Le Président colombien annonce officiellement devant l’Assemblée générale la fin de la guerre dans son pays

Soixante et onzième session,
11e, 12e & 13e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11824

Le Président colombien annonce officiellement devant l’Assemblée générale la fin de la guerre dans son pays

« Il y a aujourd’hui une guerre de moins sur cette planète, et c’est la guerre en Colombie », a lancé, aujourd’hui, le Président colombien, M. Juan Manuel Santos Calderón, devant l’Assemblée générale, au deuxième jour de son débat général annuel, au cours du duquel se sont exprimés 38 dignitaires, dont 21 chefs d’État.

En ce 21 septembre, Journée internationale de la paix, M. Santos a dit être venu pour annoncer « de toute la force de sa voix et de son cœur » qu’après plus d’un demi-siècle de conflit armé interne et 220 000 morts, « la guerre en Colombie est terminée ».  Avec la fin du plus ancien et du dernier conflit du continent américain, celui-ci, « avec toutes ses îles, de la Patagonie à l’Alaska, est désormais une zone de paix », a ajouté le Président sous les applaudissements de l’Assemblée générale.

Le Chef de l’État colombien a également évoqué les avantages que la fin du conflit allait apporter à son pays, y compris la libération de ressources qui pourront être consacrées à l’éducation ou à la santé, dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable.

Adoptés il y a un an dans le cadre du Programme de développement à l’horizon 2030, les objectifs de développement durable ont été évoqués aujourd’hui par les dirigeants de pays aussi divers que la Chine, la Finlande, la République dominicaine ou le Kenya. 

Le Président de la Namibie, M. Hage Geingob, a ainsi rappelé que l’un des principaux objectifs de la présente session devrait être de donner un élan au Programme, pour reprendre l’intitulé du thème de ce débat général « une nouvelle impulsion pour transformer notre monde », ce qui exigera de la cohésion et une complémentarité des efforts menés à tous les niveaux. 

« Le développement ne sera pas durable s’il est mu par l’inégalité et par une pollution et une consommation considérables qui amenuisent les ressources de la planète », a averti le Premier Ministre du Conseil d’État de la Chine, M. Li Keqiang.  Quant au Président Evo Morales de Bolivie, il a prôné un nouveau modèle de société, sans lequel les objectifs de développement durable seront « remplacés par des objectifs de mort durable de tous les êtres vivants de la Terre mère ».

Les objectifs de développement durable témoignent en tout cas de la conscience que la communauté internationale a de la nécessité de changements à grande échelle et des mesures concrètes à prendre, a estimé la Présidente du Chili, qui s’est inquiétée d’un « schisme croissant entre les représentants et les représentés ». 

Pour Mme Michelle Bachelet, ce « malaise citoyen » est l’expression d’une désillusion face à des institutions politiques qui semblent incapables de les représenter et à des promesses de développement qui semblent encore très lointaines, alors que la croissance économique mondiale ralentit et que les dynamiques à long terme qui ont causé la crise d’il y a quelques années n’ont été que superficiellement retouchées.

Tout en partageant ce point de vue, Mme Aung San Suu Kyi a, au nom du Myanmar, également mis en cause l’absence de sens et d’objectifs dans la vie, notamment pour les jeunes susceptibles d’être attirés par des idéologies qui offrent des certitudes.  Elle y a vu certaines des causes profondes de l’extrémisme violent, qui engendre lui-même le terrorisme.

C’est aussi aux causes profondes des déplacements massifs de populations qu’il faut s’attaquer, ont rappelé plusieurs intervenants, qui se sont opposés à toute politique de repli.  Face à ceux qui dénonçaient les murs construits pour bloquer les mouvements de réfugiés, notamment en Europe, le Président du Conseil européen de l’Union européenne, M. Donald Tusk, a assuré que l’Union « défendrait toujours un monde libre et ouvert, régi par l’état de droit ».

Face à la crise des réfugiés, l’Union européenne a pris des mesures « fondées sur l’empathie », ajoutant que la volonté d’aider les réfugiés demeurait sa priorité.  D’ailleurs, a-t-il rappelé, l’Union européenne est le principal donateur d’aide humanitaire et « cela ne changera pas ».  Il ne faut toutefois pas se leurrer: l’assistance humanitaire ne sera jamais suffisante pour compenser l’incapacité de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés, a rappelé le Président finlandais, M. Sauli Niinistö. 

Outre la pauvreté, une de ces causes tient aux conflits armés.  Principale cause des mouvements actuels de réfugiés, la situation en Syrie a été abordée à plusieurs reprises, plusieurs intervenants rappelant la nécessité d’une solution politique au conflit.  Plusieurs dignitaires ont en outre critiqué la passivité du Conseil de sécurité sur la question syrienne.

Le Conseil a également été critiqué par le Président de l’Ukraine, M. Petro Poroshenko, qui a demandé que le droit de veto y soit suspendu lorsqu’un membre permanent est directement impliqué dans des conflits où des atrocités de masse ont été commises.  Pour sa part, le Premier Ministre japonais, M. Shinzo Abe, a souhaité le voir agir face aux essais nucléaires et balistiques menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Plusieurs autres dirigeants ont réclamé une réforme du Conseil, afin qu’il reflète mieux les réalités actuelles et apparaisse plus légitime.

Parmi ceux-ci, le Président des États fédérés de Micronésie, M. Peter Christian, a rappelé que les petits États insulaires en développement demandaient depuis longtemps que la question des changements climatiques soit inscrite de manière permanente à l’ordre du jour du Conseil, eu égard à sa dimension sécuritaire.  Alors qu’était par ailleurs organisée au Siège de l’ONU une cérémonie de dépôt des instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat, M. Christian a dit voir en les Nations Unies « notre dernier espoir de galvaniser les volontés politiques afin d’atténuer les effets des changements climatiques ». 

De nombreux orateurs ont affiché leur volonté d’appliquer l’Accord de Paris.  La Chine, qui l’a déjà ratifié, a souhaité le voir accepté au niveau universel, alors que M. Tusk affirmait que la ratification par l’ensemble des États membres de l’Union européenne serait bientôt achevée et que le Premier Ministre du Japon promettait d’accélérer le processus en ce sens.

Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, jeudi 22 septembre.

Suite du débat général

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a invité la communauté internationale à mieux conjuguer ses efforts pour permettre à l’ONU de mieux s’acquitter de sa tâche.  Il a relevé que le monde était confronté à de nombreux défis à la paix et la sécurité mondiales qui persistent et a condamné la montée actuelle des nationalismes étriqués, le racisme et l’extrémisme violent. 

Plus précisément, les récents essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la guerre qui continue de faire rage en Ukraine et les conflits qui ébranlent le Moyen-Orient, mais également l’Europe, sont de graves sources de préoccupation pour son gouvernement.  Ils ont donné lieu à des flux migratoires sans précédent de demandeurs d’asile, « mais les capacités européennes se heurtent actuellement à des limites », a affirmé le Président finlandais, dont le pays est directement concerné par cette question. 

Il faut œuvrer de conserve pour trouver des solutions durables sur les plans international et régional, et pour mieux contrôler les frontières tout en préservant les droits de ceux qui recherchent la protection internationale.  Cela suppose une vision, du courage et du leadership, faute de quoi le tableau sera sombre. 

« Les frontières se transformeront en murs, même pour ceux éligibles à un statut de réfugié », a averti M. Niinistö.  En attendant, l’assistance humanitaire à ces personnes est essentielle, et l’Union européenne et la Finlande continueront à jouer leur rôle dans ce domaine.  Cependant, il ne faut pas se leurrer: l’assistance humanitaire ne sera jamais suffisante pour compenser l’incapacité de s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés. 

Pour la Finlande il s’agit d’une condition essentielle au règlement à long terme de ces crises tant sur le plan économique, que social et politique.  Les Nations Unies peuvent jouer un rôle pour désamorcer des conflits latents par le biais de la prévention, de la médiation et, si nécessaire, des missions de maintien de la paix préventives, a estimé M. Niinistö.  Il reste néanmoins convaincu que la responsabilité ultime de la réforme des sociétés elles-mêmes incombe à leurs gouvernements et à leurs peuples.  « L’appropriation nationale est essentielle », a-t-il dit. 

Dans ce contexte, il a rappelé que, depuis plusieurs années, la Finlande et la Turquie étaient à la tête des efforts de médiation des Nations Unies.  Cette année marque aussi le soixantième anniversaire de la participation de la Finlande aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a précisé son président, qui a assuré sa détermination à participer aux efforts visant à renforcer les différents aspects du maintien de la paix. 

La Finlande salue l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat, mais reste bien consciente que la véritable épreuve sera sa mise en application.  Pour sa part, la Finlande a opté pour une approche inclusive et développe des partenariats entre le Gouvernement, le secteur privé, les universités et la société civile.  Tout citoyen finlandais est appelé à apporter sa pierre à l’édifice, et le Président lui-même engagé à faire baisser son empreinte carbone de moitié dans les 10 années qui suivent dans le cadre de l’initiative « Engagement citoyen pour le climat ».

Le Président finlandais a également mis l’accent sur l’autonomisation politique, économique et sociale des femmes et des fillettes ainsi que sur l’égalité hommes-femmes qui sont, selon lui, des moteurs du développement durable et de la lutte contre les effets des changements climatiques.

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a indiqué que son pays avait pris des mesures pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui est semblable au Programme du Zimbabwe pour la transformation socioéconomique (Zim Asset).  L’obstacle principal à l’application du Programme 2030 est « le fardeau des sanctions punitives et haineuses qui nous sont imposées par certains d’entre nous ici », a-t-il toutefois déploré.  D’après M. Mugabe, « le Zimbabwe est puni pour avoir exercé son indépendance souveraine ».  Il a de nouveau appelé le Royaume-Uni, les États-Unis et leurs alliés à lever les sanctions.

Abordant la question de l’élection du Secrétaire général de l’ONU, M. Mugabe a déploré l’opacité du processus au Conseil de sécurité.  Quant à la réforme du Conseil, elle n’a pas avancé depuis 20 ans, a-t-il regretté en évoquant une situation « injustifiable et injuste ». 

Par ailleurs, l’engagement à ne laisser personne de côté implique que l’on considère le sort des personnes vivant sous le colonialisme et l’occupation, a-t-il ajouté, en défendant les droits des peuples palestinien et sahraoui. 

Le Président a conclu son intervention en remerciant le Secrétaire général de l’ONU pour sa présence aux sommets de l’Union africaine et, en particulier, pour son leadership durant l’épidémie d’Ebola.   

Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, s’est attachée au « malaise citoyen » qu’elle a décrit comme l’expression d’une désillusion devant des institutions politiques qui ne semblent pas capables de les représenter et face à des promesses de développement qui semblent encore très lointaines et alors que la croissance économique mondiale ralentit et que les dynamiques à long terme qui ont causé la crise d’il y a quelques années n’ont pas été changées mais seulement superficiellement retouchées.

Face à ce « schisme croissant entre les représentants et les représentés », le temps n’est pas venu de prendre la voie facile mais destructrice à terme du populisme, a averti Mme Bachelet, qui a appelé à une action « inspirée par l’éthique et par un pragmatisme civique ».

Pour la Présidente du Chili, les objectifs de développement durable adoptés l’an dernier témoignent de la conscience que la communauté internationale a de la nécessité de changements à grande échelle et de mesures concrètes à prendre.  Face à l’inertie et aux intérêts, elle a appelé à la volonté politique, au plan international comme national et a insisté: c’est maintenant qu’il faut agir.  « Chez nous, les citoyens attendent de nous que nous transmettions leurs demandes et que nous revenions avec des décisions et de la détermination », a-t-elle ajouté.

Mme Bachelet a ensuite présenté la position de son pays, « État de taille moyenne pas encore pleinement développé » qui connaît une modernisation rapide et se situe « à la frontière des défis de la modernité, avec les tensions inhérentes à la démocratie et la croissance économique ».  Disant « parler d’expérience », elle a assuré être consciente des difficultés du changement, avant d’expliquer comment le Chili plaidait en faveur d’une « convergence dans la diversité en Amérique latine, malgré les « différences importantes » qui existent sur le continent.

Mme Bachelet a notamment mentionné l’intégration en cours dans le cadre de l’Alliance pacifique avec la Colombie, le Mexique et le Pérou, ainsi que du MERCOSUR et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) avant de rappeler les principes qui gouvernent aujourd’hui la nation chilienne: aspiration à la paix, démocratie et respect des droits de l'homme, respect du droit international et des traités, souveraineté et engagement en faveur de la coopération.  Elle a salué à cette occasion la perspective de paix offerte par la Colombie comme « une des meilleures nouvelles de cette année ».

La Présidente a également rappelé l’engagement du Chili en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable et son soutien à l’Accord de Paris sur le climat, « le plus ambitieux de l’histoire des négociations sur les changements climatiques », et son parrainage de l’initiative « Because the Ocean » également soutenue par la France et Monaco.  Elle a précisé à cet égard que le Chili avait décidé d’agir en créant la réserve marine de Nazca-Desenturadas, la plus importante d’Amérique latine.

Enfin, Mme Bachelet s’est déclarée en faveur d’une gestion plus efficace et ouverte des Nations Unies, y compris dans le cadre du processus de sélection du prochain –ou de la prochaine- secrétaire général(e).  Elle a également souhaité davantage de multilatéralisme, de coopération et de dialogue au sein de l’organisation, qui reste un « forum irremplaçable pour les débats et l’adoption d’accord » et s’est prononcée pour une réforme du Conseil de sécurité qui permette de refléter les nouvelles réalités du monde.

M. HAGE GEINGOB, Président de la Namibie, a insisté sur le fait que l’un des principaux objectifs de la présente session devrait être de donner un élan au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Il y va de la sécurité des générations futures. »  La mise en œuvre efficace de ce Programme exigera la cohésion et la complémentarité des efforts tant sur le plan international, que régional, national et local, a poursuivi M. Geinkob, qui a souligné la nécessité de pleinement intégrer la protection de l’environnement et la croissance inclusive dans nos modèles économiques, ce qui signifie concrètement qu’il va falloir résolument se détourner du modèle qui prévaut toujours dans de nombreux pays.

Expliquant que la Namibie avait connu un ralentissement économique cette année, après plusieurs années de taux de croissance se situant autour de 5%, le Président s’est néanmoins dit confiant dans les perspectives économiques de son pays.  Pour encourager la reprise et les opportunités à long terme, son gouvernement a d’ores et déjà opté pour des réformes qui tiennent compte des recommandations des agences de notation internationales.

Face au dilemme du niveau sans précédent des déplacements forcés de population, M. Geingob en a appelé à la solidarité internationale.  Il a également insisté sur l’importance de s’attaquer aux causes profondes de ces situations plutôt que de se limiter à en gérer les symptômes.  Pour ce qui est de l’Accord de Paris sur le climat, que la Namibie a ratifié, il a exigé des efforts concertés sur les plans international et régional pour sa mise en œuvre concrète. 

La Namibie, qui est l’un des pays les plus secs au monde, a lancé un programme pour optimiser la récupération des eaux et pour investir dans des énergies alternatives.  Son Président a également rappelé que la Namibie recevra le pôle africain du Fonds vert pour le climat « en temps opportun ».  Elle compte sur l’appui de la communauté internationale en ce sens.

M. Geingob a mis l’accent sur le fait que le système des Nations Unies devait être un modèle de transparence et d’ouverture, et, dans cet esprit, il estime que la réforme du Conseil de sécurité s’impose.  Pour lui, « on ne peut plus se limiter ici à respecter les intérêts de quelques pays » et il faut mettre le Conseil au service de toute l’humanité en tenant compte de la large composition de l’Organisation.  Par conséquent, l’Afrique doit en faire partie, a exigé M. Geingob.

M. LI KEQIANG, Premier Ministre du Conseil d’État de la Chine, a rappelé que son Président avait insisté l’année dernière sur « le partenariat gagnant-gagnant » en faveur du développement.  La chine, s’est-il félicité, a été l’un des premiers pays à avoir présenté aux Nations Unies son plan national sur la mise en œuvre du Programme de développement durable. 

« Le manque de développement est souvent à l’origine des problèmes de la planète », a affirmé M. Li.  Seul le développement peut garantir le respect des droits fondamentaux et des intérêts prioritaires des individus; il se doit d’être durable sous toutes ses facettes.  « Le développement ne sera pas durable s’il est mû par l’inégalité et par une pollution et une consommation considérables qui amenuisent les ressources de la planète », a-t-il averti.

« Guère porté à l’optimisme », le Premier Ministre a constaté que la croissance mondiale restait hésitante dans un monde marqué par les conflits, l’insécurité alimentaire et financière.  D’après lui, il faut renforcer la confiance et la coopération.  « L’heure est venue pour la communauté internationale de se considérer comme une communauté partageant un projet commun », a-t-il insisté. 

Les buts et les principes de la Charte des Nations Unies concernant un ordre mondial doivent être respectés.  Il faut appuyer la réforme des mécanismes de gouvernance mondiale, encourager une nouvelle notion de sécurité collective et établir un nouveau partenariat mondial.

« Nous devons trouver des solutions politiques aux problèmes d’aujourd’hui », notamment en Syrie, a poursuivi le Premier Ministre chinois.  S’agissant du dossier nucléaire en péninsule coréenne, il a demandé des consultations, le dialogue étant « la meilleure solution pour préserver le régime de non-prolifération ».  Il a également recommandé de ne pas appliquer un système de deux poids, deux mesures dans la lutte contre le terrorisme.

M. Li a ensuite appelé tous les pays à mener l’économie mondiale sur la voie d’une croissance durable pour tous à long terme.  « La mondialisation est dans l’intérêt à long terme de tous et les pays doivent s’opposer au protectionnisme », a-t-il affirmé.  Les pays développés devraient respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et les pays en développement devraient être responsables de leur propre développement.

M. Li a recommandé de s’attaquer aux causes profondes des guerres et du sous-développement et de s’attacher aux principes de responsabilité commune mais différenciée.  Il faut, a-t-il insisté, accepter l’Accord de Paris au niveau universel.

La Chine est devenue la deuxième plus grande économie du monde en 2010, a rappelé M. Li.  Durant le premier semestre 2016, le pays a enregistré un taux de croissance de 6,7%, l’un des plus élevés du monde.  « Notre croissance est une contribution au monde », a-t-il estimé, mais « il ne faut pas oublier que la Chine reste un pays en développement, avec une population de 1,3 milliard de personnes, et qu’elle a encore un long chemin à parcourir avant de devenir un pays complètement modernisé ».  « Nous continuerons à mettre en œuvre notre stratégie d’ouverture au monde extérieur », a-t-il assuré. 

Par ailleurs, « la Chine estime que les différends territoriaux et maritimes doivent être réglés par le dialogue et la négociation », a dit M. Li.

« Après plus d’un demi-siècle de conflit armé interne, je reviens aujourd’hui aux Nations Unies, à l’occasion de la Journée internationale de la paix, pour annoncer de toute la force de ma voix et de mon cœur: la guerre en Colombie est terminée », a lancé à l’Assemblée générale M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, qui a ajouté qu’avec la fin du plus ancien et du dernier conflit du continent américain, ce dernier, « avec toutes ses îles, de la Patagonie à l’Alaska, est désormais maintenant une zone de paix ».

Le Président colombien, qui a consacré l’ensemble de son discours à la fin du conflit entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) -lequel a fait quelque 220 000 morts et 8 millions de victimes- a rappelé que, depuis 1982, la Colombie s’était lancée sur une longue et difficile voie pour tenter de mettre fin à la violence, et qu’il était lui-même venu depuis 2010 à plusieurs reprises devant l’Assemblée générale parler des progrès du processus de paix et des attentes qu’il suscitait.  

M. Calderón a ensuite précisé les dernières étapes du processus: l’adoption le 24 août à La Havane du texte final de l’Accord sur la fin du conflit, le cessez-le-feu bilatéral entré en vigueur cinq jours plus tard, depuis lequel « il n’y a pas eu un seul mort, pas un seul blessé, pas une seule balle tirée », avant d’annoncer que l’Accord serait signé officiellement à Carthagène de Indias le 26 septembre, avant d’être soumis à référendum le 2 octobre.

À partir de cette date, a-t-il expliqué, les anciens membres de la guérilla se regrouperont dans des zones de concentration et remettront leurs armes aux Nations Unies dans un délai de six mois, tout en entamant leur processus de réintégration dans la société.  Quant aux armes, elles seront fondues en trois monuments à la paix, dont l’un sera placé à New York, un à Cuba, où les négociations de paix ont été menées, et le dernier en Colombie.  L’Accord signifie aussi que les FARC cessent d’exister en tant que groupe armé et peuvent devenir un mouvement politique au sein de notre démocratie, a encore déclaré le président.

M. Calderón a ensuite insisté sur « la principale caractéristique de l’Accord », qui se concentre sur la protection et les garanties des droits des victimes du conflit, ajoutant que c’est la toute première fois qu’un gouvernement et un groupe armé illégal s’accordaient sur la mise en place d’un système de justice transitionnelle plutôt que d’en subir l’imposition de la part d’acteurs extérieurs. 

Il s’est dit certain que ce modèle de justice, qui prévoit aussi des enquêtes et des poursuites pour les auteurs de crimes au sens du droit international, constituera un précédent utile pour de futurs processus de paix.

Le Président a longuement remercié la communauté internationale pour son soutien constant au processus de paix dans son pays, et notamment Cuba, pays qui a accueilli les négociations, la Norvège, qui a joué le rôle de garant de ces dernières, le Chili et le Venezuela, qui ont accompagné le processus, ainsi que les Nations Unies, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité, qui a accepté de créer une mission politique de suivi et vérification.

M. Calderón a également mis en avant d’autres conséquences de l’Accord.  Il a ainsi rappelé que les FARC s’étaient engagées à couper tout lien avec les trafiquants de drogue dont elles assuraient la protection, que la déforestation illégale prendrait fin et que les deux parties travailleraient ensemble au déminage.  Il a annoncé que les ressources destinées à la guerre pourraient être consacrées à l’éducation ou à la santé et a rappelé que la Colombie avait déjà transcrit en droit interne les objectifs de développement durable et ajouté que le Congrès examinerait prochainement l’Accord de Paris sur le climat.

C’est une Colombie nouvelle, pleine d’espoir qui salue aujourd’hui la communauté internationale, une Colombie qui tourne la page et clôt un chapitre de guerre pour ouvrir un chapitre de paix, a encore affirmé M. Calderón, qui a répété en conclusion: « Il y a aujourd’hui une guerre de moins sur cette planète, et c’est la guerre en Colombie ».

M. JOHN DRAMANI MAHAMA, Président du Ghana, a déploré le fait qu’à travers le monde, de nouveaux murs soient édifiés, nous tenant à l’écart du reste du monde.  Il a estimé que le jeune réfugié africain qui a bravé le désert et la mer, au péril de sa vie, et se retrouve dans un centre de détention en Italie, faisait face à l’un de ses murs. 

Le discours de la haine devient commun, a-t-il fait observer, tout en notant qu’il est paradoxal de voir que 30 ans après que le Président Ronald Reagan des États-Unis ait demandé la destruction du mur de Berlin, de nouveaux murs sont érigés un peu partout. 

Il a salué le Plan d’action de La Valette entre l’Union européenne et l’Union africaine, notamment la création d’un fonds d’urgence de 1,8 milliard d’euros pour lutter contre l’immigration clandestine.  Il a expliqué que l’Afrique comptait assez de terres arables pour donner des emplois aux jeunes qui seraient tentés par l’aventure de l’immigration. 

Il a néanmoins estimé que les subventions accordées aux agriculteurs des pays développés fragilisaient le secteur primaire en Afrique, poussant ainsi de nombreux jeunes vers les chemins de l’exil, parce que rien ne peut être fait contre « les tonnes de poulets congelés qui sont déversées sur les marchés africains chaque année ». 

La création d’une zone de libre-échange continentale doit être accélérée, a ensuite dit le Président ghanéen.  Il a parlé de l’importance du commerce en Afrique, se félicitant d’avoir décidé que tous les ressortissants d’Afrique pourraient désormais obtenir leur visa d’entrée au Ghana à leur arrivée dans le pays, afin d’y stimuler le commerce et les investissements.  Il a relevé que des réformes structurelles étaient nécessaires en Afrique, ainsi que des réformes en matière de gouvernance. 

À ce propos, le Président a affirmé que le Ghana contribuait au succès que connaît l’Afrique en ce moment, se disant même fier de son pays qui est taxé de « modèle de démocratie en Afrique » ou de « phare de la démocratie ». 

M. Mahama a salué les progrès économiques du Ghana, se disant en outre honoré de s’adresser devant l’Assemblée générale de l’ONU en ce jour anniversaire de la naissance du fondateur de la nation ghanéenne, Kwame Nkrumah, qui a inspiré la présente génération de dirigeants africains.

Pour M. SARWAR DANESH, Vice-Président de l’Afghanistan, ce n’est qu’en coopérant qu’il sera possible de faire face aux multiples défis actuels et de promouvoir la paix et la sécurité dans un monde sans haine.  « Mais pour cela il faut une ONU beaucoup plus forte », a-t-il estimé, en rappelant son rôle vital en Afghanistan vers une société démocratique. 

Brossant le tableau de la situation dans son pays, M. Danesh a rappelé qu’un Gouvernement d’union nationale y est en place depuis deux ans.  Toutefois, sa nation « a hérité » d’inégalités et de conflits, mais il reste convaincu que la démocratie est la meilleure réponse à ces problèmes. 

Pour parvenir à cet objectif le pays s’est doté d’une Constitution moderne et son gouvernement a fait des réalisations « considérables », notamment en termes d’augmentation de l’accès à l’éducation, de renforcement du système de communication et de télécommunication ou encore de l’amélioration de l’état de droit. 

Sur la scène internationale, le Gouvernement d’union nationale a fait ses preuves en tant que partenaire de confiance, avec la lutte contre la corruption, avec la promotion de l’émancipation des femmes, avec les réformes législatives, ainsi qu’avec la nomination fondée sur le mérite des fonctionnaires de haut rang.  De plus, une commission a été mise en place en vue de modifier les lois électorales dans le cadre des préparatifs des prochaines élections parlementaires et présidentielle.

Parmi les sujets de préoccupation qui persistent, M. Danesh a évoqué la lutte contre les stupéfiants qui demeure une priorité pour son gouvernement qui coopère dans ce domaine avec le système onusien.  Il a salué le fait qu’au dernier sommet de l’OTAN, il a été décidé d’allouer un  milliard de dollars aux Forces de défense afghanes jusqu’à fin 2020 et que la mission de formation des forces afghanes a été prorogée au-delà de 2015.

Dans moins de deux semaines, à la Conférence de Bruxelles, l’Afghanistan et ses partenaires vont se retrouver pour définir la forme de leur nouveau partenariat, a rappelé M. Danesh.  Il se réjouit à l’idée de voir ces partenaires promettre de nouvelles contributions pour son pays, compte tenu de la menace terroriste qui le frappe toujours, notamment celle des Taliban et de Daech. 

Il a réitéré l’appel de son gouvernement qui demande la nomination d’un représentant spécial des Nations Unies pour la protection des journalistes en Afghanistan.  En outre, il demande à la communauté internationale de rester vigilante à l’égard des « havres de paix » qui accueillent les terroristes et a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de distinction à faire entre « les bons et les mauvais terroristes ».  Son pays n’a eu de cesse de demander au Pakistan de détruire les centres d’accueil de terroristes, mais cet appel est resté lettre morte. 

Malgré cette situation sécuritaire difficile, l’Afghanistan « a gardé les portes ouvertes à la négociation en vue d’un accord de paix avec le parti islamiste, et pour faciliter la réintégration des Taliban qui le souhaiteraient.  Il considère que les pays islamiques sont ses principaux partenaires et salue la décision de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à promouvoir le processus de paix en Afghanistan. 

Face à l’instrumentalisation de la religion, et en particulier de l’islam par ces groupes terroristes, le Vice-Président s’est indigné en invoquant le fait que le Coran stipule sans ambiguïté que le meurtre d’une personne constitue le meurtre de toute l’humanité.  À cet égard, il place beaucoup d’espoirs dans la prochaine réunion de la Mecque qui devra se pencher sur l’interprétation du Coran et préciser clairement que l’Islam est contre toute forme de terrorisme.

Soulignant que l’Afghanistan et tous les pays de la région ont des intérêts communs et subissent les mêmes menaces, le Vice-président a insisté sur l’importance de leur coopération à la fois pour préserver la sécurité de la région mais aussi pour son essor économique.  À cet égard, son gouvernement réitère l’intérêt de la mise en place d’une voie de chemin de fer entre l’Asie du Sud et l’Asie centrale.

Enfin, il a rappelé la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2018-2020 et a saisi cette occasion pour remercier tous les partenaires internationaux qui se sont tenus aux côtés de son pays au cours des 16 dernières années, en particulier aux troupes de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS).

M. DONALD TUSK, Président de l’Union européenne, a assuré que « l’Union européenne défendra toujours un monde libre et ouvert, régi par l’état de droit ».  « Les valeurs sur lesquelles elle repose nous tiennent à cœur et nous sommes déterminés à faire en sorte qu’elles soient défendues sur la scène internationale », a-t-il ajouté.

Alors que l’ONU est sur le point de choisir un nouveau dirigeant, il faut réfléchir au système que nous voulons voir émerger, a conseillé M. Tusk.  D’après lui, la mondialisation rend la peur de la guerre, du terrorisme et des étrangers plus contagieuse encore.  Il a souligné le « besoin fondamental de retrouver un sens de sécurité ».

Ces derniers mois, a rappelé M. Tusk, l’Europe a été confrontée à une crise des réfugiés de grande envergure mais les mesures qu’elle a prises se sont appuyées « sur l’empathie ».  Aujourd’hui, lorsque nous reprenons le contrôle aux frontières et luttons contre les contrebandiers, « la volonté d’aider les réfugiés demeure notre priorité ». 

Le Président de l’Union européenne a appuyé le travail lancé grâce à l’adoption de la Déclaration de New York pour trouver une solution aux déplacements massifs de migrants et de réfugiés.  « L’Europe sera active partout où la guerre est imminente, partout où elle fait déjà rage », y compris « là où l’Ukraine a été attaquée par la Russie », a-t-il ajouté.  Il a appuyé les efforts des Nations Unies pour faire reprendre les négociations en Libye et en Syrie et indiqué que l’Union européenne allait accueillir une conférence internationale sur l’Afghanistan à Bruxelles.

Créer un réseau mondial contre le terrorisme est fondamental pour combattre la radicalisation, a estimé M. Tusk.  Pour sa part, l’Union européenne travaille avec ses partenaires de l’Asie, du Golfe et du Sahel et avec les communautés pour que les plus jeunes ne soient pas contaminés par cette haine.

« L’Union européenne est le principal donateur d’aide humanitaire et cela ne changera pas », a promis M. Tusk.  Le Programme 2030 offre un cadre pour résoudre de nombreux problèmes, a-t-il reconnu, en espérant « voir émerger un système qui permette à chacun de bénéficier équitablement de la mondialisation ».  Enfin, l’Union européenne s’est engagée résolument dans la lutte contre les changements climatiques et la ratification de l’Accord de Paris sera bientôt achevée. 

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, s’est demandé pourquoi le cynisme avait pris place dans nos vies au nom du pragmatisme.  Pourquoi le mal s’est-il répandu?  En ces jours difficiles, le monde connaît de plus en plus de menaces mais jamais, depuis la guerre froide, les normes et principes internationaux n’ont été bafoués sur une telle échelle, s’est-il indigné. 

Jamais un membre du Conseil de sécurité n’a violé la Charte des Nations Unies tout en participant activement à un conflit et en étant à la fois médiateur de ce conflit.  L’avenir de nos enfants et de notre Organisation dépend de la manière avec laquelle nous surmonterons cette incohérence, a poursuivi M. Poroshenko, qui ne voit que deux issues possibles: « Soit nous reconnaissons le problème et ne ménageons aucun effort pour y remédier, soit nous fermons les yeux et laissons l’avenir des Nations Unies aux mains d’un seul acteur et on payera le prix fort ».

L’Ukraine dénonce le fait que le Conseil de sécurité soit resté bloqué ces trois dernières années et exige que le recours au droit de veto soit à l’avenir suspendu lorsqu’un membre permanent du Conseil est directement impliqué dans des conflits où des atrocités de masse ont été commises.  « Les coupables de crimes doivent rendre des comptes », a-t-il martelé, en affirmant que la menace à la paix et à la sécurité mondiales qui pèse sur nous nécessitait l’attention de tous les États Membres. 

Ce sont des nouvelles méthodes qui sont employées dans les guerres hybrides du XXIe siècle, a expliqué le Président ukrainien, qui a cité, à titre d’exemple, les pressions politiques, la propagande, l’ingérence dans les processus électoraux d’autres pays, les attaques cybernétiques et autres. 

Rappelant que l’Ukraine avait renoncé volontairement à son arsenal nucléaire contre la sécurité et des garanties de souveraineté nationale, il a affirmé que ces garanties étaient malheureusement restées lettre morte et que le mémorandum de Budapest n’avait pas été respecté. 

L’Ukraine n’en reste pas moins attachée au désarmement nucléaire mais cela suppose notamment une action efficace du Conseil de sécurité face aux essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Il faut faire preuve de leadership fort à la fois au niveau des États, mais aussi des organismes internationaux. »

Face à la série d’attaques terroristes atroces qui ont eu lieu cette année, M. Poroshenko a expliqué que cette menace ne pouvait être combattue que grâce à des efforts concertés.  Il appelle le Conseil de sécurité à agir pour répondre à ces problèmes grandissants et appuie l’initiative du Royaume-Uni pour qu’il se penche sur la menace terroriste. 

Dans ce contexte il est revenu sur le dossier de l’appareil de Malaysia Airlines qui a été abattu au-dessus du territoire ukrainien et a exigé à nouveau que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que les responsables soient jugés en dépit du veto russe pour la mise en place d’un tribunal spécial.

Le Chef de l’État a en outre dénoncé l’implication de la Russie dans la coordination des activités terroristes en Ukraine, et la présence de 38 000 forces militaires illégales dans le Donbass armées par celle-ci, ainsi que de l’annexion de la Crimée.  Il a ainsi reproché à la Russie son abus de confiance lorsqu’elle invoque la Charte des Nations Unies pour justifier le rattachement de la Crimée à son territoire.  Il exige, qu’au bout de trois ans, les agresseurs assument leur responsabilité.

L’Ukraine reste disposée à avancer dans la mise en œuvre des accords de Minsk, mais elle s’est heurtée à une opposition constante du Kremlin.  M. Poroshenko a dit espérer que la Russie et ses alliés finiront par mettre en œuvre leur partie du contrat.

Par ailleurs, l’Ukraine s’apprête à présenter un projet de résolution sur la situation des droits de l’homme dans la République de Crimée occupée de Sébastopol à l’Assemblée générale, a annoncé M. Poroshenko, qui estime qu’il revient aux Nations Unies de les protéger et de ne pas reconnaître les résultats de l’élection qui y a eu lieu. 

S’agissant de la crise syrienne, il a insisté sur la nécessité d’éviter tout risque d’utilisation d’armes chimiques dans ce pays et d’y faciliter l’accès humanitaire.

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Vice-Président du Kenya, a déclaré que le Kenya avait joué un rôle actif dans le domaine des efforts internationaux de développement en accueillant en 2016 trois événements majeurs, dont l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, la quatorzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement et la sixième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique. 

Notant que le commerce africain ne représente que 3% du commerce mondial, il a espéré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 saura promouvoir une nouvelle ère de coopération en matière de développement.  Il a espéré que la seconde réunion de haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement, qui aura lieu à Nairobi fin 2016, sera l’occasion d’entendre les attentes des pays les moins avancés (PMA).

Il a indiqué que son pays avait accordé 5 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dans le cadre de la cinquième session de reconstitution de ses ressources. 

Par ailleurs, le Vice-Président du Kenya a dit l’importance de la prochaine Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) en notant qu’il était crucial de faire face aux défis de la rapide urbanisation. 

En outre, il a expliqué que la recrudescence des activités terroristes dans la Corne de l’Afrique, associée à une fragilité écologique liée aux catastrophes naturelles, avaient compliqué la poursuite du développement. 

M. Ruto a appelé à la résolution du conflit au Soudan du Sud.  De même, a-t-il dit que le Kenya s’était engagé à consacrer 10 millions de dollars au rapatriement dans leur pays de 400 000 réfugiés somaliens présents au Kenya.  Toujours au sujet de la Somalie, il a regretté que l’Union européenne ait décidé de réduire de 20% son engagement auprès de la Mission de l’Union africaine dans ce pays (AMISOM).

MOHAMMED BIN NAIF BIN ABDULAZIZ AL-SAUD, Prince héritier du Royaume d’Arabie saoudite, Premier Ministre adjoint et Ministre de l’intérieur, a d’abord dit que son pays avait toujours respecté les valeurs sur lesquelles repose l’ONU.

S’agissant de la crise syrienne, la communauté internationale reste incapable de prendre des décisions de conserve pour « sauver le peuple syrien des crimes, de la destruction et des déplacements causés par le Président Bashar Al-Assad », a déploré le Prince.  L’Arabie saoudite s’est efforcée de contribuer positivement au processus d’une solution politique et d’appuyer l’opposition syrienne modérée, a-t-il assuré.  Elle fournit une aide humanitaire directe aux réfugiés syriens dans les pays voisins. 

Avec les États arabes du Conseil de coopération du Golfe, l’Arabie saoudite a également participé à l’initiative visant à lancer un dialogue national pour résoudre la crise au Yémen.  « Le pays n’a pas ménagé ses efforts pour appuyer le Yémen », a estimé le Premier Ministre adjoint, non sans rappeler que « le coup commencé par Al-Houthi et leurs alliés a ruiné les espoirs des Yéménites et menacé la sécurité et la stabilité du Yémen ».  Depuis 2015, l’Arabie saoudite a dépensé plus de 470 millions de dollars pour distribuer une aide humanitaire dans tout le pays, « y compris dans les zones sous contrôle de Al-Houthi ».

Par ailleurs, l’Iran continue de présenter des défis dans la région en appuyant des groupes de milices terroristes au Bahreïn, au Koweït, au Yémen, en Iraq, en Syrie, au Liban et ailleurs, a signalé M. Abdulaziz Al-Saud.  Il a reproché à l’Iran de diffuser un discours sectaire et lui a demandé de cesser toute politique de discrimination et de racisme.

Le Prince a attaché la plus haute importance à la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.  L’Arabie saoudite et ses intellectuels se penchent sur les aspects tant sécuritaires qu’idéologiques du problème.  Le pays s’est engagé également à coopérer avec les Nations Unies pour gérer la question des personnes déplacées par les conflits.  L’Arabie saoudite a accueilli plus de 2,5 millions de réfugiés syriens et 2 millions de réfugiés yéménites qu’elle « ne traite pas comme des réfugiés ».  Ainsi s’efforce-t-elle de leur donner accès à l’éducation, la santé et l’emploi.  

Très préoccupé par « le discours hostile et inhumain » contre les musulmans et les réfugiés en particulier, le Ministre a appelé tous les États et les organisations internationales à s’élever au-dessus des propos racistes et à protéger les migrants et les réfugiés qui fuient des dirigeants injustes, le terrorisme et les catastrophes.

Enfin, il a réaffirmé l’importance de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive.  Dans cet esprit, il a condamné les essais conduits par la Corée du Nord. La communauté internationale doit prendre toutes les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien, a-t-il aussi tenu à souligner.

SHEIKH JABER AL MUBARAK AL HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a rappelé que son pays figurait à la troisième place des fournisseurs d’aide humanitaire au monde par rapport à son produit intérieur brut.  Le Fonds koweïtien pour le développement économique a donné 20 milliards de dollars depuis sa création à 105 pays. 

En outre, le Koweït travaille d’arrache-pied pour la sécurité et la stabilité dans sa région.  Concernant la crise au Yémen, le Koweït renouvelle son appui à la solution politique sous les auspices des Nations Unies et au travail de l’Envoyé spécial pour le Yémen, M. Ismaïl Ould Cheikh Ahmad.  Le Premier Ministre a demandé à l’Envoyé spécial de redoubler d’efforts pour la reprise rapide du dialogue entre les parties yéménites. 

S’agissant de la Syrie, le Koweït a accueilli trois conférences des donateurs en appui à l’effort humanitaire dans ce pays.  Les promesses d’aide ont atteint 7 milliards de dollars et le Koweït a promis une contribution de 1,3 milliard de dollars.  Le Koweït soutient les efforts des Nations Unies pour trouver une solution politique en Syrie.

Dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et les actes de violence, le Koweït apporte son appui à la coalition internationale contre Daech en Iraq.  Le Premier Ministre a réitéré son appui au Gouvernement iraquien et a salué ses avancées dans la lutte contre le terrorisme.

Au Moyen-Orient, M. Al Sabah a déclaré que, face à la persistance de l’occupation israélienne, il revenait au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités, et de mettre la pression sur Israël pour l’obliger à mettre en œuvre les résolutions du Conseil qui pourrait conduire à la réalisation des droits légitimes du peuple palestinien et la reconnaissance de son État indépendant sur sa propre terre, avec Jérusalem-Est comme capitale, dans les frontières du 4 juin 1967.

Concernant les relations avec l’Iran, nous, au sein du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, souhaitons une relation d’amitié et de coopération avec l’Iran, dans la compréhension et le respect mutuels, a-t-il déclaré.  Il a souligné l’importance de construire les conditions propices à un dialogue constructif conformément aux normes des relations internationales, du principe de bon voisinage, du respect de la souveraineté des États, et de la non-ingérence dans les affaires des autres États, de la fin de l’occupation des trois îles des Émirats arabes unis et de travailler avec ce pays pour mettre fin à cette question. 

Le Koweït est candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.

M. MUHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a noté que l’ordre établi après le Seconde Guerre mondiale était en train de disparaître pour laisser place à une concurrence de plus en plus polémique entre les principales puissances.  Il s’est inquiété des barricades et des murs qui sont construits en Europe face aux mouvements de réfugiés et a regretté la réapparition des « fantômes de la xénophobie et de l’islamophobie ». 

Le Premier Ministre du Pakistan a particulièrement souligné les efforts de son pays pour lutter contre le terrorisme.  Il a cité des opérations militaires ciblées qui ont permis au Pakistan des résultats remarquables contre les terroristes avec la participation de 200 000 agents de sécurité. 

Néanmoins, il a prévenu que « nous ne pourrons pas venir à bout du terrorisme au niveau international sans lutter contre ses causes profondes que sont la pauvreté, l’ignorance, l’injustice, l’oppression, l’occupation étrangère et le refus de reconnaître le droit à l’autodétermination ».   

Après 15 ans de conflit et 35 ans de chaos en Afghanistan, M. Sharif a dit la nécessité d’une paix négociée entre le Gouvernement afghan et les Taliban.  Il a indiqué que ce conflit avait de terribles conséquences économiques sur le Pakistan qui accueille près de trois millions d’Afghans.  Il a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour répondre aux besoins de ces réfugiés afghans.    

« Le Pakistan souhaite la paix avec l’Inde », a martelé le Premier Ministre pakistanais, en regrettant que ce pays impose des conditions préalables inacceptables à des négociations.  Il a prévenu que la normalisation avec l’Inde devra passer par un règlement du différend du Jammu-et-Cachemire. 

Il a dit que le Pakistan remettrait à l’Assemblée générale un rapport sur les brutalités commises par les forces indiennes au Jammu-et-Cachemire.  Il a appuyé le droit à l’autodétermination du peuple du Jammu-et-Cachemire avant de demander une mission d’établissement des faits des Nations Unies sur les atrocités commises par les forces d’occupation indiennes dans cette province.   

Il a appelé à démilitariser le Jammu-et-Cachemire et demandé l’application des résolutions du Conseil de sécurité sur cette question.  Le Premier Ministre du Pakistan a regretté ce qu’il a appelé le « réarmement de l’Inde » avant de se dire ouvert à des pourparlers pour un accord bilatéral sur l’interdiction des essais nucléaires.

Mme AUNG SAN SUU KYI, Conseillère d’État et Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a tenu, en tant que première représentante du nouveau Gouvernement de son pays à prendre la parole devant l’Assemblée générale, à réitérer l’attachement de celui-ci à la Charte et aux principes des Nations Unies.  La force de l’Organisation réside dans son universalité et sa légitimité, ancrée dans la Charte et les principes du droit international, a-t-elle rappelé.  Malgré ses imperfections et ses limites, l’ONU reste le réceptacle des espoirs en un monde plus ouvert, plus pacifique plus prospère et plus compatissant.

La jeune Union de Birmanie a rejoint les Nations Unies en 1948, juste après son indépendance, alors que régnait un climat d’optimisme après les ravages de la guerre, a poursuivi Mme Aung San Suu Kyi.  Aujourd’hui, c’est à nouveau pour le Myanmar le moment de ressentir cet espoir. 

Quand le peuple a largement voté en novembre dernier en faveur de la Ligue nationale pour la démocratie, il s’est prononcé non seulement pour un parti, mais aussi pour une culture politique, celle qui correspond à leurs rêves et leurs aspirations, qui sont ceux qui ont été à l’origine des Nations Unies, a encore déclaré Mme Aung San Suu Kyi.  Il s’agit de transformer les épées en charrues ou, dans une acception plus moderne, les armes de destruction massive en machines agricoles.  Il s’agit aussi de se sentir en sécurité chez soi, d’avoir confiance en notre capacité de réaliser nos aspirations.

Ces aspirations sont simples nous savons qu’elles ne sont pas faciles à atteindre, a poursuivi Mme Aung San Suu Kyi pour qui la seule voie possible est la paix.  Pour le peuple du Myanmar, qui a longtemps été privé de ses droits et a connu 60 ans de conflits internes, rien n’est plus important que la paix et la réconciliation nationale, a insisté Mme Aung San Suu Kyi, qui a rappelé que la première session de la conférence de l’Union pour la paix avait été convoquée récemment.  Ce n’est que la première étape mais elle est essentielle pour le pays.

Durant les dernières années, le monde a porté son attention sur la situation dans l’État de Rakhine, a rappelé Mme Aung San Suu Kyi.  État responsable, le Myanmar ne craint pas le regard de la communauté internationale, a-t-elle ajouté.  Expliquant que le Gouvernement adopte une approche globale qui met en avant le développement de toutes les communautés du pays, y compris celles de l’État de Rakhine, elle a rappelé la mise en place de diverses structures concernant cet État, dont une commission consultative présidée par l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, et ce, malgré l’opposition persistante de certains.  Affirmant sa détermination d’aller de l’avant, elle a aussi demandé la « compréhension et la coopération constructive de la communauté internationale » à cet égard.   

La paix et la réconciliation nationale sont des conditions préalables à la mise en œuvre de politiques visant au développement du pays pour le bien-être du peuple, a également déclaré Mme Aung San Suu Kyi, qui a détaillé les mesures prises pour réaliser les objectifs de développement durable, en insistant sur la volonté de ne laisser personne sur le bord du chemin.

Des solutions durables aux problèmes actuels ne pourront être obtenues qu’en s’attaquant à leurs causes profondes, a encore estimé Mme Aung San Suu Kyi, pour qui il est ainsi essentiel de traiter des causes des migrations irrégulières qui ont atteint une ampleur sans précédent, à savoir le manque de paix et le manque de développement.  C’est là une tâche extrêmement difficile qui impose aux États de coopérer et il faut aussi se souvenir que les migrants contribuent à l’économie de leur pays d’accueil ainsi qu’à la croissance mondiale.  Le partage des valeurs et des richesses ne pourrait que créer un monde meilleur pour tous.

Mme Aung San Suu Kyi a également appelé chacun à s’unir pour combattre l’extrémisme violent qui engendre le terrorisme et dont il faut aussi comprendre les causes profondes, comme l’absence de développement économique et social, mais aussi l’absence de sens et d’objectifs dans la vie, notamment pour les jeunes, qui peuvent être tentés par des idéologies qui offrent des certitudes.

Mme Aung San Suu Kyi a par ailleurs annoncé que son pays déposerait cet après-midi son instrument de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

En conclusion, elle a dénoncé la corruption de la nature humaine, la colère, la peur l’ignorance.  Si on peut corrompre la nature humaine, on peut corrompre le monde entier, a-t-elle averti, en appelant la communauté internationale à combattre ses sentiments mauvais afin de faire en sorte que le monde soit meilleur pour les générations futures.

M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a déclaré que la République populaire démocratique de Corée s’était montrée elle-même comme une menace directe et ouverte à nous tous.  La raison d’être des Nations Unies est ainsi mise à l’épreuve.  Puis le Premier Ministre a rappelé que la Corée du Nord avait lancé des missiles balistiques, et fait des essais nucléaires qui sont les deux faces d’une même pièce. 

Cette menace a atteint une dimension différente de ce qui a été vu jusqu’à aujourd’hui.  Nous devons concentrer nos forces et contrer les plans de la Corée du Nord.  Le Japon, les États-Unis et la Corée se sont mis d’accord pour montrer une attitude ferme envers ce pays.

La prochaine étape devra être celle des Nations Unies.  Il est temps pour le Conseil de sécurité de montrer une attitude sans équivoque contre cette menace d’une nouvelle dimension.

Nous ne devons jamais laisser tomber nos efforts en vue de l’élimination totale des armes nucléaires.  Nos engagements sur cette question lient les deux côtés du Pacifique et ont gagné une nouvelle force. 

En dépit de cela, la Corée du Nord a continué des provocations posant ainsi un défi à la conscience de l’humanité.  Pour cette unique raison, il est inacceptable de tolérer cette provocation militaire.  La Corée du Nord est sans aucun doute sur le point d’avoir des têtes nucléaires montées sur des missiles balistiques.

Ce pays a enlevé des citoyens japonais, y compris une fille de 13 ans au moment des faits, les ont privés de leurs vies pacifiques et les ont empêchés de rentrer chez eux.

C’est un pays qui bafoue les droits de l’homme sans retenue et où l’équilibre des pouvoirs n’existe pas. 

Alors que le monde attend si l’ONU arrêtera les ambitions de la Corée du Nord ou si le Conseil de sécurité sera capable de confronter ce pays d’une manière unie, le Japon conduira les discussions au Conseil de sécurité.

Le Japon n’épargnera aucun effort pour renforcer les Nations Unies.  Les contributions cumulées du Japon depuis plus de 60 ans à l’Organisation dépassent 20 milliards de dollars.  Notre aide au développement est de 334,5 milliards de dollars.

L’ONU a eu trois grandes causes dans son histoire: le dévouement à la paix, la poursuite de la croissance et le désir d'un monde exempt de l’injustice et de l’iniquité. 

En outre, le Japon accélérera le travail en vue de la conclusion rapide de l’Accord de Paris sur le climat et assumera sa promesse de donner 1 300 milliards de yen d’aide aux pays en développement en 2020.

S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, M. Abe a soutenu l’objectif de l’Afrique d’avoir des sièges de membres permanents du Conseil avant 2023.

M. MILO ĐUKANOVIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a dit que les normes fondamentales du droit international étaient de plus en plus souvent foulées par des acteurs non étatiques, notamment des terroristes.  Il a fait état de « défis transfrontaliers de plus en plus complexes ».  Il a précisé que le Monténégro faisait partie des 22 pays ayant présenté un rapport volontaire de mise en œuvre des objectifs de développement durable d’ici à 2030. 

Le Premier Ministre a dit que la mise en œuvre de l’Accord de Paris, qui constitue le socle de la préservation de l’environnement, requiert les efforts de tous les segments et acteurs de la société au niveau international.  Il s’est inquiété de la passivité de la communauté internationale face aux atrocités en Syrie.  Les conflits en Libye, en Syrie et au Soudan du Sud montrent la nécessité de trouver des solutions durables et de traduire en réalité nos ambitions en matière de préventions des conflits et de médiation. 

Face à une crise migratoire sans équivalent depuis la Seconde Guerre mondiale et des abus sans précédent des droits de l`homme, le Premier Ministre du Monténégro a dit la pertinence du système multilatéral des droits de l’homme.  Il a appelé à réformer la composition du Conseil de sécurité avant de dire la fierté de son pays d’avoir présenté un candidat au poste de prochain secrétaire général de l’ONU. 

Alors que le Monténégro célèbre cette année le dixième anniversaire de son adhésion à l’ONU, le Premier Ministre a estimé que son pays était un exemple de stabilité dans une approche pluriethnique.  « Nous allons assumer avec ambition nos responsabilités liées à notre adhésion à l’OTAN » a aussi dit M. Đukanović, avant de souligner la contribution de son pays aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.     

Pour Mme KOLINDA GRABAR-KOTAROVIĆ, Présidente de la Croatie, qui a plaidé pour des sociétés ouvertes et inclusives, tournées vers la jeunesse, la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, le Programme d’action pour l’humanité d’Istanbul et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devraient répondre aux causes profondes des déplacements massifs de personnes.  Certes, il faut fournir une assistance aux pays d’origine et d’accueil afin de promouvoir une gestion sûre, ordonnée et régulière des migrations.  Mais il faut également renforcer les efforts au niveau mondial pour combattre les réseaux criminels de la traite des êtres humains. 

« Nous devons mettre un terme à la politique de deux poids, deux mesures et à l’approche hypocrite de la tragédie qui se déroule à l’heure où nous parlons », a recommandé Mme Grabar-Kotarović.  « Il faut aider ceux qui ont réussi à fuir la destruction, mais il faut aussi tout faire pour aider ceux qui sont restés et qui n’ont pas les moyens de s’échapper. »

La Présidente a estimé que l’éducation, le savoir et la tolérance sont les clefs du succès et les moteurs du développent durable.  Pour réussir, a-t-elle ajouté, il faut plus de femmes en politique et dans les affaires, dans la diplomatie et les conseils d’administration.  Cette année, la Croatie préside « Le partenariat des avenirs égaux », une initiative destinée à promouvoir l’autonomisation économique et politique des femmes.

« Les changements climatiques sont une arme de destruction massive », a averti Mme Grabar-Kotarović.  Elle a souhaité que l’Accord de Paris entre en vigueur le plus vite possible.  « La stabilité, la sécurité et le bien-être de la Méditerranée restent une priorité de la politique étrangère de la Croatie », a indiqué le Président.

Abordant la menace du terrorisme, elle a dit qu’il fallait renforcer la résilience des sociétés au niveau local, surtout le tissu des sociétés multiculturelles et multiconfessionnelles, contre la propagande, la radicalisation violente et l’extrémisme en général. 

En matière de maintien de la paix, la Croatie se prépare à mettre une compagnie d’ingénierie pour « des constructions horizontales » à la disposition des opérations de l’ONU, a-t-elle dit.  La Croatie organise également un cours de formation avec l’ONU à l’intention des femmes policières d’Asie, d’Afrique et d’Europe. 

Par ailleurs, Mme Grabar-Kotarović a plaidé en faveur du renforcement du rôle de la Cour pénale internationale (CPI) pour poursuivre les auteurs d’atrocités de masse et de crimes de guerre, y compris ceux contre l’héritage culturel commis par des acteurs étatiques ou non étatiques.  Elle a jugé très important de « mettre fin à la culture de l’impunité ».  

Avec sa candidature pour un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2017-2019, la Croatie s’engage à contribuer de manière constructive à la promotion et la protection des droits de l’homme. 

M. DANILO MEDINA SÁNCHEZ, Président de la République dominicaine, a indiqué que le groupe de populations vulnérables qui sont sorties de la pauvreté ces 20 dernières années est composé de plus d’un milliard et demi de personnes dans le monde. 

Ce groupe est très important en Amérique latine et dans les Caraïbes où la plupart d’entre ces personnes gagnent entre 4 et 10 dollars par jour.  Notre défi est de renforcer la position de cette classe émergeante en lui donnant les moyens et le savoir-faire pour lui permettre d’améliorer ses conditions de vie mais aussi de participer au développement de leurs pays.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une bonne feuille de route pour de nombreux défis de l’Amérique latine, des Caraïbes et du monde.  Mais des profonds changements sont nécessaires en matière de flux commerciaux et financiers.  Les règles du jeu entre les pays riches et pauvres doivent être révisées. 

Concernant le commerce, la République dominicaine a signé des accords de libre-échange avec les principaux blocs économiques.  Cela devrait être mutuellement avantageux mais il y a des moments où les grands pays font preuve d’hypocrisie.

Ils refusent de réduire le protectionnisme à l’intérieur de leurs frontières tout en réclamant dans le cadre des accords de libre-échange la même réduction dans les pays en développement.

Ils veulent que les pays en développement éliminent la protection des biens industriels mais eux, ils refusent d’éliminer les subventions agricoles.  Pour les cinq prochaines années, les États-Unis donneront en moyenne 97 800 millions de dollars d’aide à leur secteur agricole et l’Union européenne, 408 000 millions d’euros.

En outre, les barrières non tarifaires comme les règles phytosanitaires ne sont pas transparentes et créent des obstacles supplémentaires aux produits des agriculteurs des pays en développement pour percer le marché mondial. 

Les pays industrialisés doivent accepter de réduire significativement leur protectionnisme et leurs subventions pendant les négociations commerciales actuelles, et assurer le financement du développement rural.

Nous devons également assurer que les flux financiers sont des outils pour le développement et la productivité.  Les paradis fiscaux ne sont pas nécessairement dans les « républiques caribéennes » comme le montre la sanction de 13 milliards d’euros que l’Union européenne venait d’infliger à Apple.

L’absence de règlementation a ouvert la voie aux délinquants fiscaux et rendu plus complexe le travail des administrations fiscales. 

C’est une menace importante pour le financement des États dans le monde en rendant difficile pour les gouvernements de remplir leurs mandats devant leurs citoyens. 

M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président de Sri Lanka, a affirmé que son pays avait opéré de nombreuses transformations depuis son élection il y 20 mois.  Il a dit avoir créé une société dans laquelle règne la liberté, et non plus la peur.  Il a dit avoir comme objectif de faire de son peuple « le plus heureux du monde » et un « peuple intelligent ».

2017 sera à Sri Lanka l’année de la lutte contre la pauvreté, a poursuivi le Président, qui a affirmé son engagement en faveur du développement durable.  Pour y parvenir, il a dit avoir défini comme priorité la protection de l’environnement, ajoutant qu’il était prêt à suivre l’Accord de Paris. 

De même, les politiques économiques seront fondées sur le savoir, en insistant sur l’innovation et « l’économie verte ».  La Sri Lanka étant une île, M. Sirisena a également expliqué qu’il avait décidé d’accorder la priorité à l’exploitation des ressources marines du pays, avec notamment une industrie de la pêche fondée scientifiquement.

Il est important qu’une société se fonde sur des valeurs morales, a poursuivi le Président, qui a rappelé que la Sri Lanka était un pays bouddhiste, avant d’estimer que le bouddhisme permettrait de résoudre de nombreux problème du monde, tout en affirmant qu’Islam et Christianisme devaient être respectés.  Il a par ailleurs dénoncé la menace de la drogue et annoncé son intention d’agir pour que la drogue n’entre pas à Sri Lanka.

Rappelant les mesures prises pour renforcer la démocratie et l’état de droit, M. Sirisena a affirmé que des mesures avaient été prises pour empêcher une nouvelle guerre, après quelque 30 années de conflit terroriste.  C’est en ce sens qu’a été créée une commission pour la réconciliation et la paix entre les communautés.

Mais, pour parvenir à ses objectifs, la Sri Lanka a besoin de l’appui de la communauté internationale, a poursuivi le Président, qui a affiché en même temps sa volonté de faire respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de son pays.

Chaque pays a sa propre vision, la Sri Lanka à la sienne, authentique, et souhaite se développer conformément à cette vision mais avec l’appui de la communauté internationale, a-t-il expliqué.  Affirmant que la Sri Lanka agirait de manière responsable et démocratique, M. Sirisena a également dit apprécier les services rendus à son pays par les Nations Unies et notamment par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon.

M. PETER CHRISTIAN, Président des États fédérés de Micronésie, a rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) avaient appelé l’attention du monde sur la nécessité de lutter contre les changements climatiques il y a 25 ans déjà.  Il a souligné que les pays océaniques étaient toujours menacés de disparition et que les voix de ces pays n’avaient été entendues que partiellement.  Nous avons observé un « progrès glacial », a-t-il estimé, avant de rappeler que les PEID demandaient depuis longtemps que cette question du climat devînt un point permanent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, eu égard à sa dimension sécuritaire.  Il a demandé que l’ONU fasse l’objet d’une réforme dynamique pour mieux refléter la réalité géopolitique contemporaine. 

S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Christian a appelé à tenir compte des statistiques des pays de moins de 100 000 habitants, afin de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte et faire en sorte que les objectifs de développement durable soient vraiment universels et deviennent une réalité pour tous. 

Par ailleurs, le Président de Micronésie a précisé que les petits États insulaires du Pacifique, qui rassemblent 607 îles éparpillées sur 3 millions de kilomètres carrés, hébergeaient une des plus grandes biodiversités du monde.  Il a ajouté que ces États s’étaient engagés au titre du « Défi de la Micronésie » à préserver 30% de leurs côtes.  

« L’ONU reste notre dernier espoir de galvaniser les volontés politiques afin d’atténuer les effets des changements climatiques », a insisté le Président de la Micronésie, avant de se dire encouragé par le succès de l’Accord de Paris. 

En outre, il a indiqué que la Micronésie avait rétabli des relations diplomatiques avec Cuba.  Il a dit toute l’importance de la résolution A/70/120 sur cette question, avant de demander aux États-Unis d’accélérer la mise en œuvre du processus qui doit aboutir à la levée de l’embargo américain imposé à Cuba.    

Pour M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat ont permis de restaurer la confiance dans la capacité du système multilatéral à trouver des solutions aux problèmes pressants du monde.  Les conflits, la pauvreté, les catastrophes naturelles et les changements climatiques ont contribué à la hausse significative du nombre de réfugiés et de migrants, a relevé M. Vējonis, avant de rappeler que 125 millions de personnes ont aujourd’hui besoin de l’aide humanitaire. 

« La crise migratoire récente ne saurait être affrontée uniquement par les pays directement affectés.  C’est un phénomène mondial qui exige des efforts conjoints et une responsabilité partagée. »  Pour lutter contre la montée de l’extrémisme violent, M. Vējonis préconise des sociétés plus inclusives, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme. 

En tant que pays faisant partie de la coalition mondiale contre Daech, la Lettonie salue le fait que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ait décidé d’augmenter son soutien à cette coalition.  Pour elle, la lutte contre le terrorisme est une priorité quotidienne et la communauté internationale doit planifier la façon d’augmenter la résilience des communautés qui ont subi pendant des années l’autorité « barbare » de Daech.

Sans paix durable et sans prévention de conflits, il ne sera pas possible de réaliser les objectifs de développement durable, a poursuivi le Président letton, qui attend une action politique décisive pour prévenir les conflits qui provoquent des déplacements massifs de personnes.  « La communauté internationale doit trouver des solutions politiques », a-t-il déclaré, en mettant particulièrement l’accent sur la crise syrienne. 

En Libye, le vide institutionnel a créé un terrain propice pour des groupes terroristes comme Daech.  L’unité et la cohésion entre les partis rivaux sont essentielles pour la stabilité à long terme de la Libye et la lutte contre le terrorisme, a encore souligné M. Vējonis.

Il a également fait part de ses préoccupations par rapport aux actes « irresponsables » de la République populaire démocratique de Corée qui sapent la sécurité de tous les pays de la région.  De même, la stabilité à long terme en Afghanistan est essentielle pour la sécurité régionale et mondiale.

« Nous passons par un moment turbulent dans le paysage sécuritaire européen », et la Lettonie appelle tous les pays européens à respecter le droit international.  Pointant du doigt la Russie, qui a « sapé les bases même du droit international en changeant les frontières d’un État souverain par la force », le Président letton a réaffirmé son soutien à l’Ukraine pour qu’elle puisse jouir à nouveau de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.  « L’annexion illégale de la Crimée par la Russie ne sera pas reconnue et doit cesser. » 

La réforme du Conseil de sécurité lui semble être une condition fondamentale pour permettre aux Nations Unies d’avoir les moyens de faire face aux défis actuels.  Dans cet esprit, la Lettonie soutient l’initiative qui vise à suspendre le droit de veto dans des situations où des atrocités sont commises ainsi que le Code de conduite relatif aux actions du Conseil de sécurité en cas de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Pour ce qui est du choix du futur Secrétaire général, M. Vējonis a rappelé que l’Europe de l’Est restait la seule région à n’avoir jamais occupé ce poste et s’est dit convaincu, qu’au bout de 70 ans, le moment était venu de désigner une femme à la tête de l’ONU.

M. BAKIR IZETBEGOVIĆ, Président de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine, a salué le succès qu’a connu la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les réfugiés et les migrants.  Il a indiqué que son pays accordait une grande importance à cette question, vu que des centaines de milliers de ses citoyens avaient dû quitter leurs foyers par le passé. 

Il a également souligné le soutien de son pays en faveur des objectifs de développement durable, expliquant qu’en tant que nouveau membre du Conseil économique et social (ECOSOC), la Bosnie-Herzégovine entendait jouer un rôle actif dans la mise en œuvre de ce programme transformateur. 

Il a déclaré que le respect des directives contenues dans le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et dans l’Accord de Paris sur le climat était crucial pour protéger les gains de développement.  La Bosnie-Herzégovine est pour sa part déjà engagée dans la mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation nationale aux changements climatiques, avec comme ambition de devenir une « économie verte » d’ici à 2025.

M. Izetbegović a en outre invité la communauté internationale à placer les droits de l’homme au centre des 17 objectifs de développement durable, parce qu’ils sont le plus puissant catalyseur en faveur de la paix et le développement, a-t-il dit.  Il s’est ensuite déclaré inquiet de l’érosion de la paix à travers le monde.  Il a ainsi évoqué la situation qui prévaut entre Palestiniens et Israéliens, la crise en Syrie, et les atrocités de Daech. 

Il a appelé à vaincre le terrorisme, « un problème qui a des racines complexes et profondes, un problème qui transcende les frontières nationales et qui ne doit pas être associé à une religion, une nationalité ou un groupe ethnique particulier ».

Le Président a déclaré que de par sa position géopolitique, notamment constituant une sorte de pont entre l’Orient et l’Occident, la Bosnie-Herzégovine entendait s’investir dans le dialogue et la compréhension, tout en forgeant des partenariats avec d’autres pays du monde.

M. JOSÉ MÁRIO VAZ, Président de la Guinée-Bissau, a fait le point sur la situation politique dans son pays.  Grâce à la médiation des chefs d’État de la Guinée Conakry et de la Sierra Leone, et en accord avec une décision prise lors de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenue à Dakar, au Sénégal, un accord a été signé en vue de dépasser les blocages au Parlement. 

Cet accord, a-t-il précisé, a été signé par le Président de l’Assemblée nationale populaire, le Premier Ministre et les deux principaux partis politiques.  M. Vaz a réitéré son engagement « à faire tout ce qui est requis, à travers un dialogue franc et ouvert avec toutes les forces actives dans son pays, pour consolider un environnement de paix et de stabilité sociale ». 

Le Président a noté toutefois que la crise en Guinée-Bissau aujourd’hui n’était plus une crise politique et militaire, mais « simplement une crise politique et institutionnelle ».  Il a tenu à souligner que pas une seule balle n’avait été tirée par le personnel militaire et paramilitaire; que personne n’avait été tué ou battu pour des raisons politiques; qu’il n’y avait pas eu de cas d’arrestation arbitraire; qu’il y avait la liberté d’expression, de la presse et de manifester; que la question de violations des droits de l’homme n’avait pas été soulevée.

De plus, M. Vaz a de nouveau demandé aux Nations Unies leur appui en ce qui concerne le processus de réconciliation nationale en cours, la participation des forces armées de son pays dans des missions de maintien de la paix internationales et la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sûreté et de la sécurité.  Il a rappelé que la sous-région de l’Afrique de l’Ouest « figure dans la géographie des actes terroristes ». 

Par ailleurs, le Président a salué la signature de l’Accord de Paris sur le climat.  En tant que pays côtier, avec une partie insulaire, la Guinée-Bissau se trouve menacée par l’élévation du niveau de la mer.  Par conséquent, il s’est dit très intéressé par le prochain sommet sur les océans qui se tiendra à New York en 2017.

En conclusion, il a reconnu le rôle indispensable du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) et du Représentant spécial du Secrétaire général en Guinée-Bissau, M. Modibo Touré. 

M. MILOŠ ZEMAN, Président de la République Tchèque, a d’abord rappelé les derniers attentats terroristes qui ont secoué, en 2015 et en 2016, de nombreuses villes du monde pour finalement demander « combien de temps devons-nous attendre avant de réagir contre ce fléau? ».

Reconnaissant que les possibilités d’actions sont limitées contre le terrorisme, le Président a ajouté que « les risques sont de trois ordres » notamment le fait que dans un avenir proche, nous risquons d’avoir un état islamique en Afghanistan si le retrait des troupes internationales de ce pays se matérialisait.  Ce retrait assurerait la victoire des Taliban, a averti le Président.  Le deuxième risque est la radicalisation des populations.  L’aggravation de l’extrémisme est possible aujourd’hui comme il le fut dans les années avant la montée du nazisme en Allemagne, a prévenu M. Zeman 

Ce qu’il nous faut est une action coordonnée de tous les États Membres.  Nous avons besoin d’une plateforme solide et globale contre le terrorisme.  L’Inde avait formulé en l’an 2000 cette idée.  Vingt ans plus tard, les discussions se poursuivent sur la définition du terrorisme.  « Pour moi, le terroriste est une personne qui tue délibérément un innocent. » 

L’ONU examine le problème depuis 16 ans.  « J’ai des doutes sur l’efficacité de l’Organisation.  En 2015, j’ai proposé la mise en place de forces internationales dotées de drones et d’hélicoptères utilisant les renseignements des services secrets nationaux afin de pouvoir frapper les points névralgiques et les centres du terrorisme et attaquer les cerveaux du terrorisme.  Il ne faut pas occuper les pays ou les territoires », a préconisé le Président.

Avant de terminer, il a déclaré que sans une action coordonnée du Conseil de sécurité, le terrorisme continuerait de se propager, les tueries se poursuivront et de nombreuses vies seront perdues.  « Mais je suis convaincu que nous vaincrons le terrorisme international un jour », a conclu M. Zeman.

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a dénoncé une période de « nouvel obscurantisme » causé par « la barbarie capitaliste et impérialiste », qu’il a accusée de porter atteinte à la dignité de l’être humain et à l’intégrité de notre maison commune la Terre mère ainsi qu’à celle de nos pays.  Dès lors, a-t-il ajouté, l’objectif de l’humanité en ce siècle devrait être d’éradiquer le capitalisme et l’impérialisme comme modèle de société.  Si nous ne construisons pas au plus tôt un nouveau modèle de société, les objectifs de développement durable seront remplacés par des objectifs de mort durable de tous les êtres vivants de la Terre mère, a ajouté M. Morales.

Rappelant que cette année sera la plus chaude de l’histoire de la planète et que chaque année est désormais plus chaude que la précédente, le Président a souligné que la Bolivie subissait actuellement une des pires sécheresses de son histoire.  Il a donc appelé à agir immédiatement pour empêcher la barbarie capitaliste de « convertir l’Accord de Paris en un accord menteur et maître-chanteur ».

M. Morales a ensuite accusé les pays capitalistes d’avoir construit des frontières et des murs « sur mer, sur terre et dans les airs », avant de rappeler qu’une personne sur 100 dans le monde est réfugiée ou déplacée du fait du réchauffement mondial, de guerres ou d’invasions impérialistes.  Il a ensuite émis l’espoir que les peuples du monde puissent bâtir une citoyenneté universelle et une patrie unique dans laquelle ils pourraient tous vivre en harmonie comme une famille commune.

Le Président bolivien a dénoncé la politique expansionniste d’Israël, y voyant une des meilleures expressions de la barbarie du monde moderne et a demandé aux Nations Unies de reconnaître immédiatement l’État de Palestine et d’agir pour empêcher le génocide brutal mené contre le peuple palestinien.  Il a condamné les sanctions économiques contre Cuba, ajoutant que les États-Unis devraient indemniser Cuba pour le blocus économique et restituer la base de Guantanamo.

M. Morales a salué l’accord de paix conclu entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui permet de réaliser l’objectif de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) de faire de la région une « zone de paix ».  Il a également salué le rôle de facilitateur joué par Cuba.  

M. Morales a en revanche déploré le bombardement par les États-Unis de positions militaires syriennes, y voyant un signe de leur hypocrisie.  Il a condamné le terrorisme, la violence et la guerre et demandé que l’on s’attaque aux causes de ces fléaux de l’humanité.  Moins il y aura de pauvreté et plus il y aura de respect pour les peuples, et moins il y aura de violence et de terrorisme, a-t-il affirmé.

M. Morales a ensuite affirmé que son pays avait su trouver un équilibre entre croissance économique, distribution de la richesse, réduction de la pauvreté et l’égalitarisme qui lui permettait de faire face aux conséquences de la crise capitaliste mondiale et d’avoir la meilleure croissance économique de l’Amérique du Sud.

Il a par ailleurs condamné les ingérences étrangères dans le pays frère du Venezuela, avant de dénoncer comme une nouvelle forme de conspiration impériale les coups d’État parlementaires, qui peuvent être légaux mais ne respectent pas la volonté des peuples.  Il s’est également dit très inquiet des mesures prises par le Secrétariat général de l’Organisation des États américains (OEA), estimant que cette Organisation devait représenter les intérêts des pays des Amériques et non pas se comporter en agence porte-voix des États-Unis, faute de quoi elle ferait mieux de cesser d’exister.

M. Morales a invité le Chili à mette fin par le dialogue au différend territorial le plus ancien de l’Amérique latine, celui qui l’oppose à la Bolivie sur un territoire qui offrirait à ce pays un débouché sur la mer.  La résolution de ce conflit profiterait aux deux peuples et à l’intégration latino-américaine, a-t-il affirmé.  Enfin, il a appelé à concrétiser le message du pape François, qui a appelé à construire des ponts de dialogue plutôt que des murs qui divisent.

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a indiqué que le plan de développement quinquennal 2015-2019 de son pays reflétait les trois piliers du développement durable.  Au-delà des responsabilités en matière de financement des objectifs de développement durable, le Président du Mozambique a dit la nécessité de revitaliser le Partenariat mondial pour le développement durable; de réaffirmer la pertinence du principe de responsabilité commune mais différenciée; de rappeler l’importance pour les partenaires d’honorer leurs engagements pour le développement convenus à l’échelon international; et, enfin, d’assurer la prévisibilité de l’aide au développement conformément à la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide. 

« Respecter ces principes nous permettra de disposer de fondations saines pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l'horizon 2030 », a estimé M. Nyusi.  Dans ce contexte, il a aussi dit la nécessité de réformer les Nations Unies, en particulier la composition du Conseil de sécurité, d’ajuster l’architecture des institutions financières internationales au Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement et de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations économiques régionales.

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a rappelé qu’il avait, en 2008, mis en garde l’Assemblée générale des Nations Unies contre le caractère sélectif du respect du droit international, notamment à la suite de l’usage de la force par la Fédération de Russie contre la Géorgie.  Il a indiqué que cet avertissement n’avait pas empêché qu’en 2014, l’histoire se fût répétée quand le même pays a agressé l’Ukraine.  Nous avons besoin de normes mondiales qui s’appliquent à tous et d’un droit international que tous respectent, a-t-il plaidé. 

Le Président a ensuite affirmé que la crise de réfugiés que connaissait le monde en ce moment n’était pas une situation nouvelle, rappelant ainsi la situation qui avait prévalu après la Deuxième Guerre mondiale.  L’immigration représente un défi commun, et une solution durable passera par un examen minutieux de ses causes, a-t-il dit.  Il a affirmé que les enfants des migrants représentaient le groupe le plus vulnérable, et que le principal défi était de pouvoir assurer leur scolarité, même loin de leur domicile.

M. Ilves a par ailleurs déploré la montée du terrorisme dans le monde, soulignant que son pays participait à la coalition internationale contre Daech.  La brutalité que nous voyons en Syrie montre que lorsqu’un gouvernement ne respecte pas ses engagements, alors la communauté internationale doit agir, a-t-il argué, en déplorant les actes du régime syrien. 

Les membres du Conseil de sécurité qui opposent leur veto en cas de telles atrocités partagent la responsabilité de cette crise, a-t-il affirmé, tout en précisant que la principale critique vis-à-vis du Conseil de sécurité portait précisément sur son échec à prendre ses responsabilités.  Le Président de l’Estonie a annoncé en outre que son pays était candidat pour un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a appelé la communauté internationale à ne pas exclure son pays de la mise en œuvre des grands accords universels que sont le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat, le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  « Certains mécanismes internationaux de financement excluent les petits pays comme le mien ou s’avèrent impossibles à obtenir en raison de notre capacité limitée », a-t-il expliqué, ajoutant que les investissements privés ne suffisent pas à financier les services de base et infrastructures clefs. 

Parallèlement, a ajouté M. Waqa, le modèle de financement le plus prometteur pour les petits États en développement comme le sien, à savoir l’accès direct ou le soutien budgétaire direct, sont rarement une option disponible.  « Cela doit changer pour que les petits pays bénéficient pleinement des accords historiques que nous avons conclus », a-t-il insisté.

Le Président de Nauru a par ailleurs appelé à ce que les efforts de ses partenaires pour le développement aillent au-delà du renforcement des capacités et se focalisent sur le renforcement des institutions.  « Ces efforts doivent être secondés par des ressources réelles, y compris un engagement de long terme et à l’intérieur du pays de la part des agences internationales et régionales », a précisé M. Waqa. 

Concernant spécifiquement le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Président de Nauru a indiqué que sa priorité était la mise en œuvre de l’objectif de développement durable numéro 14, relatif à l’utilisation durable des océans et des ressources maritimes.  « Il faut mettre fin aux contraintes pesant sur la biodiversité, y compris au-delà des juridictions nationales, et par conséquent aux failles dans notre gouvernance de la haute mer », a-t-il exhorté, ajoutant que la future Conférence de l’ONU sur les océans devrait permettre d’avancer sur ces questions.

S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, M. Waqa a rappelé que son pays avait été l’un des premiers à ratifier l’Accord de Paris.  Toutefois, il a fait part de sa profonde inquiétude face aux effets du réchauffement de la planète.  « La montée du niveau des mers risque d’occuper notre pays de la même façon que le ferait une armée », a-t-il dit, tout en ajoutant que, du point de vue des petits États insulaires du Pacifique, les changements climatiques sont la « pire des crises humanitaires ». 

Par conséquent, M. Waqa a appelé les États Membres à appuyer la proposition des petits États insulaires en développement du Pacifique de créer un poste de représentant spécial de l’ONU sur le climat et la sécurité.

Le Président de Nauru a par ailleurs exprimé de vives inquiétudes concernant la situation en Papouasie-Nouvelle-Guinée, y compris les rapports faisant état de violations des droits de l’homme, et a insisté sur la nécessité d’entretenir un dialogue constructif avec l’Indonésie sur cette question.

Abordant enfin la situation de la République de Chine de Taiwan, M. Waqa a appelé les États Membres à « régulariser sa participation au sein du système des Nations Unies ».

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a souligné le besoin de changement et de transformation de son pays.  « C’est notre génération qui doit mener ce changement », a-t-il déclaré.

Le Président a ajouté qu’il fut un temps où le Honduras avait connu une période de crise sociale et économique, l’insécurité, la corruption.  Il y a eu une crise de confiance entre la population et les institutions de l’État, a-t-il dit.  Il s’est réjoui du fait que la communauté internationale soit venue à la rescousse de son pays, l’aidant à restaurer les institutions.

Depuis le 27 janvier 2014 et suite à l’adoption d’un plan national de développement, le déficit budgétaire a baissé de 5%, les infrastructures ont été améliorées, et les recettes fiscales ont augmenté. 

Dans le domaine de la sécurité, les principaux cartels de la drogue ont été démantelés, de nombreuses bandes criminelles ont été dissoutes, les services de police ont été épurés.  En avril 2016, le Gouvernement a mis en place une mission d’accompagnement de la lutte contre la corruption et la criminalité.

Depuis lors, on a constaté une réduction de 26% des homicides, le Honduras n’étant plus le pays le plus violent du monde.

Sur plan social, plus d’un million de pauvres ont bénéficié des programmes sociaux, 1,2 million d’enfants de la cantine scolaire, tandis que les hôpitaux obtiennent 80% de fournitures médicales de la part de l’État.  Le Honduras s’est engagé à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il dit. 

Le Honduras a été la cible des effets des changements climatiques ces trois dernières années, lesquels ont anéanti le sixième de ses forêts.  Mais le Gouvernement a mis en place un programme de construction de réserve d’eau et d’irrigation dans les zones arides.  Une politique de protection des forêts et de l’eau a été également élaborée, a expliqué le Président, indiquant avoir déposé ce matin auprès du Secrétaire général les instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.

Le Honduras a pu lutter contre les causes profondes de la migration illégale grâce à ses réalisations socioéconomiques et politiques.  Cependant, le succès d’un pays dépend aussi du comportement des autres pays et d’autres facteurs comme la traite de personnes, le trafic de drogue et de capitaux.  Le Honduras a vu augmenter de 300% l’arrivée de nouveaux migrants venant du continent et d’autres en un an.  Ce problème doit être résolu au niveau transnational, a-t-il dit. 

Mme ISATOU NJIE SAIDY, Vice-Présidente et Ministre de la condition féminine de la Gambie, a déploré le fait que de nombreux conflits ont toujours lieu à travers le monde.  Elle a prôné la fin de ces conflits, insistant sur la question palestinienne qui perdure depuis des décennies et souhaitant que la solution des deux États soit mise en œuvre.  Au vu de la montée du terrorisme, elle a affirmé que le monde était en grand danger, déplorant que de « pseudo intellectuels » utilisent l’Islam pour mener des actes terroristes. 

La Vice-Présidente s’est félicitée des avancées qu’a connues la Gambie avec la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment l’éradication de la faim dans le pays.  Elle a en outre déploré les vagues migratoires partant d’Afrique, s’inquiétant des conséquences négatives que cela aurait sur les ressources humaines du continent.

Mme Saidy a ensuite appelé à la réforme du Conseil de sécurité.  « Le fait que la volonté de cinq pays détermine le programme économique et l’essor du monde entier est injuste », a-t-elle déploré.  Il est inadmissible qu’avec 1,3 milliard d’habitants, l’Afrique n’ait pas de membre permanent au Conseil de sécurité, a-t-elle déclaré, tout en défendant l’octroi de deux postes permanents en faveur de l’Afrique, avec droit de veto, et de deux autres postes de membres non permanents.  Cette réforme exige un leadership solide, et c’est pour cette raison que la Gambie accorde une grande importance à l’élection du prochain secrétaire général de l’ONU.  « Il devrait servir les peuples et non pas les grandes puissances », a-t-elle dit.

La Vice-Présidente a par ailleurs plaidé pour la fin de l’injustice séculaire marquée par l’absence de dédommagements en faveur des victimes de l’esclavage et du colonialisme.  Les fondements économiques des pays développés ont été construits par les Africains, a-t-elle argué, regrettant aussi que « le syndrome de l’esclavage » continue d’avoir un impact négatif sur la vie des descendants d’Afrique. 

Elle a rappelé que des situations similaires dans l’histoire de l’humanité avaient pourtant donné lieu à des dédommagements.  Elle a cité les cas des frais payés par l’Allemagne aux descendants des victimes du nazisme, ou encore ceux versés par les États-Unis aux Japonais qui avaient été injustement détenus ou encore aux descendants des Amérindiens. 

Pourquoi donc les Africains et leurs descendants ne seraient-ils pas éligibles à de tels dédommagements comme d’autres peuples? a lancé la Vice-Présidente, en justifiant cette initiative par le besoin de remédier aux déséquilibres économiques issus du colonialisme et de l’esclavage des Noirs.  Elle a annoncé que le Groupe des États d’Afrique allait présenter un projet de résolution en ce sens au cours de la présente session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a tenu à rappeler les différents défis auxquels les pays font face dans la réalisation du Programme de développement à l’horizon 2030, en mettant l’accent notamment sur le rôle des médiaux sociaux.

Les impacts négatifs des plateformes numériques ne peuvent pas être ignorés.  La désinformation peut facilement devenir virale et tromper en particulier les jeunes.  Les médiaux sociaux ont aidé les populistes et les extrémistes à exploiter les préoccupations légitimes des gens et ont répandu leurs messages de haine et d’intolérance. 

Le Premier Ministre a aussi reconnu le fait que certains pays externalisent leurs échecs et cherchent des causes extérieures à leurs propres faiblesses.  On ne peut nier le fait que certains de nos pays ont été la cible de déstabilisation menée par des gens et des groupes de gens à qui des États avec qui nous n’avons pas de problème ont donné refuge.

À cela s’ajoutent les effets d’El Niño, la crise des migrants et des réfugiés.  Le problème est encore plus prononcé pour les pays les moins avancés comme l’Éthiopie qui s’efforcent d’éradiquer la pauvreté.

Ce qui nous est nécessaire est d’avoir l’espace politique à commettre des erreurs et d’apprendre de ces erreurs.  Cette vision est correcte.  Quels que soient nos défis et lacunes, nous ferons tout l’effort possible pour les relever en étroite concertation, coopération et participation de notre peuple.

Nous avons besoin d’un environnement extérieur favorable pour réaliser notre développement.  Nous avons besoin de réponses collectives et coordonnées de tous pour y parvenir. 

La paix et la sécurité dans la Corne de l’Afrique sont très essentielles pour l’Éthiopie.  Nous avons aidé le Soudan du Sud à résoudre ses problèmes internes.  Le Premier Ministre a souhaité que les parties sud-soudanaises entendront l’appel de la région et de la communauté internationale à restaurer la paix au nom de leur peuple qui a trop souffert, et pour la sécurité et la stabilité de la région.

Le Premier Ministre a également indiqué que son pays avait déployé tous les efforts pour lutter contre le terrorisme et pour pacifier la Somalie.  En dépit de nombreux défis qui restent, la Somalie a fait beaucoup de progrès.  L’importance du Sommet extraordinaire de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à Mogadiscio ne peut être surestimée. 

Le Premier Ministre a formulé le vœu que l’organisation harmonieuse des prochaines élections consolidera les acquis de ces dernières années et jettera la fondation d’une Somalie pacifique et stable. 

Il a terminé en annonçant la candidature de l’Éthiopie à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2017-2018.

M. DACIAN CIOLOS, Premier Ministre de la Roumanie, a estimé que les objectifs de développement durable donnaient à la communauté internationale une nouvelle chance et représentaient « une impulsion universelle pour la transformation du monde ».  Nous avons besoin de plus d’intégration au niveau de différentes stratégies sur les changements climatiques, le développement, l’aide humanitaire, l’éradication de la faim, la croissance économique et la construction de la paix, a-t-il argué. 

Il a expliqué que l’expérience du passé laissait voir que les approches sectorielles, coupées les unes des autres, créaient plus de problèmes qu’elles n’en résolvaient.  Il a indiqué que la Roumanie avait lancé le processus de transposition nationale des objectifs de développement durable, afin d’assurer la transition vers une économie verte.  Le pays a adopté, cette année, un paquet national antipauvreté, comprenant notamment des mesures spécifiques pour combattre l’exclusion sociale.

Le Premier Ministre a affirmé que « la ceinture des conflits latents » autour de la mer Noire était une menace permanente à la stabilité dans la région et au-delà.  Il a fait part de sa préoccupation face à des tactiques de guerres hybrides et par l’annexion illégale de territoires. 

M. Ciolos a en outre souligné que la Roumanie œuvrait à renforcer sa contribution en matière d’assistance humanitaire, notamment en sa qualité de donateur et de pays de relocation des réfugiés.  En tant que Présidente de la septième Conférence des parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Roumanie encourage à plus de redevabilité dans le cadre de la traite des personnes.

Il a par ailleurs salué les efforts consentis dans la lutte contre le terrorisme, estimant que la lutte contre le terrorisme nécessitait une action multilatérale, basée sur le droit international.  C’est pour cette raison que la Roumanie et l’Espagne ont avancé l’idée d’une cour internationale contre le terrorisme, afin d’assurer la reddition de comptes en cas de crime horrible. 

Le Premier Ministre roumain a enfin annoncé la candidature de son pays au Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.

Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a appelé à convertir la volonté politique qui a donné naissance au Programme de développement durable à l'horizon 2030 en soutien « concret et significatif » pour les pays les moins avancés.  « Pour combler son retard, le monde en développement a besoin d’un accès à des technologies transformatrices », a-t-elle précisé, appelant notamment à ce que la Banque de technologies pour les pays les moins avancés accorde la priorité à l’innovation.

À ce titre, Mme Hasina a déclaré que son gouvernement s’était fixé comme priorité « d’innover dans la prestation des services publics, de développer l’accès de masse à l’information, et d’accroitre la transparence et la responsabilité ».  Afin d’y parvenir, elle a insisté sur l’importance de l’accès à Internet, appelant les dirigeants du monde à fournir un accès universel à la connectivité haut débit.  « Notre gouvernement s’est engagé à fournir une connexion Internet et mobile à tous ses citoyens d’ici à 2021 », a-t-elle déclaré.

Le Premier Ministre a par ailleurs insisté sur les réalisations socioéconomiques de son pays, qui a enregistré une croissance supérieure à 7% au cours de l’exercice 2015-2016.  « Le Bangladesh a connu l’une des réductions les plus rapides au monde de son taux de pauvreté, et ce, avec un ensemble de ressources modestes », a-t-elle indiqué, précisant que ce taux était passé de 56,7% en 1991 à 22,4% aujourd’hui.

Mme Hasina a précisé que cette évolution positive avait également largement bénéficié aux femmes du Bangladesh, dont 3,5 millions travaillent actuellement dans l’industrie textile, le principal secteur d’exportation du pays.  Elle a ajouté que le Bangladesh était peut-être le seul pays au monde à avoir une femme Premier Ministre, mais aussi à la tête du Parlement et de l’opposition.

Rappelant par ailleurs l’attaque terroriste « macabre » survenue dans la capitale Dacca, le 1er juillet dernier, durant laquelle 20 personnes ont été tuées, le Premier Ministre a expliqué sa politique de tolérance zéro face au terrorisme et à l’extrémisme violent à l’intérieur du pays.  « Parallèlement, j’exhorte la communauté internationale à bloquer les sources de financement et d’approvisionnement en armes et munitions, ainsi que tout soutien moral et matériel à des militants et terroristes au-delà des frontières », a appelé Mme Hasina.

M. GIORGI KVIRIKASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a brossé un tableau des progrès réalisés dans son pays au cours des 25 dernières années: une société civile libre, des médias libres, une économie de marché, la cohésion sociale et l’état de droit.  Depuis juillet dernier, la Géorgie est devenue un pays associé de l’Union européenne et aspire à devenir membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). 

Le Premier Ministre n’a pas manqué de rappeler que ces dernières semaines à la fois les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN avaient tous pris des mesures pour souligner que l’avenir de son pays se trouvait en Europe et dans la communauté euro-atlantique.

Il a appelé les dirigeants du monde à ne ménager aucun effort dans la réalisation, même partielle, des objectifs de développement durable en espérant que sur les 17, la plupart puissent être atteints.  Pour y arriver, il faut réussir à la fois sur le plan national et aider d’autres pays à réaliser leurs objectifs nationaux.  Il a également mis l’accent sur la relation étroite qui existe entre développement durable et paix et sécurité.

En Géorgie, une plateforme en quatre points a été mise en place pour garantir à tout citoyen d’être partie prenante et de bénéficier du développement du pays.  Les clefs du succès étant, selon lui, la bonne gouvernance, des institutions redevables et la transparence.  Une autre priorité est d’assurer une inclusion maximale dans les processus de prise de décisions. 

L’un des pendants de la bonne gouvernance est aussi la collecte efficace d’impôts, et la Géorgie s’apprête à libéraliser encore davantage son système fiscal en abolissant notamment la taxe sur les gains non distribués pour encourager les investissements et la création d’emplois.

Pour le Premier Ministre, la réussite des objectifs de développement durable et la construction de sociétés inclusives dépend largement du capital humain des nations, et, par conséquent, son pays a opté pour les investissements dans l’éducation et la santé. 

À ce titre, il a cité une infrastructure hospitalière de pointe, une couverture médicale universelle et un système de « e-pharmacie ».  Une autre réforme de fond a été celle du système judicaire.  Aujourd’hui, tous les citoyens sont égaux devant la loi, a affirmé le Ministre qui a rappelé que son pays était classé vingt-neuvième en termes d’état de droit.

Il a dénoncé l’occupation étrangère de 20% du territoire national de son pays et le fait que l’on refuse toujours le droit au retour à des centaines de milliers de personnes.  Saluant le soutien de l’Assemblée générale à cette question par l’adoption de la résolution sur le « statut des personnes déplacées et réfugiés d’Abkhazie, Géorgie, et de la région de l’Ossétie du Sud, Géorgie », il a demandé que les mesures qu’elle prévoit soit maintenant traduites en actions. 

Le Ministre a vivement condamné les récentes élections de la Douma russe dans les territoires occupés de Géorgie, ce qui est un autre aspect, selon lui, de la politique d’annexion de Moscou.  Il déplore que tout cela ait pu se faire en l’absence de supervision internationale, à l’exception de l’intervention limitée de l’Union européenne. 

Même s’il a été possible de désamorcer les tensions, les pas en avant de la Géorgie n’ont souvent pas fait l’objet de réciprocité de la part de la Russie, a affirmé le Premier Ministre, qui a à nouveau appelé à un règlement pacifique de ce conflit.

M. MALCOLM TURNBULL, Premier Ministre de l’Australie, a commencé sa déclaration sur la gestion de la crise de la migration en proposant trois solutions: le contrôle efficace des frontières, l’aide aux pays qui accueillent les réfugiés et la coopération internationale. 

Pour obtenir l’appui du public dans la gestion de la crise des migrants, il doit savoir que ce sont les gouvernements qui contrôlent les frontières.  Prenant l’exemple de son pays, M. Turnbull a expliqué que l’Australie avait vu l’arrivée de plus de 250 000 clandestins en 2015.  Sans mesures pour contrôler le nombre des arrivants, l’Australie ne serait pas devenue le troisième pays d’accueil des réfugiés et des migrants, a dit le Premier Ministre.  Elle a aussi accueilli 12 000 réfugiés de Syrie.

Toujours est-il que le monde doit rester vigilant face aux flux de réfugiés et les frontières doivent être sécurisées, a-t-il insisté.  Il a ajouté que l’unique manière de faire cesser la migration clandestine est de priver les passeurs de « produits ».  C’est ce que fait le contrôle des frontières, a-t-il assuré.

Mais la priorité doit rester d’établir la stabilité et la paix dans les pays en conflit.  Cet objectif nécessite la coopération de tous les pays.

Enchaînant sur la situation en Iraq, M. Turhbull a affirmé que les Forces armées australiennes et iraquiennes avaient libéré des territoires tenus par Daech en Iraq.  Il a mis l’accent sur la nécessité de vaincre et de détruire le soi-disant califat de Daech qui, d’après son estimation, a perdu 50% de son territoire en Iraq.

S’agissant du dossier nucléaire dans la péninsule coréenne, il a estimé qu’il était nécessaire de prendre des mesures contre les provocations de la République populaire démocratique de Corée.  En tout cas, l’Australie est prête à prendre de nouvelles dispositions pour sanctionner la Corée du Nord, a-t-il dit.

Candidate à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2019-2020, l’Australie compte mettre l’accent, pendant son mandat, sur l’égalité des sexes, les droits des peuples autochtones, le renforcement des capacités pour le développement, le respect de l’état de droit et des droits de l’homme.

M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande, a rappelé que son pays avait eu l’honneur, cette année, de présider le Groupe des 77 et la Chine, et de coordonner sa position avec d’autres groupes de pays comme le G20.  Il a fait remarquer que le modèle économique de la Thaïlande, centré sur les personnes et les principes de « modération, raison, inclusion et résilience », avait inspiré une vingtaine de pays. 

Le pays se tient prêt à renforcer sa coopération avec d’autres groupes comme le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ou l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le mois prochain, a annoncé le Ministre, la Thaïlande accueillera le deuxième Sommet sur le dialogue pour la coopération en Asie.

Le Gouvernement thaï a établi un comité national sur le développement durable en vue d’intégrer dans son plan de développement économique et social pour la période 2017-2021 les objectifs du Programme 2030, a expliqué M. Chan-o-cha.  Il a en outre continué à améliorer les services de santé pour tous, y compris pour les migrants et les travailleurs étrangers, quel que soit leur statut.  L’éducation primaire est obligatoire pour les enfants.  De plus, une nouvelle loi sur l’égalité des sexes a été promulguée et plusieurs mesures ont été prises pour renforcer la protection des personnes vulnérables, comme les nouveau-nés, les personnes handicapées et les personnes âgées.

La Thaïlande est heureuse de ratifier l’Accord de Paris sur le climat, a poursuivi le Ministre.  Le Gouvernement a lancé l’initiative intitulée « Modèle 4.0 » qui place la technologie et l’innovation au cœur du développement agricole et industriel.  En matière de paix et de sécurité, il a souligné que son pays avait participé environ à 20 opérations de maintien de la paix et missions de consolidation de la paix. 

Le 7 août dernier, a ajouté M. Chan-o-cha, le peuple thaï a approuvé le projet de constitution par référendum, et des élections générales devraient avoir lieu fin 2017.  « Ce référendum a reflété l’intention sincère du Gouvernement de promouvoir le processus démocratique, tout en prenant en considération les vues exprimées par la communauté internationale », a-t-il assuré.  Dans la mesure où la situation retourne à la normale et où la sécurité est restaurée, le Gouvernement met fin aux mesures temporaires.  

M. SEBASTIAN KURZ, Ministre fédéral pour l’Europe, l’intégration et les affaires étrangères de l’Autriche, a dit que son pays était particulièrement préoccupé par la situation en Ukraine.  En 2013, ce pays était indépendant et aujourd’hui, l’Ukraine est occupée.  Il faut que la situation actuelle aille au-delà du simple cessez-le-feu et trouve une issue rapide, a indiqué le Ministre.

Pour y parvenir et pour le retour de la sécurité dans la région, il est important de restituer la confiance, a-t-il préconisé.  Comme l’Autriche accédera bientôt à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), elle fera de cette question une priorité et essaiera de promouvoir la stabilité non seulement en Ukraine mais aussi dans les régions où des conflits sont en cours, comme au Nagorno-Karabakh ou en Géorgie et ailleurs en Europe.

Le Ministre a aussi indiqué qu’il était préoccupé par la situation en Syrie.  Pour lui, la priorité est l’accès de l’aide humanitaire et la recherche d’une solution politique.  Il a demandé à traduire en justice les auteurs des attaques contre les travailleurs et les convois humanitaires.

Annonçant que plus de 300 Autrichiens avaient rejoint les rangs des groupes terroristes, le Ministre a déclaré qu’il ne pouvait pas accepter que ces gens commettent des actes terroristes dans d’autres pays du monde.  Pour lui, détruire Daech est la meilleure mesure contre la radicalisation.   

Avant de terminer, il a annoncé l’initiative de son pays de convoquer une réunion en octobre prochain en vue de préparer une résolution contraignante des Nations Unies sur le désarmement nucléaire.  Les derniers agissements de la République populaire démocratique de Corée ont rappelé que cette question était également une priorité, a déclaré le Ministre.  Elle sera en tout cas la priorité pour l’Autriche, a assuré M. Kurz. 

Droits de réponse

La représentante de l’Inde a réagi au discours du Pakistan dans lequel était mentionnée la situation qui prévaut au Cachemire.  Elle a accusé le Pakistan d’être un repaire du terrorisme mondial, disant que cet État ne pouvait se permettre de donner des leçons à l’Inde sur les droits de l’homme.  Elle a accusé également le Pakistan de former des terroristes qui commettent des attentats en Inde, avertissant que son pays était déterminé à protéger ses ressortissants au Jammu-et-Cachemire.

Le représentant du Pakistan a pour sa part déploré l’oppression du peuple du Jammu-et-Cachemire depuis déjà 70 ans.  Il a décrit les souffrances que subissait sa population du fait des actions de l’Inde.  Il a enfin appelé la communauté internationale à respecter sa promesse de faire organiser un référendum d’autodétermination dans la région du Cachemire, assurant que cette option était irréversible.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de la Colombie présente au Conseil de sécurité l’accord de paix –unique en son genre– signé par le Gouvernement colombien et les FARC

7773e séance – matin   
CS/12524

Le Président de la Colombie présente au Conseil de sécurité l’accord de paix –unique en son genre– signé par le Gouvernement colombien et les FARC

Le Président de la Colombie, Juan Manuel Santos, a présenté, ce matin au Conseil de sécurité, que présidait le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, M. John Key, le contenu de l’accord de paix, conclu en août dernier, entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), mettant ainsi un terme à une guerre sanglante de plusieurs décennies.

Dans l’allocution qu’il a prononcée auparavant, M. Santos a chaleureusement remercié l’Organisation des Nations Unies pour son soutien durant le processus de négociation, en précisant que ce dernier avait duré près de six ans.  Les deux premières années de ces négociations étaient secrètes.

Tout en se félicitant de la conclusion de cet accord, qui met fin à « une guerre de 52 ans ayant entraîné des souffrances colossales », M. Santos a précisé qu’il s’agissait d’un accord sui generis, dans la mesure où, pour la première fois, les deux parties ont décidé de créer une juridiction de paix.  Ce tribunal, a précisé le Président colombien, aura pour vocation de « satisfaire le droit des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation ».  Il a également précisé qu’il s’agissait du premier accord à comporter un volet sur l’égalité des sexes, afin de s’assurer que les femmes et les hommes puissent jouir de droits identiques au cours du processus de consolidation de la paix.

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui participait à cette réunion, a salué « la vision, le courage et le leadership » de M. Santos pour la façon dont il est parvenu à mettre un terme à ce conflit, après plusieurs années de négociations acharnées.  « Ce franc succès est l’œuvre de tous les Colombiens: les parties et les nombreux individus et organisations qui ont contribué aux négociations », a-t-il ajouté, tout en félicitant également Cuba et la Norvège -les deux garants de l’accord– pour leur soutien, ainsi que le Chili et le Venezuela, tout au long des pourparlers de paix.

M. Ban, qui se rendra lundi prochain à Cartagena, en Colombie, pour prendre part à la cérémonie officielle de signature de l’accord, a par ailleurs rappelé que l’ONU avait assumé une responsabilité importante durant ce processus, notamment en ce qui concerne le suivi du respect du cessez-le-feu et du dépôt des armes.  Il a également rappelé qu’en janvier dernier, alors même que ni l’accord de paix, ni le cessez-le-feu n’avait été conclu, le Conseil de sécurité n’avait pas hésité à mettre en place, par la résolution 2261 (2016), une mission politique de l’ONU, dans le cadre d’un mécanisme tripartite chargé de superviser et vérifier la mise en œuvre du futur accord entre le Gouvernement colombien et les FARC.

À ce titre, le Secrétaire général a précisé que le déploiement de la Mission des Nations Unies en Colombie était sur la bonne voie et que 200 observateurs non armés se trouvaient désormais déployés sur le terrain.  « Ce nombre sera amené à croître rapidement à mesure que les prochaines phases du processus de paix progressent », a précisé M. Ban.  Leur présence, a-t-il assuré, aidera à garantir le respect des engagements et à créer un climat de confiance. 

« En cette période chargée en conflits dans de nombreux autres endroits, la paix en Colombie envoie un message d’espoir au monde », a conclu le Secrétaire général.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les chefs d’État et de gouvernement s’attaquent à la résistance aux antibiotiques, le risque de santé publique « le plus important et le plus pressant »

Réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens,
Matin & après-midi
AG/11825

Assemblée générale: les chefs d’État et de gouvernement s’attaquent à la résistance aux antibiotiques, le risque de santé publique « le plus important et le plus pressant »

Les chefs d’État et de gouvernement ont participé aujourd’hui à la première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la résistance aux agents antimicrobiens, en particulier aux agents antibiotiques, « le risque le plus important et le plus pressant » de santé publique.  Dans la Déclaration qu’ils ont adoptée à l’issue de la Réunion, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à définir des plans d’action nationaux, invitent l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à apporter son concours à l’élaboration de nouveaux médicaments antimicrobiens et demandent au Secrétaire général de l’ONU de créer un groupe spécial de coordination interinstitutions pour guider les approches à suivre.

C’est le Secrétaire général de l’ONU qui a donné le ton d’une Réunion solennelle à laquelle ont participé plus d’une soixantaine de délégations, la Directrice générale de l’OMS et des représentants de la société civile et de l’industrie pharmaceutique. 

M. Ban Ki-moon a décrit une réalité « qui donne à réfléchir » et où l’on perd la capacité de protéger les hommes et les animaux contre des infections mortelles.  Plus de 200 000 nouveaux-nés meurent chaque année d’infections résistantes aux antibiotiques.  Dans certaines parties de l’Afrique, une épidémie de typhoïde récalcitrante aux traitements menace les populations.  La résistante aux médicaments contre le VIH/sida se confirme et celle aux traitements contre la tuberculose a été signalée dans 105 pays. 

L’inefficacité des antipaludiques est devenue un problème de santé publique dans la sous-région du Grand Mékong et le passage chez l’homme d’infections résistantes de l’animal est bien connu, sans oublier les nouveaux mécanismes génétiques dangereux qui émergent et se propagent rapidement dans le monde.

Dans la Déclaration politique qu’ils ont adoptée, les chefs d’État et de gouvernement soulignent que la résistance aux médicaments antimicrobiens est principalement due à une utilisation « inappropriée » de ces médicaments.  Plus largement, la résistance aux agents antibiotiques, « le risque le plus important et le plus pressant », mérite, estiment-ils, une attention accrue et une action plus cohérente aux niveaux international, national et régional.

Le Premier Ministre de la Norvège, Mme Erna Solberg, a prôné une interdiction pure et simple de l’utilisation « massive et systématique » des antibiotiques pour soigner et accélérer la croissance des animaux de consommation.  « Cette interdiction, qui a été obtenue de haute lutte par l’Union européenne doit devenir une norme internationale », a-t-elle estimé, expliquant que son pays n’utilise plus d’antibiotiques, y compris en aquaculture: « Ce n’est pas facile, mais nous vaccinons, un à un, tous nos saumons d’élevage! », s’est-elle enorgueillie.

Il faut faire vite, a pressé le Secrétaire général, car les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme pendant la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) risquent de s’effacer.  Toute inaction, a-t-il alerté, rendrait impossible l’objectif de la couverture santé universelle, compromettrait la production alimentaire et vouerait à l’échec le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Réduire la résistance aux agents antimicrobiens est difficile mais pas possible, a-t-il encouragé.  Cela exige un engagement à long terme et une véritable coopération entre plusieurs secteurs.  « Mais vous êtes ici aujourd’hui parce que vous savez que la résistance aux agents antimicrobiens représente une menace fondamentale à la santé de l’homme et de l’animal, au développement durable, à une économie saine et à la cohérence sociale », a rappelé le Secrétaire général.

Quelque 28 millions de personnes pourraient en effet tomber dans la pauvreté au cours des 30 prochaines années, a reconnu M. Keith Hansen, de la Banque mondiale, voyant là « un véritable problème économique ».  Les intervenants dont le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. José Graziano da Silva, se sont dits conscients de la nécessité de travailler de manière innovante pour changer rapidement les modes de production et de consommation des aliments et des médicaments, alors que les progrès scientifiques se font toujours attendre. 

 Au cours du XXe siècle, seules deux nouvelles classes d’antibiotiques ont été mises sur la marché, a ainsi rappelé la Directrice exécutive de l’OMS, Mme Margaret Chan.  En réponse aux critiques contre une industrie pharmaceutique « frileuse » devant la faiblesse des retours sur investissement, le représentant du laboratoire GSK a défendu le bilan des piliers de son secteur.  Il a, par exemple, expliqué que les molécules antibiotiques développées in vitro étaient presque toujours toxiques chez l’homme.  M. Andrew Witty a mis en exergue la nécessité d’aller jusqu’au bout dans le changement du paradigme actuel.  Il ne faut pas seulement viser à tuer des pathogènes, il faut aussi renforcer les défenses naturelles de l’organisme.

Les Ministres russe et argentin de la santé ont appuyé ces propos en signalant que leur plan de santé publique tienne compte de l’optique « révolutionnaire » des chercheurs: réduction de la concentration d’antibiotiques dans la nourriture d’origine animale mais aussi lutte renforcée contre les infections en milieu hospitalier, ce qui nécessite l’implication de tous les acteurs de la vie politique, économique et sociale ont déclaré Mme Veronica Skvortova et M. Jorge Lemus.

Représentant l’ONG « Médecins Sans Frontière (MSF) », le Docteur Joanne Liu n’a pas hésité à interpeller les responsables politiques: la santé des populations est « votre affaire, vos prérogatives, pas celle des ONG et des labos ».  « Votre approche doit être mondiale et unique, sans penser en termes de Nord et de Sud car les bactéries n’ont pas de frontières. »  « Cessez de prendre des engagements et de voter des résolutions que vous ne mettez pas en œuvre.  Partout où les gens souffrent et où l’accès à la santé recule nous avons besoin de votre appui sans faille », s’est-elle énervée.

Le Commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, M. Vytenis Andriukaitis, a proposé la proclamation d’une « journée mondiale des antibiotiques » pour sensibiliser le grand public et les personnels de santé sur la surconsommation de ces médicaments « mais également leur sur-prescription ».  « L’OMS pourrait refaire ce qu’elle fait admirablement depuis des décennies dans la lutte contre le tabagisme », a-t-il jugé.

« N’oublions pas le combat contre la pollution de l’eau », a demandé pour sa part le Secrétaire d’État à la santé du Kenya, M. Cleopa Mailu.  Au nom des pays à revenu faible et moyen, il a insisté sur l’accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement car « sans cela, le défi de la résistance aux antimicrobiens ne pourra pas être relevé dans nos régions ».

Dans leur Déclaration politique, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à définir des plans d’action, programmes et initiatives multisectoriels conformes aux cinq stratégies du « Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens ».  Ils soulignent que la mise en œuvre de ces plans exige une collaboration nationale et internationale qui permette d’évaluer les ressources nécessaires et les investissements techniques et financiers à prévoir pour mettre en commun les capacités en termes de recherche, de laboratoires et de réglementation ainsi que les actions à mener dans les domaines de l’éducation et de la formation professionnelle.  Pour ce faire, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à mobiliser des fonds, des ressources humaines et des investissements « suffisants, prévisibles et durables ». 

Pour eux, l’OMS doit mettre en place un « cadre d’action mondial de développement et de gestion » afin d’apporter son concours à l’élaboration, au contrôle, à la distribution et à l’utilisation appropriée de nouveaux médicaments antimicrobiens, outils de diagnostic, vaccins et autres interventions. 

L’OMS, selon la Déclaration, devrait d’ailleurs coprésider le groupe spécial de coordination interinstitions que le Secrétaire général est appelé à créer pour donner des indications pratiques quant aux approches à suivre pour assurer une action mondiale efficace et durable dans la lutte contre la résistance aux agents antimicrobiens.

 

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Le débat général de l’Assemblée générale s’ouvre par des appels au rapprochement entre les gouvernants et les gouvernés

Soixante et onzième session, 8e, 9e & 10e séances plénières,
Matin, après-midi & soir
AG/11822

Le débat général de l’Assemblée générale s’ouvre par des appels au rapprochement entre les gouvernants et les gouvernés

Le débat général annuel de l’Assemblée générale s’est ouvert aujourd’hui avec, certes, des constats anxieux dressés par les chefs d’État et de gouvernement sur l’état incertain et instable du monde, mais aussi avec plusieurs appels en vue de le changer et de le rendre plus démocratique.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, s’est dit « plus convaincu que jamais » de la capacité de la communauté internationale à mettre fin aux conflits, à l’extrême pauvreté, aux persécutions et au fossé entre les riches et les pauvres.

« Un monde parfait est peut-être encore loin.  Mais la route vers un monde meilleur, un monde plus sûr, un monde plus juste, est en chacun de nous », a déclaré M. Ban, qui s’apprête à quitter ses fonctions à la tête de l’Organisation au terme de ses deux mandats.  « Après 10 ans, je sais qu’ensemble, unis, nous pouvons y arriver. »

Le Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a prôné le renforcement de l’action collective des États Membres et des partenariats stratégiques et inclusifs en particulier dans les domaines de la lutte contre l’extrémisme violent, les effets des changements climatiques ou les maladies contagieuses. 

Ouvert ce matin, ce rendez-vous annuel majeur, doit, jusqu’à sa conclusion le lundi 26 septembre, rassembler près de 150 chefs d’État et de gouvernement, ainsi que d’autres représentants de haut niveau qui vont présenter leurs vues sur les grands enjeux mondiaux.

Pour le Secrétaire général, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, tous deux conclus l’an dernier, sont des outils adaptés pour faire face aux « défis de notre temps ». 

Néanmoins, M. Ban a observé que le monde était sous le coup de « menaces importantes », précisant, entre autres, que « les conflits sont devenus de plus en plus longs et complexes », que « les sociétés sont au bord de l’implosion du fait de la mauvaise gouvernance » et que « la radicalisation et l’extrémisme violent menacent la cohésion sociale ».

Après avoir passé en revue plusieurs situations de conflit et de crise à travers le monde, comme le Moyen-Orient, la Libye, le Sahel, le Soudan du Sud, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ou l’Ukraine, M. Ban a pointé du doigt ces dirigeants qui, désespérément, s’accrochent au pouvoir, leur demandant d’être au service de leurs peuples et de respecter les droits de l’homme.  « Mon message est clair: ne pervertissez pas la démocratie, ne pillez pas les ressources de vos pays, n’emprisonnez pas et ne torturez pas vos opposants. »

Le Président des États-Unis, M. Barack Obama, dans son tout dernier discours devant l’Assemblée générale, a appelé les dirigeants à « faire preuve d’imagination morale » et à reconnaître que l’on peut faire plus pour son propre peuple en recherchant ce qui est juste pour tous.  « Notre monde est trop petit pour des murs censés protéger nos sociétés », a lancé M. Obama, qui a aussi plaidé longuement en faveur de la coopération internationale.

« Nous nous trouvons aujourd’hui face à un choix, a poursuivi le Président américain: soit poursuivre nos efforts en mettant en place un meilleur modèle d’intégration mondiale, soit reculer vers un monde plus divisé, au risque d’aller vers des conflits entre nations, races, tribus et religions. » 

Pour son homologue mexicain, M. Enrique Peña Nieto, « le monde ne doit pas tomber dans le piège de la démagogie et de l’autoritarisme ».  « L’ouverture, la transparence et la redevabilité sont les clefs de la réponse et les leaders d’aujourd’hui se doivent d’être à l’écoute de leurs citoyens », a-t-il poursuivi, assurant que « la réponse au désenchantement démocratique réside dans la démocratie elle-même ».

Le Premier Ministre du Canada, M. Justin Trudeau, qui, lui, s’exprimait pour la première fois à la tribune de l’Assemblée générale, a invité les dirigeants à passer du temps avec les personnes qui les ont élus.  Partout, a-t-il dit, ils sont confrontés à des « citoyens anxieux » et « pour répondre à cette anxiété, il faut assurer une croissance économique, partagée d’une façon juste et équitable, et mettre l’accent sur ce qui nous réunit et non sur ce qui nous divise ».

Pour le Président du Malawi, M. Arthur Peter Mutharika, « notre monde vit une histoire indigne » et « la plupart de ses tragédies et de ses défis sont notre propre création.  Les solutions sont entre nos mains, ici dans cette Assemblée ».  « C’est à nous qu’il appartient de relever ces défis et à personne d’autre.  Et ce doit être maintenant, ou jamais. »

« Nous ne pouvons reculer devant ce monde », a exhorté Le Président du Brésil, M. Michel Temer.  « Au contraire, nous devons nous unir pour le transformer  grâce à la diplomatie, une diplomatie équilibrée, mais ferme; sobre, mais déterminée; une diplomatie qui a les pieds sur terre, mais assoiffée de changement. »

Le Président français, M. François Hollande, a, pour sa part, demandé aux États membres de l’Assemblée générale de « tout faire pour mettre en œuvre le plus vite possible l’Accord historique de Paris » sur le climat.  « Il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il dit.

M. Hollande a également annoncé un « Agenda 2020 pour l’Afrique », dont le développement est menacé par le réchauffement, les migrations, les conflits et le terrorisme.  J’appelle à une autre vision des enjeux du développement en Afrique, a dit en écho son homologue du Sénégal, M. Macky Sall qui a ainsi fait part d’une ambition à réaliser non par l’aide mais par des investissements massifs et urgents dans les secteurs qui portent la croissance et le développement.  Regardons l’Afrique non comme une terre d’urgence humanitaire et un réceptacle d’aide publique au développement mais comme un continent en construction, un pôle d’émergence et de progrès, a-t-il insisté.

S’agissant de la Syrie, le Président français a indiqué que la France saisirait le Conseil de sécurité avec quatre exigences: imposer le cessez-le-feu; demander l’acheminement immédiat et sans condition de l’aide humanitaire vers Alep et les autres villes martyres; permettre la reprise des négociations politiques; dénoncer et sanctionner le recours aux armes chimiques.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/71/1)

Exposé du Secrétaire général de l’ONU sur son rapport annuel

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré à l’entame de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale de l’ONU, sa dernière en tant que Chef de l’Organisation, qu’il était plus convaincu que jamais, 10  ans après sa prise de fonctions, de la capacité de la communauté internationale de mettre fin aux conflits, à l’extrême pauvreté, aux persécutions et au fossé entre les riches et les pauvres.

M. Ban a en effet indiqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, tous deux conclus l’an dernier, étaient des outils adaptés pour faire face aux défis de notre temps.  À ce titre, le Chef du Secrétariat de l’ONU a exhorté les chefs d’État et de gouvernement à tout faire pour que l’Accord de Paris entre en vigueur dans les plus brefs délais, rappelant que, pour ce faire, 26 pays ne représentant que 15% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde doivent ratifier le document.

Toutefois, le Secrétaire général a déclaré que le monde était sous le coup d’autres menaces importantes, précisant, entre autres, que les conflits sont devenus de plus en plus longs et complexes, que les sociétés sont au bord de l’implosion du fait de la mauvaise gouvernance et que la radicalisation et l’extrémisme violent menacent la cohésion sociale.  « Les conséquences tragiques se font voir du Yémen à la Libye, en passant par l’Iraq, l’Afghanistan, le Sahel et le bassin du Lac Tchad », a-t-il ajouté.

S’agissant tout particulièrement du conflit en Syrie, M. Ban a rappelé qu’il n’existait pas de solution militaire à cette crise, rejetant dos à dos le Gouvernement et les groupes armés, qui continuent de tuer sans égard les civils innocents.  Il a condamné l’attaque « écœurante, sauvage et apparemment délibérée » de la veille contre un convoi de l’ONU et du Croissant-Rouge arabe syrien à l’ouest d’Alep.  Il a noté que l’Organisation a été contrainte de suspendre les convois d’aide humanitaire dans la région en raison de cet incident.  Pour mettre fin au massacre en Syrie, M. Ban a appelé à une transition politique.

S’agissant de la situation au Moyen-Orient, le Secrétaire général a regretté que, bien que la Palestine ait « levé fièrement » son drapeau au Siège de l’ONU, il y a un an, la perspective d’une solution à deux États s’éloigne un peu plus chaque jour.  « Remplacer la solution à deux États par l’édification d’un seul État serait voué à l’échec: cela reviendrait à nier le droit des Palestiniens à la liberté et à un futur légitime, tout en écartant de plus en plus Israël de sa vision d’une démocratie juive au profit d’un isolationnisme global croissant », a-t-il dit.

Abordant la question de la République populaire démocratique de Corée, le Secrétaire général a déploré le cinquième essai nucléaire mené par le pays et a exhorté ses dirigeants à changer de cap et à honorer leurs obligations envers leur peuple et la communauté internationale.

M. Ban a également évoqué la situation en Ukraine, où la violence a créé de nouvelles tensions en Europe.  S’agissant du Soudan du Sud, les dirigeants ont « trahi leur peuple », a tranché le Secrétaire général.  Dans trop d’endroits dans le monde, s’est-il impatienté, les dirigeants réécrivent les constitutions, manipulent les élections et prennent des mesures désespérées pour s’accrocher au pouvoir. 

Les dirigeants doivent comprendre que leur poste est une marque de confiance du peuple et non une propriété privée.  Mon message est clair, a insisté le Secrétaire général: ne pervertissez pas la démocratie, ne pillez pas les ressources de vos pays, n’emprisonnez pas et ne torturez pas vos opposants.

Malgré ces situations alarmantes, le Secrétaire général s’est félicité des progrès réalisés hier lors du Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et migrants.  « La Déclaration de New York est un pas dans la bonne direction pour sauver des vies et protéger les droits de millions de personnes », a-t-il affirmé, tout en rejetant les stigmatisations et stéréotypes à l’encontre des réfugiés et des migrants, notamment les Musulmans. 

Le Secrétaire général a par ailleurs appelé à d’autres d’efforts dans le domaine de la prévention des conflits et a appelé au renforcement des opérations de paix.  À ce titre, M. Ban a noté avec satisfaction que son Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent a été soutenu par l’Assemblée générale.  Il a également noté que la transition politique au Myanmar est entrée dans une « phase prometteuse » et qu’au Sri Lanka, les efforts pour panser les plaies se sont intensifiés.  « Lundi prochain, je me rendrai en Colombie pour la signature d’un accord de paix qui mettra fin à l’un des plus longs conflits au monde », a-t-il également mentionné.

Le Secrétaire a tenu, d’autre part, à exprimer ses regrets au sujet de « deux situations qui ont terni la réputation de l’Organisation », à commencer par « les actes odieux d’exploitation et de violence sexuelles » commis par certains soldats de la paix et d’autres membres du personnel des Nations Unies déployés sur le terrain.  « Deuxièmement, Haïti a accumulé les épreuves: peu après un tremblement de terre dévastateur, le pays a été frappé par une épidémie de choléra », a déclaré M. Ban, ajoutant que l’ONU était fermement résolue à s’« acquitter durablement de cette responsabilité morale ».

Le Secrétaire général a par ailleurs mentionné des progrès accomplis au cours de ses deux mandats dans le domaine de la défense des droits de la femme, de l’éducation et de la santé, avec notamment l’éradication de la polio et l’essor de la scolarisation des enfants.

Concernant l’Organisation, M. Ban a souligné la nécessité d’améliorer son processus de prise de décisions.  « Trop souvent, j’ai vu des actions essentielles et des bonnes idées bloquées par le Conseil de sécurité ou à l’Assemblée générale », a-t-il déploré.  Pour y remédier, le Chef du Secrétariat de l’ONU a appelé son futur successeur à créer un Groupe d’experts de haut niveau pour trouver des solutions pratiques pour améliorer le processus de prise de décisions.

« Un monde parfait est peut-être encore loin.  Mais la route vers un monde meilleur, un monde plus sûr, un monde plus juste, est en chacun de nous.  Après 10 ans, je sais qu’ensemble, unis, nous pouvons y arriver », a conclu M. Ban. 

Ouverture du débat général

Le Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. PETER THOMSON, est revenu sur l’importance et la portée du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et son caractère universel et transformateur.  À cet égard, il a estimé que l’Accord de Paris sur le climat et sa prochaine ratification, est l’un des premiers progrès tangibles de cette feuille de route.  Maintenant il faut travailler sans délai pour relever les défis climatiques, car il s’agit d’une « responsabilité existentielle ».  Même si tout semble indiquer que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est utilisé de plus en plus souvent comme le cadre des politiques nationales de développement  durable, « nous sommes encore loin de l’objectif fixé », a-t-il averti.

En effet, des millions de personnes dans le monde sont victimes de la guerre.  La crise syrienne inflige toujours des souffrances humaines énormes, à la fois à ceux qui ont pris la fuite et à ceux qui sont restés.  Le Président de l’Assemblée générale a d’ailleurs fermement condamné l’attaque d’hier sur le convoi humanitaire de l’ONU.  Il a également parlé de l’écart entre riches et pauvres, hommes et femmes, pays en développement  et économies avancées.  M. Thomson s’est aussi attardé sur la montée de la xénophobie, des rhétoriques incendiaires et des violations des droits de l’homme et des droits fondamentaux.

Face à ces défis « énormes », M. Thomson a déclaré qu’il n’y avait pas d’autre alternative que de « faire mieux pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable ».  Pour y arriver, il va falloir sensibiliser les jeunes, allouer davantage de ressources nationales et augmenter l’aide au développement, mettre en place des cadres règlementaires plus efficaces et exercer une pression sur le système financier international pour garantir et obtenir du secteur de la finance qu’il s’oriente davantage vers des investissements verts, productifs et socialement responsables. 

M. Thomson a également prôné le renforcement de l’action collective des États Membres et des partenariats stratégiques et inclusifs en particulier dans les domaines de la lutte contre l’extrémisme violent, les changements climatiques ou encore la lutte contre les maladies contagieuses.  En tant que Président de l’Assemblée générale, il s’est engagé à faire tout son possible pour promouvoir la réalisation des objectifs de développement durable.  Plus spécifiquement, il a annoncé qu’il superviserait les préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur l’objectif 14 relatif aux océans, qui aura lieu du 5 au 9 juin 2017.  Il a annoncé son départ pour la Colombie la semaine prochaine pour assister à la signature de l’accord de paix « historique » entre le Gouvernement colombien et le FARC.

Parmi les autres dossiers qu’il souhaite faire évoluer sous sa présidence, M. Thomson a cité le renforcement de l’architecture de l’ONU pour la lutte contre le terrorisme et l’amélioration de la capacité de l’Organisation de prévenir les conflits et de répondre aux différentes menaces.  Il a promis d’œuvrer en outre à la transformation dans le sens de la parité et de l’égalité, d’un meilleur équilibre géographique et de modes de fonctionnement plus flexibles, plus cohérents et plus novateurs.  Il s’est également engagé à faciliter les interactions entre le futur Secrétaire général et les États Membres et à pousser pour une réforme du Conseil de sécurité.

M. MICHEL TEMER, Président du Brésil, a affirmé que le monde d’aujourd’hui était marqué par l’incertitude et l’instabilité.  Le système international, a-t-il dit, manque d’ordre.  La réalité évolue plus vite que notre capacité collective à l’appréhender.  Des conflits régionaux au fondamentalisme violent, nous sommes confrontés, a-t-il dit, à des menaces, anciennes et nouvelles, que nous n’avons pas réussi à contenir.  Face à la tragédie des réfugiés ou la résurgence du terrorisme, l’on ne peut ressentir que de la perplexité. 

Le Président brésilien a souligné que même dans le domaine économique, le monde manquait de règlementation pour atténuer les effets asymétriques de la mondialisation, la tentation étant grande de se réfugier dans la solution facile du protectionnisme. 

« Nous ne pouvons reculer devant ce monde », a déclaré M. Temer.  « Au contraire, nous devons nous unir pour le transformer grâce à la diplomatie, une diplomatie équilibrée, mais ferme; sobre, mais déterminée; une diplomatie qui a les pieds sur terre, mais assoiffée de changement. »

C’est dans cette voie qu’œuvre le Brésil dans sa région et au-delà, comme un pays qui suit ses intérêts sans abandonner ses principes, a expliqué le Chef de l’État.  « Le Brésil veut pour le monde ce qu’il veut pour lui: la paix, le développement durable et le respect des droits de l’homme.  Ce sont là les valeurs et les aspirations de notre société.  Ce sont là les valeurs et les aspirations qui nous guident sur la scène internationale. »

Depuis des décennies, le Brésil ne cesse d’avertir qu’il est essentiel de faire en sorte que les structures de la gouvernance mondiale soient plus représentatives, nombre d’entre elles étant devenues vieilles et déconnectées de la réalité.  Le Conseil de sécurité doit être réformé, a souligné le Président, précisant que le Brésil continuerait sa collaboration en vue de surmonter l’impasse sur cette question.

M. Temer, qui a évoqué les trafics de stupéfiants et d’armes, la criminalité organisée, les conflits syrien et israélo-palestinien, le désarmement nucléaire, y compris dans la péninsule coréenne, a loué les vertus du dialogue et de la diplomatie qui ont permis, notamment, d’aboutir à un accord sur la question du nucléaire iranien. 

L’accord de paix entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) met fin au dernier conflit armé sur le continent sud-américain, s’est-il félicité, affirmant que le Brésil était prêt à contribuer à la paix dans ce pays.  De même, selon lui, le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis montre qu’il n’y a pas d’antagonisme éternel, d’impasse que l’on ne peut briser.  Il a dit espérer que ce rapprochement puisse être une source de progrès dans l’ensemble de la région, également dans les secteurs économique et commercial.  Le rétablissement de ces relations devrait aboutir à la fin de l’embargo contre Cuba, a-t-il déclaré.

Le Président a rappelé que cette année marquait le vingt-cinquième anniversaire de l’Agence argentino-brésilienne de comptabilité et de contrôle des matières nucléaires, la seule organisation bilatérale au monde s’attachant à appliquer les garanties nucléaires.  Ainsi que l’a dit le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, l’Agence est une source d’inspiration pour les efforts mondiaux en faveur de l’élimination des armes nucléaires. 

M. Temer a en outre mis l’accent sur le rôle du Brésil au sein de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), dont il dirige la composante militaire depuis 2004.

Par ailleurs, le Président brésilien a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constituait l’élan le plus important en faveur du développement.  Appuyer les pays en développement sera essentiel pour la réalisation des objectifs et des cibles fixés, a-t-il dit.

Le Chef de l’État a également annoncé que le Brésil déposerait demain l’instrument de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.  En tant que pays doté de la biodiversité la plus riche au monde et jouant un rôle mondial moteur en faveur des énergies propres, le Brésil est lié par un engagement sans compromis en faveur de l’environnement, a-t-il assuré.

Il a aussi insisté sur le fait que la fin du protectionnisme dans le secteur agricole était particulièrement importante pour le développement.  Il est urgent, a-t-il affirmé, d’empêcher que des mesures sanitaires et phytosanitaires soient prises à des fins protectionnistes, de même qu’il est urgent de réglementer les subventions et autres politiques intérieures agricoles déstabilisatrices.

Soulignant le rejet catégorique du Brésil de toutes les formes de racisme, de xénophobie et d’autres expressions d’intolérance, M. Temer a fait observer que, dans un monde qui reste marqué par la haine et le sectarisme, les Jeux olympiques et paralympiques de Rio avaient montré que les nations pouvaient se rassembler dans une atmosphère de paix et d’harmonie, précisant que, pour la première fois, une délégation de réfugiés avait pu y participer.

Enfin, le Président brésilien a conclu son intervention en insistant sur l’engagement sans concession de son pays en faveur de la démocratie, en rappelant, à cet égard, la procédure de destitution de son prédécesseur, dans le respect absolu de l’ordre constitutionnel.

M. IDRISS DEBY ITNO, Président de la République du Tchad et Président en exercice de l’Union africaine, a déclaré que « dans ce monde d’incertitudes », l’Afrique est le continent le plus vulnérable et le plus exposé.  Victime de la spoliation coloniale et aux prises avec les multiples problèmes du sous-développement, l’Afrique est aujourd’hui attaquée de plein fouet par le terrorisme, « la menace du siècle ».

L’élan de mobilisation de l’Union africaine et de ses États membres, a estimé le Président, doit être renforcé et appuyé par l’ensemble de la communauté internationale, sous toutes les formes: matérielle, financière, militaire et par le partage des renseignements.  Le Président a, dans ce contexte, lancé un appel à des contributions au Fonds africain de lutte contre le terrorisme créé en juillet dernier par le Sommet de l’Union africaine.  La complexité des conflits dans le monde, y compris en Afrique, est telle qu’aucune organisation ne peut les résoudre seule.  C’est pourquoi, a dit le Président, l’Union africaine a toujours plaidé en faveur d’un partenariat stratégique avec les Nations Unies pour faire face aux défis sécuritaires sur le continent. 

En déployant toutes ses opérations, l’Union africaine l’a fait au nom de la communauté internationale et dans le respect des prérogatives du Conseil de sécurité.  Elle est donc en droit de compter sur le soutien multiforme, y compris financier de l’ONU.  Le Président a rappelé que lors de son dernier Sommet, l’Union africaine a adopté une décision visant à assurer les 25% du coût des opérations de paix autorisées par le Conseil de sécurité sur le continent.  Elle espère obtenir les 75% restants des Nations Unies, « dans un esprit de division du travail et de partage des charges ».

Passant en revue les situations au Mali, en Libye, au Soudan du Sud, en République centrafricaine, en RDC, au Burundi et au Gabon, le Président a exprimé la disposition de l’Union africaine à accompagner ces pays dans le règlement de leurs différends par des moyens pacifiques. 

L’Afrique n’est pas qu’un gigantesque réservoir de matières premières, a souligné le Président.  C’est aussi un peu plus d’un milliard d’hommes et de femmes qui aspirent à un développement harmonieux, accompagné du bien-être social et de prospérité.  Il a donc souligné l’importance qu’il y a à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 mais aussi le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  L’Afrique, a-t-il dit, s’engage à jouer sa partition en veillant à un agencement efficace d’efforts et à une cohérence dans les objectifs de son Agenda 2063 et du Programme 2030. 

Parlant de « l’impressionnante » vague migratoire de jeunes africains vers l’Europe, le Président a souligné qu’il ne s’agit pas de faire l’aumône à l’Afrique mais d’établir avec elle un véritable partenariat stratégique face à des défis communs et globaux.  « Il n’est pas encore trop tard pour engager une action commune et concertée prenant en compte les préoccupations légitimes de toutes les parties concernées. 

Le Président s’est aussi attardé sur les défis climatiques et sur le fait que le Lac Tchad dont la superficie était de 25 000 km2 en 1960 est désormais réduite à moins de 2 500 km2.  Il a prévenu que l’Accord de Paris sur le climat ne sera crédible que s’il s’accompagne des actes concrets tendant à combler l’écart énorme entre les efforts promis et les nobles objectifs, à savoir mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 en faveur des pays les plus pauvres.

M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis, dont c’était le dernier discours devant l’Assemblée générale, a dressé un bilan des progrès réalisés durant ces dernières années, et notamment les huit dernières, depuis « la pire crise financière de notre époque ».  Il a rappelé les mesures prises pour combattre le terrorisme ou renforcer le régime de non-prolifération nucléaire, l’ouverture des relations entre les États-Unis et Cuba, le soutien de son pays au processus de paix en Colombie, l’accord avec l’Iran sur la question nucléaire ou encore la démocratisation du Myanmar, ainsi que la mise en place d’un cadre pour protéger la planète contre les effets néfastes des changements climatiques.  C’est là un travail important qui a des conséquences sur la vie des gens et qui n’aurait pas été possible si nous n’avions pas travaillé ensemble, a-t-il estimé. 

En même temps, ces forces de l’intégration mondiale mettent aussi en évidence les failles terribles de l’ordre international, a poursuivi le Président américain, citant les réfugiés qui fuient, les perturbations financières et leurs effets néfastes, la disparition de la sécurité la plus élémentaire dans de vastes régions du Moyen-Orient, les réseaux terroristes qui utilisent les médias pour influencer nos jeunes et menacer l’ouverture de nos sociétés modernes.  «  C’est le paradoxe qui définit notre monde d’aujourd’hui », a déclaré M. Obama, qui a ajouté que, 25 ans après la fin de la guerre froide, le monde était à maints égards moins violent et plus prospère, mais en même temps plein d’incertitudes et de discordes.  Il est plus difficile de gouverner alors que les peuples perdent leur confiance dans les institutions, a-t-il ajouté.

Nous nous trouvons aujourd’hui face à un choix, a poursuivi le Président: soit poursuivre nos efforts en mettant en place un meilleur modèle d’intégration mondiale, soit reculer vers un monde plus divisé, au risque d’aller vers des conflits entre nations, races, tribus et religions.  Pour M. Obama, il faut aller de l’avant et non reculer. 

Le Président américain a reconnu que tous les États représentés à l’Assemblée générale ne souhaitaient pas suivre la même voie, tout en ajoutant qu’il n’était personnellement « pas neutre » et que sa vision du monde tenait aussi à son expérience personnelle et à celle de l’Amérique, dont « l’histoire a commencé par une promesse de liberté », qu’il a présentée comme « une idée radicale » à l’époque. 

Pour M. Obama, les principes du marché libre, de la démocratie, de l’état de droit ou encore du droit international « restent les plus solides ».  Tout en affirmant que « les faits et l’histoire sont de notre côté », le Président s’est défendu de recourir à des arguments théoriques ou idéologiques, affirmant que ses convictions étaient basées sur les faits.  L’intégration de l’économie mondiale a amélioré la vie de millions d’êtres humains, a-t-il insisté, rappelant notamment que la part de l’humanité qui vit dans la pauvreté a été réduite à 10%, que le code génétique permettra de réduire des maladies séculaires, que l’Internet permet aujourd’hui d’apporter l’éducation à une jeune villageoise isolée grâce à un petit appareil ou encore que le nombre des démocraties dans le monde a presque doublé ces 25 dernières années et que ceux qui nient la dignité aux autres se voient de plus en plus blâmés.

Il ne s’agit pas de passer sous silence les défis mais il faut reconnaître ces accomplissements pour avoir confiance dans nos efforts et ne pas abandonner, a encore affirmé M. Obama, qui a ajouté que, pour aller de l’avant, l’intégration mondiale exigeait de nouvelles trajectoires.  Ceux qui parlent des avantages de la mondialisation ne tiennent compte que trop rarement des laissés-pour-compte, a-t-il ajouté, en insistant en particulier sur le fait que la mondialisation avait affaibli la position des travailleurs, supprimé de nombreux emplois dans l’industrie des pays développés, alors que, dans les autres, les syndicats restaient souvent réprimés.

Cela n’est pas nouveau, a reconnu le Président des États-Unis, mais les nouvelles technologies permettent à chacun de voir comment vivent les privilégiés et un sentiment d’injustice fondamentale sape désormais la confiance dans les systèmes en place.  Il a donc appelé les États à ne pas succomber à un capitalisme qui ne bénéficie qu’à quelques-uns, à respecter les droits des travailleurs, à investir dans les êtres humains et dans l’éducation, à améliorer la sécurité des gens.  Il a dénoncé les paradis fiscaux et les systèmes bancaires de l’ombre, ajoutant qu’un « monde dans lequel 1% de la population contrôle autant de richesses que les 99% autres ne sera jamais stable ».

L’insatisfaction de nos citoyens se reflète de manière éclatante dans les « autres visions » qui se sont faites jour, dans les pays riches comme dans les pays pauvres: le nationalisme agressif, le fanatisme religieux, le populisme de droite comme de gauche.  M. Obama s’est dit convaincu que ces options, qui ne reconnaissent pas notre humanité commune, ne peuvent pas apporter la prospérité sur le long terme.  Affirmant qu’on ne peut ni arrêter les migrations ni revenir à l’isolationnisme du passé, il a dénoncé des approches « qui nous rendraient plus pauvres et augmenteraient les risques de conflit », opposant, pour l’exemple, l’écart entre la riche République de Corée et le « désert de la Corée du Nord ».  

M. Obama a également présenté comme conforme à cette vision la politique menée aux États-Unis depuis huit ans « avec des résultats évidents », comme les  15 millions d’emplois créés après la récession de 2008 et le fait que la pauvreté « n’a jamais baissé aussi vite ces 15 dernières années que l’an dernier ».  À l’extérieur, a-t-il expliqué, les États-Unis travaillent avec de nombreuses nations pour remédier aux efforts nocifs du capitalisme.  Ainsi, ils appellent à l’établissement de règles claires au niveau international pour les banques, la lutte contre la corruption et contre l’argent sale. 

M. Obama a par ailleurs appelé à faire preuve d’« audace » face aux changements climatiques, faute de quoi, a-t-il averti, la facture impliquera des migrations de masses, des villes entières submergées et des conflits.  Pour lui, il faut donc mettre en œuvre l’Accord de Paris de 2015.  Quant au Fonds vert pour le climat, il doit n’être qu’un début pour faire en sorte que les pays pauvres puissent investir à un coût raisonnable dans des énergies propres.

Le Président des États-Unis a longuement plaidé en faveur de la coopération internationale.  Le monde n’a pas toujours été unipolaire, a-t-il affirmé, relevant qu’aujourd’hui certaines estiment que « tous les problèmes viennent de Washington ou que tous les problèmes devraient être résolus par Washington ».  Il a présenté son pays comme une des « rares superpuissances qui ont été capables de  ne pas penser seulement à leurs intérêts » mais ont aussi, malgré des erreurs, cherché à agir conformément à leurs idéaux.

Sur le long terme, renoncer à une certaine marge de manœuvre, sans renoncer à protéger nos intérêts, renforce notre sécurité, a encore plaidé M. Obama, qui a appelé les dirigeants à « faire preuve d’imagination morale » et à reconnaître que  l’on peut faire plus pour son propre peuple en recherchant ce qui est juste pour tous.  Notre monde est trop petit pour des murs censés protéger nos sociétés, a-t-il ajouté.

Inversement, il a estimé que la politique actuelle de la Fédération de Russie, qui « recherche sa grandeur passée », peut valoir à ses dirigeants une « ferveur nationale » mais lui apportera, sur le long terme, des frontières moins sûres.  En mer de Chine méridionale, un accord « apporterait bien plus de stabilité que la militarisation de quelques récifs ».  Le Président américain a également opposé l’Iran qui, en acceptant des limitations à son programme nucléaire, « renforce la sécurité mondiale » à la « Corée du Nord », qui, à chaque nouvel essai nucléaire, « inquiète le monde ». 

La communauté internationale doit soutenir ceux qui cherchent à construire plutôt qu’à détruire, a encore affirmé le Président, qui a appelé à poursuivre en Syrie « le difficile travail de diplomatie », aucune solution purement militaire n’étant possible.  Il a dénoncé une mentalité, trop fréquente au Moyen-Orient, consistant à déshumaniser ou persécuter un autre groupe.

À la fin de son discours, M. Obama a appelé à faire davantage pour aider les réfugiés, à faire preuve de suffisamment de compassion et à imaginer ce qui se passerait si ce qui leur arrive nous arrivait à nous.  Certes, a-t-il reconnu, il existe une manière de voir l’histoire bien plus cynique, fondée sur les relations de pouvoir.  Les progrès de l’humanité ne sont jamais inévitables mais sont le fruit de choix.  Ce sont des choix humains qui ont produit les deux guerres mondiales et ce sont d’autres choix humains qui ont abouti à la création des Nations Unies.  Il faut choisir ce qui fait appel à nos meilleurs instincts, a conclu le Président des États-Unis.

M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, a rappelé les mots du Secrétaire général, selon lesquels « nombre de gouvernants préfèrent s’agripper au pouvoir plutôt que d’améliorer le sort de leurs propres citoyens », estimant qu’ils étaient dirigés vers cette Assemblée générale.

M. Kiska a dénoncé le pessimisme ambiant dans nos sociétés, lequel, selon lui, doit être balayé du revers de la main, car c’est un ennemi qui suscite la détresse.  Il a en particulier dénoncé la toute puissance des réseaux sociaux qui contribuent à manipuler les citoyens pour semer la haine et dépeindre un monde effrayant, ce qui explique sans doute le fait que nombre de citoyens affichent un certain scepticisme à l’égard de leurs dirigeants.  

Le Chef de l’État a ainsi mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale et les Nations Unies de coopérer, relevant notamment les dangers du nationalisme, du racisme et de l’intolérance dans certaines parties du monde. 

Rappelant les mots du pape François, il a estimé que les migrants et les réfugiés n’étaient pas des statistiques, mais des hommes, des femmes et des enfants.  Les réfugiés ont besoin de notre empathie et de notre aide, a-t-il dit, se déclarant convaincu que chaque pays moderne a le devoir moral d’aider, que tout dirigeant politique a le devoir moral de prêter assistance à ceux qui fuient les dangers et la mort.

M. Kiska a également condamné le terrorisme, ces attaques qui ciblent des millions d’individus, de cœurs et d’esprits, et qui visent à provoquer la haine, l’hostilité entre les nations et les civilisations.  « Nous devons respecter nos valeurs fondamentales », a-t-il déclaré, appelant en particulier à faire cesser les préjugés vis-à-vis des différentes religions et à susciter l’espoir et un avenir durable pour faciliter la coexistence pacifique dans nos sociétés.

Le Président slovaque a, en outre, lancé un vibrant appel au règlement du conflit en Ukraine.  L’Accord de Minsk reste la seule solution viable pour sortir de la crise, a-t-il dit, indiquant que la Slovaquie se tient prête à apporter son appui à l’Ukraine pour que tous ses citoyens puissent avoir un avenir pacifique et stable. 

M. Kiska a, enfin, plaidé pour le partage sur notre planète, se disant convaincu du succès à cet égard, malgré les temps incertains, et lançant un appel à la solidarité conformément au principe du Programme 2030, « ne laisser personne sur le côté ».

Après avoir rappelé les engagements de son pays pour la réalisation du Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président du Guyana, a indiqué que tous les efforts de son pays sont menacés par les ambitions territoriales du Venezuela.  La célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays a été assombrie par le rejet répété du Venezuela de l’accord frontalier qu’il a signé il y a 117 ans et ratifié et respecté pendant 60 ans.

M. Granger a rappelé, comme il l’a fait l’année dernière, le danger que pose le Venezuela à la paix et à la sécurité de la région non à cause de l’instabilité intérieure mais en raison de ses attaques extérieures contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de Guyana.  Depuis un an, le Venezuela est resté au même point dans tous les domaines et a intensifié son agression contre le Guyana, contrecarrant tous les efforts du Secrétaire général.  Le Guyana, a dit le Président, est prêt à saisir la Cour internationale de Justice (CIJ).  Nous travaillerons résolument avec le Secrétaire général dans les derniers mois de son mandat, et avec son successeur, pour libérer le Guyana de « ce fardeau surréaliste ». 

Le Venezuela a accepté, dans l’Accord de Genève de 1966, que le Secrétaire général détermine les moyens de résoudre ce problème, y compris un règlement juridique.  Pourtant, le Venezuela ne déploie aucun effort en ce sens.  L’ONU, a poursuivi le Président, ne peut être insensible à une menace à la paix et à un défi à la loi des nations.  Le comportement du Venezuela constitue en effet un défi.  Il frappe au cœur de l’ONU, au cœur de son rôle de gardienne du droit international et de la Charte.

Le Guyana, qui est un petit pays, ne peut que se tourner vers les Nations Unies pour se protéger contre les menaces à sa sécurité.  Les revendications du Venezuela sont une menace pour le Guyana en tant que pays indépendant.  Elles sont un rappel « scandaleux de la maladie du Conquistador » qui a tourmenté sa propre histoire.  Ce sont des crimes contre notre humanité enrobés du « verbiage de l’honneur national ».  Avant de terminer, le Président a réaffirmé son appui à la levée totale de l’embargo commercial, économique et financier imposé par les États-Unis à Cuba.  

M. TAMIM BIN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar, a déclaré que la communauté internationale était en proie à des troubles graves, en raison de conflits non résolus et de la persistance de certains pays à suivre une trajectoire illégitime du point de vue du cadre juridique international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

L’Émir du Qatar a dénoncé les faiblesses du système de l’ONU et « son incapacité, dans bien des cas, à appliquer les principes de justice et d’équité à ses propres mécanismes de fonctionnement ».  L’une des principales manifestations de ces disfonctionnements, selon lui, s’incarne dans la « sélectivité du Conseil de sécurité s’agissant de la gestion des crises, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la force par certains pays dans les relations internationales ».

Plus précisément, concernant le Moyen-Orient, l’Émir a affirmé qu’Israël avait non seulement ignoré les résolutions de l’ONU et l’Initiative de paix arabe, mais également tenté d’imposer un statu quo inique par sa politique de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem.  « Les leaders israéliens pensent peut-être qu’une telle attitude leur a permis de remporter la victoire.  Mais en réalité, ils ont échoué à résoudre tous les problèmes », a-t-il déclaré, ajoutant que les Palestiniens sont plus déterminés que jamais à faire valoir leurs droits.  Les peuples arabes ne peuvent en aucun cas normaliser leurs relations avec Israël tant qu’une solution ne sera pas trouvée.  Sur ce point, l’Émir s’est prononcé en faveur de la solution de deux États et a appelé Israël à lever « le blocus injuste » imposé à Gaza et à mettre fin à l’occupation de tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan arabe syrien.

Concernant le conflit en Syrie, l’Émir a dénoncé l’attitude du Gouvernement du pays, qui n’a eu de cesse de violer les « lignes rouges » qui lui avaient été imposées par la communauté internationale.  Il a également dénoncé la faiblesse de cette dernière, qui a été incapable de protéger le peuple syrien sans défense, un peuple, selon lui, parfaitement capable de changer le régime politique actuel, « à supposer qu’on le protège des bombardements ».  Pour y parvenir, le dirigeant qatari a réaffirmé qu’il incombait au Conseil de sécurité de mettre un terme au « bain de sang en Syrie et aux bombardements barbares ».

S’agissant de la situation dans le Golfe persique, l’Émir a tout d’abord appelé la communauté internationale à faire davantage d’efforts pour renforcer l’état de droit en Iraq.  Abordant ensuite la question de la crise yéménite, il s’est prononcé en faveur d’un retour à l’ordre institutionnel et s’est félicité, à ce titre, des efforts déployés par son homologue du Koweït, sous l’égide duquel des négociations de paix entre parties yéménites sont actuellement en cours.

Concernant la situation en Libye, le dirigeant qatari a dit se réjouir du retour futur à la stabilité, grâce aux efforts déployés par le Conseil présidentiel et le Gouvernement actuel, avec le soutien de la communauté internationale.  Il s’est toutefois étonné du fait que certains pays soutiennent des forces libyennes qui s’opposent à la solution internationale au conflit et agissent à l’encontre des résolutions du Conseil de sécurité.

Enfin, l’Émir du Qatar a appelé la communauté internationale à lutter contre la menace terroriste mondiale, dans le respect du droit international et en s’attaquant aux causes profondes de ce phénomène.

M. MAURICIO MACRI, Président de l’Argentine, a déclaré que son gouvernement avait identifié trois priorités nationales dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La première, a-t-il précisé, c’est l’éradication de la pauvreté, d’autant plus importante que l’Argentine est un producteur alimentaire qui ne peut tolérer qu’une partie de sa population ne mange pas à sa faim.  La seconde priorité, a poursuivi le Chef d’État, c’est la lutte contre les trafics de stupéfiants, auxquels se livrent les réseaux transnationaux de criminalité.  La troisième, enfin, tient à la nécessité d’unir tous les Argentins dans un dialogue national, dans le respect de l’état de droit et dans le renforcement des institutions démocratiques.  Affirmant que son pays est prêt à jouer le rôle qui est le sien sur la scène internationale, M. Macri a plaidé pour que la souveraineté égale de tous les États Membres des Nations Unies soit respectée, pour l’avènement d’un monde plus juste. 

Évoquant le défi des changements climatiques, « le plus important qui se pose à l’humanité », il a cité en exemple l’Argentine qui s’est engagée dans un développement ambitieux de ses énergies renouvelables et qui fait partie des tous premiers pays à avoir ratifié l’Accord de Paris.  L’autre grande problématique à laquelle la communauté internationale fait face, c’est celle des réfugiés, que le Gouvernement argentin prend très au sérieux, comme en témoigne sa présence dans les zones du conflit syrien et l’aide qu’il a accordée à un camp de réfugiés au Liban.  En outre, le Gouvernement s’est doté d’un cabinet ministériel chargé d’amplifier les opérations humanitaires de l’Argentine à travers le monde.  Mon pays, a souligné M. Macri, accorde également une attention cardinale à l’autonomisation des femmes à tous les niveaux, ce qu’illustre la création récente d’un Plan national d’action pour la protection et l’assistance aux femmes en situation à risque, destiné à mettre fin à toutes les violences et discriminations dont celles-ci sont victimes.

Évoquant enfin le dossier des Îles Malvinas, le Président a rappelé que son pays continuerait de privilégier le dialogue pacifique avec le Royaume-Uni, appelant de nouveau les autorités britanniques à un règlement à l’amiable quant à la souveraineté territoriale sur cet archipel et sur la Géorgie du Sud, les îles Sandwich et les espaces maritimes environnants.  Rappelant que l’Argentine avait démontré sa volonté de progresser dans ses relations bilatérales avec Londres, M. Macri s’est déclaré confiant qu’il serait possible de revitaliser les négociations et de trouver une issue définitive à ce différend qui dure depuis trop longtemps.

M. FRANÇOIS HOLLANDE, Président de la France, a, d’emblée, demandé aux États Membres de l’Assemblée générale de tout faire pour mettre en œuvre le plus vite possible l’Accord historique de Paris; historique parce que cette Conférence se tenait quelques jours après les attentats terroristes qui avaient ensanglanté Paris; et historique par le contenu de l’Accord lui-même, avec cet engagement de réduire le réchauffement climatique et de mobiliser des financements en faveur des pays les plus vulnérables.

Rappelant l’Accord, signé par 175 pays, mais ne pouvant entrer en vigueur que s’il est ratifié par au moins 55 États représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre, le Président français a appelé tous les pays à accélérer leur procédure de ratification pour que tout soit conclu d’ici à la fin de l’année.  Il n’y a pas de temps à perdre, a-t-il dit.

Le deuxième appel du Chef de l’État fut pour l’Afrique, dont le développement est menacé par le réchauffement, les migrations, les conflits et le terrorisme.  Il a ainsi proposé un « Agenda 2020 pour l’Afrique ».  Ce plan, a expliqué M. Hollande, doit permettre à tous les Africains d’accéder à l’électricité, de répondre aux besoins de 15% de la population mondiale, de permettre aux pays africains de bénéficier d’un potentiel immense et de réduire les migrations.

Le Président français a souligné avoir lancé l’initiative pour une énergie renouvelable en Afrique.  Dix bailleurs se sont engagés à mobiliser 10 milliards d’ici à 2020, la France, elle, en financera plus de 20%.  Face aux menaces à la sécurité posées principalement par Boko Haram et des organisations liées à Al-Qaida ou à Daech, les pays de l’Afrique de l’Ouest, du Sahel et du Lac Tchad savent qu’ils peuvent compter sur la France, a également dit M. Hollande, ajoutant que celle-ci les formait, les entraînait, leur donnait un appui dans tous les domaines, dont celui, essentiel, du renseignement.

Enfin, le Président français a appelé à agir pour la Syrie.  « Ça suffit », a-t-il lancé, après avoir notamment rappelé que le conflit avait fait 400 000 morts.  « La tragédie syrienne sera, devant l’Histoire, la honte de cette Assemblée si nous n’y mettons pas fin maintenant. »  Il a affirmé que, comme en février, le dernier cessez-le-feu n’a pas duré, le régime étant, selon lui, « coupable de son échec ».  « Quant à ses soutiens étrangers, ils doivent le forcer à la paix.  Sinon ils porteront avec lui la responsabilité de la partition et du chaos. »

M. Hollande a annoncé que la France saisirait le Conseil de sécurité avec quatre exigences: imposer le cessez-le-feu, conformément aux décisions prises, « c’est le préalable »; demander l’acheminement immédiat et sans condition de l’aide humanitaire vers Alep et les autres villes martyres, « c’est l’urgence »; permettre la reprise des négociations politiques selon les principes de la transition établis dès 2012, c’est la solution »; dénoncer et sanctionner le recours aux armes chimiques, employées par le régime il y a quelques semaines encore, « c’est la justice ».

M. Hollande a également rappelé que la France avait pris l’initiative pour contribuer à une solution au conflit israélo-palestinien, l’objectif étant de réunir, d’ici à la fin de l’année, une « conférence pour qu’Israéliens et Palestiniens soient en capacité et en responsabilité de négocier ».

De même, s’agissant de la crise en Ukraine, la France souhaite à nouveau réunir dans les semaines qui viennent les Présidents russe et ukrainien avec la Chancelière allemande « pour avancer dans la mise en œuvre des accords de Minsk ».  « Nous n’abandonnerons pas cet objectif », a-t-il déclaré.

M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Président du Malawi, a estimé que la mission de chaque génération devrait être de faire du monde un endroit meilleur pour les générations suivantes.  Pour la nôtre, cette mission fait face à des défis considérables, a-t-il ajouté.  Notre monde est en grand danger, a poursuivi M. Mutharika, qui a rappelé les souffrances dues aux guerres et à l’instabilité politique, qui sapent nos rêves, dispersent les communautés et provoquent des  migrations sans fin.  Ce n’est pas une histoire dont nous pouvons parler avec fierté aux générations à venir: notre monde vit une histoire indigne, a lancé le Président.  La planète elle-même est en grand danger, du fait des conséquences du réchauffement climatique qui fragilise particulièrement les économies de l’Afrique et de l’ensemble du tiers monde, qui souffrent d’une pauvreté déshumanisante.  La plupart de ces tragédies et défis sont notre propre création et les solutions sont entre nos mains, ici dans cette Assemblée.  C’est à nous qu’il appartient de relever ces défis et à personne d’autre et c’est maintenant ou jamais.

Dans le contexte, le Président a souligné que la réalisation des objectifs de développement durable dépendra de notre compréhension commune et de notre unité en tant que communauté de l’humanité.  Le Malawi participera à la marche, a-t-il insisté, en soulignant la participation de ses soldats à plusieurs opérations de maintien de la paix et sa détermination à mettre en œuvre l’Agenda 2063 de l’Union africaine afin de « faire taire les armes d’ici à 2020 ».  Il a appelé à la levée des barrières tarifaires, des subventions et autres distorsions du commerce international.  Le monde doit comprendre que ce n’est que comme ça que l’Afrique pourra produire et ajouter de la valeur à ses produits de base et créer des emplois qui permettront de retenir les jeunes sur le continent.

Soulignant les dégâts des changements climatiques, le Président a souligné qu’aujourd’hui, au moins 6,5 millions d’habitants du Malawi ont besoin d’une assistance alimentaire.  Quand on parle de traiter les problèmes liés aux changements climatiques, il ne faut pas oublier que les gens souffrent réellement de ses effets, a poursuivi le Président, qui a annoncé que son pays signerait l’Accord de Paris sur le climat au Siège de l’ONU et que son gouvernement s’était engagé en faveur de sa ratification et de son intégration nationale. 

M. TABARÉ VÁZQUEZ, Président de l’Uruguay, a déclaré qu’il était évident, « douloureusement évident », que malgré l’engagement de l’ONU pour mettre fin au terrorisme, à la violence, à l’ignorance, à l’intolérance, à la discrimination, à la pauvreté, aux inégalités, à l’injustice ou à la criminalité organisée, ces fléaux continuent de punir une bonne partie de l’humanité.  Notre devoir, a-t-il dit, ne peut pas se limiter à « faire des diagnostics » ou à raconter aux gens ce qui se passe: « Notre devoir est de créer les conditions pour que les peuples construisent leur propre vie en société et de les accompagner dans la réalisation de cet objectif ».

Le Chef d’État a ensuite attiré l’attention sur les maladies non transmissibles, principalement les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et les pathologies pulmonaires chroniques, qui « constituent la principale cause de mortalité dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ».  Maladies qui résultent des quatre facteurs à risques que sont le tabagisme, l’alcoolisme, la mauvaise alimentation et le sédentarisme, a expliqué M. Vázquez.  Par conséquent, à moins de lutter énergiquement contre l’épidémie des maladies non transmissibles dans les pays et groupes sociaux les plus exposés, l’impact de ces maladies continuera de s’accentuer, contribuant à éloigner un peu plus chaque jour la réalisation des objectifs de santé identifiés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Rappelant que son pays est le leader mondial de la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la lutte antitabac, le Président uruguayen s’est félicité d’annoncer le rejet, par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), de la requête déposée par le groupe Philip Morris contre deux mesures de lutte contre le tabagisme adoptées par l’Uruguay.

Le dirigeant uruguayen s’est en conclusion félicité de l’accord conclu récemment par le Gouvernement de la Colombie et les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC) et a réitéré sa demande pour que soit levé l’embargo économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba.

ABDULLAH II IBN AL HUSSEIN, Roi de Jordanie, a commencé par rappeler que les élections au Parlement jordanien prenaient fin aujourd’hui et représentaient une nouvelle étape dans l’évolution positive de son pays, une évolution à laquelle la Jordanie s’est conformée strictement, malgré les turbulences régionales et la charge massive des réfugiés.  Il a crédité de ce résultat le peuple jordanien et notamment sa jeunesse, qui s’accroche avec entêtement à son patrimoine d’unité, de force et d’esprit d’ouverture.  Tout cela fait de ces élections un triomphe du progrès sur la régression, a affirmé le souverain.

Abdallah a ensuite dénoncé les forces, au Moyen-Orient et au-delà, dont le seul objectif est de s’attaquer aux valeurs de notre humanité commune.  Quel monde transmettrons-nous à nos enfants?  Un monde dominé par la peur et la division? a-t-il demandé.  Tout n’est pas fait pour vaincre de manière décisive les forces du mal, a-t-il estimé.  « Comment pourrions-mous être efficaces dans ce combat alors que nous n’avons pas même clairement défini quel est notre ennemi? », s’est-il interrogé.

Le Roi de Jordanie s’est dit frappé, après plusieurs années de guerre contre le terrorisme, par le manque de compréhension de la vraie nature de l’Islam en Occident.  Il s’est dit contraint de réaffirmer encore et toujours que des perceptions erronées de l’Islam et des Musulmans ne peuvent qu’alimenter le projet terroriste de lutte mondiale en polarisant et en fractionnant les sociétés, chacun stigmatisant l’autre.

Les Musulmans représentent un quart de la population mondiale et sont présents dans tous les pays, a poursuivi le souverain, avant de saluer le riche héritage de responsabilité de civisme, de justice, de générosité, d’attachement à la vie familiale et de croyance en Dieu qu’ils apportent au monde.  Lorsqu’on exclut les Musulmans ou quand des hors-la-loi de l’Islam tentent de tromper les Musulmans, l’avenir de nos sociétés est menacé, a-t-il ajouté.

Abdallah de Jordanie s’en est longuement pris à ceux qu’il a appelés les « khawarij », les hors-la-loi de l’Islam, affirmant qu’à chaque fois qu’ils assassinent, exploitent des enfants, rejettent l’égalité homme-femme, persécutent les minorités, rejettent la liberté de religion, ils insultent l’Islam.  Rappelant que les Musulmans reconnaissent l’origine divine de la Bible comme de la Torah et que le Coran cite abondamment Jésus et la Vierge Marie, il a accusé les « khawarij » de dissimuler volontairement ces vérités pour séparer Musulmans et non-Musulmans.  Toutes les religions et tous ceux qui croient au droit à la dignité, à la liberté et au bien-être de l’Homme doivent lutter contre les groupes terroristes extrémistes qui ne sont pas, a-t-il ajouté, à la lisière de l’Islam, mais hors de l’Islam.

Pour lutter contre cet ennemi non traditionnel, il faut des moyens non traditionnels, a poursuivi le Roi Abdallah, qui a préconisé de nouveaux modes de pensée, de nouveaux partenariats et de nouvelles méthodes.  Pour les Musulmans, a-t-il ajouté, c’est un combat pour notre avenir qui doit impliquer non seulement les mosquées et autres centres religieux, mais aussi les médias, les écoles et les leaders communautaires.

La communauté internationale, quant à elle, doit combattre cet ennemi qui porte la guerre partout.  Elle doit certes coopérer en matière de sécurité, mais aussi adopter une approche holistique, réformer sa manière de communiquer, partager l’information, utiliser la technologie.  Le rôle des innovations technologiques sera essentiel.  Le Roi s’est opposé à une approche uniquement militaire en Syrie, préconisant un processus politique dirigé par toutes les composantes de la société.  En Iraq, le soutien international au Gouvernement et à la population qui combat les « khawarij » est essentiel.

Mais, a poursuivi le souverain, la communauté internationale doit aussi assumer ses responsabilités envers ceux dont la vie a été écrasée.  Il a dénoncé les injustices qui offrent un terreau fertile à la violence, de la prison d’Abu Ghraib aux rues de Kaboul en passant par les écoles d’Alep.  Il n’y a pas d’injustice plus répandue que celle faite aux Palestiniens, a encore déclaré le Roi Abdallah, qui a rappelé que la paix est un processus conscient: Israël doit choisir la paix ou se perdra dans une mer de haine et dans une région de troubles, a-t-il averti.

Rappelant qu’il est le gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem, Abdallah a rejeté les attaques menées contre les lieux saints chrétiens et musulmans de la Ville sainte et affirmé qu’il continuerait de lutter contre toute violation de ces derniers.  En conclusion, il a estimé que le terrain principal de la guerre que mène notre génération est sans doute l’esprit humain où l’idéologie de la haine et de l’autodestruction doit être combattue par une autre, par celle de la tolérance, de l’espoir et de la paix.

« L’être humain est capable du meilleur comme du pire », a souligné M. JOHANN N. SCHNEIDER-AMMANN, Président de la Confédération suisse, invoquant à titre d’exemple l’excellence et l’innovation au service de l’environnement, et notamment l’exploit récent de l’avion solaire suisse « Solar Impulse », mais aussi l’impuissance et une certaine inertie face à des immenses tragédies, fruits des dictatures, de la misère et des guerres.  Face aux défis de taille, comme la situation au Moyen-Orient, dans certaines zones d’Afrique et aux portes de l’Europe, la fragilisation des États, la montée de la radicalisation pouvant mener au terrorisme, les conflits armés et leur corollaire de victimes, réfugiés et déplacés internes, le Président suisse a estimé qu’il faut une ONU forte.

Parmi les pierres angulaires de la nouvelle vision globale, figure, selon lui, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui « est le cadre de référence commun pour l’élaboration de solutions durables et la base d’un contrat social renouvelé entre dirigeants et populations ».  Le Président a également salué la signature de l’Accord de Paris sur le climat et la décision récente des États-Unis et la Chine de le ratifier. 

2016 marquant les 10 ans du Conseil des droits de l’homme, la Suisse a lancé, le 13 juin, un appel, d’ores et déjà soutenu par 70 États, qui propose d’améliorer les activités de prévention des conflits en y intégrant systématiquement la dimension des droits de l’homme, a rappelé son Président qui a insisté sur la nécessité de renforcer les liens entre le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité. 

S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la Suisse a été l’un des premiers pays à présenter des mesures nationales en vue de sa réalisation.  Son Président s’est dit convaincu de l’importance d’une économie saine pour la réalisation des objectifs de développement durable car « une économie dynamique qui assure des emplois et des perspectives est un facteur important dans la prévention contre les dérives terroristes et les conflits armés ». 

Le Président de la Confédération a présenté les trois éléments clefs qui permettent à son pays de figurer régulièrement à la pointe de l’innovation et de la compétitivité, notamment un système de formation performant.  Il a expliqué que la filière universitaire et la filière professionnelle bénéficient en Suisse de la même attention.  L’autre facteur déterminant est la législation libérale du travail et enfin le partenariat social qui garantit la paix du travail. 

« Parler des défis qui attendent l’ONU et la communauté internationale nous conduit tout naturellement vers la Genève internationale », a poursuivi le Président qui s’est engagé à valoriser « ce centre de la gouvernance  mondiale » à la fois en soutenant la modernisation de son parc immobilier, et en renforçant les synergies entre les divers acteurs de cette « Genève internationale », que ce soit dans le domaine de la santé globale ou celui de l’action humanitaire. 

Pour le Président suisse, les seules réponses viables aux défis contemporains sont des solutions collectives et solidaires.  Pour les réaliser, la communauté internationale a besoin d’une ONU forte, moderne et efficace.  « À nous désormais d’accompagner ensemble cette organisation avec clairvoyance et détermination. »

M. PEDRO PABLO KUCZYNSKI, Président du Pérou, qui a pris ses nouvelles fonctions il y a deux mois, a souligné que la politique de son pays coïncidait avec les objectifs de développement durable de l’ONU.  Un objectif clef est de garantir à tous l’approvisionnement en eau potable, en particulier en Amazonie et dans les zones andines.  À ce sujet, il s’est félicité de participer au Groupe de haut niveau sur l’eau.

Le Gouvernement péruvien vise également à promouvoir une « croissance verte » en s’inspirant de l’Accord de Paris sur le climat, a expliqué le Président.  « Le Pérou est un pays particulièrement vulnérable », comme on le voit avec la fonte des glaciers et le froid extrême dans le sud.  Par ailleurs, le Pérou ambitionne de devenir membre de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Avec les pays de l’alliance du Pacifique, la Colombie, le Chili et le Mexique, et avec le Brésil et l’Argentine, « nous abordons de manière coordonnée les défis du XXIsiècle », a-t-il ajouté.

M. Kuczynski a assuré que le Pérou s’est engagé à défendre et à consolider la démocratie représentative, les droits de l’homme et l’état de droit, conformément à la Charte de l’Organisation des États américains (OEA).  En outre, le Pérou respecte le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, un principe qui ne doit toutefois pas « s’opposer à la défense et à la promotion internationales de la démocratie », a-t-il précisé.  Dans ce contexte, il s’est dit préoccupé par la situation politique, économique et sociale au Venezuela.  Il a souhaité l’ouverture sans tarder d’un dialogue politique interne « sans conditions ni restrictions » et a offert d’aider les Vénézuéliens à trouver une solution à leurs problèmes.

En conclusion, le Président a appelé de ses vœux la création en Amérique du Sud d’un « pont de stabilité et de coopération entre le Pacifique et l’Atlantique ».  

M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a tiré la sonnette d’alarme face aux organisations terroristes comme Daech, El-Nosra et le DUP-YPG.  Rappelant que le 15 juillet dernier, son pays a été victime d’un coup d’État perpétré par « l’organisation terroriste Fethullah » (FETO), il a déclaré « si je suis là aujourd’hui, c’est grâce au courage et à la noblesse de la nation turque ».  Le Président s’est dit « fier de sa nation » qui a donné une leçon d’histoire à tous ceux qui ont l’intention de monter des coups d’État et qui est devenue une source d’inspiration.  Cette « organisation terroriste de la nouvelle génération » est une menace pour les 170 pays dans lesquels elle est présente, a prévenu le Président, l’accusant de s’infiltrer dans les structures de l’État, d’influencer la société et de dominer les ressources économiques sous couvert d’éducation, de dialogue, de tolérance et d’ONG.  Il a lancé un appel à « tous les amis de la Turquie » pour qu’ils luttent contre l’organisation terroriste Fethullah « maintenant car demain, ce sera trop tard ».

Passant à la crise humanitaire en Syrie, le Président a rappelé que son pays accueille près de 3 millions de réfugiés syriens, « dans l’indifférence et la passivité totales de la communauté internationale ».  Le peuple syrien est épuisé par une guerre de substitution qui a été pensée par une administration cruelle, des organisations terroristes sans merci et une course au pouvoir régional et mondial.  Nous ne pourrions pas nous taire, nous ne l’avions pas fait et nous ne le ferons pas devant cet « apocalypse » que vivent nos voisins et proches en Syrie, a prévenu le Président qui a souligné que son pays a déboursé jusqu’ici la somme de 25 milliards de dollars pour les réfugiés syriens sans pour autant recevoir le soutien qu’il faut de la part des autres pays, et en particulier l’Union européenne qui avait promis une contribution.  Il est inutile de rechercher la paix derrière les barbelés et les murs, a encore prévenu le Président, appelant à la fin du conflit, du terrorisme et des persécutions qui sont la sources des problèmes en Syrie et vantant les mérites de l’Opération « Bouclier de l’Euphrate » pour le rétablissement de la stabilité et de la paix dans une région plongée dans le désespoir. 

Cette Opération, a-t-il souligné, a permis de démontrer clairement que la priorité de « l’organisation terroriste PKK-PYD » n’est pas de combattre Daech, a poursuivi M. Erdoğan.  L’Opération a boosté la confiance de l’opposition modérée en Syrie, encourageant même les forces iraquiennes impatientes de débarrasser Mossoul de la terreur de Daech.  Le Président a rappelé que jusqu’ici son appel à l’établissement d’une zone de sécurité le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie est resté vain.  L’Opération s’en occupe, a-t-il indiqué, prônant des zones d’exclusion aérienne, dans un contexte malheureux où le cessez-le-feu a échoué en Syrie.  L’ONU et le Conseil de sécurité cesseront-ils enfin de tolérer « la capitulation ou la mort », cette politique du régime syrien qui condamne les civils à la faim?, s’est impatienté le Président.

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, a salué « ce moment spécial pour les Fidji qui assurent la présidence de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies », la première fois pour un Fidjien et même pour une île du Pacifique.  Revenant sur le Programme de développement durable adopté l’an dernier, il a souhaité que cette session soit celle des changements.  Il a rappelé que les États Membres se réuniront au Siège de l’ONU en juin prochain pour examiner la mise en œuvre du quatorzième objectif de développement durable sur la conservation et l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines.  Il a invité les États Membres à apporter leur soutien à cette manifestation dont les Fidji et la Suède sont les parrains.  Il a souligné que les millions de gens qui vivent dans les communautés marines et côtières attendent de l’ONU des actions décisives contre la pollution, la surpêche et la perte des habitats marins.  « Nous ne devons pas les décevoir », a-t-il dit.

M. Bainimarama a déclaré que les Fidji sont venues à cette réunion pour lancer un appel aux États qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris sur le climat.  Il s’est félicité que les Fidji aient été le premier pays au monde à le faire.  Il s’est dit inquiet des prévisions scientifiques, expliquant que l’objectif visant à maintenir l’élévation de la température terrestre à moins de 2 degrés Celsius ne suffira pas à sauver l’humanité.  Il a rappelé qu’il y a sept mois, les Fidji ont eu un aperçu de ce qui les attend quand Winston, le plus puissant cyclone tropical jusqu’ici a frappé, faisant 44 morts et des milliers de sans-abri.  Les Fidji, a-t-il avoué, vivent dans la peur d’un scénario cauchemardesque, tout comme les autres petits États insulaires en développement (PEID) dont les économies risquent d’être détruites, rendant impossible la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Premier Ministre a donc plaidé pour une élévation de température qui ne dépasserait pas le seuil de 1,5 C.

Il a aussi insisté sur l’engagement de son gouvernement à réaliser les objectifs de développement durable, en s’ouvrant aux opportunités d’affaires, en servant de destination touristique de premier choix et en plaçant le commerce au cœur de sa politique de coopération.  Il a conclu en appelant les États Membres à soutenir la candidature des Fidji au Conseil des droits de l’homme, pour un mandat de deux ans à partir de 2018.

Mme THERESA MAY, Premier Ministre du Royaume-Uni, a plaidé pour des gouvernements et des institutions capables d’apporter des réponses efficaces « aux peuples du monde que nous servons ».  Elle a souligné à cet égard que ces réponses devaient être adaptées aux besoins du XXIe siècle, en particulier dans les domaines essentiels de la sécurité et des droits de l’homme.  Pour Mme May, l’ONU doit forger un multilatéralisme « audacieux » et moderne à même de relever des défis planétaires et interconnectés.  S’attardant sur le terrorisme international, elle a estimé que les Nations Unies devaient être le catalyseur des actions collectives et se concentrer sur la prévention des conflits et le maintien de la stabilité. 

Elle a salué les progrès réalisés en vue de mettre hors d’état de nuire les milices Chabab en Somalie, qui, grâce aux efforts consentis depuis 2010 dans le sillage du Conseil de sécurité, ont été chassées de plusieurs grandes villes du pays.  Elle a également annoncé que son pays organiserait, en 2017, une conférence internationale sur la situation en Somalie pour maintenir la dynamique actuelle.  Mme May a indiqué que, cette semaine, le Conseil de sécurité adopterait une résolution présentée par le Royaume-Uni relative à la sécurité arienne, les avions civils étant de plus en plus souvent pris pour cible par les groupes terroristes et parce que ces derniers diffusent leur idéologie haineuse sur les réseaux sociaux, le Royaume-Uni soutient le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, qui recommande de s’attaquer tant aux causes qu’aux symptômes de tous les extrémismes.

Mme May a attiré l’attention sur la nécessité de faire « plus et mieux » dans la gestion de la crise des migrants.  Déplorant que le système de l’ONU ne soit pas doté des ressources adaptées à l’exécution de ses missions humanitaires, elle a indiqué que son pays avait, au cours des cinq dernières années, consacré plus de 9 milliards de dollars à l’aide aux migrants, sauvant ainsi des millions de vies humaines chaque année.  Concernant la situation en Syrie, elle a martelé qu’il était plus urgent que jamais de trouver une issue au conflit et « aux massacres effroyables » et de faire en sorte que l’aide humanitaire soit effectivement acheminée. 

Mme May a estimé que trois principes intangibles doivent être au centre de la nouvelle gestion des déplacements massifs: l’autorisation donnée aux réfugiés de demander l’asile politique dans le premier pays sûr qu’ils rallient; la distinction claire entre les réfugiés qui fuient les persécutions et les migrants économiques; et l’amélioration de la gestion de la migration économique en reconnaissant que tous les pays ont le droit de contrôler leurs frontières.  Selon elle, une réponse migratoire contrôlée et bien gérée est le moyen le plus sûr de contrecarrer la montée de l’isolationnisme et de la xénophobie et, ainsi, d’offrir les meilleures opportunités possibles à tous les citoyens.  Le Premier Ministre britannique a plaidé pour un renforcement des instruments internationaux de lutte contre toutes les formes d’esclavage moderne.  « Les victimes ne retrouveront la liberté que si nous parvenons à faire naître une approche résolument nouvelle, mondiale et coordonnée pour combattre ce crime odieux », a-t-elle affirmé.

Concluant son allocution, Mme Theresa May a déclaré que si le peuple britannique avait fait le choix de quitter l’Union européenne, il n’avait pas décidé pour autant de tourner le dos à ses partenaires.  Face aux défis planétaires, ce n’est pas le moment ni l’heure, « loin s’en faut », de tourner le dos à « nos Nations Unies ».  Au contraire, a-t-elle dit, c’est vers elles que nous devons tous nous tourner.

M. JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, a commencé par rappeler qu’il incombait aux dirigeants de passer du temps avec les personnes qui les ont élus.  « Les Canadiens croient encore au progrès, mais leur optimisme est mêlé à beaucoup d’inquiétudes », a-t-il constaté.  Partout, les dirigeants sont confrontés à des citoyens anxieux et pour répondre à cette anxiété, il faut assurer une croissance économique, partagée d’une façon juste et équitable, et mettre l’accent sur ce qui nous réunit et non sur ce qui nous divise. 

Après la signature de l’Accord de Paris sur le climat, le Canada a annoncé qu’il investirait 2,65 milliards de dollars sur cinq ans, a indiqué M. Trudeau.  Le pays a réaffirmé son soutien à l’OTAN en plus de s’être engagé à accroître son rôle au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  De plus, le Canada a augmenté de 20 millions de dollars sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Le Premier Ministre a dénoncé la tentation d’exploiter l’anxiété des gens pour la transformer en peur et en rejet des autres.  Au Canada, s’est-il félicité, « il y a une chose très importante que nous avons bien faite: nous estimons que la diversité est une source de force et non de faiblesse ».  « Nous avons fait beaucoup d’erreurs et nous continuons à marginaliser de façon honteuse les peuples autochtones, mais nous apprenons de nos erreurs », a-t-il insisté.

Ainsi les Canadiens ont-ils accueilli « à bras ouverts » 31 000 familles syriennes.  Cet effort a rassemblé les citoyens, s’est réjoui M. Trudeau.  Toutefois, a-t-il averti, « nos efforts ne seront réussis qu’une fois ces réfugiés bien établis ».  En Europe aussi, la classe moyenne syrienne cherche un lieu pour s’enraciner à nouveau et donner un avenir meilleur à ses enfants, « comme nous tous ».

Au Canada, a poursuivi le Premier Ministre, nous allons investir dans l’éducation et les infrastructures.  « Nous sommes déterminés à bâtir une économie qui fonctionne pour tout le monde.  Nous refusons de céder à la pression d’échanger nos valeurs profondes pour des votes faciles », a-t-il affirmé.

Il y a en fin de compte un choix à opérer, a conclu M. Trudeau.  « Forts, divers, résilients, des pays comme le Canada ne se sont pas créés par hasard.  Il faut toujours choisir l’espoir contre la peur.  La peur n’a jamais créé un seul emploi ni nourri une seule famille ».  Le Canada, a-t-il reconnu, est un pays modeste et « nous savons que nous devons travailler ensemble ».

M. BÉJI CAÏD ESSEBSI, Président de la Tunisie, a rappelé que la soixante et onzième session de l’Assemblée générale coïncidait avec le soixantième anniversaire de l’indépendance de son pays et son entrée à l’ONU.  « La Tunisie passe par une expérience unique sur la voie de la construction démocratique sur la base de l’accord national comme unique moyen pour sortir des divergences d’opinion politiques », a expliqué le Président tunisien.  Parmi les jalons importants de ces cinq dernières années, figure le fait que la Tunisie s’est dotée d’une nouvelle Constitution contemporaine et qu’elle a organisé des élections législatives et présidentielle transparentes et justes.  M. Caïd Essebsi s’est dit confiant que « la Tunisie est aujourd’hui plus capable qu’auparavant de relever les défis qu’elle connaît ». 

Néanmoins, malgré les accomplissements notables de l’expérience démocratique tunisienne, le pays a cependant toujours besoin de pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale et de ses partenaires de développement compte tenu de la réalité économique difficile et des risques sécuritaires qui persistent dans la région, a affirmé son Président.  Pour ce qui est de la situation politique dans le pays, il a expliqué qu’il a fallu lancer une initiative ambitieuse en vue de satisfaire les besoins des Tunisiens, à savoir la nomination du nouveau Gouvernement d’union nationale dont les priorités sont la lutte contre la corruption, la création d’emplois et la lutte contre le terrorisme.  Cette initiative a joui du soutien élargi des partis politiques tunisiens et a débouché sur la nomination d’un nouveau Premier Ministre, M. Youssef Chahed, et d’un Cabinet qui garantit une place significative aux femmes et aux jeunes. 

Le Président tunisien a également assuré qu’aujourd’hui son pays accorde une importance majeure au respect de l’état de droit et reste déterminé à faire face à toute tentative de retour en arrière.  Aux vues des circonstances régionales difficiles, notamment la présence du terrorisme, il a demandé un soutien robuste aux partenaires de la Tunisie pour lui permettre d’y faire face.  Il a également annoncé la tenue, les 29 et 30 novembre 2016, d’une Conférence internationale en Tunisie qui a pour objectif de soutenir l’investissement.  « Il s’agit d’une opportunité de confirmer l’appui des amis de la Tunisie dans cette phase critique », a déclaré son Président. 

Abordant la situation complexe dans la région arabe, marquée par le terrorisme et le crime organisé, il a affirmé que la sécurité de cette région du monde est partie prenante de la sécurité dans le monde, et, par conséquent, il est urgent de trouver des solutions durables aux crises qu’elle traverse, y compris à la question palestinienne.  Pour ce qui est de la crise libyenne, un pays ou l’insécurité et l’instabilité persistent, M. Caïd Essebsi a réaffirmé l’attachement de son gouvernement à la stabilisation de la situation qui déborde souvent sur le territoire tunisien et a réaffirmé son appui au Gouvernement d’accord national libyen et à ses efforts en vue du rétablissement de la sécurité et du développement. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a affirmé que les trois piliers du développement durable sont la responsabilité, la solidarité et la justice.  La responsabilité, c’est la prise de conscience que l’histoire ne commence ni ne finit avec nous, mais qu’elle est formée de la succession « des générations, des destins et des engagements ».  Un développement responsable, c’est dès lors celui qui tient compte de la continuité intergénérationnelle, comme le passage sans heurts de la flamme olympique d’une main à une autre.  C’est l’une des raisons pour lesquelles le Gouvernement polonais s’est lancé dans un programme ambitieux visant à améliorer les conditions de vie des enfants polonais, a dit M. Duda.  Il a également prévenu des dangers posés aux générations futures par les changements climatiques.  Aussi le Chef d’État a-t-il été heureux d’annoncer que la Pologne s’est engagée dans le processus de ratification de l’Accord de Paris et des amendements de Doha.

Le deuxième pilier du développement durable, c’est la solidarité, a poursuivi le Président, pour qui ce concept est cher au cœur du peuple polonais, qui a mené, grâce à un mouvement social de large ampleur il y a 25 ans, une transformation politique pacifique et qui a rejeté « un système fondé sur le mensonge et l’esclavage ».  Aujourd’hui, a-t-il assuré, son pays s’emploie à faire preuve de solidarité tant au niveau national qu’au niveau international, notamment au Moyen-Orient et en Europe orientale.

Concluant en évoquant le troisième pilier, à savoir la justice, M. Duda a déclaré qu’un ordre mondial juste et équitable, c’est un ordre dans lequel le développement durable peut profiter à tous, dans le respect des droits de l’homme et des lois souveraines des nations.  Il a dénoncé le fait que, dans de nombreuses régions du monde, la liberté est bafouée par des « systèmes politiques oppressants ».  Il s’est ainsi élevé contre les souffrances infligées aux chrétiens, « assassinés au nom du fanatisme religieux ».  Le monde, a lancé le dirigeant, doit réagir au phénomène du « génocide motivé par la religion ».  C’est la raison pour laquelle il s’est dit satisfait par l’importance accordée dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à la protection des droits de l’homme.

M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a souligné que 2016 avait été marquée dans son pays par la célébration du soixantième anniversaire de la marche des femmes contre les lois racistes et discriminatoires de 1956, et par le quarantième anniversaire du soulèvement de la jeunesse contre l’apartheid en 1976.  Aujourd’hui, a poursuivi le Président, l’Afrique du Sud a mis en place un plan de développement national qui s’aligne sur l’Agenda 2063 de l’Afrique et sur les objectifs de développement durable des Nations Unies.  Ce plan est centré sur l’élimination de la pauvreté, le relèvement du niveau de vie de la population, et l’industrialisation qui est « la clef du développement et de la prospérité ».

M. Zuma s’est dit très préoccupé par les flux financiers illicites qui privent le continent africain d’une partie de ses ressources.  D’après le Groupe de haut niveau chargé de la question des flux financiers illicites en provenance d’Afrique, ceux-ci représentent près de 50 milliards de dollars par an.  Le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, la corruption et les prix de transfert pratiqués par les multinationales entravent la croissance économique et la stabilité.  L’Afrique du Sud continue d’appuyer les initiatives de la communauté internationale visant à combattre la criminalité financière, a-t-il insisté. 

D’après le Président, les inégalités et l’exclusion économique menacent la paix et la stabilité mondiales.  Elles constituent « une bombe à retardement ».  À travers l’Union africaine et l’Architecture africaine de paix et de sécurité, le continent reste déterminé à résoudre les conflits qui persistent dans la région.  L’Union africaine, a-t-il souligné, s’est engagée « à faire taire les armes d’ici à 2020 ». 

La situation en Libye, au Soudan du Sud et en République centrafricaine reste prioritaire.  M. Zuma a exhorté l’ONU et en particulier le Conseil de sécurité à prendre en considération les vues de l’Union africaine dans les efforts entrepris pour pacifier ces trois pays.  Il a renouvelé son appel en faveur d’une représentation de l’Afrique au sein de cet organe.  « On ne pas nier ainsi une voix à un milliard de personnes. »  Il a également déploré le manque de progrès pour trouver une solution durable aux questions palestinienne et de la République arabe sahraouie.  Enfin, le Président a salué le fait que, pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, l’Assemblée générale a été au centre du processus de nomination d’un nouveau secrétaire général.      

M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a fait part de son admiration face aux possibilités qu’offre la révolution numérique, notamment dans le monde de l’emploi.  Il a tout de même souligné que cette quatrième révolution industrielle va amener avec elle de nouveaux problèmes et rendre encore plus difficiles certains des défis auxquels l’humanité fait face.  Il a notamment parlé des inégalités, évoquant aussi l’usage de la force entre pays, et se demandant comment réguler les progrès technologiques afin qu’ils puissent bénéficier à tous.  La mondialisation des transformations numériques est si rapide qu’elle doit être débattue au sein des Nations Unies, a-t-il indiqué.

Le Président s’est ensuite félicité des avancées de son pays en matière de numérisation de l’éducation, annonçant que la Slovénie accueillera, en septembre prochain, le deuxième Congrès mondial des ressources éducatives libres.

M. Pahor a par ailleurs déploré l’usage de la force par certains États sans l’aval des Nations Unies, notamment dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.  Cette tendance risque de sonner le glas de l’architecture politique et sécuritaire établie après la Deuxième Guerre mondiale.  De ce fait, la gestion de l’ONU dans l’avenir revêt une importance majeure, et la Slovénie est fière, a-t-il dit, d’avoir présenté M. Danilo Türk comme candidat au poste de secrétaire général de l’ONU.  Il a salué les qualités et l’expérience de son compatriote, arguant qu’il est temps que ce poste revienne au Groupe des pays d’Europe orientale.  Il a enfin plaidé pour faire du 20 mai, la journée mondiale des abeilles, afin de renforcer notre intérêt commun pour ces insectes et d’autres pollinisateurs qui assurent la sécurité alimentaire et partant le développement durable.

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a déclaré que son pays a pu préserver sa stabilité dans une région instable, grâce à la solidité de ses institutions et le fait que son peuple est conscient d’être dépositaire d’un grand patrimoine culturel.  La communauté internationale devrait reconnaître et appuyer ce fait pour que l’Égypte puisse rester l’ancrage de la stabilité dans la région, n’épargnant aucun effort pour assumer son « rôle naturel », en travaillant avec les parties régionales et internationales pour rétablir la sécurité et la stabilité dans la région.  Le Président a salué le dernier accord sur la cessation des hostilités en Syrie, grâce aux efforts « louables » des États-Unis et de la Fédération de Russie et a dit attendre une action internationale rapide pour la reprise des négociations sur un règlement global de la crise.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, l’Égypte, a dit le Président, continue ses efforts pour parvenir à la paix et mettre fin à l’occupation israélienne par le biais de négociations, le but étant de parvenir à une paix juste et durable fondée sur la solution des deux États.  La main de la paix qui a pris la forme de l’Initiative de paix est toujours tendue, a affirmé le Président, en appelant à l’arrêt de tous les actes qui détruisent le patrimoine arabe à Jérusalem.

Parlant d’une situation « qui a des implications directes sur la sécurité égyptienne », le Président a indiqué que son pays joue un rôle actif pour réunir les parties libyennes et appuyer la mise en œuvre de l’Accord de Sukhirat.  Il a plaidé pour la levée de l’embargo sur les armes imposé à l’armée libyenne car le temps est venu de rétablir les institutions de l’État libyen face au terrorisme et aux milices.  Au Yémen, l’Égypte continuera à fournir une assistance humanitaire et à sécuriser la navigation maritime à Bab Al-Mandab et dans la mer Rouge. 

En sa qualité de Présidente du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, l’Égypte, a poursuivi son Président, met l’accent sur la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies face à l’émergence des menaces transfrontalières telles que le terrorisme et le crime organisé en Afrique.  Il s’agit de changer la donne en se fondant sur le principe « leadership national, appropriation nationale » pour assurer le succès des efforts de consolidation de la paix.  L’Égypte, qui a regagné sa place parmi les 10 plus grands contributeurs aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, appelle à une stratégie globale contre le terrorisme qui ne se limite pas aux aspects sécuritaires mais qui tienne compte des aspects idéologiques.  L’Égypte va d’ailleurs accueillir le centre CENSAD contre le terrorisme.  L’Égypte, a insisté son Président, n’a jamais cessé de souligner que pour triompher du terrorisme, il faut traiter de ses causes sous-jacentes, confronter les groupes terroristes avec détermination et rejeter les idéologies extrémistes.  Le Président a appelé la communauté internationale à prendre toutes les mesures possibles pour empêcher le terrorisme d’exploiter les avancées de la technologie de l’information.  Il est urgent, a-t-il insisté, que l’on mette fin à la diffusion des messages qui incitent à la violence et à l’extrémisme.  Le cancer de notre époque, c’est le terrorisme qui nourrit l’extrémisme et la violence dans l’esprit des gens.  Il est donc de notre devoir de distiller dans les mêmes esprits les principes de tolérance et de coexistence.  Le Président a vu là un rôle dans lequel l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) pourrait se distinguer.

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a déclaré que son pays avait lancé une série de réformes pour diversifier son économie, en mettant l’accent sur les mines, l’agriculture, l’industrialisation, le développement des infrastructures et la création d’un environnement propice aux investissements directs étrangers.  La lutte contre la corruption reste un pilier essentiel de notre administration, a-t-il assuré.  Il a appuyé l’élaboration d’un cadre juridique international pour renforcer les mesures anticorruption existantes et appelé tous les États ne l’ayant pas encore fait à signer la Convention des Nations Unies contre la corruption.  Il a également souhaité que le prochain sommet sur cette question, qui se tiendra à Washington en 2017, se concentre sur la restitution systématique des avoirs publics détournés.  Il a réitéré son engament en faveur de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).

Dans le cadre du suivi de l’Accord de Paris sur le climat, le Nigéria est déterminé à faire ses contributions prévues déterminées au niveau national, en vue de promouvoir une économie à faible émission de carbone, a poursuivi M. Buhari.  Les conséquences négatives des changements climatiques se sont manifestées avec l’assèchement du Lac Tchad, qui menace les moyens de subsistance d’environ 30 millions d’habitants dans la région.  Il a souhaité que la communauté internationale examine le projet de réalimentation du Lac, dont le coût est estimé à 14 milliards de dollars.  Dans cet esprit, le Président a aussi appuyé l’initiative de la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel.

Tandis qu’elle lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, la communauté internationale doit aussi s’engager à mettre fin à la prolifération des armes légères et de petit calibre, a estimé le Président.  « Le Nigéria a fait des progrès remarquables dans sa détermination à mettre Boko Haram en échec », a-t-il assuré.  La capacité du groupe à lancer des attaques coordonnées a été sérieusement diminuée et ses opérations se sont limitées à l’usage sporadique d’engins explosifs artisanaux.  M. Buhari a réaffirmé l’engagement de son pays vis-à-vis des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans cette lutte.  Il a salué les efforts entrepris par les pays voisins, le Bénin, le Cameroun, le Tchad et le Niger, dans le cadre de la Force multinationale mixte, pour normaliser les zones antérieurement occupées par Boko Haram.

Le Président s’est dit préoccupé par le sort des personnes déplacées par le terrorisme de Boko Haram.  Des mesures concrètes ont été prises pour répondre à leurs besoins humanitaires et permettre leur retour volontaire dans la dignité et la sécurité.  Conscient du potentiel que représente une jeunesse en pleine expansion, notamment au Nigéria, il a par ailleurs appelé à la création d’« une agence spécialisée des Nations Unies pour le développement des jeunes ».  Enfin, il a tenu à réaffirmer que l’Afrique devrait être représentée au Conseil de sécurité dans la catégorie des membres permanents. 

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, s’est félicité de l’élan observé au cours de cette session en faveur des objectifs de développement durable, un programme mondial pour tous qui fait que la logique de « l’enrichissement égoïste » s’essouffle.  Le monde est un meilleur endroit où on voit que l’abondance des biens tend désormais à se propager dans tous les pays, s’est-il réjoui tout en saluant les succès de la lutte contre la pauvreté à travers le monde, notamment en Inde et en Chine.  Il a aussi fait observer qu’en Ouganda, le taux de pauvreté est passé de 66% en 2004 à 19% de nos jours.  Il a promis de réduire ce chiffre à 10% dès l’an prochain.  

Le Président s’est félicité de l’inclusion des questions de l’accès à l’énergie dans les objectifs de développement durable.  Il a par contre déploré les goulets d’étranglement qui n’ont pas été pris en compte à leur juste mesure.  Il a ainsi cité les fausses idéologies, la dérégulation des marchés, la répression du secteur privé ou encore les déficits dans les secteurs des infrastructures et des services sociaux.  Les fausses idéologies, a-t-il insisté, sont le terreau des discriminations axées sur la religion, le genre et les doctrines politiques.  Il a appelé à la promotion de la seule idéologie juste, celle qui se résume à l’expression « être le gardien de mon frère » et qui est l’antidote au poison de la discrimination.  

M. Museveni a en outre salué la place grandissante des marchés intra-africains, notant à ce sujet que les regroupements sous-régionaux en Afrique sont en train de développer leur marché respectif, ce qui conduit l’Afrique dans la bonne direction, en attendant l’essor d’un marché continental.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a insisté sur le Programme 2030, l’Accord de Paris sur le climat, le Sommet humanitaire d’Istanbul en 2016 et la Session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au VIH/sida qui marquent une étape remarquable avec une vision humaniste et intégrée.  Dans ces domaines et dans d’autres, nous devons faire un effort supplémentaire et nous focaliser sur la prévention.

Le Président a exhorté la communauté internationale à adopter également une culture de prévention dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, en promouvant le développement durable et le respect des droits de l’homme avec le but ultime de préserver la dignité humaine, soulager les souffrances et éradiquer le pauvreté.  À cette fin, il a souligné l’occasion que l’ONU a de renforcer sa capacité de prévention grâce au processus d’examen de son architecture de paix et de sécurité et de la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ». 

Le renforcement de l’action préventive en Afrique est important pour éviter les nombreuses crises auxquelles fait face le continent mais toujours dans le respect de l’appropriation nationale.  Le Portugal continuera de contribuer à cet effort, en déployant des Casques bleus au sein des Missions de l’ONU au Mali (MINUSMA) et en République centrafricaine (MINUSCA).  Le Portugal est aussi engagé dans la promotion de la sécurité maritime du golfe de Guinée.  Le Président a indiqué qu’il était urgent de tenir une réunion du Groupe de contact international pour la Guinée-Bissau pour réaffirmer l’unité de la communauté internationale sur la réforme structurelle promise dans ce pays.

S’agissant des réfugiés et des migrants, le Président a souligné l’importance de promouvoir leur accès à l’enseignement supérieur.  Le Portugal a accepté de recevoir 100 étudiants syriens dans ses universités et appelle à l’implication des autres pays.  Le Portugal reste engagé à défendre et à promouvoir les droits de l’homme et à renforcer les organes de traité.  De même, la question des mers et des océans est primordiale pour le Portugal qui continuera de mobiliser l’effort mondial pour la conservation et l’exploitation durable des océans.  Le pays attend avec intérêt de participer à la première conférence des Nations Unies sur la mise en œuvre de l’objectif 14 relatif à la conservation et l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines à New York en 2017.  Par ailleurs, le Président a réitéré l’engagement de son pays en faveur des petits États insulaires en développement, en soutenant les efforts nécessaires pour relever les défis auxquels ils font face. 

M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, est « sans aucun doute » l’un des plans d’action les plus hardis, les plus nobles et les plus exigeants de l’histoire récente de la communauté internationale.  Passant en revue les efforts du Mexique pour sa mise en œuvre, M. Peña Nieto a notamment annoncé la mise en place d’un Conseil de haut niveau pour la conformité avec le Programme 2030 chargé de coordonner le travail de toutes les parties prenantes comme les autorités locales, le législateur et la société civile.  À ce propos, le 19 juillet dernier, le Mexique a aussi été l’un des 22 pays à se soumettre volontairement à l’examen du Forum politique de haut niveau.  Au plan régional, le Mexique s’apprête à présider, en avril prochain, le Forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable.  M. Peña Nieto a également proposé d’accueillir une réunion préparatoire internationale en vue de l’adoption des deux futurs pactes mondiaux sur les réfugiés et les migrations ordonnées, sûres et régulières.  L’objectif de développement durable relatif à la perspective hommes-femmes et l’autonomisation des femmes a également retenu l’attention du Président mexicain qui a expliqué que son pays est désormais doté d’un système national pour cette égalité qu’il préside lui-même.

Le Sénat mexicain vient de ratifier l’Accord de Paris sur le climat, a poursuivi le Président.  Il a parlé, dans ce cadre, de la réforme énergétique qui vise à faire en sorte que d’ici à 2018, 25% de l’électricité mexicaine provienne de sources propres, et, à l’horizon 2040, ce pourcentage devrait passer à 60%.  M. Peña Nieto a également rappelé le rendez-vous au Mexique du 13 décembre pour la Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité.

Enfin le Président mexicain a mis l’accent sur la vocation pacifiste de son pays et son engagement en faveur de la paix dans le monde.  À ce titre, il a salué le récent accord de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC et a appelé à la levée du blocus économique et financier de Cuba, tout en réaffirmant l’attachement de son pays au désarmement nucléaire.

M. Peña Nieto n’a pas manqué de relever le mécontentement de beaucoup de citoyens quant à leurs autorités, ce qui alimente, selon lui, le manque de confiance dans les institutions et augmente les incertitudes.  Une étude menée en Amérique latine indique une détérioration claire du soutien public à la démocratie ce qui est « très grave » à ses yeux.  Face à ce nouveau défi, le monde ne doit pas tomber dans le piège de la démagogie et de l’autoritarisme, a averti M. Peña Nieto pour lequel la seule réponse possible reste la démocratie elle-même.  L’ouverture, la transparence et la redevabilité sont les clefs de cette réponse et les leaders d’aujourd’hui se doivent d’être à l’écoute de leurs citoyens.  Il faut promouvoir le débat public, assumer des engagements communs, en se basant sur les nouvelles technologies de la communication, et pousser dans le sens de sociétés de plus en plus participatives et inclusives, a fait valoir le Président mexicain, qui s’est dit convaincu que « la réponse au désenchantement démocratique réside dans la démocratie elle-même ».

FELIPE IV, Roi d’Espagne, a déclaré que son pays se félicitait et soutenait unanimement l’accord conclu dans le cadre du processus de paix en Colombie.  « L’Espagne se tient aux côtés du peuple colombien pour qu’il puisse savourer les fruits de la paix », a-t-il déclaré, tout en précisant que ce dernier aurait le dernier mot lors du référendum sur l’accord de paix, prévu le 2 octobre prochain.

Abordant le mandat de l’Espagne en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU depuis 2015, Felipe VI a indiqué que son pays avait eu à cœur d’œuvrer dans un esprit ouvert au compromis, surtout pour mettre fin aux conflits existants, prévenir de nouvelles guerres, promouvoir la participation des femmes dans la consolidation de la paix et lutter contre le terrorisme.  Sur ce dernier point, il a notamment mentionné l’adoption imminente par le Conseil, à l’initiative de l’Espagne, d’une résolution sur le non-accès des acteurs non étatiques et des groupes terroristes aux armes, en particulier des armes de destruction massive.

Le Roi d’Espagne a par ailleurs déclaré que son pays, en tant que membre du Conseil, se refusait à adopter une attitude résignée face à la crise en Syrie.  Tout en appelant de ses vœux une solution politique à ce conflit sanglant, il a salué la signature récente d’un accord de cessez-le-feu et a indiqué que l’Espagne s’efforçait, dans ce contexte, d’améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie. 

S’agissant de l’Ukraine, le monarque a estimé que ce pays avait subi, il y a deux ans et demi, une violation de sa souveraineté, de son indépendance et de son intégrité territoriale.  « L’Union européenne, l’Ukraine et la Russie, nous devons normaliser nos relations au bénéfice de chacun et de la sécurité et la prospérité en Europe, en des termes respectueux des principes du droit international et des valeurs démocratiques », a-t-il déclaré.

Concernant le Sahara occidental, Felipe VI s’est déclaré en faveur d’une solution « politique, juste, durable et mutuellement acceptable » qui aboutisse à l’autodétermination du peuple sahraoui.  Il a, dans cette perspective, salué le renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et la reconduite de ses capacités, en avril dernier.  « Nous encourageons les parties à renouer avec le dialogue afin de résoudre enfin ce contentieux », a-t-il ajouté.

Le Roi d’Espagne a par ailleurs rappelé que Gibraltar était la seule colonie restante sur le territoire européen.  Il a donc invité le Royaume-Uni à « mettre fin à cet anachronisme, au moyen d’une solution négociée entre nos deux pays qui rétablisse l’intégrité territoriale de l’Espagne et bénéficie à la population de la colonie et au Campo de Gibraltar ».

Enfin, le Roi d’Espagne a rappelé que son pays était candidat au Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour la période allant de 2018 à 2020 et a demandé à la communauté internationale de soutenir cette candidature.

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la République de Zambie, a souligné la synergie entre le Programme 2030 et l’« Agenda 2063: l’Afrique que nous voulons ».  Soulignant qu’il ne peut y avoir de développement durable sans lutte contre la pauvreté, le Président a estimé qu’une attention particulière doit être accordée aux pays les moins avancés (PMA).  Dans sa quête pour résoudre les problèmes de pauvreté, de chômage et des inégalités de revenus, la Zambie, a dit le Président, a adopté des mesures spécifiques pour promouvoir sa transformation économique.  Le septième plan quinquennal de développement devrait ainsi entrer en vigueur en 2017 et mettre l’accent sur le renforcement du secteur agricole et sur le développement rural.  Compte tenu du fossé entre la croissance démographique des jeunes et leur intégration au marché de l’emploi, la Zambie se concentre sur le développement des compétences, l’entreprenariat, l’éducation et les infrastructures.  Le développement des infrastructures est « une question cardinale » pour accélérer la croissance économique et renforcer la compétitivité du continent sur les marchés internationaux.  En tant que Président du Groupe des pays en développement sans littoral, le Président de la Zambie a exhorté la communauté internationale à respecter les directives du Programme d’action de Vienne de 2014 qui vise à améliorer les conditions de vie des 500 millions de personnes qui vivent dans 32 pays enclavés.

Face aux changements climatiques, le pays s’emploie à développer des sources alternatives d’énergie et, à ce propos, le Président a appelé au financement du Fonds vert pour le climat.  Il a applaudi une nouvelle fois l’Accord de Paris sur le climat et exhorté les pays à respecter les contributions annoncées.  S’agissant de la sécurité alimentaire, il a appelé à davantage d’investissements dans l’industrie agroalimentaire pour ajouter de la valeur aux produits locaux et multiplier les opportunités d’emplois.  Le Président a aussi fait part des efforts nationaux dans le secteur de la santé et dans le domaine de l’égalité entre les sexes, fier de son titre de champion de la Campagne « He For Her » et de la consolidation démocratique de son pays.  Le Président a conclu en réitérant l’attachement de la Zambie à la pacification de sa région.  

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, a rappelé la devise de son pays: « Panama, pont du monde, cœur de l’univers ».  Il a fait remarquer que l’élargissement du canal de Panama, réalisé essentiellement avec une main-d’œuvre panaméenne, avait été terminé le 26 juin dernier.  Il s’est enorgueilli de faciliter ainsi le commerce mondial et de mettre son pays au service de la communauté internationale.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous réfléchissons aux façons d’augmenter la capacité de rétention d’eau du bassin du canal pour garantir l’approvisionnement en eau potable des villes principales du pays et le fonctionnement ininterrompu de la route interocéanique.

Le plan stratégique du Gouvernement 2014-2019 est en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a expliqué le Président.  Pour éliminer la pauvreté et les inégalités, la couverture des programmes du système de protection sociale a été étendue.  « Nous sommes le pays d’Amérique latine qui a le plus investi dans la santé de base et les transports collectifs », s’est félicité M. Valera Rodríguez.  On est en train de construire 10 000 salles de classe et de rénover plus de 3 000 écoles dans tout le pays.  Le Panama s’est également fixé pour objectif de recouvrer 50% des forêts déboisées au cours des 20 prochaines années et de protéger la biodiversité et les océans.   

Par ailleurs, a assuré le Président, le Panama s’est engagé à défendre son système financier et à faciliter l’échange d’informations en matière fiscale.  Des réformes ont été menées afin de pouvoir appliquer les normes les plus élevées recommandées par le Groupe d’action financière et lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et de ses activités connexes. 

Abordant la question des flux migratoires clandestins dans la région, M. Valera Rodríguez a précisé qu’au Panama, il s’agit essentiellement de citoyens haïtiens.  Il a défendu le respect du droit à la vie, avant de se dire favorable à un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il a souhaité le renforcement des institutions démocratiques en Haïti et salué le rapprochement entre Cuba et les États-Unis ainsi que  l’accord de paix conclu entre le Gouvernement colombien et les FARC.  Enfin, il a encouragé le dialogue au Venezuela, recommandant un rôle de médiateur pour le Saint-Siège.  

M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président de Costa Rica, a regretté le fait que la communauté internationale n’ait pas accordé suffisamment d’attention à la tragédie des milliers de migrants traversant l’Amérique latine du sud au nord.  D’avril à septembre 2016, 9 487 migrants clandestins ont traversé nos frontières et nous avons accordé le statut de réfugiés à 215 personnes pendant le premier semestre de 2016.  Des milliers de migrants de Cuba, d’Haïti, d’Amérique centrale, d’Asie et d’Afrique se déplacent dans notre région.

Il est évident, a dit le Président, que nous sommes face à un défi mondial qui exige des solutions mondiales, de la solidarité, une responsabilité partagée et des approches globales.  Nous devons aussi reconnaître le rôle joué par la société civile comme réseaux de soutien des migrants et de leurs familles en plus de sa grande capacité à réunir des informations sur la situation réelle et à traiter des violations des droits de l’homme des migrants. 

Les effets des changements climatiques aggraveront cette vague complexe de migration, a prévenu le Président.  Les inondations, les sécheresses et la montée du niveau des océans pousseront de nombreuses populations à se déplacer ou à migrer.  Ces défis exigent un nouvel ordre de tout l’écosystème de la mobilité humaine à travers un dialogue entre les différents acteurs, mécanismes et organisations.  Nous devons utiliser les ressources de manière efficace et bien coordonner l’action avec les organisations humanitaires.

Nous devons aussi continuer de souligner la nécessité de faire face à l’impact de la migration sur les femmes et d’adopter des politiques publiques qui abordent ces particularités.  Nous continuerons d’appeler à une action contre la violence sexuelle fondée sur le genre. 

Le Président a ensuite présenté les résultats des travaux du Groupe de haut niveau sur l’autonomisation économique de la femme qu’il a coprésidés à l’invitation du Secrétaire général avec la Directrice générale d’IKEA-Suisse, Mme Simona Scapaleggia.  Le Groupe recommande notamment de rompre avec les stéréotypes, de transformer et de défier les règles qui limitent l’accès des femmes à l’emploi ou qui dévaluent le travail des femmes.  Le Groupe préconise d’investir dans la santé, de réduire le travail non rémunéré, de garantir une distribution adéquate des biens matériels, financiers et numériques, de changer de culture et la façon de faire des affaires afin de créer des opportunités pour les femmes et de faire entendre la voix des femmes.  Afin de remplir pleinement ces mesures, il est impératif d’améliorer la collecte des données relatives à l’autonomisation des femmes. 

S’agissant de l’Accord de Paris sur le climat, le Costa Rica, qui a rejoint la liste des pays qui l’ont ratifié, appelle à son entrée en vigueur rapide.  En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le Président a estimé qu’elle doit être menée dans le cadre du droit international, y compris les droits de l’homme, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés.  C’est aussi le moment de demander aux pays qui n’ont pas ratifié le Traité sur le commerce des armes de le faire sans tarder.  L’arrivée des armes aux groupes extrémistes pourrait ainsi substantiellement être prévenue si plus d’États le mettaient en œuvre.

Avant de terminer, le Président du Costa Rica a souligné que l’Assemblée générale a le pouvoir de définir le terme du mandat du futur secrétaire général dans le cadre d’une résolution sur la nomination.  Pour le Costa Rica, le mandat doit être de sept ans sans possibilité de réélection.  Le Costa Rica, a souligné le Président, est également favorable à l’élection d’une femme au poste de secrétaire général, ce qui sera une première dans l’histoire de l’Organisation.  

M. TSAKHIA ELBEGDORJ, Président de la Mongolie, a félicité les pays qui ont officiellement ratifié l’Accord de Paris sur le climat, tout en précisant que la Mongolie figurait au nombre de ces derniers.

M. Elbegdorj a indiqué que la Mongolie, dont le taux d’émission de gaz à effet de serre est l’un des plus faibles au monde, souffre de manière disproportionnée des changements climatiques.  « La désertification, la déforestation et la perte de la biodiversité ont fortement affecté les moyens de subsistance de notre culture nomade et aggravé la dégradation de l’environnement », a-t-il déploré. 

Parallèlement, le Président a estimé que le soutien international promis dans l’Accord de Paris se fait attendre.  « Les bénéfices du Fonds vert pour le climat et du crédit de carbone font cruellement défaut en Mongolie et dans beaucoup de pays en développement qui sont dans une situation comparable », a-t-il ajouté, tout en exhortant les institutions multilatérales à prendre les devants sur ces questions.

Sur le plan politique, M. Elbegdorj a indiqué que la Mongolie a démontré la solidité de ses institutions démocratiques lors des dernières élections législatives qui ont eu lieu dans le pays, le 29 juin 2016.  « Ces élections étaient ouvertes et transparentes », a-t-il salué, précisant qu’elles avaient donné lieu à la formation d’un nouveau Gouvernement.  Le Président de la Mongolie en a profité pour féliciter le Kirghizistan et le Myanmar pour le succès de leurs scrutins électoraux respectifs.

M. Elbegdorj a en outre indiqué que la Mongolie avait entamé une nouvelle phase de réformes juridiques visant à renforcer et garantir la protection des droits de l’homme dans le pays, notamment le droit à la justice.  Il a également mentionné que la Mongolie avait aboli la peine de mort, une pratique qu’il a qualifiée d’« inacceptable et injustifiable, peu importe les circonstances ».

Le Président a par ailleurs rappelé que son pays avait accueilli la onzième Réunion Asie-Europe (ASEM), en juillet dernier, au cours de laquelle la Mongolie a réaffirmé son engagement en faveur des actions communes pour consolider la paix, la sécurité et la stabilité.

En conclusion, M. Elbegdorj a fait part de sa détermination sans faille à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris.  « Comme toujours, s’agissant de la paix, la liberté et la justice, la Mongolie jouera son rôle », a-t-il dit.

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a déclaré que le Sénégal, terre de diversité culturelle et religieuse, où 95% de musulmans vivent en harmonie avec leurs compatriotes chrétiens et de religion traditionnelle, est préoccupé chaque fois que des mesures sont édictées pour cibler des communautés et des pays musulmans en violation des droits de l’homme et des règles qui gouvernent les relations entre les États.

Face à la menace terroriste globale, le bon sens commande de coopérer pour vaincre le mal par une réponse globale, solidaire et concertée.  De la Syrie à la Libye, du Soudan à la Somalie, du Nord-Mali aux pays affectés par Boko Haram, accordons la même priorité à toutes les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Trouvons une solution juste et équitable au conflit israélo-palestinien.  Traitons avec le même respect et la même humanité tous les migrants, réfugiés et personnes déplacées quelle que soit leur origine. 

Redressons l’injustice historique qui fait de l’Afrique le seul continent à n’avoir aucun siège permanent au Conseil de sécurité alors qu’elle fournit près d’un tiers des États Membres de l’ONU et que les dossiers qui la concernent occupent l’essentiel des travaux du Conseil.  Le Sénégal poursuivra son mandat restant au Conseil en étant attaché à la position africaine exprimée dans le Consensus d’Ezulwini et ouvert au dialogue avec d’autres groupes d’opinion.

Pour les pays africains, la question de l’énergie reste un enjeu vital parce qu’il ne peut y avoir d’industrialisation et de développement sans accès à l’électricité.  L’Afrique ne peut continuer à éclairer les autres continents grâce à ses ressources en restant elle-même dans l’obscurité.  L’Afrique ne peut continuer à servir de réservoir de matières premières transformées ailleurs au détriment de sa propre industrialisation.

L’Afrique ne peut pas continuer à être le continent le plus affecté par les changements climatiques alors que sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie demeure la plus faible et de seulement 3% en 2040, selon les prévisions.  L’Accord de Paris sur le climat nous engage à travailler ensemble pour que les pays en développement, africains en particulier, n’empruntent pas le même schéma pollueur que les pays aujourd’hui industrialisés.

De plus, a poursuivi le Président, j’appelle à une autre vision des enjeux du développement en Afrique.  Regardons l’Afrique non comme une terre d’urgence humanitaire et un réceptacle d’aide publique au développement mais comme un continent en construction, un pôle d’émergence et de progrès.  C’est l’Afrique des routes et des autoroutes, des ponts et des chemins de fer, l’Afrique des barrages et des centrales électriques, des parcs industriels et des fermes agricoles.

Voilà notre ambition pour nos pays que nous réaliserons non par l’aide mais par des investissements massifs et urgents dans les secteurs qui portent la croissance et le développement.  Nous voulons d’abord compter sur la mobilisation de nos propres ressources, par une meilleure efficacité dans la dépense publique, la valorisation et la juste rémunération de nos matières premières, une fiscalité maîtrisée et une lutte plus soutenue contre les flux financiers illégaux.

Voilà pourquoi le Sénégal soutient le projet de lutte contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfice (BEPS) initié par l’OCDE et le G20, la Banque mondiale et le FMI.  J’invite en même temps, a ajouté le Président, à la mise en œuvre de l’initiative CONNEX du G7 sur le renforcement de l’aide à la négociation de contrats complexes, en particulier dans le domaine des mines et des hydrocarbures.  J’appelle enfin tous les partenaires publics et privés à ne pas surestimer le risque de l’investissement en Afrique. Le risque n’y est pas plus élevé qu’ailleurs et pour une économie mondiale aujourd’hui essoufflée, l’Afrique ne présente pas de risques mais plutôt des opportunités de relance et de croissance partagée. 

Travaillons à la réforme de la gouvernance financière mondiale pour assouplir les conditions d’accès au crédit pour le financement du développement.  C’est dans la foi en cette Afrique nouvelle que nous poursuivons depuis deux ans la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent à travers de grands projets structurants notamment des centrales électriques, un nouveau pôle urbain, des infrastructures routières dont une deuxième autoroute à péage et le lancement prochain d’une ligne de train express régional reliant Dakar à notre nouvel aéroport international en cours de finition, a conclu le Président.

M. JOHN KEY, Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, a expliqué que son pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité utilisait ce siège pour faire avancer les questions sensibles.  Si le Conseil de sécurité a permis des succès tels que la négociation du « deal iranien » ou la fin de la guerre en Colombie, le Premier Ministre néo-zélandais a regretté que ce Conseil n’ait pas été en mesure de faire face à ses responsabilités dans la crise la plus grave, à savoir la crise syrienne.  « Quelle que soit la difficulté de la situation, le Conseil de sécurité ne peut pas se contenter de la regarder se dégrader encore », a insisté le Premier Ministre, avant de préciser que son pays utilise son rôle de Président du Conseil de sécurité pour organiser demain une réunion de haut niveau sur la Syrie.  Il a espéré que cette réunion permettra d’avancer vers une solution politique et d’appuyer l’accord de cessez-le-feu conclu grâce aux États-Unis et à la Fédération de Russie.  Cet accord est la meilleure chance de mettre fin au conflit et de parvenir à un règlement politique. 

Le Premier Ministre néo-zélandais s’est aussi félicité des initiatives de la Chine et des États-Unis pour négocier une nouvelle résolution du Conseil de sécurité relative au dernier essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a précisé que son pays travaillait aussi à rendre le Conseil de sécurité plus efficace en matière de prévention des conflits et à répondre aux crises politiques avant qu’elles n’échappent à tout contrôle.  Dans ce contexte, la Nouvelle-Zélande souhaite pousser le Conseil de sécurité à travailler plus étroitement avec les organisations régionales pour s’engager le plus tôt possible avec les pays en crise.

Par ailleurs, le Premier Ministre a rappelé que les questions des changements climatiques et du financement de l’adaptation au risque de catastrophe naturelle étaient une priorité pour les petits États insulaires en développement.  Il a rappelé que ces pays figurent parmi les partenaires au développement les plus proches de la Nouvelle-Zélande.  Il a aussi appelé à des règles plus équitables en matière de commerce international avant d’appeler l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à mettre en place un dispositif qui bénéficiera à tous.  Il a prévenu que le protectionnisme aura un effet négatif sur notre capacité à réaliser le développement durable et, dans le contexte du processus de nomination du prochain secrétaire général de l’ONU, le Premier Ministre a estimé que sa compatriote Mme Helen Clark ferait « une excellente » secrétaire générale.

M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, a estimé que nous sommes dans une nouvelle ère d’opportunités et de possibilités mais aussi de menaces et de problèmes qui semblaient, il n’y pas si longtemps, encore éloignés.  La menace du terrorisme est devenue quotidienne, un terrorisme qui ne s’attaque plus seulement aux cibles classiques mais aux théâtres, aux musées, aux stades et aux restaurants.  Les risques liés aux pandémies sont parfois exagérés mais ils sont bien réels et les menaces à l’environnement sont bien connues.  Tous ces risques et menaces, a dit le Premier Ministre, ont transformé l’avenir en une source de préoccupations plutôt que d’espoirs.  Le Premier Ministre s’est particulièrement attardé sur la migration et les problèmes qu’elle a créés dans le cœur des gens, les questions qu’elle a soulevées et les difficultés qu’elle a fait naître.  L’avenir devient un espace de doutes qui fait peur. 

Nous devons pourtant, a encouragé le Premier Ministre, choisir la voie de l’espoir, du possible et des opportunités devant des défis et des menaces qui n’ont plus de frontières mais qui sont au cœur de nos villes et souvent dans les quartiers les plus pauvres et oubliés, comme le terrorisme.  Devant ces problèmes, quelle est la réponse de Rome?  La réponse c’est l’espoir, c’est la fierté des milliers de vies sauvées par les soldats, les garde-côtes, les marins italiens dans la Méditerranée.  La réponse c’est la voix des Italiens dans les domaines de la culture et de la recherche qui vont conduire la première mission européenne sur Mars le 19 mars.  La réponse c’est le respect des valeurs religieuses mêlé à un profond sens de l’identité culturelle qui fait d’une communauté, une communauté.  La réponse c’est la conviction que sans compassion, une communauté ne mérite pas de s’appeler communauté. 

C’est dans cet esprit, a confié le Premier Ministre, que l’Italie entend relever les défis du monde, au Conseil de sécurité en 2017, en partageant son siège non permanent avec les Pays-Bas.  L’Italie participera aussi à la vie de la communauté internationale en accueillant le 25 mars, les pays de l’Union européenne pour le soixantième anniversaire de leur traité, une date importante pour ouvrir un chapitre.  L’Italie dirigera également la réunion du G7 en Sicile, « un lieu important de culture et de valeurs ». 

Au niveau national, l’Italie sait que la seule manière de combattre le terrorisme qui vient de ses banlieues abandonnées est d’investir dans le capital humain, donc dans l’éducation.  Une loi a d’ailleurs été adoptée qui fait qu’un euro investi dans la sécurité et la police doit correspondre à un euro investi dans la culture et l’éducation.  L’Italie compte ainsi faire de la réunion du G7 une occasion importante de réfléchir à l’identité et à la culture mais aussi aux défis de la faim, de la pauvreté et de la santé.  Les défis du Conseil de sécurité, de l’Europe et du G7 ont la même matrice, a souligné le Premier Ministre, et c’est notre devoir en tant qu’Italiens, de promouvoir l’espoir et non le ressentiment, la haine et la colère.  L’Italie, a-t-il promis, continuera à servir les idéaux de la paix, grâce à ses hommes et femmes en uniforme déployés à travers le monde.  Elle sera toujours du côté de la démocratie, de la liberté et des idéaux, soucieuse de faire de la politique une activité noble et concrète.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face au niveau sans précédent de mobilité humaine, l’Assemblée générale adopte la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants

Soixante et onzième session,
3e à 7e séances plénières - matin, après-midi & soir    
AG/11820

Face au niveau sans précédent de mobilité humaine, l’Assemblée générale adopte la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants

La « Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants » a été adoptée aujourd’hui sans vote par l’Assemblée générale, lors d’une réunion plénière de haut niveau consacrée à la gestion des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, un phénomène mondial qui prend de plus en plus d’ampleur.

L’Assemblée propose également un cadre d’action global et des mesures en vue de l’adoption de deux pactes mondiaux en 2018.

« Nous sommes déterminés à sauver des vies humaines.  Notre tâche est avant tout morale et humanitaire », déclarent d’emblée les États Membres dans ce document, qualifié de « percée » dans les efforts collectifs par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  « Mais nous sommes aussi déterminés à trouver des solutions durables et à long terme », affirment les États.  Les États reconnaissent la responsabilité partagée qui leur incombe de gérer les déplacements sans précédent de réfugiés et de migrants « avec humanité, sensibilité et compassion », et en veillant à répondre aux besoins de chacun.  « Notre arme sera la coopération internationale. »

Avec cette déclaration politique, l’Assemblée approuve, à la veille de l’ouverture de son débat général annuel, un ensemble d’engagements en trois volets: le premier s’applique aussi bien aux réfugiés qu’aux migrants, le second est axé sur les réfugiés et le troisième sur les migrants.  « Nous le faisons en prenant en compte la différence des réalités, des capacités et des niveaux de développement des pays et en respectant les priorités et politiques nationales », précisent les États.

Réaffirmant leur attachement au droit international, ils soulignent que la mise en œuvre de la Déclaration et de ses appendices devra être conforme à leurs droits et obligations en vertu de ce droit.

L’Appendice I à la Déclaration propose un cadre d’action global pour les réfugiés et définit des mesures en vue de l’adoption d’un pacte mondial sur les réfugiés en 2018.  L’Appendice II énonce des mesures en vue de l’adoption d’un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en 2018.

Le Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, des Fidji, a annoncé qu’il s’engagerait en faveur des préparatifs pour la tenue d’une conférence intergouvernementale sur les migrations internationales en 2018.  Il a appelé les États Membres à maintenir à la hausse leurs ambitions.

En 2015, les migrants étaient plus de 244 millions, leurs effectifs progressant à un rythme plus rapide que ceux de la population mondiale.  On dénombre environ 65 millions de personnes déplacées de force, dont plus de 21 millions de réfugiés, 3 millions de demandeurs d’asile et plus de 40 millions de personnes déplacées dans leur propre pays.

« Nous devons placer les droits de l’homme de tous les réfugiés et migrants au cœur de nos engagements », a affirmé le Secrétaire général.  « Nous devons changer la façon dont nous parlons des réfugiés et des migrants », a ajouté M. Ban.  C’est la raison pour laquelle l’ONU lance, aujourd’hui, une nouvelle campagne intitulée « Ensemble- respect, sécurité et dignité pour tous ».

Le Président de la précédente session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, du Danemark, a salué cette initiative visant à contrer la xénophobie et l’intolérance.

S’exprimant au nom du Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales, M. Peter Sutherland, le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, a rappelé qu’il y a un an, les États Membres s’étaient engagés à faciliter des migrations sûres et responsables en adoptant le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, la Déclaration de New York « marque un engagement politique avec une résonance sans précédent ».  Elle comble la lacune du partage véritable des responsabilités.  Le cadre de réponse face au problème des réfugiés est très important, a insisté M. Grandi en encourageant « l’engagement d’acteurs multiples dans le cadre d’arrangements prévisibles avant qu’une crise n’éclate ».

M. Ban Ki-moon et le Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), M. William Lacy Swing, ont signé ce matin l’Accord sur les relations entre l’ONU et l’OIM.  « Si les 244 millions de migrants internationaux devraient peupler un pays, celui-ci serait le sixième le plus important du monde en termes de population », a fait observer M. Swing.

« L’amère vérité est que ce Sommet a été organisé parce que nous avons largement échoué », notamment auprès du peuple syrien, s’est indigné le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein.  Il a jugé honteux que les victimes de crimes abominables soient amenées à souffrir davantage à cause de notre incapacité à les protéger.  « Une épidémie d’amnésie est au cœur de cet effondrement moral », a averti le Haut-Commissaire.  Beaucoup semblent avoir oublié les deux guerres mondiales.  « Que se passe-t-il quand la peur et la colère sont alimentées par des demi-vérités et des mensonges purs et simples?  La haine s’accumule », a-t-il répondu.

Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains, Nadia Murad Basee Taha, a rappelé qu’elle avait survécu au « génocide yézidi » perpétré par Daech, qui l’a réduite en esclavage.  Elle a demandé à la communauté internationale de mettre fin au terrorisme et de maintenir ouvertes les frontières pour les populations fuyant de telles violences.

Un jeune représentant des Volontaires syriens des Pays-Bas (SYVNL) a cité, à son tour, un jeune réfugié palestinien, apatride comme lui.  « Nous vivons au bord de l’enfer.  Cela fait tellement longtemps que nous attendons le jour où l’on entendra notre voix.  J’espère que ce sera aujourd’hui. »

Parallèlement aux sessions plénières, au cours desquelles se sont relayés toute la journée les chefs d’État et de gouvernement, six tables rondes de haut niveau ont été organisées sur les causes des déplacements massifs de réfugiés, les facteurs de la migration, l’action et la coopération internationale, la lutte contre la vulnérabilité des réfugiés et des migrants et les deux pactes mondiaux envisagés. 

Il faut, a souligné le Président de l’Union européenne, M. Donald Tusk, ne plus reproduire la situation qui a prévalu en 2015 avec plus 1,5 million de migrants illégaux.  L’Union européenne, a-t-il assuré, poursuit sa coopération avec la Jordanie et le Liban concernant la situation résultant du conflit syrien, et elle a créé de nouveaux partenariats avec les pays d’Afrique.  Elle est déterminée, a-t-il dit, à poursuivre sa coopération avec la Turquie et les pays des Balkans de l’Ouest. 

Pour sa part, le Premier Ministre de la Grèce, M. Alexis Tsipras, a rappelé que les pays ne pouvaient faire face seuls aux déplacements massifs.  Soit la communauté internationale trouvera une solution fondée sur le droit, soit elle échouera, a-t-il averti, en évoquant le risque de « trahison de ses valeurs » par l’Europe.

Le Liban, qui accueille 1,5 million de réfugiés syriens alors qu’il compte seulement 4 millions d’habitants, est « menacé d’effondrement », a affirmé le Président du Conseil des ministres de ce pays, M. Tammam Salam.  Il a demandé à la communauté internationale et aux Nations Unies de mettre en place, dans les trois mois, un plan logistique détaillé pour le retour des réfugiés syriens présents au Liban et de mobiliser dès maintenant les financements nécessaires.

La Jordanie a accueilli plus de 1,3 million de réfugiés syriens ces dernières années, soit l’équivalent de 20% de sa population, alors que les camps ne peuvent accueillir que 10% d’entre eux, a indiqué, à son tour, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’expatriation de ce pays, M. Naser Judeh.  La Jordanie doit être appuyée quand elle assume ses responsabilités  face aux réfugiés, car elle le fait au nom de la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il ajouté.

« La situation actuelle n’est pas juste », a renchéri le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Melvüt Çavuşoğlu.  Avec plus de 3 millions de personnes, la Turquie accueille la plus large population de réfugiés au monde, tout en continuant de lutter contre le trafic des migrants, a-t-il affirmé.

Les Palestiniens représentent 40% des réfugiés de longue date, a rappelé, pour sa part, le Premier Ministre de l’État de Palestine, M. Rami Hamdallah.

Le Chef du Gouvernement de l’Italie, M. Matteo Renzi, a également souligné que son pays, au premier plan des opérations de sauvetage en Méditerranée, avait accueilli des vagues de migrants et de réfugiés.

Le Ministre pour la coopération économique et le développement de l’Allemagne, M. Gerd Müller, a précisé que 10 pays riches assumaient à l’heure actuelle 80% du financement de l’aide aux réfugiés.  Il a proposé la création d’un fonds des Nations Unies pour les réfugiés, assorti d’une dotation initiale de 10 milliards d’euros.

Le Sommet des dirigeants sur les réfugiés, organisé demain sous l’égide du Président américain, M. Barack Obama, a pour objectif de renforcer la Déclaration de New York adoptée aujourd’hui, a précisé le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry.

Il est temps pour la communauté internationale d’agir, a déclaré le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Eliasson, lors de la cérémonie de clôture.  Des efforts déterminés et collectifs doivent être entrepris pour gérer les déplacements massifs de réfugiés et de migrants dans le monde.  « Nous devons contrer les forces polarisantes qui visent à instiller la peur et à nous diviser entre Eux et Nous. »   

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU SUR LA GESTION DES DÉPLACEMENTS MASSIFS DE RÉFUGIÉS ET DE MIGRANTS

Déclarations d’ouverture

M. PETER THOMSON, Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a exhorté tous les peuples à reconnaître la contribution positive faite par les migrants dans les pays d’accueil.  L’adoption, aujourd’hui, de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants marquera une avancée significative et reflète notre engagement collectif à relever le défi mondial que pose le phénomène de la migration, a-t-il souligné, avant d’engager tous les États Membres à mettre en œuvre les éléments de ce document.  L’adoption, l’an dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a donné effet à un cadre transformatif véritable au niveau mondial, marqué par l’obligation « de ne laisser personne de côté », a rappelé le Président, qui a ainsi insisté sur l’importance de ne pas négliger, dans ce contexte, les droits des migrants et des réfugiés. 

Mis en œuvre efficacement, le Programme mettra fin à la pauvreté extrême et permettra, a estimé le Président de l’Assemblée générale, de soutenir la paix, d’accroître les opportunités à l’échelle locale, de lutter contre les changements climatiques et de répondre aux causes profondes des déplacements de populations.  Aussi, M. Thomson a-t-il donné l’assurance qu’il prendrait à la lettre l’engagement pris en vertu de la Déclaration de New York de débuter un processus propice à un Pacte mondial « pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », ainsi que pour un Cadre d’action global pour les réfugiés.  Il a également annoncé qu’il s’engagerait en faveur des préparatifs pour la tenue d’une conférence intergouvernementale sur la migration en 2018, appelant dès lors les États Membres à maintenir à la hausse leurs ambitions dans le cadre de ces processus.

« Bien trop nombreux sont ceux qui fuient les conflits et la violence », a déploré  le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. MOGENS LYKKETOFT.  C’est un défi dont l’ampleur est sans précédent, et qui ébranle notre conscience collective et nous pousse à agir.

Malheureusement, a reconnu M. Lykketoft, certains pays portent de manière disproportionnée le poids de cette responsabilité partagée.  Il faut combler le déficit persistant en matière de financement humanitaire, a-t-il insisté.

2016 a été une année porteuse de transformations, s’est-il félicité.  Ainsi, a-t-il dit, la Déclaration de New York témoigne-t-elle de l’engagement collectif de la communauté internationale.  M. Lykketoft a appelé tous à faire en sorte que les engagements soient honorés  « sans retard ».  

Il a salué la nouvelle campagne du Secrétaire général visant à contrer la xénophobie et l’intolérance. 

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que le sommet d’aujourd’hui représentait « une percée » dans nos efforts collectifs entrepris pour répondre aux défis de la mobilité humaine.

De très nombreuses personnes se déplacent, a reconnu M. Ban.  Certaines fuient la guerre, d’autres cherchent des opportunités.

« Les réfugiés et les migrants ne doivent pas être perçus comme un fardeau; ils offrent un potentiel énorme, à condition qu’on veuille bien le déverrouiller », a-t-il dit.

« Nous devons placer les droits de l’homme de tous les réfugiés et migrants au cœur de nos engagements », a affirmé le Secrétaire général.

Quand nous traduirons en actes la Déclaration de New York, a souligné M. Ban, plus d’enfants pourront aller à l’école.  Plus de travailleurs pourront trouver des emplois à l’étranger, au lieu d’être victimes de trafiquants criminels.  

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fait progresser ces objectifs.

La Déclaration, adoptée aujourd’hui, rallie tous les partenaires autour d’engagements collectifs: protéger les droits de l’homme de tous les réfugiés et migrants; augmenter l’appui aux pays les plus touchés; aider les personnes désespérées dans des crises prolongées; garantir une éducation aux enfants; améliorer les opérations de recherche et de sauvetage; accroître le financement humanitaire et la réinstallation des réfugiés.

M. Ban a également fait remarquer que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rentrait formellement dans le système des Nations Unies.

« Nous devons changer la façon dont nous parlons des réfugiés et des migrants », a assuré M. Ban.  « Nous devons parler avec eux.  Le dialogue est important ».

C’est la raison pour laquelle l’ONU lance, aujourd’hui, une nouvelle campagne intitulée « Ensemble -respect, sécurité et dignité pour tous », a annoncé M. Ban.

« Ensemble, nous pouvons répondre à la xénophobie et transformer la peur en espoir, a-t-il précisé.

« Avec des actions courageuses pour mettre en œuvre la Déclaration de New York, nous pourrons nous assurer que nous ne laissons de côté aucun réfugié ou migrant », a conclu le Secrétaire général.

M. JIM YONG KIM, Président de la Banque mondiale, a rappelé que la collecte de données relatives à la situation des réfugiés et des migrants devrait impérativement s’améliorer afin de pouvoir mieux répondre aux besoins de ces populations en détresse.  C’est dans cette perspective que l’institution financière qu’il dirige s’emploie à soutenir la mise en place de systèmes d’alerte précoce, y compris dans des pays en conflit, comme le Yémen.  La Banque mondiale, a-t-il poursuivi, s’efforce également d’aider les pays hôtes à mieux organiser l’accueil des réfugiés, comme c’est le cas en Jordanie, où elle a l’ambition d’établir des zones économiques spéciales.  La Banque mondiale, a assuré M. Jim, continue d’appuyer le financement de solutions pérennes, notamment des politiques agricoles viables, citant par exemple l’Afghanistan.

M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a indiqué, à titre d’exemple, que la semaine dernière le nombre de réfugiés fuyant le Soudan du Sud avait dépassé la barre du million de personnes.

« Ce Sommet ne saurait être plus urgent », a insisté M. Grandi.  Il faut parler à la fois des réfugiés et des migrants.  S’il y a beaucoup de caractéristiques communes,  les réfugiés doivent néanmoins avoir un statut particulier.  « Il est temps de reconnaître que nous ne pouvons pas adopter les mêmes approches qu’auparavant », a-t-il fait remarquer.

Pour le Haut-Commissaire, « la Déclaration de New York marque un engagement politique avec une résonance sans précédent ».  Elle comble la lacune du partage véritable des responsabilités.

Le cadre de réponse face au problème des réfugiés est très important, a estimé M. Grandi.  « Nous devons encourager l’engagement d’acteurs multiples dans le cadre d’arrangements prévisibles avant qu’une crise n’éclate. »  Il a reconnu, en particulier, qu’il y avait un rôle immense à jouer pour le secteur privé. 

Le monde est choqué par les images des personnes qui fuient en grand nombre et périssent pendant leur traversée en mer, a souligné M. Grandi.  « Il faut que les déplacements forcés puissent être gérés avec courage et prévision ».

M. WILLIAM LACY SWING, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré que les migrations constituaient un phénomène d’ampleur mondiale, avec un milliard de migrants sur sept milliards d’habitants.  « Si les 224 millions de migrants internationaux devraient peupler un pays, celui-ci serait le sixième le plus important du monde en termes de population », a-t-il fait observer.  Quant au montant total des envois de fonds annuels par des migrants, il équivaut au produit intérieur brut (PIB) d’un pays européen de taille intermédiaire et excède de loin l’aide actuelle au développement.  La thèse soutenue par l’OIM, a-t-il précisé, c’est que les migrations sont nécessaires à l’épanouissement des économies et des sociétés, à condition toutefois d’être menées de manière responsable et humaine.

Il s’est ainsi félicité que, dans ce contexte, l’ONU se soit dotée, pour la première fois de son histoire, grâce à la signature de plusieurs accords cardinaux en 2015, d’un mandat officiel en matière de migrations, et se soit rapprochée encore davantage de l’OIM dans le cadre d’un accord d’association.  Cet accord, a-t-il dit, reflète la confiance cultivée par les deux organisations au cours d’une histoire commune de 65 ans.  M. Swing a affirmé, avant de conclure, que l’Organisation qu’il dirige continuerait de tenir informés ses États Membres du statut de ses négociations avec le Secrétariat de l’ONU dans trois domaines spécifiques: la poursuite d’un modèle économique rentable; la capacité et la souplesse opérationnelles; et la fourniture rapide d’une aide sur le terrain. 

M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a averti que ce sommet ne devait pas se réduire à des discours et des bonnes intentions.

« L’amère vérité est que ce sommet a été organisé parce que nous avons largement échoué », a relevé le Haut-Commissaire.  « Nous avons échoué auprès du peuple syrien, pour ne pas avoir arrêté la guerre à ses débuts; échoué auprès de ceux qui vivent dans des zones de conflits chroniques, pour la même raison; échoué auprès de millions de migrants qui méritent tellement mieux que des vies marquées par l’indignité et le désespoir. »

M. Al Hussein a jugé honteux que les victimes de crimes abominables soient amenées à souffrir davantage à cause de notre incapacité à les protéger.  C’est « détestable », a-t-il dit, de traiter comme des criminels des femmes, des hommes et des enfants, et de les détenir pendant des mois.

« Nous pouvons changer cela », a affirmé le Haut-Commissaire.  « Ici, lors de ce Sommet. »  Ensemble – respect, sécurité, dignité pour tous. 

Toutefois, a-t-il déploré, « les défenseurs de ce qui est juste et bien sont aujourd’hui débordés dans trop de pays par des bigots, qui cherchent à gagner ou à conserver le pouvoir en maniant les préjugés et la tromperie, aux dépens des plus vulnérables, et, en fin de compte, de ceux qui les appuient au départ ».

« Une épidémie d’amnésie est au cœur de cet effondrement moral », a averti le Haut-Commissaire.  Beaucoup semblent avoir oublié les deux guerres mondiales.  « Que se passe-t-il quand la peur et la colère sont alimentées par des demi-vérités et des mensonges purs et simples? La haine s’accumule », a-t-il répondu.

S’adressant à ceux qui s’opposent à un plus grand partage des responsabilités et qui promeuvent la rupture, M. Al Hussein a dit: « Nous continuerons de vous montrer du doigt ».  « Vous aurez à répondre du jugement de Nous, les peuples ». 

S’exprimant au nom de M. PETER SUTHERLAND, Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales, M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il y a un an, les États Membres s’étaient engagés à faciliter des migrations sûres et responsables en adoptant le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a regretté qu’en période de crise, il n’ait pas été possible de se rassembler autour des principes fondamentaux de l’ONU.  C’est pourquoi, a-t-il déclaré, le Représentant spécial présentera prochainement aux États Membres des directives pour retrouver l’élan nécessaire à la mise en œuvre du Pacte mondial pour les migrations, en demandant qu’ils apportent leur soutien en ce sens.

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, s’exprimant au nom du Groupe mondial sur la migration, a assuré que le Groupe se tenait prêt à appuyer les États Membres dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qu’il s’agisse des objectifs de développement durable ou des engagements pris dans la Déclaration de New York.

Mme Mlambo-Ngucuka a indiqué que le Groupe mondial sur la migration travaillait en collaboration étroite avec les groupes de travail thématiques et les équipes spéciales pour élaborer des outils et des directives sur un grand nombre de questions couvertes par la Déclaration.

« La vie d’hommes, de femmes et d’enfants dépend des actions pour lesquelles nous nous engageons », a-t-elle assuré.  Face aux déplacements massifs de réfugiés et migrants, l’approche du Groupe est centrée sur les personnes et fondée sur les droits de l’homme et elle tient compte de la problématique hommes-femmes. Il est important, a souligné Mme Mlambo-Ngcuka, de reconnaître la valeur culturelle et économique des femmes et des filles réfugiées et migrantes.  

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que la communauté internationale ne pouvait se permettre de voir la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale devenir une opportunité pour des organisations criminelles.  Il s’est félicité de l’adoption de la Déclaration de New York, laquelle, a-t-il précisé, reprend à son compte des recommandations de l’ONUDC.  M. Fedotov a ensuite rappelé l’obligation pour les États Membres de garantir les droits de toutes les victimes, y compris celles qui sont en situation irrégulière.  À ce jour, a-t-il rappelé, 156 pays ont fait de la traite humaine un crime à part entière, comme le stipulent les Protocoles contre la traite humaine et contre le trafic illicite de migrants.  Si la mise en œuvre de ces instruments constitue un défi, 142 États se sont cependant engagés à mettre fin au trafic de migrants, a fait remarquer le Directeur exécutif, en demandant aux États de respecter leurs propres législations.

M. MATS GRANRYD, Directeur général de GSMA, représentant du secteur privé, a indiqué que GSMA réunit près de 800 opérateurs mobiles et 300 entreprises dans le secteur général de la téléphonie mobile.  Ils connectent 4,8 milliards de personnes dans le monde, dont des millions de personnes déplacées.

La téléphonie mobile, a expliqué M. Granryd, est « un atout précieux pour apporter des services qui peuvent sauver des vies ».  Parfois, a-t-il dit, des réfugiés préfèrent un accès Wifi à d’autres services de base.  La téléphonie mobile offre des outils pédagogiques.  Elle permet l’accès à des soins de santé. Elle a soutenu les efforts entrepris dans le domaine humanitaire. 

Le représentant a indiqué qu’une charte avait été signée par plus de 100 opérateurs mobiles pour améliorer les préparations aux catastrophes et contribuer au relèvement.

Il a préconisé des solutions systémiques, chaque acteur jouant son rôle, « pour réduire les souffrances et préserver la dignité de ceux qui se déplacent ».

Mme ENI LESTARI ANDAYANI ADI, observatrice de l’Alliance internationale des migrants, a témoigné de la crise qui affecte sa propre famille en Indonésie, où des millions d’autres personnes dans le besoin font face chaque jour au chômage, à l’absence d’éducation, à l’érosion des services de base, à la perte de terres arables et à l’appauvrissement généralisé.  Elle a expliqué qu’elle-même n’avait pas eu d’autre choix que de partir à l’étranger travailler comme domestique, « pour rembourser les dettes de ses parents et payer la scolarité de ses frères et sœurs ».  Devant le peu de cas fait à la condition des migrants, l’intervenante a adressé un message « clair »: « celui de ne pas parler de nous sans notre participation », en affirmant que les populations concernées par l’exil forcé avaient des réponses à donner et des voix à faire entendre, sur les liens entre migrations, développement et droits de l’homme.  Elle a donc demandé aux États Membres de s’engager en faveur de la justice et d’un développement à la fois respectueux de familles déchirées et opposé à l’exploitation des migrants.  Mme Adi a plaidé, avant de conclure, pour la mise en œuvre en 2018 du Pacte mondial pour les migrations. 

M. MOHAMMED BADRAN, représentant des Volontaires syriens des Pays-Bas (SYVNL), a repris les mots d’un jeune réfugié palestinien, apatride comme lui.   « Nous vivons au bord de l’enfer.  Cela fait tellement longtemps que nous attendons le jour où l’on entendra notre voix.  J’espère que ce sera aujourd’hui. »

Les jeunes réfugiés en Europe sont confrontés quotidiennement à la colère et à la peur, a témoigné M. Badran.  Les portes nous sont fermées, nous n’avons pas le droit à l’enseignement supérieur, mais cela ne nous empêchera pas d’agir, a-t-il assuré. 

« Crise après crise, conférence après conférence, il semblerait que l’inaction soit la seule chose sur laquelle la communauté internationale puisse se mettre d’accord », a regretté le jeune homme.  « Si les dirigeants du monde ne trouvent pas aujourd’hui une solution à la crise syrienne et à la crise des réfugiés, alors ce sommet ne sera pas différents des autres. »

M. Bardan a espéré que la communauté internationale s’accorde à mettre un terme à la violence maintenant, à garantir des routes sûres pour tous les réfugiés, à autonomiser les réfugiés sur des projets les concernant, et à fournir un enseignement supérieur à tous les jeunes réfugiés.   

Mme NADIA MURAD BASEE TAHA, Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains, a rappelé qu’elle avait survécu au « génocide yézidi » perpétré par Daech, qui l’a réduite en esclavage, elle et 6 500 autres femmes et enfants de sa communauté, après avoir tué sa mère et six de ses frères.  Elle a évoqué son calvaire, en affirmant qu’elle aurait « souhaité que les viols qu’elle a subis aux mains de 12 terroristes fussent 12 balles dans ma chair ».  En dépit des horreurs qu’elle a endurées, elle s’est toutefois estimée « chanceuse » en comparaison au sort de bien d’autres de ses compagnes d’infortune. 

Après avoir expliqué qu’elle était reconnaissante de l’accueil que lui avait fait l’Allemagne, elle a justifié sa présence aujourd’hui à la tribune de l’Assemblée générale par sa volonté de faire passer un message de la part de toutes les victimes du monde entier.  Elle a voulu aussi rappeler aux États Membres que toute action de leur part est susceptible d’avoir un impact positif ou négatif sur la vie  de migrants.  Mme Yazda a ensuite plaidé non seulement pour une réponse aux causes profondes de l’immigration, mais aussi pour l’éradication du terrorisme et de l’instabilité, et l’ouverture de poursuites contre les auteurs de crimes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Affirmant que Daech était à l’origine du déplacement de millions de personnes au Moyen-Orient, l’intervenante a demandé, avant de conclure, à la communauté internationale de mettre fin au terrorisme et de maintenir ouvertes les frontières pour les populations fuyant de telles violences.

Déclarations

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a rappelé que plus de 30 000 personnes étaient déplacées chaque jour et que le monde se trouvait face à des besoins croissants en matière humanitaire, faisait état d’un déficit de 13 milliards de dollars.  Il a rendu hommage aux agences spécialisées des Nations Unies, telles que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ou l’Organisation internationale pour les (OIM).  Il a souligné les droits des migrants, et notamment des femmes et des enfants, touchés de manière disproportionnée par les déplacements massifs non contrôlés et souvent victimes de violences et de trafics.  La Finlande s’attache, pour sa part, au sort des migrants et ou réfugiées handicapées.  « Nous n’en sommes qu’au début des déplacements massifs et il faut pour traiter la question s’attacher aux causes de ces mouvements et, notamment, mieux défendre les droits de l’homme et l’état de droit. »  En outre, il ne faut pas voir les migrants uniquement comme un fardeau, sachant que la mobilité peut aussi contribuer à la croissance.  À cet égard, a-t-il recommandé, il faut mettre en œuvre pleinement le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. FELIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a affirmé que son pays était un pays d’accueil des réfugiés et des migrants, en particulier d’Afrique.  Le Président mozambicain a mis l’accent sur la question de la main-d’œuvre, qui est une réalité actuelle et historique.  Il a plaidé pour l’établissement d’un cadre visant à encourager les États africains à mettre en œuvre les politiques nationales et régionales en la matière, en soulignant l’importance, à cet égard, de la coopération régionale et internationale.

Le Mozambique, a indiqué M. Nyusi, a reçu récemment plus de 23 000 personnes qui demandaient asile, en provenance notamment de la région des Grands Lacs et d’autres régions du continent.  Le Mozambique, a-t-il assuré, est engagé à accorder l’assistance nécessaire à ces citoyens.

M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, s’est félicité de l’adoption de la déclaration sur les réfugiés et migrants avant de rappeler que la crise mondiale des déplacements massifs se poursuit et représente une charge énorme.  Elle exige une volonté politique de chacun sur la base du principe de responsabilité partagée, afin d’aider les réfugiés et appuyer ceux qui les reçoivent. 

La Lettonie travaille avec les autres pays de l’Union européenne pour mettre au point une politique commune d’accueil et de réinsertion, sachant qu’aucun pays ne peut seule traiter des problèmes de migrations.  Il faut une réponse mondiale et la Lettonie continuera d’aider les Nations Unies à renforcer leur système de réponse, a indiqué le Président.  En même temps, les États ont besoin de coopération pour lutter contre les abus et assurer leur sécurité.  Il faut que chaque pays puisse décider de ceux qu’il souhaite admettre à l’intérieur de ses frontières.  Il ne faut pas oublier les causes qui sont à la base des mouvements massifs de population.  À cet égard, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un instrument crucial pour traiter des causes profondes des déplacements massifs de populations. 

M. MICHEL TEMER, Président du Brésil, a rappelé que c’est la première fois que l’Assemblée générale traite ensemble de questions liées aux réfugiés et aux migrants.  Pour M. Temer, seules des solutions négociées et inclusives empêcheront le déplacement de personnes.  Il a mis l’accent sur la nécessité pour les États de garantir les droits inhérents à chaque citoyen, y compris ceux des migrants et des réfugiés.  Si nous abandonnons ces droits, nous abandonnerons notre propre humanité et notre engagement à l’égard de la civilisation elle-même, a prévenu le Président brésilien.

Les migrants continuent d’apporter une grande contribution au continent sud-américain, en rappelant, en particulier, que le Brésil fut le premier pays organisateur des Jeux olympiques à accueillir une délégation de réfugiés.  Au Brésil, a-t-il également dit, les réfugiés ont accès aux services publics, à l’emploi et aux soins de santé.  

M. LI KEQIANG, Président du Conseil d’État de la Chine, a rappelé la participation aux Jeux olympique de Rio, pour la première fois, d’une équipe d’athlètes réfugiés, y voyant un signe du respect qui est dû aux migrants et réfugiés.  Les déplacements massifs touchent à la paix et la sécurité internationales, surtout du fait de l’augmentation sans précédent des rythmes des mouvements de populations, laquelle nuit à la relance de l’économie mondiale et donne des occasions au terrorisme international.  Mais les déplacements massifs de populations représentent aussi une crise humanitaire.  De nombreux réfugiés et déplacés perdent la vie, d’autres souffrent de la faim ou de maladies.  La communauté internationale doit aider les réfugiés et montrer clairement qu’elle souhaite les aider, d’où qu’ils viennent. 

À cette fin, une coopération internationale accrue est nécessaire et des organisations comme l’OIM doivent jouer un rôle à part entière.  Tous les États –de départ, de transit ou d’accueil- doivent consentir les efforts nécessaires.  Il faut aussi traiter la question du terrorisme et s’attaquer aux causes profondes des mouvements de populations.  La Chine, qui reste un pays en développement, entend prendre sa part à ses efforts.  Il faut créer des synergies qui permettront de trouver des solutions globales à la crise des réfugiés et des migrants. 

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, a affirmé que son pays appuyait le Document final du Sommet sur les larges mouvements de réfugiés et de migrants qui souligne, a-t-il dit, l’engagement collectif visant à gérer de l’afflux massif de réfugiés et de migrants.  Il a appelé à concentrer les efforts en faveur des pays qui en ont besoin pour que le développement durable de ceux-ci puisse devenir une réalité.  Il faut, a-t-il ajouté, créer les conditions économiques et sociales de ces pays pour dissuader leurs ressortissants à les quitter.

Le Président chypriote a plaidé pour que, collectivement, l’on regroupe les efforts contre le trafic de personnes et tout ce qui facilite le terrorisme.  Il a ainsi rappelé les efforts de l’Union européenne en ce sens.  Chypre, a-t-il conclu, s’efforcera de mettre en œuvre efficacement les engagements contractés lors de cette réunion de haut niveau d’aujourd’hui.  

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a estimé que la réunion de ce jour permettait de s’attaquer aux défauts de la gouvernance mondiale face aux migrants et réfugiés.  La communauté internationale doit s’engager à faire plus.  La crise actuelle n’est en effet pas sans précédent: il y a eu après la fin de la Seconde Guerre mondiale des flux de réfugiés beaucoup plus importants et les agences concernées ont pu alors engager l’équivalent de 50 milliards de dollars d’aujourd’hui.  Le Président de l’Estonie a toutefois rappelé que la crise actuelle concerne un nombre sans précédent d’enfants, auxquels il faut assurer une vie normale.  L’Estonie fait beaucoup en ce sens, notamment au sein de l’Union européenne.  Accueillir les enfants des migrants et réfugiés et leur offrir une éducation et des chances égales contribue à construire un monde plus sûr, a affirmé M. Ilves, qui a cité en exemple les programmes d’assistance financés par l’Estonie pour les enfants réfugiés dans les camps de Jordanie.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes des migrations, comme la pauvreté et les conflits.  En ce sens, l’Estonie contribue ainsi aux efforts de résolution pacifique des différends. 

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Vice-Président du Kenya, a affirmé que la ville de New York, les États-Unis et beaucoup d’autres villes dans le monde étaient le produit des mouvements des personnes et de la migration.  Tant que l’insécurité, la famine et la pauvreté existeront, la migration se poursuivra, a-t-il dit.  Au cours de ces dernières années, le Kenya, a-t-il expliqué, a accueilli des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées, devenant ainsi l’un des 10 premiers pays au monde à accorder un tel accueil. 

M. Ruto a indiqué que plus de 170 000 réfugiés bénéficiaient des institutions kenyanes, en particulier des établissements scolaires.  Le Gouvernement du Kenya, a-t-il assuré, s’acquitte de son obligation visant à venir en aide aux personnes en détresse, en évoquant à cet égard les conséquences de la situation en Somalie.  La communauté internationale a une dette face à l’égard des peuples de Somalie, a-t-il dit, en invitant à appuyer la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) afin de faciliter le rapatriement en bonne marche des réfugiés somaliens. 

M. IDRISS DEBY ITNO, Président du Tchad, a rappelé que la réunion d’aujourd’hui se plaçait dans droite ligne du Sommet mondial sur l'action humanitaire d’Istanbul tenu en mai dernier, lors duquel les dirigeants du monde se sont engagés à faire progresser le Programme d’action pour l’humanité élaboré par le Secrétaire général.  Il a rappelé que l’Afrique et, notamment le Tchad, illustre bien les problèmes humanitaires d’aujourd’hui.  Ainsi, le Tchad accueille depuis 2003 des centaines de milliers de réfugiés, étant en Afrique le troisième pays pour le nombre de réfugiés accueillis, avec plus de 750 000 personnes, auxquels s’ajoutent quelque 130 000 Tchadiens revenus de la République centrafricaine du fait de la crise dans ce pays.  En outre, le Tchad a été l’un des premiers pays à ratifier la Convention de l’Union africaine sur les réfugiés en Afrique.

Outre les crises au Darfour, en République centrafricaine et en Libye, le Tchad subit depuis 2015 une nouvelle crise humanitaire provoquée par les atrocités commises par le groupe terroriste Boko Haram, a rappelé M. Deby Itno.  Pour y faire face, le Tchad a élaboré, avec ses partenaires, un important plan de réponse, qui reste toutefois très largement sous-financé.  Le Président a salué la visite de haut niveau, effectuée l’été dernier conjointement par les États-Unis, l’Union européenne et les Nations Unies, pour attirer l’attention sur la situation dans la région du Lac Tchad.  La communauté internationale, a–t-il insisté, doit se pencher sur les diverses causes de ces crises humanitaires, afin d’agir sur les racines du mal plutôt que d’avoir à en gérer les conséquences. 

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a rappelé qu’une loi sur la lutte contre la traite des êtres humains avait été promulguée en Égypte en 2010.   Des services de réinsertion ont été établis, en précisant qu’ils venaient s’ajouter aux efforts de sécurité et des forces armées pour prévenir la criminalité.   L’Égypte, a—t-il déclaré, assume sa responsabilité d’accueil des nombres plus importants de réfugiés et de demandeurs d’asile qui arrivent.  Cinq millions de personnes ont ainsi été enregistrées, celles-ci étant traitées, a-t-il dit, comme des ressortissants égyptiens, qui bénéficient  des mêmes droits au logement et à la santé.  

M.  Sisi a également appelé à mettre un terme à la migration clandestine en s’attaquant à ses racines.  Il a plaidé pour une bonne gouvernance des pays d’accueil et d’origine, tout en déplorant les manifestations croissantes de xénophobie et de racisme dans le monde.  L’Égypte, a-t-il conclu, souhaite que soit élaborés et adoptés deux instruments en faveur des réfugiés et des migrants.  

M. FAYEZ MUSTAFA Al-SARRAJ, Président du Conseil présidentiel et Premier Ministre du Gouvernement d’accord national de la Libye, a fait état d’une situation sans précédent du fait des conflits, de la détresse, des catastrophes naturelles ou des changements climatiques, en rappelant le rôle des réseaux criminels dans les déplacements massifs et illégaux de populations.  De tels réseaux contribuent à aggraver la situation en Libye.  La Libye ne peut pas traiter seule de cette situation sans s’attaquer à ses causes profondes, ce qui exige, a-t-il dit, un effort international.  La Libye souhaite toutefois apporter sa contribution pour apaiser les souffrances des réfugiés dans le respect des principes du droit international humanitaire mais aussi de la souveraineté nationale des États.  La Libye souhaite pouvoir, avec l’appui de la communauté internationale, « fermer la porte sur le commerce de la mort », ce qui l’aidera aussi à se reconstruire.  La migration illégale ne peut être traitée exclusivement sous l’angle de la sécurité: il faut améliorer la situation dans les pays d’origine de la migration.  La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 contribue à résoudre ces problèmes, de même que celle de l’Accord de Paris sur le climat.

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a estimé que le renforcement récent des relations entre les Nations Unies et l’Organisation internationale pour les migrations allait permettre d’accroître la coordination entre les différents acteurs du système onusien sur la question des déplacements massifs de réfugiés et de migrants. 

M. Plevneliev a par ailleurs déclaré que cette question ne pourrait pas être résolue à moins de s’attaquer aux causes profondes de ces déplacements massifs, y compris en trouvant des solutions durables aux conflits en cours au Moyen-Orient et en Afrique. 

Le Président bulgare a en outre insisté sur le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment dans la gestion des frontières par les États face à l’afflux de réfugiés et migrants.  Sur ce point, il a indiqué qu’une gestion efficace des frontières devrait impérativement prendre en compte les droits des demandeurs d’asile, ainsi que la prévention et la lutte contre la migration irrégulière et les trafiquants de migrants.  

À ce titre, M. Plevneliev a précisé que son pays agissait dans le plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme et accordait une importance toute particulière à la protection des groupes de réfugiés et de migrants les plus vulnérables, dont les femmes, les enfants et les personnes vivant avec un handicap.

Le Président bulgare, après avoir indiqué que son pays avait établi un programme national de réinstallation des réfugiés, a fortement encouragé les États n’ayant pas encore mis en œuvre de tels programmes à le faire le plus rapidement possible.

M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président du Costa Rica, a estimé qu’une collaboration étroite entre les pays d’origine, de transit et de destination était nécessaire.  Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables, de même que les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.   M. Solís Rivera a expliqué que le Costa Rica fut d’abord un pays de migrants, en soutenant qu’ils avaient contribué à l’enrichir.  Néanmoins, depuis ces derniers mois, le Costa Rica est devenu un pays de transit, notamment pour des personnes en provenance du Brésil.  

Pour le Président Solís Rivera, sans l’apport des réfugiés et des migrants, la réalisation du développement durable sera impossible.  Le Costa Rica, a-t-il ajouté, a adopté la Déclaration de San José, laquelle appelle à traiter le phénomène croissant des déplacements forcés dus à la violence et à la criminalité dans le Triangle du Nord de l’Amérique centrale.  

M. ENRIQUE PEÑA NIETO, Président du Mexique, a affirmé que les migrants symbolisaient la force de ce qui a fait l’humanité à toutes les étapes de son histoire: ils ont enrichi et renforcé les cultures.  L’Histoire montre qu’aucune barrière ne peut arrêter le mouvement des personnes ou celui des cultures et des idées.  Pour chaque rivière, il existe un pont; pour chaque obstacle, un moyen de le surmonter.  Le Mexique est un pays d’origine, de transit, de destination et de retour des personnes et il est fier de sa diversité culturelle, fruit de nombreuses migrations et les Mexicains sont convaincus que ce métissage est l’avenir de l’humanité, a déclaré le Président Peña Nieto.  Pour toutes ces raisons, le Mexique se félicite de la réunion historique de ce jour, qui montre que les migrants, leur dignité et leur bien-être doivent être placés au centre des discussions mondiales. 

Pour le Mexique, la Conférence intergouvernementale de 2018 sur la migration internationale devra adopter une approche « droits de l’homme », et une approche de responsabilité partagée entre pays d’origine, de transit, de destination et de retour, et reconnaître ainsi la contribution des migrants au développement économique et social, mettre l’accent sur l’inclusion sociale des migrants, mettre en place un cadre de gouvernance de la migration et assurer une plus grande coopération internationale pour que les États accordent une plus grande importance à la migration, en tenant compte des changements climatiques et des phénomènes naturels qui sont les causes de la migration.  Le Mexique a offert d’accueillir, en 2017, une réunion préparatoire à cette conférence.  Les migrations ne représentent pas seulement le passé et le présent de l’humanité mais aussi son avenir, a souligné M. Peña Nieto.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président de Guyana, a rappelé que la crise actuelle des réfugiés et migrants représentait un défi majeur pour la communauté internationale.  Afin d’y faire face, a-t-il ajouté, les États doivent s’attaquer aussi bien aux causes profondes des déplacements massifs de réfugiés et migrants qu’à leurs conséquences. 

Estimant que les conflits entre États constituent l’un des principaux facteurs de ces déplacements, le Président de Guyana a appelé la communauté internationale à remédier aux causes des conflits existants et à faire en sorte de prévenir l’éclatement de nouveaux conflits dans le monde.

M. Granger a par ailleurs indiqué que les catastrophes naturelles, y compris celles engendrées par les changements climatiques, étaient également un facteur important à l’origine des déplacements massifs de réfugiés et migrants.  Il a notamment mentionné le tremblement de terre qui a frappé Haïti il y a six ans, provoquant la mort et le déplacement de milliers de personnes.  Tirant les leçons de cette tragédie, le Président du Guyana a appelé la communauté internationale à apporter un soutien humanitaire rapide et soutenu aux pays victimes de telles circonstances. 

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a souligné l’acuité de cette question des migrants et des réfugiés pour son pays, membre de l’Union européenne et au centre de la Méditerranée.  Ainsi, Malte a-t-il placé la migration au centre de sa politique étrangère.  Le pays, a-t-il précisé, reçoit un grand nombre de réfugiés et de personnes ayant besoin d’une protection internationale.  

M. Muscat a appelé à mettre le principe de la solidarité au centre d’une politique globale de la migration.  Ce problème, a-t-il dit, nécessite une stratégie collective ainsi qu’une approche à long terme.  La communauté internationale doit intensifier son appui aux pays d’origine, de transit et de destination grâce à une politique de développement mieux gérée.  Il a jugé regrettable que des migrants et des réfugiés tombent entre les mains de réseaux criminels organisés et c’est pourquoi, a-t-il souligné, il faudrait établir une coopération régionale efficace contre ce phénomène.  Le Premier Ministre de Malte a, de même, insisté en particulier sur le rôle du secteur privé pour traiter de la question de la migration.   

M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, Présidant du Conseil des ministres, a appelé à une coopération efficace pour « contrôler les flux massifs de réfugiés et de migrants ».  À cette fin, il a souligné la nécessité de s’attaquer aux racines du phénomène migratoire, la pauvreté, la misère, le chômage, les inégalités, l’exclusion ou encore les violations des droits de l’homme.  Le Président burkinabé a également déploré le fossé grandissant entre monde développé et en développement, qui contribue lui aussi « aux départs massifs de populations ».

Pour M. Kaboré, les efforts de la communauté internationale doivent porter sur la mise en œuvre des ODD, tout en gardant à l’esprit que les réfugiés et les migrants, « accueillis avec dignité », peuvent contribuer au développement tant de leur pays d’accueil que de leur pays d’origine.  « Tout mécanisme de gestion qui ne prendrait pas cette dimension en compte est incontestablement voué à l’échec », a-t-il estimé avant de recommander le renforcement, « le cas échéant », des instruments juridiques et cadres institutionnels nationaux, régionaux et internationaux pertinents.

Le Président du Burkina Faso a, par ailleurs, indiqué que son pays, avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) notamment, avait pu accorder toute l’aide nécessaire aux 33 000 de personnes qui a avaient été déplacées au Mali et que son pays a accueillies en tant que réfugiés.  Il a ajouté qu’avec près d’un tiers de sa population vivant dans d’autres pays, le Burkina Faso mesurait « à sa juste valeur » la contribution des émigrés au développement national et au rapprochement entre les peuples.

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a affirmé que son pays était en grand danger du fait qu’il accueille 1,5 million de réfugiés syriens alors qu’il compte seulement quatre millions d’habitants.  Il a insisté sur la situation sans précédent du Liban et de l’effort de sa population, en rappelant que le pays a dépensé, depuis 2011, 15 milliards de dollars qu’il n’a pas pour aider la population syrienne, pour tenter d’assurer la stabilité et l’ordre avec des moyens qu’il n’a pas, et pour assurer l’éducation de presque autant d’enfants syriens qu’il y a d’enfants libanais.  Il a rappelé à cet égard que, depuis le début de la crise en Syrie, plus de 100 000 bébés syriens étaient nés au Liban, avant d’ajouter qu’il y avait aujourd’hui davantage de Syriens nés au Liban qu’il n’y en a dans le reste du monde.  Il est impensable que le Liban puisse, seul, relever un tel défi, a poursuivi M. Salam, qui a demandé un effort massif de la communauté internationale. 

Le Liban est menacé d’effondrement, a affirmé M. Salam, avant de demander à la communauté internationale et aux Nations Unies de mettre en place dans les trois mois un plan logistique détaillé pour le retour des réfugiés syriens présents au Liban et mobiliser dès maintenant les financements nécessaires, afin de pouvoir le mettre en œuvre dès que les conditions sur place le permettront.  Quand le monde fera-t-il quelque chose pour le Liban, et quand les Nations Unies agiront-elles pour coordonner les efforts menés en faveur des migrants et des réfugiés et pour assumer sa responsabilité première, celle du maintien de la paix et la sécurité internationales ? a encore demandé M. Salam.

M. DONALD TUSK, Président de l’Union européenne, s’est félicité de la tenue de cette réunion de haut niveau, laquelle poursuit un objectif ambitieux.  Il n’existe pas de problème plus aigu que la situation des migrants, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il est important de trouver les ressources nécessaires pour faire face aux problèmes humanitaires déclenchés par cette vague de migrants sans précédent.

M. Tusk a souligné que la Déclaration de New York plaidait pour une approche pragmatique permettant d’œuvrer dans le cadre d’un partage des responsabilités.  Il faut, a-t-il dit, ne plus reproduire la situation qui a prévalu en 2015 avec plus 1,5 million de migrants illégaux.  L’Union européenne, a-t-il assuré, poursuit sa coopération avec la Jordanie et le Liban concernant la situation résultant du conflit syrien, et elle a créé de nouveaux partenariats avec les pays d’Afrique.  Elle est déterminée, a-t-il dit, à poursuivre sa coopération avec la Turquie et les pays des Balkans de l’Ouest.  Il a enfin plaidé pour un engagement politique et une responsabilité pratique.

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a constaté un flux sans précédent de migrants issus de conflits.  Il a dénoncé comme intolérable la passivité des États face à ce qui se passe en Méditerranée.  L’Indonésie n’a pas ratifié la Convention de 1951 sur les réfugiés mais en a accueilli des centaines de milliers depuis les années 1970, a affirmé le Président, qui a ajouté que la situation actuelle n’avait pas beaucoup de rapport avec celle de 1975 quand l’Indonésie a accueilli des milliers de réfugiés vietnamiens.  Il a appelé au partage du fardeau dans la région de l’Asie du Sud-Est et à la lutte contre les migrations irrégulières, avant d’appeler à la coopération internationale.  Faisant remarquer que la démographie évolue, il a également constaté que certains pays ont besoin de main-d’œuvre.  L’Indonésie, qui signera le pacte mondial, estime qu’il faut assurer la protection des travailleurs migrants, y compris dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. LARS LØKKE RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, a appelé à prévenir la migration en tentant d’éviter l’émergence de conflits violents.  Il faut, a-t-il dit, équilibrer les besoins des populations locales avec les besoins des populations migrantes.  La Déclaration de New York est, à ses yeux, une étape importante.  Il convient ainsi d’agir dans un cadre international fondé sur les droits de l’homme et de fournir une protection aux réfugiés.  Si nos efforts ne sont pas unis pour lutter contre l’immigration illégale, nous sapons notre action en faveur de cette protection, a-t-il prévenu.  

M. Rasmussen a annoncé que le Danemark augmenterait de façon record au cours des prochaines années son assistance humanitaire, l’élevant à plus de 250 millions de dollars par an.  Enfin, le Premier Ministre danois a mis l’accent sur la nécessité d’aider les pays de transit à lutter contre la traite des êtres humains et l’exploitation.

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a rappelé que les pays ne pouvaient faire face seuls aux déplacements massifs.  Soit la communauté internationale trouvera une solution fondée sur le droit, soit elle échouera, a-t-il averti, en évoquant le risque de trahison par l’Europe de ses valeurs.  L’Europe se pose la question de savoir s’il lui est encore possible de préserver sa cohésion sociale et sa sécurité sans violer la Convention de Genève de 1951, a fait observer M. Tsipras, qui a affirmé que, pour la Grèce, la réponse était « oui ».  Le Premier Ministre a ensuite rappelé que les services d’asile de son pays, qui n’existaient pas il y a encore trois ans, dont désormais les quatrièmes par le nombre des dossiers traités dans l’Union européenne.

Le Premier Ministre a cité l’accord mis en place comme un moyen de lutter contre l’immigration illégale, tout en ajoutant que le système mis en place ne tiendra que si les promesses faites à son pays sont tenues et si la responsabilité est réellement partagée.  La Grèce a également besoin de renforcer la coopération avec des pays d’Asie et d’Afrique pour que ne soient pas inclues dans des programmes d’accueil des personnes qui n’en ont pas besoin.  M. Tsipras a mis en garde contre l’échec de telles politiques et le risque d’ouvrir la voie à des mouvements nationalistes xénophobes qui « montreront leur vrai visage ».  Si la communauté internationale ne fait pas l’effort nécessaire, il y aura des répercussions à la fois sociales et politiques partout et pas seulement en Grèce, a-t-il encore averti.

M. GIORGI KVIRIKASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a affirmé que son pays subissait le fardeau que posent les personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières, en soulignant que les conflits en Abkhazie et en Ossétie du Sud avaient déclenché des vagues de déplacements.  Les Géorgiens ethniques continuent de subir des violations de leurs droits dans ces régions, a-t-il dit, en accusant notamment la Fédération de Russie d’être responsable de cette situation.  De même, a-t-il ajouté, la Géorgie continue d’enregistrer des dizaines de milliers de demandes d’asile de la part d’autres pays du monde.

La gravité de la situation mondiale des migrants et des réfugiés exige une réponse coordonnée et de s’attaquer aux causes profondes du problème, a-t-il également déclaré.  La violation du droit international est l’une des causes profondes du déclenchement des conflits, a-t-il notamment précisé.  Le Premier Ministre de la Géorgie a rappelé que lors du Sommet mondial sur l’action humanitaire d’Istanbul, en mai dernier, les dirigeants du monde avaient préconisé une approche nouvelle pour faciliter des situations durables pour les personnes déplacées à l’intérieur, et en préservant leur dignité et leur sécurité.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a souligné qu’il appartient aux responsables politiques de trouver un équilibre entre les impératifs humanitaires et le devoir d’engager une réflexion plus profonde sur les réponses à trouver à moyen et long termes.  Outre la multiplication des crises politiques dans le monde, a-t-il poursuivi, « nous devons prendre en compte les grandes tendances de ce siècle, et qui doivent aussi être anticipées: l’évolution exponentielle de la démographie dans certaines régions du monde, les changements climatiques et les conséquences qui en résultent, la propagation rapide des technologies qui appellent à une mobilité plus fluide. »  Il a ainsi prôné la solidarité, laquelle peut prendre la forme de l’accueil de migrants ou de personnes déplacées.  Elle peut également se matérialiser par une aide financière ou encore incarner un appui en ressources humaines ou matérielles.  Chaque État, a-t-il estimé, peut contribuer à tous ces volets de solidarité proportionnellement à son produit intérieur brut (PIB) et à sa population.

Pour M. Bettel, l’augmentation des moyens alloués à l’aide humanitaire est indispensable pour sauver des vies.  « Elle doit aussi être complétée très vite par une aide au développement qui répond aux besoins des crises complexes et prolongées. »  « En allouant 1% du revenu national brut (RNB) à la coopération au développement, le Luxembourg contribue à éradiquer la pauvreté », a assuré le Premier Ministre du Luxembourg.  En plus de l’aide humanitaire et la coopération au développement, il a également proposé d’autres initiatives comme celle du Sommet de La Valette entre l’Union européenne et l’Afrique. 

Notant que dans certains États, le manque de perspective entraine une émigration économique, M. Bettel s’est demandé s’il ne serait pas pertinent d’envisager la simplification de certaines règles de migration légale pour permettre des flux ordonnés et contrôlés plutôt que de laisser cette gestion aux mains des réseaux criminels.  Évoquant ensuite la résurgence des voix xénophobes et une montée du racisme, il a souligné que le populisme se nourrit de la peur d’un peuple qui l’écoute si on ne lui propose pas de solutions alternatives.  « La peur ne peut être contrecarrée que par un signal fort et clair au plus haut niveau politique », a-t-il conclu en souhaitant que cette journée soit l’occasion de lancer ce type de message encourageant, pragmatique et constructif.

M. MILO ĐUKANOVIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a rappelé que la région des Balkans se trouvait comme d’habitude en situation d’accueillir de nombreux réfugiés.  Notant qu’il n’y avait pas eu de mouvement d’une telle ampleur depuis la fin de La Seconde Guerre mondiale, il a appelé au partage du fardeau.  Son pays, a-t-il fait remarquer, a su accueillir, lors de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, des réfugiés venus de toutes les républiques de ce pays, soit presque 20 000 personnes, l’équivalent du cinquième de la population du Monténégro.  L’Union européenne a alors su apporter à son pays une assistance.

Le Monténégro n’est pas affecté actuellement par le flot des réfugiés car il n’est pas directement sur l’itinéraire qu’ils empruntent, a fait observer M. Đukanović, mais il négocie actuellement son processus d’intégration à l’Union européenne.  Le Premier Ministre s’est félicité de l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie.  M. Đukanović a aussi insisté sur la nécessité de réduire la pauvreté.  Tout en reconnaissant que cela est plus facile à dire qu’à faire, il a réaffirmé que son pays, qui a signé le Pacte mondial pour les migrants, apportera sa contribution à l’effort mondial.

M. AHMAD ZAHID HAMIDI, Premier Ministre de la Malaisie et Ministre des affaires intérieures, a souligné que son pays accueillait quelque 150 000 migrants et réfugiés, provenant de 54 pays différents.  M. Hamidi a notamment mis l’accent sur les problèmes que pose la réintégration de ces personnes, laquelle peut prendre plusieurs années, en appelant en particulier l’Organisation internationale pour les migrations à se pencher sur cette question très sérieuse.   

Le Premier Ministre a également proposé que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) examine la possibilité de créer des cartes d’identité pour ces réfugiés.  

M. SABAH KHALED ZAHID HAMIDI Al SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a insisté sur la nécessité d’un travail collectif pour relever le défi de la migration et des réfugiés.  Il a souligné le rôle qui incombe au Nations Unies pour trouver des mécanismes novateurs aptes à répondre de manière efficace à ce défi et a mis l’accent sur la nécessité d’appliquer les instruments internationaux.  Il a appelé à lutter contre l’intolérance et la xénophobie à l’encontre des migrants et souligné l’injustice dont souffrent depuis plusieurs décennies les réfugiés palestiniens, en demandant à la communauté internationale de continuer à leur fournir appui et protection par l’intermédiaire de l’UNRWA.  La Déclaration politique qui vient d’être adoptée représente un pas important, a assuré le Vice-Premier Ministre, avant de rappeler que l’ONU devra rester l’organisation pertinente pour traiter de ces défis.

Mme MARIA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a mis l’accent en particulier sur les victimes du crime organisé dans le cadre des déplacements de migrants en Amérique latine.  Les pays de transit sud-américains, a-t-elle expliqué, ne sont pas en mesure pour l’instant d’activer des mécanismes d’accueil durable de ces populations, les migrants cherchant eux-mêmes à gagner les pays développés.  Pour la Ministre colombienne des affaires étrangères, la coopération internationale est essentielle, de même que la transparence pour gérer ces problèmes.

La Ministre a souligné le travail de son pays en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations, laquelle a permis d’obtenir des résultats concrets et rapides en faveur des populations migrantes.  Elle a plaidé pour l’établissement international d’un système sûr et transparent pour protéger tous les migrants.

M. NASER JUDEH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’expatriation de la Jordanie, a rappelé que son pays avait collaboré avec l’Irlande à l’organisation de la présente réunion et s’est félicité de l’adoption de la Déclaration politique, en souhaitant qu’elle puisse être menée à bien d’ici à 2018.  La Jordanie est le deuxième pays dans le monde par le nombre des réfugiés qu’elle accueille, en ajoutant que le pays avait ouvert son cœur et ses bras à ceux qui fuyaient les horreurs de la guerre et les abus odieux contre la dignité humaine.  La Jordanie a constitué un véritable lieu sûr pour de nombreux flux migratoires, a déclaré M. Judeh, qui a souligné la complexe et ancienne question des réfugiés palestiniens, dont le droit à rentrer dans leur pays doit être reconnu.  La question de Palestine est au cœur de nombreux confits dans la région et à l’origine de l’apparition de formes d’extrémisme, a encore rappelé le Vice-Premier Ministre.  La communauté internationale doit assumer ses responsabilités, a-t-il dit, en insistant pour que l’UNRWA soit en mesure de poursuivre ses travaux.

La Jordanie a accueilli plus de 1,3 million de réfugiés syriens ces dernières années, soit l’équivalent de 20% de sa population, alors que les camps ne peuvent accueillir que 10% d’entre eux, et que le reste s’installe au milieu de la population, a poursuivi M. Judeh.  La Jordanie a assumé ses responsabilités et a offerts services, éducation et emplois aux réfugiés syriens comme aux réfugiés palestiniens, malgré une situation économique difficile, alors que des États beaucoup plus riches et puissants n’ont pu accueillir qu’une poignée de tels réfugiés.  La crise migratoire syrienne ne se limite pas aux pays voisins, c’est une crise internationale, a-t-il expliqué

M. Judeh a ajouté que l’aide internationale ne permettait de satisfaire que 35% des besoins de ces réfugiés.  La Jordanie doit être appuyée quand elle assume ses responsabilités face aux réfugiés, car elle le fait au nom de la communauté internationale dans son ensemble.  M. Judeh a aussi mis l’accent sur la nécessité d’une solution politique à la crise en Syrie sans quoi la frustration qui augmente, chez les jeunes en particulier, risque de favoriser l’extrémisme.  

M. PROSPER BANI, Ministre de l’intérieur du Ghana, a indiqué que son pays accueillait plus de 21 000 réfugiés et demandeurs d’asile provenant de 26 États du monde.  Le Ghana, a—t-il dit, est confronté à des phénomènes migratoires internes et dirigés vers d’autres pays.  Le Ministre a insisté sur l’importance de renforcer la coopération internationale en la matière, sachant que les déplacements forcés engendrent des problèmes humanitaires et de développement. 

Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité d’assurer la participation des réfugiés à la gouvernance locale.  Le Ghana, a-t-il dit, s’efforce de promouvoir les bénéfices et de réduire les coûts de la migration, tout en garantissant la sécurité des migrants.  Les questions des droits de l’homme, sont traitées, de même que les efforts sont déployés pour lutter contre la xénophobie et le racisme.

M. RAMI HAMDALLAH, Premier Ministre de l’État de Palestine, a rappelé que les Palestiniens représentaient 40% des réfugiés de longue date.  Il a dit porter l’histoire des souffrances des réfugiés palestiniens chassés de leurs terres depuis 1948 pour les plus anciens, qui souffrent de voir dénier leur droit au retour ou à une compensation pour la perte de leurs terres.  Mais il s’est voulu aussi porteur d’un message d’espoir de la part de ces réfugiés, qui croient toujours en les principes d’humanité et la justice, et sont solidaires des autres réfugiés.  M. Hamdallah a demandé que les déclarations faites dans cette salle soient traduites en actions, afin de subvenir aux besoins humanitaires de tous les réfugiés et leur garantir une vie digne. 

Il a rendu un long hommage à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qu’il a présenté comme un exemple des solutions offertes aux réfugiés.  Pour les Palestiniens, l’UNRWA vaut beaucoup plus que son action, elle représente la vie même, a-t-il affirmé.  Mais sa présence depuis 65 ans est aussi la démonstration de ce qui se passera si la communauté internationale ne parvient pas à trouver des solutions aux déplacements massifs et à leurs causes profondes.  M. Hamdallah a également salué l’assistance apportée aux réfugiés palestiniens par la Jordanie, le Liban et la Syrie, ainsi qu’aux bailleurs de l’UNRWA, auxquels il a demandé de combler le manque de fonds.

M. MATTEO RENZI, Chef du Gouvernement de l’Italie, a rappelé que son pays avait accueilli des vagues de migrants et de réfugiés et fut au premier plan des opérations de sauvetage en Méditerranée.  Il s’est félicité du fait que le principe de la responsabilité partagée était une idée aujourd’hui bienvenue aux Nations Unies.  Il a défendu la mise en place d’un véritable partenariat et la nécessité d’aider l’Afrique à s’attaquer aux causes de la migration, comme la pauvreté ou l’absence de débouchés.

Le Ministre a appelé à la solidarité et à l’engagement plein et entier de la communauté internationale.  Il a remercié la société civile pour son appui aux mesures prises dans son pays pour l’accueil des migrants.  L’Italie, a-t-il ajouté, plaide pour l’instauration de couloirs humanitaires pour les réfugiés.  Il a lancé un appel visant à protéger les migrants, qui sont parmi les personnes les plus vulnérables, l’Italie ayant l’intention de rechercher des partenaires dans ce sens pour sa prochaine présidence du G7, l’an prochain.

M. RENE SADI, Ministre de l’administration territoriale du Cameroun, a rappelé que le Sommet d’Istanbul de mai dernier avait reconnu la nécessité de trouver une solution appropriée à la question des réfugiés et des migrants.  Il a reconnu que les raisons à l’origine des migrations suscitaient la compassion mais que la masse des migrants et refugiés suscitait l’inquiétude et provoquait le repli dans les États d’accueil.  Les migrants sont en outre perçus comme des concurrents pour l’emploi ou une menace pour la sécurité.  Mais réfugiés et migrants ne sont-ils pas les deux faces d’un même problème et ne font-ils pas partie de la même humanité, qui leur confère les mêmes droits qu’aux autres? a-t-il demandé.

Le Cameroun accueille pour sa part environ 350 000 réfugiés et migrants et a une tradition d’accueil et de tolérance.  Le Gouvernement camerounais a pris les mesures qui s’imposaient pour assurer leurs besoins essentiels, avec l’appui de la population, mais aussi des pays amis et des organisations internationales, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.  Toutefois, les besoins restent énormes et le Cameroun demande à la communauté internationale de soutenir les efforts des pays d’accueil.  Mais tant que les conflits, internes ou internationaux persisteront, que la pauvreté se perpétuera et que des solutions ne seront pas trouvées aux conséquences des changements climatiques, il sera difficile d’empêcher des hommes de prendre des risques insensés pour tenter de trouver ailleurs une vie meilleure, a conclu M. Sadi.

M. GUILLAUME LONG, Ministre des affaires étrangères et de la mobilité humaine de l’Équateur, a appelé à analyser les causes systémiques de la crise des migrants et des réfugiés.  La situation provoquée par les pays du Nord qui contribue à ériger des murs et à causer des morts doit cesser, a-t-il dit.  Si l’on ne s’attaque pas aux grandes injustices de ce monde, aucune solution ne sera trouvée à cette situation, a-t-il ajouté. 

Il a fait état des mesures prises en faveur des migrants dans son pays, soulignant notamment qu’ils avaient le droit de vote.  L’Équateur est le pays de la région qui connaît le plus grand nombre de réfugiés, a-t-il expliqué, précisant qu’il n’avait pas de ghettos.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères et de la culture du Liechtenstein, a affirmé que son pays s’engageait de façon active pour lutter contre les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire et contre l’impunité, qui sont responsables de mouvements de réfugiés.  Elle a appelé les États à adhérer au Code de conduite mis en place pour lutter contre l’impunité pour les auteurs de crimes atroces.  Le Liechtenstein assure traditionnellement une protection pour les enfants dans les situations de conflit, notamment dans le cadre de programmes en faveur des enfants réfugiés dans les pays voisins de la Syrie.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a appelé à opter pour une démarche équilibrée et de bon sens plutôt que de céder à l’émotion.  Ce que l’on connaît actuellement est une menace considérable à la sécurité, a-t-il estimé.  Le droit à une vie sûre est un droit fondamental, a-t-il dit, en affirmant que des migrants s’étaient attaqués à son pays.  M. Szijjártó a insisté sur la nécessité de traiter les causes du problème et d’aider là où cette aide est absolument nécessaire.  Il faut aussi mettre un frein aux politiques qui engagent les gens à se lancer sur les routes, a-t-il ajouté. 

Le Ministre a dressé le constat de flux migratoires sans vérification, sans réglementation, dans le grand désordre.  La protection des frontières est aujourd’hui remise en cause, a-t-il regretté, en évoquant les infiltrations de groupes terroristes.  Il a appelé à éviter de montrer du doigt les pays qui cherchent à protéger leurs frontières et à renforcer le rôle de la diplomatie préventive en Hongrie.

M. JEAN-MARC AYRAULT, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré que les migrations contribuaient à la diversité de l’humanité et à son enrichissement.  Face à la montée des peurs, il faut rappeler que les réfugiés sont des femmes et des hommes comme nous qui ont, avant tout, besoin de protection.  La crise actuelle de réfugiés et de personnes déplacées est la plus importante que le monde ait connu depuis la fin de la seconde guerre mondiale, a rappelé le Ministre français des affaires étrangères, qui a rappelé que les 65 millions de réfugiés et de déplacés actuels représentaient l’équivalent de la population de la France.

C’est en Syrie que la situation est la plus grave, a ajouté le Ministre, pour qui la réponse collective n’a pas pour l’instant été à la hauteur.  Il est pourtant possible de donner à ces réfugiés syriens les moyens de reconstruire leur pays, après les avoir accueillis dans la dignité et le respect du droit international, et après avoir aidé les pays qui les accueillent, comme la Jordanie, le Liban ou la Turquie, ou encore les pays du Lac Tchad pour les réfugiés fuyant les exactions de Boko Haram.  Quant aux migrants, il ne s’agit pas d’empêcher des personnes qui veulent quitter leur pays de le faire, il s’agit de leur donner les moyens de rester.

La France participe à l’effort mondial en faveur des réfugiés syriens, au sein de l’Union européenne, mais aussi à titre individuel.  Concernant l’Afrique, la France entend investir 20 milliards d’euros sur cinq ans pour les pays africains les plus pauvres dans le cadre d’un programme de lutte contre les migrations irrégulières.  Grâce à cet accompagnement, l’Afrique pourra plus facilement absorber sa croissance démographique.  La France accueille en outre des réfugiés, notamment de Syrie, dans le cadre d’engagements volontaristes qui doivent encore être portés à la vitesse supérieure.  Chaque pays doit prendre sa juste part pour soulager les pays voisins, préserver le droit d’asile et prendre en compte les causes profondes des migrations, dans le respect des valeurs de diversité et d’ouverture qui sont au centre de la Charte des Nations Unies.

M. ABDALLAH ALBERT TOIKEUSE MABRI, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, a affirmé que les déplacements massifs mettaient à mal les capacités de réponse des pays d’accueil et suscitaient parfois au sein des populations d’accueil des sentiments négatifs de xénophobie, de racisme ou de discrimination.  L’action pour relever les défis que soulèvent ces déplacements massifs n’en sera plus efficace que si elle s’attaque à leurs causes profondes.

Il a appelé à renforcer sur les plans régional et international les mécanismes de diplomatie préventive pour empêcher les conflits, encourager un règlement pacifique des différends et consolider la paix.  Il s’agit également de promouvoir l’état de droit et le respect des droits de l’homme.

M. SHINZŌ ABE, Premier Ministre du Japon, a déclaré que les Nations Unies et leurs institutions devraient travailler ensemble pour remplir leurs engagements pris dans la Déclaration de New York.  Pour sa part, le Japon a fourni une assistance aux communautés dans le monde entier qui accueillent des réfugiés syriens, et a coordonné ses efforts avec les organismes des Nations Unies à cet égard. 

La promotion de l’aide au développement a été à la base des actions entreprises pour inciter les réfugiés à devenir autonomes, a-t-il dit, en citant l’exemple d’un projet de création d’emplois au Liban pour les jeunes réfugiés.  Ces projets visent à fournir de façon transparente le soutien que son pays, dans un premier temps, a pourvu en assurant un financement d’urgence suivi d’une aide au développement à plus long terme.  Au cours des trois prochaines années, le Japon fournira 2,8 milliards de dollars d’aide financière, a-t-il dit.

Mme LILJA ALFREÐSDÓTTIR, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande, a rappelé qu’il y a 11 siècles, un groupe d’hommes et de femmes nordiques ont entrepris un voyage périlleux à la recherche d’une nouvelle vie, s’installant ainsi en Islande qui était non peuplé à l’époque.  Elle a indiqué qu’aujourd’hui, des millions de gens sont en mouvement parce qu’ils n’ont pas d’autres alternatives, vivant dans l’extrême pauvreté, manquant d’accès aux services les plus élémentaires, ou alors sont forcés de se déplacer, fuyant parfois la guerre.

Elle a appelé à faire face aux causes profondes des déplacements des populations.  Là où les inégalités en sont la cause, nous devons rechercher à augmenter l’équité, a-t-elle suggéré en plaidant en outre pour l’éradication de la pauvreté et assurer l’accès aux opportunités pour tous.  En plus, nous devrons assurer un cadre adéquat et juste aux mouvements des populations, a ajouté Mme Alfreðsdóttir.  Parmi les causes majeures de déplacements massifs des populations, elle a souligné la place centrale qu’occupent les changements climatiques et des guerres.  Sur ce dernier point, elle a invité le Conseil de sécurité à agir de manière plus unie et plus rapidement.  La Ministre a par ailleurs indiqué que l’Islande a consacré 2,4 millions de dollars en 2016 pour les activités du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Syrie.  Elle a également indiqué que son pays s’apprêtait à accueillir de nouveaux réfugiés syriens s’ajoutant à ceux qui y ont été accueillis cette année.

Mme NENEH MACDOUALL-GAYE, Ministre des affaires étrangères de la Gambie, a déploré les tragédies mondiales qui découlent de désaccords politiques et de divisions idéologiques.  Elle a préconisé de s’atteler aux causes profondes de la migration.  Après avoir salué les pays qui ont ouvert leurs frontières et accueilli des réfugiés et des migrants, elle a appelé les pays frappés par des conflits et les pays d’origine « à faire montre de compassion pour préserver leurs populations de la mort et de la destruction ». 

Il faut tenir compte de la nécessité de garantir le partage des responsabilités et contribuer généreusement au Fonds mondial, a poursuivi la Ministre.  L’assistance humanitaire et l’assistance au développement devraient être renforcées, notamment pour aider des pays d’accueil.  Il faut également envisager les aspects positifs de la migration.  Enfin, elle a appelé l’Assemblée à se pencher sur le problème de la traite des êtres humains.

M. PIERROT DELIENNE, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a annoncé que son gouvernement avait élaboré, l’an dernier, un cadre d’orientation de la politique migratoire pour la période 2015-2030.  Ce document est basé sur le respect des droits de l’homme et la mise en œuvre des moyens appropriés pour faire de la migration un choix possible et non une nécessité, a-t-il expliqué, en assurant de la volonté de l’État haïtien de s’engager à matérialiser ses objectifs.  Rappelant que la question migratoire était devenue l’un des thèmes majeurs de la politique extérieure d’Haïti, le Ministre a déclaré que les autorités travaillent « d’arrache-pied » à créer des conditions favorables à la sédentarité d’une population très attachée à son pays d’origine et à sa culture.  C’est pourquoi il est important que le pays dispose de davantage de moyens et de possibilités en vue de concrétiser son programme de développement socioéconomique, a ajouté M. Delienne. 

À cet égard, a-t-il dit, la catégorisation d’Haïti dans le groupe des pays pauvres très endettés (PTTE) le pénalise lourdement, le privant d’accès à plusieurs sources de financement externe.  Compte tenu de cette situation, et de l’insuffisance des ressources internes, le pays est confronté à de nombreux problèmes économiques qui pèsent lourdement sur la stabilité politique et favorisent la migration.  Dans ce contexte, a plaidé le Ministre, il est urgent de financer le développement ».  Si le Gouvernement haïtien s’efforce d’accroître les recettes internes, d’attirer les investissements, il serait bienvenu pour le pays d’avoir accès, à brève échéance, au crédit sur le plan international, a insisté le Chef de la diplomatie haïtienne.

Mme JEAN KALILANI, Ministre pour la parité du Malawi, a déclaré que les réfugiés et migrants avaient besoin de l’aide de la communauté internationale dans son ensemble pour jouir de leurs droits les plus élémentaires.  Le Malawi, a-t-elle affirmé, est attaché à fournir un accès à l’éducation aux réfugiés résidant sur son territoire et à les intégrer économiquement, tout en travaillant à leur réinstallation future.

Mme Kalilani a indiqué que son pays avait accueilli de nombreux réfugiés dans les années 1970 et 1980, tout en soulignant que ces réfugiés sont depuis lors revenus dans leur pays d’origine.  Aujourd’hui, a-t-elle précisé, son pays accueille environ 27 00 réfugiés et demandeurs d’asile.

La Représentante du Malawi a par ailleurs appelé les États Membres de l’ONU à respecter les droits des réfugiés et migrants et à leur fournir une protection adaptée.  Elle s’est toutefois dite consciente des contraintes que font peser sur les pays d’accueil les déplacements massifs de réfugiés et migrants.  À ce titre, elle a insisté sur l’importance de mettre en œuvre des politiques de réinstallation.

Mme MAKALE CAMARA, Ministre des affaires étrangères de la Guinée, a appelé la communauté internationale à trouver des solutions durables et communes aux problèmes causés par les déplacements massifs de réfugiés et migrants.  Ces problèmes, a-t-elle estimé, exigent de s’attaquer aux causes profondes des déplacements.

Mme CAMARA a par ailleurs insisté sur la nécessité de renforcer la résilience des pays d’accueil et de créer un environnement favorable au retour des réfugiés.  Elle a aussi appelé à accroître les fonds alloués à la création d’emplois pour les jeunes et à l’autonomisation des femmes, afin de prévenir les déplacements massifs de ces deux catégories de population.

Elle a en outre insisté sur la nécessité de respecter la dignité humaine et les droits de l’homme des réfugiés et migrants.  Cela suppose, a-t-elle dit, de lutter contre le racisme et la xénophobie dont ils sont souvent victimes dans les pays d’accueil, mais aussi contre leur exploitation, les difficultés d’enregistrement, la précarité dans les camps de détention de réfugiés et la situation alarmante des enfants et femmes, qui constituent plus de la moitié des réfugiés. 

La Guinée appelle à renforcer encore davantage la coopération entre les Nations Unies et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Elle appelle également tous les États à signer, ratifier et mettre en œuvre tous les accords internationaux sur la protection des migrants.

Mme FRANCES FITZGERALD (Irlande) a déploré les conflits et la violence qui sont les principaux responsables des mouvements migratoires.  Elle a rappelé que la pauvreté avait poussé un certain nombre d’Irlandais à partir à la recherche d’opportunités meilleures.  Ce défi grave exige aujourd’hui de la communauté internationale qu’elle œuvre ensemble et « évite de tourner le dos au nombre croissant de personnes qui se massent à nos portes ». 

L’Irlande est prête à répondre à l’appel lancé ici et à appuyer les instances des Nations Unies qui s’attachent à répondre aux besoins des réfugiés, a assuré la Ministre.  Le pays dispose d’un programme de réinstallation nationale depuis l’an 2000.  Elle a annoncé sa participation à un financement pluriannuel à hauteur de plus de 6 millions de dollars l’an prochain.  Enfin, a-t-elle ajouté, il faut œuvrer en faveur de la stabilité dans les pays d’origine et alléger les conflits.

Mme LIDUVINA MAGARIN, Vice-Ministre des Salvadoriens de l’étranger, a défendu les droits de l’homme des réfugiés et des migrants, en particulier des enfants et des adolescents.  On ne peut pas se fonder exclusivement sur les données existantes à propos des flux migratoires, a-t-elle considéré.  Il faut aborder les questions sous tous leurs aspects, notamment structurels, car « il n’y a pas de réponse unique ».  Il faut également prendre en compte les risques encourus par les personnes vulnérables qui sont souvent victimes de la traite ou de l’exploitation sexuelle au cours de leur voyage.  Par ailleurs, il est important de créer des conditions propices à leur accueil.  Pour sa part, a indiqué la Vice-Ministre, El Salvador a offert d’accueillir des réfugiés cubains.

M. GERD MÜLLER, Ministre pour la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a rappelé que la population de réfugiés et migrants dans le monde a presque doublé en quelques années.  Il a souligné que l’immense majorité de ces réfugiés se trouvait actuellement dans les pays les plus pauvres, notamment au Soudan du Sud, au Kenya et en Éthiopie.  Parallèlement, il a précisé que 10 pays riches assumaient à l’heure actuelle 80% du financement de l’aide aux réfugiés.  « Plus de pays doivent accueillir plus de réfugiés et plus de pays doivent fournir un appui financier », a par conséquent déclaré le Ministre.

M. Müller a en outre indiqué que 20 milliards de dollars étaient nécessaires pour pourvoir aux besoins de base des réfugiés dans le monde.  Or, a-t-il déploré, seulement 8 milliards de dollars sont actuellement disponibles.  Le Ministre allemand pour la coopération économique et le développement a ainsi appelé à plus de transparence et de suivi concernant les engagements et l’utilisation des fonds alloués à l’aide aux réfugiés.  À ce titre, il a proposé la création d’un fonds des Nations Unies pour les réfugiés, assorti d’une dotation initiale de 10 milliards d’euros.

Mme ANTOINETTE DINGA-DZONDO, Ministre des affaires sociales du Congo, a rappelé que l’Afrique accueillait actuellement 12 millions des 17 millions de réfugiés dans le monde.  Le Congo, a-t-elle ajouté, accueille pour sa part 53 000 réfugiés, issus principalement des pays voisins, dont la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Rwanda. 

La Ministre a en outre déclaré que son pays était attaché à la tenue de réunions tripartites avec les pays d’origine des réfugiés et la représentation du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), dont la plus récente a eu lieu les 8 et 9 novembre 2016, à Brazzaville.  Cette réunion, a-t-elle précisé, a porté sur le sort des réfugiés rwandais présents au Congo, dans la perspective de l’entrée en vigueur de la clause de cessation du statut de réfugié dont l’échéance est fixée au 31 décembre 2017.

Par ailleurs, Mme Dinga-Dzondo a appelé à renforcer la coopération entre les pays d’origine, de transit et d’accueil, avec l’appui des institutions du système des Nations Unies.  Elle a réaffirmé l’attachement de son pays à la promotion et la protection des droits des réfugiés et des migrants.

M. ABRAHAMANE SYLLA, Ministre des Maliens de l’extérieur, a indiqué que son pays comptait 500 000 déplacés à l’intérieur du pays et 150 000 réfugiés dans les pays voisins du fait de la crise au nord du pays, « aggravée par l’occupation, en 2012, des deux tiers du territoire national par des groupes terroristes et narco-jihadistes qui ont soumis les populations locales à toutes sortes de brimades et de violations graves de droits humains ».  Le Président du Mali a pris des engagements fermes allant dans le sens de la poursuite des actions et des programmes humanitaires en faveur de l’allègement de la souffrance des populations du nord du pays, a-t-il expliqué. 

Le Ministre a préconisé un certain nombre de mesures comme solutions durables aux situations qui sont à l’origine de déplacements massifs des populations, telles que la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et de l’Accord de Paris sur le climat.  L’approche du Mali concernant la gestion des flux migratoires réside dans l’intensification du dialogue entre les pays de départ, de destination et de transit, liant les impératifs de sécurité, de développement, de respect de la dignité humaine et de solidarité, a-t-il continué.  Le pays, « qui ambitionne de faire de la migration un atout pour son développement », s’est doté, il y a deux ans, d’un document de politique nationale de migration assorti d’un plan d’action pour mieux gérer le phénomène, et, notamment, contribuer à la création d’emplois pour les jeunes.

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a indiqué que la Croatie, avec les pays voisins, avait progressé pour mettre au point des stratégies en vue de gérer et financer la crise migratoire, « même si le problème majeur n’est pas résolu ».  Pour elle, la Convention de 1951 et son Protocole pourraient être complétés, compte tenu de la situation actuelle.  Elle a souligné l’importance de partager les responsabilités et de trouver des réponses collectives.

C’est une question qui va au-delà de la dimension humanitaire avec des répercussions économiques et sociales et sur les droits de l’homme, a-t-elle considéré.  Il faut s’atteler aux causes profondes des migrations, notamment dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut également se concentrer sur les politiques d’admission et éviter que les migrants n’entament des traversées dangereuses.  Pour sa part, la Croatie a dépensé près de 20 millions d’euros dans le cadre de l’assistance aux migrants.  Elle a souhaité « tout mettre en œuvre pour que personne ne doive abandonner son foyer en quête de sécurité ».

M. JOHN MCCALLUM, Ministre pour l’immigration, les réfugiés et la citoyenneté du Canada, a salué la diversité de son pays à laquelle contribuent les immigrants.  Le Ministre pour les réformes démocratiques du Canada est lui-même un réfugié afghan, a-t-il fait remarquer.  Le défi doit être relevé dans le respect des droits de l’homme. 

Soulignant le besoin de nouveaux partenariats, le Ministre s’est félicité que l’OIM se joigne officiellement à la famille des Nations Unies.  Il a appelé de ses vœux « une vision globale plus équilibrée et un engagement collectif plus fort à l’égard des personnes déplacées dans le monde entier ».  Les deux pactes mondiaux ambitieux envisagés pour 2018 devraient nous permettre de mettre en commun nos points forts, a-t-il espéré.

M. GENNADIY GATILOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a appelé à lutter contre les causes profondes des déplacements massifs de réfugiés, notamment en trouvant les moyens d’éviter l’éclatement de conflits. 

Toutefois, il a mis en garde contre les ingérences extérieures dans les affaires intérieures d’États souverains, qui ont, selon lui, contribué à déstabiliser les États du Moyen-Orient.  De telles déstabilisations, a-t-il affirmé, sont à l’origine de la crise actuelle des réfugiés en Europe.  M. Gatilov a par conséquent estimé que les États ayant participé activement à ces ingérences devraient assumer la responsabilité première de l’aide aux victimes et aux migrants.

Le Ministre a ainsi dénoncé la promotion du concept de partage de la responsabilité en matière de réfugiés et de migrants, qu’il a qualifiée de tentative visant à faire assumer cette responsabilité à ceux qui ne sont pas à l’origine des déplacements massifs. 

M. Gatilov a par ailleurs appelé à tout mettre en œuvre pour éviter que les pays d’accueil ne fassent rentrer sur leur sol des terroristes parmi la population de réfugiés.  Il a ainsi dénoncé l’instrumentalisation des réfugiés par les groupes terroristes.

Avant de conclure, M. Gatilov a rejeté les allégations faites par les délégations de la Géorgie et de l’Ukraine lors du Sommet qui ont proféré des attaques injustifiées à l’encontre de son pays.  Ces pays, a-t-il soutenu, n’assument pas leur responsabilité pour la situation qui avait poussé des milliers de personnes à quitter leur foyer.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a réaffirmé l’attachement de son pays à garantir les droits des réfugiés, qui bénéficient notamment d’un accès à l’éducation identique à celui des citoyens kazakhs. 

M. Ashikbayev a par ailleurs indiqué que son pays avait adhéré et participait à plusieurs initiatives internationales récentes visant à aider les réfugiés dans le monde.

Le Vice-Ministre kazakh a d’autre part appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs, y compris les changements climatiques et les conflits, dans le respect du principe de non-ingérence et de souveraineté des États.

M. LINAS ANTANAS LINKEVIČUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a évoqué « la crise la plus grave de l’histoire moderne » en matière de migration.  Sauver des vies humaines doit être une première priorité, mais il s’agit aussi de détruire les réseaux de traite et de condamner les activités criminelles qui entourent la migration.  Pour lui, le phénomène ne sera pas éliminé si l’on ne s’intéresse pas à ses causes profondes, en prenant en compte les menaces à la sécurité et les conflits armés responsables de la fuite des personnes.  Il faut mettre en place des initiatives pour protéger les hommes et les femmes.

M. SHAW KGATHI, Ministre de la défense, de la justice et de la sécurité du Botswana, a souhaité s’attacher aux causes responsables des mouvements migratoires.  Son pays, a-t-il précisé, avait offert une protection à des demandeurs d’asile pendant les luttes d’indépendance en Afrique subsaharienne.  Aujourd’hui, il accueille 233 000 réfugiés avec l’aide du HCR.  Le Ministre a regretté que l’insécurité règne en maître de par le monde et que bien des pays soient menacés par le terrorisme.  De plus, a-t-il constaté, les mauvais résultats économiques et les changements climatiques ont des répercussions profondes sur les pays en développement.  L’insécurité alimentaire est souvent une cause première du déplacement forcé de personnes. 

M. MILENKO SKOKNIC, Vice-Ministre des affaires étrangères du Chili, a appelé à prendre en compte l’aspect multidimensionnel de la question des déplacements massifs de réfugiés et de migrants. 

Tout en rappelant le rôle important joué par le Chili dans l’accueil d’un grand nombre de réfugiés et migrants issus du continent sud-américain, M. Skoknic a réaffirmé l’attachement de son pays au principe de la responsabilité partagée et à la coopération internationale sur la question des déplacements massifs.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a appelé à s’attaquer aux causes profondes des flux de migrants dans le monde, tout en insistant sur le concept de responsabilité partagée pour la gestion de ces flux.

Le représentant de la Nouvelle-Zélande a déclaré que son pays mobilisait actuellement tous les efforts nécessaires pour lutter contre les migrations clandestines et la traite des êtres humains dans la région pacifique.  Il a par ailleurs souligné l’importance des initiatives visant à réduire les risques de catastrophes naturelles, qui sont une source importante de déplacements dans la région.

M. Van Bohemen a enfin appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à faire davantage d’efforts pour mettre fin aux conflits en Iraq, en Syrie et au Soudan du Sud, tous trois responsables de nombreux déplacements massifs.

M. RY TUY (Cambodge) a invité la communauté internationale à s’intéresser aux causes profondes des vastes mouvements de populations.  Il faudrait s’assurer que cette réunion aille au-delà des engagements et trace la voie pour la réalisation de nos objectifs, a-t-il recommandé.  Au lendemain de la guerre civile qui a déchiré son pays il y a 30 ans, le programme de réintégration des déplacés cambodgiens établi par le Gouvernement avait été mené avec succès en application des engagements pris lors d’une conférence internationale organisée à Genève en juillet 1979.  Il portait sur les réfugiés et les déplacés d’Asie du Sud-Est.  Le représentant a ensuite salué l’accord de partenariat, signé ce matin entre l’ONU et l’OIM, tout en invitant l’OIM à apporter un soutien technique et assurer le secrétariat des négociations visant à établir un pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées, ainsi qu’à la conférence intergouvernementale qui devrait l’adopter en 2018.

M. IGOR CRNADAK, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a évoqué « les tensions sans précédent dans les pays d’accueil » et les barbelés « qui n’ont pas leur place en Europe ».  « Nous avons vu comment le système de Schengen a été paralysé et comment les frontières se sont refermées », a ajouté le Ministre.  Nous sommes face à un problème qui requiert une approche humanitaire et des solutions durables, et qui n’ignore pas le principe du partage des responsabilités.  Les personnes déplacées doivent contribuer au développement à long terme, a ajouté le Ministre.  La  Bosnie-Herzégovine reconnaît que les migrations et les réfugiés ont des situations différentes, mais qu’il convient de les examiner ensemble et de se concentrer davantage sur les moyens de venir en aide aux pays d’origine.

M. ANIS BIROU, Ministre en charge des Marocains vivant à l’étranger et des affaires migratoires du Maroc, a salué les valeurs humanitaires consacrées dans la Déclaration.  Il a souligné l’importance de lutter contre la violence, l’ignorance, le racisme, la haine et la xénophobie.  Le Maroc est devenu un pays stable après avoir été un pays de transit, grâce à sa politique fondée sur les droits de l’homme, a-t-il expliqué et diverses lois ont été adoptées dans ce cadre.  M. Birou a souhaité une approche internationale de la migration.  Il s’est encore dit « profondément préoccupé devant la montée de la xénophobie dans certains pays hôtes ».

Mme MARIA ANDREA MATAMOROS, Ministre adjointe des affaires étrangères du Honduras, a dénoncé les personnes impliquées dans le trafic de migrants fuyant les violences dans son pays et en Amérique centrale.  Elle a en outre rappelé que la migration n’était pas un problème en soit, mais qu’il convenait d’éliminer les causes des migrations forcées et irrégulières.

Mme Matamoros s’est ainsi félicitée de la coopération régionale en matière migratoire dans le cadre du Plan de l’Alliance pour la prospérité du Triangle du Nord, initié par le Honduras, El Salvador et le Guatemala, avec l’appui des États-Unis.  Suite au lancement de ce Plan, le Honduras a alloué un milliard de dollars à des initiatives visant à réduire les flux de migrants issus du Honduras, a indiqué Mme Matamoros.  Toutefois, elle a précisé qu’entre 2015 et 2016, plus de 120 000 ressortissants de son pays avaient été détenus par les États-Unis et renvoyés au Honduras, après avoir tenté de gagner le nord du continent, soit une moyenne de 6 000 personnes par mois.

La Ministre adjointe des affaires étrangères du Honduras s’est prononcée en faveur de la promotion d’une migration régulière et sûre sur le continent.  Elle a ainsi appelé les pays de la région à respecter les droits fondamentaux des migrants et les a invités à lutter contre les discriminations à leur encontre.

M. FAUSTIN-ARCHANGE TOUADÉRA, Président de la République centrafricaine, a indiqué que les déplacements massifs étaient principalement causés par les conflits et les catastrophes naturelles.

La dernière crise en République centrafricaine, a rappelé M. Touadéra, a été à l’origine du déplacement d’environ 900 000 personnes, ce qui a eu des conséquences terribles pour le développement du pays et a contribué à sa déstabilisation. 

Soulignant que la République centrafricaine s’était désormais engagée sur la voie de la réconciliation nationale, le Président a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir son pays et les pays africains en général, notamment dans le but de prévenir les conflits et de réduire les risques de catastrophes naturelles. 

M. Touadéra a en outre insisté sur la nécessité de développer des stratégies adaptées en matière de retour des réfugiés, pour éviter que ces derniers ne contribuent à la déstabilisation des pays d’origine.

M. FRANÇOIS BEYA KASONGA, Directeur général de la Direction générale des migrations, a rappelé que son pays avait ratifié toutes les conventions protégeant les réfugiés et accordait une importance particulière au respect du droit international des réfugiés et du principe de non-refoulement.  Il a également rappelé que la RDC avait accueilli plus de deux millions de réfugiés rwandais suite au génocide qu’a connu le pays en 1994, mais aussi des centaines de milliers de réfugiés issus de l’Angola et du Soudan du Sud.

Le représentant de la RDC a en outre indiqué que les combats menés par des groupes armés en provenance de pays étrangers à l’intérieur de son pays avait occasionné le déplacement forcé de près de deux millions de personnes en RDC et la fuite d’un demi-million de réfugiés congolais dans les pays voisins.

M. Beya Kasonga a par conséquent déploré le fait que le principe de partage des responsabilités dans la réponse apportée à ces grands mouvements de population n’ait pas été respecté par la communauté internationale.  Il a ajouté que le manque de financement entravait la mise en œuvre de solutions durables en ce qui concerne le rapatriement et la viabilisation des zones de retour des réfugiés et déplacés internes.  Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de mieux soutenir les communautés d’accueil locales et les pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés.  Cette responsabilité, a-t-il ajouté, ne peut plus être assumée uniquement par les pays africains.

M. ILYAS MOUSSA DAWALEH, Ministre de l’économie et des finances de Djibouti, a regretté que malgré le fait que les différentes causes à l’origine de ces déplacements massifs soient identifiées et reconnues, la communauté internationale éprouve des difficultés pour les prévenir ou en assurer une gestion efficace.  Les pays africains et l’Union africaine ont toujours accordé une attention particulière à la protection des réfugiés et des migrants en se dotant d’instruments juridiques régionaux pertinents.  Malgré cette prise de conscience précoce, force est de reconnaître que les initiatives continentales ou régionales ont essentiellement eu des résultats mitigés car bien qu’il y eut un renforcement des mécanismes de secours à l’endroit des vies en détresse, nous n’avons pas pu inverser la courbe toujours aussi importante du nombre de migrants et de réfugiés.

Avec quatre camps, Djibouti accueille aujourd’hui près de 20 000 personnes dont un peu plus de 17 000 ayant le statut de réfugiés et plus de 3 000 demandeurs d’asile.  Havre de paix dans une zone tourmentée, Djibouti fait face également ces dernières années à la recrudescence des migrants économiques à destination des pays du golfe estimés à près de 100 000 et dont bon nombre n’ont eu la vie sauve qu’à l’intervention de nos garde-côtes qui se sont portés au secours des embarcations de fortune en perdition.  Entre mars 2015 et juillet 2016, Djibouti s’est retrouvée être l’une des seules voies d’évacuation des ressortissants étrangers et de sortie pour les personnes tentant de fuir les combats au Yémen, pays voisin, et a accueilli près de 36 000 personnes.

Mme ANAMARIA DIÉGUEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a souligné qu’il était nécessaire de parvenir à un consensus pour traiter de la question des déplacements massifs de migrants et réfugiés.  Il faudrait, a-t-elle estimé, traiter de manière distincte la question des migrants de celle des réfugiés.  Les migrants qui quittent le Guatemala pour une vie meilleure aux États-Unis ne le font pas parce qu’ils sont maltraités, a-t-elle fait remarquer.  Elle a précisé que le migrant choisit un autre chemin pour trouver de meilleures opportunités économiques tandis que le réfugié fuit souvent un danger.  « Un migrant apporte une valeur ajoutée à la société d’accueil », a-t-elle insisté.  

M. SHRI M. J. AKBAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a rappelé que près de 250 millions de personnes se sont déplacées en 2015, ce qui représente un habitant sur 13.  Aux pays qui ne souhaiteraient pas accueillir de réfugiés, il a rappelé qu’aucun réfugié ne souhaite le devenir par choix.  « Nous sommes tous des migrants d’une manière ou d’une autre », a tenu à rappeler le Ministre des affaires étrangères de l’Inde avant de préciser que l’Inde avait toujours été un pays de transit ou de destination.  Il a souligné qu’il était urgent de lutter contre le terrorisme partout dans le monde, tout en faisant observer que le terrorisme était devenu la cause principale de déplacement de population.

M. ABDOLREZA RAHMANI FAZLI, Ministre de l’intérieur de la République islamique d’Iran, a prôné une réponse coordonnée de la communauté internationale face aux déplacements massifs des populations.  Il a fait observer qu’en raison de sa position géographique, l’Iran accueillait un flux de réfugiés depuis trois décennies.  Le pays s’est abstenu de fermer ses frontières, acceptant ainsi toutes ces personnes en dépit d’un manque total d’appui international à cause des sanctions dont il est victime.  Le Ministre s’est ensuite félicité de la prise en charge dont bénéficient ces réfugiés, en notant que leur taux d’alphabétisation est ainsi passé de 6% à 67%.  Il a aussi indiqué que la République islamique d’Iran avait lancé un appel afin que la communauté internationale prenne des mesures pour organiser des rapatriements volontaires et la réintégration des migrants et réfugiés dans leur pays d’origine.

M. YEMANE GEBREAB, Conseiller politique principal du Président de l’Érythrée, a déclaré que la communauté internationale doit s’attaquer aux causes profondes des déplacements forcés de populations.  Dans cette perspective, il a appelé à instaurer un monde plus juste, et à mettre fin aux sanctions et pressions diverses injustifiées à l’encontre de pays tiers.  Il faut en outre se garder, a-t-il préconisé, d’exploiter la détresse des populations déplacées à des fins politiques.  Avant de conclure, M. Gebreab a plaidé pour une responsabilité partagée entre nations, dans l’optique de la protection des droits des migrants et autres réfugiés à travers le monde. 

M. ABELARDO MORENO FERNANDEZ, Ministre adjoint des affaires étrangères de Cuba, a estimé que les images choquantes de personnes désespérées traversant la mer Méditerranée pour gagner l’Europe étaient la conséquence directe d’actions délibérées de déstabilisation menées par l’OTAN au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que du sous-développement persistant des pays africains.  Pour lui, les principaux promoteurs de tels mouvements de populations doivent assumer leurs responsabilités pour la catastrophe humanitaire qu’ils ont provoquée.  Ceux qui ont échappé aux conflits et à la misère provoqués par d’autres ne peuvent être simplement parqués comme des animaux aux marges des pays « civilisés », ni considérés comme des criminels de fait ou des terroristes potentiels.

On ne freinera pas les flux massifs de réfugiés ou de migrants en les qualifiant de criminels ou en construisant de gigantesques murs, ni en mettant en place des barrières administratives, voire militaires.  Au contraire, les grandes puissances industrielles doivent renoncer à leurs intérêts hégémoniques et assumer leurs responsabilités au titre de la paix et de la sécurité internationales.  Il faut aussi modifier de manière importante un ordre économique international injuste.

Pourquoi le monde développé ferme-t-il les yeux sur la contribution substantielle des migrants à son niveau actuel de prospérité alors que ces derniers sont victimes de discriminations sociale, économique et culturelle? a demandé le Ministre adjoint.  Pour Cuba, la coopération internationale est essentielle et doit se manifester notamment par une responsabilité partagée des États dans le domaine de la migration, tout en respectant les principes d’égalité souveraine des États et les autres fondements de la Charte des Nations Unies, ainsi que l’intégrité, la dignité et le bien-être des migrants. 

Le Ministre adjoint des affaires étrangères a ensuite dénoncé des mesures qui vont à l’encontre de ce type de coopération, comme le Cuban Adjustment Act ou la politique des « pieds secs, pieds mouillés » des États-Unis, qu’il a présentés comme des programmes invitant directement au trafic d’êtres humains et à la migration irrégulière en provenance du territoire cubain.  La réunion de ce jour ne produira des effets tangibles que si des engagements sont pris pour traiter les causes des migrations et des flux de réfugiés, s’ils ne se limitent pas à des tentatives pour contrôler ces mouvements et si la solidarité et la coopération sont renforcées, a conclu le Ministre adjoint.

M. LUBOMÍR ZAORÁLEK, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que la migration est souvent la conséquence de contraintes sur les migrants eux-mêmes et les pays d’origine des migrants.  Il a souligné qu’il était nécessaire de promouvoir un avenir meilleur dans le monde entier de façon à ce que chaque personne puisse vivre une vie décente dans son propre pays.   Il a insisté sur la responsabilité des pays d’origine de garantir la qualité de vie et la sécurité de ses citoyens.  Il a souligné les risques et les incidences négatives des infiltrations des flux de migrants par des extrémistes violents.  Les droits des pays de transit doivent être respectés, a insisté le Ministre tchèque des affaires étrangères, avant de préciser qu’il n’existait pas de réponse toute faite.  « Ce n’est qu’en travaillant ensemble, pays de destination et pays de transit, que nous arriverons à mieux répondre à cette question », a insisté M. Zaorálek.

M. IBRAHIM LA-JAAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a rappelé que son pays n’avait jamais fermé la porte à ses frères syriens qui ont fui le terrorisme en Syrie malgré les difficultés auxquelles est confronté l’Iraq.  Il a précisé que l’Iraq accueillait actuellement 250 000 réfugiés syriens.  Notant qu’aucun pays ne peut faire face au terrorisme seul, il a appelé la communauté internationale à se tenir aux côtés de l’Iraq pour lutter contre le terrorisme, ses causes et conséquences.  Il a notamment mis l’accent sur les programmes de réhabilitation des femmes et jeunes filles qui, a-t-il rappelé, ont été traitées de façon dégradante par l’État islamique.     

M. ANTONIO GARCIA REVILLA, Directeur au Ministère des affaires étrangères du Pérou, a souhaité que la question des déplacements massifs des populations occupe une place de choix dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a appelé au respect des droits des populations déplacées, en soulignant que cette question revêtait une importance majeure pour son gouvernement.  Il a aussi dit souhaiter que le Conseil de sécurité parvienne à des décisions consensuelles sur cette question d’ici à la fin de l’année.  

MGR PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a déclaré que seule une action commune permettra à la communauté internationale de faire face aux défis importants et complexes posés par les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Pour y parvenir, Mgr Parolin a indiqué que le Saint-Siège préconisait le dialogue interfrontalier et la coopération entre les États, les organisations internationales et les agences humanitaires.  À cet égard, il a notamment insisté sur l’établissement de partenariats avec les organisations à caractère religieux et les communautés religieuses, qui sont souvent les premières à répondre sur le terrain à la crise des réfugiés et migrants.

Le représentant du Saint-Siège a également insisté sur la nécessité d’entreprendre des efforts multilatéraux pour résoudre les causes profondes des déplacements massifs et forcés de population à travers le monde, y compris les conflits, la violence, les violations des droits de l’homme, la dégradation de l’environnement, l’extrême pauvreté, le trafic d’armes, la corruption et les malversations financières.  Mgr Parolin a aussi appelé les États à s’engager à protéger les réfugiés et migrants contre la violence et les discriminations auxquelles ils font souvent face, notamment les plus vulnérables d’entre eux, ainsi qu’à leur fournir un accès à des soins de santé de qualité.  Le représentant du Saint-Siège a conclu son intervention en appelant à la solidarité internationale en faveur des réfugiés et migrants, appel que le pape François lui a confié le soin de relayer à l’occasion du présent Sommet.

M. THOMAS BACH, Président du Comité international olympique, a rappelé qu’aux derniers Jeux olympiques de Rio, pour la première fois, une délégation formée d’athlètes réfugiés avait participé à la compétition.  Leur participation avait permis d’envoyer le message selon lequel malgré leurs souffrances, ils peuvent participer à la vie sociale et enrichir la famille olympique, a-t-il indiqué. 

La flamme olympique est certes éteinte, mais les actions du CIO en faveur des réfugiés vont continuer, a promis son Président.  Il a souligné que le sport pouvait devenir l’élément qui élimine les barrières et facilite la cohésion sociale dans les pays accueillant des réfugiés.  Le CIO, a-t-il assuré, va mettre sur pied des sites sportifs sûrs pour les enfants réfugiés, afin que le « sport puisse véritablement contribuer à l’édification d’un monde meilleur ».

M. ANDREJ KISKA, Président de la République Slovaque, a souligné le devoir moral des pays prospères d’aider les migrants qui n’ont eu parfois que quelques heures pour quitter leur pays et sauver leur vie.  Le Président a insisté sur la nécessité de trouver les meilleures solutions et salué l’accord que viennent de signer les Nations Unies et l’Organisation internationale des migrations (OIM).  La Slovaquie, qui assume actuellement la présidence du Conseil de l’Union européenne, prône des politiques durables en matière de migration. 

M. MUHAMMADU BUHARI, Président de la République fédérale du Nigéria, a argué que la migration n’est pas un crime mais bien l’expression d’une liberté fondamentale consacrée par le droit international humanitaire.  Il a salué la détermination de la Jordanie, du Liban et de l’Allemagne à accueillir un grand nombre de migrants, tout en reconnaissant les risques.  Il a rappelé que l’insurrection de Boko Haram a entraîné le déplacement de 600 000 personnes rien qu’au Nigéria.

M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré que les millions de migrants qui se massent aux frontières européennes est une situation qui exige une approche distinguant les aspects sécuritaires et socioéconomiques de la migration ainsi qu’un nouveau leadership.  Soulignant les tensions entre plusieurs pays européens à cause de l’afflux de migrants et le fait que l’Union européenne a besoin de pays stables dans les couloirs de migration, le Président a indiqué que son pays a créé une entité militaro-civile pour canaliser le flux des migrants et gérer leurs aller-retours.  La migration c’est comme les inondations, elle nécessite des digues pour contrôler les flux aux portes de l’Europe et trier migrants et terroristes.  « Nous sommes les garants de la sécurité européenne dans la région des Balkans », a-t-il estimé.  Notre message est qu’on a besoin d’aide pour sécuriser les couloirs à l’extérieur des frontières européennes.  Nous n’avons ni les capacités ni les ressources pour faire face à ce défi.  « Le courage européen est rare mais nous sommes prêts à relever le défi », a affirmé M. Ivanov.

M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président de la République du Niger, a souligné que son pays fait partie des théâtres des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, à cause des crises libyenne et malienne et du terrorisme de Boko Haram.  Le Niger est aussi un pays de transit vers l’Europe comme en atteste le fait qu’environ 100 000 personnes ont traversé le pays en 2015.  Le Niger, comme d’autres pays, subit enfin les effets des changements climatiques avec des phénomènes extrêmes d’inondation et de sécheresse rendant vulnérables, chaque année, des centaines de milliers de personnes.  Face à ces défis, le Niger demande une mobilisation conséquente de la communauté internationale.  Nous souhaitons, a précisé le Président, un règlement rapide de la crise libyenne qui doit passer par le rassemblement et la réconciliation de tous les Libyens dans le cadre d’un Gouvernement d’Union nationale inclusif.  Le Niger souhaite aussi la stabilisation de la situation au Mali et pour ce faire, il juge indispensable le renforcement du mandat de la Mission des Nations Unies « car la situation n’est pas une situation classique » de maintien de la paix.  Pour revenir à la question de la migration, le Niger a proposé un plan d’action au Sommet Europe-Afrique de la Valette dont le financement lui permettra de contribuer à mettre fin au drame des migrants dans le Sahara.

M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé qu’il faut partager équitablement la responsabilité de soulager le fardeau des réfugiés et des migrants.  Les personnes forcées à fuir doivent être traitées de la même manière qu’il s’agisse de déplacements massifs de réfugiés et de migrants ou de déplacements de petits groupes.  Il a rappelé que l’Afrique subsaharienne accueille un grand nombre de déplacés et que l’Afrique du Sud est le pays qui a reçu le plus grand nombre de demandeurs d’asile sur la continent africain.  En matière déplacements massifs de réfugiés et de migrants, il faut tirer les leçons de la crise libyenne, a conseillé le Président.

M. BORUT PAHOR, Président de la République de Slovénie, a souligné la nécessité de lutter contre les migrations clandestines et les réseaux criminels qui les exploitent.  Il faut aussi contrer les attentes et la fausse image que se font les migrants et les réfugiés des pays de destination.  Pays de transit, la Slovénie est confrontée à un flux sans précédent de migrants fuyant des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Depuis octobre 2015, la Slovénie a vu passer 500 000 migrants, soit 25% de sa population.

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a dit que l’élément manquant dans cette crise de déplacements massifs de réfugiés et de migrants est la distinction nécessaire entre la migration économique et les réfugiés.  On ne peut pas apporter d’aide si on ne fait pas cette distinction.  La Pologne accueille plus d’un million de migrants économiques de l’Europe de l’Est.  Entretemps, près d’un million de Polonais ont quitté leur pays à la recherche d’une vie meilleure ailleurs.  Le Président a dénoncé l’exploitation de la question des migrations à laquelle se livrent certains politiciens, leur conseillant de plutôt lutter contre les stéréotypes attachés aux migrants économiques.  Pour ce faire, deux tâches nous attendent, a dit le Président, et d’abord éliminer les causes profondes des flux de population, rétablir le droit de chacun à la vie et mettre fin aux conflits à visée impérialiste.  Deuxièmement, il faut arriver à coopérer pour éliminer les causes sous-jacentes des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  La Pologne est disposée à participer à ces efforts.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a dit que les défis des déplacements massifs de réfugiés et de migrants sont les conséquences de faits économiques délibérés et le résultat d’une croissance mal répartie.  Tous les dirigeants ont la responsabilité de protéger le bien-être de leur population.  Nauru, a affirmé le Président, est une oasis de paix qui a contribué à régler la question de la migration dans la région du Pacifique.  Nous avons accueilli des demandeurs d’asile dans le cadre de processus de gestion de la crise des réfugiés, mis en place un système d’identification neutre et un examen rapide des demandes d’asile.  Le but est de trouver les moyens de permettre aux migrants de s’installer durablement dans leur pays d’accueil.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a estimé que l’on parle beaucoup d’accueil des réfugiés et des migrants sans mettre pourtant l’accent sur les moyens de les intégrer.  Il a mis en avant les efforts de son pays pour scolariser les enfants migrants et faciliter leur accès aux services sociaux de base.  Il a parlé d’un mécanisme permettant à des étudiants syriens d’accéder à l’université.  La Déclaration de New York, a-t-il dit, n’est pas un aboutissement mais le début d’un voyage qui est l’un des défis les plus complexes de notre époque.

Notant que 65 millions de personnes ont été déplacées de force en 2015, M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a prévenu que seule une approche globale et concertée permettra de résoudre une question aussi complexe que les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Nous devons faire en sorte que la situation des migrants dans leur pays d’accueil ne soit pas remise en cause par le phénomène conjoncturel des réfugiés, a insisté le Président.  Il a jugé prioritaire de travailler à des solutions durables aux flux migratoires clandestins et de lutter contre les réseaux criminels qui exploitent ces flux, en s’appuyant sur la résolution 2240 (2015) du Conseil de sécurité.  

DON FELIPE VI, Roi d’Espagne, a dit que ceux qui ont été obligés de fuir de chez eux doivent pouvoir compter sur notre solidarité.  Nous devons les aider, entre autres, à préparer leur retour dans leurs pays d’origine.  Dans ces pays, il faut contribuer à la consolidation de la démocratie et de l’état de droit et l’Espagne est prête à travailler à l’élaboration du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Roi d’Espagne a souligné les défis qui restent à relever sur les plans économique, culturel et religieux.  Après s’est vanté de l’expérience de son pays dans l’accueil des migrants et des réfugiés, il a voulu que les pays travaillent de concert contre la traite des êtres humains et offrent l’appui nécessaire aux pays d’origine et de transit.  Le concept de  responsabilité partagée est l’idée fondamentale pour résoudre cette crise de déplacements massifs de réfugiés et de migrants, a-t-il insisté.

M. ELADIO RAMÓN LOIZAGA LEZCANO, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a estimé que la crise actuelle est une crise humanitaire et politique.  Les migrants ont besoin de la protection des États et des Nations Unies, a dit le Ministre, en insistant sur les conventions internationales pertinentes et sur la situation particulière des d’enfants non accompagnés en Amérique latine.  Le Paraguay, a rappelé le Ministre, célèbre, cette année, les 80 ans de la migration japonaise dont les acteurs ont fait de la société paraguayenne une société plus diverse et plus ouverte.  Le Paraguay est favorable à une migration sûre et digne assortie de mesures de régularisation qui contribuent à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut rejeter le racisme, la xénophobie et l’intolérance, a conclu le Ministre.  

M. ANTONI MARTÍ PETIT, Premier Ministre d’Andorre, a estimé que la migration est un phénomène positif qui bénéficie aux pays de destination comme aux pays d’origine.  Andorre, qui a longtemps été une économie de montagne fondée sur l’autosuffisance, est devenue une société accueillant des milliers de migrants dont la contribution a été déterminante dans la croissance économique élevée que connaît le pays depuis 70 ans.  Le Premier Ministre a appelé à la lutte contre les réseaux criminels de la traite des êtres humains.   

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a rappelé que son pays est victime d’une agression armée qui a forcé plus d’un million d’Ukrainiens à fuir.  La Déclaration adoptée aujourd’hui, a-t-il dit, est source d’espoir pour des millions de réfugiés et de migrants parce qu’elle appelle à la mise en place d’un cadre de coordination des efforts internationaux pour organiser leur accueil.  Dans le contexte du conflit dont est victime son pays, le Président a appelé à un mécanisme international contraignant de responsabilité pour protéger les déplacés.

Écoutons le cri des migrants et des réfugiés, a encouragé M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, en appelant à des solutions à long terme pour protéger leur dignité.  Rappelant que s’agissant de son pays, la migration est principalement causée par les effets des changements climatiques, il a voulu que les Nations Unies tendent leur main, sachant que le flux des migrants est une bonne chose pour autant qu’il soit géré correctement.  Il a tout de même appelé les migrants à respecter les lois des pays d’accueil et à éviter d’y imposer de nouvelles valeurs.  Le Premier Ministre a voulu que l’on tienne compte de la situation particulière des pays insulaires en développement et de leurs migrants.  Il faut prendre des mesures le plus rapidement possible car 22,5 millions de personnes fuient chaque année ou 62 000 chaque jour à cause de l’élévation du niveau de la mer. 

M. RIMBINK PATO, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a indiqué que son pays compte des réfugiés et des migrants dont la majorité refuse d’être réinstallée dans le pays.  Depuis 2012, l’objectif principal est de lutter contre les trafics des migrants, dans un contexte où les conséquences des changements climatiques s’abattent sur le pays.  Le fait que ce phénomène entraînera le déplacement massif des personnes n’est pas « une abstraction », a-t-il averti.  Il a appelé à la ratification universelle de l’Accord de Paris sur le climat et annoncé que, cette semaine même, son pays déposera ses instruments de ratification.  Il a aussi insisté sur l’attachement de son pays à la Déclaration adoptée aujourd’hui, compte tenu ses problèmes de ressources.  Il n’a pas oublié de rappeler les pays d’origine à leur responsabilité et de souligner la nécessité d’améliorer les données sur la migration pour des politiques plus affinées. 

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a salué l’adoption de la Déclaration de New York et le fait qu’elle souligne la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des flux migratoires actuels.  Même s’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau, la magnitude de ces flux, en fait un phénomène sans précédent, a souligné M. Mugabe qui y voit pourtant une opportunité pour forger des stratégies durables bien plus efficaces qu’auparavant.  Constatant que la plupart des réfugiés qui ont « atterri sur les côtes européennes » sont originaires de pays aux prises avec des conflits armés comme la Syrie, l’Iraq, l’Afghanistan ou la Libye, il a appelé à un retour à la Charte des Nations Unies pour favoriser le règlement pacifique des conflits, regrettant que trop souvent les États Membres optent trop vite pour la force avant d’épuiser tous les outils pacifiques, ce qu’il a imputé en large partie aux « intérêts nationaux étroits de certaines puissances mondiales ».  M. Mugabe est également revenu sur la contribution positive des migrants à la croissance inclusive et au développement, un point repris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a averti des risques de xénophobie et de préjugés à des fins politiques.  La lutte contre ce phénomène relève de la responsabilité collective, a-t-il souligné. 

MOHAMMED BIN NAIF BIN ABDULAZIZ AL SAUD, Prince héritier de l’Arabie saoudite, a expliqué que son pays est le troisième donateur d’aide humanitaire et au développement au monde.  L’Arabie saoudite a été le principal pourvoyeur d’aide au peuple syrien depuis le début de la crise.  À ce jour, le pays offre une éducation gratuite à 145 000 écoliers et étudiants syriens.  Les mêmes efforts sont faits en faveur des réfugiés yéménites.

CHEIKH MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a appelé à des solutions politiques urgentes aux conflits et aux crises humanitaires qui en découlent.  Il s’est inquiété des menaces qui pèsent sur un pays avec l’accueil des réfugiés.  La région vit des problèmes de réfugiés depuis des décennies avec l’expérience du peuple palestinien, a rappelé le Ministre, avant d’exhorter la communauté internationale à trouver une solution juste et durable à la question palestinienne.  Entre 2012 et 2015, a-t-il souligné, 600 000 enfants réfugiés ont reçu une aide du Qatar, a souligné le Ministre qui a appelé à extirper les racines de la crise des réfugiés.

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, a dit que son pays n’échappe en rien à la crise des déplacements massifs de réfugiés et de migrants, plus de 30 000 migrants passant chaque année les frontières pour aller vers les pays du nord.  On ne peut pas arrêter les migrations mais on peut en améliorer la gestion, a argué le Président pour qui les flux irréguliers de migrants ont deux facettes: la facette humanitaire et les trafics.  Il faut aider les clandestins et trouver les raisons qui les poussent à quitter leur pays.  Une coordination est nécessaire, s’agissant en particulier du partage des informations sur la migration.  Le Président a salué la nouvelle dimension des relations entre Cuba et les États-Unis qui devrait déboucher sur une nouvelle donne, entre autres, la migration.

M. PERRY GLADSTONE CHRISTIE, Premier Ministre des Bahamas, a noté que la migration régulière a fait une contribution « inestimable » à son pays.  Avec une population de 600 000 âmes, nous continuons de recevoir des migrants des pays de la région notamment de Cuba et d’Haïti, s’est-il félicité, soulignant que la politique est de protéger les intérêts nationaux et le bien-être social de la population dans le respect des droits des migrants.  Le Premier Ministre a appelé à la lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants.

Mme SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a affirmé que le respect et la confiance mutuels, la responsabilité partagée et l’inclusion étaient des principes indispensables pour appréhender de manière globale le problème des migrations massives.  Elle a ajouté que les droits des migrants devaient être garantis dans toutes les situations et ce quel que soit leur statut juridique.  Mme Hasina a estimé que la mobilité humaine doit être perçue plus positivement, son pays ayant proposé la création d’un pacte mondial sur la migration en vue, notamment, d’améliorer la gestion des déplacements de réfugiés et de migrants.  Selon elle, ce pacte doit faire partie du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et être à la fois ambitieux et réalisable.  Après avoir insisté sur l’importance de dépasser les discours politiques axés exclusivement sur l’identité des peuples, Mme Hasina a réitéré sa volonté de mettre au point un pacte mondial qui tiendrait compte des besoins de protection des futurs déplacés climatiques, qui se compteront bientôt par millions. 

M. MUHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a souligné que ce sont les pays en développement, dont le Pakistan, qui accueillent le plus de réfugiés et de migrants.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’adoption aujourd’hui de la Déclaration de New York qui vise un partage plus équitable du fardeau.  Le Pakistan a été l’hôte « généreux » de millions de réfugiés au cours des dernières décennies et abrite actuellement 2,5 millions de réfugiés afghans.

M. CHRISTIAN KERN, Chancelier de l’Autriche, a appelé au respect des droits de l’homme et les traités internationaux sur les réfugiés et les migrants.  Il a jugé urgent de lutter contre les trafiquants et les réseaux criminels et a indiqué que son pays organisera le 24 septembre 2016, à Vienne, un sommet régional sur la coordination entre pays des Balkans.  « Il faut lutter contre toutes les causes de déplacements massifs de réfugiés et de migrants qu’il s’agisse des changements climatiques, de l’absence d’opportunités, des inégalités économiques et de toutes les sources de conflits » a insisté le Chancelier autrichien.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a dit que la migration doit être volontaire et non forcée.  Pour sa part, la Norvège a augmenté son budget d’aide aux réfugiés de plus de 25% cette année et appelle à une distinction claire entre réfugiés et migrants économiques.  La Norvège appelle aussi à une plus grande coopération pour répondre à la situation des personnes qui ne peuvent pas bénéficier du droit d’asile.  Le Premier Ministre a reconnu l’importance de l’aide publique au développement (APD) pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Norvège a d’ailleurs augmenté de 70% son aide mondiale au secteur de l’éducation, laquelle se chiffre en 2016 à 425 millions de dollars.  La Norvège appelle les partenaires internationaux à la coopération « car on ne résout pas les problèmes en construisant des murs ».

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a rappelé que beaucoup de Suédois ont émigré aux États-Unis au XIXe siècle dont un cinquième est rentré au pays.  Le Premier Ministre a appelé à la lutte contre les migrations forcées.  Il a insisté sur une croissance inclusive et une paix durable.  Face au flux des réfugiés et des migrants, il a estimé que la capacité de réaction de l’Union européenne doit être améliorée, entre autres, par la mise en place d’un mécanisme d’alerte rapide. 

M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre de la Belgique, a insisté sur la responsabilité partagée de tous les États, des pays d’origine, de transit et de destination, d’organiser un meilleur accueil des réfugiés et des migrants.  Il a insisté sur la solidarité internationale pour mettre fin aux conflits violents qui poussent les gens à fuir massivement.  Il a particulièrement insisté sur la responsabilité première des États de tout mettre en œuvre pour que leurs citoyens ne soient pas contraints de migrer.  Il a indiqué que la Belgique consacrera en 2016, 92 millions d’euros à l’accueil des réfugiés, dont 65 millions seront consacrés spécifiquement aux réfugiés syriens. 

M. DON PRAMUDWINAI, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a appelé à une réponse coordonnée et ordonnée aux déplacements massifs de réfugiés et de migrants et concomitamment à une démarche visant à s’attaquer aux facteurs et causes de ces déplacements massifs.  

M. MALCOLM TURNBELL, Premier Ministre de l’Australie, a parlé de son pays comme d’une « nation d’immigration » fondée sur l’engagement commun et les valeurs partagées de la démocratie, de la liberté et de l’état de droit, comme en atteste sa politique migratoire.  L’Australie accueille chaque année 190 000 migrants, a souligné le Premier Ministre.  « La diversité est un investissement dans la lutte contre la marginalisation et l’extrémisme » a-t-il poursuivi, arguant que cette diversité aide la communauté à s’unir face à l’extrémisme.  Si le Premier Ministre a reconnu l’importance qu’il y a à sécuriser les frontières pour faire face aux flux migratoires clandestins, il a néanmoins appelé à davantage de mesures contre le trafic des migrants.  Une coopération internationale forte s’impose, selon lui, pour faciliter des flux migratoires réguliers et sûrs, mais surtout pour faire en sorte que les migrants puissent rentrer chez eux en toute sécurité. 

Le Premier Ministre a également appelé à « soutenir au lieu de dupliquer » le travail de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut- Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  L’Australie, qui encourage les efforts régionaux, est coprésidente du Processus de Bali, lequel contribue à renforcer la coopération entre ses 45 membres dans la protection des migrants et des réfugiés et la lutte contre les passeurs et la traite des personnes.  L’Australie salue l’élan actuel, tant au niveau des Nations Unies que de la communauté internationale, pour faire en sorte qu’il y ait un meilleur partage des responsabilités, a conclu le Premier Ministre.  « Tous les pays doivent jouer leur rôle » et l’Australie est prête à assumer le sien.

M. PERFECTO RIVAS YASAY, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a salué l’adoption de la Déclaration et souligné qu’avec près de 10 millions de Philippins travaillant à l’étranger, son pays accorde un intérêt particulier à la question du bien-être et de la sécurité de ses ressortissants à l’étranger.  Il a insisté sur la notion de contribution positive des migrants à la croissance inclusive et au développement durable à la fois pour les pays d’origine, de transit et de destination.  Pour M. Yasay, ce Sommet marque un moment important dans la lutte contre la perception négative des migrants et pour le rôle positif des migrants dans le développement durable.  Ce Sommet représente avant tout un jalon pour renforcer le cadre de gouvernance des flux migratoires dans le monde.  Les Philippines invitent les États à commencer sans plus tarder le processus de négociations du pacte mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme TERESA MAY, Première Ministre du Royaume-Uni, a dit que la communauté internationale doit agir à l’unisson pour faire face aux défis actuels.  Elle a rappelé que le Royaume-Uni reste le deuxième donateur mondial de l’aide aux réfugiés et aux migrants.  « Nous sauvons des millions de vies chaque année », s’est félicitée Mme May qui a ajouté qu’il faut une solution politique plus efficace face à la crise actuelle et des efforts plus soutenus pour mettre un terme aux conflits.  La crise, a-t-elle estimé, est exacerbée par les migrations économiques et les migrations non contrôlées qui ne sont ni dans l’intérêt des migrants ni dans celui des pays d’accueil et de transit.  Elle a proposé trois solutions et d’abord que les réfugiés ne fassent pas de demande d’asile dans le premier pays dans lequel ils arrivent.  Il faut ensuite faire la distinction entre réfugiés et migrants économiques et enfin obtenir de tous les pays qu’ils contrôlent mieux leurs frontières pour réduire les flux clandestins de migration.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a dit que son pays était le seul de la région à avoir signé la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole de 1967.  Aujourd’hui, le Yémen accueille environ un million de réfugiés et de demandeurs d’asile: plus de 14 000 personnes sont arrivées de Somalie et d’Éthiopie ces derniers mois.  Les déplacements massifs de réfugiés et de migrants, a prévenu le Président, ne peuvent être résolus sans traiter de leurs causes profondes.  Il a prôné une meilleure coordination des efforts internationaux et le partage des responsabilités notamment les défis économiques et sociaux.  Comment peut-on attendre du Yémen qu’il gère à la fois un coup d’État, les attaques des milices houties et le flux de réfugiés qui arrivent en masse depuis la Corne de l’Afrique?, s’est impatienté le Président.  Il a dénoncé le fait que les réfugiés soient parfois recrutés comme mercenaires, affirmant que plusieurs enfants somaliens ont été arrêtés pour avoir participé au conflit.  Le Président a appelé la communauté internationale à être solidaire du Yémen qui compte désormais trois millions de déplacées à cause « des attaques terroristes ».

La Turquie est au carrefour de la migration clandestine, a affirmé M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre turc des affaires étrangères.  Avec plus de trois millions de personnes, la Turquie accueille la plus large population de réfugiés au monde, tout en continuant de lutter contre le trafic des migrants.  Le pays a d’ailleurs réussi, ces six derniers mois, à faire baisser de 95% la migration clandestine dans la Mer Egée mais ses efforts unilatéraux ne suffiront pas à régler ce problème mondial.  Il faut, a dit le Ministre, une meilleure stratégie contre la migration clandestine et il la faut maintenant.  Le Ministre a proposé une stratégie en trois volets consistant d’abord à traiter les causes des déplacements, « ce qui n’est pas une option mais une obligation ».  Il faut trouver une solution politique au conflit syrien et savoir que si l’on ne résout pas les problèmes structurels des pays les moins avancés (PMA), les gens continueront de chercher une meilleure vie ailleurs.  Le deuxième volet consiste à apporter l’appui nécessaire aux pays de transit, en particulier les pays voisins d’une zone de conflit et, à cet égard, l’aide financière à la réinstallation est fondamentale. 

À ce propos, a souligné le Ministre, la Turquie a dépensé plus de 12 milliards de dollars pour les réfugiés syriens alors que la contribution de la communauté internationale a stagné à 512 millions.  « Nous continuerons à faire ce que nous pouvons mais, avouons-le, la situation actuelle n’est pas juste. »  Le troisième volet est de stopper la rhétorique négative comme la xénophobie, le racisme ou l’islamophobie au risque de voir l’extrémisme s’aggraver et alimenter le terrorisme.  Les politiciens occidentaux doivent faire preuve de la plus grande prudence, a conseillé le Ministre.

M. HILLARY ONEK, Ministre des secours et de la préparation en cas de catastrophes, a dit l’importance des partenariats solides aux niveaux régional et national pour mieux gérer les flux de réfugiés.  Nous devons passer des solutions humanitaires à d’autres solutions plus adaptées des conflits prolongés.  L’Ouganda, a promis le Président, continuera à accueillir des réfugiés en s’appuyant sur un système d’enregistrement précis et des aides à leur autonomisation.

M. PRAKASH SHARAN MAHAT, Ministre des affaires étrangères du Népal, a rappelé le caractère multidimensionnel du phénomène migratoire qui doit être sûr, ordonné et respectueux des droits de l’homme.  Des réponses humanitaires appropriées doivent être apportées à ces populations qui contribuent de manière significative à la croissance des pays d’accueil comme des pays d’origine, grâce aux fonds envoyés par les migrants.  Le Ministre a insisté sur la situation des pays en développement, qui prennent en charge de très nombreux réfugiés, alors qu’ils sont confrontés au manque de ressources et de capacités.  C’est le cas du Népal, a souligné le chef de sa diplomatie, qui a réaffirmé le droit des réfugiés à rentrer chez eux s’ils le souhaitent.  Il s’est dit impatient de voir la mise en œuvre de la Déclaration adoptée aujourd’hui.

Qualifiant la crise des migrants de « crise des responsabilités et des valeurs », M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a rappelé que les déplacements forcés de populations sont liés à des facteurs divers, qui vont des conflits à la pauvreté, en passant par la violence et le terrorisme.  Dans ce contexte, seule une approche globale et holistique peut permettre de répondre à la crise actuelle, a-t-il affirmé.  À court terme, la communauté internationale doit renforcer la protection et l’assistance humanitaire auprès des gens qui ont en besoin, indépendamment de leur statut.  Pour sa part, la République de Corée, « première nation d’Asie à mettre en œuvre le Pacte des réfugiés », a continué d’améliorer le processus de détermination du statut et le traitement réservé aux demandeurs d’asile.  Le pays estime qu’il faut mener de front la coopération au développement et l’assistance humanitaire.  Aussi les autorités coréennes ont-t-elles multiplié par 10 fois l’assistance financière réservée aux réfugiés au cours des cinq dernières années.  Enfin, a fait valoir le chef de la diplomatie coréenne, au travers de l’initiative « Une vie meilleure pour les filles », son pays a mis un accent particulier sur l’autonomisation des femmes migrantes.

Mme SIMONETTA SOMMARUGA, Chef du Département fédéral de la justice et de la police de la Suisse, a déclaré que son pays mettait l’accent sur la protection des réfugiés les plus vulnérables, y compris la protection économique et sociale des personnes déplacées « cela en tenant compte également des besoins du pays d’accueil ».  Elle a par ailleurs souligné que l’histoire montre qu’il existe deux manières de réagir à des situations de crise d’une ampleur mondiale, le repli sur les préoccupations strictement nationales ou la prise de décisions courageuses et innovantes qui font avancer la cause de la diplomatie multilatérale.  La Convention de Genève a vu le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il faut s’en souvenir, a-t-elle encore indiqué.  Pour Mme Sommaruga, le seul combat à mener est celui de la dignité humaine.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a souligné l’importance de respecter « à la lettre » les principes de la Charte de l’ONU dans le cadre de la gestion « difficile » des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Il revient aux pays d’accueil d’assurer la protection juridique des réfugiés, qui souvent sont les personnes les plus vulnérables socialement, « les plus exposées à la criminalité transnationale organisée et à la vindicte xénophobe des populations locales ».  M. Makei a toutefois noté que les intérêts des pays d’accueil doivent être pris en compte au cours de la crise, y compris pour permettre aux migrants de contribuer à la croissance économique de ces pays.  Il a également rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 invite la communauté internationale à miser de manière coordonnée sur l’apport des migrants réguliers pris en charge de façon responsable.  L’aide humanitaire doit être corrélée au financement du développement durable, a-t-il encore dit.  Il a conclu en se disant confiant dans la capacité de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de permettre la meilleure exécution possible des mesures que nous nous apprêtons à prendre au titre de la Déclaration finale.

Mme MARIE LOUISE POTTER (Seychelles) a demandé une solution juste et durable aux problèmes rencontrés par les réfugiés et les migrants et en particulier le respect de leurs droits « ce qui est la seule manière de les protéger de l’exploitation et de la traite des êtres humains ».  Il faut en outre que les flux migratoires se fassent en fonction de la capacité d’accueil des pays de destination, ce qui suppose des flux contrôlés et sûrs, a-t-elle poursuivi.  Pour cela, la communauté internationale doit s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs, notamment les conflits armés et les catastrophes naturelles, et veiller au strict respect du droit humanitaire international, ce qui va dans le même sens.

M. PENDUKENI IIVULA-ITHANA, Ministre de l’intérieur et de l’immigration de la Namibie, a expliqué que son pays accueille 3 388 réfugiés, la plupart ayant fui des conflits dans la région.  Le Gouvernement fournit à ces populations et aux demandeurs du droit d’asile un refuge sûr, une éducation, ainsi que des soins médicaux, a-t-il expliqué.  Il ne s’agit toutefois pas d’une activité tenable sur le long terme pour la Namibie, a dit le Ministre qui a demandé à la communauté internationale de se pencher d’urgence sur les causes profondes des déplacements massifs.  L’État namibien vient, pour sa part, de lancer le premier « profil de migration » dans le pays en juin 2016, ce qui lui a permis d’éclairer la manière dont les migrants contribuent à la croissance économique et au développement du pays, en facilitant leur entrée sur le marché du travail à des postes où le pays manque cruellement de personnel qualifié.  « Ceci nous a donné la possibilité de diriger des migrants vers des secteurs d’activité économique, tout en formant le personnel local dans les domaines où sévit le chômage », a ajouté M. Iivula-Ithana.

M. FIRUDIN NABIYEV, Directeur du Service de la migration de l’Azerbaïdjan, a d’abord souhaité que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 réduise au moins de 50% les déplacements forcés dans les délais impartis.  Il a souligné que son pays fait face à un grand problème de déplacement interne en raison de l’occupation arménienne.  L’Azerbaïdjan, qui a une population totale de 9,7 millions d’habitants, est un des pays qui porte le plus lourd fardeau au monde en matière de déplacements.  Il a regretté que l’Arménie ait profité de la crise actuelle de migrants et de réfugiés pour installer des Arméniens de la Syrie dans les territoires occupés d’Azerbaïdjan.  C’est une violation de la Quatrième Convention de Genève et de ses protocoles facultatifs, a dénoncé M. Nabiyev qui a conclu en faisant le bilan des mesures mises en œuvre par son gouvernement pour les déplacés.  Durant les 20 dernières années, près de 6 milliards de dollars ont été dépensés pour résoudre les problèmes sociaux de ces déplacés.

M. SALAHUDDIN RABBANI, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a estimé que le moment est venu d’apporter une réponse internationale au phénomène mondial des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  Pour avoir connu des conflits armés depuis plus de 20 ans, son pays est devenu un pays d’origine de réfugiés, a rappelé le Ministre qui a remercié les pays voisins pour l’accueil qu’ils leur ont offert.  Depuis quelques années, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a joué un rôle déterminant pour aider les réfugiés afghans.  Néanmoins, nombre d’entre eux continuent à se heurter à des conditions humanitaires et sécuritaires difficiles.  Le Ministre a saisi cette occasion pour lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle veille au respect et à l’égalité des droits des réfugiés et leur protection.

L’Afghanistan, a-t-il dit, travaille avec les pays de la région pour trouver une solution durable à la question des réfugiés afghans et favoriser leur réinstallation et/ou leur retour.  Pour le Ministre, il faut également combattre les discours de haine et la xénophobie, et, à cet égard, il a salué la campagne mondiale lancée par le Secrétaire général.  « Nous aspirons tous à vivre dans la paix et la prospérité et à assurer un avenir meilleur à nos enfants et aux générations à venir, indépendamment de nos pays d’origine ou de notre religion » a fait valoir M. Rabbani.

Mme SUSANA MALCORRA, Ministre argentine des affaires étrangères, a appelé à des mesures concrètes pour mettre un terme à la crise migratoire actuelle, « la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale ».  Passer à l’action est le meilleur moyen de surmonter l’indifférence, a-t-elle dit, arguant que la migration fait partie de « l’ADN sociale » de l’Argentine qui est dotée d’une société diverse s’enrichissant depuis toujours de l’intégration sans heurts de millions d’étrangers.  Sans solidarité ni tolérance, la coexistence pacifique n’est pas possible, a prévenu Mme Malcorra qui a appelé à « conjuguer nos efforts et à prendre des engagements forts ».  Dans ce cadre, elle a mentionné le programme de visas humanitaires mis en place par l’Argentine « pour accueillir celles et ceux qui fuient la guerre en Syrie ».  Grâce à ce programme, l’Argentine octroie aux migrants et aux réfugiés les mêmes droits civiques que les Argentins, a-t-elle expliqué, soulignant l’ambition de son pays de contribuer activement à un développement durable « inclusif et pluriel ».

M. ABDSUSALAM HADLIYEH OMER, Ministre des affaires étrangères de la Somalie, a remercié les autorités kenyanes d’avoir commencé à accueillir, il y a près de 20 ans, un nombre considérable de réfugiés somaliens.  Il a voulu que l’on s’attaque aux causes profondes des déplacements massifs de réfugiés et de migrants et que l’on entende le récit de ces derniers pour mieux comprendre le voyage périlleux dans lequel ils se sont embarqués.  La guerre, la sécheresse et la famine se sont abattues sur la Somalie, qui aujourd’hui parvient à convaincre des réfugiés de revenir, a-t-il affirmé.  M. Omer a souligné l’importance d’accélérer  la mise en œuvre de l’Accord tripartite liant la Somalie, le Kenya et le HCR destiné à accompagner la réinstallation progressive et volontaire d’environ 200 000 réfugiés somaliens.

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, s’est dit convaincu de la nécessité de déployer davantage d’efforts pour venir en aide aux personnes qui fuient les conflits et les catastrophes.  Il a expliqué que la réunion, que son pays organise demain, a pour objectif de renforcer la Déclaration adoptée aujourd’hui.  Rappelant que 65 millions de personnes ont été contraintes de fuir, il a estimé qu’il y va de l’intérêt de tous de faire en sorte qu’elles puissent trouver un nouveau pays et bénéficier de l’aide humanitaire nécessaire.  À cet égard, il a insisté sur la nécessité de mettre en place des couloirs de sortie.  Affirmant qu’il s’agit là d’une responsabilité « qui nous incombe à tous », il a invité les États Membres à mettre en œuvre des politiques pour gérer les déplacements massifs de population, en étroite collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et dans le respect des normes fixées.  M. Kerry a également mis l’accent sur le fait que les agents humanitaires devraient pouvoir apporter l’aide sans entrave.

Les États-Unis, a-t-il dit, applaudissent la décision prise cette année d’associer l’OIM aux efforts de l’ONU.  Il a lancé un appel à la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général chargé des questions relatives aux réfugiés.  Avant de conclure, M. Kerry a expliqué qu’à la réunion prévue demain, le Président Obama va souligner l’écart entre les fonds nécessaires et les fonds disponibles pour l’aide humanitaire, soulignant que les États-Unis sont le plus grand donateur actuel.  Mon pays est disposé à travailler avec tous les pays pour venir en aide aux réfugiés dans le monde, a affirmé le Secrétaire d’État.

M. ALBERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a remarqué que l’équivalent de quatre fois la population de son pays est aujourd’hui réfugiée et qu’il est urgent de remédier à ce problème.  Pour lui, tous les pays ont la responsabilité partagée d’éliminer les raisons qui poussent ces personnes « à tout laisser derrière elles ».  Pour cela, il a cité quatre priorités à savoir qu’il faut tenir compte des causes des déplacements forcés; que les enfants et les personnes les plus vulnérables méritent une attention particulière; qu’une réaction mondiale nécessite une action effective de la part des Nations Unies et de chacun de ses États Membres; et qu’il faut pouvoir arriver à des flux migratoires ordonnés et sûrs.  Les Pays-Bas estiment que la Déclaration adoptée aujourd’hui est une bonne base pour une action collective; toutefois, il faut souligner que les pays d’accueil sont les premiers responsables de l’intégration réussie de leurs réfugiés.  La responsabilité étant partagée et immédiate, les Pays-Bas n’attendront pas la signature des deux pactes en 2018 pour agir, a promis le Ministre en lançant un appel pour que l’on divise par trois, d’ici à 2030, le nombre des réfugiés actuel, soit 65 millions.

M. IVICA DAČIĆ, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a fait observer que neuf mois après avoir pris la décision d’organiser ce Sommet, la situation s’est aggravée et est devenue encore plus compliquée à gérer.  Se référant au rapport du Secrétaire général, il a relevé qu’environ 50 000 personnes avaient perdu la vie dans la recherche d’une existence meilleure ailleurs.  Selon lui, la communauté internationale n’a pas réussi à résoudre les problèmes posés par les déplacements massifs de réfugiés et de migrants car elle ne s’attaque pas assez aux causes profondes de la crise.  Il a également souligné la nécessité de mettre fin aux conflits qui débouchent sur des catastrophes humanitaires, comme le conflit syrien.

Pour M. Dačić, la montée de la xénophobie, du racisme et de l’intolérance, ainsi que le manque de ressources pour le règlement de la crise des migrants sont inacceptables « dans un monde qui n’a jamais été aussi riche ».  Il a indiqué qu’au cours de l’année et demie écoulée, plus de 700 000 réfugiés et migrants avaient transité par son pays, assurant que, face à cette situation, la Serbie s’était montrée accueillante et solidaire.  M. Dačić a expliqué que la Serbie accueille sur son sol 250 000 réfugiés et déplacés, soit le nombre le plus important en Europe.  Revenant sur les conséquences de la guerre en ex-Yougoslavie, il a déploré, qu’à ce jour, seuls 4 000 des centaines de milliers de personnes expulsées, il y a près de 20 ans, du Kosovo, aient regagné leur foyer.

Le Premier Ministre serbe a assuré que la Serbie et ses voisins ont pris des mesures pour lutter contre l’immigration clandestine le long de la route des Balkans et pour mettre fin aux activités des passeurs.  C’est en tenant compte de la vulnérabilité des personnes que nous avons renforcé les contrôles aux frontières et orienté le flux de réfugiés et de migrants vers les points de passage légaux, a-t-il encore déclaré.

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a rappelé que son pays accueille depuis longtemps, « depuis au moins l’indépendance en 1966 », des réfugiés des pays voisins comme de ceux de la Corne de l’Afrique.  La Zambie a accueilli des centaines de milliers de Sud-Africains et d’Angolais au plus fort des conflits que subissaient ces pays.  La Zambie croit en la coexistence pacifique des anciens réfugiés jouissant de droits équivalents aux citoyens zambiens, a-t-il affirmé.  Il a assuré que son pays continuerait à conduire une politique d’ouverture en faveur des réfugiés, basée sur l’accès à l’emploi et à l’éducation.  M. Lungu a en outre indiqué que la Zambie, en coopération avec le HCR, a lancé une étude sur « l’économie des réfugiés », étude sur la base de laquelle seront élaborées les futures politiques d’intégration du pays.  Il faut changer la perception du réfugié qui n’est pas un fardeau, a-t-il conclu, soulignant la contribution positive que le réfugié peut apporter au développement du pays où il a « librement choisi de vivre ».

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a invité les États Membres à prendre des engagements communs dans le respect du principe de solidarité internationale.  Il a ajouté que, pendant des décennies, son pays a accueilli des millions de personnes d’horizons divers et variés.  Nous constatons une augmentation du nombre de personnes désireuses de s’installer dans notre pays pour y vivre une vie meilleure, a-t-il encore noté.  M. Novoa a expliqué que l’Uruguay a mis en place un cadre législatif fondé sur la reconnaissance et le respect des droits fondamentaux des réfugiés et des migrants et que la politique migratoire de son pays repose sur l’accès à l’emploi.  Égalité de traitement et de droits entre réfugiés et ressortissants uruguayens, intégration socioculturelle, égalité entre hommes et femmes et protection des migrants vulnérables sont quelques-uns des piliers de notre politique, a-t-il énuméré.  M. Novoa a insisté sur l’importance du plein respect du principe de non-refoulement pour que les migrants puissent s’épanouir et participer au développement et à la croissance économique du pays d’accueil.  « Il faut en finir avec l’apatridie sur la base des conventions pertinentes », a-t-il conclu.

M. LAZAR COMANESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, s’est félicité de l’adoption de la Déclaration de New York et de l’accord qui fait officiellement entrer l’Organisation internationale pour les migrations (OMI) dans la famille des Nations Unies.  Pour sa délégation, il est nécessaire de changer le récit des migrations en mettant fin aux stéréotypes et en s’unissant autour d’un ensemble de valeurs communes pour s’ajuster à des sociétés multiethniques et culturelles en perpétuelle évolution.  Le Ministre s’est déclaré favorable à une approche holistique et globale qui prendrait en compte les conséquences et les causes profondes du phénomène.  M. Comanescu a déclaré que son pays continuerait à faire partie de la réponse européenne, en privilégiant des solutions combinant les instruments humanitaires, économiques et de développement, ainsi qu’un dialogue politique et des partenariats.  La Roumanie poursuivra sa participation à l’assistance aux frontières, ainsi que ses opérations de sauvetage en mer Méditerranée, a conclu le Ministre.

M. HAMAD ELGIZOULI, Commission du Soudan pour les réfugiés, a réitéré la volonté de son pays de coopérer avec la communauté internationale pour assurer le succès et la mise en œuvre de la Déclaration adoptée aujourd’hui.  Par sa situation géographique, le Soudan ne cesse d’accueillir des réfugiés au nombre de 2 millions aujourd’hui, a expliqué le Ministre ajoutant que la mobilité humaine et les problèmes de la traite et du trafic illicite de personnes sont à l’origine de la mise en place d’une nouvelle loi sur les migrations et de l’amendement de la loi sur les visas.  Le Processus de Khartoum suivi de la Conférence de Rome de 2014 s’inscrivent dans les efforts du Soudan mais les recommandations de ces deux conférences n’ont pas encore été mises en œuvre faute de moyens, a regretté le représentant qui a lancé un appel à l’aide à la communauté internationale.

Insistant sur la notion de responsabilité partagée, il a souligné que les situations humanitaires exigent des pays donateurs qu’ils contribuent à soulager les personnes déplacées.  Il a insisté sur la nécessité de garder les frontières ouvertes et de mettre un terme au statut de réfugié de longue durée.  Invoquant l’exemple du Tchad avec ses 230 000 réfugiés, il a indiqué que son pays s’apprête à signer un accord tripartite pour assurer leur retour.  

M. BUSHATI, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a indiqué que son pays continue de faire face aux difficultés liées à l’accueil de réfugiés depuis 30 ans, rappelant les déplacements qui ont résulté du conflit avec l’Azerbaïdjan.  Il faut, a-t-il dit, trouver des solutions politiques durables et veiller à un accès sans entrave de l’aide humanitaire dans toutes les régions du monde.  Préoccupé par la situation au Moyen-Orient qui n’a pas épargné les Arméniens qui avaient trouvé refuge dans de nombreux pays arabes après le génocide, le Ministre a expliqué que son pays accueille actuellement des réfugiés syriens et facilite les procédures de naturalisation.  Toutefois aucun pays ne peut faire face à de tels flux migratoires en faisant cavalier seul, a-t-il estimé, en saluant, en conséquence, l’adoption de la Déclaration de New York qui consacre le partage des responsabilités.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a indiqué que son pays émettait de sérieuses réserves sur la Déclaration adoptée ce matin, « issue d’un sommet auquel la Syrie n’a pas été invitée à participer ».  Le représentant a insisté sur le fait que le Secrétariat général des Nations Unies doit faire en sorte que les pays hôtes des conférences tenues ne privent aucun autre pays d’y prendre part.  Il a vivement rejeté le paragraphe 19 de la Déclaration qui fait référence aux réfugiés syriens alors que la Déclaration concerne tous les pays du monde et pas seulement un pays.  Le représentant a dénoncé les tentatives d’exploiter la situation des réfugiés dans des jeux politiciens où « des Syriens et des Syriennes sont traités comme des marchandises ou une monnaie d’échange ».  « On ne joue pas avec leur accueil ou leur expulsion », s’est énervé le représentant.  Pour lui, la solution à la crise des réfugiés syriens passe par la mise hors d’état de nuire des terroristes et l’établissement des responsabilités des pays « qui sapent sciemment la souveraineté de la Syrie en aidant les terroristes à sévir sur son territoire ».

M. KHEIMAS JHINAOUI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a attiré l’attention sur l’accueil dans son pays de nombreux réfugiés libyens et syriens.  Nous sommes aux côtés du peuple libyen dans la lutte contre les agissements destructeurs des groupes terroristes et pour l’unité de la Libye et la stabilité des pays voisins, a-t-il ajouté.  Il a par ailleurs indiqué que la Tunisie et l’Italie ont l’intention de faire toute la lumière sur la disparition des centaines de Tunisiens, en 2011, le long des côtes italiennes.  Il a conclu en estimant que seule une migration ordonnée et sûre permettra le respect des droits des réfugiés quels que soient leur situation et leur statut.  À son tour, il a souligné l’importance de s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs, « y compris les déplacements forcés et les crises prolongées ».

M. THORBJORN JAGLAND, Secrétaire général du Conseil de l’Europe, a axé son intervention sur l’Europe et ses voisins dans le contexte de la crise migratoire actuelle.  Rappelant que le droit international voudrait que tous ceux qui mettent un pied sur le sol européen, indépendamment de leur origine et de leur statut, bénéficie d’une protection et de certains droits, il a regretté que cela ne soit pas le cas actuellement puisque certains refusent de s’y soumettre et préfère passer le fardeau à d’autres.  Sans coopération, les États européens risquent d’aggraver les problèmes, a-t-il averti, se montrant particulièrement préoccupé par le sort des enfants et demandant des actions « significatives », entre autres, contre leur détention et pour leur accès à l’école, au logement et une protection.  Ces enfants, en particulier les enfants non accompagnés, doivent avoir le droit de retrouver leurs familles sur le continent européen, a poursuivi M. Jagland qui a regretté que la législation européenne actuelle entrave ce type de regroupement familial.

Je ne pense pas que le monde ait compris la gravité de la crise à laquelle nous sommes confrontés, s’est impatienté le Secrétaire général.  Ce monde qui nous semble mieux organisé que jamais nous paraît pourtant plus chaotique que jamais, a dit M. Jagland, en plaidant pour un financement adéquat des organisations comme le HCR et le Programme alimentaire mondial (PAM).

M. DOMINIQUE DE LA ROCHEFOUCAULD-MONTBEL, Ordre de Malte, s’est félicité de ce que le rôle des institutions religieuses et confessionnelles dans l’aide humanitaire, y compris aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, ait été consacré dans le Document final du Sommet humanitaire d’Istanbul.  Au nombre des actions à entreprendre, l’orateur a cité l’intégration dans les sociétés d’accueil pour permettre aux migrants de devenir un « atout ».  Il a également attiré la nécessité de suivre l’itinéraire des migrations et de veiller au respect des droits humains.  Selon lui, une action immédiate de la part des États et des organisations internationales est également nécessaire pour permettre aux réfugiés et aux migrants de faire appel des décisions de justice, pour renforcer la cohérence des politiques entre les pays les plus développés et pour mettre en œuvre des projets dans le pays d’origine et encourager les candidats au départ à rester chez eux plutôt qu’à risquer leur vie dans des traversées dangereuses.  M. de La Rochefoucauld-Montbel a également plaidé contre le populisme ambiant et pour une implication concertée et constructive des médias.

Mme HISSA ALTHANI, Ligue des États arabes, a affirmé que les flux migratoires sont un sujet de préoccupation grave, notamment dans les pays de sa région et a fait part des efforts de la Ligue des États arabes, notamment la réunion du Caire à laquelle le HCR a participé ainsi que le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  La Déclaration adoptée aujourd’hui appelle à une vision commune pour assurer la sécurité et la stabilité des pays et à veiller au respect du droit au retour des réfugiés, en particulier les Palestiniens de Syrie, a souligné la représentante.  À ce titre, elle a lancé un appel à l’Office de travaux et de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) pour qu’il veille au respect de leurs droits.  Elle a en outre souligné que les migrations sûres ne peuvent se faire sans coopération.  Elle n’a pas manqué d’appeler à la lutte contre la xénophobie et le racisme et pour la dignité des migrants et des réfugiés.  Tous ces aspects de la question de déplacements massifs relèvent de la responsabilité de tous, a conclu l’oratrice, en insistant une dernière fois sur le respect des droits des migrants et des réfugiés quel que soit leur statut juridique. 

M. LAMBERTO ZANNIER, Secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a estimé qu’il faut veiller à ce que les questions relatives à la migration ne divisent plus la communauté internationale et mettre en exergue l’importance qu’il y a à respecter les droits des réfugiés et des migrants.  Il faut non seulement répondre à l’urgence mais aussi s’attaquer aux éléments déclencheurs de la migration.  La frontière entre le migrant et le réfugié est de plus en plus ténue, a souligné l’orateur, avant de dire que l’OSCE a pour vocation de trouver les moyens de faire en sorte que le dialogue se substitue à la confrontation car les pays ont intérêt à faire de ce défi un véritable actif, sans oublier, dans ce contexte, qu’il faut traiter de la question sécuritaire et punir ceux qui exploitent les migrants.  L’OSCE, a affirmé l’orateur, peut amener ses membres à négocier un plan comme la Convention de Palerme et ses protocoles.  En attendant, elle exhorte ses membres à réformer les lois sur la migration et à lutter contre les préjugés attachés aux minorités. 

M. YVES LETERME, Observateur de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déclaré que la communauté internationale devait relever trois défis, à commencer par celui de répondre aux besoins immédiats de millions de migrants et de réfugiés.  Elle devrait en outre se pencher sur les causes profondes des conflits violents et sur les facteurs de pauvreté, qui forcent des millions de personnes à l’exil chaque année.  À cette fin, l’Assemblée générale devrait s’employer à la négociation du cadre d’action global pour les réfugiés et du pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées.  Elle devrait promouvoir un « discours à contre-courant » pour à démystifier « les mensonges du populisme » et identifier les opportunités offertes par la crise actuelle.  Ainsi, au-delà de la « crise des réfugiés », demandons-nous si ces réfugiés et ces migrants peuvent devenir les nouveaux agents de la démocratisation et du développement et des sujets actifs de nos institutions, a ajouté M. Leterme.

M. SABER CHOWDHURY, Président de l’Union interparlementaire, a constaté que les gens fuient de plus en plus leur pays, une situation préoccupante parce que ces migrants n’ont pas le droit de vote puisqu’ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales des pays d’accueil.  Les parlementaires, a dit l’orateur, ont le devoir de rappeler les droits civiques, en particulier le droit de vote, de toutes les personnes, y compris les migrants et les réfugiés.  Les parlementaires veulent voir un changement de perception sur les migrants et les réfugiés, un changement qui devrait assurer une plus grande interaction dans un monde globalisé.  Nous devons, a encouragé l’orateur, combattre toutes les formes de discrimination dont sont victimes les migrants qu’il s’agisse des lois et dans la pratique.  Nous devons aussi nous attaquer aux conflits prolongés et aux changements climatiques qui poussent les gens à fuir.  Le Programme 2030 peut nous aider à trouver un terrain d’entente et en la matière, le rôle des parlementaires sera déterminant, a conclu l’orateur en invitant les Nations Unies et gouvernements à faciliter la migration régulière.

M. AS SY, Secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a rappelé que les débats actuels portent sur des situations réelles dans lesquelles se retrouvent des millions de personnes qui ont fui leur pays ou leur maison.  Aujourd’hui même à Alep, des membres de la Fédération internationale ont été tués, « ce qui est un fait inacceptable ».  Il faut mettre un terme aux conflits et à la violence, a-t-il exigé avant de demander que les pays cessent de se préoccuper du statut juridique des migrants et réfugiés alors qu’il est question de leur porter secours.  M. SY a exhorté tous les États à prendre les mesures nécessaires pour que les réfugiés et les migrants puissent se déplacer en toute sécurité.  Il faut conjuguer les efforts pour lutter contre la discrimination et la xénophobie, a encore demandé M. Sy qui a assuré que les volontaires de sa Fédération sont présents sur le terrain à la fois dans les pays d’origine, de transit et de destination.

Pour Mme MICHAELLE JEAN, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), lorsqu’on parle de réfugiés et de migrants, « on ne parle pas de statistiques mais d’êtres humains », une réalité qu’elle a vécue pour être passée par là quand elle a quitté Haïti avec sa famille pour échapper au régime de François Duvalier.  Je suis « consciente », a-t-elle confié, de la chance que j’ai eue de trouver refuge au Canada.  Sachant d’où je viens, je pense « à ceux et celles qui affrontent encore le pire, poussés par le désespoir et qui ne sont qu’une froide statistique dans la rubrique réfugiés et migrants ».  Nous arrivons dépossédés certes, mais riches de tout ce que nous sommes, a souligné la Secrétaire générale.

Elle a plaidé pour une approche humaniste, soucieuse de la dignité des réfugiés et des migrants et des droits fondamentaux de la personne.  Une approche, a-t-elle dit, multilatérale, dans le contexte de laquelle les leaders mondiaux se demandent pourquoi, en 2014, on a franchi le cap des 65 millions de déplacées.  Il faut agir sur les causes profondes, une priorité pour l’OIF, a-t-elle expliqué.  La Secrétaire générale a parlé des programmes d’accompagnement mis en place dans les pays francophones, notamment dans les domaines de l’éducation et de l’emploi des femmes et des jeunes.  Il faut, a-t-elle encouragé, combattre l’indifférence et renouer avec la tradition de l’accueil et la volonté de mieux se connaître.  Mme Jean a en effet dénoncé les tendances actuelles à la xénophobie et aux discours racistes à des fins électorales.  Elle a lancé un appel au partenariat et à la coordination et à une meilleure harmonisation des actions pour mieux répondre aux besoins « de ces populations en danger car l’histoire nous jugera ».

Mme IRENE KHAN, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit au développement (OIDD), a dit que l’origine des migrations se trouve dans l’absence d’état de droit, de justice et de bonne gouvernance.  Pourtant, les personnes qui fuient ces situations ne trouvent pas pour autant la paix parce qu’ils doivent faire face aux préjugés et à la discrimination.  La Déclaration de New York, a-t-elle estimé, fournit une base solide pour la protection des droits des réfugiés et des migrants.  Ce n’est qu’un premier pas et celui qui suivra sera essentiel, a-t-elle prévenu, avant d’annoncer trois axes d’action: pas de compromis avec le respect de l’état de droit, la conjugaison du développement avec les droits des personnes déplacées et l’investissement dans l’état de droit comme partie intégrante du droit au développement.  Le mariage entre l’ONU et l’OIM illustre la volonté de trouver une solution aux déplacements massifs de réfugiés et de migrants et l’OIDD est prête à y contribuer.

M. EMMANUEL ROUX, INTERPOL, a dit que son organisation s’engage à aider les États Membres à arrêter les trafiquants et la traite de personnes.  En 2015, 18 personnes ont été arrêtées pour des délits liés à la traite de personnes notamment des femmes et enfants munis de faux papiers.  Ce trafic, a-t-il souligné, génère plus de 8 milliards de dollars par an et la stratégie d’Interpol est de donner aux États Membres les outils et le savoir-faire nécessaires pour lutter contre ce phénomène.  Un manuel pour l’Afrique de l’Ouest a été élaboré, a-t-il dit en exemple. 

M. PATRICK GOMES, Secrétaire général du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), a indiqué que l’absence de paix et d’opportunités économiques sont des éléments qui conduisent aux déplacements massifs des populations.  Il a également noté la montée du phénomène des réfugiés climatiques.  Face à cette situation, il a appelé à la solidarité internationale, saluant la prise en compte de cette problématique dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Gomes a également prôné la mise en œuvre du Plan d’action de La Valette, et une plus grande collaboration entre pays d’origine, de transit et d’accueil.  Il a rappelé qu’en 2015, le montant total des envois de fonds des migrants vers les pays en développement, soit 422 milliards de dollars, représentait plus du triple de l’aide publique au développement (APD).  De ce fait, il a insisté sur l’importance de baisser les coûts de ces transferts.  Il faut plus d’actions et moins de paroles, a-t-il souhaité.  

Le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), M. PETER MAURER, a salué le fait que la Déclaration adoptée aujourd’hui engage les États à traiter chaque migrant et chaque réfugié avec humanité, tout en rappelant les normes élevées du droit international régissant la protection et l’assistance à leur apporter.  Il a indiqué que, chaque jour, dans diverses régions du monde, le CICR est témoin des souffrances qui poussent les gens à fuir dont la majorité reste dans son pays.  Le monde compte en effet 41millions de déplacés. 

Par ailleurs, la plupart des réfugiés se trouvent dans les pays voisins, a-t-il poursuivi.  En fuyant, les gens courent le risque d’être détenus, les familles d’être séparées et les proches d’être portés disparus.  À la première tragédie de la fuite s’ajoutent d’autres tragédies.  En réalité, la violence non refrénée et les violations du droit international humanitaire sont deux des principaux moteurs des déplacements forcés, a affirmé M. Maurer.  Les parties aux conflits armés, étatiques ou pas, attaquent sans distinction, détiennent arbitrairement, torturent, violent, forcent au déplacement et détruisent maisons, hôpitaux et écoles.  L’effet cumulatif de cette violence fait que les gens ne peuvent plus accéder aux services sociaux de base ou maintenir un mode de vie durable.  Dans les endroits qui ne sont pas en proie à des conflits armés, les homicides, la violence sexuelle et les intimidations forcent les gens à partir, empêchant les investissements dans les services sociaux de base.

Pour traiter des causes profondes des déplacements massifs, nous devons travailler ensemble à un meilleur respect du droit international humanitaire, du droit des réfugiés, des droits de l’homme et d’autres cadres juridiques qui protègent les personnes contre la violence, a préconisé le Président du CICR.  Pour répondre aux besoins des migrants et des réfugiés, les États doivent faire en sorte que les politiques qu’ils mettent en place ne génèrent pas de souffrances supplémentaires.  « Ne pas nuire » est un principe essentiel, a-t-il rappelé, invitant les décideurs politiques à écouter les gens et les communautés affectés, et insistant sur le fait que les solutions doivent être trouvées ensemble.  Le CICR, a-t-il souligné, a des connaissances précieuses, l’expertise et les ressources nécessaires pour éclairer les politiques et la pratique des États.  Cette expérience doit être exploitée dans les pactes que les États doivent négocier au cours des deux prochaines années.

M. MICHAEL SPINDELEGGER, Directeur général du Centre international pour les politiques migratoires, a estimé que les discriminations et les préjugés dont souffrent les migrants et les réfugiés sont autant un défi qu’une chance dans le cadre de la responsabilité partagée car cette responsabilité passe par la mise en place d’un cadre normatif de protection des droits.  Les pays de transit et d’accueil doivent le comprendre et savoir que le principe selon lequel le degré de responsabilité est en fonction des ressources disponibles est acquis.   

M. IYAD AMEEN MADANI, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a rappelé que 5,2 millions de réfugiés Palestiniens constituent une part importante du nombre de réfugiés dans le monde compte tenu du conflit le plus long de l’histoire moderne.  Il faut être plus volontariste pour résoudre les crises avant qu’elles n’explosent et le système humanitaire doit être révisé pour répondre aux besoins des déplacés, a poursuivi le Secrétaire général qui a aussi plaidé pour un appui aux pays d’accueil.  L’OCI n’est pas en reste et travaille à l’autonomisation des réfugiés, a-t-il affirmé, en estimant que la mise en œuvre du Programme 2030 doit accorder la priorité au drame des réfugiés, « un échec de la communauté internationale ». 

M. LHOU LMARBOUTH, Président de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, a indiqué que la Méditerranée, berceau des civilisations, est devenue un cimetière pour tous ceux qui sont contraints à l’exil.  Soutenir les réfugiés et les migrants relève de la responsabilité commune de la communauté internationale, tout particulièrement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, a-t-il souligné.  Le Président s’est félicité de l’action du Maroc, qui a régularisé la situation de dizaines de milliers de réfugiés.  Attirant en outre l’attention sur le phénomène grandissant des réfugiés climatiques, l’Observateur a déclaré que son organisation place beaucoup d’espoirs dans la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques (COP-22), qui se tiendra à Marrakech en novembre prochain.  M. Lmarbouth a cité comme exemple de ce type de migration l’assèchement du Lac Tchad, qui déplace les populations entières.

M. JOE THOMAS, Directeur exécutif de Partenaires dans le domaine de la population et du développement, a rappelé que l’histoire de la civilisation repose sur la mobilité humaine.  À cet égard, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est-il félicité, reconnaît pleinement la contribution positive des migrants à la croissance inclusive.  L’observateur a également noté que la Déclaration de New York, adoptée aujourd’hui, dénonce les formes multiples de discrimination à l’encontre des femmes et filles migrantes, dont la contribution considérable et le leadership au sein de leurs propres communautés devraient inciter les États Membres à garantir leur participation aux processus les concernant.  Partenaires dans le domaine de la population et du développement a par ailleurs exhorté tous les pays à répondre vigoureusement à la vulnérabilité des migrants et des réfugiés au VIH/sida et aux autres besoins médicaux spécifiques, notamment en mettant à leur disposition des soins de santé sexuelle et reproductive.

M. ERNESTO SAMPER PIZANO, Président de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a déploré le sort réservé aux migrants du monde entier, qui se heurtent aujourd’hui « aux murs du Mexique, du Maroc ou d’Israël ».  Il a plaidé pour une finalisation rapide du pacte mondial, se félicitant déjà des réglementations internationales qui s’efforcent de réduire le fardeau de l’exil.  Le Président a lancé un appel vibrant à la « citoyenneté du monde ».

M. NARINDER KAKAR, Université de la paix, a jugé qu’il est temps que la communauté internationale se mette d’accord sur la crise des migrants, « au nom du principe de la responsabilité partagée ».  Il a estimé que la communauté internationale peut mobiliser suffisamment de ressources pour relever le défi.  Tous les efforts doivent être déployés pour empêcher les conflits et tous les moyens doivent être investis dans l’éducation pour faire régner la paix.  L’Université de la paix offre des bourses d’études à une centaine de réfugiés dans la ville de San José, au Costa Rica.  Leur formation est tournée vers la paix et la sécurité, offrant des cours sur les solutions pacifiques durables et le renforcement de capacités en matière de dialogue.  Il est nécessaire de financer l’éducation, a insisté l’orateur, en appelant au dépassement des niveaux actuels et à la prévisibilité des financements.

M. JOSEPH TEO CHOON HENG (Singapour) a dit que tout engagement dans le cadre de la Déclaration de New York doit prendre en compte les droits et les obligations, les capacités et les ressources de chaque État Membre.

Déclarations de clôture

Cette journée fut « historique », a déclaré M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, lors de la cérémonie de clôture.  Il a félicité les États Membres d’avoir adopté par consensus la Déclaration de New York.  Les déplacements massifs de réfugiés et de migrants présentent l’un des défis les plus importants de notre époque, a-t-il rappelé. 

M. Eliasson a salué les États Membres qui ont adopté individuellement des approches positives.  « Ils ont sauvé la vie de migrants en mer », a-t-il souligné.  « Ils ont traité humainement les migrants.  Ils ont protégé les réfugiés. »  Toutefois, a-t-il averti, aucun État ne peut gérer seul ces problèmes transnationaux.  

« Nous devons œuvrer ensemble, plus que jamais », a-t-il poursuivi en évoquant la dure réalité que vivent les réfugiés et les migrants.  La situation requiert aujourd’hui une attention et une action urgentes.    

Lors des séances plénières et des tables rondes, les États ont souligné l’aspect central des droits de l’homme pour les migrants et les réfugiés et réaffirmé leurs obligations internationales.  Ils se sont engagés à lutter contre la discrimination et la violence sexiste à laquelle sont confrontées partout les femmes et les filles, a résumé le Vice-Secrétaire général.

Beaucoup d’États ont mis en exergue les conséquences négatives de la migration irrégulière.  Ils ont demandé davantage de coopération pour combattre le trafic des migrants et des réfugiés.  Ils ont reconnu la pression exercée sur les pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés.

Aujourd’hui encore, a poursuivi M. Eliasson, les États Membres ont partagé des idées en vue d’accroître l’assistance financière, en prenant en compte les aspects humanitaire et de développement.  Il s’est dit encouragé par le fait que plusieurs pays participent aux efforts visant à trouver des alternatives pour admettre des réfugiés. 

« Nous devons aussi nous rallier derrière l’appel contenu dans la Déclaration et visant à garantir à tous les enfants migrants et réfugiés un accès à l’éducation dans les quelques mois qui suivent leur arrivée », a insisté M. Eliasson. 

Les programmes de développement, a-t-il dit, sont cruciaux.  À cet égard, le Programme de développement à l’horizon 2030 a reconnu la contribution de la migration au progrès économique.  « Nous devons engranger cette énergie positive. »

Le Secrétaire général a lancé, ce matin, une campagne mondiale pour combattre la xénophobie, « Ensemble- respect, sécurité et dignité pour tous », a rappelé M. Eliasson.

Beaucoup d’États ont déclaré leur intention d’incorporer les réfugiés et les migrants dans leur planification du développement, a-t-il constaté.  En même temps, il faut qu’ils honorent leurs engagements en matière d’aide publique au développement.

Dans les domaines de la paix et de la sécurité, il a dit avoir entendu avec espoir « un appel fort pour la prévention et le règlement des conflits armés ».  Par ailleurs, le rôle que peuvent jouer la société civile et le secteur privé a été reconnu. 

Compte tenu de l’urgence de tous ces défis, a enjoint le Vice-Secrétaire général, « la mise en œuvre de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants doit commencer maintenant, chez soi et au niveau international ».  Les États Membres ont fixé d’importantes dates butoir.  Ainsi, deux pactes mondiaux sur la migration et sur les réfugiés devraient être adoptés d’ici à 2018.

Le système des Nations Unies va se mobiliser pour suivre ce processus, a assuré M. Eliasson.  Une étape importante, a-t-il ainsi signalé, vient d’être franchie avec la signature de l’accord sur les relations entre l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’ONU. 

Il est temps pour la communauté internationale d’agir, a déclaré M. Eliasson.  Des efforts déterminés et collectifs doivent être entrepris pour gérer les déplacements massifs de réfugiés et de migrants dans le monde. 

« Nous devons prévenir et résoudre rapidement les crises politiques.  Nous devons répondre aux crises humanitaires.  Nous devons nous engager dans un débat informé.  Nous devons protéger les droits de l’homme de tous.  Nous devons nous attaquer aux causes profondes et nous assurer que personne n’est laissé de côté.  Et nous devons contrer les forces polarisantes qui visent à instiller la peur et à nous diviser entre Eux et Nous », a conclu le Vice-Secrétaire général.  

M. PETER THOMSON, Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, a remercié les États Membres de leur participation au Sommet d’aujourd’hui, qui reflète la gravité de la crise à laquelle le monde fait face, mais aussi les engagements collectifs à y trouver des « solutions humaines globales ».  Mais l’action doit se poursuivre, a-t-il affirmé, en soulignant l’importance de la mise en œuvre universelle du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui permettra de s’attaquer aux causes profondes des déplacements de populations.  Avant de conclure, le Président a enjoint aux États Membres de maintenir leurs ambitions au plus haut niveau dans le cadre de cet engagement « pour le bien commun de l’humanité ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte l’ordre du jour de sa 71e session dont la partie principale s’achève le 12 décembre

Soixante et onzième session,
2e séance plénière – après-midi
AG/11819

L’Assemblée générale adopte l’ordre du jour de sa 71e session dont la partie principale s’achève le 12 décembre

L’Assemblée générale a adopté* cet après-midi l’ordre du jour de sa soixante et onzième session dont la partie principale s’achève le 12 décembre et comprend le débat général traditionnel prévu cette année, du 20 au 26 septembre, sur le thème « Les objectifs de développement durable, force universelle de transformation du monde ».  En présence du Secrétaire général de l’ONU, l’Assemblée a aussi rendu hommage au premier Président de l’Ouzbékistan indépendant, décédé le 2 septembre dernier.

La partie principale de la soixante et onzième session, qui commencera le 20 septembre, sera suspendue le lundi 12 décembre 2016, après que l’Assemblée générale aura examiné les 172 inscrits à son ordre du jour et répartis entre sa plénière et ses six grandes commissions.  Ces dernières sont tenues de terminer leurs travaux entre le 3 novembre pour la Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale et le 9 décembre, pour la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  Le représentant de l’Arménie s’est dissocié du consensus sur l’inscription du point 37 relatif à « La situation dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan » qui doit être examiné à la plénière de l’Assemblée générale.

Au cours de ses travaux, l’Assemblée préconise qu’il soit tenu compte du Yom Kippour, le 12 octobre, du Diwali, le 31 octobre, du Gurpurab, le 14 novembre, sans oublier la Journée du Vesak dont la date reste à déterminer.

Cet après-midi les États Membres ont aussi observé une minute de silence à la mémoire du Président de l’Ouzbékistan, Islam Karimov, décédé le 2 septembre dernier.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, des Fidji, a salué « le fer de lance » de l’Ouzbékistan moderne.  Le Secrétaire général s’est incliné devant un homme qui, premier Président de l’Ouzbékistan indépendant, a su engranger des progrès notables dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et a fermement appuyé les Objectifs de développement durable, sans oublier son soutien à la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Le Secrétaire général a rappelé que lors de sa visite en Ouzbékistan, en juin 2015, il avait exhorté la communauté internationale à intensifier son appui aux efforts contre la dégradation de la mer d’Aral.

Au nom de leur Groupe régional respectif, les représentants de l’Algérie, du Kazakhstan, de l’Estonie, du Brésil et du Portugal ont joint leur voix à l’hommage.  La mort du Président Karimov est une perte immense pour le peuple ouzbek qui pleure celui qui a pris les rênes du pays dès l’accession à l’indépendance, a déclaré le représentant de l’Ouzbékistan.  Islam Karimov, a-t-il souligné, est à l’origine de la Constitution qui est en tout point conforme aux principes démocratiques et de l’état de droit.  Il a doté le pays d’une armée réformée et garante de l’indépendance du pays et d’une politique étrangère basée sur la non-ingérence et le respect de la souveraineté des États. 

*A/71/250

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La solution des deux États, Israël et la Palestine, est aujourd’hui menacée, explique le Secrétaire général au Conseil de sécurité

Conseil de sécurité
7772e séance – matin
CS/12520

La solution des deux États, Israël et la Palestine, est aujourd’hui menacée, explique le Secrétaire général au Conseil de sécurité

« La solution des deux États court le risque d’être remplacée par la réalité à un État de violence perpétuelle et d’occupation », a averti ce matin le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée au Moyen-Orient, et, en particulier, à la question palestinienne.

Il y a 23 ans, presque jour pour jour, que le premier Accord d’Oslo a été signé entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).  Malheureusement, a regretté le Secrétaire général, « nous sommes plus éloignés que jamais de ses objectifs ».

En dépit des avertissements de la communauté internationale et de la région, les dirigeants de part et d’autre n’ont pas pris les mesures difficiles nécessaires pour la paix, a-t-il souligné.

« Les implantations des colonies sont illégales au regard du droit international », a insisté M. Ban.  Il a jugé la politique d’Israël à cet égard « diamétralement opposée à la création d’un État palestinien ». 

Le Secrétaire général a demandé aux dirigeants palestiniens de mettre un terme à la « glorification du terrorisme ».  

Il a encouragé la tenue d’élections locales à Gaza et en Cisjordanie qui pourraient donner un nouvel élan à la démocratie palestinienne.   

Gaza est toujours bouclée et « c’est une bombe à retardement », a résumé le Secrétaire général, après avoir évoqué les besoins humanitaires considérables et demandé davantage d’assistance pour accélérer la reconstruction en cours.

Les 15 membres du Conseil ont rebondi sur la déclaration du Secrétaire général pour rappeler que la solution des deux États était la seule possible, même si elle est aujourd’hui menacée.  Ils ont reconnu en particulier que l’expansion des colonies israéliennes sapait cette perspective.

Le Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, M. Murray McCully, a dit que le moment était venu pour le Conseil de sécurité et la communauté internationale de prendre des mesures pratiques pour aider les deux parties à avancer. 

La France a annoncé qu’elle organisera le 19 septembre prochain à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, une réunion de travail au niveau des hauts fonctionnaires « afin d’effectuer un premier point d’étape sur les travaux engagés et d’identifier les mesures qui permettront de préserver la solution des deux États et de faire progresser les conditions d’une reprise du processus de paix ».  

Pour la Fédération de Russie, qui œuvre activement avec les parties au conflit, en coopération étroite avec les partenaires de la région, « toute nouvelle initiative doit compléter les efforts entrepris dans le cadre du mécanisme avéré du Quatuor ».

À cet égard, l’Égypte a indiqué qu’elle continuerait de soutenir l’Initiative de paix arabe et toutes les initiatives de la communauté internationale, dont les efforts français et russes et ceux du Coordonnateur spécial du Secrétaire général, M. Nikolay Mladenov. 

D’autres pays, dont le Japon et l’Espagne, ont souligné l’importance du rétablissement de la confiance des deux parties à travers le développement économique et social de la Palestine.  Le Sénégal a ainsi estimé que l’absence de toute perspective de développement était un fléau propice à la résurgence d’un nouveau conflit.

Pour sa part, la représentante des États-Unis a consacré la moitié de son intervention à la situation en Syrie et au dernier accord « dont l’objet est de créer un environnement propice aux négociations sur une transition politique pour la Syrie ».  À ce sujet, elle a demandé à la Fédération de Russie « qu’elle tienne ses promesses et empêche le Président Bashar Al-Assad d’utiliser les tactiques barbares qui sont sa marque de fabrique ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, a rappelé qu’il y a 23 ans, presque jour pour jour, le premier Accord d’Oslo a été signé entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).  Malheureusement, a-t-il déclaré, « nous sommes plus éloignés que jamais de ses objectifs ».

Le Secrétaire général a formulé des vœux pour une guérison rapide de l’ancien Président israélien Shimon Pérès.

« La solution des deux États court le risque d’être remplacée par la réalité à un État de violence perpétuelle et d’occupation », a ajouté M. Ban.  En dépit des avertissements de la communauté internationale et de la région, les dirigeants de part et d’autre n’ont pas pris les mesures difficiles nécessaires pour la paix.

Les attaques et les ripostes ne servent pas la cause de la paix, a poursuivi le Secrétaire général.

La politique qui dure depuis plusieurs décennies et qui a réinstallé plus de 500 000 Israéliens dans le territoire palestinien est « diamétralement opposée à la création d’un État palestinien », a-t-il affirmé ensuite. 

Le Secrétaire général s’est dit « troublé » par les dernières déclarations du Premier Ministre israélien qui dépeint ceux qui s’opposent à l’expansion des colonies de peuplement comme des partisans de la purification ethnique.  D’après lui « c’est inacceptable et choquant ».

« Les implantations des colonies sont illégales au regard du droit international », a clairement indiqué M. Ban.  L’occupation doit cesser.  La communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité et le Quatuor, considèrent que l’élargissement des colonies constitue « un obstacle à la paix », a poursuivi le Secrétaire général.

Choqué par le fait que des parties palestiniennes choisissent toujours de louer des actes méprisables, le Secrétaire général a demandé aux dirigeants palestiniens de mettre un terme à la « glorification du terrorisme ».

Par ailleurs, le Secrétaire général a constaté que le processus électoral était de plus en plus menacé.  Il s’est dit préoccupé par la décision prise, la semaine dernière, par la Haute Cour palestinienne qui a suspendu tous les préparatifs pendant que les délibérations sur une pétition pour annuler les élections se poursuivent.

Pourtant, a-t-il estimé, les élections locales à Gaza et en Cisjordanie pourraient donner un nouvel élan à la démocratie palestinienne.

Se tournant vers la situation à Gaza, M. Ban a constaté des progrès depuis le cessez-le-feu de 2014.  Cependant, il reste 65 000 personnes déplacées et 5 000 maisons à reconstruire.  Il faut davantage d’assistance pour accélérer la reconstruction en cours, a-t-il plaidé.

Le Mécanisme de reconstruction a permis l’entrée de plus d’1,5 million de tonnes de matériaux de construction, ce qui a permis de promouvoir les importations à Gaza et de stimuler le secteur privé.

Israël affiche des inquiétudes sécuritaires légitimes s’agissant de la contrebande, a reconnu le Secrétaire général.  Il a toutefois assuré que le Mécanisme était surveillé de près et il a encouragé Israël et l’Autorité palestinienne à poursuivre leur coopération avec les Nations Unies pour ce qui est de l’importation de matériaux de reconstruction, vitaux pour la population.  

Les besoins humanitaires de Gaza sont considérables.  Plus de 1,3 million de personnes ont besoin d’une aide, a précisé M. Ban.  L’accès humanitaire demeure essentiel, mais l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) se heurte toujours à de grands défis financiers.

En général, a-t-il résumé, Gaza est toujours bouclée et « c’est une bombe à retardement ».  L’instabilité et le risque d’escalade de violence sont manifestes.  Les privations humaines sapent les rêves et les ambitions et alimentent l’extrémisme.

L’absence d’un gouvernement d’unité nationale inhibe la réalisation de la fin de l’occupation et l’établissement d’un État souverain, a poursuivi le Secrétaire général.  Or, des progrès durables à Gaza ne peuvent être obtenus que sur la base de l’unité palestinienne, de la fin des activités militantes et de la levée des restrictions aux mouvements.

Par ailleurs, M. Ban a indiqué qu’il restait préoccupé par la violation de la ligne de cessez-le-feu et les affrontements dans les zones de séparation au Golan.  Il a jugé les tirs des Forces armées syriennes particulièrement inquiétants et il a demandé à Israël et à la Syrie de respecter les termes de l’accord de désengagement. 

En conclusion, il a encouragé les deux parties à insister sur des décisions politiques positives.  Il a appelé les parties prenantes internationales à œuvrer vers un règlement négocié de l’occupation et établissement d’une Palestine viable et démocratique qui vive en paix avec Israël.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a rappelé que la solution des deux États était la seule possible.  Il a estimé que les deux parties étaient loin de répondre aux attentes de la communauté internationale.  Il a dit que le moment était venu pour le Conseil de sécurité et la communauté internationale de prendre des mesures pratiques pour aider les deux parties à avancer. 

Il s’est particulièrement inquiété de la poursuite des activités de colonies de peuplement israélienne en ajoutant que l’approbation, le 31 août 2016, d’un nouveau projet de construction de 463 unités de logement en Cisjordanie était en contradiction avec les obligations internationales d’Israël et l’engagement de ce pays à trouver un accord avec les Palestiniens.  Le Ministre des affaires étrangères a dit que le moment était venu de pousser les deux parties à faire des progrès et au Conseil de sécurité d’agir.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé au Conseil de sécurité sa responsabilité de permettre au peuple palestinien de jouir de son droit international.  « La réalité sur le terrain, 23 ans après la signature des Accords d’Oslo, est que nous sommes face à un pseudo-État fait de colonies illégales qui compte 500 000 colons installés avec l’appui des autorités israéliennes qui ont pris possession des terres et détruit les habitations originales palestiniennes. »

Le représentant égyptien a ajouté que la confiscation de terres, la judaïsation de Jérusalem et la construction d’un mur de séparation constituaient aujourd’hui les principaux freins à l’avènement d’une solution des deux États.  Il a jugé inadmissible de faire du peuple palestinien un responsable de cette situation.  Il a indiqué que l’Égypte continuerait de soutenir l’Initiative de paix arabe et toutes les initiatives de la communauté internationale, dont les efforts français et russes et ceux du Coordonnateur spécial. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé, qu’à la veille du début du segment ministériel de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, le bilan de l’année écoulée suscitait un constat sans appel, avec la marginalisation inexorable de la solution des deux États, une solution qui, a-t-il dit, se trouve aujourd’hui menacée.  La colonisation israélienne constitue l’une des principales menaces à la mise en œuvre d’une solution des deux États, soulignant que l’entreprise de colonisation mine en morcelant son futur territoire la perspective d’un État palestinien.  

La radicalisation des opinions publiques, les actes de violence, les incitations à la violence et le terrorisme minent gravement eux aussi la perspective de voir coexister deux États, un d’Israël et un État de Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité.  Des progrès dans la réconciliation palestinienne sont également indispensables et urgents.

Après deux années d’interruption des négociations, la France plaide vigoureusement pour la nécessité d’un accompagnement international renouvelé au processus de paix et à la sauvegarde de la solution des deux États, a ajouté M. Delattre.  C’est dans ce contexte que la France a présenté aux parties et à ses principaux partenaires une initiative visant à recréer une mobilisation politique collective en faveur du processus de paix.

Cette approche se veut à la fois progressive et collective.  Il est ainsi de la responsabilité de la communauté internationale d’engager les parties à revenir à la table des discussions en recréant autour d’elle un climat favorable et un calendrier positif, avec une batterie d’incitations en ce sens.  L’approche doit être également collective parce qu’il convient de veiller à articuler notre initiative à chaque étape avec les efforts existants, notamment ceux du Quatuor et de nos partenaires arabes.  En outre, la France a toujours souhaité que le Conseil de sécurité joue le moment venu un rôle clef pour accompagner et conforter le processus de négociations.

Selon le représentant français, la conférence ministérielle qui s’est tenue à Paris le 3 juin dernier a marqué une étape décisive en permettant de poser un premier jalon.  La France, a-t-il déclaré, organisera le 19 septembre prochain à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, une réunion de travail au niveau des hauts fonctionnaires afin d’effectuer un premier point d’étape sur les travaux engagés et d’identifier les mesures qui permettront de préserver la solution des deux États et de faire progresser les conditions d’une reprise du processus de paix.  

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) s’est dit préoccupé par l’absence de progrès dans le conflit israélo-palestinien.  Les parties n’ont pris aucune mesure pour inverser les tendances qui menacent la solution des deux États.  Il a considéré en particulier que la poursuite de la construction de colonies par Israël entravait la paix.  « Des signaux politiques forts doivent être donnés pour échapper au cercle vicieux d’affrontements violents qui sape les espoirs du peuple palestinien », a-t-il souhaité.  

Il faut prendre des mesures urgentes, a dit le représentant, en lançant un nouvel appel aux parties pour qu’elles reprennent des contacts sur la base des aspirations des uns et des autres.  La recherche de solutions liées à des questions relatives à la paix et à la sécurité s’avère prioritaire, a-t-il insisté.  Sans négliger les difficultés existantes, il s’est refusé de perdre espoir.  Les parties doivent déterminer un nouveau calendrier fixe avec des mesures concrètes privilégiant la lutte contre le terrorisme et l’unité du Gouvernement palestinien.

Les tensions et possibilités de conflits sont élevées, a reconnu M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie).  D’après lui, toute nouvelle initiative doit compléter les efforts entrepris dans le cadre du mécanisme avéré du Quatuor.  Il a attiré l’attention du Conseil sur les recommandations contenues dans le rapport du Quatuor en date du 1er juillet.  Il a également confirmé l’importance de l’Initiative de paix arabe.

Le représentant a considéré que l’absence d’unité interpalestinienne constituait un obstacle supplémentaire vers un règlement.  Il s’est dit préoccupé par la situation humanitaire et économique dans les territoires palestiniens occupés, en particulier à Gaza, ce qui joue en faveur de la radicalisation de l’opinion publique.  « Il faut mettre fin à la violence et cesser les activités de colonisation », a-t-il insisté.

La Russie œuvre activement avec les parties au conflit, en coopération étroite avec les partenaires de la région, a assuré le représentant.  Les dirigeants russe et israélien envisagent de se rencontrer à Moscou pour parler des moyens optimaux de débloquer le processus de paix.  

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a noté qu’il était de plus en plus difficile pour les Palestiniens d’obtenir un permis de construire pour leurs maisons en Cisjordanie alors que les colonies de peuplement israéliennes se développent.  Il a dénoncé une politique israélienne qui consiste à briser l’état d’esprit palestinien et à rendre la vie impossible aux Palestiniens pour qu’ils décident de partir.

Il s’est inquiété des frustrations qui vont attiser la radicalisation.  Il a salué la pertinence de l’initiative française en appui au Quatuor diplomatique avant d’exhorter le Conseil de sécurité à utiliser tous les leviers à sa disposition pour sauver la paix.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a regretté la réticence de la communauté internationale à appliquer les décisions adoptées.  Il a dit que le non-respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire retardait tout progrès vers la paix et diminuait l’importance de mécanismes tels que le Quatuor, dont les recommandations restent largement ignorées par le Gouvernement israélien.   

Il a dit que le Conseil de sécurité, le Quatuor et les autres parties prenantes avaient l’obligation morale de mettre fin à une occupation illégale qui dure depuis 50 ans.  

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré qu’en dépit des initiatives en faveur de la solution des deux États, peu de progrès ont été vus.  Le Japon est préoccupé de la poursuite de la violence contre les civils, des attaques terroristes et des incitations à la violence.  Le Japon est aussi très inquiet de la poursuite de la politique d’expansion des colonies qui constitue une violation du droit international et érode la viabilité de la solution des deux États. 

La violence est fondamentalement incompatible avec une solution pacifique.  La communauté internationale doit agir pour faire face à la très grave situation humanitaire et garantir les besoins de relèvement de la population de Gaza, et encourager la reprise des négociations.

Étant donné la difficulté de la situation actuelle sur le terrain, créer un environnement favorable à la solution des deux États pourrait paraître comme une approche indirecte.  Cependant, au cours de la cinquième réunion ministérielle de l’Unité consultative à quatre parties de l’Initiative de paix et de sécurité, à Jéricho, le 7 septembre, il a été souligné que celle-ci cherche à soutenir une économie durable en Palestine qui est un pilier de la viabilité de la solution des deux États. 

Ce projet qui vise à créer un environnement favorable ne semblerait pas être le plus court chemin vers la solution des deux États.  Cependant, la coopération des quatre parties dans le cadre de cette initiative a duré 10 ans, indépendamment des aléas de la situation politique.  Celle-ci joue un rôle important dans le rétablissement de la confiance des deux parties à travers le développement économique et social.  Le Japon continue d’être engagé pour la paix et la prospérité dans la région, a terminé le représentant.  

M. GORGUI CISS (Sénégal) a dénoncé la poursuite inacceptable de la colonisation et de ses activités connexes, dont la démolition et la confiscation des maisons palestiniennes.  Il a par exemple évoqué la destruction du système d’adduction d’eau mis en place par l’UNICEF dans la vallée du Jourdain.

« Les enfants palestiniens continuent de payer un lourd tribut à ce conflit », a déploré le représentant.  Il a condamné l’usage disproportionné de la force et les assassinats extrajudiciaires, « qui ne font qu’attiser la haine et la violence ».  Il a attiré l’attention sur la situation critique de trois jeunes palestiniens.

Le représentant a évoqué la situation humanitaire catastrophique à Gaza, où les trois quarts des maisons sont encore à réhabiliter à la suite de la dernière guerre de 2014.  Il a réitéré son appel en faveur d’une protection internationale du peuple palestinien et voulu faire de 2017 « l’année de la fin de l’occupation ».  

Selon lui, l’absence de toute perspective de développement est un fléau propice à la résurgence d’un nouveau conflit.  Enfin, il s’est fait l’écho du dernier rapport du Quatuor et souhaité que l’on procède au transfert de compétences à l’Autorité palestinienne.  Il a espéré qu’en dépit de leur report, les élections locales se tiendraient bientôt.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a condamné toutes les attaques terroristes.  Elle s’est dite alarmée par le nombre de roquettes tirées depuis la Syrie vers le Golan et depuis Gaza vers Israël, et par la violence sur les réseaux sociaux.  Elle a également exprimé sa préoccupation face à l’usage excessif de la force par les Israéliens et par les attaques menées contre les Forces de défense israéliennes.

« La communauté internationale peut consentir un investissement tangible dans la stabilité de la région », a affirmé Mme Power.  En particulier, « Gaza a besoin de davantage de soutien ».  Le déficit de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pourrait déstabiliser encore la région et il faut éviter une crise humanitaire qui aurait un impact à long terme.

La représentante s’est opposée aux activités de colonies de peuplement israéliennes et elle a repris à son compte les préoccupations exprimées à cet égard par le Secrétaire général et par les membres du Conseil de sécurité.  Elle s’est inquiétée de « la légalisation rétroactive des avant-postes au titre du droit israélien ».

« Si le Gouvernement israélien poursuit ses démolitions, cela aura un impact terrible sur la vie des Palestiniens déjà déplacés », a averti Mme Power.  L’accélération des activités de colonisation et de destruction sapant la possibilité d’une solution des deux États, il faut prendre des mesures significatives pour stabiliser la situation et inverser la tendance.  En tant que membre du Quatuor, les États-Unis soutiennent les recommandations formulées dans son dernier rapport.

Abordant ensuite la situation en Syrie, Mme Power est revenue sur le récent accord dont l’objet est de créer un environnement propice aux négociations sur une transition politique pour la Syrie.  Elle s’est tournée vers la Fédération de Russie « pour qu’elle tienne ses promesses et empêche le Président Bashar Al-Assad d’utiliser les tactiques barbares qui sont sa marque de fabrique ».  Elle a exhorté toutes les parties à adhérer à cette cessation des hostilités.

Les progrès vers une solution politique dépendent du respect par toutes les parties de la cessation des hostilités, a insisté la représentante.  « La cessation des hostilités n’est qu’un volet car l’aide humanitaire doit aussi être acheminée ».  Les convois des Nations Unies doivent pouvoir avoir accès à 600 000 Syriens qui vivent dans des zones assiégées et Damas doit fournir une approbation immédiate, a-t-elle martelé.  De même, « toute partie à ce conflit qui tente de maintenir sa légitimité devrait prendre ses distances avec les groupes terroristes qui menacent la sécurité collective ».

Les États-Unis ont insisté au cours des négociations avec la Russie sur deux aspects parallèles, a précisé Mme Power.  Il faut redoubler d’efforts contre les terroristes et « faire en sorte que les forces d’Assad ne bombardent plus les zones de l’opposition ».  Si toutes les parties respectent leurs obligations, le processus politique a une chance, a-t-elle conclu.    

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a déclaré que la perspective d’un État palestinien souverain et de la solution des deux États ne cessait de s’éloigner.  Il a dit qu’un des obstacles principaux au dialogue était la politique immorale de colonisation de la Puissance occupante.  Il a fustigé le recours à la force et à des subterfuges administratifs par Israël pour développer des colonies de peuplement.  Il a cité la destruction de 600 logements palestiniens cette année pour faire place à la construction de colonies de peuplement israélienne. 

« Depuis octobre 2015, l’occupation israélienne s’est traduite par 218 morts et 17 000 blessés du côté des Palestiniens, alors que 500 mineurs sont en détention administrative », a insisté le représentant du Venezuela.  Dans ce contexte, il a exhorté l’ONU à redoubler d’efforts pour soutenir le peuple palestinien face à cette crise humanitaire.  Il a dénoncé l’attitude agressive de la Puissance occupante « qui fait tout pour ne pas parvenir à la paix ». 

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) s’est inquiété de l’accélération perturbante de certaines politiques israéliennes qui érodent la viabilité de la solution des deux États.  Illustrant son propos, il a indiqué que 800 logements avaient été détruits et 1 000 Palestiniens déplacés cette année. 

Il a également dénoncé la politique d’expansion d’Israël.  Citant les conséquences de cette politique, il a précisé que 90% de l’eau de Gaza n’était pas potable et même inutilisable pour l’agriculture.  En outre, il a particulièrement salué le travail du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient. 

« Nos séances d’information se transforment en véritables débats », a noté M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne), en demandant à ce que le Conseil se penche sur ses méthodes de travail.  Il est urgent de défendre la viabilité de la solution des deux États, a-t-il déclaré ensuite.  L’expansion des colonies et la situation humanitaire grave sont très préoccupantes.  L’impasse du processus de paix sape de plus en plus la confiance entre les parties.  « Nous devons donner une lueur d’espoir pour une résolution politique du conflit avant qu’il ne soit trop tard. »

Le représentant a condamné les attaques, les attentats et les incitations à la violence.  Il a souligné l’importance de résoudre les rivalités interpalestiniennes, et appuyé l’initiative française visant à organiser une conférence internationale pour relancer le processus de paix.  Il faut prendre des mesures pour rétablir la confiance, a-t-il ajouté  en saluant la signature d’un accord sur l’électricité le 13 septembre dernier, « un petit pas dans la bonne direction ».  Enfin, la communauté internationale doit exploiter les synergies entre les différentes initiatives.

M. WU HAITAO (Chine) a jugé urgent de sortir de l’impasse en trouvant une solution basée sur les frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale de la Palestine.  Il a invité Israël à faire preuve de bonne volonté en cessant ses activités de colonisation et en levant son blocus contre la Bande de Gaza.  Le représentant de la Chine a aussi appelé à entendre les légitimes attentes d’Israël en matière de garantie de sécurité.  

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade en cours non seulement au niveau des discours mais aussi sur le terrain.  La fusillade dans un camp de réfugiés à Jérusalem-Est, le 5 septembre, ainsi que les allégations de « nettoyage ethnique » par les dirigeants des deux côtés, le 9 septembre, ne servent pas l’objectif de la reprise des pourparlers de bonne foi.  Ces agissements ne contribuent pas à restaurer un climat de confiance entre les deux parties qui est nécessaire à la recherche de possibles négociations entre M. Benjamin Netanyahu et M. Mahmoud Abbas, à Moscou, à Luxembourg ou ailleurs.

Le représentant a indiqué que les deux parties devaient faire montre d’une véritable retenue et s’abstenir de recourir à la force qui pourrait conduire à la violence et accroître le nombre des victimes, et empêcher tout ce qui peut jouer en faveur des extrémistes qui essaient de saper les fragiles perspectives de paix.  Personne ne peut raisonnablement soutenir que relever ce défi est possible sans aborder ses causes profondes comme le statut non résolu du conflit israélo-palestinien, qu’utilisent en premier lieu les terroristes dans la région. 

En outre, le représentant a regretté la décision de suspendre les élections municipales palestiniennes prévues le 8 octobre.  La réconciliation entre les Palestiniens est une condition importante pour obtenir un accord viable avec Israël.  Mais il a ajouté que si la création d’un État palestinien stable, pacifique et démocratique était dans l’intérêt à long terme d’Israël, le processus d’expansion des colonies actuel et la légalisation des postes avancées pourraient saper les efforts de la communauté internationale en vue de parvenir à des progrès concrets dans le processus de paix. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité demande à la communauté internationale de poursuivre ses efforts afin de renforcer la prise en main du pays par les Afghans

Conseil de sécurité,
7771e séance – matin
CS/12518

Le Conseil de sécurité demande à la communauté internationale de poursuivre ses efforts afin de renforcer la prise en main du pays par les Afghans

Préoccupé par l’état de la sécurité en Afghanistan, le Conseil de sécurité a, ce matin, demandé à la communauté internationale de poursuivre ses efforts et ses actions afin de renforcer la prise en main et la direction du pays par les Afghans et à toutes les parties politiques d’œuvrer de concert afin d’assurer un avenir pacifique et prospère pour le peuple afghan. 

Dans une déclaration lue par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de Septembre, le Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle Zélande, M. Murray McCully, le Conseil de sécurité a également réaffirmé son soutien à un processus de paix et de réconciliation dirigé et contrôlé par les Afghans en vue de parvenir à une paix et une stabilité durables dans le pays et demandé à tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux de coopérer à cet égard.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité a condamné les activités terroristes perpétrées par les Taliban, y compris le Réseau Haqqani, ainsi que par Al-Qaida, les groupes affiliés à l’EIIL (Daech) et d’autres groupes armés illégaux, avant de réaffirmer son soutien au Gouvernement et tout particulièrement aux Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, dans leur tâche visant à sécuriser le pays et dans leur lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le Conseil a réaffirmé que l’avenir de l’Afghanistan repose sur la construction d’un État stable, sûr et autosuffisant sur le plan économique, à l’abri du terrorisme et des stupéfiants, et fondé sur la primauté du droit, des institutions démocratiques solides, ainsi que la garantie et le respect des droits et des obligations du citoyen. 

Le Conseil a adopté cette déclaration présidentielle lors de l’examen du dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et d’un débat qui a vu l’intervention d’une trentaine de délégations. 

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Tadamichi Yamamoto, qui présentait ce rapport, a déclaré que les progrès réalisés par le peuple afghan depuis 15 ans étaient une source d’espoir malgré la persistance de difficultés issues de 40 ans de guerre.  Il a ajouté que le succès de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, devra donner au Gouvernement afghan le temps et l’espace pour avancer vers plus de stabilité.  

De son côté, M. McCully a estimé que l’Afghanistan souffrait depuis 35 ans de sa propre mauvaise gouvernance et que les divisons entre le Chef de l’exécutif afghan, M. Abdullah Abdullah, et le Président, M. Ashraf Ghani, ainsi que les dysfonctionnements au sein du Gouvernement menaçaient les progrès réalisés depuis 15 ans. 

Réagissant à ces propos, le représentant de l’Afghanistan a invité les délégations à ne pas se mêler de gouvernance interne de son pays.  

Par ailleurs, le représentant russe s’est dit préoccupé par l’augmentation de l’influence de l’État islamique, notamment dans le nord du pays, en s’étonnant que les États-Unis n’aient pas accepté une formule concernant l’EIIL dans le projet de déclaration présidentielle. 

Dans ce contexte, il a appuyé la ligne adoptée par le Gouvernement afghan en matière de réconciliation nationale, en regrettant à l’instar de nombreuses délégations que les négociations -qualifiées d’incontournables- avec les Taliban n’avaient pas encore pu avoir lieu.

Résultat des affrontements des derniers six mois, le nombre de victimes parmi les enfants a augmenté (18%) par rapport à 2015 et s’est établi à 1 509 (388 morts et 1 121 blessés), principalement en raison des affrontements sur le terrain et des engins non explosés.  Le nombre total de victimes des confrontations a atteint 5 166 entre le 1er janvier et le 30 juin 2016, soit le chiffre le plus élevé depuis 2009. 

* S/2016/768

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2016/768)

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a déclaré que les progrès réalisés par le peuple afghan depuis 15 ans étaient une source d’espoir malgré la persistance de difficultés issues de 40 ans de guerre.  Il a dit que le succès de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, devra donner au Gouvernement afghan le temps et l’espace pour avancer vers plus de stabilité.  

M. Yamamoto s’est inquiété des tensions au sein du Gouvernement qui se sont exacerbées au cours de la période considérée, depuis que le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, a critiqué publiquement l’action du Président, en jugeant que les consultations menées par ce dernier sur plusieurs nominations clefs avaient été insuffisantes et que la mise en œuvre de l’accord de 2014 portant création du Gouvernement d’union nationale était incomplète. 

Citant les faits positifs, le représentant du Secrétaire général a salué les progrès du programme de réformes du Gouvernement.  Il s’est félicité des initiatives du Président pour lutter contre la corruption et a demandé des comptes à ceux qui se sont rendus coupables de tels crimes, ainsi que dans d’autres domaines, dont la responsabilisation, l’architecture de paix et les négociations pour la mise en place d’un nouveau programme du Fonds monétaire international (FMI) notamment pour ce qui est de la récolte des impôts.  Il a aussi souligné les progrès de la planification du Gouvernement pour promouvoir la place de la femme.

Tout en s’inquiétant de la persistance d’attaques qui sont une menace à la stabilité et la sécurité, M. Yamamoto a noté que les Forces nationales de sécurité afghanes répondaient de manière de plus en plus efficace aux différentes attaques et font preuve d’une meilleure gestion des territoires conquis. 

Il a indiqué que le nombre de victimes parmi les enfants avait considérablement augmenté (18%) et s’était établi à 1 509 (388 morts et 1 121 blessés), principalement en raison des affrontements sur le terrain et des engins non explosés.  S’inquiétant de la quantité de personnes nouvellement déplacées depuis janvier 2016, le Représentant spécial a prévenu que le Gouvernement devrait bientôt prendre en charge les besoins d’un million de personnes. 

« La stabilité politique doit être maintenue et les élections doivent avoir lieu », a déclaré M. Yamamoto, avant de souligner l’importance d’un projet de décret dont l’adoption devrait permettre de réaliser certaines réformes électorales et d’aller de l’avant. 

Notant que les combats qui se sont intensifiés cet été laissent craindre un conflit sans fin, le Représentant spécial a appelé à renforcer la confiance entre le Gouvernement et les Taliban pour préparer le terrain à des pourparlers sur le fond.  

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a reconnu que les affrontements armés et les attentats-suicides avaient récemment augmenté dans son pays, faisant de nombreuses victimes civiles, ce qui met à l’épreuve sa résilience, et mène le processus de paix à l’impasse.  En même temps, grâce à l’appui continu de la communauté internationale, nous avons progressé pour renforcer la capacité, la stabilité, le professionnalisme et la pérennité des Forces nationales afghanes de défense et de sécurité, a-t-il indiqué. 

L’Afghanistan a également réalisé des progrès en matière de commerce régional, de lutte contre la corruption, de gouvernance, de respect de l’état de droit et des droits de l’homme, de réforme juridique, de gestion des finances publiques, et dans les domaines bancaires, de la planification du développement, de l’inclusion sociale et du développement du secteur privé, a poursuivi le représentant.

Alors que les groupes terroristes font face à la pression internationale, ils ont recours à des attaques désespérées de plus en plus fréquentes, a toutefois fait remarquer M. Saikal.  Les attaques terroristes ont gagné en ampleur.  Environ 189 personnes, dont de nombreux jeunes, ont perdu la vie et 435 personnes ont été blessées lors des derniers attentats.  Il a condamné « l’attitude lâche des terroristes qui tentent de compenser leurs pertes du printemps ».  « Nous avons des preuves que la plupart des attaques ont été préparées à l’extérieur de l’Afghanistan », a-t-il ajouté.  

Craignant que les Taliban et les autres groupes terroristes ne multiplient leurs attaques « pour gagner en visibilité », le représentant a jugé que les efforts actuels n’étaient pas à la hauteur de la complexité des tactiques de terreur qui évoluent constamment.  Il faut examiner les efforts de lutte antiterroriste pour remédier aux lacunes et aux failles dans leur mise en œuvre, a-t-il plaidé.

Les attaques brutales des Taliban se sont poursuives dans plusieurs parties du pays « pour créer une géographie politique durable », a déploré M. Saikal.  Toutefois, selon lui, les factions extrémistes n’ont pas les capacités nécessaires pour tenir, et il a annoncé que la mobilité et l’efficacité des Forces nationales de sécurité afghanes s’étaient encore améliorées.  À cet égard, il a compté sur le soutien essentiel des partenaires internationaux.

Par ailleurs, M. Saikal s’est félicité du résultat du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui s’est tenu à Varsovie en juillet dernier.  Le pays s’est engagé à raffermir les institutions sécuritaires et à promouvoir l’autonomisation des femmes dans tous les aspects de la vie afghane.  Des mesures ont également été prises pour protéger les enfants des effets des conflits armés.

En dépit des efforts du Groupe de coordination quadrilatérale, a regretté le représentant, « le Pakistan n’a pas encore saisi l’occasion d’être un artisan de la paix »; il doit prendre les mesures qui s’imposent face aux Taliban.

Le 21 septembre, nous allons célébrer le deuxième anniversaire de l’accord portant création du Gouvernement d’union nationale, s’est félicité le représentant.  Le Conseil de sécurité, a-t-il assuré, « peut compter sur l’élite politique qui est prête à préserver les intérêts nationaux de l’Afghanistan ». 

Enfin, M. Saikal a présenté les points saillants des résultats de l’Afghanistan en matière de développement, dont les projets entrepris avec les partenaires régionaux.  À cet égard, la Conférence de Bruxelles du 5 octobre sera l’occasion de présenter les accomplissements du pays.

En conclusion, a-t-il réitéré, la situation sécuritaire en Afghanistan évolue et le rôle du pays dans la lutte contre le terrorisme demeure essentiel.  

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que les activités des Taliban continuaient de constituer une menace existentielle pour le Gouvernement afghan.  Il a précisé que le sommet de l’OTAN, qui s’est tenu à Varsovie les 8 et 9 juillet, avait été l’occasion pour les membres de l’organisation et les pays contributeurs à la Mission d’appuyer le maintien de la présence de celle-ci en Afghanistan, avec sa structure actuelle, au-delà de 2016. 

M. McCULLY a jugé utile de se demander pourquoi la paix nous échappait toujours en Afghanistan en estimant que ce pays souffrait depuis 35 ans de sa propre mauvaise gouvernance.  « Si la formation d’un programme d’union nationale en 2014 avec un programme de réforme avait suscité des espoirs, les divisons et les dysfonctionnements au sein du Gouvernement menacent les progrès réalisés depuis 15 ans », a estimé le Ministre des affaires étrangères.

Dans ce contexte, il a demandé au Président afghan, M. Ashraf Ghani, et au Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, de surmonter leurs divisions dans l’intérêt du peuple.  « Comment un gouvernement qui ne se parle pas peut engager des négociations avec d’autre parties? », s’est interrogé M. McCully.  Par ailleurs, il a jugé indispensables des négociations entre l’opposition armée et le Gouvernement. 

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a salué l’unité du Conseil de sécurité pour appuyer le Gouvernement de l’Afghanistan.  Il a dit l’importance de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, et qui sera l’occasion pour le Gouvernement afghan de présenter son nouveau Cadre national pour la paix et le développement dans le pays. 

S’inquiétant de la fragilité de la situation sécuritaire, il a condamné fermement tout acte terroriste.  Il s’est félicité de l’adoption par le Gouvernement afghan du Plan d’action national afghan pour les femmes et la paix et la sécurité et de la mise en œuvre d’une stratégie nationale sur la question de la violence à l’égard des femmes.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a salué les quelques signes de progrès réalisés en Afghanistan durant la période à l’examen.  Cependant, a-t-il regretté, les tensions politiques qui existent entre plusieurs hauts fonctionnaires sapent le Gouvernement d’unité nationale.  Il a demandé aux dirigeants d’unir leurs efforts et de se concentrer sur la promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance et de renforcer la coordination entre les forces de sécurité.  Selon lui, « promouvoir un processus dirigé par les Afghans devrait être une priorité ».

Le représentant a déploré l’accroissement des hostilités et les « signaux inquiétants » concernant l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations de paix entre le Gouvernement et certains groupes armés.  Il ne peut y avoir de progrès tangibles sans coopération régionale, a-t-il ajouté.  En outre, la situation humanitaire a retenu toute son attention, notamment le nombre élevé de personnes déplacées.  Il a insisté sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre le plan national sur les femmes, la paix et la sécurité.

M. Yelchenko a également souhaité que la communauté internationale profite de la prochaine Conférence de Bruxelles pour appuyer le développement socioéconomique de l’Afghanistan, en utilisant au mieux les mécanismes et les acteurs existantes, tel l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), y compris pour faire face aux menaces sécuritaires communes.

M. ALEXIS LAMEK (France) a déclaré qu’à l’approche du deuxième anniversaire du Gouvernement d’union nationale en Afghanistan, il était important de souligner et de soutenir les progrès importants enregistrés par le Gouvernement depuis septembre 2014.  À la veille de la Conférence de Bruxelles, le soutien de la communauté internationale dans la poursuite de cette transition demeurait essentiel.  Le rôle joué par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) à cet égard est évidemment central, a ajouté M. Lamek.

Les défis que l’Afghanistan restent nombreux et divers, a poursuivi le représentant et ce contexte fragile rend le maintien de l’unité du Gouvernement afghan d’autant plus indispensable pour faire face à ces défis.  Le Concept de « processus de paix dirigé par les Afghans » demeure plus que jamais valable parce qu’il n’y a pas de processus de paix qui peut être imposé de l’extérieur.  Des pressions accrues doivent être exercées sur les Taliban par tous ceux qui ont une influence sur eux, afin de donner une chance à un règlement politique, a affirmé M. Lamek.

Il a aussi indiqué qu’il était important que l’Afghanistan travaille avec ses partenaires de la région à une feuille de route pour une paix durable.  « La France appelle également tous les pays de la région à soutenir activement et sans ambigüité la stabilisation de l’Afghanistan et à contribuer positivement à l’établissement d’une paix durable dans ce pays », a exhorté le représentant, qui, avant de terminer a réitéré que le soutien des Nations Unies, notamment à travers la MANUA, était crucial aujourd’hui alors même que l’afflux de réfugiés renvoyés du Pakistan risquait de confronter le Gouvernement afghan et sa population à une situation humanitaire très difficile dans le court terme, et à des problématiques de réintégration à plus long terme.

« La situation en Afghanistan, malgré tous les efforts, ne prête pas à l’optimisme », s’est alarmé M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie).  Préoccupé par l’augmentation de l’influence de l’État islamique, notamment dans le nord du pays, il s’est étonné du fait que les États-Unis n’aient pas accepté une formule concernant l’EIIL dans le projet de déclaration présidentielle.  Il a espéré que les autorités afghanes prendront toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité.

Le représentant a appuyé la ligne adoptée par le Gouvernement afghan en matière de réconciliation nationale, constant toutefois que l’objectif de faire participer les Taliban n’a pas été atteint pour l’instant et qu’il n’y a pas eu de discussions avec le parti islamique extrémiste d’Afghanistan.  Selon lui, « la responsabilité première concernant la situation sécuritaire incombe aux États-Unis et à ses alliés de l’OTAN qui pour le moment ne sont pas arrivés aux résultats escomptés ».  Il a espéré que le maintien des soldats américains et les accords conclus lors du sommet de l’OTAN à Varsovie permettront de renforcer la sécurité.

Par ailleurs, a poursuivi M. Churkin, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour lutter contre les stupéfiants.  À cet égard, Le processus d’Istanbul pourrait générer de nouvelles idées mais il ne devrait pas être un doublon par rapport à d’autres processus.  

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a mis l’accent sur trois aspects dont la sécurité politique, la protection des civils, notamment des enfants et le développement économique de l’Afghanistan.  Il s’est inquiété des conséquences de l’offensive des Taliban qui déstabilise de nombreux districts et fait 5 166 victimes civiles (1 601 morts et 3 565 blessés) entre janvier et juillet 2016, ce qui représente une hausse de 4% par rapport à la même période en 2015 et le bilan le plus lourd établi par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) depuis 2009.

Dans le domaine du développement économique, il s’est félicité de l’adhésion de l’Afghanistan à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en estimant que cette démarche permettra d’ouvrir de nouvelles opportunités de prospérité.  Il a salué les propositions du Gouvernement s’agissant de l’actualisation des résultats concrets que doit permettre d’obtenir le Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie en 2017-2018.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) s’est inquiété de la menace croissante que constitue l’État islamique en Afghanistan ces derniers mois.  Il a souligné la coopération entre l’Afghanistan et l’Égypte dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains et l’immigration illégale.  Il a aussi cité la construction du barrage de l’amitié qui permettra d’asseoir la stabilité et d’améliorer les conditions de vie des Afghans.   

« L’Afghanistan se heurte encore à bien des difficultés, mais la communauté internationale ne peut pas se désengager », a fait valoir Mme MICHELE J. SISON (États-Unis).  Elle doit continuer à coopérer avec le Gouvernement afghan et ses voisins.  Au niveau sécuritaire, elle a condamné les attaques répétées des Taliban, en particulier l’attentat contre l’Université américaine afghane.  Les enfants font partie des plus vulnérables, a-t-elle rappelé, et 1 509 d’entre eux ont déjà été tués ou blessés cette année.  De plus, une nouvelle génération afghane est à nouveau orpheline.

Les États-Unis sont prêts à épauler les autorités afghanes pour riposter à ces attentats, a assuré la représentante.  Le Président américain, M. Barack Obama, a décidé de maintenir la présence de 8 400 soldats en Afghanistan jusqu’en 2018. 

En outre, « les États-Unis réfléchissent à toutes les solutions possibles pour que les Taliban s’assoient à la table de négociation », a-t-elle indiqué, avant d’encourager la coopération régionale.  Il faut appuyer les Afghans qui sont en quête d’un règlement négocié, et « les pays de la région doivent cesser d’accueillir les terroristes ».  Elle a également demandé aux voisins de l’Afghanistan de garantir un retour volontaire des personnes déplacées.

« Nous devons tous investir dans la stabilité politique du pays, même si les tensions accrues entre le Président, M. Ashraf Ghani, et le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, rendent cet objectif plus difficile à atteindre », a affirmé la déléguée.  En dépit de leurs divergences, les deux dirigeants sont attachés à un pays dont l’avenir est plus sûr et prospère, a-t-elle cependant tenu à assurer.  « Le progrès est possible », a-t-elle dit, en louant les dirigeants pour leur lutte contre la corruption.

D’après la représentante, les membres du Conseil de sécurité ont intérêt à ce que les conditions économiques et sociales soient en place pour le développement du pays.  Elle a encouragé les pays à faire des promesses d’aide lors de la Conférence de Bruxelles du 5 octobre.  Elle les a notamment appelés à renouveler leur engagement en faveur de l’éducation et des soins de santé. 

Pour sa part, le Gouvernement afghan doit renouveler ses propres engagements pour attirer les investissements étrangers.  « Les membres du Conseil ne peuvent pas l’oublier: la sécurité de l’Afghanistan, c’est notre sécurité », a-t-elle conclu.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a reconnu qu’il restait encore beaucoup de défis à relever comme la lutte contre la pauvreté, la mise en œuvre des réformes politiques, notamment électorales, et, en particulier, la situation sécuritaire.  À cet égard, il a dépeint un tableau morose des attaques terroristes aveugles contre des civils.  Il a jugé cruciale la lutte contre le terrorisme.

Le Gouvernement afghan tend la main à ses voisins et respecte ses engagements internationaux dans le domaine économique, a constaté le représentant.  Il a espéré que les femmes occuperont la place qui leur revient de droit dans la société et qu’elles seront protégées contre la violence.  La Conférence de Bruxelles, a-t-il conclu, est « le gage de la détermination de la communauté internationale » qui compte bien épauler l’Afghanistan. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a estimé que l’instabilité dont nous sommes témoins en Afghanistan requiert l’appui renouvelé de la communauté internationale pour surmonter les défis politiques et sécuritaires de ce pays.  Le représentant de l’Uruguay a déploré les tensions au sein du Gouvernement afghan.  Il a estimé que la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, marquera un jalon pour que le peuple afghan accomplisse des progrès dans le domaine des droits de l’homme et de la croissance économique.

Il s’est particulièrement inquiété de la recrudescence de la violence qui a fait 5 166 victimes civiles (1 601 morts et 3 565 blessés) entre le 1er janvier et le 30 juin 2016 et 245 000 cas de personnes nouvellement déplacées depuis janvier 2016.  Il s’est aussi dit préoccupé par la persistance de taux élevés de malnutrition et la difficulté d’accéder aux soins de santé.

M. KORO BESSHO (Japon) a salué les efforts de l’Afghanistan dans la lutte contre la corruption, la transparence et le développement économique et agricole.  Mais des défis persistent, s’est attristé le représentant, dans le domaine politique et sécuritaire, en rappelant l’attentat du 23 juillet dernier et le rapport de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan faisant état du nombre le plus élevé de victimes civiles en six mois depuis 2009. 

Le Japon reste aussi préoccupé par la poursuite des enlèvements, des assassinats et des affrontements militaires et la montée de la tension entre le Président, M. Ashraf Ghani, et le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah.  Le processus de paix est essentiel pour la sécurité future mais il n’y a pas eu de progrès réels dans ce domaine.

Le trafic de drogue reste un problème grave dont le profit va dans l’escarcelle des Taliban et d’autres groupes rebelles provoquant ainsi des nombreuses conséquences négatives.  Le Japon, la Fédération de Russie et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont soutenu des programmes de formation de lutte contre le trafic de drogue pour la police afghane et des pays de l’Asie centrale, mais il reste beaucoup à faire face aux défis imposés par ce trafic. 

Le représentant a exhorté les acteurs politiques à tous les niveaux à travailler ensemble et à soutenir le Gouvernement d’unité nationale pour faire face aux nombreuses difficultés de l’Afghanistan.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a jugé indéniable que l’Afghanistan a été transformé depuis 2001 même si beaucoup reste à faire.  Il a salué la conclusion du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) tenu à Varsovie les 8 et 9 juillet, qui a été l’occasion de confirmer un financement international pour les Forces nationales de sécurité afghanes jusqu’en 2020. 

Il a dit que les réformes électorales sont indispensables pour rétablir la confiance du peuple afghan.  Il a ajouté que la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, marquera un jalon en permettant au Gouvernement afghan de montrer sa détermination en matière de réforme et à la communauté internationale de réaffirmer son soutien à l’Afghanistan.  Il a jugé essentiel de bonnes relations entre le Pakistan et l’Afghanistan.

M. WU HAITAO (Chine) a estimé que la communauté internationale devait redoubler d’efforts pour appuyer le processus de réconciliation nationale, « condition sine qua non pour résoudre les problèmes auxquels fait face l’Afghanistan ».  En tant que « bon ami » de l’Afghanistan, la Chine a participé activement à des mécanismes pour arriver à cette fin, a-t-il précisé.  

La communauté internationale devrait appuyer les forces nationales de sécurité afghanes pour renforcer leurs capacités, en particulier dans la lutte contre le terrorisme, a poursuivi le représentant.  Il faut également aider le pays en matière de bonne gouvernance.  « Toutes les parties doivent œuvrer de concert dans la reconstruction du pays. »  Promouvoir le développement socioéconomique est essentiel pour assurer la stabilité, a-t-il résumé.  

« Force est de constater que la situation politique reste fragile, tandis que la situation sécuritaire continue de se dégrader », a dit M. GORGUI CISS (Sénégal).  Heureusement les efforts conjugués du Gouvernement, de ses partenaires régionaux et de la communauté internationale atténuent les effets de ces crises.

Le représentant a déploré le nombre de pertes civiles sans précédent enregistré par la Mission de l’ONU du fait de la poursuite des affrontements armés et des attentats.  Soulignant l’importance de surmonter l’impasse entre le Gouvernement afghan et certains groupes armés, il a considéré que l’appui des troupes afghanes par l’OTAN s’avérait plus que jamais nécessaire.  Enfin, il a encouragé le Gouvernement dans ses efforts pour la promotion des femmes et la protection des enfants.

M. SAIKAL (Afghanistan) a repris la parole pour souligner que le débat sur la gouvernance à Kaboul relevait des affaires intérieures de l’Afghanistan.  « Les deux dirigeants nationaux ont déjà fait preuve de leur leadership il y a deux ans en établissant un Gouvernement d’unité nationale », a-t-il indiqué. 

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) s’est dit très préoccupé par l’augmentation des confrontations armées qui se sont traduites par 5 166 victimes civiles (1 601 morts et 3 565 blessés), soit le bilan le plus lourd établi par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) depuis 2009. 

Dans ce contexte, il a jugé essentielle la reprise de négociations directes entre les Taliban et le Gouvernement.  Il s’est inquiété aussi de la présence de l’État islamique.  Saluant les progrès de la coopération régionale entre l’Afghanistan, l’Inde et la République islamique d’Iran dans de nombreux domaines, il s’est toutefois inquiété de l’impact du trafic de drogue sur la stabilité du pays. 

Il s’est en outre félicité de la collaboration entre les services de répression de l’Afghanistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan et l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que son pays avait décidé de maintenir un engagement actif dans la Mission de l’OTAN en Afghanistan.  Ces derniers mois, a-t-il constaté, les perspectives de paix n’ont pas été encourageantes.  Il faut donc renouveler les efforts visant à mettre en place les conditions favorables à un processus de paix mené par les Afghans eux-mêmes.  Pour ce faire, le représentant a jugé « essentiel » que les pays de la région coopèrent de manière plus étroite et plus constructive.  S’agissant du renforcement des institutions et de la consolidation du développement socioéconomique, il a estimé que la prochaine Conférence de Bruxelles sera un moment crucial pour l’avancement du pays vers l’autosuffisance et la réduction de sa dépendance à l’aide internationale. 

Pour réaliser les objectifs ambitieux dans les domaines de la démocratie, du développement social, de la santé, des droits des femmes et des filles, de la migration et de la sécurité, l’appui financier de la communauté internationale restera déterminant, a reconnu le représentant.  Mais, a-t-il prévenu, la volonté de l’Afghanistan le sera tout autant. 

Dans l’esprit des principes d’engagement et de responsabilité mutuels qui sous-tendent le partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale, il est important que tous les plans de réforme soient mis en œuvre concrètement et efficacement.  C’est ce que les donateurs attendent pour confirmer leur aide mais c’est surtout ce que le peuple afghan réclame.  Le représentant a donc espéré que les divergences qui viennent d’émerger au sein du Gouvernement disparaîtront et que l’unité nationale prévaudra.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que le rapport du Secrétaire général dépeignait un tableau très sombre de la situation économique et sécuritaire de l’Afghanistan.  Elle a prévenu que tous les efforts internationaux ne pourront se substituer à la stabilité politique interne.  Elle a dit que la détérioration de la situation sécuritaire était une source de préoccupation pas seulement pour les voisins mais aussi pour la communauté internationale dans son ensemble. 

La représentante pakistanaise a affirmé dit que la paix ne pourrait être obtenue sans un dialogue entre les Taliban et le Gouvernement afghan.  Elle a dit que le Groupe de coordination quadrilatérale, composé de l’Afghanistan, de la Chine, des États-Unis  et du Pakistan, devait montrer un front uni.  Elle s’est inquiétée de la montée de Daech en Afghanistan.  Elle a indiqué que le Pakistan allait clôturer une partie de sa frontière pour faire face au problème des attaques transfrontalières. 

M. HEIKO THOMS (Allemagne) s’est dit préoccupé de l’augmentation du nombre des victimes civiles comme l’a montré le rapport du Secrétaire général.  Le représentant a tout de même salué la politique nationale en matière d’atténuation des victimes civiles du Gouvernement afghan qui devrait être mise en œuvre.  Il est aussi important que la communauté internationale continue de prêter attention à la situation dans ce pays. 

La Conférence sur l’Afghanistan à Bruxelles offrira l’occasion de souligner une fois de plus son appui politique et financier au pays qui aura aussi l’occasion de présenter ses réalisations et les défis restant dans la mise en œuvre de son programme de réforme.

M. Thoms a rappelé que l’Afghanistan était le plus grand engagement à l’extérieur de l’Allemagne en termes civils et militaires, laquelle continuera son soutien.  Cependant, il est crucial qu’une gouvernance inclusive, efficace et réformatrice reste la priorité après la Conférence de Bruxelles.  Cela inclut des progrès dans la réforme électorale pour ouvrir la voie aux élections législatives et des conseils des districts. 

Les réformes économiques sont également très importantes pour contrer le ralentissement de la croissance économique.  Le représentant a encouragé le Gouvernement dans ses efforts de lutte contre la corruption et a indiqué que le processus de paix et de réconciliation était l’unique voie pour la stabilité à long terme de l’Afghanistan et de la région.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a rappelé que cette année la communauté internationale continuait de se mobiliser en faveur de l’Afghanistan.  En juillet dernier, le Sommet de Varsovie a apporté la preuve du maintien de l’appui international aux efforts de l’Afghanistan en matière de sécurité. 

À la veille de la Conférence de Bruxelles, la communauté internationale attend désormais avec attendre avec intérêt la stratégie nationale de développement du Gouvernement afghan.  Dans la capitale belge, la communauté internationale réfléchira à l’appui qu’elle peut offrir et l’Australie tient à souligner les énormes défis que l’Afghanistan doit encore relever pour que les réformes initiées par le Gouvernement se répercutent sur l’Afghan moyen s’agissant en particulier de la réduction de la pauvreté, de l’accès aux services sociaux de base ou de l’emploi. 

Mme JOANNE ADAMSON, Déléguée de l’Union européenne, a dit que les préparations de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan exigeaient l’assurance qu’il y ait une voie politique stable pour aller de l’avant.  Elle a souligné la nécessité de faire des compromis et des concessions pour assurer une solution viable et durable.  Cela demande une perspective à long terme et une approche réaliste qui reconnaît l’importance des défis et exige un appui durable et prévisible de la communauté internationale fondé sur les principes de responsabilité mutuelle.

Mme Adamson a ajouté que la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan était axée sur trois volets: des progrès substantiels dans la capacité de l’État et des institutions par la mise en œuvre efficace des réformes du Gouvernement d’unité nationale; un soutien international qui devrait rester au niveau actuel ou près du niveau actuel jusqu’en 2020, et l’accroissement de l’efficacité de l’aide en appui au nouveau cadre de développement de l’Afghanistan; et un appui régional au processus politique visant la stabilisation, la paix et la coopération économique transfrontalière. 

Après la Conférence, a poursuivi Mma Adamson, « nous sommes sûrs d’arriver à une vision commune et à un cadre de développement pour les années à venir sur la base des plans de mise en œuvre crédibles ».  Le Cadre national de paix et de développement de l’Afghanistan est un document stratégique qui définit les priorités du développement et oriente les programmes de développement du Gouvernement et des donateurs.  L’adhésion du Gouvernement, des arrangements pour une mise en œuvre efficace et des résultats rapides détermineront son succès. 

La lutte contre la corruption reste également un défi majeur et des mesures effectives qui ont conduit aux résultats actuels sont d’une importance capitale comme la création d’un cadre de l’état de droit qui inclut un système juridique fonctionnel et un cadre de maintien de l’ordre respectueux du droit civique.  Ce sont les préconditions pour le respect, la protection et la promotion des droits de l’homme, et en particulier les droits des femmes et des enfants. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a estimé que les efforts entrepris par la communauté internationale pour aider l’Afghanistan dans sa lutte contre le terrorisme n’étaient pas suffisants.  « Il faut procéder différemment et de façon plus cohérente », a-t-il dit.  « Le Conseil de sécurité doit trouver les moyens d’inverser la situation sécuritaire qui se détériore », afin de préserver les acquis du peuple afghan de ces 15 dernières années.  Les groupes et les individus qui attaquent le peuple et le Gouvernement afghans ne doivent pas pouvoir trouver refuge dans « le voisinage de l’Afghanistan », a-t-il insisté. 

À ce sujet, la mise en œuvre effective du régime de sanctions du Conseil de sécurité, contre l’État islamique, Al-Qaida et les Taliban s’avère essentiel.  Le fait que les Taliban, « une entité proscrite », ne figurent pas sur la liste comme terroristes « reste un mystère », a avoué le représentant.  Souhaitant une fois de plus en comprendre la raison, il a condamné « la pratique du secret dans l’univers souterrain du Conseil de sécurité ».

Par ailleurs, M. Lal a évoqué le partenariat de développement qui lie son pays à l’Afghanistan et réaffirmé son engagement avec la communauté internationale pour aider le pays.             

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a réaffirmé son appui au processus de paix conduit par les Afghans, tout en condamnant les attentats perpétrés par les Taliban et par d’autres groupes terroristes.  Il a mis en garde contre l’émergence de Daech en Afghanistan et la menace posée par d’autres groupes extrémistes comme le Mouvement islamique d’Ouzbékistan et le Mouvement islamique du Turkistan oriental.  Aujourd’hui, a-t-il insisté, il est plus important que jamais d’appuyer le Gouvernement afghan dans sa lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.

Au cours de la dernière décennie, a indiqué le représentant, l’Iran a dépensé des millions de dollars pour aider l’Afghanistan à réaliser près de 300 projets, que ce soit pour des infrastructures ou pour le renforcement des capacités en matière de ressources humaines.  Cette coopération régionale se poursuit aujourd’hui.  Il a engagé les donateurs, les autorités afghanes et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à combattre de concert les stupéfiants, une source de revenus importante pour les terroristes et les groupes extrémistes. 

Enfin, l’Iran continue de participer aux travaux de la Commission tripartite pour le rapatriement volontaire des réfugiés afghans.  Pour sa part, l’Iran a enrôlé l’année dernière 386 000 étudiants afghans dans ses écoles et universités, indépendamment de leur statut juridique.    

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a mis l’accent sur trois questions à savoir la réconciliation, la Conférence de Bruxelles à venir et l’égalité hommes-femmes.  Il a salué la qualité de la réponse des forces afghanes aux différents types de menaces et d’attaques.  Il a dit l’importance de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, qui doit se tenir le 5 octobre 2016, et qui sera l’occasion pour la communauté internationale de réaffirmer son soutien au Gouvernement afghan. 

Il a notamment félicité le Gouvernement afghan pour avoir continué d’élaborer le Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan.  Il a salué aussi la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans la réforme du secteur de la sécurité avant de souligner les progrès réalisés pour que des millions de femmes aient accès à des services de base.  Néanmoins, il a estimé que la position des femmes restait précaire en Afghanistan en insistant sur le fait que celles-ci devaient jouer un rôle essentiel dans la reconstruction du pays.    

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a rappelé la contribution de son gouvernement pour la période 2017-2020 qui inclut 195 millions de dollars alloués à la sécurité et 270 millions de dollars en aide au développement.  Le représentant a précisé qu’il s’agissait d’une contribution totale de 465 millions de dollars en financement à venir. 

Il a ajouté que dans le cadre de son programme d’aide au développement axé sur l’éducation, la santé et les droits de la personne, le Canada donne la priorité aux droits des femmes et des filles.  Il a estimé que les progrès pour les femmes et les filles vont servir à faire avancer les droits, la sécurité et l’autonomisation de tous les Afghans. 

Le représentant a ensuite indiqué que le Canada était préoccupé par la détérioration de la sécurité en Afghanistan au cours de la dernière année.  Mais le Canada demeure résolu à soutenir les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes et continue de souligner l’importance d’augmenter le nombre de femmes recrutées dans les rangs et d’assurer la protection des femmes et des enfants. 

Il a déclaré que le Canada appuyait pleinement le processus de paix et de réconciliation mené par les Afghans et a appelé les Taliban à se joindre à la table de négociation.  Il a aussi dit qu’il était absolument essentiel que le processus de paix comprenne une participation significative des femmes afghanes. 

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) s’est félicité de l’engagement continu de la communauté internationale pour ce qui est de fournir une assistance en matière de sécurité et de développement à l’Afghanistan.  S’il a noté avec préoccupation que la sécurité restait fragile, il a constaté que les Forces nationales de sécurité afghanes amélioraient leurs capacités à la lumière des enseignements tirés du passé.  Il a par ailleurs estimé que le processus de paix et de réconciliation devait se poursuivre en tant que processus dirigé par les Afghans eux-mêmes.   À cet égard, il a jugé très important que les Taliban viennent s’assoir à la table des négociations.

En tant que pays cochef de file des mesures de renforcement de la confiance contre le terrorisme dans le cadre du Processus d’Istanbul, la Turquie a organisé un cours spécial sur la protection des infrastructures à Ankara, en juillet dernier, a indiqué le représentant.  Le pays se prépare à organiser d’ici à la fin de l’année deux évènements sur la radicalisation et les aspects financiers de la lutte contre le terrorisme.     

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité réaffirme son soutien au Gouvernement afghan et, en prévision de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan qui se tiendra le 5 octobre 2016 et sera coparrainée par l’Union européenne et le Gouvernement afghan, demande à la communauté internationale de poursuivre ses efforts civils et ses actions en faveur du développement pour aider le Gouvernement et le peuple afghans, conformément au Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie, afin de renforcer la prise en main et la direction du pays par les Afghans.

Le Conseil souligne l’importance des progrès accomplis par l’Afghanistan et demande à toutes les parties politiques d’œuvrer de concert afin d’assurer un avenir pacifique et prospère pour le peuple afghan.

Le Conseil se déclare de nouveau préoccupé par l’état de la sécurité en Afghanistan, condamne les activités terroristes perpétrées par les Taliban, y compris le Réseau Haqqani, ainsi que par Al-Qaida, les groupes affiliés à l’EIIL (Daech) et d’autres groupes armés illégaux, et réaffirme son soutien au Gouvernement et tout particulièrement aux Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, dans leur tâche visant à sécuriser le pays et dans leur lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Le Conseil réaffirme son soutien à un processus de paix et de réconciliation dirigé et contrôlé par les Afghans en vue de parvenir à une paix et une stabilité durables dans le pays et demande à tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux de coopérer à cet égard.

Le Conseil réaffirme son soutien sans réserve aux activités menées par la MANUA aux fins de l’exécution de son mandat, conformément à la résolution 2274 (2016), ainsi qu’au Représentant spécial du Secrétaire général.

Le Conseil fait de nouveau part de son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan et réaffirme que l’avenir de l’Afghanistan repose sur la construction d’un État stable, sûr et autosuffisant sur le plan économique, à l’abri du terrorisme et des stupéfiants, et fondé sur la primauté du droit, des institutions démocratiques solides, ainsi que la garantie et le respect des droits et des obligations du citoyen. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité prolonge jusqu’à la fin 2016 le mandat de la Mission de l’ONU au Libéria

Conseil de sécurité,
7770e séance – matin
CS/12517

Le Conseil de sécurité prolonge jusqu’à la fin 2016 le mandat de la Mission de l’ONU au Libéria

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 31 décembre 2016 le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).

Le Conseil, par la résolution 2308 (2016), adoptée à l’unanimité de ses membres, a également décidé de maintenir l’effectif autorisé des composantes militaires et de police de la MINUL à 1 240 et 606 agents, respectivement.

Par cette résolution, le Conseil se dit également prêt à envisager le retrait de cette Mission, créée en 2003, et « le passage à une présence des Nations Unies permettant de continuer d’aider le Gouvernement libérien à consolider la paix ».

Texte du projet de résolution S/2016/772

Le Conseil de sécurité,

Rappelant les résolutions 1509 (2003), 2190 (2014), 2215 (2015), 2239 (2015) et 2288 (2016) sur la situation au Libéria ainsi que la résolution 2284 (2016) sur la situation en Côte d’Ivoire et la résolution 2295 (2016) sur la situation au Mali,

Se félicitant des progrès accomplis dans l’ensemble sur la voie d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité durables au Libéria,

Saluant l’action menée par le Gouvernement libérien, en particulier la Police nationale libérienne, le Bureau de l’immigration et de la naturalisation et les Forces armées du Libéria, en vue d’assumer la responsabilité pleine et entière de la sécurité sur l’ensemble du territoire, qui lui sera transférée par la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) conformément à la transition en matière de sécurité qui s’est achevée le 30 juin 2016,

Soulignant qu’il n’y aura de stabilité durable au Libéria que si le Gouvernement veille à ce que les institutions nationales soient efficaces, responsables et réactives, en particulier pour assurer l’état de droit et appuyer la réconciliation nationale, constatant avec inquiétude que le Gouvernement libérien n’a pas prouvé qu’il avait suffisamment progressé à cet égard et encourageant les États Membres et les organisations multilatérales à renforcer leur assistance,

Notant avec préoccupation le risque de conflit au sujet des ressources naturelles du Libéria et les différends relatifs à la propriété foncière, et notant également que des problèmes de corruption continuent de menacer la stabilité et l’efficacité des institutions publiques,

Encourageant toutes les parties prenantes à faciliter la tenue d’élections pacifiques et sans exclusive au Libéria et insistant sur le fait que la responsabilité de la sécurité et de la conduite d’élections libres, équitables, transparentes et sûres en 2017 incombe aux autorités libériennes,

Se félicitant de l’action menée par le Gouvernement libérien pour resserrer la coopération, y compris en matière de sécurité, auprès des gouvernements et des organisations de la sous-région et notant la coopération entre la MINUL, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA),

Considérant que la situation qui règne au Libéria continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 31 décembre 2016 le mandat de la MINUL, tel qu’énoncé aux paragraphes 10 et 16 de la résolution 2239 (2015);

2.    Décide de maintenir l’effectif autorisé des composantes militaire et de police de la MINUL à 1 240 et 606 agents, respectivement;

3.    Affirme qu’il est prêt à envisager, sur la base de l’examen qu’il effectuera, d’ici au 15 décembre 2016, de la capacité globale du Libéria d’assurer des conditions de stabilité et de sécurité sur le terrain, le retrait de la MINUL et le passage à une présence des Nations Unies permettant de continuer d’aider le Gouvernement libérien à consolider la paix et, à cet égard, rappelle la requête qui avait été faite au Secrétaire général d’organiser une mission d’évaluation au Libéria en vue de formuler des recommandations d’ici au 15 novembre 2016 et demande également au Secrétaire général d’inclure une mise à jour sur les modalités proposées au sujet du transfert de la force d’intervention rapide régionale, comme souscrit par le paragraphe 41 de la résolution 2295 (2016);

4.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de la 71e session de l’Assemblée générale choisit comme thème « les objectifs de développement durable: un élan universel pour transformer notre monde »

Soixante et onzième session ,
1re séance plénière – après-midi
AG/11815

Le Président de la 71e session de l’Assemblée générale choisit comme thème « les objectifs de développement durable: un élan universel pour transformer notre monde »

Accompagné de ses deux petites-filles, Grace, 7 ans et Mirabelle, 5 ans, le Président élu de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson des Fidji, a annoncé comme thème de sa présidence: « Les Objectifs de développement durable, un élan universel pour transformer notre monde ».  Grace et Mirabelle seront de jeunes adultes à l’échéance du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  De quel monde hériteront-elles? s’est demandé le Président élu.  En première ligne des défis climatiques ou des risques de catastrophes, le point de vue des Fidji ne pourra qu’enrichir notre réflexion, a répondu le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.

La soixante et onzième session de l’Assemblée générale doit être l’année où les roues de la réalisation de tous les 17 objectifs de développement durable se mettent en branle, a souhaité le Président élu, premier Président à prêter serment et à être tenu au respect d’un Code de conduite adopté quelques heures plus tôt par l’Assemblée générale.  

M. Peter Thomson s’est engagé à faire comprendre aux gens dans le monde que les 17 objectifs de développement durable sont leurs droits et leurs responsabilités, « la recette » d’un monde durable pour eux et pour leurs enfants.  Il a espéré des directives claires pour une action efficace et intégrée du système de l’ONU en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Président élu a promis d’aligner l’ordre de l’Assemblée générale avec le Programme 2030 et de travailler étroitement avec le Président du Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a aussi promis d’œuvrer au succès de la Conférence Habitat III en octobre prochain et de promouvoir un résultat transformateur pour la santé des océans à la Conférence sur le quatorzième objectif de développement durable en juin 2017.

M. Thomson a dit avoir déjà formé une équipe sur les objectifs de développement durable au sein de son Bureau.   Mes petites-filles Grace et Mirabelle, qui ont 7 et 5 ans aujourd’hui, seront de jeunes adultes à l’échéance de ces objectifs en 2030.  De quel monde hériteront-elles? s’est demandé le Président élu.  D’un monde où la perte de biodiversité limite les possibilités de vie?  D’un monde où les niveaux de CO2 auront fait grimper la température au-delà des 2 degrés agréés?  D’un monde où les modes de production et de consommation auront échappé à tout contrôle?  D’un monde où la pauvreté, les inégalités et la mauvaise gouvernance auront poussé les gens à la violence ou à la fuite?  Ou hériteront-elles du monde envisagé dans le Programme 2030?

Les perspectives des Fidji, en première ligne des défis climatiques ou des risques de catastrophes ne pourront qu’enrichir nos débats, a répondu le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, saluant un Président qui sera un pont entre deux secrétaires généraux.

Je fais, a conclu le Président élu, « la déclaration solennelle d’exercer en toute honnêteté, loyauté, discrétion et conscience les fonctions qui m’ont été confiées en ma qualité de Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, de m’acquitter de ces fonctions et de régler ma conduite en ayant exclusivement en vue les intérêts de l’Organisation des Nations Unies, et ce, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du Code de conduite du Président de l’Assemblée générale, sans solliciter ni accepter d’instructions d’aucun gouvernement ou autre autorité extérieure à l’Organisation, en ce qui concerne l’accomplissement de mes devoirs. »

M. Peter Thomson est ainsi le Premier Président de l’Assemblée générale à prêter serment et à être tenu au respect d’un Code de conduite.

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