Secrétaire général étaient des mesures importantes en vue de la démocratisation du processus de désignation du Secrétaire général et d’un renforcement de la crédibilité de l’ONU.  Le rôle de l’Assemblée générale n’est pas de valider sans discussion les décisions du Conseil, a-t-il dit.  Les présidents des formations pays de la Commission de consolidation de la paix, a-t-il proposé, devraient rencontrer de manière informelle les membres du Conseil chaque fois que la situation qu’ils suivent est inscrite à l’ordre du jour du Conseil.  Le délégué a ensuite souligné qu’il était essentiel de renforcer l’examen de la mise en œuvre des résolutions du Conseil autorisant le recours à la force par des tierces parties afin de garantir que le mandat conféré par l’ONU soit bien appliqué.  Le Conseil doit être suffisamment informé des actions militaires conduites en son nom, a-t-il affirmé.  Enfin, le délégué a estimé que la rédaction de projets de texte au sein du Conseil devrait être mieux partagée entre les délégations.  « Le fait que les membres élus disposent de possibilités réduites de prendre des initiatives découle d’un autre problème non encore résolu, à savoir la réforme approfondie du Conseil de sécurité », a-t-il soutenu avant de conclure.

« Une bonne interaction avec les États non membres du Conseil de sécurité est le meilleur moyen d’assurer une plus grande efficacité des travaux du Conseil de sécurité », a estimé M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie).  Il a souhaité que la bonne pratique initiée dans le processus de nomination du futur Secrétaire général en matière de transparence soit répétée dans d’autres domaines.  Il a appelé à maintenir la pratique selon laquelle le président du Conseil de sécurité publie un premier pronostic mensuel à l’intention du public en début du mois et qui sera mis à jour progressivement.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a jugé indispensable que les pays fournisseurs de troupes de maintien de la paix soient consultés par le Conseil de sécurité dès les premières étapes de la planification d’une mission de maintien de la paix. Elle a aussi suggéré que l’Ombudsman puisse être saisi des préoccupations concernant les bonnes pratiques des comités des sanctions.   

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a souligné que le Mouvement souhaitait que les règles de procédure du Conseil de sécurité, provisoires depuis 70 ans, soient formalisées afin d'améliorer sa transparence et sa responsabilité.  En outre, le nombre de réunions publiques devrait être augmenté, conformément aux Articles 31 et 32 de la Charte des Nations Unies, les séances devant offrir de réelles occasions de prendre en compte les points de vue et les contributions de l'ensemble des États Membres des Nations Unies, en particulier les États non membres du Conseil concernés par les questions dont il est saisi.

Les réunions à huis clos et les consultations informelles devraient être réduites au minimum et constituer une exception plutôt que la règle.  Les séances doivent être ouvertes, surtout quand il s’agit de présenter des exposés des envoyés spéciaux ou des représentants du Secrétaire général et du Secrétariat de l’ONU, a-t-il dit.  La mise en place des organes subsidiaires du Conseil devrait également être en conformité avec la lettre et l'esprit de la Charte des Nations Unies, et ces organes doivent fonctionner d'une manière apte à fournir une information adéquate et en temps opportun sur leurs activités.

Par ailleurs, selon le Mouvement des pays non alignés, les rapports annuels du Conseil de sécurité à l'Assemblée générale devraient être plus explicites, complets et analytiques, y compris l'évaluation des travaux du Conseil.  Le Conseil devrait, en vertu de la Charte des Nations Unies, présenter des rapports spéciaux pour l'examen par l’Assemblée générale.  Il devrait également tenir pleinement compte des recommandations de l'Assemblée générale sur les questions relatives à la paix et à la sécurité internationales, conformément au paragraphe 2 de l'Article 1 de la Charte.

Enfin, le Mouvement des pays non alignés rejette l'utilisation du Conseil de sécurité comme un outil visant à poursuivre des intérêts et des ordres du jour politiques nationaux, cette pratique contribuant à aggraver plutôt que soulager les situations et allant à l'encontre de sa mission tel qu'elle est consacrée dans la Charte.  Il réaffirme ainsi la nécessité de la non-sélectivité, de l'impartialité et de la responsabilité dans les activités du Conseil.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a indiqué qu’il prenait aujourd’hui la parole avec « un certain embarras », un embarras qui découle de l’adage selon lequel « l’espérance est la mère de toutes les frustrations ».  Malheureusement, les progrès s’agissant des méthodes de travail du Conseil se mesurent davantage à ce qui n’a pas été fait qu’à ce qui a été fait, a-t-il regretté.

Il a insisté sur la nécessité d’apporter des modifications aux procédures conduites au sein de « ce monde souterrain » que constituent les organes subsidiaires de ce Conseil.  « Ce monde souterrain consiste en 26 régimes de sanctions qui agissent au nom du Conseil », a-t-il déclaré, en ajoutant que plus de 1 000 décisions étaient prises par an.  Il est pourtant rare que l’un des présidents de ces organes s’expriment devant la presse ou s’adressent aux États Membres après l’une de leurs réunions, a-t-il poursuivi.  Le délégué de l’Inde s’est demandé pourquoi les récents efforts vers plus de transparence du Conseil ne concernaient pas les organes subsidiaires, au sein desquels, pourtant, plus de décisions sont prises que lors des réunions ou des consultations du Conseil.

« Lorsqu’une résolution du Conseil est mise au vote, le vote est connu de tous et les États membres du Conseil expliquent leur position, alors que dans le monde souterrain des organes subsidiaires, aucune explication n’est fournie », a-t-il dit.  Le représentant a également recommandé que toutes les décisions au sein de ces organes soient prises à l’unanimité.  Les principes d’anonymat et d’unanimité ont privé les États membres de leurs responsabilités, a-t-il déploré.  Enfin, le représentant de l’Inde a appelé de ses vœux une interaction accrue entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.

Mme KATALIN BOGYAY (Hongrie) a affirmé que le concept d’un Conseil de sécurité efficace et transparent est non seulement dans l’intérêt de la communauté internationale, mais relève aussi du principe de la responsabilité partagée.  La Hongrie, a-t-elle dit, se félicite de la résolution 69/32, adoptée par consensus par l’Assemblée générale le 11 septembre 2015, sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale qui a mis sur pied un processus structuré pour la sélection du prochain Secrétaire général.

Elle soutient également les mesures qui renforcent davantage la relation entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, en plaidant pour un renforcement de celle-ci en termes d’une plus grande transparence et de cohérence.  Le Conseil, a ajouté la représentante, devrait continuer à élargir les consultations et la coopération aux États non membres, en particulier les pays contributeurs de troupes et les pays contributeurs de police, ainsi que les organisations régionales.  Il devrait en outre augmenter le nombre de réunions publiques, de séances d’information interactives, de dialogues interactifs informels et de réunions selon la formule « Arria ».

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a parlé du lien entre la transparence, l’ouverture, l’inclusion et l’efficacité du Conseil.  Le représentant a proposé quelques améliorations spécifiques comme notamment les sessions informelles de résumé plus fréquentes, l’engagement d’utiliser plus efficacement les débats publics, et l’amélioration de la coordination, de la coopération et l’interaction avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et les Commissions de consolidation de la paix.  M. Cardi a évoqué ensuite l’action de prévention du Conseil en mettant l’accent sur les « missions du Conseil » qui sont des outils de prévention importants.  La sensibilisation et la prévention sont étroitement liées.  Le partage d’information est la clef et l’interaction entre le Conseil et le Secrétariat peut vraiment améliorer l’alerte et l’action.  Nouveau membre élu du Conseil, l’Italie, a déclaré son représentant, estime que « nous devons être fidèles à nous-mêmes et mettre en œuvre les décisions que nous prenons qu’elles soient politiques ou sur les méthodes de travail ».

Mme AGATA EWELINA DUDA-PLONKA (Pologne) s’est inquiétée du système du « porte-plume » qui confère à certains membres du Conseil le monopole de la rédaction des projets de résolution ou déclarations car, a-t-elle prévenu, « nous abandonnons volontairement les avantages de la diversité et de la créativité ».  Tous les membres du Conseil, y compris les membres non permanents, devraient participer à toutes les étapes du processus de rédaction des textes et contribuer aux sujets qui les intéressent.  La représentante a exhorté les membres du Conseil, y compris les présidents des organes subsidiaires, à continuer de travailler à la mise en œuvre des notes sur le débat sur les méthodes de travail des organes subsidiaires en février 2016.  Elle a estimé qu’une procédure plus équilibrée, transparente, efficiente et inclusive, ainsi la nomination rapide des présidents des organes subsidiaires profitera à tous. 

La représentante a aussi déclaré que si la plupart des délégations ont reconnu que les travaux du Conseil de sécurité devraient se concentrer plus sur la prévention des conflits, il manque cependant les instruments efficaces pour le faire.  C’est dans ce contexte que Mme Duda-Plonka a appelé le Conseil et le Secrétariat à relancer la formule proposée par le Département des affaires politiques d’organiser des exposés sur les sujets préoccupants.  S’agissant enfin de l’élection du prochain Secrétaire général de l’ONU, la représentante a appelé les membres du Conseil à « maintenir un niveau élevé de transparence, d’ouverture et d’inclusion et l’esprit du dialogue ».

M. THOMAS SCHIEB (Allemagne) s’est félicité des efforts du Conseil visant à accroître la transparence, l’ouverture et l’efficacité.  L’Allemagne, a-t-il dit, appuie la pratique de débats plus fréquents et ouverts, ainsi que des réunions selon la formule « Arria » et de séances de récapitulation.  Le délégué a encouragé le Conseil de sécurité à s’engager davantage dans des exposés de fond et détaillés sur ses activités en cours.

En outre, a—t-il poursuivi, l’Allemagne réitère son soutien à l’initiative franco-mexicaine sur la limitation volontaire du droit de veto et considère la Cour pénale internationale (CPI) comme une institution cruciale dans la lutte contre l’impunité et pour l’exercice de la justice.  M. Schieb a insisté donc sur l’importance de renforcer la coopération et le partage d’informations entre le Conseil de sécurité et la CPI, afin de leur permettre de travailler ensemble de manière efficace et de remplir leur mandat.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a insisté sur le fait que la transparence est un élément important de l’efficacité du Conseil de sécurité.  Quand le travail du Conseil dépend de la mise en œuvre de ses décisions par les autres membres de l’ONU, il impératif que ces derniers participent effectivement aux discussions du Conseil.  La représentante a estimé qu’il était temps d’avancer « de toute urgence, avec détermination et à l’unisson » sur la question des limites à imposer à l’exercice du droit de veto.  Elle a plaidé pour une large adhésion au Code de conduite du Groupe ACT « Groupe Responsabilité, cohérence et transparence » et à l’initiative conjointe de la France et du Mexique sur le non-recours au droit de veto concernant les situations où des atrocités de masse ont été commises. 

La représentante a conclu en appelant à faire mieux dans la prévision et la prévention de l’escalade ou de la résurgence des conflits.  À ce propos, elle a jugé crucial que le Secrétariat de l’ONU fasse des évaluations « franches, en temps voulu et indépendantes » sur les situations où les populations sont en danger.  Dans ce contexte, les exposés des Conseillers spéciaux du Secrétaire général sur la prévention du génocide et la responsabilité de protéger sont des contributions précieuses et le Conseil devrait reprendre les séances d’information sur les conflits potentiellement émergents. 

M. ION JINGA (Roumanie) a axé son intervention sur trois sujets: la transparence, les méthodes de travail dans la prévention de conflit et les débats sur les méthodes de travail du Conseil dans le contexte de la réforme.  S’agissant de la transparence, « nous avons besoin de plus de temps pour entendre les gens sur le terrain, y compris dans des discussions informelles qui offrent un outil pour le Conseil d’avoir des vues autres que celle des États Membres.  Une plus grande transparence est aussi nécessaire dans le fonctionnement des organes subsidiaires du Conseil qui devraient être encouragés à interagir davantage avec les États Membres sur des thèmes relatifs au maintien de la paix, la prévention des conflits et les sanctions.

Concernant les méthodes de travail dans la prévention de conflit, il est important de faire le lien entre le travail du Conseil sur la paix et la sécurité avec le Programme de développement.  Consolider le rôle du Conseil dans la prévention de conflit par le renforcement des mécanismes d’alerte précoce peut jouer un rôle essentiel dans la détection des menaces à la paix et à la sécurité.  Une meilleure synergie exige une meilleure coordination entre le Conseil avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, le Secrétariat et la Commission de consolidation de la paix.  Plus d’interaction avec les organisations régionales, les pays contributeurs de troupes et de police, les représentants spéciaux, les hauts commissaires pour les réfugiés et aux droits de l’homme, la Cour pénale internationale et la Cour internationale de Justice pourra aussi contribuer à la prévention de conflit.  S’agissant, enfin, des débats sur les méthodes de travail dans le contexte de la réforme plus large du Conseil, il faut trouver un dénominateur commun pour canaliser le débat et « nous devons continuer de chercher une solution constructive dans le respect de la Charte des Nations Unies ».

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a invité le Conseil à se pencher sur des thèmes prioritaires et souhaité que les débats publics soient mieux structurés.  Les déclarations conjointes des membres du Conseil doivent être envisagées avec prudence, a-t-il dit, en estimant que les déclarations individuelles permettaient toutefois d’apporter les nuances nécessaires.  Il a également appuyé la tenue d’une séance récapitulative du Conseil à la fin de chaque mois.  Le processus de désignation du Secrétaire général doit être ouvert, transparent et inclusif, a insisté le représentant du Chili, avant de souhaiter qu’il y ait une interaction accrue entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à ce sujet.  En conclusion, il a estimé que le droit de veto, qui n’appartient pas à proprement parler au domaine des méthodes de travail du Conseil, contribuait à élargir le fossé entre membres permanents et membres élus du Conseil. 

S’appuyant sur l’expérience de son pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité en 2012 et 2013, M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) a déploré que les séances de récapitulation mensuelle aient lieu moins souvent.  Il a regretté aussi l’insuffisance du dialogue entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de paix et ses organes subsidiaires.  Dans le cadre du processus de sélection du prochain Secrétaire général, il s’est particulièrement félicité des initiatives de transparence qu’offre la résolution 69/321 de l’Assemblée générale.  Il a aussi estimé que la lettre conjointe du Président de l’Assemblée générale et du Président du Conseil de sécurité qui explique cette nouvelle procédure de sélection du futur Secrétaire général illustre les efforts visant l’amélioration des méthodes de travail.   

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a cité le risque de voir le Conseil de sécurité perdre en crédibilité en raison de lacunes structurelles qui l’empêchent de faire face avec efficacité aux menaces émergentes.  Il a assuré que la Géorgie avait appuyé l’initiative franco-mexicaine contre l’abus du recours au veto et adhéré à l’initiative du Liechtenstein sur un code de conduite du Conseil de sécurité dans ce domaine.  Le représentant de la Géorgie a fait remarquer que l’exercice du droit de veto en 2009 avait mis fin à la Mission de maintien de la paix en Géorgie, ce qui a entraîné l’occupation de 20% de son territoire.  

M. JOSEPH TEO (Singapour) a indiqué que la transparence n’était pas une fin en soi.  Plus de transparence ne conduit pas nécessairement à une plus grande crédibilité, a-t-il affirmé.  Les déclarations verbeuses faites lors des débats publics, réaffirmant des positions bien connues, n’ont que peu d’effet sur le terrain, a-t-il fait remarquer, en encourageant, au contraire, la tenue de réunions selon la formule « Arria ».  Il a ensuite exhorté les membres permanents du Conseil à s’abstenir d’user de leur droit de veto dans les situations où le Conseil entend prévenir ou faire cesser un génocide, des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.  « Si un ou plusieurs États dotés de ce droit l’exercent, ils doivent alors expliquer devant tous les États Membres pourquoi ils ne peuvent pas appuyer des mesures visant à prévenir ou faire cesser des atrocités de masse ».  Enfin, le délégué s’est dit encouragé par la plus grande transparence du processus de désignation du prochain Secrétaire général.  Les résultats du sondage informel que le Conseil de sécurité conduira bientôt sur cette sélection ne seront pas communiqués à tous les États Membres de l’ONU, a-t-il néanmoins regretté.

Mme MINNA-LIINA LIND (Estonie) a salué la transparence et l’inclusivité historiques du processus de sélection du prochain Secrétaire général.  Les réunions mensuelles des présidents du Conseil de sécurité et de l’Assemblée général sur ce sujet sont très utiles, a-t-elle affirmé, avant de saluer les auditions informelles des candidats à ce poste conduites devant l’Assemblée.  Elle a encouragé tous les candidats à participer à toutes les étapes de ce processus de sélection.  Notant que ce processus se trouve dans sa phase critique, Mme Lind a tenu à rappeler la prérogative de l’Assemblée générale de rédiger le projet final de résolution relatif à la nomination du Secrétaire général.  Les discussions sur les éléments de ce projet, a-t-elle indiqué, devraient avoir lieu prochainement. L’institution du Secrétaire général, en étant plus représentative, sera davantage renforcée, a-t-elle estimé.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a d’entrée demandé un processus ouvert dans la nomination des présidents des organes subsidiaires.  Il a ensuite appelé les États Membres à joindre le Code de conduite élaboré par le Groupe ACT sur les atrocités de masse.  Il a dit attendre avec impatience le débat sur la mise en œuvre de cet important engagement politique avec les membres du Conseil de sécurité et le Secrétariat.  Le représentant a ensuite déclaré qu’il espérait des progrès concertés s’agissant de l’initiative franco-mexicaine sur la restriction de l’usage du veto dans les situations de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre ou de génocide.  Alors que les échecs face à la situation à Srebrenica et au Rwanda ont jeté une ombre sur la crédibilité du Conseil de sécurité, le cas de la Syrie illustre jour après jour la paralysie et le dysfonctionnement du Conseil de sécurité », a souligné le représentant.

Concernant l’élection du prochain Secrétaire général, M. Wenaweser a estimé que les étapes du processus lancé par l’Assemblée générale devraient aller de pair avec la manière dont le Conseil de sécurité gèrera le sien.  Le résultat des votes devrait faire l’objet de plus de transparence, a-t-il dit.  Mais l’étape la plus importante est la manière avec laquelle la recommandation du Conseil à l’Assemblée générale est formulée et présentée.  Le Conseil de sécurité devrait limiter sa recommandation à un ou plusieurs noms pour l’examen de l’Assemblée générale, a estimé le représentant. 

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a noté qu’il existait un problème de mise en œuvre des recommandations adoptées en matière d’amélioration des méthodes de travail.  Il a souhaité une communication plus fluide entre le Conseil de sécurité et le reste de l’Organisation.  Le représentant du Costa Rica a jugé indispensable d’adopter un règlement intérieur qui mette fin à l’exercice d’un pouvoir discrétionnaire excessif au sein du Conseil de sécurité.  Des efforts doivent être entrepris pour limiter le recours au droit de veto et mettre en œuvre le Code de conduite du Groupe ACT « Groupe Responsabilité, cohérence et transparence », qui appelle les membres du Conseil de sécurité, permanents et non permanents, à ne pas voter contre un projet de résolution destiné à prévenir ou mettre fin à des atrocités de masse.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a souligné que le Conseil de sécurité doit parvenir à un accord pour éviter qu’un État doté du droit de veto fasse obstacle à l’adoption d’un projet de résolution destiné à prévenir ou mettre fin à des atrocités de masse.  Il a estimé que le Conseil de sécurité gagnerait en crédibilité s’il parvenait à adopter des critères permettant d’appliquer le principe de responsabilité de protéger.  Il est essentiel, a souligné l’Observateur du Saint-Siège, d’avoir une plus grande transparence des activités des organes subsidiaires du Conseil de sécurité, notamment celles des comités des sanctions afin que les droits fondamentaux des populations touchées soient pleinement respectés.

M. GEIR PEDERSEN (Norvège) a d’abord parlé de la sélection du prochain Secrétaire général pour se féliciter d’un processus plus ouvert, plus inclusif, du caractère « remarquable » de la coopération entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité et « pour la première fois dans l’histoire, de la parité parfaite entre candidats et candidates.  La pratique actuelle devrait être maintenue et le moins que l’on puisse attendre du Conseil, c’est qu’il communique les résultats des différents scrutins au Président de l’Assemblée générale.  La sélection du Secrétaire général, a insisté le représentant, n’intéresse pas seulement le Conseil et les États qui présentent des candidats.  C’est l’affaire de tous et la transparence et l’ouverture que l’on voit aujourd’hui a déjà amélioré l’image de l’ONU. 

Le représentant a ensuite parlé de la nécessité de rendre plus « accessible » le travail du Conseil.  Il a appelé ce dernier à mieux informer les autres États des sujets abordés dans la rubrique « questions diverses » au cours des consultations officieuses.  Il s’est aussi plaint du fait qu’il faut attendre des heures voire des jours avant que les déclarations à la presse du Conseil et ses déclarations présidentielles soient postées sur le site Internet.  Le représentant a conclu en saluant une nouvelle fois l’idée d’élire plus tôt les nouveaux membres du Conseil.  Il s’est félicité de la note que le Conseil a adoptée vendredi dernier pour rallonger la période durant laquelle les nouveaux élus peuvent observer le travail du Conseil et pour rendre plus transparent le processus de nomination des présidents des organes subsidiaires du Conseil.  Le représentant a d’ailleurs invité les nouveaux membres du Conseil à participer à l’atelier que la Finlande organise chaque année pour se préparer au travail du Conseil. 

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique), qui parlait aussi au nom des Pays-Bas, a mis l’accent sur le renforcement d’une procédure équitable du régime de sanctions.  Rappelant que les Pays-Bas et la Belgique faisaient partie du Groupe sur des sanctions mieux ciblées, la représentante a attiré l’attention sur les propositions concrètes faites par le Groupe et présentées au Conseil de sécurité le 12 décembre 2015.  En ce qui concerne la capacité du Conseil à être plus efficace dans la prévention des conflits, la représentante a estimé qu’il était opportun d’étudier, soit une façon de relancer la pratique dite des « horizon-scanning briefings », soit une formule innovante stimulant la réflexion et l’action portant sur les causes des conflits ainsi que la prise en considération en temps opportun de situations de conflit émergeant. 

La représentante a également parlé de l’opérationnalisation des débats thématiques en estimant que l’accent devrait mis sur les lignes directrices visant à rendre les débats plus succincts et plus opérationnels et la mise en avant d’un résultat clair, concret et opérationnel du débat.  Dans la mesure du possible, un suivi opérationnel d’un débat pourrait être envisagé dans d’autres enceintes onusiennes pertinentes.  Avant de terminer, elle a réitéré le soutien des Pays-Bas et de la Belgique aux initiatives visant à encadrer l’usage du veto en instaurant un moratoire en cas de génocide, de crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.

M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie) a indiqué que l’usage du droit de veto entravait l’action du Conseil face à des atrocités de masse et à des violations graves du droit international, comme en Syrie et en Palestine.  S’il s’est dit favorable à l’abolition de ce droit, il a plaidé cependant, compte tenu des nouvelles réalités, en faveur d’une régulation de ce droit.  Il a ensuite recommandé une interaction accrue du Conseil et des pays contributeurs de troupes à toutes les étapes du déroulement d’une opération de paix.  Le délégué a souhaité que des relations harmonieuses et équilibrées soient établies entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, en invitant en particulier le Conseil à débattre de questions inhabituelles, mais qui ont des liens avec la paix et la sécurité internationales, telles que le développement.  Enfin, le représentant a plaidé pour une réforme du Conseil afin de le rendre plus représentatif et démocratique.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rappelé que son pays, lorsqu’il a assumé la présidence du Conseil en 2012, avait œuvré au renforcement de la coopération stratégique entre le Conseil et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  L’Union africaine a la capacité, la volonté politique et les ressources humaines pour déployer des troupes partout sur le continent, a-t-il dit, en ajoutant que des consultations stratégiques et régulières avec le Conseil étaient désormais nécessaires.  Il a également souhaité une interaction accrue du Conseil de sécurité et des pays contributeurs de troupes et demandé la poursuite de la pratique d’exposés par la présidence du Conseil en début et en fin de mois auprès de tous les États Membres.  Le délégué a invité le Conseil de sécurité à tenir informés les États Membres sur l’examen des candidatures au poste de Secrétaire général.  Enfin, le représentant a plaidé pour une réforme du Conseil concernant les deux catégories de membres.

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a souligné la nécessité d’établir un dialogue continu entre le président du Conseil de sécurité et ceux de l’Assemblée générale  et de l’ECOSOC.  Il a estimé que les méthodes de travail du Conseil de sécurité pourraient être améliorées si le rapport annuel du Conseil de sécurité à Assemblée générale était plus analytique.  Il a souligné la valeur ajoutée des réunions selon la formule « Arria ».  Sa délégation, a-t-il dit, se félicite de la note du Président du Conseil de sécurité du 15 juillet 2016 (S/2016/619) qui permet aux membres non permanents nouvellement élus de participer aux travaux du Conseil de sécurité dès le 1er octobre 2016 bien avant le début de leur mandat le 1er janvier 2017.  Il a jugé indispensable que des États non membres du Conseil de sécurité puissent contribuer à la rédaction des projets de résolution.  « Au-delà des réformes, c’est bien d’un changement d’attitude dont nous avons besoin pour qu’il y ait plus de solidarité au sein du Conseil », a-t-il estimé avant de conclure. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a souhaité qu’une formule soit trouvée pour garantir une véritable participation de tous les membres aux travaux du Conseil de sécurité.  Elle a demandé aux membres permanents du Conseil de s’abstenir d’imposer des résolutions alors qu’il existe encore des divergences considérables sur leur contenu.  Il faut veiller à ce que les pays non membres du Conseil de sécurité aient accès aux travaux des organes subsidiaires du Conseil de sécurité.  Elle a estimé que la question de l’utilisation du veto était au centre de celle des méthodes de travail avant d’appeler à mettre fin à ce privilège anachronique et antidémocratique.  

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déploré que l’inaction du Conseil, qui découle bien souvent de la menace d’user ou l’usage du droit de veto, ne soit assortie d’aucun mécanisme de redevabilité.  Cette inaction encourage ceux qui ne se privent pas de violer la Charte des Nations Unies, a-t-il dit.  C’est pourquoi, sa délégation appuie les initiatives de la France et du Mexique, ainsi que du Liechtenstein, au nom du Groupe ACT, visant à limiter l’usage du droit de veto en cas d’atrocités de masse.  « Permettez-moi d’inviter le Conseil à consciencieusement réfléchir à la récente inaction du Conseil de sécurité lors des heures critiques pendant lesquelles son soutien et sa solidarité étaient importantes pour mon pays, son peuple et ses institutions démocratiques. »  Enfin, il a souhaité qu’un dialogue plus soutenu soit établi entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il a salué, à cet égard, la transparence accrue du processus de désignation du prochain Secrétaire général.

Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a estimé qu’il était urgent d’améliorer l’accès aux informations à la disposition du Conseil de sécurité et d’augmenter le nombre des séances de consultations et des réunions selon la formule « Arria ».  Les structures onusiennes doivent être adaptées aux nouvelles réalités, a-t-elle poursuivi, en précisant que c’était le vœu de « 84% » des États Membres.  Favorable au renforcement du rôle des membres non permanents, elle a recommandé que la présidence des organes subsidiaires soit confiée à des membres non permanents afin de garantir un meilleur équilibre.  Les États membres du Conseil doivent être conscients qu’il incombe en premier lieu à l’Assemblée générale de désigner le prochain Secrétaire général de l’ONU, a rappelé la déléguée du Panama.

M. ÁLVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a salué les efforts du Conseil de sécurité pour améliorer ses méthodes de travail.  Il a notamment salué la note du Président du 15 juillet 2016 (S/2016/619) qui permet aux membres non permanents nouvellement élus de participer aux travaux du Conseil de sécurité dès le 1er octobre 2016 bien avant le début de leur mandat le 1er janvier 2017.  Toutes les délégations se sont félicitées de l’élection de ces nouveaux membres dès le mois de juin.  Il est nécessaire, a-t-il estimé, de soumettre aux membres non permanents les projets de résolution dès la première phase de la rédaction, conformément au paragraphe 44 de la note 507.

M. LEE MOON HEE (République de Corée) a souligné l’importance d’améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité pour lui permettre de faire face à la menace nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les menaces émergentes comme l’extrémisme religieux.  Il est nécessaire d’assurer une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et les autres organes pertinents des Nations Unies, en particulier la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Avant de conclure, le représentant a mis l’accent sur les visites de terrain du Conseil de sécurité.

 

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