Soixante et onzième session,
3e séance – matin
AG/DSI/3546

Première Commission: La Fédération de Russie rejette l’idée d’un traité interdisant les armes nucléaires

La Première Commission, en charge du désarmement et de la sécurité internationale, a poursuivi ce matin son débat général sur toutes les questions relatives au désarmement.

De nombreux États ont salué l’action du Groupe de travail à composition limitée sur le désarmement nucléaire qui appelle à la tenue d’une conférence en 2017 sur l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires.  Le représentant de l’Autriche a annoncé que son pays présenterait un projet de résolution visant à convoquer une telle conférence, soulignant avec vigueur les risques humanitaires de ces armes.  Le représentant de l’Australie a, quant à lui, rappelé que l’objectif d’un monde sans armes nucléaires devait concerner tous les États, y compris les États dotés, et que l’élaboration d’un traité distinct qui ne les inclurait pas mettrait en péril le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.     

Seul État doté de l’arme nucléaire à s’exprimer aujourd’hui, la Fédération de Russie a, pour sa part, jugé irréaliste, dangereuse et contreproductive l’idée d’une interdiction des armes nucléaires.  « Les armes nucléaires des États dotés sont légitimes, et, à présent, on voudrait en déclarer l’illégalité dans un nouveau cadre concurrent du Traité sur la non-prolifération, et regroupant un nombre infime de pays » s’est demandé son représentant, M. Mikhail Ulyanov, pour qui « toute solution alternative à celle du Traité est saugrenue et contredit le TNP ».  De l’avis de sa délégation, on ne peut pas contraindre mécaniquement des États à renoncer à leurs arsenaux sans tenir compte des intérêts stratégiques en jeu. 

Défendant une position diamétralement opposée, la représentante de l’Indonésie a affirmé que la négociation d’un traité interdisant les armes nucléaires, loin de saper le régime du TNP, permettrait au contraire de le renforcer.  Elle a estimé que la Première Commission devrait réaffirmer « à travers des actes concrets » l’engagement de tous les pays membres de cette commission à parvenir à un monde sans armes nucléaires.

Plusieurs autres États se sont prononcés en faveur de la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, dont l’Égypte, qui a appelé à la pleine application de la résolution de 1995 dans ce domaine. 

S’agissant des armes chimiques, la représentante de la Pologne a attiré l’attention sur le risque de voir des acteurs non étatiques s’approprier ce type d’armes et annoncé que sa délégation présenterait un projet de résolution sur la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques.  La représentante de l’Allemagne a pour sa part réaffirmé que l’utilisation systématique et répétée d’armes chimiques en Syrie représentait une violation claire du droit international, et que son pays attendait avec intérêt le prochain rapport du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU sur cette question, qui devrait être publié d’ici la fin du mois.

Sur la question des armes classiques, le représentant du Costa Rica, pays sans armée, a souligné toute l’importance du Traité sur le commerce des armes pour sauver des vies humaines.  Appelant à l’universalisation du texte, il a en outre affirmé que la mise en œuvre efficace du Traité serait le plus grand défi des États parties.  La représentante de la Suède a, quant à elle, estimé que tous les États devaient se pencher de manière approfondie sur la légalité des armes nouvellement mises au point.  « Nous soutiendrons la décision de créer, à la Conférence d’examen de la Convention sur les armes inhumaines, un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner plus avant cette question » a-t-elle précisé.

La Première Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 5 octobre, à 10 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. CORY BERNARDI (Australie) a indiqué que la route pour atteindre les objectifs en matière de désarmement était encore longue, en raison de la polarisation croissante au sein de la communauté internationale, alimentée notamment par l’incapacité à parvenir à un consensus à la Conférence d’examen du TNP, et des échecs continus rencontrés à la Conférence du désarmement pour reprendre des travaux de fond.  Pour relever l’ambition collective d’une sécurité globale renforcée, il convient de s’engager dans le travail inévitable et laborieux qui consiste à élaborer des mesures pratiques de désarmement nucléaire et de renforcement de la confiance de tous les États concernés, a-t-il ajouté.  L’Australie estime que le désarmement et l’objectif d’un monde sans armes nucléaires doit concerner tous les États, y compris dotés.  À ce propos, œuvrer à un traité distinct qui rendrait illégales les armes nucléaires mais sans inclure les États dotés risquerait de miner la sécurité garantie par le TNP, a estimé M. Bernardi.  Loin des réalités propres à la sécurité internationale, un tel traité ne saurait  convaincre la République populaire démocratique de Corée d’abandonner son programme d’armes nucléaires, ni empêcher les terroristes d’acquérir de telles armes, a-t-il poursuivi.  L’Australie rappelle que l’entrée en vigueur du TICEN reste une priorité et appelle les États dotés et les pays de l’annexe 2 qui n’auraient pas encore ratifié ce texte à le faire.  S’agissant du désarmement conventionnel, nous saluons les adhésions à l’instrument historique que constitue le Traité sur le commerce des armes et nous encourageons les États à œuvrer à l’universalisation de ce texte, a poursuivi M. Bernardi.  L’Australie reste profondément préoccupée par les rapports indiquant que des armes chimiques sont utilisées en Syrie et en Iraq, et appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer complètement les stocks d’armes chimiques restants et les capacités de production existantes.  Il convient par ailleurs de prévenir l’acquisition, la production et l’utilisation d’armes chimiques et de faire preuve de détermination pour que ceux qui sont responsables de tels agissements rendent des comptes, a ajouté le représentant.  Enfin, à l’approche de la huitième Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques, l’Australie appelle tous les États parties à travailler à un consensus qui permettrait de renforcer les articles du dispositif et de produire un ordre du jour efficace pour de futures actions.

Mme SANNAMAARIA VANAMO (Finlande) a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était la pierre angulaire du régime international de non-prolifération et il constituait un élément clef dans l’architecture de la sécurité internationale.  Elle a ajouté que les obligations prévues dans les trois piliers du TNP restaient valides et importantes, y compris celles prévues dans la chapitre VI.  La Finlande partage l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires, a réaffirmé la représentante, précisant que la pleine mise en œuvre du TNP était également cruciale au regard du désarmement nucléaire.  L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) reste une priorité, a-t-elle ajouté, soulignant à cet égard toute l’importance du système de vérification prévu par ce texte.  La Finlande condamne fermement l’essai nucléaire auquel a procédé la République populaire démocratique de Corée le 9 septembre dernier et appelle cet État à respecter pleinement ses obligations internationales.  La Finlande se réjouit de la destruction complète d’armes chimiques à laquelle dit avoir procédé la République arabe syrienne, a dit le représentant, rappelant que l’utilisation de ce type d’armes par quiconque, quel que soit le moment ou le lieu, doit être fermement condamnée par la communauté internationale.  Ceux qui perpètrent de tels agissements doivent être tenus responsables de leurs actions, a-t-elle précisé.  S’agissant des armes légères et de petit calibre, la Finlande tient à rappeler que les armes légères et de petit calibre (ALPC) font de nombreuses victimes, notamment chez les femmes et les enfants.  La représentante a rappelé que son pays soutenait fermement le Traité sur le commerce des armes.  Ce texte permet de renforcer la sécurité et la stabilité internationale, tout en réduisant la souffrance humaine, a-t-elle ajouté.  Enfin, elle a rappelé les efforts de la Finlande en faveur de l’universalisation du Traité.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a rappelé que l’objectif du Traité sur le commerce des armes était de sauver des vies.  Or, a-t-il dit, les obligations du Traité sont d’ores et déjà violées dans de nombreuses régions du monde, y compris au Moyen-Orient.  Après avoir appelé à l’universalisation du Traité sur le commerce des armes, ce qui nécessite sa ratification par tous les membres permanents du Conseil de sécurité, le représentant a indiqué que la mise en œuvre efficace du Traité serait le plus grand défi des États parties.  Il a assuré que son pays, État sans armée, jouerait un rôle de guide, notamment juridique et législatif, auprès des pays de la région d’Amérique latine et des Caraïbes.  La population civile ne peut plus être la principale victime de la violence armée, a encore déclaré M. García, qui a condamné l’usage d’armes explosives dans les zones habitées, comme c’est notamment le cas en Syrie.  Il s’agit d’un problème humanitaire qui doit être traité de toute urgence, a-t-il souligné, avant d’appeler au renforcement de la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination (Convention sur les armes inhumaines).

Mme MARTHA A. A. POBEE (Ghana) a affirmé que la plus dangereuse menace à la paix et à la sécurité internationales était la prolifération et l’utilisation potentielle d’armes nucléaires.  Quatre décennies et demie après l’entrée en vigueur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il reste encore de nombreuses étapes à franchir pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Le Ghana défend fermement un renouvellement des engagements internationaux au regard du TNP, qui reste la pierre angulaire du régime international de non-prolifération et de désarmement.  La représentante a en outre souligné l’importance de la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires.  S’agissant des armes conventionnelles, le Ghana salue le succès en juin dernier de la Sixième Réunion biennale des États chargée d’examiner la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, de combattre et d’éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  La représentante a souligné que l’inclusion des munitions dans le Programme d’action était de la plus haute importance.  En effet, c’est la disponibilité même des munitions qui donne de la valeur aux armes légères et de petit calibre, a-t-elle précisé.  Le Ghana a également pris note des décisions importantes prises à la Seconde Conférence des États Parties au Traité sur le commerce des armes, à Genève, en août dernier.  En conclusion, la représentante a rappelé l’importance de la contribution des femmes dans la prise de mesures pratiques de désarmement à l’échelle locale, régionale et internationale, et la nécessité de soutenir leur participation dans l’élaboration des politiques.

M. ELMAHDI ELMAJERBI (Libye) a rappelé que son pays respectait tous les engagements concernant le désarmement nucléaire et qu’il coopérait en toute transparence avec la communauté internationale.  Il a rappelé les effets radioactifs dévastateurs des armes nucléaires.  La Lybie a abandonné son programme d’armes de destruction massive en 2003 et cette décision a été un succès, a-t-il indiqué.  L’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de telles armes, a poursuivi le représentant.  La Lybie appelle tous les États dotés à supprimer leurs arsenaux nucléaires, a rappelé le représentant, se prononçant également pour l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant visant à garantir la sécurité des États non dotés contre l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes nucléaires par les États dotés.  Le représentant a, par ailleurs, appelé tous les pays à se joindre à l’Engagement humanitaire auquel se sont joints 127 pays, dont son pays.  Nous nous félicitons des réalisations accomplies en vue de l’organisation d’une conférence en 2017 visant à élaborer un instrument juridiquement contraignant visant à l’interdiction des armes nucléaires, a-t-il précisé, ajoutant que tous les États dotés devaient se joindre à ces négociations.  Le représentant a également rappelé le droit inaliénable des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à utiliser le nucléaire à des fins pacifiques et a souhaité que des efforts soient menés en faveur de l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et du régime de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Le cadre multilatéral restant le seul moyen de traiter des questions de désarmement et de sécurité internationale, la Libye plaide pour la revitalisation sans délais de la Conférence du désarmement, a conclu le représentant.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a estimé que le désarmement nucléaire et la non-prolifération sont et doivent être des processus parallèles, interconnectés et confluents.  L’Équateur, qui ne possède pas d’armes nucléaires, a pour sa part rempli toutes ses obligations en la matière et continue  d’attendre et d’espérer que les pays dotés en fassent autant.  C’est pour cette raison que sa délégation appuie l’idée que l’Assemblée générale entame dès 2017, un processus de négociation devant aboutir à un traité interdisant les armes nucléaires et, au final, leur élimination totale.

L’Équateur estime aussi que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) doit être appliqué de manière équilibrée, sans discrimination ni deux poids deux mesures.  Il déplore par ailleurs que les États parties ne soient pas parvenus à adopter un document final à la dernière conférence d’examen du TNP, en raison des blocages sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  En tant que pays membre du Traité de Tlatelolco, l’Équateur réitère son appui à une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a déclaré son représentant.

Au regard des armes de destruction massive, l’Équateur exprime à nouveau son attachement à la Convention multilatérale sur l’interdiction des armes chimiques et à la Convention sur les armes biologiques.  Il condamne par la même occasion, toute utilisation de ces armes, quels qu’en soient les auteurs.  En matière d’armes classiques, il partage les objectifs du  Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et salue les résultats de la sixième réunion biennale des États qui s’est tenue cette année.  L’Équateur est enfin préoccupé par l’utilisation croissante et le perfectionnement des armes autonomes létales.  Compte tenu des implications morales et juridiques de leur utilisation, l’Équateur estime que les discussions doivent continuer sur le sujet, jusqu’à aboutir à l’interdiction de ces armes, a conclu le représentant.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a déploré l’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire en 2015, qui a eu pour résultat de fragiliser davantage le régime de non-prolifération multilatéral et les efforts collectifs de désarmement nucléaire.  À son avis, c’est le manque de volonté politique, notamment des États dotés de l’arme nucléaire, qui entrave le fonctionnement et l’efficacité du mécanisme onusien de désarmement.  Le représentant a ainsi appuyé les rapports du Groupe de travail sur l’élaboration d’une convention juridiquement contraignante d’interdiction des armes nucléaires.  Par ailleurs, pour le représentant égyptien, préserver les stocks nucléaires comme persistent à le faire les cinq États dotés de ces arsenaux, contredit directement la lettre et les objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et ceux du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  D’autre part, il a déploré les contraintes imposées par des États dotés sur les États non dotés de l’arme nucléaire et parties au TNP dans le cadre du développement de leur programme nucléaire à des fins de développement socioéconomique.  À cet égard, il a assuré que la construction actuelle de la première centrale nucléaire égyptienne était menée en étroite coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour s’assurer de sa conformité aux normes internationales de sécurité nucléaire.  Enfin, le représentant a appelé à la pleine application de la résolution de 1995 devant porter création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. TUVAKO NATHANIEL MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a regretté que les États dotés continuent de mettre à jour et de moderniser leurs arsenaux nucléaires.  Il a par ailleurs souligné que le désarmement et le développement étaient deux éléments étroitement liés.  À cet égard, la Tanzanie rappelle que la part des dépenses investies dans l’armement militaire pourrait être consacrée au développement durable.  Le représentant a ensuite souligné les conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires.  Les États dotés doivent respecter leurs obligations pour parvenir à un monde sans armes nucléaires, a-t-il affirmé.  La Tanzanie exige que les États non dotés reçoivent des garanties non discriminatoires, universelles et juridiquement contraignantes contre l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes nucléaires.  Par ailleurs, a-t-il affirmé, les avantages des technologies nucléaires ne doivent pas être limités aux seules puissances nucléaires.  Dans le sillage du Traité de Pelindaba auquel la Tanzanie est partie, il faut œuvrer à la mise en place d’autres zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde, a dit le représentant.  S’agissant des armes légères et de petit calibre, la Tanzanie rappelle que leur prolifération est source de souffrance.  Le transfert illicite de ces armes alimente les organisations criminelles et terroristes, a rappelé le représentant.  En conclusion, le représentant a réitéré son appel en faveur de la diplomatie multilatérale pour œuvrer au désarmement complet. 

M. JUAN IGNACIO MORRO VILLACIAN (Espagne) a souligné l’importance du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), pierre angulaire du régime de non-prolifération multilatéral.  Il a ainsi appelé à l’universalisation du Traité, et condamné les essais nucléaires effectués en 2016 par la République populaire démocratique de Corée, « qui représentent des menaces sérieuses à la paix et à la sécurité internationales ».  Il a appelé les autorités de ce pays à respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et ses obligations internationales.  Il a ensuite déploré qu’un accord n’ait pas pu être trouvé pour organiser une conférence internationale, réunissant les pays de la région, sur la mise en œuvre de la résolution de 1995 devant porter création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le représentant espagnol a par ailleurs estimé urgent d’entamer un processus « réellement » négocié de désarmement nucléaire, «  processus auquel doivent participer activement et en toute bonne foi les États dotés d’armes nucléaires ».  Il a également appelé à la mise en œuvre sans délais du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, notant que les essais nucléaires, depuis l’adoption par le Conseil de sécurité de sa résolution 2310 (2016), étaient désormais délégitimés du point de vue du droit international.  Il a précisé que l’Espagne s’était portée coauteure de ce texte ayant instauré, a-t-il dit, une nouvelle norme de désarmement. 

M. THOMAS HAJNOCZI (Autriche) a condamné le cinquième essai nucléaire auquel a procédé la République populaire démocratique de Corée, qui rappelle à son avis que la prolifération nucléaire se déroule sous nos yeux mêmes.  L’Autriche souligne le lien entre non-prolifération et désarmement, et estime que des progrès de désarmement de la part des États dotés décourageraient les États non dotés d’acquérir des armes nucléaires et favoriseraient ainsi la non-prolifération, a dit le représentant, rappelant ensuite l’impact humanitaire et les effets régionaux et planétaires très graves qui résulteraient d’une utilisation des armes nucléaires.  Il a salué l’Engagement humanitaire qui réunit à ce jour 127 pays et a annoncé que son pays proposerait cette année, avec plusieurs autres États, une résolution visant à convoquer une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant en vue d’interdire les armes nucléaires, avant leur élimination totale.  Un projet de texte, élaboré sur la base de la résolution A/RES/70/33 de l’an passé, a d’ailleurs déjà été transmis à tous les États Membres, a indiqué le représentant.  L’Autriche souhaite qu’une base juridique soit créée pour contribuer à l’élimination des armes nucléaires.  En conclusion, le représentant a évoqué la question des armes explosives dans les zones peuplées, rappelant que 92% des victimes étaient des civils.

M. MIKHAIL ULYANOV (Fédération de Russie) a affirmé qu’au cours des 30 dernières années son pays avait participé « par des actes » au processus « décisif » de désarmement nucléaire.  « Les arsenaux tactiques ont été retirés du dispositif d’état d’alerte: rendez-vous compte, il s’agit d’une étape majeure », a-t-il souligné.  Il a ajouté que le nombre d’ogives nucléaires russes avait diminué « en cinq ans seulement » de moitié.  Les spécialistes russes, a-t-il encore dit, entreprennent au quotidien des efforts considérables pour qu’en 2018 nous arrivions au niveau prévu par le nouveau traité START américano-russe.  Le représentant a indiqué que la Russie consentait ces efforts « alors que la situation économique du pays n’est pas simple ».  Il a ainsi regretté que, « malgré tout », de nombreux États parlent abusivement de « crise du désarmement nucléaire ».  Cela n’a rien à voir avec la réalité, s’est-il exclamé, rappelant que son pays dépensait des dizaines de milliards de dollars en désarmement nucléaire.  Dès lors, selon le représentant, promouvoir de nouvelles exigences irréalistes, à commencer par l’idée d’une interdiction des armes nucléaires, est dangereux et contreproductif.  Il a estimé que cette idée allait à l’encontre des intérêts du TNP, un traité qui prévoit lui-même l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires.  « Toute solution alternative à celle du Traité est saugrenue et contredit le TNP ».  « Les armes nucléaires des États dotés sont légitimes, et, à présent, on voudrait déclarer l’illégalité de ces armes dans un nouveau cadre concurrent du TNP et regroupant un nombre infime de pays », s’est demandé M. Ulyanov.  Il a évoqué une « collusion juridique » à laquelle il faut réfléchir avant d’organiser une conférence internationale sur l’interdiction des armes nucléaires.  D’un point de vue pratique, a-t-il renchéri, ce projet d’interdiction est douteux, et il faudrait déjà que toutes les puissances nucléaires soient disposées à y contribuer.  Pour le représentant russe, on ne peut pas contraindre mécaniquement des États à renoncer à leurs arsenaux sans tenir compte des intérêts stratégiques en jeu.  Assurant que la Russie partage le noble objectif de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, il s’est demandé comment le réaliser « sans nuire à la stabilité stratégique et détruire l’équilibre fragile sur lequel reposent les relations internationales ».  Il a conclu en estimant que la priorité était de créer les conditions favorables à la réalisation d’un désarmement nucléaire réel.  Les problèmes liés aux armes nucléaires ne sauraient être réglés d’un seul coup, a-t-il dit, jugeant qu’il vaut mieux en la matière « se fier aux processus éprouvés ». 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a exprimé sa préoccupation devant l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le processus de désarmement.  Il a regretté l’absence de progrès dans le désarmement nucléaire, et notamment la situation de blocage au sein de la Conférence du désarmement.  Pour l’Afrique du Sud, l’argument selon lequel l’arme nucléaire serait indispensable à la sécurité de certains pays mais pas de tous les autres n’est pas logique et doit être rejeté.  Le délégué a ensuite évoqué le Groupe de travail à composition non limité pour faire avancer la question du désarmement nucléaire, en rappelant que le rapport qui en a découlé demande la tenue d’une conférence en 2017 pour entamer des négociations en faveur d’un traité d’interdiction des armes nucléaires.  S’agissant des armes chimiques, l’Afrique du Sud se félicite de l’action des États qui détruisent leurs stocks, mais reste préoccupée par l’utilisation de telles armes par la République arabe syrienne.  Aucune cause ne saurait justifier l’utilisation des armes de destruction massive, a ajouté le représentant.  S’agissant des armes conventionnelles, l’Afrique du Sud appelle à la pleine mise en œuvre du Programme d’action et se félicite de l’issue de la Seconde Conférence d’examen du Traité sur le commerce des armes, appelant à lutter contre les transferts illicites.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a indiqué que son pays avait ratifié cette année le Traité sur le commerce des armes.  Il a également appelé à l’exécution pleine et entière du Programme des Nations Unies sur les armes légères, ces armes continuant de représenter une menace sérieuse à la paix et au développement dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes.  Le représentant a aussi rappelé que, dès 1997, le Pérou avait ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et a appelé à l’universalisation rapide de cet instrument utile « pour le renforcement de la sécurité régionale et le renforcement de la confiance mutuelle à ce niveau ».  Il a par ailleurs rappelé que son pays avait une position ferme à l’égard de la pleine mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, y compris le droit qu’il accorde aux pays de développer des programmes nucléaires à des fins civiles et de développement socioéconomique.  M. Meza-Cuadra a, à son tour, appuyé la tenue d’une conférence, l’an prochain, sur l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires.  Enfin, le représentant péruvien a souligné la nécessité de réactiver la Conférence du désarmement à Genève.  En conclusion, il a indiqué que son pays présenterait un projet de résolution sur le Centre régional pour la paix et le désarmement en Amérique latine, saluant l’importance de ses travaux en matière de sensibilisation aux risques que constitue pour la stabilité la présence excessive d’armes légères et de petit calibre, ainsi qu’au lien entre développement et désarmement.

Mme BEATA PEKSA (Pologne) a souhaité que soient renforcés les mécanismes existants dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires a permis des mesures efficaces en faveur du désarmement nucléaire via l’article VI, a-t-elle ajouté.  La Pologne estime que des progrès ne sont possibles que si les États dotés et non dotés avancent de concert.  La représentante a salué l’adoption de la résolution 2310 (2016) du Conseil de sécurité qui apporte son soutien au Traité d’interdiction des essais nucléaires.  La Pologne est préoccupée par les essais nucléaires récents entrepris par la République populaire démocratique de Corée, et appelle cet État à reprendre le dialogue avec l’Agence internationale de l’énergie atomique.  La représentante a ensuite rappelé qu’il fallait lutter contre la prolifération des missiles balistique.  La représentante a par ailleurs annoncé que sa délégation défendrait cette année un projet de résolution sur la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques, attirant l’attention sur le risque de voir des acteurs non étatiques mettre la main sur de telles armes.  L’Assemblée générale doit condamner le plus fermement possible l’emploi des armes chimiques, quelles que soient les circonstances, a-t-elle indiqué en conclusion.

Mme INA HANINGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a estimé que l’environnement sécuritaire international était tendu en raison, notamment, de la présence en nombre d’armes nucléaires placées en état d’alerte et la menace que fait poser le risque d’accident nucléaire.  Elle a déploré la lenteur des progrès réalisés dans le domaine du désarmement nucléaire, et expliqué que les retards pris en la matière avait conduit son pays à appuyer activement la proposition d’élaborer un instrument juridiquement contraignant pour interdire les armes nucléaires.  Nous saluons le rapport final du Groupe de travail sur la tenue d’une conférence sur le sujet en 2017, adopté à Genève en aout dernier, a-t-elle dit.  À son avis, négocier un traité interdisant les armes nucléaires ne saperait nullement le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires : « au contraire un tel outil le renforcerait », a-t-elle affirmé, exhortant toutes les délégations de la Première Commission à réaffirmer « à travers des actes concrets » l’engagement de leur pays à parvenir à un monde sans armes nucléaires.  À cet égard, elle a souligné la nécessité d’une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Par ailleurs, la représentante a également soutenu la tenue de négociations sur un traité interdisant la course aux armements dans l’espace, qu’elle a qualifié de patrimoine commun de l’humain à préserver dans l’intérêt de tous.

Mme LOURDES ORTIZ YPARRAGUIRRE (Philippines) a affirmé que son pays n’épargnerait aucun effort pour préserver le statut de l’Asie du Sud-Est comme zone exempte d’armes nucléaires.  Elle a indiqué que son pays avait organisé la semaine dernière, en collaboration avec le Maroc et la Géorgie dans le cadre du Groupe d’amis sur la réduction des risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, une manifestation de haut niveau sur la réduction des risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires au regard de la lutte contre le terrorisme.  Elle a précisé que cette manifestation a été organisée en coopération avec l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice.  La représentante a par ailleurs affirmé que son pays s’appuierait sur les plateformes de dialogue que constituent la Convention sur les armes biologiques, la Convention sur les armes chimiques, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et la résolution 1540 du Conseil de sécurité pour s’attaquer à la question du rôle des acteurs non-gouvernementaux. 

Mme SUSANNE BAUMANN (Allemagne) a rappelé que son pays était attaché à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Pour l’Allemagne, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires reste la pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération.  L’accord de Vienne conclu avec l’Iran est un vrai succès qui renforce le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a indiqué la représentante.  Les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique confirment que l’Iran respecte ses engagements, a-t-elle précisé, avant d’ajouter que la vérification très précise par l’Agence internationale de l’énergie atomique du respect de tels engagements sera très importante dans les années à venir. L’Allemagne exhorte la République populaire démocratique de Corée de cesser ses actions provocatrices, comme le dernier essai nucléaire en date du mois dernier.  La représentante a appelé tous les États dotés à réduire leurs arsenaux nucléaires et souligné l’importance de la négociation d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.  L’Allemagne estime que l’utilisation systématique et répétée d’armes chimiques en Syrie est une violation claire du droit international, et attend avec intérêt le prochain rapport du Mécanisme conjoint, prévu d’ici la fin du mois.  S’agissant des armes légères et de petit calibre, la représentante a rappelé qu’elles causent d’immenses souffrances humaines et constituent l’un des obstacles au développement.  La représentante a également indiqué que son pays accordait une grande importance à l’initiative de l’Union africaine visant à une meilleure coordination au Sahel.  Par ailleurs, l’Allemagne estime que la question des drones doit aujourd’hui être prise au sérieux compte tenu des avancées technologiques, a-t-elle précisé.  Enfin, la représentante a souligné la nécessité de renforcer le contrôle des armes classiques en Europe.  

Mme CHULAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande) s’est particulièrement inquiétée des conséquences du trafic illicite des armes légères en rappelant que leur utilisation était source de la première cause de mortalité dans le monde.  Dans ce contexte, elle a salué les efforts de la communauté internationale pour améliorer la transparence des transferts d’armes, comme le reflète le contenu de la sixième Réunion biennale des États pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes légères sous tous ses aspects.  Elle a aussi souligné l’importance du Traité sur le commerce des armes comme cadre juridique international.  Alors que la Thaïlande travaille à la ratification de ce Traité, elle a expliqué que son pays attachait une grande importance au partage d’informations au niveau régional en matière de commerce des armes.  « C’est pourquoi, a-t-elle indiqué, mon pays a accueilli en avril 2016 un séminaire régional de l’Asie du Sud-Est sur la mise en œuvre de ce Traité, en coopération avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et au Pacifique ».  Elle a aussi fait part des efforts déployés par son pays pour parvenir à une Asie du Sud-Est exempte d’armes nucléaires, et de mines antipersonnel, conformément aux dispositions de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a estimé que les événements de 2016 montrent bel et bien que les efforts de la communauté internationales en matière d’élimination des armes de destruction massive n’ont pas porté leurs fruits.  La preuve est donnée avec les essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée, et par l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  À ces faits, il faut ajouter les risques potentiels que des acteurs non étatiques possèdent et utilisent ces armes, a estimé le représentant, affirmant que son pays suivait avec attention la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité, afin de s’assurer que ces armes ne se retrouvent pas entre les mains d’acteurs non étatiques.

L’Argentine, qui a fait du désarmement nucléaire une de ses priorités, a participé à toutes les discussions et forums de négociations qui traitent de cette question, a poursuivi le représentant, précisant que son pays avait ainsi rejoint le Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire.  Mon pays appuie également le Groupe de travail à composition non limité établi par la résolution 70/33 de l’Assemblée générale, même s’il constate que les divergences persistent non seulement entre États dotés et non dotés, mais aussi entre États non dotés, a-t-il indiqué. 

Alors que plus de 650 millions d’armes légères circulent dans le monde, que 1 500 personnes meurent tous les jours victimes de la violence armée et que 60% de ces morts sont imputables aux armes légères, l’Argentine souligne de nouveau la nécessité de trouver des synergies entre les instruments internationaux existants pour réguler le commerce et le contrôle de ces armes, a dit le représentant.  À cet égard, ma délégation se félicite des conclusions de la sixième réunion biennale du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, et de la tenue à Genève de la Seconde Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes, a conclu le représentant.  

Mme EVA WALDER (Suède) a affirmé que tous les acteurs étatiques et non étatiques ayant utilisé des armes chimiques et d’autres armes de destruction massive en Syrie, en Iraq, au Yémen et sur d’autres théâtres d’opération devront rendre des comptes.  Concernant les armes nucléaires, la représentante a insisté sur les conséquences humanitaires d’un accident nucléaire, et, à cette aune, elle a condamné les essais nucléaires effectués en 2016 par la République populaire démocratique de Corée.  Mme Walder a assuré que son pays continuerait d’appuyer toutes les initiatives à même de contribuer « rapidement et de manière concrète » au désarmement nucléaire et, partant à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  La Suède présentera lors de la présente session un projet de résolution sur la réduction des risques nucléaires au nom du Groupe de la levée de l’état d’alerte, a-t-elle annoncé.  Elle a ajouté que la seule garantie d’une non-utilisation des armes nucléaires passait par leur élimination totale et irréversible, conformément à ce que prévoit le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Par ailleurs, elle a indiqué que tous les États devaient se pencher de manière approfondie sur la légalité des armes nouvellement mises au point.  Nous soutiendrons la décision de créer, à la Conférence d’examen de la Convention sur les armes inhumaines, un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner plus avant cette question, a-t-elle dit. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.