Assemblée générale: les progrès de l’Afrique et de son NEPAD entravés par la baisse du prix des matières premières
Le contexte économique international défavorable, le manque d’investissements étrangers directs et les inégalités entre les sexes continuent d’entraver les progrès du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), 15 ans après son adoption, ont noté ce matin les délégations à l’Assemblée générale.
Tout en saluant les progrès réalisés en Afrique grâce aux initiatives de développement lancées dans le cadre du NEPAD, M. Peter Thomson, Président de l’Assemblée générale, a mis en garde contre une possible remise en cause de ces avancées en raison du contexte économique international actuel, marqué par une baisse importante du prix des matières premières.
Fortement préoccupé par cette tendance, le représentant du Groupe des États d’Afrique a souligné les conséquences catastrophiques de cette chute des prix, en particulier celui du pétrole, sur les exportations des pays d’Afrique, qui ont globalement diminué de près de 30%; la part du continent dans les échanges mondiaux stagnant à 3,3%, a rappelé le représentant du Groupe des 77 et la Chine.
Le Président de l’Assemblée a conseillé aux pays d’Afrique de renforcer le commerce intra-africain et l’intégration économique régionale. Dans ce contexte, le représentant de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a salué la signature, en juin 2015, de la « Tripartite », qui ouvre la voie à une zone de libre-échange regroupant le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), soit plus de 625 millions d’habitants et plus de 1 000 milliards de dollars de PIB.
Le représentant de l’Afrique du Sud a pour sa part insisté sur la lutte contre les flux financiers illicites en Afrique qui pourrait diminuer la dépendance du continent à l’aide publique au développement (APD) tout comme les investissements étrangers directs (IED). Le représentant du Groupe des 77 et la Chine a d’ailleurs dénoncé la diminution progressive, ces dernières années, de l’APD et des IED. Son homologue du Groupe des États d’Afrique s’est impatienté devant la lenteur dans le transfert des technologies des pays développés vers les pays africains, avant que le représentant de la France ne revienne sur la proposition faite par le Président français, le 20 septembre 2016, de lancer un plan pour permettre à tous les Africains d’accéder à l’électricité, ainsi qu’une initiative pour les énergies renouvelables, à laquelle 10 bailleurs de fonds se sont engagés à verser 10 milliards de dollars d’ici à 2020.
La coopération au développement est certes importante, a souligné le représentant des États-Unis, mais l’Afrique doit avant tout « lutter contre le cancer de la corruption ». Outre ce fléau, il a également appelé les États africains à faire de l’égalité des sexes une priorité. Faire voler en éclat les inégalités entre hommes et femmes irait dans l’intérêt économique du continent, a affirmé le Président de l’Assemblée, précisant que le manque d’autonomisation des femmes et des filles coûte chaque année 95 milliards de dollars à l’Afrique subsaharienne.
M. Peter Thomson a salué la décision de l’Union africaine d’aligner les objectifs du programme de développement du continent, « Agenda 2063 », avec ceux du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU. « Mobiliser les moyens appropriés de mise en œuvre est le défi majeur pour ne laisser personne de côté », a rappelé au système de l’ONU le représentant du Groupe des États d’Afrique.
Ce matin, l’Assemblée générale a aussi rendu hommage à feu le Représentant permanent de l’Érythrée auprès de l’ONU, Girma Asmerom Tesfay, décédé le 5 octobre 2016. Une minute de silence a été observée, avant les déclarations des représentants des cinq groupes régionaux et du pays hôte. « Son dévouement à son pays ne passait jamais inaperçu et était symbolisé par son travail altruiste », a déclaré M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU.
NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE (NEPAD) ET DÉCENNIE POUR FAIRE RECULER LE PALUDISME DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT, EN PARTICULIER EN AFRIQUE
Quatorzième rapport de synthèse du Secrétaire général sur les progrès de la mise en œuvre du NEPAD et l’appui international (A/71/189)
Le Secrétaire général rappelle que depuis son adoption il y a 15 ans, le NEPAD sert de cadre au développement de l’Afrique dont il contribue à améliorer les résultats en termes de croissance et d’acquis sociaux. Ce Rapport, fait observer le Secrétaire général, coïncide avec la première année de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur le climat. À l’échelle du continent, l’adoption par l’Union africaine de l’Agenda 2063, programme stratégique à long terme visant à permettre au continent d’entrer dans une nouvelle ère de développement au cours des 50 prochaines années, et de son premier Plan décennal de mise en œuvre, en juin 2015, a marqué le véritable début de la mise en œuvre du plan par les pays africains.
Le rapport montre que le contexte économique mondial défavorable pendant la période à l’examen, en particulier dans les domaines du commerce et du financement, constitue un obstacle à la mise en œuvre du Programme 2030 et du NEPAD et risque de compromettre les progrès accomplis dans la poursuite des objectifs du Millénaire pour le développement. Les pays africains doivent faire face à un certain nombre de problèmes, dont une faible productivité agricole, une diversification limitée et une pénurie de financements, qui constituent autant de difficultés à surmonter pour réussir à mettre en œuvre le Programme 2030 et l’Agenda 2063.
Le Rapport passe en revue les mesures prises par les organisations et pays africains dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, de la santé, de l’éducation et de la formation, de l’environnement et du tourisme, des technologies de l’information et des communications, de la science, de la technologie et de l’innovation, de la transversalisation de la problématique hommes-femmes, de l’autonomisation des femmes et de la participation de la société civile. Le Rapport parle aussi du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, l’instrument d’autosurveillance établi en 2003 en vue de renforcer la gouvernance démocratique et plus généralement la gouvernance politique et socioéconomique.
Le Rapport s’attarde aussi sur l’aide internationale et indique que l’aide publique au développement (APD) vers l’Afrique a diminuée, passant de 137,2 milliards de dollars en 2014 à 131,6 milliards de dollars en 2015, soit une baisse de 4,3%. Le Rapport dresse ensuite la liste des 30 pays bénéficiant ou susceptibles de bénéficier de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM) et signale que sur les fronts des investissements étrangers directs (IED) et autres apports du secteur privé, l’Afrique a vu les flux diminuer de 7%, passant de 58 milliards de dollars en 2014 à 54 milliards de dollars en 2015.
Quant au commerce, le continent est lourdement touché par la chute des cours des matières premières. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la valeur totale des exportations de l’Afrique a diminué de 29,6% pour s’établir à 388,3 milliards de dollars en 2015, la chute brutale des cours des matières premières ayant eu des conséquences préjudiciables pour les pays riches en ressources en particulier.
Au chapitre « coopération Sud-Sud », le Rapport rappelle qu’en juillet 2015, au septième Sommet des pays du groupe BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), ont été adoptés la Déclaration d’Ufa, le Plan d’action d’Ufa et la Stratégie de partenariat économique entre les pays du groupe BRICS. Le Sommet a marqué l’inauguration des institutions financières du groupe: la Nouvelle Banque de développement et la réserve de prévoyance, d’un volume total de 200 milliards de dollars.
Dans ces conclusions et recommandations, le Secrétaire général rappelle, entre autres, qu’au Sommet de l’Union africaine, en 2015, les dirigeants africains ont entériné le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l'Union africaine pour le programme d'intégration et de développement de l’Afrique et demandé à l’ONU de renforcer sa coopération avec l’Union africaine, en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2063. L’Assemblée générale n’ayant adopté aucune résolution demandant au système des Nations Unies d’appuyer l’Agenda 2063 et le premier plan décennal de mise en œuvre de celui-ci, le Secrétaire général recommande aux pays africains de porter la question à l’attention de l’Assemblée pour que les dispositions voulues soient prises et que l’appui nécessaire leur soit apporté.
Rapport biennal du Secrétaire général sur l’examen de la concrétisation des engagements pris en faveur du développement de l’Afrique (A/71/203)
Ce Rapport, explique le Secrétaire général, a pour but d’examiner la concrétisation des engagements pris en faveur du développement de l’Afrique, en soulignant les progrès, effets et défis, selon quatre thèmes thématiques le développement des infrastructures; les échanges commerciaux; une Afrique exempte de conflits; et l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme.
Concernant le développement des infrastructures, le Rapport fait observer que les organisations et gouvernements africains ont amélioré l’accès aux services d’infrastructure avec l’appui de leurs partenaires de développement, y compris au moyen de projets transfrontaliers. Mais il faudra continuer à travailler conjointement pour pouvoir mobiliser les fonds nécessaires afin de répondre aux importants besoins financiers propres aux infrastructures, qui ont été estimés à plus de 100 milliards de dollars par an.
Pour ce qui est des échanges commerciaux, des zones de libre-échange ont été établies, notamment grâce à l’accord relatif à la Zone de libre-échange tripartite signé en 2015, qui encourage le commerce continental et l’intégration des marchés. Toutefois, les efforts d’intégration régionale n’ont donné que de modestes résultats pour ce qui est du commerce infra-africain, qui pâtit du coût élevé des échanges commerciaux et des contraintes sur l’offre. Le Rapport note aussi qu’il demeure difficile de développer les capacités productives des pays africains les moins avancés et de se servir de l’industrialisation pour mettre en œuvre une transformation structurelle.
L’objectif d’une Afrique exempte de conflits se heurte quant à lui à des défis tels que l’insuffisance des ressources financières allouées aux opérations de paix et le manque de capacités institutionnelles pour surveiller, déceler et entraver la sortie des flux financiers illicites d’Afrique, et ce, malgré les progrès accomplis pour rendre opérationnelle l’Architecture africaine de paix et de sécurité et améliorer la gouvernance via le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.
Quant à l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme, des résultats satisfaisants ont été obtenus dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la participation politique, qui s’expliquent par de profondes réformes législatives. Cependant, des défis doivent encore être relevés en matière d’émancipation économique de la femme et de violations des droits de l’homme, dans un contexte où les disparités entre les sexes subsistent, tout comme la violence contre les femmes, et où la participation féminine aux processus de paix demeure insuffisante.
Deux problèmes principaux se dessinent: tout d’abord, le manque d’appui financier qui empêche les pays d’Afrique de combler le déficit budgétaire du développement infrastructurel, de financer correctement les transactions commerciales et donc de stimuler les exportations africaines, d’appuyer les opérations de paix et d’affecter des ressources pour atteindre les principaux objectifs d’égalité des sexes et d’autonomisation de la femme, y compris dans les opérations de paix et de sécurité. Le second problème est celui des contraintes de capacités institutionnelles et techniques qui empêchent de garantir une concrétisation efficace sur les quatre thèmes thématiques, non seulement à l’échelle nationale, mais aussi à l’échelle de l’Union africaine et des communautés économiques régionales.
Rapport du Secrétaire général sur les ces causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/71/211-S/2016/655)
Le Rapport se penche sur la question des droits fondamentaux des femmes en tant que fondement d’une paix et d’une sécurité durables en Afrique. La mise en exergue de cette problématique concorde avec les projets de l’Union africaine, qui a déclaré 2016 « Année africaine des droits de l’homme, en particulier des droits des femmes ». Le rapport formule également des recommandations concrètes pour, entre autres, défendre et renforcer les droits et rôles des femmes en tant que principaux moteurs et partenaires dans la réalisation, notamment, de l’objectif de l’Agenda 2063 consistant à faire taire les armes d’ici à 2020 mais aussi de l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, et de l’objectif 16 sur l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous, l’accès à la justice et la mise en place d’institutions efficaces et responsables.
Le Rapport dresse le bilan de l’année sur les fronts de la paix et de la sécurité en Afrique et fait ensuite le point sur l’application par les organismes des recommandations formulées dans le rapport d’examen, s’agissant de la coopération institutionnelle, de la prévention des conflits, du maintien de la paix et de la gestion des conflits; de la consolidation de la paix après les conflits et du relèvement; de la croissance économique soutenue et du développement durable; des droits de l’homme et des affaires humanitaires; de la gouvernance, de l’état de droit et de l’administration de la justice; et de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes dans les domaines de la paix et de la sécurité. Il s’agit aussi de l’appui à la réforme du secteur de la sécurité; de la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre illicites et de la criminalité transnationale organisée; et de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Le Rapport s’attarde ensuite sur les problèmes persistants et naissants auxquels se heurte l’Afrique dans la promotion des droits fondamentaux des femmes pour une paix et une sécurité durables. Il se termine par les recommandations du Secrétaire général.
Débat
M. PETER THOMSON, Président de l’Assemblée générale, a souligné l’importance d’avoir des « partenariats stratégiques et opérationnels plus forts » afin de mettre en œuvre le Programme 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, l’Accord de Paris sur le climat et l’Agenda 2063. M. Thomson a appelé les partenaires impliqués dans le NEPAD à coordonner leurs approches et, à ce titre, a salué la décision de l’Union africaine d’aligner les objectifs de son Agenda 2063 avec ceux du Programme 2030.
Tout en saluant les progrès réalisés grâce aux nombreuses initiatives entreprises dans le cadre du NEPAD, le Président de l’Assemblée générale a souligné que le contexte économique international défavorable, la baisse du prix des matières premières, les niveaux élevés de la dette et le manque de diversification économique mettent en péril ces avancées. M. Thomson a ainsi appelé les États africains à accélérer la création d’une zone de libre-échange continentale, afin de renforcer le commerce intra-africain et l’intégration économique. Il a également appelé les pays développés à alléger la dette des États africains, promouvoir les investissements étrangers directs dans ces pays, favoriser leur accès aux marchés internationaux, lutter contre les flux financiers illicites et accélérer le transfert des technologies.
Le Président a aussi rappelé l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire, en complément de la coopération Nord-Sud et, tout en se félicitant des initiatives pour la promotion de l’égalité entre les sexes en Afrique, il a regretté la persistance de nombreux obstacles à l’autonomisation des femmes, estimant que ces inégalités coûtent chaque année 95 milliards de dollars aux économies de l’Afrique subsaharienne.
Enfin, le Président de l’Assemblée générale a insisté sur le rôle de l’ONU dans la mise en œuvre du Programme 2030. « Nous appuierons les efforts en cours dans et en dehors du système des Nations Unies pour orienter les partenariats stratégiques », a-t-il indiqué.
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a, à son tour, insisté sur la complémentarité entre l’Agenda 2063 et le Programme 2030. Il est, à cet égard, crucial de continuer à mobiliser un soutien international pour mettre en œuvre ces deux programmes en vue de parvenir à une plus grande synergie entre cadres de développement régionaux et internationaux, a-t-il affirmé. Il a souligné la nécessité d’un partenariat international revitalisé pour l’Afrique afin de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, avant de rappeler que l’aide publique au développement (APD) et les investissements directs étrangers demeurent des sources de financement essentielles en Afrique. Il faut que les promesses faites au titre de l’APD soient honorées, a-t-il dit, en appelant les pays développés à consacrer, respectivement, 0,7% et 0,15 à 0,2%, de leur revenu national brut à l’APD pour les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA).
Préoccupé par la faible part de l’Afrique dans les échanges commerciaux –environ 3,3%-, le délégué a demandé une intensification des efforts visant à intégrer l’Afrique dans le système commercial international. Il a, en outre, apporté son ferme soutien à la récente adoption par l’Assemblée générale de la Troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique de 2016 à 2025 en vue de faire d’une industrialisation inclusive et durable du continent un moteur de croissance. Mentionnant l’émergence de nouveaux défis, tels que le terrorisme, le représentant a souhaité que le système des Nations Unies soutienne les organisations régionales et sous-régionales dans la mise en œuvre de leurs plans d’action. L’engagement des États Membres à soutenir les pays africains pour atteindre l’objectif d’une Afrique libérée des conflits d’ici à 2020 est d’une importance cruciale, a-t-il déclaré. Enfin, rappelant que le taux de l’incidence du paludisme a baissé de 42% en Afrique entre 2000 et 2015, le représentant a estimé qu’un soutien international accru pour la mise en œuvre de la Stratégie technique mondiale contre le paludisme de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) permettra de se débarrasser de ce fléau.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ABDALLAH WAFY (Niger) a insisté sur les progrès que les pays africains ont continué à réaliser dans le cadre du NEPAD. Il a notamment mentionné les avancées réalisées dans le développement des infrastructures, qui ont contribué à accroître le processus d’intégration régionale, parallèlement à la conclusion d’accords commerciaux régionaux et au lancement de projets tels que la création d’un passeport africain unique.
Le représentant a également mentionné les progrès réalisés par les États africains en matière de sécurité alimentaire et d’agriculture. À ce titre, il a mentionné que 50 pays africains se sont engagés dans la mise en œuvre du Programme de développement agricole de l’Afrique. À ce jour, 12 d’entre eux, a-t-il précisé, ont atteint l’objectif du Programme d’allouer au moins 10% du budget national au développement agricole.
Toutefois, le représentant a précisé que ces efforts sont menés alors même que la situation économique mondiale demeure instable et déstabilise les États de la région. Il a attiré l’attention sur les effets négatifs de la chute des prix du pétrole sur les exportations africaines, qui ont diminué au global de presque de 30%.
Le délégué a donc souligné l’urgence de la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063. L’Afrique, a-t-il dit, accorde une importance toute particulière aux synergies entre le Programme 2030, l’Agenda 2063, le Programme d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur le climat. Le continent s’est lancé dans un processus majeur pour intégrer ces différents documents dans les plans nationaux et locaux.
Le représentant a souligné que l’appui international aux entreprises locales et le transfert technologique des pays développés vers les pays en développement seront déterminants pour la mise en œuvre de ces programmes. « Mobiliser les moyens appropriés de mise en œuvre reste un défi majeur pour ne laisser personne de côté », a-t-il ajouté, tout en soulignant que l’ONU, et notamment le forum politique de haut niveau pour le développement durable du Conseil économique et social (ECOSOC), doit jouer un rôle important dans le suivi de la mise en œuvre du Programme 2030.
Concernant les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, le représentant a rappelé que, malgré les progrès réalisés, les États d’Afrique sont toujours sujets à l’instabilité électorale, aux inégalités sociales, à l’extrémisme violent et aux terrorisme, notamment de la part de groupes tels que Al-chabab et Boko Haram. Il a ainsi appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes des conflits. Il a également appelé les partenaires de l’Afrique à renforcer leur soutien aux activités de paix de en Afrique et à appuyer davantage le continent pour qu’il renforce sa capacité à prévenir les conflits.
Le représentant a enfin salué l’engagement des dirigeants mondiaux, dans le cadre de l’objectif de développement durable nº3, visant à venir à bout du paludisme. Il a salué les progrès majeurs réalisés dans ce domaine au cours des dernières années.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. MICHAEL R. TEN-POW (Guyana) a exprimé le soutien de son groupe à l’approche tournée vers un renouveau socioéconomique que constitue le NEPAD. Il a salué les progrès accomplis ces dernières années tout en constatant que de nombreux obstacles empêchent encore la réalisation effective des objectifs.
Il a jugé encourageant qu’en dépit des difficultés économiques mondiales enregistrées en 2015, la communauté internationale ait continué à soutenir la mise en œuvre du NEPAD au travers d’aides financières et commerciales, de mesures d’allègement de la dette et de programmes de coopération Sud-Sud. Selon lui, les progrès réalisés dans des domaines comme le développement des infrastructures, du commerce, de la prévention des conflits, de la liberté entre les sexes et de l’émancipation des femmes témoignent de la vitalité du NEPAD.
Sur le plan de la santé, le délégué s’est félicité des résultats enregistrés dans la lutte contre le paludisme. L’Union africaine, a-t-il noté, a annoncé à l’occasion de la Journée mondiale contre cette maladie qu’un grand nombre de pays africains avaient atteint les cibles énoncées dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que l’Afrique comptait pour 60% dans la réduction mondiale du paludisme, avec 6,2 millions de vies sauvées depuis 2000. Il a d’autre part appuyé l’évaluation du Secrétaire général, qui prône l’élaboration de systèmes de santé durables, capables de répondre aux menaces actuelles et futures, comme celle que représente le virus Ebola. De tels instruments sont, à ses yeux, essentiels pour assurer la promotion de la santé et du bien-être en Afrique.
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam) s’est félicité de ce que l’Afrique continue d’enregistrer des progrès économiques malgré le ralentissement de l’économie mondiale et la chute des prix des matières premières qui ont obéré les perspectives de croissance du continent. La signature de l’Accord de libre-échange tripartite en 2015 a ouvert la voie à une zone de libre-échange continentale qui stimulera les échanges commerciaux intra-africains et offrira des débouchés économiques pour le reste du monde, a-t-il dit.
Le délégué a indiqué qu’il y avait de nombreux domaines dans lesquels l’ASEAN et l’Afrique pouvaient coopérer afin de concrétiser les aspirations communes au développement de leurs régions. Six décennies plus tard, l’esprit de la Conférence de Bandung continue de nous guider pour remédier aux défis communs dans un esprit de respect mutuel et de confiance, en conformité avec les principes de la Charte, a-t-il poursuivi. Il a apporté le soutien de l’ASEAN à la pleine mise en œuvre du NEPAD qui constituera une fondation solide pour l’Agenda 2063. Il a encouragé les efforts menés dans le cadre du NEPAD visant à donner la priorité à la santé, l’éducation et la problématique hommes-femmes. L’ASEAN salue les contributions du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs pour renforcer l’engagement entre les gouvernements et leur peuple, a-t-il déclaré. Insistant en conclusion, sur les obstacles au développement que sont le terrorisme, l’extrémisme violent et les conflits armés, le représentant a souligné la pertinence des programmes du NEPAD relatifs au développement du capital humain.
M. TERENCE P. McCULLEY (États-Unis) a salué les avancées réalisées dans le cadre du NEPAD et souligné qu’apporter une aide à l’Afrique pour mettre en œuvre les initiatives de développement est pour les États-Unis « une priorité ». En matière de sécurité alimentaire notamment, le représentant a rappelé le lancement de l’initiative « Feed the Future », qui a contribué à lutter contre la faim et à améliorer la sécurité alimentaire de nombreux pays en développement, notamment sur le continent africain, où 3,6 millions de personnes en ont bénéficié en 2015.
Le délégué a également mentionné la participation des États-Unis à des initiatives et programmes ayant pour but de promouvoir la résilience aux changements climatiques et le développement énergétique. Les États-Unis, a-t-il poursuivi, investissent également dans de nombreux programmes de santé. Le pays a ainsi lancé en 2005 un programme de lutte contre le paludisme qui a permis de fournir des moyens de protection contre les moustiques à environ 16 millions de personnes, pour un montant total de 42 millions de dollars.
Le représentant américain a par ailleurs appelé à « lutter contre le cancer de la corruption » en Afrique. En établissant des partenariats avec des gouvernements ouverts, a-t-il affirmé, les États-Unis ont contribué, à leur niveau, à lutter contre ce phénomène. Le représentant a enfin indiqué que la promotion de l’égalité entre les sexes est une composante clef de l’aide publique au développement américaine. Il a précisé que son pays a lancé une initiative visant à améliorer l’accès des filles à l’éducation dans le monde entier, une initiative qui a permis d’allouer plus d’un milliard de dollars à l’éducation des filles dans plus de 100 pays.
Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a estimé que le NEPAD était sans conteste « l’une des initiatives les plus remarquables prises sur le continent africain depuis des décennies ». Le rapport du Secrétaire général montre toutefois que « les défis demeurent sur la voie du développement durable ». Selon elle, le manque chronique d’investissements publics rend difficile la pleine réalisation des plans du NEPAD. Dans le domaine du commerce international, les pays africains sont confrontés à des difficultés structurelles pour accéder aux marchés mondiaux. Cette absence de financement du commerce et les barrières tarifaires érigées par les pays développés empêchent l’Afrique de réaliser son potentiel d’exportation, a-t-elle relevé.
Pour la déléguée, la diminution constante de l’APD est un autre motif de préoccupation. Ce désengagement, ajouté à des conditions économiques mondiales défavorables, constitue un défi sérieux pour l’application du Programme 2030 et l’Agenda 2063, a-t-elle averti, appelant instamment les pays développés à tenir leurs engagements en matière d’APD.
Elle a cependant indiqué que Cuba, qui entretient des liens identitaires et culturels profonds avec l’Afrique, croit fermement en la capacité des dirigeants africains, dans le cadre du NEPAD, de régler les situations de conflit sur le continent, qui représentent un obstacle supplémentaire pour la mise en œuvre des mesures de développement social et économique de la région.
M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) s’est réjoui des progrès réalisés par l’Afrique dans la mise en œuvre du NEPAD. Ces progrès sont visibles dans les domaines de la sécurité, de l’état de droit, de l’autonomisation des femmes en Afrique, a estimé le représentant qui a aussi constaté une bonne synergie dans la mise en œuvre du Programme 2030 et l’Agenda 2063.
Mais des défis persistent, a-t-il reconnu. C’est notamment le manque d’appui financier à l’Afrique alors que le continent, comme le reste du monde d’ailleurs, fait face à une situation économique difficile. Les pays africains dépendent en effet de la productivité agricole qui est en déclin à cause de différents facteurs comme les changements climatiques et l’insécurité.
Le représentant a insisté sur le fait que le développement est tributaire de la bonne gouvernance, du respect de l’état de droit et des droits de l’homme et l’autonomisation des femmes. Pour y parvenir, il a mis l’accent sur l’importance de la coopération au développement. Le Koweït, a-t-il expliqué, apporte son aide à l’Afrique par le biais de l’Agence koweitienne d’aide au développement. La contribution koweitienne au développement de l’Afrique se chiffre à plus 6 milliards de dollars et le Koweït, qui est un pays observateur à l’Union africaine, propose aussi des prêts concessionnels.
M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a reconnu que beaucoup a été accompli par les pays africains dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement. Toutefois, l’Afrique continue de faire face à de nombreux problèmes et pour qu’elle continue à faire des progrès, il faut garantir un certain niveau d’appui à ses efforts.
Avant tout, l’Afrique doit pouvoir continuer sur sa lancée, sans contrainte, et conformément aux priorités nationales et régionales. Aussi, la Fédération de Russie met-elle l’accent sur le développement industriel, le transport et la santé dans ses programmes d’aide au développement en faveur de l’Afrique. La Fédération de Russie plaide pour le financement par les canaux traditionnels bilatéraux et multilatéraux mais aussi par des moyens innovants. Le pays n’a donc pas hésité à effacer plus de 20 milliards de dollars de dettes des pays africains et ne cesse de plaider pour l’allègement de la dette africaine.
La Fédération de Russie a aussi accordé des taux préférentiels aux produits africains et ne cesse de défendre les intérêts de l’Afrique dans des instances financières internationales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Sur le plan de la santé, le représentant a rappelé que son pays avait débloqué une somme de 60 millions de dollars pour la lutte contre Ebola.
M. MANJUNATH DENKANIKOTTA CHENNEERAPPA (Inde) a souligné que son pays et l’Afrique, qui représentent un tiers de l’humanité, travaillent ensemble pour développer une approche commune des priorités en matière de croissance économique et mobiliser les ressources nécessaires au développement durable. Le représentant a souligné les véritables synergies entre l’Agenda 2063, le Programme 2030 et les priorités que s’est fixé le Gouvernement indien. Le partenariat stratégique indo-africain, a-t-il expliqué, cherche à aider les Africains à relever les défis qu’ils ont identifiés. La force même de ce partenariat réside dans le renforcement des capacités, la mobilisation de l’appui financier et la partage de l’expertise technique. Détaillant ce que son pays fait pour l’Afrique en matière de formation, avec l’octroi de 40 000 bourses d’études; de financements concessionnels, dépassant les 10 milliards de dollars; d’échanges commerciaux, à hauteur de 72 milliards de dollars; d’accès aux médicaments, avec la production de génériques; d’accès à la technologie; et de règlement des conflits, le représentant a conclu en soulignant que le partenariat entre l’Afrique et l’Inde est fondé sur la solidarité et le respect mutuel. Il ne relève aucunement de l’exploitation et représente une coopération Sud-Sud dans toutes ses dimensions.
M. DAVID ROET (Israël) a noté qu’au cours des dernières décennies, l’Afrique avait fait de grands pas pour aboutir à une plus grande prospérité, en dépit des nombreux défis auxquels elle fait face. À cet égard, a-t-il affirmé, lorsqu’Israël se tourne vers ses voisins africains, il constate un « incroyable développement » mais aussi et surtout un « immense potentiel ». En plus de ses nombreuses ressources naturelles, l’Afrique dispose selon lui d’une ressource plus précieuse encore qui est son capital humain: 1,2 milliard d’hommes et de femmes qui constituent un vivier de talents considérable avec lequel Israël souhaite travailler au travers de partenariats anciens et nouveaux.
Pour le représentant, les pays africains sont les premiers responsables de leur développement social et économique, et le NEPAD est la preuve de cette mise en commun pour forger un avenir commun. Toutefois, a-t-il relevé, à l’âge de la mondialisation, la communauté internationale a l’obligation commune de développer notre monde pour créer un avenir meilleur où personne ne peut être laissé sur le côté, comme le prévoit le Programme 2030, a poursuivi le délégué.
Soulignant la volonté d’Israël de coopérer avec l’Afrique par tous les moyens possibles, il a rappelé qu’en juillet, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu avait fait une visite historique sur ce continent avant d’accueillir, le mois dernier à l’ONU, une manifestation spéciale consacrée aux innovations technologiques israéliennes en Afrique, en présence de 17 dirigeants africains. Il a enfin plaidé pour la création de partenariats avec l’Afrique grâce aux secteurs public et privé, soulignant le rôle que joue de longue date l’Agence israélienne de coopération internationale pour le développement dans l’assistance en matière de lutte contre la faim, les maladies et la pauvreté.
M. ADELAKUN ABEL AYOKO (Nigéria) a déclaré que depuis 2001, l’Afrique a connu un progrès socioéconomique et politique sans précédent aux niveaux régional et national. Mais de grands défis perdurent comme la paix et la sécurité, la croissance économique inclusive et le développement durable. Le représentant s’est dit préoccupé par le ralentissement économique mondial qui pourrait changer la donne en Afrique et entraver la mise en œuvre du Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Sans une action urgente, individuelle et collective, l’Afrique pourrait perdre la bataille de la pauvreté, du chômage des jeunes et des inégalités sociales.
C’est dans ce contexte qu’il a exhorté l’ONU et les partenaires de développement à intensifier leur appui à la mise en œuvre du développement durable en Afrique. Le renforcement des partenariats pour le Programme 2030 changera l’horizon africain. Le représentant a exhorté la communauté internationale à nouer des partenariats avec le NEPAD qui est le programme phare de l’Union africaine pour consolider les gains de la dernière décennie. Cet appui devrait s’adosser sur les priorités définies par l’Afrique elle-même, notamment par des investissements dans les infrastructures et l’agriculture. Il a demandé l’accélération de la mise en œuvre des projets du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) et le programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA).
La promotion de la paix et du développement durables en Afrique faciliterait la participation active du continent à l’économie mondiale et faciliterait la coopération et l’intégration économique régionales. Le représentant a aussi lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle contribue au renforcement de la faculté de l’Afrique à traiter des causes profondes des conflits et à les résoudre pacifiquement. Il a rappelé la nécessité pour le système des Nations Unies de soutenir les organisations régionales et sous-régionales africaines dans la mise en œuvre des plans d’action contre le terrorisme.
M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a souligné l’importance de la coordination entre les différents programmes de développement comme le Programme 2030, l’Agenda 2063 et son plan de mise en œuvre. Le NEPAD joue ce rôle, a souligné le représentant, qui a ajouté que le Nouveau Partenariat accorde une attention particulière aux priorités des pays africains, y compris les spécificités culturelles.
En dépit des progrès réalisés, l’Afrique continue de faire face à de nombreux défis et pour pouvoir les relever, les pays doivent investir en Afrique, inclure le secteur privé dans les partenariats et la coopération, renforcer le capital humain, intégrer les jeunes et les aider à acquérir les compétences pour participer au développement de leur communauté.
En Libye, a poursuivi le représentant, il existe une relation intime entre la sécurité et le développement. Pour renforcer cette relation, il faut consolider la coopération institutionnelle avec les pays africains dans les domaines de l’état de droit, de la bonne gouvernance, de la démocratie et pour assurer la stabilité. Le représentant a promis que la Libye s’engage à reprendre sa coopération avec le continent dès que sa sécurité se rétablira.
S’agissant des migrations, il a dit qu’il faut traiter la question à la source c’est-à-dire promouvoir les solutions et le développement de proximité dans les pays d’origine. En outre, les pays d’accueil doivent aider les pays d’origine dans des secteurs comme le transfert de technologie et le développement des petites et moyennes entreprises. Avant de terminer, le représentant a appelé les pays qui abritent les avoirs libyens à les restituer pour que son pays puisse finance son développement.
M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que le renforcement des engagements en faveur du développement de l’Afrique, afin de permettre la réalisation des objectifs de développement durable, devait être une priorité. À cet égard, les besoins particuliers de l’Afrique en matière de développement devraient recevoir l’« attention requise » dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il observé.
Pour le délégué, l’élargissement de la base du partenariat en faveur du développement de l’Afrique s’avère une nécessité si l’on veut que ce continent atteindre les ODD à l’horizon 2030. Notant que la promotion de l’investissement, le développement des infrastructures, l’amélioration de l’accès aux marchés et le transfert de technologie sont « des éléments clefs pour permettre l’émergence économique des économies africaines », il a plaidé pour un renforcement du secteur privé, moyen selon lui d’améliorer la valeur ajoutée et de créer des opportunités d’emploi et de revenu.
Il a par ailleurs appelé à ce que soient honorés les engagements en faveur de l’aide publique au développement (APD), qui constitue une source importante de financement, surtout pour les pays les moins avancés africains. Évoquant l’obstacle au développement de l’Afrique que constitue la recrudescence du terrorisme et de l’extrémisme violent, il a appelé la communauté internationale à apporter un « soutien intégré » aux pays africains, « de manière à faire que la paix et le développement se renforcent mutuellement ».
M. MOHAMED OMAR GAD (Égypte) a dit que malgré l’amélioration relative de la sécurité et la paix en Afrique, certaines régions subissent les affres de la guerre et des conflits qui peuvent être attribués aux actions d’autres États et à l’extrémisme violent. Le représentant a indiqué que la vie politique se développe en Afrique où des élections sont organisées régulièrement. L’Afrique peut se prévaloir d’une structure de bonne gouvernance pour promouvoir la stabilité et préserver la paix et la sécurité.
L’Afrique fait aussi face à de nombreux défis comme notamment la faible capacité de production et face à cette situation, elle a créé des institutions pour relever ces défis comme notamment le NEPAD et l’Agenda 2063. Dans ce cadre, elle a activement participé à l’élaboration du Programme 2030 et à l’Accord de Paris sur le climat. Le NEPAD doit être soutenu pour être efficace. Il a demandé la réforme du système des Nations Unies pour qu’il soit véritablement en mesure d’apporter une aide aux pays africains.
M. PIERRE BUHLER (France) a dit que l’Assemblée générale, placée cette année sous le thème de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, doit transformer en actions les résultats des conférences internationales historiques de 2015 sur le développement et le climat, qui témoignent d’un engagement renouvelé en faveur de la coopération internationale: le Programme 2030, la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur le climat.
Avec l’adoption du premier plan décennal d’application de l’Agenda 2063, qui reprend toutes les priorités du NEPAD, l’Union africaine marque sa volonté de placer résolument l’Afrique sur une nouvelle trajectoire de développement. Après avoir salué « l’important travail par l’Agence du NEPAD ainsi que les efforts des pays africains pour exécuter le programme du NEPAD », le représentant a dit que les défis demeurent importants. Plusieurs freins et obstacles entravent le développement de l’Afrique comme le dérèglement climatique qui affecte tout particulièrement l’Afrique, notamment les pays les moins avancés du continent. À cet égard, l’entrée en vigueur le 4 novembre prochain de l’Accord de Paris sur le climat est une bonne nouvelle pour l’Afrique.
D’autres préoccupations doivent être soulignées: les problèmes liés aux migrations forcées sur le continent, les conflits, trop nombreux, dont l’Afrique est le théâtre, et le fléau que représente le terrorisme. Les efforts pour surmonter ces difficultés doivent être accentués. Le représentant a salué les recommandations qui sont faites pour renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité, pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et pour lutter contre le terrorisme. Il a souligné les mesures préconisées pour renforcer les droits et le rôle des femmes comme moteurs de la paix et du développement durable en Afrique.
Les gouvernements africains, selon le rapport du Secrétaire général doivent accélérer les réformes de leurs cadres réglementaires nationaux, promouvoir des projets d’infrastructures régionaux et y faire davantage participer le secteur privé local. La communauté internationale doit également redoubler d’efforts pour mobiliser des ressources supplémentaires, y compris des financements innovants. Le représentant a aussi rappelé le plan permettant à tous les Africains d’accéder à l’électricité, proposé par le Président français, le 20 septembre 2016, ainsi que l’initiative pour les énergies renouvelables en Afrique, en faveur de laquelle 10 bailleurs se sont engagés à verser 10 milliards de dollars d’ici à 2020. La France en prendra à sa charge 20%.
M. MOHAMED GIBRIL SESAY, Ministre d’État au Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a souligné les retards de l’Afrique dans la réduction des taux de mortalité infantile, de mortalité maternelle et d’insécurité alimentaire. La Sierra Leone, a-t-il avoué, a connu un début laborieux après la fin d’une guerre civile atroce. Mais nous sommes déterminés à aller plus vite, a assuré le représentant qui a indiqué que son pays est dans la deuxième année de mise en œuvre des objectifs de développement durable. Le Gouvernement travaille d’arrache-pied pour le rétablissement d’un service public ravagé par la guerre civile. Il fait des efforts pour améliorer la sécurité et la paix et accorde ainsi une importance particulière à l’objectif 16 sur la paix, la justice et des institutions efficaces du Programme 2030. Le Gouvernement fait également la promotion de la tolérance religieuse et cherche à instaurer la paix entre les différentes religions du pays. Il a mis en place des programmes pour le renforcement du rôle de la femme et la promotion des jeunes. Il milite contre la dégradation de l’environnement et a lancé un programme de rétablissement après-Ebola, dont le renforcement de la résilience du son système de santé.
Au nom de l’Union africaine, M. IBRAHIM ASSANE MAYAKI, Directeur général du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), s’est réjoui que le continent africain prouve qu’il est capable de transformations économiques, politiques et sociales. En tant qu’organe technique de l’Union africaine, le NEPAD est un élément central pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063 qui est conforme aux objectifs de développement durables (ODD), a souligné l’observateur. Les objectifs du Programme 2030 ont ainsi été mis en phase avec ceux de l’Union africaine, créant une « synergie productive ». À la lumière de cette convergence, le soutien de la communauté internationale sera essentiel pour les institutions panafricaines, a-t-il dit.
Il a par ailleurs indiqué que les infrastructures demeuraient l’une des principales priorités du continent. En tant que coordonnateur du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), le NEPAD rappelle l’importance des investissements. À cette fin, a-t-il expliqué, l’Agence a établi un réseau commercial continental qui permet d’engager les dirigeants africains de haut niveau et investisseurs privés sur une série de dossiers stratégiques. En marge de l’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU, le NEPAD a organisé un dialogue à la Bourse de New York avec 16 fonds de pensions et fonds souverains. Il s’agissait d’échanger sur les investissements dans les infrastructures de santé.
Pour attirer des investissements, l’Agence a aussi lancé en mai 2016 l’initiative de transport et de logistique transfrontalière « MoveAfrica », qui est un instrument continental visant à faire baisser les coûts et à augmenter les capacités continentales des opérateurs.
Mme ANAR MAMDANI (Canada) a assuré que son gouvernement continuera à aider l’Afrique à réaliser les objectifs du NEPAD. Tous les pays doivent s’engager à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, y compris l’Afrique, a-t-elle insisté. Le Canada, a-t-elle indiqué, veut aider en particulier les États les plus fragiles et promouvoir l’émancipation des femmes et des filles africaines pour qu’elles puissent participer au développement et à la paix. Pour parvenir à cette paix et à ce développement, la représentante a souligné l’importance de l’état de droit, de la démocratie, de la bonne gouvernance. Le Canada est prêt à déployer des éléments pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et sur le plan du développement, le pays, qui travaille à la mise en place d’un centre d’excellence en Afrique, a déjà lancé une initiative sur les mathématiques. Le Canada appuie l’intégration régionale et cherche les moyens de renforcer son partenariat avec l’Union africaine car il entend être partenaire stable pour la paix et la sécurité en Afrique.
M. MAHLATSI MMINELE (Afrique du Sud) a souligné que le continent africain reste confronté à de nombreux défis, y compris la lutte contre la pauvreté, le taux de chômage élevé des jeunes et la montée des inégalités. M. Mminele a cependant salué les incitatives entreprises dans le cadre du NEPAD, qui ont permis d’avancer vers l’intégration régionale et de renforcer les capacités productives. Toutefois, le représentant s’est dit conscient des difficultés financières auxquelles font face les États africains dans la mise en œuvre du Programme 2030. Pour pallier ces difficultés, M. Mminele a appelé à lutter contre les flux financiers illicites qui privent, selon lui, le continent de ressources importantes et innovantes. Mettre fin à ces flux permettrait de réduire la dépendance des pays d’Afrique à l’APD, tout comme l’augmentation des investissements étrangers directs (IED). M. Mminele a par ailleurs appelé au renforcement des communautés économiques régionales africaines, avant de lancer un appel pour que l’on appuie le Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine pour le rendre capable de relever les défis du continent en matière de sécurité.
M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a pronostiqué que l’Afrique sera le moteur de la croissance du XXIe siècle et que son pays est prêt à aider le continent à relever ses défis régionaux. Insistant sur le fait que la « Stratégie 2050 » de son pays est axée sur les mêmes priorités que celles de l’Afrique, le représentant a affirmé que le continent africain est une priorité des relations extérieures du Kazakhstan qui prône l’instauration d’« un partenariat éthique». Parmi les meilleurs moyens de réaliser le développement durable, il a cité le renforcement des capacités, le transfert des technologies et la coopération Sud-Sud, sans oublier la suppression des barrières commerciales. Le Kazakhstan, qui malgré son statut de pays sans littoral réalise une bonne croissance économique, est prêt à partager son expérience avec les pays africains. Il offre déjà des bourses d’études aux jeunes africains, a rappelé le représentant, avant de revenir sur la proposition de son Président visant à ce que les États consacrent 1% de leur budget militaire au Fonds des Nations Unies pour le développement durable.
M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a appelé les partenaires de l’Afrique à accompagner le continent sur la voie du développement, de la lutte contre le terrorisme, de la bonne gouvernance et de la pratique des droits de l’homme. Le Cameroun est fermement engagé dans cette voie. Le représentant a insisté sur le développement des infrastructures et les partenariats public-privé pour garantir le niveau d’investissement nécessaire. Il a souligné à son tour que l’industrialisation est le meilleur moyen de sortir des millions de personnes de la pauvreté en Afrique. Il a parlé du plan national d’investissement dont le but est d’investir plus de 6 milliards de dollars dans le secteur agricole d’ici à 2020. Sur le plan de la santé, il a aussi parlé indiqué qu’en juin 2016, 12 millions de moustiquaires ont été distribuées au Cameroun dont l’objectif est d’avoir un taux de taux de couverture de 90% s’agissant du paludisme.
M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a d’abord relaté les projets du NEPAD dont bénéficie son pays comme le projet de fibre optique qui le relie à d’autres pays du continent, le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) qui a profité à des millions d’agriculteurs zambiens, et le Plan vert africain qui sera intégré dans le projet de protection de l’environnement de la Zambie. Il s’est attardé sur la lutte contre le paludisme qui reste une priorité pour faire de la Zambie un pays « exempt de paludisme d’ici à 2020 ». Il a parlé des efforts pour renforcer le capital humain, en particulier dans le domaine scientifique, et pour autonomiser les femmes. Il s’est félicité de l’accord tripartite entre le NEPAD, la Banque mondiale et la Communauté des États d’Afrique australe (SADC), tout en s’impatientant devant la lenteur de l’intégration du NEPAD dans les structures et processus de l’Union européenne.