Conseil de sécurité: le Chef des opérations de maintien de la paix exhorte les parties soudanaises à conclure un accord sur la cessation des hostilités au Darfour
Aujourd’hui au Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a souligné qu’avec la signature par toutes les parties soudanaises de l’Accord sur la feuille de route proposée par l’Union africaine, « une étape importante du processus de paix a été franchie ». Pour consolider les acquis, M. Hervé Ladsous a exhorté les parties à mettre en œuvre « l’esprit et la lettre » du document et à reprendre les négociations sur un accord visant la cessation des hostilités au Darfour et dans les « Deux Zones », soit les États du Nil bleu et du Kordofan méridional, et sur les modalités de l’accès humanitaire.
Le Secrétaire général adjoint, qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)*, est revenu sur l’importance de l’Accord sur la feuille de route signé par le Gouvernement du Soudan le 21 mars, et le 8 août, à Addis-Abeba, par les groupes d’opposition réunis dans l’« Appel du Soudan » dont le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) et l’Armée de libération du Soudan-faction Minni Minawi (ALS-MM). Ces deux groupes ont signé l’Accord, à condition que les négociations sur la libération des prisonniers de guerre et le mécanisme de surveillance de l’aide humanitaire se poursuivent. Des efforts sont en cours et en attendant, l’« Appel du Soudan » refuse de se joindre à la « Conférence du dialogue national » alors que les discussions avec le MJE et l’ALS-MM sur les projets d’accord relatifs à l’accès humanitaire et à la cessation des hostilités au Darfour et dans les « Deux Zones » -les États du Kordofan méridional et du Nil Bleu- sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Dans ce cadre, M. Hervé Ladsous, a prévenu que l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW) est toujours en dehors du processus.
Le 7 septembre, le Président du Soudan, M. Omar Al-Bachir a accueilli le Président du Tchad, Idriss Déby Itno; l’Émir du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani; et le Président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra; lors d’une cérémonie marquant la fin de l’Autorité régionale pour le Darfour, a poursuivi le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. Lors de cette cérémonie, le Président soudanais a annoncé une nouvelle ère de paix et de stabilité au Darfour et le 21 septembre, il a promulgué un décret de dissolution de l’Autorité régionale pour le Darfour et de tous les organes, à quelques exceptions près, établis en vertu du Document de Doha pour la paix. Le même jour, et comme l’avait promis le Président soudanais, le Gouvernement a libéré 21 enfants qu’il affirmait avoir capturés dans les affrontements d’avril 2015 avec le MJE. Le 26 septembre, le Président a reçu les recommandations de la « Conférence de dialogue national » et s’est engagé à les mettre en œuvre après leur conclusion le 10 octobre.
« Les saboteurs ne vaincront pas », a commenté le représentant du Soudan, M. Omer Dahab Fadl Mohamed. Avec cette Conférence, Khartoum fait tout son possible pour instaurer une paix durable, a-t-il souligné, appelant le Conseil de sécurité et la communauté internationale à faire pression sur les parties. Le représentant a fait état « d’une amélioration globale » de la situation, à l’exception du Jebel Marra, qui a prêté allégeance aux rebelles de l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW).
Le Secrétaire général adjoint a en effet décrit une situation « volatile » dans cette région où les forces gouvernementales n’auraient réussi que partiellement à réaliser leur objectif de déloger l’ALS-AW. Il a aussi indiqué qu’après les accusations d’Amnesty International, l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour (MINUAD) n’a recueilli aucune preuve sur l’utilisation d’armes chimiques. Mais, a reconnu le Secrétaire général adjoint, il est vrai que le Gouvernement n’a cessé de nier à la MINUAD l’accès aux zones de conflit, tout affirmant son intention de coopérer à toute enquête que lancerait l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Dans les autres zones du Darfour, a indiqué le Secrétaire général adjoint, la situation sécuritaire est restée « calme mais volatile » avec une violence sporadique entre agriculteurs et nomades. Les conséquences humanitaires du conflit restent significatives.
M. Ladsous a précisé que le 17 octobre, l’Union africaine, l’ONU et le Gouvernement soudanais reprendraient leur dialogue sur une stratégie de sortie de la MINUAD sur la base des paramètres établis par le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Le Secrétaire général devrait formuler ses recommandations avant le 27 octobre.
Le délégué soudanais a réitéré le souhait de son gouvernement de voir mise en œuvre, graduellement, la stratégie de sortie de la MINUAD qui devrait passer le relais à l’équipe de pays des Nations Unies chargée de superviser les programmes de développement. Son homologue de l’Uruguay, M. Elbio Rosselli, a brièvement pris la parole pour regretter qu’après la signature de l’Accord sur la feuille de route, tous les résultats escomptés n’aient pas été au rendez-vous, en raison de l’absence de paraphe de certains groupes, dont l’ALS-AW. Il a jugé cruciale la liberté de mouvement des personnels humanitaires et de la MINUAD