Cinquième Commission: Inquiètes de la fonte des liquidités, les délégations appellent l’ONU à la discipline budgétaire
La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a débattu ce matin de la situation financière des Nations Unies, dont des arriérés importants qui ont fait chuter le niveau des liquidités au seuil critique de 7 millions de dollars, conduisant les délégations à appeler l’ONU à la discipline budgétaire. La Commission a aussi évalué les progrès réalisés dans la mise en œuvre des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS).
Sur les 2,55 milliards de contributions prévues pour 2016 au budget ordinaire de l’ONU, on attend encore la somme de 1,2 milliard de dollars. Comme l’a rappelé le représentant de l’Angola, sur 193 États Membres, seuls 126 se sont acquittés de l’intégralité de leur dû. Depuis le 30 septembre, la situation s’est encore aggravée, a prévenu le Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Yukio Takasu: il ne reste plus que 7 millions de dollars au budget ordinaire. La grande proportion des sommes attendues étant dues par un très petit nombre d’États, le représentant du Sénégal, « habitué du tableau d’honneur des bons payeurs » les a interpelés: on ne peut pas, d’une part, demander à l’ONU une plus grande efficacité, et de l’autre, la priver des moyens de s’acquitter de ses mandats.
Nous avons continué à dépenser sans autres contributions majeures, a expliqué le Secrétaire général adjoint à la gestion, avant d’ajouter qu’avec l’épuisement des réserves -Fonds de roulement et le Compte spécial– seul le versement des contributions dues permettra de redresser la situation. Tous les États, a martelé le représentant du Canada, au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, doivent honorer leurs obligations en vertu de la Charte et ceux qui sont autorisés à le faire doivent recourir au mécanisme d’aide existant pour payer leurs arriérés, en présentant dûment un échéancier de paiement pluriannuel. La pénurie de liquidités qui était de 31 millions de dollars à la fin de 2013 est maintenant de 344 millions de dollars, s’est–il inquiété.
La représentante de l’Union européenne a tout de même tenu à rappeler que la santé financière de l’ONU dépend certes de la prévisibilité des fonds mais aussi des normes appliquées à leur gestion. Elle a donc exigé de l’Organisation une manière de dépenser « plus sage, plus responsable et plus conforme aux lignes budgétaires agréés » et des approches visant à réaliser des économies et à améliorer l’efficacité par une véritable hiérarchisation des activités et des résultats. Le Secrétaire général adjoint à la gestion a reconnu que le Secrétariat doit utiliser les ressources disponibles « avec la plus grande parcimonie ». L’ONU doit faire en sorte que « nos contributions collectives » soient gérées de la manière « la plus honnête, la plus transparente et la plus efficace », a renchéri le représentant de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
L’Organisation doit utiliser les ressources disponibles avec « plus de bon sens », a ajouté son homologue du Canada. L’Organisation doit appliquer « une gestion plus rationnelle » des fonds mis à sa disposition, a exhorté, à son tour le représentant du Groupe des États d’Afrique. Il faut, a estimé le délégué de la Chine, une vraie discipline financière, l’optimisation des structures de dépenses budgétaires et l’augmentation des ressources allouées au développement. Nous devons en effet promouvoir la discipline budgétaire, a insisté celui du Japon.
Les délégations ont tout de même salué une situation financière saine sur le front des opérations de maintien de la paix qui a 5 milliards de dollars de liquidités. La représentante de la France a annoncé que son pays effectuera à la fin du mois d’octobre le versement d’une somme de 240 millions de dollars et qu’après ce versement, non seulement la France aura payé l’intégralité de ses contributions mais qu’elle sera même allée plus loin en versant par anticipation un montant total de 62 millions de dollars sur des contributions postérieures au 30 septembre 2030.
En revanche, les délégations se sont impatientées de la lenteur dans le remboursement par le Secrétariat des sommes dues aux pays fournisseurs de contingents et de matériels, lesquelles devraient atteindre les 713 millions de dollars à la fin de l’année. La situation est d’autant plus alarmante qu’il s’agit surtout des pays en développement qui attendent ces remboursements pour rémunérer leurs troupes, a-t-il été rappelé aujourd’hui.
Les Tribunaux pénaux internationaux et leur Mécanisme résiduel ont une situation de trésorerie positive et aucun problème n’est à prévoir du côté du Plan de réhabilitation du Siège de l’ONU à New York.
La Cinquième Commission a par ailleurs évalué les progrès réalisés dans la mise en œuvre des Normes comptables internationales pour le secteur public (normes IPSAS), au cours de la période allant du 1er septembre 2015 au 31 août 2016. La représentante du Groupe des 77 et de la Chine a fait siennes les observations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le neuvième rapport d’étape du Secrétaire général.
La Commission a aussi recommandé aujourd’hui à l’Assemblée générale une résolution sur la planification des programmes.* Si elle suit sa Commission, l’Assemblée devrait décider que les priorités de l’ONU demeurent la promotion d’une croissance économique soutenue et d’un développement durable, le maintien de la paix et de la sécurité internationales; le développement de l’Afrique; la promotion des droits de l’homme; la coordination efficace des opérations d’aide humanitaire; la promotion de la justice et du droit international; le désarmement; le contrôle des drogues, la prévention de la criminalité et la lutte contre le terrorisme international. L’Assemblée prierait le Secrétaire général d’établir le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019 en fonction et déciderait de ne pas se prononcer sur la teneur du premier volet du projet de cadre stratégique pour la période 2018-2019.
En début de séance, la Commission a rendu hommage à la mémoire du Roi de Thaïlande.
*A/C.5/71/L.3.
BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2016-2017
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le neuvième rapport d’étape sur l’adoption des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS) par l’ONU et les organismes des Nations Unies (A/71/542)
Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné le neuvième rapport d’étape du Secrétaire général (A/71/226) dans lequel l’accent est mis sur les activités menées au cours de la période allant du 1er septembre 2015 au 31 août 2016.
Le Comité consultatif se félicite des améliorations apportées, grâce à la mise en œuvre des normes IPSAS, à la comptabilité et à la communication de données financières de l’ONU et il formule à nouveau l’espoir que ces améliorations permettront de renforcer l’efficacité, l’efficience et la responsabilisation dans la gestion des ressources de l’Organisation.
Les cinq grandes catégories d’avantages sont la conformité aux pratiques optimales; l’amélioration de la gestion des actifs et des passifs; l’utilisation d’informations plus complètes sur les coûts; l’amélioration de la cohérence et de la comparabilité; et le renforcement de la transparence et de la responsabilisation.
S’agissant du financement du projet IPSAS, les dépenses de la période allant jusqu’au 30 juin 2016, arrêtées au 25 juillet 2016, s’élèvent à 28,2 millions de dollars, dont 14,8 millions au titre du compte d’appui, 9,2 millions au titre du budget ordinaire et 4,2 millions au titre des ressources extrabudgétaires pour les commissions régionales et les bureaux extérieurs. Un montant supplémentaire de 2,5 millions de dollars a été approuvé au titre du compte d’appui pour 2016-2017, en combinaison avec le montant déjà approuvé de 1,24 million en ressources du budget ordinaire pour la même période.
Il est entendu que l’équipe chargée du projet IPSAS sera dissoute le 31 décembre 2017 mais, selon le Secrétaire général, il sera nécessaire de conserver au sein de l’Organisation une structure d’appui chargée de veiller à la durabilité de la mise en œuvre des normes IPSAS dans le Service de l’information financière de la Division de la comptabilité du Bureau de la planification des programmes, du budget et de la comptabilité. Cette structure serait composée de quatre groupes, autrement dit un groupe des conventions comptables, un groupe de la coordination avec Umoja, un groupe de la comptabilité des biens et un groupe de la mise aux normes et du suivi, essentiellement pourvus de personnel financé par les ressources actuellement approuvées.
La structure d’appui proposée entraînerait une réduction nette de 267 100 dollars des ressources demandées au titre du budget ordinaire pour l’exercice 2018-2019 par rapport à l’exercice 2016-2017, et une réduction nette de 2 012 700 dollars des ressources demandées au titre du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix pour l’exercice 2017-18 par rapport à l’exercice 2016-17. Le CCQAB a promis d’étudier ces propositions avec soin.
Débat général
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) a rappelé que l’Assemblée générale a approuvé l’adoption des Normes comptables internationales pour le secteur public (normes IPSAS) dans le but d’améliorer les normes comptables de l’ONU et, par conséquent, l’efficacité financière de l’Organisation. Dans ce contexte, a-t-elle également rappelé, le Secrétaire général a soumis chaque année depuis 2008, un Rapport d’étape sur l’adoption des normes IPSAS.
Mme Wairatpanij a repris à son compte les observations du CCQAB. Elle a ainsi salué les progrès mis en évidence dans le dernier Rapport d’étape, en particulier les améliorations apportées à la comptabilité et à la communication de données financières de l’ONU suite à la mise en œuvre des normes IPSAS. Elle a formulé l’espoir que ces améliorations « permettront de renforcer encore davantage l’efficacité, l’efficience et la responsabilisation dans la gestion des ressources de l’Organisation ».
La représentante a pris note du fait que la contribution des hauts dirigeants à la pérennisation des normes IPSAS et leur obligation de rendre des comptes à ce titre soient désormais inscrites dans les lettres de mission signées entre ces hauts dirigeants et le Secrétaire général. Elle a dit attendre de plus amples informations sur la mise en œuvre de cette disposition dans le cadre de l’évaluation des cadres supérieurs.
S’agissant des avantages découlant des normes IPSAS, Mme Wairatpanij a salué les rapports faisant état d’une amélioration de la gestion des actifs et des passifs, de l’utilisation d’informations plus complètes sur les coûts, de l’amélioration de la cohérence et de la comparabilité, et du renforcement de la transparence et de la responsabilisation.
Elle a toutefois appelé à ce que les rapports futurs concernant ces améliorations incluent des exemples concrets, appuyés par des évaluations quantitatives. Elle a également estimé que les renseignements communiqués devraient clairement faire la part entre les améliorations imputables aux perfectionnements du système liés à Umoja et celles qui découlent de l’adoption des normes IPSAS.
La déléguée a aussi appelé à continuer de rechercher si d’autres avantages peuvent être tirés, à mesure que les départements, bureaux et missions continuent d’intégrer les normes IPSAS dans leurs méthodes de travail.
S’agissant du renforcement du dispositif de contrôle interne, la représentante a pris note du fait que tous les chefs de département, de bureau et de mission seront tenus de présenter chaque année au Contrôleur de l’ONU une déclaration certifiant que des contrôles internes sont en place et fonctionnent dans leurs domaines de responsabilité respectifs.
Elle a souhaité que le renforcement de ce dispositif soit traité non pas comme un simple exercice de communication de données financières mais comme une responsabilité de l’administration. Elle a également demandé à ce que tout soit fait pour former les cadres et les doter des moyens nécessaires pour mettre en place les contrôles internes, en assurer le suivi et faire rapport à leur sujet.
La représentante a par ailleurs pris note des efforts pour renforcer Umoja en tant que pilier de la comptabilité et de l’établissement de rapports conformes aux normes IPSAS. Elle a toutefois souligné la nécessité de trouver une solution concernant le risque élevé lié au transfert de données entre plusieurs systèmes d’information pour la préparation des états financiers de l’ONU.
Enfin, Mme Wairatpanij a pris note des informations concernant le budget et les dépenses du projet ainsi que du projet de structure d’appui propre à pérenniser l’application des normes IPSAS. Elle a estimé que, dans la mesure où la mise en œuvre des normes IPSAS est destinée à faire l’objet d’un projet limité dans le temps, les ressources dont dispose l’équipe chargée du projet ne devraient pas servir de chiffre de référence pour estimer les ressources nécessaires à la structure d’appui prévue pour l’après-2017. Elle a également insisté sur la nécessité d’utiliser pleinement l’expertise interne à l’Organisation dans la mise en œuvre du projet.
AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ONU
Rapport du Secrétaire général sur la situation financière de l’Organisation (A/71/440)
Le Secrétaire général indique dans ce rapport que la situation de trésorerie est actuellement satisfaisante pour toutes les catégories, à l’exception de celle du budget ordinaire, très tendue. Quant aux réserves -Fonds de roulement et Compte spécial-, elles sont presque épuisées. Si l’Organisation ne reçoit pas de contributions d’un montant suffisant, prévient-il, les problèmes de trésorerie vont s’aggraver au cours des derniers mois de l’année.
Pour 2016, le montant des contributions au budget ordinaire mises en recouvrement a été de 2,55 milliards de dollars, soit 222 millions de dollars de moins qu’en 2015. Or au 30 septembre, le montant total des quotes-parts non acquittées s’établissait à 1,19 milliard de dollars, en augmentation de 136 millions de dollars par rapport à l’an passé. La trésorerie disponible se compose des soldes du Fonds général, auquel sont versées les contributions mises en recouvrement, du Fonds de roulement, dont le montant arrêté par l’Assemblée générale est de 150 millions de dollars, et du Compte spécial, dont le solde s’élève actuellement à 201 millions de dollars.
Un déficit de trésorerie au titre du budget ordinaire a été enregistré en juillet, en août et en septembre 2016 et à moins qu’elle ne reçoive des versements suffisants au titre des quotes-parts, les problèmes de trésorerie de l’Organisation devraient s’aggraver dans les derniers mois de l’année, insiste le Secrétaire général qui juge qu’il serait prudent de revoir le niveau des réserves –Fonds de roulement et Compte spécial- en tenant compte des habitudes de paiement des États Membres et de l’importance du montant des engagements de dépenses autorisés -financement sans règlement préalable des contributions-.
Toutefois, convient le Secrétaire général, en dépit des problèmes de liquidité auxquels l’Organisation fait face au titre du budget ordinaire, le Comité des commissaires aux comptes a observé que la santé financière de celle-ci demeurait dans son ensemble solide, car ses actifs restaient globalement suffisants pour couvrir ses engagements à court terme et à long terme.
S’agissant du financement des opérations des opérations de maintien de la paix, au 30 septembre 2016, le montant total des contributions non acquittées s’élevait à 2,34 milliards de dollars pour un montant mis en recouvrement de 10,3 milliards de dollars. À ce jour, les sommes reçues s’élèvent donc à 8,9 milliards et les liquidités disponibles, au 30 septembre, à 5 milliards de dollars, dont 4,7 milliards inscrits aux comptes des missions en cours, 198 millions à ceux de missions clôturées et 139 millions au Fonds de réserve pour le maintien de la paix.
Au 30 septembre 2016, un montant de 126 millions de dollars était dû aux États Membres au titre des contingents et des unités de police constituées et, s’agissant des demandes de remboursement relatives au matériel appartenant aux contingents, 376 millions de dollars étaient dus au titre des missions en cours et 86 millions au titre de missions clôturées, soit un montant total de 588 millions de dollars, en diminution par rapport à l’an passé.
Globalement, poursuit le Secrétaire général, la situation financière des tribunaux est restée saine en 2016. Au 30 septembre 2016, le montant des contributions non acquittées pour les tribunaux s’élevait à 55 millions de dollars et était donc inférieur de 14 millions de dollars à celui qui avait été enregistré au 2 octobre 2015. Au 30 septembre 2016, 101 États Membres s’étaient acquittés de l’intégralité de leur contribution au financement des deux tribunaux et du Mécanisme, soit 7 de plus que l’an passé.
Pour ce qui est du plan-cadre d’équipement, un montant total de 1,87 milliard de dollars a été mis en recouvrement pour alimenter le compte spécial. Au 30 septembre 2016, la majeure partie des contributions avaient été acquittées et le solde impayé s’élevait à 49 716 dollars, réparti entre quatre États Membres.
Débat général
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) s’est dit particulièrement préoccupé par le montant des impayés au budget ordinaire de l’ONU. S’il a dit comprendre les véritables difficultés auxquelles se heurtent certains pays, en particulier les pays en développement, il n’en a pas moins encouragé tous les États Membres à honorer leurs obligations financières, à temps et sans conditions préalables. Tout échec à le faire compromettrait la faculté de l’ONU à exécuter efficacement son mandat. Le représentant s’est en revanche réjoui des efforts du Secrétariat pour rembourser les pays contributeurs de troupes et d’unités de police constituées. Le Secrétariat, a-t-il conclu, doit faire en sorte que « nos contributions collectives » soient gérées de la manière « la plus honnête, la plus transparente et la plus efficace » qui soit.
Mme FIONA GRANT, Union européenne, a, à son tour, encouragé tous les États Membres, qui ne l’ont pas encore fait, à honorer leurs obligations financières vis-à-vis du budget ordinaire. Elle a noté qu’un petit nombre de pays est responsable de la plus grande proportion des impayés et les a exhortés à en faire une priorité. S’agissant des opérations de maintien de la paix, elle a pris note des arriérés persistants qui empêchent l’Organisation d’honorer ses obligations vis-à-vis des pays contributeurs de troupes et d’unités de police constituées. Elle s’est réjouie des efforts de remboursement du Secrétariat mais a demandé plus de progrès. Pour ce qui est des tribunaux, elle a regretté les difficultés à mobiliser des contributions volontaires.
La santé financière dépend certes de la prévisibilité des fonds mais aussi, a tancé la représentante, des normes appliquées à leur gestion. L’ONU doit continuer à faire tout pour dépenser « de manière plus sage, plus responsable et plus conforme aux lignes budgétaires agréées ». L’ONU peut encore améliorer les choses en adoptant des approches visant à réaliser des économies et à améliorer l’efficacité et en encourageant une véritable hiérarchisation des activités et des résultats.
Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), M. GEORGES HAMPTON (Canada) a noté la situation d’ensemble positive alors que le niveau des contributions au titre des opérations de maintien de la paix s’améliore. Il s’est néanmoins inquiété de l’avertissement du Secrétaire général adjoint à la gestion selon lequel les Nations Unies se retrouveraient dans une situation financière extrêmement difficile, si 1,2 milliard de dollars de contributions n’est pas versé. Le représentant a exhorté les 67 États Membres, qui ne l’ont pas encore fait, à honorer leurs obligations financières, sans oublier de rappeler, à son tour, que les pays fournisseurs de contingents et d’équipements attendent toujours le remboursement des dépenses qu’ils ont engagées.
Tous les États, a-t-il martelé, doivent honorer leurs obligations en vertu de la Charte et ceux qui sont autorisés à le faire doivent recourir au mécanisme d’aide existant pour payer leurs arriérés, en présentant dûment un échéancier de paiement pluriannuel. Les réserves sont pratiquement épuisées, s’est alarmé le représentant, et nous risquons de nous retrouver face à une grave situation de trésorerie. Le déficit de liquidités qui était de 31 millions de dollars à la fin de 2013 est maintenant de 344 millions de dollars, s’est–il inquiété. Face à de tels problèmes de liquidités, il a appelé l’ONU à mieux identifier les moyens de faire des économies et d’utiliser les ressources disponibles avec « plus d’efficacité et de bon sens ».
M. ENRIQUE SANCHEZ AZCUY (Cuba) a souligné que l’Organisation a besoin d’une base financière solide et stable. « Les États Membres doivent s’acquitter de la totalité de leur contribution et sans retards », a-t-il dit. Toutefois, il a voulu que l’on prenne en compte les circonstances particulières de certains pays en développement qui les empêchent de s’acquitter de leurs responsabilités financières. Le représentant a ainsi rappelé que la volonté de Cuba de payer son dû est toujours mise à mal par le blocus commercial maintenu par les États-Unis malgré le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, l’an dernier. Les mesures prises par le Gouvernement des États-Unis, a-t-il ajouté, sont « positives, mais insuffisantes ». Cuba souhaite verser sa contribution mais elle n’est pas en mesure de le faire, a insisté le représentant, tout en espérant que son pays pourra remédier à cette situation d’ici à la fin de l’année.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. BACHAR BONG ABDALLAH (Tchad) s’est inquiété du fait qu’une proportion importante des contributions au budget ordinaire ne soit toujours versée. Il a tout de même exhorté le Secrétariat à faire encore plus d’efforts pour rembourser les sommes dues aux pays contributeurs de troupes et à appliquer « une gestion plus rationnelle » des fonds mis à sa disposition.
Mme VANESSA GOURET VERSCHUEREN (France) a souligné que son pays a payé la plupart de ses contributions mais qu’il apparaît quand même dans la liste des pays qui ont des arriérés pour le financement de certaines opérations de maintien de la paix. L’attachement de la France aux Nations Unies n’est plus à démontrer, s’est défendue la représentante, en assurant que son pays prend très au sérieux la santé financière de l’Organisation et qu’il est préoccupé par le niveau de trésorerie de certaines missions. Elle a donc annoncé que la France effectuera à la fin du mois d’octobre le versement d’une somme de 240 millions de dollars pour le financement des opérations de maintien de la paix et qu’après ce versement, non seulement la France aura payé l’intégralité de ses contributions mais qu’elle sera même allée plus loin en versant par anticipation un montant total de 62 millions de dollars sur des contributions postérieures au 30 septembre 2030. Inquiète du niveau de trésorerie du budget ordinaire, la représentante a tenu à rappeler que son pays a payé l’intégralité de sa contribution à ce budget ainsi qu’à ceux des tribunaux internationaux et du plan-cadre d’équipement.
M. FU DAOPING (Chine) s’est également dit inquiet des arriérés de paiements constatés au 30 septembre 2016, d’un montant de 3,43 milliards de dollars, dont 1,189 milliard pour le budget ordinaire et 2,341 milliards pour les opérations de maintien de la paix. Il s’est déclaré particulièrement préoccupé par le déficit de trésorerie actuel de 344 millions de dollars et a tiré la sonnette d’alarme face au grave problème de liquidités auquel l’ONU risque de faire face d’ici à la fin de l’année si cette situation perdure.
Le représentant a appelé tous les États Membres à s’acquitter de leurs obligations financières vis-à-vis de l’Organisation dans les plus brefs délais, en particulier les pays développés. Il a dit comprendre les difficultés rencontrées par les pays en développement, notamment les pays les moins avancés, avant de souligner que son pays a continué de s’acquitter dans l’intégralité de sa contribution financière auprès de l’ONU, malgré ses difficultés financières et l’augmentation de 54% du montant de sa contribution cette année, conformément au nouveau barème des quotes-parts. Le représentant a, à son tour, appelé l’ONU à une vraie discipline financière, à l’optimisation des structures de dépenses budgétaires et l’augmentation des ressources allouées au développement.
M. KATSUHIKO IMADA (Japon) a souligné qu’il incombe aux États membres de régler intégralement et à temps leurs contributions. « Lorsqu’une demande de ressources est formulée par le Secrétariat, notre objectif commun doit être de définir un niveau de ressources réaliste afin que les mandats adoptés puissent être exécutés », a insisté M. Imada. Nous devons promouvoir la discipline budgétaire, a-t-il insisté, appelant le Secrétariat à faire en sorte que les crédits disponibles soient utilisés de façon « plus efficace et plus responsable. »
M. AGUSTO (Angola) a relevé que seuls 126 États Membres sur 193 ont payé l’intégralité de leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU. La santé financière de l’ONU dépend de 67 États, a déploré le représentant, avant d’appeler le Secrétariat à gérer les crédits disponibles « avec la plus grande attention ».
M. CHEIKH TIDIANE DEME (Sénégal) a pris note de la bonne santé financière de l’ONU, comme en témoignent ses indicateurs financiers globalement « sains et positifs », à l’instar de l’exercice précédent. Cependant, le représentant a estimé que cette réalité ne doit pas occulter les problèmes de trésorerie auxquels est confrontée l’Organisation, en particulier pour son budget ordinaire. « Si cette tendance ne s’inverse pas dans les prochains mois, la situation risque d’être intenable », a-t-il mis en garde,
Il a rappelé qu’en dépit des difficultés économiques qu’il traverse, son pays a versé l’intégralité de sa contribution pour l’année 2016. Le Sénégal figure régulièrement en première place du tableau d’honneur des pays qui se sont acquittés de l’intégralité de leur contribution, s’est-il enorgueilli. Il s’est par conséquent inquiété de l’augmentation du nombre des États Membres qui accumulent les arriérés de paiement. Ces États, a-t-il estimé, ne peuvent pas, d’une part, demander à l’ONU une plus grande efficacité, et de l’autre, ne pas lui fournir les moyens de s’acquitter de ses mandats.
Face à cette raréfaction progressive des ressources, le représentant a appelé l’ONU à faire preuve d’imagination pour s’acquitter efficacement de ses tâches. Il a par ailleurs mis en garde contre les conséquences de la situation financière actuelle sur le remboursement des pays contributeurs de troupes, qui, a-t-il rappelé, sont pour la plupart des pays en développement et comptent sur ces contributions pour rémunérer leurs contingents. « Nous demandons à l’ONU de faire preuve de plus de diligence », s’est impatienté le représentant.