En cours au Siège de l'ONU

La Commission économique et financière entame sa session le 3 octobre avec un débat sur les déséquilibres mondiaux face au Programme 2030

   
Soixante et onzième session - 1re séance – matin       
AG/EF/3446

La Commission économique et financière entame sa session le 3 octobre avec un débat sur les déséquilibres mondiaux face au Programme 2030

« S’attaquer aux déséquilibres mondiaux pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », c’est le thème qu’a choisi cette année pour son débat général la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières pour son débat général.  Entre le 3 octobre et le 23 novembre, la Commission examinera un ordre du jour de 12 points et d’une cinquantaine de rapports articulés autour de la promotion d’une croissance économique et d’un développement durable.* 

Les travaux de la Commission, a expliqué son Président, M. Dian Triansyah Djani de l’Indonésie, s’inscrivent en effet dans la mise en œuvre du Programme  2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

Le coup d’envoi sera lancé, le 3 octobre, avec un débat général de trois jours et l’intervention de l’économiste zambienne, Mme Dambisa Moyo, sur le thème « Un monde, une vision: S’attaquer aux déséquilibres mondiaux pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Mme Moyo met en avant sa « rare » capacité à prédire l’impact de la tendance des marchés, des politiques et des règlementations sur le monde des affaires.

La Commission a aussi prévu une réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC) sur le thème « Évolution de l’économie politique de la mondialisation: les institutions multilatérales et le Programme 2030 ».  Les 13, 19 et 26 octobre, elle tiendra des manifestations parallèles sur « le rôle des instances publiques chargées de la gouvernance et de toutes les parties prenantes dans la promotion de l’informatique et des communications à l’appui du développement durable »; « les stratégies durables d’élimination de la pauvreté grâce à l’emploi des jeunes et la promotion de l’esprit d’entreprise », et « la question de la dette ».

Ces manifestations parallèles sont une tradition « unique » de la Commission, s’est réjoui, son Président.  Il a ajouté que les thèmes, qui sont étroitement liés à l’ordre du jour, ont pour but d’avancer dans l’appréhension des questions clefs et émergentes.  C’est l’occasion, a-t-il anticipé, de faire du « brainstorming » sur des idées nouvelles voire provocatrices et de penser « librement, en dehors des positions classiques ».

Le Président de la Commission a annoncé que, cette année encore, des séances seront consacrées à la question de la revitalisation des travaux, rappelant que l’Assemblée générale a demandé à ses six commissions de faire des propositions sur la possibilité de n’examiner certaines questions que tous les deux ou trois ans, d’en regrouper certaines voire d’en éliminer d’autres de l’ordre du jour. 

L’Assemblée a aussi demandé de réfléchir aux chevauchements entre la Deuxième Commission, la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Forum politique de haut niveau sur le développement durable.  M. Dian Triansyah Djani a rappelé, dans ce cadre, le processus initié par le Président de la session précédente de l’Assemblée générale visant à aligner « stratégiquement » l’ordre du jour des futures sessions avec le Programme 2030.

M. Dian Triansyah Djani sera épaulé au cours de cette session par les Vice-Présidents Mme Galina Nipomici de la République de Moldova et MM. Arthur Andambi du Kenya et Ignacio Diaz de la Guardia Bueno de l’Espagne.  M. Glauco Seoane du Pérou fera office de Rapporteur.  À l’issue de ses travaux, la Commission soumettra pour approbation à l’Assemblée générale des projets de résolution « concis, ciblés et orientés vers l’action ».

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Virachai Plasai a salué la flexibilité de la Commission qui a consenti à des réaménagements pour permettre aux délégations de prendre part à la troisième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat III) qui aura lieu du 17 au 21 octobre à Quito, en Équateur, sur le thème « le logement et le développement urbain durable ».

La prochaine séance plénière de la Deuxième Commission aura lieu lundi prochain, 3 octobre, à 10 heures.

 

*A/C.2/71/1, A/C.2/71/L.1, A/C.2/71/L.1/Add.1

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Somalie: le Représentant spécial du Secrétaire général fait état devant le Conseil de sécurité d’un processus électoral à haut risque

7778e séance – matin  
CS/12534

Somalie: le Représentant spécial du Secrétaire général fait état devant le Conseil de sécurité d’un processus électoral à haut risque

De nouveau retardé, le processus électoral en Somalie suscite des « craintes », même si des progrès ont été accomplis au cours des derniers mois, a indiqué, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Nicholas Keating.

« Il y a tout juste 24 heures, l’Équipe chargée d’organiser les élections indirectes au niveau fédéral a annoncé que ce processus nécessiterait 30 jours de plus, au terme desquels un nouveau président sera élu le 30 novembre », a expliqué le haut fonctionnaire, en rappelant que la dernière élection en date dans ce pays troublé de la Corne de l’Afrique remonte à 1969.  Les élections parlementaires se tiendront quant à elles « entre le 23 octobre et le 10 novembre », a-t-il précisé.

Venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, sur la situation en Somalie, qui couvre la période allant du 1er mai au 3 août, M. Keating a expliqué que ce retard pouvait laisser supposer une manipulation du processus électoral. 

Il s’est toutefois voulu rassurant, en précisant que ce nouveau retard n’était pas imputable « à un acteur politique en particulier », mais que l’Équipe avait besoin d’un délai supplémentaire pour pleinement tenir compte des « objections » émises par la communauté internationale et le Conseil de sécurité.

L’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales a, de manière répétée, y compris dans sa déclaration présidentielle en date du 19 août, dit que la Somalie devait éviter une prorogation du mandat des institutions fédérales, un appel repris aujourd’hui à son compte par l’Uruguay.  

Pour le Représentant spécial, le plus urgent, c’est de veiller à ce que ce report du scrutin n’ouvre pas la voie à « des manipulations ou à des perturbations », d’autant que le mandat du Président du Gouvernement fédéral de transition, M. Hassan Cheikh Mohamud, a expiré le 10 septembre, au risque de créer un « vide institutionnel ».

Optimiste, le Ministre des affaires étrangères de la Somalie, M. Abdusalam Hadliye Omer, s’est réjoui du « véritable bon en avant en termes de démocratisation » que représente d’après lui le processus électoral en cours. 

Le Président Mohamud, le Forum national des dirigeants et toutes les parties prenantes se sont engagés, a-t-il souligné, en faveur du processus électoral « crédible et inclusif » appelé de ses vœux par le Conseil, conformément au calendrier prévu, et avec l’assurance que 30% des sièges parlementaires seraient occupés par des femmes.

Le Chef de la diplomatie somalienne a rappelé qu’avec le concours de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), les forces gouvernementales avaient repris, au cours des quatre dernières années, des villes clefs au groupe terroriste Chabab et « prouvé que [ceux-ci] sont vulnérables, divisés, et peuvent être battus grâce à une action militaire coordonnée ».

S’exprimant par visioconférence depuis Mogadiscio, le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano José Madeira, a cependant prévenu qu’il serait « matériellement impossible » de garantir un niveau de sécurité suffisant pour tous les candidats en lice aux élections, comme le prévoie le plan conjointement élaboré par l’ONU, l’AMISOM et le Gouvernement fédéral somalien. 

Si une sécurité collective sera fournie dans certains hôtels ou zones résidentielles, M. Madeira s’est alarmé du risque de voir des éléments des Chabab « se mêler » aux clans qui convergent vers Mogadiscio pour les élections.

Autre motif d’inquiétude pour M. Keating: la déclaration selon laquelle les élections au Hiran et au Moyen-Chébéli devraient se tenir à Mogadiscio plutôt que dans ces deux régions, « les seules aspirant encore à devenir des États membres de la fédération », comme le précise le Secrétaire général dans son rapport.  Devant l’exacerbation possible des tensions claniques, la présence de l’AMISOM demeure « vitale », a affirmé le Représentant spécial.

Le Ministre des affaires étrangères, conscient que les effectifs de cette Mission doivent être réduits « d’ici à la fin de 2018 », a reconnu l’urgente nécessité de réformer le secteur de la sécurité somalien en vue de le rendre pleinement opérationnel.  Il a donc lancé un appel aux bailleurs de fonds internationaux pour qu’ils fournissent à son armée « formation, encadrement et équipements ».  M. Madeira a formulé une demande similaire pour l’AMISOM auprès du Conseil de sécurité, relevant le manque « cruel » de moyens de la Mission.

La délégation de l’Uruguay a elle aussi insisté sur l’importance du « développement rapide » de l’Armée nationale somalienne, y compris en privilégiant « l’intégration planifiée et coordonnée » des forces régionales, notamment afin de garantir la participation accrue aux opérations conjointes avec l’AMISOM.

Pour le Représentant spécial, l’approbation donnée par le Forum national des dirigeants à la politique nationale de sécurité et au nouveau régime de police, de même que l’établissement d’un Comité de sécurité nationale, sont des signes encourageants de l’appropriation par la Somalie de ses priorités sécuritaires.  Selon lui, ces éléments participent d’une approche holistique englobant « police, relèvement des communautés, extension de l’autorité de l’État et lutte contre l’extrémisme violent ».

Outre les défis électoraux, sécuritaires et logistiques, M. Keating a fait état du rapatriement volontaire en Somalie d’un nombre « sans précédent » de réfugiés en provenance du camp de Dadab, situé au Kenya.  Ces populations pèsent lourdement sur des communautés d’accueil déjà fragiles, alors que le nombre de personnes déplacées est estimé à plus d’un million.  Le Plan de réponse humanitaire de l’ONU n’est financé qu’à hauteur de 32%, a-t-il déploré.

* S/2016/763

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Optimisme prudent au sein de la réunion plénière de haut niveau pour promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires

Soixante et onzième session,  
Réunion plénière de haut niveau - Matin & après-midi           
AG/11833

​​​​​​​Optimisme prudent au sein de la réunion plénière de haut niveau pour promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires

Convoquée par le Président de l’Assemblée générale, la Réunion plénière de haut niveau pour célébrer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires,  marquée chaque 26 septembre,  a été l’occasion, aujourd’hui, pour des responsables des Nations Unies et des Ministres des affaires étrangères de plusieurs États Membres de demander la relance des efforts internationaux en matière de désarmement et de non-prolifération, lesquels ont stagné ces dernières années.

Les dangers liés aux quelque 15 000 armes nucléaires qui subsistent encore dans le monde n’ont pourtant jamais été aussi grands, a estimé le Vice-Secrétaire général de l’ONU, qui a condamné, comme l’ensemble de la quarantaine de délégations intervenues aujourd’hui, le dernier essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) le 9 septembre.  Pour répondre à cette situation, les intervenants ont appelé de leurs voeux l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la création de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient, ou bien encore la convocation en 2017 d’une conférence de l’Assemblée générale pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.

En août dernier, le Groupe de travail à composition non limitée sur le désarmement nucléaire, créé en décembre 2015 par l’Assemblée générale, avait recommandé la tenue d’une telle conférence.  « C’est une avancée historique », a estimé la représentante de la Thaïlande, qui a aussitôt déploré que cette avancée n’ait pas été célébrée par tous.  Cette proposition a, en effet, été balayée par le représentant de la Fédération de Russie, qui a jugé qu’elle n’avait « aucun sens » et assuré que les autres puissances nucléaires partageaient cet avis.

Ouvrant la Réunion plénière de haut niveau, M. Eliasson et le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Durga Prasad Bhattarai, ont, tous deux, insisté sur la gravité de la menace que posent les armes nucléaires.  « Aussi longtemps que les armes nucléaires continueront d’exister, la menace qu’elles font planer, que ce soit par leur utilisation intentionnelle ou accidentelle,  demeure à un niveau inacceptable », a ainsi affirmé M. Bhattarai.  La détermination des acteurs non étatiques à se procurer des armes nucléaires, a-t-il averti, ne devrait pas être sous-estimée.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éradiquer ces armes.

Le monde ne peut pas se permettre une nouvelle fois, a mis en garde M. Eliasson, de ne pas agir lors de la prochaine Conférence examen du Traité sur la non-prolifération en 2017.  En 2015, la dernière Conférence d’examen du Traité, qui est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, s’était conclue sans qu’un document final n’ait été agréé.

« Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de bonnes nouvelles dans ce domaine », a commenté le délégué du Bélarus, dont le pessimisme a été partagé par de nombreux intervenants.  La Vice-Ministre de l’Inde a ainsi regretté que la Conférence du désarmement, dont les travaux sont dans l’impasse depuis plusieurs années, ne se soit pas encore dotée d’un programme de travail équilibré, malgré les efforts de son pays.

Face aux « provocations » de la RPDC, plusieurs délégations, dont celle du Japon, ont plaidé pour une universalisation du TICE.  La ratification de ce Traité est essentielle, a ainsi affirmé la représentante de l’Uruguay, en invitant les pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  « Les activités nucléaires de mon pays ne sont rien d’autre que la conséquence d’une politique hostile menée depuis plus d’un demi-siècle contre la RPDC », s’est défendu le représentant de ce pays, en accusant les États-Unis d’exercer un véritable « chantage nucléaire ».

Appuyé par de nombreux intervenants, dont le représentant du Soudan, le Ministre algérien des affaires étrangères a demandé, quant à lui, la création de zones exemptes d’armes nucléaires « partout dans le monde, y compris et surtout au Moyen-Orient ».  Il a également exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à donner des garanties de sécurité négative aux États non dotés, faisant ainsi écho aux propos du Conseiller auprès du Ministre iranien des affaires étrangères.  Ce dernier a souligné que les États dotés avaient l’obligation juridique de parvenir à l’élimination totale et irréversible de leurs arsenaux. 

Le délégué de l’Ukraine a rappelé que la décision de son pays de renoncer aux armes nucléaires reposait sur les garanties de sécurité fournies dans la cadre du Protocole de Budapest, signé notamment par la Fédération de Russie, pays « qui menace aujourd’hui l’intégrité de l’Ukraine ». Certains intervenants ont néanmoins affiché leur optimisme, à commencer par la Directrice générale adjointe, au sein du Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande.

À l’instar du délégué péruvien, elle a souligné l’importance historique de la recommandation du Groupe de travail à composition non limitée pour la tenue d’une conférence de l’Assemblée générale en 2017 en vue d’élaborer une convention interdisant les armes nucléaires, un objectif auquel ont souscrit de nombreux intervenants, dont le Ministre indonésien des affaires étrangères.  « L’absence d’un soutien des États dotés de l’arme nucléaire n’empêchera pas l’adoption d’un tel instrument », a affirmé le représentant de l’Équateur.

Cette affirmation a été quelque peu tempérée par le délégué de la Fédération de Russie, qui a estimé que « forcer la main des puissances nucléaires n’était pas la bonne stratégie ».  Tranchant toutefois avec la tonalité pessimiste des autres interventions, il a indiqué qu’il n’y avait pas de « stagnation » en matière de désarmement, en prenant pour preuve les efforts de désarmement stratégique menés par son pays, conjointement avec les États-Unis.

Clôturant cette réunion de haut niveau, le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, M. Kim Won-soo, a résumé la teneur des débats en soulignant l’ampleur de la tâche à accomplir dans le domaine du désarmement compte tenu des « divergences de vues » et des « frustrations » des États Membres.  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », a-t-il toutefois prévenu, avant d’appeler les États Membres à faire preuve de « créativité ».

RÉUNION PLÉNIERE DE HAUT NIVEAU, CONVOQUÉE PAR LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR CÉLÉBRER ET PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION TOTALE DES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal), Vice-Président de l’Assemblée générale, faisant lecture de la Déclaration du Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a indiqué que cette Journée permettait de se rappeler des conséquences désastreuses des armes nucléaires, de la destruction qu’elles peuvent immédiatement causer et de la menace existentielle qu’elles font peser sur l’humanité.  « Il va sans dire qu’aussi longtemps que les armes nucléaires continueront d’exister, la menace qu’elles font planer, que ce soit par leur utilisation intentionnelle ou accidentelle, demeure à un niveau inacceptable », a-t-il dit.  L’avenir du monde peut se jouer, a-t-il assuré, sur une simple faute technique ou une erreur de jugement.  Il a ajouté que la détermination des acteurs non étatiques à se procurer des armes nucléaires et à causer de manière délibérée des dommages à la plus grande échelle possible ne pouvait être sous-estimée.

L’essai nucléaire auquel a procédé au début de ce mois la République populaire démocratique de Corée (RPDC) nous rappelle clairement le danger toujours actuel que représentent les armes nucléaires et la raison pour laquelle nous devons trouver les moyens de régler ce défi, a-t-il déclaré.  Appelant la communauté internationale à redoubler d’efforts afin de parvenir à un consensus sur la question, il a tout d’abord souligné qu’il était nécessaire de traduire les engagements pris par des actions concrètes.  Nous devons également davantage sensibiliser l’opinion publique aux risques posés par ces armes, en particulier les jeunes, a-t-il recommandé.  En conclusion, il a indiqué que seule l’élimination des armes nucléaires permettrait de prévenir leur utilisation future et promis qu’il continuerait d’œuvrer à la non-prolifération et au désarmement.

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’en février prochain la communauté internationale célébrera le cinquantième anniversaire du Traité de Tlatelolco qui a été le premier instrument juridique qui a fait d’une région densément peuplée une zone exempte d’armes nucléaires.  Il a mentionné également le vingtième anniversaire, il y a quelques jours, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et la résolution adoptée par le Conseil de sécurité pour promouvoir ce Traité.  « Mais cette résolution ne peut se substituer à l’entrée en vigueur du TICE », a-t-il dit, avant de préciser que cette résolution soulignait la nécessité d’accélérer les efforts en vue de l’universalisation de ce Traité.  M. Eliasson a ensuite insisté sur les dangers grandissants liés aux armes nucléaires, en mentionnant les dizaines de milliards de dollars dépensés dans l’amélioration de ces armes ou bien encore le manque de progrès accomplis dans le domaine du désarmement.

La RPDC a, à plusieurs reprises, défié la communauté internationale dans sa quête irresponsable de capacités nucléaires et balistiques, a affirmé M. Eliasson.  Le Vice-Secrétaire général a également déploré le fait que de nombreux pays continuent d’inclure la dissuasion nucléaire dans leur doctrine de défense nationale, ainsi que les nombreuses divergences relatives à l’avenir du désarmement nucléaire.  Rappelant que le prochain examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires commençait en 2017, il a prévenu que le monde ne pouvait pas se permettre une nouvelle fois de ne pas agir.  Enfin, M. Eliasson a souligné la nécessité d’éliminer totalement les armes nucléaires.

Au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), M. HENRY SUÁREZ (Venezuela) s’est dit extrêmement inquiet face à la lenteur des progrès concernant le désarmement des États dotés de l’arme nucléaire.  Il a insisté pour que les pays dotés de l’arme nucléaire s’acquittent de la responsabilité principale en matière de désarmement nucléaire.  Il a estimé que le développement de nouveaux types d’armes violait les engagements faits au titre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  S’appuyant sur la résolution 70/34 de l’Assemblée générale, le représentant du NAM a souligné l’urgence de commencer des négociations, dans le cadre de la Conférence du désarmement, sur une convention d’interdiction des armes nucléaires.  Il a aussi appuyé la décision de l’Assemblée générale de tenir, au plus tard en 2018, une conférence du haut niveau sur le désarmement nucléaire pour examiner tous les progrès réalisés en la matière. 

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé les engagements des pays de la Communauté de contribuer à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a plaidé, à cette fin, en faveur d’une mobilisation internationale accrue et exhorté les gouvernements de passer des paroles aux actes.  Soulignant que la région d’Amérique latine avait été déclarée zone de paix, il a salué la décision de l’Assemblée générale de tenir, en 2018 au plus tard, une conférence de haut niveau sur le désarmement nucléaire afin d’y examiner les progrès réalisés en la matière. 

Sur ce dernier point, M. Cortorreal a considéré que la priorité devrait être l’élimination des arsenaux existants et, au-delà, l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant interdisant la possession, le développement, la production, le stockage, le transfert ainsi que l’utilisation d’armes nucléaires.  Le représentant a également rappelé les conséquences humanitaires de l’usage d’armes de ce type et le risque que font peser sur l’existence même de la planète leur présence et leur placement en état d’alerte.  Il a ainsi appelé les États dotés de l’arme nucléaire de réduire le niveau d’alerte de leurs arsenaux.  Il les a également exhortés à donner des assurances de sécurité négatives aux États non dotés.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a, elle aussi, plaidé en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant interdisant purement et simplement les armes nucléaires.  L’expansion des organisations terroristes, qui pourraient mettre la main sur ces armes, attise l’urgence de parvenir au plus vite à une élimination des armes nucléaires, dont l’existence, a-t-elle précisé, est exclusivement délétère.  Elle a aussi estimé qu’un monde sans armes nucléaires « est également une obligation humanitaire », tant leur usage et leur développement pèsent sur la sécurité des peuples du monde et sont potentiellement néfastes à l’environnement.

M. MANSUR MUHAMMAD DAN-ALI, Ministre de la défense du Nigéria, a assuré que son pays ne ménageait aucun effort, « aucune négociation pour faire avancer le monde sur la voie d’un instrument juridiquement contraignant de désarmement nucléaire ».  Il en va de la survie de l’humanité et de la planète, a-t-il dit.  Pour le Ministre nigérian des affaires étrangères, le monde est prêt à lutter contre le terrorisme mais ses dirigeants ont encore du mal à s’engager dans des délibérations approfondies sur le désarmement nucléaire international complet.  Il a invité instamment les États dotés à donner l’exemple en prenant des mesures plus solides en matière de réduction des arsenaux et de niveau d’état d’alerte de ces derniers.

M. SEYYED ABBAS ARAGHCHI, Conseiller auprès du Ministre iranien des affaires étrangères, a enjoint tous les États sans exception à redoubler d’efforts pour progresser dans le domaine du désarmement nucléaire.  Se référant à la Charte des Nations Unies et invoquant le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a souligné que les États dotés de l’arme nucléaire avaient la responsabilité particulière et l’obligation juridique de parvenir à l’élimination totale et irréversible de leurs arsenaux.  Or, a-t-il dit, certains de ces États continuent d’investir des sommes importantes dans le perfectionnement de leur système de défense, agissant ainsi en violation de l’article VI du TNP.  Comme l’approche étape par étape « ne donne aucun résultat », a-t-il estimé, il est temps d’envisager la mise au point d’une convention globale sur les armes nucléaires interdisant la détention, la mise au point, la fabrication, l’acquisition, la mise à l’essai, l’accumulation, le transfert et l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes et prévoyant leur destruction.

Rien ne justifie que l’humanité demeure aujourd’hui menacée par l’existence de près de 16 000 armes nucléaires, a affirmé M. ABELARDO MORENO FERNANDEZ, Ministre adjoint des affaires étrangères de Cuba, avant de rappeler que 4 000 d’entre d’elles pouvaient être déployées immédiatement.  Il a demandé que le rôle de ces armes dans les doctrines de défense nationales soit éliminé une fois pour toutes.  Il a ensuite espéré que l’instrument juridiquement contraignant relatif à l’interdiction des armes nucléaires, qui doit commencer à être négocié en 2017, soit adopté en 2018 à l’occasion de la Conférence internationale de haut niveau sur le désarmement nucléaire.

Jugeant cependant qu’un tel instrument ne sera pas suffisant, le Ministre adjoint a plaidé pour l’adoption, dès que possible, d’une convention globale qui prévoit leur élimination selon un calendrier défini, assortie d’un contrôle international strict.  Il a également souligné la nécessité d’élaborer un instrument international par lequel les États dotés de l’arme nucléaire donneraient des garanties de ne jamais l’utiliser contre des États qui n’en sont pas dotés.  Enfin, le Ministre adjoint a demandé la tenue sans attendre de la Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. VALENTIN RYBAKOV, Ministre adjoint des affaires étrangères du Bélarus, a dit que son pays participait à toutes les activités de désarmement dans le cadre du TNP.  Le Bélarus, a-t-il rappelé, a volontairement renoncé à l’emploi des armes nucléaires qui étaient présentes sur son territoire après la dissolution de l’Union soviétique.  Il s’est dit convaincu que les efforts internationaux devraient aboutir à une élimination totale des armes nucléaires, avant de déplorer le manque de progrès accomplis dans le domaine du désarmement.  « Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de bonnes nouvelles dans ce domaine », a-t-il déploré, en dénonçant le récent essai nucléaire de la RPDC.  Enfin, M. Rybakov a souligné la nécessité d’examiner les questions nucléaires en lien avec d’autres questions essentielles traitées par l’ONU, telles que le développement durable.

M. ARIEL Y. ABADILLA, Ministre adjoint des affaires étrangères des Philippines, a insisté sur la gravité de la menace posée par les armes nucléaires, « en particulier lorsqu’un pays continue de ne pas répondre aux appels pour un arrêt des essais nucléaires et lorsque les groupes terroristes essayent à tout prix de se procurer de telles armes ».  « Avec les armes nucléaires, nous n’avons aucune garantie de sécurité. »  Il a ensuite plaidé pour l’universalité du TNP, Traité qui constitue la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Enfin, le Ministre a demandé des actions concrètes et immédiates et invité la communauté internationale à agir, notamment lors de la conférence de l’Assemblée générale en vue de la négociation d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires qui doit se tenir l’année prochaine.  « Nous pensons que le dialogue et la diplomatie seront les éléments clefs pour surmonter nos divergences », a conclu M. Abadilla.

M. FERNANDO SIMAS MAGALHAES, Vice-Ministre à la politique multilatérale, aux affaires européennes et nord-américaines du Brésil, a souligné l’importance de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL).  Malgré les risques et les défis, il a estimé que l’année 2016 présentait des motifs de satisfaction avec des débats parmi les plus riches depuis des décennies sur le désarmement nucléaire.  II a rappelé que la Première Commission, qui débute ses travaux la semaine prochaine, aura comme mission de convenir en 2017 d’une conférence de négociation.  Il a estimé que la résolution 2310 adoptée par le Conseil de sécurité le 23 septembre dernier était trop complaisante, dans le sens où elle laissait entendre que l’on pouvait arriver à des progrès en matière de stabilité régionale et de renforcement de la confiance sans l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il s’est aussi inquiété du contenu de la déclaration conjointe, signée le 16 septembre par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, soulignant que la gestion des stocks et la vigilance de ces cinq pays est en accord avec les objectifs du TICE et du TNP.  Ceci ne reflète pas l’avis de la majorité des États Membres de l’ONU.

M. HENRY ORYEM OKELLO (Ouganda) a estimé que la réalisation d’un monde sans armes nucléaires était un objectif devant être au cœur des délibérations de l’Assemblée générale sur la sécurité et la paix.  La non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement nucléaire et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, soit les trois piliers du régime multilatéral de non-prolifération, doivent déjà être mis en œuvre de manière complète, a-t-il insisté, en souligant qu’il s’agit là d’un préalable à l’élaboration d’un instrument juridique contraignant.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a assuré que son pays n’épargnerait aucun effort pour parvenir à l’objectif d’un monde libéré des armes nucléaires.  Après avoir souligné que l’Algérie présiderait, cette année, les travaux de la Première Commission de l’Assemblée générale, il a insisté sur le fait que seule l’élimination de toutes les armes nucléaires pourrait garantir qu’elles ne seront jamais plus utilisées, contribuant ainsi « véritablement » au renforcement de la paix et de la sécurité internationales.  Il a ensuite relevé que si le TNP a contribué à juguler la prolifération des armes nucléaires, les arsenaux de ce type restaient la colonne vertébrale des doctrines sécuritaires et de défense de nombreux États.  Le Ministre a ainsi plaidé pour la conclusion à terme d’une convention globale sur les armes nucléaires « pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre d’un désarmement progressif, étape par étape ».  Pour l’heure, il a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire de donner des garanties de sécurité négative aux États non dotés, à l’entrée en vigueur du TICE et appelé à la création de zones exemptes d’armes nucléaires « partout dans le monde, y compris et surtout au Moyen-Orient ».  

Mme PATRICIA FLOR (Allemagne) a proposé de continuer à adopter une approche étape par étape, conforme à la philosophie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en matière de désarmement nucléaire.  Pour elle, l’étape la plus pressante est l’instauration d’un système de contrôle partagé des arsenaux des États-Unis et de la Fédération de Russie, qui possèdent à eux deux plus de 70% des armes nucléaires.  Mme Flor a également souligné la nécessité d’une entrée en vigueur sans délais du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du démarrage de négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, afin de « donner des assurances de sécurité négative aux États non dotés et renforcer la confiance dans un environnement complexe où l’atteinte de consensus est particulièrement difficile ».

Mme SUJATA MEHTA, Vice-Ministre de l’Inde, a demandé l’adoption d’un cadre international global et non discriminatoire relatif au désarmement.  Elle a demandé que le rôle des armes nucléaires soit restreint dans les doctrines de défense nationale.  Estimant que la Conférence du désarmement était l’enceinte adéquate pour discuter des questions de désarmement, elle a souhaité que cette Conférence se dote d’un programme de travail équilibré.  Elle a déploré que la proposition de son pays visant à la création d’un organe subsidiaire pour appuyer les travaux de la Conférence n’ait pas été retenue.  Enfin, Mme Mehta a espéré que la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires contribuera à sensibiliser davantage le public sur les dangers posés par les armes nucléaires.

M. ANTONIO GARCIA REVILLA, Directeur général pour les affaires multilatérales et internationales du Pérou, a indiqué que son pays, épris de paix, était partie à tous les accords relatifs au désarmement.  Le Pérou, a-t-il rappelé, a été l’un des premiers pays à ratifier le TICE.  Il a réaffirmé l’attachement de son pays au TNP, ainsi qu’au droit inaliénable des pays de développer un programme nucléaire à des fins pacifiques.  M. Garcia Revilla a également appuyé les efforts en cours en vue de la négociation d’un instrument juridiquement contraignant en vue de l’élimination totale des armes nucléaires.  Enfin, il a souligné l’acuité de la menace posée par les armes nucléaires et plaidé pour leur interdiction totale, appuyant toutes les initiatives prises à cette fin.

Mme MORAKOT SRISWASDI, Directrice générale adjointe au Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a indiqué que l’espoir était, cette année, de mise après la déception de l’année dernière liée à l’absence d’un document final lors de la Conférence d’examen du TNP.  Elle a en effet rappelé que le Groupe de travail à composition non limitée a recommandé, en août 2016 à Genève, la tenue d’une conférence en 2017 en vue de négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires afin de parvenir à leur élimination complète.  « Malheureusement, cette avancée historique n’a pas été célébrée par tous », a-t-elle déploré, en notant qu’un petit nombre d’États étaient en faveur du statu quo.  À cette aune, elle a souligné la nécessité de sensibiliser davantage le public sur la nécessité d’éliminer les armes nucléaires. Mme Sriswasdi a également mentionné l’avancée positive que constitue l’Engagement humanitaire, appuyé par 127 pays.  Enfin, elle a affirmé que les efforts de désarmement et de non-prolifération complétaient les efforts consentis dans le cadre de l’objectif 16 du Programme de développement à l’horizon 2030.

M. OMAR HILALE (Maroc) a considéré qu’il était impératif que les dispositions du TNP et des obligations qui en découlent soient respectées par « tous les États ».  De même, a-t-il dit, les mesures préconisées par les décisions des conférences d’examen constituent des contrats dont le plein respect nous permettra d’avancer collectivement vers la réalisation des objectifs du Traité.  Il a insisté sur le fait que l’émergence de nouveaux défis sécuritaires et risques de prolifération ne devaient en aucun cas servir de prétexte pour ne pas mettre en œuvre les obligations et les engagements pris en matière de désarmement nucléaire. 

Le représentant du Maroc a également appelé à la cessation de toute modernisation des arsenaux nucléaires et à la réduction de leur rôle dans les doctrines de défense.  Des assurances de sécurité négatives aux États non dotés, parties au TNP, constitueraient des mesures de confiance dans un tel processus de désarmement, a-t-il encore indiqué.  Évoquant le blocage de la Conférence du désarmement à Genève, l’enceinte où se négocient les traités multilatéraux, M. Hilale a averti qu’une grande majorité d’États Membres n’acceptaient plus la stagnation des efforts de désarmement.  Il a insisté sur la nécessité « d’une percée et une avancée réelle vers l’élimination totale des armes nucléaires ».

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré que la tâche principale des Nations Unies au XXIe siècle devrait être la mise en œuvre d’une stratégie destinée à éliminer « pour de bon » le risque de guerre, « ses causes et ses armes ».  Il a estimé que la réalisation d’une sécurité réellement globale ne pouvait reposer que sur la réunion préalable des conditions propices au développement humain.  Il ne peut y avoir de développement sans paix et sans sécurité, a-t-il ainsi affirmé.  Le représentant du Kazakhstan a de plus indiqué qu’en tant que coprésident du TICE aux côtés du Japon, son pays, faisant siens les objectifs et la portée de la résolution 2310 du Conseil de sécurité, exhorte tous les États Membres à prendre les mesures nécessaires à l’entrée en vigueur sans délais du Traité.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a regretté que nous attendions toujours l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires 20 après son ouverture à la signature.  Parmi les mesures de satisfaction, il a noté que le Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire venait de terminer ses travaux à Genève en recommandant le lancement de travaux en faveur d’un traité juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. 

M. HAMZA A. B. ALOKLY (Libye) s’est dit en faveur de l’abolition des armes nucléaires, « dont nous ne connaissons que trop bien les conséquences catastrophiques de leur utilisation ».  Il a ajouté que cette interdiction était le seul moyen concret et durable d’établir la paix et la sécurité aux plans régional et international.  Il s’est en outre dit favorable, dans l’immédiat, à la création de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde, « y compris au Moyen-Orient ».  Enfin, il a invité tous les États Membres à participer « activement, de bonne foi et en tenant compte des leçons du passé » aux négociations sur l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires.

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a affirmé que les États dotés de l’arme nucléaire n’assumaient pas leurs responsabilités dans le domaine du désarmement.  Il a rappelé que le Groupe de travail à composition non limitée avait recommandé, en août 2016 à Genève, la tenue d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.  Il a néanmoins regretté que cette recommandation ait été obtenue à l’issue d’un vote et non par consensus.  L’absence d’un soutien des États dotés de l’arme nucléaire, a-t-il dit, n’empêchera pas l’adoption d’un tel instrument.  M. Sevilla a indiqué que le Conseil de sécurité, en adoptant récemment une résolution relative au TICE, avait empiété sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Il s’est dit peu surpris que cette résolution ait été parrainée par un État figurant à l’annexe 2 du TICE.  Enfin, le délégué de l’Équateur a exprimé ses doutes sur la véritable intention des États dotés de l’arme nucléaire de s’en débarrasser.

M. Jan KICKERT (Autriche) a rappelé que l’Engagement humanitaire a été signé par 127 États Membres de l’ONU.  La dissuasion nucléaire, a-t-il dit, crée une illusion de sécurité.  Il a ensuite qualifié d’inacceptable le cinquième acte nucléaire effectué récemment par la RPDC.  Il est temps d’assurer l’universalité du TICE, a estimé M. Kickert, en appelant les pays qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.  Le délégué a affirmé que la convocation d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète, était conforme aux objectifs du TNP.  Enfin, M. Kickert a appelé les États Membres à appuyer ces efforts.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déploré que des voix soutenant qu’il existe une « stagnation » dans le domaine du désarmement prédominent.  Nous sommes en désaccord avec elles, a-t-il dit, en soulignant les progrès accomplis.  Il a indiqué que débarrasser le monde des armes nucléaires était une priorité absolue de son pays, mentionnant, comme éléments de preuve, les efforts de son pays visant, avec les États-Unis, à diminuer le nombre d’armes stratégiques dans le cadre du Traité START.  Par ailleurs, notre arsenal nucléaire a été diminué par trois et est proche du niveau qu’il avait dans les années 1950, a-t-il assuré.  « Dès lors, de quelle stagnation parle-t-on? » a-t-il demandé.

Le délégué s’est ensuite dit vivement préoccupé par les tentatives « anti-nucléaires radicales » conduites dans certaines enceintes en vue de l’interdiction des armes nucléaires.  « Forcer la main des puissances nucléaires, a-t-il dit, n’est pas la bonne stratégie. ».  Il a précisé que les efforts pour une élimination des armes nucléaires, objectif que son pays partage, ne devraient pas, dans le même temps, faire entrer le monde dans le chaos et l’incertitude.  Il ne faut pas, à ce stade, interdire les armes, mais nous lancer dans un travail conjoint visant à réunir les conditions concrètes pour avancer sur cette voie, tout en assurant la sécurité, a-t-il estimé.

Le délégué a indiqué que toute tentative visant à modifier le Plan d’action dans le cadre du TNP était contreproductive.  Il a également affirmé que le principe du consensus devait continuer à guider les travaux de la Conférence du désarmement.  « Forcer les puissances nucléaires à renoncer à leur arsenal ne facilitera pas la réalisation d’un monde sans armes mais ne fera, au contraire, que nourrir les antagonismes », a-t-il prévenu, avant d’ajouter que l’intégrité du TNP pourrait en souffrir.  Il a également jugé que l’apparition d’une autre instance de négociation était néfaste.  « La Russie ne participera pas à de telles tentatives douteuses et nous pensons que les autres puissances nucléaires sont de notre avis », a-t-il conclu, convaincu qu’une conférence en 2017 pour interdire les armes nucléaires n’avait aucun sens.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a rappelé que le Pakistan avait développé sa capacité nucléaire uniquement à des fins de défense en réponse au développement de capacités similaires par son voisin.  Il a précisé que la politique nucléaire du Pakistan était guidée par les principes de retenue et de responsabilité.  Il a souligné la volonté de son pays d’éviter d’entrer dans une course aux armements et de s’en tenir à une dissuasion minimale afin de renforcer la stabilité stratégique de l’Asie du Sud. 

Le Pakistan, a assuré M. Munir, est prêt au dialogue avec l’Inde sur toutes les questions en suspens dont celle du Jammu-et-Cachemire.  Il a rappelé que le Pakistan maintenait un moratoire unilatéral sur les essais nucléaires depuis 1998 et proposait à l’Inde de traduire cette démarche par un arrangement bilatéral sur l’interdiction des essais nucléaires.  S’agissant de la sûreté et de la sécurité des matériaux et bâtiments nucléaires, le représentant du Pakistan a indiqué que son pays avait adopté un régime de contrôle des exportations en accord avec les normes internationales en la matière. 

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a demandé aux États dotés de l’arme nucléaire de contribuer plus activement à la réalisation de l’objectif ultime d’un monde libéré des armes nucléaires.  Il a invité instamment les États dotés de ces armes de participer « sans arrière-pensées » à un dialogue constructif formel ou informel pour faciliter dans un premier temps une réduction rapide du volume des arsenaux actuellement déployés.  Le représentant a rappelé que, pour son pays, le TNP reste le pilier de la non-prolifération et le respect de son article VI, relatif à l’élimination, une obligation que toutes les parties doivent honorer.  Il a par ailleurs recommandé de prendre les mesures de confiance inspirées des demandes formulées dans les documents finaux des différentes conférences d’examen du TNP.

M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a rappelé que son pays avait éliminé ses armes nucléaires pendant les années 1980.  Il a ensuite déploré que les armes nucléaires soient les seules armes de destruction massive à n’être pas encore interdites par un instrument juridique international.  Le TNP est le seul outil interdisant leur prolifération et demandant l’élimination progressive complète des arsenaux existants, a-t-il soutenu, en déplorant que le régime de non-prolifération du Traité connaisse des tensions sapant sa portée. 

L’application de l’article VI par les États dotés de l’arme nucléaire et la relance volontaire du processus de création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient contribuerait au renforcement de la sécurité régionale et à la crédibilité du régime multilatéral de non-prolifération, a encore jugé le représentant.  M. Matjila a par ailleurs soutenu le droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, dont les applications « peuvent contribuer à une plus forte croissance économique en Afrique et au développement de la santé humaine et animale des peuples du continent ».

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) a indiqué que son pays avait renoncé, il y a 70 ans, à l’institution militaire.  À l’égard du désarmement nucléaire, il s’est dit favorable à une démarche maximaliste pour avancer sur la voie d’une élimination totale et irréversible de tous les arsenaux.  Quinze-mille ogives nucléaires sont encore déployées dans le monde et des milliards de dollars sont dépensés chaque année pour les entretenir, a-t-il déploré.  Pour M. Mendoza-García, l’existence de ces armes n’est justifiable ni juridiquement ni sur le plan sécuritaire: « Elles ne sont que des remparts de la souveraineté des pays », a-t-il affirmé.  Il a souhaité que les futures négociations sur un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, et « qui se substituera aux doctrines de dissuasion nucléaire en vigueur », intègrent la société civile.

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a reaffirmé l’attachement de son pays au TNP qui est, a-t-elle dit, la pierre angulaire du régime de non-prolifération.  Elle a plaidé pour une élimination totale des armes nucléaires, en estimant que le monde était sans défense face à une utilisation accidentelle ou intentionnelle de telles armes.  Elle a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts en vue de parvenir à cet objectif et appuyé les récentes recommandations du Groupe de travail à composition non limitée.  La représentante a également demandé la tenue d’une Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Elle a ensuite déploré les provocations de la RPDC, en se disant convaincue qu’il est nécessaire de dénucléariser la péninsule coréenne.  Pour sa délégation, la ratification du TICE est essentielle.  Elle a ainsi invité les pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier.

M. OMAR CASTANEDA SOLARES (Guatemala) a déploré l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP en 2015, ainsi que l’impasse dans laquelle est plongée la Conférence du désarmement depuis de longues années.  Il a demandé aux pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE.  Il est indispensable de maintenir le moratoire sur les essais nucléaires jusqu’à l’entrée en vigueur du TICE, a-t-il affirmé, en condamnant fermement les essais de la RPDC.  Il a critiqué la récente adoption par le Conseil d’une résolution sur le TICE, qui constitue, selon lui, un empiètement sur les prérogatives de l’Assemblée générale.  Enfin, il a appuyé les efforts pour la tenue d’une conférence en 2017 pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) s’est inquiété de l’absence de progrès dans l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Par ailleurs, il s’est inquiété que plusieurs essais nucléaires aient été menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 2016.  Il s’est inquiété aussi que la dissuasion nucléaire restait au cœur des politiques de défense de nombreux États nucléaires.  Face à cette réalité, il a jugé indispensable de continuer à travailler à l’avènement d’un cadre juridique interdisant les armes nucléaires.  

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a tout d’abord rappelé que son pays était frappé d’une occupation militaire dans certaines parties de son territoire.  Le TNP est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, a-t-il souligné, en demandant une réduction du nombre des armes nucléaires.  Il a ensuite rappelé que la décision de son pays de renoncer aux armes nucléaires reposait sur les garanties de sécurité fournies dans la cadre du Protocole de Budapest, signé notamment par les États-Unis et la Fédération de Russie.  Aujourd’hui, notre intégrité est menacée par la Fédération de Russie, a-t-il dit.  Il a souligné la nécessité que les États dotés de l’arme nucléaire fournissent des assurances renforcées de non-emploi des armes nucléaires.  Il a plaidé pour une universalisation du TICE et dénoncé le dernier essai nucléaire effectué par la RPDC.  Le TICE, a-t-il affirmé, doit entrer en vigueur.  Enfin, le délégué de l’Ukraine a souligné l’importance de créer des zones exemptes d’armes nucléaires, notamment dans les régions qui sont des foyers de tension.

M. OLOF SKOOG (Suède) a qualifié d’« irrationnel économiquement, compte tenu des besoins humanitaires au niveau mondial », le maintien et le développement des doctrines nucléaires de défense.  Il a en outre déploré l’affaiblissement de la dynamique du désarmement nucléaire.  La prochaine conférence d’examen du TNP, qui se tiendra en 2020, devra réaffirmer les engagements internationaux et mettre l’accent sur les risques humanitaires d’une catastrophe nucléaire, a ainsi estimé M. Skoog.  On ne peut pas commémorer année après année la mémoire des victimes de l’utilisation de bombes atomiques et tolérer, en même temps, l’existence d’arsenaux nucléaires toujours plus performants et modernisés, a-t-il lancé.  M. Skoog a souhaité que les travaux de la Première Commission de l’Assemblée générale contribuent à la relance du processus multilatéral de désarmement et de non-prolifération nucléaires.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a assuré que son pays attachait la plus grande importance au désarmement nucléaire et à la non-prolifération.  Il a estimé qu’il faudrait comprendre la dimension technique du désarmement nucléaire pour envisager concrètement la création d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a souligné l’importance de continuer de promouvoir l’universalité des instruments multilatéraux en vigueur, à commencer par le TNP, et d’améliorer la relation, dans le cadre des travaux de la Première Commission, entre États dotés et États non dotés de l’arme nucléaire.  M. Moritán a par ailleurs noté que l’entrée en vigueur du TICE permettrait de renforcer la confiance interétatique et de contraindre plus efficacement le régime de la RPDC, qui continue à se livrer à des essais nucléaires qui risquent de déstabiliser la péninsule coréenne et sa région et dont on mesure encore mal les conséquences humanitaires. 

M. JOEL HERNÁNDEZ (Mexique) a rejeté les doctrines qui glorifient la détention d’armes nucléaires en tant que garantes de la souveraineté et qu’outils de dissuasion.  Tant que ces armes existent, a-t-il fait remarquer, le risque existe d’une détonation accidentelle aux conséquences inimaginables pour des millions de personnes et leur environnement.  La réduction des arsenaux stratégiques est insuffisante car elle n’est pas assujettie à un régime de vérification international, comme le demande pourtant le TNP, a encore noté M. Hernández.  Le représentant a également rappelé l’obligation internationale de poursuivre des négociations de bonne foi, et informé des conséquences au plan humanitaire d’une détonation nucléaire, en vue de parvenir à une élimination complète et irréversible des armes nucléaires.  En 1967, la région d’Amérique latine et Caraïbes est devenue la première zone exempte d’armes nucléaires, a-t-il rappelé, en plaidant pour la création d’autres zones de ce type partout dans le monde.

Mme AMATLAIN KABUA (Îles Marshall) a rappelé que son pays a été le site de 67 essais nucléaires de grande ampleur entre 1946 et 1958, avec l’équivalent de 1,6 bombe d’Hiroshima lâchée chaque jour pendant 12 ans.  Elle a précisé que les dirigeants des Îles Marshall se sont rendus aux Nations Unies en 1954 et 1956 pour demander la cessation de ces essais.  Elle a expliqué que l’ONU a répondu à cette requête par le biais des résolutions 1082 et 1493, qui constituent les deux seuls documents par lesquels un organe de l’ONU a autorisé des essais nucléaires. 

Elle a souligné les conséquences désastreuses de ces essais, qui se sont traduits par des décès précoces, des cancers, des malformations à la naissance et autres problèmes de santé qui persistent depuis des générations.  « Des communautés qui n’ont pu retourner chez elles attendent toujours des compensations », a-t-elle dit, avant de souhaiter que l’ONU s’approprie l’objectif d’un monde sans armes nucléaires pour son centième anniversaire en 2045. 

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a regretté que l’existence de 15 ogives nucléaires menacent toujours la sécurité du monde, 71 ans après les bombardements de Nagasaki et d’Hiroshima.  « Pire, nous avons été, cette année, témoins d’activités nucléaires inacceptables de la part de la République populaire démocratique de Corée », a ajouté le représentant du Japon.  Il a souligné l’importance de la déclaration d’Hiroshima sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération signé par les Ministres des affaires étrangères du G7 en avril 2016.  Il a expliqué que la priorité de son pays était, cette année, de s’assurer du succès de la Conférence d’examen 2017 du TNP et de favoriser le début de négociations d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. 

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a souligné l’importance de parvenir à une adhésion universelle au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a estimé que cet objectif dépendait de la volonté des État dotés de l’arme nucléaire et de leurs obligations au titre de l’article VI du TNP.  Il a jugé indispensable de lancer des négociations pour parvenir à un traité d’interdiction totale d’armes nucléaires.  Un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires représenterait, a-t-il assuré, une étape décisive vers l’universalisation du TNP.  Il s’est félicité des progrès et de la vitalité du processus international sur les conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires.  Le représentant égyptien a ensuite salué le « succès sans précédent » de la communauté internationale qui s’est traduit par la conclusion des travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a regretté la lenteur des progrès réalisés dans le domaine du désarmement nucléaire.  Le seul fait que les armes nucléaires soient au centre des doctrines de défense de plusieurs États est à la fois déplorable au plan éthique et inquiétant, a-t-il estimé.  M. Momen a demandé à ces derniers de donner des assurances de sécurité négatives aux États non dotés d’armes nucléaires et enjoint les médias, la société civile et les chercheurs de poursuivre leur plaidoyer anti-nucléaire, sachant, a-t-il dit, « que les armes nucléaires ne peuvent nulle part garantir la paix et la sécurité internationales ».

M. SALAHALDIEN KHAIR (Soudan) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du TNP et appelé les pays dotés de l’arme nucléaire à l’éliminer.  Il a souligné la nécessité d’assurer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et appuyé la création de zones exemptes d’armes de destruction massive, notamment au Moyen-Orient.  Il s’est ensuite dit très préoccupé devant les obstacles opposés à la création d’une telle zone, laquelle serait pourtant favorable à la paix internationale.  En conclusion, il a réaffirmé le droit inaliénable des pays à produire et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

M. YU PENG (Chine) a plaidé pour un abandon de la mentalité de guerre froide en vue d’élaborer de nouvelles doctrines de sécurité, de nature à diminuer les risques de prolifération.  Il s’est également dit en faveur d’une interdiction complète des armes nucléaires et rappelé que la Chine s’est engagée à ne pas utiliser en premier de telles armes.  Enfin, le délégué de la Chine a demandé une intensification des efforts internationaux en vue de parvenir à un monde débarrassé de l’arme nucléaire.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a jugé qu’il était inacceptable que des sommes colossales soient dépensées pour des programmes nucléaires alors que les besoins de développement n’ont jamais été aussi pressants.  Le seul moyen d’empêcher que les armes nucléaires ne tombent entre les mains de groupes non étatiques est de les éliminer complètement, a-t-il affirmé.  Le représentant a salué l’Engagement humanitaire signé par 127 pays et plaidé pour un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires.  Enfin, il a déploré le manque de volonté politique de certains États Membres dans la réalisation de l’objectif de débarrasser le monde de l’arme nucléaire.

Mme DELFINA JANE ALOYSIUS DRIS (Malaisie) a réaffirmé la nécessité pour chaque État de respecter le droit humanitaire international, y compris en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  La représentante a souligné l’importance de travailler « en toute bonne foi en vue de l’obtention de résultats probants sur la voie d’un monde libéré d’armes nucléaires ».  Elle a appuyé l’idée d’élaborer un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires, et annoncé que son pays présenterait encore une fois, à la Première Commission de l’Assemblée générale, cette année, une résolution sur la licéité de l’utilisation des armes nucléaires.

M. RI TONGIL (République populaire démocratique de Corée) a rejeté les remarques d’autres États Membres sur les activités nucléaires de son pays, « qui ne sont rien d’autre que la conséquence d’une politique hostile menée depuis plus d’un demi-siècle contre la RPDC ».  « Les États-Unis exercent un chantage nucléaire qui prend la forme d’une menace d’utilisation de l’arme nucléaire contre la population nord-coréenne », a indiqué le représentant, qui a imputé à ce chantage la séparation de 10 millions de familles coréennes.  En ce moment, a-t-il assuré, les B21 américains survolent l’espace de la ligne de démarcation, qui est l’endroit le plus sensible au monde.  À cette aune, il a insisté sur le fait que les armes nucléaires étaient le seul moyen de dissuasion dont dispose son pays, « le seul outil pour maintenir de fragiles paix et sécurité dans la péninsule coréenne ».  M. Ri Tongil a déclaré que la RPDC poursuivrait ses activités de défense nucléaire « tant que durera le chantage des États-Unis et de leurs alliés en Asie ». 

Mgr TOMASZ GRYSA (Saint-Siège) a déclaré que le monde n’a pas d’autres options moralement que d’interdire toutes les armes nucléaires.  Il s’est particulièrement inquiété du risque de voir les armes nucléaires ou autres armes de destruction massive tomber entre les mains de groupes terroristes et autres acteurs non étatiques.  « Même si l’objectif d’un monde sans armes nucléaires semble relever de l’utopie, il n’y a pas d’autre alternative que de travailler ensemble vers cet objectif », a insisté le représentant du Vatican.  

M. AHMED FATHALLA, Observateur permanent de la Ligue des États arabes auprès des Nations Unies, a appelé les pays à redoubler d’efforts en matière de sécurité dans la région arabe, confrontée à une escalade des hostilités provoquée par les agissements d’acteurs non étatiques.  Devant l’échec de la Conférence d’examen du TNP en 2015, il est nécessaire, a-t-il souligné, de poursuivre et intensifier les discussions sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant 2020, date à laquelle se tiendra la prochaine conférence d’examen du TNP.  La communauté internationale doit, à cet égard, honorer ses engagements et faire pression sur les États dotés de l’arme nucléaire pour qu’ils réduisent le rôle de leurs arsenaux dans leur doctrine de défense et n’aident pas Israël à moderniser le sien, a-t-il indiqué.  M. Fathalla a conclu en plaidant en faveur de l’universalisation du TNP et au placement des installations nucléaires sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

M. GENXIN LI, Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a rappelé que 15 000 armes nucléaires subsistaient à travers le monde.  Le TICE est un jalon important vers l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il assuré, avant de se dire préoccupé par les activités nucléaires de la RPDC.  Il s’est ensuite félicité que le Myanmar et le Swaziland aient dernièrement ratifié le TICE.  À ce jour, huit États de l’annexe 2 ne se sont pas encore acquittés de leurs engagements, y compris la Chine et la RPDC, a-t-il fait remarquer, avant d’appeler ces pays à ratifier le Traité afin qu’il puisse entrer en vigueur.

Au nom de International Coalition Against Nuclear Weapons qui fédère 440 organisations de 98 pays, Mme SUSAN SOUTAHRD a indiqué qu’elle représentait une organisation qui se bat depuis 70 ans pour s’assurer que Nagasaki soit le dernier bombardement atomique.  Elle s’est félicitée que 107 États Membres aient appuyé -le mois dernier à Genève lors de la clôture des travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire– la convocation en 2017 d’une conférence pour négocier un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires.  Elle a prévenu que le monde était maintenant exposé à d’immenses risques de catastrophe, à la fois humanitaire et environnemental, en rappelant que les armes atomiques sont aujourd’hui bien plus puissantes que celles qui ont frappé Hiroshima et Nagasaki.  Elle s’est inquiétée des risques d’attaques atomiques non seulement à la suite d’une décision militaire, mais également accidentelles ou résultant d’actes terroristes. 

M. CHRISTIAN N. CIOBANU, Coordinateur de l’organisation non gouvernementale Ban All Nukes Generation (BANG), a déclaré qu’il ne représentait pas seulement la société civile, mais également toute une génération dont le futur continue d’être mis en péril par les armes de destruction massive.  « Je suis certain que tout le monde, dans cette salle, se souvient d’avoir été jeune et d’avoir rêvé de bâtir un monde meilleur », a-t-il dit, en soulignant que l’ONU se fondait précisément sur ces idéaux.  Pour M. Ciobanu, certains ont perdu de vue leur idéalisme de jeunesse et leur engagement en faveur d’un monde dénucléarisé.  « Les investissements ininterrompus dans les armes nucléaires et leur modernisation constante ne constituent pas seulement une menace pour tous, mais accaparent également des ressources qui pourraient être utilisées au service de l’éducation, de la santé et du développement », a-t-il déploré.

Par ailleurs, M. Ciobanu a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires exigeait des signataires qu’ils s’engagent, « de bonne foi », dans des négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.  Rejetant les arguments concernant l’effet dissuasif des armes nucléaires et l’idée selon laquelle elles contribueraient à la sécurité des populations, il a appelé l’Assemblée générale de l’ONU à entamer des négociations, dès l’an prochain, pour la signature d’un futur traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en vue de leur élimination.

M. KIM WON-SOO, Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, a souligné l’importance de parvenir à un monde débarrassé de l’arme nucléaire.  Le désarmement fait partie de l’ADN des Nations Unies, a-t-il souligné, en appelant de ses vœux une revitalisation des efforts de désarmement.  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », a-t-il estimé, en déclarant qu’une seule des 15 000 armes nucléaires était une de trop.  Il a également souhaité qu’une coopération accrue remplace le statu quo actuel, avant de reconnaître les divergences des vues entre les États Membres, ainsi que les frustrations.  « N’oublions pas que la réalisation de l’objectif zéro arme nucléaire exigera des efforts de tous les pays », a-t-il insisté, en appelant les États Membres à faire preuve de créativité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: le débat général se termine sur un constat, « l’érosion du décorum »

Assemblée générale,
Soixante et onzième session - 23e séance plénière - matin
AG/11832

Assemblée générale: le débat général se termine sur un constat, « l’érosion du décorum »

L’Assemblée générale a refermé, cet après-midi, la page de son débat général avec 17 dernières interventions, portant à 187 le nombre des personnalités qui se sont exprimées ces six derniers jours, dont 119 chefs d’État et de gouvernement, 10 vice-présidents, un prince héritier et 57 vice-premiers ministres, ministres et vice-ministres.  Malgré ce succès, le Vice-Président de l’Assemblée, qui lisait le message du Président, s’est dit préoccupé par l’érosion du « décorum » du débat général.

Le thème de cette soixante et onzième session étant « les objectifs de développement durable: un élan universel pour transformer notre monde », le Président de l’Assemblée s’est félicité aujourd’hui du nombre d’États qui ont déjà intégré ces objectifs à leurs plans nationaux, lesquels objectifs ont été adoptés au cours d’un sommet en septembre 2015.

C’est aussi par un sommet que les chefs d’État et de gouvernement ont commencé leurs travaux cette année, choisissant de réfléchir ensemble à la question préoccupante des déplacements massifs des réfugiés et des migrants.  Le Sommet a donné lieu à la « Déclaration de New York » qui propose un cadre d’action global et prévoit la signature en 2018 de deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations sûres, régulières et ordonnées.

Le débat général, qui s’est ouvert le 20 septembre, a déclenché des appels au rapprochement entre gouvernants et gouvernés.  « Nous nous trouvons aujourd’hui face à un choix: soit poursuivre nos efforts en mettant en place un meilleur modèle d’intégration mondiale, soit reculer vers un monde plus divisé, au risque d’aller vers des conflits entre nations, races, tribus et religions », a par exemple déclaré le Président des États-Unis, M. Barack Obama, dans sa dernière apparition à l’Assemblée générale. 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dont c’était également la dernière apparition, s’est dit « plus convaincu que jamais » de la capacité de la communauté internationale à mettre fin à l’extrême pauvreté, aux persécutions, au fossé entre les riches et les pauvres et aux conflits.

« Il y a aujourd’hui une guerre de moins sur cette planète, et c’est la guerre en Colombie », a annoncé solennellement le Président colombien, M. Juan Manuel Santos Calderón qui s’est exprimé, le 21 septembre, le jour même de la Journée internationale de la paix.  Si le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a promis à son pays « un avenir brillant à l’ONU », le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a réitéré ses doutes sur la volonté politique d’Israël de faire la paix, une paix qui avance dans un autre continent, l’Afrique dont les États hôtes des missions de l’ONU ont énuméré les défis qu’ils doivent encore relever.  La situation pressante en Syrie a été sur toutes les lèvres, faisant encore l’objet hier d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.  

Dans sa déclaration de clôture aujourd’hui lue par son Vice-Président, le Président de l’Assemblée générale s’est félicité de l’adhésion à l’Accord de Paris sur le climat, signé dans la capitale française, en décembre 2015.  Pendant le débat général, les petits États insulaires en développement ont prévenu que limiter l’élévation de la température en dessous de 2 degré Celsius comme l’Accord le préconise n’est pas viable.  « Même en fixant ce chiffre à 1,5ºC, de nombreuses îles seront rayées de la surface de la terre », s’est par exemple alarmé le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston Alphonso Browne.  Dans son message, le Président de l’Assemblée générale a tout de même exhorté les États à ratifier rapidement le document pour qu’il entre en vigueur cette année.  Comme l’a rappelé le représentant permanent des Palaos, à ce jour, 60 pays représentant 47,76% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ont ratifié l’Accord dont l’entrée en vigueur nécessite un taux de 55%. 

Les petits États insulaires en développement ont dit miser sur la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-22), prévue en novembre au Maroc, et avant cela, sur la Conférence Habitat III consacrée à l’urbanisation et au développement durable, en octobre.  Ils ont aussi dit attendre beaucoup de la Conférence des Nations Unies relative à la conservation et à l’exploitation durables des océans, des mers et des ressources marines, prévue en juin 2017. 

Ces pays ont soulevé d’autres problèmes aujourd’hui dont « l’hyperrèglementation » du secteur bancaire, dénoncée par le Ministre des affaires étrangères des Bahamas.  M. Frederick A. Mitchell a ironisé sur le fait que les Caraïbes « paradis sur terre » selon les guides touristiques seraient en fait, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « l’enfer sur terre » avec ses « paradis fiscaux ».  Accuser nos systèmes bancaires de jouer sur la concurrence est à bien des égards « immoral », a tranché le Ministre, avant que son homologue de la Trinité-et-Tobago, M. Dennis Moses, ne dénonce le critère du revenu par habitant qui barre l’accès des pays comme le sien aux financements concessionnels pourtant « essentiels» pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

À la veille du coup d’envoi des travaux de la plénière et des six grandes commissions de l’Assemblée générale, le Président a, dans son message, promis de promouvoir la transparence et la redevabilité dans le processus d’élection du prochain secrétaire général de l’ONU.  Le Vice-Secrétaire général, M. Jan Eliasson, a relayé les remerciements de M. Ban Ki-moon pour toutes les déclarations faites sur son action durant ses deux mandats.

En conclusion, le Président de l’Assemblée générale avoue dans son message: je suis préoccupé par l’érosion du « décorum » du débat général caractérisée par une réelle pollution sonore dans la salle de l’Assemblée et ses abords immédiats, par les dépassements du temps de parole, par l’absence des délégations au fur et à mesure que les jours passent et par la multiplication des réunions et autres manifestations parallèlement au débat général.  Le Président a dit avoir demandé au Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale de se saisir de cette question au cours de cette session

Suite et fin du débat général

M. YOUSUF BIN ALAWI BIN ABDALLAH, Ministre des affaires étrangères d’Oman, a souligné que la vie a sa part de défis et de tragédies qui restent inévitablement gravés dans la mémoire de l’humanité.  Ces défis devraient nous motiver pour déployer plus d’efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  Chaque problème trouve une solution si les intérêts convergent, si la volonté politique est là et si les efforts sont concertés.  Le Sultanat d’Oman, a affirmé le Ministre, figure parmi les États qui ont fait du dialogue, de la négociation et de la conciliation les moyens de résoudre les différends, conformément au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, des normes et du patrimoine humain.

Le Ministre a souligné l’importance de la question palestinienne pour la stabilité du Moyen-Orient.  Si l’on ne parvient pas à trouver une solution juste et globale à cette question, il serait difficile de normaliser les relations entre les États et les peuples de la région et d’instaurer la confiance mutuelle et la coexistence.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts et à tracer une nouvelle perspective qui permettrait aux parties concernées de mettre fin à ce long conflit.

Saluant les efforts des Envoyés spéciaux du Secrétaire général pour les crises qui secouent le Moyen-Orient en particulier en Syrie, au Yémen et en Libye, le Ministre a déploré les sérieux revers qui menacent la paix et la sécurité internationales.  Le Sultanat d’Oman a cherché, avec les parties concernées, à concilier les points de vue, à trouver des points de convergence et à reprendre les négociations.  Avant de terminer, le Ministre a rendu hommage aux efforts du Koweït pour avoir abrité les négociations sur le Yémen en particulier les efforts de l’Émir.  L’objectif est de parvenir à une solution « gagnant-gagnant » par des négociations pacifiques.

CHEIKH KHALID BIN AHMED AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a souhaité que l’Accord de Paris sur le climat entre en vigueur d’ici à la fin de l’année.  Il a affirmé que son pays est sur la bonne voie pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a rappelé que le 23 septembre le « Prix du développement durable Prince Khalifa Bin Salman Al Khalifa » a été décerné au professeur Anna Tibaijuka.  « Un développement qui n’aurait pas comme cible les citoyens est inutile et indésirable », a prévenu le Ministre, en paraphrasant son Roi.  Le développement va main dans la main avec sécurité et stabilité, cela suppose la bonne gouvernance, des institutions efficaces et un gouvernement stable et cela vaut aussi pour le Moyen-Orient, confronté à d’énormes défis qui représentent de graves menaces à la paix et la sécurité mondiales. 

Pour le Ministre il faut protéger les fondations des États-nations.  Ensemble, il faut s’engager à éradiquer le terrorisme en s’attaquant à ses causes sous-jacentes et mettre fin à toutes les sources de financement dont il bénéficie tout en protégeant « nos sociétés » des discours de haine et de l’extrémisme violent.  Toutefois, a prévenu le Ministre, les mesures antiterroristes seront vouées à l’échec si elles s’appuient sur des législations contraires à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international comme la loi que vient d’adopter le Congrès américain « Justice contre les parrains des actes de terrorisme ».  Cette loi, a estimé le Ministre, remet en cause les relations internationales et constitue un dangereux précédent et une menace à la stabilité du système international.

S’agissant de la Syrie, il a exhorté la communauté internationale à agir à l’unisson et à aborder ce problème sous tous ses angles.  Le Ministre a salué les efforts de l’Arabie saoudite, du Koweït, de la Jordanie, de la Turquie et du Liban et a invité la communauté internationale à les appuyer.  Il a lancé un appel à tous les pays qui ont des « leviers » dans la crise syrienne, en particulier les États-Unis et la Fédération de Russie, pour qu’ils unissent leurs forces et obtiennent des parties une solution politique, préservant l’intégrité territoriale de la Syrie, garantissant un accès sans entrave de l’assistance humanitaire et mettant un terme aux ingérences régionales, qu’elles soient directes ou indirectes, qui empêchent un règlement pacifique de ce conflit. 

Le Bahreïn encourage en outre tous les efforts pour faciliter la reconstruction des institutions en Iraq et la matérialisation de la volonté du peuple iraquien sans pressions extérieures.  Il a par ailleurs invité Israël à répondre favorablement à l’Initiative de paix arabe « qui est toujours sur la table ».

En tant que membre de la Coalition arabe pour la restauration de la légitimité au Yémen, le Bahreïn, a promis le Ministre, ne ménagera aucun effort et aucun sacrifice pour que le Gouvernement légitime du Président Hadi reprenne le contrôle de tout le territoire yéménite.  Il a tenu à souligner la détermination des forces de la Coalition à épargner les civils.  Le Ministre a également affirmé que malgré les efforts du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de tous les pays arabes, les appels aux relations de bon voisinage avec l’Iran sont restés lettre morte.  Il a reproché à l’Iran un discours « sectaire irresponsable » et des actes de provocation vis-à-vis de l’Arabie saoudite ou même du Bahreïn où l’Iran soutient des groupes terroristes comme le Hezbollah. 

Le Ministre a aussi accusé l’Iran d’occuper illégalement deux îles émiraties et de refuser toute médiation pour un règlement pacifique.  Pour le Ministre, à moins d’avoir un changement fondamental de la politique étrangère de l’Iran et la fin à ses pratiques « hostiles envers nos pays », il ne peut y avoir de progrès sur la voie de la stabilité et du développement de la région.

Mme SUSHMA SWARAJ, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a fait remarquer que les objectifs de développement durable correspondaient à la vision du Premier Ministre de son pays, M. Narendra Modi.  Plus de 400 000 toilettes ont été installées dans les écoles, le programme « Éduquer les filles, sauver les filles » est devenu une mission nationale, la marque « Fabriquée en Inde » est internationalement reconnue et plus de 250 millions de comptes bancaires ont été ouverts pour les pauvres, s’est-elle félicitée.  « L’Inde numérique est en train de transformer le pays » lequel abrite un sixième de l’humanité, a rappelé Mme Swaraj.

Le Premier Ministre indien, a dit la Ministre, défend un nouveau concept, « la justice climatique ».  « Si nous respectons la nature, la nature nous respectera et nous nourrira, nous et les générations futures ».  Mais il faut pour cela réfréner la consommation, a-t-elle averti.  La Ministre a souligné l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée entériné par l’Accord de Paris sur le climat.  L’Inde veut faire en sorte que 40% de son énergie provienne de combustibles non fossiles d’ici à 2030.  L’Alliance solaire vise à rendre accessible à tous l’énergie solaire.  La Ministre a d’ailleurs annoncé que l’Inde ratifiera l’Accord de Paris le 2 octobre prochain.

Le terrorisme constitue un crime contre l’humanité, a poursuivi Mme Swaraj.  Mais, a-t-elle insisté, il faut s’interroger: « Qui finance les terroristes, qui les arme et qui leur offre un refuge? »  Elle a noté que l’Afghanistan avait, à cette tribune, posé la même question.  Pour mettre en échec l’hydre du terrorisme, il faut une stratégie globale.  « En notre sein, il y a des nations qui parlent le langage du terrorisme, qui l’alimentent, le colportent et l’exportent », a-t-elle accusé.  Il faut identifier ces nations et les rendre responsables de leurs actes.

Mme Swaraj a reproché au Pakistan d’avoir porté contre l’Inde des accusations infondées à propos de prétendues violations des droits de l’homme.  À son tour, elle a condamné la façon dont le Pakistan oppresse la population du Baloutchistan. 

« Le Premier Ministre du Pakistan a aussi dit que l’Inde avait posé pour les pourparlers des préconditions inacceptables », s’est-elle indignée.  « Quelles préconditions? » a-t-elle demandé deux fois.  « Nous avons pris l’initiative de résoudre des questions, non pas sur la base de conditions, mais sur la base de l’amitié! » s’est-elle exclamée.  Selon elle, le prisonnier Bahadur Ali est « la preuve vivante qu’un terroriste est venu de l’autre côté de la frontière ».  Elle a conseillé au Pakistan d’abandonner « son rêve ».  « Le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et il le restera », a-t-elle tranché.    

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a dit que dans un monde incertain, les petits États doivent travailler beaucoup plus dur pour rester à flot.  Pour notre survie et notre prospérité, nous devons rester ouverts et connectés au monde.  Mais cette ouverture nous rend vulnérables aux chocs et menaces de l’extérieur.  Nous n’avons pas le choix de nous isoler ou de nous retirer du système.

Trois éléments sont fondamentaux pour notre survie et notre prospérité: un système multilatéral fondé sur le droit, la coopération internationale et le développement durable.  Un système multilatéral fondé sur le droit permettra à tous les États de traiter avec les autres de manière transparente, équitable et prévisible.  Comme ils rejettent « la loi du plus fort », les petits États sont les plus ardents défenseurs des Nations Unies.  Un ordre international fondé sur le droit est une précondition essentielle pour une bonne coexistence entre États indépendants et souverains.

Pourquoi la coopération internationale?  Parce que, a dit le Ministre, certains défis sont intrinsèquement transnationaux comme les changements climatiques et le terrorisme.  L’Accord de Paris sur le climat est un bon exemple du partenariat international pour résoudre ensemble un problème d’intérêt commun. 

Pour ce qui est du développement durable, Singapour estime qu’il y a deux impératifs pour le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le premier est l’état de droit au niveau national car sans une bonne gouvernance, sans la transparence, sans des institutions fortes et un cadre juridique clair, le développement ne peut être ni durable ni bénéfique pour les gens ordinaires.

Le deuxième impératif est le partenariat international.  Les objectifs de développement durable ne seront réalisés que par la collaboration.  Le Ministre a souligné dans ce cadre que la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), prévue en octobre, devrait insister sur le lien entre l’urbanisation et le développement durable et donner le cadre aux villes et aux gouvernements des pays du monde.

Les questions de la gestion durable des forêts, et de la prévention des sols et de la biodiversité appellent à la coopération.  En Asie du Sud-Est, les nuages de pollution transfrontières et les incendies de forêts compromettent la santé de millions de personnes, sans oublier la sécurité aérienne, l’économie régionale et le climat.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a adopté la feuille de route sur la création d’une zone exempte de nuages de pollution transfrontières, a annoncé le Ministre.

M. LUIS FILIPE LOPES TAVARES, Ministre des affaires étrangères de Cabo Verde, a indiqué que son pays fondait sa politique étrangère sur les principes consacrés par la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit préoccupé par les conflits et les sources de tension qui perdurent sur le continent africain, en Libye, au Soudan du Sud, en Somalie et au Mali.  Il s’est cependant félicité de la décision récente du Maroc de rejoindre l’Union africaine. 

Le Ministre a vu dans le droit au développement un principe fondamental pour la cohésion et la réduction des inégalités sociales à l’intérieur des nations et entre elles.  Il a salué la déclaration adoptée lors de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida qui s’est tenue en juin dernier, défendant l’accès des plus vulnérables aux traitements.  Pour le Cabo Verde, a-t-il poursuivi, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 implique l’augmentation des financements, le transfert de technologies, le renforcement des capacités, un suivi, et l’élargissement du système commercial international. 

La communauté internationale devra tenir compte de la situation particulière des petits États insulaires en développement, a poursuivi M. Tavares.  Du fait d’un manque de ressources, il est en effet difficile pour ces États d’attirer des investissements étrangers.  Il a appelé à un cadre juridique international « fort et transparent » pour la préservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.  Citant les effets des changements climatiques, il a également jugé urgent d’appliquer l’Accord de Paris et les recommandations du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.   

Voulant faire « quelque chose de spécial », M. FREDERICK A MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, est venu accompagné de dirigeants de la société civile, des communautés religieuses et de l’opposition pour illustrer le consensus multipartite qui prévaut dans son pays s’agissant de la politique étrangère.

Le Ministre a attaqué d’emblée sur le front économique et financier.  Aujourd’hui dans les Caraïbes, une région où la tradition veut que l’on ouvre à un enfant un compte en banque à l’occasion de son baptême, il est de plus en plus difficile pour « des gens comme nous » de le faire, certains pensant même que c’est une politique voulue pour nous dissuader de pénétrer le système financier.  Le problème, a diagnostiqué le Ministre, c’est « l’hyperrèglementation » imposée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Tout à coup, être un politicien ou de la famille d’un politicien, c’est être menacé d’être rejeté par les services bancaires parce que « les risques » sont trop élevés.  Dans le monde développé, en particulier aux États-Unis, les banques refusent même d’endosser les chèques de certaines banques des Caraïbes parce que le risque qu’elles ne respectent pas les règles établies est trop élevé et que leur niveau de transactions est trop bas.

Nous parlons ici, s’est emporté le Ministre, des Bahamas et des Caraïbes que des dizaines de millions d’Américains et d’Européens visitent chaque année.  Ces gens-là, a-t-il ironisé, s’attendent à tous les services modernes quand ils atterrissent pour « tremper l’orteil dans l’eau et faire la crêpe sur les plages » mais leurs Caraïbes, décrites dans leurs brochures touristiques comme « le paradis sur terre », sont pourtant traitées comme « l’enfer sur terre » par des règles financières qui n’hésitent pas à utiliser des expressions péjoratives comme « paradis fiscaux » et à imposer des mesures et des sanctions iniques sans se préoccuper une seule seconde de leur impact sur les envois de fonds des expatriés ou la capacité des parents à payer les études de leurs enfants. 

Mais dans le même temps, on n’hésite pas à faire du lobbying auprès de ces petits pays pour les amener à voter « pour ci ou pour ça » dans l’intérêt exclusif des pays développés. « Mais dans ce prétendu jeu du donnant-donnant, que reçoivent les petits États? » s’est une nouvelle fois emporté le Ministre.  Les Bahamas, comme tous les pays de la Communauté des Caraïbes, ne protègent aucun criminel.  Ils adhèrent à toutes les mesures contre le blanchiment d’argent et la fuite des capitaux.  Les attaques contre eux sont donc « non fondées et injustes ».  Accuser nos systèmes bancaires de jouer sur la concurrence est à bien des égards « immoral » car tout le monde sait que l’argent déposé dans les comptes offshores repart toujours d’où il vient, à savoir dans les pays développés. 

S’il est effectivement légitime de combattre l’évasion fiscale, il faut néanmoins assumer la « responsabilité morale » de comprendre que « l’hyperréglementation » et le maintien d’un système financier international « inique » peuvent avoir des conséquences « immorales » comme « la destruction de millions de familles ».  Ce problème doit être réglé par ceux-là même qui veulent imposer les règles.  Il s’agit d’un « impératif moral », a tranché le Ministre.

Le Ministre a poursuivi en annonçant que son pays vient de déposer les instruments de ratification de l’Accord contre la pêche illicite.  Les Bahamas ont aussi l’intention d’obtenir un autre mandat au Conseil de l’Organisation maritime internationale (OMI) et un tout premier mandat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.  Le Ministre a également plaidé pour l’élargissement et la modernisation des indicateurs utilisés pour évaluer le niveau et les besoins de développement.  Nous continuons à arguer que le PNB par habitant ne doit plus être le facteur déterminant de l’accès à l’aide économique ou aux financements concessionnels.

M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a évoqué les difficultés et les attaques auxquelles son pays a dû faire face depuis son indépendance en 1991.  « Rares sont ceux qui ont laissé une chance à l’Érythrée », s’est-il plaint.  Malgré cela, l’Érythrée remonte la pente, a-t-il assuré.  La plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été atteints, l’économie repart, les infrastructures se construisent, les conditions favorables sont créées pour l’éducation, la formation et la participation des jeunes, et l’engagement régional et international du pays se renforce.  Le Ministre a considéré que la politique consistant à isoler l’Érythrée est en train d’échouer.

Les 20 dernières années dans la Corne de l’Afrique ont été marquées par des occasions manquées, des matchs nuls, des conflits à répétition et des reculs, a reconnu M. Saleh.  Même aujourd’hui, la situation reste tendue.  Mais le Ministre a vu la possibilité d’un nouveau départ.  Il a parlé de relancer « la vision des années 1990 pour une Corne de l’Afrique pacifique, progressive et économiquement dynamique ».  L’Érythrée, a-t-il conclu, s’engage à réaliser les objectifs de développement durable en se fondant sur l’énergie, les qualifications de ses ressources humaines et l’utilisation judicieuse de ses ressources naturelles. 

 M. WILFRED ERLINGTON, Procureur général et Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Belize, a regretté que 35 ans après son entrée aux Nations Unies, le Belize n’a toujours pas réussi à obtenir le règlement du différend territorial avec le Guatemala.  Le Belize est un pays de migrants qui vit dans la paix et la liberté, a affirmé le Ministre, qui a dit n’avoir pas peur des menaces proférées par le Guatemala.  Le Belize défendra sa souveraineté et son intégrité territoriale, a prévenu le Ministre, et ses diplomates n’épargneront aucun effort pour résoudre cet ancien différend maritime de manière pacifique.  Le Ministre a toutefois regretté que ces 18 derniers mois, des incidents « hostiles » aient eu lieu entre les personnels militaire et civil le long du fleuve Sarstoon, sur la frontière sud, alors que le côté nord du fleuve appartient au Belize.  Par le truchement de l’Organisation des États américains (OEA), le Belize a engagé des pourparlers avec ses homologues guatémaltèques qui, a accusé le Ministre, sont responsables du pillage des temples maya, de la déforestation et de la production de marijuana sur le territoire bélizien.

Le Ministre a également signalé d’autres incidents de ce type et a dénoncé le refus du Guatemala de reconnaître les rapports d’enquête d’une Commission indépendante de l’OEA.  Le Belize veut vivre dans la paix et l’harmonie avec tous ses voisins, y compris le Guatemala avec lequel il veut parvenir rapidement à un règlement pacifique de cette revendication territoriale « anachronique », a insisté le Ministre.

À Belize, l’essence même du développement durable est inscrite dans la Constitution.  Le modèle de développement économique a intégré les priorités sociales et environnementales et depuis les années 90, le Belize s’est doté d’un cadre juridique progressiste pour assurer la protection de l’environnement.  Le pays est en effet l’un des pionniers de l’écotourisme.  Aujourd’hui, plus de 36% du territoire sont protégés.  Le Ministre a précisé que progressivement l’éducation gratuite, tant au niveau primaire que secondaire, est mise en place et que la couverture santé s’élargie.  Le pays cherche également à promouvoir l’égalité hommes-femmes et vient de dépénaliser l’homosexualité, une décision contre laquelle l’on a interjeté appel.  Le Belize a été l’un des premiers pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat qu’il a déjà ratifié, a encore indiqué le Ministre, avant de s’associer aux efforts des Nations Unies pour un nouveau traité international sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine.  Le Ministre a également indiqué que les cadres règlementaires du secteur financier sont constamment mis à niveau pour les rendre conformes aux nouvelles normes bancaires internationales.

Mme NIERMALA BADRISING, Ministre des affaires étrangères du Suriname, a fait part de sa préoccupation face à la multitude de défis et de menaces auxquels le monde est confronté dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social, y compris la récession mondiale et le ralentissement économique qui engendrent la baisse de la croissance et de la productivité et aggravent les inégalités qui sont elles-mêmes à l’origine de l’augmentation de la violence, de l’instabilité politique et de la dégradation sociale, du crime international organisé, du terrorisme et de la manipulation des technologies de l’information et de la communication.

Parlant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Badrising a souligné l’écart entre ce qui est promis à nos peuples dans les fora internationaux et régionaux et ce qui est effectivement réalisé.  Elle a appelé à une réforme « structurelle » de l’ordre socioéconomique et à la promotion de l’innovation, des technologies, de la connaissance, des capacités et des compétences.

La taille relativement petite du Suriname le rend particulièrement vulnérable aux défis environnementaux et aux chocs économiques extérieurs, a poursuivi la Ministre.  Le pays étant un État côtier à basse altitude, ses efforts de développement durable sont gravement menacés.  La Ministre a donc appelé la communauté internationale à développer non seulement des mécanismes d’appui techniques et financiers dans le contexte des cadres financiers existants mais aussi à débloquer des financements supplémentaires. 

Les prix des produits de base que le Suriname exporte ayant chuté, le pays a dû mettre en œuvre des programmes de réformes et d’ajustement, l’année dernière, qui ont exigé des mesures difficiles mais nécessaires.  Pour alléger l’ajustement et sécuriser une aide technique au programme de réforme, le Gouvernement a signé, au début de cette année, un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).  À la lumière des résultats obtenus en peu de temps, Le Gouvernement continuera de travailler avec le FMI, avec pour objectif de sécuriser la stabilité macroéconomique et de poursuivre les réformes institutionnelles et juridiques pour rétablir la croissance économique et la stabilité sociale.

M. DENNIS MOSES, Ministre des affaires étrangères et pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM) de Trinité-et-Tobago, a indiqué que son Gouvernement place les principes des objectifs de développement durable au cœur de son plan national de développement intitulé « Vision 2030 », et qui est en cours d’élaboration.  Dans ce cadre, il a souligné que son gouvernement a adopté plusieurs lois, politiques et autres mesures pour la promotion de la femme.

En dépit de leur contribution minime aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, les petits États insulaires en développement (PEID) comme la Trinité-et-Tobago, font face à une menace « existentielle » du fait des changements climatiques.  Leur existence-même dépend de l’urgence et du niveau d’ambition de la réponse mondiale pour inverser la tendance non viable de l’augmentation de la température terrestre.  Le Ministre a salué l’Accord de Paris, indiquant qu’il s’agit d’un « signe d’espoir ».  Il a annoncé que son gouvernement avait lancé la procédure de ratification et réitéré le fait que l’élévation de la température terrestre ne devrait pas dépasser 1,5ºdegré Celsius. 

Consciente que son économie est fortement dépendante des hydrocarbures et des industries pétrochimiques, la Trinidad-et-Tobago, a poursuivi le Ministre, a institué des mesures d’incitation pour les investissements et la création d’emplois dans les domaines des énergies renouvelables et des technologies propres.  Le Gouvernement mène également une stratégie de diversification économique qui va permettre aussi de renforcer la résilience du pays face aux chocs externes du marché mondial.

Le Ministre a dénoncé, à son tour, l’arrêt des relations avec les banques des Caraïbes ou les restrictions imposées, lesquels ont déstabilisé les secteurs financiers et perturbé la croissance économique des pays de la région qui respectent dûment les recommandations du Groupe d’action financière contre le blanchiment d’argent et celles du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

Le Ministre a poursuivi en relevant que la criminalité transfrontalière organisée, la piraterie, le trafic des êtres humains, la cybercriminalité et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre sont autant de défis sécuritaires de la région.  Il a saisi l’opportunité de cette Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires pour appeler à une dénucléarisation de toutes les régions du monde, se félicitant en outre d’appartenir à la région qui a établi la première zone exemptes d’armes nucléaire.

Il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome, afin que la Cour pénale internationale (CPI) puisse remplir pleinement son mandat de tribunal universel.  Il a également appelé à l’adoption d’un instrument universel juridiquement contraignant, sous l’égide de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales. 

Saluant, une nouvelle fois, l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a prévenu que les pays à revenu intermédiaire continuent de subir un statut qui les rend inéligibles à l’aide internationale au développement, alors qu’ils font face à toutes les vulnérabilités des petits États insulaires en développement.  Il est pour le moins « étonnant » que le statut de pays à revenu intermédiaire, fondé exclusivement sur le revenu par habitant, prive la Trinité-et-Tobago d’une aide qui pourrait compléter les ressources limitées qu’elle consacre au développement socioéconomique durable.  Le système de développement des Nations Unies, a plaidé le Ministre, devrait adopter une approche multidimensionnelle de l’aide au développement, laquelle devrait être plus conforme aux priorités et besoins nationaux spécifiques et renoncer à « habiller le progrès socioéconomique d’un modèle à taille unique ».

M. AUGUSTINE PHILLIP MAHIGA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Afrique de l’Est de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son pays avait intégré les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 dans ses plans nationaux de développement, en collaboration avec un ensemble de parties prenantes, et qu’il s’appuyait également sur l’Agenda 2063 de l’Afrique.  Toutefois, a-t-il prévenu, sans partenariat et sans financement, le pays ne pourra pas réaliser seul ces objectifs ambitieux. 

La Tanzanie, a assuré M. Mahiga, s’est engagée à promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes.  Les lois discriminatoires ont été abolies, notamment pour leur permettre l’accès aux terres.  Depuis les dernières élections de 2015, 36,9% des parlementaires sont des femmes.  À cette occasion, le Président John Magufuli a nommé la première femme Vice-Présidente de la République. 

Par ailleurs, pour combattre la corruption, la Tanzanie a promu la transparence, l’efficacité et l’obligation redditionnelle, ainsi que des normes éthiques, dans les services publics.  À ce sujet, a estimé le Ministre, les pays développés doivent aussi s’assurer que les investisseurs et les sociétés multinationales payent les taxes dues.  M. Mahiga a souligné que l’un des objectifs de la Tanzanie était d’améliorer la qualité de l’éducation au XXIe siècle.  En arrivant au pouvoir, le Président a déclaré la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire pour tous.

Pour faire face aux changements climatiques, le Gouvernement a préparé des plans d’adaptation et il compte sur les ressources du Fonds vert et d’autres fonds.  Le Ministre a estimé à 500 millions de dollars par an les besoins de son pays en la matière.  Alors qu’elle s’apprête à ratifier l’Accord de Paris, la Tanzanie a été l’un des premiers pays à soumettre ses contributions prévues déterminées au niveau national pour couvrir l’adaptation aux effets des changements climatiques et leur atténuation.  « Avec plus de 48 millions d’hectares de terres forestières, soit plus de 54% de sa surface, la Tanzanie offre déjà une contribution importante à la communauté mondiale en termes de puits de carbone », a fait valoir M. Mahiga.

La Tanzanie est fermement engagée dans la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants qui traversent ses frontières, a-t-il dit.  Elle coopère également avec la communauté internationale pour combattre le terrorisme et son financement, et a promulgué une série de lois à cette fin.  Enfin, le Ministre a espéré que les efforts entrepris par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), auxquels participe l’ancien Président tanzanien Kaguta Yoweri Museveni, aideront à résoudre le conflit au Burundi. Il a également appelé les parties au conflit à honorer l’accord de paix conclu avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en août 2015.      

M. VALENTIN RYBAKOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a mis en garde contre un possible échec du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en raison du chaos actuel provoqué par les conflits non résolus et les insuffisances du système international.

Ces difficultés, a estimé le Ministre, résultent en grande partie de la guerre froide et de la période qui lui a succédé.  « Les vainqueurs de la guerre froide n’ont pas voulu inclure les vaincus dans l’ordre mondial », a-t-il en effet regretté, ajoutant que ces vainqueurs ont tenté « d’imposer un ordre mondial de manière unilatérale ».  Cette attitude, a-t-il dit, est responsable des problèmes actuels, y compris des conflits larvés et des déplacements massifs de réfugiés et de migrants.

M. Rybakov a regretté l’effacement progressif de l’État au profit de la logique de marché, « dont la seule préoccupation est de générer des profits ».  Quant au domaine culturel, il a dénoncé les tentatives d’imposer à l’échelle mondiale certaines cultures, y compris « les principes de la contre-culture », à des pays issus d’autres cultures radicalement différentes.

Pour inverser ces différentes tendances, M. Rybakov a appelé les États à faire des concessions pour construire un nouvel ordre mondial.  Citant le philosophe allemand du XVIIIsiècle Emmanuel Kant, il a déclaré: « Construire un monde et un système international juste est la plus difficile des tâches ».  Pour y parvenir, le Ministre a insisté sur le fait que ce nouvel ordre mondial devait avant tout être façonné par les États, « sous peine d’anarchie et de violence ».  Il a également estimé que ce nouveau système devait être « non exclusif » et « non imposé ».

Sur le plan économique, le Ministre a salué la remise en cause récente de la logique libérale de marché, un phénomène qui se manifeste, selon lui, par un retour de l’État sur la scène économique.  À ce titre, il a appelé à renforcer le rôle de la coopération régionale pour résoudre les problèmes, une approche qu’il a qualifiée « d’intégration de l’intégration ». 

Du point de vue culturel, M. Rybakov a appelé à reconnaître les différences nationales et régionales.  « Il n’est pas efficace d’imposer des valeurs culturelles », a-t-il insisté, tout en plaidant en faveur du dialogue entre les cultures.  Prenant l’exemple de la famille, il a affirmé que le Belarus « voit l’individu avant tout comme un membre de la famille », et non comme préexistant à cette dernière, ce qui n’est pas le cas, selon lui, de toutes les cultures.  Il a insisté sur le fait qu’il s’agissait-là d’une différence fondamentale.

Concernant le rôle de l’ONU sur la scène internationale, le Ministre des affaires étrangères a regretté que le Secrétariat de l’Organisation soit souvent en décalage avec les réalités sur le terrain.  Il a par conséquent appelé l’Organisation, dans la perspective d’un nouvel ordre mondial, à « trouver des solutions concrètes » aux problèmes internationaux, « au lieu de rédiger des rapports sans fin ».

M. CALEB OTTO (Palaos) s’est inquiété de la menace que les effets des changements climatiques font peser sur l’existence même des Palaos et des petits États insulaires en développement (PEID), en particulier l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des ouragans, l’élévation du niveau de la mer et l’acidification des océans.

Pour lutter contre ces phénomènes climatiques, M. Otto a rappelé que les Palaos ont été le deuxième État à ratifier l’Accord de Paris sur le climat.  Il a souligné qu’à ce jour, 60 pays représentant 47,76% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde ont procédé à cette ratification, précisant que le taux requis pour que l’Accord de Paris entre en vigueur est de 55%.  Le Représentant des Palaos a salué les 127 autres États à avoir signé jusqu’à présent le texte et s’est dit confiant quant à une entrée en vigueur de l’Accord de Paris d’ici à la fin de l’année 2016. 

M. Otto s’est par ailleurs prononcé en faveur de la nomination rapide d’un représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour les changements climatiques et la sécurité, afin que ce dernier puisse coordonner les efforts entre l’Assemblée générale, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité sur les questions de paix et de sécurité liées aux changements climatiques.

S’agissant de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Représentant des Palaos a insisté sur l’importance que revêtent pour son pays l’objectif 13, relatif à la lutte contre les effets des changements climatiques, et l’objectif 14, sur la gestion durable des océans.  À ce titre, a-t-il indiqué, les Palaos ont lancé en 2015 l’initiative Sanctuaire marin national, qui a instauré un moratoire sur l’exploitation des ressources maritimes dans 80% de sa zone économique exclusive, soit un demi-million de kilomètres carrés d’océan.  Cela « permettra à notre océan de se fortifier, de renouveler son stock de poissons et sa biodiversité », a-t-il expliqué.

Pour garantir le succès de cette initiative, M. Otto a souligné l’importance de la coopération entre les petits États insulaires en développement.  Il a également salué le soutien apporté à cette initiative par les États-Unis, le Japon, l’Australie, l’Union européenne, l’Italie, l’Inde et la République de Chine de Taiwan. 

En vertu de ce soutien, le Représentant des Palaos a appelé la communauté internationale à intégrer pleinement Taiwan dans le processus de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris.  Il a par ailleurs appelé à un règlement pacifique de la situation en Papouasie occidentale et à une levée de l’embargo contre Cuba.

M. Otto a enfin plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, en particulier l’ajout de trois sièges permanents, dont deux pour l’Afrique et un pour les petits États insulaires en développement.

Mme MARIE-LOUISE POTTER, Représentante permanente des Seychelles a indiqué que son pays, après avoir atteint la plupart des cibles des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’efforçait aujourd’hui d’intégrer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine dans sa stratégie nationale de développement.  Elle a insisté sur l’importance du partenariat mondial et de l’appui financier pour la mise en œuvre du Programme 2030.  À cet égard, elle a estimé qu’un « index de vulnérabilité » permettrait de mesurer plus justement les économies que le traditionnel produit intérieur brut (PIB) par habitant.

« Championnes de l’économie bleue », les Seychelles reconnaissent l’importance cruciale que la conservation et l’utilisation durable des océans et de leurs ressources revêtent pour les petits États insulaires en développement, a ajouté Mme Potter.  L’initiative des « obligations bleues » et l’accord d’échange de créances exemplifient le discours des Seychelles sur ce point.  Le pays, a-t-elle averti, est exposé aux effets dévastateurs des changements climatiques.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la bataille contre les changements climatiques », a-t-elle prévenu.  C’est pour cette raison que les Seychelles ont fait partie des 20 premiers pays ayant ratifié l’Accord de Paris.

La représentante a également réitéré sa détermination à lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et contre la piraterie, à travers le Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes (CGPCS). 

M. IB PETERSEN (Danemark) a déclaré que les défis mondiaux devaient être surmontés par des efforts collectifs avec une attention particulière sur les droits et les libertés de chaque être humain.  La vision du Danemark repose sur la dignité, le développement et le dialogue.  Ces trois éléments caractérisent notre approche du travail des Nations Unies, et ils sont à la base de notre candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2020.

Au Mali, le Danemark contribue activement à la promotion de la paix et de la stabilité, participe à la Mission des Nations Unies et contribue au développement.  En Syrie et en Iraq, le Danemark prend part à la lutte contre l’État Islamique, y compris par le soutien aux communautés locales après le conflit.  Nous devons faire en sorte que les victoires militaires contre Daech soient suivies par des efforts déterminés et coordonnés pour maintenir la paix.  Sans cela, nous ne réussirons pas.  Cet automne, le Danemark lancera un programme de stabilisation de trois ans pour la Syrie et l’Iraq dont le principal objectif est de soutenir les efforts de stabilisation immédiate des régions libérées des mains de Daech.

Notre sécurité commune dépend aussi de l’adhésion des pays aux normes et aux règles des Nations Unies et toutes les nations doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international, y compris la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a condamné les derniers essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, et exhorté la communauté internationale à y répondre de manière forte et unie.

S’agissant de la migration, le Danemark figure parmi l’un des gros donateurs par habitant dans le monde et continuera de l’être.  Réaliser le développement durable et éradiquer l’extrême pauvreté sont des chemins vitaux vers un monde libre, pacifique et prospère et pour faire face aux causes fondamentales des migrations.

Depuis 1978, le Danemark a satisfait l’engagement de consacrer 0,7% de son produit intérieur brut à l’aide publique au développement et exhorte les autres pays à faire autant.  Nous devons également relever tous les défis de l’Accord de Paris sur le climat.  Le Gouvernement du Danemark présentera au Parlement l’Accord pour ratification, le 5 octobre prochain.

Pour réaliser le Programme 2030, le système de développement des Nations Unies doit être reformé et adapté aux enjeux.  Ce système doit repenser totalement son approche opérationnelle et reléguer dans le passé les cloisonnements et la course à l’argent.  Le Danemark estime que nous devons accorder une attention particulière au rôle des jeunes et au partenariat avec la société civile et le secteur privé pour réaliser et mettre en œuvre le Programme 2030.  Pour cette raison, le Premier Ministre du Danemark a annoncé la semaine dernière un nouveau fonds d’investissement pour les objectifs de développement durable qu’il a doté de 15 millions de dollars.  L’objectif est de lever des capitaux du secteur privé et d’atteindre un capital de base de 750 millions de dollars qui serviront à améliorer l’énergie, le climat, l’industrie et les infrastructures, la production alimentaire et la santé afin de créer une croissance durable, des empois et des revenus fiscaux dans les pays en développement.

Nous avons besoin du libre-échange mondial pour améliorer le développement et la croissance économique à long terme.  Le Danemark milite activement pour créer les conditions d’un meilleur accès aux marchés des pays en développement et pour améliorer le climat des affaires, y compris à l’Organisation mondiale du commerce. 

Le Danemark estime enfin que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont des éléments clefs pour réaliser le Programme 2030.  Des études ont montré qu’une année supplémentaire d’éducation peut aider une fille à accroître de plus de 20% ses revenus.  Grand partisan de la lutte contre la torture, le Danemark a, avec le Chili, le Ghana, l’Indonésie et le Maroc, lancé l’Initiative sur la Convention contre la torture dont l’objectif est la ratification universelle et la mise en œuvre de la Convention avant 2024.

M. KOKOU KPAYEDO (Togo) a rappelé que son pays s’est proposé volontairement à l’exercice du rapport d’avancement de l’intégration des objectifs de développement durable dans les stratégies et programmes nationaux de développement en juillet dernier.  À cette occasion, a-t-il dit, le Togo a pu démontrer les avancées dans la mise en œuvre de sa feuille de route mais aussi partager les progrès non négligeables qu’il a accomplis dans la mise en œuvre d’action phares pour ne laisser personne pour compte.  Reconnaissant que la redevabilité pour les résultats et l’apprentissage mutuel entre les pays sont déterminants pour accélérer la marche vers les objectifs de développement durable, le Togo participera à l’examen volontaire qui aura lieu lors du prochain segment politique de haut niveau sur la mise en œuvre de ces objectifs. 

Le Togo, qui est confronté à l’érosion côtière, aux inondations, à la désertification et à l’irrégularité des pluies, renouvelle son ferme engagement en faveur de l’Accord de Paris sur le climat qu’il a signé et dont le processus de ratification devrait aboutir avant la fin 2016. 

Comme aucun programme de développement ne saurait réussir sans paix, le représentant a indiqué que le Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale, récemment créé, a organisé en juillet 2016 un atelier de réflexion et d’échanges pour asseoir les bases des réformes qui restent encore à opérer.  Le Togo, qui a entrepris de nombreuses réformes, se prépare à se soumettre pour la deuxième fois au à l’examen périodique universel que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a prévu, du 31 octobre au 11 novembre 2016.  

Le représentant a aussi indiqué que son pays accueillera du 10 au 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sureté maritime et le développement en Afrique, dont l’objectif est de s’accorder sur une déclaration commune pour mieux prévenir et faire face à l’insécurité en mer et promouvoir un développement durable et inclusif de l’économie bleue, en adéquation avec les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris.

Au nom du Secrétaire général de l’ONU actuellement à Bogota pour la cérémonie de signature de l’Accord de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC, le Vice-Secrétaire général, M. JAN ELIASSON, a rappelé que le débat général est l’occasion de prendre la température du monde qui s’est révélée « élevée » sans pour autant obscurcir les raisons d’espérer, comme en témoigne l’attachement exprimé dans les déclarations à la Charte des Nations Unies et au multilatéralisme.  Si nous nous montrons suffisamment sérieux et persévérants, nous trouverons aux problèmes mondiaux des solutions qui sont dans l’intérêt de tous les États Membres.  M. Eliasson s’est dit très heureux de l’attachement affiché par les États aux objectifs de développement durable et à l’Accord de Paris sur le climat.  Il a rappelé le problème des migrants et des réfugiés et estimé que toutes les déclarations faites se sont toutes opposées à la xénophobie et au racisme.  Le Sommet organisé en parallèle par le Président Obama a été très utile, a-t-il affirmé. 

M. Eliasson a aussi rappelé le « cauchemar » vécu en Syrie, saluant le travail de l’ONU, lequel devra se poursuivre même quand le conflit aura baissé d’intensité.  Il faut mettre fin à cette guerre, a poursuivi le Vice-Secrétaire général, qui a salué la notion de pérennisation de la paix élaboré par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Enfin, M. Eliasson a relayé les remerciements du Secrétaire général pour toutes les déclarations faites sur son action durant ses deux mandats.

Déclaration de clôture

Au nom du Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, le Vice-Président, M. DURGA PRASAD BHATTARAI du Népal, s’est félicité de ce qu’au cours de ces six derniers jours, les États aient réaffirmé l’esprit et les principes de la Charte des Nations Unies et leur confiance dans le rôle central de l’Organisation en matière de coopération internationale.  Conformément au thème retenu cette année pour le débat général, chefs d’État et de gouvernement et ministres des affaires étrangères se sont engagés en faveur de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il relevé, se disant encouragé par le nombre de nations qui ont déjà intégré les objectifs et cibles identifiés par le Programme dans leurs plans et politiques.  La réunion sur la résistance antimicrobienne qui s’est déroulée mardi, parallèlement au débat général, a consacré l’urgente nécessité d’une réponse internationale pour relever ce défi, qui menace des millions de vies chaque année et ralentit les progrès dans la mise en œuvre du Programme.  « Je réitère mon appel aux États Membres pour que les objectifs de développement durable relatifs à l’éducation soient inscrits dans les programmes d’enseignement dispensés dans tous les pays du monde », a ajouté M. Bhattarai.

Évoquant la lutte contre les changements climatiques, le Vice-Président a félicité le Secrétaire général pour le succès de la cérémonie de ratification de l’Accord de Paris sur le climat, notant que la communauté internationale avait maintenant besoin de ratifications « couvrant simplement 7,5% de plus d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial » pour que cet instrument juridique entre en vigueur.  M. Bhattarai s’est dit confiant que cet objectif sera atteint à la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prévue en novembre au Maroc.  J’exhorte tous les États parties non seulement à ratifier l’Accord rapidement, mais aussi à se montrer plus ambitieux en s’engageant à limiter la hausse des températures à 1,5ºC au-dessus des niveaux préindustriels et à mobiliser les ressources nécessaires pour financer les mesures d’adaptation et d’atténuation dont les petits États insulaires en développement et d’autres ont besoin, a dit le Vice-Président.

Il a également relevé au cours de ce débat général que les dirigeants avaient identifié la Conférence Habitat-III, prévue octobre en Équateur, et la Conférence des Nations Unies relative à la conservation et à l’exploitation de manière durable des océans, des mers et des ressources marines, en juin 2017,comme des occasions de promouvoir les objectifs de développement durable.

Qualifiant d’« étape importante » l’adoption, la semaine dernière, de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, M. Bhattarai a déclaré qu’il promouvra le processus enclenché par ce texte tout au long de la session qu’il présidera, avec pour finalité l’adoption, en 2018, de deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations sûres, régulières et ordonnées.  Relevant les appels lancés en faveur d’une reprise du processus de paix au Moyen-Orient, il a aussi noté que plusieurs intervenants s’étaient prononcés en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité et d’autres en faveur du désarmement.  Les États Membres ont également été nombreux à souligner les liens entre droits de l’homme, paix et développement durable, a encore relevé le Président, un lien qui a été consacré dans la Déclaration de New York sur le droit au développement. 

Quant à la nomination du prochain secrétaire général des Nations Unies, évoquée « par pratiquement tous les États Membres », M. Bhattarai a déclaré qu’il approcherait cette question « avec le plus grand soin » au cours des prochains mois, conformément aux principes de transparence et de responsabilité et en vue d’une « transition sans heurt ». 

En conclusion, il a fait les observations suivantes: Je suis préoccupé de voir l’érosion du « décorum » du débat général caractérisée par une réelle pollution sonore dans la salle de l’Assemblée et ses abords immédiats, par les dépassements du temps de parole, par l’absence des délégations au fur et à mesure que les jours passent et par la multiplication des réunions et autres manifestations parallèlement au débat général.  Le Vice-Président a dit avoir demandé au Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale de se saisir de cette question au cours de cette session.

Droits de réponse

Le représentant des Îles Salomon a répondu à la déclaration faite par l’Indonésie concernant la situation des droits de l’homme en Papouasie occidentale.  L’Indonésie, a-t-il dit, a certes ratifié dès 1988 la Convention contre la torture mais elle n’a rien fait pour définir et pénaliser la torture dans sa législation.  De même, l’Indonésie n’a pas présenté de rapport au Comité contre la torture depuis 2008.  Affirmant détenir des informations sur les violations des droits de l’homme de la population mélanésienne en Indonésie, le représentant a demandé à cette dernière d’autoriser les experts des droits de l’homme de l’ONU à venir enquêter en Papouasie occidentale.  Il a rappelé les dispositions du Pacte international sur les droits civils et politiques que l’Indonésie a ratifié et conseillé à cette dernière d’avouer ses problèmes et d’en discuter plutôt que de fermer les yeux, pour qu’aucune vie ne soit plus jamais perdue, celle des Mélanésiens ou celle des autres.  Le représentant a aussi rappelé que plusieurs États insulaires du Pacifique ont essayé en vain d’entamer un dialogue avec l’Indonésie.

Son homologue du Pakistan s’est dite obligée de réagir à la déclaration de l’Inde, qu’elle a jugée truffée d’allégations sans fondement, dans le seul but de détourner l’attention des atrocités commises au Jammu-et-Cachemire.  Le comportement de l’Inde dans cette région relève du terrorisme d’État, a affirmé la représentante.  L’Inde doit accepter l’enquête proposée par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et savoir que le Jammu-et-Cachemire ne fera jamais partie de son territoire.  Le statut n’est pas tranché puisque les Nations Unies ont promis l’exercice de l’autodétermination à la population, a argué la représentante, en estimant que cette population mène donc une lutte légitime pour son autodétermination, laquelle doit être soutenue par la communauté internationale. 

La dernière attaque contre une base est aussi, selon la représentante, une autre tentative de détourner l’attention.  Elle a accusé l’Inde de pratiquer et d’encourager le terrorisme, alors qu’elle ferait mieux de se préoccuper de ses nombreux problèmes internes.  Elle a également accusé l’Inde d’avoir refusé les offres de pourparlers du Pakistan, y compris celle faite ici dans cette salle de l’Assemblée générale par le Premier Ministre pakistanais.

C’est le Pakistan qui essaye de détourner l’attention, a rétorqué la représentante de l’Inde.  Il s’agit en effet, s’est-elle expliquée, de faire oublier les sanctuaires du terrorisme qui continuent de prospérer sur le territoire pakistanais.  La représentante a accusé le Pakistan d’exporter le terrorisme comme politique d’État et de laisser son territoire devenir une base des attaques terroristes, y compris contre l’Inde.  Elle a accusé l’armée pakistanaise d’avoir commis des « crimes de génocide et de haine » notamment en 1971 et a dénoncé le fait que la société civile pakistanaise a été réduite au silence par des milices lourdement armées.  La représentante a enfin rappelé que son Ministre des affaires étrangères a dit on ne peut plus clairement, ce matin même, que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde et le restera.

À son tour, le représentant du Guatemala a répondu à la délégation du Belize, concernant le différend « frontalier terrestre, insulaire et maritime » entre les deux pays.  Il a en premier lieu rappelé la volonté de son pays de résoudre « ce contentieux territorial, dont les deux pays ont hérité », devant la Cour internationale de Justice.  Il a également souligné l’intention de son pays d’entretenir des relations privilégiées avec le Belize, basées sur le respect mutuel.  « C’est pour cette raison que nous rejetons vivement les accusations infondées de la délégation de Belize, dans la mesure où elles ne correspondent pas à la vérité », a-t-il déclaré.

Il a souligné que, depuis la création de l’ONU, son pays n’a jamais recouru à la force ou à la menace pour régler ce différend territorial, vieux de 157 ans.  En effet, a expliqué le représentant, le Guatemala a été victime d’une dépossession et d’une mutilation de son territoire, en raison de la politique expansionniste et prédatrice de la puissance impériale et colonisatrice qui, prenant appui sur sa force militaire, au mépris flagrant des traités signés, en particulier les Traités Clayton–Bulwer et Wyke-Aycinena, plus connu sous le nom de « Convention anglo-guatémaltèque de 1859 », s’est emparée par la force d’un territoire qui ne lui appartenait pas, a-t-il estimé. 

Le représentant a souligné que son pays a fait tout son possible pendant plus de 120 ans pour régler ce différend de manière pacifique.  « En dépit de l’abus et de la dépossession dont nous avons été victimes, le Guatemala a reconnu le droit du peuple de Belize à l’autodétermination et à l’indépendance, mais il a maintenu sa demande légitime concernant la partie correspondante à ce territoire spécifique », a-t-il souligné.

Mon pays, a-t-il poursuivi, est désormais victime « d’un autre type de violence, caractérisé par une conduite abjecte, incompatible avec les liens d’amitié sur lesquels doivent se baser les relations entre Nations ».  Le représentant a en effet précisé qu’au cours des 10 dernières années, 10 paysans guatémaltèques « sans défense » ont été tués à Belize, simplement parce qu’ils se trouvaient sur le territoire administré par ce dernier.  Il a qualifié ces incidents « d’actes barbares », « d’aberration morale » et de « conduite irrationnelle et injustifiable ».

Il a par ailleurs rejeté les conclusions des experts mentionnés par le Belize dans sa déclaration, concernant le dernier de ces « incidents tragiques », en avril dernier.  Il a dénoncé l’usage disproportionné de la force par les forces de Belize, qui a conduit à la mort d’un adolescent guatémaltèque.  « La présence non autorisée de personnes ne justifie en aucun cas l’usage disproportionné et létal de la force », a-t-il rappelé.

Son homologue de la République islamique d’Iran a quant à lui répondu à la déclaration des Émirats arabes unis, qui ont, selon lui, proféré des accusations « sans fondement » et « sans preuve ».  En l’absence de preuves, il a qualifié « d’absurdes et d’hypocrites » ces accusations, concernant la soi-disant ingérence de l’Iran dans les affaires d’autres pays.  Ces accusations ne sont pas crédibles et viennent de toute façon « de responsables qui bombardent des innocents aux Yémen ».  « C’est d’autant plus honteux », a-t-il estimé, « que les Émirats arabes unis arment des terroristes en Iraq et ailleurs ».  Le représentant a également qualifié d’infondées les accusations concernant l’occupation par l’Iran d’îles du Golfe persique, « car ces îles continuent de faire partie du territoire iranien », a-t-il asséné.  Il a ensuite dénoncé l’alliance formée par les Émirats arabes unis et Israël, au sein d’une coalition qui revient, selon lui, « à trahir le peuple palestinien ». 

Le représentant a commenté la déclaration de Bahreïn sur la prétendue ingérence de l’Iran.  « C’est un mensonge! » a-t-il contré, ajoutant qu’un rapport récent sur la question n’avait pas permis d’établir de lien clair entre les incidents récents survenus à Bahreïn et l’Iran.  Le représentant a aussi mentionné les incidents survenus l’an dernier pendant le pèlerinage annuel de La Mecque, en Arabie saoudite, qui ont entraîné la mort de nombreux citoyens iraniens.  Il a reproché à l’Arabie saoudite l’absence d’enquête sur ce qui s’est réellement produit et le silence face aux demandes répétées de l’Iran qui veut savoir la vérité.

Il a souligné que son pays a toujours tout fait pour développer de bonnes relations avec ses voisins, y compris dans ceux du Golfe Persique.

Répondant aux Îles Salomon, la représentante de l’Indonésie a vu dans la déclaration l’utilisation des droits de l’homme comme prétexte pour appuyer des mouvements séparatistes en violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un État et donc la Charte des Nations Unies.

Son homologue du Pakistan a rejeté « les allégations et les mensonges » de l’Inde.  Le Jammu-et-Cachemire est un territoire contesté, a-t-il répété, et il ne sert à rien de tenir à l’Assemblée générale des propos qui vont à l’encontre du droit international.  L’Inde ne fait que réprimer depuis 70 ans la population du Jammu-et-Cachemire plutôt que d’entendre sa voix. 

La représentante de l’Inde a dit avoir fait preuve de patience en écoutant le Pakistan.  J’attends maintenant qu’il parle de choses réellement importantes pour le monde, a-t-elle taclé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la situation à Alep est marquée par de profondes divergences entre les pays occidentaux et la Fédération de Russie

7777e séance – matin  
CS/12533

La réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la situation à Alep est marquée par de profondes divergences entre les pays occidentaux et la Fédération de Russie

L’Envoyé spécial de l'ONU, M. Staffan de Mistura, assure que l’ONU n’abandonnera jamais le peuple syrien

Réuni en urgence à la demande de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni, pour examiner les derniers développements tragiques de la situation en Syrie et notamment à Alep, le Conseil de sécurité a été ce dimanche, 25 septembre, le théâtre d’un nouvel affrontement verbal entre les États-Unis, le Royaume-Uni et la France d’une part, et la Fédération de Russie d’autre part.  D’autres membres du Conseil, comme l’Égypte, l’Angola ou le Venezuela, ont, quant à eux, affirmé que la Syrie ne saurait continuer d’être la scène d’un affrontement par procuration entre puissances régionales ou internationales. 

« Ce sont des jours terribles pour la Syrie », a déclaré l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, M. Staffan de Mistura, qui, quatre jours seulement après une réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel sur la même question, est venu présenter les tous derniers développements, marqués par ce qu’il a considéré comme une intensification « sans précédent » des attaques.  Faisant état de l’utilisation de bombes incendiaires et de bombes capables de percer des bunkers, il a répété que le recours à de telles armes dans des zones à forte concentration de civils constitue des crimes de guerre, avant de dresser un tableau apocalyptique des souffrances de la population civile.

L’Envoyé spécial a estimé que ni le bombardement américain de Deir ez-Zor contre les forces syriennes, ni l’attaque menée contre le convoi humanitaire du Croissant-Rouge syrien ne sauraient justifier cette violence sans précédent.  Il a rappelé que l’accord conclu le 9 septembre entre les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) –États-Unis et Fédération de Russie- était compliqué et avait pris du temps.  Mais, a-t-il ajouté, les premiers jours, il avait réellement permis d’améliorer la situation de la population, qui était même ressortie dans les rues de l’est d’Alep pour se réjouir.  Avertissant que la reconquête d’Alep ouvertement souhaitée par le Gouvernement syrien impliquerait des combats de rue sanglants et destructeurs, l’Envoyé spécial a répété, une nouvelle fois, qu’il ne pourrait y avoir de solution militaire à Alep, ni en Syrie.  Il faut donc un cessez-le-feu et une solution politique crédible.  En même temps, a-t-il déploré, la confiance a été sapée, tout en disant vouloir croire, « en tant qu’Envoyé naïf des Nations Unies », que les auteurs de l’accord y croyaient réellement qu’ils l’ont signé.  Le conflit ne pourra pas être résolu sans l’aide des coprésidents du GISS, a répété M. de Mistura, qui a rappelé que l’accord du 9 septembre concerne non seulement Alep mais aussi toute la région.  « Les petits progrès réalisés ne doivent pas être enterrés sous les débris d’Alep », a-t-il imploré, tout en refusant de toute idée de démission.  Un tel geste, a-t-il estimé, reviendrait à dire que la communauté internationale abandonne les Syriens.  « Nous n’abandonnerons jamais le peuple syrien », a-t-il affirmé.

Lors du débat, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande s’en sont vivement pris à la Fédération de Russie.  La représentante des États-Unis, qui a rappelé que son pays avait aussitôt reconnu son « erreur » concernant la frappe aérienne de Deir ez-Zor et avait présenté ses excuses, a accusé la Russie d’abuser du « privilège historique » que lui confère son siège permanent au Conseil de sécurité.  Il est grand temps, a-t-elle rappelé, de dire qui mène les frappes qui tuent les civils.  Le représentant britannique a accusé la Russie d’avoir « noué un partenariat » avec le régime syrien pour commettre des crimes de guerre » et ces deux pays de s’être « enfoncés dans de nouveaux abîmes », alors que la représentante de la Nouvelle-Zélande dénonçait « un véritable carnage dans l’est d’Alep » provoqué par « des avions syriens qui, de toute évidence, intervenaient avec le soutien de la Russie ».  Enfin, le représentant de la France, qui a comparé Alep à « ce que Sarajevo fut pour la guerre en ex-Yougoslavie », a dit attendre de la Russie la preuve qu’elle est véritablement disposée à cesser de soutenir l’option militaire et qu’elle voulait rechercher une solution négociée avec tous les moyens dont elle dispose. 

Le représentant de la Fédération de Russie a répliqué en appelant à établir les faits avant de porter des accusations concernant les attaques à Alep et affirmé que les frappes menées à l’est de la ville visaient des combattants terroristes du Front el-Nosra.  Il a également rejeté la non–application de l’accord du 9 septembre sur l’opposition syrienne et reproché à la partie américaine de n’avoir pas, elle non plus, contribué à sa mise en œuvre, préférant maintenir les capacités militaires des groupes armés présents sur le terrain et pratiquer un « unilatéralisme » doublé de voltefaces.

La reprise du processus politique a été demandée par la Fédération de Russie, comme par plusieurs autres membres du Conseil, qui ont une nouvelle fois demandé aux pays qui ont une influence sur les parties d’en faire usage.  Ainsi, le représentant de l’Uruguay a salué le courage de M. de Mistura en le qualifiant de « héros ».  Il a cependant fait remarquer que l’Envoyé spécial ne pouvait rien faire de plus tant que « la Fédération de Russie et les États-Unis ne redoublent pas d’efforts pour relancer le processus en Syrie ».  Ces pays ont donc demandé que soit appliqué l’accord du 9 septembre car seul un cessez-le-feu immédiat peut permettre d’améliorer l’accès humanitaire, la protection des civils et de reprendre le processus politique.  Certains ont toutefois exigé des clarifications.  L’Angola juge ainsi essentiel de séparer les groupes terroristes de l’opposition, et l’Espagne a affirmé qu’« aucune ambiguïté ne sera tolérée ».  Les membres du Conseil ont également insisté sur la nécessité d’un accès humanitaire à Alep.

Réagissant à ces interventions, le représentant de la République arabe syrienne a tenu à préciser que son gouvernement entendait reprendre toute la ville d’Alep, « une des deux villes principales de la Syrie avec Damas, qui est sa capitale ».  Il a accusé les pays occidentaux d’avoir voulu, en demandant cette réunion, envoyer un signal de soutien politique au Front el-Nosra.  Il a également démenti tout usage par l’armée syrienne d’armes interdites et décrit le bombardement américain de Deir ez-Zor comme étant une « tentative délibérée de saboter l’accord du 9 septembre.  Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, s’est engagé à parvenir à un accord politique, mais « grâce à des pourparlers intra-syriens » et non du fait de pressions extérieures.  Il a rejeté l’idée de négocier avec des terroristes, même « génétiquement modifiés ».  Le Gouvernement est prêt à discuter avec un ensemble spécifique de membres de l’opposition, « ceux qui ont confiance dans l’avenir de la Syrie, et pas des personnes qui viennent pour passer la nuit dans des hôtels cinq étoiles ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposé

M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a parlé de « jours terribles » pour la Syrie et la population d’Alep en particulier, en précisant que la semaine écoulée avait été une des pires pour le pays depuis le début du conflit il y a six ans.  Il a rappelé qu’il avait déjà déploré mardi devant le Conseil de sécurité que l’accord, conclu le 9 septembre entre les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), ait été menacé.  Il a rappelé le bombardement américain de Deir ez-Zor contre les forces syriennes, en notant que les États-Unis avaient reconnu qu’ils avaient commis une erreur, et l’attaque menée contre le convoi humanitaire du Croissant-Rouge syrien. Mais aucun de ces deux incidents ne peut justifier la recrudescence d’une violence sans précédent, a-t-il ajouté.

Après l’accord du 9 septembre, accord « compliqué qui a pris du temps », a rappelé M. de Mistura, le cessez-le-feu, entré en vigueur trois jours plus tard, a réellement permis de faire baisser la violence et on a vu les gens sortir et se réjouir dans les rues de l’est d’Alep, alors que des frappes aériennes se poursuivaient en dehors de la ville.  Mais lorsque le Gouvernement syrien a déclaré la fin du cessez-le-feu le 19 septembre, on a appris que des frappes aériennes et des attaques au baril d’explosifs avaient repris dans l’est d’Alep, où il y a une forte concentration de la population civile.

Depuis le 19 septembre, on constate une détérioration quotidienne de la situation à Alep, a poursuivi l’Envoyé spécial, qui a fait état de frappes aériennes, notamment samedi 24 septembre, contre des quartiers résidentiels.  Les secours semblaient débordés et incapables de gérer la situation, a-t-il ajouté.  Trois des centres gérés par les Casques blancs à Alep auraient été touchés et les secours ne parviennent même plus à sortir les victimes des décombres, du fait de la destruction du matériel de la défense civile.  M. de Mistura a indiqué que  quelque 213 personnes avaient été tuées dans la province d’Alep, dont des dizaines d’enfants, tout en reconnaissant n’avoir pas de chiffres de sources indépendantes.  Il a toutefois jugé « sans précédent » les attaques, en faisant état de bombes incendiaires, de bombes capables de percer des bunkers, et a affirmé qu’on avait pu voir des cratères bien plus larges que ceux causés par les bombardements précédents.  L’Envoyé spécial a répété une nouvelle fois que l’utilisation de telles armes dans des zones à forte concentration de civils pouvait constituer des crimes de guerre.  Il a ajouté qu’un centre des Nations Unies avait été touché par deux tirs de la part de l’opposition.

M. de Mistura a rappelé que ce sont 272 000 personnes dans l’est d’Alep qui sont de facto soumis à un siège depuis 20 jours, alors que les réserves de nourriture ne suffisent que pour 60 000 personnes et qu’on ne peut les reconstituer.  Les boulangeries sont prises pour cibles et on ne trouve du pain que trois fois par semaine, s’est indigné l’Envoyé spécial.  Le carburant manque également.  Le PAM dispose d’un convoi de 40 camions prêts chaque matin capable de venir en aide à 130 000 personnes.  Or, ce convoi n’a jamais pu démarrer car il n’a jamais reçu de garanties, de la part de chacune des parties qui, de toute évidence, incitaient au blocage du convoi, a-t-il accusé.  Il a également rappelé que 2 millions de personnes n’avaient plus accès à l’eau potable.  La population d’Alep est donc exposée aux épidémies de maladies transmises par l’eau.  L’Envoyé spécial a donc demandé au Conseil d’insister pour assurer la protection des civils, pour qu’il y ait chaque semaine une pause humanitaire de 48 heures et pour assurer des évacuations médicales d’urgence.

Revenant à la situation militaire sur le terrain, l’Envoyé spécial a constaté la volonté du Gouvernement syrien de reconquérir Alep.  Pourtant, a-t-il fait remarquer, le Gouvernement avait annoncé sa volonté d’éradiquer le terrorisme sans toucher la population civile.  Les civils continuent d’être la cible d’attaques aériennes et meurent en grand nombre.  Il a fait état d’informations selon lesquelles plus de la moitié des combattants à l’est d’Alep appartiendrait à l’organisation, Front el-Nosra, et de l’utilisation d’infrastructures médicales à des fins militaires.  La seule chose qui est sure, c’est qu’il n’y aura pas de victoire militaire et que le peuple syrien est le grand perdant, a averti M. de Mistura, qui a estimé que la conquête d’Alep impliquerait des combats de rue sanglants et destructeurs.

La solution militaire est impossible à Alep comme en Syrie, a martelé l’Envoyé spécial, pour qui il faut un cessez-le-feu et une solution politique crédible.  En même temps, la confiance a été sapée, a-t-il dit, avant s’ajouter qu’il voulait croire, « en tant qu’Envoyé naïf des Nations Unies », que MM. Kerry et Lavrov voulaient croire à leur accord le 9 septembre.  Il s’est dit prêt à informer de nouveau le Conseil de sécurité mais il a rappelé la responsabilité de ce dernier à assurer la cessation des hostilités sans tarder.  Le conflit ne pourra pas être résolu sans l’aide des coprésidents du GISS, a répété M. de Mistura, qui a rappelé que l’accord du 9 septembre concernait non seulement Alep mais aussi toute la région.  « Je vous en prie, élaborez un plan d’action commun pour que les hostilités en Syrie prennent fin », a-t-il imploré.  « Les petits progrès réalisés ne doivent pas être enterrés sous les débris d’Alep. »

Faisant allusion aux appels de certains à sa démission pour lancer un « signal fort », M. de Mistura a affirmé qu’il continuerait de rejeter cette option, car ce « signal fort » serait vite oublié et reviendrait en fait à dire que la communauté internationale abandonne les Syriens.  Nous n’abandonnerons jamais le peuple syrien, a-t-il conclu.

Déclarations

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a dénoncé l’offensive aérienne lancée au cours des 72 heures par le Gouvernement syrien et ses alliés russes contre Alep, parachevant la destruction d’une ville martyre.  « Le régime Assad ne croit qu’en une solution militaire »: au lieu d’œuvrer pour la paix, la Russie et Bachar Al-Assad ont choisi la guerre.  Anticipant les justifications selon lesquelles ces attaques participeraient à la lutte antiterroriste, la représentante a rappelé que de nombreuses victimes avaient été faites parmi les civils, dont des enfants.  Alep continue d’être assiégée alors que nous ne réunissons pas aujourd’hui à imposer une cessation des hostilités, a poursuivi Mme Power, qui a fait état de la destruction d’infrastructures de base, notamment d’hôpitaux, et des nombreux blessés ne cessent d’affluer dans ces hôpitaux.  Les patients qui ont besoin d’un traitement en dehors de la ville sont pris au piège, a-t-elle souligné.

Nous pensons que tout doit être mis en œuvre pour rétablir la cessation des hostilités et retrouver le chemin de la transition politique.  « On ne peut pas mener d’offensive militaire massive tout en se disant pour la paix », a tranché la représentante.  Mercredi dernier, le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, a déclaré que son pays avait toujours été en faveur d’une solution pacifique au conflit syrien.  La Russie va, sans aucun doute, accuser les États-Unis d’être responsables de cette situation, en s’appuyant sur la frappe aérienne accidentelle du 17 septembre imputable aux États-Unis, « et pour laquelle nous avons présenté des excuses et engagé une enquête ».  Pour Mme Power cependant, il est temps de dire qui mène ces frappes, « qui tue les civils ».  La Russie abuse du « privilège historique » que lui confère son siège au sein du Conseil de sécurité, a-t-elle dit.  L’Histoire jugera durement ces membres du Conseil qui restent silencieux devant le carnage.  Vendredi dernier, des images de frappes aériennes contre Alep ont été diffusées par les médias, dont une où l’on voit une enfant littéralement enterrée vivante sous les décombres.  « Elle s’appelle Rohan. »  On pourrait se réjouir de la savoir rescapée de l’attaque, a fait observer Mme Power.  Pourtant, tous les membres de sa famille ont perdu la vie.  « Quelles sont les chances de cette petite fille? » a-t-elle demandé.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a expliqué que son gouvernement avait convoqué cette session d’urgence parce que les images qui nous parviennent d’Alep depuis 24 heures marquent un nouveau tournant dans le conflit syrien.  « Elles témoignent d’un degré de violence sans doute encore jamais atteint en cinq années de conflit et viennent d’être corroborées par l’exposé de l’Envoyé spécial », a-t-il accusé.  Alep est aujourd’hui une ville martyre et représente pour le conflit syrien « ce que Sarajevo fut pour la guerre en ex-Yougoslavie », « un nouveau Guernica ».  Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 101 civils, dont de nombreux enfants, ont été tués, « en trois jours », dans les bombardements du régime, a déploré le représentant.  « Horrifiée » par cette nouvelle surenchère militaire du régime syrien, « qui s’acharne à faire tomber Alep avec ses soutiens », la France a dénoncé l’usage systématique d’un nouveau type d’armement incendiaire et de munitions perfectionnées permettant de perforer des bunkers et de causer l’effondrement d’un immeuble entier en un seul impact.  Comme l’a rappelé le Secrétaire général hier, a souligné l’Ambassadeur Delattre, l’usage indiscriminé et systématique de telles armes dans des zones peuplées par des civils est constitutif de crimes de guerre. 

Si nous ne faisons rien pour empêcher la destruction totale d’Alep, cette semaine demeurera dans les mémoires comme celle qui a vu échouer la diplomatie et triompher la barbarie et la brutalité, a-t-il prévenu.  Aujourd’hui, sauver Alep doit être notre priorité, en appliquant immédiatement l’accord conclu entre la Russie et les États-Unis, qui est « notre seul espoir ».  La France demande également la mise en place d’un mécanisme robuste de surveillance de la cessation des hostilités qui, seul, permettra de recréer la confiance nécessaire et d’assurer la consolidation de la trêve, d’abord à Alep puis sur l’ensemble du territoire.  Pour le représentant de la France, le Conseil de sécurité se trouve aujourd’hui à un moment de vérité et doit se montrer à la hauteur de ses responsabilités.  Nous attendons de la Russie qu’elle donne la preuve de sa réelle disposition à cesser de soutenir l’option militaire et de vraiment rechercher une solution négociée au conflit syrien avec tous les moyens dont elle dispose. 

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé que les habitants d’Alep étaient des « syriens ordinaires » victimes d’une cruauté systématique sans précédent qui, selon lui, dépasse clairement les capacités aériennes du régime syrien à lui seul.  Il a accusé « le régime syrien et la Russie » de s’être « enfoncés dans de nouveaux abîmes » pour faire régner l’enfer à Alep, en dressant une vision apocalyptique de la situation sur le terrain.  Nul ne peut nier que la Russie a noué un partenariat avec le régime syrien pour commettre des crimes de guerre, a accusé le représentant, qui a parlé à plusieurs reprises des attaques chimiques menées par le régime syrien.  Il y a quatre jours, a-t-il rappelé, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, avait énoncé les engagements de la Russie.  On voit le résultat aujourd’hui, a-t-il noté.

Pour M. Rycroft, la Russie devrait faciliter et non entraver l’acheminement de l’assistance humanitaire, et elle devrait créer et non détruire les conditions d’un accord politique.  À défaut, elle ne pourra que confirmer son statut de « paria international ».  Il a accusé la Russie d’être dépourvue de toute crédibilité.  Certes, la Syrie abrite des terroristes qu’il faut détruire.  Mais les frappes aériennes menées par la Russie ne prennent pas seulement pour cibles des terroristes, elles tuent également des dizaines de civils syriens, a soutenu M. Rycroft, qui a cependant fait remarquer que le régime syrien avait tué plus de civils syriens que Daech et le Front el-Nosra réunis.

Le peuple syrien n’oubliera jamais que la Russie a soutenu un dictateur qui fait la guerre à sa population, a poursuivi le représentant.  Il n’oubliera pas non plus l’inaction de la communauté internationale, une inaction dont le représentant britannique a rendu responsables la Russie et le veto exercé à quatre reprises sur la situation en Syrie au sein du Conseil de sécurité ces dernières années.  Ces décisions discréditent la diplomatie, a accusé le représentant, qui a estimé qu’il faut maintenant agir.  « Que pouvons-nous faire pour lever le siège et permettre l’acheminement à Alep de l’aide humanitaire? » a ajouté le représentant.  Ce n’est qu’en agissant en ce sens que la Russie « pourra compenser son action déplorable en Syrie », a-t-il dit.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré qu’en 2011, Washington et plusieurs autres capitales occidentales avaient décidé de poursuivre « leurs manœuvres géopolitiques » au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, « un processus qui avait commencé avec l’invasion criminelle de l’Iraq en 2003 par les États-Unis et le Royaume-Uni ».  Ils ont continué à donner des « coups de hache » en Libye et en Syrie et n’ont pas hésité à accepter l’appui de groupes terroristes.  Les conséquences inévitables –la désintégration des deux pays et la création de millions de réfugiés– ont été passées par profits et pertes comme un « désagrément imprévu », a lancé le représentant.  Le résultat, a-t-il estimé, c’est que des centaines de groupes armés opèrent en Syrie, le pays est bombardé « par n’importe qui s’en sent l’envie » et le rétablissement de la paix est devenu presque impossible.

Des mois de travail par les experts russes et américains sous les auspices du Ministre russe des affaires étrangères et du Secrétaire d’État des États-Unis, avec la participation des Présidents des deux pays, ont abouti à un plan détaillé qui, s’il avait été appliqué de bonne foi, aurait pu nous permettre d’apaiser la situation sur le terrain, d’améliorer considérablement la situation humanitaire et d’amorcer une reprise des négociations entre Syriens sous l’égide des Nations Unies, a fait remarquer l’Ambassadeur Churkin.  Mais, a-t-il regretté, le début de la mise en œuvre du plan n’a cessé d’être reporté en raison des « actes de sabotage inadmissibles commis par l’opposition ».  Les États-Unis ont reconnu qu’ils étaient incapables d’exercer une influence sur les groupes sous leur tutelle, et donc de « distinguer les groupes modérés des terroristes et les séparer sur le terrain ».  « C’était écrit noir sur blanc dans tous les documents.  Mais rien n’a été fait.  Même sur la question de la définition des groupes terroristes, il y a eu énormément de flou, ce qui laisse entendre que l’objectif principal demeure de maintenir la capacité militaire des opposants au Gouvernement de la Syrie, quels qu’ils soient », a accusé le représentant russe.

Par ailleurs, on ne cesse de poser de nouvelles conditions et de lancer des ultimatums qui changent à une « vitesse vertigineuse », assurant que les demandes de cessez-le-feu, « parfois pendant 48 heures, parfois pendant 72 », sont devenues « monnaie courante ».  « Résultat des courses », les militants se sont regroupés, ont reçu des renforts et lancé de nouvelles offensives, a martelé le représentant.  Ensuite, a-t-il dit, il a été exigé que le Gouvernement syrien cesse unilatéralement, en tant que condition préalable, les vols de ses forces aériennes.  On nous a d’abord dit que ce serait pour trois jours, et nous y avons consenti.  Ensuite, « on a dit non », le Président des États-Unis aurait changé d’avis et il était alors question de sept jours.  Ces manœuvres tactiques ne peuvent se poursuivre indéfiniment.  Nous ne consentirons plus à aucune mesure unilatérale, a-t-il martelé.

Le bombardement des positions de l’armée syrienne défendant la ville de Deir ez-Zor contre les terroristes de Daech, bombardement qui a été mené par les « forces de la coalition et plus précisément, par les forces britanniques », a porté un sérieux coup aux accords, a estimé M. Churkin.  Par ailleurs, s’agissant du bombardement du convoi humanitaire, la Fédération de Russie en aurait entendu parler pour la première fois de la part du Secrétaire d’État américain, assurant que deux avions russes se seraient trouvés « pendant quelques minutes » à proximité de la zone que traversait le convoi.  « Il nous a dit de ne pas nous inquiéter et qu’il n’allait pas rendre publique cette information, car il fallait d’abord établir les faits. »  Or, le lendemain, le Secrétaire d’État a fait de la tragédie la « pièce centrale de sa déclaration dramatique » au Conseil de sécurité.  « Voilà ce que c’est que de travailler avec nos collègues américains! » a-t-il ironisé.  Par ailleurs, si les avions russes se trouvaient pendant quelques minutes à proximité de la zone, comment les bombes auraient-elles pu pleuvoir sur le convoi pendant sept heures, comme M. Churkin a dit l’avoir lu quelque part?

À Alep, la situation humanitaire aurait pu être normalisée dès le mois d’août.  « Mais nous en avons été empêchés par les groupes armés, qui ont continué d’ouvrir le feu sur les corridors humanitaires. »  L’est de la ville serait sous le contrôle de plus de 20 groupes armés comptant au total quelque 3 500 combattants, la principale force étant le Front el-Nosra, avec environ 2 000 membres, a assuré le délégué russe.  « Depuis le 1er  septembre, le bombardement de la partie est de la ville a entraîné la mort de plus de 50 soldats et 120 civils et sept exécutions collectives de personnes favorables aux négociations ou qui souhaitaient quitter la ville ont été signalées », a détaillé M. Churkin.

Se tournant vers l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, le représentant de la Fédération de Russie a dit ne pas comprendre pourquoi aucune mesure décisive n’avait été prise depuis le mois de mai sur le processus de transition.  « Je voudrais poser la question suivante à M. de Mistura: Qui a refusé de participer à des pourparlers directs pendant tout ce temps?  Nous connaissons la réponse, mais j’aimerais l’entendre de sa bouche », a lancé M. Churkin.  S’il y a des représentants de l’opposition syrienne qui veulent vraiment sortir leur pays de cette crise, « et nous savons qu’ils existent », « qu’ils se présentent ».  Revenant sur le cessez-le-feu, il a déclaré qu’il faudrait « nous convaincre qu’il existe une volonté sincère de dissocier l’opposition -qui coopère avec la coalition dirigée par les États-Unis- du Front el-Nosra », organisation qu’il faudra ensuite « éliminer ».

M. LIU JIEYI (Chine), notant les lourdes pertes civiles causées récemment par le conflit ainsi que le bombardement de forces syriennes, s’est dit préoccupé par cette escalade des frappes aériennes.  Les parties doivent agir de manière responsable et coordonnée.  Il a estimé que la communauté internationale devrait travailler sur les volets du cessez-le-feu, de l’assistance humanitaire, de la solution politique et de la lutte contre le terrorisme.  La délégation de la Chine espère que l’accord du 9 septembre sera dûment mis en œuvre.  La communauté internationale doit coopérer pour exhorter toutes les parties en Syrie à respecter l’Accord.  Plus la situation en Syrie est complexe, plus il faut insister sur une solution politique, a estimé le représentant, qui a assuré l’Envoyé spécial, M. de Mistura, du soutien de son pays.  Il a également demandé que les États de la région jouent un rôle positif.

Toutes les parties syriennes doivent faire en sorte que l’assistance humanitaire soit apportée le plus rapidement possible et la communauté internationale devrait renforcer cette assistance.  Le confit syrien a contribué à l’expansion du terrorisme.  Tant que celui-ci ne sera pas éradiqué, le peuple syrien ne connaîtra pas la paix, a poursuivi le représentant, qui a demandé un renforcement du renseignement international dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et une lutte renforcée sur les réseaux sociaux. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que l’action de la coalition contre les forces syriennes, le 17 septembre dernier, était la raison de la rupture de la trêve conclue quelques jours plus tôt.  Le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, avait affirmé lors du dernier débat du Conseil de sécurité sur cette question qu’il s’agissait d’une erreur, « une erreur qui a porté un coup fatal à la cessation des hostilités », a affirmé Le représentant vénézuélien.  Cette attaque déplorable a été suivie d’une autre contre des convois humanitaires à proximité d’Alep, que le représentant a condamnée avec la même fermeté.  Le règlement du conflit syrien ne peut se faire qu’à travers le dialogue, a tenu à rappeler le représentant, en assurant que la poursuite de la guerre n’aboutirait à aucun résultat. 

Comme l’ennemi principal dans la région est le terrorisme, a souligné le représentant du Venezuela, la « soi-disant » opposition modérée doit se dissocier des groupes armés.  Après avoir dénoncé les graves violations des droits de l’homme commises à Alep, le représentant a regretté les tentatives de faire de cette réunion d’urgence du Conseil de sécurité un procès contre la Russie.  Il a émis l’espoir que les Nations Unies, sous les auspices de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, parviendront à ramener les parties au conflit à la table des négociations.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déploré que la présente séance se tienne dans un contexte de divergences de vues entre puissances internationales, lesquelles ne semblent pas s’être rendues compte que la partie qui souffre le plus du conflit est le peuple syrien.  Il y a eu, ces derniers jours, plusieurs réunions consacrées à la Syrie, au sein du Conseil de sécurité ou du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), a rappelé le représentant.  Elles permettent à chaque fois de s’accorder sur le fait que le conflit syrien est une guerre par procuration et que le bain de sang doit cesser.  Seul l’accord conclu au sein du Groupe international de soutien pour la Syrie peut créer les conditions d’une négociation politique, a assuré le représentant, qui a regretté que les deux coprésidents du GISS ne soient pas en mesure de faire appliquer leur accord.

M. Aboulatta s’est également dit surpris par les présentations très divergentes de la situation sur place qu’ont faites les États-Unis et la Fédération de Russie, alors que les moyens techniques dont disposent ces deux pays devraient leur permettre de savoir ce qui se passe.  Pour le représentant de l’Égypte, ces deux pays devraient donc éviter toute confrontation dans les medias qui risque de nuire au processus politique.  L’Égypte appelle toutes les parties concernées à appliquer de bonne foi l’accord du 9 septembre et demandé à l’Envoyé spécial de poursuivre ses efforts.  Le temps est venu de penser avant tout à l’intérêt du peuple syrien, a encore déclaré le représentant égyptien, qui a souhaité que cesse toute polarisation externe.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a condamné les attaques brutales commises ces derniers jours, qui témoignent de la volonté évidente, selon lui, du Président syrien, M. Bachar al-Assad, de reprendre l’est d’Alep.  Les membres du Conseil de sécurité qui ont une influence directe sur les parties au conflit, en particulier la Fédération de Russie, doivent maintenant en faire usage, a-t-il souhaité.  Pour la délégation de l’Espagne, il est urgent de faire cesser les hostilités, de garantir l’accès humanitaire et de créer les conditions propices à la relance des négociations.  L’heure pour l’opposition syrienne de faire un choix est venue, a souligné le représentant, en précisant qu’elle doit comprendre qu’« aucune ambiguïté ne sera tolérée ».  Le représentant de l’Espagne a indiqué, avant de conclure, que sa délégation suivrait de près les conclusions de l’enquête ouverte par le Secrétaire général pour déterminer la responsabilité des auteurs de l’attaque perpétrée contre un convoi des Nations Unies et en tenir responsables les auteurs.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a salué la détermination de M. de Mistura à ne pas baisser les bras et a dénoncé l’effet dévastateur de la nouvelle escalade, déplorant que les États-Unis et la Fédération de Russie n’aient pas en mesure de mettre en œuvre leur accord du 9 septembre.  L’Angola aurait souhaité que le GISS fût un mécanisme plus efficace pour rechercher la paix.  Il a jugé essentiel de séparer les groupes terroristes de l’opposition.  La Fédération de Russie devrait s’associer aux différentes parties prenantes pour s’accorder sur les modalités d’un accord de cessez-le-feu.  La Syrie ne peut continuer d’être la scène d’un affrontement par procuration entre puissances régionales ou internationales.  Comme les négociations bilatérales secrètes n’ont donné presque aucun résultat, l’Angola demande un processus plus ouvert et un réengagement des coprésidents du GISS.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a repris à son compte les propos de son Président, M. Macky Sall, pour qui ce qui se passe en Syrie est « insoutenable ».  C’est tout un peuple qui agonise, et pour combien de temps? a-t-il demandé.  Le représentant a ensuite déploré que la cessation des hostilités soit sérieusement compromise et que les espoirs placés dans le récent accord conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie s’évanouissent.  À l’occasion du débat de haut niveau du Conseil de sécurité de mardi dernier, le Sénégal avait lancé un appel aux coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS) pour préserver la cessation des hostilités. 

« Au vu de la gravité de la situation, a souligné M. Seck, mon pays est plus que jamais convaincu que la paix passera par le respect du droit international. »  C’est pourquoi, le Sénégal a demandé que la priorité soit accordée à la protection des infrastructures, et qu’une pause humanitaire de 48 heures soit respectée. L’Ambassadeur Seck a également appuyé la mise en place d’un centre de commandement commun pour le partage d’informations pour la lutte contre le terrorisme.  Pour l’heure, un consensus fort et durable parmi les membres du Conseil de sécurité et du GISS est nécessaire dans la lutte contre le terrorisme, sous peine de voir les groupes armés continuer d’attirer les combattants étrangers dans leurs rangs, a-t-il estimé.

« Les enfants, les femmes, les personnes âgées meurent à Alep pendant que nous prononçons nos discours », a affirmé M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay).  Il a souligné la gravité de la violence à Alep, en s’indignant qu’un véritable « massacre » y a lieu.  « Rien ne peut justifier un massacre, rien », a-t-il estimé, avant de s’interroger sur ce que le Conseil fait véritablement face à une telle horreur.  Malheureusement, nous nous contentons de nous indigner, a-t-il dit.  Le délégué de l’Uruguay a ensuite qualifié l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, de « héros » et loué son indéfectible optimisme.  « Mais ce n’est pas un super héros et il ne peut rien si deux membres du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie et les États-Unis, ne redoublent pas d’efforts pour relancer le processus en Syrie », a prévenu le représentant.  Il a ensuite appelé ces deux pays à œuvrer en ce sens afin de mettre un terme aux atrocités en Syrie. « Les autres membres du Conseil vous apporteront le soutien nécessaire », a-t-il assuré avant de conclure.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a déploré la détérioration de la situation en Syrie, où l’escalade de la violence a réduit à néant l’accord en date du 9 septembre sur la cessation des hostilités.  Il a réitéré la nécessité de ménager un accès sans entraves aux personnels humanitaires et médicaux sur le terrain, ainsi que la demande en faveur d’un Mécanisme de surveillance à cette fin.  Pour la délégation malaisienne, il est nécessaire d’aller au-delà de la condamnation et d’agir.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a condamné la décision du régime à Damas et de ses alliés de lancer une offensive contre la partie est d’Alep, en estimant qu’elle constituait une violation « flagrante » des résolutions du Conseil de sécurité.  Les actions du régime syrien et de ses alliés vont à l’encontre des principes fondamentaux du droit international humanitaire, a-t-il souligné, avant de se dire consterné par l’escalade militaire à Alep.  « Tout au long de l’année, ma délégation a émis, de manière répétée, doutes et réserves sur la véritable nature de l’implication russe dans le conflit syrien », a-t-il rappelé, avant d’ajouter que les faits lui avaient donné raison.

Le délégué a ensuite affirmé que les espoirs de parvenir à un arrangement fiable avec la Russie et le régime Assad à cet instant étaient infondés.  « Aussi longtemps que ces deux parties seront engagées en faveur d’une solution militaire, toute pause dans les combats, tout accord de cessez-le-feu, toute hésitation politique seront impitoyablement exploités par les faucons à Damas et à Moscou pour améliorer leurs positions militaires et renforcer leur position dans les négociations », a-t-il déclaré.  Jugeant qu’il n’y avait pas de perspective pour une solution militaire en Syrie, il a mis en garde contre « le fantasme » dangereux qui voudrait qu’une victoire du régime en Syrie conduirait à une stabilité administrée en Syrie.  « La réalisation d’un scénario à la Grozny n’est ni possible, ni souhaitable », a-t-il dit avant de conclure.

M. YOSHIFURI OKAMURA (Japon) a déclaré qu’après l’accord conclu le 9 septembre, on pouvait espérer une percée dans la crise syrienne lors de la semaine de débat de haut niveau de l’Assemblée générale.  Au contraire, la semaine a commencé avec les informations choquantes concernant l’attaque d’un convoi conjoint des Nations Unies et du Croissant-Rouge syrien ainsi que la destruction d’entrepôts de ce dernier.  Le Japon demande une enquête sur cet incident et la publication de ses conclusions.  Il demande aussi à toutes les parties impliquées d’assurer la sécurité des travailleurs humanitaires qui fournissent une assistance humanitaire à la Syrie.

Selon les informations disponibles, les conséquences de l’escalade des combats à Alep sont dévastatrices.  Le représentant du Japon a exprimé sa plus profonde préoccupation.  Il faut garantir au plus l’accès humanitaire et la protection des civils, a-t-il insisté.  Un test particulièrement important aura lieu demain, a-t-il dit, puisque des convois humanitaires qui attendent à la frontière turque doivent se rendre à Alep pour livrer de la nourriture.  Le Japon appelle le Gouvernement syrien, les groupes de l’opposition et les États qui ont une influence sur eux à faire en sorte que les camions puissent entrer dans l’est d’Alep.

Pour le Japon, seul un cessez-le-feu immédiat peut améliorer la situation, a indiqué M. Okamura car, a-t-il précisé, on ne pourra jamais améliorer l’accès humanitaire, la protection des civils, ni reprendre le processus politique.  Il est donc important de remettre l’accord russo-américain du 9 septembre sur les rails et de surmonter nos divergences face à l’horrible intensification des combats et la situation humanitaire catastrophique, a-t-il souligné avant de conclure.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a rappelé qu’il y a quatre jours, le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande avait présidé une réunion du Conseil de sécurité au cours de laquelle les dirigeants présents sont tombés d’accord sur plusieurs points.  Ils ont convenu qu’il ne saurait y avoir d’issue militaire au conflit syrien et qu’il y avait un besoin urgent de mettre fin aux combats et de redoubler collectivement d’efforts pour mettre en œuvre l’accord conclu par les États-Unis et la Fédération de Russie en vue de maintenir la cessation des hostilités.  Ils sont aussi tombés d’accord sur la nécessité de créer les conditions de la reprise des pourparlers politiques.  « C’est pourquoi, nous sommes consternés de nous retrouver à nouveau dans cette salle alors que des avions syriens, de toute évidence avec le soutien de la Russie, sont en train de faire un véritable carnage dans l’est d’Alep », a déclaré la représentante.  Ces actions « indescriptibles », dans le cadre desquelles des bombes incendiaires seraient utilisées aveuglément contre des civils, anéantissent les derniers espoirs de maintenir la cessation des hostilités et de sauver le processus de paix.

Les mots sont insuffisants pour décrire cette situation, il est temps de les appuyer par une action, a déclaré la représentante, qui demande que le Gouvernement syrien cesse immédiatement le bombardement de civils et fasse preuve d’une volonté sincère de réaliser une paix négociée, avec le soutien des pays ayant le plus d’influence sur les parties au conflit.  « La Nouvelle-Zélande en appelle aux Gouvernements de la Fédération de Russie et de l’Iran: si vous êtes sérieux au sujet de la paix, faites tout ce qui est en votre pouvoir dans les jours à venir pour mettre fin aux hostilités et donner à l’accord américano-russe une chance », a lancé la représentante, qui a également dit que l’opposition avait, elle aussi, des responsabilités. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé, que contrairement à ce qu’a avancé l’Ambassadeur Matthew Rycroft, du Royaume-Uni, jamais la Syrie n’a été brisée.  « Les trois membres du Conseil qui ont demandé cette réunion d’urgence du Conseil nous ont donné l’impression de réinventer la roue, ils ont redécouvert, a-t-il dit, que le Gouvernement syrien essayait de rependre Alep. »  « Quelle découverte! » s’est-il étonné.

Le Gouvernement syrien, a-t-il assuré, veut reprendre toute la ville d’Alep « qui est la ville principale de la Syrie, après Damas ».  « Si Shakespeare, Jean Génet, Kafka et autres pionniers du théâtre absurde devaient ressusciter, ils écriraient de meilleures tragédies », a-t-il fait remarquer, en soulignant que les mensonges proférés aujourd’hui étaient dignes du Roi Lear.  Le délégué a fait observer que le terroriste français Mohammed Merah, qui fait régner le chaos à Toulouse, n’avait jamais été décrit comme étant modéré, ou comme appartenant à un groupe d’opposition modéré.  « Si, par exemple, l’Espagne renonce au pays basque, la France à la Corse, les États-Unis au Texas ou encore Royaume-Uni à l’Écosse, le Gouvernement syrien ne renoncera à aucun centimètre carré de son territoire national », a-t-il affirmé.

Le délégué a ensuite dénoncé le soutien que ces trois membres permanents apportent à des groupes terroristes qu’ils qualifient à tort de modérés.  Cette réunion d’urgence est un signal envoyé par ses pays au Front el-Nosra consistant à dire que le soutien politique se poursuivra, a-t-il soutenu.  Il a ensuite déclaré que les opérations militaires de l’armée syrienne et de ses alliés prévoyaient des mesures de protection des citoyens, alors que les groupes terrorises utilisent les civils comme boucliers humains.  L’Ambassadeur Ja’afari a dénoncé les accusations proférées par certains membres du Conseil et du Secrétaire général selon lesquelles son gouvernement utiliserait des armes interdites, tout en rappelant que les groupes terroristes tels que Daech avaient utilisé des armes chimiques.  Il a déclaré que des éléments terroristes comptaient utiliser du phosphore contre des civils syriens en se déguisant en militaires syriens afin d’accuser l’armée syrienne.  Sa délégation, a-t-il assuré, dispose de nouvelles informations selon lesquelles des produits chimiques seraient stockés par des groupes terroristes dans des entrepôts à 20 kilomètres d’Alep.

« Nous voulons, plus que tout autre, mettre un terme au bain de sang en Syrie », a-t-il affirmé, en se félicitant de l’accord conclu le 9 septembre par les coprésidents du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), à savoir les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a ensuite dénoncé la tentative délibérée de saboter cet accord résultant du bombardement de soldats syriens par des avions de la coalition internationale.  Il est déplorable que certains membres du Conseil de sécurité continuent d’exiger de la Syrie et de ses alliés qu’ils respectent l’accord de cessation des hostilités malgré des preuves tangibles du soutien de ces pays à des « groupes terroristes armés ».  Ces derniers, a-t-il avancé, n’ont jamais eu l’intention d’assurer le succès de cet accord.  Le représentant a ensuite indiqué que les « groupes terroristes » et la coalition internationale avaient agi en violation de l’accord de cessation des hostilités du 9 septembre, tout en accusant les États-Unis d’avoir échoué à faire la distinction entre le Front el-Nosra et les groupes qu’ils disent modérés.  « Cela montre l’absence de volonté politique de ceux qui soutiennent le terrorisme et ne veulent pas mettre fin au bain de sang en Syrie », a-t-il tenu à préciser, en estimant que certains membres du Conseil mentaient à eux-mêmes.

En conclusion, l’Ambassadeur Ja’afari a demandé à certains membres du Conseil de cesser d’exploiter les souffrances du peuple syrien, dont ils sont, par ailleurs, à l’origine du fait de la politisation du conflit.  « Nous nous sommes engagés à parvenir à un accord grâce à des pourparlers intersyriens sans ingérence extérieure », a-t-il conclu, en assurant qu’une « victoire syrienne était imminente ».

Répondant à la question que lui a directement posée le représentant de la Fédération de Russie, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a expliqué que son mandat s’alignait sur les dispositions du Communiqué de Genève du 30 juin 2012.  Il a ajouté avoir été le témoin du refus d’une certaine délégation de participer à des pourparlers directs, une délégation dont l’ambassadeur avait dit qu’il ne voulait pas parler avec des représentants de groupes terroristes.  « Lors de la précédente réunion du Conseil de sécurité sur la question à l’ordre du jour, j’avais dit que l’ONU souhaitait que la mise en œuvre de cet accord facilite la reprise des efforts en vue d’un règlement politique par les Syriens et pour les Syriens, comme le demande la résolution 2254 (2015) ».  C’est ce que j’espère toujours, et vous donne l’assurance que j’œuvrerai à des pourparlers directs.

Réagissant à ces commentaires, le représentant de la République arabe syrienne a déclaré que, lorsque la Conférence de Genève II avait eu lieu, la Jordanie s’était vue confier la tâche de « déterminer qui était terroriste et qui ne l’était pas et l’Arabie saoudite « qui était dans l’opposition et qui ne l’était pas ».  Ni l’une ni l’autre n’ont préparé de définition, une question soulevée lors de la Conférence de Genève, « où des terroristes ont été invités, avant d’être exclus, puisque tout le monde a découvert qu’il s’agissait de terroristes ».  Nous ne sommes pas prêts à négocier avec des terroristes ou avec des centaines de groupes terroristes « génétiquement modifiés », mais avec un ensemble spécifique de membres de l’opposition.  « Nous aimerions négocier avec ceux qui ont confiance dans l’avenir de la Syrie, et non pas avec des personnes qui viennent « pour passer la nuit dans des hôtels cinq étoiles. »

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les petits États insulaires déplorent devant l’Assemblée générale le manque de soutien de la communauté internationale dans la lutte climatique

Soixante et onzième sesstion,
20e, 21e & 22e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11831

Les petits États insulaires déplorent devant l’Assemblée générale le manque de soutien de la communauté internationale dans la lutte climatique

Les petits États insulaires en développement (PEID) ont déploré aujourd’hui, lors de la cinquième et avant-dernière journée du débat général de l’Assemblée générale, le manque de soutien de la communauté internationale, alors qu’ils subissent de plein fouet les effets des changements climatiques et de la récession économique, phénomènes dont ils ne s’estiment pourtant pas responsables. 

Par ailleurs, plusieurs États africains ont mis en évidence les besoins de réforme, notamment en matière énergétique, pour atteindre les objectifs de développement durable à l’échelle du continent.

« Nos petits pays sont les victimes des conséquences des changements climatiques, non pas parce qu’ils ont créé ceux-ci, mais parce qu’ils sont la cible d’actes de pollution de la part d’autres pays », a déploré le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, M. Gaston Alphonso Browne. 

Tout en saluant la signature, l’an dernier, de l’Accord de Paris sur le climat, M. Browne a estimé que l’objectif de contenir l’élévation de température en dessous de 2 degré Celsius n’était pas viable.  « Même en fixant ce chiffre à 1,5ºC, de nombreux pays insulaires seront rayés de la surface de la terre », a-t-il indiqué. 

De son côté, le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, M. Timothy Harris, a souligné la très grande vulnérabilité des PEID face aux catastrophes naturelles.  « Un événement climatique d’une durée de quelques heures peut ravager tous les aspects de la vie sur nos îles », a-t-il dit. 

Fort de ce constat, le Premier Ministre du Timor-Leste, M. Rui Maria de Araújo, a exhorté l’ensemble des pays du monde à « prendre des actions urgentes pour lutter contre les effets des changements climatiques » qui affectent tout particulièrement les nations maritimes, dont la sienne. 

Afin de coordonner ces efforts internationaux, le Chef du Gouvernement des Tonga, M. Samuela 'Akilisi Pohiva, a proposé la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques.

S’agissant spécifiquement de la préservation des écosystèmes marins, thème cher aux PEID, le Ministre des affaires étrangères de la Barbade, Mme Maxine Pamela Ometa McClean, a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une gestion durable de l’espace maritime et de ses ressources.  Cela supposerait, a déclaré son homologue de la Grenade, M. Elvin Nimrod, de mettre fin à la surconsommation actuelle du capital naturel des océans.  « Le monde perd 83 milliards de dollars chaque année du fait de pêcheries non soutenables », a-t-il dénoncé. 

Malgré la vulnérabilité des PEID sur ces questions, force est de constater, a par ailleurs regretté le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, le manque de financements en matière de lutte contre les effets des changements climatiques.  Rejetant les affirmations selon lesquelles « des milliards de dollars sont disponibles », M. Harris a déclaré qu’allouer des ressources financières était inutile « si les mécanismes pour y accéder sont opaques, prohibitifs et extrêmement difficiles à pénétrer ». 

Non seulement les PEID bénéficient d’une aide financière limitée, mais beaucoup d’entre eux croulent sous le poids de la dette, a affirmé le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda.  Ces pays sont forcés, a-t-il expliqué, d’emprunter à des taux d’intérêt très élevés pour reconstruire les infrastructures après des catastrophes.  « Nous sommes piégés au milieu d’un cercle très vicieux », a-t-il ainsi observé, appelant à ce que la dette des PEID soit effacée en échange de mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. 

Le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Allen Michael Chastanet, a dénoncé la marginalisation progressive des PEID de l’économie mondiale.  Alors même que les PEID subissent encore les conséquences de la crise financière de 2008-2009, dont ils ne sont pas responsables, ils ne sont toujours pas impliqués dans les solutions aux problèmes, a-t-il déploré. 

Par ailleurs, concernant la mise en œuvre des objectifs de développement durable en Afrique, le Ministre des affaires étrangères du Gabon, M. Emmanuel Issoze-Ngondet, a insisté sur la nécessité de « relever le défi du développement énergétique » du continent. 

L’industrialisation de l’Afrique est effectivement tributaire de l’offre en énergie, a convenu le Ministre des affaires étrangères du Congo, M. Jean-Claude Gakosso, précisant que son pays soutenait pour cette raison les projets d’électrification du continent africain actuellement en discussion. 

Outre l’énergie, le Premier Ministre du Swaziland, M. Barnabas Sibusiso Dlamini, a estimé que les accords commerciaux entre États, comme le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), étaient essentiels pour l’industrialisation de la région. 

Enfin, le Vice-Premier Ministre de la Syrie, M. Walid Al-Moualem, a dénoncé le soutien de nombreux États étrangers à l’essor du terrorisme dans son pays.  « Le terrorisme ne se serait pas étendu à la Syrie sans l’appui extérieur de pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite », a-t-il estimé, reprochant également à la Turquie d’avoir ouvert ses frontières à des dizaines de milliers de terroristes et de leur avoir fourni un appui logistique, avec la supervision des services de renseignement occidentaux. 

Suite du débat général

M. RUI MARIA DE ARAÚJO, Premier Ministre du Timor-Leste, reconnaissant que l’intégration régionale créait des opportunités pour le développement économique et le bien-être des peuples, a indiqué que son pays aspirait à rejoindre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  L’année dernière, le Timor-Leste a été l’un des premiers pays à adhérer aux objectifs du développement durable, et il fait aujourd’hui partie d’un groupe de huit pays qui, en partageant les bonnes pratiques et les expériences, entendent « servir de modèles » dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le Gouvernement, a précisé le Premier Ministre, a établi un groupe de travail interministériel qui, avec la société civile et les partenaires du développement, a élaboré des indicateurs pour les 17 objectifs qui vont de pair avec le plan stratégique national de développement.  Il a également mis l’accent sur la question du financement du développement.  M. de Araújo a cité une étude récente publiée dans le magazine « Lancet » selon laquelle le Timor-Leste serait le pays qui a fait le plus de progrès dans le domaine de la santé depuis 2000.  Il s’est aussi investi dans la campagne de résistance aux antibiotiques.

« Le Timor-Leste connaît trop bien le prix de la guerre », a poursuivi le Premier Ministre, en mettant en avant les bienfaits de la diplomatie préventive et du renforcement des institutions.  Il a assuré l’ONU de la volonté de son pays de participer aux opérations de maintien de la paix.  Quand des pays émergent de situations de conflit, il y a des questions de sécurité qui perdurent, a-t-il toutefois souligné.  Pour sa part, le Timor-Leste s’est engagé à combattre le terrorisme et le crime organisé, le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites, la piraterie, le trafic des stupéfiants et des armes et la traite des personnes.

Nation maritime affectée par l’impact des changements climatiques, le Timor-Leste a signé, en avril dernier, l’Accord de Paris qui est en cours de ratification au Parlement, a déclaré M. de Araújo.  Il a déploré que, « 14 ans après être devenu le cent quatre-vingt-onzième État Membre de l’ONU, le Timor-Leste n’a toujours pas défini ses frontières maritimes avec l’Indonésie et l’Australie ».  Toutefois, il a entamé des discussions à cette fin avec l’Indonésie et espère en faire bientôt de même avec l’Australie.  Il a saisi la Commission de conciliation obligatoire, un mécanisme de règlement des différends prévu par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, en vue de trouver une solution amiable.          

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a précisé qu’il avait pris ses fonctions à un moment où beaucoup de gens dans le monde, et dans son pays, manifestaient leur mécontentement avec le statu quo existant vis-à-vis des idéologies, politiques, institutions et comportements de longues dates.  « Certaines vieilles habitudes et arguments sont désormais obsolètes et néfastes pour les défis auxquels les gens sont confrontés aujourd’hui, a poursuivi le Premier Ministre. 

Par conséquent, il y a une frustration croissante qui alimente les actes de terrorisme à travers le monde qui ont parfois dégénéré en conflits majeurs.  Pour lui, il est essentiel d’opter pour le dialogue et le respect mutuel pour commencer à y trouver des réponses.  Dans ce contexte, il salue le réchauffement des relations entre les États-Unis et Cuba et demande aux États-Unis de lever le blocus économique contre Cuba, car « une économie cubaine forte renforcerait celles de toute la région ».

« Nous dirigeants de ce monde nous réunissons chaque année, ici, dans cette enceinte, pour débattre des défis et succès de l’ordre international.  Et pourtant, le format même de cette réunion est contradictoire, puisque la plupart du temps lorsque l’un d’entre nous prend la parole, très peu sont présents dans la salle pour l’écouter et encore moins pour réagir.  Et après on se demande pourquoi cette entité est aussi mal perçue par les personnes qui nous ont élus pour les servir. »  

En tant que petit État insulaire en développement (PEID) dans cet organe, notre voix est supposée être égale aux autres, mais l’expérience et la realpolitik ont prouvé le contraire, a constaté M. Chastenet, pour lequel « au lieu d’être invités à rechercher les causes de nos problèmes, nous sommes contraints d’accepter des remèdes aux symptômes des maladies ». 

Il a accusé les « architectes des programmes de développement adoptés par les PEID de les pénaliser et de les critiquer maintenant en leur reprochant d’être des paradis fiscaux ».  Un exemple d’une telle exclusion est le fait qu’alors même que les PEID vivent encore les conséquences négatives de la crise financière et économique de 2008-2009, ils ne sont toujours pas impliqués dans les solutions aux problèmes, a observé le Premier Ministre. 

Pour lui, le « G20 s’est autoproclamé comme le forum de notre coopération économique internationale collective », toutefois Sainte-Lucie, comme la majorité des pays, n’en sont pas membres.  Il reproche en effet au G20 un grave problème de légitimité, au-delà du fait qu’il soit non officiel et non inclusif, puisque nombre de pays qui en sont membres sont précisément ceux à l’origine de la crise économique et financière mondiale, une crise qui a plongé des pays comme le sien dans la pauvreté et des soulèvements sociaux et politiques. 

L’impact disproportionné sur les pays pauvres n’a fait que creuser les écarts entre pays développés et en développement, par conséquent chaque pays Membre des Nations Unies devrait être « honnête et assumer ses responsabilités », a dit le Premier Ministre.  « Il est facile de jeter la pierre aux autres et de se défausser de ses responsabilités », mais un véritable leadership dans ce monde nouveau exige bien plus que cela. 

« Si nos destins sont liés les uns aux autres, comme on ne cesse de le dire ici à l’ONU, il n’en demeure pas moins que nous pensons toujours en fonction d’un jeu à sommes nulles. »  « Nous avons la chance de disposer d’énormes ressources naturelles qui, si elles étaient utilisées à bon escient, pourraient permettre d’éradiquer la pauvreté dans le monde », a poursuivi le Chef du Gouvernement.  Il a ainsi refusé que l’on poursuive un ordre mondial où l’on place une nation ou un groupe de personnes au-dessus des autres.  Le moment est venu pour s’engager résolument sur une autre voie, a déclaré M. Chastanet.

« Nous n’avons plus le luxe de mettre l’accent sur nos différences.  L’ampleur des défis à relever doit nous amener à prendre des mesures collectives », a conclu le Premier Ministre.

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre et Ministre des finances et de la gouvernance des entreprises d’Antigua-et-Barbuda, a salué l’adoption, l’an dernier, des 17 objectifs de développement durable, même si certains parmi eux peuvent être perçus comme des vœux, étant donné qu’aucune obligation juridiquement contraignante ne suscite le financement qui est pourtant nécessaire pour leur réalisation.  Il s’est également félicité de l’Accord de Paris sur le climat pour lequel son pays, un petit État insulaire, vient de déposer, en début de semaine, l’instrument de ratification. 

Il a rappelé que l’objectif de contenir l’élévation de température à moins de 2 degrés Celsius n’est pas viable, arguant même qu’en fixant ce chiffre à 1,5 degré, de nombreux pays insulaires seront rayés de la surface de la terre.  Les ravages des changements climatiques ne vont pas prendre fin avec la destruction des petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il averti, ajoutant que ces conséquences ne vont pas disparaître avec la dernière marée montante.  Il a prédit que les réfugiés, les déplacés et la misère créés par les conséquences des changements climatiques vont s’afficher sur les rivages des pays qui ont rejeté ou négligé cette question aujourd’hui.

Le Premier Ministre a indiqué que les PEID étaient victimes des conséquences des changements climatiques, non pas parce qu’ils ont créé ceux-ci, mais parce qu’ils sont la cible d’actes de pollution d’autres pays.  Fort de ce constat, Antigua-et-Barbuda a toujours proposé que sa dette soit effacée en échange des mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. 

Il a expliqué que de nombreux PEID croulent sous le poids de la dette du fait qu’ils n’ont pas accès aux financements concessionnels, étant ainsi forcés d’emprunter à des taux d’intérêt très élevés, afin de reconstruire les infrastructures après des catastrophes, ou pour investir dans des mesures d’atténuation.  Ce poids de la dette est un boulet pour la croissance économique et constitue un frein à la réalisation des objectifs de développement durable.  « Nous sommes piégés au milieu d’un cercle très vicieux », a fait observer M. Browne. 

D’un autre côté, les prêts préférentiels ne seront accessibles aux PEID que si l’on arrête d’utiliser comme critère de sélection la variable du produit national brut (PIB), a-t-il expliqué, ajoutant que cette doléance était restée sans réponse jusqu’à présent.  Il a estimé que le moyen approprié de juger de la possibilité d’octroi des prêts concessionnels aux PEID serait de considérer leur vulnérabilité face aux chocs externes, une situation sur laquelle ils n’ont du reste aucun contrôle.  Il a fait part de sa frustration et de sa déception du fait qu’année après année, ses pairs et lui-même viennent à l’Assemblée générale expliquer leur défi en vain.

Le Premier Ministre a en outre expliqué que le dernier défi auquel les pays des Caraïbes, d’Amérique centrale et d’Afrique faisaient face était la fin de partenariats d’affaires entre les banques locales et des banques d’envergure internationale, prétendument pour éviter de payer des infractions colossales imposées par les régulateurs d’Amérique du Nord et d’Europe dans le contexte de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent.  « Ils appellent ce processus réduction du risque, moi je l’appelle la destruction des économies », a lancé M. Browne. 

Le Premier Ministre a expliqué que la perte de partenaires bancaires pour ces petits États avait des conséquences calamiteuses, car ils seront de facto mis hors du système commercial international par l’impossibilité d’effectuer des paiements à l’étranger, ou même de recevoir des fonds venant d’autres pays. 

De même, les subsides envoyés par la diaspora vont s’amenuiser, poussant les populations locales à vivre sous assistance sociale alors que les économies sont déjà essoufflées.  « C’est un cancer qui s’étend et qui sape notre développement, menace la stabilité de notre région et nous empêche de participer à l’économie mondiale », a-t-il également souligné. 

« La menace est réelle et le danger imminent, mais prenez garde, aucun pays ne sera immunisé face aux conséquences de ce phénomène si rien n’est fait », a-t-il encore prévenu.  Il a annoncé que son pays allait accueillir un sommet des chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) sur cette question les 27 et 28 octobre prochain.

M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré que la transformation du monde passait par l’autonomisation de la jeunesse.  À Saint-Kitts-et-Nevis, a-t-il assuré, nous nous concentrons sur la création d’emplois, le renforcement des compétences, l’entreprenariat, le conseil et l’appui aux mères adolescentes, et la fourniture de services sociaux. 

Il a souligné toute la pertinence de la Déclaration sur les armes légères et de petit calibre, adoptée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) en 2011, car ces armes ont des effets dévastateurs sur la vie des jeunes et les familles.  Saint-Kitts-et-Nevis a signé et ratifié le Traité sur le commerce des armes, mais le pays a besoin d’un appui.

En tant que petit État insulaire en développement (PEID), Saint-Kitts-et-Nevis est particulièrement vulnérable, a fait remarquer M. Harris.  « Un événement climatique d’une durée de quelques heures peut ravager tous les aspects de la vie sur nos îles », a-t-il insisté.  Préoccupé par le financement en matière de lutte contre les changements climatiques, il a vilipendé les affirmations selon lesquelles « des milliards de dollars sont disponibles ».  Selon lui, « cela ne veut rien dire si les mécanismes pour y accéder sont opaques, prohibitifs et extrêmement difficiles à pénétrer ».

Les petits États insulaires en développement, a déploré M. Harris, « sont de plus en plus marginalisés dans le système financier mondial ».  Au cours du premier semestre de cette année, près de 16 banques dans cinq pays des Caraïbes ont perdu tout ou partie de leurs relations avec des correspondants bancaires, ce qui fait courir un risque vital à la vie financière de ces pays, dont l’économie dépend du tourisme.  Il a appelé le G7, le G20 et les institutions financières internationales à réévaluer les méthodologies utilisées pour évaluer quand et si un pays est qualifié pour recevoir une aide concessionnelle ou accéder à certains types de fonds internationaux.

En matière de santé, le Premier Ministre a salué l’appui du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) pour le Partenariat pan-caraïbe contre le VIH/sida.  Il s’est félicité d’avoir réduit de 97% la transmission de la mère à l’enfant à la naissance et d’avoir amélioré l’accès aux médicaments antirétroviraux.  « Mais cette bataille est loin d’être gagnée », a-t-il averti.  

M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a passé en revue les efforts de son pays pour la réalisation des objectifs de développement durable, notamment par des campagnes de sensibilisation du public, l’éducation et la formation professionnelle.  Il a également intégré ces objectifs dans le cadre de développement national et a lancé les réformes institutionnelles nécessaires pour en faciliter la mise en œuvre qui reste toujours au stade « embryonnaire » et souffre d’un manque de moyens humains, technologiques et financiers. 

L’éducation est l’un des secteurs qui fait l’objet d’une réforme de fond, pour en améliorer la qualité et y introduire les matières scientifiques et technologiques.  Le secteur de la santé est également la cible d’une attention particulière et la couverture santé universelle nationale sera introduite. 

La mise à niveau des infrastructures est essentielles pour « désenclaver le pays » a encore expliqué le Premier Ministre.  En dehors du manque de moyens, d’autres défis au développement de son pays sont l’impact du VIH/sida et des changements climatiques.  Le Swaziland traverse en effet une sécheresse sans précédent, ce qui se répercute directement sur l’insécurité alimentaire dont de nombreuses personnes souffrent à la fois au Swaziland et dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). 

En tant que pays fortement agricole, les changements climatiques ont un impact dévastateur au point où la sécheresse a été déclarée catastrophe nationale par le Gouvernement.

M. Dlamini a également passé en revue le rôle joué par son pays dans l’intégration régionale et continentale, en particulier sur le plan économique.  Le Swaziland fait partie d’un certain nombre d’arrangements d’intégration économique et commerciaux de l’Afrique australe et de l’Est comme la SADC dont le trente-sixième sommet a eu lieu au Swaziland, le mois dernier. 

Des accords commerciaux comme le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA), la zone de libre-échange tripartite ou les accords de partenariat économique (APE) ont ouvert des opportunités de marchés préférentiels pour le Swaziland, a expliqué le Premier Ministre, qui compte sur ceux-ci pour stimuler les capacités de production des pays de la région et soutenir l’industrialisation et l’emploi.

L’élan donné pour transformer le monde ne peut réussir que si aucune personne, aucune communauté, aucun pays et aucune région ne sont délaissés, a souligné M. Dlamini, pour lequel tout un chacun a une responsabilité à assumer dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Avant de conclure, il s’est rallié aux multiples appels en vue de permettre à la « voix de l’Afrique d’être entendue au Conseil de sécurité » en lui accordant un siège permanent.

M. SAMIUELA ‘AKILISI POHIVA, Premier Ministre des Tonga, s’est dit préoccupé par la santé des populations de son pays.  Les gains tirés de l’exploitation des ressources naturelles qui devrait servir au développement sont plutôt orientés vers la gestion de la question des maladies non transmissibles, a-t-il expliqué.  Cette « crise régionale », a fait l’objet d’un sommet en juin dernier. 

En outre, avec des frontières poreuses, la criminalité transfrontalière est également devenue un fléau aux Tonga, avec notamment des conséquences néfastes pour la jeunesse du pays qui est exposée aux stupéfiants. 

Le Premier Ministre a dit accorder une place de choix à l’objectif 14 de développement durable sur la conservation et l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines aux fins de développement durable.  Il a souhaité que cet objectif soit complètement mis en œuvre d’ici à 2030.  Il a en outre plaidé pour une meilleure protection des fonds marins, saluant au passage le travail que mène à ce sujet l’Autorité internationale des fonds marins où siège son pays. 

Il a ensuite rappelé l’importance de la question des changements climatiques pour les Tonga, « une menace existentielle pour son pays ».  Il a appelé à la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques, rappelant que les Tonga étaient le troisième pays le plus vulnérable aux effets négatifs des changements climatiques.

M. Pohiva a par ailleurs exprimé sa préoccupation sur le sort des habitants de la Papouasie occidentale en Indonésie.  Il a rappelé qu’il avait évoqué les abus dont ils étaient victimes, l’an dernier, à la même tribune de l’Assemblée générale, précisant que rien n’avait changé depuis lors.  Il a appelé à un dialogue ouvert et constructif avec l’Indonésie sur cette question.

M. PHAM BÌNH MINH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a déclaré que le multilatéralisme devait être renforcé, ainsi que le rôle de l’ONU.  Il a préconisé une réforme de l’Organisation, y compris du Conseil de sécurité, afin d’assurer plus d’équité, de démocratie et de transparence.  Le système de développement des Nations Unies doit être mieux financé et plus efficace.  Le multilatéralisme, le droit international, la paix, la coopération et le développement, a-t-il poursuivi, sont également des éléments clefs pour construire une région d’Asie et du Pacifique stable, prospère et pacifique. 

Il a souligné que la région connaissait des risques de conflit, notamment dans la péninsule coréenne et en mer de Chine du Sud.  Sur ce dernier point, il a invité toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à résoudre tous les différends par les moyens pacifiques, en accord avec le droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

M. Minh a affirmé que le Viet Nam entendait mettre en œuvre les objectifs de développement durable en tenant compte des priorités nationales telles que la restructuration de l’économie et la transformation de son modèle de croissance, le développement d’infrastructures durables, tout comme le besoin de veiller à la justice sociale, de réduire les inégalités et de protéger l’environnement. 

Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il a appelé les pays développés à prendre leur responsabilité et à assister les pays en développement, y compris le Viet Nam, notamment en matière de financement, de renforcement de capacités, de transfert technologique et de facilitations commerciales. 

Le Ministre a également annoncé que le Viet Nam était candidat à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.

« Le sang des Syriens n’a pas suffi à assouvir la soif du terrorisme », a asséné M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Syrie.  Le terrorisme s’en prend aussi aux citoyens de nombreux pays, y compris ceux qui l’ont appuyé et sponsorisé, a-t-il dit.  « Ces innocents payent pour les fautes de leurs gouvernements, qui ont ignoré les intérêts de leurs peuples et adopté des politiques à courte vue. »

Le terrorisme ne serait pas étendu à la Syrie sans l’appui extérieur de pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite, a souligné M. Al-Moualem.  Il a reproché à la Turquie d’avoir ouvert ses frontières à des dizaines de milliers de terroristes et de leur avoir fourni un appui logistique et des camps de formation avec la supervision des services de renseignement occidentaux.  En Syrie, a-t-il affirmé, « nous combattons le terrorisme au nom du monde entier ».  Chaque fois que l’Armée syrienne tue un terroriste étranger, elle épargne la vie d’innocents qui auraient pu périr dans un attentat terroriste perpétré par ce même terroriste retourné dans son pays.

Le Vice-Premier Ministre a critiqué ceux qui se réfèrent aux terroristes comme à « l’opposition armée modérée », alors qu’ils ont commis contre les Syriens des crimes et des massacres « non moins barbares que ceux de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et d’Al-Qaida ».  Il s’est félicité des grandes avancées réalisées par l’Armée arabe syrienne dans sa guerre contre le terrorisme, « avec l’appui des amis du peuple syrien, notamment la Fédération de Russie, la République islamique d’Iran et la résistance nationale libanaise ».

M. Al-Moualem a fermement condamné l’attaque lancée, intentionnellement selon lui, par des avions de guerre américains contre un site de l’Armée syrienne près de l’aéroport de Deir ez-Zor, le 17 septembre dernier, qui a permis à l’EIIL d’en reprendre le contrôle.  Il a également dénoncé l’incursion turque dans les territoires syriens « sous prétexte de contrer le terrorisme ». 

Depuis le début de la crise en 2011, a-t-il insisté, le Gouvernement syrien est ouvert à une solution politique à travers un dialogue intersyrien qui permette aux Syriens de décider de l’avenir de leur pays sans ingérence étrangère.  Il a réitéré son engagement vis-à-vis du processus de Genève, sous les auspices des Nations Unies.

Certains pays exploitent la tragédie humanitaire et la souffrance des Syriens, a regretté le Vice-Premier Ministre.  Ils continuent, s’est-il moqué, de verser « des larmes de crocodile » et d’accuser la Syrie d’assiéger et d’affamer la population, alors que ce sont eux qui arment les terroristes, se servent des civils comme boucliers humains et empêchent la livraison de l’aide humanitaire ou la confisquent.

Par ailleurs, M. Al–Moualem a dénoncé les pratiques « agressives » d’Israël dans le Golan syrien occupé.  Il a demandé à la communauté internationale d’obliger Israël à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.   

M. AHMAD ZAHID HAMIDI, Vice-Premier Ministre de la Malaisie, a fait part des actions et mesures, d’ores et déjà, mises en place dans son pays pour réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le plan de développement actuel pour la période 2016-2020 est centré sur la personne et s’articule autour de trois grands principes qui sont la réalisation de revenus importants, l’inclusion et la durabilité. 

Un comité de supervision de la feuille de route pour la réalisation nationale des objectifs de développement durable est sur le point d’être mis en place.  Un accent particulier y est mis sur l’éducation et la formation professionnelle et technique, a précisé le Ministre, dont le Gouvernement mise sur le capital humain. 

La Malaisie cherche également à devenir la capitale des start-ups de l’Asie.  Le « Centre MaGIC », qui se trouve à Cyberjaya, a pour mission de créer un « écosystème propice » au développement des start-ups en Malaisie et au-delà, a-t-il expliqué.  La nouvelle stratégie nationale « des océans bleus » se base sur la créativité et l’innovation.  Par son truchement, 80 ministères et agences collaborent pour formuler des stratégies visant à transformer le pays, une action qui se fait en partenariat avec le secteur privé.  Un exemple de ce projet est constitué par les centres de transformation urbains et ruraux qui permettent désormais au citoyen d’avoir un seul point focal pour tous les services publics.

Dans le domaine du volontariat, le Ministre a évoqué l’initiative malaisienne des « hôpitaux sans frontières » qui apporte des soins aux communautés défavorisées par le biais de cliniques communautaires.

En matière de changements climatiques, une réalité qu’il estime être l’une des plus grandes menaces pour la sécurité internationale, le Ministre a exhorté les États Membres à respecter sans plus attendre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.  La Malaisie s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 45% d’ici à 2030.

M. Hamidi a ensuite présenté son approche de la lutte contre le terrorisme qui « ne saurait être gagnée uniquement par la force et les mesures punitives ».  Son pays a opté pour la « déradicalisation » et des programmes de réhabilitation pour modifier la conception de la vie des personnes radicalisées.  À ce jour, le taux de succès de ces programmes est de l’ordre de 97,5%, a affirmé le Ministre, qui se dit disposé à partager avec les autres nations le module de « déradicalisation » malaisien. 

« Jusque-là nous tâtonnons pour déterminer les véritables causes du terrorisme », a remarqué le Ministre, qui s’associe à tous ceux qui souhaitent des mesures collectives robustes et efficaces pour lutter contre ce phénomène.  Ces efforts doivent toutefois être ancrés dans le respect de la Charte des Nations Unies et des principes de droit universellement reconnus, a-t-il précisé.  « Ce n’est que lorsque la communauté internationale fera front commun qu’il sera possible de défier le terrorisme. »

Pour M. PASQUALE VALENTINI, Ministre des affaires étrangères et politiques de Saint-Marin avec fonction de Premier Ministre, l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été l’un des moments les plus marquants de l’histoire des Nations Unies.  Ce programme est l’expression d’une volonté politique forte et consensuelle pour une vision commune de l’avenir du monde dans lequel nous souhaitons vivre.  

Maintenant que le processus transformateur du nouveau modèle de développement durable est en cours, Saint-Marin salue l’engagement dont les États Membres ont fait preuve pour réduire le niveau des émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2020, et attache une attention particulière au Programme d’action d’Addis-Abeba ainsi qu’au mécanisme de suivi identifié par le Forum politique de haut niveau. 

Le véritable défi consiste maintenant à traduire cette vision en actions concrètes parce qu’il s’agit là « de la réponse que les gens attendent » de l’Organisation des Nations Unies.  Ses États Membres doivent assumer leurs responsabilités sans laisser leurs intérêts nationaux prendre le dessus sur les idéaux de solidarité et de respect des droits universels de chaque être humain, a poursuivi le Ministre.

Il a déploré la tournure des choses aux cours des dernières années avec ses guerres et conflits, la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent ainsi que du populisme et de l’intolérance, la crise humanitaire sans précédent et les déplacements massifs de personnes.  Cette réalité pose un sérieux problème à la paix et la sécurité internationales mais également aux chances de succès du Programme 2030. 

Citant dans ce contexte le conflit en Syrie, qui a causé la mort de plus de 270 000 personnes et 4,8 millions de réfugiés et 6,6 millions de déplacés internes en cinq ans, ou encore le fait que 130 millions de personnes dépendent aujourd’hui de l’assistance humanitaire, le Ministre a fait part des efforts de son pays pour contribuer concrètement à faire face à l’urgence humanitaire actuelle. 

Son pays a apporté des contributions financières aux programmes internationaux et s’est associé au projet de couloirs humanitaires qui a été lancé par la communauté de Sant’Egidio, la Fédération des églises évangéliques et l’église Waldensian avec le soutien du Ministre des affaires étrangères italien. 

De plus, Saint-Marin accueille quelques migrants, « une petite contribution de notre micro État avec beaucoup de détermination ».  À plus grande échelle, le Ministre plaide pour une approche unie qui combine l’approche à long terme des objectifs de développement durable avec une approche à court terme qui vise à répondre aux situations d’urgence actuelles. 

Une telle approche passe forcément, selon lui, par un changement culturel significatif pour prendre conscience du fait que nous faisons tous partie de la même famille humaine et pour reconnaître une culture de la compréhension mutuelle et de la coexistence pacifique avec toutes nos différences. 

À cet égard, le Ministre a remercié le Secrétaire général pour avoir placé la protection et la promotion des droits de l’homme au cœur du Programme 2030.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a salué l’engagement collectif pris lundi dernier pour répondre à la crise des migrants et des réfugiés.  « La migration devrait être un choix, pas une nécessité », a-t-elle dit.  Elle a souligné l’importance de présenter la migration comme « une force positive », dans la mesure où les migrants contribuent à la diversité et à la richesse mondiale. 

Indignée par les atrocités de masse qui sont l’un des principaux facteurs des déplacements massifs, Mme Frick a mentionné le Code de conduite sur les atrocités criminelles du Groupe ACT (Responsabilité, Cohérence et Transparence) auquel ont adhéré 112 États.  D’après elle, le Code offre l’opportunité de « changer la culture politique au Conseil de sécurité », d’autant plus qu’il va de pair avec l’initiative du Secrétaire général « Les droits de l’homme avant tout ».

L’état de droit, sur lequel est centré l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a toujours été une priorité pour le Liechtenstein, a fait valoir la Ministre.  Elle a réitéré son plein appui à la Cour pénale internationale (CPI), selon elle « le symbole le plus fort que l’impunité n’est plus une option ». 

Un nombre suffisant d’États ayant ratifié les amendements au Statut de Rome de la Cour pénale internationale relatifs au crime d’agression (Amendements de Kampala), elle a souligné que ce régime « révolutionnaire » devrait être activé en 2017.  Mme Frick a regretté que plusieurs États, dont la Syrie, restent en dehors de la juridiction de la Cour.  Elle a qualifié de « crime atroce » l’attaque récente contre un convoi humanitaire à Alep. 

« L’esclavage moderne n’est pas seulement l’un des plus grands scandales de notre époque.  C’est aussi l’un des commerce les plus illégaux », a déclaré ensuite la Ministre, attirant l’attention de l’Assemblée sur le sort des 45 millions de personnes qui vivent aujourd’hui dans ces conditions.  L’esclavage moderne génère des milliards de dollars, affecte tous les pays, mais les responsables échappent à toute responsabilité.  Le Lichtenstein, a-t-elle assuré, s’est engagé à utiliser les données disponibles en la matière pour engager des poursuites pénales.

M. CHARLES FLANAGAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce de l’Irlande, a estimé que « cette partie du passé de l’Irlande est malheureusement le présent tragique que vivent d’autres peuples », faisant ainsi référence aux vagues migratoires venues d’Irlande, fuyant la famine pour trouver refuge à New York au cours des siècles passés. 

Il a souligné que l’Irlande avait réagi aux vagues migratoires actuelles en déboursant 60 millions d’euros en soutien aux actions humanitaires onusiennes ciblant les réfugiés syriens.  Le pays a également déployé des navires dans la Méditerranée afin de rechercher et secourir les naufragés.  L’Irlande participe au programme d’accueil des migrants fuyant les conflits qu’a mis en place l’Union européenne. 

L’Irlande est candidate à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2020, a annoncé le Ministre, tout en appelant au soutien des États Membres.  Il a en outre rappelé que le passé du pays, marqué par un conflit interne et un processus national de réconciliation, l’avait conduit à s’engager dans la prévention et la réconciliation post-conflit à travers le monde. 

Le pays reconnaît également l’importance de l’autonomisation des femmes et entend renforcer son engagement en faveur de cette cause dès le 1er janvier prochain quand débutera son mandat à la Commission de la condition de la femme.

M. Flanagan a également plaidé pour la fin des conflits au Moyen-Orient et en Afrique.  Il a invité les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à se garder d’user de leur droit de veto dans des cas de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.  Il a par ailleurs appelé à une réforme de cet organe, souhaitant une représentation plus équilibrée entre les régions, notamment en ce qui concerne l’Afrique.

Mme LILJA DÖGG ALFREÐSDÓTTIR, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande, a fait le parallèle entre les Islandais, un quart de la population de l’époque, qui ont émigré au Canada et aux États-Unis au XIXsiècle pour y construire une vie meilleure, et les millions de personnes déplacées d’aujourd’hui, qui ont quitté leurs foyers pour échapper aux conflits et aux catastrophes. 

Face à la crise humanitaire actuelle sans précédent, « nous devons tous répondre présent ».  L’Islande, un pays de 330 000 personnes, a contribué à la fois financièrement aux efforts des institutions pertinentes mais aussi en accueillant plus de 100 réfugiés syriens en 2016, ce qui correspondrait proportionnellement à 100 000 réfugiés pour un pays comme les États-Unis, a précisé la Ministre.

Même si le Moyen-Orient et l’Afrique sont les plus touchés par le terrorisme et l’extrémisme violent, aucun pays n’est à l’abri et le terrorisme est de retour en Europe, a-t-elle noté.  La portée et la complexité de cette menace sont énormes et il faut agir ensemble en tant que communauté internationale. 

Pour cela, il faut commencer par améliorer la coordination au sein des Nations Unies, a estimé la Ministre, soulignant la nécessité de contrecarrer les narratives et idéologies extrémistes et d’identifier les moteurs internes et externes de l’extrémisme violent et du terrorisme en associant les femmes à toutes les étapes de ce combat. 

Pour elle, l’éducation est une condition préalable à la bonne gouvernance.  « Si les gens ne connaissent pas leurs droits, ne savent pas comment avoir accès à la justice et ne comprennent pas les points de vue des autres, il sera très difficile de construire des sociétés inclusives et pacifiques. »  Fort de ce principe, l’éducation est devenue l’un des piliers de la coopération en matière de développement de l’Islande. 

La Ministre a également regretté que les droits de l’homme des femmes restent toujours à la traîne dans de nombreux pays et que les femmes restent sous représentées dans les sphères politiques, puisqu’elle même fait partie de la poignée de 30 ministres des affaires étrangères femmes dans le monde. 

Allant plus loin dans son propos, la Ministre a souligné que pour avoir des sociétés résilientes et saines, il faut veiller au respect et intérêts de tous, y compris les femmes, les groupes minoritaires et les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.

Activement engagée dans la mise en œuvre des cadres nécessaires à la traduction des objectifs de développement durable dans le contexte national, l’Islande va soumettre son évaluation nationale d’ici deux ans, a annoncé la Ministre.  Elle a également précisé qu’elle avait soumis l’instrument de ratification de l’Accord de Paris cette semaine. 

M. SIRODJIDIN ASLOV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a dit que la communauté internationale n’avait pas connu de succès dans les questions de paix et de sécurité.  Des conflits armés continuent de poser des menaces croissantes dans différentes régions du monde.  Le Ministre a ainsi exhorté la communauté internationale à trouver de nouvelles voies pour restaurer la stabilité et assurer le développement.

Il a souligné la nécessité de développer des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux visant à l’élimination des infrastructures, les réseaux de financement et le soutien logistique, le recrutement, la propagande de violence et à contrecarrer l’utilisation des technologies de communication et d’information à des fins terroristes par les groupes terroristes.

Plus encore, il est essentiel de trouver ensemble des solutions pour résoudre la pauvreté et les impacts négatifs de la mondialisation, prévenir et résoudre les conflits.  Il a fait état aussi de la nécessité de renforcer le dialogue interculturel et interreligieux, la confiance mutuelle et la tolérance.

La prévention du trafic de drogue, qui est devenu un terreau pour le terrorisme et le crime organisé, exige des actions concertées de la communauté internationale.  La lutte contre le trafic de drogue est une part de la lutte contre le crime organisé, le terrorisme, l’extrémisme violent, a-t-il dit, affirmant que la coopération internationale sur le contrôle de la drogue restera l’une des priorités du Gouvernement du Tadjikistan.

Par ailleurs, le Tadjikistan soutient les efforts internationaux et régionaux visant à restaurer et à renforcer la paix et la stabilité au Moyen-Orient, y compris les efforts visant à la reprise et l’accélération de négociations crédibles dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient.

Le Tadjikistan soutient également la stratégie internationale pour un règlement global et à la reconstruction postconflit en Afghanistan.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’appui au Gouvernement afghan, en particulier pendant la Décennie de transformation de l’Afghanistan 2015-2025. 

Sur le plan national, a été entamé le processus de transformation avec un nouveau programme reflétant les espoirs d’un avenir décent et sûr pour tous.  Il a souligné l’importance de mobiliser des ressources financières supplémentaires, y compris l’aide publique au développement.  Il est aussi important de redynamiser le commerce international et les investissements qui sont les moteurs de la croissance, et d’encourager et de promouvoir le transfert de technologies.

À cet égard, le Ministre a insisté sur le renforcement et le soutien aux pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID).  Le Tadjikistan soutient l’initiative « Énergie durable pour tous » du Secrétaire général.

M. PRAKASH SHARAN MAHAT, Ministre des affaires étrangères du Népal, a mis en relief les réussites de son pays dans la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement.  La pauvreté a été réduite de moitié; les taux de mortalité maternelle et infantile ont diminué et la scolarisation des enfants, y compris des filles, a augmenté.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fait aujourd’hui partie des plans nationaux de développement.

Le Népal est le pays natal de Bouddha, a rappelé M. Mahat, et, dans cet esprit, il appuie le dialogue entre les civilisations.  Il accueille le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique.  Depuis toujours, il est engagé dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

Le Ministre a estimé que le succès des missions de paix dépendait de l’unité politique du Conseil de sécurité, de mandats clairement définis, de ressources adéquates, de la sûreté et de la sécurité du personnel, d’une collaboration renforcée avec les pays contributeurs de troupes et d’une stratégie de sortie claire.  À son avis, les pays contributeurs devraient aussi avoir l’opportunité d’occuper des postes de leadership, tant sur le terrain qu’au Siège.

« La nouvelle constitution du Népal contient une liste impressionnante de droits de l’homme », a assuré M. Mahat.  La peine de mort a été abolie et la Commission nationale des droits de l’homme ainsi que d’autres organes constitutionnels indépendants s’attachent à promouvoir et à protéger ces droits dans toutes les sphères de la vie publique.  De plus, la Commission d’enquête sur les personnes disparues et la Commission vérité et réconciliation remplissent leur mandat de manière impartiale.  Le Népal a présenté sa candidature pour occuper un siège au Conseil des droits de l’homme à compter de 2018.

En tant que pays d’origine, avec plus de trois millions de travailleurs migrants, le Népal attache une grande importance à la protection des droits de ces personnes, a poursuivi le Ministre.  Bien qu’il ne soit pas partie à la Convention sur les réfugiés de 1951 et à son Protocole de 1967, il a toujours accueilli des réfugiés pour des motifs humanitaires.

M. Mahat a évoqué les contraintes qui pèsent sur les pays en développement sans littoral et souhaité l’application robuste des programmes d’action d’Istanbul, de Vienne et d’Addis-Abeba, ainsi que du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Pays himalayen, le Népal est en effet confronté à la fonte des glaciers et à des crues brutales.  Il a estimé que la justice climatique, fondée sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée, devrait être au cœur de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l’étranger, a déclaré que les efforts consentis par son pays, en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, avaient besoin d’être soutenus par la communauté internationale, notamment par le biais de mécanismes financiers tels que le Fonds vert pour le climat, le Fonds bleu, le Fonds d’adaptation, et le Fonds pour l’économie verte en Afrique centrale. 

Il a salué la décision prise au cours du dernier Sommet du G20 en Chine de soutenir l’industrialisation des pays en développement, notamment en Afrique.  Il a souligné que cette industrialisation était tributaire de l’offre en énergie, c’est pourquoi le Congo souscrit pleinement aux projets d’électrification du continent africain actuellement en discussion.

M. Gakosso a affirmé que la gravité de la situation au Soudan du Sud nécessitait aujourd’hui le déploiement rapide de la force de protection régionale sous le mandat du Conseil de sécurité.  Il a salué le succès de la transition politique en République centrafricaine dont l’épilogue fut l’élection présidentielle.  Il a déploré les événements tragiques qui ont secoué Kinshasa et endeuillé le peuple de la République démocratique du Congo (RDC) il y a une semaine. 

Le Ministre a invité « ses frères congolais à privilégier la recherche de solutions pacifiques, notamment par le biais d’un dialogue inclusif ».  Pour le Gabon, il a formé le vœu de voir le peuple sortir réconcilié de cette preuve douloureuse de l’élection présidentielle et des heurts qui s’en sont suivis. 

S’agissant du Congo, le Ministre des affaires étrangères a parlé de la nouvelle constitution adoptée le 25 octobre dernier, offrant ainsi au pays une constitution plus adaptée aux exigences de l’état de droit.  Il a expliqué que ce nouveau texte « renforce le principe de séparation des pouvoirs, consacre l’indépendance de la justice, abolit la peine de mort, mise sur la parité hommes-femmes, reconnaît les droits fondamentaux des peuples autochtones et pose les jalons d’une démocratie participative ».

M. ERLAN ABDYLDAYEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizstan, a déclaré que, le 31 août dernier, son pays avait célébré le vingtième anniversaire de son indépendance, marquée par des réalisations considérables et des défis qui ne l’étaient pas moins.  « Nous avons fait le choix de la démocratie parlementaire en octobre 2015, date à laquelle s’est déroulé le premier scrutin législatif de notre histoire », a déclaré le Chef de la diplomatie kirghize, précisant que l’élection présidentielle se tiendra en 2017.  

Il s’est félicité de constater que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 avait été élaboré sur la base des leçons apprises de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les priorités de son pays sont la réduction de la pauvreté, la croissance économique, l’énergie et la protection de l’environnement, a poursuivi M. Abdyldayev, qui a annoncé qu’hier, son pays avait signé l’Accord de Paris, alors que les conséquences de la hausse des températures se traduisent d’ores et déjà au Kirghizstan par la fonte des glaciers et la montée des eaux. 

Le Ministre a estimé à 35 millions de dollars le montant des dégâts annuels imputables aux changements climatiques au niveau national, faisant état d’une dégradation de la biodiversité des écosystèmes.  Il a également déploré le fait que la population des léopards des neiges, espèce protégée, soit passée de 600 à 300 spécimens.

Le développement durable, a fait observer M. Abdyldayev, dépendra de notre capacité à garantir la sécurité et la paix.  Malheureusement, a-t-il regretté, les conflits se multiplient et les relations entre « les deux plus grandes puissances mondiales » se détériorent.  Nous estimons, a-t-il dit, que celles-ci doivent surmonter leurs désaccords. 

Pour le Kirghizstan, il est indispensable de fournir aux États une aide dans le cadre de l’application du Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent, présenté par le Secrétaire général plus tôt cette année, en privilégiant des mesures de prévention et en favorisant le dialogue national.  Dans cet esprit, en septembre dernier, ont été organisés sur les rives du Lac Issyk-Koul, les premiers Jeux mondiaux nomades, consacrés aux sports ethniques pratiqués entre les pays d’Asie Centrale. 

D’une manière générale, le Kirghizstan, a insisté le Ministre, est favorable à l’inclusion, dans la résolution annuelle que préparera cet automne l’Assemblée générale sur le dialogue interculturel, d’une disposition relative à ces Jeux.

Force est de constater que nous sommes loin d’avoir résolu les problèmes en Asie centrale, a poursuivi M. Abdyldayev.  Il a jugé essentiel pour la stabilité régionale de garantir la « stabilité transfrontière », en expliquant qu’il fallait veiller à ce que les États ne se développent pas aux dépens de leurs voisins.  Ainsi, a fait observer le Ministre, les pays d’Asie centrale doivent avoir un point de vue commun « sur ce qu’ils entendent par exploitation des ressources aquatiques ».  Autre facteur de stabilité régionale selon lui: c’est la résolution des questions de fond et des différends par des recours pacifiques et politiques, « par la recherche de compromis ». 

En conclusion, le Kirghizstan a regretté que ce soit les 15 membres du Conseil de sécurité qui décident de toutes les questions de paix et de sécurité internationales.  Voilà pourquoi une réforme de cet organe est urgente pour refléter les changements géopolitiques survenus au cours des 70 dernières années.  

M. EMMANUEL ISSOZE-NGONDET, Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et de l’intégration régionale du Gabon, a affirmé que la présente session se tenait au lendemain d’une élection présidentielle disputée.  Les résultats définitifs proclamés hier soir ont confirmé la réélection de M. Ali Bongo Ondimba.

Le Président a appelé à un dialogue inclusif, à la réconciliation et à l’union.  Reconstruire le lien social et l’unité du pays est l’exigence du moment.  Préserver la paix et la stabilité du pays est le défi.  Le Ministre a invité la communauté internationale à l’accompagner dans cet effort dont l’objectif final visé est la consolidation de l’état de droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Engagé dans la procédure de ratification de l’Accord de Paris sur le climat, le Ministre a promis de tout mettre en œuvre pour faire parvenir les instruments de ratification de son gouvernement dans les meilleurs délais.

Il est difficile aujourd’hui de parler des résultats de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) sans parler des enjeux de la COP22.  L’enjeu principal sera de relever le défi du développement énergétique de l’Afrique.  Il est temps que nous nous employons à concrétiser toutes les initiatives et tous les programmes annoncés, a-t-il dit.

En ce qui concerne la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Gabon a créé l’Agence pour la promotion des investissements et des exportations qui est chargée de concevoir des stratégies harmonieuses d’amélioration du climat des affaires et d’appliquer des méthodes de gestion rigoureuse et appropriée des ressources naturelles. 

Mme FRANCINE BARON, Ministre des affaires étrangères de la Dominique, s’est inquiétée des graves conséquences des changements climatiques sur la survie même des petits États insulaire en développement (PEID).  Elle a dit l’urgence de s’appuyer sur l’Accord de Paris, alors que nous nous dirigeons vers la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22) à Marrakech, au Maroc, en décembre prochain. 

Elle a rappelé qu’il y a un an, la tempête tropicale Erika avait coûté la vie à 30 Dominicains et détruit de nombreuses infrastructures du pays en causant des dégâts estimés à 480 millions de dollars.  Elle a précisé que les PEID continuaient de souffrir de manière disproportionnée des conséquences des changements climatiques.  Elle a dit l’importance de créer un fonds international sur les risques de catastrophes naturelles pour fournir l’appui financier nécessaire aux PEID affectés par ces catastrophes. 

Elle a noté que le Fonds sur les risques de catastrophe de la Banque de développement des Caraïbes et le Dispositif mondial pour le relèvement après catastrophe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) demeuraient de bons points de départ.  Néanmoins, elle a regretté l’insuffisance des niveaux de financement de ces fonds pour faire face à toute l’amplitude des catastrophes naturelles. 

Elle a expliqué que le Premier Ministre dominicain avait proposé la création d’un fonds de réduction des effets des catastrophes et de relèvement dont le financement proviendrait des revenus des gouvernements et des bénéfices de leurs investissements dans les énergies renouvelables. 

Par ailleurs, la Ministre dominicaine des affaires étrangères a dit l’urgence d’actions internationales pour protéger la santé des océans.  Elle a appelé les petits et grands pays à mieux coordonner leurs efforts dans ce sens, avant de saluer l’initiative italienne « Amis des océans » et celle plus récente du Secrétaire d’État américain John Kerry. 

Elle a rappelé que la récente Conférence de Washington sur les océans avait été l’occasion d’attirer l’attention sur le niveau de destruction des océans, lié à la pollution marine et aux activités humaines en général.  Face à ce constat, elle a dit la nécessité de réponses mondiales innovantes, dont une sensibilisation et une éducation permettant de souligner les meilleures pratiques. 

Elle a salué les efforts des pays qui ont promu le concept de « We are the Oceans » qui vise à traiter les questions de sécurité alimentaire, de consommation et production durables, de protection des océans et biodiversité dans une démarche visant à atteindre les objectifs de développement durable liés à cette question.       

M. PERFECTO R. YASAY, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a saisi l’occasion du débat général pour renouveler son engagement en faveur de la paix.  Il y a cinq mois, a-t-il rappelé, le peuple philippin a élu un nouveau dirigeant, le Président Rodrigo Roa Duterte, qui a déclaré que l’état de droit et le respect des procédures régulières prévaudraient à tout moment de son mandat. 

« De manière évidente, nous serons guidés par les normes et procédures prévues par la loi pour nous acquitter des importantes responsabilités que nous a confiées l’électorat philippin », a promis M. Yasay, qui a dit que son gouvernement était déterminé à libérer le pays de la corruption, en éradiquant notamment la production et la distribution de stupéfiants illicites, « dans le respect de l’état de droit ».  « Notre adhésion à la primauté de la loi est reflétée par une Constitution qui consacre pleinement les droits humains et la valeur et la dignité de chaque personne », a insisté le Chef de la diplomatie philippine.

Nos actions ont, toutefois, fait la une des médias nationaux et internationaux pour les « mauvaises raisons », a-t-il dit.  Par conséquent, le Secrétaire d’État a exhorté « chacun » à nous permettre de relever nos défis nationaux, sans ingérence, et de prendre part à la communauté des nations qui peuvent collectivement transformer le monde et améliorer la qualité de vie de l’humanité tout entière, dont plus de 100 millions de Philippins. 

Nous n’avons jamais donné et ne donnerons jamais à nos agences d’application des lois le droit de « tirer pour tuer » sur un individu suspecté de se livrer à des crimes liés au trafic de stupéfiants, a-t-il assuré.  « Néanmoins, dans le cadre de nos règles d’engagement, notre police a le droit de se défendre lorsque la vie de ses officiers est menacée.  Les exécutions extrajudiciaires n’ont pas de place dans notre société et dans notre système de justice pénale », a déclaré M. Yasay. 

Après avoir apporté le soutien de son pays aux trois piliers du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Chef de la diplomatie philippine a indiqué que son pays figurait parmi les 22 nations « pionnières » à s’être portées volontaires, lors du Forum politique de haut niveau, pour présenter ses initiatives dès la première année de mise en œuvre du Programme. 

Il a par ailleurs réitéré son appel à la « justice climatique » et au respect du principe d’équité et de responsabilités communes mais différenciées dans la mise en œuvre des obligations de l’Accord de Paris. 

Le Secrétaire d’État a ensuite salué la décision du tribunal d’arbitrage de la Cour permanente d’arbitrage concernant les différends en mer de Chine, qu’il a estimée « définitive et contraignante pour toutes les parties concernées ».  Les Philippines, a-t-il souligné, sont attachées au principe de non-militarisation dans la conduite de toutes ses activités, à la liberté de navigation et à l’adoption d’un code de conduite efficace.

M. ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministres des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a déclaré que le terrorisme était un problème mondial qui ne se limitait à aucun pays ni à aucune région.  Il a dit que la lutte contre le terrorisme était de la responsabilité de tous les États sans exception. 

Malgré l’accord nucléaire intervenu entre l’Iran et le groupe dit « P5+1 » (Allemagne, Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni) le Ministre des affaires étrangères émirati a regretté que Téhéran continue à miner la sécurité dans la région par le biais d’une rhétorique agressive, une ingérence permanente dans les affaires de pays tiers, la poursuite de son programme de missiles balistiques et la fourniture d’armes à des milices.  

Par ailleurs, le Ministre a estimé qu’il était impossible de résoudre le conflit syrien par la force avant d’ajouter que la situation de ce conflit était aggravée par l’ingérence de l’Iran et de ses milices terroristes en Syrie.

Soulignant les efforts de son pays pour que les jeunes ne tombent pas dans le piège de l’extrémisme religieux, le Ministre a fait état de la création du Centre Hedayah pour combattre l’extrémisme et du « Centre Sawab » en coopération avec les États-Unis.  Il a aussi cité la mise en place dans les Émirats d’un Conseil musulman des anciens et d’un Forum de la paix dans les communautés musulmanes « pour montrer le vrai visage de l’Islam ».  

Le Ministre a également abordé le contentieux opposant son pays à l’Iran au sujet des trois îles du Golfe (Abou Moussa, Grande et Petite Tunb) occupées par ce dernier depuis 1971 en violation du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Il a exhorté l’Iran à accepter un arbitrage international et à rendre ces îles aux Émirats arabes unis dans le souci de préserver les relations amicales de bon voisinage dans la région du Golfe.  Il a insisté sur le fait que son pays ne renoncerait jamais à son droit souverain sur ces trois îles, avant d’en appeler au respect des principes du droit international.       

M. IBRAHIM AHMED ABD AL-AZIZ GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a commencé son intervention par dire que la réalisation du développement durable exigeait des partenariats dans lesquels doivent s’engager l’ensemble des parties prenantes internationales. 

Réaffirmant son attachement à l’Organisation des Nations Unies, il a expliqué que celle-ci devait être réformée pour lui permettre de mettre enfin en œuvre la justice et le développement dans le monde entier.  Le Ministre a ainsi appelé de ses vœux des mécanismes judiciaires impartiaux qui ne soient ni politisés ni sélectifs, annonçant l’intention des pays africains de se retirer du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).

Son gouvernement, a assuré M. Ghandour, a tout entrepris pour faire régner la paix au Darfour, qui serait selon lui devenu une région « sûre et stable ».  Il a demandé la mise en œuvre dans les meilleurs délais de la stratégie de sortie de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), puisqu’il n’y a selon le Soudan plus de raison à sa présence.  La Mission serait pour Khartoum « bien plus utile » dans d’autres théâtres de conflit. 

Évoquant le développement durable, le Chef de la diplomatie soudanaise a rappelé l’initiative lancée par le Président Omar Al-Bashir en matière de sécurité alimentaire, initiative adopté lors du Sommet de Charm el-Cheikh de 2016.  Il a dit que son gouvernement comptait pleinement respecter ses engagements en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, plaidant toutefois pour un effacement de la dette extérieure soudanaise, qui entrave ses efforts.

En coopération avec les partenaires internationaux, a-t-il poursuivi, nous devons redoubler d’efforts pour endiguer le phénomène du terrorisme, en nous penchant sur les causes profondes, notamment l’exclusion et la marginalisation, ainsi que le « déni des peuples à l’autodétermination ». 

L’avenir de son pays, a estimé M. Ghandour, est tributaire de l’éradication de plusieurs fléaux connexes, comme la criminalité organisée et des trafics de stupéfiants, qui transitent par son territoire.  Il a assuré que des législations avaient été adoptées à cette fin. 

Le Ministre s’est ensuite élevé contre la « dernière colonisation dans le monde » au Moyen-Orient et la nécessité de réaliser la solution des deux États, Israël et la Palestine, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Partisan d’un règlement pacifique de la situation en Syrie, le Soudan a rappelé en conclusion les liens qui l’unissent au pays « frère » du Soudan du Sud.

M. PRAK SOKHONN, Ministre principal, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Cambodge, a estimé qu’un mot résumait le tragique de notre monde: violence.  Violence guerrière ou faite aux civils, notamment les enfants, mais aussi violence envers les espèces vivantes et la planète.  Nos générations méritent mieux que l’état du monde actuel, a poursuivi le Ministre, qui a mis l’accent sur la nécessité d’une sécurité collective et la nécessité d’un monde multipolaire.

À cet égard, il a demandé une adaptation du système mis en place en 1945 et aujourd’hui ébranlé, y compris une réforme du Conseil de sécurité.  Le Cambodge, qui a été victime d’une « guerre par procuration », et est trop souvent pressé de choisir un camp, entend « porter la voix de ceux qu’on n’écoute guère, mais qui sont toujours les premiers à souffrir des choix géopolitiques ».

Face au terrorisme, le Ministre a posé la question des causes, y compris la colère face à trop d’injustice et une trop fréquente pratique du deux poids, deux mesures dans les décisions prises.  Il a appelé à la cohabitation religieuse en citant le Cambodge en exemple et a rappelé la tragédie du peuple palestinien qui nourrit la révolte « et, chez les plus indignés, la haine ».

Il a aussi noté les progrès apportés par la mondialisation et l’ouverture des marchés, mais a aussi constaté les « dangers réels » provoqués par les droits conférés aux entreprises qui peuvent se déplacer à leur guise et exercent un « chantage permanent à la délocalisation » envers les pays qui cherchent à améliorer les conditions de vie de leurs travailleurs. 

M. Sokhonn s’est réjoui de l’Accord de Paris sur le climat, mais a averti qu’il devait déboucher sur des actions concrètes entreprises par tous.  « Il arrive qu’on triche avec les traités mais on ne triche pas avec la planète », a-t-il ajouté, en précisant que son pays avait achevé hier le processus de ratification de l’Accord de Paris.  De même, il a salué l’ambition des objectifs de développement durable, mais a ajouté qu’elle devait s’accompagner d’une véritable volonté politique.

Le Ministre s’est enfin élevé contre les institutions internationales, les parlementaires occidentaux et les organisations non gouvernementales qui pointent son pays du doigt.  Se présentant comme « un survivant des rizières de Pol Pot » et un pays « transformé en un immense camp de travaux forcés après avoir été complètement détruit par les bombardiers américains », il a rappelé l’état dans lequel son pays et sa population se trouvaient en 1979.

C’est là, a-t-il affirmé, « un passé qui ne passe pas et affecte encore très profondément le présent ».  Il a donc dénoncé tous ceux qui « érigent la moindre de nos faiblesses en crimes d’État » et a rappelé les progrès réalisés dans les domaines de la santé, de l’éducation ou encore des infrastructures, la lutte contre le VIH/sida et le paludisme et l’éradication des mines et autres explosifs de guerre, dont le Cambodge a fait son « dix-huitième objectif de développement durable ».

M. Sokhonn a conclu en rappelant que le Cambodge avait adhéré au réseau des États engagés dans la volonté de prévenir les crimes de masse et désigné un correspondant national.

Mme MAXINE PAMELA OMETA MCCLEAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbade, a repris le thème de ce débat général, « Une nouvelle impulsion pour transformer notre monde », pour mettre l’accent sur la nécessité d’agir maintenant pour faire le Programme de développement à l’horizon 2030 une réalité.  Le partenariat et la collaboration en sont les clefs, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID).

Le rapport sur le développement humain 2016 dans les Caraïbes, lancé la semaine dernière, souligne la « situation unique » des PEID.  Trois questions émergent de ce rapport: vulnérabilité, résilience et durabilité.

Le Gouvernement de la Barbade a mis au point et en œuvre des stratégies pour renforcer la résilience sociale, économique et environnementale conformément à sa philosophie de développement et de croissance.  Elle repose sur quatre piliers pour soutenir une « Barbade qui est équilibrée au plan social, viable dans le domaine économique, rationnelle dans l’environnement et caractérisée par la bonne gouvernance ».

Le Gouvernement a aussi élaboré un Cadre politique national sur les changements climatiques qui est en symbiose avec sa politique de développement durable pour faire face aux questions d’adaptation climatique et d’atténuation.

Il a également mis en place une stratégie nationale de gouvernance des océans fondée sur la gestion durable de l’espace maritime et de l’utilisation durable des ressources marines et des ressources non vivantes.

Comme nous cherchons à protéger et préserver nos océans et mers pour les futures générations, notre objectif ultime vise à faire de la Mer des Caraïbes « une zone spéciale dans le contexte du développement durable », a dit la Ministre. 

Pour cela, la Barbade est résolue à surpasser les obstacles: les politiques unilatérales et unidimensionnelles des agences internationales de développement qui pénalisent le progrès dans le développement humain et qui ignorent nos vulnérabilités; les impacts négatifs des décisions économiques et financières des institutions financières internationales et autres institutions; et les attaques persistantes et injustifiées des services financiers internationaux accompagnées d’imposition d’énormes conditionnalités.

M. ALAIN AIMÉ NYAMITWE, Ministre des relations extérieures et de la coopération internationale du Burundi, a assuré de la volonté de son gouvernement de dialoguer en précisant que son pays avait participé à toutes les réunions organisées par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).  Il a précisé que le 8 septembre dernier, l’ancien Président tanzanien Benjamin Mkapa avait présenté un rapport sur le processus en cours, en notant que les pays d’Afrique de l’Est réunis dans le cadre d’un sommet extraordinaire de la Communauté d’Afrique de l’Est décideraient de la marche à suivre dans les semaines et mois à venir. 

Il a dit la pertinence des résolutions 2248 (2015) et 2279 (2016) du Conseil de sécurité en assurant que son gouvernement rejetait la violence et assurait les droits de l’homme.  Il a précisé que la commission de réconciliation avait présenté cinq points de discussion aux citoyens burundais

En revanche, le Ministre burundais s’est dit stupéfait par le manque de consensus qui a marqué l’adoption de la résolution 2303 (2016) du Conseil de sécurité qui a autorisé le déploiement de 228 policiers des Nations Unies avec pour mandat de rendre compte de la situation sécuritaire et des violations des droits de l’homme au Burundi. 

Il a souligné l’amélioration de la situation en expliquant que 90 000 réfugiés burundais sont rentrés au Burundi au cours des quatre derniers mois.  Il a demandé aux pays voisins de faciliter le rapatriement volontaire de tous les réfugiés burundais.  Il a précisé que le dernier rapport du groupe d’experts des Nations Unies sur la République démocratique du Congo (RDC) ne laissait aucun doute sur les activités de groupes violents qui s’attaquent au Burundi.

Par ailleurs, Il a jugé que la lutte contre le terrorisme devait être menée avec plus de conviction au niveau international avant de rappeler que 5 000 soldats de la paix du Burundi étaient présents en Somalie.  Il a regretté les tentatives d’ingérence étrangère permanentes dans les affaires intérieures burundaises.

M. Nyamitwe a rappelé que le Burundi était un pays souverain depuis le 1er juin 1962 et que les trois groupes ethniques qui le composent, y vivent en toute égalité. 

M. ABDUSALAM HADLIYEH OMER, Ministre des affaires étrangères et de la promotion des investissements de la Somalie, a dit que son pays avait fait des progrès considérables et sans précédent, pouvant espérer un avenir meilleur.  La Somalie, après 20 ans d’instabilité, renoue avec le progrès et la prospérité.  « Nous écrivons un nouveau chapitre de notre histoire qui est caractérisé par l’espoir, une gouvernance inclusive et le développement », a-t-il dit.

« Nous avons fait des progrès concrets dans les domaines clefs des élections, de la formation de l’État, de la sécurité et du développement économique », a ajouté le Ministre.  La Somalie est en train de gagner la guerre contre le terrorisme international et contribue à la création d’un monde sûr grâce à la coopération sécuritaire avec ses partenaires internationaux. 

Avec l’appui de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), les forces armées ont défait militairement les Chabab, a-t-il en outre expliqué.  Ces quatre dernières années, l’Armée nationale et l’AMISOM ont repris des villes clefs de Somalie.  Les Chabab ne contrôlent plus que moins de 10% du territoire national.  Ces derniers mois, les principaux dirigeants des Chabab ont été tués, d’autres ont fait défection, et leur idéologie violente est rejetée par le peuple.

Le Gouvernement et le peuple somaliens sont décidés à créer un pays sûr.  La lutte contre les idéologies de la haine qui radicalisent les jeunes vulnérables est importante pour gagner définitivement la paix dans le monde, a assuré M. Omer, ajoutant que le 12 septembre 2016, le Président, M. Hassan Sheikh Mohamud, avait lancé la Stratégie nationale et le plan d’action pour la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent en Somalie. 

Le Gouvernement avec les régions administratives démocratiquement formées depuis 2012 ont adopté un mécanisme électoral crédible, transparent et inclusif qui ouvre la voie au suffrage universel avant 2020.

Le Gouvernement fédéral est déterminé à assurer un processus électoral régulier, pacifique, inclusif et amélioré pour une transition démocratique pacifique en novembre 2016.  Nous défendons également un quota de 30% pour les femmes au Parlement comme leur représentation et participation politique est importante pour le progrès national, a ajouté le Ministre.  Ce sont là les premiers pas de la mise en œuvre de la feuille de route pour 2020 pour le suffrage universel en Somalie et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

À cet égard, le Gouvernement a élaboré un plan national de développement centré sur les gens et qui se concentre notamment sur une politique étrangère visant à promouvoir les investissements.  Il a adopté le Code d’investissement le plus compétitif au monde dans tous les secteurs.

Réitérant le retour de la stabilité et du progrès, le Ministre a indiqué que la Somalie avait accueilli le dernier sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), à Mogadiscio, et avait organisé les premiers examens nationaux de l’enseignement secondaire depuis la guerre civile. 

Le Gouvernement travaille également d’arrache-pied pour le retour volontaire avec succès des réfugiés somaliens du Kenya, pour participer aux efforts de reconstruction du pays.

M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a déclaré que son pays était parvenu à sa situation actuelle grâce à un investissement continu dans les secteurs de la santé et de l’éducation.  Pour les Maldives, le meilleur moyen d’assurer le développement est de se concentrer sur sa population, sachant qu’aucun investissement n’est plus rentable que celui fait dans les femmes et les filles.  Les femmes peuvent et doivent contribuer à notre économie et à notre société.  Le pays veut aussi accueillir les personnes handicapées et investir dans sa jeunesse.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a fixé des objectifs pour tous les pays, mais si les responsabilités sont communes, il faut aussi tenir compte de la réalité des situations spéciales, a poursuivi M. Asim. 

En tant que petit État insulaire en développement, les Maldives sont particulièrement exposées aux chocs extérieurs.  Or, la mesure du développement par le produit intérieur brut (PIB) par habitant ne tient pas compte de ces circonstances.  La communauté internationale doit donc réévaluer la manière dont est évalué le développement.  Le fait que les Maldives ont quitté le statut de pays moins avancé ne signifie pas que les défis ont été surmontés d’un seul coup.  Pour construire les infrastructures importantes dont elles ont besoin, les Maldives ont besoin d’un financement dont elles sont désormais privées.

Les effets des changements climatiques représentent une menace existentielle pour les Maldives, a affirmé M. Asim, qui a rappelé que son pays avait demandé depuis des décennies au monde d’agir sur cette question, longtemps seul parmi un océan de sceptiques.  Comme beaucoup d’autres PEID, les Maldives ont été parmi les premiers États à ratifier l’Accord de Paris sur le climat.  Elles s’alarment aujourd’hui d’une nouvelle crise: l’état des océans.  Là aussi, il faut une réponse collective, et la Conférence sur les océans de juin 2017 constitue une occasion.

Il ne peut y avoir de développement sans paix et cela n’est nulle part plus évident qu’en Palestine, a poursuivi M. Asim, pour qui la solution des deux États est la seule viable.  Rappelant que les murs et les barbelés n’arrêtent pas la violence, le Ministre a dénoncé la xénophobie et l’islamophobie pratiquées au nom de la sécurité.  Les Maldives rejettent le terrorisme et le radicalisme, et notamment tous les actes de violence commis au nom de l’Islam, qui sont en fait anti-islamiques.

Si l’Organisation des Nations Unies est la mieux placée pour appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ses organes principaux doivent être plus représentatifs, a encore déclaré le Ministre, qui a regretté que son pays soit souvent sous-représenté.  Chaque État Membre de l’Organisation doit avoir l’occasion d’y contribuer et avoir une chance d’être partie à chaque organe, y compris le Conseil de sécurité, a affirmé M. Asim, qui a précisé que pour la première fois depuis son entrée aux Nations Unies, il y a 51 ans, son pays serait candidat à un siège au Conseil pour la période 2019-2020.

M. LYONPO DAMCHO DORJI, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a noté qu’au cours des cinq dernières années, pas moins de 15 conflits avaient éclaté à travers le monde, certains entraînant des déplacements massifs de réfugiés et de migrants jamais vus depuis la Seconde Guerre mondiale.  Il a ajouté que les dépenses militaires dépassaient actuellement celles de la guerre froide, tandis que la réalisation du développement durable se heurtait à de nombreux obstacles, y compris le manque de ressources financières. 

Après avoir déploré la persistance d’une extrême pauvreté qui frappe en premier lieu quelque 450 millions d’enfants et l’inégalité entre hommes et femmes, M. Dorji a abordé la situation particulière des États les plus vulnérables aux conséquences néfastes des changements climatiques.  « Cet été, nombre de pays en développement sans littoral et de petits États insulaires en développement ont, comme le Bhoutan, été frappés de plein fouet par des inondations d’une ampleur sans précédent », a-t-il notamment déclaré. 

Pour M. Dorji, l’heure est venue de traduire en actes des engagements régionaux et internationaux forts d’un consensus planétaire.  S’il a estimé à ce propos que la portée et la complexité de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne devaient pas être sous-estimées, il a relevé que les principes et les objectifs de ce Programme correspondaient à la vision « de nos rois, qui ont toujours recherché la paix, le bonheur et le bien-être pour le peuple du Bhoutan ». 

Il a estimé que la réussite du Programme 2030 découlerait de la qualité et de la solidité des partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile, tant au niveau régional que mondial. 

« Les partenariats basés sur des financements innovants seront vitaux pour les groupes de pays tels que les pays en développement sans littoral, les PEID et les pays les moins avancés (PMA) », a-t-il encore jugé. 

M. Dorji a par ailleurs souligné l’action de son pays en faveur de la défense de l’environnement, le Bhoutan étant parvenu en moins d’une décennie à transformer près de 40% de son territoire en aires nationales protégées.  Le Bhoutan, qui ratifiera bientôt l’Accord de Paris sur le climat, fait en outre partie des rares pays qui peuvent se targuer d’avoir un bilan carbone négatif, a-t-il aussi indiqué. 

Enfin, M. Dorji a attiré l’attention sur le fait que son pays restait engagé à appuyer les efforts de maintien de la paix conduits sous l’égide des Nations Unies.  Il a expliqué que la présence dans 10 missions de maintien de la paix de ressortissants bhoutanais reflétait le souci des autorités de son pays de partager avec les autres États Membres la responsabilité d’œuvrer à la résolution des conflits et à la réconciliation entre les peuples. 

M. ELVIN NIMROD, Ministre des affaires étrangères de la Grenade, après avoir rendu hommage à l’ancien représentant de son pays auprès des Nations Unies, Samuel Stanislaus, récemment décédé, a rappelé l’engagement de la Grenade envers les valeurs de la Charte des Nations Unies et a annoncé qu’une importante réforme constitutionnelle serait soumise à référendum le 27 octobre.  Il est possible qu’il en résulte notamment un changement dans le nom de l’État afin de mieux refléter sa composition faite de trois îles: la Grenade, la Petite Martinique et Carriacou.

La réforme constitutionnelle vise également à garantir l’accès à l’éducation de tous les enfants jusqu’à 16 ans et à assurer aux enfants handicapés une éducation publique adaptée à leurs besoins jusqu’à 18 ans, a expliqué M. Nimrod, qui a en outre rappelé l’engagement de son pays envers l’ensemble des objectifs de développement durable, y compris l’égalité hommes-femmes.  Il a aussi souligné l’énorme défi que représente pour le monde leur réalisation, puisque les ressources nécessaires ont été estimées à 2 500 milliards de dollars par an.

Or, le travail fait par le Fonds mondial pour la nature et d’autres a évalué le capital des océans à 24 000 milliards de dollars et leur production annuelle à 2 500 milliards, a poursuivi le Ministre, qui s’est concentré sur la question des océans durables, objectif 14 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Poursuivant sa comparaison entre le capital naturel des océans et celui d’un compte bancaire, il a déploré que le monde actuel, plutôt que de tirer profit des intérêts produits, consommait de manière insensée le capital.  Le monde perd 83 milliards de dollars chaque année du fait de pêcheries non soutenables, a-t-il rappelé en citant là une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 

M. Nimrod a par ailleurs rappelé les efforts entrepris par son pays, qui s’est notamment engagé à préserver 25% de ses ressources côtières et marines d’ici à 2020, bien au-delà des 10% fixés par l’objectif 14.

Le Ministre a de même fait observer que les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien se devaient d’être des défenseurs des océans dans la lutte contre les conséquences des changements climatiques, ne serait-ce que parce que leur territoire comprend souvent plus d’espaces marins que terrestres.

Il a aussi souligné que la Grenade était considérée comme un pays à revenu moyen supérieur, estimant injuste ce classement fait sur la seule base du produit intérieur brut (PIB) par habitant, qui limite l’accès des pays comme le sien à l’assistance internationale et sa capacité à investir dans des projets en faveur d’une énergie renouvelable. 

Il a donc demandé pour les PEID un accès plus facile au financement du Fonds vert pour le climat, tout en rappelant que la Grenade avait fait partie des 15 premiers États à ratifier l’Accord de Paris le 22 avril.  Il a également souhaité que l’Accord puisse entrer en vigueur avant la fin de l’année et que la prochaine réunion des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques -COP22- qui aura lieu à Marrakech, au Maroc, en novembre prochain puisse poursuivre sur les résultats acquis à Paris.

M. ISSELKOU OULD AHMED IZID BIH, Ministre des affaires étrangères de la Mauritanie, a souligné le rôle que tient de longue date son pays dans le maintien de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel.  Il a ajouté que, récemment, la Mauritanie était parvenue à mettre hors d’état de nuire plusieurs organisations terroristes, cela dans le respect du droit international.  Renforcer la sécurité et la défense sans attenter aux droits et en garantissant les libertés fondamentales des personnes est une priorité de notre gouvernement, a insisté M. Izid Bih. 

Il a également indiqué que le Gouvernement mauritanien avait mis en œuvre d’importantes réformes législatives, relatives à l’autonomisation de la femme mauritanienne notamment, permettant de sortir la société des modèles traditionnels de hiérarchisation sociale.  Nous menons une lutte résolue contre la corruption et en faveur d’une utilisation transparente et plus efficace des deniers publics, a-t-il encore mis en exergue. 

M. Izid Bih s’est aussi félicité de la poursuite de la modernisation des infrastructures, un progrès, a-t-il dit, qui a conduit à une augmentation notable de la fourniture d’eau et d’électricité dans les zones défavorisées.

Le Ministre mauritanien des affaires étrangères a par ailleurs assuré que son pays continuait d’adopter une position de neutralité vis-à-vis de la question du Sahara occidental et d’apporter son concours à l’ONU en vue d’un règlement rapide de ce problème.  Il a de plus noté que la Mauritanie tenait un rôle précieux de médiateur dans le conflit dans le nord du Mali en promouvant activement la relance du dialogue. 

Rappelant que son pays fournissait des troupes aux missions de l’ONU déployées en Côte d’Ivoire et en République centrafricaine, il a souligné que la Mauritanie avait été un chef de file dans la création du « G5 Sahel » et qu’il continuait d’accorder la plus haute importance au respect des droits des Palestiniens à la dignité et à la souveraineté.  Il a ainsi estimé que les violations des droits de l’homme dans les territoires occupés de Palestine nourrissaient l’extrémisme violent et le terrorisme de par le monde. 

Pour M. Izid Bih, les États doivent créer des synergies pour appréhender collectivement les défis mondiaux, qu’ils soient sécuritaires ou environnementaux.  

Droits de réponse

La représentante de la Turquie a déclaré que sa position sur la Syrie avait été présentée lors du premier jour du débat général au plus haut niveau.  Elle a toutefois tenu à souligner la perplexité de son pays devant les propos tenus par le représentant du régime syrien, ajoutant que ceux qui sont responsables des souffrances du peuple syrien devront répondre pour leurs crimes.

La représentante de l’Indonésie a répondu à plusieurs pays qui avaient fait des déclarations relatives à Papoua, « une province de l’Indonésie », les accusant de vouloir s’ingérer dans les affaires intérieures de son pays.  Elle a catégoriquement rejeté les « insinuations » contenues dans leurs déclarations, qualifiées d’inamicales » et affirmant qu’elles visaient à soutenir des groupes séparatistes qui ont toujours appelé au désordre civil.

Les déclarations de ces pays violent les principes de la Charte des Nations Unies, du droit international, et ceux des relations amicales entre les États.  Elle a affirmé que l’Indonésie était attachée aux droits de l’homme, était membre pour la quatrième fois du Conseil des droits de l’homme, comptait parmi les rares pays qui ont un plan permanent en faveur des droits de l’homme et disposait d’une Commission indépendante des droits de l’homme, d’une société civile active et de programmes de développement pour ses régions de Papouasie et Papouasie occidentale.

Le représentant de la Chine a rappelé après la déclaration des Philippines, que la sentence arbitrale concernant la souveraineté en mer de Chine du Sud n’avait pas de valeur juridique.  La Chine ne la suivra pas.  Elle respectera le droit international et continuera à travailler avec les pays concernés pour régler les différends sur la souveraineté en mer de Chine méridionale sur la base du droit international et de l’Histoire.

Le représentant des Philippines a rappelé qu’aux termes du droit de la mer, la sentence du tribunal arbitral du droit de la mer rendue le 12 juillet était définitive.  Des négociations sont en cours, mais il est clair que la sentence arbitrale du 12 juillet ne peut être ignorée car elle fait désormais partie de la jurisprudence du droit de la mer.  Elle doit donc servir de point de départ à ces négociations.  Le représentant a ensuite détaillé la sentence arbitrale.

Le représentant de la Chine a répondu que la procédure unilatérale des Philippines montrait la mauvaise foi des autorités de ce pays et ne contribuait en rien à résoudre le différend en mer de Chine du Sud.  Cette démarche s’écarte des principes fondamentaux de la Convention sur le droit de la mer, nous ne pouvons donc qu’insister sur la nécessité de rester sur la voie du dialogue dans un esprit constructif, a-t-il encore dit, invitant finalement les pays de la région à « bien gérer le différend régional et à éviter toute interruption du processus de négociation ».

Le représentant des Philippines a réagi en affirmant que la procédure d’arbitrage, entamée « après la rupture du statu quo », visait uniquement à stabiliser la situation en mer de Chine du Sud.  L’arbitrage n’aggrave pas le différend en ce qu’il est reconnu comme moyen alternatif, juste et légitime à des négociations bilatérales déséquilibrées, a-t-il souligné. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les pays africains, hôtes d’une mission de l’ONU, font état des défis dans leur progression vers la paix

Soixante et onzième session,
17e, 18e & 19e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11829

Assemblée générale: les pays africains, hôtes d’une mission de l’ONU, font état des défis dans leur progression vers la paix

La République centrafricaine, le Mali, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo et le Maroc, hôtes d’une opération de maintien de la paix de l’ONU, ont fait part aujourd’hui, au quatrième jour du débat général de l’Assemblée générale, de leur progression vers la normalisation et pour certains, des défis qui restent à relever.  À ces États, il faut ajouter Haïti qui a parlé du processus électoral en cours.   

Aujourd’hui, la République centrafricaine a retrouvé « la stabilité et la légalité constitutionnelle », a affirmé son Président.  M. Faustin Touadera a tout de même prévenu que la situation reste encore fragile, l’impératif consistant à appliquer très rapidement le programme de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR) et la réforme du secteur de la sécurité, avec le concours de la Mission de l’ONU (MINUSCA).  Le Président s’est dit déterminé à rassembler les Centrafricains autour d’un projet de reconstruction de l’État afin qu’ils deviennent « maîtres de leur destin et du développement du pays » et a plaidé pour la levée de l’embargo sur les armes « qui ne se justifie plus aujourd’hui en cette ère nouvelle de reconstruction nationale »

Au Mali aussi, les hostilités ont cessé entre le Gouvernement et les mouvements signataires, 15 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a déclaré le Président malien.  M. Ibrahim Boubacar Keita a néanmoins reconnu, qu’en dépit des efforts déployés par les parties signataires de l’Accord, le processus de paix reste confronté à de sérieuses entraves liées aux activités des groupes terroristes dans les régions du nord.  Il s’est donc réjoui de l’identité « parfaite » de vue qui s’est dégagée, ce matin même, à la Réunion de haut niveau sur le Mali sur l’urgence d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord et surtout « l’impérieuse nécessité » de corriger les lacunes qui subsistent en termes des capacités opérationnelles de la Mission de l’ONU (MINUSMA).  Il a appelé à la coopération entre États pour mutualiser les efforts et neutraliser l’hydre du terrorisme et ses avatars que sont Daech, AQMI, Boko Haram, Al Chabab, Ansar Eddine, le MUJAO ou Al Mourabitoune.

Il est essentiel de travailler ensemble pour régler ces questions pressantes, a conseillé le Vice-Président du Soudan du Sud, M. Taban Deng Gai, qui n’a pas démenti l’optimisme ambiant.  « Je suis ici pour vous dire que, cette fois-ci, nous sommes plus que jamais déterminés à faire avancer le pays vers la paix et le développement », a-t-il dit, parlant d’une situation sud-soudanaise « stable et pacifique » où le Gouvernement fonctionne et où la vie revient à la normale.  Le Vice-Président, dont le pays est l’hôte de la MINUSS, en a tout de même profité pour mettre en garde contre « les postures de supériorité ou de paternalisme, déguisées en promotion de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté et de la justice » et qui peuvent aisément conduire à des crises graves, parce que notre « Organisation mondiale » échoue à écouter ou refuse d’écouter l’avis de ceux qui viennent des pays où elle veut justement améliorer la situation.

C’est donc « de la manière la plus solennelle », que le Ministre des affaires étrangères de la RDC, a réaffirmé qu’en dépit du retard enregistré dans leur préparation, les élections générales initialement prévues pour la fin de cette année seront « bel et bien » organisées, aussitôt que les conditions techniques le permettront.  Il a insisté sur le fait que c’est pour parvenir, « ensemble et de manière consensuelle », à relever les défis électoraux, dont l’enregistrement de 14 millions de nouveaux électeurs, que des représentants de la majorité présidentielle, de l’opposition politique et de la société civile sont réunis depuis un peu plus de deux semaines, dans le cadre du Dialogue politique national inclusif.  Ce Dialogue devrait donc bénéficier du soutien de tous et ceux des acteurs politiques qui n’y participent pas encore, être encouragés à le faire.  S’il a prôné auprès des responsabilités politiques de la majorité et de l’opposition un dialogue « large et inclusif » pour éviter l’escalade et se mettre à la hauteur de la RDC et de son peuple, le Ministre des affaires étrangères de la Belgique, M. Charles Michel a lancé une mise en garde: « Ne vous voilez pas la face.  Le seul chemin pour la stabilité, c’est une date certaine pour des élections honnêtes et crédibles, et cela le plus rapidement possible ».   

Sans des élections générales honnêtes, il est vain d’espérer une transition politique paisible, a acquiescé le Président d’Haïti où le rendez-vous électoral est fixé dans deux semaines.  M. Jocelerme Privert, a prévenu que les nouveaux dirigeants auront besoin d’un « puissant élan de solidarité » pour sortir le pays du sous-développement, entreprendre la tâche « colossale » de redressement et de modernisation socioéconomiques et injecter les investissements massifs dans les infrastructures, les ressources humaines, la protection de l’environnement et la consolidation de l’état de droit. 

Le Président en exercice a salué le travail effectué depuis 12 ans par la Mission de l’ONU (MINUSTAH) et a dit avoir pris note « avec le plus haut intérêt » des déclarations du Secrétaire général de l’ONU sur les deux situations qui rendent l’Organisation « inconfortable »: l’introduction du choléra en Haïti et les « multiples » abus sexuels perpétrés par les Casques bleus.  « Pour réconfortantes qu’elles soient, les bonnes intentions ne suffisent pas », a-t-il commenté, en appelant à un appui « concret et efficace ».  Si l’Organisation a effacé son échec « honteux » à reconnaître son rôle « indiscutable » dans le déclenchement de l’épidémie de choléra en Haïti, elle refuse toujours aux victimes une indemnisation, en se cachant derrière son « immunité », s’est emporté le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines.

Toujours à propos de l’ONU, le Ministre congolais des affaires étrangères a parlé de la Mission dont son pays est l’hôte, la MONUSCO.  Il a dit compter sur le dialogue stratégique avec l’Organisation pour parvenir à une réduction progressive des effectifs et à la transformation subséquente de la Mission.

Plus de trois décennies après avoir quitté ce qui s’appelait alors l’Organisation de l’unité africaine pour protester contre l’admission du Sahara occidental, le Maroc, hôte de la MINURSO, a annoncé son intention de rejoindre l’Union africaine.  Son Ministre des affaires étrangères, M. Salaheddine Mezouar, a réaffirmé que son pays gère « avec beaucoup de sérieux » les appels du Conseil de sécurité visant à trouver une solution politique au différend régional concernant le Sahara occidental.  Il a manifesté la disposition de son pays à continuer d’œuvrer avec l’ONU pour trouver une solution négociée qui permettrait toutefois de maintenir l’intégrité territoriale du Maroc et la stabilité de la région.

L’Assemblée générale poursuivra son débat demain, samedi 24 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. BUJAR NISHANI, Président de l’Albanie, a expliqué que son pays accordait la plus haute importance au renforcement du lien entre développement et sécurité, convaincu que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 servira de cadre de référence en la matière.  Il a ajouté que l’Albanie avait été un pays leader dans l’élaboration des indicateurs relatifs à l’objectif 16 sur l’accès de tous à la justice et la mise en place à tous les niveaux, d’institutions efficaces, responsables et ouvertes.  La bonne exécution du Programme et la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat donneraient aux générations futures les moyens de vivre dans un environnement plus sain et équilibré, d’avancer sur la voie « exaltante » du développement et de la consolidation et du maintien de la paix.  L’Albanie, a-t-il indiqué, a pris l’engagement de réduire ses émissions de CO2 de 11,5% d’ici à 2030.

M. Nishani a souligné que son pays mettait tout en œuvre pour contribuer, au niveau régional, à la résolution de la crise des migrants, de manière coordonnée, « humaniste » et respectueuse du droit international.  Rappelant que l’Albanie est candidate à l’entrée dans l’Union européenne, il a noté qu’en attendant l’ouverture de négociations officielles, son pays appuie toutes les politiques et normes de l’Union européenne, y compris celles relatives à la démocratisation de la vie politique et au développement de l’état de droit.  Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme international, le Président a réaffirmé l’appui sans faille de son pays au Plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui, notamment, demandent aux États de s’attaquer, dans le respect du droit international, au problème des combattants étrangers et au financement des organisations terroristes. 

Enfin, M. Nishani a insisté sur le fait que l’Albanie soutient la participation du Kosovo à toutes les activités de coopération multilatérales, régionales et internationales.  Nous continuerons à encourager un dialogue constructif entre le Kosovo et la Serbie sous l’égide de l’Union européenne ainsi que la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo et son intégration dans les organisations régionales et internationales, a-t-il dit.

« Un tour d’horizon du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui dénote un tableau qui n’incline pas toujours à l’optimisme », a déclaré M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée.  L’Afrique, a-t-il dit, qui est le continent ayant la population la plus jeune au monde et comptant les pays les plus vulnérables, mérite une attention particulière dans la mise en œuvre de « l’agenda de développement 2030 ».  Conscient du changement de modèle économique que doit opérer le continent africain, le Président a néanmoins prévenu que ce changement ne peut se faire sans un accès durable à l’énergie « qui reste un défi que l’Afrique peut et doit relever pour accélérer son développement ».  Aujourd’hui encore, s’est-il impatienté, 7 Africains sur 10, soit 700 millions de personnes, n’ont pas accès à l’électricité.  Il a donc attiré l’attention sur le plan « robuste » d’électrification du continent grâce aux énergies renouvelables permettant de passer de 25 à 80% d’accès à l’énergie en 10 ans.  Un fonds a été créé pour ce faire et en sa qualité de porte-parole de l’Afrique pour les énergies renouvelables, le Président de la Guinée a lancé un appel à la communauté internationale, notamment aux institutions financières internationales, pour accompagner le continent dans des objectifs qui permettront de bâtir une Afrique « forte, respectueuse de ses engagements en faveur de la protection de l’environnement et précurseur du développement durable ». 

Mais, a reconnu le Président, le développement ne peut être durable sans la paix et la stabilité.  Convaincu que le terrorisme peut être vaincu par des moyens militaires, il a tout de même estimé qu’il ne peut être prévenu et contenu que par des investissements socioéconomiques conséquents, permettant de juguler les facteurs de radicalisation.  La Guinée, a-t-il rappelé, qui a déployé un bataillon de Casques bleus au Mali, a payé un lourd tribut avec la perte de neuf soldats en moins d’un an.  Le Président a demandé un cadre légal pour doter les Nations Unies des compétences renforcées en matière de contre-terrorisme.  La résurgence des crises au Burundi, au Soudan du Sud et en Guinée-Bissau, a-t-il aussi estimé, nous rappelle l’impérieuse nécessité de mettre l’accent sur la prévention et la médiation.  Il s’est félicité que les chefs d’État africains aient décidé lors du dernier Sommet de l’Union africaine de rendre opérationnel le Fonds pour la paix, qui vise notamment à promouvoir la diplomatie préventive et la médiation. 

La Guinée qui est inscrite, à sa demande depuis 2011, à l’agenda de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies, estime également que la résolution de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur le dispositif de consolidation de la paix lui offre l’occasion de réévaluer la nature et la portée avec la Commission en vue de la remettre en phase avec ses besoins.  Le Président a en effet indiqué qu’après la proclamation de la victoire sur le virus Ebola le 29 décembre 2015, le chemin du relèvement reste long car l’épidémie a éprouvé toutes les composantes de la société guinéenne et toutes les activités économiques du pays.  Aussi, la Guinée, qui a élaboré sa stratégie de relèvement post-Ebola, invite-t-elle les partenaires à matérialiser leurs promesses.  En dépit de l’épidémie, a conclu le Président, le peuple de Guinée a su faire preuve de résistance et d’une solidarité remarquable qui ont permis la poursuite de nombreuses réformes visant le renforcement de l’état de droit, l’avènement d’un cadre propice aux investissements et une gouvernance inclusive.  Après une longue période de rigueur budgétaire, la Guinée vient de conclure sa huitième et dernière revue avec le Fonds monétaire international (FMI).

M. ISSOUFOU MAHAMADOU, Président du Niger, a d’emblée prévenu que notre capacité de réaliser les objectifs de développement durable dépendra aussi de notre capacité à faire évoluer les conditions politiques et économiques aux niveaux national et international et à honorer les engagements pris à la Conférence de Paris sur les changements climatique.  Il est évident, a estimé le Président, que le fonctionnement de l’économie mondiale doit être profondément réexaminé.  Il a appelé à un équilibre entre le capital financier spéculatif et le capital industriel, pour une orientation plus massive des capacités vers l’économie réelle.  Les mesures internationales d’appui à la promotion des investissements étrangers directs dans les pays les moins avancés (PMA) constituent un sujet important dont il conviendrait d’accélérer la mise en œuvre, a estimé le Président.  L’opérationnalisation en 2017 de la Banque de technologies pour les PMA sera un instrument précieux pour la promotion des infrastructures, la diversification des productions, et la création de valeur ajoutée indispensable à la génération et au relèvement de revenus des populations de ces pays. 

La réforme du système financier international, la création de nouvelles possibilités d’accès à des sources de financement et l’établissement d’un cadre adéquat pour la restructuration de la dette souveraine sont autant de mesures indispensables à la consolidation des capacités des pays en développement de financer leur développement durable.  Le Président a aussi noté que si la part des pays africains dans le commerce mondial augmentait de 1% cela représenterait un revenu supplémentaire annuel de 200 milliards de dollars, soit cinq fois le montant de l’aide au publique au développement (APD) dont bénéfice le continent.  L’Afrique se doit aussi de développer le commerce interafricain qui est estimé à seulement 10% de ses échanges.

Sur le plan politique, le Président a appelé à la réforme du Conseil de sécurité, plaidant pour que les pays les plus concernés, notamment les pays voisins des pays en conflit, soient associés au processus de règlement desdits conflits.  Engagé dans une guerre sans merci contre le terrorisme et la protection de son territoire, la Guinée, a poursuivi son Président, juge indispensable de revoir les mandats de certaines missions des Nations Unies pour les rendre offensifs afin de mieux protéger les civils.  Au Niger où la secte Boko Haram mène des incursions régulières, on compte 167 000 déplacés et une centaine de milliers de réfugiés, exposés à des risques de famine et d’épidémies ainsi que plus de 18 000 enfants privés d’écoles.  Il est donc urgent, s’est impatienté le Président, de stabiliser la Libye et le Mali, d’y neutraliser les terroristes, et d’appuyer la force mixte multinationale qui opère dans le bassin du Lac Tchad contre Boko Haram.  Le Président a conclu en soulignant que son ambition est de laisser aux Nigériens un pays radicalement transformé où les institutions démocratiques seront plus fortes, où la lutte contre la corruption aura progressé, où les inégalités auront reculé et la classe moyenne sera renforcée.  « Bref un Niger résolument engagé dans la réalisation des objectifs de développement durable. »

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a remercié la communauté internationale pour « son soutien inestimable » à son pays « qui a retrouvé la stabilité et la légalité constitutionnelle aujourd’hui ».  Il a aussi rendu hommage à l’action de l’ONU qui a déployé des forces internationales qui œuvrent à la sécurisation et la consolidation de la paix en République centrafricaine (RCA).  La RCA vient de renouer avec le processus démocratique, mais la situation reste encore fragile, a-t-il indiqué.  Il a fait part de son ambition de rassembler les Centrafricains autour d’un projet de reconstruction de l’État afin qu’ils deviennent maîtres de leur destin et du développement de leur pays.  Ainsi, le Gouvernement a établi des priorités qui se regroupent sous la forme de piliers; la paix et la sécurité, la réconciliation nationale, la réforme de l’administration, la relance économique, la justice et les droits de l’homme.

Il s’agit, en matière de paix et sécurité, d’appliquer rapidement le programme de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRR).  Pour réformer le secteur de la sécurité, le Président a appelé les partenaires de la RCA à se mobiliser pour le financement de ce volet au cours de la prochaine conférence de Bruxelles prévue le 17 novembre prochain.  En outre, le Gouvernement centrafricain a engagé, avec le concours de la communauté internationale, des actions pour assurer la présence des pouvoirs publics sur l’ensemble du territoire et garantir la paix et la sécurité.  De même, des mesures d’urgence ont été prises en vue de la refondation des Forces armées centrafricaines (FACA).  Pour y parvenir, il a plaidé pour la levée totale de l’embargo sur les armes imposé à la RCA, laquelle ne se justifie plus aujourd’hui, a-t-il estimé.  Il a également parlé des mesures en vue de renforcer le secteur de la justice, afin de lutter contre l’impunité, et pour relancer l’économie du pays.  Il a appelé à l’accompagnement de tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux du pays afin de mener à bien ces divers chantiers.

M. Touadera a par ailleurs fait part de la volonté de la RCA de réaliser les objectifs de développement durable de manière participative.  Le Gouvernement a déjà engagé la préparation du Programme de relèvement et de consolidation de la paix en Centrafrique (RCPCA).  Ce Programme comprend des actions d’assistance humanitaire, de relèvement précoce et de développement, et ses trois axes d’intervention sont la paix, la réconciliation et la sécurité; le renouvellement du contrat social entre l’État et la population; et le relèvement économique et la relance des secteurs productifs.  Le Président s’est ensuite réjoui de l’engagement des États Membres à privilégier une solution plus humaine à la question des migrants et des réfugiés.  En RCA, des solutions durables pour le retour des populations déplacées à l’intérieur comme hors du pays sont à l’étude.  

Il n’est pas juste que l’Afrique paie plus de prix alors qu’elle n’est que victime, a-t-il dénoncé en évoquant la question des changements climatiques.  Il a demandé à la communauté internationale de mettre en place un mécanisme adéquat pour soutenir l’Afrique.  Il a insisté pour que les engagements pris lors de la Conférence de Paris sur le climat soient respectés. 

« Quatrième Président à accéder à la Magistrature suprême de l’Union des Comores par des élections libres, démocratiques, et transparentes, dont les résultats ont été reconnus par la communauté internationale », M. AZALI ASSOUMANI a espéré l’accompagnement postélectoral de la communauté internationale et de tous les partenaires dont le système des Nations Unies pour consolider la stabilité de son pays, préserver les acquis de la démocratie et de l’état de droit et réussir le développement socioéconomique.  Parmi ses appels à la communauté internationale, le Président a souligné qu’il appartient à l’ONU, « donc à nous tous », de prendre des mesures immédiates pour endiguer les fléaux déstabilisateurs de la violence, résultat de l’extrémisme et du fanatisme de tout bord.  Le terrorisme n’a pas de frontières, a-t-il insisté, ajoutant que les terroristes ne sont ni musulmans, ni juifs, ni chrétiens, ni animistes.  Ils n’appartiennent à aucune religion, à aucune civilisation.  « Ce sont des barbares ». 

Jugeant urgent que l’ONU trouve enfin une solution au conflit israélo-arabe, le Président a fustigé « l’arrogance de ceux qui, à cette même tribune, viennent défier le monde auquel ils s’adressent et narguer notre Organisation commune qui a pourtant reconnu, depuis près de 70 ans, l’État au nom duquel ils s’expriment ».  Il s’est dit persuadé qu’un règlement du conflit israélo-palestinien serait un catalyseur à celui des autres crises au Proche-Orient. 

Le Président a aussi voulu attirer l’attention de l’Assemblée générale sur la nécessité de faire la différence entre les migrations et le déplacement des populations sur leur propre territoire.  L’Union des Comores, dont la souveraineté a été reconnue par l’Assemblée en 1975 sur un ensemble de quatre îles, connaît, comme d’autres pays, des mouvements de population à l’intérieur des îles et entre elles, y compris l’île de Mayotte, encore sous Administration française.  Ces déplacements, a déploré le Président, se transforment hélas, en drames quotidiens et causent chaque année, chaque mois, des centaines de morts, dans le bras de fer entre les trois îles et Mayotte, et « dans l’indifférence de la communauté internationale ». 

La question de « l’île comorienne de Mayotte », à laquelle l’Assemblée générale a consacré pas moins de 15 résolutions depuis 1977, reste d’actualité.  Le Président a espéré qu’une solution sera trouvée en parfaite harmonie entre les Comores et la France, « deux pays qui ont un contentieux mais qui sont pourtant restés amis et partenaires de longue date ».  C’est par un dialogue franc, intelligent et respectueux des intérêts des uns et des autres « et surtout » du droit international, que nous parviendrons à épargner aux jeunes générations de Comoriens et de Franco-Comoriens, une situation sans issue et les préserver de la radicalisation et de l’extrémisme qui minent et déstabilisent de nombreuses régions du monde, a prévenu le Président.

M. Azali Assoumani a conclu en appelant à une ample réforme de l’ONU, pour notamment permettre à l’Afrique de disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité.  Il a aussi annoncé que son pays, qui a signé l’Accord de Paris sur le climat, soumettra sa ratification lors d’une session parlementaire qui se tiendra le mois prochain.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a assuré que le Gouvernement yéménite est tout à fait opérationnel, et que « le schéma destructeur des Houthis, appuyés par l’Iran, n’a aucune chance de réussir ».  Il a expliqué que dans la guerre qui secoue son pays, le camp républicain n’a pas tiré en premier et que c’est le peuple qui avait lui-même entrepris de déposer l’ancien Président Ali Abdallah Saleh en 2011.  Il a accusé les milices houthies d’avoir plongé le pays dans le chaos en prenant les armes pour marquer leur rejet des résolutions de sortie de crise, lesquelles avaient été élaborées par le Conseil de coopération du Golfe (CCG).  Malgré cet état de fait, il a dit ne pas être animé par un esprit de revanche, faisant part de sa volonté de tendre la main à tous les Yéménites pour la reconstruction du pays.  Mais pour que la paix revienne, il faut que le coup d’État prenne fin et que les milices déposent les armes afin que le processus politique puisse conduire à l’organisation d’élections libres.  

Le Président a aussi rappelé que le Yémen souffre du terrorisme, et que le fléau doit être jugulé afin que le pays et la région toute entière retrouve la stabilité.  « Ce terrorisme qui frappe le Yémen est le même que celui d’Al-Qaida, Daech et le Hezbollah », a-t-il fait observer.  Il a indiqué que la Banque centrale yéménite a dû être relocalisée à Aden, la capitale provisoire, afin d’empêcher son pillage.  Il a demandé l’appui des institutions financières internationales au sauvetage de l’économie du pays.

M. Mansour a également insisté sur la catastrophe humanitaire que vit son pays, exhortant les bailleurs de fonds à apporter leur soutien.  Il a promis que le Gouvernement allait faire tout son possible pour que l’aide soit acheminée à tous ceux qui en ont besoin, quel que soit le lieu d’où ils se trouvent dans le pays.  Il a remercié les Gouvernements d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Koweït qui aident les autorités yéménites à restaurer l’ordre constitutionnel.

M. JOCELERME PRIVERT, Président en exercice d’Haïti, a expliqué que son pays a choisi d’être dans le peloton de tête de la marche vers le développement durable et ses 17 objectifs qui offrent « une boussole et des jalons vers une nouvelle humanité débarrassée des affres des privations ».  Il a dit porter une attention particulière à la place accordée à la problématique migratoire dans les objectifs de développement durable, conscient de la recrudescence du nombre important de ses compatriotes qui laissent le pays à la recherche d’un mieux-être.  Il a affirmé que son pays a commencé à dialoguer avec certains pays d’accueil pour trouver des solutions communes.   

Dans deux semaines, a poursuivi le Président en exercice, le peuple haïtien se rend aux urnes.  « Qu’on ne s’y méprenne pas », a-t-il mis en garde, « sans des élections honnêtes et crédibles, il est vain d’espérer une transition politique paisible ».  La crédibilité des élections est « essentielle », a-t-il insisté, pour une véritable rupture avec le cycle d’instabilité et l’incertitude politique que connaît depuis trop longtemps Haïti.  En attendant, s’est enorgueilli le Président en exercice, les observateurs impartiaux ont constaté unanimement les progrès accomplis vers le renouvellement des institutions et le retour à l’ordre constitutionnel.  Le Parlement est actuellement opérationnel et sera au complet au terme des prochaines législatives, et l’entrée progressive en fonctions des maires élus s’effectue sans heurt. 

« Le processus est en bonne voie », s’est félicité le Président en parlant du processus électoral, prévenant qu’au lendemain de ces élections, le pays aura besoin d’un « puissant » élan de solidarité internationale.  Les nouveaux dirigeants, s’est-il expliqué, en auront besoin pour sortir le pays du sous-développement, entreprendre la tâche « colossale » de redressement et de modernisation socioéconomiques et injecter l’investissement massif dans les infrastructures, les ressources humaines, la protection de l’environnement et la consolidation de l’état de droit. 

Le Président a salué le travail effectué depuis 12 ans par la Mission des Nations Unies dans son pays (MINUSTAH) et a invité le Secrétaire général, au terme de son second mandat, « à se faire à l’idée que mon pays a besoin de la compréhension internationale pour affronter les défis de l’insalubrité » qui l’exposent continuellement aux épidémies, aux endémies, aux maladies « venues de toutes parts ».  Le Président a d’ailleurs dit avoir pris note « avec le plus haut intérêt » des déclarations du Secrétaire général par rapport aux deux situations qui rendent l’Organisation « inconfortable »: l’introduction du choléra en Haïti et les « multiples » abus sexuels perpétrés par les Casques bleus.  « Pour réconfortantes qu’elles soient, les bonnes intentions ne suffisent pas », a prévenu le Président en appelant à un appui « concret et efficace. »

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a déclaré que son pays travaillait activement à la mise en place des 17 objectifs de développement durable et ferait partie des États qui ratifieront l’Accord de Paris sur le climat d’ici à la fin de l’année.  Nous devons investir dans l’éducation, dans les soins de santé, a-t-il ajouté, soulignant l’importance de combattre les inégalités sociales et d’assurer un emploi décent pour tous.  M. Bettel a rappelé que le Luxembourg fait partie des sept pays consacrant au moins 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD).  Face à la baisse des moyens financiers en matière de développement et d’action humanitaire, l’élargissement de la base des donateurs n’a jamais été plus urgent, a-t-il considéré.  Il a assuré que son pays s’efforçait dans ce contexte d’augmenter la prévisibilité et l’efficacité de ses contributions humanitaires à travers des accords pluriannuels.

Au sujet de la crise des migrants, M. Bettel a indiqué qu’au niveau européen, la solidarité et le partage du fardeau étaient aussi indispensables à une politique de migration crédible que l’est le contrôle des frontières.  Rappelant l’importance de distinguer les réfugiés dans le besoin et les migrants économiques en situation irrégulière, il a insisté sur l’obligation collective de garder ouvertes les voies de la migration légale.  « La migration peut être une chance pour tous lorsqu’elle est maîtrisée », a-t-il affirmé.  Il a annoncé que son pays, comme la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants l’y invite, participerait aux travaux en vue de l’adoption, en 2018, d’un pacte mondial sur les réfugiés et d’un pacte mondial pour des migrations « sûres, régulières et ordonnées ».

M. Xavier Bettel a attiré l’attention sur le fait que le continent africain reste particulièrement vulnérable aux défis mondiaux, mais qu’en dépit de cela l’Afrique dispose d’atouts « formidables » dont le premier est le vivier de talents extraordinaires que représente sa jeunesse.  Il a ajouté que le partenariat entre le Luxembourg et ses partenaires africains « était doté d’une dimension économique qui complète les efforts jusqu’alors davantage concentrés sur les secteurs sociaux ». 

Sur la prévention des conflits, M. Bettel a souscrit pleinement à l’objectif de passer de la consolidation de la paix après les conflits à une approche de pérennisation de la paix.  Une telle approche, a-t-il dit, résolument politique, intègre les trois piliers de l’action de l’ONU: les droits de l’homme, la paix et la sécurité et le développement.  Concernant le conflit syrien, il a indiqué que son pays tiendrait l’engagement pris de consacrer près de 40 millions d’euros entre 2016 et 2020 pour aider les victimes en Syrie et dans les pays voisins.  « Nous appuierons en particulier le programme « No Lost Generation » de l’UNICEF, a-t-il annoncé à cet égard.  Il a par ailleurs réaffirmé le soutien du Luxembourg à l’initiative française d’organiser une conférence internationale pour aider Israéliens et Palestiniens à reprendre les négociations en vue d’aboutir à la solution des deux États. 

M. PAVEL FILIP, Premier Ministre de Moldova, a déclaré que son gouvernement, en partenariat avec le PNUD et d’autres acteurs, a lancé un processus de « localisation » des objectifs de développement durable(ODD) et travaille à un mécanisme d’évaluation des progrès.  En juillet dernier, le pays a créé un Conseil national de coordination du développement durable et un Cadre national de développement, pour évaluer notamment la Stratégie de développement « Moldova 2020 ».  Le Premier Ministre a aussi promis la ratification prochaine de l’Accord de Paris sur le climat.

Il s’est par ailleurs félicité que l’Assemblée générale ait décidé de maintenir à son ordre du jour la question des conflits prolongés dans la région du Groupe Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldova (GUAM).  Ces conflits qui durent depuis 25 ans, comme celui qui frappe son pays, continuent d’avoir des conséquences négatives sur le développement économique et social de millions d’habitants de la région.  L’implication des Nations Unies est importante pour empêcher les tentatives de modifier les frontières politiques. 

Il a rappelé que le conflit en Transnistrie, s’est déclenché le jour où la République de Moldova est devenue Membre des Nations Unies le 2 mars 1992.  « Contrairement à la majorité des conflits internes qui trouvent leurs sources dans des antagonismes religieux ou ethniques, ce conflit de Transnistrie a un caractère purement géopolitique », a insisté le Premier Ministre.  Il a exprimé la détermination de son pays à trouver une solution politique dans le cadre du format de négociation « 5+2 ».  Il a souligné la nécessité de s’accorder sur un statut juridique spécial pour la région de Transnistrie.  La fragilité de la situation sécuritaire dans la région, amplifiée par la déstabilisation de l’est de l’Ukraine, nécessite un réengagement de toutes les parties impliquées dans le format de négociation « 5+2 », mais aussi de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de l’ONU, dans le but d’identifier le plus vite possible des solutions à ces problèmes qui durent depuis trop longtemps.   

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a salué le leadership « passionné » du Secrétaire général de l’ONU sur la question des changements climatiques.  M. Ban Ki-moon a visité deux fois la région du Pacifique pendant son mandat.  Dans le processus de nomination d’un nouveau secrétaire général, le Samoa, comme d’autres États, n’est qu’« un simple spectateur », a toutefois regretté le Premier Ministre.  Il a espéré que le nouveau chef de l’Organisation saura traiter sur un pied d’égalité chaque État Membre, indépendamment de sa taille, de son influence politique ou de sa puissance économique.

L’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat constitue une priorité absolue, a déclaré M. Malielegaoi.  Les cyclones et les catastrophes naturelles se produisent plus souvent et avec plus d’intensité, comme on l’a vu récemment aux Fidji et à Vanuatu.  « Les petits États insulaires en développement (PEID) ne peuvent pas se permettre de perdre leurs acquis », a-t-il ajouté.  La volonté politique des États de mettre en œuvre l’Accord de Paris doit s’accompagner des ressources nécessaires, a-t-il précisé en citant le Fonds pour l’adaptation et le Fonds vert pour le climat.

Les Orientations de Samoa font partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a souligné le Premier Ministre.  Selon lui, elles représentent « une feuille de route directe pour la transition opérée par les PEID entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et les objectifs de développement durable ».  À ce sujet, il a mis l’accent sur l’Objectif 17 consacré aux moyens de mettre en œuvre le Partenariat mondial pour le développement durable.  Il s’est dit ouvert à tous les types de partenariat.

M. Malielegaoi a souligné l’importance de gérer de manière durable les océans et les mers dont la santé est soumise à bien des pressions avec la surpêche, l’acidification, l’appauvrissement du milieu naturel et la pollution.  Il a rappelé que les PEID ont appuyé l’inclusion de l’objectif 14 sur les océans dans le Programme 2030.  Il a salué la tenue, la semaine dernière, de la troisième Conférence « Nos océans, notre avenir » organisée par le Gouvernement des États-Unis.  Enfin, il s’est félicité du lancement du processus préparatoire en vue de l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les questions relatives à la conservation et à l’exploitation durables de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.

Selon le Premier Ministre du Royaume de Belgique, M. CHARLES MICHEL, le respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de la démocratie ne devrait souffrir d’aucune exception, d’aucun accommodement, d’aucun renoncement.  « Or regardons la vérité en face », l’égalité entre les femmes et les hommes n’est toujours pas une réalité, la liberté d’expression et la liberté de la presse sont trop souvent bafouées, l’homophobie est parfois légalisée dans certains pays.  Trop souvent l’état de droit n’est qu’un paravent et la justice n’est pas un recours mais bien une menace pour les citoyens et les entreprises.

Le Premier Ministre s’est attardé sur un continent, dont l’histoire et celle de l’Europe sont « intrinsèquement » liées et l’avenir « bien entendu commun ».  Il a plaidé pour « un partenariat d’égal à égal, sincère, gagnant-gagnant, sans nostalgie ni culpabilité ».  Ces dernières années, a dit le Premier Ministre, l’Afrique a connu plusieurs transitions démocratiques avec succès mais malheureusement, trop souvent, certains citoyens sont privés du droit pourtant fondamental d’élire ceux qui devraient les représenter.  Respecter les exigences de l’état de droit, et donc des constitutions, est le seul chemin possible pour garantir la stabilité et l’harmonie démocratique, a insisté le Premier Ministre.

Ce droit, a-t-il estimé, a été refusé à la population burundaise, avec pour résultat la discorde, la division et même l’oppression.  La seule solution à cette crise est un dialogue interburundais réellement inclusif, sous médiation internationale, et dans le respect de l’Accord d’Arusha, a-t-il préconisé. 

En République démocratique du Congo, a-t-il poursuivi, l’organisation des élections est indispensable, et les doutes à cet égard doivent être levés.  Il a condamné « fermement » toutes les formes de violence auxquelles nous avons assisté, y compris ces derniers jours à Kinshasa.  Quand on assume des fonctions de responsabilité, a-t-il tranché, on doit en assumer « pleinement et individuellement » la part de responsabilité.  Nous respectons, a affirmé le Premier Ministre, le principe de souveraineté, mais à la condition que cette souveraineté ne devienne pas un paravent pour « malmener » l’état de droit et « bafouer » les libertés fondamentales.

Le Premier Ministre a lancé un appel aux responsables politiques de la majorité et de l’opposition: « Évitez l’escalade.  Le dialogue doit être large et inclusif.  Soyez à la hauteur de votre pays et de son peuple ».  « Ne vous voilez pas la face », a-t-il mis en garde, le seul chemin pour la stabilité, c’est une date certaine pour des élections honnêtes et crédibles, « et cela le plus rapidement possible ».  

M. Michel a poursuivi sur la situation en Syrie, « un échec pour la communauté internationale ».  Avec Daech, comme avec Al-Qaida, Boko Haram ou AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique), nous faisons face à un nouveau totalitarisme, a affirmé le Premier Ministre, en rappelant que son pays, comme beaucoup d’autres, a été victime de terrorisme en mars dernier.  Nous devons, a-t-il préconisé, réformer la coordination de l’architecture onusienne en matière de contre-terrorisme et systématiser les échanges d’informations et de renseignements pour prévenir et empêcher ces actes barbares.  « La liberté doit être plus forte que les ténèbres. »

Le Premier Ministre a aussi plaidé pour sortir « d’une logique de confrontation » avec la Fédération de Russie.  Il a appelé à un dialogue politique « intense Europe-Russie ».  Nous avons trop d’intérêts communs pour nous permettre le luxe de l’immobilisme diplomatique.   

M. Michel a parlé de la situation entre Israël et la Palestine, des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris ainsi que de la situation économique mondiale.  À cet égard, il a indiqué que la Belgique, avec 10 autres pays de l’Union européenne, souhaite élaborer un système pour taxer les transactions financières.  Nous devons réussir à lever les obstacles techniques et politiques.  « C’est une question élémentaire d’équité. »  L’honneur de mon pays, c’est de défendre des principes et des valeurs universelles: la liberté, la tolérance et le dialogue, a conclu le Premier Ministre, avant d’annoncer la candidature de la Belgique à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période de 2019-2020.

Rappelant l’adoption en 2015 du Programme 2030, M. ANEROOD JUGNAUTH, Premier Ministre de Maurice, a déclaré que les Nations Unies ont un rôle important à jouer en soutenant les efforts de chaque pays.  Maurice a choisi de se focaliser sur l’éradication de la pauvreté et a introduit dans son budget, cette année, une indemnité de subsistance pour les plus pauvres d’un montant de 2 720 roupies par adulte qui est 40% supérieure au seuil du taux d’extrême pauvreté de la Banque mondiale de 3,1 dollars par jour.

Petit État insulaire en développement (PEID), l’objectif de développement durable 13 sur des mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques et 14 sur la vie aquatique sont d’une importance vitale pour la survie de Maurice, a ajouté M. Jugnauth, dont l’industrie touristique est contrariée par les effets négatifs du réchauffement de la planète. 

Maurice a organisé la Conférence interministérielle sur l’économie bleue et les changements climatiques au début du mois de septembre avec la Banque mondiale.  Le « Communiqué de Maurice » issu de cette Conférence servira de document de travail au dialogue du Fonds vert pour le climat qui aura lieu au Togo, le 15 octobre 2016, et au COP22 au Maroc.

Condamnant sans réserve les actes de terrorisme, M. Jugnauth a dit qu’une « ONU réformée », y compris une réforme en profondeur du Conseil de sécurité, était essentielle pour répondre de manière efficace aux menaces du terrorisme et aux nouvelles situations.  Maurice adhère à la position de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité exprimée dans le Consensus d’Ezulwini et appuie l’octroi d’un siège aux PEID.  Maurice appuie pleinement l’aspiration de l’Inde à avoir un siège de membre permanent du Conseil de sécurité.

Le Premier Ministre a rappelé que Maurice est un pays libre, souverain et indépendant depuis 48 ans mais que même aujourd’hui, elle ne peut pas exercer sa souveraineté sur l’archipel de Chagos et l’île Tromelin.  Maurice a constamment protesté contre le démembrement illégal de Chagos et maintenu que l’archipel, y compris Diego Garcia, fait partie intégrante du territoire national conformément au droit mauricien et au droit international.

Maurice a toujours demandé l’achèvement complet du processus de décolonisation.  Elle a appelé l’ancienne puissance coloniale à discuter pour trouver une solution crédible et juste mais ses efforts sont restés vains. 

L’Assemblée générale a un rôle institutionnel direct sur cette question étant donné son rôle dans le processus de décolonisation dans le monde.  Elle a la responsabilité d’achever le processus de décolonisation, y compris à Maurice.  C’est pourquoi à la demande du Gouvernement de Maurice, l’Assemblée générale a inclus dans l’ordre du jour de sa soixante et onzième session, un point intitulé « demande pour un avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les conséquences juridiques de la séparation de l’archipel de Chagos de Maurice en 1965 ».

Nous avons noté que le Royaume-Uni a exprimé son souhait de participer à un dialogue avec Maurice afin de régler cette question avant juin 2017.

La décolonisation de Maurice ne sera pas complète tant que la question de Tromelin n’est pas résolue.  Nous avons un dialogue très constructif avec la France et nous l’exhortons à poursuivre ce dialogue pour un règlement rapide de ce différend dans l’esprit d’amitié qui caractérise les relations entre les deux pays.  « L’intégrité territoriale est un principe de droit international.  Les Nations Unies le reconnaissent et il est de notre devoir de la faire respecter », a dit le Premier Ministre. 

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dénoncé « l’attitude arrogante et le sentiment d’infaillibilité » d’un certain nombre de pays occidentaux qui poussent à des solutions unilatérales dangereuses aux conflits et aux crises les plus complexes, comme il a pu l’observer au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  « Le fondement de la stabilité mondiale a été détruit », a-t-il déploré.

L’aide militaire que la Fédération de Russie apporte au Gouvernement légitime de la Syrie a permis d’empêcher l’effondrement de l’État et la désintégration d’un pays attaqué par des terroristes, a déclaré M. Lavrov.  L’engagement russe a donné un élan à la création du Groupe international de soutien pour la Syrie (GISS), afin d’initier un processus politique pour que les Syriens puissent déterminer l’avenir de leur pays à travers un dialogue inclusif entre tous les groupes ethniques et religieux.  Cette approche a été reflétée dans les résolutions du Conseil de sécurité et dans les accords récents entre la Fédération de Russie et les États-Unis, a-t-il précisé.

Maintenant, a poursuivi M. Lavrov, il est essentiel de ne pas perturber ces accords et de mener une enquête impartiale sur les incidents survenus à Deir ez-Zor et à Alep, d’autant plus qu’« il y a pas mal de gens qui cherchent à saboter les plans convenus sur le règlement de la Syrie ».  Il faut, a-t-il ajouté, « dissocier l’opposition dite modérée des terroristes », et, sur ce point, les États-Unis et les membres de la coalition portent une responsabilité particulière.  La crise syrienne et la situation humanitaire ne seront pas résolues sans la suppression de Daech, de Jabhat al-Nusra/ Front el-Nosra et des groupes extrémistes associés.  

L’Ukraine s’effondre parce que les nouvelles autorités refusent d’appliquer l’Accord de Minsk du 12 février 2015, a dit ensuite le Ministre des affaires étrangères.  « Les tentatives visant à instrumenter la crise ukrainienne à des fins géopolitiques corrompues n’ont aucune chance », a-t-il prévenu.  « Ni l’OTAN ni l’Union européenne ne parviendront pas à une véritable unification des efforts collectifs sans gagnants ni perdants », a-t-il averti.     

Le 25 juin dernier, la Fédération de Russie et la Chine ont signé la Déclaration sur le rôle croissant du droit international, a relevé M. Lavrov, en réaffirmant les principes de l’égalité souveraine des États et de non-ingérence dans les affaires intérieures. 

Il ne saurait y avoir deux poids, deux mesures dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il continué.  Il a rappelé que le Président russe Vladimir Poutine avait proposé, l’année dernière à l’Assemblée générale, de créer un vaste front antiterroriste.  L’Accord entre la Fédération de Russie et les États-Unis, conclu à Genève le 9 septembre dernier, devait être le premier vrai pas dans cette direction, a-t-il insisté.  Les tragédies en Iraq, au Yémen, en Libye et en Syrie prouvent qu’il faut « arrêter de se servir des extrémistes pour faire avancer des agendas géopolitiques ».  « Nous sommes en train de rédiger un projet de résolution visant à mobiliser les efforts pour éliminer ce mal », a-t-il annoncé.

D’après M. Lavrov, le Traité sur la non-prolifération (TNP) est mis à rude épreuve quand certaines puissances nucléaires torpillent tout effort visant à créer une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  La Fédération de Russie appuie le désarmement nucléaire, mais il faut tenir compte de toute une série de facteurs qui affectent la stabilité stratégique, y compris la création de systèmes unilatéraux de défense antimissiles et la menace de placer des armes dans l’espace extra-atmosphérique.

Le Ministre des affaires étrangères russe a jugé nécessaire de renforcer la stabilité et la sécurité dans d’autres parties du monde, notamment dans la région Asie-Pacifique.  « Les actions récentes de la République populaire démocratique de Corée qui violent les résolutions du Conseil de sécurité doivent cesser », a-t-il dit.  Il a appelé Pyongyang à abandonner son programme de missiles nucléaires et à revenir au régime du TNP.  Il a toutefois jugé inadmissible que cette situation soit utilisée « comme prétexte pour une militarisation massive de l’Asie du Nord-Est » et le déploiement d’autres missiles américains de défense.    

M. EDWARD NALBANDIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a déclaré que l’Arménie qui a célébré le vingt-cinquième anniversaire de son indépendance mardi dernier, a fait beaucoup pour renforcer les institutions démocratiques, l’état de droit, la bonne gouvernance, la protection des droits de l’homme et les réformes économiques.  Mais d’autres défis restent et le Gouvernement a lancé le plan d’action pour la stratégie nationale de protection des droits de l’homme.  La réforme constitutionnelle de décembre 2015 a aussi accru la transparence et la reddition de comptes.

L’ONU a un rôle important à jouer pour changer les facteurs d’intolérance, de discrimination raciale, de xénophobie, l’extrémisme violent et le terrorisme.  À plusieurs reprises, l’Arménie a condamné les crimes de Daech et d’autres groupes terroristes.  La guerre en Syrie n’a pas épargné les Syro-Arméniens dont beaucoup ont perdu la vie.  Plus de 20 000 réfugiés Syriens ont trouvé refuge en Arménie. 

Le Ministre a souligné l’importance de s’attaquer aux causes profondes des déplacements massifs de population par la prévention des crimes contre l’humanité, le règlement pacifique des conflits et la recherche de solutions politiques durables.  L’Arménie a soutenu et contribué à l’élaboration de mécanismes de prévention, en particulier en étant l’instigatrice de résolutions sur la prévention de génocide au Conseil des droits de l’homme.

En avril de cette année aussi, dans une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu, l’Azerbaïdjan a déclenché une autre agression contre le Nagorno-Karabakh en ciblant délibérément la population et les infrastructures publiques.  Un garçon de 12 ans et une femme âgée de 92 ans figurent parmi les victimes.  Trois militaires des forces armées du Nagorny-Karabach qui ont été capturés, ont été décapités à la « manière de Daech ».  Les dirigeants azéris ont publiquement décoré les auteurs de ces crimes.

Pendant l’échange des dépouilles entre le Nagorno-Karabakh et l’Azerbaïdjan, les corps rapatriés d’Azerbaïdjan portaient des signes de torture et de mutilation.  Ces atrocités vont au-delà des normes élémentaires du monde civilisé et constituent de graves violations du droit international humanitaire.

L’agression d’avril sape dangereusement le processus de paix.  Pour restaurer la confiance, des mesures devraient être prises pour prévenir l’utilisation de la force et créer les conditions favorables au processus de paix.  Premièrement, il est important de mettre en œuvre ce qui a été souligné et accepté notamment l’adhésion totale aux accords de cessez-le-feu trilatéraux de 1994-1995 qui sont toujours valides, la création de mécanisme d’enquête sur les violations des cessez-le-feu et l’élargissement de la compétence du Représentant personnel du Président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.  L’Arménie continuera ses efforts pour le règlement pacifique du conflit au Nagorno-Karabakh avec la Fédération de Russie, les États-Unis et la France qui ont proclamé que ce règlement passe par « les urnes et non par les armes ». 

M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a estimé que la communauté internationale était face à un choix entre, d’un côté, l’isolationnisme et, de l’autre, l’action commune pour trouver des solutions diplomatiques aux crises affectant le monde actuel.  « Soit nous nous regardons le nombril, soit nous partageons les responsabilités », a-t-il résumé, mettant en garde les États Membres, dans le premier cas, contre un retour en arrière.

M. Steinmeier a ajouté que les États-Unis, en particulier, auraient également à faire un choix dans six semaines, lors de la prochaine élection présidentielle du pays, entre « le retrait de la scène internationale » et la « responsabilité partagée pour un avenir meilleur ».  Ce choix, a-t-il dit, aura un « impact significatif » sur le reste de la communauté internationale.

S’agissant de la crise en Syrie, le Ministre a appelé les États Membres à soutenir l’idée d’un cessez-le-feu temporaire, estimant que l’armée du régime syrien devait en priorité interrompre ses raids aériens pour y parvenir.  Il a ainsi dénoncé le fait que, au moment même où le Conseil de sécurité se réunissait mardi pour essayer de sauvegarder l’accord de cessation des hostilités conclu entre les États-Unis et la Fédération de Russie le 9 septembre dernier, l’aviation de Bashar Al-Assad bombardait la ville d’Alep.  « Nous ne pouvons pas tolérer qu’un pays menace la sécurité de toute sa région », a-t-il ajouté, dénonçant également les puissances extérieures qui tentent d’instrumentaliser ce conflit pour « redessiner la carte du Moyen-Orient ».

M. Steinmeier a rappelé que son pays était un des plus importants pourvoyeurs de fonds destinés à l’aide humanitaire en Syrie et ailleurs.  Il a également ajouté que l’Allemagne accueillait de nombreux réfugiés syriens et tentait de leur fournir une éducation pour faciliter leur intégration économique.  À ce titre, le dirigeant allemand s’est félicité des idées avancées, cette semaine, lors du Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.

Concernant le volet sécuritaire, le Ministre des affaires étrangères a dit qu’il travaillait sans relâche avec l’Ukraine et la Fédération de Russie pour trouver une solution à la situation ukrainienne.  « Sans cessez-le-feu on ne pourra pas aller de l’avant », a-t-il estimé sur ce point, appelant les parties au respect des accords de Minsk.  Il a également appelé à durcir les mesures de contrôle des armes en Europe pour accroître la sécurité, aussi bien à l’ouest qu’à l’est du continent.

M. Steinmeier a enfin rappelé que l’Allemagne serait candidate à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2019-2020 pour faire valoir sa vision au sein du Conseil.  Il a demandé à la communauté internationale d’appuyer cette candidature.  « C’est pour les générations futures que nous devons travailler, et nous allons devoir prendre des décisions maintenant », a conclu le Ministre allemand.

M. RI YONG HO, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a constaté qu’alors que l’ONU aspire à une transformation à travers le développement durable, le monde est frappé par des crises.  « La péninsule coréenne est devenue l’un des points chauds du monde, ce qui pourrait déboucher sur une guerre nucléaire », a-t-il averti.

« La situation pourrait échapper à tout contrôle » du fait des manœuvres militaires agressives des États-Unis, a insisté M. Ri.  « Il y a eu des infiltrations de commandos et des exercices provocateurs de décapitation des dirigeants de mon pays », a-t-il assuré.  « Même des accidents peuvent mener très rapidement à une escalade ou à un confit. »

La RPDC a pris des contremesures de défense nécessaires, s’est expliqué le Ministre des affaires étrangères.  « Les États-Unis devraient abandonner leur politique anachronique hostile », a-t-il martelé.  Les principes fondamentaux des relations internationales sont ignorés par les forces impérialistes gérées par les États-Unis.

« Lorsque le Conseil de sécurité discute de la péninsule coréenne, il le fait de manière arbitraire », a déploré M. Ri.  La RPDC a déposé une requête pour qu’une réunion d’urgence sur la paix et la sécurité internationales soit organisée, mais elle n’a pas abouti.  Le Conseil de sécurité prend ombrage des mesures de défense prises par la RPDC.  Or la RPDC, s’est-il écrié, « n’a d’autre choix que de passer au nucléaire après avoir tout fait pour défendre son pays contre la menace nucléaire constante que représentent les États-Unis depuis les années 50 ».

Aucune disposition dans la Charte des Nations Unies ne stipule que les activités en matière de missiles balistiques et nucléaire menacent la paix et la sécurité internationales, a-t-il fait valoir.  Pourquoi le Conseil de sécurité n’adopte-t-il pas de résolutions vis-à-vis de pays qui ont les mêmes activités que la RPDC?  La déclaration adoptée lors du dernier sommet des pays non alignés qui s’est tenu au Venezuela a condamné l’adoption de sanctions unilatérales, a-t-il rappelé.

« LA RPDC ne peut se défendre qu’au travers d’un système de dissuasion nucléaire », a réitéré M. Ri.  S’ils continuent à menacer son pays, « les États-Unis devront faire face à des conséquences au-delà de l’imaginable », a-t-il mis en garde.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a souligné à quel point la propagation du terrorisme à l’échelle mondiale, la persistance de certains conflits et les déplacements massifs de réfugiés et migrants viennent de contribuer au bouleversement de l’ordre mondial.

M. Szijjártó a par conséquent appelé à l’élimination des principaux acteurs du terrorisme mondial, en particulier Daech.  « Tant que nous ne l’auront pas fait, des milliers de personnes continueront de fuir et des communautés chrétiennes continueront d’être menacées », a-t-il dit, insistant sur le fait que venir à bout du groupe terroriste contribuerait à mettre fin à la crise des réfugiés en Europe.

Le Ministre des affaires étrangères a par ailleurs exhorté les États Membres à tout faire pour détruire le « modèle économique » des trafiquants de migrants et des auteurs de la traite des êtres humains.  Il a fait savoir que son Parlement avait adopté des mesures spécifiques pour punir ces trafiquants, mesures qui devraient permettre de limiter leurs activités.  En amont, le Ministre des affaires étrangères a appelé les États Membres à agir de concert pour mettre fin aux conflits qui poussent les migrants à partir de chez eux.

Concernant la façon de faire face aux déplacements massifs de réfugiés et migrants, M. Szijjártó a plaidé en faveur du respect du droit international, qui ne donne pas, selon lui, le droit aux migrants de choisir le pays où ils souhaitent vivre.  « On ne saurait justifier la violation des frontières », a-t-il surenchéri, précisant toutefois que son pays participait à un programme de réinstallation des combattants kurdes blessés.

M. Szijjártó a ainsi rejeté toute politique migratoire « qui considère que chaque migrant est un réfugié » ou « qui force les pays à accueillir des réfugiés contre leur gré ».  « Nous ne permettrons pas que nos frontières soient violées », a-t-il insisté, ajoutant que les migrations de masse non réglementées et non contrôlées contribuaient au passage des terroristes.  À l’inverse, le Ministre a appelé à « aider les populations à rester le plus près de chez elles possible », afin qu’elles puissent rentrer dans leur pays d’origine une fois que les conditions le permettent.

M. Szijjártó a par conséquent insisté sur la nécessité d’aider financièrement la Turquie, la Jordanie et le Liban pour qu’ils puissent accueillir les réfugiés.  Il a ajouté que si la communauté internationale ne soutenait pas assez ces trois pays, les migrants partiraient à nouveau vers l’Europe, qui ne serait, elle, pas en mesure de les accueillir. 

Le Ministre a par ailleurs déclaré que l’Europe centrale était confrontée à des défis complexes, notamment avec la situation en Ukraine.  Il a regretté qu’aucun secrétaire général issu de cette région n’ait été nommé à ce jour.  Le Ministre a par conséquent appelé les États Membres à élire un candidat d’Europe centrale, capable de comprendre les défis complexes auxquels fait face la région.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déploré le retour des rivalités géopolitiques et de l’isolationnisme dans le monde, ajoutant que les principes de base de la coexistence pacifique sont mis à rude épreuve.  Nous revoyons les spectres de la xénophobie et du nationalisme agressif, de l’autocratie et de l’alarmisme, et de l’érection des murs.  Nous devons y répondre, a préconisé la Ministre, en autonomisant les peuples, en renforçant la démocratie, la bonne gouvernance et l’état de droit, en célébrant la diversité et en maintenant les économies ouvertes pour promouvoir le commerce et créer des emplois décents pour tous.  La Ministre a salué la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants, plaidant pour que la communauté internationale redouble d’efforts pour la réinstallation, « la plus importante méthode d’aide aux réfugiés », a-t-elle précisé.  Il faut également exploiter les effets positifs des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme Wallström a déclaré qu’en 71 ans, l’ONU a connu des succès qui sont pourtant restés en-deca des attentes.  Il est temps de procéder à des réformes sérieuses, a-t-elle relevé, ajoutant que pour réussir, il faudrait un leadership solide, visionnaire et courageux.  Un leadership dédié au changement, disposé à concrétiser les ambitions en action, et à agir dans les domaines aussi révolutionnaires que les changements climatiques, le développement durable et la paix.  Elle a invité les États Membres à tenir compte de cet appel.

En matière de prévention des conflits, elle a souhaité que le Chapitre VI de la Charte de l’ONU, portant sur le règlement pacifique des différends, soit davantage mis en pratique.  En travaillant davantage avec et par l’entremise des organisations régionales, l’ONU serait plus efficace dans sa quête d’une paix durable, a-t-elle fait observer.

Elle a en outre estimé que le domaine de l’égalité des genres, « le grand dossier inachevé du XXIsiècle », demande également une action déterminée de la part de l’Organisation.  Elle a par exemple suggéré qu’en plus de faire des recommandations sur l’approche genre aux États, l’ONU devrait elle-même avoir une représentativité plus équitable des femmes au sein de son personnel, et son budget doit tenir compte de cette question.  L’ONU devrait utiliser des données désagrégées par sexe dans les questions relatives à la paix et aux conflits, y compris au Conseil de sécurité, au lieu de se contenter de le conseiller pour les plans nationaux de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ».

Pour s’assurer du succès des objectifs de développement durable, la Ministre a proposé une réforme et un renforcement du financement de l’ONU.  Elle a par exemple estimé que toutes les branches du système de développement de l’ONU travaillent chacune dans le cadre de leur mandat et de leurs spécialités, dans la synergie et en évitant les doublons.  Elle a enfin appelé à la relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, déplorant également l’annexion illégale de la Crimée.

M. SALAHEDDINE MEZOUAR, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a indiqué que cette année marque le soixantième anniversaire de l’adhésion du Maroc à l’ONU, l’une des premières décisions souveraines de son pays après avoir obtenu son indépendance.  Le Maroc, a-t-il rappelé, a adopté une approche dynamique et réaligné ses priorités nationales sur celles des Nations Unies.  Le pays a largement contribué aux efforts de sécurité collective et, sous le leadership du Roi, il souhaite renforcer le régime des Nations Unies.  Pour faire du développement durable un élément clef, le pays a déjà institué des partenariats pour mettre en œuvre les objectifs adoptés en septembre dernier. 

Le Maroc a obtenu des résultats positifs en matière de lutte contre la pauvreté, de réduction des vulnérabilités, de développement des infrastructures et des services de santé, a détaillé le Ministre.  Il a relancé un appel aux Nations Unies et aux institutions financières internationales pour qu’un plan de travail soit préparé afin d’opérer « une véritable transformation économique en Afrique ».

Le Maroc, s’est félicité le Ministre, va accueillir la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22), à Marrakech, en novembre prochain.  Il a l’intention de faire de cette Conférence « un évènement essentiel dans le cadre de la mise en place de solutions concrètes pour le développement durable ».  La réussite de l’application de l’Accord de Paris est liée à la disponibilité des ressources financières, a-t-il toutefois souligné.  La COP 22 permettra d’attirer l’attention sur les pays du Sud, qui sont particulièrement confrontés aux changements climatiques.  Pour sa part, le Maroc a déposé ses instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat et invite les États à accélérer leurs propres procédures pour que l’Accord entre en vigueur le plus rapidement possible. 

Le Ministre a insisté sur le « lien fort » qui unit le Maroc à l’Afrique.  Il s’agit, a-t-il dit, d’un engagement fondé sur le respect des relations humaines.  Le Maroc a décidé de reprendre sa place au sein de l’Union africaine et remercie « les pays africains qui lui ont demandé de rester bien présent dans ce contexte ».

Le Maroc gère « avec beaucoup de sérieux » les appels du Conseil de sécurité visant à trouver une solution politique au différend régional concernant le Sahara occidental, a assuré le Ministre.  Le Maroc a déposé une initiative sur l’autodétermination comme point de départ, a-t-il rappelé, avant de noter que la dernière résolution du Conseil avait de nouveau mis en exergue les aspects fondamentaux d’une solution politique à ce différend.  Le Ministre a invité les parties et les États de la région à trouver un consensus et s’est dit prêt à continuer d’œuvrer avec l’ONU pour trouver une solution négociée qui permettrait toutefois de maintenir l’intégrité territoriale du Maroc et la stabilité de la région.  Le Maroc, a-t-il insisté « souhaite préserver la partie nord du continent d’une balkanisation et du terrorisme ».

Le Maroc a adopté des positions claires en matière de lutte contre le terrorisme, quelles que soient ses formes, et de lutte contre ses sources de financement, a enchaîné le Ministre qui a dit que son pays a mis sur pied une stratégie multidisciplinaire très proche de la stratégie des Nations Unies, notamment pour lutter contre le phénomène des combattants étrangers.  Le Maroc a également aidé « les pays frères » avec la formation d’imams « dans le respect du principe de tolérance ».

Il faut permettre au peuple libyen de connaître la paix et le Maroc contribuera à cet objectif dans la région du Sahara, a poursuivi son Ministre.  Enfin, il a lancé un appel pour que les parties au conflit israélo-palestinien reprennent les négociations en vue de la solution des deux États.

M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, a déclaré que 15 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les hostilités ont « effectivement » cessé entre le Gouvernement et les mouvements signataires.  Le Gouvernement, a-t-il précisé, a tenu informé le Conseil de sécurité sur les avancées dans l’exécution du plan d’action de mise en œuvre de l’Accord.

Parmi les initiatives entreprises, le Président a particulièrement mis l’accent sur les réformes politiques et institutionnelles et sur les questions de défense et de sécurité.  Il a rappelé que si le calendrier de mise en place des autorités intérimaires avait fixé leur installation du 15 juillet au 25 août 2016, à cause de l’insécurité et des affrontements entre certains groupes armés de la région de Kidal, le processus n’a pu être mené dans le délai prévu.  Le Président a voulu dire « avec force » que l’application effective de la résolution 2295 du Conseil de sécurité permettra le recouvrement progressif de la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire national, « gage » de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

À ce niveau, a-t-il souligné, il convient de souligner que la mise en œuvre effective de l’Accord requiert la mobilisation de ressources extérieures en appoint aux efforts nationaux.  Il a réitéré l’appel à libérer les ressources promises lors de la Conférence internationale sur la relance économique et le développement du Mali tenue à Paris le 22 octobre 2015.  En dépit des efforts déployés par les parties signataires de l’Accord, a-t-il poursuivi, le processus de paix reste confronté à de sérieuses entraves liées aux activités des groupes terroristes dans les régions du nord.  Le Président s’est félicité, une nouvelle fois, de la résolution 2295 et a appelé au renforcement des capacités opérationnelles des contingents déployés dans le cadre de la Mission de l’ONU pour assurer la sûreté et la sécurité de son personnel et traduire dans les faits et sur le terrain les innovations qu’apporte ladite résolution.

Le Président a aussi insisté sur la nécessité d’accélérer le processus de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) pour isoler les groupes armés non signataires de l’Accord, affiliés aux réseaux terroristes.  Il s’est réjoui de l’identité « parfaite » de vue qui s’est dégagée, ce matin, à l’occasion de la Réunion de haut niveau sur le Mali sur l’urgence d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord et surtout « l’impérieuse nécessité » de corriger les lacunes qui subsistent en termes des capacités opérationnelles de la Mission de l’ONU.

Il est difficile, a conclu le Président, d’envisager l’éradication de la pauvreté et de tenir « notre promesse » de ne laisser personne sur le côté dans un contexte où les conflits armés deviennent « une nouvelle normalité ».  Il a appelé à la coopération entre États pour mutualiser les efforts et neutraliser l’hydre du terrorisme et ses avatars que sont Daech, AQMI, Boko Haram, Al Chabab, Ansar Eddine, le MUJAO ou Al Mourabitoune.  Il n’a pas oublié de s’arrêter sur les mesures prises par son pays dans le sillage du Programme de développement à l’horizon 2030 et de souligner que le Mali a déposé ce matin même ses instruments de ratification de l’Accord de Paris sur le climat.

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Vice-Président du Botswana, s’est dit bien conscient de la nécessité d’un examen, d’un suivi et d’une évaluation du processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable durant les 15 prochaines années: c’est là un des principaux enseignements tirés de l’expérience des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il ajouté.  Le Botswana, a-t-il poursuivi, applique aussi le principe d’appropriation nationale et démocratique des objectifs de développement durable.

C’est une telle politique de démocratie, de développement, d’unité et d’autosuffisance, couplée à une exploitation judicieuse de ses ressources naturelles qui a permis au Botswana, 50 ans après son indépendance, d’accéder au niveau de pays à revenu intermédiaire, a déclaré M. Masisi, qui a rappelé à quel point le pays était démuni lors de son indépendance en 1966.  Il a également rappelé que le pays est une des démocraties les plus stables d’Afrique, qui connaît tous les cinq ans un processus électoral pluraliste sans accroc.  Il a aussi remercié les partenaires au développement pour leur soutien.

Ces résultats ne doivent pas pour autant nous rendre trop satisfaits de nous-mêmes, a averti M. Masisi, qui a rappelé que son pays subit les effets négatifs des changements climatiques, qui se manifestent dans le déclin de la production agricole et dans une sécheresse et une insécurité alimentaire croissantes qui ne vont que s’aggraver.  Il a donc appelé à agir efficacement et au plan mondial pour réduire les conséquences des changements climatiques.

Le récent sommet sur les migrants et réfugiés nous rappellent les défis énormes de notre temps, a encore déclaré M. Masisi, qui a condamné le terrorisme et estimé que la crise syrienne aurait pu être résolue depuis longtemps si le Conseil de sécurité et la communauté internationale étaient intervenus rapidement.  Le Conseil de sécurité ne peut se cacher plus longtemps derrière le droit de veto.  L’Histoire nous jugera durement pour avoir permis à cette situation de dégénérer à ce point, a-t-il ajouté, tout en estimant qu’« Assad et sa machine à massacrer des innocents » n’était pas la seule partie à commettre des crimes contre l’humanité.

M. Masisi a en outre condamné les violations constantes et grossières du droit international par la République populaire démocratique de Corée et précisé que le Botswana avait rompu ses relations diplomatiques avec ce pays du fait de son bilan en matière de droits de l’homme.  Pour le Botswana, ni la République populaire démocratique de Corée ni la Syrie ne méritent d’être Membres de l’Organisation mondiale.  Le Botswana rappelle par ailleurs qu’il appartient en premier lieu aux États de protéger leur propre population et réitère son ferme soutien à la Cour pénale internationale.

Enfin, M. Masisi a félicité le Brésil pour avoir organisé avec succès les Jeux olympiques de Rio et a condamné le Comité international paralympique pour avoir exclu l’ensemble des athlètes russes, estimant que, s’il fallait certes condamner le dopage, punir des athlètes propres constitue une discrimination « inadmissible » à l’égard des personnes handicapées. 

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a exprimé l’engagement « sans réserve » de son pays à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, par le biais de mesures nationales, y compris la création d’un mécanisme de surveillance de la réalisation des objectifs de développement durable et l’inclusion de la société civile.

M. Kalla a appelé à un environnement propice à cette mise en œuvre.  « La paix est une condition préalable incontournable au développement », a-t-il dit, ajoutant que l’Indonésie travaille avec ses pays voisins pour maintenir la stabilité dans la région. 

Le Vice-Président a toutefois mentionné les défis que représentent la pêche illégale, la traite des êtres humains et la cybercriminalité pour la communauté internationale.  Il a également noté les difficultés liées à l’apparition de nombreux « migrants illégaux ».

« Toutes ces difficultés », a-t-il estimé, « doivent être résolues conjointement », par l’entremise de solutions mondiales.  Pour y parvenir, M. Kalla a appelé à réformer l’Organisation, « notamment afin d’éviter de travailler de manière cloisonnée, comme l’a fait le Secrétariat jusqu’à présent ».  Il a par ailleurs estimé que, trop souvent, les décisions prises par l’ONU ne sont pas adaptées à la réalité sur le terrain.  Pour changer cet état de fait, il a appelé à inclure la dimension des droits de l’homme dans toutes les initiatives onusiennes.

M. Kalla a rappelé que l’Indonésie représente la quatrième population musulmane au monde et la troisième démocratie au monde, en nombre d’habitants.  « L’Islam, la démocratie et l’autonomisation des femmes vont main dans la main dans notre pays », s’est-il félicité.

Tout en mentionnant l’engagement de l’Indonésie en faveur des opérations de maintien de la paix, le Vice-Président a appelé la communauté internationale à soutenir la candidature de son pays à un siège non permanent au Conseil de sécurité, pour la période 2019-2020.

Cinq ans après son adhésion à l’ONU, mon pays a de nouveau connu un conflit a expliqué M. TABAN DENG GAI, Premier Vice-Président du Soudan du Sud.  Cette fois, il s’agissait d’un conflit du pays avec lui-même parce que « nous, les dirigeants, n’avons pas réussi à nous mettre d’accord sur la manière de gérer les défis internes de gouvernance et de leadership au sein de notre parti, le M/APLS ».  Après de deux ans, et avec l’aide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Troïka, de la Chine, nous avons signé un accord sur le règlement du conflit en août 2015, lequel est en train d’être appliqué.  C’est pendant cette mise en œuvre que l’ancien Président du M/APLS dans l’opposition a choisi de déclencher un autre conflit du 7 au 11 juillet dernier, pour s’emparer du pouvoir.  Heureusement, ses forces ont été défaites et il s’est décidé à fuir Juba, abandonnant l’Accord et sa mise en œuvre. 

L’ayant remplacé, a dit le Vice-Président, je suis ici pour vous dire que, cette fois-ci, nous sommes plus que jamais déterminés à faire avancer le pays vers la paix et le développement.  Aujourd’hui, la situation au Soudan du Sud est stable et pacifique, a-t-il assuré, ajoutant que le Gouvernement fonctionne et que la vie revient à la normale même si la nation traverse une crise économique grave liée au dernier conflit et à la chute du cours du pétrole.  M. Deng Gai a également assuré que son pays et le Soudan sont sur le point de se réconcilier et de normaliser leurs relations.  

Le Vice-Président s’est laissé aller à une réflexion.  La plupart du temps, a-t-il estimé, nous prenons des décisions individuellement et parfois collectivement pour résoudre telle ou telle situation.  Mais parfois, notre action donne un résultat en tout point semblable à celui que nous voulions éviter, oubliant que certains leaders, rejetant nos interventions, ont le pouvoir de tout saboter.  L’idée, s’est expliqué le Vice-Président, est que nos interventions ne produisent pas toujours l’effet escompté.  J’ai tendance à croire, a-t-il avoué, que le problème tient au fait que, comme Organisation mondiale, nous échouons à écouter ou tout simplement refusons d’écouter l’avis de ceux qui viennent des pays où nous voulons justement améliorer la situation.  L’élan universel pour transformer le monde ne donnera rien si nous ne nous écoutons pas les uns les autres.  Il est essentiel de travailler ensemble pour régler les questions pressantes du terrorisme, des conflits, de la migration, des changements climatiques, de la prolifération nucléaire, du racisme ou de l’insécurité alimentaire. 

Les postures de supériorité ou de paternalisme, déguisées en promotion de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté et de la justice peuvent aisément conduire à des crises graves déclenchées par la résistance farouche des parties concernées, a averti le Vice-Président.

M. MOISES OMAR HALLESLEVENS ACEVEDO, Vice-Président du Nicaragua, a considéré qu’il fallait de toute urgence éliminer le colonialisme et cesser les interventions militaires et les agressions, afin de permettre la pleine réalisation du droit à l’autodétermination et le développement des peuples.  Abordant la question des changements climatiques, il a estimé que l’Accord de Paris sur le climat n’était pas suffisant.  Préoccupé par les températures record sur la planète, il a noté « le peu d’ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre » et demandé une politique mondiale de compensation pour gérer ce phénomène. 

Sur les évènements récents dans sa région, le Vice-Président a salué la restauration des relations entre Cuba et les États-Unis mais il a regretté que l’embargo soit encore en place.  Il a offert son « plein appui » au Président du Venezuela, M. Nicolas Maduro, et à son gouvernement légitime, « qui continue d’être victime des politiques d’agression et de déstabilisation de l’extérieur ».  Il s’est également félicité de la signature des accords de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC.

« Porto Rico est latino-américaine et caraïbe », a ensuite affirmé M. Acevedo.  Il a demandé à la puissance coloniale de résoudre la situation par le dialogue et la négociation.  Il a exprimé sa solidarité avec l’Argentine dans son différend avec le Royaume-Uni sur les îles Malouines, les Îles Sandwich du Sud et les îles adjacentes. 

Dans le cadre du Système d’intégration de l’Amérique centrale, qu’il préside en ce moment, le Nicaragua travaille de concert avec ses voisins pour combattre le trafic des stupéfiants et la criminalité organisée, a expliqué le Vice-Président.  Avec El Salvador et le Honduras, il s’efforce de faire du golfe de Fonseca une zone de paix et de développement.

« Le peuple nicaraguayen a réaffirmé sa confiance dans notre modèle chrétien, socialiste et solidaire », a-t-il assuré.  Dans le cadre d’une bonne gouvernance, il a expliqué avoir donné la priorité à la croissance économique, l’emploi, la réduction de la pauvreté et des inégalités, l’égalité des sexes, la stabilité macroéconomique, la souveraineté et la sécurité, « en harmonie avec la Terre nourricière ».    

M. THONGLOUN SISOULITH, Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a déclaré qu’il est impératif de traduire notre engagement politique en actions concrètes.  Il a relevé que l’Asie du Sud-Est continue de jouir de la paix et de la stabilité, ce qui crée un environnement favorable au développement socioéconomique des pays de la région.  Il a souhaité que la communauté internationale, notamment les partenaires au dialogue de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), et d’autres parties externes, continuent de soutenir l’ASEAN et sa place centrale dans l’évolution de l’architecture régionale.

Sur un plan global, il a appelé à améliorer la compréhension que les gens ont des objectifs de développement durable aux plans national, régional et international, afin d’intégrer ces objectifs dans les plans nationaux de développement, et de mobiliser des fonds suffisants pour leur mise en œuvre.  Il faut pour cela, a-t-il souligné, un environnement de paix et de stabilité.

Pour sa part, en plus des 17 objectifs de développement durable, le pays a adopté un dix-huitième objectif intitulé « Sauver des vies des munitions non explosées ».  Cet objectif qui a été lancé le 7 septembre dernier en présence du Secrétaire général de l’ONU vise à éliminer d’ici à 2030 les menaces que représentent ces munitions pour les populations.  Il a souhaité que les conflits qui ont cours dans le monde soient résolus par des voies pacifiques, y compris celui de la Palestine.

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre de la Jamaïque, a indiqué que son gouvernement mettait en place des stratégies conformes à la Vision 2030 de la Jamaïque et aux objectifs de développement durable pour réaliser sa croissance économique, créer des emplois et réduire la pauvreté.  Le Gouvernement a forgé des partenariats renforcés avec le secteur privé et s’efforce d’attirer les investissements directs étrangers.

Le Premier Ministre a mis l’accent sur la situation des pays à revenu intermédiaire hautement endettés comme le sien.  La Jamaïque n’a pas le choix, a-t-il dit.  Elle doit repayer sa dette.  Ce faisant, le Gouvernement est privé de ressources pour opérer les investissements publics susceptibles de stimuler l’activité économique.  M. Holness a critiqué le classement arbitraire qui s’opère sur la base du produit intérieur brut (PIB) par habitant et qui empêche les pays à revenu intermédiaire d’accéder à l’aide au développement. 

De plus, les réformes structurelles et fiscales qu’ils entreprennent pour éviter de se retrouver endettés à l’avenir ont du mal à démarrer, ce qui crée une sorte de « piège ».  M. Holness a considéré qu’il était temps que la communauté internationale prenne une initiative en faveur des pays à revenu intermédiaire, surtout quand ils sont de petite taille ou particulièrement vulnérables face aux changements climatiques. 

Comme la plupart des pays des Caraïbes et de l’Amérique centrale, la Jamaïque est confrontée à la criminalité, qui est concentrée dans certaines communautés et menace le développement durable, a poursuivi le Premier Ministre.  Si le Gouvernement joue son rôle pour combattre en priorité ce phénomène, il compte aussi sur la communauté internationale pour agir plus rapidement afin d’éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  La Jamaïque vient de présider la sixième Réunion biennale des États sur le Programme d’action pour prévenir, combattre et éliminer le trafic de ces armes. 

Par ailleurs, en tant que pays hôte de l’Autorité internationale des fonds marins, la Jamaïque attache une grande importance à la santé des océans et de mers.  M. Holness a appuyé l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’exploitation durables de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale.

M. MANASSEH SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, a déclaré que son pays a entamé la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en intégrant ces derniers dans sa Stratégie nationale de développement 2016-2035.  Saluant la tenue cette semaine d’un Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et de de migrants, M. Sogavare a estimé que cette manifestation a été l’occasion d’aborder la question des populations déplacées par les changements climatiques.  « La communauté internationale doit faire davantage d’efforts pour aider les petits États insulaires en développement à gérer les populations déplacées par les changements climatiques, au moyen d’un mécanisme global », a-t-il déclaré.  En tant que Président en exercice du Forum de développement des îles du Pacifique, il a expliqué la démarche du Forum qui, par le truchement d’une approche inclusive entre gouvernements, secteur privé et société civile, s’emploie à faciliter les efforts pour lutter contre les défis du développement durable.

Le Premier Ministre a salué l’Accord de Paris sur le climat qu’il a ratifié et a saisi cette occasion pour lancer un appel au monde développé pour qu’il augmente ses contributions annoncées lors de la COP21. Il a espéré que la COP22 à Marrakech sera l’occasion de consolider les bases de l’Accord de Paris en adoptant des mesures concrètes pour réduire les écarts actuels à l’horizon 2020.  Le Ministre a en outre espéré que les pays industrialisés et grands émetteurs de gaz à effet de serre sauront voir l’urgence de la situation, en particulier pour les petits États insulaires en développement, et ratifieront l’Accord de Paris, rappelant que cette année seulement, cinq îles ont été submergés par l’élévation du niveau des océans. 

Favorable à l’initiative du Fonds vert pour le climat qui doit débourser 2,5 milliards de dollars d’ici à décembre 2016, le Ministre a indiqué que grâce à ce Fonds son pays est en train de sécuriser le financement d’une centrale hydroélectrique.  Il a également rappelé que la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI) arrivera à son terme en juin 2017 et que son gouvernement est en train de travailler avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande à des arrangements futurs.

M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, qui a rappelé que la sécurité du monde est indivisible, a estimé que l’adoption des objectifs de développement durable, de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques puis de l’Accord de Paris représentaient des jalons qui avaient cimenté le rôle des Nations Unies comme seul forum capable de rendre productive la diplomatie collective.  Il s’est félicité que le débat général de cette session soit consacré aux objectifs de développement durable un an après leur adoption.

M. Mosisili a ensuite mis l’accent sur les défis spécifiques rencontrés par les petits États insulaires en développement, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il s’est prononcé pour l’implication de l’ensemble des parties prenantes dans leur réalisation, insistant sur le rôle des jeunes et des femmes et rappelant que ces dernières jouent un rôle essentiel dans les communautés rurales de son pays.  Il a souligné que le Lesotho avait adopté une loi qui permet aux femmes d’accéder au crédit et à la terre, et une autre qui facilite l’accès des jeunes aux petites et microentreprises, conformément au rôle important du secteur privé dans le développement.

M. Mosisili a expliqué que la transition de son pays des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable n’avait pas été difficile, du fait des nombreuses synergies et complémentarités entre les deux programmes.  Il a aussi rappelé les synergies entre le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le Premier Ministre a expliqué que le Lesotho avait adopté une approche  innovante et autochtone pour lutter contre le VIH/sida. 

Sur le plan international, il rappelé la nécessité de réformer le Conseil de sécurité et apporté son soutien principe d’« une seule Chine », à l’indépendance du peuple du Sahara occidental et à la solution des deux États au conflit israélo-palestinien, sans oublier la ratification par l’État de Palestine des Amendements de Kampala au Statut de la Cour pénale internationale, ce qui permet de rendre la Cour compétente pour les crimes d’agression à compter de 2017.

La grande dialectique de notre temps, a affirmé M. ANTONI MARTÍ PETIT, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, ne réside plus, comme par le passé, dans un conflit entre la droite et la gauche ou dans la politique des blocs, propre à la guerre froide.  « La grande dialectique de notre temps réside dans le conflit entre ouverture et fermeture », a-t-il poursuivi, précisant qu’Andorre avait depuis longtemps choisi la première.

Cette ouverture, a souligné M. Martí Petit, se manifeste en premier lieu dans le secteur de l’éducation, « l’axe central » de la politique extérieure de son gouvernement sur le plan multilatéral.  Dans ce domaine, a-t-il dit, Andorre s’est engagée à promouvoir la mobilité de tous ses étudiants, d’une part, pour encourager l’échange d’expérience afin d’améliorer la qualité des systèmes éducatifs andorrans et, d’autre part, pour que « les jeunes prennent conscience que leur réalité et leur avenir ne sont pas limités par les frontières des pays où ils sont nés ».  M. Martí Petit a également souligné que les Andorrans avaient la « chance » de disposer de trois systèmes éducatifs publics gratuits.  Ils peuvent ainsi « choisir librement » entre le système espagnol, le système français et le système andorran.  « Cette particularité permet, en elle-même, de créer une communauté de l’enseignement plurielle avec une composante internationale marquée », a-t-il salué.

Le Chef de Gouvernement a également souligné que l’ouverture de son pays se retrouvait sur le plan économique, dans ses « efforts visant à construire une économie mondiale plus coopérative, plus transparente et plus juste ».  À ce titre, il a précisé qu’Andorre avait, au cours des dernières années, ouvert son économie aux investissements étrangers; octroyé des droits économiques à tous ses résidents étrangers; et établi un système fiscal analogue à celui d’autres pays, « conformément aux normes internationales ».  Conjointement avec Monaco et Saint-Marin, Andorre négocie avec l’Union européenne pour permettre sa pleine participation au marché intérieur européen.

Enfin, M. Martí Petit a déclaré que l’ouverture de son pays s’incarnait dans l’attitude face à la crise actuelle des réfugiés et des migrants en Europe.  Qualifiant Andorre de « terre d’accueil » pour de nombreuses familles, il a appelé à éduquer les citoyens au « respect de la diversité » et a insisté sur le besoin d’écrire une « histoire positive » de l’immigration.  « Là où le populisme voudrait fermer les frontières, dresser des murs et exacerber la peur de la différence, nous choisissons la dignité des personnes, la réglementation et l’éducation à la diversité », a dit le Chef du Gouvernement d’Andorre.    

M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, s’est félicité des succès du Secrétariat de l’ONU à l’ère de M. Ban Ki-moon dont le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ou encore l’Accord de Paris sur le climat.  Il a rappelé que les objectifs de développement durable demeurent l’un des instruments clefs pour relever les défis mondiaux mais aussi un instrument de diplomatie préventive qui remplit aussi la promesse faite à l’humanité de respecter les ambitions énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

M. Tabimasmas s’est longuement étendu sur la question des changements climatiques et a félicité les États-Unis et la Chine d’avoir montré la voie en signant l’Accord de Paris, tout en précisant que son pays a déposé mercredi dernier ses instruments de ratification et en se disant fier que les petits États insulaires en développement soient à la tête de la lutte contre les changements climatiques.  Il a toutefois rappelé qu’il faudrait une action « audacieuse » pour faire respecter la limite de 1,5 degré d’augmentation de la température mondiale telle qu’énoncée dans l’Accord de Paris.

Le Premier Ministre a appelé à une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus transparent, plus responsable, plus inclusif, plus pertinent et plus efficace, et à une revitalisation de l’Assemblée générale, souhaitant que ces deux organes choisissent comme prochain secrétaire général une personne « présentant une éthique et une intégrité personnelle irréprochables, qui continuera d’être une lueur d’espoir pour les sans voix ».

M. Tabimasmas a appelé les Nations Unies à travailler avec les organisations régionales de la région du Pacifique dans le cadre d’un partenariat innovant et rappelé que le Pacifique devrait être une zone exempte d’armes nucléaires.  Il a insisté sur la protection des océans, précisant que son pays a adopté une politique nationale.  Il a présenté des mesures visant à sortir non seulement de la liste des pays les moins avancés (PMA) mais aussi de la « Liste grise ».  Il a toutefois ajouté que la communauté internationale devait apporter sur la base de critères raisonnables une assistance aux pays extrêmement vulnérables aux chocs externes, dont fait partie le Vanuatu, du fait notamment des changements climatiques, dont il a détaillé les effets néfastes déjà perceptibles pour le pays.

Enfin, le Premier Ministre a mis l’accent sur la décolonisation, évoquant la question de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française.  Il a aussi appelé les Nations Unies à prendre des mesures concrètes en faveur des droits de l’homme en Papouasie occidentale.

M. RALPH GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et les Grenadines, a déclaré que 2016 avait vu le déclin de l’approche particulièrement « bornée » consistant à donner la priorité aux intérêts à court terme.  La pression en faveur du changement se manifeste également dans les pays les plus riches, s’est-il réjoui.  « Le crescendo des voix est maintenant sans frontières ni limites.  Il est impossible de l’ignorer plus longtemps », a-t-il averti.  Nous devons donc confronter le « chiasme » existant entre nos aspirations idéalistes et nos réalités concrètes.  La modernisation mondiale, en tant que concept, système de règles et de normes, et en tant que pratique internationale, est déséquilibrée et intenable.  « C’est un système brisé, mais qui est réparable, à condition de se lancer d’urgence dans une transformation ».  Reconnaître le potentiel émancipateur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 peut y contribuer, a-t-il jugé, soulignant que son propre pays s’en est inspiré pour lancer par exemple un « Fonds d’affectation faim zéro ». 

Attirant l’attention sur les changements climatiques, qui touchent de manière disproportionnée les petits États insulaires en développement comme le sien, le Chef de Gouvernement a expliqué que son pays envisageait, d’ici à 2019, de porter à 50% la part de son bouquet énergétique d’origine géothermique et que 80% en tout seraient des énergies renouvelables.  M. Gonsalves a ensuite applaudi la communauté internationale pour avoir adopté l’Accord de Paris, même s’il s’est ému de la mobilisation insuffisante des moyens de financement pour les mesures d’adaptation et d’atténuation, plaidant pour une hausse de l’aide publique au développement (APD).

Le Premier Ministre a par ailleurs dénoncé ce qu’il a qualifié d’« échec honteux » de l’ONU à reconnaître son rôle « indiscutable » dans le déclenchement de l’épidémie de choléra en Haïti, qui aurait fait 10 000 morts et infecté près de 800 000 personnes.  Si l’Organisation a fini par le faire le mois dernier, a-t-il dit, elle continue cependant de refuser aux victimes de cette tragédie une indemnisation en invoquant son « immunité », a poursuivi M. Gonsalves, qui a estimé qu’il s’agissait d’une « banqueroute morale » et d’une « lâcheté institutionnelle ».  

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre de Tuvalu, a rappelé l’espoir que son pays, le plus petit des États Membres des Nations Unies, place en l’Organisation et s’est dit « immensément encouragé » par le leadership du Secrétaire général, les mesures prises cette semaine par les dirigeants du monde et la bonne volonté de l’humanité.  Il a ainsi salué l’adoption de la Déclaration de New York sur les mouvements massifs de migrants et de réfugiés, l’engagement en faveur des objectifs de développement durable et le nombre des ratifications de l’Accord de Paris sur le climat.

Cela dit, a ajouté le Premier Ministre, il faut aller au-delà des mots.  Il faut notamment veiller à ce que l’Accord de Paris entre en vigueur.  Tous les petits États insulaires en développement souffrent déjà des conséquences des changements climatiques et beaucoup prédisent leur disparition totale.  Ce serait inadmissible et honteux pour l’humanité, s’est emporté le Premier Ministre.  Les Tuvalu, a-t-il dit, appellent à des efforts pour limiter la hausse de la température de la planète à moins de 1,5ºdegré par rapport à l’ère préindustrielle.  M. Sopoaga a également demandé que la réponse aux mouvements des populations prenne en compte les droits des déplacés par les changements climatiques et a rappelé que son pays avait proposé l’adoption d’une résolution en ce sens par l’Assemblée générale.  Il a aussi salué l’action du Secrétaire général en faveur du climat.

Dans le domaine de la paix et la sécurité internationales, M. Sopoaga a encouragé les Nations Unies à rechercher des solutions à long terme, avant de condamner les provocations de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et leurs effets potentiels dans la région du Pacifique.  Il a également demandé la réadmission aux Nations Unies de Taiwan, une « vibrante démocratie » dont l’appui aux Tuvalu et à de nombreux autres pays sera important pour la réalisation des objectifs de développement durable.

Aucun pays, petit ou grand, ne pourra réaliser seul ces objectifs, a ajouté le Premier Ministre, qui a rappelé l’importance des « Orientations de Samoa«  pour les petits États insulaires en développement, avant d’expliquer que son pays vient de lancer sa propre stratégie nationale de développement dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a toutefois rappelé que, du fait de leur vulnérabilité, les pays comme Tuvalu avaient besoin de facilités particulières, « pour ne pas être laissés sur le côté ».  Il a dit la fierté de son pays d’avoir été partie à tous les grands processus de négociation depuis les Sommets de Rio et a rappelé l’engagement des Tuvalu de produire 100% de leur électricité à partir de sources renouvelables d’ici à 2020.

Le Premier Ministre a toutefois rappelé l’incapacité de pays comme le sien à financer seuls les ajustements nécessaires et  a donc salué les mécanismes  comme le Fonds vert pour le climat, dont Tuvalu est l’un des deux seuls pays de la région à recevoir des financements. Il a enfin salué la tenue l’an prochain de la Conférence sur les océans, rappelant à cette occasion le rôle joué par les petits États insulaires en développement pour obtenir l’inclusion d’un objectif sur les océans dans le Programme 2030. 

M. PATRICE EMERY TROVOADA, Premier Ministre de São Tomé-et-Principe, a déclaré que cet exercice annuel peut être interprété par les peuples comme un acte d’impuissance, le constat étant que les tensions continuent dans le monde, avec leur lot quotidien de souffrances indescriptibles, fruit de conflits anciens, de conflits mal réglés et de conflits nouveaux.

À l’heure où le traitement réservé aux réfugiés qui fuient la faim ou la guerre ou les deux à la fois se heurte à la montée des populismes et des extrémismes, les démocraties des pays riches semblent apporter de fausses réponses aux vrais problèmes, les rendant encore plus complexes, stigmatisant et isolant nos semblables, avec des slogans simplistes et des schémas réducteurs, augmentant les clivages entre peuples, civilisations et cultures.

L’ONU, et particulièrement le Conseil de sécurité, doit se surpasser pour régler définitivement ces conflits qui alimentent le terrorisme, la disparition des États et le désespoir des populations.  Dans ce sens, nous attendons, a dit le Premier Ministre, l’adoption urgente du projet de convention générale contre le terrorisme.  Il est essentiel que notre Organisation puisse créer des mécanismes plus contraignants pour assurer une solidarité effective avec les victimes des guerres et du terrorisme et forcer des solutions aux conflits anciens et récents, en particulier le conflit israélo-palestinien, le conflit syrien, le conflit libyen et les implantations des groupes terroristes au Sahel.

Le prix à payer pour ces conflits nous oblige à déployer une politique de prévention pour que d’autres points de conflits ne surgissent pas et à veiller à ce que le respect de l’intégrité de la personne humaine soit assuré en permanence par les États, ainsi que le droit à la liberté d’expression et à des élections régulières justes et transparentes, et les engagements pris au sortir des crises.

São Tomé-et-Principe est une jeune démocratie qui fonctionne depuis près de 26 ans et qui vient en août dernier encore une fois d’élire démocratiquement son quatrième Président.  État insulaire, deuxième État le plus petit d’Afrique, sans ressources minières, le pays a néanmoins fait de notables progrès en matière de développement humain, avec un taux de scolarisation supérieur à 97%, une couverture d’électricité de plus de 60%, un taux de pénétration d’Internet en croissance exponentielle, un taux de paludisme parmi les plus faibles en Afrique et des avancées reconnues en matière de gouvernance et de climat des affaires. 

Si le défi démocratique et de stabilité politique est assuré par la solidité de nos institutions, le dynamisme de notre société civile et le bon sens de notre classe politique, pouvoir et opposition confondus, cela ne représente pas nécessairement un bonus en matière économique, notamment en ce qui concerne la captation de financements longs nécessaires à l’édification des infrastructures structurantes pour accueillir les investissements privés générateurs d’emplois pour les jeunes, de richesses et de revenus fiscaux pour l’État.

Cela nous amène à considérer qu’il n’y a pas d’acquis démocratiques pérennes s’il n’y a pas de croissance économique soutenue quand vous avez 60% de votre population en dessous de l’âge de 20 ans.  Nous invitons les nations développées à faire en sorte que leur engagement sur le financement du développement durable soit respecté à travers, entre autres, les divers mécanismes annoncés depuis la réunion d’Addis-Abeba sur le financement du développement en juillet 2015, et durant la COP21 à Paris. 

« L’impulsion universelle pour transformer le monde » est possible essentiellement grâce à la mobilisation financière.  Cette manne financière capable d’électrifier le continent, d’irriguer les champs, de combattre les maladies endémiques et la faim, et d’encourager la formation professionnelle, elle existe, nous la côtoyons tous les jours sur le marché des capitaux et dans la presse économique et financière, d’où la nécessité de passer aux actes.

L’accès au crédit pour le développement reste la seule réponse et elle permettra également de relancer l’économie globale avec les conditionnalités nécessaires à l’atténuation des risques, à la bonne gouvernance et à la lutte contre les flux financiers illégaux.

Mme DELCY ELOÍNA RODRÍGUEZ GÓMEZ, Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a rappelé que son discours avait lieu dans la maison sacrée du système multilatéral qui a élaboré les principes fondamentaux des relations internationales entre États souverains et égaux, avant d’insister sur l’attachement de son pays aux principes de la Charte, y compris le droit des peuples à l’autodétermination, à la souveraineté, à l’indépendance et l’intégrité territoriale des États, tous principes sans lesquels il ne saurait y avoir de coexistence pacifique entre États dans un système multipolaire.  Membre du Conseil de sécurité depuis janvier 2015, le Venezuela a veillé à faire respecter ces principes.

Rappelant que le Programme de développement à l’horizon 2030 a été adopté il y a un an, Mme Rodríguez Gómez a estimé que le principal obstacle à leur réalisation était le système capitaliste, à l’origine d’un mode de consommation qui a, selon les mots du pape François, transformé la planète en une grande décharge publique et qui s’entretient grâce à l’extension de toutes les formes de violence.  Elle a accusé les États-Unis d’être le principal exportateur de la violence dans le monde.  Le Venezuela, a-t-elle ajouté, condamne le terrorisme sous toutes ses formes, à la différence des « centres hégémoniques de pouvoir » qui prétendent établir une division artificielle entre « bon » terrorisme quand il déstabilise les gouvernements qui ne sont pas alignés sur leurs positions et « mauvais » terrorisme quand, par effet de boomerang, il fait de leur propre population des victimes.  « Le capitalisme est une formule mortelle pour la paix », a poursuivi Mme Rodríguez Gómez, qui a dénoncé une augmentation disproportionnée de l’écart entre riches et pauvres et ajouté que, dans 60 à 80% des pays, dont le Venezuela, il n’existe pas de classe moyenne.

Mme Rodríguez Gómez a réaffirmé le droit du peuple palestinien à un État avec Jérusalem-Est pour capitale et a demandé que la Palestine soit admise aux Nations Unies comme État de plein droit.  Elle a aussi réclamé la fin de la colonisation israélienne et la levée complète du blocus de Gaza. La Vice-Présidente a ensuite dénoncé les mensonges qui ont servi de prétexte à l’invasion de l’Iraq en 2003, ainsi que l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011.  Elle a affirmé que la Syrie livrait un combat frontal contre le terrorisme, dont le peuple syrien est la principale victime, ajoutant que la solution à la tragédie humanitaire du peuple syrien passe par la défaite du terrorisme et une solution politique et pacifique.  Elle a également salué la reprise des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, louant la résistance du peuple cubain face « au terrorisme d’un État du Nord qui prétendait attaquer un modèle de développement ».

La Vice-Présidente a également demandé une réforme des principaux organes des Nations Unies, et notamment du Conseil de sécurité, qui devrait inclure des pays en développement d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, ainsi qu’un renforcement de l’autorité de l’Assemblée générale.  Elle a dénoncé une utilisation sélective des droits de l’homme pour justifier l’interventionnisme dans certains pays.  Elle a accusé les États-Unis de chercher à affaiblir la souveraineté nationale du Venezuela et sa désintégration territoriale, avant de mettre en valeur les résultats obtenus par le modèle de développement vénézuélien en matière d’éducation, de santé, de réduction de la faim et de la pauvreté.

Après la mort du Président ouzbek, Islam Karimov, le Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, M. ABDULAZIZ KAMILOV, a passé en revue les initiatives politiques que ce dernier avait proposées ou soutenues au cours de ces 25 dernières années comme la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale ou encore les moyens de surmonter la catastrophe écologique de la mer d’Aral.  Il a rappelé qu’au cours des 11 dernières années, le PIB de son pays avait augmenté de pas moins de 8% chaque année et que l’Ouzbékistan a fait des progrès significatifs dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 

Le Ministre a assuré que son pays allait poursuivre sa politique étrangère qui vise à protéger et à promouvoir les intérêts nationaux et, comme l’a déclaré le Président par intérim, M. Shavkat Mirziyoyev, à cultiver l’amitié et une coopération constructive avec les autres pays sur la base du respect mutuel, de l’égalité souveraine et de la prise en compte des intérêts d’autrui.  L’Ouzbékistan reste un fervent défenseur du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États et du règlement pacifique et politique  des différends.  Le pays a fait le choix clair de rester à l’écart des blocs et des alliances militaires, de refuser toute base militaire étrangère sur son territoire et de s’abstenir de déployer ses troupes au-delà de ses frontières.

Le Ministre a dit ne pas voir de solution à court terme aux problèmes de l’Afghanistan, et a estimé que seul un accord interafghan et des négociations pacifiques entre les principales parties, sous les auspices des Nations Unies et sans conditions préalables, pourrait offrir une issue.  En attendant, les pays donateurs et la communauté internationale doivent continuer à soutenir l’Afghanistan pour y améliorer la situation économique et sociale.  Pour le Ministre, la paix en Afghanistan apportera des avantages tangibles à tous les pays eurasiens.  Par conséquent, il a invité la communauté internationale à voir l’Afghanistan non pas comme une source de problèmes régionaux mais plutôt comme une opportunité stratégique unique et capable de briser le statu quo une fois pour toutes.  Il s’agit de jeter les bases d’une action multilatérale au service de la prospérité commune de la région, a-t-il souligné.

Le Ministre s’est également attardé sur la protection de l’environnement, et notamment sur la tragédie de la mer d’Aral qui représente « une menace directe au développement durable de la région et à l’avenir des peuples qui y vivent ».  L’Ouzbékistan adhère à la position de principe sur la gestion de l’eau et de l’énergie en Asie centrale.  Ces questions doivent être traitées conformément au droit international qui garantit une répartition équitable des ressources et la prise en compte des intérêts de tous les pays de la région, a expliqué le Ministre.

M. GUILLAUME LONG, Ministre des affaires étrangères et de la mobilité humaine de l’Équateur, a rappelé que son peuple avait rejeté massivement « l’idéologie néolibérale » dominante au profit d’une redistribution des richesses et d’un accès gratuit aux services de base, « pour fonder une démocratie vivante et souveraine ».  Le concept de pouvoir ne concerne pas seulement le financier et le militaire, il concerne aussi « l’hégémonie» sur certaines idées, a-t-il dénoncé.  Depuis la périphérie, depuis l’hémisphère Sud, nous devons essayer de nous frayer un chemin différent, a-t-il affirmé.  Ainsi, le développement est avant tout un problème politique.  Les inégalités en Amérique latine sont les plus prononcées au monde, a affirmé M. Long, pour qui la réalisation du développement passe par l’abandon de la dépendance excessive aux matières premières et le lancement d’une véritable transformation de l’appareil productif.  Pour diversifier nos économies, il faut cesser de faire « ce qu’ils nous disent de faire », a-t-il préconisé, déplorant qu’un tiers de l’économie soit dissimulé dans des paradis fiscaux.  « Imaginez un peu le dynamisme que l’on pourrait insuffler à notre économie si nous pouvions réinjecter de tels capitaux », a-t-il dit.  Le Chef de la diplomatie équatorienne a appelé à la création d’un organe intergouvernemental onusien pour « la justice fiscale ».  Il a annoncé que l’Équateur organiserait en février 2017 un référendum pour demander à son peuple s’il est d’accord pour que des fonctionnaires possèdent des comptes bancaires offshore. 

« Autre concept souvent soumis à des manipulations politiques: les droits de « l’homme », a estimé le Ministre, qui a rappelé que la Constitution de son pays serait la première à reconnaître les « droits de la nature ».  Il a par ailleurs estimé qu’il est impossible de parler de garanties de droits de l’homme sans réduire la pauvreté dans le monde.  Déplorant la marée noire qui a pollué un affluent de l’Amazonie en 2013 à la suite de la rupture d’un oléoduc, M. Long a réitéré son appel à un « instrument juridiquement contraignent sur les multinationales et les droits de l’homme ».  « Dans le monde d’aujourd’hui, il existe des tribunaux lorsque, supposément, on nuit aux intérêts des entreprises, mais étrangement lorsque ces entreprises nuisent aux humains et à l’environnement, il n’y a rien, a-t-il ironisé. 

L’heure est venue de parler de démocratisation des Nations Unies, a poursuivi le Ministre, qui fustigé le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité et a voulu que l’on finalise les négociations qui visent à réformer le système des Nations Unies.  Il faut également engager une réflexion pour pallier ce système où un petit groupe de pays prend des décisions qui affectent l’ensemble des États Membres.  « Nous devons dépasser cet ordre mondial, dans lequel il existe des États de deuxième classe et de troisième classe », et continuer de convaincre les élites de reconnaître le suffrage universel, « aussi bien lorsque cela leur convient que lorsque cela ne leur convient pas ».

M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a annoncé d’emblée que son pays avait adopté une stratégie de développement nationale qui prend en compte les objectifs de développement durable et poursuit les programmes de grande envergure pour améliorer la gouvernance, la croissance durable, le renforcement de l’état de droit et le respect des droits de l’homme et pour faciliter l’accès aux services publics.  Malgré la chute du prix du pétrole et la crise économique mondiale, l’Azerbaïdjan a réussi à maintenir sa croissance économique.  Le Ministre a également rappelé que cette année, son pays avait été élu au Conseil économique et social pour la période 2017-2019 avec 176 voix sur 184.

Abordant la question du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le Ministre a affirmé qu’il n’y avait pas eu de progrès substantiels depuis le dernier débat général: « l’Arménie continue d’occuper des territoires de l’Azerbaïdjan, y compris la région de Nagorno-Karabakh et sept districts adjacents, en violation flagrante du droit international et des résolutions 822, 853, 874 et 884 adoptée en 1993 par le Conseil de sécurité ».  Le Ministre a passé en revue les conséquences économiques et humanitaires de cette situation pour son pays et regretté que les politiques et pratiques arméniennes dans les territoires occupés azerbaidjanais sapent toute possibilité de règlement politique de ce conflit et posent une menace à la paix, la sécurité et la stabilité de la région.  Il a réitéré le point de vue de son pays selon lequel cette présence illégale des Forces armées arméniennes est un facteur de déstabilisation majeur qui a le potentiel de dégénérer avec des conséquences imprévisibles à tout moment. 

Le Ministre a reproché à l’Arménie de ne pas s’engager dans des négociations de bonne foi, de ne pas respecter le cessez-le-feu de 1994 et de refuser de retirer ses troupes d’Azerbaïdjan.  Il a exigé que l’Arménie mette un terme aux provocations qui touchent des civils et aux mutilations infligées aux soldats azerbaidjanais tombés, comme cela a été le cas en avril dernier.  Compter sur le statu quo et les provocations armées est une grave erreur de calcul, a prévenu le Ministre.  Ces tentatives hypocrites d’induire la communauté internationale en erreur sur les causes profondes du conflit en se présentant en victime sont vouées à l’échec », a-t-il ajouté.  Il a insisté sur le fait que ce conflit ne peut être réglé que sur la base de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de son pays dans les frontières internationalement reconnues.

M. RAYMOND TSHIBANDA N’TUNGAMULONGO, Ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé que son pays avait choisi d’intégrer les objectifs de développement durable dans son plan stratégique de développement national, dont l’opérationnalisation se fera à travers des plans quinquennaux, le premier portant sur la période 2017-2021.  Dans ce premier plan quinquennal, la priorité revient à l’amélioration du capital humain, en prenant en charge la problématique du dividende démographique qui requiert une étroite collaboration entre divers acteurs, tant au niveau national qu’international, en vue de garantir une croissance forte et inclusive.

Sur le plan, politique, a poursuivi M. Tshibanda N’tungamulongo, la RDC est entrée dans une phase cruciale de décentralisation administrative afin de permettre une gestion de proximité des préoccupations de la base.  « Chacune des 26 nouvelles provinces est à présent dotée des autorités que sa population s’est choisie à l’issue des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs qui ont eu lieu en mars et avril derniers.  Cette « nouvelle expérience démocratique » se poursuivra avec l’élection des autorités locales qui auront lieu en même temps que les élections présidentielle et législatives nationales et provinciales. 

« La RDC a en effet levé une option irréversible de ne permettre l’accès au pouvoir d’État que par les élections », a déclaré le Chef de la diplomatie congolaise.  « Aussi voudrais-je réaffirmer, de la manière la plus solennelle, qu’en dépit du retard enregistré dans leur préparation, les élections générales initialement prévues pour la fin de cette année seront bel et bien organisées, aussitôt que les conditions techniques le permettront.  Plusieurs défis doivent en effet être préalablement relevés pour permettre l’organisation d’élections libres, transparentes, crédibles et apaisées, par la Commission électorale nationale indépendante qui, constitutionnellement, en détient la compétence exclusive », a-t-il précisé. 

C’est pour parvenir, « ensemble et de manière consensuelle », à relever de tels défis que des représentants de la majorité présidentielle, de l’opposition politique et de la société civile sont réunis depuis un peu plus de deux semaines, dans le cadre du Dialogue politique national inclusif, sous une facilitation de l’Union africaine, avec l’appui d’un Groupe de soutien international, a expliqué le Ministre.  « Le droit d’élire et d’être élu est un droit fondamental tant pour les Congolais résidant dans le pays que pour ceux de la diaspora.  Un défi majeur que pose l’exercice de ce droit est celui de l’inclusivité du fichier électoral.  À ce sujet, il y a lieu de saluer l’important travail d’enregistrement des électeurs qui a débuté le 31 juillet 2016 et qui donne la possibilité d’être éligible et électeur à plus de 14 millions de Congolais, soit le tiers du corps électoral, qui n’auraient autrement pu jouir de ce droit. 

« Le Dialogue politique national en cours en RDC, processus de résolution pacifique des divergences entre Congolais, en vue de l’organisation des élections devrait donc bénéficier du soutien de tous et ceux des acteurs politiques qui n’y participent pas encore, être encouragés à le faire.  En revanche, tout recours à la violence devrait être condamné et les auteurs sanctionnés, de même que toute incitation à l’insurrection. »

Après avoir affirmé que les droits humains, et en particulier ceux de la femme, font du chemin en RDC, le Ministre congolais a évoqué la Mission des Nations Unies déployée dans son pays (MONUSCO), dont le mandat a été prorogé jusqu’au 31 mars 2017.  Tout en saluant cet accompagnement, mon gouvernement, a-t-il dit, note qu’à la faveur de la réforme du secteur de la sécurité, les Forces nationales congolaises s’acquittent, avec de plus en plus de compétence et d’efficacité, de leurs missions de protection du territoire national et de sécurisation des populations et de leurs biens.  Il compte donc sur le dialogue stratégique avec l’ONU pour parvenir à une réduction progressive des effectifs de la MONUSCO et à la transformation subséquente de la Mission.

Droits de réponse

Le représentant du Royaume-Uni a répondu à Maurice, affirmant qu’il n’avait aucun doute sur la souveraineté britannique sur l’archipel des Chagos, reconnue par tous.  Le Royaume-Uni ne considère pas que la Cour internationale de Justice soit le lieu approprié pour régler la question et continuera d’avoir des contacts bilatéraux avec Maurice pour traiter de cette question.

Son homologue de l’Ukraine a répondu à la Fédération de Russie, en précisant que la situation actuelle de l’Ukraine a été provoquée par les ambitions russes, à commencer par l’annexion illégale de la Crimée, puis le soutien aux séparatistes de l’est du pays.  L’Ukraine demande à la Fédération de Russie de mettre fin à son agression.

Au Venezuela et à Saint-Vincent-et-les Grenadines, le représentant du Brésil a répondu qu’il est sain d’avoir en Amérique latine, des gouvernements  d’orientation politique différente.  L’important est que ces pays puissent travailler ensemble.

Le représentant de l’Arménie a qualifié de mensonges les propos tenus par l’Azerbaïdjan.  « Le Haut-Karabakh n’a jamais fait partie de l’Azerbaïdjan et n’en fera jamais partie », a-t-il asséné, en parlant d’un territoire qui a été cédé selon lui par le « parti communiste bolchévique ».  L’Azerbaïdjan n’aura jamais accès au potentiel économique de cette région, a promis le représentant, en exhortant ce pays à cesser les violations des droits de l’homme et les « glorifications au plus haut niveau politique » des auteurs de ces crimes.

Son homologue de l’Azerbaïdjan a réaffirmé que l’Arménie avait déclenché une guerre contre son pays et mené une purification ethnique en expulsant des populations azerbaidjanaises.  Il est établi, a-t-il argué, que l’Arménie a violé le droit international dès 1992, en perpétrant le massacre de Khojaly et en expulsant des populations civiles.  Le Conseil de sécurité a exigé le retrait immédiat et sans conditions de toutes les forces arméniennes du Haut-Karabakh, a-t-il souligné, accusant l’Arménie de ne pas démontrer la volonté politique nécessaire dans les négociations bilatérales.

Le représentant de l’Arménie a contesté les propos de son homologue de l’Azerbaïdjan et accusé ce pays d’être en réalité responsable du massacre de Khojaly.  Si l’autodétermination est un droit, alors les populations du Haut-Karabakh peuvent l’exercer.

Réagissant à ces propos, le représentant de l’Azerbaïdjan a dit que l’Arménie n’avait aucune légitimité à conjecturer sur ce droit, alors qu’elle a commis des massacres.  L’Arménie porte la responsabilité de la situation actuelle, a-t-il tranché.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commémorant le vingtième anniversaire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Conseil de sécurité appelle à son entrée en vigueur

7776e séance – matin
CS/12530

Commémorant le vingtième anniversaire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Conseil de sécurité appelle à son entrée en vigueur

À l’occasion du vingtième anniversaire de l’ouverture à signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Conseil de sécurité a, ce matin, demandé à tous les États de s’abstenir de procéder à toute « explosion expérimentale d’armes nucléaires » et de maintenir leur moratoire à cet égard, en priant instamment ceux qui n’ont pas encore signé ou ratifié cet instrument juridique international à le faire sans plus tarder.

En adoptant par 14 voix pour et une abstention –l’Égypte–, la résolution 2310 (2016), le Conseil de sécurité a engagé tous les États signataires, « y compris ceux visés à l’annexe 2 », à « promouvoir l’universalité et l’entrée en vigueur du Traité ».

Parmi les États visés à l’annexe 2, cinq ont signé le Traité mais ne l’ont pas ratifié –Chine, Égypte, États-Unis, République islamique d’Iran et Israël– et trois ne l’ont ni signé, ni ratifié: il s’agit de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), du Pakistan et de l’Inde.  Le TICE n’est toujours pas entré en vigueur.

Le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, dont la délégation a présenté cette résolution, s’est félicité de ce texte, qui reflèterait, a-t-il dit, le consensus global en faveur d’un désarmement nucléaire, 20 ans après que le Président Bill Clinton s’est rendu à l’ONU « stylo en main » pour signer cet accord multilatéral.

« Lorsque j’étais un enfant, à l’école, on m’avait appris à me cacher sous un bureau en cas d’attaque nucléaire, comme si cela pouvait faire une différence. »  Pendant la guerre froide, la tendance était à la course aux armements nucléaires.  « Depuis cette date, de 50 000 ogives, les États-Unis sont passés aujourd’hui à 1 150 environ, et nous avons proposé de réduire encore cet arsenal », a-t-il assuré.

Pour le Chef de la diplomatie américaine, l’accord auquel sont parvenus récemment les États-Unis et l’Iran concernant le programme nucléaire de ce pays est également à mettre à l’actif du régime de non-prolifération, ce qui aurait été « improbable dans la mesure où le dialogue entre nos deux pays était rompu depuis 1979 ».  Il a toutefois regretté de constater que la RPDC continue de faire peser une menace dans la péninsule coréenne, situation dont se sont également émus plusieurs membres du Conseil de sécurité, notamment le Japon.  À cette « provocation » de Pyongyang,  « nous devons répondre dans les meilleurs délais », a précisé M. Kerry.

L’Égypte, qui s’est abstenue au moment de la mise aux voix de la résolution, ne l’a pas entendu de cette oreille.  Son Vice-Ministre des affaires étrangères s’est déclaré « insatisfait » par le contenu de ce texte, qui comporte, selon lui, de « nombreux défauts » et offre une « contribution  minime ».  Plutôt que de renforcer ce régime, il réduirait « à néant » l’opportunité de souligner l’urgence d’une avancée vers la non-prolifération.

Dénonçant une « ingérence », M. Hisham Badr a estimé que le Conseil de sécurité n’est pas l’« enceinte appropriée » pour discuter du TICE » de la manière dont cette résolution tente de le faire.  Il a rappelé que la Commission préparatoire technique et le Secrétariat technique provisoire examinent régulièrement les progrès dans la mise en œuvre du Traité et que d’autres États que ceux siégeant au sein du Conseil de sécurité ont, eux aussi, voix au chapitre.

De plus, pour le Vice-Ministre de l’Égypte, la résolution 2310 (2016) négligerait le rôle central du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dans le désarmement nucléaire et le régime de non-prolifération.  Pourquoi cet « empressement » à vouloir universaliser le TICE, alors qu’il y a un « silence complet » pour parvenir à l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)? s’est demandé M. Badr.

Si les essais nucléaires doivent cesser complètement, a-t-il soutenu, la communauté internationale a donc une obligation « bien plus pressante » de promouvoir le désarmement nucléaire, « en se penchant sur les causes et non sur les symptômes ».  Le Conseil, a-t-il dit, devrait ainsi rejeter sans équivoques la modernisation des stocks d’armes nucléaires par les États qui les possèdent.  La « sélectivité » du Conseil ne ferait, selon lui, qu’adresser un « mauvais message »: « non aux essais, mais oui à la possession et à la modernisation des arsenaux nucléaires ».

De son côté, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que le stylo de l’ancien Président américain, M. Bill Clinton, évoqué par le Secrétaire d’État américain Kerry, ne fût dans la main du Président américain actuel, M. Barack Obama.  Il a dit espérer que le prochain président des États-Unis saura faire preuve de davantage de fermeté. 

 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES: NON-PROLIFÉRATION ET DÉSARMEMENT NUCLÉAIRES

Texte du projet de résolution (S/2016/800)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1887 (2009) et réaffirmant son ferme attachement au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires dans tous ses aspects,

Réaffirmant la déclaration de son président adoptée lors de la séance du Conseil tenue au niveau des chefs d’État et de gouvernement, le 31 janvier 1992 (S/23500), notamment la nécessité pour tous les États Membres de s’acquitter de leurs obligations en ce qui concerne la maîtrise des armements et le désarmement et d’empêcher la prolifération sous tous ses aspects de toutes les armes de destruction massive,

Soulignant que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire et le fondement essentiel de la poursuite du désarmement nucléaire et de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques,

Réaffirmant que la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales,

Rappelant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, adopté par l’Assemblée générale par sa résolution 50/245 du 10 septembre 1996, a été ouvert à la signature le 24 septembre 1996 et que les États signataires ont créé la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires par leur résolution du 19 novembre 1996, conformément notamment au paragraphe 7 de ladite résolution,

Estimant que l’entrée en vigueur d’un traité universel internationalement et véritablement vérifiable portant interdiction des essais constitue la méthode la plus efficace d’interdire les explosions expérimentales d’armes nucléaires et toute autre explosion nucléaire et que l’arrêt de toutes les explosions expérimentales d’armes nucléaires et de toute autre explosion nucléaire freinera la mise au point et le perfectionnement des armes nucléaires et mettra un terme à la conception de nouveaux types d’armes nucléaires sophistiquées,

Estimant également que l’entrée en vigueur rapide du Traité constituera une mesure efficace de désarmement et de non-prolifération nucléaires de nature à contribuer à l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires,

Se félicitant des progrès accomplis vers l’universalisation du Traité, notant que 183 États ont signé le Traité et que 166 États ont déposé leurs instruments de ratification, et notant également que sur les 44 États énumérés à l’annexe 2 du Traité, dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur, 41 ont signé le Traité et 36 l’ont signé et ratifié, y compris plusieurs États dotés d’armes nucléaires,

Accueillant favorablement les efforts faits par les États Membres de la Commission préparatoire et par son Secrétariat technique provisoire afin de mettre en place tous les éléments du régime de vérification du Traité, dont la portée mondiale est sans précédent, notant le stade avancé qui a été atteint et les progrès qui ont été accomplis en ce qui concerne l’institution du système de surveillance international ainsi que les bons résultats obtenus par le Centre international de données, lequel a montré qu’il pouvait fournir des moyens indépendants et fiables de vérifier que le Traité serait respecté une fois entré en vigueur, et soulignant les progrès qui ne cessent d’être faits en ce qui concerne la conception, l’exploitation et la démonstration de techniques modernes et de moyens logistiques pouvant être utilisés dans le cadre des inspections sur place,

Soulignant qu’il est extrêmement important et urgent que le Traité entre en vigueur le plus tôt possible,

1. Prie instamment tous les États qui n’ont pas signé ou n’ont pas ratifié le Traité, en particulier les huit États parmi ceux visés à l’annexe 2 qui n’ont pas encore ratifié le Traité, à le faire sans plus tarder;

2. Engage tous les États signataires, y compris les États visés à l’annexe 2, à promouvoir l’universalité et l’entrée en vigueur du Traité;

3. Rappelle les déclarations faites par chacun des cinq États dotés d’armes nucléaires, dont la résolution 984 (1995) a pris acte, dans lesquelles ceux-ci ont donné aux États non dotés d’armes nucléaires qui sont Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires des garanties de sécurité contre l’utilisation de telles armes, et affirme que ces garanties renforcent le régime de non-prolifération nucléaire;

4. Demande à tous les États de s’abstenir de procéder à toute explosion expérimentale d’armes nucléaires ou à toute autre explosion nucléaire et de maintenir leur moratoire à cet égard, accueille favorablement les moratoires adoptés par les États, dont certains sont instaurés par la législation interne en attendant l’entrée en vigueur du Traité, souligne que de tels moratoires correspondent à un comportement international responsable qui concourt à la paix et à la stabilité internationales et qui devrait se poursuivre, tout en insistant sur le fait qu’ils n’ont pas le même effet permanent et juridiquement contraignant que celui qu’aurait l’entrée en vigueur du Traité, et prend note de la Déclaration conjointe sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires faite par la Chine, les États-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni le 15 septembre 2016, dans laquelle ces États ont noté, entre autres, qu’une explosion expérimentale d’armes nucléaires ou toute autre explosion nucléaire seraient contraires à l’objet et au but du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires;

5. Souligne la nécessité de maintenir l’élan acquis en vue de mettre la dernière main à tous les éléments du régime de vérification du Traité, à cet égard engage tous les États à fournir l’appui nécessaire pour permettre à la Commission préparatoire d’achever son travail de la manière la plus efficace et la plus rationnelle possible et encourage tous les États qui accueillent des installations du système de surveillance international à transmettre des données au Centre international de données de façon provisoire et à titre d’essai, en attendant l’entrée en vigueur du Traité;

6. Accueille favorablement les renseignements que les États visés à l’annexe I du Protocole se rapportant au Traité, c’est-à-dire ceux chargés d’une ou plusieurs installations du système de surveillance international, fournissent à titre volontaire dans leurs déclarations à la Commission préparatoire, renseignements qui portent sur l’état d’avancement de la construction des installations et sur la transmission des données entre les installations et le Centre international de données, engage les États qui hébergent des installations à en achever la construction sans tarder comme prévu par le Traité et dans le texte portant création de la Commission préparatoire et invite le Secrétariat technique provisoire à rendre compte à tous les États signataires dans les 180 jours qui suivent l’adoption de la présente résolution de l’état des contributions à la Commission préparatoire mises en recouvrement auprès des États signataires et de toute aide supplémentaire apportée par les États signataires aux fins de la mise en place du régime de vérification du Traité et du fonctionnement et des besoins opérationnels du Centre international de données et du système de vérification international;

7. Estime que, même si le Traité n’entrait pas en vigueur, les données de surveillance et les éléments analytiques issus du régime de vérification, lequel fonctionne de façon expérimentale et sur une base provisoire, sont à la disposition de la communauté internationale conformément au Traité et aux orientations de la Commission préparatoire et considère que ces éléments concourent à la stabilité régionale, car ils constituent une mesure de confiance majeure, et au renforcement du régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires;

8. Affirme que l’entrée en vigueur du Traité contribuera à renforcer la paix et la sécurité internationales en prévenant efficacement la prolifération des armes nucléaires sous tous ses aspects et en contribuant au désarmement nucléaire, estime que le Secrétariat technique provisoire a fait la preuve de son utilité et que les États ont bénéficié concrètement de ses retombées civiles et scientifiques, par exemple sous la forme d’alertes au tsunami et de surveillance sismique, et encourage à cet égard la Commission préparatoire à envisager des moyens de partager largement ces retombées avec la communauté internationale conformément au Traité, dans le cadre du renforcement des capacités et de la mise en commun du savoir-faire touchant le régime de vérification;

9. Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

M. JOHN KERRY, Secrétaire d’État des États-Unis, a rappelé qu’il y a 20 ans, le Président Bill Clinton avait signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui célèbre aujourd’hui son vingtième anniversaire.  La résolution que nous allons adopter aujourd’hui réaffirme la norme du monde contemporain, qui est opposé aux essais nucléaires.  Elle renforce le Traité et encourage la communauté internationale à consolider les systèmes de surveillance et d’alerte, tout en s’abstenant d’imposer aux États Membres des restrictions juridiques ou des prescriptions.  Ce texte reflète, selon M. Kerry, le consensus global en faveur d’un désarmement nucléaire.  Il a expliqué qu’enfant, à l’école, on lui avait appris à se cacher sous un bureau en cas d’attaque nucléaire, « comme si le fait de se cacher sous un bureau allait faire une différence ».  À cette époque, la tendance était à la course aux armements nucléaires. « Pourtant de 50 000 ogives, nous sommes passés aujourd’hui à 1 150 environ, et nous avons proposé de réduire encore cet arsenal », a-t-il fait observer.

Le Chef de la diplomatie étrangère s’est également félicité de l’accord auquel sont parvenus récemment les États-Unis et l’Iran, « ce qui semblait improbable alors que le dialogue entre nos deux pays était rompu depuis 1979 ».  Un État a finalement renoncé à son programme nucléaire pour entrer dans un monde plus sûr, s’est réjoui M. Kerry.  Certains peuvent s’interroger sur la valeur de ce traité, car il est vrai que le monde a connu bien des bouleversements.  Presque tous les pays sont aujourd’hui déterminés à mettre fin aux dangers posés par les armes nucléaires.  Pourtant, pas plus tard que la semaine dernière, nous avons constaté qu’il subsiste des menaces, comme en témoigne l’essai nucléaire auquel a procédé la République populaire démocratique de Corée (RPDC), provocation à laquelle « nous devons répondre dans les meilleurs délais ».  « Nous sommes résolus à avancer dans le sens qui permettra de mettre fin à la course aux armements », a assuré M. Kerry, pour qui « notre génération peut affirmer aux générations futures qu’il est possible de vivre dans un monde sans armes nucléaires ». 

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a mis l’accent en particulier sur les dispositions contenues dans le Mémorandum de Budapest de 1994.  Ces obligations sont très claires, a-t-il déclaré, en soulignant qu’elles stipulaient le respect de l’indépendance, de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Or, a-t-il expliqué, l’on sait ce qu’a fait un État, la Fédération de Russie, à l’égard de l’Ukraine.

Ceci, a ajouté M. Klimkin, pose un problème fondamental.  Est-il possible de faire confiance aux garanties de sécurité indiquées dans la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité et dans le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires? a-t-il demandé.  Tout doit être mis en œuvre dans le cadre du processus du Traité, a affirmé le Ministre.  Il a jugé fondamental d’honorer tous les engagements souscrits aux termes des garanties de sécurité.

M. HISHAM BADR, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Égypte, a déclaré que l’attachement de son pays au régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires était sans failles, et qu’il était, de longue date, au centre de ses priorités de politique étrangère.  Il s’est déclaré « insatisfait » par le contenu de cette résolution, qui présenterait selon lui « de nombreux défauts » et dont la « contribution » serait « minime ».  Plutôt que de renforcer ce régime, elle réduirait « à néant » l’opportunité de souligner l’urgence de progresser dans le sens de la non-prolifération.

Expliquant ses préoccupations, M. Badr a commencé par dire que le Conseil de sécurité n’est pas l’enceinte appropriée pour discuter du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) « de la manière dont cette résolution tente de le faire ».  Alors que la Commission préparatoire technique et le Secrétariat technique provisoire examinent régulièrement les progrès dans la mise en œuvre du Traité, l’« ingérence » du Conseil crée, pour la délégation égyptienne, un doublon et une atmosphère défavorable à la participation de tous les États Membres qui le souhaitent.  

En outre, pour le Vice-Ministre, la résolution échoue à mettre en exergue le caractère central du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le régime de non-prolifération.  En dépit d’une modeste référence dans le préambule, le TNP n’est pas mentionné dans le dispositif, alors qu’il s’agit de la « pierre angulaire » du régime de non-prolifération.  Tandis qu’il encourage la promotion de l’universalisation du TICE, le texte ne fait par ailleurs aucune référence à la nécessité de parvenir à celle du TNP.  Pourquoi cet « empressement » dans un cas, et un « silence complet » dans l’autre? s’est demandé M. Badh.

Celui-ci a jugé « inhabituel », « voire remarquable », qu’une résolution relative au TICE échoue à répondre à l’urgence de prendre des mesures concrètes vers le désarmement nucléaire.  Si les essais nucléaires devraient cesser complètement, comme le demande le TICE, la communauté internationale a une obligation « bien plus pressante » de promouvoir le désarmement nucléaire, « en se penchant sur les causes et non les symptômes ».  Le Conseil devrait ainsi rejeter sans équivoques la modernisation des stocks d’armes nucléaires par les États qui les possèdent, et qui est pour l’Égypte absolument contraire aux objectifs du TNP.  « L’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de ces armes. »  Le quasi-silence de cette résolution sur le désarmement nucléaire affecte considérablement sa crédibilité et son efficacité, a insisté le représentant.  Cette sélectivité ne ferait, selon lui, qu’adresser un « mauvais message »: « non aux essais, mais oui à la possession et à la modernisation des arsenaux nucléaires ». 

M. Badr a ensuite rejeté le fait que ce texte mette à égalité les États en possession d’armes nucléaires et ceux qui n’en ont pas.  Alors que la résolution « prie instamment tous les États qui n’ont pas signé ou ratifié le Traité, en particulier les huit États parmi ceux visés à l’annexe 2, à le faire sans plus tarder », il aurait dû, pour le représentant, mettre l’accent sur la responsabilité particulière que portent les États dotés de l’arme nucléaire et les États non parties au TNP.  Il a rappelé, avant de conclure, son attachement à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient.

M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a rappelé qu’en dépit de sa portée et de son intérêt, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) n’est pas entré en vigueur.  C’est dire de l’importance que revêt cette présente résolution, a-t-il estimé. 

Le Ministre s’est réjoui de l’importance accordée au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en tant que pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire, l’objectif n’étant cependant pas la non-prolifération, mais bien le désarmement nucléaire.  M. Ndiaye a appelé tous les pays liés au TICE à acquitter de leurs obligations et les États non parties à intensifier leurs efforts pour le signer et le ratifier pour le bien de la communauté internationale.

M. IGNACIO YBAÑEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en invitant tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à le signer et à le ratifier.

Le moratoire actuel n’est pas un substitut à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui demeure l’objectif fixé, a-t-il dit.  M. Ybañez a condamné l’essai nucléaire auquel a procédé récemment la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il s’est félicité du fait que cette résolution insufflait l’élan nécessaire pour compléter l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. ALOK SHARMA, Sous-Secrétaire d’État parlementaire aux affaires étrangères et du Commonwealth et Ministre chargé de s questions Asie-Pacifique, s’est félicité des ratifications récentes au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), qui ne font qu’affirmer la pertinence de cet instrument juridique international.  Désormais, tout État qui procéderait à un essai nucléaire expérimental serait immédiatement détecté, a-t-il prévenu, en soulignant que les signataires disposent d’un accès égal à l’ensemble des données issues du système de surveillance.  Il est toutefois regrettable que certains aient choisi de ne pas voter en faveur de texte équilibré présenté par les États-Unis. Aujourd’hui, a accusé M. Sharma, un seul État, la Corée du Nord, continue d’effectuer des essais nucléaires dans le monde.  Le Royaume-Uni, a-t-il ajouté, appelle tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution.  Il a rappelé que son pays avait ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) dès 2001.  Il a souligné que ce texte aiderait à la signature et à la ratification du TICE par un grand nombre d’États. 

Le représentant russe a regretté que le stylo de l’ancien Président américain Bill Clinton, évoqué sans sa déclaration par le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, ne fût dans la main du Président américain actuel, M. Barack Obama.  Il a dit espérer que le prochain président des États-Unis saura faire preuve de davantage de fermeté. 

Le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui une résolution équilibrée qui ne contredit pas les dispositions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, ce qui explique le vote favorable de la Fédération de Russie, a-t-il déclaré.

M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé que demain, nous célébrerons le vingtième anniversaire de l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICE).  L’adoption par le Conseil de cette résolution réaffirme l’importance de ce texte, a estimé le représentant, qui a rappelé que la Chine avait toujours été favorable à la destruction des arsenaux nucléaires et à la création de zones exemptes nucléaires.  Bien que la Chine n’ait pas ratifié ce Traité, elle a toujours œuvré dans le sens de ses dispositions, a assuré le représentant.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution, qui appelle notamment à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires pour permettre son entrée en vigueur.  Celle-ci, a-t-il précisé, est la priorité de la France dans le domaine de la non-prolifération nucléaire. 

La France et le Conseil de sécurité, a-t-il dit, ont condamné la provocation de la part de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui a procédé récemment à son cinquième essai nucléaire.  La France compte parmi les premiers États à avoir signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en septembre 1996, et à l’avoir ratifié dès 1998.  Cette ratification fut notamment suivie par le démantèlement de son site d’expérimentation nucléaire dans le Pacifique, a-t-il dit.

Vingt ans après son adoption, la France réaffirme son engagement résolu en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité de l’adoption de la présente résolution, qui appelle tous les États à s’abstenir de conduire des essais nucléaires et s’est félicité du rôle de chef de file des États-Unis sur ce projet.  La République populaire démocratique de Corée a procédé tout récemment à son cinquième essai nucléaire de l’année, en violation claire des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, dont la résolution 2270.  Le représentant a donc demandé qu’elle cesse ses provocations et se conforme aux obligations qui sont les siennes.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a affirmé que la présente résolution représentait une initiative positive pour avancer sur la voie de l’élimination complète des armes nucléaires.  Il a néanmoins regretté que le texte ne contienne pas des termes plus catégoriques, notamment sur les engagements des États nucléaires concernant leur propre arsenal. 

Le représentant a demandé à tous les États de ne pas procéder à des essais nucléaires et d’éviter toute simulation visant à perfectionner les arsenaux nucléaires actuels.  Il a encouragé également la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour respecter les engagements de 1995 concernant une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a indiqué que l’adoption de la résolution d’aujourd’hui a lieu quelques jours à peine après que le Conseil s’est penché sur la question de la non-prolifération dans la péninsule coréenne.  En adoptant ce texte, il exprime une position ferme, donnant un « sens véritable » et apportant une contribution à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Par ailleurs, cette résolution constitue une mesure efficace pour parvenir à un monde sans armes nucléaires, a affirmé le représentant.  Au cours du débat général de l’Assemblée générale, a-t-il rappelé, nous avons entendu un témoignage poignant du Président des Îles Marshall sur les conséquences humaines et environnementales des essais nucléaires dans le Pacifique.  Le représentant a salué, avant de conclure, « l’adoption de mesures claires condamnant les essais nucléaires sans recourir à la politique des deux poids, deux mesures ».

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a affirmé que la présente résolution représentait une évolution positive afin d’encourager l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui est ouvert à la signature depuis 1996.  « Il convient de souligner que seule l’entrée en vigueur du Traité permettra de réaliser notre engagement, et celui de la communauté internationale, en faveur d’un désarmement général et complet », a-t-il ajouté.  Le représentant malaisien a toutefois estimé qu’il faudrait déployer davantage d’efforts pour que le Traité entre enfin en vigueur, y compris le maintien du moratoire actuel sur les explosions expérimentales d’armes nucléaires.  Il a également noté que le Traité ne contenait aucune disposition concernant le désarmement nucléaire total des États dotés d’armes nucléaires et des États dotés de capacités d’armes nucléaires, ce qui, selon lui, n’est pas suffisamment reflété dans la présente résolution.  Cette dernière, a-t-il rappelé, ne saurait se substituer au Traité lui-même.

Tout en réaffirmant l’appui de sa délégation à la présente résolution, le représentant de la Malaisie a toutefois appelé à ne pas créer de précédent en « se référant à des documents dans des résolutions du Conseil qui ne sont susceptibles d’être approuvées que par une poignée d’États ».   M. Ibrahim a enfin rappelé à l’ensemble des États Membres leur responsabilité de respecter leurs obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a affirmé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, dont son pays souhaite l’entrée en vigueur rapide, représente une pièce maîtresse du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.

Le délégué a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier, dans les meilleurs délais, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a appelé de ses vœux un monde exempt d’armes nucléaires.  Le délégué uruguayen a mis l’accent sur les conséquences humanitaires de l’utilisation de ces armes, lesquelles nécessitent leur élimination complète.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que, préalablement à l’adoption il y a 20 ans du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), son pays avait, à deux reprises, saisi la Cour internationale de Justice (CIJ), afin de faire interdire les essais nucléaires dans la région Pacifique.  « Pour nous, et pour la région Pacifique, l’interdiction de tous les essais nucléaires était ainsi l’aboutissement d’un combat de longue date », a-t-il souligné.  Le représentant néozélandais s’est toutefois déclaré déçu que le TICE, 20 ans après son adoption, ne soit toujours pas entré en vigueur.  « Nous exhortons tous les États qui, à ce jour, n’ont pas signé ou ratifié le Traité –surtout les huit États dont la ratification est requise pour son entrée en vigueur- de le faire dans les plus brefs délais », a-t-il insisté.

M. van Bohemen a estimé que le lancement d’essais nucléaires répétés par la République populaire démocratique de Corée était un affront à l’engagement de la communauté internationale, reflété dans le TICE et le moratoire actuel, contre les essais nucléaires.  Le représentant a par ailleurs estimé qu’il aurait été préférable que le texte de la présente résolution soit plus ferme quant à la nécessité d’avancer sur la voie du désarmement nucléaire.  « Tant que certains États conservent l’arme nucléaire -et la qualifient d’essentielle pour leur sécurité nationale- d’autres chercheront également à l’acquérir », a-t-il affirmé.

Le représentant de l’Ukraine a repris la parole en rappelant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires était partie intégrante de l’infrastructure mondiale de la sécurité.  Si une disposition de ce Traité n’est pas respectée, a-t-il prévenu, cela aura des conséquences négatives sur cette infrastructure.  Si certains ne voient pas ce lien, cela montre que la question de la sécurité est examinée de façon très sélective, a estimé le délégué ukrainien. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les dirigeants du Moyen-Orient confrontent leurs divergences de vues sur la géopolitique régionale

Soixante et onzième session,
14e, 15e & 16e séances plénières - Matin, après-midi & soir
AG/11826

Assemblée générale: les dirigeants du Moyen-Orient confrontent leurs divergences de vues sur la géopolitique régionale

Pour le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, « Israël a un avenir brillant à l’ONU »

La situation au Moyen-Orient s’est taillée une place de choix au troisième jour du débat général de l’Assemblée générale.  Se succédant à la tribune en l’espace de quelques heures, les dirigeants israélien, palestinien, libanais, iranien et iraquien ont ainsi présenté des visions contrastées de la géopolitique régionale, régulièrement débattue dans cette enceinte ou dans celle du Conseil de sécurité.

« Mesdames et Messieurs, déposez les armes, la guerre contre Israël aux Nations Unies est terminée! », a appelé, ce matin, le Premier Ministre d’Israël, M. Benjamin Netanyahu, qui s’est même dit convaincu que son pays a « devant lui un avenir brillant à l’ONU ».  C’est une « affirmation surprenante » de la part de celui qui n’a eu de cesse, année après année, de dénoncer la « partialité » de l’Organisation « à l’encontre de l’État hébreu », a-t-il fait remarquer.  C’est ici même, à l’Assemblée générale, que ce changement adviendra, a assuré le Chef du Gouvernement israélien, « et bien plus tôt que vous ne le pensez ».  D’ores et déjà, a-t-il dit, de nombreux pays considèreraient Israël comme un partenaire « puissant » et sur le plan économique et dans la lutte antiterroriste, notamment du fait de l’efficacité de ses services de renseignement, sans compter l’attractivité que Tel Aviv exerce sur les investissements étrangers en matière de cybersécurité.  Assurant que ce changement intervient aussi « dans le monde arabe », M. Netanyahu s’est enorgueilli de la « révolution » que connaîtraient les relations diplomatiques d’Israël, même si l’« alliance » d’Israël avec les États-Unis demeure la plus précieuse, allant jusqu’à qualifier ce pays partenaire de « nation la plus puissante et la plus généreuse qui soit ».

Le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a exprimé, aujourd’hui, des doutes sur la volonté politique d’Israël de faire la paix, en affirmant que « jamais » l’Autorité palestinienne n’accepterait l’occupation et qu’elle continuerait de plaider pour la mise aux voix d’une résolution du Conseil de sécurité sur les colonies de peuplement.  « Il n’y a pas de conflit entre nous et la religion et le peuple juifs.  Notre conflit porte sur l’occupation de nos terres par les Israéliens.  Nous respectons la religion juive et condamnons la catastrophe qui s’est abattue sur le peuple juif en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, que nous considérons comme l’un des crimes les plus haineux perpétrés contre l’humanité », a déclaré M. Abbas.

Le Premier Ministre israélien a toutefois reproché à son homologue palestinien de s’en être pris, aujourd’hui, à la Déclaration Balfour de 1917, par laquelle le Royaume-Uni se déclarait favorable à l’établissement en Palestine d’un foyer national juif.  « Nous avons là quelqu’un de coincé dans le passé », a estimé M. Netanyahu, avant d’ajouter que la raison de cette attaque, « c’est parce que ce texte reconnaît le droit du peuple juif à sa propre terre ».  Il a cependant déclaré qu’il était prêt à accueillir le Président de l’Autorité palestinienne à la Knesset et qu’en retour, il souhaitait s’adresser aux Palestiniens devant leur Parlement.

Pour M. Abbas en revanche, la réconciliation historique entre les deux peuples exige qu’Israël reconnaisse sa responsabilité dans la Nakba, qui désigne en arabe l’exode palestinien de 1948.  « Cela permettrait de dresser des passerelles entre nous plutôt que des murs », a-t-il lancé aux États Membres, en plaidant pour la tenue, « d’ici à la fin de l’année », d’une conférence internationale pour la paix.  Le Président de l’Autorité palestinienne a estimé qu’il n’y avait aucun moyen de défaire le terrorisme et l’extrémisme dans le monde « tant que la sécurité et la stabilité ne seront pas rétablies au Moyen-Orient et que l’occupation israélienne de la Palestine n’aura pas pris fin.  Des propos auxquels le Président de la République islamique d’Iran, M. Hassan Rouhani, a fait écho en affirmant, pour sa part, que « nous ne pourrons pas combattre les réseaux terroristes et criminels sans véritables démocraties dans notre région et mettre en œuvre des approches participatives aux niveaux national et transnational ».

Tandis que le dirigeant iranien se félicitait de l’échec des pressions et menaces « illégales » brandies contre son peuple concernant le « caractère pacifique » de son programme nucléaire, attesté par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Conseil de sécurité, le Premier Ministre israélien désignait Téhéran comme la « plus grande menace à la paix mondiale ».  M. Netanyahu a ainsi accusé l’Iran d’avoir procédé, cette année, à des tirs de missiles balistiques, au mépris du Plan d’action global commun (JCPOA), et de consolider son « réseau terroriste ».  « Israël ne permettra pas au régime terroriste iranien de développer l’arme nucléaire, ni aujourd’hui, ni dans 10 ans, ni jamais », a-t-il prévenu sous une salve d’applaudissements.

De son côté, le Président du Conseil des ministres du Liban, M. Tammam Salam, a exhorté Israël à cesser ses violations de la souveraineté nationale du Liban et à coopérer avec la Force des Nations Unies dans son pays (FINUL) pour délimiter « ce qui reste de la Ligne bleue » et se retirer « d’Al Ghajar, des fermes de Chebaa et des collines de Kfarshuba ».  Il a également lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle aide son pays, déjà accablé par la crise des réfugiés syriens, à élire un président de la République, après deux ans et demi de vacation à la magistrature suprême.  À l’inverse, le Premier Ministre de l’Iraq, M. Haider Al Abadi, a déclaré que 2016 était pour son pays « l’année de la libération et de la victoire », marquée par la reconquête de Ninive, la dernière province restée « sous la férule de Daech ».

Plusieurs Chefs d’État africains ont pris la parole aujourd’hui, dont celui de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara, qui s’est félicité des avancées réalisées par son pays.  La Côte d’Ivoire s’apprête, dans la foulée de l’élection présidentielle de 2015, à élire un nouveau parlement et à se prononcer sur le projet d’une nouvelle constitution, a-t-il précisé. 

Alors qu’en filigrane s’est posée aujourd’hui la question de l’efficacité de l’ONU dans les théâtres de conflits et de crises, le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Bert Koenders, a tenu à rappeler que l’ONU reste la « meilleure organisation mondiale imparfaite ». Il a même invité les États Membres à « déclarer un moratoire » sur les nouvelles résolutions de l’Organisation, en attendant la mise en œuvre des engagements passés.

Suite du débat général

M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, entrevoit, malgré tout, des lueurs d’espoir dans le contexte de turbulences actuelles, comme le document « le futur que nous voulons » adopté dans le cadre de Rio+20 ainsi que les 17 objectifs stratégiques du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ou encore l’Accord de Paris sur le climat.  Pour M. Biya, l’originalité du Programme 2030 réside dans le fait qu’il transcende les indicateurs classiques de croissance économique et se préoccupe réellement de progrès humains, du patrimoine de l’humanité, du bien-être commun et de la sécurité de tous.  L’ambition commune étant d’éradiquer la pauvreté, M. Biya a néanmoins rappelé que les programmes adoptés dans le passé n’ont souvent été que partiellement mis en œuvre et a appelé à « nous organiser aujourd’hui pour que les ODD connaissent un sort meilleur ».  Pour lui, cela suppose des moyens de trois ordres: d’ordre politique, avec une volonté politique continue qui ne devra pas varier selon les circonstances; d’ordre financier avec des contributions effectives, sûres et suffisantes; et d’ordre moral par la réaffirmation de l’obligation de solidarité entre les peuples.

Ainsi, « nous permettrons aux ODD d’être des accélérateurs de l’avènement d’un monde de paix pour tous et partout, d’un monde de prospérité pour tous », a affirmé M. Biya pour lequel le temps est à l’engagement et à l’action.  Parmi les obstacles à la réalisation de ces objectifs, M. Biya a cité les conflits et le terrorisme, un problème dont son pays « peut parler en connaissance de cause » puisqu’il mène depuis trois ans une guerre contre ce fléau.  Cette menace à la paix et au développement appelle une réponse, une détermination et une action collectives.  L’objectif 16 du programme de développement durable, qui met l’accent sur la promotion et l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous, devrait nous permettre de lutter efficacement contre Boko Haram, a-t-il assuré.

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, a rappelé que la situation à Chypre était « malheureusement la deuxième question internationale non résolue la plus ancienne à l’ordre du jour des Nations Unies ».

M. Anastasiades a également rappelé qu’à la suite des « évènements tragiques de 1974 », de « l’invasion de la Turquie », de « l’occupation militaire continue de plus d’un tiers du territoire du pays » et du « déplacement forcé » d’environ 40% de sa population, la partie chypriote grecque, « dans un esprit de compromis », avait accepté le principe d’une transition d’un État unitaire vers un État fédéral.

Depuis cette date, a indiqué le Président de Chypre, les dirigeants successifs des deux communautés ont pris part à de nombreux cycles de négociations, « infructueuses jusqu’à récemment ».  Toutefois, depuis son élection en 2013, le Président de Chypre a assuré qu’un « nouvel effort » avait conduit à l’adoption, le 11 février 2014, d’une Déclaration commune par les deux communautés et à la reprise du processus de négociations.  Cette Déclaration commune, a-t-il précisé, est basée sur la réaffirmation des principes du règlement sur la base d’une fédération bizonale et bicommunautaire et de l’égalité politique.  Le texte, a-t-il ajouté, repose également sur le principe de la continuité de l’adhésion de Chypre à l’ONU et à l’Union européenne, ainsi que sur le respect de la démocratie et des droits de l’homme. 

Sur cette base, le Président de Chypre a déclaré que, cette année, « des progrès avaient été réalisés concernant des volets importants », y compris le consensus selon lequel Chypre devrait avoir une personnalité juridique, une souveraineté et une citoyenneté unique; garantir la liberté de mouvement de tous les Chypriotes; et respecter le droit à la propriété.

En dépit de ces avancées, M. Anastasiades a précisé que des divergences persistaient sur certaines questions ayant trait à la gouvernance, à l’Union européenne et à l’économie.  Il a précisé que les divergences les plus significatives étaient liées aux questions concernant la propriété, le territoire, la sécurité et les garanties.  « Mon objectif est d’éviter les erreurs du passé et de présenter à la population un accord clair et bien préparé, sans ambiguïtés ou lacunes », a-t-il indiqué.

Le Président de Chypre a souligné qu’il était déterminé à redoubler d’efforts pour trouver une solution à la question chypriote « le plus vite possible, voire, si possible, d’ici à la fin de l’année », afin de créer les conditions d’un pays pacifique et prospère bénéficiant aussi bien aux Chypriotes grecs qu’aux Chypriotes turcs.  Pour parvenir à un accord final, il a notamment insisté sur la nécessité de « débarrasser Chypre des troupes militaires de pays tiers », situation qu’il a qualifiée « d’anachronique dans le monde actuel ».

M. Anastasiades a déclaré que la résolution d’une question à l’ordre du jour de l’ONU depuis plusieurs décennies « apportera une lueur d’espoir à la communauté internationale » et « montrera que même les situations les plus prolongées peuvent être résolues pacifiquement, avec l’aide de l’ONU ».

M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, a déclaré que son gouvernement, tirant les leçons de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), avait d’ores et déjà intégré les Objectifs de développement durable dans son programme national de développement, intitulé « Agenda de la prospérité », et qui est assorti d’un mécanisme de surveillance et d’évaluation.  Il a toutefois plaidé pour une réforme des Nations Unies, afin de pallier les insuffisances de ses « compétences démocratiques » en matière de développement, de sécurité et d’autres défis qui se posent à l’Afrique, continent sous-représenté dans les organes décisionnaires de l’Organisation.  Il a ainsi réaffirmé le soutien de son pays au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.

Réaffirmant ensuite l’attachement de la Sierra Leone au maintien de la paix, M. Koroma a rappelé qu’il s’était, en septembre 2015, engagé à ce que son pays fournisse deux unités de police formées de groupes d’intervention et de gardes de police dans le cadre de la Stratégie des Nations Unies pour l’aide à la Somalie.  Le Président a précisé que le déploiement de ces forces était imminent.  La Sierra Leone, qui assure la présidence du Groupe G7 des États fragiles (Groupe G7+), accorde aussi une attention particulière à l’objectif 16, « Paix, justice et institutions », a-t-il assuré.  De plus, son gouvernement a adopté les lois et mesures pertinentes visant à assurer l’autonomisation des femmes, améliorer la situation des jeunes et garantir aux personnes handicapées qu’elles ne seront pas marginalisées.  Soulignant à quel point l’épidémie d’Ebola avait mis en lumière le besoin crucial d’une architecture mondiale de santé plus robuste, M. Koroma a déclaré que son pays étudiait de près les 27 recommandations émises par le Groupe de haut niveau chargé d’évaluer la réponse mondiale aux crises sanitaires.

S’agissant des changements climatiques, le Président Koroma a rappelé que la Sierra Leone était le troisième plus vulnérable au monde à ce phénomène.  C’est la raison pour laquelle son gouvernement, en coopération avec des partenaires de développement, met en œuvre des projets d’adaptation, d’atténuation, notamment des systèmes d’alerte précoce.  Le Chef de l’État sierra-léonais a plaidé, avant de conclure, pour une réforme du Conseil de sécurité, notamment pour que l’Afrique puisse y occuper la place qu’elle mérite.

Pour Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, il ne fait pas de doute que les femmes devraient être pleinement associées aux efforts entrepris pour répondre aux problèmes les plus pressants du monde actuel, comme les changements climatiques et la lutte contre le terrorisme.  Le succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige également d’accorder une attention particulière aux femmes « qui sont souvent les plus affectées mais aussi les plus ignorées et délaissées ».  Pour illustrer son propos, elle a passé en revue un certain nombre d’objectifs de développement durable comme la lutte contre la pauvreté en rappelant que, selon un rapport d’ONU-Femmes, les femmes gagnent toujours en moyenne 24% de moins que les hommes et qu’il leur est plus difficile d’accéder aux crédits pour monter un projet.  De plus, il y a de fortes chances pour qu’elles reçoivent une part inférieure dans les héritages, et parfois rien lorsqu’elles quittent un mari violent.

La Présidente a ensuite fait remarquer que plus de la moitié du travail agricole dans le monde est accompli par des femmes, et lorsque la nourriture se fait rare, « les femmes sont les premières à en manquer », en partie parce qu’elles vont donner le peu qu’elles ont à leurs enfants.  Elle a ainsi plaidé en faveur de l’autonomisation des femmes pour leur permettre de devenir propriétaires de terres agricoles et leur garantir un accès au crédit.  L’éducation est un autre objectif de développement durable car, a-t-elle fait observer, les femmes et les filles restent à la traîne puisque sur les 750 millions d’analphabètes adultes dans le monde, plus des deux tiers sont des femmes.  Les filles, souvent, ne peuvent accéder à l’éducation en raison de mariages précoces, et elles sont encore souvent victimes de criminels spécialisés dans la traite de femmes.  Les extrémistes brûlent des écoles et tuent des enseignants sous prétexte qu’ils ne « veulent pas de filles éduquées capables de faire leurs propres choix ». 

« Il faut que cela change! » a martelé la Présidente lituanienne, pour qui l’éducation est « une voie clef pour leur offrir de nombreuses opportunités ».  Des femmes éduquées représentent une formidable ressource et un pouvoir pour le bien commun, a-t-elle soutenu.  C’est pourquoi, il faut leur assurer l’accès à l’éducation et leur permettre de choisir leur profession.  La Présidente de la Lituanie a ainsi appelé au courage et à la force des leaders de ce monde pour qu’ils s’engagent à encourager les femmes « à rêver grand » et à occuper la place qui leur revient dans les parlements, à la table de négociations, dans les laboratoires scientifiques et conseil d’administration.  Ils doivent faire en sorte que rien ne s’oppose à une éducation de qualité pour les filles et combattre les stéréotypes de genre et les pratiques traditionnelles violentes en se dotant de lois qui donnent les mêmes droits aux femmes et aux fillettes.  Pour Mme Grybauskaité, « nous n’avons pas le luxe d’échouer dans ce défi » et pour le relever il faut que tout le monde soit impliqué.  « Ce n’est que lorsque tous les membres de nos sociétés –hommes et femmes- seront pleinement représentés et engagés, qu’il sera possible d’assurer un avenir durable pour le monde », a-t-elle assuré avant de conclure.

M. SALVADOR SÁNCHEZ CERÉN, Président d’El Salvador, a rappelé que son pays avait été le premier au monde à signer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il y a un an. 

« Le Programme 2030 a été pour El Salvador un appui international à des processus déjà en cours de mise en œuvre dans le pays », a salué M. Sánchez Cerén, en précisant qu’El Salvador procédait actuellement à la création de sa propre agence nationale de développement durable.  Pour faire en sorte que la mise en œuvre du Programme 2030 implique des acteurs diversifiés, le Président d’El Salvador a indiqué que son pays était également sur le point de créer un conseil national pour le développement durable, qui servira de mécanisme conjoint entre le gouvernement et la société civile pour coordonner les efforts nationaux visant à atteindre les objectifs de développement durable.

Sur le plan du développement économique, M. Sánchez Cerén s’est dit optimiste que son pays pourrait dépasser le taux de 2,3% de croissance économique annuelle qu’il s’était fixé en 2016.

M. Sánchez Cerén a également mentionné les efforts nationaux importants visant à réduire toutes les formes de violence dans le pays, en particulier les activités des groupes criminels, la traite des êtres humains et le trafic d’armes et de drogue, « qui ont tant affecté notre pays ».  Il s’est dit conscient des raisons qui poussent les citoyens d’El Salvador à choisir la migration.  Pour gérer ce phénomène, El Salvador déploie des efforts importants dans le cadre de la coopération régionale.  M. Sánchez Cerén a aussi insisté sur la nécessité de respecter les droits de l’homme de ses citoyens migrants, en particulier dans les pays de transit et dans les pays d’accueil.  « Ériger des murs ne permettra pas de résoudre la situation », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, M. Sánchez Cerén a dit s’élever contre les tentatives visant à déstabiliser les gouvernements progressistes de la région.  « Ces pratiques portent non seulement un coup à l’état de droit, mais représentent également une violation grave de la démocratie, de la paix et du développement des États », a-t-il estimé.  Tout en condamnant ce type de mesures, le Président d’El Salvador a appelé la communauté internationale à rester vigilante face à de telles actions et à prendre les mesures qui s’imposent.  Sur ce point, il a exprimé sa solidarité envers le Président du Venezuela et s’est dit confiant que ce dernier parviendra à relever les défis auxquels son pays fait face par la voie du dialogue.

Tout en saluant les récentes avancées représentées par la reprise des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, le Président d’El Salvador a toutefois déclaré que cette mesure n’était pas suffisante et a appelé à mettre un terme à l’embargo économique à Cuba.

Par ailleurs, en tant que Président d’un pays qui a été le théâtre d’une guerre civile, interrompue par la signature d’un accord de paix en 1992, M. Sánchez Cerén a félicité la Colombie pour l’accord de paix historique qui a récemment mis fin à plusieurs décennies de guerre civile dans le pays.

M.HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a fait observer que lorsque les terribles attaques terroristes du 11 septembre avaient frappé New York, nul n’aurait imaginé que cela allait être suivi de catastrophes énormes et conduire à une guerre dévastatrice au Moyen-Orient et à une insécurité croissante dans le monde entier.  Aujourd’hui, l’une des questions les plus pressantes pour les instances internationales devrait être de comprendre pourquoi nous nous en trouvons là, et quelles sont les approches, politiques et actions erronées qui ont ouvert la voie à ce niveau d’insécurité.  La sécurité est devenue un problème véritablement international alors que les grandes puissances ne concentrent leurs efforts que sur des méthodes de répression et d’intervention militaire sous prétexte de créer un environnement plus sûr pour leurs citoyens.  La genèse de l’extrémisme violent au-delà des frontières pourrait être attribuée aux stratégies sécuritaires des grandes puissances au cours des 15 dernières années mais, a prévenu le Président iranien, le fait d’assurer la sécurité dans une région au prix de l’insécurité dans d’autres régions du monde est voué à l’échec.  M. Rouhani a dénoncé le recours à la religion pour justifier le terrorisme et la violence extrême.

Aujourd’hui, les discours de haine au Moyen-Orient et en Afrique du Nord se répandent à une vitesse surprenante, et la région subit des destructions de grande ampleur, a regretté le Président iranien.  En Syrie, en Iraq et au Yémen la violence, les souffrances et la terreur se poursuivent et les Palestiniens continuent d’être des victimes de politiques injustes et discriminatoires.  Pour que la région puisse inverser cette tendance dangereuse et s’engager sur la voie du développement et de la stabilité, il faut que certains pays cessent de bombarder leurs voisins et renoncent à financer certains groupes takfiris tout en acceptant leur responsabilité et en tirant les leçons du passé, a estimé M. Rouhani.  « Si le Gouvernement saoudien souhaite réellement mettre en œuvre sa vision du développement et de la sécurité régionale, il doit mettre un terme à ses politiques séparatistes, arrêter de répandre des idéologies haineuses et de bafouer les droits des pays voisins, accepter sa responsabilité pour la protection de la vie et de la dignité des pèlerins et établir des relations avec les pays de la région sur la base du respect mutuel et de la redevabilité », a insisté le Président iranien. 

« Nous ne pourrons pas combattre les réseaux terroristes et criminels sans véritables démocraties dans notre région et sans mettre en œuvre des approches participatives aux niveaux national et transnational ».  Pour M. Rouhani, les pays de la région peuvent construire un avenir commun en puisant dans leurs histoires et cultures communes et en isolant les groupes terroristes.  Il ne faut en aucun cas tolérer « qu’une région comme la nôtre court à nouveau le risque d’un démembrement comme celui que nous avons connu il y a près d’un siècle ».  L’Iran s’oppose à toute forme de sectarisme, a-t-il affirmé, en rappelant que le peuple musulman, qu’il soit shiite ou sunnite, a vécu ensemble en paix et en harmonie depuis des siècles.  Malgré les difficultés actuelles, il doit avoir confiance en l’avenir et en veut pour preuve l’expérience acquise par son pays avec le Groupe des 5+1 et le succès du plan d’action global commun (JCPOA) qui témoigne des succès possible si l’on fait preuve de modération et lorsqu’on favorise le dialogue.  Cet accord est à la fois politique et représente une démarche novatrice pour résoudre pacifiquement les crises et conflits dans le monde.  Pour le Président iranien, il ne faut jamais oublier que les pressions et les menaces « illégales » contre le peuple iranien ont toutes été vouées à l’échec.  Aujourd’hui, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Conseil de sécurité ont reconnu la nature pacifique du programme nucléaire iranien.  Pour M. Rouhani, les États-Unis sont pleinement conscients qu’il s’agit d’un accord multilatéral et que tout manquement de leur part à le respecter représenterait un acte international illicite auquel la communauté internationale objecterait. 

Huit mois après la levée des sanctions « cruelles », l’économie iranienne montre une nette amélioration avec un taux de croissance de plus de 4% et une baisse significative de son taux d’inflation, a souligné le Président Rouhani, en précisant que l’Iran avait pratiquement retrouvé son niveau de production et d’exportation pétrolière précédant la date des sanctions.  L’Iran est l’un des rares pays producteurs de pétrole à avoir été en mesure de faire face au choc pétrolier en 2014, a-t-il dit, en assurant que son taux de croissance devrait atteindre 5% en 2016..  Concluant sur une note positive, M. Rouhani s’est dit convaincu que la modération était le mot clef pour combattre l’extrémisme et faire triompher la paix.

M. HERY RAJAONARIMAMPIANINA, Président de Madagascar, a déclaré que pour réaliser les objectifs de développement durable, son pays s’appuie sur la promotion sociale, notamment au travers cette année d’une politique nationale qui s’est traduite par l’allocation de suppléments de revenu pour les ménages les plus pauvres.  En outre, a-t-il dit, la santé est primordiale pour son gouvernement, qui la considère comme la première garante de la productivité de la population.  C’est à cette fin que le projet de système de couverture santé universelle a été établi, a précisé le Président de Madagascar, qui a indiqué que le renforcement de la couverture vaccinale avait été rendu possible grâce à une loi ciblant les foyers les plus défavorisés.  Par ailleurs, dans le secteur de l’éducation, il a été possible de recruter et de former quelques dizaines de milliers d’instituteurs afin d’accroître le taux de scolarisation à travers tout le pays. 

Affirmant que la jeunesse, les femmes et les filles constituent pour Madagascar le pivot de toutes les politiques publiques et actions pour le développement, le Président en a voulu pour preuve la réforme du Code de la nationalité, qui permet aux enfants nés d’une mère « Malagasy » et d’un père étranger d’acquérir la nationalité malgache.  « De même, la ratification de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées nous a aussi permis d’améliorer la protection des personnes en situation de handicap au travers de politiques inclusives », a poursuivi le Chef de l’État malgache.

Après avoir fait état de projets de modernisation de l’agriculture et de lutte contre l’insécurité alimentaire, notamment dans le sud de l’île, M. Rajaonarimampianina a affirmé que Madagascar accueillait le Centre régional de fusion de l’information maritime, dont le rôle est de lutter contre la piraterie, le terrorisme, les trafics divers et le pillage des ressources naturelles.  Il a ensuite annoncé que son pays invitera, à Paris en décembre prochain, des partenaires et des investisseurs étrangers à participer à une conférence des bailleurs de fonds pour mobiliser les ressources nécessaires à son programme de développement.

Le Président malgache s’est, avant de conclure, félicité de la reprise, à Paris le 17 juin dernier, des négociations relatives aux îles malagasy Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India dans le canal de Mozambique, sous l’impulsion des autorités françaises.  Il a souhaité que ces discussions se déroulent dans le respect des dispositions de la Déclaration de Manille sur le règlement des différends internationaux, et conformément à la résolution 37/10 de l’Assemblée générale des Nations Unies. 

M. TANETI MAAMAU, Président de la République de Kiribati, a déclaré que la question des changements climatiques était un défi mondial qui requiert des transformations à l’échelle mondiale.  « Le futur des plus vulnérables, tels que mon peuple et mon pays, est en jeu », a-t-il insisté, tout en appelant à un changement de mentalité, de paradigme de développement et de principes économiques.

Chaque année, a rappelé M. Maamau, son pays lance à l’Assemblée générale de l’ONU « un appel à l’aide pour mettre fin au réchauffement climatique » et aider les États les plus vulnérables à s’adapter à ses conséquences.  « Il est pénible de constater que notre peuple continue de faire face à La menace de la montée du niveau des mers, aux tempêtes et aux catastrophes naturelles telles que le cyclone Pam et le cyclone Winston, contre leurs maisons, leurs parcelles agricoles et leurs moyens de subsistance », a-t-il déploré.  La fréquence croissante de ces incidents, a-t-il dit, exacerbe leurs effets sur la population.  Il a ajouté que, dans certaines parties du pays, des villages entiers ont dû être déplacés en raison de la sévérité de l’érosion côtière et des inondations, sans parler de la destruction des cultures et de la contamination des sources d’eau potable par l’eau de mer.

Par ailleurs, le Président de Kiribati a indiqué que l’apparition du phénomène climatique La Niña augurait d’une période de sécheresse pour son pays, dont les effets risquent de se faire sentir en matière d’éducation, de santé et d’hygiène publique.  C’est pourquoi, il a appelé les Nations Unies à aider son pays à faire face à ce danger imminent, danger qui exige, selon lui, une ratification rapide de l’Accord de Paris sur le climat. 

À cet égard, M. Maamau a indiqué qu’il avait déposé, la veille, l’instrument de ratification de l’Accord.  Il a appelé « les grands frères de notre famille », y compris la Chine et les États-Unis, à s’engager dans cette lutte, notamment pour venir en aide aux pays insulaires et archipellagiques de faible altitude, comme le sien.

S’agissant des objectifs de développement durable, M. Maamau a particulièrement insisté sur le transfert des ressources technologiques des pays les plus riches vers les pays les moins avancés pour permettre à ces derniers d’atteindre le développement durable.  Notant par ailleurs la contribution de la République de Chine de Taiwan pour atteindre le développement durable, le Président de Kiribati a appelé à mieux inclure l’île dans le système international.  Avant de conclure, M. Maamau a voulu savoir comment rompre les barrières entre les peuples.  « La réponse est simple », a-t-il dit, « c’est notre cœur et notre amour ».  L’amour a, selon lui, été l’ingrédient manquant aux diverses recettes pour la paix mondiale.  C’est dans cet objectif que les Nations Unies doivent « ouvrir notre cœur et partager notre amour les uns avec les autres », a-t-il dit.

M. PATRICE ATHANASE GUILLAUME TALON, Président du Bénin, a reconnu que le monde, ouvert tel qu’il l’est aujourd’hui,  subira plus que jamais les conséquences de la pauvreté, notamment les mouvements migratoires incontrôlables et déstabilisants si rien n’est fait.  La pauvreté de masse est désormais une menace majeure pour l’humanité, ce qui l’a amené à « interpeler les pays les plus développés et les institutions du financement du développement » pour la mise en œuvre d’une action collective volontariste à même d’éradiquer la pauvreté qui marginalise dangereusement la plupart des pays d’Afrique.  La communauté internationale est capable de le faire, comme les récents exemples de la Grèce et de l’Ukraine où il a été possible d’éviter l’effondrement, l’ont prouvé, a estimé le Président Talon.  Il faudra la même volonté, mais pas nécessairement plus de moyens, a-t-il dit, pour éradiquer efficacement la pauvreté en Afrique.

Les pays d’Afrique devront « bien entendu » prendre leur part de responsabilité en œuvrant davantage pour la stabilité politique et surtout pour la bonne gouvernance, a reconnu le Président du Bénin.  Son pays, le Bénin, s’est d’ores et déjà engagé dans cette dynamique et a entrepris les réformes politiques, administrative et de bonne gouvernance.  À cela s’ajoutent sa stabilité politique de près d’un demi-siècle et la maturité de sa démocratie: toutes choses qui rendent le Bénin apte à réaliser les objectifs de développement durable pour peu qu’il bénéficie des appuis adéquats, a fait valoir le Président béninois.  En outre, son pays est déterminé à contribuer à la mise en œuvre des décisions contenues dans l’Accord de Paris sur le climat qu’il a déjà signé et dont le processus de ratification est en cours.

M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a invité tous les pays développés à respecter l’intégralité de leurs engagements vis-à-vis des pays en développement, dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable et du financement du développement.  M. Ouattara a indiqué que, pour sa part, la Côte d’Ivoire entendait mobiliser les moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs, notamment à travers son Programme national de développement 2016-2020.  Il s’est également félicité du fait que la bonne situation économique de son pays lui ait d’ores et déjà permis d’améliorer tous ses indicateurs sociaux et d’amorcer un processus de réduction de la pauvreté.

Le Président de la Côte d’Ivoire a par ailleurs insisté sur la nécessité de mettre fin aux nombreux conflits en cours, en particulier en Syrie, au Moyen-Orient, au Soudan du Sud et au Mali.  Il a toutefois constaté que le Conseil de sécurité, dans sa configuration et son fonctionnement actuels, ne sera pas en mesure d’y parvenir.  C’est pourquoi, il a appelé à une réforme globale du Conseil qui permettrait de renforcer sa légitimité.  Par ailleurs, M. Ouattara a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour lutter contre le terrorisme.  « Si rien n’est fait collectivement pour supporter le coût de la sécurité de tous, nos pays en développement investiront dans leur sécurité nationale les ressources qui manqueront demain aux investissements sociaux prioritaires », a-t-il mis en garde.

Concernant la situation politique de la Côte d’Ivoire, M. Ouattara a rappelé que le pays avait organisé, « avec succès », l’élection présidentielle d’octobre 2015, qui a permis, selon lui, de « sceller le retour à la paix et à la stabilité ».  Il a également indiqué que la Côte d’Ivoire allait, dans les prochains mois, élire un nouveau parlement et se prononcer sur le projet d’une nouvelle constitution.  « Au regard des progrès satisfaisants réalisés ces dernières années dans le pays, le Conseil de sécurité a levé, en avril 2016, le régime des sanctions qui pesait sur la Côte d’Ivoire depuis 2014 », a-t-il salué, en ajoutant que l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) achèvera son mandat en juin 2017, après 12 années de présence continue.  « Le Gouvernement ivoirien est particulièrement fier de cette évolution, qui apparaît désormais dans l’histoire des opérations de maintien de la paix comme une véritable « success story », s’est félicité M. Ouattara, tout en appelant les États Membres à appuyer la candidature de la Côte d’Ivoire à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a affirmé que son pays demeurait attaché aux accords conclus avec Israël depuis 1993, mais que l’État hébreu devrait en faire de même et agir rapidement pour répondre aux questions relatives au statut final.  « Il doit cesser toutes les activités de peuplement et les agressions contre nos villes, villages et camps de réfugiés.  Il doit mettre fin à ses politiques de punition collective et de démolition des foyers palestiniens.  Il doit cesser ses exécutions extrajudiciaires et mettre fin aux arrestations de notre peuple, et remettre en liberté des milliers de prisonniers.  Il doit cesser ses provocations et agressions aux abords de la mosquée Al-Aqsa », a-t-il déclaré.  Comment un pays responsable de tels actes peut-il rechercher la paix? s’est demandé M. Abbas.  Il a assuré que jamais l’Autorité palestinienne n’accepterait la situation actuelle, en expliquant qu’elle continuerait de plaider auprès du Conseil de sécurité pour la mise aux voix d’une résolution sur les colonies de peuplement et la « terreur répandue par les colons », en consultation avec les pays arabes et autres.  Le Président Abbas a espéré qu’aucun membre n’exercerait son droit de veto.

Il a ensuite accusé Israël de continuer à fuir la perspective d’une conférence internationale pour la paix, une proposition de la France qui avait reçu l’assentiment d’une majorité d’États Membres.  M. Abbas a souhaité qu’une telle conférence débouche sur l’établissement d’un mécanisme et d’un calendrier destinés à arrêter la fin de l’occupation, conformément aux résolutions pertinentes, au principe de « la terre contre la paix » et de l’Initiative de paix arabe.  Il a demandé la tenue d’une telle conférence avant la fin de l’année.

Le dirigeant palestinien s’est ensuite offusqué des critiques faites par le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, lors du Sommet de la Ligue des États arabes à Nouakchott en juillet 2016, sous prétexte que sa délégation y avait fait référence à la Déclaration Balfour.  Il a estimé qu’il était temps pour Israël de reconnaître l’existence de l’État de Palestine et mettre fin à l’occupation de son territoire.  « Il n’y a pas de conflit entre nous et la religion et le peuple juif.  Notre conflit porte sur l’occupation de nos terres par les Israéliens.  Nous respectons la religion juive et condamnons la catastrophe qui s’est abattue sur le peuple juif en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, que nous considérons comme l’un des crimes les plus haineux perpétrés contre l’humanité », a ajouté M. Abbas.  La réalisation de la réconciliation historique entre les peuples palestinien et israélien exige qu’Israël reconnaisse sa responsabilité dans la Nakba, a-t-il précisé.  « Cela ouvrirait une nouvelle ère dans notre coexistence et permettrait de dresser des passerelles entre nous plutôt que des murs », a-t-il lancé, en regrettant cependant qu’Israël choisirait dans l’Initiative de paix arabe uniquement « ce qui lui convient ».

Après avoir demandé au Royaume-Uni de présenter ses excuses pour les conséquences de la Déclaration Balfour, 100 ans après sa publication, le Président de l’Autorité palestinienne a rappelé qu’il n’existait aucun moyen de défaire le terrorisme et l’extrémisme dans le monde tant que la sécurité et la stabilité ne seront pas rétablies au Moyen-Orient et que l’occupation israélienne de la Palestine n’aura pas pris fin.  Il a assuré que, de son côté, l’Autorité palestinienne s’efforce de poursuivre la réconciliation entre les différentes factions palestiniennes en vue de former un gouvernement d’unité nationale et de tenir des élections présidentielle et législatives.  Mais, a-t-il dit, il subsiste une question: existe-t-il en Israël un leadership qui désire faire la paix et renoncer à cette « mentalité hégémonique et expansionniste » aujourd’hui à l’œuvre?  Avant de conclure, M. Abbas a appelé l’Assemblée générale à proclamer 2017 « Année internationale pour mettre fin à l’occupation israélienne », alors que le mois de juin prochain marquera les 50 ans de cette occupation.  Il a également appelé les États Membres à permettre à la Palestine de présenter et de se porter coauteur de résolutions visant à soutenir les efforts pour renforcer le statut juridique et politique de la Palestine, notamment en lui reconnaissant la possibilité de présider des comités et groupes internationaux.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de Norvège, a appelé la communauté internationale à ne pas laisser la peur guider ses actions, à ne pas revenir à un monde dominé par le jeu à somme nulle, les intérêts nationaux étriqués et le protectionnisme.  Au contraire, la communauté internationale doit se rallier à une force renouvelée au multilatéralisme, a-t-elle affirmé, en ajoutant que la Norvège travaillera dur pour promouvoir le respect du droit international et trouver des solutions communes.  Elle a également regretté qu’en Europe, continent qui jouit d’une ère de paix, de démocratie et de commerce mais confronté à une situation complexe en matière de sécurité, certains États avaient choisi de ne pas respecter le droit international et de simplement rechercher leur intérêt national aux dépens des autres.  Alors que les souffrances au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord sont la cause de souffrances humaines de grande ampleur, la réponse ne peut être l’isolement, a répété Mme Solberg.

Le situation en Syrie n’est pas tolérable, a ensuite rappelé le Premier Ministre, avant de faire remarquer que le monde attendait du Conseil de sécurité, comme du Groupe international de soutien pour la Syrie, qu’ils produisent des résultats.  La Syrie n’est pas le seul dossier dont il faut s’occuper, a poursuivi Mme Solberg, qui a demandé au Président Abbas de Palestine et au Premier Ministre Netanyahu d’Israël de mettre en œuvre les recommandations du Quatuor afin d’éliminer les menaces imminentes qui se posent à la solution des deux États.  Elle a par ailleurs annoncé que la Norvège continuera de fournir un niveau record d’assistance humanitaire, que ce soit en Syrie, au Soudan du Sud ou ailleurs.

Mme Solberg a en outre plaidé pour un renforcement des capacités des Nations Unies en matière de consolidation de la paix, pour une coopération avec la société civile, les femmes, les jeunes et les dignitaires religieux afin de combattre le terrorisme, pour la promotion du rôle des femmes dans la paix  et la sécurité, pour une politique de tolérance zéro face aux abus sexuels et pour que les Casques bleus soient dotés des moyens dont ils ont besoin pour accomplir leur mission.   Elle s’est félicitée de certains résultats obtenus et, notamment, de l’Accord de paix en Colombie, en rappelant que la Norvège était fière d’avoir contribué à faciliter le processus de paix aux côtés de Cuba.  Son pays, a-t-elle assuré, poursuivra son soutien, diplomatique et pratique, au processus.  Le Premier Ministre a également insisté sur le renforcement du pilier « droits de l’homme » des Nations Unies et a plaidé pour la promotion des droits des femmes, des minorités, des membres des communautés marginalisées, ainsi que pour la protection des défenseurs des droits de l’homme.  L’éducation des filles et la santé, notamment le renforcement de la préparation aux risques d’épidémie, est une priorité pour la Norvège, a souligné Mme Soldberg.  Elle est revenue sur le risque que représente pour les générations futures la résistance croissante aux médicaments antimicrobiens.

Par ailleurs Mme Solberg a insisté sur l’importance de l’Accord de Paris sur le climat avant de mettre en avant le rôle croissant que joueront les océans dans l’économie mondiale et dans l’alimentation, en plaidant pour une aquaculture plus durable.  Notant en outre le potentiel des océans comme source d’énergie, elle a estimé que nous n’en étions qu’aux prémices de « l’économie bleue ».

Enfin, Mme Solberg a rappelé que la coopération internationale était essentielle pour traiter des grands défis planétaires et a annoncé que son pays avait, ce matin même, présenté avec la Colombie, le Ghana, l’Éthiopie, la Jordanie, l’Indonésie et le Mexique cinq recommandations destinées au futur secrétaire général aux fins de promouvoir une organisation des Nations Unies crédible et indépendante, capable de jouer un rôle moteur.

« Ce que je vais vous dire va sans doute vous choquer: Israël a devant lui un avenir brillant aux Nations Unies », a déclaré d’emblée M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, tout en reconnaissant que cette affirmation a de quoi surprendre, dans la mesure où, d’année en année, il n’a eu de cesse de dénoncer l’Organisation pour sa « partialité à l’encontre d’Israël ». 

Pour illustrer cette « partialité », M. Netanyahu a notamment mentionné les nombreuses résolutions votées chaque année par l’Assemblée générale contre son pays, les condamnations régulièrement prononcées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU « contre Israël plus que contre n’importe quel autre pays au monde » et la décision de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), en 2016, de « nier le lien millénaire qui existe entre le peuple juif et le mont du Temple ».

« De force morale, les Nations Unies sont passées à une farce morale », a déploré le Premier Ministre israélien, avant d’ajouter: « Mais tout va changer, et bien plus tôt que vous ne le pensez ».  Ce changement, a-t-il affirmé, interviendra ici-même, dans l’enceinte de l’Assemblée générale, à mesure que les gouvernements du monde changent d’attitude vis-à-vis d’Israël.  Il a souligné que, d’ores et déjà, de nombreux pays considèrent Israël comme un « partenaire puissant » sur le plan économique et dans la lutte contre le terrorisme, notamment du fait de l’efficacité de ses agences et services de renseignement.  M. Netanyahu a également indiqué que son pays disposait d’un important savoir-faire dans les domaines de la santé et du recyclage des eaux usées.  « Israël est une puissance mondiale de l’eau », a-t-il affirmé.  Son pays, qui attire à l’heure actuelle près de 20% des investissements mondiaux dans la cybersécurité, est également une « cyberpuissance », a-t-il assuré.

« Je vais vous surprendre davantage: ce changement intervient également dans le monde arabe », a fait remarquer le Premier Ministre israélien, en affirmant que, pour la première fois, les autres États de la région reconnaissent « qu’Israël n’est pas l’ennemi mais un allié » face, notamment, à l’Iran et à Daech.  Il a ainsi déclaré que les relations diplomatiques d’Israël sont en train de « connaître une révolution ».  Parallèlement à ce changement, il a toutefois rappelé que l’alliance la plus « précieuse » de son pays demeurait celle qu’il entretient avec les États-Unis.  Ce pays est « le plus puissant et le plus généreux qui soit », a-t-il soutenu, sous des applaudissements dans l’enceinte de l’Assemblée. 

« Mesdames et Messieurs, déposez les armes, la guerre contre Israël aux Nations Unies est terminée! » a demandé M. Netanyahu, tout en précisant qu’il ne laisserait jamais l’ONU dicter à son pays ses intérêts en matière de sécurité.  Le Premier Ministre israélien s’est dit à ce point convaincu du changement des relations entre l’Organisation et Israël qu’il ne serait pas surpris si, dans une dizaine d’années, un premier ministre israélien louait les Nations Unies du haut du podium de l’Assemblée générale.  « Mais pourquoi attendre une décennie? » s’est-il interrogé, en notant que le fait de « diaboliser » Israël ne contribuait pas à améliorer la situation dans la région.

Faisant référence à la déclaration faite, quelques instants plus tôt, par le Président de la Palestine, M. Mahmoud Abbas, le Premier Ministre israélien a reproché à son homologue de s’en être pris à la Déclaration Balfour de 1917.  « Nous avons là quelqu’un de coincé dans le passé », a-t-il déclaré, avant de faire observer que si le dirigeant palestinien s’est attaqué à cette Déclaration, « c’est parce qu’elle reconnaît le droit du peuple juif à sa propre terre ».  Il a affirmé que les Palestiniens persistent à refuser de reconnaître le droit à un État juif, quelles que soient ses frontières.  « Le conflit perdure car ce que les Palestiniens veulent, c’est Haïfa, Jaffa et Tel Aviv », a-t-il insisté, avant d’annoncer qu’il était prêt à négocier sur tout, « sauf sur notre droit à un État juif ».  Lorsque les Palestiniens accepteront enfin l’idée d’un État juif, a-t-il dit, il sera temps de mettre un terme à cette « tragédie ».

M. Netanyahu a par ailleurs déclaré que, non seulement les dirigeants palestiniens sont coincés dans le passé, mais ils entravent également l’avenir de leur population en faisant l’apologie du terrorisme et en « procédant à un lavage de cerveau des enfants » pour leur inculquer une culture de la haine.  « En Israël, nous ne faisons pas ça.  Nous éduquons nos enfants dans une culture de paix », a-t-il affirmé, tout en soulignant qu’il s’opposait à l’idéologie de certains extrémistes juifs, comme ceux qui ont perpétré un incendie criminel l’an dernier dans un village en Cisjordanie.  « Les dirigeants palestiniens rémunèrent les terroristes alors que les dirigeants israéliens jettent les terroristes juifs en prison », a-t-il soutenu.

Par ailleurs, le Premier Ministre d’Israël a indiqué qu’il n’avait pas renoncé à la paix et qu’il avait appelé les dirigeants palestiniens à entretenir un dialogue direct avec Israël.  « Président Abbas, au lieu de parler ici du peuple israélien, je vous invite à venir parler au peuple israélien à la Knesset, et je viendrai volontiers m’adresser aux Palestiniens devant le Parlement à Ramallah », a-t-il proposé.

Les principales victimes du terrorisme sont des « musulmans innocents », a tenu à rappeler M. Netanyahu.  Pour vaincre l’extrémisme violent, il a appelé à lutter « à la fois dans le monde réel et virtuel ».  Il a indiqué qu’Israël combattait chaque jour les actes des extrémistes, qu’il s’agisse du Hezbollah libanais ou du Hamas, dont il a dénoncé « l’indécence et la barbarie ».

La menace la plus importante pour la paix mondiale, a toutefois estimé M. Netanyahu, demeure le régime iranien.  Il a souligné que, malgré la signature d’un accord sur le programme nucléaire iranien, l’Iran a procédé à des tirs de missiles balistiques cette année et consolide chaque jour son « réseau terroriste ».  « Israël ne permettra pas au régime terroriste iranien de développer l’arme nucléaire, ni aujourd’hui, ni dans 10 ans, ni jamais », a-t-il martelé, en provoquant une salve d’applaudissements dans la salle  de l’Assemblée.

Le Premier Ministre d’Israël s’est enfin dit confiant que son pays continuerait à forger, dans les années à venir, une paix durable avec tous les pays voisins.

M. SERGE TELLE, Chef du Gouvernement de Monaco, a rappelé que les malheurs du monde actuel, meurtri par la faim et la maladie, déchiré par la violence, endeuillé par le terrorisme, menacé par le réchauffement climatique, fragilisé par les atteintes à la biodiversité, ébranlé par des périls nouveaux comme l’acidification des océans ou la fonte du permafrost (pergélisol), qui voit ses terres agricoles raréfiées ou englouties par la montée des eaux et ses villes écrasées par les bombes, avaient un seul responsable: l’homme.  Les dirigeants des nations présentes en cette enceinte ont la responsabilité de trouver des solutions car l’ONU est le seul lieu où les intérêts contradictoires peuvent se rencontrer pacifiquement dans un esprit de progrès, a poursuivi M. Telle, qui a rendu hommage au Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, pour avoir été « à la pointe des combats de notre temps ».  

M. Telle s’est ensuite concentré sur trois points.  Le premier est le sort des réfugiés et migrants, qui a amené le Chef du Gouvernement de Monaco à rappeler l’attachement de son pays à la Méditerranée, « à la fois lien et frontière entre tant d’univers », qui doit « aider à comprendre que les drames qui se jouent sur ses rivages ne sont pas ceux de mondes qui s’affrontent, mais ceux d’un même monde, le nôtre ».  Quelle que soit notre situation matérielle, quel que soit le lieu où nous habitons, nous ne pourrons échapper aux malheurs de la Terre et des hommes, a encore déclaré M. Telle, qui a cité John Donne: «  Ne nous demandons pas pour qui sonne le glas, c’est toujours pour nous qu’il résonne ».  Il s’est en outre félicité de l’adoption de la Déclaration de New York sur les déplacements massifs de réfugiés et de migrants, en estimant qu’elle « rappelle les principes au nom desquels nous devons agir et les obligations juridiques et morales auxquelles nous devons tous souscrire ». 

Rappelant que, selon l’ONU, le monde pourrait en 2050 compter 250 millions de réfugiés climatiques, M. Telle s’est ensuite attaché aux questions environnementales.  Elles passent d’abord par la préservation du climat, a-t-il ajouté.  À cet égard, il a annoncé que Monaco deviendrait partie à l’Accord de Paris avant la fin de l’année et s’était engagé à réduire d’ici à 2050 ses émissions de gaz à effet de serre de 50% de leur niveau de 1990.  Le coût de cette transition énergétique, certes réel, est toutefois peu de chose au regard des conséquences de l’inaction, a affirmé M. Telle, qui a rappelé le soutien de Monaco au Fonds vert pour le climat. 

M. Telle s’est particulièrement inquiété de l’avenir des océans, en rappelant que l’intérêt très ancien de Monaco pour ce sujet l’avait amené à accueillir dès 2009 la « Déclaration de Monaco » dans laquelle 150 scientifiques internationaux alertaient sur l’acidification des océans, et à plaider pour l’intégration d’un objectif de développement durable dédié aux océans dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Appelant à un véritable changement de civilisation et à admettre qu’on ne pourra construire un avenir pour l’humanité qu’en protégeant la nature et en acceptant ses règles, M. Telle s’est inquiété d’un rapport de l’UNESCO selon lequel 40% des enfants de 15 ans n’avaient aujourd’hui que des connaissances élémentaires sur les problématiques environnementales.  Cela a mené M. Telle à insister sur l’importance de l’éducation, en particulier celle des filles, en précisant que « c’est par les femmes que progressent les valeurs de tolérance et de respect ».  Il a également réitéré le soutien de Monaco aux résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.

M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a exhorté la communauté internationale à aider le Liban à élire un président de la République afin de préserver l’équilibre des institutions libanaises et protéger ainsi un modèle unique de pluralité au Levant.  Le Liban est sans président depuis deux ans et demi, a-t-il rappelé.  À ce jour, son pays accueille 1,5 million de réfugiés syriens, ce qui représente un tiers de sa population, a fait remarquer le Président du Conseil des ministres libanais, en prévenant que le Liban ne pourra plus accepter de réfugiés sur son territoire.  C’est pourquoi, il a demandé aux Nations Unies de développer une vision globale pour réinstaller les réfugiés syriens présents au Liban dans des zones sûres à l’intérieur de la Syrie.  Il a tenu à préciser que le territoire libanais n’était pas une terre d’asile permanente mais le pays des Libanais.  

« Dix ans après l’adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, le Liban exhorte la communauté internationale à demander à Israël de mettre fin à ses violations de la souveraineté libanaise, de coopérer avec la FINUL pour la délimitation de ce qui reste de la Ligne bleue et de se retirer de la partie nord du village de Al Ghajar, des fermes de Chebaa et des collines de Kfarshuba », a déclaré M. Salam.  Le Président libanais a aussi rappelé qu’il avait demandé au Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, lors de sa visite à Beyrouth au mois de mars dernier, de permettre aux Nations Unies de jouer un rôle de bons offices pour régler la question de la délimitation maritime de la zone économique exclusive entre le Liban et Israël.  Il a aussi condamné l’occupation palestinienne et le blocus de Gaza et demandé de tenir Israël juridiquement responsable pour les crimes de guerre qu’il a commis.   Il a appelé à une solution durable au conflit israélo-palestinien s’appuyant sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, la Déclaration de principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe. 

La communauté internationale, a-t-il insisté, ne doit épargner aucun effort pour restaurer la sécurité au Moyen-Orient où des villes sont en train d’être rasées.  Le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme, a-t-il estimé, est de permettre aux peuples de vivre dignement et en toute liberté et de trouver une solution juste pour le peuple palestinien.  Avant de conclure, il a souligné l’importance d’établir des relations pacifiques entre les pays de la région sur la base du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures.    

M. HAIDER AL ABADI, Premier Ministre de l’Iraq, a déclaré que 2016 était l’année de la libération et de la victoire pour l’Iraq.  Le Gouvernement a lancé l’opération de libération de Ninive, la dernière province qui est restée sous la férule de Daech, à partir de laquelle la libération du pays sera complète avant la fin de l’année.  Notre objectif fondamental est de libérer notre peuple de la main de Daech et de sauver les civils de cette organisation, a-t-il assuré.  Le Gouvernement iraquien a commencé la mise en œuvre des programmes de prise en charge des personnes déplacées, un programme intégré de stabilisation et les services de base comme l’eau, l’électricité, les écoles et les hôpitaux, a indiqué le Premier Ministre.  La communauté internationale, a-t-il voulu, doit maintenir son appui pour le retour et l’hébergement des personnes déplacées avec la prochaine bataille pour libérer Ninive et l'augmentation anticipée des personnes déplacées.

En ce qui concerne les réformes économiques et financières, le Gouvernement iraquien a mis en œuvre son programme ambitieux visant à réduire les dépenses malgré les défis et les nécessités de dépenses pour soutenir la guerre contre le terrorisme, a assuré M. Al Abadi.  Le Gouvernement a également commencé à restructurer de nombreuses institutions et à donner la priorité aux services de base pour les citoyens, simplifier les procédures, atténuer et enlever les obstacles aux investissements.  Il a aussi renforcé le partenariat avec le secteur privé.  En outre,  le Gouvernement iraquien a signé un mémorandum de compréhension avec le Programme des Nations Unies pour le développement pour que l’Iraq profite de l’expertise internationale afin de renforcer les capacités de lutte contre la corruption.  Des étapes concrètes  ont été franchies dans cette direction au cours de ces dernières semaines.

L’Iraq rencontre deux facteurs externes qui affectent sa stabilité et la croissance économique et sociale: la baisse des prix du pétrole qui a provoqué une perte de plus de 70% des revenus dans un contexte d’augmentation des dépenses militaires à cause de la guerre contre le terrorisme et les fardeaux sécuritaires pour libérer l’Iraq du terrorisme, a rappelé M. Al Abadi.  Avant de terminer, il a appelé la communauté internationale à maintenir et respecter la souveraineté de l’Iraq et demandé à la Turquie de retirer ses forces du territoire iraquien où la présence de ces forces est non seulement rejetée par les Iraquiens, mais elle entrave également les efforts du Gouvernement pour libérer Ninive-Mossoul.

M. BERT KOENDERS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a indiqué qu’il avait été interpelé récemment par un jeune concitoyen qui lui a demandé s’il croyait toujours en l’ONU.  L’ONU n’a pas d’autre choix que de jouer un rôle majeur pour trouver des solutions, maintenant et dans l’avenir, a expliqué M. Koenders.  Il a ajouté que « l’ONU était la meilleure organisation mondiale imparfaite ».  L’ONU demeure la plateforme où les objectifs et ambitions internationaux sont établis et où nous pouvons prendre des décisions sur des nouveaux défis mondiaux, a-t-il expliqué.  M. Koenders a souligné que l’étape de la mise en œuvre était nécessaire afin de réaliser les objectifs de développement adoptés.  Il est important de s’engager dans la mise en œuvre des recommandations, a souligné le Ministre en ajoutant que cette option devrait être la priorité majeure des États Membres et du nouveau secrétaire général de l’ONU.  Il a déclaré que ce dernier devrait être un « bâtisseur général » œuvrant sur la base de la vision mondiale de coopération du XXIe siècle.  Il a précisé que le Secrétaire général ne pouvait tout faire seul, et que les États Membres devaient également prendre leur responsabilité.  Il les a même invités à « déclarer un moratoire » sur les nouvelles résolutions et engagements de l’Organisation, en attendant que les précédents soient mis en œuvre.

Le Ministre a ensuite relevé que le Conseil de sécurité, établi en 1945, devrait faire l’objet d’une réforme.  Il a rappelé que les Pays-Bas avaient demandé un siège au sein de cet organe en faveur de l’Union européenne.  Il a déploré que l’usage du droit de veto continue de bloquer des décisions urgentes, notamment en cas d’atrocités de masse.  Il a souhaité que les membres du Conseil de sécurité soient tenus responsables des blocages qu’ils imposent contre des décisions ciblant des violations flagrantes du droit international humanitaire.  Il a souligné que l’un des sujets de préoccupation des Pays-Bas, et que le Conseil de sécurité examine régulièrement, est celui de la protection des civils, notamment les implications de paix et de sécurité relatives aux changements climatiques.  Ce sujet est de la plus grande importance pour son pays qui est situé en dessous du niveau de la mer, a-t-il expliqué.

M. Koenders a en outre appelé à un meilleur suivi du cessez-le-feu en Syrie, en souhaitant que les violations qui seraient identifiées soient portées à l’attention du Conseil de sécurité.  Quelles sont la valeur et la crédibilité de l’ONU si nous parlons de responsabilité de protéger sans être capables de résoudre le conflit syrien? a encore demandé le Ministre qui a aussi voulu savoir s’il est possible que l’ONU ne peut même pas répondre à l’appel lancé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme en faveur d’une enquête indépendante sur les violations sérieuses des droits de l’homme au Yémen.  Il a terminé en affirmant, en réponse à la question de son jeune concitoyen, qu’il croit toujours en l’ONU, mais seulement si nous faisons montre de détermination et de l’engagement que mentionne la Charte des Nations Unies.

MGR PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a rappelé que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 reposait sur l’idée que les fruits de la richesse tirés de taux de croissance économique ambitieux doivent être durablement et équitablement partagés.  Sans une situation financière stable et des investissements pérennes, a-t-il ajouté, il ne sera pas possible d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Citant le pape François, il a estimé que régler la « dette écologique » entre le Nord et le Sud supposait de prendre soin de l’environnement des pays les plus pauvres et de leur allouer les ressources nécessaires pour répondre aux défis que posent les changements climatiques et le développement durable.  Le Cardinal Parolin a également souligné que le développement ne saurait être imposé aux femmes et aux hommes, ces derniers, à l’inverse, devant être les principaux agents de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le développement humain intégral cher au pape François a pour principaux piliers le droit à la vie, le respect de la vie sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, ainsi que la promotion du dialogue, a poursuivi le Cardinal Parolin.  Il a ainsi plaidé pour des négociations accrues afin de parvenir à une sortie de crise au Moyen-Orient, au Soudan du Sud, dans la région des Grands Lacs et dans l’est de l’Ukraine.  Évoquant l’Accord de paix « historique » entre le Gouvernement colombien et les FARC, qui sera signé officiellement le 26 septembre à Carthagène, il s’est dit convaincu que le dialogue et la médiation étaient les meilleurs instruments dont dispose la communauté internationale pour résoudre les conflits.  Depuis le début du conflit en Syrie, le Saint-Siège appelle à la fin des violences et au dialogue entre toutes les parties, a-t-il encore souligné.  Enfin, pour Mgr Parolin, l’Accord global entre le Saint-Siège et l’État palestinien, signé le 26 juin 2015 au Vatican, peut contribuer à la relance des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens, le document réaffirmant en effet le soutien de l’Église à une solution négociée et pacifique au conflit israélo-arabe.

M. ROSEN PLEVNELIEV, Président de la Bulgarie, a jugé fondamental une pleine mise en œuvre des objectifs de développement durable pour faire du monde un lieu dans lequel il fait bon vivre.  Mais en attendant, le monde affronte la pire situation sécuritaire depuis la Seconde Guerre mondiale avec des zones de guerre d’où sont lancées des attaques terroristes dans le monde entier, a-t-il déploré.  La Bulgarie doit, comme d’autres, faire face à des défis sans précédent du fait des déplacements massifs, a poursuivi le Président, pour qui l’objectif de chacun devrait être la protection des migrants et des réfugiés, et notamment des plus vulnérables d’entre eux.  M. Plevneviev a notamment mis l’accent sur les droits des enfants déplacés, appelant à les considérer comme des enfants avant de les traiter comme des réfugiés ou des migrants.  Ces migrants et réfugiés doivent, pour leur part, respecter les lois des pays de transit ou d’accueil.  La Bulgarie s’est engagée en faveur du règlement de conflits prolongés, a expliqué M. Plevneviev, qui a insisté sur son expertise des Balkans occidentaux pour préparer l’intégration de ces derniers à l’Union européenne.  Il a en outre appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits, comme en Syrie.

La Bulgarie ne veut pas revenir à l’époque où les grandes puissances se partageaient la gestion du monde, a prévenu le Président, qui a dénoncé toute tentative visant à déstabiliser l’Ukraine ou porter atteinte à son intégrité territoriale.  La Bulgarie rejette ainsi l’annexion illégale de la Crimée par la Russie.  M. Plevneviev a par ailleurs rappelé que son pays continuait à contribuer au relèvement de l’Afghanistan et a réaffirmé son appui à la solution des deux États dans le conflit israélo-palestinien.  Il a appuyé l’accord sur le programme nucléaire iranien et a exhorté la République populaire démocratique de Corée à suspendre son programme de missiles balistiques et à reprendre le dialogue avec la communauté internationale.  Il a par ailleurs rappelé la participation de la Bulgarie à la coalition internationale antiterroriste et estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies était une bonne base de travail qu’il faudrait soutenir.

M. Plevneviev, qui s’est prononcé pour une mise en œuvre la plus rapide possible de l’Accord de Paris sur le climat, a annoncé le début de la procédure de ratification par le Parlement bulgare.  Il a en outre expliqué que les écoles bulgares avaient adopté des programmes pour expliquer aux enfants l’importance des objectifs de développement durable.  Après s’être prononcé en faveur du renforcement du pilier « droits de l’homme « des Nations Unies, M. Plevneviev a annoncé la candidature de la Bulgarie à un siège au Conseil des droits de l’homme.  Il a également appuyé les efforts et programmes en faveur des droits des femmes et de la parité.  Saluant la « contribution extrêmement précieuse » de la Bulgare Irina Bokhova à la tête de l’UNESCO, il a ensuite affirmé qu’il était grand temps qu’une « femme respectée de l’Union européenne » soit élue secrétaire générale des Nations Unies.  Il a ainsi rappelé que la Bulgarie avait présenté « une excellente candidate qui mérite la confiance de la communauté internationale ».

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a invité la communauté internationale à être inclusive, « notamment en faveur des femmes qui doivent pouvoir réaliser leur potentiel ».  Il s’est ainsi dit fier d’être engagé en faveur de l’initiative « He4She », lancée par ONU-Femmes afin de promouvoir le leadership des hommes en faveur de l’autonomisation des femmes.  Il a invité d’autres dirigeants à en faire de même.

Le Président rwandais a ensuite relevé que le développement passe désormais par les nouvelles technologies, et il s’est félicité de l’appui que les diverses institutions onusiennes ont apporté à son pays dans ce domaine.

Il a ensuite annoncé qu’un millier de délégués allaient se retrouver à Kigali le mois prochain afin de procéder à des amendements du Protocole de Montréal relatif à la protection de la couche d’ozone.  Il a affirmé que ces amendements contribueraient à réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre qui causent le réchauffement de la planète.  Il s’est également félicité de l’Accord de Paris dont l’entrée en vigueur pourrait avoir lieu sous peu.  

La préservation de la paix et la sécurité internationales, a estimé le Président Kagame, dépend des actions concertées de la communauté internationale.  Il a aussi dit que les États ont une responsabilité collective vis-à-vis des réfugiés et des migrants.  « Nous devons aborder cette question avec cohérence et compassion », a-t-il suggéré.  Le Président Kagamé a conclu son discours en saluant l’action du Secrétaire général de l’ONU, « un champion des technologies » qui a plaidé en faveur du développement durable et de l’équité, parfois dans des moments très difficiles.

Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, a, en tant que Présidente de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réaffirmé son engagement à poursuivre des efforts soutenus pour réaliser l’intégration sous-régionale, grâce au développement des infrastructures, au commerce et à l’investissement, à une bonne gestion des ressources naturelles, à la sécurité alimentaire et au rétablissement de la paix et de la sécurité dans une sous-région exposée au terrorisme comme en témoignent les situations au Mali, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Nigéria et ailleurs dans la sous-région.

Le Libéria, qui continue de compter sur les Nations Unies, maintiendra ses efforts dans la lutte contre la pauvreté et en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles et des communautés marginalisées.  Ce sont là les moteurs de notre « élan transformationnel » pour sauver notre pays et notre monde, a souligné la Présidente.  Elle s’est dite heureuse d’annoncer que le plan de réduction des effectifs de la Mission de l’ONU au Libéria avait été finalisé avec succès le 30 juin dernier, les agences de sécurité libériennes assumant désormais la pleine responsabilité de la sécurité de la nation et du peuple.  Compte tenu de la fragilité et de la rareté de nos ressources, nous reconnaissons les risques que cela implique mais, a dit la Présidente, nous assumerons cette tâche avec fierté, sachant que nos partenaires sont à nos côtés. 

Rappelant qu’elle a été Coprésidente du Groupe de haut niveau du Secrétaire général qui a commencé le processus des objectifs de développement durable, Mme Johnson-Sirleaf a affirmé que son pays s’était déjà engagé à mettre en œuvre ces objectifs au niveau national grâce à des consultations élargies avec les parlementaires, le Gouvernement, le système judiciaire, le secteur privé, la société civile et les organisations religieuses.  Avec l’appui du système de l’ONU, le Libéria est en train de formuler une feuille de route pour la pleine intégration du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans l’agenda national de développement. 

Abritant 43% de la biodiversité sous-régionale, le Libéria, a promis la Présidente, maintiendra fermement son engagement en faveur d’une gouvernance durable des forêts et des terres comme en atteste son mécanisme de vérification et sa réglementation.  La Présidente a remercié la Norvège, partenaire de choix de son pays, dans ce domaine.  Elle a conclu en affirmant que la démocratie s’ancre dans le pays au moment où les Libériens s’acheminent vers les élections présidentielle et législatives de 2017.  La Présidente a remercié les Nations Unies pour avoir aidé son pays à préserver la paix, ces 13 dernières années.  Elle a remercié les nombreux partenaires internationaux qui ont accompagné son pays sur la voie de la reconstruction. 

M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a déclaré qu’après avoir traversé une crise politique profonde, le Burkina Faso a renoué avec les valeurs cardinales qui fondent la démocratie et l’état de droit.  Le peuple burkinabé a fait montre d’une grande maturité et administré la preuve que rien ni personne ne peut indéfiniment étouffer la soif de justice et de liberté d’une population consciente et jalouse de ses droits, et de sa dignité.  Pour donner véritablement son sens au combat que notre peuple a mené pour sa liberté et le progrès, le Gouvernement a élaboré le Plan national de développement économique et social (PNDES) pour la période 2016-2020. 

Le terrorisme et l’extrémisme violent, a poursuivi M. Kaboré, se sont imposés comme des menaces majeures de notre temps.  Le Burkina Faso salue ainsi le Plan d’action contre l’extrémisme violent du Secrétaire général adopté le 15 janvier 2016, et appelle à la finalisation urgente et l’adoption du projet de convention générale sur le terrorisme.  La situation sécuritaire au nord du Mali demeure une source de grande préoccupation, et mérite l’attention de la communauté internationale, par le relèvement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), et un soutien important aux initiatives sous-régionales, notamment l’opérationnalisation de la force d’intervention rapide du G5 Sahel, ainsi que l’appui à la mise en place par l’État malien de véritables leviers du développement de cette région.

Le monde ne sera pas en paix tant que le Moyen-Orient ne sera pas en paix, a estimé le Président Kaboré, qui a appelé à un règlement pacifique, juste et équitable du conflit israélo-palestinien.  En Syrie, en Iraq et au Yémen, la communauté internationale, a-t-il souligné, doit s’investir dans la recherche d’une paix véritable, dans le respect du droit international, afin que les énormes potentialités de ces pays puissent contribuer au bien-être de leurs populations et de leur région.  

Par ailleurs, a-t-il dit, les changements climatiques s’inscrivent en bonne place parmi les préoccupations du Burkina Faso qui fonde l’espoir que l’Accord de Paris sur le climat permettra la réduction sensible des taux de carbone par les pays développés et la tenue des promesses financières afin de renforcer la résilience des pays en développement contre les catastrophes climatiques.  Avant de terminer, M. Kaboré a annoncé la volonté de son gouvernement de mettre définitivement un terme au fléau du VIH/sida d’ici à 2030.

« Dans un monde où les grandes puissances font ce qu’elles veulent et les petites font ce qu’elles peuvent, l’état de droit est devenu une exception plutôt que la règle », a regretté M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine.  Dans ce contexte, il a estimé que ce qui caractérise le monde contemporain est l’instabilité.  Il a souligné le défi que constitue aujourd’hui la lutte contre le terrorisme international.  Il semble, a-t-il ajouté, que pour chaque cellule terroriste détruite, deux autres apparaissent.  Alors que 20 millions de migrants se trouvent près des frontières européennes, le Président Ivanov a appelé l’Union européenne à trouver des mécanismes pour protéger ses frontières et mieux intégrer les migrants qui obtiennent l’autorisation d’entrer.  L’indécision de l’Union européenne a contribué à menacer la sécurité de l’ex-République yougoslave de Macédoine qui, a-t-il rappelé, avait été le premier pays à devoir déployer des forces militaires pour réagir devant l’arrivée de vagues de migrants.  Il a espéré que le prochain secrétaire général des Nations Unies sera un candidat de l’Europe orientale.  

Par ailleurs, le Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine a regretté que son pays soit encore confronté à des blocages interdisant la dénomination « Macédoine » après 25 ans d’indépendance.  Il a regretté le manque de décision de l’OTAN pour lever le blocus de l’intégration de la « Macédoine ».  « En tant que pays voisins, malgré quelques divergences, nous avons des milliers d’intérêts communs avec la Grèce », a insisté le Président Ivanov.  « Je suis macédonien, mes citoyens sont macédoniens et nous parlons la langue macédonienne », a-t-il encore insisté avant d’appeler la communauté internationale à respecter le « droit à l’auto-identification ».  

Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’Accord de Paris sur le climat afin qu’il puisse entrer en vigueur avant la fin de cette année.  Cet Accord n’est certes pas parfait, mais nous devons tout faire pour maintenir le niveau de température terrestre en-deçà de 1,5 degré Celsius, afin de permettre notre survie, a-t-elle plaidé.  Mme Heine s’est enorgueillie d’être la première femme dirigeant un petit État insulaire indépendant du Pacifique.  Elle a précisé qu’elle s’exprimait également en sa qualité d’enseignante, en soulignant que le développement des Îles Marshall doit être bâti sur l’éducation.  Elle a plaidé pour un système national éducatif qui valorise la culture et la langue locales, dans une approche bilingue dont la mise en œuvre devra se faire en partenariat avec l’Université de Columbia de New York.

La Présidente a également fait part de l’ambition des Îles Marshall de réaliser les objectifs de développement durable, tout en créant sa propre sécurité économique et ne plus dépendre de l’aide extérieure.  Elle a ensuite déploré que son pays ait le taux le plus élevé de malades du diabète dans le monde.  C’est une crise nationale, a-t-elle déclaré.  Pour y faire face, le Parlement des Îles Marshall entend procéder à une augmentation significative des taxes à l’importation des produits contenant du sucre.  Le législateur entend également interdire les sacs faits à base de matière plastique et les Îles Marshall entendent aussi réduire leur dépendance au pétrole afin de privilégier les sources d’énergie renouvelables.

Elle a en outre signalé que la violence domestique était un problème qui prenait de l’ampleur dans les pays de la région du Pacifique.  Elle a indiqué que des centres de protection avaient été créés pour accueillir les femmes de son pays qui sont victimes de violence.  Elle a ensuite rappelé que l’océan Pacifique était leur identité, invitant ainsi les puissances mondiales qui dominent la pêche à reconsidérer leur position afin de permettre une gestion plus durable des ressources halieutiques. 

Mme Heine a rappelé que son pays avait saisi l’ONU il y a 65 ans pour attirer l’attention sur les effets néfastes des essais nucléaires menés sur son territoire.  Elle a soutenu que son pays était le seul territoire sur lequel l’ONU avait autorisé les tests d’armes nucléaires, notamment en vertu des résolutions 1082 et 1493.  Elle a demandé une assistance totale et concrète de la communauté internationale et du système des Nations Unies pour traiter des conséquences de ces essais sur son peuple.

Par ailleurs, la Présidente a souhaité que l’ONU permette que Taiwan participe aux travaux de ses institutions spécialisées.  Elle a également appelé le Conseil des droits de l’homme à initier une enquête crédible et indépendante sur les allégations de violation des droits de l’homme en Papouasie occidentale. 

M. MANUEL DOMINGOS VICENTE, Vice-Président de l’Angola, a d’emblée réitéré son appui à l’augmentation du nombre des sièges permanents et non permanents du Conseil de sécurité pour en faire un organe plus représentatif et mieux apte à résoudre les conflits actuels.  Il a insisté sur « le droit » du continent africain d’être représenté dans la catégorie des membres permanents, comme le souligne le Consensus d’Ezulwini.  L’Angola, qui préside la Conférence internationale de la région des Grands Lacs, a rappelé son Vice-Président, exprime, une nouvelle fois, sa détermination à promouvoir le dialogue, la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique centrale et partout dans la région des Grands Lacs. 

Au Burundi, a indiqué M. Domingos Vicente, l’Angola a appelé à l’intensification du dialogue et exhorté au respect du pouvoir légalement établi pour surmonter l’impasse de la crise postélectorale.  Il est aussi important de promouvoir des relations de bon voisinage et la sécurité mutuelle le long des frontières du pays, a-t-il souligné.  En République démocratique du Congo (RDC), l’Angola prône un appui au processus électoral pour garantir des élections libres et pacifiques et préserver la paix, la stabilité, la réconciliation et la consolidation de la démocratie.  Sur le plan international, le Vice-Président a imputé les crises en Libye, en Syrie et en Iraq aux graves violations des droits fondamentaux certes mais aussi à l’ingérence étrangère qui s’est révélée « désastreuse » dans ses tentatives de changer les régimes et d’imposer « artificiellement une prétendue démocratie ».

Sur le plan national, le Vice-Président a insisté sur l’engagement de son pays à prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Prônant une « approche holistique », il a estimé que, dans ce cadre, les changements climatiques représentent la question « la plus urgente et la plus complexe ».  L’Angola, qui n’émet que 0,17% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit déjà une détérioration et des cycles plus brefs de sécheresse ou de pluies, avec les risques que cela implique pour l’agriculture, les infrastructures économiques et sociales et la santé.  Le pays compte donc adhérer aussi vite que possible à l’Accord de Paris sur le climat et participer activement à la Conférence Habitat III à Quito, le mois prochain, dont le futur agenda mondial de l’urbanisation consacrera les liens entre urbanisation, développement durable et changements climatiques.

L’Angola tient aussi aux trois processus multisectoriels que sont les femmes, la paix et la sécurité, les opérations de maintien de la paix et l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Le pays, qui est politiquement et socialement stable, fait face aujourd’hui à des défis économiques dus à la volatilité des prix des matières premières.  Mais, a assuré le Vice-Président, l’Angola continue résolument d’ajuster ses plans d’action et de trouver la voie de la croissance économique et du bien-être social. 

M. JIMMY MORALES, Président du Guatemala, a expliqué que son pays marquait cette année deux anniversaires: les 30 ans du « processus d’Esquipulas » en Amérique centrale et les 20 ans de l’accord de paix durable signé le 29 décembre 1996.  Il a expliqué que la mise en œuvre de ces accords a transformé le Guatemala et contribué à son développement et sa modernisation.  Notant que certaines parties de ces accords n’ont pas été mises en œuvre, il a dit qu’il était urgent de relancer les questions de l’identité et des droits des peuples autochtones, du développement rural et de l’autonomisation des femmes.  Il a expliqué que 2015 a changé le cours de l’histoire du Guatemala lorsque le peuple s’est révolté contre l’autorité d’un État qui a trahi la Constitution.  Il a expliqué qu’après cinq mois de soulèvement populaire, l’état de droit est aujourd’hui plus fort que jamais au Guatemala.

Le Président du Guatemala a expliqué que son gouvernement, inspiré par la volonté du peuple de transformer le pays, avait identifié cinq priorités: la transparence, la santé, l’éducation, la sécurité et le développement.  Il a ajouté que les droits de l'homme étaient intrinsèquement liés au respect de la démocratie et à l’état de droit.  C’est pourquoi, il a expliqué que le renforcement du système international des droits de l'homme était une priorité du Guatemala.  Son pays, a-t-il annoncé, sera candidat à un siège au Conseil des droits de l'homme pour la période 2017-2019.  Il a expliqué que le Plan de développement national à l’horizon 2032 était en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, a déclaré que l’accord politique signé il y a deux ans par les parties libyennes demeurait la solution à la crise actuelle en Libye.  Le Président a ajouté qu’il faudrait que le processus politique se poursuive.  En tout cas, le Gouvernement fait tout son possible pour garantir la réconciliation nationale entre les Libyens, l’état de droit et la démocratie.

C’est dans cette optique que le Gouvernement libyen veut orienter les ressources financières dont il dispose pour réaliser ces objectifs.  Il a ensuite exhorté tous les États à restituer à la Libye les avoirs libyens qui sont déposés chez eux afin de réaliser les objectifs du Gouvernement.  M. Serraj a demandé le retour des missions diplomatiques des pays partenaires à Tripoli afin d’établir des échanges dans un cadre formel.  Nous sommes conscients des préoccupations sécuritaires mais nous sommes sérieux quant au rétablissement de la sécurité dans le pays.

S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le Président a condamné fermement le terrorisme et, en particulier, l’extrémisme violent de groupes comme Daech qui cherchent à contrôler et exploiter les ressources naturelles du pays.  Pour permettre à la Libye de lutter efficacement contre le terrorisme, il faudrait que l’embargo sur les armes qui lui avait été imposé soit levé.

S’agissant de la question des droits de l’homme, le Président a indiqué que le Parlement libyen a adopté diverses lois pour garantir le respect des droits de l’homme.  La situation actuelle rend difficile le respect des droits de l’homme, a-t-il reconnu, tout en soulignant que cela n’empêchait pas le Gouvernement de mener une campagne de lutte contre l’impunité.  M. Serraj a souligné qu’il était nécessaire de créer un mécanisme d’aide technique avec l’appui de la communauté internationale dans cette lutte.

Le Président a ensuite évoqué la réforme du Conseil de sécurité en réclamant un siège permanent pour les États arabes, et deux sièges permanents pour l’Afrique.  Au Moyen-Orient, a-t-il prévenu, il n’y aura pas de paix tant qu’Israël continuera l’occupation et la judaïsation des territoires occupés.  Avant de terminer, le Président libyen a lancé un appel à tous les Libyens pour adhérer à son projet de réconciliation nationale.

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Premier Ministre de la Serbie, s’est dit inquiet de ce que la région dans laquelle se trouve son pays soit un terreau fertile pour l’idéologie que répandent Daech et d’autres organisations terroristes, et en particulier par le recrutement d’étrangers pour combattre au nom de ces groupes dans des zones de conflit.  Le territoire de la province autonome du Kosovo-Metohija représente un défi particulier pour son pays, a-t-il dit, en précisant que le recrutement de ces combattants y est très visible.

M. Vučić a fait savoir que la priorité nationale de la Serbie visait à trouver un règlement politique à la question du Kosovo-Metohija.  En défendant sa souveraineté et son intégrité territoriale, la Serbie ne fait que défendre le droit international et la Charte de l’ONU, a-t-il assuré.  « À cette occasion, je souhaite transmettre l’assurance de ma plus haute considération aux pays qui se joignent à nous dans cette lutte pour le respect du droit international et refusent de reconnaître unilatéralement l’indépendance proclamée par le Kosovo », a-t-il déclaré.  Ces pays, s’est-il réjoui, représentent la majorité de l’humanité.

Le Premier Ministre serbe a souligné l’importance particulière que son pays accorde aux activités de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Il a souligné que le maintien de la neutralité du statut de la MINUK et de son mandat, à périmètre constant, est essentiel pour la stabilité de la région, surtout dans les zones peuplées par des Serbes et des communautés non albanaises.  M. Vučić a également précisé qu’il accordait une importance toute particulière à la question du retour des personnes déplacées du Kosovo-Metohija.  Toutefois, il a regretté de constater que, près de 17 ans après la fin du conflit, les conditions du retour des personnes déplacées ne soient pas réunies.

Le Premier Ministre serbe s’est dit pleinement engagé à poursuivre le dialogue, facilité par l’Union européenne, entre Belgrade et Pristina, ainsi que la mise en œuvre des accords conclus.  Tout en continuant à travailler dans l’intérêt de l’amélioration des relations entre la Serbie et l’Albanie, il a toutefois précisé que son pays ne reconnaîtrait pas unilatéralement l’indépendance proclamée par ses provinces du sud.  Le soutien de la communauté internationale constitue la clef du succès de ce dialogue, qui est, selon lui, « l’un des rares exemples de résolution pacifique réussie d’un conflit dans le monde ».  M. Vučić a par ailleurs fait savoir que, dans le respect des Accords de Dayton, la Serbie continuera à développer « les relations les plus étroites possibles » avec la Republika Srpska.  S’agissant de la région en général, le Premier Ministre serbe a assuré la communauté internationale de sa « volonté de surmonter l’héritage négatif du passé » et de « bâtir un futur commun sur la base du respect mutuel ».

M. RAMTAME LAMAMRA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Algérie, a attiré l’attention sur la persistance de conflits exigeant de prendre rapidement des mesures urgentes et sérieuses pour, notamment, résoudre sans délai la crise des migrants.  Il a ajouté que cette crise n’était pas seulement un phénomène migratoire: « cette situation a valeur de test pour nous tous.  Est-ce que les êtres humains sauront s’accepter dans toutes leurs diversités dans un ensemble global? » a-t-il demandé.  Citant le Président Bouteflika, il a jugé que la mondialisation impliquait des devoirs moraux car, a-t-il dit, « devant l’unité du genre humain, les barrières raciales s’écroulent, de même que s’effacent les différences de conditions économiques et sociales ». 

M. Lamamra a ensuite rappelé la vocation primordiale de l’ONU, qui doit demeurer à la fois le creuset et l’animateur essentiel de l’espoir que met en elle chaque être humain.  Sur la nécessaire revitalisation de l’Organisation, il a noté que l’Algérie revendiquait de longue date l’actualisation de ses mécanismes.  « La gouvernance globale, politique, économique, sécuritaire et environnementale doit être réinventée », a-t-il affirmé, en ajoutant que l’audace responsable était garante de succès.  Attirant l’attention sur la situation au Maghreb, il a estimé que le processus de paix conduit sous l’égide de l’ONU au Sahara occidental avait subi, cette année, plusieurs développements négatifs, le Conseil de sécurité ayant, selon lui, perdu toute autorité sur ce dossier.  À cette aune, il a rappelé le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et il s’est dit confiant dans la capacité des Nations Unies d’honorer au Sahara occidental « l’un de leurs plus brillants succès en y parachevant la décolonisation du territoire ». 

Saluant l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba censé en assurer le financement, le Vice-Premier Ministre de l’Algérie a souligné qu’il était nécessaire de ne pas tarir davantage les investissements vers les pays en développement et que les marchés financiers retrouvent leur stabilité.  Ces éléments, a-t-il dit, mettent en danger les niveaux d’aide publique au développement.  M. Lamamra a ajouté que les engagements pris par les États de réduire réellement les inégalités commandaient une transformation effective des modèles économiques en vigueur dans « les pays nantis » tenant compte des intérêts de tous.  Le Vice-Premier Ministre a ainsi estimé que la priorité devrait viser à satisfaire les besoins du continent africain en termes d’accès aux services de base, tels que l’eau et l’électricité.  « Nos pays doivent être intégrés aux chaînes de valeurs internationales et de compétitivité économique », a-t-il dit.  En conclusion, il a assuré que l’Algérie restait profondément attachée à ce que représentent les Nations Unies.

M. RASHID MEREDOV, Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, est préoccupé par l’augmentation du nombre des conflits et des tensions dans de nombreuses parties du monde.  Les parties impliquées dans ces conflits ont tendance à recourir à la force et aux moyens des armes.  Le droit international est délibérément ignoré et non respecté.  Le représentant a appelé les États Membres à examiner et évaluer ces phénomènes, à adhérer aux principes de la Charte des Nations Unies et aux conventions et accords internationaux visant à résoudre ces conflits et à lancer des consultations avec pour objectif d’élaborer des approches conceptuelles uniformes de désescalade fondées sur le droit international. 

S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le représentant a dit que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies pour l’Asie centrale a une importance décisive.  En outre, la Déclaration d’Ashgabat et le Plan d’action de lutte contre le terrorisme en Asie centrale constituent des feuilles de route pour la région.

En ce qui concerne les changements climatiques, le Turkménistan a adopté sa Stratégie nationale sur les changements climatiques qui envisage notamment le développement de l’économie verte comme élément fondamental pour le fonctionnement de toute l’infrastructure de la vie du pays.  En outre, le Turkménistan signera au cours de cette session l’Accord de Paris sur le climat.  Actuel président du  Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral, le Turkménistan invitera les États de la région à concevoir une stratégie unifiée sur les questions relatives à la préservation et l’utilisation des ressources en eaux. 

Concernant le problème des migrants, des réfugiés et des apatrides, le représentant a indiqué que le rôle clef sur cette question devrait être joué par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, l’Organisation internationale pour les migrations, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et d’autres organisations. 

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a assuré que son pays, après sept années de turbulente récession économique, continuait d’œuvrer de manière inlassable pour retourner sur la voie d’une croissance durable.  À cette fin, créer un environnement économique favorable nécessite qu’il soit mis fin aux « pêchés de l’ancien régime, à savoir la corruption, le clientélisme et les pratiques douteuses », a-t-il expliqué.  M. Tsipras a reconnu que la Grèce continuait de subir de plein fouet les conséquences de l’austérité implacable imposée à son peuple.  À cet égard, il a assuré que la Grèce avait entrepris les réformes requises pour en finir avec le chômage de masse et redevenir un partenaire commercial et industriel régional situé au croisement de trois continents.  Concernant la crise des réfugiés, il a d’abord rappelé que, depuis l’année dernière à la même date, plus d’un million de migrants étaient entrés sur le territoire grec.  Il a ajouté que les garde-côtes grecs avaient sauvé des dizaines de milliers de vies humaines en s’exposant à des risques.  Avec les autorités turques et européennes, a-t-il expliqué, nous mettons en œuvre le très difficile mais nécessaire Accord entre l’Union européenne et la Turquie sur les migrants, lequel, et c’est bien là l’essentiel, a permis de réduire le nombre de morts en mer Egée. 

Le Premier Ministre grec s’est ensuite demandé comment son pays pouvait contribuer à la paix, à la sécurité et à la prospérité dans un environnement régional toujours plus instable.  Prenant l’exemple des relations de la Grèce avec Chypre, il a mis en exergue les échanges bilatéraux et trilatéraux développés avec les pays voisins pour faire avancer la cause de la paix, de la coopération et de l’état de droit et défendre la pertinence des résolutions de l’ONU relatives à la question de Chypre.  « Nous avons renforcé le dialogue avec la Turquie par l’intermédiaire de nombreuses initiatives, y compris une coopération accrue dans la gestion des flux migratoires et de réfugiés », a également indiqué M. Tsipras.  Il s’est en outre dit confiant dans la capacité des acteurs régionaux de tourner la page des crises régionales du passé, une nécessité qui, selon lui, devrait contribuer à changer la dynamique à cette échelle.  Enfin, rappelant les valeurs fondatrices de la démocratie, M. Tsipras a déclaré que pour lutter contre la peur, la xénophobie et le nationalisme, il était vital de se battre pour la paix et la croissance durable partout où celles-ci sont menacées ou absentes. 

M. ERLAN IDRISSOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a dit que la politique étrangère du Kazakhstan reflétait son attachement au dialogue et à la tolérance.  Cette vision est fondée sur la coopération et la confiance entre les États et les groupes d’États, a-t-il assuré.  Le Ministre a souligné que cette vision était importante dans le cadre du désarmement nucléaire, avant de rappeler que son pays avait renoncé aux armes nucléaires et fermé le centre nucléaire en activité dans le pays.  Il a poursuivi en évoquant la conférence d’Astana sur le désarmement et la création d’une banque internationale de combustible nucléaire faiblement enrichi toujours à Astana et la création de la zone exempt d’armes nucléaires en Asie centrale qui démontre l’attachement de son pays au désarmement et à la paix.

Malheureusement, les négociations internationales sur le désarmement sont dans l’impasse à l’heure actuelle, a regretté le Ministre.  C’est pourquoi, a-t-il indiqué, le Kazakhstan convoquera en 2017 une réunion internationale pour dénoncer à terme la possession d’armes nucléaires et pour appeler à l’application des instruments universels sur le désarmement.  Les récents lancements de missiles balistiques et l’essai nucléaire par la République populaire démocratique de Corée sont inacceptables car ils constituent un obstacle au désarmement, a-t-il encore déclaré.  Pour le Kazakhstan, a-t-il  dit, les sanctions économiques créent de la division.  M. Idrissov a ensuite annoncé la convocation en 2017 d’une conférence internationale pour souligner l’importance du désarmement.  Avant de conclure, il a estimé que la réforme des Nations Unies devrait être réalisée conformément aux buts et principes de la Charte de l’Organisation.

M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, préoccupé par « le fossé entre nos délibérations et les réalités des peuples », a jugé urgent de construire une nouvelle architecture financière internationale.  Entre autres, il a considéré que « la philosophie du pillage » appuie les interventions militaires et les guerres non conventionnelles lancées par les pays membres de l’OTAN contre des États souverains dans l’objectif de changer les gouvernements et de s’emparer de leurs ressources naturelles.

M. Rodríguez Parrilla a réitéré sa solidarité avec les petits États insulaires en développement, en particulier dans les Caraïbes, qui sont les plus affectés par les changements climatiques, et pour lesquels il a demandé un traitement juste, spécial et différencié.

« Toute tentative de prolonger l’existence d’un monde unipolaire à travers la guerre, la domination ou l’hégémonie serait suicidaire », a mis en garde le Ministre.  À ses yeux, le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international est indispensable à la coexistence pacifique entre les États.  Il faut défendre l’ONU contre l’unilatéralisme et en faire une organisation plus démocratique, a-t-il poursuivi.

M. Rodríguez Parrilla s’est dit confiant que le peuple syrien pourra régler tout seul ses différends, « une fois que l’intervention extérieure visant à promouvoir un changement de régime aura cessé ».  Il a considéré que la tentative de l’OTAN d’étendre sa présence près des frontières russes et le déploiement de systèmes antimissiles alimentait la course aux armements et menaçait la paix et la sécurité internationales.

Le Ministre s’est félicité de l’accord de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC, conclu à La Havane, à Cuba, le 24 août dernier.  Il a par ailleurs indiqué qu’il continuerait à appuyer le peuple et le Gouvernement du Venezuela, « contre l’ingérence impérialiste et oligarchique qui essaie de détruire la révolution bolivarienne et chaviste ».  Il a aussi condamné le « coup d’État parlementaire et judiciaire » perpétré au Brésil contre la Présidente Dilma Rousseff.

Un peu plus d’un an après la restauration des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, des progrès ont été réalisés, a reconnu le Ministre.  Il a réitéré la volonté de son gouvernement de continuer à développer « un dialogue respectueux » avec le Gouvernement américain pour la normalisation des relations entre les deux pays, tout en souhaitant la levée de l’embargo et la restitution du territoire de Guantanamo à Cuba.  

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a estimé que cette soixante et onzième session de l’Assemblée générale était avant tout placée sous le sceau du Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et de migrants.  « Nous devons répondre à ce défi, non pas par la peur ou en nous protégeant derrière un mur, mais avec ténacité, conviction et compassion », a déclaré M. Muscat.  Le Premier Ministre de Malte a souligné qu’avec ses partenaires européens, « et parfois par nos propres moyens ou presque », son pays avait tenté « sans relâche » de trouver une solution à cette question, notamment en prenant des mesures visant à mettre un terme aux activités des trafiquants de migrants. 
« Bien qu’ils soient louables, ces efforts doivent s’intensifier », a-t-il reconnu, en citant notamment la nécessité d’améliorer le partage d’informations et de mettre en œuvre des politiques nationales et des sanctions plus fortes contre les trafiquants.  Sur ce dernier point, il a appelé à traduire les trafiquants de migrants devant un tribunal international afin d’envoyer un message clair à ceux qui profitent de ce trafic.  Tout en affirmant qu’il n’existe pas de solution unilatérale à ce phénomène, M. Muscat a également estimé que les pays qui portent la principale responsabilité morale de ces déplacements de masse, « de par leurs actions ou leur inaction », doivent désormais prendre des mesures décisives.

Le Premier Ministre de Malte s’est par ailleurs déclaré profondément inquiet par l’absence de progrès au Proche-Orient, où les effets du conflit entre Israël et la Palestine se font sentir jusqu’en Europe.  Appelant les deux parties à se rassoir à la table des négociations, il a apporté son soutien à toutes les initiatives internationales visant à relancer le processus de paix, y compris l’Initiative de paix arabe et l’initiative française.  Plus près de son pays, M. Muscat a annoncé qu’il appuyait les « efforts constants de la Tunisie, pays voisin, sur la voie de la stabilité et de la démocratie ».  Il a ainsi appelé la communauté internationale à ne pas abandonner la Tunisie en ce moment crucial de son histoire. 

Dans un contexte beaucoup plus « sombre » que la Tunisie, le Premier Ministre de Malte a également réaffirmé le soutien de son pays en faveur du peuple libyen dans ses efforts visant à transformer le pays en un « État sûr, démocratique et unifié, avec un peuple réconcilié, où l’autorité de l’État et l’état de droit seraient restaurés ».  À cet égard, il a également réitéré qu’il était nécessaire de soutenir l’Accord de paix libyen et le Conseil de la présidence.  M. Muscat a enfin rappelé que l’un des principes directeurs de Malte en matière de politique extérieur était l’engagement du pays en faveur du dialogue euro-méditerranéen, à savoir l’idée qu’il ne peut y avoir de paix en Europe sans une paix durable en mer Méditerranée. 

M. DON AGAPITO MBA MOKUY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a insisté sur le rôle essentiel que les Nations Unies doivent jouer dans un monde complexe, marqué par la pauvreté, le terrorisme, les migrations de masse, l’instabilité politique ou les crises économiques.  Il a appelé à l’unité de la communauté internationale pour créer une véritable démocratie au sein des Nations Unies, protéger la planète pour le bien des générations futures et pour s’entraider en défendant les valeurs humaines, non seulement par le respect des droits de l'homme mais aussi par le respect du droit de l’humanité.  À défaut, les responsables politiques actuels risquent une condamnation collective de l’Histoire, pour avoir conduit l’espèce humaine à l’autodestruction et pour avoir pollué la planète, a-t-il averti.

M. Mba Mokuy a ensuite insisté sur la nécessité de réaliser les objectifs de développement durable afin d’assurer le développement et une existence digne à chaque être humain, tout en rendant hommage à la Position commune africaine, qu’il a jugée très utile à cette fin.  Il a ensuite présenté les ambitions de son pays, qui a intégré les objectifs de développement durable dans son programme « Horizon 2020 » visant à faire à cette date de la Guinée équatoriale un pays émergent.  Il a en outre précisé les engagements internationaux de son pays, notamment pour financer la FAO, l’OMS et l’UNESCO et pour aider à la recherche d’un vaccin contre la malaria.

Face à la violence du monde, le Ministre s’est félicité de l’adoption de la Déclaration de New York sur les déplacements massifs de migrants et réfugiés avant de condamner ceux qui soutiennent et approvisionnent en armes les belligérants, y voyant une politique qui ne peut causer que mort et désolation et aggraver la crise des migrants et des réfugiés.  Il a également demandé l’arrêt de la prolifération nucléaire et l’adoption d’une culture de paix.  « Dès qu’une seule nation est en guerre, nous sommes tous en guerre », a-t-il affirmé.  Le Ministre a par ailleurs annoncé que son pays, État Membre des Nations Unies depuis bientôt 48 ans, serait candidat à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité dans deux ans.  Il a également jugé indispensable de réformer le système des Nations Unies et déploré que l’Afrique n’ait toujours pas de siège permanent au sein du Conseil de sécurité.

M. ELADIO RAMÓN LOIZAGA LEZCANO, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a noté la nature toujours plus complexe du monde actuel, marquée par l’apparition « dramatique » de groupes terroristes extrêmement cruels, par la persistance de la pollution et des pandémies « qui elles aussi menacent l’existence même de notre planète ».  Il a ajouté qu’il était impossible de relever seuls les défis mondiaux, en soulignant qu’il était nécessaire pour les États d’assumer ensemble une responsabilité commune pour, notamment, lutter contre la pauvreté et garantir ainsi une vie digne à toute personne.  M. Lezcano a également reconnu l’importance de répondre aux besoins les plus urgents des migrants « mais, tout autant, de s’attaquer aux causes profondes qui jettent sur la route, et au péril de leur vie, des millions de personnes déplacées ».  Pour lui, l’ONU doit se moderniser et être plus démocratique afin d’être plus efficace.  Le rôle de l’Assemblée générale, véritable parlement du monde, a-t-il dit, doit être renforcé.  À cet égard, il a souhaité que le prochain secrétaire général privilégie l’essor d’une diplomatie préventive et un fonctionnement inclusif et équilibré de l’Organisation. 

Le Paraguay reste engagé en faveur du droit international et du multilatéralisme, l’unilatéralisme affectant toujours les plus faibles, a estimé le Ministre.  M. Lezcano a attiré l’attention sur la contribution de son pays au maintien de la paix, les soldats paraguayens étant déployés, « souvent au péril de leur vie », dans sept missions de l’ONU.  Concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a assuré que le Paraguay mettait en œuvre des programmes nationaux destinés à améliorer la qualité de vie des citoyens en brisant la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.  Concernant les changements climatiques, il a indiqué que le Paraguay, qui dépend de l’exploitation de ses ressources naturelles, déposerait dans quelques jours ses instruments de ratification de l’Accord de Paris.  Par ailleurs, il s’est réjoui de l’Accord de paix conclu récemment entre le Gouvernement de la Colombie et les FARC et qui, « pour le bien du peuple frère colombien et des pays de la région », met un terme à un conflit vieux de 52 ans.

M. PUKA TEMU, Envoyé spécial du Premier Ministre et Ministre du service public de la Papouasie-Nouvelle-Guinée,, a déclaré que son gouvernement examinait avec celui de l’Australie les moyens de réinstaller les demandeurs d’asile, y compris ceux du Moyen-Orient et de l’Asie qui ne veulent pas rester en Papouasie-Nouvelle-Guinée dans le cadre de la prise en charge des réfugiés dans cette partie du monde.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée est préoccupée par le fait que la communauté internationale soit incapable de contenir les guerres actuelles qui trouvent leurs origines dans l’économie, la religion, l’ethnie et d’autres causes, y compris le terrorisme.  Beaucoup de ces conflits sont alimentés par la prolifération des armes, en particulier les armes de petit calibre et armes légères.  C’est pourquoi, M. Temu a appelé tous les protagonistes dans les situations de conflit à déposer les armes et à recourir aux moyens de règlement pacifique des conflits.  « Nous sommes aussi préoccupés par les essais nucléaires effectués par la République populaire démocratique de Corée qui sont, a-t-il dit, contraires aux résolutions du Conseil de sécurité. ».

Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, M. Temu a indiqué que son gouvernement avait mis en place une structure de gouvernance décentralisée et robuste qui permet aux 19 districts du pays d’être totalement financés et d’être directement impliqués dans la mise en œuvre des priorités nationales de développement dans leur zone de compétence. 

La réalisation des objectifs de développement durable au niveau national dépend de la croissance et de la force de l’économie mondiale, a estimé M.  Temu.

Le Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a créé un bureau national intégré des océans pour assurer la protection de ses ressources marines.  M.  Temu a souligné la nécessité d’assurer que les activités en haute mer ne compromettent les efforts pour conserver et utiliser durablement les ressources des océans.  Il a ainsi appelé à la conclusion rapide du processus du Comité préparatoire sur les éléments du projet de texte concernant la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones au-delà des juridictions nationales, en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a rappelé qu’il y a 25 ans, son pays et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) étaient devenus simultanément des États Membres des Nations Unies.  « À l’heure du bilan de la trajectoire de ces deux États Membres, il serait difficile d’envisager un contraste aussi marqué », a déclaré M. Yun Byung-se, en ajoutant que la République de Corée avait réalisé avec succès les trois objectifs de l’Organisation, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, tandis que la RPDC est devenue « tyrannique, s’est appauvrie et a de plus en plus la gâchette facile ».  Le Ministre a estimé que la RPDC avait échoué en raison de la « poursuite imprudente et fanatique » de son programme nucléaire.  Il a rappelé que Pyongyang a effectué à ce jour cinq essais nucléaires au mépris des résolutions du Conseil de sécurité.  « Le dernier essai nucléaire en date était le plus fort d’entre tous », s’est inquiété M. Yun Byung-se, pour qui le programme nucléaire de la RPDC a atteint un point critique.

M. Yun Byung-se a aussi rappelé que la RPDC avait procédé à 22 tirs de missiles balistiques cette année seulement, soit un tir tous les 10 jours.  Pour lui, ces différents tirs de missiles et essais nucléaires témoignent du fait que la RPDC a atteint le stade final de sa course à l’armement.  « Chose plus inquiétante encore, la RPDC n’a pas seulement développé sa capacité nucléaire et de missiles, mais elle a également menacé de s’en servir », a-t-il souligné, en ajoutant que la République de Corée n’avait plus d’autre choix que celui de prendre les mesures défensives qui s’imposent pour protéger ses citoyens.  Au regard de ces différents éléments, le Ministre a appelé le Conseil de sécurité, dont l’autorité a, selon lui, été « bafouée » par la RPDC « comme jamais auparavant dans l’histoire de l’ONU », à prendre des mesures de sanctions « plus strictes et plus complètes ».

Par ailleurs, M. Yun Byung-Se a mis l’accent sur l’ampleur des violations des droits de l’homme perpétrées par la RPDC contre son propre peuple, en appelant la communauté internationale à ne plus tolérer une telle impunité.  « Il est de notre responsabilité commune de protéger le peuple de la Corée du Nord quand son propre régime refuse avec mépris de le faire », a-t-il insisté.  Le Ministre a également exhorté la communauté internationale à se livrer à un examen plus approfondi des droits de l’homme des travailleurs ressortissants de la RPDC vivant à l’étranger.

Droits de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran a déclaré que le représentant d’Israël avait essayé de tromper le monde en se limitant à parler de questions périphériques et non de l’occupation des terres palestiniennes.  Tant que l’occupation persiste, le peuple palestinien continuera de lutter contre l’occupant.  Le représentant d’Israël a détourné les yeux du monde de la menace que pose son propre arsenal nucléaire.  Ses accusations sont sans fondement, a-t-il dit, faisant remarquer qu’un terroriste de Daech avait été récemment soigné dans un hôpital militaire israélien.  Personne au monde, a-t-il assuré, ne prendra au sérieux les allégations d’Israël concernant le programme nucléaire de l’Iran.  Par ailleurs, le représentant de l’Iran a réaffirmé la souveraineté de son pays sur les trois îles Abou Moussa, la Petite Tomb et la Grande Tomb dans le Golfe persique, en assurant que le Gouvernement iranien était disposé à engager des discussions avec les Émirats arabes unis pour clarifier tout malentendu.

Exerçant à son tour son droit de réponse, le représentant du Brésil a brièvement répondu à Cuba en expliquant qu’il était préférable d’œuvrer à la coexistence pacifique avec des pays ayant une sensibilité politique différente au plan régional que de créer des différends avec eux.  Il a ainsi appelé au respect mutuel et à la recherche d’accords interétatiques sur des objectifs fondamentaux, « qu’ils soient économiques ou relatifs aux droits de l’homme ». 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les États soulignent le lien intrinsèque entre le Programme 2030 et la Déclaration sur le droit au développement adoptée il y a 30 ans

Débat de haut niveau, Trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement,
Matin & après-midi
AG/11827

Assemblée générale: les États soulignent le lien intrinsèque entre le Programme 2030 et la Déclaration sur le droit au développement adoptée il y a 30 ans

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui un débat de haut niveau pour commémorer le trentième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement au cours duquel le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a souligné que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente une occasion unique de répondre aux aspirations qui ont motivé l’adoption de la Déclaration.  

Adoptée par l’Assemblée générale, le 4 décembre 1986, la Déclaration sur le droit au développement comprend 10 articles énonçant des exigences essentielles: faire de l’individu le sujet central du développement, assurer une participation libre, active et utile, garantir la non-discrimination, répartir équitablement les bénéfices du développement, respecter l’autodétermination et la souveraineté sur les ressources naturelles, le tout dans un processus qui fait progresser l’exercice des autres droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

L’esprit de la Déclaration est reflété dans le Programme 2030, a dit le Secrétaire général de l’ONU.  L’accent que les 17 objectifs de développement durable mettent sur l’égalité, la participation, l’autonomisation et la promesse de ne laisser personne de côté font écho à la définition du droit au développement comme « un droit de l’homme inaliénable ».  Comme la Déclaration, le Programme 2030 reconnaît que chaque pays est responsable au premier chef de son développement économique et social, tout en affirmant que la coopération internationale et le partenariat sont essentiels à sa mise en œuvre.

Depuis l’adoption de la Déclaration, a poursuivi le Secrétaire général, le monde a spectaculairement changé: la population a augmenté de 50%, les anciennes divisions disparaissent, les économies émergentes jouent les premiers rôles dans le commerce international et l’impact des changements climatiques est largement reconnu.  Malgré cela, les pays développés et en développement font encore face à des problèmes, qu’il s’agisse des crises financières, de la mauvaise répartition de la croissance ou des inégalités croissantes.  Grâce au Programme 2030, la communauté internationale s’offre de nouvelles perspectives pour réaliser le droit au développement, a souligné M. Ban.

Le Programme 2030 témoigne de l’engagement mondial à sauver la planète et les peuples, a dit en écho le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, des Fidji.  À bien des égards, la Déclaration sur le droit au développement a jeté les bases de textes importants comme le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur le climat, a-t-il estimé, en soulignant l’importance de lutter contre la pauvreté et de placer la planète au cœur des efforts. 

« Le travail qui nous attend est clair: respecter le droit au développement », a ajouté le Président.  Au cours de cette soixante et onzième session, a-t-il assuré, l’Assemblée générale va s’efforcer de faire progresser les 17 objectifs de développement durable.  « Notre crédibilité dépend de la réalisation du Programme 2030 », a-t-il dit, en appelant les États Membres à placer leurs citoyens au centre de leurs programmes de développement.  Corriger les injustices historiques et répondre aux besoins des vulnérables est « essentiel ». 

La juste répartition des fruits du développement sans aucune discrimination et le droit de tous les individus et peuples à participer librement et pleinement à la prise de décisions sont dûment consacrés dans la Déclaration sur le droit au développement, a commenté, à son tour, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad al Hussein.  Ce sont les inégalités, l’exclusion et l’oppression qui ont étouffé le développement et nourri les tensions et les conflits dans le monde, a prévenu le Haut-Commissaire.  Appelant à un vrai sentiment d’urgence et décrivant le droit au développement comme « le noyau normatif » du Programme 2030, il a ajouté que l’anniversaire de la Déclaration rappelait au monde que les migrants, les autochtones, les autres minorités et les personnes handicapées ont le droit au développement.  Le véritable objectif de l’entreprise économique est d’améliorer le bien-être des peuples et non d’exploiter leur labeur pour s’enrichir, a tranché le Haut-Commissaire.

Justement, a poursuivi le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. Mukhisa Kituyi.  La Déclaration a ceci de visionnaire qu’elle va au-delà des indicateurs économiques dans sa conception du développement.  Elle répond à la question systémique de ne laisser personne sur le côté.  Le monde, a en effet constaté M. Kituyi, met du temps à comprendre les problèmes des pays émergents et des plus vulnérables, dont le fardeau de la dette.  Il a dénoncé certains accords sur les investissements qui nient aux pays la marge de manœuvre nécessaire pour répondre aux besoins de leurs peuples et mis en garde contre le rejet de la mondialisation qui n’est que l’illustration d’une indignation généralisée contre les inégalités croissantes.

Aujourd’hui des millions de gens vivent sans pouvoir réaliser leur droit à la dignité, à la liberté et à l’égalité des chances, ont reconnu plusieurs intervenants lors du débat qui a suivi.  Ils se sont dits préoccupés par l’absence de consensus sur les moyens de mettre en œuvre les objectifs universels.

Le Représentant spécial pour les droits de l’homme de l’Union européenne, M. Stavros Lambridinis, n’a pas pour autant adhéré à l’idée d’une norme internationale juridiquement contraignante.  Le Programme 2030, a-t-il argué, marque déjà un changement radical en faveur d’un développement plus équilibrée et devrait ouvrir la voie à l’intégration des droits de l’homme dans les politiques mondiales et nationales au cours des 15 prochaines années.

Le droit au développement doit être au centre de la mise en œuvre du Programme 2030, a continué d’insister la Ministre des affaires étrangères du Venezuela, Mme Delcy Rodriguez, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine et au nom des pays non alignés.  Le fossé entre pays développés et non développés reste à un niveau « inacceptable », s’est-elle impatientée, stigmatisant un modèle économique hégémonique qui cause des souffrances dans le monde entier.  Il faut, a-t-elle réclamé, un nouvel ordre mondial fondé sur la souveraineté et l’égalité entre tous les États.

Dans ce cadre, a estimé le Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, il faudrait peut-être réévaluer les critères d’allocation de l’aide publique au développement (APD).  M. Miguel Vargas Maldonado, qui s’exprimait, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a prévenu que l’accroissement de l’aide financière et technique sera « critique » car, a ajouté le Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, M. Tsend Munkh-Orgil, le rythme de la croissance économique, pourtant de 8% depuis 2000 dans son pays, ne suffira pas à réaliser le Programme 2030.  L’importance de la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites a été soulignée par le Président du Nigéria, M. Muhammadu Buhari.  Celle de la diminution des subsides aux combustibles et de l’augmentation du budget des programmes sociaux, a été mise en avant par le Vice-Président de l’Indonésie, M. Muhammad Jusuf Kalla. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.