Quatrième Commission: la question des Îles Falkland/Malvinas au cœur des débats du premier jour des travaux sur la décolonisation
La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation a entamé son débat de cinq jours sur les questions de décolonisation liées aux 17 territoires non autonomes. La question des Îles Falkland/Malvinas a été abordée cet après-midi dans les interventions de nombreuses délégations et groupes régionaux de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Dans le cas des îles Malvinas, la position du Gouvernement argentin, l’une des parties à ce différend de souveraineté, reste inchangée. Sans démordre de sa position historique quant à la légitimité de sa souveraineté sur ces îles et par rapport au fait que le principe de l’autodétermination des peuples ne pouvait s’appliquer à ce différend colonial, il a néanmoins invité le Gouvernement britannique à entamer une nouvelle phase dans les relations bilatérales entre leurs deux pays. En effet, depuis la prise de fonctions du nouveau Président argentin, M. Macri, des signes de détente sont perceptibles, notamment avec la récente visite du Ministre d’État pour l’Europe et les Amériques du Ministère des affaires étrangères britannique et du Bureau du Commonwealth en Argentine. C’était l’occasion d’une Déclaration conjointe dans laquelle les deux pays ont fait part de leur volonté de renouveler leurs relations bilatérales de manière globale et constructive, y compris sur la question des Malvinas.
De nombreuses délégations, dont celle de la République dominicaine, qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), ont réitéré leur ferme soutien aux droits légitimes de l’Argentine sur les Îles Falkland/Malvinas. Elles ont fait valoir qu’il s’agissait d’une question coloniale spéciale, comme cela a été reconnu par l’Assemblée générale, à laquelle le principe de l’intégrité territoriale est le seul principe applicable, le droit à l’autodétermination du peuple ne pouvant être invoqué pour les citoyens britanniques qui y vivent et qui ne sont pas « un peuple colonisé », comme l’a rappelé le représentant du Guatemala.
Le représentant du Royaume-Uni a pour sa part souligné que son pays n’avait aucun doute quant à la souveraineté de son pays sur les Îles Falkland. Il a accusé l’Argentine de nier le résultat du référendum dans lequel la population des îles s’est déclarée en faveur du statu quo et a indiqué que l’exploration des hydrocarbures était une activité commerciale légitime.
Les États membres de la CELAC et de l’UNASUR ont dénoncé l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables du territoire non autonome des Malvinas. Les intervenants ont invité les parties à s’abstenir d’adopter toute décision qui pourrait conduire à des modifications unilatérales du statu quo, alors que la question des Îles Falkland/Malvinas, des îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes est à l’examen et fait l’objet du processus recommandé par l’Assemblée générale.
En début de séance, le Rapporteur du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (Comité de la décolonisation ou encore Comité spécial des Vingt-Quatre), M. Bashar Ja’afari (République arabe syrienne), a présenté le rapport 2016 du Comité spécial.
Le Président du Comité des 24, M. Rafael Dario Ramirez Carreno a également présenté une synthèse des travaux du Comité au cours de l’année passée.
La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 4 octobre à 15 heures, et commencera les auditions de pétitionnaires sur la Polynésie française, Gibraltar, la Nouvelle-Calédonie, les Îles Falkland/Malvinas, les Îles Vierges américaines et britanniques et le Sahara occidental.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUTES LES QUESTIONS RELATIVES À LA DÉCOLONISATION
Débat général
M. RAFAEL DARÍO RAMIREZ CARRENO (Venezuela), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé qu’il existe encore 17 territoires non autonomes dont la situation figure au programme du Comité spécial. À cet égard, le Mouvement souligne l’importance de poursuivre le programme de décolonisation et appelle l’ONU à s’acquitter de ses responsabilités et à accélérer le processus de décolonisation vers l’éradication totale du colonialisme.
Le Mouvement met aussi l’accent sur l’importance des recommandations contenues dans le document final du dix-septième sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays non alignés, au Venezuela, en septembre 2017, en particulier le renouvellement de l’appel aux États Membres des Nations Unies d’accélérer le processus de décolonisation vers la complète élimination du colonialisme.
En outre, le Mouvement estime que le Comité spécial a besoin de trouver de nouvelles façons de renforcer son efficacité afin d’améliorer son interaction et coopération avec les puissances administrantes, et assurer la participation active des peuples des territoires non autonomes au processus de détermination de leur propre avenir. Il exhorte les puissances administrantes à pleinement soutenir les activités du Comité et à coopérer totalement avec cet organe des Nations Unies.
Le Mouvement reste par ailleurs engagé à jouer son rôle pour assurer qu’il y a des réalisations concrètes dans l’objectif d’éradiquer le colonialisme pendant la troisième Décennie internationale pour l’éradication du colonialisme 2011-2020. Le Mouvement exhorte les puissances administrantes à payer des compensations complètes pour les conséquences économiques, sociales et culturelles de leur occupation afin de réaliser les droits de tous les peuples qui étaient ou sont encore assujettis à la règle coloniale, à recevoir une compensation équitable pour les pertes en vies humaines et matérielles qu’ils ont souffertes comme conséquence du régime colonial ou d’occupation.
Le Mouvement des non-alignés appelle également l’ONU à assurer que les activités économiques et autres activités des puissances administrantes n’affectent pas les intérêts des peuples des territoires non autonomes mais contribuent plutôt à promouvoir le développement et facilitent l’exercice de leur droit légitime à l’autodétermination. Ceci s’applique également à l’héritage culturel et à l’identité des peuples coloniaux comme éléments du patrimoine universel de l’humanité.
En conclusion, le Mouvement réaffirme les droits de Porto Rico et de Palestine et de leurs peuples à l’autodétermination et à l’indépendance.
M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réitéré l’attachement de ses membres à faire de cette région une région sans colonialisme et sans colonies, ce qui a été réaffirmé par les chefs d’État et de gouvernement lors du Sommet de la CELAC qui a eu lieu à Quito en janvier 2016. La CELAC invite par conséquent les puissances administrantes à pleinement coopérer et à participer aux travaux du Comité des 24 (C24). Elle a également salué les travaux du séminaire régional du Comité sur la décolonisation qui a eu lieu à Managua du 31 mai au 2 juin cette année. Les membres de la CELAC encouragent par ailleurs le Département de l’information de l’ONU à poursuivre ses efforts pour diffuser le plus largement possible les informations visant à promouvoir les objectifs de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, ainsi que sur le Plan d’action pour l’éradication du colonialisme. À cet égard, le représentant de la CELAC a demandé que le site Internet sur la décolonisation soit disponible dans les six langues officielles de l’ONU et actualisé régulièrement.
Sur la question des Malvinas, la position de la CELAC reste inchangée, a-t-elle poursuivi, réaffirmant le droit inaliénable de l’Argentine dans ce différend de souveraineté sur les îles Malvinas, de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes. La CELAC encourage la reprise des négociations directes entre l’Argentine et le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord pour trouver, le plus rapidement possible, une solution pacifique et définitive à cette question. Les membres de la CELAC accordent également une attention particulière au respect de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale qui demande aux deux parties de ne pas prendre de décisions unilatérales qui pourraient modifier la situation sur le terrain et saluent l’attitude constructive adoptée jusque-là par le Gouvernement argentin pour trouver une solution durable par des voies pacifiques, « à cette situation coloniale anachronique », a-t-elle dit.
Le représentant a par ailleurs rappelé que la question coloniale de Porto Rico, qui est inscrite à l’ordre du jour de la Quatrième Commission depuis 40 ans et qui a fait l’objet de 34 résolution et décisions, est un autre sujet qui préoccupe les membres de la CELAC. Ceux-ci soutiennent le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance. À cet égard, le représentant a fait référence à la Déclaration de La Havane de 2014 dans laquelle les chefs d’État et de gouvernement de la région ont confié à la CELAC la mission de former un quatuor pour présenter des propositions concrètes en vue de faire avancer la question de Porto Rico.
Abordant également la situation des Îles Turques et Caïques, le représentant a insisté sur la nécessité d’y assurer un processus démocratique inclusif et représentatif. Pour parvenir à la bonne gouvernance et la stabilité économique il faut permettre au peuple de ce territoire de participer de manière sérieuse à la définition de son propre avenir, a-t-il estimé.
M. RAFAEL DARÍO RAMIREZ CARRENO (Venezuela), au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a insisté sur la question des îles Malvinas, précisant que les chefs d’État et de gouvernement de l’UNASUR ont réitéré leur appui aux droits souverains légitimes de l’Argentine. Il a appelé l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre les négociations bilatérales en vue de trouver une solution pacifique durable du différend de souveraineté et a rappelé que dans sa Déclaration du 4 mai 2010, l’UNASUR avait rejeté les activités d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles non renouvelables par les Britanniques. Les questions militaires ont été également été abordées, a rappelé le représentant, soulignant que la présence du Royaume-Uni et de l’Irlande du Nord dans les îles Malvinas était contraire aux politiques de la région visant au règlement pacifique de la dispute sur la souveraineté. Toujours au nom de l’UNASUR, il a rejeté le référendum organisé dans l’île par les Britanniques, expliquant que cela ne modifie pas l’essence des questions des Malvinas et ne met pas à mal la souveraineté de l’Argentine. Par ailleurs, il a soutenu toutes les actions de l’ONU sur la question du Sahara occidental, avant d’affirmer son appui au peuple portoricain et demander à l’Assemblée générale d’analyser tous les aspects de la question de Porto Rico.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine), a réaffirmé l’attachement de son pays au droit à l’autodétermination des peuples dans les cas où ce droit est applicable. Toutefois, le principe de l’autodétermination, comme tout autre principe, n’est pas absolu et ne saurait être utilisé pour violer l’intégrité territoriale d’un État, comme le stipule le droit international, a rappelé le représentant.
Lorsque le Royaume-Uni a occupé de force les îles Malvinas en 1833, il a expulsé les autorités locales et la population de l’État argentin qui exerçaient légitimement leur souveraineté sur ces îles héritées de l’Espagne, a expliqué M. Moritán. Par la suite, le Royaume-Uni y a implanté ses propres colons et a strictement contrôlé toute politique migratoire et la composition de la population du territoire à ce jour. Rappelant que la résolution 2065 de l'Assemblée générale reconnaissait le caractère spécial de la situation coloniale entre l’Argentine et le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, le représentant argentin a également rappelé que ce texte invitait les deux parties à parvenir à un règlement pacifique par la négociation. Pour l’Argentine, le droit à l’autodétermination ne peut s’appliquer aux habitants des îles Malvinas parce qu’il ne s’agit pas d’un peuple soumis au joug colonial.
Depuis l’adoption de la résolution 2065, et pendant près de 20 ans, les Gouvernements argentin et britannique se sont engagés dans des négociations substantives et ont passé en revue un certain nombre de propositions et certains documents ont même été paraphés dans lesquels le Royaume-Uni reconnaissait la souveraineté de l’Argentine sur ces îles, a affirmé le représentant. Il a réaffirmé que son pays « n’avait rien et n’a jamais rien eu contre le citoyens britanniques qui vivent aux Malvinas » et que l’Argentine s’était engagée à préserver leurs intérêts et style de vie. Toutefois, depuis le conflit de 1982 qui a eu lieu sous la dictature militaire en Argentine et qui a coûté la vie d’Argentins et de Britanniques, le Royaume-Uni persiste à refuser la reprise des négociations, en dépit du fait que ce conflit ne changeait en rien la nature du différend colonial et des multiples appels de la communauté internationale, notamment par le truchement de l’ONU, de la CELAC, du MERCOSUR, de l’UNASUR et du Groupe des 77 et la Chine, a-t-il indiqué.
Depuis sa prise de fonctions en septembre 2016, le Président argentin, Mauricio Macri, a exprimé son souhait d’entamer une nouvelle étape positive dans la relation bilatérale historique entre son pays et le Royaume-Uni. Une déclaration conjointe a été adoptée lors de la visite du Ministre d’État pour l’Europe et les Amériques du Ministère des affaires étrangères britanniques et du Bureau du Commonwealth, dans laquelle les deux pays ont fait part de leur volonté de renouveler leur relation de manière globale et constructive, y compris la question des Malvinas, a rappelé M. Moritán. Dans ce cadre constructif, le Président Macri a lancé un appel au dialogue avec le Royaume-Uni pour régler à l’amiable ce différend de 200 ans sur les îles Malvinas, les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, et les zones maritimes qui les entourent, a conclu le représentant.
M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a affiché son soutien à la Déclaration du Mouvement des non-alignés, en affirmant que la réalisation de l’objectif de l’élimination du colonialisme est d’une grande importance pour son pays. Il a déclaré être surpris de constater que certains États se présentant comme des modèles sont en fait ceux qui refusent des avancées sur la question du droit à l’autodétermination. Par ailleurs, il a dit soutenir la Palestine concernant son droit à l’autodétermination sur la base des principes élémentaires de l’humanité.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a fait part de sa préoccupation concernant les activités des puissances administrantes visant à l’exploitation des ressources naturelles qui sont l’héritage des peuples des territoires non autonomes. Ces puissances devraient prendre toutes les mesures nécessaires afin d’éviter toute activité économique ou autres activités qui pourraient affecter les intérêts des peuples des territoires non autonomes, y compris leur intégrité culturelle, sociale et économique, a-t-il dit.
Il a également estimé que les installations militaires et les activités des puissances administrantes dans certains territoires non autonomes allaient à l’encontre des droits et intérêts des peuples de ces territoires, et l’impact des activités militaires sur l’environnement, le développement économique et la santé de ces populations, était une source de graves préoccupations. Le représentant a appelé les puissances administrantes à coopérer avec le Comité spécial de la décolonisation dans l’accomplissement de son mandat et pour faciliter les visites des missions du Comité dans les territoires sous leur tutelle.
Le représentant a mis l’accent sur l’importance de la transmission à temps par les puissances administrantes d’informations actualisées, conformément à l’Article 73 de la Charte, en particulier en relation avec la préparation par le Secrétariat des documents de travail sur les territoires concernés.
M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), a indiqué que son gouvernement soutient le droit légitime de l’Argentine dans le conflit de souveraineté des îles Malvinas. Il regrette que, 200 ans plus tard, ce conflit n’ait toujours pas été réglé et que cette situation coloniale spéciale continue à peser sur le continent latino-américain. Pour le Brésil, l’autodétermination des peuples ne peut être invoquée dans ce cas puisque les habitants de ces îles y ont été installés par le Royaume-Uni après avoir expulsé les Argentins qui y vivaient. Pour son gouvernement, le règlement de cette question passe par le dialogue entre les deux parties et la mission de bons offices du Secrétaire général. Il salue les contacts récemment pris au plus haut niveau entre l’Argentine et le Royaume-Uni.
Pour le Brésil, ces îles font partie du territoire national argentin, a affirmé le représentant, qui a précisé que son pays restait préoccupé par le non-respect des accords multilatéraux contenus dans la résolution 31/49 de l’Assemblée générale et demandait au Royaume-Uni de mettre un terme aux actes unilatéraux d’exploitation des ressources naturelles de ces territoires.
La recherche d’un règlement négocié entre l’Argentine et le Royaume-Uni est une attente partagée par tous les pays d’Amérique latine, et par conséquent, le Brésil continue à soutenir la mission de bons offices du Secrétaire général dans ce domaine, a conclu le représentant.
M. RAFAEL DARÍO RAMIREZ CARRENO (Venezuela) a affirmé que le colonialisme est une atteinte à la dignité humaine, précisant que le droit à l’autodétermination est une aspiration légitime. Il a par ailleurs estimé que les forces occupantes devaient s’acquitter de la dette morale envers les peuples qui subissent les systèmes coloniaux. Le représentant a estimé que le processus de décolonisation n’avait pas abouti, compte tenu du fait que les puissances administrantes faisaient de leur obligations et a fait remarquer, à cet égard, que la Troisième Décennie de l’élimination du colonialisme 2011-2020 exigeait des pays colonisateurs l’arrêt des violations des principes de la Charte de l’ONU et des violations des droits de l’homme dans les territoires concernés. Pour le représentant, tous les États ont une responsabilité morale face à cette situation. S’agissant de la situation à Porto Rico, il a regretté que le colonialisme prolongé subi par ce territoire le prive de toute autonomie, l’empêchant de manifester son droit à l’autodétermination. Il a exprimé toute sa solidarité au peuple portoricain, appelant les États-Unis à mettre fin à la tutelle. Concernant la situation dans les Îles Malvinas, il s’est insurgé contre le pillage scandaleux de l’Argentine en violation des lois internationales, en appelant les deux parties à la reprise des négociations.
M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) a réaffirmé le soutien de son pays à l’Argentine dans la « situation coloniale spéciale » des îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des espaces maritimes les entourant. Il a reproché à la Puissance occupante, le Royaume-Uni, d’avoir, « dans le cadre d’une politique coloniale systématique » implanté ses sujets sur ces îles après avoir expulsé les Argentins qui y vivaient. Par conséquent il s’agit d’un territoire colonisé et non pas d’un peuple colonisé, a fait valoir le représentant, qui en a déduit que le principe de l’autodétermination ne peut être appliqué dans ce cas. Le Guatemala salue la volonté continue de dialogue et de négociation de l’Argentine et appelle le Royaume-Uni à s’engager sur cette voie dans l’intérêt des deux parties.
Pour la situation au Sahara occidental, le Guatemala exhorte les parties à faire preuve de bonne volonté politique en vue d’engager une phase de négociations de fond pour parvenir à un règlement pacifique et à une solution politique de ce différend dans l’intérêt de toute la région.
M. CRISTÍAN BARROS MELET (Chili), faisant le constat selon lequel la colonisation touche 17 territoires non-autonomes, a appelé les puissances administrantes à prendre les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif d’une rapide décolonisation de ces territoires et à fournir, conformément à l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, les informations adéquates relatives à ces territoires. Le Chili a réaffirmé son appui aux droits légitimes de l’Argentine sur les îles Malvinas, de la Géorgie du sud et Sandwich du Sud. Toutefois, il a exhorté les principales parties à reprendre les négociations pour trouver rapidement une solution pacifique et durable à leurs différends.
M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a réaffirmé l’attachement de son gouvernement au droit à l’autodétermination des peuples. À son avis, les Nations Unies doivent rester impliquées dans les processus de décolonisation. Dans le cas du Sahara occidental, le Mexique est attaché au droit du peuple sahraoui au droit à l’autodétermination et soutient l’idée d’un référendum afin de pouvoir exercer ce droit. Le Mexique se fait l’écho du Secrétaire général lorsqu’il exhorte les parties à s’engager sérieusement dans un règlement politique de cette question, a rappelé le représentant, précisant que son pays, qui a envoyé des effectifs à la MINURSO, invite les parties à assurer que la mission se déroule en toute sécurité. Le Mexique soutient par ailleurs les efforts actuels de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Christopher Ross, a-t-il ajouté.
Le Mexique reconnait en outre le droit légitime de l’Argentine dans le conflit de souveraineté concernant les îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, a par ailleurs précisé le représentant, souhaitant que l’Argentine et le Royaume-Uni s’engagent dans un règlement pacifique par le biais du dialogue et demandant aux parties de s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui mettent à mal les résolutions pertinentes sur cette question.
M. WALTON WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a dit que l’élimination totale du colonialisme devait se faire dans le cadre d’un dialogue ouvert et continu entre les puissances administrantes, le Comité spécial de la décolonisation et les peuples des territoires non autonomes, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies sur la décolonisation. Le représentant a réitéré l’appel du Conseil de sécurité pour une solution politique négociée et mutuellement acceptable à tous les différends et demande que toutes les parties respectent et mettent en œuvre les mandats du Conseil.
Antigua-et-Barbuda soutient aussi toute initiative légale qui constitue un effort pour mettre un terme à tous les différends en suspens, a précisé le représentant, appelant toutes les parties à continuer de manifester la volonté politique de travailler dans une atmosphère propice au dialogue, et demande que les préoccupations sécuritaires, politiques, économiques et en matière des droits de l’homme continuent d’être la priorité de toutes les négociations.
M. JOSE OSVALDO SANABRIA RIVAROLA (Paraguay), a estimé que le colonialisme est l’une des empreintes les plus frappantes des pouvoirs internationaux ancrés dans le passé. C’est, a-t-il déclaré, la raison pour laquelle son pays reste profondément attaché au processus de décolonisation dans le monde et au principe du droit à l’autodétermination des peuples.
Pour ce qui est de la situation des îles Malvinas, il a insisté sur la nécessité de reprendre les négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni pour parvenir à un règlement pacifique et durable à ce différend colonial. Sa délégation salue la volonté continue du Gouvernement argentin à s’engager en ce sens et à respecter les droits et intérêts des habitants de ces îles.
M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a déclaré soutenir le processus de décolonisation au cours duquel un nombre important de territoires sont parvenus à arracher leur indépendance, rejoignant ainsi les États Membres des Nations Unies. Toutefois, il a déploré le fait que la communauté internationale ne soit pas parvenue à reléguer aux oubliettes le concept de la colonisation. Parallèlement, il a salué le mandat du Comité de la décolonisation, et émis le vœu qu’il s’efforcera de garantir les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et de mettre en œuvre les mesures de la décennie 2011-2020. Il a rappelé que son pays soutenait les revendications de l’Argentine sur le différend l’opposant au Royaume-Uni et l’Irlande du Nord sur les Îles Falkland/ Malvinas. Pour autant, il a exhorté les parties à reprendre les négociations car un demi-siècle s’était écoulé sans que des progrès significatifs aient été enregistrés dans ce domaine. En outre, il a appelé l’ONU à faciliter le règlement des différends nationaux en défendant les valeurs de démocratie, les droits de l’homme et la justice. Sur la question du Sahara occidental, il a souligné que la solution devait être conforme aux principes du droit international et des résolutions 1514 et 1541 de l’ONU, qui prévoient l’organisation d’un référendum envisageant l’option d’une autonomie.
Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a dit espérer que les débats de la Quatrième Commission seraient l’occasion de rappeler l’attachement de tous à l’élimination du colonialisme dans le monde. Pour ce qui est du Sahara occidental, elle a défendu le droit du peuple sahraoui à exercer son droit à l’autodétermination et a appelé à une reprise des pourparlers entre les parties concernées. L’Uruguay soutient les efforts du Secrétaire général et son Envoyé personnel, M. Christopher Ross, pour faire avancer ce processus. Elle a fait part de la préoccupation de sa délégation suite à la décision unilatérale du Maroc de renvoyer les membres de la composante civile de la MINURSO, affirmant que son pays appuierait le projet de résolution qui sera présenté par l’Algérie sur cette question à la Commission.
S’agissant de la question des Îles Malvinas, elle a affirmé que seul le principe de l’intégrité territoriale des États s’applique à ce cas et que la revendication de souveraineté de l’Argentine est légitime au regard de l’histoire. Sa délégation a appelé les deux parties à reprendre les négociations dans les plus brefs délais pour parvenir à un règlement pacifique et durable, a conclu la représentante.
Droits de réponse
Le représentant du Royaume-Uni a déclaré que son pays n’avait aucun doute quant à sa souveraineté sur les îles Malvinas, estimant que le droit de ces peuples à l’autodétermination était légitime. Pour le représentant, le référendum a donné un message clair que l’Argentine devrait respecter. Il s’est dit surpris de voir que l’Argentine continue de réfuter que les droits de l’homme s’appliquent à ces îles. Sur les affirmations tentant de faire croire que l’exploitation des hydrocarbures dans ces îles est un vol, il a rétorqué que cette activité est légitime et respecte les conventions des droits de la mer. Selon le représentant, la décision des Îles Falkland d’exploiter leurs ressources est légitime et ne doit pas faire l’objet de sanctions. Il a également précisé qu’en 1833, l’Argentine n’incluait pas sur son territoire les îles faisant l’objet de leurs différends territoriaux. Cela, a-t-il ajouté, a été fait après 1833. Et de préciser que la souveraineté du Royaume-Uni sur ces îles datait de 1760, soit bien avant la création de l’Argentine dans sa forme moderne.
Le représentant de l’Argentine a répondu à son tour que son Président avait devant l’Assemblée générale rappelé que les îles et espaces maritimes à la base des différends sont parties intégrantes du territoire argentin. Par la suite, il a souligné que l’occupation illégale par le Royaume-Uni avait conduit l’Assemblée générale à adopter des résolutions (2065, 3170, 3712) qui reconnaissaient un conflit de souveraineté et exhortaient les parties à reprendre les négociations en vue de trouver des solutions pacifiques et durables.
Il a expliqué que l’Argentine déplorait la tendance du Royaume-Uni à vouloir modifier des faits historiques pour cacher une usurpation. En conséquence, rappelant les engagements pris par les deux pays à respecter la résolution 2065 de l’ONU, il a invité le Royaume-Uni à honorer ses engagements sur ces questions. Sur la question du référendum dans les Îles Falkland/Malvinas, le représentant de l’Argentine a déclaré que cette consultation n’était pas la solution au conflit. Il a rappelé que son pays réitère sa souveraineté sur ces Îles qui font partie intégrante de l’Argentine.