Le Conseil de sécurité accorde une « place à part entière » aux activités de la police au sein des opérations de maintien de la paix

8086e séance – après-midi
CS/13056

Le Conseil de sécurité accorde une « place à part entière » aux activités de la police au sein des opérations de maintien de la paix

À l’occasion de la Semaine de la police des Nations Unies, les commandants de police de trois missions présentent leur action au Conseil

Alors que débute aujourd’hui la Semaine de la police des Nations Unies, le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, la résolution 2382 (2017), par laquelle il « décide que les activités de police doivent avoir une place à part entière dans les mandats et les structures de décision des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies ».

Cette adoption a précédé un débat interactif organisé avec les chefs des composantes police de trois opérations de paix de l’ONU –l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la nouvelle Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH)- qui ont expliqué les défis auxquels leurs troupes sont confrontées pour s’acquitter de leur mandat dans des environnements de sécurité toujours plus complexes.

Aux termes de la résolution, le Conseil de sécurité demande instamment aux pays fournisseurs de personnel de police de fournir de nouvelles unités de police constituées « correctement formées, équipées et performantes », de nouveaux policiers hors unités constituées et experts civils, et de nouvelles équipes de police spécialisées.

Le Conseil leur demande en outre de développer sensiblement l’effectif féminin dans toutes les fonctions de la police, « l’objectif global étant de le doubler d’ici à 2020, et d’augmenter la proportion de femmes aux postes à responsabilité, conformément à l’objectif de l’ONU d’atteindre un taux de 20% de femmes dans le personnel de police à l’horizon 2014 ».

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a rappelé que, le mois dernier, le Secrétaire général de l’ONU avait été clair quant au fait qu’il veut des opérations de paix plus efficaces.  « Or, la police des Nations Unies joue un rôle vital pour faire le lien entre prévention et maintien de la paix et consolidation de la paix et développement », a relevé M. Lacroix. 

La police des Nations Unies est désormais régie par une nouvelle doctrine, le Cadre d’orientation stratégique, qui permet de privilégier des approches globales des opérations de police, de renforcement des capacités et de développement.  Comme l’a expliqué le Secrétaire général adjoint, « la police des Nations Unies se concentre désormais non seulement sur le transfert de compétences de base, mais aussi sur le renforcement des institutions de la police du pays hôte ».

Ce travail se traduit par l’amélioration de l’encadrement des ressources humaines et du recrutement, de l’approvisionnement, des mécanismes de surveillance interne et de sensibilisation des communautés, a précisé M. Lacroix.  Interaction avec les populations locales, culture de la confiance, prise en compte des signes d’alerte précoce: autant d’éléments qui aident les missions à mieux répondre aux dangers imminents, a-t-il encore ajouté. 

Illustrant son propos, Mme Priscilla Makotose, Chef de la police de la MINUAD, a indiqué que ses personnels avaient procédé à des « milliers de patrouilles » pour assurer la protection des civils soudanais, y compris 2 300 missions de renforcement de la confiance dans les camps de personnes déplacées, et 2 600 patrouilles destinées à répondre à leurs besoins en matière de sécurité, notamment pour les femmes et les enfants.  « Nous avons, en outre, conduit plus de 500 patrouilles conjointes avec les bénévoles de la police de proximité afin de maintenir l’ordre public pendant la distribution de l’aide humanitaire », a-t-elle précisé. 

Mme Makotose a aussi estimé qu’un renforcement des capacités des forces de la police soudanaise serait utile pour enquêter de façon plus efficace sur les violences sexuelles au Darfour et pour traduire en justice les auteurs de ces actes, lesquels, a-t-elle dit, frappent « les principaux acteurs de la vie économique au Darfour » que sont les femmes.

Alors que le « tissu sécuritaire et social » du Sahel continue de se détériorer, le Chef de la police de la MINUSMA, M. Issoufou Yacouba, a pour sa part appelé les pays de la région à s’engager dans une approche « plus dynamique » fondée sur une « fusion des stratégies sectorielles » pour aider le Mali à mettre pleinement en œuvre la réforme du secteur de la sécurité.

De son côté, le général de brigade Georges-Pierre Monchotte, Chef de la police de la MINUJUSTH, une mission qui a été déployée le 16 octobre dernier en remplacement de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), a expliqué que le principal défi de cette période de transition avait été de recalibrer l’action de la police à l’aune de la réduction de ses effectifs, passés de 951 à 295 membres.

Les membres du Conseil de sécurité ont reconnu l’importance pour les pays fournisseurs de contingents de déployer en temps voulu des policiers qualifiés à la hauteur des plafonds fixés par les mandats.  Plusieurs, dont l’Éthiopie et l’Uruguay, ont réaffirmé à cet occasion leur engagement à continuer de contribuer aux opérations de maintien de la paix.

D’autres, comme la Suède, ont clairement rappelé que de composantes pleinement opérationnelles dépendait le renforcement des capacités du pays hôte à assumer ses responsabilités futures dans le domaine de la sécurité.  La Fédération de Russie a d’ailleurs rappelé que la police des Nations Unies ne pouvait éternellement se substituer au « secteur de la sécurité nationale ».

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Chefs de la police

Texte du projet de résolution S/2017/926

Le Conseil de sécurité,

Rappelant qu’il tient de la Charte des Nations Unies la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Rappelant sa résolution 2185 (2014) sur les activités de police des Nations Unies, les résolutions sur la question, notamment les résolutions 1265 (1999) et 1894 (2009) sur la protection des civils, 1325 (2000) et 2242 (2015) sur les femmes et la paix et la sécurité, 2086 (2013) et 2378 (2017) sur les opérations de maintien de la paix, 2151 (2014) sur la réforme du secteur de la sécurité, 2171 (2014) sur la prévention des conflits et 2282 (2016) sur la consolidation de la paix après les conflits, les déclarations de son président, telles que la déclaration du 21 février 2014 (S/PRST/2014/5) sur l’état de droit et la déclaration du 14 juillet 1997 (S/PRST/1997/38), et les rapports du Secrétaire général A/66/615 et S/2016/952 sur la police des Nations Unies,

Prenant note du rapport de novembre 2016 sur les activités de police des Nations Unies établi par le Secrétaire général et de la stratégie qu’il y expose pour des composantes police des Nations Unies capables de remédier effectivement aux problèmes du XXIe siècle,

Soulignant que les gouvernements hôtes sont responsables au premier chef de la prévention et du règlement des conflits, mais aussi de la protection des civils, et que les activités de police des Nations Unies associées aux opérations de maintien de la paix et aux missions politiques spéciales peuvent jouer un rôle important tout au long du cycle des conflits, conformément aux mandats accordés, notamment en assurant la protection des civils, le renforcement des capacités des services de police de l’État hôte et leur développement, et notant le rôle important joué par ces composantes lors de l’examen de la réforme plus large du pilier « paix et sécurité »,

Affirmant qu’une paix durable ne peut être réalisée ni maintenue uniquement au moyen d’interventions militaires et techniques, mais nécessite des solutions politiques, et fermement convaincu qu’il convient d’avoir ces solutions politiques à l’esprit lors de la conception et du déploiement d’opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Réaffirmant qu’il est déterminé à ce que les buts et principes consacrés dans la Charte, y compris les principes de l’indépendance politique, de l’égalité souveraine et de l’intégrité territoriale de tous les États, qu’il respecte et auxquels il est attaché, soient observés dans toutes les activités de maintien de la paix, et que les États doivent s’acquitter des obligations que leur fait le droit international,

Réaffirmant les principes fondamentaux du maintien de la paix, notamment le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat, et considérant que le mandat de chaque mission de maintien de la paix est adapté aux besoins et à la situation du pays concerné, et qu’il escompte l’exécution intégrale des mandats qu’il autorise,

Se félicitant du rôle que les composantes police des Nations Unies peuvent jouer pour faciliter le passage du maintien de la paix au développement et à la consolidation de la paix, et reconnaissant que le renforcement de l’action de la police des Nations Unies peut contribuer au succès des stratégies de sortie des missions de maintien de la paix et qu’il faudra pour ce faire s’employer constamment, de façon transparente et responsable, à renforcer la doctrine de la police des Nations Unies et appuyer sa mise en œuvre, et à définir des normes plus claires concernant le personnel, le matériel, les opérations, les résultats et l’assistance aux services de police de l’État hôte, et à améliorer la formation et le renforcement des capacités afin de préparer les pays qui fournissent du personnel de police et d’assurer un déploiement prévisible,

Soulignant que la bonne exécution du mandat des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales passe par une étroite coopération entre leurs différents éléments, notamment entre les composantes police, militaire et civile, sous la direction générale du chef de mission, et par l’utilisation de mécanismes de planification intégrée,

Notant le rôle important que peuvent jouer les activités de police des Nations Unies, selon les mandats accordés, dans le renforcement de l’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité, et réaffirmant que les autorités nationales jouent un rôle de premier plan pour ce qui est de faire avancer la réforme de la police et des autres services chargés de l’application des lois, dans le cadre de la réforme plus large de l’état de droit et du secteur de la sécurité, notamment en dégageant des ressources nationales pour les institutions de sécurité nationale et les autres services chargés du maintien de l’ordre et en surveillant les retombées de la réforme de la police, et considérant que la direction et la volonté politiques des autorités nationales sont essentielles à cet égard et que le succès passe par l’appropriation nationale,

Soulignant que, dans le cadre de leur mandat, les composantes police peuvent contribuer considérablement, notamment par des initiatives de police de proximité, à renforcer les capacités des institutions de police et de maintien de l’ordre de l’État hôte pour ce qui est de lutter contre la criminalité organisée, en particulier en apportant un appui dans les domaines de la sécurité aux frontières, de l’immigration, de la sécurité maritime et de la prévention du crime, des interventions et des enquêtes,

Considérant que la criminalité transnationale organisée compromet la stabilité et qu’elle peut profiter au terrorisme international, ce qui peut exiger de renforcer ou de reconstruire les systèmes de justice pénale pour faire face aux menaces,

Rappelant les travaux menés par le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, les Quatrième et Cinquième Commissions de l’Assemblée générale et le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui ont donné au Secrétariat des directives sur les activités de police des Nations Unies, y compris sur l’élaboration d’une politique de l’Organisation en la matière et sur son respect, et aidé le Secrétariat à remédier aux lacunes en matière de capacités et de moyens, ce qui a permis d’améliorer l’efficacité de la police des Nations Unies,

Notant que le champ d’action de la police s’étend et qu’on compte de plus en plus sur elle dans les opérations des Nations Unies, se félicitant des efforts entrepris pour faire en sorte que les composantes police des Nations Unies disposent de capacités, de technologies et de moyens spécialisés, notant également la politique établie à l’intention des unités de police constituées dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et encourageant les États Membres à fournir des policiers et des policières bien formés et habilités, dotés des compétences linguistiques nécessaires pour faire partie des unités de police constituées équipées de tout le matériel appartenant aux contingents voulu, intégrer les équipes de police spécialisées ou occuper les fonctions de policier hors unité constituée, ainsi que des experts civils, afin de mettre en œuvre efficacement les tâches prescrites et de faciliter la transition et le retrait,

Constatant que les institutions de maintien de l’ordre des États hôtes devraient être le principal intermédiaire entre le gouvernement et la population pour ce qui est des questions de sécurité et rappelant que des institutions policières, pénitentiaires et judiciaires professionnelles, efficaces, accessibles et agissant de manière responsable sont nécessaires pour poser les fondements d’une paix durable et du développement national, et notant également que s’il n’est pas remédié aux carences qui existent sur le plan opérationnel et sur le plan de la responsabilité, les résultats obtenus peuvent être compromis et le conflit risque de reprendre,

Conscient du rôle essentiel que jouent les femmes dans les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales, notamment dans toutes les initiatives de paix et de sécurité, notamment du fait de la diversité des points de vues exprimés, qui peut aider à renforcer la confiance de la population locale, et soulignant qu’il faut faire en sorte que, dans les domaines de la police et de l’état de droit, les femmes participent davantage à la prise de décisions et occupent des postes de responsabilité dans les États hôtes,

Se félicitant des efforts faits pour accroître le nombre de femmes déployées et exerçant de hautes fonctions dans les composantes militaire et de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, tant en qualité de policiers hors unités constituées que dans le cadre d’équipes de police spécialisées et d’unités de police constituées, et des efforts accomplis pour passer en revue les obstacles au recrutement des femmes et à la progression de leurs carrières; prenant note à cet égard de la Stratégie sur la parité des sexes applicable à l’ensemble du système des Nations Unies par laquelle le Secrétaire général a chargé les entités compétentes de l’Organisation des Nations Unies d’élaborer, en consultation avec les pays qui fournissent du personnel de police, leur propre stratégie consacrée à la question,

Réaffirmant qu’il est résolu à mieux hiérarchiser les priorités lorsqu’il évaluera les opérations de maintien de la paix, en définira les mandats et les examinera, notamment en tenant des consultations triangulaires plus étroites avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et le Secrétariat, en renforçant les mécanismes formels existants, en soulignant la responsabilité commune des parties de tenir des consultations constructives, ouvertes, actives et dynamiques et en améliorant le dialogue avec les pays hôtes, le but étant d’assurer l’exécution intégrale et efficace des mandats de maintien de la paix,

Prenant note avec satisfaction de l’amélioration de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations et initiatives internationales, régionales et sous-régionales, qui a notamment pris la forme d’activités de formation, d’échanges de données d’expérience et d’informations, et d’échanges touchant aux compétences spécialisées et à la disponibilité opérationnelle, selon que de besoin, ainsi que de la création, par les composantes police des Nations Unies, d’un réseau de référents pour la grande criminalité organisée, et notant que ces efforts peuvent permettre de renforcer les capacités et les moyens de la police de l’État hôte et d’autres services chargés de l’application des lois en ce qui concerne la lutte contre les menaces transnationales,

1.    Souligne que la nécessité de privilégier les solutions politiques devrait être la marque distinctive de l’approche suivie par l’Organisation des Nations Unies pour régler les conflits, décide que les activités de police doivent, selon que de besoin, avoir une place à part entière dans les mandats et les structures de décision des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies, compte tenu de la nécessité d’intégrer les compétences de police dans la planification de ces missions et d’établir pour les activités de police des mandats clairs, crédibles et réalistes assortis de ressources suffisantes, et souligne à cet égard qu’il faut que le système des Nations Unies ait une approche commune de l’état de droit;

2.    Souligne qu’il importe au plus haut point d’améliorer la responsabilisation, la transparence, l’efficacité et l’efficience dans l’exécution des tâches des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies, demande au Secrétariat de continuer de s’employer à renforcer la doctrine et à définir des normes claires concernant le personnel, le matériel, les opérations, les résultats et l’assistance aux services de police de l’État hôte, de façon à permettre à la police des Nations Unies de s’acquitter correctement de ses fonctions dans les missions et à préparer au déploiement les pays qui fournissent du personnel de police, et demande au Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies de soutenir les États Membres dans leurs activités de formation en communiquant en temps voulu des informations complètes concernant les besoins des pays qui fournissent du personnel de police et les pays ayant les moyens de dispenser des formations, afin de garantir la cohérence et de déterminer les domaines dans lesquels des lacunes subsistent, et d’améliorer ainsi la coopération triangulaire;

3.    Réaffirme qu’il continuera d’examiner les opérations de maintien de la paix afin d’assurer un maximum d’efficacité et d’efficience sur le terrain, et d’intensifier ces efforts en partenariat avec les pays fournisseurs de contingents, et prie le Secrétaire général de veiller à ce que les flux de données relatifs à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris ceux portant sur l’exécution de ces opérations, incluent la police et soient centralisés pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis;

4.    Décide de continuer à promouvoir et appuyer la mise au point et l’application du Cadre d’orientation stratégique concernant le rôle de la police dans les opérations internationales de maintien de la paix, de procéder à des recrutements ciblés sur la base des besoins recensés sur le terrain et de mettre au point un cadre de responsabilisation mesurable aux fins de l’exécution des mandats, et prie le Secrétaire général d’envisager de prendre les mesures suivantes pour garantir l’exécution en temps voulu des mandats concernant des pays particuliers et l’amélioration des résultats:

a)    Renforcer la collaboration de la police des Nations Unies avec la Cellule stratégique de constitution des forces et de planification des moyens pour le maintien de la paix, afin de coordonner les besoins de la police et des militaires, de constituer les forces de façon concertée et de centraliser les données relatives aux résultats en vue d’améliorer la prise de décisions basée sur les résultats;

b)    Fournir des orientations supplémentaires à certains fonctionnaires des Nations Unies, notamment les représentants et envoyés spéciaux du Secrétaire général, et aider les hauts responsables de l’Organisation concernés à comprendre comment mener à bien les activités prescrites dans le domaine de la police;

c)    Dans ses rapports périodiques, présentés au Conseil à sa demande, sur des missions de maintien de la paix ou missions politiques spéciales particulières, mettre en évidence les progrès accomplis pour ce qui est de prendre en compte la problématique hommes-femmes dans la réforme de la police et les activités de protection, lorsque celles-ci ont été prescrites, y compris s’agissant des efforts faits pour rendre les services de police nationale plus accessibles aux femmes et mieux adaptés à leur situation, afin d’améliorer le suivi par le Conseil de la réforme de la police et de la protection des activités civiles, conformément aux résolutions 2122 (2013) et 2242 (2015);

5.    A conscience du rôle essentiel joué selon que de besoin par la police des Nations Unies dans l’action de l’ONU visant à prévenir les conflits, notamment, selon les mandats, en protégeant les civils et prêtant aux États hôtes une assistance pertinente en matière de renforcement des capacités et demande au Secrétaire général de veiller à ce que la planification des missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales de l’ONU comportant des activités policières soit ancrée dans une analyse approfondie de la situation, des capacités et des besoins des États hôtes;

6.    Réaffirme que c’est aux États qu’incombe au premier chef la responsabilité de protéger les civils et note le rôle important que peuvent jouer les composantes police des Nations Unies à cet égard, selon les mandats accordés, y compris pour ce qui est de prévenir la violence sexuelle et sexiste, et, s’il y a lieu, la violence sexuelle liée à des conflits et les violations et atteintes à l’encontre d’enfants en situation de conflit ou d’après conflit et d’intervenir le cas échéant, notamment, dans le cadre de leur mandat, en appuyant l’action des autorités de l’État hôte visant à mettre en place et réformer les forces de police et forces de l’ordre afin qu’elles soient en mesure de protéger les civils de façon durable et cohérente, et à cet égard:

a)    Demande instamment aux pays qui fournissent du personnel de police de veiller à ce que tous les policiers des unités constituées et des équipes spécialisées aient suivi une formation complète, y compris une formation concernant spécialement la protection des civils, la violence sexuelle et sexiste, ainsi que la protection des enfants, et que cette formation soit un élément essentiel de leur préparation au déploiement, pour qu’ils puissent pleinement s’acquitter de leurs mandats;

b)    Prie le Secrétaire général de veiller à ce que les composantes de police des Nations Unies appuient les activités de protection des civils au titre des stratégies globales des missions dont le mandat comporte un volet protection des civils;

c)    Réaffirme que la protection des enfants dans les conflits armés doit constituer un volet important de toute stratégie globale de règlement des conflits et consolidation de la paix et des mesures de renforcement des capacités à l’appui de la police, des forces de l’ordre et, s’il y a lieu, de l’appareil judiciaire pour mineurs dans l’État hôte; soulignant à cet égard l’importance de la formation spécialisée, dispensée avant déploiement et en cours de mission, concernant le type de protection des enfants particulier à chaque mission et les mesures complètes et appropriées de prévention soucieuse des enfants et les interventions en matière de protection, ainsi que l’importance de la formation relative au suivi et au signalement des violations et atteintes commises à l’encontre d’enfants, et soulignant également qu’il importe d’améliorer la coordination entre les composantes police et les conseillers pour la protection de l’enfance, pour la problématique hommes-femmes et pour la protection des femmes, conformément aux dispositions de ses résolutions en la matière;

7.    Prie le Secrétaire général de poursuivre et renforcer son action visant à améliorer les mesures prises dans les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales pour lutter contre toutes les formes d’exploitation et atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU et aider les victimes en coopération avec le défenseur des droits des victimes; exhorte tous les pays fournisseurs de personnel de police à veiller à contrôler les antécédents en matière d’exploitation et d’atteintes sexuelles de tout membre du personnel de police qu’ils comptent déployer et à leur dispenser une formation solide avant leur déploiement pour prévenir la commission de tout acte d’exploitation sexuelle ou d’atteinte sexuelle; et rappelle que c’est aux pays fournisseurs de contingents qu’il incombe au premier chef d’enquêter sur les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles visant leur personnel et aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police d’amener les membres de leur personnel ayant commis de tels actes à en répondre, y compris par des poursuites, selon qu’il convient et dans le respect des procédures régulières;

8.    Réaffirme qu’il importe que les pays assument eux-mêmes la responsabilité et la direction des efforts de consolidation de la paix, la responsabilité de la pérennisation de la paix étant largement partagée entre le gouvernement et tous les autres acteurs du pays, et a conscience que les composantes police des Nations Unies, y compris les policiers individuels, les unités de police constituées et les équipes de police spécialisées, peuvent contribuer à la consolidation et à la pérennisation de la paix en appuyant les services de police et autres forces de l’ordre de l’État hôte, selon leur mandat;

9.    Rappelle à cet égard l’importance de l’appui lié aux activités de police des Nations Unies fourni aux forces de sécurité non onusiennes adhérant à la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme;

10.   A conscience de l’importance de la police des Nations Unies, en:

a)    Réaffirmant qu’il est déterminé à maintenir la réunion d’information annuelle des chefs des composantes police des Nations Unies établie en vertu de la résolution 2185 (2014);

b)    Mettant en relief, quand c’est opportun, les questions relatives à la police des Nations Unies dans les délibérations de son Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix;

c)    Encourageant l’inclusion des questions de police des Nations Unies dans les exposés des représentants spéciaux et envoyés spéciaux du Secrétaire général et dans les rapports de ce dernier, selon qu’il convient;

11.   Souligne qu’il importe que les pays prennent eux-mêmes en charge leurs services de police et prennent les engagements pertinents à cet égard et que, le cas échéant, l’insuffisance des moyens nationaux dans les activités policières doit être dûment évaluée afin qu’il en soit tenu compte dans les activités de renforcement des capacités de la police des Nations Unies et le développement des services de police, y compris lors de la composition des composantes police des Nations Unies, ainsi qu’aux stades de la planification, du recrutement, de la fourniture d’orientations et de la formation;

12.   Se félicite des efforts faits par les États Membres et le Secrétariat pour renforcer la constitution stratégique d’effectifs de police féminins et masculins ayant les compétences et les connaissances linguistiques requises pour pouvoir communiquer des informations et fournir une assistance technique au public visé, et ce de la façon la plus accessible possible, y compris par la participation au Sommet sur le maintien de la paix et au Sommet des chefs de police, ainsi qu’au Système de préparation des moyens de maintien de la paix aux fins du déploiement rapide, et demande instamment aux pays fournisseurs de personnel de police de:

a)    Fournir de nouvelles unités de police constituées correctement formées, équipées et performantes, y compris des unités à déploiement rapide;

b)    Fournir de nouveaux policiers hors unités constituées et experts civils, hautement qualifiés et dotés de compétences spécialisées;

c)    Fournir de nouvelles équipes de police spécialisées ayant l’appui approprié;

d)    Développer sensiblement l’effectif féminin dans toutes les fonctions de la police, l’objectif global étant de le doubler d’ici à 2020, et d’augmenter la proportion de femmes aux postes à responsabilité, conformément à sa résolution 2242 (2015) ainsi qu’à l’objectif mondial de l’ONU d’atteindre un taux de 20% de femmes dans le personnel de police à l’horizon 2014;

e)    De veiller à ce que des unités de police aient déjà reçu, avec l’appui du Secrétariat selon que de besoin, une formation préalable au déploiement dans leurs domaines de compétence respectifs, afin que les dispositifs pertinents soient en place aux fins de l’évaluation de l’état de préparation au déploiement des États Membres;

13.   Réitère l’importance de l’analyse de la problématique hommes-femmes dans les activités policières à toutes les phases des missions et celle des conseillers pour la problématique hommes-femmes dans la police, ainsi que la demande qu’il a adressée au Secrétaire général de renforcer la coordination entre les composantes police et les conseillers pour la protection de l’enfance, pour la problématique hommes-femmes et pour la protection des femmes; demande au Secrétariat de l’ONU de collaborer étroitement avec les États Membres et ONU-Femmes pour surmonter les problèmes systémiques qui entravent l’admissibilité des femmes policières aux missions des Nations Unies, comme les critères à remplir pour le recrutement initial, y compris en instaurant des mesures spéciales ou en appuyant les associations de policières, et engage les États Membres à rendre compte, chaque année, des mesures prises à cette fin, et à mettre en commun les bonnes pratiques à cet égard;

14.   Note les efforts que continue de déployer le Secrétaire général pour améliorer les résultats du pilier paix et sécurité et encourage le Secrétariat à évaluer les questions concernant les fonctions, structures et capacités de la Division de la police en concertation avec les États Membres;

15.   Salue les efforts faits par la Force de police permanente de la Division de la police pour fournir aux composantes police des missions de maintien de la paix et missions politiques spéciales de l’ONU des ressources rapides, cohérentes et réactives pour le démarrage des activités et autre assistance, ainsi qu’un appui à d’autres entités des Nations Unies par l’intermédiaire de la Cellule mondiale de coordination des activités policières, judiciaires et pénitentiaires, et prie le Secrétaire général de veiller à ce que les activités de la Force de police permanente soient mieux intégrées aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, afin de garantir la coordination et le partage de l’information ainsi que l’exploitation optimale de la Force de police permanente;

16.   Prie le Secrétaire général de lui présenter, d’ici à la fin 2018, un rapport portant notamment sur:

a)    Les incidences sur l’exécution des mandats de police découlant de toute modification de l’architecture de paix et de sécurité du Secrétariat de l’ONU;

b)    Le renforcement de la cohérence des opérations et des politiques de la police des Nations Unies dans l’ensemble du système;

c)    L’amélioration, dans l’Organisation, des capacités, de l’application du principe de responsabilité et de la transparence pour tout ce qui touche à la police des Nations Unies;

d)    La planification tenant compte des carences dans la constitution stratégique des forces et des compétences clefs nécessaires; 

e)    Les mesures visant à assurer la cohérence des initiatives relatives à la police des Nations Unies, afin d’améliorer les phases de transition des missions et leur retrait en temps voulu;

f)    Le renforcement des partenariats pour les questions de police entre l’ONU et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé que, le mois dernier, le Secrétaire général avait été clair quant au fait qu’il veut des opérations de paix plus efficaces et efficientes.  L’objectif est une approche plus cohérente de la paix et de la sécurité, du développement et des droits humains.  « Cela signifie que la police des Nations Unies joue un rôle vital pour faire le lien entre prévention et maintien de la paix et consolidation de la paix et développement », a relevé le haut fonctionnaire.  Il a offert quelques exemples de la manière dont elle s’acquitte de ses mandats. 

Tout d’abord, la police des Nations Unies est désormais régie par une nouvelle doctrine développée en étroite coopération avec les États Membres, le Cadre d’orientation stratégique, qui permet de privilégier des approches globales des opérations de police, de renforcement des capacités et de développement.  « La police des Nations Unies se concentre désormais non seulement sur le transfert de compétences de base, mais aussi sur le renforcement des institutions de la police du pays hôte », a précisé le Secrétaire général adjoint.  Un travail qui se traduit, a-t-il ajouté, par l’amélioration de l’encadrement des ressources humaines et du recrutement, de l’approvisionnement, des mécanismes de surveillance interne et de sensibilisation des communautés.

En outre, la police des Nations Unies joue un rôle de plus en plus important dans la protection des civils, au travers d’une approche orientée sur les besoins des communautés et fondée sur la collecte de renseignements.  Interaction avec les populations locales, culture de la confiance, prise en compte des signes d’alerte précoce: autant d’éléments qui aident les missions de l’ONU à mieux répondre aux dangers imminents, a expliqué M. Lacroix.  De plus, les composantes police des Nations Unies sont de plus en plus souvent sollicitées pour prêter main forte à leurs homologues du pays hôte dans la lutte contre la criminalité organisée, notamment en s’appuyant sur les technologies modernes.  Il a ensuite estimé que davantage de femmes doivent être recrutées dans les rangs de la police des Nations Unies.  Enfin, la police des Nations Unies a besoin d’équipements de qualité pour les aider à mieux répondre aux menaces qui se posent une fois sur le terrain, a souligné le Secrétaire général adjoint.

M. ISSOUFOU YACOUBA, Chef de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a estimé que le Mali fait face à une recrudescence des attaques terroristes contre les forces de sécurité et le personnel humanitaire, alors que 86 Casques bleus de la MINUSMA ont été tués depuis 2013.  Qualifiant la situation socioéconomique « d’inquiétante », il a rappelé que 500 écoles du nord et du centre du pays demeurent fermées.  Grâce aux profits tirés des trafics en tous genres, les réseaux criminels parviennent à se substituer à l’État, offrant sécurité et services de bases aux populations des territoires qu’ils contrôlent, a-t-il expliqué.  Alors que la Force conjointe du G5 Sahel se déploie, il a estimé que les enquêtes et la répression de la criminalité devraient être « mieux prises en compte ». 

Rappelant les dispositions de la résolution 2364 du Conseil de sécurité, le Chef de la police a appelé à la mise en place d’une politique de sécurité de proximité efficace, telle que détaillée par la MINUSMA.  Selon lui, la police de la MINUSMA contribue au renforcement des capacités maliennes en matière de lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme.  La MINUSMA a formé près de 24 000 employés des services de sécurité et continue d’appuyer le travail du pôle judiciaire spécialisé, a-t-il relevé, en plus d’œuvrer à la coordination opérationnelle et à la réhabilitation des infrastructures. 

Toutefois, a reconnu M. Yacouba, la mise en œuvre du mandat demeure « jalonnée de défis », notamment en ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité.  Parmi les défis qui subsistent, il a identifié la faible gouvernance, l’étendue du territoire malien et les entraves à l’Accord de paix et au déploiement du personnel de police spécialisé.  Alors que le « tissu sécuritaire et social » du Sahel continue de se détériorer, il a appelé les pays de la région à s’engager dans une approche « plus dynamique » fondée sur « fusion des stratégies sectorielles ». 

Le général de brigade GEORGES-PIERRE MONCHOTTE, Chef de la police de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), a mis en exergue les bonnes pratiques de la composante police de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), puis à partir du 16 octobre 2017, de la MINUJUSTH dans le domaine du renforcement des capacités de la Police nationale d’Haïti (PNH).  Le premier défi majeur était d’assurer une gestion harmonieuse de la réduction des effectifs de l’ordre de 69%, c’est-à-dire passer de 951 policiers internationaux pour la MINUSTAH à 295 pour la MINUJUSTH, a-t-il dit.  « Cela a été possible grâce à une planification précise des départs. »

Un second défi résidait dans la nécessité « d’adapter notre action à cette nouvelle donne dans le domaine primordial du renforcement des capacités de la Police nationale, y compris la promotion de l’égalité des genres », a poursuivi le Chef de la police.  Il a précisé que l’objectif était de produire un changement culturel et stratégique de la manière dont la Police nationale d’Haïti est soutenue.  Il a détaillé le « Programme accompagnement-conseil (PAC) » qui est fondé sur le mentorat à l’attention des cadres de la PNH dans les domaines du commandement, du contrôle, de la planification opérationnelle et de la gestion administrative des unités.  Les policiers de l’ONU déployés pour animer le PAC ont été sélectionnés sur la base notamment de leurs compétences professionnelles et linguistiques, a-t-il dit.  « Le PAC a été mis en œuvre en quatre phases successives dans les délais prescrits par la fin de la MINUSTAH. » 

M. Monchotte a mentionné la rédaction d’un catalogue des postes et compétences pour informer les pays contributeurs et les inciter « à fournir les ressources adéquates » dans les domaines où les personnels féminins doivent être plus largement représentés.  « Il est clair que ce programme est l’axe essentiel de l’action fixée à la composante police et que cette réforme mise en place dans les délais établis par la résolution 2350 (2017) ne pourra se développer et gagner sa vitesse de croisière que si la composante police reçoit le soutien nécessaire à son action, d’une part, matériel, surtout s’agissant des véhicules, de l’infrastructure et d’une composante hélicoptère propre et, d’autre part, humain, avec l’affectation de la dotation autorisée de 295 personnels qualifiés », a-t—il affirmé.  « Pour l’instant, nous en sommes loin. »

Mme PRISCILLA MAKOTOSE, Chef de la police de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), a rappelé que les priorités du mandat des forces de police de la mission étaient la protection des civils dans toute la région, la conduite d’activités de police de proximité et le renforcement des capacités de la police soudanaise au Darfour.  Elle a précisé que la police de la MINUAD avait procédé à des milliers de patrouilles pour assurer la protection des civils, mentionnant en particulier 2 300 missions de renforcement de la confiance dans les camps de déplacés, et 2 600 patrouilles destinées à répondre aux besoins en matière de sécurité des déplacés de l’intérieur, ceux notamment des femmes et des enfants.  Nous avons, en outre, conduit plus de 500 patrouilles conjointes avec les bénévoles de la police de proximité afin de maintenir l’ordre public pendant la distribution de l’aide humanitaire, a-t-elle ajouté.  L’intervenante a également indiqué que ces bénévoles étaient actifs dans différents domaines, qu’il s’agisse de la collecte d’armes ou de la sécurisation des visites présidentielles.

En ce qui concerne la reconfiguration de la composante police de la MINUAD, Mme Makotose a noté que le retrait de la police de la mission de 14 positions et le rapatriement de deux unités de police s’étaient déroulés sans problème majeur.  Elle a néanmoins confié que la fermeture des 14 positions n’avait pas été sans difficultés, en raison de l’état des routes et des conditions météorologiques ayant affecté les déplacements.  Pour ce qui est de la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans la mise en œuvre du mandat de la police de la MINUAD, l’intervenante a indiqué que cette composante accueillait désormais 20% de policières hors unités constituées dans ses rangs.  Des hommes et des femmes sont déployés sur les bases d’opération ainsi que les différents postes de commandement, a-t-elle assuré.  Elle a affirmé que la féminisation des forces de police soudanaises au Darfour était essentielle pour renforcer la prévention et la gestion des violences sexuelles liées au conflit.  Sur ce même sujet, Mme Makotose a en outre estimé que le renforcement des capacités des forces de police soudanaises serait utile pour enquêter de façon plus efficace sur les violences sexuelles au Darfour et pour traduire en justice les auteurs de ces actes, lesquels, a-t-elle dit, frappent « les principaux acteurs de la vie économique au Darfour » que sont les femmes. 

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a regretté de constater que, trop souvent, les autorités des pays hôtes des opérations de paix manquent des capacités nécessaires pour maintenir la sécurité, mais aussi qu’elles ne bénéficient pas toujours de la confiance de la population.  En Haïti par exemple, elle a espéré que le Gouvernement serait un partenaire décisif, alors que la nouvelle Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) vient de remplacer la MINUSTAH. 

Rappelant à quel point le renforcement des capacités est indispensable pour pouvoir s’acquitter pleinement des mandats, la représentante a estimé que la police ne saurait être un « citoyen de second rang » au sein des missions de maintien de la paix.  Ces 14 dernières années, a-t-elle affirmé, les États-Unis ont formé et équipé 16 000 agents de police des Nations Unies en provenance de plusieurs pays.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné l’importance de la composante police des missions de l’ONU au vu de l’évolution des conflits.  Lors de notre récente visite au Sahel, nous nous sommes aperçus du rôle crucial joué par la composante police de la MINUSMA, a-t-il affirmé.  Il a estimé que l’appropriation nationale devrait être le principe directeur des composantes police des Nations Unies.  La mise en œuvre de tâches civiles par ces composantes est, lorsqu’elle est prévue, essentielle, a-t-il insisté. 

Le délégué a souligné la nécessité de déployer davantage de femmes policières afin de mieux combattre les violences contre les femmes et les enfants et de renforcer le lien avec les populations du pays hôte.  Le représentant éthiopien a en outre appelé le Secrétariat à veiller au bon déploiement des composantes police et de faire en sorte que les critères de compétence et de professionnalisme soient satisfaits.  En conclusion, il a redit l’engagement de l’Éthiopie, pays fournisseur de troupes, à contribuer aux composantes police des missions de l’ONU.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a déclaré que les défis auxquels font face les composantes police des Nations Unies sur le terrain avaient évolué de manière significative, cette situation exigeant de la part du Conseil de sécurité un examen approfondi.  Il a ainsi évoqué le fait que les menaces asymétriques constituaient toujours une source de préoccupation majeure, en particulier au Mali, où, en septembre et octobre derniers, plusieurs Casques bleus ont trouvé la mort.  L’Ukraine condamne fermement les récentes attaques terroristes perpétrées contre le personnel de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a-t-il ajouté, jugeant que l’instabilité au Mali était l’une des principales causes d’une violence s’étendant jusqu’aux pays voisins. 

Dans ce contexte, le représentant a estimé urgent le déploiement de forces de sécurité, de police et de défense maliennes à travers tout le pays pour intensifier la lutte contre les extrémistes violents et maintenir l’ordre public.  Il a également souligné que son pays appuyait le Cadre d’orientation stratégique concernant le rôle de la police dans les opérations internationales de maintien de la paix, lequel, a-t-il considéré, devrait faciliter le renforcement de la coopération internationale en faveur des opérations de maintien de l’ordre de l’ONU.  À cet égard, il a souligné que le centre ukrainien de formation des forces de police chargées du maintien de la paix était une contribution importante de son pays. 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) s’est félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution.  Pays fournisseur de contingents de longue date, l’Uruguay participe aux opérations de police depuis 1991, année pendant laquelle ce pays a déployé un contingent de policiers au sein de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA), a-t-il rappelé.  Pour M. Rosselli, il est essentiel de continuer à soutenir la police des Nations Unies, qui évolue dans des environnements de plus en plus complexes, en mettant à sa disposition les capacités nécessaires.  Après avoir insisté sur la politique de tolérance zéro de son pays en matière d’abus et d’exploitation sexuels commis par des Casques bleus, le représentant s’est tourné vers M. Monchotte, le Chef de la police de la MINUJUSTH, à qui il a demandé quels étaient les principaux défis auxquels la nouvelle mission en Haïti était confrontée.

Mme IRINA SCHOULGIN-NYONI (Suède) a pris en exemple le Libéria, où la police suédoise est présente depuis plus de 10 ans dans le cadre du Programme conjoint pour l’état de droit du Programme des Nations Unies pour le développement et de la MINUL.  Au Libéria, la police et les divers acteurs de l’état de droit travaillent ensemble et sont aidés par la Cellule mondiale de coordination des activités policières, judiciaires et pénitentiaires de promotion de l’état de droit au lendemain des conflits pour accompagner la transition du retrait de la Mission au déploiement de l’Équipe de pays de l’ONU, a-t-elle indiqué. 

Pour la Suède, une telle transition en douceur permettra la poursuite sans heurts des efforts en cours pour améliorer l’accès de tous à la justice et pour renforcer les capacités des institutions chargées de la sécurité.  D’autre part, la représentante a souligné l’importance d’augmenter le nombre de policières des Nations Unies ainsi que le rôle des femmes dans la construction de sociétés pacifiques, tolérantes et ouvertes.  Elle a également insisté sur le fait que la position unique qu’occupe la police, située au croisement de la sécurité et du développement, faisait d’elle un rouage essentiel de la prévention des conflits et de l’instauration d’une paix durable. 

M. YERULAN AKYLBAYEV (Kazakhstan) a proposé que les mandats et les directives des contingents de police soient clairs, avec de solides unités chargées de l’état de droit, de la réforme du secteur de la sécurité, de la protection des civils, des droits de l’homme et de l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Une telle approche favoriserait la stabilité nationale des pays hôtes et mettrait l’accent sur le renforcement des capacités aux fins de prévenir de nouveaux conflits ou la récurrence de celui en cours, a-t-il estimé. 

La principale tâche de la police des Nations Unies devrait toutefois être le renforcement de la police, de la justice et des institutions correctionnelles nationales, ainsi que des organismes chargés de la redevabilité, notamment lorsque la plupart des mécanismes ont été détruits à cause du conflit, a poursuivi le représentant. 

Pour M. Akylbayev, l’appropriation nationale est également un impératif, les priorités devant être identifiées par les autorités étatiques et la société civile et se trouver en harmonie avec la culture et les traditions juridiques du pays d’accueil, sans pour autant être en conflit avec les normes internationales.  Le représentant a également recommandé que les contingents de police opèrent sans créer de tensions susceptibles d’aggraver la situation humanitaire.  Par ailleurs, M. Akylbayev a jugé vitale la question de la coordination entre la police et les forces armées, estimant qu’il existait plusieurs situations dans lesquelles existaient des chevauchements.

M. KORO BESSHO (Japon) a indiqué que la résolution de ce jour était un élément précieux pour enfin passer de la parole aux actes sur le dossier des composantes police des missions de l’ONU.  « Le temps est venu. »  Il a loué le travail et la flexibilité de la MINUSTAH, avant d’indiquer que la transition vers la MINUJUSTH était un modèle du genre. 

Le représentant a ensuite rappelé que la principale tâche de la MINUSMA était d’appuyer le Gouvernement malien dans la consolidation de l’autorité de l’État.  Enfin, il a appelé la MINUAD à mettre en place de nouvelles normes pour répondre aux questions relatives à l’égalité entre les sexes. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré que les opérations de police faisaient partie intégrante des missions de maintien de la paix, en contribuant à une présence civile indispensable sur le terrain, en aidant le pays hôte à assurer la sécurité sur son territoire et à prêter assistance dans l’organisation des élections.  Pour sa part, l’Égypte a fourni des effectifs de police à la MONUSCO et à la MINUSMA, a rappelé le représentant. 

S’adressant ensuite à la Chef de la police de la MINUAD, M. Aboulatta a souhaité savoir quelles mesures la mission avait adoptées pour transférer ses responsabilités aux policiers soudanais, maintenant que la situation s’est améliorée au Darfour.  Quelles sont en outre les mesures prises pour faire face aux menaces qui se posent à la MINUSMA? a également demandé le délégué, en s’adressant cette fois à M. Yacouba. 

« C’est en raison du rôle fondamental des composantes police des missions de l’ONU qu’il est important que nous entendions les voix de leurs commandants de police aujourd’hui » a affirmé M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni).  Il a affirmé qu’il aurait souhaité que la résolution aille plus loin dans les efforts de réforme visant à accroître l’efficacité de la police onusienne. 

Le représentant britannique a invité le Secrétariat à mieux utiliser les spécialistes à disposition sur ces questions de police afin de tirer un meilleur profit de leurs compétences.  Il a souligné l’importance des relations de confiance entre les Casques bleus et les populations hôtes.  Cela est facilité lorsque les rangs des Casques bleus reflètent la diversité du monde que ces derniers sont censés servir, a-t-il conclu. 

M. WU HAITAO (Chine) a indiqué que plus de 11 000 policiers sont actuellement déployés dans des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  Devant des situations de crise et de conflit de plus en plus complexes, a-t-il recommandé, il faut se remémorer les principes fondamentaux du maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, l’impartialité, et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat. 

Le représentant a particulièrement insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté du pays hôte au moment de modifier les mandats des opérations, lesquels doivent être « clairs, non ambigus et adaptés au contexte ».  Il faut également que la police soit plus efficace et résiliente et mieux coordonnée.  Dans ce contexte, a dit M. Wu, il serait judicieux d’accorder plus d’importance aux pays contributeurs de troupes et d’insister sur le rôle que peut jouer le Comité des opérations de maintien de la paix.  Il a rappelé que plus de 150 policiers chinois sont déployés dans des missions de l’ONU, notamment au Soudan et en Afghanistan. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a estimé que le rôle joué par la police des Nations Unies dans la protection des civils n’était pas clair.  Il a rappelé le large éventail des activités auxquelles celle-ci peut participer, telles que le mentorat, l’appui aux processus électoraux et aux processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration ou bien encore la gestion des frontières.  Il a invité les composantes police à coopérer étroitement avec les autorités des pays hôtes, dans le plein respect de leur souveraineté.  Prenant l’exemple de la MINUSTAH et de la MINUJUSTH, le délégué a souligné l’importance de renforcer la composante police en vue d’une bonne transition vers la police du pays hôte.  Enfin, M. Inchauste Jordán a demandé aux différents commandants de police présents quelles étaient les mesures prises pour accroître le rôle des femmes au sein de leur mission, en particulier la MINUJUSTH. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que les policiers des Nations Unies doivent respecter les mandats qui leur ont été confiés, notamment en établissant des relations de confiance avec le pays hôte.  Il a ensuite dit que l’on ne peut pas parler de coopération internationale lorsque la présence d’une mission pendant des années se traduit par une substitution de ses forces de police et militaires au secteur de la sécurité nationale.  Il a rappelé que son propre pays est un fournisseur de contingents, 20% des effectifs de police déployés dans les opérations de paix de l’ONU étant des femmes; la Russie a formé près de 350 agents de police. 

Le représentant a ensuite relevé que le travail autour de la résolution adoptée avait été « difficile », et que sa préoccupation est de s’abstenir de toute politisation des activités de la police des Nations Unies.  En aucun cas, a-t-il souligné, les policiers ne peuvent recourir à la force contre les autorités du pays hôte.  M. Iliichev s’est dit convaincu que « les discussions les plus difficiles et complexes doivent être transparentes », et avoir notamment lieu au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, auxquelles tous les pays contributeurs de troupes peuvent participer. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a déclaré que, dans les contextes de plus en plus complexes, variés et évolutifs dans lesquels sont déployées les opérations de maintien de la paix, les composantes police constituaient un atout majeur pour relever les défis.  Les forces de police jouent et doivent continuer à jouer un rôle central pour la protection des populations civiles, a ainsi estimé la représentante, pour qui la réussite de cette mission repose sur le contact étroit qui doit se créer entre les forces de police déployées dans les opérations et les populations menacées.  En effet, les populations civiles doivent pouvoir compter sur ces policiers et gendarmes pour les protéger des violations des droits de l’homme et des violences. 

Mme Gueguen a rappelé qu’en cas de violences imminentes, les personnels de composantes police des Nations Unies « ont pour mission d’apporter la protection requise aux populations menacées ».  C’est en outre par leurs contacts avec la population et les autorités locales que les gendarmes et policiers des Nations Unies bâtissent la confiance indispensable à l’exercice d’une protection efficace, comme c’est le cas au Mali, a-t-elle encore noté. 

Mme Gueguen a aussi estimé que la police jouait un rôle fondamental dans l’établissement d’une paix durable, l’efficacité de cet engagement devant reposer sur une identification fine des besoins de l’État hôte et sur une planification adaptée.  En Haïti, dans un contexte de transition, le Conseil a pleinement reconnu la plus-value significative de la police pour l’enracinement de la paix, avec la création de la MINUJUSTH, a expliqué la représentante. 

Concernant les défis les plus urgents, Mme Gueguen a mentionné la capacité à déployer rapidement une composante police adaptée ainsi que la féminisation des forces de police.  Sur ce dernier point, elle a affirmé que les femmes assuraient la garantie du lien entre la police des Nations Unies dans les missions et les populations les plus fragiles.  D’autre part, Mme Gueguen a jugé nécessaire que les composantes police des missions disposent des compétences techniques spécialisées requises, par exemple en matière de lutte contre les violences sexuelles ou contre le crime transnational organisé.  À cet égard, elle a annoncé que la Force de gendarmerie européenne déploierait prochainement, au sein de la MINUSMA, une équipe spécialisée dans la lutte contre le crime organisé et contre le terrorisme. 

M. SALIOU NIANG DIENG (Sénégal) a souligné le rôle incontournable joué par la police dans les missions multidimensionnelles de maintien et de consolidation de la paix.  « C’est en cela que la protection des conflits lui incombe en premier lieu dans des environnements d’insécurité interne comme celui de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ».  Il a rappelé la révision totale de la division police portant sur sa structure, ses fonctions et ses capacités, entreprise conformément au rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d'étudier les opérations de paix (HIPPO).  « Malgré ces efforts louables, beaucoup reste à faire pour venir à bout des défis que nous connaissons tous, car identifiés dans le rapport HIPPO et reconnus par le Conseil dans sa résolution 2185 (2014). »

Le représentant a ensuite souhaité savoir quelles mesures sont prises pour faire face au fait que la majorité des officiers de police chargés de la formation ne parlent pas la langue officielle du pays hôte.  S’adressant au Chef de la police de la MINUSMA, le délégué a demandé quelles étaient les principales contraintes de ladite composante dans l’appréhension et la prévention des activités criminelles organisées.  Évoquant les réserves formulées à l’égard des unités de police constituées (UPC) composées entièrement de femmes, il a également demandé au Chef de la police de la MINUJUSTH quelles étaient, selon lui, les forces et faiblesses d’une telle formation.  « Ne pensez-vous pas plus judicieux d’avoir des UPC mixtes sachant que la quasi-totalité des pays fournisseurs travaillent chez eux dans ce format? »  Enfin, le délégué sénégalais a mentionné l’intention de son pays, contributeur à la MINUAD, de mettre à la disposition de l’ONU 26 officiers de police femmes supplémentaires. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a souligné l’importance de l’appui de la police des Nations Unies pour endiguer les activités criminelles au Sahel.  Haïti est un bon exemple de la contribution de la police à la pérennisation de la paix, a-t-il dit, en saluant la bonne transition entre MINUSTAH et MINUJUSTH.

Le délégué italien a plaidé pour le renforcement de la police des Nations Unies, celle-ci jouant un rôle essentiel dans la prévention des conflits.  Cette police onusienne doit voir son rôle dans la protection des civils accru, a-t-il déclaré.  Il a insisté sur l’importance de la coopération triangulaire entre les pays contributeurs, le Conseil et le Secrétariat.  Enfin, M. Cardi a demandé une augmentation des femmes policières au sein des composantes police des missions de l’ONU. 

Répondant à la Suède, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Lacroix, a rappelé l’intérêt constant dont font montre les membres du Conseil de sécurité vis-à-vis des activités de police.  Ce que le Département des opérations de maintien de la paix attend du Conseil, a-t-il expliqué, c’est qu’il assure un suivi régulier de ses efforts, mais aussi des efforts des pays contributeurs de troupes pour veiller à ce que les ressources fournies correspondent aux mandats, et ainsi permettre à la mission concernée de s’acquitter pleinement de ses activités de police comme de ses autres activités.  Il a encouragé les États Membres à renforcer les capacités de police. 

M. Yacouba, Chef de la police de la MINUSMA, a répondu aux questions sur les attaques perpétrées contre la Mission, « une source de préoccupation majeure ».  Toutes ses unités reçoivent une formation sur les attaques asymétriques et les engins explosifs, a-t-il précisé.  De nombreux morts ont été évités grâce à un respect du protocole de sécurité.  Il a évoqué les mesures de protection passives, déplorant que certaines unités détiennent des équipements qui ne sont pas adaptés.  Il a pointé un blindage insuffisant des véhicules contre les mines.  Après chaque incident, la Mission conduit une enquête, de même que les autorités maliennes, a-t-il expliqué.  Une banque de données criminelles a été créée pour assurer la traçabilité des engins explosifs, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que le manque de confiance envers les forces maliennes était un défi majeur.  Celles-ci doivent être représentatives de la population.  M. Yacouba a enfin insisté sur les efforts en vue de déployer des policiers parlant l’une des langues locales. 

M. Monchotte, Chef de la police de la MINUJUSTH, a identifié deux défis qui pourraient se poser, d’abord la politisation de la police et le fait de savoir si le Gouvernement mettra à disposition les ressources budgétaires nécessaires, sachant qu’Haïti doit participer à hauteur de 45% du budget global du plan quinquennal de développement.  Il s’agit pour la MINUJUSTH d’avoir les équipements et les infrastructures dont elle a besoin, ainsi qu’une composante hélicoptère à part entière, indispensable « compte tenu de l’aménagement du territoire ». 

Il est clair, a rappelé l’intervenant, que la manière dont la police s’adresse à la population et l’usage gradué de la force sont des éléments particulièrement importants.  Ce que j’ai retenu de mon expérience à la MINUSTAH, a dit M. Monchotte, c’est l’importance de soutenir le processus électoral et de lui permettre de parvenir à son terme.  S’agissant de la promotion de l’égalité des sexes dans la police, il a indiqué qu’un nouveau programme a été adopté pour que les pays fournisseurs puissent pourvoir les postes.  S’agissant enfin de la communication, a-t-il ajouté, nous avons évoqué les aspects linguistiques auprès des pays contributeurs pour que, outre des femmes, ils fournissent des effectifs francophones et créolophones. 

Mme Makotose, Chef de la police de la MINUAD, a reconnu une amélioration de la situation au Darfour, même si les personnes déplacées restent dans les camps en raison d’une insécurité insuffisante.  Elle a mentionné le développement par les forces soudanaises de normes de conduite, élément crucial pour le départ de la MINUAD.  Elle a souligné l’importance d’une évaluation des performances de la police soudanaise.  Mme Makotose a en outre souhaité des ressources accrues pour le programme « état de droit » de la mission.  Nous défendons le recrutement de davantage de femmes au sein des forces de police soudanaises, a-t-elle expliqué par ailleurs, ajoutant que l’idée d’un rôle croissant des femmes entrait lentement dans les mœurs au Soudan.  Enfin, elle a insisté sur l’enjeu linguistique.  Nous avons des assistants linguistiques arabophones au sein de la MINUAD et la prise de cours d’arabe est possible, a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Myanmar: le Conseil de sécurité condamne la violence généralisée dans l’État Rakhine, en particulier contre des Rohingya

8085e séance – après-midi
CS/13055

Myanmar: le Conseil de sécurité condamne la violence généralisée dans l’État Rakhine, en particulier contre des Rohingya

Le représentant du Myanmar dénonce une « pression excessive » sur son gouvernement; celui du Bangladesh demande des mesures concrètes

Dans une déclaration présidentielle, adoptée cet après-midi, le Conseil de sécurité condamne la violence généralisée qui règne depuis le 25 août dernier dans l’État Rakhine, et qui a entraîné le déplacement de plus de 607 000 personnes, dont une majorité de Rohingya.  Il se déclare gravement préoccupé par les violations des droits de l’homme qui auraient été commises dans l’État Rakhine, y compris par les forces de sécurité du Myanmar, en particulier contre des Rohingya.

Le représentant du Myanmar a regretté que le texte adopté ne reconnaisse pas assez les efforts de son gouvernement, tandis que le représentant du Bangladesh y voyait un jalon devant permettre au Conseil de poursuivre son action jusqu’à l’adoption d’une solution pacifique, juste et durable à la crise actuelle.

Dans la déclaration, le Conseil engage le Gouvernement du Myanmar à veiller à ce qu’il ne soit plus recouru de manière excessive à la force dans l’État Rakhine, à rétablir l’administration civile, à appliquer l’état de droit et à prendre immédiatement les mesures voulues pour honorer ses obligations et ses engagements s’agissant du respect des droits de l’homme. 

Alarmé par la dégradation importante et rapide de la situation humanitaire dans l’État Rakhine, le Conseil invite également le Gouvernement à accorder un accès immédiat, sûr et sans entrave aux organismes des Nations Unies et à leurs partenaires. 

Le Conseil se félicite de la signature, le 24 octobre 2017, d’un mémorandum d’accord entre les Gouvernements du Myanmar et du Bangladesh sur la situation dans l’État Rakhine, et de la décision prise par le Gouvernement du Myanmar de créer un mécanisme-cadre pour l’aide humanitaire, la réinstallation et le développement dans l’État Rakhine; il prie le Gouvernement du Myanmar de veiller au retour librement consenti, sûr et digne des personnes déplacées et des réfugiés dans leurs foyers dans l’État Rakhine.

En outre, le Conseil demande au Gouvernement du Myanmar de s’attaquer aux causes profondes de la crise dans l’État Rakhine.  Se félicitant de l’engagement pris publiquement par le Gouvernement du Myanmar de donner suite aux recommandations de la Commission consultative sur l’État Rakhine, présidée par Kofi Annan, il souligne qu’il est essentiel que des enquêtes transparentes soient menées sur les allégations de violation des droits de l’homme. 

À cet égard, le Conseil prie le Gouvernement du Myanmar de coopérer avec tous les organismes et mécanismes compétents des Nations Unies, en particulier le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Enfin, il encourage le Secrétaire général à envisager, selon que de besoin, la nomination d’un conseiller spécial pour le Myanmar.  Il prie en outre ce dernier de le tenir informé de l’évolution de la situation dans l’État Rakhine dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente déclaration.

Après la lecture de la déclaration présidentielle, le représentant du Myanmar s’est dit très préoccupé par un texte qui, à ses yeux, ne reconnaît pas assez les efforts de son gouvernement pour répondre aux défis dans l’État Rakhine.  Pour le représentant, cette déclaration risque de polariser davantage les différentes communautés religieuses dans le pays et exerce une pression excessive sur le Myanmar.  De plus, a-t-il déploré, elle empiète sur les travaux d’autres organes de l’ONU, en particulier la Troisième Commission et le Conseil des droits de l’homme.

Le représentant a rappelé que les attaques du 25 août dernier et les actes terroristes perpétrés par l’Armée de salut des Rohingya avaient provoqué une situation tragique dans l’État Rakhine.  Assurant que le Gouvernement du Myanmar travaille de concert avec le Bangladesh pour permettre le retour librement consenti, sûr et digne des personnes déplacées, il a mis en relief certaines des mesures prises pour résoudre la crise avant de conclure en disant « espérer que cette déclaration présidentielle ne contribuera pas au terrorisme dans le monde ». 

Pour sa part, le représentant du Bangladesh a remercié le Conseil de sécurité d’avoir reconnu les efforts de son gouvernement pour apporter une aide humanitaire, tout en demandant à la communauté internationale d’appuyer ses efforts de manière durable.  Rappelant l’effet déstabilisateur pour la région toute entière du déplacement massif de population, il a fait observer que, malgré la décision de constituer un groupe de travail commun avec le Myanmar sur le rapatriement des réfugiés, les mesures concrètes restaient à prendre. 

Constatant que la déclaration présidentielle avait fixé des grandes lignes du processus à venir et pris note des engagements du Gouvernement du Myanmar, le représentant a rappelé qu’il était essentiel que ces déclarations trouvent une expression concrète.  Il a en particulier souhaité que des progrès tangibles sur le terrain aient lieu avant la présentation par le Secrétaire général du rapport que le Conseil lui a demandé dans les 30 jours.  Il a en outre souhaité la nomination d’un envoyé spécial du Secrétaire général pour le Myanmar et a rappelé que « le problème a son origine au Myanmar, et sa solution doit être trouvée au Myanmar ». 

LA SITUATION AU MYANMAR

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité condamne les attaques perpétrées le 25 août dans l’État Rakhine (Myanmar) par l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan contre les forces de sécurité du Myanmar, et se déclare gravement préoccupé par les atteintes aux droits de l’homme que l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan aurait commises.

Le Conseil condamne fermement la violence généralisée qui règne depuis le 25 août dans l’État Rakhine, qui a entraîné le déplacement de plus de 607 000 personnes, dont une majorité appartenant à la communauté Rohingya. 

Le Conseil se déclare gravement préoccupé par les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits qui auraient été commises dans l’État Rakhine, y compris par les forces de sécurité du Myanmar, en particulier contre des personnes appartenant à la communauté Rohingya, notamment le recours systématique à la force et à l’intimidation, les meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants, les violences sexuelles et la destruction, y compris par le feu, d’habitations et de biens.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance politique, à l’intégrité territoriale et à l’unité du Myanmar, souligne qu’il appuie l’action que mène le Gouvernement du Myanmar pour poursuivre et consolider la transition démocratique en cours, insistant sur l’importance des réformes qui visent à promouvoir des institutions publiques responsables, en particulier dans les secteurs de la sécurité et de la justice, et à gagner la confiance du peuple du Myanmar. 

Le Conseil souligne qu’il incombe au premier chef au Gouvernement du Myanmar de protéger sa population, notamment par le respect de l’état de droit et par le respect, la promotion et la protection des droits de l’homme.

Le Conseil demande au Gouvernement du Myanmar de veiller à ce qu’il ne soit plus recouru de manière excessive à la force dans l’État Rakhine, à rétablir l’administration civile, à appliquer l’état de droit et à prendre immédiatement les mesures voulues pour honorer ses obligations et ses engagements s’agissant du respect des droits de l’homme, notamment les droits fondamentaux des femmes, des enfants et des personnes appartenant à des groupes vulnérables, sans distinction et indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse ou de leur citoyenneté; il l’engage également à appliquer des mesures conformes aux dispositions de la résolution 2106 (2013) pour prévenir et réprimer les actes de violence sexuelle et l’encourage à cet égard à collaborer avec le Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.

Le Conseil se déclare en outre vivement préoccupé par les violences intercommunautaires dont il est fait état et demande au Gouvernement du Myanmar de prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer l’incitation à la haine et à la violence et pour rétablir la paix et l’harmonie intercommunautaire par le dialogue et par un processus de réconciliation générale, dans le respect de l’état de droit.

Le Conseil se déclare alarmé par la dégradation importante et rapide de la situation humanitaire et des droits de l’homme dans l’État Rakhine et se dit gravement préoccupé par le nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du territoire qui va croissant, ce qui a un effet déstabilisateur dans la région.

Le Conseil prend note des premières mesures prises par le Gouvernement du Myanmar et les organismes humanitaires pour apporter une aide humanitaire aux personnes touchées dans l’État Rakhine, notamment l’autorisation donnée au Programme alimentaire mondial de s’y rendre; il se déclare néanmoins profondément préoccupé par les restrictions graves à l’accès humanitaire et l’ampleur des besoins humanitaires qui dépassent les niveaux d’aide actuellement fournis, et il invite le Gouvernement, d’une part, à accorder un accès immédiat, sûr et sans entrave aux organismes des Nations Unies et à leurs partenaires, ainsi qu’aux autres organisations non gouvernementales nationales et internationales, afin qu’ils puissent fournir une aide humanitaire dans l’État Rakhine, et, d’autre part, à assurer la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire. 

Le Conseil rend vivement hommage au Gouvernement bangladais pour l’action qu’il a menée avec l’aide des organismes des Nations Unies, de leurs partenaires et d’autres organisations non gouvernementales afin d’assurer la sécurité de ceux qui ont fui la violence et de leur fournir abri et assistance humanitaire, l’encourage à continuer dans ce sens jusqu’à ce que ces derniers puissent réintégrer de leur plein gré, en toute sécurité et dignité leurs foyers au Myanmar, compte dûment tenu du principe de non-refoulement, félicite les États qui ont fourni un appui au Bangladesh et encourage ceux qui en ont les moyens à lui apporter un soutien financier et logistique supplémentaire, ainsi qu’aux organismes des Nations Unies, en particulier au Plan d’intervention humanitaire face à la crise des réfugiés Rohingya, et à d’autres partenaires humanitaires qui participent à cet effort.

Le Conseil se félicite de la signature, le 24 octobre 2017, d’un mémorandum d’accord entre les Gouvernements du Myanmar et du Bangladesh sur la situation dans l’État Rakhine, engage le Gouvernement du Myanmar à collaborer avec le Gouvernement bangladais et l’ONU pour permettre le retour librement consenti de tous les réfugiés en toute sécurité et dignité dans leurs foyers au Myanmar, se félicite à cet égard de l’engagement pris par les Gouvernements du Myanmar et du Bangladesh de créer un groupe de travail conjoint pour mettre en œuvre ce processus, et les prie instamment d’inviter le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et d’autres organisations internationales compétentes à prendre pleinement part aux activités du groupe de travail conjoint et à la mise en œuvre du processus des retours, et il demande par ailleurs au Gouvernement du Myanmar d’accélérer le retour librement consenti, en tout sécurité et dignité dans leurs foyers de toutes les personnes déplacées à l’intérieur du territoire au Myanmar. 

Le Conseil se félicite de la décision prise par le Gouvernement du Myanmar de créer un Mécanisme-cadre intitulé l’« Union d’entreprise pour l’aide humanitaire, la réinstallation et le développement dans l’État Rakhine » (« le Mécanisme-cadre »), ainsi que de son engagement à faire en sorte que toutes les communautés de l’État Rakhine bénéficient de l’aide humanitaire et des activités de développement menées par le mécanisme, sans distinction et indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse, prie instamment le Gouvernement de veiller à ce que le mécanisme facilite le retour librement consenti, sûr et digne des personnes déplacées à l’intérieur du territoire et des réfugiés dans leurs foyers dans l’État Rakhine, et de permettre aux organismes des Nations Unies de mener leurs opérations sans aucune entrave dans l’État Rakhine.

Le Conseil exhorte les Gouvernements du Myanmar et du Bangladesh, les organismes des Nations Unies et les autres partenaires humanitaires à accorder une attention particulière aux besoins particuliers des femmes et des filles dans toutes les activités d’évaluation, de planification et d’acheminement de l’aide humanitaire et à veiller à ce que des soins médicaux et des services psychosociaux spécialisés soient disponibles pour celles qui ont subi des violences sexuelles.

Le Conseil se félicite des mesures que continuent de prendre les pays de la région et les organisations régionales, en particulier l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, l’Organisation de la coopération islamique et l’Union européenne, pour apporter une aide humanitaire et appuyer le dialogue entre toutes les parties concernées. 

Le Conseil demande au Gouvernement du Myanmar de s’attaquer aux causes profondes de la crise dans l’État Rakhine, en respectant, de promouvant et protégeant les droits de l’homme, sans discrimination et indépendamment de l’appartenance ethnique ou religieuse, notamment en assurant à tous la liberté de circulation et l’égalité d’accès aux services de base et à la citoyenneté intégrale.

Le Conseil se félicite de l’engagement pris publiquement par le Gouvernement du Myanmar d’appliquer les recommandations de la Commission consultative sur l’État Rakhine présidée par Kofi Annan, ainsi que de la mise en place d’un comité ministériel chargé de les mettre en œuvre, et demande instamment à toutes les parties représentant le Gouvernement de collaborer à l’application rapide et intégrale de ces recommandations.

Le Conseil souligne qu’il est essentiel que des enquêtes transparentes soient menées sur les allégations de violation des droits de l’homme et d’atteinte à ces droits, notamment de violences, y compris sexuelles, et de maltraitance à l’encontre d’enfants, et que toutes les personnes responsables de ces actes soient amenées à en répondre afin que justice soit rendue aux victimes.

À cet égard, le Conseil prie le Gouvernement du Myanmar de coopérer avec tous les organismes et mécanismes compétents des Nations Unies, en particulier le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, et de poursuivre les consultations concernant l’ouverture d’un bureau de pays du Haut-Commissariat.

Le Conseil exhorte le Gouvernement du Myanmar à accorder d’urgence un accès total et sans entrave aux médias nationaux et internationaux dans l’État Rakhine et dans tout le pays, et à assurer la sûreté et la sécurité de leur personnel. 

Le Conseil prie le Secrétaire général de continuer à offrir ses bons offices, de poursuivre son dialogue avec le Gouvernement du Myanmar, en y associant toutes les parties prenantes, et de fournir une assistance technique au Gouvernement à cet égard et l’encourage à envisager, selon que de besoin, la nomination d’un conseiller spécial pour le Myanmar;

Le Conseil demeure résolu à continuer à suivre de près la situation au Myanmar et prie le Secrétaire général de le tenir informé de l’évolution de la situation dans l’État Rakhine dans les 30 jours suivant l’adoption de la présente déclaration.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

République centrafricaine: face à la « brutalité inouïe », le Représentant spécial plaide pour un dialogue politique inclusif et le renforcement de la MINUSCA

8084e séance – matin
CS/13054

République centrafricaine: face à la « brutalité inouïe », le Représentant spécial plaide pour un dialogue politique inclusif et le renforcement de la MINUSCA

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine, M. Parfait Onanga-Anyanga, a appelé, ce matin, les dirigeants et tous les acteurs de ce pays à s’engager autour d’un processus politique inclusif, sous le patronage du Président centrafricain, dans le but de mettre fin à « la brutalité inouïe » constatée actuellement.  Appuyé par le délégué de l’Union africaine et plusieurs membres du Conseil de sécurité, le Représentant spécial a également plaidé pour une augmentation des effectifs militaires de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), dont il est le chef.

« Cette année a été marquée par des faits graves », a déclaré le Représentant spécial, venu présenter au Conseil de sécurité le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine.  Faisant le constat qu’il n’y a « souvent aucune paix à préserver » dans le pays, M. Onanga-Anyanga a déploré la mort de 12 Casques bleus au cours d’attaques qui les ciblaient et de 13 travailleurs humanitaires décédés de façon violente, ce qui fait de la République centrafricaine le pays le plus dangereux pour l’action humanitaire.

M. Onanga-Anyanga a par ailleurs dit craindre un regain d’affrontements dans l’ouest du pays, notamment, entre des combattants anti-balaka locaux et des membres armés de la communauté peule ou des éléments armés affiliés aux ex-Séléka.  À l’instar du Secrétaire général, qui a effectué une visite dans le pays du 24 au 27 octobre, le Représentant spécial a, néanmoins, noté qu’il existait des « opportunités réelles » de parvenir à une résolution politique de la crise. 

Tout en en appelant au « courage politique et moral » des acteurs centrafricains, le Représentant spécial a souligné l’espoir que représente l’adoption de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation, initiée par l’Union africaine, pour une sortie de crise par le dialogue.  Le 11 septembre dernier, le panel de facilitation de cette feuille de route dite « de Libreville » s’est réuni pour la première fois, a précisé le délégué de l’Union africaine, M. Bedializoun Moussa Nébié.

« Depuis, un programme d’activités et un budget de 4 140 000 dollars ont été adoptés, la contribution de l’Union africaine étant attendue dans les semaines à venir », a assuré ce dernier.  Le représentant de la Communauté de Sant’Egidio, M. Mauro Garofalo, a, lui, insisté sur un autre point positif, à savoir le bon avancement du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) qui est en cours.  Près de 1 000 hommes pourraient être démobilisés, a-t-il annoncé en espérant ainsi dépasser l’objectif initial de 600 hommes.

Le délégué du Kazakhstan et celui de la Bolivie ont, eux, salué la récente visite du Secrétaire général dans le pays, signe de la « solidarité active » de l’ONU, selon l’expression du représentant kazakh.  Ce déplacement a été un « voyage historique et symbolique », lourd de signification pour mon peuple, a, de son côté, affirmé la représentante de la République centrafricaine.  Alors que le mandat de la MINUSCA expire prochainement, la déléguée a exhorté le Conseil à prendre des « décisions conséquentes ».

Un avis partagé par le Représentant spécial, qui a plaidé, dans le droit fil du rapport précité, pour une augmentation de 900 personnes en ce qui concerne le personnel militaire de la Mission qui, au 5 octobre, comptait 10 658 hommes.  La force serait ainsi plus flexible en vue d’un déploiement rapide dans les zones à risque pour les civils, a expliqué M. Onanga-Anyanga.

Au début de son exposé, le Représentant spécial avait pointé les limites de la force de la MINUSCA, ce que le « retrait des forces ougandaises sous mandat de l’Union africaine a accentué », ainsi que les « attentes démesurées », « forcément déçues », autour de son mandat actuel.  L’augmentation demandée fait partie d’une stratégie complète visant à remédier à la détérioration de la situation sécuritaire et à créer un espace en vue de l’avancement du processus politique, a-t-il affirmé.

Les délégués de la Bolivie, du Kazakhstan et de l’Uruguay ont appuyé le renforcement de la MINUSCA, le représentant uruguayen s’empressant néanmoins d’ajouter « qu’une telle mission ne saurait se substituer à un État ni stabiliser tout un pays ».  Son homologue de la Fédération de Russie a, de son côté, jugé inacceptable que des contingents « parfois » entiers de Casques bleus soient renvoyés, à cause d’exploitation et d’atteintes sexuelles, sans être remplacés.

Le Représentant spécial avait conclu son exposé en soulignant la nécessité que le personnel de la Mission respecte « plus que jamais » la politique de tolérance zéro du Secrétaire général pour l’exploitation et les atteintes sexuelles, même si le nombre de cas avait connu une baisse significative.  Pour lui, « nous pouvons et devons faire mieux ».

* S/2017/865

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine (S/2017/865)

Déclarations

« L’année en cours a été marquée par des faits graves », a déclaré M. PARFAIT ONANGA-ANYANGA, Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine.  « De nombreux Centrafricains ont perdu la vie », a-t-il indiqué en soulignant que la dégradation de la situation sécuritaire n’avait pas permis le retour durable des personnes affectées depuis le début de la crise.  Le pays compte désormais près de 600 000 personnes déplacées et un demi-million de réfugiés dans les pays voisins.  « De nombreux autres encore ont disparu, dans l’oubli et le silence, sans sépulture. »

Le Représentant spécial a indiqué que cette situation sécuritaire avait assombri davantage un environnement humanitaire déjà désastreux, avant de mentionner la mort violente de 13 travailleurs humanitaires, « faisant de la République centrafricaine le pays le plus dangereux pour l’action humanitaire ».  « C’est dans ce contexte d’une brutalité inouïe, où il n’y a souvent aucune paix à préserver, que les Casques bleus sont engagés et risquent quotidiennement leurs vies », a-t-il poursuivi.  « Douze d’entre eux ont succombé depuis le début de cette année, victimes de violentes attaques ciblées. »

M. Onanga-Anyanga a déclaré que, partout où la présence de l’État faisait défaut, les attaques brutales à l’encontre des civils avaient persisté, en particulier dans le sud-est et le nord-ouest du pays.  Avec le début de la saison sèche et de la transhumance, il a dit craindre un regain d’affrontements à l’ouest du pays, notamment, entre des combattants anti-Balakas locaux et des membres armés de la communauté Peulh (Fulani) ou des éléments armés affiliés aux ex-Séléka.  « Malgré les rigueurs du terrain et l’impact négatif de l’incompréhension entretenue découlant d’attentes démesurées du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et forcément déçues, même si je les comprends, la Mission continue de mener son mandat avec courage et détermination. »  Le Représentant spécial a noté que la multiplication des foyers de tension et l’exacerbation de la violence mettaient en évidence les limites de la force de la MINUSCA, « que le retrait des forces ougandaises sous mandat de l’Union africaine a accentuées ».

Le Représentant spécial a mentionné la visite du Secrétaire général dans le pays, qui s’est déroulée du 24 au 27 octobre, à la veille du renouvellement du mandat de la Mission.  Il a souligné l’aspect essentiel des décisions du Conseil pour permettre de nouvelles avancées dans le pays.  Comme l’a indiqué le Secrétaire général, la République centrafricaine est un pays qui fait face à d’immenses défis mais où existent aussi des opportunités réelles de parvenir à une résolution politique de la crise, a-t-il poursuivi.  M. Guterres a également plaidé pour un renforcement des institutions légitimes du pays, une augmentation substantielle des moyens de la force de la MINUSCA et une plus grande prise de responsabilités nationales pour la sécurisation du pays, notamment à travers un déploiement progressif des bataillons centrafricains ayant été réformés par la mission militaire de formation de l’Union européenne (EUTM). 

« Pour réussir sur tous ces fronts, il faudrait un engagement de tous les acteurs autour d’un processus politique inclusif sous le patronage du Président centrafricain », a affirmé M. Onanga-Anyanga.  Il a souligné, à cet égard, l’espoir que représente l’adoption de la Feuille de route pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, initiée par l’Union africaine, pour une sortie de crise par le dialogue.  Les États régionaux devront renforcer leur engagement afin d’inverser la courbe de la violence, a-t-il continué.

M. Onanga-Anyanga a ensuite fait état de certains progrès accomplis dans la mise en œuvre du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix et du Cadre d’engagement mutuel, qui fournissent des instruments stratégiques indispensables au renforcement institutionnel et au relèvement du pays.  Mais deux millions de personnes ont un besoin urgent d’assistance alimentaire, a-t-il dit en ajoutant que « les perspectives de retour des déplacés et des réfugiés restent fortement compromises par la persistance des tensions ».

La demande du Secrétaire général d’augmenter les effectifs de la force de 900 soldats fait partie d’une stratégie complète visant à remédier à la détérioration de la situation sécuritaire et à créer un espace en vue de l’avancement du processus politique, a-t-il poursuivi.  Le Représentant spécial a précisé que la force serait ainsi plus flexible en vue d’un déploiement rapide dans les zones à risque pour les civils.  « Nous allons renforcer notre soutien au processus politique et améliorer la protection des civils en mettant l’accent sur la prévention, tout en veillant à garantir un accès humanitaire », a indiqué M. Onanga-Anyanga, tout en précisant vouloir assurer que le personnel de la Mission respecte plus que jamais la politique de tolérance zéro pour l’exploitation et les atteintes sexuelles prônée par le Secrétaire général.  « Nous pouvons et devons faire mieux. »

En conclusion, le Représentant spécial a réitéré l’appel du Secrétaire général afin que les dirigeants centrafricains mettent fin à la manipulation politique et à l’instrumentalisation de l’ethnie ou de la religion.  « Tolérance, dialogue et compromis nécessiteront du courage politique et moral de la part de tous les acteurs. »  Enfin, il a jugé crucial l’engagement continu du Conseil dans les efforts de stabilisation du pays. 

M. BEDIALIZOUN MOUSSA NÉBIÉ, Représentant spécial de l’Union africaine (UA) pour la République centrafricaine, a rappelé que, le 11 septembre dernier, le panel de facilitation de la mise en œuvre de la feuille de route de Libreville s’était réuni pour la première fois.  Depuis, un programme d’activités et un budget de 4 140 000 dollars ont été adoptés, la contribution de l’UA étant attendue dans les semaines à venir, a-t-il assuré.  Lors de sa première mission sur le terrain, le panel a rencontré le Président de la République, le Premier Ministre, les membres de la MINUSCA, le Groupe de soutien et de coordination et la presse internationale, rencontres qui ont permis de porter à la connaissance des autorités les conclusions du panel.  Celui-ci a identifié les éléments de blocage du processus de paix en République centrafricaine, à commencer par le manque de confiance entre gouvernants et gouvernés, l’absence d’autorité de l’État dans certaines régions du pays, la persistance des violences commises par les groupes armés, la manipulation politique et religieuse, et le niveau « peu élevé » d’éducation et d’instruction à l’échelle nationale. 

Conscient des conséquences sur la sous-région qu’entraîne cette crise, qui a conduit 600 000 personnes au déplacement et fait 500 000 réfugiés, le Représentant spécial a estimé qu’au moment de proroger le mandat de la MINUSCA ce mois-ci, il serait judicieux que le Conseil de sécurité apporte son appui à la mise en œuvre de la feuille de route, laquelle nécessite d’importants moyens financiers.  En outre, au vu des activités de certains groupes armés, il est indispensable non seulement de renouveler le mandat, mais aussi de le renforcer, a-t-il dit.  De même, une hausse du nombre de Casques bleus serait bienvenue, a préconisé M. Nébié.  Il a également prôné un « assouplissement » de l’embargo sur les armes afin de permettre à l’État centrafricain d’équiper les forces de sécurité de manière adéquate.  Le haut fonctionnaire s’est aussi déclaré favorable à la promotion de projets à impact rapide, en particulier en direction des jeunes et des femmes.  Il a enfin lancé un appel aux partenaires de la République centrafricaine afin de voir se concrétiser les promesses de la conférence des bailleurs de fonds de Bruxelles.

M. MAURO GAROFALO, Communauté de Sant’Egidio, a souligné les effets positifs de la visite du Secrétaire général pour le processus en République centrafricaine.  « L’instabilité chronique n’a pas commencé en 2013 mais remonte à 20 ans », a-t-il dit.  Le représentant a indiqué que la Communauté de Sant’Egidio avait rejoint le processus en cours de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) dont le but est la démobilisation de 600 hommes.  Les groupes armés ont réagi de manière inégale à ce processus, a-t-il remarqué, tout en notant son bon avancement.  Il a ainsi jugé possible la démobilisation de 1 000 hommes.  « Il s’agit d’un pas positif dans un climat pollué par la haine », selon lui.  Enfin, M. Garofalo a souligné la nécessité de montrer que le processus de DDR n’est pas une chimère et peut devenir réalité.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a remarqué que la République centrafricaine avait, au cours de la période considérée, oscillé entre, d’une part, la consolidation des acquis obtenus depuis la fin de la période de transition politique et l’élection du Président Touadéra, en particulier à Bangui et à Bambari, et, d’autre part, la grave détérioration des conditions de sécurité dans d’autres secteurs de la République centrafricaine, avec des incidences regrettables sur la situation humanitaire dans le pays.  Il a exprimé sa préoccupation devant les affrontements entre groupes armés et les attaques prenant pour cible la population civile, le personnel du maintien de la paix et les travailleurs humanitaires.  Si sa délégation a appuyé l’évaluation faite par le Département des opérations de maintien de la paix s’agissant du mandat de la MINUSCA, y compris en ce qui concerne la hausse de la « dotation maximale autorisée », il a en revanche rappelé qu’une telle mission ne saurait se substituer à un État ni stabiliser tout un pays. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a demandé un engagement sérieux de la part de tous les acteurs centrafricains, avant de saluer la récente visite du Secrétaire général dans le pays.  La moitié de la population a besoin d’une aide urgente, a-t-il poursuivi.  Il a également demandé la mise en route de la Cour pénale spéciale pour lutter contre l’impunité, avant d’exhorter les groupes armés à déposer les armes et à se soumettre au processus de DDR.  Enfin, le délégué a appuyé le renforcement des capacités de la MINUSCA pour qu’elle puisse se déployer plus rapidement dans les zones à risque pour les civils. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il fallait créer un environnement propice au retour, dans des conditions sûres, des personnes déplacées et des réfugiés centrafricains.  Il a regretté de devoir constater que l’État centrafricain n’exerçait d’autorité que sur une partie de son territoire, tout en apportant son soutien aux mesures prises par Bangui pour rétablir la paix.  Le représentant en a voulu pour preuve le déploiement rapide de deux bataillons qui devront faire partie des futures forces armées du pays.  Pour sa délégation, il est important de mettre l’accent sur le renforcement des capacités nationales.  La Fédération de Russie a ensuite exprimé sa perplexité devant l’établissement d’une nouvelle juridiction internationale dans le pays, la Cour pénale spéciale centrafricaine, dans la mesure où les précédents n’ont pas toujours été concluants.  Elle juge par ailleurs inacceptable que des contingents « parfois » entiers de Casques bleus soient renvoyés à cause d’abus et d’exploitation sexuels, mais pas remplacés.  Le délégué russe a enfin donné l’assurance que son pays, en tant que membre du Groupe international de contact pour la République centrafricaine, continuerait de soutenir Bangui, comme il l’a fait récemment en mettant à disposition des autorités deux hélicoptères. 

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a salué la récente visite du Secrétaire général dans le pays, signe de la « solidarité active » de l’ONU.  Conscient des limites de la réponse opérationnelle globale offerte par la Mission, le délégué a appelé la MINUSCA à se concentrer sur ses tâches essentielles de maintien de la paix et à appuyer les processus politiques aux niveaux local et national.  Les capacités de la Mission doivent être ajustées afin de protéger au mieux les civils et de faciliter l’instauration d’un environnement sûr pour l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il poursuivi.  Le délégué a également exhorté l’ONU à appuyer le dialogue national, à renforcer la légitimité du Gouvernement et à revitaliser les efforts de médiation.  Pour lui, la solution ne peut être que politique en République centrafricaine, pas militaire.  En conclusion, le délégué a pleinement appuyé l’extension du mandat de la Mission.

Mme AMBROISINE KPONGO (République centrafricaine) a qualifié la visite que le Secrétaire général vient d’effectuer dans son pays de « voyage historique et symbolique », lourd de signification pour son peuple.  Au cours des quatre jours qu’il a passés sur place, M. António Guterres a pu mesurer l’ampleur des défis qui restent encore à relever, en particulier sur les plans sécuritaire et humanitaire.  « L’appel lancé à la communauté internationale pour plus d’attention à la situation de ce pays nous conforte dans notre conviction que l’ONU, et surtout le Conseil de sécurité, prendront des décisions et des mesures conséquentes lors de la préparation et l’adoption du projet de résolution renouvelant le mandat de la MINUSCA », a déclaré la représentante en exprimant le souhait que ce mandat soit à la hauteur des défis qui se posent à la République centrafricaine. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission adopte des textes sur l’expulsion des étrangers et sur le rapport du comité de la Charte et du raffermissement du rôle de l’ONU

Soixante-douzième session,
28e séance – matin
AG/J/3562

La Sixième Commission adopte des textes sur l’expulsion des étrangers et sur le rapport du comité de la Charte et du raffermissement du rôle de l’ONU

La Sixième Commission (chargée des questions juridiques) a adopté, ce matin, sans vote deux projets de résolution sur l’expulsion des étrangers et sur le rapport du Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation*.

La Commission a reporté la question de l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au secrétariat de la Convention de Ramsar sur les zones humides à sa soixante-treizième session.

Par ailleurs, elle a entendu la présentation de deux autres projets de résolution sur la demande d’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes, d’une part, et sur les effets des conflits armés sur les traités, d’autre part.

Par le texte portant sur l’expulsion des étrangers, la Sixième Commission recommande à l’Assemblée générale de prendre note des articles présentés sur ce sujet par la Commission du droit international et décide de l’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-douzième session. 

En outre, par le texte qui entérine le rapport du Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation, l’Assemblée générale prierait le Comité spécial de poursuivre l’examen des propositions concernant la question du maintien de la paix et de la sécurité internationales afin de renforcer le rôle des Nations Unies, notamment la mise en œuvre des dispositions de la Charte relatives à l’assistance aux États tiers touchés par l’application de sanctions.

En début de séance, la Commission a pris note des rapports des Présidents de ses deux Groupes de travail.  Mme Shara Duncan Villalobos, Présidente du Groupe de travail sur la portée et l’application du principe de compétence universelle, a noté que les délégations restaient divisées sur la possibilité de renvoyer ce point, soit entièrement, soit pour les questions techniques, à la Commission du droit international.

À son tour, M. Rohan Perera, Président du Groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international, a noté que certaines délégations ont demandé la contribution de la Commission du droit international sur des questions techniques, tandis que d’autres ont fait valoir qu’elle ne serait pas l’instance appropriée en raison de la nature politique de certains sujets.  La plupart des questions en suspens, a-t-il souligné, sont liées aux références au droit international humanitaire.  Regrettant l’absence de consensus, le Président de la Sixième Commission, M. Burhan Gafoor, a encouragé les délégations à poursuivre leurs travaux sur ce sujet.

La Sixième Commission se réunira le lundi 6 novembre, à 10 heures, pour examiner le point consacré à la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.

*A/C.6/72/L.15 et A/C.6/72/L.12

 

Rapport oral de la Présidente sur les travaux du Groupe de travail sur la portée et l’application du principe de compétence universelle

Mme SHARA DUNCAN VILLALOBOS, Présidente du Groupe de travail sur la portée et l’application du principe de compétence universelle, a rappelé que le Groupe de travail s’est réuni deux fois, les 12 et 18 octobre 2017.  Durant ces réunions, la Présidente a présenté un aperçu des débats passés et le Groupe de travail a discuté de la voie à suivre.

Les délégations sont restées divisées sur la possibilité de renvoyer ce point, soit entièrement, soit concernant les questions techniques, à la Commission du droit international (CDI), a expliqué Mme Duncan Villalobos.  Certaines délégations y étaient favorables, tandis que d’autres ont estimé que les questions techniques restantes pouvaient être examinées par la CDI en vue de contribuer aux travaux de la Sixième Commission.  D’autres délégations ont jugé prématuré de renvoyer cette question à la CDI et considéré que le Groupe de travail restait le forum adéquat pour débattre de ce sujet.

Des délégations ont envisagé la possibilité de rationnaliser ou d’éliminer les aspects qui semblaient être des doublons, a poursuivi la Présidente.  Certaines ont suggéré que concentrer le Groupe de travail sur un ensemble de questions spécifiques et techniques pourrait être plus utile.  D’autres délégations ont estimé que tant que des propositions spécifiques n’ont pas présenté de transformations, le document de travail officieux, dans sa forme et son contenu, restait pour le moment le meilleur moyen de structurer les débats du Groupe de travail.

« J’ai procédé à un réexamen des travaux du Groupe de travail et je pense avoir une idée claire de l’état des débats de cette année.  Selon moi, le Groupe de travail ne devrait pas être une répétition des discussions de la Sixième Commission », a déclaré Mme Duncan Villalobos.  Elle a recommandé aux délégations intéressées d’utiliser les périodes d’intersessions pour tenir des consultations dont l’objectif serait d’identifier les résultats du Groupe de travail qui pourraient permettre d’utiliser le temps de façon sage et serait approprié à la nature du sujet.  Il reste cependant peu clair sur quoi le Groupe de travail travaille et pour qui.  « Je reste fermement engagée à collaborer étroitement avec toutes les délégations pour progresser sur cette question vitale », a-t-elle assuré.

Rapport oral du Président sur les travaux du Groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international

M. ROHAN PERERA (Sri Lanka), Président du Groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international, a présenté son rapport sur le processus d’élaboration d’une convention globale sur le terrorisme international.  Il a rappelé que le Groupe de travail a tenu des rencontres en septembre et octobre de cette année, au cours desquelles il a adopté son programme de travail et discuté des questions entourant le projet de convention globale.  Il a déclaré qu’alors que certaines délégations ont demandé la contribution de la Commission du droit international (CDI) sur des questions techniques, d’autres ont fait valoir qu’elle ne serait pas l’instance appropriée en raison de la nature politique de certains sujets.  Des membres du Groupe de travail ont estimé que la définition du terrorisme doit être assez large pour englober tous les groupes terroristes. 

M. Perera a indiqué que des amendements ont été proposés aux paragraphes 2 et 5 de l’article 3 du projet de convention.  En outre, il a noté que la plupart des questions en suspens étaient liées aux références au droit international humanitaire.  Estimant que les divergences d’opinions sur le projet de convention globale sur le terrorisme étaient d’ordre politique, l’Égypte a réitéré sa proposition de tenir une conférence de haut niveau sur cette question, une question qui a divisé le Groupe de travail.  À la clôture des travaux du Groupe de travail, le Président a appelé les délégations à fournir des propositions spécifiques afin de régler les questions en suspens. 

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au secrétariat de la Convention de Ramsar sur les zones humides

Mme MARINA SANDE (Uruguay) a déclaré avoir demandé le report de l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au secrétariat de la Convention de Ramsar sur les zones humides afin de permettre une analyse plus approfondie de cette question et d’en clarifier la nature juridique.  Elle a également souhaité étudier plus à fond la façon dont le secrétariat de la Convention de Ramsar peut contribuer aux débats aux Nations Unies.

Mme EMILY PIERCE (États-Unis) a déclaré qu’elle a travaillé avec l’Uruguay sur la question de l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale du secrétariat de la Convention de Ramsar sur les zones humides.  Bien que les États-Unis appuient son travail, elle a estimé que cet organisme ne possède pas le statut d’organisation intergouvernementale nécessaire à l’obtention du statut d’observateur.  Elle a dit étudier la possibilité que Ramsar puisse participer à des forums politiques de haut niveau de l’ONU pertinents ainsi qu’au Conseil économique et social (ECOSOC), invitant en outre l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à désigner Ramsar comme représentant de l’UCN pour les questions pertinentes.

M. JUAN CUELLAR TORRES (Colombie) a jugé nécessaire de clarifier la position juridique de la Convention de Ramsar.  Il a salué l’esprit constructif dont ont fait preuve les États-Unis sur cette question.

Octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes (projet de résolution A/C.6/72/L.16)

Le Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes soutient les processus de développement et les droits des peuples et des communautés autochtones de l’Amérique latine et des Caraïbes, a expliqué M. MARCELLO ZAMBRANA (Bolivie).  Il a soutenu que les domaines d’action sur lesquels travaille le Fonds sont conformes à ceux des Nations Unies et de la Charte.  Il a invité les États Membres à appuyer l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale au Fonds afin de l’aider à concrétiser les engagements internationaux envers les peuples autochtones.

M. ANGEL HORNA (Pérou) a réitéré son soutien à la demande du Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes.  « Notre pays est membre du Conseil directeur jusqu’à 2019 », a-t-il précisé, et il coordonne une proposition de plan d’action pour les peuples autochtones.

L’octroi du statut d’observateur au Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes remplit les critères d’accréditation en tant qu’observateur permanent, en vertu de la décision 49/426 de l’Assemblée générale, a fait valoir Mme FATIMA FERNANDES (Venezuela).  Elle a estimé qu’il s’agit d’une institution dont l’impact est important en Amérique latine et dans les Caraïbes, et qui concentre son action sur une population à l’égard de laquelle les États ont une « dette historique » en termes de développement et de relations Nord-Sud.  Estimant que le Fonds contribuera à la mise en œuvre de projets et du dialogue régional, elle a invité les délégations à soutenir cette demande.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a souligné que son pays est composé de groupes autochtones Maya et Garifuna, et que ces groupes sont soutenus par l’État guatémaltèque.  La valeur ajoutée du Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes est de promouvoir une vie digne pour les populations autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes, a-t-il insisté.  Le pluriculturalisme, le développement des capacités du dialogue entre le Gouvernement et les représentants des peuples autochtones sont au cœur de cette question.  Il a lancé un appel à tous les États Membres pour qu’ils appuient l’octroi du statut d’observateur au Fonds.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: le Commissaire général de l’UNRWA avertit que ses programmes risquent d’être réduits d’ici deux semaines, faute de fonds

Soixante-douzième session,
24e séance – après-midi
CPSD/653

Quatrième Commission: le Commissaire général de l’UNRWA avertit que ses programmes risquent d’être réduits d’ici deux semaines, faute de fonds

La Quatrième Commission s’est penchée, cet après-midi, sur la situation de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), l’occasion pour les délégations de se préoccuper de la situation financière de cette structure qui vient en aide à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens dans le monde, mais dont certains programmes risquent d’être suspendus d’ici deux semaines si des fonds supplémentaires ne sont pas mobilisés.

Devant la Commission, le Commissaire général de l’UNRWA a notamment indiqué que l’Office connaît actuellement un déficit budgétaire de 77 millions de dollars. Précisant que cette somme représente le montant nécessaire pour maintenir les activités de l’UNRWA sur le terrain d’ici à la fin de l’année, Pierre Krähenbühl a averti qu’à moins de combler rapidement ce manque, il se verra obliger, dans moins de deux semaines, de prendre des décisions urgentes sur les programmes qui doivent être suspendus.

« À un moment de grande instabilité au Moyen-Orient, la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’incertitude programmatique et financière pour l’UNRWA », a affirmé le Commissaire général.

M. Krähenbühl a présenté des pistes pour surmonter cette situation, dont la création d’un fonds d’affectation spéciale de la Banque mondiale et d’un fonds de dotation spéciale de la Banque islamique de développement, suggérant par ailleurs aux États Membres de passer des accords pluriannuels avec l’UNRWA pour lui permettre de bénéficier d’un financement pérenne.

Il a aussi fait état des réformes en cours, « sans lesquelles les besoins financiers auraient été de 81 millions de dollars plus élevés ».  Il a cité en exemple le remplacement de la distribution de nourriture en vrac par un système de e-cartes et de coupons en Jordanie, au Liban et en Cisjordanie depuis le printemps 2016.

Principal contributeur à l’UNRWA, le représentant de l’Union européenne a estimé que plus d’efforts doivent encore être réalisés en urgence pour réduire les coûts et donner la priorité à la fourniture de services essentiels aux réfugiés palestiniens les plus vulnérables, défendant notamment une approche plus opérationnelle et une meilleure planification financière.

De son côté, la représentante de la Palestine a dénoncé le blocage « par une délégation » du projet de résolution L.79, qui prévoit notamment le financement des opérations essentielles de l’Office sur le budget ordinaire de l’ONU au lieu de contributions volontaires, comme c’est le cas actuellement.  

« Si nous pouvions améliorer la stabilité financière, cela pourrait créer moins d’angoisse, en particulier pour les réfugiés palestiniens », a martelé le Commissaire général en ajoutant que « la solution idéale serait de trouver une solution politique qui résoudrait leur situation » et en partageant l’espoir suscité par la récente visite à Gaza du Premier Ministre Hamdallah et du cabinet palestinien.

Car la situation dans les camps de réfugiés reste extrêmement difficile, le Commissaire rapportant que « les forces de sécurité israéliennes opèrent en moyenne deux incursions par jour » et citant l’exemple du camp de Aida, à Bethléem, où les réfugiés « sont davantage exposés au gaz lacrymogène que n’importe quelle autre population étudiée dans le monde », et bien sûr la situation dans la bande de Gaza où un blocus est imposé depuis 10 ans.

M. Krähenbühl a aussi évoqué la situation au Liban, mais surtout en Syrie, où la guerre a fait voler en éclats une communauté palestinienne autrefois très soudée et a provoqué la fuite de 120 000 de ses membres, « le deuxième déplacement le plus massif de réfugiés palestiniens depuis 1948 ».  Les 440 000 Palestiniens qui se trouvent toujours en Syrie dépendent à 95% de l’UNRWA pour survivre, a-t-il souligné.

De son côté, l’observatrice de l’État de Palestine a confirmé que « le découragement et le désespoir sont généralisés parmi nos réfugiés d’aujourd’hui » en raison d’« une réalité difficile et de l’absence de perspectives pour une solution juste et durable ».  Toutefois, elle s’est félicitée de la contribution positive des services éducatifs, sociaux, de santé, de secours et des programmes de protection et de développement humain que leur apporte l’UNRWA, qui reste, pour sa délégation, « un pilier de la stabilité régionale ».

Sur le plan des défis, M. Krähenbühl a déploré la mort, depuis 2010, de 30 collègues palestiniens dans les violences en Syrie et à Gaza et a aussi attiré l’attention sur la neutralité, soulignant qu’elle est essentielle pour préserver la confiance dont jouissent l’UNRWA et le personnel.  Une question sur laquelle a longuement insisté, au cours du dialogue interactif, la représentante d’Israël qui est revenue sur le cas de deux membres du personnel de l’UNRWA qui ont été élus à des positions au sein du Hamas, ainsi que sur la découverte, sous une école de l’Office, de tunnels qui avaient été creusés par le Hamas.  La déléguée israélienne a remis en cause l’impartialité du rapport du Secrétaire général et de l’UNRWA, l’Office n’ayant pas, selon elle, spécifiquement condamné le Hamas dans le communiqué publié suite à la découverte d’un second tunnel.  À cela, le Commissaire général a affirmé que toute déclaration à la presse devait prendre en considération tous les acteurs et qu’il ne voulait pas créer d’équivalence entre eux.

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux lundi 6 novembre, à partir de 10 heures.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT (A/72/13/REV.1, A/72/313, A/72/326, A/72/332 ET A/72/334)

Déclaration liminaire du Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient

M. PIERRE KRÄHENBÜHL, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a déclaré que 2017 avait été une année spéciale pour l’UNRWA, marquée par une mobilisation diplomatique et politique qui a permis de franchir des étapes cruciales.  Il a particulièrement mis en évidence le travail de consultation impulsé par le Secrétaire général.  « Inédites dans leur portée et leur impact, ces consultations ont approfondi les engagements non seulement avec les partenaires proches et les membres de la Commission consultative de l’UNRWA, mais aussi avec les États Membres qui nous ont manifesté une solidarité inflexible lors de l’Assemblée générale », s’est-il notamment félicité.

Le Commissaire général a ensuite indiqué que les réfugiés palestiniens se trouvent actuellement dans une conjoncture véritablement difficile, ajoutant que 2017 marque le cinquantième anniversaire de l’occupation israélienne et la septième année du conflit syrien.  Il a rapporté que les forces de sécurité israéliennes opèrent en moyenne deux incursions par jour dans les camps de réfugiés, citant aussi une étude qui indique que les habitants du camp de Aida, à Bethléem, sont davantage exposés au gaz lacrymogène que n’importe quelle autre population étudiée dans le monde.  « Quand des mères palestiniennes sont forcées d’enfermer leurs enfants dans des placards pendant que ces gaz saturent leur abri, c’est que la situation est allée trop loin », s’est indigné M. Krähenbühl.

Il a aussi parlé de la situation dans la bande de Gaza, qui après 10 ans de blocus, connaît le plus haut taux de chômage au monde, et où l’eau et l’électricité sont rares, les enfants obligés de prendre leur bain dans de l’eau contaminée ou d’étudier à la lueur de la bougie.  Sur les deux millions de personnes qui vivent à Gaza, dont 1,3 million de réfugiés, seul un petit nombre est autorisé à sortir.  M. Krähenbühl a évoqué la situation de personnes atteintes du cancer qui ne peuvent avoir accès à un traitement médical à l’extérieur, et ce, alors que le système médical à Gaza est détruit et ne peut se rétablir en raison du blocus.  Il a averti en outre qu’une crise de santé mentale endémique signifie que les choses vont empirer. 

Poursuivant, il a indiqué que le cataclysme qui ravage la Syrie depuis 2011 a fait voler en éclats une communauté palestinienne autrefois très soudée.  Yarmouk a été dévastée par cinq ans de guerre urbaine et la plupart des réfugiés ont fui, bien que plusieurs milliers de palestiniens soient restés, incapables de se déraciner.  En tout, 120 000 d’entre eux ont quitté le pays, victimes du deuxième déplacement le plus massif de réfugiés palestiniens depuis 1948.  Pour les 440 000 Palestiniens qui se trouvent toujours en Syrie, la vie est précaire et ils dépendent à 95% de l’UNRWA pour survivre.  Il a aussi regretté qu’au Liban, les réfugiés palestiniens soient exclus de toute opportunité sociale et économique en dehors des camps, notant qu’ils souffrent d’un des taux de pauvreté les plus élevés de la région, et vivent dans des camps surpeuplés, où la criminalité est en hausse et où les luttes de faction affectent la vie des familles.

Dans ce contexte, M. Krähenbühl s’est félicité du processus de dialogue entre les parties palestiniennes.  Il a indiqué qu’il se trouvait à Gaza lorsque le Premier Ministre Hamdallah et le Cabinet palestinien ont fait leur importante visite, témoignant de l’espoir qu’elle avait suscité.  Rien n’est plus important que de recréer un horizon politique, a insisté le Commissaire, pour qui « seul un processus politique global pourra ramener la paix dans la région ».

Malgré ce contexte plein d’épreuves, M. Krähenbühl a fait part des résultats positifs des opérations menées par l’UNRWA: 515 000 enfants enrôlés dans le système éducatif de base, tandis que le respect de la parité dans les 700 écoles permet aux fillettes réfugiées d’exceller.  Par ailleurs, le système de soins de santé de l’UNRWA s’est réinventé ces cinq dernières années, en intégrant le concept de médecin de famille, en mettant fin à la pratique de prescrire massivement des antibiotiques, et en intégrant les soins de santé physique et mentaux, en commençant par Gaza.  L’UNRWA a également aidé 85 000 familles à reconstruire leurs maisons endommagées ou détruites durant les hostilités de l’été 2014.

Poursuivant, le Commissaire général a indiqué que l’UNRWA avait mis en œuvre les plus difficiles des réformes inscrites dans la stratégie à moyen terme 2016-2021, soulignant qu’elles étaient impératives en dépit des risques politiques et de réputation élevés.  Il a donné l’exemple de la transition de la distribution de nourriture en vrac vers un système de e-carte et de coupons en Jordanie, au Liban et en Cisjordanie depuis le printemps 2016.  Cette nouvelle approche stimule l’économie locale, y compris dans les camps de réfugiés, et la dignité qu’elle procure est évidente.  Au Liban, l’UNRWA a ajusté sa subvention à l’hospitalisation pour assurer une meilleure cohérence et couverture pour les réfugiés les plus vulnérables.  Le Commissaire a aussi abordé les changements au programme de microfinance, qui visent à étendre le nombre et le type de prêts, et à les rendre accessibles à plus de candidats, dont les petits propriétaires d’entreprise. L’approvisionnement médical a aussi été revu en 2016, et les économies significatives ont permis de fournir les cliniques en statine qui permettent de traiter les maladies cardiaques, une des principales causes de décès parmi les réfugiés palestiniens.  Sans ces réformes introduites en 2015 et 2016, les besoins financiers auraient été de 81 millions de dollars plus élevés, a-t-il indiqué.

Sur le plan des défis, M. Krähenbühl a déploré la mort, depuis 2010, de 30 collègues palestiniens dans les violences en Syrie et à Gaza.  Il a aussi attiré l’attention sur le fait que le personnel palestinien est exclu du système de gestion sécuritaire des Nations Unies, indiquant qu’un département de la gestion du risque est en train d’être mis en place.  Il a précisé que cette nouvelle approche sécuritaire avait été testée pendant la dernière étape du siège d’Alep, où l’UNRWA a maintenu du personnel et des services après que toutes les autres agences des Nations Unies aient été relocalisées ailleurs.

Pour M. Krähenbühl, un des autres défis auxquels fait face l’UNRWA est la neutralité, qui est essentielle pour préserver la confiance dont jouissent l’Agence et le personnel.  Des politiques et des protocoles permettent de prévenir, surveiller, détecter et répondre aux abus lorsqu’ils arrivent, a-t-il indiqué, précisant que l’UNRWA avait dû gérer deux cas importants cette année.  D’abord, une enquête interne avait révélé que deux membres du personnel avaient été élus à des positions au sein du Hamas.  Ces personnes ont été licenciées, des actions prises rapidement et de manière décisive, a indiqué le Commissaire général.  Ensuite, des tunnels ont été découverts sous deux écoles de l’UNRWA.  « Ils ont été scellés et nous avons condamné sans réserve le Hamas dans une déclaration publique », a-t-il affirmé.

M. Krähenbühl est ensuite revenu sur la situation financière de l’UNRWA.  Il a indiqué que des progrès notables ont été réalisés dans le cadre de la création d’un fonds d’affectation spéciale de l’UNRWA au sein de la Banque mondiale et d’un « waqf » en soutien aux réfugiés palestiniens géré par la Banque islamique de développement.  Le Commissaire général a cependant regretté l’incapacité d’avoir accès à une plus large part du budget des Nations Unies, malgré le large soutien des États Membres.  Il a indiqué que l’UNRWA continuera de diversifier sa base de contributeurs volontaires, soulignant qu’elle doit refléter la diversité des membres de l’Assemblée générale.  L’UNRWA cherche également à nouer des partenariats avec des contributeurs publics et privés.

Le Commissaire général a ensuite indiqué que l’UNRWA fait face à un déficit budgétaire de 77 millions de dollars.  Précisant que cette somme représente le montant nécessaire pour maintenir les activités de l’UNRWA sur le terrain d’ici à la fin de l’année, il a averti qu’à moins de combler rapidement ce manque, il se verra obliger, dans moins de deux semaines, de prendre des décisions urgentes sur les programmes qui doivent être suspendus.  Les conséquences seront extrêmement sérieuses pour la région, a-t-il mis en garde.  « À un moment de grande instabilité au Moyen-Orient, la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’incertitude programmatique et financière pour l’UNRWA », a insisté le Commissaire général, qui a rappelé que les écoles et les cliniques de l’UNRWA apportent une des dynamiques de développement les plus réussies au Moyen-Orient.  « Nous sommes à nouveau à un point de rupture financière majeur.  J’appelle à une action collective urgente pour empêcher une crise majeure de se développer ».

Évoquant les propos d’un partenaire proche qui lui a affirmé récemment qu’il ne fallait pas tenir pour acquises les contributions financières versées à l’UNRWA, M. Krähenbühl a demandé en retour de ne pas prendre pour acquis le fait que des milliers de membres du personnel de l’UNRWA risquent leur vie, année après année, pour aider les réfugiés palestiniens, « dans des lieux aussi difficiles qu’Alep, Homs ou Dera’s, aussi ardus que Shatila ou Ein El Helweh, aussi tendus et complexes que Balata et Shu’afat, ou aussi critique que Khan Younis et Beit Hanoun ».

Dialogue interactif

Lors du débat interactif, la représentante de la Turquie a déploré les problèmes de budget récurrents auxquels fait face l’UNRWA.  Rappelant que le Secrétaire général avait recommandé la création d’un fonds d’affectation spéciale de la Banque mondiale et un fonds de dotation spéciale de la Banque islamique de développement, elle a voulu savoir ce que les États pouvaient faire de plus pour que ces recommandations deviennent concrètes.

« Nous avons besoin de bailleurs de fonds qui nous soutiennent pour créer le fonds d’affectation et lancer l’engrenage », a répondu le Commissaire général de l’UNRWA qui a souligné qu’avec l’action de la Banque mondiale et la participation de partenaires il sera possible de passer à « des actions très concrètes ».  Il a notamment salué le soutien des pays qui accompagnent la création d’un fonds de dotation spéciale de la Banque islamique de développement, indiquant qu’elle participait à la pérennisation des ressources de l’UNRWA.

Prenant ensuite la parole, la représentante d’Israël a relevé que le rapport du Commissaire général  « ne faisait qu’une seule allusion au Hamas », et « néglige sa responsabilité pour la situation à Gaza ».  « On parle du Hamas comme une autorité de facto », a-t-elle déploré.  Mettant en cause la crédibilité du rapport, elle a signalé que le  Hamas a accéléré ses activité en stockant, en développant et en tirant des roquettes sur Israël, ils ont creusé des tunnels, mené des attentats. Dès lors, pourquoi n’y a-t-il aucune mention du contrôle de Hamas sur la bande de Gaza?

Elle a ensuite expliqué que son pays avait démontré à l’UNRWA que deux de ses membres avaient aussi été élus au Bureau politique du Hamas.  « Ces cas sont très graves et ils devraient être mentionnés dans votre rapport, il s’agit d’une violation du principe de neutralité et d’impartialité des Nations Unies », a-t-elle insisté.

La représentante est aussi revenue sur la découverte, après la publication du rapport, d’un tunnel creusé par le Hamas sous une école de l’UNRWA.  Tout en reconnaissant que l’URNWA a pris des mesures suite à cela, elle a souligné que cette situation est une menace pour les Palestiniens et pour Israël.  « Vous dites que vous avez condamné le Hamas pour ce tunnel, mais dans votre communiqué de presse, vous ne mentionnez pas le Hamas !», s’est-elle agacée.  Elle a encore déploré que le rapport ignore le fait que le Hamas « détourne régulièrement les ressources humanitaires destinées à la reconstruction de Gaza pour creuser des puits et des tunnels ».  « Les forces israéliennes ont détecté de nombreuses tentatives d’attaques, avec des saisies de matériels militaires », a-t-elle indiqué, citant par ailleurs un cas où des femmes palestiniennes auraient tenté de se rendre dans un hôpital israélien, vêtues de ceintures d’explosives.  « Cela remet en question la crédibilité du rapport et votre discours est partial », a critiqué la représentante.

Répondant à ces allégations, le Commissaire général de l’UNRWA a affirmé qu’il avait condamné de manière très claire les actes du Hamas, soulignant que l’Office opère dans un environnement délicat et doit formuler au mieux ses messages.  Parfois nous nous abstenons de condamner des actes de l’État d’Israël, nous faisons des concessions », a-t-il expliqué, ajoutant que l’UNRWA avait été explicite dans ses condamnations du Hamas et de ses tunnels et n’était pas responsable des actions de partis ou de mouvements politiques.  « Je crois avoir été limpide, nous n’hésitons pas à parler du Hamas et à condamner des actions qui menaceraient la population de Gaza », a-t-il encore indiqué.

À propos des deux personnels de l’UNRWA élus au Bureau politique du Hamas, le Commissaire a rappelé qu’il était « prêt à recevoir toute information qui montrerait des comportements inappropriés », précisant que l’UNRWA ne prendrait pas d’action « sur la base d’informations reçues de la part d’une seule partie au conflit ».  « Nous faisons notre enquête, indépendante et, nous l’avons prouvé, nous prenons des mesures: ces deux membres du personnel ne sont plus membres de l’UNRWA », a-t-il insisté.

Enfin, à propos des femmes qui tenteraient de passer des explosifs en profitant de visites dans des hôpitaux d’Israël, le Commissaire général a estimé que c’était « un exemple fascinant ayant trait à l’essence même du droit humanitaire qui, a-t-il rappelé, repose sur l’équilibre entre le paramètre de sécurité et l’obligation humanitaire de protéger des civils ».  « Toute la question est: arrivez-vous à équilibrer ces deux idées sans faire une punition collective? », a-t-il indiqué.

Tout en saluant les efforts menés par l’UNRWA dans le cadre de la stratégie 2016-2021 et pour assurer que l’accès aux services de base est louable, le représentant de l’Égypte s’est interrogé sur les moyens de surmonter les difficultés opérationnelles, réclamant aussi des précisions sur l’établissement de la nouvelle division de la protection.  Par ailleurs, quel est le taux d’alphabétisation des enfants réfugiés, comparé à d’autres pays au niveau de développement comparable?

Le représentant de l’Indonésie s’est préoccupé de la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, pointant notamment à l’insécurité alimentaire, le taux de chômage extrêmement élevé et le manque d’accès aux traitements médicaux, demandant à connaître les moyens identifiés par l’UNRWA pour renverser la trajectoire actuelle et accélérer les efforts de reconstruction à Gaza.

La représentante de la Palestine a affirmé que face aux défis d’ordres financiers et sécuritaires, il était remarquable que l’UNRWA continue de s’acquitter de son programme humanitaire, se félicitant notamment des services d’enseignement fournis à 500 000 enfants réfugiés et des programmes de formation pour la jeunesse.  Elle a demandé aux bailleurs de fonds de renforcer les efforts dans cette voie, citant notamment les Jeux d’été, et ce « même si nous savons qu’il faut hiérarchiser les priorités ».

Répondant sur la stratégie à moyen terme, le Commissaire général de l’UNRWA a affirmé que le plus grand défi est de ne pas savoir d’où viendront les financements dans les deux semaines à venir.  « Va-t-on devoir fermer les systèmes scolaires? a-t-il lancé, faisant observer qu’une telle situation est l’antithèse de la planification.  « Tous les mois on se demande si on va résister à la prochaine crise de liquidités.  Être dans l’inconnu, ne pas savoir si nos programmes existeront dans 10 jours, c’est ça le plus grand défi. »  Il a indiqué que la communauté des réfugiés est extrêmement sensible à tout changement perçu car ils ne savent pas de quoi sera fait leur avenir.

Il a notamment parlé des changements en cours au Liban, où les réfugiés doivent contribuer au coût de leur couverture médicale alors que les soins secondaires étaient auparavant entièrement pris en charge à cause du taux de pauvreté.  Du point de vue des familles, cela n’a pas de sens car elles vivent dans la pauvreté et cela ne les rassure pas, aussi a-t-il fallu dialoguer pendant des mois.

 Sur le développement d’une division de la protection au sein de l’UNRWA, il a indiqué que, face à des victimes de conflits armés, on ne peut pas se limiter à fournir une assistance, il faut également renforcer l’élément de protection, ajoutant que comparée à d’autres organismes, cette dimension est encore très modeste.

Il a par ailleurs fait savoir que le taux d’alphabétisation des Palestiniens était universel, au-delà des 90%, un élément remarquable compte tenu de la situation, fruit de « l’investissement historique » des Palestiniens dans l’enseignement.

S’agissant des tendances de développement négatives à Gaza, il a pointé certaines mesures prises par l’Autorité palestinienne en matière d’approvisionnement en eau et en électricité pour la population de Gaza, précisant que dans la bande, « il y a un avant et un après » du fait du blocus.  Il a aussi fait savoir qu’en l’an 2000, l’UNRWA aidait 2 000 familles, aujourd’hui au-delà de 950 000 familles, car l’économie de Gaza a été pratiquement décimée.  Il a notamment cité l’exemple de commerçants qui ne peuvent plus exporter vers Israël alors qu’ils pouvaient le faire auparavant.

M. Krähenbühl a aussi attiré l’attention sur la prolifération des problèmes mentaux, avertissant que seule la volonté politique pourra résoudre cette situation qui risque fort de se détériorer, « ce qui n’est pas un investissement positif pour la sécurité régionale ni pour les personnes qui vivent à Gaza ».  Il a par ailleurs estimé possible d’agir davantage sur le plan de la jeunesse, surtout avec les parlements des jeunes, qui existent dans toutes les écoles.  « Quand les jeunes apprennent à se connaître les uns les autres, c’est très positif », a-t-il indiqué, précisant que 100 étudiants de la bande de Gaza et de la Cisjordanie avaient pu échanger avec d’autres.  Il a aussi indiqué qu’à Alep, des membres du parlement des jeunes passent beaucoup de temps à aider ceux qui ont décroché à cause de la guerre pour les remettre en selle.

Suite à une question, le représentant du Nicaragua a voulu savoir comment l’UNRWA pouvait participer à la réalisation des engagements du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, le Commissaire général a indiqué qu’il travaillait pour établir un lien entre la stratégie à moyen terme de l’UNRWA pour la période 2016-2021 et la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

 « Quelles sont les initiatives de l’UNRWA pour atténuer l’impact de la situation, notamment au Liban et en République arabe syrienne, quand la sécurité et la pauvreté sont la vie courante des réfugiés? », a demandé à son tour la représentante de la Malaisie.

Le Commissaire général a expliqué qu’avant le début du conflit en Syrie, les réfugiés palestiniens pouvaient couvrir leurs besoins de base car ils avaient accès à des emplois, et que le nombre de réfugiés dépendants de l’UNRWA était à l’époque assez bas.  Mais aujourd’hui, 95% des réfugiés de Palestine présents en Syrie dépendent de l’UNRWA, car ils ont tout perdu ».  « Le cas du Liban est particulier », a-t-il poursuivi, expliquant que les réfugiés de Palestine n’avaient pas accès à l’emploi, ce qui explique la pauvreté dans les camps.

La représentante du Bahreïn a alors voulu savoir comment l’UNRWA peut s’acquitter de son mandat face aux restrictions qu’il rencontre dans l’accès à certaines régions? « Y a-t-il des plans pour contourner ces restrictions? »

Le Commissaire général a reconnu qu’il était très difficile d’agir, notamment en Syrie où 440 000 réfugiés palestiniens vivent encore.  Il a toutefois fait observer que l’un des atouts de l’UNRWA est sa présence de longue date dans la région et son expérience réelle, avec 4 000 membres du personnel en Syrie.  « Voilà comment nous contournons la question des difficultés d’accès, par notre présence dans le temps qui nous permet de mieux gérer les temps de crise », a ajouté M. Krähenbühl.

Exprimant son « indignation face au blocus de la bande de Gaza », le représentant du Venezuela a voulu savoir dans quelle mesure l’UNRWA est-il lésé par cette « politique de punition collective? »  « Pouvez-vous nous donner des chiffres sur la situation collective et sociale dans la bande de Gaza et y a-t-il des conditions fixées par certains pays donateurs? » a-t-il ajouté.

Le Commissaire général a expliqué que, « comme en Syrie mais à une autre échelle », l’UNRWA tirait profit de son expérience, de la présence de 12 000 membres du personnel de l’UNRWA, d’écoles, de cliniques dans la bande de Gaza.  « Le problème est en période de conflit où les restrictions de circulation sont plus importantes, ou bien quand il y a des mesures prises par des parties qui limitent nos capacités », a-t-il expliqué, citant aussi l’exemple de la découverte des tunnels « qui compromettent la réputation de l’UNRWA ».  Pour le Commissaire, il y a « beaucoup de paramètres ».  « L’un des plus grands enjeux est l’entrée du matériel dans Gaza et nous avons mis en œuvre une procédure sérieuse avec l’Autorité palestinienne et Israël, qui nous permet de gérer cette question, mais cela implique des procédures et des coûts additionnels », a-t-il expliqué. 

Quant à la question des critères imposés par des pays donateurs, le Commissaire a indiqué que quand l’UNRWA avait eu besoin de 750 millions de dollars pour financer ses activités humanitaires, il y avait des dons non consacrés à des buts spécifiques, mais aussi des donations pour des projets types, ainsi que des appels éclairs.

Quel est votre pronostic pour l’année prochaine? a lancé à son tour le représentant de l’Équateur qui a aussi voulu savoir comment l’UNRWA allait surmonter sa situation financière complexe sans qu’il y ait d’incidences sur ces programmes.  Le représentant de la République islamique d’Iran a estimé pour sa part qu’il n’était pas possible de ne passer que par des contributions volontaires, trop imprévisibles.  Avez-vous fait des progrès à ce niveau?  La situation est-elle meilleure qu’il y a cinq ans?  Dans un monde parfait, avec des fonds venant de manière prévisible, pourriez-vous faire des économies? a demandé à son tour le représentant de l’Égypte, estimant que ceux qui demandent à l’UNRWA d’épargner de l’argent seraient bien avisés de s’assurer une plus grande prédictibilité.

Reprenant la parole, la représentante d’Israël a indiqué que l’UNRWA n’avait pas condamné le Hamas pour le deuxième tunnel.  Quelles sont les autres considérations qui vous font décider de ne pas condamner clairement cette organisation qui fait courir des risques à notre peuple et celui de Gaza?

Le Commissaire général a alors indiqué que l’UNRWA se trouvait dans la dernière étape de l’élaboration du budget.  « Il y a un déficit mais nous n’allons pas permettre qu’il augmente.  Nous allons tout faire pour enrayer les coûts, ce qui est difficile car les besoins augmentent.  Chaque année, il y a plus d’étudiants, donc il faut construire des écoles, on ne peut changer cela ».  Il a ensuite appelé les bailleurs à passer des accords pluriannuels pour garantir une plus grande stabilité financière.  « Pour nous, il n’est pas possible de dire qu’on aura 500 000 élèves dans nos écoles cette année, et 450 000 l’année prochaine. »

Il a noté que la diversité des contributions volontaires était plus grande dans les années 60, notamment en provenance d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique. Il a aussi indiqué qu’il n’y avait pas d’accord entre tous les États sur les contributions mises en recouvrement, ajoutant qu’elles ne suffiront pas pour couvrir les activités de l’UNRWA qui obtient 28 millions de dollars chaque année de cette façon.  C’est un montant modeste et nous aimerions que cela évolue, a-t-il indiqué.

M. Krähenbühl a souligné qu’il n’était pas possible que le budget d’une institution humanitaire soit toujours parfaitement prévisible.  « Si nous pouvions améliorer la stabilité cela pourrait créer moins d’angoisse en particulier pour les réfugiés.  Mais la solution idéale serait de trouver une situation politique qui résoudrait leur situation », a-t-il indiqué. Il a averti que les réserves opérationnelles de l’UNRWA étaient épuisées, évoquant « un problème stratégique énorme » et insistant sur l’importance, pour l’UNRWA, de disposer de réserves opérationnelles pour au moins pouvoir remplacer et protéger ce qu’il a.  Il a ensuite rappelé que plus de deux millions de Palestiniens ont obtenu des diplômes, et ce grâce aux États Membres qui ont contribué, et ont insisté sur la nécessité de poursuivre cet investissement dans l’intérêt de tous.

Répondant ensuite à Israël, le Commissaire général a précisé que toute déclaration à la presse devait prendre en considération tous les acteurs.  « Je ne veux pas créer d’équivalence entre les acteurs, ce n’est pas mon rôle de commenter. Le droit humanitaire a été établi pour que toutes les parties endossent des responsabilités, les obligations s’appliquent pour eux de manière similaire.  Il s’applique à vous, au Hamas, et lorsqu’on viole ces obligations, nous devons en faire mention.  J’ai notamment condamné les tirs de roquette, les tunnels créés par le Hamas.  Je n’hésiterai pas à mettre en exergue ce qui concerne Israël. Il ne s’agit pas d’une déclaration politique mais d’une déclaration sur la manière dont certains acteurs agissent vis-à-vis de la loi.  La Convention de Genève entraîne des obligations, y compris pour vous, la Puissance occupante.  Cela fait partie de notre dialogue », a-t-il affirmé.

Déclaration liminaire du Rapporteur du Groupe de travail chargé d’étudier le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient

M. KJETIL J. HALVORSEN, Rapporteur du Groupe de travail chargé d’étudier le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a souligné que pour la troisième année consécutive, son groupe s’était rencontré dans un contexte de déficit financier qui « menace le développement humain des réfugiés palestiniens » et qu’il était extrêmement préoccupé par cette situation qui affecte le programme budgétaire de l’UNRWA pour 2017.

« Malgré les efforts de l’UNRWA pour améliorer l’efficacité des coûts et des contributions supplémentaires de plusieurs donateurs, le déficit s’élève actuellement à $77,5 million » a précisé M. Halvorsen.  Il a ajouté que l’Assemblée générale et la communauté internationale avaient la responsabilité de maintenir les services de l’agence à un niveau acceptable, afin qu’elle puisse remplir ses mandats et répondre aux besoins grandissants de la population réfugiée.  Il a ensuite détaillé le contenu du rapport, adopté à l’unanimité en août 2017, qui décrit les progrès de l’UNRWA dans la mise en œuvre de ses réformes ainsi que les besoins financiers de ses opérations de terrain, lesquelles sont affectées, à des degrés divers, par les troubles actuels au Moyen-Orient.  « Le groupe de travail est préoccupé par l’impact des multiples crises dans la région sur les opérations de l’UNRWA et ses besoins budgétaires ».

Le groupe de travail, a fait savoir le rapporteur, demande aux États Membres d’augmenter et de maintenir pendant plusieurs années leurs contributions volontaires, en se référant aux trois portails de financement de l’UNRWA et en accordant la priorité à un financement complet du programme budgétaire.  « Les contributions doivent s’adapter à la nécessité de répondre aux besoins grandissants de la population de réfugiés palestiniens, à l’inflation et aux autres factures qui influent les coûts de fourniture », a-t-il précisé.  Il a ensuite salué les efforts de l’UNRWA pour augmenter son efficacité tout en maintenant la qualité de ses services, l’encourageant à poursuivre dans cette voie.  Enfin, il a pris note des recommandations du rapport du Secrétaire général (A/71/849) et des résolutions sur le financement de l’UNRWA qui cherchent à répondre au problème récurrent de déficit budgétaire et à assurer un soutien suffisant et durable à son travail vital. M. Halvorsen a demandé aux États Membres d’avoir ces recommandations à l’esprit lorsqu’ils envisagent le financement de l’UNRWA pour 2017 et au-delà.

Débat général

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, de l’État de Palestine, a réaffirmé d’emblée la profonde appréciation de sa délégation pour le travail humanitaire de l’UNRWA au service des réfugiés palestiniens depuis bientôt 70 ans.  Elle a salué la contribution des près de 30 000 membres de son personnel, dont la plupart sont des réfugiés, ainsi que le soutien sans faille des pays hôtes (Jordanie, Liban et Syrie) et des pays donateurs aux opérations de l’Office au cours des 50 dernières années, y compris ceux qui ont répondu à ses appels de fonds d’urgence et ceux qui l’ont aidé à dépasser ses déficits financiers ponctuels.

L’appui de la communauté internationale dont bénéficie l’Office dans son mandat prouve, selon Mme Abdelhady-Nasser, qu’il reste la pierre angulaire de la responsabilité des Nations Unies vis-à-vis de la question palestinienne et cela tant qu’elle n’y trouve pas de réponse juste, y compris au sort des réfugiés palestiniens, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU.  Cette responsabilité est d’autant plus lourde, à ses yeux, que cette année marque le centième anniversaire de la Déclaration de Balfour et la cinquantième année de l’occupation israélienne ainsi que les 70 ans depuis la partition de la Palestine par l’Assemblée générale.  À ce jour, plus de 5,3 millions de réfugiés palestiniens sont enregistrés auprès de l’UNRWA et des millions d’entre eux vivent toujours dans les camps créés en 1948 à la suite de la Naqba, s’est indignée l’observatrice.  « Le découragement et le désespoir sont généralisés parmi nos réfugiés d’aujourd’hui qui vivent dans le contexte d’une réalité difficile et de l’absence de perspectives pour une solution juste et durable », a déploré Mme Abdelhady-Nasser, tout en reconnaissant la contribution positive des services éducatifs, sociaux, de santé, de secours et des programmes de protection et de développement humain que leur apporte l’Office, qui reste, pour sa délégation, un pilier de la stabilité régionale.

L’observatrice a dénoncé le blocus de Gaza, qui dure depuis plus de 10 ans et dont les conséquences humanitaires sont graves, allant de la dépendance accrue de l’aide à des conditions socioéconomiques insoutenables, un taux de chômage élevé et des infrastructures croulantes.  En Cisjordanie, elle a mis l’accent sur le sort des Bédouins qui font l’objet de brutalités de la part des colons ainsi que sur les déplacements forcés, les démolitions de maisons et de biens palestiniens ou encore sur les arrestations arbitraires sans oublier les restrictions à la liberté de circulation qui y sont imposées.  En Syrie, les réfugiés palestiniens ont souffert aux côtés du reste de la population civile de l’impact du conflit alors qu’au Liban, les plus vulnérables d’entre eux vivent dans une pauvreté abjecte et sont marginalisés.

Ces réalités amplifient, de l’avis de l’observatrice, le besoin accru du soutien de l’UNRWA, allant jusqu’à affirmer que pour les plus vulnérables il y va de leur survie.  Invoquant la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants, l’observatrice a exigé que les réfugiés palestiniens ne soient pas la seule exception à de tels engagements et principes universels.  Elle a martelé à nouveau que les conflits armés, y compris l’occupation étrangère, n’invalident en rien l’applicabilité du droit international dont les dispositions sont claires et juridiquement contraignantes.  Cela s’applique à la fois à la population civile palestinienne qui subit les politiques et pratiques illégales d’Israël, mais également à l’UNRWA qui voit ses opérations entravées par Israël à de nombreux égards.

Passant ensuite aux problèmes financiers de l’Office, qui sont désormais récurrents, l’observatrice a dénoncé le blocage par une délégation du projet de résolution L.79, qui prévoit notamment le financement des opérations essentielles de l’Office sur le budget ordinaire de l’ONU au lieu de contributions volontaires, comme c’est toujours le cas.  Sa délégation a soumis d’autres propositions, en ligne avec les recommandations du rapport du Secrétaire général, pour remédier au déficit financier de l’Office, précisant qu’elles sont comprises dans le projet de résolution sur les opérations de l’UNRWA dont la Commission est saisie.  Elle espère que ces propositions seront soutenues par les délégations et contribueront à générer un soutien financier plus important et prévisible aux opérations de l’Office.

Intervenant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a affirmé qu’à l’approche du soixante-dixième anniversaire de la partition du mandat de la Palestine par l’Assemblée générale et de la Nakba (catastrophe) qui s’ensuivit pour le peuple palestinien, le représentant a déclaré que c’est un euphémisme que de dire qu’une solution, déjà bien tardive, demeure centrale pour arriver à une solution juste, durable, intégrale et pacifique de la question Palestinienne sous ses différents aspects.

Rappelant que l’UNRWA apporte, depuis 1949, une assistance vitale et des services humanitaires aux communautés de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans les Territoires palestiniens occupés, il a estimé que son mandat et son rôle demeurent indispensables jusqu’à une solution définitive.  Il a demandé à la communauté internationale de continuer son soutien, ferme et généreux à l’UNRWA, compte tenu des déficits financiers récurrents et graves qui affectent ses programmes humanitaires vitaux, mais aussi de la situation critique des réfugiés palestiniens à cause de l’instabilité constante et de la violence généralisée dans la région ainsi que de leur marginalisation et pauvreté.

Le représentant s’est inquiété des événements récents dans les Territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, avec une augmentation sans précédent du nombre de déplacements forcés, la violence généralisée de la part des colons israéliens, la poursuite et l’escalade de la démolition des maisons et des avoirs économiques, ainsi que la politique et campagne illégales d’expansion des colonies de peuplement.  Il a dénoncé par ailleurs la détérioration économique à Gaza suite au blocus illégal imposé par Israël depuis 10 ans. I l a souligné que la crise de Gaza doit être abordée d’une manière intégrale et conforme au droit international, dans le contexte des efforts globaux visant à mettre fin à l’occupation étrangère illégitime et belliqueuse.  Il a lancé un appel à la cessation pleine et immédiate, du blocus illégal de Gaza, seul moyen pour la population réfugiés de Palestine à Gaza de diminuer sa dépendance de l’UNRWA.  Il a exhorté les donateurs à garantir un financement adéquat, suffisant, prévisible et soutenu à l’UNRWA, notamment pour garantir l’exécution de la stratégie à moyen terme 2016-2017, et d’une façon générale, à augmenter leur contribution, ce qui contribuera à éviter une incertitude et une intensification de l’instabilité parmi les réfugiés. 

M. PIERRE-CHRITSOPHE CHATZISAVAS, de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne était le principal contributeur à l’UNRWA.  Il a déploré qu’en dépit de ces contributions, et de celles d’autres pays, l’URNWA soit toujours confronté à des problèmes de ressources financières chroniques, avec un déficit budgétaire de 77 millions de dollars, alors qu’il apporte des services humanitaires essentiels aux Palestiniens.  Il a reconnu et salué les efforts faits par l’UNRWA pour trouver de nouveaux moyens de financement et des voix pour trouver une stabilité financière structurelle.  « Plus d’efforts doivent encore être réalisés en urgence pour réduire les coûts et donner la priorité à la fourniture de services essentiels aux réfugiés palestiniens les plus vulnérables », a-t-il estimé, défendant notamment une approche plus opérationnelle et une meilleure planification financière.

Le représentant a ensuite reconnu les efforts déployés par les pays limitrophes qui accueillent des réfugiés palestiniens, soulignant leurs difficultés croissantes dans le contexte régional actuel.  « Nous comptons sur leur soutien pour aller de l’avant », a-t-il insisté.

Il a ensuite salué la tenue du processus de consultations mis en œuvre lors de la dernière Assemblée générale pour trouver des solutions pérennes au financement de l’UNRWA, estimant qu’il fallait encore des consultations pour persévérer et sécuriser le financement de l’UNRWA.  Il a souligné l’importance de mieux partager le poids financier au sein de la communauté internationale, notamment dans la région, et d’accroître la flexibilité du financement dans la ligne du Pacte relatif au financement de l’action humanitaire.  

M. AL-MALKI (Qatar) a rappelé que son pays comptait parmi les principaux donateurs avec un milliard de dollars versés pour appuyer la reconstruction de Gaza après la guerre de l’été 2014.  Il a salué l’accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah (accord du Caire du 12 octobre 2017), le qualifiant d’espoir pour une réconciliation du peuple palestinien.

Le représentant a rappelé les attentes des cinq  millions de réfugiés de Palestine et le rôle essentiel de l’UNRWA pour leur permettre de jouir d’un développement humain, dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux.  Il a déploré l’absence d’une solution globale et durable et la persistance du blocus de la bande de Gaza.  Il a insisté sur l’importance de trouver une solution intégrant le retour des réfugiés de Palestine.

Déplorant ensuite le déficit budgétaire chronique de l’UNRWA et l’impact sur ses activités opérationnels, le représentant a réclamé un financement pérenne et un usage meilleur des ressources disponibles.  Il a indiqué que son pays allait poursuivre « son appui au peuple frère de Palestine, pour qu’il jouisse de ses droits inaliénables ».  

Mme SONIA ISHAQ AHMAD SUGHAYAR (Jordanie) a souligné l’importance que les pays donateurs accroissent leurs contributions volontaires et s’engagent à aider financièrement sur une base pluriannuelle l’UNRWA.  Elle a estimé que la communauté des donateurs devait inclure des donateurs de différentes régions afin de rendre le financement de l’Office plus prévisible, durable et suffisant.  En tant que pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés palestiniens, la Jordanie reste pleinement engagée dans l’appui, qui relève de la responsabilité partagée, à l’Office ainsi que dans la protection de ces personnes, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué qu’en septembre dernier, la Jordanie, la Suède et l’Organisation de la conférence islamique (OCI) avaient organisé une réunion de haut niveau destinée à identifier les moyens d’aider plus efficacement l’Office à s’acquitter de ses activités.  Elle a précisé qu’à cette occasion, l’accent avait été mis sur l’établissement de nouveaux mécanismes de financement par les institutions financières régionales et internationales comme la Banque mondiale et donc l’OCI.  Sur ce dernier point, il a mentionné un projet de mise en place d’un fonds par l’OCI en faveur des réfugiés palestiniens à partir d’une étude de la Banque islamique de développement.  Le représentant a rappelé que tout problème durable de financement de l’Office aurait des conséquences néfastes, non seulement pour le bien-être des cinq millions de réfugiés palestiniens mais aussi pour les pays qui les accueillent.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a salué le travail « inestimable dans le domaine humanitaire de l’UNRWA, insistant sur l’assistance apportée dans le développement humain à cinq millions de réfugiés de Palestine.  Il a souligné la situation financière critique de l’UNRWA liée à son manque de fonds et l’insécurité de son budget, rappelant que cela avait de graves conséquences sur la capacité de l’UNRWA à exécuter son mandat humanitaire de manière pérenne.  Il a déploré l’absence de consensus sur la résolution L.79 de l’année dernière destiné à régler ce problème récurrent du financement, rappelant que 500 000 enfants étaient scolarisés dans des écoles de l’UNRWA.

« La situation des Palestiniens ne peut être ignorée », a-t-il souligné, appelant les états à soutenir de manière durable l’UNRWA pour assurer des ressources financières sûres. I l a ensuite cité les efforts de son pays pour venir en aide aux Palestiniens, notamment sa contribution à l’UNRWA à hauteur de 200 000 dollars sur quatre ans. 

M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a salué le travail de l’UNRWA, ainsi que le « courage, la bravoure et le dévouement de son personnel qui travaille dans des circonstances « difficiles et souvent dangereuses ».  Il a rappelé que plusieurs d’entre eux avaient perdu la vie en faisant leur devoir.

Le représentant a estimé que la dégradation de la situation des réfugiés de Palestine était la conséquence « de l’occupation et du blocus de la bande de Gaza qui a un impact sur tous les aspects de leur vie quotidienne, de la sécurité à la liberté de mouvement, en passant par l’emploi et leurs moyens de subsistance ». « Cet acte cruel a affecté la vie de toute la population civile palestinienne, en particulier des réfugiés », a-t-il dénoncé, appelant « la Puissance administrante à cesser son embargo et assurer la liberté de mouvement des personnes et des biens entre Gaza et le reste du monde ».  Il a rappelé la responsabilité « morale, politique et légale » de la communauté internationale « de prendre des mesures pour mettre fin à l’occupation de la Palestine et imposer à la Puissance administrante de cesser toutes formes de violences contre les palestiniens ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président du Conseil des droits de l’homme dresse le bilan de cet organe devant la Troisième Commission

Soixante-douzième session,
41e & 42e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4217

Le Président du Conseil des droits de l’homme dresse le bilan de cet organe devant la Troisième Commission

Réfugiés: les pays d’accueil demandent un partage plus équitable du fardeau

« Le monde est politisé, c’est l’évidence et on ne peut pas l’éviter »: c’est par ces mots que le Président du Conseil des droits de l’homme, M. Joaquin Alexander Maza Martelli, a répondu aujourd’hui aux délégations qui critiquaient la « politisation » de cet organe, à l’occasion de l’examen par la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, de son rapport.

La présentation des travaux du Conseil durant l’année écoulée a permis à M. Maza Martelli de faire un tour d’horizon des situations des droits de l’homme dans le monde.  Il a notamment mentionné le Myanmar, où le Conseil a décidé, en septembre, d’envoyer une Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur les violations présumées des droits de l’homme par les forces militaires et de sécurité et les abus dans le pays, en particulier dans l’État de Rakhine.  Il est également revenu sur la situation en République arabe syrienne, qui fera l’objet d’une réunion de haut niveau lors de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme, en mars 2018.

Si les procédures spéciales et les mandats de pays du Conseil des droits de l’homme ont été de nouveau dénoncés comme relevant de la politisation et de la sélectivité par certaines délégations, M. Maza Martelli a pris soin de saluer le mécanisme de l’Examen périodique universel, que ces mêmes délégations citent toujours comme le forum idoine pour traiter des droits de l’homme sans risque de sélectivité.  Qualifiant la procédure de « l’une des plus grandes réalisations du Conseil », il a estimé que la participation des États, « à 100% » au cours des deux premiers cycles de cet examen témoignait d’une « véritable célébration du principe d’universalité ».

M. Maza Martelli a rappelé que la contribution des droits de l’homme à la consolidation de la paix était au centre des débats du Conseil des droits de l’homme.  Quant à la politisation, elle est un fait et il s’agit pour le Conseil d’accompagner ce fait, tout en protégeant les droits de l’homme, a-t-il estimé. 

Par ailleurs, le Président du Conseil des droits de l’homme a insisté sur l’importance d’une participation active de la société civile et des institutions nationales des droits de l’homme, jugée « vitale » pour les travaux du Conseil.

Lors de la discussion, plusieurs délégations ont salué le rôle de la société civile mais se sont inquiétées des représailles menées à l’encontre des personnes qui collaborent avec les Nations Unies et notamment du Conseil.  À l’origine de la résolution du Conseil de droits de l’homme sur cette question, la Hongrie a souhaité que les délégations puissent trouver un consensus.  D’autres pays, comme la Suisse et la Lettonie, se sont demandé quels mécanismes les Nations Unies pouvaient envisager pour mettre un terme aux représailles.

Plus tôt dans la journée, la Troisième Commission avait achevé sa discussion générale sur le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, entamée hier.  À cette occasion, plusieurs pays accueillant un grand nombre de réfugiés ont demandé un meilleur partage du fardeau qu’ils représentent.

Comme l’a rappelé l’Afrique du Sud, ce fardeau repose essentiellement sur les pays en développement, qui continuent de recevoir la majorité des déplacés.  La Jordanie a ainsi déploré le poids « énorme » que la situation des plus de deux millions de réfugiés qu’elle accueille fait peser sur ses ressources, tandis que le Liban, pays qui, en proportion de sa surface comme de sa population, accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde, s’élevait contre la « part disproportionnée » assumée par les pays à revenu faible ou moyen, souhaitant que celle-ci ne devienne pas une « nouvelle normalité ».

Si des États comme la République de Corée ont pu mettre en avant leur action nationale en faveur des pays d’accueil, de nombreuses voix se sont élevées pour appeler la communauté internationale à répondre collectivement au défi que représentent les réfugiés pour ces derniers.  La Chine a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’une augmentation de l’assistance aux pays en développement, afin de favoriser le retour des réfugiés dans leur pays d’origine.

Plusieurs délégations ont demandé que cette problématique soit prise en compte dans les pactes qui doivent être adoptés, en 2018, pour rendre opérationnels les engagements pris dans le cadre de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants.  La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’est félicitée du rôle joué en ce sens par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  L’Argentine s’est, elle, félicitée que le Cadre d’action global, annexé à la Déclaration, soit mis en œuvre dans plusieurs pays émergents pilotes.

Trois de ces pays pilotes se sont exprimés ce matin: l’Éthiopie, qui a fait observer que l’assistance humanitaire ne devait pas s’arrêter avec le processus de rapatriement et a plaidé pour un renforcement de la collaboration du HCR avec les acteurs du développement; l’Ouganda, qui a mentionné son « modèle ougandais » tout en expliquant qu’il ne saurait remplacer l’aide humanitaire conventionnelle; et la République-Unie de Tanzanie qui met en œuvre le Cadre d’action global en se concentrant sur les questions d’admission, de réponse d’urgence, d’inclusion, d’intégration locale de nouveaux citoyens et de rapatriements volontaires.  La Chine, qui a noté avec satisfaction les résultats positifs de ces expériences pilotes, a souhaité qu’en soient recueillies les expériences et bonnes pratiques.

La Troisième Commission, qui a désormais achevé ses différents débats thématiques, se réunira de nouveau lundi 6 novembre à 15 heures pour étudier et adopter différents projets de résolution. 

RAPPORT DU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS, QUESTIONS RELATIVES AUX RÉFUGIÉS, AUX RAPATRIÉS ET AUX DÉPLACÉS ET QUESTIONS HUMANITAIRES (A/72/12, A/72/12/ADD.1 ET A/72/354)

Suite et fin de la discussion générale

M. ALI (Pakistan) a déclaré que les déplacements humains actuels étaient à une échelle sans précédent, mentionnant spécifiquement les cas de l’Afghanistan et de l’Iraq.  Pour répondre à la crise des réfugiés, tous doivent s’investir, a-t-il affirmé, avant d’expliquer que le Pakistan se montrait « particulièrement généreux », et ce, depuis des décennies.  Ainsi, le Pakistan fournit aux réfugiés présents sur son territoire un accès sans obstacle aux soins de santé et à l’éducation, a déclaré le représentant.

Mme ELENE AGADZE (Géorgie) a salué les efforts incessants que déploie le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour réduire les souffrances des personnes déplacées dans le monde, avant d’ajouter que son pays faisait pour sa part tout son possible, « dans la limite de ses ressources limitées », afin de fournir un asile à ceux qui fuient pour sauver leur vie.  La loi sur la protection internationale, récemment adoptée par le Parlement géorgien, renforce ainsi les mesures de sauvegarde et améliore la protection des personnes ayant le statut de réfugié, a précisé la représentante.

Mme Agadze a rappelé que la Géorgie était elle-même affectée par le problème des déplacements forcés à la suite de vagues successives de « nettoyage ethnique » dans les territoires occupés d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud.  En dépit des appels lancés par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, des centaines de milliers de Géorgiens de souche ne peuvent jouir de leurs droits fondamentaux et ceux qui résident encore dans ces territoires sont menacés d’expulsion, a souligné la représentante.  Pour ces derniers, des restrictions alarmantes sont en outre imposées par l’occupant russe à l’enseignement du géorgien et à la liberté de circulation, a poursuivi Mme Agadze.  La représentante a estimé que les questions humanitaires concernant les déplacés géorgiens de souche, et notamment la question de leur retour, devraient être traitées dans le cadre des discussions internationales de Genève, auxquelles le HCR apporte son concours.  Toutefois, a-t-elle encore déploré, ces pourparlers sont constamment politisés et entravés par les représentants de la Fédération de Russie.  

M. YAO SHAOJUN (Chine) s’est félicité du bon niveau de coopération entre son pays et le HCR, estimant que la visite en juin dernier du Haut-Commissaire avait permis de renforcer cette relation de confiance.  Notant avec satisfaction que le HCR a enregistré des résultats positifs dans la mise en œuvre par des pays pilotes du Cadre d’action global pour les réfugiés, le représentant a estimé que, s’agissant du pacte mondial en préparation, il conviendrait de traiter à la fois les symptômes et les racines du problème des réfugiés.  Des efforts doivent être menés pour s’attaquer aux causes que sont l’instabilité sociale et le déséquilibre en matière de développement, a-t-il souligné, appelant à une augmentation de l’assistance aux pays en développement afin de favoriser le retour des réfugiés dans leur pays d’origine.

M. Yao a d’autre part souhaité que le HCR recueille les expériences et bonnes pratiques de projets pilotes menés dans le cadre de l’application du Cadre d’action global afin qu’elles servent de références pour l’élaboration du futur pacte mondial.  Il a enfin demandé que, dans le traitement de la question des réfugiés, la communauté internationale respecte les principes d’objectivité et de neutralité, s’abstienne d’interférer dans les affaires internes des pays concernés et prévienne toute politisation ou détournement des mécanismes internationaux de protection des réfugiés. 

Mme ALFASSAM (Koweït) a insisté sur le fait qu’il fallait s’attaquer aux causes profondes des déplacements et trouver les moyens adaptés pour que les réfugiés puissent retourner dans leur pays d’origine.  Il faut notamment que la communauté internationale coopère avec le Haut-Commissaire pour trouver de bonnes solutions à la crise, a déclaré la représentante.  Pour sa part, le Koweït a contribué à hauteur de plus de 2 millions de dollars en faveur des réfugiés, notamment d’Afghanistan et de Syrie, à travers différentes institutions internationales.

Mme SAMAR SUKKAR (Jordanie) a rappelé que son pays accueillait, selon les chiffres du HCR, plus de deux millions de réfugiés, dont beaucoup de Syriens, faisant de la Jordanie un des pays qui accueillent le plus de réfugiés au monde.  Mais cette situation fait peser sur le pays un poids énorme et exerce une pression sur les ressources de la Jordanie, notamment l’eau, les services de santé, d’éducation ou même de gestion des déchets, sans parler des problèmes posés à la cohérence nationale, a dit la représentante, assurant toutefois de la volonté de son pays de continuer de fournir à tous ces réfugiés les services sociaux de base.

M. MARWAN FRANCIS (Liban) s’est élevé contre la « part disproportionnée » assumée par les pays à revenu faible ou moyen face à la crise des réfugiés, souhaitant que celle-ci ne devienne pas une « nouvelle normalité » mais reste une situation exceptionnelle nécessitant la mobilisation et la solidarité de l’ensemble de la communauté internationale.  À cet égard, le représentant a demandé que les situations spécifiques de chaque pays soient prises en considération.  Il a ainsi indiqué que, comme le prévoit sa Constitution, le Liban ne pouvait être un pays de réinstallation.  La question du retour des réfugiés devrait, par conséquent, être traitée en priorité si l’on veut parvenir à des solutions durables, a-t-il plaidé.

M. Francis a, d’autre part, souligné qu’avec plus de 1,2 million de réfugiés syriens sur son territoire, auxquels s’ajoutent les quelque 400 000 réfugiés palestiniens qui vivent dans des camps depuis plus de 70 ans, le Liban demeure le pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés au monde, tant par rapport à sa population qu’en fonction de sa surface.  Cet afflux massif de réfugiés affecte mon pays à presque tous les niveaux, dépassant ses capacités déjà limitées et menaçant sa stabilité et sa sécurité, a-t-il insisté, réaffirmant l’impérieuse nécessité d’un changement d’approche au niveau mondial en matière d’assistance humanitaire.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a déclaré que l’adoption de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants et du Cadre d’action global pour les réfugiés avait marqué une étape importante dans l’action de la communauté internationale pour protéger et promouvoir les droits de ceux qui quittent leurs pays pour fuir le danger.  À cet égard, l’Argentine se félicite de la mise en œuvre de ce Cadre global dans plusieurs pays émergents.  Elle estime en outre que l’adoption d’un pacte mondial sur les réfugiés permettra de ne laisser personne de côté et d’éliminer les facteurs sous-jacents qui poussent les personnes à quitter leur foyer.

L’Argentine, qui s’est engagée à accueillir des réfugiés syriens à travers le « Programme Syrie », soutient aussi que la réalité impose aujourd’hui que l’on cherche et trouve des solutions pérennes, fondées sur le principe de la solidarité et des responsabilités partagées.  À cette fin, l’Argentine accueillera des consultations qui doivent se tenir aujourd’hui et demain sur la mise en œuvre du Plan d’action du Brésil portant pour la coopération et la solidarité régionale pour le renforcement de la protection internationale des réfugiés, des personnes déplacées et des apatrides en Amérique latine et aux Caraïbes.  Ces consultations permettront aussi d’évaluer les programmes d’asile de qualité et d’éradication de l’apatridie, a indiqué la représentante. 

Mme MARINA IVANOVIC (Serbie) a rappelé qu’en matière de migration, la route des Balkans de l’Ouest avait été fermée, en 2016, après l’accord conclu entre la Turquie et l’Union européenne.  Pourtant, le nombre de personnes restées sur les territoires de transit comme la Serbie dépasse les capacités de réception et de logement locales, a-t-elle fait observer.  La Serbie demande donc l’adoption de solutions au plan mondial, car ce problème n’est pas limité par la géographie.

Mme Ivanovic a déploré que les communautés locales aient du mal à résister à la xénophobie.  Elle a expliqué que la Serbie fournissait une aide appropriée aux réfugiés, comprenant des centres de réception, des crèches, des salles réservées aux mères et aux nourrissons, et même des ateliers créatifs et des cours de langue.

Mme Ivanovic a également rappelé que son pays avait une expérience en matière de personnes déplacées remontant notamment aux vagues de réfugiés venus du reste de l’ex-Yougoslavie durant les années 90 et en provenance du Kosovo depuis 1999.  Elle a enfin rappelé que, 18 ans après que les entités internationales se fussent installées au Kosovo, à peine 5% des 200 000 personnes déplacées par le conflit sont retournées chez elles.  Elle a donc souhaité que des solutions soient trouvées à cette situation.

Mme HWANG (République de Corée) a déclaré que la crise actuelle semblait dépasser les capacités de la communauté internationale et exigeait que la Déclaration de New York et l’adoption d’un pacte sur les réfugiés deviennent réalité, afin de trouver des solutions pérennes.  Par ailleurs, la République de Corée estime que le HCR doit renouveler ses partenariats et que la communauté internationale doit aider les pays d’accueil à assumer le fardeau qui pèse sur eux.  Pour sa part, la République de Corée est l’un des premiers contributeurs en matière d’aide humanitaire et d’assistance aux réfugiés dans le monde, a rappelé la représentante.  La République de Corée est en outre le premier pays asiatique à avoir adopté une loi sur les réfugiés, en 2013, et elle met en œuvre des programmes de réinstallation depuis trois ans.

M. HARRISON W. MSEKE (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son pays, conformément à ses obligations internationales, avait maintenu « avec courage et détermination » sa porte ouverte à ceux qui fuient les persécutions.  Ainsi, la République-Unie de Tanzanie accueille pour l’heure 318 397 réfugiés, en majorité originaires du Burundi et de la République démocratique du Congo.  Or, a déploré le représentant, l’aide de la communauté internationale va en s’amenuisant, ce qui oblige le Gouvernement tanzanien à puiser dans ses maigres ressources pour faire face à la situation.

Rappelant par ailleurs que la Tanzanie s’était portée volontaire, en novembre dernier, pour piloter localement le déploiement du Cadre d’action global pour les réfugiés, M. Mseke a indiqué que cette mise en œuvre se concentrait sur les questions d’admission, de réponse d’urgence, d’inclusion, d’intégration locale de nouveaux citoyens et de rapatriements volontaires.  En conclusion, il a demandé le soutien de la communauté internationale pour l’intégration locale des réfugiés burundais ayant obtenu la citoyenneté tanzanienne et pour les levées de fonds assurées par le HCR et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), afin de financer le programme de rapatriement volontaire des réfugiés burundais présents sur son territoire.

M. IHOR YAREMENKO (Ukraine) a expliqué que son pays faisait face à un immense défi humanitaire lié à « l’agression hybride » de la Fédération de Russie, qui a provoqué des millions de déplacés en Ukraine, dont 70% sont des femmes. Le représentant a également mentionné que les personnes déplacées en Ukraine étaient les plus nombreuses en Europe, parlant de 1,8 million de personnes déplacées dans l’est du pays, dont 70% sont des femmes âgées et des enfants.

M. Yaremenko a déclaré que seulement 28% du financement du plan en faveur de l’Ukraine avait été assuré.  Il s’est félicité de la visite du Haut-Commissaire, en novembre 2016, dans le pays et a insisté sur la nécessité d’une plus grande coopération concernant les efforts humanitaires et le développement.  M. Yaremenko a ensuite déclaré que la situation humanitaire en Ukraine s’était aggravée, notamment dans le Donbass, l’assistance étant « entravée par les autorités dites locales appuyées par la Russie ».  Le représentant a enfin condamné la Fédération de Russie qui envoie des convois de plusieurs kilomètres de long « sans respecter la législation ukrainienne » et ne laisse pas l’Ukraine inspecter ces convois présentés comme humanitaires.  Or, les convois russes sont, au retour, pleins d’équipements volés en Ukraine, a-t-il accusé.

Le représentant de l’Afrique du Sud a dit être préoccupé par les chiffres donnés par le HCR sur les mouvements de déplacés.  En tant que signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de la Convention de l’Organisation de l’Unité africaine régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique de 1969, l’Afrique du Sud assume ses responsabilités et accueille des réfugiés, qui peuvent par ailleurs librement circuler.  Mais l’Afrique du Sud déplore que le fardeau de cette tâche repose essentiellement sur les pays en développement, qui continuent de recevoir la majorité des déplacés.  Il serait donc utile que le Cadre d’action global pour les réfugiés aide à alléger ce fardeau, a dit le représentant, ajoutant que son pays avait présenté hier ses vues sur les différents aspects de cette question.  

Mme SUPATTRA AUEAREE (Thaïlande) a déclaré que la question des réfugiés et déplacés, observée dans toutes les régions du monde, exigeait, plus que jamais, un engagement continu et des efforts pour trouver des solutions pérennes, tout en fournissant une protection appropriée sur le terrain.  La Thaïlande, qui suit de près les discussions actuelles sur les deux pactes mondiaux portant séparément sur la migration et sur les réfugiés, estime que ces deux instruments se complètent et peuvent aider à trouver des solutions à cette situation complexe.  Elle est heureuse d’accueillir les réunions préparatoires pour le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, organisées par la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).  En tant que membre du Comité exécutif du HCR, la Thaïlande soutient le Cadre d’action global pour les réfugiés, salue les pays qui ont commencé à le mettre en œuvre et encourage les donateurs à envisager des contributions à ce Cadre.

Sur le plan national, la représentante a indiqué que, l’an dernier, son pays avait aidé, à travers un projet pilote, au retour volontaire de 71 déplacés au Myanmar.  La prochaine étape devrait toucher 274 personnes.  En janvier de cette année, le Gouvernement a approuvé un système d’enregistrement des migrants et réfugiés sans papiers, afin de résoudre cette question.  Enfin, la Thaïlande est un soutien fort du HCR et a participé à diverses campagnes sous sa conduite, a assuré sa représentante.

M. PHOLOGO GAUMAKWE (Botswana) a jugé regrettable que l’Afrique continue d’avoir à accueillir une forte proportion de réfugiés, déplacés internes et demandeurs d’asile en raison de l’instabilité et de l’insécurité qui règnent sur le continent.  Il a toutefois observé que la situation n’était guère meilleure dans le reste du monde.  Cette situation doit rappeler à chacun que la communauté internationale doit répondre à ce défi de manière collective.  Le représentant a ainsi salué des pays comme l’Ouganda et la Jordanie, qui ont montré la voie en ouvrant leurs portes à ceux qui fuyaient les conflits. 

Pour sa part, le Botswana accueille environ 3 500 réfugiés et demandeurs d’asile, a précisé le représentant.  De plus, il organise avec l’aide du HCR le retour des ressortissants dont le pays n’est plus sujet aux conflits ou aux problèmes de sécurité.  À cet égard, le Botswana est d’avis que les procédures de rapatriement devraient être revues de façon à réduire le délai d’exécution pour ceux qui expriment la volonté de rentrer chez eux.  Pour M. Gaumakwe, une telle réforme permettrait de réduire l’anxiété de ces personnes, tout en accélérant le processus de réconciliation.  Le Botswana est favorable au futur pacte mondial sur les réfugiés et à ses dispositions portant sur un partage équitable du fardeau lié à la question des réfugiés.   

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) s’est déclarée préoccupée par l’ampleur du phénomène des déplacés internes dans le monde et a appelé à la création d’un pacte mondial sur les réfugiés, que le pays proposera en 2018, et qui sera présenté lors de la prochaine Assemblée générale.  La représentante a également expliqué que l’Azerbaïdjan avait accueilli le plus grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays au monde et que le retour volontaire était leur option préférée. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a constaté avec le HCR que le nombre de personnes déplacées ne cessait de croître et qu’un quart des déplacés dans le monde se trouvaient en Afrique.  Le Maroc salue les pays frères d’Afrique subsahariene qui accueillent ces réfugiés et souligne la nécessité pour la communauté internationale de leur apporter une assistance pour alléger leur fardeau.

Le Maroc déplore également qu’alors que la communauté internationale cherche à aider ces populations, certains pays les instrumentalisent et politisent la question des réfugiés.  Ainsi, l’Algérie refuse le recensement des populations vivant dans les camps de Tindouf, comme l’exige la communauté internationale.  En plus de les instrumentaliser, l’Algérie, avec la complicité du Front Polisario, se « remplit les poches sur leur dos », en détournant l’aide humanitaire destinée à ces camps, et en imposant des taxes sur celle-ci, comme le montre un rapport de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), a accusé le représentant, ajoutant que l’Algérie, qui parlait hier de son action en faveur des réfugiés africains, ne trompe personne avec ses « combines malhonnêtes ».  

M. HAILESELASSIE SUBBA GEBRU (Éthiopie) a déploré que le budget du HCR soit sous-financé, et notamment le plan de réponse pour l’Éthiopie de cette année, qui n’est financé qu’à hauteur d’un quart.  En outre, l’assistance humanitaire ne s’arrête pas avec le processus de rapatriement, a affirmé le représentant, pour qui, il faut aussi renforcer la collaboration du HCR avec les acteurs du développement.  Il a enfin insisté sur l’importance de soutenir les pays les moins avancés qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés dans le monde.

Mme HELLEN MKHWEO CHIFWAILA (Zambie), qui a rappelé que les femmes et les filles représentaient la moitié des déplacés, a demandé à ce qu’elles soient mieux protégées par la Déclaration de New York et le Cadre d’action global.  La Zambie est, de longue date, confrontée à la question des déplacements, qui a accueilli depuis 50 ans pas moins de 300 000 réfugiés venant d’Angola, du Mozambique, du Rwanda, du Burundi, de la Somalie et de la République démocratique du Congo, a fait observer la représentante.  Par ailleurs, 57 000 nouveaux arrivants sont venus s’ajouter plus récemment, en plus de 3 360 Congolais arrivés depuis août dernier, fuyant les combats entre le Gouvernement et les groupes de miliciens.  Du fait de ces afflux, la Zambie est maintenant en proie à une crise humanitaire grandissante, qui requiert une assistance urgente, a déclaré la représentante, assurant que son pays remplissait sa part.

M. ALEXANDER TEMITOPE ADEYEMI AJAYI (Nigéria) a estimé que la question des réfugiés et celle des personnes déplacées internes étaient étroitement liées, ce qui a conduit le pays à modifier ses politiques et programmes pour faciliter l’aide humanitaire dès le début du terrorisme de Boko Haram et des déplacements qu’il a provoqués dans le nord-nst du Nigéria et au niveau du lac Tchad.  Le représentant a rappelé que le soutien du Nigéria à la cause des réfugiés remontait à la période qui a suivi l’indépendance, lorsque le pays avait apporté son soutien aux efforts de maintien de la paix de l’ONU au Congo, notamment en fournissant des troupes qui avaient pris part à l’effort humanitaire.

En réponse à la crise humanitaire déclenchée par l’insurrection de Boko Haram, le Nigéria a mis en place des camps pour les déplacés internes, afin d’assurer dans la dignité la subsistance de ces personnes, a poursuivi M. Ajayi, soulignant l’action menée localement par le personnel médical et les travailleurs sociaux dédiés à ces installations.  Il a ajouté que, soucieux de ne laisser personne sur le bord du chemin, son pays s’employait à fournir une éducation libre et de qualité aux enfants déplacés internes.  Un soutien psychosocial et psychologique est également prodigué aux écolières chibok libérées afin de faciliter leur réintégration dans la société, a-t-il encore précisé, avant de réaffirmer l’engagement de son pays à protéger les populations civiles conformément au droit international. 

Mme DIZERY SALIM, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a rappelé l’implication de son organisation dans l’assistance aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés internes à toutes les étapes de leur voyage.  S’agissant des réfugiés, ils souhaitent tous être en mesure de se déplacer librement et avoir accès à l’emploi et à l’éducation, a-t-elle observé, demandant à ce qu’ils soient entendus et traités avec dignité.  À cet égard, Mme Salim s’est félicitée du rôle joué par le HCR dans l’élaboration d’un pacte mondial qui, avec la mise en œuvre effective du Cadre d’action global pour les réfugiés, conduira en 2018 à l’adoption du plan d’action visant à rendre opérationnels les engagements pris dans la Déclaration de New York.  Quand cela est nécessaire, a-t-elle précisé, nos sociétés nationales se tiennent prêtes à aider au déploiement du Cadre d’action global dans les pays pilotes, comme c’est notamment le cas en Ouganda.

Soulignant par ailleurs l’importance des acteurs locaux dans la protection et l’assistance dues aux réfugiés, Mme Salim a jugé essentiel de renforcer leurs capacités institutionnelles, par le biais d’une meilleure définition des besoins et d’un effort de financement.  Établir un cadre juridique solide peut aussi renforcer le rôle de ces acteurs locaux ainsi que celui des gouvernements afin de faciliter des réponses d’urgence à grande échelle, conformément aux normes humanitaires internationales, a poursuivi la représentante, citant en exemple la crise des réfugiés au Bangladesh où, a-t-elle souligné, il est essentiel de trouver un équilibre entre la facilitation et la régulation de la réponse d’urgence à apporter.

Mme Salim a également mis l’accent sur le rôle des communautés locales dans les processus participatifs de recherche de solutions pour les réfugiés.  Elle a notamment tenu à souligner la générosité des familles d’accueil, lesquelles appartiennent souvent à des groupes vulnérables.  Les sociétés nationales de la Fédération s’emploient, pour leur part, à renforcer ces liens et à faire tomber les barrières, a-t-elle expliqué, ajoutant qu’un effort particulier était mené pour permettre l’intégration des enfants réfugiés dans les systèmes scolaires des pays de réinstallation. 

M. MOUSSA DOLLO (Mali) a expliqué que son pays était en train de sortir de la crise de sécurité qui avait suscité un important déplacement de personnes du Mali vers le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger.  Au plan national, le Gouvernement a élaboré un plan d’action dont la mise en œuvre est en cours, ainsi qu’une politique nationale de gestion des rapatriés.  De même, il a expliqué que quatre plans régionaux d’intervention d’urgence avaient été élaborés pour les régions de Gao, Kidal, Mopti et Tombouctou.  Il a enfin fait état de la plateforme tripartite mise en place avec le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie pour aider au retour des réfugiés maliens.

Mme KATHLEEN HAGAN, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déploré qu’alors qu’en 1998, on s’était félicité de l’adoption des Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays, peu de progrès avaient en fait été réalisés sur cette question, même si plusieurs pays les ont intégrés dans les législations.  De même, la Convention de Kampala, premier instrument juridiquement contraignant sur la protection des personnes déplacées à l’intérieur de leurs pays est, pour sa part, entrée en vigueur en 2012, et des mesures ont été prises par certains États.  Et pourtant, des millions de personnes continuent de souffrir de ces déplacements, ce qui démontre la nécessité de prévenir les conflits et les déplacements forcés.  Pour le CICR, cette nécessité doit être une priorité collective, et elle exige une coopération conjointe entre acteurs internationaux, locaux et les travailleurs humanitaires.  À l’heure de commémorer les 20 ans des Principes directeurs, les États devraient réaffirmer leur engagement en faveur de la prévention et partager les bonnes pratiques, a conclu Mme Hagan.  

Mme MUKHTAR (Soudan) a remercié le Haut-Commissaire de sa visite dans le pays, en août 2017, et a expliqué que le pays accueillait des réfugiés depuis des siècles.  Le Soudan a amélioré son cadre législatif, notamment par l’adoption d’une loi sur les réfugiés ainsi que d’une loi contre la traite des personnes en 2014, a expliqué la représentante.  Elle a déploré qu’aux afflux de vrais réfugiés se mêlent ceux de migrants illégaux, de contrebandiers et de passeurs.  Malgré l’afflux important de personnes déplacées au Soudan, le pays leur accorde le meilleur traitement possible, a affirmé la représentante, qui a appelé à une meilleure répartition au niveau international de la charge financière que représente l’accueil des réfugiés.  

M. Kintu Nyago (Ouganda) a rappelé que son pays était partie à la Convention de 1951 relative aux réfugiés et à celle de l’Organisation de l’Unité africaine de 1969.  L’Ouganda a en outre réaffirmé dans sa Constitution de 1995 son attachement au droit international humanitaire.  Mais les flux sans précédent de réfugiés, auxquels le pays doit faire face ces dernières années, étirent à l’excès les maigres ressources dont il dispose, a expliqué le représentant, qui a remercié les entités internationales qui ont répondu aux appels lancés par son gouvernement.  Afin de répondre aux défis posés par cette situation, le Gouvernement a lancé une nouvelle approche, le « modèle ougandais », qui reste lui aussi limité par le nombre croissant de réfugiés, le manque de ressources ou les inadéquations des offres en eau, en assainissement et en infrastructures et services de base comme la santé ou l’éducation, a indiqué le représentant, ajoutant que ce modèle, à lui seul, ne saurait remplacer l’aide humanitaire conventionnelle. 

Droits de réponses

Le représentant de la Fédération de Russie a rejeté les accusations de l’Ukraine, qu’il a jugées sans fondement, et a souligné que l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie étaient des États indépendants et que son pays n’en avait jamais contrôlé le territoire.  Il a affirmé que c’étaient les actes « insensés » de Tbilissi qui avaient écarté les populations de ces territoires et que c’était la Géorgie qui était à l’origine des migrations forcées dans la région.  Le représentant a déploré que la Géorgie ne souhaite pas signer d’accord contraignant sur le non-recours à la force, alors qu’un tel mécanisme permettrait de normaliser la situation dans la région.  En ce qui concerne l’Ukraine, le représentant a affirmé que les déplacements dans le sud-est de ce pays étaient le résultat des « crimes » commis par les autorités ukrainiennes, qu’il a accusées d’être à l’origine du conflit armé dans la région.  Il a déploré que l’Ukraine ne respecte pas les accords de Minsk, a affirmé que la Crimée faisait partie de la Fédération de Russie en vertu du droit international et a demandé aux autorités ukrainiennes le lever du blocus imposé au Donbass, estimant que la seule solution possible restait un cessez-le-feu fondé sur les accords de Minsk.

Réagissant à la déclaration de son « ami, frère et voisin » du Maroc, le représentant de l’Algérie a déclaré que son pays avait une longue tradition d’accueil et n’avait pas de leçons à recevoir de qui que ce soit sur ce point.  Le représentant a ensuite déploré que ce soit le « bourreau qui se présente en victime ».  Le Maroc « fait comme si le mal est en Algérie; le mal est au Sahara occidental », a déclaré le représentant, accusant le Maroc de s’être rendu coupable de « massacres de masse » de disparitions forcées et au nom d’une « prétendue marche verte » fait fuir les Sahraouis vers les pays voisins.  Il était de la responsabilité de l’Algérie d’accueillir ce peuple frère avec lequel il partage des valeurs, a-t-il dit.  Si le Maroc s’est dit être pour les droits de l’homme, pourquoi refuse-t-il donc la création d’une composante droits de l’homme au sein de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO)? a demandé le représentant, ajoutant que l’Algérie, en revanche, n’ignorait aucune résolution des Nations Unies.  L’Algérie rappelle que la question du Sahara occidental est inscrite à l’ordre du jour des Nations Unies au titre des territoires non autonomes.  Le représentant a également rejeté les allégations portées par le Maroc quant au détournement de l’aide humanitaire ou les entraves à l’enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf, affirmant que la forte présence de travailleurs humanitaires internationaux dans ces camps démontrait que ces allégations sont fausses.  Il a également déclaré que le rapport auquel le Maroc avait fait allusion n’existait pas.  Il n’y a pas de rapports officiels, a-t-il lancé.

Répondant à son tour à la Fédération de Russie, le représentant de l’Ukraine a signalé qu’après l’invasion de la Crimée, la Russie avait organisé un référendum « inconstitutionnel », lequel a eu pour résultat un accord signé par un certain nombre de personnes, dont des Russes, avec le Président de la Fédération de Russie, le 18 mars 2014.  Quant à la question du Donbass, le représentant a déclaré qu’un membre des forces spéciales russes avait admis à l’automne 2014 avoir tiré le premier coup de feu de la guerre.  Il a déploré que les Russes, qui ont alimenté en 2014 la guerre en Ukraine, se disent aujourd’hui fiers d’aider les réfugiés venant d’Ukraine alors même qu’ils en sont la cause.  « Plus de 10 000 vies ont été perdues à cause de vos actions donc vous n’avez pas le droit moral de dire que vous nous aidez », a-t-il affirmé.

La représentante de la Géorgie a répondu que la Fédération de Russie cherchait une fois de plus à détourner l’attention de la communauté internationale.  Il n’y a eu aucun progrès sur le terrain, en raison de l’attitude de la Fédération de Russie et de son occupation de 20% du territoire géorgien, comme le constate la mission d’établissement des faits.  Tant que cette occupation ne cessera pas, la situation des droits de l’homme dans les territoires sous occupation sera de la responsabilité de la Fédération de Russie.

Le représentant du Maroc a réaffirmé que le Sahara serait marocain « pour l’éternité », que la référence à l’occupation était erronée et déplacée et que son collègue algérien ignorait le droit international.  Il a affirmé qu’on ne pouvait parler d’occupation que lorsqu’un État était occupé.  Or, au moment de la récupération du Sahara, « il n’existait qu’un État indépendant et c’était le Maroc », a-t-il affirmé.  Le représentant a insisté sur le fait qu’au moment de la Marche verte, 350 000 civils marocains avaient marché pour récupérer le Sahara, ajoutant que l’acharnement de l’Algérie avait été tel, qu’elle avait en guise de représailles expulsé 350 000 citoyens marocains vivant sur le territoire algérien.  À ce titre, « l’Algérie devrait être présentée devant la CPI », a poursuivi le représentant, qui a insisté sur le fait que l’Algérie était partie principale au différend sur le Sahara et que c’est elle qui avait créé le Front Polisario.  Il a également insisté sur le fait que tout ce que la délégation marocaine avait déclaré sur le détournement de l’aide humanitaire était consigné dans différents rapports, et notamment le rapport OLAF.

Dans un second droit de réponse, le représentant de l’Algérie a reproché à son « frère marocain » de méconnaître le droit international, car il ne connaît pas l’avis de la Cour internationale de Justice ni celui de la Cour européenne des droits de l’homme.  La Marche verte a provoqué des morts et produit des réfugiés, a dit le représentant, rappelant en outre que le Sahara occidental était inscrit aux Nations Unies au titre des territoires non autonomes.  Il ne s’agit rien de moins que d’une situation coloniale, a lancé le représentant, affirmant que, par le passé, bien des puissances coloniales ont juré que les territoires sous occupation ne seraient jamais libres.  L’Algérie, qui n’est pas la seule délégation à s’exprimer en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental, promet que ce territoire finira un jour ou l’autre par exercer ce droit, a dit le représentant.  

Exerçant à son tour son deuxième droit de réponse, le représentant du Maroc a réaffirmé que son pays avait toujours eu la même position sur le Sahara, alors que l’Algérie tergiverse et change sans cesse de position, l’accusant en outre d’avoir créé le conflit du Sahara pour des raisons hégémoniques.  Pourquoi l’Algérie ne parle-t-elle jamais du droit à l’autodétermination de la population kabyle? a-t-il demandé.  Pourquoi ne s’acharne-t-elle que sur la situation du Sahara?  Le représentant a estimé que l’Algérie apportait au principe d’autodétermination un soutien à géométrie variable, parce qu’elle était partie prenante au conflit du Sahara.  Il a aussi accusé l’Algérie de discrimination raciale vis-à-vis des migrants subsahariens, ajoutant que le dernier rapport de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch faisait état de telles discriminations, ainsi que d’expulsions de milliers de ressortissants d’Afrique subsaharienne.  Il a enfin déclaré que l’Algérie instrumentalisait les personnes dans le camp de Tindouf et a mis au défi ce pays de laisser le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en recenser les populations.

RAPPORT DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME (A/72/53 ET A/72/53/ADD.1)

Déclaration liminaire, suivie d’un dialogue interactif

M. JOAQUIN ALEXANDER MAZA MARTELLI, Président du Conseil des droits de l’homme, qui a présenté son rapport, a décrit un certain nombre de situations spécifiques de pays sur lesquelles le Conseil a été se pencher cette année.

Parmi ces pays, le Myanmar a suscité une attention particulière, a relevé M. Martelli.  C’est pourquoi le Conseil a décidé de créer une Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur les violations présumées des droits de l’homme par les forces militaires et de sécurité et les abus dans le pays, en particulier dans l’État de Rakhine.

M. Martelli a également mentionné l’état des droits de l’homme en Syrie, précisant que le Conseil avait décidé de tenir une réunion de haut-niveau sur les violations de droits de l’homme dans ce pays lors de sa session de mars prochain.

À propos du Soudan du Sud, le Conseil, se fondant sur les conclusions de la Commission d’enquête sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, a prorogé pour un an le mandat de cette dernière et a invité la Commission de l’Union africaine à mettre en place un tribunal indépendant hybride pour poursuivre tous les responsables des violations et abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans ce pays.

Au sujet de la République démocratique du Congo, le Conseil a décidé de dépêcher une équipe d’experts internationaux pour recueillir et préserver des informations sur les violations et abus présumés des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans les Kasaï.  Toujours en Afrique, la Commission d’enquête sur le Burundi, créée l’année dernière, a vu elle aussi son mandat prorogé d’un an.

À propos de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), M. Martelli a rappelé la décision du Conseil des droits de l’homme de renforcer les capacités du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme établi à Séoul en République de Corée, afin de permettre la mise en œuvre des recommandations faites par le Groupe d’experts.

Parmi les autres pays à l’examen, le Conseil des droits de l’homme a demandé au Bureau du Haut-Commissaire de continuer à évaluer les progrès dans la mise en œuvre des recommandations sur la réconciliation, la reddition de comptes et les droits de l’homme à Sri Lanka.  Il lui a demandé de continuer à faire rapport sur la situation des droits de l’homme en Ukraine et en Libye, sans oublier de fournir une assistance technique à la Géorgie par le biais de son bureau à Tbilissi.

Le Bureau du Haut-Commissaire a en outre été appelé à établir un groupe d’experts régionaux et internationaux pour réfléchir aux moyens de renforcer la protection des droits de l’homme au Yémen.

Le Conseil a par ailleurs prorogé les mandats des procédures spéciales sur le Bélarus, le Cambodge, la République centrafricaine, l’Érythrée, la République islamique d’Iran, le Mali, la Somalie et le Soudan.  Il a en revanche décidé de ne pas proroger les mandats des experts indépendants sur la Côte d’Ivoire et Haïti.

M. Martelli a rappelé que le Conseil des droits de l’homme avait également débattu de la contribution des droits de l’homme à la consolidation de la paix et établi une nouvelle procédure spéciale sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille.

Quant au mécanisme d’Examen périodique universel, « l’une des plus grandes réalisations du Conseil », le Président a estimé que la participation des États, « à 100% » au cours des deux premiers cycles, manifestait « une véritable célébration du principe d’universalité ».  Il a aussi souligné que la participation active de la société civile et des institutions nationales des droits de l’homme représentait « un aspect vital » des travaux du Conseil car elles fournissent des informations de première main, injectent une perspective unique aux débats et attirent l’attention sur des situations urgentes.

Le Président du Conseil des droits de l’homme a rappelé que ce dernier avait adopté, cette année, plusieurs résolutions contenant des recommandations destinées à l’Assemblée générale, notamment sur les situations des droits de l’homme en République arabe syrienne, dans le Territoire palestinien occupé, en Érythrée et au Burundi, sur la tenue de réunions régionales sur l’établissement d’un forum des personnes d’ascendance africaine et sur la possibilité de tenir, en 2018, une réunion commémorative du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne.

M. Martelli a également averti que l’écart se creusait entre le surcroît de travail du Conseil et les ressources qui lui sont allouées.  Pour trouver une solution, une équipe spéciale conjointe a été mise sur pied.  Sur la base de ses recommandations, le Bureau du Conseil a présenté plusieurs mesures mais aucun consensus n’a été dégagé pour l’instant, a conclu M. Martelli. 

Lors du dialogue avec M. Joaquin Alexander Maza Martelli, Président du Conseil des droits de l’homme, certaines délégations ont, comme M. Martelli, déploré la charge de travail qui pèse sur le Conseil, notamment en ce qui concerne le nombre de réunions.  Ainsi, l’Espagne, qui sera membre du Conseil en janvier prochain, estime qu’il faut réfléchir à réduire le seuil et le nombre de ces réunions, envisager d’autres sources de financement et améliorer les méthodes de travail du Conseil.  Le Japon a exprimé le même avis quant au nombre de réunions et à la nécessité d’améliorer les conditions et les méthodes de travail du Conseil pour le rendre plus efficace, avant de demander au Président son avis sur ce point, tout comme la République de Corée.

L’Indonésie a, elle aussi, voulu en savoir davantage sur ce qui peut être mis en œuvre pour accroître l’efficacité du Conseil et la coopération avec lui.  En même, temps, elle estime qu’il faut mettre fin à la sélectivité et à la politisation des questions des droits de l’homme, qui n’apportent rien.  À cet égard, l’Érythrée a souhaité savoir ce que le Bureau du Président faisait pour aborder cette question de la politisation et de la sélectivité dans les affaires des droits de l’homme, ainsi que pour améliorer la transparence dans le financement des mécanismes.

Le Liechtenstein a salué les recommandations du Conseil des droits l’homme demandant au Conseil de sécurité et au Secrétaire général de renforcer leur collaboration avec les équipes d’enquête.  Il a par ailleurs souhaité savoir comment le Conseil des droits de l’homme pourrait accroître sa collaboration avec les autres organes subsidiaires de l’Assemblée générale. 

Le Guatemala a voulu savoir dans quelle mesure les États Membres pouvaient, depuis New York, mieux appuyer le Conseil et garantir la cohérence dans ses travaux.  L’Argentine, partisante d’une bonne coordination entre Genève et New York, a déploré le refus de coopération des États avec les titulaires de mandat de procédures spéciales et les organes de traités.  Elle a aussi appelé les États Membres à présenter leurs rapports périodiques, y compris ceux en retard, devant les organes de traités et à lancer des invitations permanentes aux procédures spéciales.

L’Union européenne a mis en avant l’indépendance du système des droits de l’homme et la collaboration des différents mécanismes et mandats avec la société civile.  À cet égard, elle a estimé que l’Examen périodique universel engendrait des obligations pour les États vis-à-vis de la société civile.  Elle a souhaité savoir quelles mesures permettraient d’améliorer le fonctionnement du système.

Les Bahamas ont souligné l’importance du Fonds d’affectation spéciale pour la participation des petits États insulaires et pays en développement aux travaux du Conseil des droits de l’homme.  Elles ont demandé au Président son avis sur la manière dont cette catégorie de pays pouvait contribuer à l’amélioration de l’efficacité de l’organe. 

L’Irlande a salué l’action de M. Martelli tout en estimant essentiel que les États s’engagent tous à respecter les droits de l’homme.  Estimant que le Conseil s’acquitte de sa tâche avec brio, elle a aussi fait état de résultats moins encourageants, notamment en ce qui concerne la participation de la société civile.  À ce sujet, elle a souhaité savoir comment les États pourraient aider au renforcement de cette participation, si importante pour des groupes comme les LGBTI.

La Norvège, qui a demandé au Président de quelle façon il pourrait rendre son mandat plus efficace, s’est toutefois félicitée que le Conseil soit autonome dans ses travaux.  Elle a également estimé que la société civile devait pouvoir participer à ses travaux sans crainte de représailles.  De même, le Royaume-Uni a souhaité savoir comment mieux protéger les droits de la société civile dans le contexte des droits de l’homme.  Dans le même sens, l’Allemagne a estimé que les représentants de la société civile avaient un rôle clair et justifié à jouer dans les travaux des mécanismes et des mandats du Conseil des droits de l’homme.  Dans ce cadre, elle a souhaité savoir comment ceux qui collaborent avec ces mandats spéciaux pouvaient être protégés d’une manière plus efficace.

Plusieurs autres délégations ont abordé la question des représailles à l’encontre des personnes qui collaborent avec les Nations Unies et notamment le Conseil des droits de l’homme et ses procédures spéciales.  La Suisse, pays hôte du Conseil, a demandé au Président quelles contraintes il avait rencontrées dans ce domaine et quels mécanismes les Nations Unies pouvaient envisager pour mettre un terme aux représailles.  La Lettonie s’est posée la même question.  La Hongrie, qui est à l’origine de la résolution du Conseil des droits de l’homme portant sur les représailles contre les personnes qui coopèrent avec les Nations Unies, a souhaité que les délégations puissent trouver un consensus sur cette question.  La République de Corée a manifesté les mêmes préoccupations, tout en mettant l’accent sur le rôle des gouvernements locaux dans la promotion et la protection des droits fondamentaux.

L’Autriche a rappelé que le Conseil des droits de l’homme avait un mandat pour prévenir les violations des droits fondamentaux.  À ce titre, a-t-elle fait valoir, il a un rôle plus large à jouer dans le cadre du Programme de prévention du Secrétaire général.  Elle a donc voulu savoir quelle recommandation le Président du Conseil pourrait faire à cette fin. 

L’Australie a rappelé qu’en juin dernier, les membres du Conseil s’étaient engagés à mener des réformes pour s’assurer d’un fonctionnement plus efficace de cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale.  Elle a, d’autre part, remercié le Président du Conseil pour ses travaux et sa persévérance.

La Colombie a demandé à M. Martelli comment il voyait les conséquences pour les droits de l’homme de la réforme des piliers des Nations Unies.  L’Afrique du Sud s’est déclarée préoccupée par les tentatives visant à réévaluer le statut du Conseil des droits de l’homme, estimant qu’un tel changement ne pourrait se faire que dans un cadre intergouvernemental. Elle a par ailleurs souligné l’importance, dans le cadre du mandat du Conseil, de l’élaboration de normes complémentaires à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et d’un cadre contraignant pour réglementer les sociétés militaires privées.

L’Iraq a demandé comment renforcer le cadre juridique pour rendre les organisations terroristes responsables de leurs actes et pour que les États puissent interagir avec le Conseil.

Dans ses réponses, M. Joaquin Alexander Maza Martelli, Président du Conseil des droits de l’homme, a jugé difficile de se prononcer sur la réforme envisagée par le Secrétaire général, disant ne pas disposer de toutes les informations.  Mais il a observé que beaucoup avait été fait pour la diplomatie et le multilatéralisme au sein du Conseil des droits de l’homme, à tel point que de nombreux succès y ont été engrangés.  Il a également déclaré qu’avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les Nations Unies disposaient déjà de l’outil adéquat pour creuser les questions de fond et répondre aux besoins les plus urgents.  Tout cela met en évidence la nécessité pour le Conseil de disposer de ressources et de moyens, a-t-il fait valoir. 

Alors que l’on annonce au Conseil qu’il devra se contenter de 170 réunions par an, que peut-il faire de plus, sinon réduire le temps de parole des orateurs, a déclaré M. Martelli, affirmant aussi que, lors de sa dernière session, le Conseil avait pu terminer toutes ses réunions à 18 heures, voire avant, au lieu de tenir comme précédemment des réunions de 9 heures à 21 heures.  Mais le Conseil dépend de la volonté de ses États Membres, a-t-il poursuivi, estimant aussi que, si la réforme n’a pas lieu, on risque de couler.  Nous sommes tous dans la même barque, a-t-il fait observer.

En ce qui concerne les représailles contre les personnes coopérant avec les Nations Unies, le Président du Conseil des droits de l’homme a déclaré qu’avant toute action, il lui fallait des informations fiables et vérifiées.  Cette méthode va d’ailleurs dans le sens de la non-politisation, a-t-il fait observer, avant de demander aux États de lui apporter de telles informations fiables et vérifiées, s’ils en ont.  A propos de la politisation dénoncée par de nombreuses délégations, le Président a affirmé que « le monde est politisé, c’est l’évidence et on ne peut pas l’éviter », ajoutant qu’il s’agit juste d’accompagner ce fait, tout en protégeant les droits de l’homme.  En ce qui concerne la coopération entre New York et Genève, il s’est dit prêt à venir à New York aussi souvent que possible.  Mais ce qu’il faut, c’est une complémentarité,  a-t-il conclu. 

Discussion générale

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a souhaité rappeler que le mandat du Conseil des droits de l’homme devait s’appuyer sur les principes de coopération et de dialogue sincère, exempt de politisation et de sélectivité.  Le Groupe des États d’Afrique est convaincu que l’Examen périodique universel constitue le pilier central du travail du Conseil en vue de l’accomplissement des obligations des États en matière de droits fondamentaux.  Il juge impératif pour réaliser cet objectif que le Fonds d’affectation volontaire des Nations Unies visant à financer la mise en œuvre de l’Examen périodique universel soit doté de ressources supplémentaires, afin d’aider les États à développer leurs capacités nationales et leur expertise pour appliquer les recommandations du Conseil. 

Réaffirmant l’attachement du Groupe des États d’Afrique à la Déclaration et au Programme d’action de Vienne, le représentant s’est dit encouragé par le travail du Conseil dans les domaines de la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels, lesquels restent essentiels pour éradiquer l’extrême pauvreté, les inégalités et le sous-développement dans le monde.  Il a toutefois souhaité que davantage soit fait par le Conseil et ses mandats en la matière.  Enfin, le Groupe des États d’Afrique accorde une grande importance au dialogue constructif et à la coopération internationale aux fins d’aider les États à remplir leurs obligations, conformément au principe de solidarité consacré par la Charte des Nations Unies.  

M. CHARLES WHITELEY, de l’Union européenne, a déclaré que, depuis la création du Conseil des droits de l’homme en 2006 et grâce à son mandat et ses mécanismes, des avancées avaient pu être faites en matière de droits de l’homme.  Toutefois, il reste du travail, notamment en ce qui concerne la coordination de la question des droits de l’homme au sein du système des Nations Unies, y compris avec le Conseil de sécurité.  Alors que la nécessité de réformer le Conseil des droits de l’homme est soulignée depuis quelques années, l’Union européenne est prête à aider à cette fin, notamment afin que le Conseil soit capable de répondre rapidement aux situations relatives aux droits de l’homme, partout dans le monde et pour une intégration et promotion de tous les droits de l’homme, a assuré le représentant.

M. Whiteley s’est également félicité des réponses apportées par le Conseil des droits de l’homme, notamment pour les crimes commis en Syrie par « le régime Assad et ses alliés », pour le Yémen, avec la mise en place d’une Commission d’enquête, les Groupes d’experts mis en place respectivement pour ces deux pays ou encore pour l’assistance technique apportée au Mali ou à la Côte d’Ivoire. 

L’Union européenne, tout en félicitant les nouveaux membres du Conseil des droits de l’homme élus le mois dernier par l’Assemblée générale, leur demande d’être exemplaires, notamment sur le plan interne, mais aussi dans leur coopération avec les mécanismes des Nations Unies, même si personne n’est exempt de reproches.  À ce titre, l’Union européenne appelle le Burundi, la République démocratique du Congo et le Myanmar, membres du Conseil, à pleinement coopérer avec les mécanismes créés par le Conseil.  

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a déclaré que son pays, membre du Conseil des droits de l’homme mais dont le mandat s’achève cette année, s’était efforcé d’être exemplaire.  Il s’est ainsi évertué à mettre en œuvre les recommandations issues des divers organes et mécanismes des Nations Unies.  Mais en la matière, le Paraguay souligne aussi la nécessité de l’assistance technique.  En tant que Vice-Président du Conseil, représentant les pays du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, le Paraguay estime aussi qu’il est primordial de ne pas polariser le Conseil et ses travaux, sans quoi les objectifs communs ne seront pas atteints.  Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays souhaitait de nouveau être membre du Conseil pour la période 2020-2022. 

M. MOHAMED MOUSSA (Égypte) a déclaré que son pays, en tant que membre et Vice-Président du Conseil des droits de l’homme, entendait saluer la « maestria » avec laquelle M. Maza Martelli avait mené ses travaux, notamment en prenant en compte les intérêts des différents groupes régionaux et zones géographiques.  Pour mener à bien son mandat, le Conseil doit se baser sur les principes d’objectivité et de non-sélectivité, dans le contexte d’un véritable dialogue intergouvernemental, a souligné le représentant, qui s’est dit préoccupé par les tentatives de certains pays d’imposer leurs normes et leurs valeurs, ce qui va l’encontre de la résolution de l’Assemblée générale portant création du Conseil.  Il a d’autre part estimé que le Conseil devait améliorer l’esprit dans lequel il travaille et rationnaliser ses méthodes sur la base de mesures volontaires.  Enfin le représentant a réaffirmé le soutien de l’Égypte au Conseil en tant qu’organe subsidiaire de l’Assemble générale.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) s’est félicitée de la fin du troisième cycle de l’Examen périodique universel et du début du quatrième cycle.  Elle se félicite des chiffres donnés par le Président sur les taux de participation et de recommandations acceptées.  La représentante a également indiqué que, grâce à l’accord de paix signé avec les FARC, la Colombie s’est résolue à la protection des droits de l’homme.  Ces accords, en plus de viser la paix et la justice, ont en outre permis de créer des organes dont une sous-commission chargée des questions relatives à l’égalité entre les sexes et d’une sous-commission chargée des questions portant sur les minorités, a illustré la représentante.

Mme HAILE (Érythrée) a émis le vœu de voir le Conseil des droits de l’homme éviter de devenir un lieu de politisation, celle-là même qui a conduit à la disparition de l’ancienne commission des droits de l’homme et conformément à la résolution créant le Conseil des droits de l’homme.  Malheureusement, en visant l’Érythrée par un mandat de pays, le Conseil se perd et se fourvoie, a dit la représentante.  Elle a également déploré que certains pays, sous prétexte de défendre les droits de l’homme s’immiscent dans les affaires intérieures et appliquent la politique du deux poids, deux mesures, a dit la représentante.  

M. JUN SAITO (Japon) a déclaré que son pays s’engageait activement dans les travaux du Conseil afin d’améliorer la promotion et la protection des droits de l’homme.  Il a indiqué que le Gouvernement avait été particulièrement actif en ce qui concerne la région Asie-Pacifique, ayant été élu au sein du Conseil pour représenter cette région tout en entretenant un dialogue constructif avec les autres membres.  Dans ce cadre, a-t-il dit, le Japon met un fort accent sur l’importance de l’autonomisation des femmes et sur l’égalité entre les sexes.

Face aux nombreuses violations des droits de l’homme évoquées à plusieurs reprises par l’Assemblée générale, le Japon se tient prêt à collaborer en toutes circonstances avec la communauté internationale.  Alors que débute le troisième cycle de l’Examen périodique universel et que se profile l’examen des organes conventionnels en 2020, le représentant a estimé que ces organes étaient essentiels pour assurer une bonne collaboration avec le Conseil, comme le prévoit la résolution 5/1 du Conseil.  Le Japon considère également que les titulaires de mandat ont un rôle important et les encourage à dialoguer avec les États Membres tout en s’acquittant de leur mandat, estimant que l’exercice de ces mandats par des parties tierces pourrait se révéler utile.

M. ALI MAAN (Iraq) a déclaré qu’après des décennies d’oppression et d’injustice, son pays s’était doté d’une Constitution qui interdit toutes formes de discrimination.  L’Iraq a également adhéré à tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et présenté tous ses rapports périodiques.  Mais l’Iraq est confronté au même phénomène qui a frappé New York mardi dernier, à savoir le terrorisme.  Celui-ci se fonde sur la misère, la pauvreté et l’exclusion, a déclaré le représentant, précisant qu’il ne souhaitait pas ainsi justifier le terrorisme, mais donner les moyens de le combattre et de l’éradiquer.  Il faut donc que certaines questions ne soient pas éludées ni politisées, a dit le représentant.

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) s’est élevé avec force contre le contenu du rapport du Conseil des droits de l’homme concernant son pays, estimant qu’il menaçait la crédibilité de ce Conseil dans le cadre du consensus international sur les droits de l’homme et de l’Examen périodique universel.  Ce qui se produit aujourd’hui dénote une « certaine politisation » et ce qui a été présenté va à l’encontre du principe de développement durable, a lancé le représentant.  Il y a, selon le représentant, une sélectivité dans les accusations portées contre certains pays, notamment en qui concerne la « culture des droits de l’homme » qui y prévaut.  Pour le représentant, le Président du Conseil semble avoir évité la question de la guerre menée en République arabe syrienne contre le terrorisme.

La République arabe syrienne est victime de mesures imposées par certains membres du Conseil, a accusé M. Qassem Agha, estimant que le Président du Conseil des droits de l’homme aurait dû évoquer les massacres commis par la coalition internationale, notamment l’attaque qui a fait 14 morts civils le 23 octobre dernier, ainsi que les nombreuses attaques israéliennes en territoire syrien ou sur le plateau du Golan.  Il aurait enfin pu faire preuve de « plus d’objectivité et de courage » en exprimant son refus des violences au Yémen, où les forces saoudiennes « détruisent des écoles et des hôpitaux », entraînant des vagues de réfugiés.  Dans ce contexte, la République arabe syrienne réitère son refus de principe de toute politisation et de toute sélectivité en ce qui concerne les droits de l’homme.

M. PHOLOGO GAUMAKWE (Botswana) a déclaré que, paradoxalement, la hausse de la charge de travail du Conseil des droits de l’homme démontrait l’échec de la communauté internationale à répondre et résoudre les questions relatives aux droits de l’homme.  Sans moyens supplémentaires, cette charge risque de nuire au mandat du Conseil, a estimé le représentant, qui a ajouté par ailleurs que toute tentative de réforme devait se faire dans le cadre de la résolution 60/251 de l’Assemblée générale qui a créé cet organe.

Mme BROOKS (États-Unis) a observé avec satisfaction qu’au cours de l’année écoulée, le Conseil avait pu examiner des situations actuelles et anciennes, tout en étant aussi une plateforme permettant à la société civile de travailler avec les États Membres dans le cadre des procédures spéciales.  Elle a en revanche regretté que la crédibilité du Conseil ait été entachée par l’élection de plusieurs États affichant un mauvais bilan en matière de droits de l’homme, à commencer par la République démocratique du Congo.  Pour s’acquitter de son mandat, a insisté la représentante, le Conseil doit être renforcé et s’assurer que ses membres soient pleinement engagés dans la promotion et la protection des droits de l’homme et non dans la politisation de cet organe.

La représentante s’est cependant félicitée du fait que le Conseil ait mis l’accent sur les risques de représailles qu’encourent ceux qui collaborent avec ses titulaires de mandat de procédures spéciales, notamment les représentants de la société civile.  À cet égard, Mme Brooks s’est déclarée « profondément troublée » par certaines menaces visant des représentants du Conseil et même des titulaires de mandat.  Il faut protéger ceux qui défendent les droits de l’homme et la démocratie mais cela ne sera possible que si le Conseil est composé de membres plus responsables et plus soucieux du respect des droits de l’homme, a-t-elle conclu.

M. CASTILLO SANTANA (Cuba) a déclaré que le Conseil des droits de l’homme avait été créé pour remédier aux pratiques qui avaient conduit au discrédit de l’ancienne Commission des droits de l’homme.  Il faut donc éviter de reproduire les erreurs du passé, a dit le représentant, qui a appelé le Conseil, ses mécanismes et les organes de traités à respecter les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, notamment l’objectivité, l’impartialité, la non-sélectivité et la non-politisation. 

Le représentant a également estimé que les droits de l’homme seront violés tant que persistera un ordre international injuste et que seront maintenues des mesures coercitives unilatérales imposées aux pays en développement.  Cuba a également déploré qu’à sa dernière session, en septembre dernier, le Conseil n’ait pas pu examiner des résolutions portant sur des questions qui font pourtant consensus au plan international, notamment le droit à l’alimentation.  Cuba présentera à nouveau une résolution sur ce thème, a prévenu le représentant.

Mme KHALVANDI (République islamique d’Iran) a déploré que le potentiel de dialogue et de coopération du Conseil ne soit pas utilisé et qu’il préfère la confrontation, la sélectivité et la politisation, autant de défauts qui ont conduit à l’échec de l’ancienne Commission des droits de l’homme et que le Conseil reprend aujourd’hui.  Certains pays persistent à créer et soutenir des mandats de pays, comme celui du « soi-disant Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran », alors que l’Examen périodique universel est l’outil pertinent pour ces questions, a déploré la représentante.  Mme Khalvandi a également déclaré qu’il fallait lutter contre le terrorisme, y compris contre l’idéologie qui sous-tend le groupe État islamique.

M.  BENARBIA (Algérie) a déclaré qu’en tant que membre fondateur du Conseil des droits de l’homme, l’Algérie appuyait « vigoureusement » son mandat d’instance principale chargée du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Il a cependant souhaité que cet organe essentiel reste à l’abri de la politisation.  Précisant que son pays s’acquittait strictement de son obligation de rapports, le représentant a réaffirmé l’attachement de l’Algérie à l’Examen périodique universel, observant que ce mécanisme favorise les analyses neutres sur la situation dans les pays.

M. Benarbia a également souhaité que le Conseil reste saisi de la catégorie des droits économiques, sociaux et culturels, essentielle pour l’accomplissement de son mandat.  Il a enfin souligné que les objectifs de développement durable ne pourraient être atteints sans mettre en place les mécanismes appropriés en matière de partage du fardeau de l’extrême pauvreté, de renforcement des capacités des États et de mise en œuvre des programmes de développement.

M. ALEXANDER TEMITOPE ADEYEMI AJAYI (Nigéria), membre réélu du Conseil des droits de l’homme, a assuré de la volonté de son pays de renforcer les droits de l’homme au plan national et de mettre en œuvre les recommandations issues de l’Examen périodique universel.  En témoigne notamment l’établissement d’un bureau des droits de l’homme dans les forces armées, afin de s’assurer qu’elles respectent les droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, a dit le représentant. 

M. HASBUN (El Salvador) a salué l’action de M. Maza Martelli à la tête du Conseil des droits de l’homme en rappelant qu’il était lui aussi ressortissant d’El Salvador.  Le représentant a par ailleurs indiqué que les droits de l’homme constituaient une « politique d’État » pour le Gouvernement salvadorien, lequel est partie à la plupart des mécanismes internationaux en la matière.  Au plan intérieur, a-t-il noté, des efforts particuliers ont été effectués pour renforcer le cadre juridique et la législation antidiscrimination.  De plus, le pays a réformé son Code de la famille afin d’interdire le mariage des enfants et s’emploie à protéger les droits fondamentaux des femmes et des filles migrantes, a ajouté M. Hasbun, pour qui ces mesures sont indispensables pour parvenir au développement durable.

Même si le Conseil est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, il dispose de compétences propres, comme en atteste la diversité des thèmes et des résolutions sur lesquels il travaille, a fait observer le représentant.  Son importance est encore accrue par le fait que l’ensemble des États Membres participent à l’Examen périodique universel et aux travaux des procédures spéciales, a-t-il ajouté, appelant au respect de ces procédures, qui « sous-tendent » le mandat du Conseil.

Mme GINTERE (Lettonie) a déclaré que son pays, qui a été membre pour la première fois du Conseil des droits de l’homme ces trois dernières années et en a occupé une vice-présidence, considère les procédures spéciales comme un outil indispensable pour la mise en œuvre des droits de l’homme.  Même si la délégation se félicite qu’en 10 ans d’existence, le nombre d’invitations lancées aux procédures spéciales a presque doublé, atteignant le chiffre de 119 cette année, elle reste préoccupée par le manque de coopération dont elles bénéficient.  En tant que membre d’un groupe de pays soutenant l’universalité des invitations, la Lettonie appelle tous les pays à inviter les titulaires de mandat.  Par ailleurs, la Lettonie estime qu’au lieu de critiquer la charge de travail croissante du Conseil, les États Membres devraient l’aider. 

M. MAYANK JOSHI (Inde) a observé que, si le Conseil a réussi à dépasser les écueils qui ont conduit l’ancienne Commission des droits de l’homme à sa perte, beaucoup reste encore à faire.  Mais en réalité les tensions viennent des différences d’appréciation entre les États Membres sur certaines questions comme sur le droit au développement, a dit le représentant, qui a appelé au dialogue sur ce thème.  L’Inde constate aussi des zones d’ombre quant au respect par les procédures spéciales de leur Code de conduite ou encore quant à leurs sources de financement.  Alors que l’Inde s’engage en faveur du renforcement du Conseil, elle estime aussi que tous les droits de l’homme doivent être promus à égalité. 

M. IHOR YAREMENKO (Ukraine) s’est dit ravi de constater que le Conseil des droits de l’homme avait prouvé sa capacité de répondre rapidement à des cas de violations des droits de l’homme en créant de nouveaux mandats de commission d’enquête ou d’experts indépendants.  Il a souhaité que le Conseil puisse également agir rapidement sur les situations « émergentes », avant qu’elles ne donnent lieu à des atrocités, voire à un génocide.  Affirmant par ailleurs soutenir le processus de l’Examen périodique universel, le représentant s’est prononcé pour un renforcement des groupes dans ce cadre, à la condition que les travaux soient menés en toute transparence, objectivité et non-sélectivité.  À ses yeux, il est aussi indispensable que les évaluations menées dans le cadre des procédures spéciales soient transparentes et équitables.    

Le représentant s’est par ailleurs félicité que le dialogue sur la situation en Ukraine revienne à chaque session du Conseil, ce qui permet à l’Assemblée générale d’être informée, notamment grâce à la collecte de données sur la péninsule de Crimée.  Pour M. Yaremenko, le premier rapport soumis au Conseil sur la situation en Crimée et dans la ville de Sébastopol était « très équilibré ».  Jugeant qu’il est à présent temps que des porteurs de mandat du Conseil se rendent sur le terrain, il a rappelé que la résolution 71/205 de l’Assemblée générale faisait obligation aux puissances occupantes de permettre l’accès au territoire considéré à tous les titulaires de mandat.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a déploré que la politisation et la sélectivité aient conduit à une crispation au sein du Conseil des droits de l’homme.  Il a aussi accusé les titulaires de mandat de procédures spéciales de ne pas respecter ceux-ci et de faire des commentaires irresponsables sur certains pays.  En outre, la charge de travail du Conseil, manifestée par l’explosion du nombre de ses séances, fait peser un discrédit sur lui, a estimé le représentant.  Enfin, il s’en est pris aux organisations non gouvernementales qui prennent prétexte de leur statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) pour mener « des attaques perfides » contre des États souverains lors des sessions du Conseil des droits de l’homme.

Mme MAJDOLINE MOUFLIH (Maroc) a estimé qu’au lendemain du dixième anniversaire de sa création, le Conseil des droits de l’homme s’était imposé comme l’organe onusien principal en matière de protection des droits de l’homme.  Son « très novateur » Examen périodique universel a démontré que l’universalité reste un critère essentiel pour le traitement de ces questions, a souligné la représentante, jugeant d’autre part que les procédures spéciales du Conseil jouent un rôle indispensable pour aider les États à progresser et leur fournir une expertise en matière de droits fondamentaux.

Pour Mme Mouflih, la communauté internationale devrait par ailleurs aplanir les difficultés persistantes que rencontre le Conseil dans la mise en œuvre effective de son mandat.  En effet, a-t-elle souligné, l’importance croissante des droits de l’homme dans les relations internationales nécessite un conseil à la fois actif et plus visible.  Or, force est de constater que sa présence dans les médias est « rare et imprécise », a poursuivi la représentante, appelant le Conseil à adopter une politique d’information digne de ce nom.  Elle a enfin jugé « inconcevable » que le Conseil soit saisi de plus de 100 résolutions par an, en plus du traitement des procédures spéciales.  C’est pourquoi, des efforts doivent être fournis pour alléger sa charge de travail, tout en veillant à l’objectivité de son action, a-t-elle conclu.

Droit de réponse

Dans l’exercice de son droit de réponse, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté les allégations portées contre elle par l’Union européenne.  La RPDC rejette avec la même force la résolution adoptée à son encontre au Conseil des droits de l’homme, en raison, dans les deux cas, de leur sélectivité et de leur politisation.  Au lieu de se pencher sur la situation des droits de l’homme dans d’autres pays, l’Union européenne ferait mieux de balayer devant sa porte, a déclaré le représentant, appelant le Conseil des droits de l’homme à ne pas servir les intérêts de pays qui s’immiscent dans les affaires intérieures des autres.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: les délégations demandent au pays hôte d’assurer le respect des privilèges et immunités diplomatiques

Soixante-douzième session,
27e séance – matin
AG/J/3561

Sixième Commission: les délégations demandent au pays hôte d’assurer le respect des privilèges et immunités diplomatiques

Plusieurs membres de la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, ont profité de la présentation, ce matin, du rapport du Comité des relations avec le pays hôte, en l’occurrence les États-Unis, pour demander le respect des privilèges et immunités dont jouissent les délégations et les missions accréditées auprès de l’ONU, et la levée des restrictions dont certaines font l’objet sur le territoire américain. 

En début de séance, la Commission a observé une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attentat meurtrier perpétré mardi 31 octobre, à Manhattan.

Venu présenter son rapport, le Président du Comité des relations avec le pays hôte, M. Kornelios Korneliou, a rappelé que le respect des privilèges et immunités des missions permanentes est une question d’une grande importance.  Les relations entre le pays hôte et les Nations Unies sont régies par l’Accord entre l’ONU et les États-Unis relatif au Siège de l’Organisation, la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques et la Convention de 1946 sur les privilèges et immunités des Nations Unies.  En vertu de ces textes, il incombe au pays hôte d’assurer des conditions permettant aux missions accréditées auprès des Nations Unies d’accomplir leurs tâches normalement.

La Fédération de Russie a reproché aux États-Unis, en tant que pays hôte, d’avoir unilatéralement déchu, fin 2016, l’un des locaux de sa Mission permanente auprès de l’ONU de son statut diplomatique et de son droit à l’inviolabilité.  La propriété sise à Upper Brookville, dans l’État de New York, a été acquise par l’URSS en 1953, a-t-il rappelé.

Les États-Unis n’ont pas consenti à l’établissement de cette propriété en tant que mission de la Fédération de Russie, a rétorqué le représentant américain, pour qui le fait que cette propriété appartienne à la Russie n’en fait pas un local diplomatique.  N’étant ni utilisée comme local de la Mission permanente de la Russie auprès des Nations Unies, ni située dans le district administratif du Siège de l’Organisation, elle n’est pas, selon lui, visée par l’Accord relatif au Siège ou la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. 

Constatant, comme le Bélarus et la Syrie, que le comportement « sans précédent » des États-Unis se poursuit, la Russie a dit s’attendre à ce que le pays hôte corrige la situation dans les plus brefs délais, afin d’éviter de « créer un précédent » exposant à tout moment les missions permanentes des Nations Unies à des mesures similaires.  Pour les États-Unis toutefois, la question doit être résolue de façon bilatérale par leurs deux pays.

Pour sa part, Cuba a dénoncé les restrictions « injustes, sélectives, discriminatoires et politiquement motivées » à la liberté de mouvement de ses diplomates et fonctionnaires accrédités auprès des Nations Unies, alors que le pays hôte « continue d’empêcher le personnel cubain de se déplacer à plus de 25 miles de Columbus Circle ». 

Après avoir salué les efforts déployés par le pays hôte afin de mener des discussions « directes et franches » sur ces questions, la Syrie a déploré les restrictions bancaires qui lui sont imposées du fait des sanctions relatives au conflit syrien ou des actions menées par le Département du trésor des États-Unis.  Elle a en outre appelé le pays hôte à revoir le mécanisme d’octroi des visas étrangers pour les diplomates accrédités à New York, rappelant que les délais indus constituent une dérogation aux responsabilités du pays hôte.

Dans son rapport, le Comité disait d’ailleurs attendre du pays hôte qu’il « redouble d’efforts » pour que les visas d’entrée des représentants des États Membres soient délivrés en temps voulu.

Face à ces problèmes, l’Iran a déploré que le mandat du Comité des relations avec le pays hôte ne soit « pas en adéquation avec ses objectifs ».  Afin d’améliorer l’efficacité et les méthodes de travail du Comité, il a souhaité que le Secrétaire général présente un rapport sur le statut de la mise en œuvre de l’Accord relatif au Siège des Nations Unies. 

La Sixième Commission examinera les rapports de ses groupes de travail demain, vendredi 3 novembre, à partir de 10 heures.

Rapport du Comité des relations avec le pays hôte (A/72/26)

Le Président du Comité des relations avec le pays hôte, M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre), a présenté le rapport annuel du Comité, qui est divisé en quatre chapitres.  Le Comité, a-t-il expliqué, assure un environnement ouvert et constitue un forum qui permet à ses membres de suivre ses travaux et d’y participer de façon constructive, dans le cadre du droit international et de l’Accord entre l’Organisation des Nations Unies et les États-Unis d’Amérique relatif au Siège de l’Organisation. 

Au cours de la période considérée, le Comité a discuté de la mise en œuvre de l’Accord, de la question des privilèges et immunités, de la sécurité des missions et de leur personnel, des visas d’entrée délivrés par le pays hôte, de la réglementation des voyages dans le pays hôte et des activités d’assistance aux membres de la communauté des Nations Unies.

Le Comité présente également des recommandations et conclusions, a indiqué M. Korneliou.  Il a notamment rappelé que le respect des privilèges et immunités est une question d’une grande importance.

Il a souligné dans le rapport que, dans le cadre de l’exercice des fonctions des délégations et des missions accréditées auprès de l’ONU, « la mise en œuvre des instruments énumérés à l’alinéa a) du paragraphe 89 ne peut faire l’objet de restrictions découlant des relations bilatérales du pays hôte ».  Le Comité « insiste sur la nécessité de résoudre les problèmes qui pourraient se poser à cet égard par le biais de négociations pour que les délégations et les missions accréditées auprès de l’Organisation puissent s’acquitter normalement de leurs tâches.  Il engage le pays hôte à continuer de prendre les dispositions qui s’imposent, notamment de former les agents de la police, des services de sécurité, des douanes et du contrôle aux frontières, en vue d’assurer le respect des privilèges et immunités diplomatiques.  Il demande au pays hôte de veiller à ce que les cas de violation qui pourraient se produire fassent l’objet d’une enquête et d’un règlement appropriés, conformément à la législation applicable ».

Après avoir présenté ses condoléances aux États-Unis et à l’Argentine après l’attentat de New York, M. ERIC CHABOURNEAU, délégué de l’Union européenne, a remercié le Comité des relations avec le pays hôte et les États-Unis, pour le service important qu’ils rendent aux Nations Unies en remplissant leurs responsabilités en tant que pays hôte.

Le rapport de cette année montre que le Comité continue d’être un forum important dans lequel il est possible de soulever des questions qui concernent les États-Unis et les Nations Unies, a reconnu M. Chabourneau.  De telles questions, bien que très pratiques, préservent le régime juridique qui définit les statuts des Nations Unies et soulignent les droits et obligations des agents diplomatiques.  L’Union européenne apprécie l’esprit amical dans lequel le Comité conduit ses travaux.

M. MAXIM V. MUSIKHIN (Fédération de Russie) a déclaré que le dernier cycle de travail du Comité des relations avec le pays hôte a connu un nombre important de violations des privilèges et immunités, notamment des locaux, par le pays hôte.  Il a déploré le fait que le Comité doive étudier cette question chaque année. 

Le représentant a notamment reproché au pays hôte d’avoir unilatéralement fermé les locaux de la Mission permanente de la Fédération de Russie située à Upper Brookville, dans l’État de New York, acquis par l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1953, et de l’avoir déchue de ses privilèges et immunités, sans explications ni renvoi à la juridiction locale.  Le Département d’État a établi une interdiction d’entrée dans ces locaux, malgré les demandes répétées de la Russie, refusées sans explications, a-t-il déploré.

Cette restriction « arbitraire et discriminatoire » aggrave les relations entre la Russie et les États-Unis, a poursuivi le représentant, pour qui il s’agit d’une « utilisation abusive de nos locaux ».  Malgré l’attention apportée par le Comité à cette question, il a constaté que le comportement « sans précédent » des États-Unis se poursuit.  Le Comité a exhorté le pays hôte à lever les restrictions aux privilèges et immunités relatives à ses locaux, disant en outre s’attendre à des garanties de non-répétition.  Le Comité a souligné qu’il est inacceptable de restreindre l’utilisation de ces locaux par le pays hôte, a-t-il ajouté. 

M. Musikhin a dit s’attendre à ce que le pays hôte corrige la situation rapidement afin d’éviter de « créer un précédent » pour les missions permanentes des Nations Unies, qui pourraient faire l’objet d’une mesure similaire à tout moment.  Enfin, il a appelé au renforcement du respect des obligations du pays hôte afin de garantir l’accès aux locaux des missions permanentes.

M. ELSADIG ALI SAYED AHMED (Soudan) a rappelé que l’Accord relatif au Siège de l’ONU et la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies constituent la base des relations que les États Membres entretiennent avec le pays hôte.  Il a jugé important de respecter les instruments précités compte tenu des droits et obligations qui en découlent.  Il a remercié le pays hôte et espéré que la question soulevée par la Fédération de Russie sur le différend lié aux locaux sera réglée dans un esprit de coopération.  Il a en outre estimé que les locaux des Nations Unies devraient bénéficier de la même immunité que les ambassades.

Ma délégation a beaucoup souffert de problèmes concernant la délivrance des visas, particulièrement pour le renouvellement des visas des personnels diplomatiques déjà sur place, a regretté le représentant.  Il a souligné que c’est un des défis majeurs auxquels le pays hôte doit faire face.  « Cette situation est affligeante car elle n’est pas générale mais plutôt propre à certains pays. »  Concernant la question des parkings, il s’est félicité des efforts faits par le pays hôte.

Prenant note du rapport du Comité des relations avec le pays hôte, M. AMMAR AL ARSAN (République arabe syrienne) a appuyé les recommandations qui y figurent.  Il a fait part de sa considération pour les efforts déployés par les autorités du pays hôte, qui sont prêtes à discuter de manière « directe et franche » afin de régler ces questions. 

Malgré ces discussions, le représentant a déclaré que la Syrie fait toujours face à des obstacles relatifs à la fermeture de comptes bancaires newyorkais, du fait des sanctions imposées en raison du conflit en cours en Syrie ou des actions menées par la Trésorerie américaine.  Il a dénoncé « les ingérences injustifiées », reconnues par les banques, appelant le pays hôte à revoir le mécanisme d’octroi des visas étrangers pour les diplomates accrédités à New York.  Il a rappelé que les délais constituent un obstacle au déploiement des diplomates et à leur capacité de remplir leurs fonctions.  Ce mécanisme rigide et inflexible constitue une dérogation aux responsabilités du pays hôte, sans base légale sauf l’absence d’une délégation diplomatique américaine en Syrie, a-t-il dénoncé.

Condamnant les mesures unilatérales imposées par les États-Unis en violation de la Charte des Nations Unies, M. Al Arsan a rappelé que les sanctions imposées par ce pays ne couvrent pas les diplomates en poste à New York.  Il a assuré soulever ces questions dans cette enceinte de façon « amicale et transparente », se disant convaincu que l’Administration américaine a la capacité de respecter les accords pertinents sans discrimination ni limite. 

Par ailleurs, le représentant a appuyé la position de la Fédération de Russie portant sur ses locaux qui ont fait l’objet de violations aux immunités et aux privilèges.  Il s’est dit confiant que le Comité sur les relations avec le pays hôte ne fera pas qu’étudier cette question et ne se contentera pas des résolutions adoptées par l’Assemblée générale, mais qu’il travaillera plutôt à trouver une solution fondée sur l’Accord conclu entre l’ONU et les États-Unis relatif au Siège de l’Organisation, la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques et la Convention de 1946.

En tant que membre du Comité des relations avec le pays hôte, a déclaré Mme INDIRA GUARDIA GONZALEZ (Cuba), Cuba contribue à ce que le Comité réponde à toutes les questions qui surgissent entre l’ONU, les États Membres et le pays hôte.  Rejetant tout acte qui viole l’immunité des locaux et du personnel diplomatiques, elle a appuyé l’adoption de mesures pertinentes pour prévenir de telles violations.  Il est indispensable que le pays hôte se conforme aux termes de l’Accord relatif au Siège de l’ONU et à ses obligations concernant les privilèges et immunités des diplomates, a-t-elle insisté.

La représentante a dénoncé les restrictions à la liberté de mouvement des diplomates cubains et des fonctionnaires internationaux de nationalité cubaine accrédités auprès des Nations Unies ou qui travaillent à l’ONU.  Cette politique « injuste, sélective, discriminatoire et politiquement motivée » est contraire au droit international, a-t-elle martelé.  Le pays hôte, a-t-elle précisé, continue d’empêcher le personnel cubain de se déplacer à plus de 25 miles de Columbus Circle, situé à Manhattan.   

M. MOHAMMAD HUMAYUN KABIR (Bangladesh) a remercié le pays hôte de faciliter le travail des missions diplomatiques.  Grâce à celui-ci, les délégations peuvent participer aux travaux de l’Assemblée générale.  Il a tenu à souligner que les privilèges et immunités des diplomates doivent être respectés, car ils s’appuient sur le droit.  La délivrance des visas pour les fonctionnaires qui arrivent des capitales est essentielle pour le bon fonctionnement du travail réalisé ici, a-t-il insisté, en recommandant au pays hôte de remédier aux retards dans ce domaine.

L’ouverture des comptes bancaires des diplomates est aussi une source de préoccupation, du fait que certaines banques refusent d’en ouvrir en invoquant différents prétextes, a également fait remarquer le représentant.

M. ALI NASIMFAR (République islamique d’Iran) a estimé que l’objectif ultime des privilèges et immunités est de créer « une atmosphère normale » pour le fonctionnement efficace des missions étrangères.  C’est une question essentielle stipulée dans différentes résolutions de l’Assemblée générale, a-t-il déclaré.

Le représentant a déploré que le mandat du Comité des relations avec le pays hôte ne soit pas en adéquation avec ses objectifs.  En conséquence, le Comité a échoué à relever les défis qui sont les siens en temps voulu.  Il a ajouté qu’il apprécierait toute initiative dont le but serait d’améliorer l’efficacité et les méthodes de travail du Comité.  Il souhaiterait également que le Secrétaire général présente un rapport sur le statut de la mise en œuvre de l’Accord relatif au Siège de l’ONU.  Selon lui, le Secrétariat est partie prenante à l’Accord et devrait s’assurer que ses dispositions sont continuellement appliquées.  Cependant, a-t-il déploré, cela n’a pas été le cas depuis de nombreuses années. 

M. Nasimfar a noté avec préoccupation qu’alors que tous les États Membres manifestent un grand intérêt pour les travaux du Comité, peu d’entre eux sont membres du Comité.  « Nous regrettons que le pays hôte n’ait pas été attentif aux appels lancés par l’Assemblée générale eu égard aux restrictions et aux règles discriminatoires qu’il a imposées au personnel de certaines missions, y compris en ce qui concerne la délivrance de visas. »  Il s’est aussi inquiété des mesures procédurales imposées aux diplomates en provenance de certains pays dans les aéroports, ce qui « sape le respect et la dignité des représentants de l’État ».  Il a conclu en exhortant le pays hôte à prendre les actions qui s’imposent.

Selon M. YONGSHENG LI (Chine), le Comité des relations avec le pays hôte a joué un rôle important dans le renforcement de la coopération et de la coordination entre l’ONU et le pays hôte afin d’assurer le bon fonctionnement des missions permanentes et les privilèges et immunités.  Il a remercié le pays hôte pour son appui et sa coopération avec le Comité ainsi que pour l’aide apportée aux missions permanentes, dont celle de la Chine.  Il a également salué le travail du Bureau des affaires juridiques du Secrétariat des Nations Unies. 

En tant que membre du Comité, la Chine demeure déterminée à jouer un rôle actif et constructif sur les questions qui l’intéressent, a assuré M. Li.  Il a souhaité que le pays hôte, en vertu de l’Accord relatif au Siège de l’ONU, de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et de la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies, exerce ses fonctions avec bonne volonté afin de renforcer sa coordination avec les missions permanentes, dans le respect des privilèges et immunités prévus.

Le respect des locaux des missions diplomatiques accréditées auprès des Nations Unies est essentiel pour accomplir le travail qui est le nôtre, a déclaré Mme ALINA JULIA ARGÜELLO GONZÁLEZ (Nicaragua).  Le pays hôte est tenu de s’acquitter de ses obligations en vertu du droit international, conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, à la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies et à l’Accord relatif au Siège de l’ONU.

M. RUSLAN VARANKOV (Bélarus) a noté les questions soulevées par l’application de l’Accord relatif au Siège de l’ONU, déclarant qu’il s’agit d’une nécessité absolue afin d’assurer les relations diplomatiques.  Dénonçant les violations de la Convention de 1946 sur les privilèges et immunités des Nations Unies par le pays hôte, il a rappelé que ces violations sont d’autant plus importantes lorsqu’elles portent atteinte à une organisation à compétence universelle comme l’ONU.

Selon le représentant, les violations des privilèges et immunités de la Fédération de Russie relatifs aux locaux de sa Mission permanente vont à l’encontre de la législation nationale du pays hôte et du droit international, ainsi que de la Charte des Nations Unies et de l’égalité souveraine des États.  Il a mis en garde contre la création d’un précédent qui pourrait menacer l’ensemble des missions diplomatiques basées à New York.  Considérant que le comportement du pays hôte relève de l’ingérence dans les affaires d’un État souverain, il a appelé les partenaires des Nations Unies à régler leurs différends de façon bilatérale.

Les États-Unis sont fiers d’être le pays hôte des Nations Unies, a assuré M. MARK A. SIMONOFF (États-Unis).  Il a reconnu l’importance du Comité des relations avec le pays hôte et salué l’esprit constructif de ses membres ainsi que l’assistance du Secrétariat.  Du fait que les délégations non membres du Comité peuvent participer à ses réunions, c’est un organe plus ouvert et représentatif de la communauté diplomatique des Nations Unies, s’est-il félicité.

La Section du pays hôte de la Mission américaine a travaillé dur pour assister les États Membres l’année dernière, a souligné M. Simonoff.  Entre le 1er janvier 2017 et le 1er novembre 2017, plus de 4 400 visas ont été délivrés à des membres de la communauté diplomatique des Nations Unies.

S’agissant de la propriété sise à Upper Brookville, à Long Island, dans l’État de New York, à laquelle s’est référé le représentant russe, M. Simonoff a réitéré la position de son gouvernement à savoir qu’elle n’était utilisée ni par la Fédération de Russie comme local de sa Mission permanente auprès de l’ONU, ni située dans le district administratif du Siège de l’Organisation.  Elle ne tombe donc pas sous le coup de l’Accord relatif au Siège ou de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.  Les États-Unis, a-t-il souligné, n’ont pas expressément autorisé la création de bureaux à Upper Brookville.  Ce n’est pas parce que la propriété appartient à la Fédération de Russie qu’elle fait partie de sa Mission.  Cette question doit être résolue bilatéralement par leurs deux pays, a conclu le représentant.

Quant aux délégations ayant soulevé la question des déplacements, le représentant a indiqué qu’il ne revenait pas aux États-Unis d’autoriser les individus en voyage officiel à l’ONU à se rendre ailleurs dans le pays hôte.  

Droit de réponse

Répondant aux propos du représentant des États-Unis, qui a remis en cause le statut de la propriété de Upper Brookville, le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que les restrictions proviennent d’une note du Département d’État, qui stipule que les locaux ne peuvent plus être utilisés à des fins officielles.  Citant la note, il a estimé que cela signifie que le droit de la Russie de jouir de ses privilèges et immunités « précédemment conférés » lui a été retiré, ce qui implique, selon lui, une reconnaissance claire de la part des autorités américaines.

En tant qu’État successeur, la Russie a compétence pour utiliser cette propriété à des fins officielles, ce qui a été reconnu par le pays hôte, a ajouté le représentant.  Des manifestations protocolaires y ont été organisées et des documents officiels y ont été gardés, a-t-il rappelé.  Le fait que la propriété ait été utilisée à des fins récréatives ne remet pas en cause ce statut, pas plus que sa distance par rapport aux autres locaux de la Mission permanente russe. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Cinquième Commission: l’ONU de nouveau amenée à pallier la baisse des contributions volontaires aux tribunaux cambodgiens

Soixante-douzième session,
11e séance – matin
AG/AB/4251

​​​​​​​Cinquième Commission: l’ONU de nouveau amenée à pallier la baisse des contributions volontaires aux tribunaux cambodgiens

Face aux difficultés financières chroniques des Chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens, dues à une diminution des contributions volontaires des États, la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires était saisie*, ce matin, d’une demande visant à débloquer un montant de 8 millions de dollars pour financer la composante internationale des tribunaux en 2018.  Cette pratique, qui dure depuis 2013, ne rêvait désormais « plus de caractère exceptionnel », a noté le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), constatant la dépendance croissante des tribunaux à l’égard du budget ordinaire de l’ONU.

Chargées du procès des Khmers rouges, les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens comprennent des composantes nationale et internationale financées séparément.  Les traitements des juges cambodgiens et du personnel local sont à la charge du Gouvernement cambodgien.  Mais depuis le début, ce dernier compte des contributions volontaires qui ont atteint au fil du temps, un taux de 80%.  Le taux a été fixé à 100% pour les juges internationaux et le personnel international. 

Pour compenser la diminution progressive des contributions volontaires à la composante internationale, le Secrétaire général demande à l’Assemblée générale, pour la cinquième année consécutive, de ponctionner le budget ordinaire de l’ONU, une pratique, constate le CCQAB, qui n’a donc « plus de caractère exceptionnel ».  Reconnaissant, toutefois, le « caractère incertain » des contributions volontaires, le CCQAB recommande à l’Assemblée d’autoriser le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant maximum de 8 millions de dollars, pour « compléter, à titre provisoire, » les contributions volontaires. 

Tout en saluant l’appui donné par l’ONU aux tribunaux, le représentant du Cambodge, M. Ry Tuy, a appelé l’Assemblée à autoriser le montant initial demandé par le Secrétaire général, soit 10,4 millions de dollars.  Il a également souligné que son pays avait augmenté, depuis 2013, ses contributions financières et en nature à la composante nationale des tribunaux, de façon à financer les salaires des six premiers mois de l’année.  « Pour les six derniers mois, le Cambodge compte sur le soutien continu de l’ONU pour faire augmenter les contributions d’autres donateurs. » 

Au cours de cette séance, la Cinquième Commission a recommandé à l’Assemblée 24 candidats à six organes subsidiaires.  Elle a recommandé la nomination au CCQAB, pour un mandat de trois ans, à compter du 1er janvier 2018, de MM. Bachar Bong Abdallah, du Tchad; Pavel Chernikov, de la Fédération de Russie; Cihan Terzi, de la Turquie; et David Traystman, des États-Unis.  Mme Julia A. Maciel, du Paraguay, a été recommandée à l’issue d’un vote, écartant M. Fernando de Oliveira Sena du Brésil. 

La Cinquième Commission a en outre recommandé à l’Assemblée, à l’issue d’un vote perdu par le Vérificateur général des comptes de la Sierra Leone, de nommer le Contrôleur général du Chili, membre du Comité des commissaires aux comptes, pour pourvoir le siège qui deviendra vacant le 30 juin 2018. 

Ont été recommandés au Comité des contributions, pour un mandat de trois ans, prenant effet le 1er janvier 2018, Mme Yoon Seongmee, de la République de Corée ; et Mme Zhang Wei, de la Chine ; ainsi que MM. Michael Holtsch, de l’Allemagne; Evgeny Kalugin, de la Fédération de Russie; Henrique da Silveira Sardinha Pinto, du Brésil; et Steve Towley, du Royaume-Uni.

À la Commission de la fonction publique internationale, la Cinquième Commission a recommandé M. Aldo Mantovani, de l’Italie, à la Vice-Présidence.  Ont également été recommandés comme membres pour le même mandat de quatre ans prenant effet le 1er janvier 2018, MM. Luis Mariano Hermosillo, du Mexique; Yuji Kumamaru, du Japon; Jeffrey Mounts, des États-Unis; et Wolfgang Stöckl, de l’Allemagne.

En outre, la Commission a recommandé la nomination au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit, pour un mandat de trois ans, prenant effet le 1er janvier 2018, de Mme Janet St. Laurent, des États-Unis et M. Richard Quartei, du Ghana.

La Cinquième Commission a enfin recommandé la nomination de Mmes Kemi Adeosun, du Nigéria, et Keiko Honda, du Japon, comme membres ad hoc du Comité des placements pour un mandat d’un an, prenant effet le 1er janvier 2018.

Ce matin, la Cinquième Commission a par ailleurs recommandé à l’Assemblée générale un projet de résolution** sur les rapports financiers et états financiers vérifiés et rapports du Comité des commissaires aux comptes relatifs aux 26 fonds et programmes des Nations Unies.  Si elle l’adoptait, l’Assemblée demanderait que les recommandations du Comité des commissaires aux comptes et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) soient promptement appliquées dans leur intégralité; que les directeurs de programme soient tenus pour responsables en cas de non-application de ces recommandations; et qu’une solution soit apportée aux causes profondes des problèmes constatés par le Comité des commissaires aux comptes.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*A/72/341 et A/72/7/Add.7

**A/C.5/72/L.4 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: le Conseil des droits de l’homme est essentiel au règlement des crises mondiales « nombreuses et complexes »

Soixante-douzième session,
40e séance plénière – matin
AG/11968

Assemblée générale: le Conseil des droits de l’homme est essentiel au règlement des crises mondiales « nombreuses et complexes »

Le monde étant confronté à des crises nombreuses et complexes avec une dimension « droits de l’homme », le Conseil des droits de l’homme, principal forum dédié à ces droits, est essentiel aux efforts de la communauté internationale pour la paix, la sécurité et le développement, a déclaré aujourd’hui, devant l’Assemblée générale, le Président du Conseil.   

Le Président du Conseil des droits de l’homme, M. Joaquín Alexander Maza Martelli, qui présentait son rapport annuel, a indiqué que le Conseil avait apporté des réponses proactives à la situation des droits de l’homme dans le monde, adoptant 114 résolutions, dont 80 à l’issue d’un vote, des décisions et des déclarations présidentielles.  En 2018, le Conseil organisera une réunion de haut niveau pour célébrer le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Onze ans après sa création, a poursuivi le Président, le Conseil a consolidé ses mécanismes, dont l’Examen périodique universel est « l’une des plus grandes réalisations ».  La participation « à 100% » au cours des deux premiers cycles, est « une véritable célébration du principe d’universalité », s’est-il félicité avant que les autres orateurs n’en fassent autant.

Les droits de l’homme sont cruciaux, les autres piliers du travail de l’ONU que sont la paix et le développement ne peuvent être concrétisés sans eux, a souligné le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Michel Xavier Biang, qui n’a pas caché que les débats au sein du Conseil sont « parfois intenses et sujets à controverse ».    

Le Conseil doit revenir à ses racines, ont conseillé les Maldives, citant les principes d’universalité, d’impartialité, d’objectivité et de non-sélectivité.  Or, a renchéri l’Inde, le Conseil est marqué aujourd’hui par la politisation des droits de l’homme qui deviennent « des outils de politique internationale », servis par des procédures spéciales au financement opaque.  Certains veulent revenir aux pratiques « dysfonctionnelles » de l’ancienne Commission des droits de l’homme et présenter des résolutions qui n’ont d’autre effet que d’approfondir la confrontation, a ajouté l’Iran.

Nous voyons aujourd’hui des « règlements de comptes » sur certains points qui étaient auparavant débattus de manière plus constructive, a dénoncé la Fédération de Russie.  Les États n’essaient même plus de négocier pour dégager un consensus, poussant les autres à se dissocier des décisions adoptées, a ajouté le Bélarus.  C’est une « situation lamentable et hypocrite », a martelé, à son tour, Israël, en pointant le doigt sur les « douzaines de résolutions biaisées » qui font partie désormais d’une campagne mondiale de diabolisation et de délégitimation de l’État israélien.  La manipulation politique doit cesser, a réclamé Cuba. 

Aucun pays ne détient toutes les réponses quand il s’agit de la protection et de la promotion des droits de l’homme, a reconnu l’Australie.  Nous avons tous besoin d’améliorer nos pratiques, a-t-il admis, en soutenant les discussions sur la réforme du Conseil des droits de l’homme pour préserver son « statut permanent de défenseur des droits de l’homme ».  Nous n’allons pas éviter les discussions sur nos propres problèmes et nous allons encourager les autres à faire de même, a-t-elle ajouté.

L’Union européenne a d’ailleurs repris à son compte la mise en garde du Secrétaire général de l’ONU contre l’indifférence vis-à-vis des droits de l’homme, « qui est une maladie qui se propage » et dont le traitement passe aussi par le Conseil des droits de l’homme.  Nous ferons tout notre possible, a-t-elle dit, pour que le Conseil ne soit pas seulement capable de réagir aux violations des droits de l’homme et aux urgences, mais aussi d’améliorer les normes des droits de l’homme et leur application dans le monde par un travail systématique sur des questions thématiques.  L’Union européenne a insisté sur l’indépendance du Conseil et a mis en garde contre toute tentative de saper sa position dans le système des Nations Unies.

Il faut au contraire une meilleure intégration des droits de l’homme dans l’agenda global de l’ONU, a argué la Suisse, qui a insisté sur le lien entre droits de l’homme et paix et sécurité, compte tenu de son potentiel pour la prévention des conflits.  C’est dans cet esprit que s’inscrit l’Appel du 13 juin, auquel la Suisse et 71 autres pays contribuent, un appel qui encourage les États Membres à prendre davantage en compte les droits de l’homme et à intensifier les échanges d’informations utiles entre le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité.

Dans son exposé, le Président du Conseil des droits de l’homme, soutenu par plusieurs délégations, a appelé les États à prendre les mesures qui s’imposent pour garantir une protection adéquate aux membres de la société civile et des institutions nationales des droits de l’homme.  M. Maza Martelli a en effet informé l’Assemblée générale qu’il a été saisi d’allégations d’intimidations, de menaces et de représailles contre les individus ou les groupes qui ont coopéré ou coopèrent avec le Conseil et ses mécanismes.

L’Assemblée générale poursuivra ses travaux en plénière le mardi 7 novembre sur la réforme du Conseil de sécurité.

RAPPORT DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME (A/72/53 et A/72/53/Add.1)

M. MICHEL XAVIER BIANG, Vice-Président de l’Assemblée générale, a rappelé, au nom de son Président, que le Conseil des droits de l’homme est le principal organe des Nations Unies consacré à la promotion et à la protection de tous les droits humains et des libertés fondamentales, dont l’importance reste évidente.  Le Conseil, par ses différents mécanismes, procédures et résolutions, fait entendre la voix de tous, notamment des plus vulnérables, qui font face à des violations de masse, à la discrimination et à l’exclusion.

Le Conseil a entamé le troisième cycle de l’Examen périodique universel (EPU), un mécanisme d’examen par les pairs basé sur les principes du dialogue, de la coopération et du traitement égal, qui renforce le respect des droits de l’homme tant au niveau national que mondial.  La réussite de l’Examen périodique universel démontre que le Conseil est efficace pour protéger et promouvoir les droits de l’homme, qui est l’un des trois piliers des Nations Unies.

Les droits de l’homme sont cruciaux, les autres piliers que sont la paix et le développement ne peuvent être concrétisés sans eux, a souligné le Vice-Président.  Les travaux du Conseil sont essentiels pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que pour garantir la paix et la sécurité des peuples du monde.

Les débats au sein du Conseil sont parfois intenses et sujets à controverse, a rappelé le Vice-Président.  Il est toutefois particulièrement important que les États Membres travaillent de manière constructive afin que le Conseil reste un organe pertinent et efficace pour les droits humains de tous.

« Impartialité, objectivité et non-sélectivité », a dit M. JOAQUÍN ALEXANDER MAZA MARTELLI, Président du Conseil des droits de l’homme, rappelant les principes de l’organe qu’il dirige.  Le Conseil, a-t-il affirmé, a apporté des réponses proactives à la situation des droits de l’homme dans le monde.  Durant ses trois sessions ordinaires, il a adopté 114 résolutions, dont 80 à l’issue d’un vote, des décisions et des Déclarations présidentielles.  La situation des droits de l’homme au Myanmar a suscité une attention  particulière car, outre le rapport et la mise à jour orale de la Rapporteuse spéciale, le Conseil a créé une Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur les violations présumées des droits de l’homme par les forces militaires et de sécurité et les abus au Myanmar, en particulier dans l’État Rakhine.  Le Conseil a aussi prorogé le mandat de la Rapporteuse spéciale jusqu’en septembre 2018.

Il s’est également penché sur la situation des droits de l’homme en Syrie et tenu des dialogues interactifs avec les membres de la Commission indépendante internationale sur le pays dont le mandat a été prorogé pour un an.  Au cours d’une table ronde, le Conseil a offert l’occasion aux victimes de témoigner, notamment sur les cas de disparitions forcées et de détentions arbitraires.  Il a aussi décidé de tenir une réunion de haut niveau sur les violations des droits de l’homme en Syrie, en mars prochain.

Se fondant sur les conclusions de la Commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme au Soudan du Sud, le Conseil a tenu, le 14 décembre dernier, une session extraordinaire et a prorogé pour un an le mandat de Commission afin de recueillir et préserver les preuves et de les mettre à la disposition de tous les mécanismes de justice transitionnelle.  Le Conseil a également exhorté la Commission de l’Union africaine à mettre en place un tribunal indépendant hybride pour poursuivre tous les responsables des violations et abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

La Commission d’enquête sur le Burundi, créée l’année dernière, a vu aussi son mandat prorogé d’un an, le Conseil demandant au Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme de parler avec les autorités burundaises.

Passant aux rapports relatifs à la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, le Président du Conseil a rappelé la décision de renforcer les capacités du Bureau du Haut-Commissaire afin de permettre la mise en œuvre des recommandations faites par le Groupe d’experts.

Au sujet de la République démocratique du Congo, le Conseil a décidé de dépêcher une équipe d’experts internationaux pour recueillir et préserver des informations sur les violations et abus présumés des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans les Kasaï.

Le Conseil a demandé au Bureau du Haut-Commissaire de continuer à évaluer les progrès dans la mise en œuvre des recommandations sur la réconciliation, la reddition de comptes et les droits de l’homme à Sri Lanka et à continuer à faire rapport sur la situation des droits de l’homme en Ukraine et en Libye, sans oublier de fournir une assistance technique à la Géorgie par le biais de son bureau à Tbilissi.

Le Bureau du Haut-Commissaire a en outre été appelé à établir un groupe d’experts régionaux et internationaux pour réfléchir aux moyens de la protection des droits de l’homme au Yémen.  Les experts devront en discuter avec les autorités yéménites et toutes les parties prenantes.

Le Conseil a prorogé les mandats des procédures spécifiques sur le Bélarus, le Cambodge, la République centrafricaine, l’Érythrée, la République islamique d’Iran, le Mali, la Somalie et le Soudan.

Il a également débattu de la contribution des droits de l’homme à la consolidation de la paix.  Tout au long de l’année, le Conseil a continué à traiter d’un certain nombre de questions internationales dont les droits de l’homme dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  D’autres tables rondes ont tourné autour des changements climatiques, de la santé publique et l’accès aux médicaments, des enfants migrants non accompagnés, du profilage racial et de l’incitation à la haine, notamment dans le contexte de la migration, de la peine de mort, du rôle des gouvernements locaux, des répercussions du terrorismes sur l’exercice des droits de l’homme, des mesures coercitives unilatérales et d’autres questions liées au racisme et à la discrimination raciale.    

Le Conseil a aussi établi une nouvelle procédure spéciale sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille.  Il a néanmoins décidé de ne pas proroger les mandats des experts indépendants sur la Côte d’Ivoire et Haïti.

Le Président du Conseil s’est réjoui que 118 États Membres et un État observateur ont adressé une invitation permanente aux procédures spéciales mais s’est inquiété de la non-coopération ou de la coopération sélective de certains États.

Quant au mécanisme d’Examen périodique universel, « l’une des plus grandes réalisations du Conseil », le Président a estimé que la participation « à 100% », au cours des deux premiers cycles, est « une véritable célébration du principe d’universalité ».  Il a aussi souligné que la participation active de la société civile et des institutions nationales des droits de l’homme est « un aspect vital » des travaux du Conseil car elles fournissent des informations de première main, injectent une perspective unique aux débats et attirent l’attention sur des situations urgentes.

La société civile et les institutions nationales des droits de l’homme, a-t-il poursuivi, jouent également un rôle fondamental dans les efforts de suivi et de renforcement des capacités.  Le Président a informé l’Assemblée générale qu’il avait été saisi d’allégations d’intimidations, de menaces et de représailles contre des individus qui ont coopéré ou coopèrent avec le Conseil et ses mécanismes.  Il a appelé tous les États à prendre les mesures qui s’imposent pour garantir une protection adéquate.

Le Conseil a adopté cette année plusieurs résolutions contenant des recommandations à l’Assemblée, notamment sur les situations des droits de l’homme en Syrie, dans le Territoire palestinien occupé, en Érythrée et au Burundi, sur la tenue de réunions régionales sur l’établissement d’un forum des personnes d’ascendance africaine, la possibilité de tenir, en 2018, une réunion commémorative du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne.

Avant de conclure, le Président a prévenu que l’écart se creuse entre le surcroît de travail du Conseil et les ressources allouées.  Pour trouver une solution, une équipe spéciale conjointe a été mise sur pied et sur la base de ses recommandations, le Bureau du Conseil a présenté plusieurs mesures mais aucun consensus n’a été dégagé pour l’instant.     

« Aujourd’hui, alors que le monde est confronté à des crises nombreuses et complexes avec une dimension « droits de l’homme », le travail du Conseil, en tant que principal forum dédié à ces droits, est essentiel aux efforts de la communauté internationale tendant à la réalisation de la paix, de la sécurité et du développement », a souligné le Président. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a insisté pour que le mandat du Conseil soit guidé par le dialogue et la coopération, sans politisation, sélectivité ni partialité.  L’EPU, a-t-il reconnu, est le pilier du travail du Conseil et pour aider les États à mettre en œuvre les recommandations, le Fonds volontaire pour l’assistance technique et financière de l’Examen périodique universel doit être correctement financé.

M. Giorgio a souligné le caractère « indivisible et interdépendant » des droits de l’homme, dont le droit au développement, tel que l’ont consacré la Déclaration et le Programme d’action de Vienne.  Il s’est félicité du travail du Conseil sur le plein exercice des droits économiques, sociaux et culturels, « essentiels » pour éradiquer la pauvreté, les inégalités et le sous-développement.  La pauvreté extrême et l’exclusion sociale, a-t-il insisté, constituent une violation de la dignité humaine.

Le Groupe des États d’Afrique, a poursuivi le représentant, attache la plus grande importance à un dialogue constructif et à la coopération internationale pour aider les États à respecter leurs obligations en matière de droits de l’homme.  Il a donc dénoncé la tentative de certains pays de confisquer à la Troisième Commission l’examen du rapport du Conseil des droits de l’homme au profit de la Plénière de l’Assemblée générale.  Ce serait, a prévenu le représentant, « un dangereux précédent » pour les méthodes de travail de l’Assemblée et de ses organes subsidiaires.  Tout changement requiert l’approbation de tous les États Membres au cours d’un processus intergouvernemental « inclusif », a-t-il tranché.  Le Groupe des États d’Afrique, a-t-il promis, maintiendra son projet de résolution annuel sur le rapport du Conseil des droits de l’homme.

Mme ANA E. BRITO MANEIRA, de l’Union européenne, a souligné que le travail du Conseil, depuis sa création en 2006, a contribué de manière positive à la promotion et à la protection des droits de l’homme.  Par l’assistance technique et le renforcement des capacités, il a aidé des pays à réagir aux crises, à adopter des mesures de protection et à remplir leurs obligations.  Le mandat du Conseil consiste aussi à faire face aux situations de violations massives et systématiques des droits de l’homme et à faire des recommandations.

La représentante a estimé qu’il est également possible de renforcer encore les synergies et le dialogue entre le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité pour faire en sorte que les droits de l’homme soient au cœur de toute l’action de l’ONU.  Elle a jugé que les mécanismes du Conseil des droits de l’homme pourraient jouer un plus grand rôle dans la prévention.  Les appels à élargir et améliorer l’efficacité du Conseil se sont multipliés, ces dernières années, a fait observer la représentante, qui a rappelé que l’UE s’est engagée de manière constructive dans un processus de réflexion, de dialogue et d’examen, coordonné depuis Genève, en se concentrant sur les méthodes de travail, leur efficacité et leur impact.

En mars dernier, a rappelé la représentante, le Secrétaire général de l’ONU a mis en garde contre l’indifférence vis-à-vis des droits de l’homme, « qui est une maladie qui se propage » et dont le traitement passe aussi par le Conseil des droits de l’homme.  La représentante a souligné que les commissions d’enquête et les missions d’établissement des faits ont été établies pour répondre aux graves allégations de violations des droits de l’homme et que le système des procédures spéciales contribue effectivement au mécanisme d’alerte précoce sur les crises émergentes et aide les pays à respecter leurs obligations.

L’UE fera tout son possible pour que le Conseil ne soit pas seulement capable de réagir aux violations des droits de l’homme et aux urgences, mais aussi d’améliorer les normes des droits de l’homme et leur application dans le monde par un travail systématique sur des questions thématiques.  À cet égard, elle a insisté sur l’indépendance du Conseil et a mis en garde contre toute tentative de saper sa position dans le système des Nations Unies.

À propos de la Syrie, la représentante a averti que les violations des droits de l’homme par toutes les parties, en particulier le régime syrien et ses alliés, ne peuvent être ignorées.  Tout responsable de violation du droit international, en particulier du droit international humanitaire et des droits de l’homme, qui pourrait constituer un crime de guerre et un crime contre l’humanité, doit être traduit en justice.

La représentante a salué la décision consensuelle de demander au Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme d’établir un groupe de personnalités éminentes pour superviser un rapport sur la situation des droits de l’homme au Yémen.  Elle a appelé toutes les parties à coopérer avec ce nouveau mécanisme d’enquête.  Elle a aussi relevé l’engagement du Conseil en faveur de la réconciliation à Sri Lanka et du renforcement des capacités en Côte d’Ivoire, en Haïti et au Mali.  Elle a salué le soutien au Territoire palestinien occupé, à la Guinée, à la Géorgie, à la Libye et à l’Ukraine.

Les défenseurs des droits de l’homme et la société civile ont un rôle crucial à jouer dans le travail du Conseil et de ses mécanismes, a insisté la représentante, avant de condamner les actes de représailles, de harcèlement, de violence ou de menaces contre ces lanceurs d’alerte.  Elle a d’ailleurs salué le mandat confié au Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Andrew Gilmour, pour répondre aux allégations d’intimidation ou de représailles contre ceux qui tentent de coopérer avec l’ONU et ses mécanismes.

Elle a félicité les nouveaux membres du Conseil, leur rappelant leur obligation d’accorder toute l’attention nécessaire à la protection des droits de l’homme dans leur propre pays et les invitant à travailler avec le Conseil dans « un esprit d’autocritique ».

Elle a mis l’accent sur l’importance du mécanisme d’établissement des responsabilités dans les événements qui ont eu lieu dans la région des Kasaï, en République démocratique du Congo, priant le Gouvernement congolais de coopérer avec le Bureau du Haut-Commissaire.  La représentante s’est aussi félicitée du renouvellement du mandat de la Commission d’enquête sur le Burundi et a réitéré l’appel au Gouvernement burundais, pays membre du Conseil, pour qu’il coopère.  Elle a également salué la création d’une mission internationale indépendante pour enquêter sur les violations des droits de l’homme attribuées aux forces militaires et de sécurité au Myanmar et la prorogation des mandats des rapporteurs spéciaux sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, en Iran, en République populaire démocratique de Corée, en Érythrée, au Bélarus, sans oublier le mandat de la Commission sur le Soudan du Sud.

Se félicitant de la présence de son pays au sein du Conseil de 2018 à 2020, Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a insisté, à son tour, sur les principes d’impartialité et d’objectivité.  Elle a réitéré sa foi dans la coopération internationale pour laquelle son pays a créé des institutions.  La représentante a précisé que la « Vision 2030 » du Qatar comporte des axes importants en matière des droits de l’homme, s’agissant en particulier de l’accès à la santé et à l’éducation, à la protection d’un environnement sain et des droits de la femme, de l’enfant, des travailleurs et des personnes âgées.  Le Qatar est l’hôte du Centre des Nations Unies pour l’information et la documentation du Conseil pour la région d’Asie du Sud, a rappelé la représentante, avant d’attirer l’attention sur la situation « difficile » dans les territoires palestiniens occupés et de souligner que la paix au Moyen-Orient passe par le respect du droit international humanitaire et des résolutions du Conseil de sécurité.  Quant à la situation en Syrie, elle a plaidé pour la protection des Syriens et le maintien du cessez-le-feu.  La représentante n’a pas voulu conclure sans rappeler que son pays a été frappé par des « mesures unilatérales illégales », imposées en violation des droits de l’homme.

Au nom du Canada, de l’Islande, du Liechtenstein, de la Norvège, de la Nouvelle-Zélande et de la Suisse, Mme CAITLIN WILSON (Australie) a souligné que sans l’action du Conseil des droits de l’homme, le discours international sur les droits de l’homme serait plus pauvre, les violations, peu ou pas documentées, et les personnes, sans voix.  Aucun pays ne détient toutes les réponses quand il s’agit de la protection et de la promotion des droits de l’homme et « nous avons tous besoin d’améliorer nos pratiques et les situations vécues par nos citoyens », a reconnu la représentante.  Mais, a-t-elle prévenu, « la tolérance, le consentement ou la commission de violations graves et systématiques des droits de l’homme sont toujours répréhensibles ».  De tels agissements ne sauraient être acceptés ou tolérés par les membres du Conseil des droits de l’homme. 

Être membre du Conseil est un privilège, a estimé la représentante, expliquant que ce statut permet à un État de « gérer » l’agenda mondial des droits de l’homme.  Nous soutenons, a-t-elle dit, les discussions sur la réforme du Conseil des droits de l’homme pour préserver son « statut permanent de défenseur des droits de l’homme ».

L’Australie, qui vient d’être élue au Conseil, a rappelé la représentante, se propose d’apporter une approche « pragmatique et fondée sur les principes ».  Nous n’allons pas éviter les discussions sur nos propres problèmes de droits de l’homme et nous allons encourager les autres à faire de même, a promis la représentante.

Elle s’est dite inquiète de l’hostilité grandissante vis-à-vis des membres de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme, à la fois sur Internet et dans la vie.  Sans ces « acteurs clefs », s’est-elle alarmée, le Conseil des droits de l’homme ne saurait rien ou presque rien de l’expérience vécue par les gens dans leur pays.  Mme Wilson a condamné les menaces et représailles contre ceux qui coopèrent ou veulent coopérer avec les mécanismes des droits de l’homme, ou un organe ou agence des Nations Unies.  Elle s’est en outre inquiétée du harcèlement, des intimidations et des obstructions que subissent les experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme.  Ces experts, a-t-elle plaidé, sont des « voix indépendantes » dont le travail est de faire la lumière sur des cas d’abus et de violations des droits de l’homme, de faire rapport sur des tendances inquiétantes et d’encourager de nouvelles normes, tout en partageant leur expertise avec l’ensemble de la communauté mondiale. 

Mme Wilson a invité tous les États à collaborer aux procédures spéciales car « tous nos pays bénéficient des résultats de leur examen minutieux », a-t-elle argué.  Elle a voulu que la protection des droits de l’homme soit effective pour tous, y compris les lesbiennes, gays, transgenres et intersexués.  Elle a également plaidé pour l’autonomisation des personnes handicapées et les droits des peuples autochtones.  Elle a enfin appelé au rejet du « relativisme culturel », de la tentative de proclamer la primauté des droits collectifs sur les droits individuels et de faire valoir la souveraineté nationale pour bloquer les enquêtes internationales. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déclaré que, par ses activités thématiques et sa réponse aux situations urgentes, le Conseil remplit pleinement son rôle d’organe principal des Nations Unies dans le domaine des droits de l’homme et s’est affermi, depuis sa création en 2006, comme une voix respectée dans la promotion et la protection de ces droits.  Il a mis l’accent sur le fait que la plupart des décisions du Conseil sont prises de manière autonome et immédiatement exécutées.  Il a appelé au respect des procédures de cet organe et encouragé tous les États à renouveler, publiquement, leur engagement et à adapter leur pratique électorale pour en faire une véritable contribution au raffermissement du Conseil, de sa mission et de travail quotidien.  

Saluant les décisions du Conseil sur le Myanmar et le Yémen, le représentant a indiqué que son pays vient de prendre la décision de créer une institution nationale indépendante des droits de l’homme conforme aux Principes de Paris, répondant, par là même, aux recommandations faites depuis longtemps par plusieurs organes internationaux des droits de l’homme.  Cette institution est indépendamment conçue par la société civile, sans implication du Gouvernement, a-t-il souligné. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a expliqué que la difficulté des discussions sur le programme international des droits de l’homme tient aux différents niveaux de développement des États, à leurs différences sociales et culturelles et à la diversité des contextes et systèmes de gouvernance.  Il a pris note des débats sur la primauté des droits collectifs et les droits individuels, la souveraineté nationale et les normes internationales, et l’universalité et la spécificité des cultures.  Le représentant a ajouté une question, celle de la politisation des droits de l’homme qui deviennent « des outils de politique internationale », des outils « intrusifs » qui vont au-delà des activités mandatées.  L’éradication de la pauvreté et la réalisation du développement durable, d’une part, et la prévention des graves violations des droits de l’homme dans les conflits armés et des actes terroristes, d’autres part, ont influencé les débats sur les droits de l’homme, a constaté le représentant.  De même, les nouvelles technologies, la cybernétique, l’ingénierie génétique et l’intelligence artificielle vont bientôt influer sur les débats, a-t-il prédit, en faisait référence à leur impact inégal sur la vie des gens et leurs droits.

Notant l’augmentation des procédures spéciales du Conseil, leur manque de moyens et l’opacité de leur financement, le représentant a conclu que certaines de ces procédures « vont au-delà de leur mandat ».  Une représentativité plus équilibrée au Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a-t-il prêché, renforcerait l’efficacité.  Les procédures spéciales spécifiques aux pays ont été largement « contre-productives », a en effet tranché le représentant, portant son choix sur l’Examen périodique universel « qui aura été un mécanisme à succès au cours de ces 10 dernières années ».  Cette année, a-t-il rappelé, l’Inde a présenté son troisième examen périodique en moins de 10 ans.  Cet esprit de collaboration, « plutôt que l’exercice contre-productif et souvent politisé de dénonciation publique » est essentiel pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde, a insisté le représentant, qui a insisté sur les principes d’équité et d’objectivité et le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale, sans ingérence dans les affaires intérieures des États, sans sélectivité et dans la transparence.

Mme JAWAHER AL-SABAH (Koweït) s’est dite pleinement consciente des enjeux et des difficultés auxquels les mécanismes des droits de l’homme sont confrontés.  Dans ce contexte, le Koweït ne ménage aucun effort dans sa coopération avec l’ONU.  Il a ainsi accueilli plusieurs rapporteurs spéciaux et attend la visite de plusieurs autres, notamment sur le droit à un logement décent.  La représentante a déploré la situation des droits de l’homme engendrée par les conflits dans la région et a fermement condamné la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens par Israël, en dépit des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Elle a aussi regretté la situation actuelle des Rohingya et les atteintes au droit de la vie dans ce contexte.     

Mme NELLY SHILOH (Israël) a souligné que 2018 marque le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme mais aussi la naissance de l’État d’Israël qui s’est engagé, depuis 1948, à protéger et respecter les droits de l’homme de tous, un engagement qui reste la base de sa démocratie.  Dans cet esprit, des lois importantes ont été adoptées pour promouvoir l’égalité entre les sexes et faciliter l’avancement des femmes, notamment pour leur permettre d’occuper des postes de haut rang dans le monde des affaires, la diplomatie et la défense, a poursuivi Mme Shiloh.  Elle a également mentionné la résolution que son pays a présentée à l’ONU et qui a été adoptée par consensus, sur la prévention et l’élimination du harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

La représentante n’a pas hésité à dénoncer la « situation lamentable et hypocrite » du Conseil des droits de l’homme et en particulier les « douzaines de résolutions biaisées » qui font partie désormais d’une campagne mondiale de diabolisation et de délégitimation de l’État d’Israël.  « Il faut que cela cesse, si nous voulons vraiment promouvoir et protéger les droits de l’homme », a-t-elle lancé à la salle, en arguant que le Haut-Commissaire aux droits de l’homme aurait, lui-même, dénoncé l’hypocrisie du Conseil lorsqu’il a dit « que la sélectivité devenait un poison qui ronge la crédibilité de cet organe ».  Israël s’indigne d’autant plus de cette situation que « les plus grands transgresseurs des droits de l’homme au monde y circulent sans être soumis à un examen scrupuleux », certains d’entre eux étant même membres du Conseil des droits de l’homme.  Israël ne cesse d’exiger une réforme de ce Conseil des droits de l’homme et continuera à le faire pour enfin mettre fin aux pratiques discriminatoires dont il fait l’objet, a prévenu la représentante.

Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a considéré que la création du Conseil en 2006 a été un jalon important dans le système des Nations Unies.  L’une de ses réussites est l’Examen périodique universel, qui joue un rôle de mécanisme « impartial » pour évaluer la situation des droits de l’homme dans un pays donné, s’est félicitée la représentante.  Elle a toutefois regretté que le Conseil n’a pas su éviter les écueils de la Commission à laquelle il a succédé: les approches politisées et le caractère sélectif et politique de résolutions contraires aux principes fondateurs des Nations Unies.  La représentante s’est dite préoccupée que les États n’essaient même pas de négocier et de dégager un consensus, poussant beaucoup à se dissocier des décisions adoptées pour lesquelles on débloque pourtant des ressources importantes.  Est-ce bien légitime? s’est demandé la représentante, en attirant l’attention sur la charge de travail croissante du Conseil, une charge qui pourrait bien être « artificielle ».  Elle a en effet proposé que le Conseil examine ses méthodes de travail pour éliminer les doublons avec le travail de l’Assemblée générale.  Au lieu des procédures spéciales « peu efficaces et coûteuses », le Conseil devrait plutôt miser sur la coopération avec tous les États.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a salué les dernières décisions du Conseil et s’est félicité de l’établissement d’une procédure spéciale sur le droit au développement.  Il a aussi jugé particulièrement critique le rôle du Conseil dans les régions affectées par un conflit où la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales s’est détériorée et les normes du droit international ont été sérieusement bafouées.  Le représentant a en outre estimé que l’Examen périodique universel est un mécanisme « efficace » d’évaluation et a proposé que le troisième cycle de l’Examen périodique universel soit davantage axé sur la mise en œuvre des recommandations formulées au cours des deux premiers cycles, soulignant l’importance, à cet égard, de l’assistance technique et du renforcement des capacités.  Le représentant a aussi salué le « rôle pivot » des procédures spéciales et indiqué qu’en septembre dernier, son pays a accueilli les Rapporteurs spéciaux sur le droit à l’eau et à l’assainissement et la Sous-Commission sur la prévention de la torture.  Le représentant a conclu en plaidant pour des ressources humaines et financières accrues au Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme et à la mise en œuvre « concrète » des recommandations. 

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a réitéré son appui aux travaux du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et à son Bureau ainsi qu’à leur engagement actif avec le Conseil, dans le respect de leurs mandats respectifs.  Il a réaffirmé son attachement à un dialogue ouvert, inclusif et constructif entre les États Membres, regrettant que le Conseil ne soit pas pleinement exploité en tant que « forum du dialogue et de la coopération ».  À de nombreuses occasions, s’est-il expliqué, le Conseil est plutôt utilisé à des fins purement politiques, fondées sur la confrontation et la sélectivité.  La politisation et la manipulation ont aggravé la méfiance des États et érodé l’efficacité du Conseil et du mécanisme de l’Examen périodique universel, a-t-il prévenu.

L’Examen périodique universel, a-t-il déploré, était pourtant censé garantir l’universalité, l’objectivité et la non-sélectivité.  Le représentant a constaté qu’en réalité, certains pays préfèrent revenir à la pratique « dysfonctionnelle » de l’ancienne Commission des droits de l’homme et présenter des résolutions qui n’ont d’autre effet que d’approfondir la confrontation.  Il n’est donc pas étonnant que le Conseil prenne le même chemin que la Commission, a insisté le représentant qui a illustré ses propos par la résolution sur son pays qui « expose les lacunes du Conseil et qui n’est rien d’autre qu’une perte de ressources ».  L’Iran, qui se dissocie de la résolution, réitère sa position de principe consistant à ne pas reconnaître et à ne pas coopérer avec des mandats créés en dehors de la sphère internationalement reconnue des droits de l’homme.

M. LUKIANTSEV (Fédération de Russie) a observé, à son tour, une politisation et une approche de confrontation au Conseil des droits de l’homme, regrettant les « règlements de comptes » entre certains pays sur certains points qui étaient auparavant débattus de manière plus constructive.  Aucun pays ne peut prétendre à la perfection en matière des droits de l’homme, a souligné le représentant, jugeant « inacceptable » la politique de mentorat et de dénigrement pratiquée par plusieurs États, qui discrédite le travail du Conseil et des défenseurs des droits de l’homme.

Estimant que les procédures spéciales sortent souvent de leur mandat, en créant des doublons, le représentant a aussi dénoncé le fait que des États aient tenté de manipuler le renforcement des capacités, en violant le principe de neutralité politique et en aggravant la fragmentation dans le travail du Conseil.  Utiliser cette enceinte pour régler des problèmes politiques est « inacceptable », a tranché le représentant, sans oublier de condamner les États qui tentent d’attribuer d’autres compétences au Conseil sans l’aval des autres membres.  Aussi, le Conseil continue-t-il à « grignoter » les prérogatives des autres organes des Nations Unies.  Le Conseil doit plutôt s’appuyer sur la coopération, respecter la souveraineté des États et promouvoir les normes et procédures existantes.  Évitons la confrontation et la politisation, a encouragé le représentant.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a considéré qu’il est important de maintenir une coordination fluide entre New York et Genève en ce qui concerne les droits de l’homme et que le Conseil devrait être placé sur un pied d’égalité avec les autres organes des Nations Unies.  La représentante a salué le récent renouvellement du mandat du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires et lancé un appel à tous les États pour qu’ils renforcent leur coopération avec les procédures spéciales et les organes de traité, en répondant à toutes leurs demandes et invitations.  En moins de deux ans, l’Argentine a reçu les visites de la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes, de l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre et du Groupe de travail sur la détention arbitraire.  L’année prochaine, elle recevra le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, la Rapporteure spéciale sur le droit à l’alimentation et le Rapporteur spécial sur la question de la torture.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBUN (El Salvador) a rappelé que le Conseil des droits de l’homme est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale et le principal organe intergouvernemental des Nations Unies chargé de veiller aux droits de l’homme.  Aussi a-t-il réitéré que ses procédures, ses mécanismes, ses structures et ses compétences doivent être respectés tant en séance plénière qu’à la Troisième Commission.  Pour El Salvador, membre du Conseil depuis 2015, le respect et la promotion des droits de l’homme constituent une politique d’État et un pilier fondamental de la politique étrangère.  Le représentant a constaté des avancées importantes en la matière ces dernières années, dont les accords internationaux qui reconnaissent l’importance de systèmes de gouvernance garants des droits de l’homme.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a rappelé que, lors de sa création en 2006, le Conseil des droits de l’homme avait pour mission de respecter les principes d’universalité, d’impartialité, d’objectivité et de non-sélectivité.  Son mandat était de prodiguer des conseils et d’offrir une assistance technique « en consultation et avec l’accord des États concernés ».  Onze ans plus tard, « il est nécessaire que le Conseil revienne à ses racines », car il y va de sa crédibilité, a prévenu le représentant.  C’est cette crédibilité qui permettra au Conseil d’inspirer des actions internationales pour protéger les droits de l’homme en Syrie.  Le représentant a aussi dit attendre du Conseil une réponse à la crise humanitaire et des droits de l’homme dans « l’État de Palestine » et aux souffrances des Rohingya.  Le renouvellement de la mission d’enquête au Myanmar est un pas dans la bonne direction mais il ne suffit pas, a tranché le représentant.  Il a demandé une session extraordinaire pour adopter une résolution « claire et substantielle »  et mettre un terme aux atrocités dont les Rohingya sont victimes.

Pour rallier tous les États Membres de l’ONU, a conseillé le représentant, le Conseil doit avoir des méthodes de travail plus inclusives et appliquer, de bonne foi, le principe d’universalité.  Il a en effet dénoncé des méthodes de travail « plus opaques et moins inclusives » que celles de l’Assemblée générale, ce qui pénalise les délégations qui ne peuvent participer qu’à une seule de ses sessions, comme c’est le cas pour beaucoup de petits États insulaires en développement (PEID).  Il a également dénoncé le fait que lors des négociations informelles sur les résolutions, la contribution des États non membres du Conseil soit la plupart du temps ignorée, donnant « un poids disproportionné » aux membres.

Pendant les deux années où elles ont siégé au Conseil, les Maldives ont réussi à faire reconnaître la dimension « droits de l’homme » des changements climatiques, ce qui a débouché sur un nouveau mandat « droits de l’homme et environnement », a rappelé le représentant.

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a estimé que l’efficacité du Conseil dépend beaucoup de la participation de chaque État Membre, quels que soient sa taille, sa population et sa puissance.  C’est dans cet esprit que la Géorgie a été le premier pays d’Europe de l’Est à contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance technique.  Saluant les efforts déjà entrepris pour améliorer les méthodes de travail du Conseil, Mme Agladze a estimé que davantage de mesures sont nécessaires.  Elle s’est attardée sur la résolution relative à la coopération avec son pays qui appelle à l’accès immédiat du Bureau du Haut-Commissaire et des mécanismes des droits de l’homme régionaux et internationaux aux régions occupées dans son pays.  Cet accès n’a pas été accordé mais le rapport a tout de même pu faire état de violations des droits de l’homme.

S’agissant de l’Examen périodique universel, la Géorgie a intégré les recommandations qu’elle a reçues dans ses plans d’action nationaux, a affirmé Mme Agladze, qui a ajouté que son pays a mis en place une institution assurant le suivi et l’application de ces recommandations.  La Géorgie a d’ailleurs rejoint, cette année, le Groupe des Amis des mécanismes de suivi du Conseil.  La représentante a défendu la participation effective des représentants de la société civile au travail du Conseil et condamné tous les actes d’intimidation ou de représailles contre des individus et des groupes qui coopèrent avec l’ONU, estimant qu’il est du devoir de la communauté internationale de renforcer le rôle des ONG et de les protéger contre de tels actes.  La représentante a conclu en assurant que son pays a prolongé son invitation à tous les titulaires de mandats spéciaux et qu’elle en a déjà accueillis plusieurs, notamment le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays et celui sur la violence contre les femmes.

Mme VALIENTE (Cuba) a rappelé que la création du Conseil des droits de l’homme participait de la nécessité d’en finir avec la partialité, la confrontation et la manipulation politique de la Commission des droits de l’homme.  La représentante s’est donc étonnée de la tendance à la sélectivité et à la politique de deux poids, deux mesures, comme le reflète le rapport du Conseil.  La manipulation politique dans l’examen des situations doit cesser, a-t-elle insisté.  Ce sont la coopération, le dialogue et le respect mutuel qui devraient guider les travaux du Conseil. La représentante a réaffirmé que l’Examen périodique universel se consolide comme « le seul mécanisme universel », marqué par le dialogue constructif et le respect des principes d’universalité, d’objectivité, d’impartialité et de non-sélectivité.  Ces principes doivent s’appliquer tout autant aux procédures spéciales et aux organes des traités des droits de l’homme, a-t-elle réclamé.

Tant que des mesures coercitives unilatérales seront imposées et que des blocus comme celui dont souffre Cuba depuis plus de 55 ans existeront, le Conseil devra rejeter et exiger la fin de ces pratiques.  Le Conseil doit aussi rendre impérative la revendication du droit à la solidarité internationale, afin de faire face aux graves problèmes que posent les profondes crises économiques, financières, énergétiques, environnementales et alimentaires.  La représentante a regretté qu’au cours de la dernière session, des résolutions ayant longtemps fait l’objet d’un consensus aient nécessité un vote, comme cela a été le cas pour la résolution sur le droit à l’alimentation.

Mme WAGNER (Suisse) a salué d’emblée les propositions concrètes que le Conseil de droits de l’homme a formulées cette année pour renforcer son impact et sa contribution en matière de respect, de protection et de promotion des droits de l’homme dans le monde.  Ces propositions permettent, à son avis, d’identifier des pistes d’action prioritaires qu’il convient à présent de mettre en œuvre afin de renforcer l’ensemble du pilier des droits de l’homme des Nations Unies.

Pour ce faire, la Suisse estime qu’il faut une meilleure intégration des droits de l’homme dans l’agenda global de l’ONU.  Le lien entre droits de l’homme et paix et sécurité mérite, selon la représentante, une attention particulière, compte tenu de son potentiel pour la prévention des conflits.  C’est dans cet esprit que s’inscrit l’Appel du 13 juin, auquel la Suisse et 71 autres pays contribuent.  Cet appel encourage les États Membres à prendre davantage en compte les droits de l’homme, et à intensifier les échanges d’informations utiles entre le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité.  La représentante a invité tous les États Membres à rejoindre cette initiative.

Abordant ensuite l’espace dévolu à la société civile, l’oratrice a insisté sur son rôle fondamental pour les mécanismes onusiens et sur l’intérêt de renforcer son inclusion et sa protection.  Pour elle, cela passe par le renforcement de l’impact, de l’efficacité et de la crédibilité du Conseil des droits de l’homme.  Elle s’est notamment dite préoccupée par les nombreux cas d’intimidation et de représailles à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme et d’autres membres de la société civile alors que ces derniers exercent leurs droits fondamentaux en fournissant aux représentants des mécanismes onusiens des informations de première main.  Après avoir remercié le Président du Conseil de droits de l’homme pour son engagement dans le suivi de ces cas, la représentante a appelé à la réflexion sur l’optimisation des méthodes de travail du Conseil pour lui permettre de répondre à l’augmentation de sa charge de travail.  L’ambiance de travail en son sein devrait également être améliorée, a poursuivi la représentante avant d’appeler les États à œuvrer de façon constructive à ses travaux afin de renforcer sa crédibilité et son efficacité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face aux déplacements massifs de population, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés encourage le Conseil de sécurité à assumer sa part de responsabilité

8083e séance – matin
CS/13053

Face aux déplacements massifs de population, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés encourage le Conseil de sécurité à assumer sa part de responsabilité

De retour du Bangladesh, où il a été témoin, à la frontière avec le Myanmar, de « l’exode de réfugiés le plus rapide depuis les mouvements massifs de population du milieu des années 90 », le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, en a, ce matin, appelé au leadership du Conseil de sécurité pour mettre fin à une crise mondiale qui n’a de cesse de s’aggraver.

« Lorsque mon prédécesseur s’est exprimé pour la dernière fois devant ce Conseil, c’était en janvier 2009, lors d’une intervention pendant laquelle M. António Guterres avait prévenu que le monde entrait dans une période de crises interdépendantes profondes », a déclaré M. Grandi.  « Presque neuf ans plus tard, cette sombre perspective est devenue une réalité frappante », a-t-il reconnu. 

Le nombre de personnes contraintes au déplacement à travers le monde approche les 66 millions, comparé à 42 millions il y a huit ans.  Parmi elles, 17,2 millions de réfugiés sont sous la responsabilité du HCR, « soit une hausse de 70% par rapport à 2009 », a précisé le haut fonctionnaire.  L’Iraq, ainsi que la Syrie, marquée par un conflit « cataclysmique » ayant jeté 11 millions de personnes sur la route, représentent à eux deux pas moins d’un quart des déplacés dans le monde.

Comment expliquer une telle hausse?  L’apparition de nouveaux foyers de crise dans des régions caractérisées par une faible gouvernance, comme en Libye, au Mali, en Ukraine, au Yémen et dans le bassin du lac Tchad, est un élément de réponse.  Ils sont venus s’ajouter à ceux qui, après une embellie passagère, ont connu des revers, par exemple au Burundi, au Soudan du Sud ou encore en République centrafricaine.  Sans compter l’enlisement de situations qui durent depuis des décennies pour certaines, comme celles des réfugiés afghans en Iran et au Pakistan, et qui peinent à absorber les « ondes de choc sociales, économiques et politiques qu’entraîne l’afflux de réfugiés ».

Cette forte hausse du nombre de déplacements forcés reflète aussi, a analysé M. Grandi, les faiblesses de la coopération internationale, et le « déclin des capacités » à prévenir, contenir et résoudre les conflits, dans une logique où « les intérêts de court terme » sont privilégiés au détriment de la « stabilité collective durable ».

« Sommes-nous devenus incapables de négocier la paix? » s’est demandé le Haut-Commissaire, en adressant cette question au Conseil de sécurité, dont la « raison d’être », a-t-il souligné, est le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Si des mesures importantes ont été prises depuis l’adoption en 2016 de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, a-t-il reconnu, seule une mobilisation pour rétablir la sécurité, résoudre les conflits et bâtir la paix permettra de trouver une solution au problème des réfugiés.

Prévention des crises; rôle des Casques bleus pour sécuriser l’accès humanitaire; renforcement de la capacité des États à faire face à l’afflux de réfugiés et de migrants et à les réinstaller; et recherche d’une paix durable: telles ont été les recommandations du Haut-Commissaire, alors que la communauté internationale s’apprête à adopter deux nouveaux traités mondiaux en 2018 -le pacte mondial sur les réfugiés et le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières- conformément à l’engagement pris par les États Membres en vertu de la Déclaration de New York.

Les membres du Conseil, dont certains sont directement touchés par la crise des réfugiés, ont favorablement accueilli les suggestions de M. Grandi.  Cela a été le cas de l’Éthiopie, qui a renouvelé son engagement à rester un pays d’accueil pour les Somaliens tout en insistant sur une meilleure répartition du « fardeau », ou encore de l’Italie, qui avait convoqué cette réunion, un des temps forts de la présidence des travaux du Conseil de sécurité par son pays en novembre.

« Sans réponse globale ni renforcement de la coopération entre pays d’origine, de transit et de destination, nous continuerons d’assister à de nouveaux flux de migrants et de réfugiés, toujours plus considérables », a mis en garde le Sous-Secrétaire d’État italien aux affaires étrangères et à la coopération internationale, M. Vincenzo Amendola, en assurant que les deux pactes évoqués « constituent une avancée pour prévenir et traiter les causes profondes de ces migrations forcées ».

Pour l’Italie, il faut investir dans les pays d’origine et de transit, protéger les réfugiés et les migrants les plus vulnérables –femmes, enfants et personnes handicapées–, et mettre en valeur les multiples aspects positifs des flux migratoires.  Si le nombre effrayant -un demi-million- de Rohingya ayant fui du Myanmar vers le Bangladesh a préoccupé les membres du Conseil, M. Amendola a attiré l’attention sur le cas de la Libye, où il est crucial d’améliorer la protection des demandeurs d’asile, des réfugiés, des déplacés et des migrants, à la lumière de la hausse potentielle du nombre de candidats au départ, « dans des conditions précaires et sans sécurité ».

« L’accueil des réfugiés est non seulement un devoir moral mais aussi une obligation au regard de nos engagements internationaux », a estimé de son côté le représentant de la France, en rappelant que son pays vient de lancer les premières « missions de protection » en vue de la réinstallation des réfugiés en Europe dans le cadre du Plan d’action pour la Méditerranée centrale.

Une autre façon de protéger les réfugiés serait de leur offrir une « citoyenneté universelle », a proposé le délégué de la Bolivie en indiquant que son pays réfléchissait à la question.

À la suite du Haut-Commissaire, le Sous-Secrétaire d’État italien a mis en avant la responsabilité directe du Conseil de sécurité, en l’appelant à « répondre aux attentes de ces millions de personnes qui comptent sur nous pour restaurer la paix ».  Le représentant de l’Uruguay a d’ailleurs souhaité que le Haut-Commissaire s’exprime devant le Conseil une fois par an.

EXPOSÉ DU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS

M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué qu’il y a quelques semaines, il se trouvait au Bangladesh, à la frontière avec le Myanmar, témoin de l’exode de réfugiés le plus rapide depuis les mouvements massifs de population du milieu des années 90.  « Une situation qui illustre les conséquences des causes profondes d’un conflit lorsqu’elles ne sont pas prises en compte et que la relation entre un État et une partie de sa population s’est rompue », a analysé le haut fonctionnaire.  Partout dans le monde, les pays frontaliers de zones de crise peinent à absorber les ondes de choc sociales, économiques et politiques qu’entraîne l’afflux de réfugiés, tandis que les conséquences de conflits irrésolus se font ressentir partout dans la région.  Si la protection des réfugiés est une obligation juridique, elle contribue aussi à la stabilité régionale et mondiale, a ajouté M. Grandi.

Lorsque son prédécesseur s’est exprimé pour la dernière fois devant ce Conseil en sa qualité de Haut-Commissaire, c’était en janvier 2009, lors d’une intervention où il avait prévenu que le monde entrait dans une période de crises interdépendantes profondes.  « Presque neuf ans plus tard, cette sombre perspective est devenue une réalité frappante », a constaté M. Grandi.  Le nombre de personnes contraintes au déplacement à travers le monde approche les 66 millions, comparé à 42 millions en 2009.  Parmi elles, 17,2 millions de réfugiés sont placés sous la responsabilité du HCR, soit une hausse de 70% par rapport à 2009.  Le conflit « catastrophique » en Syrie a poussé 11 millions de personne à fuir leurs foyers, la Syrie et l’Iraq représentant un quart des personnes déplacées au niveau mondial.

Or, de nouvelles crises ont éclaté en Libye, au Mali, en Ukraine, au Yémen, et dans le bassin du lac Tchad, a poursuivi le Haut-Commissaire.  Nombre d’entre elles sévissent dans des zones caractérisées par l’absence de gouvernance, et résultent d’une combinaison de facteurs tels que la pauvreté et le sous-développement, la détérioration de l’environnement, les inégalités et la persécution.  Dans le nord de l’Amérique centrale, la violence des gangs est devenue une des principales raisons des déplacements de population, a noté le chef du HCR.  Certaines situations de crise qui semblaient s’être stabilisées, comme au Burundi, au Soudan du Sud ou encore en République centrafricaine, ont connu des revers, provoquant de nouveaux départs de populations, a observé M. Grandi, qui s’est également alarmé de l’enlisement de crises prolongées, comme celles des réfugiés afghans en Iran et au Pakistan.  Quant à l’attaque terroriste commise à Mogadiscio le mois dernier, elle est, à ses yeux, la sanglante illustration de l’instabilité touchant la Somalie. 

Cette forte hausse du nombre de déplacements forcés à travers le monde reflète aussi les faiblesses de la coopération internationale, et le déclin des capacités à prévenir, contenir et résoudre les conflits, dans une logique où les intérêts de court terme sont privilégiés au détriment de la stabilité collective durable, a-t-il estimé.  « Sommes-nous devenus incapables de négocier la paix? » s’est demandé M. Grandi, en adressant cette question au Conseil de sécurité, dont la « raison d’être » est le maintien de la paix et de la sécurité.  Depuis l’adoption de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, des mesures importantes ont été prises à tous les niveaux pour concrétiser le « pacte mondial » en faveur de ces infortunés.  Mais une réponse complète au problème ne pourra être trouvée qu’au moyen d’une action visant à rétablir la sécurité, à résoudre les conflits et à bâtir la paix, a plaidé le haut fonctionnaire.

Dans ce contexte, le Conseil de sécurité pourrait s’engager dans cinq domaines en particulier, a-t-il suggéré.  Le premier est la prévention, a dit M. Grandi, en citant en exemple l’action décisive lancée en janvier dernier pour dénouer la crise en Gambie.  Le second est selon lui le rôle crucial que peuvent jouer les Casques bleus, notamment en sécurisant davantage les opérations humanitaires, comme cela pourrait être le cas au Kasaï, en République démocratique du Congo (RDC). 

Le Haut-Commissaire a ensuite identifié un phénomène croissant, celui des mouvements migratoires dans des situations particulièrement instables.  Ils se produisent le plus souvent dans des environnements où les institutions de l’État sont faibles ou absentes, comme le long de l’itinéraire qu’empruntent les migrants depuis l’Afrique subsaharienne jusqu’à l’Italie, parcours pendant lequel ils s’exposent à de nombreux abus.  Actuellement, avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le HCR œuvre à la mise en place d’un « ensemble complet de mesures de protection et de solutions dans les pays d’origine, de transit et d’accueil », destinées à prendre en compte les causes profondes de ces mouvements, tout en renforçant la capacité des États à faire face à l’afflux de réfugiés et de migrants et à les réinstaller. 

Le quatrième domaine évoqué par le Haut-Commissaire est la recherche d’une paix durable, une démarche qui est déterminante pour trouver une solution à la problématique du déplacement.  Il a mentionné les résultats obtenus par les acteurs régionaux pour mettre fin à une grave crise politique en Côte d’Ivoire, permettant le retour de 250 000 réfugiés dans le pays.  « Mais c’est malheureusement une exception », a regretté M. Grandi, qui a indiqué qu’à peine un demi-million de réfugiés sont rentrés chez eux cette année dans le monde.  Il a toutefois placé des espoirs dans le processus de paix en Colombie, même s’il ne s’est pas encore traduit par des solutions significatives pour les réfugiés et les personnes déplacées.  Comme dernière orientation, M. Grandi a plaidé pour que la protection des réfugiés reste une priorité tant que les solutions ne sont pas trouvées, ce qui doit se faire notamment par un soutien aux pays d’accueil.  Le Haut-Commissaire a cité à ce propos les situations actuelles en Syrie et en Iraq.  « Les populations déracinées comptent sur le leadership du Conseil de sécurité pour parvenir à des solutions », a-t-il ajouté en conclusion.

Déclarations

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné le niveau alarmant des déplacements à l’échelle mondiale.  Aucune tendance encourageante n’est constatée s’agissant de la réponse de la communauté internationale pour y remédier, a-t-il dit.  Il a rappelé que l’une des situations les plus graves en Afrique se trouvait en Somalie.  Mon pays accueille des réfugiés provenant de Somalie et du Soudan du Sud, a-t-il poursuivi, avant de pointer du doigt le partage inégal du fardeau entre les pays dans l’accueil des réfugiés.  Il a plaidé pour la création de conditions propices et sûres au retour volontaire des réfugiés dans leurs foyers.  Il faut trouver des solutions politiques durables aux conflits, a poursuivi le délégué éthiopien qui a appelé la communauté internationale à favoriser le retour des réfugiés somaliens dans leur pays.  La seule approche valable est la prévention des conflits et la pérennisation de la paix, a affirmé M. Alemu.  Il a mis en garde contre une politisation de la question des réfugiés et appelé le Conseil à préserver son unité lorsqu’il est saisi de ce dossier.  Enfin, le délégué a promis que l’Éthiopie continuerait d’ouvrir ses frontières aux réfugiés et de leur apporter une protection internationale.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a commencé son allocution par l’histoire tragique d’une mère rohingya dans l’État Rakhine.  Il a souligné le rôle unique du Conseil pour remédier à la situation au Myanmar et atténuer les souffrances des réfugiés.  Nos méthodes ne fonctionnent pas, a-t-il dit, en soulignant l’acuité de la crise des réfugiés.  Il faut encourager l’autonomisation des réfugiés et appuyer les pays accueillant un grand nombre de réfugiés, a affirmé M. Rycroft.  Le délégué a insisté sur le rôle vital du HCR en appui des efforts des gouvernements, notamment au Myanmar et au Bangladesh.  Le HCR devra néanmoins, comme d’autres entités onusiennes, se réformer, a-t-il déclaré.  Le délégué a demandé davantage de transparence et un nombre accru de programmes pluriannuels.  Nous devons accroître nos efforts pour mettre en œuvre cette nouvelle vision et définir de nouvelles méthodes, a conclu le représentant du Royaume-Uni. 

Mme IRINA SCHOULGIN-NYONI (Suède) a dit sa préoccupation devant la situation au Myanmar et au Bangladesh et encouragé les États Membres à contribuer financièrement à la réponse apportée pour y remédier.  Jugeant cruciale une solution politique, elle a appuyé la voie esquissée par le Secrétaire général pour y parvenir.  Cela inclut la fin de la violence, un accès humanitaire sans entrave et une réponse à la question de la citoyenneté des Rohingya, a-t-elle affirmé. 

La déléguée a demandé une aide accrue au HCR afin d’appuyer sa réponse non seulement aux crises « qui font les gros titres » mais aussi aux crises oubliées comme en République démocratique du Congo.  Elle a souhaité l’apport d’aides « souples » au HCR.  L’incapacité à résoudre un conflit a pour conséquence des déplacements massifs de population, a-t-elle dit, en prenant l’exemple de la crise syrienne.  La déléguée de la Suède a souligné l’importance de prévenir les conflits.  C’est la mission de l’ONU et de ce Conseil, a-t-elle affirmé.  Elle a aussi demandé le plein respect du droit humanitaire et des droits de l’homme en vue de protéger la vie, la santé et la dignité des personnes prises au piège des conflits, faisant en outre remarquer que « la moitié des réfugiés sont des enfants ».

Elle a ensuite salué les pays et communautés accueillant en leur sein des réfugiés en soulignant la nécessité de leur apporter un appui.  En œuvrant ensemble, la communauté internationale et les pays hôtes peuvent fournir aux réfugiés les moyens de subvenir à leurs besoins, maximisant, ce faisant, la contribution que ces réfugiés peuvent apporter à leur communauté d’accueil, a poursuivi la déléguée suédoise.  Le nouveau pacte mondial sur les réfugiés fournira un cadre crucial pour apporter des réponses complètes aux déplacements de grande échelle et prolongés, a-t-elle déclaré.  En conclusion, la déléguée a souhaité un nouvel échange de vues avec M. Grandi en 2018. 

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés est « une boussole qui doit guider notre action », a affirmé M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Rappelant que l’insécurité et les violations massives des droits de l’homme sont les causes premières de déplacement, il a rappelé qu’il appartenait au Conseil de sécurité d’y remédier dans le cadre de son mandat de gardien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a aussi noté que le transfert forcé de populations pouvait constituer un crime contre l’humanité au sens du Statut de Rome, et que le Conseil avait, là aussi, la responsabilité de prévenir de tels crimes. 

Le représentant a condamné les attaques perpétrées depuis le 25 août dernier contre les populations rohingya dans « l’État de l’Arakan », un « nettoyage ethnique » qui a déjà forcé plus de 600 000 personnes à traverser la frontière.  Il a rappelé les trois priorités adressées aux autorités birmanes: cesser les opérations militaires, rétablir un accès sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, afin de permettre ensuite, le retour sûr, volontaire et durable des réfugiés.  Il a appelé la communauté internationale à appuyer le Bangladesh, qui accueille des centaines de milliers de réfugiés, son pays ayant contribué à hauteur de 2,7 millions d’euros lors de la Conférence des donateurs du 23 octobre.  Le dialogue entre la Birmanie et le Bangladesh sur le retour des réfugiés doit associer le HCR, a-t-il estimé en demandant aussi de prendre en compte les causes profondes de la crise, et particulièrement la question de la citoyenneté et de l’égalité des droits pour toutes les personnes appartenant à la communauté rohingya.

Observant ensuite que le nombre de réfugiés centrafricains présents dans les pays voisins avait atteint un niveau similaire à ce qu’il était au plus fort de la crise, en 2013, M. Delattre a dénoncé une dégradation de la situation sécuritaire dans l’est et le nord-ouest de ce pays, imputable à des affrontements entre des groupes armés « dont le seul but est de s’accaparer les territoires et les ressources naturelles, et de discréditer les autorités centrafricaines et la MINUSCA », la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine.  Pour lui, « la spirale doit être interrompue », notamment grâce à un renouvellement du mandat de la MINUSCA, qui « doit accroître ses moyens humains et recentrer son action sur la protection des civils, du soutien au processus politique et de l’accès humanitaire ».

Enfin, M. Delattre est revenu sur la situation humanitaire en Syrie, rappelant que 11 millions de syriens avaient été déracinés et que quelque 6,3 millions étaient déplacés à l’intérieur du pays, avec un accès humanitaire limité.  Il s’est dit particulièrement préoccupé de la situation des déplacés dans la Ghouta orientale, dans la province d’Edleb et au Bern.  Il a aussi tenu à remercier le Liban, la Jordanie et la Turquie, qui accueillent une grande partie des cinq millions de réfugiés ayant fui la Syrie.

« L’accueil des réfugiés est non seulement un devoir moral mais aussi une obligation au regard de nos engagements internationaux », a conclu M. Delattre, en précisant qu’il fallait renforcer la lutte contre les trafiquants et les passeurs.  La France a ainsi mis en place les premières missions de protection en vue de la réinstallation des réfugiés en Europe dans le cadre du Plan d’action pour la Méditerranée centrale.  Rappelant l’exigence de solidarité via les pays voisins de zones de conflit, en première ligne face aux déplacements de grande ampleur, son pays a également décidé d’augmenter de 10 millions d’euros son soutien financier au HCR et à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a fait savoir M. Delattre, qui a également affirmé que la France avait pris l’engagement de réinstaller 10 000 réfugiés depuis la Turquie, le Liban, la Jordanie, le Niger et le Tchad à l’horizon 2019. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a jugé indispensable pour le Conseil de sécurité d’en faire davantage pour mettre en œuvre les mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU et faire respecter les décisions prises dans cette enceinte.  Alarmée par la situation des Rohingya déplacés à l’intérieur de la « Birmanie » et réfugiés au Bangladesh, elle a salué la solidarité démontrée par ce pays voisin.  Elle a encouragé la « Birmanie » et le Bangladesh à coopérer avec le HCR pour laisser un accès sans entrave aux organisations humanitaires qui doivent aider les réfugiés.  Sa délégation estime également que cette situation illustre le poids que fait peser l’accueil de réfugiés dans des pays qui n’ont souvent pas les moyens de faire face à un tel afflux.

Après avoir qualifié d’« effrayant » le chiffre de 13,5 millions de personnes nécessitant une assistance en Syrie, la représentante a accusé le « régime de Bashar Al-Assad » d’agir clairement à l’encontre du droit international, d’empêcher les organisations humanitaires d’avoir accès aux populations dans le besoin et de poursuivre sa « pratique de détournement de l’aide ».  Mme Sison a ensuite indiqué que son pays avait fourni un total de 8 milliards de dollars d’aide humanitaire en 2017, ce qui constitue un « record », dont une contribution d’un montant de 1,5 milliard de dollars rien que pour le HCR. 

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a déclaré que la crise des réfugiés était une résultante de l’ingérence dans les affaires intérieures des pays en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  Il a souligné la nécessité d’une aide appropriée pour les pays d’accueil et d’origine des réfugiés, afin de favoriser leur retour dans leur foyer.  Les réfugiés ne doivent pas être l’objet de tractations politiques, a-t-il dit.  Le délégué a en même temps mis en garde contre le danger posé par la présence d’éléments terroristes parmi les réfugiés arrivant dans un pays.

La Fédération de Russie est une contributrice stable au HCR et prend des mesures pour le retour des réfugiés en Syrie, a fait remarquer le représentant.  Il a également indiqué qu’un million d’habitants de l’Ukraine se trouvaient actuellement en Russie qui leur fournit des moyens pour mener une vie digne.  En conclusion, le représentant russe a mentionné l’appui de son pays à l’action du HCR en Ukraine et demandé une évaluation objective des conséquences de la crise humanitaire en Ukraine. 

M. WU HAITAO (Chine) a recommandé de se pencher sur les causes profondes des crises de réfugiés et d’œuvrer à la recherche de solutions afin de permettre leur retour dans leur pays d’origine.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit s’abstenir de toute politisation de la question des réfugiés, a préconisé le représentant.  Lors de la table ronde des dirigeants du Sommet de la nouvelle Route de la soie, qui s’est déroulé en juin 2017, la Chine s’est engagée à financer à hauteur de 8 millions de dollars, au travers du Fonds de coopération Sud-Sud, des programmes d’aide aux réfugiés.  Abordant le « problème » de l’État Rakhine, dans le nord du Myanmar, le représentant a estimé que ses causes étaient complexes et profondes.  Il a assuré que le Gouvernement de ce pays s’efforce de trouver une solution, en coopération avec le Bangladesh, souhaitant que la communauté internationale fasse « preuve de patience » pendant que ces efforts sont en cours. 

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) s’est particulièrement félicité de l’adoption par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) des cinq directions stratégiques décidées pour la période 2017-2021.  « Vu l’échelle des conflits sur l’échiquier mondial et le nombre toujours plus important de personnes touchées, la réforme du HCR et de ses capacités à répondre aux nouveaux défis est particulièrement bienvenue », a déclaré le représentant.  Pour lui, l’implication des acteurs internationaux du développement dans la recherche de solutions à long terme pour les crises humanitaires est remarquable, et il a encouragé à poursuivre dans cette voie. 

M. Vitrenko a aussi dit son espoir que les engagements historiques pris par les États Membres en septembre 2016, avec la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, mèneront à une mise en œuvre réussie du pacte mondial sur les réfugiés.  L’Ukraine se réjouit particulièrement de l’engagement du HCR à protéger les personnes déplacées à travers le monde, a indiqué le représentant avant de saluer la visite du Haut-Commissaire l’année dernière dans son pays, une visite qui a donné un élan positif dans la réponse à ce problème.  Il y a 1,7 million de personnes déplacées en Ukraine, forcées de quitter leur maison en Crimée et dans certaines parties de Donetsk et Louhansk suite à l’agression militaire russe, a-t-il rappelé à cette occasion.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a plaidé pour des solutions collectives, un leadership visionnaire et une coopération mondiale pour mettre fin aux conflits, défaire les groupes terroristes qui chassent les populations, mettre en œuvre les accords de paix et garantir un accès humanitaire sans entrave.  « Le processus d’Astana qui appuie le processus de Genève en vue d’améliorer la situation en Syrie en est une bonne illustration », selon lui.  Pour le délégué, la protection des civils relève avant tout de la responsabilité des États.  Il a aussi recommandé d’inclure cette question dans les mandats des opérations de paix de l’ONU, ainsi que dans le travail des comités de sanctions du Conseil. 

Le représentant a rappelé qu’une augmentation du taux d’insécurité alimentaire de 1% se traduit par une augmentation de 2% du nombre de réfugiés.  Il a demandé un soutien accru pour le HCR afin d’apporter une aide de première nécessité aux réfugiés.  Le partage du fardeau de l’accueil des réfugiés doit être plus solidaire, a-t-il ajouté avant d’exhorter tous les pays à lutter contre les organisations criminelles qui exploitent réfugiés et migrants.  Nous devons également lutter contre la xénophobie et le racisme, a-t-il poursuivi, en soulignant l’utilité des congrès triennaux de responsables religieux accueillis par son pays.  En conclusion, le délégué a mentionné « l’excellent niveau de coopération » du Kazakhstan avec le HCR et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) notamment. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a déclaré que la communauté internationale est confrontée à la série de crises humanitaires des plus graves dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Parmi elles, celle qui sévit au Myanmar, d’où un demi-million de Rohingya ont fui vers le Bangladesh, pays que le représentant a félicité pour avoir ouvert ses frontières.  En vue de mettre fin à ces crises, il a recommandé de se pencher sur les racines des conflits, souvent le résultat de « politiques interventionnistes » et de « changements de régime », a estimé le délégué, qui a également dénoncé certains pays qui ferment leurs frontières, « érigent des murs », et promeuvent le racisme, la xénophobie et l’intolérance. 

Le délégué a rappelé qu’en juin dernier, son pays avait proposé de travailler à une « citoyenneté universelle » pour abattre les barrières auxquelles se heurtent les réfugiés.  Certes, le régime de protection des réfugiés a été renforcé depuis l’adoption de la Convention relative au statut des réfugiés en 1951, mais ce régime est aujourd’hui remis en cause par une mise en œuvre lacunaire, a déploré l’intervenant.  Il a ensuite regretté que les programmes du HCR ne soient financés qu’à hauteur de 31%, avant d’exhorter les États Membres à prendre des engagements concrets à l’appui des pays d’accueil.  Ils doivent également œuvrer au retour volontaire des réfugiés et inclure dans leurs programmes de développement des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques, en les associant à l’élaboration de telles politiques. 

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a souhaité que le Haut-Commissaire s’exprime devant le Conseil une fois par an.  Il a souligné la relation directe entre les conflits et les flux de réfugiés, avant d’appeler le Conseil à mettre l’accent sur la prévention des conflits.  Mon pays reconnaît le droit d’asile, a-t-il dit en mentionnant le principe fondamental de non-refoulement qui prévaut aux frontières uruguayennes.  « Dans mon pays, tout demandeur d’asile a également droit à recevoir des pièces d’identification jusqu’à ce que sa demande soit tranchée », a-t-il indiqué.  Le délégué a appelé la communauté internationale à envisager la question des réfugiés de manière positive, avant de demander un partage plus équitable du fardeau de leur accueil.  Enfin, M. Bermúdez a promis l’aide constructive de son pays à l’élaboration du pacte mondial sur les réfugiés.

M. KORO BESSHO (Japon) a indiqué que le Japon avait offert cette année une aide de 150 millions de dollars au HCR, par le biais notamment de dons d’urgence pour le Myanmar et le Bangladesh.  Il a regretté que le Conseil de sécurité, qui s’occupe de la crise humanitaire en Syrie depuis six ans, ne soit parvenu à aucune amélioration substantielle.  De son côté, a fait savoir le délégué, le Japon a fourni une assistance aux communautés qui accueillent des réfugiés syriens par le biais des Nations Unies, et a accueilli plusieurs étudiants syriens pour les aider à continuer leurs études au Japon.  « De telles opportunités éducatives peuvent contribuer à construire les capacités de la jeunesse d’aujourd’hui, et permettre ainsi aux jeunes de reconstruire la Syrie de demain ».  Concernant la situation des réfugiés et des personnes déplacées au Myanmar et au Bangladesh, M. Bessho a fait savoir que le Japon avait augmenté de 4 millions de dollars son aide d’urgence en septembre, qui viennent s’ajouter aux 12 millions de dollars déjà fournis plus tôt cette année.

Poursuivant, le délégué a salué les efforts du HCR pour mettre en place le Cadre d’action global pour les réfugiés, un élément important du pacte mondial sur les réfugiés qui sera adopté l’an prochain.  Cette initiative correspond au lien à faire entre l’humanitaire et le développement, comme le soutient le Japon, a expliqué M. Bessho qui a précisé que son pays, sur base de cette idée, avait porté des projets dans les domaines de l’assistance humanitaire et de la coopération au développement, notamment avec le HCR en Ouganda, Iraq et Turquie.  Il a ensuite mis en garde sur le fait que les solutions ne pouvaient pas seulement relever de l’aide humanitaire d’urgence.  « Soutenir l’autosuffisance des réfugiés est essentiel pour le jour où ils se rapatrieront et se réinstalleront. »  Il est donc essentiel de fournir de l’assistance dans la construction de la paix, la réduction de la pauvreté et le développement économique pour stabiliser et empêcher la reprise des conflits, a affirmé en substance le représentant.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a évoqué la crise au Myanmar, où un demi-million de réfugiés ont fui une crise « systémique », ainsi que le sort des Palestiniens qui vivent depuis des décennies dans des pays du Moyen-Orient.  Dans ce contexte, la recherche d’une démarche holistique au problème des déplacements de population se fait plus que jamais impérieuse, a estimé le représentant, en assurant que les solutions sécuritaires et la fermeture des frontières ne sont pas constructives.  Aussi a-t-il encouragé le Conseil de sécurité à s’engager en faveur de solutions préventives et à définir une stratégie de long terme pour renforcer la paix dans les pays concernés.  « Guidé par nos convictions profondes, l’Égypte accueille des réfugiés de différentes nationalités, dont nombre jouissent d’un statut similaire à celui des citoyens égyptiens, que ce soit pour les soins de santé ou l’accès à l’éducation », a précisé la délégation.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a regretté qu’à une époque où l’humanité dispose, plus qu’auparavant, des ressources et des capacités pour que chaque individu puisse vivre dans la dignité, la communauté internationale en soit encore à la recherche de solutions et de fonds pour résoudre des crises causées par l’homme, qui sont donc évitables.  Il a rappelé que le cadre normatif existant fait obligation aux parties au conflit et aux autres intervenants de ne procéder à aucun déplacement de populations civiles et de prendre des mesures pour prévenir et gérer les déplacements éventuels.  Et quand les gouvernements nationaux ne peuvent ou ne veulent assumer leur responsabilité de protection des déplacés et des réfugiés, alors les acteurs internationaux doivent agir.  C’est pourquoi le Sénégal souligne que le Conseil de sécurité devrait davantage user de tous les moyens dont il dispose pour amener les parties impliquées à mieux assumer leurs obligations vis-à-vis des réfugiés et des déplacés.  Dans cette même optique, les actions internationales devraient être renforcées pour offrir un meilleur soutien aux personnes concernées, ainsi qu’aux communautés d’accueil et de transit, lesquelles se trouvent pour la plupart dans des pays en développement à faible revenu. 

Les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales pourraient aussi améliorer la prise en charge en termes d’accueil, d’insertion, de fourniture de services de base ainsi que de gestion des cas d’apatride.  Les 10 millions d’apatrides enregistrés par le HCR en 2016 témoignent, souligne le Sénégal, de la vulnérabilité des réfugiés face aux risques de perte d’identité.  Il a rappelé que l’Afrique accueille 30% des 65,6 millions de réfugiés et de personnes déplacées.  Pour réduire l’ampleur du phénomène, le Sénégal plaide pour une meilleure prévention des conflits, basée sur des systèmes d’alerte fiables et rigoureux, et sur la nécessité d’une franche coopération avec tous les acteurs concernés, notamment les organisations régionales et sous-régionales.  Il a aussi appelé la communauté internationale à adopter le pacte mondial sur les réfugiés en 2018, et à accompagner les pays en conflit dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment ceux qui ont un lien avec la problématique des déplacements forcés.  Il l’appelle aussi à promouvoir la culture de la paix en renforçant l’implication des femmes dans la résolution des conflits, et à œuvrer pour des sociétés pacifiques et prospères. 

M. VINCENZO AMENDOLA, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a assuré que le HCR pouvait compter sur le plein soutien de son pays pour travailler à ses côtés, « du Myanmar à la Libye, de la Somalie au Yémen », pour assurer protection et assistance aux populations civiles.  Il a indiqué que l’Italie avait prévu d’accroître son soutien financier au HCR, restant ainsi l’un de ses principaux donateurs.  Rappelant les chiffres « dramatiques » présentés par le HCR, il a estimé que la communauté internationale faisait face « à l’un des défis les plus sérieux pour la stabilité internationale, en particulier pour le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ».  « Nous devons passer d’une attention portée sur les mobilités humaines, à une attention concentrée sur le long terme », a-t-il insisté, saluant l’adoption de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants en 2016, mais appelant désormais à la mettre en œuvre en respectant les engagements pris à cette occasion.

« Sans réponse globale et renforcement de la coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination, nous continuerons de voir de nouveaux et plus vastes flots de migrants et de réfugiés », a mis en garde M. Amendola, souhaitant que le pacte mondial sur les réfugiés et le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui doivent être adoptés l’année prochaine, « constituent une avancée pour prévenir et traiter les causes profondes de ces migrations forcées ».

Le Sous-Secrétaire d’État a présenté la position de son pays, basée sur trois actions: investir dans les pays d’origine et de transit, protéger les réfugiés et les migrants les plus vulnérables, mettre en valeur les multiples aspects positifs des flux migratoires.  Pour l’Italie, la priorité est de promouvoir deux principes clefs.  D’abord, les partenariats entre pays d’origine, de transit et de destination, car « il ne suffit pas de combattre le trafic d’êtres humains et ses réseaux, il faut surtout collaborer pour traiter les causes profondes des migrations ».  Ensuite, il faut « partager les responsabilités dans la gestion de ces flux et dans la protection des migrants, particulièrement les plus vulnérables qui sont les femmes, les enfants et les personnes handicapées ».

À propos du pacte mondial sur les réfugiés, le représentant a insisté sur la nécessité de renforcer les réinstallations et de mettre en place des parcours d’admission supplémentaires, « afin de pouvoir gérer les énormes flux actuels liés aux crises en Syrie, en Libye, au Soudan du Sud, en Somalie, en Afghanistan et au Myanmar ».  Il a souligné le cas de la Libye, où il est critique, selon lui, d’améliorer la protection et le soutien aux demandeurs d’asile, aux réfugiés, aux déplacés et aux migrants, à la lumière de la baisse des arrivées en Italie au cours de l’été mais de l’augmentation potentiel du nombre de candidats au départ en Libye, dans des conditions précaires et sans sécurité.  « Accroître la présence du HCR en Libye est importante pour la protection des droits de l’homme dans les camps de réfugiés », a-t-il insisté.

M. Amendola a poursuivi en rappelant le rôle central du Conseil de sécurité dans la prévention et la résolution des conflits, qui restent la cause première des vastes mouvements de migration, soutenant le Secrétaire général et son approche de « pérennisation de la paix ».  Une paix durable ne peut être obtenue, selon lui, que par une approche multidimensionnelle, qui intègre la prévention des conflits, le déploiement éventuel d’opérations de maintien de la paix, la reconstruction postconflit, la réconciliation nationale et un processus de développement économique pérenne.  Il a insisté sur « l’outil extraordinaire » que représentent les opérations de maintien de la paix pour protéger les réfugiés et les migrants, et faciliter leur réinstallation.  Il a mis en avant la responsabilité directe du Conseil de sécurité qui doit agir de manière unie et proactive pour mettre un terme aux crises qui ont généré des flots sans précédent de réfugiés ces dernières années.  « Nous avons une responsabilité première dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, nous devons répondre aux attentes de ces millions de personnes qui comptent sur nous pour restaurer la paix », a-t-il conclu.

Mon pays accueille un million de résidents ukrainiens, a rappelé le délégué de la Fédération de Russie en reprenant la parole.  Peu importe la propagande antirusse de l’Ukraine, ces personnes trouvent une protection dans mon pays, a-t-il affirmé. 

 

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